16
L'ARCHlTI HISTORIQ{ ~CTURE CONT lES EN FRAN( :MPORAINE DANS ENSEMBI ~S MONUMENTS :s I'reuvre médiévale, ou, dans les programmes utilitaires et militaires à faire reuvre architecturale, comme Vau- ban, dans les forteresses dont il ceinture la France de Louis XIV. Il est même permis de dire que, tel M. Jourdain écri- vait en prose sans le savoir, le paysan et le modeste bourgeois qui érigeaient leur maison, faisaient de l'ar- chitecture sans le rechercher, souvent même de la très bonne architecture, par un sens héréditaire de l'emploi des matériaux et des bonnes proportions. La rupture avec cette longue continuité intervient en France -comme je crois bien chez tous nos voisins - au milieu du XIX" siècle et se manifeste par deux ten- dances totalement contradictoires mais où coule la même sève. C'est d'une part avec le romantisme, l'extraordinaire engouement qui se manifeste à l'égard du passé médié- val, essentiellement en faveur du gothique, avec l'appa- rition du style troubadour, et l'ostracisme qui chasse de nos monuments anciens les apports postérieurs à leur construction. Parallèlement à cette fièvre passéiste ou historisante, nous assistons à la naissance de la civilisation industriel- le et, avec elle, à celle de l'architecture de fer, puis à la fin du siècle, de béton armé. Il est tout à fait remarquable à cet égard que, dans la querelle qui oppose les Anciens et les Modernes, c'est parmi ces derniers que l'on rencontre les architectes qui découvrent avec Viollet-le-Duc le rationalisme des constructions médiévales, s'imprègnent de leur esprit, et rejettent formes et structures classiques. Les Halles de Baltard, que nous avons eu récemment le chagrin de voir disparaître, témoignaient de ce retour aux sources médiévales dans l'usage qui était fait de matériaux nouveaux. Cependant, aussi bien le fer et la fonte que plus tard le béton armé entraînaient deux facteurs dangereux aussi bien dans l'architecture de complément d'édifices du passé que dans l'insertion d'architectures nouvelles dans le tissu urbain ancien: d'une part l'apparition de maté- riaux étrangers aux constructions anciennes; d'autre part et surtout la faculté d'espacer les points d'appui grâce à des portées sans commune mesure avec celles du passé. Ajoutons enfin que cette civilisation industrielle secrète des programmes totalement nouveaux, mais aussi d'une ampleur inconnue dans le passé, entraînant le boule- versement de nos villes et d'irréversibles ruptures d'échelle à l'intérieur et autour de celles-ci. Ce que l'on a appelé l'« Haussmannisation ~ de Paris, « Le monde de l'art n'est pas celui de l'immortalité, c'est celui de la métamorphose >, a dit André Malraux. Phénomène permanent, mais que les conditions de notre temps avec leurs impératifs techniques et économiques font apparaître en termes d'une exceptionnelle gravité. cette métamorphose pose aujourd'hui de manière aiguë le problème de l'insertion de l'architecture contemporai- ne et plus généralement de l'art de notre temps dans les monuments et ensembles anciens de France. Lorsqu'on jette un coup d'reil sur le passé, l'on constate que si le phénomène est de tous les temps, la prise de conscience de cette métamorphose, et des problèmes que celle-ci soulève, est relativement récente. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire au moment où apparaissent les premiers classements de monu- ments dits historiques, seuls les impératifs politiques, religieux ou économiques, déterminaient la survie, la transformation et l'évolution des monuments et de leurs abords sans aucun respect pour le passé. Dan:) la plupart de nos grands édifices, qu'il se fût agi de nos cathédrales ou des palais de nos rois, les ar- chitectes successifs et leurs commettants ne manifestè- rent guère de respect dans l'reuvre antérieure, abattant, modifiant ou agrandissant l'édifice dans le goût de leur temps et suivant leur génie propre. Nous devons à cet art évolutif nos monuments les plus précieux, telle la cathédrale de Strasbourg où l'art roman othonien, le gothique français, le gothique tardif de l'Allemagne et quelques apports du XVIII" siècle français se succèdent et coexistent en une harmonie vivante et admirablement équilibrée. Le secret de cet équilibre paraît simple: Tout d'abord l'unité des matériaux: c'est avec les mêmes pierres, les mêmes briques, les mêmes bois de charpente, les mêmes matériaux de couverture qu'aux époques les plus diverses les différentes parties de ces édifices sont construites, d'où des modules communs dans les con- structions du passé. Ensuite le rattachement à ce tronc commun qu'est pour nous la civilisation hellénistique. Nous n'évoquerons que la colonne léguée par les Romains, qui s'écrase, au début de l'art roman, s'é~ire jusqu'à devenir filiforme ou nervure verticale à l'époque gothique, revient à ses sources pendant la Renaissance et ret~ouve ses propor- tions d'origine à l'époque classique; mais en conservant à travers deux millénaires ses trois éléments constitutifs: la base, le fût et le chapiteau. Enfin le sens esthétique, l'amour du beau pour le beau, qui plus ou moins consciemment incitait nos architectes de l'époque classique à intégrer leurs apports dans

L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

  • Upload
    dinhque

  • View
    218

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

L'ARCHlTIHISTORIQ{

~CTURE CONTlES EN FRAN(

:MPORAINE DANS ENSEMBI~S MONUMENTS :s

I'reuvre médiévale, ou, dans les programmes utilitaireset militaires à faire reuvre architecturale, comme Vau-ban, dans les forteresses dont il ceinture la France deLouis XIV.Il est même permis de dire que, tel M. Jourdain écri-vait en prose sans le savoir, le paysan et le modestebourgeois qui érigeaient leur maison, faisaient de l'ar-chitecture sans le rechercher, souvent même de la trèsbonne architecture, par un sens héréditaire de l'emploides matériaux et des bonnes proportions.La rupture avec cette longue continuité intervient enFrance -comme je crois bien chez tous nos voisins -au milieu du XIX" siècle et se manifeste par deux ten-dances totalement contradictoires mais où coule lamême sève.C'est d'une part avec le romantisme, l'extraordinaireengouement qui se manifeste à l'égard du passé médié-val, essentiellement en faveur du gothique, avec l'appa-rition du style troubadour, et l'ostracisme qui chassede nos monuments anciens les apports postérieurs àleur construction.Parallèlement à cette fièvre passéiste ou historisante,nous assistons à la naissance de la civilisation industriel-le et, avec elle, à celle de l'architecture de fer, puis à lafin du siècle, de béton armé.Il est tout à fait remarquable à cet égard que, dans laquerelle qui oppose les Anciens et les Modernes, c'estparmi ces derniers que l'on rencontre les architectes quidécouvrent avec Viollet-le-Duc le rationalisme desconstructions médiévales, s'imprègnent de leur esprit,et rejettent formes et structures classiques.Les Halles de Baltard, que nous avons eu récemment lechagrin de voir disparaître, témoignaient de ce retouraux sources médiévales dans l'usage qui était fait dematériaux nouveaux.Cependant, aussi bien le fer et la fonte que plus tard lebéton armé entraînaient deux facteurs dangereux aussibien dans l'architecture de complément d'édifices dupassé que dans l'insertion d'architectures nouvelles dansle tissu urbain ancien: d'une part l'apparition de maté-riaux étrangers aux constructions anciennes; d'autrepart et surtout la faculté d'espacer les points d'appuigrâce à des portées sans commune mesure avec celles du

passé.Ajoutons enfin que cette civilisation industrielle secrètedes programmes totalement nouveaux, mais aussi d'uneampleur inconnue dans le passé, entraînant le boule-versement de nos villes et d'irréversibles rupturesd'échelle à l'intérieur et autour de celles-ci.Ce que l'on a appelé l'« Haussmannisation ~ de Paris,

