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ace aux œuvres de Jamila Lamrani, le public est libre de « se perdre dedans ». Elle y ajoute très rarement un texte, mais en parle avec une aisance passionnée et une humilité douce. Ses bulles de rêve offertes aux regards sont aussi pleines de la notion du temps passé, car « l’élaboration de ces travaux, cette démarche gestuelle, cet échange avec l’œuvre, prend beaucoup de temps ». Jamila Lamrani n’est pas qu’une rêveuse. Ancrée dans la réalité, même si elle considère le rêve vital et s’est vouée à lui dessiner un territoire palpable, elle « architecture » ses Architecte de rêves POUR CETTE ARTISTE NATIVE DU NORD DU MAROC, être définie par son appartenance régionale dans un territoire déterminé n’a pas de sens : « J’efface toute frontière et n’aime pas la division géographique car elle éloigne les êtres. Nous devons avoir une vision universelle. Les frontières poussent à créer des clans, en enfermant les gens. Sans elles, le voyage imaginaire, le rêve existent ». JAMILA LAMRANI une danse, une petite vibration des éléments (pompons) accrochés à l’intérieur ». L’artiste incite là le public à « communiquer, dialoguer, créer un contact, tisser des liens, partager les connaissances et expériences ». C’est aussi un « appel à l’Europe et à l’Afrique, à s’ouvrir l’une à l’autre pour mieux se connaître, relever les défis majeurs, faire face et essayer de trouver des solutions, tout en privilégiant l’extraordinaire diversité des cultures ». Dans cette période très productive, Jamila Lamrani participe à la fondation du Collectif 212, avec plusieurs artistes marocains. L’artiste, qui jusque-là employait des tissus, des fils, du coton, va expérimenter à partir de 2006 des matières plus solides et plus fragiles à la fois. Porcelaine et argile ajoutent des nuances beiges sur lesquelles ombres et reliefs se déclinent. Les transparences se croisent et s’interpellent. La Jupe/ Jardin arabe métamorphose ce vêtement éminemment féminin en une tente habitée de lumières, qui semble offrir un abri de douceur maternelle. Elle ne cesse d’explorer le papier, noué, traversé de fils de soie qui mettent en évidence une profondeur, vibrante, changeante, vivante, comme dans Shadows existence, et manipule aussi des matières moins souples, dans sa pyramide Puzzle, où la dominante noire surprend, dans une œuvre jusque-là très claire. Jamila Lamrani, qui aime explorer les ter- ritoires inconnus, se confronte au noir à partir de 2008. Un noir pur, charbonneux, qui progressivement se nuance de gris, de transparences… « L’un de mes professeurs disait que le noir était une couleur très difficile. Je voulais effacer cette frontière de ne pas pouvoir penser le noir. Le noir, qui a aussi sa transparence, sa lumière, et peut matérialiser la lumière, est une couleur très intéressante, qui dégage une certaine philosophie. Il a pris de plus en plus de place, jusqu’à ce que je pense des œuvres totalement en noir ». La structure de Mémoire 1, formée de plus de 384 cubes de tissu transparent noir, suspendus, crée Le choix de JEAN-LOUIS BORLOO « J’ai découvert le travail de Jamila Lamrani lors de l’exposition “Lumières d’Afrique“ qui s’est tenue en 2015 au théâtre national de Chaillot à Paris. Le principe consistait à faire venir 54 artistes africains, un par pays, l’ensemble de leurs œuvres constituant une “illumination artistique africaine“. L’événement a été organisé par l’association African Artists for Development, qui s’engage aux côtés de la fondation Énergies pour l’Afrique. » L’ Afrique 2011, Installation sonore, photographie en noir et blanc, carte d’Afrique en coton. F pales de son œuvre patiente