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Qui la pratique? LA GESTION DU RISQUE D’ENTREPRISE actuaires.ca Document 201048

La gestion du risque d'entreprise: Qui la pratique? (210048) · 2019. 4. 26. · La caution est fonction du risque de crédit — l’assureur ne subit une perte que si le détenteur

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Qui lapratique?

L A G E S T I O N D U R I S Q U E

D’ENTREPRISE

actuaires.caDocument 201048

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À L’AUTOMNE 2008, l’Institut canadien des actuairesa publié la brochure intitulée La gestion du risqued’entreprise – Devriez-vous instaurer la gestion durisque d’entreprise?, qui avait pour objet de présenterdes renseignements de base sur le nouveau domainede la gestion du risque d’entreprise (GRE) àl’intention des conseils d’administration et de lahaute direction des sociétés (www.actuaires.ca/members/publications/2008/ERM/208070f.pdf).L’Institut a décidé d’étendre ses efforts avec cettedeuxième brochure, laquelle met l’accent sur les défiset les possibilités auxquels sont confrontés lesprofessionnels de la GRE, et comment ils peuventaider leurs employeurs ou leurs clients. La GRE a été décrite comme étant « […] la

discipline par laquelle une organisation de quelquesecteur que ce soit évalue, contrôle, exploite, financeet surveille les risques de toute provenance afind’accroître sa valeur à court et à long terme pour lesparties prenantes. » (1) Les actuaires ont été à l’avant-garde du développement de la GRE dans le secteurdes assurances et maintenant, l’industrie canadiennedes assurances comprend quelques-unes des sociétésd’assurance les plus solides du monde. Nousprévoyons qu’un grand nombre d’actuaires pionnierscontinueront d’appliquer leurs compétences et leurs

modèles très prisés hors des domaines traditionnelsde la pratique et mettront à profit leurs connaissancesau sein d’industries qui possèdent chacune une façonunique d’aborder la mesure et la gestion du risque.À cet égard, le titre de CERA (Chartered Enterprise

Risk Analyst) a été créé en 2007 par la Society ofActuaries (SOA) et adopté par 14 organismesactuariels internationaux en tant que titre decompétence reconnu à l’échelle mondiale en matièrede GRE. Il envoie aux employeurs et aux candidatsun message clair leur indiquant que les compétencesdes actuaires comprennent des connaissances et uneexpertise importantes en matière de gestion durisque, en particulier en cette ère de mondialisationcroissante. Consultez le site www.ceraanalyst.orgpour en savoir davantage au sujet de ce nouveau titre,et www.actuaires.capour obtenir plus d’informationau sujet de la profession actuarielle au Canada.

1 www.casact.org/research/erm/frame.pdf

LA PLUPART DES ASSUREURS CANADIENS depersonnes appliquent la gestion du risque depuisde nombreuses années. Avec le temps, le rôle de laGRE a évolué et est devenu plus centralisé et plusofficiel. Dans la plupart des cas, des pratiques deGRE reconnaissables et le rôle officiel de directeurde gestion des risques sont en place depuis cinq àdix ans. Cela témoigne d’une vision plus globale desrisques à l’échelle de l’organisation, de laconsolidation des activités de gestion du risque etd’un profil accru de la gestion du risque en tant quefonction essentielle des activités et de la gestion. Les activités clés associées au passage à un cadre

de GRE sont les suivantes : • établissement d’une culture du risque, offre de la formation sur le risque et promotion de lasensibilisation au risque dans l’ensemble del’organisation;

• transmission des rapports consolidés sur lerisque aux principaux intervenants, y compris la haute direction et le conseil d’administration,

les agences de notation et les organismes deréglementation;

• définition et gestion du capital économique;• agrégation des risques qui pèsent sur les unitésopérationnelles et détermination des effets de ladiversification ou de la concentration;

• énonciation de la tolérance au risque, déter-mination des frais appropriés à évaluer pourassumer divers risques et surveillance desexpositions relatives aux limites de la toléranceet de la capacité à assumer les risques.

