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Entreprise d’accueil : Kara& Co
Mémoire de Recherches Appliquées
Master
Titre du Mémoire : L’écoLogie dans le
secteur du textile et de la mode :
véritable prise de conscience ou simple «
greenwashing » ?
Master INSEEC : Master IBM
Promotion : 2012
Nom : VALENCIA
Prénom : Stefanie
Professeur suiveur : aucun
Tuteur entreprise : Monsieur Aymeric Karahasan
L’é cologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : vé ritablé prisé dé consciéncé ou simplé « gréénwashing »1 ?
1 Ou écoblanchiment, désigne les pratiques consistant à utiliser abusivement un positionnement ou des
pratiques écologiques à des fins marketing. [source : http://www.definitions-marketing.com]
Remerciements
Je souhaite remercier dans un premier temps tous les professeurs et les intervenants
professionnels du Master 2 IBM pour avoir partagé leurs connaissances théoriques et leurs
expériences.
Je tiens à remercier tout particulièrement mon tuteur de stage en entreprise, Monsieur
Karahasan pour m’avoir ouvert les portes de sa société, pour ses précieux conseils concernant
le sujet d’étude de ce mémoire ainsi que pour m’avoir consacré une partie de son temps afin
d’accompagner mon travail de recherche et de rédaction.
Je remercie également l’ensemble des collaborateurs que j’ai pu rencontrer durant cette
expérience pour leur accueil chaleureux et leur disponibilité tout au long de ces trois mois de
stage.
Sommaire
I. Mode et industrie textile : au sein d’un secteur multifacettes .......... 8
A. L’Histoire du textile : de l’artisanat à l’industrie ............................................................... 8
B. Etat des lieux de l’industrie du textile et de la mode aujourd’hui .................................. 11
II. Les problématiques environnementales du secteur textile et de la
mode ..................................................................................................... 19
A. Le secteur du textile-habillement : une menace pour le commerce durable ................. 19
B. Les conséquences environnementales dans les pays du tiers monde : l’exemple de la
Chine, du Bangladesh et de l’Inde ........................................................................................... 29
III. L’innovation écologique au sein de la filière textile-mode, une
nécessité ............................................................................................... 42
A. Repenser la chaîne de valeur et le processus de fabrication des produits textiles ........ 43
B. La mode éthique, un mouvement pas une tendance ..................................................... 51
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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INTRODUCTION
A l’heure où l’écologie et le développement durable semblent prendre une place croissante au
cœur des débats politiques, toutes les industries essayent, tant bien que mal, d’intégrer dans
leur langage le terme « green ». Cette notion de « green business »2 se définit comme étant
des activités qui participent activement à la réduction des émissions de CO2. Au niveau
entrepreneurial cela a donné naissance à des entreprises spécialisées dans le travail de la
protection de l’environnement, mais aussi à une prise en compte de cette notion de « green »
au sein de toutes les industries. Aujourd’hui, tous les secteurs intègrent dans leur stratégie
cette idée de « respect de l’environnement » en proposant des produits ou des services qui se
veulent « éco-responsables ».
Longtemps délaissée par les entreprises, l’écologie revient donc sur le devant de la scène et se
place parmi les principales préoccupations des sociétés tous secteurs confondus. Les dirigeants
sont arrivés à la conclusion qu’une bonne gestion écologique peut améliorer notablement la
compétitivité de l’entreprise tout en préservant l’environnement. L’intégration des
problématiques écologiques au sein des « business stratégies » des sociétés vise à réduire au
minimum leurs impacts sur l’environnement. L’objectif principal de toute entreprise étant de
faire des profits et donc d’être rentable, la diminution des coûts ainsi que l’amélioration de la
performance liées à une bonne gestion écologique, permettent à celle-ci de pérenniser son
activité.
Ceci est également vrai pour l’industrie du textile et de la mode qui a incontestablement un
lourd impact environnemental. Ainsi chaque année, les grandes capitales de la mode Paris,
Londres, New York et Milan accueillent des milliers de visiteurs venant découvrir les nouvelles
2 Ou économie verte, recouvre l’ensemble des activités économiques liées directement ou
indirectement à la protection de l’environnement [source : http://www.dictionnaire-environnement.com]
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collections de nombreux créateurs. Plusieurs fois par an donc, les maisons de couture et
designers indépendants dictent les tendances en termes d’habillement. Cette mode qui
auparavant était réservée à un publique plutôt restreint est devenue « mainstream »3 reprise
par les grandes enseignes de distribution telles que le géant espagnol Inditex, le suédois H&M
ou l’anglais Topshop. Ces spécialistes du retail ont réussi à donner une place importante au
marché du textile qui se place au second rang des activités économiques mondiales en termes
de volume d’échanges (353 milliards de dollars en 2011). Cette industrie grandissante est très
concurrentielle, les entreprises du secteur sont donc obligées de tirer les coûts de production
vers le bas afin de rester compétitives dans le marché. Désormais cette baisse des coûts passe
par une réduction du coût salarial. Les entreprises délocalisent leur production textile là où les
salaires sont les plus bas, souvent dans des pays en développement tels que la Chine, l’Inde, le
Bangladesh ou le Vietnam. Or dans ces pays la législation est souvent inexistante et les
conditions de travail des salariés ainsi que les produits utilisés pour la fabrication de nos habits
sont loin d’être « green ». Au contraire, ces usines productrices de tissus multicolores sont
souvent la cause de pollution des eaux et de maladies graves conséquence d’une utilisation de
produits hautement toxiques.
Les marques sont de plus en plus montrées du doigt quant à leurs conditions de travail et leur
lourd impact sur l’environnement. Nous assistons donc depuis quelques années à une prise de
conscience de la part des entreprises du secteur sur la place de l’écologie au sein de leur
stratégie. Mais cet intérêt soudain pour le bien être de la planète est-il vraiment sincère ? Ces
initiatives dans une logique de développement durable et de respect de l’environnement
cachent-elles une stratégie marketing bien rodée ? Assistons-nous à un phénomène de « green
washing » du textile qui prétendrait nous vendre des produits éco-responsables qui ne le sont
pas ?
3 Mot d’origine américaine qui signifie grand public, dominant, populaire [source : Frédéric Martel,
Mainstream (Flammarion 2010)]
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Afin de répondre à cette problématique nous avons choisi de suivre le plan suivant :
Dans une première partie nous nous focaliserons sur le secteur du textile et de la mode. Nous
allons dresser un état des lieux détaillé du marché en effectuant un travail d’observation. Nous
recueillerons ensuite les données les plus importantes du le secteur pour dresser la situation
actuelle de celui-ci.
Dans une deuxième partie, nous effectuerons un travail d’analyse et de diagnostic afin de
souligner les problématiques environnementales auxquelles doit faire face le secteur. Nous
nous intéresserons à ce qui est reproché à cette industrie en termes de pollution écologique et
sanitaire.
Dans une troisième partie nous essayeront d’apporter des solutions au problème
environnemental soulevé par le textile-habillement. Nous répondrons essentiellement à la
question : Comment les entreprises du secteur réduisent leur impact écologique ? Nous nous
intéresserons donc aux solutions misent en place par le secteur pour intégrer l’écologie au sein
de leur stratégie. Toutefois, nous dirons si ces solutions ont un réel impact sur
l’environnement ou s’il s’agit purement d’une nouvelle stratégie marketing. Enfin nous irons
plus loin dans notre analyse en étudiant la place du consommateur dans la prise de conscience
des industriels.
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I. Mode et industrie textile : au sein d’un secteur multifacettes
Comme nous l’avons précisé lors de notre introduction, dans cette première partie nous ferons
une description approfondie du secteur analysé. Nous commencerons par exposer le lien
indissociable entre l’industrie textile et la mode et la place que le secteur occupe actuellement
dans le commerce international. Ceci nous permettra donc de mieux comprendre les raisons
de son impact sur l’environnement.
A. L’Histoire du textile : de l’artisanat à l’industrie
A l‘origine, le terme « industrie textile » s’utilisait pour parler du tissage d’étoffes à partir de
fibres. Aujourd’hui il s’applique à toute une série d’autres procédés tes que le tricotage ou le
feutrage entre autres. L’industrie du textile prend en compte la fabrication de filés ou de non-
tissés à partir de fibres naturelles ou synthétiques, mais aussi le finissage et la teinture.
Anciennement on utilisait des plantes, des graines ou des poils d’animaux pour fabriquer des
fibres naturelles. Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle que les premières fibres synthétiques
ont été mises au point. Ces fibres fabriquées à partir de cellulose ou de pétrole continuent
d’être de plus en plus utilisées, même si on trouve encore des fibres naturelles telles que la
soie, le coton, la laine et le lin.
De toutes ces fibres naturelles seule la soie est formée de filaments, ce qui rend inutile le
filage. Or pour les autres fibres, le filage est indispensable pour transformer la matière
première en fil. C’est ainsi que naissent au XVIIème siècle les premières machines de filage, ce
qui transformera un métier de filage artisanal en procédé industriel.
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1. Les différentes étapes de la fabrication d’un tissu
a) Du fil à la fabrication du tissu
Afin de créer un tissu, on procède à ce qu’on appelle « le tissage ». Cette méthode permet
d’entrelacer des fils pour obtenir un tissu. Jusqu’au XVIIIème siècle, le tissage se faisait
manuellement.
La mécanisation du tissage a développé d’avantage la création de tissus. Ainsi à la fin du
XVIIIème siècle on voit apparaitre la première véritable usine textile moderne. Ces usines seront
ensuite améliorées au fur et à mesure des progrès techniques jusqu’à ce que le procédé de
tissage devienne complétement automatisé. Les ouvriers furent donc remplacés par des
machines plus rapides et performantes.
b) L’ennoblissement : teinture et finition
« Les techniques d’ennoblissement textile confèrent au produit son aspect final : la teinture et
l’impression ont un but décoratif et le blanchiment, […], les traitements présentent un
caractère plus technique pour modifier l’aspect, le toucher et apporter des fonctionnalités
particulières »4 aux tissus.
c) Des tissus teints et imprimés
Les premiers colorants que l’industrie textile ait utilisés étaient des colorants naturels. Ceci a
radicalement changé au XIXème siècle avec la découverte de colorants issus des goudrons de
houille, et la création de fibres synthétiques au XXème siècle. En ce qui concerne l’impression
celle-ci est très vite passée de la planche au rouleau. Ce nouveau procédé a permis d’imprimer
des tissus avec une gamme plus large de couleurs.
4 Rapport annuel Oseo 2010 du secteur du textile et de l’habillement
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d) La finition
Cette étape du processus de fabrication du tissu vise à améliorer l’apparence du tissu, le faire
briller5 ou le rendre plus résistant. Actuellement, les tissus sont rétrécis, traités avec des
produits chimiques et soumis à toute une série de traitements chimiques destinés à améliorer
leur résistance notamment aux moisissures ou à l’eau.
Ces traitements chimiques permettent d’obtenir des fibres plus « performantes » et plus
solides. Ainsi des tissus sont créés pour répondre à des besoins spécifiques: des tissus plus
résistants à la chaleur ou qui protègent mieux contre le contact de produits chimiques. Les
fibres synthétiques combinées à du carbone ou à de l’aluminium peuvent produire des tissus
extrêmement robustes utiles dans des domaines spécifiques tels que l’aviation, le nucléaire ou
le militaire.
2. D’un métier artisanal à un métier industriel
Autrefois, la fabrication des textiles était un métier manuel pratiqué par des fileurs ou des
tisseurs qui travaillaient dans des petits ateliers. Grâce au progrès technique, le métier est
devenu une industrie où sont nées de grandes entreprises textiles économiquement très
rentables d’abord en Angleterre puis en Europe. C’est grâce à ces nouveaux processus
mécanisés et au développement commercial entre les différents continents que l’industrie du
textile s’exporte très vite en Amérique du Nord. L’Amérique du Nord découvre ce métier grâce
aux immigrés européens et désormais, le coton devient un tissu très demandé au niveau
mondial. De nouvelles inventions voient le jour, ce qui accélère davantage le développement
de l’industrie textile. Les entreprises produisent plus et plus vite des produits de plus en plus
demandés.
Cette tendance s’est accélérée grâce à l’arrivée de la machine à coudre qui permettait à tout le
monde de confectionner des vêtements. Le métier de tailleur n’était plus réservé aux
5 C’est ce qu’on appelle la mercerisation : procédé chimique inventé par John Mercer qui consiste à
traiter les fibres de coton avec de la soude caustique (hydroxyde de sodium) afin de donner un aspect lustré [source : http://fr.wikipedia.org]
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professionnels mais à toute personne capable d’utiliser ces nouvelles machines. La couture
s’est donc démocratisée marquant un tournant dans l’industrie du textile et de la mode.
Ainsi, les ruptures technologiques au cours du XVIIIème et XIXème siècle ont permis la naissance
de l’industrie textile moderne, elles ont aussi été à l’origine de la révolution industrielle et de
mutations familiales et sociales profondes. Bien que l'industrie ait commencé au Royaume-Uni,
elle a été ensuite dominée par l’Europe et l’Amérique du Nord grâce aux processus de
mécanisation et à des machines toujours plus performantes. Depuis ce secteur n’a cessé
d’évoluer d’autant plus que la production de laine, de coton et de soie continuent de croitre
dans le monde entier.
B. Etat des lieux de l’industrie du textile et de la mode
aujourd’hui
Comme nous l’avons précisé précédemment, la révolution industrielle a été un tournant dans
l’industrie du textile et de l’habillement. D’autant plus qu’à partir du XIXème la population
devient de plus en plus urbaine obligeant l’industrie à se moderniser afin de répondre aux
besoins de cette nouvelle population. Cette nouvelle classe urbaine aux besoins différents de
la classe aisée, qui elle continue de faire réaliser ses vêtements sur mesure par des artisans,
est à la recherche de vêtements adaptés à la ville.
