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Arrêts commentés
Inaptitude professionnelle et rupture conventionnelle
Le point sur Zen Prud'hommes
Social
Panorama sur la liquidation du régime matrimonial
Famille, patrimoine,successions
Ordonnance et relations commerciales
Pratiques commerciales abusives en 2019
Loi PACTE et propriété intellectuelle
Arrêts commentés
Affaires
Tout savoir sur l'action de groupe en matière de santé
Santé
9 7 7 2 4 2 6 6 2 5 0 0 6
ISSN 2426-6256
des jeux !In Ludo Veritas
L’ACT
U
by
n°49 - mai 2019
La rupture conventionnelle
Focussur :
L’ACTU by
Au commencement...
... c'est une colombe. L'incarnation
de la paix entre des peuples que
deux guerres et la barbarie avaient
profondément déchirés.
CECA, CEE, Union économique puis
monétaire...c'est aussi un lion
robuste, agile, fort et compétiteur
face au tigre asiatique, à l'Ours
russe et au bison américain.
CEDH, CEDS, Charte des droits
fondamentaux...la défense de la
liberté, des liens sociaux et la
protection, elle est aussi une louve.
Elle est 28 et des millions
d'hommes et de femmes qui ont
oeuvré pour la paix et le progrès,
sur un air d'Hymne à la joie.
Faites l'Europe pas la guerre et
passez un excellent moment avec
notre Actu !!
L’ACTUby
L’ACTU by NMCG est éditée par NMCG avocats associés, 38 rue de Liège, 75008 Paris - Directeur de la publication :
Arnaud Blanc de la Naulte - Directeur de la rédaction : Laurent Courtecuisse - Maquette + dessin : na! - Imprimé
par Rivaton et Cie, 117 allée des Erables, 93420 Villepinte - Dépôt légal à parution.
Suivez-nous au quotidien sur :
n°49mai 2019
www.twitter.com/NMCG_avocatstwitter
tapez « avocats Paris »apple store
www.nmcg.frinternet@https://fr.linkedin.com/company/cabinet-nmcg
Sommaire
Droit social4 Les arrêts commentés8 Inaptitude professionnelle et
rupture conventionnelle12 Le point sur Zen prud'hommes
Droit des affaires14 Ordonnance et relations
commerciales16 Pratiques commerciales abusives
en 201918 Loi PACTE et propriété intellectuelle20 Les arrêts commentés
2In
Lud
o V
erita
s
3L'
éditoLes sudoku du mois
La vie de ce monde est un jeu d'enfants.
Proverbe oriental
Famille patrimoineSuccessionsPanorama sur la liquidation du régime matrimonial
Droit de la santéTout sur l'action de groupe en matière de produits de santé
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... c'est une colombe. L'incarnation
de la paix entre des peuples que
deux guerres et la barbarie avaient
profondément déchirés.
CECA, CEE, Union économique puis
monétaire...c'est aussi un lion
robuste, agile, fort et compétiteur
face au tigre asiatique, à l'Ours
russe et au bison américain.
CEDH, CEDS, Charte des droits
fondamentaux...la défense de la
liberté, des liens sociaux et la
protection, elle est aussi une louve.
Elle est 28 et des millions
d'hommes et de femmes qui ont
oeuvré pour la paix et le progrès,
sur un air d'Hymne à la joie.
Faites l'Europe pas la guerre et
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par Rivaton et Cie, 117 allée des Erables, 93420 Villepinte - Dépôt légal à parution.
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Sommaire
Droit social4 Les arrêts commentés8 Inaptitude professionnelle et
rupture conventionnelle12 Le point sur Zen prud'hommes
Droit des affaires14 Ordonnance et relations
commerciales16 Pratiques commerciales abusives
en 201918 Loi PACTE et propriété intellectuelle20 Les arrêts commentés
2In
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éditoLes sudoku du mois
La vie de ce monde est un jeu d'enfants.
Proverbe oriental
Famille patrimoineSuccessionsPanorama sur la liquidation du régime matrimonial
Droit de la santéTout sur l'action de groupe en matière de produits de santé
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Une salariée a été convoquée à un entretien préalable au
licenciement fixé au 12 mai 2011 auquel elle ne s'était pas
présentée, sans donner aucun motif, ni aucune demande de
dispense de présence.
Son employeur a alors organisé un nouvel entretien fixé au 26
mai 2011, cette fois ci en présence de la salariée.
Son licenciement lui a été notifié le 14 juin 2011, ce qu'elle
conteste devant la juridiction prud'homale.
Selon la salariée, l'employeur n'a pas respecté les dispositions
de l'article L.1332-2 du code du travail qui prévoit que toute
sanction disciplinaire "ne peut intervenir moins de deux jours
ouvrables, ni plus d'un mois après le jour fixé pour l'entretien".
Ainsi, le point de départ du délai pour notifier la sanction serait
le 12 mai 2011, date du premier entretien préalable au
licenciement. L'employeur aurait donc dû lui notifier son
licenciement avant le 12 juin 2011.
L'employeur contestait cette argumentation en soutenant que
le délai d'un mois pour notifier le licenciement courrait à
compter du 26 mai 2011, date du second entretien, qu'il avait
organisé dans l'intérêt exclusif de la salariée, compte tenu de la
gravité des faits qui lui étaient reprochés, afin de l'entendre et
recueillir ses explications. Il avait donc jusqu'au 26 juin 2011
pour lui notifier son licenciement.
La Cour de cassation confirme l'arrêt rendu par la Cour d'appel
qui a considéré le licenciement dépourvu de cause réelle et
sérieuse, et rejette ainsi le pourvoi formé par l'employeur.
En effet, elle considère que le second entretien préalable au
licenciement ne résultait pas d'une demande de la salariée, mais
a été décidé à la seule initiative de l'employeur. Par
conséquent, le point de départ du délai pour notifier le
licenciement de la salariée était bien fixé au 12 mai 2011, date
du premier entretien préalable. Le licenciement aurait dû être
notifié avant le 12 juin 2011. Etant intervenue le 14 juin 2011, la
notification était donc trop tardive.
En effet, il est de jurisprudence constante qu'un salarié qui ne se
présente pas volontairement à un entretien préalable au
licenciement n'entraine aucun report du point de départ du
délai de notification de la sanction (Soc. 14 sept 2004, n° 03-
43.796).
En revanche, si un salarié demande à reporter l'entretien
préalable au licenciement en raison d'une impossibilité de se
présenter, alors, le point de départ du délai de notification sera
fixé à la date du nouvel entretien si l'employeur fait droit à
cette demande et accepte d'organiser un nouvel entretien (Soc.
7 juin 2006, n° 04-43.819).
Soc. 17 avril 2019, n° 17-31.228
Dans cette affaire, un salarié avait été engagé par une société A dont les locaux
ont été détruits par un incendie le 23 novembre 2010.
Le patrimoine de cette société A a fait l'objet d'une transmission universelle à
son unique associé, la société B, créée le 10 janvier 2011.
Le 30 janvier 2011, la société A a convoqué le salarié à un entretien préalable
au licenciement.
Le 9 mars 2011, cette société A a fait l'objet d'une radiation du registre des
sociétés.
Le 9 mai 2012, la société B a été placée en liquidation judiciaire.
Le salarié a donc saisi la juridiction prud'homale d'une demande de rappels de
salaires pour la période du mois de décembre 2010 au 9 mai 2012. En effet,
selon le salarié, bien qu'il ait été convoqué à un entretien préalable au
licenciement, la procédure n'ayant pas été achevée, il restait présent dans
l'effectif de l'entreprise, sans travailler, et était donc mis à disposition de
l'employeur.
Ce dernier a contesté cet argumentaire en prétendant que le salarié ne
rapportait pas la preuve de sa mise à disposition, ce qu'a confirmé la Cour
d'appel.
Cependant, la Cour de cassation casse et annule l'arrêt rendu par la Cour
d'appel au visa notamment de l'ancien article 1315 du code civil (nouvel article
1353 dudit code) qui dispose que celui qui se prétend libéré d'une obligation
doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l'extinction de son obligation.
En tout état de cause, le salarié a l'obligation d'exécuter sa prestation de
travail, mais l'employeur a l'obligation de lui fournir du travail. C'est donc à ce
dernier de rapporter la preuve qu'il est libéré de cette obligation, et donc de
prouver que le salarié n'était plus mis à sa disposition.
Ainsi, dans cet arrêt, la Haute Cour rappelle sa jurisprudence selon laquelle la
charge de la preuve pèse sur l'employeur lorsqu'un de ses salariés prétend
avoir été mis à sa disposition (Cass. Soc. 23 oct 2013, n°12-14.237).
Soc. 13 février 2019, n°17-21.176, H. c/ AGS Unédic CGEA Ile-de-France Ouest
En raison d'une actualité extrêmement intense au sein du département, aucun article de fond n'a pu être rédigé ce mois-ci. Je m'en excuse autant que je le regrette, prenant un réel plaisir à vous faire partager chaque mois nos positions, avis, agacements. De même que je prends plaisir à recevoir régulièrement vos commentaires et partages d'expérience au gré des articles publiés.Au mois prochain !
Arnaud Blanc de la Naulte
NB: une précision importante tout de même, même si nous vous le rappellerons régulièrement au travers des dossiers traités : À compter du 1er décembre 2019, l'employeur n'aura que 10 jours pour émettre des réserves liées à un accident du travail.
Ce délai très raccourci, aux fins de réduire les contestations n'en doutons pas, exigera par conséquent une réelle réactivité pour toute entreprise souhaitant remettre en cause un AT douteux.
Le report de l'entretien préalable au licenciement disciplinaire opéré à la seule initiative de l'employeur n'entraine pas le report du délai de notification du licenciement.
Les arrêts commentés
Un salarié a été engagé en qualité de VRP exclusif pour le compte d'une société, le 9 février 2005.
Le 15 mars 2013, il a saisi la juridiction prud'homale d'une demande de résiliation judiciaire de son contrat de travail aux torts de l'employeur.
La Cour d'appel a débouté le salarié de sa demande de résiliation judiciaire, en considérant d'une part, qu'une clause de son contrat de travail fixait ses frais professionnels de déplacement et d'hébergement à sa charge exclusive, et d'autre part, qu'en huit ans de travail, le salarié n'avait jamais sollicité le remboursement de ses frais à son employeur, il ne pouvait donc reprocher à son employeur d'avoir manqué à son obligation.
Cependant, au visa de l'ancien article 1184 du code civil (nouvel article 1217 dudit code), la Cour de cassation censure cette argumentation en considérant que l'employeur ne peut pas s'exonérer du remboursement des frais professionnels engagés par son salarié, frais nécessaires à l'activité professionnelle de ce dernier. La clause prévoyant le contraire est donc
réputée non écrite, peu important que le salarié ne se soit pas plaint auparavant de l'absence de remboursement de ces frais.
La Haute Cour fait ainsi droit à la demande de résolution judiciaire du contrat de travail du salarié.
Il est en effet de jurisprudence constante que les frais professionnels d'un salarié doivent lui être remboursés, sauf s'il est prévu contractuellement que ces frais restent à sa charge, moyennant le versement d'une somme forfaitaire fixée à l'avance, et à condition que sa rémunération de travail reste au moins égale au SMIC (Soc. 25 févr.1998, n° 95-44.096 ; Soc. 10 nov 2004, n° 02-41.881 F-PB). La Cour de cassation a ainsi pu déduire de ce principe que toute clause contraire est réputée non écrite (Soc. 25 mars 2010, n° 08-43.156 F-P).
Dans l'arrêt d'espèce, la Cour de cassation confirme donc sa jurisprudence, en précisant que l'employeur est tenu de rembourser les frais professionnels engagés par son salarié, quand bien même celui-ci ne les aurait jamais réclamés.
Soc. 27 mars 2019, 17-31.116 F-D
Obligation pour l'employeur de rembourser les frais professionnels du salarié, même en l'absence de réclamation.
Rappel des règles de la charge de la preuve en cas de mise à disposition d'un salarié.
La juridiction administrative se fonde sur un arrêt rendu en parallèle par le juge judiciaire pour prouver la discrimination syndicale d'un salarié protégé. Un salarié avait emprunté un véhicule de service pour l'utiliser à des fins personnelles et parcourir plusieurs centaines de kilomètres sans l'autorisation de son employeur.
Etant membre du CHSCT et représentant syndical au comité d'entreprise, une demande d'autorisation de licenciement pour faute a été faite auprès de l'Inspection du travail le 26 mars 2013. L'employeur a obtenu l'autorisation, ce qu'a contesté le salarié.
Le 8 novembre 2013 le ministre du travail a autorisé le licenciement, tout comme le tribunal administratif de Montreuil le 9 février 2015, ainsi que la cour administrative d'appel de Versailles, le 29 décembre 2016.
Le salarié a alors formé un pourvoi en cassation le 20 mars 2019.
En parallèle, le salarié avait saisi la juridiction prud'homale afin d'obtenir le paiement de nombreuses heures de délégation impayées par la société. Cette demande a été accueillie favorablement par le Conseil de prud'hommes mais également par la Cour d'appel de Paris, qui, dans un arrêt rendu le 7 mai 2015, avait condamné l'employeur à
payer au salarié ses heures de délégation. La Cour d'appel avait également relevé que les manquements de l'employeur "laissaient supposer l'existence d'une discrimination syndicale" à l'encontre du salarié protégé, justifiant ainsi le paiement d'une provision de 1000 € de dommages et intérêts à ce titre.
Le Conseil d'Etat s'est alors appuyé sur cet arrêt rendu par la Cour d'appel de Paris, afin de considérer à son tour que les manquements de l'employeur laissaient supposer l'existence d'une discrimination syndicale, et qu'en l'absence d'éléments justificatifs précis présentés en défense par la société, la demande d'autorisation du licenciement devait être regardée comme ayant un lien avec les différents mandats du salarié. Par conséquent, le ministre du travail ne pouvait autoriser le licenciement du salarié, que la faute soit caractérisée ou non.
Ainsi, dans cet arrêt inédit, le Conseil d'Etat
se fonde sur une décision du juge judiciaire
pour prouver la discrimination subie par le
salarié.
CE. 20 mars 2019, 408958
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Une salariée a été convoquée à un entretien préalable au
licenciement fixé au 12 mai 2011 auquel elle ne s'était pas
présentée, sans donner aucun motif, ni aucune demande de
dispense de présence.
Son employeur a alors organisé un nouvel entretien fixé au 26
mai 2011, cette fois ci en présence de la salariée.
Son licenciement lui a été notifié le 14 juin 2011, ce qu'elle
conteste devant la juridiction prud'homale.
Selon la salariée, l'employeur n'a pas respecté les dispositions
de l'article L.1332-2 du code du travail qui prévoit que toute
sanction disciplinaire "ne peut intervenir moins de deux jours
ouvrables, ni plus d'un mois après le jour fixé pour l'entretien".
Ainsi, le point de départ du délai pour notifier la sanction serait
le 12 mai 2011, date du premier entretien préalable au
licenciement. L'employeur aurait donc dû lui notifier son
licenciement avant le 12 juin 2011.
L'employeur contestait cette argumentation en soutenant que
le délai d'un mois pour notifier le licenciement courrait à
compter du 26 mai 2011, date du second entretien, qu'il avait
organisé dans l'intérêt exclusif de la salariée, compte tenu de la
gravité des faits qui lui étaient reprochés, afin de l'entendre et
recueillir ses explications. Il avait donc jusqu'au 26 juin 2011
pour lui notifier son licenciement.
La Cour de cassation confirme l'arrêt rendu par la Cour d'appel
qui a considéré le licenciement dépourvu de cause réelle et
sérieuse, et rejette ainsi le pourvoi formé par l'employeur.
En effet, elle considère que le second entretien préalable au
licenciement ne résultait pas d'une demande de la salariée, mais
a été décidé à la seule initiative de l'employeur. Par
conséquent, le point de départ du délai pour notifier le
licenciement de la salariée était bien fixé au 12 mai 2011, date
du premier entretien préalable. Le licenciement aurait dû être
notifié avant le 12 juin 2011. Etant intervenue le 14 juin 2011, la
notification était donc trop tardive.
En effet, il est de jurisprudence constante qu'un salarié qui ne se
présente pas volontairement à un entretien préalable au
licenciement n'entraine aucun report du point de départ du
délai de notification de la sanction (Soc. 14 sept 2004, n° 03-
43.796).
En revanche, si un salarié demande à reporter l'entretien
préalable au licenciement en raison d'une impossibilité de se
présenter, alors, le point de départ du délai de notification sera
fixé à la date du nouvel entretien si l'employeur fait droit à
cette demande et accepte d'organiser un nouvel entretien (Soc.
7 juin 2006, n° 04-43.819).
Soc. 17 avril 2019, n° 17-31.228
Dans cette affaire, un salarié avait été engagé par une société A dont les locaux
ont été détruits par un incendie le 23 novembre 2010.
Le patrimoine de cette société A a fait l'objet d'une transmission universelle à
son unique associé, la société B, créée le 10 janvier 2011.
Le 30 janvier 2011, la société A a convoqué le salarié à un entretien préalable
au licenciement.
Le 9 mars 2011, cette société A a fait l'objet d'une radiation du registre des
sociétés.
Le 9 mai 2012, la société B a été placée en liquidation judiciaire.
Le salarié a donc saisi la juridiction prud'homale d'une demande de rappels de
salaires pour la période du mois de décembre 2010 au 9 mai 2012. En effet,
selon le salarié, bien qu'il ait été convoqué à un entretien préalable au
licenciement, la procédure n'ayant pas été achevée, il restait présent dans
l'effectif de l'entreprise, sans travailler, et était donc mis à disposition de
l'employeur.
Ce dernier a contesté cet argumentaire en prétendant que le salarié ne
rapportait pas la preuve de sa mise à disposition, ce qu'a confirmé la Cour
d'appel.
Cependant, la Cour de cassation casse et annule l'arrêt rendu par la Cour
d'appel au visa notamment de l'ancien article 1315 du code civil (nouvel article
1353 dudit code) qui dispose que celui qui se prétend libéré d'une obligation
doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l'extinction de son obligation.
En tout état de cause, le salarié a l'obligation d'exécuter sa prestation de
travail, mais l'employeur a l'obligation de lui fournir du travail. C'est donc à ce
dernier de rapporter la preuve qu'il est libéré de cette obligation, et donc de
prouver que le salarié n'était plus mis à sa disposition.
Ainsi, dans cet arrêt, la Haute Cour rappelle sa jurisprudence selon laquelle la
charge de la preuve pèse sur l'employeur lorsqu'un de ses salariés prétend
avoir été mis à sa disposition (Cass. Soc. 23 oct 2013, n°12-14.237).
Soc. 13 février 2019, n°17-21.176, H. c/ AGS Unédic CGEA Ile-de-France Ouest
En raison d'une actualité extrêmement intense au sein du département, aucun article de fond n'a pu être rédigé ce mois-ci. Je m'en excuse autant que je le regrette, prenant un réel plaisir à vous faire partager chaque mois nos positions, avis, agacements. De même que je prends plaisir à recevoir régulièrement vos commentaires et partages d'expérience au gré des articles publiés.Au mois prochain !
Arnaud Blanc de la Naulte
NB: une précision importante tout de même, même si nous vous le rappellerons régulièrement au travers des dossiers traités : À compter du 1er décembre 2019, l'employeur n'aura que 10 jours pour émettre des réserves liées à un accident du travail.
Ce délai très raccourci, aux fins de réduire les contestations n'en doutons pas, exigera par conséquent une réelle réactivité pour toute entreprise souhaitant remettre en cause un AT douteux.
Le report de l'entretien préalable au licenciement disciplinaire opéré à la seule initiative de l'employeur n'entraine pas le report du délai de notification du licenciement.
Les arrêts commentés
Un salarié a été engagé en qualité de VRP exclusif pour le compte d'une société, le 9 février 2005.
Le 15 mars 2013, il a saisi la juridiction prud'homale d'une demande de résiliation judiciaire de son contrat de travail aux torts de l'employeur.
La Cour d'appel a débouté le salarié de sa demande de résiliation judiciaire, en considérant d'une part, qu'une clause de son contrat de travail fixait ses frais professionnels de déplacement et d'hébergement à sa charge exclusive, et d'autre part, qu'en huit ans de travail, le salarié n'avait jamais sollicité le remboursement de ses frais à son employeur, il ne pouvait donc reprocher à son employeur d'avoir manqué à son obligation.
Cependant, au visa de l'ancien article 1184 du code civil (nouvel article 1217 dudit code), la Cour de cassation censure cette argumentation en considérant que l'employeur ne peut pas s'exonérer du remboursement des frais professionnels engagés par son salarié, frais nécessaires à l'activité professionnelle de ce dernier. La clause prévoyant le contraire est donc
réputée non écrite, peu important que le salarié ne se soit pas plaint auparavant de l'absence de remboursement de ces frais.
La Haute Cour fait ainsi droit à la demande de résolution judiciaire du contrat de travail du salarié.
Il est en effet de jurisprudence constante que les frais professionnels d'un salarié doivent lui être remboursés, sauf s'il est prévu contractuellement que ces frais restent à sa charge, moyennant le versement d'une somme forfaitaire fixée à l'avance, et à condition que sa rémunération de travail reste au moins égale au SMIC (Soc. 25 févr.1998, n° 95-44.096 ; Soc. 10 nov 2004, n° 02-41.881 F-PB). La Cour de cassation a ainsi pu déduire de ce principe que toute clause contraire est réputée non écrite (Soc. 25 mars 2010, n° 08-43.156 F-P).
Dans l'arrêt d'espèce, la Cour de cassation confirme donc sa jurisprudence, en précisant que l'employeur est tenu de rembourser les frais professionnels engagés par son salarié, quand bien même celui-ci ne les aurait jamais réclamés.
Soc. 27 mars 2019, 17-31.116 F-D
Obligation pour l'employeur de rembourser les frais professionnels du salarié, même en l'absence de réclamation.
Rappel des règles de la charge de la preuve en cas de mise à disposition d'un salarié.
La juridiction administrative se fonde sur un arrêt rendu en parallèle par le juge judiciaire pour prouver la discrimination syndicale d'un salarié protégé. Un salarié avait emprunté un véhicule de service pour l'utiliser à des fins personnelles et parcourir plusieurs centaines de kilomètres sans l'autorisation de son employeur.
Etant membre du CHSCT et représentant syndical au comité d'entreprise, une demande d'autorisation de licenciement pour faute a été faite auprès de l'Inspection du travail le 26 mars 2013. L'employeur a obtenu l'autorisation, ce qu'a contesté le salarié.
Le 8 novembre 2013 le ministre du travail a autorisé le licenciement, tout comme le tribunal administratif de Montreuil le 9 février 2015, ainsi que la cour administrative d'appel de Versailles, le 29 décembre 2016.
Le salarié a alors formé un pourvoi en cassation le 20 mars 2019.
En parallèle, le salarié avait saisi la juridiction prud'homale afin d'obtenir le paiement de nombreuses heures de délégation impayées par la société. Cette demande a été accueillie favorablement par le Conseil de prud'hommes mais également par la Cour d'appel de Paris, qui, dans un arrêt rendu le 7 mai 2015, avait condamné l'employeur à
payer au salarié ses heures de délégation. La Cour d'appel avait également relevé que les manquements de l'employeur "laissaient supposer l'existence d'une discrimination syndicale" à l'encontre du salarié protégé, justifiant ainsi le paiement d'une provision de 1000 € de dommages et intérêts à ce titre.
Le Conseil d'Etat s'est alors appuyé sur cet arrêt rendu par la Cour d'appel de Paris, afin de considérer à son tour que les manquements de l'employeur laissaient supposer l'existence d'une discrimination syndicale, et qu'en l'absence d'éléments justificatifs précis présentés en défense par la société, la demande d'autorisation du licenciement devait être regardée comme ayant un lien avec les différents mandats du salarié. Par conséquent, le ministre du travail ne pouvait autoriser le licenciement du salarié, que la faute soit caractérisée ou non.
Ainsi, dans cet arrêt inédit, le Conseil d'Etat
se fonde sur une décision du juge judiciaire
pour prouver la discrimination subie par le
salarié.
CE. 20 mars 2019, 408958
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ParisJennifer Adaissi sous la direction d'Arnaud Blanc de La Naulte
Les arrêts commentés(suite)
Dans cette affaire, un employeur avait
prononcé une mise à pied à titre
conservatoire envers un salarié protégé
ayant commis une faute grave, dans
l'attente de la décision de licenciement
de l'inspecteur du travail.
Le 11 mars 2015, l'inspecteur du travail
a autorisé le licenciement pour motif
disciplinaire, ce qu'a contesté le salarié.
Le 15 octobre 2015, le ministre du
travail a rejeté le recours hiérarchique
formé par le salarié.
Cependant, le 1er mars 2016, le
Tribunal administratif de Nice a annulé
ces deux décisions pour excès de
pouvoir.
L'employeur a interjeté appel près la
Cour administrative d'appel de
Marseille le 29 juin 2017, qui l'a
débouté.
La société a alors formé un pourvoi
devant le Conseil d'Etat qui a
également rejeté sa demande, en
rappelant la procédure applicable en
cas de mise à pied conservatoire d'un
salarié protégé.
