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4 Amnesty International informations mensuelles internationales Vol. VIII, n 1 Janvier 1978 La conference internationale d'AI 117 PAYS CITiS DANS I.E RAPPORT I .e Rapport d 'A tnnesty International sur la peine de mort adopte pour /977, publie le 8 decembre dernier, rend compte de violations des droits de la Declaration de Stockholm La conference internationale sur l'abolition de la peine de mort, convoquee par 4/ a Stockholm, a acheve ses travaux le 11 decembre 1977 en adoptant a l'unanimité la Declaration de Stockholm. La Declaration reprend les principales conclusions et recommandations de la conference, qui a dure deux Ours et qui a ete ouverte par le premier ministre de la Suede, M. ThorbOrn FALLDIN, et presidee par M. Garfield TOOD (Rhodisie/Zimbabwe). A/ donnera a la Declaration la plus large publicite possible dans le cadre de son programme pour l'abolition de la peine de mort. DECLARATION DE STOCKHOLM 11 decembre 1977 l.a Conference de Stockholm sur l'abolition de la peine de mort, reunissant plus de 200 délégués et participants d'Asie, d'Afrique, d'Europe, du Moyen-Orient, de l'Amerique du Nord, de l'Amerique du Sud et des Antilles, RAPPE1 LE QUE: La peine de mort est l'ultime peine cruelle, inhumaine et degradante et une violation du droit A la vie. CONSIDERE QUE : La peine de mort est souvent employee comme moyen de repression contre des mouvements d'opposition ou des groupes raciaux, ethniques, religieux et défavorisés. L 'execution est un acte de violence, et la violence tend a engendrer la violence. Imposer et intliger la peine de mort, c'est faire violence A tous ceux qui parti- cipent a ce processus. L'effet de dissuasion de la peine de mort n'a jamais eté démontré. La peine de mort prend de plus en plus souvent la forme de disparitions disparitions inexpliquées, d'exécutions sans Mgement et d'assassinats politiques. L'exécution est irrevocable et peut frapper des innocents. AFFIRME QUE: L'Etat a le devoir de protéger la vie de toutes les personnes qui sont placees sous sa juridiction, sans exception. Les executions visant A imposer une contrainte politique, qu'elles soient le fait d'organismes officiels ou autres, sont egalement inadmissibles. L'abolition de la peine de mort est une condition indispensables de la mise en oeuvre des normes internationales proclamées. DECLARE: Etre totalement et inconditionnellement opposée A la peine de mon. Condamner toutes les executions, sous quelque forme que ce soit, commises ou tolérées par les gouvernements. Etre déterminée a oeuvrer pour l'abolition universelle de la peine de mort. INVITE: Les organisations non gouvernementales nationales A travailler ensemble et séparément pour fournir A l'opinion publique une documentation en faveur de l'abolition de la peine de mort. Tous les gouvernements A abolir immédiatement et entièrement la peine de mort. Les Nations Unies a proclamer sans amhiguite que la peine de mon est contraire au droit international. • Le texte integral du rapport sur la Conference de Stockholm sera distribué le plus tot possible aux participants, aux sections nationales d',41 et a d'autres organisations et personnes. POUR 1977 l'homme dans 117 pays. Ce rapport annuel, qui compte 152 pages et qui est le plus long qu'ait publie AI, mon- tre que les droits de l'hornme sont violes dans la majorite des pays du monde et que tons les regimes, touts les blocs politiques ou ideologiques sont en cause, malgre la Decla- ration universelle des droits de l'homme adoptée en decembre 1948. Dans la preface, Thomas H AMMA R BERG, citoyen suedois et president du Comite executif international d'A /, declare que ce qui est alarmant, ce n'est pas seulement le nombre des pays on les droits de l'homme sont yioles, c'est aussi le fait que le rapport contienne si peu d'élements positifs: si cer- tains pays ont libere un nombre important de prisonniers politiques, cela est loin de com- penser la degradation de la situation dans d'autres parties du monde». 1.e rapport est etabli par pays parce que « les techniques repressives varient... Dans certains pays, le regime au pouvoir permet A des formations paramilitaires d'enlever, de torturer et d'assassiner des militants poli- tiques; dans d'autres, les prisonniers politi- ques sont detenus sans jugement pendant des annees. Dans certains postes de police, on pratique la torture par chocs electriques, dans d'autres, on recourt A des methodes psychologiques,,. Des statistiques refletent Eactivite du Secretariat international et des sections nationales d'A I. Ainsi, du ler juin 1976 au 30 juin 1977. 41 a pris en charge 2285 cas nouveaux de prisonniers et 1657 prisonniers ont ete liberes; le ler juillet 1977, le nombre total des prisonniers adoptes on dont le cas &tan a l'enquete s'elevait A 4196. xl I a orga- nise 208 fois des actions d'urgence dans des cas de torture ou dans d'autres situations particulierement alarmantes. L'aide appor- tee aux prisonniers et aux familles de pri- sonniers a represent& 125 000 livres sterling, soit 2 0(X) liyres de plus que l'annee prece- dente. Pendant la meme periode. A a envoy& des missions et des observateurs dans 22 pays et a publie des rapports imprimes concernant 19 pays. nombre des groupes d'adoption d'A / dans 31 pays a augmente de 270 par rapport A l'annee precedente. En juillet 1977, A / comptait quelque 168 (XX) membres ou sym- pathisants dans 107 pays, soit 71 (XX) Mem- bres et 29 pays de plus que durant l'exer- cice precedent. 1 e Rapport d'Amnestv International pour 1977 (352 pages) est publie en anglais par Amnesty International Publications, 1(1 Southampton Street, 1.ondon WC2E 7F-11-, Grande-Bretagne. Prix : 2 livres sterling. Des traductions sont en COW'S.

