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Immeuble situé au numéro 35 du Passeig de Gràcia. Construit en 1864, il fait partie de ce qu’il est convenu d’appeler la Mançana de la Discòrdia (« le pâté [de maisons] de la discorde »). La transformation du rez- de-chaussée en boutique en 1943 a fait disparaître les belles sculptures qui en décoraient l’extérieur. Il s’agit d’un immeuble de rapport typique de l’Eixample, dont la façade, décorée de sculptures dues à Eusebi Arnau au niveau des balcons et des fenêtres, fait preuve d’une grande rigueur dans la composition. Réalisée sous la direction de Domènech, la décoration de l’étage noble, mais aussi des autres appartements, fournit l’un des exemples les plus remarquables de l’ornementation moderniste. Les meilleurs artistes et artisans de l’époque y ont travaillé, notamment Eusebi Arnau (qui a représenté une belle berceuse sur les linteaux de l’étage noble), le sculpteur Joan Carreres, le peintre Josep Fey, les céramistes Antoni Serra et Mario Maragliano, les vitriers Rigalt, ou encore le dessinateur de meubles Gaspar Homar (de superbes pièces sont conservées au Museu Nacional d’Art de Catalunya). Bâtiment situé au 255, Carrer d’Aragó, il s’agit de la première œuvre importante de l’architecte à Barcelone, réalisée entre 1879 et 1885 pour la maison d’édition propriété de la famille de sa mère. La structure du bâtiment est apparente sur la façade. L’emploi d’un mur-rideau en verre, de l’acier et de la brique témoigne de la hardiesse de l’architecte. La décoration, symbolique, est nourrie de réminiscences mudéjares. On remarquera également les grandes rosaces évoquant des engrenages de machine et les reliefs d’inspiration médiévale, ainsi que les bustes de grands écrivains. Un ange jouant de la trompette symbolise la renommée. L’intérieur, où l’on retrouve l’entrecolonnement typique de tout établissement industriel, est éclairé par un grand lanterneau pyramidal. Le bâtiment accueille depuis 1989 la Fundació Antoni Tàpies, qui abrite un riche fonds des œuvres du peintre. Il est couronné par une sculpture de tubes d’aluminium exécutée par Tàpies, Nuage et Chaise. Ce grand centre hospitalier, construit à partir de 1902 dans le quartier du Guinardó (au 167, Carrer de Sant Antoni Maria Claret), est I’œuvre la plus monumentale de Domènech i Montaner. Il occupe en effet une surface équivalente à neuf îlots du quartier de l’Eixample. Sa construction fut entreprise à l’initiative de l’ancien Hospital de la Santa Creu, créé en 1401. À la fin du XIX e siècle, le magnifique bâtiment gothique du quartier de Ciutat Vella était devenu insuffisant ; le projet de créer un nouveau centre hospitalier en concordance avec l’expansion de la ville put voir le jour grâce au legs du banquier Pau Gil. Le principe d’une distribution des services hospitaliers entre divers pavillons séparés par des espaces verts avait déjà été appliqué par Domènech à l’institut Pere Mata, à Reus. Ici, les problèmes de communication furent résolus par la construction de couloirs souterrains qui non seulement rattachent les pavillons d’hospitalisation aux services centraux, mais encore accueillent de nombreux services et dépendances. La première phase fut achevée en 1909 par le couronnement du pavillon administratif, qui constitue l’entrée de l’ensemble. Les six premiers pavillons d’hospitalisation et le pavillon central, consacré à la chirurgie, sont également œuvre de Domènech. Père Domènech i Roura, fils de l’architecte, intervint sur le chantier dès le départ et les travaux se poursuivirent par tranches successives, pour être achevés dans le courant des années vingt. En ce qui concerne la structure de la construction, il faut noter l’utilisation pour les plafonds et les toits de la voûte en cloison – la voûte catalane traditionnelle – qui module l’ensemble et lui donne une unité. L’ornementation y a une importance fondamentale : intégrée à la. structure architecturale, elle a aussi une profonde signification symbolique et religieuse. Le plan du bâtiment d’entrée reprend ainsi la forme des bras ouverts de l’allégorie de la Charité et les nombreuses sculptures (de Pau Gargallo et Eusebi Arnau) et peintures et mosaïques (de Francesc Labarta et Mario Maragliano) font référence à l’histoire et aux vertus chrétiennes et sociales de l’institution. Les motifs floraux, héraldiques et typographiques reviennent souvent dans l’abondante décoration céramique et mosaïque. Cet hôpital est l’un des centres sanitaires les plus prestigieux de Catalogne. Une partie du pavillon administratif peut être visitée. Classé patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1997. Salle de concert et siège social de l’Orfeó Català (1905-1908), société chorale fondée en 1891 afin de promouvoir les activités musicales. Situé entre les rues Sant Pere més Alt et Amadeu Vives, cet édifice est l’une des œuvres les plus emblématiques du Modernisme catalan et un compendium des arts décoratifs du moment. Il fournit par ailleurs un excellent exemple de la volonté de revalorisation nationale propre à ce mouvement artistique. Très audacieux sur le plan des techniques de construction – structure en fer laminé, piliers reculés des façades qui supportent le poids des arcs et permettent l’utilisation d’une sorte de mur-rideau –, le bâtiment s’adapte à la relative étroitesse de la