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'6NL9 LA • GRANDE INONDATION DE L'ARNO EN MCCCXXXIII Inscription latine à gauche du rente Vccchio._ ANCIENS POÈMES POPULAIRES ITALIENS .. ÉDITÉS ET TRADUITS EN FRANÇAIS PAR LES SOINS DE MM; S. MORPURGO DIRECTEUR DE LA BIBLIÔTUÈQUE NATIONALE DE FLORENCE, ET J . LUCHAIRE DIRECTEUR DE L'INSTITUT FRANÇAIS DE FLORENCE Jt Jt 6 Document 0111111 Il III 11111f 1111111 I III 0000005530663 a MCMXI L PARIS: H. CHAMPION, libraire-éditeur, QUAI MALAQUAIS, 5 Jt FLORENCE: R. BEMPQRAD & F?, Iibr.-édit., PR000NSOLO, 7

La Grande inondation de l'Arno en 1333bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a92e16a615... · 2013. 12. 18. · Bitondehtionteassas siaé au pied de la statue de Mars. (Manuscrit

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LA • GRANDE INONDATIONDE L'ARNO EN MCCCXXXIII

Inscription latine à gauche du rente Vccchio._

ANCIENS POÈMES POPULAIRES ITALIENS ..ÉDITÉS ET TRADUITS EN FRANÇAIS PAR LES SOINS DEMM; S. MORPURGO DIRECTEUR DE LA BIBLIÔTUÈQUENATIONALE DE FLORENCE, ET J . LUCHAIRE DIRECTEURDE L'INSTITUT FRANÇAIS DE FLORENCE Jt Jt6

Document

0111111 Il III 11111f 1111111 I III0000005530663

a MCMXI L

PARIS: H. CHAMPION, libraire-éditeur, QUAI MALAQUAIS, 5 JtFLORENCE: R. BEMPQRAD & F?, Iibr.-édit., PR000NSOLO, 7

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343-.911 - Firense, Tipografla di S. Landi, Via S. Caterina, 14

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Bitondehtionteassas siaé au pied de la statue de Mars.(Manuscrit de la Chrunique de J. Viilani à la Bibi. Chigi de Resue).

Exhumer, en souvenir de la grande inondation de laSeine de l'hiver 1910 et au bénéfice (le ses victimes,quelques poèmes sur une inondation de !'Arno, sur-venue il y a prés de six siècles, est une idée touchanteet qu'on peut trouver spirituelle; tout le mérite en re-vient au savant italien, dont le nom, sur la couverture duprésent opuscule, garantit, en même temps que la dé-licatesse du sentiment qui a inspiré ce travail, la valeurscientifique de l'exécution. C'est avec gratitude que lepersonnel de l'Institut Français de Florence a prêté sacollaboration modeste à cette publication, témoignagedes relations cordiales qui unissent, des bords de l'Arnoà ceux de la Seine, les érudits et les lettrés des deux na-tions.

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Et nous n'avons pas à nous excuser de faire paraîtrece petit livre si tard après l'événèment qu ' il commé-more: nous serons venus assez tôt, si le public cultivé,des deux côtés des Alpes, s'associe comme nous l'espé-rons à notre acte de solidarité, en faveur d'une classed'humbles et utiles artisans de la culture.

Il faut reconnaitre que nous faisons ainsi servir lesvieux poèmes à un usage, auquel l'auteur ne nous au-rait peut-être pas autorisés. Nul plus que lui n'a vécuenfermé dans les murailles de sa cité natale, passion-nément attaché à elle, indifférent certes aux malheursde pays situés à des distances énormes pour les gensd'alors. Antonio Pucci ignorait notre charité interna-tionale. Lorsqu'en 1333 les eaux furieuses de l'Arnoenvahissent et dévastent Florence, sa pitié remontejusqu'à Arezzo et s'arrête aux murailles de Fisc....

Il était né à Florence, probablement vers le débutdu XIV C siècle, d'une famille de petites gens. Il fut son-neur de cloches, puis crieur cbjnruunaL Il eut en mêmetemps un autre métier: celui de poète. Les deux métiersn'étaient pas si différents qu'on poûrrait le croire. Avecsa trompette; il criait sur les places les ordres et lesavis de là Seigneurie; par ses vers, il commentait enpoèmes faciles, que lui ou d'autres récitaient sur les -mêmes places, les principaux événements et les princi-paux aspects de la vie publique. Ce qu'il disait commecrieur et ce qu'il disai t comme poète était fait des préoc-cupations quotidiennes de tous, et pour voler de boucheen bouche.

Pucci fut donc, comme on l'a dit, une sorte de jour-naliste; il a dit lui même que « pdur se bien informeril perdait le sommeil. » Journaliste indépendant (cespoésies populaires que du jour au lendemain toute laville savait, contenaient souvent des plaintes ou desmenaces à l'adresse du gouvernement); il écrivit volon-tiers la grande chronique politique ou militaire, l'article

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Polémique, lele grand fait-divers pittoresque ou draina-tique. Il a un serventois sur « les belles femmes qui vi-vaient à Florence », qui peut bien passer pour de lachronique mondaine; de même que beaucoup de sesPièces courte appartiennent au même genre plaisantque tes au-jour-te-jour de certains de nos journaux. Ilfit aussi le roman-feuilleton, historique ou romanesque,.et jusqu'à la critique littéraire I

Tout cela dans une forme rudimentaire; car Puccin'était qu'un pauvre homme de peu d'instruction, quin'aurait pas dénoué les cordons de soulier des grandslettrés, ses conteiporains, Pétrarque, Boccace. Maisjustement il était, comme il-convient à un journaliste,au niveau de ceux pour lesquels il écrivait. Et il expri-mait des Sentiments simples et forts qui étaient les leurs.Il avait le respect -qu'ont les hommes du peuple pour lesvertus domestiques; leur piété, leur résignation, leursétonnements devant les, grands événements, leurs crain-tes. Il avait le bon sens et la prudence innée des pe-tites gens, et n'agectait point le courage chevaleresque,vertu aristocratique. Mais il était ardemment et pardessus tout patriote. Lorsque Pucci, se faisant auprèsdes Seigneur l'interprète du mécontentement généra],commençait ainsi:

Seigneurs, je ne suis qu'un homme de vile naissane,Cependant, je suis né du corps de Florence...,.

ou loisqu'au milieu du terrible désarroi causé par lapeste de 1348, il exhortait ses concitoyens à reprendrecourage et à s'entr'aicler, c'était vraiment ta vox populiqui parlait par sa bouche.

Il avait •avec cela, les dons d'expression qu'il fallaitpour gagner la sympathie de son auditoire: la bonho-mie, la verve grosse alternant avec l'emphase drama-tique, le langage imagé de ceux qui voient surtout lespetites choses. On va lire son récit de la grande mon-

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dation de Florence: une accumulation de détails (dontquelques uns sont, à travers tant de siècles, singulière-ment pareils à ceux que rapportaient les journaux pari-siens en janvier iqxo), la marche du dot décrite pas àpas, - car chaque rue, chaque maison a son individua-lité pour les gens qui vivent là ou y passent chaquejour, - l'énumération des objets qui filent au cours del'eau, (les biens détruits, des dommages subis; - le toutentremêlé d'exclamations ou d'exhortations pathétiques.Certes les rimes sont médiocres, le style plat, le rem-plissage abondant: cela devait être dit au peuple as-semblé, qui n'a pas la compréhension rapide, et entendvolontiers la même chose dite de plusieurs façons. Maisc'est l'oeuvre d'un homme qui a vu et senti cet événe-ment comme l'ont vu et senti cent mille bonnes gensde son temps. Cela a bien son prix.

JULIEN LUCHAIRE.

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-lnscrijntoii vugarc à droite du Ponte Vecehio. -

La terrible inondation de l'Arno, par laquelle, les 4et 5 novembre 1333, Florence fut dévastée au point quecela parut aux contemporains « comnie un changementde siècle en notre ville », ainsi 4iie l'écrivit \TiJlahi,donna matièt% aux deux poèmes d'Antonio Pucci quenous avons réunis ici le premier, sous forme de ser-ventois, composé peu de temps agrès la crue, le seconden tercets, écrits quelques années plus tard pour leCentiioquio.• Le serventois, inéditjsqu'ici, est aussi le plus anciende la belle série de poèmes narnitifs ou politiques, parlesquels Pucci, presque toujours sur ce même mètre,accompagna la plupart des événements importants deson temps. Qu'il s'agisse ici d'une poésie contémpo-raine, ou de peu de temps postérieure aux évèneniets,

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il n'y a pas lieu d'en dôùter: plus d'un passage diiserventois rappelle que bien des traces de la ruine pro-duite par l'inondation restent encore sous les yeux deces « braves gens » qui tout effrayés se serrent autourdu chansonnier; et lui, interprète fidèle du sentimentpopulaire, commence et termine ses strophes en exhor-tant ses auditeurs à faire pénitence des péchés qui firentdescendre du ciel une , si terrible condamnation. JeanVillani lui même, ayant conté clans le premier chapitredu livre onzième l'inondation, s'attarde dans le cha-.

• pitre suivant à dire, comme à Florence «tant fut pourcette crue grand l'étonnement et l'effroi de tous, qu'ondoutait •si point- ne serait un châtiment mandé de Dieupour nos péchés. Et de cela question fut faite aux sagesreligieux et docteurs en théologie ainsi qu'aux philo-sophes de la nature et aux astrologues; à savoir si. lefléau fut produit par loi de nature ou par volonté déDieu. Les astrologues répondirent (la volonté de Dieuprimant tout), que grande part eurent à la chose lecours des cieux et les fortes rencontres de planètes,donnant à cela plusieurs raisons », que résume le chro-niqueur. A leur tour, «es sages religieux et docteursen théologie répondirent saintement et raisonnablement,disant qtue. les raisons données par les astrologues pou-vaient être en partie Vraies, mais non »écessairement,sinon dans la mesure où il plaisait à Dieu; car Dieu estau dessus de l'ordre , des cieux, qu'il fait mouvçir et'soutient et gowveTne; en

I sorte -que l'ordre de la natureest à Dieu ce qu'est le . marteau au, forgeron, qui aveclui peut former diverses espèces de choses, telles qu'illes avait imaginées en . son esprit.. 'C'est pourquoi (con-clut Villani) les florentins ne doivent point croire 'quele fléau présent leur soit venu autrement que par ju-gement de Dieu..., pour châtier nos péchés, lesquelssont trop nombreux et désagréables à Dieu. » DiluviumeI'divinunt judicium, écrivit-on alors même sur les pa-

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—.9--.piers officiels; mais à côté de ces expressions concor-dantes d'une foi, ou d'une peur commune, une manquacertes pas, comme elles ne manquent jamais même auxmoments des plus grands malheurs, de voix isolées de.haine et d'envie entre voisins et voisins, entre classe etclasse: et quelques unes de ces voix retentissent encoredans notre serventois. Les paysans et le menu peuplede la ville donnent pour cause de la vengeance divinela malignité de ceux qui sont au gouvernement, prêtstoujours à grever de taxes nouvelles les pauvres gens:et parmi ceux ci, plus d'un se rencontre qui ne dis-simule pas la joie que lui cause le dommage fait au<gras marchands de laine; de même, beaucoup, artisansgras et maigres, prennent plaisir à voir les Bardi, cesbanquiers richissimes, contraints par l'inondation à semêler, ne fut-ce que pour un moment, aux 1 rubaldià la canaille; et avec les maisons des Bardi on se montrevolontiers du doigt, au delà des ponts détruits, les mai-sons endommagées des Rossi et des Frescobaldi. D'au-tant plus volontiers on répète ces noms,' que clans cespuissantes familles d'outre Arno, le jour après l'inonda-tion, on avait essayé de profiter du bouleversement gé-néral pour susciter du nouveau aux dépens du -peuple;et (c'est toujours Villani qui raconte) un des Rossi avaitblessé un de ses voisins, « pour laquelle chose tout lepeuple courut aux armes. »

Dans ce cadre et sous ces couleurs le journal riméde Pucci décrit le cours furieux des eaux, du mercrediau vendredi néfaste; et le récit s'accorde en effet aveccelui de Villani, de sorte que les vers et la prose s'éclai-rent et se complètent reciproquemnent. Le chroniqueurs'applique davantage et avec une plus grande précisionà indiquer le niveau qu'atteignit la crue dans les prin-cipaux endroits de la ville; le rimeur se laisse aller da-vantage à mêler à sa description quelque, récit 'd'épi-sodes curieux ou émouvants: la foule qui se presse près

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des ponts en ruine barrés par les gardes, le bébé auberceau entraîné par le courant, la fausse alarme donnéele vendredi, parce que de la tour de la Seigneurie ondisait signalée une nouvelle crue plus terrible encore; etd'autres scènes de ce genre. Certes, à toutes celles-làn'avait pu assister le chansonnier, qui à plusieurs re-prises répète naïvement:.-

Par le cours de ces eaux terribles entrainésmille objets que je n'ai pu voir ont passé;mais pour 'non compte j'ai écrit la vérité

reçue d'autrui.

Car dans l'après midi du vendredi, tandis que l'unaprès l'autre croulaient les ponts de la Carraia, celuide Santa Trinita, et le Ponte Vecchio, Pucci, ne pou-vant rentrer chez lui, s'était enfui de la ville, et n'yrentra que le samedi matin. Mais ce brave homme,« qui pour savoir la vérité ne dormait point », s'était desuite mis en quête de bons informateurs; et rapportaleurs informàtions scrupuleusement dans ses vers, ainsi -qu'il résulte non seulement du rapprochement avecVillani,. mais d'un autre témoignage très sûr: les trentequatre disparus dans les remous de 'Arno près deRoveazano, desquels le serventois tous parle, et non lachronique, sont, et pour le lieu et pour le nombre,exactement confirmés par une ' provvisione ' de la Sei-gneurie.

