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GLOSSAIRE A ACTE DE PROCEDURE L'acte de procédure est un acte juridique accompli dans le cadre d'une procédure en justice ou sous le contrôle de la justice, émanant des parties, de leurs mandataires ou des auxiliaires du juge. Il ne faut pas confondre les actes de procédure avec les actes accomplis par le juge dont les jugements. L'acte de procédure est porté à la connaissance de son destinataire qu'il soit partie, tiers ou juge selon deux modes: la signification lorsqu'il s'agit d'exploit d'huissier de justice et la notification au greffe (art.32) On peut relever un autre mode de communication, c'est le dépôt au greffe (par exemple pour les conclusions, le rapport d'expertise) (art.736 à 740). Les actes de procédure sont soumis à des conditio ns de forme qui peuvent entraîner, à défaut, la nullité de l’acte (cfr. nullité des actes de procédure: art. 32, 703, 783, 822, 860 à 867 du Code Judiciaire; cfr. aussi : délais, conclusions, signification, notification). ACTION EN JUSTICE L'action est le pouvoir légal de soumettre une prétention à un juge, le droit d'obtenir une décision sur le fond d'une demande. L’action en justice est soumise à la réunion de deux conditions pour être recevable: la qualité et l'intérêt. L'action ne se confond pas avec la demande. Celle-ci consiste dans la mise en oeuvre de l'action, le fait de saisir effectivement le juge. L'action est la faculté de saisir la justice (cfr. : art. 17 du C.J.; cfr.: intérêt, qualité, désistement). ACQUIESCEMENT

glossaire - Le portail du Pouvoir judiciaire de Belgique · 2010-07-15 · Celui-ci ne peut être déduit que d'actes ou de faits précis et concordants qui révèlent l’intention

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GLOSSAIRE

A

ACTE DE PROCEDURE

L'acte de procédure est un acte juridique accompli dans le cadre d'une procédure en justice ou sous le contrôle de la justice, émanant des parties, de leurs mandataires ou des auxiliaires du juge. Il ne faut pas confondre les actes de procédure avec les actes accomplis par le juge dont les jugements. L'acte de procédure est porté à la connaissance de son destinataire qu'il soit partie, tiers ou juge selon deux modes: la signification lorsqu'il s'agit d'exploit d'huissier de justice et la notification au greffe (art.32) On peut relever un autre mode de communication, c'est le dépôt au greffe (par exemple pour les conclusions, le rapport d'expertise) (art.736 à 740). Les actes de procédure sont soumis à des conditions de forme qui peuvent entraîner, à défaut, la nullité de l’acte (cfr. nullité des actes de procédure: art. 32, 703, 783, 822, 860 à 867 du Code Judiciaire; cfr. aussi : délais, conclusions, signification, notification).

ACTION EN JUSTICE

L'action est le pouvoir légal de soumettre une prétention à un juge, le droit d'obtenir une décision sur le fond d'une demande. L’action en justice est soumise à la réunion de deux conditions pour être recevable: la qualité et l'intérêt. L'action ne se confond pas avec la demande. Celle-ci consiste dans la mise en oeuvre de l'action, le fait de saisir effectivement le juge. L'action est la faculté de saisir la justice (cfr. : art. 17 du C.J.; cfr.: intérêt, qualité, désistement).

ACQUIESCEMENT

L’acquiescement à une décision est la renonciation par une partie à l’exercice des voies de recours dont elle pourrait user ou qu'elle a déjà formées contre toutes ou certaines des dispositions de cette décision. L'acquiescement peut être exprès ou tacite. Celui-ci ne peut être déduit que d'actes ou de faits précis et concordants qui révèlent l’intention certaine de la partie de donner son adhésion à la décision (Cass. 15 avril 1982, n°6399, DN-lA-34:347-9).

L'acquiescement emportant renonciation au droit lui-même, l'avocat ne peut acquiescer que s’il est nanti d'un pouvoir spécial par son client. L'acquiescement est un acte unilatéral qui ne doit pas être accepté par la partie adverse. L’acquiescement non conditionnel est irrecevable mais laisse toutefois la possibilité d'interjeter appel incident (art. 1054 al. 1er du C.J.) . Est nul l'acquiescement à une décision qui concerne une disposition légale d'ordre public (cfr. Cass. 19 octobre 1987, n°5731, N.D.- lA-A1044; Cass. 9 avril 1975, Arr. Cass. 1975, p. 861; cfr. art. 850, 1044 et 1045; 1054 et 1055 du C.J.; cfr. recours, appel , appel incident.)

AMENDE

On distingue l'amende pénale, l'amende "civile" en cas d'appel téméraire ou vexatoire, et l'amende administrative. De manière générale, l'amende est la condamnation au paiement d'une somme d’argent. L’amende pénale est prononcée par le juge de police, le tribunal correctionnel ou la chambre correctionnelle de la cour d'Appel. L'amende en cas d'appel téméraire et vexatoire , encore appelée amende pour "fol appel" est une amende civile que le juge d'appel peut prononcer indépendamment des dommages- intérêts. Cette amende, qui peut varier entre 5.000 et 100.000 F., est destinée à l’Etat (cfr. art.1072bis du C.J.; cfr. appel téméraire ou vexatoire ). En cas d'infraction à certaines lois sociales, une amende administrative peut être prononcée par une autorité administrative lorsque le ministère public renonce à intenter des poursuites pénales. L’autorité compétente est le bureau des amendes administratives du Ministère de l'Emploi et du Travail. Les poursuites pénales excluent l'application des amendes administratives même si un acquittement les clôture. Le montant des amendes et la procédure sont prévus par la loi du 30 juin 1971. Un recours auprès du tribunal du travail est ouvert contre une décision du fonctionnaire infligeant une amende administrative (cfr. loi du 30 juin 1971 relative aux amendes administratives applicables en cas d'infraction à certaines lois sociales; cfr. art. 583 du C.J.).

APPEL

L'appel est une voie de recours ordinaire qui tend à faire réformer ou annuler une décision rendue au 1er degré de juridiction par une juridiction de degré supérieur. Etant une voie de recours ordinaire, il est en principe ouvert à toute personne qui s'estime lésée par une décision. C'est la conséquence du principe du double degré de juridiction. - Contre quels jugements l’appel est-il ouvert ?

En principe, l’appel est ouvert contre les jugements tant définitifs qu'avant dire droit, tant contradictoires que par défaut. Contre une décision rendue sur la compétence, un appel ne peut être formé qu'avec l'appel contre le jugement définitif (art. 19, 6l6 et l050 du C.J.) . Un certain nombre d'exceptions au droit d'interjeter appel sont prévues par la loi. Un appel n'est pas ouvert : a) contre les jugements auxquels il a été acquiescé (dans le chef de la partie qui

a acquiescé) b) contre les jugements d’accord (art. 1043 C. jud.) c) contre les jugements ordonnant la comparution personnelle des parties

(art.996 et 1046 C. jud.) d) contre les décisions ou mesures d'ordre sauf si la décision touche déjà

incidemment une question litigieuse telle la recevabilité de l'action (cfr. Cass., lère ch., 24/l0/50, R.W..l98l- 82, col. 552) (art.1046 C. jud.).

Il existe encore d'autres dispositions particulières qui excluent l'appel contre certaines décisions (articles 642 al. 1er; 688 al. 1er; 769 al. 3; 880 al. 2; 893; 944; l008 al. lère; 1013; l039 al. 3; ll3l al. 5; 1l65; en matière de saisie immobilière: art. l563 al. 4; l572 al. 3; l582 al. 5; l6l3 et l624 du C.J.). Dans certaines matières, la loi exige que le litige ait une certaine valeur (75.000 ou 50.000F.) (cfr. ressort) . - Qui peut interjeter appel ? Toute personne à laquelle un jugement contradictoire ou par défaut a porté préjudice. Il faut donc d'une part avoir été partie à l'instance, c’est-à-dire à tout le moins avoir été appelé à l'instance; d'autre part avoir vu ses prétentions rejetées en première instance. Cependant, s’il tend à voir rectifier une erreur de fait commise par l’appelant lui-même devant le premier juge, l’appel est recevable (C.T. Mons, 15.05.96, RG 12.685, ONSS/Neco Profect). Dans certaines matières, le ministère public dispose d'un droit autonome pour interjeter appel des décisions en matière civile et sociale (cfr. article 138 al. 2 du C.J.; cfr. aussi verbo auditorat du travail) . - Contre qui l’appel doit-il être interjeté ? La partie qui a vu sa prétention rejetée en première instance peut interjeter appel contre la partie adverse (appelé intimé) mais l'appelant peut limiter son appel à certaines personnes s'il y avait plusieurs défendeurs en première instance. Inversement, l’appelant peut forcer d'autres parties qui étaient présentes en première instance, à interjeter également appel. Toutefois, lorsque le litige est indivisible, l'appel doit être dirigé contre toutes les parties dont l’intérêt est opposé à celui de l'appelant. Ce dernier doit en outre

mettre à la cause les autres parties non appelantes ni déjà intimes ou appelées (art. 1053 al. 1 et 2 du C.J.) . - Espèces d'appel - Appel principal : celui qui émane d'une partie qui n'a pas été intimée par un appel dirigé contre elle.

L'appel principal est le premier appel par lequel une partie porte l'affaire devant le juge d'appel.

- Appel incident : celui qui est formé par une partie intimée, une fois l'appel principal introduit. Conformément à l'article 1054 du C. J. , « la partie intimée peut former incidemment appel à tout moment contre toutes parties en cause devant le juge d'appel même si elle a signifié le jugement sous réserve ou si elle y a acquiescé avant sa signification». L’appel incident ne peut donc être formé contre un adversaire au 1er degré de juridiction qui n'a pas interjeté appel ou contre qui un appel n'a pas été interjeté. - Délai de l'appel En toute matière, l’appel peut être formé dès la prononciation du jugement, même si c’est un jugement avant dire droit ou rendu par défaut (art. 1050 al. 1 C. jud.). Dès la signification du jugement ou sa notification faite conformément à l’article 792 al. 2 et 3 du Code judiciaire, le délai d’appel commence à courir. Il est d’un mois (art. 1051 C. jud.). Ainsi, en matière de sécurité sociale, c'est la notification du jugement par le greffe qui fait courir le délai d'appel (art. 792 et 704 du C.J.) . C'est la date de l'envoi du pli judiciaire (date du cachet postal) qui fait courir le délai. Le délai d’un mois est susceptible d'augmentation en raison de la distance (cfr. art. 1051 a1. 3 et verbo délai) . A l'égard du Ministère Public, le délai d'appel prévu par l’article 1052 du Code Judiciaire court dès la prononciation du jugement. En ce qui concerne le jugement avant dire droit, il peut encore être frappé d'appel avec le jugement définitif (art. 1055 du C.J.). Le jugement statuant sur la compétence ne peut cependant être frappé d’appel qu’avec le jugement définitif. Pour les appels contre les ordonnances rendues sur requête unilatérale, le délai prend cours à partir de la notification, par pli judiciaire, de l'ordonnance par le greffier (art. 1031 C.J.). Tant que le jugement n'est pas signifié, le délai d'appel ne court pas (sauf dans les hypothèses où c'est la notification qui est le point de départ du délai). Le droit d'appel d’un jugement de condamnation est prescrit après 20 ans s’il s’agit d’une action réelle, 10 ans s’il s’agit d’une action personnelle et 5 ans s’il s’agit d’une action fondée sur une responsabilité extra contractuelle (art. 2262 et 2262 bis C. civ.). Un jugement de débouté faisant courir un nouveau délai de prescription équivalent à celui attaché à l’action originaire, le délai d’appel correspond à ce délai de prescription (par exemple,

un jugement de débouté en matière de contrat de travail- indemnité de rupture, …- doit être frappé d’appel dans l’année de son prononcé). En ce qui concerne l'appel incident, il ne peut par définition être formé qu'après l'appel principal. Il peut être formé à tout moment, c'est-à-dire jusqu'à la clôture définitive des débats (art. 1054, al. 1er) . - Formes de l'appel Selon l'article 1056 du C.J. , l'appel peut être formé selon 4 manières: 1.- par acte d'huissier de justice signifié à partie. L’obligation de recourir à l'huissier, lorsque la décision entreprise a été

rendue par défaut contre la partie intimée a été supprimée par la loi du 22 mars 1999 (Mon. B., 05.10.99).

2.- par requête déposée au greffe de la juridiction d'appel en autant

d'exemplaires qu'il y a de parties en cause. La requête sera notifiée par le greffier à la partie intimée et son avocat. La requête est la forme la plus courante car moins coûteuse que l'exploit d'huissier,

3.- par lettre recommandée à la poste mais uniquement dans les cas prévus

par la loi, ainsi que dans les matières sociales expressément visées à l'article 1056,

4.- par conclusions à l'égard de toutes parties présentes ou représentées à la

cause. Cette forme est utilisée pour introduire un appel incident. Les mentions que doit contenir l'acte d'appel à peine de nullité sont mentionnées à l'article 1057 du Code Judiciaire.

La procédure en appel est décrite aux articles 1059 à l066 du Code Judiciaire. - Appel téméraire ou vexatoire En cas d'appel téméraire ou vexatoire, le juge d'appel qui rejette l'appel principal peut, outre accorder des dommages et intérêts à l'intimé, condamner également l'appelant au paiement d'une amende de nature civile au profit de l'Etat. L’amende est de 5.000. à 100.000 F. Tous les 5 ans, le Roi peut adapter les sommes minimales et maximales au coût de la vie (art. 1072 bis) . - Effets de l’appel 1. Effet suspensif : l'appel suspend l'exécution du jugement attaqué (art. l397

C.J.) à moins que le juge n'ait accordé l'exécution provisoire du jugement et sauf exceptions prévues par la loi. Certaines décisions sont toujours exécutoires de plein droit par provision: ordonnances de référé (art. l039 al. 2), certaines décisions du juge des saisies (art. 1395 al. 2), les décisions qui prescrivent une mesure d'instruction (art. 1496).

2. Effet relatif : l'appelant peut limiter son appel à certaines questions litigieuses ou le limiter à l'égard de certaines personnes. L'effet relatif est la conséquence du principe dispositif. Si aucun appel incident n'est formé, le juge d’appel est limité par les énonciations et griefs de l'acte d'appel, sous réserve de l'effet dévolutif (cfr. infra) .

3. Effet dévolutif : l'effet dévolutif ou évocation permet au juge d'appel de se saisir du fond du litige alors même que certaines questions litigieuses n'auraient pas été tranchées en première instance. Le principe est consacré par l'article 1068 du Code Judiciaire qui dispose en son alinéa 1er que tout appel d'un jugement définitif saisit du fond du litige le juge d'appel. Il convient de distinguer suivant que le jugement attaqué est un jugement définitif, avant dire droit ou un jugement mixte.

a) l'appel d'un jugement définitif (cfr. verbo jugement)

L'appel contre un jugement définitif saisit le juge d'appel de l’entièreté du litige en ce compris les questions qui n'auraient pas été tranchées par le juge. C'est ainsi que le principe du double degré de juridiction peut être écarté. Exemple: un jugement du tribunal du travail qui statue uniquement sur la prescription d'un an, un travailleur réclamant une indemnité compensatoire de préavis. En appel, si la Cour déclare l'action recevable (non prescrite) elle se saisira du fond du litige alors que le premier juge n'a même pas observé le fond. b) l'appel d'un jugement avant dire droit

Les jugements avant dire droit se divisent en jugements provisoires (c-à-d. qui règlent provisoirement la situation des parties) et jugements d’instruction. Pour les jugements provisoires, l'effet dévolutif s'applique sans limites (art. 1068, al. 1er). Pour les jugements qui ordonnent une mesure d'instruction, il en est de même en principe. L'alinéa 2 de l'article 1068 comporte une exception: le juge d'appel devra renvoyer la cause au premier juge s'il confirme, même partiellement, une mesure d'instruction ordonnée par le jugement attaqué. L'effet dévolutif ne joue donc pas et le renvoi doit se faire sans qu'il y ait lieu de distinguer si la mesure d'instruction ordonnée par le premier juge a ou non reçu exécution.

c) appel d'un jugement mixte (cfr. verbo jugement).

En principe, l'effet dévolutif s'applique. Une controverse existe si le jugement mixte comporte une mesure d'instruction confirmée par le juge d'appel (suivant la Cour de Cassation, il y aurait un renvoi de la cause au premier juge: art. 1068, al. 2; suivant la doctrine, l'effet dévolutif s’applique ).

Exceptions à l'effet dévolutif :

1) art. 1068 al. 2: confirmation d'une mesure d'instruction. 2) jugements sur la compétence.

Il convient de distinguer 4 hypothèses suivant que le premier juge se déclare compétent ou non et que le juge d’appel confirme ou infirme :

A) décisions de compétence : * infirmée: - effet dévolutif (pour autant que le juge d'appel se tienne

pour compétent pour connaître des décisions du juge du 1er degré qu'il estime compétent )

- si le juge d’appel n'est pas compétent: renvoi au niveau de la juridiction d’appel (cfr. renvoi de la Cour du travail à la Cour d’appel et non au tribunal de première instance) (cfr. toutefois C.T. Liège - section Namur - 12è ch., 3 février 1993, R.G. 4203)

* confirmée : - effet dévolutif B) décisions d’incompétence :

* infirmée : - effet dévolutif * confirmée : - effet dévolutif ou, le cas échéant, renvoi au juge d'appel

compétent (même hypothèse que infirmation d'une décision de compétence).

C.J. art. 1050, 1072 bis; cfr. ressort.

ARBITRAGE L'arbitrage permet de soustraire un litige aux attributions des tribunaux de l'ordre judiciaire. Le litige sera tranché par un ou plusieurs arbitres. Il s'agit donc de l'institution d'une justice privée. Les parties qui veulent régler un différend déjà né ou qui pourrait naître peuvent conclure une convention d'arbitrage. On renvoie au verbo "convention d’arbitrage». cfr. convention d'arbitrage, sentence arbitrale. Cfr : art. 1676 C. jud. à 1723 C. jud.

ASSISTANCE JUDICIAIRE

L'assistance judiciaire consiste à dispenser en tout, ou en partie, ceux qui ne disposent pas des revenus nécessaires pour faire face aux frais d'une procédure,

même extrajudiciaire, de payer les droits de timbre, d'enregistrement, de greffe et d'expédition et les autres dépens qu'elle entraîne (art. 664 du C.J.) . Elle assure aussi la gratuité du concours des officiers ministériels dans les conditions fixées par le Code Judiciaire. L’assisté n'obtient pas la gratuité de la procédure car la dispense de payer les frais de justice n'est pas définitive. Ceux-ci pourront être récupérés ultérieurement à charge soit de l'assisté, soit de la partie adverse. Le demandeur comme le défendeur peuvent obtenir l'assistance judiciaire. La procédure est contradictoire, le défendeur est donc convoqué sauf exceptions. Après avoir tenté de concilier les parties, le bureau d'assistance judiciaire prend une décision qui est exécutoire de plein droit, nonobstant tout recours. cfr. art. 664 à 685 du C.J., 952 et 953 C. jud. cfr. verbo bureau d'assistance judiciaire.

ASTREINTE

L'astreinte est une condamnation accessoire d’une partie à payer à la demande d'une autre partie une somme d'argent fixée par le juge dans la mesure où la condamnation principale ne serait pas exécutée dans le délai. C’est un moyen de pression en vue de forcer une partie à exécuter une obligation. L’astreinte ne peut être prononcée en cas de condamnations au paiement d'une somme d'argent, ni en ce qui concerne les actions en exécution de contrats de travail (art. 1385 bis du C.J.). Est controversée la question de savoir si l'astreinte peut assortir la condamnation de l'employeur à délivrer les documents sociaux et fiscaux. Si plusieurs juridictions francophones l’autorisent, la Cour du travail d'Anvers dans un arrêt du 9 avril 1992 interdit l'astreinte (cfr. C.T. Anvers, 9 avril 1992, C.D.S. 1993 + note de J. Geysen). L'astreinte peut consister en une somme unique ou en une somme déterminée par unité de temps ou par contravention (art. 1385 ter du C.J.) .- cfr. art. 1385 bis à 1385 nonies, - convention Bénélux portant loi uniforme relative à l'astreinte signée à la Haye le 28 novembre 1973. L’astreinte se prescrit par l’expiration d’un délai de 6 mois à partir de la date à laquelle elle est encourue.

ATTRIBUTION

La compétence d'attribution est le pouvoir de juridiction déterminé en fonction de l'objet, de la valeur et le cas échéant de l'urgence de la demande ou de la qualité des parties. On parle d'attribution pour désigner l'ensemble des pouvoirs qui appartiennent au pouvoir judiciaire. Les termes "attribution" et "compétence" ne recouvrent pas les mêmes choses, on renvoie au verbo "compétence".

AUDITORAT DU TRAVAIL

L'auditorat du travail est le ministère public qui est compétent dans les matières qui relèvent de la compétence du tribunal du travail. Il a deux missions très différentes: d'une part, il requiert l’application de lois pénales (exercice de l'action publique), d'autre part, il intervient dans les affaires civiles. a) il requiert l'application de la loi pénale : Pendant du Parquet, l'Auditorat du travail exerce l'action publique du chef

d'une infraction aux lois et règlements qui relèvent de la compétence des juridictions du travail. En cas de concours ou de connexité entre une infraction aux lois et règlements dans l’une des matières qui sont de la compétence des juridictions du travail et d'une infraction de droit commun (c'est-à-dire relevant de la compétence du Parquet, le Procureur général peut désigner l'auditorat du travail pour exercer l'action publique (cfr. art. 155 a1. 2 du C.J.).

b) intervention en matière civile : Suivant l’article 138 al. 2 du Code Judiciaire, le ministère public intervient

dans les matières civiles par voie d’action, de réquisition ou d’avis.

1. Action du ministère public Le ministère public peut intervenir comme une partie dans une procédure (par exemple comme demandeur à une action principale, demandeur en intervention, appelant, demandeur en cassation). Le ministère public peut demander au juge de prononcer une condamnation déterminée ou d'annuler un jugement ou arrêt. Son intervention est seulement recevable dans les cas expressément prévus par la loi ou lorsque l’ordre public est en danger. L'auditorat du travail dispose d’un droit d’appel propre dans le contentieux de la sécurité sociale visé aux articles 578, 7°, 580, 581, 582, 10 et 20 et 583 (art. 1052 du C.J.). Il a été jugé qu'en matière d'accident du travail, le procureur général et l’auditeur du travail ne peuvent interjeter appel des décisions rendues en cette matière par le tribunal du travail, l'article 579 du C.J. ne figurant pas dans l'énumération de l’article 1052 du C.J. (cfr. Cass. 11 mai 1977, J.T.T. 1978, p.

130)... sauf si l'ordre public est en jeu en l'espèce: dans ce cas, l’article 138 du C.J. trouve à s'appliquer (Cass. 12 février 1975, R.W.1974/75, col. 2548) . 2. Réquisition Le mot réquisition a ici une double signification : - le ministère public demande au juge de prendre les mesures qu' il estime

nécessaires dans l'intérêt général, - en vertu de l’autorité publique, il peut ordonner de prendre les mesures

nécessaires pour le rétablissement de l'ordre public.