surface sur laquelle il s’élève, les services et la salle de répétition étant situés au rez-de-chaussée et la grande salle de concert à l’étage. L’extraordinaire richesse de la décoration – d’un évident naturalisme organique et symbolique – s’intègre parfaitement dans une structure fonctionnelle. Sur la façade, on remarquera le groupe dédié à la musique populaire, sculpté par Miquel Blay, la grande frise céramique représentant les chanteurs de l’Orfeó, œuvre de Lluís Bru, les colonnes polychromes recouvertes de mosaïque et, enfin, les bustes des grands compositeurs. La grande salle de concert, avec son rez-de-chaussée et ses deux balcons, constitue un espace insolite, chaleureux et lumineux. De grands vitraux comportant des guirlandes de fleurs laissent passer la lumière et l’ensemble est recouvert de céramique vitrifiée et de motifs floraux. La scène est flanquée de deux impressionnantes sculptures de Pau Gargallo : d’un côté, le buste d’Anselm Clavé, promoteur de la musique chorale en Catalogne, avec l’allégorie de sa chanson la plus célèbre, « Les flors de maig »; de l’autre, le buste de Beethoven et la chevauchée des Walkyries wagnériennes. L’hémicycle est présidé par les grandes orgues. De part et d’autre de celui-ci, se détachent de surprenantes silhouettes féminines, fées ou muses. Chacune joue d’un instrument de musique. Au nombre de dix-huit, ces très belles pièces se composent d’un corps en mosaïque (de Bru) et d’un buste saillant en pierre (d’Eusebi Arnau). D’importants travaux de restauration et d’agrandissement ont été effectués sous la direction d’Oscar Tusquets. Classé patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1997. © Generalitat de Catalunya Departament d’Innovacio, Universitats i Empresa Turisme de Catalunya Traduction : Discobole/Henri Legrand Maquette : Francesc Guitart Photographies : A. Puente, J. Pareto, T. Vidal, Arxius Hospital de Sant Pau, R. Manent, J. Borrell, P. Català, © MNAC (Calveras/Sagristà), © Raimon Ramis/Fundació Antoni Tàpies, Maria Manadé Nous remercions Lluís Domènech i Girbau et Lourdes Figueras i Burrull Impression : Imgesa D.L. B - 32.979 - 2007 Printed in EU Bâtiment situé à l’extrémité ouest du parc de la CiutadeIla (entrée par le Passeig de Picasso), construit pour servir de café- restaurant lors de l’Exposition universelle de 1888 (année considérée comme étant celle des débuts du Modernisme). Il s’agit de l’une des œuvres les plus originales de Domènech, à ranger parmi les plus intéressantes de l’architecture européenne du moment, du fait de sa conception radicale et novatrice, qui exploite au maximum les possibilités expressives des nouveaux matériaux – brique, fer, verre, céramique – et les nouvelles techniques de construction. Au-dessus du niveau des services, une grande salle, dans la droite ligne du gothique catalan, constitue un vaste espace dont la structure est celle d’un parallélépipède aux murs dépouillés, d’où se détachent arcs, piliers et chapiteaux. L’épais mur de briques dessine de solides tours aux quatre angles et l’espace intérieur est entouré d’un double mur. Un système complexe de poutres et de solives métalliques apparentes remplace le lambris classique. À l’extérieur, les puissants et austères murs en brique sont couronnés par une élégante frise de grands écus céramiques – œuvre d’Alexandre de Riquer et de Joan Llimona – et par des créneaux d’influence gothique d’où surgissent les tours : deux carrées et deux octogonales, l’une de ces dernières étant rehaussée d’une svelte coupole en verre et en fer forgé. La décoration intérieure, relativement sobre en raison de la rapidité avec laquelle fut construit l’édifice, permet d’admirer la pureté architecturale de la construction et son degré élevé de rationalité et de fonctionnalité, surprenant pour l’époque. Baptisé ironiquement « le château des trois dragons » (du Castell dels Tres Dragons, une parodie médiévale de Pitarra [1865]), ce bâtiment fut transformé après l’Exposition en atelier d’arts appliqués – dirigé par Domènech en personne et par A. M. Gallissà –, en musée d’histoire, en conservatoire de musique, puis, à compter des années quatre-vingt, en musée de zoologie. Il accueille actuellement une partie des expositions organisées par le Museu de Ciències Naturals. Museu de Ciències Naturals Tél. : (+34) 933 196 912 www.museuzoologia.bcn.es Stations de métro: Arc de Triomf (L1) , Jaume I et Barceloneta (L4) Bus : 14, 39, 40, 41 42, 51,141 et B25 Tramway: Wellington (T4) Train: Arc de Triomf (Renfe) Le Castell dels Tres Dragons Tél. : (+34) 902 442 882 / 932 957 200 www.palaumusica.org Stations de métro: Urquinaona (L1) et (L4) Bus : 17, 19, 40 et 45 Le Palau de la Música Catalana Tel.: (+34) 932 562 504 / 902 076 621 www.santpau.es Stations de métro: Hospital de Sant Pau (L5) et Guinardó (L4) Bus : 15, 19, 20, 25, 35, 45, 47, 50, 51, 92 et 192 L’Hospital de la Santa Creu i Sant Pau Propriété privée. L’immeuble ne peut pas être visité Stations de métro: Passeig de Gràcia (L3) et (L4) Bus: 7, 16, 17, 20, 22, 24, 28, 43, 44 et Tomb bus Train: Passeig de Gràcia (Renfe) Tel.: (+34) 934 870 315 www.fundaciotapies.org Station de Métro: Passeig de Gràcia (L3) et (L4) Bus: 7, 16, 17, 20, 22, 24, 28, 43, 44, 45, 47, 63, 67, 68 et Tomb bus Train: Passeig de Gràcia (Renfe) La Casa Lleó Morera La maison d’édition Montaner i Simon

