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LE RABAN n.m.: bout de cordage, cordon fixé au bordage qui maintient le gouvernail «Nous soignons ceux que le monde oublie peu à peu» N°5 Novembre 2009 Publication interne trimestrielle de la Délégation Rhône Alpes/Bourgogne de Médecins du Monde Edito « La garde meurt mais ne se rend pas ! » Cambronne* Si la rentrée sous un soleil radieux est de bon augure face aux inquiétudes grippales et autres virus hivernaux, l’actualité régionale, nationale et internationale est néanmoins parsemée de nuages gris. Qu’importe ! Vous êtes nombreux à vous investir par tous les temps et sur tous les fronts pour que chacun soit reconnu pour ce qu’il est et non pour ce qu’il représente. A ce titre, nous sommes heureux d’accueillir les nouveaux bénévoles, venus grossir à la rentrée les rangs de l’action solidaire menée par MdM depuis 1980. Le printemps et l’été 2009 ont vu éclore de nouveaux partenariats et se pérenniser des actions et des liens déjà forts ; mais ne nous réjouissons pas trop vite ! Les problèmes de visa (pp. 23) ou les récents événements en Guinée (p. 11), entre autres, démontrent une fois encore les limites des Etats et administrations à faire face à une situation. Mais cela appuie un peu plus, malgré les drames, le bien fondé de nos actions qui, bon an mal an, ne sont pas prêtes de s'arrêter. Ainsi, il n'est pas question ici de réussite ou d'échec, mais bel et bien d'un combat pour lequel chacun, à son échelle, apporte ce qu'il a de meilleur et se dépasse par conviction ou nécessité. L'ensemble des étudiants du Master 2 « Communication, Humanitaire et Solidarité » s'est incrit dans cette démarche pour réaliser ce numéro de rentrée. Petit tour d'horizon... Quentin Léal DOSSIERS THÉMATIQUES : CASO : Grenoble / Lyon : un jour, des histoires... Au delà des frontières / Focus : 3 pays, 3 situations... Bolivie : nouvelle mission exploratoire... Guinée : Conakry, chronique d'une mort annoncée... Pakistan : de la menuiserie à l'humanitaire. Portrait d'un logisticien de retour de mission SOMMAIRE C'est arrivé près de chez vous Dossier CASO Grenoble / Lyon pp. 23 Evénements MdM vibre aux sons de Jarring et du Foreztival p. 4 Journée sur « La santé mentale » p. 7 Conférence « Refus de la misère » p. 8 Interventions Embarquement sur la péniche p. 5 Une journée dans les squats p. 6 Nouveautés Création d'un poste pp.45 Au delà des frontières Adoption Internationale p. 9 Bolivie /Pakistan p. 10 Guinée / Pakistan (suite) p. 11 Agenda / carnet rose p. 12 * Réponse du général français suite à l'injonction anglaise « vous vous êtes bien battus... rendez vous... » à Waterloo.

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réalisation durant le m2, plus particulièrement au poste de rédacteur en chef (rédaction de l'édito mise en page et correction)

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LE RABANn.m.: bout de cordage, cordon fixé au bordage qui maintient le gouvernail

«« NN oo uu ss ss oo ii gg nn oo nn ss cc ee uu xx qq uu ee ll ee mm oo nn dd ee oo uu bb ll ii ee pp ee uu àà pp ee uu »»

N°5 Novembre 2009

Publication interne trimestrielle de la Délégation Rhône Alpes/Bourgogne de Médecins du Monde

Edito«Lagardemeurtmaisneserendpas!»Cambronne*Si la rentrée sous un soleil radieux est de bon augure faceaux inquiétudes grippales et autres virus hivernaux,l’actualité régionale, nationale et internationale estnéanmoins parsemée de nuages gris. Qu’importe ! Vousêtes nombreux à vous investir par tous les temps et sur tousles fronts pour que chacun soit reconnu pour ce qu’il est etnon pour ce qu’il représente. A ce titre, nous sommesheureux d’accueillir les nouveaux bénévoles, venus grossirà la rentrée les rangs de l’action solidaire menée par MdMdepuis 1980.Le printemps et l’été 2009 ont vu éclore de nouveauxpartenariats et se pérenniser des actions et des liens déjàforts ; mais ne nous réjouissons pas trop vite ! Lesproblèmes de visa (pp. 2­3) ou les récents événements enGuinée (p. 11), entre autres, démontrent une fois encore leslimites des Etats et administrations à faire face à unesituation. Mais cela appuie un peu plus, malgré les drames,le bien fondé de nos actions qui, bon an mal an, ne sont pasprêtes de s'arrêter.Ainsi, il n'est pas question ici de réussite ou d'échec, maisbel et bien d'un combat pour lequel chacun, à son échelle,apporte ce qu'il a de meilleur et se dépasse par convictionou nécessité. L'ensemble des étudiants du Master 2« Communication, Humanitaire et Solidarité » s'est incritdans cette démarche pour réaliser ce numéro de rentrée.Petit tour d'horizon...Quentin Léal

DOSSIERS THÉMATIQUES :CASO : Grenoble / Lyon : un jour, des histoires...Au delà des frontières / Focus :3 pays, 3 situations...Bolivie : nouvelle mission exploratoire...Guinée : Conakry, chronique d'une mort annoncée...Pakistan : de la menuiserie à l'humanitaire. Portrait d'unlogisticien de retour de mission

SOMMAIREC'est arrivé près de chez vousDossier CASO Grenoble / Lyon pp. 2­3EvénementsMdM vibre aux sons de Jarring et du Foreztival p. 4Journée sur « La santé mentale » p. 7Conférence « Refus de la misère » p. 8InterventionsEmbarquement sur la péniche p. 5Une journée dans les squats p. 6NouveautésCréation d'un poste pp.4­5Au delà des frontièresAdoption Internationale p. 9Bolivie /Pakistan p. 10Guinée / Pakistan (suite) p. 11Agenda / carnet rose p. 12 * Réponse du général français suite à l'injonction anglaise « vous vousêtes bien battus... rendez vous... » à Waterloo.