En effet, le Conseil d'Etat rappelle
qu'en cas de faute grave commise par
un salarié protégé, l'employeur peut
prononcer une mise à pied immédiate
dans l'attente de la décision de
licenciement de l'inspecteur du travail,
comme cela est prévu par l'article
L.2421-1 du code du travail, à
condition de respecter certains délais
prévus à l'article R.2421-14 dudit code :
- Si un CE ou CSE est constitué dans
l'entreprise, il doit être consulté dans
les 10 jours à compter de la date de
mise à pied du salarié protégé. Une
demande d'autorisation de
licenciement doit ensuite être
présentée dans les 48 heures
suivant la délibération du CE/CSE.
- En l'absence de CE ou CSE, la
demande doit être directement
présentée à l'inspecteur du travail
dans un délai de 8 jours à compter
de la mise à pied.
En l'espèce, 21 jours se sont écoulés
entre la date de mise à pied du salarié
et la saisine de l'inspection du travail,
ce qui a été considéré comme excessif
par la Cour administrative d'appel et
par le Conseil d'Etat.
En effet, il est de jurisprudence
constante que, bien que le non-respect
du délai de 8 jours n'entraine pas la
nullité de la procédure de licenciement,
l'employeur est tenu de respecter un
délai aussi court que possible pour
présenter sa demande, eu égard
notamment à la gravité de la mesure
de mise à pied (CE. 3 octobre 1990,
n°107898 ; 29 juin 2016, n°381766).
Le Conseil d'Etat a donc rejeté le
pourvoi formé par la société du fait de
cette irrégularité non relevée par
l'inspecteur du travail.
CE. 27 février 2019, n°413556
L'employeur doit rapidement demander à l'inspecteur du travail l'autorisation de licencier un salarié protégé mis à pied à titre conservatoire.
Dans cette affaire, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de
travail (CHSCT) d'une société avait procédé à deux délibérations sur
l'expertise CHSCT :
- le 14 octobre 2016, sur la nécessité de recourir à une expertise.
- le 18 octobre 2016, sur les modalités de mise en œuvre de l'expertise.
Le 31 octobre 2016, l'employeur a saisi le Président du TGI afin de
contester les modalités du recours à l'expertise.
Le 21 mars 2017, il conteste pour la première fois dans ses conclusions
soutenues à l'audience le coût prévisionnel de l'expertise.
Le Président du TGI le déboute de l'ensemble de ses demandes en
considérant :
- que son recours était irrecevable car hors délai, le point de départ du
délai de 15 jours pour contester une expertise CHSCT étant
nécessairement celui de la décision de recourir à une expertise, à
savoir, en l'espèce, la première délibération du 14 octobre 2016.
Dans ces conditions, au 31 octobre 2016, le délai de contestation
était donc prescrit ;
- que sa demande de réduction du coût prévisionnel de l'expertise
n'était pas recevable car formée plusieurs mois plus tard, donc
également hors délai.
Cependant, la Haute Cour casse l'arrêt sur ces points, en adoptant
l'argumentation suivante :
- Elle rappelle tout d'abord que l'article L.4614-13 du code du travail ne
s'oppose pas à ce que le recours à l'expertise et la fixation de son
périmètre ainsi que la désignation de l'expert fassent l'objet de
délibérations distinctes.
- Ensuite, elle précise que le délai de 15 jours pour contester les
modalités de mise en œuvre de l'expertise ne court qu'à compter du
jour de la délibération correspondante, à savoir, en l'espèce, à partir
du 18 octobre.
L'employeur était donc bien dans le délai pour contester.
- Enfin, elle considère que "la contestation par l'employeur du
périmètre de l'expertise dans le délai imparti par le texte susvisé
induit nécessairement le droit de contester le cout prévisionnel de
celle-ci".
Ainsi, l'employeur pouvait ajouter cette requête bien plus tard, ces
contestations étant indissociables.
Il convient de noter que, dans cet arrêt, la Cour cassation applique les
mêmes règles que celles déjà fixées par le législateur concernant la
contestation des délibérations du CSE en matière d'expertise, à savoir
les articles L.2315-86 et R.2315-49 du code du travail.
Cass. Soc. 20 mars 2019, n°17-23.027
Le point de départ du délai de contestation de l'expertise CHSCT peut différer en fonction des délibérations.
Dans cette affaire, une jeune fille marocaine avait été adoptée à l'âge de 12 ans par un couple français, et était chargée en permanence de la grande majorité des tâches domestiques au sein de la famille, comportant des responsabilités sans rapport avec son âge.
Elle était rétribuée uniquement par un maigre argent de poche, n'avait jamais bénéficié de congés, n'était pas scolarisée, ni insérée socialement, elle ne disposait pas de titre de séjour étant entrée en France via le passeport de la fille des époux, créant ainsi un risque de reconduite vers son pays d'origine.
A sa majorité, elle a déposée une plainte à l'encontre des époux, qui ont définitivement été condamnés par la chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Versailles le 14 septembre 2010 pour rétribution inexistante ou insuffisante du travail fourni par une personne vulnérable, délit prévu et réprimé par les articles 225-13 et 225-19 du code pénal dans leur rédaction alors en vigueur.
La jeune fille a obtenu 10.000 euros de dommages-intérêts en réparation de son préjudice moral.Le 6 mai 2011, elle a saisi la juridiction prud'homale afin d'obtenir une indemnisation de son préjudice économique, lié à l'absence de versement de rémunération durant le temps où elle dit avoir travaillé au domicile des époux.
La Cour d'appel l'a débouté de sa demande relative à l'exécution d'un contrat de travail du fait qu'elle ne rapportait pas la preuve de son existence. En effet, il est de jurisprudence constante que c'est à celui qui se prévaut de l'existence d'un contrat de travail d'en rapporter la preuve (Cass. soc 21 juin 1984, 82-42.409).
Cependant, la Cour de cassation a cassé cette décision au visa de plusieurs textes internationaux notamment:
- la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- la Convention sur le travail forcé de l'organisation internationale du travail ;
- la Convention supplémentaire relative à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l'esclavage ;
- la Convention concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi de l'organisation internationale du travail ;
- et la Convention de New-York relative aux droits des enfants.
Dans cet arrêt la Haute Cour pose ainsi le principe selon lequel "la victime d'une situation de travail forcé ou d'un état de servitude a droit à la réparation de l'intégralité de son préjudice tant moral qu'économique qui en découle, en application de l'article 1240 du Code civil , et que ce préjudice est aggravé lorsque la victime est mineure".
Ainsi, au regard des faits de l'espèce, la victime, mineure étrangère au moment des faits, doit être protégée contre toute exploitation économique et contre tout travail qui compromettrait son éducation ou nuirait à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.
Le couple a donc été condamné à indemniser la jeune victime pour le préjudice économique qu'elle a subi au titre de sa prestation de travail non rétribuée, à hauteur de 612 613,19 €.
Soc. 3 avril 2019, n°16-20.490
La victime d'une situation de travail forcé ou d'un état de servitude a droit à la réparation de son préjudice tant moral qu'économique qui en découle.
Huit ans après son embauche un salarié signe une convention individuelle de forfait en jours.
Licencié en 2013, il saisit la juridiction prud'hommal notamment en demande de rappel de salaire au titre d'heures supplémentaires.
Le salarié évoque devant les juges qu'il ne disposait pas d'une réelle autonomie dans l'organisation de son travail, remettant ainsi en cause le forfait signé.
L'autonomie réelle, condition nécessaire au bénéfice d'une convention de forfait annuel en jours rappelée.
Si le salarié cadre doit disposer d'une autonomie réelle pour bénéficier d'une convention de forfait annuel en jours, la difficulté reste de savoir comment délimiter cette dernière.
Au titre de l'article L 3121-58 du code du travail :
"Peuvent conclure une convention individuelle de forfait en jours sur l'année, (…) : 1° Les cadres qui disposent d'une autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps et dont la nature des fonctions ne les conduit pas à suivre l'horaire collectif applicable au sein de l'atelier, du service ou de l'équipe auquel ils sont intégrés ; (…).».
Le législateur n'a pas pris soin de déterminer en quoi consistait une "autonomie". Ainsi c'est au juge de vérifier, que le salarié cadre exerce des fonctions ne lui permettant pas de suivre l'horaire collectif de travail. (Cass. soc., 26 mai 2004, n° 02-18.756, n° 1210 FP - P + B + R + I).
Précisément, ne sont pas autonomes les salariés contraints par un planning imposant leur présence à des horaires prédéfinies (Cass. soc., 15 déc. 2016, n° 15-17.568), ou dont l'emploi du temps est déterminée par la direction imposant un planning d'intervention, le choix des repos hebdomadaires et ne permettant pas une liberté dans l'organisation du travail du salarié (Cass. soc., 31 oct. 2007, n° 06-43.876, n° 2285 FS - P + B + R).
En l'espèce la Haute juridiction confirme l'analyse de la Cour d'appel, rejette le pourvoi de l'employeur et donne raison au salarié en affirmant que ce dernier ne disposait pas d'une réelle autonomie lui permettant de bénéficier d'une convention de forfait jours. Dès lors, par cette décision, la Cour de Cassation s'inscrit dans un courant jurisprudentiel bien établi, et permet d'apporter certaines précisions quant à la notion d'autonomie.
L'organisation d'un planning précis par l'employeur, élément contraire à l'application d'une convention de forfait jours.
Si la Haute juridiction rappelle la nécessité d'une autonomie réelle du cadre bénéficiant d'une convention de forfait en jours, elle précise cette notion en affirmant que le fait, pour le salarié cadre, de réaliser des tâches préalablement traitées par des commerciaux, de coopérer de manière constante avec d'autres corps de métiers, d'avoir un responsable, d'avoir des fonctions s'appliquant à des événements dont les modalités étaient préalablement connues, et d'avoir des planning précis quant au jours et tranches horaires pour la réalisation desdites fonctions, sont des notions permettant d'affirmer que le salarié n'était pas autonome dans la gestion de son travail, organisé et imposé par l'employeur. Ainsi l'existence de planning précis et d'horaires prédéfinies permettent d'écarter le bénéfice d'une convention de forfait jours et ainsi d'obtenir un rappel de salaire au titre d'heures supplémentaires.
Cass. Soc., 27 mars 201917-31.715
Les contours d'une autonomie dans l'organisation du travail, condition d'applicabilité du forfait jours, rappelées et précisées.
Dans cette affaire, un salarié couvreur-zingueur, travaillait du lundi au vendredi, et n'avait pas travaillé un jour de pont, suite à un jour férié.
L'employeur lui a alors demandé de récupérer ses heures perdues suite à cette interruption collective de travail un samedi, ce qu'il a refusé.
Le salarié a alors été licencié pour absence injustifiée, ce qu'il a contesté devant la juridiction prud'homale.
Pour ce faire, il prétendait que les modalités de mise en place de la récupération de ces heures perdues ne pouvaient s'effectuer que par le biais d'un accord collectif.
La Cour de cassation a rejeté cet argument, en rappelant que les modalités de la récupération de ces heures perdues peuvent être déterminées par un accord collectif d'entreprise ou d'établissement, ou à défaut, par convention ou accord de branche (article L.3121-51 du code du travail), mais qu'en l'absence d'accord, l'employeur peut décider que les heures perdues soient récupérées conformément aux règles fixées par décret (article L.3121-52 du code du travail).
Ainsi, en l'espèce, aucun accord collectif ou de branche n'ayant prévu les modalités de récupération d'un pont suite à un jour férié, l'employeur pouvait tout à fait décider que les heures perdues soient récupérées conformément aux règles fixées par décret à ce sujet, à savoir, l'ancien article R.3122-4 du code du travail, retranscrit au nouvel article R.3121-34 dudit code, prévoyant une récupération des heures perdues dans les 12 mois précédant ou suivant leur perte.
Le licenciement était donc bien justifié.
Cass. Soc. 20 février 2019, n°17-20651
Obligation pour le salarié de récupérer les heures perdues lors d'un pont suite à un jour férié
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ParisJennifer Adaissi sous la direction d'Arnaud Blanc de La Naulte
Les arrêts commentés(suite)
Dans cette affaire, un employeur avait
prononcé une mise à pied à titre
conservatoire envers un salarié protégé
ayant commis une faute grave, dans
l'attente de la décision de licenciement
de l'inspecteur du travail.
Le 11 mars 2015, l'inspecteur du travail
a autorisé le licenciement pour motif
disciplinaire, ce qu'a contesté le salarié.
Le 15 octobre 2015, le ministre du
travail a rejeté le recours hiérarchique
formé par le salarié.
Cependant, le 1er mars 2016, le
Tribunal administratif de Nice a annulé
ces deux décisions pour excès de
pouvoir.
L'employeur a interjeté appel près la
Cour administrative d'appel de
Marseille le 29 juin 2017, qui l'a
débouté.
La société a alors formé un pourvoi
devant le Conseil d'Etat qui a
également rejeté sa demande, en
rappelant la procédure applicable en
cas de mise à pied conservatoire d'un
salarié protégé.
En effet, le Conseil d'Etat rappelle
qu'en cas de faute grave commise par
un salarié protégé, l'employeur peut
prononcer une mise à pied immédiate
dans l'attente de la décision de
licenciement de l'inspecteur du travail,
comme cela est prévu par l'article
L.2421-1 du code du travail, à
condition de respecter certains délais
prévus à l'article R.2421-14 dudit code :
- Si un CE ou CSE est constitué dans
l'entreprise, il doit être consulté dans
les 10 jours à compter de la date de
mise à pied du salarié protégé. Une
demande d'autorisation de
licenciement doit ensuite être
présentée dans les 48 heures
suivant la délibération du CE/CSE.
- En l'absence de CE ou CSE, la
demande doit être directement
présentée à l'inspecteur du travail
dans un délai de 8 jours à compter
de la mise à pied.
En l'espèce, 21 jours se sont écoulés
entre la date de mise à pied du salarié
et la saisine de l'inspection du travail,
ce qui a été considéré comme excessif
par la Cour administrative d'appel et
par le Conseil d'Etat.
En effet, il est de jurisprudence
constante que, bien que le non-respect
du délai de 8 jours n'entraine pas la
nullité de la procédure de licenciement,
l'employeur est tenu de respecter un
délai aussi court que possible pour
présenter sa demande, eu égard
notamment à la gravité de la mesure
de mise à pied (CE. 3 octobre 1990,
n°107898 ; 29 juin 2016, n°381766).
Le Conseil d'Etat a donc rejeté le
pourvoi formé par la société du fait de
cette irrégularité non relevée par
l'inspecteur du travail.
CE. 27 février 2019, n°413556
L'employeur doit rapidement demander à l'inspecteur du travail l'autorisation de licencier un salarié protégé mis à pied à titre conservatoire.
Dans cette affaire, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de
travail (CHSCT) d'une société avait procédé à deux délibérations sur
l'expertise CHSCT :
- le 14 octobre 2016, sur la nécessité de recourir à une expertise.
- le 18 octobre 2016, sur les modalités de mise en œuvre de l'expertise.
Le 31 octobre 2016, l'employeur a saisi le Président du TGI afin de
contester les modalités du recours à l'expertise.
Le 21 mars 2017, il conteste pour la première fois dans ses conclusions
soutenues à l'audience le coût prévisionnel de l'expertise.
Le Président du TGI le déboute de l'ensemble de ses demandes en
considérant :
- que son recours était irrecevable car hors délai, le point de départ du
délai de 15 jours pour contester une expertise CHSCT étant
nécessairement celui de la décision de recourir à une expertise, à
savoir, en l'espèce, la première délibération du 14 octobre 2016.
Dans ces conditions, au 31 octobre 2016, le délai de contestation
était donc prescrit ;
- que sa demande de réduction du coût prévisionnel de l'expertise
n'était pas recevable car formée plusieurs mois plus tard, donc
également hors délai.
Cependant, la Haute Cour casse l'arrêt sur ces points, en adoptant
l'argumentation suivante :
- Elle rappelle tout d'abord que l'article L.4614-13 du code du travail ne
s'oppose pas à ce que le recours à l'expertise et la fixation de son
périmètre ainsi que la désignation de l'expert fassent l'objet de
délibérations distinctes.
- Ensuite, elle précise que le délai de 15 jours pour contester les
modalités de mise en œuvre de l'expertise ne court qu'à compter du
jour de la délibération correspondante, à savoir, en l'espèce, à partir
du 18 octobre.
L'employeur était donc bien dans le délai pour contester.
- Enfin, elle considère que "la contestation par l'employeur du
périmètre de l'expertise dans le délai imparti par le texte susvisé
induit nécessairement le droit de contester le cout prévisionnel de
celle-ci".
Ainsi, l'employeur pouvait ajouter cette requête bien plus tard, ces
contestations étant indissociables.
Il convient de noter que, dans cet arrêt, la Cour cassation applique les
mêmes règles que celles déjà fixées par le législateur concernant la
contestation des délibérations du CSE en matière d'expertise, à savoir
les articles L.2315-86 et R.2315-49 du code du travail.
Cass. Soc. 20 mars 2019, n°17-23.027
Le point de départ du délai de contestation de l'expertise CHSCT peut différer en fonction des délibérations.
Dans cette affaire, une jeune fille marocaine avait été adoptée à l'âge de 12 ans par un couple français, et était chargée en permanence de la grande majorité des tâches domestiques au sein de la famille, comportant des responsabilités sans rapport avec son âge.
Elle était rétribuée uniquement par un maigre argent de poche, n'avait jamais bénéficié de congés, n'était pas scolarisée, ni insérée socialement, elle ne disposait pas de titre de séjour étant entrée en France via le passeport de la fille des époux, créant ainsi un risque de reconduite vers son pays d'origine.
A sa majorité, elle a déposée une plainte à l'encontre des époux, qui ont définitivement été condamnés par la chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Versailles le 14 septembre 2010 pour rétribution inexistante ou insuffisante du travail fourni par une personne vulnérable, délit prévu et réprimé par les articles 225-13 et 225-19 du code pénal dans leur rédaction alors en vigueur.
La jeune fille a obtenu 10.000 euros de dommages-intérêts en réparation de son préjudice moral.Le 6 mai 2011, elle a saisi la juridiction prud'homale afin d'obtenir une indemnisation de son préjudice économique, lié à l'absence de versement de rémunération durant le temps où elle dit avoir travaillé au domicile des époux.
La Cour d'appel l'a débouté de sa demande relative à l'exécution d'un contrat de travail du fait qu'elle ne rapportait pas la preuve de son existence. En effet, il est de jurisprudence constante que c'est à celui qui se prévaut de l'existence d'un contrat de travail d'en rapporter la preuve (Cass. soc 21 juin 1984, 82-42.409).
Cependant, la Cour de cassation a cassé cette décision au visa de plusieurs textes internationaux notamment:
- la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- la Convention sur le travail forcé de l'organisation internationale du travail ;
- la Convention supplémentaire relative à l'abolition de l'esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l'esclavage ;
- la Convention concernant l'âge minimum d'admission à l'emploi de l'organisation internationale du travail ;
- et la Convention de New-York relative aux droits des enfants.
Dans cet arrêt la Haute Cour pose ainsi le principe selon lequel "la victime d'une situation de travail forcé ou d'un état de servitude a droit à la réparation de l'intégralité de son préjudice tant moral qu'économique qui en découle, en application de l'article 1240 du Code civil , et que ce préjudice est aggravé lorsque la victime est mineure".
Ainsi, au regard des faits de l'espèce, la victime, mineure étrangère au moment des faits, doit être protégée contre toute exploitation économique et contre tout travail qui compromettrait son éducation ou nuirait à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.
Le couple a donc été condamné à indemniser la jeune victime pour le préjudice économique qu'elle a subi au titre de sa prestation de travail non rétribuée, à hauteur de 612 613,19 €.
Soc. 3 avril 2019, n°16-20.490
La victime d'une situation de travail forcé ou d'un état de servitude a droit à la réparation de son préjudice tant moral qu'économique qui en découle.
Huit ans après son embauche un salarié signe une convention individuelle de forfait en jours.
Licencié en 2013, il saisit la juridiction prud'hommal notamment en demande de rappel de salaire au titre d'heures supplémentaires.
Le salarié évoque devant les juges qu'il ne disposait pas d'une réelle autonomie dans l'organisation de son travail, remettant ainsi en cause le forfait signé.
L'autonomie réelle, condition nécessaire au bénéfice d'une convention de forfait annuel en jours rappelée.
Si le salarié cadre doit disposer d'une autonomie réelle pour bénéficier d'une convention de forfait annuel en jours, la difficulté reste de savoir comment délimiter cette dernière.
Au titre de l'article L 3121-58 du code du travail :
"Peuvent conclure une convention individuelle de forfait en jours sur l'année, (…) : 1° Les cadres qui disposent d'une autonomie dans l'organisation de leur emploi du temps et dont la nature des fonctions ne les conduit pas à suivre l'horaire collectif applicable au sein de l'atelier, du service ou de l'équipe auquel ils sont intégrés ; (…).».
Le législateur n'a pas pris soin de déterminer en quoi consistait une "autonomie". Ainsi c'est au juge de vérifier, que le salarié cadre exerce des fonctions ne lui permettant pas de suivre l'horaire collectif de travail. (Cass. soc., 26 mai 2004, n° 02-18.756, n° 1210 FP - P + B + R + I).
Précisément, ne sont pas autonomes les salariés contraints par un planning imposant leur présence à des horaires prédéfinies (Cass. soc., 15 déc. 2016, n° 15-17.568), ou dont l'emploi du temps est déterminée par la direction imposant un planning d'intervention, le choix des repos hebdomadaires et ne permettant pas une liberté dans l'organisation du travail du salarié (Cass. soc., 31 oct. 2007, n° 06-43.876, n° 2285 FS - P + B + R).
En l'espèce la Haute juridiction confirme l'analyse de la Cour d'appel, rejette le pourvoi de l'employeur et donne raison au salarié en affirmant que ce dernier ne disposait pas d'une réelle autonomie lui permettant de bénéficier d'une convention de forfait jours. Dès lors, par cette décision, la Cour de Cassation s'inscrit dans un courant jurisprudentiel bien établi, et permet d'apporter certaines précisions quant à la notion d'autonomie.
L'organisation d'un planning précis par l'employeur, élément contraire à l'application d'une convention de forfait jours.
Si la Haute juridiction rappelle la nécessité d'une autonomie réelle du cadre bénéficiant d'une convention de forfait en jours, elle précise cette notion en affirmant que le fait, pour le salarié cadre, de réaliser des tâches préalablement traitées par des commerciaux, de coopérer de manière constante avec d'autres corps de métiers, d'avoir un responsable, d'avoir des fonctions s'appliquant à des événements dont les modalités étaient préalablement connues, et d'avoir des planning précis quant au jours et tranches horaires pour la réalisation desdites fonctions, sont des notions permettant d'affirmer que le salarié n'était pas autonome dans la gestion de son travail, organisé et imposé par l'employeur. Ainsi l'existence de planning précis et d'horaires prédéfinies permettent d'écarter le bénéfice d'une convention de forfait jours et ainsi d'obtenir un rappel de salaire au titre d'heures supplémentaires.
Cass. Soc., 27 mars 201917-31.715
Les contours d'une autonomie dans l'organisation du travail, condition d'applicabilité du forfait jours, rappelées et précisées.
Dans cette affaire, un salarié couvreur-zingueur, travaillait du lundi au vendredi, et n'avait pas travaillé un jour de pont, suite à un jour férié.
L'employeur lui a alors demandé de récupérer ses heures perdues suite à cette interruption collective de travail un samedi, ce qu'il a refusé.
Le salarié a alors été licencié pour absence injustifiée, ce qu'il a contesté devant la juridiction prud'homale.
Pour ce faire, il prétendait que les modalités de mise en place de la récupération de ces heures perdues ne pouvaient s'effectuer que par le biais d'un accord collectif.
La Cour de cassation a rejeté cet argument, en rappelant que les modalités de la récupération de ces heures perdues peuvent être déterminées par un accord collectif d'entreprise ou d'établissement, ou à défaut, par convention ou accord de branche (article L.3121-51 du code du travail), mais qu'en l'absence d'accord, l'employeur peut décider que les heures perdues soient récupérées conformément aux règles fixées par décret (article L.3121-52 du code du travail).
Ainsi, en l'espèce, aucun accord collectif ou de branche n'ayant prévu les modalités de récupération d'un pont suite à un jour férié, l'employeur pouvait tout à fait décider que les heures perdues soient récupérées conformément aux règles fixées par décret à ce sujet, à savoir, l'ancien article R.3122-4 du code du travail, retranscrit au nouvel article R.3121-34 dudit code, prévoyant une récupération des heures perdues dans les 12 mois précédant ou suivant leur perte.
Le licenciement était donc bien justifié.
Cass. Soc. 20 février 2019, n°17-20651
Obligation pour le salarié de récupérer les heures perdues lors d'un pont suite à un jour férié
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Par un arrêt du 9 mai 2019, la chambre sociale de la Cour de cassation reconnait la possibilité à un salarié de conclure une rupture conventionnelle individuelle avec son employeur alors même qu'il a été définitivement déclaré inapte par le médecin du travail à la suite d'un accident du travail (Cass. soc., 9 mai 2019, n°17-28.767).
