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P. 18 PORTFOLIO :  DRONE PATROLLER, OBSERVATION AU LONG COURS / P. 26 MARCHé : LA CARTE à PUCE AU SERVICE DE LA SANTé AVRIL 2012 –  # 12 LE MAGAZINE DES CLIENTS ET DES PARTENAIRES DU GROUPE SAFRAN Quarante ans de partenariats avec Safran LA CHINE AUJOURD’HUI DOSSIER

La Chine aujourd’hui - safran-group.com · les évolutions du transport aérien sur l’avion plus électrique et le green taxiing sont remarquables. ... directeur général, safran

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p. 18 portfolio :  drone patroller, observation au long cours / p. 26 marché : la carte à puce au service de la santé

avril 2012 – # 12le magazine des clients et des partenaires du groupe safran

Quarante ans de partenariats avec Safran

La Chine aujourd’hui

dossier

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marchésSommaire

02 _ avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ avril 2012 _ 03

marchésEdito

Les derniers mois ont été riches en succès pour Safran. Le LEAP a parfaitement réussi son envol avec plus de 3 000 commandes assurant ainsi la relève du CFM56, qui continue lui-même à enregistrer une activité record. Les positions que Safran a prises pour anticiper les évolutions du transport aérien sur l’avion plus électrique et le green taxiing sont remarquables. D’autres satisfactions encore :

l’aboutissement du projet Herakles créant le deuxième acteur mondial de la propulsion fusée à propergol solide, le rapprochement avec Thales dans l’optronique et les capteurs infrarouges ou encore l’acquisition de l’américain L1, plaçant Safran parmi les leaders mondiaux de la sécurité technologique. Chacune

de ces avancées est structurante, porteuse de synergies et d’avenir, et renforce notre Groupe sur le long terme.Pour accompagner cette nouvelle dimension, nous continuons à

moderniser notre outil industriel en France et dans le monde : nous sommes fiers de développer l’emploi industriel et d’attirer les meilleurs talents, dont nous savons qu’ils sont les garants de nos succès futurs.L’avenir bien sûr comporte des interrogations. Les difficultés financières que vit l’Europe auront des répercussions sur l’économie réelle. Safran y fera face parce que ses marchés sont mondiaux, sa stratégie est résiliente et sa vision de la direction à prendre est claire. Les entreprises qui sortiront gagnantes de la crise seront celles qui auront su créer à leur avantage une différence par l’innovation et la compétitivité. Confiants dans l’avenir de notre Groupe, nous allons encore amplifier notre effort de recherche et d’investissement industriel.

Confiance à long terme

22 Royaume-Uni

Retrouvez aussi l’actualité de safran sur • www.safran-group.com • www.facebook.com/Groupesafran

Jean-Paul HertemanPrésident-directeur général, safran

En bref� p. 04

Dossier� p. 08La Chine aujourd’huiQuarante ans de partenariats avec Safran.

portfolio� p. 18Observation au long coursLe drone Patroller est la solution la plus économique pour des missions de surveillance de longue durée.

Marchés� p. 2222 Safran au Royaume-Uni 25 Navigation inertielle sur l’A400M26 Succès de la carte de santé28 Missiles high-tech

Décryptage� p. 30Recrutement : améliorer l’attractivité

L’interview� p. 32L’envol tunisienRencontre avec Mohamed Frikha, président-directeur général de Telnet.

« Nous sommes fiers de développer l’emploi industriel. »

Proximité géographique, culturelle et industrielle favorisent le développement de Safran au Royaume-Uni. Le Groupe y déploie une large palette de savoir-faire.

QUATRE DÉCENNIESDE CONFIANCE

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Magazine externe de Safran - 2, bd du Général-Martial-Valin 75724 Paris -

France - Cedex 15 - E-mail : [email protected] - Directeur de la publication : Pascale Dubois - Directeur de la rédaction : Florent Vilbert - Rédacteur en chef : Céline Groult - Rédacteur en chef délégué : Martin Bellet - Rédaction : A. Attali, D. Baudier, M. Bellet, B. Dietz, S. Ghorbal, F. Lert, G. Sequeira-Martins - Traduction : Don Siegel, ID Communications - Réalisation : - Impression : sur papier PEFC, par l’Imprimerie Vincent,

labellisée imprim’vert - ISSN 1960-7164 - Les articles et illustrations publiés dans ce magazine ne peuvent être reproduits sans autorisation écrite préalable. En couverture : © Corbis

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wexport

marchésEn bref

04 _ avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ avril 2012 _ 05

d’heures de vol pour les moteurs d’hélicoptères Arriel et Makila en Malaisie.

Morpho a remis son millionième dispositif biométrique à un client indien lors du salon Biometrics, à Londres.

1 million « Le million »

sur les traces de l’Oiseau blanc

safran a signé en décembre 2011 un partenariat  de deux ans avec l’association 

La recherche de l’Oiseau blanc pour participer à la quatrième campagne de recherches de l’épave de l’avion mythique des deux pilotes français Charles Nungesser et François Coli, qui auraient traversé l’Atlantique douze jours avant Lindbergh en 1927. L’association tentera de retrouver le légendaire moteur Lorraine-Dietrich, une pièce de la propre histoire de Safran. Pour rappel, l’entreprise 

Lorraine-Dietrich, créée en 1871, est reprise en 1941 par l’entreprise Gnome & Rhône.  En 1945, Gnome & Rhône  est nationalisée, prend le nom  de Snecma et rassemble les motoristes français ayant vu le jour au début du XXème siècle. 

w plus d’infos

L’interview de Bernard Decré, président de l’association La recherche de l’Oiseau blanc dans l’Espace médias du site de safran : www.safran-group.com

Le rafale bientôt en Inde

Le « contrat du siècle » que représente la vente du Rafale à l’Inde et qui porte sur 126 appareils  est en négociation exclusive. Estimé à plus  

de 10 milliards d’euros, ce contrat exceptionnel est  l’un des plus importants de toute l’histoire des appels d’offres militaires. Il redessine le positionnement  de la France sur le marché de l’armement mondial. Après avoir fait ses preuves au combat en Afghanistan et en Libye, le Rafale est vendu pour la première fois  à un pays étranger. Safran fournit de nombreux équipements de l’appareil, dont les moteurs.

w plus d’infos

Le détail de l’implication de safran sur le programme rafale dans la rubrique applications aéronautiques du site de safran : www.safran-group.com

safran et thales ont conclu le 30 janvier 2012 le rachat des 20 % d’Areva dans sofradir, leur filiale commune détenue à parts égales dans le domaine des détecteurs infrarouges. Grâce à ce rachat, leurs participations respectives s’élèveront désormais à 50 % du capital de sofradir. Cette opération s’inscrit dans le cadre du partenariat que safran et thales ont conclu le 20 décembre 2011 pour renforcer la filière technologique nationale des détecteurs infrarouges. elle leur permet aussi de s’ouvrir sur le marché international, dont les débouchés restent une finalité majeure pour garantir l’équilibre économique de la filière.

Montée au capital de sofradir

Cédric Goubet,directeur exécutif, cFm International« C’est à la fois une grande chance et une grande responsabilité de se voir confier l’un des plus beaux programmes industriels de l’histoire de l’aéronautique, également pierre angulaire d’un partenariat transatlantique d’exception avec GE*. À l’âge de la maturité, celui de CFM d’ailleurs, je suis particulièrement fier et enthousiaste de pouvoir me mettre ainsi directement au service de la préparation de l’avenir à travers le développement du LEAP qui, dans la lignée de son aîné, le CFM56, s’impose déjà comme le moteur de référence des court et moyen-courriers des vingt-cinq prochaines années. »Cédric Goubet, 40 ans, supervise les programmes menés par  CFM et assure une interface essentielle entre GE et Snecma.Convaincu que l’industrie demeure l’une des principales clés de l’avenir de la France et de son rang dans le monde, il a rejoint Safran en 2010 après plusieurs années dans l’administration de l’État au cours desquelles il a notamment, dès 2004, contribué à la définition et à la mise en place de la politique des pôles de compétitivité.

* CFM International est une coentreprise 50/50 entre Safran et GE

Décideurs

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Vice-président Biden, hôte de marque

L e 26 janvier 2012, Joe Biden, vice-président des États-Unis, a visité en compagnie de Jean-Paul 

Herteman, président-directeur général de Safran, les sites de Safran USA  et Albany Engineered Composites à Rochester (New Hampshire, États-Unis). À l’issue de la visite, Joe Biden a prononcé un discours sur les politiques mises en œuvre pour favoriser l’emploi industriel aux États-Unis, notamment grâce à des mesures encourageant  les partenariats entre le secteur privé  et les universités. Safran et Albany, qui prévoient d’embaucher 400 personnes aux États-Unis au cours des dix 

prochaines années, se sont ainsi associés au Great Bay Community College de Portsmouth (New Hampshire, États-Unis) pour mettre en place un programme de formation en adéquation avec leurs besoins en compétences.  Ce projet industriel comprend par ailleurs l’ouverture d’une autre usine  de production spécialisée dans  la technologie « tissé 3D RTM » en Lorraine (France).Safran est présent sur le marché américain dans ses trois secteurs d’activité depuis 40 ans à travers 31 sociétés et réalise environ 20 % de son chiffre d’affaires avec les États-Unis.

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embauches prévues chez safran dans le monde en 2012.

