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C AMILLE -Y IHUA C HEN INVESTISSEMENTS CHINOIS EN FRANCE Mythes et Réalités éditions pacifica

investissements chinois en france-interieur · Regards croisés de Bretons et de Normands sur deux (gros) ... quelque peu sous-estimé les difficultés à venir au moment de se lancer

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CAMILLE-YIHUA CHEN

INVESTISSEMENTS CHINOIS

EN FRANCE

Mythes et Réalités

éditions pacifi ca

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Camille-Yihua Chen

InvestIssements ChInoIs

en FranCe

Mythes et Réalités

éditions pacifica

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Prologue

Les enjeux d’une alliance inéluctable

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La France est-elle attractive pour les investisseurs chinois ? À en juger par sa situation macro-économique, beaucoup seraient tentés de dire « non ». Il est en effet difficile d’espérer un retour sur investissement rapide et substantiel dans un pays qui cumule trois handicaps majeurs : une croissance en berne, une pression fiscale qui s’accentue et un coût du travail parmi les plus élevés d’Europe1. Sans compter les 35 heures, les RTT, les cinq semaines de congés payés et autres acquis made in France qui, dans un contexte de compétitivité accrue, ne contribuent pas toujours à montrer notre pays sous son meilleur jour.

Et pourtant, de nombreuses données et informations, recueil-lies à la fois auprès des spécialistes et sur le terrain, révèlent un phénomène surprenant : les Chinois, qui dès les années 2000 ont réellement commencé à investir dans l’Hexagone, n’ont jamais cessé d’y injecter des capitaux. Au point qu’en 2012 la France s’est imposée comme la première destination des investissements créateurs d’em-plois en provenance de Chine2 : sur la totalité des projets chinois dirigés vers l’Europe, 21 % sont allés vers la France, contre 16 % vers le Royaume-Uni et 7 % vers l’Allemagne. Il y a encore trois ans, l’Hexagone n’était que troisième sur le podium, derrière l’Alle-magne et le Royaume-Uni.

Décidément, le Coq gaulois ne laisse pas indifférent le Dragon chinois.1. Selon Destatis, office fédéral des statistiques allemand, la France est le quatrième pays le plus cher d’Europe, derrière la Suède, la Belgique et le Danemark, avec un coût horaire s’élevant à 34,90 euros.2. Source : AFII (Agence française pour les investissements internationaux).

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frontières. En 2011 par exemple, ses IDE en Europe ont triplé, pour atteindre 11 milliards d’euros5 ; et, de février 2012 à février 2013, ceux réalisés au niveau mondial ont bondi de 147,3 %, à 18,39 mil-liards de dollars, soit plus que les 17,48 milliards investis en Chine par les pays étrangers sur la même période. À l’avenir, l’enrichisse-ment de la population chinoise, et en particulier l’accélération de la création de grosses fortunes chinoises, qui cherchent à diversifier leur patrimoine à l’étranger, devraient contribuer à alimenter les mouvements de sortie des capitaux chinois.

Au stade actuel de leur développement, les entreprises chinoises sont de plus en plus nombreuses à s’internationaliser. Leur ob-jectif est triple : monter en gamme, promouvoir une stratégie de marque et élargir les réseaux de commercialisation. Une concur-rence accrue sur leur propre marché et une situation de surca-pacités dans certains secteurs (énergie solaire, etc.) les poussent aussi à chercher des relais de croissance à l’étranger. De leur côté, laminées par la crise, nombre d’entreprises occidentales au bord de la faillite cherchent des repreneurs et leurs niveaux de valori-sation deviennent accessibles. Le moment est opportun pour les sociétés chinoises de s’offrir à moindre coût technologies avancées, savoir-faire et marques connues. Le rachat de Moteurs Baudouin, fabricant de moteurs marins installé à Cassis, par le groupe chinois Weichai, et celui de McCormick, fabricant de transmissions de tracteurs basé à Saint-Dizier (Haute-Marne), par le chinois Yto, en constituent la meilleure illustration (cf. Chapitre IV). D’autres sociétés occidentales, par stratégie ou en quête de liquidités, ac-ceptent d’ouvrir leur capital à des investisseurs chinois, à l’instar de GDF Suez et du Club Med, ce qui, il y a encore quelques années, était inconcevable.