1. La naissance du prêt-à-porter
La mode permet, en effet de s’intégrer socialement. C’est grâce à la démocratisation de la
machine à coudre et à un contexte économique favorable qu’au cours des années 50 on voit
apparaitre une classe moyenne avide de beauté souhaitant s’habiller de plus en plus comme
les grands couturiers. Surtout les femmes rêvent de porter les modèles de grandes maisons de
couture, mais elles ne peuvent pas toutes accéder à ces pièces très chères réservées à une
clientèle d’élite. Non seulement les couturières de quartier se mettent donc à imiter les
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créations des grands maitres mais les industriels textiles aussi. C’est la naissance du métier de
« confection » qui s’opposera à celui de la haute couture.
On peut désormais acheter un vêtement tout fait, sans prendre aucune mesure. Grace à la
standardisation, on peut en effet produire en série des pantalons, robes, manteaux et jupes, le
tout dans différentes tailles. La confection permet donc de s’habiller à moindre frais avec un
grand choix de vêtements.
Or, avec une demande de plus en plus grandissante, la confection peine à y répondre. C’est
ainsi que la main d’œuvre en provenance de l’étranger (Europe de l’est pour la France) se fait
de plus en plus courante.
A l’époque les femmes françaises plus exigeantes restent réticentes à cette nouvelle offre car
elles la jugent peu personnalisable et de mauvaise qualité. Mais la confection se vend très bien
à l’échelle mondiale ce qui exige de la part des industriels un rythme de production plus
soutenu et une main d’œuvre plus spécialisée. Dans les pays riches, la pénurie de main
d’œuvre se fait sentir, obligeant les entreprises à faire appel de plus en plus à de la main
d’œuvre étrangère.
Yves Saint Laurent a toujours cru que « le style est plus important que la mode ».
Yves Saint Laurent, celui qui a « donné le pouvoir » aux
femmes, le « prince de la mode » est indéniablement le
précurseur du prêt-à-porter. « La rue et moi c’est une
histoire d’amour. 1971 est une grande date car, enfin, la
mode descend dans la rue ». Si proche des femmes, le
couturier français leur propose une garde-robe pour leur
quotidien. Il s’adresse à toutes les femmes de la rue, à
toutes les femmes en somme. « Le prêt-à-porter s’est une
ouverture sur la vie de tous les jours, sur le quotidien. J’ai
choisi de montrer l’image de ma mode à travers mon prêt-
à-porter […] qui s’adresse à une catégorie de gens
beaucoup plus variée, beaucoup plus vaste » affirmait le
créateur lors de la présentation de sa nouvelle collection
en 1971. « Je crée pour différentes circonstances de la vie
d’une femme ».
Une mode avant-gardiste
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Des magasins populaires voient le jour, et les prix pratiqués sont uniques. Ceci oblige à
l’industrie d’investir dans de nouvelles usines plus modernes et performantes. La mécanisation
de la confection devient imminente et c’est ainsi que la notion de confection laisse place à
celle de « prêt-à-porter » ou « ready-to-wear » aux Etats-Unis.
Le prêt-à-porter attire de plus en plus d’adeptes. On abandonne les petites séries au profit de
plus grandes séries d’un nombre plus réduit de modèles. On propose aux femmes des
vêtements adaptés à leur quotidien et surtout la notion de style, jusque-là réservée à la
couture, est introduite dans le secteur du prêt-à-porter. ( voir annexe n° 1)
Au début des années 60, la jeunesse « babyboomers » arrive sur le marché. Les collections
sont renouvelées plus souvent, les boutiques se multiplient et les exportations ne cessent
d’accroitre. Les entreprises du secteur voient leur chiffre d’affaires se développer. La demande
sur le marché intérieur des pays nord-américains et européens se renforce. Le réseau de
distribution se renforce donc, en donnant naissance aux premières boutiques multimarques.
Mais déjà à l’époque le problème de la délocalisation se pose. En effet, dès la fin des années
60 la main d’œuvre qualifiée se fait rare alors même que la demande de prêt-à-porter ne cesse
de croitre. Les industriels n’ont d’autre choix que de sous-traiter leur fabrication à l’étranger.
Le rythme à hauteur de deux collections par an pousse les entreprises les plus importantes du
secteur à délocaliser leur production. Si le bureau de création demeure à Paris, la fabrication
est désormais effectuée à l’étranger dans des pays à bas coûts.
2. La mondialisation
A l’aube des années 80 une vague pop éclabousse le monde de la mode qui marquera le début
d’une nouvelle façon de penser la mode et l’industrie du textile. Les jeunes créateurs français
suscitent un engouement international. De Thierry Mugler à Sonia Rykiel, en passant par Jean
Paul Gaultier, Claude Montana et Azzedine Alaïa, la mode est à son apogée. Elle devient un
phénomène culturel attirant les acheteurs des quatre coins du monde. Cette décennie sera
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marquée par l’excentricité, l’exubérance et la couleur hissant Paris comme la capitale
internationale de la mode.
Puis au cours des années 90, la mode s’assagit devenant plus intellectuelle, minimaliste et
sophistiquée. La mode devient donc internationale avec un marché de plus en plus
concurrentiel et un nombre de designers grandissant. La haute couture avec Dior et Christian
Lacroix revient en force et fait des envieuses dans le monde entier. Les créateurs deviennent
de vraies marques très rentables acquérant une vraie visibilité à travers les défilés.
La mondialisation permet à des marques jusque-là réservées à une élite, d’être connues et
désirables par tous. Mais ces créateurs qui dictent les tendances ne sont pas accessibles à la
majorité des consommateurs. Ainsi, pour rendre la mode accessible le prêt-à-porter se
développe davantage. Grâce à son modèle flexible, le prêt-à-porter s’adapte à une demande
qui évolue constamment. Aussi, grâce à la standardisation des produits, le secteur peut
réaliser des économies d’échelle qui lui permettent de proposer des prix bas.
Soumis à une forte saisonnalité et à plusieurs collections par an (environ 4 collections par an),
le secteur du prêt-à-porter doit produire des quantités de vêtements importantes afin
d’habiller en masse. Défini par une logique de coûts de main d’œuvre, le secteur est
particulièrement sensible au coût salarial. Le libre-échange permet très tôt au secteur de
procéder à des délocalisations massives et à du « sourcing »6 surtout en Asie ou en Amérique
Centrale. Aujourd’hui, tous nos produits textiles sont produits dans des pays du tiers monde, là
où la main d’œuvre est la moins chère et où les contraintes légales sont les plus souples. Il
semble donc logique que le secteur du prêt-à-porter de distribution n’ait aucune difficulté à
proposer des prix défiant toute concurrence et des collections très proches de celles des
grandes marques.
6 Processus de recherche de fournisseurs pouvant le mieux répondre aux besoins spécifiques de
l’acheteur en termes de coûts, délais, innovation et qualité [source : http://www.decision-achats.fr]
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Nous assistons donc à une industrie du textile qui produit en masse7 se fournissant là où la
main d’œuvre est bon marché et les coûts de production sont les plus bas. Le secteur est
devenu ultra concurrentiel ce qui suscite des développements techniques continuels tels que
la PAO (production assistée par ordinateur) permettant de réduire la masse salariale et
d’améliorer la qualité des produits. Aujourd’hui, l’industrie textile fournit des produits
demandés dans le monde entier. De par sa taille et le nombre d’acteurs sur le marché, le
textile exerce une influence profonde sur le commerce international et l’économie des pays.
3. La domination asiatique en sourcing
Le premier bénéficiaire du mouvement de délocalisation est le continent asiatique qui
représente plus de 40% de la production mondiale contre moins de 30% pour l’Europe. En
effet, il est impossible de rivaliser avec les salaires chinois : comme le montre le graphique ci-
dessous, là où une heure de travail coûte près de 22 euros à Roubaix, France, elle est
inférieure à 2 euros à Shanghai - Coût horaire du travail dans l’industrie textile* (source
Werner International). Pas étonnant donc que les importations européennes en provenance
de Chine soit en constante hausse.
Figure 1Coût horaire du travail dans l’industrie textile* (source Werner International)
7 La production mondiale de textile s’élèverait à environ 600 milliards de dollars [source : Textile
Habillement – Oseo, 2010]
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D’après les chiffres du commerce international fournis par l’OMC en 2010, les importations
européennes de textile-habillement ont atteint une valeur de 76,2 milliards d’euros. Ce qui
représente une augmentation d’environ 10% par rapport à l’année 2009. Avec un total de 31,9
milliards d’euros en 2011 (+10,3%), la Chine a consolidé sa position de principal fournisseur de
l’Europe - Part des exportations dans le commerce mondial des vêtements en % (source OMC).
Les importations en provenance de ce pays représentent désormais 41,9% des importations
totales européennes de textile et habillement.
Figure 2Part des exportations dans le commerce mondial des vêtements en % (source OMC)
La crise de 2009 n’a fait que renforcer le positionnement chinois en tant que fournisseur
numéro un en textile-habillement. En effet, les consommateurs ont baissé la part de leur
budget alloué à l’achat de vêtements. L’achat de mode a donc connu un fort recul, les
ménages privilégiant l’alimentation en période de crise. Ainsi, pour faire face à ce repli de la
demande les distributeurs textiles ont davantage diminué leur coût. Les prix étant au centre de
la stratégie des entreprises du secteur, elles se sont tournées vers les pays où les coûts sont le
moins élevés pour s’approvisionner. La Chine fourni des produits textiles les moins chers, ce
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qui permet aux grandes chaînes de distribution de conserver leurs marges et d’ouvrir de
nouveaux magasins chaque année. ( voir annexe n°2)
La position dominante de l’Asie se fait au détriment des pays du pourtour méditerranéen.
Même si la Turquie qui, après un recul en 2009, connaît un regain sur les marchés européens
avec des exportations qui s’élèvent à 10,1 milliards d’euros en 2010. D’autres exportateurs
méditerranéens gagnent peu à peu des parts de marché également : L’Egypte8, le Maroc9 et la
Tunisie10. Mais peinent à rivaliser avec le géant du secteur qui est la Chine.
Selon les derniers chiffres de l’OMC, les échanges commerciaux mondiaux représenteraient
environ 280 Md$ dans le textile et 390 Md$ dans l’habillement. L’OMC explique que
« l’analyse des chiffres confirme la position hégémonique de la Chine tant en textile qu’en
habillement avec, en 2010, des exportations qui atteignent 77 Md$ dans le textile et 130 Md$
dans l’habillement » (voir annexe n°3). Toutefois, L’Union Européenne est le deuxième
exportateur aussi bien en textile qu’en habillement.
Au niveau des emplois, la filière textile-habillement totalise environ 30 millions de salariés
dans le monde dont 32% sont employés en Chine et 30% dans le reste de l’Asie-Océanie. La
stratégie actuelle des donneurs d’ordre basée sur les prix, favorise l’approvisionnement auprès
des pays aux prix les plus faibles, notamment ceux d’Asie du Sud-Est.
La Chine, l’Inde et le Bangladesh sont donc devenus de véritables « usines textiles »
indispensables pour le développement des entreprises du secteur - Principaux exportateurs de
textile et de vêtements, 2010 (source OMC). Ces pays sont ainsi devenus les pros grands
producteurs textiles grâce à une main d’œuvre bon marché et à une législation très flexible.
8 Evolution exportations 2009-2010 : + 13,9%
9 Evolution exportations 2009-2010 : + 4,8%
10 Evolution exportations 2009-2010 : + 3,7%
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Plus généralement, les pays en développement sont devenus les principaux fournisseurs des
grandes chaînes de magasins mais aussi des maisons de luxe.
Figure 3 Principaux exportateurs de textile et de vêtements, 2010 (source OMC)
En quelques années la mode est passée d’une affaire d’élite à une affaire de masse.
Aujourd’hui le textile-habillement est devenu une industrie mondiale. Les grandes chaines de
prêt-à-porter habillent la planète entière à des prix compétitifs. Ainsi « 60 millions de tonnes
de fibres habillent 3 milliards d’habitants ». Mais ces marques attirées par la main d’œuvre
bon marché se fournissent essentiellement dans des pays du tiers monde. Or dans ces pays les
usines textiles utilisent différents produits chimiques hautement toxiques pour fabriquer nos
vêtements. Mais les industriels prennent-ils ce danger au sérieux ?
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II. Les problématiques environnementales du secteur textile et
de la mode
Dans cette deuxième partie, nous mettrons en évidence le lien entre les processus de
fabrication et de production des entreprises du secteur textile-habillement et leur impact sur
l’environnement. Comme nous avons pu l’observer dans notre première partie, l’industrie du
textile et de la mode est un secteur très dynamique qu’emploi des milliers de gens autour du
monde mais qui malheureusement de par son volume, a des conséquences réelles sur notre
écologie. De la création du tissu jusqu’à la fabrication d’une pièce mode, l’industrie doit faire
face à des problèmes liés à la gestion du facteur environnement au niveau de sa supply chain.
Avec des consommateurs plus informés et exigeantes, le secteur se doit de trouver des
solutions rapides afin d’assurer sa survie.
