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Un Peuple - Un But – Une Foi
MINISTERE DE L’ECONOMIE DES FINANCES
ET DU PLAN
DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES POLITIQUES ECONOMIQUES
DIRECTION DE LA PREVISION ET DES
ETUDES ECONOMIQUES
Document d’Etude N°32
IMPACTS DE L’ENDETTEMENT PUBLIC
SUR L’ECONOMIE SENEGALAISE
DPEE/DEPE @ Octobre 2015
Résumé
Ce papier a pour objectif d’évaluer l’impact de l’endettement public sur les agrégats macroéconomiques à travers
un modèle à générations imbriquées. Le calibrage est fait à partir des données de l’économie sénégalaise. Les
simulations ont montré, qu’à moyen terme, l’utilisation de la dette publique surtout celle extérieure dans le
processus d’accumulation du capital (minimum 65%) aurait un impact positif sur la production, l’investissement
et la consommation des ménages mais aggraverait le déficit du compte courant. A l’inverse, la dette publique
contractée au marché national aurait un effet négatif sur les agrégats mais améliorerait le déficit du compte
courant. Aussi, la dette publique extérieure serait soutenable à long terme. Par ailleurs, la « règle d’or » de
l’économie d’une hausse de 10% de la dette publique se situe à un état où la production augmenterait de 3,5% à
moyen terme.
Mots clés : endettement public, modèle à générations imbriquées, agrégats macroéconomiques, déficit, soutenabilité.
Classification JEL : E2, E10, H62, H63, C69.
Abstract
The objective of this paper is to assess impact of public debt on macroeconomic aggregates through an
Overlapping generations model. Data of Senegalese economy are used. The results showed in medium-run that
public debt, if used in investment spending (minimum 65%), would impact positively production, investment
and household’s consumption. However, domestic public debt would crowd out private investment, while the
public external debt has a positive impact except on the current account balance. The public debt is sustainable in
the long-run. The golden rule of economics for 10% increase of the public debt is at a state where production
increases 3.5% in the medium-run.
Keywords: public debt, Overlapping generation model, macroeconomic aggregates, sustainable.
JEL Classification: E2, E10, H62, H63, C69
1 Economiste et Statisticien Economiste à la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques de la Direction Générale de la Planification et des Politiques Economiques du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan de la République du Sénégal. Contact : [email protected], [email protected], [email protected].
IMPACTS DE L’ENDETTEMENT PUBLIC SUR L’ECONOMIE
SENEGALAISE
Par Issa FAYE et Dame THIAM1
Octobre 2015
1
1. Introduction
Le recours à l’endettement public est envisagé pour équilibrer les finances publiques en cas de
déficit. La position d’un Etat vis-à-vis de ses créanciers permet, dans une certaine mesure,
d’apprécier sa santé financière. Elle rend également indirectement compte de l’efficacité de la
politique budgétaire, si bien que les investisseurs potentiels et partenaires au développement
sont particulièrement attentifs au niveau et à l’évolution de la dette publique.
L’endettement public peut exposer l’économie aux risques liés à l’équivalence ricardienne qui
se manifeste par un comportement attentiste des agents économiques qui auraient tendance à
épargner davantage dans l’anticipation d’une hausse future des impôts destinés à couvrir le
remboursement de l’emprunt public. Une telle situation se traduirait, à terme, par un
ralentissement voire un repli de l’activité économique sous l’effet de la contraction de la
demande globale.
La dette publique joue également un rôle déterminant dans l’appréciation livrée régulièrement
par les agences de notation de l’image d’un pays à l’échelle internationale. A cet égard,
l’amélioration ou la dégradation de la note d’un pays a des conséquences immédiates sur la
conjoncture économique intérieure et le comportement des agents économiques et peut
également affecter l’environnement international selon le poids du pays. Dès lors, une bonne
qualité de la gestion du portefeuille de la dette publique et/ou des finances publiques ainsi que
l’utilisation rationnelle et efficace des ressources deviennent cruciales pour dégager des marges
de manœuvre budgétaires afin de soutenir l’activité économique, que ce soit en période de
conjoncture favorable ou face aux vents contraires qui brident l’activité.
Cependant, les finances publiques dans les pays en développement ont été marquées par un
recours massif à l’endettement conjugué à des insuffisances en matière de gestion du
portefeuille des emprunts publics. En effet, depuis l’intervention des politiques d’ajustement
structurel, le niveau d’endettement a continué à progresser dans ces pays; une augmentation qui
est davantage causée par une autonomisation de la dette due au poids de la charge d’intérêt.
Ainsi, sur un stock de la dette qui a évolué de 580 à 2400 milliards de dollars entre 1980 et
2002, les pays en développement ont remboursé à leurs créanciers un peu plus de 4600
milliards de dollars (Banque mondiale, 2003). En effet, les crédits accordés, tout au long des
années 1980 et une grande partie des années 1990, étaient essentiellement destinés au
refinancement.
2
Aujourd’hui, ce risque dans la gestion du portefeuille de dette publique, n’est pas écarté avec
notamment l’essor des emprunts sur les marchés financiers (eurobonds) vers lesquels tendent
les pays en développement qui parviennent à améliorer la qualité de leur signature. Ces titres
ont la particularité de se négocier à des taux d’intérêts initiaux relativement élevés pouvant
subitement augmenter d’une période à une autre. Cela concoure de même que la fluctuation des
taux de change à menacer la soutenabilité des finances publiques, et à rendre davantage
incertain le remboursement de la dette. De telles conditions sont favorables à la survenue de
crises d’endettement, compte tenu de l’interconnexion des Etats, par l’intermédiaire des
marchés financiers et des échanges commerciaux sources de contagion.
La charge importante de la dette et de son remboursement, dans les pays en développement
compromettant sérieusement leurs performances économiques, ont conduit les institutions
internationales ainsi que les créanciers bilatéraux à lancer l’initiative en faveur des Pays
Pauvres Très Endettés en 1996 complétée en 2005 par l’Allègement de la Dette Multilatérale
(IADM). Ces actions ont certes permis d’atténuer le poids de la dette, mais les besoins de
financement liés aux déficits importants notamment en infrastructures entraînent une
reconstitution progressive du stock de la dette dans de nombreux pays.
Par ailleurs, selon le mode de financement choisi par le gouvernement, des implications
différentes sont à prévoir sur l’économie et dont la compréhension devrait permettre
d’améliorer la gestion de la dette publique. En effet, lorsque l’Etat privilégie l’endettement
intérieur, il peut créer un effet d’éviction vis-à-vis du secteur privé, du fait de la concurrence
exercée pour l’accès aux fonds rares. Dans le cas de l’endettement extérieur, le degré de
concessionnalité, la durée et les fluctuations des taux de change sont des facteurs susceptibles
d’influencer les variables macroéconomiques. En outre, le recours au financement sur les
marchés régionaux de capitaux aura tendance à exercer une pression sur la liquidité disponible
du fait de la concurrence entre les pays.
Au Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays en développement, la dette publique a repris une
trajectoire ascendante au lendemain des initiatives PPTE et IADM. En 2013, le ratio du
montant total de la dette publique par rapport au PIB a atteint 45,7%, contre 23,9% en 2008.
L'encours de la dette extérieure et celle garantie par l'Etat s'établissaient à 32% du PIB à fin
2013, contre 20% en 2008. En outre, le pays s’oriente de plus en plus vers le marché
international des capitaux avec un emprunt obligataire de 200 millions de dollars en 2009 qui
a été racheté en 2011 par un autre de 500 millions de dollars au taux de 8,5%. En 2014, le
gouvernement a de nouveau émis un emprunt obligataire de 500 millions de dollars à un taux
plus faible de 6,5%. En effet, les besoins d’investissement du pays ont augmenté avec le
3
financement des grands travaux et projets inscrits dans le cadre du Plan Sénégal Emergent
(PSE) se traduisant par une hausse de l’endettement public quoique son niveau en pourcentage
du PIB se soit stabilisé. Pour autant, le risque de surendettement reste encore faible d’après le
cadre de viabilité de la dette. Toutefois, le rythme de progression de la dette publique sur la
période récente justifie une analyse de son incidence sur l’économie sénégalaise.
La présente étude s’inscrit dans cette logique en examinant les différents choix de
financements du déficit public et en anticipant leurs conséquences sur les agrégats
macroéconomiques du Sénégal.
Le reste du document est organisé comme suit : la prochaine section est consacrée à la revue de
la littérature, la section 3 aborde les faits stylisés, la méthodologie est présentée dans la section
4, les résultats sont exposés et interprétés dans la section 5 et, les principales conclusions et
recommandations sont formulées dans la dernière section.
2. Revue de la littérature
De nombreux auteurs se sont intéressés à la question de l’endettement public. Les approches
diffèrent selon les objectifs et les champs d'application. Si certains ont eu recours à une
approche descriptive et de Benchmarking pour analyser l’endettement de l’Etat et son impact
sur l'activité économique, d'autres, en revanche, ont utilisé des démarches macro
économétriques et macroéconomiques. Ces dernières portent sur des modèles de croissance,
des modèles de séries temporelles (VAR, SVAR, Panel,...), des modèles d'équilibre général
(MEGC), et des modèles à générations imbriquées (MGI). A l'issue de ces études, les résultats
ne permettent pas de livrer une réponse définitive quant au sens dans lequel l’endettement
public influence l’économie.
L’endettement public constitue la principale méthode de financement du déficit public en plus
du seigneuriage monétaire. Cependant, l’utilisation de cette méthode de financement du déficit
est controversée entre les grands courants néoclassiques, keynésiens et monétaristes. Pour les
classiques et néoclassiques, le déficit public est nocif à l'économie, et son financement par
emprunt conduit soit à un effet d'éviction ou au risque d'équivalence ricardienne. Ce dernier
aurait pour conséquence une anticipation de hausse des impôts futurs par les agents
économiques qui se traduirait à terme par un repli de la demande entraînant un ralentissement
de l’activité économique. Les monétaristes défendent l'idée selon laquelle le financement du
déficit par emprunt ne peut être efficace que si les agents économiques font des erreurs dans
leurs anticipations, en considérant que les taxes ne vont pas augmenter. Par contre, pour Lucas
et Sargent, dans la théorie des anticipations rationnelles, les agents utilisent toute l'information
4
disponible. Ainsi, ils intègrent la hausse des taxes dans leurs anticipations. Par conséquent, les
interventions de l'Etat sont totalement inefficaces. En revanche, pour les keynésiens, l'impact
de l’endettement public sur l'activité économique dépend de la situation de l'économie. Ils
stipulent qu’en plein emploi ou lorsque la demande de monnaie conduit à une augmentation du
taux d'intérêt, le déficit public n'est pas souhaitable. Par contre, en cas de ralentissement de la
croissance économique, un creusement du déficit pourrait être recommandé (Sterdyniak, 1983).
Par ailleurs à partir d’une analyse descriptive, Rangarajan, Srivastava (2004) montrent qu’en
Inde, le déficit primaire structurel combiné aux paiements d'intérêt de la dette ont un effet
néfaste sur la croissance. En outre, dans les économies contemporaines, la dette peut être
indirectement une source d'inflation Biuarua, Bilan (2007). Pour sa part, Gaber (2010) montre
que le financement du déficit par endettement entraine une augmentation de la demande
globale et du revenu national mais conduit à évincer le secteur privé dans le marché des fonds
prêtables. Tesic et al. (2014) indiquent que dans le cas de l'économie Serbe, une accumulation
du financement externe du déficit public n'engendre que des effets boules de neige de la dette
publique.
En utilisant les modèles de croissance ou ceux des séries temporelles (VAR, SVAR, Panel)
comme outil d’analyse, certains auteurs démontrent que la stabilité macroéconomique est
assurée, en grande partie, si le compte de l'Etat est équilibré. Selon Blinder et Solow (1973),
dans le cas du financement du déficit par endettement, le multiplicateur des dépenses publiques
est plus grand. Par contre, si les conditions de stationnarité sont réunies, quelque soit le mode
de financement d'une hausse des dépenses publiques, l'impact serait ressenti sur les prix tandis
que le multiplicateur en volume ne serait pas affecté: risque d'hyperinflation (Sargent et
Wallace, 1981), (Artus et Migus, 1983). Dans un autre registre, Artus (1986) montre que dans
une économie sans rigidité nominale, le choix du mode de financement des dépenses publiques
n'est pas important. Il trouve également que si les prix sont assez rigides à court terme,
l'investissement devient peu sensible au taux d'intérêt. Pour Creel et al. (2007), au Royaume-
uni, dans le cadre de la règle d'or des finances publiques2 à long terme, l'investissement public
a un effet significatif et positif sur la croissance permanente du PIB. Dans le même sillage,
Tsintzos et Efthimiadis (2011) ont trouvé qu’en Grèce une augmentation du ratio des dettes
publiques intérieure et extérieure au PIB conduirait à une augmentation du ratio du capital
public sur le capital privé, qui à long terme, impacte positivement sur la croissance
économique. Par contre, la fuite des capitaux nationaux pour honorer les services de la dette a
un effet défavorable sur la croissance économique. En outre, Medeiros (2012) montre que dans
2 Elle correspond à l’équilibre budgétaire, ou un seuil à partir duquel le déficit est interdit
5
les Etats de l'union européenne, une hausse continue de la dette publique n'engendre qu'une
«fatigue budgétaire» c'est à dire la capacité à augmenter le solde primaire ne pourra pas suivre
le rythme de hausse de la dette. Il suggère que les scénarios de viabilité de la dette soient
exécutés à l'aide d'une fonction de réaction budgétaire3. Qayyum et Haider (2012), à partir d’un
panel de 60 pays en développement, ont trouvé que la dette publique extérieure agit
négativement sur la croissance économique.
Toutefois, ces modèles, souvent utilisés dans la littérature, ne tiennent pas en compte des effets
induits sur certaines composantes de l'économie. En plus, ils sont très exigeants en données. Il
faut disposer de longues séries temporelles, de préférence infra annuelle pour que les résultats
soient plus robustes.
Ces insuffisances poussent certains auteurs à se rabattre sur les modèles d'équilibre général
calculable (MEGC) pour évaluer l’impact de l’endettement public. A cet égard, Dumont et
Mesple-somps (2001) à partir d'un MEGC dynamique séquentielle dénommé SENQUIP à
partir de la MCS du Sénégal ont trouvé que l’endettement public affaiblit la compétitivité
externe. Toutefois, s’il finance l'investissement public plutôt que la consommation publique, la
situation externe s'améliore quelque peu, la croissance est stimulée et le taux d'investissement
privé est plus élevé.
Cependant, la matrice de comptabilité sociale (MCS) qui constitue la source de données, n'est
pas désagrégée en endettement intérieur et extérieur. Les services de la dette de l'Etat sont
également difficiles à intégrer dans ces types de modèle.
Certains auteurs s'orientent vers les modèles à générations imbriquées (MGI) pour mettre en
exergue la transmission intergénérationnelle de la dette publique. Diamond (1965) est le
pionnier de l'application de ces modèles. Il montre que la dette intérieure a un impact positif
sur le taux d'intérêt mais elle peut conduire à une augmentation de l'utilité du ménage
représentatif dans le cas d'une utilisation efficace des ressources empruntées. Barro (1974), a
utilisé les MGI pour répondre à la question de savoir si une augmentation de la dette publique
peut conduire à une augmentation de la richesse des ménages. Il a conclu que le stock de la
dette, les taxes associées et les services pourraient augmenter les risques de baisse de la
richesse des ménages. Il montre que s'il existe un altruisme intergénérationnel, alors la dette
publique est neutre et peu importe le mode de financement, du moment où la contrainte
budgétaire intertemporelle de l'Etat est satisfaite. Par contre, Loupias et al. (1997) trouvent
qu'avec une politique d'équilibre budgétaire, le taux de croissance d'équilibre est toujours plus
élevé que celui obtenu avec une politique d'endettement public. Néanmoins, il peut être
3 Une fonction qui lie l'endettement public et le solde primaire.
6
socialement préférable de financer des dépenses publiques par emprunt plutôt que par impôts.