Soucieux de sécuriser ses 3 666 milliards de dollars de réserves

5. Source : Rhodium Group.

Le flux devrait grossirÀ combien se montent, au total, les investissements chinois dans

l’Hexagone ? La Banque de France avance le chiffre de 4,2 milliards d’euros, dont 3,5 milliards en provenance de la Chine continentale et 0,7 en provenance de Hong Kong3 (données arrêtées à fin dé-cembre 2012). Il nous semble cependant que l’ampleur des stocks d’investissements chinois en France a été sous-évaluée. Prenons par exemple la Chine continentale : rien que pour les treize plus gros investissements réalisés pour la seule période 2004 – 2012, le montant cumulé dépasse les 5,4 milliards d’euros (cf. Annexe) ! En-core ne s’agit-il là que d’une estimation qui ne tient compte ni des nombreux investissements plus modestes effectués sur la même période sous forme de fusion-acquisition, de prise de participa-tion, de création d’entreprise, de joint-venture, ni des rachats de vignobles, de châteaux, d’hôtels particuliers ou de prestigieux lo-caux commerciaux.

Bien sûr, même chiffrée à plus de 5,4 milliards d’euros, la pré-sence des capitaux chinois en France reste faible : les Français in-vestissent en effet trois à quatre fois plus en Chine (16,7 milliards d’euros à fin 2012)4 que les Chinois n’investissent en France. Néan-moins, tout porte à croire que les flux d’investissements chinois vers l’Hexagone devraient grossir.

Au siècle dernier, John Harry Dunning, économiste britannique connu pour ses travaux sur l’investissement direct étranger (IDE) a fondé une théorie selon laquelle dès lors qu’un pays voit son PIB par habitant franchir la barre des 5 000 dollars, il accélère ses in-vestissements à l’étranger. C’est ce qui s’est passé aux États-Unis, au Japon et en Allemagne ; c’est ce qui se passe actuellement en Chine. Alors que son PIB par habitant est passé de 5 414 dollars en 2011 à 6 500 en 2013, le pays a multiplié ses investissements hors de ses

3. Rapport annuel 2012 de la Banque de France.4. Source : Banque de France.

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CHAPITre I

Immobilier de prestige hôtellerie de luxe

Plus qu’un pied-à-terre, un puissant levier d’affaires

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Appartements de grand standing, hôtels particuliers, hôtels 4 et 5 étoiles, châteaux Renaissance, villas de luxe… Depuis 2011, les Chinois augmentent le nombre de leurs achats dans l’immobilier haut de gamme en France. Richissimes, décom-plexés, ambitieux et plutôt jeunes, les nouveaux venus au club des riches acheteurs étrangers ne cherchent pas seulement à goûter au French lifestyle  : soucieux de développer leurs activités, ils visent aussi la pierre comme levier d’action.

Loin des projecteurs, l’arrivée des investisseurs chinois dans l’immobilier de luxe est pourtant révélatrice d’un phéno-mène qui monte en puissance  : l’internationalisation de la gestion de fortune chinoise, privée et publique. Après les États-Unis, l’Australie, le Canada et l’Angleterre, la France entre – enfin ! – dans la ligne de mire des Chinois au porte-monnaie bien garni.

Pleins feux sur les acquéreurs et les investisseurs de l’ombre.

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CHAPITre II

Vin

Où s’arrête la folie acheteuse ?

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De Latour-Laguens à La Rivière, en passant par Riche-lieu, Chenu-Lafitte, Viaud, Laulan-Ducos, Grand-Mouëys, Belfont-Belcier, Bernadotte, Loudenne… : de 2008 à 2013, environ soixante-dix châteaux bordelais sont passés sous pavil-lon chinois. Et, à en croire les spécialistes, le mouvement n’est pas près de s’arrêter.

