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§1 Le Monte Testaccio sur une couverture aérienne récente (2007) mise à disposition sur Google Earth. Il existe au sud de Rome, dans le quartier du Testaccio, une colline surprenante qui domine d’un peu plus de 30 mètres le quartier environnant. Bien connue des Romains, mais aussi archéologues et des urbanistes, elle forme, depuis l’Antiquité, un original point de repère, à proximité de la muraille d’Aurélien (laquelle date des années 270 ap. J.-C.) et de la pyramide de Caius Cestius (fin du Ier s. av. J.-C.).

Il existe au sud de Rome, dans le quartier du Testaccio, une colline

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Le Monte Testaccio sur une couverture aérienne récente (2007) mise à disposition sur Google Earth. Il existe au sud de Rome, dans le quartier du Testaccio, une colline surprenante qui domine d’un peu plus de 30 mètres le quartier environnant. Bien connue des Romains, mais aussi archéologues et des urbanistes, elle forme, depuis l’Antiquité, un original point de repère, à proximité de la muraille d’Aurélien (laquelle date des années 270 ap. J.-C.) et de la pyramide de Caius Cestius (fin du Ier s. av. J.-C.).

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Vingt-cinq millions d’amphores L’originalité du mont est qu’il s’agit d’une colline artificielle, constituée par l’accumulation des débris d’environ 25 millions d’amphores, provenant des entrepôts du port fluvial voisin. Pendant plus de trois siècles, on a déchargé des amphores à huile, principalement de Bétique, et entassé soigneusement les débris des contenants sur un tas de déblais qui a fini par dépasser trente mètre de haut. Le site est considérable, puisque la colline mesure 280 m dans sa plus grande extension, du nord au sud. Les tessons lui ont donné leur nom : mons Testaceus, puis, en italien Monte Testaccio.

Les flancs de la colline du Testaccio, avec les affleurements des lits d’amphores. Clichés G. Chouquer. §3 Des fouilles archéologiques, d’abord au XIXe s. sous l’autorité du savant Heinrich Dressel qui trouva là de quoi alimenter son élaboration typologique, puis au milieu des années 1980 avec des archéologues espagnols, ont établi la structure de l’immense dépotoir, la chronologie et la typologie des amphores qu’on y trouve. Le lieu a connu une riche vie sociale. Au Moyen Âge, il a été le site de fêtes diverses avant de devenir le point d’aboutissement de pélerinages, fonctionnant comme un Golgotha local. Ensuite, il est devenu le site des Ottobrate, fêtes romaines populaires des cueilleurs de raisin.

On voit très bien sur les pentes de la colline, les aménagements récents en terrasses, effectués avec des lits de tessons soigneusement empilés, formant des murets.

Murets de terrasses sur les pentes du Monte Testaccio. Cliché G. Chouquer. §4

Évocation du mons Testaceus à l’époque romaine.

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Représentations historiques du Testaccio Le Monte Testaccio figure dans toutes les représentations cartographiques de la ville de Rome depuis le XVe siècle. La planche suivante en donne un florilège.

Diverses représentations du Testaccio dans la cartographie de la Renaissance et de l’époque baroque.

§6 Régulièrement, le Mont Testacio lutte avec la pyramide de Cestius comme point de repère. Dans certaines représentations, le mont disparaît presque alors que la pyramide culmine ostensiblement. En outre, selon l’angle de la représentation, le mont peut prendre de l’importance ou disparaître. Dans la représentation catholique de Rome dite des Sept églises (par A. Lafréry en 1575), la pyramide de Cestius et le mont Testaccio figurent, ce qui est en soi remarquable compte tenu de tous les autres éléments antiques qui, eux, disparaissent. Mais leur taille réduite les met à la même hauteur que les pélerins qui vont de Saint-Pierre ou de Saint-Jean de Latran à St-Paul-hors-les-murs.

Plan de 1575. Le mont Testaccio a été surligné en jaune et la pyramide de Cestius en ocre. §7 Dans la représentation de L. Bufalini, qui date de 1560, le mont a une plus juste proportion.

Plan de 1560 par Leonardo Bufalini.

§8 Dans le plan d’Antonio Tempesta, il est situé au bord même du Tibre, de manière légèrement inexacte.

Détail du plan d’Antonio Tempesta, de 1593.

§9 Enfin, dans les réélaborations du plan de Mario Cartaro (datant de 1575) par Giuseppe De Rossi, l’une en 1637 et l’autre en 1650, on a relevé des différences significatives, notamment l’effacement d’un segment de muraille.

Détail des plans de G. De Rossi.

Gérard Chouquer, mai 2012

§10 Bibliographie Mario BEVILACQUA et Marcello FAGIOLO (éd.), Piante di Roma dal Rinascimento ai Catasti, Editions Artemide, Rome 2012, 464 p.