Du nouveau en matière d'inaptitude professionnelle : la signature d'une rupture conventionnelle individuelle est désormais possible !
Pour rappel, la chambre sociale de la Cour de cassation avait déjà
étendu le champ d'application de la rupture conventionnelle
individuelle par plusieurs arrêts. En effet, cette dernière a autorisé
la conclusion d'une rupture conventionnelle avec un salarié au
cours d'une période de suspension du contrat de travail,
notamment causée par :
- un arrêt maladie d'origine non-professionnelle (Cass. soc., 30
sept. 2013, n° 12-19.711) ;
- un arrêt maladie d'origine professionnelle, qu'il soit consécutif
à un accident du travail ou à une maladie professionnelle (Cass.
soc., 30 septembre 2014, n° 13-16.297 ; Cass. soc., 16 décembre
2015, n° 13-27.212) ;
- un congé maternité (Cass. soc., 25 mars 2015, n° 14-10.149).
Seule limite posée par la chambre sociale de la Cour de cassation,
la convention de rupture conventionnelle ne doit pas être
entachée de fraude ou d'un vice du consentement.
Sous cette même limite, la Cour a admis la possibilité pour un
employeur de conclure une rupture conventionnelle avec un
salarié déclaré apte avec réserves (Cass. soc., 28 mai 2014, n° 12-
28.082).
De même, la chambre sociale de la Cour de cassation a validé la
possibilité pour l'employeur de conclure une rupture
conventionnelle avec un salarié, postérieurement à son
ParisNathalie Maire et Aurélien Orsini
licenciement ou sa démission, sous réserve de la renonciation au dit
licenciement ou à la dite démission (Cass. soc., 3 mars 2015, n° 13-
20.549).
C'est dans cette même lignée que la Haute juridiction a de nouveau
étendu le champ d'application de ce mode de rupture amiable, et a
validé la conclusion d'une rupture conventionnelle avec un salarié
déclaré inapte par le médecin du travail (Cass. soc., 9 mai 2019, n°17-
28.767).
En l'espèce, une salariée victime d'un accident du travail avait été
déclarée inapte à son poste par le médecin du travail à l'issue de
deux examens médicaux des 1er et 16 avril 2014. Le 25 avril 2014,
cette même salariée signait une convention portant rupture
conventionnelle avec son employeur, convention qui était par la suite
homologuée par l'autorité administrative compétente. Or, suivant
Le seul moyen de se délivrer d'une
tentation, c'est d'y céder
Oscar Wilde
convention de rupture pouvait être valablement conclue par un salarié
déclaré inapte à son poste à la suite d'un accident du travail".
Cette solution est particulièrement tentante pour l'employeur car elle
lui permet désormais de rompre à l'amiable le contrat de travail d'un
salarié déclaré inapte à son poste à la suite d'un accident du travail.
Au regard des termes de l'arrêt, ce mode de rupture permettrait à
l'employeur de se dispenser de ses obligations procédurales en
matière d'inaptitude, pourtant d'ordre public, en particulier de son
obligation de reclassement (sauf cas strictement encadrés de
dispense).
Cependant, l'employeur devra garder à l'esprit que le salarié pourrait,
quant à lui, être tenté de contester a posteriori cette rupture
conventionnelle en invoquant un vice du consentement.
Ainsi, le caractère libre et éclairé du consentement du salarié sera
plus facilement remis en cause dans un contexte où l'employeur est
considéré comme responsable de la rupture, ce qui est le cas d'une
inaptitude d'origine professionnelle, et où le salarié est considéré
cette signature, la salariée a finalement sollicité son annulation au
motif pris qu'elle permettait à son employeur de contourner les
obligations d'ordre public encadrant l'inaptitude professionnelle
(l'obligation de reclassement et la procédure de licenciement pour
inaptitude visées par les articles L. 1226-10 à L. 1226-17 du Code du
travail).
Pourtant, la chambre sociale de la Cour de cassation confirme la
position de la Cour d'appel de Bordeaux et admet la possibilité de
conclure une rupture conventionnelle dans un tel cas, hors fraude ou
vice du consentement.
Ainsi, la Haute juridiction rejette le pourvoi de la salariée selon
l'attendu suivant :
"Mais attendu que la cour d'appel a retenu à bon droit que, sauf cas de
fraude ou de vice du consentement, non allégué en l'espèce, une
comme psychologiquement et physiquement plus fragile.
De surcroît, les juges pourraient être d'autant plus méfiants si
l'indemnité de rupture conventionnelle est strictement égale à
l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, alors même
qu'en cas de licenciement pour inaptitude professionnelle, le salarié
bénéficie d'une indemnité compensatrice d'un montant égal à celui
de l'indemnité compensatrice de préavis ainsi que d'une indemnité
spéciale de licenciement qui, sauf dispositions conventionnelles plus
favorables, est égale au double de l'indemnité légale de licenciement.
Pour autant, l'employeur ne devra pas se priver de la nouvelle voie
offerte par la Cour de cassation mais sera avisé :
- d'une part, de se ménager la preuve du consentement libre et
éclairé du salarié, en l'informant quant au régime protecteur lié à la
déclaration d'inaptitude auquel il renonce en acceptant de conclure
une convention de rupture conventionnelle ;
- d'autre part, d'allouer au salarié une indemnité de rupture
conventionnelle au moins égale à celles du licenciement pour
inaptitude d'origine professionnelle.
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L’ACTU by
Dro
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roit
soci
al
Par un arrêt du 9 mai 2019, la chambre sociale de la Cour de cassation reconnait la possibilité à un salarié de conclure une rupture conventionnelle individuelle avec son employeur alors même qu'il a été définitivement déclaré inapte par le médecin du travail à la suite d'un accident du travail (Cass. soc., 9 mai 2019, n°17-28.767).
Du nouveau en matière d'inaptitude professionnelle : la signature d'une rupture conventionnelle individuelle est désormais possible !
Pour rappel, la chambre sociale de la Cour de cassation avait déjà
étendu le champ d'application de la rupture conventionnelle
individuelle par plusieurs arrêts. En effet, cette dernière a autorisé
la conclusion d'une rupture conventionnelle avec un salarié au
cours d'une période de suspension du contrat de travail,
notamment causée par :
- un arrêt maladie d'origine non-professionnelle (Cass. soc., 30
sept. 2013, n° 12-19.711) ;
- un arrêt maladie d'origine professionnelle, qu'il soit consécutif
à un accident du travail ou à une maladie professionnelle (Cass.
soc., 30 septembre 2014, n° 13-16.297 ; Cass. soc., 16 décembre
2015, n° 13-27.212) ;
- un congé maternité (Cass. soc., 25 mars 2015, n° 14-10.149).
Seule limite posée par la chambre sociale de la Cour de cassation,
la convention de rupture conventionnelle ne doit pas être
entachée de fraude ou d'un vice du consentement.
Sous cette même limite, la Cour a admis la possibilité pour un
employeur de conclure une rupture conventionnelle avec un
salarié déclaré apte avec réserves (Cass. soc., 28 mai 2014, n° 12-
28.082).
De même, la chambre sociale de la Cour de cassation a validé la
possibilité pour l'employeur de conclure une rupture
conventionnelle avec un salarié, postérieurement à son
ParisNathalie Maire et Aurélien Orsini
licenciement ou sa démission, sous réserve de la renonciation au dit
licenciement ou à la dite démission (Cass. soc., 3 mars 2015, n° 13-
20.549).
C'est dans cette même lignée que la Haute juridiction a de nouveau
étendu le champ d'application de ce mode de rupture amiable, et a
validé la conclusion d'une rupture conventionnelle avec un salarié
déclaré inapte par le médecin du travail (Cass. soc., 9 mai 2019, n°17-
28.767).
En l'espèce, une salariée victime d'un accident du travail avait été
déclarée inapte à son poste par le médecin du travail à l'issue de
deux examens médicaux des 1er et 16 avril 2014. Le 25 avril 2014,
cette même salariée signait une convention portant rupture
conventionnelle avec son employeur, convention qui était par la suite
homologuée par l'autorité administrative compétente. Or, suivant
Le seul moyen de se délivrer d'une
tentation, c'est d'y céder
Oscar Wilde
convention de rupture pouvait être valablement conclue par un salarié
déclaré inapte à son poste à la suite d'un accident du travail".
Cette solution est particulièrement tentante pour l'employeur car elle
lui permet désormais de rompre à l'amiable le contrat de travail d'un
salarié déclaré inapte à son poste à la suite d'un accident du travail.
Au regard des termes de l'arrêt, ce mode de rupture permettrait à
l'employeur de se dispenser de ses obligations procédurales en
matière d'inaptitude, pourtant d'ordre public, en particulier de son
obligation de reclassement (sauf cas strictement encadrés de
dispense).
Cependant, l'employeur devra garder à l'esprit que le salarié pourrait,
quant à lui, être tenté de contester a posteriori cette rupture
conventionnelle en invoquant un vice du consentement.
Ainsi, le caractère libre et éclairé du consentement du salarié sera
plus facilement remis en cause dans un contexte où l'employeur est
considéré comme responsable de la rupture, ce qui est le cas d'une
inaptitude d'origine professionnelle, et où le salarié est considéré
cette signature, la salariée a finalement sollicité son annulation au
motif pris qu'elle permettait à son employeur de contourner les
obligations d'ordre public encadrant l'inaptitude professionnelle
(l'obligation de reclassement et la procédure de licenciement pour
inaptitude visées par les articles L. 1226-10 à L. 1226-17 du Code du
travail).
Pourtant, la chambre sociale de la Cour de cassation confirme la
position de la Cour d'appel de Bordeaux et admet la possibilité de
conclure une rupture conventionnelle dans un tel cas, hors fraude ou
vice du consentement.
Ainsi, la Haute juridiction rejette le pourvoi de la salariée selon
l'attendu suivant :
"Mais attendu que la cour d'appel a retenu à bon droit que, sauf cas de
fraude ou de vice du consentement, non allégué en l'espèce, une
comme psychologiquement et physiquement plus fragile.
De surcroît, les juges pourraient être d'autant plus méfiants si
l'indemnité de rupture conventionnelle est strictement égale à
l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, alors même
qu'en cas de licenciement pour inaptitude professionnelle, le salarié
bénéficie d'une indemnité compensatrice d'un montant égal à celui
de l'indemnité compensatrice de préavis ainsi que d'une indemnité
spéciale de licenciement qui, sauf dispositions conventionnelles plus
favorables, est égale au double de l'indemnité légale de licenciement.
Pour autant, l'employeur ne devra pas se priver de la nouvelle voie
offerte par la Cour de cassation mais sera avisé :
- d'une part, de se ménager la preuve du consentement libre et
éclairé du salarié, en l'informant quant au régime protecteur lié à la
déclaration d'inaptitude auquel il renonce en acceptant de conclure
une convention de rupture conventionnelle ;
- d'autre part, d'allouer au salarié une indemnité de rupture
conventionnelle au moins égale à celles du licenciement pour
inaptitude d'origine professionnelle.
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StrasbourgValérie Reynaud
Ajoutant une pièce fort intéressante au
puzzle complexe du régime de
l'inaptitude, la Cour de cassation
confirme, dans un arrêt du 9 mai dernier
que le salarié victime d'un accident du
travail peut valablement négocier la
rupture de son contrat de travail, ceci
même après le constat de son inaptitude
par le médecin du travail.
En marge des réticences compréhensibles de la
pratique, cette solution de la haute juridiction
remet en cause plusieurs décisions rendues par
les juges du fond, ayant précédemment exclu
par principe le recours à la rupture
conventionnelle lorsqu'une procédure
d'inaptitude était en cours.
Elle remet notamment en cause, un arrêt de la
cour d'appel de Poitiers ayant annulé une
rupture conventionnelle signée par un salarié
entre les deux visites de reprise, au motif que
c'était l'imminence de la déclaration
d'inaptitude qui avait conduit l'employeur à
proposer une rupture conventionnelle au
salarié dans le but d'éluder son obligation de
reclassement dés lors que le montant de
l'indemnité spécifique de rupture
conventionnelle était inférieur à celui de
l'indemnité de licenciement majorée due en
cas licenciement pour inaptitude physique
CA Poitiers 28-3-2012 no 10-02441
Rappelons que la Cour avait déjà admis cette
possibilité à propos d'un salarié ayant conclu
une rupture conventionnelle pendant la
période de suspension de son contrat de
travail consécutive à l'accident.
Cass. soc. 30-9-2014 no 13-16.297 FS-PBR : RJS
12/14 no 855).
La haute juridiction avait également admis la
possibilité de conclure une rupture
conventionnelle avec un salarié déclaré apte
avec réserves à la reprise du travail, à défaut
pour ce dernier d'avoir prouvé que l'employeur
avait en réalité voulu éluder les dispositions du
Code du travail relatives à la réintégration du
salarié apte
Cass. soc. 28-5-2014 no 12-28.082 FS-PB
Cette fois cependant la solution va encore
au delà dans la mesure où la convention de
rupture avait été signée par les parties après
l'avis d'inaptitude d'origine professionnelle,
l'examen médical de reprise ayant mis fin à
la période de suspension du contrat de
travail de la salarié (2).
Il faut bien sûr se réjouir de l'intervention de
cet Arrêt, conforme à l'esprit comme à la lettre
des textes régissant de la rupture
conventionnelle.
Si sa portée juridique et judiciaire s'avère
essentielle, son impact dans la pratique des
ruptures devrait cependant être relatif.
En droit, la portée d'un tel arrêt s'avère essentielle.
D'abord, parce qu'il rappelle, à bon escient,
le principe de liberté contractuelle régissant
les relations entre les parties à la relation de
travail, et ce malgré le principe de protection
du salarié, partie faible au contrat.
Dans cette espèce, statuant sur un pourvoi formé contre un Arrêt rendu le 4
octobre 2017 par la chambre sociale de la Cour d'appel de Bordeaux
(section A), une salariée, victime d'un accident du travail l'ayant conduit à
être déclarée inapte à son poste de travail par deux examens des 1 et 16 avril
2014, remettait en cause la convention de rupture signée avec son
employeur le 25 avril 2014.
La salariée invoquait à titre principal la «méconnaissance "des obligations
spécifiques d'ordre public" mises à la charge de l'employeur par les articles L.
1226-10 et L. 1226-12 du code du travail au profit du salarié régulièrement
déclaré inapte à son emploi à la suite d'un accident du travail, ayant pour
conséquence la nullité de la rupture conventionnelle du contrat de travail,
en raison du caractère illicite de son objet.
La salariée excipait subsidiairement de la nullité de la rupture
conventionnelle pour non remise d'un exemplaire de la convention de
rupture.
La Chambre sociale confirme le débouté prononcé par les juges du fond, et
rejette le pourvoi formé par la salariée, lui imposant les dépens.
Le moyen afférent à la non remise alléguée de la convention de rupture est
rejeté sans motivation comme n'étant "manifestement pas de nature à
entraîner la cassation"(1).
Par une telle décision, la Cour de cassation admet donc la validité de la
rupture conventionnelle homologuée conclue avec un salarié victime
d'une inaptitude physique, sauf preuve d'une fraude ou d'un vice du
consentement.
La portée de l'arrêt est d'autant plus intéressante qu'elle concerne une
hypothèse d'inaptitude consécutive à un accident du travail et porte donc
sur une inaptitude d'origine professionnelle.
On notera à cet égard que la Chambre
Sociale approuve la Cour d'Appel d'avoir
relevé que "les parties disposent en effet
d'une totale liberté pour conclure une
convention de rupture d'un commun accord,
que ce soit pendant la période de
suspension ou après celle ci".
Ensuite, parce que permettre aux parties de
conclure une rupture conventionnelle dans
un tel contexte, c'est admettre que le régime
juridique protecteur de l'inaptitude puise
écarté.
En cas de reconnaissance de l'inaptitude
physique du salarié, le code du travail impose
en effet un dispositif très protecteur visant à
préserver l'employabilité de ce dernier, mais
également ses intérêts pécuniaires.
Ce régime comporte notamment l'obligation
pour l'employeur, sauf exception très encadrée,
de rechercher un poste de reclassement, de
reprendre le versement du salaire à défaut de
reclassement ou de rupture du contrat de
travail dans le délai d'un mois, avec la
possibilité pour le salarié d'engager la
procédure de licenciement uniquement en cas
de justification de l'impossibilité de
reclassement.
En outre, et s'agissant des indemnités de
rupture, le salarié dont le reclassement s'avère
impossible suite à une inaptitude d'origine
professionnelle a droit à l'indemnité spécifique
de licenciement (égale au double de
l'indemnité légale de licenciement) et à
l'indemnité compensatrice (égale à l'indemnité
compensatrice de préavis légale) prévues par
l'article L 1226-14 du Code du travail.
Or, et dés lors que les parties sont fondées à
écarter dans le cadre de la rupture
conventionnelle le corpus juridique lié à
l'inaptitude physique, le régime indemnitaire
afférent devrait logiquement pouvoir être
écarté.
Il résulte donc de cette décision que
l'indemnité spéciale de rupture de l'article
L. 1226-14 du code du travail peut être
écartée au profit l'indemnité de rupture
conventionnelle (au moins égale à
l'indemnité légale de licenciement ou, dans
entreprises relevant de branches d'activité
représentées par le Medef, la CGPME ou
l'UPA à l'indemnité conventionnelle de
licenciement si elle est supérieure).
Enfin, sur le terrain de la charge de la
preuve, la Chambre sociale rappelle qu'il
appartient bien à la partie qui remet en
cause la rupture conventionnelle négociée –
donc a priori le salarié- de rapporter la
preuve de la fraude ou du vice qu'elle
invoque, le contexte d'inaptitude ne justifiant
pas, l'instauration d'un régime aménagé.
La portée d'une telle décision doit
cependant être relativisée par le rappel des
exceptions effectué.
S'agissant de la fraude, les hauts Magistrats,
uniquement saisis de cette problématique ont
considéré que la preuve de la fraude de
l'employeur n'était pas rapportée, relevant
notamment le délai de rétractation de 15 jours
dont disposait la salariée avant l'homologation
de la convention de rupture.
Par ailleurs, au cas d'espèce, aucun vice du
consentement (erreur, dol ou violence) n'était
allégué par le salarié.
Sur un tel fondement cependant, le salarié
inapte invoquera aisément la fragilité de son
état de santé ayant altéré son discernement ou
son libre arbitre lors de la conclusion de la
convention.
Un tel argument trouvera naturellement un
accueil plus favorable auprès des juges du fond
si l'accident du travail, ou la maladie
professionnelle, à l'origine de l'inaptitude est
lié à des troubles psychiques consécutifs à ses
conditions ou à sa charge de travail.
Cet aspect sera d'autant plus complexe pour
l'employeur qui devra composer avec le secret
médical que le salarié comme le médecin du
travail lui opposeront.
Mais il convient de ne pas négliger le simple
"dol par réticence" résultant du silence
conservé par l'employeur, qui pourrait
aisément être invoqué par le salarié, ayant
"découvert" ultérieurement ses droits
consécutifs à la reconnaissance de l'inaptitude.
En pareille hypothèse, il conviendra donc de
veiller à rédiger une convention de rupture
circonstanciée actant cette pleine
information des parties à la convention de
rupture, et les motifs les conduisant à
envisager ce mode de rupture dans un tel
contexte.
En conclusion, si ce récent arrêt revêt
clairement une importance capitale en matière
de construction du nouveau régime de
l'inaptitude, il demeure fondamental en
pratique, dans de telles hypothèses :
1 De prévoir le versement d'une indemnité de
rupture conventionnelle au moins égale aux
indemnités dues au salarié en cas de
licenciement pour inaptitude physique.
2 De cerner précisément dans le cadre de la
convention de rupture les circonstances dans
lesquelles est intervenue la reconnaissance
d'inaptitude, et les conséquences financières
d'une telle reconnaissance pour le salarié,
ceci afin de prévenir toute remise en cause
ultérieure fondée sur la fraude ou le dol,
possible en vertu de l'article L. 1237-14 du
code du travail dans les 12 mois de
l'homologation.
Cet arrêt rappelle le principe de liberté
contractuelle.
(1) L'Arrêt contesté avait retenu sur ce point que la convention mentionnait avoir été établie en 3 exemplaires dont l'un remis à la salariée, et que cette dernière n'avait jamais évoqué un tel argument avant la saisine prud'homale.
(2) Il s'agissait en l'espèce du régime antérieur prévoyant 2 examens espacés de 15 jours
Rej. Soc. 09.05.2019. n°17-28.767 FS-PB, T. c/ Sté AFR France
Rupture conventionnelle après une inaptitude : si c'est possible !
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StrasbourgValérie Reynaud
Ajoutant une pièce fort intéressante au
puzzle complexe du régime de
l'inaptitude, la Cour de cassation
confirme, dans un arrêt du 9 mai dernier
que le salarié victime d'un accident du
travail peut valablement négocier la
rupture de son contrat de travail, ceci
même après le constat de son inaptitude
par le médecin du travail.
En marge des réticences compréhensibles de la
pratique, cette solution de la haute juridiction
remet en cause plusieurs décisions rendues par
les juges du fond, ayant précédemment exclu
par principe le recours à la rupture
conventionnelle lorsqu'une procédure
d'inaptitude était en cours.
Elle remet notamment en cause, un arrêt de la
cour d'appel de Poitiers ayant annulé une
rupture conventionnelle signée par un salarié
entre les deux visites de reprise, au motif que
c'était l'imminence de la déclaration
d'inaptitude qui avait conduit l'employeur à
proposer une rupture conventionnelle au
salarié dans le but d'éluder son obligation de
reclassement dés lors que le montant de
l'indemnité spécifique de rupture
conventionnelle était inférieur à celui de
l'indemnité de licenciement majorée due en
cas licenciement pour inaptitude physique
CA Poitiers 28-3-2012 no 10-02441
Rappelons que la Cour avait déjà admis cette
possibilité à propos d'un salarié ayant conclu
une rupture conventionnelle pendant la
période de suspension de son contrat de
travail consécutive à l'accident.
Cass. soc. 30-9-2014 no 13-16.297 FS-PBR : RJS
12/14 no 855).
La haute juridiction avait également admis la
possibilité de conclure une rupture
conventionnelle avec un salarié déclaré apte
avec réserves à la reprise du travail, à défaut
pour ce dernier d'avoir prouvé que l'employeur
avait en réalité voulu éluder les dispositions du
Code du travail relatives à la réintégration du
salarié apte
Cass. soc. 28-5-2014 no 12-28.082 FS-PB
Cette fois cependant la solution va encore
au delà dans la mesure où la convention de
rupture avait été signée par les parties après
l'avis d'inaptitude d'origine professionnelle,
l'examen médical de reprise ayant mis fin à
la période de suspension du contrat de
travail de la salarié (2).
Il faut bien sûr se réjouir de l'intervention de
cet Arrêt, conforme à l'esprit comme à la lettre
des textes régissant de la rupture
conventionnelle.
Si sa portée juridique et judiciaire s'avère
essentielle, son impact dans la pratique des
ruptures devrait cependant être relatif.
En droit, la portée d'un tel arrêt s'avère essentielle.
D'abord, parce qu'il rappelle, à bon escient,
le principe de liberté contractuelle régissant
les relations entre les parties à la relation de
travail, et ce malgré le principe de protection
du salarié, partie faible au contrat.
Dans cette espèce, statuant sur un pourvoi formé contre un Arrêt rendu le 4
octobre 2017 par la chambre sociale de la Cour d'appel de Bordeaux
(section A), une salariée, victime d'un accident du travail l'ayant conduit à
être déclarée inapte à son poste de travail par deux examens des 1 et 16 avril
2014, remettait en cause la convention de rupture signée avec son
employeur le 25 avril 2014.
La salariée invoquait à titre principal la «méconnaissance "des obligations
spécifiques d'ordre public" mises à la charge de l'employeur par les articles L.
1226-10 et L. 1226-12 du code du travail au profit du salarié régulièrement
déclaré inapte à son emploi à la suite d'un accident du travail, ayant pour
conséquence la nullité de la rupture conventionnelle du contrat de travail,
en raison du caractère illicite de son objet.
La salariée excipait subsidiairement de la nullité de la rupture
conventionnelle pour non remise d'un exemplaire de la convention de
rupture.
La Chambre sociale confirme le débouté prononcé par les juges du fond, et
rejette le pourvoi formé par la salariée, lui imposant les dépens.
Le moyen afférent à la non remise alléguée de la convention de rupture est
rejeté sans motivation comme n'étant "manifestement pas de nature à
entraîner la cassation"(1).
Par une telle décision, la Cour de cassation admet donc la validité de la
rupture conventionnelle homologuée conclue avec un salarié victime
d'une inaptitude physique, sauf preuve d'une fraude ou d'un vice du
consentement.
La portée de l'arrêt est d'autant plus intéressante qu'elle concerne une
hypothèse d'inaptitude consécutive à un accident du travail et porte donc
sur une inaptitude d'origine professionnelle.
On notera à cet égard que la Chambre
Sociale approuve la Cour d'Appel d'avoir
relevé que "les parties disposent en effet
d'une totale liberté pour conclure une
convention de rupture d'un commun accord,
que ce soit pendant la période de
suspension ou après celle ci".
