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Horizons : l’Union Indienne Entretiens : Christine Lagarde et Hubert Védrine

Horizons Entretiens : Christine Lagarde et Hubert Védrine · propositions pour relancer le débat, susciter la polémique, se rapprocher de la victoire. Pierre angulaire de la fabrique

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Page 1: Horizons Entretiens : Christine Lagarde et Hubert Védrine · propositions pour relancer le débat, susciter la polémique, se rapprocher de la victoire. Pierre angulaire de la fabrique

Horizons : l’Union IndienneEntretiens : Christine Lagarde et Hubert Védrine

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Editorial

Les présidentielles 2007 seraient-elles celles du scepticisme électoral ?Près de 40% d'indécis à la veille du scrutin, trois présidentiables

annoncés, un outsider redouté, huit autres candidats écoutés, desflots de sondages quotidiens, des grands débats médiatiques, des

baromètres, des quizz, des tests, des pactes inondent les citoyensd'informations de pertinence inégale. Dans ce bruit assourdissant, les candidats tentent de se distinguer en

incarnant la rupture ou en personnalisant le renouveau. A cet égard, ils avancent jour après jour de nouvellespropositions pour relancer le débat, susciter la polémique, se rapprocher de la victoire. Pierre angulaire de lafabrique à idées des partis politiques, "les experts maison" restent à l'écoute du "marché" et de ses "leadersd'opinion". Dorénavant, ils multiplient les lectures et les entretiens avec ces nouveaux experts intégrés dans lesthink tanks.

Ainsi, les think tanks profitent de l'occasion pour sortir de leur habituelle discrétion et exposer au grand public leursconvictions, leurs idées et leurs initiatives. Suivant une démarche banalisée, la plupart d'entre eux ont envoyé "unelettre", un "mandat" ou "une adresse" aux candidats à la magistrature suprême dans laquelle il les exhortent à pren-dre conscience des enjeux à venir pour la France et pour l'Europe. Ces voeux sont en accès libre sur leurs sitesInternet. Si les publications (Cahier 28 d'En Temps Réel), les colloques (sur le clivage droite/gauche par la FondationJean Jaurès) ou les tribunes dans la presse constituent un outil traditionnel, le web a fait une entrée remarquée dansleur arsenal. Certains ont développé des initiatives originales pour diffuser et promouvoir leurs propositions: La cel-lule de chiffrage du site www.debat2007.fr de l'Institut de l'entreprise et les spots TV "des idées pour demain" del'Institut Montaigne marquent une évolution dans leur expression. D'autres ont privilégié la prise de parole indivi-duelle à travers un blog : Thierry Pech de la République des Idées ou Nicolas Baverez de l'Institut Montaigne. Ils'agit désormais de poursuivre et/ou d'intensifier ces efforts à l'aune des législatives.

Devant la montée de ces nouvelles formes d'expression, l'Oftt s'est attelé à analyser l'influence des think tankssur les programmes des principaux candidats. Nous vous proposerons dans les prochains mois des dossiers etdes conférences pour éclairer ces enjeux à travers un regard rétrospectif.Nous vous inviterons prochainement à partager vos réflexions sur les diffé-rentes thématiques du scrutin : la défense, l'économie, la société, etc. D'icilà, tout notre équipe vous souhaite une agréable lecture de ce troisièmenuméro de Think.

Amaury Bessard - Président de l’Observatoire français des think tanks

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Sommaire

Question de saison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.4Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? Le phénomène des think tanks à l’épreuve du relativisme culturel et politique.

Réservoir d’acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.7L’Institut Paul Delouvrier, Penser Public, l’Institut Kervegan et l’IFRAP

Portrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.16Marc Ullmann, Fondateur du Club des Vigilants - De la curiosité à la vigilance.

Entretiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.18Christine Lagarde - Ou la volonté de mettre les idées au pouvoir.Hubert Védrine - De la nécessité de proposer pour exister, les think tanks français en devenir

Horizons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.22L’Union Indienne

Lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.26

Regards. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.27Pierre-Emmanuel Moog - Les think-tanks dans la campagne présidentielle.

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Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? Le phénomène des think tanks à l’épreuve du relativisme culturel et politique.

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our de nom-breux obser-vateurs, lesthink tankssont pure-ment anglo-saxons. Ils

sont nés dans la Grande-Bretagnevictorienne, ils ont prospéré dans lesjeunes Etats-Unis d’Amérique et ontatteint pour certains d’entre eux,un rayonnement international etune influence dominante. Le pro-longement naturel de ce point devue est de considérer les thinktanks du reste du monde commedes importations plus ou moinsréussies des modèles d’outre-Manche et d’outre-Atlantique. Toutaussi naturellement, certains aspectsde ce point de vue considèrent que ledéveloppement du phénomène est liéà l’accroissement de l’influence et dela puissance américaine dans lemonde au cours du XXème siècle. Ledéveloppement des think tanks dansle monde serait la conséquence del’impérialisme des Etats-Unis et de lavolonté des autres Etats de s’inspirerdu système politique américain. Ceconstat est en partie vrai puisque lesthink tanks américains les plusinfluents comme la Rand ou l’Aspenont vu leurs destins liés à la puis-sance militaire et économique desEtats-Unis. L’utilisation du termeanglais de “think tank”, littéralement“réservoir de pensée”, est particuliè-

rement évocatrice pour désigner desorganisations indépendantes dontl’activité principale est l’élaboration etla diffusion de solutions de politiquespubliques innovantes.

Pourtant, ces considérations sontloin d’être exemptes d’un certainaméricano centrisme. En effet, lesthink tanks du reste du monde nesont pas uniquement des copies deleurs homologues anglo-saxons. Lespays d’Europe continentale maiségalement des Etats non-démocrati-ques ont connu l’émergence, parfoisprécoce, d’organisations jouant unrôle de think tank et en possédant laplupart des caractéristiques. Ce sontd’abord les systèmes politiquesnationaux qui vont dessiner lescontours, les spécificités ou encoreles points communs de tous les thinktanks de la planète.

La condition sine qua non à l’appari-tion de think tanks dans un pays est lapréexistence d’une organisationconcentrant, sur un territoire donné,les monopoles de la violence et, sur-tout, de la fiscalité. Autrement dit, il nepeut y avoir de think tank sans Etatstructuré et organisé. Le think tank n’apas de raison d’être s’il n’y a pas depuissance publique à conseiller et àorienter. Le phénomène think tank estdonc lié à la diffusion du modèle éta-tique occidental. Dans les institutionsinternationales ou transnationales

comme l’Organisation des NationsUnies ou l’Union Européenne, ce sontencore aujourd’hui des think tanksnationaux qui s’expriment : il existetrès peu de think tanks véritablementtransnationaux. A ce titre, l’UE serapeut-être le laboratoire des thinktanks de demain puisque les Etatseuropéens abandonnent une largepart de leurs souverainetés. DesEtats, comme l’URSS d’hier ou laChine d’aujourd’hui, possèdent desorganismes assimilables à des thinktanks qui jouissent d’une indépen-dance reconnue sur certains thèmes.Davantage que la démocratie repré-sentative ou le pluralisme, c’est bienl’existence d’un Etat qui permet lacréation des think tanks.

L’Etat étant la condition de naissancedu phénomène, les think tanks vontêtre modelés par les spécificités desprocessus de construction étatiqueet de structuration du champ politi-que. Aux Etats-Unis, les treize colo-nies originelles feront le choix d’uneorganisation fédérale respectant undouble principe de délégation despouvoirs et d’ouverture à la sociétécivile. Ces principes seront renforcéspar le bipartisme absolu que connais-sent les Etats-Unis depuis deux siè-cles. En effet, pour conserver leurmain mise sur le système politique,les deux grands partis se doiventd’être extrêmement souples, c'est-à-dire peu disciplinés et très poreux

Question de Saison

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vis-à-vis de l’extérieur. Par ailleurs, le« spoil system », captation d’un cer-tain nombre de fonctions administra-tives par des proches du parti ayantgagné les élections, tend à diffuserces caractéristiques à l’appareil étati-que. De nombreux think tanks ontainsi pu croître sur ce terreau extrê-mement favorable.

En France, l’appareil étatique s’estconstruit en un processus long qui avu les dépositairesde la monarchieaffronter leurs rivauxet constituer pro-gressivement unappareil administratifextrêmement centra-lisé. Comme le sys-tème des partis y estmoins stable et pluséclaté, la plupart des proto-thinktanks ont été internalisés à lamachine administrative.

En Allemagne, la construction del’Etat unifié est beaucoup plus tardiveet, elle s’est réalisée avec l’appui desgrands groupes industriels et des éli-tes économiques. C’est donc naturel-lement que ces derniers ont créé lespremiers think tanks, sous forme defondation. Un processus assez pro-che a été à l’œuvre au Japon à partirdu début de l’ère Meiji, à la fin duXIXème siècle.

Dans la Russie soviétique de l’aprèsseconde guerre mondiale, des orga-nisations aux caractéristiques pro-ches de celles des think tanks se sontdéveloppées mais dans le cadre dusystème de l’Etat-parti unique, c'est-à-dire avec une faible marge demanœuvre quant aux choix de leurssujets de travail mais une autonomieimportante dans la manière de traiterces sujets. Les think tanks apparais-sent à des périodes différentes selon

les Etats mais toujours à un momentoù l’appareil administratif prend uneimpulsion décisive vers la modernisa-tion et la rationalisation de son orga-nisation et de ses activités.

Que peut-on retenir de ce bref tourd’horizon ? Le phénomène des thinktanks n’est pas réductible à sonexpression anglo-saxonne. Les spé-cificités historiques et politiquesnationales impactent ce phénomène.La démocratie pluraliste représenta-tive n’est pas la condition indispensa-ble à l’apparition de think tanks, leurdéveloppement est plutôt lié à la

construction de l’appareil étatique età une volonté de rationalisation desactivités de la puissance publique. Lanotion d’indépendance qui permet dedéfinir le think tank est également àrelativiser. Le fait d’appréhendercelle-ci comme l’autonomie par rap-port au pouvoir administratif, politi-que ou économique induit deux biais.En premier lieu, il écarte un certainnombre d’organismes qui, au seind’un appareil administratif, peuvent

bénéficier degaranties statutai-res ou politiquesd’indépendanceplus solides quedes think tanksaux sources definancement com-plètement privéesmais dépendants

de certains contrats ou dons. D’autrepart, cette notion d’indépendanceaffichée est un pré requis fortementlié à l’histoire des think tanks auxEtats-Unis et elle est donc marquéehistoriquement et culturellement.

Méconnaître et négliger la dimensionhistorique et culturelle du phénomènedes think tanks, revient à les limiter àun symptôme de l’américanisation dumonde. Reconnaître leur diversitépermet de comprendre des organisa-tions qui jouent et joueront un rôleessentiel dans le fonctionnement denos sociétés.

Question de Saison par Romain Canler

Autrement dit, il ne peut y avoir de think tanksans Etat structuré et organisé. Le think tank n’apas de raison d’être s’il n’y a pas de puissance

publique à conseiller et à orienter.

