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E t £4 t1 9 Document il il il 11111111111 IIUII IU II 0000000394796 Jules BELLEUDY PAUL VAYSON Extrait de la lln,u du Mule Avec plusieurs reproduction. L N I M Fi S IMPRIMERIE DE LÀ REVUE DU MIDI Rue de la Madrliine, 21 lolo

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Jules BELLEUDY

PAUL VAYSON

Extrait de la lln,u du Mule

Avec plusieurs reproduction.

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N I M Fi SIMPRIMERIE DE LÀ REVUE DU MIDI

Rue de la Madrliine, 21

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PAUL VAYSON

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Jules aELLtUDY

PAUL VAYSON

Extrait de la Re p ue du Midi

Avec plusieurs reproductions

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Ni MESIMPRIMERIE DE LA REVUE DU MIDI

Bue de la Madeleine, 21

1910

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PA UL V'AYSON•

La réputation de Pan] Vayson n'est pas due à lacamaraderie ou ii certaine publicité complaisante,alimentée et excitée pal' l'offre gracieuse (le quelquesesquisses. Vous pouvez uhercher son nom dans lesdictionnaires spéciaux, les biographies et silhouet-tes d'artistes, vous n'y trouverez que des dates et(les titres (le tableaux exposés aux Salons.

Il ne jolie même pas au grand homme pour saprovince, ce qui est aujourd'hui à la portée de toits,grâce aux cénacles plus nombreux que jamais et auxdiners régionaux, d'où la réclame n'est pas bannie.Il ne passe pas pour è Ire félibre, ci gal i er ou occitan.S'il est connu Jans soit d'origine, c'estcomme propriétaire ou rentier, ou encore commemaire de sa commune. Jamais, parait il, il n'y a reçuune seule lettre adressée à l'artiste peintre ; maisun jour qdc Frédéric Mistral l'avait appelé illustre

ni aiti'c, il montra à quelques pet-sonnes une enve-loppe dont la suscription portait

A Monsieur Paul Vayson,épicier à Murs(Vauclitse).C'était une lettre de faire-part qui venait de lui

être remise et le peintre y voyait une raison de nepis s'en orgu eill i r (le l'appellation flatteuse que luidécernait l'auteur de r Calendaù

La notoriété dont il jouit est le fruit d'une vie deprobe travail.

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Nous parviendrons sans doute à analyser et àdéfinir le talent de Vayson, niais sur l'homme mêmenous saurions peu de chose, si nous n 'avions de loiquelques Pages écrites à titi ami et qui sont la cQflfi.dence des impressions qui éveillèrent sa vocationartistique (1). Plus d'un peintre a ajouté lin « jolibrin de plume ii son pinceau, n et il Catit reco nanti-t re que rien n'est précieux commee ce commentaire(les débuts, lorsq ii'i I s'agit d'on esp rit sincère et loyal,ennemi de l'arrangement et de la mise en scène.Nous reproduirons. donc ces pages en tète de notreétude, parce que la paraphrase que nous pourrionsen faire ne saurait égaler leur saveur et parce quel'artiste s'y révèle tout entier

L'existence que j'ai menée, dès ma plus tendrejeunesse, le milieu oit se sont écoulés tous lesjoursqu'ont laissés libres mes études au lycée d'Avignon,dans tin pays de soleilà demi inculte, avec de grandshorizons, à travers les champs, les bois, les ruines,assistant du malin au soir aux travaux de la terre, auxévolutions de la lumière, dans le voisinage des pay-sans et de leurs liMes, élevant des oiseaiix,chassant;cette existence, ce milieu, favorisant mes instincts(le ré veu r, et aussi de g ribouilleur cli inages.j 'étais,en prenant la palette, forcément voilé •à la pein-ture du paysage, des animaux, des scènes rusti-ques. Les sensations de jeunesse ne sont elles pasles plus fortes 9 On n'échappa pas à leur influence sielles ont été vives, et, n'est ce pas une volupté deles revivre, (le les traduire, surtout celles qui nousviennent de la nature cl nous ont délicieusementéiïlti5 F

(I) Voir l'article couisaerà à Vaysou par M. l3oyer dÂgon dansla flcyue illusirôe du ter août 1900,

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« Comment vous peindre ma joie, mon émotion,lorsque, après quelques heures de rude montée,j'apercevais à la pointe d'un mamelon la clartéchaude de mon petit village, dominé par le châ I en uà moitié en ruines Village brûlé de soleil, avec,pour toiie parure, quelques ireilles, quelques cou-ples de cyprès w ajes tu cii se m en t droits dans le ciel,çà et là des amandiers projetant sur l'herbe roussieleur ombre légère, et, tout au fond, le mont Ventoux,pro fil ant ses ligues orgueilleuses. C'était le soirgénéralement, à l'heure où les villageois remontentI n ternen t vers leurs tuas tires les 1101,11116s cour-bés, tena n t J' LI ne main leu r pioche sur l'épaulé, por-tant de l'autre la petite cruche dont l'eau n alimentéleur sueur les femmes, peu jolies mais robustes,avec 011 (hix d'herbe sur leur tête qu'encadraient lesliserons et les coquelicots débordant du faix ; parderrière, quelques maigres chèvres traînant leurcorde sur les pierres du chemin. Parfois, c'étaitune bourrique velue faisant osciller une filletteassise sur un bât flanqué de paniers d'osiers, d'oùémergeaient les longues oreilles et le museau d'uncabri nouveau-né, vers lequel la vieille bique ten-dait en chevrotant sa face camuse. Scènes familiè-res de chaque jour. Et les tableaux se succédaient.A l'entrée du village, des boeuUs encore sous le joug,l'oeil allumé, semblaient vouloir vider l'auge de lafontaine communale en quelques longues aspira-tio spour apaiser leurs entrailles brûléestandis que les brebis non moins altérées ramenéespar les bergères, sali gnaieni, quelques-unes age.nouillées, le long de la rigole. Tout cela, délicate-ment doré par les reflets du couchant.

o Nous arrivions enfin dans la cour de l'étrange

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castel, aux fenêtres gothiques hardées de fer, avecson vieux puits, surmonté aussi d'un motif de fer.ron nerie, et oit venaient s'abreuver les bestiaux qu ijdisparaissaient ensuite sous des portes à ogives. Cechôteau,envahi et quelque peu pillé pendant la Révo-lution, abandonné plu g tard pendant- de longuesannées de séq ttesti'e , n'était pas sans quelquespoints de ressemblance, en certaines parties, aveccelui (le Sigognac, iii sans quelque poésie, lionpll.ls. Durant ces années d'abandon, toutes les intem-péries, toutes les plantes parasites firent leur oeuvre:le lierre ouvrit des brèches à la pluie et au mistral,des tours crénelées s'élancèrent des arbustes contor-sionnés. Par les volets disloqués et le vide descarreaux manquants, les hirondelles élurent do mi -rue sur les corniches, contre les grandes cheminéesde pierre sculptée, 'le long des poutres peintes quiformaient les caissons des plafonds. Dans uneimmensemense cha ml) re dont j'occupais a 'ec mon frèreles deux lits j unieau x, j'a vais ,cha ri u e jour, l'oeil attirépar d'assez belles peintures dans te goût italïen,quicouvraient le plafond et les murailles. -

Combien délicieux, nos réveils d'enfants Dansla plénitude de notre affection d'échappés du mêmeberceau, nous échangions nos impressions naïvessur ces déesses, ces allégories, ces hatures mortes.Et ce qui nous ravissait par dessus tout, c'était legazouillis, leva-et vient incessant des hirondellesalignées suries corniches, ou faisant à petits coupsd'ailes le tour de la chambre pour se plaquer ensuiteen étalant leur queue fourchue, contre les nidsd'argile, le u r tête à niveau du bord, et faire à leurspetits la distribution des moucherons. Quelquesdemi - cercles encore au plafond, tin cri de joie, et

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l'oiseau disparaissait dans la lumière... AujouP-d'hui, le volet n'est plus disjoint, les murs n'ontplus de coins décrépis mais comme on garde danstin livre une fleur desséchée qui vous dit de douceschoses, j'ai gardé ces nids sur la corniche. L'un deslits jumeauxeaux es t vide, et, lorsqu'au réveil je resteaccoudé, les yeux vagues vers les peintures duplafond, je ne vois plus tes gracieuses hirondellesdécrire leurs arabesques, seuls les souvenirs y vol-tigent, et le charme fait place k la mélancolie.

« C'est dans ce milieuieu d'a ri et de rusticité quej'ai grandi, cette première image du monde à laquel-le nos yeux compareront toujours avec désenchante-ment toutes les autres. Autour, le paysage est frus-te et aride, plus fait pour les poètes et les bergersque pour les fervents de la culture intensive ; parIn nature du sol, il échappe aux lignes symétriques,de l'exploitation agricole, le gazon est remplacé parle thym et la lavande, et la garrigue est restéeaux moutons. Ici, au moins, les chardons et les ron-ces ont leur place au soleil, les roches qui pointentch et là garantissent ,dti soc les genêts et les églan-tiers (luipo u sse nt dans leurs intervalles, ménageantdes coins paradisiaques aux bergères et aux brebis.Là, lotit enfant, j'ai pris mes ébats sur l'aire, déni-clié les merles, coupé des gerbes de fleurs sauvages.Les grands et beaux travaux de la terre à chaquesaison tue sont devenus familiers. Le soir, bien tard,étendu sur les gerbes avec mon frère, nous regar-dions évoluer les astres ; nous écoutions, non sansun u de crainte, la rumeurr niy stéri eu se des voixétouffées des grillons et le cri si doux, pouss4 àintervalles réguliers, par la hulotte dans la clartélunaire. Impressions ineffaçables, qui façonnent le

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-'w-,c.ir . et l'esprit d'un enfant et doivent, tôt ou tard,avoir une réperciissidti surqu'il I)OiIi ' I'a pro-duire, En grandissant, j'ai subi d'une fan plus rai'sonnée le charme des harmonies de cette naturel'ait' si pur, où les fonds sont faits dé nacre et de la-'que rose, avec en premiers planst&tites les riches-