Le serventois de l'inondation dépasse en longueur,et de beaucoup, tous ceux que Piicci composa par lasuite: c'est, peut-être, pour cela que les vers semblentun peu inférieurs comme mouvement à ceux qu'il com-posera plus tard à l'occasion d'autres grands fléaux desa ville: pour la famine de 1346, pour la grande pestede 1348. On peut toutefois recueillir ici quelques expre-sions naïvement énergiques; et en tous cas on voudrabien avoir pour lui quelque indulgence, car entre 1333

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et 34 s'il n'était pas exactement à ses premières armescertes il était encore jeune: il n'avait pas encore trenteans. II devait devenir bien autrement habile à manierla rime plus tard, surtout après qu'il se fut longuementexercé à « réduire en Comédie vulgaire », c'est à direen tercets dantesques (à sa façon) toute la chronique deVillani: à cette occasion il lui fallut revenir une foisencore à l'inondation, et il voulut lui consacrer, commeil l'avait fait déjà pour le nécrologe de Dante, un chantentier, le quatrevingt-quatrième, l'agrémentant de quan-tité de rimes proparox ytones.-

Le chant du Centiloque résume les quatre premierschapitres du livre onzième de la chronique, non sansquelque petite broderie du poète, comme il se plut àfaire souvent, quand la chronique parlait de son tempsà lui. Dans les tercets il rappelle aussi sa fuite horsde la ville, et de lui môme il sait nous dire que lesdécrets promulgués par la Commune afin de diminuerles dangers d'inondations nouvelles, ne furent que troppeu de temps en vigueur; à ce propos il cite, ou plutôttraduit très librement, un passage fameux de la DivineComédie. Et il tient à noter comment lui, par rapportaux florentins qui dans le dernier quart du siècle au-raient lu le Centiloquio, appartenait à la vieille géné-ration de ceux qui pouvaient se rappeler la grandecrue, et aux pieds (lu Ponte Vecchio la colonne avecla statue de Mars emportée par les eaux. A propos decette idole, dont la perte resta. mémorable en Florence,Pucci avait déjà ajouté dans le chant XXXV un souvenirpersonnel:

Apprends encore de moi, lecteur et maître,que je vis sculpté aux pieds du pontMars à cheval, en haut d'un pilastre;

et une Couronne était placée sur soitde fleurs, si le mois de Mars était sec;S'il était humide, pour lui faire dépit et honte

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on lui jetait de la houe, et le rendait laidpar les porteurs, dont la station était là,et il en était presque tout couvert.

Puis l'inondation qui vint par grandes pluiesemporta le pont et Mars; et si point ne se trompele livre, jamais plus 'on n'en vit trace:

mais je sais bien que jamais plus cette villen'eut la paix, de quelque façon que résonneson nom, mais a toujours été en guerre.

Par ces tercets nous apprenons que le vieux palla-dium florentin, dans la tradition populaire, servait aussià un de ces rites auguraux pour la saison nouvelle, quimême encore, sous diverses formes, subsistent dans lesfêtes du printemps de nos campagnaids. Que le servep-tois ne dise rien de la perte de Mars celi ne nous étonnepas: ce pourrait même être un indice de plus que lesvers en furent composés peu de temps après l'inonda-tion, c'est à dire quand l'immensité du désastre présentempêchait de trop s'apercevoir de l'absence de la < pie-tra 'scema>, et laissait, en même temps, espérer qu'ainsiqu'en 1178 011 pourrait la retrouver et la remettre là surle « canto di Marzo », en sentinelle du « passe d'Arno »et en protecteur de la ville.

A cet espoir fait allusion un des trois sonnets publiésici à la suite des deux poèmes de Pucci, afin que toutesles rimes florentines sur l'inondation fussent réunies.Si •nous pouvions accepter la didascalie qui attribue àAdriano dei Rossi ces sonnets et les prétend adressés àMatteo Frescobaldi, nous aurions dans ces vers, commeen opposition au serveritois de Pucci, l'écho, des bruitsqui circulèrent alors parmi les puissantes familles del'Oltrarno: certes nous avons, au début du premiersonnet; un beau geste satirique contre les Ordonnancesde justice, un « mette » nullement indigne d'un de cesnobles diseurs en rimé: La proposition qu'on 'y fait de« mettere Arno in tamburo », c'est à dire de le dénoncer

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- à l'Exécuteur de la Justice, est, dans la bouche d'unGrand, un vif sarcasme contre ces institutions et contreces gouvernants, qui chaque jour, à tout propos, étaientprêts à dénoncer au peuple les Grands comme auteursde tous les malheurs de la ville. Mais ensuite, mêmedans les sonnets, le sarcasme fait place à un appel khiconcorde et à la paix, que toutes les classes du peuplede la ville ne devaient qJe trop souhaiter api-ès tantde luttes d'hommes et d'éléments.

Nous terminerons cc petit recueil par les inscriptionsapposées en 1345 au Ponte Vecchio, reconstruit enpierre, desqueltès nous avons déjà présenté le facsiinilê,Vers le milieu du Pont on voit encore, à gauche en al-lant au delà d'Arno, l'inscription latine

Anno nilleno, ter ce,,tum ter quelque deno.Et tribus adiuittis, in quarta Ince novenibris..Turbine linpharum multaruni carnet hic ponsPostea mulleuis ter centum quinque novenisPulcrior orantes Cactus fuit et réuovatusHic puer osleadit breriter que fada fuenint.

A droite la dalle avec ce quatrain en rimes vulgaires

Nel trentatré dope. 'I mille [recuiteIl ponte cadde per diluvio d' acquc:Pci dodici auni, chine al Conun piacque,Rifal.to lu, con qiiesto adornamento.

(En trente trois après le mil dois cents,Le pont croula par le déluge des eauxAptes douze ans ainsi qu'il plut à la CommuneIl fut refait avec cet ornement).

Une troisième inscription; également en vers vulgai-res, se trouve ,enchassée dans le mur, à la hauteur d'unpremier étage, à l'angle de la rue S. Remigio et de larue dei Neri, C'est un petit marbre, surmonté d'unécusson avec la croix (les armes du quartier), et sous

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l'écusson onpeut lire ce tercet, eu caractères noirstrès bien conservés:

Di quatro di novembre, gioovedi,La nocte poi vengnendol venerdi,Fu alta Pacqua d'Arno infino a qui.

(Le jour quatrième de novembre, jeudi,La nuit suivante, au commencement de vendredi,L'eau de l'Arno est montée jusqu'ici).

Et sous le dernier mot une main désigne les lignessinueuses qui représentent le niveau qu'atteignirent leseaux.

S. MORPURGO.

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Le Ponte Vecchio et la statue de Mars.

t++ttttttSERVENTOIS

ET CHAPITRE

EN TERCETS

DE ANTONIO

PUCCI. t * *

TROIS SONNETS

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PAINS t t t

TEXTE ITALIEN

ET TRADUCTION

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DILUvI0 CHE rU IN FFRItNZE A Dl iv NOVENBREiiccçxxxIn; FATTO PER ANTONIO Pucci.

•Novello sermintese lagrirnanclo,per tutto I mondo puo' gir sospirandoe. senpre tutta gente ainmaestrando

•j di Firenza.Signor, dicendo, state in penetenza,non aspettate il di delta sentdnia,ne' yostri fatti aggiate proeclenza

S di ben fare.•Ch6 voi sapete che, di quà da mare

non si poteva mn città trovareche fia la gente avesse per volgare

12 inaggior nornanza;ciascun païen ch' avesse per usanzadi dir: Firenze ogni cittade avanza';e corne I'avia '1 nome, di certanza

16 era conpiuto. -Or si puô dii ched e' le sia caduto,perè cli' n Gesu Cristo è rincresciutodel popol di Firenze diceduto

20 i ]or peccati.più e più volte pe' tenpi passatiIdio n' à loi miracoli mostrati -cd in più. guise si gli à arnrn[aestratij

24 chi ben procura.• Si corne dice 1' antica scri[ttnra,].

jnirnarnente Ii puose in [grande altura]a ciè cl ic ciascheduna cre[atura]

28 cOgnosceSSe

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INONDATION QUI SURVINT EN FLORENCE, LE JOUR QUA-TRIÈME DE NOVEMBRE MCCCXXXIII; COMPOS*E PARANT0NTO Pucci.

Nouveau sirventès tout pleurant,-par le monde t'en peux aller soupirantet tout le peuple Sans cesse enseignant4 en Florence.

Disant: Messeigneurs, faites pénitence,n'attendez pas le jour de la sentence,en vos actions avez prévoyance

de bien faire.Car vous savez que de ce côté de la merne se pouvait trouver cité sur terredont fût parmi les gens aussi vulgaire

12 la grande renommance;et chacun, semble-t-il, avait accoutumancede dire: 'il n'est cité que n'écrase Florenceet tel le renom, telle, ayez-en l'assurance,

'ô était la vérité.Or peut on dire que ce renom lui fut êté,parce que Jésus-Christ fut irritéà cause du peuple de Florence aveuglé

20 par ses péchés.Mainte et mainte fois, durant les temps passés,Dieu par des miracles l'avait montréet de bien des façons les avait enseignés,

24 - c'est chose sûre.Ainsi que le raconte l'ancienne écriture,premièrement il les mit en haute posture,à seule fin que toute créature -

23 bien le sentît2

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da Gesu Cristo il ben clic de[scendesse],e p0' sicondo a questo si 1i[entesse]de' suoi peccati, [e] senpre a 1[ui istesse]

32 in orazione.E non giovando tale ammonizione,si piacque a lui di nove condizionemandando lor più volte afflizione,

36

-gli arnrnaestrava.E ciascun frate heu 10' predicava

•- corne p& lor peccati gi' incontrava:

• veggendo Iddio êhe questo non gio[vava,40

disse: aduna IE mandé lor si pessima forttrna

- clic scurato paria 'I sole e la lima,-

- - tant' era l'aria di nuvoli brimaa tufte. l'orc.

Di notre avia la gente gran trernore,-perché non si vedeva alcuno aihore,

stella né luna non facea sprendore45 - in fra la gente.

• - Non parliàn più di questo convenente,torniarno a dir di quel fume correnté,

• ciô hi .........-. . . si repente32 [in 5mo a Poppi.

•-. .PcI Casentino non trové rintoppise non di fiumi eh' cran grossi troppiphS eh' esser non soleano, in •serré doppi

56 • raddoppiando.Pensate clic esser dovea quando-insierne si venieno radunando,

•quando Arno era, prima cominciando,60 •cosi grieve I

Del camdin . d'Arno i' vi sd far pié brieve-e vo'vi dir del flûrne della Sieve,

• com' dia venne, e corne la riceve

- - 64 • -.- e seço il inena]

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- •1 9 -que tout bien venait de Jésus Christ,

•et que chacune après cela se repentît•-de ses péchés, et toujours devant lui se mît

32 en orations.Or, ne servant de rien telle admonestation,il se plut à les.changer de conditionet leur envoyant souvent affliction

36. - il les enseignait.Et chaque moine bien leur prêchaitcomment pour leurs péchés tout ceci arrivait:

- mais Dieu, voyant qu'à rien ne servait,

40 il les humilia.Et si terribile tempête envoyaque le soleil ainsi que lune obscuratant plein de sombres nuées l'air sembla

- 44 à toute heureEt la nuit ,chacun avait grande frayeurcar plus ne se voyait nulle lueur,ni étoile ni lune n'envoyait sa splendeur

H.- -parmi les gens.Ne parlons plus de ce moment,reprenons à dire de ce fleuve violent,ce fut ...........si soudainement

52 jusque depuis Poppi.Par le Casentiào mil obtacle ne vit,sauf des cours d'eau qui trop déjà étaient grossisbien plus que de coutume et que sept fois il fit

56 aller se redoublant.Pensez ce que ce devait être quand-ensemble tous se vinrent réunissant,alors qu'Arno était en commençant

60 - déjà si gros.--- - -Je veux être bref sur le cours de l'A-rno

- et raconter de la Siéve plutôt- --comment elle arriva; comment l'enlève le Rôt -

64 . --d'Arno et puis l'emmène. -

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- 20 -

Questa crudele e diluviosa piena,seconda che mi lu detta la pena,a moita gente diè l'ultirna ciena

65 senza spada.--E 'n quel punto aI]agô si la cantradache ricoperse d' intarno ogni strada,e disertando va alberi e biada

72 quanta prencle,cacciando a terra tutte te chiudende,• fia le vigne durarnente offende,• talor case, dove i'acqua scende,

76 -si ruvina.A Remol giunse di si gran ruvinache nippe le guaichiere e le inclina,e poi verso Conpiobbi si clichina

80 corne strale.E di siXbito giunse a la speclaleIl diluvioso fiume, ch' cia taleche li ruppe ........li vale

84 serrar....Giunse ...............Lrnancano Ire sfrûfeJ

85A Roveza' Lu I' acqua tanto ,rossache malta gente Le' dell' acqua fassa:di trentaquattro mai carne né ossa88- non si vide

Niente in pian di San Salvi si ride:quando quel fiume addosso li recide -cornillciàro a chiamar con moite stride

92 - a Dia pietade.Quan.do quel fiume giunse a la cittade,se m'ascoltate con uinilitacledi quel ch' io saprè la veritade

96 vi pensa dire.

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21 -

Cette cruelle crue diluvienne,selon que fut à moi contée la grande peine,à nombreuses gens donne l'ultime cène

68 sans épée.Si fort en ce point elle inonda ]a contréequ'elle couvrit aux alentours toute chaussée;emportant les arbres et toute moissonnée

72 partout où dit s'étend;toute barrière sur le sol précipitantet parmi la vigne durement dévastant;et parfois, des maisons où l'eau va s'engouffrant

76

ruine survient.A Remol parvenu, si grand fléau devientqu'elle brise en passant fouleries et moulins,et devers Compiobbi se précipite enfin

M

comme une flêche.Sur l'hôpital le flot qui se dépêchearrive en déluge et y fait large brèche

84

f Lacune de i)ois slrop/zesJ -

85A Rovezzano les eaux furent si grossesque de nombreuses gens y trouvèrent leurs fosses:de trente quatre d'eux jamais ni chair ni os

88

plus ne se vit!Dans la plaine de San Salvi point on ne rit;et quand le fleuve sur eux bondittous de clamer invoquant à grands cris

93 - de Dieu pitié.Quand ce cours d'eau- parvint à la cité,si vous m'écoutez avec humilitéde ce que je saurai, la vérité

96. pense vous dire.

