La Conception Tantrique Du Corps Humain

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  • 8/13/2019 La Conception Tantrique Du Corps Humain

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    La conception tantrique du corps humainLa conception tantrique du corps humainConfrence donne par Andr Padoux, directeur de recherche honoraire au CNRS.Lundi 17 mai 2010, Centre Andr Malraux, ParisLa vision tantrique du corps uni ou identifi au cosmos remonte en partie auxtemps vdiques. Les conceptions tantriques ne sont cet gard qu un des aspectsde conceptions gnralement indiennes.Les textes tantriques de base sont en sanskrit ; ils ont t rdigs par desbrahmanes imprgns de la pense traditionnelle brahmanique qui trouve certainesde ses sources dans le Veda.La vision cosmique du corps, correspondance entre microcosme humain etmacrocosme cosmique, n existe pas seulement en Inde, mais dans bien descivilisations et mme dans des penses philosophiques occidentales.Distinction philosophique entre deux perceptions du corpsIl existe deux statuts du corps : le corps physique et le corps dont nous avonsconscience, celui que nous vivons et qui n est pas dlimit par la peau.La langue allemande, partir de la phnomnologie de Husserl, a exprim cettedistinction par deux termes : , le corps organique visible, et Leib, le corpsvcu, celui avec lequel tout tre vivant s existe , en a l exprience.Cette exprience vcue n est pas seulement celle du corps physique dlimit parla peau, mais celle d un corps vivant, en change continuel avec le monde, (encontact avec le Umwelt, qui est en mme temps un Mitwelt), un monde eninteraction avec ce que nous vivons, un monde recevant et donnant, un monde quinous entoure. Un monde entourage , disait Erwin Strauss. Cette distinctionentre corps organique et corps vcu a t reprise et dveloppe dans les

    conceptions de l analyse existentielle. Le corps agit sur notre pense etrciproquement. Ainsi une motion ou une douleur physique sont ressentiesmentalement. Il est intressant de noter que le cachemirien Abhinavagupta (X-XIesicle), un des principaux penseurs dans le domaine tantrique, l avait djsoulign, et d autres textes tantriques galement comme le Vijanabhairava(VIIIe sicle).Le rapport du corps vcu avec le monde extrieur est voqu ainsi par laphilosophe indienne Rekha Menon, professeur d histoire de l Art : The body isalways in excess of itself, always expressive and hence trans-body , un corpsqui dpasse ses limites. Nous existons donc dans le monde avec et par le corps,une existence qui est une ouverture au monde, une vise vers le monde, vcuediffremment en Inde et en Occident. L tre humain a une vision diffrente ducorps physique - que nous nous reprsentons en le vivant, en y vivant - selon

    les civilisations, et aussi dans une mme culture, selon l exprience vcue dechacun. Mais la totale plnitude de l exprience existentielle est toujours l.L Inde a d une manire gnrale deux visions du corps- L une qui le considre comme source de souffrances et d esclavage. C est laposition du bouddhisme et de la tradition brahmanique renonante, selon laquelleil faut rejeter le corps pour faire son salut. Le bouddhisme du Petit Vhicule a ainsi une mditation sur le cadavre en dcomposition qui montre l horreur ducorps. On trouve aussi dans le domaine tantrique l utilisation de cadavres, maisdans une perspective rituelle, et non pour dvaloriser le corps.- Une autre vision du corps, prsente ds l poque la plus ancienne, soulignel importance du corps humain et mme son utilit pour le salut.Le tantrisme reconnat l importance du monde cr qui est pntr par l nergiedivine, la shakti. Il accorde de ce fait un rle trs grand, non pas tant, comme

    on le dit trop, au sexe, mais plus gnralement aux passions, tout ce qui esteffervescence, intensit, augmentation de la pulsion vitale.La vision tantrique du corps plonge ses racines dans le VedaLa vision tantrique du corps est bien des gards le prolongement d uneconception ancienne du corps qui sur certains points remonte jusqu au Veda.Dans la perspective tantrique, le corps est conu comme un microcosme quireproduit la structure de l univers, ce qui n est d ailleurs pas proprementtantrique, puisque dans le monde hindou, qu il soit ou non tantrique, corps etcosmos ne se sparent pas. L tre humain est pntr par les forces qui font semouvoir l univers. Il se trouve en interaction avec un monde qui, lui-mme, est