International 1 1978Stockholm de convoquee a principales qui FALLDIN, la pour mort. STOCKHOLM 1977 plus Moyen-Orient, Antilles, RAPPE1 QUE: une vie.: des et défavorisés. violence

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  • 4Amnesty Internationalinformations mensuelles internationalesVol. VIII, n 1 Janvier 1978

    La conference internationale d' AI 117 PAYS CITiS DANS I.E RAPPORTI .e Rapport d 'A tnnesty International

    sur la peine de mort adopte pour /977, publie le 8 decembre dernier,rend compte de violations des droits de

    la Declaration de StockholmLa conference internationale sur l'abolition de la peine de mort, convoquee

    par 4/ a Stockholm, a acheve ses travaux le 11 decembre 1977 en adoptant a

    l'unanimité la Declaration de Stockholm. La Declaration reprend les principalesconclusions et recommandations de la conference, qui a dure deux Ours et qui

    a ete ouverte par le premier ministre de la Suede, M. ThorbOrn FALLDIN,

    et presidee par M. Garfield TOOD (Rhodisie/Zimbabwe). A/ donnera a la

    Declaration la plus large publicite possible dans le cadre de son programme pour

    l'abolition de la peine de mort.

    DECLARATION DE STOCKHOLM

    11 decembre 1977

    l.a Conference de Stockholm sur l'abolition de la peine de mort, reunissant plus

    de 200 délégués et participants d'Asie, d'Afrique, d'Europe, du Moyen-Orient,

    de l'Amerique du Nord, de l'Amerique du Sud et des Antilles,

    RAPPE1 LE QUE:La peine de mort est l'ultime peine cruelle, inhumaine et degradante et une

    violation du droit A la vie.

    CONSIDERE QUE :La peine de mort est souvent employee comme moyen de repression contre des

    mouvements d'opposition ou des groupes raciaux, ethniques, religieux et

    défavorisés.L 'execution est un acte de violence, et la violence tend a engendrer la violence.

    Imposer et intliger la peine de mort, c'est faire violence A tous ceux qui parti-

    cipent a ce processus.L'effet de dissuasion de la peine de mort n'a jamais eté démontré.

    La peine de mort prend de plus en plus souvent la forme de disparitions

    disparitions inexpliquées, d'exécutions sans Mgement et d'assassinats politiques.

    L'exécution est irrevocable et peut frapper des innocents.

    AFFIRME QUE:L'Etat a le devoir de protéger la vie de toutes les personnes qui sont placees

    sous sa juridiction, sans exception.Les executions visant A imposer une contrainte politique, qu'elles soient le fait

    d'organismes officiels ou autres, sont egalement inadmissibles.

    L'abolition de la peine de mort est une condition indispensables de la mise en

    oeuvre des normes internationales proclamées.

    DECLARE:Etre totalement et inconditionnellement opposée A la peine de mon.

    Condamner toutes les executions, sous quelque forme que ce soit, commises

    ou tolérées par les gouvernements.Etre déterminée a oeuvrer pour l'abolition universelle de la peine de mort.