Très médiatisée, la vague de rachats par des Chinois a en-flammé l’opinion publique  : certains crient au dépeçage du patrimoine national, d’autres redoutent le pillage de nos technologies et savoir-faire. A contrario, les professionnels de la filière viticole, eux, restent plutôt sereins face à la « bor-deaux-mania » des acheteurs chinois.

Pourquoi une telle frénésie autour des vignobles bordelais ? Qui se cache derrière l’étiquette « acheteurs chinois » ? En se lançant dans une activité réputée difficile, à coups de mil-lions voire de dizaines de millions d’euros, les Chinois par-viennent-ils à rentabiliser leurs investissements ? Et si certains s’en sortent, quels sont les secrets de leur réussite ?

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CHAPITre III

Lait

Plongée au cœur d’une stratégie de sourcing

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Échaudées par les scandales sanitaires à répétition qui ont secoué leur pays, les mamans chinoises ne jurent plus que par le lait en poudre importé pour nourrir leurs bébés. Attitude paranoïaque, diront certains. Soit… Mais quand il s’agit de protéger leurs chérubins, les jeunes Chinoises sont prêtes à tout, c’est-à-dire à payer deux, trois, voire quatre fois plus cher, pour se procurer le précieux « or blanc » venu de l’étranger.

L’heure est grave pour les fabricants locaux  : face à une concurrence étrangère exacerbée (plus de 50  % du marché chinois), ils voient leur position se réduire comme peau de chagrin. Tant par impératif de survie que par fierté, certains d’entre eux ont tranché : il faut produire directement en terre étrangère, là où l’air est pur, les ressources saines et la main-d’œuvre qualifiée.

Pourvus de capitaux conséquents, deux groupes laitiers ont pris pied sur le sol hexagonal, l’un en Bretagne, l’autre en Normandie. Qui sont-ils  ? Pourquoi ont-ils opté pour la France ? Quel sera l’impact de leurs investissements sur l’éco-nomie locale ?

Regards croisés de Bretons et de Normands sur deux (gros) investisseurs venus de l’Empire du Milieu.

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CHAPITre IV

Industrie

Des Chinois veulent y croire

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L’industrie française décroche. Inexorablement. En trente ans, elle a perdu deux millions d’emplois, soit près de 67 000 par an. Dans un contexte où plans sociaux et fermetures d’usines continuent de noircir l’image d’un secteur en déclin, y investir revient à jeter l’argent par les fenêtres.

Pourtant, entre 2004 et 2013, au moins douze sociétés de Chine continentale1 ont osé parier sur l’industrie tricolore en y injectant chacune des dizaines, voire des centaines de mil-lions d’euros afin de produire sur place. Certaines d’entre elles ont jeté l’éponge  ; d’autres, plus nombreuses, résistent. Par-mi les « résistantes », la plupart avouent avec franchise avoir quelque peu sous-estimé les difficultés à venir au moment de se lancer sur le marché français. « La crise européenne qui n’en finit pas de durer a chamboulé nos prévisions initiales », lâchent-elles sur un ton étonnamment calme – qui n’en laisse pas moins percer une pointe d’inquiétude. En effet, avant d’avoir quelque chance d’aboutir aux résultats escomptés, il faut continuer de renflouer les caisses, à coup de millions, par-fois de centaines de millions d’euros, pour maintenir le ver-

1. Volontairement, nous avons choisi de focaliser notre regard sur les sociétés venues de Chine continentale, très différentes de celles de Hong Kong, qui fonctionnent généralement à l’occiden-tale.

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ÉPIlogue

Quand la France s’éveillera…

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Que retenir de notre « tour de France » des investissements chinois dans l’Hexagone ? De l’immobilier de luxe à l’industrie en passant par la filière viticole et le secteur laitier, un même constat s’impose, aux antipodes de stéréotypes simplificateurs : les Français qui partagent désormais leur quotidien profes-sionnel avec des Chinois sont, dans l’ensemble, contents de tra-vailler avec eux.