Deux interventions particulières sont mentionnées dans la loi : 1° L’auditorat du travail détient le pouvoir de requérir du Ministère des

institutions ou services publics compétents, les renseignements administratifs nécessaires. Il peut à cet effet requérir le concours des fonctionnaires chargés par l’autorité administrative de contrôler l'application des dispositions légales et réglementaires prévues aux articles 578 à 583 du Code Judiciaire (art. 138, 139 et 155 du C.J.).

2° A la requête d’un particulier, le Ministère public peut ordonner l’exécution

d'une décision judiciaire et enjoindre aux huissiers de justice de prêter leur ministère ou de requérir « main-forte » lorsque celle-ci est nécessaire.

3. Avis Dans un certain nombre d'affaires, le Ministère public doit, après la clôture des débats, donner son avis au juge. Il est donné soit à l’audience verbalement ou par écrit, soit après l’audience par écrit déposé au greffe. Les causes obligatoirement communicables à l'Auditorat du travail sont les affaires touchant les différents secteurs de la sécurité sociale à l’exception des accidents du travail et des maladies professionnelles. Sont également obligatoirement communicables, les matières du minimex et de l’aide sociale. Tous les litiges relatifs aux contestations individuelles entre travailleurs et employeurs ne sont pas obligatoirement communicables et en pratique l'auditorat du travail ne siège pas à ses audiences (cfr. art. 764, 10° du C.J. et verbo « communication au MP). Le ministère public est indépendant. Il découle de l'article 138 a1. 3 du C.J. que seul le ministère public près les juridictions du travail a le pouvoir de juger s'il lui appartient de requérir du ministère compétent ou des institutions ou services publics compétents les renseignements administratifs visés par cette disposition ainsi que de requérir à cet effet le concours des fonctionnaires chargés de contrôler l’application des dispositions légales et réglementaires prévues aux articles 578 à 583 (Cass. 17 septembre 1990, J.T.T. 1990, p. 490). Le ministère public est aussi un et indivisible, de sorte que le magistrat qui, en matière civile, donne son avis au juge du fond, ne doit pas être nécessairement celui qui a assisté aux débats (Cass. 8 mai 1979, Bull. et Pas. 1979, 1, 1058; Cass. 9 mars 1989, Pas. 1989, 1, p. 698); (cfr. art. 137 à 139, 155 al. 2, 1052 du C.J.; cfr. verbo: avis du ministère public; communication au ministère public).

AUTORITE DE CHOSE JUGEE.

L'autorité de chose jugée est la caractéristique d'une décision judiciaire en vertu de laquelle l'acte juridictionnel, dès son prononcé, est incontestable et ne peut plus être remis en cause, sous réserve de l'exercice de voies de recours. L’autorité de chose jugée en matière pénale est opposable aux tiers mais sous réserve de la preuve contraire car à défaut, celui qui n’était pas partie au procès et n’a pu faire valoir ses observations, ne jouirait pas d’un procès équitable

comme garanti par l’article 6 CEDH. En matière civile, l’autorité de chose jugée est relative (Cass., 16.04.94, JMLB, 1994, p. 1132 à 1134). Sauf en matière pénale, l'autorité de la chose jugée est relative: en matière civile, elle ne vaut qu'entre les mêmes parties et pour autant que la demande soit fondée sur la même cause (art. 23 C.J.) . Elle ne concerne pas l'ordre public (Cass. 19.10.87, Pas. 1988, p. 186). L'autorité de chose jugée s'attache aux décisions définitives c.à.d. tranchant le fond du litige ou un incident. Les décisions d'avant dire droit et les jugements provisoires ne possèdent pas cette autorité. L'exception de chose jugée peut être invoquée en tout état de cause devant le juge du fond saisi de la demande. La nouvelle demande sera déclarée irrecevable. L'autorité de chose jugée ne doit pas se confondre avec la force de chose jugée. Une décision est dite « passée (ou « coulée ») en force de chose jugée » lorsqu’elle n'est plus susceptible de recours ordinaires. cfr. art. 23 à 28 du C.J.; art. 1350 du C. Civ.; cfr. force de chose jugée; exception de chose jugée.

AVIS DU MINISTERE PUBLIC

L'avis est une consultation qui émane d'un magistrat du Ministère public pour assister le juge et lui faire connaître, dans le respect du principe dispositif, quelle est, à son estime, la décision qui devrait être prise au regard des éléments de fait et de l'application des règles de droit. L'avis du ministère public est donné après la clôture des débats, en général par écrit (art. 766 et 767 du C.J.); le document est versé au dossier de la procédure. Le M.P. donne son avis dans les quinze jours après que la cause procédure lui ait été communiquée. L'avis peut être donné oralement. Dans ce cas, le magistrat émet directement son avis à l'audience. Le Code judiciaire autorise également à déposer un avis écrit au greffe (art. 767, 1er al. du C.J.). Depuis un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 20.02.96 (CEDH, 20.02.96, JLMB, 1996 p. 904), les parties doivent pouvoir, après l’avis et sur celui-ci, répliquer, conclure, ou même adresser au juge de brèves observations. L'avis ne lie pas le juge et le jugement ne doit pas indiquer dans sa motivation les raisons qui ont déterminé le juge à ne pas suivre l'avis du M.P. (toutefois, il est parfois obligatoire: cfr. « communication au M.P.» & « causes obligatoirement communicables »: art. 764 du C.J. Comme le M.P. est un et indivisible, le magistrat du M.P. qui donne son avis ne doit pas être nécessairement celui qui a assisté aux débats (Cass. 8 mai 1979, Bull. et Pas.

1979, 1, 1058; Cass. 9 mars 1989, Pas. 1989, 1, p. 698; cfr. art. 766 et 767 du C.J.; cfr. verbo « auditorat du travail »l; communication au M.P.).

B

BUREAU D'ASSISTANCE JUDICIAIRE

Il y a un bureau d'assistance judiciaire au sein de tous les tribunaux et cours. La partie qui veut obtenir l'assistance judiciaire doit adresser une requête établie en double, signée par lui ou par son avocat. Le requérant joint à sa demande les pièces justificatives d'indigence imposées par l’article 676 du Code Judiciaire à savoir un certificat de résidence, un certificat du contrôleur des contributions directes mentionnant les revenus de l'année antérieure à celle de la demande, un certificat d'indigence qui consiste en une déclaration faite par le requérant au bureau de police de sa commune indiquant ses éventuels revenus autres que ceux mentionnés au certificat précédent et les éventuelles modifications intervenues dans ses moyens d'existence. Il ne faut pas confondre le bureau d'assistance judiciaire et le bureau de consultation et de défense, ce dernier ne permettant que d'obtenir la désignation d'un avocat pro deo mais non la gratuité de la procédure. (cfr. art. 86, 105, 130 C.J. et le verbo « assistance judiciaire »).

BUREAU DE CONSULTATION ET DE DEFENSE

Le droit de se faire assister d'un avocat est un droit fondamental. En vue de pourvoir à l'assistance des personnes dont les revenus sont insuffisants, le Conseil de l'Ordre établit un bureau de consultation et de défense. Ce droit à la consultation et à la défense est réglé par les articles 455 et 455 bis du C.J.. Le bureau de consultation et de défense procède à la désignation des avocats chargés de la défense des intérêts des plus démunis. Tant les avocats que les avocats déjà inscrits au tableau de l’ordre peuvent être désignés. L’intervention de l'avocat stagiaire désigné n'est pas nécessairement gratuite. Le bureau de consultation et de défense peut autoriser l'avocat à percevoir une taxation compte tenu des revenus et charges de l'intéressé (appelé le pro deo). Il ne faut pas confondre le bureau de consultation et de défense avec le bureau d'assistance judiciaire (cfr. art. 455 et 455 bis du C.J. et cfr. verbo « bureau d'assistance judiciaire »).

C

CANTONNEMENT

Le cantonnement permet au débiteur de verser le montant dont il est redevable soit à la caisse de dépôts et de consignations, soit entre les mains de l'huissier instrumentant en attendant qu'une décision passée en force de chose jugée tranche définitivement le litige. Le cantonnement permet de se prémunir contre les effets de l'indisponibilité totale des biens saisis à titre conservatoire ou d'éviter les abus que procure l'exécution provisoire. Le cantonnement est un droit lorsque le débiteur a été condamné par un jugement exécutoire qui est frappé d'opposition ou d'appel, sauf si le juge du fond a expressément exclu 1e cantonnement, ce qui est très rare dans la pratique, ou s'il s’agit d'une créance alimentaire.(cfr. art. 1403 à 1407 C.J.).

CAPACITE

On distingue deux sortes de capacités : la capacité de jouissance et la capacité d'exercice.

La capacité de jouissance est la possibilité pour une personne d'avoir des droits et obligations. Toute personne physique a en principe la capacité de jouissance.

La capacité d'exercice est la possibilité de mettre effectivement en oeuvre ses droits et obligations. Un mineur est en principe incapable d'exercer une action en justice sauf exceptions (T.T. Bruxelles 11ème ch., 23 décembre 1993, R.G. 42801/93 en matière d'aide sociale). Bien que n'étant pas expressément mentionnée à l'article 17 du C.J., car cela va de soi, la capacité est une condition d'exercice de l'action. Quand une partie n'a pas la capacité d'exercice, son action est nulle. Cette nullité n'est pourtant, en général, pas d'ordre public. En règle, quand une procédure est introduite par une personne "incapable", le défendeur peut soulever une exception qui permet, en général, de suspendre la procédure jusqu'à ce que le demandeur la régularise par l'intervention de son représentant légal (parents si action introduite par un mineur). Une action introduite contre un mineur est en principe nulle mais il s'agit d'une nullité relative que seul le mineur, ou son représentant légal, peut donc invoquer.

CAUTION

La caution est la garantie d'un engagement et notamment du paiement d'une somme d’argent. En droit civil, c'est la personne qui accepte d'exécuter elle-même un engagement pour le cas où le débiteur ne s’acquitterait pas de ses obligations. Caution iudicatum solvi : c'est la caution qui peut être exigée d'un étranger qui est demandeur dans une procédure en justice (demandeur au principal ou demandeur intervenant). Elle s'analyse comme une exception dilatoire. L'article 1400 du Code Judiciaire prévoit qu'une partie peut demander au juge qui prononce l'exécution provisoire pour tout ou en partie de 1a condamnation, de la subordonner à la constitution d’une garantie (cfr. art 1400 C.J.; pour la caution iudicatum solvi: 851 et 852 C.J.;1346 à 1351 C.J. ; en droit civil: art. 2011 à 2020.).

CITATION

Il s’agit d’un exploit d’huissier de justice par lequel le demandeur appelle le défendeur à comparaître devant un tribunal pour entendre celui-ci statuer sur sa demande.

La citation est le mode ordinaire d'introduction de la procédure. La citation doit, à peine de nullité, comporter les mentions prévues aux art. 43 et 702 du C.J.. Les délais de citation sont fixés aux articles 707 à 710 du C.J.. Le délai de citation est un délai minimum que le demandeur doit laisser au défendeur avant l'audience d'introduction pour permettre au défendeur d'assurer sa représentation et sa défense en justice. Le délai ordinaire de citation est de 8 jours. Il est déterminé conformément aux articles 52 et 53 du C.J.. (délai d’attente de 8 jours minimum calculés de quantième à veille de quantième: Cass. 3/12/79, Pas. 1980, p. 408 et J.T. 1980, P. 222 et obs. de ROUARD). Une abréviation du délai de citation peut être obtenue par requête unilatérale (art. 708). Pour que le juge puisse connaître de l'affaire, l'huissier de justice (ou la partie elle-même ou son avocat) doit, en outre, inscrire l’affaire au rôle général au moins 1 jour avant l’audience (cfr. toutefois art. 716 al. 3 autorisant l'inscription au rôle le jour de l’audience). Est recevable sur base de la connexité, la citation introduite par quatre employés licenciés en même temps sur base de faits identiques (cfr. C.T. Bruxelles 14è ch. - 8 février 1994, R.G. 27790, B c/ ASBL P.S.). (cfr. art. 700 à 705, 707 à 710, 716 à 719; cfr. signification, exploit, rôles des affaires, comparution volontaire, requête).

CLAUSE PENALE

La clause pénale est celle qui fixe de manière anticipée et forfaitaire, les dommages et intérêts auxquels le créancier pourra prétendre si le débiteur vient à faillir à ses engagements (art. 1126 C. civ.). L'article 1023 du Code judiciaire, qui est à mettre en parallèle avec l'article 1022 du Code Judiciaire, prohibe toute clause conventionnelle portant augmentation de la créance, en raison de sa réclamation en justice. L'article 1023 est de stricte interprétation car il déroge à la norme qui, en matière contractuelle, autorise la clause pénale. Ainsi, une clause qui prévoit qu'en cas de non paiement, sont dus une indemnité forfaitaire de 15% et un intérêt moratoire de 7%, est licite. Cette clause vise à couvrir les frais exposés par le créancier à la suite de la résistance du débiteur, celle-ci entraînant des mesures non judiciaires de poursuites en règlement du prix dont il résulte des frais de personnel et de correspondance (cfr. art. 1022 et 1023 C.J., art. 1226 à 1233 C. civ. et 1153 al 5 C. civ.).

Les clauses pénales ne sont pas à confondre avec les clauses de dédit : la somme que cette dernière clause impose au débiteur de payer à l’autre partie n’est que la contrepartie du droit qui lui est reconnu de mettre anticipativement fin à la convention.

CLOTURE DES DEBATS

Lorsque les parties ont été entendues, le président du siège prononce la clôture des débats. En cas de procédure écrite, elle a lieu de plein droit un mois après le dépôt des dossiers au greffe, ou est prononcée par le juge au jour où lui sont fournies les explications orales qu'il a demandées. Si la cause est communicable, c'est après la clôture des débats qu'intervient l’avis de l‘auditorat du travail. A ce moment, le délibéré commence. Après la clôture des débats, il ne peut être déposé aucune pièce, note ou conclusions. Celles-ci seront, le cas échéant, rejetées. Toutefois, tant que le jugement n'a pas été prononcé, une partie peut demander la réouverture des débats si, durant le délibéré, une pièce ou un fait nouveau capital est apparu. Le juge peut aussi ordonner d'office une réouverture des débats. La décision de clôturer les débats est une mesure d'ordre intérieur qui n'est donc susceptible ni d’appel ni d'opposition (cfr. art. 769 à 771 du C.J.; cfr. verbo « réouverture des débats »).

COMPARUTION DES PARTIES

Le juge peut, même d’office, ordonner la comparution des parties ou d'une d’elles. C'est une mesure d'instruction destinée à éclairer le juge de nature à faciliter la recherche de la vérité. Lorsqu’une partie est une personne morale, le jugement désigne l'agent ou, s’il échet, les organes ou représentants légaux de cette personne morale qui devront comparaître. La comparution personnelle a lieu en chambre du conseil. Elle peut aussi être ordonnée par le juge qui tient une enquête au cours de celle-ci en vue de confronter les parties avec les témoins (art. 1001 du C.J.). La décision ordonnant la comparution personnelle des parties n'est susceptible ni d'opposition, ni d'appel (art. 996 C.J. cfr. art. 992 à 1004, 1012 et 1263 C.J.).

COMPARUTION VOLONTAIRE

La comparution volontaire permet aux parties de soumettre de commun accord leur contestation au juge. C’est un mode introductif d'instance qui permet de faire l'économie d'une citation. Celle-ci est remplacée par un P.V. de comparution volontaire rédigé à l'audience. Ce P.V. est signé par les parties, le juge et le greffier. La

comparution volontaire peut être utilisée pour faire opposition à un jugement mais pas pour interjeter appel (cfr. art. 706 C.J.; cfr. aussi: introduction de la demande, citation, requête).

COMMUNICATION AU MINISTERE PUBLIC

Sauf devant le juge de paix, le juge des référés et le juge des saisies, sont, à peine de nullité, communiquées au Ministère Public, onze types de demandes énumérées à l'article 764 du Code Judiciaire. Ce sont les affaires (ou les causes) obligatoirement communicables. Dans toutes les autres causes, la communication est facultative et le ministère public siège lorsqu'il le juge convenable. Le tribunal ou la Cour peuvent aussi ordonner d'office la communication au M.P. (art. 764 a1. 2) . Le Ministère public regroupe les magistrats du Parquet (Parquets du Procureur du Roi et du Procureur Général près la Cour d’appel et près la Cour de cassation) et de l'Auditorat du travail (Auditorat près le tribunal du travail et auditorat général près le Procureur général). En sécurité sociale, les causes sont obligatoirement communicables à l'auditeur du travail à l'exception des matières des accidents du travail et maladies professionnelles. Est obligatoirement communicable au Ministère Public, le litige relatif aux droits des travailleurs concernant la loi relative à l'assurance maladie- invalidité même lorsque ce litige est tranché par le tribunal de première instance et la Cour d’appel. Est nul l'arrêt qui ne comporte pas le nom du magistrat du ministère public qui aurait dû donner son avis dans une affaire obligatoirement communicable et la mention de cet avis, lorsque des pièces auxquelles la Cour a eu égard, il n’apparaît pas qu'un avis ait été donné (Cass., 3è ch. 30/3/1987, Pas. 1987, 1, p. 902; cfr. art. 764 à 768 C.J.; cfr. verbo: auditorat du travail, avis du Ministère Public).

COMPETENCE

On distingue la compétence de la juridiction : la juridiction est le pouvoir de juger, de dire le droit, tandis que la compétence est la répartition du pouvo ir de juger entre les divers organes du pouvoir judiciaire. Selon l'article 8 du C.J., la compétence est le pouvoir du juge de connaître d'une demande portée devant lui. La compétence se détermine en fonction d'un double critère matériel (compétence matérielle ou ratione materiae ou d'attribution) et territorial (compétence territoriale ou ratione loci). La compétence des cours et tribunaux est réglée par les art. 8 à 11 et 556 à 663 du Code Judiciaire. - la compétence matérielle : c'est la compétence qui est fixée en fonction de

l'objet, de la valeur, du caractère urgent de la demande et de la qualité des parties; la compétence matérielle est aussi appelée compétence d'attribution.

- la compétence territoriale : c'est la compétence qui est attribuée au juge en

fonction d'un territoire bien déterminé. Les compétences matérielles sont, en principe, d'ordre public et les incidents doivent être soulevés par le juge. Les compétences territoriales sont, en principe, d'ordre privé sauf exceptions prévues par la loi (cfr. infra) .

- la compétence matérielle et territoriale du tribunal du travail : la compétence

matérielle du tribunal du travail est réglée par les articles 578 à 583 du Code judiciaire. La compétence matérielle du Président du tribunal du travail est réglée par l'article 584 al. 2 du Code Judiciaire. En ce qui concerne la compétence territoriale, elle est, en principe, d'ordre privé. Généralement le critère retenu est celui du domicile du défendeur ou les autres critères supplétifs prévus à l'article 624 du Code Judiciaire. Toutefois les articles 627, 628 et 629 établissent des règles de compétences impératives. Les articles 631 (faillite), 632 (contentieux en matière fiscale) et 633 (saisies conservatoires et voies d'exécutions) touchent à l'ordre public.

Pour ce qui concerne le tribunal du travail, il est intéressant de relever l'article 627, 9 du C.J. qui dispose qu'est seul compétent pour connaître de la demande, le juge de la situation de la mine, de l’usine, de l'atelier, du magasin, du bureau et en général de l'endroit affecté à l'exploitation de l'entreprise, à l'exercice de la profession ou à l'activité de la société, de l'association ou du groupement pour toutes les contestations prévues aux articles 578 et 582, 3è et 4è et pour l'application aux employeurs des sanctions administratives prévues à l'article 583. En matière de sécurité sociale, la compétence territoriale est déterminée par l'article 628, 14° du C.J. qui donne compétence au juge du domicile de l’assujetti, de l'assuré ou des ayants droits (cfr. également le cas particulier de l'article 628, 11° pour les accidents du travail survenus aux gens de mer).

COMPETENCES IMPERATIVES ET D'ORDRE PUBLIC

Il y a deux grandes différences entre les compétences impératives et d'ordre public. Dans le cas des compétences impératives, le juge ne doit pas soulever d'office le déclinatoire de compétence. Par ailleurs, les parties ne peuvent pas déroger par une clause de compétence aux compétences impératives avant la naissance du litige; par contre, après la naissance de la contestation, les parties peuvent déroger de commun accord à la compétence impérative (art. 630 du C.J.). Dans le cas de compétence d'ordre public, le juge doit soulever d’office le déclinatoire de compétence. Les parties ne peuvent y déroger ni avant, ni après la naissance du litige.

Incidence du défaut du défendeur : Lorsque le défendeur fait défaut, l'article 630 al. 3 du C.J. présume que le défendeur décline la compétence du juge saisi. Celui-ci doit vérifier sa compétence tant matérielle que territoriale. Les incidents de compétence sont réglés aux articles 639 à 644 (cfr. verbo "règlements des conflits sur la compétence"). cfr.: - pour les principes généraux : art. 8 à 11, - compétence matérielle: art. 556 à 615, - compétence territoriale: art. 622 à 638, - compétence du tribunal du travail: art. 578 à 584, - incidents de compétence: art. 639 à 644 & 660. cfr. aussi: règlements des conflits sur la compétence, tribunal d’arrondissement, ordre public, domicile, résidence, défaut, déclinatoire de compétence.

COMPETENCES ORDINAIRES. COMPETENCES SPECIALES ET EXCLUSIVES

Les juridictions d'exceptions (juge de paix, tribunal du travail et tribunal du commerce) possèdent des compétences spéciales par opposition au tribunal de première instance qui jouit d'une compétence dite ordinaire. Les compétences spéciales sont celles que le législateur attribue expressément à une juridiction, à l'exception de toute autre (art. 578 à 583 pour le tribunal du travail). Le tribunal de première instance a une compétence ordinaire qui lui vaut de pouvoir connaître, non seulement des compétences non expressément dévolues à un autre juge du pouvoir judiciaire, mais aussi des compétences spéciales des juridictions d'exceptions, sauf déclinatoire de compétence d'ordre privé, qui serait soulevé par une partie. La doctrine et la jurisprudence distinguent parmi les compétences, celles qui seraient à ce point spéciales qu’elles ne peuvent être dévolues même au tribunal de première instance: ce sont les compétences exclusives. Remarquons que le Code judiciaire utilise parfois improprement le terme "compétences exclusives" pour viser en réalité des compétences spéciales des juridictions d'exception pour les opposer à la compétence ordinaire du tribunal de première instance (ex.: art. 565 du C.J.). Parmi les compétences exclusives, on peut citer le contentieux de la sécurité sociale qui appartient exclusivement au tribunal du travail.

CONCILIATION

Avant l'introduction de toute procédure, les parties ou l'une d'elles peuvent demander au juge de tenter de les concilier. La conciliation ne peut avoir lieu

qu'entre parties capables de transiger et sur des objets susceptibles d'être réglés par transaction. La tentative de conciliation est facultative, sauf dans les cas prévus par la loi. Ainsi, elle est obligatoire devant le tribunal du travail pour les contentieux visés à l'article 578 du C.J. (qui vise principalement les contestations relatives aux contrats de travail). Elle est également obligatoire devant le juge de paix en matière de bail à ferme (art. 1345 C.J.) et en matière de bail à loyer dans certains cas, dans les procédures de divorce et séparation de corps devant le tribunal de première instance (art. 1257 et 1258 C.J.), dans la procédure de licenciement des travailleurs protégés (loi du 19 mars 1991). Si la tentative de conciliation aboutit à un accord, il en est dressé procès-verbal dont l'expédition est revêtue de la formule exécutoire (cfr. art. 731 à 734 C.J.).

