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N°084 Le film danois Hijacking est sans aucun doute l’un des grands films de l’année 2013. Si son réalisateur Tobias Lindholm s’était déjà fait la main et surtout un nom avec la série The Borgen, il franchit un cap avec ce thriller politique fiévreux qui distille une tension et une pression psychologique palpables de tout son long. Hijacking est en effet l’un de ses films dont on ressort hyper enthousiaste et marqué. En plein océan indien, un cargo danois est pris d’assaut par des pirates somaliens qui retiennent en otage l’équipage et réclament une rançon de 15 millions de dollars. Parmi les sept hommes à bord, on retrouve Mikkel, le cuisinier, marié et père d’une petite fille. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au cœur d’une négociation entre Peter, le PDG de la compagnie du cargo et le négociateur recruté par les pirates. Deux mondes commencent à s’affron- ter et malgré sa poigne de fer et son expertise dans la négociation commer- ciale la grosse compagnie mondialisée se retrouve vite sans défense face à des pirates somaliens qui ont tout pouvoir sur l’équipage. Le sang-froid et les millions suffiront-ils à ramener tous ses marins dans leur famille ? … On retrouve dans Hijacking la même qualité d’écriture que dans The Borgen, ce don pour dresser des portraits complexes de personnages charismati- ques. Il y a deux héros dans le film : Mikkel, le cuisinier sensible embarqué bien malgré lui dans une prise d’otages dont les enjeux le dépassent et Peter (Soren Malling crève l’écran !), l’impla- cable chef d’entreprise qui se mue par défi et par égo en négociateur aux nerfs d’acier. Formidablement documenté, Hijacking est un thriller en quasi-huis clos, où le moindre fax envoyé provoque une déflagration dans le camp d’en face. Tobias Lindholm n’oublie pas d’apporter une dimension humaine à son film, si bien que l’on a la gorge plus que serrée quand arrive la négociation finale.

Gazette cinéma le méliès n°84 juillet 2013

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Le film danois Hijacking est sans aucun doute l’un des grands films de l’année 2013. Si son réalisateur Tobias Lindholm s’était déjà fait la main et surtout un nom avec la série The Borgen, il franchit un cap avec ce thriller politique fiévreux qui distille une tension et une pression psychologique palpables de tout son long. Hijacking est en effet l’un de ses films dont on ressort hyper enthousiaste et marqué.En plein océan indien, un cargo danois est pris d’assaut par des pirates somaliens qui retiennent en otage l’équipage et réclament une rançon de 15 millions de dollars. Parmi les sept hommes à bord, on retrouve Mikkel,

le cuisinier, marié et père d’une petite fille. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au cœur d’une négociation entre Peter, le PDG de la compagnie du cargo et le négociateur recruté par les pirates. Deux mondes commencent à s’affron-ter et malgré sa poigne de fer et son expertise dans la négociation commer-ciale la grosse compagnie mondialisée se retrouve vite sans défense face à des pirates somaliens qui ont tout pouvoir sur l’équipage. Le sang-froid et les millions suffiront-ils à ramener tous ses marins dans leur famille ? …On retrouve dans Hijacking la même qualité d’écriture que dans The Borgen,ce don pour dresser des portraits

complexes de personnages charismati-ques. Il y a deux héros dans le film : Mikkel, le cuisinier sensible embarqué bien malgré lui dans une prise d’otages dont les enjeux le dépassent et Peter (Soren Malling crève l’écran !), l’impla-cable chef d’entreprise qui se mue par défi et par égo en négociateur aux nerfs d’acier. Formidablement documenté, Hijacking est un thriller en quasi-huis clos, où le moindre fax envoyé provoque une déflagration dans le camp d’en face. Tobias Lindholm n’oublie pas d’apporter une dimension humaine à son film, si bien que l’on a la gorge plus que serrée quand arrive la négociation finale.

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Votre pub dans la gazette :Contactez Gisèle Grataloup au 04 77 32 32 01 ou via [email protected] : Le Méliès concept graphique : Corne Bleue impression: Rotogaronne Tirage : 25 000 exemplaires

Une île grecque, une villa magnifique, en plein mois d’août. Céline, son mari Jesse et leurs deux filles passent leurs vacances chez des amis. On se promène, on partage des repas arrosés, on refait le monde. La veille du retour à Paris, surprise : les amis offrent au couple une nuit dans un hôtel de charme, sans les enfants. Les conditions sont idylliques mais les vieilles rancœurs remontent à la surface et la soirée en amoureux tourne vite au règlement de comptes…Bienvenue donc dans cette intelligente comédie humaine, plus profonde que la bluette pour laquelle certains (ils se reconnaîtront…) aimeraient la faire passer. Pour ma part, ce n’est donc pas un péché mignon ou un plaisir coupable, c’est du plaisir tout court.Dix-huit ans après Before Sunrise (Ours d’argent Berlin 1995), neuf ans après Before Sunset, Céline/Julie Delpy et Jesse/Ethan Hawke se retrouvent dans un troisième volet intitulé Before Midnight (qui peut se voir indépendamment des deux autres). Curieux objet de cinéma que cette trilogie fabriquée à six mains (Linklater, Delpy et Hawke), suivant le parcours amoureux d’un couple sur 18 ans et en temps réel comme Truffaut suivait son Antoine Doinel. A quarante balais passés, où en sont Céline et Jesse ? Des problèmes de gosses, des problèmes d’ex-femme, des concessions de couple, etc. Les ingrédients d’une sinistre comédie française générationnelle ne sont pas si éloignés mais on en est pourtant, et heureusement, à des milliers de kilomètres. Que reste t-il des amours de Sunset et Sunrise ? Du romantisme exacerbé qui date d’il y a des années ? Ce n’est pas un hasard si Céline et Jesse visitent un endroit éternel et des chapelles qui ont mille ans. On compte combien les grands-parents ont passé de temps ensemble. On s’y compare, on guette le coucher du soleil en redoutant une fin inéluctable. Au désir à fleur de peau d’un Before Sunset (la montée de l’escalier, le fondu final) répondent les doutes de Before Midnight. Ecrits et interprétés avec cette véracité qui transperce déjà les premiers volets. Comment réinventer et recommencer ? Before Midnight n’est ni angélique, ni fataliste, mais quelque part entre deux où la vie se faufile…Vivement la suite... rendez-vous dans 9 ans ?

Les films

Contactez Gisèle Grataloup PAO : Le Méliès concept graphique : Corne Bleue impression: Rotogaronne Tirage : 25 000 exemplaires

Sommaire

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Film japonais de Kiyoshi Kurosawa(2013 - 1h59min - VOST) avec Kyôko

Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi...

Dans la cour d’école d’un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Quinze ans après, que sont-elles devenues ? Sae et Maki veulent se souvenir.

Film américain de Rebecca Thomas(2013 - 1h33min - VOST) avec Julia Garner, Rory Culkin, Liam Aiken...

Rachel vit avec ses parents dans une communauté mormone de l’Utah. Le jour de ses 15 ans, elle découvre par hasard, sur un vieux magnéto, Hanging on the telephone interprétée par un rocker local. Rachel n’a jamais rien entendu de tel et vit ce moment comme une expérience mystique et sensuelle. Lorsque 3 mois plus tard elle est enceinte, elle soutient que c’est le fameux morceau pop rock qui en est la cause...

Film japonais de Kiyoshi Kurosawa(2013 - 2h28min - VOST) avec Kyôko

Koizumi, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki..

Il y a quinze ans, quatre fillettes étaient témoins du meurtre d’Emili, leur cama-rade de classe. Incapables de se souvenir du visage du tueur, elles étaient mena-cées de pénitence par Asako, la mère de la disparue. Contrairement à Sae et Maki, Akiko et Yuka veulent oublier. Et la mère d’Emili, que cherche-t-elle encore après tout ce temps ?

