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1
Le chevalier des elfes :
Je tiens remercier Aurlien Giry dit
Schnaga, et Frdrick Demangeot pour leurs
corrections efficaces.
Rsum du livre :
Arthur tait un humain qui commena sa
vie en tant quesclave, mais il apprit dvelopper
des comptences guerrires qui rivalisaient avec
celles dun chevalier. Suite une srie
dvnements, il se mit nourrir de grandes
ambitions. Sera-t-il dchu par ses dsirs, ou
parviendra t-il concrtiser ses rves ?
Chapitre 1 : Mine
Arthur tait n esclave. Il travaillait comme
mineur dans le royaume dAbsolia, la nation la
plus laxiste du monde en matire de lois sur
lesclavage. Dans certains pays, tuer un esclave
pour le plaisir constituait un dlit. Absolia,
torturer, violer ou assassiner un esclave sans
justification savrait un comportement tolr.
2
Les esclaves travaillant dans des mines avaient
plusieurs surnoms, le plus connu tait celui de
galriens souterrains.
Les esclaves mineurs ne survivaient
longtemps quen volant de la nourriture leurs
compagnons dinfortune. Dailleurs mme les
plus forts et rsistants dentre eux dpassaient
trs rarement lge de quarante ans. Les causes de
morts des esclaves mineurs taient nombreuses,
parmi les principales il tait possible de
dnombrer la poussire de fer, les privations
infliges de temps autre par les contrematres,
les boulements, le manque dhygine, et la
nourriture par moment pourrie. Les galriens
souterrains les plus chanceux, ne travaillaient que
douze heures par jour, six jours sur sept. Pour
bnficier dun horaire de travail rduit, trois
options existaient, satisfaire sexuellement un
contrematre, appartenir une quipe de mineurs
trs productive, ou avoir de la famille qui payait
les contrematres.
Les tribunaux taient les principaux
pourvoyeurs desclaves des mines absoliennes.
Ils envoyaient surtout des gens du peuple dans les
mines. Pour quun aristocrate soit condamn
tre un galrien souterrain il fallait des preuves
trs solides. Absolia un voleur de pain qui
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drobait pour la troisime fois de quoi manger,
tait passible dune peine desclavage vie.
Arthur aurait pu avoir une enfance
heureuse, sa mre tait un contrematre ayant mis
un joli pcule de ct. Mais elle commit lerreur
de confier le secret de la naissance de son enfant
un ami bavard, et sa volont de faire vader son
amoureux qui tait esclave. Le bavard lors dune
soire arrose dvoila le lourd secret, et la mre
se retrouva esclave. Peu de temps aprs avoir
accouche, elle finit dans les profondeurs de la
terre. Elle mourut trs rapidement dans les mines.
Heureusement une autre esclave soccupa
dArthur qui gagna rapidement le surnom de fort.
Il arrivait triompher au un contre un denfant
qui avait quatre cinq ans de plus que lui.
Le fort ne connut pas son pre qui mourut
cause de linfection dune blessure au ventre,
avant quArthur ne naisse. Le fort dveloppa
rapidement un ct vicieux et impitoyable, mais
surtout il apprenait trs vite, il pouvait recopier
une technique de combat aprs lavoir observ
une ou deux fois seulement.
Les mineurs Absolia dveloppaient une
vision nocturne plus performante que chez les
humains moyens, car ils taient chichement
clairs. En prime ils devaient rationner
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svrement les bougies par moment, et gare au
malheureux qui cassait une lanterne paroi de
verre, il recevait des coups de fouet en cas de bris
du matriel.
Il arrivait quun esclave quitte la mine pour
retrouver le ciel mais il sagissait dun vnement
rarissime. Absolia un mineur avait
gnralement lobligation de trimer jusqu la
mort dans une prison faite de parois de terre et de
pierre, et agrmente de poutres en bois souvent
de mauvaise qualit.
Les esclaves dans les souterrains
adoptaient une apparence effrayante selon les
critres des humains qui pouvaient contempler le
ciel. Beaucoup de mineurs se rvlaient vots
avant trente ans, et surtout ils se caractrisaient
par une crasse presque rpugnante, au point
quun homme peau blanche comportait par
moment plus dendroits noircis par la salet que
de coins blancs dpiderme. Il fallait ajouter
cela les gentillesses des puces et des poux qui
fourrageaient en abondance dans les cheveux
dbraills, et la barbe hirsute de la plupart des
mineurs.
Quant la tenue des esclaves, elle ntait
pas trs recherche, un pantalon crasseux et une
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chemise misrable, le plus souvent de couleur
grise voil les vtements des mineurs.