CONCLUSIONS

Les conclusions sont des actes de procédure par lesquels les parties formulent leurs moyens et défenses, leurs exceptions ou fins de non recevoir ainsi que les demandes incidentes (demandes nouvelles, additionnelles ou reconventionnelles). Constituent des conclusions, l’écrit même non signé qui contient une demande ou un moyen à l’appui d’une demande, d’une défense ou d’une exception et qui a été déposé au greffe ou à l’audience au cours des débats. Le juge doit rencontrer chacun des moyens invoqués par les parties. L'échange des conclusions et leur dépôt en original au greffe sont prévus par les articles 741 et suivants du Code Judiciaire. Les conclusions sont rédigées par les parties elles-mêmes ou leur avocat. Les conclusions principales sont les premières conclusions. Les conclusions additionnelles complètent les conclusions principales ou viennent étendre la demande originaire. - Délais pour conclure. Les délais sont fixés légalement mais les parties peuvent aussi demander au juge de les modifier amiablement. 1) Les délais légaux sont déterminés à l'article 747 § 1er du C.J. : Le défendeur a un mois pour conclure à partir de la communication des pièces.

Le demandeur a un mois pour lui répondre. Le défendeur dispose encore de 15 jours pour répliquer.

2) Délais fixés par le juge : Une partie (ou les parties de commun accord) peut demander au juge de fixer

d'autres délais (plus brefs ou plus longs) que les délais légaux (art. 747 §2). Le juge ne peut refuser de faire application de l'article 747 §2 du C.J. (cfr. loi du 23 mars 1995 supprimant à l'article 747 §2 le début de phrase "lorsque les circonstances de la cause justifient l’aménagement des délais"). Par ailleurs, il peut être demandé au juge de fixer les délais uniquement pour contraindre la partie adverse à déposer des conclusions additionnelles (cfr. aussi art. 750 §2 modifié par la loi du 19 mai 1995 pour obtenir une date de plaidoiries).

- Sanctions en cas de non respect des délais pour conclure : Lorsque les parties ont conclu et sollicité une fixation sans l'intervention du juge, les délais de l'article 747 § 1er du Code judiciaire ne sont pas contraignants. Au contraire, lorsque les parties ont demandé au juge de fixer les délais, ceux-ci sont directement cont raignants (sauf les réserves de l'article 748 du C.J. art. 747 §2). La sanction du non respect des délais fixés par le juge est l'écartement d'office des conclusions tardives. Dans quatre hypothèses, des conclusions nouvelles pourraient être exceptionnellement admises :

- il y a accord des parties (certaines juridictions refusent cependant, lorsque la cause est fixée sur pied de l’article 747 § 2 C.J. de recevoir, contre même l’accord des parties, des conclusions déposées et communiquées hors délais),

- il y a actualisation de la demande au sens de l'article 808 du C.J., - découverte d'une pièce ou d'un fait nouveau et pertinent, - force majeure. (cfr. art. 735, 736, 741 à 748, 751, 755, 758 et 807 du C.J., cfr. aussi jugement par défaut réputé contradictoire, délai).

CONNEXITE

L'article 30 du Code Judiciaire définit la connexité. Des demandes sont connexes lorsqu'elles sont liées entre elles par un rapport si étroit qu'il y a intérêt à les instruire et juger en même temps, afin d'éviter des solutions qui seraient susceptibles d’être inconciliables si les causes étaient jugées séparément. La connexité se différencie de la litispendance dans la mesure ou l'on a à faire soit à des demandes distinctes mais apparentées entre les mêmes parties, soit à des demandes identiques mais entre parties différentes. Pour qu'il y ait connexité, il faut que les demandes soient introduite devant deux tribunaux compétents pour en connaître au premier degré de juridiction. La connexité entraîne jonction des causes et renvoi devant le même tribunal. Ce renvoi a lieu suivant un ordre de préférence prévu à l'article 566 du Code Judiciaire. Contrairement à la litispendance, la connexité est une question de fait laissée à la libre appréciation du juge du fond (cfr. art. 30, 92 §2, 109 bis, 565, 566, 634, 635, 701, 856 du C.J.; cfr. aussi litispendance, exceptions).

CONVENTION D'ARBITRAGE OU CLAUSE D'ARBITRAGE Il s'agit d'un contrat ou d'une clause qui permet de soustraire le litige aux tribunaux de l'ordre judiciaire pour le soumettre à un ou plusieurs arbitres. Cette convention peut être conclue pour une contestation déjà née ou une contestation future. Elle n'est pas valable si elle avantage une partie pour la désignation de l’arbitre. La convention d'arbitrage est soumise à des conditions de fond et de forme. Conditions de fond : 1°. Hormis les personnes morales de droit public, quiconque, à la capacité ou le

pouvoir de transiger, peut conclure une convention d’arbitrage. L’Etat peut conclure pareille convention lorsqu'un traité l'autorise à recourir à l’arbitrage (art. 1676, al. 2 du C.J.).

2°. La convention d'arbitrage est un acte de disposition qui nécessite, tout

comme la transaction, un mandat spécial. L'avocat devra être porteur d'une procuration spéciale pour conclure une convention d'arbitrage au nom de son client.

3°. Deux restrictions existent quant à l'objet du litige qui peut être réglé par arbitrage. La convention d'arbitrage ne peut porter que sur une prétention d'ordre juridique, c'est-à-dire sur un différend relevant d'un rapport de droit qu'il soit contractuel ou non. Elle ne peut être conclue qu'à propos d'un litige sur lequel il est permis de transiger, ce qui implique que les parties peuvent disposer librement de ce droit. Dès lors, la convention d'arbitrage n'est pas valable si elle concerne une question relative à l'ordre public qui lui porte atteinte.

Conditions de forme : La convention d'arbitrage doit faire l'objet d'un écrit signé des parties ou d'autres documents qui engagent les partie s et manifestent leur volonté de recourir à l'arbitrage. Effets de la convention d'arbitrage : Les tribunaux de l'ordre judiciaire sont incompétents pour connaître du litige. Il s'agit d'un déclinatoire de juridiction et non une exception d'incompétence. Ce déclinatoire doit être soulevé in limine litis, c’est-à- dire avant tout autre moyen de défense au fond, faute de quoi il y a renonciation tacite à la cause d'arbitrage (art. 1679 du C.J.). L'article 1679 du C.J. autorise les parties à s'adresser au juge des référés en vue d'obtenir des mesures conservatoires ou provisoires ne préjugeant pas du fond du litige qui doit être soumis aux arbitres. En principe, le juge des référés n'est plus compétent lorsque les arbitres sont saisis du litige. A l'égard des tiers, la convention d'arbitrage n'est pas obligatoire. La relativité de la convention fait obstacle à ce qu’un tiers puisse être appelé en intervention forcée dans les causes soumises à un arbitre. Autonomie de la convention d’arbitrage : Le tribunal arbitral a le pouvoir de se prononcer sur sa compétence et à cette fin d'examiner la validité de la convention d'arbitrage (cfr. art. 1677 à 1679, 1697 du C.J.; cfr. verbo arbitrage, sentence arbitrale).

D

DEBATS SUCCINCTS

On parle de débats succincts lorsque le litige peut être exposé oralement ou, oralement et par écrit, en peu de mots. L'affaire n'exige pas de longs débats ou il s'agit d'affaires urgentes, notamment celles tombant sous l'application de l'article 19 a1. 2 du C.J.. La procédure en débats succincts implique que l'affaire soit retenue et plaidée à l'audience d'introduction ou soit plaidée à une date rapprochée. Cette procédure est impérative dans certaines matières prévues à l'article 1066 du Code Judiciaire sauf accord des parties pour ne pas recourir à cette procédure accélérée. Dans les autres matières, la procédure des débats succincts est facultative. Elle peut être demandée par une partie ou par les deux parties; dans cette dernière hypothèse, la procédure en débats succincts doit être admise et le juge doit prendre l'affaire à l'audience d'introduction ou à une audience rapprochée (cfr. art. 735 du C.J.).

DECLARATION DE POSTULATION

Pour éviter aux avocats de se déplacer à l'audience d'introduction, l'article 729 du C.J. autorise les avocats à faire une déclaration de postulation qui consiste à écrire au greffier pour signaler son intervention et solliciter le renvoi de l'affaire qui n’est pas en état d'être plaidée. Cette déclaration de postulation empêche de recourir à la procédure des débats succincts (cfr. art. 729, 1061 et 1062 C.J.).

DECLINATOIRE DE COMPETENCE

C’est un moyen soulevé par une partie pour contester la compétence d’un juge. Renvoi au verbo "règlements des conflits sur la compétence", "compétence", "appel", "exception". Il ne faut pas confondre le déclinatoire de compétence et le déclinatoire de juridiction. cfr : art. 9, 10, 568 al 2, 630, 639, 643, 660, 854, 855, 868 et 869 C.J.

DECLINATOIRE DE JURIDICTION

C'est une exception par laquelle le défendeur prétend que le litige ne relève pas des attributions de l'ordre judiciaire. Ce n'est pas seulement la compétence d'un juge qui est contestée, c'est l'ensemble des attributions du pouvoir judiciaire belge. La déclinatoire de juridiction peut être d'ordre public ou d'ordre privé. Exemples: clause d'arbitrage / si le litige relève de la compétence d'une juridiction administrative comme le Conseil d'Etat. cfr : art. 556 al. 1, 568 al. 3, 636, 639 al. 5 et 1679 C.J.

DEFAUT

Une partie fait défaut lorsqu'elle n'a pas comparu à l'audience ou qu'elle n'a pas conclu. La procédure par défaut est la procédure qui est suivie après la constatation qu'une des parties n'a pas comparu à l’audience. Un jugement par défaut est prononcé lorsqu'une des parties fait défaut (cfr. aussi verbo "jugement"). Un tel jugement est possible aussi bien à l'égard du demandeur que du défendeur. Conditions dans lesquelles un défaut peut être accordé : a) absence de comparution d'une partie à l'audience d'introduction.

Si une des parties ne comparaît pas à l'audience d'introduction, la partie présente peut prendre défaut contre elle (art. 802 du C.J.). Le juge ne peut accorder un défaut si aucune des parties n'a comparu ou si la partie qui comparaît n'a plus demandé un jugement par défaut. La partie qui comparaît n'est en effet pas obligée de demander un défaut à l'audience d'introduction. Elle peut aussi demander la remise de l'affaire à une audience ultérieure ou le renvoi au rôle.

b) défaut de comparution d'une partie à une audience ultérieure .

Il faut distinguer deux hypothèses :

1. soit la partie qui ne comparait pas à l’audience ultérieure n'a pas comparu non plus à l'audience d'introduction :

- on peut présumer que le défendeur n'a éventuellement pas reçu la citation.

Le législateur a prévu une protection particulière: lorsque l'affaire a été reportée à l'audience d'introduction pour une audience ultérieure et que le défaut n'a pas été demandé à cette audience d'introduction, la partie défaillante est convoquée sous pli judiciaire par le greffier à la demande écrite de la partie adverse pour l'audience à laquelle la cause a été remise (art. 803 du C.J.).

- lorsque l'affaire a été renvoyée, elle doit être fixée à une audience suivante

soit à la requête conjointe de toutes les parties, dans ce cas il est peu probable qu'il y ait un défaut (néanmoins l'application de l'article 803 - défaut simple - reste possible), soit en application des articles 747 ou 751 du C.J. , par lequel on peut demander un jugement par défaut réputé contradictoire.

2. soit la partie qui ne comparaît pas a comparu à l’audience d'introduction : - en principe, il peut être demandé à l'audience suivante un défaut sans autre

formalité: l'envoi d'un pli judiciaire n'est pas exigé. Ceci vaut aussi bien lorsque la partie n'a pas comparu que lorsque elle n'a pas conclu dans le délai fixé (art. 504 C.J.). L'article 730 §2 du C.J. constitue une exception: si

l'affaire a été fixée à une chambre de plaidoirie mais qu'elle a été omise du rôle d'audience, une nouvelle date d'audience est exigée. L'article 730 §2 dernier alinéa dispose dans ce cas qu'il ne peut être statué par défaut à l’égard d’une partie si elle n'a été avertie par le greffier des jour et heure de l'audience où le défaut sera requis. Cet avertissement est donné par pli judiciaire au moins quinze jours avant l'audience.

- la possibilité de demander encore un défaut est fixée à l’article 804 du C.J..

Suivant cette disposition, la procédure est en effet toujours contradictoire si la partie contre laquelle on veut prendre défaut, était présente au cours de la procédure d'introduction ou à une autre audience et si elle a déposé des conclusions. En présence d'une partie à une audience ultérieure, la procédure se déroule contradictoirement, ce qui implique que le juge doit tenir compte des conclusions déposées.

Jugement par défaut : Le jugement par défaut ne peut être prononcé que si une des parties le demande. Le jugement par défaut ne peut être rendu avant la fin de l'audience où il est requis (art. 805). Durant l'audience, il est possible de demander la levée du défaut: les parties demandent ensemble, pendant l'audience où le défaut a été accordé, que celui-ci soit "rabattu". Missions du juge en cas de défaut : a) défaut du défendeur : Quand une partie fait défaut, le juge doit se substituer à la partie défaillante:

il doit vérifier si les prétentions de la partie demanderesse sont justifiées. Le juge doit en effet partir du principe que le défaut est en soi une forme de contestation de la demande. Il doit, à la lecture du dossier, vérifier les moyens que la partie défaillante pourrait soulever et ce même si ces moyens ne sont pas d'ordre public (cfr. aussi rubrique "compétence" et "tribunal d'arrondissement", cfr. art. 630 a1. 4 du C.J.) .

b) défaut du demandeur : Lorsque le demandeur fait défaut, il n'y a pas de raison à ce que le juge

préserve les intérêts du demandeur. C'est pourquoi, le juge peut simplement débouter le demandeur de sa demande sans qu'il doive examiner le fond de l'affaire si le défendeur demande un jugement par défaut. Si le défendeur fait valoir des moyens de défense, le juge doit examiner le fond de l’affaire mais seulement se limiter aux moyens soulevés.

Déchéance du jugement par défaut : Le jugement par défaut doit être signifié dans l'année sinon il est réputé non avenu (art. 806 du C.J.). La procédure déroulée avant le jugement par défaut qui devient périmé est toutefois maintenue: la partie qui avait obtenu le jugement par défaut peut poursuivre la procédure: elle demande de nouveau un jour d'audience, sans nouvelle citation, et sollicite un nouveau jugement (cfr. Cass. l3 septembre l993, Pas. l993, l, 688 et RW l993~94, 75l: la demande en fixation d'une date d'audience se fait ici à la demande d'une seule partie par dérogation à l'article 750 du C.J.). Voies de recours contre un jugement par défaut : Aussi bien l’opposition que l'appel sont ouverts contre un jugement par défaut. Si le jugement par défaut est réputé contradictoire (art. 747 § 2 et 751 à 753 C.J.) seule la voie de l’appel reste ouverte (cfr. 802 à 806 C.J.; cfr. aussi : opposition, appel, jugement (classification jugement par défaut réputé contradictoire), citation, signification).

DELAIS

Le Code Judiciaire prévoit aux articles 48 à 57 un certain nombre de règles qui sont d'application pour tous les délais établis pour 1’accomplissement des actes de procédure sauf exceptions prévues par la loi. Il ne faut pas confondre les délais de procédure et les délais de prescription. Ainsi, notamment, les délais de procédure échappent, en principe, aux règles habituelles du droit civil sur la suspension et l'interruption cependant qu'ils connaissent des causes propres de suspension et de prorogation. I. Classification des délais de procédure. On distingue les délais d'accélération des délais d'attente. Les délais d'accélération ont pour but de contraindre les parties à exercer sans retard un acte de procédure.

Ces délais ne sont pas toujours prévus à peine de déchéance : - la sanction peut parfois consister en la nullité (art. l569 et l622 du C.J.), - parfois une autre sanction est prévue (cfr. art. 806 du C.J. en ce qui concerne la

signification d'un jugement par défaut), - parfois encore il n'y a pas de sanction (cfr. art. 747 du C.J.) en ce qui concerne

les délais pour conclure. Un délai d'attente est un délai pendant lequel une partie ne peut poser un acte

de procédure déterminé. II. Fixation des délais. L'article 49 du C.J. prévoit que, sauf exception, c'est à la loi qu'il appartient de fixer des délais de procédure. Par exception, le juge peut fixer certains délais dans les cas expressément prévus par la loi (ex. délai imparti par le juge aux experts, délai pour conclure). Il peut aussi, dans certains cas, modifier les délais fixés. L’article 51 du C.J. prévoit aussi de manière générale que le juge peut, avant l'échéance, abréger ou proroger les délais qui ne sont pas établis à peine de déchéance (cfr. également l'article 708 du C.J. permettant au juge, d'abréger le délai de citation dans les cas urgents). III. Computation des délais. Le calcul du délai s'effectue conformément aux dispositions des articles 52 et suivants du Code Judiciaire. Lorsque le délai d'appel ou d'opposition prend cours et expire pendant les vacances judiciaires, il est prorogé jusqu'au quinzième jour de l'année judiciaire nouvelle c'est-à-dire jusqu'au 15 septembre. Si le jour de l'échéance du délai tombe un samedi, un dimanche ou un jour férié légal, le jour de l’échéance est reporté au plus prochain jour ouvrable (art. 53 C.J.). Des adaptations de délais sont prévues pour les parties qui n’ont ni domicile, ni résidence, ni domicile élu en Belgique (art. 55 C.J.). Des particuliers existent également en cas de décès d’une partie (art. 56 C.J.). IV. Sanctions de l’inobservation des délais. Tous les délais de procédure ne sont point contraignants (cfr. supra). Lorsque les délais sont prévus à peine de nullité, la méconnaissance des délais entraîne une nullité absolue qui doit être prononcée d’office par le juge (cfr. art. 862 du C.J.). La nullité est automatique, elle vaut même si l’inobservation du délai n’a causé aucun grief (art. 862 du C.J.). Tous les délais prescrits pour former un recours sont de plein droit prescrits à peine d’échéance (art. 860 al. 2 C.J.). L’inobservation du délai entraîne la perte de la faculté d’exercer le recours.

L’article 864 instaure un autre principe : toutes les déchéances ou nullités liées à l’inobservation d’un délai sont, en principe, couvertes lorsqu’un jugement ou arrêt contradictoire (autre qu’une mesure d’ordre intérieur) a été rendu sans qu’elles aient été proposées par la partie ou soulevées d’office par le juge. Toutefois, cette règle connaît une importante exception : les déchéances prévues pour sanctionner les délais de recours ne sont pas susceptibles d’une couverture. Elles peuvent être soulevées pour la première fois devant la Cour de Cassation. Cfr. art. 48 à 57, 1052 du C.J. Cfr. aussi : signification, exploit, voie de recours, conclusions, force majeure.

DELIBERE Après la clôture des débats et éventuellement après l’avis du Ministère public, commence le délibéré. En principe, le juge dispose d’un mois pour prononcer son jugement. Ce délai n’est pas prescrit à peine de nullité. Si le juge prolonge le délibéré au delà de trois mois, il doit en aviser le Premier Président de la Cour d’Appel ou de la Cour de Travail (art. 770 al. 4). Quand le juge n’a toujours pas rendu de jugement après plus de 6 mois, le Procureur général près de la Cour peut demander le dessaisissement du juge (art. 652 C.J.). Aucune pièce, conclusions ou notes ne peuvent être déposées après la clôture des débats sous réserve de l’article 772 qui autorise la réouverture des débats sous certaines conditions (cfr. réouverture des débats). Le délibéré n’est pas public. Lorsque les juges ont terminé leur discussion, le Président recueille les opinions individuelles en commençant par le dernier nommé des juges, jusqu’au plus ancien. Le Président donne son avis le dernier. En cas d’opinion différente, on procède à un second vote (art. 778). Cfr. art. 652, 768, 769 à 771, 777 et 778 C.J. Cfr. verbo « réouverture des débats », « clôture des débats ».

DEMANDES La demande est la mise en oeuvre du droit d’action en justice. C’est l’acte qui saisit concrètement le juge d’une affaire.

La demande formule effectivement la prétention juridique dont le juge a à connaître.

La demande comporte trois éléments constitutifs: les parties à l'instance (le demandeur et le défendeur), l'objet et la cause c'est-à-dire fondement juridique de la demande.

Classification des demandes. Les articles 12 à 16 du Code Judiciaire procèdent à deux grandes distinctions: la demande principale et la demande incidente.

- demande principale: c'est celle qui introduit le procès (art. 2 al. 2) . - demande incidente : l'article 13 du C.J. donne une définition générale d'une demande incidente : c'est toute demande faite au cours d'un procès.

Les demandes incidentes ont pour objet soit de modifier la demande originaire ou d'introduire des demandes nouvelles entre les parties soit de faire entrer dans la cause des personnes qui n'étaient point encore parties (demande en intervention).

a) demande incidente additionnelle ou nouvelle.

Il s’agit d'une demande qui émane du demandeur et qui a pour objet de modifier ou compléter la demande introductive d'instance. Exemple d'une demande incidente additionnelle: paiement d'intérêts, d'arrérages échus. Exemple d'une demande nouvelle: un ouvrier licencié a demandé une indemnité compensatoire de préavis. Ultérieurement, il demande en cours d'instance une indemnité pour licenciement abusif. cfr : art. 807 et 808 C.J.

b) demande reconventionnelle.

il s'agit d'une demande incidente qui émane du défendeur et qui tend à faire prononcer une condamnation à charge du demandeur (art. 14). cfr : art. 563, 620, 634 et 807 à 810 C.J.

c) demande en intervention.

Suivant l'article 15 du C.J. l'intervention est une procédure par laquelle un tiers devient partie à la cause. L'intervention est volontaire ou forcée. Elle est agressive (c.à.d. tendant à obtenir une condamnation) ou conservatoire (dans ce cas elle tend à la sauvegarde des intérêts de l'intervenant ou de l'une des parties par exemple en vue de rendre le jugement opposable à un tiers) . cfr : art. 15, 16, 96, 564, 811 à 814 C.J.

Formes de la demande et recevabilité. - demande principale :

Le mode ordinaire d'introduction de l'instance est la citation. Dans les cas prévus par la loi, la procédure peut être introduite par requête. C'est le cas en matière de sécurité sociale conformément à l'article 704 du Code Judiciaire. Pour la recevabilité de la demande principale, cfr. verbo recevabilité.

