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LA FAMILLE, UN ATOUT POUR LA SOCIÉTÉ · c’est exact. Mais il ne faut pas s’y tromper, leurs revendications ne sont pas limitées à leurs intérêts spécifiques, à des demandes

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LAFAMILLE,UNATOUTPOURLASOCIÉTÉ

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Académied’éducationetd’étudessociales

LAFAMILLE,UNATOUTPOURLASOCIÉTÉ

EditionsFrançois-XavierdeGuibert

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estmortnoyé,onlesait,àtropvouloirfusionneraveclui-mêmequ’il prenait pour un autre, pendant que la nympheÉcho, quiétaitamoureusedelui,murmurait«hélas,hélas…».

On se retrouve aussi au plus près dumythe d’AristophaneexposéparPlatondans leBanquet.Cemythenousdépeint lesêtresoriginairessousformesphérique,avecquatrebrasetquatrejambes.Sphériquesdoncparfaits,autosuffisants.Ilsétaientsoitandrogynes, soit mâle-mâle, soit femelle-femelle. Saisis parl’hubris, ladémesure, ilsontentreprisd’escalader leCielpourprendrelaplacedesdieux.Pourlespunir,Zeuslesacoupésendeux.Désormais,ilsdevaientrechercherenpleurantleurmoitiéperdue et, pour engendrer, ils devaient déposer leur semencedanslaterre,commelefontlescigales.Apollon,secourable,estvenu les réparer, en rassemblant sur le devant leurs organessexuels.Enfinilspourronts’unircorpsàcorps…Maisilssontprévenus:s’ilscontinuentdansladémesure,ilsserontànouveaucoupésendeuxetilsmarcherontdésormaisàcloche-pied.

Comment ne pas être saisi par ce mythe ? La quête de lamoitiéperdue,c’est l’originede l’amourromantique,denaturefusionnelle.L’engendrementparl’intermédiairedelaterre,c’estla copulation par l’intermédiaire de l’éprouvette, la FIV del’AMP.Lerecoupementd’aprèslapremièrecoupe,quiaproduitla différence des sexes, c’est la sexualité inféconde commel’homosexualité…

Certes, la sexualité humaine est toujours en tension entreces deux dimensions de plaisir et de reproduction. La femmen’estpascomme les femelles animalesassujetties au rut.Maisavec ces innovations, la tension est devenue carrément clivage.Nousavonsd’uncôtécequis’appelleaujourd’hui«lesexe»,lesexe tout court, qui est ce qui reste de la sexualité humainequandonenaôtél’amouretlaprocréation.Lesexeréduitàdesbranchements d’organes, conformément à leur forme

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anatomique.À la limite, dupointu engagédansdu creuxpourproduire du spasme sans que la différence sexuelle soitforcément requise. Dans un livre publié en 1977, donc déjàancien, Le nouveau désordre amoureux, Pascal Bruckner etAlain Finkielkraut ont pu choquer en osant écrire que lesrelations entre un homme et une femme sous contraceptionétaientassimilablesàdesrelationshomosexuelles,enraisondurejet de la fécondité. Dansmon livre Sexemécanique, je suisalléplusloinenmontrantqu’aufond«lesexe»n’avaitpasdesexe.Celanesevoitpasforcément,maisl’indifférenceausexedespartenairesestaufonddu«sexe».Ceuxquienontunpeuplusconsciencesedirontvolontiers«bi»voire«trans».

Ceclivagedelasexualitéhumaineaboutitainsiàposerd’uncôtélesexe,del’autrelafécondité,clefdelagénération.Maisparce qu’il y a dissociation, redoublée par le fait que laprocréation peut fort bien se passer de relations charnelles, laprocréation change elle-même de nature. Le discours communl’a compris car on parle maintenant de reproduction. Mieuxencore, on incline à penser la reproduction – je reprendssciemmentceterme–entermesdeproduction.C’estdéjàcequiest déjà en train de se faire aux États-Unis, comme lemontredans sa thèse l’une de mes doctorantes, qui travaille dans lagénétique. Les gamètes sont dans le commerce, à des tarifsvariés:un top-modeldiplômédeHarvardpeut tirer jusqu’à30000 $ de ses ovules.C’est bienmoins cher pour les étudiantsmâles,dugenre300-400$ ladose.Unpetit boulot commeunautre, qui permet de survivre pendant la semaine… On peutconsultersurInternetlesantécédentsdesdonneurs,voircequeleur progéniture a donné, aussi signer des contrats avec deslaboratoires(deuxenfantsgarantissansgènesdélétèresconnusen deux ans, pour 50 000 $ ; même chose en Inde, avec lesmêmes techniques, pour seulement 8 000 $). Certains

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laboratoiressontspécialisésenenfantsdetypescandinave,etc.,d’autresenparentshomosexuels,maistouspeuventrecouriràlasurrogate mother, la mère porteuse, requalifiée chez nous en« gestatrice pour autrui » (sigléeGPA, où l’on voit qu’on faitruisselerlagénérositéavecle«pourautrui»etcoupecourtaudébat en le neutralisant avec un acronyme…).Pour l’heure, lamèreporteusefaitfureuràHollywood,chezlescoupleshomosbiensûr,maischezleshétérosexuelsaussi. Ilyadeuxans,onenétaità1000enfantsainsi«produits».Maiscommeledisaiten plaisantant l’un de mes collègues d’histoire : « lesAméricainsnedevrontpass’étonnersi leursenfantsportéspardesmèresmexicainesn’aimerontquelaguitareetlatortilla».

Parce que oui, il y a des facteurs épigénétiques et passeulement génétiques… Mais la mode est lancée, on voitaujourd’hui aux États-Unis des pancartes « utérus à louer ».Cela se fait moyennant contrat, qui contraint à des examensmédicaux rigoureux, et envoi d’huissier au moment de lanaissancesijamaisla«mère»refusedelivrerlepaquetcadeau(c’estarrivé).

Ladissociationgénéralisée

Onal’habitudededire,enFrance,qu’onn’enestpaslàetn’enserajamais là,enraisonduprincipedegratuitédesdons.BernardEdelman, juristeetphilosophebienconnu,estimequel’argument ne vaut rien puisque l’on a juste affaire à uncommerce à prix nul. Mais passons, on voit ici que nouscherchons surtout à valoriser un emballage moralisateur…Detoutefaçon,commerceàtitreonéreuxougratuit, lerésultatestexactement le même : nous obtenons un tableau où lesdéterminations naguère encore les plus solides et les mieuxancrées, comme celles de père, de mère, de frère ou de sœur,

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configurations de sexe. Jusqu’à présent, les enfants seraientprédisposés à l’hétérosexualité en leur fixant une place, lecomplexe d’Œdipe étant construit dans ce but. Ce dispositifconstruitdoncledésirhétérosexuel.EtMichelTort,adversairede Michel Schneider, d’en conclure qu’une possibilitébisexuelle rendrait l’hétérosexualité moins obligatoire. Et là,nousaurionsenfinune«vraierévolutionsexuelle».

Lasubversionparlelangage

On sera sans doute étonné de cette collusion entre leféminismeradicaletlacause«gay,lesbienne,biettrans»(pour« transsexualisme »). Ce qui suggère que nous avons àl’évidence affaire à unnœudqui se situe au cœurmêmede lasexualitéhumaine.Onestbien loindesbanales revendicationsféministes concernant la place et les rôles que nos sociétés etnos familles réservent aux femmes. Le point de rencontreobjectifestàchercherducôtédeladénégationdeladifférencedes sexes, alors qu’on point de vue subjectif on est dans laprotestation.Onserévoltecontrel’oppressionmasculinequandonest féministe, onneveut plusvivredans lahonteden’êtrepascommelesautres,d’êtreregardédetravers,moqué,humiliéquandonesthomosexuel (cequiexplique lesdéfilésqualifiésde « fiertés »), donc soumis à l’oppression hétérosexuelle.Ondevine ici la présence cumulée du ressentiment et du désir detransgression. Car d’une certaine manière, on ne peuts’empêcher de penser à l’épître aux Galates, où saint Paulaffirmequ’iln’yaplusnihommenifemme–maisenprécisantquecen’estvraiquedanslecorpsduChrist.EtdanssonépîtreauxRomains,ilétablitunlienentrelerefusdelavéritédivineetl’inversionsexuelle,dontilnousditqu’elleestd’abordlefaitdelafemme.

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Nous avons donc affaire à des militants engagés dans uncombat de libération contre l’oppression,masculine d’un côté,hétérosexuellede l’autre.Vousmedirezànouveauqu’il s’agitdanslesdeuxcasdepetitesminorités.Numériquementparlant,c’estexact.Maisilnefautpass’ytromper,leursrevendicationsnesontpaslimitéesàleursintérêtsspécifiques,àdesdemandesde tolérance adressées à la société pour qu’on fasse à des«différents »unepetite place au soleil public.Onne réclamepas à l’État demodifier ses lois sur lemariage pour offrir unstrapontin à des cas exceptionnels, au sein d’une société quiresteramajoritairementcequ’elleest.Non,cequerevendiquentcesmilitants concerne la société entière dans ses liens avec ladifférence des sexes. On ne réclame pas des concessions, onattaque.

L’idéologiepointeicisongrandnezsil’onprendausérieuxles déclarations et les écrits d’Éric Fassin, sociologue,professeur à l’École normale supérieure, l’un des maîtresfrançaisdesgenderstudies(textessursonsiteinternet).Ilposeen effet cette question cruciale : la famille hétéroparentale estmajoritaire,maispourquoi est-elle lemodèleetpasunmodèlecomme un autre, fût-il majoritaire ? Il accuse doncl’hétérosexismealorsquelesféministessecontententdusimplesexisme. Pour supprimer l’hétérosexisme, il faut changer lesmœursetleslois(entendons:cellesquivalentpourtous!),carl’hétérosexisme est la cause de l’oppression dont souffrent lesgaysetgouverne l’ordresocialquidiscrimine leshomos.Telleest l’idéologiedominante, donc invisiblepour ceuxqui y sontsoumis.Orlemot«homoparentalité»àluiseulcréeunécart.Làréside sa fonction révolutionnaire, car il permet de rendreproblématique le«bonsens»pour leréduireàcequ’ilestenréalité:unsimplepréjugé.

DidierEribon,journalisteetécrivainengagédelacausegay,

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leconfirme:lesnouveauxdroitsaccordésauxhomosexuelsnelaissent pas la société dans son homophobie latente,mais ont«uneffetdedéstabilisationdel’ordrefamilial,sexuel,degenre,beaucoupplusfortquelasubversionincantatoire».

Contrairementàcequecroientdespoliticiensnaïfsquinepensentqu’àmoissonnerquelquesvoixdeplusenseralliantlesgays, c’est la normalité elle-même qui est contestée. Larevendicationenvuedelégitimationdefamilleshomosexuellesimplique la délégitimation de la famille ordinaire puisque lefondementqu’estl’unionentredeuxpersonnesdesexedifférentn’estplusunfondement.Desortequelafamillehétérosexuelledevient, comme l’autre, objet de choix, d’engagement, enfonction d’une brassée de critères différents (goût sexuel,identitépsycho-sociale,etc.).

Où trouve-t-on essentiellement le relais de la subversion ?Dans le vocabulaire.Platon en avait déjà fait la démonstrationdanslaRépublique:pourpervertirlesmœurs,ilfautcommencerpar prendre d’assaut la « citadelle de l’âme », subvertir lesmaximesmorales inculquées à la jeunesse en inversant le sensdes mots. Quand les noms des vices deviennent des noms devertus et les noms de vertus des noms de vices, on a gagné.Levinasaprécisélaméthodeàemployer:c’estcequ’ilappellela«rhétorique»,prisenonpasdanslesenscourantde languebien faite,mais dans le sensdediscoursdestiné à subvertir laliberté d’autrui par un langage persuasif (ce qui nous renvoieauxsophistes).

Déjà le simple fait de parler d’hétérosexuels ne va pas. desoi. C’est en réalité un pléonasme puisque ce terme redoublel’évidencedeladifférencedessexesendésignantceuxchezquisexuation et sexualité concordent spontanément Mais sonemploiestdenaturesubversive,carcelapermetd’implanterunefausse fenêtre en face de l’homosexualité, comme s’il ne

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HenriLafont:Ilestdifficiled’assimilerexabruptocequevousvenezdenousdireaprèsunexposéaussidenseetbrillant.Nousleferonsàlalumièredevospropossiriches.

Mais j’apprécie tout particulièrement que vous nous ayezaidés à revenir sur la notion même de famille et surtout àreconsidérerlafamilleàlalumièreduconceptdenature.

J’aitoujoursététrèsembarrasséparcetteréférenceàl’ordrenaturel, à la loi naturelle et surpris de vous voir le considérervous-même avec une certaine méfiance. Pourtant, comment nepasobserverque lemagistèrecatholiquevientdedéployeruneargumentation magistrale sur le droit naturel, la loi naturelle,l’ordrenaturel.

J’aimeraisvousentendredemanièreplusexhaustivesurcesujetmêmes’ildépasselecadredevotrecommunication.

DominiqueFolscheid:Ilfautd’abordrappelerquelemot«cellule»dated’uneépoqueoùl’onconsidéraitquelasociétéétaitorganique.Onparlaitduroicommedupèredesessujets,et ainsi de suite. On était dans lamétaphore, mais aussi bienplusquedanslamétaphore,dansuneautreconceptionglobale,discutablecomme telle,maisqui aujourd’huinepasseplusdutout. De plus, l’idée de société organique a beaucoup changédepuis le darwinisme social et c’est un naturalisme social, àvocation totalitaire,qui l’aemporté (pensonsà la«biocratie»d’AugusteComte et à la«biopolitique» critiquéeparMichelFoucault).Sivousvoulez,ilyaeusabotageduconcept…C’estpourcelaquejevousaiditqu’ilyavaitunpeutropdeplanchespourriesdanslabarquedesaintPierre…Maiscen’estpasvraiduPapeactuel,quiestunpenseurdepremierordre.Iladéjàfaitévoluerdesdoctrinesvieillies,parexemplesurlesrapportsentreérosetagapè. Il restequandmêmebeaucoupdetravailàfaire.Sil’oncontinueàradoter,enrépétantdesformulesfigéesdont

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onnepensepaslesens,onseplantecomplètement.C’estcequiarrivequandoninvoquel’«ordredelanature».

Qu’est-ce que c’est, l’ordre de la nature ? Si on en reste aunaturalisme, on donne raison à Luc Ferry, qui lui opposeévidemmentl’ordredelaRépublique!Contrelaloidelajungle,lesloisdelaCité!Maissivousrepensezl’ordredelaCréation,làvousavezunechancederétablirlavérité,maispasenpuisantdanslesthéoriesdugender,caronamieuxàfaire.Maiscommevousledites,DrLafont,c’est«duràassimiler».Pourarriverausimple, il fautavoirdéfrichépasmaldechosesavant.Enplus,aujourd’hui,ilfautalleraufeu.C’estfacile,ilsuffitd’allersurInternet où prolifère toute une littérature sur ces questions degènes,denature,desexualité…

Voussavez,j’enaibavésurlesexe,sij’osedire,pourécriremonlivre.Oh,cen’étaitpasuneaffairecentréesurleporno,ladocumentationprovenaitdecesrevuesdetypeintercalairequ’ontrouve chez les marchands de journaux. Mais cette forme desous-culture est un miroir remarquable des représentations envigueur dans la population. Et là, on découvre que les gensoscillent sans arrêt entre la conviction que tout est nature, ouque tout est culture… Dans les discours tenus sur l’homo-sexualité, c’est évident : les uns soutiennent qu’elle estnaturelle, les autres qu’elle est culturelle… Pour l’histoire dugender,c’estpareil.Onaaffaireàunensemblecomposite,avecune forte couche mi-intello, mi-militante, par ailleurs trèsmédiatisée par des gens directement intéressés qui font dulobbying.Le commundesmortels ne s’en rendpas compte, etquandilsserendentcomptedesméfaits,c’esttroptard.Ilenvademêmechez leshommespolitiques,dont la réflexionsurcesquestionsn’estpasavancéedu tout.Quand jeme rendaisavecMonette Vacquin à des réunions de préparation des lois dites« de bioéthique » de 1994, je me souviens très bien de la

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stupéfaction des politiciens qui écoutaient nos propos.Onn’aguèreavancédepuis.