La plupart des assureurs mesurent et surveillent lesrisques en fonction des catégories suivantes : • risque de marché (p. ex., actions, taux d’intérêt etécarts);

• risque de crédit;• risque d’assurance (p. ex., mortalité, morbiditéet déchéance);

• risque opérationnel.Le risque de non-appariement entre l’actif et lepassif peut être traité comme une catégorie

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1. Les sociétés d’assurance de personnes

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distincte ou peut être considéré comme un aspectdu risque de marché. Les risques stratégiques etd’atteinte à la réputation peuvent être traités aumême titre que les risques opérationnels ouséparément, selon ce que préfère chacune dessociétés — mais ils sont pratiquement toujoursinscrits au répertoire des risques. Presque toutes les sociétés d’assurance de

personnes ne se limitent pas à mettre la GRE enpratique, mais prennent un engagement fermeenvers celle-ci. Les sociétés estiment que la GRE adéjà eu un effet positif en permettant à la directionde prendre des décisions plus éclairées et enpermettant de mieux équilibrer les risques, demieux les atténuer et de rehausser les taux derendement ajustés en fonction des risques.

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BIEN DES ASSUREURS ont mis au point des cadresdont ils se servent pour articuler leur tolérance aurisque. Le fait de définir la tolérance à chaquecatégorie de risque offre à la société l’orientation dontelle a besoin pour décider d’accepter et de limiter lesrisques. Il permet aussi à l’organisation de visualisersa capacité de prendre des risques dans toutes lescatégories et dans l’ensemble. En règle générale, alorsque les assureurs IARD ont recours à la mêmeclassification des risques de haut niveau que lesassureurs de personnes, il est important d’adapter laclassification aux particularités de chaque société. La première étape, laquelle ne peut être omise,

consiste à classer les risques de manière appropriée.Le texte suivant illustre en quoi cette étape importantepeut donner lieu à de meilleures stratégies.Depuis toujours, les sociétés d’assurances IARD

incluent leurs activités de cautionnement dans lacatégorie du risque de souscription ou du risqued’assurance. Les assureurs de cautionnementrenforcent les engagements de leurs détenteurs depolices en promettant de leur venir en aide s’ilsn’étaient pas en mesure de les rencontrer. Parexemple, si un contractant faisait faillite, l’assureurverrait à ce qu’un projet soit complété. Même s’ils’agit bien d’un produit que fabriquent et distribuentles sociétés d’assurances IARD, ses caractéristiquespropres aux pertes ne cadrent pas bien avec celles desautres risques d’assurance assumés. La caution est fonction du risque de crédit —

l’assureur ne subit une perte que si le détenteur depolice ne peut indemniser l’assureur pour la pertelorsqu’il a manqué aux obligations prévues aucontrat. Le risque de crédit survient pour une société d’assurances IARD sous forme de diversesrelations de contrepartie — émetteurs d’obligations,fournisseurs de règlements échelonnés, contrepartiesde réassurance et courtiers par l’entremise de leursactivités de provisionnement des courtiers. Pourchacun de ces risques de crédit, une société a eurecours à une approche matricielle pour élaborer une

« note » de tolérance au risque. Après avoir harmoniséles notes pour ces contreparties et ses risques de créditpour cautionnement, elle a constaté qu’elle assumaitun risque de crédit beaucoup moindre dans sonactivité de cautionnement que dans les autrescatégories de crédit. Elle a déterminé que les risquesassumés pour ces catégories étaient appropriés et enest arrivée à la conclusion qu’elle devrait assumer unplus grand risque pour cautionnement. En fait, ils’agit d’un risque fortement garanti, à faible fréquenceet de gravité faible à moyenne présentant uneoccasion d’affaires importante. Par suite de cette analyse, la société a augmenté sa

tolérance définie au risque de cautionnement, a visél’expansion de l’activité et y est parvenue. Même si la GRE est un facteur important pour

déterminer les risques qui ne s’inscrivent pas dans leniveau de tolérance et pour gérer le risque de perte, lefait de ne pas être dans le niveau de tolérance peutparfois vouloir dire que vous n’optimalisez pas votrerendement par unité de tolérance au risque. C’estcertainement une situation pour déterminer lespossibilités de valeur ajoutée en matière de risque.