- demande additionnelle ou nouvelle :

Elle est introduite par conclusions. En ce qui concerne la recevabilité, l'article 808 du C.J. autorise en tout état de cause les demandes additionnelles et même pour la première fois devant le juge d'appel (art. 1042 renvoyant implicitement à art. 808). Pour les nouvelles demandes, leur recevabilité est soumise à deux conditions prévues à l'article 807 du C.J.: la demande nouvelle ne peut être introduite qu'au moyen de conclusions prises contradictoirement et elle doit avoir la même cause que la demande initiale (cfr. art. 807, elle doit être fondée sur un fait ou un acte invoqué dans la citation). Est une demande nouvelle et partant irrecevable la demande de dommages et intérêts formée en cours d'instance et fondée sur le caractère abusif du licenciement, lorsque le seul objet de la demande originaire était d'allouer le paiement d'une indemnité compensatoire de préavis et que la citation introductive d'instance ne contenait aucune faute ou acte reprochant à l'employeur un comportement fautif qui aurait pu justifier une réparation distincte de celle représentée par l'allocation de l'indemnité de préavis (C.T. Mons, 16 octobre 1989, J.T.T. 1990, p. 3781). La question de savoir si une demande nouvelle est contradictoirement prise et donc est recevable lorsque la procédure est réputée contradictoire et controversée.

- demande en intervention: L'intervention volontaire est formée par requête. L'intervention forcée est formée par citation. Entre parties en cause, elle peut avoir lieu par simples conclusions (art. 813 C.J.). En ce qui concerne la recevabilité d'une demande en intervention, aucune condition n'est exigée par l'art. 812 a1. 1er. En degré d'appel, l'intervention tendant à obtenir une condamnation ne peut s'exercer pour la première fois; au niveau de l'appel, seule l'intervention conservatoire peut être formée pour la première fois. cfr. art. 12 à 16 C art. 807 et 808: art. 811 à 814 : C.J.: classification des demandes, demande additionnelle et nouvelle, demande en intervention. cfr. verbo: action, recevabilité, citation, requête.

DENI DE JUSTICE Il y a déni de justice lorsque le juge refuse de juger sous quelque prétexte que ce soit, même de silence, de l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi (art. 5 C.J.). Les juges sont obligés de prononcer un jugement à l'égard de toute demande portée devant eux. Le juge constate les droits des parties sans être lié par les qualifications juridiques proposées par les parties. Quand le juge modifie la qualification juridique, il ne modifie cependant ni la cause ni l'objet de la demande. L’article 1140 du C.J. prévoit le recours de la prise à partie comme sanction du déni de justice (cfr.: art. 5 et 1140 C.J.; cfr. aussi prise à partie).

DESAVEU Le désaveu est une procédure tendant à demander au juge de déclarer non avenu un acte de procédure accompli au nom d'une personne en l'absence de toute représentation légale, sans qu'elle l'ait ordonné, permis ou ratifié. Peut être désavoué un acte émanant d'un avocat, d'un huissier de justice, d'un mandataire prévu par l'article 728 du C.J.. Le désaveu peut être poursuivi non seulement par la personne au nom de qui l'acte a été accompli, mais également par les autres parties au litige. Le désaveu a pour conséquence que l'acte désavoué est déclaré non avenu, de même que les actes d'instructions et les décisions rendues ensuite de l'acte déclaré non avenu (cfr. art. 848 à 850 du C.J.).

DESCENTE SUR LES LIEUX Mesure d'instruction qui permet à l'ensemble du tribunal, ou à un des juges, de se transporter sur les lieux litigieux pour les examiner. La descente sur les lieux peut être ordonnée même d'office. Le jugement qui ordonne cette mesure d'instruction n'est susceptible ni d'opposition, ni d'appel (cfr. art. 1007 à 1016 C.J.).

DESISTEMENT

Le désistement est la renonciation à un acte de procédure, à une instance ou à une action. Le désistement d'un acte de procédure emporte la renonciation aux effets attachés à cet acte (art. 822 C.J.). On distingue le désistement d'action du désistement d'instance. 1. désistement d'action (art. 821 C.J.) .

Le désistement d'action comporte renonciation au droit que cette action avait pour objet de mettre en oeuvre. Celui qui se désiste de son action renonce

tant à la procédure qu'au fond du droit. Le désistement d'action entraîne l'extinction du droit d'agir relativement à la prétention dont le juge avait été saisi. Il ne peut avoir lieu que dans les matières portant sur des droits auxquels il est permis de renoncer et dont la partie peut disposer (d'où exclu pour les actions d'état et les matières d'ordre public) .

2. désistement d'instance.

Plus fréquent dans la pratique, le désistement d'instance consiste à renoncer à la procédure introduite au principal ou incidemment. Il est très utile lorsqu'il s'agit de renoncer à une procédure irrégulière ou à un procès devenu sans objet. Le désistement d'instance n'entraîne pas renonciation au fond du droit. Celui qui se désiste peut donc introduire une nouvelle instance ayant le même objet que l'instance où il s'est désisté. Le désistement peut être exprès ou tacite. Dans ce dernier cas, il doit pouvoir être déduit d'actes ou faits précis et concordants. Le désistement d'instance ne doit être accepté par la partie adverse que si des conclusions ont déjà été déposées par cette dernière. Il emporte de plein droit la remise des choses dans leur état initial, c'est-à-dire dans le même état que s'il n'y avait pas eu d'instance, sous réserve des dépens (y compris l'indemnité de procédure) à charge de celui qui se désiste. Toutefois le désistement ne rend par l'interruption de la prescription non avenue lorsqu'il est motivé par l'incompétence du juge saisi et est suivi de la citation devant le juge compétent. L'article 2247 du Code Civil ne vise que le désistement d'action (C.T. Bruxelles, 4e ch., 8 mai 1974, R.G. 3267, DN 1- A134/347/2247) .En pratique, lorsqu'un créancier a été payé après la citation, il a intérêt à ce que le litige soit déclaré sans objet plutôt que de se désister de façon à ce que le débiteur soit condamné aux dépens (cfr. art. 820 à 827 C.J.).

LE DESSAISISSEMENT Le dessaisissement opère un renvoi d'une procédure introduite d'un tribunal à un autre. Cette décision qui est de la compétence de la Cour de Cassation entraîne un déplacement de la compétence territoriale. Les causes de dessaisissement sont énumérées à l'article 648 du Code Judiciaire. En ce qui concerne la cause de suspicion légitime, elle vise la juridiction compétente et l’ensemble des juges qui la composent. Le dessaisissement se distingue en cela de la récusation, dirigée contre la personne d'un magistrat précis. La requête en dessaisissement peut émaner soit d'une partie (art. 648, 1°et 2°), soit du procureur général près la Cour d'appel suivant le motif invoqué (art. 648, 3° et 2°; cfr. art. 648 à 659 C.J.).

DOMICILE

La notion de domicile est différente en droit judiciaire et en droit civil. En droit judiciaire, le domicile est le lieu où la personne est inscrite à titre principal sur les registres de la population. En droit civil, le domicile est le lieu où la personne a son principal établissement. La notion de domicile diffère de celle de résidence. Le changement de domicile judiciaire demeure sans incidence sur le procès en cours aussi longtemps que la partie qui a modifié son domicile néglige d'en avertir le greffe et l’adversaire. Les notifications de l'avis de fixation sur base de l'article 751 du Code Judiciaire et du jugement en application de l'article 792 al. 2 du même Code, ont été valablement faites au domicile indiqué à l’origine ( C.T. Liège, 5è ch. bis, 15 juin 1995, R.G. 22494/94, K.c/ Onem qui cite Fettweis, Manuel de Procédure civile, 7è éd. 1987, p. 186 et Appel Mons, 1er décembre 1987, Rev. Rég. dr. 1988, 65; cfr. art. 36 C.J., art. 102 C. Civil; verbo " résidence").

DROITS DE LA DEFENSE

Les droits de la défense sont un principe fondamental d'ordre public qui domine l'ensemble du procès civil, selon lequel toute prétention doit être soumise à la libre contradiction de la partie adverse. Cette dernière doit prendre connaissance de tous les moyens et pièces qui sont invoqués. C’est en raison également du respect des droits de la défense que le juge doit rouvrir les débats lorsqu'il soulève d'office une exception ou modifie la qualification juridique des faits. Il en va de même lorsque le juge décide d'appliquer une disposition juridique qui n'aurait pas été invoquée par une des parties. La procédure civile est donc contradictoire sauf dans les cas expressément prévus par la loi (soit parce qu'on veut agir rapidement et "court-circuiter" le défendeur, soit parce qu'on ne le connaît pas ou qu'il n'y a pas de défendeur) - (cfr. art. 6.1 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, art. 774 a1.2 du C. J.; voir aussi le principe du contradictoire).

DROITS SUBJECTIFS

Les droits subjectifs sont des droits qu’un sujet de droit tire de la loi et qui doivent être respectés par les autres sujets de droit. Cette notion présente surtout un intérêt en ce qui concerne les rapports entre le citoyen et l’administration : - si le citoyen se prévaut à l'égard de l'autorité d'une règle de droit à propos de

laquelle l'autorité n'a pas un pouvoir d'appréciation, il invoque un droit subjectif.

- si l'autorité dispose d'un pouvoir d’appréciation, alors le citoyen ne peut se

prévaloir d'un droit subjectif. La Constitution contient une règle de compétence en ce qui concerne les contestations portant sur des droits subjectifs : - les contestations portant sur des droits subjectifs de nature civile sont de la

compétence exclusive des cours et tribunaux (art. 144 de la Constitution) , - les contestations portant des droits subjectifs de nature politique relèvent en

principe de la compétence des cours et tribunaux. La loi peut cependant prévoir des dérogations (art. 145 de la Constitution).

Suivant la jurisprudence, il n'existe pas d'autres droits subjectifs que ceux de nature civile et politique. Conformément à la Constitution, la plupart des contestations portant sur des droits subjectifs sont tranchées par le juge ordinaire. Un certain nombre de contestations relatives à des droits politiques sont tranchées par des juridictions ou collèges administratifs, parfois avec possibilité d'interjeter appel. Les contestations portant sur des droits subjectifs se distinguent des contestations relatives aux droits objectifs: un contentieux objectif porte sur la légalité d’un acte (le plus souvent un acte d’une autorité administrative): une personne préjudiciée par un acte peut invoquer l'illégalité de cet acte et en postuler l'annulation. La Constitution et les lois établissent des règles de compétence en ce qui concerne les actes administratifs: - compétence pour annuler les lois, décrets et ordonnances: Cour d'arbitrage

(art. 142 de la Constitution; loi spéciale du 6 janvier 1989 instaurant la Cour d'arbitrage),

- compétence pour annuler les actes des autorités administratives: en principe le

Conseil d'Etat (art. 160 de la Constitution, art. 14 des lois coordonnées sur le Conseil d’Etat).

cfr. Constitution art. 142, 144 et 145.

E

ENQUETE L’enquête est une procédure qui permet de recueillir des témoignages afin d’établir la véracité des faits allégués par une partie et contestés par l’autre. Elle ne peut être utilisée que dans la mesure où, compte tenu de la nature de la contestation, le droit matériel autorise la preuve par témoins (ainsi cfr. l'exigence d'un écrit pour toutes choses excédant 15.000F.: art. 1341 du Code Civil). L’enquête n'est admise que pour rapporter la preuve d'un fait précis et pertinent. Par exemple, en droit social, on recourt parfois à l'audition de travailleurs en vue d'établir un fait précis pour apprécier si le licenciement d'un ancien collègue (ouvrier) est un licenciement abusif. En vue de respecter les droits de la défense, l’enquête directe, qui est celle sollicitée par le demandeur, est suivie d'une enquête contraire qui permet au défendeur de réfuter les allégations de son adversaire. La requête en vue de l'octroi d'une enquête contraire doit être déposée au greffe dans les 30 jours. Ce délai n'est pas prescrit à peine de déchéance. L’enquête peut également être ordonnée d’office par le juge. L’enquête est tenue par les juges qui l'ont autorisée ou ordonnée ou par le juge qui sera désigné dans le jugement. Le jugement qui autorise ou ordonne l'enquête n’est pas susceptible d’opposition mais bien d'appel (cfr. art. 920 C.J.; cfr. art. 915 à 961 C.J.).

EVOCATION cfr. effet dévolutif de l’appel. EXCEPTION

L'exception est un moyen de défense opposé à la demande et qui tend soit à faire déclarer la procédure irrégulière soit à en suspendre le cours. 1) classification des exceptions : Trois sortes d'exceptions peuvent être distinguées: a) les exceptions dilatoires : Elles ont en commun de différer le cours de l'instance. L'instance est retardée provisoirement. Exemples: exception de litispendance ou de connexité;

exception de caution opposée à l'action du demandeur étranger (art. 851 et 852 C.J.) . b) les déclinatoires de compétence : Les déclinatoires de compétence sont des exceptions déduites de l'incompétence (matérielle ou territoriale) du juge saisi. Elles tendent à obtenir le renvoi de la cause au juge normalement compétent par le biais éventuel du tribunal d'arrondissement (cfr. verbo règlement des conflits de compétence et tribunal d'arrondissement).

c) les exceptions de nullité : L'exception de nullité peut être invoquée en cas de méconnaissance d'une formalité légalement assignée à un acte de procédure. La théorie des nullités est prévue aux articles 860 et suivants du C.J.. Exemple: la citation contient un vice de forme, le défendeur soulève l'exception de nullité. 2) régime procédural des exceptions : En vue d'éviter des manoeuvres dilatoires intempestives, le législateur impose normalement à la partie d'avoir à soulever immédiatement l'exception dont elle se prévaut. Hormis certaines exceptions qui concernent l'ordre public, les exceptions doivent être proposées conjointement et avant toutes défenses au fond (art. 854, 856, 864 al. 2, 868). cfr.: - art. 774 al. 2 - théorie des nullités: art. 860 et suivants C.J. - règlements des exceptions: art. 854, 856, 864 al. 2 et 868 et 869 C.J. cfr. aussi verbo: règlement des conflits de compétence, litispendance, connexité, caution de l'étranger demandeur, exception de chose jugée.

EXCEPTION DE CHOSE JUGEE Lorsqu'une seconde procédure est introduite à propos d'une demande qui a déjà donné lieu à un jugement entre les mêmes parties agissant en même qualité, le défendeur peut invoquer l'exception de chose jugée. Dans ce cas, le juge devra déclarer la seconde procédure irrecevable en raison de l'exception de chose jugée qui s'attache au premier jugement déjà prononcé. L’autorité de chose jugée s'attache à tout jugement définitif tant que celui-ci n'a pas été réformé. En matière civile, l'autorité de chose jugée n'est pas, en règle, d'ordre public (Cass. 19.10.1987, Pas. 1988, p.186). Selon la Cour du travail de Mons, elle peut être invoquée la première fois en appel (C.T. Mons, 6è ch., 31 mars 1995, R.G. 10.634, A. C/ UNMN). Il ne faut pas confondre l’exception de chose jugée qui peut être invoquée à l'égard d'un jugement dès qu’il est prononcé, avec la force de chose jugée (art. 28; cfr. art. 25 à 27 C.J., cfr. verbo autorité de chose jugée, force de chose jugée).

EXECUTION PROVISOIRE L'exécution provisoire permet de faire échec au caractère suspensif des voies de recours ordinaires (appel et opposition). La partie condamnée doit exécuter le jugement nonobstant le fait qu'elle interjette appel ou forme opposition. L'exécution est toutefois provisoire dans la mesure où les choses seront remises dans leur état initial si le jugement qui a octroyé l’exécution provisoire est réformé en appel. L’exécution provisoire doit être demandée sauf dans les cas où elle opère de plein droit.

Le juge qui prononce l'exécution provisoire peut la subordonner à la constitution d'une garantie ou d'une caution. Il existe des cas dans lesquels l'exécution provisoire joue de plein droit sans qu'elle doive être demandée. C'est le cas, notamment, des décisions en matière d'assistance judiciaire (art. 683 C.J.), des jugements prescrivant une mesure d'instruction (art. 1496 C.J.), des ordonnances de référé (art. 1039 a1. 2), des décisions prononcées sur requête unilatérale (art. 1029 C.J.), des décisions du juge des saisies (art. 1395 a1. 2 et 1039 C.J.). L'exécution provisoire ne peut être prononcée dans certaines matières relatives à l'état des personnes (cfr. art. 1399 C.J.; cfr. art. 1397 à 1402 du C.J.). cfr : cantonnement

EXEQUATUR L'exequatur permet de rendre exécutoire d'une part, les décisions judiciaires prononcées par un juge étranger, d'autre part les sentences arbitrales. 1) Exequatur des décisions étrangères. Les décisions étrangères ne peuvent être exécutées automatiquement en Belgique sauf les arrêts de la Cour de justice des Communautés européennes. Le bénéficiaire d'une décision étrangère doit introduire une demande d'exequatur auprès du tribunal de première instance. Les décisions étrangères sont exéquaturées par une ordonnance du président du tribunal de première instance saisi sur requête. L’article 570 du Code judiciaire prévoit que le contrôle qui s'exerce sur la décision étrangère est différent suivant qu'il y a lieu ou pas à l'application d'un traité entre la Belgique et le pays où la décision a été rendue. En l'absence de traité, le contrôle porte sur des conditions de forme et de fond (ex. respect de l'ordre public, des droits de la défense). cfr. art. 570 C.J.. 2) Exequatur des sentences arbitrales. Une procédure similaire à l’exequatur des décisions étrangères est prévue aux articles 1710 à 1715 du Code judiciaire pour les sentences rendues en Belgique et à l'article 1719 pour les sentences rendues à l'étranger (cfr. aussi sentence arbitrale). cfr : art. 586, 1710 à 1715 et 1719 C.J.

EXPEDITION L'expédition ou "grosse du jugement" est une copie intégrale de la décision revêtue de la formule exécutoire qui est délivrée par le greffier aux parties qui en font la demande. Seule l'expédition permet à l'huissier de signifier donc d'exécuter le jugement. Les expéditions ne peuvent être délivrées qu'aux parties qui ne peuvent en obtenir qu'une seule. Une procédure particulière est prévue dans le Code judiciaire en cas de perte de l'expédition pour en obtenir une seconde (cfr. art. 79, 173, 790, 791, 800, 892 et 1379 C.J., signification).

EXPERTISE

L'expertise est une procédure qui permet d'obtenir la désignation de personnes ayant une compétence technique ou scientifique que le juriste ne possède pas de manière à éclairer le juge sur des questions techniques. L'expert peut être un médecin, un architecte, un ingénieur, un réviseur d'entreprise, un comptable, etc. L'expert qui ne peut se prononcer sur des questions juridiques donne un avis qui

ne lie pas le juge. La mission de l'expert est définie par le juge, elle peut être étendue au cours de l'instance.

Mode de désignation des experts : Généralement, l'expert intervient dans le cadre d'une procédure en cours, à titre de mesure d'instruction. L’expertise peut être demandée en référé s'il y a urgence indépendamment d'une citation au fond. Elle peut être demandée par requête unilatérale, soit en cas d’absolue nécessité soit dans les cas où la requête unilatérale est autorisée par la loi.

Désignation de l’expert : L’expert peut être choisi de commun accord par les parties ou désigné par le juge. Le juge peut désigner un expert ou plusieurs qui travailleront en collège. cfr : art. 964 C.J. Déroulement de la procédure d’expertise : Le Code Judiciaire prévoit un contrôle du juge sur le déroulement des opérations d'expertise. Après avoir essayé de concilier les parties, l'expert doit respecter à tous les stades des opérations de l’expertise le caractère contradictoire. On renvoie pour le déroulement concret des opérations de l’expertise aux articles 974 à 980 du C.J. Récusation de l'expert : L'expert peut refuser sa mission s'il existe un motif pour lequel les parties pourraient le récuser. Les parties peuvent également mettre en oeuvre la procédure de récusation. La récusation n’est admise que pour des causes survenues ou connues depuis la nomination de l'expert; elle n'est plus possible après le dépôt du rapport. La récusation des experts est permise pour les mêmes motifs que celle des juges. Si une partie estime, dans cette hypothèse, que l’expert a manqué d'objectivité, elle ne peut plus demander que l’écartement du rapport. cfr : art. 966 à 971 C.J. et 828 C.J. Le rapport d’expertise : Le rapport d’expertise comprend les préliminaires d'une part et l' avis motivé et la conclusion d’autre part. Le rapport doit être signé par tous les experts et la signature doit être précédée de la formule du serment et ce à peine de nullité depuis la loi du 27 mai 1994 modifiant l’article 979 al. 3 du C.J.. L'état des honoraires et frais de l'expert est inscrit au bas du rapport. Détermination des honoraires et frais par le juge : L'article 990 du Code judiciaire permet à l’expert de ne commencer sa mission qu’après consignation d'une provision au greffe. En pratique, alors que le Code judiciaire ne prévoit que la possibilité d'une consignation au greffe, l'expert ne pouvant être provisionné avant le dépôt du rapport (sauf exception), la pratique est au contraire d'octroyer une provision directement entre les mains de l'expert. Les honoraires de l'expert peuvent être contestés par une partie devant le juge. La prise en charge de la provision appartient au demandeur de la procédure d’expertise. Le coût final de l’expertise (qui fait partie des dépens) sera à charge de la personne qui perd le procès avec une exception importante pour les matières de sécurité sociale (cfr. art. 1017 a1. 2 du C.J.).

EXPERTISE MEDICALE EN SECURITE SOCIALE Dans les différents secteurs de la sécurité sociale, 1e juge recourt très fréquemment à une expertise médicale. Ce sont les litiges les plus fréquents dans la matière de l’assurance maladie- invalidité pour déterminer si le travailleur présente le taux d'incapacité requis (art. 100 de la loi coordonnée en assurance maladie- invalidité : réduction de capacité de 2/3 pour les travailleurs salariés, art. 19 de l'arrêté royal du 20 juillet 1971 pour les travailleurs indépendants). L'expertise médicale est également utilisée dans la matière des allocations aux handicapés, allocations familiales majorées pour les enfants handicapés et accidents du travail. Elle peut être également ordonnée par le juge en matière d'allocations de chômage lorsqu'un chômeur conteste son aptitude au travail. Sauf demande téméraire ou vexatoire, le coût de l'expertise médicale est à charge de l'organisme social ou de l’assureur (cfr. art. 1017 a1. 2 du C.J.; cfr. art. 962 à 991 du C.J.).

EXPLOIT La signification est la remise d'une copie d'un acte. La signification peut être opérée exclusivement par un huissier de justice. On appelle « exploit » l'acte qui est signifié. Les mentions obligatoires d'un exploit de signification sont énumérées à l'article 43 du C.J. (cfr. C.J.: art. 32, 43; cfr. aussi: signification, citation).

F

FEUILLE D'AUDIENCE

La feuille d'audience est un acte authentique qui permet de constater la régularité de la procédure. C’est un document signé par le président et le greffier, sur lequel est mentionné brièvement par audience ce qui s'est passé en chaque affaire. La feuille d'audience ne doit pas être confondue avec le procès-verbal d'audience qui est seulement une pièce administrative interne avec une valeur purement indicative. Vu que la feuille d'audience est un acte authentique, en cas de contrariété entre la feuille d'audience et le P.V. d'audience, seules les mentions de la feuille d'audience seront prises en considération. La feuille d'audience comporte la minute du jugement et mentionne en outre : 1° le jour et l'heure à laquelle l'audience a été ouverte et s'est clôturée, 2° les actes de procédure accomplis, 3° chaque affaire traitée, avec l'indication de son numéro d'inscription au rôle

général et des noms des parties et de leurs avocats. Les feuilles d'audiences sont réunies par année en forme de registre (cfr. art. 753, 754 du C.J.; cfr. verbo : procès-verbal d'audience).