Jean-Paul Guitton : je voudrais revenir sur l’un de vospropospourvouslefairepréciser.

Vousvenezderappeler laperversiondu langageet l’usage,mêmel’abusqu’enfontlesmédiasetquiinfluesurcequenouspensons,etquiinfluencesansaucundoutelesdéclarationsdeshommespolitiques.

Actuellementnousavonsuneministredelafamille,quiesttoutàfaitcharmante,etquitientdespropostrèssympathiquessurlafamille.

Maisjel’aientenduedeuxfoisrécemment,etàchaquefois,elle avait une petite phrase au milieu de son discours, quiconsisteàdire:«…maislasociétéaévoluéetilfautbienvivreavec son temps : il y a maintenant de nombreux modèlesfamiliaux.»

Que faut-il penser et dire à propos de ces modèlesfamiliaux ? Est-il raisonnable d’accepter plusieurs modèles,quandcen’estpasplusieursnormesfamiliales?

DominiqueFolscheid:Cediscoursestlediscoursconvenusurles«modèlesfamiliaux».Évidemment,c’estlediscoursdela complaisance. Concrètement, on ne peut que le critiquer etcontre-attaquersurlediscoursenposantlaquestion:«qu’estceque vous voulez dire par là ? ». Mais attention, nous n’envoulons pas à ceux qui vivent en couple selon des formulesvariées,marginales,quenouspouvonsréprouverparailleurs,surle principe. Ces affaires, telles qu’elles sont vécues, ne nousregardentpasetellesneregardentpasl’Étatnonplus,autrementc’estletotalitarisme.Onnevapasregarderdansleschambresàcoucher ce que font les gens ! Or c’est pratiquement ce que

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l’ordonnance du 4 juillet 2005 n’a pas voulu l’abroger,précisémenten raisonde sa force symbolique,mais iln’aplusguèrequ’unrôlemarginal.Lemariageaujourd’huiapparaîtnonplus comme l’institution qui donne forme à la famille, maiscomme un simple contrat de communauté de vie, un statutproposé,parmid’autres,àceuxquisouhaitentdonneruncadrejuridiqueàleurviedecouple.

Et si, sortantdudroitdumariage,on tourne le regardverssonconcurrentdirect:lepactecivildesolidarité,cettedéliaisonentrelecoupleet l’enfantestplusvisibleencore.LePACSestaussiuncontratdecommunautédevie.Danstoutlechapitreaudemeurant assez bref que lui consacre le Code civil, il n’estjamais question de l’enfant. Comme si la communauté de vie,dés lors que délibérément le PACS n’a pas été réservé auxcouplesdemêmesexe,n’avaitpaspourconséquencenaturelle,en tout cas possible, la naissance de l’enfant. Même constatencoredans le droit dudivorce. Il est frappant que le chapitrequiréglait lesconséquencesdudivorcepour lesenfantsaitétépurementetsimplementabrogé.L’ensembledesrèglesquivisentàorganiserlesconséquencesdelaruptureducoupleparental–l’exercicedel’autorité,larésidencedel’enfant–ontétéeneffetdéplacées dans un chapitre général qui s’applique à tous lesenfantsquelquesoit lestatutdeleursparents.Auxyeuxdelaloi,leseulcritèrepertinentestceluidelacommunautédevieoude la séparation. L’autorité parentale s’exerce différemmentselonquelesparentsviventensembleouséparément.Pourtenircompte de la diversité du statut des couples, cette question adonc été entièrement dissociée du droit du divorce. Bref, dequelquecôtéquel’onsetourne,laruptureentredroitducoupleetdroitdel’enfantestentièrementconsommée.

Il faut alors sedemander commenton est arrivé à cepointquireprésenteunrenversementradicalparrapportàlafigurede

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la famille dans leCode civil.Deux sources de cette évolutionpeuvent,mesemble-t-il,êtredistinguées.

Enpremierlieu,ledroitdelafamillen’avaitfaitl’objetquede réformes ponctuelles au cours duXIXe et dans la premièrepartie du XXe siècle. Pendant une période d’une dizained’années qui s’étend entre 1964 et 1975, il a été entièrementrepensé,etcetrainderéformes,trèscohérentes,estl’œuvred’unhomme:JeanCarbonnier,quifut lemaîtred’ungrandnombrede juristes contemporains. À vrai dire, il faut immédiatementnuancer quelquepeu cepropos, car onobserve à cette époquedanstoutel’Europedesréformesàpeuprèssemblables.Cequimontre que le législateur ne choisit pas absolument ce qu’ildécide, mais qu’il est conduit par des évolutions sociales quisontàpeuprèslesmêmesdanstouslespaysdedéveloppementégal et de culture proche. Pour autant, dans l’œuvre de JeanCarbonnier, s’exprime une pensée directrice. Cette penséedirectrice, il l’a lui-même développée dans un article intitulé :«Achacunsafamille,àchacunsondroit»2.

La première idée est celle de la pluralité des modèles. LaFranceestunpaysdivisédecroyancesetdereligions,diviséparlesculturesquis’inscriventdanscescroyances,diviséaussiparles idéologieset les traditions.Unseulmodèleparconséquentne peut suffire à tous, et le rôle du législateur n’est pas deprivilégier un schéma familial de préférence à un autre, maisd’ouvrirlaporteàladiversitéenmettantenplaceunesortedelégislation à la carte dans laquelle chacun trouvera ce quicorrespond à sa propre conceptionde la vie familiale.D’où letitre:àchacunsafamille,àchacunsondroit.

LasecondeidéedirectricequesouligneCarbonnier,c’estlaforcedel’idéologie.Leproposesttrèsfort.«C’estl’idéologiequi emporte les digues », écrit-il. L’idéologie qui pénètre le

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droit de la famille au milieu du 20e siècle, poursuit-il, « serécapituleendeuxmots:liberté,égalité».Etilconclut,unpeuironiquementd’ailleurs:«C’estladevisedelaRépubliquequipénètre à l’intérieur de la famille ».Mais la famille est-elle,peut-elle être, une société démocratique ? On peut en douter.Parce qu’elle est une communauté de personnes organisée pardesliensarticulésentreeux,lesrelationsn’ysontniégalitairesni réversibles.Lepèren’estpas lamère, l’enfantn’estpas sesparents… C’est pourquoi les principes de la démocratie, quiprésupposent une certaine indifférenciation des citoyens, s’yimplantent malaisément. On verra dans un instant quel’applicationuniformed’unprincipegénérald’égalitédechacunavectousdansunesociétécommelafamilleaboutitàunesorted’aplatissement. On ne perçoit plus la famille comme unecollectivitéjustifiéeparunintérêtcommunquidépasseceluidechacundesesmembres,maisonlavoitplutôtcommeuncumuld’intérêtsindividuels.

Ensecondlieu,unautrefacteurd’évolution,plusrécent,estla pénétration du droit de la famille par la doctrine des droitsfondamentaux. Le droit de la famille est en effet aujourd’huidominé par des sources qui lui sont supérieures, j’allais dire :desméta-sources.Ce sont les conventions internationales et laConstitution. Les conventions internationales, c’est pourl’essentiel la Convention européenne des droits de l’homme3,précisée et complétée par la jurisprudence extrêmementdynamiquedelaCourdumêmenom,quipénètre,enraisondelasupérioritédestraitéssurlaloiinterne,àl’intérieurdudroitde la famille. Derrière, viennent la Constitution et sonpréambule:«LaNationassureàl’individuetàlafamillelesconditions nécessaires à leur développement. »4. Bien desconséquences, parfois inattendues, peuvent se déduire d’une

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en dehors de tout grief. Même si le mot suscite un certainmalaise,onabien lesentimentqu’onn’estpas très loind’unerépudiation.

Du même coup, la loi de 2006, si elle maintient enapparence le vieux divorce pour faute, le ramène à un rôlepurement résiduel. En effet, la répartition des torts n’a plusaucune incidence sur les conséquences du divorce, notammentfinancières.Ainsiceluiàqui incombe la totalitédes tortspeutmalgré cela réclamer à l’autre une prestation compensatoire sil’inégalité économique entre les anciens époux le justifie. Ledivorce pour altération définitive du lien conjugal parvient defaçon plus simple et plus directe à un résultat qui n’est pasmoinsfavorable.Ilretireainsitoutintérêtaudivorcepourfaute.

C’estdoncbienundivorceunilatéral,etplusprécisémentundroit individuel au divorce que consacre la loi de 2004. OnretrouveaufondlesproposdeJeanCarbonnier : lafamilleestjustifiéedanssonexistence lorsqu’ellesertà l’épanouissementde ses membres. Dés lors qu’elle ne permet plus cetépanouissement, ondoit avoir le droit d’en sortir.Cette visionnouvelle a sa projection sur le terrain du droit internationalprivé. Jusqu’à la loi du 11 juillet 1975, les législations pluslibérales étaient souvent jugées contraires à l’ordre publicinternational et leur application refusée devant les tribunauxfrançais. C’était notamment le cas de toutes celles quiconnaissaientledivorceparconsentementmutuel.L’idéequ’ilyaundroitaudivorceaconduitàunrenversementcompletcetteposition : ce sont les législations plus restrictives qui sontdésormais écartées au nomde l’ordre public.Nul ne peut êtrecontraintdedemeurerdanslesliensd’uneuniondontilneveutplus.

Ainsi,àtraverscettediversificationdesstatutsconjugaux,sefaitjourcetteidéequelelienmatrimonialnedépendquedela

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volontédespersonnesquiysontengagées.Ilnepeutenêtredemêmeduliendefiliation.

II–Ledroitdelafiliation

On peut certes admettre que les relations qui s’établissententredeuxpersonnesdansuncouplene relèvequede leurvieprivée; iln’enestévidemmentpasdemêmedesdevoirsqu’ilsassument envers leurs enfants, qui intéressent la société toutentière.C’estdoncàpartirdel’enfantetautourdeluiquelaloiappréhendeaujourd’hui la famille.Or, ledroitde la filiationaété récemmentbouleversésous l’emprisededeuxphénomènes.Le premier est juridique et évoque directement les forces quenousavonsdéjàvuesà l’œuvredans ledroitducouple : c’estencore une fois l’aspiration à l’égalité. Le second estscientifique : ce sont les progrès spectaculaires desconnaissancesbiologiquesetgénétiques.

A/L’égalitédesfiliations.

LeCodecivil,rappelons-le,reposaitsuruneséparationtrèsforteentrelafiliationlégitimequis’inscritdanslafamille,etlafiliationnaturelle qui lui reste extérieure.L’enfant légitime estné dans le mariage. L’enfant naturel est celui qui naît horsmariage.En1804,seull’enfantlégitimejouitdelaplénitudedesdroitsattachésauliendefiliation.L’enfantnatureladesdroitsmais ils sont incomplets :parexemple, ilhéritede sespèreetmèremaisavecdesdroitsmoinsétendus.Et surtout, iln’entrepas dans une famille. Pour les rédacteurs duCode civil, nousl’avonsdéjàvu,lafamillenepeutexisterendehorsdumariage.Sous la condition que la filiation soit juridiquement établie,l’enfantnaturelpeutêtrereliéàsamèred’uncôté,àsonpèrede

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l’autre.Iln’apasdelienaveclafamilledesesparents.C’estuneloidu3janvier1972quiacomplètementmodifié

sonstatut.Ellel’afaitdansuntexteàforteportéesymbolique:«L’enfantnaturelalesmêmesdroitsqu’unenfantlégitime.Ilentredanslafamilledesonauteur».Lerenversementesttotal.La loi consacre désormais l’existence d’une véritable famillenaturelle. Pour se relier à ce que nous avons vu en premièrepartie, on voit bien que ce principe d’égalité des droits entreenfants quelles que soient les conditions de leur naissancecontribuedefaçondécisiveàgommerlafrontièrequiséparelemariagedunon-mariage.C’estunpuissantfacteurd’égalisationdustatutdescouples.

Leprincipeunefoisposérévèlelemêmedynamismepropreque nous avons déjà vérifié dans le couple. Il développe sesconséquencesetconquiertdenouveauxterrains.Après1972,ilaprogressédanstroisdirections.

1°)L’égalitésuccessoraledesenfantsadultérinsLa loi de 1972 avait laissé subsister des inégalités de

traitementaudétrimentdesenfantsadultérins.Cette inférioritése faisait principalement sentir sur le terrain successoral.Lorsque l’enfant se trouvaitenconcoursdans la successiondeson auteur avec le conjoint, ou avec des enfants issus dumariage, il avait des droits moindres. L’idée de la loi était deprotéger la foi due au mariage et surtout les personnes à quicettefoiétaitdue.Or,cesdispositionsontétécondamnéesparlaCoureuropéennedesdroitsdel’hommedansunarrêtdu1er

février20009.Ellesconstituentunediscriminationnonjustifiéeet portent atteinte au droit de l’enfant qui en est victime aurespectdesesbiens.Parlasuite,laFranceadoncétéamenéeàcorrigersondroitsuccessoralpourlemettreenconformitéavec

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YvonneFlour:Qu’ilyaitencoredesévolutionspossibles,j’en suis persuadée. Je serais néanmoins un peu plus nuancéequevousàcepropos.Jevaisprendrevotrequestionàl’envers.

Certes il pourrait y avoir des communautés de vie sansconnotationsexuelle :unesimplecohabitationausenspremierduterme,bénéficiantcependantd’unereconnaissancejuridique.Sans refaire l’histoire, je me souviens qu’au moment despremiersdébatssurlePACS,ousurleprojetdecontratd’unioncivile,JeanHauseravaitproposécela:uneprotectionjuridiquedetouteslesformesdeviecommune.

Mais,dansledroittelqu’ilest,quandonparledecontratdeviecommune,onentendviecommuneausensoù lesépouxsedoivent communauté de vie. C’est-à-dire qu’elle inclut ladimensioncharnelledelacommunautédevie,cequ’onappelleaussi, d’une formule un peu désuète, le devoir conjugal. Parconséquent, un contrat de couple, ce n’est pas seulement uncontrat de cohabitation comme des colocataires occupent lemêmeappartement.C’estbeletbienl’idéed’uneviecommunecomportantdesrelationssexuelles.

Il est vrai que cela ne répond pas complètement à votreobservationparceque,aprèstout,lorsqu’onditquechacunfaitcequ’ilveutdanslemariageoudanslacommunautédevie,onpourrait imaginer qu’on abandonne la prohibition de l’incesteouleprincipemonogamique.Sil’onprendpourpointdedépartcette idée que le mariage doit être ouvert à tous ceux quis’aiment, comment le refuser au motif que ceux qui s’aimentsontdéjàunisparunliendeparentémêmeproche,pourquoinepas admettre que l’on puisse aimer plusieurs femmes ouplusieurs hommes ?C’est, si je l’ai bien compris, le sens desproposrécentsdeMgrBarbarin.

Sur ce point, il me semble que l’on peut ajouter deuxéléments.

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Premièrement, il y a un arrêt très récent de la Coureuropéenne des Droits de l’Homme qui est passablementdéconcertant!C’estunarrêtquiestrenducontrel’Angleterre.Ils’agitd’unhommequiveutépousersabelle-fille.Labelle-filleaun enfant. Ces deux personnes vivent ensemble, et élèventl’enfantensemble.Doncl’enfantestlefilsdecettefemmeetlepetit-fils de cet homme. Le problème est que la loi anglaiseinterditunmariageentre lebeau-pèreetsabelle-fille.SelonlaCour cette interdiction constitue une atteinte au droit de semarier, une atteinte qui n’a pas de justification objective etraisonnable.

Si l’on doit aller dans ce sens, on voit bien que lesprohibitions du mariage liées à la parenté ou l’alliance vonts’effacer.Ellessubsisterontentrelesparentslesplusproches,enlignedirecte,entrefrèresetsœurs,maisiln’estpasimpossiblequelaprohibitiondel’incestesetrouveréduiteàsadimensionminimale.

En ce qui concerne le principe monogamique, j’hésite àprédiresonavenirdansnotresociété.Celadevientunequestiondirectement politique. Si on admettait lemariage homosexuel,quipournoscompatriotesmusulmansn’aaucunsens,peutêtres’attendront-ils à ce que le mariage du droit musulman soitreconnuparlaloifrançaise.Aufondceseraitunedémarchequejetrouveraisassezlogique.