2. Les sociétés d’assurances IARD

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LE SECTEUR BANCAIRE, compte tenu de sa véritablenature, gère les risques depuis de nombreuses années.Avant l’Accord de Bâle II — le catalyseur d’unexamen des procédures et d’une application globalede la gestion des risques — les banques géraient lerisque en vase clos. Plus récemment, la récente crisefinancière a obligé les organismes de réglementationet les agences de notation à insister sur l’importancede la gestion intégrée des risques. Depuis toujours, les banques gèrent les risques de

crédit et de marché de même que les risques de tauxd’intérêt (appariement entre l’actif et le passif) et deliquidité. Pendant les années 1990, elles ont assisté àune évolution rapide des outils d’évaluation desrisques : les modèles d’évaluation du crédit leur ontpermis de choisir de nouvelles expositions et demieux comprendre la probabilité de défaut, et lecomportement de la note en matière de crédit ainstauré une façon de gérer les risques de crédit toutau long de leur cycle de vie. Bâle II a adopté le principe de la GRE selon lequel

il fallait quantifier et gérer de façon globale les risquesde marché, de crédit et opérationnel. Les banques etles mutuelles de crédit ont adopté une structureorganisationnelle préconisée par les nouvellesnormes. Par exemple, le Groupe Desjardins, unréseau de caisses populaires et de filiales, a procédé àune réorganisation en 2004 afin d’instaurer uneprocédure générale de surveillance de tous les risqueset mettre sur pied un comité de gestion des risquesayant recours à divers outils, par exemple les tableaux

de bord, pour prendre des décisions éclairées. La plupart des institutions ont toujours quantifié

séparément les trois principaux risques (de crédit, demarché et opérationnel) définis dans les principes deBâle. Cependant, les organisations étudientmaintenant ces risques en parallèle et s’efforcent d’enmaîtriser les interactions. Depuis quelque temps, lesinstitutions s’affairent à mettre au point uneméthode pour soumettre leur bilan à une simulationde crise, un principe découlant de l’Accord de Bâle II.Au Groupe Desjardins, c’est le service responsable dela gestion des risques qui s’occupe de tellessimulations et qui élabore des mesures pour chaquerisque. Les mesures ont également été mises enœuvre dans chacun de ses établissements. La crise financière a beaucoup contribué à atténuer

l’attitude sceptique du secteur bancaire face à certainsscénarios de modélisation qui étaient jugés troppessimistes et auxquels on n’accordait aucunecrédibilité. La mise en œuvre d’un cadre de GREexige beaucoup d’efforts pour sensibiliser et définirun langage commun. Le cadre permet à uneorganisation de fixer son niveau de tolérance aurisque qui, pour être efficace, doit être lié au pland’activités et à la rémunération au rendement. La GRE dans le secteur bancaire a rapidement

évolué au cours de la dernière décennie, mais il resteencore beaucoup à faire. Avec leur rigueur et leurssolides antécédents en mathématiques et en finances,les actuaires peuvent grandement contribuer ausuccès de la GRE.

3. Les banques et les mutuelles de crédit (caisses populaires)

4. Les régimes de retraite et le lien à la GRELES ORGANISATIONS CANADIENNES du secteurprivé qui parrainent des régimes de retraite àprestations déterminées (PD) représentent des actifsgérés de 500 milliards de dollars et couvrent environ4,6 millions d’employés dans leur régime de retraiterespectif, dont le but est de fournir aux employés unrevenu pendant leur retraite.2 Un régime de retraiteest une importante entité financière au sein de touteorganisation. Dans les régimes de retraite à PD, les prestations

sont calculées selon une formule définie; lepromoteur de régime verse des cotisations au régimedans un fonds, le placement des actifs est géré par lepromoteur ou le conseil des fiduciaires, et cesderniers assument la responsabilité de livrer les

prestations aux bénéficiaires. Donc, dans un régimede retraite à PD, le promoteur du régime est assujettiaux risques de marché, de taux d’intérêt, demortalité, opérationnel et de réglementation. En raison de la nature des régimes de retraite, la

pratique traditionnelle a consisté à les gérer commedes entités financières autonomes; cependant,certains régimes interentreprises importants ontrecours aux concepts de la GRE pour gérer cesrégimes de manière prudente. De plus en plus, lanouvelle pratique pour les régimes à employeurunique consiste à coordonner et à gérer des risquesparticuliers. Les risques qui pèsent sur les régimes de retraite

ont un effet sur :