et forte. Elle sera légère, aérienne, lumineuse, faite de transparences, de nuances. Dès 2002, sélectionnée à la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar, puis en 2003 à la Koning Fabiolazaal (KFZ) d’Anvers, Jamila Lamrani présente ses installations et œuvres en relief. Rosier intègre des élé- ments très féminins, comme des boutons de roses séchées, tout comme Jomana, avec des perles. Son œuvre délicate est vite remarquée. Dès l’année suivante, ses installations sont présentées au musée de Marrakech en compagnie d’artistes marocains et français lors de Regards Croisés. Ses œuvres réalisées en 2004, reflets d’une obstination silencieuse, assemblages de tissus et papiers blancs sculptant des jeux de lumière et d’ombres à la verticale, lovés dans une infinité de nœuds rappelant ceux que l’on fait pour teindre les tissus en Afrique, qui donnent naissance, une fois dépliés, à un effet de lumière circulaire typique. Des formes qui deviendront récurrentes prennent vie, son vocabulaire se met en place. En 2005, elle installe au plafond des Pyramides inversées de fil de soie entrecroisés, espacées, ornées pour certaines de pompons, d’une féminité indéniable, irradiant d’un blanc éclatant. Explorer l’architecture rêvée Jamila Lamrani présente en 2005 sa pre- mière exposition personnelle, à l’Institut français de Casablanca, puis à Rabat, à la Biennale des jeunes créateurs de l’Europe et de la Méditerranée. En Espagne, à la tour de Las Puces, au château de Denia, elle réalise une installation en plein air, « forme architecturale accrochée entre les arbres. Les ouvertures créent des vides sur ses surfaces et des ombres naissent, alignées et parallèles aux bandes pleines ». Cette œuvre vit avec son environnement « dans un jeu plein/vide visiblement senti avec le changement de la lumière naturelle du jour. Quand le vent traverse et franchit les surfaces de l’œuvre, en la transportant dans tous les sens suivant ses rythmes, se produit JOURNALISTE : Laure Malécot œuvres, pour « combler ce vide à meubler, même avec du rêve ». Dès son entrée à l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, elle décide de se vouer à l’art, avec le soutien de sa famille : « Être artiste, c’est une vie liée au rêve avec un terrain qui bouge, qui flotte toujours… Mon père nous a toujours laissé le choix, encouragé et appris à être libres ». Aux Beaux-Arts, elle suit une for- mation de design, apprend la perspective, « ces dessins avec des points filants, on peut suspendre avec des lignes… C’était important de structurer des visions ». Son travail de fin de premier cycle, en 1996, une installation intitulée Elle et Lui, répond au thème « partir d’une architecture animale Le piège 2, 2011 mini chaise sculpture, matière en coton, branche, fils à coudre, sur toile (60/70 cm). Territoire Politique, 2011 mini chaise sculpture, matière en coton, fils métallique, sur toile (60/60 cm). Repos, 2010 Installation in situ, variété d’éléments et matériaux (mixed media). Barrière, 2008 Fils de soie in situ, installation/ dimension variable. pour aller vers une architecture humaine ». Jamila Lamrani s’inspire du cocon, élabore des structures métalliques d’abdomen de papillon et des fils de soie suspendus. Le couple Art, tissé de fils de soie, est même habité pendant sa première présentation par de vrais papillons voletant dans l’espace. Cette installation, qu’elle qualifie de « rêve magique » et affectionne particulièrement, a par la suite été exposée deux fois. Pyramides et féminité En 1998, lorsqu’elle sort diplômée de l’Institut National des Beaux-Arts, se dessinent, en filigrane dans son esprit, les lignes princi- 62 ART CONTEMPORAIN