    INVITE:Les organisations non gouvernementales nationales A travailler ensemble et

    séparément pour fournir A l'opinion publique une documentation en faveur

    de l'abolition de la peine de mort.Tous les gouvernements A abolir immédiatement et entièrement la peine de mort.

    Les Nations Unies a proclamer sans amhiguite que la peine de mon est contraire

    au droit international.• Le texte integral du rapport sur la Conference de Stockholm sera distribué le plus tot

    possible aux participants, aux sections nationales d',41 et a d'autres organisations et personnes.

    POUR 1977

    l'homme dans 117 pays.Ce rapport annuel, qui compte 152 pages

    et qui est le plus long qu'ait publie AI, mon-

    tre que les droits de l'hornme sont violes

    dans la majorite des pays du monde et quetons les regimes, touts les blocs politiques ou

    ideologiques sont en cause, malgre la Decla-

    ration universelle des droits de l'homme

    adoptée en decembre 1948.Dans la preface, Thomas H AMMA R BERG,

    citoyen suedois et president du Comite

    executif international d'A /, declare que

    ce qui est alarmant, ce n'est pas seulement

    le nombre des pays on les droits de l'homme

    sont yioles, c'est aussi le fait que le rapport

    contienne si peu d'élements positifs: si cer-

    tains pays ont libere un nombre important de

    prisonniers politiques, cela est loin de com-

    penser la degradation de la situation dans

    d'autres parties du monde».1.e rapport est etabli par pays parce que

    « les techniques repressives varient... Dans

    certains pays, le regime au pouvoir permet

    A des formations paramilitaires d'enlever, de

    torturer et d'assassiner des militants poli-

    tiques; dans d'autres, les prisonniers politi-

    ques sont detenus sans jugement pendant

    des annees. Dans certains postes de police,

    on pratique la torture par chocs electriques,

    dans d'autres, on recourt A des methodespsychologiques,,.

    Des statistiques refletent Eactivite du

    Secretariat international et des sections

    nationales d'A I. Ainsi, du ler juin 1976 au30 juin 1977. 41 a pris en charge 2285 cas

    nouveaux de prisonniers et 1657 prisonniers

    ont ete liberes; le ler juillet 1977, le nombre

    total des prisonniers adoptes on dont le cas

    &tan a l'enquete s'elevait A 4196. xl I a orga-nise 208 fois des actions d'urgence dans des

    cas de torture ou dans d'autres situations

    particulierement alarmantes. L'aide appor-

    tee aux prisonniers et aux familles de pri-sonniers a represent& 125 000 livres sterling,

    soit 2 0(X) liyres de plus que l'annee prece-

    dente. Pendant la meme periode. A a

    envoy& des missions et des observateurs dans

    22 pays et a publie des rapports imprimes

    concernant 19 pays.nombre des groupes d'adoption d'A /

    dans 31 pays a augmente de 270 par rapport

    A l'annee precedente. En juillet 1977, A /

    comptait quelque 168 (XX) membres ou sym-pathisants dans 107 pays, soit 71 (XX) Mem-

    bres et 29 pays de plus que durant l'exer-

    cice precedent.1 e Rapport d'Amnestv International pour

    1977 (352 pages) est publie en anglais par Amnesty

    International Publications, 1(1 Southampton

    Street, 1.ondon WC2E 7F-11-, Grande-Bretagne.

    Prix : 2 livres sterling. Des traductions sont en

    COW'S.

  • DES PRISONNIERS D'OPINIONSONT INVITES A I,A CEREMONIEDE I,A REMISE DU PRIX NOBEL

    A/ dyad inv ite les trots prisonniers du moisde decembre 1977 - Mlle SUGLIAH (Indo-nesia Alfredo BRAVO (Argentine) et SergeiKOVALYOV (UMon sovietique) - a la cere-monie de remise du Prix Nobel de la Paix, le10 decembre a Oslo. Une invitation avaitete pries d'autoriser ces prisonniers a assistera la ceremonie. Malgre eela, aucun d'euxete priesd'autoriser ces prisonniers a assistera la ceremonie. Malgre cela, aucun d'euxn'a recu la permission de se rendre enNorvege.

    1.c prix - d'une valeur de 83 000 livressterling - a ete recu au nom du mouvementpar fhomas HAMMARBERG, president duComite executif international (CEO d' Al.Le discours de reception du Prix Nobel dela Paix 1977 a ete prononee le II decembrepar M Unita/ SOYSAL, vice-president duCFI et ancien prisonnier d'opinion.