Ensuite, parce que permettre aux parties de
conclure une rupture conventionnelle dans
un tel contexte, c'est admettre que le régime
juridique protecteur de l'inaptitude puise
écarté.
En cas de reconnaissance de l'inaptitude
physique du salarié, le code du travail impose
en effet un dispositif très protecteur visant à
préserver l'employabilité de ce dernier, mais
également ses intérêts pécuniaires.
Ce régime comporte notamment l'obligation
pour l'employeur, sauf exception très encadrée,
de rechercher un poste de reclassement, de
reprendre le versement du salaire à défaut de
reclassement ou de rupture du contrat de
travail dans le délai d'un mois, avec la
possibilité pour le salarié d'engager la
procédure de licenciement uniquement en cas
de justification de l'impossibilité de
reclassement.
En outre, et s'agissant des indemnités de
rupture, le salarié dont le reclassement s'avère
impossible suite à une inaptitude d'origine
professionnelle a droit à l'indemnité spécifique
de licenciement (égale au double de
l'indemnité légale de licenciement) et à
l'indemnité compensatrice (égale à l'indemnité
compensatrice de préavis légale) prévues par
l'article L 1226-14 du Code du travail.
Or, et dés lors que les parties sont fondées à
écarter dans le cadre de la rupture
conventionnelle le corpus juridique lié à
l'inaptitude physique, le régime indemnitaire
afférent devrait logiquement pouvoir être
écarté.
Il résulte donc de cette décision que
l'indemnité spéciale de rupture de l'article
L. 1226-14 du code du travail peut être
écartée au profit l'indemnité de rupture
conventionnelle (au moins égale à
l'indemnité légale de licenciement ou, dans
entreprises relevant de branches d'activité
représentées par le Medef, la CGPME ou
l'UPA à l'indemnité conventionnelle de
licenciement si elle est supérieure).
Enfin, sur le terrain de la charge de la
preuve, la Chambre sociale rappelle qu'il
appartient bien à la partie qui remet en
cause la rupture conventionnelle négociée –
donc a priori le salarié- de rapporter la
preuve de la fraude ou du vice qu'elle
invoque, le contexte d'inaptitude ne justifiant
pas, l'instauration d'un régime aménagé.
La portée d'une telle décision doit
cependant être relativisée par le rappel des
exceptions effectué.
S'agissant de la fraude, les hauts Magistrats,
uniquement saisis de cette problématique ont
considéré que la preuve de la fraude de
l'employeur n'était pas rapportée, relevant
notamment le délai de rétractation de 15 jours
dont disposait la salariée avant l'homologation
de la convention de rupture.
Par ailleurs, au cas d'espèce, aucun vice du
consentement (erreur, dol ou violence) n'était
allégué par le salarié.
Sur un tel fondement cependant, le salarié
inapte invoquera aisément la fragilité de son
état de santé ayant altéré son discernement ou
son libre arbitre lors de la conclusion de la
convention.
Un tel argument trouvera naturellement un
accueil plus favorable auprès des juges du fond
si l'accident du travail, ou la maladie
professionnelle, à l'origine de l'inaptitude est
lié à des troubles psychiques consécutifs à ses
conditions ou à sa charge de travail.
Cet aspect sera d'autant plus complexe pour
l'employeur qui devra composer avec le secret
médical que le salarié comme le médecin du
travail lui opposeront.
Mais il convient de ne pas négliger le simple
"dol par réticence" résultant du silence
conservé par l'employeur, qui pourrait
aisément être invoqué par le salarié, ayant
"découvert" ultérieurement ses droits
consécutifs à la reconnaissance de l'inaptitude.
En pareille hypothèse, il conviendra donc de
veiller à rédiger une convention de rupture
circonstanciée actant cette pleine
information des parties à la convention de
rupture, et les motifs les conduisant à
envisager ce mode de rupture dans un tel
contexte.
En conclusion, si ce récent arrêt revêt
clairement une importance capitale en matière
de construction du nouveau régime de
l'inaptitude, il demeure fondamental en
pratique, dans de telles hypothèses :
1 De prévoir le versement d'une indemnité de
rupture conventionnelle au moins égale aux
indemnités dues au salarié en cas de
licenciement pour inaptitude physique.
2 De cerner précisément dans le cadre de la
convention de rupture les circonstances dans
lesquelles est intervenue la reconnaissance
d'inaptitude, et les conséquences financières
d'une telle reconnaissance pour le salarié,
ceci afin de prévenir toute remise en cause
ultérieure fondée sur la fraude ou le dol,
possible en vertu de l'article L. 1237-14 du
code du travail dans les 12 mois de
l'homologation.
Cet arrêt rappelle le principe de liberté
contractuelle.
(1) L'Arrêt contesté avait retenu sur ce point que la convention mentionnait avoir été établie en 3 exemplaires dont l'un remis à la salariée, et que cette dernière n'avait jamais évoqué un tel argument avant la saisine prud'homale.
(2) Il s'agissait en l'espèce du régime antérieur prévoyant 2 examens espacés de 15 jours
Rej. Soc. 09.05.2019. n°17-28.767 FS-PB, T. c/ Sté AFR France
Rupture conventionnelle après une inaptitude : si c'est possible !
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Non, nous n'allons pas vous parler d'un air connu des années 90, mais d'une initiative de l'ordre des avocats du barreau de Paris, engagée en 2016, et dans laquelle nous nous engageons pleinement.
Alors Zen Prud'hommes, qu'est-ce que c'est ? On vous dit tout !
Pour donner un surplus de dynamisme aux ambitions de cette réforme, l'ordre des avocats du barreau de Paris a estimé que l'on pouvait améliorer les délais de procédure, souvent allongés par les demandes de renvois et incidents de mise en état.
L'ordre a donc sollicité la mise en place d'une permanence ordinale dénommée "Zen Prud'hommes" auprès du conseil de prud'hommes de Paris, dont la mission est de résoudre les conflits entre avocats afin de réduire, voire d'éliminer les difficultés devant le bureau de jugement.
Les avocats qui animent cette permanence interviennent en médiateurs, sur saisine d'un confrère, et rendent un avis officiel pouvant être soumis au conseil de prud'hommes. Ces avis sont fondés sur la charte Zen Prud'hommes qui reprend les textes fondamentaux de procédure civile et prud'homale en y ajoutant des recommandations de bonne conduite, en l'occurrence calqués sur les pratiques de la cour d'appel (notamment le respect d'un délai minimum de 2 mois pour communiquer).
La prise en considération de difficultés graves rencontrées par certains de nos confrères (maladie, événements personnels…) peut en outre être traitée de façon plus apaisée.
Le retour d'expérience montre déjà que le conseil de prud'hommes suit généralement les avis rendus par les
représentants Zen Prud'hommes, ce qui a conduit à
augmenter le nombre d'avocats permanents et à rendre
plus systématique l'intervention de ces pacificateurs et
régulateurs de la procédure.
Juridiction, justiciables, avocats : tout le monde y a un
intérêt évident !
Votre humble servitrice a désormais l'honneur de faire
partie de Zen Prud'hommes et d'y porter les valeurs du
cabinet NMCG afin de poursuivre le progrès en matière
de justice prud'homale.
Zen, soyons Zen Prud'hommes !
Zen Prud'hommes repose sur un mécanisme d'avis non contraignant mais qui fait consensus et que le conseil de prud'hommes tend généralement à suivre en pratique.
Il subsiste un attachement fort à ce qui fait la spécificité de la justice prud'homale en France : conseillers issus du monde professionnel (et non de la magistrature), principe de parité des juges, accès sans avocat. Jusque dans ses prolongements judiciaires, le monde du travail a ses codes que certains codes ignorent !
Pour autant, la justice prud'homale est l'objet de critiques récurrentes et anciennes : utilité et efficacité de l'audience de conciliation, absence de mise en état, délais d'audiencement et de traitement des dossiers, conflits entre les principes d'oralité des débats et du contradictoire, taux d'appel de l'ordre de 65 %, disparité des décisions selon les conseils de prud'hommes…Salarié ou entreprise, des deux côtés de la barre, l'une ou l'autre de ces réflexions s'est posée à
ceux et celles qui ont expérimenté le contentieux prud'homal.
La loi n°2015-990 du 6 août 2015, sur la croissance, l'activité et l'égalité des chances a été l'occasion de s'emparer de ce sujet. Un décret du 20 mai 2016 relatif à la justice prud'homale et au traitement judiciaire du contentieux du travail en a précisé le dispositif.
Cette réforme a apporté des modifications importantes telles que (sans être exhaustifs mais pour les éléments les plus marquants) la saisine par requête, la nécessité de conclure en fait et en droit lorsque l'on est représenté par un avocat, l'instauration d'une mise en état préalablement aux plaidoiries, un élargissement des prérogatives du bureau de conciliation et d'orientation.
Gaëlle Merignac et Sophie Viollet Paris
Taux d'appel de l'ordre de 65%, durée moyenne de traitement des dossiers
de 16 à 28 mois...conseillers, greffiers, avocats et justiciables ont
tous intérêt à une évolution de la justice prud'homale.
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Non, nous n'allons pas vous parler d'un air connu des années 90, mais d'une initiative de l'ordre des avocats du barreau de Paris, engagée en 2016, et dans laquelle nous nous engageons pleinement.
Alors Zen Prud'hommes, qu'est-ce que c'est ? On vous dit tout !
Pour donner un surplus de dynamisme aux ambitions de cette réforme, l'ordre des avocats du barreau de Paris a estimé que l'on pouvait améliorer les délais de procédure, souvent allongés par les demandes de renvois et incidents de mise en état.
L'ordre a donc sollicité la mise en place d'une permanence ordinale dénommée "Zen Prud'hommes" auprès du conseil de prud'hommes de Paris, dont la mission est de résoudre les conflits entre avocats afin de réduire, voire d'éliminer les difficultés devant le bureau de jugement.
Les avocats qui animent cette permanence interviennent en médiateurs, sur saisine d'un confrère, et rendent un avis officiel pouvant être soumis au conseil de prud'hommes. Ces avis sont fondés sur la charte Zen Prud'hommes qui reprend les textes fondamentaux de procédure civile et prud'homale en y ajoutant des recommandations de bonne conduite, en l'occurrence calqués sur les pratiques de la cour d'appel (notamment le respect d'un délai minimum de 2 mois pour communiquer).
La prise en considération de difficultés graves rencontrées par certains de nos confrères (maladie, événements personnels…) peut en outre être traitée de façon plus apaisée.
Le retour d'expérience montre déjà que le conseil de prud'hommes suit généralement les avis rendus par les
représentants Zen Prud'hommes, ce qui a conduit à
augmenter le nombre d'avocats permanents et à rendre
plus systématique l'intervention de ces pacificateurs et
régulateurs de la procédure.
Juridiction, justiciables, avocats : tout le monde y a un
intérêt évident !
Votre humble servitrice a désormais l'honneur de faire
partie de Zen Prud'hommes et d'y porter les valeurs du
cabinet NMCG afin de poursuivre le progrès en matière
de justice prud'homale.
Zen, soyons Zen Prud'hommes !
Zen Prud'hommes repose sur un mécanisme d'avis non contraignant mais qui fait consensus et que le conseil de prud'hommes tend généralement à suivre en pratique.
Il subsiste un attachement fort à ce qui fait la spécificité de la justice prud'homale en France : conseillers issus du monde professionnel (et non de la magistrature), principe de parité des juges, accès sans avocat. Jusque dans ses prolongements judiciaires, le monde du travail a ses codes que certains codes ignorent !
Pour autant, la justice prud'homale est l'objet de critiques récurrentes et anciennes : utilité et efficacité de l'audience de conciliation, absence de mise en état, délais d'audiencement et de traitement des dossiers, conflits entre les principes d'oralité des débats et du contradictoire, taux d'appel de l'ordre de 65 %, disparité des décisions selon les conseils de prud'hommes…Salarié ou entreprise, des deux côtés de la barre, l'une ou l'autre de ces réflexions s'est posée à
ceux et celles qui ont expérimenté le contentieux prud'homal.
La loi n°2015-990 du 6 août 2015, sur la croissance, l'activité et l'égalité des chances a été l'occasion de s'emparer de ce sujet. Un décret du 20 mai 2016 relatif à la justice prud'homale et au traitement judiciaire du contentieux du travail en a précisé le dispositif.
Cette réforme a apporté des modifications importantes telles que (sans être exhaustifs mais pour les éléments les plus marquants) la saisine par requête, la nécessité de conclure en fait et en droit lorsque l'on est représenté par un avocat, l'instauration d'une mise en état préalablement aux plaidoiries, un élargissement des prérogatives du bureau de conciliation et d'orientation.
Gaëlle Merignac et Sophie Viollet Paris
Taux d'appel de l'ordre de 65%, durée moyenne de traitement des dossiers
de 16 à 28 mois...conseillers, greffiers, avocats et justiciables ont
tous intérêt à une évolution de la justice prud'homale.
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Les principales modifications apportées par l'ordonnance
sont relatives aux conditions générales de vente, aux règles
de facturation et aux pratiques restrictives de concurrence.
I. Les règles relatives aux conditions générales de venteLes dispositions relatives aux conditions générales de vente
(CGV) étaient auparavant éparpillées dans plusieurs articles
du code du commerce. Tel n'est plus le cas depuis
l'ordonnance du 25 avril 2019 qui leur consacre un article
spécifique : l'article L.441-1.
Ce nouvel article est divisé en quatre points distincts : le
contenu des CGV, l'obligation de communication des CGV,
II. Les règles relatives à la facturationEn matière de facturation, l'ordonnance avait pour principal
objectif d'harmoniser les règles du commerce avec celles du
code général des impôts, dont la rédaction des dispositions
pouvait prêter à confusion concernant la détermination de la
date d'émission de la facture.
En effet, alors que l'article L.441-3 du code de commerce
prévoyait que le vendeur devait délivrer la facture dès la
réalisation de la vente ou de la prestation de service, l'article 289
du code des impôts prévoyait que la date d'émission de la
facture correspondait à la date de livraison ou de la prestation de
services.
L'ordonnance du 25 avril 2019, par le biais du nouvel article
L.441-9-1 du code de commerce, prévoit désormais une date
unique de facturation : la date de la réalisation de la livraison ou
de la prestation de services.
Aussi, afin de faciliter le traitement des factures et de réduire les
délais de paiement, l'ordonnance ajoute deux nouvelles
mentions obligatoires dans les factures :
- l'adresse de facturation du vendeur et de l'acheteur si celle-ci
est différente de leur adresse et,
- le numéro de bon de commande si celui-ci a préalablement été
établi par l'acheteur.
liste des pratiques restrictives est recentrée autour des trois
pratiques suivantes :
- l'obtention d'un avantage sans contrepartie ou manifestement
disproportionné,
- le déséquilibre significatif,
- la rupture brutale de relations commerciales établies.
1. L'abandon de la notion de partenaire commercial
En matière d'obtention d'un avantage sans contrepartie ou
manifestement disproportionné et de déséquilibre significatif,
l'ordonnance remplace la notion de "partenaire commercial" par
"l'autre partie". Cette modification élargit considérablement le
champ des cocontractants victimes de ces pratiques.
En effet, la notion de "partenaire commercial" était un frein à ces
actions, puisque celle-ci était interprétée de manière restrictive
par les juridictions.
Désormais, il n'y aura plus besoin de prouver cette qualité : il
suffira de justifier d'un lien contractuel afin d'intenter une action
en déséquilibre significatif ou en obtention d'un avantage sans
contrepartie ou manifestement disproportionné contre un
cocontractant.
2. La durée du préavis dans le cadre de rupture brutale de relations commerciales établies
L'ordonnance du 25 avril 2019 instaure une limitation de
responsabilité de l'auteur d'une rupture brutale de relations
commerciales. En effet, l'action en rupture brutale de relations
commerciales ne pourra désormais plus être invoquée pour cause
de durée insuffisante du préavis dès lors qu'un préavis de dix-huit
mois a été respecté.
Cette modification aura donc pour effet de restreindre la
possibilité d'une action. En effet, puisque cette notion relève de
l'appréciation des juges, il était autrefois possible d'argumenter
qu'un préavis, même supérieur à dix-huit mois, n'était pas
suffisant, au vu de la durée des relations commerciales, ou du
degré de dépendance économique, par exemple.
Désormais, une telle action ne pourra pas prospérer si le
partenaire commercial a bien respecté un préavis d'au moins dix-
huit mois.
Par ailleurs, le préavis était doublé dans le cas de rupture de
relations commerciales portant sur des produits sous marque de
distributeur. L'ordonnance du 25 avril 2019 est venue supprimer
le doublement du préavis à ce titre.
Ainsi, ces nouvelles règles doivent être prises en compte avant
toute signature d'un nouveau contrat. En effet, l'ordonnance est
entrée en vigueur le 26 avril 2019 et est applicable à tous les
contrats et avenants conclus postérieurement à cette date, même
si les avenants en question concernent une convention conclue
antérieurement. En ce qui concerne les factures émises par les
professionnels, celles-ci devront être conformes aux nouvelles
règles de facturation à compter du 1er octobre 2019.
leur rôle de socle de la négociation commerciale et la sanction
en cas d'absence de communication des CGV.
C'est en ce dernier point que se trouve la modification
majeure. En effet, la sanction, pouvant s'élever à 15.000 € pour
une personne physique et 75.000 € pour une personne morale,
autrefois civile est désormais administrative.
Par conséquent, l'efficacité de la sanction est décuplée. En
effet, plus besoin de saisir les juridictions et d'entamer une
procédure civile, souvent complexe, longue et onéreuse : c'est
désormais l'autorité administrative chargée de la concurrence
et de la consommation qui prononcera ces amendes.
Pour le reste, l'article L.441-1 du code de commerce se
contente de centraliser les dispositions déjà existantes relatives
aux CGV.
Il suffit de justifier d'un lien contractuel.
L'ordonnance n°2019-359 du 25 avril 2019, adoptée en application de la loi dite "Egalim" du 30 octobre 2018 vient apporter d'importantes modifications au titre IV du livre IV du code de commerce.
Les relations commerciales entreprofessionnels modifiées par l'ordonnance du 25 avril 2019
Par ailleurs, la sanction en cas de facturation non-conforme,
autrefois pénale, est désormais administrative. Son montant reste
inchangé, soit jusqu'à 75.000 € pour une personne physique et
375.000 € pour une personne morale, porté respectivement à
150.000 € et 750.000 € en cas de réitération dans les deux ans à
compter de la première sanction.
III. Les pratiques restrictives de concurrenceEn matière de pratiques restrictives de concurrence, l'ordonnance
supprime l'article L.441-6 du code de commerce et crée les deux
nouveaux articles L.442-1-I et L.441-II. Ainsi, treize pratiques
énumérées dans l'ancien article L.441-6 sont supprimées, et la
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Les principales modifications apportées par l'ordonnance
sont relatives aux conditions générales de vente, aux règles
de facturation et aux pratiques restrictives de concurrence.
I. Les règles relatives aux conditions générales de venteLes dispositions relatives aux conditions générales de vente
(CGV) étaient auparavant éparpillées dans plusieurs articles
du code du commerce. Tel n'est plus le cas depuis
l'ordonnance du 25 avril 2019 qui leur consacre un article
spécifique : l'article L.441-1.
Ce nouvel article est divisé en quatre points distincts : le
contenu des CGV, l'obligation de communication des CGV,
II. Les règles relatives à la facturationEn matière de facturation, l'ordonnance avait pour principal
objectif d'harmoniser les règles du commerce avec celles du
code général des impôts, dont la rédaction des dispositions
pouvait prêter à confusion concernant la détermination de la
date d'émission de la facture.
En effet, alors que l'article L.441-3 du code de commerce
prévoyait que le vendeur devait délivrer la facture dès la
réalisation de la vente ou de la prestation de service, l'article 289
du code des impôts prévoyait que la date d'émission de la
facture correspondait à la date de livraison ou de la prestation de
services.
L'ordonnance du 25 avril 2019, par le biais du nouvel article
L.441-9-1 du code de commerce, prévoit désormais une date
unique de facturation : la date de la réalisation de la livraison ou
de la prestation de services.
Aussi, afin de faciliter le traitement des factures et de réduire les
délais de paiement, l'ordonnance ajoute deux nouvelles
mentions obligatoires dans les factures :
- l'adresse de facturation du vendeur et de l'acheteur si celle-ci
est différente de leur adresse et,
- le numéro de bon de commande si celui-ci a préalablement été
établi par l'acheteur.
liste des pratiques restrictives est recentrée autour des trois
pratiques suivantes :
- l'obtention d'un avantage sans contrepartie ou manifestement
disproportionné,
- le déséquilibre significatif,
- la rupture brutale de relations commerciales établies.
1. L'abandon de la notion de partenaire commercial
En matière d'obtention d'un avantage sans contrepartie ou
manifestement disproportionné et de déséquilibre significatif,
l'ordonnance remplace la notion de "partenaire commercial" par
"l'autre partie". Cette modification élargit considérablement le
champ des cocontractants victimes de ces pratiques.
En effet, la notion de "partenaire commercial" était un frein à ces
actions, puisque celle-ci était interprétée de manière restrictive
par les juridictions.
Désormais, il n'y aura plus besoin de prouver cette qualité : il
suffira de justifier d'un lien contractuel afin d'intenter une action
en déséquilibre significatif ou en obtention d'un avantage sans
contrepartie ou manifestement disproportionné contre un
cocontractant.
2. La durée du préavis dans le cadre de rupture brutale de relations commerciales établies
L'ordonnance du 25 avril 2019 instaure une limitation de
responsabilité de l'auteur d'une rupture brutale de relations
commerciales. En effet, l'action en rupture brutale de relations
commerciales ne pourra désormais plus être invoquée pour cause
de durée insuffisante du préavis dès lors qu'un préavis de dix-huit
mois a été respecté.
Cette modification aura donc pour effet de restreindre la
possibilité d'une action. En effet, puisque cette notion relève de
l'appréciation des juges, il était autrefois possible d'argumenter
qu'un préavis, même supérieur à dix-huit mois, n'était pas
suffisant, au vu de la durée des relations commerciales, ou du
degré de dépendance économique, par exemple.
Désormais, une telle action ne pourra pas prospérer si le
partenaire commercial a bien respecté un préavis d'au moins dix-
huit mois.
Par ailleurs, le préavis était doublé dans le cas de rupture de
relations commerciales portant sur des produits sous marque de
distributeur. L'ordonnance du 25 avril 2019 est venue supprimer
le doublement du préavis à ce titre.
Ainsi, ces nouvelles règles doivent être prises en compte avant
toute signature d'un nouveau contrat. En effet, l'ordonnance est
entrée en vigueur le 26 avril 2019 et est applicable à tous les
contrats et avenants conclus postérieurement à cette date, même
si les avenants en question concernent une convention conclue
antérieurement. En ce qui concerne les factures émises par les
professionnels, celles-ci devront être conformes aux nouvelles
règles de facturation à compter du 1er octobre 2019.
leur rôle de socle de la négociation commerciale et la sanction
en cas d'absence de communication des CGV.
C'est en ce dernier point que se trouve la modification
majeure. En effet, la sanction, pouvant s'élever à 15.000 € pour
une personne physique et 75.000 € pour une personne morale,
autrefois civile est désormais administrative.
Par conséquent, l'efficacité de la sanction est décuplée. En
effet, plus besoin de saisir les juridictions et d'entamer une
procédure civile, souvent complexe, longue et onéreuse : c'est
désormais l'autorité administrative chargée de la concurrence
et de la consommation qui prononcera ces amendes.
Pour le reste, l'article L.441-1 du code de commerce se
contente de centraliser les dispositions déjà existantes relatives
aux CGV.
Il suffit de justifier d'un lien contractuel.
L'ordonnance n°2019-359 du 25 avril 2019, adoptée en application de la loi dite "Egalim" du 30 octobre 2018 vient apporter d'importantes modifications au titre IV du livre IV du code de commerce.
Les relations commerciales entreprofessionnels modifiées par l'ordonnance du 25 avril 2019
Par ailleurs, la sanction en cas de facturation non-conforme,
autrefois pénale, est désormais administrative. Son montant reste
inchangé, soit jusqu'à 75.000 € pour une personne physique et
375.000 € pour une personne morale, porté respectivement à
150.000 € et 750.000 € en cas de réitération dans les deux ans à
compter de la première sanction.
III. Les pratiques restrictives de concurrenceEn matière de pratiques restrictives de concurrence, l'ordonnance
supprime l'article L.441-6 du code de commerce et crée les deux
nouveaux articles L.442-1-I et L.441-II. Ainsi, treize pratiques
énumérées dans l'ancien article L.441-6 sont supprimées, et la
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Or, l'Ordonnance du 24 avril 2016 a considérablement réduit
cette liste en ne sanctionnant que les trois pratiques
suivantes :
- le fait d'obtenir ou de tenter d'obtenir auprès d'un
partenaire commercial un avantage quelconque ne
correspondant à aucun service commercial effectivement
rendu ou manifestement disproportionné au regard de la
valeur du service rendu (ex-art. L 442-6, I-1o du Code de
commerce) ;
- le fait de soumettre ou de tenter de soumettre un
partenaire commercial à des obligations créant un
déséquilibre significatif dans les droits et obligations de
parties (ex-art. L 442-6, I-2o du Code de commerce) ;
- le fait de rompre brutalement une relation commerciale
établie sans préavis écrit tenant compte de la durée de la
négociation commerciale, de la conclusion ou de l'exécution d'un
contrat, par toute personne exerçant des activités de production,
de distribution ou de services :
1° D'obtenir ou de tenter d'obtenir de l'autre partie un avantage
ne correspondant à aucune contrepartie ou manifestement
disproportionné au regard de la valeur de la contrepartie
consentie ;
2° De soumettre ou de tenter de soumettre l'autre partie à des
obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et
obligations des parties."