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DOSSIER CASO / GRENOBLE ET LYON : REGARDS CROISÉS

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Ils sont mariés, viennent d'arriver en France, et sont enattente d'une décision de la préfecture pour savoir s'ilspourront y demander l'asile. Ils expliquent l'objet de leurvisite: tous deux souahitent voir un médecin. La femme estreçue la première, et se plaint de maux de gorge. Ellesouhaite un bilan sanguin complet, car elle se sent fatiguée.Le médecin lui explique que cela n'a pas l'air urgent, et luipropose d'attendre d'être mieux déterminée sur sa situationavant de procéder à des examens plus complets. Elle luidonne cependant quelques médicaments pour la gorge etles maux de tête.Son mari, lui, pense avoir la grippe, même si son état s'estamélioré. Il souhaite également que l’on examine denouveau la radio que la préfecture a pris de ses poumons.Le médecin ne trouve rien, mais lui donne tout de mêmedes antidouleurs. Entre temps, l'assistante sociale aaccueilli la dame dans son bureau, et celle­ci a pu exprimerses difficultés personnelles. On la sent très émue, mais ellese ressaisit lorsque son mari la rejoint. Lors de cetteentrevue, l'assistante sociale leur explique les démarches àsuivre, leur situation future dépendant de l'autorisation dela préfecture. Face à leur détresse, Florence propose à lafemme de rencontrer la psychologue de MdM. Ce sontdonc tous les aspects des souffrances individuelles qui sontpris en charge au sein de la structure.Une réponse pour chacunDans le couloir, un couple de Polonais d’une trentained’années environ, attend pour voir le médecin. Nouséchangeons quelques mots dans leur langue. La femmenous apprend que le bandeau qu’elle porte sur le visage estle résultat d’un coup violent, cadeau agressif qu’elle a reçudans la rue. En France depuis quelques mois, et ne parlantpas français, ils ont rencontré de nombreux problèmespour accéder aux services sociaux ; Angélique, salariée duCASO, les reçoit. Elena [1] essaye de retranscrire laconversation à son mari, mais ses paroles se perdent dansle brouillard de la traduction.[1] Prénoms d'emprunt (NDLR)

Nous avons suivi, durant une journée, le quotidien duCASO de Grenoble. Reportage.Un espace lumineux et aéré, quelques sièges et coussins decouleur vive ; au centre de la pièce, des jeux pour enfants.C’est dans une salle d’attente en apparence classique, maisen réalité emplie de chaleur et d’attention, que se jouent lespremiers instants d’un après­midi au CASO de Grenoble.Etre au plus près de chacunLe Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation grenobloisde Médecins du Monde a pour vocation premièrel’accompagnement de toute personne en difficulté face àl’accès aux soins. Une équipe médico­sociale complète estprésente. Parfois éprouvés par de nombreuses déconvenuesadministratives, les bénéficiaires doivent avant toutretrouver un soutien dans leurs démarches et une écouteattentive.Florence, assistante sociale, s’étend sur l’importance de cesmissions, facilitées selon elle par la petite taille de lastructure et de la ville de Grenoble : « les partenairesassociatifs se connaissent, ce qui optimise la qualité de leurtravail ». Les usagers ne sont pas des anonymes, ainsi,l’échange humain prévaut. L’exemple d’Andreï [1] nous leconfirme. Arrivé de Géorgie il y a 3 mois, il a fui son payspour des raisons politiques. Après avoir été pris en chargepar un organisme épaulant les demandeurs d’asile, il a étéredirigé vers MdM. Durant notre bref échange, il vante,pêle­mêle, les mérites de la démocratie en France, lesoutien efficace que lui offre la structure, et la chaleurhumaine de l’accueil. Pendant qu’il s’exprime avecémotion, son fils s’active autour de la table de jeux, sousl’œil bienveillant de sa mère et des intervenants présents.

Une prise en charge complète et attentive des usagersUn couple d’origine tunisienne est là, dans la salle d'attente.Pour elle, c'est la deuxième visite dans la structure, maispour lui, c'est la première fois. Ils sont très vite reçus dansune petite pièce fermée, qui doit servir habituellement à desvisites médicales. La bénévole est rapide et précise dans sesquestions. Elle explique qu'elle n'est pas de la police, maisqu’elle a besoin connaître leur situation.

Florence, en entretien avec Elena

L'équipe du Caso de Grenoble

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Nouvelles des partenaires algériennes de MdMVenant de Constantine, elles auraient dû arriver le 12octobre pour des formations au CHU de Grenoble puisavec l'association Education Santé Isère. Délais pluslongs que prévu, problèmes de transmission desinformations… les visas des trois Algériennes ont étédélivrés trop tard, et les billets d’avion annulés. Lespartenaires n'arriveront qu'une semaine plus tard, neparticipant qu’à la moitié du programme, heureusementtrès réussi et riche en informations et échanges. Ouquand la bureaucratie entrave les partenariatsmédicaux…

Le CASO de Grenoble• Une structure fondée en 1988.• Une à dix personnes accueillies par après­midi.• Une assistante sociale, deux psychologues, unmédecin, des infirmières, des pharmaciens et desspécialistes à disposition des usagers.• Plus de 80% des personnes reçues sont desétrangers ; les trois­quarts environ sont sans­papiers.• De plus en plus de retraités dépassant juste leplafond de la CMU sont accueillis.

Malgré tout, Angélique, habituée à ce genre de situations,arrive à la comprendre, et les réfere à un médecin quiaprès consulation leur remet des médicaments pour luttercontre la grippe hivernale. Après un dernier échangesouriant avec l’équipe, ils quittent la chaleur de MdMpour affronter de nouveau les rafales du vent d’automne.Une histoire particulière de plus, peut­être un peu tropcommune, qui alimente le quotidien animé de lastructure...Peu après, nous rencontrons deux hommes venusrécupérer un réchaud et un duvet. Depuis quelques mois,l’antenne de Grenoble met à disposition ce type dematériel pour les personnes en situation de grandeprécarité, rencontrées dans le cadre de tournéeshebdomadaires (maraudes). A l’issue d’un ultime entretienmené par Florence, c’est déjà la fin de cet après­midiriche et poignant, vécu au gré de différents parcoursindividuels.Aurélie Arnoux, Mathilde Mariette, Liam Nolan et ThibaultSimonet.

