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ISSN : 073-3454 lejournaldugrandparis.fr ENTREPRISES / TERRITOIRES / INNOVATIONS / ATTRACTIVITÉ SOMMAIRE ENTREPRISES ACTUALITÉS P. 2 À 4 Emerige va ouvrir Morland au grand public Emmanuelle Baboulin, membre du comité exécutif d’Icade « Icade et Grand Paris aménagement souhaitent réfléchir au développement urbain de Paris Nord » La SGP lance un premier programme d’accélération sur les commerces ÉVÉNEMENT P. 6-7 François Leclercq, architecte urbaniste « Il y a une certaine lassitude par rapport au train-train de l’aménagement » MARCHÉS PUBLICS P. 8-9 De nouvelles règles pour vos marchés publics Le décret d’application de l’ordonnance relative aux marchés publics vient d’être adopté TERRITOIRES ACTUALITÉS P. 10 À 15 Stéphane Salini, vice-président du conseil régional chargé des finances « Nous voulons refaire de la Région une collectivité d’investissement » Stif : la promesse de renouveler 700 rames attend son financement Christine Leconte, secrétaire générale de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France « Trois jours de débats pour une profession en (r)évolution » Predec : la Seine-et-Marne demande au préfet de retirer son recours « Que nous fassions ou non EuropaCity, cette zone sera de toute façon urbanisée » LA PHRASE SUR NOTRE SITE PORTRAIT LE CHIFFRE Christophe Dalstein, directeur d’EuropaCity 55  millions d’euros, c’est, in fine, le budget propre de la métropole du Grand Paris pour 2016, sur un budget total de 3,7 milliards d’euros Gambetta / EuropaCity / Syctom Haropa / Advancity / Eiffage Icade / Medef Paris / Stif / Eurorail Société foncière lyonnaise / ABB XPO Logistics / Alterservices Inspirience / Vedecom / IAU Epadesa / Plaine de France Ademe / Société du Grand Paris Opievoy / Openergy / SystemX CCI Paris Ile-de-France / RATP Padam / ForCity / Ordif / RIVP NUMÉRO 70 | DU 4 AU 10 AVRIL 2016 | 20 € U n dimanche sous la pluie parisienne, des feuilles de Journaux officiels sont venues réformer la commande publique. Ce n’est pas une surprise. Les réformes des marchés publics sont comme des marronniers tout aussi certains que le déroulé des saisons : parfois, elles ont lieu l’été, et l’acheteur dispose du seul mois d’août pour l’ingurgiter dans ses cir- cuits d’achat ; parfois elles ont lieu un week-end pascal et entrent en vigueur cinq jours après ! Dure, dure la vie d’acheteur au Grand Paris. A peine vérifiée la compétence juridique de la structure à laquelle il appartient, appréhendés les nouveaux méandres urbanistiques que l’acheteur du Grand Paris doit revoir sa copie. Un dossier de consultation rédigé ne peut pas faire l’objet d’une publication d’avis, sans un minimum de corrections et d’intégrations des nouvelles règles issues du décret du 25 mars 2016, publié ce dimanche 27 mars au JORF… et entrant en vigueur le 1 er avril ! Et ce n’est pas une blague : c’est du sérieux. La réforme est bien réelle. Certes, la France n’y est pour rien : elle devait transposer les nouvelles directives euro- péennes adoptées en 2014. Et pour une fois, elle l’aura fait dans les temps. Elle est loin l’époque où les pouvoirs publics attendaient d’être condamnés par la juridiction européenne pour daigner transposer une directive marchés publics. Le discours politique dira que la nouvelle réforme favorise l’accès des PME, renforce la transparence dans les marchés publics et sur- tout… simplifie énormé- ment les procédures. Bien sûr ! En marché public, il y a une religion : il faut croire en la simplification et à l’accès des PME pour toute réforme. Vous devez y croire, jusqu’à la prochaine réforme. Et celle-ci est déjà annoncée : vous aurez un nou- veau code en 2017, si le Parlement autorise le gouvernement à le faire par voie d’ordonnance. Et après, en 2018, vous aurez la révolution ! Ce sera l’obligation de dématérialisation des marchés publics, qui changera bien des pratiques. Et ce n’est pas un poisson d’avril. Il y aura de la casse, forcément ! Il fau- dra passer de 11 % de marchés dématérialisés à 100 % en seule- ment deux ans ! La France n’a pas le choix. Mais croyez-le : c’est pour favoriser l’accès des PME à la com- mande publique ! Vous n’y croyez pas ? Vraiment, vous ne croyez en rien ! Triste week-end pascal… Poisson d’avril pour vos marchés publics ! Il faut croire en la simplification et à l’accès des PME pour toute réforme Franck Boutté Incontournable p. 16 ÉDITORIAL par Jérôme Michon Responsable des pages marchés publics

ISSN LA PHRASE PORTRAIT LE CHIFFRE SUR … · Et ce n’est pas une blague : c’est du sérieux. La réforme est bien réelle. Certes, la France n’y est pour rien : elle devait

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73-3454

lejournaldugrandparis.fr

ENTREPRISES / TERRITOIRES / INNOVATIONS / ATTRACTIVITÉ

SOMMAIRE

ENTREPRISES

ACTUALITÉS P. 2 À 4Emerige va ouvrir Morland au grand publicEmmanuelle Baboulin, membre du comité exécutif d’Icade« Icade et Grand Paris aménagement souhaitent réfléchir au développement urbain de Paris Nord »

La SGP lance un premier programme d’accélération sur les commerces

ÉVÉNEMENT P. 6-7François Leclercq, architecte urbaniste« Il y a une certaine lassitude par rapport au train-train de l’aménagement »

MARCHÉS PUBLICS P. 8-9De nouvelles règles pour vos marchés publicsLe décret d’application de l’ordonnance relative aux marchés publics vient d’être adopté

TERRITOIRES

ACTUALITÉS P. 10 À 15Stéphane Salini, vice-président du conseil régional chargé des finances« Nous voulons refaire de la Région une collectivité d’investissement »

Stif : la promesse de renouveler 700 rames attend son financementChristine Leconte, secrétaire générale de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France« Trois jours de débats pour une profession en (r)évolution »

Predec : la Seine-et-Marne demande au préfet de retirer son recours

« Que nous fassions ou non EuropaCity, cette zone sera de toute façon urbanisée »

LA PHRASE SUR NOTRE SITEPORTRAIT LE CHIFFRE

Christophe Dalstein, directeur d’EuropaCity

55 millions d’euros, c’est, in fine, le budget propre de la métropole du Grand Paris pour 2016, sur un budget total de 3,7 milliards d’euros

Gambetta / EuropaCity / Syctom

Haropa / Advancity / Eiffage

Icade / Medef Paris / Stif / Eurorail

Société foncière lyonnaise / ABB

XPO Logistics / Alterservices

Inspirience / Vedecom / IAU

Epadesa / Plaine de France

Ademe / Société du Grand Paris

Opievoy / Openergy / SystemX

CCI Paris Ile-de-France / RATP

Padam / ForCity / Ordif / RIVP

NUMÉRO 70 | DU 4 AU 10 AVRIL 2016 | 20 €

Un dimanche sous la pluie parisienne, des feuilles de Journaux officiels sont venues réformer la commande publique. Ce n’est pas une surprise. Les réformes des marchés publics

sont comme des marronniers tout aussi certains que le déroulé des saisons : parfois, elles ont lieu l’été, et l’acheteur dispose du seul mois d’août pour l’ingurgiter dans ses cir-cuits d’achat ; parfois elles ont lieu un week-end pascal et entrent en vigueur cinq jours après ! Dure, dure la vie d’acheteur au Grand Paris. A peine vérifiée la compétence juridique de la structure à laquelle il appartient, appréhendés les nouveaux méandres urbanistiques que l’acheteur du Grand Paris doit revoir sa copie. Un dossier de consultation rédigé ne peut pas faire l’objet d’une publication d’avis, sans un minimum de corrections et d’intégrations des nouvelles règles issues du décret du 25 mars 2016, publié ce dimanche 27 mars au JORF… et entrant en vigueur le 1er avril !

Et ce n’est pas une blague : c’est du sérieux. La réforme est bien réelle. Certes, la France n’y est pour rien : elle devait transposer les nouvelles directives euro-péennes adoptées en 2014. Et pour

une fois, elle l’aura fait dans les temps. Elle est loin l’époque où les pouvoirs publics attendaient d’être condamnés par la juridiction européenne pour daigner transposer une directive marchés publics. Le discours politique dira que la nouvelle réforme favorise l’accès des PME, renforce la transparence dans les marchés publics et sur-

tout… simplifie énormé-ment les procédures. Bien sûr ! En marché public, il y a une religion : il faut croire en la simplification et à l’accès des PME pour toute réforme. Vous devez

y croire, jusqu’à la prochaine réforme. Et celle-ci est déjà annoncée : vous aurez un nou-

veau code en 2017, si le Parlement autorise le gouvernement à le faire par voie d’ordonnance. Et après, en 2018, vous aurez la révolution ! Ce sera l’obligation de dématérialisation des marchés publics, qui changera bien des pratiques. Et ce

n’est pas un poisson d’avril. Il y aura de la casse, forcément ! Il fau-dra passer de 11 % de marchés dématérialisés à 100 % en seule-ment deux ans ! La France n’a pas le choix. Mais croyez-le : c’est pour favoriser l’accès des PME à la com-mande publique ! Vous n’y croyez pas ? Vraiment, vous ne croyez en rien ! Triste week-end pascal… ■

Poisson d’avril pour vos marchés publics !

Il faut croire en la simplification et à l’accès des PME pour toute réforme

Franck Boutté Incontournable p. 16

ÉDITORIALpar Jérôme MichonResponsable des pages marchés publics

2 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

AMÉNAGEMENT

HAUTS-DE-SEINE IMMOBILIER

Le conseil régional investit l’Epfif. Mercredi 30 mars, le conseil d’administration a renouve-lé les instances de l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Ep-fif ). Valérie Pécresse a été élue présidente du conseil d’administra-tion, Bruno Beschizza, président de la Foncière commune, et Geoffroy Didier, président de la commission prospective foncière.

Matteo Perino, directeur du montage et de l’aménage-ment d’EuropaCity. L’ingé-nieur, diplômé de l’école polytech-nique de Turin, aura également la charge de piloter les études auprès des autorités administratives, ain-si que la définition du masterplan avec les équipes de maîtrise d’œuvre. Il rejoint ainsi l’équipe du projet touristique de 3,1 milliards d’euros porté par le groupe Au-chan au sein du Triangle de Go-nesse (Val d’Oise).

Avis de marché publié pour l’AMO des « Hubs du Grand Paris ». La Société du Grand Paris a lancé un marché d’assis-tance à maîtrise d’ouvrage pour la mise en œuvre d’une consulta-tion relative à la réalisation de projets urbains innovants autour des gares du Grand Paris express. Publié le 29 mars au Bulletin offi-ciel des annonces des marchés publics, l’avis sur ce concours baptisé « Les Hubs du Grand Pa-ris », comprend deux lots relatifs à l’assistance au pilotage et à l’as-sistance juridique.

