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MODULE 7 L’Afrique et les changements climatiques par Rachid Baiou CHANGEMENTS CLIMATIQUES : impacts, adaptation, mitigation ENV 6003

impacts, adaptation, mitigation - Université TÉLUQ · 2010-02-01 · 3.1 Le concept du changement global 3.2 La sensibilité, la vulnérabilité et l’adaptation au changement

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MODULE 7L’Afrique et les changements climatiques

par Rachid Baiou

CHANGEMENTS CLIMATIQUES :impacts, adaptation, mitigation

ENV 6003

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Études de cas regionalesMODULE 7

SOMMAIRE

Introduction et contexte général

1. Quelques repères qui caractérisent l’Afrique

1.1 Bref rappel de la trajectoire historique 1.2 Les régions de l’Afrique 1.3 Le niveau de développement 1.4 La sécurité alimentaire 1.5 Une croissance urbaine élevée, l’environnement urbain dégradé et la pauvreté 1.6 Les climats en Afrique

2. Les changements climatiques, la variabilité du climat et les extrêmes climatiques en Afrique

2.1 La situation sur l’état des connaissances du climat africain et de ses particularités 2.2 Les changements climatiques en Afrique selon le troisième rapport du GIEC et

autres travaux d’experts 2.2.1 Les changements observés des températures 2.2.2 Les changements observés des précipitations 2.2.3 Les changements observés des événements extrêmes

2.3 Les changements climatiques futurs 2.3.1 Les tendances futures des températures et les précipitations 2.3.2 Les événements extrêmes

3. Les concepts de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiques en Afrique

3.1 Le concept du changement global 3.2 La sensibilité, la vulnérabilité et l’adaptation au changement climatique 3.3 La notion de vulnérabilité et de sécurité humaine

4. Les outils d’analyse et les capacités d’étude des vulnérabilités

4.1 Les modèles de circulation générale, les outils de réduction d’échelle et les modè-les régionaux

4.2 Les méthodes et les outils pour l’évaluation des impacts et des vulnérabilités

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5. L’évaluation des impacts clés et de la vulnérabilité en Afrique : où en sommes-nous?

5.1 L’hydrologie et les ressources en eau 5.2 L’agriculture et la sécurité alimentaire 5.3 La santé 5.4 La biodiversité, les écosystèmes et les forêts 5.5 Les zones côtières et littorales 5.6 Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)

6. L’adaptation aux changements climatiques en Afrique

6.1 Le capital-expérience du passé et les leçons d’adaptation spontanée en Afrique 6.2 L’adaptation future planifiée et le développement durable (Objectif 7 – OMD)

Conclusion

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INTRODUCTION ET CONTEXTE GÉNÉRAL

Figure 1

L’AFRIQUE.

Source : NASA.

De nombreux rapports et conférences ont été réalisés sur les impacts des changements cli-

matiques dans ce continent, sur la vulnérabilité et sur les capacités d’adaptation des divers pays

africains. Ces rapports et ces conférences viennent cependant s’inscrire parallèlement à ceux

tenus pour le développement durable en Afrique et ne peuvent constituer pour la communauté

africaine ou pour les experts africains une problématique en soi indépendante de la réflexion

plus fondamentale sur le développement durable de l’Afrique.

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D’après le troisième rapport (IPCC, 2001) et le quatrième rapport d’évaluation du Groupe II de

travail intergouvernemental sur les changements climatiques (IPCC, 2007), l’Afrique demeure

un des continents les plus vulnérables à la variabilité et aux changements climatiques à cause

des stress multiples qu’il connaît et dont la capacité de réponse et d’adaptation demeure faible.

Par ailleurs, selon le Rapport sur le développement humain 2001 du Programme des Nations

unies pour le Développement (PNUD), la comparaison des émissions de gaz à effet de serre

(GES) par personne dans un pays d’Afrique typique avec celles d’un pays européen typique mon-

tre que les Européens en émettent environ cinquante à cent fois plus1, et que les Américains en

émettent cent à deux cents fois plus (figure 2).

Figure 2

LES ÉMISSIONS DE CO2 DANS UNE SÉLECTION DE PAYS, EN 1997.

Source : UNEP GRID/Arendal

1. On notera dans la figure 2 l’exception du niveau atteint par la Libye, au nord, et par l’Afrique du Sud, qui égale presque celui du Royaume-Uni pour la valeur de l’année 1997.

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Dans ce contexte, l’Afrique apparaît comme un continent qui subit beaucoup plus les chan-

gements climatiques sans en être directement responsable (figure 3) tout en devant faire face

en urgence au défi de son développement (durable). Lors de la 12e conférence mondiale sur le

climat, qui s’est déroulée du 6 au 17 novembre 2006 à Nairobi, au Kenya, il a été souligné que

le tiers des émissions de gaz à effet de serre en Afrique a été causé par la déforestation, l’appau-

vrissement des sols et l’érosion, qui, en plus de miner l’agriculture traditionnelle, ont libéré des

quantités importantes de carbone. La moyenne des émissions par habitant exprimées en tonnes

équivalent CO2, sans compter le secteur du changement de l’affectation des terres et des forêts

(CATF), s’établit à 2,4 tonnes, valeur la plus faible des 122 pays non visés par l’annexe 1 de

la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques au 1er avril 2005. Par

ailleurs, le secteur CATF est considéré comme un puits net de GES pour l’Afrique.

Quelque 70 % de la population africaine vit de l’agriculture, même si la moitié du territoire afri-

cain cultivé est considéré comme aride ou semi-aride. À moyen terme, ce sont 600 000 km2 de

terres agricoles classées comme modérément handicapées par le manque d’eau qui vont passer

au niveau de gravement hypothéquées par les pénuries en vue, ce qui devrait poser des problè-

mes non seulement de production céréalière – on prévoit une baisse de la productivité de 5 %

d’ici à 2080 –, mais aussi d’approvisionnement en eau potable (UNFCCC, 2006).

Figure 3

CONTRIBUTION À L’ÉMISSION DES GES – AFRIQUE – 1998.

Source : UNEP GRID/Arendal

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

Asie et Pacifique 2167

Total mondial 6234

Europe 1677

Amérique 1614

Amérique latine et Caraïbes 365

Afrique 223

Afrique de l'Ouest 197

mill

ions

de

tonn

es d

e ca

rbon

e/an

En 1998

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1. Quelques repères qui caractérisent l’Afrique

1.1 Brefrappeldelatrajectoirehistorique

Jusqu’au XXe siècle, dans plusieurs sociétés traditionnelles africaines, la relation équilibrée des

communautés humaines avec leur environnement biophysique était basée sur des connaissan-

ces et des savoir-faire transmis et améliorés de génération en génération et permettait une utili-

sation durable des terres et des ressources naturelles. Les populations au mode de vie pastoral

s’adaptaient aux différentes conditions écologiques, particulièrement dans les espaces arides

et semi-arides, par un mouvement migratoire en réponse aux sécheresses récurrentes et autres

aléas climatiques. La culture était profondément liée à l’environnement biophysique d’une ma-

nière dynamique et équilibrée.

Durant la bousculade pour l’Afrique à la fin du XIXe siècle, les pays européens, pour définir leurs

territoires respectifs d’influence, ont tracé sur des cartes, à la règle, des frontières qui ont sé-

paré arbitrairement des populations entières ayant une histoire, une culture et des écosystèmes

communs. Les pouvoirs coloniaux européens ont alors importé et imposé de nouvelles lois et des

règlements transformant et remplaçant complètement l’approche communautaire traditionnelle

du rapport à l’environnement et à la conservation des écosystèmes.

Les modes d’exploitation des ressources naturelles, établis par les pouvoirs coloniaux, étaient

basés sur l’exportation vers les métropoles européennes pour leur croissance économique. Ces

modes d’exploitation des ressources naturelles ont continué de prévaloir dans les stratégies de

développement des pays africains, même après les indépendances, durant les années 1960,

car ils étaient soutenus par les programmes d’aide au développement des pays industrialisés

et des politiques directrices de la Banque mondiale (BM) et duFonds monétaire international

(FMI). Les pays africains, devenus entièrement dépendants des prix des matières premières et

vulnérables aux fluctuations de ces prix dans un marché mondial entièrement dominé par les

pays industrialisés, ont commencé alors à subir de graves dommages environnementaux de plus

en plus accablants (UNEP, 1999).

Les communautés locales ont alors perdu l’accès aux régions écologiquement réservées aux colons,

particulièrement en Afrique du Nord, du Sud et de l’Est. Les structures administratives centralisées

mises en place ont alors accentué cette tendance qui s’est poursuivie même au-delà de la période

des indépendances, de 1960 à 1970. Certains pays devenus indépendants ont pris conscience et

ont peu à peu modifié leur politique et leurs lois environnementales pour revenir à l’approche de

conservation basée sur les communautés, particulièrement pour la gestion de la faune.

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Face au bilan décevant de l’indépendance et du développement subséquent dressé dans les an-

nées 1970 par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le Plan de Lagos est élaboré en 1980.

Ce plan, basé sur une stratégie africaine, n’a jamais pu être mis en œuvre. Les pays d’Afrique

se voient alors imposer par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale des plans

d’ajustement structurels dès que les difficultés de remboursement de la dette apparaissent du-

rant la décennie 80 (CADTM, 2007). De manière générale, les économies africaines dépendent

fortement du commerce extérieur et de l’aide internationale. Plusieurs pays d’Afrique continuent

d’avoir une balance commerciale négative qui s’explique par la lourde dette internationale et la

charge du service de la dette.

Malgré les efforts de plusieurs pays africains depuis les indépendances, les structures gouver-

nementales demeurent souvent en sous capacité en matière de mise en œuvre des politiques

d’intervention pour le développement. Elles ont souvent été fragilisées par les conflits internes, les problèmes de gouvernance et de gestion et par les plans d’ajustement structurels imposés

par les institutions financières internationales. Les processus tant recherchés de déconcentra-

tion et de décentralisation des pouvoirs de la gouvernance à l’échelle régionale et locale sont

rendus difficiles à mettre en œuvre étant donné les insurmontables difficultés de communication

entre le centre et les institutions régionales ou locales. Les infrastructures de communication

telles que les routes, les voies ferrées, les voies aériennes, le téléphone et l’internet sont peu

développées.

En matière de santé publique, en Afrique, la prévalence des maladies par vecteur d’insectes,

tels le paludisme, la trypanosomiase (maladie du sommeil), les maladies à transmission hydri-

que, tels la typhoïde, le choléra et la schistosomiase (bilharziose), ainsi que des maladies liées

aux mauvaises conditions de vie et à la pauvreté, telle que la tuberculose, rend la protection des

populations rurales et urbaines encore plus difficile. L’accès à l’eau potable et à l’assainisse-

ment ainsi que la sécurité alimentaire sont directement liés à la situation sanitaire. La pandémie

du sida génère d’insurmontables contraintes et mobilise presque toute l’infrastructure sanitaire

de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne. La mortalité élevée affecte ainsi fortement le

potentiel productif de l’Afrique.

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1.2 Lesrégionsdel’Afrique

Aujourd’hui, quand on parle du continent Afrique, il y a lieu de considérer qu’il n’est pas homo-

gène sur le plan géographique, social, économique et politique (figures 4 et 5). Les facteurs qui

le caractérisent sont principalement sa grande diversité de climats, de reliefs, d’écosystèmes, de

cultures et d’économies qu’il faut prendre en compte dans l’évaluation de la vulnérabilité et du

potentiel d’adaptation aux changements climatiques. De ce fait, il est particulièrement difficile

d’attribuer des caractères typiques globaux à toute l’Afrique.

L’Afrique représente la plus importante masse continentale tropicale et le deuxième plus grand

continent de la Terre (30 millions de km2) avec environ 20 % de la surface continentale totale.

Elle s’étend du nord au sud sur environ 8000 km, de l’Algérie à l’Afrique du Sud et de l’est à

l’ouest sur 7560 km, du Sénégal à la Somalie. Le mont du Kilimandjaro, en Tanzanie, avec ses

5895 mètres au-dessus du niveau de la mer, représente le point le plus élevé. Le point le plus

bas connu est le lac Assal, à Djibouti, situé à un niveau de 153 mètres en dessous du niveau

de la mer.

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Figure 4

CARTE DES RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES SELON LE PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT.

Le terme usuel d’« Afrique subsaharienne » est utilisé pour désigner les régions situées au sud de l’Afrique du Nord. Le Sahel,

quant à lui, regroupe neuf pays : le Burkina Faso, le Cap-Vert, la République de Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie,

le Niger, le Sénégal, le Tchad.

Source : Wikipedia

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Le tableau 1 présente les pays qui font partie des six régions illustrées dans la figure 4.Tableau 1

LES PAYS DES SIX RÉGIONS DE L’AFRIQUE SELON LE PND

Afrique du Nord

Afrique occidentale (de l’Ouest)

Afrique centrale

Afrique orientale (de l’Est)

Afrique australe

Îles de l’ouest de l’océan Indien

Algérie

Égypte

Jamahiriya arabe libyenne

Maroc

Soudan

Tunisie

Bénin

Burkina Faso

Cap-Vert

Côte d’Ivoire

Gambie

Ghana

Guinée

Guinée-Bissau

Libéria

Mali

Mauritanie

Niger

Nigéria

Sénégal

Sierra Leone

Togo

Cameroun

Congo

Gabon

Guinée équatoriale

République centrafricaine

République démocratique

du Congo

Tchad

São Tomé-et-Príncipe

Burundi

Djibouti

Érythrée

Éthiopie

Kenya

Ouganda

Rwanda

Somalie

Afrique du Sud

Namibie

Angola

République unie de Tanzanie

Botswana

Swaziland

Lesotho

Zambie

Malawi

Zimbabwe

Mozambique

Comores

Réunion (France)

Madagascar

Seychelles

Maurice

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Figure 5

CARTE POLITIQUE DE L’AFRIQUE.

Source : www.vmapas.com

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1.3 Leniveaudedéveloppement

Il est aussi utile de tenir compte du niveau de développement humain des différents pays qui

composent l’Afrique. Afin de mesurer et de comparer le niveau de développement humain entre

les différents pays du monde, le Programme des Nations unies pour le développement utilise

l’indice de développement humain (IDH) pour mesurer à la fois (PNUD, 2006) :

− la santé et la longévité (mesurées par l’espérance de vie à la naissance);

− le savoir ou le niveau d’éducation;

− le niveau de vie décent (mesuré par le logarithme du PIB par habitant en parité de

pouvoir d’achat).