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- 22

Dé iacciavi, signor', di soferire• queste parole di vol erle udire,

ch'a me diletta molto di siguire100 -il convenente

E giunse tanto diluviosamente• ch' cl mise a terra il muro di prescrite

che sostener soleva primamente104 tutto '1 pondo.

E 'I mur de' frati fu poi il sicondo,çhe in piti parte 1' acqua il mise a fonde,[cd il vivaio] tutto quanto a tondo

ios [cadde dise]rto.[Perché di] mota Io lascib coverto;•[e a u]n uscio percosse cd ebbe aperto,[e fra] gli frati se n' andè per certo

112 [in Sa]nta Croce.[E gli fra]ti, veggendo si grau foce,[co]rninciàro a gridare ad aita boce:[' Sign]or, che per ici fosti posto in croce,

116 - [mise]ricordialNiente allor avian fra lot discordia:piangeudo tutti quanti di concorcliafuggiro in chiesa, e ciaschedun s' acordia

120 con grau lume.Lassaino star costôr col buon costume• e ritorniamo al perigioso fume,si corne ruppe col suo grau volume

524 la forte porta,quella alla Croce, ove la gente mortalutta si tene, veggendo la scorta,e 'ncontanente mandât giù accorta

Ils la cateratta.L'acqua veniva di foga si fatta,che di sûbito 1' ebbe tutta sfatta,e rienpie, correndo molto- ratta,

132 ciascun borgo.

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- n -Qu'il vous plaise; messieurs, de souffrirces paroles, de les vouloir ouïr,car moi, je me plais grandement à ourdir

100 notre chant.Donc, se précipita si ciiluviennementqu'il jeta bas le mur, soudainement,celui qui supportait habituellement

104

le poids de l'onde.Le mur des frères fut ensuite le second:l'eau le détruisit en maint endroit à fond,puis tout entier, on vit s'écrouler en rond

10$

le vivier clair.Et puis, de houe l'ayant laissé couvert,enfonce un huis, et ce chemin ouvert,parmi les moines va, ainsi qu'il appert,

112 . en Sainte Croix.Et ce voyant, frères en grand émoide s'écrier à suppliante voix:- -'Seigneur, toi qui pôur nous fus mis en croix,

116 miséricordePlus rien alors ne met entre eux discorde,et tous gémissant de concordefuirent à l'église, et grand cierge s'accorde

120 chacun d'eux.Laissons ceux-ci à leurs pensers pieux,revenons-en au fleuve périlleux.;de sa masse énorme il rompit, furieux,

124 la forte porte,celle de Sainte-Croix, où se tient pour mortela foule, voyant commencer l'attaque de la sorte,inmediatement on fait baisser, accorte,

128 l'écluse.Mais le flot avec tant de violence fuse,qu'en un instant l'a toute contuse, .et remplit, d'une course rapide et confuse,

132 chaque quartier.

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- 24 -

In .buona verità ch' io ver vi porgoche quando î' vo' a veder la Croce a Gorgo,di quello chè la piena le' m' accorgo

36 ch'io spaventolE 'n sulla terza con grave tormentotutta la Città Rossa a conpimentolu piena d' acqua: e con grave lamento

340 si gridava,e per la terra riinor si levavasi corne l'Arno la città allagava;e' bottegai ciaschedun murava

144 co le zolle.Sperando ch'el scemasse, ognun Lu follede Io sconbrare, e quando far Io voiletrova la casa d' acqua tutta molle.

348 E senpre alzavalsi che d' andar ne 1' acqua ognun dottavae tutto suo arnese abbanclonava:cosi fuggendo, ciaschedun montava

352 per le scale.A nona l'Arno lu si grande e taie,che quel cotaI che di veder li calele case del Cumun vid' andar male

156 - a sé davanti,là dove si facien le borse e' guanti:lodato ne sia Dio con tutti i Santich' a' bottegai ne canpô alquanti

360 la personaE, poco stando, fra vespro e la nona,si corne per chi 'I vide si ragiôna,il fume ruppe; clic si forte sprona,

[64 ogni pescaja;• le' cadere il ponte alla Carraja• 'I mur clic .conflnava con Verzaja;• de la torre, perché phi si paja,

168 lasciè scheggia;

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- 25 -

En bonne foi vous le puis affirmerquand à la Croix à Gorgo je vais contemplerce que fit la crue, de le constater

136 je m'épouvante._Et vers l'heure troisième, sous l'angoisse trem-la Cité Rouge, par cette eau envahissante [blanteest remplie: une plainte déchirante

140

s'élevait,par la cité la ruinent se propageaitcar l'Arno la ville tout entière inondait;avec des mottes, chaque boutiquier bien bouchait

144

tous le trous.Espérant que l'eau décroîtrait, ils furent fousde ne transporter rien; quand y songèrent tous,leurs maisons étaient pleines d'eau, dont les remous

148

toujours montaient.De descendre dans l'eau chacun le redoutait,et tous ses effets plutôt abandonnait;et fuyant au plus haut, chacun se trouvait

152 dans l'escalier.A nones I'Arno était gros et altiertant que celui qui de voir se pouvait soucierles maisons de la Commune vit s'écrouler

156 en un instant,à l'endroit où l'on fabriquait bourses et gants:loués soient Dieu et tous les saints, que pourtantse sauva de quelques uns des marchands

160

la personneEt peu après, entre vêpres et none,comme il fut constaté par plus d'une personnele fleuve de son flot qui si fort éperonné

164 détruit la pêcherie;et fait écrouler le pont de la Carrerieet le mur qui touchait à la Vergerie,-et de la tour, pour faire mieux voir sa furie,

- laisse une ruine,

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- 26

perché la gente tutta quanta 'I veggiacorn'Arno n' ha levata la soveggia,si corne piacque à Dio che signoreggia

72 Salvatore.E la famiglia di ciascun rettore -alla guardia de' ponti -era n furore,e non passava grandi né minore

176 - phi ch' un per volta.E pur prontava a bu la gente stolta,e di voler passar ciascuno affolta;a presso 'I ponte degli Spin lu in volta

180 - cd io fugia.J' dico ch' io non en a meza via -a ritornare in verso casa mia,ch' i'udî dit che 'I Ponte Vecchio gia

154 per 1' acqua rôtto.In ira la giente ii' avia grau corrotto,e chi piangeva, chi non fada motto,tanta tristizia ave' al cor condotto

155 - questo giorno.Andar non si poteva punto a torno,e chi oltrarno faceva sogiornoa casa sua non potea far ritorno,

192 n sua famiglia.Dé, ascoltate ben gran rnaraviglia,che da la lungi phi di dieci inigliavenian le cose, corne b' acqua piglia

196 ogni gran peso.Secondo eh' io per quel clic 'I vide [ho] inteso,che lu da 1' acqua durarnente offesoe vide il fiume, quando -piû lii steso,

200 e tutte quantele cose che inetteva a sé davante:cl mi giuré a le guagnele sautech' cl non credeva ch' el n' avesse tante

104- di qui a Arezo.

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27 -

pour que le peuple à son aise examinecomment 1'Arno à travers l'enceinte chemine, - -ainsi plut-i! à Dieu qui tout domine,

172 à Dieu Sauveur.Et !es hommes d'armes de chaque recteurà la garde des ponts veillaient avec rigueuret ne laissait passer ni majeurs ni mineurs

176 plus d'un à. la fois.La gent insensée les pousse toutefois,ils se pressent pour passer, tous les bourgeois;et le pont des Spini en mouvement se voit

iso et moi de m'enfuir!La moitié du chemin je n'avais pu finirvers ma maison, où je voulais revenir,quand j'entends cette rumeur retentir:

184 'le Pont Vieux a croulé!'Parmi les gens ce fut alors grand pitié,qui pleurait, qui demeurait muet,tant de tristesse avait au coeur été apportée

LIS parce jour.Impossible de parvenir alentour:qui au delà de l'Aruo avait son séjourchez lui ne pouvait plus faire retour

192 parmi les siens.Hélas, quelle merveille fut (écoutez bien!),que de plus de dix milles toute chose vientau fil de l'eau, qui emporte et soutient

196 les plus lourds objets.D'après ce que m'a dit qui y assistaitet fut par l'eau durement dommagéet vit le fleuve quand plus rage faisait,

200 tant et tantde choses l'eau roulait dans sôn flanc,que sur l'Evangile il m'a fait sermentqu'il n'aurait cru qu'il put y en avoir tant

204 . jusqu'en Arezzo sûrement.

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-28 -

E videne venire, stando un pezzo,un lette e la lettiera a pezzo a pezza,• alite cose moite, e pci da sezzo

205 parecchie arche• casse che parean di parmi catche:• se 'nver lui allons fosser varche,cl mi giurè che no l'avrebbe scarche

212 per pauraE riponendo verso Pacqua cura(e questa ben Ii parve casa scural)vide venir per la fortuna dura

216 in una culla,o ver fanciul che fosse o ver fanciulla,e non parea cli' avesse laddosso nulla:

/ chi le suai dar le case e chi 'I trastulla220 or che ne fia?

Egli era vivo e Lutta via piagnia,e 1' acqua forte nel menava via;e• pci di clietro a lui ratto venia

224 un greve legno!Ed cl inc dire che ii fiece un segno,dicendo: 'Padre, o Signer mie degno,quel fanciul chd non è di morte degno,

228 aiuta, IddioGiù per quel fume eh' era tante riopiÙ case veiner ch' io no le vid' ic,ma i' è scritto il veto da que' ch' io

232 d' aitrui ascoltai.Per Arno ne venivano e telaicon I' orditura, e capanne e pagliai,e dietro a questo poi veniva assai

d'ogni legnarne,iscope sciaIt; cd anche con legame;e una pieta lu pure 'I bestiame;ancor si vide moita lana e stame

240 ed alcun panna;

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- 29 -

I] vit venir, ayant observé longuement,un lit et la literie, par fragments,et beaucoup d'autres choses également,

os

enfin de lourdes caisseset coffres qui pleins d'étoffes paraissent:si vers lui fussent venus en détresse.certes il n'y eut point touché, il le confesse,

212

par épouvanteEt se remettant à fixer l'eau couranteil vit (et bien lui parut chose désolante!)venir au gré des destinées méchantes

216 en un berceauun enfant, fille ou garçon, on ne sait trop,qui semblait nu, sans rien sur le dos;ceux qui nourrissaient, ceux qui amusaient le petiot,

220

que sont-ils devenus?L'enfant vivait, pleurant à corps perdu,le flot puissant l'emportait toujours plusderrière lui vient, el5trainé par le flux,

224

un tronc fort gros.Alors, il fit le signe de la croix sur le berceau,disant: Père, Seigneur, o Dieu très haut,de cet enfant que la mort menace trop tôt

228 prends pitiéPar le cours de ces eaux terribles entraînésmille objets que je n'ai pu voir ont passé;mais pour mon compte j'ai écrit la vérité

332

reçue d'autrui.L'Arno transportait métiers et établisavec les fils tissés, cabanes, meules; puison voyait surnager derrière tout ceci

236

toutes sortes de bois,sarments épars ou par paquets à la fois;et c'est pitié de voir le bétail qui se noie;laine et fil encore en quantité l'on voit,

240 - et des pièces de drap;

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- 3° -e fra la mata ancor moiti ne stanno.Aicun si raliegrava di quel danno,sapienclo quel ch' e ianaiuoli fanno -

24,4 -a' meupOssenti.Dé siate d' ascoltar me sofferenti,ed io vi conterè di gran tormenti,corne la natte fur, per ognun venti,

248 - y' inproinetto.Persona non s' andà la natte a letto,chi fuggi in alto paico e chi sul tetto,piangiendo [forte], piechiandos' el petto,

252 - ognun gridava.Misericordia ciaschedun chiamava,piccoii e grandi forte lagrimava,e taie era sul ttto che li Java

356 1' acqua a' piedi t.Quel cotai- forte griclava merzedementre che 'I fiume addosso andar si vide:

- e veramente la natte si crede160 affogare.

Al fume ritto vi vo l ritornarecorn'ei fe' tutto il horgo ruviflaredov'e cappeili sisolevan fare

164

- dal Vecchio Ponte.La natte cadde il castello O]trafonte:la caneva de] sal diventè fonte.Delle pelle di qua parte y ' è conte

268 e non d' oitrarno,corne quel fiurne periglioso d'ArnoRipoli aiiagè e poi Bisarno:e iavorossi per qiseil' anno indarno

272 - quel paese!E per Sa' Niccolè pal si distese

• e' bo[r]ghigiani duramente offese,perché di nul]a non vi fer' difese

276 --e stetter saldi.

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-31-

- et bien d'autres encore sous la fange sont là.Et ce désasti-e -de causer joie et sou]as,è. qui sait que les marchands de la laine n'épargnent pas

244 les pauvres gens.De grâce, soyez pour m'écouter assez patients,. -je vous raconterai ces terribles tourmentsqui la nuit devinrent vingt fois plus violents,

248 je le garantis.De la nuit nul ne s'en fut au lit,-qui dans la mansarde, qui sur le toit s'enfûit;pleurant fort, se .frappant la poitrine, contrit,

252 chacun gémissait.Miséricorde, tout le monde implorait,petits et grands, chacun fort larmoyait,et tel était sur le toit, qui de son pied touchait

256 l'eau devant lui.Chacun demandait grâce à grand crivoyant le flux prêt à fondre sur lui:et vraiment pensa bien cette nuit

260 être noyé.Mais au fleuve je veux retourner,disant comment tout le borgo il fit ruiner--là où étaient les fabriques des chapeliers

264

près du Vieux Pont.La nuit croula le castel Rautefront:le dépot du sel en un ruisseau se fond.-Je vous ai dit les peines de cette région,

268

et non d'Outre Arno,comme ce fleuve dangereux d'Arnoa fait un lac de Ripoli et tIc Bisarno:c'est en vain cette année que l'on fit les travaux -

212 -dans ce pays!Puis à travers San-Niccolà il s'étendit,les habitants du bourg durement il meurtrit,car personne de

•se défendre n'entreprit -276 - ni ne fit rien.