• ' ses discrètes de la (fore sauv'a. J'étais' frappé desallures des aniniaux; , des lel!s taches dont ils enri-chissent le paysage, des pit1oiesques jeux delvmiére

• - sur le poil ou la plume lustrés ; et mon esprit areçu, pour ainsi dire, l'empreinte de tous lestableaux que bien ou mal j'ai exécutés plus tardles labours, les' semaillps, la fenaison puis, aveflles gardeuses dé dindons et de hiehis, les beigerspeaussus campés sur leur roche; et 'e ' ncore les cher-chui's de truffes ; tout cela dans mo pdti-t coin pro-,vençal, le premier connu et'- diiné , Cerjes, e n mes

• voyages en Italie, en Espagne, en Algére, en .HpI,•'lande, j'ai vu et ad miré ' des pay aL'iIerncnt merveil-

, leux. h Jous les points de vue ; mais je suis. resté'ftdè-leà ma 'tei're au'vage, traduisait fout ce qui m'avaitri .appé'.Ad'éfatit . d'autrescjualités,j'y ai apporté unesincérité scrupuleuse, avec l'absence de tout parti-pi'is,reproduisant le plus'fidèlement quej'ai pu ce quenies yeux avaient vp si sduvent et qui m'avait char-mé l'esprit. Non:pa's qL'eje veuille dire qti'il suffit decopier servilement un 'norceaci'de nature, il va sans

t dire qu'à ces élén i én ts « nature », il fait. ajouter' tinpe u de son coeur. Dans , tin pa 'reil milieu; commentn'être pas tenté par la peintnredes'animaux ?Le mou-ton n'est-ii pas insparàbt 'e de la gai'rigpe, et le boeufde la glèbe ? Au SLIrpIuS, . quand-, à l'heure où le

• solil décline,je rencontre tin beau -bélier ramenant,• tête' liante et d'un pas cadencé, son •troupeau de

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N

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-brebis en agitant doucement sa lourde cloche, jetrouve à ce sultan de la lande plis de tournure qu'àun académicien. Les, animaux valent-ils moins queleurs maîtres Le propriétaire d'une grande manadede taureaux, interrogé sur la sociabilité 'de ses hôtes,répondit - 11 n'en est pas d'aussi méchant quel'homme

Pouvais-je ne pas peindre les beaux moutonsd'Arles, lis escabots P Ces troupeaux transhumants,que chaque fin d'automne l'ait descendre des Alpesvertes dansles pierrailles de la Cran, en passant parnos villages ; innombrables troupeaux de moutonscornus, avec les grands boucs de -tête chargés defaire là- haut la trace dans la neige, et la séquelled'ânes porteurs des agneaux nés en route. Superbemotif qui a inspiré à Alphonse Daudet une des plusjolies (( -Lettres de mon Moulin »: Mes longues sta-tions • de chasseur dans les cabanes de gardians deCamargue m'ont laitairner la poésie des grands hori-zons, des glorieux couchers de soleil, des étangs nuset sans fin comme le Vacarès oit l'on n'entend que laplainte des courlis, des solitudes infinies où errent- -à travers lis engaos les manades de chevaux blancset de taureaux à robe noire. Quelles fortes émotionsje lui dois, à cette. belle Camargue I La voix du mis-tral y est formidàbl-e ; quand il souffle, les bandesd'oiseaux migrateurs prennent, comme les nuages,une vitesse de- vertige ; la trier gronde, les étangsse soulèvent et. poudroient . ça décorne les boeufs n.C'est bien lele coin le plus sauvage de France, où la.rudesse des hommes é gale celle des animaux. Ici,les scènes n'ont plus la douceur (le l'églogue, lapastorale a fait place au drame. C'est à coup de tri-dent et à coup de gueule, que les taureaux sont jetés

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- -an Rhône q u ils vont franchir à la nage, OLt qu'on lespousse, le soir, ait vers le chemin desarènes d'où ils ne reviennent pas toujours. Et c'estencore du sang répandu lorsqu'an temps clii rut, endes combats terribles, les cornes aiguës décousentles entrailles. Tous ces spectacles m'ont grisé , etj'ai éprouvé un besoin indicible d'en essayer la tra-duction sur la toile,,,

Cette citation pernct de deviner ce que sera lepeintre ; l'homme capable d'éprouver (le telles mipressions et de leur conserver une pareille couleurest bien de la Li grande famille (les rustiques, (luis'honore de compter clans ses rings Millet, Courbetet Jules Breton». C'est ainsi que Castagnaiy,en 1809,

c'est-à dire dès les premiers envois de \T ayson au

Salon, les a [) 'écia j t, éii ajoutant n C'est un inconnuo encore, parce qu'il est arrivé le dernier, mais il

se fera titi no ni sûrement, pulscj ue déjà il ne res-u se inble à aucun de ses prédécesseurs »

Pour atteindre à l'o ri gin ail té du premier coupp etmériter l'éloge d'une critique aussi rude, de quelatelier sortait donc ce nouveau venu ? Où avait ildonc appris sort ? A quelle école s'était ilfermé.

Ce jeune homme venait de faire son droitt - coin-

me 1-léhert et Albert Maignan. - Il avait fréquentétrès irrégulièrement l'atelier de Charles Gleyre etcelui de son compatriote Jules Laurens. Il avaitsemblé n'être perdait t quelque temps qu'un amateurbien doué, et s'il se révélait comme titi c'estque son école avait été la nature.

a

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Né à Gordes, d'une famille riche, Vayson fut en-voyé au lycée d'Avignon où il fit ses études. Appeléil y n deux ans à la présidence du banquet desanciens élèves de cet établissement, il rappela qu'ilavait ressenti ses premières émotions (l'art au coursdes promenades printanières faites sous les sait-laies de la Barthelasse. u Coureur des bois et deschamps u, il comptait parmi les joies de la jeunessegoûtées dans le collège, u celle d'en sortir, car sio agréablement gazouillante que soit la cage, quand« le moment est venu,l'oiseau prend volontiers sonu essor vers la grande lumière ».

Les jours de congé, le lycéen achetait chez unmarchand des modèles qu'il s'exerçait à copier. Plustard, en suivant pl ils ou moins exactement les coursde la Faculté (le droit il choisissait, chez les anti-quaires ou dans les galeries de lOdéon, des dessins,des eaux-fortes, des gravures d'après Ch. Jacques,qui convenaient à son goût, qu'il piquait auxX murstIc sa chambre et qu'il s'exerçait à reproduire. Ilavait un appartement en coininLin avec un condis-ciple qui était aussi son compatriote, et qui aimaitla peinture comme lui. M. Avon. Ils reconnurentl'un et Fautre qu'il ne fallait plus tarder à aborderle modèle vivant tin jour, ils se cotisèrent et ache.tèren t, à frais communs, q ui lapin. Ce fut une vivejoie de le peindre. Jules Laurens, qui vit cet e-.sai,conseilla aux deux jeunes gens de prendre lesleçons de Gleyre.

Le grand peintre vaudois avait accepté de diri-ger l'atelier de Paul Delaroche. Il était en pleine

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gloire et il inspirait: le plus grànd respect, maiFauteur de l'Enfant prodigue, une des plus bellesoeuvres de notre époque par l'intensité du sentiment,n'était pas très désireux (le ôir s'acci'oitre le nom-bre de ses élèves. Il peignait à ses heures, méditantlonguementIa composition de ses tableaux. Ce furtoute une affaire de se présenter : Gleyre et d.Irouveî' la phri, se de l'introduction.

•:Au coup de sonnette, lmaitre, rêveur, ne se• . I dérange Po i nt. On sonne encore ; il prend sa palette

• et il entrouvre sa • porte pour éconduire l'importun,alléguant qu'il trinihe tin portraiL 11 se trouve enprésence de deux provinciaux timides. - M. Avônavait accompagné so4arni Vaysod' -(lui lui deman-dèrent en balbutiant (le les recevoir, parce qu'ilsvoulaient étudier « sous la direction de quelqu'unde très fort ,, L'auteur des Illusions perdues SOLI-

rit, déclara qu'il les acceptait,. ferma sa porte, accro-cha au ni u r sa palette'et re)Lit sa méditation.

Le nouvel élève fut quelque peu interm i ttent. : Ilvoyageait, il passait en Camargue la belle saison,il chassait et disparaissait parfois pendant plusieursmois: A son retour, si Gleyre le reconnaissait -

• parmi tous les jeunes artistes jiii frquentaient l'ate-lier - il lui demandait plaisamment des nouvellesde sa santé - qui était tout àfait florissante - et ilobservait son travail: Connue certain jour, Vaysonavait dessiné une académie d'après un modèle auxbiceps énormes, auxx muscles saillants, le mal ti'etrouva à, louer l'exagération nième avec laquellel'élève avait accentué les parties caractérisées. Cen'est qu'un peu plus jard que la valeur de tels élogesapparut à Vayson. -

Et ainsi travaillant irrégulièï'eunent , et coin tue

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M

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pour sese clitraire il envoya tin jour d'avril 1867 ailSaloi, la Gardeuse de dindons. Gleyi'e qui parais-sait avoir oublié que l'auteur était du nombre de sesélèves, remarqua la toile et en parla avec une vivesatisfaction',à la grande surprise des peintres pré-sents, C'étaif un paysage exécuté avec toute la fou- -giie de la jeunesse, dans une' couleur assez vibra,nte,dont la facture était tellement éloignée de celle durmaître, que Fauteur ne s'attendait point à son coin-.1 ,liment. Non,èe n'était pas le genre de G1eyre maisc'était tin effet de son eneigneinent l'étude atten-tive du caractèie des choses. \Tayson, en ce temps-là, peignait, selon son' expression, comme un pin-son fait lu, Iii, lu. li acquit 'rapidement ue habiletéet une rapidité dexécutiôn qui excitaient l'étonne-ment, h le voir durant quatre on cinq heures devantson chevalet -sans interruption, :0t à ceux (l iii admi

raient sa virtuosité , il réporidait:o oui, quand j'ai bienappris ma leçon, quand je la sais bien, je la récitefacilement. Mais il faut d'ahotd l'apprendre. o

Sur ces entrefaites, 'le jaune a rtiste vendit, sa pre-mière toile c'était fl vanneau suspendu par une.patte Au naichand (lui * en demandaitdemandait le prix, lepeintre, balaric entre le désir, l'orgueil de vendre,sa peinture et la crainte de décourager l'acheteurpar une exigance. (lui. l'eùt rebuté, dit en hésitant- 40 francs.