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    habit par des divinits. Il est donc anim par les forces divines. Les dieuxsont dans le corps comme des vaches dans une table disait l Atharvaveda,indiquant une co-prsence dans le corps, de l homme et de l univers.Dans le Veda, l image du purusha, l homme primordial, est une figure cosmiqued envergure dmesure. L homme, dit un passage du Rigveda, a mille ttes, milleyeux, mille pieds, couvrant la terre de part en part, il la dpasse de dixdoigts. Cette formule o l on passe du cosmique l humain est une faon depenser typiquement indienne. L homme cosmique, dit aussi un hymne du Rigveda,n est autre que cet univers.Parmi les lments qui soulignent le lien entre l tre humain et le cosmos, il ya notamment la vieille conception des souffles vitaux ou des vents, les prna,forces organiques qui animent l tre humain, mais dont la nature est aussiimmatrielle et divine. Le prna est l aspect vital de l tman (LouisRenou), formule qui montre que le prna n est pas seulement du souffle vital. Ilfait participer l tre humain aux forces animant l univers.Le hathayoga, qui est essentiellement tantrique, a dvelopp le rle du prna enmultipliant les souffles vitaux et en les faisant circuler dans le corps imaginal form de centres et de canaux. Ce corps imaginal n est pas le corps subtil qui dsigne ce qui dans l tre humain transmigre d une existence dansune autre. C est une reprsentation de centres et de canaux imagins commeprsents dans le corps physique, li celui-ci et qui donc disparat avec lui,et ne transmigre pas. Ce corps peut tre dit imaginal, parce que cr par lapense du yogin qui le conoit comme prsent dans son corps organique, mais ledpassant aussi, car certains centres se trouvent en-dehors du corps.

    Il est noter que le yoga considr comme une hygine de vie (mens sana incorpore sano) en Occident, et en Inde aujourd hui, n est pas celui des Yogastrade Patajali. De plus, si le yoga est considr comme une manire de vivre, lessystmes philosophiques de l Inde le sont galement, et ne sont pas desconstructions abstraites, comme le souligne Pierre Hadot pour la pense antique,grecque et latine.Le systme des tattva du Smkhya, qui dcrit les plans du cosmos allant de ladivinit la terre, inclut dans cette structure les lments constitutifs ducorps et du psychisme humains. Dans cette vision l tre humain se trouve inclusdans un ensemble cosmique qui le dpasse. Cela n empche pas l tre humaind tre soumis des ncessits qui lui sont propres, en particulier par l effetdu karma (actes d un tre, qui dterminent son sort), mais le karma de chacunest conditionn par tout ce qui l entoure, si bien que son caractre individuel

    est relatif. Wendy Doniger (Universit de Chicago) disait ainsi qu il estdifficile, sinon impossible, de distinguer un karma individuel qui seraittotalement spar du karma et de l volution de tous les autres individus.L image cratrice du corps dans l univers rituel tantriqueLe systme du KramaParmi les traditions shivates du Cachemire, celle du Krama, le systme desKls ou de la roue des nergies divines, shakti chakra, est une des traditionsles plus tantriques. On y adore la grande desse Kl sous toutes ses formes,notamment sous celle de douze Klis, au rle la fois cosmique et humain. Cesdivinits fminines, aspects de Kl, dont l activit se droule en phases(krama) cycliques, ont pour rle de faire fonctionner le cycle cosmique. Maiselles sont aussi prsentes dans le corps, dans les sens, et dans l esprithumain. Elles sont en effet identifies tous les sens et l esprit de l homme

    dont elles animent l activit. Le yogin doit non seulement mditer et adorer cesforces divines, mais il doit les sentir agir en lui. Il doit percevoir le mondeet lui-mme comme anims par leur mouvement. La libration vers laquelle il tendest alors dpassement et non pas rejet du monde, puisque le yogin libr estidentifi au dynamisme mis en uvre par ces Kls, et qui fait apparatre etenglobe l univers. Notons qu en-dehors du Krama, les systmes shivatesconsidrent que les sens humains sont gouverns par les Karaneshvaras, lesSeigneurs des organes des sens, donc des divinits qui donnent ces organesleur efficacit. Pour toutes les traditions indiennes d ailleurs, les sens(indriya) humains sont actifs, ils ne sont pas seulement rceptifs. Ils vont