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- 32 -

E' Bardi, clic d' aver son cosi caldi,fieci fugire a guisa di rubaldiquel fiume; [e] 6Ç le' a' Rassi e Frescobaldi

280 grande oltraggiaSi came per chi y ' era udita I' aggia,& tu tant' alto e farte per via Maggia,ch' a' lanaivali [e' moka dannaggio

264 e 'n tutta 'I sesto.Dello rimar d' altrarna tasta restae nella maggior parte toma presto:a Gesu Cristo, che dalor fil questo

288 e che sconfittalPa' che Firenze lb prima cliritta,in nulla parte si truava scrittached ella ricevesse una trafitta

292 si agutachi pU ricchi ara, piû roba è. perdura,e disertata la giente minuta.A mezza notte Pacqua fu cresciuta

29Ù altrc misuramalta gente di marte ara sicura,sed cl flan fasse la grande rotturache 'n quel punto ficcera le mura

300 . lunga il Prato.Came 'I fium' abc sua cammin travata,incantanente fit molto scemata,e 'I giorno, ch' ara malta disiata,

:104 . fu presente.Cantata y ' ô del givavedi dolentee de la natte che pai lu siguente,or vi dirô del venerdi vegnentc

308 furtunale.O Gesu Crista, ra cilistialc,.

•questa fartuna came [u martale,clic chi di padre e chi fratel carnale

farte si duale;

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- 33 -

Les Bardi, possesseurs de si grands biens,ce fleuve les fit fuir ainsi que des vilains;aux Rossi, aux Frescobaldi, de même advint

280

dommage grand.Ainsi que je l'ai ouï de qui était présentdans via Maggio le fleuve fut si fort et puissantqu'à tous ceux de la laine il causa dommage grand

284

et à tout le sestier.Des rives d'Outre Arno je cesse de rimerbien vite je reviens vers le plus grand quartier:doux Jésus, que (le tourments en ce dernier,

288

quelle déconfitureDepuis les premiers temps, si loin qu'on s'aven-nulle part ne se peut trouver une écriture[ture,disant que pour Florence il fut une blessure

292

aussi aiguplus riche on est, plus la perte reçueest grande; rien ne reste à la gent menue.Vers minuit a encore augmenté la crue

immensément:-pour morts déjà se tenaient bien des gens,tels l'eussent été si fort heureusement,ne s'étaient écroulés les murs à ce moment

mn le long du Pré.En son chemin le fleuve s'étant ainsi retrouvé,il fut aussitôt grandement diminué;et le jour qu'on avait ardemment désiré

304 - fut présent.Narré vous ai de ce jeudi dolentet de la nuit qui suivit tristementje dirai maintenant du vendredi suivant,

303 tempétueux.O Jésus-Christ, qui trônez aux cieux,combien de morts! quels destins douloureuxtel pour son père, tel pour un frère malheureux

312 pleure à grands cris;

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- 34 -chi piangeva fitiuo]i e chi figliuole• chi persona a chi molto ben vuole,• chi piangeva Vaver ch'aver suole

316

ma bene è stolto!E chi per ira si graffiava il voltb''eggendo quel clic l'acqua gli avea tolto,chi vedea di suo grano e di vin molto

320

grande strazio.E chi cliceva: Cristo ne rengrazio,die a me à conceduto tanto spazioclic io son di confessarme sazio,

324

eh' avia temenzadi non morire senza penitebzaor son pentuto d'ogni inia fallenza, -lodato sia la divina potcnza

325

cou letizia IDé corne fia crudel questa tristizia!ma verarnente clic la lu giustiziache Dio mostrè per punir la inalizia

332

de' Fiorentiniclic scripte pensan pur di far fiorinie di far grande inposte a' contadini,e per Firenze a' pover dittadini -

336

gabelle porte.A vesjiro boce per la terra.corre,com'a la gente diletta d'aporre,ch' un -fante de' prior' di su la torre

340- ava \'edutoil fiume d'Arno si forte cresciutoch'era Inagior clic quel cli' era venuto:alcun' di verità l'ebbor creduto,

344

e tosto corsee fra la gente la novella poisedi venitade, e no' la mise in forse.E corne, quando sou cacciate, I' orse

348 van correndo,

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- 35 -

tel pleure une fille et tel pleure un filstel pleure le meilleur de ses amis;tel, enfin, pleure sur ses biens détruits

316 bien fol en venté IL'un, s'irritant, le visage se déchirait,voyant tout ce que l'eau lui avait enlevé;-voyant son grain dispersé et soit emporté:

320 quelle pitié!L'autre disait: 'ô Christ, soyez remercié,qui m'avez assez de loisir concédépour que j'aie pu inc confesser,

-324

car j'étais en dbutanceavant que de mourir, de faire pénitencemaintenant que voici purgée ma repentance,je veux bien haut louer la divine puissance

328 avec grand liesse'.Las conune nous fut dure cette tristesse !-Mais vraiment ce fut avec justesseque Dieu voulut punir la malice perverse

332 des Florentins;qui cherchent à gagner toujours plus de florins,chargent les pauvres paysans d'impôts sans finet par Florence inflige aux pauvres citadins

336 taxes sur taxes toujours.- Vers vêpres par le pays le bruit court,

(et chacun se plait à le répéter tour à tour)qu'un servant des Prieurs, du haut de la tour,

340 dit avoir vule fleuve d'Arno si grandement accruqu'il venait plus gros qu'il n'était encore venu:par plus d'une personne cela fut cru;

344 aussi tôt chacun courtparmi les gens, criant d'Arno le nouveau tourcomme chose non douteuse, claire comme le jour.Et telles les ourses devant le chasseur toujours

148 s'ensauvent en courant,

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36 -

cosi veniva la gente Fuggendo,e grandi e picotins, ognun piagnendo,e venivansi tutti riducendo

352 a le montagne.E chi sue padre e chi suo fratel piagnee chi per la sua mactre si dk lagne,chi pet flgliuoto Io viso s' infragne

356 a mal partite;dicendo: 1 lass' a me, ch'i' l'è smarrito,

- cd è si forternente sbigottitoclic 'n una fossa d' acqua serà gito t

360 or corne faccio?Alcun' fugiau con tre flgiiuol' in braccio;e donne partorir per Io bragaccioalcuna notte, senz' alcun piurnaccio

364 sotto testaLa nette d' acqua ht si gran teupestadie 'nflno a giorno chiaro non le' resta:in sub]a chiesa fer' pietosa festa

365 i fra' minori,e fiecionvi b' altar co moiti onori,pregando Jddio per tutti e peccatori:fin che del giorno tidono g11 albori

372 fer' disciprina.[Qui ,naflca?JO 17 sîrofe]

37 [e qui lasciànoda nitra parte quel fiume viibano:per lui Legnaia à lavorato invano,a Settimo guastô di molto grano

377 e giunse a Signa.Moiti affogoro in qtiell' acqua mahgna,e alia.gè [ogni] terra, casa e vigna,poi Monteiupo e Capraia avviglnt

381 sempre [e] rinnaiza.

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3? -de même allait le peuple s'enfuyant,grands et petits, chacun pleurants'en venaient tous, se réfugiant

352 sur les sommets.Et l'un son père et l'autre son frère plaignait,et celui-ci pour sa mère se lamentait,et celle-ci pour sort fils se déchirait

356

le visage, disant:Hélas de moi, qui ai égaré mon enfant:

lui qui s'efliayait si fortementsera tombé dans quelque trou d'eau, sûrement!

160 que vais-je faire?D'autres fuyaient, portant trois enfants dans leurs brasplus d'une femme dans l'affreux marécage accouchaces nuits-là, sans oreillers ni matelas

364

sous sa tête.La nuit, la pluie tomba en telle tempêteque jusqu'au point du jour point elle n'arrête:sur leur église font une pieuse fête

363

les frères mineurs,ornant l'autel en grand honneur,priant Dieu pour tous les pécheurstant que du jour n'aperçurent les lueurs

372 firent Pénitence.[Lacune de , strophe.]

373

. ici laissons enfind'autre côté ce fleuve vilain:par sa faute Legnaia a travaillé en vain,à Settimo il a gâté tout le bon grain:

377

à Signa le voici.Beaucoup sont par ses eaux malignes engloutis,champs, maisons et vignes à leur tour sont détruits,puis Montelupo et Capraia sont envahis:

381 l'eau toujours avance.

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- 38 -

Fra que' due poggi [si forte] rinbaizache moite case di inota rin[c]aiza,la maggior parte de' fondarnenti scaiza

385 e caccia in terra.Verso la Castellina fece guerraintorno a' poggi, ma none a la terra,perch'era alla, ma da piè l'afferra

389 il faune grande.A moita genle diè mortai' vivande,di pianto le' alla Castellina bandeci - crudel fiunie, [e] per Io pian si spande

393 • di Puntorin o.Io, die di sapere il ver non dorme,mi disse un de la contrada enformoche vi sonavan le caupane a stormo

397 e a marteilo.Quel borgo di fuor, ch' era

si beilo,Io disertè affine, il fiume fello;e fece dentro a Enpoii drappeilo

401 a l'una faccia.Quelle mura tutte in terra caccia:-.qualunque casa di rapina abbraccia,per viva forza. convien ch'elia caggia

405 a terra rottaPiCi e pit'i casamenti- in poca d' ottamandè in terri • quelia piena aibotta,

-poi subitamente Lu ridotta409 a Santa Fi ore.• L'Elsa, che a far soles, a maggior amore,

con Arno insieme vennon d'un colore, -e le' inorir moita gente a doiore

413 colla sua onda,Quando ch' ebbe passato Santa Gonda,il fume per Io pian st forte abondache clisertè Fucecchio, e poi seconda

4(7 sansa manco

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39 -Entre ces deux collines si fort s'élancequ'emplit de bouc les maisons sans défense,déchausse leurs fondations et avec violence

385

les jette à terre.Vers la Castellina l'eau fait grande guerreautour des monts, mais grand mal ne peut faireau pays sis trop haut, qu'à ses pieds seuls enserre

359 le fleuve grand.Il fut poison mortel à grand nombre de genset ceignit la Castellina de longs gémissementsce crue! fleuve, et en Pontormo se répand

393 par la plaine.Moi, que le désir de savoir laisse dormir à peine,je sais de quelqu'un du pays, chose certaine,que les cloches sonnèrent Palarme à voix pleine

391 et le tocsin.Ce bourg hors de la ville qui fut si beau, soudainfut dévasté par le fleuve assassinà Empoli il se fit brêche enfin

401

sur un côté.Renverse à terre ces murs là de la cité;chaque édifice qu'il entoure avec aviditéde vive force à terre est précipité

405 en mille débrisCette crue alors en peu d'heures détruitmaint bâtiment grand et petit,et puis brusquement se détourne et fuit

409 vers Santa Fiore.L'Elsa qui d'ordinaire, était la plus sonoreavec l'Arno de même teinte se colore,avec, mille souffrances nombreuses gens dévore

413 en ses ondes.Quand il eut dépassé Sainte Gondele fleuve à travers la vallée tant inondequ'il endommage Fucecchio, et continue sa ronde

417 . sans repos

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- 40 -

[in verso] Sauta Crocie fiente istanco;• divianclo passo Casteifranco,• andè guastando dal lato manco

121 e le' divisa.Se non avesse tenuto alla ricisamal condott' era la città di Pisa,ma pur cosi vi lu caro di risa

425 e grievo pianto.o Padre, o Figlio, o Spirito Santo,corne al]agô [la piena] d' ogni cantoe raddoppiô il dolor quattro cotanto,

429 ciè è mio avviso.[D]el fiume d'Arno vi vo' far divisoe a' Fiorentini tor.nare n ricisosed e' fecioii mai mal, per non diviso

433 sou or viziati ]Idio g11 à on un poco gastigati,ma non corne son degni esser pagati:di dirvi corne poi sono arnendati

437 non bisognaSecl io fino a qui dett' è Inenzogna,al parer mie el no' m'è già vergogna,perè cli' io non stetti ma' a Bologna

441 ne Io Studio.Pensate, Florentin', del tenpo crudo,non fate senpre d' avarizia scudo,pensate che ciascun si parte gnudo

445

di questo inondoe non dica nessuno: j' mi nascondo',se ne Io inferno non vuol • ir profonde.Finito è 'I sermintese; cd io rispondo:

449 al vostro encre.Amen amen.

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- 4' -se dirigeant vers Sainte Croix toujours dispos;déviant de son chemin il passe Casteifranco,mais dévaste sa rive gauche aussitôt

421

et puis s'en va.S'il n'avait pas suivi son chemin tout droitPise était réduite à mal endroit:même ainsi la cité peu de joie éprouva

425

de peine ne manqua point.O Père, o Fils, o Esprit Saint,combien la crue a sur tous pointsétendu, aggravé, quadruplé le chagrin

429 je le veux déclarer.Du fleuve d'Arno je veux me séparer,tout droit aux Florentins je m'en veux retourner:S'ils firent mal jadis, ores pouvons assurer

433

qu'ils sont viciésDieu les a maintenant quelque peu châtiés,mais pas au prix qu'ils sont dignes d'être payés:vous dire comme ensuite ils se sont amendés

437

point n'est besogne!Si quelque chose au vrai mon pauvre récit rogne,à mon avis n'en dois avoir nulle vergogne,puisque jamais à étudier à flolbgne

44' je ne fus.Pensez, ô Florentins, à ces temps malvenus,de l'avarice rie vous faites point écu,songez que tous un jour nous devrons sortir nus

445 de ce bas monde.Qui dit 'on ne me verra' bien mal se fondes'il croit ne point aller dans les enfers profondes.Mon sirvente est fini; laissez que je réponde:

449 en votre honneur.Amen amen.