L’IDH est un indice composite, sans unité, compris entre 0 (très faible) et 1 (excellent). Le

PNUD indiquait en 2003 le niveau très précaire de l’Afrique subsaharienne, comme il est illus-

tré dans la figure 6.

Figure 6

L’INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN (IDH) DES DIFFÉRENTS ÉTATS MEMBRES DES NATIONS UNIES EN 2003.

Source : PNUD. Rapport mondial sur le développement humain.

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Il est à noter les faibles valeurs IDH atteintes par presque l’ensemble des pays d’Afrique en 20032.

Dans son dernier rapport 2006 sur le développement humain, le PNUD nous montre que l’Afrique

est en stagnation, et particulièrement l’Afrique subsaharienne. Le gradient de développement

existant entre l’Afrique et les pays dits développés nous incite à la prudence si l’on veut traiter de

la question des changements climatiques en Afrique à la fois pour l’identification et l’évaluation

des vulnérabilités et le choix des mesures d’adaptation.

Il faut considérer qu’il existe aussi différents niveaux de développement des pays à l’intérieur

même de l’Afrique. Le regard sur les pays les moins avancés de l’Afrique (PMA) montre que la

problématique des changements climatiques vient interférer avec celle du développement de ces pays en mode d’urgence et de survie, et complique ainsi l’analyse sur les vulnérabilités et le

choix des mesures les plus appropriées d’adaptation.

Lors de la révision triennale de la liste des PMA par le Conseil économique et social des Nations

unies, en 2003, les trois critères suivants furent utilisés pour inclure un pays dans la liste des PMA :

− un critère de bas revenu, fondé sur une estimation du revenu national brut par habitant

(avec un seuil d’entrée de 750 dollars pour les cas de pays à ajouter à la liste, et un seuil

de sortie de 900 dollars pour les cas de pays appelés à sortir de la catégorie);

− un critère de retard dans le développement du capital humain, fondé sur un indice

composite, l’indice de capital humain, construit à partir d’indicateurs : (a) de nutrition;

(b) de santé; (c) de scolarisation; et (d) d’alphabétisation des adultes;

− un critère de vulnérabilité économique, fondé sur un indice composite, l’indice de vul-

nérabilité économique, construit à partir d’indicateurs : (a) d’instabilité de la production

agricole; (b) d’instabilité des exportations de biens et de services; (c) de diversification

par rapport aux activités économiques traditionnelles; (d) de concentration des exporta-

tions de marchandises; et (e) de petite dimension économique.

Il y a lieu de noter que sur les 50 pays reconnus actuellement PMA dans le monde, 34 se trouve

en Afrique, dans leur majorité avec un indice de développement humain faible.

2. Le PNUD classe les pays en trois groupes : les pays à développement humain élevé (IDH > = 0,8); les pays à développement humain moyen (0,5 < = IDH < 0,8); les pays à faible développement humain (IDH < 0,5). 

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1.4 Lasécuritéalimentaire

Plus de la moitié de la population africaine est rurale et dépend directement des cultures et des

récoltes locales. Près de la moitié des terres cultivables en Afrique se trouvent dans des terres

semi-arides à arides, incluant les sols désertiques à faible teneur en matières organiques. La

dégradation de près de 65 % des terres de cultures et de 30 % des terres de pâturages a déjà

affecté les récoltes et aggravé l’insécurité alimentaire. Il est estimé que cette dégradation est

causée à 14 % par l’extraction de la végétation, à 13 % par la surexploitation des terres, à 49 %

par le surpâturage et à 24 % par des pratiques agricoles non appropriées (ECA, 2001).

Le rapport 2005 établi par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de l’Or-

ganisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’insécurité alimen-

taire signalait que 27 pays avaient besoin d’une aide extérieure d’urgence. La nature de l’insé-

curité alimentaire relevait de la pénurie alimentaire mondiale, du manque d’accès généralisé et

de la grave insécurité alimentaire localisée. Les raisons indiquées sont la sécheresse localisée,

la cherté des produits alimentaires, les répercussions des infestations acridiennes, les troubles

civils et la situation des réfugiés.

En mai 2007, le rapport de la FAO révèle que 25 pays d’Afrique sont en situation de crise et

ont besoin d’une aide extérieure. Dans ce rapport, il est exposé que la nature de la crise porte

cette fois-ci :

− sur le déficit exceptionnel de la production et des disponibilités vivrières à la suite

de mauvaises récoltes, de catastrophes naturelles, d’interruption des importations, de

perturbation de la distribution, de pertes excessives après récolte ou d’autres goulets

d’étranglement des approvisionnements.

− sur le manque d’accès généralisé à la nourriture dans certains des pays au sein desquels

une partie importante de la population est dans l’impossibilité d’acheter de la nourriture

sur les marchés locaux, en raison de revenus très faibles, de la cherté exceptionnelle des

produits alimentaires ou de l’incapacité à circuler à l’intérieur du pays.

− sur une grave insécurité alimentaire localisée qui touche certains pays en raison de

l’afflux de réfugiés, de la concentration de personnes déplacées à l’intérieur du pays ou

de la combinaison, en certains endroits, des pertes de récolte et de l’extrême pauvreté.

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1.5 Unecroissanceurbaineélevée,l’environnementurbaindégradéetlapauvreté

En Afrique, en 2001, les villes avaient un taux de croissance de 4 %, ce qui représentait plus

du double de la moyenne mondiale. Alors que la majorité de la population africaine vit encore

en milieu rural, c’est dans ce continent que les villes croissent le plus vite. On prévoit que ce

taux de croissance sera en moyenne de 3,5 % par an au cours des 15 prochaines années, ce qui

signifie que la part de l’Afrique quant à la population urbaine mondiale passera de 10 à 17 %

entre 2000 et 2015. L’Afrique du Nord est la sous-région la plus urbanisée et, en moyenne, la

population urbaine de cette sous-région représente 54 % de sa population totale; viennent en-

suite l’Afrique de l’Ouest (40 %), l’Afrique australe (39 %), l’Afrique centrale (36 %) et les îles

de l’océan Indien occidental (32 %). La sous-région la moins urbanisée est l’Afrique de l’Est,

où seulement 23 % de la population vit en milieu urbain. Le Malawi est le pays d’Afrique dans

lequel les villes se développent le plus rapidement, leur taux de croissance étant de 6,3 %, soit

trois fois la moyenne mondiale. Outre qu’il y a de plus en plus de personnes qui vivent en ville,

les villes elles-mêmes deviennent plus grandes et se multiplient. Près de 70 villes africaines

compteront plus d’un million d’habitants en 2015.

La rapide expansion des villes d’Afrique est due à l’exode rural, à l’expansion démographique

et, dans certaines zones, à des déplacements des populations qui se réfugient dans des villes

à cause des conflits. La population quitte la campagne en raison du déclin de la producti-

vité agricole, de la pénurie d’emplois et de l’insuffisance de l’accès aux infrastructures physi-

ques et sociales de base. Toutefois, l’augmentation des revenus et l’élévation du niveau de vie

qu’on espère d’un exode vers la ville se réalisent rarement et la pauvreté urbaine est très fré-

quente et ne cesse de s’aggraver. Des catastrophes environnementales et des conflits ont aussi

incité de nombreuses personnes à abandonner les campagnes et à chercher refuge en ville. Au

Mozambique, les troubles civils des années 80 ont poussé quelque 4,5 millions d’habitants des

campagnes à émigrer vers des villes et, en Sierra Leone, le troisième établissement humain est

un camp de personnes déplacées.

La croissance rapide des besoins en logements et en services d’une population urbaine de

plus en plus nombreuse et le très faible niveau de développement des villes ont généré dans

de nombreuses villes d’Afrique de plus en plus de bidonvilles surpeuplés, qui se caractérisent

par des logements précaires et des infrastructures (routes, éclairage urbain, distribution d’eau,

assainissement et évacuation des ordures) très insuffisantes. Il est fréquent que ces bidonvil-

les soient établis dans des environnements fragiles comme des pentes raides, des lits naturels

d’évacuation des eaux de pluie ou des fonds inondables. La mauvaise qualité du logement et

le sous-équipement pourraient aussi être un des facteurs du déclin de la santé et de la sécurité

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des populations urbaines. Les principaux problèmes d’environnement qui se posent dans les

zones urbaines d’Afrique sont liés à l’évacuation des déchets, à la distribution de l’eau, à l’as-

sainissement et à la pollution de l’atmosphère urbaine. Par rapport à d’autres régions du monde,

l’Afrique a la proportion la plus faible de ménages urbains avec l’eau courante (38,3 %). Dans

les villes d’Afrique subsaharienne, 45 % de la population urbaine n’a pas accès à des services

d’assainissement. Des centaines de milliers de personnes meurent chaque année de maladies

causées par des conditions de vie insalubres dues au manque d’accès à l’eau salubre et à l’as-

sainissement.

Les données récentes sur le VIH/sida montrent que, dans plusieurs pays de l’Afrique subsa-

harienne, la prévalence du VIH est considérablement plus élevée dans les zones urbaines que

dans les zones rurales, ainsi que dans les zones de bidonvilles que dans les zones urbaines

sans taudis. De surcroît, les femmes qui vivent dans les taudis sont les plus touchées, leur taux

de prévalence du VIH étant plus élevé que celui des hommes et des femmes vivant dans des

zones rurales. Si les statistiques montrent que les populations urbaines sont mieux loties que

les populations rurales, car elles bénéficient d’un meilleur accès aux services et affichent des

indicateurs de développement humain élevés, notamment en ce qui concerne l’espérance de vie

et l’alphabétisme, il s’avère cependant que dans les pays en développement, la pauvreté urbaine

est devenue un problème aussi grave que la pauvreté rurale.

Si les violations des droits de l’homme, la violence, les persécutions, sont les causes les plus

fréquentes des exodes, il existe un autre motif de migration et de déplacement des populations

dont on parle moins, fondé sur la dégradation, la confiscation ou la destruction de l’environne-

ment biophysique. Les calamités naturelles, les destructions intentionnelles ou accidentelles de

l’environnement, les politiques environnementales sont sources de déplacements contraints de

populations considérées aujourd’hui comme « réfugiés de l’environnement » ou « écoréfugiés »

sans bénéficier encore à l’international des mêmes avantages que ceux du statut de réfugiés

politiques.

Des exemples de réfugiés de l’environnement chassés par la sécheresse, des éleveurs Peuls du

Mali et du Burkina Faso réfugiés au Ghana dans les années 1983-84, des agriculteurs mozambi-

cains fuyant en 1992-93 vers la Zambie, et des Soninké de la région de Kayes au Mali nous dé-

montrent qu’ils s’ajoutent aux réfugiés politiques. Ces mouvements de population affaiblissent

la capacité des pays touchés à répondre de façon planifiée aux exigences de développement,

mais aussi de s’adapter aux changements climatiques. L’environnement biophysique local en

est aussi affecté.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 19

Études de cas regionalesMODULE 7

1.6 LesclimatsenAfrique

On peut distinguer six grands ensembles climatiques en Afrique (figure 7)

Figure 7

LES CLIMATS EN AFRIQUE.

Source : Encarta, 2001.

Désertique

Tropical àsaisons alternées

Tempéré humide

Semi-désertique

Climat tempéré humide

Pas de sécheresse – été chaudSécheresse estivale – été fraisSécheresse hivernale– été chaudSécheresse hivernale– été frais

Climat sec

Chaud et arideChaud et semi-aride

Climat tropicalHumide – courte saison sècheClimat de moussonsSaisons alternées – longue saison sècheSaisons alternées

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 20

Études de cas regionalesMODULE 7

Le climat équatorial humide

Le climat équatorial humide, caractérisé par une humidité constante, un faible ensoleille-

ment, une couverture nuageuse fréquente et une température de l’air autour de 26 °C, se

retrouve de part et d’autre de l’équateur thermique (4° de latitude Nord). La cuvette congo-

laise et les régions guinéennes d’Abidjan et de Lagos sont marquées par un rythme à double

maximum de précipitation d’équinoxe, avec une période de rémission d’été et une saison

sèche d’hiver. Les régions littorales du golfe de Guinée connaissent l’association d’un climat

équatorial avec les effets marquants de mousson.

Le climat tropical chaud et humide

De part et d’autre des régions équatoriales, ce climat caractérisant l’Afrique intertropicale

et particulièrement l’Afrique occidentale présente vers les tropiques du nord et du sud des

conditions thermiques et pluviométriques saisonnières de plus en plus contrastées. L’op-

position d’une saison sèche et d’une saison des pluies située en été est fondamentale. Les

nuances du climat continental se trouvent surtout au nord de l’équateur du fait de l’impor-

tante masse continentale de l’Afrique occidentale.

On retrouve ce climat humide, associé à la zone de convergence intertropicale (ZCIT), une

région de basses pressions autour de l’équateur aussi dénommée front intertropical, tout au

long de l’année en Afrique de l’Ouest et dans les régions proches de la zone équatoriale ainsi

que dans la partie ouest de l’Afrique centrale. Dans la figure 8, on notera l’amplitude de

l’oscillation de la ZCIT au niveau de l’Afrique, entre la période de janvier et de juillet, ainsi

que les zones de moins de 50 mm de précipitation comparées à celle des zones de plus de

150 mm. Le fait principal est le déplacement saisonnier de ce front intertropical vers le nord

et vers le sud. Il monte donc régulièrement vers le nord pour atteindre le tropique (21° de

latitude Nord) au mois d’août. C’est la période d’hivernage pour les régions soudaniennes

alors que les régions équatoriales et guinéennes connaissent une faible rémission. Quant à

l’hémisphère Sud, c’est la période sèche. Puis le front descend vers le sud. La saison sèche

s’installe alors au nord des régions qu’il délaisse.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 21

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 8

LA CIRCULATION ATMOSPHÉRIQUE GÉNÉRALE ET LA ZCIT.

Source : Educnet.

moins de 50 mm

de 50 à 150 mm

plus de 150 mm

Centre de basse pression (dépression)

Centre de haute pression (anticyclone)

Convergence intertropicale (CIT)

Vents dominants

moins de 50 mm

de 50 à 150 mm

plus de 150 mm

Centre de basse pression (dépression)

Centre de haute pression (anticyclone)

Convergence intertropicale (CIT)

Vents dominants

Juillet

Précipitations sur les continents

Précipitations sur les continents

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 22

Études de cas regionalesMODULE 7

Par ailleurs, les nombreux contrastes topographiques ainsi que la présence de grands lacs

dans certaines parties du continent influencent aussi le climat moyen régional en Afrique.