« Le monde de l'art n'est pas celui de l'immortalité,c'est celui de la métamorphose >, a dit André Malraux.Phénomène permanent, mais que les conditions de notretemps avec leurs impératifs techniques et économiquesfont apparaître en termes d'une exceptionnelle gravité.cette métamorphose pose aujourd'hui de manière aiguële problème de l'insertion de l'architecture contemporai-ne et plus généralement de l'art de notre temps dans lesmonuments et ensembles anciens de France.Lorsqu'on jette un coup d'reil sur le passé, l'on constateque si le phénomène est de tous les temps, la prise deconscience de cette métamorphose, et des problèmesque celle-ci soulève, est relativement récente.Jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire au momentoù apparaissent les premiers classements de monu-ments dits historiques, seuls les impératifs politiques,religieux ou économiques, déterminaient la survie, latransformation et l'évolution des monuments et de leursabords sans aucun respect pour le passé.Dan:) la plupart de nos grands édifices, qu'il se fût agide nos cathédrales ou des palais de nos rois, les ar-chitectes successifs et leurs commettants ne manifestè-rent guère de respect dans l'reuvre antérieure, abattant,modifiant ou agrandissant l'édifice dans le goût de leurtemps et suivant leur génie propre.Nous devons à cet art évolutif nos monuments les plusprécieux, telle la cathédrale de Strasbourg où l'artroman othonien, le gothique français, le gothique tardifde l'Allemagne et quelques apports du XVIII" sièclefrançais se succèdent et coexistent en une harmonievivante et admirablement équilibrée.Le secret de cet équilibre paraît simple:Tout d'abord l'unité des matériaux: c'est avec les mêmespierres, les mêmes briques, les mêmes bois de charpente,les mêmes matériaux de couverture qu'aux époques lesplus diverses les différentes parties de ces édifices sontconstruites, d'où des modules communs dans les con-structions du passé.Ensuite le rattachement à ce tronc commun qu'est pournous la civilisation hellénistique. Nous n'évoquerons quela colonne léguée par les Romains, qui s'écrase, audébut de l'art roman, s'é~ire jusqu'à devenir filiformeou nervure verticale à l'époque gothique, revient à sessources pendant la Renaissance et ret~ouve ses propor-tions d'origine à l'époque classique; mais en conservantà travers deux millénaires ses trois éléments constitutifs:la base, le fût et le chapiteau.Enfin le sens esthétique, l'amour du beau pour le beau,qui plus ou moins consciemment incitait nos architectesde l'époque classique à intégrer leurs apports dans

Page 2: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

inspirée par la louable volonté d'urbaniser, mais aussipar des préoccupations policières, et qui sévira aussi àRouen, Toulouse, Lyon, Avignon et Marseille, éventranotre capitale sans aucun égard pour de nombreuxmonuments de valeur qui disparaissaient, et sans soucides nouveaux rapports de voisinage avec ceux quisubsistaient.Il est vrai qu'à de très rares exceptions les Français duSecond Empire ne s'en souciaient guère. Il faudra at-tendre le milieu de notre siècle pour que l'opinion et lespouvoirs publics français commencent à s'en interroger.Mais, dès cette prise de conscience, une très grandedifficulté apparaît: Est-il possible de faire coexister, etdans quelles conditions, les édifices et ensembles an-ciens que nous avons eu la chance de conserver, et cesnouvelles architectures qui ont rompu tout lien avec lepassé dans leur technique, leur esthétique et leur échel-le?Quand et comment les pouvoirs publics et les architec-tes de notre temps ont-ils abordé le problème et com-ment tentent-ils de le résoudre aujourd'hui? C'est ceque nous allons examiner maintenant en distinguantl'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite.De la longue période qui suit la création du Service desMonuments Historiques sous Louis-Philippe jusqu'à lapremière guerre mondiale, nous dirons seulement queles apports sont historisants, c'est-à-dire conçus dansle style dominant de l'édifice.Le néo-roman et le néo-gothique fleurissent dans lesadjonctions et dans le décor, au détriment d'additions,souvent très heureuses, des époques Renaissance et

classique, qui disparaissent et que nous regrettons au-jourd'hui. Encore commence-t-on de plus en plus fré-quemment aujourd'hui à reconnaître la qualité de nom-breux apports du XIXe siècle, les fluctuations de stylen'ayant jamais fait obstacle à la manifestation d'authen-tiques talents.La protection des abords des monuments historiquesn'est pas encore assurée, il faudra attendre notre temps,mais souvent apparaît le souci d'accompagner l'édificeancien d'architectures conçues dans le même style,comme en témoigne à Paris la mairie du 1 er arrondisse-

ment dont la façade vient curieusement dédoubler cellede l'église St-Germain l'Auxerrois, face à la colonnadedu Louvre.Avec l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs,en 1925, apparaissent dans nos édifices anciens les

premières manifestations d'un art contemporain ex-cluant tout esprit de pastiche: tel le beau maître-auteldessiné par l'architecte Pierre Paquet pour la cathédraled'Arras, relevée de ses ruines.L'art du vitrail en particulier connaît dans notre paysune véritable renaissance et, à l'occasion de l'ExpositionInternationale en 1937, une équipe de jeunes peintresverriers, conduite par Louis Barillet, présente à titred'essai dans Notre;.Dame de Paris un ensemble de ver-

Page 3: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 1. -Eglise de Valognes {Manche). Etat du XIX' siècled.après une lithographie.