Le prix fut atcepté. La vue de ces deux lôuis fità Vayson un plaisir infini, que 'dônne toujours lepremier salaire. il invita le marchand et son cama-'rade à déjeuner chez Foyot et -ils firent si bonnechère qu'aux deux louis ,ij fallut ajouter quelquesnapoléons.

Notre débutant recherchait aussi les avis de Jules

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Laurens. M. L. Lahande, conservateur des archivesdu palais du prince de Monaco, ancien conservateurdu musée Calvet, auteur de travaux d'archéologieet d'histoire de l'art très justement remarqués, vient(le rendre h ce maitr.e pleine justice dans un ouvrago tout récent (1), où il le montre artiste completdessinateur impeccable, aquarelliste habile, litho -graphe hors de pair, peintre admiré par les mitreseux mém es tels que J. J. Il en n ci' ; musiciencien co m p0-siteur et exécutant, écrivain prompt h saisir les ridi-cules et notant toutes ses observations sur naturecomme feront puis tard les Goncourt et. AlphonseDaudet. Dans la Légende des ateliers, Jules Laurensconsacre à Vayson un paragraphe tout h l'honneurde Vu n et de l'autre, dont il convient (le reproduireune partie: Encore, comme pour Jules Didier, undiscpuit.ts magister. » Il rappelle les premiers tra-vaux entrepris sous sa direction et une campagned'études clans la forêt (le Fontainebleau et il ajoute« Je n'aurais assurément trop rien à lui apprendre,non plus qu'à Didier également, dans le genre depeinture d'animaux où ils sont devenus l'ri n et l'au -tre non seulement les mai tres (le leur ni ai tre, maisdes maitres entre lotis ».

L'affection (le Jules Laurens pour Vayson éclatedans ces lignes : elle était réciproque et celui ci atoujours eu la phis vive reconnaissancepotir sonpremier maitre. Il l'a consulté bien (les fois encore,après (lue médaillé et hors concours, membre dujury d'admission au Salon des artistes :rancais, iléprouvait quelque doute sur une œ tivre nouvelle.

Cette profonde amitié, mêlée de déférence chez

(t) Jules Lauras, chez Champion Paris.

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le plus jeune des deux artistesa pris une forme et-tistique par tin portrait, au crayon, que Jules Lan-rens fit de Vayson, à 22 ans, et que, en son absence,il vint accrocher dans soit avec un cadre depapier noir, comme on en voyait alors, et qui a étéconservé avec respect ainsi qu'une relique. Le pein-tre Carpentrassien faisait avec une adresse et une.fidélité incomparables ces petits portraits aitdont plusieurs légués ait Musée de sa ville natale,sont de vrais chefs d'oeuvre. Ce serait petit-être tropdire que de les comparer à ceux que l'on doit à In-gres, mais ils approchent beaucoup des plus beauxcrayons connus du maître de Montauban.

Parmi les portraits de Vayson, citons aussi celuique Firmin Girard, un grand prix de Home, fit en1864 de son ami, et qui a été donné ait Musée Calvet,où il est placé dans la galerie des notabilités vauclu-siennes : c'est un jeune homme imberbe, aux jouesrebondies, aux cheveux longs, au regard contempla-tif. Aimé Morot a peint aussi, en 1886, un magni-fique portrait en buste, demi-grandeur, de face, quiest digne dit oit il faut espérer qu'il entreraun jour.-

La première oeuvre que Vayson envoya au Salonfut la T'cnaiso,i en P,'o'énce (1867) dont une ré-plique, avec quelques rares variantes, exposée auSalon de 1907, ortie actuellement la salle du Con-seil général de Vaucluse, h la suite d'un don géné-reux de l'auteur. u Quelle ne fut pas ma surprise,raconte le peintre, lorsque je reçus tin motde Cour-bet m'engageant à l'aller voir Un tel honneur faità tin inconnu, je n'en revenais pas. Très ému, jeme présentai, le lendemain, à l'atelier oit

ces trots du maître t' J'ai de très grands com-*

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pli?ients à vous faire sur vos Faucheurs n Et lamesure en fut large. Nous ne nous séparâmes qu'a-près minuit, Courbet me contant sa vie, ses débuts,m'encourageant à travailler surtout •aux champs,loin (les ateliers et des conseils.

« Vous trouverez sur votre, chemin dei gens quivoudront vous protéger. II faudra les envoyer faireL. •iche

n Dans le cabaret où nous déjeunâmes, en coi'npa-gnie du peintre lithographe 'Emile Vernier, je levois encore en bras de chemise, la cravate dénouée,lançant ses saillies h l'emporte-pièce, affectant dansson langage un réalisme forcené. Mais, malgré lui,perçait le poète. Et, quand nous 'parhmes de lanature, que de jolies et tendres choses il nous dit,quelles images puissantes et gracieuses il évoquaCe n'éthit plus le Courbet de la légende. Je retrou-vais l'homme de ses paysages pleins cle.fraicheur, dessources vives courant dans les cailloux et là mousse,des grands bois aux belles harmonies sourdes. Per-sonne n'eut, comme lit], la poésie du ton. Il le savaitbien.

« Est-ce . la chanson des Fauchurs de PierreDupontqui 'vous a inspiré ? me dit-il encore. Jevais vous la chanter. ».

Que n'étais-tu là, grand chansonnier I Tu auraisété fier d'entendre interpréter ainsi ta belle poésiéchampêtre, inondée du grand, soleil de juin, par cet-te voix qui ne devait rien au Conservatoire, sansdoute, mais si émue, si appropriée au motif! et luaurais trouvé, là, tin écho de ton âme Quel char-mant souvenir ! Et (t :uI m'eut dit alors qu'un anaprès les tableaux de Courbet- seraient dalés . deSainte-Pélagie, et que nous assisterions à cet effon.

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di-cillent final de la Prison :. (le l'exil Cette fin futlin des tristesses de ma vie, tain j'ai de respect pourle génie de Courbet et de reconnaissance pour sabonté envers les humides,es, envevs les jeunes. »

Ce souvenir, si joliment conté, pro'oq ue une pies-lion. N'est-il pas surprenani que le chef (le l'écolenaturaliste ait pu penser qu'une chanson avait inspiréle peintre provençal, alors que Vayson n'avait euqu'à ouvrir les yeux ait que lui offrait lanature. Les 'éloges de Courbet et des critiques telsque Pul de St-Victor, Mantz, Castagnary, Wolff,étaient de précieux encouragements. Désormais leJeune artiste sentait que la voie où il était entré ins-tiuctiveinent était le chemin du succès et des noblesespérances. Il y persévéra et il donna successive-nient,dans les Salons suivan ts,avec quelques tableauxde fleurs, des pastorales de Prbvence, des coins deson pays, des bergers et (les moutons dans desgorges, aux flancs des montagnes abruptes de cal-caires bleutés parsemé de buis rougissants à l'an-tômne ; des vanneurs,des chasseurs de la Carnargue,avec quelques viles d'Alger et un attelage rencontrédans son voyage en pays basque.

C'est eu 1,875 .que la première récompense offi-cielle lui [u t décerne pour sa Gardeuse 21e IPOIlIOJiS,motif préféré qu'il répètera plusieurs fois. Castatgnary en est charmé, (lit-il(C C'est un de ces

tableaux (lui, par la simplicité (le la composition,s la . tenue dit style, l'intelligente proportion (1 ess personnages avec la scelle, captivent tout de suiteu l'attention. La Fenaison en P»o('ence et les chas-• seùrs au marais é taient des notes plus éclatantes,• 'plus originales, in ais elles n'avaient ni cette lia r -e monte, ni cette. douceur. n -

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La séduction exercée par la peinture de Vaysoûsur Castagnary n'était pas exagérée. L'artiste neréalise-t-il pas mieux qu ' aucun de ses émules l'esthé-tique du futur Directeur des Beaux-Àrts ?N'est cepas Castagnary qui a formulé cet arrêt, trop absoluassurément que nous n'avons jamais eu en Francede peinture française n P Nous ne nous attarderonspas à discuter ce point. Nous exposons les idéespour lesquelles le critique devait accueillir avecfiveur le jeune peintre de la Provence. Il venaitd'écrite « L'art est indigène - on il n'est pas. Iltient du sol, du climat, de la race - ou il est sanscaractère. »

Et il avait développé cette pensée dans des termesheureïix, prdpres à nous la faire admettre

« ... Par le paysage, l'art devient indigène etretrouve son essentiel caractère. Il prend possessionde la France, du sol, de l'air, du ciel, du paysageFrançais. Cette terre qui nous a porté, cette atmos-phère que nous respirons, ces fonds vaporeux quenotre oeil contemple, tout cet ensemble harmonieuxet doux qui constitue comme le visage de la mère-patrie, nous le portons dans notre âme, et il tient ànous par les fibres les plus secrètes, nous aimons àle . regarder, l le regarder encore. Chaque , artiste,opérant sur la nature champêtre avec ses idées, sontempérament, sa manière, nous a)pOrte de ce visageaimé une parcelle ; nous en présente un fragmentl'image tout entière se retrouvera dans l'ensembledes paysagistes.