Epaps : premières avancées. Le nouveau conseil d’administra-tion de l’Etablissement public d’aménagement Paris-Saclay (Epaps), présidé par Valérie Pécresse, a débattu d’une stratégie de développement économique afin d’intégrer les entreprises au centre de la dynamique du projet Paris-Saclay. Il arrêtera un plan d’action opérationnel au prochain conseil. Il a par ailleurs validé le budget 2016, arrêté à près de 79 millions d’euros.

En brefActualités

Le promoteur Gambetta monte en puissance en Ile-de-France Outre son ambition d’au moins doubler sa production de logements à l’intérieur de la Francilienne, le groupe compte se positionner sur les opérations d’aménagement du Grand Paris via Grand Paris accession, un groupement créé fin 2015 avec trois autres promoteurs coopératifs. « Le marché francilien redémarre et est le plus actif », assurait Philippe Devineau, directeur du développement du groupe basé à Cholet (Maine-et-Loire) lors de l’inauguration de la Maison inter-nationale de séjour, le 23 mars dans le 13e arrondissement de Paris. S’il s’agit de la première opération de Gambetta dans la Capitale, le promoteur est déjà présent en Ile-de-France où il a réalisé et vendu 30 000 logements. Il compte aujourd’hui accélérer la cadence. « Nous nous concentrons désormais sur ce marché et relançons, à partir de 2016, un plan offensif de construction de 650 à 700 logements par an, contre une moyenne de 80 en 2011 et 250 à 300 jusqu’à l’année dernière », poursuit Philippe Devineau. ■ F.P.

Deux ans de retard pour le Pôle culturel du R4 sur l’île Seguin Alors que ce projet privé n’a pas été évoqué lors de la réunion publique du 14 mars sur les « Grands pro-jets du XXIe siècle de la ZAC Seguin-Rives de Seine », sa directrice, Nelly Wenger, confirme sa réalisation. Toutefois, ses travaux devraient démarrer début 2017, soit près de deux ans après la date initialement prévue.Les travaux du pôle des arts plastiques et visuels du R4 (25 000 m2, 150 millions d’euros d’investissements) auraient dû débuter l’an dernier, en vue d’une inaugura-tion en 2017. Nelly Wenger impute ce retard à des pro-blèmes de « formalités administratives » dont des « clauses techniques suspensives », ce qui est en soi une excellente nouvelle. En effet, la mise en examen en 2015 de son principal et unique investisseur, Yves Bouvier, PDG de la société suisse Natural Le Coultre, aurait pu laisser supposer que le projet était mis en stand-by. « Pas du tout », rétorque Nelly Wenger, qui annonce un lance-ment des travaux en début d’année prochaine. ■ F.P.

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Site méconnu des bords de Seine, l’ensemble immobi-lier Morland (4e arr.) pré-

sente notamment la particularité d’être dominé par un bâtiment de 50 m qui offre un panorama à 180° sur la ville. Pour mener ce projet d’envergure, Emerige, promoteur presque exclusivement francilien, est allé chercher l’architecte britannique

David Chipperfield « pour ses qualités en matière de transformation de l’exis-tant ». Son travail est complété par celui de l’agence Michel Desvigne paysagiste et de CALQ architecture.

« L’image actuelle du site est plutôt austère et méconnue des Parisiens, notre volonté est de rendre le lieu ouvert à tous et attractif, en limitant le bilan carbone et les nuisances d’une restruc-

turation lourde », remarque Yann Bloch, directeur général adjoint déve-loppement immobilier d’entreprise d’Emerige.

Piscine et fitnessLa programmation finale reprend les

objectifs fixés par la mairie (66 places de crèche et 5 000 m2 de loge-ments sociaux) et y ajoute 5 000 m2 de logements intermédiaires et 5 800 m2 en accession. Un bar et un restaurant viendront se nicher aux 14e et 15e étages de la tour, qui accueillera également un hôtel de 147 clés et près de 10 000 m2 de bureaux, tandis qu’une auberge de jeunesse de plus de 400 lits prendra place dans l’immeuble central.

Afin de rendre le site attractif pour le grand public, une voie traversante reliant le boulevard Morland au quai Henri IV sera créée. Plus de 1 000 m2 de commerces et un marché (géré par Terroirs d’avenir) viendront s’instal-ler en pied d’immeuble, afin de drai-ner à l’intérieur des habitants du quartier qui pourront également se rendre à l’espace piscine et fitness.

Emerige a par ailleurs fait appel à Ubiant, afin de rendre le bâtiment smart grids : l’ensemble des données énergétiques seront ainsi partagées dans le but d’optimiser les besoins et de minimiser les consommations. Le chantier pourrait débuter fin 2017 en vue d’une livraison début 2020. ■�R.R.

Emerige va ouvrir Morland au grand publicAvec « Morland mixité capitale », projet lauréat de « Réin-venter Paris », le promoteur Emerige a pour ambition d’ouvrir cet ensemble de plus de 40 000 m2 de bâtiments au grand public.

RÉINVENTER PARIS

Des commerces et un marché prendront place en pied d’immeuble.

Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 3

ENTREPRISES / ACTUALITÉS

IAU

Un outil interactif pour mobiliser le foncierL’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France vient de mettre en ligne deux cartes interactives permettant de visualiser la propriété foncière et les densités bâties, à l’échelle de l’îlot. Le paysage urbain francilien est en pleine mutation, de même que les règles du droit de l’urbanisme. « Le schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) a fixé un cap : à l’horizon 2030, les trois quarts de la construction devront voir le jour dans l’enveloppe urbaine existante », rappelle l’IAU. L’outil mis en ligne vise à « accompagner les collectivités territoriales dans l’élaboration de stratégies foncières ». Pour les deux types de don-nées disponibles, il propose une comparaison avec les répartitions moyennes au niveau de la com-mune et de l’intercommunalité à partir des chiffres provenant des fichiers fonciers de la direction générale des finances publiques. ■� R.R.

LES CHIFFRES DE LA SEMAINE

13 000entreprises étrangères étaient établies en Ile-de-France en 2014, selon Paris Région entreprises, l’agence de développement d’Ile-de-France dans ses « Key figures 2016 ».

18 700millions d’euros ont été investis en recherche et développement en Ile-de-France durant l’année 2013. La Région capitale se place ainsi en première position européenne pour ces investissements, relève Paris Région entreprises.

4,6 %du produit intérieur brut de l’Union européenne est issu de l’Ile-de-France. Les 642 milliards d’euros de PIB francilien sont équivalents au PIB des Pays-Bas, selon les chiffres d’Eurostat publiés par Paris Région entreprises.

Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris

LA PHRASE

« Je réaffirme que, dans le cadre d’“Inventons la métropole”, ce sont bien les maires qui choisiront le projet le plus adapté à leur commune »

JGP : Quel est l’objet de la convention signée au Mipim avec Grand Paris aménagement ? Emmanuelle Baboulin : Cette convention de partenariat a pour objet de mener une réflexion com-mune et un certain nombre d’études sur l’évolution de Paris Nord. Grand Paris aménagement est l’aménageur de ce grand territoire, notamment sur Paris Nord 2 et Paris Nord 3, d’ores et déjà lancé, avec Aerolians, sur lequel l’ambition est de développer pas moins de 850 000 m2.

JGP : Icade est également déjà très présente sur ce territoire ? Icade y est en effet aujourd’hui proprié-taire d’un assez grand secteur, puisqu’il représente environ 15 % de Paris Nord 2. Il s’agit d’un parc d’acti-vités, mixte, mêlant bureaux et diverses activités tertiaires. Soit une surface de

QUESTIONS À…

25 ha, avec 155 000 m2 construits, ce qui représente à peu près 28 immeubles, une centaine d’entreprises et 4 500 emplois. Cela donne une idée du poids économique de la zone.

JGP : Le Grand Paris express va doper son développement ? Nous aurons, en effet, la chance d’avoir à l’extrémité de notre parc, l’arrivée de la ligne 17, avec une nou-velle gare du Grand Paris express. Cela va incontestablement emporter un certain nombre de conséquences en termes d’attractivité. D’un côté, Icade possède un parc dont un cer-tain nombre de bâtiments se révèlent aujourd’hui un peu obsolètes et qui ne sont plus toujours adaptés aux attentes des entreprises, aux nou-veaux usages. De l’autre, il y a notre voisin Grand Paris aménagement. L’idée est donc de réfléchir ensemble,

– quand on est plusieurs à réfléchir, c’est en général plus constructif –, à l’échelle d’un territoire plus grand, pour voir comment nous allons répondre à un développement éco-nomique programmé dans ce sec-teur, avec la zone du Bourget, la zone de Roissy, et le parc des expositions de Villepinte, à l’extension duquel Grand Paris aménagement réfléchit.

JGP : Quelles sont les questions que vous vous posez dans le cadre de ce projet ? Doit-on introduire de la mixité ? Envi-sager une programmation résidentielle ou hôtelière ? Mutualiser des ser-vices  ? Nous al lons réf léchir ensemble, avec Grand Paris aména-gement, à ces questions, pour voir quelles sont les meilleures pistes de réflexion et les meilleurs sujets à déve-lopper en termes de programmation

« Icade et Grand Paris aménagement souhaitent réfléchir ensemble au développement urbain de Paris Nord »

Emmanuelle BaboulinMembre du comité exécutif d’Icade en charge du pôle foncière tertiaire

urbaine, sur un territoire beaucoup plus large qu’à l’échelle d’un seul parc. Nous menons de semblables réflexions sur l’ensemble de nos parcs tertiaires, notamment pour y dévelop-per des services liés à la santé, au bien-être au travail, à la connectivité.Chez Icade, nous avons la chance d’avoir différents métiers : celui de foncière mais aussi celui de promo-teur, avec des compétences d’aména-geur. En les associant à Grand Paris aménagement, nous allons pouvoir mener des réflexions plus nourries encore. Il s’agira aussi d’imaginer des immeubles réversibles, dont la struc-ture primaire pourra permettre la trans-formation facilitée. Il y a aussi, évidem-ment, des considérations économiques et financières à prendre en compte. Il ne s’agit pas d’imaginer une program-mation qui soit idéaliste ou utopique.

JGP : Quel est votre calendrier de travail ? L’objectif est d’aboutir rapidement à de premiers scénarios que l’on pourra défendre auprès de l’en-semble des collectivités locales. Ensuite, auprès des acteurs écono-miques afin de fixer des ambitions de développement compatibles avec les échéances de temps, notamment de l’arrivée du Grand Paris express. Nous avons prévu un premier point d’étape dès cet automne. Nous sou-haitons être rapidement opération-nels. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR J.P.

4 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

ENTREPRISES / ACTUALITÉS

© C

D 9

4 Les solutions proposées doivent permettre aux commerces de fonctionner pendant le chantier.

RATPRepenser le métroLa RATP, accompagnée par Numa, invite designers, développeurs, makers, artistes, architectes et porteurs de projets à repenser les espaces de la RATP et à imaginer des services digitaux innovants durant deux journées et demie (du 8 au 10 avril chez Numa) de hackathon, précédées d’une journée d’immersion. Des experts seront présents pendant tout l’événement, dont le thème est cette année le vivre-ensemble, pour accompagner les équipes : mentors RATP, designers UX, ingénieurs du son, game designers.