Crettez et al. (2003), de façon générale, ont montré que si l’État choisit librement le montant
des impôts (forfaitaires), il n’y a aucune restriction sur la trajectoire de la dette publique et que
le gouvernement n’est soumis à aucune contrainte budgétaire intertemporelle. A chaque
période, le volume de la dette ne doit dépasser ni la valeur du PIB courant, ni la valeur
actualisée du PIB de la période suivante. Cependant, Adam et Bevan (2005) montrent à partir
d’un panel de 45 pays en développement dont le Sénégal, que les stocks de dettes élevés
aggravent les conséquences des déficits. En outre, que la dette publique soit intérieure ou
extérieure, les impacts sont équivalents selon Darreau et Pigalle (2013). Modigliani (1961),
considère également que la dette publique constitue une charge quelle que soit sa forme. En
revanche, Lerner (1948) a montré que la dette publique intérieure ne représente pas un fardeau
pour l’économie contrairement à la dette extérieure. A contrario, Diamond considère que la
dette publique intérieure conduit à un effet d’éviction alors que Thomson (1965) et Carlberg
(1985) signalent que Diamond n’a pas travaillé dans le cadre d’une économie ouverte, auquel
cas, les effets de la dette extérieure et celle intérieure seraient équivalentes.
3. Faits stylisés
La contraction de dette publique répond à des fins de stabilité macroéconomique et de
financement de politique du développement. Cependant, dans certains cas, l’endettement
public peut être source de difficultés surtout lorsqu’elle n’est pas soutenable c'est-à-dire quand
le niveau de richesse créé par l’économie ne parvient plus à couvrir le service de la dette. A cet
égard, les crises de dettes à travers le temps ont mis en exergue les risques liés à un
endettement excessif pouvant perturber l’activité économique. Et, récemment, la zone euro a
connu la crise de la dette souveraine qui a frappé la Grèce en 2010 et s’est vite propagée dans
d’autres économies européennes telles que l’Espagne, l’Irlande et l’Italie, illustre également les
effets néfastes liés à une dégradation des finances publiques conduisant à une dette élevée.
Dans la réalisation de sa nouvelle stratégie déclinée dans le PSE, le gouvernement du Sénégal
compte accélérer la croissance économique par un renforcement des investissements financés
en partie par endettement. En ce sens, une analyse descriptive de la dette publique, de ses
composantes ainsi que ses relations avec certaines variables clés devrait permettre une
meilleure compréhension de son comportement et de livrer quelques indications à priori sur ses
implications.
La Figure 1 montre, entre 1996 et 2014, que l’évolution de l’encours de la dette publique au
Sénégal est fortement liée à celle de la dette extérieure. L’année 1996 marque le début de
7
l’initiative des PPTE en vue d’alléger l’endettement des pays les plus pauvres confrontés à des
difficultés de remboursement de leur dette extérieure. L’année 2014 marque le démarrage du
PSE.
Figure 1 : Evolution de l’encours de la dette publique (en milliards de FCFA)
Source : Direction de la Dette publique
Depuis 1996, l’encours de la dette a connu une première tendance haussière jusqu'en 2001, un
an après que le Sénégal a entamé les réformes pour accéder à la l’initiative PPTE. Par la suite,
une tendance baissière a été observée à partir de 2001 jusqu’en 2006, résultant des allègements
PPTE et IADM ayant occasionné un fort repli de la dette extérieure du pays. Ainsi, l’encours
de la dette publique a augmenté de 24,7% entre 1996 et 2001, en passant de 2139 à 2667,9
milliards de FCFA, avant d’enregistrer une baisse de 61,7% pour se situer à 1022,67 milliards
de FCFA en 2006. La dette extérieure totale qui a suivi la même trajectoire est passée de 1900
à 2454 milliards de FCFA entre 1996 et 2001 pour diminuer à 864,37 milliards en 2006. Au
total sur ces deux périodes, la dette extérieure a enregistré respectivement une hausse de 29,1%
suivie d’une baisse de 64,8%. Par contre, la dette intérieure4 totale n’a pas beaucoup évolué
entre ces deux périodes. Elle est restée à un niveau relativement faible, ne dépassant pas les
250 milliards, et a connu des baisses successives de 10,2% et de 26% sur les deux périodes.
Toutefois, après les bénéfices tirés des initiatives PPTE et IADM, l’encours de la dette
publique a repris une trajectoire ascendante plus prononcée jusqu’en 2014 en s’établissant à
4112,88 milliards de FCFA, soit une hausse de 302% par rapport à son niveau de l’année 2006.
Contrairement à la première période de 1996 à 2001, cette tendance haussière est due à une
augmentation simultanée de la dette extérieure et intérieure totale de l’Etat. En effet, ces deux
composantes ont atteint respectivement 3047,33 et 1065,55 milliards de FCFA en 2014 avec
des accroissements respectives de 253% et 573% par rapport à leurs valeurs de 2006. Ces
chiffres montrent que l’Etat a davantage recours à l’endettement intérieur ces dernières années,
même si la dette extérieure reste toujours plus élevée avec une part de 74,09% de la dette
4 Elle incorpore la dette nationale et celle contractée sur le marché de l’UEMOA.
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14
Dette publique totale Dette extérieure totale
Dette intérieure totale
8
totale. Une analyse plus approfondie, notamment de la structure de ces deux composantes de
l’encours de la dette publique, permettrait de mieux comprendre leurs évolutions.
La figure 2 montre que le rythme de progression de l’encours de la dette extérieure est
fortement lié à celui de la dette multilatérale et bilatérale depuis la fin des années 70. A cette
époque, l’encours de la dette extérieure était à son niveau le plus bas avant de connaître une
tendance haussière jusqu’en 1993. Ensuite, il a enregistré une augmentation sans précédent de
l’ordre de 76% en 1994 (année de la dévaluation du FCFA) contre 10% en 1993, et ce,
notamment sous l’effet de la dépréciation de la monnaie nationale qui s’est traduite par une
augmentation du coût de la dette extérieure. Par la suite, il a poursuivi sa tendance haussière
jusqu’en 2001 avant que le pays ne bénéficie des retombées des initiatives PPTE et IADM. Le
démarrage du PSE en 2014 s’est traduit par une augmentation de 28,7% de l’encours de la
dette extérieure contre 4% en 2013.
Toutefois, la dette extérieure est, en grande partie, concessionnelle, octroyée essentiellement
par la Banque mondiale (à travers l’Association Internationale de Développement (IDA)) et le
groupe BAD/FAD. Ces derniers sont les créanciers multilatéraux les plus sollicités par l’Etat
(voir tableau 1). Durant plusieurs années, ils ont été les plus importants créanciers de l’Etat,
avec respectivement 44,8%, 50,2% et 36,3% de la dette extérieure totale en 1994, 2001 et
2014. Concernant les créanciers bilatéraux, l’Etat a semblé diversifier, à partir des années
2000, son portefeuille de financement en accordant plus d’importance à ceux qui ne sont pas
membres du Club de Paris. Quant au crédit à l’exportation, sa part s’est réduite au fil du temps
en passant de 33,6% à 0,3% entre 1980 et 2014, alors que la dette commerciale a occupé en
2014, une part non négligeable de l’endettement extérieur (19,8%).
Figure 2 : Evolution de l’encours de la dette extérieur
Source : Direction de la Dette Publique, calcul des auteurs
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Dette
extérieure
totale
Dette
multilatérale
Dette
bilatérale
Crédit à
l'exportation
Dette
commerciale
dévaluation
du FCFA
en 1994
démarage
du PSE en
2014
9
Le tableau 1 décrit l’évolution du poids de la dette extérieure en pourcentage du PIB. Celui-ci a
été très élevé en 1994 (81% du PIB) avant de se replier jusqu’en 2006 (17,7% du PIB) pour
repartir à la hausse (39,6% du PIB en 2014).
Tableau 1 : Evolution de la structure de la dette extérieure (en pourcentage)
1980 1994 2001 2006 2014
Dette multilatérale 36 61 63,7 56,7 54,4
- IDA 14,5 32,8 40,4 34,1 26,8
- BAD/FAD 2,5 12 9,8 5,5 9,5
- FMI 14,3 9 7,5 1,2 5,1
- Autres multilatéraux 4,7 7,2 6 15,9 13
Dette bilatérale 30,4 36,2 36 42,8 25,6
- Club de Paris 27,7 22,8 20 9,8 11,8
- Hors Club de Paris 2,7 13,4 16 33 13,8
Crédit à l'exportation 33,6 2,7 0,3 0,5 0,3
Dette commerciale 0 0 0 0 19,8
Total en % PIB
nominal
33 81
68,6
17,7
39,6
Source : Direction de la Dette publique, calcul des auteurs
Le rythme d’évolution de l’encours de la dette intérieure (Figure 3) a aussi connu des
changements remarquables durant ces dernières années. Partant d’un montant de 158,3
milliards en 2006, la dette intérieure a connu un accroissement significatif de 573% pour
atteindre 1065,55 milliards en 2014. Cette évolution a été portée principalement par une
augmentation des titres, obligations du trésor et autres prêts de l’Etat, lesquels sont passés de
48,8 à 884,3 milliards. Les bons du trésor ont également enregistré une hausse jusqu’en 2012,
en passant de 62,8 à 322,3 milliards, avant de se replier à 181, 25 milliards en 2014.
Figure 3 : Evolution de l’encours de la dette intérieure
Source : Direction de la Dette Publique, calcul des auteurs
Par ailleurs, le tableau 2 montre qu’en 2014, la structure de la dette intérieure est caractérisée
par une part plus importante des obligations du trésor (68,7%) qui enregistrent des hausses
depuis 2006.
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500
1000
1500
1996 2001 2006 2012 2014
Total
Bons du Trésor
Titres, obligations, prêts de l'Etat
10
Au total, l’endettement intérieur représente 13,85% du PIB en 2014. Son poids a évolué à la
hausse ces dernières années après avoir baissé entre 1996 et 2006.
Tableau 2 : Evolution de la structure de la dette intérieure (%)
1996 2001 2006 2012 2014
Bons du Trésor 0,0 21,9 39,7 40,4 17,0
Titres, obligations, prêts de l'Etat 73,4 39,6 30,8 59,6 83,0
Titres d'Etat 67,9 36,9 2,4 0,0 0,0
Obligations 0,0 0,0 28,4 59,6 68,7
PBE 5,5 2,7 0,0 0,0 0,0
Autres emprunts bancaires 0,0 0,0 0,0 0,0 14,3
Emprunts auprès de la Banque centrale 0,0 38,5 29,5 0,0 0,0
Découvert 25,2 34,4 29,5 0,0 0,0
Titres d'Etat 0,6 4,2 0,0 0,0 0,0
Total en % PIB nominal 9,19 5,98 3,23 11,15 13,85
Source : Direction de la Dette Publique
L’analyse des évolutions de l’encours de la dette publique et de sa structure permet ainsi de
mieux comprendre le comportement de l’Etat en matière d’endettement. Cependant, elle ne
permet pas de déceler les risques potentiels pouvant affecter l’économie. Ces risques
commencent à se profiler lorsque le remboursement de la dette devient incertain du fait de
problèmes de solvabilité et de liquidités affectant l’Etat, lorsque le niveau d’endettement
devient insoutenable. Dans une perspective nationale, la solvabilité se définit comme la
capacité d’un pays à s’acquitter de ses engagements de manière continue, tandis que la liquidité
se traduit par la capacité d’un pays à s’acquitter de ses engagements extérieurs immédiats. En
outre, le niveau d’endettement est soutenable pour un pays lorsqu’il n’y a pas de risque
persistant d’effet « boule de neige »; celui-ci se traduit par un taux d’intérêt de la dette qui
excède le taux de croissance réelle de l’économie faisant accroitre le ratio dette/PIB.
Ces risques potentiels liés à la dette peuvent être appréciés à travers l’analyse des ratios
d’endettement et leur relation avec certaines variables clés de l’activité économique. Dans le
moyen terme, l’évolution de ces indicateurs sur la dette peuvent décrire les tendances
importantes.
Parmi ces indicateurs, le plus fréquemment utilisé est le ratio de l’encours de la dette publique
par rapport au PIB nominal. Il mesure le niveau d’endettement par rapport à l’activité
économique du pays. Son importance tient aussi au fait qu’il permet de rendre compte du degré
de solvabilité du gouvernement.
La figure 4 montre que le taux de croissance de l’économie et l’endettement public évoluent
dans le même sens mais avec des amplitudes différentes. En effet, entre la période de 1996 à
2001, l’encours de la dette publique a augmenté de 24,7% et le taux de croissance économique
de 2,6 points de pourcentage en passant de 2% à 4,6%. Sur la période récente, de 2006 à 2014,
11
le niveau d’endettement public a connu une plus forte hausse de 302% alors que le taux de
croissance n’a progressé que sur 2 points de pourcentage en passant de 2,5% à 4,5%. En outre,
le ratio de l’encours de la dette publique sur le PIB a baissé sur la première période, de 83% à
75%, soit une diminution de 8 points de pourcentage, malgré l’augmentation du niveau
d’endettement. Par contre, la croissance économique n’a pas été assez importante pour atténuer
le poids de la dette publique sur la dernière période qui se caractérise par une augmentation de
32 points de pourcentage du ratio de l’encours de la dette publique sur le PIB en s’élevant de
21% pour atteindre 53% en 2014. Toutefois, en se référant aux critères de convergence de
l’UEMOA qui recommandent que le ratio de la dette publique sur le PIB soit inférieur à 70%,
le Sénégal respecte la norme malgré l’accroissement de son niveau d’endettement.
Figure 4 : Evolution de l’encours de la dette publique, de son ratio par
rapport au PIB et du taux croissance économique
Source : Direction de la Dette publique, Fmi, calcul des auteurs
La figure 5 montre l’évolution du poids de la dette publique au Sénégal comparée à celle des
autres pays de l’UEMOA. L’ensemble des pays membres de l’union ont atteint en 2014 des
ratios d’endettement (dettes/PIB) plus faibles par rapport à leurs valeurs de 2006. Ainsi, ils ont
réussi à afficher un taux d’endettement en deçà du plafond de 70% retenu dans les critères de
convergence de l’UEMOA. En outre, tous les pays hormis la Guinée-Bissau, la Côte d’ivoire et
le Togo ont vu leur poids de la dette s’accroitre sur la dernière période à partir de 2006.
0
2000
4000
6000
0%
50%
100%
1996 2001 2006 2014
Dette Publique Taux de croissance du PIB
ratio d'endettement
12
Bien que le ratio Dette publique/PIB enregistre une évolution à la hausse ces dernières années,
la dette publique en 2014 reste soutenable pour le Sénégal, car le risque lié à l’effet « boule de
neige » est faible (Figure 6). Ce dernier se traduit par une situation où le taux d’intérêt réel de
la dette publique soit supérieur au taux de croissance de l’économie.
Figure 6 : Evolution du risque liée à l’effet « boule de neige »
Source : Direction de la Dette publique, Bm, calcul des auteurs
D’après l’évolution du ratio encours de la dette publique sur le PIB, le Sénégal maintient, en
2014, un niveau d’endettement soutenable. Toutefois, il est opportun d’examiner la capacité du
gouvernement à s’acquitter de ses engagements vis-à-vis du reste du monde, compte tenu du
rythme de progression de l’encours de la dette extérieure. A cet égard, le ratio dette
extérieure/exportation est très utile comme baromètre permettant d’apprécier la capacité de
remboursement d’un pays. Si ce ratio augmente dans la durée, cela signifie que la dette
extérieure augmente plus vite que les devises d’exportation du pays, ce qui laisse présager que
le pays pourrait rencontrer des difficultés à s’acquitter de ses obligations futures. La figure 7
montre qu’en dépit de l’augmentation des exportations de biens et services de l’ordre de 66,8%
entre 2006 et 2014, le ratio dette extérieure/exportations de biens et services a augmenté de
111,3 points de pourcentage dans la même période.
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
8% Taux de croissance du PIB
Taux d'intérêt réel de la dette publique
Figure 5 : Evolution du ratio de l’encours de la dette publique sur le
PIB dans les pays de l’UEMOA
Source : Fmi
0
50
100
150
200
250
2001 2006 2014
Benin
Burkina Faso
Côte d'Ivoire
Guinea-Bissau
Mali
Niger
Senegal
Togo
13
Figure 7 : Evolution du ratio dette extérieure sur les exportations de biens et services (axe de droite) et évolution des exportations (axe de gauche)
Source : Direction de la Dette publique, ANSD, calcul des auteurs
Cependant, aussi bien dans l’analyse du cadre de la viabilité de la dette (CVD) du comité
national de la dette publique (CNDP) que dans les travaux conjoints de la Banque mondiale et
du Fmi, le risque de surendettement du Sénégal reste faible. En effet, le CVD classe les pays à
revenu faible en se référant à leurs capacités politiques et institutionnelles ainsi que la stratégie
de gestion de la dette publique qu’ils adoptent. Sur cette base, des seuils indicatifs
d’endettement sont fixés selon la performance des pays.