L’été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d’un lac. Franck tombe amoureux de Michel. Un homme beau, puissant et mortellement dangereux. Franck le sait, mais il veut vivre cette passion…Ambitieux, honnête, courageux, L’Inconnu du lac est un film qui se jette à l’eau. Ça fait des éclaboussures (qui pourraient refroidir des spectateurs un peu frileux), et ça fait du bien. On aurait voulu voir ce film dans la compétition cannoise. Parce qu’y triomphent la mise en scène, l’amour du cadre et tout ce qui fait le cinéma dans sa belle noblesse. Et aussi parce qu’on aurait bien rigolé, comme me le dit une amie taquine, en imaginant Spielberg devant ces fesses d’hommes nus, ces paires de valseuses et ces verges en érection, ce triomphe du sexe ! Car il y a tout ça dans L’Inconnu du lac, le grand art et des trucs un peu cochons, où qui pourraient l’être s’ils n’étaient pas, justement, filmés par Alain Guiraudie avec un talent bluffant. Qui d’autre pourrait réussir, aujourd’hui, à combiner ces registres a priori si éloignés ? Ce cinéaste qui n’a peur de rien, et ne triche pas avec ses désirs, nous entraîne au bord d’un lac, peut-être dans le Sud de la France. C’est l’été, splendide, parfait. Au bord de l’eau, il n’y a que des hommes et la plupart sont entièrement nus. Parfois, on les voit s’éloigner dans le petit bois derrière la plage : là, dans une jungle verte, les plaisirs se partagent librement, crûment, un peu sauvagement. Mais au beau milieu de cet été de drague, l’amour va surgir. Et puis, aussi, la solitude. La peur et la mort. (merci Télérama !)

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Sean a une gueule d’ange triste. La mèche rebelle qui lui mange le visage, comme tant d’ados. Avec son blouson noir et ses ongles peints, son piercing, sa démarche discrète, il attire autant la curiosité que les moqueries. Ici, dans sa petite ville de Nouvelle Ecosse, les gars de son âge sont sportifs, sortent en bande, ils portent des sweats de marque et font du hockey sur glace, pour affirmer leur virilité et leur appartenance à la communauté. Il faut dire qu’en plus de son allure « gothique », Sean s’est approché d’un peu trop près de la plus belle fille du lycée, la chérie attitrée du capitaine de l’équipe de hockey, le coq de la basse-cour. Il devient le souffre-douleur d’une bande d’andouilles prêtes à tout pour marquer leur territoire autant que leur identité de mâles en devenir. Sans réfléchir plus que ça, cédant à l’impulsion causée par l’humiliation, il va user des seules armes qui lui sont accessibles : des mots tapés sur son clavier d’ordinateur. Il se défoule, il déverse dans le monde virtuel des scénarios revanchards où il est question de menace et de vengeance… Il y a quelques années, Sean aurait simplement noirci les feuilles de son journal intime. Mais aujourd’hui on écrit sur Internet, où tout se lit tout de suite, où tout se trace, où rien ne s’efface. Et quand on découvre, en plus de ces écrits imprudents, que le père de Sean est grand amateur de chasse et d’armes, les dés sont jetés : Sean est accusé d’avoir minutieusement préparé un massacre en bonne et due forme, un Colombine version Canada…

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C’est plutôt rare : voilà un scénario qui n’est pas adapté d’un roman, ni d’une nouvelle, ni d’une pièce, mais d’un article de Vanity Fair.Titre du papier, paru en 2010 : « Les suspects portaient des Louboutin ». Tout est dit ou presque, délinquance et fashion. Le « bling ring » est le surnom d’un gang d’adolescent(e)s – un seul garçon dans leurs rangs – ayant bel et bien cambriolé tout un tas de villas de « stars » domiciliées à Los Angeles, de Megan Fox à Lindsay Lohan. But principal : voler, pour les porter, ces fringues et ces accessoires de grandes marques hors de prix possédés et arborés par lesdites stars. But secondaire : devenir, à son tour, célèbre…Que Sofia Coppola s’empare d’un tel sujet semble absolument logique. Depuis le merveilleux Virgin Suicides, et sa brochette de jeunes sœurs romantiques, elle est l’une des meilleures cinéastes de l’adolescence, qui irrigue tous ses films. D’autre part, avec Somewhere (2010), elle avait déjà signé un grand portrait de Los Angeles – vue du palace Château-Marmont – comme la capitale mondiale de la superficialité et du vide. Elle s’en donne donc à cœur joie avec cette bande lycéenne, se renseignant sans cesse sur les voyages des célébrités, pour pouvoir se précipiter chez elles en cas d’absence. Fidèle à son refus de juger ses personnages, la cinéaste les montre décérébrés à l’extrême, mais raccord avec leur environnement et leur époque. Au sommet du n’importe quoi, mais ni plus ni moins, en fait, que la télé-réalité, les blogs people, les parents et, bien sûr, les stars cambriolées – Paris Hilton, victime réelle de la bande en 2010, a prêté sa villa kitchissime pour le tournage…

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Quand le tandem Zack Snyder-Christopher Nolan s’empare du mythe Superman ça donne Man of Steel, un grand film populaire ample et puissant qui mélange réalisme, space opera kitsch et action débridée. C’est donc l’histoire qu’on connait tous d’un petit garçon qui découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, il s’engagera dans un périple afin de comprendre d’où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s’il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l’espoir pour toute l’humanité…« Un film époustouflant, ébouriffant, décapant, intelligent, truffé d’effets spéciaux extraordinaires. » Le Parisien« Force surhumaine, peau pare-balles et brushing toujours impeccable, Superman fait de nouveau démonstration de ses talents dans des scènes d’action franchement spectaculaires. Le tout pimenté par un casting de choix et une impressionnante séquence d’ouverture. » Metro« On ressort de cette lessiveuse certes un peu sonné, mais bel et bien revigoré. » Les Inrocks

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Les Beaux Jours est une superbe comédie romantique qui en troublera plus d’un tout en apportant la preuve éclatante que les dés ne sont pas jetés sous prétexte qu’on entame « la dernière ligne droite »… Fanny Ardant incarne ici Caroline, chirurgienne-dentiste mariée à Philippe, qui exerce le même métier, et qui prend enfin une retraite bien méritée. Mais quand on a été très active toute sa vie, quand on a tenu un rôle social important dans une petite ville de province, voyant défiler toute la ville sous sa fraise, que faire de ce temps devenu soudain libre pour qu’il ne devienne pas un trou béant ? D’autant que le mari, lui, continue d’exercer… Alors pour ne pas devenir accro aux mots fléchés ou spectatrice obsessionnelle des « Chiffres et des Lettres », Caroline se laisse convaincre par son entourage, son mari et ses filles en tête, et vient s’inscrire à un club de retraités au nom qui fait rêver : « Les Beaux Jours » (rien de tel que la méthode Coué). Et elle y découvre une joyeuse bande de retraités plutôt truculents qui partagent leur journée entre cours de théâtre, atelier de poterie aux résultats éventuellement catastrophiques et initiation à l’informatique. Parlons-en d’informatique, car c’est bien cette discipline qui va changer la vie de Caroline : Julien, son séduisant professeur trentenaire à la réputation confirmée d’homme à femmes, va s’intéresser à elle de très près...