« Mais, toute poétique qu'elle soit, la campagnen'est que la scène. Il faut faire entrer l'acteur, c'estl'homme, c'est la vie humaine dont le peintre doitfixer les fugitifs contours. A celui qui saura repré-

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senior du même pinceau et du même talent l'acteuret à ta fois la scène, le prix appartiendra o (1).

Depuis le salon de 1867, Castagnary avait remar-qué le taleh t (le Vayson, voyant en lui tin de cespeintres du terroir qui justifiait ses théories avec leplus d'éclat. « Quelle franchise d'allure I Quellesincérité d'accent I » disait-il l'année suivante, touten se livrant h des critiques de détail sur la Fenai-son en Provence. Et depuis ce moment, le pénétrantécrivain suit l'artiste à chacune de ses expositions,constate de bonne heure ses progrès, et regrette,dès 1869, que le jury n'aitpoint attribué une médail-lb à son Berger o étonnant de vérité et de rendu i.En 1870, il déplore que lei Vanneurs en Provenceaient été mal placés, et quoique la toile soit inache-vée, il en note « les qualités de franchise et de sin-cérité o. Il prodiguera l'éloge à la Béi'gère endormie(1876) dont il proclamera le chien « un morceau demalice, d'un naturel, d'une intensité de vie quiréjouissent o et le Printemps (1877) sera pour lui

ne idylle d'une grftce incomparable, oit se ren-contrent toutes les qualités ' qui font le peintre, laclarté dii regard, la force du rendu et cette naïvetéde sentiment qui est le. don suprème o. Il ne man-quera depuis aucune occasion de citer le noin tIc Vay-son, dans ses considérations générales sur l'artcontemporain, parmi les paysagistes de premierrang, et les artistes les plus originaux.

(I) Castgnary. Salons T. IL. p. 231 et suiv

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Il'

Pendant quelques anées, la Camargue retient\ïayson et ce sont des taureaux, des chevaux et deschiens qu'il envoie de là aux expositions annuelles.Grand chasseur, « un peu nomade », dit-il de lui-m è ni e, tint. qu'il pourra vivre îtinsi entre les (]euxXbras du Rhône, il y retournera fréquemment, séduitpar les vases solitudes et les scènes qu'il pouri'apeindre. Provençal jusqu'à la moèlle, il fuira le

sale ciel, Iriste, gris et pluvieux de Paris », et ils'écriera o A nous le ciel bleu et le soleil, mêmequand le mistral est de la fête » (I). 11 restera fi clèle àla Camarguee aussi longtemps que les rhumatismes

• ne l'en chasseront pas. il campe durant des semaines• dans une ba'raque en planches édifiée pour lui en

plein marais o loin des ran g és, sauf ceux des lait-

réaux qu'on m'amène là chaque jour. Leur gardian,'l iii n'a pas de secrets pour moi, porte en superbes

L tatouages sur les pieds e A - moi les kilomètres•marche ou crève.»

Il écrit une antre fois à on chrrespondant Ç Lachasse aux /aiiiands est laissée à de moins rhu-

• matisants que moi. Quelques études minuscules, (lessouvenirs surtout, rapportés dès Saintes-Maries et...

•c'est tout le résultat de cinq 111015 (le villégiature. Ensortira-t-il pour le prochain Salon une scène de tau-

•i'eaux noirs comme encre, poussés par les gardiansà cheval, à travers le marais, et sur un ciel rougegocrépusculaire, avec pour, titre Le départ p0111' les

(I) Lettre inédite - 1j Février 1893.

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Arènes (1)? Je ne vois guère (l ue mon encadreurque cela pourrait intéresser «(2).

La conversation et la correspondance de notrepeintre prennent presque toujours, ce ton de dilte-tanhisme et (le persiflage où

Le fifre au rire aigu raille le violoncelle.

C'est de son séjour fréquent aux enyii'ons du vil-lage ds Saintes-Mariés que sont venues 1'Engazado(1899) les Taureaux (3), - Manades de chevaux,une Cabane, et tant de notes variées de ce paysageunique au monde où les effets naturels de la lumièresont comme autant de mirages.

11 ne faut pas s'attarder longtemps à ces specta-cles ; il importé de les saisir promptement. Vayspns'y est exercé de longue main et grâce à une dexté-rité et à une sùret&queseule une bonne méthode etune constante pratique peuvent assurer, il a pu cueil-lir, en quelque sorte, les impressions les plus fiigi-tives. Il avait bien voulu donner à l'Exposition desAmis (les Arts d'Avignon, en 1909, quelques esquis-ses de ce genre, lui qui ne montre guère au publicque les oeuvres jugée digûes de lui. Mais CO sontde si titi les renseignenienls pour les artistes qu'unami s'en était e nipa ré en quelq ue sorte. Parmii cesétudes, il en était une qui représentait cinq ou sixchevaux réunis, poûi(uant, la tôle de l'un sur le coude -l'a titre, commerue entre nô. t és, et le globe immensedu soleil dans une fulgurante,iite npothéose de fia ru-mes rouges hu r la mer. Tout. était indiquépeut-

I) Au musée de St-Etienne(2) Lettre inédite - 9 Janvier 1898.(3) Musée de Marseille.

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être manquait-il quelque membre à ces camarguais,niais tout ce qui (levait frapper le regard et retenirl'attention était juste et vrai. Cela avait été brosséen quelques minutes, dans la hûte et l'impatiencede voir s'évanouir un effet rare, avec (les empâte-ments de couleurs posées à méme les tubes, écra-sées par les doigts, dans ta précipitation où l'on estquand on veut lotit noter à la fois, dans une scènesplendide auta n t que rapi (le. Ce jour-lit,i, Vaysonavait avec lui un camarade à qui il avait signalél'effet et qui voulut le peindre aussi, niais avant quel'autre eut fini de préparer sa palette, le soleil étaitdisparu, les chevaux n'étaient plus ceux du chard'Apollon ; ils étaient redevenus des camarguaisau gros ventre, à l'herbage, dans un crépusculegrisâtre. Seul Vayson avait réussi, grâce à sa pres-tesse extraordinaire, à nous conserver un éclair debeauté de la nature,- Quelqu'un qui connaît bien les ta ii reatix et leschevaux, qui vit une partie de l'année aux Saintes-Mariés, en genti lhom m e .é lev e u r un poète proven-çal exquis, familier avec la frise du Pai thénon etavec toute les oeuvres d'art où le cheval a été étu-dié sculpture, enluminure, émaillerie, camées, etqui ne délaisse la Cama rgue que pour les ni usées etleCahinet des Estampes, — ce (l iii lui a permis d'il-lustrer ses poèmes de

; plus magistrales reproduc-

tions de chevaux et de iai1 rea ux (1 ),le boeuf Apis voi -sinantavec la monture de Pompée h Pharsale de JeanFouquet, - M. de 13 n roncel t i-Javon me parut bonà consulter sur les scènes de Camargue de Vayson.Je l'ai trouvé émerveillé en ce qui concerne les elle-

( 1; Marquis de 13aroncelti-Javou, )flad de Luno.

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vaux, niais faisant sur les taureaux quelques réser-ves. Un homme qui, à leur seul aspect, sait l'âge deces animaux, devine leurs qualités et leurs défauts,qui a assisté à leurs combats, les n poursuivis letrident à la main, est un juge sévère et difficile, ettout en enregistrant son opinion, afin que cetteétude ne puisse paraitre un simple panégyrique, ilnous semble que l'Eugazado a beaucoup de carac-tère, que la toile du musée de Marseille est d'unebelle fougue et que les fauves encornés ne dépa-rent pas les chevaux.

Iv

Au Salon de 1879, Vayson obtint une deuxièmemédaiLe et Lut dès lors hors concours, avec unegrande toile qui porte sur le livret le titre de Lesmoutons, paysage de Provence. C'est la couille deBezaure, près de Murs.

Un berger, du haut (]'nu rocher, surveille sontroupeau qui, dans un maigre pftturage, l'otite lestouffes i-le férigoule :au premier plan tin magnili-tIlle bélier et un agnéau, ail second plan, à côté duberger, le chi cil se pu heau-dessus d u rocher etsemble compter les brebis. Pas de recherches d'effetune belle harmonie générale - -

Dans la plupart des toiles de notre artiste, lacomposition est vraiment bien équilibrée. L'in-convénient des grands paysages, c'est de n'offrirqu'une vue panoramique où l'intérêt se disperse,s'il n'est absent. C'est encore de ne conter qu'unépisode et de négliger tout le reste. Il importe, cer-

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te, 1e nous donner, avec ces /,èi'cs inférieurs qtièsont les animaux, quelque chose à penser et, s'il se

petit, de faire que nôtre impression soit vive et.nétr'eémotion graduée, avec dessujéts qui, d'ordinaire,n'en provoquent point. Quelle émotion petit fairenaRre en nous un pourceau, et-méine une bande depôuiceaux, quand taotis les rencontrons sur ma clic-,min ou que nous les apercevons dans tin champ ?Qu'est-ce que le peintre a la prétention de nousiairepenser, si nous n'avons pas dans la mémoire le son-net de Monselef, oit vue des idées de réveillon,deslippées de jambon et de boudin ? Et cependantuïi paysage di Vaucluse ne sera , pas complet sans lecochon. Alors Vaysôn peint leCJte,'cheu,' de ' Iruf/es,scène vraieinent pittore&jue .. Entre Gordes et Croa-

gne's, hameau de Saint-Saturnin, est située la régiontruffière' de l'arrondissement* d'Apt, à la portée del'artiste. Là, sont de magnifiqués chênes, dans lesterrains d'ocre rouge de Roussillon, qui font penserà celui de ta fable,

-De fui 'la tête au ciel était voisineEt dont les pieds touchaient à Eehapire des morts.

C'est jar là que le Clierciccu,' de truffes le \Tarsonse dirige et, toi.:t de suite, voilà une action d'où riaitl'intérét, même si le gourmet n'est pas en' cause.C'est une des scènes rustiques de la Provence

* ' (lui ne'pouvait être omise dans la galerieoit nouseh avons déjà tant d'autres. Et j-las tin détail n'est ày reprendre, car atitre chose est d'avoir vit ce spec-tacle en passant, autre chose est d'en avoir pénétré

• les arcanes. L'attitude du chercheur de truffes, soncostume,' son bissac, son gestesont de la plus véri-dique réalité.