A. Le secteur du textile-habillement : une menace pour le
commerce durable
Comme nous l’avons expliqué dans la première partie de notre étude, l’industrie textile
compte des matières naturelles notamment: le coton, la laine, la soie ou le lin mais aussi des
matières issues des nouvelles techniques de fabrication. Ces nouvelles matières « artificielles »
appelées aussi fibres synthétiques : polyamide et acrylique sont fabriquées à base de produits
extraits du pétrole. Il suffit de prendre l’étiquette de n’importe quel vêtement pour se rendre
compte que ces matières sont omniprésentes. Soit elles composent 100% du vêtement, soit
elles sont mélangées à des matières naturelles. Ainsi on retrouve élasthanne, polyester ou
lycra dans pratiquement tous nos
vêtements aujourd’hui.
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Comme nous l’avons déjà souligné, le processus de transformation de la fibre au vêtement qui
est au cœur de l’industrie textile-habillement, utilise beaucoup de produits chimiques. Des
matières premières naturelles jusqu’à la réalisation de produits semi-finis ou finis, les fibres
traversent différentes étapes de transformation et d’ennoblissement11. Afin d’obtenir un
produit manufacturé donc, les fibres sont traitées chimiquement pour donner un certain
aspect ou un coloris spécifique. Ces traitements chimiques ne sont pas sans conséquences
pour l’environnement et la santé des ouvriers. Ces fibres synthétiques bon marché, plus
résistantes et plus faciles d’entretien, sont utilisées à outrance dans la confection d’accessoires
mode et vêtements. Or, leur fabrication demeure hautement polluante et leur recyclage est
très coûteux. En moyenne, le nylon mettrait 40 ans à se décomposer.
L’industrie textile-habillement est donc très diversifiée, aussi bien dans les fibres qu’elle utilise
que dans les techniques employées pour les transformer. Un vêtement passe par 6 étapes de
traitement qui ont chacune d’elles un impact négatif au niveau environnemental. Du filage, au
tissage jusqu’au produit manufacturé, l’air est constamment pollué. La teinture et le
blanchiment utilisent de nombreux produits chimiques qui contaminent l’eau et dégagent de
poussières invisibles à l’œil nu terriblement nocives pour la santé.
Prenons l’exemple d’un simple t-shirt. Dans l’infographie de Greenpeace : Le cycle toxique des
vêtements (source Greenpeae) ci-dessous, nous observons que toutes les étapes dans le cycle
de vie d’un t-shirt ont un impact sur l’environnement :
1) Les produits chimiques dont du nonylphénol ou NPE sont livrés aux usines qui
fabriquent les vêtements.
2) Lors de la fabrication, la régulation laxiste dans les pays fournisseurs permet de rejeter
dans l’eau les résidus des produits chimiques utilisés pour blanchir, teindre ou rendre
plus souple la matière.
11
Ensemble de traitements effectués sur tissus écrus (blanchiment, teinture, impression…) qui contribuent à en accroitre la valeur (source : http://www.larousse.fr)
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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3) Ces produits chimiques s’accumulent dans l’eau et ont un impact sur l’écosystème des
rivières. On retrouve ces produits dans les poissons.
4) Les produits finis contenant du NPE sont expédiés au monde entier même dans les
pays qui les interdisent.
5) Les consommateurs lavent leurs vêtements et rejettent le NPE dans l’eau.
6) Les NPE finissent dans les milieux aquatiques avec des conséquences néfastes pour la
pollution de l’eau et des poissons.
Figure 4Le cycle toxique des vêtements (source Greenpeae)
« Il faut 2500 litres d’eau pour fabriquer un t-shirt de 250 grammes »
Waterfootprint, 2012
1. L’empreinte écologique des principales fibres textiles
Afin de mieux comprendre l’impact des différentes fibres textiles utilisées pour fabriquer nos
vêtements et accessoires, nous avons décidé de nous attarder sur chacune d’entre elles. Notre
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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objectif est d’étudier l’effet de ces différentes matières sur l’écologie. Ainsi chaque matière
textile aurait un impact différent selon sa composition.
a) Nylon et polyester : deux produits synthétiques
hautement toxiques
Ces matières synthétiques élaborées à base de produits pétrochimiques ont un lourd impact
écologique notamment à cause de leur non biodégradabilité. Les filets en nylon des pêcheurs
peuvent restés intactes pendant presque 40 ans, mettant en danger toute la vie marine.
Les fils de nylon menacent la vie marine
Aussi le nylon industriel dégage de l’oxyde nitreux, un gaz à effet de serre 130 fois plus
puissant que le dioxyde de carbone. En ce qui concerne le polyester, sa fabrication demande
des grandes quantités d’eau et d’autres substances chimiques potentiellement nocives pour
l’écologie. Ces deux fibres synthétiques sont gourmandes en énergie et dégagent des gaz
toxiques tout au long de leur processus de fabrication.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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b) Rayon (viscose) : des conséquences néfastes pour les
forêts
Pour produire le fil de viscose, on utilise la cellulose extraite du bois. Cette matière première
bien qu’organique est modifiée par des procédés chimiques afin d’obtenir le fil de viscose.
Ainsi pour la fabrication de cette fibre, de grandes étendues de forêt sont rasées afin d’obtenir
de la cellulose. Souvent le bois est issu de plantations d’eucalyptus qui sont très gourmandes
en eau, ce qui empêche les autres plantes de se nourrir. L’élevage intensif de ces arbres cause
des problèmes d’eau et de déforestation en Inde par exemple.
c) Coton : à l’origine de nombreux rejets toxiques
Les enjeux environnementaux du coton sont nombreux. C’est le support textile le plus utilisé
dans l’industrie de la mode, il représente environ 40% de la production textile mondiale. Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé, derrière son aspect naturel se cache l’agriculture la plus
polluante au monde. Elle nécessite des grandes quantités d’eau et de pesticides hautement
toxiques pour l’environnement et les agriculteurs. Aussi, l’agriculture intensive du coton utilise
des grandes étendues de terre qui ne pourront pas être utilisées pour l’agriculture alimentaire
L’agriculture du coton gourmande en eau et en pesticides
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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des populations locales. Les herbicides et les défoliations chimiques utilisées pour la culture du
coton ont un impact négatif sur la santé des agriculteurs et de leurs terres. Les produits
chimiques utilisés pour transformer la matière première en tissu prêt à teindre restent dans
celui-ci même une fois le produit fini. Le vêtement dégage tout au long de sa vie des
substances toxiques. Ces produits chimiques pourraient même être à l’origine de nombreuses
réactions allergiques chez les personnes exposées à du coton traité. Les personnes âgées et les
enfants en bas âge sont les plus sensibles à ces substances. De plus, le développement du
coton OGM vient empirer l’empreinte écologique de cette agriculture.
L’industrie du coton a recours à une main d’œuvre bon marché issue des pays du tiers monde,
ceci malgré une mécanisation de la récolte. Ces ouvriers sont donc quotidiennement exposés
non seulement aux pesticides mais aussi aux produits toxiques utilisés pour le traitement de la
fibre. On constate une hausse des cancers pour les travailleurs de ces usines. Produits
chimiques et métaux lourds permettent au tissu de devenir beau, multicolore, mais aussi très
nocif pour l’environnement. Une fois le produit fini celui-ci a nécessité des grandes quantités
d’eau12 qui sont déversées dans les rivières voisines. L’eau est polluée, l’air aussi et les
dépenses énergétiques sont énormes. (voir annexe n° 4)
« Alors que les champs de coton représentent moins de 3% des surfaces
cultivées de la planète, ils absorbent près de 25% des insecticides utilisés
dans le monde et 10% des herbicides » (http://www.unep.fr)
d) Laine : matière naturelle qui devient toxique
La laine est une matière naturelle issue du pelage des moutons. Elle est plus respectueuse de
l’environnement que le coton. Mais le problème se pose quand pour lutter contre les
infections urticaires des moutons, ceux-ci sont exposés à des quantités élevés de produits
12
Le coton utilisé pour un t-shirt aurait eu besoin de presque 1000 litres d’eau.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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chimiques. Ces produits à base d’organophosphorés pénètrent la laine et peuvent être nocifs
pour la bête mais aussi pour l’éleveur. Le processus de transformation de la laine en tissu
utilise également une grande quantité d’eau et d’énergie notamment lors du séchage. C’est
donc bien le processus de transformation de la laine en vêtement qui est à la source de la
pollution environnementale.
« 27 bouteilles en plastique recyclées permettent de confectionner 1 pull
en laine polaire » (http://www.unep.fr)
Mais les enjeux écologiques ne viennent pas que des matières premières utilisés par l’industrie
du textile. La façon dont nos vêtements sont produits a aussi un impact sur l’environnement.
2. Un processus de fabrication hautement toxique
Comme nous l’avons déjà expliqué, le passage de la fibre au vêtement se fait en plusieurs
étapes. Nous savons que ces étapes non seulement utilisent d’importantes quantités d’eau et
d’énergie, mais aussi de produits hautement toxiques. Notamment la dernière étape,
l’ennoblissement qui vise à améliorer l’aspect de la fibre. Grâce à la Figure 5 La pollution: de
la fibre à l'étoffe nous pouvons constater que du blanchiment à la teinture, en passant par la
finition, les fibres sont soumises à une batterie de traitements chimiques avec des
conséquences néfastes pour la santé et l’environnement. Afin de mieux comprendre la
problématique environnementale que pose le processus d’ennoblissement des fibres, nous
détaillerons les différentes étapes et leur impact sur l’écologie.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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Figure 5 La pollution: de la fibre à l'étoffe
D’abord le blanchiment des fibres afin de les préparer à la teinture se fait en utilisant des
produits à base de soude caustique et de dioxyde de chlore. L’objectif de cette technique
est de préparée la fibre, enlever toute imperfection et la rendre plus absorbante.
Ensuite la coloration des tissus est une étape très gourmande en eau et très polluante
puisque les colorants finissent par être versés dans les rivières proches des usines. Les
colorants souvent de mauvaise qualité, décolorent facilement au lavage ce qui contribue à
nouveau à la pollution de l’eau. Les fixateurs de couleurs issus de métaux lourds, finissent
également par polluer le milieu aquatique. Les populations autour des usines voient leur
eau contaminée, ce qui la rend inapte à la consommation. Aussi, on trouve des résidus de
colorants même après que l’eau ait été traitée.
Enfin vient l‘apprêt fonctionnel. Les tissus sont traités de façon à leur donner une valeur
ajoutée ou une fonctionnalité spécifique (imperméables, faciles à repasser, plus doux,
etc.). Le linge de maison notamment est traité avec du formol ou méthanal hautement
toxique afin d’avoir une finition plus douce et confortable.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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Il existe également d’autres matières que l’industrie de la mode utilise comme le cuir, le PVC
ou des solvants (utilisés pour coller ou fabriquer les matières résistantes à l’eau). Le cuir subit
également un traitement chimique surtout pour le teindre ou l’assouplir.
L’industrie du textile et de la mode est donc loin d’être un marché durable. Ceci se confirme
également dans l’approche du secteur vis-à-vis de la main d’œuvre qu’elle recrute. Rappelons
que le secteur emploi 6 % de la planète principalement dans les pays du tiers monde. La
concurrence accrue pousse souvent les industriels à pratiquer une véritable « exploitation
humaine » avec des conditions de travail insupportables. Pire encore, l’industrie de la mode a
été souvent au cœur de polémiques impliquant le travail de mineurs.
3. Des conditions de travail immorales
Chaque année les capitales de la mode présentent les dernières collections des designers en
vogue. Les magasins multimarques et mass retailers inondent leurs rayons avec les dernières
pièces. Chaussures en cuir « Made in India », t-shirt en coton « Made in China » et robe en
acrylique « Made in Bangladesh », le consommateur a le choix à un prix réduit. Mais savons-
nous d’où proviennent exactement nos vêtements, quelles sont les usines qui les fabrique et
sous quelles conditions ?
a) Le problème des « Sweatshops »
Le monde de la mode a beau être stylé et glamour, les conditions dans lesquelles sont
fabriqués les dernières tendances sont loin d’être idéales. Au contraire, elles impliquent
souvent des horaires arbitraires et des salaires de misère. La majorité des travailleurs sont des
femmes qui subissent des conditions de travail proches de l’esclavage13 : pauses
chronométrés, heures supplémentaires non rémunérées, 13 heures de travail par jour, etc. Ces
femmes ne touchent pas un salaire suffisant pour pouvoir couvrir leurs besoins de base. Ainsi,
13
« Sweatshop » ou « atelier de la sueur » désigne des usines employant des personnes dans des conditions illégales : salaires insuffisants, horaires abusifs, lieux insalubres et non-respect des droits des travailleurs
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en Asie par exemple, le salaire minimum fixé par la loi ne couvre que 20 à 60% des besoins de
base.
« En Inde [certains] ouvriers travaillent plus de 60 heures par semaine,
pour environ 100 euros par mois » (http://www.bastamag.net)
b) Le problème du travail des enfants
A ces conditions déplorables, s’ajoute le travail des enfants. D’après l’Organisation
Internationale du Travail, « il y aurait 246 millions de travailleurs enfants (âgés de 5 à 14 ans)
dans le monde aujourd’hui ». La région qui exploite le plus cette population est l’Asie-Pacifique
- Figure 6Le travail des enfants dans le monde. Rentables car rarement payés, les enfants font
le bonheur des industriels du textile qui cherchent coûte que coûte les prix les plus bas du
marché. Ainsi les gouvernements des principaux fournisseurs de main d’œuvre bon marché : la
Chine, l’Inde et le Bangladesh se livrent un véritable dumping sur les salaires pour décrocher
les contrats de l’industrie textile. C’est pourquoi les gouvernements fixent le salaire minimum
en dessous du salaire de subsistance et ferment les yeux face à l’exploitation des enfants.
