3

Click here to load reader

La grande pitié du paysan indigène

  • Upload
    a-r

  • View
    221

  • Download
    5

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La grande pitié du paysan indigène

Honoré Vinck

La grande pitié du paysan indigèneAuthor(s): A. R.Source: Aequatoria, 8e Année, No. 1 (1945), pp. 32-33Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25837683 .

Accessed: 14/06/2014 23:35

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Honoré Vinck is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Aequatoria.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 185.44.77.40 on Sat, 14 Jun 2014 23:35:08 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: La grande pitié du paysan indigène

-32

DOCUMENTA

La grande pitie du paysan indigene. Ccux qui croient qifun pays ne pcut prosper er,

voire survivre sans tint solide classe paysanne, lironl

avec interet ces quelques extraits que nous tirons d'une

etude trh bien pensee publiee par A. R. dans VEssor du Congo, du 23 sept. 1944.

Quand le paysan fuit son village on peut etre surqu'une accumulation de catamites est ve

nue peser sur son existence . . . La Tshuapa se vi

de non seulement sous les coups de la denatalite et des endemies, mais surtout par l'abandon des terres ancestrales. . La population fuit vers les cen

tres, vers les camps, n'importe ou . . . Et Tauteur

cite des chiffres : Des 20.000 planteurs de Lodja en 1940 il en reste, en 1943, 16.000. Dans le me

me laps une zone du rail a diminue de 20. 737 a

15. 729. Les 58.000 planteurs de coton du Lomami, en 1940, sont tombes a 45. 750 en 1943.

Les donnees connues indiquent que l'e

xode de la brousse etst uu phenomene quasiment general. C'est avec angoisse que l'on suppute que la congestion des centres ne compense nullement

les pertes de la brousse. Que sont devenus les autres ?. . .

Les mesures de police, opposant des

moyens mecaniques a l'exode, out peuple nos pri sons mais n'ont pas enraye la debandade. II est

d'ailleurs dangereux d'elfacer les symptomes au

lieu de rechercher le sie^e du nial.

O11 a lncrnnine les plaisirs faciles de la ville . . . L'existence des refuges

. . . prouve que ce n'est pas tant la ville que 1'on cherche que la cheffene que Ton fuit.

On a accuse Tintsti uciiou. Mais selon

i'auteur ce n'est qu'un des pretextes, et croyez bien que tous sont bons, pour se sousiraire au sort

peu enviable du cultivateur, lisez du vulgatre indi

gene de la brousse, recrutable, requerable, taillable et corveable a merci .

L'auteur accuse surtout la circonscription

indigfene incapable d'absorber ses elites et 1'inadap tation des chefs figurants incapables... Au 110m

de ia coutume et notamment des tribunaux dits

coutumiers, que nous avons le plus sou vent crees

de toutes pieces, lis se livrent a toutes sortes

d'exactions et d'abus > situation anachronique

dans la communaute emancipee, ajoute i'auteur.

Ce renversement des valeurs est l'une des causes

profondes de l'anarchie indigene; elle n'explique

cependant pas la dislocation panique de l'organis me tribal

II semble done plutot qu'on doit chercher

Texplication dans Taccumulation des corvees de

toutes sortes imposees a Findigene de l'interieur.

Le regime actuel prevoit 120 joumees corveables;

mais, dit I'auteur, en fait pas un indigene au Congo ne parvient a aciiever dans ce laps de temps la

somme de travaux imposee. EL a mesure que lcs..

malins reussissent a se soustraire aux corvees, les

travaux qui ont plutot tendance a croitre qu'a di~

minuer se repartissent toujour# sur moins de bras

Ce qu'011 continue a nommer paysannat

indigene deguise a peine un salaiiat a la piece

applique aux campagnes. Sans beneficier de la

protection legale accordee au travailleur engage

voiontairement par contrat, le paysan est tenu,

suus peine de sanctions penales pratiqueinent plus

repressives a iournir ies prestations economiques

auxqueiles ll est astreint sans convention ...

Apres avoir cuiistate que la gueire a en

core aggrave la situation, I'auteur continue: II

ne peut etre question de cntiquer ceux qui, pa

yaut de leur personne, ont reu^M a fane lace a

une tache iitteraiement surliumaine. C'est au con

U aire pour rendi e un juste nominate aux brous

aids ( oiancs et nous ) qu'ii est necessaire cl'ap

precier exactement leur peine et d!y metire I'm ues

qu li se pouria

L'auieur est d'avis que cet eliort de guei re

n'a pas enrichi le paysan indigene. Mais li opine

que.. la penuiie ue signer Uionetaiies ue peut

luer ie paysan... La niisere des. paysaus indigenes,

c est 1 eiloiidi einent ue ia case, le tiuupcau eganie, its euiants sousaiiniciitLS, la kmnie prostituee et

ies paiabres nial trancnees - c'est ia 1ecrudescence

sournoise ues epiaemics - ia denatante - le aecou

rageinent. Ii iaui se metier tie la resignation du

noir, qui n'est que ueseapuir, autant que &a revol

te.