COMMUNICATION4e édition du Start-up projectPremier accélérateur d’accès au marché de la communication, le Start-up project, lancé en 2011 par l’AACC et Cap digital, lance son 4e appel à candidatures. Ce programme conjugue mentorat par des professionnels de la communication, hébergement d’équipes et cursus de formation. « Il offre un potentiel d’intégration des services et/ou des technologies des start-up dans des propositions commerciales d’agences et permet d’intégrer une place de marché », expliquent ses organisateurs.

OPEN INNOVATION2e édition pour Drim’in SaclayLa CCI Essonne, en collaboration avec l’association MIM présidée par Bernard Monnier, organise la 2e édition de Drim’in Saclay du 14 au 16 juin prochain. Cette convention d’open innovation dédiée à la transition énergétique propose aux entreprises, start-up, experts, chercheurs et étudiants, de trouver des solutions en mode collaboratif pendant trois jours, afin de relever les défis posés par des grands comptes.

les nouveaux usages, et également comme un accélérateur de développe-ment chez les porteurs de projets », signale Bluenove.Cette dernière entreprise, basée à

Paris et Montréal et spécialisée dans l’innovation ouverte, a remporté le marché d’accompagnement de la SGP dans ce programme. Elle inter-viendra aux côtés de ses deux parte-naires : Cap digital, le pôle de com-pétitivité de la transformation numérique, et ExploLab, un cabinet de conseil en stratégie et innovation.Les porteurs de projets pourront

candidater jusqu’au 10 mai. Le 10 juin seront dévoilés les cinq lauréats qui bénéficieront d’un soutien finan-cier et méthodologique afin d’accé-lérer leurs projets et conduire une expérimentation terrain pendant six mois (juillet-décembre 2016). Les solutions concluantes pourront ensuite être déployées.

Pour en savoir plus sur cet appel à solutions innovantes, un espace dédié a été créé sur le site internet de la Société du Grand Paris. Une réu-nion d’information est également organisée le 5 avril à 12h30, dans les locaux de Cap digital. ■ R.R.

Après l’appel à manifestations d’intérêt sur le numérique en 2014 et la démarche d’in-

novation ouverte en 2015, le maître d’ouvrage du Grand Paris express devait présenter sa stratégie numé-rique. Avant même cette étape, un programme d’innovation est lancé visant à « répondre aujourd’hui aux besoins des commerçants et des popu-lations en période de chantier, et demain aux nouveaux usages liés aux infrastructures mises en service d’ici à 2030 ». Entreprises, indépendants, associations, etc. sont appelés à se manifester pour répondre aux enjeux

suivants : imaginer la façon dont fonctionneront les commerces et ser-vices de proximité demain (nouveaux modes de commercialisation, inté-gration des commerces et services de proximité dans les nouvelles gares…) ; développer l’activité des commerces et services de proximité pendant la phase de chantier (acces-sibilité, visibilité, canaux de commer-cialisation alternatifs).

Vivier de solutions« Cette initiative va agir à la fois

comme un vivier de solutions pour les commerçants et les collectivités sur

La SGP lance un premier programme d’accélération sur les commerces La Société du Grand Paris (SGP), en partenariat avec Bluenove, ExploLab et Cap digital, lancera le 5 avril un appel à solutions innovantes pour un programme d’expé-rimentation sur les commerces et services de proximité.

INNOVATIONEn brefInnovation

L’étude de faisabilité, réalisée en 2015, ayant confirmé la pertinence de la création d’un datacenter com-munautaire, une 2e phase d’étude visant à calibrer le projet va être menée en 2016, en vue de son ins-tallation fin 2018 sur le site EDF de Champagne-sur-Oise (Val d’Oise).Le conseil départemental du Val

d’Oise, moteur du projet, a voté le 25 mars le lancement d’une étude du design, pour l’installation de ce datacenter et de sa plateforme de

services. Cette phase « vise à calibrer le projet, son modèle économique et la structure de partage dans ses aspects financiers et économiques », a expli-qué Pierre-Edouard Eon, conseiller départemental délégué au numé-rique. L’étude de faisabilité a déjà permis d’établir un coût global éva-lué à 13 millions d’euros.

Smart cityDans le cadre de l’étude de faisabi-

lité, une vingtaine d’acteurs publics

locaux ont été consultés afin d’évaluer leurs besoins en matière de numé-rique. Le datacenter communautaire pourrait leur permettre d’accéder à un hébergement de leurs données et des services dans le cloud, afin de mettre en œuvre des démarches d’e-démo-cratie, de dématérialisation, d’open data ou de smart city.

L’année 2016 doit permettre à ce projet – unique en Ile-de-France – de finaliser le partenariat avec EDF qui propose, sur son site de Champagne-sur-Oise, une parcelle de 6 000 m2 pour l’accueillir, avec une réserve fon-cière en cas de besoin d’extension. L’ancienne centrale qui s’y trouve sera en partie dynamitée cet été. ■ R.R.

Le datacenter communautaire en phase d’étude opérationnelle

VAL D’OISE

Arcueil

Gentilly Le Kremlin Bicêtre

Cachan

FresnesRungis

Thiais

Orly

Villeneuve-le-Roi

Chevilly-Larue

Ablon-sur-Seine

Choisy-le-Roi

Ivry-sur-Seine

Vitry-sur-Seine

VillejuifAlfort-ville

St-Maur-des-Fossés

Charenton-le-Pont

St-MauriceMaisons-

Alfort

Joinville-le-Pont

VincennesFontenay-sous-Bois Le

Perreuxsur-

MarneBrysur-

Marne

St- Mandé

Villiers-sur-Marne

Sucy-en-Brie

Champigny-sur-Marne

Ormesson-sur-

Marne

Le Plessis-Trévise

La Queue-

en-Brie

Chennevières-sur-Marne

Noiseau Bonneuil-sur-

Marne

Limeil-Brévannes

Boissy-St-Léger

Valenton

Villeneuve- St-Georges

Marolles-en-Brie

SantenyVillecresnes

Mandres-les-Roses

Périgny-sur-Yerres

Viry-Chatillon

Athis-MonsJuvisy-

sur-Orge

Paray-Vieille-Poste

Morangis

Savigny-sur-Orge

St-Ouen

Villeta-neuseEpinay-sur-Seine

Pierrefitte-sur-

Seine

Gournay-sur-Marne

Tremblay-en France

VillepinteAulnay-sous-Bois Sevran

Livry-Gargan Coubron

Vaujours

Montfermeil

Clichy- sous-Bois

Le Blanc-Mesnil

Dugny

Le Bourget

Drancy

Bondy

LesPavillons- sous- Bois

GagnyVillemombleRosny-

sous-BoisNeuilly-

PlaisanceNeuilly-sur-

Marne

Noisy-le-Sec

Romainville

MontreuilBagnolet

Stains

LaCourneuve

Aubervilliers

Pantin

Les Lilas

Le Pré- St-Gervais

Noisy-le-Grand

Villeneuve-la-Garenne

Ile- St-DenisGennevilliers

Colombes

La Garenne-Colombes

Bois-Colombes

Asnières- sur-

Seine

Courbevoie

Rueil-Malmaison Suresnes

Puteaux

ClichyLevallois-

PerretNeuilly-

sur-Seine

GarchesVaucresson Saint-

Cloud

Issy-lesMoulineauxSèvres

Ville-d'Avray

Marnes-la Coquette

MeudonChaville

Clamart

Le- Plessis-Robinson

Châtenay-Malabry

Sceaux

Fontenay- aux-Roses

Châtillon

VanvesMalakoff

Montrouge

Bagneux

Bourg-la-

Reine

Montmorency

L’Haÿ- les-Roses

Nogent-sur-Marne

St-Denis

Le Raincy

Boulogne-Billancourt

Antony

Palaiseau

ArgenteuilSaint-

Germain-en-Laye

Torcy

Sarcelles

CRÉTEIL

BOBIGNYNANTERRE

PARIS

VERSAILLES

ÉVRY

VERSAILLESVERSAILLES

Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray

VERSAILLES

Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray

VERSAILLES

Ville-d'Avray Ville-d'Avray

VERSAILLES

Ville-d'Avray

VERSAILLES

Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray Ville-d'Avray

VERSAILLESVERSAILLESVERSAILLESVERSAILLES

Le Blanc-SevranSevranSevran

Vaujours

Aulnay-sous-

Aulnay-sous-Bois

Aulnay-sous-BoisBois Sevran

VaujoursVaujoursVaujours

Le Blanc-Mesnil

Bourget

Le Blanc-Mesnil

Bourget

Le Blanc-MesnilMesnil

Aulnay-

10 mai 2016 - ParisCRÉATION DES EPT ET DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS : LES ENJEUX DE GOUVERNANCE

JOURNÉE D’ACTUALITÉ MÉTROPOLE

organisée en partenariat avec La Caisse d’Epargne

À l’heure où se mettent progressivement en place les établissements publics territoriaux (EPT), Le journal du Grand Paris Formation organise, le 10 mai 2016, en partenariat avec la Caisse d’Epargne, une matinée de formation sur les enjeux de gouvernance de ces territoires.

Quels sont les modèles d’organisation mis en œuvre dans les di� érents territoires, avec les communes membres, leurs équipes et leurs élus ? 

La création des EPT, prétexte à l’innovation managériale ?

Quel impact sur les projets d’aménagement en cours ?

Quelle organisation RH pour la métropole du Grand Paris ? 

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FICHE D’INSCRIPTION ✂Retrouvez le programme détaillé sur www.lejournaldugrandparis.fr

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(RCS Paris) – Code APE 5814Z

Epinay-sur-SeineEpinay-sur-SeineEpinay-sur-SeineEpinay-sur-Seine

Villeneuve-Villeneuve-Villeneuve-Villeneuve-la-Garenne

PuteauxPuteaux

Clichy

sur-Seinesur-Seinesur-Seine

INTERVENANTS : Jean-Pierre Peretti, consultant associé, KPMGMarc-Antoine Vincent, consultant, directeur de Chalenges PublicsNicolas Portier, délégué général de l’ADCFGuillaume Clédière, DGS de Grand Paris Grand Est (T9)Michel Guenneau, DGS de Vallée Sud Grand Paris (T2)Antoine Valbon, DGS du T12, délégué régional de l’ADGCFPhilippe Vizerie, mission de préfi guration de la métropole du Grand Paris 

GRAND TÉMOIN :Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux et président du CSFPT

INFORMATIONS PRATIQUESDate : 10 mai 2016 de 8h30 à 13h

Lieu : BPCE - Salle Rome27, rue de la Tombe Issoire, 75014 Paris

L’inscription comprend un livret de formation

Renseignements et inscriptions :Dominique PillasE-mail : [email protected] Tél. : 01 75 77 87 25Adresse : JGP Formation27, rue du Chemin Vert 75011 Paris

Tarif formation : 490 € HTEntreprises ou collectivités abonnées au journal du Grand Paris : 390 € HT

A4-FormationJGP-10-05-16-v2.indd 1 31/03/2016 17:59

6 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

ÉVÉNEMENT

INTERVIEW

ces gares. Alors que le nombre de mètres carrés par employé diminue, et que la demande globale de bureaux baisse... Ces chiffres avaient un côté un peu absurde.