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    vers l objet, ils le saisissent. Par exemple, le rle crateur de la vue sereconnat dans l importance du darshan, le fait de voir la divinit et d en trevu. Le mouvement va du dvot vers la dit mais aussi de la dit vers le dvot,dans une interpntration, d o son efficacit salvatrice.Toutes les constructions mentales rituelles du domaine tantrique, et parextension d une partie du monde hindou ou bouddhique, reposent sur l image ducorps. Ce sont des constructions rituelles mditatives, mais d une mditationvisualisante car les rites tantriques ou tantriss sont un jeu d imagesmentalement voques. Ainsi la pj tantrique, quand elle est prise selon lesrgles des gamas, est un intense exercice d imagination visuelle projete surl icne de la divinit. Dans le cas du culte du Linga, l officiant imagine quela divinit, qui se trouve au sommet de l univers, est prsente au sommet del icne du linga. Il doit donc se reprsenter, tags sur le linga, tous lesplans de l univers, qui forment l ensemble de la manifestation cosmique depuisla base premire qui supporte tout jusqu au plan o se trouve la divinit.L acteur du rite vit ainsi une sorte de fantasmagorie.La structure imaginale corporelle n est pas purement mythique. Elle est conuementalement, mais aussi ressentie et vcue. Permet-elle de s approcher vraimentde la divinit ou ne s agit-il que d une modification des tats de conscience,altered states of consciousness ? Assurment, ce sont des tats qui sont relspour l adepte, ou vcus comme tels, mais le vcu est-il toujours rel ? Cettestructure intrieure imaginale est faite de centres qu on nomme chakra roue, padma lotus , ou granthi n ud , le terme le plus anciennement attest.Ces granthi ou points nodaux sont des centres relis par des canaux qui ne sont

    pas des veines ou des vaisseaux, mais des trajets de force que l on nomme nden sanskrit. Dans ou, plus exactement, selon ces nd se trouve ou circule lesouffle vital, prna. L axe principal de la structure est la sushumn que suitla kundalin (force cosmique et divine prsente dans le corps). Le long de cetaxe s tagent les principaux chakra. Dans les systmes tantriques, cet ensembles tend au-del du corps, notamment par l existence d un centre important quiest au-dessus de la tte, le dvdashnta (terme sanskrit qui signifie la findes douze car ce centre se trouve plac douze travers de doigts dubrahmarandhra, au-dessus du sommet de la tte).Contrairement ce que certains croient, le nombre des chakra n est pas toujoursde six, ou de sept si l on ajoute le brahmarandhra, situ au niveau du crne etqui n est pas un chakra mais un point de passage. Le systme de la shrvidy,vou au culte de la desse Tripursundar, encore trs vivant en Inde du Sud et

    au Npal, comporte neuf chakra qui correspondent aux neuf divisions dushrchakra, leur mandala de base. D autres systmes en ont quatre. LeKubjikmata, tradition ancienne subsistant encore, voue au culte de la desseKubjik, qui est un systme important, mais mal connu, a une structure de cinqchakra non relis par la kundalin.De plus, un nombre important de centres secondaires sont rpartis dans tout lecorps, des pieds la tte, autant de points du corps imaginal que le yogin doitse reprsenter comme des points lumineux, avec parfois des lettres ou desdivinits. Des mantra sont galement y percevoir (rappelons que le mantra estla divinit et rciproquement).La construction d un corps divin chez l officiant du culteLes systmes tantriques affirment que seul un tre qui a t divinis peutrendre hommage la divinit. Cela est paradoxal puisqu une des raisons d tre

    du culte, c est d identifier l officiant avec la divinit, alors qu il est djiniti, donc divinis. partir du moment o l officiant du culte a accompli les rites prliminaires,il n est plus un individu ordinaire. Il se vit dj comme rempli de puissancedivine et comme transcendant son corps ordinaire. Pour purifier celui-ci, unepratique courante consiste faire se rsorber les uns dans les autres leslments, les tattva, constitutifs du corps. L ensemble de l univers et donc lecorps humain sont forms par une srie de cinq lments ou tattva, du plusgrossier au plus subtil : la terre, l eau, l air, le feu et l espace.L officiant imagine que l lment le plus grossier se dissout dans le suivant,