FORCE EXECUTOIRE La force exécutoire est une caractéristique qui s'attache aux décisions judiciaires, à certains actes notariés ou actes administratifs et qui permet d'exécuter, le cas échéant au moyen d'une saisie, ou avec l'aide de la force publique, la décision judiciaire ou l'acte concerné. Chaque jugement qui a autorité de chose jugée est doté de la force exécutoire. Certains jugements également qui n'ont pas encore autorité de chose jugée, sont dotés de la force exécutoire, par exemple: - jugement qui octroie l'assistance judiciaire (art. 653 C.J.), - en cas de désistement d'instance (art. 527 C.J.), - en cas de récusation de l'expert (art. 971 C.J.), - procédure sur requête unilatérale (art. 1029 C.J.), - ordonnance rendue en référé (art. 1039 C.J.), - opposition des scellés (art. 1163 C.J.), - jugement où le juge accorde l'exécution provisoire (art. 1395 C.J.), - mesure d'instruction (art. 1496 C.J.).

Suite au principe de la séparation des pouvoirs, la Constitution prévoit que les jugements et arrêts sont exécutés au nom du Roi. La force exécutoire d'un jugement s'effectue par l'établissement d'une copie authentique du jugement, signée par le greffier qui la délivre, et revêtue de la formule exécutoire (cfr. art. 1356, 1397, 1402 C.J., cfr. aussi formule exécutoire, autorité de chose jugée).

FORCE MAJEURE La force majeure découle d'un événement indépendant de la volonté des parties que celles-ci n'ont pas prévu, ni soupçonné, et qui rend l'exécution de l’obligation impossible. La force majeure présuppose un obstacle insurmontable. Le fait que l'exécution d'une obligation soit rendue plus difficile ne suffit pas pour qu'il y ait force majeure.

FORMULE EXECUTOIRE

cfr. force exécutoire.

FRAIS ET DEPENS Tout jugement définitif prononce, même d'office, la condamnation aux dépens contre la partie qui a succombé, à moins que des lois particulières n'en disposent autrement et sans préjudice de l'accord des parties (art. 1017 al. 1er C.J.). La condamnation aux dépens n'est afférente qu'aux jugements définitifs. Tel n'est pas le cas des jugements d'instruction ou ordonnances de référé qui ne portent pas de préjudice au fond du litige. Dans les matières de sécurité sociale et d’assistance sociale visées par les articles 580, 581 et 582, 1° et 2° du C.J., les dépens sont à charge de l'autorité ou de l'organisation chargé d'appliquer les législations de sécurité sociale ou d'assistance sociale (art. 1017 al. 2 C.J.). Cette règle ne s'applique pas à l'Office National de Sécurité Sociale pour des demandes introduites par ou contre des employeurs tenus de payer des cotisations, ni à l'Institut National d'assurances sociales pour travailleurs indépendants, ni à l’état belge, ministère des finances servant des pensions aux travailleurs pensionnés du secteur public. Ce n'est que si la demande est téméraire ou vexatoire que l'organisme des sécurité sociale peut demander la condamnation du particulier aux dépens. Lorsque l’assujetti social n'informe pas la caisse d'assurances sociales de la cessation de toute activité de travailleur indépendant comme il a l'obligation de le faire, l'article 1382 du Code Civil déroge à l'article 1017 du C.J., permettant au juge de mettre les dépens des actions, introduites par la caisse pour obtenir le paiement des cotisations, à charge de l’assujetti qui, par sa faute a rendu nécessaire l'action introduite : Cass. 24 avril 1978, R.D.S. 1978, p. 337. Pour les frais de citations successives lancées par l'ONSS, cfr. C.T. Mons, 18 novembre 1992, J.T.T. 1993, 380; C.T. Liège, 23 mars 1990, C.D.S. 1993, 120 + note; T.T. Bruxelles, 7 février 1991, J.L.M.B. 1991, 1492. Les dépens comprennent différents frais énumérés à l'article 1018 du C.J.. Les frais les plus fréquent sont: le coût de la mise au rôle, les droits de greffe comportant le droit de rédaction et le droit d'expédition, le coût de l'expédition du jugement, les frais de toutes mesures d'instruction notamment l'expertise,

l'indemnité de procédure (cfr. art. 1018 C.J.). Les parties déposent un relevé détaillé de leurs dépens respectifs. Lorsque les dépens n'ont pas été liquidés ou ne l’ont été que partiellement, une procédure distincte doit être intentée en vue d'obtenir la liquidation des dépens (cfr. art. 1021 al. 2 C.J.; cfr. indemnité de procédure; art. 1022 C.J. et A.R. du 30.11.1970, tarif civil). Indemnité de procédure : L'indemnité de procédure est censée représenter la rémunération de l’avocat pour les actes matériels qu'il accomplit en sa qualité de mandataire ad litem. Elle est octroyée au justiciable assisté d'un avocat qui gagne le procès. Elle est due même si la partie a obtenu le bénéfice de l'assistance judiciaire ou si l'avocat a été désigné par le Bureau de consultation et de défense. Elle est due également en cas de jugement par défaut. Les indemnités de procédure et de débours ne sont pas dues en cas de comparution devant le juge visant à faire acter un accord en matière d'accidents de travail ou de maladies professionnelles, ou si le défendeur, avant la mise au rôle, fait droit à la demande et s'acquitte de ses obligations, en principal, intérêts et frais, à l'exception de l'indemnité de débours prévue à l'article 6 pour les actes matériels déjà accomplis (cfr. A.R. du 30.11.1970 fixant pour l'exécution de l'art. 1022 C.J., le tarif des dépens recouvrables, modifié par A.R. du 23.11.1976). Le montant de l’indemnité de procédure varie en fonction du montant réclamé dans l'exploit introductif d'instance et non en fonction de ce qui est alloué par le juge (art. 3, 4è al., A.R. 30.11.1970 qui renvoie aux règles établies en vue de la détermination de la compétence et du ressort (art. 557 à 562 et 618 du C.J.). En degré d'appel, le juge ne peut allouer à une partie que l'indemnité de procédure d'instance telle que d'application au jour du prononcé de la décision des premiers juges et non celle en vigueur au jour du prononcé de l'arrêt (C.T. Liège, 3è ch., 11 janvier 1993, R.G. 7959/80 R C/ F..M.P.; cfr. R. MANETTE). Les indemnités de procédure et de débours devant les juridictions du travail, Ann. droit de Liège, 1983, 151 note 44.

I

INDIVISIBILITE

Un litige est indivisible quand l’exécution conjointe de décisions différentes serait matériellement impossible. Cette notion doit être interprétée strictement de sorte que des condamnations au paiement d'une somme d'argent ne sont pas matériellement impossibles même si les décisions qui portent ces condamnations sont contradictoires (cfr. art. 31, 753, 1053, 1084, 1135).

INTERET L’intérêt consiste en tout avantage matériel ou moral effectif mais non théorique que le demandeur peut retirer de la demande au moment où il la forme, dût la reconnaissance du droit n’être établie - ou non établie - qu'à la prononciation du jugement. L’intérêt est une condition de recevabilité de l’action. L’article 18 du C.J. pose que l’intérêt doit être né et actuel. L’al. 2 de l’art. 18 autorise également une action en vue de prévenir la violation d’un droit gravement menacé. L’intérêt doit également être concret. Les jur idictions n’ont pas été instaurées pour résoudre, à des fins théoriques, des controverses juridiques. Enfin, l’intérêt doit être personnel et direct. Le demandeur doit retirer en principe directement un intérêt pour lui. Il existe toutefois des lois particulières qui autorisent une action intentée par un groupement, une ASBL (intérêt collectif, ex. : loi contre le racisme et la xénophobie). La fin de non recevoir déduite du défaut d'intérêt relève de l'ordre public et peut être soulevée d'office par le juge. Exemples : - l’action en nullité d’un legs ne peut être intentée que par celui qui profite du

legs annulé, - le plaideur qui a obtenu tout ce qu’il demandait ne peut interjeter appel ou se

pourvoir en Cassation. Si, en principe, une partie n'est pas recevable, faute d’intérêt, à interjeter appel d'un jugement rendu conformément à ses conclusions, il en est autrement lorsque son appel tend à voir rectifier une erreur de droit ou de fait commise par elle devant le premier juge mais à la condition qu'elle n’introduise pas, de la sorte, une demande dont le premier juge n’a pas été saisi (C.T. Mons, 15 avril 1992, J.T.T. 1993, P. 79) .

La requête introduite par un secrétaire fédéral d’une organisation syndicale d'où il n’apparaît pas que celui-ci a agi en qualité de travailleur intéressé ou au nom de cette organisation, n’est pas recevable à défaut intérêt et de qualité (Cass. 3è ch., 5 mars 1984, JTT 1985, p. 102) . (cfr. art. 17 et 18 C.J.; cfr. recevabilité).

INTERETS MORATOIRES, JUDICIAIRES, LEGAUX & CONVENTIONNELS

Les intérêts moratoires (ou de retard) sont dus à partir de la mise en demeure et au taux fixé par la loi. Ils ne sont donc pas dus de plein droit, sauf exceptions prévues par la loi (ex.: art. 10 de la loi du 12 avril 1965 sur la protection de la rémunération) ou s’ils ont été prévus par convention. Dans ce cas, on parle d’intérêts conventionnels dont le taux est déterminé par la convention. Les intérêts judiciaires sont alloués par le juge à partir de l’acte introductif d’instance jusqu'au jour du paiement. Ils se substituent ainsi aux intérêts moratoires à partir de la citation ou de la requête. Le taux de l’intérêt légal est de 7% depuis le 1er septembre 1996.

En ce qui concerne les intérêts légaux sur la rémunération du travailleur, ils sont dus sur base de la rémunération nette et non sur le montant brut (Cass. 10 mars 1986, CDS 1986, p. 101.) Le litige limité au calcul des intérêts moratoires même si ceux-ci sont 1 'accessoire de prestations sociales, n'est pas d'ordre public. L'acquiescement est dès lors possible (C.T. Mons, 10 janvier 1992, JTT 1992, p. 151) ; (cfr. art. 557 C.J. (intérêts judiciaires) , art. 1153 et 1907 C.Civil).

INTERPRETATION ET RECTIFICATION DU JUGEMENT

Un jugement peut donner lieu à interprétation lorsque la décision est obscure ou ambiguë (art. 793 C.J.). Un jugement peut être rectifié lorsqu'il contient des erreurs matérielles ou de calcul sans cependant que puissent être étendus, restreints ou modifiés les droits qu'elle a consacrés (art. 794 C.J.) (cfr. Cass. 5 mars 1990, JTT 1990, p. 369). Les demandes d'interprétation et de rectification sont portées devant le juge qui a rendu la décision à interpréter ou à rectifier. Ces demandes sont introduites suivant les règles de la comparution volontaire en cas d'accord des parties, à défaut, dans la forme ordinaire des citations. L’interprétation et la rectification ne peuvent être décidées d'office. Sauf de l'accord de toutes les parties, la demande d'interprétation ne peut être formée avant l'expiration des délais d'appel ou de pourvoi en cassation. Elle ne peut être formée lorsque la décision a été frappée d'appel ou de pourvoi. Le greffier fait mention du dispositif de la décision interprétative ou rectificative en marge de la décision interprétée ou rectifiée (cfr. Code judiciaire art. 793 à 801).

INTERVENTION VOLONTAIRE cfr. verbo : « demande (classification des demandes: demande en intervention) » et « comparution volontaire ».

INTRODUCTION DE LA DEMANDE Les demandes en justice sont portées devant le juge en principe par exploit de citation signifiée par huissier de justice. La citation doit, à peine de nullité, comporter les mentions prévues aux articles 43 et 702 du Code judiciaire. Dans toutes les affaires, les parties peuvent aussi comparaître volontairement aux audiences introduites devant les tribunaux de première instance: un procès-verbal est établi par les parties à l'audience publique ou avant l'audience et est déposé au greffe. Ce procès-verbal remplace la citation. Devant les tribunaux du travail, un grand nombre de contestations sont introduites par requête déposée au greffe ou par lettre recommandée au greffe (cfr. verbo. requête). La requête

n'est pas soumise à des formes précises fixées par la loi (cfr. art. 700 à 710 du C.J., cfr. aussi: exploit, citation, comparution volontaire, requête).

J

JUGEMENT

Un jugement est une décision de justice prononcée par un tribunal (juge de paix, tribunal de première instance, de police, de travail ou de commerce), par opposition à l'arrêt qui émane d'une Cour. a) classification des jugements.

- jugement définitif: jugement qui tranche le fond du litige ou une question

litigieuse portant sur le fond de l'affaire ou la recevabilité ou la compétence (art. 19 du C.J.) .

- jugement avant dire droit: 2 catégories: soit jugements qui ordonnent une mesure d'instruction, soit jugements qui règlent provisoirement la situation des parties (= jugement provisoire) .

- jugement contradictoire: les parties sont présentes à l'audience. - jugement par défaut: lorsqu'une partie fait défaut c'est à dire n'est pas

présente à l'audience (cfr. pour plus de détails verbo "défaut") . - jugement mixte : jugement qui contient à la fois des dispositions définitives

sur certains chefs de demande et statue avant dire droit sur d'autres éléments du litige.

- jugement d'accord ou jugement d'expédient: c'est un jugement qui acte l'accord des parties conclu sur la solution du litige dans la mesure où cet accord est possible en raison de la matière d'une part et de la capacité des parties d'autre part. Ce jugement permet de conférer aux parties un titre authentique. Il n'est pas toujours susceptible d'être attaqué par le biais des voies de recours classiques. Un recours n'est ouvert aux parties que si l'accord n'a pas été régulièrement formé, soit il est entaché d'un vice de consentement (erreur, dol, violence) soit, il est contraire à l'ordre public (cfr. art. 1043 du C.J.) .

b) motivation et mentions des jugements (art. 149 de la Constitution.)

Tout jugement doit être motivé sous peine d'entraîner sa cassation par la Cour de Cassation s’il a été rendu en dernier ressort. Il doit également contenir à peine de nullité certaines indications contenues à l'article 780 du C.J.: indication du juge ou du tribunal dont il émane, nom, prénom et domicile des parties, objet de la demande, réponse aux conclusions et moyens des parties, mention de l'avis du ministère public, mention et date de la prononciation en audience publique. Le jugement est prononcé en audience publique.

c) recours. Les voies de nullité n'existent pas pour les jugements. Ceux-ci peuvent être attaqués uniquement par les voies de recours ordinaires et extraordinaires

(cfr. verbo : recours, appel, opposition, pourvoi en cassation; expédition, signification, interprétation et rectification du jugement; autorité de chose jugée; cfr. art. 149 de la Constitution, art. 780 du C.J.).

d) effets du jugement. Le jugement éteint l'instance et dessaisit le juge dans la limite de ce qui a été tranché. L'expédition du jugement ou sa copie certifiée conforme par le greffier fait preuve jusqu'à inscription de faux. Effet obligatoire: la décision de justice tout en constatant l'existence d'un droit, le rend efficace et certain; elle permet au droit reconnu de sortir ses effets. Malgré la relativité de la chose jugée, l'existence du jugement ne peut être méconnue par les tiers (par exemple: jugement rendu dans le domaine de l'état et la capacité des personnes) .Autorité de la chose jugée: cfr. verbo "autorité de chose jugée" et « exception de chose jugée ».

JUGEMENT PAR DEFAUT REPUTE CONTRADICTOIRE

Un jugement par défaut réputé contradictoire est un jugement qui peut être pris contre une partie qui fait défaut à l'audience ou qui n’a a pas conclu dans les délais fixés et contre lequel la partie défaillante ne peut pas faire opposition. La procédure est prévue à l'article 751 du Code judiciaire qui dispose que l'avertissement donné à la partie défaillante doit être donné par huissier de justice ou notifié par pli judiciaire par le greffe suivant le mode de signification de la citation introductive d’instance. Il est à noter qu'en cas de renvoi au rôle, l'article 751 cesse de produire ses effets tandis qu'en cas de remise à une date fixe de l’affaire, le bénéfice de l'application de cette disposition est conservé (cfr. art. 751 C.J.; pour les délais pour le dépôt des conclusions: cfr. verbo « conclusions ».

L

LITISPENDANCE

Il y a litispendance lorsque des demandes sont formées sur le même objet et pour la même cause, entre les mêmes parties agissant en même qualité, devant plusieurs tribunaux différents compétents, pour en connaître et appelés à statuer au premier degré de juridiction. En vue d’éviter une contrariété de jugements rendus par des juridictions différentes, dans des affaires identiques, les articles 565 et 856 du C.J. organisent le dessaisissement d'un des deux juges valablement saisis et la jonction des affaires. Le règlement de la litispendance s'effectue selon un ordre de préférence prévu à l'article 565 du C.J.. Il ne faut pas confondre la litispendance qui exige une triple identité (objet, partie et cause) avec la connexité (cfr. art. 29, 634, 565, 856 C.J.; cfr. Connexité, déclinatoire de compétence).

M

MINUTE

La minute est l'original du jugement qui est signé par les juges et le greffier. C'est un acte authentique qui est déposé et conservé au greffe. Il est délivré des expéditions et de simples copies du jugement. Par exception, une ordonnance de référé peut être exécutée sur minute, celle-ci étant remise à l'huissier de justice qui, après l'exécution, la restitue au greffe (cfr. art. 173, 782-783, cfr. aussi feuille d'audience).

MISE AU ROLE Dès que le droit de rôle est payé, le greffier peut inscrire l'affaire au rôle général. Cette inscription doit avoir lieu au plus tard la veille du jour de l'audience pour laquelle la citation a été donnée. Lorsqu’il existe de justes motifs, le juge de paix ou le président de chambre peut autoriser l'inscription le jour de l’audience. Si l'affaire n'est pas inscrite au rôle général avant l'audience qui est indiquée dans la citation, celle-ci n'a aucune valeur (art. 717 C.J.). Toutefois si l'acte a été présenté au greffe en temps utile mais que le greffier a tardé à inscrire l'affaire au rôle, la validité de l'acte ne peut être attaquée lorsqu’une citation n’est pas suivie d’une inscription de la cause au rôle général, le juge n’est pas saisi de la cause, de sorte que la citation n’interrompt pas la prescription (art. 2244 et 2247 C.civ.) (Cass., 4 mars 1994, J.T., 1994, p 525) (cfr. art. 716 à 719 C.J.; rôle des affaires).

N

NOTIFICATION

Le Code Judiciaire fait une distinction entre la notification et la signification. La signification s'effectue par huissier de justice tandis que la notification s'effectue par pli postal à la requête du greffier. La signification est la règle générale pour la communication des actes de procédure. La notification est l’exception. Lorsqu’une affaire est introduite par citation, la citation est signifiée par huissier de justice. Si l'affaire est introduite par requête, celle-ci est notifiée aux parties par lettre recommandée, par le greffier. Une fois prononcé, le jugement est lui aussi notifié aux parties. Par application de l’article 1051 C. jud. le délai d’appel d’un mois court à dater de cette notification faite conformément à l’article 792 C. jud. . La notification intervient à la date du dépôt du pli judiciaire à la poste par application de l’article 32, 2° du Code judiciaire (C.T. Mons, 21 décembre 1995, RG 12.910, O.N.Em c/ Costa). En ce qui concerne la notification d'une décision administrative par lettre recommandée, la Cour de cassation pose que la notification est réalisée au moment où la lettre recommandée à la poste est présentée à l'adresse utile et que, trouvant porte close, le facteur laisse un avis invitant le destinataire à retirer ce pli au guichet de la poste (Cass. 16 septembre 1991, Pas. 1992, 1, 415; Cass. 24 janvier 1986, Pas. 1986, I, p. 619; cfr. aussi jurisprudence citée au verbo : "requête contradictoire"; cfr. art. 32 C.J., cfr. aussi: signification, appel).

O

OMISSION DU ROLE

Si l'instruction de l'affaire révèle un retard anormal, la cause peut être omise d'office du rôle des audiences. Par ailleurs, sont d'office omises du rôle général toutes les causes qui sont inscrites au rôle depuis plus de trois ans et dont les débats n'ont pas été ouverts ou n’ont plus été continués depuis plus de trois ans; ainsi, si une remise a été sollicitée dans les trois ans, il n'y a pas lieu à omission d'office (art. 730 par. 2).Toute cause omise du rôle d'audience peut y être ramenée par la partie la plus diligente sans autres formalités qu'une demande adressée au président de la chambre. L’omission d'une cause n'éteint ni le droit, ni l'instance. Cette notion n'est pas à confondre avec la radiation du rôle (cfr. art. 730 par. 2 et par. 3 C.J., cfr. radiation du rôle).

OPPOSITION L'opposition est une voie de recours ordinaire qui est dirigée contre un jugement par défaut et par laquelle l'affaire est à nouveau traitée par le tribunal qui a rendu ce jugement par défaut. L’opposition est ouverte à une partie qui a fait défaut et contre laquelle un jugement par défaut a été rendu. La partie qui fait opposition ne doit pas donner de justification au fait qu'elle a fait défaut. Faire défaut est un droit de la défense et le défaillant peut avoir différentes raisons, par exemple : - soit parce qu'il est convaincu de son bon droit, qu'il fait confiance au juge pour

rejeter les prétentions de son adversaire, - soit au contraire parce qu'il est conscient de ce qu'il n'a rien à faire valoir et

que dès lors il ne désire pas perdre son temps au tribunal, - soit parce qu'il estime ne pas être prêt à se défendre: il lui manque des

éléments pour composer son dossier lui-même ou parce qu'il n'a pas eu l'occasion d'aller consulter un avocat etc.

L'opposition est ouverte contre tous jugements par défaut sans qu'une distinction doive être faite entre le défaut du demandeur ou du défendeur, - le défaut en première instance ou en appel, - et sans aucune limitation en ce qui concerne le montant de la demande et de la

condamnation pour les exceptions au droit de former opposition (cfr. la rubrique « instance»).

L’opposition n'est pas possible contre un jugement par défaut réputé contradictoire lorsque la partie demanderesse a observé les prescriptions des articles 751 et 753 du C.J. Il n'y a pas non plus d'opposition possible contre des jugements qui ont été rendus par défaut en première instance: une opposition sur une opposition n'est pas recevable. Qui peut former opposition ? L'opposition est ouverte à la partie qui a fait défaut et qui est préjudiciée par la décision attaquée. Il faut donc : a) que l'opposant puisse être considéré comme partie à l'instance, c’est-à-dire

qu'il doit avoir été appelé à comparaître. C'est pour cette raison que ce n'est pas l'opposition mais en réalité la tierce opposition qui est ouverte à ceux qui ne sont pas intervenus dans la procédure sur requête unilatérale

b) qu'il ait été défaillant, c'est-à-dire qu'il n'ait vas comparu soit lors de l'audience d'introduction soit à une audience ultérieure ou qu'après avoir comparu il n'ait pas conclu

c) que la décision ait porté préjudice à l’opposant. Formes de l’opposition : L'opposition est formée en principe par exploit d’huissier de justice. Cet exploit doit, à peine de nullité, contenir les moyens du demandeur sur opposition. Les délais ordinaires de citation doivent être respectés (art. 707 du C.J.) et l'affaire doit être inscrite au rôle (art. 716 C.J.). L'opposition peut aussi être formée par comparution volontaire. Le P.V. de comparution volontaire doit également compter les moyens de l'opposant (art. 706 du C.J., les règles habituelles de la comparution volontaire s’appliquent ) . Délais opposition : L'opposition doit être formée dans le mois à partir de la signification du jugement (art. 1048 du C.J.) ou de la notification de celui-ci faite conformément à l'article 792 al. 2 et 3. Le délai est prolongé : - jusqu'au prochain jour ouvrable, lorsque le jour de l'échéance tombe un

samedi, dimanche ou un jour férié légal (art. 53 du C.J.) - lorsque la partie citée à comparaître n'a pas de domicile en Belgique, ni de

résidence ou de domicile élu (art. 55 du C.J.). Une exception existe pour les ordonnances de référé et les procédures devant le juge des saisies où le délai n'est pas prolongé

- lorsque le délai pour former opposition prend cours et expire pendant les vacances judiciaires, il est prolongé jusqu’au 15è jour de l'année judiciaire

- en cas de force majeure - en cas de décès, le délai est suspendu et la procédure de l'article 56 du C.J. doit

être suivie.