La vie dArthur en tant quadulte de vingt-
deux ans tait simple, elle consistait
principalement travailler, dormir et voler, sa
cible actuelle savrait Lodo. Le fort ne laimait
pas du tout, car sa victime vendait son corps, une
activit dgradante selon Arthur. La proie
exhalait une odeur de propre, grce aux bains que
lui accordaient de temps autre son protecteur.
Les esclaves dans les mines qui refusaient de
voler ou de se prostituer ne faisaient pas long feu,
mourraient rapidement.
Arthur trouva sa proie pendant la pause du
repas du milieu de la journe au niveau des
dortoirs. Ce lieu ntait pas trs diffrent du reste
de la mine, il comportait la prsence dobjets
personnels, mais il tait difficile de dceler une
grande diffrence avec les endroits dvolus au
travail. Les mineurs profitaient au mieux comme
moyen damliorer leur confort durant le
sommeil dhabits usags, ils dormaient souvent
par terre, mme le sol comme des animaux.
Il se trouvait tout de mme une diffrence
avec dautres sections de la mine, il tait possible
de discerner des entraves de mtal relis au mur
pour les esclaves indisciplins. Il y avait quelques
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gardes qui patrouillaient dans le coin, mais
Arthur connaissait suffisamment leur routine
pour savoir quil avait au moins dix bonnes
minutes avant dtre drang. Lodo occup se
remettre les cheveux en ordre sursauta quand le
fort se manifesta. Il reut une certaine ducation
intellectuelle de la part dun mentor mort il y
avait quelques annes, mais il se comportait
quand mme par moment comme une brute,
mme si son vocabulaire tait plus riche que
beaucoup dautres esclaves. Ses leons dhistoire
et ses conversations intellectuelles ne suffisaient
pas touffer tous ses sombres instincts.
Arthur : Jai faim, donne-moi ta ration, et tes
herbes mdicinales.
Lodo : Sil te plat Arthur, mon meilleur ami est
malade, il a besoin de nourriture et de mon
remde pour rcuprer des forces.
Arthur : Je compatis, mais il me faut une
alimentation de qualit si je veux aider mon
groupe remonter prs de la surface. En outre
mon rhume me rend moins performant alors il
faut le soigner.
Lodo : Je ne comprends pas.
Arthur : Ne fais pas semblant dtre bte, comme
tu couches avec un contrematre, celui-ci te
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donne une nourriture bien meilleure et nutritive
compar celle de la majorit des mineurs.
Lodo : Je ne suis pas le seul qui pratique la
prostitution, pourquoi ten prends-tu moi ?
Arthur : Tu es le prostitu le plus isol de cette
section de la mine, tu nas que deux amis. De
plus ton protecteur contrematre est mal vu, si tu
te plains lui il y a peu de chances quil marrive
un ppin.
Lodo : Tu me sous-estimes, jai un moyen de
me dfendre, vas ten ou je te transperce avec
mon couteau.
Lodo brandissait une arme la faon dun
dbutant, ses gestes et surtout ses tremblements
indiquaient quil navait pas lhabitude de blesser
des gens. Ce qui arracha un lger sourire de
mpris Arthur.
Arthur : Pauvre imbcile, les armes sont
strictement interdites pour les mineurs, tu mas
fourni un prtexte idal pour te voler de la
nourriture.
Lodo : Que veux-tu dire ?
Arthur : Si je te dnonce aux contrematres, je
suis assur quils fermeront les yeux sur tous les
prlvements de ration que je te ferai.
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Lodo : Tu ne me laisses pas le choix, je vais
devoir te tuer.
Arthur : Essaies donc, tu nas aucune chance de
me blesser.
Arthur savana avec certitude vers sa
victime, il prit une pierre et la lana grande
vitesse ct de sa proie afin de lintimider. Le
projectile rapide fusa littralement mais il ne
blessa personne. Cependant Lodo ne savouait
pas vaincu, il refusait catgoriquement de cder
aujourdhui. Il tait prt beaucoup de choses
pour survivre, mais certainement pas faire la
carpette si cela contribuait aggraver ltat de
sant dun proche.
Lodo considrait les amis comme une
ressource extrmement prcieuse, quil tait
ncessaire de protger avec nergie. Il dfendait
avec dtermination des ennuis les rares personnes
qui lui montraient une affection sincre. Lodo
napprciait pas du tout la situation, sa haine
contre son voleur amplifiait ses forces, il nallait
pas se laisser faire. Certes il avait souvent
lhabitude de qumander, de sincliner devant les
forts par devant. Mais aujourdhui il ne voulait
pas se rabaisser, il simaginait que la lutte serait
difficile, quil faudrait combattre comme un
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enrag pour disposer dune chance de russir
lemporter.