JGP : Vous proposez que le permis de construire des bureaux prévoie systématiquement leur possible réversibilité en logement...Le fait que le bureau aime le neuf crée de nombreux cadavres. La durée de vie des bureaux est de plus en plus courte. Avec cette tendance des chefs d’entreprise – qui ne sont jamais pro-priétaires – de vouloir les derniers bureaux à la mode, comme on s’achète la dernière BMW. Déména-ger, cela permet en outre de restruc-turer les entreprises à moindre coût... Il y a donc beaucoup de bureaux vides actuellement. C’est pourquoi nous avons proposé que le permis de construire de chaque mètre carré de bureau prévoie sa transformation en logement, sa réversibilité. Comme les permis de construire comportent déjà un volet paysager, ils comprendraient aussi un volet transformation. Dès lors, on peut continuer à construire des bureaux, des centres d’affaires. Mais la réversibilité fait que ce n’est pas si grave. Ce serait aussi une sécurité pour l’investisseur.

JGP : Vous approuvez la création des 14 « Hubs du Grand Paris » ? Oui, si l’on arrive à les définir préci-sément. Toutes les modélisations montrent que la double dispersion – des logements et des bureaux – est ce qu’il y a de plus consommateur en transport. Il n’y a pas de quoi nourrir toutes les gares du Grand Paris express pour en faire autant de hubs. Donc si l’on arrive à choisir judicieusement 14 sites, par rapport à leur bassin de vie et d’emploi, c’est une bonne idée. Il existe déjà des hubs très forts, qu’il faut renforcer

fois fantasmagorique. Puis, le moteur très puissant de ce métro automa-tique a fonctionné. Même s’il était ébranlé par des situations budgé-taires complexes, il a continué depuis. Il a même préfiguré la réalité administrative de la métropole et fabriqué, en quelque sorte, les contours de la métropole actuelle.

JGP : Plusieurs visions du Grand Paris s’opposaient alors ? Au début, il y avait huit clusters répartis autour de 40 gares. C’était la vision colbertiste de Christian Blanc. Il s’agissait de bâtir des lieux qui ne se faisaient pas concurrence, et qui avaient une visibilité interna-tionale : la médecine à Villejuif, la logistique à Roissy, la finance à La Défense, le développement durable dans l’Est. C’était peut-être illusoire, mais cela constituait une image fédé-ratrice. Puis quand on est passé aux contrats de développement territorial (CDT), avec une démocratie retrouvée par rapport au système très centra-lisé de Blanc, il y a eu de nom-breuses discussions qui ont abouti à ce que l’on multiplie les gares. La programmation des clusters s’est un peu dissoute. Et c’est là qu’est sorti le chiffre extravagant de 11 millions de m2 de bureaux prévus autour de

JGP : Quel regard portez-vous sur le Grand Paris ?François Leclercq : Ce qui m’inté-resse dans le Grand Paris, c’est la manière dont il s’est construit. Au commencement était le métro… Tout est parti de là. Et aujourd’hui, tout converge encore sur ce réseau. Il y a eu, à l’origine, la décision de Chris-tian Blanc – qui a succédé à de nom-breux projets portés par la SNCF et la RATP – affirmant qu’il manquait des infrastructures lourdes de trans-port dans la région parisienne. Après le RER, en effet, on voit beaucoup de crédits sur les routes, mais très peu d’investissements continuels sur le métro. Puis la Société du Grand Paris a porté cette idée du Grand Paris express et travaillé sur le sujet dans toutes ses dimensions. Je me sou-viens, d’ailleurs, que plusieurs de mes camarades étaient contre ce métro, estimant qu’il fallait le faire autrement, ou ne pas le faire du tout...

JGP : Quel rôle a joué l’Atelier international du Grand Paris ? On a inventé et raconté plein de choses au sein de l’AIGP. Sur le rap-port du Grand Paris à la nature, aux nouvelles mobilités, aux manières de construire, de traiter des hubs, déjà, de manière un peu pharaonique, par-

Il a préfiguré la réalité administrative de la métropole et fabriqué, en quelque sorte, les contours de la métropole actuelle

GRAND PARIS EXPRESS

Nous avons proposé que le permis de construire de chaque mètre carré de bureau prévoie sa transformation en logement

RÉVERSIBILITÉ

Sur de vastes emprises disponibles, il faut effectivement mettre le paquet si cela crée de nouvelles polarités urbaines

DENSIFICATION

QU’EN PENSE-T-IL ?

« Il y a une certaine lassitude par rapport au train-train de l’aménagement »François Leclercq, architecte urbaniste, membre du conseil scientifique de l’Atelier international du Grand Paris

(AIGP), estime que la mode des « Réin-venter » illustre à la fois la raréfaction de l’argent public, les mutations du

secteur privé, et une lassitude face au conformisme et à la standardisation de l’aménagement, ces dernières années.

© D

R L’autoroute A4, fil rouge des projets de l’Est parisien.

Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 7

ÉVÉNEMENT

« En tant qu’urbaniste, j’aime bien l’idée d’une métropole large qui intègre la ville et la campagne, indique François Leclercq. Il peut exister une osmose ville/nature selon des formes nouvelles, loin du Paris historique. Au-delà du schéma aggloméré, la métropole du quotidien peut aussi s’écrire selon un schéma éclaté. Cependant, je respecte l’idée d’un exécutif lisible qui s’occuperait d’un territoire précis,

ce qui peut être le cas pour la zone dense. Dans un principe de pratique du quotidien de la ville vécue autour des réseaux autoroutiers ou ferrés, incluant ville dense et campagne, comment trouver une expression démocratique ? Il s’agit d’une de mes interrogations constantes, comment faire atterrir un système démocratique sur une métropole large et polymorphe ? »

« J’aime l’idée d’une métropole large »

REPÈRES

1982 : Lauréat du Pan XII

1985 : Lauréat des Albums de la jeune architecture

1988 : Prix de la Première œuvre du Moniteur

1993 : Prix du Palmarès de l’Architecture de la SCIC - Catégorie « logement »

1996 : Prix spécial du jury de l’Équerre d’argent du Moniteur

1998 : Lauréat du Palmarès de l’architecture de la SCIC - Catégorie « bureaux et équipements »

2001 : Membre de l’Académie de l’architecture

pour qu’ils aient une lisibilité plus que métropolitaine, et il faut en effet en créer d’autres, dans une optique de rééquilibrage territorial.

JGP : L’objectif de création de 70 000 logements par an crée des polémiques. Comment l’appréciez-vous ? Il faut, en la matière, jouer sur toutes les lignes. Il y a effectivement ce que l’on appelle le foncier invisible. On avait, par exemple, étudié la transfor-mation de l’A4 en créant une auto-route apaisée. Avec des véhicules roulant moins vite, toute une frange peut devenir constructible. Il s’agit aussi de regarder sur toutes les friches industrielles, avec un objectif à la fois qualitatif et efficace. La densifica-

tion-élévation constitue une autre ligne. A Paris, dans des zones qui le méritent, sans bâtir des immeubles de grande hauteur (IGH) mais en élevant un peu les bâtiments, avec des struc-tures légères. Ce peut être des initia-tives privées, un R+4 qui passe à R+6, avec de la structure bois, simple. On a travaillé aussi sur la densification du pavillonnaire. Tout cela est difficile. Est-ce que les rues sont prévues pour ? Est-ce que les réseaux sont prévus pour ? Je ne fais pas d’angé-lisme sur ces questions... Il y a aussi la question de savoir comment habiter les rez-de-chaussée. Des tas de friches commerciales, de dead mall, vont exis-ter, tant le commerce – extrêmement utilisateur de mètres carrés en Ile-de-France – subit des mutations.

JGP : Et la densification, souvent présentée comme la principale solution ? Sur de vastes emprises disponibles, il faut effectivement mettre le paquet si cela crée de nouvelles polarités urbaines, pour passer à un Grand Paris plus multipolaire. Mais il faut alors, en plus du transport, du bureau et du loge-ment, des équipements de tous les genres afin que l’on ait envie de s’y rendre quand on est à Paris. Il faut que ce soit des villes à part entière.

JGP : Vous défendez également un certain étalement ? La distance n’est pas forcément le mal et la densité le bien. Il y a aussi le lointain. Des gens habitent le 77, le 78, le 91 ou le 95 et travaillent à Paris

ou à La Défense. Ce sont des modèles qui ne sont pas à bannir absolument. Même s’ils sont consommateurs de bagnoles. On ne peut obliger tout le monde à aller habiter un R+10 à tel endroit. Le pavillon, c’est aussi de l’agriculture de proximité, ce peut être des maisons énergétiquement auto-nomes. A Madrid, Los Angeles ou Chicago, il existe des voies dédiées aux bus sur les autoroutes, qui relient des villages aux centres urbains. La France est le pays d’Europe où le télé-travail est le moins utilisé. Il faut que cela avance. Des villes comme Paris resteront très attractives, au niveau mondial, mais en même temps génèrent une fatigue, un mouvement centripète. Il faut jongler avec les deux. L’ambition du Grand Paris doit être de conserver ses habitants, même s’ils ont trois enfants...

JGP : Comment jugez-vous la mode des « Réinventer », Paris, la Seine, la métropole ? C’est une tendance très lourde dans l’aménagement, de passage au privé. Avant, c’était les collectivités territo-riales ou l’Etat qui portaient les pro-grammes, sollicitaient des archi-tectes, des urbanistes. Désormais, le privé s’implique davantage. C’est une tendance que l’on voit dans toutes les villes depuis trois ou quatre ans. Bien sûr, financièrement, parce que les collectivités sont ratiboisées écono-miquement. Parallèlement, le privé a pas mal évolué. Beaucoup de petits promoteurs sortent des sentiers bat-tus, et les gros se réinventent. On est tous fatigués d’une certaine standar-disation. Et comme ils font à la fois des routes, du service, de l’énergie et des bâtiments, les majors de la pro-motion ont monté des centres de recherche et de mise en équation de toutes leurs compétences pour fabri-quer la ville. La mode des « Réinven-ter », c’est jouer sur les nouvelles compétences des groupes, leur inven-tivité programmatique, jouer sur la difficulté financière des collectivités, et jouer sur un dernier élément : il y a une certaine lassitude par rapport au train-train habituel, par rapport au catéchisme un peu sérieux de l’amé-nagement depuis plusieurs décen-nies. Même s’il est très vertueux par ailleurs. Ce que je souhaite, c’est que la multiplication de ces concours ne confine pas à l’épuisement. ■�

� PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER

François LeclercqArchitecte-urbaniste

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DOSSIER

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Entrée en application immédiate En prévoyant une entrée en vigueur au 1er avril 2016, le décret place les acheteurs dans une situation délicate : la date à prendre en compte est la date d’envoi de l’avis d’appel public à la concurrence à l’organe de publication ou de la lettre de consultation. Or les pièces d’un marché sont ― par définition ― rédigées avant de procéder à une telle publicité. Les rédacteurs de tels futurs documents contractuels doivent donc anticiper l’entrée en application d’un décret, dont ils avaient peut-être pris connaissance

des grandes lignes en lisant nos colonnes, mais dont le texte définitif a été publié seulement quelques jours avant son entrée en vigueur. Les dossiers de consultation doivent être corrigés afin d’intégrer les termes du nouveau décret. Certes, l’ordonnance prévoit que, chaque fois qu’un renvoi au Code des marchés publics sera réalisé, il faudra considérer que l’acheteur renvoie à ladite ordonnance. Mais encore faudrait-il que l’article visé soit numéroté à l’identique dans l’ordonnance ou le décret. Or, il n’en est rien.