Effets de opposition : - l'opposition renvoie le litige devant le premier juge, - l’opposition suspend l'exécution du jugement rendu par défaut à moins que le

juge ait accordé l'exécution provisoire. Lorsqu'un jugement prescrit une mesure d'instruction, l'exécution provisoire est de droit, de même que pour les mesures qui concernent cette mesure d'instruction (art. 1496 du C.J.) .De même, les ordonnances en référé demeurent exécutoires de plein droit nonobstant l'opposition (art. 1039 al. 2 du C.J.); les décisions du juge des saisies qui ont trait aux saisies conservatoires et aux voies d'exécution sont également exécutoires de plein droit (art. 1395 al. 2 du C.J.; cfr. art. 1047 à 1049 du

C.J.; cfr. voies de recours; défaut; exploit; comparution volontaire; tierce

opposition).

ORDONNANCE L’ordonnance est une décision de justice qui émane du président d'un des trois tribunaux siégeant en référé ou d'un juge commis pour procéder à un devoir de preuve, ou d'un magistrat statuant sur requête unilatérale (cfr. ordonnance du juge des saisies; cfr. référé, urgence).

ORDRE PUBLIC L'ordre public est une conception d'ensemble de la vie en commun. Le contenu de cette notion varie suivant les sociétés. Dans les différentes branches du droit, il existe des règles d'ordre public obligatoires auxquelles les parties ne peuvent déroger parce qu'elles sont estimées nécessaires pour des raisons de moralité et de sécurité qui sont impératives dans les rapports sociaux. Quand une règle est d'ordre public, sa violation peut être soulevée par toutes les parties mais surtout, elle doit être soulevée par le Ministère Public et par le tribunal lui-même. Un moyen d'ordre public peut pour la première fois être invoqué devant la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat. On oppose aux règles d'ordre public, les règles d'ordre privé dont la violation ne peut pas être soulevée d'office par le juge (cfr. aussi verbo «compétences impératives et compétences d'ordre public »).

P

POURVOI EN CASSATION

Le Pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire par laquelle la cour de Cassation apprécie la légalité des décisions du juge. La Cour de Cassation ne connaît pas du fond du litige c.à.d. qu'elle ne se prononce pas sur les faits qui ont été souverainement appréciés par le juge du fond. Après avoir vérifié la légalité de la décision, la Cour de Cassation, après une cassation, ordonne le renvoi du litige à une Cour ou un tribunal. - Délai : Le délai pour introduire le pourvoi en cassation est de trois mois à partir de la signification du jugement sauf quelques exceptions (par exemple en matière de divorce par consentement mutuel). Si la décision jud iciaire n'a pas été signifiée, elle est susceptible de pourvoi en cassation pendant trente ans. Le délai de trois mois peut être prolongé pour les personnes n'ayant pas de domicile ni de résidence en Belgique. Un pourvoi introduit hors délai doit être déclaré d'office irrecevable. - Décisions susceptibles de pourvoi en cassation : Seuls les jugements et arrêts rendus en dernier ressort peuvent faire l'objet d'un pourvoi en cassation. Les décisions susceptibles d’appel ne peuvent pas faire l'objet d'un pourvoi alors même que le délai d'appel serait expiré. Peuvent faire l'objet d'un pourvoi, les jugements ou arrêts tant définitifs qu'avant dire droit ou par défaut. Toutefois, contre le jugement avant dire droit, le pourvoi n'est ouvert qu'après le jugement définitif (art. 1077 C.J.) .Il est ouvert également contre les décisions sur requête unilatérale rendues en dernier ressort. Le pourvoi est recevable quelque soit le montant du procès. - Effets du pourvoi en cassation : - pas d'effet suspensif sur la décision attaquée. La partie qui a obtenu la décision

attaquée peut donc en poursuivre l'exécution. - effet dévolutif limité: la cour de Cassation ne connaît pas des faits: elle ne peut

vérifier que l'exacte application de la loi. Son contrôle porte sur toute violation pour contravention à la loi ou pour violation des formes soit substantielles, soit prescrites à peine de nullité sauf s'ils touchent à l'ordre public ou s’ils sont tirés du jugement ou de l’arrêt lui-même. Exemple: motivation incorrecte, contradictoire. Des moyens nouveaux ne peuvent être invoqués devant la Cour de Cassation.

- Effets des arrêts de la Cour de Cassation :

Si le pourvoi est déclaré recevable, il donne lieu à un arrêt de rejet ou un arrêt de cassation (cfr. art. 608, art. 1073 à 1110 C.J., cfr. arrêts de cassation).

PRESCRIPTION

La prescription est un moyen d'acquérir ou de se libérer par un certain laps de temps et sous les conditions déterminées par la loi.

L’article 2219 du Code Civil distingue deux sortes de prescriptions: la prescription acquisitive (aussi appelée "usucapion") qui permet d'acquérir un droit réel, et la prescription extinctive qui permet d’éteindre un droit réel ou un droit de créance. En matière civile et sociale, la prescription n'est pas d'ordre public. Le juge ne peut suppléer d'office le moyen résultant de la prescription et le ministère public est sans qualité pour en réclamer l'application. En pratique, l'auditorat du travail aura tendance à suggérer à un particulier de consulter un avocat si l'action intentée par l'organisme de sécurité sociale ou l'assureur- loi est prescrite. Les deux sortes de prescriptions (acquisitive et extinctive) sont réglées par les mêmes dispositions en ce qui concerne l'interruption et la suspension des délais. A) L'interruption 1) Causes d'interruption. Le Code civil distingue l'interruption naturelle qui concerne la jouissance des droits réels (art. 2243), de l'interruption civile. La prescription est interrompue suivant l'article 2244 du Code Civil par une citation en justice, un commandement ou une saisie, signifiés à celui qu'on veut empêcher de prescrire. Dans la plupart des secteurs de la sécurité sociale, la prescription est également interrompue par l'envoi d'une lettre recommandée réclamant les prestations indûment octroyées. 2) Effets de l'interruption. Le temps écoulé avant l'interruption est perdu. Une nouvelle prescription recommence à courir dès le lendemain du jour où les actes interruptifs cessent. La prescription nouvelle a la même durée que la prescription de départ B) Suspension La prescription est suspendue lorsque l'écoulement du délai est arrêté pendant un certain temps. 1) causes de suspension. L'idée de base est que la prescription est suspendue à l'égard des personnes qui sont dans l' impossibilité d'agir. Elle est suspendue à l'égard des mineurs et incapables. Elle ne court pas entre époux. Il existe d'autres cas très particuliers de suspension prévus aux articles 2254 à 2258 du Code Civil. 2) effets de la suspension. La suspension pendant un certain temps entraîne la prolongation de la prescription pendant le même laps de temps.

PRESCRIPTION EN SECURITE SOCIALE : délais.

La prescription en droit commun est de 20 ans s’il s’agit d’une action réelle, 10 ans s’il s’agit d’une action personnelle et 5 ans s’il s’agit d’une action sur une responsabilité extra contractuelle. Des prescriptions abrégées existent dans de nombreuses matières civiles et en sécurité sociale où ces délais ne sont pas adoptés. a) chômage : article 7 par. 13 de la loi. du 28/12/1944: action en paiement d'allocations de chômage: 3 ans; action en répétition d’indu: 3 ans & 5 ans si fraude.

b) assurance maladie-invalidité : article 174 de la loi coordonnée du 14/7/94: action en paiement de prestations de l'assurance indemnités et soins de santé: 2 ans; action en répétition de l’indu: 2 ans et 5 ans si fraude. c) accidents du travail : art. 69 de la loi du 10 avril 1971: action en paiement des indemnités: 3 ans; action en répétition de l’indu: 3 ans et 5 ans si fraude. d) maladies professionnelles : action en paiement des allocations: article 2277 du Code Civil: 5 ans; action en répétition de l’indu: art. 44 par. 1er des lois coordonnées du 3 juin 1970: 3 ans; 6 mois si l’indu résulte d'une erreur du Fonds dont l'intéressé ne pouvait normalement se rendre compte; 5 ans si fraude. e) allocations familiales :

1) secteurs salariés : action en paiement: article 120 des lois coordonnées du 19 décembre

1939: 3 ans; action en répétition de l’indu: article 120 bis des lois coordonnées: 5 ans.

2) secteur des indépendants : action en paiement: art. 39 de l’A.R. du 8 avril 1976: 3 ans; action en

répétition d’indu: art. 40 de l’A.R. du 8 avril 1976: 3 ans. 3) prestations familiales garanties : aucune disposition particulière n'est prévue dans la loi du 20 juillet 1971,

d’où application du droit commun: 30 ans.

f) pensions de retraite et de survie :

1) secteur salariés: loi du 13 juin 1966, art. 21 §3; action en répétition de l’indu: 6 mois, 5 ans en cas de fraude ou déclarations inexactes, sciemment incomplètes.

2) secteur des indépendants: art. 36 §2 de l’A.R. N° 72 du 10 novembre

1967; action en répétition de l’indu: 6 mois; 5 ans en cas de fraude ou déclarations inexactes, sciemment incomplètes

3) revenus garantis aux personnes âgées: idem que les pensions dans le

secteur des salariés: art. 21 §3 de la loi du 13 juin 1966. g) handicapés :

Actions en répétition de l’indu: art. 16 de la loi du 27 février 1987: 3 ans ou 1 an s'il y a uniquement une erreur dans le chef de l'administration et que l'intéressé ne peut s'en rendre compte; 5 ans si fraude; action en paiement: 5 ans: article 2277 du Code Civil. Minimex : article 15 de la loi du 7 août 1974: renvoi à l'article 2277 du C. Civil: actions en répétition et en paiement: 5 ans.

h) aide sociale : article 102 de la loi du 8 juillet 1976: action en remboursement des frais de l'aide sociale: renvoi à l'article 2277 du C. Civil: 5 ans.

i) cotisations de sécurité sociale : 1) secteur salarié: action de l'ONSS en vue du remboursement des cotisations

et action contre l'ONSS en répétition de cotisations indues: article 42 de la loi du 27 juin 1969: 3 ans.

2) secteur des indépendants: action en vue du recouvrement des cotisations et

action en répétition de cotisations indues: 5 ans (à partir du 1er janvier qui suit l'année pour lesquelles elles sont dues: article 16 §1er de l'A.R. n° 38 du 27 juillet 1967 et à partir du 1er janvier qui suit celle au cours de laquelle les cotisations indues ont été payées: art. 16 §3).

PRESCRIPTION EN DROIT DU TRAVAIL

Actions naissant du contrat de travail: 1 an après la cessation du contrat ou 5 ans après le fait qui a donné naissance à l'action sans que ce dernier délai puisse excéder un an après la cessation du contrat (art. 15 de la loi 3 juillet 1978) cfr. aussi: délai de 5 ans pour les actions découlant d'une infraction : art. 21 de la loi du 17 avril 1878 contenant : le titre préliminaire du Code d'instruction criminelle, appel.

PREUVE Etablissement de la réalité d'un fait ou de l'existence d'un acte juridique. Lorsque les moyens de preuve sont préalablement déterminés et imposés par la loi, la preuve est dite légale. Dans le cas contraire, elle est libre. Il y a plusieurs espèces de preuves réglementées tantôt par le Code civil (preuve littérale, preuve testimoniale, les présomptions, l'aveu, le serment, 1 'acte de notoriété), tantôt par le Code judiciaire (ce sont les mesures d'instruction: enquête, expertise, comparution personnelle des parties, la descente sur les lieux et la production de documents).

Du point de vue de la charge de la preuve, l'article 870 du Code judiciaire prévoit que c'est à la partie qui allègue des faits à prouver ceux-ci., (cfr. quant à la preuve de l'existence d'un contrat de travail: Cass. 19/9/83, J.T. 1984, P. 124, cfr.: chapitre VIII du Code judiciaire: « Les preuves », art. 870 à 876; chapitre VI du Code Civil: « De la preuve des obligations et de celle du paiement »: art. 1315 et suivants.

PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE Le principe du contradictoire est un principe général de droit d'ordre public en vertu duquel toute prétention doit être soumise à la contradiction de l'autre partie. Le principe du contradictoire qui est un synonyme du respect des droits de la défense s'impose également au juge (art. 774 al. 2 C.J.); cfr. droits de la défense, art. 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

PRINCIPE DISPOSITIF Le principe dispositif en matière civile signifie que les parties sont libres de mener leur procès comme elles l'entendent, sous réserve de ce qui touche à l'ordre public. Le demandeur est libre de libeller dans l'acte introductif d'instance ses prétentions et l'exposé des faits sur lesquels il se fonde. Le juge est limité par l'objet et la cause du litige tels que fixés par les parties (= limite de la saisine du juge). Le juge ne peut ordonner ou condamner à quelque chose qui n'a pas été demandé et il ne peut pas plus octroyer que ce qui a été expressément demandé.

Exemples : - un juge ne peut décider d'office que les allocations de chômage qui n'étaient

pas dues sont actuellement prescrites, parce que se faisant, il se prononce sur une chose qui n'a pas été demandée (Cass. 3è ch. 13 mai 1991, A.R. n°9058) .

- Lorsque la demande tend à l'annulation d'une décision insuffisamment motivée

du directeur du bureau régional de l'ONEM infligeant une sanction d’exclusion au chômeur sur pied de l’article 154 al. 1 de l’A.R. du 25.11.1991, le juge doit se prononcer exclusivement au sujet de cette annulation et il n'est pas compétent pour prendre par conclusions une nouvelle sanction si cela ne lui a pas été demandé comme tel par les parties. De même, si l’O.N.Em n’a pris aucune décision en ce qui concerne la non tenue d’une carte de contrôle, il n’appartient pas au tribunal, sous prétexte de faire ce que l’O.N.Em aurait dû faire, de se prononcer sur des choses non demandées en justice, en modifiant ainsi l’objet de la demande et en assurant l’exercice de la compétence qui lui est confiée à l’inspecteur régional (C.T. Liège, 05.12.95, CDS, 1996, p. 392 et 393).

cfr. réouverture des débats, ultra petita.

PRINCIPE GENERAL DE DROIT Un principe général de droit est une norme juridique non écrite mais dont l'existence est consacrée avec certitude par un ensemble de dispositions légales. Les principes généraux du droit sont obligatoires, ils s'imposent au juge. Les principes généraux du droit ont été tantôt dégagés par la doctrine, tantôt consacrés par l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (Exemple: le respect des droits de la défense). La violation d'un principe général de droit peut être invoquée dans un pourvoi en cassation (cfr. art. 6 de la Convention européenne des droits de l'homme. cfr. verbo: droits de la défense ou principe du contradictoire, pourvoi en cassation).

PRISE A PARTIE

La prise à partie est la procédure qui permet à un plaideur de mettre en cause la responsabilité personnelle d'un juge ou d'un magistrat du ministère public, à raison d'un dol ou d'une faute commise par ce magistrat. La prise à partie ne peut être intentée sur base de la seule faute du juge: la solution inverse permettrait en effet aux parties de recommencer un procès terminé dès qu'une faute d'un juge serait alléguée. Le C.J. énumère limitativement quatre causes de prise à partie (art. 1140 du C.J.) : 1) dol ou fraude soit dans le cours de l'instruction soit lors des jugements, 2) cas où la prise à partie est expressément prononcée par la loi (principalement

aux art. 77, 112 et 271 du Code de procédure pénale) 3) cas où la loi déclare les juges responsables à peine de dommages- intérêts,

4) déni de justice. Le retard du juge à prononcer un jugement dans un délai déterminé n'est pas assimilable à un refus de juger: il y a en effet une autre solution prévue dans le Code judiciaire pour régler ce problème: l'article 648 prévoit le dessaisissement du juge de l'affaire. La prise à partie est une voie de recours extraordinaire qui est portée devant la Cour de Cassation. Le délai pour introduire ce recours et la procédure sont réglés aux articles 1142 à 1146 du C.J. Lorsque la prise à partie est accueillie, la Cour de cassation annule le jugement (s'il y en a un) ou condamne le magistrat à des dommages et intérêts. Si la prise à partie est déclarée non admissible ou mal fondée, le demandeur est condamné à des dommages et intérêts envers le magistrat et les parties s'il y a lieu. Les règles concernant la prise à partie dérogent seulement au régime de la responsabilité de droit commun (c'est-à-dire des articles 1382 et 1383 du Code Civil) pour ce qui concerne la responsabilité personnelle des juges et des magistrats du ministère public. Ces règles ne font pas obstacle à ce que l'Etat Belge puisse, sur base de la responsabilité du droit commun, être tenu pour responsable des fautes d'un magistrat, même dans les cas où la prise à partie n'est pas autorisée (cfr. art. 1140 à 1147 du C.J.) .

PROCES-VERBAL D'AUDIENCE Le procès-verbal d'audience est une pièce qui se trouve pour chaque affaire dans le dossier de la procédure. Il s'agit d'une feuille signée par le greffier, où il indique par affaire succinctement ce qui s'est passé lors des audiences successives. Le P.V. d'audience n'est pas à confondre avec la feuille d'audience (cfr. art. 721, 3° du C.J., cfr. aussi: feuille d'audience).

PRODUCTION DE DOCUMENTS La production de documents est une mesure d'instruction qui peut être ordonnée par le juge, à la demande d'une partie ou d'office, en vue de la recherche de la vérité. La production de documents peut être ordonnée à l'égard d'une partie mais également d'un tiers. Le tiers peut faire valoir ses observations par écrit ou en chambre du conseil. Le jugement ordonnant la production de documents n'est susceptible ni d'opposition, ni d'appel. cfr : art. 877 à 882 C.J.

PROVISOIRE Le président du tribunal statue en référé au provisoire, c'est-à-dire que les ordonnances de référé ne portent pas préjudice au principal. La notion de provisoire a évolué, elle ne signifie plus que le juge des référés ne peut aborder le fond du litige. Il peut se fonder sur les apparences de droit suffisantes et donner une appréciation provisoire des droits en conflit. Cependant l'ordonnance du juge des référés ne liera pas le juge du fond. Comme l'urgence,

le provisoire est laissé à l'appréciation souveraine du juge des référés (cfr. art. 584, 1039 C.J.); référé, urgence).

Q

QUALITE

La qualité est le pouvoir en vertu duquel une personne exerce l'action en justice. Cette notion coïncide souvent avec la notion d'intérêt chaque fois que l'action tend à la reconnaissance d'un droit subjectif et qu’elle est exercée par le titulaire de ce droit. La qualité n'est une condition distincte de recevabilité de l'action, de la notion d'intérêt que lorsque l'action est intentée par un représentant du titulaire du droit subjectif ou lorsqu'il s'agit d'un contentieux objectif. Le représentant devra démontrer qu'il a la qualité requise c'est-à-dire qu'il a le pouvoir de mettre en oeuvre les droits du titulaire du droit. Exemples : 1) lorsque l'ONSS conteste l'existence d'un contrat de travail et refuse

l’assujettissement d'un travailleur à la sécurité sociale des travailleurs salariés, le travailleur a qualité et intérêt pour agir contre l'ONSS pour faire reconnaître l'existence d'un tel contrat de travail (Cass. 5 novembre 1990, J.T.T. 1991, p. 137).

2) la requête introduite par le secrétaire fédéral d'une organisation syndicale

dont il ne résulte pas qu'il agit en qualité de travailleur intéressé ou au nom de cette organisation est irrecevable par défaut d'intérêt et de qualité (Cass. 3è ch., 5/3/1984, J.T.T. 1985, p.102, C.D.S. 1984, p. 389, cfr. également C.T. Liège 29/6/1982., cfr. art. 17 C.J.; cfr. Intérêt, recevabilité de l'action).

R

RADIATION DU ROLE

Une cause peut être rayée du rôle général avec l’accord des parties. Toute cause rayée du rôle général ne peut y être ramenée que par une citation nouvelle, sauf le droit des parties de comparaître volontairement. La radiation éteint l'instance, ce qui n'est pas le cas de l'omission, ces deux notions ne devant pas être confondues. La radiation du rôle général a des effets moins étendus que le désistement d'instance et ne fait pas perdre le bénéfice de l'interruption de la prescription obtenue par citation (cfr. art. 730 C.J. omission du rôle.

RECTIFICATION DU JUGEMENT cfr. interprétation des jugements, cfr. art. 793 A 801 C.J..

RECEVABILITE Une action est recevable lorsqu’une personne peut soumettre à l'appréciation d'un juge le fondement d'une demande ou d'une défense. La recevabilité se distingue du fondement de la demande. La recevabilité de l'action concerne un certain nombre de règles procédures qui doivent être respectées pour pouvoir mettre en oeuvre concrètement le droit d’action. Les principales conditions pour qu'une action soit recevable sont : - le demandeur doit avoir la personnalité juridique et la capacité.

Exceptionnellement la loi accorde à des organisations dépourvues de la personnalité juridique le droit d'agir en justice (par ex. organisations syndicales dans des conflits sociaux spécifiques),

- le demandeur doit avoir qualité, - le demandeur doit avoir un intérêt. La fin de non recevoir est une défense par laquelle il est soutenu que l'action n'est pas ou n'est plus recevable: l'adversaire n'a pas ou n'a plus le droit d’agir (cfr. art. 17 C.J., cfr. aussi: qualité, intérêt).

RECOURS

Un recours est un moyen permettant d'obtenir une nouvelle décision dans un litige qui a déjà donné lieu à une décision de justice.

Il tend à l'annulation ou la réformation de la première décision. Les voies de recours ordinaires sont l'opposition et l'appel. Les voies de recours extraordinaires sont le pourvoi en cassation, la tierce opposition, la prise à partie, la requête civile. Les voies de recours sont traitées dans le Code Judiciaire à la partie IV, titre III. pour une énumération des cas dans lesquels l'opposition et l'appel ne sont pas possibles (cfr. la rubrique "instance"; cfr. art. 21 , 1042 à 1147 du C.J. , cfr. aussi: instance, jugement d'accord, acquiescement, opposition, appel, pourvoi en cassation, tierce opposition, requête civile, prise à partie).

RECUSATION La récusation est le droit accordé à un plaideur de faire écarter du siège pour le jugement de son procès, un juge dont l'intégrité ou l'impartialité peut être suspectée. Les articles 828 à 847 du Code Judiciaire énoncent limitativement les causes de récusation qui peuvent être admises. Une procédure spéciale est organisée pour assurer la vérification de la recevabilité et du fondement de la demande de récusation. La récusation est une mesure individuelle dirigée contre un ou plusieurs juges. Une demande tendant à récuser la totalité des magistrats d'un tribunal s'analyse en un dessaisissement, ce qui est un autre incident (cfr. art. 828 à 847 C.J.).