Les résultats de l’analyse du CVD entre 2011 et 2013 ont été satisfaisants pour le Sénégal. Le
pays a pu maintenir une bonne stratégie d’endettement qui vise essentiellement à réduire les
risques de refinancement par allongement de la maturité de la dette émise sur le marché
régional et à donner la priorité à des financements concessionnels pour garder de faibles coûts
d'emprunt. De surcroît, la stabilité macroéconomique du Sénégal lui a permis d’être éligible au
programme appuyé par l’Instrument de Soutien de la Politique Economique (ISPE). A la
lumière de ces évolutions favorables, le Sénégal a été classé dans la catégorie des pays à fortes
capacités politiques et institutionnelles dont le service de la dette extérieure ne doit pas
dépasser 25% des exportations et 22% des recettes budgétaires.
La figure 8 montre qu’en 2014, le Sénégal a connu un ratio service de la dette sur les
exportations de 6,5% et de 8,6% par rapport aux recettes budgétaires; correspondant à des
niveaux largement inférieurs aux seuils indicatifs fixés dans le CVD. Le pays s’éloigne ainsi du
risque de surendettement.
Nous nous intéressons à la relation entre l’évolution de l’endettement publique et certaines
variables clés de l’activité économique
0%
50%
100%
150%
200%
250%
300%
0
500
1000
1500
2000
2500
1996 2001 2006 2014
Exportations de Biens et Services
ratio Dette Extérieure/Exportations de Biens et Services
14
Figure 8 : Evolution du ratio service de la dette sur les exportations et sur les recettes budgétaires
Source : Direction de la Dette publique, ANSD, calcul des auteurs
Du coté des finances publiques, la création de dette par l’Etat constitue un moyen de
financement du déficit budgétaire. Toutefois, la figure 9 décrit une relation paradoxale où
lorsque le déficit se creuse tandis que le ratio d’endettement diminue et inversement.
Sur la première période, la relation inverse pourrait se justifier par les retombées des
programmes d’ajustement structurel qui se sont traduits par un assainissement des finances
publiques contribuant à réduire le niveau de déficit budgétaire. En contrepartie, le Fmi avait
octroyé des prêts importants aux pays qui étaient soumis à ces programmes ; ce qui explique
les niveaux élevés du ratio d’endettement. Par contre, sur la deuxième période allant de 2001 à
2006, les allègements issus des initiatives PPTE et IADM sont à l’origine du repli important de
la dette publique tandis que le déficit s’est davantage creusé sous l’effet notamment de la
flambée du prix du baril de pétrole ayant entraîné l’intervention de l’Etat à travers les
subventions. En outre, sur la dernière période, de 2006 à 2014, l’augmentation du ratio
d’endettement résulte des appuis à la consommation de produits alimentaires et énergétique, du
financement extérieur d’importants projets d’infrastructures ainsi que du déploiement d’un plan
onéreux en faveur du sous-secteur de l’électricité.
0%
5%
10%
15%
20%
25%
0
50
100
150
200
1996 2001 2006 2014
Service de la dette extérieure
Service de la dette extérieure/Exportations de Biens et Services
0%
10%
20%
30%
40%
0
500
1 000
1 500
2 000
1996 2001 2006 2014
Recettes budgétaires
Service de la dette extérieuree/Recettes budgétaires
15
Figure 9 : Evolution du ratio d’endettement (encours de la dette publique) et
du déficit budgétaire
Source : Direction de la Dette publique, ANSD, calcul des auteurs
Le poids de la dette publique peut être observé sur d’autres variables de l’activité économique
telle que le taux d’épargne. D’après la théorie de l’équivalence ricardienne, le financement du
déficit par endettement public pousse les agents à accroitre leur épargne par anticipation
d’augmentations futures d’impôts. Ce comportement n’est pas vérifié dans le cas du Sénégal,
au vu des évolutions du taux d’endettement public et du taux d’épargne (figure 10). Ce dernier
a poursuivi une faible tendance haussière pendant que le poids de la dette publique était à la
baisse. De plus, entre 2006 et 2013, le relèvement du taux d’endettement public ne s’est pas
traduit par une augmentation significative du taux d’épargne. En outre, celui-ci a connu une
augmentation relativement faible de 5,9 points de pourcentage sur la longue période de 1996 à
2013 témoignant ainsi d’une quasi-constance de cette variable.
Figure 10 : Evolution du ratio d’endettement (encours de la dette publique) et du
taux d’épargne
Source : Fmi
Par ailleurs, la théorie de l’effet d’éviction est analysée dans la figure 11 qui compare
l’évolution du crédit intérieur offert au secteur privé à celui accordé à l’Etat. Toutefois, cette
analyse descriptive ne permet pas de vérifier à priori cette théorie car le crédit intérieur fourni
au secteur privé de même que celui offert au public ont tous les deux augmenté respectivement
de l’ordre 112,1% et 515,3% entre 2006 et 2013. Ainsi, sur cette période, c’est le crédit
-6%
-4%
-2%
0%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1996 2001 2006 2014
ratio d'endettement défict budgetaire
0%
5%
10%
15%
20%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
19
96
19
97
19
98
19
99
20
00
20
01
20
02
20
03
20
04
20
05
20
06
20
07
20
08
20
09
20
10
20
11
20
12
20
13
ratio d'endettement Taux d'épargne
16
intérieur total qui s’est accru de 102% permettant aux deux secteurs de pouvoir en bénéficier.
Cet accroissement semble occulter la réalité sur l’effet d’éviction. De surcroît, le crédit
intérieur fourni au secteur public ne provient pas uniquement du marché financier national
mais également de nombreux souscripteurs institutionnels du marché sous-régional. En effet,
les titres émis par l’Etat sur ce marché peuvent davantage être souscrits par des investisseurs
qui sont hors du pays ; ce qui rend moins probable l’existence d’un effet d’éviction pouvant
affecter le secteur privé national.
Figure 11 : Evolution du crédit intérieur au secteur privé et au secteur public
Source : Banque mondiale, Direction de la Dette publique
4. Méthodologie
4.1. Cadre conceptuel
La dette publique constitue l'un des axes fondamentaux de la macroéconomie intertemporelle.
Son impact sur l'activité économique dépend de la manière dont elle est intégrée dans le circuit
économique et de la gestion du portefeuille dans le temps. Ainsi, elle est, dans la plupart du
temps, léguée aux générations futures renvoyant ainsi à un arbitrage intertemporel.
De manière empirique, les modèles de Ramsey (1928) et de Solow (1956) sur la théorie de la
croissance sont les premiers modèles à individus représentatifs intégrant la question du choix
intertemporel dans la macroéconomie moderne. Ils posent comme hypothèses fondamentales :
l'existence d'un agent représentatif immortel et égoïste. En effet, il maximise son utilité à partir
de sa consommation personnelle. Dans ces modèles, l'altruisme n'est pas mis en exergue pour
rendre possible les transferts intergénérationnels. Tout se centralise au niveau de l'individu
représentatif qui choisit sa consommation d'aujourd'hui et celle de demain. Ces types de
modèle ne peuvent pas traiter certaines questions relatives aux choix intertemporels
intergénérationnels alors que le choix de contracter une dette publique dépend des ressources
publiques futures espérées sans compromettre le bien être des générations futures. Pour pallier
0
500
1000
1500
2000
2500
Crédit intérieur fourni au secteur privé
Crédit intérieur fourni au secteur public
CI=3331,2
CI=652,3
17
ces manquements, les modèles à générations imbriquées ont été développés pour tenir compte
de l'hypothèse fondamentale de l'altruisme intergénérationnel. Ces modèles ont été développés
pour la première fois par Allais (1947) et Samuelson (1958). Pour sa part, Diamond (1965) est
le premier à les appliquer à l'analyse de la dette publique.
Les modèles à générations imbriquées trouvent leur originalité dans l'altruisme de l’individu
représentatif. En effet, il maximise son utilité en tenant compte de la consommation des
générations futures. Dans ce type de modèle les individus vivent deux périodes. Une période
où l'individu représentatif est jeune et une période où il est vieux.
Les individus de la première période offrent du travail et perçoivent un salaire. Ceux de la
deuxième période détiennent une partie du capital et reçoivent des dividendes.
Les niveaux de consommation des individus de la première période sont déterminés à partir de
la maximisation de la fonction d'utilité sous la contrainte budgétaire des deux périodes. La
consommation des vieux est déterminée à partir du profit généré par la firme représentative. La
maximisation de ce profit permet d'obtenir le salaire réel d'équilibre pour chaque période.