EN CHIFFRES

130 000pouvoirs adjudicateurs en France. C’est autant que leur nombre cumulé dans tous les autres pays européens !

500nouveaux articles environ en cumulant l’ordonnance du 23 juillet 2015, les deux décrets du 25 mars 2016 et les cinq avis complémentaires.

La jurisprudence du Conseil d’Etat est intégrée dans le décret s’agissant de la validité, pour un acheteur, de « se réserver la possibilité » de négocier en procédure adaptée.

De nouvelles règles pour vos marchés publicsCette fois, c’est fait : le décret d’ap-plication de l’ordonnance relative aux marchés publics vient d’être définiti-

vement adopté, et entre en applica-tion dès le 1er avril ! Il fixe de nou-velles règles contraignantes pour les

acheteurs du Grand Paris. Voici quelques points-clés de ce nouveau corpus juridique.

1CONSULTATIONS PRÉALABLES

Le décret permet aux acheteurs de réaliser des consultations, solliciter des avis, faire réaliser des études de marché ou informer les opérateurs économiques de leur projet et de leurs exigences. Les résultats de ce sourçage peuvent être utilisés par l’acheteur, à condition qu’ils n’aient pas pour effet de fausser la concur-rence et n’entraînent pas une viola-tion des principes de liberté d’accès à la commande publique, d’égalité de traitement des candidats et de transparence des procédures.

2OBLIGATION D’ÉVALUATION PRÉALABLE

Pour les projets d’investissement dont le montant dépasse 100 millions d’eu-ros HT, une évaluation préalable du mode de réalisation s’impose. Celle-ci devra comporter une présentation générale de l’acheteur et du projet (his-

torique, contexte, enjeux, etc.) ; une analyse comparative en valeur actua-lisée des différentes options de mon-tages contractuels et institutionnels comprenant : un cadrage, incluant le périmètre, les procédures et le calen-drier pour chacune des phases de réalisation du projet, ainsi que la durée totale du contrat ; et une estimation en coût complet (programmation, concep-

valorisation financière de ces risques, devra être établie.

3NÉGOCIATION ENVISAGEABLE

La jurisprudence du Conseil d’Etat est intégrée dans le décret s’agissant de la validité, pour un acheteur, de « se réserver la possibilité » de négocier en procédure adaptée et d’expliciter, dans

tion, réalisation, financement et fonc-tionnement de l’ouvrage) avec son évolution dans le temps, ainsi que, le cas échéant, des recettes générées par le projet, et le traitement comptable et fiscal retenu. Enfin, une cartographie des principaux risques du projet, com-prenant les risques financiers et la répartition des risques entre l’acheteur et le titulaire et, le cas échéant, une

LE DÉCODEUR

Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 9

DOSSIER

TÉMOIGNAGEJean Maïa, directeur des affaires juridiques des ministères de l’Economie et des Finances

« La réforme doit permettre de sécuriser l’investissement public »JGP : Quel est l’esprit de cette réforme et pourquoi cette réforme ?Au plan national comme au niveau européen, l’objectif a été de revisiter entièrement le droit des marchés publics, en même temps que celui des concessions, pour atteindre deux objectifs : d’une part, permettre une meilleure utilisation stratégique de la commande publique au service des politiques publiques, sociales, environnementales ou d’innovation et, d’autre part, simplifier ce droit dans la mesure permise par les prin-cipes fondamentaux qui le régissent, à la fois pour donner plus de marge de manœuvre aux acheteurs et faciliter l’accès à la commande publique des petites et moyennes entreprises.Dans ce cadre général défini par le législateur européen à travers trois directives de 2014, le gouvernement a annoncé, dès la publication de celles-ci, tirer le meilleur parti possible de la réforme, au plan national, en allant le plus loin possible dans la réforme au regard de ces objectifs et en renforçant la solidité du corpus juridique national qui était, à la vérité, assez mal assurée sur plusieurs aspects. C’est ce qui a justifié une réécriture complète du droit des marchés publics et des concessions et permis, au-delà même de la réforme européenne, de tirer le bilan des dix premières années de ce que l’on appelait jusque-là les contrats de partenariat. C’est l’ensemble de la réforme qui doit permettre de sécuriser l’investissement public.

JGP : Quelles sont, selon vous, les trois grandes nouveautés ?S’il n’en faut que trois : l’équilibre nouvellement institué par l’ordonnance du 23 juillet 2015 entre une mesure-phare pour l’accès des PME à la commande publique ― à savoir l’obligation d’allotissement qui est éten-due à tous les acheteurs ―, et les différentes catégories de contrats globaux ; la place nouvelle laissée à la négociation, à travers notamment la procédure concurrentielle avec négociation qui est une marque nou-velle de confiance faite aux acheteurs ; la transparence de la commande publique qui, d’ici à 2018, connaîtra, avec la dématérialisation des mar-chés publics et la démarche d’open data souhaitée par le gouvernement, la même transformation numérique que nombre d’autres pans de la commande publique.

son règlement de consultation, com-ment cela va se dérouler. En d’autres termes, une négociation en procédure adaptée est impossible si le règlement de consultation n’a pas prévu cette éventualité (sans que cela engage pour autant l’acheteur : il se réserve la possibilité de négocier ou pas).

4EXONÉRATION DE MISE EN CONCURRENCE

L’acheteur est dispensé de mise en concurrence : dans tous les cas où un marché négocié sans publicité et sans mise en concurrence est possible ; si une mise en concurrence est impos-sible ou manifestement inutile en raison de l’objet du marché, de son montant ou du faible degré de concur-rence dans le secteur considéré ; ou si la valeur estimée du besoin est inférieure à 25 000 euros HT.Mais le décret précise, cependant, qu’en dessous de 25 000 euros HT, « l’acheteur doit veiller à choisir une offre pertinente, à faire une bonne uti-lisation des deniers publics et à ne pas contracter systématiquement avec un même opérateur économique ».

5LARGE PROCÉDURE NÉGOCIÉE

Une procédure concurrentielle négo-ciée ou un dialogue compétitif est pos-sible : lorsque le besoin ne peut être satisfait sans adapter des solutions immédiatement disponibles ; lorsque le besoin consiste en une solution inno-vante ; lorsque le marché public com-porte des prestations de conception ; lorsque le marché ne peut être attribué sans négociation préalable du fait de circonstances particulières liées à sa nature, à sa complexité ou au montage juridique et financier ou en raison des risques qui s’y rattachent ; lorsque le pouvoir adjudicateur n’est pas en mesure de définir les spécifications techniques avec une précision suffi-sante en se référant à une norme, une évaluation technique européenne, une spécification technique commune ou un référentiel technique ; lorsque, dans le cadre d’un appel d’offres, seules des offres irrégulières ou inacceptables ont été présentées (pour autant que les conditions initiales du marché public ne soient pas substantiellement modi-

fiées). Le pouvoir adjudicateur n’est pas tenu de publier un avis d’appel public à la concurrence s’il ne fait par-ticiper à la procédure que le ou les soumissionnaires qui ont présenté des offres conformes aux exigences for-melles de l’appel d’offres.

6RÉFORME DES « MARCHÉS » À BONS DE COMMANDE

Le décret distingue deux types d’ac-cords-cadres : ceux où toutes les clauses ne sont pas prévues dès le stade de l’accord-cadre et qui sup-posent un (ou des) marché(s) subsé-quent(s) après remise en concurrence des titulaires de l’accord-cadre ; et ceux où tout est prévu dès l’ac-cord-cadre, débouchant directement sur l’émission de bons de commande (sans nécessaires marchés subsé-quents) ou ordres de service.Les marchés à bons de commande deviennent, en quelque sorte, un « accord-cadre à bons de commande » avec l’ensemble des paramètres défi-nis dans les pièces contractuelles de l’accord-cadre.

7RÉDUCTION DE DÉLAIS CONCURRENTIELS

Les délais minimaux d’ouverture à la concurrence, entre la date d’envoi de l’avis à l’organe de publication et la date limite de réception des plis, ont été réduits. En appel d’offres ouvert, c’est 35 jours ou 30 jours si les plis peuvent être transmis par voie électronique. En appel d’offres restreint, il est de 30 jours (pouvoirs adjudicateurs) ou 15 jours (entités adjudicatrices) pour les candidatures et de 30 jours réductibles à 25 jours si les plis peuvent être transmis par voie électronique pour les offres.Pour les procédures concurrentielles avec négociation, le délai minimum pour la réception des candidatures est en principe de 30 jours. Idem pour la réception des offres initiales. S’agissant des entités adjudicatrices, on parle de procédure négociée avec mise en concurrence préalable, et le délai minimum est de 25 jours pour la réception des candidatures. Il est également de 30 jours en ce qui concerne les candidatures en procé-dure de dialogue compétitif.

8ENGAGEMENT À SOUS-TRAITER

L’acheteur peut demander la part que le candidat entend sous-traiter à des tiers ou à des PME, pour les marchés de fournitures nécessitant des travaux de pose ou d’installation ; et s’agissant des marchés de services ou de travaux, il est possible d’exiger les noms et qualifications professionnelles perti-nentes des personnes physiques qui seront chargées de l’exécution du mar-ché public, lorsque la qualité de l’offre est évaluée sur la base du savoir-faire, de l’efficacité, de l’expérience ou de la fiabilité de l’équipe dédiée à l’exécu-tion du marché public.

9LIMITATION DE LA SOUS-TRAITANCE

Pour les marchés publics de travaux, de services ou fournitures compor-tant des services ou des travaux de pose ou d’installation, l’acheteur peut exiger que certaines tâches essen-tielles soient effectuées par l’un des membres du groupement.

10 EXAMEN DES OFFRES AVANT LES CANDIDATURES

L’acheteur peut examiner les offres avant les candidatures. Ce n’est qu’au moment de l’attribution que la recevabilité des candidatures est, dans ce cas, vérifiée. ■

L’AUTEURJérôme Michon, consultant, enseignant, auteur de nombreux ouvrages, intervient à vos côtés pour tous vos besoins en marchés publics. Contact : [email protected]

10 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

TERRITOIRES / ACTUALITÉS

JGP : Quelles sont les grandes lignes du budget qui sera examiné en séance plénière du 6 au 8 avril par le conseil régional ? Stéphane Salini : Nous prévoyons, d’une part, une baisse des dépenses de fonctionnement et, d’autre part, une hausse de l’investissement de plus de 60 millions d’euros – tout en réduisant le niveau d’emprunt, car nous voulons refaire de la Région une collectivité d’investissement. Notre budget est sincère, responsable et ambitieux.