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Qu’attend-on d’un film d’horreur ? Qu’il fasse peur, bien sûr. Mais aussi qu’il soit porteur d’un regard subversif sur la société. Double mission remplie avec brio par le vétéran Barry Levinson, qu’on n’attendait pas vraiment dans un tel registre. The Bay est né d’un projet de documentaire sur la pollution dans la baie de Chesapeake. Après avoir découvert que le plus grand estuaire des Etats-Unis était désormais une « zone morte à 40 % », le réalisateur de Rain Man a estimé qu’une fiction serait sans doute plus efficace pour alerter l’opinion. On espère que la réalité ne rattrapera jamais cette fiction, qui brode avec intelligence sur deux grands classiques du cinéma d’épouvante : Les Dents de la mer (le péril venu des profondeurs sous-marines) et Alien (le corps étranger qui dévore les héros de l’intérieur)...En ce 4 juillet 2009, la fête nationale bat son plein à Claridge, station balnéaire paisible du Maryland. Les habitants élisent Miss Crustacé, participent au concours des mangeurs de crabes et se préparent à assister au feu d’artifice au-dessus de la baie de Chesapeake. Mais sur les coups de midi, une femme appelle au secours : elle est couverte de boutons purulents et transpire du sang. Rapidement, l’hôpital est submergé de cas semblables. Tous ceux qui ont été en contact avec l’eau de la baie sont menacés : un parasite mutant leur grignote petit à petit les entrailles... Barry Levinson a eu l’idée astucieuse de raconter son histoire à la manière d’un vrai faux reportage télé. Il suit le point de vue d’une apprentie journaliste qui a « couvert » cette journée maudite et décide, trois ans après, de la raconter en compilant toutes sortes de témoignages et de documents interdits. Dans The Blair Witch Project et Paranormal Activity, ce principe du found footage (les images dites « retrouvées ») n’était qu’un gadget vite agaçant. Il devient ici un puissant ressort narratif, parfaitement maîtrisé - à deux séquences près. Des téléphones portables à la vidéosur-veillance en passant par les minicaméras familiales et Skype, la mise en scène utilise les supports numériques de l’ère 2.0 sans chercher à gommer leurs défauts techniques (mouvements saccadés, flou, gros grain, etc.). L’effet de réalité qui s’en dégage rend chercher à gommer leurs défauts techniques (mouvements saccadés, flou, gros grain, etc.). L’effet de réalité qui s’en dégage rend plus percutante encore la dimension politique du film, sur le mode du pamphlet écolo. L’invasion des isopodes mangeurs d’hommes est la conséquence du rejet dans l’océan de déchets toxiques issus d’un élevage intensif de poulets. Avec un humour très noir, Levinson dénonce autant l’âpreté au gain des industriels que la dé-sastreuse gestion de la crise par les autorités. Qui verrouillent l’information d’abord, et soignent ensuite - quand les hôpitaux fragilisés par les coupes budgétaires le peuvent encore...Ce réalisme a une autre vertu : la panique est très contagieuse ! Levinson, pourtant novice dans le genre, emploie tous les outils de la terreur avec la malice d’un vieux pro. Il parie sur les effets de surprise (un cadavre peut en cacher un autre) mais aussi sur le suspense : on sait d’avance quels personnages vont mourir, mais on ne sait jamais quand, ni dans quelles circonstances. Et joue autant sur la suggestion que sur le gore. Dans la scène la plus effrayante du film, on ne voit rien, mais on entend tout. Et les plans très rapprochés sur les lésions cutanées ou les visages en charpie ont de quoi retourner les estomacs les plus endurcis. (merci Télérama !)

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Frances (apprentie danseuse de 27 ans !) rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup. Souvent à côté de ses pompes, elle vit en dehors des clous, elle refuse de grandir et se plaît (et parfois se perd) dans un certain dilettantisme : Frances vit à New York, mais elle n’a pas vraiment d’appartement. Frances est apprentie dans une compagnie de danse, mais elle n’est pas vraiment une danseuse, Frances se jette à corps perdu dans ses rêves, même lorsqu’ils sont impossibles...Cette nouvelle comédie de Noah Baumbach (scénariste de Wes Anderson et réalisateurs des géniaux Les Berkman se séparentet Margot At The Wedding) appartient au genre très codé de la comédie indé new yorkaise. C’est-à-dire existentialiste, prolixe, et filmée dans un noir et blanc arty qui vous rappellera inévitablement Woody Allen qui depuis Manhattan, a su réinventer New-York en bicolore, et s’impose ici comme source d’inspiration à travers la profusion de dialogues savoureux que contient le film.Mais Frances Ha dépasse ce sage cadre de conventions, son atout principal étant tout simplement l’incroyable rouleau compres-seur comique qui lui sert d’actrice. Baumbach retrouve avec bonheur Greta Gerwig, qu’il avait lui-même révélé il y a quelques années dans Greenberg où elle volait déjà la vedette à Ben Stiller. Et autant le dire, elle crève l’écran dans un rôle pas évident. Frances est épuisante, attachante, maladroite, bavarde, complètement à l’ouest. Greta est par contre toujours juste, nuancée, légère. L’hystérie hilarante du personnage pourrait faire craindre la caricature, mais Greta Gerwig la transcende grâce à une générosité et une énergie rares. Son personnage partage sa vie entre moments de glande entre ami(e)s et activités diverses bien souvent improductives. Trimbalée à droite et à gauche dans New-York – le film est d’ailleurs chapitré en fonction de ses changements d’adresse successifs – cherchant au milieu de tout cela, à trouver la forme de vie qui lui sied le mieux : colocation ? Vie en couple ? Seule ? Frances danse, Frances se bat dans la rue, Frances tombe amoureuse et se casse la gueule devant tout le monde… Frances semble au premier abord cliniquement folle, mais se révèle simplement pleine de névroses. Comme tout le monde, comme nous tous…

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Voici enfin en copie neuve et entièrement restaurée l’un des plus beaux films d’animation de tous les temps, réalisé par le génial artisan qu’était Paul Grimault (1905-1994), sur une idée et des mots du grand Jacques Prévert. Un chef d’œuvre incon-testable et incontesté, qu’il nous paraît indispensable de montrer régulièrement dans nos salles. Le Roi et l’oiseau a aujourd’hui plus de trente ans et se fiche bien de la 3D et de toutes ces balivernes. Plus que jamais il enchante, ravit et initie à la poésie de nouvelles générations de spectateurs.Le Roi Charles V et trois font huit et huit font seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un oiseau ose le narguer. Un volatile enjoué et bavard, qui a osé construire son nid en haut de son gigantesque palais, tout près des appartements secrets de Sa Majesté. Une nuit, à l’heure où les objets, paraît-il, inanimés sortent de leur muette immobilité et retrouvent leur liberté, trois tableaux prennent vie dans la chambre du roi : l’un est un portrait de lui en posture de monarque, le ventre en avant, le sourire infatué ; les deux autres représentent une charmante bergère et un petit ramoneur, qui s’aiment depuis toujours et qui vont enfin pouvoir se déclarer leur flamme. Mais le roi du tableau a juré d’épouser la bergère avant minuit, qu’elle le veuille ou non. Juste avant l’heure fatidique, les deux amoureux s’enfuient par la cheminée… Réfugiés au sommet de la plus haute tour du palais, ils sauvent un petit oiseau imprudent, qui n’est autre que le rejeton de l’oiseau dont on parlait plus haut. Lequel oiseau promet de les aider. Le « vrai » roi s’éveille sur ces entrefaites mais il est vite éliminé par le roi du tableau, qui lance toute la police du royaume à la poursuite des fuyards. Toute l’armada répressive du tyran se met en branle : des machines volantes conduites par des flics moustachus, de mystérieuses créatures couleur de muraille qui espionnent la ville, des tritons motorisés, un gigantesque robot piloté par le roi lui-même… Mais l’oiseau a plus d’un tour dans son sac !Tout le charme, toute la beauté, toute la poésie et toute la drôlerie de ce merveilleux du monde s’animent dans un chef d’œuvre fait pour les petits, les grands et tous ceux qui ne savent pas s’ils sont l’un ou l’autre…

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L’histoire d’une guerre insoupçonnable qui fait rage autour de nous sans que nous puissions la voir. Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans cet univers caché, elle doit s’allier à un groupe improbable de personnages singuliers et pleins d’humour afin de sauver leur monde... et le nôtre.Ce dessin animé écolo des studios Fox est empli de poésie, d’action et d’humour. Si vous accompagné vos enfants vous passerez sans aucun doute vous aussi un très bon moment tant Epic est certainement l’une des plus grandes prouesses esthéti-ques et artistiques des studios Fox et Blue Sky, avec en prime une bande originale rythmée du grand Danny Elfman.