2 Site Web de Ressources humaines et Développement des compétences Canada.

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LA MICRO-ASSURANCE signifie un mouvementsocial et commercial qui a vu le jour dans les années1970 dans le but d’offrir de l’assurance à la majeurepartie de la population mondiale n’ayant pas accèsaux sociétés d’assurance traditionnelles. Des produits d’assurance de personnes (pas de

régimes de retraite) sont offerts, mais également desprestations d’assurance contre les accidents etl’invalidité dans une certaine mesure. L’expert-conseil en micro-assurance Firozali Hirji,

FICA, FSA, FIA déclare : « Avant la micro-assurance,un entrepreneur type dans un pays pauvre aurait puêtre aux prises avec un cas de mauvaise santél’obligeant à vendre tout ce qu’il possédait pourpayer. Il se sortait lentement de la pauvreté pour êtrefrappé par un cas de mauvaise santé. » [traduction]Le modèle opérationnel d’une organisation de

micro-assurance (OMA) est un modèle qui prenden compte la culture, les normes sociales, les besoinsdes gens et leur situation, leur environnement et leurcapacité de payer. Les modèles se classent de manièregénérale en quatre catégories :

1. Fournisseur : le modèle d’assurance traditionneloù l’assureur assume les risques et commercialiseses produits;

2. Partenaire-agent : l’assureur participe à lacommercialisation mais n’en est pas responsable;

3. Partenaire-modèle : lorsqu’un hôpital, parexemple, à la fois fournit des soins de santé et venddes produits d’assurance;

4. Communauté : Quand des membres de lacommunauté ou d’un syndicat se regroupentpour s’assurer les uns les autres.

Outre les risques qui pèsent habituellement sur lessociétés d’assurance, ces OMA sont confrontées àtrois risques importants :1. Catastrophes environnementales : Les commu-nautés ciblées par la micro-assurance (etl’organisation qui l’offre), sont davantage tou-chées par des inondations, des sécheresses, destremblements de terre, des tsunamis, etc. que lestitulaires de polices de pays industrialisés.

2. Déchéance : Si un produit n’est pas au départ tarifécomme il se doit, les réclamations élevées dans lesannées qui suivent feront grimper les taux etdiminuer l’adhésion, menant le système au bordde l’effondrement. Mise en garde à l’intention desactuaires : le fait de calculer très précisément lesprimes ne vous aidera pas en raison du manquede données. La manière de gérer le micro-systèmeaura un effet plus grand sur les taux des réclamations.

3. Risque de crédit et risque moral :Les titulaires demicro-assurance et de micro-prêts sont trèspauvres, mais leur nombre rend l’expérience très crédible. L’accès au crédit et à l’assurance ad’énormes conséquences sur leur vie. Ils nerisqueront donc pas de mettre en danger leurcapacité d’obtenir un autre prêt.

La GRE offre à ces organisations des possibilités,notamment de meilleurs traités de réassurance pourles risques de catastrophes (en particulier ceux denature environnementale), des cadres de régle-mentation plus efficaces et l’éducation desintervenants (organismes non gouvernementaux,gouvernements, Banque mondiale, donateurs, etc.)concernant la nécessité d’améliorer les cadres etpratiques de gestion du risque.

• les actionnaires, étant donné que les risques ontune incidence directe sur les états financiers del’organisation;

• les bénéficiaires du régime, puisque la protectionde leur revenu de retraite passe par la gestionconsciencieuse des actifs du régime et, en dernierressort, la situation financière de l’employeur.

Les risques pour les régimes de retraite à PD reposentsur plusieurs mesures clés, notamment la volatilitédes coûts du régime figurant dans l’état des revenus,des cotisations en espèces et le niveau deprovisionnement — l’écart entre l’actif et le passifinscrit au bilan. Selon la taille du régime de retraitepar rapport à la valeur de l’entreprise, le niveau descotisations de provisionnement par rapport aux fluxmonétaires disponibles, l’impact des coûts relatifs aurégime sur les gains inscrits à l’état des revenus et lamaturité du régime de retraite (à savoir si les rentréesde fonds sont plus nombreuses que les sorties de

fonds), les risques qui pèsent sur le régime aurontune incidence significative pour les intervenants. En ce qui concerne les régimes de retraite, en tant

qu’entité financière autonome, de rigoureuxprocessus et outils sont habituellement appliqués.Des stratégies et des structures de gouvernance et de responsabilisation sont mises en œuvre, destechniques de mesure des risques et des métho-dologies sont utilisées et les processus de surveillanceet de dépôt des rapports sont adéquats. Ainsi, si uneentreprise a mis en œuvre la GRE, ou la metactuellement en œuvre, le régime de retraite peut êtrestructuré dans un cadre de GRE et il est possible decoordonner et de gérer efficacement les risques pourle régime à l’échelle de l’entreprise. Le risque lié aux régimes de retraite à l’intérieur du

cadre de GRE est une nouvelle pratique et lesactuaires mènent les avancées faites dans la gestion deces risques.