6 000plus de

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Kening Liu,directeur général, safran china« Quand la Chine s’éveillera… ; la Chine s’est éveillée à l’aube de ce millénaire et elle est devenue un marché incontournable dans tous les secteurs, en particulier dans ceux de l’aéronautique et de la sécurité. Depuis plus de vingt ans, Safran anticipe cet éveil et investit dans le plus grand pays asiatique. Le Groupe a ainsi tissé des relations très fortes avec les clients publics, privés et les universités. »Kening Liu, directeur général de Safran China, supervise les activités de Safran en Chine et se réjouit que les efforts pour implanter le Groupe dans son pays natal portent leurs fruits. Après des études en France et une carrière de banquier d’affaires au sein de compagnies financières asiatiques, puis gérant de la banque Arjil et Associés (alors groupe Lagardère), Kening Liu a rejoint le Groupe en 2004 pour accompagner son développement en Chine.

marchésEn bref

06 _ avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ avril 2012 _ 07

Décideursnouvelle usine française pour les câblages

Le saM146 évolue

L ’usine Jean-Labinal de 13 500 m2, baptisée d’après le nom du fondateur de Labinal 

(Safran), a été inaugurée le 21 février 2012 à Villemur-sur-Tarn, en France, par Karen Bomba, président-directeur général de Labinal, Jean-

Paul Herteman, président-directeur général de Safran, et Louis Gallois, président exécutif d’EADS et de la Fabrique de l’Industrie, Henri-Michel Comet et Martin Malvy, respectivement préfet et président de la région Midi-Pyrénées. Safran 

a investi 12 millions d’euros pour pérenniser la présence locale de Labinal, leader mondial des solutions de câblage électrique pour le marché aérospatial. Le site emploie 730 personnes, produit des câblages et meubles électriques pour EADS et accueille les activités de service après-vente d’Airbus. Il coordonne aussi l’ensemble de la production mondiale de Labinal. Sixième usine à être ouverte depuis 2010, Labinal à Villemur-sur-Tarn illustre la stratégie industrielle de Safran qui vise à préserver les compétences et pérenniser ses technologies clés en investissant dans ses bases historiques en France.

L e consortium franco-russe PowerJet (Safran/NPO Saturn)  a annoncé le 25 janvier 2012 

 la certification par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) de la variante 1S18 du moteur SaM146 qui propulse le Superjet 100 de Sukhoi. Cette nouvelle version  du moteur diffère de la précédente 

par une poussée maximale au décollage accrue (72 kilonewtons [kN] contre 60 kN pour le SaM146 classique). Elle permet d’augmenter  la masse maximale au décollage  du biréacteur régional russe  et donc d’emporter plus de carburant afin de parcourir une distance plus importante.

wInVestIsseMent IndUstrIeL

wpropULsIon

Vega rejoint les étoiles

L e premier vol de qualification du nouveau lanceur européen destiné au marché des petits 

satellites, Vega, a eu lieu le 13 février 2012 depuis le centre spatial guyanais de Kourou. Un succès parfait auquel Safran a contribué grâce aux technologies de ses sociétés. Europropulsion (filiale de Snecma Propulsion Solide et d’AVIO) 

réalise le propulseur du premier étage du lanceur, qui est le plus grand moteur monobloc à structure bobinée du monde. Snecma Propulsion Solide fournit entre autres la tuyère et le corps d’allumeur. Avec un à deux tirs prévus par an, cette fusée développée par ELV, coentreprise entre Avio et EADS, complète  la gamme d’Arianespace.

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Malgré la crise financière et de confiance actuelle en europe, le bilan de l’année 2011 est très positif pour safran. Le résultat opérationnel courant est en hausse de 35 %, à 1,2 milliard d’euros, soit 10,1 % du chiffre d’affaires, et le résultat net a progressé de 27 %, à 644 millions d’euros. Le carnet de commandes du Groupe a atteint un niveau historique car il s’élève à 43 milliards d’euros. safran est en outre confiant quant à la croissance de ses résultats en 2012 et au-delà, et poursuivra ses investissements dans des technologies de pointe et des produits innovants sur le long terme.

Wenjiao Wang a reçu le 3 octobre 2011 le prix Fondation d’entreprise safran pour la musique. Cette jeune pianiste a entamé sa carrière internationale en France en 2003. née en Chine en 1985, elle a été admise au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de paris, où elle a obtenu un premier prix (2008), un Master de piano à l’unanimité avec les félicitations du jury (2010), ainsi qu’un premier prix de musique de chambre (2010). son premier album, Duo Azar, paru en 2011 chez pAI records, est inspiré des musiques espagnoles et du tango.

w plus d’infos

La vidéo du concert donné lors de la cérémonie de remise de prix, rubrique Engagements sur le site www.safran-group.com

résultats 2011 en forte progression

reMise du prix fondation d’entreprise safran pour la Musique

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Deuxième puissance économique mondiale, la Chine mise sur la haute technologie pour conquérir de nouveaux marchés.

la chine aujourd’hui

4 004nouveaux avions moyen-courriers dans le ciel chinoisd’ici 2030

4 480milliards d’euros de PiB en 2010

1,3milliard d’habitants, pays le plus peuplé du monde

08 _ Avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ Avril 2012 _ 09

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marchésDossier

10 _ avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ avril 2012 _ 11

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n 2010, le PIB de la Chine a augmenté de 10,3 % pour atteindre 5 878,6 mil-liards de dollars. Elle est ainsi devenue la deuxième puissance économique mondiale, position qu’elle a ravie au

Japon, son premier partenaire commercial. Fin connaisseur de la Chine, pays qu’il visite régulièrement depuis 1971 et où il a noué des liens solides parmi les cercles dirigeants et aca-démiques, l’ancien Premier ministre français et sénateur Jean-Pierre Raffarin balaie d’emblée une idée toute faite : « L’industrie chinoise ne se développe plus sur un modèle low cost. Elle mise désormais sur la haute technologie et la valeur ajou-tée pour se développer. »Encore discret, ce mouvement est pourtant amorcé depuis longtemps grâce à des investis-sements massifs, tant chinois qu’internationaux. Dès 1999, la Chine se classait au dixième rang mondial des exportateurs de haute technologie. La transition s’est faite très rapidement. Alors que ces produits ne représentaient que 10 % des exportations chinoises en 1992, ils en accaparent le quart dix ans plus tard, soit un taux déjà proche de celui des pays développés.

Géant énErGétiquE« La Chine investit aussi beaucoup dans le nucléaire, rappelle Jean-Pierre Raffarin. C’est une question vitale pour un pays qui doit importer une grande part des ressources énergétiques dont il a besoin pour assurer son développement. Cela ne l’empêche pas 

de s’intéresser aux technologies liées au développe-ment durable car la Chine sait qu’elle émet beaucoup de CO2 et que cette situation n’est pas soutenable à long terme. » En 2007, la Chine est ainsi devenue le premier producteur mondial de cellules pho-

Devenue la deuxième puissance économique mondiale, la Chine n’a concrétisé qu’une part de son potentiel. Elle a cependant déjà acquis un niveau technologique comparable sur bien des points à celui des grands pays développés.

cONJONcTUrE

La remarquabLe ascension de L’économie chinoise

tovoltaïques avec une production de 1,18 GWc*. En 2010, quatre entreprises chinoises figuraient parmi les dix premiers leaders mondiaux de cette activité et deux d’entre elles totalisaient 28 % de la production mondiale. La Chine s’est aussi lan-cée dans la construction d’« écocités » compre-nant des bâtiments à énergie positive, capables de gérer les déchets de façon intelligente. Enfin, l’industrie automobile chinoise travaille déjà sur le véhicule électrique.

actEur incontournablELa Chine investit aussi, depuis longtemps, dans son industrie aéronautique afin de soutenir son développement et tirer parti d’une demande intérieure en forte croissance. Dès 2004, elle se classait au troisième rang par le nombre de pas-sagers et de fret transportés. À l’horizon 2020, le gouvernement chinois envisage de disposer de 244 aéroports dont treize auront la capacité d’ac-cueillir chaque année 30 millions de voyageurs. Sur la décennie, les pouvoirs publics s’attendent à une croissance annuelle moyenne de 10 % du trafic de passagers et de 14 % pour les marchan-dises et le courrier.Jean-Pierre Raffarin, qui est très impliqué dans la coopération entre la France et la Chine, confirme qu’elle est désormais un acteur écono-mique incontournable : « Il ne faut pas en avoir peur : la Chine ne cherche pas la domination à tout prix mais une coopération avec l’Europe pour assu-rer son développement. Son rôle économique sera majeur, par la taille de son marché intérieur comme par son poids dans le commerce international. La Chine va avoir un impact décisif sur les marchés de l’énergie, du développement durable, des trans-ports et plus généralement de la haute technologie. Nous devons nous associer aux entreprises chinoises, non seulement pour accéder à cet immense marché intérieur, mais aussi pour bénéficier de la dimension internationale que ces entreprises vont inévitable-ment acquérir. C’est ainsi que nos technologies pour-ront perdurer sur le marché mondial. » ■* Wc : Watt “crête” obtenu lorsque l’ensoleillement est maximal.

de croissance annuelle moyenne depuis le début des années 90

milliards de dollars d’excédent commercial en 2010

puissance économique mondiale depuis 2010

10 %

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2e

« L’industrie chinoise mise désormais sur la haute technologie pour se développer. »Jean-Pierre raffarin, ancien Premier ministre, sénateur

biométrie et détection en développementLancé début 2011 et courant jusqu’en 2015, le 12e plan quinquennal chinois prévoit une modernisation de la gouvernance civile du pays ainsi que des outils et documents associés. « Cela va se traduire par la diffusion à très grande échelle de passeports et de cartes d’identité biométriques, ainsi que par le déploiement des systèmes de gestion et d’enrôlement correspondants », estime Jean-Luc hidalgo, président-directeur général de morpho china (safran). La société espère donc rééditer en chine le tour de force qu’elle réalise en Inde où elle contribue chaque jour à l’émission d’un million de numéros d’identités. En chine, ses équipes se préparent déjà à la publication des appels d’offres officiels, d’ici fin 2012.morpho compte aussi développer ses activités dans le domaine de la détection d’explosifs ou de matières illicites. « La Chine veut s’équiper de matériel de dernière génération pour être sûre que ses avions pourront voyager vers tous les pays du monde », explique Emmanuel mounier, président-directeur général de morpho Detection International. si la croissance du trafic aérien favorise les ventes, la législation reste encore un obstacle : elle n’impose pour l’instant que des appareils de détection à rayons X alors que ceux de morpho recourent à la tomographie, une technologie plus performante. mais ces normes devraient évoluer, ouvrant à morpho un marché trois fois supérieur.