Pourlemoment,danslalittératurejuridique,cequiprotègele mieux la loi monogamique, c’est l’idée de l’égalité del’hommeetdelafemme.

Lapolygamieestincontestablementcontraireàl’égalitédessexes. Dans les systèmes juridiques qui connaissent lapolygamie, l’homme peut épouser plusieurs femmes. Dessystèmes où en sens inverse ce sont les femmes qui peuventavoirplusieursmarisnesontpastrèsrépandus:celaaexisté,je

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crois,dansledroittraditionneldecertainestribusd’Afrique.Cen’estentoutcaspaslapositiondudroitmusulman.

BernardLacan:J’aimeraisvousdemandersivouspouveznous en dire un peu plus sur la manière dont se constitue lecorpsdepenséedelaCoureuropéennedesDroitsdel’homme?Quels sont lesmodesdenominationdes juges et comment lesdifférents lobbys parviennent à s’y affronter ? Interrogationimportante puisque en cette institution semble résider uneautoritésuprêmesurlaquellelesjuridictionsnationalesviennents’alignertôtoutard?

YvonneFlour:Vousmeprenezunpeudecourtparcequele droit européen, ce n’est pas du tout ma spécialité. Jem’investisquandilfaut,maisj’évited’yaller.

Comment les jugessont-ilsnommés?Selon laconvention,il y a autant de juges que de parties contractantes à laconvention.Donc toutpaysqui a ratifié la conventiondisposed’un siège à la cour. Il y en a actuellement 47. Chaque paysprésente trois candidats et le choix entre eux est fait parl’AssembléeparlementaireduConseildel’Europe.Ilssontéluspour neuf ans, et non renouvelables. La convention précisequ’ilssiègentà titre individueletnonpasenreprésentationdel’État auquel ils appartiennent. Cette règle a pour but,précisément, d’assurer leur indépendance. Mais bienévidemment,ilssonttributairesdeleurculturepropreetdeleurtraditionjuridique.

Commentseconstituelecorpsdepensée?Vraimentjenelesais pas. Ce que je crois c’est qu’ils sont en quelque sorte«conditionnés»parplusieurséléments.

D’abord la procédure qui s’applique devant la Coureuropéenne des Droits de l’Homme est une procédure qui est

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scolaire,lavied’unecommune,onpeutseposerdesquestionsdecettenature.

Reste la réalité : 75% des enfants vivent avec leurs deuxparents. Massivement, la réalité est là, et à l’évidence ellecontribuelargementànourrirmonpropos.

C’estuneévidenceprivéeet,c’estcequeleprofesseurFloura rappelé devant vous l’autre jour, cela dépasse la définitionjuridique.C’estégalementuneévidencepolitiqueet,au-delà,unconsensuspolitique.

L’existence de la famille, mise en évidence dans lepréambule de la constitution en 46 (j’y reviendrai),mais aussidans des débats plus récents à l’Assemblée Nationale, ontlongtempsétéuncimentpolitiquedansnotrepays.

JemesouviensdeconversationsavecDidierMigaudquandilétaitPrésidentdelaCommissiondesFinancesàl’AssembléeNationale,avantd’êtrenomméPremierPrésidentdelaCourdesComptes. Le Conseil des Impôts avait alors logé le quotientfamilialaurangdesnichesfiscalescequicontribuaitàdonnerun périmètre et un chiffre très imposants. Et Migaud, toutsocialistequ’ilfût,m’aditetaffirmépubliquementàplusieursreprises que le quotient familial n’était pas une niche fiscale,maisquec’étaitunemodalitédecalculd’impôts,etqu’en tantquemodalitédecalculd’impôt,ilavaitsaraisond’être.

Ce consensus politique entre droite et gauche s’est rompurécemment.J’yreviendrai.

C’est une évidence également juridique même si, commenous l’avons rappelé, il n’y a pas de définition précise de lafamille;etcettequestionm’aintrigué.

Ellem’aintriguéenparticulieraprèsavoirluleprogrammed’initiation au droit des classes de Terminale littéraire. Ceprogramme a fait réagir il y a quelques semaines parce qu’ilévoquait la famille monoparentale et homoparentale. L’énoncé

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duprogrammedébute ainsi : « il n’y apasdedéfinitionde lafamille».

Et ce constat autorisait ensuite à parler de la « famillemonoparentale » et de la « famille homoparentale »… Il n’y apasvéritablement,danscetexte,d’évocationdecequipeutêtreconsidérécommeunefamilleordinaire.

J’ai alors demandé aux services de l’Assemblée un petittravailderecherchessurladéfinitionjuridiquedelafamille.Ilsm’ontrappeléqu’eneffet,puisqueni la législation,ni leCodecivil qui régit l’état des personnes, ni la réglementation ou lajurisprudence ne définissent, juridiquement, la notion defamille,elleprocèdeà la foisdu liend’allianceetde filiation.MadameYvonneFlournousaexpliquécela.

Cependant nous ne sommes pas tout à fait sans référencesfréquenteset intéressantesà la famille,qui sontde l’ordredesévidences.

LaConstitution emploie lemot sans le définir, puisque lepréambuledelaconstitutionde46disposequelanationassureàlafamillelesconditionsnécessairesàsondéveloppement.

Lepréambulecitedonclafamilleentantqu’évidence,etlefaitquelepréambule,aveclesensparticulierquiestlesien,citelafamilledecettemanière-làparticipeàlaconstructiondecetteévidence. Nous n’allons pas rentrer dans des considérationsphilosophiques ou rhétoriques oiseuses, mais que les chosessoientditesainsidans lepréambule,c’estbienunemanièrededire que la famille existe vraiment et que la nation assure sondéveloppement.

LeCodecivil fait référencedansplusieursdesesarticlesàla famille sanspourautantdéfinircettenotion,maiscesdiffé-rents éléments, de mon point de vue, permettent de définir lafamille. Ainsi à l’article 213 du Code civil : « Les épouxassurent ensemble la direction morale et matérielle de la

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famille » ; l’article 215 : «Les époux choisissent la résidencequelesépouxchoisissentd’uncommunaccord»;articles217-220surl’intérêtdelafamille;l’article1137surlessoinsd’unbon père de famille enmatière de contrat et d’exécution, sansparlerduconseildeFamille,sansparleraussiducoded’entréeetdeséjourdesétrangersquiregardentcequesontlesmembresde la famille, justement.Ledescendantdirect âgédemoinsdevingt-et-un ans ou à charge, ascendants, descendants directs àchargeduconjoint.

Cette définition de la famille, qui appréhende les enfantscommetelstantqu’ilsontmoinsdevingt-et-unanouqu’ilssontà charge, on l’a retrouvée curieusement aumoment des débatssur la bioéthique de cette année lorsqu’à été évoqué dans leprojetinitiallalevéedel’anonymatdudon(quifinalementaétérefusée). Et la levée de l’anonymat du don supposait d’abordl’accord, la demande, de celui qui était né et l’accord, lademandedeceluiquiavaitdonnélesgamètes.

J’aiposé laquestionaugouvernement :«Mais lesparentsdans tout ça ? »Lesparents devenusparents grâce audon.Etl’onm’avait répondu : « Il n’y a pas de question qui se posepuisquel’enfantestmajeur».Jefaiscetteobservation:Lefaitque l’enfant soitmajeur, demonpointdevue,ne cassepas lafamille,etmalheureusementmonobservationestunpeuabîméequandjelislecodedel’entréeetduséjour.

Sans parler de cette analyse juridique, on peut regretterqu’en2000, leCodede la familleetde l’aidesociale initiéen1939etcrééformellementen1956,aétéremplacéparlecodedel’actionsocialeetdesfamilles.Jereviendraisurceproblèmeduplurielappliquéiciauxfamilles.

Il y a doncun certainnombred’évidences.Mais ceque jeconstateaujourd’huietquejeregrette,enpolitique,c’estlafindecetteévidence.

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pas le cas pour la voiture d’une famille qui a deux enfants etplus…

Ona fini par obtenir undispositif extrêmement compliqué(il faudrait d’ailleurs que je vérifie s’il fonctionne vraiment),mais cela a été un dur combat. Parce que pour certains laquestionétaitcomplètementfarfelue.

D’ailleurs : un, il n’y a pas eu ce réflexe au moment del’imagination du dispositif ; deux pour certains ma questionétait farfelue et d’autres me répondaient : Hervé, tu as lequotient familial, ça suffit, arrête de nous embêter avec lafamille,nemettonspaslafamillepartout.

Danslaréflexionsurl’ISFquenousavonseuerécemment,j’aitoutdemêmeobtenu,maiscelaaététrèscontestédanslesdébats budgétaires de cet automne, l’augmentation de laréduction par enfant à charge, ce qui n’était pas le casprécédemment.

Etmêmeauseindelamajorité,lorsquejesuisintervenusurlamiseenplacede tel autredispositif, le rapporteurgénéral aditàunmomentquec’étaitsansdouteàtortqu’ilavaitsoutenuenjuilletderniercetteréductiondel’augmentationdel’ISFliéeaunombred’enfants.

Leréflexe«famille»n’estpassystématiquementprésent.Ayons en tête que l’horizontalité de la politique familiale

n’est pas partout, et nous assumons cela. Il y a pleind’allocations : l’allocation « rentrée scolaire », la PAJ surl’accueil du jeune enfant, après c’est le cas de bien desprestationsquisontliéesàdesconditionsderessources.

MaislesallocationsfamilialesenFrancenesontpasliéesàdesconditionsderessourcesetnousavonsunquotientfamilialquiestcertesplafonné,maisavecunplafondrelativementélevé.

L’horizontalité est contestée au nomdupropos suivant : iln’y a pas de raison qu’un enfant d’un cadre supérieur vaille

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davantagequ’unenfantd’ouvrier.Ausensoùlaconstructiondel’impôt sur le quotient familial est plus important, jusqu’auplafond,sivosrevenussontplusélevés.

Onexpliquealorsqu’onestdansunepolitiquehorizontaleet qu’il s’agit de faire en sorte que dans une catégorie socialedonnée,lefaitd’avoirdesenfantsnesoitpastroppénalisantsurleplanfinancier.Maisc’estunedémonstrationqu’ilfautrefairesans cesse parce que la phrase-type : « Il n’y a pas de raisonqu’unenfantd’uncadresupérieurvailledavantagequ’unenfantd’ouvrier»estunephrasequitourneenrondassezfacilement…

Jetermineraiparl’idéeque,danslacriseactuelle,lafamilledoit tout simplement nous ramener ou nous ouvrir à uneréflexionpluslargesurlasubsidiarité.

La crise et la refondationde l’Europe, que la crisepeut etdoitprovoquer,c’estdirequ’ilyadespolitiquespubliquessurlesquelles les États ont été défaillants et sur lesquelles descompétencespeuventetdoiventêtredéléguées,qu’inversement,ce que je défends, il y a aussi des politiques publiques surlesquelles l’Europe n’est pas à sa place et qui pourraientvolontiers être ramenées au niveau des États voire même decollectivitéslocales.

Jepensequedanscettepériodedecriseonvoitparexemplequelaréflexionsurladépendanceesttoutdemêmeuneaffairebeaucouppluscompliquéequecequiavaitétéimaginéquandledébataétélancé.

Quandonestdevantdesdébatsdecettenature,quandonestface aussi au défi de l’emploi des jeunes, face au défi del’insécurité,deladélinquance,desdéfisdelasociété,ilestutilederappelerqu’ilyauncertainnombredestructuresquipeuventaider,àcôtédespolitiquespubliques.Ilyadeschosesquelespolitiques publiques peuvent faire, certes,mais quand l’argentest rare, d’évidence, ellesnepeuventpas tout faire.Et il n’est

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peut-être pas inutile, dans des situations de crise et d’argentrare,derappelerqu’ilyacettecelluledebasedelasociétéquis’appellelafamille.

Échangedevues

Jean-Marie Schmitz : Dans le programme électoral del’UMPpour2012qui est en coursdepréparation et auquel leFigarod’aujourd’huiconsacreunepage,quesera-t-ilretenudespropositions de votre groupe de travail quant à la politiquefamiliale?

Etquelledéfinitiondelafamilleretiendra-t-il?

BertrandMacabéo:J’étaisrécemmentàuneréunionavecMoniquePelletierquebeaucoupconnaissentetontpuadmirerentantqueSecrétaired’ÉtatpuisMinistresousValéryGiscardd’Estaing.MadamePelletiernousconfiaitqu’elleétaitpour lemariagedeshomosexuelsetpour l’adoptionparceux-ci…J’aicrucomprendreégalementquecettepositionétaitdéfendueparAlainJuppé.

Pouvez-vous nous donner votre avis sur ce sujet qui mesemblecrucialpourl’évolutiondenotresociétéetnousinformerdelapositiondel’UMP?

HervéMariton:Lesdeuxquestionsvontunpeuensemble.J’aisouhaitéreprendreletexteprécisduprojettelquenous

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Il a collaboré comme Délégué général à la création de«CapitalDon».Peut-êtrenousparlera-t-ildeCapitalDon:«Unfondsauservicedudondansl’économie,destinéàpromouvoirla forcevertueusede lagratuitéetdudondans lespratiqueséconomiques, une initiative pleine d’une espéranceprophétique».CeFondsdedotationestuneinitiativedePierreDeschamps,undenosrécentsintervenants.

Ilestaussi-jeparledeBrunodeSaintChamas-unhommedeculture.

Imprégné des doctrines sociales de l’Église, vouscomprenez, étant donné ses antécédents familiaux, il n’a paséchappé aux courants familiaux et aux enseignements de JeanOusset, l’inspirateurd’uneméthodede formation à ladoctrinesociale de l’Église et à l’action civique dont certains d’entrevousontentenduparler.

Cette œuvre se développa au cours des années 60 etsuivantes sous le nom « d’Office International des œuvres deformationciviqueetd’actionsculturelles selon ledroitnatureletchrétien».

Nous devons à cette nébuleuse une générationparticulièrementactivedanslaviesocialeetpolitique.

En2011, ilestnomméPrésidentde l’association Ichtusauservicedelacitéhéritièredel’Officeinternationaldontjeviensdevousparleretdontilétaitunanimateur.

Je vous recommande, bien entendu, la lecture de la revuePermanences où Bruno écrit régulièrement et qui est la revued’Icthus.

Bruno de Saint Chamas : A priori, le bon sens nousindiquequ’unebonnepolitiqueéconomiquedevrait avoirpourobjectif le développement harmonieux des familles. Pourquoicette intentionn’estellepasaudible?Aucontraire, lesmêmes

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pertes de confiance, les mêmes peurs de « se faire avoir »,semblent aujourd’hui brider l’engagement pour construire unefamilleetdevenirentrepreneurouacteurdelavieéconomique.

Ladoctrinesocialedel’Églisenousfaitdécouvrirqu’iln’yapasdefamillesansvéritédel’amouretqu’iln’yapasdevéritédel’amoursansdondesoi.L’érosappellel’agapè.Demême,enmatière de politique économique, l’exclusion du don et de lagratuité dans les échanges pour ne rechercher que le profitmatérieletfinancieràtoutprixaboutitàlacriseannoncéequenousconnaissons.

Il y a une dynamique commune au développement de lafamilleetàceluid’unepolitiqueéconomique,c’estcelledudonetdudondesoiquiseulepeutfonderlaconfiance.Maiscettedynamique elle-même a pour première cause la gratitude. Carnonseulementilfautdonner,maisilfautaccepterderecevoiretdoncaccepterd’êtreconscientdecequel’ondoit.Lafamilleestlapremièreécoledudoncarelleestl’écoledelagratitudepourlesdonsreçussanscompteretsansaucunmérite.

Au cœur de la famille se vit la première expérience del’usagede toutes les richessesqui répondentauxbesoins réelsde l’homme et dont chacun est appelé à être leministre de lacommunication universelle. C’est dans la famille que se vitd’abordlapossibilitédetransformationde«l’avoir»en«êtredavantage».C’estdoncdanslafamilleques’apprendd’abordlacréation et l’échange des richesses qui sont l’enjeu d’unepolitiqueéconomiqueauservicedetoutl’hommeetdetousleshommesetdoncdelafamille.

Les missions, naturelles et surnaturelles, de la famille entant que première société naturelle et Église domestique,révèlentà l’hommequi il est,quelleest savocationetdonc lechemin du bonheur pour « être davantage », c’est-à-dire unmendiant et ministre du don, du pardon, de l’amour et de la

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miséricorde.