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Présentation de quatre think tanks français :L’Institut Paul Delouvrier, Penser Public, l’Institut Kervegan & l’IFRAP

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Historique Paul Delouvrier (1914 –1995), était un haut fonctionnaire sous la IVème puis Vème République. Parmiles différentes responsabilités qu’il a exercées, nous retiendrons notamment celles de déléguégénéral au district de la région de Paris, de Préfet et de vice-président de la direction à l'aména-gement du territoire. C’est notamment dans ces fonctions qu’il laissera le souvenir d’un deshommes clefs de la planification, de l’aménagement du territoire et de la création des « villesnouvelles ». On lui doit en particulier la transformation du district Ile de France de trois départe-ments à huit (1956 – création de la petite et de la grande couronne) et la création des villes deMarne-la-Vallée, Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines, Évry et Melun-Sénart. Il finira sacarrière à la présidence d’EDF, puis au sein de l’établissement public du parc de la Villette. Sonattachement à la jeunesse s’exprimera par la création du Foyer International de Paris (FIAP JeanMonnet) qu’il présidera jusqu’en 1988.

A sa mort, ses amis, et ses collaborateurs ont décidé de créer en sa mémoire un institut deréflexion qui poursuive sa quête de modernisation de la société. Cet institut a pour objectif dediffuser les idées auxquelles Paul Delouvrier était attaché : le sens du service public, son effica-cité et ses missions et le désir d’œuvrer pour les générations futures en prenant des mesures endirection de la jeunesse.

Créé en 1995, l’Institut travaille en priorité sur : le service public, l’urbanisme, la constructioneuropéenne, l’énergie, et l’insertion des jeunes.

ValeursFidèle à l’héritage de Paul Delouvrier, l’Institut Paul Delouvrier (IPD) place la concertation et l’ou-verture aux acteurs de la société au cœur de son processus de recherche. L’ensemble des tra-vaux est mené en concertation permanente avec les parties prenantes : associations, adminis-trations publiques, décideurs, et citoyens. Pour Marcel Roulet, ancien président de l’IPD et pré-sident d’honneur, l’angle de travail du think tank est le suivant : “la […] démarche que nous vou-lons promouvoir, c’est la complémentarité entre l’approche administrative des problèmes et l’ap-proche associative”.

L’institut vise avant tout à proposer des leviers innovants pour moderniser l’Etat et ses services.

MissionsLa principale mission de l’Institut, telle qu’elle est définie par ses statuts est de : “contribuer à laredéfinition et au renouvellement de l'action publique, dans ses méthodes comme dans sesstructures, pour qu'elle soit en mesure de favoriser une meilleure adaptation de la société auxindispensables mutations en cours ou futures”.L’Institut affirme sa volonté de réfléchir de manière prospective aux évolutions de la société etde se concentrer sur la question de l’action publique. Le “baromètre des services publics” réa-lisé et publié par l’Institut en est la principale illustration.Dans cette optique, l’Institut a adopté un programme d’études et d’actions qui s’appuie sur desgroupes de travail. Actuellement trois axes guident les travaux de l’IPD :- Les services publics, leur action, leur évaluation, - le volontariat civil et les conséquences de la fin de conscription : à ce titre l’IPD fut le pre-mier think tank à relever les conséquences de la suppression du service militaire ; il en conclutqu’il fallait créer au plus vite un service civil. Sa réflexion l’amène aujourd’hui à proposer aux can-didats à la présidence de la République une feuille de route pour ne pas manquer la mise enplace de ce service civil,

Institut Paul Delouvrier75, avenue des Ternes75017 Paris

Tél : +33 (0)1 55 37 13 20Email : [email protected]

Réservoir d’acteurs

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- l’insertion professionnelle des jeunes : au regard de l’ampleur de cette tâche, l’IPD a choiside segmenter sa réflexion en trois volets : accès à l’emploi, découverte des métiers (place lais-sée à cette initiation dans les parcours scolaires) et ascension sociale.

Réalisations - Le baromètre des services publics : créé en 2003, c’est le premier outil nécessaire à laréforme de l’action publique souhaitée par l’Institut Paul Delouvrier. Il permet l’évaluation de laperception de l’efficacité des services publics par les citoyens et place la satisfaction des usa-gers au cœur des réformes des services publics. En association avec Radio Classique, la Tribuneet l’institut BVA, ce baromètre est un sondage semestriel auprès d’un millier de citoyens sur leurperception du service public. Il a fait l’objet d’un colloque en mai 2006 autour du thème “un levierpour la transformation des services publics”.- La Lettre de l’Institut Paul Delouvrier : annuelle, cette lettre regroupe les principaux travauxde l’Institut et les publications qu’il a soutenus ou réalisés. Elle est envoyée aux membres del’Institut, aux institutions partenaires, aux parties prenantes des thèmes abordés ainsi qu’à l’en-semble des décideurs publics. Gratuite, elle est également disponible sur le site de l’Institut. - Les notes de l’Institut : au fil de l’avancement de leurs travaux, les différents groupes del’Institut publient des notes stratégiques. Ainsi la note “Service Civil, civique, obligatoire ouvolontaire” de Juin 2006 regroupe la première série de propositions de l’IPD sur le service civil,en particulier sur la transformation des JAPD et l’intégration du volontariat civil aux périodes uni-versitaires. - Enfin, l’Institut organise des colloques et conférences publiques assez régulièrement (deuxà trois colloques ou débats par an), et soutient des publications sur la vie et les travaux dePaul Delouvrier.

DirigeantsChristian Bouvier : né en 1938, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, ingénieurgénéral des Ponts-et-Chaussées. Successivement chargé de mission auprès de PaulDelouvrier, ingénieur à la Direction Départementale en Essonne nouvellement créée,puis responsable du projet Tête-Défense auprès de Jean Millier (PDG de l’EPAD 1969-1977). Il a été conseiller technique urbanisme au cabinet de Michel d’Ornano (alorsMinistre de l’Environnement et du Cadre de vie) entre 1978 et 1981. Président deSGE Construction, puis de Borie SAE, il finira sa carrière à l’EPAD (EtablissementPublic d’Aménagement de la Défense) où il exercera les fonctions de DirecteurGénéral de 1993 à 2004. Il préside l’Institut Paul Delouvrier depuis 2001.

Marcel Roulet : Ingénieur général des Télécommunications,Présidentd’honneur de France Telecom dont il a assuré la présidence de 1991 à1995, Président-Directeur Général de Thomson de 1996 à 1997 et deThomson CSF (maintenant Thales) de 1996 à 1998, il a présidé l’insti-tut Paul Delouvrier de 1998 à 2001. Il en est président d’honneur. Il estégalement Président du Comité d’Audit de HSBC France depuis mai

2005. Marcel Roulet est aussi Administrateur de Thomson,Thales (représentant per-manent de Thomson SA), de France Telecom et Censeur de Pages Jaunes Groupe etde Cap Gemini (depuis le 12 mai 2005).

PartenairesAujourd’hui l’Institut compte plus de 200 membres individuels mais également unréseau d’institutions membres de l’association, et partenaires financiers, dont: EDF,France Télécom, RATP, La Poste, RFF,Veolia, Schneider Electric, et les EtablissementsPublics d’Aménagement de la Défense, de la Plaine St Denis, de Seine Arche et deSénart.

Description du site Sobre mais clair, le site de l’IPD consacre une grande partie de ses pages à l’œuvre dePaul Delouvrier.Mis à jour très fréquemment il a la spécificité de permettre de suivreau jour le jour les travaux des groupes de travail.

Réservoir d’acteurs par Jean-François Martins

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HistoriquePenser Public a été créé en 1996. Cette association loi de 1901 est l'expres-sion de la volonté collective d'un groupe d'étudiants diplômés de l'EN3S(Ecole Nationale Supérieure de Sécurité Sociale) de réfléchir ensemble sur lanotion de “services publics”. Cette notion serait, comme le rappelle DavidClair, “avant tout un construit historique et social”. Selon son président, cetteorganisation est apparue comme une réponse aux critiques qui étaient formu-lées à l’encontre du service public. Au début, cette association ne se définis-sait pas comme un think tank mais plus comme un club de réflexion regrou-pant des “professionnels des services publics”. Ce n’est qu’après avoir étéréférencé comme think tank, notamment par le Journal du management,qu’une réflexion s’est opérée en son sein sur le rôle que Penser Public pou-vait tenir dans l’espace public. Son financement est assuré par les cotisationsde la centaine de membres, avec un noyau dur de trente personnes. Toussont bénévoles. Il ne s’agit donc pas d’un think tank au sens “classique” duterme dans la mesure où aucun membre n’est salarié de l’organisation pourproduire de la connaissance dans un domaine d’expertise spécifique.

ValeursLes membres de Penser Public se considèrent avant tout comme des “pro-fessionnels des services publics”. Ils refusent de se laisser entrainer dans unevision partisane du service public avec tout ce que cela peut comporter depassion politique. Difficile pour autant de faire complètement abstraction dufait politique que représente le service public, consubstantiel à la constructionpolitique de l’Etat moderne*. En effet, toute vision spécifique du rôle de l’Etatinduit une représentation toute aussi particulière de la place des servicespublics dans la société. D'où une certaine difficulté à ne pas apparaîtrecomme un club de pensée corporatiste visant la défense d'un intérêt catégo-riel. Penser Public ne souhaite pas se positionner sur le périmètre spécifiquedu service public ce qui impliquerait un positionnement politique mais tra-vaille davantage avec l’existant, afin que celui-ci produise du sens pour lacommunauté toute entière. Certains des membres sont engagés politique-ment ou appartiennent à des syndicats. L’ensemble des grandes tendancespolitiques est représenté. Cette organisation a pour socle commun un ensem-ble de valeurs partagées : l’égalité, la solidarité et le sens du service.

MissionsPenser Public se donne entre autre la mission de dépassionner les débats surles services publics et de diffuser une parole de professionnels. Il s’agit pourles membres de ce think tank de permettre, via leur expertise et leur connais-sance des sujets, de proposer et de penser le fonctionnement, la place et lerôle des services publics dans la société française.

RéalisationsAfin de mener à bien ses missions, l’organisation agit sous trois angles diffé-rents :

Penser Public51, bd des Batignolles 75008 Paris

Tél. : 06 12 37 08 69Email : [email protected]

Réservoir d’acteurs

* cf les travaux de Max Weber, sociologue allemand.