L’étagement climatique très marqué caractérise le massif éthiopien en Afrique de l’Est.

Le climat sec semi-aride

Ce climat de transition vers le désert (subtropical) est caractérisé par les amplitudes sai-

sonnières et diurnes des plus marquées de toute l’Afrique. Le total des précipitations est

faible. Plus vers le nord et vers le sud, on retrouve les grands espaces au climat semi-aride

qui n’autorisent pas d’agriculture pérenne étant donné la rareté des précipitations et des

écoulements d’eau de surface. Les écarts pluviométriques d’une année à l’autre peuvent

être considérables. Dans ces régions, l’agriculture est précaire. On retrouve ce climat sahé-

lien du Cap-Vert au massif éthiopien. On le retrouve dans la zone de transition en Afrique du

Nord, au nord du Sahara. Il se retrouve aussi dans l’hémisphère Sud depuis la région côtière

angolaise de Luanda jusqu’aux hautes terres du Transvaal.

Le climat sec, chaud et aride du désert

Les déserts chauds sont situés dans la zone de climat subtropical où l’ensoleillement dure

toute l’année. Les déserts sont des zones où les précipitations sont trop basses; ils ne

peuvent donc soutenir aucune végétation, ou seulement de très maigres broussailles. Ce-

pendant, on retrouve des zones de végétation isolées à proximité d’une source d’eau ou

lorsqu’une nappe phréatique est suffisamment proche de la surface du sol ou, parfois, sur le

lit de rivières venant se perdre dans le désert. Ce climat se retrouve au Sahara et au Kalahari

Namib en Afrique du Sud. Les températures maximales de 40 à 45 °C y sont communes

bien que, pendant les périodes plus froides de l’année, les températures de nuit peuvent

chuter à la température de congélation ou en dessous, en raison de la perte exceptionnelle

de rayonnement sous les ciels clairs.

Le climat tempéré humide - été chaud (climat méditerranéen)

Le climat méditerranéen décrit un régime d’été chaud avec sécheresses et des pluies en

hiver dans les latitudes moyennes, bien au-delà de la zone du climat subtropicale. Ce climat

se produit le plus souvent dans les régions autour de la Méditerranée, d’où le nom « climat

méditerranéen ». On le retrouve surtout dans les zones côtières de l’Afrique du Nord (Maroc,

Algérie, Tunisie) et de l’Afrique du Sud.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 23

Études de cas regionalesMODULE 7

Le climat tempéré humide à sécheresse hivernale et à été chaud

Le long d’un axe est-ouest en Angola et au nord de la Zambie, on retrouve quelques poches

caractéristiques de ce climat, essentiellement dues aux altitudes de la région. À l’extrême

nord de l’Afrique et à l’extrême sud, on rencontre quelques zones en hautes altitudes où

prévaut un climat tempéré et parfois froid. On retrouve aussi des nuances régionales tel le

climat tropical maritime à saisons alternées le long de la côte sud du Mozambique et du

KwaZulu-Natal; les conditions thermiques sont exceptionnelles : les amplitudes sont faibles

et les mois d’hiver sont exempts de froid. Les fortes précipitations de l’été austral sont liées

au jeu du front intertropical qui descend jusqu’au tropique du Capricorne. L’air tropical ma-

ritime de l’océan Indien apporte alors quelques pluies.

Par rapport aux autres climats des autres régions du monde, il est à retenir qu’en Afrique

les climats présentent chacun un degré élevé de variabilité temporelle liée fortement aux

précipitations et au couvert végétal.

Les ressources en eau, en Afrique, ne sont pas réparties de façon homogène sur le continent

et ne se trouvent pas à proximité des plus grands besoins. On dénombre 17 rivières impor-

tantes avec des superficies de bassins versants de plus de 100 000 km2 et plus de 160 lacs

aux superficies dépassant les 27 km2. La plupart de ces lacs sont situés autour de la région

équatoriale et des zones subhumides des hauteurs de l’Afrique de l’Est dans la vallée du Rift

(UN Water/Africa, 2000). Les eaux souterraines représentent 15 % des ressources en eau

africaines dont les principaux aquifères sont localisés en zones arides du Sahara septentrio-

nal, du Nubia, du Sahel, du bassin Tchad et du Kalahari (Lake et Soure, 1997). Les eaux

souterraines d’autres petits aquifères sont une source d’approvisionnement en eau impor-

tante; elles sont utilisées par plus de 75 % de la population (World Bank, 2000).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 24

Études de cas regionalesMODULE 7

2. Les changements climatiques, la variabilité du climat et les extrêmes climatiques en Afrique

Figure 9

TEMPÊTE DE NEIGE EN AFRIQUE DU NORD – JANVIER 2005.

Une tempête de neige couvrant une grande partie du nord de l’Algérie et la partie est du Maroc est survenue du 26 au 27 janvier 2005. La rareté de cet événement – le pire des 50 dernières années – a engendré le chaos dans le système des voies de communication et de transport routier de cette zone normalement aride à semi-aride. Cette image de la neige, à partir du satellite Terra MODIS, a été prise le 28 janvier 2005 une fois que l’ennuagement se dissipait. Dans cette image, la neige s’étend des bords de la Méditerranée jusqu’à la limite nord du Sahara.

Source : NASA.

2.1 Lasituationsurl’étatdesconnaissancesduclimatafricainetdesesparticularités

Sur le plan international, il y a actuellement un consensus quant à l’importance de poursuivre

l’analyse sur les changements climatiques en Afrique. En ce qui concerne les scientifiques, il

leur reste encore d’importants travaux à faire afin de distinguer les aspects « naturels et cycli-

ques » du changement et de la variabilité des climats africains de ceux dits « anthropiques ».

Le problème essentiel pour les pays et les populations africaines demeure cependant entier :

comment identifier la ou les vulnérabilité(s) actuelle(s) et future(s) à ces changements et quelles

sont les stratégies d’adaptation à adopter pour atténuer ces vulnérabilités de manière à assu-

rer un développement durable pour l’Afrique. Il conviendra aux décideurs politiques africains

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 25

Études de cas regionalesMODULE 7

d’évaluer les coûts des mesures d’adaptation choisies, de rechercher les financements corres-

pondants et de réaliser les meilleures allocations des ressources financières afin de faire face

à ce défi. L’équation n’est pas simple dans un contexte d’incertitude sur l’évolution du climat

mondial et régional et sur leurs impacts potentiels sur le plan régional et local en Afrique.

Par ailleurs, le défi qui a souvent été mentionné par de nombreux scientifiques et experts africains

porte sur la nécessité d’intégrer dans l’analyse sur les changements climatiques en Afrique l’effet

du changement naturel ou anthropique du couvert végétal et de l’utilisation des terres sur le cli-

mat régional. Le rôle du changement du couvert végétal sur la modification du climat régional et

local a été pris en considération dans les théories des années 1920 et 1930 sur l’empiétement

du Sahara et son influence d’assèchement du climat de l’Afrique de l’Ouest. Cela a influencé la

décision du gouvernement algérien de se lancer dans un grand projet3 de reboisement des limites

nord du Sahara afin d’arrêter le processus de désertification et de contrer « l’avancée du désert ».

La variabilité importante du climat africain (la figure 9 en est une illustration), engendrée par

les courants océaniques, d’une part, et l’impact reconnu mais non mesuré du changement du

couvert végétal sur le climat, d’autre part, rendent les prévisions et l’établissement de scénarios

des changements climatiques en Afrique, basés sur l’émission des gaz à effet de serre (GES),

très incertains. Les modèles climatiques généraux (GCM), en simulant les changements des

climats africains sur la base de l’accroissement des concentrations de GES, ne tiennent compte

que peu du phénomène El Niño et pas du tout du couvert végétal, deux facteurs potentiellement

importants pour l’analyse des changements climatiques en Afrique (Hulme et al., 2001).

Selon le rapport Background paper on impacts, vulnerability and adaptation to climate change in Africa (UNFCCC, 2006), il est reconnu que la variabilité climatique à l’échelle des saisons et

à l’échelle des décennies, en Afrique, est parmi les plus élevées dans le monde. Du fait de cette

forte amplitude de la variabilité des climats africains et du fait de l’importance continentale, le

système climatique africain a une influence marquée, non seulement sur les régions avoisinan-

tes, mais aussi sur le système climatique planétaire. Les changements du couvert végétal, des

régimes hydrologiques, du transport de sable et de poussières vers l’atmosphère ont un impact

à grande échelle sur les propriétés de l’atmosphère et contribuent par là même à la variabilité

du climat de la région.

3. Le projet du « barrage vert » fut décidé en 1969 par le gouvernement de Houari Boumediene et lancé en 1974 en Algérie. Une immense ceinture de 1500 km de long sur 20 km de large devant protéger la partie nord de l’Algérie de l’inexorable avancée du désert. Ce chantier pharaonique d’une superficie de 3 millions d’hectares, confié à l’armée, devait mobiliser pas moins de 20 000 jeunes recrues du Service national. Pendant une vingtaine d’années, l’armée s’est ainsi attelée à la tâche en mettant les gros moyens. Les travaux sont toujours en cours en 2007.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 26

Études de cas regionalesMODULE 7

La situation relative à la disponibilité des données et des observations climatiques est actuelle-

ment critique et pose problème. Comparativement à d’autres régions du monde, la compréhen-

sion scientifique des systèmes climatiques africains est considérée comme faible (Washington et al., 2004). Le niveau de compréhension diffère de région à région; il est particulièrement faible

pour le bassin du Congo qui représente une composante des plus importantes pour le climat

mondial et régional. Le besoin pressant en données climatiques sur l’Afrique a été relevé dans

le rapport du Plan d’action 2005 des pays du G8, élaboré au sommet de Gleneagles, en men-

tionnant : « Le manque de données pour l’Afrique est le plus important parmi les continents et

requiert un effort immédiat ».

Malgré la disponibilité croissante des données climatiques et environnementales à partir de la

télédétection par satellite et malgré les notables améliorations quant à la compréhension, à la

capacité de surveillance et à la modélisation du système mondial climatique, les systèmes d’ob-

servations au sol et au niveau des couches atmosphériques supérieures en Afrique n’existent

toujours pas. Le manque flagrant de données climatiques est reconnu comme une contrainte

importante dans la compréhension de la variabilité climatique actuelle et future de ce continent

(DFID, 2004). Si des progrès ont été parfois réalisés en matière de prévision saisonnière, des

écarts significatifs apparaissent par rapport au faible réseau de surface en Angola, dans le bassin

du Congo, au Soudan et au Sahel. Les études diagnostiques régionales qui peuvent permettre

l’identification des structures des années sèches et humides, leurs indicateurs et leurs impacts

aux moyens de techniques statistiques et empiriques seraient utiles en Afrique. La coordination

des efforts quant au renforcement des capacités de formation, de recherche et de développe-

ment permettrait l’amélioration du suivi et de la surveillance climatique et environnementale à

l’échelle continentale en Afrique. Cela permettrait de rendre disponibles des données fiables qui

seraient traitées pour l’ensemble des utilisateurs et décideurs.

Le Système mondial d’observation du climat (GCOS), créé en 1992, n’a réellement retenu

l’attention de la Conférence des parties (COP) que vers 1998, lors du processus lancé par la

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), car un besoin

pressant se faisait sentir pour améliorer la qualité des données climatiques, particulièrement

dans les pays en développement. La COP et ses agences ont mis en œuvre un certain nombre de

décisions afin de pallier ce problème et d’améliorer les réseaux d’observation.

Deux ateliers régionaux ont été réalisés; l’un pour les pays de l’Afrique de l’Est et du Sud et le

second pour ceux de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Ces deux ateliers ont conduit au dévelop-

pement de deux plans d’action régionaux pour améliorer les composantes du système d’observation

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 27

Études de cas regionalesMODULE 7

mondial (Global Climate Observing System, GCOS4) dans la région de l’Afrique de l’Est et du Sud,

tels les systèmes d’observation de la surface (GSN) et de l’atmosphère (GUAN). Selon les experts

de l’Afrique, les opérations de ces deux composantes du GCOS ne sont pas encore pleinement

satisfaisantes. En 2003, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) rapporte que 26 % des

84 stations du GSN et 20 % des 10 stations du GUAN sont silencieuses en Afrique de l’Est et du

Sud. Le reste des stations ne fonctionne pas correctement. La mise à niveau des réseaux nationaux,

pour les seules régions africaines considérées, requiert plus de 200 stations météo automatiques

pour l’observation des phénomènes spécifiques liés à la sécheresse et aux inondations.

Par ailleurs, la faiblesse du réseau de l’OMM, le World Weather Watch, est due entre autres à

la faible densité de stations. Il existe, en Afrique, 1152 stations qui sont en charge de fournir

des données climatiques en temps réel, ce qui représente une station pour 26 000 km2, une

densité huit fois plus faible que le minimum recommandé par l’OMM. De vastes régions en

Afrique du Nord, en région sahélienne Est et en Afrique centrale ne sont pas couvertes et oc-

troient à l’Afrique le plus faible taux d’observation de toutes les régions du monde (Washington

et al., 2004). La faiblesse des observations climatiques et de la couverture spatiale des points

hauts et culminants, tels le mont Kenya et le mont Kilimandjaro, en regard de la couverture de

neige, de glaciers et du ruissellement des eaux, ne permet pas de faire le point sur les impacts

à long terme des changements climatiques (GCOS, 2002). Des études démontrent la rapide

réduction de la couverture de neige et de glace au cours des cinquante dernières années et leur

possible disparition totale d’ici 2100 (UNEP, 2002).

2.2LeschangementsclimatiquesenAfriqueselonletroisièmerapportduGIECetautrestravauxd’experts

En se fondant sur les informations scientifiques les plus récentes fournies par le troisième rap-

port d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),

publié en 2001, et sur d’autres données examinées par un groupe de conseil scientifique, le

Programme des Nations unies pour l’environnement et son centre associé GRID-Arendal ont pré-

senté des graphiques climatiques cruciaux pour l’Afrique, au titre d’efforts spéciaux qui visaient

à offrir une information scientifique pouvant être facilement comprise par tous les décideurs

politiques en Afrique.