S’agissant du stock de capital, il est formé à partir de l'épargne des jeunes, l’investissement
public et l’épargne du reste du monde.
Le gouvernement a la possibilité de mobiliser des recettes fiscales, de recevoir des transferts et
de contracter une dette pour financer ses dépenses.
Le reste du monde est introduit dans le modèle à travers la balance commerciale qui constitue
l’écart entre la production intérieure et la demande globale. La dynamique de la dette publique
extérieure se construit via la balance courante et le déficit du secteur privé. En effet, le déficit
global de l’économie constitué des déficits public et privé, est identique à l’épargne du reste du
monde qui est l’opposé du solde de la balance courante.
Différentes variantes des OLG ont été développées dans la littérature. Auerbach-Kotlikoff
(1987) a élaboré un modèle d'équilibre général à générations imbriquées dénommé OLG-GE.
C'est un modèle d'équilibre général calculable à plusieurs ménages et à plusieurs périodes. Par
la suite, Strulik (1999) et (2003), Fanti et Spataro (2004) ont intégré les trois étapes du cycle5
de vie et le nombre d'enfants de l'individu représentatif au modèle OLG classique. Pour mettre
en exergue l'arbitrage inter temporel entre le travail et le loisir, Fanti et Spataro (2006), Lopez-
garcia (2007) ont endogènéisé l'offre de travail. Pour sa part, Farmer (2011) a utilisé un OLG
avec deux types de pays (le pays domestique et le pays étranger), deux biens composites (bien
domestique et bien étranger) et le taux de change. Ce modèle a permis d'étudier la soutenabilité
5 L’individu vit trois périodes (jeune, adulte et vieux)
18
de la dette intérieure comme extérieure et à simuler l'impact du taux de change sur le niveau
d'endettement entre deux pays partenaires. Par ailleurs, Darreau et Pigalle (2011) ont introduit
dans un OLG, une fonction de production à croissance endogène avec dépenses publiques
productives alors que Skott et Soon Ryoo (2012) ont analysé les défaillances du marché dans
les OLG et la dimension monétaire à travers le principe de Lerner, en étudiant la dette
publique, la politique fiscale et l'inefficience dynamique.
Dans le cadre de cette étude, le choix est porté sur les modèles à générations imbriquées dans
une économie ouverte. En effet, sur plusieurs périodes, ces modèles permettent de déterminer
non seulement l'impact de la dette et l'ensemble de ses services sur l'activité économique mais
aussi comment celle-ci se transmet entre générations ainsi que sa soutenabilité dans le futur.
4.2. Spécification mathématique du modèle
Individu représentatif
Avec les modèles à générations imbriquées, chaque individu vit deux périodes : une période où
il est jeune et offre du travail et une autre où il est vieux et ne détient que du capital. La
population des jeunes ( ) augmente à un taux constant . Toutes les variables sont évaluées
per capita.
Les individus ont la possibilité d'arbitrer entre consommer à la première période ou épargner
pour les générations futures. Les préférences de l'individu représentatif sont matérialisées par
une fonction d'utilité de type log linéaire:
.
, représente le taux de préférence pour le futur,
et
: les consommations per capita respectives de la première et de la deuxième
période.
,
. A la première période, les individus fournissent de façon
inélastique une unité de travail et reçoivent un salaire . Ils consomment une partie de leur
salaire et financent leur consommation de la deuxième période par l'épargne de la première
période, en tenant compte des taxes à la deuxième période et le taux de croissance
démographique. Le niveau de consommation à la première période est déterminé à partir de la
maximisation de la fonction d'utilité sous la contrainte budgétaire des deux périodes. Le
programme est présenté de la façon suivante:
sous contrainte
19
: épargne à la période ;
: niveau de la consommation à la période t ;
: niveau de la consommation espérée à la période ;
, où est le taux d'intérêt à la période ;
: transferts nets reçus par les jeunes ;
: taux de taxation à la première période ;
: taux de taxation à la deuxième période;
La résolution du problème d'optimisation à travers les conditions de premier ordre permet de
déterminer
, ce qui implique que , la
consommation et l'épargne sont indépendantes du taux d'intérêt, coïncide avec la propension
marginal à épargner.
Les agents vieux sont détenteurs d’une partie du stock de capital. Ainsi, leur niveau de
consommation agrégé se déduit du profit et de la dépréciation du capital.
, représente la production à la période , , la
part du capital détenue par les vieux.
Les niveaux de consommation et l’épargne per capita des individus sont:
(1)
(2)
(3) )
L’équation d’Euler permet de déterminer l’arbitrage intertemporel entre la consommation à la
première période et celle à la deuxième période.
Firme représentative
A chaque période, la fonction de production de la firme représentative dépend du travail
et du capital . La fonction de production per capita
ne dépend que de
l'intensité capitalistique
.
f(k) satisfait les conditions suivantes:
;
;
et
.
20
est la production totale à la période et
celle per capita.
Remarque: Dans les simulations, la fonction Cobb-Douglas est retenue comme forme
fonctionnelle pour la production .
Le stock de capital est obtenu à partir de l'épargne des consommateurs, celui du reste du
monde, l’investissement public et le capital déprécié à la période . Le processus est modélisé
par l'équation suivante:
(4)
Le salaire réel d'équilibre à la période est déterminé à partir du programme de maximisation
du profit des entreprises. Ici, le stock de capital est évalué à partir de l'équation de la
dynamique du capital à la période précédente. A la période courante, le profit intègre la
rémunération du travail et du capital.
Les conditions de première ordre permettent d’obtenir le salaire réel .
L'intensité capitalistique et le salaire réel sont obtenus à partir des expressions suivantes:
(4)
,
(6)
(7)
(8) = *
: balance courante ;
: investissement total ;
: investissement privé.
Gouvernement
A toutes les périodes le gouvernement finance ses dépenses par les recettes fiscales, la
dette et les transferts nets reçus. Ainsi, la contrainte budgétaire inter temporelle de l'Etat est
matérialisée par l'expression suivante:
21
: taux d'intérêt de la dette publique ;
: encours de la dette publique à la période ;
: transferts nets reçus par l’Etat ;
: nombre de travailleurs à la période ;
: encours de la dette publique extérieure ;
: encours de la dette publique nationale ;
La contrainte budgétaire du gouvernement per capita devient:
(9)
(10)
(11)
Dans ce modèle, les investisseurs peuvent arbitrer entre le taux d'intérêt de la dette publique et
celui de l'épargne privée pour faire le choix de placement de leurs fonds. Cela permettrait de
mettre en exergue l’effet d’éviction.
Reste du monde
Le reste du monde est introduit dans ce modèle via la balance commerciale qui
représente l’écart entre la production et la demande globale. La balance courante se
déduit à partir de la balance commerciale, du revenu net des facteurs et des transferts nets. Ces
derniers sont captés dans la variable exogène .
La balance courante et le déficit du secteur privé permettent de déterminer la dynamique de la
dette publique extérieure . En effet, le déficit public combiné au déficit du secteur
privé constitue le déficit du compte courant.
(12)
(13)
(14)
: encours de la dette publique extérieure ;
: balance commerciale ;
: revenu nets des facteurs et transferts nets ;
: balance courante.
Dynamique du modèle
22
Elle est caractérisée par la dynamique de la dette et l'équation d'accumulation du capital. Elle
se caractérise par les équations suivantes:
(4)
(9)
(12)
Les expressions suivantes permettent de déterminer l'intensité capitalistique et le stock de la
dette à la période .
(4)
(9)
(12)
Equilibre du modèle
Le marché du travail est équilibré pour chaque période , la combinaison de l'équation de la
dynamique du capital et celle de la consommation totale des ménages permet de déterminer la
relation entre le stock de capital et l'épargne et d'en déduire la formule du taux d'intérêt en
fonction de l'intensité capitalistique.
La consommation totale à la période est:
A la première période, les jeunes agents ont une consommation agrégée
. Ainsi, la consommation totale agrégée per capita est donnée par:
(15)
Le taux d'intérêt est obtenu à partir de l'intensité capitalistique et du taux d'épargne à la période
courante.
23
En remplaçant l'équation dans l'expression précédente, il peut être
déduit:
(16)
(17)
Etat régulier du modèle
C'est l'état du système où toutes les variables exogènes croissent au même taux que celui de
croissance démographique. Le taux d'intérêt privé est dans ce cas identique au taux de
croissance de la population. Dans le modèle OLG avec une fonction d’utilité logarithmique et
une fonction de production Cobb-Douglas, il existe un unique état régulier6. Il en résulte la
solution du système suivante:
L'expression suivante permet de déterminer l'ensemble des couples représentatif de l'état
régulier du système.