Mais il tait prt tenter le coup,
dmontrer quil nentrait pas dans la catgorie
des lapins faciles effrayer mais des fauves
quand une personne mettait en danger la vie dun
ami lui. En outre Lodo bnficiait dun
avantage sur son adversaire, il possdait une
arme dos certes rudimentaire, un simple couteau
mais cela ajout aux forces supplmentaires
adjointes par sa colre et son dsir farouche de
protger commenaient faire beaucoup, et
pouvaient renverser la balance.
Pourtant Arthur mit par terre Lodo en
deux secondes. Il neutralisa avec une grande
facilit son opposant, bien que son adversaire
tenta avec lnergie du dsespoir de prserver les
mdicaments en sa possession. Le fort prouvait
quelques regrets en agissant de faon brutale avec
Lodo, il naimait pas les prostitus, cependant il
apprciait lamiti et la solidarit lgard des
camarades. Nanmoins Arthur considrait
comme indispensable dtre dans une forme
optimale, il devait remplir certains quotas de
production pour amliorer lavenir de son groupe.
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Lodo : Je nierai que le couteau mappartient, je
dirai quil est toi, comme cela tu seras puni
ma place.
Arthur : Il y a un mage parmi les contrematres
de cette section, il peut dtecter le mensonge, tu
ne feras que tenfoncer si tu nies lvidence.
Lodo : Je jure que tu me le paieras Arthur, un
jour je te ferai regretter dtre n.
Arthur : Jen doute, tu es le moins fort
physiquement de cette section et tu tavres
moins bien entour que moi. Le seul atout qui te
permet de survivre cest ton joli visage.
Lodo : Le joli visage a plus dun tour dans son
sac, je trouverai bientt un moyen de te torturer
petit feu.
Arthur (ironique) : Oh jai peur, une reine de
beaut veut me faire du mal.
Arthur le fort ne se doutait pas quil
prenait des risques en se mettant dos Lodo le
vicieux, qui avant dtre esclave tait un
empoisonneur. De plus il y avait des
champignons trs toxiques dans la mine de fer o
travaillait le vicieux. Il savait crer des mixtures
de champignons qui pouvaient lgrement
incommoder, faire souffrir longtemps ou
provoquer une mort foudroyante. Ainsi plusieurs
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mineurs qui importunrent Lodo connurent une
fin tragique, en tant empoisonns. Le vicieux
savait sauver les apparences, il provoquait des
agonies qui ressemblaient au mal des mines, une
maladie trs rpandue chez les esclaves mineurs.
Rsultat les soupons qui pesaient sur Lodo,
taient modrs. Par consquent Arthur ne
souponnait rien des activits du vicieux.
Le mal des mines soign temps pouvait
avoir des effets bnins, ennuyer autant quun
rhume. Mais une personne qui ne bnficiait pas
dune assistance mdicale souvent mourrait. Les
symptmes de la maladie taient dabord une
toux rauque, et un coulement de morve au
niveau du nez. Puis le malade se couvrait de
boutons, perdait ses cheveux, avait des
hallucinations auditives et visuelles. La dernire
phase du mal se caractrisait par une tendance
avoir peur de tout et nimporte quoi. Lagonisant
se mettait avoir la phobie du noir, de son
ombre, de leau.
Dans le royaume dAbsolia, un esclave
mineur sur cinq trpassait cause du mal des
mines. Heureusement la maladie ntait pas
contagieuse, gnralement quand un esclave
dveloppait le mal, on ne cherchait pas le
soigner, on labattait comme un chien. En effet
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lherbe huileuse, le remde contre la maladie se
vendait trs chre, or la vie dun esclave ne valait
pas grand-chose. Donc moins quun proche
achte lherbe huileuse, lesclave malade nen
avait plus pour longtemps vivre.
Plus tard Arthur rencontra Bastien le
contrematre en chef, au sein dune galerie quil
tait en train de creuser avec dautres esclaves.
Le fort pensait que son suprieur hirarchique
tait porteur de nouvelles mauvaises, vu lair
dsol quil arborait. Il existait une terrible
comptition entre les mineurs pour dterminer
qui allait vers le haut, obtenait les travaux les
moins pnibles. Ainsi certains esclaves taient
prts de sacres bassesses pour plaire aux
contrematres.
Bastien : Arthur jai une mauvaise nouvelle
tannoncer, toi et ton groupe avez travaill trs
dur, mais vous nallez pas pouvoir tre envoys
prs de la surface.
Arthur : Pourquoi matre ? Nous avons pourtant
trim comme des damns.
Bastien : Cest vrai mais un groupe de mineurs
qui tait anciennement des nobles, va bientt
travailler dans la mine. Leur famille sest
arrange pour payer grassement le propritaire,
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afin que les nouveaux venus aient les travaux les
moins pnibles.
Arthur : Vous tes quelquun dinfluent, vous ne
pouvez pas vous arranger pour que quelques
membres de mon groupe travaillent plus haut ?