Jamila Lamrani, architecte de rêve

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Publié dans le magazine Emergences Afrique n°3

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Page 1: Jamila Lamrani, architecte de rêve

ace aux œuvres de Jamila Lamrani, le public est libre de « se perdre dedans ». Elle y ajoute très rarement un texte, mais en parle avec une aisance passionnée et une humilité douce. Ses bulles de rêve offertes aux regards sont aussi pleines de la notion du temps passé, car «  l’élaboration de ces travaux, cette démarche gestuelle, cet échange avec l’œuvre, prend beaucoup de temps ». Jamila Lamrani n’est pas qu’une rêveuse. Ancrée dans la réalité, même si elle considère le rêve vital et s’est vouée à lui dessiner un territoire palpable, elle « architecture » ses

Architecte de rêves

POUR CETTE ARTISTE NATIVE DU NORD DU MAROC, être définie par son appartenance régionale dans un territoire déterminé n’a pas de sens : « J’efface toute frontière et n’aime pas la division géographique car elle éloigne les êtres. Nous devons avoir une vision universelle. Les frontières poussent à créer des clans, en enfermant les gens. Sans elles, le voyage imaginaire, le rêve existent ».

JAMILA LAMRANI

une danse, une petite vibration des éléments (pompons) accrochés à l’intérieur ». L’artiste incite là le public à « communiquer, dialoguer, créer un contact, tisser des liens, partager les connaissances et expériences ». C’est aussi un « appel à l’Europe et à l’Afrique, à s’ouvrir l’une à l’autre pour mieux se connaître, relever les défis majeurs, faire face et essayer de trouver des solutions, tout en privilégiant l’extraordinaire diversité des cultures ». Dans cette période très productive, Jamila Lamrani participe à la fondation du Collectif 212, avec plusieurs artistes marocains. L’artiste, qui jusque-là employait des tissus, des fils, du coton, va expérimenter à partir de 2006 des matières plus solides et plus fragiles à la fois. Porcelaine et argile ajoutent des nuances beiges sur lesquelles ombres et reliefs se déclinent. Les transparences se croisent et s’interpellent. La Jupe/Jardin arabe métamorphose ce vêtement éminemment féminin en une tente habitée de lumières, qui semble offrir un abri de douceur maternelle.Elle ne cesse d’explorer le papier, noué,

traversé de fi ls de soie

qu i met ten t en évidence une

profondeur, vibrante, changeante, vivante, comme dans Shadows existence, et manipule aussi des matières moins souples, dans sa pyramide Puzzle, où la dominante noire surprend, dans une œuvre jusque-là très claire. Jamila Lamrani, qui aime explorer les ter-ritoires inconnus, se confronte au noir à partir de 2008. Un noir pur, charbonneux, qui progressivement se nuance de gris, de transparences… « L’un de mes professeurs disait que le noir était une couleur très difficile. Je voulais effacer cette frontière de ne pas pouvoir penser le noir. Le noir, qui a aussi sa transparence, sa lumière, et peut matérialiser la lumière, est une couleur très intéressante, qui dégage une certaine philosophie. Il a pris de plus en plus de place, jusqu’à ce que je pense des œuvres totalement en noir ». La structure de Mémoire 1, formée de plus de 384 cubes de tissu transparent noir, suspendus, crée

Le choix de JEAN-LOUIS BORLOO

« J’ai découvert le travail de Jamila Lamrani lors de l’exposition “Lumières d’Afrique“ qui s’est tenue en 2015 au théâtre national de Chaillot à Paris. Le principe consistait à faire venir 54 artistes africains, un par pays, l’ensemble de leurs œuvres constituant une “illumination artistique africaine“. L’événement a été organisé par l’association African Artists for Development, qui s’engage aux côtés de la

fondation Énergies pour l’Afrique. »

L’ Afrique 2011, Installation sonore, photographie en noir et blanc, carte d’Afrique en coton.

F

pales de son œuvre patiente et forte. Elle sera légère, aérienne, lumineuse, faite de transparences, de nuances. Dès 2002, sélectionnée à la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar, puis en 2003 à la Koning Fabiolazaal (KFZ) d’Anvers, Jamila Lamrani présente ses installations et œuvres en relief. Rosier intègre des élé-ments très féminins, comme des boutons de roses séchées, tout comme Jomana, avec des perles. Son œuvre délicate est vite remarquée. Dès l’année suivante, ses installations sont présentées au musée de Marrakech en compagnie d’artistes marocains et français lors de Regards Croisés. Ses œuvres réalisées en 2004, reflets d’une obstination silencieuse, assemblages de tissus et papiers blancs sculptant des jeux de lumière et d’ombres à la verticale, lovés dans une infinité de nœuds rappelant ceux que l’on fait pour teindre les tissus en Afrique, qui donnent naissance, une fois dépliés, à un effet de lumière circulaire typique. Des formes qui deviendront récurrentes prennent vie, son vocabulaire se met en place. En 2005, elle installe au plafond des Pyramides inversées de fil de soie entrecroisés, espacées, ornées pour certaines de pompons, d’une féminité indéniable, irradiant d’un blanc éclatant.