Reste du monde

40% (7 660 appareils)dont Amérique latine 9%,Asie-Océanie 14%

Chine

23%(4 004 appareils)

Europe

18%(3 447 appareils)

Amériquedu Nord

19%(3 638 appareils)

Volsintra-Chine +7,3%

2%0 4% 6%

milliards de kmpar passageren une année

haussepar rapport

à 2010

Volsintra-Europe +3,6%

Volsintra-Amérique

du Nord+2,6%

1 328

1 430

1 337

répartition des commandes de moyen-courriers jusqu’à 2030

évolution des trois premiers flux de voyageurs d’ici 2030

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source : safran

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12 _ avril 2012 _ safran Magazine safran Magazine _ avril 2012 _ 13

marchésDossier

l a Chine… et le reste du monde. Pour Muriel Duthon, directrice de la zone Asie de Safran, « la Chine sera dans quelques  années  le  premier  acteur aérien mondial, en termes de dévelop-

pement industriel, de capacités aéroportuaires ou en nombre d’avions en activité. À terme, ce pays va peser 20 % du marché aéronautique mondial ».Bruno Cotté, directeur général adjoint de Safran en charge de l’International, rappelle que « le secteur de la construction aéronautique chinoise est stratégique et fait partie des priorités de développement industriel de la Chine. Il béné-ficie à ce titre d’un ensemble de soutiens finan-ciers, les ambitions nationales étant  d’occuper à terme une place comparable à celle des acteurs européens et américains. »Les pouvoirs publics chinois ont créé en 2008 la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC). Cette société a reçu en dotation la filiale Avic Commercial Aircraft (ACAC), les entités de Shanghai Aircraft ainsi que des com-pétences en provenance des différents instituts aéronautiques d’Aviation Industry Corporation of China (AVIC), le complexe industriel dédié à l’ensemble des activités aéronautiques. Dans l’échange, AVIC a reçu 26 % des actions de COMAC, qui pilote depuis cette date la pro-

ParTENarIaTs

duction de l’avion régional ARJ21 ainsi que la conception et la construction du C919, le premier avion moyen-courrier chinois. «  Le premier vol de cet appareil sera l’acte de naissance d’un futur géant de l’aéronautique, estime Jean-Luc Doublet, directeur du programme C919 chez Safran. Les Chinois souhaitent développer une  filière  complète  pour  faire  de COMAC  le troisième constructeur mondial derrière Airbus et Boeing. Ils cherchent donc des partenaires qui puissent les aider à relever ce défi. » Pour la moto-risation de l’appareil, leur choix est fait : ce sera le moteur LEAP-1C de CFM International*.

PartEnariats stratéGiquEsConscient de l’opportunité unique que repré-sente le marché chinois, Safran a souhaité resserrer les liens avec les différents intervenants pour aboutir, en novembre 2010, à la signature avec AVIC, d’un partenariat global animé par un comité stratégique réunissant régulièrement les dirigeants des deux groupes. Cet accord a été mis en œuvre en 2011 avec la signature de trois mémorandums. Le premier a permis de poser les bases d’une coopération dans le domaine des turbopropulseurs et des turbomo-teurs de nouvelle génération produits pour le mar-ché chinois et international. Le deuxième précise

les contours de la collaboration entre les équipes des deux groupes dans le domaine des

équipements avioniques destinés aux hélicoptères et aux avions. Le troisième instaure une coopéra-tion entre Safran Corporate University et AVIC University dans le domaine de la formation.Ce partenariat renforce les liens établis dans le domaine des hélicoptères, il y a 30 ans déjà, par le biais de la cession de licence d’un moteur Arriel 1 à la Chine. Turbomeca (Safran) a ainsi bénéficié de ce nouvel élan donné aux rela-tions entre Safran et l’industrie aéronautique chinoise, en signant en 2010 un contrat portant sur la fourniture de 90 moteurs Arriel 2C à China Aviation Technology Import-Export Corporation et AVIC. Début 2011, Labinal (Safran) a décidé de créer une coentreprise avec Shanghai Aicraft Manu-facturing Co., une filiale de COMAC. Basée à Shanghai, cette entité aura pour mission de concevoir, développer, produire et assurer le sup-port client des systèmes EWIS (Electrical Wiring Interconnection System). Cette nouvelle entre-prise s’est aussi vue confier la réalisation du sys-tème complet du C919. Un contrat qui revêt une importance particulière puisque COMAC pré-voit de construire 2 000 exemplaires de cet appa-reil. « Après le choix de Safran comme fournisseur du système propulsif complet du C919, cet accord marque une nouvelle étape majeure dans le rôle que 

joue notre Groupe dans la réussite de cet avion », souligne Yves Leclère, directeur général adjoint Transformation de Safran. Les nouvelles entités que le Groupe crée en Chine seront d’autant plus efficaces qu’elles bénéficient de l’expérience acquise par celles déjà bien installées comme Snecma Xinyi Airfoil Castings Co. Ltd, la fon-derie d’aubes de turbines, à Guyiang ou Sichuan Services Aero Engine Maintenance Company (SSAMC), le centre spécialisé dans la mainte-nance des CFM56 à Chengdu.

DonnéEs DE vol à PortéE DE MainDe son côté, Sagem (Safran) a conclu en juin 2011 un accord décisif avec le Centre Technologique de Sécurité de l’Aviation Civile (CAST), une division de l’administration de l’aviation civile de la Chine. Le Groupe va ainsi

signature d’un partenariat stratégique global entre safran et avic le 16 novembre 2010 à Zhuhai.

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quand L’aéronautique chinoise s’éveiLLe

Depuis trente ans, Safran a tissé des liens durables avec les acteurs majeurs de l’industrie aéronautique chinoise. Aujourd’hui, cette relation de confiance est récompensée par la conclusion de partenariats stratégiques.

coentreprises entre safran et des entreprises chinoises

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Déjà commandé à 235 exemplaires (dont 60 en option), le futur c919 de coMac devrait faire son premier vol en 2014. il sera motorisé par le lEaP-1c de safran et GE en simple source occidentale.

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E n Chine, produire localement est un plus ! Si la question des coûts a évidemment un impact, la présence du Groupe sur le territoire chinois s’explique avant tout par la néces-

sité de se rapprocher du client final, afin de mieux répondre à ses attentes. Aujourd’hui, six sociétés de Safran sont installées en Chine : Safran à Pékin et Shanghai à proxi-mité de COMAC, Messier-Bugatti-Dowty et Snecma à Suzhou, et Turbomeca à Pékin et Tianjin. Cinq coentreprises viennent com-pléter le dispositif du Groupe, à Guiyang, Chengdu, Xian and Shanghai. Une straté-gie qui a permis à Snecma de renforcer son positionnement en Chine, en s’implantant à Guiyang, où la fonderie de précision de l’éta-blissement Snecma Xiniy Airfoil Castings Co. Ltd produit des éléments de turbine pour les moteurs CFM56.

Présent en Chine depuis plus de quarante ans, le Groupe parle d’une seule voix aux autorités et à ses partenaires.

une histoire industrieLLe déjà Longue

ImPLaNTaTION

unE PrésEncE historiquEL’origine de la présence de Safran en Chine remonte aux débuts des années 70. La marine chinoise qui vient de faire l’acquisition d’hélicoptères Super Frelon équipés des turbo-moteurs de Turbomeca : c’est le premier grand contrat du Groupe en Chine. Les années 80 voient les événements s’accélérer avec la signature d’un accord avec AVIC (Aviation Industry Corporation of China) portant sur la production sous licence de moteurs Arriel 1 et de systèmes de pilotage automatiques pour l’hélicoptère Z9. Le Groupe décide alors d’ou-vrir un premier bureau de représentation à Pékin afin de faciliter les échanges. Depuis, les accords se sont multipliés et Safran a acquis une place de partenaire important de l’industrie aéronautique chinoise. Aujourd’hui, plus de la moitié des avions de ligne volant en Chine sont équipés

Entrée principale du site de Messier-bugatti-Dowty et snecma à suzhou.

salariés

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fournir son système AGS (Analysis Ground Station) et apportera son appui à CAST pour améliorer l’analyse des données de vol des com-pagnies chinoises. En permettant aux opéra-teurs d’optimiser la gestion de la maintenance, cet équipement d’analyse semi-automatique des données de vol des avions leur assure une réduction des coûts et une amélioration de la sécurité des trajets. Déjà utilisé par plus de 500 opérateurs à travers le monde, dans près de 135 compagnies aériennes, l’AGS est devenu un leader mondial.En contrepartie de l’engagement du Groupe, CAST s’engage à soutenir Sagem dans sa démarche de certification de ses systèmes d’acquisition des données de vol ACMS (Air-craft Condition Monitoring Systems) et de transmission d es données sans fil. Les deux entreprises prévoient aussi de développer l’offre Cassiopée de Sagem (une gamme innovante de services aéronautiques pour les compagnies aériennes) en Chine afin d’optimiser les phases de vol et les coûts d’exploitation. L’essor de la filière aéronautique chinoise recèle aujourd’hui de nombreuses opportunités. Safran devrait pouvoir les saisir d’autant plus facilement qu’il a su établir un partenariat de long terme avec les acteurs clés de l’industrie aéronautique chinoise. ■