    Le montant du prix sera verse a un fondsspecial et utilise pour le developpement desact ivites internationales d'A/ et pour d'autresprojets dans le cadre des objectifs et duprogramme du mouvement.

    A/ SE FELICITE IW I,IBERATIONSAU VIET NAM

    Le 17 septembre 1977, on a annonce auViet Nam que 1613 fonctionnaires de l'anciengouvernement Thieu avaient ete liberes.Cette amnistie marquait la fete nationale duViet Nam qui est célebrée le 2 septembre.

    Le 23 novembre, Al a adressé une lettre aM. PHAM VAN DONG, premier ministrede la Republique socialiste du Viet Nam, sefelicitant des liberations et demandant desprecisions sur le nombre et les categories depersonnes encore detenues pour «reeduca-tion » (v oir le Bulletin CAT, page 2).

    A/ PREND EN CHARGE LES CASDE QUINZE PRISONNIERS EN ISRAEL

    Au cours du mois de novembre 1977, Ala pris en charge les cas de quinze prisonniersen Israel et dans les territoires occupes. Parmieux se trouvent six etudiants de l'ecole d'en-seignement supérieur de Bethleem, dontl'arrestation est en rapport avec la parutionde deux revues universitaires: A/ Jami'a(l'Universite) et At-Tali'a (l'Avant-garde),en mars et avril 1977. Environ trois centsetudiants ont signe une petition pour pro-tester contre l'arrestation de leurs camaradeset contre les restrictions generales a la liberted'opinion. Cette petition a eté publiêe parAl-Manar, a Londres, le 12 novembre.

    A/ PROTESTE CONTRE DESCONDAMNATIONS A MORT

    AUX PHILIPPINES

    Le 28 novembre 1977, AI a envoye aupresident MARCOS un telégramme pro-testant contre la condamnation a mort deBenigno AQUINO, Bernabe BUSCAYNOet Victor CORPUZ. Al a proteste aussicontre le recours a des tribunaux militaireset a demande l'annulation du proces destrois hommes.

    L'ancien sénateur Aquino, age de 44 ans,qu'A / a adopté depuis longtemps, est enprison depuis la declaration de l'etatd'urgence, en 1972. ll etait alors secretairegeneral du parti liberal, oppose au gouver-nement, et l'on estimait generalement qu'il

    serail le rival le plus important du presidentMarcos lors des elections présidentiellesprévues pour novembre 1973 mais quin'eurent jamais lieu. II fut accuse de meur-tre, de subversion et de detention illegaled'armes.

    Les deux autres inculpes furent accusesde subversion et NI. Buscayno rut accuseaussi de meurtre. Ils auraient tous deux eteparmi les dirigeants de la nouvelle armeedu peuple, organisation clandestine.

    A la suite de nombreuses protestationsinternationales, le president Marcos decida,le 29 novembre dernier, que les trois pri-sonniers seraient juges a nouveau devantun tribunal militaire. Le 30 novembre, Alenvoya au president un nouveau telegrammedeclarant que des detenus civils ne devaientpas etre juges par des tribunaux militaires.

    Dans une decision adoptee a l'unanimitele 15 decembre, la cour supreme des Philip-pines a demande aux autorités chargees del'administration en vertu de l'etat d'urgencede surseoir a un nouveau proces de N4.Aquino devant un tribunal militaire. Lesjuges de la cour supreme ont critique laprocedure appliquee par le tribunal mili-taire, qui a conclu a la culpabilite deM. Aquino alors qu'une demande de com-parution emit en suspens devant la cour.

    La cour supreme doit rendre sa decisionfinale a la fin du mots de janvier.

    DECISIONS DUCOMITE EXECUTIF D'Al

    A la reunion qu'il a tenue a Londres ennovembre 1977, le Comite exécutif interna-tional (CEI) a decide qu'Al devait accepterle prix Nobel de la paix et a pris les dernieresdispositions pour faire representer le mouve-ment a la céremonie de remise du prix (voirpage 2).

    Le CEI a aussi examine les dispositions aprendre pour la conference sur la peine demort qui a eu lieu a Stockholm en memetemps que la remise du prix Nobel.

    Le CEI a decide d'examiner ses methodesde travail et son fonctionnement et a repartientre ses dix membres les Caches pour 1978.