Commentparleraujourd’huide«Politiqueéconomiqueetfamille»?

L’association de cesmots n’est-elle pas choquante ?D’uncôté la loi du marché et les interrogations légitimes sur lamanièred’enrégulerladureté,del’autrelaloidel’amouretlatentation ou le devoir d’en reconnaître la réalité par la loipositive. Une politique, donc une hiérarchie de moyensordonnésàunbutetdel’autreletrésord’unesociétéetdoncunbien commun capable de servir au bonheur de plusieurspersonnes.

Défenseur de la famille, vous vous dites peut-être qu’unepolitique relève du domaine public quand la famille est unespacedelibertéprivéetquesil’économievitdel’échangedesrichessesmesurablesquiontunprix,lafamilleestlesanctuaired’échangesquin’ont,eux,pasdeprix.

La signification même des mots employés, ne nous parle-tellepasd’unepolitique«Artdevivreensemble»,économiquec’est-à-diredontl’objetest«l’ordreoulaloidelamaison»etde famille ?Or comme les familles sont sources de prospéritépourreprendrelabelleformuleduPrésidentdevotreAcadémie,Jean-Didier Lecaillon, une politique économique raisonnéedevrait faciliter la vie de chaque famille. Ce serait même sonvéritable « intérêt ». La logique de « l’utilité » est mêmeimparablepuisque ledéveloppementde la famille« fabrique»les agents économiques, producteurs et consommateurs sanslesquelslacroissancen’estpaspossible.

Pourquoidoncsilaconclusions’imposeaubonsens,est-ilsuspectetinconfortablepourunhommepolitique,pourunchefd’entreprise,pourunclercvoirepourunsimplepèredefamillederevendiquercettecohérence?

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dedéfinirlacohérenceetlaperformanced’uneorganisation.L’échangemarchandpermetletransfertd’objets(produits

ouservices)dontlavaleurestétablieparuncalculexpliciteouimplicite.Laréciprocitédel’échangeestfixéeetgarantieparlesnormessocialesencours.

Pardéfinition,cequenousappelleronsledon«social» apourobjectifprincipaldecréerduliensocialsurlabased’uneévaluationbilatéraledanslecadredenormessociales.Ilestdebon ton de rendre une invitation etc. Mais la réciprocité estrisquée(pasderetour)maisfaitpartiedesnormessociales.

Ledonlibreouledongratuitapourobjectifl’affirmationdesonêtreetdesonidentitésurlabasedecritèrespersonnelsou moraux. La réciprocité est incertaine, le donateur n’attendpasderetourdirectdudonataire.Ilagitpourlebiendel’autresansdemanderunretour.

Alors, une économie peut-elle être juste sans le don et lagratuité?

À l’article1937, leCatéchismede l’ÉgliseCatholiqueciteles«Dialogues»danslesquelsleChristditàsainteCatherinede Sienne : « Je ne donne pas toutes les vertus également àchacun…Il enestplusieursque jedistribuede tellemanière,tantôt à l’un, tantôt à l’autre… A l’un, c’est la charité ; àl’autre, la justice ; à celui-ci l’humilité ; à celui-là, une foivive…Quantauxbienstemporels,pourleschosesnécessairesàla vie humaine, je les ai distribués avec la plus grandeinégalité,etjen’aipasvouluquechacunpossédâttoutcequilui était nécessaire pour que les hommes aient ainsil’occasion,parnécessité,depratiquerlacharitélesunsenverslesautres…J’aivouluqu’ilseussentbesoinlesunsdesautresetqu’ilsfussentmesministrespourladistributiondesgrâcesetdeslibéralitésqu’ilsontreçuesdemoi»19.

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Il ne peut y avoir une politique économique juste ni desystème d’échange juste sans la charité puisque l’égalité del’avoir que Dieu n’a pas voulu, a pour intention de rendre lachariténécessaire.

Il faut donc que le don et la gratuité fassent partie deséchanges de l’économie marchande si l’on veut que cetteéconomie soit juste.Sans la gratuité, on ne parvientmêmepasàréaliserlajustice.

«Sihieronpouvaitpenserqu’ilfallaitd’abordrechercherlajustice et que la gratuité devait intervenir ensuite comme uncomplément, aujourd’hui, il faut direque sans la gratuité onne parvient même pas à réaliser la justice. […] La charitédanslavérité,danscecas,signifiequ’ilfautdonnerformeetorganisation aux activités économiques qui, sans nier leprofit, entendent aller au-delà de la logique de l’échangedeséquivalentsetduprofitcommebutensoi»20.

BenoîtXVIvaexpliciter l’urgencedecettenécessitédanssonmessagepourlapaixdu1erjanvier2012:

« Dans notre monde où la valeur de la personne, de sadignitéetdesesdroits–au-delàdesdéclarationsd’intentions– est sérieusement menacée par la tendance généralisée àrecourirexclusivementauxcritèresde l’utilité,duprofitetdel’avoir, ilest importantdenepascouperleconceptdejusticede ses racines transcendantes.La justice, en effet, n’est pasunesimpleconventionhumaine,carcequiestjusten’estpasdéterminé originairement par la loi positive, mais parl’identitéprofondede l’êtrehumain.C’est la vision intégraledel’hommequipermetdenepastomberdansuneconceptioncontractuelle de la justice et d’ouvrir aussi, grâce à elle,l’horizondelasolidaritéetdel’amour.

Nous ne pouvons pas ignorer que certains courants de la

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culture moderne, soutenus par des principes économiquesrationalistesetindividualistes,ontaliénéleconceptdejusticejusque dans ses racines transcendantes, le séparant de lacharité et de la solidarité : « la cité de l’homme n’est pasuniquementconstituéepardesrapportsdedroitsetdedevoirs,maisplusencore,etd’abord,pardesrelationsdegratuité,demiséricorde et de communion. La charité manifeste toujoursl’amourdeDieu, y comprisdans les relationshumaines.Elledonne une valeur théolo-gale et salvifique à tout engagementpourlajusticedanslemonde».

Conclusion

Noussavonsquec’estlapierrequ’ontrejetéelesbâtisseursquiestdevenuelapierred’angle.

L’utilitarismeaconduitnotresociétéàrejeterledondesoicomme fondement de l’amour qui choisit librement le biencommundelafamille.Jean-PaulIInousfaitdécouvrirqu’ilenest la pierre d’angle. Sans le don de soi, l’amour et la familles’écroulent.

L’aviditématérialiste des bâtisseurs de l’économie a réduitleséchangesauxrichessesquiontunevaleurfinancière.Ilsontrejetéledonetlagratuitédeleurpolitique,deleurartdevivreensemble.BenoîtXVInous invite à ramasser cettepierrepourenfairela«pierred’angle».

Sansledonetlagratuité,lapolitiqueéconomiqueestdansuneimpasse.Ellearéduitsonchampd’actionàceluiduprofitfinancier, curieusement, il ne lui reste plus que les dettesfinancièresdesÉtats.

En ces temps de crise où l’avidité mauvaise conseillèresemble avoir par lamauvaise dettemis en panne lemoteur del’économie, ne serait-il pas juste de refonder aussi la

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C’estbienlaréalitédelasouffrancedesfamilles.Maisquelestle fondement ? Pourquoi ça marche, pourquoi ça ne marchepas?Etilnousdit:«ledondesoi,c’estlaclé».Jecroisquenousnesommespassiloinl’undel’autre.

Et ensuite, sur l’économie, l’Église aujourd’hui ne nousdonnepaslaleçonoulecatéchismedesrèglesàappliquer.Ellenous dit : attention, vous êtes dans un échange entre despersonnes. Et quand vous êtes dans un échange entre lespersonnes,vousnepouvezpas réduire l’échangeauquantitatifetfinancier.

LesgrandsgroupesduCAC40onttousunprojetpourlespersonnes ! Et ceux qui ne l’ont pas, c’est une certitude, ilsaurontdesproblèmes,c’estsûr.

Jecroisquec’estintéressantderegardercequenousvivonsdans la famille, car c’est une société dont on fait tousl’expérience puisque jusqu’à aujourd’hui, nous naissons dansunefamille.

Doncnousavonsexpérimentécommevous ledites tout cequid’unecertainemanière,étaitchemin,rencontreetaconstruitlapersonneounel’apasconstruite.

La pensée commune est le plus souvent que la vieéconomiqueseraitunlieuoùledonetlagratuitén’auraientpasleurplace,etquelaseulemesuredelaperformanceestcelleduprofit.

BenoîtXVInenousditpasquecen’estpasnécessaire, ilnousditquecen’estpassuffisantpourjustementservirlebiencommun. La pensée sociale chrétienne nous invite à ne passéparer la recherche du bien utile de la recherche du bienhonnête. Ce n’est pas une directive assenée comme uneidéologiemaisunevéritésuruneréalitéquechacunpeutvérifierautourdelui.

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HervéL’Huillier :Vousavezdit :« laconfiancevientdudon».C’estallervite.Jevaisprendreunexempled’aujourd’huipourvousmontrerquelaconfiancenevientpasdudon.

Quand je suis venu dans ma voiture, j’ai entendu que 17personnesont été brûlées dansun incendie d’immeuble, il y acinq ou six ans. Cela a été jugé aujourd’hui. Qui estresponsable ? Une filiale d’Emmaüs, des gens qui étaientprobablement dans le don, probablement très généreux,probablement,maispeutêtrequin’étaientpasaussicompétentsqu’ilauraitfallu.

La compétence peut créer la confiance, la capacité, leprofessionnalisme. Mais aussi d’autres facteurs que le doncréentlaconfiance,uneconfiancerationnelle.

LePrésident:Cequenouspouvonsretenirdecetéchange,c’estquecommeladoctrinedel’Églisen’estpasuneidéologie,Ilyaaussiunaspectprudentieldans lesquestionsquiontétéposées.Laprudencen’estpasundogme,maiselleestfaiteparnosexpériencespersonnellesetdifférentesdechacun.

Etceàquoinousdevonsaussiêtreattentifs,au-delàdecesséancesoùnousessayonsd’approfondir,c’estànotrevocationpédagogique. C’est la justification des Annales et despublications.Dans la relecture de ce que nous publions, nousdevonsavoirlesoucidelapédagogieetdelacommunication,delabonnecommunication.

Sur le fond, nous avons encorebeaucoupde travail à faireensemblepourpouvoirl’exprimerdavantage,levivremieux.

Henri Lafont : Qu’est-ce qu’il vous semble essentiel detransmettrepourfavorisercetengagementpersonnelnotammentdans la famille et dans l’entreprise et que vous nous décrivezcommeétanttrèsliéesl’uneàl’autre?

Maquestiontendraitàvousramenerdesconsidérationstrès

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élevées que vous venez de développer à des perspectivesconcrètes.

BrunodeSaintChamas:J’aimeraisdonnerdesexemples,ceuxqu’onapuvivre.

À l’occasion des dix ans de pontificat de Jean-Paul II, lecardinal Ratzinger a fait une conférence où il a parlé de lapersonne de Jean-Paul II. Il a décrit ce qui avait formé lapersonnalitédeJean-PaulII.

Nous avons publié ce texte dansPermanences cette annéeaumomentdesabéatification.

Vous pouvez retrouver ces thèmes dans l’ouvrage de Jean-PaulII«VocationsetMystères»oùilraconteunpeului-mêmesaformation.

Jetrouveintéressantpuisqu’onsaitqu’ilest“bienheureux”,qu’il était bon politique, qu’il avait relativement su biens’entourerqu’ilafaitcertainesopérationsdemanagementqu’onpeutobserver,etc.Brefc’estunboncasdeformation.

Jean-Paul II avait des parents qui l’aimaient, il a perdu samère,jeuneetsonpère,quandilavaitvingtansenviron.Maisildit que dans sa formation ce qui a été déterminant c’estl’expérience du travail. Et pourquoi ? Parce que c’était uncontactavecleréel.

Il raconte comment il a lu un ouvrage demétaphysique etcelaaététrèsdifficilepourlui.Etilditqu’ilamenéuncombatintellectuel difficile pour rapprocher les concepts de la méta-physiquedelaréalitéqu’ilvoyait.

Il parle d’un vrai combat qu’il a expérimenté. Au bout dedeux mois, il commençait à voir et à comprendre commentrapprochercesconceptsdelaréalitéqu’ilvivaitautravail.

Doncilyaeuletravail,ilyaeulamétaphysique.Ensuite,il dit qu’il a découvert la phénoménologie.Cela lui a appris à

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del’entrepriseoudedemandedel’actionnaire.Il s’agit doncpour euxde remettre l’Hommeaucentredes

préoccupations, l’homme salarié et également l’homme de lasociété civile car, nous disent-ils, « l’entreprise devrait aussis’engagerdansdesactionscibléesderesponsabilitésociale».

Cesjeunesfutursdiplômésnousconfientparailleursquesil’ambiance de travail et la rémunération sont des attentesessentielles, ils souhaitent accorder à leur vie professionnelleuneplace équivalentemaispas supérieure à celle réservée à lavie privée, à la famille, aux loisirs…Profond changement parrapport à notre génération pour qui la réussite professionnelleétaitunobjectifmajeurauprixdebiensdesefforts!

Enfin,ilsattendentdudirigeantqu’ilrépondeàcesdéfisenétantl’hommeporteurdesensetdenouveauxrepères.

En ce sens, ils donnent raison à Jean Gandois – ancienPrésidentduCNPF–quinousdisait,ilya15ans:«Lafamilleéclate, les villages disparaissent et avec eux leurs clochers ;l’entreprise doit donc accepter de jouer le rôle de catalyseursocial».

III–Venons-enàl’entreprise

Je ne vous rappellerai pas que l’entreprise est unecommunauté d’hommes et de femmes unis autour d’un mêmeprojetcommunémentappelé«leprojetd’entreprise»;ceprojet,porté par le dirigeant définira les produits que l’entreprisesouhaite lancer sur le marché au service de ses clients ; ilintègreraleseffectifsnécessaireset lescompétencesutilesàsabonne fin. Ce projet sera bien sûr valorisé par un « businessplan»chiffréquidevraêtreavaliséparsesactionnaires.

Toutceciesttrèssimpleetsetrouvedanstouslesmanuelsdemanagement;leschosessecompliquentàdeuxniveaux:

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– d’une part lorsqu’il s’agit de mettre en musique cettestratégie.Jen’évoqueraipaslaconcurrencequi,àmonsens,estunedonnéesainedansuneéconomielibéraleàconditionqu’ellese joue à armes égales…ce qui n’est pas toujours le cas aveccertainspayscommelaChine.

Jenereviendraipassurladifficultéàtrouverdescapitaux,problèmesurlequell’États’estpenchéenprenantdesdécisionsutiles:loiTEPA,nouvellemissionconfiéeàOséocesderniersjoursparleGouvernement.

NousresteronscentréssurlesHommesdel’Entreprise:Un des rôles essentiels du Dirigeant sera d’expliquer le

projet à ses équipes, fixant le cap à atteindre et demandant àl’encadrement intermédiaire et aux collaborateurs leurcontribution et suggestions sur le ou les meilleurs chemins àemprunter.

Cetteparticipationdescollaborateursauprojetd’entrepriseestunedonnéeessentiellepourrendrechaquesalariéActeuretcoresponsabledesaréussite.

Il devra également les informer des enjeux, des bénéficesattendus,carpersonnen’envoudraàuneentreprisedefairedesbénéfices, et la façon dont ceux-ci seront répartis ; nous yreviendrons.

– d’autre part, lorsqu’il s’agit de mettre en musique sastratégiedanslecontexteéconomiqueactuel.

Salariésetdirigeantssontconfrontésàcequenouspouvonsappelerunnouveau«villageplanétaire»,lianttoujourspluslesort des pays entre eux, imbriquant toujours davantage lesdifférents facteurs – humains, environnementaux, économiques–, le tout étant amplifié par l’accélération permanente del’information. La concurrence mondiale est féroce notammentavecdesdisparitésénormesdecoûtdutravail(facteur100à200parfoisentreChineetFrance).

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S’ilappartientdoncaudirigeantactuelde«fixerlecap»,illui revientplusque jamaisdedonnerdusensà l’actiondesescollaborateurs, de les comprendre, les motiver, d’attirer etfidéliserlestalents.