–
« Règle d'or » de l'économie
La « règle d'or » de l'économie se traduit par un état régulier du système où la production per
capita est maximisée. Dans ce cas, il existe une intensité capitalistique unique telle
que:
Récapitulatif
En définitive, le modèle compte 17 équations et 26 variables que sont : , , ,
, , ,
, , , , , ,
, , , , , , , , , , , , , . Ainsi, il faut
rendre exogène neuf variables afin de le redimensionner. Il s’agit de l’offre de travail
( , ), des dépenses publiques ( ), des encours de la dette publique courante ( , ,
),
du taux d’intérêt de la dette publique ( ) et des transferts nets tels que , et . En effet,
l’offre de travail n’est déterminée par aucune équation dans le modèle ; il n y a pas d’arbitrage
entre le travail et le loisir. La dette publique et l’intensité capitalistique à la période courante
6 Hèlene Latzer (2011)
24
constituent des données à la période suivante pour les équations de la dynamique du capital et
de la dette publique.
Les paramètres du modèle sont , , ,
, , et les élasticités des facteurs de production.
Les taux de taxe ( ,
), le taux de préférence ( ) , la part du secteur privé dans le stock de
capital ( ) et les élasticités des facteurs seront calibrés, alors que le taux de croissance
démographique et la dépréciation du capital seront tirés de la littérature empirique.
5. Calibrage et résultats des estimations
5.1. Calibrage
Le calibrage du modèle consiste à assigner des valeurs aux différentes variables et paramètres
qui caractérisent l’état de référence de l’économie. Certaines de ces valeurs sont déterminées à
travers la résolution des problèmes d’optimisation des formes fonctionnelles, d’autres sont
tirées de la littérature empirique. Toutes les variables exogènes et la variable prédéterminée (le
capital) sont initialisées directement à partir des données de la comptabilité nationale. Le taux
de salaire constitue le numéraire. Les autres variables endogènes sont obtenues à partir de l’état
régulier du système. Le modèle est normalisé par la masse salariale. L’année 2010 est retenue
comme référence pour le modèle.
En ce qui concerne les paramètres, il est supposé que la longueur de la période se situe à un
horizon de 20 ans, en rapport également avec la période de maturité notée au Sénégal. La
dépréciation du capital et le taux de croissance démographique sont respectivement estimés à
10% et 2,5%.
Par ailleurs, le taux d’épargne est estimé à 9% au Sénégal. Ainsi, le facteur d’escompte qui
est une fonction du taux d’épargne est à 0,96, en conformité avec le taux communément retenu
pour les pays en développement7 ; il représente le taux de préférence pour le présent. Les deux
types d’individu représentatif sont tous taxés ; les jeunes paient une part fixe de leur revenu et
les vieux une part fixe de leur capital. Les vieux représentent les principaux souscripteurs des
titres publics sur le marché national des fonds prêtables ; c'est-à-dire une partie de leur épargne
constitue une part de l’endettement public, ce dernier comprenant en plus des titres souscrits
sur le marché sous-régional.
La consommation des jeunes est calibrée à travers leur fonction de demande ; celle des vieux se
déduit du taux d’épargne.
7 Voir Fmi(2009)
25
La fonction de production Cobb-Douglas utilise deux paramètres, à savoir le paramètre
d’échelle (productivité totale des facteurs) et la productivité du travail. Le premier est obtenu à
partir de la fonction de production alors que le second est évalué dans le programme de
maximisation du profit qui considère qu’à l’équilibre, la rémunération du travail est une part
fixe de la production. Ils sont respectivement estimés à 2,23 et 0,33.
Au Sénégal, la part de l’investissement privé est supérieure à celle de l’investissement de
l’Etat. Elle est estimée à un peu plus de 70% de l’investissement total.
Le tableau suivant résume les résultats du calibrage des variables per capita et des paramètres.
Tableau 3: Résultats du Calibrage
Variables endogènes Variables exogènes
Production y 3,06 Dépenses publiques g 0,93
Salaire w 1 Revenus nets des facteurs et transferts nets q 0,30
Capital k 2,05 Transferts net reçus par les ménages f 1,55
Epargne s 0,27 Transferts net reçus par l'Etat d 0,16
Consommation des jeunes c1 2,11 Taux d'intérêt privé r 3,5%
Consommation des vieux c2 0,28 Taux d'intérêt de la dette publique rb 2,4%
Balance commerciale tb -0,46
Balance courante ca -0,16 Paramètres
Investissement i 0,68 Paramètres d'échelle A 2,23
Dette publique b 0,83 Productivité du travail alpha 0,33
Dette publique extérieure bf 0,67 Facteur d'escompte
0,96
Dette publique nationale bh 0,16 Taux de croissance démographique n 2,5%
Recettes du gouvernement rg 1,33 Dépréciation du capital delta 0,1
Taux de taxe sur les jeunes
tau
1 16% Longueur de la période T 20
Taux de taxe sur les vieux
tau
2 25% Part du privé dans l'investissement theta 0,71
Propension marginal à épargner 0,09
NB : toutes les variables sont évaluées per capita.
5.2. Résultats des estimations
Les indicateurs de convergence (valeurs propres et conditions de rang) du modèle sont joints
en annexe.
Les différents scénarii envisagés dans cette étude sont la simulation de l’impact de la dette
publique globale ( ) sur les agrégats macroéconomiques. La nature de la dette (non
concessionnelle, concessionnelle) sera également considérée à partir du taux d’intérêt .
L’impact de la dette selon l’origine (nationale, extérieure) est simulé à travers les encours de la
26
dette publique extérieure ( et nationale (
. Le niveau d’endettement où l’économie
atteindrait une « règle d’or » via les différents états réguliers du modèle est aussi évalué.
Ces différentes simulations permettront d’appréhender l’impact de l’endettement public sur les
variables suivantes : la consommation, le PIB, l’épargne, les recettes budgétaires,
l’investissement, et la dynamique du capital.
Simulation de l’impact d’une augmentation de 10% de la dette publique
L’impact d’une telle augmentation sur les agrégats macroéconomiques apparaît de façon
significative. Les résultats ont montré qu’elle engendre une expansion de l’économie à moyen
et long terme si elle intègre la dynamique du capital ; c'est-à-dire si toute la dette contractée est
investie notamment dans les infrastructures de soutien à la production, de connexion aux
marchés et d’amélioration du capital humain. En outre, la dette publique serait soutenable à
long terme. Cependant, elle entraîne une récession si elle finance uniquement des dépenses
publiques de fonctionnement. En effet, dans le modèle à générations imbriquées, c’est
l’intensité capitalistique qui détermine le niveau de production.
A la suite d’une hausse de 10% de la dette publique qui est utilisée dans le processus
d’accumulation du capital, à partir de la cinquième année, la production augmente de 2,5%,
l’investissement de 3,5%, la consommation de 1% et le revenu du gouvernement de 2,5%. Le
remboursement de la dette est assuré à partir des recettes fiscales qui sont tirées du salaire des
ménages et du rendement du capital. L’endettement public est dans un certain sens socialement
rentable si l’on considère qu’il augmente de manière directe la consommation des ménages et
l’investissement agrégé dont les effets de retour positifs sur l’emploi sont également à prendre
en compte dans l’analyse.
Il est également noté qu’à partir de la cinquième année, l’économie entre dans un état régulier
où toutes les variables sont stationnaires. La phase de transition est trop rapide comparée aux
économies habituellement modélisées dans un cadre de générations imbriquées. Cela montre
que le Sénégal a un potentiel d’absorption de sa dette et de réaction des agrégats
macroéconomiques très rapides.
En revanche, le déficit de la balance courante se dégrade d’un peu plus de 5% suite à une
augmentation de la dette publique à moyen terme. Cela confirme la thèse selon laquelle dans
les pays en développement le déficit du compte courant s’accompagne du déficit public
communément appelé déficits jumeaux. En effet, la demande relative à la commande publique
augmente pour la réalisation des projets, ce qui tend à augmenter les importations de façon à
creuser le déficit du compte courant.
27
Pour ce qui est des ménages, la variation du salaire et celle de la consommation sont faibles.