Rue Ste Catherine, une dizaine de personnes attendentl’ouverture du Centre d'Accueil, de Soins et d'Orientation(CASO).Ils viennent d'horizons différents et ce n'est pas vraimentétonnant que chacun reste dans son coin. Venir ici entameun peu la dignité de chacun et une atmosphère timide etfroide se dégage. Un homme nous accoste tout de même.En anglais, il nous demande une cigarette.Nous apprenons qu’il vient du Nigéria. Il a débarqué enFrance par hasard il y a 9 jours, stoppé à Marseille alorsqu'il voulait passer en Angleterre. Le CASO l'accueillepour son diabète et les soins de sa jambe fracturée. Pourl’instant, il subit des examens, alors que lui pensait obtenirdes médicaments. Cela fait 3 jours qu’il est suivi.

Pendant ce temps, au CASO de Lyon...

A 34 ans, il ne veut pas avoir d’enfants. « Je préférerais nepas être né... », nous confie­t­il, amer.Une fois entrés dans la salle d'attente, tout le monde seprécipite vers les deux accueils.Mais très vite, l'ordre se rétablit et une ambiance moroses’installe. La préoccupation est palpable dans la salled'attente, et certains montrent déjà des signesd’impatience. Deux SDF viennent récupérer des duvets.Quelques chuchotements troublent le silence et on entendles échos de différentes langues. Spontanément, un hommese propose de faire office d’interprète pour les famillesRoms.La gaieté des enfants témoignent de leur insouciance. Ilsjouent entre eux et s'offrent des goûters, sans barrièreculturelle. Deux petites Roms se lient d’amitié avec unguinéen du même âge sous le regard bienveillant de leursparents. Le bras posé sur la poussette où dort sondeuxième enfant, la mère du petit guinéen nous dit êtrearrivée en France il y a 2 ans. Son mari, polygame, nepouvait l'entretenir. Sans ressources, elle vient pour ladeuxième fois au CASO, et de ses confidences émanentune envie d'ouverture et de partage.Ainsi les personnes en détresse ne viennent pas seulementau CASO pour des consultations... Elles cherchent aussiune oreille attentive.Lokomo Nondo et Marie­Dominique Richard.

Un usager venu récupérer un duvet et un réchaud

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Un nouveau poste pour la mission régionalisationJulie Bellenger, 32 ans, sociologue, est une anciennement bénévole de Médecins du Monde et membre du Collège régionalRhône Alpes. Elle occupe depuis le mois de septembre la fonction de chargée de Mission régionalisation. Cela consiste àrelayer les actions de l’association au niveau local et à donner de nouvelles responsabilités aux délégations régionales. Ainsi,celles­ci peuvent adapter leur mode de fonctionnement à la réalisation de projets territoriaux dans différents contextes. Julie apour mission d’accompagner les délégations régionales, de définir avec elles leurs besoins et de réflechir à une stratégie pardes outils méthodologiques adaptés. Elle permet de faire le lien entre les différentes délégations et de relayer les informationsauprès des bénévoles.Actuellement, Julie Bellenger effectue un « tour de France » des délégations régionales afin de réaliser un « état des lieux », d’expliquersa mission et les objectifs. La finalité consiste à mettre en place une méthodologie et un suivi de projets correspondants aux attentes dechaque région. Nous sommes convaincus que cette démarche portera ses fruits.4

« Un don pourun nouveaucamion »Une soirée de récolte de fonds à la fête de la musiqueracontée en direct, par le bus lui­même !« 21 juin 2009, me voici dans un milieu que je ne connaisguère, non pas sur la place Carnot, ni aux Terreaux maisdevant l'entrée du parc de Gerland d'où résonnent desmusiques électroniques. Ce ne sont pas ceux que jerencontre d'habitude lors des permanences, mais despersonnes qui vont faire la fête. Les gens me regardentétrangement mais n’hésitent pas à m’approcher. Ilss'arrêtent et écoutent mes douze collègues bénévolesprésents pour leur parler de moi et de ce que nous faisons.Depuis plus de 10 ans, nous nous attachons à accueillir aumieux des personnes souvent victimes d'exclusion afin deles orienter, de les accompagner ou parfois simplement deles écouter et de leur accorder un peu de notre temps. Lesdialogues alors engagés sont riches. L'objectif principal devisibilité et de sensibilisation est pleinement atteint. Auloin, l'association Jarring Effect qui organise ce concert,pour nous soutenir dans notre action, font défiler sur lascène des photos de moi réalisées par le collectifLightgraf. On voit bien que je ne tiens plus la route et queje deviens de plus en plus vieux pour trainer dans la ruedes soirées entières, alors certains font leur fonds depoche. Petit à petit la cagnotte monte... je sens que je vaisfaire long feu ! »Morgane Cariou, Mathilde Mariette et Fabienne Thiry

Foreztival : « Consommerà moindre risque »En août, sur le site du Foreztival (Trelins, 42), MdM amis les bouchées doubles.En gonflant son effectif à onze bénévoles (dont

quatre médicaux) issus de la mission bus, MdM asu remplir ses objectifs de prévention et de

réduction des risques liés à l'usage des drogues. Denombreuses réunions de préparation visant à coordonnerles actions des différentes associations présentes sur lefestival (Keep Smiling et FMR) ont été mises en place.Postés derrière un stand visible et bien décoré ou lors desmaraudes permanentes, les bénévoles ont pris leur rôle àcœur en distribuant tracts d’information, kits stérilisés etpréservatifs. Ils ont privilégié le dialogue et ont assuré unsoutien psychologique, humain et médical aux personnesen état d’ébriété ou de surconsommation de stupéfiants. Ilsétaient également présents sur le parking du site, bien quel'interdiction du son sur ce dernier ait réduit safréquentation.MdM a travaillé de concert avec KS et FMR, orientant lesfestivaliers vers la structure adaptée à leurs besoins. Cettecomplémentarité dans l'action fut pour l'organisation dufestival un gage de réussite. Pour le Foreztival 2010, leréengagement de MdM fera l’objet d’un débat au cours desprochains mois. Désormais, FMR a pris de l’ampleur, d'oùun questionnement sur l'utilité de l'action de MdM. Agarder cependant en tête que la Croix Blanche n’intervientpas sur les parking et que l’absence de MdM laisserait cettezone du festival à l’écart de toute éventuelle interventionmédicale !

De gauche à droite :Marc, Lae, Antoine,François, Thierry,Myriam, Thomas etAnne­Cécile.