4. Global Climate Observing System. http://www.wmo.ch/web/gcos/gcoshome.html

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 28

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 10

L’OSCILLATION D’EL NIÑO EN AFRIQUE AUSTRALE ET DE L’EST. 

Source : Centre de Prédiction Climatique NCEP

L’anomalie pluvieuse typique, associée à l’oscillation australe El Niño (ENSO) (figure 10), suit

un modèle de précipitations dipolaire : l’Afrique orientale est en phase avec les épisodes chauds

d’ENSO alors que l’Afrique australe y est négativement reliée. La variabilité interannuelle du

climat africain est déterminée par plusieurs facteurs. L’oscillation australe El Niño (ENSO)

représente la principale perturbation de la variabilité climatique interannuelle d’Afrique orien-

tale et australe. En 1997-1998, le phénomène ENSO a entraîné des conditions de pluviomé-

trie extrême sur l’Afrique orientale, alors qu’en 1999-2000 La Niña pourrait être responsable

des inondations dévastatrices au Mozambique. Les épisodes de réchauffement du phénomène

El Niño, qui affectent régulièrement les variations régionales des précipitations et des tempéra-

tures dans la plupart des zones tropicales et subtropicales, et dans certaines zones de moyenne

latitude, ont été plus fréquents, plus persistants et plus intenses depuis le milieu des années 70

qu’au cours des 100 dernières années. (IPCC, 2001)

L'oscillation d'El Niño en Afrique du sudLa Niña

(1999-2000)El Niño

(1997-1998)

Équateur Équateur

Humideet froid

Sec et chaud

Conditionclimatique humide

Conditionclimatique sèche

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 29

Études de cas regionalesMODULE 7

2.2.1 Les changements observés des températures

En se basant sur des enregistrements historiques, le troisième rapport du GIEC (IPCC, 2001)

révèle une augmentation des températures de près de 0,7 degré sur tout le continent afri-

cain durant le XXe  siècle. Les enregistrements révèlent aussi que cet accroissement des

températures s’est réalisé au rythme de 0,05 degré par décennie et que le réchauffement

a eu lieu surtout durant la période de juin à novembre (Hulme, 2001). Les années les plus

chaudes ont eu lieu depuis 1988, avec les années 1995 et 1998 aux extrêmes les plus

élevés (Hulme et al., 2001).

2.2.2 Les changements observés des précipitations

Une réduction en moyenne de 25 % des précipitations a été observée, au niveau de la zone

du Sahel, pendant les 30 dernières années (figure 11). Ce changement s’est caractérisé par

une diminution du nombre d’événements pluvieux. Cette réduction des précipitations a eu

lieu durant le XXe siècle (figure 12), particulièrement après les années 1960, dans les zones

subtropicales et tropicales, depuis l’Afrique jusqu’en Indonésie (IPCC, 2001). Hulme et al. (2001) ont révélé une diminution des précipitations de 2,4 ± 1,3 % par décennie dans les

régions des forêts tropicales en Afrique, depuis les années 1975. Le taux de diminution a

été plus important en Afrique de l’Ouest (-4,2 ± 1,2 % par décennie) et au nord du Congo

(-3,2 ± 2,2 % par décennie).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 30

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 11

LA VARIATION DES PRÉCIPITATIONS PAR RAPPORT À LA MOYENNE 1961-1990 DANS TROIS RÉGIONS D’AFRIQUE.

Les années 1900-1998 proviennent de données mesurées, les années 2000 à 2099 de simulations. La courbe lissée de 1900 à 1998 résulte de l’application d’un filtre gaussien de 20 ans.

Source : IPCC

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 31

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 12

L’ÉVOLUTION DES PRÉCIPITATIONS DE 1900 À 2000.

Source : UNEP/GRID. 2005. Arendal Maps and Graphics.

2.2.3 Les changements observés des événements extrêmes

Les inondations

Les inondations sont récurrentes dans certaines régions africaines; même les communautés

vivant dans des régions sèches ont parfois été affectées. Les années 2000-2001 ont été

marquées par les graves inondations du Mozambique, particulièrement le long des vallées du

Limpopo, du Save et du Zambezi. Plus d’un demi-million de personnes se sont retrouvées sans

abri et il y a eu plus de 700 personnes qui ont perdu la vie. Cette inondation a eu des effets

dévastateurs sur le bétail, sur les cultures et les récoltes. Les infrastructures de base telles que

les routes, les ponts, les installations d’électricité et les habitations ont été gravement endom-

magées (UNEP, 2004a). Les événements d’inondation peuvent survenir la même année que

des événements de sécheresse. C’est le cas de l’Afrique de l’Est. L’Éthiopie a vécu au début

de 2006 une sévère sécheresse qui a été suivie, en août de la même année, de graves inon-

dations à l’est du pays. Ces inondations ont causé la mort de 200 personnes et la disparition

de 250 personnes.

-50 % -40 % -30 % -20 % -10 % 0 +10 % +20 % +30 % +40 % +50 %Tendance de 1900-2000

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 32

Études de cas regionalesMODULE 7

La figure 13 présente les inondations majeures connues en Afrique depuis 1985 à juin 2007.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 33

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 13

LES INONDATIONS MAJEURES EN AFRIQUE DE 1985-2007.

Les numéros figurant sur les taches rouges sont des numéros d’archives et sont octroyés pour toute inondation considérée comme majeure et ayant causé des dommages aux infrastructures et à l’agriculture.

Source : Tiré de Dartmouth Flood Observatory, Department of Geography, Dartmouth College.

Les sécheresses

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) définit la sécheresse de

manière générale comme une diminution de 50 % des précipitations sur une durée de trois

mois (PNUD, 2006). La durée de la sécheresse est un indicateur important pour la carac-

térisation de ses niveaux de risque et de ses impacts, car elle peut se développer lentement

et peut persister sur une période de plusieurs années. Les pays africains sont reconnus pour

être les plus vulnérables aux sécheresses. Certaines zones subhumides et semi-arides de

l’Afrique du Nord, la région du Sahel africain, située à la frontière sud du Sahara, et qui

s’étend de la côte de l’Afrique de l’Ouest jusqu’aux zones hautes de l’Afrique de l’Est, la

Corne africaine et l’Afrique du Sud vivent ce genre de situation depuis les années 1960.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 34

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 14

LES POPULATIONS AFFECTÉES PAR LES DÉSASTRES NATURELS EN AFRIQUE DURANT LA PÉRIODE 1971-2001.

Source : UNEP/GRID-Arendal Maps and Graphics Library.

Les estimations d’experts évoquent qu’un tiers de la population africaine vit dans des

zones soumises à la sécheresse et que près de 200 millions sont annuellement exposés à

ses impacts directs tels que la famine et les épidémies (figure 14). Depuis les années 1980,

les sécheresses récurrentes ont frappé l’Afrique subsaharienne. La fameuse sécheresse de

1984-1985 a causé des pertes importantes en vie humaine et en biens économiques. Déjà,

cette région s’était fait connaître par des épisodes de sécheresse au début des années 1970,

qui ont causé une crise humanitaire et le décès de plusieurs milliers de personnes et de

millions d’animaux (de Waal, 1997; Mortimore, 1998).

La relation forte entre les changements environnementaux, telle la fréquence croissante de

la sécheresse au Sahel, et les activités économiques n’est plus à démontrer. Les années

sèches consécutives causant des déséquilibres écologiques sur de larges étendues affectent

les capacités des populations de faire face à la sécheresse en réduisant leur temps d’adap-

tation et de préparation entre les événements (Adger, 2002).

L’Afrique connaît régulièrement des événements graves tels que les sécheresses, les inonda-

tions, les épidémies, la pénurie d’eau et la crise alimentaire récurrente, événements dus à

la combinaison du changement et de la variabilité climatique et à l’importante vulnérabilité

aux impacts négatifs de ces changements.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 35

Études de cas regionalesMODULE 7

Les tempêtes de sable et de poussière

Le soulèvement de particules de poussière et de sable dans les couches inférieures de

l’atmosphère est une des caractéristiques de l’environnement au Sahara et au Sahel. La

fréquence des tempêtes de sable et de poussière a augmenté dans certaines régions du

Sahel depuis les années humides 1950-1960 jusqu’à la période des années sèches des

années 1970-1980 (N’Tchayi et al., 1997, 1997). Au nord du Soudan, le vent puissant

humide et chaud, nommé Haboub, se déplace comme un mur d’une centaine de mètres en

transportant du sable et des poussières sur de larges étendues. Le Sahara et le Sahel consti-

tuent la source principale des poussières atmosphériques dans le monde (Andreae, 1996;

D’Almeida, 1986) et, selon certaines estimations, ils contribuent à l’exportation annuelle de

près d’un milliard de tonnes de poussières sur de larges distances vers le nord et les régions

adjacentes, déposant ces minéraux en Europe, en Asie de l’Ouest et dans les Amériques

(Moulin et al., 1997).

Les impacts du surpâturage, de la déforestation, de la désertification des terres et de la

dégradation des sols, créant d’autres sources de poussière, contribuent aussi à l’augmen-

tation des tempêtes de sable et de poussière. La région sahélienne est devenue une source

plus importante de poussière que le Sahara (N’Tchayi et al., 1997). Même si les liens entre

la désertification et les changements climatiques doivent encore être mieux explorés, la

situation pourrait s’aggraver à cause des impacts qu’une réduction des précipitations et un

allongement des périodes de sécheresse auraient sur les sols en Afrique. Il est aussi connu

que le processus de désertification en Afrique est dû à la surexploitation des terres, à l’agri-

culture extensive sur les terres arides et, de ce fait, à la pauvreté et à la forte dépendance

des populations rurales aux ressources naturelles pour leur subsistance.

2.3 Leschangementsclimatiquesfuturs

Étant donné les limites de la compréhension et de la connaissance des climats africains, leurs

particularités telles que la variabilité climatique d’El Niño dans les modèles mondiaux demeu-

rent très faiblement représentées. Dans ces modèles, l’absence de la représentation du change-

ment régional du couvert végétal, du phénomène de soulèvement de la poussière et de la charge

en aérosols à partir de la biomasse constitue aussi une importante limite dans le processus

prévisionnel sur les changements climatiques futurs en Afrique.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 36

Études de cas regionalesMODULE 7

2.3.1 Les tendances futures des températures et les précipitations

Les modèles sur le changement climatique suggèrent que le climat africain deviendra en

général plus variable qu’il ne l’est actuellement. Depuis les années 1900, la température

moyenne de surface a augmenté seulement de 0,5 degré5, mais pourrait augmenter de 2 à

6 degrés d’ici 2100 (Hulme, 2001).

En ce qui concerne les changements futurs des précipitations, diverses prévisions et argu-

mentations contradictoires prévalent actuellement, comme certains modèles qui prévoient

un réchauffement qui engendrera un régime plus humide au Sahel et dans quelques régions

du Sahara (Brooks et al., 2005; Maynard et al., 2002). Cette suggestion est issue des ob-

servations de l’amélioration du climat régional depuis la fin des années 1990 et des préci-

pitations abondantes surtout au Sahel et dans quelques régions du Sahara en 2003. Des

résultats similaires sont obtenus par Claussen et al. (2003) qui prédisent une croissance

potentielle du couvert végétal, jusqu’à 10 % par décennie, de la surface arable du Sahara

comme conséquence de l’accroissement des concentrations en CO2. Ces concentrations

déclencheraient un accroissement des précipitations qui seraient soutenues par la boucle

de rétroaction végétation-atmosphère. Par ailleurs, l’étude réalisée par Liu et al. (2002) sur

l’impact de 1 % d’accroissement de la concentration de CO2 par an, durant 80 années, a

permis, selon les modèles utilisés sur le Sahara, d’obtenir une tendance de déplacement de

ce désert vers le nord, comme il est illustré dans la figure 15.

5. Selon le GIEC (IPCC, 2001), l’augmentation de la température de surface aurait été de 0,7 degré durant le XXe siècle.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 37

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 15

LES SCÉNARIOS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR LES ZONES DÉSERTIQUES.

Source : IPCC

Quant à la variabilité régionale des précipitations, plusieurs études ont montré les grandes dif-

férences qui existent en Afrique. Par exemple, l’Afrique de l’Est présente une stabilité relative

du régime pluviométrique, tandis qu’au Sahel, une variabilité multidécennale est notoire et un

assèchement récent a été constaté. Une tendance à la baisse des précipitations jusqu’à 20 %

est prévue (Hulme, 2001).

Les scénarios du Rapport spécial sur les scénarios d’émission (Special Report on Emission Sce-

narios ou SRES), établis selon les scénarios A2 et B2 des modèles AOGCM (Atmosphere-Ocean

General Circulation Model) du GIEC sur les régions désertiques, montrent une importante variation

au travers de l’Afrique pour la période 2071-2100 par rapport à la période 1961-1990 (troisième

rapport synthèse du GIEC).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 38

Études de cas regionalesMODULE 7

D’autres prévisions régionales des températures et des précipitations suggèrent pour les 50 pro-

chaines années (2010-2039) (Hulme, 2001), les effets probables suivants :

− une diminution des précipitations de 10 à 25 %, dans le nord de l’Afrique, durant les

mois de juin à août et de 10 à 60 % de mars à mai;

− une diminution des précipitations de 15 à 62 %, dans le sud de l’Afrique, durant les

mois de juin à août et de 8 à 36 % durant les mois de septembre à novembre.

− une augmentation des précipitations de 10 à 35 %, dans l’ouest de l’Afrique, durant

les mois de décembre à février (qui sont déjà des mois normalement secs), ainsi qu’une

augmentation de 7 à 28 % au cours de la période de septembre à novembre.

Il est cependant indiqué dans ces études que ces tendances peuvent inclure des variations non

décelables à l’intérieur des régions et des pays, tels que le sud de l’Afrique qui peut devenir

plus sec en général, mais que certains pays dans la région peuvent évoluer vers des climats plus

humides que la moyenne (Hulme, 2001).

2.3.2 Les événements extrêmes

Les modèles de circulation atmosphérique générale suggèrent que le climat africain de-

viendra plus variable avec les changements climatiques. La nature exacte des changements

de températures ou de précipitations et des événements extrêmes n’est pas connue et est

encore soumise au débat. Cependant, un consensus scientifique est atteint par rapport à

l’augmentation du nombre d’événements extrêmes et à leur intensité.