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Vaysoti, dans la hiérarchie des genres que respecteni les critiques des Salons annuels , estclassé parmi les peintres animaliers, loin du genre,à distance du portrait et de la peinture historique,après le paysage et avant ta gravure. N'aurait-onjamais remarqué ti ti e ses toiles sont resq lie to uj ou isà personnages, et ne serait-il pas juste d'appliquerau peintre de la Provence le mot écrit su r J. - F.Millet, u- ce sculpteur en couleur des hommes de la

terre ? » Ce fa uclieLir quiiqui martèle' sa Ihu lx, ce gaminqui porte à boire aux ouvriers de la fenaison, ceberger dans sa cape • à l'avant-garde de cestrqnshti-- -jnants,cette bergère qui tricote des bas ou qui file sa

Ci ii e no tt il le en surveillant son trou pda u, ces gardiansde Cama rgu e, ce chasseur qui recharge son arme,ce la 1)011 reur q iti mange sa sou pe, ce .paysa n (pli têtesa gourde sont ds acteurs de la vie rurale. Ils onttoute l'intensité de celte I)ucoliqlie et n'emprunleitrien à la friperie conventionnelle, car ils font sansarrangement et au naturel tetirs gestes de travail etils ne regardent pas vers le spectateur comme tinténor qui va chaîner son grand air I Ils sont incor-porés au paysage, non- seulement par le costume,niais parleur physionomie, le hâle de ] C uir peau, lahcsogqe à laquelle ils se livrent. Ils ne font rien àcontre sens. Ce ne sont pas des modèles d'atelier,ce sont- (lesfaucheurs, des bergers, des bergères, -des pnysans authentiques pris sur le s'iC,par tin natu -raliste q tiFa le goCi t classiq tic.

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Parmi les oeuvres (le Paul Vayson qui peuventêtre citée comme les plus j ni pori an tes aussi bienpar une couleur jus!e et harmonieuse que par laperfection tic la composition, il faut placer en pre-mière ligne la Chanson du printemps, du Musée deMines. il paraitra singulier de parler decomposi.Lion à pOpOS d'une toile où le peintre semble n'a-voir en qu ' à regrdcr devant lui. Nous allons levoit, à l'ouvrage. Une lettre à Jules Laurens racontela découverte du site

Murs, 3 Octobre 1892.

Mon cher ami,

Comment n'ai-je jamais vu dans VOS porteFeuillesdes croquis d'Oppècic P Seriez-vous par hasard aussicoupable que je l'étais cl ne connaitriez-vous pas ccmerveilleux pays  ii milieuICli Ou a u ton r tic ces ruines,j'ai trouvé tin oratoire et deus ou trois croix à tom-ber en pz inoison, et (les fonds ....le n'en dors plus.Enfoncés, les Bau ;k C'est bien démodé, les ruines;tant pis, je vais essayer d'en tirer quelque chosej'y puis trouver tin gîte pour quelques j 01.1 rs. Quelle

- surprise nous attendait à travers tous ces écroule-monts, où ne vont guère qu e quelques gardetises decabres

- Paul Vayson.

Les vestiges des tours du château d'Oppède sont,en effet, saisissantes murs démantelés, écroule-ment de pierres ; lierre qui s'enlace aux débris d'ar-chitecture. Comment tirer de là le printemps et sa

- chanson PA mi-hauteur, est le cimetière du village où,

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sans respect des morts, quelques moutons broutaientl'herbe. Vayson peignit là une gardeuse de cabres,comme il (lit, qui, en filant si quenouille, chante àpleine voix quelque mélopée tendre, le. chien dutroupeau à ses pieds. Des pierres tombales çà et là,avec des détails de sculpture,et, antithèse naturelle,sur les modestes monuments funéraires des aman-di ers en fleurs laissent tomberber leurs pétales et lerenouveau éclate par des pousses de verts bour-geons d'églantiers et des touches de bleu, de jauneet de rouge éparses clans le gazon vert. C'est exquisde charme poétique. Et c'est ai usi ,pa r cette tra nspo-si lion des saisons, par la magiee cl e quelques Or!) resplacés à propos, cj tie des ruines démodées retrouventleur valeur, servant simplement de rond, clans uneatmosphère matinale que baigne (l'or le soleil.

La foire de Si- Triait, le chemin Lin marché, le ber-ger et la me;' sont du même ordre, avec des diffictil-tés d'exécution (lui exigaicni un véritable courage dela part de l'auteur. Les deux premières sont des toi-les considérables, dont l'intérêt pouvait être assezmince. Ces sujets rustiques n'ont chance de plairequee par une savante 'naïveté. Près d'unene petiteéglise de

village, des bufs, vaches, veaux, mou-tons, que des paysans Scrutent de l'oeil pour traiterune bonne affaire. Que de croquis, que d'esquissescela a demandé Que de foires il a fallu fréquenterpour arrêter un plan, grouper les gens et les hétcs,les saisir dans leur activité familière et nous donnerl'i mpression d'une foule grouillante

Le chemin du marché (t) est peut-être supérieuraux autres tableaux. Vers un col, se hâte un troupeau

(1) Musée Cot'ei.

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de moulons qui'

sL suivi par des boeufs, et d'antrestroupeaux plus lointains, à travers des chênes robus-tes, à demi dépouillés. Ait plan, sur un ÛflC,

une paysanne escortée d'un jeune gaillard en blouseblette qui, sans con na i Ire les nuances du fil,!, contefleurette à sa manière et ne Paraît pas découragépar sa cbnipogne de route. Au hftt, sont suspendus

• des coqs et des poules qui font de belles tacheséclatantes. 'fout est en action et en marche. Leschiens vo n t et vieii n en L ,ré t ah lissant l'ordre parmi lesbrebis . Les champs,les montagnes s'estompent h l'ho-rizon. Des herbes aromatiques, des huis jan nissants,dans des fentes de rochers, riens délicieux quiferaient défaut ait 'ils étaient omis, légèrestouffes de thym, d'aspic ou de lavande, tout contribueil la couleau locale et à la tonalité générale. Le ciel- partie essentielle sans laquelle il n'est point dede paysage - est toujours bien observé et soignépar Vayson et la lumière est répartie avec une

• entente adrnirablè de l'harmonie nécessaire (1).-011 n'a' pas assezi remarqué quel désintéressement

il faut ii l'artiste "sans parler (Ili labeur intense --pour entreprendre des toiles de celte dimension,d'où il semble qu'il ne 'doive attendre que desdéboires de plusieurs sortes.*

Qui donc s'en accommodera ?Des particuliers? Oùles mettraient-ils ?-Des musées P Des ministères PLes musées manquent de place et les administra -

• tions locales, parcimonieuses quand il sagit d'uneoeuvre d'àrt, seraient interloquées de l'offre qui leur

• en serait faite-. A Paris même, n'a-t-on ps CLI l'idéede rogner quelques centimètres d'un tableau de Rollafin de le loger à-la Préfecture de la Seine P

(t-) C'est avec Le c/,en,iJ du marché qu'en 1802. le peintre fut suric point d'obtenir la niédaillo.dhonneur..

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Pour persévérer dans la construction de ces vas-tes coin posi{ions et ne pas leur préfére'- mille fdisdes tableaux (le chevalet, d'une vente courante, auxsujets gracieux et plaisants, aux anecdotes agréa-hles__.s. qtii intéressent seules, te public, - il fautune rare conscience, un amour passionné de sonart ' et la conviction qu'on laissera une oeuvre aprèssoi.

Nous ne pouvons entrer dans le détail (le lotis lestableaux de \'ayson qui mériteraient une mention.Quelle longue énumération il y aurait à faire ils'agit d'une vie enlièrê consacrée îà la graide. pein-tire, , avec Ityie (hlélité,.uneprobité et, il faut le (lire,On bonheur quo Ii ci ien épro rivé cia ns la tclie 'q u "01)

s'est fl ée, tin e joie de p rod u ire, en exprimant lagdùtée avec délices, des merveilleux spec-

tacles dit natal.Nous voudrions tout nu moins citer encule, avant

d'in venir à la pins importante de toutes, quelques- -toiles parmi celles iltie nous avons 'vues, (lui sontles plus caractéristiques de ce, mature (t).

Le moine-tergei de I'a_bhaye de Sénanique ienIra n t au rnonatère marche dans un air qui s'il ti é-dit 'et de fines poussières d'or ambré s'élèvent à ira-vers les derniers rayons du 'soleil couchant. Le te,- -gel et la niei, est, au contraire, enveloppé d'uneimperceptible buée que semble répandre la clartéde la lune.

\Tayson a contribué b la décoration du buffet de lagare de la compagnie P. L. M. à Paris, et c'est là

(I) Je ne dirai rien des peintures que Vayson n rapportées de-Lori voyage à l'étranger, cri Mgérie ou de ses études de Sotogue,-de Norniondie ou d'Auvergne. Je n'ai voulu considérer eu lui quele peinti e de la Provence. --'

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encos,ic que, parmi ss confrères chargés de peindreles paysages du Midi, il donne la note la plus jListeet la plus personnelle.

Ayant à nous montrer Hydres, il met sous nos yeuxla vi lied es palmiers dans la douceur d'une matinée:une femme cueille des citrons qu'elle place dans uncouffin une autre femme porte . sur la tête ii rie cor-beille de fleurs...

Pour in paysagiste, iJyères n'est pas évidemmentun amas confus de maisons, c'est le centre des cul-turcs florales dit département dii Var. Lés roses,avec les milles nuances de leur coloris, n'ont quel'importance de quelques accents dans la splendeurd'une lumière dorée, qui fait vibrer comme à l'unis-sort nier, le ciel, les fleurs et les figures.