ÉVÈNEMENTS

NOUVEAUTÉS

Gerland, le 21 juin 2009

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Jetons l'encre sur la Péniche...C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à

l’Italie, il y a des fleurs qui embellissent laterrasse et c’est joli…

On dirait le Sud, le temps est plaisant, mais on est bien surles berges du Rhône à deux pas de la gare Perrache àLyon...Voilà un lieu peu commun pour garantir aux personnes ensituation de précarité un accueil de jour. De 14h à 17h30,du lundi au vendredi, chacun franchit la passerelle pourdes raisons personnelles. Les uns viennent se rencontrer,créer du lien social autour d'une partie de carte ou d'un jeud'échecs, les autres, juste, se posent dans un coin,regardent la vie qui s'anime en buvant une boisson chaude.Et pourtant le naufrage n'est jamais très loin pour cespassagers que la vie à terre n'a pas épargné.« Les gens ne viennent pas pour manger, ni se vêtir,mais pour rencontrer de l'humain ».Mais l'accueil n'est pas la seule raison d'être de la Péniche :les 4 salariés et 50 bénévoles proposent aussi uneassistance sociale, des conseils en orientation et unemédecine préventive afin de remplir leurs 4 missions :accueillir, écouter, informer, orienter.

Marie­France Paquient, psychologue de Médecins duMonde, bénévole à la Péniche depuis 5 ans se réjouit devoir que l'alchimie fonctionne : une cinquantaine depersonnes par jour en moyenne, soit plus de 15 000passages par an. Pour elle, la Péniche est « un bistrotsocial », où les gens « ne viennent pas pour manger, ni sevêtir, mais pour rencontrer de l'humain ».Les passagers de tous âges et toutes origines embarquent làoù l'enquête est prohibée et l'individu valorisé. Certains ontbesoin de parler, se confier aux autres, aux bénévoles, oud’utiliser les douches mises à leur disposition.A l'intérieur, l'ambiance est conviviale et chaleureuse. Lespassagers se divertissent autour de jeux de société quandd’autres préfèrent le silence du large, quelquefois muetspendant plusieurs années, tel « l'Homme à la casquette ».L'odeur du café et du chocolat chaud qui se répand dansl'atmosphère donne à ce lieu un caractère paisible, donttout le monde a envie de prendre soin.A l'extérieur, les passagers peuvent profiter de la terrassefleurie par une des bénévoles du parc de la Tête d'Or. C'estun espace tranquille où on peut discuter, fumer unecigarette, échanger tout simplement...Venez naviguer avec eux, la Péniche est toujours à larecherche de nouveaux bénévoles.Manuel Jaskowiak, Chloé Lhoir et Marta Wnorowska

Des usagers profitant du lieu autour d'une partie de cartes

Pour tous renseignements, contactez Gérard :Tél. : 04.72.41.72.45

[email protected]

INTERVENTIONS

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Unejournéedelamissionsquat« Nous, on est les fourmis laborieuses » telle est l'imagequ'Isabel Marblé utilise pour présenter son travail detravailleuse sociale sur la Mission Squat de MdM depuissept ans.

« Une journée type ? Ca n'existe pas ! » s'exclame Isabeldés notre arrivée dans son bureau de consultation.Elle s'accorde à dire « notre boulot, c'est d'aplanir,d'enlever les obstacles pour que le soin puisse être mis enplace. Voilà, s'il y avait une définition de notre travail ceserait celle­là (...) c'est pour ça que le travail de repéragedehors est très important » et du coup « on marchebeaucoup ».Seule, ou accompagnée d'une infirmière, il s'agit

tout d'abord d'un travail de repérage qui demandedu temps, de la discrétion et qui peut poser des

difficultés suivant le type de squat dont il s'agit : bâtimentou terrain. Les indications fournies par les gens sur lalocalisation des squats sont souvent peu exhaustives : « àcôté d'un feu rouge, d'un magasin, pas de numéro, ni denom de rue ». Cette étape est primordiale, puisqu'elleconsiste à faire un état des lieux simple, à constater lenombre de personnes, l'état de santé des enfants, d'évaluerl'accès à l'eau, l’électricité et l'état de salubrité du squat.A son retour au CASO, elle en réfère aux deuxresponsables de mission et à la coordinatrice afin de définirun plan d'action en fonction des besoins du terrain. Ensuitese met en place un va­et­vient permanent entre le terrain etle CASO.

Il est important de tisser et développer un lien de confianceavec les Roms (qui "habitent" majoritairement ces lieux)afin de les orienter selon leurs besoins, vers un centre desoin, le SAMU social... Ce sont ces nombreux allers­retours qui permettent de créer le lien pour que, enconfiance, ils se déplacent à la rencontre des médecins... Ilest également primordial d’assurer un suivi continu etrégulier, surtout lors de pathologies lourdes ou de risque decontamination, qui requièrent l'appui d'un médecin.

« La mission de MDM, et la mienne sur les terrains, estd'orienter les gens, quand ils peuvent le faire, vers "desstructures" de droit commun (Maisons du département...),de les diriger sur le centre d'accueil et de soins, ou sur lesPASS, les hôpitaux s’ils ont des droits ». Isabel confirmeavoir un rôle de passerelle, rôle qui peut s'avérer difficilecar « il n'y a plus de cadres quand on est dehors ». Ellenous donne sa définition du travailleur social comme étantquelqu'un de pluridisciplinaire qui jongle entre les actionssociales, juridiques et de médiations.« Notre but, c'est d'accompagner les gens le pluslongtemps possible et de les guider le mieux possible ».Travailler au contact de l'humain, c'est s'adapter chaquejour.Blandine Le Roy et Sabine Rainaud

Squat derrière la Part­Dieu

« L’importance de prendre le temps »Isabel Marblé sur le terrain

INTERVENTIONS

E N S A V O I R P L U S S U R L E S S Q U A T S , S U R L E S R O M S . . .* Roms et Tsiganes, Jean­Pierre Liégeois, 2009, La Découverte (Collection Repères Sociologie).* Roms, Roma Housing Comparative Report, Agence Européenne des Droits Fondamentaux sur les gens du voyage, oct. 2009.* Les enfants des squats ont droit à l’école, Gagneur Elisabeth, Ecarts d’identité, 2007, n°110.* Squats ­ Un autre point de vue sur les migrants, Freddy Muller , Florence Bouillon, 2009, Eidtions Alternatives.* Les mondes du squat ­ Anthropologie d'un habitat précaire, Florence Bouillon et Michel Agier (Préfacier), 2009, PUF(Collection : Partage du savoir).