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- Réunions / Débats : au nombre de six par an environ, ces réunions / débatssont l’occasion pour Penser Public d’inviter une personnalité des servicespublics à s’exprimer. Les derniers thèmes abordés ont été : Quelles politiques possibles de gestion des ressources humaines dans lesfonctions publiques ? Avec Catherine Zaidman (Secrétaire générale del’Observatoire de l’Emploi Public) ; Où en est l'évaluation des politiques publiques ? Avec Jean-Luc Outin(Chercheur au CNRS et directeur du laboratoire Matisse de l'Université ParisI Panthéon-Sorbonne).Des comptes-rendus de ces réunions / débats, et les documents de la pré-sentation sont en libre accès sur le site.- Colloques : organisés tous les deux ans, chaque colloque permet de ras-sembler pendant toute une journée des personnalités et des spécialistes surune thématique spécifique. Le colloque est aussi un vecteur de communica-tion pour Penser Public. Le dernier colloque s’est tenu le 30 juin 2006 sur lethème : Faut-il une doctrine des services publics en Europe ?. Là encore, desinformations précises sur le déroulement du colloque (intervenants, thèmesdes tables rondes), ainsi que des documents de travail sont disponibles enligne.- Groupes de travail ad hoc : certains membres de l'association se réunis-sent fréquemment pour réfléchir sur une thématique spécifique et rédigentdes propositions mises en libre accès sur le site internet.

Penser Public répond également à des invitations à des colloques ou confé-rences durant lesquels elle présente ses travaux de réflexion. Le think tank estainsi intervenu au GSE réforme de l'Etat du Parti socialiste, sur le thème : "Lamobilité des agents du service public", et à la commission "Réforme de l'Etat,budget et fiscalité" de l'UDF.

Des communiqués liés à des thèmes d'actualité sont régulièrement pro-duits et diffusés en ligne. Penser Public édite également une lettre d'infor-mation gratuite envoyée aux personnes s'inscrivant sur le site internet del'association.

Dirigeants et fondateursDavid Clair, président et fondateur de Penser Public est actuelle-ment directeur du recouvrement à l'Urssaf Paris. Il est diplômé del'Ecole Nationale de Sécurité Sociale, de l'IEP de Paris et titulaired'un DEA d'histoire.

Parmi les dix membres du conseil d’administration, Camille Brinet, trésorièrede Penser Public et chargée de mission à la Direction de la Sécurité sociale etEmmanuel de Foucauld, secrétaire de l’association et conseiller juridiqueauprès d’EDF.

PartenariatsContrairement à d'autres structures plus institutionnalisées, Penser Public n'a pasde partenariat hormis ceux qu'elle peut développer lors de manifestions particu-lières comme les colloques. Lors de son colloque intitulé “Faut-il une doctrinedes services publics en Europe ?”, l'association était partenaire de l'EcoleNationale des Ponts et Chaussées, de l'Association des anciens élèves et élèvesde l'EN3S et de l'association des “Jeunes Européens”.

Description du site Le site internet www.penserpublic.org est clair et les différentes rubriquessont distinctes ce qui permet une navigation tout à fait intuitive.Tous les travauxde l'association, la composition du conseil d'administration et les statuts du thinktank sont en accès libre sur le site.

Réservoir d’acteurs par Sélim Alili

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Historique Association loi de 1901, l’IFRAP, Institut Français pour la Recherche sur lesAdministrations Publiques a été créé en 1985 par Bernard Zimmern. Chef d’unepetite entreprise des Hauts de Seine, il constate un alourdissement du poids del’administration dans les affaires courantes de sa PME, tant dans le nombre desprocédures administratives que dans le volume législatif encadrant son activité.Ancien haut fonctionnaire, Bernard Zimmern se demande dans quelle mesure sesanciens collègues mesurent les conséquences de leur action en termes de libertéd’entreprendre et de flexibilité des entreprises.De passage aux Etats-Unis, Bernard Zimmern découvre le phénomène des thinktanks et la manière dont certains chefs d’entreprise investissent le domaine de laproduction de connaissance afin de faire passer leurs idées auprès des instancesdirigeantes. Il décide alors de créer son propre think tank. C’est sur le modèle duself made man qu’il décide de monter l’IFRAP en le finançant exclusivement sur sesfonds personnels. Aujourd’hui l’IFRAP représente sept salariés à temps plein et cinqbénévoles.

ValeursL’objet d’étude privilégié de l’IFRAP est l’administration publique. L’associationmilite pour une meilleure efficacité, et une meilleure utilisation de l’argent public.Dans le paysage intellectuel français, on peut définir l’IFRAP comme un think tanklibéral. Parmi ses principaux credo, on trouve: la responsabilisation de l’individu, ladélimitation du rôle de l’Etat là où le marché peut le remplacer, la libéralisation dumarché du travail et la défiscalisation des entreprises. L’IFRAP s’est notammentpositionné contre les 35H, les revenus de l’assistance et le pouvoir trop importantdes syndicats dans les hôpitaux. Si le positionnement de l’IFRAP est initialement apolitique, l’association ne se sous-trait pas à un positionnement idéologique fort : prônant la responsabilisation de l’in-dividu ou le moins d’Etat… Le terme idéologie désigne étymologiquement lascience des idées. Ne recevant aucune subvention de l’Etat ni d’aucune autre orga-nisation, le think tank développe une unité de pensée basée sur une véritable indé-pendance et une certaine expertise. Si l’IFRAP est libéral, il n’est pas nécessaire-ment de droite. D’ailleurs l’organisation ne s’est officiellement positionnée en faveurd’aucun candidat pour les élections présidentielles de 2007. Le think tank a créé unsite à l’occasion des élections présidentielles http://www.ifrap-2007.org/ sur lequelil met à l’étude les programmes des différents candidats et mesure la proximité despropositions de ces derniers face à leurs propres recommandations, notammentsur le contrôle de la dépense publique, la santé et la diminution du chômage.

Croire que ce think tank condamne l’administration publique et le service publicd’une manière générale serait une grave distorsion de la réalité. Bernard Zimmernest le premier à affirmer l’impérieuse nécessité d’un service public efficace. Il estd’ailleurs resté très attaché à son passé de haut fonctionnaire.

MissionsLes deux principales missions de l’IFRAP sont d’apporter une critique positive dela manière dont l’Etat dépense l’argent des contribuables, et d’importer les métho-des de management moderne dans la fonction publique pour la rendre plus effi-cace.Pour Bernard Zimmern l’équation est très simple : “Nous nous donnons les moyensde l’expertise. A l’IFRAP, c’est une personne sur un dossier pendant un an”

l’Institut Français pour la Recherche sur les Administrations Publiques5, rue Cadet75009 PARIS

Tél : 01.42.33.29.15 / Fax : 01.40.26.47.19Email : [email protected]

Réservoir d’acteurs

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Indépendamment de son orientation et de ses préconisations, cette organisation aaccru sa légitimité du fait même de l’expertise acquise dans certains domaines. Lesdeux maîtres mots du dirigeant sont “unité de pensée” et “spécialisation”.

RéalisationsLes réalisations de l’IFRAP se concentrent autour des colloques et de leurs publi-cations.• Les colloques : organisés à l’Assemblée Nationale, ils sont l’occasion d’étoffer leréseau et d’accroître la légitimité du think tank à s’exprimer sur des sujets liés aufonctionnement de l’administration. Les derniers colloques avaient pour intitulés :Hôpital public : quel avenir ?, organisé avec les députés Bernard Debré et Paul-Henri Cugnenc, le 23 mars 2005 et Dépense publique : le Parlement spectateur ouacteur ?, mis en place avec Génération Entreprise, le 15 juin 2004.Ces colloques, organisés une ou deux fois par an, sont généralement payants (de30 à 150 euros).• Les publications : elles se déclinent sous différents formats : - La revue Société Civile : publication mensuelle accessible via le site internet del’IFRAP par abonnement, elle regroupe des enquêtes, des témoignages, l’actualitédu think tank et les initiatives de la société civile en France et à l’étranger.- Les Hors Séries de Société Civile : il s’agit d’approfondir une thématique. Ledernier hors série était intitulé : Parlement bâillonné : nos députés parlent. BernardZimmern et Agnès Verdier y exposaient la nécessité de reformer nos institutions etnotamment les sources d’après lesquelles nos députés votent le budget. Le thinktank milite pour la création d’un organisme ad hoc et indépendant du MINEFI, ins-piré du Public Accounts Comittee anglais, qui renseignerait le Parlement sur lescomptes de la nation et les orientations budgétaires.- Les livres : ils sont publiés pour l’essentiel sous la plume de Bernard Zimmern.Le dernier en date Les profiteurs de l’Etat, de Bernard Zimmern , publié en janvier2001 chez Plon, s’est vendu à 50 000 exemplaires.- Les lettres de l’IFRAP : sorte de billets d’humeur pour lesquels les internautessont invités à répondre et donner leur avis sur le sujet traité.

DirigeantsBernard Zimmern est né en 1930.Ancien élève de l'Ecole poly-technique et de l'Ecole Nationale d' Administration (1953-1955), ildébute sa carrière en tant que détaché à la Régie Renault où il déve-loppe le groupe de la recherche opérationnelle (1955-1957) tout endirigeant les ateliers de boulonnerie et de la préparation mécanique.Il entre ensuite à la CEGOS où il occupe un poste d’ingénieur au

Département Economie Appliquée, puis devient directeur du développement.En 1999, il reçoit le Prix Renaissance de l’Economie attribué par Michel dePoncins alors président de l’Association Catholique pour les libertés économiques.Bien que fondateur de l'Institut Français pour la Recherche sur les Administrationspubliques (IFRAP) en 1985, il n’en devient président qu’en 1991.

Pierre angulaire de l’association, Bernard Zimmern est entouré d’une équipe derédaction composée notamment d’Agnès Verdier, journaliste à Société civile etchargée des relations extérieures de l’IFRAP, et de Nicolas Lecaussin, rédacteuren chef de Société civile.

PartenariatsL’IFRAP a été mis en place avec les fonds personnels de son président. Il est égale-ment financé par le biais de sa revue, mais ne reçoit aucune subvention de l’Etat nid’aucune autre organisation.

Description du siteLe site internet de l’IFRAP fourmille d’informations et de notes. Il manque cepen-dant de fluidité dans la navigation et la convivialité du site mériterait d’être retra-vaillée. L’abonnement à la revue Société civile ainsi que l’ensemble des rubriquesest facilement accessible.

Réservoir d’acteurs par Sélim Alili

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Historique La fin des années 70 est une époque importante pour la ville de Nantes. De la rupturepolitique à la Mairie de Nantes (arrivée d’Alain Chénard, maire socialiste) en passant parl’essor économique et le développement urbain de la ville, tout semble favoriser la pro-duction d’idées et le besoin de l’élite Nantaise à participer aux politiques publiques dedéveloppement de leur territoire.

En 1977, Jean Joseph Régent, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie deNantes St Nazaire et Port Autonome de Nantes - Saint-Nazaire, décide de regrouperautour de lui les principaux acteurs économiques et sociaux de la ville pour penser l’ave-nir de la Métropole. “C’est la volonté d’ouvrir le chemin vers un nouveau monde pournotre cité qui nous a rassemblé” se souvient-il. Ayant pris l’habitude de se réunir chaquesemaine autour de la table d’un restaurant de la rue Kervégan, ils décident de fonderensemble “le groupe Kervégan”. Au départ très élitiste, ce groupe sera des plus influentsdans les choix faits pour la ville de Nantes et organisera des rencontres sur les thèmesmajeurs du développement local.