* CFM International est une coentreprise entre Snecma (Safran) et GE

Fin 2010, aircelle a conclu un partenariat avec Xi’an aircraft International corporation (XaIc), une filiale d’aVIc, pour créer saVI. Basée à Xi’an, la coentreprise est chargée de fournir à cOmac des composants assemblés de nacelles qui équiperont le c919. Pour remplir cette mission, essentielle lorsque ce

programme passera de la phase d’étude à celle de production, saVI pourra s’appuyer sur les trois décennies de coopération entre aVIc et le groupe safran. « Il faut de solides fondations car le défi sera de taille. Cette coentreprise sera le premier fournisseur en Chine pour le marché aéronautique civil local des nacelles. Elle bénéficiera de l’expertise d’Aircelle 

et du savoir-faire de XAIC dans la fabrication de produits aéronautiques de grande qualité. » Vincent mascré voit dans la naissance de cette coentreprise un premier pas très prometteur : « Cet accord nous ouvre d’importantes perspectives industrielles avec le C919 et celles-ci pourraient encore s’accroître à l’avenir avec d’autres programmes. » saVI procure en effet un avantage de premier plan à aircelle : un accès privilégié au marché chinois, particulièrement dynamique, tout en lui donnant l’opportunité d’étendre sa présence mondiale.

Président-directeur général, aircelle

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Production de composants de turboréacteurs cFM56 dans l’établissement snecma de suzhou.

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Chengdu

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Shanghai

Guiyang

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de CFM56, soit 2 800 moteurs en activité. Turbomeca équipe la moitié des hélicoptères en service dans le pays. Parallèlement, les autres sociétés du Groupe ont continué de progresser comme Messier-Bugatti-Dowty dont un tiers des avions de ligne en activité en Chine utilisent ses trains d’atterrissage ou freins.

l’Essor DE la MarquE saFranÀ partir de 2008, le Groupe a décidé de coor-donner davantage les activités de ses sociétés dans le pays. Une action qui répondait à un double objectif, selon Kening Liu, directeur général de Safran China : « Pour affronter plus efficacement nos concurrents anglais et améri-cains, Safran devait regrouper ses forces. C’était aussi  important  vis-à-vis  des  autorités  qui  ont naturellement une attitude différente selon qu’elles ont affaire à des sociétés isolées ou au contraire à un groupe de stature mondiale capable de proposer une offre large et cohérente. »Les équipes des différentes sociétés de Safran présentes à Pékin sont aujourd’hui rassem-blées dans les mêmes locaux, au sein de Safran China. Ce bureau réunit les fonctions sup-ports des sociétés et a en charge la promotion du Groupe auprès des pouvoirs publics ou des leaders d’opinion. « Nous devons concentrer nos efforts sur le nom du Groupe afin d’accroître sa notoriété », explique Kening Liu.

Avec cette nouvelle ligne directrice, Safran peut envisager l’année du dragon sous les meilleurs auspices. ■

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« Nous nous efforçons de détecter les hauts potentiels pour accueillir et garder  les meilleurs talents.  Il s’agit de repérer le plus tôt possible les collaborateurs les plus actifs pour qu’ils bénéficient d’une formation spécifique. Des stages dans 

d’autres usines sont par exemple organisés pendant des durées allant jusqu’à un mois. En 2011, nous avons aussi envoyé plusieurs équipes en France afin qu’elles  se familiarisent avec les outillages les plus performants du 

Groupe. Cette gestion des compétences permet de faire face  à nos cadences de production de composants de  trains d’atterrissage, qui ont été multipliées par trois entre 2002 et 2009, et devraient doubler d’ici 2014. Sur le plan industriel, nous avons aussi pris différentes mesures préventives. Par exemple nos machines à commandes numériques vont être directement préparées en usine par notre fournisseur pour être pleinement opérationnelles dès leur arrivée. »

General manager, messier-Bugatti-Dowty, suzhou

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une gestion efficace des talents

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i mpossible de jouer un rôle dans le déve-loppement de l’industrie aéronautique sans disposer d’ingénieurs et de cadres formés aux problématiques de ce secteur à la pointe de la technologie. Safran Corporate University a

donc noué des partenariats structurants avec les acteurs clés du monde académique.Ainsi le Groupe soutient depuis 2004 la forma-tion des étudiants chinois des Écoles Centrale et a participé en 2005 à la création de l’École Centrale de Pékin, au sein de la Beijing University of Aero-nautics and Astronautics. La remise de diplômes de la première promotion a eu lieu en janvier dernier, en présence de nombreuses personnalités politiques et industrielles françaises et chinoises, dont Marc Ventre, directeur général délégué en charge des Opérations de Safran. Partenaire actif de l’École, Safran Corporate University contri-bue à la formation des élèves ingénieurs chinois en apportant des compléments de connaissance dans les domaines scientifiques ou managériaux, au travers de cycles de conférences menés par des experts et des dirigeants du Groupe. « Safran  s’implique et attend beaucoup de ce cycle de forma-tion car nos ambitions et celles des jeunes diplômés de l’École Centrale de Pékin sont complémentaires, explique Marc Ventre. L’ingénieur centralien de Pékin a pour atouts un niveau de compétences élevé, une multiculture et la maîtrise des langues. Ces trois qualités en font une ressource précieuse qui aidera les entreprises à développer plus avant leurs projets d’innovation dans un contexte international. » Pro-moteur de la qualité du cursus avec ses spécificités françaises, Safran veille à une bonne insertion des ingénieurs, en proposant stages et embauches.

raPProchEr étuDiants Et inDustriElsAutre partenariat majeur, celui conclu avec la CAUC (Civil Aviation University of China) notamment par le soutien au SIAE (Sino-Euro-pean Institute of Aviation Engineering). Outre l’offre de stages et la participation à des confé-rences, Safran Corporate University entretient

En s’associant aux deux centres universitaires chinois spécialisés dans les formations aéronautiques et à l’université du principal acteur industriel du secteur, Safran renforce sa crédibilité aux yeux de ses interlocuteurs.

Les partenariats, cLé du Long terme

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une médiathèque spécialisée dans le domaine aéronautique. « Aujourd’hui, le Groupe participe à l’élaboration d’un parcours Propulsion de qualité au sein du cursus de l’Institut, explique Aude Guo, responsable Relations Asie à la Safran Corporate University. Nous travaillons à la mise en place d’une unité d’enseignement pratique où les élèves pourront mettre en pratique les connaissances acquises durant les cours. Un moteur CFM56-3 avait d’ailleurs été offert dès 2006 à CAUC dans le but de familiariser les élèves à son fonctionnement. » Enfin, la formation permet de renforcer les liens industriels entre Safran et ses partenaires chinois comme COMAC ou AVIC. Un mémorandum d’accord a ainsi été signé en 2011 entre Safran Corporate University et AVIC University, afin de formaliser une collaboration déjà active depuis de nombreuses années. « Des actions de formations sont menées pour AVIC depuis 1998 mais cet accord marque une nouvelle étape de notre coopération, pré-cise Aude Guo. Il s’insère dans le cadre des accords stratégiques conclus avec AVIC, et a pour but de développer une base  commune de méthodologies managériales afin d’accompagner les collaborations industrielles futures entre les deux groupes. » ■

étudiants à la civil aviation university of china

étudiants à la beijing university of aeronautics and astronautics

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« Grâce aux six mois  de stage que j’ai 

effectués chez Safran, j’ai découvert que 

l’industrie aéronautique ne se résumait pas à la production et à la recherche. C’est aussi  la coopération avec des partenaires débouchant sur des accords gagnant-gagnant. Dans le monde occidental, ce secteur a fait de grands progrès. La Chine, à son tour, doit accélérer son développement  pour contribuer à la croissance de l’industrie aéronautique mondiale. »

étudiant, école centrale de Pékin

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« J’ai découvert la nécessaire coopération entre partenaires industriels »

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aero engine maintenanceTraining center aEmTc

snecma Xinyi airfoilcastings co., Ltd

Office/ company

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services University cooperation training center

Turbomeca helicopter Engines Trading co., Ltd (TBhE)Beijing Turbomeca changkong aero-Engine control Equipment co., Ltd

snecma suzhou co. Ltdsuzhou smE-cQ automotive safety Technology co. Ltd

messier-Dowty co., Ltd

Xi’an savi Nacelles co., Ltd

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Turbomeca helicopter Engines co., Ltd (TThE)snecma suzhou co. Ltd, Tianjin Branch, Ltd

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Le drone Patroller est la solution la plus économique pour des missions de surveillance de longue durée.

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marchésPortfolio

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Drone multirôle et économiquesûr et performant, le Patroller est un système de drones développé pour correspondre à un large spectre de missions de sécurité territoriale et militaire. Fabriqué à coûts d’exploitation maîtrisés car il tire parti des technologies déjà développées par sagem pour le système de drones tactiques sperwer mkII, il répond à des besoins de surveillance de côtes ou de frontières, de sécurité intérieure (grands événements, sites sensibles) ou de protection civile (catastrophes naturelles, protection de l’environnement)…capable d’évoluer dans différents types d’espaces aériens grâce à la possibilité d’embarquer un pilote à bord, il est déployé rapidement et avec une équipe réduite. De son côté, la station de contrôle est conçue pour être installée dans un bâtiment ou sur la plate-forme d’un véhicule léger tout terrain. Très modulable, le Patroller peut emporter une large gamme de senseurs. selon les besoins, il peut être acquis, loué ou faire l’objet de contrats de service à l’heure de vol incluant la maintenance et l’opération.