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Immeuble situé au numéro 35 du Passeigde Gràcia. Construit en 1864, il fait partiede ce qu’il est convenu d’appeler laMançana de la Discòrdia (« le pâté [de maisons] de la discorde »). Latransformation du rez- de-chaussée enboutique en 1943 a fait disparaître lesbelles sculptures qui en décoraientl’extérieur. Il s’agit d’un immeuble derapport typique de l’Eixample, dont lafaçade, décorée de sculptures dues àEusebi Arnau au niveau des balcons etdes fenêtres, fait preuve d’une granderigueur dans la composition. Réaliséesous la direction de Domènech, ladécoration de l’étage noble, mais aussides autres appartements, fournit l’un des exemples les plus remarquables de l’ornementation moderniste. Lesmeilleurs artistes et artisans de l’époquey ont travaillé, notamment Eusebi Arnau(qui a représenté une belle berceuse surles linteaux de l’étage noble), le sculpteurJoan Carreres, le peintre Josep Fey, lescéramistes Antoni Serra et MarioMaragliano, les vitriers Rigalt, ou encorele dessinateur de meubles Gaspar Homar(de superbes pièces sont conservées auMuseu Nacional d’Art de Catalunya).

Bâtiment situé au 255, Carrer d’Aragó, ils’agit de la première œuvre importante del’architecte à Barcelone, réalisée entre1879 et 1885 pour la maison d’éditionpropriété de la famille de sa mère. Lastructure du bâtiment est apparente sur lafaçade. L’emploi d’un mur-rideau en verre,de l’acier et de la brique témoigne de lahardiesse de l’architecte. La décoration,symbolique, est nourrie de réminiscencesmudéjares. On remarquera également les grandes rosaces évoquant desengrenages de machine et les reliefsd’inspiration médiévale, ainsi que lesbustes de grands écrivains. Un angejouant de la trompette symbolise larenommée. L’intérieur, où l’on retrouvel’entrecolonnement typique de toutétablissement industriel, est éclairé parun grand lanterneau pyramidal. Lebâtiment accueille depuis 1989 laFundació Antoni Tàpies, qui abrite un riche fonds des œuvres du peintre. Il est couronné par une sculpture detubes d’aluminium exécutée par Tàpies, Nuage et Chaise.