L’influence du groupe est telle que son fondateur y dédie, en 1999, un ouvrage intituléRue Kervégan – Nantes 1977-1998, L'action des citoyens dans la cité, 20 ans qui ontchangé la ville,. Cet ouvrage mêle chronique et témoignages d'acteurs et propose uneanalyse comparative des évolutions de la ville de Nantes et de la vie du groupe Kervégan.Ce qui était un groupe devient en 1986 « l’Association pour la création de la FondationKervégan », en mars 2000, après 23 ans de fonctionnement « informel », l’InstitutKergévan est officiellement créé. Par son histoire ancienne au regard des autres think tanks français et son caractère ter-ritorial décentralisé, l’Institut Kervégan constitue un centre d’études unique en son genre.

ValeursLes valeurs de l’Institut Kervégan sont liées à son histoire. Si Jean-Joseph Régent, sonfondateur, s’essaiera à la politique dans la fin des années 80, le groupe Kervégan est parnature, un groupement d’acteurs de la société civile. De cette identité, l’Institut tire soncorpus de valeurs : démocratie sociale et participative, tolérance, échanges, respect del’autre, solidarité. “Le ciment de ce groupe était fait des valeurs que nous partagions : res-pect des personnes, tolérance, lucidité et confiance”, confie son fondateur.Le groupe Kervégan pose deux constats préalables à sa démarche : - Le lien fort entre les évolutions et le dynamisme d’un territoire et la capacité de chaquecitoyen à contribuer à sa prospérité et à son développement. - La conviction que seule une initiative citoyenne publique peut créer un élan permettantplus de dynamisme et de solidarité au sein d’une communauté. D’abord sélectif, l’Institut Kervégan s’est progressivement ouvert et croit aujourd’hui à lacollégialité comme garantie de l’indépendance et de la qualité de la pensée. Pour le fon-dateur, « Au cours de ces 30 années, notre démarche est restée la même mais le ressour-cement générationnel des membres et l’entrée des femmes dans notre organisation nousont conduit à élargir nos champs de références ».

MissionsSans parti pris sur les thématiques de recherche, l’Institut Kervégan affiche la volontéd’être avant tout un outil pour les citoyens et la société civile. Il vise à favoriser la partici-pation des citoyens aux choix des voies et moyens d’évolution de leur société. “Son objetest de développer un laboratoire d’idées de la société civile qui favorise l’intelligence col-lective des territoires”, résume Jean-Joseph Régent. La conviction de l’Institut réside dans l’action collective des citoyens, de la société civile

IK Institut Kervegan4 cours Olivier de Clisson44000 Nantes

tel : 02.40.12.41.41 / fax : 02 40 12 41 51mail : [email protected] : www.institut-kervegan.com

Réservoir d’acteurs

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et des chercheurs ; il veut être un “centre d’études et d’analyses pour la mise en valeurdes savoirs et des talents”. Les domaines de prédilection de l’Institut Kervégan sont :l’aménagement du territoire, la société de la connaissance, la jeunesse, l’Europe et bienentendu la métropole nantaise.

Si son action est historiquement locale, l’association nantaise ne s’interdit aucune thé-matique et aborde également les grands problèmes contemporains à travers le prismede la société civile. C’est dans cet esprit que son dernier ouvrage, Les femmes en mou-vement, restitue les travaux d’études et les échanges organisés par l’Institut autour de laplace des femmes dans nos sociétés.

RéalisationsLes actions de l’Institut Kervégan se déclinent sous trois formes : - Les dîners débats : accessibles sur invitation, ils regroupent les acteurs économiqueset sociaux autour d’une thématique et d’un orateur. En moyenne bimestriels, ils sont unpassage important pour les décideurs locaux. On y a par exemple accueilli en orateursmessieurs François Fillon, Jean Claude Antonini (maire d’Angers, Vice-président duConseil Régional) ou Jean Yves Le Drian (Président du Conseil Régional de Bretagne). - Les débats publics : plus rares, gratuits pour tous, ils correspondent en général à lasortie d’ouvrages de l’Institut et permettent de soumettre les constats et propositions audébat citoyen. - Les publications : en moyenne l’Institut Kervégan publie un à deux ouvrages par an,fruits de ses travaux d’échanges, de recherche universitaire, et de mobilisation de lasociété civile sur un thème. Ces “Cahiers de l’Institut Kervégan” sont disponible à lavente sur le site (entre 20 et 30 euros).

DirigeantsJean-Joseph Régent, Président de l’Institut Kervégan : après avoir créé laSOAF (devenue Nantaise des eaux) en 1955, cet industriel nantais devientPrésident de la CCI de Nantes Saint Nazaire (1976-1981) puis Président duPort à deux reprises (de 1979 à1981 et entre 1984 et 1988). Fondateur del’ACEL (Association Communautaire de l’Estuaire de la Loire), de l’ADEL(Association des Entreprise de l’Estuaire de la Loire), du PRIN (Pôle deRecherche et d’Innovation à Nantes) il a occupé de nombreuses fonctions

nationales : président de la Fédération Nationale des Industries du béton, membre du comitédirecteur du Plan Construction. Il fut également chargé de mission auprès du préfet de larégion des Pays de la Loire au moment du lancement de l’idée du futur Aéroport de N.D. desLandes.Il est aujourd’hui président du conseil de développement de Nantes Métropole et tou-jours président de l’Institut Kervégan.

Jacques Floch : cet imprimeur de formation devient premier adjoint au maire de Rezé en1971,puis maire en 1978. Il est également député de Loire-Atlantique depuis 1981 et a d’oreset déjà annoncé qu’il ne briguerait pas un mandat supplémentaire, puisqu’il a choisi de deve-nir avocat. Ce membre de l’Institut Kervégan depuis les années 90 est aussi un des plus actifspromoteurs de la construction intercommunale de l’agglomération nantaise.

Parmi ses autres membres : Jean-Pierre Helfer (directeur général d'Audencia), EmilieSarrazin (conseillère municipale de Nantes), Alain Mustière (président du CESR), RémiRaher (Membre du Conseil d’Administration du Centre National des œuvres Universitaires etScolaires), Hélène combe (Observatoire de la Décision Publique)...

PartenariatsL’Institut Kervégan est financé par des mécènes : personnes morales qui soutiennentl’Institut et bénéficient de ses réflexions, et des bienfaiteurs : institutions ou collectivi-tés finançant l’association et utilisant ses compétences. Elle perçoit également les coti-sations de ses adhérents et les abonnements de ses correspondants aux publications.Un barème des cotisations est consultable en ligne.

Site InternetA la fois clair et complet, le site de l’Institut Kervégan permet notamment de comman-der les publications de l’institut et de s’informer sur les prochaines dates de l’InstitutKervégan.

Réservoir d’acteurs par Jean-François Martins

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Marc Ullmann, Fondateur du Club des VigilantsDe la curiosité à la vigilance.

Portrait

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Ancien journaliste “multicartes”, Marc Ullmann est pré-sident et co-fondateur du Club des Vigilants, un club despécialistes convertis à l’anti-spécialité. Son objectif :analyser les menaces actuelles de façon multidimen-sionnelle avec des esprits curieux. Portrait d’un agita-teur d’idées, gardien de la Vigilance.

Marc Ullmann n’est pas raisonnable… A 77 ans, il n’a paspeur de bousculer les idées reçues, de mélanger les genreset de se laisser étonner. Sa ligne de conduite : la vigilance !Comprenez que parfois, pour rester vigilant, il faut laisserde côté ses idées reçues … Mais à ce niveau d’expérience,comment fait-il pour rester vigilant ? Il applique toujours lesmêmes recettes, celles d’un bon “multicartes” de l’informa-tion : “Souvent, en tant que journaliste, les apparences vouspoussent à tirer des conclusions hâtives si vous les obser-vez à travers un seul prisme… La vigilance conduit à ne pass’emballer selon sapropre logique mais àaller chercher dansd’autres domainesdes explications auxphénomènes. C’esten analysant l’infor-mation de façon mul-tidimensionnelle quel’on peut entrevoir leplus intéressant : cequi, au présent, préfi-gure l’avenir.”

Très vite positionné comme “non-spécialiste” de la presse,Marc Ullmann est passé par les rubriques économie,société et étranger de diverses rédactions (Le Monde,l’Express, Les Echos : rédaction en chef, FR3, Paris Match,Le Télégramme, RTL…). S’accordant quelques détours, il a

été fonctionnaire à la Communauté européenne du charbonet de l’acier, directeur adjoint des Etudes à l’Institut atlanti-que, co-fondateur d’Action contre la faim, fondateur del’Association pour la recherche et la diffusion des initiatives.A l’heure de la retraite, il aurait pu se reposer sur ses idées,

mais il a décidé deles bousculerencore plus en fon-dant en 1999 leClub des Vigilants.“Parce que la mon-dialisation amplifieencore les syner-gies entre les diffé-rentes menaces quipèsent sur notremonde, nous avonscréé un club deréflexion autour de

ces différentes menaces. Notre club rassemble des gensd’univers très différents qui réfléchissent ensemble sur lesproblématiques actuelles”, explique Marc Ullmann.

Journalistes, patrons, écrivains, scientifiques, philosophes,sociologues, les 250 Vigilants “permanents” ont en com-mun des connaissances de spécialistes associées à unecuriosité de non-spécialistes. Chez les Vigilants, on parlede sujets aussi divers que la gestion de l’eau, les start-up,le fonctionnement du cerveau, l’Islam, l’urbanisme en ban-lieue… La méthode : pour une problématique donnée,chercher des éléments d’analyse dans des domaines com-plètement différents pour ne pas passer à côté d’éventuel-les synergies qui pourraient permettre de mieux appréhen-der l’avenir.

Jamais épuisé, Marc Ullmann trouve toujours de nouvellesproblématiques pour ses Vigilants. Son moteur ? “Le soucide l’honnête homme du XVIIIème, la curiosité de compren-dre le monde et d’essayer de préfigurer, et pourquoi pas,d’agir sur l’avenir.”

“La vigilance conduit à ne pas s’emballerselon sa propre logique mais à aller

chercher dans d’autres domaines des explications aux phénomènes.”

Les instances dirigeantes du Club

Roger Fauroux, Marc Ullmann et Jean-Claude Payesont membres d’honneur du Club des Vigilants. Le conseil

d’administration rassemble des personnalités aussi diversesque Robert Guillaumot, Bernard Esambert, Alain deVulpian, Claude Astin, Christian Blanc, Dominique

Desseigne, Thierry Grimaux, Alexandre Jardin,France de Malval, Wolfgang Michalski, Raja W. Sidawi

et Jean-Philippe Thierry.

L’actu’ des Vigilants

Le Club des Vigilants propose à ses adhérents des petits déjeu-ners thématiques. Les prochains auront lieu au Fouquet’s lemardi 24 avril autour du thème “urbanisme et crise desbanlieues”, animé par Benoît Peaucelle, et jeudi 16 maiautour du sujet “l’avenir à contre courant des idéesreçues”, animé par Michel Godet. En vue d’exercer son

influence en proposant des actions, le Club des Vigilants a misen place des groupes de travail : le groupe “cumul des

menaces” piloté par Jacques Blamont, le groupe “MoyenOrient” dirigé par Jacques Andréani et le groupe “inadéqua-

tion entre l’offre politique et la demande sociétale”piloté par Alain de Vulpian.