1. Plan de volLa cellule de l’appareil lui permet d’être utilisé aussi bien en mode drone qu’avec un pilote à bord, en fonction de la réglementation.

2. optroniqueLa boule optronique du Patroller rend l’appareil opérationnel dejour comme de nuit. La lecture d’une plaque d’immatriculation est possible à plusieurs kilomètres.

3. PlaneurLes qualités de vol de l’appareil lui permettent de croiser à plus de 20 000 pieds durant 30 heures avec deux réservoirs supplémentaires sous sa voilure.

4. PilotageLa station de contrôle sol est identique à celle du sperwer, système de drones tactique sagem (safran) utilisé par l’OTaN.

5. Équipementsselon les missions, il peut être équipé d’un système d’écoute de communication radio, d’un radar maritime ou d’imagerie à ouverture synthétique.

6. MaintenanceLa cellule du Patroller est certifiée aux normes de l’aviation civile par l’Easa. Toute en composite, elle est très fiable, robuste et dotée d’un moteur éprouvé et silencieux.

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mArchésMarchés

Proximité géographique, culturelle et industrielle favorisent le développement de Safran au Royaume-Uni. Le Groupe y déploie une large palette de savoir-faire.

Quatre décennies de confiance

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employés safran au Royaume-Uni

filiales locales, dont deux en partenariat avec Rolls-Royce

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propulseurs des missiles de croisière Storm Sha-dow. Depuis quelques années, la société a consi-dérablement élargi son empreinte, tant et si bien que « le ministère de la défense britannique [MoD] est devenu le deuxième client de Turbomeca après la défense française, rappelle Frédéric Fourcian-gue, directeur général de Turbomeca UK. Si l’on ajoute les opérateurs offshore, les services de police et les clients privés, nous arrivons à une flotte d’en-viron 1 200 moteurs dans le pays. » Une réussite à mettre au crédit des investissements consentis

pour disposer d’une présence locale significative, tant en termes de fabrication (pompes à huile pour turbines, démarreurs à air de l’Eurofigh-ter, composants de groupes auxiliaires de puis-sance…) que de support technique. Le partena-riat avec Rolls-Royce sur les moteurs RTM322 a aussi largement contribué à bâtir ce succès. Une stratégie de proximité qui se traduit par une offre de services très complète sur le sol bri-tannique, avec l’entretien des flottes de moteurs Arriel, Arrius et Makila 2. « Cette dernière com-pétence, acquise très récemment, nous permet de mieux soutenir les utilisateurs d’hélicoptères EC225 en mer du Nord », souligne Frédéric Fourciangue, qui rappelle également que Turbomeca participe à l’appel d’offres pour l’entretien des Makila 1 des Puma Mk2 de la RAF. « Les contraintes bud-gétaires seront toutefois un enjeu majeur pour les années à venir, insiste-t-il. Il nous faut donc pro-poser des solutions innovantes – dont les contrats de maintenance à l’heure de vol – particulièrement appréciées au Royaume-Uni. »

InnovatIon et base IndUstRIelleLe Royaume-Uni accueille encore d’autres sociétés du Groupe telles que Sagem, présent depuis le début des années 2000, avec la vente de viseurs thermiques pour les chars de combat Challenger 2. Une première réussite qui connaît aujourd’hui une suite avec les jumelles JIM LR. « Dans un premier temps, de petites quantités ont été livrées aux  forces  spéciales, explique Pascal Brossard, directeur du département Combat terrestre.

l e Royaume-Uni est un marché de grande importance pour Safran. « Le Groupe est un fournisseur de lon-gue date, implanté à travers ses socié-tés dans un souci de proximité avec ses 

clients, et il entretient aussi des partenariats avec les écoles comme avec l’université de Sheffield », explique David Oldroyd, délégué de Safran au Royaume-Uni.

snecMa, paRtenaIRe hIstoRIqUeL’aventure anglaise de Snecma (Safran) com-mence en 1964 au côté du motoriste Rolls-Royce, partenaire pour le réacteur Olympus du Concorde. Une épopée technique et humaine qui a aujourd’hui laissé place à la réussite du moteur d’avion CFM56, réalisé en coopération avec GE. « Environ 700 CFM56 sont en service au Royaume-Uni, précise Bruno Castola, direc-teur régional des Ventes de Snecma. Ce parc est important car il existe dans le pays une véri-table culture du voyage, avec de puissants tour- opérateurs et des compagnies aériennes à bas coût très développées. Avec plus de 200 Airbus de la famille A320, EasyJet est par exemple le premier utilisateur mondial du CFM56-5B. » Toutes les versions du CFM56 sont d’ailleurs présentes au Royaume-Uni. Les « CFM56-2 » équipent les AWACS de la Royal Air Force (RAF), pour lesquels Snecma a signé en juin 2003 un contrat de maintien en conditions opé-rationnelles, jusqu’en 2025. Sont aussi présents les CFM56-3, les CFM56-5 et les CFM56-7B, qui équipent les Boeing 737 classiques, les Boeing 737NG, les Airbus de la famille A320 de compagnies telles que Thom-son Airways, Thomas Cook, British Airways, British Midland Airways, Monarch, Titan ainsi que les Airbus A340 de Virgin Atlantic. L’autre nouveauté sur le sol britannique concerne la maintenance, qui était jusqu’à pré-sent essentiellement assurée par GE dans cette région. « Snecma et GE sont désormais associés 

pour proposer des offres de maintenance communes sous le label CFM, précise Bruno Castola. Cet accord porte aussi bien sur les nouvelles commandes de CFM56 que sur les LEAP, pour lesquels les pre-mières campagnes de vente sont engagées. »

stRatégIe de pRoxIMIté Turbomeca (Safran), motoriste pour hélicop-tères, est un autre acteur de poids sur ce mar-ché. L’origine de son implantation est à porter au crédit de sa filiale, Microturbo, qui fournit les

la biométrie progresse au Royaume-UniÀ l’approche des Jeux olympiques de Londres en août 2012, les questions de sécurité intérieure, particulièrement dans les aéroports, sont devenues une problématique majeure pour le royaume-Uni. Le pays peut compter sur l’expérience de morpho UK (safran), partenaire des institutions britanniques depuis plus d’une décennie dans le domaine de l’identification biométrique. En plus d’une participation à la protection des installations olympiques de Londres, morpho est partie prenante du projet IrIs pour le contrôle automatisé aux frontières. Basé sur la reconnaissance de l’œil, ce système a déjà été utilisé par près de quatre millions de passagers dans les aéroports de Londres, Birmingham et manchester. morpho UK fournit aussi le système IAFs (Immigration and Asylum Fingerprint system) aux frontières britanniques. Enfin, les systèmes de détection d’explosifs pour les bagages des terminaux de Londres-heathrow et manchester sont également signés safran.

sur cet airbus a380 aux couleurs de british airways, safran fournit notamment les nacelles, le câblage et des équipements d’avionique.

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Leur évaluation  très positive a ouvert  la voie à des commandes plus importantes, plusieurs cen-taines d’exemplaires, au profit des forces conven-tionnelles. » Peter Schmid, directeur des pro-grammes de Vectronix, filiale de Sagem, évoque quant à lui la participation de sa société au pro-gramme FIST (modernisation de l’équipement du fantassin) avec plus de 4 000 « Commander Target Locator » vendus ainsi que 2 300 télé-mètres laser et calculateurs balistiques pour le lance-grenades, dont les livraisons débuteront en 2013.Dans le secteur aéronautique, Messier-Bugatti-Dowty, Labinal ou encore Aircelle emploient à eux trois près de 2 000 personnes dans le pays, avec une solide base industrielle. Le Royaume-Uni est aussi le second pays d’Aircelle, qui y emploie plus de 800 personnes à la fabrication de nacelles pour les moteurs d’avion.À Gloucester, Messier-Bugatti-Dowty conçoit, développe et produit des atterrisseurs pour un grand nombre de programmes. L’année a bien commencé pour l’équipementier, qui a été choisi

par British Airways pour produire les roues et freins carbone de sa future flotte de 24 Boeing 787, qui entrera en service en 2013. De son côté, Labinal présente la singularité d’avoir été impliqué à la fois dans l’industrie aéro-nautique et automobile. Œuvrant au plus près d’Airbus à Bristol, puis de Bombardier, la société est devenue Safran Engineering Services UK en 2010. Ses activités s’étendent aujourd’hui au sou-tien de l’ingénierie sur les programmes d’atterris-seurs, de nacelles et d’inverseurs de poussée, en liaison avec Messier-Bugatti-Dowty et Aircelle. Techspace Aero, enfin, est présent au Royaume-Uni au travers de contrats de bancs d’essais et d’équipements d’essais, notamment pour Rolls-Royce, commercialisés sous la marque Cenco International.La présence diversifiée de Safran outre-Manche est un atout, permettant au Groupe d’équilibrer son activité entre applications civiles et mili-taires, mais aussi entre fabrication et activités de support. Une recette gagnante pour un dévelop-pement harmonieux. ■

bond offshore helicopters est un opérateur spécialisé dans l’acheminement de personnes et de matériel entre aberdeen (écosse) et les plateformes pétrolières de la mer du nord. cet as332 super puma est équipé de deux moteurs Makila 2a1 de turbomeca.

l ’A400M, qui entrera en service début 2013, est un avion aux capacités mul-tiples : il conjugue aptitude tactique et autonomie stratégique. L’avion-cargo militaire vient d’être certifié par les

autorités civiles européennes (EASA). Une cer-tification également décrochée par ses centrales inertielles de navigation, réalisées par Sagem. Chaque centrale – il y en a trois dans l’avion – pèse une dizaine de kilogrammes. Il s’agit donc d’un équipement discret mais pourtant essentiel pour la conduite des missions. De la perfor-mance de ces centrales dépend en effet la bonne navigation de l’avion, qui doit pouvoir évoluer avec une grande précision sur tous les théâtres d’opérations, de jour comme de nuit et par tous les temps.

hybRIde MaIs aUtonoMe« Les  centrales  de  l’A400M utilisent des  gyro-mètres laser et accéléromètres d’une technologie désormais éprouvée, explique Fabrice Delhaye, directeur du département Navigation de Sagem. Elles recueillent également des  informations de vitesse et  sont hybridées avec un GPS militaire de dernière génération lui aussi conçu par Sagem. Il s’agit d’ailleurs du seul récepteur GPS militaire développé  aux normes  civiles. » Bien évidem-ment, les centrales inertielles ont la capacité de fonctionner en totale autonomie, sans utiliser

La centrale inertielle de l’Airbus A400M a été certifiée par les autorités européennes. Une réussite technique tout aussi importante pour Sagem (Safran), constructeur de la centrale, que pour l’avion lui-même.