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Grigris, 25 ans, se rêve en danseur alors que sa jambe paralysée devrait l’exclure de tout. En voilà un sacré défi! Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d’essence...Deux ans après son Prix du Jury pour Un homme qui crie, tragédie de la guerre civile, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun retrou-vait cette année la compétition Cannoise avec Grigris et était le seul représentant de son continent en sélection officielle cette année. Le film porte le nom de son héros, jeune habitant des quartiers pauvres de N’Djamena, que sa jambe gauche atrophiée n’empêche pas d’improviser des chorégraphies électriques dans les night-clubs de la ville. En boite, Grigris rencontre Mimi et ils tombent amoureux. Lui comme elle sont des marginaux marqués dans leurs corps (lui est un danseur handicapé, elle une métisse réduite à la prostitution), et chacun se retrouve exclu pour trop refléter l’hypocrisie de la société, qui les tolère sans les respecter, les réduisant à leur statut d’entertainers jetables. Il y a un potentiel dramatique très fort dans l’union de ces ex-clusions, mais également une bienveillance indéniable, loin de tout misérabilisme. Car chez Haroun on ne se laisse pas abattre, on ne se déclare jamais vraiment vaincu…

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Mahamat-Saleh Haroun est né en 1961 à Abéché, au Tchad. Après des études de cinéma à Paris (Conservatoire Libre du Cinéma Français, CLCF) et de journalisme à Bordeaux, il travaille pendant plusieurs années pour différents quotidiens de province. En 1994, il revient au cinéma et réalise son second court métrage Maral Tanié (son premier, Tan koul, en 1991, est moins connu). En 1999, son premier long métrage Bye Bye Africa est sélectionné à la Mostra de Venise et y obtient le prix du Meilleur premier film. Par la suite, il réalise en 2002 Abouna, notre père et en 2006 Daratt, saison sèche qui raffle le Prix spécial du jury au Festival de Venise de la même année et l’Étalon de bronze de Yennenga au Fespaco 2007. Il sera Président de la commission Fonds Sud Cinéma (France), de janvier 2008 à janvier 2010. En mai 2010, son film Un homme qui crie devient le premier film d’un cinéaste tchadien à être sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes et surtout à en repartir avec un Prix du Jury. Le cinéaste est depuis 2008 Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française. En 2012, Il travaille à la création d’une école de cinéma au Tchad.

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Lorsque Charles part en préretraite, c’est avec une idée très personnelle de la façon dont il va occuper ses journées. Désormais, il entend céder à toutes les âneries qui lui passent par la tête avec Pierrot, son copain de toujours. Et rien n’arrête ces sales gosses…S’il est loin de révolutionner le cinéma, 12 ans d’âge est une sympathique petite comédie estivale qui explore avec humour et sensibilité les registres de l’amour et de l’amitié, au seuil de la vieillesse. Il pose un regard drôle et tendre sur une période propice aux questionnements : que faire de sa vie quand sa jeunesse s’éloigne ? Dans son film de potes, le réalisateur Frédéric Proust célèbre cette part d’enfance qui refuse de se soumettre au temps qui passe, un thème dans l’air du temps, récemment à l’affiche des Gamins avec un Chabat en pleine crise d’adolescence… Sur un registre plus mélancolique, 12 ans d’âge est aussi un hommage touchant à ces amitiés qui durent toute une vie. Et pour toutes ces raisons, il s’agit d’un bon petit cru sans pré-tention, qui ne peut que se bonifier avec le temps !

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3 Missions : 1) alimenter chaque mois les points de dépots

2) faire le réassort de ces points de dépots en cours de période3) être un ambassadeur du Méliès

Secteurs recherchés : - Boivin / Michel Rondet / Emile Loubet - Martyrs de Vingré / Chavanelle

- Jean Jaurès / Résistance - Jacquart / Préfecture - Cours Fauriel

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Tom Ripley est chargé par un milliardaire américain, M. Greenleaf, de ramener à San Francisco son fils Philippe qui passe de trop longues vacances en Italie auprès de sa maîtresse Marge. Tom entre dans l’intimité du couple et devient l’homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de le mépriser. A force d’humiliation Tom tue Philippe et usurpe son identité. Comme un Icare qui se serait trop rapproché de ce plein soleil de l’opulence, comme un personnage balzacien coupable d’arrivisme et de cupidité, son sort est suspendu à une menace constante : va-t-on le démasquer, va-t-on découvrir ses crimes ?René Clément traite ici les thèmes de la convoitise, du désir et du mensonge avec une bonne dose d’ambiguïté qui fait toute l’ambiance délétère de Plein Soleil. Tout repose sur un art de la mise en scène et du rythme qui gonfle le temps, met le specta-teur sous tension et provoque la fascination. Au début du film, la relation de maître-valet qui s’établit entre Philippe Greenleaf, riche et méprisant (Maurice Ronet) et Tom Ripley, plus modeste, mais parvenu et calculateur (Delon), se transforme en un jeu du chat et de la souris : à la fois attraction et répulsion, admiration et haine réciproque.Adapté d’un polar de Patricia Highsmith (M. Ripley), qui fit du personnage éponyme le héros de toute une saga littéraire, Pleinsoleil compte parmi les nombreux succès de René Clément. Il marque aussi sa première collaboration, fructueuse, avec Alain Delon, qui se poursuivra avec Les Félins et Paris brûle-t-il ? Fructueuse car l’acteur, au faîte de son talent, apporte beaucoup à cette histoire d’usurpation d’identité jalonnée de cadavres. Le charme vénéneux de Delon et le soleil éclatant d’Italie sont au service total de cette magnifique histoire de convoitise et de meurtre : c’est toute l’habileté de ce film haletant, qui fait du spectateur le complice consentant de son héros assassin.

Petit jeu, arriverez vous a reconnaître la toute jeune Romy Schneider qui y fait une furtive apparition ?

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« Allez voir Pacific Rim et préparez-vous à retrouver l’enfant de 12 ans qui est en vous. Vous allez vous pisser dessus de joie. J’ai adoré ! ». Voilà ce que twittait Rian Johnson (le réalisateur de Looper et surtout du génial Brick) à la sortie de la projection ultra VIP du film qu’organisait Warner le mois dernier à Los Angeles. De quoi nous mettre l’eau à la bouche et faire saliver les incondition-nels de superproduction US à l’approche de l’été ! C’est en effet notre grand pari estival, le blockbuster SF le plus attendu de l’été. Dernière réalisation hollywoodienne du trublion espagnol Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan, Hellboy 1 & 2), cette histoire de robots que nous découvrirons en même temps que vous s’annonce comme une apogée du film de SF : la rencontre entre Transformers de Michael Bay et The Host de Bong Joon-ho. Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses, les « Kaiju », ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les « Jaegers », contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie. Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju. Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau et une jeune femme en cours d’entraînement qui font équipe pour manœuvrer un Jaeger légendaire, quoique d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente ! On en frémit d’avance... et en VO bien sûr...

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sur les séances indiquées(supplément de 2l)

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Couronné justement d’un prix du public au dernier festival de Sundance, Metro Manila est une belle surprise ! Comme le dit le proverbe philippin déformé qu’Oscar cite au début du film : « Naître pour être pendu, c’est éviter la noyade… ».Petit paysan incapable de nourrir sa famille en raison de la chute des cours du riz, Oscar part s’installer avec sa famille à Manille. Mais, comme trouver du travail et de l’argent n’est guère plus facile dans la capitale qu’à la campagne, Oscar se retrouve vite à « faire des affaires » avec des gens peu recommandables. L’avenir semble s’éclaircir un peu lorsqu’il trouve un emploi de convoyeur de fonds… mais à Manille c’est un travail très risqué qui vous place au milieu de bien des dangers et bien des convoitises…La grande réussite de Metro Manila est d’être tout autant un « film social » qu’un polar haletant et sans concessions. Tourné à l’arraché sans l’autorisation des pouvoirs locaux, filmé très près des personnages, Metro Manila est d’une grande force formelle, c’est un cinéma brut, un cinéma de la nécessité, un cinéma de l’urgence... Mais c’est surtout une superbe histoire d’amour, de vie et de survie dans un monde complexe. Nous y découvrons les rouages de l’exode rural philipin où comment plus qu’ailleurs encore on oppose les hommes les uns aux autres...