Le blog des Vigilants : www.clubdesvigilants.com

Portrait par Claire Morel

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Grégory MAILLY : Madame le Ministre, avant de rejoindrele gouvernement de Dominique de Villepin en juin 2005,vous dirigiez le cabinet d’avocat Baker & McKenzie àChicago. Quelle comparaison faites-vous entre les thinktanks français et américains, que ce soit au niveau desaxes de travail, de leur organisation, de leur évolution et dubut recherché ? Trouvez-vous par exemple que les thinktanks français sont moins dans l’influence que dans laréflexion, notamment comparé à leurs collègues anglo-saxons ?Christine Lagarde : Tout d’abord, je ne suis pas une expertedes think tanks ni français, ni américains du reste. Néanmoins,la première différence majeure porte à mon avis sur l’écartcolossal de moyens financiers. Car c’est tout de même cela quipermet une capacité de mobilisation, de communication. Etcette force de frappe est bien plus importante aux Etats-Unisqu’en France. Le deuxième point porte sur la notion de respec-tabilité entre les thinktanks des deux pays.Les think tanks mesemblent plus respec-tés aux Etats-Unisqu’en France. Celas’explique par les liensentre les think tanks etl’Etat. Cela se mesure au nombre de rapports par exemple quecommande l’Etat à différents think tanks. En ce qui concerne la notion d’influence, je voudrais insistersur la distinction entre les think tanks et les lobbys, qui n’ontpas la même activité ni la même finalité. Les think tanks ont uneactivité de générateur d’idées, de réflexion, de capacité de pro-position.

G.M. : Vous avez fait partie d’un think tank, le CSIS (Centerfor Strategic & International Studies) lors de votre carrièreaux Etats-Unis. Ce point a d’ailleurs été soulevé comme undébut de polémique lors de votre entrée au gouvernement.J’aurais aimé connaître votre sentiment sur ce reproche

que certains ont pu formuler en disant finalement: “com-ment va-t-elle défendre demain nos PME françaises alorsqu’elle défendait hier le tout puissant lobby pétrolier amé-ricain ?“C.L. : Cette polémique démontre la méconnaissance totale deleurs auteurs sur la différence entre think tanks et lobbys, et surles activités d’un think tank. Au sein de la commission ActionUSA / UE / Pologne de ce think tank, nous avons travaillé prin-cipalement à décrire les best practices applicables aux paysd’Europe de l’Est pour faciliter leur insertion dans l’économiede marché internationale (pratique douanière, transparencetarifaire, gouvernance, etc). Enfin, j’ajouterai qu’imaginer uninstant que Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécuritédu Président Carter, aux côtés de qui je travaillais, puisses’abaisser à faire du lobby est tout bonnement incroyable. Vous savez, je m’intéresse aux think tanks parce que ce sontde formidables générateurs d’idées. Ils me semblent indispen-

sables parce que jecrois fondamentale-ment qu’au XXIème

siècle plus qu'avant,ce sont les idées quigouverneront lemonde.

G.M. : Vous avez déclaré en septembre 2006 au coursd’une rencontre avec les membres du Cercle desEntreprises Offensives (CEO) : “La France a besoin d'untissu dense et dynamique de think tanks pour renforcerson influence à l'étranger et peser de tout son poids dansles grands arbitrages internationaux. Au XXIème siècleplus qu'avant, ce sont les idées qui gouvernent le monde”.Vous faites donc le constat que ce n’est pas l’économie,encore moins la politique, du moins pas seules ?C.L. : Vous savez, on saura toujours comment réduire la tailledes téléphones, comment faire des écrans plats encore plusgrands et plus plats, mais précieuses sont les quelques per-sonnes qui peuvent générer des idées nouvelles sur des gran-

Appelée aux affaires politiques par Dominique de Villepin en juillet 2005 commeministre déléguée au Commerce extérieur, Christine Lagarde dirigeait précédem-ment le cabinet d’avocat Baker & McKenzie à Chicago (États-Unis), au sein duquelelle a effectuée l’essentiel de sa carrière.

Entretiens

“Au XXIème siècle, ce sont les idées qui gouverneront le monde”

Christine Lagardeou la volonté de mettre les idées au pouvoirEntrevue menée par Gregory Mailly.

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des questions qui se posent au monde. Il y a bien quelquesgénies, mais en leur absence, on a besoin de l’émulation intel-lectuelle et du foisonnement d’idées générés par les thinktanks.

G.M. : Quel sentiment portez-vous aux think tanks fran-çais ? C.L. : Les think tanks français n’ont pas recours à des moyensde communication à la hauteur des idées qu’ils génèrent. Jeprends un exemple : regardez ces livres sur mon bureau (ellemontre une pile de 30 cm de haut), voilà ce que j’ai reçucomme publications depuis le début de la semaine. Je travaille14 ou 15h par jour, alors il est bien évident que je n’aurai pas letemps detous les lire.Je réfléchisà voixhaute maisje crois quece n’estpas ene n v o y a n tdes publi-cations constamment à un ministre que l’on fait passer lemieux ses idées. Je pense donc qu’il y aurait mieux à faire pourporter des idées souvent excellentes.

G.M. : Y a-t-il quelqu’un qui au sein de votre ministère oudu MINEFI est chargé des relations avec les think tanks, ouchargé du lobbying ?C.L. : Honnêtement, je ne le sais pas, mais je ne connais pastoutes les personnes du MINEFI. Au sein de mon cabinet, cha-cun des conseillers techniques reçoit les avis, lit les publica-tions dans le domaine de sa compétence.

G.M. : Quel regard portez-vous sur les changements derôles que vous avez pu tenir vis-à-vis des think tanks au filde votre carrière : d’influenceur à influençable en quelquesorte ?C.L. : Vous savez, il y a les idées et les canaux qui véhiculentces idées. Je pense que ce qui compte le plus encore une fois,ce sont les idées, quels que soient les canaux qu’elles emprun-tent. Les Américains disent : « whatever the pipe as long as theidea is in it.” Il y a une indépendance entre les idées et lestuyaux qu’ils empruntent. Ma vision et l’intérêt que je porte auxthink tanks n’a pas changé que j’en fasse partie ou depuis queje suis ministre.

G.M. : Vous avez prouvé que l’on peut être appelée auxaffaires en politique à un niveau très important de respon-sabilités, sans passer par un parti politique, uniquementpar le fruit de votre travail dans la société civile. Pensez-vous que cet essai puisse être transformé sur le longterme, en s’appuyant sur des think tanks par exemple ? C.L. : J’essaie de montrer à ma place que ce passage de la

société civile au poste de ministre est possible. La politique ena besoin, et c’est aussi pour cela que je souhaite mener mamission jusqu’au bout. C’est insensé de voir à quel point leshommes politiques pensent faire partie d’une catégorie à part.Je vous donne un exemple : alors que je répondais aux ques-tions orales au gouvernement au Sénat, j’entendais les socia-listes à cours d’invectives huer : “ouh… elle est nouvelle, ellen’y connaît rien…”, et les sénateurs de droite de répondre enayant le souci de me défendre “justement, laissez lui le tempsd’apprendre”. Cet épisode montre bien que la classe politiquedans son ensemble comprend mal que l’on puisse participer àun gouvernement sans avoir fait un parcours initiatique unique,forcément par la politique, comme si l’expérience de la sociétécivile ne comptait pas et ne fournissait pas de valeur ajoutée.

G.M. :P e n s e z -vous qu’ilsoit pos-sible deconstruireune pré-s e n c e

ministérielle ou électorale sans attache politique ? Pour ledire autrement, est-il concevable concrètement de faire dela grande politique sans être lié aux petites affaires politi-ques, en restant à un niveau élevé, comme un think tankfinalement ? Christophe Barbier, dans une interview précé-dente pour notre revue, considérait que la finalité d’unthink tank pourrait être de voir un de ses représentantsconseiller un chef de l’Etat, comme passerelle idéale pourvoir ses idées reprises. Partagez-vous cette vision du lienentre politique et think tank ?C.L. : Oui, j’y crois fortement. Ça n’est qu’une question devolonté. Cela est complètement possible si le ministre souhaitetravailler avec les idées de ce think tank à condition que la per-sonne qui en émane ne rentre pas sous la bannière du thinktank mais bien comme conseiller technique du ministre. Jecrois d’ailleurs que ce type de fonctionnement serait salutaire,à condition qu’il ne soit pas exclusif, mais pluridisciplinaire etmultidirectionnel. Au bout du compte, au terme de la réflexion,le libre arbitre du membre du gouvernement doit subsisterdans le respect du contrat passé entre l’exécutif et le législatif!

G.M. : Si vous deviez citer quelques think tanks ?C.L. : Le CSIS tout d’abord, je leur dois bien ça. Et pour lesfrançais : l’Institut Montaigne, l’IFRI et l’IRIS.

G.M. : La dernière question est plus personnelle : Où espé-rez-vous être dans un an ?C.L. : Dans un pays libre. Avec des gens honnêtes. Où le tra-vail est reconnu et valorisé.

Entretiens par Grégory Mailly

“Je crois que ce n’est pas en envoyant des publicationsconstamment à un ministre que l’on fait passer

le mieux ses idées. Je pense donc qu’il y aurait mieux àfaire pour porter des idées souvent excellentes.”

Entretien relu par l’interviewée.

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Olivier Jonglez : Monsieur le Ministre, durant votre carrière,vous avez occupé successivement des fonctions de pouvoir,d’action d’une part et de réflexion, de production d’idéesd’autre part. Quel rapport avez-vous entretenu avec les thinktanks au cours de votre carrière jusqu’à aujourd’hui ?Hubert Védrine : Avant 1981, j’étais peu confronté aux thinktanks. Ensuite, à partir de mon arrivée à l’Elysée en tant queconseiller diplomatique de François Mitterrand, j’ai eu un rapportd’utilisateur des think tanks, de commanditaire, de client. J’étaisdestinataire d’une avalanche de notes. J’ai commencé à enrecevoir du Conseil d’analyse et de prévision (CAP), qui fonc-tionne comme un think tank interne et dont l’utilité est grande. J’ai toujours pensé qu’il était extrêmement intéressant pour desdécideurs ou des analystes d’avoir à leur disposition des idéesoriginales, nouvelles, que l’on puisse croiser, enrichir et compa-rer à d’autres choses. Dans l’appareil d’Etat, il faut le faire tout letemps et cela a été une idée très intelligente de la part de MichelJobert de créer le CAP, avec l’aide de l’excellent travail deThierry de Montbrialet de Jean-LouisGergorin. En même temps, jene me limitais pasau CAP, j’éprouvaistoujours le besoinde croiser avecd’autres sources,d’alimenter mesidées par des ren-contres et des lec-tures. Je suis aussientré en contactavec l’IFRI que j’ai tenu à soutenir, tout en permettant l’existenced’autres think tanks pour favoriser l’émulation.Lorsque je suis devenu Ministre des Affaires étrangères de 1997à 2002, j’avais le CAP à ma charge et j’ai continué à appliquerma méthode pour m’informer : s’informer partout sans être pri-sonnier d’aucun réseau. Le CAP était alors une source intéres-sante d’informations pour moi, et je l’alimentais parfois avec desdirections de réflexion. J’essayais également de faire en sorte

que le Ministère soit plus présent dans les colloques et les sémi-naires internationaux. On parle toujours de stratégie d’influenceet c’est effrayant car cette notion a été définie il y a très long-temps, que tout le monde sait ce qu’il faut faire et que l’on repartde zéro à chaque fois. Au lieu de gémir sur notre influence quidiminue, nous ferions mieux d’utiliser l’influence que l’on aencore.