    Le Comité a estime qu'une etude desressources des sections nationales, au sens leplus large, serait d'une grande utilite pourevaluer et planifier l'avenir du mouvement.Un questionnaire destine A toutes les sectionsest en cours de preparation.

    En outre, le CEI a approuvé en principele calendrier des activites de 1978 pour l'en-semble du mouvement.

    Dick OOSTING, juriste hollandais, a étenommé secrétaire general adjoint d'Al,compter du ler decembre. II est entre ausecretariat international en 1974, en qualited'organisateur de la Campagne pour l'abo-lition de la torture, apres avoir travaille pourla Section neerlandaise d'A/.

    June RAY a ete nommée a un poste dechercheur pour le Moyen-Orient au depar-tement de la recherche. Elle etait assistantedans ce departement depuis trois ans. LI

    UN JOURNAL DU BANGLADESHCRITIQUE L'ACTION

    L'hebdomadaire de langue anglaiseHoliday paraissant a Dacca avait publie, le30 octobre 1977, un article consacre a l'appeladresse par Al au president du Bangladesh,ZIAUR RAHMAN, pour lui demanderd'ordonner qu'il soit mis fin immediatementaux executions massives de militaires (voirles Informations de decembre 1977). Les

    militaires en question avaient ete executes ala suite de proces devant des tribunauxspeciaux, parce qu'ils auraient eté metes aune tentative de coup d'Etat militaire aDacca, le 2 octobre.

    L'article critiquait A / pour son interven-tion dans une affaire «essentiellernent mili-taire II y etait dit : « II est surprenantqu'en traitant de la situation actuelle anBangladesh, Al n'ait pas fait preuve du bonsens qu'on lui prete generalement... Per-sonne ne songe a nier le rOle joue par A/ enfaveur de la cause de la liberte dans le mondeentier.« Mais le journaliste demandait a Al« ce que le Bangladesh aurait cid faire deceux qui avaient massacre des gens pourdetruire l'armee et paralyser la defense».

    Dans sa reponse, publiee dans Holiday le27 novembre, le secretaire general d'Al,Martin Ennals, soulignait qu'« AI ne conies-tail en aucune facon le droit qu'a tout gou-vernernent de se montrer ferme a regard descivils ou des militaires qui cherchent a s'im-parer du pouvoir par la force. Mais Aldemande aux gouvernements de le faireouvertement et publiquement, en se confor-mant aux normes juridiques internationale-ment reconnues».

    Le paragraphe suivant de la lettre d'A /n'était pas reproduit: « II ne fait aucun doutequ'au cours des dernieres sernaines, 37 per-sonnes au moins et peut-,etre hien davantage,ont ete executees au Bangladesh. Des exe-cutions si nombreuses, a la suite de procesdevant des tribunaux speciaux sont, a notreconnaissance, sans precedent dans l'histoiredu Bangladesh...«

    Al a fait a nouveau etat de sa preoccupa-tion devant le fad que des jugements sansappel prononces par des tribunaux speciauxétaient loin de repondre aux exigences dudroit, merne dans des situations excep-tionnelles.

    La reponse d'A/ soulignait aussi quel'organisation etait opposee sans reserve a lapeine de mort. .1

    DES PRISONNIERS POLITIQUESAMNISTIES EN VOUGOSLAVIE

    Le 29 novembre 1977, le president JosipBroz TITO a amnistie tin grand nombre deprisonniers politiques. Dans une let treadressee au president le lendemain, A / aexprime l'espoir que tous les prisonniersd'opinion yougoslaves seraient liberes et queles cas de tous les citoyens yougoslavesaccuses de « propagande hostile» ou de«contacts avec des organisations hostiles del'etranger» seraient revus par les autoritesjudiciaires competentes.

    L'amnistie, qui marque le 40eme anni-versaire de la Republique federative socia-liste de Yougoslavie, aurait touche 218 pri-sonniers politiques. Scion des informationsde sources officielles, plus de la moitied'entre eux seront liberes et les autres verrontleur peine de prison reduite. M. MirkoKALEZIC, porte-parole du ministereyougoslave des affaires etrangeres, a declareavant l'annonce de l'amnistie qu' un nombreimportant de citoyens yougoslaves soupcon-nes de delits politiques et detenus preven-tivement seraient egalement mis au beneficedu decret d'amnistie.