L’Afrique et l’Amérique latine emploient aussi des travailleurs enfants. Ceux-ci se retrouvent
souvent à cueillir le coton ou coudre à la main. Nombreux d’entre eux travaillent à la maison,
après l’école. Souvent issus de familles nombreuses et très pauvres, les enfants travailleurs
dans le textile sont une source de revenu supplémentaire pour le foyer.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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Figure 6Le travail des enfants dans le monde
D’un point de vue environnemental donc, les vêtements que nous portons et les textiles
utilisés pour leur fabrication peuvent causer des dommages importants. Les pesticides
détruisent la biodiversité, les produits chimiques la santé des hommes, et les vêtements que
nous jetons se transforment en montagnes de déchets textiles. De plus, les conditions dans
lesquels sont fabriqués nos vêtements sont loin d’être équitables. L’industrie textile-
habillement a clairement des efforts à faire quant à la prise en compte du facteur social et
écologique dans sa stratégie.
B. Les conséquences environnementales dans les pays du tiers
monde : l’exemple de la Chine, du Bangladesh et de l’Inde
Afin d’aller plus loin dans le diagnostic environnemental du secteur, nous prendrons deux
exemples qu’illustrent parfaitement la problématique actuelle de l’industrie : la pollution. La
mode pollue et la planète souffre. Notamment en Chine et en Inde, deux gros producteurs
textiles, les populations locales souffrent de plus en plus des conséquences d’un secteur peu
contrôlé où les lois sont constamment contournées.
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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1. « La Chine asphyxiée par la pollution de l’industrie textile », Le
Monde, 2011(Photos Qiu Bo/Greenpeace)
Un homme porte un masque à cause des gaz toxiques qui s'échappent des usines de textile
Nous nous intéresserons d’abord au cas de la Chine, premier fournisseur textile au monde.
Lors d’un reportage photo paru en 2011 dans le journal Le Monde, la journaliste Audrey Garric
documente parfaitement la situation actuelle de deux villes textiles : Xintang et Gurao. Ces
deux villes où la principale source de revenus des populations locales est la confection textile,
sont littéralement « asphyxiées » par l’émanation de gaz et de produits toxiques dus au textile.
D’après la journaliste « dans un rapport récent, Greenpeace révèle des taux de pollution élevés
et la présence de cinq métaux lourds dans les eaux [des] deux villes ». Ainsi, les maladies et
l’eau polluée sont les principales conséquences d’une industrie non réglementée qui ne prend
pas en compte le facteur écologique, ni social dans sa stratégie.
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a) Xintang, « la capitale du monde des jeans »
Xintang fournit 60% de la production totale des jeans en Chine
Xintang est une ville spécialisée dans la confection de jeans avec 4 000 entreprises dans le
secteur. Annuellement la ville produit un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros. En 2008, elle
a produit « plus de 260 millions de paires de jeans » ce qui équivaut à 60% de la production
totale des jeans du pays. C’est les travailleurs immigrés qui font vivre l’industrie car la ville ne
compte que 215 000 habitants. Toutefois, c’est une véritable usine à jeans qui fournit 40% des
jeans vendus aux Etats-Unis. Aussi, presque la moitié de sa production est destinée à
l’exportation, à destination du continent américain, européen ou encore la Russie.
Des ateliers familiaux au village de Dadun, Xintang
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Les petites mains du secteur comptent aussi bien des adultes, des personnes âgées que des
enfants. Tout au long de la journée les jeans sont fabriqués dans des ateliers familiaux ou dans
des sweatshops des PME locales. Souvent les familles cherchent un complément de revenu.
Pollution de l'eau: utilisation massive des colorants chimiques
Les populations locales sont contraintes de vivre avec des eaux complètement polluées par les
déchets des colorants toxiques. L’absence de réglementation autorise tacitement les usines à
verser leurs eaux usées dans la rivière de Xintang.
Prélèvement dans les eaux polluées de Xintang
Greenpeace est très actif dans la ville afin d’analyser les eaux et pouvoir déterminer le degré
de pollution. D’après l’article du Monde « L’ONG a prouvé la présence de cinq métaux lourds –
cadmium, chrome, mercure, plomb et cuivre – dans des quantités bien supérieures aux
normes autorisées dans le pays ». Ainsi, Mariah Zhao, chargée de campagne produit toxiques
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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pour l’ONG explique : « Les procédés de teinture, lavage, blanchiment et impression sont
quelques-uns des plus sales de l’industrie textile, nécessitant de grands volumes d’eau ainsi
que des métaux lourds et autres produits chimiques ».
b) Gurao, « capitale sexy »
La ville est spécialisée dans la lingerie
A Gurao « 80% de l’économie tourne autour de la confection de sous-vêtements ». Cette ville
industrielle compte 140 000 habitants et presque le même nombre de travailleurs immigrés
(150 000). A l’image de Xintang, à Gurao aussi on fabrique de la lingerie « en famille ».
Enfants travaillant dans un atelier de tissu
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Les enfants vont à l’école la journée et travaillent le reste de la journée pour 2 à 3 euros par
jour.
Eaux usées inondent les maisons et les jardins
La production de soutien-gorge s’élevait à plus de 200 millions en 2009. La lingerie verse aussi
les eaux usées dans la rivière de la ville au point qu’elle n’est plus apte à la consommation ou à
la lessive. Toute forme de vie aquatique est disparue, laissant la place à des eaux troubles
pleines de déchets toxiques utilisés pour traités les dessous féminins.
Fossé de drainage bouché par des déchets
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L'impression se fait sans aucune protection
Les gaz toxiques sont à l'origine de nombreuses maladies cancérigènes
La population de Gurao est exposée quotidiennement aux dangers des produits hautement
toxiques utilisés par l’industrie du textile. Pour fabriquer un joli ensemble qui sera exporté
dans les pays développés, les ouvriers locaux inhalent toute sorte de fumée chimique. L’air et
l’eau sont pollués, ce qui aggrave le risque de maladies liées aux voies respiratoires ou au
système digestif. Mariah Zhao de Greenpeace conclut : « [Ces deux villes] sont emblématiques
de la vaste problématique de la fabrication polluante de textiles. La responsabilité de la
réglementation des eaux usées et de l’élimination des substances chimiques dangereuses dans
les textiles doivent revenir non seulement aux gouvernements locaux, mais aussi à toute la
Chine ».
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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2. Le Bangladesh et l’Inde : les poubelles de l’industrie textile
Nous nous intéresserons ensuite à deux autres pays exportateurs de textile, le Bangladesh et
L’inde. Ces deux pays sont reconnus pour leurs bas coûts salariaux et leur législation plutôt
laxiste en matière de pollution. Aussi bien l’Inde que le Bangladesh souffrent aujourd’hui d’une
industrie textile qui pollue à outrance sans se soucier des populations proches des usines. Il
nous paraît donc essentiel de souligner cette problématique qui soulève la question du rôle de
l’industrie textile-habillement dans le développement des populations qu’elle emploi.
a) Le cas du Bangladesh, parmi les pays le plus pauvre au
monde
Semaine après semaine les nouvelles tendances se succèdent dans les vitrines des magasins
des pays riches. Chez le géant espagnol, les consommateurs se réjouissent de trouver le jeans
dernier cri à seulement 39.99€. Ce prix est le fruit de la mondialisation qui permet aux chaînes
de distribution comme Zara, H&M ou C&A de tirer les coûts vers le bas dans les pays où les
salaires sont déjà les moins élevés. Mais ce que l’acheteur ignore ce sont les dangers qu’il
encoure en portant ces vêtements ou ces chaussures issues d’une fabrication loin d’être
artisanale.
La Bangladesh est l’un des nouveaux paradis textiles des industriels du secteur. Bas salaires,
législation inexistante, que demander de plus pour produire des t-shirt et autres parkas à des
prix défiant toute concurrence. Ainsi en quelques années, le pays devient entièrement
dépendant du textile qui représente aujourd’hui 80% de son économie. Aussi le pays prend
des parts de marché à la Chine qui aux yeux des industriels du secteur devient moins rentable
niveau prix. Il est vraie que comme nous avons pu l’observer dans la Figure 1Coût horaire du
travail dans l’industrie textile* (source Werner International)le coût horaire du salaire au
Bangladesh est le moins élevé de tous les fournisseur de produits textiles soit 0,50 … Difficile
de faire mieux.
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Ouvrières confectionnent des t-shirts dans une des nombreuses usines textiles du pays (source OXFAM)
C’est donc une aubaine pour la fabrication de toutes sortes de produits, notamment les
chaussures qui sont encore moins chères à fabriquer qu’en Chine. Mais les chaussures « Made
in Bangladesh » comportent des risques. D’un côté, on trouve du DMFu14 dans les petits
sachets qui accompagnent les boîtes de chaussures. Ce produit chimique anti-moisissure est
interdit en Europe mais ne l’est pas au Bangladesh. Rien d’étonnant donc qu’on retrouve ce
poison dans les chaussures. C’est un produit hautement toxique qui se propage très vite
pouvant causer des brulures ou des irritations intenses. Par manque de contrôle à la douane,
ces petits sachets de DMFu passent donc outre la réglementation européenne. D’un autre
côté, le cuir utilisé pour la fabrication des chaussures est lui aussi hautement toxique. En effet,
le cuir est traité aux sels de chrome qui à haute température produit un gaz hautement
toxique et cancérigène. Les ouvriers des usines sont exposés quotidiennement à ces fumées
sans aucune protection. Ces substances toxiques s’attaquent aux voies respiratoires et même
au patrimoine génétique. Mais encore une fois par manque de législation interdisant
l‘utilisation de ce procédé, les chaussures « empoisonnées » débarquent dans les ports
européens.
Les textiles aussi ont des effets néfastes sur la santé. Le danger est réel puisque sur le territoire
bangladais aucune loi n’interdit l’utilisation de substances cancérigènes qui se retrouvent dans
14
Diméthylfumarate ou fumarate de diméthyle
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les vêtements vendus dans le monde entier. Mais les tendances l’emportent sur la santé, les
professionnels de la mode ne se soucient guère des substances présentes dans les vêtements.
Tout ce qui les intéresse c’est de créer des tendances. Si on prend l’exemple du jeans, on
observe que la mode est au « délavé ». Longtemps, ces jeans à aspect usé étaient fabriqués en
Turquie où l’on utilisait du sable de quartz pour donner cet aspect. Aujourd’hui cette méthode
est interdite car on connaît les conséquences mortelles sur les ouvriers. Or, elle ne l’est pas au
Bangladesh où la méthode de sablage continue à être utilisée. Les ouvriers inhalent donc
quotidiennement de la poussière qui attaque directement leurs poumons, sans parler des eaux
usées qui sont directement versées dans les rivières. Plusieurs sweatshops où cette technique
est encore utilisée fournissent les grands de la distribution en Europe : C&A, H&M ou des
supermarchés.
Des entreprises comme H&M ou Levi’s disent prendre au sérieux cette problématique, or on
énumère au moins 200 substances chimiques dangereuses (dont des métaux lourds) pour la
santé nécessaires à la fabrication d’une paire de jeans.
Ainsi en février 2010, une explosion a eu lieu dans un sweatshop au Bangladesh laissant
comme bilan 21 morts : uniquement des ouvriers qui manipulaient des substances toxiques.
Cette tragédie a marqué la population locale qui pour la première fois a décidé de se révolter.
En Août 2010, les travailleurs manifestent et font grève pour des meilleures conditions de
travail et un salaire plus élevé. Malheureusement, le lobbying des industriels du textile est
tellement fort qu’aujourd’hui même après plusieurs accidents mortels, ces substances
toxiques sont toujours utilisées.
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Les manifestants à Dacca pour protester contre leurs conditions de travail et leurs bas salaires (souce Le Monde)
b) Le cas de Tirupur en Inde : une situation qui n’est pas
durable
En Europe les défilés de mode se suivent insouciants des substances toxiques présents dans les
vêtements des collections. Surtout le noir « couleur intemporelle », très à la mode en lingerie,
contient des substances chimiques cancérigènes. Lorsque ces colorants chimiques pénètrent à
travers la peau, ils se propagent dans le sang. De plus en plus de gens sont touchés par des
maladies liés à ces substances de moins en moins tolérés.
Ainsi, afin de donner de la couleur à nos vêtements, l’industrie du textile fait appel à la
technique de « teinture ». Une des villes spécialisée en la matière est Tirupur en Inde. Mais
Tirupur est avant tout une ville textile, environ 80% des exportations indiennes de maille
viennent de la ville qui est surnommée « T-shirt City » ou « Textile Valley ».
Cependant, la problématique de la pollution due à l’industrie textile se pose aussi dans cette
région. Les colorants azoïques hautement toxiques interdits en Europe sont encore autorisés
en Inde. Ces colorants bon marché utilisent des métaux lourds pour donner de la brillance aux
tissus. Au cœur de ces teintureries l’eau est filtrée mais les résidus toxiques restent et sont
évacués dans des sacs. La ville est donc envahie par des montagnes de résidus toxiques à ciel
ouvert, ce qui suffit pour contaminer l’eau et la terre de la ville. Chaque année la ville
produirait 833 000 tonnes de déchets toxiques qui finissent dans la rivière.
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Eaux polluées à Tirupur
Tirupur attire les acheteurs internationaux, les producteurs indiens fournissent les plus gros
industriels des pays riches. Nombreux de produits chimiques continuent d’être utilisés sans
que les acheteurs ne s’alarment pas de la situation. Le manque de traçabilité empêche de
savoir d’où exactement sont issus les produits finis. Les entreprises européennes implantées
sur le territoire ne sont pas tenues de respecter les normes européennes car sur place la
législation est inexistante.