OJ : Pensez-vous qu’il y ait une raison particulière expliquantqu’un grand nombre des think tanks qui sont parvenus àémerger en France soient associés au domaine des relationsinternationales ?HV : Non, je n’en ai aucune idée et je ne peux pas comparer cequi s’est passé dans les relations internationales et dans lesautres domaines. Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut pasconduire une politique étrangère sans réfléchir à ce qui va sepasser, aux changements en cours. Il faut trier les informations,préparer des options. Il faut toujours se demander, compte tenu

des intérêtsessentiels, quelssont nos choixpour pouvoir éla-borer des scéna-rios, y compris lesplus farfelus. Selon moi, lesthink tanks n’ontpas totalementémergé même si ily a de bonnesidées à prendre àl’IFRI, à l’IRIS, au

CERI ou ailleurs. Les think tanks doivent remplir trois fonctionsdistinctes : analyse, prévision et proposition. Les think tanksfrançais font de très bonnes analyses et se trompent autant queles autres sur les prévisions. Pour les propositions, les thinktanks français sont faibles et il y a des raisons à ça. Une des raisons pour lesquelles il n’y a pas de think tank fran-çais de proposition en matière étrangère en France, est que laFrance a intériorisé de façon abusive l’idée qu’elle n’est plus

Hubert Védrine est diplômé de l’Institut d’étude politiques, et ancien élève del’ENA. En 1981, François Mitterrand l’appelle à l’Elysée en tant que conseillerdiplomatique. Il devient ensuite porte-parole de l’Elysée en 1988, puis secrétairegénéral de 1991 à 1995. De 1997 à 2002, il occupe la fonction de Ministre desAffaires étrangères. Aujourd’hui, il préside l’Institut François Mitterrand et afondé un cabinet de conseil en stratégie géopolitique.

Hubert Védrine - De la nécessité de proposer pourexister, les think tanks français en devenirEntrevue menée par Olivier Jonglez.

“Les think tanks doivent remplir trois fonctions distinctes : analyse, prévision et proposition. Les think tanks français font de très bonnes

analyses et se trompent autant que les autres sur les prévisions. Pour les propositions,

les think tanks français sont faibles...”

Entretiens

1Continuer l’histoire, par Hubert Védrine, Adrien Abécassis et Mohamed Bouabdallah (éditions Fayard – janvier 2007)

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qu’une puissance moyenne, qui n’a plus d’emprise sur les cho-ses. Comme je l’explique dans mon dernier livre1, il y a un lienfort entre le fait que nous croyons ne plus avoir d’influence et lecelui de se réfugier derrière des postures ou des discours. Parexemple, le discours de Dominique de Villepin à l’ONU est trèsbeau littérairement, mais cela n’a rien empêché. Il est terrible quel’on juge extraordinaire quelque chose qui n’a pas eu d’effet...Il y a quand même une fondation qui est en train de monter etqui commence à travailler dans cet esprit, c’est la Fondationpour l’Innovation politique.

OJ : Outre cette position en retrait des Français sur le planinternational, pensez-vous qu’il existe d’autres facteurs ouamalgames, je pense notamment à la confusion thinktank/lobby, qui pourraient expliquer la faible influence desthink tanks en France ?HV : Il y a peut-être en effet l’aversion au lobbying et peut-êtreaussi le manque d’habitude de la dialectique entre l’action et laréflexion. En France, les gens qui se présentent en tant que thinktanks sont souventdes analystes. AuxEtats-Unis, ce n’estpas le cas, ce sontaussi des gens quiont des politiques enréserve, et qui font enpermanence le travailque l’on fait enFrance dans la précipitation lors des campagnes électorales àhuit jours de l’élection. Il y a clairement un besoin en France eton aurait tout intérêt à favoriser cela.

OJ : La large médiatisation de la société aujourd’hui permetun accès plus large à la production d’idées. Est-ce que,selon vous, cela ne se réalise pas au détriment de la qualitédes idées produites ? Est-ce que cela ne provoque pas unecourse au slogan, à l’idée vendeuse ?HV : Je pense que la médiatisation sous sa forme moderne estune calamité, que cela crée un océan d’inculture avec des réac-tions émotionnelles et schématiques. Cela affecte le pouvoirpolitique et il n’y a pas de raison que cela affecte les think tanks.Il devient extrêmement difficile de gouverner dans les sociétésmodernes où les gens réagissent au quart de tour et sont bom-bardés d’informations. Rien n’empêche par contre un think tankde fonctionner normalement, il n’est pas sous les feux de larampe et pas obligé de se médiatiser.

OJ : Oui, mais dans le lien avec l’action publique, ce sontsouvent des formules qui sont reprises par les décideurs, oumême les médiasHV : Le fait qu’un think tank soit présenté de façon réducteur parun article n’a pas d’importance. L’important, c’est ce que fait ledécideur. Si un Président décide d’évaluer diverses propositionsà sa disposition, de regarder calmement ce qui lui est proposé,le think tank doit pouvoir le faire. Cela ne doit pas être plus diffi-cile que pour quelqu’un qui écrit un livre ou un professeur quiréfléchit à ses recherches. Par contre, dans l’usage qui en est faitpar le politique, on retrouve l’influence médiatique. La médiatisa-tion gêne les dirigeants, pas les think tanks. Un think tank qui serait tenté de proposer des choses simplespour qu’elles soient reprises plus facilement ne remplirait plusvraiment sa fonction. Il est vrai que certains think tanks sont àcheval entre les deux. L’Institut Montaigne monte parfois en

épingle des sujets en profitant d’un climat pour créer un engoue-ment, un intérêt.

OJ : On voit fleurir un grand nombre de think tanks à voca-tion européenne ou à thématique européenne. Est-ce quecela traduit ou favorise, selon vous, l’émergence d’une pen-sée commune européenne ?HV : Ni l’un, ni l’autre. Beaucoup d’entre eux sont des lobbysdéguisés. Quand ce ne sont pas des lobbys d’intérêt, ce sontparfois des lobbys intellectuels. Il y a par exemple un fort cou-rant fédéraliste dans les institutions qui est pourtant complète-ment minoritaire dans les opinions publiques. L’idée est qu’ilconvient de “réévangéliser” les gens, donc il se crée beaucoupd’organismes de prosélytisme. Ce ne sont pas de vrais thinktanks, ce sont des missionnaires. Outre ces lobbys, de temps entemps, des organismes se créent, mais est-ce que ce sont vrai-ment des boîtes à idées pour aider les institutions européennesà prendre des décisions, ou plutôt des relais des positions de laCommission face aux résistances nationales ou des relais des

positions nationalesface à laCommission, il fautregarder de près.Honnêtement, je nesais pas ce qu’il y acomme vrais thinktanks là-dedans. Par contre, dans un

domaine pas uniquement européen, j’en connais un très bien :l’international crisis group de Gareth Evans, tout à fait formida-ble. Ils réfléchissent, ils proposent, ils interviennent, ils font de lacommunication. A l’opposé, l’Institut de Florence sur l’Europe sepositionne juste pour l’Europe fédérale. Ils font des manifestespour dire que les gens se trompent. Ce n’est pas un think tanket dans la liste de Bruxelles, une fois que vous aurez enlevé lesfaux, il n’en restera pas beaucoup.

OJ : Si vous deviez citer 3 think tanks, lesquels choisiriez-vous ?HV : Je vais parler des think tanks français, parce que les thinktanks américains, c’est un tout autre sujet. Je ne saurais parcontre pas vous en citer 3. Il y a ceux qui touchent à l’internatio-nal, on a le CAP, même si ce n’est pas un vrai think tank, il y aussil’IFRI, l’IRIS, le CERI, la fondation pour la défense nationale, etaussi quelques lieux universitaires qui produisent des chosesintéressantes. Il y a aussi ceux dans le domaine économique etsocial, la fondation pour l’innovation politique, la fondation JeanJaurès. Et même dans le domaine international, je ne peux pasdire uniquement l’IFRI parce que ce n’est pas assez un thinktank. Remarquez que dans le domaine international, les discus-sions ne sont pas assez professionnelles, mais surtout d’ordremoral. Il y a eu, par exemple, 100 articles sur les proposd’Ahmadinejad envers Israël pour dire qu’ils étaient insupporta-bles, mais pas un seul pour proposer des solutions et une autremanière de s’y prendre avec les Iraniens.Enfin, ma conclusion est simple, les think tanks sont très utiles,mais il n’y en a pas assez en France et ce qui manque réelle-ment, ce sont de vrais think tanks, de vraies boîtes à idées. Etcomme cela manque, on est souvent obligé de trouver les idéesde façon empirique dans les postes de pouvoir, de chercher par-tout des idées, des concepts ou des livres, comme je le faisaispour François Mitterrand.

“Un think tank qui serait tenté de proposer des choses simples pour qu’elles soient

reprises plus facilement ne remplirait plus vraiment sa fonction de think tank.”

Entretiens par Olivier Jonglez

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L’Union Indienne

Loin d’être un phénomène exclusivement réservé aux pays développés du Nord, l’émergencedes think tanks et le rôle croissant qu’ils occupent dans la formation des politiques publiquesconcernent également les pays du Sud. Parmi ces derniers, l’Inde fait figure de référence tantau regard du nombre de think tanks que de la qualité et de l’importance de leurs analyses. Sila colonisation britannique y est sans doute pour quelque chose, c’est durant la période post-coloniale, en particulier à partir de 1991, et parallèlement à la libéralisation de l’économieindienne, que les think tanks y sont apparus.

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La période colonialeLorsque l’Inde accède à l’indépendance le 15août 1947 suite au retrait du colonisateur bri-tannique, il n’existe, à proprement parler,aucun think tank. Mais quelques institutions,dans le domaine de l’industrie et du com-merce, peuvent être considérées comme desprécurseurs devenus aujourd’hui des thinktanks à part entière. La Confederation of IndianIndustry (CII), par exemple, est une organisa-tion non gouvernementale à but non lucratifqui joue un rôle prédominant dans le dévelop-pement économique de l’Inde. Créée à la findu XIXème siècle, elle regroupe aujourd’huidirectement 6 300 organisations et indirecte-ment plus de 90 000 entreprises autour de 336associations sectorielles régionales et nationa-les. De même, la Federation of IndianChambers of Commerce and Industry (FICCI),créée en 1927 sous l’impulsion du MahatmaGandhi a joué un rôle majeur dans le mouve-ment d’indépendance nationale, en particulierdans le domaine économique. Elle rassembleaujourd’hui plus de 1 500 entreprises et plusde 500 chambres de commerce, et s’est dotée

depuis l’indé-p e n d a n c ed’un véritablethink tank spé-cialisé dans

l’étude desd y n a m i q u e s

macroéconomi-ques.