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CAPITOLO CHE PARLA SOLAMENTE • DELLA GRAN PESTI-LENZIA DEL DILUVjO CHE iN FIRENZE OFFESE TANTAGENTE • Cli' A VOLER FAR CIÔ CE' EL FE' MANIFESTONON BASTERTA 3IAGGIOR LII3RO CliC QUESTO.

Ognor chi' mi ricordo del mi!lesirnotrecentotrentatré in' è tanto o]traggiocli' io esco quasi fuor di inc medesimo;

considerando clic se giugno e rnaggioFirenze stat' era in lesta e in ictizia,

6corne dinanzi ne vcc!esti saggio,poco indugié, clic dopo la dovizia

dcl!' al!egrezza tutti i suoni e canti9!e tornarono in pianto e in tristizia.

Dico che !a mattina d' Ognissantiincorninciè scnza restare a 1)iovere

12nella città e ne' !uoghi circustanti;né mai si vide ta] modo riinovere

!a nette e 'l di, si clic continuando15fe' moIti cuori a !agrimar cornmuoverc,

perché l'aria, tonando e balenando,diventat' era tanto spaventevole

uclic non ci si dormia dubitanclo.Lunedi comincié il tenpo spiacevole,

e '! Casentin, pian d'Arezzo e 'I Valdarnu21guastaro i fiurni, cli' ognun fu liocevo!e.

Mettendo poi la Sieve grossa in Arno,guastando venne colla sua rapina

14pian di Sansalvi, Ripoli e Bisarnopescai' ronpendo, gualchicre e lnu!ina,

persone e hestie e cose moltitudine27innanzi si mettea sera e niattina.

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CHAPITRE QUI PARLE SEULEMENT DU GRAND FLÉAU QUEFUT L'INONDATION, LAQUELLE FRAPPA TANT DE GENSÀ FLORENCE, QU'À VOULOIR DÉCLARER TOUT LE MALQU'ELLE FIT UN LIVRE PLUS GRAND QUE CELUI-CI NESUFFIRAIT.

Chaque fois que je nie rappelle le millésimede trois cent trente trois, Ce m'est tel outrageque j'en suis comme hors de moi-même;

considérant que si en juin et maiFlorence fut cil et en joie,

6 comme ci-devant tu en- eus la preuve,bien peu dura, car après la plénitude

de l'allégresse, tous les sons et les chants9se tournèrent en pleurs et en tristesse.

-Je dis que le matin de la Toussaintcommença et point n'arrêta de pleuvoir

12dans la ville et les pays avoisinants;et cela point ne se vit changer

ni de jour ni de nuit, si bien que continuant,15 fit bien des coeurs s'émouvoir jusqu'aux larmes.

Car l'air, rempli (le tonnerre et d'éclairs,ôtait devenu si épouvantable

18que cl 'angoisse on ne dormait point.Le Lundi commença ce temps effroyable',

et le Casentino, la plaine d'Arezzo et le Valdarno21 des fleuves souffrirent grand dommage, de chacun d'eix.

La Sieve grossie entrant dans 1'Arnoil dévasta en son cours impétueux

24les plaines de Sansalvi, Ripoli et Bisarno;rompant viviers, fouloirs et moulins,

personnès et bêtes et choses innombrables27 chassant devant lui du matin au soir.

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- 44 -Si che savaino in grande amaritudine,

diinenticata avamo ogn' aUra guerra,30e tutta gente con sollecitudine

chi si fuggia di fuori della terracon tutta sua Farniglia di concordia,

33chi neli' altezza de] vicin si serra.Da giorno a flotte avea poca discordia,

tant' era tenebroso in ogni canto,36gridando in boce ognun misericordia!

Fuor della terra crebbe I'Arno tanto,ched alla Croce la porta fortissima

39mise per terra, onde raddoppià il piantoveggendo giuner la piena grandissima

e questo fil inercoledi notte.42E poi elle I' acqua ci fil tanto altissirna,

ebbe le mura di lungarno rottee 'I mur de' fra' Minori, e pit d'un cubito

45aizè tra Ior, crescendo a tutte 1' otte.Onde in su1 tetto della chiesa sùbito

fugiro i frati e fecervi I' altare45teinendo di morir, di ciô non dubito

e quivi poi con divoto cantatedisser la tressa con gran ]uminaria,

siné le canpane stavan di sonare.Tant' era scura e tenebrosa l'aria,

che la veduta d' uoinini e di donne54con tutti quanti i lumi era contraria.

E corne a presso qui î nemoria fonne,continuando, a San Giovanni, il crescere,

- 5;Pacqua alzè ph che mezze le colonne:e l'Arno già non ristava di inescere,

e guastè in parte il castello Aitrafonte,Odov'cra il sa], ch' a moiti ne le' increscere.

De' quattro non rimase altro ch' un ponte:tre ne fece cadet la piena orribile,

63ch' un .braccio e più fia sopra il Rubaconte.

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45 -Pour ce nous étions en grande amertume,

nous avions oublié tout autre discorde,30 et tout le inonde avec empressement

fuyait: qui fuit hors de ]a villeavec toute sa famille ensemble,

33 qui s'enferme au plus haut de la maison du voisin.Du jour à la nuit il y avait peu de différence

tellement sombre il faisait de toute part,36 et chacun criait à haute voix: 'miséricorde

Hors de la ville, l'Arno tant s'accrutqu'arrivé à la grosse porte de la Croce

39 il la jeta à bas, d'où les pleurs redoublèrenten voyant avancer l'énorme crue:

et ceci fut le mercredi soir.42 Et comme l'eau si haut s'éleva,

elle rompit les murs le long de l'Arnoet le mur des frères Mineurs, et de plus d'un coude

45 entre eux s'éleva, croissant d'heure en heure..

-Ce pourquoi sur le toit de l'église hâtivements'enfuirent les frères, y firent un autel,

48 craignant fort de mourir, je n'en doute point;et là ensuite chantant dévotement,

dirent la messe, à grand renfort de cierges,

51et les cloches ne cessaient de sonner.Si obscur et ténébreux était l'air

que la vue de tous, hommes et femmes,54 malgré tant de lumières était offusquée.

Et comme ici j'en fais mémoire,l'eau continuant de croître, à San Giovanni

57 monta plus qu'à mi-hauteur des colonnes:en attendant l'Amo ne cesse de déborder

il détruit en partie le château Altafronte,60 où était le sel, ce qui contraria beaucoup de gens.

De quatre ponts un seul demeura,trois en fit écrouler la crue terrible,

63 qui s'éleva d'un bras ou plus au dessus du pont Ruhaconte.

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- 46 -

E conte fil moiti assai visibile,cacicler le case ove si racea Parle

66di cervelliere, ch' era assai possibile.E cadde allora la statua di Marte,

a cui gli antichi facean riverenza69si corne a dio: e questo abbi per carte

ch' al Ponte Vecchio fackrisedenza,e mai non si rivide suo figura.

72Poi, dirn6strando l'Arno sua potenza,fece cader la torre toile mura

lunkarno a San Friau, corne qui dicolo,75e po' quelle del Prato in gran misura.

Se ciù non fosse statu, a -railcru questa città, ché heu sei braccia

78ci lu 1' acqua aita per alcun ramicolo;ma corne aperto fil da quella faccia,

I' acqua della città corninciè a scenclereSI - e l'aria alquanto a tornare in bonaccia.

La terza notre poi, per ciarti a 'ntendere,rimase la città piena di inota

84si corne sanza detto puoi conprcnderc.La gente, cli' era in quella none (nota)

fuggita aile montagne; s' aliegraronos7quando d' acqua sentir Firenze vota:

mente alior le porti si serrarono,si clic innanzi cli' apparisse il Porno

90uornini e donne alla città tornarono;e io fu' I' un di que' clic fe' ritoriio.

E poi ch' alquanti di cosi fil931101) parve stato mai cotale scorno

ma pur si corninciô nuovo rainarico,peré che tra' possenti furon certi

96clic di danno portaron grande incarico.E perchè a.lo sgonbrar lion filro esperti,

perderon biada e cose seuza noveri;99onde s' e ricchi fur cosi diserti,

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- 47 -

Et ainsi que beaucoup purent voir,tombèrent les maisons où se fabriquaient

66les casques, art plein de profits.- Alors tomba la statue de Mars,

à laquelle les anciens portaiènt respect69 comme à un dieu: et retiens ceci pour certain

qu'elle était au bout du Pont Vieuxet que plus jamais on ne la vit.

72 Puis l'Arno prouvant sa force.-fit tomber la tour et les murailles

sur sa rive du côté de Sait comme je le dis ici,15 puis 'e mur du Pré, en grande partie.

Si cela ne fut point arrivé, en grand dangerétait cette ville, car bien six brasses de haut

7$atteignit l'eau sur certains points;mais à peine un passage fut ouvertde ce côté

que dans la ville l'eau se mit à baisser82et l'air à se calmer d'autant.

Enfin la troisième nuit, je te k veux donner à entendre,la ville resta pleine de boue

84 ainsi que tu le peux comprendre sans paroles.Les gens qui avaient cette nuit là (écoute ?)

fui sur les montagnes se réjouirentmxquand ils surent Florence vidée d'eau:

les portes alors ne se fermèrent plus,de sorte que bien avant le jour

90 hommes et femmes rentrèrent à la ville;et je fus un de ceux qui y revinrent.

Après que quelques jours furent passés93il sembla que cette catastrophe n'avait jamais été

mais pourtant commencèrent de nouvelles peines,car parmi les Grands il en fut certains

96 sur qui le mal produit pesa lourdement.Comme ils n'avaient pas été habiles à les sauver

il perdirent récoltes et choses sans nombre;99et si les riches furent ainsi frappés,

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dé pensa corne star dovieno j poveri,clic quand' è il tempo pici hello e piû magno

102truovan di rade alenti clic gli ricoveri.Ma Iddio provvide e diede lot guadagno

a sgonbrar per le vèlte I' acqua torbida105e altre cose ch' cran d' altrui la.-no;

perché que' ch' cran usi a vita morbidanon poteau cosi durar I' altanno

Mcorne que' clic senpre la fêr sorbida.A larga stima, ricevette danno

il Cornun di florin dugientomilia,Ilisi corne rnolti cldararnente sanno

e' cittadini ancor di gran inobilia,ché tale avie fatta endica di grario

114che poi non ehbe per la sua fainulia,Dalla parte di sotto per Io piano

Legnaia, Brozzi, Caupi con PeretqlaIiie altre ville serninaro invano;

e corne casa mat murata sgretola,di moIte t'Arno fe' lungo la riva

120cd io il se, beh ch' i' sia un pascihietola.Da ogni parte la gente fuggiva

in sino a Pisa, si com' io t' incronico,23alla montagna, per trovarsi viva;

e se non rosse il grande fosse Arnonico,là dove l'Arno si volse alla schisa.

126cacciava a terra di Pisa ogn' intonico.E pur cosi le dié caro di risa,

con ciè sia cosa ch' al stbito giugnere129allagé la ma ggior parte di Eisa

e di paura a moIti Le' il cor pugnere,si clic àvrcsti veduto d'ogni grado

132 la gente per temenza gli occhi rnugncre.E molto danno fece in quel contado

di . persone e di case net suo correre135in fin clic vicité San Piero in Grado

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49 -

tu dois imaginer ce qu'il en fut des pauvres,lesquels aux époques belles et prospères

102 trouvent déjà à peine qui leur vient en aide.Mais Dieu y pourvut et leur fit trouver bénéfice

à débarrasser les caves de l'eau trouble[os et à faire tels travaux qui étaient à charge aux autres;

car cedx qui étaient habitués à la vie facilene pouvaint supporter la fatigue

101 comme ceux qui toujours l'avaient eue laborieuse.On petit estimer en gros les , dommages

de la Commune à deux cents mille florins,ii ainsi que beaucoup le savent clairement.

Quant aux habitants ils y fureût de grande perte,car certains pour le vendre avaient amassé du blé

[14 qui n'en eurent même plus pour leur famille.En aval de Florence, dans la plaine

• à Legnaia, l3rozzi, Campi et Peretola -li7 et autres pays ils semèrent en vain;

et comme les murs des maisons mal construites s'effritent,l'Arno en abattit beaucoup le long de ses rives:

120 je le sais, bien que je ne sois qu'un pauvre homme.Les gens s'enfuyaient de toute part

jusu'à Pise, ainsi que je te le raconte,123 vers la montagne pour échapper à la mort;

et s'il n'y avait pas eu le grand fossé d'Arno,• par où il prit une autre, direction,26 il eût abattu tous les murs de Pise.

Et pourtant, même ainsi il y fit la joie bien rare,car en se précipitant tout d'uu coup

129 il en inonda la plus gratide partie,et la peur étreignit le coeur de beaucoup,

de telle sorte que tu aurais vu des gens de toutes conditions132 avoir les yeux humides d'effroi.

Grand dommage il porta dans la campagne,• -aux personnes, aux maisons le long de son cours,

133 jusqu'à ce qu'il atteignit Saint Pierre en Gradb4

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- 50 -

• e quivi poco si pot Soccorrercma piangendo, chi y ' era, ad aita bore,

138•a salvaniento s' ingegnô ricorrcre.Corne 1' énpito d'Arno mise in fore -

pili di trecento, a ciii to]to avèa 'I vivere,141il mar cacciô di fluor cia sé veloce;

gli aiberi dibarbati e vigne livere,sernente guaste e moiti parmi e lana

144nôn sen' potrebbe chiararnenfe scrivere tNé solamente fu qui la fiumana,

ché tutti j flumi usciron di, ]or terinini147general quasi per tutta Toscana;

e trasser delta terra moiti verinini,- ï quali usciron cl' alcuna nontagna,

150dove liii par clic tal seinenta germini.A preso, nelie terre di Rornagna -

Fan danno mostra elle facesse il Tévero153e a Castello e al Borgo e sua coupagna,-Perugia e Todi (e fuor del corso scevero

• Romagna e Orbivieto), e 'n quel di Siena13be in Mareunina, corne qui persevero.