REFERE La procédure en référé est une procédure rapide qui permet d'obtenir d'un des présidents du tribunal de première instance, de commerce ou du travail, des mesures provisoires pour des causes qui ne peuvent souffrir aucun retard. Une demande en référé peut être introduite en même temps qu'une instance au fond mais elle peut l'être également en dehors de toute instance au fond voire même après un jugement du juge du fond afin de régler des difficultés urgentes d'exécution. 1) conditions

Le référé suppose la réunion de deux conditions: l'urgence et le provisoire (art. 584 du C.J.). - l'urgence: elle permet au justiciable d'obtenir sur le champ une protection

judiciaire sans avoir à souffrir les lenteurs de la procédure au fond (cfr. sur la portée de cette notion, le verbo "urgence").

- le provisoire signifie que les ordonnances de référé ne portent pas préjudice sur le fond du litige (cfr. sur le contenu de cette notion, le verbo "provisoire").

2) introduction de la demande en référé.

En principe, la demande en référé est introduite par citation. Toutefois, en cas d'absolue nécessité, le président peut être saisi par une requête (requête unilatérale) : art. 584 al. 3 du C.J.. Le délai ordinaire de citation en référé est de deux jours, sous réserve des augmentations prévues par l'article 55 du C.J. (art. 1035 al. 2 du C.J.). Il est possible d'obtenir une ordonnance qui abrège le délai de citation en cas d'extrême urgence. Pour ce faire, le demandeur doit déposer une requête en abréviation du délai de citation.

3) portée de l'ordonnance présidentielle.

L'ordonnance présidentielle est dépourvue d'autorité de chose jugée et ne peut lier le juge du fond. Elle est exécutoire de plein droit. L'appel et l'opposition n'ont donc pas de caractère suspensif. Si elle se traduit par une obligation de faire ou de ne pas faire, l'ordonnance de référé peut être assortie d'une astreinte.

4) recours contre l'ordonnance.

Il faut distinguer suivant que l'acte introductif est une citation en référé ou une requête unilatérale. - citation en référé: la procédure est normalement contradictoire. L'appel est

ouvert à toutes les parties. L'opposition peut être formée par la partie défaillante.

- requête unilatérale: la partie requérante et toute partie intervenante peuvent

interjeter appel dès lors que l'ordonnance leur cause grief. L'appel n'est pas ouvert au tiers auquel l'ordonnance cause préjudice. Ce dernier peut former une opposition suivant l'article 1033 du C.J. (cette opposition est en réalité une tierce opposition) .

5) mesures qui peuvent être ordonnées en référé.

- mesures d'instruction, par exemple: désignation d'un expert - mesures de sauvegarde et de conservation des droits - protection des droits non douteux: injonction de faire, de ne pas faire. Par

exemple, en droit social le référé est utilisé pour demander la condamnation de l’employeur à délivrer les documents sociaux.

- allocation d'une provision: le juge des référés pourrait condamner une partie à payer une provision lorsque le droit n'est pas sérieusement contestable (cfr. verbo "provision") .

cfr. art. 584, 1035 à 1041 du C.J., urgence, provisoire, référé d'hôtel, référé

provision.

REFERE D'HOTEL En cas d’extrême urgence, le juge des référé peut être saisi sur le champ par une requête unilatérale. L'ordonnance rendue est directement exécutoire.

REFERE PAR PROVISION Le juge des référés peut condamner au paiement provisionnel d'une somme d'argent. Le référé provision implique que la créance dont se prévaut le demandeur ne soit pas sérieusement contestable. Par exemple, en référé social, la condamnation de l'employeur au paiement d'une indemnité compensatoire de préavis correspondant à trois mois de salaire (minimum légal) lorsqu'il s'agit de

déterminer le préavis convenable auquel a droit un employé ayant une rémunération supérieure au montant fixé par l'article 82 par. 3 de la loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail (cfr. verbo "référé").

REGLEMENT DES CONFLITS SUR LA COMPETENCE Pour les règlements des conflits de compétence qui se posent devant un tribunal statuant au premier degré de juridiction (cfr. verbo tribunal d'arrondissement (art. 639 à 640 C.J.)). Quand un déclinatoire de compétence est soulevé en appel, le juge d'appel est lui-même compétent pour se prononcer sur l'exception d’incompétence. Toutefois, le tribunal d'arrondissement intervient au niveau de l'appel en cas de conflit entre le tribunal de première instance et 1e tribunal de commerce lorsqu'ils interviennent en tant que juge d'appel des décisions du juge de paix (art. 639 al. 4). Ainsi, par exemple, si un appel contre un jugement du tribunal du travail est introduit devant la Cour d'appel, celle-ci doit se déclarer elle-même incompétente et renvoyer la cause à la Cour du travail. Quand doit être soulevé le déclinatoire de compétence ? Sauf lorsqu'elle touche à l'ordre public, l'incompétence du juge saisi doit être proposée "in limine litis" c.à.d. avant toutes exceptions et moyens de défense. S'il s’agit d'une exception d'ordre public, elle peut être soulevée pour la première fois devant le juge d’appel. Lorsqu’une partie soulève un déclinatoire de compétence, elle doit obligatoirement indiquer dans ses conclusions le juge qui, selon elle, serait compétent et auquel l'affaire doit être renvoyée (cfr. art. 854 et 855; cfr. art. 639 à 643, 660-661, 854 et 855; verbo appel (pour l'appel des jugements se prononçant sur un déclinatoire de compétence, tribunal d'arrondissement; effet dévolutif de l'appel; déclinatoire de -juridiction).

REGLEMENT DES JUGES Le règlement des juges en matière civile est une procédure particulière qui a pour but de régler une contrariété entre des décisions passées en force de chose jugée de deux ou plusieurs juges sur la même demande ou sur des demandes connexes. Par exemple, des décisions statuent en sens contraire sur la compétence: conflit négatif (aucun juge ne se reconnaît compétent) ou conflit positif (plusieurs juges différents se déclarent compétents). La demande est introduite par requête auprès de la Cour de Cassation. La procédure, l’arrêt de la Cour de Cassation, et les conséquences de ce règlement de juges, sont réglés par les art. 646 et 647 du C.J.; cfr. art. 645 à 647 du C.J..

RENVOI PREJUDICIEL

C'est un incident en cours d'instance qui oblige le juge de se dessaisir d'une question préalable nécessaire à 1a solution du litige au profit d'un autre juge. Le juge devra surseoir à statuer en attendant la décision du juge de renvoi. Ex.: en matière d'accident du travail ou survenu sur le chemin du travail, les questions relatives à l’application de la loi ne peuvent être tranchées par la juridiction civile ou répressive. Elle doit renvoyer la question à la juridiction du travail, seule compétente au sujet de l'interprétation de la loi sur les accidents du travail.

REOUVERTURE DES DEBATS La réouverture des débats peut être sollicitée par une partie ou ordonnée d'office par le juge.. 1. à la requête des parties : En principe aucune pièce, note ou conclusions ne peuvent être déposées après la clôture des débats. Celles-ci seront, le cas échéant, rejetées du délibéré. Toutefois si une partie découvre durant le délibéré une pièce ou un fait nouveau, elle peut demander la réouverture des débats tant que le jugement n'a pas été prononcé. L'article 773 du C.J. dispose que la demande de réouverture des débats est introduite par requête contenant l’indication précise de la pièce ou du fait nouveau. Cette requête est notifiée par le greffier aux autres parties. Le juge statue sur pièces uniquement. Il apprécie le caractère "nouveau" et pertinent des pièces. L’avis du Ministère public ne constitue pas un fait nouveau justifiant la réouverture de débats (Cass. 24/5/l993, J.T.T. l993, p. 382). La décision du juge sur la demande de réouverture des débats n'est pas susceptible d'appel (art. 776). 2. d'office par le juge : Le juge peut ordonner d'office la réouverture des débats lorsqu'il l'estime utile. La réouverture des débats est, par contre, obligatoire lorsque le juge rejette la demande en tout ou en partie sur une exception que les parties n'avaient pas invoquée devant lui. Selon la Cour de Cassation, la réouverture des débats n'est pas obligatoire si le juge rejette la demande sur base d'un moyen de défense relatif à son fondement même, mais nullement sur une exception d'incompétence, nullité, prescription, forclusions, irrecevabilité ou d'autres exceptions quelconques au sens de l'article 774 du Code Judiciaire (Cass., 1ère ch., 1er octobre 1971, J.T. l972, p.48). Toutefois, la doctrine considère que même en dehors des cas expressément prévus à l'article 774 al. 2 du C.J., la réouverture des débats s’impose au juge en vertu du principe du respect des droits de la défense chaque fois que le juge se fonde sur un moyen que les parties n'ont pas invoqué devant lui et à l'égard duquel elles n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer avant que l’affaire soit prise en délibéré.

Exemple : en matière de pension, le tribunal du travail doit vérifier le bien fondé des conclusions des parties, la matière étant d'ordre public. Quand les parties n'ont pas contesté le calcul des revenus et que le juge estime au contraire qu’il faudrait revenir sur ce calcul, le juge ne peut décider d'y revenir sans avoir entendu préalablement les parties. Il doit rouvrir les débats (C.T. Bruxelles, 1ère ch., 14 juin 1974, A.R. n° q173).

Après un jugement ordonnant la réouverture des débats, les parties peuvent déposer de nouvelles conclusions et pièces. Le siège doit être composé par les juges qui ont assisté aux audiences antérieures conformément à l'art. 779 a1. 1er du C.J.. Comme cela n'est pas toujours possible, les débats pourraient être rouvert devant un autre siège autrement composé mais l'affaire doit être revue ab initio, à peine de nullité du jugement. Les parties peuvent cependant déroger à cette règle (Cass. 5 mai l988, Arr. Cass. 1987-1988, 1134. L'article 779 a1. 1er du C.J. n'exige pas que le juge qui assiste aux débats relatifs à une contestation ait assisté à des débats antérieurs relatifs à d'autres points en litige entre les mêmes parties qui ont donné lieu à une décision distincte sans qu'aient commencé les débats relatifs à ladite contestation (Cass. l3 décembre 1990, Bull. Arr. Cass. 1991, p. 3671; cfr. art. 772 à 776, 779 du C.J.; cfr. verbo: clôture des débats, délibéré).

REPRESENTATION EN JUSTICE Les parties comparaissent en personne ou par un avocat (art. 728 C.J.) . La représentation par un avocat n'est imposée que dans des cas exceptionnels ou en cas d'introduction de l'instance sur requête unilatérale. Les personnes morales comparaissent en personne par leur organe légal ou leur organe statutaire. En matière pénale, un administrateur ad hoc peut leur être désigné en cas de conflit d’intérêt entre la personne morale et ses représentants légaux ou statutaires (L. 04.05.1999, Mon. b. 22.06.1999). Devant le juge de paix, le tribunal de commerce et les juridictions du travail, les parties peuvent aussi être représentées par leur conjoint ou par un parent ou allié, porteurs d'une procuration écrite et agrées spécialement par le juge. Tout autre mandataire est exclu. En outre, devant les juridictions du travail, le délégué d'une organisation représentative d'ouvriers ou d'employés, porteur d'une procuration écrite, peut représenter l'ouvrier ou l'employé, partie au procès, et accomplir en son nom les diligences que cette représentation comporte, plaider, et recevoir toutes communications relatives à l'instruction et au jugement du litige. Devant les juridictions du travail, la représentation par un délégué d'une organisation représentative d'indépendants est admise dans les litiges relatifs aux droits et obligations du travailleur indépendant en cette qualité ou en qualité d’handicapé. Dans les litiges relatifs au minimex et à l'aide sociale, l'intéressé peut se faire assister ou être représenté par un délégué d'une organisation sociale qui défend les intérêts du groupe des personnes visées par la législation en la matière. Dans ces mêmes matières, le Centre Public d'aide sociale comparaît soit par un avocat, soit par un membre effectif ou un membre du personnel délégué par lui. Selon un arrêt de la Cour du travail de Bruxelles du 5 février 1971, la représentation en justice étant réservée aux délégués des organisations syndicales, n'est pas autorisée la représentation par des délégués d'une association mutualiste, d'un organisme assureur de l'assurance maladie-invalidité ou d'autres organismes de sécurité sociale (cfr. C.T. Bruxelles, J.T.T. 1971, p. 41).

Les agents d'affaires ne peuvent représenter une partie ni l'assister. Aux termes de l'article 758 du C.J. le juge peut interdire à une partie de présenter elle-même ses conclusions et moyens de défense s'il reconnaît que la passion ou l'inexpérience l'empêche de discuter de sa cause avec la décence convenable et la clarté nécessaire. Jurisprudence : L'exception de nullité de la requête fondée sur le fait que le signataire n’établit pas avoir reçu l'accord spécial des membres du syndicat, peut légalement être repoussée par la constatation que "le syndicat est représenté par son secrétaire général M. X". Lorsque le législateur attribue à des organisations représentatives des travailleurs n'ayant pas la personnalité civile, la capacité d'ester en justice, il admet ainsi implicitement que ces organes agiront comme si elles avaient la personnalité civile, par des organes comparables à ceux d'une association possédant la personnalité juridique et sans que tous les membres de cette organisation dussent, dans les cas visés par le législateur, donner un mandat spécial pour ester en justice (Cass. 3ème ch., 18 février 1976, n°5341, DN- lA, 34/347/9/703). L’article 728 du C.J. doit être interprété restrictivement. La législation du travail a donné à l'expression "organisations représentatives d'ouvriers ou d’employés" un sens usuel qui ne permet pas d'y englober les mutualités. Il en est de même en ce qui concerne les travailleurs indépendants (cfr. C.T. Bruxelles, 5/2/1971, J.T.T. 1971, p. 41; cfr. art. 728 C.J.).

REPRISE D'INSTANCE

L'interruption n'est admise qu'à titre exceptionnel. L'article 815 du C.J. dispose que le décès d'une partie, son changement d'état ou la modification de la qualité en laquelle elle a agi, demeurent sans effet tant que la notification n'en a pas été faite. Dans ces 3 hypothèses, l'instance est interrompue. Elle ne peut reprendre son cours que par le biais d'une reprise d'instance. a) Causes.

1. Le décès d'une partie: l'article 815 du C.J. prévoit que le décès d'une partie

doit être notifié par le conseil du défunt ou un héritier. La notification peut consister en un envoi au greffe ou le dépôt au dossier de la procédure d'un écrit mentionnant le décès. Si le décès n'est point notifié, la procédure poursuivie après le décès est régulièrement accomplie et la validité du jugement prononcé n’en est pas affecté. Si le décès est dénoncé, alors la procédure est interrompue et elle ne reprendra son cours qu'après un acte de reprise d'instance émanant des héritiers.

2. Le changement d'état d'une partie: en cas de perte de la capacité juridique

d’agir en justice, il y a effet interruptif de l’instance si 1e représentant de la partie devenue incapable dénonce l'incapacité. Par ailleurs, le changement

d'état n'impose pas de reprise d’instance lorsqu’il n’est pas de nature à faire obstacle à la poursuite de la procédure (exemple: un mineur atteint l'âge de la majorité) .

3. La modification de la qualité: cette cause d'interruption de 1’instance ne pose

pas de problème dans la pratique. b) Effets de l'interruption de l'instance. Il y a lieu de remarquer que les trois causes citées ci-dessus n'interrompent l'instance que si la clôture des débats n'a pas déjà été prononcée. Les actes accomplis après l'interruption de l'instance sont nuls. Il s'agit d'une nullité d'ordre privé, qui ne peut être prononcée qu'à la requête des ayants cause du défunt ou de la partie devenue incapable. c) Formalités de la reprise d'instance. La reprise d'instance est volontaire ou forcée : 1° Reprise d'instance volontaire: c'est la reprise formée spontanément par la

partie ou ses ayants cause dans le chef de laquelle l'interruption s'est produite. Elle a lieu par le dépôt au greffe d'un acte relatant les causes de la reprise d'instance et différentes indications mentionnées à l'article 516 du C.J. Ces formalités peuvent être remplacées par un acte équivalent tel le dépôt de conclusions, très fréquent dans la pratique.

2° Reprise d'instance forcée: si la partie, ou ses ayants causes, dans le chef de

laquelle l'interruption s'est produite refuse de reprendre l'instance, l’adversaire peut la citer en reprise d'instance (art. 816 a1. 2). Si, à l'expiration du délai de comparution, la partie citée fait défaut, la reprise d'instance a lieu de plein droit et le jugement est réputé contradictoire si les règles énoncées à l'article 751 (ou 753) ont été appliquées.

d) Effets de la reprise d'instance. La reprise d'instance place celui qui l'effectue dans une situation identique à celle de celui qui a introduit au départ l’action. Lorsque la reprise d'instance a eu lieu, c'est à la personne ayant procédé à cette formalité que devront être signifiés ou notifiés tous les actes de procédure. La reprise d'instance ne peut par ailleurs porter préjudice à la partie adverse (cfr. art. 515 à 519 C.J. , cfr. qualité).

REQUETE CIVILE

La requête civile est une voie de recours qui permet de rétracter une décision après l'écoulement des délais de recours ordinaires alors qu'elle doit en principe être considérée comme définitive. Comme elle porte atteinte à l'autorité de chose jugée, elle ne peut avoir lieu que dans les cas limitativement énumérés à l'article 1133 du C.J. Cette voie de recours est ouverte contre les décisions passées en force de chose jugée rendues par les juridictions civiles e~ répressives en tant que celles-ci ont statué sur les intérêts civils. La requête civile doit être introduite par requête devant la juridiction qui a rendu la décision entreprise sauf deux exceptions prévues à l'article 1704 du C.J. (annulation de la sentence arbitrale) : Qui peut former une requête civile ? 1. Tous ceux qui ont été parties ou dûment appelés à l’instance judiciaire

précédant le jugement antérieur (art. 1134 al. 1 et 2) 2. Le ministère public (art. 1134 al. 3 et 1132) Pour quelles raisons peut-on former une requête civile? Les motifs de la requête civile sont des éléments ou faits qui ne sont venus à

la connaissance du requérant qu'après la décision attaquée, et même l'expiration des voies de recours ordinaires.

Il y a six causes qui permettent de former une requête civile (cfr. art. 1133 du

C.J.) :

1. dol personnel, 2. après la décision, découverte de pièces décisives retenues par le fait de la

partie, 3. incompatibilité de décisions rendues sur le même objet sur la même cause,

entre les mêmes parties agissant en même qualité, 4. décision qui se base sur des pièces, témoignages, rapports d'experts ou

serments reconnus ou déclarés faux depuis la décision, 5. décision basée sur un jugement ou arrêt rendu en matière répressive gui a

ensuite été annulé,

6. décision fondée sur un acte de procédure accompli au nom d'une personne sans qu'elle ait soit donné mandat exprès ou tacite à cette fin, soit notifié ou confirmé ce qui a été fait.

Le délai pour former requête civile est de 6 mois à peine de déchéance à partir de la découverte de la cause invoquée. En pratique cette voie de recours demeure très exceptionnelle (cfr. art. 1132 à 1139 C.J., cfr. aussi force de chose jugée, voie de recours).

REQUETE (contradictoire) Dans les affaires énumérées aux articles 580, 2°, 3°, 6°, 7° ,8°, 9° , 10° et 11°, 581, 2° et 582, 1° et 2° et 583 les demandes sont introduites par requête déposée au greffe ou par lettre recommandée envoyée au greffe. C’est une manière simplifiée d'introduire la procédure qui permet de faire l’économie des mentions prévues à peine de nullité de la citation : - cette requête n'est pas communiquée comme tel à l'autre partie: le greffier

convoquera les parties à une audience par lettre recommandée dans laquelle l'objet de la demande est mentionné.

- cette requête ne doit pas être signée par le requérant à peine de nullité (cfr. C.T. Bruxelles, 8è ch., 10 septembre 1992, R.G. N° 25163, UNMPL C/ H.C.F.; C.T. Bruxelles, 3 décembre 1992, CDS 1993, p. 134).

Respect du délai de recours : 1) point de départ du délai: notification de la décision administrative. La

notification est réalisée au moment où la lettre recommandée à la poste est présentée à l'adresse utile et que trouvant porte close, le facteur laisse un avis invitant le destinataire à retirer ce pli au guichet de la poste : C.T. Mons, 7è ch., 17 juin 1992, R.G. 8.435, D. C/ UNML; Cass. 16 septembre ~ 1991, Pas. 1992, I, 415 et Cass. 24 janvier 1986, Pas. 1986, I, p. 619; C.T. Liège, 5è ch., 19 novembre 1991, R.G. 17589, Auditeur trav. Liège c: G. et Onem.

2) point d'arrivée du délai: la date à considérer pour apprécier le respect du délai

de recours est, soit celle du dépôt du pli à la poste lorsque la requête est adressée par pli recommandé, soit celle du dépôt au greffe constaté par le greffier, lorsque la requête est adressée par pli ordinaire .En effet, dans ce dernier cas, la requête n'a date certaine qu'à celle de sa réception au greffe: C.T. Mons, 7è ch., 17 juin 1992, R.G. 8435, D. C./ UNML

La notification d'une décision administrative prise par un organisme de

sécurité sociale est valablement effectuée à l'adresse renseignée au bureau régional même si le travailleur (en l'espèce un chômeur) n'y réside plus. L’envoi d'une copie de la décision au nouveau domicile ne peut avoir pour effet d'annuler le délai ayant déjà couru depuis la notification (C.T. Liège, 5è ch., 19 novembre 1991, R.G. 17869/90, Auditeur du travail et Onem).

REQUETE UNILATERALE La requête unilatérale introduit une procédure unilatérale. Cette procédure ne peut être utilisée que dans les cas expressément prévus par la loi où aussi lorsque la demande ne comportant pas d'adversaire, la procédure contradictoire ne saurait être mise en oeuvre. La requête unilatérale ne doit pas être confondue avec la requête contradictoire qui remplace la citation pour introduire une procédure contradictoire (cfr. rubrique requête contradictoire).

L'article 1026 du C.J. énumère les mentions que doit contenir à peine de nullité la requête unilatérale. La requête est déposée au greffe et visée à sa date ou adressée sous pli postal en double exemplaire. Sauf les exceptions expressément prévues par la loi, seul l'avocat peut introduire une requête unilatérale (art. 1027 C.J.) , ce qui ne veut pas dire que la partie doit être représentée légalement par un avocat (cfr. Cass. 22 octobre 1976, Arr. Cass. 1977, p. 253) .L'article 1027 traite du dépôt de la requête au greffe. Le juge vérifie la demande. Il peut à cet effet convoquer le requérant et une éventuelle partie intervenante, en chambre du conseil. L’ordonnance est rendue en chambre du conseil. Elle est exécutoire par provision nonobstant tout recours et sans caution, à moins que le juge n'en ait décidé autrement. L’ordonnance est portée à la connaissance du requérant et d'une éventuelle partie intervenante.