5. Les organisations de micro-assurance

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LES IMMEUBLES DE TOUT GENRE sont implicitementexposés à de nombreux risques, et ce en particulierpour les édifices à logements multiples. Lesimmeubles construits à des fins de logement socialen sont des exemples parfaits. Au Canada, on comptedes centaines de milliers de personnes qui habitentdans divers types de logement social à locatairesmultiples. En Ontario, par exemple, en excluant lesmaisons fournies dans les réserves des Premièresnations, près de 235 000 personnes vivent dans deslogements sociaux dont la valeur totalise 40 milliardsde dollars et qui sont gérés par 1 421 fournisseurs,soit des agences gouvernementales, des sociétés à butnon lucratif et des groupes communautaires. La plupart des agences et des sociétés assurant la

gestion du secteur du logement social sont bien aucourant de la GRE, à tout le moins dans la plupartdes nations modernes industrialisées. Le traitementdes divers types de risque a principalement consistéen une évaluation physique périodique desprincipaux risques et à la mise en œuvre de diversesmesures pour en réduire au minimum les effetspotentiels. Outre cela, il n’y a, par exemple, aucuneffort concerté pour mesurer le capital économique,c’est-à-dire le capital dont une entreprise auraitbesoin en cas de choc important. Les risques associés au logement social

correspondent à tous ceux énumérés dans labrochure de l’Institut intitulée La gestion du risqued’entreprise – Devriez vous instaurer la gestion du

risque d’entreprise?, mais en particulier aux risquesfinancier, juridique et réglementaire, et autres risques. Tout d’abord, il incombe à l’actuaire d’élaborer, à

l’aide d’éventualités et de la valeur temporelle del’argent, des plans financiers pour évaluer les coûtsde remplacement et les programmes de financementoptimaux de tout le matériel important (ascenseurs,chauffage, ventilation et conditionnement d’air(CVCA)) et de toutes les structures (toiture, fenêtres,briques/béton) de chaque immeuble de logementsocial. L’actuaire intègre ensuite à ces plans desmesures de pertes imprévues attribuables à unedéfaillance d’au moins l’un de ces éléments. L’actuaire, à cette deuxième étape, détermine les

marges ou les excédents qui couvrent les pertespotentielles dans une échelle donnée de probabilité,c.-à-d. capital économique, et, à cette fin, il peutprocéder à des analyses de scénarios de sensibilitéd’entretien du matériel et de la structure afind’abaisser les fonds nécessaires aux fins des marges. L’expertise de l’actuaire cadre parfaitement avec la

GRE dans la gestion des immeubles à résidencesmultiples. Tout d’abord, dans le secteur du logementsocial où les gestionnaires recherchent activementune aide professionnelle pour élaborer des plansfinanciers crédibles afin de justifier le financementgouvernemental. Il peut ensuite s’agir, par exemple,des résidences pour retraités, des établissementsmédicaux, des condominiums et autres.

6. Le logement social

7. La gestion du risque liée à la main-d’œuvre et le lien avec la GRE

VOUS EST-IL DÉJÀ ARRIVÉ, bloqué dans lacirculation à l’heure de pointe sur une grande route,de vous demander pourquoi la route en question aété conçue pour recevoir des volumes de circulationqui sont dépassés depuis 20 ou même 30 ans? Laréponse est simple : à l’époque, le gouvernementn’avait pas les outils, les données et la rigueuranalytique nécessaires pour envisager l’avenir sur uneaussi longue période. Heureusement pour lescitoyens de la Colombie-Britannique, leur gouver-nement applique les principes de la GRE pourgarantir que le niveau des services et le nombred’employés seront suffisants dans l’avenir — unetâche particulièrement ardue lorsque les questionsdémographiques émergentes s’associent à unralentissement économique.