Mais les préjugés ont la vie dure ! Eh oui, c’est ainsi : en France, on a tendance à se montrer facilement critique vis-à-vis de tout ce qui vient de Chine, ou presque. Cependant, force est de recon-naître que les investissements chinois réalisés sur notre sol ont contribué à redonner de l’élan à l’économie tricolore. Partout où nos pas nous ont menés, nous avons entendu dire ici et là : « Heu-reusement, il y a les investisseurs chinois pour venir acheter des pro-priétés viticoles »… « S’il n’y avait pas eu les Chinois, l’usine aurait été condamnée »… « Tous les salariés ont été repris et tous les acquis sociaux conservés »… Autant de témoignages qui sonnent comme un refrain et qui, pour l’instant, semblent démontrer que l’afflux de capitaux chinois est loin de mettre en danger l’avenir de la France.

Le courant n’est pas près de se tarir, comme le laisse entrevoir Terra Lorraine, un méga projet sino-européen financé par des ca-pitaux privés. Il s’agit de construire, sur un site de 130 hectares à Illange, en Moselle, le premier complexe commercial et tech-nologique B to B dédié aux échanges entre l’Europe et la Chine. Une plateforme d’accueil d’investissements chinois où devraient

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Et pourtant, depuis qu’il a été annoncé, le projet Terra Lorraine n’a cessé d’être la cible d’un feu nourri de critiques. Fortement im-pliqué dans le projet, le Conseil général de Moselle «  a dû faire face aux doutes, aux rumeurs, voire aux entraves »1. Parmi ses nom-breux opposants, certains n’ont pas hésité à comparer Terra Lor-raine à « un cheval de Troie pharaonique »2, faisant allusion, bien sûr, à l’entrée sur le territoire européen d’investisseurs chinois. Ils oublient peut-être qu’en Chine ce sont… quatre projets identiques qui se préparent, avec pour objectif d’y introduire non pas un, mais quatre chevaux de Troie en provenance du Vieux continent. Bien-venue dans l’Empire du Milieu, venez nombreux !

La phase I des travaux est bien enclenchée, en Chine comme en France. La marche du siècle s’accélère. À n’en pas douter, les flux d’échanges entre l’Europe et la Chine vont s’intensifier, dans les deux sens. Nous n’en sommes qu’au début d’une mutation pro-fonde, certainement déconcertante, peut-être douloureuse, mais probablement salutaire.

D’une certaine manière, la Chine nous tend un miroir de vérité cruel : la France a peur de tout. Ce n’est pas bon signe. De Gaulle doit se retourner dans sa tombe, Alain Peyrefitte aussi3.

Quand la France s’éveillera, la Chine cessera de l’effrayer.

1. « Terra Lorraine à Illange : le cap des mille clients chinois dépassé », C’est demain, n°6.2. « Terra Lorraine à Illange, un cheval de Troie pharaonique ? », http://la-gauche-pour-sarregue-mines.over-blog.com, 11 mars 2012.3. Homme politique et académicien, Alain Peyrefitte est l’auteur de nombreux ouvrages, dont no-tamment Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera.

s’installer exclusivement des PME-PMI exportatrices, tous sec-teurs confondus : électronique, électroménager, équipements au-tomobiles, meubles... Comex Europe, le promoteur du projet, est parti du constat que la mondialisation ne profite principalement qu’à de très grosses entreprises et qu’il existe assez peu de circuits commerciaux directs (hors importateurs) conçus pour favoriser les échanges entre les PME-PMI chinoises et européennes, qui ont pourtant un rôle crucial à jouer dans la création de richesses et d’emplois. D’où l’idée d’un ensemble de cinq gigantesques pôles d’affaires qui leur sont dédiés : outre celui d’Illange, quatre autres seront implantés en Chine, répartis entre Harbin (nord), Chengdu (centre-ouest), Wuhan (centre-sud) et Zhongshan (sud), afin de permettre aux PME-PMI européennes exportatrices de s’y établir. Celui de Zhongshan, mis en chantier le premier, devrait être opé-rationnel dès 2014.