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Les nouveautés de la semaine : Frances Ha ; Man Of Steel ; Le Congrès ; Le Roi et l’oiseau ; Epic

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Les nouveautés de la semaine : Hijacking ; Grigris ; Plei soleil ; 12 ans d’âge ; The Bay

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Aller voir un film en salle, voilà une pratique qui vous est chère (sinon vous ne seriez pas en train de tenir la gazette du Méliès entre vos mains) et cela ne vous empêche pas de regarder du cinéma chez vous sur votre télévision, ordinateur, ou même dans les transports grâce votre tablette numérique. Le Méliès, en association avec le réseau Utopia (Avignon, Bordeaux, Toulouse et Saint-Ouen L’Aumone), le cinéma des Cinéastes à Paris et plusieurs autres salles aux quatre coins de la France, participe et anime le réseau Vidéo en Poche. En quelque sorte, il s’agit du trait d’union entre la salle et votre pratique individuelle de visionnage. Vous venez dans votre cinéma préféré (le Méliès donc !) armés de votre clé USB ainsi que de 5 euros, et après avoir consulté la liste des films présents sur le catalogue (consultable sur www.videoenpoche.info) ou demandé conseil à notre sympathique équipe de caisse, vous pourrez repartir avec un film en format numérique d’excellente qualité ! Le fichier n’est pas protégé par une DRM, c’est à dire par un cryptage, ce qui vous permet de le voir autant de fois que vous le désirez, sur une période de temps illimité.

« Venir avec sa clé usb pour la faire remplir au cinéma, très écologique, on vient avec son contenant. Ça me rappelle mon village quand ma maman allait chercher du lait dans sa bouteille alu. » 01net, par Momo345

Ce système est une alternative et une réponse, d’après nous, intelligente et cohérente, à l’impersonnalité d’Internet, des plateformes de VOD et SVOD. Vous n’êtes pas sans ignorer que le DVD tend à disparaître et qu’il faut, dès aujourd’hui, anticiper le mode de diffusion de demain pour un certain cinéma Art et Essai, celui que nous défendons et celui que vous aimez. C’est ce type même de cinéma qui est noyé dans la masse, actuellement, sur les plus grandes plateformes de téléchargement légales, et qui est donc difficilement visible. Pourquoi donc ne pas tenter, avec vous, de faire vivre des films après leur exploitation en salle, tout en préservant un rapport humain indispensable pour le vivre ensemble ?

Cet été, nous avons choisi de mettre en avant six films du catalogue, des films qui nous ont plus, que nous voulons partager avec vous, et qui résonnent pour certains, directement avec la programmation que nous vous proposons dans nos salles. De nombreux autres films sont néanmoins disponibles dans le catalogue Vidéo en Poche, à vous de les consulter et d’établir vous même votre programmation.

On vous présente Pina Bauch ? Chorégraphe qui a révolutionné son art à partir des années 70, elle s’attache aux particularité des corps qui sont mis à sa disposition pour les assembler et leur donner du sens, ENSEMBLE ! Dans le film, on voit bien ce processus, rencontre avec des danseurs, ils vivent, se découvrent, doutent, sont maladroits, et puis le verdict de la représentation.Les cinéastes se sont souvent emparé de la figure de Pina Bausch, et pas des moindres : Fellini, Almodovar, Akermann, et plus récemment Wim Wenders avec le film Pina que vous avez pu apprécier chez nous en 2011. Un documentaire phare, pas seulement réservé aux amateurs de l’art chorégraphi-que, qui nous montre avant tout comment l’humain et une identité peut émerger d’un collectif.

Les Rêves dansants,sur les pas de Pina Bausch

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Vous avez aimé Mud au Méliès le mois dernier et vous avez manqué Take Shelter, précédent film de Jeff Nichols? Pas de problème ! Ce film était l’un de nos coups de cœur de 2012, et, autant vous le dire, nous sommes encore sous le choc. Curtis La Forche mène une vie plutôt tranquille, ouvrier en batiment, une femme, une fille… et puis il y a ces cauchemars, ces visions, qui vont l’entraîner dans une paranoïa croissante… La fin du monde est proche ? les vents vont ils avoir raison de l’espèce humaine ? En vedette, Michael Shannon, que l’on a revu en plongeur brocanteur dans Mud. Acteur déjà halluciné dans l’un des chef d’œuvre de ces dernières années, Bug de William Friedkin, il remet le couvert, peut être un peu plus dans la retenue, dans Take Shelter. Ce film a révélé Nichols aux yeux du grand public, et nous vous le proposons à nouveau aujourd’hui !

Take Shelter

Luc Moullet est le clown méconnu de la Nouvelle Vague. Dans l’ombre des Godard (il le tue d’ailleurs dans son film Le Prestige de la mort), Truffaut, Chabrol, il a tracé son propre chemin dans la veine d’un cinéma burlesque, absurde et diaboliquement drôle. La Terre de la Folie est ce que l’on appelle un OFVI (Objet Filmique Non Identifié), entre documentaire et fiction, le réalisateur revient dans son sud natal et tente de percer le mystère de morts mystérieuses avec l’aide de coupures de journaux et de témoignages. Un road movie décapant avec de jolis paysages lunaires et ensoleillés, dans lequel les plans de steppes mé-diterranéennes sont filmés à hauteur d’homme. Il s’agit d’une véritable comédie, un peu sombre, un peu glauque parfois, mais tellement réjouissante. De plus, vous ne pourrez pas résister à la voix si particulière du cinéaste, ingénue et zozotante, qui traverse le film comme un homme en béquille traverserait un labyrinthe parsemé de cul de sac et de fausses pistes. A voir absolument si vous êtes passé à coté lors de sa sortie trop discrète en salle.

La Terre de la folie

Voilà le deuxième film de l’un des fleurons du cinéma britannique de ces cinquante dernières années, Ken Loach. Nos voisins lyonnais ont même décerné au cinéaste le prix Lumière, sorte de Nobel appliqué au cinéma, l’année dernière. Il est le manifeste esthétique d’un parcours atypique, le point de départ d’une cinématographie importante. Kes est l’histoire d’un môme, Billy, vivant dans une petite ville minière et que l’école ne passionne pas plus que ça (Antoine Doinel ?). Il se procure un petit faucon et sa vie commence alors à prendre sens. Il s’en occupe, l’éduque, ne vit que pour lui, il devient le centre d’une existence jusqu’à lors confuse et subie. A la manière de Brewster McCloud, dans le film d’Altman (sorti d’ailleurs la même année), le ciel n’est plus une limite mais un échappatoire. La dure réalité de la vie n’est malheureusement jamais bien loin pour le jeune Billy qui doit vite redescendre sur terre… Ce que l’on aime, c’est que Ken Loach parle d’un milieu social rugueux, sans y poser un regard vindicatif, ni manichéen, ni larmoyant.Ce film, mis en avant alors même que nous vous proposons un petit focus sur le cinéma d’outre manche (If…,trilogie Bill Douglas et Quadrophenia), semble être un complément cinéphile apte a satisfaire votre curiosité et votre appétit. Kes que vous attendez pour vous laisser tenter ?