l'occasion de souligner la vigueur de la nouvelle écolefrançaise du vitrail et les très belles reuvres, d'espritrésolument contemporain, que nous lui devons dans desédifices aussi insignes que les cathédrales de Beauvais,d'Angers, de Metz, et qui témoignent du très profondchangement intervenu dans l'esprit de la conservationdes édifices au cours de notre génération.Voici maintenant deux cas extrêmes choisis égalementen Alsace:L'Ancienne Douane à Strasbourg, édifice du XIV. siè-cIe, classée à l'état de ruines au lendemain de la der-nière guerre et restaurée dans son état primitif, moinsen raison de son intérêt propre, que pour le rôle defrontispice qu'elle jouait, et joue de nouveau devant lacathédrale,et au contraire l'église de Herrlisheim, du XVIII. siè-cIe, dont l'intérêt n'avait pas été jugé suffisant pourqu'on la restaurât. Une église toute nouvelle s'élève àson emplacement. Le nouveau clocher a la même hau-teur que l'ancien; c'est le seul lien symbolique entre lepassé et le présent.Evolution très notable également dans les adjonctionsou les aménagements à l'extérieur ou à l'intérieur desédifices anciens. Nous n'en citerons que deux exemples,ils sont également fort rares.Il s'agit tout d'abord du château d'Angers. Dans lecadre général de sa restauration et de sa mise en valeur,l'on de-mandait à l'architecte Bernard Vitry d'y assurerla présentation de la célèbre «Tenture de l'Apocalyp-se >, la plus belle suite de tapisseries médiévales quenous possédions, qui était jusque-Ià présentée dans detrès mauvaises conditions à la cathédrale d'Angers.C'est par la construction d'une galerie adossée à l'inté-rieur des remparts que fut résolu le problème.

D'esprit contemporain, c'était il y a vingt ans, maiscomposée à l'échelle des éléments qui l'entourent, cou-verte par une terrasse reposant sur une ossature enbéton et revêtue extérieurement de moëllons, cette gale-rie s'intègre parfaitement dans le cadre ancien.En voici un aspect intérieur, ainsi que la présentationdes tapisseries.Fort mal restauré au cours du XIX. siècle, le ChâteauRoyal de St-Germain-en-Laye, mis à part les souvenirshistoriques qui y sont attachés, avait perdu presque toutson intérêt. Les récents et très beaux aménagements duMusée des Antiquités Nationales, qu'il abrite, ont per-mis à l'architecte André Hermant de rendre à l'édifice,du moins à l'intérieur et dans un esprit qui fait totale-ment abstraction du passé, une qualité qu'il avait per-due.Examinons maintenant l'évolution de la législation fran-çaise, elle-même écho des préoccupations de l'opinionpublique au regard des abords des Monuments Histo-riques, des sites et des ensembles historiques.La loi du 31 décembre 1913, véritable « charte > denotre Service, accordait tout juste à l'ancienne Adrni-nistration des Beaux-Arts la possibilité de classer lesimmeubles ou terrains contigus à un monument histo-

cor primitif, et enfin, une vue intérieure montrant lanouvelle nef et ses voûtes en voile de béton.Un parti analogue, mais plus radical encore, a été retenu

pour l'église St-Etlenne à Strasbourg, dont le chreur etle transept, du début du X111e siècle, étaient à peu près

intacts, mais dont la nef, par ailleurs défigurée au coursdes siècles, avait été détruite.

Des traces de la toiture primitive sur la face Ouest dutransept nous permirent de reconstituer l'enveloppe del'église du XIlIe siècle et de déterminer le volume de sanef et de ses bas-côtés.En voici le plan actuel.

A partir de pignons construits en maçonnerie de moël-Ion ct constituant la nouvelle façade, nous avons rétablile volume ancien sur une ossature de béton armé aussilégère que possible, et tenté de restituer l'unité spatialede l'édifice tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.Cette unité est soulignée par la couverture en tuiles quirevêt l'ensemble de l'édifice sans confusion toutefoisentre I'reuvre du X111e siècle et celle de notre temps.En voici quelques aspects intérieurs:une vue yers le chreur montrant:les plafonds lambrissés et la charpente apparente enbéton armé;les vitraux sont de Jacques Le Chevallier, ce qui m'est

Page 4: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig.2 Eglise de Valognes (Manche). Etat en 1945.

Fig. 3. -

Historiques.

Eglise de Valognes (Manche). Etat restauré de la façade nord. Y.M. Froidevaux, Architecte en chef des Monuments

Page 5: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 4. -Eglise de Valognes (Manche). Etat restauré de lafaçade occidentale (y .M. Froidevaux, Arch. en chef des Monu-ments Historiques).

Fig. 5. -Eglise St-Etienne à Strasbourg (Bas-Rhin). Etat auXIX' siècle d'après une lithographie.

Fig. 6. -Eglise St-Etienne à Strasbourg (Bas-Rhin). Etat en 1945 (Cliché Monuments Historiques).

Page 6: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 7. -Eglise St-Etienne à Strasbourg (Ba~-Rhin). Etat aprèsrestauration. Architectes B. Monnet et F. Guri (Cliché F. Guri).

Fig. 8. -Eglise St-Etienne à Strasbourg (Bas-Rhin). Etat aprèsrestauration (Architectes B. Monnet et F. Guri).

Fig. 9. -Château d'Angers (Maine et LOire}, à droite la nouvelle galerie abritant la tenture de l'Apocalypse.(B. Vitry, Arch. en chef des Mon. Hist.)

Page 7: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 10. -Château de St-Germain-en-Laye. Musée des Antiquités Nationales -nouveaux aménagements mtérieurs. ArchitecteA. Herman{ (Cliché A. Hermant).

rique pour isoler, dégager, assainir ou mettre en valeurl'édifice protégé.La loi du 2 mars 1930, ayant pour objet de réorganiserla protection des monumènts naturels et des sites, per-mettait également d'établir autour des Monuments His-toriques une zone de protection dans les conditionsfixées dans chaque cas par un décret rendu en Conseild'Etat.D'une manipulation extrêmement lourde, elle ne fût ap-pliquée qu'une seule fois, en 1938, pour créer une zonede protection autour de la cathédrale de Rouen.Il est intéressant de citer les dispositions de ce décretqui, à la veille de la 2e Guerre Mondiale, faisait appa-raître à la fois un esprit de conservatisme étroit maisaussi une ouverture sur l'introduction de l'architecturecontemporaine aux abords d'un édifice particulièrement

prestigie-ux:« Les façades sur rue ou visibles de la voie publique parperspective devront être construites ou reconstruitesdans la tradition du style normand pour les construc-tions civiles urbaines, c'est-à-dire dans le caractère des

maisons rouennaises ou normandes bâties du XIV. auXVllIe siècle en pan de bois ou en pierre. ..~C'était l'invitation au pastiche et l'autorité françaiseignorait superbement la Charte d'Athènes qui, rappe-lons-Ie, proclamait en 1933 dans son article 70:« L'emploi des styles du passé, sous prétexte d'esthé-tique, dans les constructions neuves érigées dans leszones historiques, a des conséquences néfastes. Lemaintien de tels usages ou l'introduction de telles ini-tiatives ne sera toléré sous aucune forme. ~La suite du décret sur Rouen compense il est vrai lespremières prescriptions et admet que:« des façades de style moderne pourront cependant êtreélevées dans une proportion et aux emplacements dé-terminés par l'Administration des Beaux-Arts; ellesdevront s'harmoniser comme proportions et matériauxavec les constructions anciennes ou de style ancien ~.Cette phrase, très significative, montre l'amorce del'évolution des esprits à la veille de la dernière guerrequi, par l'ampleur de ses destructions, allait poser leproblème avec une extrême acuité dans nombre de nos