Lancés en octobre 2012, les travaux de construction du com-plexe d’Illange sont déjà bien avancés. La première tranche – qui sera suivie de quatre autres prévues dans le développement glo-bal du projet – comptera 50 hectares, sur lesquels sera édifié un centre d’affaires où les entreprises chinoises pourront disposer de bureaux de représentation, moyennant un bail de trois ans renou-velable. Chaque futur locataire sera tenu de remplir ses obligations contractuelles, dont notamment celle d’embaucher au moins un salarié européen de droit français. Ainsi, avec les 2 000 entreprises chinoises attendues pour 2015, ce sont 3 000 emplois directs qui pourront être créés d’ici là. Dans dix à quinze ans, lorsque l’en-semble du site sera achevé, le projet pourrait générer la création de 20 à 30 000 emplois. Sans oublier les activités logistiques, d’assem-blage et de service après-vente, elles-mêmes génératrices d’emplois.

Après l’Île-de-France, l’Aquitaine et la région Rhône-Alpes, la Lorraine devrait s’imposer à son tour comme l’une des destina-tions privilégiées des entreprises de Chine continentale.

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Prologue : les enjeux d’une alliance inéluctable

CHAPITre I : Immobilier de prestige - hôtellerie de luxe Plus qu’un pied-à-terre, un puissant levier d’affaires1.1. Une belle propriété en France : un must - La Chine,

une machine à fabriquer des milliardaires en dollars - Terre de France, un refuge pour les grandes fortunes chinoises

1.2. Appartements haussmanniens, châteaux, hôtels 4 et 5 étoiles, villas de luxe… : art de vivre, art des affaires - Se détendre dans son pied-à-terre à Paris, le temps des vacances - « En voyant le prix d’un château à 3 millions d’euros, ils explosent de rire ! » -Un hôtel 5 étoiles, pour promouvoir la haute gastronomie chinoise - Hong Kong bouscule l’univers des palaces parisiens - Une villa à Cannes au cœur du procès de Bo Xilai, l’ex-haut dirigeant chinois

1.3. Paris 16e et 8e, un nouveau China Town ?1.4. Quand un fonds souverain chinois sort du bois…

CHAPITre II : Vinoù s’arrête la folie acheteuse ?2.1. Environ 70 rachats en cinq ans - Touche pas à mon

château ! - Une filière en difficulté économique - Les Français représentent 80 % des acheteurs

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Table des matières

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2.2. Qui se cache derrière les acheteurs chinois ? - Se hisser au rang de leader mondial - Bâtir un business autour de la culture du vin - Faire du vin par passion - Investir ou spéculer ?

2.3. « J’ai le sentiment qu’ils ne s’intéressent pas à la viticulture. »

2.4. Un business modèle à l’heure du test2.5. De l’argent sale dans le vignoble bordelais ?2.6. Pillage de technologies et de savoir-faire ?2.7. Des châteaux plus prestigieux en ligne de mire2.8. Un vide juridique à combler2.9. Château de la Rivière : une belle histoire

de rencontre entre deux civilisations

CHAPITre III : laitPlongée au cœur d’une stratégie de sourcing3.1. Confiance évaporée - Six morts et 300 000

contaminés - Le lait n’est tout de même pas un produit high-tech - Quatre fois plus cher : qui dit mieux ? - Retour en grâce des fabricants nationaux ?

3.2. La France au cœur d’une stratégie de sourcing3.2.1. Synutra-Sodiaal : le « mariage » d’un vieux couple

- « Une sacrée bouffée d’oxygène » - Carhaix en tire profit - Des éleveurs bretons s’interrogent

3.2.2. Biostime - Isigny Sainte-Mère : une alliance d’un genre inédit - Isigny Sainte-Mère réinvente les règles du jeu - Quelle marge bénéficiaire pour l’éleveur ?