Passage du caP de la certification

NAVIGATION

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avions commandés par huit pays

heures de vol nécessaires pour l’obtention de la certification easa

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safran au cœur de l’a400Mmotorisation, systèmes d’atterrissage, câblage, système de navigation et aide à la maintenance : neuf sociétés de safran sont mobilisées sur le programme A400m.Une des principales contributions du Groupe concerne les quatre turbopropulseurs TP400 de 11 000 ch. Ils sont conçus par le consortium Europrop International, qui associe snecma à trois autres motoristes européens. Les trains d’atterrissage à douze roues signés messier-Bugatti-Dowty donnent aussi à l’A400m des capacités de décollage et d’atterrissage sur de courtes distances, même sur des terrains sommaires.

les informations fournies par le GPS, dont les signaux restent sous le contrôle des militaires américains. « Un des points forts de ces centrales tient au déve-loppement d’algorithmes très particuliers, adossés à une puissance de calcul vingt fois plus élevée que celle des centrales de génération précédente, sou-ligne Fabrice Delhaye. L’avion dispose ainsi en permanence de la connaissance précise et intègre de sa position dans l’espace, condition sine qua non pour éviter des menaces. » Avec cette certification, Sagem passe un cap important qui lui ouvre les portes d’un mar-ché civil potentiellement important sur le long terme. ■

centrale inertielle

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uelques centimètres carrés de plas-tique équipés d’un microprocesseur capable de stocker des données sur l’identité et la couverture sociale de l’assuré et de transmettre ces informations de façon sécurisée

aux organismes d’assurance maladie : tel est le principe de la carte électronique de santé. « Tout  le monde  y  gagne, estime Jérôme Bou-dineau, chef de ligne de produits Documents d’identité chez Morpho (Safran). La  dématé-rialisation des feuilles de soin et des demandes de remboursement réduit les coûts de traitement des organismes d’assurance maladie. Elle simplifie les procédures et garantit aux assurés un traitement plus  rapide  de  leur  dossier.  Enfin,  le  niveau  de sécurité associé à la puce permet de lutter contre la fraude. »Chaque pays a ses demandes spécifiques. « À la différence d’autres secteurs comme le paiement ou les télécommunications, il n’y a pas encore d’inter-opérabilité dans le domaine de la santé, explique Didier Sérodon, directeur des programmes Documents d’identité et paiement chez Morpho. Il y a donc autant de stratégies et de produits que de pays. Certains nous confient uniquement la fabri-cation de la carte et sa personnalisation ; d’autres nous achètent le système d’exploitation dont nous développons  les  fonctionnalités  à  la  demande ; d’autres enfin nous commandent l’ensemble de ces prestations. »

pRésence MondIaleMorpho compte actuellement trois principaux clients : l’Inde, la France et l’Allemagne. Le pre-mier a créé en 2008 un programme d’assurance maladie destiné à la population vivant au- dessous du seuil de pauvreté, soit environ 300 millions de personnes. Une carte à puce, intégrant les droits du bénéficiaire ainsi qu’un module biomé-trique pour lutter contre la fraude, est délivrée

succès de la carte de santé

éLEcTrONIqUE

q L’Allemagne a fait le choix de la carte électronique de santé comme de nombreux pays soucieux d’offrir à leurs citoyens un système de santé plus performant et moins coûteux.

à chaque famille concernée. Morpho – qui est par ailleurs l’une des sociétés retenues en 2009 pour l’enrôlement des personnes, la production et la distribution des cartes – a émis à ce jour plus de six mil-lions d’exemplaires de cette carte permettant à 25 mil-lions d’Indiens d’accéder aux services de soins.En France, le contrat signé en 2004 avec le GIE Sesam-Vitale pour la fourniture du système d’exploitation de la carte Vitale 2 a été renouvelé fin 2010. Morpho a également remporté en septembre 2011 un contrat de quatre ans pour la fabrication et la personnalisation de ces cartes. Enfin, en août 2011, Morpho a été le premier fabricant à obtenir l’autorisation de produire la nouvelle carte électronique de santé allemande, dont il fournira plus de 30 millions d’exemplaires. Cette nouvelle carte baptisée « eGK Generation 1 plus », sera produite sur le site allemand de Flintbek près de Kiel. À ce jour, 10 % des assurés sociaux allemands ont reçu leur nouvelle carte, et Morpho s’impose déjà comme l’un des leaders du marché en termes de volume total de cartes produites.

Un enjeU : la sécURIté des données« Malgré la diversité des besoins, les attentes sont les mêmes, estime Didier Sérodon, la sécurité, la confidentialité sur l’ensemble de la chaîne et un outil de production fiable et efficace. Nos systèmes d’exploitation sont tous testés par des laboratoires externes avant d’obtenir une certification officielle qui  garantit  à nos  clients un niveau de  sécurité 

comment les données contenues dans les cartes électroniques de santé sont-elles protégées ?rappelons que ces cartes ne contiennent pas le dossier du patient, mais uniquement des références (numéro de sécurité sociale, centre d’affiliation…) et des éléments permettant de sécuriser la carte, comme les clés d’authentification et de signature. Pour assurer la confidentialité et l’intégrité de ces données, des mécanismes de sécurité sont utilisés tant au niveau du matériel que du logiciel. Les contre-mesures matérielles, comme par exemple des capteurs pour détecter des perturbations, sont implémentées directement sur la puce. Les contre-mesures logicielles permettent de compléter et renforcer la sécurité en chiffrant

les données, en vérifiant leur intégrité ainsi qu’en contrôlant leur accès.

sur quels aspects Morpho concentre-t-il ses efforts ? Lorsque nous concevons un système, nous prenons non seulement en compte les risques de sécurité liés au produit mais aussi les contraintes fonctionnelles, par exemple le temps de traitement, la taille de code... En parallèle, nous poursuivons nos recherches sur la sécurité des cartes à puce. Nous restons en veille et implémentons de nouveaux scénarios et nouvelles techniques d’attaque pour améliorer notre analyse de la vulnérabilité des produits. Nous travaillons également à l’élaboration de nouvelles mesures pour protéger nos produits de ces attaques.

responsable de l’activité sécurité des cartes à puce, morpho

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données sous haute protection

optimal.  Nous  nous  appuyons  sur  sept  sites  de production répartis dans le monde – Allemagne, Pays-Bas, Brésil, Inde, Mexique, Russie, Colombie – et huit sites de personnalisation. Tous répondent naturellement aux niveaux de sécurité exigés par nos clients. » Numéro quatre mondial du secteur, Morpho prépare l’avenir en améliorant en permanence la qualité de ses puces : sécurité, vitesse de trans-fert, lecture sans contact… « Beaucoup d’innova-tions sont possibles, indique Jérôme Boudineau. Tout dépendra des investissements que les gouver-nements sont prêts à consentir pour développer les infrastructures de gestion associées… » ■

millions de cartes à puce produites chaque jour par Morpho

millions de cartes électroniques de santé seront émises par Morpho en allemagne

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La chaleur dégagée par le moteur et le train de roulement du char permet au missile de se diriger sur sa cible.

ÉTAPEVol du missile :plus le missile se rapproche, plus le degré de précision des capteurs augmente.

ÉTAPEDestructionde la cible

ÉTAPE Tir du missile : les capteurs de l’autodirecteur prennent le relais.

ÉTAPE L’opérateur identifie une cible grâce à la caméra thermique du poste de tir.

L’information est transmise à l’autodirecteur du missile.

Le tireur verrouille l'autodirecteur sur sa cible.