Page 8: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

villes anciennes et aux abords de monuments parmi lesplus considérables, telle précisément la cathédrale deRouen.De longue date, notre ancienne Administration desBeaux-Arts souhaitait un texte législatif qui permît decontrôler les abords des édifices classés parmi les Mo-numents Historiques ou inscrits à l'Inventaire Supplé-mentaire de ceux-ci.C'est la loi du 25 février 1943 qui, dans son article13bis, stipule qu'aucune construçtion nouvelle, aucunetransformation ou modification de nature à affecterl'aspect d'un immeuble, ne peut être effectué sansautorisation, si cet immeuble se trouve dans le champde visibilité d'un immeuble classé ou inscrit.L'autorisation qui est accordée par l'Administration desBeaux-Arts est accompagnée de toutes prescriptionsutiles de manière que l'échelle, la couleur, la nature desmatériaux ne nuisent pas au caractère de l'édifice pro-tégé qui est concerné.La protection conférée par la loi du 25 février 1943s'applique à toute construction nouvelle, à tout travailsur un immeuble se trouvant dans le champ de visibilitéd'un édifice classé ou inscrit. &t considéré comme setrouvant dans le champ de visibilité d'un édifice proté-gé, tout autre bien immobilier, nu ou bâti, visible depuisl'éd~fice protégé ou visible en même temps que lui dansun rayon de 500 m.Destinée à assurer la protection des abords de nos mo-numents et créant autour de chacun de ceux-ci uneaire de protection d'environ 1 km", cette loi eut pourrésultat de conférer à l'Administration des Beaux-Arts,aujourd'hui notre Ministère des Affaires Culturelles,le contrôle de l'évolution urbaine et de la création ar-chitecturalc dans les quartiers anciens de nos villeshistoriques et aussi de milliers de villages.Bien entendu, l'application de cette loi n'a pas été, etn'est pas, sans susciter des conflits parfois aigus entrenotre Administration et les collectivités locales, nombred'administrations publiques et aussi avec des proprié-taires particuliers.Son application, qui repose sur les architectes dc notreService, implique de leur part infiniment de diplomatie,d'art de persuasion et aussi de talent pour pallier lemanque d'imagination ct de goût de trop nombreuxconstructeurs.Il est permis de dire que si cette loi sur les abords n'aguère jusqu'ici suscité de chefs-d'reuvre, du moins a-t-elle empêché bien des erreurs ou en a réduit la portée.Nous lui devons très certainement l'heureuse intégrationdu Palais de l'Unesco à Paris, reuvre de Breuer et Zehr-fuss, dans l'hémicycle qe la Place Fontenoy, face àl'Ecole Militaire.L'implantation, qu'il est permis de qualifier de catastro-phique, de l'ensemble Maine-Montparnasse, n'auraitprobablement pas été autorisée si le terrain s'était trouvéà moins de 500 m d'un édifice protégé.Cette loi du 25 féyrier 1943, que beaucoup de noscollègues étrangers nous envient, est donc souvent enco-

re très insuffisante pour assurer la protection éloignéed'édifices particulièrement insignes, à moins d'engagcrla lourde procédure d'extension, par décret, du péri-mètre de protection, comme cela va être le cas poursauvegarder sur des distances de plusieurs kilomètresles vues de l'Hôtel des Invalides, mais hélas trop tarddans le cas que nous venons d'évoquer.Un autre texte législatif important est la loi du 15 juin1943 sur rurbanisme, qui contient d'importantes dispo-sitions à régard des édifices anciens: les projets desaménagements devraient désormais prévoir dans leursprogrammes des zones de protection autour des monu-ments historiques, ainsi que les règles et les servitudcsd'ordre archéologique ou technique que pouvait justifierle caractère de la localité. Disons que dans ses adapta-tions successives, cette loi ne fut que très inégalement

appliquée.Un texte récent va permettre au Ministère de l'Equipe-ment, conjointement avec le Ministère des Affaires Cul-turelles, de fixer dans chaque localité le coefficient d'oc-cupation des sols, qui déterminera notamment les volu-mes acceptables autour des édifices et dans les ensem-bles historiques.Les deux lois que j'évoquais, la première surtout, jouè-rent au demeurant un rôle déterminant dans la recons-truction des villes sinistrées et dans révolution urbaineen France depuis la dernière guerre.Nous allons maintenant examiner dans quel esprit ellesont été appliquées et aussi révolution des architectes denotre pays à l'égard de ces problèmes.Autant il nous est permis d.évoquer sans fausse pudeurl'reuvrc accomplie par la France et ses architectes dansla conservation et la restauration de ses édifices, notam-ment à la suite des désastres des deux guerres mondia-les, autant nous devons nous présenter avcc modestiepour faire le point des manifestations de notre architec-ture contemporaine dans le milieu ancien et aux abordsdes monuments du passé.Je ne pourrai et n'oserai en citer que de rares exemples,encore ceux-ci vous paraîtront-ils discutables, c'est-à-dire déjà dignes d'intérêt; quant aux mauvais, voiredésastreux, ils sont si nombreux, si désolants, que vousme permettrez d'en très peu parler.Plus encore quc le monument considéré en soi, la citéest essentiellement mutante.Comme pour les monuments, mais avec un siècle dcretard, c'est un trait de notre époque que de prétendrestopper cette métamorphose, soit en figeant certainescités anciennes dans un état donné de l'espace-temps,ce qui conduirait à en faire des villes-musées, soit enprétendant maîtriser cette métamorphose, ou du moinsune certaine métamorphose. Nous devons acceptercelle-ci, non dans un esprit de résignation, mais decréation active et contrôlée, faute de quoi la cité an-cienne dépérira ou perdra, par lente dégradation, toutevaleur esthétique, spirituelle et même économique.Nous conviendrons, si vous le voulez bien, d'appelercontemporaine, encore que parfois démodée avant

Page 9: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. II Saint Malo restauré. L. Arretche, Architecte en chef de la Reconstruction (Cliché L. Arretché).