L'auteur de la pratique est désormais "toute personne exerçant
des activités de production, de distribution ou de services"
alors qu'auparavant l'auteur de la pratique devait être un
producteur, un commerçant, un industriel ou une personne
immatriculée au répertoire des métiers.
Il en résulte que tout prestataire de services, même non
commerçant, peut être visé par la nouvelle rédaction de l'article
L 442-1 du Code de commerce.
Il en est de même des professions qui étaient initialement
exclues du dispositif.
De plus, la pratique est interdite dès lors qu'elle a lieu "dans le
cadre de la négociation commerciale, de la conclusion ou de
l'exécution d'un contrat".
En évoquant le cadre de la négociation commerciale,
l'Ordonnance est conforme au nouveau droit commun des
contrats qui prévoit que le déroulement des négociations
précontractuelles doit satisfaire aux exigences de la bonne foi,
sans que les parties puissent y déroger.
Le mot "contrat" n'est pas accompagné de l'adjectif
"commercial".
Parallèlement, l'Ordonnance supprime la notion de partenaire
commercial pour la remplacer par celle d' "autre partie". La
combinaison de ces modifications conduit à élargir
considérablement le champ d'application des pratiques.
Désormais, il est donc interdit d'obtenir un avantage :
- ne correspondant à aucune contrepartie
- manifestement disproportionné au regard de la valeur de la
contrepartie consentie
Alors qu'auparavant il était interdit d'obtenir un avantage
quelconque ne correspondant à aucun service commercial
effectivement rendu ou manifestement disproportionné au
regard de la valeur du service rendu (art. L 442-6, I-1o).
Cette innovation est majeure car le juge peut donc désormais
contrôler à tous les stades de la vie contractuelle et dans tous les
secteurs d'activité l'existence d'une contrepartie à un avantage
ou le caractère disproportionné d'un avantage au regard de la
valeur de la contrepartie.
Il est donc indispensable de faire valider toute convention en
amont afin d'éviter toute sanction pouvant aller jusqu'à 5 % du
chiffre d'affaires hors taxe réalisé en France par l'auteur des
pratiques lors du dernier exercice clos depuis l'exercice
précédant celui au cours duquel les pratiques ont été mises en
œuvre.
II. Rupture brutale d'une relation commerciale établieL'alinéa 2 de l'article L.442-1 dispose ainsi :
"Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à réparer le
préjudice causé le fait, par toute personne exerçant des activités
de production, de distribution ou de services de rompre
brutalement, même partiellement, une relation commerciale
établie, en l'absence d'un préavis écrit qui tienne compte
notamment de la durée de la relation commerciale, en référence
aux usages du commerce ou aux accords interprofessionnels.
En cas de litige entre les parties sur la durée du préavis, la
responsabilité de l'auteur de la rupture ne peut être engagée du
chef d'une durée insuffisante dès lors qu'il a respecté un préavis de
dix-huit mois."
Les termes de l'action en responsabilité civile pour rupture
brutale de relations commerciales établies ont été modifiés pour
ce qui concerne, d'une part, l'auteur de la pratique qui est "toute
personne exerçant des activités de production, de distribution
ou de services" et, d'autre part, le préavis écrit.
Conformément à la jurisprudence, l'Ordonnance indique que la
durée du préavis s'apprécie "notamment" au regard de la durée
de la relation commerciale.
Elle s'apprécie en effet également en tenant compte des autres
circonstances au moment de la notification de la rupture telles :
- que l'état de dépendance économique de la victime
- l'importance du volume d'affaires échangé
Cependant, et c'est la principale nouveauté, en cas de litige
entre les parties sur la durée du préavis, la responsabilité de
l'auteur de la rupture ne peut pas être engagée s'il a respecté un
préavis de 18 mois.
Cette indication constitue donc un plafonnement de la durée du
préavis.
Là aussi, la rédaction de la clause contractuelle fixant la durée de
ce préavis doit être rédigée de manière adéquate afin d'éviter
tout litige éventuel sur la durée de celui-ci.
Comme toujours notre cabinet se tient à votre disposition pour
procéder à un audit de vos conventions existantes et vous
assister dans la rédaction de celles futures.
relation commerciale et respectant la durée minimale de
préavis déterminée, en référence aux usages du commerce,
par des accords interprofessionnels (ex-art. L 442-6, I-5o du
Code de commerce).
I. L'obtention d'un avantage sans contrepartie proportionnée et soumission à un déséquilibre significatif entre les partiesL'article L.442-1 alinéa 1 du Code de commerce dans sa
nouvelle rédaction précise ainsi que :
"I. - Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à -
C'est une innovation majeure.
Dans sa rédaction originelle, l'article L 442-6 du Code de commerce, devenu l'article L 442-1, contenait une liste de treize pratiques commerciales abusives entraînant la responsabilité civile de leur auteur.
L'impact de l'Ordonnance n°2019-359 du 24 avril 2019 sur les pratiques commerciales abusives
L’ACTU by NiceOlivier Castellacci
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Or, l'Ordonnance du 24 avril 2016 a considérablement réduit
cette liste en ne sanctionnant que les trois pratiques
suivantes :
- le fait d'obtenir ou de tenter d'obtenir auprès d'un
partenaire commercial un avantage quelconque ne
correspondant à aucun service commercial effectivement
rendu ou manifestement disproportionné au regard de la
valeur du service rendu (ex-art. L 442-6, I-1o du Code de
commerce) ;
- le fait de soumettre ou de tenter de soumettre un
partenaire commercial à des obligations créant un
déséquilibre significatif dans les droits et obligations de
parties (ex-art. L 442-6, I-2o du Code de commerce) ;
- le fait de rompre brutalement une relation commerciale
établie sans préavis écrit tenant compte de la durée de la
négociation commerciale, de la conclusion ou de l'exécution d'un
contrat, par toute personne exerçant des activités de production,
de distribution ou de services :
1° D'obtenir ou de tenter d'obtenir de l'autre partie un avantage
ne correspondant à aucune contrepartie ou manifestement
disproportionné au regard de la valeur de la contrepartie
consentie ;
2° De soumettre ou de tenter de soumettre l'autre partie à des
obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et
obligations des parties."
L'auteur de la pratique est désormais "toute personne exerçant
des activités de production, de distribution ou de services"
alors qu'auparavant l'auteur de la pratique devait être un
producteur, un commerçant, un industriel ou une personne
immatriculée au répertoire des métiers.
Il en résulte que tout prestataire de services, même non
commerçant, peut être visé par la nouvelle rédaction de l'article
L 442-1 du Code de commerce.
Il en est de même des professions qui étaient initialement
exclues du dispositif.
De plus, la pratique est interdite dès lors qu'elle a lieu "dans le
cadre de la négociation commerciale, de la conclusion ou de
l'exécution d'un contrat".
En évoquant le cadre de la négociation commerciale,
l'Ordonnance est conforme au nouveau droit commun des
contrats qui prévoit que le déroulement des négociations
précontractuelles doit satisfaire aux exigences de la bonne foi,
sans que les parties puissent y déroger.
Le mot "contrat" n'est pas accompagné de l'adjectif
"commercial".
Parallèlement, l'Ordonnance supprime la notion de partenaire
commercial pour la remplacer par celle d' "autre partie". La
combinaison de ces modifications conduit à élargir
considérablement le champ d'application des pratiques.
Désormais, il est donc interdit d'obtenir un avantage :
- ne correspondant à aucune contrepartie
- manifestement disproportionné au regard de la valeur de la
contrepartie consentie
Alors qu'auparavant il était interdit d'obtenir un avantage
quelconque ne correspondant à aucun service commercial
effectivement rendu ou manifestement disproportionné au
regard de la valeur du service rendu (art. L 442-6, I-1o).
Cette innovation est majeure car le juge peut donc désormais
contrôler à tous les stades de la vie contractuelle et dans tous les
secteurs d'activité l'existence d'une contrepartie à un avantage
ou le caractère disproportionné d'un avantage au regard de la
valeur de la contrepartie.
Il est donc indispensable de faire valider toute convention en
amont afin d'éviter toute sanction pouvant aller jusqu'à 5 % du
chiffre d'affaires hors taxe réalisé en France par l'auteur des
pratiques lors du dernier exercice clos depuis l'exercice
précédant celui au cours duquel les pratiques ont été mises en
œuvre.
II. Rupture brutale d'une relation commerciale établieL'alinéa 2 de l'article L.442-1 dispose ainsi :
"Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à réparer le
préjudice causé le fait, par toute personne exerçant des activités
de production, de distribution ou de services de rompre
brutalement, même partiellement, une relation commerciale
établie, en l'absence d'un préavis écrit qui tienne compte
notamment de la durée de la relation commerciale, en référence
aux usages du commerce ou aux accords interprofessionnels.
En cas de litige entre les parties sur la durée du préavis, la
responsabilité de l'auteur de la rupture ne peut être engagée du
chef d'une durée insuffisante dès lors qu'il a respecté un préavis de
dix-huit mois."
Les termes de l'action en responsabilité civile pour rupture
brutale de relations commerciales établies ont été modifiés pour
ce qui concerne, d'une part, l'auteur de la pratique qui est "toute
personne exerçant des activités de production, de distribution
ou de services" et, d'autre part, le préavis écrit.
Conformément à la jurisprudence, l'Ordonnance indique que la
durée du préavis s'apprécie "notamment" au regard de la durée
de la relation commerciale.
Elle s'apprécie en effet également en tenant compte des autres
circonstances au moment de la notification de la rupture telles :
- que l'état de dépendance économique de la victime
- l'importance du volume d'affaires échangé
Cependant, et c'est la principale nouveauté, en cas de litige
entre les parties sur la durée du préavis, la responsabilité de
l'auteur de la rupture ne peut pas être engagée s'il a respecté un
préavis de 18 mois.
Cette indication constitue donc un plafonnement de la durée du
préavis.
Là aussi, la rédaction de la clause contractuelle fixant la durée de
ce préavis doit être rédigée de manière adéquate afin d'éviter
tout litige éventuel sur la durée de celui-ci.
Comme toujours notre cabinet se tient à votre disposition pour
procéder à un audit de vos conventions existantes et vous
assister dans la rédaction de celles futures.
relation commerciale et respectant la durée minimale de
préavis déterminée, en référence aux usages du commerce,
par des accords interprofessionnels (ex-art. L 442-6, I-5o du
Code de commerce).
I. L'obtention d'un avantage sans contrepartie proportionnée et soumission à un déséquilibre significatif entre les partiesL'article L.442-1 alinéa 1 du Code de commerce dans sa
nouvelle rédaction précise ainsi que :
"I. - Engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à -
C'est une innovation majeure.
Dans sa rédaction originelle, l'article L 442-6 du Code de commerce, devenu l'article L 442-1, contenait une liste de treize pratiques commerciales abusives entraînant la responsabilité civile de leur auteur.
L'impact de l'Ordonnance n°2019-359 du 24 avril 2019 sur les pratiques commerciales abusives
L’ACTU by NantesCyril Tournade
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Le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, autrement appelé loi PACTE, a pour objectif de lever les obstacles à la croissance des entreprises à toutes les étapes de leur développement, de leur création à leur transmission en passant par leur financement. Le projet de loi présenté en juin 2018, a finalement été adopté le 11 avril dernier par l'Assemblée nationale.
L'impact de la loi PACTE sur le droit de la propriété intellectuelle
Le législateur n'a pas caché de son ambition :
faciliter l'obtention d'un brevet tout en
constituant une protection efficace de
l'investissement de l'entreprise.
Article 118 : Renforcement du
Certificat d'utilité.
Le certificat d'utilité est un titre de propriété
industrielle qui, comme le brevet, donne un
monopole d'exploitation sur une invention en
répondant aux mêmes conditions de
brevetabilité. Ce titre, intéressant pour
protéger des inventions à durée de vie courte,
a un coût moindre que le brevet mais se
retrouve limité au territoire national.
Il est désormais possible de transposer une
demande de certificat d'utilité en demande de
brevet et allonge la durée de protection du
certificat d'utilité de six à dix ans.
Ces nouvelles dispositions favorisent l'accès à
la propriété intellectuelle pour les entreprises
françaises, en proposant une alternative
économique au brevet, dont le dépôt est long
et coûteux.
Article 121 : Création d'une nouvelle procédure d'opposition devant l'INPI :
La loi PACTE instaure une nouvelle procédure
d'opposition afin de permettre aux tiers de
demander à l'INPI la révocation ou la
modification d'un brevet, tout en veillant à prévenir les procédures
d'opposition abusives.
Cette procédure a été mise en place pour des raisons économiques,
suite au constat des coûts engendrés par la voie contentieuse, qui
freinent certaines PME à agir. Cette procédure permet par la même
occasion de limiter l'encombrement des tribunaux et renforcer
indirectement la qualité des brevets délivrés.
Cette procédure est critiquable notamment en ce qu'elle pourrait
ralentir l'action en contrefaçon devant le juge judiciaire, qui serait
contraint de surseoir à statuer en attendant la décision de l'INPI.
II. La transposition du "Paquet Marques"L'autre volet important de la loi PACTE relative à la protection de
l'innovation porte sur le droit des marques.
Article 201 : Transposition du "Paquet Marques" :
Cet article habilite le gouvernement à prendre les mesures
nécessaires à la transposition des règles européennes intitulées
"Paquet Marques" qui est composé du :
- Règlement (UE) 2017/1001 du 14 juin 2017 sur la marque de
l'Union Européenne, ainsi que celles nécessaires à l'adaptation de la
législation nationale liées à cette application ;
- Directive (UE) 2015/2436 du 16 décembre 2015 rapprochant les
législations des Etats membres sur les marques, ainsi que celles
nécessaires à l'adaptation de la législation nationale liées à cette
transposition ;
Ces deux textes permettent une harmonisation du droit des marques
avec comme objectif une meilleure accessibilité au régime de
protection, plus efficace et moins coûteuse.
Structure des taxes :
La taxe de base pour le dépôt d'une marque de l'Union
Européenne ne couvrira désormais qu'une seule classe au lieu de
trois, ce qui permet une réduction des frais d'enregistrement.
Il s'agit de passer à un système de "taxe par classe", afin d'éviter de
bloquer inutilement des marques pour des produits et services non
utilisés.
Suppression de l'exigence de représentation graphique de la marque :
Il sera désormais possible d'enregistrer une marque sous n'importe
quelle forme appropriée de manière claire, précise et distincte.
Cette disposition vise à s'adapter aux évolutions technologiques
permettant d'englober des nouveaux modes de représentation.
Cette loi "fourre-tout" contient ainsi des
dispositions relatives à la protection de
l'innovation.
Arrêtons-nous un instant sur les dispositions
essentielles relatives au droit des brevets et
des marques.
I. L'accessibilité des brevets aux PMEEn partant du constat selon lequel seulement
21 % des brevets d'invention sont déposés
par des PME, contre 57% par des grands
groupes, la loi PACTE a pour ambition de
démocratiser le dépôt et l'obtention d'un
brevet.
L'introduction d'une procédure de déchéance et nullité
auprès de l'INPI :
Afin de permettre le désencombrement des juridictions, le "Paquet
Marques" propose à l'INPI de statuer sur les demandes de
déchéance de marques inexploitées, devenues génériques ou
trompeuses ou sur leurs annulations pour défaut de caractère
distinctif ou en raison de l'existence d'un droit antérieur.
Il suffira alors de former une demande auprès de l'INPI, le titulaire
de la marque aura alors deux mois pour s'y opposer, passé ce délai
la déchéance pourra être prononcée par l'INPI.
Elargissement des droits antérieurs justifiant un refus
d'enregistrement de la marque :
Les appellations d'origine et indications géographiques, les
mentions traditionnelles pour les vins, les spécialités traditionnelles
garanties et les dénominations des variétés végétales seront
désormais intégrés au rang des antériorités de nature à limiter
l'enregistrement d'une marque.
Aussi, le titulaire d'une marque renommée pourra invoquer sa
marque en tant qu'antériorité et engager une procédure
d'opposition à l'encontre de l'enregistrement d'une marque
présumée litigieuse.
Désignation claire et précise des produits et services visés
par la marque :
Pour lutter contre la pratique visant à désigner les intitulés des
classes, la directive rappelle que cette pratique ne protégera plus
pour l'ensemble des produits et services de la classe mais
seulement pour ceux relevant clairement au sens littéral de
l'indication. La rigueur quant à la définition des classes lors du
dépôt de marques sera désormais requise.
Exploitation de la marque sous une forme modifiée :
Le texte nouveau consacre consécration la jurisprudence
européenne permettant à son titulaire de se prévaloir de
l'exploitation de sa marque sous une forme modifiée afin
d'échapper à la déchéance pour défaut d'exploitation.
Finalement, l'ambition affichée par le législateur est noble : favoriser
et simplifier la protection de l'innovation.
Il faut s'en réjouir.
Pour autant, restons prudent car l'Histoire montre malheureusement
une distorsion importante entre l'objectif et le résultat.
Comme pour la plus part des dispositions de l'ambitieuse loi PACTE,
faisons un point après plusieurs mois d'épreuve.
Affaire à suivre donc.
Une incitation à l'innovation par un régime
de protection simplifié.
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Le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, autrement appelé loi PACTE, a pour objectif de lever les obstacles à la croissance des entreprises à toutes les étapes de leur développement, de leur création à leur transmission en passant par leur financement. Le projet de loi présenté en juin 2018, a finalement été adopté le 11 avril dernier par l'Assemblée nationale.
L'impact de la loi PACTE sur le droit de la propriété intellectuelle
Le législateur n'a pas caché de son ambition :
faciliter l'obtention d'un brevet tout en
constituant une protection efficace de
l'investissement de l'entreprise.
Article 118 : Renforcement du
Certificat d'utilité.
Le certificat d'utilité est un titre de propriété
industrielle qui, comme le brevet, donne un
monopole d'exploitation sur une invention en
répondant aux mêmes conditions de
brevetabilité. Ce titre, intéressant pour
protéger des inventions à durée de vie courte,
a un coût moindre que le brevet mais se
retrouve limité au territoire national.
Il est désormais possible de transposer une
demande de certificat d'utilité en demande de
brevet et allonge la durée de protection du
certificat d'utilité de six à dix ans.
Ces nouvelles dispositions favorisent l'accès à
la propriété intellectuelle pour les entreprises
françaises, en proposant une alternative
économique au brevet, dont le dépôt est long
et coûteux.
Article 121 : Création d'une nouvelle procédure d'opposition devant l'INPI :
La loi PACTE instaure une nouvelle procédure
d'opposition afin de permettre aux tiers de
demander à l'INPI la révocation ou la
modification d'un brevet, tout en veillant à prévenir les procédures
d'opposition abusives.
Cette procédure a été mise en place pour des raisons économiques,
suite au constat des coûts engendrés par la voie contentieuse, qui
freinent certaines PME à agir. Cette procédure permet par la même
occasion de limiter l'encombrement des tribunaux et renforcer
indirectement la qualité des brevets délivrés.
Cette procédure est critiquable notamment en ce qu'elle pourrait
ralentir l'action en contrefaçon devant le juge judiciaire, qui serait
contraint de surseoir à statuer en attendant la décision de l'INPI.
II. La transposition du "Paquet Marques"L'autre volet important de la loi PACTE relative à la protection de
l'innovation porte sur le droit des marques.
Article 201 : Transposition du "Paquet Marques" :
Cet article habilite le gouvernement à prendre les mesures
nécessaires à la transposition des règles européennes intitulées
"Paquet Marques" qui est composé du :
- Règlement (UE) 2017/1001 du 14 juin 2017 sur la marque de
l'Union Européenne, ainsi que celles nécessaires à l'adaptation de la
législation nationale liées à cette application ;
- Directive (UE) 2015/2436 du 16 décembre 2015 rapprochant les
législations des Etats membres sur les marques, ainsi que celles
nécessaires à l'adaptation de la législation nationale liées à cette
transposition ;
Ces deux textes permettent une harmonisation du droit des marques
avec comme objectif une meilleure accessibilité au régime de
protection, plus efficace et moins coûteuse.
Structure des taxes :
La taxe de base pour le dépôt d'une marque de l'Union
Européenne ne couvrira désormais qu'une seule classe au lieu de
trois, ce qui permet une réduction des frais d'enregistrement.
Il s'agit de passer à un système de "taxe par classe", afin d'éviter de
bloquer inutilement des marques pour des produits et services non
utilisés.
Suppression de l'exigence de représentation graphique de la marque :
Il sera désormais possible d'enregistrer une marque sous n'importe
quelle forme appropriée de manière claire, précise et distincte.
Cette disposition vise à s'adapter aux évolutions technologiques
permettant d'englober des nouveaux modes de représentation.
Cette loi "fourre-tout" contient ainsi des
dispositions relatives à la protection de
l'innovation.
Arrêtons-nous un instant sur les dispositions
essentielles relatives au droit des brevets et
des marques.
I. L'accessibilité des brevets aux PMEEn partant du constat selon lequel seulement
21 % des brevets d'invention sont déposés
par des PME, contre 57% par des grands
groupes, la loi PACTE a pour ambition de
démocratiser le dépôt et l'obtention d'un
brevet.
L'introduction d'une procédure de déchéance et nullité
auprès de l'INPI :
Afin de permettre le désencombrement des juridictions, le "Paquet
Marques" propose à l'INPI de statuer sur les demandes de
déchéance de marques inexploitées, devenues génériques ou
trompeuses ou sur leurs annulations pour défaut de caractère
distinctif ou en raison de l'existence d'un droit antérieur.
Il suffira alors de former une demande auprès de l'INPI, le titulaire
de la marque aura alors deux mois pour s'y opposer, passé ce délai
la déchéance pourra être prononcée par l'INPI.
Elargissement des droits antérieurs justifiant un refus
d'enregistrement de la marque :
Les appellations d'origine et indications géographiques, les
mentions traditionnelles pour les vins, les spécialités traditionnelles
garanties et les dénominations des variétés végétales seront
désormais intégrés au rang des antériorités de nature à limiter
l'enregistrement d'une marque.
Aussi, le titulaire d'une marque renommée pourra invoquer sa
marque en tant qu'antériorité et engager une procédure
d'opposition à l'encontre de l'enregistrement d'une marque
présumée litigieuse.
Désignation claire et précise des produits et services visés
par la marque :
Pour lutter contre la pratique visant à désigner les intitulés des
classes, la directive rappelle que cette pratique ne protégera plus
pour l'ensemble des produits et services de la classe mais
seulement pour ceux relevant clairement au sens littéral de
l'indication. La rigueur quant à la définition des classes lors du
dépôt de marques sera désormais requise.
Exploitation de la marque sous une forme modifiée :
Le texte nouveau consacre consécration la jurisprudence
européenne permettant à son titulaire de se prévaloir de
l'exploitation de sa marque sous une forme modifiée afin
d'échapper à la déchéance pour défaut d'exploitation.
Finalement, l'ambition affichée par le législateur est noble : favoriser
et simplifier la protection de l'innovation.
Il faut s'en réjouir.
Pour autant, restons prudent car l'Histoire montre malheureusement
une distorsion importante entre l'objectif et le résultat.
Comme pour la plus part des dispositions de l'ambitieuse loi PACTE,
faisons un point après plusieurs mois d'épreuve.
Affaire à suivre donc.
Une incitation à l'innovation par un régime
de protection simplifié.
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En l'espèce, une personne physique, associé d'une société, avait signé un
bail commercial, étant précisé que celui-ci agissait "en son nom personnel
ou pour le compte de toute société à créer ou existant dans laquelle il serait
associé majoritaire".
L'associé est plus tard assigné en référé par le bailleur commercial en
paiement d'une provision au titre des loyers impayés. Il réplique alors que le
locataire du local est la société, et que c'est celle-ci qui doit, à ce titre, payer
cette somme et non lui.
La Cour d'appel de Reims rejette cet argument. La rédaction de la clause
insérée au bail pouvant porter à confusion, les juges du fond ont dû
rechercher des éléments de faits. Il leur ait ainsi apparu que depuis l'origine,
les versements du loyer émanaient de l'associé et qu'ils figuraient dans son
compte courant d'associé au sein de la société, que les factures d'eau
étaient établies à son nom, et que celui-ci avait délivré congé au bailleur en
son nom.
C'est donc en se fondant sur les obligations classiques du locataire que la
Cour d'appel de Reims a pu déduire que le véritable locataire était l'associé
de la société. Son raisonnement est approuvé par la Cour de cassation qui
rejette le pourvoi de l'associé.