Peu de think tankssont apparus durant la

période coloniale. Enrevanche, les réformes politi-

ques et administratives introdui-tes durant la première moitié du

XXème siècle ont posé les bases d’unsystème démocratique qui s’est ensuite

approfondi et enraciné. Le développement duparlementarisme colonial a créé une éliteautochtone, anglophone, maîtrisant les règlesdu jeu parlementaire et qui est devenue le ferde lance du mouvement d’indépendancenationale. Celle-ci acquise, l’environnementétait propice à l’essor des think tanks dans lepays.

La période du dirigisme étatiqueIl fallut attendre encore quelques années pourvoir apparaître les premiers think tanks indiens.Le modèle de développement économique etpolitique instauré par Nehru était caractérisépar un fort centralisme étatique inspiré del’Union soviétique. Toute création d’entrepriseou modification de la production était contrô-lée par l’Etat via le système “Licence Raj”.L’accent était mis sur le développement del’industrie lourde et le système économiqueétait fortement protectionniste. Malgré l’envi-ronnement démocratique, la place accordéeaux think tanks indépendants demeurait extrê-mement restreinte. En fait, les premiers orga-nismes s’apparentant à des think tanks enInde correspondaient à des instituts de recher-che, universitaires ou non, relativement pro-

Horizons

Le séminaire des think tanksindiens et européens

Les 15 et 16 octobre 2001,une qua-rantaine de think tanks indiens eteuropéens se sont réunis àBruxelles dans le cadre d’un pro-gramme visant à identifier de nou-velles perspectives de coopérationentre l’Inde et l’Union Européenneet à évaluer les contributions poten-tielles des think tanks indiens eteuropéens.Ce projet a été initiélors du premier sommet entrel’Inde et l’Union Européenne àLisbonne en juin 2000 et qui a inau-guré un partenariat stratégiqueentre les deux parties.Il avait étédécidé dans le plan d’actionconjointe de mettre en place destables rondes réunissant des per-sonnes éminentes issues de lasociété civile chargées d’énoncerdes recommandations à un niveaupolitique.En parallèle,il était ques-tion de créer un réseau de thinktanks.Son but principal est de four-nir une plateforme de coopérationet d’initiatives conjointes sur le longterme entre l’Inde et l’UnionEuropéenne.En 2002,un SmallProjects Facility (SPF) a été introduitpour financer des projets de petiteenvergure.Les think tanks sollicitésfurent ainsi incités à répondre à unappel à contribution afin d’obtenirces financements.Ces projetsdevaient servir de base à l’instaura-tion d’un large programme de colla-boration entre think tanks indienset européens.Cependant,si l’initia-tive semble séduisante,sa concréti-sation n’a pas abouti.

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ches du gouvernement. Sous l’impulsion deJohn D. Rockfeller III, l’India InternationalCentre (IIC) fut fondé en 1958, puis inauguré en1962, pour “promouvoir la compréhension etl’amitié entre les différentes communautésdans le monde en initiant ou en soutenantl’étude de leurs cultures passées et présentes,en disséminant et en échangeant des savoirs àleur sujet, et en fournissant toute autre aidepermettant leur application universelle.” Lepremier think tank d’études sur la stratégie etla sécurité, l’Institute for Defence Studies andAnalysis (IDSA), fut créé en 1965. Il est financépar le ministère de la Défense mais fonctionnede manière autonome. En plus de se consa-crer à la recherche, il offre des formations auxfonctionnaires civils et militaires du gouverne-ment. La création en 1969 par le gouverne-ment de l’Indian Council of Social ScienceResearch (ICSSR), qui regroupe aujourd’hui 27instituts de recherche, a permis de promouvoirla recherche en sciences sociales au niveaunational et régional. Enfin, notons l’établisse-ment en 1973 du Centre for Policy Research,l’un des tous premiers think tanks indiens à sepencher sur l’analyse des politiques publiques(voir page ci-après - Réservoir d’acteurs Inde).

La période néolibéraleC’est à partir de 1991, lorsque le gouverne-ment indien s’engage dans la voie de la libéra-lisation économique par des réformes d’ajus-tement structurel que les conditions sont réu-nies pour l’essor exponentiel de think tanks,basés sur le modèle occidental. On assiste àdeux phénomènes complémentaires. D’unepart, des think tanks créés avant la libéralisa-tion acquièrent un rôle central après l’initiationdes réformes. D’autre part, de nouveaux thinktanks apparaissent en phase avec les dévelop-pements contemporains. La libéralisation dusystème économique a ouvert un champ trèsvaste et pointu dans lequel les think tanksn’ont pas hésité à s’engouffrer.

Chaque génération de réformes a été accom-pagnée par l’expertise de think tanks. D’autantplus que le gouvernement indien, ainsi que lesfirmes indiennes, se sont montrés extrême-ment demandeurs d’expertise dans cedomaine. Le gouvernement a enfin reconnul’utilité, voire la nécessité, de recourir à des ins-tituts de recherche en politiques publiques àbut non lucratif et non gouvernemental afind’obtenir des conseils professionnels indépen-

dants. La “success story” de la reconversionnéolibérale de l’Union indienne n’aurait pu sefaire sans l’expertise des think tanks indiens.

Mais au-delà de la thématique économique,certains think tanks ont aussi eu une influencemajeure sur la politique étrangère de l’Unionindienne. L’IDSA, par la voix de son ancien pré-sident K. Subrahmanyam, a largement contri-bué à justifier les essais nucléaires de 1998. Etce, en développant la théorie, dite de l’encer-clement, qui établit que le pays est encerclépar deux alliés, la Chine et le Pakistan. Lesthink tanks indiens comme leurs homologuesoccidentaux, japonais, russes ou chinois sedistinguent par leurs sujets d’études maisaussi par leur proximité avec certaines posi-tions politiques. L’IDSA est réputé proche desnationalistes hindous du BJP. Au contraire,l’ICSSR a davantage de proximité avec lafrange moderniste du parti du Congrès.

Une influence croissanteLe cas indien démontre qu’en matière dedéveloppement des think tanks, l’attitude dugouvernement, l’environnement politique etéconomique jouent un rôle primordial dansleur essor. La présence d’un régime politi-que démocratique et d’une économielibérale sont un plus mais ne suffisentpas.

Dans le cadre d’un régime écono-mique centralisé et protection-niste, l’apparition des think tanksen Inde fut longtemps limitée àdes think tanks “académi-ques” dont l’expertise étaitpeu recherchée par le gouver-nement indien. Cela ne signi-fie pas pour autant que lesthink tanks ne peuvent écloreque dans le cadre de socié-tés converties depuis long-temps à la démocratie libé-rale et à l’économie de mar-ché. Bien au contraire, dans lecas des pays du Sud en voiede développement, si l’onconsidère aujourd’hui l’Indecomme un modèle de crois-sance économique, force est deconstater qu’il est souhaitable quel’expertise des think tanks accom-pagne la libéralisation économique.

Horizons

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Le Centre for Policy Research (CPR)Le Centre for Policy Research a été fondé à New Delhi en 1973. Il s’agit d’une organisation nongouvernementale à but non lucratif. C’est le premier véritable think tank indien créé en vued’animer des débats sur les politiques publiques et de formuler des propositions alternatives.Son but majeur est de clarifier et de guider le débat national sur les développements futurs dela société indienne. Le Centre for Policy Research a toujours travaillé en étroite collaborationavec les politiciens, les bureaucrates, ainsi qu’avec les universitaires et les médias. Si le CPRest avant tout concerné par l’analyse des politiques publiques à court et long terme, il a éga-lement été partie prenante de la réalisation de politiques publiques dans les domaines écono-miques et sociaux. Ses principaux objectifs sont l’énonciation de propositions substantives, laréalisation d’études de politique publique menées dans différents secteurs du système politi-que, économique et social, des services d’expertise et de consultance au gouvernement, auxinstitutions publiques ou toute autre institution, y compris internationales, et la diffusion de l’in-formation sur les politiques publiques. Tout ceci se fait au travers d’études, rapports et ouvra-ges visant à améliorer la production et le management des politiques publiques, à promouvoirle développement national, à optimiser l’usage des ressources nationales pour le développe-ment économique et social du pays.En plus de ses publications, qui constituent l’essentiel de l’activité du Centre for PolicyResearch, ce dernier organise régulièrement des séminaires et des conférences à l’intentiondes politiciens, administrateurs, académiciens et médias.

Site web : www.cprindia.org / contact : [email protected]

L’Indian Council for Research on InternationalEconomic Relations (ICRIER)L’Indian Council for Research on International Economic Relations (ICRIER) a été fondé à NewDelhi en août 1981. Il s’agit d’un institut non gouvernemental à but non lucratif, orienté versl’aide à la formulation des politiques publiques. Son président fondateur était Dr. K. B. Lall, quidirigea l’institut de 1981 à 1992. Il est aujourd’hui dirigé par Dr. Isher Judge Ahluwalia. Onretrouve parmi ses membres fondateurs des personnalités éminentes telles que Dr. ManmohanSingh, Dr. C. Rangarjan, Swaminathan, Dr. Jagdish Bhagwati, Mr. Montek Singh Ahluwalia etMr. Bharat Bram. Actuellement, l’équipe de chercheurs de l’institut est composée de dix-huitéconomistes, la plupart détenteurs de doctorats émanant d’universités indiennes et étrangè-res, sous la direction de Dr. Rajiv Kumar. Le principal objectif de l’ICRIER est de promouvoir etde soutenir l’intégration de l’Inde dans l’économie globale. Pour ce faire, il se concentre sur sixthèmes majeurs : le commerce, l’ouverture, la restructuration et la compétitivité ; les questionsliées à l’Organisation Mondiale du Commerce ; les questions régionales et bilatérales ; la libé-ralisation financière et l’intégration ; le management macroéconomique dans une économieouverte ; et les aspects stratégiques des relations extérieures de l’Inde. L’ICRIER réalise nonseulement de nombreux rapports disponibles, sur son site web, mais organise régulièrementdes conférences sur les politiques publiques rassemblant des administrateurs, des académi-ciens, des parlementaires, des industriels et des médias en vue d’instaurer un consensus surles intérêts nationaux majeurs. Ses chercheurs effectuent par ailleurs des conférences à tra-vers le monde sur des thèmes économiques concernant l’Inde contemporaine.

Site web : www.icrier.org / contact : [email protected]

Réservoir d’acteurs - IndePrésentation du CPR et de l’ICRIER

Horizons par Lionel Baixas et Romain Canler

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Pierre Rosanvallon, La contre-démocratie : la politique à l'âge de la défiance, septembre 2006, Paris, Seuil, Collection Les livres du nouveau monde. 346 pages, 21 euros.