Le rapport du GIEC (2001) mentionne que certains phénomènes climatiques extrêmes in-

cluant les inondations et les sécheresses deviendront plus fréquents et plus intenses. Cer-

taines régions africaines sont connues plus enclines aux événements extrêmes que d’autres.

Les inondations et les sécheresses sont bien connues actuellement en Afrique. Il est aussi

probable que l’augmentation des fréquences de désastres enregistrés résulte de la combi-

naison des facteurs du changement climatique et des facteurs de changement socioécono-

mique et démographique.

Les impacts du changement possible du climat sur la fréquence des événements extrêmes

au Sahel ne sont pas certains, en partie à cause des projections futures du changement de

la moyenne saisonnière des précipitations en Afrique tropicale, qui demeurent faiblement

résolues (Tarhule, 2005). Cette incertitude souligne la nécessité d’évaluer les risques et les

expériences locales des régions comme base pour l’évaluation des impacts et de la vulnéra-

bilité aux changements futurs.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 39

Études de cas regionalesMODULE 7

3. Les concepts de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiques en Afrique

3.1 Leconceptduchangementglobal

Les activités humaines engendrent et causent des changements croissants sur l’environnement.

Certains changements sont souhaités et contribuent au développement des sociétés humaines,

car elles améliorent leur confort et leur niveau de vie. D’autres, par contre, sont en train de dé-

truire les écosystèmes dont nous dépendons tels que les changements climatiques, la défores-

tation, la diminution des ressources naturelles, la désertification et l’érosion du sol, la pollution,

etc. Lorsqu’on aborde la question de la vulnérabilité et de l’adaptation aux changements clima-

tiques, la notion de changement global peut être utile pour comprendre les facteurs humains

et naturels qui influencent l’environnement en Afrique. Dans le contexte africain, la notion de

changement global amène à analyser la problématique des changements climatiques dans une

perspective holistique. La question des changements climatiques ne peut être dissociée des

autres problématiques sociales et environnementales qui touchent le continent africain. Des

problématiques telles que l’affectation et l’utilisation des terres, le changement du couvert vé-

gétal, la désertification, les changements dans les puits et sources de carbone, mais également

celles des ressources alimentaires, de l’approvisionnement en eau, de l’évolution économique et

démographique doivent être intégrées d’une façon interdisciplinaire et systémique.

3.2 Lasensibilité,lavulnérabilitéetl’adaptationauchangementclimatique

Il y a lieu de considérer que les variations climatiques de la dernière décennie en Afrique vien-

nent s’ajouter à des bouleversements socioécologiques majeurs déjà en cours, tels que la défo-

restation, la désertification, la surexploitation des terres et des ressources naturelles, un habitat

rural dispersé, des densités urbaines croissantes et un niveau de pauvreté élevé. La sensibilité

représente dans ce cas le degré auquel les systèmes écologique, social et économique actuels

sont affectés par les stimuli climatiques, d’intensités et de fréquences variées.

La forte dépendance actuelle aux ressources naturelles de l’Afrique rend les activités écono-

miques directement dépendantes des conditions climatiques. Par ailleurs, en raison de la su-

rexploitation de ces ressources naturelles, les écosystèmes sont de plus en plus fragilisés. Ces

deux facteurs expliquent à eux seuls la vulnérabilité de l’Afrique dans un contexte d’insécurité

climatique. La vulnérabilité s’apparente ici au degré auquel les systèmes écologique, social et

économique de l’Afrique sont susceptibles d’être affectés par les effets néfastes du changement

climatique, selon leur sensibilité et leur capacité à y faire face, donc à s’y adapter.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 40

Études de cas regionalesMODULE 7

Il y a lieu de considérer que la vulnérabilité, qui dépend entre autres de l’état et du niveau des

infrastructures des pays, de l’économie, des institutions et du capital social, peut être générée

par des causes climatiques, mais aussi par une multitude de processus et de facteurs naturels et

anthropiques. Si ce contexte général de la vulnérabilité et les causes sous-jacentes ne sont pas pris

en compte, la magnitude des risques, l’étendue des problèmes sociaux et environnementaux et les

urgences liées aux désastres naturels et au changement climatique risquent d’être sous-estimées.

3.3 Lanotiondevulnérabilitéetdesécuritéhumaine

En 1994, le rapport des Nations unies sur le développement humain a introduit le concept de

sécurité humaine, fondé sur une double notion : d’une part, la protection contre les menaces

chroniques que sont la faim, la maladie et la répression, et, d’autre part, la protection contre les

perturbations soudaines et nuisibles de la vie quotidienne. Dès lors, le terme d’insécurité envi-

ronnementale a été employé pour désigner la dimension de l’insécurité humaine provoquée par

les effets combinés des catastrophes naturelles et d’une mauvaise gestion du patrimoine naturel.

Figure 16

LE CONTINUUM VULNÉRABILITÉ ET SÉCURITÉ HUMAINE.

Source : Traduction du graphique tiré de : Africa Environment Outlook – CMAE/UNEP.

ConditionsVulnérabilité

Choix limités Choix diversifiés

Bonne capacitéd'adaptation

Pouvoir dedécision

Pouvoir de contrôle

Sécurité

Faible capacitéd'adaptation

Marginalisation

Victimisation etdépendance

Vulnérabilité etinsécurité

Sécurité

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 41

Études de cas regionalesMODULE 7

Les deux principales composantes de la vulnérabilité sont :

− l’exposition aux risques environnementaux (ou aux imprévus, aux chocs et aux contraintes);

− la capacité à faire face qui garantit la sécurité.

Les individus et les groupes, les communautés rurales, les villages, les villes, les régions et les pays

se situent dans différentes situations (figure 16) correspondant aux quatre catégories suivantes :

− risque élevé et faible capacité d’adaptation;

− risque élevé et forte capacité d’adaptation;

− risque faible et faible capacité d’adaptation;

− risque faible et forte capacité d’adaptation.

La plupart des pays d’Afrique se situent dans la catégorie «  risque élevé et faible capacité

d’adaptation ». Cela est dû au fait qu’au cours des 30 dernières années, la plupart des pays

d’Afrique ont été fortement exposés aux inondations, aux séismes, aux éruptions volcaniques,

aux incendies, aux sécheresses, aux dissensions civiles, aux conflits armés et aux guerres, les-

quels ont accru la pauvreté, exacerbé les graves problèmes sanitaires et engendré des famines.

Ces catastrophes ont provoqué des déplacements de population internes et transfrontaliers,

contribuant à une aggravation de la dégradation de l’environnement, et donc de la vulnérabilité

et de l’insécurité (UNEP, 2004b).

Les capacités à faire face et leur durabilité ont une importance cruciale dans le concept de dé-

veloppement durable, dont la définition selon le PNUD (1999b) englobe :

− la capacité à faire face aux chocs et aux contraintes et à les surmonter;

− l’intégrité écologique, qui garantit que les activités de subsistance ne dégradent pas les

ressources naturelles de manière irréversible au sein d’un écosystème donné;

− l’équité sociale, qui garantit que la promotion des possibilités de subsistance d’un groupe

ne nuit pas aux possibilités des autres groupes, aussi bien aujourd’hui que demain;

− l’efficacité économique, c’est-à-dire l’utilisation d’un minimum d’intrants pour générer

une production donnée.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 42

Études de cas regionalesMODULE 7

L’adaptation aux changements climatiques

Le degré d’adaptation est déterminé par l’existence de mesures d’adaptation aux actuels ou aux

futurs impacts. Ces mesures sont censées atténuer les dommages ou exploiter les occasions

favorables au développement. Dans le cadre des mesures d’adaptation, l’attention doit d’abord

être centrée sur les impacts et sur la vulnérabilité actuelle, en tenant compte des événements

historiques et actuels des situations et des stress climatiques extrêmes, vécus dans plusieurs

régions de l’Afrique.

La capacité d’adaptation traduit l’aptitude d’un système humain ou naturel à mettre en œuvre

des mesures d’adaptation planifiées (IPCC, 2001). La capacité d’adaptation s’ajoute à l’adapta-

tion spontanée ou autonome qui est souvent réactive et ne constitue pas une réponse planifiée.

Un exemple de la capacité d’adaptation  : la capacité d’adaptation d’une région est élevée à

l’égard des risques d’inondation si cette région a la volonté politique, la liberté, les ressources et

la connaissance de construire des digues ou des polders contre les inondations et les crues en

prévision des événements plus fréquents et extrêmes.

En Afrique, étant donné la faible capacité actuelle d’adaptation au changement climatique

attribuable à un niveau de pauvreté élevé, à des sécheresses et à des inondations récurrentes,

à la forte dépendance vis-à-vis de l’agriculture non irriguée, à une crise énergétique grave qui

entrave le développement humain, le renforcement de la capacité d’adaptation nécessite l’in-

tégration des mesures d’adaptation au changement climatique dans les stratégies globales de

développement durable. Ce principe doit être fortement appliqué dans le choix des mesures

d’adaptation immédiates et urgentes, par l’analyse de cohérence et des synergies avec les poli-

tiques et les stratégies sectorielles de chaque pays, tout en reconnaissant la nécessaire intégra-

tion régionale afin de développer des ententes et des axes stratégiques de réponses communes

aux vulnérabilités communes.

4. Les outils d’analyse et les capacités d’étude des vulnérabilités

4.1 Lesmodèlesdecirculationgénérale,lesoutilsderéductiond’échelleetlesmodèlesrégionaux

En général, les scénarios fondés sur les modèles de circulation générale sont consistants quant

à la prévision de l’augmentation des températures en Afrique, mais semblent présenter d’impor-

tantes incertitudes sur la magnitude et le sens du changement des précipitations. Les modèles

de circulation générale fournissent des prévisions climatiques grossières avec une faible réso-

lution à une large échelle de 300 km2. Le développement de prévisions fiables du changement

climatique futur devient alors difficile vu la grande complexité et la variabilité du climat africain,

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 43

Études de cas regionalesMODULE 7

associées au manque flagrant de données climatiques de référence, nécessaires pour alimenter

les modèles climatiques (DFID, 2004). Par ailleurs, les modèles de circulation générale n’in-

tègrent pas suffisamment deux facteurs importants pour comprendre la variabilité du climat

africain, le phénomène El Niño et le changement du couvert végétal (Hulme et al., 2001). La

capacité des modèles de représenter le positionnement précis, la période et l’intensité des fac-

teurs spécifiques tels que le début des précipitations au Sahel, le gradient des précipitations

en Afrique du Sud et l’orientation de la convection tropicale au-dessus de l’Afrique de l’Est est

encore insuffisante (Washington et al., 2004).

Afin de fournir des informations utiles aux décideurs et aux planificateurs, des efforts sont

actuellement entrepris pour le développement de modèles de circulation régionale avec des

résolutions plus fines en échelle spatiale (50 km2) et en échelle temporelle (environ 20 ans).

Le ministère britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales lance le

développement de modèle climatique régional au Centre de Hadley et le ministère britannique

du Développement international soutient le développement de la version PC du modèle PRECIS

du Centre de Hadley, modèle qui est conçu pour les agences ou les centres de recherche locaux

en météorologie. Ce modèle a été utilisé à ce jour dans le sous-continent indien et en Afrique

australe (DFID, 2004).

4.2 Lesméthodesetlesoutilspourl’évaluationdesimpactsetdesvulnérabilités

La plupart des études d’impact sont sectorielles et se consacrent aux secteurs spécifiques iden-

tifiés comme importants tels que les ressources en eau, l’agriculture, la santé, les zones côtières

et les forêts. Les pays africains ont appliqué plusieurs modèles tels que DSSAT, SPUR, CLIRUN,

Life Zones Classification de Holdridge, WATBAL, etc. À un moindre degré, ils ont également uti-

lisé des analyses socioéconomiques mais sans pour autant systématiser l’intégration de l’analyse

transversale pour étudier la vulnérabilité aux changements climatiques à l’échelle nationale.

Des études plus récentes sur les impacts et les vulnérabilités réalisées dans le cadre des projets

d’évaluation des impacts et de l’adaptation aux changements climatiques (AIACC, 2003) en

Afrique adoptent des approches transversales tout en favorisant la participation des décideurs

lors du processus d’évaluation. En couplant l’analyse de la variabilité du climat, de la fréquence

et de l’intensité des extrêmes avec l’analyse des capacités adaptatives des communautés dans

le passé, les risques posés par les changements climatiques et les capacités adaptatives possi-

bles dans le futur sont étudiés en fonction des ressources économiques, sociales et politiques.

Les contraintes, l’efficacité et les coûts d’adaptation sont aussi évalués.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 44

Études de cas regionalesMODULE 7

5. L’évaluation des impacts clés et de la vulnérabilité en Afrique : où en sommes-nous?

Par rapport à l’évaluation des impacts et de la vulnérabilité, les trois rapports de référence

(GIEC, 1997; 2001; 2007), publiés par le GIEC sur l’Afrique, font ressortir que le continent

africain est particulièrement vulnérable aux effets des changements climatiques en raison de

facteurs comme la généralisation de la pauvreté, la périodicité des sécheresses, la répartition

inéquitable des terres et la dépendance excessive vis-à-vis de l’agriculture sans irrigation. Bien

qu’en théorie il existe des mesures d’adaptation, y compris des stratégies traditionnelles vi-

sant le même but, en pratique, il se peut que certains pays soient loin de posséder les moyens

économiques nécessaires pour se doter de ressources humaines et financières ainsi que d’une

infrastructure leur permettant d’intervenir rapidement.

Les nouvelles études jusqu’en 2006 confirment que l’Afrique demeure le continent le plus

vulnérable à la variabilité et aux changements climatiques à cause des multiples stress qui y

sont présents et à cause des faibles capacités d’adaptation qui caractérisent la plupart des pays

africains. Les adaptations en cours à la variabilité actuelle peuvent s’avérer insuffisantes lors des

changements climatiques futurs.

Le troisième rapport du GIEC (IPCC, 2001) reconnaissait les domaines particulièrement vulné-

rables en Afrique tels que les ressources en eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé

humaine, les écosystèmes et la biodiversité, les forêts, les zones côtières et l’atteinte des Objec-

tifs du millénaire pour le développement (OMD). Certains impacts déterminants du changement

climatique sont présentés à la figure 17.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 45

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 17

SÉLECTION DES IMPACTS CLÉS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE.