La lessive de soude lave les textiles pour qu’ils conservent leur souplesse. Pour blanchir les
tissus ont utilisé des produits hautement chlorés qui sont manipulés par les ouvriers mains
nues. Le coton qui doit être bien propre pour absorber les teintures, est blanchi avec des
produits hautement nocifs, aux dépens de la santé des travailleurs. Au bout de quelques mois
dans les blanchisseries et teintureries les premiers symptômes se manifestent pour les
travailleurs qui vivent dans l’usine. Les ouvriers ne portent aucune protection, habillés en short
et pieds nus ils sont beaucoup plus exposés à des maladies. Selon les médecins le nombre de
patients atteints d’un cancer a doublé en un an à Tirupur. Les teintureries ont donc causées de
nombreuses maladies affectant les organes internes : estomac, reins, seins, utérus, etc.
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Produits chimiques utilisés pour teindre les tissus
C’est toute une région qui est menacée par le cancer. Toutefois on tente désormais
d’améliorer les conditions de travail de ces ouvriers. Mais ceci a un impact sur les prix à la
hausse, ce qui fait fuir les donneurs d’ordre textiles. Certaines entreprises comme H&M
essaient néanmoins de trouver des solutions pour produire de façon moins polluante à
l’avenir. Par exemple en misant de plus en plus sur le coton biologique apprécié de plus en plus
par les clients.
L’impact des produits textiles sur l’environnement n’est plus à démontrer. La problématique
environnementale a atteint un tel niveau qu’elle ne peut plus durer. Les populations voisines
des usines textiles en ont assez de voir leurs droits bafoués et leur santé se détériorer. Eaux
polluées, déchets toxiques envahissant la ville, ceci est le quotidien de milliers de travailleurs
des villes textiles. Les consommateurs aussi exigent plus de transparence aux entreprises du
secteur. L’industrie textile se doit donc de trouver des solutions qui visent des processus de
production plus propres et des produits conçus pour être « eco-friendly ». Ainsi qu’un
traitement plus éthique de la masse salariale qu’il emploi. Même si cela passera
indéniablement par des prix à l’achat plus élevés. Mais les industriels textiles seront-ils prêts à
rogner leur marge pour le bien être de la planète et des générations futures ?
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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III. L’innovation écologique au sein de la filière textile-mode,
une nécessité
“Eco-fashion15 is about making clothes that take into account the environment, the
health of consumers and the working conditions of people in the fashion industry.”
Sass Brown, auteur de Eco-Fashion, 2011
La mode du bio fait rage, y compris dans la mode. De nombreuses chaines de prêt-à-porter
proposent des vêtements en fibres naturelles « sans ajout de produits chimiques » à première
vue(voir annexe n°5). Mais cette nouvelle tendance demande aux paysans producteurs de bio
de s’adapter à cette nouvelle demande. Or, ils ont du mal à suivre le rythme de production. La
culture de coton biologique est déjà en elle-même problématique.
Les produits chimiques toxiques se répandent même sur les champs de coton biologique qui
souvent se trouvent juste à côté des champs de coton traités par des pesticides. Aussi, se pose
le problème des produits chimiques utilisés pour teindre le coton biologique. Même si en
théorie tout se déroule selon les procédés de la culture biologique, les colorants ne sont pas
naturels. Certes, le coton est biologique mais les colorants eux sont les mêmes que l’on utilise
pour teindre du coton ordinaire. Notamment la teinte noire qui est celle qui est le plus
toxique. Ces colorants sont donc aussi bien utilisés pour les t-shirt biologiques que pour les t-
shirts ordinaires à 2€.
De plus, par manque d’infrastructures adaptées dans les teintureries, le coton biologique peut
très bien se mélanger à du coton ordinaire. Il existe donc aucun système qui garantisse un
coton 100% biologique. Pas étonnant donc qu’aujourd’hui on puisse acheter des tissus « bio »
de toutes les couleurs à des prix défiants toute concurrence, « Made in India » bien sûr. Selon
15
Ou mode éthique
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les spécialistes on vend déjà plus de coton bio qu’on en cultive. Le client est donc souvent
trompé.
Pour qu’un vêtement soit considéré comme véritablement organique il faudrait qu’aucun
produit chimique ne soit utilisé dans sa fabrication. Il ne suffit pas d’utiliser des fibres
biologiques, il faut que durant tous les processus de fabrication du vêtement aucun agent
toxique n’intervienne.
En effet, les vrais vêtements « bio » ne font pas encore l’objet d’une production de masse.
Seules des petites ou moyennes entreprises souvent associées à des producteurs locaux en
proposent actuellement. Les critères sont très strictes : on emploi de produits qui ne
contaminent pas le tissu, aucun métal lourd et aucune résine synthétique. Les produits de
blanchiment sont non chlorés. Ainsi, ils se distinguent des industriels traditionnels tout au long
du processus de fabrication. C’est pour cela que l’offre de textile à fibre entièrement naturelle
est encore réduite.
A. Repenser la chaîne de valeur et le processus de fabrication des
produits textiles
Figure 7 Le cycle de vie d'un produit (source IBM)
Sass Brown, auteur du livre “Eco Fashion” et professeur dans le Fashion Institute of Technology
of New York, nous explique ce qu’implique le concept de « mode écologique » ou « eco-
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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fashion ». Elle affirme que pour parler d’une véritable « mode durable », les industriels du
secteur doivent réfléchir à comment prendre en compte le facteur environnemental tout au
long de la chaine de production d’un produit - Figure 7 Le cycle de vie d'un produit (source
IBM). De la conception au produit fini, l’industrie se doit de trouver des solutions qui visent à
limiter son impact sur l’environnement. Ceci passe donc par la conception du produit, les
matières utilisées, l’étape de transformation de la fibre en tissu, l’étape de la confection et la
fin de vie du produit.
1. Une conception écologique
Particulièrement précurseur lors de la première révolution industrielle du XXème siècle, le
secteur du textile et de la mode est aujourdhui l’un des plus internationalisé. Il devrait donc
logiquement être avant-gardiste en matière de développement durable. Or, malgré la
multiplication des initiatives, la notion d’éco-conception des produits textiles reste peu
utilisée.
Cette idée d’éco-conception est basée sur une logique de cycle de vie du produit, elle vise à
intégrer dès l’amont les différents enjeux environnementaux, sanitaires et sociaux de la filière.
Ainsi, comme nous l’explique la professeur Sass Brown, la notion de « cycle de vie » est au
cœur de toute démarche d’éco-conception. A l’heure, où dans le monde entier, les
consommateurs achetent des produits importés d’Asie et où la pollution de l’industrie textile
ainsi que ses conditions de travail font débat, une approche écologique de la filière de
l’habillement permettrait de revaloriser le savoir-faire de celle-ci.
Le développement durable dans la conception des produits textiles implique une démarche
éco-responsable qui vise à proposer aux consommateurs de demain des produits avec una
faible empreinte écologique. L’éco-conception contribue à la mise en place de démarches
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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d’amélioration continues et durables du processus textile. Ainsi, les produits textiles du futur
devraient être conçus pour durer plus longtemps et répondre à des vraies besoins.
2. Utilisation de matières naturelles : de la fibre au fil
Figure 8 Les différentes fibres dans l'industrie textile-habillement (source WWF)
Les matières premières utilisées par l’industrie textile traditionnelle constituent un élément
majeur dans la pollution de l’air et l’eau. Il faut donc se focaliser davantage sur les fibres
organiques mais aussi améliorer la fabrication des fibres synthétiques en les rendant moins
nocives.
L’agriculture biologique est une bonne solution pour ce problème. Ce système de production
agricole est basé sur le respect du vivant et des cycles naturels. Ce mode de culture garantie la
non-utilisation de pesticides ou engrais chimiques. Ceux-ci sont remplacés par d’autres
méthodes incluant des produits issus des plantes ou des animaux, le recyclage des matières
organiques, la rotation des cultures, etc. L’agriculture biologique respecte donc les sols et
contribue à leur fertilité, elle respecte aussi la santé des hommes qui travaillent dans les
champs car ils ne sont pas exposés aux produits hautement toxiques qu’utilise la culture
traditionnelle.
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Certaines marques proposent des vêtements issus de la culture biologique, notamment
fabriqués à base de coton bio. Comme nous l’avons précisé antérieurement le consommateur
doit être averti car certains de ces vêtements subissent les mêmes traitements que des tissus
ordinaires. Cependant, ils existent certaines marques qui vendent du véritable coton
organique avec un minimum de 50% de fibre biologique, ce qui rend le produit vraiment « éco-
friendly ».
Aujourd’hui, 25 millions de tonnes de coton sont utilisées pour fabriquer nos vêtements.
Seulement 0,55% de ce coton est issu de l’agriculture biologique, contre 50% à 60% issu de
l’agriculture OGM. Des efforts sont donc nécessaires afin d’inverser cette tendance. C’est
pourquoi les industriels du secteur doivent réfléchir à une utilisation de plus en plus
importante de coton bio et favoriser sa culture.
Afin de lutter contre la pollution issue du coton traditionnel, les entreprises du secteur
devraient proscrire le coton issu de cultures irriguées trop gourmandes en eau, ainsi que le
coton OGM. De même, l’interdiction d’utilisation de coton qui a été cultivé aux pesticides et
autres produits hautement toxiques. Au contraire, la matière première favorisée devrait être le
coton organique issu de cultures respectueuses de l’environnement. Le coton issu de recyclage
des chutes industrielles pourrait également être une option durable. Ils doivent favoriser une
culture qu’utilise moins d’eau. C’est ce que préconise la « Better Cotton Initiative » (BCI) qui a
pour finalité de réduire les quantités d’eau utilisées lors de la culture du coton via notamment
un contrôle de l’irrigation. Cette initiative incite les producteurs à utiliser moins de produits
nocifs pour l’environnement afin de proposer un coton moins néfaste pour la planète.
L’utilisation de matériaux durables et écologiques favorise donc un produit fini plus
respectueux de l’environnement. Ainsi afin de proposer un vêtement véritablement
écologique, les industriels doivent éliminer toute utilisation de pesticides, de décolorants
chlorés ou de colorants synthétiques. Les fibres ne doivent subir aucun traitement chimique, y
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compris les fibres dites synthétiques. Celles-ci en effet peuvent être traitées par des agents
moins nocifs et réduire ainsi leur impact sur l’écologie. Les producteurs peuvent également
utiliser que des produits synthétiques avec une certaine dose de produits chimiques afin que la
manipulation de ceux-ci n’engendre pas de graves maladies chez les travailleurs.
Ils existent d’autres fibres que le coton biologique ou les textiles synthétiques, ce sont les
autres fibres végétales telles que le kapok, le bananier ou le cyprès. Celles-ci peuvent être une
alternative écologique à l’utilisation de fibres synthétiques. Elles sont cultivées par traction
manuelle ou animale, extraites sans utilisation de produits chimiques ce qui leur confère le
statut de « fibres durables ».
Le jute également est une fibre utilisée dans l’industrie textile. Elle est entièrement naturelle
et 100% bio dégradable, utilisée surtout pour fabriquer certains types de sacs ou de produits
hautement résistants. Elle est abondante en Inde, vendue à des prix très compétitifs. C’est une
fibre très peu polluante et solide, elle peut être une alternative durable au coton ordinaire.
Caractérisée par sa texture soyeuse, sa force et sa résistance à la chaleur, le jute peut très bien
être utilisé dans la mode, l’industrie, l’ameublement ou la décoration.
3. La transformation sans produits chimiques : du fil à l’étoffe
Fabriquer des produits sans passer par des techniques de teinture chimique est le nouveau
défi de l’industrie textile. Afin de proposer des vêtements écologiques, la transformation du fil
en tissu ne doit pas utiliser de produits chimiques, ni de métaux lourds. Les opérations de
prétraitement de la fibre doivent privilégier des agents biologiques biodégradables et proscrire
le blanchiment par agents chlorés.
a) La teinture
L’utilisation de colorants naturels est indispensable pour avoir un tissu 100% biologique. Aussi,
un système de rinçage optimal favorise la réduction de la pollution des eaux lors de la teinture.
Comme nous le montre le schéma en dessous, le système de rinçage à contre-courant permet
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de diminuer les quantités d’eau utilisées pour colorer les tissus. L’eau est réutilisée ce qui
permet d’économiser « jusqu’à 20% d’eau à chaque cycle ».
Figure 9 Le système de rinçage à contre-courant (source WWF)
b) La finition : stop aux techniques dangereuses
Il faut absolument bannir la technique du sablage des jeans qui fait encore des victimes dans
les pays les plus pauvres comme le Bangladesh. Cette technique est mortelle pour les ouvriers
inhalant toute la journée de la poussière qui se loge dans leurs poumons causant de troubles
respiratoires. Il faut aussi proscrire les méthodes visant à produire du tissu « easy care ». En
effet, ces méthodes utilisent trop de produits chimiques afin de donner un aspect spécifique
au tissu. Plus facile à repasser, plus imperméable, etc. toutes ces caractéristiques des tissus
« easy care » sont obtenues après avoir traité le tissu avec un nombre important de produits
toxiques qui restent dans la fibre.
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c) Du bon traitement des eaux rejetées
Il faut utiliser des systèmes d’épuration de l’eau usée. Inciter les usines à ne pas verser les eaux
usées directement dans les rivières. L’industrie textile pollue beaucoup quand elle fabrique,
surtout le milieu aquatique souffre des eaux polluées qui sont versées chaque jour dans les
rivières des villages où les vêtements sont produits. L’industrie gaspille d’énormes quantités
d’eau qui pourraient être traitées ou réutilisées afin de réduire l’impact écologique.
Il faut donc optimiser la consommation de l’eau et des produits chimiques, récupérer de
l’énergie sous formes de calories grâce à l’eau chaude par exemple, séparer les flux afin de
faciliter le traitement et la réutilisation de l’eau. Aussi, séparer l’eau des pluies des eaux
résiduelles et réutiliser le plus possibles les eaux usées.