Elles sont estimées à 1%. Toutefois, même si la variation positive du revenu des ménages
montre que la dette est soutenable, en termes d’impact sur la consommation, les ménages n’en
bénéficient pas largement à long terme.
Dans le cas où, la dette publique n’est pas intégrée dans le processus d’accumulation du
capital, il engendre une récession dans l’économie. Il faudrait qu’un pourcentage de 65% de la
dette publique soit intégré dans le processus d’accumulation du capital pour qu’il y ait un
impact positif sur les agrégats macroéconomiques. Dans le cas contraire, il n’est pas
recommandé au Sénégal de s’endetter car l’économie entrerait dans un cercle vicieux et
continuerait à dépendre de l’extérieur car le déficit du compte courant deviendrait chronique.
« Règle d’or » de l’économie
Dans le cadre d’un modèle à générations imbriquées dont la fonction de production est de type
Cobb-Douglas et la fonction d’utilité logarithmique, il existe un unique état régulier du modèle.
Dans le cadre de cette étude, la « règle d’or » de l’économie correspond au point où la variation
de la production serait maximale avant de retourner à son état régulier. Ainsi, c’est à la
cinquième période que l’économie atteindrait sa « règle d’or » suite à une augmentation de
10% de la dette publique ; la production augmenterait de 3,5%.
28
Figure 12 : Résultat des simulations d’une hausse de 10% de la dette publique
Simulation de l’impact des dettes publiques extérieure et nationale8.
Le portefeuille de l’endettement public au Sénégal étant composé d’environ trois-quart de dette
extérieure et un-quart de dette intérieure, il est opportun d’analyser les effets de la dette
publique contractée auprès du reste du monde et/ou vis-à-vis des autres agents locaux. Ensuite,
la forme de l’endettement qui mettrait l’économie dans une trajectoire d’expansion est
examinée. On suppose qu’une partie de la dette est utilisée dans le processus d’accumulation
du capital.
A la suite d’une hausse de l’endettement extérieur de 10%, les résultats montrent que
l’économie serait dans un cercle vertueux à partir de la deuxième année. A moyen et long
termes, la production augmenterait de plus de 6%, la consommation des ménages de 2%,
l’investissement de 10% et le revenu du gouvernement de 7%. Toutefois, le déficit de la
balance courante se dégraderait d’un peu plus de 15%.
Par contre, une augmentation de 10% de la dette nationale engendrerait, à terme, une récession
dans l’économie. Elle aurait un impact négatif sur l’investissement privé en rapport avec l’effet
8 La dette intérieure contractée exclusivement auprès du secteur privé national.
29
d’éviction. En effet, dans ce modèle, une grande partie du capital est détenue par les ménages
vieux et la dette nationale est issue de l’épargne des ménages. Ainsi, une concurrence entre
l’Etat et le secteur privé conduit à une baisse de l’investissement privé, et a des effets négatifs
sur les autres agrégats macroéconomiques.
Figure 13 : Résultats des simulations d’une hausse de 10% de la dette publique extérieure
30
Figure 14 : Résultats des simulations d’une hausse de 10 % de la dette publique intérieure.
Simulation de l’impact d’une baisse de 10 % du taux d’intérêt de la dette publique
Les résultats de la simulation permettent aux décideurs d’arbitrer à partir des taux d’intérêt des
marchés des fonds prêtables. Les résultats ont montré que la baisse du taux d’intérêt agirait
positivement sur l’économie de façon générale à long terme mais très faiblement. La
production n’augmenterait que de 0,03 %, la consommation des ménages serait quasi
invariable, et l’investissement progresserait de 0,04 %.
Si le taux d’intérêt baisse, l’Etat a tendance à contracter plus de dette, d’où la dégradation de
balance courante.
31
Figure 15 : Résultat des simulations d’une baisse de 10 % du taux d’intérêt de la dette publique.
Transfert intergénérationnel de l’endettement public
Pour mettre en exergue le transfert intergénérationnel de la dette publique, une simulation de
l’impact d’une augmentation des dépenses publiques est réalisée. A cet effet, une hausse de
10% des dépenses publiques est simulée afin de recueillir l’évolution de l’endettement public
pour les générations futures. Une augmentation des dépenses publiques influencerait
directement le déficit public.
Les résultats ont montré qu’une augmentation des dépenses publiques financées par emprunt à
terme est soutenable et permet même une augmentation de près de 2% de la consommation des
ménages, malgré l’augmentation de l’endettement public de 15%. Cela veut dire que la dette
publique léguée aux générations futures est supérieure à celle courante mais le niveau de
consommation future est supérieur à celui du présent.
32
Figure 16: Résultat des simulations d’une hausse de 10 % des dépenses publiques.
6. Conclusion et recommandations
Au Sénégal, l’endettement constitue le principal instrument de financement du déficit public.
En 2014, il s’est établi à environ 53% du PIB nominal mais reste en dessous de la norme fixée
dans le cadre de la convergence à l’échelle de l’UEMOA (70%). Cependant, le nouveau cadre
de référence de politique économique et sociale du pays décliné dans le Plan Sénégal Emergent
(PSE), suscite un important besoin de financement des projets structurants. Ainsi,
l’endettement public devrait s’inscrire dans une trajectoire ascendante pour accompagner la
mise en œuvre de ce programme. A terme, l’économie devrait être capable de supporter la dette
publique et de créer plus de richesse pour assurer simultanément le remboursement des prêts et
l’atteinte des objectifs de transformation structurelle de l’économie et d’émergence.
La présente étude a montré que l’économie devrait être capable de supporter une augmentation
de 10% de la dette publique et que celle-ci agirait significativement sur les agrégats
macroéconomiques dont certains indicateurs rendent indirectement compte du bien-être des
ménages. La consommation des ménages devrait faiblement augmenter suite à la hausse de la
dette publique. En outre, une hausse de 10% de la dette publique utilisée à des fins
d’investissement entraînerait une augmentation de la production jusqu’à 3,5% à la cinquième
période (« règle d’or »).
Par ailleurs, la dette publique extérieure aurait un effet significatif et positif plus accentué sur le
niveau de la production, l’investissement et la consommation des ménages. Par contre, la dette
33
intérieure contractée exclusivement auprès du secteur privé national n’est pas nécessairement
souhaitable car elle pourrait engendrer un risque d’éviction et une récession dans l’économie.
Les résultats montrent également que le taux d’intérêt de la dette publique agit faiblement sur
l’activité économique de façon générale.
Selon l’étude, la transmission intergénérationnelle suggère que même si les générations futures
vont supporter davantage le poids de la dette, elles devraient bénéficier de meilleures
conditions de vie pour exploiter leur potentiel de créativité et d’entrepreneuriat. Toutefois, la
hausse de l’endettement public conduit à un creusement du déficit du compte courant.
En guise de recommandations, l’Etat devrait financer son déficit par l’endettement avec plus de
prudence, sous réserve que cet endettement soit utilisé à des fins d’investissement et de soutien
à la production ainsi qu’en faveur du relèvement du capital humain. De plus, l’Etat doit à la
fois considérer le financement par la dette extérieure dont les effets positifs sont plus
importants sur les agrégats macroéconomiques, et le marché sous-régional, considérant la
faiblesse de l’épargne nationale et les risques d’éviction de l’investissement privé. L’étude
suggère également d’orienter la commande publique vers le secteur privé domestique afin de
ne pas atténuer les effets positifs de l’entrée de fonds issus de l’endettement public sur le
compte courant. Il est donc mieux indiqué d’associer les entreprises nationales dans la
réalisation des projets publics.
L’étude montre également que la baisse du taux d’intérêt se traduit par un impact positif sur
l’économie, même si son influence est très faible. Aussi faudrait-il rechercher des financements
moins onéreux et diversifier les sources d’endettement.
Enfin, l’élargissement de l’assiette fiscale pourrait être un atout très important pour la
soutenabilité de la dette. Elle permettrait à l’Etat de mobiliser plus de ressources lui conférant
davantage de marge dans la gestion du portefeuille de la dette.
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Annexe
-----------------------------------------------------
MODEL SIMULATION
Simulation concluded successfully after 3 iterations.
Total time of simulation : 0.015
Convergency obtained.
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EIGENVALUES:
Modulus Real Imaginary
1.216e-16 -1.216e-16 0
0.07077 0.07077 0
0.3613 0.3613 0
0.6249 0.6249 0
Inf Inf 0
There are 1 eigenvalue(s) larger than 1 in modulus
for 1 forward-looking variable(s)
The rank condition is verified.