Source : GIEC, 2001. Bilan 2001 des changements climatiques, conséquences, adaptation et vulnérabilité.Rapport du Groupe de travail II.

5.1 L’hydrologieetlesressourceseneau

Il est attendu que les changements climatiques auront des impacts variables sur la disponibilité

d’eau fraîche dans le monde. Cela concernerait particulièrement le continent africain, car près

de 300 millions de personnes n’ont pas encore accès à l’eau potable ou à un assainissement

des eaux adéquat (UNEP, 1999). La figure 18 illustre la situation attendue en 2025 pour les

différents pays d’Afrique.

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Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 18

LA DISPONIBILITÉ ANNUELLE DE L’EAU EN AFRIQUE EN M3 PAR HABITANT ET LE NIVEAU DE STRESS ET DE PÉNURIE D’EAU POTABLE.

Source : United Nations Economic Comission for Africa (UNECA), Addis Abeba : Global Environnement Outlook 2000 (Geo) UNEP, Earthscan, London, 1999.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 47

Études de cas regionalesMODULE 7

La particularité de l’Afrique réside dans le fait que de nombreuses populations dépendent des

eaux de surface pour s’approvisionner (De Wit et Jacek, 2006). Mais, à cause de la forte variabi-

lité interannuelle des précipitations, plusieurs populations se retournent vers les eaux souterrai-

nes qui deviennent leur première source d’alimentation, malgré les multiples difficultés d’accès.

En Afrique, les ressources en eaux souterraines représentent seulement 15 % des ressources en

eau renouvelables et elles sont déjà utilisées par 75 % de la population, surtout en Afrique du

Nord et en Afrique du Sud (UN Water/Africa, 2000).

Actuellement, la disponibilité en eau est en train de décroître en Afrique, accentuée par une lo-

calisation de la demande loin de la ressource en eau. On sait qu’environ un tiers de la population

africaine vit dans des zones de sécheresse, principalement au Sahel, au niveau de la Corne et au

sud de l’Afrique (Brooks, 2004). Le déficit quantitatif causera en conséquence une réduction de

la qualité des eaux en association avec les impacts entre autres sur la santé et la biodiversité.

Dans l’avenir, il est attendu qu’environ 480 millions de personnes devront faire face à la pénurie

d’eau ou connaîtront des situations de stress hydrique avec les conséquences que cela pourrait

avoir sur l’accroissement potentiel des conflits d’usage et d’accès aux ressources en eau. Il

existe près de 50 bassins transfrontaliers en Afrique. UN Water/Africa, dans son rapport Africa water vision 2025, en dénombre 80 avec les bassins de lacs transfrontaliers6. Cette situation

hydrogéologique se présente dans un contexte de lois internationales presque inexistantes sur

les usages transfrontaliers des ressources en eau et un niveau faible de coopération et d’entente

régionales sur leurs aspects quantitatif et qualitatif.

La diminution des ressources hydriques risque aussi d’affecter les lacs et les réservoirs. Déjà,

le niveau d’eau dans les lacs et les principaux barrages atteint un seuil critique, qui menace

les activités industrielles. Les résultats obtenus avec les modèles sur certains réservoirs et lacs

indiquent que le réchauffement mondial augmentera la fréquence de ces bas niveaux en raison

des conditions de crue ou de sécheresse, associées au phénomène ENSO, même si les prévi-

sions comportent des incertitudes (Hulme, 2001). Une évaluation du Programme des Nations

unies pour l’environnement (UNEP, 2002) mentionne qu’en 2050 les précipitations pourraient

diminuer de 5 % et devenir plus variables d’année en année.

6. Le bassin du Nil compte 10 pays riverains, celui du Congo en a 9, celui du Niger en a 9, le Zambezi en a 8, le Volta en a 6, et le lac Tchad en a 5. Plusieurs pays sont par ailleurs traversés par plusieurs rivières internationales. Un cas extrême est la Guinée qui en a 12.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 48

Études de cas regionalesMODULE 7

Le lac Tchad est un exemple d’un lac affecté par une diminution de l’hydraulicité (figure 18).

Il est situé à la jonction du Niger, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun et son bassin versant

s’étend sur près de 1,5 million de km2. Historiquement, le lac Tchad était considéré comme le

sixième plus grand lac du monde. Les sécheresses persistantes et cycliques depuis les années

1960 ont eu un impact sévère sur ses ressources en eau. Ce lac a connu une diminution de sa

superficie de 22 902 km2 en 1963 à 3040 km2 en 2001. La rivière Komadougou-Yobe, au nord-

ouest, ne s’écoule qu’en période pluvieuse. Quatre-vingt-dix pour cent des apports d’eau au lac

proviennent seulement de la rivière Chari, au sud-ouest du lac Tchad.

De récents scénarios prévoient une réduction du débit du Nil, atteignant jusqu’à près de 40 %

en 2025 (Strzepek et al., 2001), causée par la diminution des apports et par une évaporation

accrue en réponse à des températures plus élevées.

La diminution des glaciers comme le Kilimandjaro, le Ruwenzori en Ouganda ou le mont Kenya

risque de faire tarir les rivières qui dépendent de la fonte régulière des glaces (Desanker, 2002).

Figure 19

LE LAC TCHAD EN 2001.

Les limites en trait noir représentent les frontières entre le Tchad au nord-est, le Cameroun au sud, le Nigeria à l’ouest et le Niger au nord-ouest.

Source : UNEP, 2003.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 49

Études de cas regionalesMODULE 7

5.2 L’agricultureetlasécuritéalimentaire

L’agriculture représente le plus important secteur économique dans la plupart des pays africains

avec environ 30 % du PIB. Ce secteur contribue à 50 % de la valeur totale d’exportation. Les

ressources en terres contribuent jusqu’à 50 % à la production vivrière et à 40 % au revenu des

ménages. L’agriculture dépend cependant fortement des précipitations et demeure très vulnéra-

ble aux changements climatiques (WRI, 1996).

Les résultats des modèles (Hadley Centre, CSIRO, Canadian Climate Centre, et NCAR) indiquent

qu’en région subsaharienne plus de 600 000 km2 de terres agricoles classées sous la catégo-

rie « contraintes modérées » sont susceptibles de migrer vers la catégorie « graves contraintes environnementales » et que, des 15,1 millions de km2, seulement 80 000 km2 de la catégorie

actuelle « graves contraintes environnementales » pourraient s’améliorer avec les changements

climatiques (Fischer et al., 2002).

Les pays africains qui dépendent fortement des revenus commerciaux par la production d’une

ou de deux cultures sont plus vulnérables que d’autres. L’étude du ministère britannique du

Développement international (DFID, 2004) en Ouganda conclut qu’une augmentation moyenne

des températures de 2 ºC réduirait fortement les surfaces appropriées pour la culture du café

Robusta. Cette culture se limite seulement aux terres hautes et représente la culture d’exporta-

tion principale pour le pays.

En se fondant sur le scénario d’émissions du GIEC IS92, des modèles tels que DSSAT (Smith et

Lazo, 2001) prévoient que même en cas de stabilisation des concentrations du CO2, il y aurait

une réduction des rendements de plusieurs récoltes (espèces agricoles) de 2,5 à 5 % en 2080

en Afrique (Arnell, 2004). Les résultats indiquent un déclin de la plupart des cultures de subsis-

tance telles que le sorgho au Soudan, en Éthiopie, en Érythrée et en Zambie, le maïs au Ghana,

le millet au Soudan et l’arachide en Gambie.

Il est prévu que les changements climatiques affecteraient les prairies, les savanes et les pâ-

turages qui représentent jusqu’à 83 % des superficies de l’agroécosystème en Afrique subsa-

harienne. Selon la FAO, ces impacts portent aussi sur la réduction de la fertilité des sols, de la

productivité animale (par l’impact direct de l’augmentation des températures et par l’impact

indirect de la variabilité dans la disponibilité d’alimentation et de fourrages); ils augmenteraient

l’incidence des maladies parasitaires, l’apparition des insectes vecteurs et de maladies vecto-

rielles et affecteront la santé humaine.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 50

Études de cas regionalesMODULE 7

Des différences régionales pourraient être constatées par rapport aux impacts des changements

climatiques. Dans la région subsaharienne du nord de l’Afrique (Maghreb) déjà aride, les proces-

sus de désertification et de diminution de la couverture forestière seraient accentués (FAO, 2007).

La variabilité croissante des saisons et des conditions durant les périodes de croissance (le dépla-

cement du début des saisons pluvieuses, la durée et la qualité des pluies, etc.) engendre déjà des

ruptures importantes pour l’agriculture vivrière et entraîne des événements de famine et des pertes

graves de moyens de subsistance dans plusieurs régions semi-arides en Afrique.

La réduction constante des récoltes et de la production de nourriture par habitant, associée à

un doublement probable de la demande en nourriture et en eau d’ici 30 ans vu l’accroissement

démographique des populations africaines, pose la grande question de la sécurité alimentaire

des pays d’Afrique par rapport aux changements climatiques (Davidson et al., 2003). La FAO

indique que l’Afrique devra quadrupler sa production alimentaire d’ici 2050 pour satisfaire à la

demande minimale en calorie des populations, et ce, selon le scénario le plus bas de l’accrois-

sement démographique (FAO, 1999).

5.3 Lasanté

La vulnérabilité des populations africaines aux impacts des changements climatiques sur la

santé se mesure en fonction des facteurs climatiques, mais aussi en fonction de nombreux

facteurs non climatiques tels que la pauvreté, les conflits et le déplacement des populations,

le niveau de gestion de la prévention, la disponibilité et l’accès aux services de santé et autres

facteurs liés à la qualité de l’eau et à son accès, à la disponibilité et à l’accès à une nourriture

de qualité et en quantité suffisante, à la sensibilité des pathogènes aux médicaments, etc.

(Desanker et al., 2001).

Les impacts du changement rapide du climat sur la santé humaine en Afrique sont probable-

ment très négatifs (GIEC, 2001). L’accroissement des populations urbaines, qui n’est pas ac-

compagné d’infrastructures et de mesures d’intervention appropriées en santé publique, rend

les pays africains plus vulnérables (WHO, 2007).

L’Afrique est déjà affectée par l’occurrence d’un grand nombre de maladies liées aux change-

ments climatiques dont les plus importantes sont les suivantes (Guernier et al., 2004).

− La fièvre de la vallée du Rift qui touche les populations humaines et le bétail est étroite-

ment liée aux fortes précipitations qui augmenteraient avec les changements climatiques.

Son apparition en 1997, associée au phénomène El Niño, a décimé près de 80 % du

bétail en Somalie et au nord du Kenya.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 51

Études de cas regionalesMODULE 7

− L’incidence de choléra lié à la fois aux inondations et à la sécheresse pourrait augmenter

avec les changements climatiques. La bactérie du choléra pourrait se développer dans

des conditions de température élevée dans les lacs tropicaux. Les changements des

précipitations auront un impact sur le potentiel de transmission de la maladie, sur la

présence et l’absence des insectes vecteurs et pathogènes hydriques (GIEC, 2001).

− Les inondations plus fréquentes pourraient permettre l’éclosion du paludisme dans des

zones normalement arides. Un faible déplacement géographique du paludisme peut af-

fecter un grand nombre de populations comme dans les zones densément peuplées sur

les terres hautes de l’Afrique de l’Est (Cox et al., 2002; Lindsay et Martens, 1998). Il est

attendu que le nombre de moustiques agents porteurs de maladies augmente, résultat

du changement des températures et des précipitations. Cela accroîtrait le nombre d’épi-

démies de paludisme en Afrique (Lindsay et Martens, 1998).

Les stress de chaleur et de sécheresse auront probablement un impact négatif sur la santé

animale, sur la production de produits laitiers, de viande et sur la reproduction. Cela aurait des

conséquences graves sur la sécurité alimentaire et pourrait causer des déficiences en protéines

et la malnutrition.

5.4 Labiodiversité,lesécosystèmesetlesforêts

L’Afrique recèle une grande diversité de la faune et de la flore (figure 20). Ce continent ren-

ferme environ un cinquième des espèces de plantes, de mammifères et d’oiseaux connues dans

le monde et un sixième des reptiles et des amphibiens. Huit zones sont reconnues sur le plan

international et sont déclarées « points chauds biologiques » à cause de l’endémisme et de la

grande richesse de leurs espèces :

− la région floristique du Cap, en Afrique du Sud;

− la région du désert le plus riche en espèces au monde, le Succulent Karoo à cheval entre

la Namibie et l’Afrique du Sud;

− la forêt guinéenne supérieure;

− la forêt de l’arc montagneux de l’Afrique de l’Est;

− la forêt côtière de l’Afrique de l’Est;

− la Corne de l’Afrique;

− Madagascar et les îles de l’océan Indien;

− la région de Maputaland - Pontaland – Albany sur la côte est de l’Afrique du Sud.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 52

Études de cas regionalesMODULE 7

Les savanes qui représentent les prairies les plus riches au monde constituent l’écosystème le

plus étendu en Afrique (UNEP, 2004a). Elles renferment avec les forêts tropicales une grande

diversité de mammifères.

La biodiversité en Afrique est déjà sous la menace de pressions d’un certain nombre de facteurs

naturels et anthropiques, comme la conversion aux fins de l’agriculture, la pollution, les conflits,

la pression démographique et l’introduction d’espèces exotiques. L’Afrique centrale a perdu

plus de la moitié de l’habitat sauvage jusqu’en 1986. Durant la période 1980-1995, le nombre

d’espèces végétales disparues a augmenté de 39 à 58 et plus de 700 espèces animales verté-

brées et environ 1000 espèces d’arbres sont menacées d’extinction (UNEP, 2004a). Les pertes

d’habitat des grands singes en Afrique centrale sont actuellement importantes (UNEP, 2002).

Les changements climatiques constituent un facteur additionnel de stress (Desanker, 2002),

exacerbant la variabilité climatique, l’incidence d’épisodes de sécheresse et d’inondation, me-

naçant les lacs et les réserves d’eau douce au Sahel ainsi que les terres humides qui constituent

d’importants réservoirs de biodiversité (UNEP, 2004b). Les changements climatiques induisent

aussi le déplacement des espèces et la réduction de l’habitat. Environ 81 à 97 % de l’habitat

propice à plus de 500 espèces végétales rétrécira ou se déplacera à cause des changements cli-

matiques. En 2085, il est attendu que 25 à 42 % de l’habitat des espèces végétales disparaîtra,

selon une étude menée par McClean et al. (2005).