Ce grand centre hospitalier, construità partir de 1902 dans le quartier duGuinardó (au 167, Carrer de Sant AntoniMaria Claret), est I’œuvre la plusmonumentale de Domènech i Montaner. Il occupe en effet une surface équivalenteà neuf îlots du quartier de l’Eixample.

Sa construction fut entreprise àl’initiative de l’ancien Hospital de la SantaCreu, créé en 1401. À la fin du XIXe siècle,le magnifique bâtiment gothique duquartier de Ciutat Vella était devenuinsuffisant ; le projet de créer un nouveaucentre hospitalier en concordance avecl’expansion de la ville put voir le jourgrâce au legs du banquier Pau Gil.

Le principe d’une distribution desservices hospitaliers entre diverspavillons séparés par des espaces vertsavait déjà été appliqué par Domènech àl’institut Pere Mata, à Reus. Ici, lesproblèmes de communication furentrésolus par la construction de couloirssouterrains qui non seulement rattachentles pavillons d’hospitalisation auxservices centraux, mais encore accueillentde nombreux services et dépendances.

La première phase fut achevée en1909 par le couronnement du pavillonadministratif, qui constitue l’entrée del’ensemble. Les six premiers pavillonsd’hospitalisation et le pavillon central,consacré à la chirurgie, sont égalementœuvre de Domènech. Père Domènech iRoura, fils de l’architecte, intervint sur lechantier dès le départ et les travaux sepoursuivirent par tranches successives,pour être achevés dans le courant desannées vingt.

En ce qui concerne la structure de laconstruction, il faut noter l’utilisationpour les plafonds et les toits de la voûte en cloison – la voûte catalanetraditionnelle – qui module l’ensemble etlui donne une unité. L’ornementation y aune importance fondamentale : intégrée àla. structure architecturale, elle a aussiune profonde signification symbolique etreligieuse. Le plan du bâtiment d’entréereprend ainsi la forme des bras ouvertsde l’allégorie de la Charité et lesnombreuses sculptures (de Pau Gargalloet Eusebi Arnau) et peintures etmosaïques (de Francesc Labarta et MarioMaragliano) font référence à l’histoire etaux vertus chrétiennes et sociales del’institution. Les motifs floraux,héraldiques et typographiques reviennentsouvent dans l’abondante décorationcéramique et mosaïque.

Cet hôpital est l’un des centressanitaires les plus prestigieux de Catalogne.Une partie du pavillon administratif peutêtre visitée. Classé patrimoine mondialpar l’Unesco depuis 1997.

Salle de concert et siège social de l’OrfeóCatalà (1905-1908), société choralefondée en 1891 afin de promouvoir lesactivités musicales. Situé entre les ruesSant Pere més Alt et Amadeu Vives, cetédifice est l’une des œuvres les plusemblématiques du Modernisme catalan etun compendium des arts décoratifs dumoment. Il fournit par ailleurs unexcellent exemple de la volonté derevalorisation nationale propre à cemouvement artistique.