Telle aussi, Vitry-Ie-François, reconstruite sur son planquadrillé du XVIle siècle, par M. Aublet, dans un espritintelligemment traditionnel autour des monuments an-ciens, mais que l'on ne peut guère reconnaître comme

d'être construite, l'architecture apparue sur le sol denotre pays depuis la dernière guerre.Aussi convient-il de faire le point des tendances de nosarchitectes à la veille du dernier conflit mondial.Au cours de l'entre-deux-guerres, l'architecture fran-çaise avait été nettement traditionaliste sous l'influence,dominante depuis le début du XIXe siècle, de l'Acadé-mie des Beaux-Arts et de l'institution du Prix de Rome.Elle reste insensible au vent de certains mouvementsétrangers, tels le Constructivisme et le Bauhaus, queleurs origines étrangères rendent suspects à beaucoup.Les splendides leçons de l'architecture de fer du XIX"siècle ont été oubliées; le béton se cache la plupart dutemps sous un revêtement de pierre.Auguste Perret commence à être admiré et écouté; ilsera le dernier de nos grands maîtres classiques, tandisque Le Corbusier n'est guère pri$ au sérieux. Très rares,exceptionnelles même, sont les reuvres de cette périodequi permettent de prévoir la fin de l'académisme. Nousn'en pouvons guère citer que celles de Tony Garnier,Beaudouin et Lods, André Lurçat.La longue réflexion qui suit le désastre de 1940 jusqu'àla résurrection de la France, se confine dans la nostalgiede l'époque précédente. Il n'est donc pas surprenantque la reconstruction de nos régions dévastées ait étémarquée dans l'immédiat après guerre d'un certain pas-séisme, notamment lorsqu'il s'agissait de villes présen-tant un caractère d'art et d'histoire que l'on tentait defaire survivre par des architectures de compromis.Il en fut de remarquables et nous devons infiniment degratitude à M. Arretche d'avoir su, des ruines deSt-Malo, faire surgir une ville nouvelle, construite com-me l'était l'ancienne en granit et en ardoise, dont lastructure interne, entièrement nouvelle, répond aux be-soins de notre temps, mais dont la silhouette et le carac-tère sont restés ceux de t'ancienne ville des corsaires. Fig. 12. -Immeuble, place de la Cathédrale à Amiens {Som-

me). Architecte B. Bougeault {Cliché B. Bougeault).

Page 10: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

.

d'aborder de front le problème et de tenter d'y apporterdes solutions nouvelles.Ce fut d'abord la prise de conscience du fait que laprésence d'une architecture ancienne de qualité, qu'ils'agisse d'un monument isolé ou d'un ensemble urbain,appelle, non le pastiche déguisé sous le nom d'architec-ture d'accompagnement, mais une architecture de qua-lité qui soit de notre temps, de manière que nos ar-chitectes puissent s'y exprimer avec toutes les ressour-ces des matériaux, de la technique et de la recherche

plastique contemporaines.Il était enfin reconnu qu'on ne peut faire de bonne ar-chitecture que de son temps, ce qui permit à Max Quer-rien de dire: « La forme supérieure de la conservationdes monuments, c'est la création architecturale ~.Une réforme de très grande importance fut introduite:la 1.. Section de la Commission Supérieure des Monu-ments Historiques, où siègent en majorité des archéo-logues et historiens d'Art, de tendance généralement etparfois âprement conservatrice, et qui, jusqu'en 1964avait à se prononcer sur l'ensemble des problèmes con-cernant des monuments et leurs abords, fut déchargéede ces derniers.

architecture contemporaine au sens où nous l'enten-dons aujourd'hui.Dans nos grandes villes sinistrées, comme à Tours,apparaît une architecture qui se veut moderne par larigueur de ses lignes, mais aussi régionaliste par l'emploide la pierre, le rappel des corniches et des percementsanciens, l'usage de l'ardoise.Marquant lourdement les sites urbains où ene sévit,encouragée par les services officiels de la Reconstructionet des Monuments Historiques, nous devons à ce typed'architecture quelques environnements désastreux au-tour de beaucoup de nos monuments et dans nos vines

historiques.De telles erreurs firent comprendre l'inanité de ce qu'ilest convenu d'appeler, s'agissant d'abords de monu-ments ou de quartiers anciens, l'c architecture d'accom-pagnement ~. Cene-ci n'est en somme qu'une architec-ture de pastiche, tempérée par les impératifs financierset souvent aggravée par le manque d'imagination desurbanistes et des constructeurs.II est à l'honneur de celui qui fut notre premier Ministredes Affaires Culturelles, André Malraux, et aussi deMax Querrien, qui fut Directeur de l'Architecture,

Fig. 13. -Maquette du futur Musée de la Tapisserie à Beauvais (Oise}. Architectes A. Hermant et J.-P. Jouve (Ctil'h" A ..~~~~-.\

Page 11: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Le soin de se prononcer sur les problèmes d'environne-ment des édifices anciens fut confié à une nouvelle Sec-tion, la 2., dite des « Abords ~, composée presque uni-quement d'architectes de création.Cette novation est trop récente pour que l'on puissejuger de ses résultats, et il n'est pas douteux que, commedans tout mouvement pendulaire, à un conservatismeexagérément prudent, succèdent parfois quelques excèsde modernisme agressif.Voici une réalisation toute récente qui provoqua au seinde cette Section, et suscite encore dans le public, de trèsvives discussions.Il s'agit d'un immeuble construit devant la Cathédraled'Amiens par l'architecte Bougeault qui voulait rompredélibérément avec les médiocres constructions entourantla cathédrale.Voici encore, mais à l'état de projets approuvés par la2. Section de notre Commission Supérieure des Monu-ments Historiques, quelques prochaines réalisationsqui marquent bien cette tendance nouvelle de notre Ad-ministration, et aussi des architectes français parmi lesplus réputés, à l'égard de l'insertion de l'architecture

contemporaine aux abords de nos monuments dans letissu urbain de nos villes:Le projet d'un Rectorat de l' Académie de Limoges, aupied de la cathédrale, établi par M. Gleize, et qui estmalheureusement abandonné pour des raisons que nousn'avons pas à évoquer ici.Le futur Musée de la Tapisserie, qui s'étendra autourde l'abside de la cathédrale de Beauvais, avec pour ob-jectif de rendre à l'édifice un environnement construitque la guerre avait détruit. Ses plans sont de nosconfrères Hermant et Jouve.De ces mêmes architectes, le projet d'aménagement duparvis de Notre-Dame de Paris, destiné à assurer desliaisons souterraines à grande circulation entre les deuxrives de la Seine, à permettre la visite des découvertesarchéologiques qui y ont été faites, et aussi, essentielle-ment, à réanimer le désolant désert que j'évoquais toutà l'heure.En dehors de ces cas particuliers soumis à l'avis de laCommission Supérieure des Monuments Historiques,rares sont ceux où l'on relève un souci réel de l'archi-tecte de s'intégrer dans le site urbain et suburbain:

Fig. 4. -Siège du Crédit National, rue St-Dominique à Paris. Arch. P. Dufour (Cliché B. Monnet)

Page 12: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 15. -Immeuble à Colmar (Haut-Rhin). Architecte Pacheet Risser (Cliché B. Monnet).