Les forêts et les zones boisées d’Afrique occupent près de 650 millions d’hectares, soit 21,8 %

de la surface du continent et représentent 16,8 % de la couverture forestière globale de la pla-

nète (FAO, 2007). Seulement 5 % de la surface totale des forêts et des bois est déclarée zone

protégée. Les inventaires des espèces forestières ont montré l’étendue de la déforestation qui a

entraîné un retrait de la couverture forestière de 25 à 30 km au Sahel, au Soudan et en région

forestière guinéenne depuis les 50 dernières années (Gonzalez, 2001). Actuellement, les pres-

sions de la demande sur les forêts pour les besoins en énergie (bois de feu et charbon) et pour

l’exportation des produits forestiers induisent une déforestation et une dégradation importante

en Afrique. Les changements climatiques affecteront l’exportation des produits forestiers qui

génèrent un revenu économique estimé à 6% pour les pays africains (FAO, 2007).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 53

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 20

LES ZONES ÉCOLOGIQUES EN AFRIQUE.

Source : USGS Earth Resources Observation Systems (EROS), Data Center, 2002.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 54

Études de cas regionalesMODULE 7

5.5 Leszonescôtièresetlittorales

Les impacts attendus de l’élévation du niveau de la mer incluent une baisse de la productivité

des pêches côtières, un mouvement de migration des populations vers les zones intérieures,

l’intrusion du front d’eau salé qui affecterait les nappes phréatiques d’eau douce, la perte d’ac-

tivités touristiques et des plages, la dégradation des infrastructures portuaires, etc. Les Africains

qui vivent à moins de 100 km de la côte représentent plus de 25 % de la population totale de

l’Afrique. Le nombre de la population qui serait à risque par rapport à l’élévation du niveau de

la mer passerait d’un million à 70 millions en 2080 (DFID, 2004). Les centres urbains côtiers

et les zones portuaires comme Alger, Casablanca, Tunis, Cape Town, Maputo et Dar es-Salaam

seraient affectés.

Les communications initiales demandées par le CCNUCC et réalisées par les pays africains in-

diquent que 30 % des infrastructures côtières des pays ayant accès à la mer seraient à risque

d’inondation partielle ou complète à cause de l’élévation rapide du niveau de la mer, par exem-

ple, les installations et les établissements humains côtiers du golf de Guinée, du Sénégal, de la

Gambie, de l’Égypte et le long de la côte sud-est africaine. En Tanzanie, une élévation du niveau

de la mer de 50 cm inonderait plus de 2000 km2 de terres causant un coût atteignant environ

51 millions de dollars américains (UNEP, 2002).

Les récifs de corail dans l’océan Indien connaissent depuis 1998 une dégradation importante

due au blanchissement, avec une mortalité de plus de 50 % dans certaines régions. Les domma-

ges causés aux récifs coralliens ont des incidences importantes sur la pêche, la sécurité alimen-

taire et le tourisme. La destruction du système des récifs coralliens augmente le risque d’érosion

et diminue la capacité du récif côtier de dissiper l’énergie des vagues (Sheppard et al., 2005).

L’élévation du niveau de la mer dans le delta du Nil, jusqu’à un mètre, détruirait les parties

fragiles de la ceinture de sable, qui protègent les lagunes et les terres basses convoitées. L’im-

pact serait très grave, car la qualité des eaux des lagunes d’eau douce serait altérée et aurait

une incidence directe sur la pêche (1/3 des prises de pêche de poissons d’eau douce en Égypte

sont réalisées dans la lagune) ainsi que celle des nappes phréatiques. Les bonnes terres arables

seraient entièrement inondées dans cette zone.

5.6 LesObjectifsdumillénairepourledéveloppement(OMD)

Une autre dimension de la vulnérabilité en Afrique concerne la capacité des pays africains

d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Dans son rapport d’évaluation

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 55

Études de cas regionalesMODULE 7

publié en 2005, la Division des statistiques des Nations unies a présenté les perspectives de

réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement7 dans plusieurs régions du monde

(fi gure 21). On remarquera que, pour l’Afrique subsaharienne, les 16 cibles des objectifs du mil-

lénaire ne seront pas atteintes en 2015, et qu’il y aura même dans certains cas une régression.

Figure 21

LES PERSPECTIVES MONDIALES DE RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT EN 2015.

Source : Millenium Project (2005).

Parmi les objectifs du millénaire mis en péril par les changements climatiques figurent les ob-

jectifs suivants :

− l’objectif 1 : réduire l’extrême pauvreté et la faim;

− l’objectif 6 : combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies;

− l’objectif 7 : assurer un environnement durable.

7. L’aide au développement : une priorité pour sortir l’Afrique de la pauvreté. [En ligne]. http://www.europe-afrique.org/Aide au développement.pdf (Consulté le 15 mars 2007)

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 56

Études de cas regionalesMODULE 7

Les changements climatiques peuvent donc être vus comme une charge supplémentaire à

laquelle les pays en voie de développement doivent faire face pour atteindre les objectifs du mil-

lénaire. Les 30 membres de l’OCDE8 ont déclaré en juin 2003 et en avril 2006 avec neuf autres

agences bilatérales et multilatérales qu’ils travailleront à intégrer la dimension de l’adaptation

aux changements climatiques dans le processus de planification au développement et l’assis-

tance dans les activités avec les pays partenaires9.

Les conflits d’usage autour de ressources de plus en plus rares (à cause des changements cli-

matiques et des impacts anthropiques) telles que l’eau, la terre et les ressources halieutiques

peuvent s’exacerber de plus en plus et entraver aussi l’atteinte des objectifs du millénaire. Les

pressions sur les ressources avaient déclenché des tensions majeures au Niger entre les no-

mades et les agriculteurs durant la crise de 2005 (OXFAM, 2006). Les sociétés nomades qui

ont été historiquement soutenues par le Kalahari, et le Karoo, en Afrique australe, ne peuvent

plus suivre les chemins de déplacement traditionnels étant donné les variations annuelles et

saisonnières marquées des précipitations. Les zones aux eaux pérennes sont déjà trop densé-

ment peuplées (UNEP, 2004a). Le déplacement des populations pour l’accès aux ressources,

en particulier pour la terre et l’eau, a déjà déclenché des conflits à l’intérieur des pays (Shiva,

2002), dans lesquels les tensions politiques, religieuses ou ethniques prévalaient déjà. Certains

observateurs soulignent le rôle potentiel des changements climatiques dans la crise du Darfour

au Soudan, puisque la diminution des précipitations observées depuis vingt ans, possiblement

liée aux changements climatiques, crée un conflit d’usage entre les fermiers sédentaires et les

éleveurs nomades arabes autour des terres agricoles10.

6. L’adaptation aux changements climatiques en Afrique

En intégrant les données des sections précédentes sur les conditions socioéconomiques actuel-

les de l’Afrique et sur les différentes vulnérabilités identifiées, il est possible d’identifier certains

facteurs qui limitent la capacité d’adaptation (Hulme et Sheard, 1999; IPCC, 1998; Magadza,

2000).

− L’Afrique comprend 34 des pays les moins développés.

− Les connaissances et l’information de base, pour une prise de décision éclairée relative-

ment aux futurs impacts et la mise en œuvre de bonnes mesures d’adaptation sont faibles.

8. Declaration on integrating climate change adaptation into development co-operation, En ligne]. http://www.oecd.org/dataoecd/44/29/36426943.pdf (Consulté le 15 mars 2007)

9. Poverty and climate change : Reducing the vulnerability of the poor through adaptation.

10. Ban Ki-moon accuse le réchauffement climatique (Radio-Canada, 17 juin 2007).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 57

Études de cas regionalesMODULE 7

− En plus des changements à long terme, la variabilité du climat risque d’augmenter.

− La majorité des populations habitent les régions subhumides et semi-arides les plus

vulnérables aux changements climatiques, leur économie dépendant essentiellement de

l’agriculture pluviale.

− La faiblesse des institutions et des structures gouvernementales, les conflits armés et

la forte dépendance vis-à-vis des prix des matières premières et de l’aide internationale

limitent la capacité d’agir de nombreux pays.

− La dégradation avancée des écosystèmes les met plus à risque vis-à-vis d’un stress sup-

plémentaire.

− Le VIH/sida ainsi que des maladies transmises par des vecteurs et des maladies

hydriques fragilisent la population et, pour certaines, risquent d‘augmenter à cause des

changements climatiques.

Sur le plan institutionnel, la réalisation d’inventaires nationaux d’émissions de gaz à effet de

serre, conformément au guide méthodologique (version 1996) du GIEC, l’élaboration du plan

d’action national pour l’atténuation des émissions des gaz à effet de serre et l’adaptation pour

limiter les effets des changements climatiques sur les ressources naturelles et le développement

socioéconomique, prévus dans la Convention-cadre sur les changements climatiques, représen-

tent un premier pas dans la prise en compte de cette problématique que la plupart des pays

africains ont effectué.

6.1 Lecapital-expériencedupasséetlesleçonsd’adaptationspontanéeenAfrique

À partir des synthèses de communications initiales des parties non visées par l’annexe 1 de

la CCNUCC, il ressort que les stratégies d’adaptation annoncées visent à améliorer la capacité

d’adaptation des pays africains en adressant particulièrement la question du renforcement des

capacités de leurs institutions, de leurs organisations impliquées dans l’effort pour l’environne-

ment et le développement durable des groupes sociaux et des individus.

Le secrétariat de la CCNUCC a mis en place une base de données en ligne des stratégies d’adap-

tation locales11, organisée en fonction d’un choix de 45 actions d’adaptation, appliquées dans de

nombreux pays d’Afrique et d’Asie, et en fonction de rapports de cas d’études correspondants.

Cela favorise un transfert sud-sud des connaissances et le partage de l’expérience sur l’action

d’adaptation directement entreprise par les populations qui sont vulnérables.

11. http://maindb.unfccc.int/public/adaptation

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 58

Études de cas regionalesMODULE 7

Malgré les faibles capacités d’adaptation de l’Afrique, les populations ont développé des straté-

gies traditionnelles pour faire face à l’importante variabilité interannuelle du climat et aux évé-

nements extrêmes. Les communautés qui ont affronté durant de longues périodes des conditions

environnementales très difficiles ont essayé, testé et adopté diverses stratégies d’adaptation. La

capacité et le rôle important des réseaux sociaux des petits fermiers dans les régions tropicales,

qui fournissent des compensations et du soutien à leur faible capital humain et financier et les

aident à maintenir leurs pratiques productives et durables, ne doivent pas être sous-estimés.

Une sécheresse persistante peut, à court terme, accroître la vulnérabilité des populations tou-

chées, mais peut aussi stimuler l’adaptation à moyen et à long terme (Mortimore, 1998). Cela

conforte l’observation effectuée sur les populations locales qui ont interagi avec leur environ-

nement en exploitant leurs maigres ressources dans des conditions de changement climatique;

cela peut être considéré comme des mécanismes d’adaptation pratiques. Cela s’applique parti-

culièrement aux zones de sécheresses prolongées du Sahel.

Les jardins potagers domestiques et l’engraissement de moutons ont contribué considérablement

à améliorer la capacité d’adaptation des petits agriculteurs ruraux dans les États de Kordofan et

de Darfur au Soudan occidental. Dans beaucoup d’endroits, les cultures vivrières ont remplacé

des cultures commerciales, et des variétés plus résilientes de récolte ont été présentées (DFID,

2004). Le déplacement des tribus et des individus s’avère une option d’adaptation spontanée en

Afrique occidentale, car il permet une diversification d’emplois et de revenus autres qu’à partir

de leur parcelle de terre et réduit ainsi leur vulnérabilité à la sécheresse (DFID, 2004).

Des stratégies d’adaptation spontanée contre la sécheresse ont été adoptées par des pasteurs

nomades vivant dans les marges du désert du Kenya. Les actions spécifiques incluent l’utilisa-

tion des fruits et des légumes sauvages pour l’alimentation des animaux et des déplacements

de longue distance vers les secteurs moins affectés par la sécheresse (Pandey et al., 2003).

Les fermiers ruraux avaient pratiqué des stratégies d’adaptation spontanée, particulièrement

dans les endroits où les sécheresses sont récurrentes. Ils ont développé leurs propres méthodes

prévisionnelles de production saisonnière de nourriture favorable aux ménages ou au village

(Downing, 1991).

Au Sénégal et au Burkina Faso, les populations ont amélioré leur capacité adaptative en em-

ployant des techniques traditionnelles de taille et de fertilisation pour doubler les densités d’ar-

bres dans des zones semi-arides. Ces techniques maintiennent les sols et permettent de lutter

contre la désertification. Les projets semblables initiés par les communautés au Madagascar et

au Zimbabwe ont été couronnés de succès (ECA, 2001).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 59

Études de cas regionalesMODULE 7

Au Niger dans les départements de Magaria, Matameye et Mirriah, depuis la crise écologique

des années 1970 et 1980, les producteurs ont commencé à protéger la régénération naturelle

des arbres sur leurs champs de culture, ce qui a généré des systèmes de production plus com-

plexes et moins vulnérables aux années de sécheresse. La superficie où cette pratique a réussi

porte sur un million d’hectares avec une forte dominance de gao (Faidherbia albida), mais sur-

tout à Mirriah un important peuplement de baobab (Adansonia digitata). En même temps, les

politiques nationales, inspirées de l’Engagement de Maradi (1984), ont favorisé la vulgarisation

de la régénération naturelle assistée (RNA) (figure 22). Le Projet de renforcement des services

d’appui à l’agriculture a formé des producteurs en matière de défrichement amélioré et de

protection et entretien de la RNA12. Des évolutions positives ont aussi été constatées, comme

la réhabilitation de 250 000 hectares de terres fortement dégradées, la forte augmentation de

la superficie irriguée et de la superficie sous cultures de décrue, ce qui s’est traduit par une

croissance significative de la production de cultures maraîchères (amélioration des revenus et de

l’alimentation). Cette approche vise actuellement près de 3 millions d’hectares et est exemplaire

pour toute la région du Sahel. Les populations tirent de nombreux bénéfices et avantages des

investissements efficaces de ce type de gestion des ressources naturelles parmi lesquels :

− la satisfaction des besoins énergétiques;

− la génération de revenu financier qui permet d’acheter des vivres et de faire face à

d’autres dépenses de la famille;

− l’accroissement des superficies cultivables et cultivées des parcours pastoraux;

− le développement d’une économie locale comme l’installation de marché rural de bois;

− le développement de la bonne gouvernance locale – exercice de la démocratie.