E' florentini, dopo questa mena,non si trovaron di farina polvere

159per te nfuliiva guaste dalla pienaniancândo lom disinare e asciolvere,

da' vicin' fur soccorsi per certanza, • - -162di farina .e di pan facendo soivere.

Pi-âtS é Pistoia cbminciâr la danza,e Colle e Poggibonizi soi]ecito

165ciaschedun tu, e miserci abondanza;per la cjual cosa, al ni' parere, è tecito

- di mantenergli: sculpte per amiciose non dirnenticar que] ch' io ti recito

•Veggencih j florentin che PC' dificidelle péscaie e de' unulin' terragnoti-Firenze fil gire aile pendidi,L•

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- s' -et ici guère ne put-on porter secours,

mais qui se trouvait là, tout en pleurant très fort,I3S fit de son mieux pour s'échapper.

A peine le flot eut-il dépassé l'embouchure,plus de trois cents corps, auxquels il avait ôté la vie,

141 la mer vivement rejeta de son sein.Combien d'arbres déracinés et de vignes dévastées,

combien de semences perdues, et de drap et de laine144 on ne le peut précisément estimer

Ce n'est pas seulement ici qu'il , y eut inondation,car bus les cours d'eau sortirent de leurs lits

147 à peu près partout en Toscane,et quantité de vers sortirent de terre

qui venaient de quelque montagne150 où il me semble que cette graine germe bien.

TI parait aussi que dans le pays de Romagnele Tibre a , causé grands dommages,

53 à Castello, à Borgo et à ses voisines,Pérouse et Todi (chers de soit je distingue

Romagne et Orvieto) et au pays de Sienne56 et dans la Maremme, ainsi que je le dis encore,

Les Florentins après cette aventuren'avaient plus du tout de farine-

159 les moulins ayant été détruits par la cruedîner et déjeuner venant à leur manquer,

il est certain qu'ils furent pourvus par leurs voisins162 de farine et de pain moyennant finance.

Prato et Pistoia ouvrirent la danse,Colle et Poggibonsi pleins de zèle

165 donnèrent chacun en abondance;ce pourquoi il inc semble juste

de les conserver toujours pour amis,iés et de n'oublier point ce que je te raconte.

Les Florentins voYant que les constructionsdes barrages et des moulins sur la' rive-

171 avaient failli précipiter Florence à la ruine,

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per isgonbrare a!l'Arno j sub rigagnolisi riformà né lllOiin né pescaia

174clwnfla braccia fussi presso a' Magnoli;né in fra' ponti, a perla di migiiaia

non si dovessi alcun dificio mettere,

177né dal lato di sotto alla Carmin.Non eran quasi rasciutte le lettere,

ehe que' che fece la iegge, davante

180a tutti gli altri la s'olle dimetteree prè disse bene il nostro Dante:

-l'un di si fanno leggi con grau prol aghi

133e I' aitro di son guaste tutte quanteFessi quistione appresio fra gli strolaghi

e naturali e savî in iscrittura136 - religiosi e rnaestri teoiagiii,

se questo fu per corso di natura,per accidente, o per. divin giudizio,

189e donde nacque tal disavventura;e moiti dissèr cha cotale indizio

fu per congiurazion dalcun -pianeto

192al quai convenue far cotale uflzio.E un maestro saputo e ciiscreto,

di que'di San Fraùcesco, disse in predica

195che ogn'altro giuclicio avea divietosaivo die quelio che mai non inpedica,

ciô è il voler di Die, che dà e toile

195ai suo piacer, cosÇ ferisce e medica:e questo lu cosi conte Iddio voile,

e contro ai suo voler non ha rimedio;

201e piû figure fe' e clichiarQlle.Ma non volendo, lettor, darti tedio,

le iascio star, ché seguendo il tenore

204diresti ' questi In' & posto P assedio I- Or vegno a dir quel che dire l'Autoredi quelle avversità die nel pieterito

207F ô veduto alla città del flore;

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- 53 -

afin de libérer le cours de l'Arno,on décida (lue ni moulins ni barrages

174 à moins de deux milles de Magnoli ne pourraient être construits,et qu'entre les ponts, sous peine d'amende fortes,

on ne pourrait rien édifier dans l'eau-177 pas plus qu'au delà du pont de la Carterie.

Mais les pages du décret n'étaient pas sèches encore,que celui qui avait fait la loi,

180 avant tus les autres lit violerc'est pourquoi bien l'a dit notre Dante:

un jour on fait les lois avec grands prologues83 et le jour suivant on les défait toutes!

On posa ensuite ce problème parmi les astrologuesles philosophes et les docteurs

186 en écriture sainte et grands théologiens,si tout ceci se prôduisit par effet (le la nature

ou par accident ou par condamnation divine,189 et d'où pouvait venir telle mésaventure2 -

et beaucoup dirent que tel effetfut produit par la conjonction (le planètes

192 qui devaient amener ce résultat.Et un maître savant et sage -

de l'ordre de Saint François (lit au prône195 que toute interprétation était interdite

sauf celle qui jamais ne trompe,c'est à dire la volonté de Dieu, qui donne et retire

193 à son gré, et ainsi blesse et guérit:et ceci fut ainsi que Dieu voulut,

.et contre son vouloir point n'est de remède;201 et il illustra ceci et le déciara,

Mais ne voulant point, lecteur, t'ennuyer,je l'abandonne, car sije suivais-de près la chronique

204 tu dirais: celui-ci m'assiège ! '--l'en viens maintenant à dire ce que dit mon auteur

de ces malheurs dont par le passe201 j 'ai vu frapper la cité de la fleur;

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- -e raccontarne alcune non ni' perito.

Prima, ].a clic ancor non inanca,210tra' Guelfi e' Ghihellin, con aspro merito

a presso poi la parte Nera e Bianca,clic ogni arnor di Firenze le' mietere

213' per modo tal clic ne rin2ase stanca.Poï messer Carlo racconciô le cetere

caccianclo î l3ianchi, e diede vinto il giuoco216a' Neri, di cui piÙ non VO' ripetere.

Poi, nel trecentoquattro, il cruilel fiioconel dodici la guerra clello' nperio,

219clic fece a noi gran male e a sé ben poco;ch' avendo Arrigo grande desiderio,

nel tredici mori per gli camniini,222 corne diccrnrno quando fu rnestenio.

E poco dopa li detti confinivenne in Firenze la grande mortâlita;

223pOi la sconûtta di Montecatwi.Maraviglia è corne persona ci âlita!

cliii della guet-ra si riprese il fascio,228né rnostrô la città d' essere infrâlita.

Appresso fummo sconfitti ad Altopasciapoi il Gara grande e la città famélica,

231clic, parte ch' io la scrivo, ne trarnbascioDa men Firenze clic non è Matelica,

per le pene sofferte, esser dovrebbe;234ma sormontata n' è per grazia angelica.

DalI' una ail' altra assai piccol temp' ebbe,fionini spese a seme di papavero,

237tanti ch' a raccontar poco sarebbe.Poi, corne dissi, ci hi contra il Bavero,

clic ci crebbe anche le pene e gli affanni;240po'si parti a guisa di mugAi'ero.

Appresso averno contro il te Giovanni;poil diluvio.- Onde vieil sentenzia

243dell'Autor, clic dice sanza inganni:

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- -

et je ne crains pas d'en narrer quelques uns.D'abord ce fut la division qui dure encore

210 entre Guelfes et Gibelins, et fut âprement châtiée;ensuite les factions des Noirs et des Blancs,

qui fauchèrent en Florence tout amour,213 de telle sorte qu'elle en resta épuisée.

Puis messire Charles arrangea les choses -en chassant les Blancs et donnant victoire

216 aux Noirs, desquels je ne veux plus parler.Puis, en treize cent quatre, ce fut le feu cruel;

en treize cent douze, la guerre avec l'Empire,219 qui nous fit grand mal et lui fit peu - de bien;

car Fleuri ayant grande hâtemourut en route en treize cent treize

222 comme nous le dîmes en temps et lieu.Peu après le susdit moment,

survint à Florence la grande peste;225 puis la défaite de Montecatirli.

C'est merveille que quelqu'un y respire encore,car de la guerre on reprit -le fardeau

228 et la ville montra n'être point affaiblie.Nous fûmes ensuite battus à A]topascio;

puis ce fut la disette, la ville affamée231 tant qu'en l'écrivant je nie sens plein d'angoisse.

Par les maux endurés Florence devraitêtre réduite à moins que n'est Matelica,

234 mais elle a tout surmonté par grâce divine.D'un malheur à l'autre peu de temps s'écoula,

elle jeta les florins -comme des grains de pavots,7 tant que ce que l'on en pourrait dire serait toujours trop peu.

Ensuite, commeje l'ai dit, nous eûmes contre nous le Bavarois,qui augmenta nos peines et nos angoisses,

240 puis disparut comme un simple fantassin.Après vint contre nous le roi Jean;

puis l'inondation. Sur quoi vient la sentence243 de mon auteur, qui dit sans nous tromp&:

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- -

essendo tutte quinte in una essenzia,• non sarebbe, secondo il parer - trio,

246quanto portè la delta pistoienzia.Ma questa e Filtre avversitk prov' io

che non dobbiàn recarleci ad ingiuria,249 ma per l'offese che facciamo a Dio,

vivendo in avolterio e in .lussuria,il prossimo offendenclo ogni stagione

252con ogni disonesto modo e furia.-se non fosse le buone persone,

avviso m' è che l'alto re di gloria255ci avrie battuti con peggior bastone!

Quando arrecata lu alla rnenoriaai Te Uberto nostra avversitade

258si dolse molto di si Latta storia•flua jettera scrisse con pietade

a que'ch'eranoallor nel prioratico,• - 26'con santi detti e altre autoritade.

E tre parti contenue, coIn'io praticoPuna, che noi conportass no in pace

2641' avvenimento deii'Arno salvatico;e la seconda, che molto mi place,

che de' peccati roi ci correggesimo267cd ammendassimo il tenpo fallace;

la terza fu, cite noi di lui prendessirno•-•verace sicurtà, ch' alla hisogna

•270 non rnancherehbe in ciô che noi chiedessimo.Non fe' cosi il legato di Bologna,

ma frime lieto, e disse: 1 e' mi sconfissero273presso a Ferrara.... ' (e non. disse menzogna I).

Dopo il diluvio certi grandi dissero:ronpasi il popolo- e 'I ponte si tagli

276acciô che que' di là non ci assalisseroe un de' Rossi fedi un de' Magli,

quai era popolan. se ben considero,•

279e 'I popol s' armé tutto a que' travagli.

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- 57 -

tous ces malheurs mis ensemblene feraient pas ' à mon avis

246 tout le mal que fit le susdit fléau.-

Mais, ce malheur et les autres je déclare-nous ne devons pas les regarder comme injustice,

249 mais comme dus aux offenses que nous faisons à Dieu,vivant dans l'adultère et la luxure,

offensant notre prochain à tout moment252 de toutes les façons déshonnêtes et violentes.

Et s'il n'y avait là les bonnes personnes,m'est avis que le très haut roi de gloire

255 nous aurait bâtonnés de plus rude bâton!Quand on porta à la connaissance

du roi Hubert notre adversité;-258 il s'attrista fort d'un tel récit

il écrivit une lettre avec compassionà ceux 'qui composaient alors l'office des Prieurs,

261 pleine de saintes paroles et d'autres citations.Cette lettre contenait trois points, comme je le dis;

l'un, que nous supportions en esprit de paix2M la catastrophe de l'Arno sauvage;

le second, qui fort me plaît,•que de nos péchés nous nous corrigions

267 et rachetions le temps des errements;

le troisième, que nous comptions sur lui-en toute sécurité, car au besoin

170 il ne nous refuserait ce que nous lui demanderons.Bien diversement agit le Légat de Bologne,

il se réjouit et dit: 'ils m'ont battu273 près de Ferrare.... ' (et ce n'était pas mensonge).

Après l'inondation, certains nobles déclarèrent:que le peuple soit écrasé, et que l'on coupe le pont

276- de façon que ceux de l'autre côté ne nous puissent assaillir';et un des Rossi blessa un des Magli,

"qui était homme du peuple, si je ne me trompe,279 et d'inquiétude tout le peuple s'arma.

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- -

E quando gli altri grandi questo videro,flou segiiitaro il mal corninciato

282e 'ntorno al fatto con senno provvidero;onde quel che fedi ht condannato

corne si convenia secondo 1' ordine,285e '1 popol si rimase nel suo stato.

Non so, lettor, se tu com' io ricordineelle certi passanclo Arno in una nave

288si voïser sottosopra per poc' ordine:quindici n' affogaro iii men d'un'ave,

gli altri canpâr per grazia dell' altisirno,291e non senza paura e pena grave;

perè éhe l'Arno allora era grandissimo;ma tanto furou d' intorno so&orsi

294eh' egli scanpâr di punto si fortissimo,e forge bevver pua di cento sorsU

Phi di legnarne ponti s' ordinaronb,297che 'n picciol tempo finiron lor corsi;

e forti e belli poi s' edificaronocorne son' oggi, né credo che maipossan mancar, tanto ben si fondarono.

301E del diluyjo detto abbiarno.assai.

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- 59 -Mais quand les autres nobles virent ceci,

ils ne continuèrent pas le mal commencé282 et ils remédièrent à la chose avec prudence;

et l'assaillant fut condamnécomme il convenait, selon les ordonnances,

235 et le peuple demeura dans son état.Je ne sais, lecteur, situ te souviens comme moi

que certains traversant en barque l'Arno238 chavirèrent faute d'ordre: [dire ave,

quinze se noyèrent en moins de temps que pourles autres se sauvèrent par la grâce de Dieu,

291 mais non sans peur et grande peine,car 1'Arno était hlors très fort

mais ils furent si bien secourus294 qu'ils échappèrent au péril grave,

tout en buvant peut-être plus de cent gorgées.Puis on fit des ponts de bois

297 qui en peu de temps devinrent hors d'usage;alors de solides et magnifiques ponts furent construits

tels qu'ils sont aujourd'hui, et je crois que jamaisils ne pourront céder, tant on les a bien fondés.