Pierre Rosanvallon, le président de la République des Idées, s'interroge dans son dernier ouvrage sur le sys-tème politique au sein d'une "société de la défiance." Selon lui, l'un des facteurs discriminants de nos socié-tés contemporaines s'explique par l'érosion de la confiance du peuple pour ses représentants, par le déclinrelatif du modèle de la démocratie représentative. A l'aune de cette nouvelle ère politique, les attitudes etles comportements des citoyens évoluent mais il n'est pas question dans ce livre de faire l'apologie ou leconstat défaitiste (voir passéiste) du citoyen passif, immobile face aux grandes mutations de son environ-nement. Au contraire, s'érige une nouvelle forme de participation à la marge des institutions qui s'inscritdans le concept de la "contre-démocratie" de Pierre Rosanvallon. Trois lignes de force parcourent ce nou-veau modèle : la surveillance, l'empêchement et la sanction. Chacune d'elles confèrent au citoyen un rôlede vigie, de veto et de juge auprès de ses gouvernants. L'auteur rapporte que cette contre-démocratie faitcorps avec les institutions qu'elle légitime et affaiblit dans le même temps. Il interpelle donc son lectorat surles bienfaits et les dérives de ces contre-pouvoirs, qui, utilisés dans une visée consumériste ou corporatiste,peut nourrir le terreau du populisme et nuire à l'ensemble du système démocratique.

Bernard Spitz, Le papy-Krach, septembre 2006, Grasset Essais, Paris, 136 p, 9 euros.Ancien de la Fondation Saint-Simon, l'actuel secrétaire général d'En temps réel nous entraîne dans une réflexionsur l'avenir de notre société. A partir de données économiques et démographiques, Bernard Spitz esquissel'idée d'une jeunesse trompée et instrumentalisée par ses aînés. Égoïstes et dépensiers, les baby-boomersauraient hypothéqué le futur de leurs enfants à leur profit. Le constat est alarmant : une France vieillissante quilaisse à sa descendance une facture amère, prix d'une série de non sacrifices et d'un manque manifeste delucidité de la part de sa jeunesse. Plusieurs rendez-vous manqués contribuent à cet état de fait : la réforme desretraites, la modernisation de la politique de santé publique, l'accès au marché du travail, et l'adaptation dusystème de l'enseignement supérieur et de la recherche. Sur ces dossiers, les gouvernements de ces trentedernières années ont alourdi la facture, creusé la dette, détérioré la situation à venir. Ce sont les jeunes géné-rations qui paieront le lourd tribu de la couardise politique de leurs aînés. Mais Bernard Spitz ne se veut nichroniqueur d'une chute annoncée, ni promoteur d'une révolution stérile. A cet égard, il distille dans sonouvrage une série d'attitudes, de postures, voir de réformes indispensables pour éviter ce qu'il nomme lecasse du siècle ou le "papy-Krach".

Thierry de Montbrial, Il est nécessaire d'espérer pour entreprendre : penseurs et bâtisseurs,Editions des Syrtes, novembre 2006, Paris, 359 p, 20 euros.

Henri Bergson nous conseillait d'agir en homme de pensée et de penser en homme d'action, Rudyard Kiplinginvitait son fils à devenir un homme en pensant sans n'être qu'un penseur, Thierry Montbrial suit leurs tracesdans son dernier ouvrage. Le livre est composé d'une sélection de discours qu'il a prononcé tout au long desa carrière, répartis en trois parties distinctes. Dans une première partie, le directeur général de l'Ifri dresse leportrait d'hommes et de femmes qui ont marqué l'Histoire de leur empreinte, de leur progressisme, de leurspensées et de leurs actes. Des personnalités, pour la majorité française et contemporaine, qui illustrent lanotion d'espérance : Jean Monnet, Raymon Aron, Michel Crozier, Maurice Allais, Louise Weiss, etc. Dans unedeuxième partie, il analyse la place de la France et de l'Europe dans le monde et ses relations avec les autresgrandes puissances. Il perçoit la nécessité d'interroger le concept d'identité, réflexion indispensable au mes-sage qu'il entend délivrer à son lecteur : l'Europe est l'avenir de la France. La troisième partie lui permet d'élar-gir le champs de sa réflexion à différents thèmes : le rapport entre pensée et action, l'éducation, le sens del'Histoire, ou le devenir de nos sociétés informatisées. Renonçant à toute dérive décliniste, l'académiciencroit à l'alliance du progrès et de l'espérance comme moteur de l'action humaine.

Lectures par Amaury Bessard

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Être ou ne pas être en campagne ?La plupart des Groupes de réflexion et d'influence (GRI) se sont posésou se posent en ce moment même la question. Certains ont immédia-tement répondu par la négative : ils envisagent leur activité commeune réflexion de fond, loin des campagnes, des programmes et desprises de positions partisanes. Pour les fondations politiques, finan-cées en grande partie sur fonds publics, il y va même de leur crédibi-lité à rester indépendants des partis politiques comme du calendrierpolitique. Nombreux pourtant sont les think-tanks qui veulent profiterde l'élan de la campagne, sans pour autant se transformer en simpleclub politique de soutien à un candidat *1 : comment faire ?

En effet, la campagne, c'est d'abord une opportunité médiatique pourse faire entendre. Au-delà, certains peuvent espérer un intérêt publicaccru pour le débat d'idées, la possibilité de faire passer des thèmes,des propositions, voire d'avoir un impact réel sur les programmes desdifférents candidats.

En fait, contrairement aux intentions manipulatrices souvent prêtéesaux GRI, ceux-ci savent bien que le fameux « thème de campagne »ne se crée pas par simple volonté. C'est le résultat d'une étrangealchimie entre les politiques, leurs communicants et autres spin doc-tors, les medias, l'opinion publique, et mettons modestement lesexperts des think-tanks. Alchimie qui dépend d'ailleurs fortement desévénements de l'actualité. Ainsi en 1995 de la “fracture sociale”, issuede travaux d'experts certes (Marcel Gauchet, Emmanuel Todd), maisdétournée par l'habile candidat Jacques Chirac, puis en 2002 de «l'insécurité ». Et 2007 ? En cette fin d'année 2006, alors que beaucoupd'énergie aura été dépensée dans les “primaires” à gauche comme àdroite, personne ne se risque à prédire “le” thème de campagne quicristallisera toutes les prises de positions, sans doute dans les derniè-res semaines. La mondialisation ? L'écologie et l'environnement ?L'éducation ? la cohésion sociale ? la rupture, tranquille ou forte ?Fausse piste pour journaleux donc, les GRI ont mieux à faire qued'essayer de fabriquer le thème de campagne. Alors on en revient ànotre question, comment peuvent ils y participer ?

Aujourd'hui les différents groupes sont suffisamment professionnels*2

pour s'efforcer de mener des actions concrètes, conformes à leur per-sonnalité, et avec une recherche de valeur ajoutée. Premier type deméthode, celle du Cercle des Economistes ou de L'Institut de

l'Entreprise (Idep). Fidèles à leur orientation économique, ils ontabordé la campagne de manière précoce (dès novembre), chacun àleur manière. Le Cercle des économistes a proposé une note intitulée“Politique Économique de droite / Politique Économique de gauche”,qui recense à la fois les contraintes économiques qui s'imposent auxdeux partis de gouvernement (la mondialisation, les stratégies finan-cières et les règles du jeu économique international) et les marges demanœuvre possibles. Il s'agit là d'une matière à consulter en exami-nant les programmes des candidats. L'Idep, de son côté, s'appuyantsur des experts de la mécanique budgétaire, réalise sa propre évalua-tion du coût des programmes, au-delà de celle fournit par les partis(PS et UMP) eux-mêmes. D'aucun critique la vision statique d'unetelle comptabilité, éloignée de l'esprit même de la “réforme” et d'unevision budgétaire dynamique qu'elle imposerait.

Seconde tendance, la mise en ligne d'un blog spécifique pour animerle débat de la campagne présidentielle. Ces blogs sont pléthores,venant de tout type d'organisations ou d'individus (dont de nombreuxjournalistes), et de qualité aussi diverses. Quelques think-tanks ontcréé le leur : à nouveau l'Idep (www.debat2007.fr), ainsi que l'Ifrap (www.ifrap-2007.org).

Enfin, quelques GRI ont choisi d'apostropher les candidats, sousdiverses formes. L'Autre Cercle a d'ores et déjà enquêté auprès descandidats sur leurs propositions en matière de droits des homo-sexuels : il leur a d'abord envoyé un questionnaire, puis mis en paral-lèle les réponses reçues. La Fondation Robert Schuman, la Fondationpour l'Innovation Politique, ou encore Entreprise & Progrès, se prépa-rent également à s'adresser aux candidats pour les interpeller notam-ment sur l'Europe ou sur la place de l'entrepreneur.

Pourtant, il ne semble pas que l'enthousiasme pour participer à cettecampagne soit à son comble. Dans l'ensemble, la plupart des GRI luiconsacre une énergie mesurée. Serait-ce parce qu'ils estiment que lapolitique de la France ne se fait pas (non plus qu'à la corbeille) dansles programmes électoraux, mais dans un circuit qui va des cabinetsministériels au Parlement, en passant par un processus complexe dematuration de l'opinion publique ? Ne faudrait-il pas envisager demettre en place un Observatoire des engagements pris pour redon-ner à l'avenir, un rôle de “road map” aux programmes électoraux ?Chiche !

Pierre-Emmanuel Moog :

Les think-tanks dans la campagne présidentielle.

Pierre-Emmanuel Moog est l'auteur de l'ouvrage "les clubs de réflexion etd'influence" paru en janvier 2006 aux éditions l'Express.

Regards par Pierre-Emmanuel Moog

*1 L'un d'entre eux, la Fondation Copernic, a pourtant fourni l'un des candidats anti-libéraux, YvesSalesse. Notons cependant qu'il s'est alors mis en congé de la co-présidence de la FondationCopernic et que celle-ci, sur sont site web, n'évoque pas cette candidature.

*2 Le Club des vigilants, et là réside tout le charme de son dilettantisme, du fait sans doute de sesliens de partenariat avec des instituts d'étude et d'analyse, préfère se placer en observateur exté-rieur, en invitant en novembre dernier, Stéphane Rozès, Directeur de CSA Opinion, à s'exprimer sur"Présidentielles : comment choisiront les électeurs".

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THINK no

3 / avril 2007Édité par L’Observatoire français des think tankswww.oftt.eu / [email protected] gratuit sur le site internet de l’OFTTDirecteur des publications : Amaury BessardRédactrice en chef : Emilie JohannRédacteur en chef adjoint (rubrique Horizons) : Romain CanlerDirecteur artistique : Julien MénetratSecrétariat de rédaction : Sandrine Dignocourt,Agnès Iborra,Claire MorelComité de rédaction : Sélim Alili, Lionel Baixas, Amaury Bessard, Romain Canler, Olivier Jonglez, Grégory Mailly, Jean-FrançoisMartins, Claire Morel