12. Rapport de synthèse - Impact des investissements dans la gestion des ressources naturelles (GRN) au Niger (CRESA), Niamey, septembre 2006.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 60

Études de cas regionalesMODULE 7

Figure 22

LA RÉGÉNÉRATION NATURELLE ASSISTÉE - FORÊT DE JEUNES GAOS À PERTE DE VUE À L’OUEST DU VILLAGE DE DROUM, NIGER.

Source : Étude de la régénération naturelle assistée dans la région de Zinder (Niger). International Resources Group (IRG), juillet 2006.

On retrouve plusieurs autres stratégies pour lesquelles les évaluations sont encore en cours et

qui incluent :

− la diversification des troupeaux et des revenus, par exemple l’introduction des moutons

au lieu des chèvres dans la province de Bara à l’ouest du Soudan;

− les produits forestiers comme alternative à la baisse ou à la disparition de récoltes indui-

tes par le climat dans des zones agricoles climatiquement marginales;

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 61

Études de cas regionalesMODULE 7

− la promotion de la gouvernance locale des ressources par les approches telles que la

gestion communautaire des ressources naturelles (GCRN – en anglais CBNR13) pour

favoriser l’utilisation des biens et des services des écosystèmes comme alternative à la

forte dépendance de l’agriculture dans des secteurs climatiquement marginaux.

Le nombre total de victimes reste élevé. Entre 1993 et 2002, 137 millions de personnes sont

décédées ou ont été affectées par des désastres dus au climat. La sécheresse soudano-sahélien-

ne de 1968 à 1973 à elle seule a touché 250 000 personnes et mené à la perte de 12 millions

de têtes de bétail. Ces chiffres indiquent que les mesures traditionnelles d’adaptation (spon-

tanée) ne sont pas toujours suffisantes pour faire face aux changements climatiques (Tarhule

et Lamb, 2003). Celles qui se sont avérées payantes doivent être soutenues par des mesures

d’adaptation planifiées en valorisant les expériences positives du passé et le savoir-faire des

communautés locales.

6.2 L’adaptationfutureplanifiéeetledéveloppementdurable(Objectif7–OMD)

Le GIEC (IPCC, 2001) a proposé des « activités nécessaires pour l’amélioration de la capacité

adaptative », indiquant que ces activités sont essentiellement équivalentes à celles favorisant le

développement durable. Les activités comprennent entre autres :

− l’accès amélioré aux ressources;

− la réduction de la pauvreté;

− l’amélioration de la justice et de l’équité dans le partage des ressources et de la richesse

parmi les communautés;

− l’amélioration de l’éducation et de l’information;

− l’amélioration de l’infrastructure;

− l’amélioration de la capacité et de l’efficacité institutionnelles (ILRI, 2006).

Pour les pays les moins avancés (PMA), la CCNUCC a établi en 2001-2002 des lignes directrices

pour l’établissement de programmes d’action nationaux (PANA) aux fins de l’adaptation. Les PMA

13. Les thématiques constituantes du réseau du CBNRM, par ordre d’importance sont : (1) la gestion et le partage des connaissances; (2) la société civile, les communautés locales et les ONG; (3) la culture et les savoirs locaux; (4) les droits de propriété des ressources; (5) les acteurs et les intervenants; (6) la durabilité et la justice sociale; (7) le travail pratique; (8) la recherche; (9) le réseautage; (10) l’analyse et la création de connaissances; (11) le financement; (12) l’éducation et le renforcement des capacités;(13) les technologies d’information et de communication. Dans The Community-Based Natural Resource Management Network (CBNRM Net), [En ligne]. http://www.cbnrm.net/about/overview/background.html (Consulté le 15 mars 2007)

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Études de cas regionalesMODULE 7

ont déjà pour la plupart élaboré ces plans qu’on retrouve sur le site de la CCNUCC14. Il est à noter

que le niveau de réalisation de ces plans est très variable, car il dépendait dans ce contexte de la

disponibilité des capacités humaines locales et des moyens mis en œuvre par les pays mêmes. Les

PANA ont été réalisés dans la continuité des communications nationales des pays PMA.

En matière d’adaptation de l’agriculture et de la sylviculture, le développement de semences

de plus en plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse a été mentionné dans la plupart des

communications nationales initiales des pays africains comme une future option d’adaptation

à planifier pour le maintien des activités agricoles et la sécurité alimentaire et l’amélioration de

la production dans les terres arides et les terres marginales. L’Éthiopie mentionne la création

de banque de semences qui permet de maintenir et de préserver la diversité biologique afin de

fournir à des agriculteurs la possibilité de diversifier leurs produits agricoles et la couverture

d’arbres. La conservation du sol et la gestion efficace des plantations d’arbres sont également

soulignées (Mortimore, 1998).

En ce qui concerne les zones côtières, les modèles de climat suggèrent qu’on s’attende à ce que

l’Afrique, en particulier, soit compromise par le changement de climat et perde des secteurs

substantiels de régions agricoles. Les mesures proposées d’adaptation à planifier incluent non

seulement les mesures de protection telles que les digues (par exemple le delta du Nil et la ville

d’Alexandrie en Égypte, Banjul en Gambie, Lagos au Nigeria) pour prévenir les élévations du niveau

de la mer et protéger ainsi les terres agricoles, les infrastructures et l’intrusion des eaux salées

dans les nappes phréatiques littorales, mais aussi la gestion des pêches. L’exemple des Seychelles

qui proposent des saisons fermées de pêche est intéressant, car ce dispositif permet la réalisation

d’accords et d’ententes avec les flottes étrangères pour la constitution de réserves marines.

Dans l’esprit d’un développement durable, l’intégration des différentes conventions environne-

mentales internationales ratifiées par plusieurs pays africains, telles que la Convention sur la

biodiversité, sur la désertification ou la préservation des terres humides (RAMSAR) dans des

programmes et des plans de développement nationaux devient un enjeu fort important (Denton

et al., 2001).

Comme l’indique l’encadré sur les mesures d’adaptation identifiées par Impacts and adapta-tions to climate change (AIACC), des solutions spécifiques à des changements identifiés dans

l’environnement doivent autant faire partie de l’arsenal des stratégies d’adaptation que le ren-

forcement des capacités de développement, de gouvernance, d’autonomie et le capital-savoir

14. National Adaptation Programmes of Action (NAPAs), [En ligne]. http://unfccc.int/adaptation/napas/items/2679.php (Consulté le 15 mars 2007)

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Études de cas regionalesMODULE 7

et humain des populations, les aidant à formuler des solutions adaptées et cohérentes quant à

l’ensemble de leurs besoins.

Lesmesuresd’adaptationidentifiéesparAIACC

− Les mesures d’adaptation au stress dû au manque d’eau pendant les

sécheresses et la variabilité élevée des précipitations portent sur le

transfert d’eau d’irrigation, la collecte et le stockage de l’eau de pluie

en Gambie et en Afrique du Sud et au Soudan.

− Les mesures spécifiques à l’agriculture comprennent la plantation des

variétés résistantes à la sécheresse, la migration pour le travail, la délo-

calisation de fermes, la réduction de troupeaux et de la taille des fer-

mes, l’amélioration des méthodes d’exploitation de l’eau (par exemple

puits peu profond) et le stockage de nourriture. D’autres incluent la

diversification des récoltes et des animaux, la diversification de revenus,

la vente des capitaux, les cultures à maturation précoce et à période

courte de croissance, les variétés élevées de rendement, l’augmentation

et la sédentarisation de troupeaux, et l’abattage d’animaux, pratiqués au

Nigéria et au Mali et au Soudan.

− Les mesures d’adaptation lors des vagues de chaleur comprennent la

plantation de cultures résistantes à la chaleur; la gestion des récoltes

(à période de croissance plus courte ou à maturation précoce, l’ombrage

des récoltes et des animaux, l’augmentation de l’irrigation) et la mise

en place des systèmes de détection précoce et de prévision.

− Les mesures d’adaptation à l’élévation du niveau de la mer. La gestion

intégrée des zones côtières (GIZC) permet une approche systémique;

elle a été mise en application aux Seychelles. Les mesures incluent

les digues en terres et en béton armé; les logements sur piliers et les

fondations surélevées.

Source : AIACC Regional Studies, [En ligne]. http://www.aiaccproject.org/aiacc_studies/aiacc_studies.html (Consulté le 15 mars 2007)

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Études de cas regionalesMODULE 7

CONCLUSION

En ce qui concerne l’adaptation, un premier principe émerge de la nombreuse littérature

sur le changement et la variabilité climatiques : les stratégies d’adaptation spontanée à succès

qui seront maintenues et soutenues et celles qui seront planifiées à l’avenir doivent être inté-

grées et considérées dans un processus dynamique, continu et non linéaire (ILRI, 2006), car

le climat en changeant va probablement induire une variabilité croissante en fréquence et en

intensité (IPCC, 2001).

Lors de l’occurrence des événements climatiques graves, il a été mentionné que les décisions

critiques sont prises par les ménages. Il apparaît alors plus important pour les communautés

locales d’avoir des systèmes d’alerte précoce que de bénéficier de l’intervention a posteriori des

agences d’aide ou d’urgence. De meilleures prévisions et de meilleurs systèmes de première

alerte ont été identifiés comme préalables à l’adaptation, en particulier pour prévoir et pour évi-

ter les effets des inondations, des sécheresses ou des cyclones tropicaux. Cela sera aussi utile

pour indiquer les dates appropriées de semis afin qu’elles coïncident avec le début de la saison

des pluies (Tarhule et Lamb, 2002) et pour prévenir les agriculteurs et les populations sur les

manifestations de maladies dans les secteurs qui sont sujets à des épidémies. Les épidémies

de malaria dans les montagnes occidentales du Kenya pourraient être prévues deux à trois mois

avant qu’elles se produisent en utilisant les informations issues du Climate Outlook Forums

(COF) pour identifier les risques climatiques associés à l’incidence de la malaria. Les débuts

d’ENSO peuvent également être prévus et utilisés dans les modèles de prévision de la manifes-

tation des maladies liées au phénomène.

Il existe un besoin urgent d’établir des prévisions crédibles sur les précipitations et d’améliorer

leur diffusion et leur utilisation, particulièrement par des personnes dans les régions sujettes

aux sécheresses au Sahel. L’établissement de communication et d’échange d’informations sur

les changements climatiques est nécessaire entre les fournisseurs de vivres et d’alimentation et

les demandeurs au sein des communautés. Il en est ainsi de l’identification des moyens d’in-

tégrer ces informations climatiques dans les stratégies économiques des utilisateurs potentiels

(Washington et al., 2004).

L’éducation et la sensibilisation au sein des institutions gouvernementales, des organisations et des

individus pour une prise de conscience des changements climatiques en Afrique subsaharienne,

une des régions les plus pauvres et les plus vulnérables en Afrique, doivent être considérées comme

l’étape la plus importante favorisant l’adaptation aux changements climatiques (ILRI, 2006).

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 65

Études de cas regionalesMODULE 7

Par ailleurs, l’importance de lier la recherche à l’établissement de politiques, à la transmission

des résultats de recherche aux groupes cibles de décision et à l’établissement de liens entre la

recherche et la connaissance locale existante des risques du climat ne fait aucun doute autant que

la nécessité d’une participation des communautés locales à la prise de décision pour l’adaptation.

Répondre convenablement aux changements climatiques et identifier les impacts cumulatifs sur

les écosystèmes ainsi que comprendre et prévoir la variabilité croissante du climat et identifier

les risques à plus long terme liés au changement cumulatif des écosystèmes semble une équa-

tion très difficile à résoudre, en raison de l’incertitude scientifique dans le monde, mais aussi

en raison du faible niveau actuel des capacités scientifiques, des moyens organisationnels et

des infrastructures en Afrique. Le niveau de l’expertise en sciences du climat est relativement

faible en Afrique ainsi que la connaissance scientifique détaillée de son climat, particulièrement

en ce qui concerne la prévision à long terme. Les prévisions sont généralement fournies par des

centres internationaux externes à l’Afrique (Washington et al., 2004). Les ressources financières

allouées au climat et à la recherche sont faibles, car d’autres priorités prévalent actuellement

pour les pays africains.

Enfin, il n’est pas encore clair si la même capacité adaptative est exigée pour comprendre et pré-

voir la variabilité croissante du climat que celle qui est nécessaire pour faire face au changement

des écosystèmes à moyen et à long terme, ou si une stratégie différente est exigée en Afrique.

Cependant, les États africains ont actuellement l’entière responsabilité en matière de réduction

de la vulnérabilité humaine et d’augmentation de la sécurité par la réduction des risques et

l’amélioration des capacités adaptatives de leurs pays respectifs. Ceci implique :

− la mise en place et le respect d’une bonne gouvernance et l’obligation de rendre des

comptes, afin de créer un environnement propice au développement durable;

− l’intégration de la gestion de l’environnement dans la planification du développement;

− le renforcement des capacités sur le plan communautaire et national;

− le développement et la promotion des sciences et des technologies;

− le développement des technologies de l’information et de la communication;

− le développement et le renforcement de politiques régionales (inter-États) pour la ges-

tion des ressources naturelles et la gestion des réfugiés de l’environnement.

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Changements climatiques : impacts, adaptation, mitigation – ENV 6003 66

Études de cas regionalesMODULE 7

Ainsi, les changements climatiques représentent pour l’Afrique un défi supplémentaire qui s’in-

sère dans un processus de développement en cours à multiples variables. Il est à craindre que

les changements climatiques aient un impact important sur un grand nombre de pays africains.

Cependant, une inclusion des changements climatiques dans une stratégie de développement

durable, accompagnée d’un échange et d’un transfert de connaissance, d’une émancipation

plus grande à plusieurs niveaux et de plans de développement adaptés peut aussi représenter

une avancée dans la coordination et la gestion de ce processus de développement devant mener

à l’atteinte des objectifs du millénaire et un bien-être plus élevé pour les populations africaines.

Figure 23

L’AFRIQUE ET LA TERRE VU PAR MÉTÉOSAT.

Sources : NASA/OSEI, NASA/JPL, NASA/NIX, LPI, ORBIMAGE.

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