Autorité de l'ordonnance : L'ordonnance est rendue sans que des tiers soient appelés à la cause de sorte qu'elle n'est opposable aux tiers qu'après sa signification à ceux-ci. La Cour de cassation déduit du caractère unilatéral de la procédure que les pouvoirs du juge sont quelque peu limités. Ainsi, un expert qui est désigné par le juge de paix sur requête unilatérale peut être chargé seulement d'effectuer des constatations matérielles et non de donner un avis à propos de la cause et de l'étendue du dommage (Cass. 21/3/1979, Arr.Cass. 1978-79, 841; Cass. 12/11/1990, Arr. Cass. 1990-91, 298). Recours : Les recours ouverts au requérant ou aux parties intervenantes sont prévus aux articles 1031 et 1032 du Code Judiciaire. L’article 1033 reconnaît un droit à former opposition à celui qui n'est pas intervenu à la cause en la même qualité. Il ne s'agit pas vraiment d'une opposition -puisque l'opposition n'existe que contre un jugement par défaut mais d'une tierce opposition et plus précisément d'une opposition sui generis au profit de la partie adverse potentielle c.à.d. du tiers contre qui peut être dirigé la décision. L’article 1035 règle la procédure et le délai d'opposition. L'opposition introduit une procédure contradictoire (cfr. art. 1025 à 1034 du C.J.).

RESIDENCE

Le Code judiciaire fait une distinction entre la résidence et le domicile. Par domicile on entend le lieu où la personne est inscrite à titre principal sur les registres de la population. Par résidence, il faut entendre tout autre établissement tel le lieu où la personne a un bureau ou exploite un commerce ou une industrie (cfr. art. 36 du C.J., cfr. aussi "domicile").

RESSORT En principe tout jugement est susceptible d'appel sauf les exceptions prévues par la loi. Le double degré de juridiction est le principe, les exceptions étant de stricte interprétation. Toutefois, le Code judiciaire exige pour les jugements du tribunal de première instance, du tribunal du commerce et de juge de paix, une condition liée à la valeur du litige : c'est le ressort. Le ressort peut être défini comme le montant en dessous duquel l'appel n'est pas possible. Ne sont pas susceptibles d'appel, les jugements du tribunal de première instance et du tribunal de commerce qui statuent sur une demande qui ne dépassent pas 75.000E. Il en est de même en ce qui concerne les jugements du juge de paix qui statuent sur une demande dont le montant ne dépasse pas 50.000E. (art. 617 a1. 1er. C.J.). L'exigence du ressort n'existe pas pour le tribunal du travail (art. 617 a1.2 ) .

Détermination de la valeur de la demande et du ressort : Pour déterminer le ressort, l'art. 618 du C.J. renvoie aux règles énoncées aux articles 557 à 562 du C.J. qui concernent la valeur de la demande. Ains i la valeur de la demande s'entend du montant réclamé dans l'acte introductif à l'exclusion des intérêts judiciaires et de tous dépens. Les intérêts moratoires sont par contre pris en compte pour déterminer le montant de la demande. S'il y a plusieurs chefs de demande, l'article 558 prévoit qu'on les cumule. Si la demande a été modifiée en cours d'instance, le ressort est déterminé par la somme demandée dans les dernières conclusions (art. 618 al. 2) .L'article 619 dispose que "lorsque les bases de la détermination de la valeur du litige, telles qu'elles sont précisées aux articles 557 à 562 font défaut, la contestation est jugée en premier ressort". En d'autres termes, dès que le montant de la demande est indéterminé, l'appel est toujours ouvert. Exemples : condamnation à une obligation de faire ou de ne pas faire, réparation en nature. Lorsqu’une demande reconventionnelle est introduite et qu'elle dérive soit du contrat ou du fait qui sert de fondement à l'action originaire, soit du caractère vexatoire ou téméraire de cette demande, le ressort se détermine en cumulant le montant de la demande principale et le montant de la demande reconventionnelle. Les jugements rendus sur incidents et les jugements d'instruction suivent pour la recevabilité de l'appel le sort de la demande principale. Toutefois les demandes reconventionnelles et les demandes en intervention tendant à la prononciation d'une condamnation doivent être traitées séparément c’est-à-dire que la demande reconventionnelle (hormis l'exception de l'article 620) ou la demande en intervention agressive doit atteindre en elle-même le seuil du ressort. Indépendamment du ressort, l'appel n'est pas ouvert contre certaines décisions : a) la décision de clôture des débats (art. 776 C.J.). L'opposition est également

exclue. b) la décision du bureau d'assistance judiciaire du tribunal du travail lorsque

l'appel serait introduit par d'autres personnes que le requérant ou le Procureur général (art. 688 C.J.).

c) la décision statuant sur une demande de réouverture des débats (art. 776). Par contre le jugement ordonnant d'office une réouverture des débats est appellable (Cass. 29.10.84, Pas. 1985, p. 289) .

d) le jugement de production de documents (art. 880 a1. 1er C.J.). L'opposition est exclue.

e) les décisions concernant les modalités d'instruction (art. 893 C.J.) . L'opposition est exclue.

f) les ordonnances rendues en cours d'enquête avant le jugement définitif sauf si elles prononcent des condamnations. L'opposition est interdite.

g) les ordonnances qui condamnent à la consignation d'une somme d'argent comme provision pour un expert judiciaire (art. 990 a1. 4). L'opposition est exclue.

h) les ordonnances de comparution personnelle des parties (art. 996 al.1er et 1046 C.J.). L'opposition est exclue.

i) les jugements ordonnant une descente sur les lieux. L’opposition est exclue (art. 1008 C.J.)

j ) les ordonnances rendues à l'occasion de la descente sur les lieux (art. 1013 C.J.). L'opposition est exclue.

k) les jugements d'accord (art. 1043 a1. 2). L'opposition est par nature, exclue. 1) en cas d'acquiescement à un jugement. m) décisions d'ordre intérieur telles les fixations, les remises, les omissions et

radiations de rôle) (art. 1046 C.J.) (cfr. Cass. 24/10/1980, R.W. 1981-82, col. 552). Parmi les mesures d'ordre intérieur, il faut aussi citer l'ordonnance qui aménage les délais pour conclure conformément à l'article 747 §2 C.J. avant dernier alinéa).

n) certaines décisions du juge des saisies (art. 1563 a1. 4, 1572 al. 3, 1582 al. 5, 1613 al. 3).

o) l'appel et l’opposition sont exclus pour certains jugements en matière d'élections sociales (art. 9, 29 et 37 de l'A.R. 2/9/94) .

p) ordonnances du président du tribunal du travail dans le cadre des articles 5 et 8 de la loi du 19/3/1991 concernant les travailleurs protégés (cfr. également l'article 10 concernant la reconnaissance des motifs graves).

q) décision du juge dans le cadre de l'art. 4 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emploi des langues en matière judiciaire. Il s'agit de l'ordonnance rendue suite à une requête en modification de la langue employée dans l'acte introductif d'instance (art. 4 §2 al. 2)

r) toutes les décisions du tribunal d'arrondissement (cfr. verbo "tribunal d’arrondissement »). L'opposition est également exclue.

cfr. : - art. 616 à 621 C.J., - en matière d'élections sociales: A.R. 2/9/94, art. 9, 29, 37 et 71, - en matière de licenciement des travailleurs protégés. loi du 19/3/1991, cfr. aussi : - appel, - valeur de la demande.

ROLE DES AFFAIRES a) le rôle général. Le rôle général est un registre de toutes les affaires qui sont pendantes devant

un tribunal ou une Cour. Chaque juridiction a son registre reprenant les numéros de rôle général de chaque affaire. Le greffier inscrit les causes au rôle. Si la cause n'est pas inscrite au rôle général avant l'audience qui est indiquée dans la citation, cette dernière est de nul effet (cfr. C.T. Bruxelles, 17/3/1982, 4è ch. D.N.- lA34: 347.9: la nullité laisse intacte l'interruption de la prescription). En principe, les affaires doivent être inscrites au plus tard un jour avant l'audience d'introduction. Lorsqu'il existe de justes motifs, le président de la chambre peut autoriser l'inscription le jour de l'audience pour autant que cette inscription soit demandée avant le début de l’audience.

L’inscription se fait à la requête de l'huissier de justice instrumentant, des

parties intéressées, de leur avocat ou d'un porteur de procuration. Les actions en référé et celles introduites sur requête unilatérale ne sont pas inscrites au rôle général mais sur des rôles particuliers. Le rôle général qui a la forme d'un grand livre est un document public et authentique. Chaque page est paraphée par le président du tribunal. Les affaires sont inscrites dans l’ordre.

On mentionne au rôle général après chaque audience, l'état d'avancement de

l'affaire. Pour l'identification d'une affaire, il est important de connaître le numéro de rôle général. Les parties doivent par ailleurs mentionner le numéro de rôle général sur leurs conclusions (art. 743 C.J.).

b) le rôle particulier. Le rôle particulier comprend la totalité des affaires qui sont attribuées à une

chambre de plaidoirie bien déterminée. Il existe donc un rôle particulier par chambre de plaidoirie. L'attribution des affaires à une chambre de plaidoiries se fait par le président du tribunal après que les affaires - le plus souvent à l'audience d'introduction - aient été renvoyées du rôle général (art. 726 C.J.). Le terme rôle particulier est souvent utilisé dans l’expression "renvoi au rôle particulier".

c) le rôle de l'audience. Il s'agit d'une sorte d'agenda du jour; au rôle d'audience est inscrite la totalité

des affaires qui sont fixées à la même date et qui sont traitées par la même chambre. Le rôle d'audience peut être consulté le jour de l'audience (cfr. art. 711-719 du C.J. , cfr. aussi: citation, conclusions, inscription au rôle).

S

SENTENCE ARBITRALE

La sentence arbitrale est la décision prise par le tribunal arbitral. Sauf stipulation contraire, les arbitres rendent une sentence définitive. Les cas échéant, ils peuvent rendre plusieurs sentences lorsqu’ils tranchent certains points litigieux et laissent en suspens d’autres. La sentence arbitrale doit être écrite, signée et motivée. Elle doit contenir certaines indications prévues par l'article 1701 du C.J. . L'original doit être déposé au greffe. Du point de vue des effets de la sentence, elle a les mêmes effets qu'un jugement (donc autorité de chose jugée) sous réserve de la force exécutoire. La sentence n'acquiert force exécutoire que par une ordonnance d'exequatur. Les voies de recours ne sont admises contre une sentence arbitrale que si celles-ci sont prévues dans la convention d'arbitrage. A défaut, seul un recours en annulation peut être introduit auprès du tribunal de première instance pour les causes énumérées limitativement à l'article 1704 du Code judiciaire. Une procédure particulière est prévue dans le Code judiciaire pour l'exécution des sentences arbitrales rendues en Belgique et à l'étranger (cfr. verbo exequatur). Les voies de recours ordinaires sont admises contre les ordonnances du tribunal de première instance accordant ou refusant l'exequatur de la sentence arbitrale (art. 1716 a1. 1 et 2 et 1711 du C.J.). cfr. art. 1701 à 1716 du C.J., cfr. verbo. arbitrage, convention d'arbitrage, exequatur.

SERMENT 1) serment probatoire: c'est celui qui est prêté par une partie et qui est destiné à

servir de preuve. L’article 1357 du Code Civil distingue deux espèces de serment :

- serment décisoire: celui qu'une partie défère à l'autre pour en faire dépendre

le jugement de la cause. Il met fin à la contestation, - serment supplétoire: celui que le juge peut ordonner soit pour en faire

dépendre la décision, soit pour déterminer le montant de la condamnation. Le serment supplétoire est laissé à l'appréciation du juge (cfr. art. 1357 à 1369 du Code Civil, art. 1005 et 1006 du C.J.).

2) serment promissoire.

- experts : art. 979, 985 et 987 du C.J., - greffiers : art. 288 à 291 du C.J., - huissiers de justice: art. 514, 529 et 572, 2° du C.J., - magistrats: art. 288 à 291 du C.J..

SIGNIFICATION La signification est un mode de communication des actes de procédure qui consiste en une remise d'une copie de l'acte par exploit d'huissier de justice (art. 32 du C.J.). La signification est réglée par les articles 32 à 47 du C.J. qui distinguent la signification à personne, la signification à domicile, la signification par dépôt, la signification à Parquet. La signification se distingue de la notification. La signification émane de l'huissier de justice, la notification a lieu par le greffe par l'envoi postal et dans les cas prévus par la loi. Quand une affaire est introduite par citation, celle-ci doit être signifiée par huissier de justice. Si elle est introduite par requête, le greffe la notifie par lettre recommandée. L’exploit de signification doit contenir à peine de nullité certaines indications mentionnées à l'article 43 du C.J. (cfr. verbo "exploit"). cfr. art. 32 à 47 du C.J., cfr. notification, exploit, citation.

T

TIERCE OPPOSITION

La tierce opposition est une voie de recours extraordinaire accordée à celui qui n'était pas partie ni représenté à une décision qui lui cause préjudice, désire la faire rétracter en ce qui le concerne. La tierce opposition est réglée aux articles 112 à 1131 du C.J.. Qui peut former tierce opposition ? Toute personne qui n'a pas été dûment appelée ou n'est pas intervenue dans la cause en la même qualité, peut former tierce opposition (art. 112 al. 1er). L'article 1122 a1. 2 pose des limitations au droit des héritiers et des créanciers de former tierce opposition. Les parties qui ont été représentées ne peuvent former tierce opposition qu'en cas de fraude de leur représentant légal, judiciaire ou conventionnel. Contre quelles décisions la tierce opposition est-elle ouverte ? Elle est ouverte contre les décisions mêmes provisoires, qui préjudicient aux droits des tiers et qui ont été rendues par une juridiction civile ou par une juridiction répressive, en tant que celle-ci statue sur les intérêts civils, à l'exception toutefois des arrêts de la Cour de Cassation (art. 1122 et 1123 C.J.). Introduction de cette voie de recours . La tierce opposition est formée par citation à toutes les parties devant le juge qui a rendu la décision attaquée, soit à titre incident par conclusions écrites devant le juge saisi de la contestation (cfr. art. 1125 C.J.) . Délai : La tierce opposition ne se prescrit en principe que par trente ans (art. 1128 al. 1er). Elle peut même être formée après ce délai tant que le droit d'exécuter le jugement n'est pas prescrit (art. 1128 a12). Dans l’hypothèse où le jugement aurait été signifié au tiers, le délai est réduit à trois mois. La décision rendue sur tierce opposition est susceptible de voies de recours mais l'appel est exclu si la décision attaquée a été rendue elle-même en degré d'appel (cfr. art. 1122 à 1131 du C.J.).

TRANSACTION La transaction est un accord par lequel les parties mettent fin à un différend né entre elles ou préviennent une contestation à naître (art 2044 du C.Civil) .La

transaction oblige les parties à respecter les clauses de cet accord (art. 1134 du C. Civil) et les parties ne peuvent plus revenir sur le différend qui était pendant entre elles. Quand une des parties ne respecte pas cette dernière obligation, l'exception de transaction peut lui être opposée. Cette exception est comparable avec l'exception de chose jugée (cfr. autorité de chose jugée) .cfr. art. 2044 du C. civil., transactions et conventions conclues au moment de la fin des relations de travail, orientations, 1999, p. 219. Une transaction ne peut partir que sur des choses dont la loi permet de disposer, les conditions pour qu’il y ait accident du travail étant d’ordre public, il n’y a pas de transaction possible en la matière (Cass., 14.05.79, Bull. Ass., 1980, p. 351) ; Il en va de même de l’interdiction de transiger en matière de droits à la sécurité sociale.

TRIBUNAL D'ARRONDISSEMENT Le tribunal d'arrondissement est une juridiction destinée exclusivement à régler les conflits de compétence entre les juridictions du premier degré. Il est composé du président du tribunal de première instance, du président du tribunal du commerce et du président du tribunal du travail. Le règlement d'un conflit de compétence n'appartient pas exclusivement au tribunal d'arrondissement. Le juge du fond peut aussi être amené à se prononcer. L'intervention du tribunal d'arrondissement est tantôt obligatoire tantôt facultative et ceci en fonction de la personne qui soulève le déclinatoire. 1. Intervention facultative. (art. 639 C.J.). Lorsqu'un déclinatoire de compétence est soulevé par le défendeur, le demandeur a le choix soit de demander le renvoi de l'incident au tribunal d’arrondissement soit de demander au juge du fond de se prononcer lui-même sur sa compétence. L'art. 639 C.J. est applicable même si le déclinatoire relève de l'ordre public. 2. Intervention obligatoire . (art. 640 C.J.). Lorsque le juge soulève d'office un déclinatoire (lorsque l'ordre public est en jeu) et que le défendeur n'a pas eu l'occasion de le faire, il doit obligatoirement renvoyer la cause au tribunal d'arrondissement. cfr. art. 557 A 562, 618 du C.J. cfr. aussi: instance, ressort, intérêts judiciaires, compétence. Selon la Cour de Cassation, en cas de défaut du défendeur, le juge a également l'obligation de soulever un moyen d'incompétence d'ordre privé(Cass. 13/6/85). Art. 634 al. 4: seul le tribunal d'arrondissement est compétent en cas de contestation (de la compétence) du tribunal de première instance ou du tribunal de commerce en tant que juge d'appel des décisions du juge de paix.

3. Conflits soustraits au tribunal d'arrondissement.

- art. 639 al. 5 : déclinatoire de juridiction, - art. 592 : contestation sur le montant de la demande lorsque la valeur est indéterminée (pour apprécier le ressort). 4. Décision du tribunal d'arrondissement.

La décision du tribunal d'arrondissement est un jugement définitif qui a autorité de chose jugée sur la question de compétence mais qui ne lie pas le juge de renvoi (c.à.d. le juge auquel l'affaire est renvoyée) en ce qui concerne l'appréciation du fond du litige (art. 660 C.J.). Le jugement n'est pas susceptible de recours sauf le recours formé par le Procureur général à la Cour d'appel (art. 642 C.J.). Par contre lorsque le jugement sur la compétence est prononcé par le juge du fond, ce jugement est susceptible des voies de recours ordinaires (cfr. art. 1050 C.J.: appel contre une décision rendue sur la compétence en même temps que le jugement définitif). cfr. art. 639 - 642; 660 - 661 C.J., cfr. aussi conflits sur la compétence, compétence.

U

ULTRA PETITA

C'est une expression à mettre en parallèle avec le principe du dispositif qui veut que le juge ne statue pas sur ce qui n'est pas demandé par les parties et n’octroie pas plus que ce que le demandeur réclame. cfr.: principe du dispositif

URGENCE

L'urgence est une condition de l'intervention du juge des référés. Il y a urgence dès que la crainte d'un préjudice d'une certaine gravité, voire d’inconvénients sérieux rend une décision immédiate souhaitable. C'est une question de fait laissée à l'appréciation souveraine du juge des référés. Il existe une controverse en doctrine pour savoir si l'urgence est une condition de compétence ou une condition de recevabilité. La Question parait avoir été tranchée par la Cour de cassation qui estime que l'urgence est une condition de compétence. Lorsque le juges des référés constate l'absence d'urgence, il déclare l'action non fondée mais pas irrecevable. Cass.11/5/1990, R.W. 1990-1991, v. 987+ note de J. Laenens. L'urgence ne doit pas se confondre avec la notion « d’absolue nécessité », qui est l'extrême urgence et qui justifie la saisine du Président par requête unilatérale. cfr. art. 584 C.J., cfr. aussi référé, provisoire; cfr. Cass. 11.5.90, R.W. 1990-91, D. 987.

V

VALEUR DE LA DEMANDE Lorsque la valeur de la demande présente un intérêt pour déterminer la compétence matérielle du tribunal, il faut entendre par cette notion la somme qui est réclamée dans l'acte introductif d'instance en ce compris les intérêts de retard déjà échus à l'exclusion des intérêts judiciaires et de l'astreinte. En ce qui concerne le ressort, c.à.d. le seuil que doit atteindre la valeur de la demande pour voir si la décision est appellable ou pas, si la demande est modifiée dans le courant de la procédure, le ressort est fixé par la somme qui est réclamée dans les dernières conclusions. cfr. art. 557 à 562, 618 du C.J. cfr. aussi: INSTANCE, RESSORT, INTERETS JUDICIAIRES, COMPETENCE.

Liste des mots contenus dans le Vade - Mecum THEMES PAGES

Acte de procédure 1. Action en justice 1. Acquiescement 1. Amende 2. Appel 2. Arbitrage 6. Assistance judiciaire 6. Astreinte 6. Attribution 7. Auditorat du Travail 7. Autorité de chose jugée 8. Avis du Ministère Public 9.

Bureau d'assistance judiciaire 10. Bureau de consultation et de défense 10.

Cantonnement 11. Capacité 11. Caution 11. Citation 12. Clause pénale 12. Clôture des débats 12. Comparution des parties 13. Comparution volontaire 13. Communication au Ministère Public 13. Compétence 14. Compétences impératives et d’ordre public 14. Compétences ordinaires, compétences spéciales et exclusives 15. Conciliation 15. Conclusions 16. Connexité 16. Convention d’arbitrage (ou clause d’arbitrage) 17.

Débats succincts 18. Déclaration de postulation 18. Déclinatoire de compétence 18. Déclinatoire de juridiction 18. Défaut 19. Délai 20. Délibéré 22. Demandes 22. Déni de justice 24.

Désaveu 24. Descente sur les lieux 24. Désistement (d'instance et d’action) 24. Dessaisissement 25. Domicile 25. Droits de la défense 25. Droits subjectifs 26.

Enquête 27. Evocation 27. Exception 27. Exception de chose jugée 28. Exécution provisoire 28. Exequatur 29. Expédition 29. Expertise 29. Expertise médicale en sécurité sociale 30. Exploit 31.

Feuille d'audience 32. Force exécutoire 32. Force majeure 33. Formule exécutoire 33. Frais et dépens 33.

Indivisibilité 35. Intérêt 35. Intérêts moratoires, judiciaires, légaux 35. Interprétation et rectification du jugement 36. Intervention volontaire 36. Introduction de la demande 36.

Jugement 37/38. avant dire-droit contradictoire par défaut, mixte d’accord ou d’expédient par défaut réputé contradictoire

Litispendance 39.

Minute 40. Mise au rôle 40.

Notification 41.

Omission du rôle 42. Opposition 42. Ordonnance 43. Ordre public 43.

Pourvoi en cassation 45.

Prescription 45. Prescription en sécurité sociale (délais) 46. Prescription en droit du travail 48. Preuve 48. Principe du contradictoire 48. Principe dispositif 48. Principe général de droit 49. Prise à partie 49. Procès-verbal d'audience 50. Production de documents 50. Provisoire 50.

Qualité 51.

Radiation du rôle 52. Rectification du jugements 52. Recevabilité 52. Recours 52. Récusation 53. Référé 53. Référé d’Hôtel 54. Référé par provision 54. Règlements des conflits sur la compétence 54. Règlements des juges 54. Renvoi préjudiciel 55. Réouverture des débats 55. Représentation en justice 56. Reprise d'instance 57. Requête civile 58. Requête contradictoire 59. Requête unilatérale 59. Résidence 60. Ressort 60. Rôle des affaires 62.

Sentence arbitrale 63. Serment 63. Signification 63.

Tierce opposition 64. Transaction 64. Tribunal d'arrondissement 65.

Ultra petita 66. Urgence 66.

Valeur de la demande 67.