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    la terre dans l eau, l eau dans l air, l air dans le feu, et finalement le feudans l ther spatial, ce qui l amne un plan divin. Ce faisant, il est supposvoir le mandala de chaque lment. Ces diagrammes symboliques sont censsoccuper l ensemble du corps tout en le dpassant infiniment, puisque chacun deces lments est une division du cosmos. Cela suppose une extrme intensit dela vision chez l officiant. L activit de celui qui se livre ce rite estgalement accompagne divers moments par un contrle de la respiration, lepranayama. C est seulement aprs ce travail complexe de purification quel officiant se peroit comme divin et apte pratiquer le culte de la divinit.Une des explications que l on peut donner de la multiplication de tels rites estque leur effet n est pas durable. Ils n agissent de toute faon que pendant ladure du culte (il existe mme, dans le domaine tantrique, un rite qui permet detransformer quelqu un qui n est pas de caste brahmanique en un brahmane pour laseule dure du culte).Une autre forme de purification du corps, dcrite par Aghorashiva, auteurshivate du XIe sicle, demande un intense exercice d imagination visuelle :l excutant du rite imagine son corps comme un grand arbre, le banyan. Les cinqlments grossiers, de la terre jusqu l espace sont les graines de cet arbre.L attachement, l illusion, etc. sont ses racines. Ses branches sont les cinqlments subtils et les cinq sens. Ses fleurs sont les multiples dispositionsd esprit de l officiant. Ses branches sont diriges vers le bas et ses racinesvers le haut. Alors, nous dit le texte, avec une demi-inspiration et en rptantcinq fois le bja ( germe ou graine ) mantra HRM, il faut voir l arbreplant mais sans feuilles, ni fleurs ni fruits, et la fin de l inspiration, en

    nonant le bja HRM, on le voit avec des fleurs et des fruits, puis enretenant l air et en rptant le bjamantra HRM, il faut imaginer que par lefeu du temps, kla agni, qui nat du gros orteil du pied droit, les fleurs etles fruits sont dtachs et l arbre est consum. Puis, avec une demi-inspirationet en rptant le bjamantra HRM, on voit les cendres disperses dans toutesles directions. Alors, avec le mantra HRM, on contemple l espace vide, claircomme un cristal. Enfin, en imaginant disparus tous les liens l aide du mlmantra (le mantra racine), avec le bjamantra varsha l adepte doit inondermentalement son corps l intrieur et l extrieur par les flots de nectar quis coulent du lotus aux mille ptales au sommet de son crne et qui pntrentpar les nd son corps yogique, comme son corps grossier.Le systme du TrikaUne pratique shivate de la tradition cachemirienne du Trika est un autre

    exemple de reprsentation mentale particulirement complexe. Elle est utilisedans un rituel initiatique dcrit dans le Tantrloka d Abhinavagupta. Ledisciple doit vivre en imagination une purification cosmique de son corps,prcdant le culte des trois grandes desses du Trika, ainsi nomm en raison durle qu y jouent les triades. Il y a trois divinits, Par, la Suprme,Parpar, la Suprme non suprme, et Apar, la non Suprme. Par est unedivinit blanche, paisible et la plus haute. Parpar, est active et rouge, lacouleur de l activit, et Apar est noire et furieuse. Ces trois aspects dudivin montrent qu en Inde la divinit n est pas ncessairement bienveillante.

    Ce rite est utilis pour l initiation, la dksh, terme traduit parfois par initiation sectaire (le terme secte dsignant chacune des diffrentestraditions de l ensemble extrmement complexe de l hindouisme). La dksh est un

    rite qui perfectionne celui qui en bnficie et qui lui ouvre la voie vers ledivin. Les traditions tantriques ont gnralement plusieurs degrs d initiationsqui vont de celle qui permet l entre dans la secte jusqu celle qui donnele pouvoir d accomplir tous les rites. Dans les systmes tantriques,l initiation est le premier pas vers la libration. Dans les initiations, commeailleurs, les rites ont tendance se multiplier. Des purificationsprliminaires ont pour effet de fondre la conscience du disciple dans laConscience divine. Dans le systme du Trika, la divinit est conue comme tantpure Conscience. La conscience de l tre humain est conue comme un aspect etune forme limite de la Conscience divine tel point qu il a t possible un

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    des auteurs shivates de cette tradition de dire propos de la mmoire : seulShiva se rappelle. Shiva tant la Conscience suprme omniprsente, en ralittout se passe au sein de la Conscience divine.Dans ce rite d initiation, donc, le disciple opre d abord les purificationsprliminaires au terme desquelles son souffle respiratoire est suspendu et estremplac par une monte du prna dans la sushumn. Le texte ne dit pas commentle yogin survit sans respirer Il lui faut alors s identifier au mandala destrois desses du Trika, visualis comme prsent en son corps. Il imagine pourcela la hampe du trident de Shiva comme un axe en lui, depuis le dessous dunombril jusqu au palais, tous les lments constitutifs du cosmos s tageantdans son corps le long de cette hampe au sommet de laquelle il se reprsente ledieu Sadshiva, le Grand Trpass tendu sur un lotus, tel un cadavre,regardant vers le haut la lumire de l absolu qui le domine, immobile mais animpar le rire de la destruction . L adepte doit alors voir mentalement,s levant du nombril de Sadshiva jusqu au dvdashnta (douze travers de doigtsau-dessus de la tte), les trois pointes du trident le long desquelles s tagentles diffrents plans de la parole (nergie phonique) qui vont en s amenuisantjusqu se dissoudre dans l absolu. Au sommet du trident il faut se reprsenterles trois pointes du trident comme portant chacune un lotus sur lequel esttendu un Bhairava (une forme de Shiva). Sur chaque Bhairava est assise une destrois desses du Trika : Par, Parpara et Apar, manations de la Dessesuprme, la Destructrice du Temps, qui tant la transcendance absolue ne peutpas tre reprsente. Le yogin voit ainsi s tager dans son corps toute lamanifestation cosmique en tant que celle-ci est intrieure Shiva. C est donc

    une manifestation cosmique divine. Comme le trident s lve au-dessus de satte, le yogin suit, en s y identifiant, un mouvement ascensionnel qui ledpasse en se prolongeant jusqu au point o l univers se rsorbe dans l absoludivin auquel il se trouve ainsi rattach : il est pris dans le mouvement infinide l nergie cosmique, qui le traverse et le dpasse. Il transcende donc enimagination (mentalement et corporellement vcue) la condition humaine et se vitcosmiquement.ConclusionQuelle image de son corps peut avoir un adepte qui est pass par un tel rited initiation et qui, chaque pj (culte d hommage une divinit) tend s identifier Shiva, ce qui exige une concentration mentale importante ? Lapj en effet est quotidienne ; elle peut mme tre rpte trois fois dans lajourne, et elle dure toujours un certain temps.

    On peut se demander ds lors comment un yogin qui pratique ce culte vit saprsence dans un monde qu il a configur avec toutes les puissances invoques ettransform par le pouvoir de son imagination cratrice, rempli de formes vcues,crant ainsi un univers foisonnant de divinits. Cet univers lui est propre,c est celui de la reprsentation corporelle cosmique fantasmatique qu il s estcr, mais partir d une vision traditionnelle qui, elle, est commune. Donc, ilest la fois enferm dans l univers mental qu il a cr, et en mme tempsidentifi, prsent l univers qui l entoure et dont la conception, qui estcelle d une tradition shivate tantrique, ne lui est pas propre.Cette cration mentale que les adeptes vivent rituellement, la fois pris dansleur univers mental, mais en mme temps plongs dans un univers traditionnel,n est d ailleurs pas tout fait trangre au monde indien habituel. Le yogntantrique a en commun avec la tradition hindoue d tre fortement marqu par des

    prsupposs culturels, cosmiquement intgrateurs, qui remontent l poquevdique. C est un univers la fois familirement trange et trangementfamilier . C est un cas extrme d un certaine faon indienne d tre au monde.C est une manire, parmi d autres, d tre prsent au monde en se sentantimpliqu dans la vie, dans le mouvement qui l anime, et qui nous mne peut-trevers quoi ?(Recueil de notes par Franoise Vernes)

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