Rappelant 1'initiative du R01 Leopold III, alort Due de Brabant, I'auteur dit que dans ia

pens6e royale le paysannat indigene etaitexpres

This content downloaded from 185.44.77.40 on Sat, 14 Jun 2014 23:35:08 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: La grande pitié du paysan indigène

-33

setnent design^ comme un facteur de civilisation

pour le noir et comme un progres pour la prospe

rity generate... Si le seul but de cette politique etait

de faire de l'indig&ne un fournisseur plus productif de produits d'eXportation et un consommateur plus avide d'articles de traite, si elle visait uniquement a lui creer des ressources en argent, ellc serait la

negation meme du paysannat >...

c II faut evidemment composer entre l'autar

chie paysanne et les courants de l'economie mon

diale.. Mais ll faut voir clairement qu'en poursui vant la proletarisation de la brousse, nous allons

tuerlapoule aux oeufs d'or et trahir notre mission

civilisatrice

La chefferie et a plus forte raison le secteur

ont fail.i a ieur tache presque partout... 11 ne sem

ble cependant pas qu'on puisse s'en passer comple

temcnt.... Le clan est generalement reste fort...

La politique uu paysannat s'est cependant adressee

ou bien a I'individu ou bien a la cheflerie. Sans

renconcer au deveioppeinent de la propriete mdivi

auelle,.. ll y a peut-etre place pour le developpe ment de la propriete collective dont le sujet serait

le cian.

L'auteur distingue ties bien ce qui, dans la mentaliie indigene, se piete nneux a l'appropria tion collective et ce qui

a essentiellement un cara

ctere de propriete mdividuelle. Et il conclut: II

faut tenir compte en cette matiere de la mentalite

indigene, evoiuee sans cesser d'etre bantoue, et de

ia cwutume, changeanit mais demeuree foncieie

meiit negie. Pour i'mdigene aussi i'apiioi isme d'A.

Gide Vbiui: II laut suivre sa pente, mail en ia re

montant.*

le cours de l'histoire a confies a leur tutelle, les m mes devoirs a remplir, les me/ries droits a

faire valoir, les memes problemesa r^soudre.

Nous vivons une periode de transition ou ces problemes sont plus ardus que jamais.

D'une pprt, les peuples africains ont

fourni pendant cts dures annees de guerre un

effort qui leur merite les plus larges recompen ses. La Charte de l'Atlantique et la conscience

universelle s'accordent a proclamer que les re

gions arrierees doivent tre d6velopp6es avant

tout dans Tinter^t de leurs propres habitants.

D'autre part, les Nations industrielles victo

rieuses devront chercher un exuioire a leur enorme capacite de production; el les comptent trouver dans une Asie et une Afrique prosperes les debouches nouveaux qui seuls les permet iront de tenir leur main-d 'oeuvre a fabri du

chomage. A premiere vue, ces deux objectifs sem

blent parfaitement conciliables. L'Amerique et

FEurope doivent absolumeftt produire et ven

dre. L'Asie et I'Afrique ne demanderaient pas mieux que d'acheter si elles en avaient les

rnoyens. Qu "on leur fournisse done ces moyens en augmentant leur productivite par l'octroi de

credits, d'outillage et d'assistance technique et le double probleme sera resolu.

Pour demontrer combien peut tre rapi de le progres materiel d'un pays qui -veut vrai

ment se developper dans Fint6r t de ses pro

pres habitants,, on invoque Fexemple de 1'Union

Sovietique, passee en vingt cinq ans d'une eco

nomic presque exclusivement paysanne aux

etonnants triomphes de ses armees de sp6cia listes et d'engins motorists. Mais a-t-on bien

m6dite la nature de cette experience? La dou

loureuse gestation de la Russie nouvelle a dur6

vingt cinq ans. Et pendant ce quart de siecle, la Russie loin d'emprunter a Letranger a repu die ses dettes anterieures-. Loin de convier les

capitaux du dehors a la mise en valeur de ses

richesses, elle a exproprie sans indemnit6 les

entreprises 6trang res existantes. Loin d'offrir

ALLOCUTION PRONONCEE LE 6 FEVRIER 1945 PAR M. P. RYCKMANS, GOUVERNEUR GENERAL DU CONGO BELGE, All DEJEUNER OFFER! PAR L'UNION ANGLO-BELGE, AU CAP1TA1NE BALFOUR, MINISTRE RESIDENT BRITANNiQUE DANS L'OUEST-AFRICAIN.

Je suis heureux d'accueillir a Leopold viiie le manaataire de la Couronne charge de

coordoimer Jes acuvites dans rOuest-Atricain

iiritanrnque. Sa visite nous donrie l'occasion

d'utiies echanges de vues. Car,, avec ies nuan

ces dues aux conditions locales et a 1 ancienne

te de Inoccupation, la Grande-bretagne et la

Belgique ont, dans les territoires africains que

This content downloaded from 185.44.77.40 on Sat, 14 Jun 2014 23:35:08 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions