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1 Latin 3 ème – Sequentia II __________________________________________________________________________________________ Séance 3, Les Romains & le surnaturel Civilisation et HiDA Revenues d’entre les morts ou à l’affût des vivants, nombreuses sont les créatures fantastiques que redoutent les Romains. Les fantômes (nous l’avons vu avec Pline ou encore Ovide) Dans l’imaginaire antique, le fantôme est très présent. En témoigne l’abondance de mots pour le désigner : spectrum, imago, idolon, monstrum et son diminutif mostellum . En revanche, on ne les utilise pas comme motifs décoratifs, contrairement aux monstres mythologiques. On ignore donc à quoi ressemblaient les fantômes romains ! Des peurs liées à la mort Les Romains comme les Grecs attachaient, nous l’avons vu, beaucoup d’importance aux rites funéraires. Ils pensaient que si quelqu’un mourait de mort violente ou ne pouvait « être envoyé convenablement » aux Enfers, il devenait un esprit errant et malfaisant pour les vivants. Nommés lémures (lemures, um) (voir document 1) ou larve (larva, ae) (voir document 2), ces revenants n’ont pas de forme précise ; ils diffèrent selon les textes mais inspirent toujours l’épouvante. Les créatures maléfiques Outre ces fantômes, les Romains redoutaient également des créatures surnaturelles (voir document 3) : les striges (strix, strigis), qui boivent le sang des nouveaux-nés et donneront naissance aux vampires, les loups-garous (versipellis, is) dont les descriptions antiques sont à la source de légendes ultérieures, et des monstres mythologiques comme les Sirènes (siren, enis) ou les Harpies (harpyia, ae) (voir document 4) Document 1 – Conjurer les Lémures On célébrera l'antique cérémonie des nocturnes Lémures, on apaisera par des offrandes les mânes silencieux. Au temps où l'année était plus courte, où l'on ne connaissait pas les pieux sacrifices de Février, où Janus aux deux visages n'était pas encore le chef des mois, on portait déjà des offrandes à la cendre des morts, et le petit- fils faisait des expiations au tombeau où reposait l'aïeul. Ces cérémonies avaient lieu au mois de Mai, ainsi appelé du nom des ancêtres (maiores), et il a conservé jusqu'à nos jours une partie de ces anciens usages. Vers le milieu de la nuit, quand le silence favorise le sommeil, que l'on n'entend plus ni l'aboiement des chiens, ni les divers chants des oiseaux, l'homme qui est resté fidèle aux rites antiques et qui redoute les dieux se lève; aucune chaussure n'enveloppe ses pieds. De ses doigts réunis avec le pouce il fait entendre le signal qui chasse

Latin 3 – Sequentia II ·  · 2013-11-28Civilisation et HiDA Revenues d’entre les morts ou à l’affût des vivants, nombreuses sont les créatures fantastiques que redoutent

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Latin 3ème – Sequentia II

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Séance 3, Les Romains & le surnaturel Civi l isat ion et HiDA Revenues d’entre les morts ou à l’affût des vivants, nombreuses sont les créatures fantastiques que redoutent les Romains. Les fantômes (nous l ’avons vu avec Pl ine ou encore Ovide) Dans l’imaginaire antique, le fantôme est très présent. En témoigne l’abondance de mots pour le désigner : spectrum, imago, idolon, monstrum et son diminutif mostel lum . En revanche, on ne les utilise pas comme motifs décoratifs, contrairement aux monstres mythologiques. On ignore donc à quoi ressemblaient les fantômes romains ! Des peurs l iées à la mort Les Romains comme les Grecs attachaient, nous l’avons vu, beaucoup d’importance aux rites funéraires. Ils pensaient que si quelqu’un mourait de mort violente ou ne pouvait « être envoyé convenablement » aux Enfers, il devenait un esprit errant et malfaisant pour les vivants. Nommés lémures (lemures, um) (voir document 1) ou larve (larva, ae) (voir document 2), ces revenants n’ont pas de forme précise ; ils diffèrent selon les textes mais inspirent toujours l’épouvante. Les créatures maléfiques Outre ces fantômes, les Romains redoutaient également des créatures surnaturelles (voir document 3) : les str iges (strix, strigis), qui boivent le sang des nouveaux-nés et donneront naissance aux vampires, les loups-garous (versipellis, is) dont les descriptions antiques sont à la source de légendes ultérieures, et des monstres mythologiques comme les Sirènes (siren, enis) ou les Harpies (harpyia, ae) (voir document 4)

Document 1 – Conjurer les Lémures On célébrera l'antique cérémonie des nocturnes Lémures, on apaisera par des offrandes les mânes silencieux. Au temps où l'année était plus courte, où l'on ne connaissait pas les pieux sacrifices de Février, où Janus aux deux visages n'était pas encore le chef des mois, on portait déjà des offrandes à la cendre des morts, et le petit-fils faisait des expiations au tombeau où reposait l'aïeul. Ces cérémonies avaient lieu au mois de Mai, ainsi appelé du nom des ancêtres (maiores), et il a conservé jusqu'à nos jours une partie de ces anciens usages. Vers le milieu de la nuit, quand le silence favorise le sommeil, que l'on n'entend plus ni l'aboiement des chiens, ni les divers chants des oiseaux, l'homme qui est resté fidèle aux rites antiques et qui redoute les dieux se lève; aucune chaussure n'enveloppe ses pieds. De ses doigts réunis avec le pouce il fait entendre le signal qui chasse

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les ombres légères, de peur qu'elles ne se lèvent devant lui s'il marche sans bruit. Trois fois il lave ses mains dans l'eau d'une fontaine; il se tourne et prend dans sa bouche des fèves noires; il les jette ensuite derrière lui en disant: «Je jette ces fèves, et avec elles je rachète moi et les miens.» Neuf fois il prononce ces paroles sans regarder derrière lui; selon sa croyance, l'ombre les ramasse et suit ses pas sans être aperçue. De nouveau il plonge ses mains dans l'eau, et fait retentir l'airain de Témésa; il conjure l'ombre de quitter son toit; et après avoir dit neuf fois: «Mânes paternels, sortez,» il regarde derrière lui, et il pense avoir accompli tous les rites de la cérémonie.

Ovide, Fastes, V, 420-444

Document 2 – Les Larves On a retrouvé des larvae conviviales, petits squelettes représentés sur les mosaïques des triclinia ou placés sur les tables de banquet pour inviter à profiter de la vie, seules larves dont on ait ainsi une représentation.

En quoi cette larve est-elle inquiétante ? ç Larva convivialis en bronze, Ier s. ap JC, Palazzo Massimo, Rome

Sur cette mosaïque romaine figure l’inscription grecque « gnothi seauton ». Qu’est-ce que cela signifie selon vous ?

Mosaïque provenant de la villa des Quintilii, Iième s. ap JC, Musée national romain, Rome é

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Document 3 – Etranges créatures Replacez les noms de ces créatures dans les phrases suivantes : Tritons – Satyres – Sirènes - Griffon Les ____________________________________, mi-femmes mi-oiseaux sont devenues femmes

poissons dans les légendes plus récentes.

Les __________________________________ sont des êtres malfaisants des forêts.

Les ________________________________ montent des chevaux marins ou nagent.

Un ___________________________, mi-aigle, mi-lion.

Diaporama HiDA : Comment la représentation de la sirène a évolué à travers les âges.

ç Friedrich Justin Bertuch, Livre d’images pour les enfants, 1806.

Des fantômes à la zoologie : cherchez l’étymologie de larve et de lémurien. Quel rapport avec les créatures romaines ? Qu’est-ce qu’un Triton dans la mythologie ? La représentation qu’en donne Bertuch vous semble-t-elle fidèle ?

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Document 4 – Une attaque de harpies Nul monstre n’existe plus sinistres qu’elles, et jamais n’ont surgi des eaux du Styx fléau plus cruel ni colère divine plus furieuse. Ces oiseaux ont une tête de femme, un flux immonde s’écoule de leur ventre, leurs mains sont pourvues de griffes, et leurs faces sont toujours pâles de faim ! (…) Se laissant glisser des montagnes en un vol effrayant, les Harpies sont là et secouent leurs ailes qui claquent bruyamment. Elles pillent notre nourriture et souillent tout à leur contact immonde, puis un cri sauvage se mêle à une odeur nauséabonde. (…) Leurs plumes les protègent contre toute atteinte, leurs échines sont invulnérables et, rapides, elles s’enfuient en glissant vers les astres, laissant une proie à demi consommée et des traces répugnantes.

Virgile, Enéide, III, 214-218, 225-228, 242-244

La plupart des monstres antiques sont des hybrides. En quoi les Harpies l’illustrent-elles ? Vocabulaire imago, -inis, f : l ’ image désigne toutes les représentations, réelles ou imaginaires : portrait, fantôme ou icône. monstrum, -i , n : le prodige, le monstre le radical mon se retrouve dans moneo, -ere : avertir. Le monstrum est ce qui avertit de la volonté divine, un phénomène inexpliqué, donc attribué aux dieux. prodigium, -i i , n : le prodige composé du préfixe pro-, « en avant » et du verbe ago, -ere, « bouger » ; prodigium est littéralement « la chose mise en avant », ce qui mérite d’être remarqué en bien – le miracle – comme en mal – le monstre. Spectrum, -i , n : le spectre Superst it io, -onis, f : la superst it ion

Exercit ium Relier chacun des mots de la famille de prodigium à sa définition.

• Agonie • Coagulé • Exigeant • Fumigation • Fustiger • Intransigeant • Litige • Protagoniste • Stratagème

• Figé, devenu solide • Point de désaccord • Ruse • Fin de vie • Héros • Qui demande beaucoup • Frapper, critiquer • Inflexible, dur • Action d’exposer à la fumée pour

désinfecter