Tout d'abord ce bel immeuble bancaire construit parJean Fayeton et qui s'inscrit parfaitement dans ce quar-tier de la Plaine Monceau, si caractéristique des élégan-ces architecturales du Paris de la Belle Epoque.Puis, dans le Faubourg St-Germain, les bâtiments duCrédit National, rue St-Dominique, reuvre de Pierre

Dufau;et maintenant, à l'angle du Boulevard Raspail et de larue du Cherche Midi ce remarquable ensemble cons-truit par Marcel Lods.Voici pour terminer cette série d'exemples, cet ensem-ble résidentiel dû à notre confrère Gérard Escande, quis'élève dans un faubourg de Poitiers, face au rochersur lequel est érigée la vieille ville; remarquablementbien accroché au modelé naturel du sol, il est dominépar un immeuble-tour, de hauteur raisonnable, qui faitcontrepoint aux clochers et aux toits de la ville ancien-ne.Cependant d'une manière générale, nos architectes,j'entends les meilleurs parmi ceux qui créent, semblentavoir beaucoup plus le souci de voir publier une bellephotographie de leur reuvre, bien isolée, dans les pagesde nos revues d'architecture, que celui de s'intégrerdans le site en respectant le caractère de ce qui existe,même si on sait celui-ci voué à une évolution inévitable.Il est vrai que les contingences financières leur imposentgénéralement d'assurer le meilleur rendement d'un ter-rain toujours fort cher, ce qui les conduit à remplir levolume maximum autorisé par les règlements, tel cetimmeuble construit en mur-rideau, Place du MarchéSt-Honoré à Paris, dont le rythme et la coloration sontexcellents, mais que l'on eût souhaité moins élevé etdoté de superstructures mieux étudiées.De nos quarante-neuf secteurs sauvegardés, créés enapplication de la Loi du 4 août 1962, dite c Loi Mal-raux ~, nous nous contenterons de dire que, par leurcaractère même, ils sont peu réceptifs à la créationarchitecturale de notre temps, Ceci dépend essentielle-ment du caractère des cités dans lesquelles ils s'inscri-vent et aussi de la personnalité de l'architecte chargéd'établir le plan de sauvegarde.Bon nombre de ces secteurs sauvegardés demandent àêtre restaurés et réanimés dans un esprit étroitementtraditionaliste.Dans d'autres, au contraire, telle quartier de la Balanceà Avignon, suscité par la démolition inconsidérée detout un quartier, antérieurement à la création du sec-teur sauvegardé, il fallait faire reuvre de création. Il esttrop connu pour que je m'y attarde. Nous en avonsd'ailleurs largement discuté lors du Colloque organisépar le Conseil de l'Europe et l'Icomos à Avignon en1968. La confrontation brutale entre les architecturesanciennes et nouve'les de pan et d'autre d'une mêmerue avait inquiété la plupan d'entre nous. Mais les con-ditionS mêmes du problème posé aux architectes nepouvaient, malgré le talent de ceux-ci, déboucher surune solution pleinement satisfaisante.

Il en eût été vraisemblablement autrement si, commemaintenant, et grâce à la Loi Malraux, l'étude et laréflexion avaient précédé la destruction.A Colmar, ville très vivante d'Alsace, dont les activitésen développement constant interdisent de faire uneville-musée, nous avons proscrit toute architecture depastiche et tentons dans les brèches du tissu urbainancien d'introduire une architecture honnêtement con-temporaine, mais restant à réchelle de l'environnementancien. En voici un premier témoignage: rimmeubleconstruit, face à la collégiale St-Martin, par mes con-frères Pache et Risser, en béton blanc brut de décoffra-ge, aluminium, verre et bois.Bien entendu ropinion locale est encore loin d'être una-nime en ses jugements, mais je dois rendre hommageau Maire et à la Municipalité de Colmar qui accordentleur appui total à cette tendance, ce qui est égalementtrès symptomatique de révolution des esprits.Je vous propose, pour résumer révolution du problèmed:: suivre, au cours des 25 dernières années, rinsertionde rarchitecture contemporaine dans cette admirableville qu'est Strasbourg, capitale de r Alsace, si riche depas~é, et où tous les styles, depuis le Moyen Age, secoudoient dans une merveilleuse diversité et une trèsvivante harmonie.

Page 13: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Nouveaux immeubles dans le quartier de la Petite France, Colmar,Fig. 16.

Voici tout d'abord un immeuble construit il y a quel"ques 20 ans, Place Kléber, dans un esprit traditionnel,mais qui assure, par sa neutralité même, une bonneintégration dans cette place fort pittoresque, dont l'Au"bette, dessinée par Blondel, est le monument le plus

marquant.Quelques années plus tard, malgré les avis défavorablesde notre Administration, sauf à l'échelon le plus élevé,fut autorisée, en 1962, Place de l'Homme de Fer, laconstruction de cet immeuble"tour dont le moins qu'onpuisse dire est qu'il brise l'échelle de la Place Kléberet introduit dans le site strasbourgeois, jusqu'ici exclu-sivement dominé par les flèches de ses églises, un acci-dent infiniment regrettable.Peu après, voici un hôtel construit non loin de la PlaceKléber, à toucher l'église St"Pierre"le"Jeune. Son ar"chitecte, homme fort scrupuleux, me proposait le choixentre une architecture traditionnelle, dans l'esprit duXVIIIe siècle et une architecture actuelle. J'optai pour lerisque et l'on admet maintenant que, malgré quelqueserreurs évidentes, notamment dans le traitement durez"de"chaussée, cette architecture honnête. mais auel-

que peu brutale, était encore préférable au pieux men-songe qu'eût constitué une architecture de pastiche.Revenons une dernière fois à la Place Kléber dans sonétat actuel: voici la maquette d'un grand immeuble com-mercial dont les plans sont de François Herrenschmidt,et qui remplacera le vieil Hôtel de la Maison Rouge,construit au début du siècle et que ses dispositions ren-daient inexploitable.Et pour terminer le raccourci de cette évolution àStrasbourg, voici un ensemble d'immeubles d'habitationdont mes confrères Ecklé et Pfrimmer terminent laconstruction, face au pittoresque quartier de la PetiteFrance. Comme à Colmar, nous assistons là à une trèsintéressante tentative d'affirmer que la construction estde notre temps et réalisée avec des matériaux de notretemps, tout en recherchant par le rythme des perce-ments, ranimation des façades et des toits, à respecterrenvironnement et à s'inscrire dans celui-ci.L'importance que nos pouvoirs publics, et en particu-lier notre Ministère des Affaires Culturelles attachent-maintenant à ces problèmes, se manifeste égalementdans les nouvelles orientations données à la formation

Page 14: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

Fig. 17. -Notre Dame de Paris et l'immeuble-tour de la Fa.culté des Sciences vus de la cafétaria de la Samaritaine.