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Pétage de plomb,équilibre psychique,folie… vous connaissez ?L’enjeu de la journée régionale du samedi 7 novembre2009, présidée par M. Micheletti, est de mieux noussensibiliser à la question de la santé mentale.L’accès aux soins pour un sans­abri présentant des

troubles psychiques s’avère être un véritableparcours du combattant. C’est donc dans des

situations bien particulières qu’intervient MdM enpartenariat avec « Interface SDF » auprès de cespersonnes. L’équipe mobile crée un premier contact etétablit un climat de confiance pour orienter ces personnesvers les structures les mieux adaptées à leurs besoins.Interface SDF prend ensuite le relais pour leur prise encharge.Fort de son expérience, Francis Maqueda, psychologueclinicien, nous a livré quelques réflexions à propos dutravail qu’il réalise au sein de l’équipe « psy » de MdMLyon. Il reçoit et accueille principalement des demandeursd’asile. Violences, tortures ont pu être leur quotidien dansun ailleurs, d’où ils ont été contraints de s’exiler. Ce sontdes personnes affaiblies qui rencontrent des difficultéspour recréer un lien social.Quel rapport entre inter culturalité et santé mentale ? Parinter culturalité, on entend une rencontre entre deuxpersonnes ayant des codes, des référents socioculturelsdifférents. Or les troubles présentés par le patient reflètentl’universalité de la souffrance psychique, quelle que soit lafaçon dont elle se manifeste.PRÉCARITÉ, SANTÉ MENTALE ET INTERCULTURALITÉ :LE TRIO INFERNAL.A 95%, les personnes qui viennent à MdM se plaignent dedouleurs physiques (mal de dos, maux de tête…). Celles­cisont très souvent la manifestation de souffrancespsychiques, signe d’un besoin d’accompagnementpsychologique. La personne est morcelée dans sa chair etdans son âme à cause du traumatisme subi, telle uneeffraction…Ce patient, en venant consulter, peut trouver un lieurassurant et qui lui permet de retrouver un certain équilibre.Dans sa prise en charge, certains éléments sontfondamentaux : la régularité des rencontres, le lieud’accueil et la présence d’un interprète pour pouvoirs’exprimer dans sa langue maternelle.

UN VÉRITABLE CERCLE VICIEUX.Personne n’est à l’abri de souffrir un jour d’un troublepsychique. La santé mentale n’est pas seulement l’affairedes psychiatres, psychologues ou infirmierspsychiatriques, elle nous concerne tous. Les pathologiessont nombreuses : dépression, troubles bipolaires, ESPT(Etat de Stress Post­Traumatique), schizophrénie, et biend’autres encore… Lorsque le trouble psychique entretientune liaison dangereuse avec la précarité, cela devient unvéritable cercle vicieux.Pourquoi ? Simplement, parce que la précarisation socialepeut être la conséquence de troubles psychiques traités ounon, ayant invalidé les capacités sociales et d’adaptationde la personne. Ces troubles peuvent eux­mêmes êtreaggravés par un mode de vie précaire rendant difficile laconduite et la continuité d’un projet thérapeutique.Claire Austen et Isabelle Sanyas

Francis Maqueda nous parle « d’alliance avec le patient ».Une relation de confiance est indispensable à lareconstruction du sujet.Lorsqu’un homme sénégalais parle de « marabout », ouune femme bosniaque de « djinn », n’oublions pas quec’est juste une façon différente d’évoquer leurs référentsculturels individuels et/ou collectifs. Une écoute attentiveest donc garante du respect de l’intégrité de chacun.Accueillons l’Autre comme on aimerait nous­mêmes êtreaccueillis. Et devenons tout simplement « Citoyens duMonde ».

ÉVÈNEMENTS

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.outefois, ce neuvième rapport annuel ne fait pas querappeler les faiblesses du système mais tente de lesrésoudre. Pour ce qui est de l’accès à l’information, larencontre fixée vendredi 16 octobre entre le président deMédecins du Monde, le Dr Olivier Bernard, et la ministrede la Santé, Roselyne Bachelot, apportera peut­être unesolution au problème. Le lancement d’une éventuellecampagne visant l’amélioration de l’information sur lessoins sera peut­être abordé. Il s’agirait de renseigner lesfuturs patients sur leurs droits et de rappeler auxprofessionnels leur devoir de les soigner.Notons que l’Etat aura aussi un rôle clé dans lasimplification du système de couverture maladie, car luiseul peut faire fusionner la CMU et l’AME pour plusd’efficacité comme le revendique Médecins du Monde.Mélanie Tate et Serge Noujaim

La journée mondiale du refus de la misère,c’est quoi ?Le 17 octobre 1987, à l'appel du Père Joseph Wresinski,100 000 défenseurs des Droits de l'Homme se sontrassemblés sur le parvis du Trocadéro, à Paris, pourrendre honneur aux victimes de la faim, de la violenceet de l'ignorance, pour dire leur refus de la misère etappeler l'humanité à s'unir pour faire respecter lesDroits de l'Homme.Proclamée Journée internationale pour l'élimination dela pauvreté par l'assemblée générale des Nations Uniessuite à l’initiative de Javier Perez de Cuellar, anciensecrétaire général de l'ONU, cette journée faitdésormais l’objet de nombreux rassemblements qui setiennent le 17 de chaque mois.Cet évènement est l’occasion de montrer publiquement, auniveau local, national et international, qu’un nombrecroissant de personnes est d’accord avec cette affirmation ettravaille, chacune à sa manière, à sa réalisation.Pour sa part, Médecins du Monde œuvre pour l’accès auxsoins des plus démunis.