Très audacieux sur le plan destechniques de construction – structure enfer laminé, piliers reculés des façades quisupportent le poids des arcs et permettentl’utilisation d’une sorte de mur-rideau –,le bâtiment s’adapte à la relativeétroitesse de la surface sur laquelle ils’élève, les services et la salle derépétition étant situés au rez-de-chausséeet la grande salle de concert à l’étage.L’extraordinaire richesse de la décoration– d’un évident naturalisme organique etsymbolique – s’intègre parfaitement dansune structure fonctionnelle.

Sur la façade, on remarquera legroupe dédié à la musique populaire,sculpté par Miquel Blay, la grande frisecéramique représentant les chanteurs del’Orfeó, œuvre de Lluís Bru, les colonnespolychromes recouvertes de mosaïque et, enfin, les bustes des grandscompositeurs.

La grande salle de concert, avec sonrez-de-chaussée et ses deux balcons,constitue un espace insolite, chaleureuxet lumineux. De grands vitrauxcomportant des guirlandes de fleurslaissent passer la lumière et l’ensembleest recouvert de céramique vitrifiée et demotifs floraux. La scène est flanquée dedeux impressionnantes sculptures de PauGargallo : d’un côté, le buste d’AnselmClavé, promoteur de la musique choraleen Catalogne, avec l’allégorie de sachanson la plus célèbre, « Les flors de maig »; de l’autre, le buste deBeethoven et la chevauchée des Walkyries wagnériennes.

L’hémicycle est présidé par lesgrandes orgues. De part et d’autre decelui-ci, se détachent de surprenantessilhouettes féminines, fées ou muses.Chacune joue d’un instrument demusique. Au nombre de dix-huit, ces trèsbelles pièces se composent d’un corps enmosaïque (de Bru) et d’un buste saillanten pierre (d’Eusebi Arnau).

D’importants travaux de restaurationet d’agrandissement ont été effectuéssous la direction d’Oscar Tusquets.Classé patrimoine mondial par l’Unescodepuis 1997.

© Generalitat de CatalunyaDepartament d’Innovacio, Universitats i EmpresaTurisme de CatalunyaTraduction : Discobole/Henri LegrandMaquette : Francesc GuitartPhotographies : A. Puente, J. Pareto, T. Vidal, ArxiusHospital de Sant Pau, R. Manent, J. Borrell, P. Català,© MNAC (Calveras/Sagristà), © RaimonRamis/Fundació Antoni Tàpies, Maria ManadéNous remercions Lluís Domènech i Girbau et LourdesFigueras i BurrullImpression : ImgesaD.L. B - 32.979 - 2007 Printed in EU

Bâtiment situé à l’extrémité ouest du parcde la CiutadeIla (entrée par le Passeig dePicasso), construit pour servir de café-restaurant lors de l’Exposition universellede 1888 (année considérée comme étantcelle des débuts du Modernisme). Il s’agitde l’une des œuvres les plus originalesde Domènech, à ranger parmi les plusintéressantes de l’architecture européennedu moment, du fait de sa conceptionradicale et novatrice, qui exploite aumaximum les possibilités expressivesdes nouveaux matériaux – brique, fer,verre, céramique – et les nouvellestechniques de construction.

Au-dessus du niveau des services,une grande salle, dans la droite ligne dugothique catalan, constitue un vasteespace dont la structure est celle d’unparallélépipède aux murs dépouillés, d’oùse détachent arcs, piliers et chapiteaux.L’épais mur de briques dessine de solidestours aux quatre angles et l’espace intérieurest entouré d’un double mur. Un systèmecomplexe de poutres et de solives métalliquesapparentes remplace le lambris classique.

À l’extérieur, les puissants et austèresmurs en brique sont couronnés par uneélégante frise de grands écus céramiques– œuvre d’Alexandre de Riquer et de Joan Llimona – et par des créneauxd’influence gothique d’où surgissent lestours : deux carrées et deux octogonales,l’une de ces dernières étant rehaussée d’unesvelte coupole en verre et en fer forgé.

La décoration intérieure, relativementsobre en raison de la rapidité avec laquellefut construit l’édifice, permet d’admirer lapureté architecturale de la constructionet son degré élevé de rationalité et defonctionnalité, surprenant pour l’époque.

Baptisé ironiquement « le châteaudes trois dragons » (du Castell dels TresDragons, une parodie médiévale dePitarra [1865]), ce bâtiment futtransformé après l’Exposition en atelierd’arts appliqués – dirigé par Domènechen personne et par A. M. Gallissà –, enmusée d’histoire, en conservatoire demusique, puis, à compter des annéesquatre-vingt, en musée de zoologie.

Il accueille actuellement une partiedes expositions organisées par le Museude Ciències Naturals.

Museu de Ciències NaturalsTél. : (+34) 933 196 912www.museuzoologia.bcn.esStations de métro: Arc de Triomf (L1) , Jaume Iet Barceloneta (L4)Bus : 14, 39, 40, 41 42, 51,141 et B25Tramway: Wellington (T4)Train: Arc de Triomf (Renfe)

Le Castell dels TresDragons

Tél. : (+34) 902 442 882 / 932 957 200 www.palaumusica.orgStations de métro: Urquinaona (L1) et (L4)Bus : 17, 19, 40 et 45

Le Palau de la MúsicaCatalana

Tel.: (+34) 932 562 504 / 902 076 621www.santpau.esStations de métro: Hospital de Sant Pau (L5) etGuinardó (L4)Bus :15,19,20,25,35,45,47,50,51,92 et 192

L’Hospital de la SantaCreu i Sant Pau

Propriété privée.L’immeuble ne peut pas être visitéStations de métro: Passeig de Gràcia (L3) et (L4)Bus: 7, 16, 17, 20, 22, 24, 28, 43, 44 et Tomb busTrain: Passeig de Gràcia (Renfe)

Tel.: (+34) 934 870 315www.fundaciotapies.orgStation de Métro: Passeig de Gràcia (L3) et (L4)Bus: 7, 16, 17, 20, 22, 24, 28, 43, 44, 45, 47,63, 67, 68 et Tomb busTrain: Passeig de Gràcia (Renfe)

La Casa Lleó Morera

La maison d’éditionMontaner i Simon

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Domènechi Montaner

Domènechi Montaner

Generalitat de CatalunyaGouvernement catalanMinistère de l’Innovation,des Universités et de l’Enterprise

Architecte, dessinateur et designer,historien et homme politique, figureparadigmatique du mouvementmoderniste catalan, il est l’auteur dequelques-uns des bâtiments les plussinguliers de l’architecture de l’époque,mais aussi d’une importante réflexionthéorique sur ce courant. Il mena à bienune activité pédagogique décisive àl’École d’architecture, dont il fut ledirecteur, et fut l’un des principauxacteurs du mouvement national catalande l’époque et du renouveau culturelfavorisé par la Renaixença.

Né et mort à Barcelone, il travaillaessentiellement dans cette ville, quitraversait alors une phase de fortecroissance économique, démographiqueet culturelle. Après avoir brisé le cercledes anciennes murailles. Barcelone seproposait en effet de réaliser l’ambitieuxprojet urbanistique connu sous le nom d’ « Eixample », conçu par lldefonsCerdà pour l’agrandissement de la ville.

L’Exposition universelle de 1888,considérée comme le point de départ duModernisme, lui donna un grand prestige.Outre le café-restaurant (Castell dels TresDragons), il réalisa à cette occasionl’Hotel Internacional (construit en quatre-vingt-trois jours et démonté à la fin de la manifestation) et se chargea de larestauration de l’Hôtel de Ville. Il devintl’un des architectes préférés de lapuissante bourgeoisie et de l’activesociété civile de l’époque, et on lui confiadès lors des chantiers d’envergure,comme le Palau de la Música Catalana oul’Hospital de Sant Pau.

Bon connaisseur de l’architectureeuropéenne de l’époque et de sesthéoriciens (Viollet-le-Duc, Ruskin,Durand, etc.), il résuma leurs idées dansl’article « En busca d’una arquitecturanacional » (« À la recherche d’unearchitecture nationale » [1878]), où ildéfendait le principe du respect destraditions locales à côté de la recherchede la rationalité et de l’emploi des nouvellestechniques. Il suivit la tendance naturalisteet symboIique de l’Art nouveau, mais cetteornementation florale, comme le dit OriolBohigas, « acquiert toujours un rôledescriptif fondamental, […] au serviced’une bonne lisibilité des espaces et desréalités constructives ».

Travaillant en liaison étroite avec lesartistes et les artisans de l’époque, ilconçut des meubles, des dallages, deslambris et toutes sortes de modèles deconstruction industrielle. Rattaché de parsa famille au monde de l’édition, il exécutaaussi de remarquables dessins (contributionsà La Renaixença, Arte y Letras, etc.). Cetimportant historien de l’art catalan etuniversel était aussi héraldiste.

Il faut également signaler quelques autresréalisations de Domènech dans et endehors de Barcelone. La première est lePalau Montaner (au 278, Carrer deMallorca), à Barcelone, commencé parDomènech i Estepà et achevé parDomènech i Montaner en 1893. C’est à ce dernier que l’on doit sa magnifiqueornementation – céramiques, fers forges,lambris, vitraux –, le grand hall d’entréesur deux niveaux et son escaliermonumental. C’est le siège de ladélégation du gouvernement enCatalogne (visites le samedi matin).

La Casa Thomas (au 293, Carrer deMallorca), toujours à Barcelone, est unimmeuble construit en 1895 (puisagrandi en 1912 par F. Guàrdia). La richeornementation – céramique, verrières,grande colonnade ionique, grilles en ferforgé – mise au service d’unecomposition rigoureuse forme unensemble magnifique.

Domènech a remanié en 1902 laFonda Espanya (au 9, Carrer de Sant Pau,à proximité du Liceu). On retrouve danscet hôtel la riche décoration présentedans toutes ses réalisations – lambris,lumières, verrières. On remarquera enparticulier, au rez-de-chaussée, la grandecheminée sculptée par Eusebi Arnau oules lambris en bois entrelacé et les beauxécus céramiques de la salle de restaurant,où se trouvent des fresques marinessignées Ramon Casas.

La Casa Fuster (1908), située àl’angle du Passeig de Gràcia (n° 132) etdu Carrer Gran de Gràcia, montre uneintéressante évolution de l’architecte versune grande maîtrise de la compositionornementale sur une façade extrêmementplane, que l’on a rapprochée du stylesécessionniste viennois. La sallehypostyle du rez-de-chaussée est utiliséepour des expositions.

À Olot, Domènech a effectué uneintéressante restauration (1913) de laCasa SoIà-Morales, un bâtimentbaroque de 1781, en la décorant de beauxsgraffites et en intégrant au rez-de-chaussée de grandes baies vitrées,flanquées de deux figures féminines,dues à Eusebi Arnau. Il y a également faitconstruire une tribune latérale et uneloggia qui couronne la façade.

À L’Espluga de FrancolI, petit bourgagricole proche de l’abbaye de Poblet,Domènech a conçu l’une des cavescoopératives les plus anciennes deCatalogne (1913), comportant deuxbâtiments dont les toits sont soutenus pardes arcs inspirés des arcs diaphragmescaractéristiques du gothique catalan.

Domènech a également réalisé deuxœuvres importantes hors de Catalogne :le Gran Hotel de Palma de Majorque, etle Séminaire de Comillas.

La relation de Domènech i Montaner avecReus, l’une des villes les plusdynamiques du sud de la Catalogne auplan économique et culturel, a étépossible grâce à l’amitié et aux liens del’architecte avec Pau Font de Rubinat, unhomme politique nationaliste catalan etbibliophile, maire de Reus en 1899 et1900, à un moment où, portée parl’euphorie économique, la bourgeoisielocale connaissait une périodeparticulièrement brillante.

Font de Rubinat fut le fondateur, en1897, avec le psychiatre Emili Brianso, del’Institut Pere Mata, un sanatoriumpsychiatrique situé en dehors de la villeet inspiré par les idées les plus avancéesde l’époque. Domènech y mit en œuvreun système de pavillons indépendantsséparés par des jardins, de manière àgarantir l’isolement et la tranquillité despatients, qu’il appliqua ensuite àl’Hospital de Sant Pau, à Barcelone. Laconstruction se prolongea jusqu’en 1919et fut achevée en grande partie par sonfils, Pere Domènech i Roura. L’ensemble,dominé par de sveltes tourelles, dénoteune certaine influence arabe. On peutvisiter le pavillon d’entrée et le pavillonn° 6, destiné aux patients « distingués »,qui conserve sa décoration d’origine.Domènech y a privilégié l’emploi de labrique et de la céramique. La décorationflorale des dalles hydrauliques, desvitraux, des grilles, etc., est égalementune constante dans cette réalisation.