L’actuaire Deanna Napen est la directrice généralede Workforce Risk Strategies, affiliée à la Future ofWork Initiative du ministère des Services auxcitoyens de la province de la Colombie-Britannique.La Colombie-Britannique a commencé à déployerdes efforts en 2006 et les a depuis élargis pour intégrerl’analyse de scénarios opérationnels et économiques.De dire Napen, « Notre analyse et nos outils sontadoptés au plus haut échelon stratégique et serontindispensables au fur et à mesure que nousavancerons. Comment savons-nous que nous auronssuffisamment d’employés au sein de la fonctionpublique pour assurer la prestation des services quiseront réclamés par les citoyens de la Colombie-Britannique dans l’avenir et, parallèlement, voir à ceque nos employés aient les compétences appropriées

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nécessaires à court et à long terme pour assurer laprestation la plus efficace des services à nos citoyens? »[traduction]À cette fin, Mme Napen étudie l’effectif

actuellement en place, projette les données dansl’avenir, analyse les résultats historiques et anticipeen quoi ces tendances antérieures peuvent changer,estime les prochaines demandes de personnel et leprofil de l’effectif de l’avenir dans une « activité »extrêmement diversifiée et modélise l’incidenceprévue des scénarios potentiels et de l’exécution desstratégies opérationnelles pour chacun desministères et d’autres segments essentiels de la main-d’œuvre. Mme Napen décrit son rôle comme étant celui

d’adopter une approche globale à l’égard de laplanification à l’échelle du gouvernement : « Nos

efforts ont permis de mettre un accent plus prononcésur des initiatives d’entreprise qui tiennent comptede la vision de l’avenir plutôt qu’adopter uneapproche ministère par ministère qui ne tient pascompte du tableau d’ensemble de l’entreprise. Enoutre, nous procédons à une analyse continue pourcerner les volets clés nécessaires à l’exécution desactivités de demain. » [traduction]Son travail consiste de toute évidence à préparer

l’avenir, à la fois au sein de la fonction publique etdans les cercles élargis du secteur public. Étantdonné que la GRE exige la gestion efficace deséventuelles possibilités et des effets défavorables, la planification de la main-d’œuvre est rapidementdevenue un outil très important de la démarche et, en fin de compte, de l’avenir de la Colombie-Britannique.

8. Les entreprises minières L’EXPLOITATION MINIÈREprésente des particularitésqui rendent l’application de la GRE se rapprochantde celle de l’industrie financière difficile. Traditionnellement, la gestion du risque dans le

secteur minier est axée sur un niveau à compétencefonctionnelle plutôt que sur les processus. Il est plusfacile, par exemple, de rassembler toutes lespersonnes qui s’occupent d’un processus associé àune gamme de produits dans l’industrie financièreque dans le secteur minier, où les différentesfonctions sont axées sur les risques dans leurs zonesrespectives. Les catégories de risques clés sont cellesliées à la santé et la sécurité, ainsi que les risquesd’atteinte à la réputation, stratégique et financier. Lerisque lié à la santé et la sécurité est de nature négativeet les entreprises lui attribuent habituellement unetolérance zéro; chaque travailleur doit tous les joursrevenir à la maison en santé et en sécurité. Le risqued’atteinte à la réputation appartient à une vastecatégorie qui comprend l’effet négatif des décisionsstratégiques dans l’ère de YouTube, les nouvelles ausujet des incidents se propagent rapidement etl’industrie au complet a tendance à être dépeinte avecle même mauvais coup de pinceau en raison desgestes de quelques mauvais joueurs. Au fur et à mesure que le secteur a élargi sa portée

géographique, le risque politique s’est intensifié :dans la plupart des juridictions, les ressourcesnaturelles sont désignées biens nationaux etdemandent la négociation de redevances et d’autres conventions. Les matrices de risques ayant comme principales

variables l’incidence et la probabilité des réper-cussions sont les outils de mesure de choix au sein

de l’industrie. Les répercussions financières sontenvisagées dans une optique tant des revenus que descoûts alors que les répercussions qualitatives tellesque la santé et la sécurité ainsi que la réputation sontégalement évaluées. Il y a une insuffisance chroniquede données fiables. L’industrie est très capable de gérer le risque de

marché avec des outils de couverture du produit finalet(ou) des produits dérivés de celui-ci. Des mesuresde contrôle sont classées par ordre de priorité etmises en place d’après le niveau de risqueinhérent/brut. Si ces mesures sont pertinentes, lesrisques résiduels peuvent être faibles, mais il faut tenircompte du fait qu’ils sont souvent dépendants desfacteurs humains. Pour cette raison, le secteur miniers’acharne à établir des processus solides d’assurancedécoulant des contrôles afin d’aider à gérer le risquequ’une opération de contrôle soit défaillante. Dans le secteur minier de l’Amérique du Nord, la