Journée mondiale du refusla misère : MdM s’impliqueJeudi 15 Octobre avait lieu à Médecins du Monde à

Lyon une conférence de presse en prémices de lajournée du refus de la misère. Le docteur Bernard

Longin s'est exprimé en présentant les chiffres significatifsde l’année 2008. Plus de 33000 consultations auront étéeffectuées au sein des 22 Centres d’Accueil de Soins etd’Orientation (CASO) au niveau national. Parmi cespersonnes, 98% vivent en dessous du seuil de pauvreté(sois moins de 880 euros par mois), étrangers pour la quasitotalité (89%). A l’ordre du jour cette année, troispréoccupations majeures.LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE (CMU) ET SES LIMITES

Créée depuis dix ans pour défendre le principe du droitfondamental à la santé pour tous, la CMU doit encore faireses preuves. Des obstacles importants persistent etempêchent d’éventuels patients d’y adhérer, notammentdepuis la création de l’aide médicale d’Etat (AME), unesituation confuse pour de nombreux utilisateurs qui nesavent plus vers qui se tourner. A cela s’ajoutent desprocédures administratives complexes, ainsi qu’un manqued’information des usagers. Sur 79% des ayants­droit auxsoins, seuls 21% y ont effectivement accès.LE RAPPORT DIRECT ENTRE LOGEMENT ET ACCÈS AUX SOINS

Julie Donjon est intervenue sur la question del’hébergement, en faisant le constat que les problèmes desanté étaient directements liées aux conditions delogement. Elle illustre cette idée en rappelant que les SDFont une espérance de vie de 48 ans environ, contre 80 anspour la moyenne nationale. Les personnes sans logementrégulier ne peuvent bénéficier d’aucun suivi médical. Onest ici face à un véritable cercle vicieux : chaque thème nepeut être traité indépendamment.L’ARRÊT DES SOINS POUR LES ÉTRANGERS MALADES EXPULSÉS

Isabel Marblé a rappelé que le cycle de soins estrégulièrement interrompu pour les personnes en situationirrégulière. Particulièrement vulnérables sont lespopulations Rroms pour qui il est très difficile d’accéder àl’AME. Le système exige un minimum de 3 mois deprésence ininterrompue et justifiée sur le territoire. Ledocteur Longin s’est inquiété d’un réel renoncement dessoins de leur part : « Aujourd’hui, on assiste à unmouvement de peur qui n’était pas visible avant. LesRroms préfèrent fuir plutôt que de recevoir une notificationd’expulsion ».

Conférence de presse au CASO de Lyon

ÉVÈNEMENTS

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AU DELÀ DES FRONTIÈRES

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DES DÉFIS COMPLEXES, UNE ÉQUIPE PRÊTE À Y FAIRE FACE.

Entre 1991 et 2008, 398 enfants ont été adoptés grâce à lamédiation de l’équipe adoption de Lyon. 15 bénévoles sontcoordonnés par Patricia Le Goff et Brigitte Quentin, elles­mêmes bénévoles et Responsables Mission Adoption. Atravers leurs différentes activités, ils sont un relais entre lesparents désireux d’adopter un enfant et les enfants rêvantde faire à nouveau partie d’une famille. Une mission relaisqui s’avère de plus en plus difficile à gérer.

FORMATION À L’ACCOMPAGNEMENT : UN PAS EN AVANT

Cette année, une première à la délégation MdM à Lyon,qui accueille une formation spéciale dédiée aux bénévolessur l’accompagnement de l’adoption. Ce cursus se dérouleles 5 et 6, puis 19 et 20 octobre et les 16 et 17 novembre.Le contexte est celui de la complexité du processusd’adoption qui est loin de signifier seulement paperasses etbureaucratie. Des aspects psychologiques, médicaux etéducatifs doivent aussi être pris en compte. C’est pourquoiun consultant extérieur va être chargé de donner des coursaux bénévoles faisant partie de trois associations réuniesen « collectif pour l’adoption internationale » : MdM,Amis des enfants du monde et Rayon de Soleil. Le butgénéral est de fournir des outils pour rendre leur activitéplus performante. Cela va aboutir à faciliter la relationentre les trois parties : les familles adoptives, les enfants etles bénévoles des associations.Colette Djadeu, Andra Pomeanu et Ana PopoescuÇa se passe près de chez vous, à Lyon...* Fête des enfants annuelle : cette année, le 14 juin unecentaine de personnes ont pris part à la fête dédiée auxfamilles adoptives de la région. Pique­nique, jeux pourles enfants, joie et bonheur. L’opportunité de se connaîtreet créer des amitiés...* Fête d’accueil pour les nouveaux arrivés : chaqueannée, début janvier, on souhaite la bienvenue auxenfants qui viennent d’être adoptés. Ne ratez pas laprochaine* Réunions pour les parents : 3 fois par an, les parentsqui sont en attente d’adoption ont l’occasion de partagerentre eux leurs expériences et leurs difficultés.* Réunions des bénévoles : tous les 15 jours, lesbénévoles de Mission se réunissent pour réfléchircomment rendre leur mission possible...

En terme de ratio, une demande sur dix aboutit à uneadoption d’enfants, qui connaît une baisse remarquable àcause de la chute du nombre d'enfants adoptables. Lesraisons sont nombreuses : l’augmentation du niveau de viedans les pays d’origine des enfants ; des critères de plus enplus rigoureux imposés par ces pays. Il existe aussi uneincompatibilité entre les familles préférant des enfants enbas âges (moins de 3 ans) et les enfants proposés àl’adoption, pour la plupart âgés de plus de 5 ans, desfratries ou encore présentant des problèmes médicaux. Laspécificité de l’équipe Mission Adoption est de faireadopter ces catégories particulières d'enfants.

A LYON EN 2009 15 bénévoles 42 familles en suivi 200 dossiers de demande d’adoption 68 familles en attente 12 enfants déjà là en 2009

A SAINT ETIENNE EN 2009 13 bénévoles 13 familles en suivi 32 dossiers de demande, 14 retenus 23 couples en attente(6 pour la Russie, 5 pour la Colombie, 5 pour la Chine,4 pour le Vietnam, 1 pour Magadascar, Albanie etBulgarie) 6 couples ont assisté à la réunion de la préparation àla parentalité (en attente d'un enfant attribué) 3 enfants arrivés en 2009 (2 de Chine et 1 d'Haïti),entre 14 mois et 3 ansAge moyen des parents :40 ans pour les femmes et 38,5 pour les hommes.

Adoption : mission encore possible !

AGRENOBLE EN 2008 116 dossiers ont été étudiés par l’équipe : 23 acceptés au final(Grenoble et Paris) 7 enfants sont arrivés : 3 de Colombie, 2 du Vietnam, 2 de Chine 31 familles ont été visitées par les chargées de suivi de l'équipe

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Pakistan : « La mission parfaite »De retour d'une mission au Pakistan, Ludovic de Champs, logisticien, livre ses impressions sur cettenouvelle intervention de MDM auprès des populations déplacées.