des futurs architectes et architectes en chef des Monu-ments Historiques au Centre d'Etudes Supérieures pourl'Histoire et la Conservation des Monuments Anciens

au Palais de Chaillot à Paris.Une part importante de l'enseignement qui y est dispen-sé est précisément consacrée au problème des abordsdes monuments anciens et de l'insertion de l'architec-ture contemporaine dans le milieu ancien.Voici trois exercices d'élèves sur un thème que j'avaisdonné il y a deux ans: l'étude théorique d'un centreparoissial à proximité immédiate de l'église d'Ottmars-

heim, en Alsace.Nous avons retenu, parmi les plus intéressantes, cesdeux études d'esprit résolument contemporain, maisaussi celle-ci de tendance traditionnelle, qui toutes troisapportaient une solution originale et vivante au problè-me de restructuration des abords, mais aussi dans lesrapports plastiques et spirituels entre le vénérable édi-fice du XI" siècle et les constructions projetées.Bien entendu, il ne s'agit pas de donner à nos étudiantsdes recettes, et moins encore leur imposer telle ou telletendance esthétique, mais de les sensibiliser à ces pro-blèmes et de les préparer à ce rôle de protection activeet incitatrice qui entre maintenant pour une part essen-tielle dans la mission de l'architecte des monuments

historiques.[I nous faut bien évoquer en terminant, si brièvementque ce soit, les erreurs, les offenses flagrantes faites ausite français, à ses monuments, à ses ensembles histo-

riques.Nous pouvons les classer en deux catégories:I. les erreurs, qui sont légion, provenant de la sottise,

du vandalisme, de la prétention, de la dégradationdu goût, ou simplement du manque d'information dupublic et des services techniques à l'égard de cesproblèmes: tel ce désastreux silo à blé érigé à côtéde maisons anciennes à Bray-sur-Seine;

2. les erreurs infiniment plus graves résultant de laconcertation ou au contraire de l'absence de concer-tation des pouvoirs publics et qui constituent uneatteinte grave et irréversible au caractère de nos vil-les historiques.

Etait-ce une erreur d'avoir élevé cette tour de la nou-velle Faculté des Sciences dans la partie la plus sen-sible de Paris, en bordure de la Seine, non loin deNotre-Dame? Très certainement oui, moins en raisonde la verticale introduite dans le site que de la sécheres-se de sa silhouette, surtout lorsqu'elle vient s'accoler àcelle de Notre-Dame de Paris.Je n'hésite pas à répondre également: oui en ce qui con-cerne l'implantation de l'ensemble Maine-Montparnas-se dont la tour de 200 m, que vous voyez ici encoreinachevée, est visible de très nombreux points de Paris.Par ailleurs, la concentration sur moins de 2 hectaresde 30.000 personnes, sans, semble-t-il, que le pro-blème des accès, dessertes et parkings soit résolu demanière satisfaisante, paraît à beaucoup une monumen-tale erreur d'urbanisme qui entraînera le bouleverse-

ment d'une partie de Paris et un changement radicalde son caractère.Par contre je suis peu réceptif aux lamentations denombre de mes concitoyens parmi les plus distinguésqui déplorent la silhouette de Maine-Montparnassedans la perspective de l'Ecole Militaire, vue de la ter-rasse de Chaillot, et oublient qu'au premier plan s'élèveune fine tour de 300 rn, construite en 1889 sous laréprobation de l'opinion éclairée d'alors, et qui est plusconnue sous le nom de Tour Eiffel. C'est maintenantun de nos monuments historiques et il n'est personnepour lui contester ce titre.Mais que dire de cette nouvelle tour jaillie dans l'en-semble de la Défense et qui vient irrémédiablementgâcher ce qui fut jusqu'à ces derniers mois une des plusbelles perspectives du monde?« Le moderne a pour destin de cesser de l'être unjour ., dit Audiberti dans sa dernière pièce, et cecidoit nous conduire à une extrême prudence dans nos

jugements.11 nous paraît vain d'opposer l'architecture moderne àl'architecture ancienne, et il serait contraire à l'évolu-tion humaine de leur imposer une ségrégation.

Page 15: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

2. Reconnaître le caractère permanent de révolution denos villes, mais exiger la sauvegarde des valeursculturelles du passé, ces valeurs appelant elles-mê-mes une très haute qualité dans les apports contem-porains, ainsi que des rapports de masses, d'échelleset de rythmes appropriés.

3. Constater qu'il n'est de bonne architecture que deson temps et condamner, sauf cas exceptionnels,toute architecture de pastiche ou dérivant de cet

esprit.4. Sensibiliser par tous moyens de diffusion l'opinion

et les pouvoirs publics à ces problèmes et, en parti-culier, demander qu'une part importante de l'ensei-gnement de l'architecture et de l'urbanisme soit con-sacrée à l'insertion de l'architecture contemporainedans les villes anciennes, et que cet enseignementne soit pas réservé aux seuls futurs spécialistes de laconservation des monuments anciens.

Les quelques exemples que je viens de vous présenter-je parle des meilleurs -et de nombreuses réalisa-tions à l'étranger, montrent que l'on peut répondre parl'affirmative sur le principe même de la compatibilitéentre architecture du passé et architecture du présent.Au demeurant, j'ai constaté combien il était difficile defaire le point du thème de cette rencontre lorsqu'il s'agitde son propre pays, non faute d'objectivité -j'espèren'en avoir pas manqué -mais faute de recul, et jeserais infiniment heureux d'entendre leF:c réflexions et lescritiques de nos collègues sur cet exposé.Je souhaite que, malgré la complexité et le caractèreparfois insaisissable de ces problèmes, nous réussis-sions à dégager quelques notions simples et de portéepratique à l'usage des pouvoirs publics et des architec-tes de nos pays respectifs.Je me permets en terminant de vous suggérer celles-ci:I. Reconnaître l'unicité de l'architecture dans ses ma-

nifestations passées, présentes et à venir, ou, si l'onpréfère, reconnaître qu'il n'est que deux sortes d'ar-chitecture: celles qui sont bonnes et celles qui ne lesont pas. Bertrand MONNET

CONTEMPORARY ADDITIONS TO FRENCH HISTORICAL MONUMENTSAND ARCHITECTURAL GROUPS

ln the words of André Malraux: "The world of art isa world of metamorphosis, not of immortality".The process of change is, indeed, a permanent pheno-menon, but the conditions of our age pose !he problemin new and exceptionaIly serious terms as that of fit tingnew types of architecture, and, more generally, fittingcontemporary art, into ancient buildings and ancienturban complexes. And though the phenomenon hasexisted at alI periods, conscio~s realization of theexistence of this process of change is a recent thing.ln the case of most of the great French cathedrals,palaces or other major monuments, the architects andthose who employed them showed practically no respectfor earlier work and pulled down, altered or enlargedto suit the taste of the time and their own personalgenius. lt is precisely this want of respect which hasgiven us our most remarkable monuments.Abandonment of this attitude, at once destructive andcreative. came about in the 19th century with the riseof romanticism and its solicitous attachment to themonuments of the Middle Ages. Meanwhile incipientindustrial civilization, with its ut ter disregard for thepast, was disemboweIling our historic tow~s and alter-ing their character often beyond repair.The introduction of new materials (cast iron, steel, re-inforced concrete, plastics), together with the enormous,utterly u~precedented, new scale of modern develop-ment programmes (whether for housing, public servicesor business pl emises), has given the problem a size anda specific char'lcter hitherto unknown.