En 1907 du 11 au 25 mai - Vayson fit à la ga-lerie Georges Petit une exposition particulière où iloffrit aux amateurs 115 numéros, c'est-à-dire ladi-versité de sort elle mit le sceau à sa répu'-tation et elle ajouta à la gloire de notre école fran-çaise. li entra vraiment clans le « Sénat du paysage ».

\Tayson n'est pas représenté au Musée du Luxemn-bourg comme il devrait l'étre il y a de lui deuxtoiles modestes, d'un sentiment si juste toutefois quel'une, la Bergère dans la lande, a été jugée digne defigurer à l'Exposition internationale de Bruxelles.Pour avoir une opinion judicieuse sur le grand des-criptif que nous essayons de faire connaître à sescompatriotes, il faut chercher ses meilleures toilesdans les musées d'Ai gnn, de Montpellier, de Ni-mes, de Marseille,'de Grenoble, de Bordeaux etdans des collections particulières.

Depuis longtenips!Vayson a reçu les consécrationsordinaires dit Chevalier de la Légion d'hon-

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rieur depuis 1878, il a été promit officier en 1906. lIfait partie dit de la Société des artistes français,

où il est élu avec tin no tnhre de su Itrages q n'a ttei -gnent seuls les plus grands niaitres de l'art contem-porain, et cela a de quoi surprendre, car il n'a niatelier d'élèves, ni clientèle de protégés, et il n'estpas de ceux (liii recherchent la popularité en mon-nayant de vitellus services, quoiqu'il soit très bien -

veillant aux jeunes qu ' une promesse de talent renddignes d'intérôt.

Y I

Nous arrivons enfin à l'oeuvre capitale longtempsméditée, dont l'exéc ii tion a demandé plus de deuxans d'eflorts, à la légende de Saint-Gens, patron duCointat-Venaissin, exposée cette année même aitIon (les ai ti stes français en un tri p',yi tic de 9 mètres

de larseur.Le premier feiuil let est consacré aux prédications du

Saint. Dans un site cpi 'e n fe rifle ut les collines qu'onappelle les Dentelles de l3eatiutes, planté d'aman-diers en pleine floraison, Gens évangélise ses voi-sins, pasteurs de brebis, comme il est pasteurd'àtnes ; ils l'écoutent avec ravissement. Gens estjeune et beau (son surnom en provençal veut diregentil, son nom de famille était !3ottrnareau). Satète est ornée, prématurément, je crois, (lit nimbeheréservé aux saluts, car il n'a été canonisé que parles générations de pèlerins. Cette pal-Lie du tripty-que est éblouissante de lumière printanière. Les.fleurs naissent, sous les pas de Gens.

Le panneau central est fait pour étonner ceux qui

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• ne connaissent pas la'légende. Un labourbui'. vètti4e peaux de chèvre, n aTtelé à sa charrue une vache

- et un loup qui tirent de compagnie, défonçant uneterre vierge. C'est le désert du Beniicet bi Gens s'estréfugié pour Cuir ses concitoyens de Monteux, quil'ont maltraitéparce qui 'i t blA mail loti rpaganisme -

• mais qui lui ont depuis fait. réparation par d'étrangeso

-processions. Il creuse les sillons, domptant i .e ioupqui-- a dévoré une de ses deux vaches et le contrai-

•...gnant à la remplacer à. la charrue il esientouré tic

•.per5lrix, de geais, de huppes, de sansonnWs, dol -- . seaux à t'étincelant plumage, qui éclairent de vives

nuances l'aridité du désert barré à l'horizon par unehaute colline dénudée.

Cette vallée sauvagè est à peu de distance de Murs,non loin de \ténasq t uc, village qui a tenté le. pinceaude Jules Lauirens ; elle n'est guère différeiite decqu'elle était au xii t siècle, et les cabanes de ber-gers, là, comme aux alentours <le Gordes, ont uneforme ai-chaïque tiie le peintre ne devait pas oiaettre

•. dans sa reconstitution.Le troisième pnneati montre le saint mort, cou-

ché dans le creux d'un rocher, au dessus dquiel leloup, qui le pleure, pousse (les hurlements. La scè-

.ne est tout à fait conforme à la légende, et les can-tiques provençaux des pèlerins disent:

• Loii loup sn bon mestre plouravo,•..Suis sa toumbo se vioùtavo I

Ce sujet qu'un texte tiré des Bollandistes expliquesur le bord inférieur du cadre, a été magistralementtraité par Yayson, en artisteartiste et en philosophe. Cesaint, ce ll3up et c tte vache pu u vai ont pré ter à defaciles railleries chez le public des Salons

ou he se

I

• .

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recrutent guère les pèlerins du Beaucet. Je 'n'en ailu 011 entendu -aucune. La foule s'arrête devant ' leiriptyque,.lit, regarde et admire. C'est que le pein -Ire, tout en reproduisant et en respectant la légende,la rend. intelligible aux hommes du xx' siècle ' . Latéta de Gens est ornée du ni»ibe d'or dèsle-jeune

• ûge, avant u'ôhie ses miracles, mais voyez ses bicepsde laboureur, cette musculature qu ' on n e remarquepas chez daiitres anachorètes, et - vous aurezl'interprétatioù dè la légende. -Le bras -qui a domptéla nature, défriché l'aride vallée de -l'Aque, faitcouler la fontaine (l'un rôchei, amené la phi je aprèsla longue sécheresse, irrigant, avant les canaux de laDurance, les plaines rendues fertiles (les communesdu Cointat, avait aussi dompté les fauves ou en avait - -purgè la- contrée. -- -

Dans ce tableau, le peintre a, une fois de plus,représenté le 'travail des champs et le miraçte de lanature, tel que l?tme paysanne les conçoit.

Les trois feuillets dit triptyque sont d ' une égale

lic fl iité, d' un e lumièrein ièi'e di flérente, tantôt ensoleilléeet dorant le visage de Gens, tantôt lunaire, répan-dant. une lueur bletiMre sur son cadavre allongédans le roc, or ses dévots iront h leur tour se cou:cher et baiser-la trace dosa tête et celle de ses pieds.L'a vache blanche et le loup encore hostile font unattelage étrange que le laboureur di i'ie cl 'u ne mainde, fer, en creusant des sillons nouveaux à traversles rochers. La barbe fauve du saint, les ailes dia-prées des huppes et des bergeronelies piquent leciel de tons hardis, -

La lamentation du loup dans la nuit -douce etbleue, 50(15 un firmament oit quelques étoi-les d'or pâle, excite mie vie émotion. L'ensemble

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est une page magnifique, où le peintre a mis toutson amour pour la terre natale et tout son géniecharnpétre.

En dehors de toute candidature posée par Vavson,un certain no ni b ré du rU stes ont pensé que cetteoeuvre robuste et poétique, où se combinent h mer-veille la réalité et l'idéal, et, avec cette oeuvre, touteune carrière consacrée au grand art du paysage,méritait la médaille d'honneur et liii ont spontané-nient donné leurs suffrages. Mais il semble que cetteélection ressemble à toutes les autres, où le mériten'a pas toute la part qui lui est dite, et où il fautaussi une aptitude particulière à la brigue. Nous ne•dirons rien de plus sur ce point délicat, si ce n'estqu'après tin examen attentif des toiles rivales,auciu-ne ne nous a parti égaler, quelle que fût la valeurdes artistes qui les ont signées, La légende (le Saint-

Gens, ni par la composition, ni par l'exécution, nipar le sentiment qui seuls font les oeuvres durables.

Nous espérons que ce triptyque aura du moins laplace qui lui convient dans le Palais des papes d'Avi-gnon, où nous serions heureux de voir tin jour réu-nie les légendes du Cointat et la vie agricole de laProvence, contées par le peintre qui a su, commeMistral, en faire des épopes rustiques.

VI

Quand on connaît le portrait d'Aimé Morot, onconnait Patul Vayson. De taille supérieure à la mo-yenne, aux traits réguliers et agréables, aux yeuxbleus, vifs et pénétrants, disciplinés ii voir juste ; àI.kla çhèYlul'd et aux cheveux chàtains clairs partagés

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par nue raie correcte, encore svelte comme un ho in-me qui n longtemps pratiqué l'escrime et qui passedes journées entières à la chasse, il n'a en aucunemanière l'aspect physique cl u peintre en quile rapin

a survécu.La pièce où il travaille dans son hôtel de la rue

Fortuny n'est pas le bazar tant de fuis décrit sous lenom d'atelier ; on n'y voit pas titi fouillis d'hétéro-clites trophées de voyages. Elle u plutôt un aird'austérité, ou mieux de sobriété que donne le goûtquand il est acquis d'ancienne date. Un bahut dela Renaissance, quelques raies bibelots d'étagère,une grande tapisserie et des toiles garnissant toutesles patois ; une étude commencée sur le chevalet,vo j là le mobilier en y co in prena n t quelques sièges.C'est nu atelier où l'on peint.t.