    Parmi les prisonniers d'opinion adoptespar Al qui ont ete liberes se trouvent l'ecri-vain Mihajlo M1HAJLOV, le professeurMarko VESELICA, le juge Franc MIKLAV-C1C, le journaliste Victor BLAZ1C et ledocteur Djura DJUROV IC.

  • Nicola NOV AKOVIC - YougoslavieNikola NOVAKOVIC, age de 64 ans,

    pharmacologue, ancien membre du parti

    paysan croate (Hrvatska Seljacka Strana),

    a ete arrete par l'UDBA (la police secrete

    yougoslave) en mars 1977. II aurait eté tenu

    au secret pendant plus de quatre mois avant

    son proces.

    M. Novakovic a comparu le 3 aoat 1977

    devant le tribunal de district de Sarajevo,

    accuse d'avoir

  • 4

    ECRIVAINS ET POETESARRETES EN COREE DU Slit)

    Au cours des derniers mois, un certain

    nombre d'ecrivains et de poetes ont ete arre-

    tes en Coree du Sud pour des ecrits qui

    contiendraient des critiques du gouverne-

    ment. En vertu des dispositions de l'ordon-

    nance n° 9 relative a l'etat d'urgence, publiee

    en mai 1975, toute critique de ce genre est

    interdite en Coree du Sud.

    Au nombre des personnes arretees se trouve

    PARK Yang Ho, auteur d'un recit allego-

    rique intitulé a L'oiseau fou >>. Le redacteur

    de la revue qui a publie

  • amnesty international

    campagne pour l'abolition de la tortureol V. n 1 BULLETIN MENSUEL danvier 1978

    Alberto Falk-a-UT est pediatre. Apresavoir fait ses etudes A l'Universite natio-nate de Córdoha. ii tvait participe a l'orga-nisation de [association medicate deCordoba. II soignait des svndicalistes, desenfants dc families pauvres, des prisonnierspolitiques ci cur famine, cc qui lui a valud'etre enleve pins de disparaiire.

    Estela et son mari furent conduits ehacundans une voiture vers une destinationinconnue a env iron 20 minutes de chez eux.Leur fits Alfred .lose, âge de 3 ans, liiiconduit chez sa grand-mere, dans la pro -since du Chaco.

    Lorsqu'Estela trriv a au centre de deten-tion, on lui passa des menottes, on luiattacha les chevilles avec des chaines cade-nassees et on lui enserra la tete (fun masqueen tissu elastique. On lui donna immedia-lenient un numero A retenir: 103, puis ellefut soumisc a un interrogatoire serre stirelle-meme, sa famille et les activites de sonmart. Elle entendit dans la piece voisineson mari crier Assassins puts un terriblebruit d'eau. Elle se trouvait manifestementa côte de la chambre de torture.

    Les victimes etaient introduites dans lachambre de torture les unes apres les autres.Apres chaque entree, elle entendait le bruitd'eau et des cris de douleur, malgré lamusique diffusee tres fort en permanence.Tout A coup, Estela se rendit compte queson mari etait assis sur tine chaise a ceited'elle: elle avait reconnu son pantalon etses chaussures. A un moment donne, le chefentra et demanda oii es choses en Ctaient.On lui repondit que trois personnes - deuxhommes et une femme - avaient succombe.II leur dit de faire plus attention car

  • Bulletin CAT 2

    a e sPablo MORALES CRUZ et José DAMASOALTAMIRANO - Nicaragua

    Pablo MORALES CRUZ, age de 22 ans,

    et son voisin Jos& DAMASO ALTAMIRANO,

    d'age moyen, ont éte arretes par la garde

    nationale du Nicaragua le 23 aoilt 1977 et

    ont «disparu » depuis lors. Tous deux sont

    des paysans de la commune d'El Naranjo,

    dans la province &cartée de Zelaya. On craint

    que les deux hommes n'aient ete soumis

    des interrogatoires prolonges sous la torture

    et que leur vie ne soit en danger. Des paysans

    relaches aprés une mise au secret pouvant

    durer jusqu'a six mois ont affirm& qu'ils

    avaient subi de graves tortures.

    Des parents de M. Morales Cruz se sont

    rendus a Managua, la capitale, pour infor-

    mer la presse que les autorites locales avaient

    convoque Pablo pour etre interroge « dans

    l'un des camps entretenus dans la region par

    la garde nationale». II a et& arrête a son

    arriv&e. Un employe civil de la garde natio-

    nale a annonce a la famille de Pablo, a la

    fin d'aoilt, qu'il avait ete transfere dans un

    autre camp.M. Damaso Altamirann a ete arrete pres

    de chez lui et n'a pas été revu depuis.