JGP : En quoi consiste la baisse des dépenses de fonctionnement ?Nous prévoyons de rationaliser les loyers, puisque nous payons actuel-lement 26 millions d’euros par an. Nous sommes propriétaires du « siège » du conseil régional, qui sera revendu après le déménage-ment. Nous allons suspendre les subventions aux associations qui ne transmettent jamais les documents légaux (26 millions d’euros) et réduire les effectifs qui ont augmenté de 9 % au siège, sur les six dernières années. Il y a environ 1 800 per-sonnes au siège, 25 départs en retraite ne seront pas renouvelés et, sur les 100 postes vacants en 2016, nous n’effectuerons que 75 recrute-ments. Afin de trouver de nouvelles

QUESTIONS À…

ressources, nous allons mobiliser les fonds européens, ce qui n’était pas fait – ou très peu – jusqu’à présent. Une enveloppe de 500 millions d’eu-ros est disponible, nous allons donc mettre en place un service efficient pour l’utiliser.

De plus, nous avons supprimé l’aide pour les transports des immigrés en situation irrégulière, ce qui va nous permettre d’économiser 11 millions d’euros, et nous allons arrêter cer-tains dispositifs qui n’ont pas prouvé leur efficacité, notamment les emplois-tremplins à la place des-quels nous souhaitons promouvoir l’apprentissage. Nous allons aussi recentrer les aides à la formation vers les demandeurs d’emploi plutôt que vers les salariés.

JGP : Les organismes associés seront-ils également affectés ?La trentaine d’organismes associés représente 110 millions d’euros de subventions que nous allons réduire de 12 millions cette année. L’idée est de réduire les budgets de

10 %, hors masse salariale, en tenant compte de leur situation budgétaire. Nous lançons un chan-tier à deux ans pour rationaliser l’organisation de ces organismes. L’audit en cours nous permettra de voir ceux que nous arrêtons, fusion-nons, etc.

JGP : Quelles sont les recettes attendues cette année ?Nous faisons tout d’abord face à une réduction des dotations d’Etat de 76 millions d’euros, et les méca-nismes de péréquation conduisent à un prélèvement supplémentaire de 64 millions d’euros cette année. En revanche, nous avons une hausse prévue de 9 millions d’euros de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).Ceci conduit tout de même à une perte de recettes de l’ordre de 140 millions d’euros en 2016, et nous aurions perdu 300 millions de plus si nous avions maintenu le soutien au Pass Navigo unique. Nous atten-dons les pistes du gouvernement pour son financement à partir de l’an prochain, mais quoi qu’il arrive, la Région ne paiera pas. Notre contribution au Stif, de moins de 700 millions d’euros, aug-mentera cette année de 1  %.

« Nous voulons refaire de la Région une collectivité d’investissement »

Stéphane SaliniVice-président du conseil régional d’Ile-de-France chargé des finances

L’exécutif du conseil régional prévoit un emprunt d’équilibre de 800 millions d’euros qu’il ira chercher principalement sur les marchés, notamment par le biais d’obligations vertes qui permettent d’élargir le spectre des investisseurs. « Cette stratégie nous permet d’accéder à des taux plus faibles que ceux des banques françaises, explique Stéphane Salini. Nous devrions lever entre 600 et 700 millions d’euros dès avril ou mai, car le référendum sur le Brexit en Angleterre pourrait faire, selon nos informations, augmenter les taux et refroidir les investisseurs. Nous irons chercher le reste sur le marché bancaire classique. »

Quelle stratégie d’emprunt en 2016 ?

Celui-ci est peu endetté – un mil-liard d’euros – par rapport au conseil régional.

JGP : Quelles sont les priorités d’investissement ?Nos chantiers prioritaires sont les transports avec un budget en hausse de 9 % – nous allons notam-ment remettre de l’argent sur les routes –, l’éducation et la culture (+ 6 %), la recherche et l’enseigne-ment supérieur (+ 25 %) et le déve-loppement économique (+ 12 %). Toutes ces hausses ne sont pos-sibles que parce que nous faisons des économies sur le fonctionne-ment car, sinon, nous serions trop dépendants de l’emprunt. La dette a augmenté de 71 % depuis 2009, nous ne pouvons pas continuer

comme cela sans risquer une dégradation de notre note par les agences de notation, qui entraîne-rait une difficulté à trouver des financements.

JGP : La gestion de la précédente majorité est fermement critiquée par Valérie Pécresse, notamment pour de nombreuses dépenses qu’elle estime injustifiées. La suppression de ces dépenses vous donne-t-elle des marges de manœuvre ?La gestion précédente a pénalisé la Région pendant des années. La part de l’investissement par rapport au fonctionnement est passée de 58 % à 39 % en dix ans. Cette année, nous repassons à 40 %, nous inversons la courbe. Nous n’avons pas d’autre choix que de rationaliser, avec un endettement qui dépasse les 5 mil-liards d’euros. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL RICHARD

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Stéphane Salini.

Un chantier sur deux ans est lancé pour rationaliser la trentaine d’organismes associés

Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 11

TERRITOIRES / ACTUALITÉS

TRANSPORTS

La promesse de renouveler 700 rames attend son financement 700 nouvelles rames doivent être commandées ou renou-velées sur la période 2016-2021, selon un rapport sur le matériel roulant soumis au Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), le 30 mars.

laient, signale Pierre Serne. On reste sur notre faim sur les conditions de réalisation de cette promesse. » La majorité attend la réponse des opé-rateurs pour établir un programme d’investissement plus précis, et compte ensuite trouver les moyens de ses ambitions. « 2016 est pour nous une grosse année de mise en place, de recherche de financement et de lancement des chantiers, remarque Stéphane Beaudet. Nous sommes dans une démarche constructive et il n’est pas facile de réorienter, en 100 jours, un programme de plusieurs mil-liards d’investissement. »Le nouveau schéma directeur de

matériel roulant prévu pour être pré-senté en juin 2016 au conseil du Stif permettra, peut-être, d’y voir plus clair. A la suite d’amendements Front de gauche, des engagements ont par ailleurs été pris sur l’élaboration d’un schéma de renouvellement du maté-riel métro et, d’ici à la fin de l’année, d’un programme d’investissement sur le RER C.

Hausse des tarifs ?« Une bataille pour de nouveaux

financements est indispensable dans la perspective d’un budget 2017 qui, en l’état, est porteur de très gros risques pour les usagers, avec de très fortes hausses de tarifs en perspec-tive », considèrent les élus Front de gauche. Si quelques petites recettes nouvelles ont été trouvées pour 2016, des ressources plus massives vont devoir être actionnées pour porter les ambitions de l’exécutif régional en matière de transport.

Des propositions du gouvernement sont, par ailleurs, attendues pour sup-porter le coût du Pass unique de manière pérenne, la hausse du prix de celui-ci – suggérée par la Cour des comptes – étant par ailleurs évoquée de plus en plus ouvertement par les élus de la majorité au conseil régional.

En attendant, un vœu du Front de gauche – amendé par la majorité au Stif – mandate Valérie Pécresse pour interpeler le gouvernement afin d’au-toriser SNCF Réseau à réaliser quelque 450 embauches d’ici à 2017 pour mettre en œuvre les investisse-ments nécessaires à l’amélioration du réseau en Ile-de-France. Une preuve supplémentaire que la réali-sation des projets franciliens repose fortement sur les épaules de l’Etat. ■ RAPHAËL RICHARD

Si la Région annonce une « cure de jouvence pour les transports franciliens »,

ceux-ci attendent encore les moyens d’être financés. Et ce sont pas moins de 8,5 milliards d’euros qui sont nécessaires. Le budget 2016 du syn-dicat n’inclut pas les promesses de Valérie Pécresse de 700 nouvelles rames RER et Transilien et de plan bus, qui seront « lancées dans le cou-rant 2016 ». « Ce budget provoque des inquiétudes car il ne comporte pas de renforcement d’offre significatif, même s’il y figure des ambitions d’investis-sement », observe Marc Pélissier, président de l’Association des usa-gers des transports (AUT) d’Ile-de-

budget sans aucune ambition ! ». « J’ai décidé de travailler à amplifier les efforts d’investissement du Stif pour moderniser les trains et les RER d’Ile-de-France et avoir enfin, partout, des trains dignes de la première région d’Europe, affirme au contraire Valérie Pécresse. Je suis prête à aller encore plus loin et plus vite, j’ai donné une feuille de route ambitieuse aux trans-porteurs pour améliorer le quotidien des voyageurs, et visant à remplacer ou à rénover plus de 700 rames. J’at-tends d’eux et des industriels qu’ils relèvent le challenge. »

Etudes des opérateursUne attente qui surprend les élus

Europe écologie-Les Verts : « Sur les achats de rames, une délibération étrange est proposée : elle renvoie aux opérateurs la responsabilité de crédi-biliser la proposition de renouvelle-ment du matériel roulant. » Le rapport sur le sujet prévoit, en effet, que les opérateurs devront transmettre d’ici à fin mai 2016 « les éléments tech-niques, calendaires et financiers per-mettant de confirmer et d’affiner cette stratégie, et prendre dès 2016 les décisions de renouvellement ou réno-vation des matériels roulants, selon les orientations susmentionnées ». Or les élus franciliens savent d’ores et déjà qu’il est impossible de déployer de nouvelles rames sur certaines lignes, car des modèles ne sont plus fabriqués. Des hauteurs de quais ou de tunnels devront être modifiées, ce qui nécessitera du temps.

« Année de mise en place »« Nous avons demandé à plusieurs

reprises comment la majorité allait trouver les 8,5 milliards nécessaires, et ils nous ont répondu qu’ils y travail-

Un schéma directeur du matériel roulant sera présenté au Stif en juin 2016.©

DR

France, qui s’interroge : « Quand va se traduire le plan des 1 000 bus ? »Le plan bus précédent court

jusqu’en 2016, répond Stéphane Beaudet. « Nous profitons de cette dernière année et de la renégociation du contrat du Stif avec Optile [asso-ciation qui regroupe les opérateurs privés d’Ile-de-France] pour redéfinir précisément les besoins », explique le vice-président chargé des transports du conseil régional.Les membres Front de gauche du

conseil du Stif affirment que le « nou-vel exécutif n’a pas engagé de véri-table bataille pour obtenir les moyens du développement des transports publics en Ile-de-France. Résultat : un

RATP : + 16 % D’INVESTISSEMENTS EN ILE-DE-FRANCEEn 2015, les investissements réalisés par la RATP en Ile-de-France, avec le concours du Stif, ont atteint le montant record de 1 832 millions d’euros, en croissance de 16 %. Dans la région, le trafic voyageurs enregistré par la RATP a connu une hausse de 0,9 % en 2015, avec 3 255 millions de voyages sur l’année et ce, dans un contexte économique toujours difficile avec une activité touristique perturbée par les attentats de janvier et novembre, fait valoir la régie. Cette tendance s’explique notamment par l’effet année pleine des mises en service du T6 et du T8. ■ J.P.

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Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 13

TERRITOIRES / ACTUALITÉS 7 parcs

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GP

Soirée du Club de la communication du Grand Paris dans la chapelle du couvent des Récollets, qui abrite l’Ordre des architectes d’Ile-de-France.