GRE en est à ses premières étapes et elle a agi commecatalyseur d’un dialogue davantage interfonctionnel.Les concepts sont les plus apparents dans des groupesresponsables de projets d’investissement qui avaientla GRE en tête au moment de concevoir et d’élaborerde nouvelles mines. Dans l’évolution de la GRE, les prochaines étapes

consistent à relier le rendement au risque, faire ensorte que le directeur de gestion des risques relèvedirectement du président et chef de la direction oudu conseil d’administration et enfin attribuer uncoût convenable au risque en simulant et modélisantles techniques relatives au risques — des techniquesque les actuaires connaissent bien.

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actuaires.ca

La société Hydro One Inc. est une société constituée enOntario et appartenant à part entière à la province del’Ontario. Elle détient et exploite environ 96 % de lacapacité de transmission d’électricité de l’Ontario. Ellecompte également 1,3 millions de distributeursdispersés dans 75 % de la province, surtout dans lesrégions rurales. Ses revenus annuels totalisent plus de4,5 milliards de dollars et ses actifs, environ 15 milliardsde dollars. La société compte plus ou moins 5 400employés réguliers et environ 7 000 retraités. Les types de risques qui pèsent sur la société sont les

suivants : risques d’équipements (p. ex., en cas demauvais temps ou de défaillance des produits), risquefinancier, risque réglementaire (étant donné que tousles revenus doivent être communiqués aux intervenantset approuvés par la Commission de l’énergie del’Ontario), risque lié à la sécurité et à l’environnement,risque technologique (au fur et à mesure que lessystèmes informatiques sont mis à niveau) et risque liéaux régimes de retraite parmi tant d’autres. À l’instar de la plupart des grandes organisations, la

société Hydro One était gérée dans une optique derisque sur une base traditionnelle en vase clos depuis2000. Dans ses efforts en vue de créer une organisationcommerciale moderne, la haute direction a décidéd’instaurer la GRE. Chaque année, la direction passe enrevue et met à jour les tolérances aux risques de lasociété; la haute direction en discute et les approuve et

le comité pertinent du conseil d’administration lesexamine. Une fois les tolérances convenues, elles sont ensuite

utilisées dans la planification des activités pour prioriserl’affectation des ressources. La société a des actifs à longterme qui peuvent durer entre 40 et 80 ans, et ces actifset leur rendement font l’objet d’analyses mathématiquesapprofondies qui exigent des formules de type actuariel. Cependant, les ressources et les fonds nécessaires pour

préserver ces actifs entrent en concurrence avec d’autresexigences opérationnelles, par exemple, la formation dupersonnel, l’amélioration des systèmes informatiques etl’abattage d’arbres. En vertu de la méthode de GREappliquée par la société, chaque type de dépense doit êtrenoté en fonction des risques (c.-à-d., noté selon untableau de valeurs fondées sur l’incidence et laprobabilité). Toutes les dépenses nécessaires sont inscritesdans une base de données et classées en séquencedescendante. Le plan annuel est ensuite préparé enfonction de cet établissement des priorités. Avec les années, les membres du conseil d’admi-

nistration et de ses comités de la société Hydro One ontreconnu le leadership dont fait preuve la société dans cedomaine par rapport à d’autres sociétés au seindesquelles ils siègent au conseil d’administration. Voilà qui reprend le dicton voulant que « la GRE peutêtre tout simplement considérée comme étant de labonne gestion. »

Comme nous l’avons déjà mentionné, chaque secteurindustriel possède sa propre approche à l’égard duclassement, de la mesure et de la gestion des risques, etle degré de maturité du cadre de GRE de chacun d'euxvarie. Ces différences s’expliquent en partie par l’absencede données historiques crédibles dans certaines

industries. Chacun affirmerait probablement qu’il vautmieux avoir un cadre imparfait que pas de cadre dutout. De cette façon, le dialogue sur le risque s’amorce etle cadre s’améliore avec le temps au fur et à mesure quela culture se sensibilise au risque.