Explorer l’architecture rêvéeJamila Lamrani présente en 2005 sa pre-mière exposition personnelle, à l’Institut français de Casablanca, puis à Rabat, à la Biennale des jeunes créateurs de l’Europe et de la Méditerranée. En Espagne, à la tour de Las Puces, au château de Denia, elle réalise une installation en plein air, « forme architecturale accrochée entre les arbres. Les ouvertures créent des vides sur ses surfaces et des ombres naissent, alignées et parallèles aux bandes pleines ». Cette œuvre vit avec son environnement « dans un jeu plein/vide visiblement senti avec le changement de la lumière naturelle du jour. Quand le vent traverse et franchit les surfaces de l’œuvre, en la transportant dans tous les sens suivant ses rythmes, se produit

JOURNALISTE : Laure Malécot

œuvres, pour « combler ce vide à meubler, même avec du rêve ». Dès son entrée à l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, elle décide de se vouer à l’art, avec le soutien de sa famille : « Être artiste, c’est une vie liée au rêve avec un terrain qui bouge, qui flotte toujours… Mon père nous a toujours laissé le choix, encouragé et appris à être libres ». Aux Beaux-Arts, elle suit une for-mation de design, apprend la perspective, « ces dessins avec des points filants, on peut suspendre avec des lignes… C’était important de structurer des visions ». Son travail de fin de premier cycle, en 1996, une installation intitulée Elle et Lui, répond au thème « partir d’une architecture animale

Le piège 2, 2011mini chaise sculpture, matière en coton, branche, fils à coudre, sur toile (60/70 cm).

Territoire Politique, 2011mini chaise sculpture, matière en

coton, fils métallique, sur toile(60/60 cm).

Repos, 2010 Installation in situ, variété d’éléments et matériaux (mixed media).

Barrière, 2008Fils de soie in

situ, installation/dimension

variable.

pour aller vers une architecture humaine ». Jamila Lamrani s’inspire du cocon, élabore des structures métalliques d’abdomen de papillon et des fils de soie suspendus. Le couple Art, tissé de fils de soie, est même habité pendant sa première présentation par de vrais papillons voletant dans l’espace. Cette installation, qu’elle qualifie de « rêve magique » et affectionne particulièrement, a par la suite été exposée deux fois.

Pyramides et féminitéEn 1998, lorsqu’elle sort diplômée de l’Institut National des Beaux-Arts, se dessinent, en filigrane dans son esprit, les lignes princi-

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ART CONTEMPORAIN

Page 2: Jamila Lamrani, architecte de rêve

un jeu de vide/plein dans lequel le spec-tateur est invité à s’infiltrer  : « impliqué physiquement, il donne vie à cette archi-tecture/œuvre, grâce à cette curiosité qui le poussera à vouloir découvrir, voir l’œuvre de près, y capturer un moment de silence, de réflexion ».