SOIEt de l'inondation nous avons dit assez..

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NEL 1333, A Di 3 NOVEMBRE, VaNNE UN rnLUVI0 D'ACQUACHE RUPPE TUTTI J PONTI Di FIRENZL SALVO CHERUBACONTE; Si CHE UN GALANT' HUOMO [ADRTARODE' Rossi] MANDÔ A MAflEO DI liNo DI MESSER

LAMBERTUCCIO FRESCOBALDI QUESTO 5ONZrTO. E MAN-DONNE ALTRI DUE S01'RA LA PROPOSTA MATERIA.

I.

Perchè non è mess'Arno ne! tamburo,e' ha fatto contra 'I popol di Fiorenzacd ha fiaccato per la sua potenza

•pescaie.e le inulina, e rotto 'I inuro?Per qua!unque pii ferma fé ti giuro,

amico inïo, eh' io ho questa credenza,che ire proprietade in una essenzaci purgheran dei •nostro viver scuro;

onde che l'S e 'I P in uha fonte•in pace non berran, ma seinpre in guerra

ciascun terrà le sue malizie pronte.E questo è quel che tante mal ci afferra;

perô preghiamo Dio de ]' alto monteelle dal comune stato non ci atterra;

o ci rimandi gucrra Si accesache ciascun si consumi dalla spesa.

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LE 3 NOVEMBRE 1333 SURVINT UNE INONDATION QUIROMPIT TOUS LES PONTS DE FLORENCE SAUF CELUIDE RUBACONTE; ALORS UN GENTILHOMME [ADRIENDE' Rossi] ENVOYA À MAT.HIEU DE DINO, FILS DE MES-SIRE LAMBERTUCCiO FRESCODALDI CE SONNET: EtPUIS EN ENVOYA DEUX AUTRES SUR LE MftAIE SUJET

j.

Pourquoi contre Arno ne déposet-on plainte,qui mal agit contre le peuple de Florenceet anéantit à force de violencebarrages et moulins et rompit l'enceinte?

•Je te fais serment par ma foi la plus sainte;•mon ami, que je garde cette croyance,

que trois propriétés dans une seule essencenous feront payer cher cette vie de feinte.;

ce pourquoi l'S et le P à même Sourceen paix ne boiront plus, mais toujours en guerre.chacun tiendra prêtes ses malignes ressources.

De ceci vient que tant de mal nous enserre;-.donc prions que Dieu très-haut ne se courrouceque point ne nous ôte l'état ordinaire;

•- ou bien qu'il nous renvoie guerre si intenseque chacun se consume à force de dépense.

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- 62

IL

Acqua né fuoco né di geite assedionon ci gastigan di crude' peccatiin die sia'n lungo tempo dimorti,e diinoriam, seriza vergogna o tedio

Ma se dail' alto Dio il suo rimedionon ispira la mente degli errati,un di ci veggiO tutti profondaticorne dannati, de I' infèrno in medio.

Perch' altro ch' a rubar non si cohtende• vedove e pupilli e menpossellte,• per danar chi pué l'un 1' altro vende,

non riguardando amico né parente.Ma io ne priego Que' die tutto intendeche non perdoni a chi non se ne pente!

III.

Dé facciasi cercar fin che si trovi -la pietra do" egli è Marte intagliato,e facciasi riper nel luogo usatoper modo ch'Arno mai piè non la covi.

Oh' io ho sognato pericoli nuoviper lui contra Firenze e del suo stato;ché inentre die non fia dissotterrato,Inaggior fortuna cbnverrà che provi

clac quella d'Arno, che non fu da ciancia,anzi fu si crudele e clolorosa,ch'a moIti fe'e fa doler la guancia.

Ancor sognai con questo un' alira cosa:die se non si dirizza la bilanciaFirenze mai non istarà in posa.

Rimordati oggi niai la coscienza,si clic finisca in te ogni sentenza

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— 63 -

"-

Ni eau ni flamme ni les assauts des gensne nous corrigent de ces cruels péchésen lesquels longtemps nous sommes demeurés,et demeurons, sans avoir honte ou tourment.

Mais si d'en haut Dieu ou bien son châtimentne vient inspirer l'âme des dévoyés,je nous vois quelque jour tous précipitésau milieu de l'Enfer damnés pareillement.

Car c'est pour tous la seule chose importanteque voler pauvres, veuves et leurs petits,et qui le peut, de vendre son prochain tente,

n'ayant cure s'il lui est parent, ami.Mais je prie Celui qui de tout a entente,qu'il ne pardonne à qui ne s'est repenti.

TIL

Qu'on cherche jusqu'à la trouver, il le faut,la pierre où Mars par le ciseau fut sculpté,et qu'au lieu habituel il soit reportéafin que plus jamais ne le cache l'Arno.

Car j'ai rêvé que par lui dangers nouveauxmenacent Florence et sa prospérité; -que tant que de sous terre on ne l'a Ôtéelle devra éprouver bien d'autres maux

que les méfaits du fleuve, pas méfaits pour rire,mais bien cruels et douloureux: ils sont causeet le furent, que bien des joues durent cuire.

Avec ceci j'ai rêvé une autre chose:que si à balance plus juste on ne mire,Florence jamais ne connaîtra plus de pause.

Que ta conscience ait enfin contritionpour que cesse sur toi la condamnation

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NOTES

AU SERVENTOIS

s. Le serventois vient du précieux apugraphe de nombreuses rimesde Pucci que voici plusieurs années le prof. Alexandre D'Anconatrouva chez le peintre anglais Seymour Kirltup et signala aux étu-diants en publiant maintes curieuses compositions historiques ou po-litiques. A l'amitié de M. D'Ancoua nous devons la communicationde la copie qu'il avait faite du ms. Kirkup avant que l'exemplairequittât l'Italie; mais nous avons pu même recollationner avec l'ori-ginal les épreuves de cette édition grâce à l'obligeance de Mile Mar-garet Jackson, qui dernièrement a reconnu le ms- Kirkup dans laBibliothèque du Collège de Wellesley (Massachusetts) V. Ro,ne-nus, XXIX, 3 i ç. Au moment de livrer à la presse cette brochure,nous sommes heureux de pouvoir ajouter, que, par l'initiative deM) lt jackson, le Collège de Wellesley, dans un sentiment de hautelibéralité, n décidé que le sns. Kirkup retournera en Italie et seraconservé à la Bibliothèque Nationale Centrale de Florence.

Le texte Kirkup, en général fort correct, offre malheureusementdes lacunes en trois endroits de notre pièce, à la suite de dom-mages subis par quelques feuilles de l'original: les deux premières,vers le début, après les vers Si et 84, où manquent chaque foistrois strophes qui se rapportent à la crue du Val d'Arno supé-rieur; la troisième, vers la fin, après les vers 372, où il s'agit dela fureur des eaux dans le Val d'Arno inférieur: cette dernièreperte est la plus grave, car elle correspond û un feuillet entier,

à dire à 32 strophes. Nous avons pu suppléer, au moins enpartie, à ces manques, grâce au sus. Riecardica 2971, qui, aux feuil-lets 10-106, présente la métre composition, sans nom d'auteur,nais accompagnée de plusieurs autres qui sont certainement dePucci. C'est une copie (lu XVe siècle, fort corrompue, et toutefoisfort utile dans notre cas remarquable aussi parce que les serventoisde Pucci, contrairement à tant d'autres de ses poésies, qui eurentau XIV et au XVC' siècles de nombreuseé transcriptions, se ren-contrent bien rarement en dehors de l'apographe cité. Sous le titre« del diluvin fis afflrenze » le texte riccardien commence ainsi

Al nomime sis didmiin Singnorveraciein qm'este monde chome assempro gincieem..,ai non niegha chi della s,ma paee

fa dimando.

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Suit la première strophe (le texte Kirkup; puis deux autres, d'in.vocation aux auditeurs:

•Sing-nor', ahbi:Lte d'udir soflcrenza,io vi dirô .l'Arno di preaenza,

-choute a fllrenre diè gran peni tenain moita gente

Dè, siate 4' aseholtaritti sofferente,in vi dirb d'Arno di preacnte,ai chome cli onhin eh a caser possente

in sino a Poppi.

Ces répétitions montrent très clairement que nous avons sous lesyeux un texte remanié: car les serventois de l'ucci commencent g-é-néralenent ou par l'invocation à la divinité, on, sans autre préam-bule, par la proposition du sujet: il en est ainsi ds notre pièce,et, avec une symétrie padaite, dans ceux en souvenir des bellesdames qui étaient à Florence en 1335: Legg/adro serminleseicn

•d'amore, ou pour la vente de Lucques: iVuovo lamento di pietàrimoto. Après les quatre strophes citées, le ms. riecardien continuepar les vers 52-75,404-191, 212-225, 260-267, 288-323. 328335,

• -364-37m,morcelant le récit et tdutefoii enchninaat tarit- bien que mal les rimes. A la Lu il ajoute une strophe avec la date•

du déluge:-E non dicha peraona: I' mi uaachondo

se nello inferno nosi v,sol lare abondo (cf. vv. 446-47)

inseng-na qui Signer (1L è pisi goehondo- in singoorib-

Mille treeento trenta Ce ci101TiiLs dl quattro di novenhre in fedeuna-Iodato ne si. Iddio e Satta Maria

al vostro onore.

• Sans tenir compte (le la plus grande partie des variantes de cettecopie, qui, comparées au texte K.irkup, apparaissent évidemment

-estropiées, -nous t'avons employée pour suppléer à deux des troislacunes les plus considérables (52-64 et 373-433), et aussi pourquelques restitutions moindres aux vers 109-1 15 et 255, pour - cor-riger enfin les mots psi terminent les vers 141 et 195 (où l'autrecopiste répéta par erreur gridene et soggiorno des vers précédents).Du ms. rieeardied relevons encore ici, aux vers 173-1-,4, la va-dane: E 11e famiglia dde aseutiore Ai ponte deigil .5'Ûzi yen nee ifurore; au vers 219 la leçon plus précise la ftofifte- où l'autrea le tore. A l'aide du sens et du - métre nous avons suppléé entre

•crochets ce qui, ii cause (les dommages subis par le papier, man-quait aux vers- 26-31 nous avons corrigé aux vers 250 et 255.çnletlo en sui kilo; au vers 269 pericoloso en perzlioso. Dans

• la partie finale conservée dans le- seul ms. riecardieo, on a dû

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• tenter quelque petit supplément conjectural, mais en le marquanttoujours entre crochets on a aussi supprimé ail vers 380 cm dedevant Jlfontelvj>o; on a réduit fece. en fi" aux "ers 391 et 412,et figkuolo en figlio au vers 426. Toutefois, au vers 450 et iii-leurs, la leçon laisse toujours place à plus d'un cloute; et bienqu'au vers 434, où le texte Kirkup reprend, la rime et le sensse rattachent à ce qui précède, nous n'oserions pas affirmer qu'iln'y manque rien en effet la moralité finale confrontée avec lereste semble un peu trop sommaire.

Ce très long serveotois devait donc compter originairement nonmoins de 130 strophes, et peut-être davantage, dont il manqueaujourd'hui une vingtaine r tous les aubes serventois de Pucci sontbeaucoup moins longs, le plus considérable atteint So strophes,les autres l'ont de 30 à 50 strophes.

4!. Aduna équivaut ici, comme je crois, adona (ahhassa, dbbas.sali»: ' humilioas-lcs 'dit Dieu, en opposition à la' haute poslurb'(26) ou il les avait lais.

52-92. VIE.LA?qI, livre XI, chap. t t « il submergea beaucoupdans la plaine du Casentin et puis toute la plaine d'Arezzo et duValdarno supéi'ieur....Ensuite descendant dans notre plaine prèsde Florence, et le fleuve de la Sieve s'unissant à l'Arno, la Sievequi était de môme façon démesurée et très grosse et avait inondé

• toute la plaine du Mugello ... ; le jeudi à none, le 4 novembre,l'Arno arriva tellement gros dans la ville de Florence, qu'il cou-."rit toute la plaine de S. Salul et de Bisaruo, hors de son lit(cf. les vers 89 et 270 du serventois et 19-24 du chapitre du Cen-Uloquio).-

• 77-89. Rernole et Compiohhi, Roveazano, Saii Suivi, lieux trèsconnus sur la droite de l'An,o un pets au dessus de Florence t « bspedale » (Si) près de Cornpiobbi devait être celui de Santa Mariaaile Fnllc, où le torrent de ce nom se jette dans l'Arno il y avaitlà en cilet uu hospice pour péle'-ins (cf. R.IPETTI, Dizionan'o gco-grajîco Jisico notice delta Toscane, 11,. 90 ; CAROCCI, J dintornidïjùrcnze, I, 26). Sur ces 34 morts de Roveazano (87) nous avonstin document dans la provision du 31 juillet 1 334, par laquelle fut-accueillie une demande d'exemption d'impôts faite par la populationde S. t André de R..ezzano, piviere' de Ripoli, sexto' de Born:

- ces habitants avaient exposé, parmi d'autres raisons, « quod propterdiluvium trigintaquatuor hommes dicti populi et in dicto populo •idibrati pericrunt et mortui fuerunt et siaffiicati » (Arch di Staro,Florence, Provisions ad an.) ,: cf. GRERAROr, Dialcune nremo,-ie s(o-riclàc n'sgua;'danh' j' ùzo,,daaio,ze atfrvenula in Firenze Panne 1333,dans l'Arc/,. stor. italiano, série III, vol. XVII (1873), p- 259