Cass. Civ. 3ème, 14 mars 2019, n°17-28885
L'associé minoritaire d'une SARL avait assigné les dirigeants associés
majoritaires en dommages-intérêts notamment pour manquement à son
droit d'information.
Celui-ci invoquait en effet l'article R.223-15 du Code de commerce selon
lequel les documents énumérés à cet article peuvent être consultés par
tout associé à toute époque au siège social. A l'appui de sa demande,
l'associé minoritaire indiquait également qu'en vertu des articles R.223-18
et R.223-19 du Code de commerce, certains documents sont tenus à la
disposition des associés au siège social pendant les quinze jours précédant
une assemblée.
Or, en l'espèce, les modalités de consultation des documents sociaux au
siège social de la société en question consistaient en une prise de rendez-
vous deux mois à l'avance, ce qui était contraire aux articles précités selon
l'associé minoritaire.
La Cour d'appel de Paris avait néanmoins rejeté sa demande, relevant que
la société avait pu faire valablement le choix d'organiser les consultations
de documents au siège social, et que, par ailleurs, l'associé minoritaire avait
pu consulter les documents en 2015 et 2016, et qu'à cet égard, il n'avait
subi aucun préjudice causé par un éventuel manquement au droit
d'information.
La Cour de cassation rejette le pourvoi formé par l'associé minoritaire :
c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation de l'existence
d'un préjudice causé par un éventuel manquement au droit d'information
que la Cour d'appel a décidé que l'associé minoritaire ne démontrait pas
de préjudice au soutien de sa demande, qui devait par conséquent être
rejetée.
Cet arrêt illustre donc la nécessité d'un préjudice afin d'obtenir des
dommages-intérêts. En effet, en l'espèce les modalités de consultation des
documents sociaux étaient secondaires par rapport à la démonstration du
préjudice par l'associé minoritaire.
Cass. Com., 10 avril 2019, n°17-14790
Pas de dommages-intérêts pour manquement au droit d'information d'un associé en l'absence de préjudice
En l'espèce, une société avait donné un immeuble en crédit-bail à une autre
société. La crédit-preneuse a été mise en liquidation judiciaire moins de deux ans
plus tard. Le liquidateur judiciaire a alors notifié à la société de crédit-bail sa
volonté de ne pas poursuivre le contrat.
Quatre ans plus tard, la société de crédit-bail met en cause la responsabilité
personnelle du liquidateur, lui reprochant le défaut de restitution de l'immeuble, et
la dégradation de celui-ci due à l'absence de mesures de préservation.
La Cour d'appel de Versailles déclare la demande irrecevable pour deux raisons.
D'une part, celle-ci estime que la créance de dommages-intérêts au titre de la
perte de valeur de l'immeuble due à sa dégradation est née après l'ouverture de la
liquidation judiciaire, et que par conséquent, la société de crédit-bail aurait dû
déclarer cette créance au passif de la société.
D'autre part, selon la Cour d'appel de Versailles, le préjudice invoqué n'était pas
distinct de celui subi par la collectivité des créanciers et qu'à ce titre, le demandeur
n'avait pas qualité à agir.
Censure de la Cour de cassation, qui considère que le préjudice était personnel à la
société de crédit-bail, puisque celle-ci était propriétaire de l'immeuble, qui n'avait
jamais appartenu à la société débitrice, et par conséquent, que la réparation de ce
préjudice personnel était étrangère à la restitution du gage commun.
Selon la Haute Juridiction, puisque la société de crédit-bail invoquait une faute
personnelle du liquidateur judiciaire, celle-ci n'était pas tenue de déclarer la
créance de dommages-intérêts correspondante au passif de la société débitrice.
Cass. Com., 6 mars 2019, n°17-20545
La déclaration de créance n'est pas nécessaire pour mettre en cause de la responsabilité personnelle du liquidateur judiciaire
ParisLaurent Courtecuisse et Emilie Smelten
Bail signé par l'associé d'une société en son nom ou pour le compte de celle-ci : le véritable locataire est l'associé
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La Cour de cassation est venue apporter des précisions sur la façon d'apprécier
le caractère disproportionné du cautionnement par un associé des dettes
sociales de sa société, dans un arrêt du 13 février 2019.
En l'espèce, le gérant et associé majoritaire d'une société qui venait d'être
créée s'était portait caution d'un prêt bancaire souscrit dans le but d'acquérir
un fonds de commerce, à hauteur de 4.680.000 €.
Une procédure de sauvegarde a par la suite été ouverte à l'encontre de la
société. Par conséquent, la banque a assigné le gérant en paiement de la
caution, conformément à son engagement.
Le gérant opposait quant à lui que son engagement revêtait un caractère
disproportionné, et qu'à ce titre, la banque ne pouvait se prévaloir de son
engagement de cautionnement. Ainsi, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a
débouté la banque de sa demande de paiement et a jugé que le
cautionnement était disproportionné.
La banque s'est alors pourvue en cassation, en soutenant que le
cautionnement n'était pas disproportionné, car il fallait prendre en compte la
valeur des parts sociales, celle-ci s'appréciant en fonction de leur valeur
marchande, donc en fonction des résultats que la société comptait
raisonnablement obtenir dans un futur proche. En l'espèce, la banque se basait
sur le chiffre d'affaires moyen réalisé au cours des quatre derniers exercices par
le précédent exploitant pour l'évaluation des parts.
La Cour de cassation rejette le pourvoi en indiquant que l'évaluation des parts
telle qu'effectuée par la banque ne s'appliquait qu'au fonds de commerce,
dont la société n'était pas encore propriétaire au jour de l'engagement de
caution par le dirigeant. En effet, au jour de la conclusion de l'engagement de
caution par le dirigeant, la société n'avait pas d'activité.
La Cour de cassation rappelle donc dans cet arrêt que :
- pour apprécier la proportionnalité de l'engagement de la caution au regard
de ses biens et revenus, les parts sociales détenues dans la société débitrice
sont bien à prendre à compte ;
- la disproportion s'apprécie au jour de la conclusion du cautionnement et ne
peut être appréciée au regard des revenus escomptés de l'opération
garantie.
Par conséquent, dans cette affaire, l'engagement de caution était
disproportionné et, à ce titre, la banque ne pouvait s'en prévaloir.
Cass. Com., 13 février 2019, n°17-23186
Cautionnement disproportionné des dettes sociales par un associé
Les arrêts commentés
Une société à responsabilité limitée était
composée de deux associés, dont le gérant était
associé majoritaire.
Pendant plusieurs exercices consécutifs,
l'assemblée générale décidait la mise en réserve
des bénéfices et l'augmentation de la
rémunération du gérant. En l'espace de quatre
ans, le gérant avait presque doublé sa
rémunération, celle-ci s'élevant à 121.743 euros
en 2008 contre 222.056 euros en 2012.
L'associé minoritaire a alors assigné le gérant en
paiement de dommages et intérêts au titre de
l'abus de majorité. Demande rejetée par la Cour
d'appel de Paris, qui estimait que l'absence de
distribution de dividendes était une mesure de
prudence dans un contexte économique difficile,
et que le faible montant des bénéfices lors des
exercices suivants n'avait pas permis de
distributions significatives de dividendes.
Enfin, selon la Cour d'appel de Paris,
l'augmentation de la rémunération du gérant
était justifiée par le fait que celui-ci assumait seul
la gérance depuis 2008, alors que cette fonction
était auparavant exercée par deux gérants.
La Cour de cassation casse l'arrêt d'appel,
indiquant que les motifs retenus par la Cour
d'appel étaient impropres à exclure que ces
décisions avaient été prises contrairement à
l'intérêt social et dans l'unique but de favoriser
les intérêts du gérant, dès lors que le faible
montant des bénéfices résultait nécessairement
de la décision de ce dernier d'augmenter sa
rémunération de près du double en quatre ans.
Par conséquent, pour la Cour de cassation, le
bénéfice faible réalisé par la société et
l'augmentation de la rémunération du gérant,
associé majoritaire, était dans cette affaire
constitutif d'un abus de majorité.
Cass. Com., 20 février 2019, n°17-12050
Un bénéfice faible et une forte rémunération du gérant peuvent caractériser un abus de majorité
ParisLaurent Courtecuisse et Emilie Smelten
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faire
sEn l'espèce, une personne physique, associé d'une société, avait signé un
bail commercial, étant précisé que celui-ci agissait "en son nom personnel
ou pour le compte de toute société à créer ou existant dans laquelle il serait
associé majoritaire".
L'associé est plus tard assigné en référé par le bailleur commercial en
paiement d'une provision au titre des loyers impayés. Il réplique alors que le
locataire du local est la société, et que c'est celle-ci qui doit, à ce titre, payer
cette somme et non lui.
La Cour d'appel de Reims rejette cet argument. La rédaction de la clause
insérée au bail pouvant porter à confusion, les juges du fond ont dû
rechercher des éléments de faits. Il leur ait ainsi apparu que depuis l'origine,
les versements du loyer émanaient de l'associé et qu'ils figuraient dans son
compte courant d'associé au sein de la société, que les factures d'eau
étaient établies à son nom, et que celui-ci avait délivré congé au bailleur en
son nom.
C'est donc en se fondant sur les obligations classiques du locataire que la
Cour d'appel de Reims a pu déduire que le véritable locataire était l'associé
de la société. Son raisonnement est approuvé par la Cour de cassation qui
rejette le pourvoi de l'associé.
Cass. Civ. 3ème, 14 mars 2019, n°17-28885
L'associé minoritaire d'une SARL avait assigné les dirigeants associés
majoritaires en dommages-intérêts notamment pour manquement à son
droit d'information.
Celui-ci invoquait en effet l'article R.223-15 du Code de commerce selon
lequel les documents énumérés à cet article peuvent être consultés par
tout associé à toute époque au siège social. A l'appui de sa demande,
l'associé minoritaire indiquait également qu'en vertu des articles R.223-18
et R.223-19 du Code de commerce, certains documents sont tenus à la
disposition des associés au siège social pendant les quinze jours précédant
une assemblée.
Or, en l'espèce, les modalités de consultation des documents sociaux au
siège social de la société en question consistaient en une prise de rendez-
vous deux mois à l'avance, ce qui était contraire aux articles précités selon
l'associé minoritaire.
La Cour d'appel de Paris avait néanmoins rejeté sa demande, relevant que
la société avait pu faire valablement le choix d'organiser les consultations
de documents au siège social, et que, par ailleurs, l'associé minoritaire avait
pu consulter les documents en 2015 et 2016, et qu'à cet égard, il n'avait
subi aucun préjudice causé par un éventuel manquement au droit
d'information.
La Cour de cassation rejette le pourvoi formé par l'associé minoritaire :
c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation de l'existence
d'un préjudice causé par un éventuel manquement au droit d'information
que la Cour d'appel a décidé que l'associé minoritaire ne démontrait pas
de préjudice au soutien de sa demande, qui devait par conséquent être
rejetée.
Cet arrêt illustre donc la nécessité d'un préjudice afin d'obtenir des
dommages-intérêts. En effet, en l'espèce les modalités de consultation des
documents sociaux étaient secondaires par rapport à la démonstration du
préjudice par l'associé minoritaire.
Cass. Com., 10 avril 2019, n°17-14790
Pas de dommages-intérêts pour manquement au droit d'information d'un associé en l'absence de préjudice
En l'espèce, une société avait donné un immeuble en crédit-bail à une autre
société. La crédit-preneuse a été mise en liquidation judiciaire moins de deux ans
plus tard. Le liquidateur judiciaire a alors notifié à la société de crédit-bail sa
volonté de ne pas poursuivre le contrat.
Quatre ans plus tard, la société de crédit-bail met en cause la responsabilité
personnelle du liquidateur, lui reprochant le défaut de restitution de l'immeuble, et
la dégradation de celui-ci due à l'absence de mesures de préservation.
La Cour d'appel de Versailles déclare la demande irrecevable pour deux raisons.
D'une part, celle-ci estime que la créance de dommages-intérêts au titre de la
perte de valeur de l'immeuble due à sa dégradation est née après l'ouverture de la
liquidation judiciaire, et que par conséquent, la société de crédit-bail aurait dû
déclarer cette créance au passif de la société.
D'autre part, selon la Cour d'appel de Versailles, le préjudice invoqué n'était pas
distinct de celui subi par la collectivité des créanciers et qu'à ce titre, le demandeur
n'avait pas qualité à agir.
Censure de la Cour de cassation, qui considère que le préjudice était personnel à la
société de crédit-bail, puisque celle-ci était propriétaire de l'immeuble, qui n'avait
jamais appartenu à la société débitrice, et par conséquent, que la réparation de ce
préjudice personnel était étrangère à la restitution du gage commun.
Selon la Haute Juridiction, puisque la société de crédit-bail invoquait une faute
personnelle du liquidateur judiciaire, celle-ci n'était pas tenue de déclarer la
créance de dommages-intérêts correspondante au passif de la société débitrice.
Cass. Com., 6 mars 2019, n°17-20545
La déclaration de créance n'est pas nécessaire pour mettre en cause de la responsabilité personnelle du liquidateur judiciaire
ParisLaurent Courtecuisse et Emilie Smelten
Bail signé par l'associé d'une société en son nom ou pour le compte de celle-ci : le véritable locataire est l'associé
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faire
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La Cour de cassation est venue apporter des précisions sur la façon d'apprécier
le caractère disproportionné du cautionnement par un associé des dettes
sociales de sa société, dans un arrêt du 13 février 2019.
En l'espèce, le gérant et associé majoritaire d'une société qui venait d'être
créée s'était portait caution d'un prêt bancaire souscrit dans le but d'acquérir
un fonds de commerce, à hauteur de 4.680.000 €.
Une procédure de sauvegarde a par la suite été ouverte à l'encontre de la
société. Par conséquent, la banque a assigné le gérant en paiement de la
caution, conformément à son engagement.
Le gérant opposait quant à lui que son engagement revêtait un caractère
disproportionné, et qu'à ce titre, la banque ne pouvait se prévaloir de son
engagement de cautionnement. Ainsi, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a
débouté la banque de sa demande de paiement et a jugé que le
cautionnement était disproportionné.
La banque s'est alors pourvue en cassation, en soutenant que le
cautionnement n'était pas disproportionné, car il fallait prendre en compte la
valeur des parts sociales, celle-ci s'appréciant en fonction de leur valeur
marchande, donc en fonction des résultats que la société comptait
raisonnablement obtenir dans un futur proche. En l'espèce, la banque se basait
sur le chiffre d'affaires moyen réalisé au cours des quatre derniers exercices par
le précédent exploitant pour l'évaluation des parts.
La Cour de cassation rejette le pourvoi en indiquant que l'évaluation des parts
telle qu'effectuée par la banque ne s'appliquait qu'au fonds de commerce,
dont la société n'était pas encore propriétaire au jour de l'engagement de
caution par le dirigeant. En effet, au jour de la conclusion de l'engagement de
caution par le dirigeant, la société n'avait pas d'activité.
La Cour de cassation rappelle donc dans cet arrêt que :
- pour apprécier la proportionnalité de l'engagement de la caution au regard
de ses biens et revenus, les parts sociales détenues dans la société débitrice
sont bien à prendre à compte ;
- la disproportion s'apprécie au jour de la conclusion du cautionnement et ne
peut être appréciée au regard des revenus escomptés de l'opération
garantie.
Par conséquent, dans cette affaire, l'engagement de caution était
disproportionné et, à ce titre, la banque ne pouvait s'en prévaloir.
Cass. Com., 13 février 2019, n°17-23186
Cautionnement disproportionné des dettes sociales par un associé
Les arrêts commentés
Une société à responsabilité limitée était
composée de deux associés, dont le gérant était
associé majoritaire.
Pendant plusieurs exercices consécutifs,
l'assemblée générale décidait la mise en réserve
des bénéfices et l'augmentation de la
rémunération du gérant. En l'espace de quatre
ans, le gérant avait presque doublé sa
rémunération, celle-ci s'élevant à 121.743 euros
en 2008 contre 222.056 euros en 2012.
L'associé minoritaire a alors assigné le gérant en
paiement de dommages et intérêts au titre de
l'abus de majorité. Demande rejetée par la Cour
d'appel de Paris, qui estimait que l'absence de
distribution de dividendes était une mesure de
prudence dans un contexte économique difficile,
et que le faible montant des bénéfices lors des
exercices suivants n'avait pas permis de
distributions significatives de dividendes.
Enfin, selon la Cour d'appel de Paris,
l'augmentation de la rémunération du gérant
était justifiée par le fait que celui-ci assumait seul
la gérance depuis 2008, alors que cette fonction
était auparavant exercée par deux gérants.
La Cour de cassation casse l'arrêt d'appel,
indiquant que les motifs retenus par la Cour
d'appel étaient impropres à exclure que ces
décisions avaient été prises contrairement à
l'intérêt social et dans l'unique but de favoriser
les intérêts du gérant, dès lors que le faible
montant des bénéfices résultait nécessairement
de la décision de ce dernier d'augmenter sa
rémunération de près du double en quatre ans.
Par conséquent, pour la Cour de cassation, le
bénéfice faible réalisé par la société et
l'augmentation de la rémunération du gérant,
associé majoritaire, était dans cette affaire
constitutif d'un abus de majorité.
Cass. Com., 20 février 2019, n°17-12050
Un bénéfice faible et une forte rémunération du gérant peuvent caractériser un abus de majorité
ParisLaurent Courtecuisse et Emilie Smelten
En effet, les présomptions de propriété ont effet dans les
rapports entre les époux. En relevant qu'il résulte du contrat de
mariage que tous les produits de consommation tels que vins,
combustibles et autres provisions existant au jour de la
dissolution du mariage, seront présumés appartenir à chacun
des époux dans la proportion de moitié, de même que les
meubles meublants, et en retenant que le mari ne justifie pas
de l'existence de mobilier indivis, l'habitation ayant été meublée
avant le mariage, la cour d'appel, qui a inversé la charge de la
preuve, viole l'article 1538, alinéa 2, du Code civil et l'article
1315, devenu 1353 du même code.
B. Compétence du Juge aux affaires familiales et qualification des actifs dépendant de la communauté
L'article L213-3 du code de l'organisation judiciaire fonde la
compétence exclusive du Juge aux affaires familiales en matière
de liquidation et de partage des intérêts patrimoniaux des
époux, des personnes liées par un PACS, des concubins, sauf en
de l'organisation judiciaire dans le cadre de son argumentaire
puisque cet article prévoit la compétence exclusive du Juge aux
affaires familiales en matière de liquidation.
Le Tribunal de Grande Instance et la Cour d'appel vont retenir
que les juges saisis de l'instance au fond étaient compétents
pour se prononcer sur le caractère commun ou propre des
parts sociales cédées.
La première chambre civile de la Cour de cassation va confirmer
la position des juges du fond et rejeter le pourvoi formé par
l'époux cédant au motif que "la compétence attribuée au juge
aux affaires familiales par l'article L. 213-3 du code de
l'organisation judiciaire pour connaître de la liquidation et du
partage des intérêts patrimoniaux des époux ainsi que des
demandes relatives au fonctionnement des régimes
matrimoniaux n'exclut pas la compétence d'une autre juridiction
pour se prononcer, à titre incident, sur la composition de la
communauté".
En d'autres termes, nonobstant la compétence exclusive du JAF
en matière de liquidation, une autre juridiction peut être
amenée à traiter et se prononcer dans le cadre d'un litige sur
des questions liées à la liquidation du régime matrimonial dès
lors que sa résolution est indispensable à la solution du litige.
Cette solution s'explique par la volonté de concentrer le temps
procédural et privilégier les instances uniques. Reste qu'elle
interroge sur la compétence des magistrats du Tribunal de
Grande Instance amenés à trancher des questions
matrimoniales sans être Juge aux affaires familiales…
II. Nouveautés jurisprudentielles
A. Les tiers créanciers : prêt commun et poursuite du créancier contre les biens personnels de l'époux prédécédé
Dans un arrêt récent, la Cour de cassation consacre la position
favorable du créancier qui peut poursuivre le recouvrement de
sa créance contre les biens personnels de l'époux décédé alors
que le conjoint survivant est attributaire de la totalité de la
communauté.
Cet arrêt met en confrontation deux principes :
- d'une part, en application des dispositions de l'article 1524
alinéa 1, l'époux attributaire de la totalité de la communauté
doit s'acquitter de toute les dettes communes ;
- d'autre part, en application des dispositions de l'article 2294,
en souscrivant un contrat de prêt, chacun des époux engage,
à l'égard du créancier, tant les biens communs que ses biens
propres.
Se pose donc la question de savoir si le conjoint survivant
attributaire de la totalité de la communauté soustrait le
patrimoine propre de l'époux prédécédé qui s'est
personnellement engagé à l'égard du créancier ?
Dans un arrêt récent du 3 octobre 2018, la Cour de cassation
s'est prononcée sur cette question et a considéré que :
"l'obligation, pour l'époux attributaire de la totalité de la
communauté, d'en acquitter toutes les dettes, n'a pas pour effet
de soustraire le patrimoine propre de l'époux prédécédé qui s'est
personnellement engagé à l'égard du créancier, du droit de gage
général que l'article 2284 du code civil reconnaît à ce dernier ;".
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Le JAF doit tout liquider mais il n'est pas le seul à pouvoir le faire
cas de décès ou de déclaration d'absence (c'est le Tribunal de
grande Instance qui est compétent dans ce cas).
Le Juge aux affaires familiales est sans nul doute le juge naturel
des liquidations patrimoniales du couple, et il est assez rare de
douter de sa compétence et de la confondre avec la compétence
d'une autre juridiction.
Cependant, il peut arriver qu'une autre juridiction soit saisie
d'une difficulté juridique pour laquelle il est nécessaire de
procéder en tout ou partie à la liquidation du patrimoine du
couple.
La première chambre civile de la Cour de cassation dans un arrêt
en date du 19 décembre 2018 n°17-27.145 a été saisie de cette
question récemment.
En l'espèce, durant l'instance de divorce un époux commun en
biens avait cédé des parts sociales. Son épouse l'avait assigné
devant le Tribunal de Grande Instance afin que la cession de
parts lui soit déclarée inopposable.
L'épouse considérait que les parts étaient communes et que son
accord était requis pour céder les parts même si son époux en
était seul titulaire sur le fondement de l'article 1424 du code
civil. L'époux au contraire considérait que lesdites parts cédées
étaient propres et qu'il n'avait pas besoin de l'accord de son
épouse pour les céder.
Afin de trancher cette question, le Tribunal de Grande Instance
devait au préalable qualifier de communes ou propres lesdites
parts sociales. L'époux vendeur a alors sollicité un sursis à
statuer dans le cadre de l'instance, afin que le Juge aux affaires
familiales tranche cette question de qualification pour laquelle il
estimait que le Tribunal de Grande Instance n'était pas
compétent. Il se fondait notamment sur l'article L213-3 du code
Panorama sur la liquidationdu régime matrimonialCe mois-ci, nous avons choisi de faire un panorama de la jurisprudence récente sur la liquidation du régime matrimonial, en miroir avec la formation pratique à l'attention d'avocats et de notaires sur les techniques liquidatives de la communauté légale, de la séparation de biens et de la participation aux acquêts, notamment animée par Nicolas Graftieaux, les 20 et 21 juin prochain.
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rapportant. Il en résulte que le JAF est
compétent pour statuer sur la demande
d'un époux au titre de créances
antérieures au mariage, résultant de
l'indivision ayant existé entre les parties
avant leur union matrimoniale.
La Haute juridiction apporte donc trois
précisions :
- d'une part, le juge aux affaires familiales
est compétent pour connaître de la
liquidation des intérêts patrimoniaux
des concubins et partenaires,
conformément à l'article L. 213-3, 2° du
Code de l'organisation judiciaire (simple
rappel des textes ici) ;
- la liquidation comprend l'ensemble des
rapports pécuniaires des époux, y
compris ceux antérieurs au mariage
- le régime applicable aux créances
antérieures au mariage est emprunté à
celui des créances entre époux.
Plus précisément, la Cour de cassation
déduit que la présomption de propriété
édictée par l'article 1538, alinéa 2, du Code
civil était applicable aux relations
antématrimoniales, de sorte que l'époux
n'avait pas à rapporter la preuve de sa
participation au financement
d'acquisitions antérieures au mariage.
l'ex-mari en reconnaissance d'une créance
née antérieurement au mariage, au motif
de l'incompétence du juge aux affaires
familiales pour statuer sur une indivision
antématrimoniale.
La Cour d'appel énonce de manière
péremptoire que le juge aux affaires
familiale n'est pas compétent pour statuer
sur l'indivision ayant existé entre les
parties avant leur union matrimoniale, et
ordonne seulement la liquidation de leurs
intérêts patrimoniaux, puis retient que les
créances nées avant le mariage n'ont pas
vocation à être intégrées dans les comptes
de liquidation du régime matrimonial.