4. La confection et la distribution
Le commerce équitable est la solution pour lutter contre des conditions de travail inhumaines.
Le commerce équitable est un « partenariat fondé sur la transparence, le respect et l’équilibre
dans les relations entre producteurs, distributeurs et consommateurs. » Il vise à renforcer la
position économique des petits agriculteurs et améliorer leur condition de vie. L’objectif est de
parvenir à une plus grande équité en termes de salaire et de conditions de travail.
Le commerce équitable garantit donc une juste rémunération, l’interdiction du travail forcé ou
des enfants et les droits des travailleurs. Les travailleurs peuvent espérer un salaire plus digne
et juste avec des conditions de travail humaines.
En ce qui concerne la confection des vêtements, cette étape doit également bannir toute
utilisation abusive de produits chimiques. Notamment le DMFu, qu’on trouve dans certains
cartons d’emballage. Ce produit hautement nocif provoque des maladies graves. En diminuant
les agents toxiques, les vêtements risquent d’être moins contaminés et donc moins nocifs pour
l‘être humain.
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La mise en rayon est aussi une étape dans laquelle l’écologie est présente. En effet, les cintres
et les mannequins utilisés pour présenter nos vêtements ne sont pas très écologiques, ainsi
que la publicité pour attirer l’œil du consommateur. Des efforts peuvent être faits en utilisant
des cintres issus de recyclage de carton ou d’autres matières. Les mannequins peuvent
également être issus du recyclage ou achetés d’occasion. La publicité peut se faire sur des
supports recyclables en carton par exemple, et réutilisables.
5. L’entretien et la fin de vie du produit
Les vêtements une fois achetés continuent à avoir une empreinte écologique. C’est pour ça
que les consommateurs doivent privilégier le lavage à l’eau froide et le séchage à l’extérieur de
leurs vêtements. Ceci évite une consommation trop importante en eau et en énergie.
En ce qui concerne la collecte et la réutilisation des vêtements, les consommateurs finaux
peuvent se donner à du commerce caritatif au lieu de jeter tout simplement leurs vêtements
dans des bennes. Les vêtements peuvent avoir une deuxième vie, ce qui réduit l’impact des
déchets textiles. Le recyclage fait aussi partie de cette initiative à prendre afin de réduire
l’empreinte écologique des déchets textiles. De nombreux vêtements sont aujourd’hui
fabriqués à base d’anciens. Des produits de bonne qualité peuvent être fabriqués en recyclant
correctement des vêtements d’entrée de gamme ou même des bouteilles en plastique.
Nous observons donc que pour réduire l’empreinte écologique de l’industrie textile-
habillement des solutions existent, elles sont réalisables mais demandent un vrai engagement
de la part des acteurs du secteur. Les industriels doivent modifier leurs comportements tout
au long du cycle de vie d’un produit textile pour réellement produire de la « mode durable ».
Ainsi, la fibre utilisera moins de pesticides pour être cultivée. Le tissu ne sera pas traité avec
des produits hautement toxiques. La main d’œuvre sera respectée en garantissant un salaire
juste et des conditions de travail correctes. Et l’écologie ira jusqu’après l’acte d’achat en
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incitant les consommateurs à faire des lessives moins gourmandes en eau et en énergie.
L’approche doit être également celle d’un vêtement durable, robuste qui ne se jette pas tous
les 3 mois. Il faut donc proposer des produits à haute valeur ajoutée : fibres organiques,
commerce équitable, fabrication à la demande, utilisation de l’impression en 3D, etc. Toutes
ces solutions évitent de produire des produits textiles en excès. Dans le but de créer des
produits qui durent, il faut donc réfléchir à la conception de ceux-ci et à comment le produit
sera utilisé durant son cycle de vie.
B. La mode éthique, un mouvement pas une tendance
L’écologie au cœur de la mode et l’habillement pourrait être confondue avec une simple
tendance passagère, utilisée par les marketeurs pour vendre plus. Certes à première vue on
pourrait s’y méprendre, surtout avec les grandes chaînes de prêt-à-porter qui peinent à
convaincre le consommateur de leur véritable motivation derrière leurs initiatives
« écologiques ». En effet comment rester crédible en vendant des t-shirts en coton biologique
quand on contribue au travail des enfants et à la contamination des eaux des pays du tiers
monde où sont installées les usines textiles qui produisent ce coton.
Mais l’industrie du textile n’est pas composée que par les géants de la mode. Ils existent
nombreuses PME dans le secteur qui ont une réelle motivation à mettre l’environnement au
cœur de leur réflexion. D’un côté parce que l’organisation actuelle de l’industrie du textile-
habillement n’est pas durable et d’un autre parce que cela représente un réel défi que de
vouloir produire des vêtements 100ù « green ». Ainsi dans le secteur du textile, le futur et une
façon plus écologique de réfléchir à la mode sera de donner une valeur et une authenticité aux
produits. Ce mouvement est encore à ses débuts. Les entreprises se doivent donc de franchir
le pas et de proposer de véritables produits écologiques et durables en adoptant de nouveaux
business models.
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1. Des nouveaux business models plus écologiques
Nous avons retenus deux business models qui s’intéressent à la problématique écologique au
sein de l’industrie du textile.
a) Cradle to cradle : des produits utilisables à l’infini
Figure 10"Du berceau au berceau"
Le modèle Cradle to Cradle se base sur la durabilité des produits. Ainsi les produits sont conçus
pour être robustes, pour durer dans le temps et surtout pour pouvoir être réintégrés dans un
circuit de transformation ou de fabrication - Erreur ! Source du renvoi introuvable.. L’éco-
conception est donc au cœur du Cradle to Cradle puisque les ingénieurs, designers ou
architectes doivent réfléchir dès la genèse de leur projet à comment le produit issu de celui-ci
pourra être intégrer dans une nouvelle boucle de production.
La notion de Cradle to Cradle n’est pas très récente mais c’est le concept d’ « éco-concepteur »
qui est réellement dans l’aire du temps. Cette nouvelle race de créateurs soucieux de
l’environnement repense tout le cycle de vie des produits. Dès les matières premières jusqu’à
la fin de vie du produit, ces nouveaux écologistes repensent de nouveaux produits qui
répondent à un objectif bien précis : réduire leur impact écologique et être biodégradables
dans le meilleur des cas. Ces produits 100% recyclables seraient donc produits dans des usines
non-polluantes qui utiliseraient de nouveaux procédés industrielles et de nouvelles matières
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premières plus éco-responsables. Ainsi les produits qui répondent à ces critères de fabrication
peuvent désormais recevoir le label « Cradle to Cradle » qui prouve leur bienfait pour la
planète.
La marque de certification C2C est le résultat du travail de deux hommes : l’architecte
et styliste industriel William McDonough et le chimiste allemand Michael Braungart, auteurs
du livre « Cradle to Cradle » paru en 2002, lui-même certifié C2C.
Cette réflexion peut donc être appliquée à l’industrie du textile-habillement. Il s’agirait non pas
de communiquer sur une consommation moins excessive de produits textiles mais sur une
nouvelle façon de les concevoir. Braungart parle de véritable « nouvelle révolution
industrielle » dans l’industrie du textile qui prendrait en compte le facteur environnement
dans son processus de production. Les produits conçus seraient propres et réutilisables à
l’infini, soit parce qu’ils sont biodégradables (ils deviendraient de l’engrais) soit parce qu’ils
peuvent servir à en produire de nouveaux. Cela reviendrait à réduire totalement l’empreinte
écologique du secteur. Pari fou mais pas impossible !
Ainsi en 2002, l’entreprise suisse Rohner Textil décide de se rallier à la cause
environnementale appliquant les conseils du C2C. Elle s’associe à McDonough et à l’entreprise
américaine Designtex pour produire un nouveau tissu d’ameublement entièrement
biodégradable et dépourvu de produits chimiques. « Un tissu que l’on pourrait manger sans
risque ». Bien que l’usine textile respecte déjà de nombreuses normes environnementales, ses
« rognures de coupe » sont considérées comme déchets dangereux. La réflexion se tourne
donc autour de comment se défaire de ces déchets polluants. Il fallait donc les rendre propres.
C’est ainsi que chaque aspect de la production a été revu. Toutes les teintures et produits
chimiques toxiques furent éliminés. La laine et les colorants utilisées pour fabriquer le tissu
sont passés de chimiques à organiques. Le procédé de fabrication ne génère donc aucun
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polluant et les eaux rejetées par l’usine sont propres. Ainsi les rognures de coupe ne sont plus
toxiques mais biodégradables et peuvent désormais être utilisées comme isolant. Le nouveau
tissu s’est donc avéré non seulement positif pour l’écologie, mais il a aussi permis à la société
de faire un bond en innovation ce qui lui a ouvert les portes de nouveaux marchés. (voir
annexe n°6)
b) Up-cycling : au-delà du recyclage
« Même si le noir est toujours à la pointe de la mode, le vert est de plus
en plus trendy. Vert comme écologique, durable et doux pour
l’environnement. » Anonyme
Un nouveau mouvement commence à changer les mentalités dans le monde de la mode, il
s’agit du up-cycling. Ce modèle consiste à transformer des matériaux récupérés ou des
produits devenus obsolètes dans de nouveaux produits à forte valeur ajoutée, de meilleure
qualité et plus esthétiques.
Au London College of Fashion, l’écologie est indissociable de la mode. Ainsi on réfléchit chaque
jour à de nouveaux procédés afin de réduire l’impact négatif de la mode dans
l’environnement. « Science et créativité s’allient pour fabriquer une mode durable ». Ce
procédé s’inscrit donc dans une logique de « mode durable » : la réflexion ne se porte pas sur
la phase de conception du produit, mais sur la gestion des déchets textiles. Se met donc en
place une logique de « reverse logistics » ou logistique de retour à petite échelle, où l’on
réfléchit à comment récupérer ces déchets avant qu’ils ne soient enfouit.
L’up-cycling s’inscrit clairement dans une démarché écologique puisqu’au lieu de laisser les
produits textiles s’entasser et devenir des tas de déchets toxiques, on leur trouve une
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deuxième vie. Les matériaux sont réutilisés pour créer de nouvelles pièces plus en phase avec
l’époque, design et créatives. Cette nouvelle façon de recycler demande surtout de la
créativité car il s’agit d’imaginer une nouvelle utilité à une pièce qui en en a plus.
En ce qui concerne l’upcycling de textiles, la matière première se sont donc des vêtements
dont les gens ne veulent plus qui rassemblés, redécoupés et repensés donnent naissance à de
nouvelle pièces mode. On peut très bien par exemple, utiliser des rideaux pour confectionner
une robe ou récupérer une veste désuète afin d’en faire une pièce tendance. Telle sont les
possibilités qu’offre ce nouveau modèle de gestion des déchets textiles. (voir annexe n°7)
Nous avons donc étudié deux modèles économiques qui visent à réduire l’impact de l’industrie
textile sur l’écologie. Ces procédés cherchent à sensibiliser un secteur qui semble voué à
l’échec s’il continue sur la voie de la pollution sanitaire et écologique. Certains créateurs,
audacieux sont allés jusqu’au bout de ces modèles pour nous proposer aujourd’hui une
« mode durable ».
2. Des marques éthiques qui s’inspirent de ces éco-business
models
La mode est très peu flexible et standardisée mais certaines entreprises ont pris le pari
révolutionnaire de réfléchir à ces nouveaux modèles économiques, plus éthiques. Ces marques
luttent contre l’empreinte écologique du textile et cherchent à proposer une nouvelle
approche du vêtement plus propre, plus design. Ces nouveaux créateurs ont réfléchi à des
produits nobles, à forte valeur ajoutée qui transmettent des valeurs de respect de
l’environnement et du travail.
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a) Izzy Lane ou le luxe équitable
Izzy Lane la marque de luxe anglaise, de la créatrice du même nom a été créée en 2007. Tout a
commencé quand Izzy s’est engagé dans la lutte contre l’abattage des moutons. Elle s’est alors
intéressée à l’utilisation de leur laine et comment proposer des vêtements 100% laine qui soit
entièrement éco-responsables. L’idée lui est venue donc de créer une marque éthique, qui
respecte la bête qu’offre son lainage et l’humain, qui portera le vêtement.
Aujourd’hui la marque propose une collection entièrement faite à base de laine vierge, sans
aucun traitement chimique, issue de moutons sauvés de l’abattoir. La marque se place comme
l’une des principales voix d’un mouvement de protection animale entamé en UK. Ainsi, les
moutons utilisés pour fabriquer les vêtements ne subissent aucune maltraitance, ni de bains
aux agents chimiques car ils sont élevés dans des fermes organiques. Afin de proposer des
produits uniques, les moutons élevés sont une espèce rare originaire des montagnes anglaises.
Ces moutons ont la caractéristique d’avoir une laine d’excellente qualité, ce qui procure une
valeur ajoutée indéniable au produit fini.
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b) The North Circular : une transparence absolue
Cette marque propose également des produits à base de laine vierge, essentiellement de la
maille. L’originalité de la démarche des deux créatrices réside dans le fait que la chaîne de
production est totalement transparente. Ainsi, le consommateur peut savoir exactement quel
mouton a été tondu pour fabriquer le produit qu’il achète et qui le confectionne. Ceci permet
de créer un lien entre l’acheteur et le produit donc la marque.