Kes

Arrêt sur Image. En 1997, Serge Halimi (aujourd’hui directeur du Monde Diplomatique) publiait Les Nouveaux chiens de garde, un pavé dans la mare journalistique qui épinglait la collusion des journalistes les plus en vue et des politiques, dénonçait la concentration des médias aux mains de quelques grands groupes financiaro-industriels, montrait la tyrannie d’une idéologie unique véhiculée par quelques experts auto-proclamés. Le livre fut réactualisée en 2005, après la mascarade du traitement médiatique du référendum européen._ Le film adapté du livre est salutaire, informatif et pédagogique, et a en plus le bon goût d’être très drôle et rondement mené, abordant successivement plusieurs thèmes avec un brio revigorant : la servilité des per-sonnalités des médias devant les pouvoirs en place, la hiérarchie de l’information souvent dominée par le fait divers (qui fait diversion, comme dirait Bourdieu), et le mépris des médias pour les classes populaires. Il y a plein de moments forts dans ce film foisonnant qui montrent que trop de journalistes, loin d’être indépendants, loin d’être libres, sont bien les fidèles chiens de garde d’un pouvoir politique et financier dont ils sont trop contents d’accepter quelques croquettes…

Les Nouveaux chiens de Garde

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Les nouveautés de la semaine : Pacific Rim ; Metro Manila ; Ma meilleure amie, sa soeur et moi ; Le Quatuor

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Les nouveautés de la semaine : La Cinquième saison ; If.... ; Monstres Academy ; Moi, moche et méchant 2

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Après Humpday que nous vous avions dévoilé en 2009, nous avons le plaisir de vous présenter le nouveau film de Lynn Shelton. Et ce second film est une petite réussite, si simple et qui pourtant nous happe dès les premières scènes et jusqu’à la toute dernière image.Un an après la mort de son frère, la douleur est toujours aussi vive pour Jack. Lors d’une cérémonie à la mémoire du défunt, il se voit proposer par sa meilleure amie Iris (et ex-petite copine du frère) un séjour dans le chalet familial au large de Seattle pour lui permettre de se vider la tête. Mais alors qu’il aurait dû s’y retrouver tout seul, il tombe sur la grande sœur d’Iris, qui venant de rompre après une longue relation s’était mise en tête de trouver le calme pour faire le point. Franck et Hannah finissent par se rapprocher autour de quelques verres de tequila. Lorsqu’Iris arrive sur place pour une visite surprise, elle déclenche une série de révélations pour le moins inattendues…Il est rare de voir des acteurs jouer avec autant de sincérité. La simplicité de la mise en scène met en avant le jeu plus que naturel du trio Rosemarie Dewitt, Emily Blunt et Mark Duplass. Ils révèlent un talent d’improvisation, et une très grande justesse dans la palette d’émotions. Partant d’un sujet grave, le film ne verse jamais dans la caricature ni dans le facile et le démons-tratif. L’humour surgit par petites touches, au détour d’une conversation délicate ou d’une situation dramatique. De ce fait, le film semble très léger en apparence et joue avec les non-dits d’une manière stupéfiante. On s’attache de plus en plus aux personnages, en découvrant leurs faiblesses, et aussi leurs forces.Ma meilleure amie, sa sœur et moi possède en plus une fin magnifique qui ouvre sur ce qui pourrait être un autre long-métrage. Et si l’idée venait à Lynn Shelton d’offir à Jack, Iris et Hannah une nouvelle vie et de nouvelles aventures, on voterait pour !

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Ils sont quatre. Une femme, trois hommes. Un quatuor. Ils sont ensemble depuis plus de vingt ans. Une longue, une belle histoire d’harmonie, d’équilibre, de recherche de la perfection sans sacrifier l’émotion, la tendresse.De renommée internationale, l’ensemble s’apprête à célébrer sur scène son 25e anniversaire, et le cadeau qu’ils veulent offrir à leur public est un monument : le quatuor à cordes n°14 en ut dièse mineur, opus 131, de Ludwig van Beethoven. Outre sa charge émotionnelle particulière (Beethoven l’a composée peu avant sa mort, elle est considérée comme son ultime chef d’œuvre), c’est une partition d’une extrême difficulté, qui doit être jouée « attacca » ou « segue », c’est à dire sans interruption aucune entre les sept morceaux qui la composent. Dès lors, Juliette, Peter, Robert et Daniel devront être au sommet de leur maîtrise technique, tant individuelle que collective. Cela dit, depuis le temps qu’ils se pratiquent, ils se connaissent par cœur, se com-prennent sans avoir à se parler, se déchiffrent sans avoir à s’expliquer. Dans l’exercice de leur art, les quatre ne font qu’un.Peter (violoncelle) est un peu le père symbolique de cette famille musicale. A l’origine de la création du quatuor, il est le plus ancien. Il impose avec la force tranquille de son autorité naturelle la couleur générale de l’interprétation, mais en finesse, en tendresse, sans jamais en avoir l’air. Daniel (premier violon) est le fils prodigue. Celui qui a tout donné à son art, y compris sa joie de vivre. Solitaire, méthodique, perfectionniste, il apporte au quatuor une exigence de précision sans faille. Robert (violon) est le poète de la bande. Solaire, généreux au cœur tendre, il fonctionne à l’instinct, plus animal que cérébral. C’est un peu la note libre du groupe, auquel il donne sa petite touche de folie, ce supplément de légèreté joyeuse et colorée. Quant à Juliette (violon), elle est le ciment féminin du quatuor. Celle qui fait le lien sans brusquer les accords ni les susceptibilités, celle qui rassemble par la douceur bleutée de son regard, par son intelligence des situations, par sa finesse. Pas de doute, ils sont de taille à servir au mieux le « meisterwerk » de Beethoven.Mais si la vie et le temps qui passe n’ont guère de prise sur les chefs d’œuvre musicaux, ils se rattrapent sur les pauvres humains. Peter vieillit, s’affaiblit, et ses mains, jusqu’alors fidèles et disciplinées partenaires de son instrument, ne lui obéissent plus… Miné par la maladie, il va devoir raccrocher, quitter la scène. L’annonce va avoir l’effet d’un cataclysme sur le quatuor. Privé de son pivot, le groupe va se fissurer, révélant son extrême vulnérabilité en même temps que les dissonances des personnalités de chacun. Les différences, les désirs inavoués, les querelles d’ego, qui avaient jusqu’alors été mis de côté au profit de la cohésion du groupe, vont ressurgir à la manière d’un diable enfermé depuis trop d’années dans sa boîte… L’heure est venue des doutes et des désenchantements. Quid dès l’or du quatuor à cordes N°14 en ut dièse mineur, opus 131 ?Que l’on connaisse du bout des oreilles l’œuvre de Ludwig van B. ou que l’on ne sache même pas distinguer une fugue d’une sonate, la musique tout autant que la force du récit et des situations nous emportent. On doit cela en grande partie aux quatre comédiens au top de leur forme, remarquables d’authenticité dans les scènes musicales, nombreuses sans être envahissantes, toujours parfaitement amenées et rythmées. (merci Utopia !)

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London... calling !

If…. C’est le film culte de Lindsay Anderson, plus qu’un grand film, une bombe couronnée d’une Palme d’or à Cannes en 1969. Rentrée des classes dans une public school des environs de Londres. Derrière les dorures d’un vénérable décor, fils à papa et futurs businessmen se soumettent aux rituels sadiques qui sont de rigueur entre maîtres et élèves, anciens et « bizuts ». Coupables d’une fugue et d’un vol de moto, trois étudiants reçoivent une sévère correction. Leur vengeance éclate le jour de la distribution des prix. Postés sur les toits, ils tirent sur la foule.Comme écrit sur le cahier d’un écolier studieux, If se divise en chapitres bien clairs : « Le collège »; « Période des cours » ; « Rituel et romance »... Derrière cet ordre apparent, le réalisateur, un des leaders des Angry Young Men (la nouvelle vague anglaise), s’emploie à dynamiter son récit en passant du réalisme absolu à l’onirisme, de la couleur au noir et blanc, le tout culminant dans l’explosion finale et libératrice. La cible des lycéens enragés n’est pas seulement le corps enseignant, mais l’Eglise, la famille, l’armée...Sorti un an après Mai 68, If rallie donc le phénomène mondial des révoltes estudiantines. Presque cinquante ans après, certains effets de ce film étendard ont un peu vieilli mais son message (l’imagination au pouvoir) est bien évidemment toujours d’actualité !