Depuis mai 2009, plus de 2,5 millions de Pakistanais ont fui la vallée de Swat. Les diktats islamistes imposés par les talibanset leur conflit avec l'armée pakistanaise poussent ces populations à trouver refuge dans des zones plus sécurisées.Arrivé le 18 juin 2009, Ludovic, avec les équipes présentes sur place, a trois semaines pour ouvrir et rendre opérationnellesdeux bases logistiques dans les districts d'Islamabad et de Swabi. Objectif : renforcer la capacité d'accueil des structures desanté en partenariat avec les autorités sanitaires locales, créer des outils logistiques et trouver des locaux et des véhiculesnécessaires au bon déroulement de la mission. Concrètement cela passe par la mise en place de cliniques mobiles et par unappui à l'hôpital de district pour la prise en charge des déplacés. Lors de cette mission, le travail de Ludovic a consisté ainsi àrecruter des équipes.Ce que Ludovic retient avant tout de cette mission, c'est « une culture de la solidarité et de l'hospitalité hyper forte dans unpays hyper structuré » qui rendent son travail de logisticien relativement agréable dans un contexte tendu. La principaledifficulté fut pour lui de "se coordonner avec les structures déjà existantes".

LA BOLIVIE :l’un des pays les plus vulnérablesd’Amérique Latine (source OMS, 2006)• Dépenses consacrées à la santé : 6,6% du PIB• Mortalité infantile : 54 ‰ naissances (67 ‰ àChuquisaca)• Fécondité : 3,8 enfants par femme (4,5 à Chuquisaca)• 72,7% de la population de Chuquisaca estamérindienne (source : ONU 2001)• Evo Morales : Président depuis 2005, est considérécomme le premier président bolivien d'origineamérindienne

Favoriser l’accès aux soins des domestiques etl’émergence d’un mouvement de reconnaissance de leursdroits et améliorer les capacités locales de gestion desgrossesses et de la nutrition infantile devraient être lesdeux axes de ce projet. L’approche interculturelle resteraun pilier de ce programme.La mission exploratoire, quidevra faire le constat de la réalité des beoins et de lafaisabilité du projet sera menée en début d’année 2010 parLionel Liron et Ingrid Tapia, coordinatrice à Potosi etinstigatrice du projet Sucre. « Nous serons égalementaccompagnés par Pierre Casedevant, médecin généralistedu CASO de Pau », informe Lionel. Les objectifs sontprécis: identifier les communautés ciblées, rechercher desprécisions sur la santé de la population, constater lesbesoins, rencontrer les acteurs locaux.Camila Aragon, Alejandra Cuaran et Audrey Humbert

Bolivie : il fautcontinuer !MdM prépare un nouveau projetd’accès aux soins des femmes et desenfants.MDM maintient sa présence en Bolivie avec un

nouveau projet qui porterait sur la santématerno­infantile et notamment auprès des

employées de maison. Pendant cinq ans, une premièremission a été conduite à Potosi, laquelle « est devenuepartiellement autonome grâce au relais d’organismeslocaux », explique Lionel Liron, responsable de cettemission.Ce nouveau programme serait mené dans le

département de Chuquisaca qui regroupe deszones rurales très pauvres pro­gouvernementales

et la ville de Sucre, violement opposée à Evo Morales etdont la population est réputée raciste envers lesAmérindiens. Dans cette région, les domestiques,généralement de jeunes paysannes migrantes sont victimesde discrimination raciale et privées d’accès aux soins. Lasanté materno­infantile reste préoccupante : la fécondité etla mortalité infantile sont bien supérieures à la moyennenationale.

AU DELÀ DES FRONTIÈRES / FOCUS

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Ces structures sanitaires possèdent une bonne capacité d'accueil,mais l'afflux de population déplacée nécessite un renfortextérieur. Il relève « qu'il est important de ne pas déstructurer unsystème existant qui fonctionne et qui est garant d'une certaineefficacité ».Ludovic est heureux de parler de l'équipe constituée sur le terrainet d'évoquer la complémentarité des compétences de chacun. Ausein de la communauté, il est accueilli chaleureusement. Sa barbelui confère une familiarité avec les autochtones, qui lui ontimmédiatement attribué un surnom : Sheikh Khan (nom porté parle défenseur des Pachtounes). Très favorable à la présence deMdM, la population participe au succès de la mission et enrichitles échanges.Pour Ludovic, c’est « la mission parfaite ». Cependant, il resteconscient que dans un pays musulman, le fait d'être un hommesimplifie énormément les conditions de travail.

Guinée : violsdans le massacre

Si ce phénomène de viols sur la femme ne date pasd’hier, il a pris une certaine ampleur dans les paysoù sévissent les conflits armés, mais aussi dans les

Etats en quête de démocratie, où ils sont utilisés commeune arme de terreur, à l’exemple de ce qui s’est passé enGuinée. Cellou Baldé, qui travaille actuellement sur unprojet (« Kindianaise d’assistance aux détenus ») visantl’amélioration des conditions de vie et de santé en milieucarcéral, dans la ville de Kindia, est partenaire MdM dansce pays. Il avait déjà déploré une dégradation de lasituation politique, faisant allusion aux récents actes debarbarie commis par l’armée guinéenne. Il a transmisrécemment à MdM des informations relatives auxévénements de Conakry, lançant un cri d’alarme au nomdes forces vives de la nation, qui constituent la cible de lajunte.Alors que Moussa Dadis CAMARA, le chef de l’Etatguinéen, avait déclaré vouloir mener le pays vers unetransition démocratique avant de se retirer après sa prise depouvoir suite à un coup d'état militaire, celui­ci a émis lesouhait de se présenter aux élections présidentiellesprévues en janvier 2010. Suite à cette annonce, la foule desmanifestants s’est réunie le 28 septembre au stade deConakry pour protester contre cette éventuelle candidature,et a subi une violente répression de la junte au pouvoir.Lors de ces événements, environ 157 morts et plus de 1200blessés ont été dénombrés, selon l’Organisation guinéennede défense des droits de l’homme (OGDHO). Legouvernement prétend pour sa part ne recenser que 57morts et 200 blessés. Passages à tabac, humiliationsintentionnelles et viols ont été perpetrés sur de nombreusesfemmes, dont certaines ont témoigné auprès des ONG.

Tout laisse à croire que les femmes ont été spécifiquementprises pour cibles. Le nombre exact de victimes de cesexactions reste encore indéterminé. Face à la honte quesuscitent les violences sexuelles dans ce pays de culturemusulmane, les victimes hésitent à s’exprimer, et lesmédecins locaux refusent de témoigner. Celles qui osentparler, préfèrent le faire dans l’anonymat, par craintecertainement de représailles. Elles sont nombreuses àrester encore enfermées chez elles, et à craindre dedemander de l’aide. A cela s’ajoutent le sentiment de honteet la stigmatisation généralement associés au viol.

Devant cette situation chaotique, le travail des associationset différentes ONG en place, tant localesqu’internationales, s’avère être à la fois délicat etimportant, au regard de la situation d’urgence et du climatd’insécurité qui règnent dans le pays. Ces organisations, aumême titre que la communauté internationale, devrontœuvrer davantage dans la prise en charge médicale etpsychologique des victimes, ainsi que sur lasensibilisation, en s’appuyant sur les résolutionsinternationales existantes en la matière. Le conseil desécurité des Nations Unies en a adopté plusieurs,notamment celle qui condamne toutes formes de violencessexuelles (1674), et ce quel que soit le cadre dans lequelelles se produisent. L’exemple guinéen n’estmalheureusement pas isolé, et doit nous interpeller surl’ampleur mondiale de ce phénomène. Ainsi, nousappelons chacun à lutter activement contre ce genre depratiques indignes du genre humain.Lokomo Nondo et Thibault Simonet

Ludovic 2èmedepuis la gaucheet son équipelogistique

Au lendemain dumassacre : une femmeen deuil. (AFP/Seyllou)

Un parcours atypique…Après des études à Sciences Po, Ludovic, 29 ans,poursuit une formation en menuiserie qu'il complètepar un DESS en Humanitaire.Il multiplie ses activités dans l'humanitaire et travailleau sein de MdM depuis 4 ans déjà.

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DÉLÉGATIONRÉGIONALERHÔNE­ALPES/BOURGOGNE13 rue Sainte Catherine ­ 69001 LyonTél. : 04 78 29 59 14Fax : 04 26 84 78 [email protected]

MISSIONS DE LA DÉLÉGATIONGrenoble : CASO / Mission Hors Centre / AdoptionLyon : CASO / Mission Hors Centre / AdoptionSaint Etienne : AdoptionLes MIR*: Algérie et Guinée(*Missions Internationales Régionales)

Rédaction : Aurélie Arnoux, Claire Austen, Camila Aragon,Morgane Cariou, Alejandra Cuaran, Gaëlle de la Brosse,Colette Djadeu, Audrey Humbert, Manuel Jaskowiak,Blandine Le Roy, Quentin Leal, Chloé Lhoir, LokomoNondo, Mathilde Mariette, Fran McCrae, Liam Nolan,Serge Noujaim, Andra Pomeanu, Ana Popescu, SabineRainaud, Marie­Dominique Richard, Isabelle Sanyas,Thibault Simonet, Mélanie Tate, Pauline Trautvetter, JoanaVeiga, Marta Wnorowska.Dessin : Manuel Jaskowiak.Photos : Liam Nolan, Philippe Merchez, AFP.Réalisation technique : Quentin Léal, Fran McCrae.Merci à toutes les personnes qui nous ont reçus, à VincentCharbonnier, Paola Baril et Clotilde Guillerm pour leursoutien et leur aide.

AGENDA

Tous à vos plumes !Nous attendons vos articles pour le prochainnuméro du RABan.

A envoyer à l’adresse suivante :[email protected]

Bienvenue à Lucas !Le petit Lucas est arrivé le 8 septembre 2009 àVaulx­en­Velin. Du haut de ses 48,5 centimètres,et fort de ses 3,170 kilos, il regarde le monde deses jolis yeux bleus, et passe déjà de longues etpaisibles nuits. Pur produit de Médecins duMonde, il aura fort à faire pour marcher sur lestraces d’une maman coordinatrice de programmesà Lyon, et d’un papa menuisier et logisticien deMdM ! Tous les collègues de Carole et Ludovic,ainsi que les 28 néo­journalistes de l’ICOM deLyon, adressent leurs félicitations aux parents, etun petit bisou au nouvel arrivant.

ON Y SERA...7 novembre 2009. 9h à 16h30. Journée régionale à MdMLyon : « Santé Mentale et Précarité » et missionsinternationales en Asie...14­22 novembre 2009. SemainedelaSolidaritéInternationale. Guy Caussé participera le 21 novembre à unetable ronde à Echirolles.Au festival Sol’enFilms, : MdM animera des débats aprèsles séances des films Welcome (Cinéma Le Lem à Tassin le22/11 à 19h) et La Consultation (Ecully Cinéma le 23/11 à20h30). Soyez nombreux à nous y rejoindre !

Pour plus d’informations :www.cadr.fr ou auprès de Paola et Clotilde.

24 janvier 2010. 32ème Foulée Blanche.La partenariat entre MdM et La Foulée Blanche, course deski de fond à Autrans (Vercors), se poursuit en 2010.Venez nombreux nous rejoindre dans cet engagementcitoyen et solidaire.

Pour plus d'informations :[email protected]

Skiez solidaire avec Médecins du Monde !

ON Y ÉTAIT...14 juin 2009. L’orchestre des Hospices Civils de Lyon adonné un concert au profit de plusieurs associations, dontMdM, à l’auditorium Maurice Ravel sous le thème : « Porter lamusique au cœur de l’hôpital. » Le programme était conçu pourtout public et les morceaux ont couvert un large, du ballet, duspirituel, de la danse, de la légende, et du mythe. « C’étaitrevigorant et porteur, la salle a été enchantée » nous confie JeanAndré, médecin du CASO de Lyon.Le prochain concert aura lieu en 2010, et MdM devraitencore une fois s'y associer. A ne pas manquer cetteannée !10­11 octobre 2009. Journées Missions France àBordeaux. A travers des debats et ateliers, les bénévoles etsalariées de toute la région (dont 15 représentaient ladélégation Rhône­Alpes) ont profité de l'opportunité departager leurs expériences et connaissances avec lesacteurs des autres délégations, entendre les prises deposition de MdM sur les sujets d'actualité, et réflechir àleur engagement personnel.