3.3. Une dynamique positive dans une filière complexe

CHAPITre IV : IndustrieDes Chinois veulent y croire4.1. Des premiers pas difficiles dans la majorité des cas

- Euro-Auto Hose : entre négligence américaine et malversations chinoises - Le Cabanon : le mystère

reste entier - Adisseo et BlueStar Silicones : deux pépites qui valent leur pesant d’or. - NFM Technologies : bilan tout à fait positif - Plysorol : une histoire comi-tragique - Moteurs Baudouin : le phénix renaît de ses cendres - Goss France : une étonnante délocalisation - Yto France : pas question de lâcher - Petroineos : une opération hautement stratégique - Lisa Airpla-nes : à nous deux, le ciel chinois ! - Manoir Industries : quand la filiale rachète la maison-mère

4.2. Des capitaux chinois redonnent vie à des PME françaises

4.2.1. Des investissements lourds et à long terme - « Weichai démontre un attachement rare à réussir son acquisition. » - « BlueStar soutient tous nos investisse-ments en Europe ! » - « Notre nouvel actionnaire n’a pas cessé d’investir en France. » - « Mais bien sûr, nous produirons des tracteurs en France ! » - Une stratégie de conquête internationale - Gare aux spéculateurs ! - À la recherche de synergies

4.2.2. Effectif, salaires, acquis sociaux : rien n’a changé4.2.3. « Nous n’avons pas vu débarquer un management

chinois pour remplacer l’équipe française. »

ÉPIlogue : Quand la France s’éveillera…

AnnexeRemerciements

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Châteaux, vignobles, immobilier de prestige, industrie, télécom-munications, finances, énergies, mode… : l’appétit de l’Empire du Milieu pour tout ce que l’Hexagone compte d’attractif grandit et les Chinois ne lésinent pas sur les moyens pour s’en porter acqué-reurs. De par leur forte valeur symbolique (rachat du château de Viaud) ou stratégique (entrée du fonds souverain China Investment Corporation au capital de GDF Suez), les investissements chinois en France enflamment l’opinion. Certains y voient un ballon d’oxy-gène pour l’économie locale ; d’autres, en revanche, redoutent le dépeçage du patrimoine national ou l’espionnage industriel. Preuve qu’il s’agit là d’un phénomène encore balbutiant, complexe et qui, à bien des égards, reste à défricher.

De l’Île-de-France à la Côte d’Azur, de la Bretagne à la Cham-pagne-Ardenne en passant par la Lorraine et la région Rhô-ne-Alpes, nous sommes allés à la rencontre d’investisseurs chinois et de Français qui partagent désormais avec eux leur quotidien professionnel. Au fil des entretiens – et de confidences glanées sous couvert d’anonymat – deux ou trois vérités émergent, qui viennent bousculer les quelques clichés qui circulent à propos des entrepreneurs venus de l’Empire du Milieu.

Alors que le « couple franco-chinois » fête ses cinquante ans, Investissements chinois en France - Mythes et réalités ouvre le débat sur un thème bien peu débattu et pourtant d’importance : l’investissement chinois en France est-il une chance pour l’écono-mie hexagonale ou, au contraire, une menace ?

Camille-Yihua Chen est directrice de la rédaction de Patrimoine & Marchés, magazine dédié aux investisseurs et aux conseillers financiers. Elle a été chef de rubrique de l’hebdomadaire Money Week - La Vie financière et a animé pendant deux ans la rubrique « Chinois en France » du magazine Chine Plus. Passionnée des problématiques économiques et financières majeures qui marquent les relations entre la France et la Chine, elle prépare actuellement le prochain tome du présent livre.

Prix : 21,50 € éditions pacifica9 782916 578224

ISBN 978-2-91-657822-4