En brefInstitutions

Régine Bréhier directrice gé-nérale d’Haropa-Ports de Pa-ris. A l’issue du Conseil des mi-nistres du 30 mars, Régine Bréhier a été nommée directrice générale d’Haropa-Ports de Paris. Elle suc-cède à Alexis Rouque qui rejoint la Cour des comptes. La nouvelle di-rectrice générale du premier port fluvial de France assumera égale-ment la présidence, pour un an, d’Haropa, l’alliance des ports du Havre, de Rouen et de Paris.

Le Val d’Oise sort de Paris métropole. Le conseil départe-mental du Val d’Oise a voté, le 25 mars, la fin de son adhésion au syndicat Paris métropole pour des raisons budgétaires et stratégiques. Le président du conseil départe-mental, Arnaud Bazin, a affirmé à cette occasion que l’objet de ce syndicat mixte d’études, définir ce qu’était la métropole, avait disparu.

Hervé Marseille réélu pré-sident du Syctom. Le Syctom, agence métropolitaine des déchets ménagers, a réinstallé son exécutif le 24 mars, conséquence de la ré-cente création de la métropole du Grand Paris et de ses établisse-ments publics territoriaux (EPT) dotés de la compétence de « ges-tion des déchets ménagers et as-similés ». Une gouvernance cepen-dant provisoire du fait de la loi Notre, le mécanisme de représen-tation-substitution n’ayant été ac-cordé que jusque fin 2016.

Contrat de ville. Les huit équipes opérationnelles pa-risiennes sont en place. Paris est ainsi la première ville de France à s’en doter. Composées des ser-vices de l’Etat et de la Ville, ces équipes auront la charge de piloter les actions commandées par le contrat au sein des 20 quartiers prioritaires de la politique de la ville de la Capitale. Elles devront également adapter aux difficultés de chaque quartier l’intervention de la puissance publique, en mo-bilisant tous les crédits de l’État et de la Ville.

JGP : A quoi sert l’ordre des architectes d’Ile-de-France aujourd’hui ? Christine Leconte : L’ordre des archi-tectes d’Ile-de-France représente 30 % des architectes inscrits au tableau de l’ordre en France, soit 10 000 architectes. Les architectes vivent de grands bouleversements liés à ceux de la société : la transition écologique et numérique, les besoins de logements, l’évolution des modes de vie. Trouver des solutions à la pression foncière, équilibrer le rap-port entre ville et nature pour amé-liorer la qualité de vie est donc pri-mordial pour nous. Les 10 000 architectes franciliens réaffirment leur rôle au sein de la société, en montrant comment leur savoir-faire peut améliorer le cadre de vie. Pour cela, l’institution ordinale s’est fixé

comme objectifs d’accompagner les mutations de notre métier, de l’aider à se réinventer. Nous avons fait, l’an dernier, un focus sur le logement, avec 30 propositions concrètes vers les décideurs franciliens. Cette année, nous avons choisi de nous focaliser sur l’accompagnement des mutations du métier et son évolution comme partenaire de la maîtrise d’ouvrage publique et privée. Com-ment permettre aux savoir-faire des architectes d’être mieux encadrés,

QUESTIONS À…

mieux valorisés, dans la gestion de leur entreprise ? Notre objectif est de contribuer à leur montée en compé-tence. Il s’agit de leur permettre de s’engager plus aux côtés des élus, des décideurs, et d’être en proximité de toute la maîtrise d’ouvrage, de la plus petite – l’habitant qui va faire un projet particulier – jusqu’au décideur public. Tout cela en gardant en per-manence à l’esprit l’intérêt général.

JGP : Les architectes affichent une grande disparité...Les architectes sont riches de leur diversité et de leur présence sur tous les territoires de l’Ile-de-France, au plus près des besoins. C’est un réseau d’entrepreneurs uniques, en capacité de répondre aux enjeux de notre région à toutes les échelles. Avec Jean-Michel Daquin, depuis

deux ans, nous portons cette parole d’unité et permettons aux architectes de trouver auprès de leur ordre les moyens de se structurer, de créer des collectifs, de savoir rebondir.

JGP : Comment vont s’articuler les trois jours de votre événement « Un métier en (r)évolution » des 7, 8 et 9 avril prochains ? Ces rencontres sont un temps pro-fessionnel sur la place du métier d’architecte aujourd’hui et dans le

futur. Mais c’est aussi un temps de dialogue avec les décideurs franci-liens, lors d’un dîner où les question-nements vont être posés par Jean Viard et Saskia Sassen. Nous vou-lons décentrer le regard pour interro-ger sur le besoin de la société vis à vis des architectes. Ces trois journées de débats et d’échanges seront ouvertes à tous, principalement aux architectes évi-demment. Le jeudi 7, nous proposons aussi des ateliers thématiques : mis-sion de conseil et AMO, commandes publique et privée, BIM et numérique. Au programme aussi, des débats sur les questions de formations continue et initiale, détaillées par le pôle de formation EVA. Le vendredi sera davantage tourné sur la valorisation de nos savoir-faire et de nos atouts. L’après-midi, nous montrerons aux architectes tout ce que l’institution ordinale peut faire pour eux. Et nous terminerons par une sensibilisation au grand public, des enfants notam-ment, le samedi 9 avril au matin.

JGP : Vous allez présenter les résultats d’un sondage ? Le jeudi 7 au matin, nous débattrons en effet autour de la restitution d’une enquête que nous avons commandée à l’institut BVA : « Architecture et qualité de vie, quelle place pour les architectes ? » Les résultats confir-ment la reconnaissance par le public de l’expertise des architectes, mais expriment aussi des attentes. Nous souhaitons un échange interactif entre les différents acteurs de l’amé-nagement, les élus et les habitants, pour resituer l’architecture dans la société. Les savoir-faire des archi-tectes sont en phase avec les besoins exprimés. A charge pour nous, pour les décideurs publics et privés de se mobiliser pour améliorer plus encore la qualité de vie des habitants. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES PAQUIER

« Trois jours de débats pour une profession en (r)évolution »

Christine LeconteSecrétaire générale de l’ordre des architectes d’Ile-de-France

14 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

TERRITOIRES / ACTUALITÉS

DÉCHETS

Dernière ligne droite pour le centre de tri des BatignollesFin mars, le Conseil de Paris a approuvé la signature d’un bail emphytéotique admi-nistratif concernant le terrain où le Syctom construira le 2e centre de tri de collectes sélectives de la capitale, dans la ZAC des Batignolles (17e arr.).

L’agence métropolitaine des déchets ménagers (Syctom) va réaliser un centre de tri

de collectes sélectives, sur un terrain de 11 000 m2 situé le long du boule-vard de Douaumont, appartenant à la ville de Paris, pour un budget de 67 millions d’euros HT. A l’issue d’un dialogue compétitif lancé en juin 2013, c’est le projet du groupe-ment conjoint CNIM/Atel iers Monique Labbe/Urbaine de travaux/Arval/Ingerop Conseil et Segic ingé-nierie qui a été retenu.

Le centre, d’une capacité de 45 000 tonnes par an, comportera un niveau inférieur de plain-pied pour la récep-tion des bennes de collectes sélec-

tives, le stockage en amont, le com-pactage des refus, les différents locaux spécifiques ainsi que les dif-férentes voies de circulation, et un niveau supérieur comportant la zone « procédé de tri » avec les stockages intermédiaires des produits, la zone de conditionnement et des locaux techniques. Une base de fret conti-guë permettra l’acheminement de 50 % des flux par voie ferroviaire.

Travaux en 2017Ce centre traitera les collectes

sélectives d’arrondissements pari-siens, mais aussi des communes proches telles que Saint-Ouen, Cli-chy-la-Garenne… Il réceptionnera

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également les déchets recyclables du terminal de collecte pneuma-tique, installé à proximité dans le cadre du futur écoquartier de Cli-chy-Batignolles.

Lors de sa séance de fin mars 2016, le Conseil de Paris a approuvé la conclusion d’un bail emphytéotique administratif d’une durée de 30 ans, et autorisé le Syctom à déposer le permis de construire pour permettre la construction de ce centre – qui sera le 2e de la Capitale – un autre fonctionnant dans le 15e arrondisse-ment. Les travaux devraient être lan-cés au premier semestre 2017, pour une mise en service au premier semestre 2019. ■ MARIE BIDAULT

Laurent Probst DG du Stif. Le conseiller transport de Valérie Pécresse, depuis son élection à la présidence de la Région, a officielle-ment pris la suite de Sophie Mougard à la direction générale du Stif, à l’oc-casion de son conseil du 30 mars.

L’avenir du tramway T1 dans le flou. Le prolongement du tramway T1, dont les travaux ont débuté, se heurte à l’opposition du maire de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), Laurent Rivoire. « Valérie

Pécresse souhaite la réalisation du

prolongement tout en écoutant

Laurent Rivoire, rapporte Pierre Serne, conseiller régional EE-LV. Nous ne comprenons pas du tout

sa position. » Le nouveau vice-pré-sident aux transports, Stéphane Beaudet, qui a hérité du dossier, affirme négocier avec toutes les parties « pour régler le problème

au plus vite ».

En brefTransports

Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016 | 15

TERRITOIRES / ACTUALITÉS

N° 1 | 15 octobre 2014 | 15

AGENDALes événements du développement économique en Ile-de-France

d’intervenir juridiquement, en soutien de la Région, dans le cadre de la procédure ».Les élus effectuent, de plus, une

série de demandes complémentaires : à la Société du Grand Paris de s’as-surer de la cohérence du schéma d’évacuation des déblais (SDED) des chantiers du Grand Paris express, avec le futur plan unique ; au conseil régional de respecter les principes de rééquilibrage francilien, adoptés dans les plans précédents, et de condition-ner l’ouverture de futures installa-tions de stockage à la création atte-nante de plateformes de recyclage et de valorisation ; la mise à grand gabarit de la Seine, pour faciliter le transport des matériaux générés par les chantiers du Grand Paris. Ils « encouragent » par ailleurs les

acteurs du BTP à la création de plate-formes de tri et de recyclage sur le territoire seine-et-marnais, ainsi qu’à la création d’un réseau de déchette-ries professionnelles. Ces acteurs ont par ailleurs diffusé, le 30 mars, un manifeste dans lequel ils « réaffirment leur soutien aux objectifs du Predec existant, et estiment que le désaccord du préfet avec le moratoire ne saurait remettre en cause l’ensemble du plan issu d’un consensus régional ». ■ RAPHAËL RICHARD

Le préfet de la région Ile-de-France, Jean-François Carenco, a saisi, fin 2015, le

tribunal administratif pour demander l’annulation du plan de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du BTP (Predec) adopté par la Région le 18 juin 2015. Ce contrôle de légalité, survenu après un premier recours gracieux, avait surpris les élus régionaux qui avaient voté à l’unanimité ce plan. Ce dernier ins-titue un principe de rééquilibrage territorial et met fin au stockage sys-tématique des déchets de chantiers en Seine-et-Marne.