Alorsquefaire?Jenevoudraissurtoutpasvousinfligerunelistederecettes,

mais il me semble que le dirigeant doit veiller à des axesessentiels,qu’ildevrarevisiterrégulièrement.

J’endécriraisept:

1.Aupremierchef, ildonneradusensà sonactionenmontrantauquotidienlerôleetlaplacedechacundanslacréationdevaleurdel’Entreprise.

Par des actes simples et sincères : saluer chacun lors deréunionsourencontresdanslescouloirs.

Enutilisantcequej’appellele«managementbywalking»:toutes les semaines je visite les bureaux de notre siège socialpour prendre le pouls de l’entreprise, poser des questions auxunsetauxautres,comprendreleursdifficultés.

En instaurant unmanagement « humain » : un décès d’unmembrede lafamilled’uncollaborateurpeutfaire l’objetd’unmotdesahiérarchie,d’envoidefleursvoired’uneprésenced’unreprésentant de l’entreprise, si toutefois l’intéressé l’accepte…carilnefautpasêtreintrusif!

Enorganisantdes«conventionsannuelles»pour informerl’ensemble des collaborateurs des résultats de l’année et desperspectives à venir, et en imaginant d’autres événements dutype«fêtesdeNoël»oùlesenfantssontinvitésàvenirvisiterlesbureauxoùleurMamanouPapatravaille.

2. Il cherchera à mettre en place une politique de

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jeunessonttentésparlacréationd’entreprise(cf.enquêteEDC)alorsqu’onentendait,ilyaquelquesannées,que50%d’entreeuxvoulaientdevenirfonctionnaires.NouspouvionsalorsnousdemandercommentlaFranceallaitpouvoirgardersaplacedansle contexte international, car ce sont les entreprises qui créentunegrandepartiedelarichessenationale.

Jesuistrèsheureusementétonnédevoirlenombredejeunesqui s’investissent dans des entreprises personnelles. Sur mesquatregarçons,troisd’entreeuxsontdescréateursd’entreprise(après avoir eu une première expérience dans des groupes) oud’associationhumanitaire.Pourn’avoir jamaisétéentrepreneurindividuel ou créateur d’entreprise, j’ai beaucoup d’admirationpoureuxetleurcourage.

Jeneveux surtoutpasopposer lesgrandes entreprises auxPMEcarleschosessontbeaucoupplussubtilesquecela,maisil est vrai que certaines entreprises « pressent le citron » decollaborateurs. Dans les PME, la chaîne hiérarchique étantmoins forte, il existe plus de proximité avec le décideur, lecollaborateur se sentant alors davantage partie prenante de ladécision.

Hervé de Kerdrel : Je pense aussi aux jeunes, et passeulementauxjeunesfuturscadressupérieurs,maisauxjeunespourquilasociétéaunestructuredeplusenpluscomplexe.

Effectivement puisque l’école a renoncé en partie à safonctionéducatrice,lafamilleégalement,c’estdonc,finalement,lemondedel’entreprisedanslequelarriventlesjeunesqui,pourpartie,doitsuppléeràcescarences.

Vous nous avez dit que c’était important d’intégrer lesjeunes,c’estdoncaussi,pourvous,quelquechosequidemanderéflexion.

Commentest-cequ’onpeutremédieràcela?Parcequecela

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pose un réel niveau de complexité. Et comment apportez-vousunesolutionconcrètedansuneentreprisedetaillemoyenne?

BertrandMacabéo:Jedoisvousavouerquenousn’avonsaucunproblèmepour intégrer les jeunes dans notre entreprise,mêmesij’aidûdonnerl’impulsioninitiale:

– par notre politique de stage : les stagiaires étaientconsidérés comme un poids pour les services les accueillant,alors qu’ils apportent un regard neuf et sont très souventcontributeurs;

– par les stages d’intégration lors des recrutements déjàévoqués.

Lamoyenne d’âge de notre entreprise en France est de 34ans avec environ 50% de femmes, 50% d’hommes, 50% decommerciaux,50%defonctionsupport.

La difficulté que nous rencontrons ces dernières annéesréside dans le recrutement des commerciaux de terrain outélévendeurs.J’ailesentimentquelesjeunesontdeplusenplusdemalàs’engagerdanslafonctioncommercialequiimposedese lever tôt lematin, prendre sa voiture, visiter 10 entreprisespour signer un contrat, ce qui constitue une réelle difficulté.D’où lanécessitéd’instaurerunmanagementdeproximité fortetbiensûrunsystèmederémunérationmotivantetattrayant.

L’enquête que nous avonsmenée au sein desEDCmontrebienque les jeunes souhaitent intégrer lemondedu travail. Ilsnous disent : je serai fidèle à l’entreprise tant que celle-cirépondraàmesattentes,alorsqu’ànotregénération,onpouvaitnous dire : dans trois ans tu auras tel job, dans cinq ans telautre ; nous savions attendre en confiance, eux sont plusimpatients : ils disent aussi très clairement que leur vie defamille, sociale… est aussi importante ; pourquoi ? Parcequ’aujourd’huilesdeuxconjointstravaillentdanslaplupartdes

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jeunes couples ; les époux doivent donc se partager laresponsabilité des enfants,mission qui, il y a trente ans, étaitconfiéeàlamèredefamille.

Reconnaissonsquenosjeunesontdevraiescontraintesau-delàdesquelles ilsneveulentpasaller.Ilssont trèsclairsdansleurprojetdevie.

Ilssontprêtsàs’impliquer,ilssontprêtsàsedonner,maisilsnesontpasprêtsàsebrader.

Hervé de Kerdrel : Il y a une différence entre la régionparisienneetlaprovince.

BertrandMacabéo : La vie à Paris est en effet souventbeaucoup plus difficile et plus chère qu’en province : loyers,loisirs,déplacements.

Bernard Lacan : Je voulais simplement dire qu’il estévident que le souci de flexibilité, de souplesse dans leshoraires,dansl’évolutiondestâches,danslesdéplacementsestprobablementplusfaciledansdesentreprisesdanslesquellesilyauncontacthumaindirectduchefd’entreprisequecen’estlecasdansdesentreprisesbeaucouppluspyramidalesetbeaucoupmoinspersonnaliséesoupersonnalisables.

Jecroisquec’estaussiunedesdirectionsd’actiondanslesgrandes entreprises que de créer à l’intérieur de grandesstructures des ensembles plus réduits dans lesquels il peut yavoircetypederelationssociales.

Jean-DominiqueCallies : Est-ce que vous pourriez nousdire un mot sur les entreprises familiales, éponymes, quiéventuellement rejoignent bien la réflexion sur « famille etentreprise»?

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LAPOLITIQUEFAMILIALE

Jean-MarieANDRÈSVice-présidentdesAFC(Associationsfamilialescatholiques)

Jean-DominiqueCallies : Ilme revient l’agréablemissiondevousprésentermonsieurJean-MarieAndrès,et jedoisvousdire que, bien que le connaissant depuis quelques années, j’aipeinéàrassemblerlesélémentsbiographiques,nonqu’ilssoienttrop nombreux, ni qu’ils soient inexistants, mais toutsimplementparceque Jean-Marie est unhommediscret et peuenclin à se laisser raconter, et c’est donc pour moi un grandhonneur et un grand plaisir mais aussi une forme d’exerciceimposédélicat quede vous présenter ce père de famille « ditenombreuse».

Eneffet,cettequalificationarrivedèslorsquel’onnepeutmettreplusd’unenfantpargenou.Or,encequileconcerne,cetingénieurcivildesMines,néenColombieen1960(etdontilaconservé la nationalité), est marié et l’heureux père d’unefamillede7enfants.

Ce choix familial vient conforter celui d’être un acteurengagédans lemondeassociatif, etplusparticulièrement celuitourné vers la famille, que ce soit dans les responsabilités demembreduconseildedirectiond’uneinstitutionnommée«EauVive»étantalorsenchargenotammentdesjeunesménages,quedepuisvingtansentantqu’adhérentdesassociationsfamilialescatholiquesdontilanimerauntempslafédérationdesHautsde-Seine.

Au sein de ces Associations Familiales Catholiques, ilparticipe au conseil d’administration de la confédération

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nationale dès 1996 ou 1997. À ce niveau, il prend part auxgrandes décisions d’orientation du mouvement, impulsant desactions en ligne avec une perception des grands enjeuxfamiliaux contemporains et de ceux de demain, puisqu’il endevient,ilyadixans,Vice-Président.

Ce mouvement structuré qui regroupe plus de 350associationsestundes lieux lesplusadaptéspourpromouvoirdes actions mettant en valeur la famille et à tout le moinsdéfendrelesintérêtsdesfamilles.

Ses responsabilités comprennent notamment la prise enchargedesquestionsdesociétéetdelapolitiquefamiliale.

Enfin sur le plan professionnel, troisième pied de sonengagement, Jean-Marie fait partie de ces ingénieurs qui ontchoisi demettre leur compétence scientifique au service de lafinance puis de la haute finance. Passant d’une expérienced’animation des agences d’un groupe bancaire à desresponsabilitésrelevantdelasphèredesdirigeants.

Puis,toujoursdanscesecteur,maisenprenantlerisquedecréer sa propre entreprise de conseil dans les domaines de lastratégie et de l’organisation bancaire, et ce dès la premièremoitiédelaprécédentedécennie.

Devant les analyses que lui permettaient cette approcheprivilégiéedelafinance,dès2005Jean-Mariesefocalisesurlaréglementationfinancièreinternationale,domaineenpleinessor,marqué par l’évolution des normes et dont l’actualité des cinqdernièresannées,soulignel’urgenteetl’impérativenécessité.

Sans doute cette prise de conscience est-elle d’autant plusremarquable, que sa pertinence, d’hier (c’est-à-dire d’avant lacrise),estmesurableaujourd’huilorsquel’onobservel’ampleurdes désastres que génèrent l’absence de réglementations ou ledétournementdecelles-ci.

Cetteactivitédébordante,Jean-Marielamaîtriseparunsens

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aigudesprioritésetdel’efficacitédesesinterventionsalliéesàunemodestie tout à son honneur ; ceux qui ont la chance detravailler avec lui profitent d’une pensée claire, directe, et quipuiseàunelecturepragmatiquedelasociété,desesattentes,deses errements ; guidée par une boussole sûre que donne lemagistèredel’Église,

Aussi, pour nous parler de la famille, que dis-je de la« politique familiale », cher Jean-Marie, c’est désormais à toi,danslecadredenotrecycled’étude«lafamille,unatoutpourlasociété».

Jean-MarieAndrès:Vousmedonnezlaparolepourparlerde finance internationale mais pas de la politique familiale.Maissansdoutequelessujetsvontserecouper.

Mêmesinousauronsl’occasionçaetlàd’évoquercethèmequiestcommunavecceluidelacrisefinancière,quiestunpeuceluidulibéralisme,etquienfaitestunevaleurquipénètrepasmaldechosesdanslasociété.

Toutd’abord, jevoulaisvousdiremonbonheurd’êtreavecvous.

Évidemment,jesuisunpeudiscretparcequejesuisunpeuréaliste.

Comme tous les militants, on est choisi non pour sacompétence mais plutôt parce qu’on se pense un peu plusdisponiblequelesautres.

Toutemavie,enparticuliermilitante,aétécaractériséeparle fait que, à chaque fois que l’on demandait un volontaire,j’étaisengénéralleseul.

D’ailleurs, si j’ai toujours été élu avec des scores de Sud-Américain, ce n’est pas du tout à cause demes originesmaisbien parce que, en France, quand on veut réussir, il suffitdes’intéresser aumonde dans lequel on n’est pas rémunéré et

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famille par rapport à l’État et en particulier en matière depolitiquefamiliale.

Donc dans ce contexte nous, lesAFC, avons été conduitsplutôt à favoriser ce que nous appelons la politique d’unvéritable libre choix c’est-à-dire au moment d’élaborer unepolitique familiale de se poser la question : qu’est-ce qui faitqu’une famille pourra effectivement choisir d’avoir les enfantsqu’elleveutavoir?

C’est plutôt prospectif, c’est plutôt encourageant, c’estplutôtmisersur la liberté, l’autonomie.Jediraisd’ailleursquede ce point de vue-là, le Créateur a tellement aimé la libertéqu’ilamêmeprislerisquequesonfilssoitcrucifié.JenevoispaspourquoionseraitplusrestrictifqueleCréateuràl’égarddesa créature. Aussi a-t-on raison de parier sur l’autonomie desfamillesetsurlaqualitédeleurschoix.

Danscesconditions,lapolitiquedesAFCs’estpeucentréesur les avantages familiaux, qui d’ailleurs progressivementcorrespondentmoinsaubesoindesfamillesparcequedeplusenplus les familles ont deux salaires, etc. Mais plutôt sur leproblèmedesretraitescomplémentaires.

En revanche les AFC se sont penchées sur les famillesnombreuses. En effet, les familles qui ont des enfants, lapremièrechosequ’ellessupprimentc’estl’épargnemarginale:ilfautdonclesaideràconstituercetteépargnecomplémentaire.

Et deuxième point, les AFC ont porté certains problèmesgraves même s’ils sont moins fréquents pour l’ensemble desFrançais. Car traiter un certain nombre de cas qui sontmoinsfréquentsestundesdéfisdelapolitiquefamiliale.

Etparmi lescas«moins fréquents»,qui sonten revanchetrès fréquents au sein des AFC, il y a celui des familles trèsnombreuses,celles-cisetrouventfaceauxmêmesproblèmesqueles autres, en particulier financiers mais, chez elles, ils sont

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décuplés. Il y a aussi le cas spécifiquedes femmesqui font lechoixdenepasavoird’activitéprofessionnelle.

Cesontdesproblèmesimportants,maisilfautsavoirquecenesontpaslesproblèmeslesplusimportantspourlesFrançais.Enparticulier,parceque,désormais,lesfemmesquichoisissentdenepaspoursuivreunecarrièreprofessionnellesontdemoinsen moins nombreuses. Aussi nous avons bien conscience quenous tenons, sur cette partie de notre discours, un langagedélicat qui est beaucoupplusdifficile à fairepasserparcequeles enjeux politiques là-dessus sont évidemment moins forts,s’agissantdecequ’onappelleuneminorité.

Voilàpourcettepremièreétudedecas.Je voulais faire une deuxième étude de cas un peu

complémentaire qui est pour le coup assez différente c’estl’étudedecasdelaTVAsociale.

C’estuneétudedecasassezsimpleenréalité.Elle illustre bien le premier point que nous avons analysé

ensemble qui est celui de la politique qui se construit par lacontraintebudgétaire.

Même si la TVA sociale a un côté un peu révolutionnaire,c’estquandmêmed’abordquelquechosed’inventéàlasauvettepour régler le trèsgrosproblèmed’uneFrance confrontée à lacrisequ’onappelle« ladettesouveraine»etquiducoupdoitdémontrer aux investisseurs internationaux et sans doutenationaux aussi qu’elle s’oriente désormais vers une politiquebudgétaireextrêmementsérieuse.

Lamécaniqueaconsistépurementetsimplementàdire : ilfaut soulager, pour qu’elles deviennent plus compétitives, lescharges sociales des entreprises et pour ça il faut trouver unemanièredifférentedecouvrircequel’onappelait«laspécificitédumodèlesocialfrançais»ens’assurantderevenusparimpôts.Bien.

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Peut-être quepersonnene s’en souvientmais on a acceptéenquelquessemainescequependantdesannéesetdesannéeson a combattu bec et ongles et qui s’appelait jadis « labudgétisation des allocations familiales » et qui avait mêmesuscitéunemanifestationdanslarue.

Vousvoyez,cequ’onappelleaujourd’hui« lapressiondesmarchés», sionnevientpasenmatièredepolitique familialeavecdesidéesclairesetactionnables,ceserasanctionnéparlerouleaucompresseur.

Jeneveuxpasmemontrercritiqueausensnégatifduterme.IlyadebonneschosesdanscetteTVAsociale.Mais lemoinsqu’on puisse dire c’est que ce n’est pas une bonne idée parcequecen’estpasuneidéeaboutie,parcequeçaconsistejusteenfaitàtraiterleproblèmede:ilfautsoulagerleschargessocialesdesentreprises.

Mais en faisant cela on est en train, par exemple, deprononcer le divorce définitif entre le monde du travail et lemondedelafamille.

Déjà, vous le savez tous, les patrons ne s’intéressaient pasdu tout à la politique familiale depuis des années. Ils avaientquittépendanttrèslongtempslatabledetravaildelacaissedesallocations familiales. Quand ils n’auront plus de chargessociales,jevousgarantis,vousneverrezplusaucunpatronàuneaucune tabledenégociation.Or la familleet l’entreprise, c’estquandmêmedeuxmondesquisecôtoientquotidiennement.

Cela, c’est juste pourmontrer que cette bonne idée, parceque,encoreunefois,elleapleindequalités,maisjenesuispaslàpourvousdévelopperlesqualitésdecettemesure,elleporteenelledesvicesprofonds.

Deuxième vice profond c’est que elle a été calée par descabinetsdeministères,ons’yestdit :«quelssontlesniveauxdeCSGetdeTVAsupportables?C’estàpeuprèsl’équivalent

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ladistributiond’argent.Oronabesoind’argentpourfairedelapolitiquefamiliale,maiscetargentdoitcomblerdesproblèmesbienidentifiés.

Typiquement, enFrance, il y amaintenant trente ans, on adéveloppédespolitiquesfamilialesextrêmementdispendieuses.Elles sont terriblement inefficaces. On dépense des sommesincroyablesàdesallocationslogement,etc.Etlemoinsquel’onpuissedire,c’estqueleurmaîtriseparlepolitiquefrançaisn’estpas brillante du tout. Elles sont même en dégradationpermanente.

Il n’y a qu’à voir les contorsions du journaliste qui essaiequandmêmedeseconvaincrequelaFranceauneassezbonnenatalitépouressayerd’ergotersurle1,9,le1,96,le2,03,c’estminable!Onest trèsmauvaisenpolitiquefamilialeenFrance.Jesuisdésolé,c’estcommeça.

Sionprendmestroisleviersquisont:lestressdudivorceetl’instabilitéfamiliale,leproblèmeduchômageetdelaretraiteetde l’intérêt par capitalisation, si on prend le stress del’éducationetdufuturdesenfants,onadeschampsdepolitiquefamilialeextrêmementdensesensoi.

D’une certaine façon, la politique nataliste, ce serait uneespèce de court-circuit qui permettrait, en dépensant beaucoupd’argent, pendant un certain temps, de ne pas traiter ses vraisproblèmes.

Maisjenesuispassûrqu’onfasseautrechosequecréerpasmal de délinquance parce que le divorce, c’est une sourcemajeure de la délinquance. Et que « l’argent-braguette », celafaitdesdélinquants.

Vous voyez la Russie (à l’époque cela s’appelait encorel’URSS) a sans cesse conduit et interrompu les politiquesnatalistes. Car le fonctionnaire fait une politique pour unecertaineduréeetà tousceuxquisontprisdans l’entre-deuxet

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onleurexplique:ilyavaitdel’argent,maintenantiln’yaplusd’argent.

Ce qui d’ailleurs a multiplié en URSS le nombre desavortements.

Honnêtement, les politiques natalistes, cela a tellement derisques sociétauxque c’est vraiment àmanier avecdélicatesse.Et il y a enmême temps un tel potentiel à vraiment aider lesfamilles.

Ladeuxièmechose,c’estlareconnaissance.Oui,lafemmeaufoyer.Mafemmeestunefemmeaufoyer.

Jeconnaislesujet.Jenesaispassimafemmeaunproblèmedereconnaissance.

Peut-êtrequecommejeluivoueunereconnaissancesuffisante,peut-êtrequecelaluisuffit,jen’ensaisrien.

Maispeut-êtreonvayvenir.Peut-êtrequeouinousvivonsdansunesociétéquiadonnéautravailuneplaceincroyablequid’ailleurs, historiquement, n’a pas toujours été majeure. Etpendanttrèslongtemps,cen’étaitcertainementpaslerevenuquifaisaitlepositionnementsocial.

Je ne le dénonce pas d’ailleurs. J’identifie en fait ceproblème dans nos familles. Et en même temps je stigmatise(c’est mon côté pas sympathique d’ailleurs) le fait qu’il n’estpasnormalquedansnosfamillesonaillechercherlesmauvaisessolutionsdesautres.Etc’estvraique le salairematernel,pourmoi,celarelèveunpeudelamauvaisesolutiondesautres.

Pourquoi est-ce qu’on va chercher lesmauvaises solutionsdes autres ?Et, en effet,moi, ilme semblequenousn’avons,nous catholiques, qu’une compréhension extrêmementembryonnairedecequ’ilsepassedanslafamille.

Je vous renvoie à la lecture de Familaris consorsio et jevous renvoie, si vous avez le temps, à la lecture de l’œuvreconsidérabledeJean-PaulIIlà-dessus.

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Elle est embryonnaire parce que nous découvrons petit àpetit,avecunelenteurincroyable,cetextraordinairemystèreducouple, ce que Jean-Paul II appelait « l’amour sponsal »qu’aujourd’hui on ne sait pas encore enseigner ! Il y a enparticulierlefaitdereconnaîtrel’autre.

Orditcommecela,c’estextraordinairementabstrait.Doncnosfamillesquiontavectouteslesautresfamillesdu

mal à identifier la puissance de cette réaction nucléaire qui sedérouledanslafamille,ducoup,onttendanceàrechercherdesreconnaissancesdedeuxièmeordre,detroisièmeordrequisontdes reconnaissances plutôt financières. Alors même queprécisément je pense qu’elles font des choix beaucoup plusriches et beaucoup plus épanouissants que d’autres choix quisontplusrémunérateurs.

Aussilaréponseestbienpournouschrétiensdansletempspassé à mieux révéler la richesse de ce qui se passe dans lafamille,àmieuxsavoirl’enseigneretlevaloriser.

Pour être concret, aux AFC par exemple nous avonsmaintenant depuis à peu près deux ans décidé d’investir dansl’accompagnement des couples… Pourtant, jusqu’à présent,nouspartionsduprincipequ’ilyabeaucoupd’associationsquis’enoccupent.

Et c’est comme cela que nous avons récemment produit lapièce de théâtre de Jean-Paul IILa boutique de l’orfèvres quiparledumariage,del’unionconjugale.

Jean-LucBour : Jecroisquecequiestassez intéressant,dansvotreexposéc’estdereconnaîtrequ’ilyaaujourd’huiunréelbesoindereconnaissance.

Aujourd’hui la reconnaissance est donnée par l’argent etdemainiln’yauraplusd’argentpourladonner.

Donccommentvasefairecettereconnaissance?

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considéréependantplusd’unsièclecommesubalterne,utileàlasurvie de l’espèce. Le Code civil consacrera la supériorité del’homme sur la femme jusqu’à la deuxième moitié du XXesiècle.

Iln’estdoncpasétonnantquedès ledébutduXXe siècle,alors que nos démocraties s’installent durablement dans nossociétésoccidentales,lesfemmess’organisentdansleurcombatpourl’égalité.

L’égalité comme principe fondateur de la démocratieconsacrelesdroitsdel’hommepourmesurerl’authenticitédeladémocratie.

L’égalitéparlaloi

Principed’égalitédel’hommeetdelafemme

L’égalitéestunprincipeconformémentàl’article2duTraitéeuropéenetundroitfondamental:«unedesvaleurscommunessurlesquellessefondel’Unioneuropéenne».

« L’égalité entre les femmes et les hommes est l’un desprincipesfondamentauxdudroitcommunautaire.Lesobjectifsde l’Union européenne (UE) en matière d’égalité entre lesfemmes et les hommes consistent à assurer l’égalité deschancesetdetraitemententrelesgenres,d’unepart,etàluttercontre toute discrimination fondée sur le sexe, d’autre part.Dans ce domaine, l’UE a retenu une double approche,associantactionsspécifiqueset«gendermainstreaming».Cethème présente également une forte dimension internationaleenmatièredeluttecontrelapauvreté,d’accèsàl’éducationetaux services de santé, de participation à l’économie et auprocessusdécisionnel,dedroitsdesfemmesentantquedroits

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del’homme6».LaDirectiveeuropéennede2000/43/CEdu29juin2000sur

laluttepourl’égalitéetcontrelesdiscriminationsestapplicabledanstouslesÉtatsmembresdel’Unioneuropéenneetsetrouveà l’origine de la création de la Halde en décembre 2004, enFrance.

Débutmars2010,laCommissioneuropéennearenforcésonengagement en faveur de l’égalité entre les femmes et leshommesparlaChartedesfemmes.Cettedéclarationpolitiquemetenévidencecinqdomainesd’actionessentielsetengage laCommissionàprendreenconsidérationl’égalitéentrelessexesdanstoutessespolitiquespendantlescinqannéesàvenirainsiqu’àadopterdesmesuresspécifiquesdepromotiondel’égalitéhommes-femmes.

LaCharteprésenteuneséried’engagements fondéssurdesprincipesreconnusenmatièred’égalitéentrelessexes.Elleviseàpromouvoir:• l’égalité sur le marché du travail et une indépendanceéconomiqueégalepourlesfemmesetleshommes,parlebiaisdelastratégieEurope2020;

•leprincipe«àtravailégal,salaireégal»,encoopérantaveclesÉtats membres pour réduire sensiblement, d’ici cinq ans,l’écartderémunérationentreleshommesetlesfemmes;

•l’égalitédansleprocessusdeprisededécisionpardesactionsd’encouragementdel’UE;

•ladignité,l’intégritéetl’éliminationdelaviolencefondéesurlesexeaumoyend’uncadred’actiondétaillé;

• l’égalité entre les sexes au-delà de l’UE, en abordant cettequestion dans les relations extérieures et avec lesorganisationsinternationales.

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Cette initiative intervient quinze ans après l’adoption duprogramme d’action de Pékin à l’issue de la QuatrièmeconférencedesNationsuniessur les femmes,en1995,dont jerappelle le premier objectif : « prendre le pouvoir par lesfemmes».

EnprésentantcetteChartedesfemmes,leprésidentBarrosoa déclaré : « Nous réaffirmons notre engagement personnel etcollectif pour une Europe de l’égalité entre les femmes et leshommes qui offreunemeilleure qualité de vie et un avenirdurableàtoutesettous».

Mise en œuvre de l’égalité dans toutes les sphères de lasociété.

Surleplandel’emploi

Il s’agit d’augmenter le taux d’emploi des femmes pourmettre en œuvre l’égalité homme / femme. Ainsi l’Unioneuropéenne a adopté la Stratégie de Lisbonne (2000-2010),suivie de la Stratégie Europe 2020 (2010-2020). Ce sont desmesureséconomiquesetsocialespourfairedel’Europel’espacelepluscompétitifdumonde.

La stratégie de Lisbonne prévoyait 65 % de femmes autravail. Pour Europe 2020, le chiffre à atteindre est 75%. Enoutre ce programme prévoit d’atteindre l’égalité salariale,l’égalitédesretraitesetdesreprésentationsdesfemmesdanslespostesdedirection.«LesÉtatsmembresdoiventainsilevertouslesobstaclesquiempêchentlesfemmesd’accéderaumarchédutravail. Il est de leur ressort de limiter l’effet de la présenced’enfantssurl’emploiféminin».

Comment?Enmultipliantlesplacesdecrèchescollectives,decrèchesd’entrepriseetlesgardesd’enfantsàdomicile.

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il s’agit d’élaborer « une politique féministe qui ne soit pasfondéesurl’identitéféminine».

Tous ces courants et plus spécialement l’idéologie dugenderposelaquestiondelapersonnehumainedanssonunité.Danscecontexte,lenouveauféminismen’estpasunféminismeà ajouter à une liste déjà longue. Il propose de répondre à laquestiondel’unitédelapersonneenchangeantderegardsurlafemmeetaussisurl’homme.

Lenouveauféminisme:unchemind’espérance

Aujourd’hui, une conception trop souvent positiviste de lanature nous empêche de voir la personne dans l’intégralité desonêtre,enlaréduisantàdesfonctionsouàunrôlesocial.Parexemple, la fonctiondeparentsestconsidéréedupointdevuede la fonction éducative, voire affective, et non dans son sensréeletsymboliquedel’engendrement,commepèreetmère.

Ausiècledernier,l’émancipationdelafemmes’estexpriméepour l’égalité des droits et pour le pouvoir. Pour atteindre cetobjectif,ilfallaitpasserparlalibérationsexuelle:lamaîtrisedela fécondité (loi Neuwirth) et la maitrîse de la mater-nité (loiVeil), parce que la maternité est un frein à la carrièreprofessionnelle des femmes19 et une injustice par rapport auxhommes.

Quipeutêtrecontrel’égalité?Qui peut accepter des actes ou des paroles de violence ou

d’homophobie?Personne.Mais faut-il déconstruire notre société fondée sur la

différence sexuelle pour résoudre ces injustices ou cesviolences?Ayantéchouéàpromouvoir l’égalitédans l’altérité,faut-il effacer l’altérité ? L’égalité passe-t-elle par

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l’indifférenciationsexuelle?On oublie que la lutte contre les discriminations n’est pas

une affaire de normes. C’est une question de respect de ladignité de la personne humaine et celle-ci est unique etcomplexe.C’estunequestiondeconversiondelapartdechacundenous.C’estlaquestionfondatricedelaviesociale:«Qu’as-tufaitdetonfrère?»

Des féministesont réagiau refusd’avoirprisencompte lamaternitédelafemme:YvonneKnibieler,danssonlivre«Quigarderalesenfants?»précisequeleféminismeinitialamisdecotélamaternité.

ÉlietteAbécassis,dans«Lecorsetinvisible.»«Leféminismeradicals’estconstruitcontrel’homme,tout

en le prenant comme modèle, contre l’ordre établi, contre leféminin.Etdonccontrel’identitéprofondedelafemme.

Le féminisme radical s’est construit sur le déni de lafemme,oubliantquemalgrélesdiversessituations,onobserveuneconstante:lafemmeenfanteetcelafaitladifférence.

Leshommesnetrouventplusleurplace,carl’hommeaétédéconstruitparleféminisme20.»

Le nouveau féminisme est un féminisme de réconciliation.Celle-ciestpossibleàconditiondeconsidérerlafemmedanssatotalitéunifiéecarlafemmeaunrôleirremplaçabledanslaviefamiliale et sociale. C’est une nouvelle responsabilité de lafemmepourconstruireunesociétépacifiéeavecl’homme.

Lenouveauféminismeintègredeuxperspectives:Une perspective de réconciliation de la femme avec

ellemême,entantque«femme,épouseetmère»etdelafemmeavecl’homme;

Uneperspectivededonetd’accueildudon,enparticulierledondelavieparcequel’hommeet lafemmesontdesêtresde

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relation.

Ladimensiondefemme:laféminité.

La femme doit contribuer au développement de la société,dans le monde du travail et dans toutes les instances de lasociété.Ellen’apasàs’excuserouàsejustifier.Celademandede sortir de la dialectique femme au travail/femme au foyer etconsidérer que la femme peut s’investir dans l’un et l’autredomaine.Aujourd’hui,alorsquelesjeunesfemmessontsortiesdecetteopposition,tropdepartisprisexistentencore.

D’une part, la reconnaissance du travail invisible dans lafamille se fait attendre, alors qu’il est reconnu dans lesassociations,parleParlementeuropéen,notamment.

D’autrepart,l’objectifde75%defemmesautravaildanslastratégie Europe 2020 est arbitraire. Pourquoi 75% ? Noussavons qu’en France 83% des femmes ont une activitéprofessionnelle.

Danslesdeuxcas,nousvoyonsbienladifficultéàaccepterquelaviedelafemmen’estpaslinéaireetqu’ilseraitplusjustedecréerlesconditionspouraccompagnerlechoixdesfemmes,ycompriscellequiveulents’engagerdanslaviepolitique.C’estde la responsabilité des pouvoirs politiques pour qu’aucunediscrimination ni vexation ne soient exercées à l’encontre desfemmes.

Ladimensiond’épouse:lasponsalité

J’entendsparcetaspect lacapacitédelafemmeàcoopéreravecl’hommedanslafamille,danslavieprofessionnelleetdanslaviepolitique.

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ÉlizabethMontfort :Pourquoipas ?Alors, je trouvequec’estunargumentàutiliser.

Ce courantdémocratiqueparitaire, il est intéressant surunpointcarilestquandmêmefondésurladifférencesexuelledel’hommeetdelafemme,surl’altérité.