    Plus de 250 paysans détenus dans la pro-

    vince de Zelaya depuis decembre 1974 ont

    fait l'objet d'enquetes d'A!. Le gouverne-

    ment du Nicaragua n'a pas formellement

    répondu, mais la plupart des groupes d'adop-

    tion d'A I ont recu de longs bulletins imprimés

    du service d'information du gouvernement

    du Nicaragua installe a Washington DC

    (Etats-Unis d'Amerique). Ces bulletins

    CONDAMNATIONS A MORTAUX BERMUDES

    Erskine BURROWS et Larry Winfield

    TACKLYN, deux Bermudiens noirs, ont &te

    exécutes le 2 décembre 1977 aux Bermudes;

    c'etaient les premieres executions qui avaient

    lieu sur le territoire depuis plus de 30 ans.

    AI avait demande une commutation de

    peine en apprenant qu'au mois de mai la

    commission des graces s'&tait prononcee

    contre la commutation. Des appels de der-

    niere minute ont egalement éte envoy&s par

    t&legramme et par telephone le ler decembre,

    veille des executions.

    Erskine Burrows a et& condamn& pour

    avoir assassine en 1973 le gouverneur des

    Bermudes, M. Richard SHARPLES. Initia-

    lement accuse de complicite, Larry Tacklyn

    a ete reconnu innocent. Plus tard, il a et&

    condamne a mort pour un autre meurtre.

    Avant le proces, M. Burrows et M. Tacklyn

    avaient ete declar&s coupables de meurtre

    par un coroner's court (jury preside par un

    officier de justice charge d'enqueter sur les

    cas de mort violente), ce qui est contraire a

    la legislation des Bermudes, conformiment

    a laquelle un inculp& doit etre consid&re

    comme innocent tant qu'il n'a pas ete reconnu

    coupable a l'issue d'un proces devant untribunal.

    La legislation des Bermudes autorise la

    defense ou le ministere public a demanderla constitution d'un jury « special» dont lesmembres sont choisis compte tenu de leur

    formation ainsi que scion un certain nombre

    soulignaient qu'il est difficile de suivre les

    cas individuels de droits de l'homme, et l'un

    d'eux indiquait « qu'il n'y a pas de régle-

    mentation concernant les papiers d'iden-

    tit& au Nicaragua». La plupart des docu-

    ments de cette source concernaient des

    groupes de guerilleros de gauche du

    Nicaragua.Des renseignements recus recemment de

    sources inckpendantes confirment que

    18 des paysans «disparus o de Zelaya avaient

    ete libéres, mais d'autres sont morts pen-

    dant qu'ils &talent detenus par la garde

    nationale.Dans les Informations de septembre der-

    nier, un appel special a ete lance en faveur

    de Solomon PEREZ LOPEZ et de cinq

    membres de sa famille arretes en fevrier

    1977. Le gouvernement n'a pas repondu acet appel, mais les autorites de l'Eglise

    catholique ont declare que M. Perez Lopezétait mort :

    « la longue liste comptant plus de

    200 noms de 'disparus' est presque intacte

    et, en ce qui concerne Solomon Perez Lopez,elle ne changera plus. Ses concitoyens l'ont

    trouve, avec d'autres, dans une fosse com-

    mune proche de la chapelle oü il etait

    'delegue de la parole de Dieu'. Néanmoins...

    peut-etre qu'un jour 'justice' sera faite.

    II est trés probable que les membres de la

    famille de Solomon sont avec lui...»

    Ecrire en termes courtois a l'adresse sui-

    vante pour demander que Pablo Morales

    Cruz et Jose Damaso Altamirano soient

    immediatement mis en jugement ou liberes:

    Exmo Sr Presidente General Anastasio

    Somoza Debayle, Casa Presidencial, Mana-

    gua, Nicaragua. Veuillez envoyer copie de

    vos lettres au representant diplomatique

    du Nicaragua dans votre pays.

    d'autres critéres determines. Le procureur

    general des Bermudes, Gerald COLLETT,

    decida de convoquer un jury «special» pour

    juger du cas de MM. Burrows et Tacklyn.