La Cour de cassation censure l'arrêt
d'appel en énonçant le principe
exactement inverse : le juge aux affaires
familiales connaît de la liquidation et du
partage des intérêts patrimoniaux des
époux, des personnes liées par un pacte
civil de solidarité et des concubins. La
liquidation à laquelle il est procédé en cas
de divorce englobe tous les rapports
pécuniaires entre les parties et il
appartient à l'époux qui se prétend
créancier de l'autre de faire valoir sa
créance selon les règles applicables à la
liquidation de leur régime matrimonial lors
de l'établissement des comptes s'y
I. La compétence des juges dans la liquidation des régimes matrimoniaux
A. Le juge aux affaires familiales connaît de l'ensemble des rapports patrimoniaux des époux même ceux antérieurs au mariage
Un arrêt rendu par la 1er chambre civile de
la Cour de cassation le 30 janvier 2019
énonce deux principes à retenir lorsque,
après un jugement de divorce, des
difficultés s'élèvent entre les époux lors
des opérations de liquidation et de
partage de leurs intérêts patrimoniaux.
En l'espèce, un couple marié sous le
régime de la séparation de biens divorce
et des difficultés s'élèvent quant à
l'existence d'une créance antérieure au
mariage.
Les juges du fond rejettent la demande de
En effet, les présomptions de propriété ont effet dans les
rapports entre les époux. En relevant qu'il résulte du contrat de
mariage que tous les produits de consommation tels que vins,
combustibles et autres provisions existant au jour de la
dissolution du mariage, seront présumés appartenir à chacun
des époux dans la proportion de moitié, de même que les
meubles meublants, et en retenant que le mari ne justifie pas
de l'existence de mobilier indivis, l'habitation ayant été meublée
avant le mariage, la cour d'appel, qui a inversé la charge de la
preuve, viole l'article 1538, alinéa 2, du Code civil et l'article
1315, devenu 1353 du même code.
B. Compétence du Juge aux affaires familiales et qualification des actifs dépendant de la communauté
L'article L213-3 du code de l'organisation judiciaire fonde la
compétence exclusive du Juge aux affaires familiales en matière
de liquidation et de partage des intérêts patrimoniaux des
époux, des personnes liées par un PACS, des concubins, sauf en
de l'organisation judiciaire dans le cadre de son argumentaire
puisque cet article prévoit la compétence exclusive du Juge aux
affaires familiales en matière de liquidation.
Le Tribunal de Grande Instance et la Cour d'appel vont retenir
que les juges saisis de l'instance au fond étaient compétents
pour se prononcer sur le caractère commun ou propre des
parts sociales cédées.
La première chambre civile de la Cour de cassation va confirmer
la position des juges du fond et rejeter le pourvoi formé par
l'époux cédant au motif que "la compétence attribuée au juge
aux affaires familiales par l'article L. 213-3 du code de
l'organisation judiciaire pour connaître de la liquidation et du
partage des intérêts patrimoniaux des époux ainsi que des
demandes relatives au fonctionnement des régimes
matrimoniaux n'exclut pas la compétence d'une autre juridiction
pour se prononcer, à titre incident, sur la composition de la
communauté".
En d'autres termes, nonobstant la compétence exclusive du JAF
en matière de liquidation, une autre juridiction peut être
amenée à traiter et se prononcer dans le cadre d'un litige sur
des questions liées à la liquidation du régime matrimonial dès
lors que sa résolution est indispensable à la solution du litige.
Cette solution s'explique par la volonté de concentrer le temps
procédural et privilégier les instances uniques. Reste qu'elle
interroge sur la compétence des magistrats du Tribunal de
Grande Instance amenés à trancher des questions
matrimoniales sans être Juge aux affaires familiales…
II. Nouveautés jurisprudentielles
A. Les tiers créanciers : prêt commun et poursuite du créancier contre les biens personnels de l'époux prédécédé
Dans un arrêt récent, la Cour de cassation consacre la position
favorable du créancier qui peut poursuivre le recouvrement de
sa créance contre les biens personnels de l'époux décédé alors
que le conjoint survivant est attributaire de la totalité de la
communauté.
Cet arrêt met en confrontation deux principes :
- d'une part, en application des dispositions de l'article 1524
alinéa 1, l'époux attributaire de la totalité de la communauté
doit s'acquitter de toute les dettes communes ;
- d'autre part, en application des dispositions de l'article 2294,
en souscrivant un contrat de prêt, chacun des époux engage,
à l'égard du créancier, tant les biens communs que ses biens
propres.
Se pose donc la question de savoir si le conjoint survivant
attributaire de la totalité de la communauté soustrait le
patrimoine propre de l'époux prédécédé qui s'est
personnellement engagé à l'égard du créancier ?
Dans un arrêt récent du 3 octobre 2018, la Cour de cassation
s'est prononcée sur cette question et a considéré que :
"l'obligation, pour l'époux attributaire de la totalité de la
communauté, d'en acquitter toutes les dettes, n'a pas pour effet
de soustraire le patrimoine propre de l'époux prédécédé qui s'est
personnellement engagé à l'égard du créancier, du droit de gage
général que l'article 2284 du code civil reconnaît à ce dernier ;".
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Le JAF doit tout liquider mais il n'est pas le seul à pouvoir le faire
cas de décès ou de déclaration d'absence (c'est le Tribunal de
grande Instance qui est compétent dans ce cas).
Le Juge aux affaires familiales est sans nul doute le juge naturel
des liquidations patrimoniales du couple, et il est assez rare de
douter de sa compétence et de la confondre avec la compétence
d'une autre juridiction.
Cependant, il peut arriver qu'une autre juridiction soit saisie
d'une difficulté juridique pour laquelle il est nécessaire de
procéder en tout ou partie à la liquidation du patrimoine du
couple.
La première chambre civile de la Cour de cassation dans un arrêt
en date du 19 décembre 2018 n°17-27.145 a été saisie de cette
question récemment.
En l'espèce, durant l'instance de divorce un époux commun en
biens avait cédé des parts sociales. Son épouse l'avait assigné
devant le Tribunal de Grande Instance afin que la cession de
parts lui soit déclarée inopposable.
L'épouse considérait que les parts étaient communes et que son
accord était requis pour céder les parts même si son époux en
était seul titulaire sur le fondement de l'article 1424 du code
civil. L'époux au contraire considérait que lesdites parts cédées
étaient propres et qu'il n'avait pas besoin de l'accord de son
épouse pour les céder.
Afin de trancher cette question, le Tribunal de Grande Instance
devait au préalable qualifier de communes ou propres lesdites
parts sociales. L'époux vendeur a alors sollicité un sursis à
statuer dans le cadre de l'instance, afin que le Juge aux affaires
familiales tranche cette question de qualification pour laquelle il
estimait que le Tribunal de Grande Instance n'était pas
compétent. Il se fondait notamment sur l'article L213-3 du code
Panorama sur la liquidationdu régime matrimonialCe mois-ci, nous avons choisi de faire un panorama de la jurisprudence récente sur la liquidation du régime matrimonial, en miroir avec la formation pratique à l'attention d'avocats et de notaires sur les techniques liquidatives de la communauté légale, de la séparation de biens et de la participation aux acquêts, notamment animée par Nicolas Graftieaux, les 20 et 21 juin prochain.
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rapportant. Il en résulte que le JAF est
compétent pour statuer sur la demande
d'un époux au titre de créances
antérieures au mariage, résultant de
l'indivision ayant existé entre les parties
avant leur union matrimoniale.
La Haute juridiction apporte donc trois
précisions :
- d'une part, le juge aux affaires familiales
est compétent pour connaître de la
liquidation des intérêts patrimoniaux
des concubins et partenaires,
conformément à l'article L. 213-3, 2° du
Code de l'organisation judiciaire (simple
rappel des textes ici) ;
- la liquidation comprend l'ensemble des
rapports pécuniaires des époux, y
compris ceux antérieurs au mariage
- le régime applicable aux créances
antérieures au mariage est emprunté à
celui des créances entre époux.
Plus précisément, la Cour de cassation
déduit que la présomption de propriété
édictée par l'article 1538, alinéa 2, du Code
civil était applicable aux relations
antématrimoniales, de sorte que l'époux
n'avait pas à rapporter la preuve de sa
participation au financement
d'acquisitions antérieures au mariage.
l'ex-mari en reconnaissance d'une créance
née antérieurement au mariage, au motif
de l'incompétence du juge aux affaires
familiales pour statuer sur une indivision
antématrimoniale.
La Cour d'appel énonce de manière
péremptoire que le juge aux affaires
familiale n'est pas compétent pour statuer
sur l'indivision ayant existé entre les
parties avant leur union matrimoniale, et
ordonne seulement la liquidation de leurs
intérêts patrimoniaux, puis retient que les
créances nées avant le mariage n'ont pas
vocation à être intégrées dans les comptes
de liquidation du régime matrimonial.
La Cour de cassation censure l'arrêt
d'appel en énonçant le principe
exactement inverse : le juge aux affaires
familiales connaît de la liquidation et du
partage des intérêts patrimoniaux des
époux, des personnes liées par un pacte
civil de solidarité et des concubins. La
liquidation à laquelle il est procédé en cas
de divorce englobe tous les rapports
pécuniaires entre les parties et il
appartient à l'époux qui se prétend
créancier de l'autre de faire valoir sa
créance selon les règles applicables à la
liquidation de leur régime matrimonial lors
de l'établissement des comptes s'y
I. La compétence des juges dans la liquidation des régimes matrimoniaux
A. Le juge aux affaires familiales connaît de l'ensemble des rapports patrimoniaux des époux même ceux antérieurs au mariage
Un arrêt rendu par la 1er chambre civile de
la Cour de cassation le 30 janvier 2019
énonce deux principes à retenir lorsque,
après un jugement de divorce, des
difficultés s'élèvent entre les époux lors
des opérations de liquidation et de
partage de leurs intérêts patrimoniaux.
En l'espèce, un couple marié sous le
régime de la séparation de biens divorce
et des difficultés s'élèvent quant à
l'existence d'une créance antérieure au
mariage.
Les juges du fond rejettent la demande de
Le profit subsistant boosté lorsqu'il est appliqué à la nue-
propriété !
2. Communauté : profit subsistant et nue-propriété
2.1. Présentation
La récompense est un mécanisme propre à la
liquidation des régimes communautaires
permettant de corriger l'enrichissement de l'un
des époux au détriment de la communauté ou
l'enrichissement de la communauté au détriment
de l'un des époux, au cours du mariage.
L'article 1469 du Code civil, détermine
l'évaluation des récompenses.
Il pose un principe : "La récompense est, en
général, égale à la plus faible des deux sommes
que représentent la dépense faite et le profit
subsistant".
Ce principe reprend la règle de l'enrichissement
sans cause. La dépense faite correspond à
l'appauvrissement d'un patrimoine, qu'il s'agisse
d'une somme décaissée ou d'une perte
financière et le profit subsistant correspond au
profit corrélatif de l'autre patrimoine.
Et deux exceptions :
Lorsqu'il s'agit d'une dépense nécessaire : "Elle
ne peut, toutefois, être moindre que la dépense
faite quand celle-ci était nécessaire".
Lorsqu'il s'agit d'une dépense d'acquisition,
d'amélioration ou de conservation : "Elle ne peut
être moindre que le profit subsistant, quand la
valeur empruntée a servi à acquérir, à conserver
ou à améliorer un bien qui se retrouve, au jour de
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B. Les créances entre époux
1. Régime de participation aux acquêts : détermination du patrimoine final
La participation aux acquêts est un régime
matrimonial conventionnel que l'on
présente souvent comme hybride.
Pour simplifier, il fonctionne comme une
séparation de biens pendant le mariage mais
poursuit des objectifs similaires à un régime
de communauté réduite aux acquêts au
moment de la dissolution dans la mesure où
chaque époux retire du mariage le même
enrichissement que l'autre.
Cet enrichissement est calculé grâce à
l'établissement de la "créance de
participation" qui joue ce rôle en nivelant les
"acquêts nets réalisés" par les époux.
Ces acquêts nets sont mesurés par la
différence entre le patrimoine final (montant
possédé à la dissolution du mariage) et le
patrimoine originaire (au jour du mariage).
L'éventuel déficit (acquêts nets négatifs) est
supporté entièrement par l'époux ; alors que
l'accroissement (acquêts nets positifs) doit
être partagé entre les époux.
1.1. Composition des patrimoines
1.1.1 On retrouve dans le patrimoine
originaire les biens acquis avant le mariage
ou ceux que les époux ont reçus à titre
gratuit (donation/ succession…) pendant le
mariage. L'article 1570 du code civil contient
les dispositions détaillant la composition du
patrimoine originaire des époux.
1.1.2 En ce qui concerne le patrimoine final
il contient tous les biens des époux au jour
de la dissolution du régime matrimonial
(c'est-à-dire (i) le patrimoine originaire sous
réserve des éventuelles modifications
intervenues en cours d'union, (ii) les biens
acquis par l'époux seul, ainsi que ceux (iii)
acquis en indivision). L'article 1572 du code
civil contient les dispositions détaillant la
composition du patrimoine originaire des
époux.
1.2. Précisions apportées par la jurisprudence
Si les définitions fournies par les articles
1570 et 1572 du code civil sont a priori
claires, quelques difficultés d'appréciation
peuvent survenir en pratique lorsqu'il
convient de déterminer le patrimoine
originaire ou final des époux afin de calculer
l'acquêt net.
1.2.1 Ainsi, à titre d'exemple, dans un arrêt
Civ. 1ère 31 mars 2016 n°14-24556, la Cour
de cassation était venue préciser qu'en cas
d'acquisition (et donc à titre onéreux) par un
époux de la quote-part de biens dépendant
d'une succession dont il est héritier, la
quote-part acquise n'est pas un bien propre
par nature mais un bien propre par
accessoire et doit intégrer le patrimoine final
de l'époux concerné et générer ainsi
potentiellement une créance de participation
au profit de l'autre époux.
1.2.2 Plus récemment, la première chambre
civile de la Cour de cassation dans un arrêt
en date du 03 octobre 2018 n°17-26585 a
précisé "qu'une créance détenue par un
époux a l'encontre de son conjoint doit être
comptabilisée à l'actif du patrimoine final de
cet époux et au passif du patrimoine final du
conjoint pour le calcul de leurs acquêts nets et
la détermination de l'éventuelle créance de
participation".
En l'espèce, une épouse avait réglé en lieux
et place de son conjoint sa quote part
d'impôts et de contribution sociale
généralisée et elle réclamait le règlement de
ces sommes dans le cadre de la liquidation
du régime matrimonial.
La Cour d'appel d'Orléans, avait jugé que les
créances entre époux ne devaient pas
intégrer le calcul de l'acquêt net, mais être
uniquement déduites de l'éventuelle créance
de participation due par l'époux.
La cour de cassation va sanctionner ce
raisonnement en se fondant notamment sur
l'alinéa 2 de l'article 1574 du code civil qui
prévoit que "De l'actif ainsi reconstitué, on
déduit toutes les dettes qui n'ont pas encore
été acquittées, y compris les sommes qui
pourraient être dues au conjoint.".
En conclusion, mécaniquement, si dans le
cadre des opérations de liquidation du
régime matrimonial les époux vont procéder
à une compensation entre la créance de
participation et les créances entre époux, ce
qui revient à "supprimer" la créance entre
époux lorsque son créancier est également
le débiteur de la créance de participation.
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Les vases communicants des
créances entre époux
Fait de l'espèce :
Un couple s'est marié sous le régime de la
communauté de biens réduite aux acquêts
avec clause d'attribution intégrale de ladite
communauté.
Le couple souscrit en 2006 un contrat de
prêt auprès d'un organisme bancaire pour
financer l'acquisition d'un bien immobilier
commun.
L'époux est décédé, laissant pour lui
succéder son épouse, conjoint survivant
(attributaire de la totalité de la communauté)
et leurs deux enfants (nés de cette union).
La communauté n'a donc pas été liquidée
car entièrement attribué à l'épouse
survivante. En revanche, l'époux prédécédé
détenait des biens immobiliers propres qui,
à l'issu des opérations de partage ont été
attribués aux deux enfants.
Le conjoint survivant a cessé de régler les
échéances du prêt bancaire. La société
créancière a prononcé la déchéance du
terme et inscrit des hypothèques judiciaires
provisoires sur les biens propres de l'époux
prédécédé appartenant désormais à ses
enfants.
Ils ont contesté l'action de la société
créancière contre les biens personnels de
l'époux prédécédé invoquant principalement
que le conjoint survivant étant attributaire
de la totalité de la communauté, elle doit
s'acquitter de toutes les dettes. Le prêt
commun ayant été souscrit pour l'acquisition
d'un bien commun, de sorte qu'elle doit
supporter seul ce passif commun.
La cour d'appel a donné raison aux enfants
dans les termes suivants :
"au décès de Régis X..., Mme A... a bénéficié
de l'attribution intégrale de l'actif et du
passif de la communauté qui n'a pas été
liquidée et que M. X... a accepté la
succession de son père, dont l'actif se
compose uniquement de biens propres,
sans recueillir aucun élément de la
communauté, de sorte que Mme A... étant
seule débitrice du solde du prêt litigieux, qui
est une dette de la communauté, la société
Norfi ne justifie pas d'un principe de
créance à l'encontre de celui-ci ;"
La société créancière s'est pourvue en
cassation.
La cour de cassation a cassé l'arrêt d'appel
en considérant que :
"alors qu'en souscrivant le contrat de prêt,
chacun des époux avait engagé, à l'égard
du créancier, tant les biens communs que
ses biens propres, la cour d'appel a violé les
textes susvisés ;"
la liquidation de la communauté, dans le
patrimoine emprunteur. Si le bien acquis,
conservé ou amélioré a été aliéné avant la
liquidation, le profit est évalué au jour de
l'aliénation ; si un nouveau bien a été
subrogé au bien aliéné, le profit est évalué
sur ce nouveau bien".
2.2. Arrêt de la Cour de Cassation du 7 novembre 2018 n°17-26149
Dans un arrêt du 7 novembre 2018, la cour
de cassation précise la méthode de
d'évaluation du profit subsistant en
présence du financement par la
communauté d'acquisition de biens propres
démembré.
En l'espèce il s'agissait d'un bien acquis en nue-propriété par donation-
partage pendant le mariage mais faisant partie du patrimoine propre de
l'époux lors de la liquidation du régime matrimonial.
2.2.1 Les faits
Un mari commun en bien avait reçu par donation-partage la nue-
propriété de biens immobiliers dont ses parents s'étaient réservé
l'usufruit.
En contrepartie de l'attribution de ce lot, le donataire avait versé une
soulte à deux de ses sœurs.
Le paiement de cette soulte avait été effectué par la communauté.
Au décès de ses parents, l'époux est devenu plein propriétaire de ce
bien immobilier.
Après son divorce et lors de la liquidation de son régime matrimonial, la
question était de savoir quel était le montant de la récompense que
devait l'époux débiteur à la communauté.
Il n'existait aucune contestation d'un enrichissement de la masse propre
au détriment de la masse commune, ni de la nature de la dépense mais
simplement du mode de calcul.
2.2.2 Le principe édicté par la Cour de cassation
a. Problématique
Quel est le montant de la récompense due par un des époux lorsqu'il a
acquis un bien en nue-propriété et qu'il se retrouve plein propriétaire
lors de la liquidation de son régime matrimonial ?
b. Calcul de la Cour d'appel (nommée méthode n°1)
La cour d'appel a évalué le profit subsistant en prenant la valeur en
pleine propriété du bien immobilier tant au jour de l'acquisition qu'au
jour de la liquidation.
(Dépense faite / Valeur de la pleine propriété au jour de l'acquisition)
x valeur de la pleine propriété au jour de la liquidation
c. Le moyen du pourvoi (Nommée méthode n°2)
L'époux débiteur considérait que lorsque les fonds empruntés à la
communauté avaient permis l'acquisition de parts indivises en nue-
propriété, le profit subsistant devait être calculé sur la seule valeur de la
nue-propriété du bien.
(Dépense faite/Valeur de la nue-propriété au jour de l'acquisition) x par
la valeur de la nue-propriété au jour du partage
Le profit subsistant boosté lorsqu'il est appliqué à la nue-
propriété !
2. Communauté : profit subsistant et nue-propriété
2.1. Présentation
La récompense est un mécanisme propre à la
liquidation des régimes communautaires
permettant de corriger l'enrichissement de l'un
des époux au détriment de la communauté ou
l'enrichissement de la communauté au détriment
de l'un des époux, au cours du mariage.
L'article 1469 du Code civil, détermine
l'évaluation des récompenses.
Il pose un principe : "La récompense est, en
général, égale à la plus faible des deux sommes
que représentent la dépense faite et le profit
subsistant".
Ce principe reprend la règle de l'enrichissement
sans cause. La dépense faite correspond à
l'appauvrissement d'un patrimoine, qu'il s'agisse
d'une somme décaissée ou d'une perte
financière et le profit subsistant correspond au
profit corrélatif de l'autre patrimoine.
Et deux exceptions :
Lorsqu'il s'agit d'une dépense nécessaire : "Elle
ne peut, toutefois, être moindre que la dépense
faite quand celle-ci était nécessaire".
Lorsqu'il s'agit d'une dépense d'acquisition,
d'amélioration ou de conservation : "Elle ne peut
être moindre que le profit subsistant, quand la
valeur empruntée a servi à acquérir, à conserver
ou à améliorer un bien qui se retrouve, au jour de
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B. Les créances entre époux
1. Régime de participation aux acquêts : détermination du patrimoine final
La participation aux acquêts est un régime
matrimonial conventionnel que l'on
présente souvent comme hybride.
Pour simplifier, il fonctionne comme une
séparation de biens pendant le mariage mais
poursuit des objectifs similaires à un régime
de communauté réduite aux acquêts au
moment de la dissolution dans la mesure où
chaque époux retire du mariage le même
enrichissement que l'autre.
Cet enrichissement est calculé grâce à
l'établissement de la "créance de
participation" qui joue ce rôle en nivelant les
"acquêts nets réalisés" par les époux.
Ces acquêts nets sont mesurés par la
différence entre le patrimoine final (montant
possédé à la dissolution du mariage) et le
patrimoine originaire (au jour du mariage).
L'éventuel déficit (acquêts nets négatifs) est
supporté entièrement par l'époux ; alors que
l'accroissement (acquêts nets positifs) doit
être partagé entre les époux.
1.1. Composition des patrimoines
1.1.1 On retrouve dans le patrimoine
originaire les biens acquis avant le mariage
ou ceux que les époux ont reçus à titre
gratuit (donation/ succession…) pendant le
mariage. L'article 1570 du code civil contient
les dispositions détaillant la composition du
patrimoine originaire des époux.
1.1.2 En ce qui concerne le patrimoine final
il contient tous les biens des époux au jour
de la dissolution du régime matrimonial
(c'est-à-dire (i) le patrimoine originaire sous
réserve des éventuelles modifications
intervenues en cours d'union, (ii) les biens
acquis par l'époux seul, ainsi que ceux (iii)
acquis en indivision). L'article 1572 du code
civil contient les dispositions détaillant la
composition du patrimoine originaire des
époux.
1.2. Précisions apportées par la jurisprudence
Si les définitions fournies par les articles
1570 et 1572 du code civil sont a priori
claires, quelques difficultés d'appréciation
peuvent survenir en pratique lorsqu'il
convient de déterminer le patrimoine
originaire ou final des époux afin de calculer
l'acquêt net.
1.2.1 Ainsi, à titre d'exemple, dans un arrêt
Civ. 1ère 31 mars 2016 n°14-24556, la Cour
de cassation était venue préciser qu'en cas
d'acquisition (et donc à titre onéreux) par un
époux de la quote-part de biens dépendant
d'une succession dont il est héritier, la
quote-part acquise n'est pas un bien propre
par nature mais un bien propre par
accessoire et doit intégrer le patrimoine final
de l'époux concerné et générer ainsi
potentiellement une créance de participation
au profit de l'autre époux.
1.2.2 Plus récemment, la première chambre
civile de la Cour de cassation dans un arrêt
en date du 03 octobre 2018 n°17-26585 a
précisé "qu'une créance détenue par un
époux a l'encontre de son conjoint doit être
comptabilisée à l'actif du patrimoine final de
cet époux et au passif du patrimoine final du
conjoint pour le calcul de leurs acquêts nets et
la détermination de l'éventuelle créance de
participation".
En l'espèce, une épouse avait réglé en lieux
et place de son conjoint sa quote part
d'impôts et de contribution sociale
généralisée et elle réclamait le règlement de
ces sommes dans le cadre de la liquidation
du régime matrimonial.
La Cour d'appel d'Orléans, avait jugé que les
créances entre époux ne devaient pas
intégrer le calcul de l'acquêt net, mais être
uniquement déduites de l'éventuelle créance
de participation due par l'époux.
La cour de cassation va sanctionner ce
raisonnement en se fondant notamment sur
l'alinéa 2 de l'article 1574 du code civil qui
prévoit que "De l'actif ainsi reconstitué, on
déduit toutes les dettes qui n'ont pas encore
été acquittées, y compris les sommes qui
pourraient être dues au conjoint.".
En conclusion, mécaniquement, si dans le
cadre des opérations de liquidation du
régime matrimonial les époux vont procéder
à une compensation entre la créance de
participation et les créances entre époux, ce
qui revient à "supprimer" la créance entre
époux lorsque son créancier est également
le débiteur de la créance de participation.
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Les vases communicants des
créances entre époux
Fait de l'espèce :
Un couple s'est marié sous le régime de la
communauté de biens réduite aux acquêts
avec clause d'attribution intégrale de ladite
communauté.