11 a un autre atelier à Murs, avec de larges ouver-tures sur la campagnepagne environnante, au levant et aucouchant, et deux spacieuses plates-formes dont onpeut faire un parc à moutons. C'est là, lorsque letemps ne permet pas de s ou in e r ait dehors, que\Tayson rassemble ses modèles et,à l'abri de la bise,prpare ses esquisses. C'est là que se réunit sa« ménagerie intime n, il mi roduit quelques loupsdans sa bergerie. J y ai vu celui (lui laboure dansle triptyque de Sali,!- Gens, bête énorme, inquiète,d'unee encol tire qui donnait le frisson. A le dessineret à le peindre tant de fois, Vayson s'y était attachéet il s'en est séparé avec un cet-tain regret. Ce n'étaitpas du reste soit premier loup. Il y n 15 ans, il enavait tin qu'il caressait tous lesjours et (liii lui donnaun furieux coup de dent à emporter la main cares-sante - Dieu sait, se borna à dire l'artiste, si lesanimaux valent mieux que les hommes

n

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Ceï atelier borné par les monts dd Vauèluse. lescontre-fotts du tentoux et des Alpes, .adinirabkscadres, n'a sans doute pas son pareil.-

Dès qu'il peut échapper à ses obli gations de inein-hie du jury du Salon des artistes français, Vaysohaccourt à Murs et partagé son temps, entre fa pein-ture, Il chasse, l'ad bin j stra t ion de- sa commune,e,dont il est maire depuis de longues années, et l'or-iiernntation de son chût-cati de Javon, situé à peu dedistance de celui- de Murs. C'est dans les apparte-ments de ses deux résidences qu'il loge les grandestoiles conservées ; elles voisinent avec; de splendi-des tapisseries des Gobelins et quelqtis verduresd'Aubtissoh dont Madame Vayson partage le goûtavee son mari, si elle ne l'a pas plus pûssionnémentencore que lui in éme, puisqu'elle a appris l'art 11eles réparer rrvc adresse. -

Là, sont aussi les souvenirs de famille, les meti-bIcs anciens de l'école avignonise, le mobilier pro-vençal, les échantillons les plus rares çles faïencesde Moutiers et d GouIL,des vases de tournure gratcieuse achetés à la vente de la plihrmacie deCavail-lbn, et--disputés à, prix 4'oi' aux antiquaires parisienset marseillais ; les introuvables poteries d'Apt et deCastellet ,dont il possède la plus complète collec:lion ; les étains aux formes d'aiguières et de pichets,les vieux livres aux pleines reliures dont on voitétinceler la clbruie des fleurons... -

Il aime à- recevoir quelques amis dans la.salle àmanger aux voûtes basses autour d'une table servieà profusion de truffes et de gibier de ses bois. On yremarque de unes colonnettes à chapiteaux gothiqueset (les Crises de feuillage jusque clans les greniers.

Dans l'embrasure d'une fenêtre de cet antique

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• manoir, le peintre a pu installer une jable où il fait• sa correspondance quand le jour baisse4 Ses lettresstnt courtes, vives, à l'emporte-pièce, avec de savon-reuses apprdations sur les hommes et les choses,•'d'un esprit pri me-sautier. L'ii'tiste a son franc-parler;iI.ést •Ieiinmi desaffiires 6t .des gens eiiiortflléset compliquéset it adore ],a et la clarté. Indé-.pendant par instinct et ayant .10 u t ce (lui, peu t ajouterà LIUC indépendance naturelle, il exprime son avisavec vigueur quand on n'entend pis à demi-mot, eton peut penser que s'il se trouve en présence d'uneoeuvre médiocre et l'un élie prétentiènx, lien aumonde ne pétit faire qu ' il s 'OJI ti "C ' avec Ufl C011i pli-Ment. ....

Crhnd admirateur de Frédéric Mistral, dont il estl'ami et qui admire à soif lotit' soit de l'ento-mologiste J. FI. Fabre ; de Jules et Henry do 1h- Ma-dcl ène, dont il recherche les éditions, il goûte-lebonheur clans son confortable réduit.

fi est si peu pour daines, ce pays. .lioi'né aux épia-tre coins '(le son horizon- d'esioubles , décolorés etaride:,..

«I t n'en fait pas moins bon' vivre, écrivail •il à JulesLaurens, tarit qu'il y aura le grand soleil 'qûi nousrécliati'ffe, de beaux chênes SLIP les côfeaux, et desfl'eurs aux 'buissohs et ' titix. amandiers. C'est plusintéressant 'que les', dix-liuit expositionsde peinîtiresqui déshonorent les artistes.' en ce ni

. o. ment. » •

Up e des plus fortes preuves de l'aflèctin. qu'il• -.gardé à soli pays, \T ayson fa' donne en consentantà être maire de Murs, malgré tant d'autres Irawaiix(lui le préoccupent. Il -a voulu bien des fois envoyersa démission à l'administration préfectorale ; loti-

'jours' il a été prié par lé -cdnseil municipal d'atten-

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dre encore quelque temps, et il y e environ 25 ansque cela dure ainsi. Son frère n représenté le cantonde Cordes au conseil général de Vaucluse. il nepetit méconn ai Ire une tradition de famille qui lie luipermettrait pas (le se désintéresser des affaires lo-cales, et il préside les séances du conseil municipal,quand il est à Murs, et parfois même il vient de Pa-ris, lorsqu'il s'agit «élucider une question de quel-que importance ou d'apporter soir à in can-didat de son parti.

Ayant ainsi payé son écot à son village et à sesconcitoyens, en règle avec ses opinions politiques,\Tayson consacreà son art toute sa vie. Et il se re-pose de peindre, en parlant de la peinture et dupeintre. Il conte des anecdotes ( l ui ne sont pas devains commérages plus ou moins malveillants, maisqui caractérisent lin talent oit une personne, parexemple celle-ci

Dans la forêt de Fontainebleau, Courbet et Corotassis côte à côte, peignent le même paysage. Cour-bet regarde de temps en temps vers la toile de Co-rot, vers les vieux arbres et enfin vers sa propretoile. Et Vayson mime celle scène des yeux. Il dé-crit la peinture de l'un et de l'attire maître, l'expli-que, la juge, compare les deux tableaux. II les lotietour à lotir, et pour se faire comprendre, il a ungeste de la main droite discret, délicat, caressant,lorsqu'il s'agit de Corot, comme s'il touchait unematière précieuse, geste féminin et nerveux qu'ac-compagne une parole ferme et précise. Enfin, Cour-het ayant bien examiné l'étude du grand maîtrepaysagiste, lui dit •d e son accent traînant, et avec tingrand respect

- Je ne suis pas aussi Fort que vous, monsieur

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Corot aussi, moi, je suis obligé de faire ce que jevois.

Que (le traits de ce genre on pourrait noter dansla conversation de Vayson, qui est très enjouée etspirituelle, mais qui ne manque pas, le cas échéant,de passion et d'indignation.

Où il amuse par son détachement des choses et sabonhomie, c'est quand il raconte le sort (le quel-ques-unes de ses toiles et la faveur particulièrequelles ont eue.

Il avait donné, une fois, une étude de quelque im-portance pour une loterie qui avait un but philanthro-pique. Elle lut gagnée par quelqu'un qui n'en pouvaitapprécier la valeur et à qui le nom du peintre n'ap-prit rien du tout. Il alla donc à tin voisin qui, royale-ment, lui en offrit un lonifi. Marché conclu, l'ache -teur et le vendeurr étant ravis chacun de cette aubai-ne L'artiste s'est bien promis de choisir désormaisd'autres lors que sa pei n turc, puisqu ' on l'estime à

ce prix au chef-lieu d'un département dont la répu-tation artistique n'est pins à faire.

C'est clans la même ville qu'on lui dit- Est-ce que vous continuez à vous occuper

encore un peu de peinture- Eh oui eh oui répond il, avec lotit ce qu'il'

peut mettre de douceur dans l'ironie.Mais ceci n'est rien à côté d'une autre aventure.

Un jour qu'il cherchait des moutons à peindre àParis, on indique à Vayson un individu qui en remi-sait à Levalbois. Il y va, en une séance, fait une étu-de dans une étable et, satisfait de son morceau, estsur le point de se retirer lorsque le propriétaire dela remise, convaincu d'avoir à faire h un hommeconsciencieux, lui demande d'exécuter le poitrail de

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son cheval. Le peintre acquiesce ; la lumière étaitcotivenable et il se triuvait en Veine de peindre.Quand il eut terminé, le client paraissant tout heu-

reux, OU décida de régler la dépense et les honorai-res. Vayson payera 6 francs pour avoir peint lesmoutons, d'où l'en déduira deux fia ncs 'que le verni-.sier consent h payerpour le portrait de son cheval. -

Ça va itt bien çaLorsqu'il raconte cette bonne journée, Vayon

donne l'adresse du remisier de moutons à ses itudi-ten rs et leur signa le une toile qu'ils 1)0 11 rron t Sansdoute se procurer coutre un léger bénéfice. Y sont-ils allés voir

D'autres fois, les .tableaux de l'artiste se sont mieuxvendus. Dans la lettre suivante, écrite à Jutes Lau-rens, il fait tin récit qui mérite d'être reproduit danstoute sa saveur

Mon cher ami,

J'avais à I'Epatant quelques dindons dans uneestouble. Un cocher de fiacre arrive un jour, et de-mande le prixde mon tableau, sans tin mot, sans unecarte, rien et ne 'sachant pas qui l'envoie. Su r niacarte, j'écris simplement prix, tant, et sur l'en-

veloppe

A l'ai?? a tee,' inconnu,Aux bons soins du roche,'.

On m'écrit du cercle qu'on désire 111e VOIP ii l'hô-tel Miraheau. Je m'y rends et quand on m'introduit.je vois un gaillard de deux mètres de haut, qui

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s'écrie en gueu tant presque « Le voilà, l'amateurilicûflûti

C'était le grand duc de Russie, Nicolas Miche!.Il se tordait de ma réponse, avec Lin gros lapin (lel'a rinée russe, (lui m'a dit garder p réciellsemeô t macarte et son envelopppe.

Paul Vayson

II s'agit là de toiles vendues. Vayson n fait degénéreux dons à divers musées où il avait plaisir àse voir représenté. A Mistral, pour le Museon Aria-leu, il n envoyé un très beau dessin troupeau demoutons en marche, précédé du berger qui tientdans ses bras l'agneau dernier né. Ce sont des trans-humants(s qui se hâtent salIs la menace de l'orage. Sile fuscon Ai'laicn eut été une galerie de peintures,l'artiste, qui a pour lui une tendresse avouée, lui eAtenvoyé bien d'autres tableaux, qui eussent été là à leurvraie place. lt faut regretter que ces toiles soient dis-persées, car elles donneraient la plus haute idée dubut que s'est proposé, - et qu'a rempli - le pein -tre régionaliste sans fracas et sans phrases, qui apeint les Bucoliques Vauclusiennes et dont les oeu-vres sont l'illustration fldête en même temps quepoétique de son pays, dit Rhône à la mer et à lamontagne.