« Lindsay Anderson a tendu son film entre une impitoyable critique sociale et une approche poétique et délicate de la jeunesse (...). A découvrir ou à revoir sans modération. » Le JDD

«Critique brillante et ironique de la société anglaise, If.... est un film au propos bien plus universel – autant un document fascinant sur les prémices de la chute qu’une parabole exemplaire, et dont la forme voltairienne devrait inspirer à jamais les satires politiques.» Critikat

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MY CHILDHOOD (48min� – 1972): En 1945, dans un village minier de l’Ecosse, un garçon de 8 ans vit avec sa grand-mère et son frère. Passant la plupart de son temps seul, il noue une amitié forte avec un soldat allemand retenu prisonnier dans un camp. Mais le soldat doit bientôt quitter le village. Ce premier épisode relate la première étape de la vie d’enfant de Bill Douglas, organisée autour de sa grand-mère maternelle.

MY AIN FOLK (55min� – 1973) : A la mort de leur grand-mère, les deux frères sont séparés de force. Tommy, le plus âgé, est emmené à l’orphelinat. Démarre alors cette seconde période de l’enfance du cinéaste, où Jamie est recueilli par sa grand-mère paternelle et son oncle. Il continue de vivre dans la solitude, subit la violence et le rejet des adultes. Un regard d’enfant sur le monde où tout est sensation et immédiateté, filmé avec la conscience du cinéaste adulte.

MY WAY HOME (1h12min� – 1978) : Jamie vit un moment en orphelinat, comme son frère, puis retourne chez sa grand-mère. Devenu adolescent, il travaille un temps à la mine puis chez un tailleur. Puis il part pour l’Egypte faire son service militaire. Il y rencontre Georges, un jeune homme qui devient son ami et l’aide à s’ouvrir à la vie.

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Londres, 1965 : Comme beaucoup d’autres jeunes, Jimmy déteste sa vie, ses parents et son job sans avenir. Ses virées dans Londres à scooter avec ses amis «Mods» en écoutant les Who sont la seule solution pour échapper à son morne quotidien. Détruit par la drogue, il se rend à Brighton pour participer aux combats entre Mods et Rockers, éternels ennemis…Les Who chantaient Talking About my Generation, le réalisateur Franc Roddam reprend les ambitions du groupe de rock mythique au travers de ce film social anglais qui met en image la vie, les ambitions et les malaises de la génération Who. A travers 10 titres des Who, Roddam met en scène à la sauce sexe, drogue et rock’n’roll, le personnage de Jimmy (Phil Daniels) dans le Londres du milieu des années 60. A cette époque, c’est la guerre entre les Mods et les Rockers. Deux bandes de jeunes qui s’affrontent régulièrement pour savoir qui a la meilleure vision de la vie. C’est en fait une vraie crise identitaire. L’identité de groupe prévaut sur l’identité personnelle. Jimmy, un véritable Mod, prend alors conscien-ce de son identité personnelle. Mais il est jeune, et ne sait pas encore comment réagir face à cette nouvelle idée : « I don’t wanna be the same as everyone else. That’s why I’m a Mod, see ? ». Face au malaise social de l’époque, les ambitions de carrière des jeunes sont réduites à néant. Et pour répondre à ce malaise, la seule réponse possible vient des rixes urbaines. Quadrophenia est donc un film extrêmement moderne.

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Indéniable réussite et légitime carton en salles, le premier Moi, moche... avait propulsé le tout jeune studio Illumination (filiale d’Universal) dans la cour des trois poids lourds de l’animation hollywoodienne en 3D : Pixar (Toy Story), DreamWorks (Shrek) et Fox (L’Age de glace). Avec cet épisode 2, toujours signé par le duo franco-américain Pierre Coffin-Chris Renaud, on retrouve l’ironie et le rythme « tex averyen » du coup d’essai.L’ex-vilain Gru est devenu le papa poule des trois orphelines de l’épisode 1 et il mène une vie paisible avec l’aide ménagère de ses « minions », facétieux factotums jaune poussin. Mais son passé le rattrape quand une organisation le kidnappe et l’engage pour retrouver un certain Eduardo — l’inventeur d’une potion qui rend violet et violent. Trame de film d’espionnage, décors fu-turistes, gadgets en pagaille : l’esprit de James Bond irrigue ce cartoon familial, dont le message pacifiste est bien évidemment le rétablissement de la paix dans le monde... (merci Télérama !)

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Aaaah Pixar… Un succès incontestable pendant quinze ans. Quelques chefs d’oeuvres, de très bons films et quelques titres un peu en dessous mais toujours supérieurs à la concurrence. Sans être un chef d’oeuvre comme Wall E ou Toy Story 3, Monstres Academy est un très bon cru qui devrait faire vous faire hurler... de rire !

Même quand il n’était qu’un tout petit monstre, Bob Razowski rêvait déjà de devenir une Terreur. Aujourd’hui, il est enfin en première année à la prestigieuse université Monstres Academy, où sont formées les meilleures Terreurs. Son plan de carrière bien préparé est pourtant menacé par sa rencontre avec James P. Sullivan, dit Sulli, un vrai crack qui a un don naturel pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux finissent par se faire renvoyer de l’université. Pire encore : ils se rendent compte que s’ils veulent que les choses aient une chance de rentrer dans l’ordre, ils vont devoir travailler ensemble, et avec un petit groupe de monstres bizarres et mal assortis…

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Une mystérieuse calamité climatique frappe un village belge des Ardennes : l’hiver refuse de laisser sa place au printemps ! (ça ne vous rappelle rien ?)Le cycle de la nature semble brisé…Peut-être est-ce pour cela que les graines ne poussent plus dans les champs, que les animaux tombent malades, que la disette s’installe peu à peu. La faute à qui ? Les relations entre les gens se détériorent, on cherche un coupable… Alice et Thomas, deux adolescents du village, vont se battre pour donner un sens à leur vie dans un monde qui s’effondre peu à peu autour d’eux…Premier plan : vue latérale d’un homme attablé dans sa cuisine, face à un coq qui refuse de chanter. Humour à froid et com-position géométrique du cadre où rien ne dépasse : nous sommes assurément chez Abel, Gordon et Romy (L’Iceberg, La Fée).Comédie ? Attendons la scène suivante, une procession regroupant tous les habitants d’un village perdu dans la nature. Religio-sité, mutisme et animisme supposé : c’est Michelangelo Frammartino et son Le quattro volte qui apparaît. Fable métaphysique ? Pas plus. Arrive l’une des meilleures scènes du film, celle où la procession, arrivée au sommet d’une colline, échoue à allumer le bûcher de « l’oncle hiver » censé marqué la fin des mauvais jours. On comprend que les mauvais jours en question ne font que commencer et qu’on ne sera finalement pas chez Abel et Gordon, ni même chez Frammartino, mais bien plus du côté de Belà Tarr (façon Le Cheval de Turin) ou Tarkovski.Peter Brosens et Jessica Woodworth nous livrent en effet un film inclassable d’une beauté formelle à couper le souffle. Passé l’« humour » noir et froid presque clinique, leur Cinquième saison devient une fable foisonnante sur la vengeance de Mère Nature. Nous avons affaire à une histoire de fin du monde, d’épuisement total de la terre, des denrées et des êtres, mais

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Chaque dernier mardi du mois, après la séance, au Mélies Café, viens échanger autour d’un verre

et voir ce qui nous reste du film....Rendez-vous le 30 juillet après la séance de 20h

surtout des ressources éthiques et morales, une douce et lente chute dont le coq mutique du début était en fait le signe avant-coureur. Dans cette fable écolo-alarmiste, l’expression « il n’y a plus de saisons » prend tout son sens. Et face à ce cataclysme naturel, qui semble annoncer l’Apocalypse finale, peu à peu les hommes se retournent vers Dieu, ou cèdent à l’anarchie…

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Prochainement

Fin des années 1970, en Côte d’Ivoire à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan. C’est là que vit Aya, 19 ans, une jeune fille sérieuse qui préfère rester étudier à la maison plutôt que de sortir avec ses copines. Aya partage ses journées entre l’école, la famille et ses deux meilleures amies : Adjoua et Bintou, qui ne pensent qu’à aller gazer en douce à la nuit tombée dans les maquis. Les choses se gâtent lorsque qu’Adjoua se retrouve enceinte par mégarde. Que faire ?