The author begins by reminding us of the very go-ahead attitude of his country's Historical MonumentsDepartment with regard to the introduction of contem-porary work into ancient buildings. From the days of" Arts Déco" onwards stained glass windows, altars

and church furniture in France have been treated in thestyle of the day, though every effort has been made toharmonize them with their ancient setting. One resultof this attitude has been a most vigorous revival of theart of the stained glass window-an art very differentfrom that which previously prevailed and was concemedpurely with imitation.It is likewise significant that buildings partly destroyedduring the Second World War should not have beensubsequently rebuilt in their original guise, as after theFirst. Thus the churches at Valognes, Saint Lâ, Cour-rières and Strasburg (St-Etienne), have had their leastdamaged parts preserved and restored, but the 'est hasbeen rebuilt in a contemporary vein. At the castle atAngers the Apocalypse Tapestry is now housed in a newgallery specially built for the purpose against the ram-parts, while at St. Germain the Museum of Prehistoryhas been re.;housed in accordance with the most modemtechnique and taste.But the town itself is something essentially subject tochange, far more so than is the isolated building.It has now, just a century later, become the practice toarrest the process of change in the case of the ancientcity in its tum, either by bringing its development to adead standstill-as has been done in some cases-at an

Page 16: L'ARCHlTI ~CTURE CONT :MPORAINE DANS ~S  · PDF filel'insertion de l'architecture contemporaine dans les mo-numents d'abord, dans les ensembles historiques en-suite. De la

must be of an extremely high standard and adopt theproper proportions, scale and rhythms.

3. lt must be realized that good architecture cannot beanything but contemporary and that, apart fromexceptional cases, any imitation "period" architec-ture or anything tending in that direction must beprohibited.

4. Every effort must be made to render public Qpinionand the authorities aware of the,S'e problems.

5. lnsistence must be placed on the need for a largeportion of architecture and town-planning sylla-buses to be devoted to the development of ancienttowns and the problem of fit ting contemporary ar-chitecture into them.

Fig. 1. -Church at Valognes (Manche). Condition in the 19thcentury, as shown on a lithograph.Fig. 2. -Church at Valognes (Manche). Condition in 1945.Fig. 3. -Church at Valognes (Manche). After restoration ofthe northern facade by Y.M. Froidevaux, Architecte en Chefdes Monuments Historiques.Fig. 4. -Church at Valognes (Manche). West front afterrestoration (Y.M. Froidevaur, Architecte en Chef des Monu-ments Historiques).Fig. 5. -Church of St. Stephen, Strasburg (Bas-Rhin). Condi-tion in the 19th century, as shown on a lithograph.Fig. 6. -Church of St. Stephen, Strasburg (Bas-Rhin). Condi-tion in 1945 (Photo: Monuments Historiques).Fig. 7. -Church of St. Stephen, Strasburg (Bas-Rhin). Afterrestoration. Architects: B. Monnet and F. Guri.Fig. 8. -Church of St. Stephen, Strasbourg (Bas-Rhin). Afterrestoration. Architects B. Monnet and F. Guri.Fig. 9. -Angers Castle (Maine et Loire). On the right, newgallery containing the Apocalypse Tapestry. B. Vitry, Archi-tecte en Chef des Monuments Historiques (Photo: B. Vitry).Fig. 10. -Château of St. Germain-en-Laye. Museum of Natio-nal Antiquities: interior as newly arranged and decorated.Architect: A. Hermant (Photo: A. Hermant).Fig. Il. -St. Malo after restoration. L. Arretche, Architecteen Chef de la Reconstruction (Photo: L. Arretche).Fig. 12. -Building on the Cathedral Square at Amiens (Som-me). Architect: B. Bougeault (Photo: B. Bougeault).Fig. 13. -Small-size model of the future Tapestry Museum,Beauvais (Oise). Architect: A. Hermant and J.-P. Jouve(Photo: A. Hermant).Fig. 14. -Crédit National Building, Rue St-Dominique, Paris.Architect: P. Dufour (Photo: B. Monnet).Fig. 15. -Building in Colmar (Haut Rhin). Architects:Pache & Risser (Photo: B. Monnet).Fig. 16. -New buildings in the "Petite France" district.Fig. 17. -Notre-Dame, Paris, seen together with the towerblock of the Faculty of Science from the cafetaria of theSamaritaine.

arbitrary point in space and time, or else by presumingto exert control over the process of change by settingup heavy legislative, administrative and technicalmachinery.Reconstruction work on French historic towns destroyedor bad I y damaged during the last war has been unevenin quality. We may, however, cite St. Malo, whereLouis Arretche, using a combination of traditional andcontemporary materials, has succeeded in restoring thepersonality of the town while remodeUing its layout.ln many other instances mediocre work has been doneon the pretext of keeping to the "regional" style, andone of the results of this has been to reveal the value-lessness of so-caUed "background architecture" aroundold buildings or in ancient quarters. Such work is nomore than fake architecture, rendered even worse asmuch by financial considerations as by lack of imagina-tion or talent on the part of the builders.But work of this sort, whether successful or--as hasmore usuaUy been the case-unsuccessful, has pro-duced an awareness on the part of many that thepresence of fine architecture belonging to past agescaUs, not for fakes or near-fakes, but for fine architec-ture of our own age.This is a mat ter of culture, sensitivity"and talent.The author goes on to give a few of the yet rareexamples of the adoption of contemporary architecturein an ancient setting:a) the "glass house" in front of Amiens Cathedral,

whoese siting and high standard of work havearoused passionate discussion and are continuing todoso.

b) The new district of La Balance in Avignon whichhas now acquired a surface patina and tones withits surroundings.

c) The Schildknecht building in Colmar and the newFinckwiller district in Strasburg.

In conclusion, the author makes the following recom-mendations:J. There must be recognition of the tact that architec-

ture, whether past, present or future, still remainsarchitecture,. in other words, it must be recognizedthat architecture can be of only two sorts, namely,good or indifferent.

2. While there must be recognition of the tact tha(cities will always continue to develop, there must

be insistence on the need to preserve cultural values,and this will mean thal any contemporary additions