En effet, le département « concentre l’essentiel des capacités franciliennes de stockage des déchets : 62 % des capacités pour les déchets dangereux, 54 % pour les déchets non dangereux (déchets ménagers, d’activités…) et 80 % pour les déchets inertes », rap-pelle le texte de la majorité (LR-UDI) voté le 25 mars par le Département.

Mise au gabarit de la SeineEn conséquence, la motion appelle

le préfet de région à « retirer sa demande d’annulation, auprès du tribunal, du Predec, pour que soient respectées ses prescriptions ». Elle indique, par ailleurs, que l’assem-blée départementale « envisage

Predec : la Seine-et-Marne demande au préfet de retirer son recours Le conseil départemental de Seine-et-Marne a voté, le 25 mars, une motion appelant le préfet de région à retirer sa demande d’annulation du plan « déchets de chantiers ».

INSTITUTIONS DÉCHETS

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La Seine-et-Marne encourage les acteurs du BTP à la création de plateformes de tri sur son territoire.

6 ET 7 AVRILBIM World 2016BIM World, lieu de rencontres internationales sur la modélisation des données du bâtiment, présente les nouveaux univers de services qui se structurent autour des maquettes numériques décrivant les ouvrages. Chaque univers regroupe des concepts et exploite des technologies déjà identifiées qui vont réorganiser les marchés.Espace Grande Arche - La Défense

DU 7 AU 9 AVRILArchitecte : un métier en (r)évolutionLes bouleversements que nous vivons ―  économiques, technologiques, sociétaux et environnementaux ― peuvent être une opportunité pour faire évoluer et moderniser nos pratiques. Le conseil de l’ordre vous invite à vous mobiliser pour (r)évolutionner le métier d’architecte ! Conseil, coaching, atelier, débats… Cet événement sera un accompagnement utile et concret pour votre pratique professionnelle quotidienne et un moment de rencontres et partages d’expériences.Les Récollets - 148 rue du Faubourg Saint-Martin - Paris

DU 12 AU 14 AVRILLa métropole du Grand Paris et sa relation aux territoiresAtelier organisé dans le cadre du Salon de l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif). La création de la métropole du Grand Paris bouleverse la décentralisation sur son territoire (répartition des compétences et des financements, évolution des intercommunalités existantes). Après la création de la métropole et de ses territoires, quelle place est réservée aux communes ? Comment peuvent-elles peser dans la création du projet métropolitain ? Les territoires sont-ils les communes nouvelles de

demain ?Dans sa relation aux communes non situées dans son périmètre en Ile-de-France, la métropole peut-elle être un vecteur d’équilibre, de cohésion et de cohérence en matière d’aménagement du territoire, de développement économique, d’inclusion sociale, culturelle, et éducative mais aussi de ressources financières ? Salon des maires d’Ile-de-France - Paris Event Center, Porte de la Villette

JUSQU’AU 8 MAI« Réinventer Paris »Après la fin des jurys internationaux, le Pavillon de l’Arsenal présente les lauréats, les 74 finalistes et les 358 projets soumis par les équipes pluridisciplinaires ayant participé à l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris », première mondiale pour

imaginer et construire autrement la ville de demain. Aquaponie, habitat participatif, coconstruction, nudge, réemploi de matériaux, béton nettoyant, dépolluant, végétal ou photovoltaïque, biofaçades, briques de papier, dalles actives, fermes urbaines, espaces de cofooding, coworking ou coliving, incubateurs, tiers-lieux, home office, campings urbains, l’exposition donne à voir l’incroyable diversité des innovations proposées par toutes les équipes qu’elles soient programmatiques, constructives, sociales, architecturales, environnementales, technologiques, juridiques, financières ou d’usages. Imaginée par l’agence Peaks architectes, la scénographie, construite au fil des délibérations des jurys, développe un système ouvert et évolutif. Pavillon de l’Arsenal - Paris 4

DU 11 MARS AU 22 MAILes Passagers du Grand Paris express

L’exposition dédiée à la fabrique du futur métro, organisée par la Société du Grand Paris, s’installe à l’Espace Landowski de Boulogne. Pour la première fois, le public pourra se promener dans la maquette virtuelle du Grand Paris et découvrir, en exclusivité, les premières gares de la ligne 16 du Grand Paris express. Les visiteurs pourront également découvrir ou redécouvrir les installations qui ont fait le succès de la première exposition au Mac Val à Vitry-sur-Seine en 2015 : maquettes des futures gares de la ligne 15 sud, interviews de leurs architectes, créations artistiques, présentation du tracé et des différents temps du projet sont rassemblés pour dévoiler le transport de demain aux Franciliens.

Espace Landowski - Boulogne

XXXX / XXXXCOULISSES / PORTRAIT

16 | Le journal du Grand Paris | N° 70 | Du 4 au 10 avril 2016

Société éditrice JGPmedia au capital de 100 000 euros, 27 rue du Chemin Vert - 75011 Paris Tél. 01 75 77 87 25 - Dépôt légal à parutionCPPAP : 1116 T 92553 - ISSN : 073-3454

Directeur de la publication : Jacques Paquier Rédacteur en chef délégué : Raphaël Richard Ont participé à ce numéro : M. Bidault, G. Mérot, J. Michon, F. Proux, M. Cataldi (correctrice)

Directrice de clientèle : Dominique PillasConception graphique : Rampazzo & Associés Imprimerie : ISI Print, 15 rue F. de Pressensé, 93210 La Plaine-Saint-Denis

C’est terrible comme exercice de faire son introspection », com-mence Franck Boutté. On pourrait le croire

timide et pourtant, il n’est jamais avare de paroles et se prête volontiers à l’exercice. S’il est évident que son métier le passionne, l’ingénieur archi-tecte entre vite dans la confidence. C’est donc très aisément que l’on

comprend à quel point la figure pater-nelle l’a marqué. L’a forgé même. Il raconte avec une certaine fierté quelques anecdotes la concernant. Issu de la classe ouvrière, son père a fait le choix de Polytechnique pour la solde, car ses parents ne pouvaient pas payer ses études. Au milieu des fils de bonne famille, l’étudiant venu du Nord y vendait sous le manteau des journaux d’extrême gauche. « Je ne su is pas ob l iga to i rement marxiste-léniniste mais la vision de mon père est assez déterminante pour moi, c’est évident. Derrière ses idées marxistes, mon père avait surtout une notion d’humanisme et de foi en

son entrée à l’école d’architecture de Belleville. Cette opposition, l’étu-diant ne l’a jamais comprise. Sou-vent déçu par les institutions, c’est par les hommes qu’il s’est construit. Il a ainsi su tisser une relation par-ticulière avec certains de ses profes-seurs. Après l’avoir félicité pour « l’exemplarité » de son mémoire, l’un d’eux lui assènera qu’il avait été mauvais à l’oral : « Il faut savoir raconter une histoire. » Encore une fois, la leçon est retenue.

« Réinventer Paris »Franck Boutté a le mot facile et sait

captiver. Devenu orateur, il réussit à convaincre ses partenaires que l’amélioration de la performance environnementale des bâtiments tient aussi de l’architecture. « Quand j’ai découvert que le mariage était finalement possible entre ces deux univers, j’ai eu l’impression de décou-vrir que ce monde était fait pour moi. » D’assises en colloques, Franck Boutté publie et peaufine son dis-cours. Jusqu’à être mis au pied du mur. Un architecte de Toulouse l’ap-pelle un jour pour la reconstruction d’un lycée de 32 000 m2. « Je bluffe pas mal pour faire croire que j’étais dans la maîtrise d’œuvre depuis long-temps alors que c’était mon premier projet. Manifestement j’étais pas trop mauvais, ils ont trouvé mon dossier magnifique », se réjouit-il.

C’est le début de l’aventure. Ils sont aujourd’hui une trentaine – archi-tectes et ingénieurs – à l’agence

Franck Boutté consul-tants. Preuve que son savoir-faire est reconnu, notamment en ventila-tion naturelle, elle est lauréate de trois projets de « Réinventer Paris ». Si sa vision l’anime et que sa passion le guide, Franck Boutté reconnaît avoir du mal à faire de ce métier une entreprise. « Je suis un

assez mauvais chef d’entreprise, je suis un peu candide », confie-t-il. Plus dans l’humain que dans le business, tout en restant rationnel. ■ G.M.

l’homme qui frisait l’irrationnel. » Une foi qui lui a coûté. Lorsque la SNCF s’est libéralisée, il ne fait pas le poids face aux « requins » et on le poussera vers la sortie. Son fils a tiré les leçons de cette expérience qui paraît sienne. « Je ne me laisse pas bouffer comme ça », assure-t-il assez amer.

Mais ce n’est pas pour cette raison que son agence est aujourd’hui si renommée. C’est tout simplement parce que Franck Boutté a réussi à se tailler un métier sur mesure. Un savant mélange d’ingénierie, d’architecture et d’in-novation. Fasciné par les esquisses de ponts sur les murs de l’école d’ingénieurs, il a fait un métier d’en dresser entre les disciplines et les hommes. Ce n’était pas gagné d’avance : aux Ponts et chaussées, il se souvient de profes-seurs raillant les architectes. « Il faut te nettoyer », lui commande-t-on à

PORTRAIT

Franck Boutté IncontournableA 48 ans, Franck Boutté est tout à la fois architecte et ingénieur. De ces deux métiers qui s’opposent souvent, il n’en a fait qu’un, au service de l’environnement.

Franck Boutté, architecte et ingénieur.

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EREpfif. Ollier et Dell’Agnola au bureau. Le CA de l’Epfif compte quatre représentants de la MGP : P. Ollier (LR), R. Dell’Agnola (LR), E. Berdoati (LR) et O. Klein (PS), les deux premiers étant également au bureau. En revanche, pas de repré-sentant de la métropole à Grand Paris aménagement, dans l’attente d’une modification de ses statuts.

MGP. Restons groupés. La mé-tropole comptera, dès la publication de son règlement, des groupes politiques, qui devraient être pré-sidés respectivement par : E. Ce-sari (LR), B. Gauducheau (UDI), C. Baratti-Elbaz (PS), G. Bridier (EE-LV) et P. Leclerc (FDG).

Finances. Convoitises. Les 55 millions de budget dont dispose la MGP pour 2016 font débat. Pa-trick Ollier entend les consacrer à des actions créant de la valeur ajoutée, dans les deux domaines de compétences effectives (déve-loppement économique et durable). Mais certaines communes lorgnent sur cette manne pour boucler leur budget...

Gouvernance. Un partage provisoire ? La gouvernance plurielle de la métropole n’aura qu’un temps, selon cer tains. « Lorsque la campagne présiden-

tielle battra son plein, il sera difficile

d’afficher un consensus transparti-

san », analysent-ils. Même constat à propos de la compétence d’amé-nagement, qui ne manquera pas de « cliver ».

Loi NOTRe. Réécriture. Pour certains élus, la réforme à apporter à la loi NOTRe en 2017 est simple : faire de la métropole une structure dédiée exclusivement à l’attractivi-té, « stratégique », et supprimer toutes les dispositions qui en font un échelon « opérationnel ». A com-mencer par le logement.

En brefCoulisses

BIO EXPRESS

1996 Consultant

2002 Assistance à maîtrise d’ouvrage

2009 Véritable lancement de l’agence Franck Boutté Consultants