Dans l’étiquette du vêtement se trouve donc inscrit le nom du mouton à qui on a prélevé la
laine ainsi qu’une petite biographie de la personne qui l’a confectionné. Ce sont donc des
collections très personnalisées, fabriquées en très peu exemplaires. Nous observons une
démarche qui vise à se différencier clairement des producteurs ordinaires de textile ou de
grandes chaînes comme H&M ou Zara. Chez The North Circular on paye pour de la qualité et
un produit unique.
c) Alabama Chanin : une tradition revisitée
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Cette créatrice américaine travaille uniquement avec du coton organique et des t-shirts
recyclés. La région d’Alabama a longtemps été une région où l’on confectionnait beaucoup à la
main. L’initiative de cette créatrice vise à ramener cette tradition de la couture artisanale à la
région, c’est pourquoi ses vêtements sont fabriqués localement et « handmade ».
d) Steinwidder : « remade fashion »
Marque autrichienne, Steinwidder travaille avec des déchets textiles. En
effet, les collections de la marque sont fabriquées à base de morceaux de
tissus jetés par les gros industriels textiles ou par des produits défectueux.
Certains vêtements de la gamme ont, par exemple, été conçus avec des
chaussettes industrielles qui étaient défectueuses. La marque a donc clairement un
positionnement écologique qui vise à réduire les déchets textiles, fléau de l’industrie.
e) From Somewhere
Marque italienne de mode durable créé en 1997, sa matière première sont les
déchets de l’industrie textile italienne. Les créateurs récupèrent les morceaux
de tissus non utilisées par les maisons de luxe italiennes qui sont ensuite
cousus à la main afin de leur donner une nouvelle vie. La marque a également
collaboré avec la marque Speedo dans un projet écologique. En effet, lorsque Speedo a vu ses
combinaisons interdites par les fédérations sportives, elle s’est retrouvée avec des milliers de
produits finis, semi-finis et de tissus. Elle a donc donné ces matériaux à différents créateurs
dont From Somewhere afin de réduire les déchets. Une collection fut donc crée avec les
combinaisons Speedo comme matière première.
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f) Christopher Raeburn
Jeune designer anglais de vêtements d’extérieur pour homme et femme qui sont créés à partir
de déchets militaires. Il récupère ces déchets afin de faire un patchwork avec les matières et
donner naissance à des collections issues de matériel entièrement réutilisé.
g) Mayer Peace Collection
Marque allemande qui récupère du vieux linge de maison (rideaux, draps, etc.) et des jeans
afin de réutiliser ces matériaux pour créer une collection de vêtements. Le résultat est très
esthétique et la marque se vend bien. Certes les tissus utilisées font partie du circuit ordinaire
de fabrication textile et contiennent des produits chimiques mais la marque contribue à ce que
la quantité de ces déchets soit moins importante.
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h) MILCH
Une autre marque autrichienne retravaille les pantalons bas de gamme pour homme et les
chemises afin de créer des pièces féminines et durables. La marque a su réutilisé des produits
qui autrement auraient fini en déchets.
i) Sosume by Alex Trimmer
Fondée par un jeune créateur australien, Sosume s’inscrit dans cette liste de mode durable et
équitable. La marque propose à ses consommatrices des basiques de bonne qualité faits à
partir de matières respectueuses de l’environnement. Elle utilise notamment le modal, une
matière biodégradable qui est produite au Japon et qu’utilise seulement un dixième de la
quantité de l’eau utilisé pour la culture du coton.
Certains pensent que la mode écologique ou l’éco-fashion est une tendance. Ce serait « IN »
d’être vert. Mais la prise en compte de l’écologie dans le processus textile n’est pas une mode
mais une nécessité. L’industrie pollue chaque jour de plus en plus, et cette situation n’est pas
L’écologié dans lé séctéur du téxtilé ét dé la modé : véritablé prisé dé consciéncé ou simplé « greenwasing » ?
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durable. Une mode plus écologique et durable est indispensable à la survie du secteur. Les
designers ont la responsabilité d’apprendre les uns des autres, de concevoir de façon plus
intelligente et responsable pour assurer une longévité à leur industrie mais aussi à notre
planète. Nous observons donc que certaines entreprises mettent en place de vraies stratégies
écologiques, alors que d’autres se contentent de communiquer massivement sur des matières
qui ne sont même pas organiques. Le « greenwashing » est donc une pratique plutôt utilisée
par les géants de l’industrie qui voient leur image terni par les nombreux scandales
écologiques et sanitaires. Heureusement cette stratégie marketing n’existe pas dans les petites
structures qui elles font preuve d’une véritable prise de conscience écologique.
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Conclusion
L’industrie du textile et de la mode est l’une des plus polluantes au monde. Les conséquences
écologiques et sanitaires ont atteint un niveau très critique. Les processus actuels de
fabrication du textile ne répondent pas aux exigences du commerce équitable. Au contraire, ils
contribuent à une destruction de la biodiversité et à une détérioration de la santé humaine.
L’utilisation de produits chimiques tout au long du cycle de fabrication d’un vêtement
contamine aussi bien les villes où sont produits ceux-ci que la santé de ceux qui les portent. Le
fléau de la pollution de l’eau semble être étroitement lié à l’exploitation du coton qui sert de
matière première pour presque tous les vêtements. Face à cette problématique grandissante,
le commerce durable semble donc être la meilleure solution pour lutter contre cette pollution
grandissante.
Les entreprises du secteur semblent avoir compris le message : une mode plus propre et
écologique est nécessaire afin d’éliminer complétement l’empreinte écologique du
secteur.(voir annexe n°8) Aujourd’hui il est donc possible de porter un t-shirt 100% organique,
un jeans en modal ou une robe issue de l’agriculture biologique. Les produits écologiques font
partie des collections proposées par certaines marques de prêt-à-porter. Mais ces produits ne
répondent pas tous aux critères stricts de l’éco-conception. Un produit qui se voudrait 100%
organique ne doit pas contenir de traitement chimique. Or chez certains magasins, on trouve
du coton organique teint avec des colorants chimiques empêchant le vêtement final d’être
catalogué comme véritablement biologique. Le consommateur est victime d’un véritable
greenwashing de la part des marques qui font tout un tapage médiatique sur leur contribution
à l’écologie alors que celle-ci est plutôt mitigée.
En effet, les entreprises du secteur textile-habillement sont souvent jugées responsables de
maladies et autres conséquences néfastes touchant les ouvriers des pays qui fournissent leur
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matière première. Ainsi, pour améliorer leur image de marque, elles investissent des sommes
importantes d’argent dans des campagnes marketing destinées à améliorer leur éco-
réputation.
Mais certaines marques ont compris que pour s’en sortir et pérenniser leur activité il fallait
parier sur l’innovation « durable ». Durable dans le désire de trouver des nouveaux procédés
de fabrication vestimentaire de façon à ce que ça soit bénéfique pour la société, l’écologie et
les futures générations. C’est donc un tournant de l’histoire du textile auquel les entreprises
doivent faire face actuellement : inclure une stratégie eco-responsable pour durer dans le
temps.
Nous observons donc que des efforts sont faits pour proposer une offre plus équitable. Les
exemples de marques durables que nous avons listés dans notre étude nous montrent que
c’est surtout des PME qui s’essayent à de nouveaux business models plus éthiques. Ces
entreprises proposent ainsi des produits avec une empreinte écologique réduite.
L’écologie dans les vêtements ne s’arrête pas à la phase de conception ou aux matières
utilisées pour le fabriquer mais cette démarche durable va bien au-delà du produit fini. En
effet, l’empreinte écologique d’un vêtement continu même une fois que le consommateur l’ai
acheté : la machine à laver utilise de l’eau et la machine à sécher de l’énergie. Le problème des
déchets rentre en jeu aussi. Par exemple, un américain moyen jette environ 30 kg de
vêtements et de produits textiles par an.
Ainsi pour atteindre des produits textiles parfaitement écologiques, il ne suffit pas de savoir
avec quoi on les fabrique mais aussi comment ceux-ci sont utilisés durant tout leur cycle de
vie. Le comportement du consommateur est donc important. On peut par exemple laver son
linge avec de l’eau froide plutôt que chaude ou laisser nos vêtements sécher à l’extérieur.
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Il y aussi le problème des déchets qui peuvent être réduits en recyclant des vieux matériaux
pour créer de nouvelles pièces. Ceci peut être fait par le consommateur lui-même, c’est ce
qu’on appelle le DIY (Do It Yourself) qui consiste à faire soit même des pièces qui ne
demandent pas trop de travail. Nous pouvons également acheter des vêtements dans des
friperies ou vide greniers. Ou donner les vêtements qu’on ne souhaite plus utiliser. Tous ces
gestes contribuent à diminuer l’impact du textile dans l’environnement. L’objectif est de
transformer l’actuel business model de la mode à un plus équitable.
Enfin les consommateurs doivent s’informer afin d’éviter tous les pièges du constant
greenwashing auquel ils sont soumis par les marques. Des achats de vêtements mieux
réfléchis, une connaissance plus pointue des fibres et une analyse de l’étiquette de nos
vêtements sont des gestes qui nous permettent en tant que consommateurs de devenir
acteurs dans le changement écologique. On peut très bien être à la mode et ne pas être obligé
d’acheter des vêtements sans arrêt.
Ainsi nous pouvons conclure notre étude par cette phrase :
« La mode équitable est un mouvement, pas une tendance »
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Bibliographie
Ouvrages
ONISEP, Le secteur du textile et de la mode, 2009
DIDIER GRUMBACH, Histoires de la mode, 2008
DOMINIQUE JACOMET, Mode, textile et mondialisation, 2006
HARRIET POSNER, Marketing Fashion, 2011
JOHNSTON, A. et HALLETT, C., Mode: Guide des textiles, Les fibres naturelles, 2010
Articles
Histoire(s) du prêt-à-porter avec la Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin, 1929-2009
La Chine asphyxiée par la pollution de l’industrie textile, Audrey Garric, Le Monde, 2011
Cradle to Cradle, les milles et une vie des objets, Laure Noalhat, Libération, 2008
Web
Histoire idéale de la mode contemporaine vol.I : 70-80, Les Arts Décoratifs
http://www.lesartsdecoratifs.fr
Site officiel de l’OMC http://www.wto.org
Textile et écologie, ENSAD, juin 2010 http://www.ensad.fr/IMG/pdf/textiletecologie.pdf
http://www.fibre2fashion.com/industry-article/22/2195/pollution-and-its-control-in-textile-
industry1.asp
Banque Mondiale http://data.worldbank.org/indicator/EE.BOD.TXTL.ZS
Econo-ecolo http://www.econo-ecolo.org/Le-coton-issu-de-l-agriculture-biologique
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Table des figures
Figure 1Coût horaire du travail dans l’industrie textile* (source Werner International) ........... 15
Figure 2Part des exportations dans le commerce mondial des vêtements en % (source OMC) 16
Figure 3 Principaux exportateurs de textile et de vêtements, 2010 (source OMC) ................... 18
Figure 4Le cycle toxique des vêtements (source Greenpeae) .................................................... 21
Figure 5 La pollution: de la fibre à l'étoffe .................................................................................. 26
Figure 6Le travail des enfants dans le monde ............................................................................ 29
Figure 7 Le cycle de vie d'un produit (source IBM) ..................................................................... 43
Figure 8 Les différentes fibres dans l'industrie textile-habillement (source WWF) ................... 45
Figure 9 Le système de rinçage à contre-courant (source WWF) ............................................... 48
Figure 10"Du berceau au berceau" ............................................................................................. 52
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Table des matières
I. Mode et industrie textile : au sein d’un secteur multifacettes .......... 8
A. L’Histoire du textile : de l’artisanat à l’industrie ............................................................... 8
1. Les différentes étapes de la fabrication d’un tissu ....................................................... 9
a) Du fil à la fabrication du tissu .................................................................................... 9
b) L’ennoblissement : teinture et finition ..................................................................... 9
c) Des tissus teints et imprimés .................................................................................... 9
d) La finition ................................................................................................................. 10
2. D’un métier artisanal à un métier industriel ............................................................... 10
B. Etat des lieux actuel de l’industrie du textile et de la mode-aujourd’hui ....................... 11
1. La naissance du prêt-à-porter ..................................................................................... 11
2. La mondialisation ........................................................................................................ 13
3. Le domination asiatique en sourcing .......................................................................... 15
II. Les problématiques environnementales du secteur textile et de la
mode ..................................................................................................... 19
A. Le secteur du textile-habillement : une menace pour le commerce durable ................. 19
1. L’empreinte écologique des principales fibres textiles ............................................... 21
a) Nylon et polyester : deux produits synthétiques hautement toxiques .................. 22
b) Rayon (viscose) : des conséquences néfastes pour les forêts ................................ 23
c) Coton : à l’origine de nombreux rejets toxiques ..................................................... 23
d) Laine : matière naturelle qui devient toxique ......................................................... 24
2. Un processus de fabrication hautement toxique........................................................ 25
3. Des conditions de travail immorales ........................................................................... 27
a) Le problème des « Sweatshops » ............................................................................ 27
b) Le problème du travail des enfants ......................................................................... 28
B. Les conséquences environnementales dans les pays du tiers monde : l’exemple de la
Chine, du Bangladesh et de l’Inde ........................................................................................... 29
1. « La Chine asphyxiée par la pollution de l’industrie textile », Le Monde, 2011(Photos
Qiu Bo/Greenpeace) ........................................................................................................... 30
a) Xintang, « la capitale du monde des jeans » ........................................................... 31
b) Gurao, « capitale sexy » .......................................................................................... 33
2. Le Bangladesh et l’Inde : les poubelles de l’industrie textile ...................................... 36
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a) Le cas du Bangladesh, parmi les pays le plus pauvre au monde............................. 36
b) Le cas de Tirupur en Inde : une situation qui n’est pas durable ............................. 39
III. L’innovation écologique au sein de la filière textile-mode, une
nécessité ............................................................................................... 42
A. Repenser la chaîne de valeur et le processus de fabrication des produits textiles ........ 43
1. Une conception écologique ........................................................................................ 44
2. Utilisation de matières naturelles : de la fibre au fil ................................................... 45
3. La transformation sans produits chimiques : du fil à l’étoffe ..................................... 47
a) La teinture ............................................................................................................... 47
b) La finition : stop aux techniques dangereuses ........................................................ 48
c) Du bon traitement des eaux rejetées ..................................................................... 49
4. La confection et la distribution ................................................................................... 49
5. L’entretien et la fin de vie du produit ......................................................................... 50
B. La mode éthique, un mouvement pas une tendance ..................................................... 51
1. Des nouveaux business models plus écologiques ....................................................... 52
a) Cradle to cradle : des produits utilisables à l’infini ................................................. 52
b) Up-cycling : au-delà du recyclage ............................................................................ 54
2. Des marques éthiques qui s’inspirent de ces éco-business models ........................... 55
a) Izzy Lane ou le luxe équitable ................................................................................. 56
b) The North Circular : une transparence absolue ...................................................... 57
c) Alabama Chanin : une tradition revisitée ............................................................... 57
d) Steinwidder : « remade fashion » ........................................................................... 58
e) From Somewhere .................................................................................................... 58
f) Christopher Raeburn ............................................................................................... 59
g) Mayer Peace Collection ........................................................................................... 59
h) MILCH ...................................................................................................................... 60
i) Sosume by Alex Trimmer ........................................................................................ 60
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Annexe n° 1 : Couverture Vogue Paris – Mars 1971
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Annexe n°2 : Infographie « Les géants de la mode se partagent le monde » (source Le Figaro)
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Annexe n° 3 : La Chine devient le principal exportateur mondial de textiles
La Chine est devenue le principal exportateur de textiles en 2010, reléguant l’UE à la deuxième place.