La Casa Navàs (Plaça del Mercadal[1901]) est l’un des plus beaux exemplesdes maisons conçues par Domènechpour la bourgeoisie catalane. C’estégalement celle qui conserve le plusfidèlement l’extraordinaire décorationintérieure et les éléments du mobilierimaginés par l’architecte et réalisés parHomar. La façade principale, coupée d’unporche au rez-de-chaussée, intègre ladécoration florale dans la structure dubâtiment, qui rappelle celle d’un palaisvénitien. Le grand hall central de l’entréebénéficie d’un éclairage zénithal, maisaussi latéral au travers de grands vitraux.L’intérieur fournit une belle illustration del’art moderniste et du superbe travailaccompli par les artisans de l’époque.

À Reus même se trouvent deux autresbâtiments de Domènech : la Casa Rull(Carrer de Sant Joan), construite en 1900et restaurée, siège de l’Institut Municipald’Acció Cultural, dont la façade en briqueest décorée d’éléments architecturaux, etla Casa Gasull, datant de 1911 etrecouverte de mosaïques et de sgraffites,située dans la même rue, à côté de lapremière.

L’architecte était doublement attaché àcette ville côtière de la Costa del Maresme,dans la mesure où sa mère comme safemme en étaient originaires. Il y possédaitune maison et un atelier. La ville comptequelques réalisations de Domènech.

La première fut le Teatre Principal,plus connu sous le nom de FomentCatalanista ou d’Ateneu (1887), situé surle Carrer Ample. Un large balcon en ferforgé court le long de la façade, présidéepar une grande rosace en forme d’étoile àhuit branches. À l’angle, une grosse tourronde est couronnée par une svelte coupole.On remarquera que Domènech y recourtaux sgraffites pour la première fois. Il estintéressant d’étudier la manière dont ilss’intègrent dans la composition. C’étaitautrefois un centre culturel dynamique.

La Casa Roura, plus connue sousle nom de « Ca la Bianga », sur la Rierade Sant Domènec, fut construite en 1889pour la belle-famille de l’architecte. Ils’agit d’un bâtiment isolé, dont le corps,en forme de parallélépipède, est complétépar une tour circulaire. L’utilisationexclusive de briques à l’extérieur et leuremploi comme procédé de design luiconfèrent une cohérence et un caractèreexceptionnel. On remarquera lesnombreuses références médiévales etl’excellent travail du fer sur lesbalustrades. L’intérieur est présidé par ungrand espace central joliment décoré.C’est aujourd’hui un restaurant.

L’ancien mas Can Rocosa devintl’atelier de l’architecte. C’est là qu’ilconçut la plupart de ses grandesréalisations. Ce mas est aujourd’hui unmusée, la Casa-museu Lluís Domènech iMontaner, où l’on peut voir des écrits,dessins, maquettes, livres, meubles,céramiques, etc., réalisés ou ayantappartenu à l’architecte. L’ouverture d’uncentre de consultation à l’intention deschercheurs est prévue pour 1998.

Canet compte quelques autresréalisations de Domènech de moindreimportance. Sa restauration du châteaude Santa Florentina (résidence privée),une ancienne place forte des environs deCanet, propriété de la famille de sa mère,fut en revanche un chantier de grandeenvergure. L’architecte le transforma enun imposant ensemble néogothique d’unegrande richesse artistique et décorative.

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Château de Santa FlorentinaVisites sur rendez-vousTel.: (+34) 935 399 241

Casa-museu Lluís Domènech i MontanerRiera Gavarra, 208360 Canet de MarTel.: (+34) 937 954 [email protected]

Domènech iMontaner à Canetde Mar

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Domènech iMontaner à Reus

Autres œuvres Lluís Domènechi Montaner(1849-1923)

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