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AUTODIRECTEUR DU MISSILE

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MISSILE

CAPTEURS

VISEUR DU POSTE DE TIR ÉQUIPÉ D'UNE CAMÉRA THERMIQUE

DONNÉES RECUEILLIESPAR LES CAPTEURS

Déplacement de la cible

POSTE DE TIR

CIBLE

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mArchésMarchés

Missiles high-tech

DéFENsE

antiaériennes, pour lesquelles les sources de chaleur émises par les cibles se détachent bien sur fond de ciel, la technologie a fait de tels progrès qu’elle sera de plus en plus utilisée au sol, où l’environnement est souvent beaucoup plus complexe », explique Dominique Lévy. Preuve en est, « Sagem devrait fournir  l’autodirecteur  du  futur  MMP  [Missile Moyenne Portée], un missile antichar de nouvelle génération capable de frapper sa cible jusqu’à 4 km et qui devrait être opérationnel vers 2017 », précise Hélène Lecœuche.

pRépaReR l’avenIROutre les autodirecteurs, Safran fournit un cer-tain nombre d’équipements destinés aux postes de tir de missiles, comme les caméras thermiques des systèmes de missiles Milan, Eryx et Mistral. Sur ce dernier, « la caméra sera d’ailleurs bientôt remplacée par un viseur optronique beaucoup plus 

complet,  intégrant dans  le même équipement  la vision de nuit assurée par une voie infrarouge, la vision de jour et le relèvement géographique de la cible, annonce Luc Thépaut, responsable com-mercial et marketing à la division Optronique et défense de Sagem. « Nous travaillons déjà sur des postes de tir encore plus intégrés, qui seront capables d’exploiter les informations délivrées par l’autodi-recteur du missile (cf. infographie ci-contre) et de communiquer avec des systèmes extérieurs comme le FELIN. » Évoquant l’avenir des autodirec-teurs, Hélène Lecœuche et Dominique Lévy soulignent : « Les autodirecteurs de demain seront de plus en plus multimodes (infrarouge et laser par exemple) ou fonctionneront avec des capteurs infra-rouges non refroidis donc plus robustes, comme ce sera le cas sur le MMP. »Les missiles à tête chercheuse n’ont pas fini de jouer les vedettes. ■

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d epuis trois décennies, le cinéma a familiarisé le grand public avec la redoutable efficacité des missiles à « tête chercheuse ». Mais derrière la fiction se cache une réalité tech-

nique que peu d’équipementiers maîtrisent. C’est le cas de Sagem (Safran) qui conçoit et produit des autodirecteurs, systèmes complexes qui per-mettent au missile, une fois tiré, de suivre sa cible à la trace.« Dans le cadre d’un partenariat de plus de qua-rante ans avec MBDA France [groupe MBDA], premier missilier européen, nous avons produit plus de 30 000 autodirecteurs », souligne Dominique Lévy, responsable commercial Grands comptes à la division Avionique de Sagem.

coMbIneR les technologIesIl existe différents types d’autodirecteurs, adaptés à la nature des cibles à atteindre : infrarouges, laser, inertiels-GPS, électromagnétiques... Si Sagem maîtrise une grande partie de ces tech-nologies, la société est aujourd’hui spécialisée dans les autodirecteurs infrarouges, capables de poursuivre une cible en suivant sa signature ther-mique, c’est-à-dire ses émissions de chaleur – les gaz chauds d’un turboréacteur ou le moteur d’un char, par exemple. Leur fonctionnement combine intimement plusieurs savoir-faire de pointe : l’optronique, les senseurs inertiels et l’électronique critique. « Nous  avons  développé  une  expertise  dans  les capteurs  ainsi  que  dans  les  optiques  correspon-dantes. Nous maîtrisons également les systèmes de refroidissement complexes et très réactifs nécessaires à ces capteurs, qui fonctionnent pour la plupart à 

des températures proches de - 200 °C », souligne Hélène Lecœuche, directrice du programme de Guidage de la division Avionique de Sagem. La société développe également les logiciels de traitement d’image nécessaires pour fournir au missile une image nette et bien définie de sa cible en toutes conditions (vibrations, chaleur, mouvements, etc.), sans tomber dans le piège des leurres que cette dernière peut lancer pour l’éga-rer. Autre expertise mise en œuvre par Sagem : les systèmes de stabilisation de plate-forme qui permettent à l’œil du missile de rester rivé sur son objectif en toutes circonstances. Très rapides et agiles, ces systèmes sont très proches de ceux des boules gyrostabilisées qui équipent les drones. « Si l’infrarouge a longtemps été réservé aux missions 

plus de

autodirecteurs infrarouges livrés

ans d’expérience dans les autodirecteurs

30000

40

Navigation, optronique, optique : Safran mobilise de nombreux savoir-faire de pointe pour développer les autodirecteurs de missiles. Avec un objectif : être toujours plus précis pour une plus grande efficacité et l’absence de dommages collatéraux.

coopération franco-britanniquesagem a réalisé, en partenariat avec le britannique selex Galileo Ltd, une étude de levée de risques relative à l’autodirecteur du futur missile FAsGW(h)/ANL (Futur Anti-surface Guided Weapon (heavy) / Anti-Navire Léger). ce missile sera conjointement développé par mBDA France et mBDA UK. son autodirecteur sera doté d’une voie infrarouge non refroidie et, optionnellement, d’une voie semi-active laser. D’une portée d’une vingtaine de kilomètres, le FAsGW(h)/ANL sera tiré à partir d’un hélicoptère et devrait entrer en service en 2016.

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le Groupe est reconnu pour la qualité de ses  productions,  la  passion  qui  anime ses équipes et sa capacité d’innovation, mais nous voulons encore renforcer sa notoriété car, dans les années à venir, la 

progression et les succès commerciaux de Safran vont  nécessiter  un  flux  important  de  recrute-ments », affirme Jean-Luc Bérard, directeur central Groupe des Ressources humaines. En analysant les attentes des jeunes ingénieurs, on les découvre passionnés de haute technologie et on comprend qu’ils souhaitent donner du sens à leur engagement professionnel. « Contribuer à la construction d’un Groupe où chacun a sa place, et se sent utile ; adhérer à l’état d’esprit et au style de management est fondamental, confirme Pas-cale Dubois, directrice de l’Information et de

la communication de Safran. Nous pensons être légitimes sur toutes ces thématiques même si nous pouvons encore améliorer notre notoriété en valo-risant nos spécificités, pour devenir un des groupes parmi les plus attractifs. » Le travail de construction d’une marque employeur est donc lancé. La signature Safran, Key  missions,  key  technologies est désormais enrichie d’un troisième élément : key  talents. Une campagne de publicité, ciblant les candi-dats potentiels, jeunes diplômés et profils expéri-mentés, est actuellement déclinée sur différents supports : presse quotidienne et magazine, affi-chage dans les gares, communication sur le web en France et à l’international, sur des sites à fort trafic et sur les principaux sites d’offres d’emplois français.

Safran se développe sur tous ses marchés et fait face à d’importants besoins en recrutement. Son attractivité auprès des candidats implique le renforcement de son image de marque employeur.

aMéliorer l’attractivitérEcrUTEmENT

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mArchésDécryptage

RecRUteMent « 2.0 » Au-delà de ces désormais classiques job boards, Safran développe le recrutement 2.0, qui s’ap-puie sur les réseaux sociaux et les outils colla-boratifs, avec une priorité : établir le dialogue avec les candidats au recrutement, en faisant interagir les experts du Groupe avec l’ensemble des communautés intéressées par les sujets sur lesquels ils travaillent. Les « e-ambassadeurs » Safran répondent, en toute transparence et de façon très précise, aux questions des jeunes can-didats. Le dialogue s’établit à partir des plate-formes des réseaux sociaux dédiés aux ressources humaines, les sites Viadeo et LinkedIn. Safran

est également présent sur Twitter et ses offres d’emploi sont accessibles depuis sa page Face-book. Le lancement de cette campagne a égale-ment été l’occasion pour le Groupe de refondre les contenus de son site de recrutement, dont le nouveau nom est : safran-talents.com

RenfoRceR l’excellence de la foRMatIonPar ailleurs, Safran poursuit son implication pour que les formations actuelles préparent aux métiers de demain, en élargissant ses filières tra-ditionnelles de recrutement au-delà des écoles d’ingénieurs. Fin 2011, le Groupe a jeté les bases d’un partenariat pérenne avec l’UPMC1 et a créé en partenariat avec HEC et l’ISAE (Insti-tut supérieur de l’aéronautique et de l’espace) la chaire Management de programmes innovants. Son objectif est de renforcer l’excellence de la formation d’ingénieur-manager et d’attirer des candidats vers le secteur aéronautique. Enfin, le réseau des ambassadeurs Safran, qui mobilise près de cent cinquante salariés du Groupe, a pour mission de renforcer les liens entre Safran et les écoles et universités. Ces représentants, généralement d’anciens élèves, peuvent selon les cas développer des relations stratégiques avec l’organisme, venir y présenter leur métier ou même y enseigner, tout en conservant leur fonction managériale dans le Groupe. ■

1. UPMC : Université Pierre-et-Marie-Curie. Elle est aussi appelée Université Paris VI

catherine Ibanez est entrée dans le Groupe en 2006, à sa sortie de supelec. « Je voulais travailler dans 

l’aéronautique, explique-t-elle, j’avais effectué mon stage de fin d’études dans un grand groupe 

industriel et j’étais très intéressée par le fonctionnement des moteurs. Du coup, j’ai répondu à une annonce pour intégrer la division Systèmes d’Hispano-Suiza (Safran). » contrairement aux conseils parfois reçus dans son école, catherine n’a pas changé d’entreprise au bout de trois ans, pour faire un saut en termes de responsabilité

et de rémunération. « La progression se fait naturellement chez Safran, favorisée  par les opportunités et  une gestion RH qui s’intéresse vraiment  à ce que veulent faire les salariés. Lorsque j’ai souhaité changer de métier, les RH l’ont parfaitement compris et m’ont proposé un poste chez Snecma, comme responsable de la Maîtrise d’ouvrage du système d’actionnement 

électrique de l’inverseur de poussée du LEAP-1C. » catherine Ibanez remarque que si certains groupes comparables à safran sont parfois plus agressifs sur les salaires à l’embauche, l’évolution ne suit pas forcément. « Chez Safran on évolue vite et de manière continue pour autant que l’on veuille s’investir dans des métiers nouveaux. »

Architecte système, snecma (safran)