L’Inde, qui a enregistré une augmentation de 40 pour cent de ses exportations de textiles en 2010, est devenue la troisième puissance exportatrice devant les Etats-Unis.
La part de la Chine dans les exportations mondiales de vêtements est passée de 18,3 pour cent en 2000 à 37 pour cent en 2010, mais le poids de ce secteur dans les exportations chinoises est tombé de 14,5 pour cent en 2000 à 8,2 pour cent en 2010.
Parmi les principaux exportateurs de vêtements, l’Inde a enregistré un recul de 3,1 pour cent. Principaux exportateurs de textiles et vêtements, 2010*
Variation annuelle en pourcentage (textiles et vêtements) Valeur (Textiles) Valeur (Vêtements)
Chine 23,7 76,9 129,8
UE (27) 3,1 67,1 99,1
Hong Kong, Chine 7,8 11,3 24,1
Inde 11,7 12,5 11,0
Turquie 12,8 8,9 12,6
États-Unis 20,2 12,2 4,7
Corée, République de 19,2 11,0 1,6
Indonésie 8,9 4,1 6,8
Taipei chinois 20,4 9,8 1,0
Thaïlande 23,8 3,8 4,3
*en milliards de $EU
40% Accroissement des exportations de textiles de l’Inde en 2010
80% des exportations mondiales de vêtements sont destinées aux économies développées
Organisation mondiale du commerce Statistiques du commerce international 2011, p.56
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Annexe n°4 : Le coton responsable de la disparition de la mér d’Aral
Rappelons que malheureusement, la production du coton est gravement préjudiciable à la nature : - Le cotonnier est sujet à de nombreuses maladies virales, bactériennes, cryptogamiques, ainsi qu'aux attaques des insectes et acariens. Il s'en suit un usage intensif de pesticides. - Sa culture comporte l'usage d'engrais. - L'irrigation des cultures entraîne une forte consommation d'eau pouvant ruiner toute une région comme ce fut le cas lors de l'assèchement de la mer d'Aral.
La mer d'Aral diminue de surface en laissant autour d'elle un désert salé inculte. (copyright Yann Arthus Bertrand/ La terre vue du ciel)
Jusqu'au début du XXème siècle, la mer d'Aral en Asie centrale était un des quatre plus grands lacs salés du monde riche en poissons. Autour d'Aralsk, l'état avait développé la culture du coton. Dans ce but, les deux fleuves qui alimentent la mer (le Syr-Daria et l'Amou-Daria) avaient été détournés et des centaines de canaux d'irrigation construits. Le coton, "l'or blanc" était produit en masse, avec, de plus, usage massif d'engrais et pesticides. La mer d'Aral s'est desséchée et sa surface a diminué de 75%, elle s'est scindée en deux parties, la petite Aral au Nord et la grande Aral au Sud. Aujourd'hui elle a presque entièrement disparu ainsi que sa faune et sa flore. Toute une région est ruinée, c'est un drame écologique et humain. Une tentative gigantesque de sauvetage est en cours avec la construction d'une digue entre les deux mers et l'aménagement du Syr-Daria, le fleuve d'alimentation le plus important. Ces travaux devraient faire monter le niveau de la petite Aral et modifier le climat et l'écologie de l'ensemble du site. Le problème est compliqué par l'existence d'une île où se déroulaient des essais d'armes biologiques par l'armée soviétique.
Evolution du bassin hydrographique de la mer d'Aral (cliché OTAN, Division des Affaires Scientifiques)
Les anciens bateaux de pêche, autrefois richesse de la région, sont
maintenant échoués lamentablement. (copyright Yann Arthus Bertrand/ La terre vue du ciel)
Michèle Mosiniak, Roger Prat., http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/textiles/02-coton-culture.html
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Annexe n°5 : H&M, une autre marque coupable de fraude de « coton organique ? »
Le grande chaîne de prêt-à-porter suédoise et autres leaders européans
du retail, dont C&A et Tchibo sont accusés d’avoir vendu des vêtements
certifiés « coton organique » contaminés avec du coton génétiquement
modifié en provenance de l’Inde. Selon l’édition allemande du Financial
Times, on ne pourrait pas véritablement accuser les chaînes de
vêtements de « fraude » puisque le coton OGM a tout de même été
produit sous les normes organiques.
Une fraude à grande échelle
Environ 30% des échantillons testés contenaient du coton génétiquement modifié, déclare Lothar Kruse, directeur du laboratoire indépendant Impetus, qui a examiné les tissus de coton. Le coton contaminé était en provenance de l’Inde, qui est responsable pour plus de la moitié de l’offre de coton organique au monde, avec presque 107 000 tonnes de fibres écoulées en 2009, selon le Organic Exchange. Mais Sanjay Dave, à la tête de l’autorité agrigole indienne, Apeda, a déclaré que la fraude avait lieu à l’échelle mondiale et que des amendes étaient distribuées a
des agences de certification comme EcoCert o Control Union.
La faute à qui alors?
Le mélange de coton bio et ordinaire n’est pas nouveau, les cultures intensives en sont une des causes majeures de ces incidents. Toutefois, les marques pourraient être accusées de manque de contrôle quant à leur fournisseur et les matériaux utilisés. Les marques
H&M a déclaré que du coton OGM aurait pu être mélange à du coton organique
Un porte-parole de la marque a avoué que le problème été déjà connu et qu’effectivement du coton OGM aurait pu se retrouver sous le label “coton organique”. C&A de son côté a dit enquêté sur le problème.
Toutefois, le porte-parole de H&M insiste sur le fait que la marque n’a aucune raison de croire que le coton organique utilisé dans les vêtements a été cultivé
avec des grains OGM, malgré la critique de APEDA sur le manque de contrôle de la part de l’agence Control Union.
Le porte-parole affirme que suite aux critiques faites par APEDA, Control Union a commencé un travail d’audit dans les fermes organiques en Inde. Pour l’instant aucune d’entre elles n’a utilisé des grains OGM. Toutes ont pris les mesures nécessaires pour que des graines OGM ne soient pas utilisées.
Jasmin Malik Chua, Article paru en janvier 2010, http://www.ecouterre.com
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Annexe n°6 : « Le T-shirt compostable »
Voilà un t-shirt innovant, fruit de la collaboration d’une entreprise textile et d’un laboratoire de recherche, tous deux situés en Allemagne. Il est conçu selon le principe du « cradle to cradle » (« du berceau au berceau »). Ce concept rend la notion de déchet obsolète car dans le « cradle to cradle » les produits arrivés en fin de vie constituent des ressources pour la fabrication de nouveaux produits. Comment ? Par exemple en fabriquant des produits à partir de matières premières non toxiques et 100% biodégradables. Ainsi ce t-shirt exclusivement composé de matières extraites de la nature peut y retourner pour nourrir le sol et les végétaux. La boucle est bouclée ! C’est ce qu’on appelle le métabolisme biologique.
Le tshirt arrivé en fin de vie est placé dans le compost :
Après 3 mois :
Après 6 mois de dégradation :
Article paru sur http://consomattitudes.cap-sciences.net/ecoconception%E2%80%94le-craddle-to-craddle
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Annnexe n°7 : « Upcycling un procédé écolo à la mode »
Le upcycling va au-delà du recyclage. Il s’agit de se réapproprier de vieux matériaux et objets en leur donnant
plus de valeur, souvent sous une différente forme. Outre-Manche, le procédé est devenu une tendance écolo que
les fashionistas n’hésitent pas à mettre à toutes les sauces…
“J’ai lancé mon business de création d’abat-jours comme un moyen de faire une différence sur la manière dont
certains objets de tous les jours ont un impact sur l’environnement”, déclare Helen Taylor, créatrice de la marque
Ose Designs. Ses lampes caractérisent le mouvement upcycling avec ses pieds à base de lattes de parquets
inutilisés, et ses abat-jours confectionnés et tressés à partir de vieux saris indiens. Pour Helen, “upcycling signifie
que durabilité rime avec objet et avec le “lifestyle” qu’il créé autour de lui”. Elle ajoute que le procédé stimule la
créativité : “Vous voyez les objets de tous les jours d’une autre manière”.
Un procédé dans l’air du temps
Mais Helen n’est pas la seule adepte de l’upcycling, les créateurs et les designers sont de plus en plus à embrasser le
procédé. Lori Weitzner, designer américaine, vient de créér un papier peint à partir de bandes découpées dans des
vieux journaux récupérés, une création judicieusement appelée “Newsworthy” (qui vaut la peine d’être dans le
journal). Que ce soit dans le monde de la déco ou de la mode, le procédé séduit jusqu’à être mis à toutes les
sauces…
Un mot à la mode
“Aujourd’hui, upcycling est devenu le mot à la mode de l’industrie de la mode et de la déco d’intérieur, constate
Angus Middleton, créateur du site ecoboom.co.uk, mais le terme est souvent utilisé à tort quand il s’agit de rénover
un vieux meuble ou un vieil objet”, poursuit-il. C’est ainsi que Livia Firth, l’épouse du célèbre acteur Colin Firth, s’est
retrouvée au cœur de controverses écolo-éthiques il y a quelques mois. A partir de robes vintage, encore en très
bon état mais qu’elle n’a pas hésité à passer au scalpel, l’Italienne, fondatrice et directrice du magasin branché
écolo Eco Age, a créé une robe, qualifiée de “upcycled dress”. La robe, portée à la remise des Oscars de son mari en
mars dernier, lui a valu les foudres des défenseurs de vintage…
Mais outre les détournements à usage fashion, l’upcycling est définitivement un procédé louable. Et rien n’empêche
tout un chacun de faire un peu d’upcycling à sa petite échelle : qu’il s’agisse de redonner de la vie à un vieux meuble
ou toute simplement de coller des morceaux de verre cassés autour d’un miroir. Le résultat pourrait vous
surprendre, alors soyez inventez et “upcyclez”!
Blog : La Minute de Mr Park http://www.regentspark.fr
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Annexe n°8 : « La mode est au vert »
La tendance du développement durable est également de rigueur dans le secteur du textile et de la mode.
L’information devra prendre en compte l’équivalent carbone des produits et de leur emballage (considéré sur
l’ensemble du cycle de vie du produit), ainsi que les impacts les plus significatifs (consommation d’eau, production
de déchets, écotoxicité…) pour chaque catégorie de produits (habillement, linge de maison, chaussures…). Cette
information sera restituée par voie de marquage ou d’étiquetage.
Qu’il s’agisse de respecter les aspects réglementaires, d’adhérer à la mode verte ou de rentabiliser les schémas
d’approvisionnement, Damien Cuvelier, Directeur de la plateforme DHL du pôle Fashion dans le Nord, constate en
effet la montée en puissance du développement durable à travers le cahier des charges de ses clients tels que Kiabi,
Zara ou Zadig & Voltaire. « Aujourd’hui, c’est le deuxième élément, après le point tarifaire, qui entre dans les
négociations », constate Damien Cuvelier. La raréfaction des ressources pétrolières et son impact sur les coûts de
transport par route entraînent une nouvelle façon d’agir, résolument tournée vers le développement durable et
l’alternatif au transport routier. L’adhésion de Redcats/La Redoute au projet d’un terminal fluvial de stockage et
cross-docking pour conteneurs reflète la volonté du groupe de s’inscrire dans une démarche écoresponsable. La
Redoute a pour ambition d’approvisionner par voie fluviale 1 000 conteneurs par an, ce qui améliorera le bilan
carbone du groupe de l’équivalent de 1000 camions en moins par an sur les routes. De même, de nombreux
fabricants et distributeurs refondent totalement leur Supply Chain, pour y intégrer une dimension développement
durable.
Blandine Bergeret, Responsable prévision et planification, Pepsico France
Extrait de Transport et Logistique, « La supply chain du textile et de la mode », avril 2012