Etjevousaibienditquedanschaquecourantilyaunpointpositif, undébutqui est positif et onvoit bien le sens et puistrèsviteonabsolutise,onenfaitletoutalorsquec’estunaspectdelaquestion.

C’estlepropredel’idéologie.Lasociétéestparité,oui.Est-cequecelaveutdireque,danstouslesdomaines,ilfaut

quelaparitésoitdécrétée?Maisnon,parcequelà,onestdansl’abstraction.Onestpresquedansletotalitarisme.

Parceque lasociétéestdans laparitéalors il fautdécréterdesquotas?Non!Qu’onlaisselescompétencess’exprimer,leschoixoualors,commevousdites,qu’onaillejusqu’aubout.

Vous savez qu’aujourd’hui en médecine il y a 75 % desétudiantsquisontdesjeunesfilles.Alors,attention!

À l’École de la magistrature 70% des étudiants sont desjeunesfilles.Attention!

Etdansl’enseignement,c’est90ou95%.Danslesécolesd’agro:70%sontdesfilles.J’aiunefille

quiafaitl’écoled’agro,jen’airiencontre,cen’estpascequejeveuxdire.Maisattention!

C’estàlafoislecôtédirectifetautoritaire.Ondécrètequedanslesconseilsd’administration,ilfautXfemmesouX%defemmes.

C’estpourçaquetoutàl’heurejevousdisaislaphrasedeMonsieurBaroso:«Pourunmieuxvivreensemble».Non,cen’est pas l’abstraction, ce ne sont pas les décisions arbitrairesquivontnouspermettredemieuxvivreensemble.

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Surl’égalité.Tantquel’égalitéestréduiteaufaireetàl’agir,onn’arriverapas!Parcequemêmeentrefemmesonn’exercerapaslesmêmesfonctionsparcequ’onn’apaslesmêmestalents.Entrehommes,c’estpareil.

Donc essayons de voir ce qui fonde l’égalité. Et après,laissons les talents s’exprimer, les souhaits, les désirs maissortonsdecettepenséeparalysante

AlberteVoulleuy:Surladifférenceentreleshommesetlesfemmes;si l’onpenseausortdramatiquedes jeunesfillesquiavaient des enfants sans être mariées. C’était épouvantable !Cela peut expliquer l’aigreur de certaines féministes. On n’enparlepas.

Je ne suis pas pour la paritémathématique, je trouve celaridicule.Ilyadesfemmesremarquablesquin’ontpasvocationàfairecarrière.

Jefiniraisurparentetparentalité.Ilyaquandmêmebeau-coupdefamillesrecomposéesmaintenant.Ilfautvoirleschosescommeellessont.Etest-cequeceneseraitpasjustementparcequesouventl’hommequiestprésentdanslafamillen’estpaslegéniteurqu’onparlede“parentalité”etplusde“parent”?

ÉlizabethMonfort:Vousavezposédeuxquestions.Votre réaction, légitime, à une manière de considérer la

femmeoulamèreétaitinsupportable.C’est ce que j’ai dit tout à l’heure. Au XVIIIe siècle, au

siècledesLumièresonnevoyaitdanslafemmequesafonctionreproductive.C’estinsupportable!Etlàonestbiendansl’unitéde la personne voyez, on ne prenait pas en compte toutes lesautresdimensionsdelafemme.

Donclescourantsféministessesonteneffetdéveloppésenréactionsurcepoint,enréactionsurceregardfaussé,cetteprise

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encomptefausséedelafemme.Ensuite,laparentalité.Alors,c’estvrai,c’estunfaitqu’aujourd’huiilyabeaucoup

plus de familles (alors, j’ai horreur de ce mot “décomposé”,“recomposé”), il y a des reconfigurations plus qu’il y a vingtans,cinquanteans.Maisunenfant,mêmesisonpèreousamèrene le voit pas très souvent, dans une grandemajorité des cas,l’enfant voit de moins en moins son père, il n’empêche qu’ilreste son père et on n’a absolument pas le droit de lui fairecroire qu’un autre homme a pris sa place et que ce sera unparent. En revanche, que le deuxième mari de sa mère (voussavez, on ne sait même plus parfois quel mot utiliser) peuteffectivementprendreenchargel’éducationdel’enfant,etc’estlàqu’onpeutparlerdepaternité.

Jenesuispas làpour fairecegenredepromotiondecettesituation,jesuisentraind’expliquerqueparfoisunhomme(etcela peut être une autre personne) peut exercer une paternitéspirituelle, cequ’onpeut appelerunepaternité spirituelle, uneréférencepourl’enfant,pourl’aideràgrandir.Maisilnepeutenaucuncasêtreundeuxièmeparent.

Attention, parce que là aussi onmettrait l’enfant dans desconfusions, dans des situations floues ou confuses. Alors,attention!

Père Jean-ChristopheChauvin : La première chose queditl’enfant,c’est«tun’espasmonpère»,donctun’aspasledroitdemecommander.

Anne Duthilleul : Peut-être une remarque et aussi unequestion.

La remarque ou un témoignage négatif, parce que jereconnais l’erreur que j’ai pu faire en tenant certains propos,

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ou de durer dans lemariage, est suspendue à l’impératif de la«réalisationdesoi»,quiconjuguetroisfacteurs:l’autonomieprofessionnelle,unevieamoureusegratifiante,desenfants,maisdansleslimitesimposéesparlesdeuxpremiersimpératifs.

La perspective de saint Augustin est bien différente. Pourl’évêque d’Hippone, le mariage est, avant tout, l’expressionfondamentale et la première réalisation de la nature sociale del’êtrehumain.Illeditenintroductiondesontraitésur«lebiendu mariage » (traité dans lequel il prend position dans lapolémiqueentresaintJérômeetleprêtreJovinien).Jevouscitecettepage:

« Du fait que chaque homme est un élément du genrehumainet,desanature,unêtresocial, ilenrésulteungrandbiennaturelquisedoubled’unpuissantinstinct(vim)d’amitié.Dieu a voulu tirer tous les hommes d’un seul pour qu’ilsfussentmaintenusensociéténonseulementparlaressemblancedeleurrace(similitudinegeneris),maisencoreparleliendelaparenté(cognationisvinculo).Lapremièrealliancescelléeparlanaturedanslasociétéhumaineestdoncl’uniondel’hommeetdelafemme.Dieunelesapascréésséparément,niunisl’unà l’autre comme des étrangers, mais il a tiré la femme del’homme,marquantmême la force (vim) de leur union par lacôtequ’ilaextraitedel’unpourformerl’autre(Gn2,21).Eneffet, ils sont unis côte-à-côte ceux qui marchent de pair, lesyeuxfixéssurlemêmebut.Ilsuitdelàquelacontinuitédelasociétésefaitparlesenfants,seulfruithonnête,nondel’uniondumarietdelafemme(conjunctionis),maisdeleurcommercecharnel(concubitus)4»

Jesoulignetroispoints:– Chez la créature humaine, la vie en société est un bien

naturel.Onnedoitpasyvoirunétatdefaitcontingent,quise

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serait imposé à unmoment de l’histoire, pour répondre à desnécessitéséconomiques,oupoursortirdelaviolencemeurtrièrede tous contre tous. L’être humain tend de soi, naturellement,vers une existence sociale. Les formes de vie sociale etd’organisation politique sont variées, elles sont relatives auxtempsetauxlieux,maislefaitsocialestuniversel.

–Le lien sociala la forced’uneamitié. Iln’estpas fondé,commechezlesanimaux,surlaressemblanced’espèce,maissurl’ascendancecommune.Leliensocialneselaissepasréduireàdes rapports de dominant à dominés. Sa nature profonde estl’amitié qui naît des liens de parenté – la fraternité. Les êtreshumains se reconnaissent mutuellement comme les membresd’unemêmefamillehumaine.

–Lapremière réalisationde la sociétéhumaineest l’unionde l’homme et de la femme. La société humaine ne fut pasd’abord un groupement indistinct d’hommes, de femmes,d’enfants,d’oùauraientémergé,àunecertaineépoque,cequenous appelons le mariage et la famille. De plus, l’union del’hommeetdelafemmepossèdeunevaleurensoi:ellen’apaspouruniquefinalité,nipourseule raisond’être, laprocréationet l’éducation des enfants. Le mariage est un bien « nonseulement à cause des enfants, mais en raison de la sociéténaturellequ’il établit entre les sexes» (debonoconjugali, III,3).

SaintAugustin tiresadoctrinedesdeuxpremierschapitresdelaGenèse.DansGn1(lerécitsacerdotaldelacréation)l’êtrehumain–l’adam–estcrééhommeetfemme,etnonpas«selonsonespèce»,commec’estlecaspourlesplantesetlesanimaux.La bénédiction de la fécondité est adressée au couple originel(Gn1,28).Danslerécit«yahviste»,nouslisonsqu’«iln’estpas bon que l’homme soit seul » (Gn 2,18). Ce que nousinterprétons:ilappartientàl’humanitédel’hommed’existeren

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relationavecunautresemblableàlui.C’estpourquoilafemmeest«bâtie»àpartirducôtédel’adam(Gn2,22).Lacréationdel’homme(êtrehumain)estachevéelorsqu’ilestcrééhommeetfemme,envis-à-vis,ou,mieux,côte-à-côte.Enfin,del’unetl’autre récit, saint Augustin tire que tous les êtres humainsdescendentdumêmecoupleoriginel :nous sommesdonc tousapparentés.

Avantd’êtreun«atoutpourlasociété»,l’uniondel’hommeet de la femme est la première société. Elle est l’expressionoriginelle de la nature sociale de l’être humain. « Originel »,« premier », entendus, non pas dans un sens chronologique,mais ontologique. Le Concile Vatican II le rappelle : « MaisDieun’apascréé l’hommeseul :cardès l’origine«Il lescréahomme et femme » (Gn 1, 27), et leur union constitue lapremière forme de la communion des personnes. En effet,l’homme, par sa nature profonde, est un être social, et, sansrelation avec les autres, il ne peut ni vivre ni épanouir sesqualités » (GS12).Ainsi, l’union de l’homme et de la femmen’estpasuneformeparmid’autresdelieninterpersonnel.Ilestinsuffisant d’y voir l’expression d’une nécessité naturelle quenous serions aujourd’hui parvenue à dépasser, grâce auxmerveillesdelascience.Lesensdel’uniondel’hommeetdelafemme dépasse le domaine biologique : elle concerne l’êtrepersonnel par la médiation des corps. Ce qui se joue estl’intégrationde l’altéritéetde l’alliancedansnotreconceptiondelasociétéetnotremanièredevivreensemble.

VaticanII

Dans la citation que j’ai faite plus haut deGS 12, j’attirevotre attention sur l’expression«communiondespersonnes».J’ai déjà cité la définition conciliaire du mariage : « une

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(ectogenèse), sans parents, pour être ensuite élevéscollectivement, ferait gravement violence à l’humanité del’homme.

Lafamilleestunatoutpourlasociétéparcequ’elleoffrelesocle affectif sur lequel une personnalité peut se construire. Ilfaut être aimé, encouragé, afin d’accéder à la confiance en soisuffisantepourprendreenmainsonexistence,pourdevenirunsujetactif,participatifdelavieensociété.Auprincipedenotrevie, nous avons besoin de bienveillance. C’est ainsi que nousacquérons la force intérieure nécessaire pour vivre, pourconstruire, pour résister aux épreuves, pour surmonter lesobstacles,pourmeneràbiendesprojets.

La famille est un atout pour la société parce que le lienfamilialestlapremièreexpérienceduliensocial.Certes,ilfautdistinguerfamilleetsociété.Ellesnesontpasréductiblesl’uneàl’autre.Parrapportàtouteautreespècedelien,lelienfamilialestpremier,singulier, indépassableet irremplaçable.Lasociétén’apasvocationàdevenirunegrandefamille,nilafamilleàsedissoudre dans la société. Mais distinguer ne veut pas direopposer. C’est dans la famille que se fait le premierapprentissage de la vie en société. La société de son côtésoutientlesfamilles.Ilnefaudraitpasquesecreuselafractureentredesrelationssociales(professionnelles,notamment)dures,où la personne n’est pas considérée pour elle-même, et desrelations familiales seulement affectives. D’une part, nousdevonsœuvrerpourque les relationssocialesprogressentdansle sens de la fraternité, de la reconnaissance mutuelle despersonnes,durespectdeleurdignité.D’autrepart,nousdevonsveiller à ce que nos familles soient ouvertes à l’autre et aumonde, et qu’elles orientent les enfants, hors d’elles-mêmes,versl’avenir.

La famille est un atout pour la société en raison des

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solidaritésfamiliales.Noussavonslerôleimportantquejouelafamilleencasdedifficultédetravailoudesanté,ouencorepourvenir en aide aux parents qui ont chacun leur activitéprofessionnelle,oupourentourer lespersonnesentréesdans legrandâge(lasociétéfrançaisetientbongrâceàlagénérationdes« jeunes grands-parents » qui ont souvent en charge à la foisleursparentsetleurspetits-enfants).

Finalement–etc’estcepointquenousavonsdéveloppé–lafamille est un atout pour la société parce qu’elle est un atoutpourl’êtrehumain.Elleestleberceaudel’homme,lelieuoùilestaimépourlui-même,gratuitement,endehorsdetouteutilité,où il est reconnudans sa singularité et sonunicité.Elle est ledomaineprivilégiédelagratuitéetdudon,del’allianceetdelacommunion, qui sont les valeurs propres de la personne. Unefamille où ces valeurs sont vécues, au moins approchées,s’engageactivementdanslasociétéetcontribueàl’humaniser,àl’orienterverssonaccomplissementvouluparDieu:réunirtousleshommesdansl’unité,enunseulcorps.

Bien entendu, cela ne va pas de soi. Aucune famille n’estparfaite.Iln’ypasd’éducationquineprésentedesfaillesetquine laisse de blessures. Un amour qui entoure, sans loi quisépare, peut générer des personnalités désemparées face auxdéfisdel’existence;laplusgrandeintimitépeutêtrel’occasiondes plus grandes violences.Mais cesmanques n’infirment pasl’idée principale : la famille est une réalité humaine originellequi est essentielle au bien de la personne, comme au biencommundelasociété.

Échangedevues

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Jean-MarieAndrès : J’ai deuxquestions qui ne sont pasfacilesàformuler.

Lapremière:dequellenatureestdoncl’êtrehumaindéfinidanslaGenèse?Et,enparticulier,quelestlelienentrecelui-ciet cette mission qui y est définie et, à mon sens, qui estessentielle à l’être humain qui nomme les choses. Ce quicorrespond aussi au catéchisme : nous avons été créés pouraimeretconnaîtreDieu.

C’est assez important parce qu’on comprend mieux leproblèmedelasolitude,oncomprendmieuxenquoic’estutileetplusqu’utiled’êtredeux.

Deuxièmequestion:finalement,qu’est-cequec’estqu’êtreaimé?

Vous avezdéfini fort joliment le socle affectif.Quel est laspécificité de l’amour familial ? Je dirai l’amour conjugal etfamilial,donccesdeuxniveaux.

Enquoiest-cespécifiqueetenquoiest-ceindispensable?

PèreJacquesdeLongeaux:Cesquestionssontvastesetriches.

Je répondrai sur la solitude, tout d’abord. On lit dans laGenèsequ’«iln’estpasbonquel’hommesoitseul»(Gn2,18).La solitude est-elle seulement mauvaise ? Elle est plutôt uneréalité paradoxale. On peut la comprendre d’une manièrepositiveoud’unemanièrenégative.

Jevaismeréférerdenouveauàl’enseignementdeJean-PaulII et à la sériedescatéchèses sur la théologieducorpsqu’il adonnées pendant les premières années de son pontificat. Jean-Paul IIacommenté la significationde la solitudeoriginelledel’hommedanslepremiercycledecescatéchèses.

Ill’acommentéetoutd’aborddansunsenspositif.Ilinter-prète la solitude originelle comme la prise de conscience par

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plusheureuxdansune familleunie et organiséequequand ilsétaientmisàl’orphelinatou,aucontraire,confiésàdesparentsquines’occupaientpasd’eux.Cela,c’estunaspect.

Et je trouve que les difficultés que rencontrent les parentsdansleurfamillesontduesauximperfectionsdespersonnesquipeuvent être des chrétiens excellents mais pas tout à faittoujourssuffisantssurleplanhumain.