Le couple souscrit en 2006 un contrat de
prêt auprès d'un organisme bancaire pour
financer l'acquisition d'un bien immobilier
commun.
L'époux est décédé, laissant pour lui
succéder son épouse, conjoint survivant
(attributaire de la totalité de la communauté)
et leurs deux enfants (nés de cette union).
La communauté n'a donc pas été liquidée
car entièrement attribué à l'épouse
survivante. En revanche, l'époux prédécédé
détenait des biens immobiliers propres qui,
à l'issu des opérations de partage ont été
attribués aux deux enfants.
Le conjoint survivant a cessé de régler les
échéances du prêt bancaire. La société
créancière a prononcé la déchéance du
terme et inscrit des hypothèques judiciaires
provisoires sur les biens propres de l'époux
prédécédé appartenant désormais à ses
enfants.
Ils ont contesté l'action de la société
créancière contre les biens personnels de
l'époux prédécédé invoquant principalement
que le conjoint survivant étant attributaire
de la totalité de la communauté, elle doit
s'acquitter de toutes les dettes. Le prêt
commun ayant été souscrit pour l'acquisition
d'un bien commun, de sorte qu'elle doit
supporter seul ce passif commun.
La cour d'appel a donné raison aux enfants
dans les termes suivants :
"au décès de Régis X..., Mme A... a bénéficié
de l'attribution intégrale de l'actif et du
passif de la communauté qui n'a pas été
liquidée et que M. X... a accepté la
succession de son père, dont l'actif se
compose uniquement de biens propres,
sans recueillir aucun élément de la
communauté, de sorte que Mme A... étant
seule débitrice du solde du prêt litigieux, qui
est une dette de la communauté, la société
Norfi ne justifie pas d'un principe de
créance à l'encontre de celui-ci ;"
La société créancière s'est pourvue en
cassation.
La cour de cassation a cassé l'arrêt d'appel
en considérant que :
"alors qu'en souscrivant le contrat de prêt,
chacun des époux avait engagé, à l'égard
du créancier, tant les biens communs que
ses biens propres, la cour d'appel a violé les
textes susvisés ;"
la liquidation de la communauté, dans le
patrimoine emprunteur. Si le bien acquis,
conservé ou amélioré a été aliéné avant la
liquidation, le profit est évalué au jour de
l'aliénation ; si un nouveau bien a été
subrogé au bien aliéné, le profit est évalué
sur ce nouveau bien".
2.2. Arrêt de la Cour de Cassation du 7 novembre 2018 n°17-26149
Dans un arrêt du 7 novembre 2018, la cour
de cassation précise la méthode de
d'évaluation du profit subsistant en
présence du financement par la
communauté d'acquisition de biens propres
démembré.
En l'espèce il s'agissait d'un bien acquis en nue-propriété par donation-
partage pendant le mariage mais faisant partie du patrimoine propre de
l'époux lors de la liquidation du régime matrimonial.
2.2.1 Les faits
Un mari commun en bien avait reçu par donation-partage la nue-
propriété de biens immobiliers dont ses parents s'étaient réservé
l'usufruit.
En contrepartie de l'attribution de ce lot, le donataire avait versé une
soulte à deux de ses sœurs.
Le paiement de cette soulte avait été effectué par la communauté.
Au décès de ses parents, l'époux est devenu plein propriétaire de ce
bien immobilier.
Après son divorce et lors de la liquidation de son régime matrimonial, la
question était de savoir quel était le montant de la récompense que
devait l'époux débiteur à la communauté.
Il n'existait aucune contestation d'un enrichissement de la masse propre
au détriment de la masse commune, ni de la nature de la dépense mais
simplement du mode de calcul.
2.2.2 Le principe édicté par la Cour de cassation
a. Problématique
Quel est le montant de la récompense due par un des époux lorsqu'il a
acquis un bien en nue-propriété et qu'il se retrouve plein propriétaire
lors de la liquidation de son régime matrimonial ?
b. Calcul de la Cour d'appel (nommée méthode n°1)
La cour d'appel a évalué le profit subsistant en prenant la valeur en
pleine propriété du bien immobilier tant au jour de l'acquisition qu'au
jour de la liquidation.
(Dépense faite / Valeur de la pleine propriété au jour de l'acquisition)
x valeur de la pleine propriété au jour de la liquidation
c. Le moyen du pourvoi (Nommée méthode n°2)
L'époux débiteur considérait que lorsque les fonds empruntés à la
communauté avaient permis l'acquisition de parts indivises en nue-
propriété, le profit subsistant devait être calculé sur la seule valeur de la
nue-propriété du bien.
(Dépense faite/Valeur de la nue-propriété au jour de l'acquisition) x par
la valeur de la nue-propriété au jour du partage
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Là, on a franchement le droit de pas être
d'accord avec la Cour de cassation...
Et les concubins alors ?
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ParisNicolas Graftieaux et Victoire Thivend
d. Réponse de la Cour de Cassation :
Précisions la méthode de calcul par la cour de cassation (appelé méthode n°3)
La Cour de Cassation considère que le calcul du profit
subsistant doit se faire tel que :
(Dépense faite / Valeur de la nue-propriété du bien au jour
de l'acquisition) x par la valeur de la pleine propriété au
jour du partage
Rappelons d'abord que lorsque le bien acquis connaît un
changement de valeur entre le jour de son achat et celui de
la liquidation, la plus ou moins-value ne doit être prise en
compte que dans la mesure où elle ne résulte pas de
l'action de l'époux débiteur de la récompense.
La Cour de cassation prend ensuite la position suivante :
"Mais attendu qu'il résulte de l'article 1469, alinéa 3, du code
civil que, lorsque des fonds de la communauté ont servi à
acquérir ou à améliorer un bien qui se retrouve, au jour de la
liquidation de celle-ci, dans le patrimoine propre de l'un des
époux, le profit subsistant, auquel la récompense due à
la communauté ne peut être inférieure, doit se
déterminer d'après la proportion dans laquelle les
fonds empruntés à la dite communauté ont contribué
au financement de l'acquisition ; que le profit
subsistant représente l'avantage réellement procuré au
fonds emprunteur ;
Attendu qu'il s'ensuit que dans le cas où la communauté a
payé la soulte due par un époux ayant reçu un bien en nue-
propriété en donation-partage, qui se retrouve, au jour de la
liquidation de la communauté, du fait du décès de
l'usufruitier, en pleine-propriété dans le patrimoine
emprunteur, il convient de calculer d'abord la
contribution du patrimoine créancier à l'acquisition du
bien donné en nue-propriété, puis de reporter cette
fraction sur la valeur en pleine propriété de ce bien au
jour de la liquidation".
Le rejet du pourvoi de la cour de cassation
La haute juridiction considère donc les analyses de la cour
d'appel et de l'époux débiteur erronées.
Contre toute attente, elle refuse cependant de casser l'arrêt
de la Cour d'Appel car il estime que le résultat auquel ils
parviennent tous les deux seraient "nécessairement
identique" et qu'ainsi le calcul erroné ne ferait pas grief à
l'époux débiteur.
La cour de Cassation rejette ainsi le pourvoi.
"Que si, en prenant en compte, pour le calcul du profit
subsistant, la valeur en pleine propriété des biens donnés,
tant au jour de leur acquisition qu'à celui de la liquidation, la
cour d'appel a évalué de façon erronée la récompense due à
la communauté, le résultat auquel elle parvient est
nécessairement identique à celui qui aurait été obtenu
à partir du calcul tout aussi inexact fondé sur la seule
valeur des biens en nue-propriété, dans la proportion
initiale de celle-ci, de sorte que M. X... est sans intérêt à
la cassation de cette disposition qui ne lui fait pas grief
; que le moyen n'est pas recevable" ;
La leçon de droit sur le calcul à employer n'en reste pas
moins édictée…
3. Concubinage
Contrairement aux couples mariés ou pacsés, la relation des
concubins ne s'inscrit dans aucun cadre légal permettant
d'organiser juridiquement leur vie commune. Ainsi, au
moment de leur séparation, aucune disposition ne prévoit
le règlement de leurs rapports patrimoniaux. En
conséquence, les comptes entre concubins se fondent sur
des mécanismes de droit commun, et notamment la notion
d'enrichissement sans cause.
Dans un arrêt rendu par la première chambre civile le 19
décembre 2018, la Cour de cassation a jugé qu'il n'existe
pas d'enrichissement sans cause lorsque le paiement des
mensualités d'un prêt immobilier par le seul concubin
s'expliquait par le devoir de conscience dont il s'estimait
tenu à l'égard de son ancienne concubine, en raison des
circonstances de la rupture (Cass 1e civ, 19 décembre 2018,
n°17-27855).
3.1. La contribution des concubins aux charges de la vie commune
a. A défaut d'accord, chacun supporte les dépenses qu'il a engagées
De manière constante, la jurisprudence considère
qu'aucune disposition légale ne règle la contribution des
concubins aux charges de la vie commune. Le principe est
donc que chacun doit supporter les dépenses de la vie
courante qu'il a engagées.
Il est toutefois possible de conclure un accord, entre
concubins, sur la répartition des charges de la vie
commune. Il s'agit d'un contrat de droit commun, dont il
convient d'être en mesure de rapporter la preuve, devant le
juge, pour contraindre celui des concubins qui ne le
respecte pas à s'exécuter (Cass 1e civ, 19 décembre 2018,
n°18-12311).
Or, durant la vie commune, les éventuels accords des
concubins sur la répartition des charges de la vie commune
ne sont généralement pas écrits, ce qui rend leur preuve
devant les juridictions très difficiles.
b. Le recours à la notion d'enrichissement injustifié
Aux termes de l'article 1303-1 du code civil :
"L'enrichissement est injustifié lorsqu'il ne procède ni de
l'accomplissement d'une obligation par l'appauvri ni de son
intention libérale".
L'article 1302 du code civil dispose quant à lui : "Tout
paiement suppose une dette ; ce qui a été reçu sans être dû
est sujet à restitution. La restitution n'est pas admise à l'égard
des obligations naturelles qui ont été volontairement
acquittées".
Sur le fondement de ces dispositions, le
concubin qui estime avoir supporté des
dépenses de la vie courante peut être tenté
d'en demander le remboursement. Il doit
toutefois rapporter la preuve de ce que ces
paiements ne relevaient pas d'une intention
libérale, et qu'ils ne trouvent pas leur
contrepartie dans des avantages tirés du
concubinage.
Tel est le cas, notamment, lorsque les frais
engagés par un concubin pour la réalisation
de travaux dans l'immeuble appartenant à sa
compagne, sont trop importants pour être
considérés comme une contrepartie des
avantages tirés du concubinage. En d'autres
termes : lorsque ces dépenses dépassent ce
qui serait une contribution raisonnable aux
charges de la vie commune (Cass 1e civ, 24
septembre 2008, n°06-11294).
3.2. L'enrichissement sans cause écarté par le devoir de conscience
Dans son arrêt du 19 décembre 2018, la cour
de cassation apporte des précisions quant à
l'obligation naturelle, qui, volontairement
acquittée, peut faire obstacle à la qualification
d'enrichissement injustifié, et, par conséquent,
au remboursement des dépenses engagées.
a. Faits et décision de cour d'appel
Deux concubins avaient souscrit un prêt de
financement de la construction d'une maison
d'habitation sur un terrain appartenant à la
concubine. Le concubin avait réglé les
mensualités de remboursement de ce prêt, y
compris postérieurement à la séparation.
Il a assigné sont ancienne concubine en
remboursement des sommes ainsi versées, en
invoquant l'enrichissement injustifié de cette
dernière.
La cour d'appel fait droit à sa demande, en
considérant que :
- la concubine ne démontrait pas avoir
contribué de manière excessive aux
dépenses de la vie courante pendant le
concubinage, et que, en conséquence il
n'était pas établi que le concubin se soit
acquitté des mensualités pour rembourser
l'aide financière qu'il percevait, au
quotidien, de la part de sa compagne ;
- il n'existait pas d'intention libérale.
b. Solution de l'arrêt
La Cour de cassation a censuré l'arrêt de la
cour d'appel, et écarté l'enrichissement
injustifié, en estimant "Qu'en statuant ainsi,
sans rechercher, comme elle y était invitée,
si le financement de la maison
d'habitation au moyen des seuls deniers
personnels de M. X ne s'expliquait pas par
le devoir de conscience dont celui-ci
s'estimait tenu à l'égard de son ancienne
concubine, en raison des circonstances de
leur rupture, la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision".
En l'espèce, ce devoir de conscience
résultait du caractère vexatoire de la
rupture, le concubin délaissé sa
compagne pour une autre personne,
après 17 ans de vie commune, pendant
laquelle la concubine avait consacré une
partie de ses fonds propres à la vie
commune.
Cette décision interroge cependant à de
très nombreux égards, dont le premier
est évident : comment est-il possible de
qualifier l'intention d'un concubin payeur
à l'aune de faits postérieurs au fait
générateur de la créance ??
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d'accord avec la Cour de cassation...
Et les concubins alors ?
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d. Réponse de la Cour de Cassation :
Précisions la méthode de calcul par la cour de cassation (appelé méthode n°3)
La Cour de Cassation considère que le calcul du profit
subsistant doit se faire tel que :
(Dépense faite / Valeur de la nue-propriété du bien au jour
de l'acquisition) x par la valeur de la pleine propriété au
jour du partage
Rappelons d'abord que lorsque le bien acquis connaît un
changement de valeur entre le jour de son achat et celui de
la liquidation, la plus ou moins-value ne doit être prise en
compte que dans la mesure où elle ne résulte pas de
l'action de l'époux débiteur de la récompense.
La Cour de cassation prend ensuite la position suivante :
"Mais attendu qu'il résulte de l'article 1469, alinéa 3, du code
civil que, lorsque des fonds de la communauté ont servi à
acquérir ou à améliorer un bien qui se retrouve, au jour de la
liquidation de celle-ci, dans le patrimoine propre de l'un des
époux, le profit subsistant, auquel la récompense due à
la communauté ne peut être inférieure, doit se
déterminer d'après la proportion dans laquelle les
fonds empruntés à la dite communauté ont contribué
au financement de l'acquisition ; que le profit
subsistant représente l'avantage réellement procuré au
fonds emprunteur ;
Attendu qu'il s'ensuit que dans le cas où la communauté a
payé la soulte due par un époux ayant reçu un bien en nue-
propriété en donation-partage, qui se retrouve, au jour de la
liquidation de la communauté, du fait du décès de
l'usufruitier, en pleine-propriété dans le patrimoine
emprunteur, il convient de calculer d'abord la
contribution du patrimoine créancier à l'acquisition du
bien donné en nue-propriété, puis de reporter cette
fraction sur la valeur en pleine propriété de ce bien au
jour de la liquidation".
Le rejet du pourvoi de la cour de cassation
La haute juridiction considère donc les analyses de la cour
d'appel et de l'époux débiteur erronées.
Contre toute attente, elle refuse cependant de casser l'arrêt
de la Cour d'Appel car il estime que le résultat auquel ils
parviennent tous les deux seraient "nécessairement
identique" et qu'ainsi le calcul erroné ne ferait pas grief à
l'époux débiteur.
La cour de Cassation rejette ainsi le pourvoi.
"Que si, en prenant en compte, pour le calcul du profit
subsistant, la valeur en pleine propriété des biens donnés,
tant au jour de leur acquisition qu'à celui de la liquidation, la
cour d'appel a évalué de façon erronée la récompense due à
la communauté, le résultat auquel elle parvient est
nécessairement identique à celui qui aurait été obtenu
à partir du calcul tout aussi inexact fondé sur la seule
valeur des biens en nue-propriété, dans la proportion
initiale de celle-ci, de sorte que M. X... est sans intérêt à
la cassation de cette disposition qui ne lui fait pas grief
; que le moyen n'est pas recevable" ;
La leçon de droit sur le calcul à employer n'en reste pas
moins édictée…
3. Concubinage
Contrairement aux couples mariés ou pacsés, la relation des
concubins ne s'inscrit dans aucun cadre légal permettant
d'organiser juridiquement leur vie commune. Ainsi, au
moment de leur séparation, aucune disposition ne prévoit
le règlement de leurs rapports patrimoniaux. En
conséquence, les comptes entre concubins se fondent sur
des mécanismes de droit commun, et notamment la notion
d'enrichissement sans cause.
Dans un arrêt rendu par la première chambre civile le 19
décembre 2018, la Cour de cassation a jugé qu'il n'existe
pas d'enrichissement sans cause lorsque le paiement des
mensualités d'un prêt immobilier par le seul concubin
s'expliquait par le devoir de conscience dont il s'estimait
tenu à l'égard de son ancienne concubine, en raison des
circonstances de la rupture (Cass 1e civ, 19 décembre 2018,
n°17-27855).
3.1. La contribution des concubins aux charges de la vie commune
a. A défaut d'accord, chacun supporte les dépenses qu'il a engagées
De manière constante, la jurisprudence considère
qu'aucune disposition légale ne règle la contribution des
concubins aux charges de la vie commune. Le principe est
donc que chacun doit supporter les dépenses de la vie
courante qu'il a engagées.
Il est toutefois possible de conclure un accord, entre
concubins, sur la répartition des charges de la vie
commune. Il s'agit d'un contrat de droit commun, dont il
convient d'être en mesure de rapporter la preuve, devant le
juge, pour contraindre celui des concubins qui ne le
respecte pas à s'exécuter (Cass 1e civ, 19 décembre 2018,
n°18-12311).
Or, durant la vie commune, les éventuels accords des
concubins sur la répartition des charges de la vie commune
ne sont généralement pas écrits, ce qui rend leur preuve
devant les juridictions très difficiles.
b. Le recours à la notion d'enrichissement injustifié
Aux termes de l'article 1303-1 du code civil :
"L'enrichissement est injustifié lorsqu'il ne procède ni de
l'accomplissement d'une obligation par l'appauvri ni de son
intention libérale".
L'article 1302 du code civil dispose quant à lui : "Tout
paiement suppose une dette ; ce qui a été reçu sans être dû
est sujet à restitution. La restitution n'est pas admise à l'égard
des obligations naturelles qui ont été volontairement
acquittées".
Sur le fondement de ces dispositions, le
concubin qui estime avoir supporté des
dépenses de la vie courante peut être tenté
d'en demander le remboursement. Il doit
toutefois rapporter la preuve de ce que ces
paiements ne relevaient pas d'une intention
libérale, et qu'ils ne trouvent pas leur
contrepartie dans des avantages tirés du
concubinage.
Tel est le cas, notamment, lorsque les frais
engagés par un concubin pour la réalisation
de travaux dans l'immeuble appartenant à sa
compagne, sont trop importants pour être
considérés comme une contrepartie des
avantages tirés du concubinage. En d'autres
termes : lorsque ces dépenses dépassent ce
qui serait une contribution raisonnable aux
charges de la vie commune (Cass 1e civ, 24
septembre 2008, n°06-11294).
3.2. L'enrichissement sans cause écarté par le devoir de conscience
Dans son arrêt du 19 décembre 2018, la cour
de cassation apporte des précisions quant à
l'obligation naturelle, qui, volontairement
acquittée, peut faire obstacle à la qualification
d'enrichissement injustifié, et, par conséquent,
au remboursement des dépenses engagées.
a. Faits et décision de cour d'appel
Deux concubins avaient souscrit un prêt de
financement de la construction d'une maison
d'habitation sur un terrain appartenant à la
concubine. Le concubin avait réglé les
mensualités de remboursement de ce prêt, y
compris postérieurement à la séparation.
Il a assigné sont ancienne concubine en
remboursement des sommes ainsi versées, en
invoquant l'enrichissement injustifié de cette
dernière.
La cour d'appel fait droit à sa demande, en
considérant que :
- la concubine ne démontrait pas avoir
contribué de manière excessive aux
dépenses de la vie courante pendant le
concubinage, et que, en conséquence il
n'était pas établi que le concubin se soit
acquitté des mensualités pour rembourser
l'aide financière qu'il percevait, au
quotidien, de la part de sa compagne ;
- il n'existait pas d'intention libérale.
b. Solution de l'arrêt
La Cour de cassation a censuré l'arrêt de la
cour d'appel, et écarté l'enrichissement
injustifié, en estimant "Qu'en statuant ainsi,
sans rechercher, comme elle y était invitée,
si le financement de la maison
d'habitation au moyen des seuls deniers
personnels de M. X ne s'expliquait pas par
le devoir de conscience dont celui-ci
s'estimait tenu à l'égard de son ancienne
concubine, en raison des circonstances de
leur rupture, la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision".
En l'espèce, ce devoir de conscience
résultait du caractère vexatoire de la
rupture, le concubin délaissé sa
compagne pour une autre personne,
après 17 ans de vie commune, pendant
laquelle la concubine avait consacré une
partie de ses fonds propres à la vie
commune.
Cette décision interroge cependant à de
très nombreux égards, dont le premier
est évident : comment est-il possible de
qualifier l'intention d'un concubin payeur
à l'aune de faits postérieurs au fait
générateur de la créance ??
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L’ACTU by ParisEmilie Chandler
L'action de groupe est prévue par la loi du 17 mars 2014 relative à la consommation et intègre les articles L. 423-1 et suivants du code de la consommation. C'est la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 qui l'a ouverte aux usagers s'estimant victimes d'un manquement en lien avec un produit de santé par l'intermédiaire des associations agréées autorisées à intenter une procédure juridictionnelle en lieu et place des victimes et ainsi d'obtenir un jugement dont les victimes pourront se prévaloir auprès du responsable pour obtenir la réparation du dommage.
L'action de groupe en matière deproduits de santé : pourquoi et comment ?
liste établie par la ministre de la santé) ou une
commission de médiation (R. 1143-6 du Code
de la Santé publique), en charge de proposer
une indemnisation amiable des préjudices des
victimes par le responsable dans une durée de
trois mois renouvelable une fois. Cette phase
de médiation doit pouvoir aboutir à une
convention de médiation, acceptée par
l'association et au moins une des personnes
mises en cause et homologuée par le juge
initialement saisi. L'intérêt est qu'elle établit les
conditions de réparation des préjudices subis
par les victimes (dommages corporels visés,
expertise individuelle, modalité de suivi du
dispositif…). L'homologation de la convention
par le juge éteint l'action pour les parties
signataires.
Cette étape de la procédure suspend les délais
de prescription dont le cours reprend pour
chaque victime six mois après que le jugement
de responsabilité soit devenu définitif ou à
compter de la date d'homologation de la
convention de médiation.
Les mis en cause ont l'obligation légale
d'informer les usagers du système de santé
concernés de la possibilité de demander
réparation des préjudices visés dans le
jugement ou dans la convention en leur
adressant le dispositif de la décision, la forme,
le contenu et le délai de la demande à adresser
et les justificatifs à produire.
Lorsqu'une victime présente une demande qui
ne respecte pas les formes prescrites et qu'elle
n'intègre pas l'action de groupe, elle peut
toujours engager une action devant la
juridiction compétente à titre individuel. A
contrario, si la victime intègre l'action de
groupe durant la phase de jugement de
responsabilité ou de la convention de
médiation, elle ne peut pas engager une action
à titre individuel pour les mêmes préjudices et
contre les mêmes personnes. Elle peut à tout
moment retirer son mandat à l'association
agréée concernée, ce qui vaut renonciation de
l'adhésion au groupe.
La demande de réparation est adressée au mis
en cause ou à son assureur en responsabilité
civile, soit par la victime elle-même soit par
l'association. Dans le 1er cas, la victime informe
l'association de sa démarche individuelle. La
demande doit justifier que les critères
d'adhésion au groupe définis dans le jugement
de responsabilité ou dans la convention de
médiation sont bien remplis. Cette phase est
individualisée et peut conduire à une mesure
d'expertise individuelle.
Le jugement de responsabilité présente le
caractère d'autorité de la chose jugée pour
chaque membre du groupe dont le préjudice a
été réparé.
Cette action peut être introduite avec deux
usagers minimum, ayant subi un ou des
préjudices corporels individuels similaires ou
identiques ayant une cause commune constitué
par le manquement d'un producteur, d'un
fournisseur de produits visés au II de l'article L.
5311-1 du code de la santé publique ou d'un
prestataire ayant fait usage d'un de ces
produits et par une association d'usagers du
système de santé agréée au sens de l'article
L1114-1 du code de la santé publique
acceptant d'introduire l'action.
Le juge saisi de la requête initiale constate la
recevabilité de l'acte et peut proposer aux
parties d'avoir recours à une médiation. Il
examine la responsabilité, si nécessaire, en
diligentant toute mesure d'instruction comme
une expertise médicale pour statuer sur la
responsabilité. Il lui revient également de
définir le groupe de victimes concernées avec
les critères de rattachement au groupe ainsi
que la liste les dommages corporels dont les
préjudices sont susceptibles d'être réparés, par
catégorie de personnes concernées.
Le magistrat peut statuer sur la responsabilité
et condamner le défendeur au paiement d'une
provision pour les frais engagés par
l'association agréée (frais d'avocat notamment).
Lorsqu'il estime l'association comme recevable,
il peut, avec l'accord des parties à l'instance,
donner mission à un médiateur (inscrit sur une
Dro
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