Aya de Yopougon

Années 20, dans les Landes. Une immense forêt industrielle, une crise sociale couve. Liéna, 35 ans, perd son mari, hérite de ses vastes propriétés et de son “drôle” de rêve : l’électricité partout sur ses terres. Liéna veut à tout prix faire de ce rêve électrique une réalité. Sauf que personne n’en veut, ni son milieu, ni les syndicats. Alors elle se bat, s’entête… et comprend qu’il existe un autre rêve, un ailleurs social, un ailleurs émotionnel au delà de la réalité figée et étouffante du pays.

LANDES

En écho à l’exposition à la cinémathèque française Le monde enchanté de Jacques Demy du 4 avril et 10 août 2013, nous vous proposerons un cycle et un hommage au cinéaste disparu il y a 23 ans.«Poétiques et émouvants, parfois sombres, les films de Jacques Demy revisitent avec impertinence la comédie musicale hollywoodienne et le mélodrame français, avec une touche de psychédélisme et d’humour...» (La cinémathèque française)

Cycle Jacques Demy

Commandant, à bord d’un supertanker, Marco Silvestri doit rentrer d’urgence à Paris, abandonner le navire. Sa sœur Sandra est aux abois… son mari suicidé, une entreprise en faillite et sa fille unique à la dérive. Sandra désigne le coupable : l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco loue un appartement dans l’immeuble où Laporte a installé sa maitresse et leur fils. Mais Marco n’avait pas prévu les secrets de Sandra, qui brouillent la donne…

Les Salauds

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Prochainement

Une exploration délicate et sans fard des désirs de l’adolescence. Avec Jeune & Jolie, François Ozon revient à son cinéma le plus sensible.

Jeune & jolie

Gary est jeune, agile, il apprend vite. Il fait partie de ceux à qui on n’a jamais rien promis. De petits boulots en petits boulots, il est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait: de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

Grand Central

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NOUVEAUX TARIFS(validité 30 juin 2015)

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Ayant abandonné la super-criminalité et mis de côté ses activités funestes pour se consacrer à la paternité et élever Margo, Édith et Agnès, Gru, et avec lui, le Professeur Néfario et les Minions, doivent se trouver de nouvelles occupations. Alors qu’il commence à peine à s’adapter à sa nouvelle vie tranquille de père de famille, une organisation ultrasecrète, menant une lutte acharnée contre le Mal à l’échelle planétaire, vient frapper à sa porte. Soudain, c’est à Gru, et à sa nouvelle coéquipière Lucy, que revient la responsabi-lité de résoudre une série de méfaits spectaculaires...

L’histoire d’une guerre insoupçonnable qui fait rage autour de nous. Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans cet univers caché, elle doit s’allier à un groupe improbable de per-sonnages singuliers et pleins d’humour afin de sauver leur monde... et le nôtre.

Du côté des enfants

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Le Roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un Oiseau, enjoué et bavard, qui a construit son nid en haut du gigan-tesque palais, tout près des appartements secrets de Sa Majesté, ose le narguer. Le Roi est amoureux d’une charmante et modeste Bergère qu’il veut épouser sous la contrainte. Mais celle-ci aime un petit Ramoneur. Tous deux s’enfuient pour échapper au Roi et, réfugiés au sommet de la plus haute tour du palais, sauvent un petit oiseau imprudent pris à l’un des pièges du Tyran. Le Père Oiseau re-connaissant promet en retour de les aider...3 ans

Même quand il n’était qu’un tout petit monstre, Bob Razowski rêvait déjà de devenir une Terreur. Aujourd’hui, il est enfin en 1ère année à la prestigieu-se université Monstres Academy, où sont formées les meilleures Terreurs. Son plan de carrière bien préparé est pourtant menacé par sa rencontre avec James P. Sullivan, dit Sulli, un vrai crack qui a un don naturel pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux finissent par se faire renvoyer de l’université…

pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux

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Cinq ans se sont écoulés depuis le voyage introspectif, puissant et halluciné, de Valse avec Bachir, coup de cœur du Méliès de juin 2008. C’est dire si le nouveau film de l’Israélien Ari Folman était attendu. Comment décrire ce projet fou, coproduit par cinq pays (Israël, la Belgique, l’Allemagne, la Pologne et le Luxembourg) ? Le Congrès est un film hybride – certains diront ovni –, un diptyque composé d’une première partie en « live action », (autrement dit en prises de vue réelles), et d’une seconde partie en animation, librement adapté d’un roman de science-fiction écrit en 1971 par Stanislas Lem, Le Congrés de futurologie.Il était une fois… Robin Wright. Actrice au parcours chaotique (Princess Bride pas grand-chose puis Forrest Gump…), sublime et émouvante, elle joue ici son propre rôle, celui d’une actrice qui n’a pas eu la carrière que lui promettaient ses rôles de jeunesse, qui a fait le choix de s’occuper de ses enfants, en particulier de son fils Aaron, atteint d’une maladie dégénérative qui le rendra sourd et aveugle. Son agent (Harvey Keitel), dinosaure de l’industrie hollywoodienne, vient la voir pour lui proposer le dernier contrat de son existence d’actrice : le studio « Miramount » lui propose d’enregistrer entièrement ce qui fait d’elle « Robin Wright », pour utiliser cette image virtuelle dans les nouvelles productions enfin débarrassées des acteurs et de leurs états d’âmes, Robin Wright figée pour l’éternité dans son apparence de Princess Bride (cette partie en prises de vues réelles donne lieu à une satire très réussie d’Hollywood, avec un Danny Huston brillant dans le rôle du nabab de Miramount).Bien des années après avoir été « scannée », elle

Notre coup de b

Le Méliès cinéma indépendant 10 place Jean Jaurès 42000 [email protected] / www.lemelies.com / www.facebook.com/CinemaLeMeliesSaintEtienne

est invitée à un congrès des anciens acteurs ayant signé ce pacte très faustien, gagnant l’éternité de leur image. Pour y accéder, elle avale une capsule et se retrouve dans un univers d’animation tout droit sorti des films des frères Fleisher, un « bad trip sous acide » où Hollywood a établi ses quartiers. On y croise les « toons » qui vous proposent des lunettes à vision artificielle ou des fioles d’essences de célébrités pour devenir à son gré l’acteur ou l’actrice de son choix. Robin Wright est un peu perdue dans cet hôtel des années trente où elle n’est que la sixième version d’elle même à venir séjourner…Le film bascule alors dans sa partie orwellienne où Hollywood a mis en place un régime fasciste grâce à l’industrie chimique qui permet d’enfermer la population dans un paradis artificiel cartoonesque peuplé de Robin Wright et autres avatars, où passent en continu les épisodes de multiples « franchises » de science fiction. Robin Wright numéro un se met en quête de son fils, préservé de ce cauchemar hollywoodien par sa cécité et sa surdité…Vous l’aurez compris, le film prend une tout autre dimension et il est très difficile de rendre compte de son inventivité. Art total, fantasmagorie kaléidoscopique, Le Congrès est au cinéma ce que The Wall était à la musique pop-rock, un film d’anticipation aux images poétiques et d’une grande force évocatrice. Cet univers n’est peut-être pas si éloignées que cela de notre société du spectacle où la « culture » se consomme un peu partout en abondance, des écrans géants aux écrans mobiles personnels, des « contenus » uniformisés regardés en masse sur les chaines de TV, à la demande en SVOD ou en Peer to Peer : Du téléchargement à l’injection d’Hollywood, il n’y a qu’un petit saut technologique… (merci Utopia !)

Projection du film Le Congrès suivie d’une rencontre avec Ari Folman en visioconférence