Etd’ailleurssinoussavionsquenoussommestousissusdela loi divine ce serait plus facile dans des ménages quimarchent…

Je voudrais dire simplement qu’on peut faire des familleshomosexuelles.Sij’aienviedeme«marier»avecquelqu’undumêmesexequemoi,ceseraitregrettablemaispasgénéralisable.

Lescaspersonnelsnedoiventpasêtregénéralisables.J’ai été élue pendant vingt-deux ans donc j’ai reçu

énormément de gens très différents de milieu, d’âge, deconditions,denationalité,etc.

On a l’impression que tous recherchent le bonheur.Qu’ilssoient chrétiens ou pas, ils recherchent le bonheur etgénéralementilsletrouventdansdesvieséquilibréesdemanièretoutàfaitbanale:unmari,unefemmeetdesenfants.

Celanemarchepas tout le temps,mais il faut espérer queceladurera,malgrétout,trèslongtemps.

BernardLacan:Maquestionestunpeulamême.Aufonddansvotreexposéremarquableetpassionnant,ilya

unmomentoùvousavezdit«onnepeutpasconvaincre».C’estunegrandequestiondansunesociétéaujourd’huiqui

neconsidèrepaslafamillecommeunbienetcommeunatout.Pour la société, s’agit-il simplement d’un exemple que la

famille chrétienne doit donner au-delà des imperfectionshumaines?

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S’agit-il de chercher aussi à convaincre dans le discours,dansunepenséeplussynthétique,plus ramasséepouravoirunraisonnementqui tientendeuxminutes, commecedoit être larègleàlatélévision?

Les chrétiens me paraissent aujourd’hui en manque deprésence,enmanquedecapacitéàconvaincresurceàquoi ilscroient. Nous ne souhaitons pas que la famille soit perçuecomme un bastion mais qu’elle soit utile humainement à lasociété.

Père Jacques de Longeaux : Vos deux interventions serejoignent.

Onnepeutpasconvaincre?Ouietnon. Jepensequ’ilnefautpasbaisserlesbrasapriorisurlesgrandssujetsdesociétéquiserontsoumisàdiscussion.Ilfautluttercontrelatentationdurejetdumondetelqu’ilva,etdureplisursoi.Ilfautentrerdans ledébatavec intelligenceendéveloppantunargumentairerationnel.

Lapositiondel’Églisecatholiqueestattenduesurlessujetsde société, à défaut d’être toujours entendue. J’en faisl’expérience à la commission nationale consultative des droitsdel’homme,oùilm’arrivededébattredecesquestionsavecdespersonnesquiappartiennentàdes famillesphilosophiques trèsdifférentes de la mienne. Pour prendre un autre exemple, letravailquiaété faitpar l’épiscopatà l’occasionde ladernièrerévisiondes loisdebioéthiqueestexemplairede lavolontédedialogue exigeante de l’Église13. Je suis d’accord avec vousqu’il faut savoir condenser l’essentiel de l’argumentation dansquelques phrases pour faire passer unmessage à la télévision.Seulement, tout lemonde ne sait pas le faire. Les sujets sontcomplexesetlestalentssontvariés.

Il ne faut pas baisser les bras ! Comme le disait madame

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Marchal, lesgensontdubonsens.Ilssaventqu’ilestmeilleurpourunenfantdegrandirdansunefamilleunie,fondéesurunmariagestable,etd’avoirunpèreetunemère.Ladéfaiten’estpas assurée.Quoi qu’il advienne, nous aurons combattu, nousauronsjouélejeudémocratique.L’Églisecatholiquenecherchepasà imposerà la sociétédes règlesdevie religieuses,maisàdéfendreetàpromouvoirlebiencommundelapersonneetdelasociété.

Noustouchonsicilalimitedudiscours.Àtoutargument,onpeut opposer un argument contraire. En fin de compte, c’estl’exemple des couples et des familles qui est, et restera, lemeilleur argument en faveur du bon sens. Bien entendu, rienn’est automatique : un enfant élevé dans le contexte d’unefamilledite«traditionnelle»peutallermal,tandisqu’unautreélevé dans l’une des « nouvelles » formes de famille peut seconstruiretrèsbien.Maisilnesuffitpasdedire:laseulechosequi compte est que l’enfant soit aimé. La double originemasculine et féminine, paternelle et maternelle, est un bienconstitutifdel’humain.Lesenfantsferontladifférence.Conçusparprocréationartificielle,élevéspardeuxfemmesoupardeuxhommes, ils sauront qu’ils n’ont pas eu, comme les autres, unpèreetunemère.N’est-cepasintroduireunenouvelleformedediscrimination?

Séancedu14juin2012

1. Cf. JEAN-PAUL II, Homme et femme, il les créa. Une spiritualité ducorps,Paris,Cerf,2004(catéchèsesdumercredi,du5septembre1979au28novembre1984).2.BENOÎTXVI,encycliqueCaritasinVeritate,n°2.3. Cf. M. SÉGALEN, « La famille : questions actuelles et avenir desdiversités ? » dansCARDINALANDRÉVINGT-TROIS,La famille.Héritage

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letroisième:silafamilleestàlafoisuneaffaireprivéeetuneaffaire publique (comme l’avait très justement retenu il y aquelquesannées le titredu rapportGodet-Sullerot), les secretsd’alcôve,dontserepaissentpourtantlesmédiasetlatélévision,doiventresterdudomaineprivé.

Enquelquesmotstoutestdit.Quandonditfamille,toutdesuite l’image vient à l’esprit, du monsieur et de la dame qui,commedanslescontes,viventheureuxavecbeaucoupd’enfants,ou la réminiscence littéraire avec le cercle de famille quiapplaudit à grand cri lorsque l’enfant paraît, voire lecontretémoignage gidien : familles, je vous hais ! Cependantcette référence implicite à la norme sociale est très souventcontredite, notamment par les politiques : la société a changé,d’autresmodèles familiaux sont apparus, etc., ce qui constituepourlemoinsundiscourstendancieux,carl’unionlibrenedatepas d’hier, le divorce non plus. Ce qui est nouveau peut-être,c’est que la complaisance à l’égard de situations autrefoisconsidérées comme anormales voire scabreuses a pourconséquence la prolifération de situations sociales difficiles…quelasociétédoitprendreencomptesicen’estencharge.

Mais ceci se fait au détriment du mariage, lequel avaitinitialementundouble,voiretriple,but.Commedanslaplupartdessociétéslemariageestl’occasiondesolenniserlepassageàl’âgeadulte.Ilestfondamentalementouvertàlatransmissiondela vie, dans le cadre d’un foyer qui s’engage aux yeux de lasociétéàrépondredelamissiond’éducationdesenfants.Iln’estpas la reconnaissance officielle de telle ou telle pratiquesexuelle, ni même du développement de la vie affective desépoux,mêmesidepuisquelquessiècleslemariaged’amourestdevenulemodèlecourantd’unionlégitime.

Laloiinstituelemariageenvuedelafamille,etnoncommereconnaissancesocialeducouple,toutsimplementparcequela

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société n’a pas tant besoin de couples que d’enfants, etd’enfantsbénéficiantdumeilleurcadrepossiblepourdevenirlesadultesdedemain.D’oùl’erreurd’appréciationducandidatàlaprésidencedelaRépubliquelorsqu’iljustifiaitlemariagecontrenatureparlefaitquelesintéresséss’aimaient…

Il fautpeut-être réfléchir à certains aspects juridiquespourmieux apprécier les justificatifs du fait familial et leurperceptiondanslasociété.Lorsqu’unepersonnedoitjustifierdesonidentité–quiestqui?–elleproduitsacarted’identitéquila définit par les renseignements complets de son état-civil :nom,prénom,dateetlieudenaissance,pèreetmère,profession,domicile. Lorsqu’il est nécessaire de justifier de son état defamille,onvousdemandevotre livretdefamille.C’esteneffetle document officiel qui permet de prouver votremariage et lanaissancedevos enfants. Il faut reconnaître que le formalismes’enestcompliquédepuisquelemariagen’estplusleseulactejuridiquequifondelafamille.Eneffet,

enFrance, le livretde familleestdélivrésoitauxépouxàl’issuedelacérémoniedeleurmariage,soitautomatiquementlorsdelanaissancedupremierenfantd’uncouplenonmarié.Ilestultérieurementetéventuellementcomplété,parlesextraitsd’acte de naissance des autres enfants ou par lemariage, laséparationdecorps,ledivorceetledécèsdesparents.Depuisle1er juillet2006, lenouveaulivretde famille,appelé« livretunique»,doitobligatoirementcomporterlesextraitsd’actesdenaissance de tous les enfants d’unmême père et d’unemêmemère ; en revanche les enfants issus d’une autre union del’hommeoude la femmen’ontpasà y figurer : par exemple,une femmequiaeu troisenfantsavec troishommesdifférentsaura trois livrets de famille. Un livret de famille n’est pasdélivré à l’occasion de la conclusion d’un pacte civil de

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solidarité.Ces dispositions montrent notamment qu’un même adulte

peut appartenir conjointement àdeuxouplusieurs familles, ensortequ’unepopulationn’estpluscomposéedefaçonunivoqued’unensembledefamilles(enmettantàpartlescélibataires).

Laperversiondulangageetparlelangage.Lesavatarsdunomdefamille

Nouséprouvonsdoncquelquesdifficultésàsavoircequ’ilfautentendreparlemotfamille.Notonsquenousenauronstoutautant aujourd’hui avec les substantifs (père, mère), parent,conjoint.Nous devrons nous accommoder de néologismes, quirelèveraient de la pure pédanterie s’ils n’étaient si aisémentpassésdanslesmœurs:parentalité,conjugalité,…

Depuis des siècles on s’est accommodé d’utiliser deuxsubstantifspourdésignerlaparentédupèreetcelledelamère,tout simplement parce que l’on reconnaissait, naturellement,qu’ellesétaientdifférentes,aveccertesdespointscommunsquin’en faisaient pas l’essentiel au point d’avoir dû employer unnomquileurfûtcommun.Paternitéetmaternitéfaisaient,sil’onpeutdire,bonménage.Pourquoidonca-t-ilfalluattendrelafinduvingtième siècle pour que s’imposât le douteuxnéologismedestiné à les confondre et les banaliser dans la seule notion ôcombienréductricede«parentalité»:onsaitl’usagepernicieuxquienestfaitetlesfinspoursuiviespardes«déconstructeurs»delafamille.

Il en va de même, semble-t-il, pour les conjoints, ou lesépoux,dontl’étymologieparaîtsuffisammentclaire: lesépoux«en justesnoces» sont conjointspar lemariage.Lespuristess’interdiront donc de parler de conjoints pour des pacsés, à

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•HistoriqueDepuis sa création en 1922, l’Académie regroupe des

personnalités qui contribuent à approfondir le catholicismesocialetpluslargementlechristianismesocial.

Elleestdecefaitl’undeslieuxoùl’enseignementsocialdel’Égliseaétéreçucommefécondateurdel’actiondesChrétienset l’un des creusets où l’expertise sociale des confessionschrétienness’estforgée.

Fondateurdel’AES:M.BRUWAERT,MinistrePlénipotentiaire

Anciens présidents : Cardinal BAUDRILLART, GeorgesGOYAUde l’AcadémieFrançaise, JeanLEROLLEdéputé deParis, Joseph ZAMANSKI président du Patronat Chrétien,Robert GARRIC de l’Institut, Henri GUITTON de l’Institut,André AUMONIER président du Secours Catholique et duPatronatChrétien.

•LESTRAVAUXDEL’AESIls sont diffusés, après chaque séance, sur le site del’association.Chaqueannéesontéditéesdesannales,recueildescommunicationsetdesdébatsqu’ellesontsuscités.•Lavieintérieure.Unenouvelledemande–Annales1996-1997(Fayard)

•La transmissionentre lesgénérations.Unenjeude société–Annales1997-1998(Fayard)

•Questionspour leXXIe siècle.Deschrétiens s’interrogent–Annales1998-1999(Fayard)

•Aurisquedelascience–Annales1999-2000(Fayard)• Repenser l’Éducation nationale – Annales 2000-2001

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(Bayard)•L’unitédugenrehumain–Annales2001-2002(AES)•UnmondesansDieu?–Annales2002-2003(FXdeGuibert)•Latransgression–Annales2003-2004(FXdeGuibert)• Le travail, accomplissement ou servitude – Annales 2004-2005(FXdeGuibert)

• Immigration et bien commun – Annales 2005-2006 (FX deGuibert)

• Homme et femme Il les créa – Annales 2006-2007 (FX deGuibert)

•L’hommeetlanature–Annales2007-2008(FXdeGuibert)• Qu’est-ce que l’homme ? – Annales 2008-2009 (FX deGuibert)

•Qu’est-cequelavérité?–Annales2009-2010(DDB/FXdeGuibert)

•Àlarecherched’uneéthiqueuniverselle–Annales2010-2011(DDB/FXdeGuibert)

•Pourunesociétéplushumaine–Cycled’étude2012-2013

•LESPRIXDEL’AESL’académie décerne, lorsqu’elle l’estime indiqué, le « Prix

de l’AES» destiné à encourager un auteur, uneœuvre ou uneréalisation sociale ; ou elle attribue avec l’AEES le « PrixHumanisme chrétien » destiné à un ouvrage novateur etformateur, accessible au plus grand nombre, et répondant auxvaleursdetraditionsocialeetd’humanismechrétien.

Prix1992:“LepassagedelamerRouge”deDenisLenselPrix1993:MaisonMauriceMaignenPrix1994 :“Bioéthiqueetpopulation : lechoixde lavie”de

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MichelSchooyansPrix1995:UCJG(UnionChrétiennedesJeunesGensFoyerdelaruedeTrévise)

Prix1996 :“L’histoirechrétiennedelalittérature.L’espritdeslettresdel’Antiquitéànosjours”deJeanDuchesne

Prix1997:AssociationdesécrivainscatholiquesPrix1998 :“LaCroixet leCroissant.LeChristianismefaceàl’Islam”duPèreAntoineMoussali

Prix1999:Centrecatholiqueinternationalpourl’UNESCOPrix2001:“Unsiècledetémoins”deDidierRancePrix2003:Officechrétiendespersonneshandicapées–OCH

PrixHumanismechrétien2004:MoraleendésordreduPèrePaulValadiers.j.–ÉditionsduSeuil

PrixHumanismechrétien2005:ÉtincellesduPèreFrançoisCassigéna-Trevedy–ÉditionsAdSolem

PrixHumanismechrétien2006:LemoineetlapsychanalystedeMarieBalmary–ÉditionsAlbinMichel

Prix Humanisme chrétien 2007 : Les mirages de l’ArtcontemporaindeChristineSourgins–ÉditionsdeLaTableRonde

PrixHumanismechrétien2008:PhilippineLaforced’uneviefragiledeSophieLutz–Éditionsdel’Emmanuel

Prix Humanisme chrétien 2010 : Édith Stein devant DieuPourtousdupèreDidier-MarieGolay–ÉditionsduCerf

PrixHumanismechrétien2011:ToutserapardonnédeMarieViloin–DVD–LeJourduSeigneur

Prix Humanisme chrétien 2012 : Chemins de traversed’EmmanuelFaber–ÉditionsAlbinMichel

•CONSEILDEL’ACADÉMIEPrésident : Jean-Didier Lecaillon, Professeur d’Économie à

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ParisII(Panthéon-Assas)Secrétaire général : Jean-Paul Guitton, Ingénieur général del’Armement(C.R.)

Trésorier : Hervé de Kerdrel, Responsable financier à laSociétéGénérale

Membres : Nicolas Aumonier, Maître de Conférence enHistoire et Philosophie des Sciences à l’Université JosephFourier Grenoble I, le Père Jean-Christophe Chauvin,religieux de saint Vincent-de-Paul, Anne Duthilleul,Ingénieur général des Mines, Bernard Lacan, ancienPrésident du Centre Catholique International pourl’UNESCO, Henri Lafont, Président de l’Association desmédecinspour le respectde lavie,ÉdouardSecretan,Vice-PrésidentdelaSociétéd’économieetdesciencesociales

*AEES–Associationd’éducationetd’entraidesocialesFondéeen1925,àLausanne,parlesfondateursdel’Académie,auxquels se sont jointes des personnalités suisses, poursoutenirl’actiondel’Académieetpoursuivrelesmêmesbuts.

AES5,rueLasCases–75007PARIS

[email protected]