9. Les sociétés des services publics

Conclusion

Cette brochure a été créée par la Commission des applications en gestion du risque d’entreprise de l’Institut canadien des actuaires.

Membres :André Choquet, FICA, FSA, PRÉSIDENTSylvain Fortier, ASA, CERAKathryn Hyland, FICA, FSA, MAAA, CERA

Minaz Lalani, FICA, FSA, CERAAltaf Rahim, FICA, FSA, CERAJean-Yves Rioux, FICA, FSA, CERAMariève Tétreault, FICA, FSA, CERA

Don Armstrong, FICA — MEMBRE DUCONSEIL D’ADMINISTRATION, SOCIAL HOUSINGFINANCIAL CORPORATION, ET ASSOCIÉ,DONALDSON VINCENT ASSOCIATES.

Julie Bouchard, FICA, FSA — VICE-PRÉSIDENTE, RISQUES DE MARCHÉ, ET PREMIÈREVICE-PRÉSIDENTE, GESTION DES RISQUES,MOUVEMENT DESJARDINS

Chris Corless, PENG, CIA — DIRECTEUR,OPÉRATIONS DE RISQUE, VALE INCO

Sylvain Fortier, ASA, CERA—VICE-PRÉSIDENTADJOINT, GESTION DU RISQUE DE CRÉDIT, BANQUELAURENTIENNE

John Fraser, CA, FCCA, CISA, CIA — VICE-PRÉSIDENT, VÉRIFICATION INTERNE ET DIRECTEURDE GESTION DES RISQUES, HYDRO ONE INC.

Denis Garand, FICA, FSA — EXPERT-CONSEILEN MICRO-ASSURANCE, DENIS GARAND ANDASSOCIATES

Firozali Hirji, FICA, FSA, FIA — EXPERT-CONSEIL EN ACTUARIAT, BUREAU DUSURINTENDANT DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES

Minaz Lalani, FICA, FSA, CERA — EXPERT-CONSEIL EN RÉGIMES DE RETRAITE ET GESTION DURISQUE D’ENTREPRISE

Beverly Margolian, FICA, FSA, CERA —PREMIÈRE VICE-PRÉSIDENTE ET DIRECTRICE DEGESTION DES RISQUES, FINANCIÈRE MANUVIE

Susan Meltzer, B.A., CRM, FCIP — GESTION DURISQUE, AVIVA CANADA INC.

Deanna Napen, FICA, FSA — DIRECTRICEGÉNÉRALE, WORKFORCE RISK MANAGEMENT,GOUVERNEMENT DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE

Altaf Rahim, FICA, FSA, CERA — DIRECTEUR DEGESTION DES RISQUES, AEGON CANADA

Mike Stramaglia, FICA, FSA, CERA — PREMIERVICE-PRÉSIDENT ET DIRECTEUR DE GESTION DESRISQUES, FINANCIÈRE SUN LIFE

Cathy Taylor, ARM — ANCIENNE DIRECTRICE,RISQUE D’ENTREPRISE, BARRICK GOLD

Christopher Townsend, FICA, FCAS —PREMIER VICE-PRÉSIDENT ET ACTUAIRE EN CHEF,AVIVA CANADA INC.

L’Institut canadien des actuaires est l’organisme national de la profession actuarielle. L’Institut est voué au service de la population enveillant à ce que les services et les conseils actuariels fournis par la professionsoient de la plus haute qualité. En fait, l’Institut fait passer l'intérêt du publicavant les besoins de la profession et de ses membres.Les actuaires font appel à leurs connaissances spécialisées des

mathématiques de la finance, des statistiques et de la théorie du risque afinde résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les régimes de retraite,les organismes de réglementation gouvernementaux, les sociétés d’assurances(assurance-vie et assurances IARD), les programmes sociaux et lesparticuliers.

Les opinions exprimées sont celles des personnes interviewées.

Nos remerciements aux personnes suivantes qui ont été interviewéespendant la préparation de cette brochure :