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nouveaux salariés seront recrutés par le groupe en 2012, dont près de la moitié en france

de femmes parmi les nouveaux embauchés

des collaborateurs suivent une formation au moins une fois par an

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marchésL’interview

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safran Magazine : Le 14 mars 2012, vous avez pris livraison de vos deux pre-miers Airbus A319. syphax Airlines a démarré ses activités trois jours après. Quelle est sa vocation et son modèle éco-nomique ?Mohamed Frikha : Sfax, avec ses 600 000 habitants, est la deuxième ville de Tunisie et le second poumon économique et industriel du pays. Les infrastructures sont excellentes, mais son aéroport, qui a coûté 20 millions de dinars (10 millions d’euros), est sous-utilisé, avec seulement deux vols par semaine pour Paris et très peu d’autres liaisons. Tunisair n’effectue pas de vols quo-tidiens à partir de Sfax pour des raisons de rentabilité, mais nous pensons pouvoir le faire en implantant directement nos activités dans la ville et en nous inspirant des techniques des low cost. En termes de positionnement, Syphax Airlines propose des vols réguliers à des prix très compétitifs et se situe donc à mi-chemin entre la compagnie régulière et la low cost. Dans un premier temps, nous allons ouvrir des liaisons vers Paris, Lyon, Marseille, Nice, Casablanca, Tripoli et Istanbul, et éven-tuellement Rome et Milan. Nous avons acquis deux Airbus A319 en leasing auprès d’Air Ber-lin pour une enveloppe de 55 millions de dol-lars. Les appareils ont un an et demi : ils sont comme neufs. Le leasing était la meilleure option car le délai moyen de livraison d’un avion neuf de cette gamme est de trois ans. Or nous ne pouvions pas nous permettre d’at-tendre aussi longtemps.

Vous êtes ingénieur et vous avez fait vos preuves dans les nouvelles technologies avec Telnet. Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans l’aérien ?M. F. : Ce projet est le fruit d’un extraordi-naire concours de circonstances. Il est né il y a une dizaine de mois après une discussion avec un groupe d’hommes d’affaires réunis autour de Mansour Moalla, ancien ministre et ancien banquier, originaire de Sfax, comme moi. J’ai pris la chose au sérieux, étudié sa faisabilité ; je me suis renseigné sur les procédures et j’ai sondé le ministre du Transport du gouvernement pro-visoire, Salem Miladi, qui m’a encouragé, tout comme Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre. L’introduction en Bourse toute récente de Tel-net m’avait permis de dégager du cash ; elle m’a donné la possibilité d’autofinancer l’opération et d’avancer bien plus vite que s’il avait fallu boucler un tour de table avec des banques… La demande d’agrément de la compagnie m’a été accordée le 15 septembre, en un temps record !

« Le secteur privé doit prendre toute sa part  à l’effort de redressement national. »Mohamed Frikha

Depuis le 17 décembre 2010, la Tunisie est entrée dans une ère nouvelle. C’est le moment qu’a choisi Mohamed Frikha, 47 ans, pour se lancer un nouveau défi : il vient de créer la compagnie aérienne, Syphax Airlines, pour désenclaver Sfax, la deuxième ville de Tunisie. Une prouesse dans le contexte de l’après-Révolution. L’an dernier, il a réussi l’introduction en Bourse de Telnet, société qu’il a fondée en 1994. Son groupe, partenaire de Safran dès sa création, est aujourd’hui le leader maghrébin du développement de systèmes embarqués et de l’innovation technologique. Ce polytechnicien, fortement attaché à son pays, croit au potentiel à moyen et long terme de la Tunisie, dont les bases économique sont robustes et saines. Un développement qui passe par le rééquilibrage des échanges régionaux et l’évolution des mentalités des chefs d’entreprise.

L’envoL tunisien

« L’interview » avec Mohamed Frikha, président-directeur général de Telnet

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Prix présidentiel au bac (distinguant les tout meilleurs candidats)

Rejoint le groupe Alcatel

Admission à l’École polytechnique de Paris

Lancement de Telnet

Création de syphax Airlines

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Telnet• 600 ingénieurs, répartis dans six sites, en Tunisie, en France et en allemagne• 28 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010

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sous le président Zine el-Abidine Ben Ali, le secteur aérien était la chasse gardée des membres de la famille présidentielle. Peut-on dire que syphax est un enfant de la Révolution ? M. F. : Oui, d’autant plus que la gestation du projet aura duré exactement neuf mois ! La Révo-lution a ouvert des perspectives inimaginables et libéré des pans entiers de l’économie, qui étaient « confisqués ». C’est une chance, mais aussi une responsabilité. Chacun mesure maintenant l’am-pleur des injustices sociales et surtout des désé-quilibres régionaux. La Révolution tunisienne est partie des villes des régions enclavées, Sidi Bouzid, Kasserine, Thala, ravagées par le chômage, où les populations avaient perdu l’espoir d’une vie digne. Comment ramener l’espoir ? En enclenchant le cycle vertueux du développement régional et du désenclavement territorial. La création de Syphax Airlines se veut donc une réponse à la hauteur des nouveaux défis de la Tunisie qui passe par les régions. Chacun, à son échelle, doit faire son possible. Il ne faut pas tout attendre de l’État ; le secteur privé doit prendre toute sa part à l’effort de redressement national.

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marchésL’interview

« La Tunisie est presque une île : on y accède principalement en avion ou en bateau. comme le pays ne dispose pas de ressources primaires, les gouvernements

ont fait le choix de valoriser « l’industrie du savoir », afin de pouvoir exporter cette matière grise. En s’associant en 2009 avec Telnet, safran a voulu s’appuyer sur cette richesse, pour

pouvoir s’implanter durablement dans le pays. ce partenariat se fonde sur trois axes. Le premier vise, au travers de la création du cEma (centre d’Excellence des métiers de l’aéronautique), à former des spécialistes et des ingénieurs en aéronautique. safran apportera son expertise métier et Telnet se chargera de construire ce projet localement auprès des ministères, des fédérations et des organismes ad hoc.

réputé pour son savoir-faire dans le domaine de l’électronique, Telnet travaille aussi avec safran Engineering services sur des projets de r&D, notamment pour des bancs d’essai numériques : voilà le deuxième axe de développement majeur.Enfin, le troisième axe est sans doute celui qui résume le mieux l’ambition commune de safran et de la Tunisie. En effet, le pays réfléchit depuis plusieurs années à la mise en

place d’une carte universelle, regroupant des données liées à la santé, à l’identité… si ce projet voit le jour, la Tunisie pourra se prévaloir d’une expérience certaine en la matière. safran disposera alors d’une plateforme de réexportation de produits conçus sur mesure pour le marché intérieur et celui du moyen-Orient et de l’afrique ; et la Tunisie valorisera ainsi des compétences clés pour ses citoyens. Un partenariat gagnant-gagnant. »

Directeur international afrique du Nord et moyen-Orient, safran

Apporter notre expertise métier

w Jean-Jacques van der sLikke

ment et de l’Assemblée constituante ; c’est normal et légitime. Mais sans être d’un opti-misme béat, je voudrais souligner à quel point le peuple tunisien a fait preuve de maturité pendant la Révolution puis pendant les élec-tions. À chaque fois qu’il y a eu exacerbation des tensions, la raison l’a emporté et l’irrépa-rable a été évité. La Tunisie est un pays fon-damentalement tempéré, modéré, capable de se doter d’institutions civiles, démocratiques et libérales.

Le patronat tunisien, qui a vécu trop longtemps à l’ombre et sous la protec-tion du pouvoir politique, doit-il faire son aggiornamento ? M. F. : Absolument. Nous avons aussi besoin d’une révolution des mentalités pour enraci-ner et développer l’esprit d’entreprise, l’inno-vation, l’audace. Nous devons nous défaire de certains réflexes rentiers. Il faut « réapprendre à oser », et cela passe peut-être par un chan-gement générationnel. L’esprit d’entreprise a été assassiné par l’opacité et le favoritisme de l’ancien régime. La performance et l’in-novation doivent être reconnues à leur juste valeur en Tunisie. Où sont les gisements de croissance inexploités ? Dans les nouvelles technologies. J’ai soumis aux gouvernements qui se sont succédé depuis la Révolution un plan de développement de l’économie numé-

Cet Airbus A319 aux couleurs de syphax Airlines assurera des liaisons entre sfax et Paris, Istanbul ou encore Casablanca.

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Pour l’instant, l’impact de la Révolution est plutôt négatif. Le PIB tunisien s’est contracté de 1,8 % en 2011 et les pers-pectives économiques semblent incer-taines. Était-ce le meilleur moment pour investir ?M. F. : Je crois au contraire que l’économie tunisienne a remarquablement tenu le choc. Preuve que ses bases étaient saines et robustes. Certes, nous avons vécu une récession. Mais elle trouve son explication dans une perte de 2,5 milliards de dinars (plus de 1 milliard d’eu-ros) provoquée par les arrêts de travail surve-nus au sein du Groupe chimique tunisien, la société qui exploite les phosphates de Gafsa, et par les troubles sociaux dans le bassin minier. Exception faite de cette perte exceptionnelle, on constate un PIB en progression de 2,5 % sur l’année 2011. J’en conclus que l’économie ne s’est pas arrêtée. La plupart des partenaires étrangers ont maintenu leur confiance aux sociétés tunisiennes. Même si les investisseurs étrangers ont des craintes et souhaitent voir comment la situation politique va évoluer. Ils attendent des signaux positifs du gouverne-

rique en cinq axes : l’e-gouvernance, l’e-santé, l’e-education, l’e-commerce et l’e-banking. Le gouvernement doit être le catalyseur, il doit impulser, lancer de grands projets au ser-vice de l’économie numérique. Cette dyna-mique est susceptible de créer 5 000 emplois de cadres fortement qualifiés. Le savoir-faire engrangé pourra ensuite être exporté vers les autres démocraties naissantes du monde arabe et de l’Afrique.

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