    Des 12 jures choisis, neuf étaient blancs,

    trois seulement etaient noirs, alors que 60 07o

    de la population des Bermudes est noire.Territoire dependant du Royaume Uni,

    les Bermudes fondent leur systeme et leurs

    principes judiciaires sur ceux du Royaume-Uni. La peine de mort a été abolie au

    Royaume-Uni en 1965, sauf pour un petitnombre de crimes contre l'Etat, mais lacondamnation a mort ne peut etre prononcee

    qu'a l'unanimite des membres du jury. Laloi britannique a ete amendee en 1974 afinde permettre, dans certaines circonstances,des decisions prises a la majorite; pour un

    jury de onze ou douze membres, cette majo-

    rite est fixee a 10. Or, la condamnationd'Erskine Burrows et de Larry Tacklyn a lapeine de mort a été prononcee a la majoritéde neuf seulement.

    Depuis 1958, sept condamnations a mortont ete prononcees aux Bermudes, mais dans

    chaque cas, la peine a ete commuee.

    • Grenade •

    Quatre hommes ont ete executes a Grenade

    le 17 novembre 1977. II n'y avait pas eu

    d'ex&cutions dans depuis le 31 mai 1962.

    Dans une lettre adressee a M. Eric GAIRY,premier ministre de l'ile, AI lui a demand&

    de faire tout ce qui &an en son pouvoir afin

    d'empecher l'execution de cinq ou six autrescondamnes a mort.

    CONDAMNATIONS A MORTAU VIET NAM

    Ayant appris que trois condamnations

    mort avaient &te confirmees dans la Repu-

    blique socialiste du Viet Nam, Al a adressele 17 novembre 1977 au président TON DUC

    THANG un tel&gramme exprimant son

    inquietude.

    NGUYEN Duc Hung, NGUYEN Huu

    Nghi et NGUYEN Suan Hung ont ete

    condamn&s en septembre 1976. Ils faisaient

    partie d'un groupe de 14 personnes arretees

    en fevrier 1976 apres des &changes de coups

    de feu avec la police qui auraient eu lieu aux

    abords de l'&glise catholique de Vinh Son

    on ils avaient trouve refuge. Un policier

    aurait été tue.

    Les trois condamnes seraient membres

    d'un groupe de resistance au régime actuel.

    Al a demande la commutation de leur peinepour des raisons humanitaires. Li

    REUNION DE LA COMMISSIONMEDICALE FRANc AISE D'A/

    Plus de 550 m&decins, infirmieres et

    etudiants en medecine ont assiste a Paris,

    le 30 novembre dernier, a une reunion

    d'information sur les activités de la com-

    mission médicale française d'AI. Ont pris

    la parole le docteur Alain BERNARD, pr&-

    sident de la commission, Mme Anne-Lise

    PICARD, membre de la commission, et trois

    membres du comite consultatif medical

    d'A I, ressortissants des Pays-Bas et du

    Danemark.Le docteur Bernard a souligne la respon-

    sabilite individuelle et collective de la

    communaute medicale, qui doit empecher

    que des membres des professions m&dicales

    participent directement a la torture, conseil-

    lent les tortionnaires, aident a faire dispa-

    raitre des traces de torture, perfectionnent

    les techniques de torture ou negligent deli-

    berément de soigner des prisonniers malades

    ou blesses et fassent interner dans des h6pi-

    taux psychiatriques pour leur faire adminis-

    trer des traitements des dissidents sains

    d'esprit.Mme Picard a invite ses collegues a parti-

    ciper au programme medical d'Al en France,

    qui comprend des campagnes d'actions

    urgentes pour des confreres et collegues

    emprisonnés et en cas de negligence grave

    ou de mauvais traitements, des efforts visant

    ameliorer et a faire appliquer les codes

    d'ethique médicale contre la torture, l'assis-

    tance médicale aux réfugies politiques en

    France et la formation d'un personnel

    medical de refugies capables d'aider leurs

    compagnons d'exil a se remettre des effets

    de l'emprisonnement et de la torture.

    Les docteurs Inge GENEFKE et Eric

    KARUPPEDERSEN ont park des travaux

    du groupe medical danois ei ont cite une

    etude recente sur la mort en detention du

    dentiste sud-africain Hoosen HAFFEJEE

    (Informations de decembre 1977). H

    Prisonniers libiris et cas nouveauxLe secretariat international a appris en

    novembre 1977 la liberation de 112 pri-

    sonniers adoptes ou dont le cas &tan a

    l'enquete et a pris en charge III cas

    nouveaux.