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101-157. V.LLA?rs, XI, I « La hauteur de l'eau atteignit à laporte (le la Croce à Gorgo et à celle du Rcnaio six bras ou plus....Et dans le premier sommeil de cette nuit-là elle rompit le murde la Commune au-dessus du Corso de] Tintori, en face du dortoirdes frères mineurs sur un espace de cent trente bras,,.. Et elleendommagea la maison des frères mineurs. o Quant à la Croceà Goro et à la partie de Florence comprise entre la Porte allaCroce et S. Ambrogio, qui s'appelait, probablement à cause dela couleur de ses constructions, la Ville Rouge (Citté Rossa, 138),voir VILLANT, IX, 2 et VIII, 72, XII, 8. « Les maisons de laCommune où se faisaient les bourses et les gants » (156-157) étaientsur la droite du fleuve entre Altafronte et le Ponte-Veccbio Villanirappelle lui aussi la ruine « d'une grande partie des maisons de laCommune placées sur l'Aruo, depuis le dit château [d'Altafronte]jusqu'au Ponté Vocchio. » Ces maisons étaient alors louées à desfabricants de bourses et d'autres objets de cuir , DAVmSOHN, For-schungen, III, 64) et GBERARDI (op. cri., 257) rappelle une pro-vision de janvier-février 1335 par laquelle les boutiquiers obtinrentde la Commune la restitution des loyers déjà payés.

iài-i83. VaLANT, XI,, «L'écluse d'Ognissanti une fois rom-pue, le pont alla Carraia tomba aussitôt en ruines, sauf deux archesde ce côté-ci. Et aussitôt après, de inéine sorte, s'écroula le pontde Santa 'l'riuita [appelé aussi des Spini, à cause de la famille quiavait tout près de 1h ses demeures cf. ceniiloqrcio. XIX, i 61....et puis le Ponte Vecchio o. A la chute de la tour près de l'angledes murs qui touchaient Verzaia, ilsemhle que, outre la colère deseaux, contribua aussi un coup de foudre: « Eadein nocte ceciditfulmen super turrim anguli ,nurontm eivitntis seeus Arrima ex parteVerzarie et quassavit eam, reddiditque mutilent. n C'est ce qui res-sort <l'un témoignage contemporain déjà édité par FINESCRI, Zsior'acompcndiaia di alcune entiche carestie, Firenze, 1767, P. 72 n.,et par AIAZZT, Narrazioni istonche delle pid considerevoli mon-dazioni dell'Arno, Firenze, 1845, p. Ion. Au vers 169 SoVeggiadoit vouloir dire enceinte, cercle de la tour, comme dans le Cen-tiloquio, LXXVII, 260-261 : « al castel da Liso Dol quale ancoraappaion le soveggie n. Mais ici l'éditeur corrigea par erreur le sueveçgie, tandis que les manuscrits s'accordent pour donner soveg-gb (Bibliothèque Nationale de Florence, mss. -II, III, 83 et 84,feuill. ''o y ., i17 y .) : et h ce mot dans la prose de Villani

151) correspond fio,preso, qui veut dire précisément ceinture,cercle.

263 et suiv. e il bdrgo.... Dov' e capelli si soleano fair, Dal Vec-chio Ponte o: le Lungarno des chapeliers (aujourd'hui Lungarno

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Acciaiuoli) s'étendait justement aussitôt après le Ponte Vccchio.« Cadde il castello Oltrafonte, La caneva del sal diventô fonte»(265-266) dans le château d'Altafronte, dont Villani rappelleaussi la ruine, se trouvait le dépôt du sel et sur la perte du selV. GRERARDI, op. Cit., 253-254. Pour décrire les dommages deseaux dans l'Oltrarno, Pucci parlé de Ripoli avec son Bisamo (270:V. REPJCTTr, ofi. Cit., I, 37), dû bourg de S. Niceolè (273-274),des Bardi (277), qui avaient leurs demeures au-delà de Ruhaconte(aujourd'hui Ponte aIle Grazie), des Rossi (279) qui habitaientau-delà du Ponte Veechio, et des Frescobaldi (279) qui demeu-raient au delà du Pont de Santa Trinita, là où s'ouvre la viaIUaggio (282). Pour le rapide abaissement des eaux (297.304)VILLANI, XI, 't emploie des expressions presque identiques: « etsi ce n'eût été que la nuit suivante par la force de l'eau s'écrou-lérent environ 450 bras de la muraille de la Commune près duPrato di Ognissanti, brèche qui écoula l'abondance de l'eau amas-sée-.., certainement la ville était en grand danger.... mais, cemur une fois rompu, toute l'eau qui était dans la ville retournaavec fougue à l'Ai-no et disparut presque..., laissant la ville,toutes ses rues et maisons et boutiques nu rez-de-chaussée, et sescaves, qui étaient nombreuses à Florence, pleines d'eau, de bouepuante, dont on ne put se débarrasser en six mois. »

361-364. Ainsi dans le serventois sur la famine de 1346:

Donne scipàrsi, e incise di siagionepartorfr per la via tra e persone,faccendo de la terra ior garcette

e lor piun,ticeio.

375-424. Les lieux du Val d'Arno nu-dessous de Florencementionnés ici se trouvent presque tous également dans In rubriquede Villani, XI, s. Sur la rive gauche: Legnaia, Settimo, Monte-jupe, Pontormo sur la droite: Signa, Cnpraia, Empoli, Fueccehio,Santa Croce, Castelfranco. Villani, qui à son tour en ajoute d'au-tres, ne mentionne ni la Casteltina, sur ta rive droite lin peu aprèsCaptais, ni le borgo di Santa Fiora, qui était sur les pentes de lacolline de Bastia entre le Ponte a Elsa et la gauche de l'Arno(RPEnr, 1, 287), ni l'abbaye de Sana Gonda après Cigoli (Ra-i'", IX, 464). Quant A Pise, les Florentins d'alors se consolaientrital que leur grande rivale eût éprouvé des dommages moindres,et aussi de cette injustice ils cherchaient l'explication astrologique:e Les dits astrologues (dit Villani XI, 2) ayant été interrogés pour-quoi le dit déluge advint plus à Florence qu'à Pise, qui se trouvaitsur le même Ai-no, et qui devait être là-bas plus gros, et le fut en

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effet, ou à d'autres terres de Toscane, ils répondirent, quelapremière raison fut la mauvaise prévoyance des Florentins, commeil a été dit, pour la hauteur des écluses la seconde fut une raisonastrologique. Saturne 5 qui donne infortune, inondation et ruines etdéluge dans son opposition, était dans le signe de la Balance durantson exaltation (et la Balance s'attribue à la ville de Fisc), il était enopposition avec le signe du Bélier (lequel, parait-il, s'attribue àla ville dé Florence) .... Et ces contrariétés et conjonctions semblentla raison du grand déluge et du dommage qui fuient plus consi-dérables à Florence qu'à Fisc. »

AU CHAPITRE DU CENTILOQUIO

Le chapitre dli Centiloquio, dont le texte a été revu ici sur lesmss. cités, Ii, lIT, 83 et $4 de la 'Nationale de Florence, corre-spond par les vers 1 . 183 à. la première rubrique du livre XI deVillani, par les vers 1 84-255 la rubrique deuxième, par lesvers 2 56-270 à la troisième, par les vers 271 .371 à la quatrième.

69-71. Sur le Mars au pied du Ponte \recchio. voir DAvifi-son»,Storia di Firenze: ix origini p. 'r 6-6o. Quant àl'aubtpassage du chant XXXV du Ceatiloquio, que nous avons rapportéplus haut, y. A. ZENAYIf, caiendi'narzo, dans l'A,cl,iuio abritaper Triesic, l'inria e il Treirtino, IV, 13 et suiv.

169-183. Les provisions faites ensuite pour régler les eaux sontindiquées pbr GBERARDI, p. 243 et suiv. on y voit conuucat enmémé temps que des lois sévères on fit aussitôt les exceptions dontse plaint Puce[. L'indication « presse a' Magnoli » - (174) équivautà « près de Ruhacoute », car ce pont desservait la colline des Ma-guoli avec l'églisé de S. Lucia et la rue qui poftait son nom.

240. Mugdvero veut dire ici panne soldat à pied: les inugaveriétaient des soldats catalans armés de flèches ou de lances. Dansun autre eudroit du Centiloquio (LIV, 62-66) aussi mugaveii en-trament après eux, à cause de la rime difficile, la même expressione seIne di papaveri, c'est à dire sans nombre.

287 et suiv. Le témoignage en latin cité plus haut parle aussidu bateau qui en traversant chavira le 6 décembre, Sur les pontsen bois (296-297) construits après l'iooadatiôn, et refaits une se-conde fois, après qu'une autre crue, eu décembre 1334, eût détruitles premiers, voir GH]LRARD!, P . 247. Le Ponte Vccchio en pierrefut achevé le 18juillet 1345, celui de S. Trinita le 4 oct. 1346 (Vii.-LANI, Xli, 46). -

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AUX SONNETS

Les trois sonnets avec la didascalie rapportée ci dessus, maissans nain se trouvent dans lems. Chigiano L. iv. 131,pp• 715 .716; le second et le troisième sedi, avec le nom d'Adrianodc'Ressi et rien de plus, dans le La,irentien Rediano 184 a C. 148 F.Cf. Ciorn. stor. delta ?ett. ri.. LV, 1910, pp. 201-265, oùEzaoLxvi a dernièrement rassemblé d'utiles notices bié-bihiiographiquessur ce poète. Je ne saurais toutefois être d'accord avec M. Levi

• dans le jugement qu'il pôrte sur ces trois sonnets, et surtout sur lepremier: certes, ce seraient des compositions de première jeunessesi le poète doit être identifié à cet Adriano di Frusone de'Rossimort après 1400; mais cette identité n'est vraiment pas suffisasu-ment démontrée, et, en tout cas, on ne peut dire que le sonnetdans lequel il propose, avec un efficace sarcasme politique, (ledénoncer l'Arno comme noble, soit plus mauvais, que les autressonnets attribués à ce même auteur. Le premier tercet est a it cou.

plus obscur; « Onde - die I' S e '1 P in una fonte In pacenon ben-an, sua sesupre in guerra Ciascun Lenale sue malixiepronte n; où, naguère, impriniarit ces sonnets sur le déluge parmiDicci soncet,' storici ,fiorcnt,,j (Firenze, 1893), j'imaginai à tort

- qu'on devait lire F et P et y voir une allusion ii la rivalité entreFlorence et. Fisc. Mais il est clair qu'il ne peut être question icique dé luttes intérieures entre Floretidns et c'est pourquoi, sansmodifier nullement ces initiales, on peut bien les interpréter à lafaçon latine Sénat et Peuple, et expliquer ainsi l'allusion aux sei-gneurs et au peuple en guerre perpétuelle. (On peut voir, par exem-ple, comment ces anciens rattachaient les fasnduses initialesde Renteaux emblèmes de leurs factions, dans le commentaire de I3envenutoda Imola au dernier vers du chant (le Cacciaguida; vol. V, 18 dans l'édition de Florence, 1887). Le contexte des deux autressonnets est assez clair en soi: la guerre dont il est question à lafin du premier sonnet et au début du second doit bien être celleavec le roi Jean et le légat, interrompue par une trêve, qui finit

* précisément en janvier 1334 (VTLLANI, NT, g ); et les grands in-cendies qui en '33 et en '34 endoffirnagèrent plusieurs fois la citésont aussi mentionnés par VILLAXI (X, 206, 256; XI, t 1, 36).Que les vers du second sonnet sur les grands péchés de Florentins,et en particulier sur les voleurs de « vedove, pupilli e menpos-senti ,> dérivent d'un passage du Convz'vio de Dante, commé lecroit M. Levi, à cause de certaine analogie d'expression, d'est ceque je n'oserais répéter; car des expressions analogues. ou même

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identiques à - celle que nous venons de citer pour désigner les fai-bles et ceux qui abusent de leur puissance, se rencontrent dansbeaucoup d'autres endroits, complètement indépendants l'un del'autre, mais s'inspirant tous de la môme moralité biblique (e alpupille, alla vedova, ciné agli abbandonnti » Deuteron., 26, 12;et cf. par ex.: « Vede oppressa il pupille, vedova o menepossente,desidera ô' aiutarlo corne p uai » dans Do3uNlcI, Regolrz del go-venin di cura farniliare, Firen ze , ,86o, p. 171). A la fin dutroisième sonnet l'apostrophe Rim-ordati est, comme chacun lecomprend, adressée à Florence: de ces passages brusques au styledirect dans les invectives politiques il ne manque pas d'exemplestant en prose qu'en vers.

AUX INSCRIPTIONS

Les inscriptions sur le Ponte Vecchio furent déjà éditées plu-sieurs fois par MIANNI, Delle vecchiezza sovraggrande de! FonteVecc/zio, Firenze, 1763, p. 16; par ArAzxl dans les Narra-dcvi cit., pp . 3.4 n.; par B1OAZZI, Iscrilioni e ,nemorie deltacittà diFirenze, Firenze, 1882 9 pp. 152 et 288; etAiazzi etBigaxzirapportent aussi, aux mêmes endroits, le tercet qui se lit au Cantode' Soldani à S. Reiniglo. Comme il résulte des nos fac-similés,la pierre portant les vers en langue vulgaire sur le Ponte Vecchiomontre ries signes certains d'antiquité; l'autre, au contraire, por-tant l'inscription latine, apparaît au premier coup d'oeil trop bienconservée; la forme des lettres et la figure de l'enfant qui montredu doigt le nouveau pont la font croire une reproduction de l'ori-ginal du XIVC siècle. Nais nous ne saurions dire quand cettereproduction remplaça l'original. Nous rappellerons encore, pouren finir avec les poésies dont le déluge de 1333 fut l'occasion,l'obscur sonnet astrologique de 5cr Marino Ceccoli de Pérousequi commence: « Resciolsese du cieli nova diluvio », publié parE. MoNAcI, avec d'autres extraits liai poeti enrichi perugini,(Rome, 190 5, P . 6).