Continent a t il associé, sous son pinceau,ceaii, tant depoésie et tant de réalisme, de manière à satisfaire,1111 même degré, Gustave Courbet et Frédéric Mis-tral ? Je crois qu'on petit l'expliquer par l'applicationqu'il a appoi-téeà nejainais se contenter de la viearliflciellede l'atelier et à ne point perdre le contactde la nature.

Que d 'u irta ncl i ers a t- il peints en pleine floraison

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II serait le peintre des amandiers, sil n'excellaitd'une manière générale à rendre la couleur enve-loppée dcl u mi ère .11 pourrai t assurément peindre desfleurs, les yeux fermés. Eh bien, pourtant, tin amiguelte polir lui, tous les ans à Avignon, la floraisondes amandiers. Dés t'éclosion, Vayson accourt ilveut les revoir, chaque fois, polir que ses fleurs n'aientrien de conventionnel, polir q u'el tes e mpru n [en t dans.chaque toile leur Fi-a î dieu r auprintemps nouveau.

Quand il veutt ni cli re une vache dans le panneau

central de St-Gens, il part polir le pays de la bellerace nivernaise il rejoint à Prêmery son vieil amiFerrier ; il achète une vache de labour, et il l'étudiecomme s'il n'en avait- vu. Aussi, quelle allue

a-t-elle dans le tri p1% que

Et te loup, croyez- v ous que ce soit u n lou p cl u Jar-

din des Plantes, un loup usé iar la captivité des

ménageries ? Non, c'est une bête sauvage que, pourlui, on va quérir à Hambourg, qui a le poil luisant,b'ceil de braise et ta langue de feu.

Pour les taureaux, on a vii qu'il s'installait enpleine manade, donnant chaque jour une touche decouleur, et improvisant tin e étu de dans tin éblouis-sementde soleil, comme l-Iokousaï, je crois, dessinaittin cheval d'un seul trait de pinceau.

Voilà pour la vérité de ses personnages cl de sesanimaux. Quant à la poésie qu'ils respirent, il a sul'exprimer aussi bien dans les pages pénétrantes quenous avons reproduites que dans ses toiles, avecune ferveur, une émotion tel les, qu'on petit dire delui, selon la propre expression de Corot, qu'il a tou-jours peint avec ses yeux de quinze ans.

En effet, combien do bergères, de pasû'd, de mot-

tons, de brebis ait en transhumance, h l'a.

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breuvoir, sont sortis, variés, du pinceau féconddL! grand peintre provençal, avec la même sûreté dedessin et de couleur, sans qu'un ptii sse distinguerles oeuvres de l'âge mûr cics oeuvres antérieures,égales inspirations d'une jeunesse intellectuelle quise prolonge encore

Cela tient à l'empreinte profonde du sol natal,conservée intacte. De toutes les choses qu'il a vues,Vayson n su interpréter avec le plus de fidélité lespaysages animés qui bornèrent l'horizon de sortenfance , la lumière qui les éclaire et les colore,et surtout l'atmosphère qui les entoure. Il a nuesensibilité rare aux aspects poétiques de son pays etune habileté extrême à les traduire à nos yeux dansleur vérité. Il sait nous intéresser à une bergère, àun chien, à une touffe de huis jaunissant, parcequ'il nous les présente à l'instant mème où ils nesauraient aucunement nous être indifférents, carc'est à l'heure où les êtres et les choses sont enve-loppés de je ne sais quoi de mystérieux ou de solen-nel que ne savent traduire que les mat Ire de l'art.

Il ne nous montre pas systématiquement des routesd'où s'élève une poussière l'ose et aveuglante, desterres surchauffées, des ciels et des eaux d'un bleu(le teinture il voit la nature niéridion ale sans parti-pris, avec son printemps et ses automnes, ses heuresde douceur, ses aubes mouillées d'il n léger brouil-lard. Le soleil n'y est pas toujours torride, dardantses rayons les plus chauds dans la saison caniculai-re ; il y a des oasis dans sa peinture. Ses végétationsont connu la pluie ses ombres ne sont point d'uneopacité (l'encre elles connaissent la légèreté dufeuillage des amandiers et des saules.

Non-seulement « il a su, rare effort, ordonner de

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(i(le grands paysages véridiques, avec des êtres vi-vants mis à leur place et laissés en leur valeur

• relative (fl, » mais encore il n, de lotis les pein-tres contemporains, le mieux ressenti, compris etrendu l'enchantement du paysage provençal.

(I) Guillaume Dubufe Rapport du jury international, expositionuniverselle de 1900. p. 22. - A l'exposition universelle de 1889,Vayson avait reçu Une médaille d'or.

iSiines. -. Imprimerie Gutrale, rue de la Madeleine, 21.

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NÉCROLOGIE

Paul VAYSÔ$

Extrait de la ,F?cvuc du Midi

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NÉCROLOGIE -

Paul VAYSON

Legrand peintre Vayson est mort, le 13 décem-bre dernier à Paris, dans son domicile (le la rueFort liny, où il était arrivé depuis peu de jours,-venant de Murs (Vaucluse). C'est à Murs qtie,selonsa volonté, il a été inhumé le 1.8 décenbre. Notrecollaborateur Jules B.elieqdy, qui a assisté à sesderniers moments, o traduit dans les pages suivan-tes les regrets de toits ses amis. M. Alexis Moiizin,

ésident de l'Acadéniie (le Vaucluse, a bien voulules lire n t .' s obsèques (lu peintre-

Le grand artiste que nous accompagnons h sadernière demeure n -été invinciblement amené àreprésenter sur la toile , la magniflcence des speèla-des de la nature dans son puys natal. Destiné aubarreau par sa famille et ayant passé sa licence endroit, doué dune parole aisée et spirituelle, il n pré-féré la peinture ails succès de la barre. Dans despagesaussi colorées que ses tableaux, cil sa plumeégale celle des descriptifs les plus illustres, il araconté comment les impressions, que son enfanceavait reçues de la terre provencale, le destinaient à

- peindre les immenses paysages qui déroulent leursondulations du Mont-Vtntoux à la I4éditerranée,

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les lointains horizons, des co'nlreforts des Alpes,1 'pre solitude de la Crau. les troupeaux tra n sh u-ma n s, les taureaux et les chevaux de la Camargue,les bergers de Sénanque et la petite pastoure (jitichante le printemps près des amandiers fleuris.

Elève de Jules Laurens et de Gleyre, il se mont'i'aà ce point personnel, lotit en s'assimilant leursleçons, que ses débuts au Salon lui valurent lesencouragements de Castagnary• et de Courbet. Ilpeignait de vrais laboureurs, des faucheurs vrai-ment rustiques, des gardians de Camargue étudiés-$0 us les rafales dit mistral on le brûlant soleil méri -dional.il a lenlé de ' tradti ire, après son maître Gleyre,le sujet biblique de l'Enfant prodigue, plus pourson troupeau que pour la joie de son retour. li aabordé de bonne heure, avec l'audace de la jeu-nesse, les compositions étendues, (lignes des mat-tics de la fresque, où se voient les plus considéra-bles rassemblements d'hommesin es ét (]'animaux,X, degrandeur nature, dans des roires, par les cheminset'les péturages et il exposait l'an dernier, sa plusvaste toile, le Iriplyque de Saint Gens, patron d uConnut Venaissin, où, sans faiblir et sans décliner,avec plus de vi g u e u r et de poé'sie que jamais, il semontrait en quelque sorte supérieur à lui-mèmo.li avait redouté de ne pouvoir achever ce rnagnifi-que tableau, pu a exigé l'effort persévérant de deuxannées de travail assidu et qu'il a donié gén6reu-se iTien t à la ville d'Avignon pour être placé a it Palaisdes Papes. li n pu le lei-miner, jouir de son succèset l'installer dans l'admirable iiioniimeijt (lui domine -les plaines de Vaucluse. C'est là qu'il était, il -y aquinze jours encore etqii'il u contracté le refroidis-se ment, dont les suites (Ieva j ent l'emporter, po Lii'

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n'avoir pas cessé de tavailleJ' en plein airC'st 1h,dans son manoir de Murs,où naquit le brave Crillon,qu'il -voulait être ramené,qund il cul conscience dela gravité de son état. Il a été fidèle ii la Provence,où il n puisé ses plus belles inspirations, et s'il apeint aussi des paysages de Normandie, (le Sologne,d'Algérie et même (le Paris, k canton de Cordesétait son séjour de prédilection, et la ligne rose deses montagnes les hautes falaises de calcaire bleude Sénanque et de la Nesque, les puissants chênesde Lioux qu'il ne perdait pas de vue, grce aux dis-positions de son atelier, eurent sa dernière pensée.

Castagnary disait de Pa.ul Vayson, il y a plus dequarante ans, qu'il était de la grande famille (lesrustiques, avec Millet, Courbet et Jules Breton. Lapostérité ratifiera le jugement du célèbre critiquesur tin peintre qui honore l'art français par sontalent et par son caractère.

Ce que fuit l'homme, seuls le savent ceux qui onteu l'honneur de vivre dans son intimité et de con-naître sa bonté réelle, sa modestie qui ne mécon-naissait point sa valeur,mais qui refusait de l'égaleraux maîtres, l'ironie redoutable de son esprit, sondésintéressement (lui le portait à décorer de sesoeuvres les musées de la Provence, et toutes lesvertus familiales qui font de • sa mort un deu jl éter-nel pour les siens, poui' sa digne et noble veuvepour • ses enfants éperdus de douleur. Les con-doléances que nous leur apportons ne peuvent atté-nuer,ne peuvent qu'augmenter leurs regrets. Qu'ilssachent du moins que nous pleurons, avec eux tous,l'artiste et l'ami et que nous sommes frappés aussidans nos affections les plus chères.

Nimes, - Imprimerie Générale, rue de la gadeleine, 21,

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