Libération populaireJamila Lamrani, invitée à s’exprimer sur le Printemps arabe, spécialement en Tunisie, propose une installation de couleur très vive, rouge sang sur fond blanc. Le peuple veut, d’après le slogan des manifestants tunisiens, « est un enregistrement d’un cri dans la rue ». « Je suis africaine et arabe, il fallait que je réagisse », affirme l’artiste, qui introduit là le son : une voix dit un poème de Abou El Kassem Chaa-bi, grand poète tunisien, qui a appelé à la libération populaire et milité pour les droits de la femme, allié à un chant qui lui répond. Dans cette même année 2011, très prolifique, elle retourne au noir et blanc pour l’Afrique, un continent de coton pur, sans frontière, qui « traite de la rareté de l’or bleu (l’eau), de la sécheresse. Une voix demande de l’aide, de l’eau, dans un léger chuchotement, en alternance avec le silence ». Présentée à Marrakech, à Art Fair, par la galerie FJ, cette œuvre marque les esprits. La commissaire d’exposition Marie Deparis Yafil expose l’artiste dans plusieurs projets autour du rêve, entre 2011 et 2013, dont Au-delà de mes rêves, montré au Monastère Royal de Brou et H2M, à Bourg-en-Bresse, en résonance avec la

Biennale de Lyon. En 2014, elle participe à l’exposition collective Identités à l’Institut des cultures de l’islam à Paris. De Territoires politiques en Territoires poétiques, Jamila Lamrani lutte contre le Cercle de l’oubli, au-delà de la pensée, grâce aux rêves qui lui sont si chers…Lors de l’exposition collective Trace of the Future (2015), au Musée de la photographie et des arts visuels de Marrakech, Jamila Lamrani a présenté Le peuple veut et Landscape, impressionnante installation murale qui fait presque 7 mètres sur 4,5, réalisée lors d’une résidence en Angleterre. Dans cette « peinture sans peinture », de petites toiles du blanc au noir en passant par des nuances de gris s’assemblent en un paysage changeant à chaque assemblage.

Table à tiroirsPour Lumières d’Afrique, 54 artistes pour la COP21, au Palais de Chaillot de Paris, il était demandé à chaque artiste de travailler sur le thème de la lumière et de l’accès à l’énergie. Jamila Lamrani a imaginé et conçu Africa Dreams, installation sous forme de table à tiroirs. Chaque tiroir traite d’une question  : le savoir, la lumière, la rareté de l’eau, les maladies. Dans un grand tiroir, le continent est traversé de part en part d’un chemin de fer où file un train : « C’est une pensée qui abolit les frontières et met en valeur la rencontre des peuples à travers un voyage imaginaire ». La surface de la table, en creux, contient 54 bocaux fermés par

les drapeaux des pays africains, dont une vingtaine, pour l’instant, sont emplis du sable des pays ainsi désignés. L’artiste, qui rêvait de pouvoir réunir les sables (ou lles terres) de toute l’Afrique en un même espace, avait demandé à tous les artistes participants d’en ramener. La réalité s’étant confrontée au rêve, certains bocaux sont vides, exprimant ainsi la problématique du franchissement des frontières : « L’artiste djiboutienne m’a ramené des petits cailloux, qu’on lui a confisqués à l’aéroport d’Istanbul, sous prétexte que cela pouvait constituer des armes ». Mais Jamila Lamrani n’a pas fini de rêver. L’œuvre vit et s’enrichit, les bocaux se remplissent peu à peu, « en hommage à tous les migrants emportés par un rêve de changer leur réalité, qui font tout pour dépasser les frontières, se jettent dans la mer pour atteindre un Eldorado imaginaire ». Jamila Lamrani essaime des traces d’une Afrique sans frontières, des architectures de rêves, des vœux de libre-circulation des humains sur une planète avec laquelle ils ont, pour beaucoup, oublié de dialoguer. Elle, qui conçoit l’artiste comme « celui qui souligne, cible les problèmes et leurs sources, en y apportant un autre regard », construit son œuvre de fils tendus et d’es-paces de réflexion, de méditation, pour se souvenir, ne pas se laisser happer par le vide, ne pas oublier de se parler. Bien au-delà des appartenances communau-taires, Jamila Lamrani construit patiemment une œuvre universelle, contemporaine et intemporelle.

Mémoire 1 - Architecture/Sculpture 2008Tulle et dentelle, 400 cm x 600 cm.

JAMILA LAMRANI ESSAIME DES TRACESD’UNE AFRIQUE SANS FRONTIÈRES,DES ARCHITECTURES DE RÊVES.

ART CONTEMPORAIN

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