Bastien : Non je sais que cest moche de devoir
rester dans les profondeurs, tant donn les
efforts que toi et tes camarades avez fourni, mais
je ne peux rien y faire.
Arthur : Autrement jai une information
importante, Lodo sest fabriqu un couteau en
os. Je vous le remets.
Une fois Bastien parti, Arthur le fort donna
des coups de pied sur les murs pour calmer sa
frustration. Il subissait une impulsion le poussant
frapper Bastien, mais il se retint et se contenta
de continuer travailler, en prospectant coup de
pioche en pierre, et en remplissant un chariot en
bois avec du minerai.
Dailleurs il naurait pas t trs sage de
vouloir des noises au contrematre, il tait
frquemment entour par un groupe de plusieurs
gardes arms de btons et dpes. Les auxiliaires
de Bastien portaient une armure de cuir de
couleur marron, il sagissait dhommes plutt
baraqus, rputs pour se dfouler de faon
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sadique parfois juste pour rprimer un ton un peu
sec de la part dun esclave.
Pour pouvoir travailler prs de la surface,
le fort et ses compagnons avaient trim durement.
Mais tous leurs efforts navaient servi rien, les
courtes nuits, la pause du midi rogne afin de
creuser plus longtemps, les flatteries lgard des
contrematres, tout cela navait eu aucun effet
positif sur lavenir dArthur et de ses camarades.
Le fort se livra dailleurs des actes peu
recommandables pour son groupe. Il sacharna
sur des esclaves isols afin de leur prendre des
ressources. Il dpouilla en plus de Lodo, deux
autres mineurs au cours de la semaine prcdente
pour leur drober de la nourriture. Il nvitait de
blesser ses adversaires pour dautres raisons que
lenvie de ne pas faire mal, il ne voulait pas
dennuis.
Si les chefs tolraient le vol de nourriture,
ils napprciaient pas les gens qui dprciaient la
main duvre, lendommageaient svrement. Et
encore Arthur fit preuve dun certain niveau de
retenue cause damis esclaves jouant le rle de
consciences morales comme Bohort.
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Bohort : Tu devrais faire attention Arthur, jai
peur quun jour tu ne paies le prix fort pour tes
vols.
Arthur : Aucun danger, je choisis surtout des
personnes isoles comme victimes. Tiens voici
un peu de nourriture.
Bohort : Vole quelquun je prsume ?
Arthur : Je sais, tu naimes pas beaucoup les
larcins, mais cest indispensable pour survivre
ici.
Bohort nosait pas refuser les aliments qui
se composaient de viande sche et de pommes
de terre. Mais il prouva une certaine rticence
avaler, il eut un accs de remords accepter de la
nourriture drobe. Cette gentillesse et cette
empathie ne suffiront pas le protger de
dsastres futurs. Bohort et Arthur le fort se lirent
dune amiti sincre et touchante, et survcurent
ensemble des circonstances rudes.
Ils se compltaient plutt bien, Bohort
grce son excellent sens de lobservation
dcelait bien plus facilement que beaucoup
dautres personnes les bons endroits o creuser
pour dnicher du minerai de qualit, et les lieux
o il tait ncessaire de pratiquer des travaux, de
poser des poutres afin dviter un boulement.
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Tandis quArthur tait capable de creuser plus
longtemps que la moyenne et de venir bout
dune roche bien dure au moyen de ses aptitudes
physiques. Tous deux formaient un duo de
mineurs trs productifs qui se protgeaient
mutuellement.
Arthur se soulageait de ses tracas et de ses
soucis auprs dun confident tolrant qui savait
garder un secret, qui tait rput pour tre une
personne fiable. Tandis que Bohort bnficiait
dune protection physique lgard des vols et
dautres dsagrments par la prsence du fort.
Cependant la relation proche avec Arthur risquait
de jouer bientt des tours pendables Bohort.
Bastien le contrematre en chef aurait pu
tenir ses engagements, et envoyer plus haut dans
la mine le fort et son groupe. Toutefois il avait
choisi de cder aux sirnes de la corruption. Il
avait menti Arthur, quand il disait quil tait
dans lincapacit darranger ses conditions de vie.
En effet le propritaire de la mine avait dlgu
depuis plusieurs mois le droit Bastien de
dcider qui pouvait remonter ou descendre. Mais
le contrematre avait dcid davantager le
groupe qui lui fournirait le plus dargent.
Dans la mine de fer o trimait le fort, plus
on travaillait dans les profondeurs, plus les
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conditions taient rudes. Ceux situs dans les
niveaux les plus profonds ne survivaient pas plus
de trois ans en gnral. On envoyait souvent dans
les endroits les plus bas, les criminels qui avaient
commis des crimes infmes, comme le meurtre
avec viol, ou les esclaves les plus rebelles. Le
contrematre provoqua la mort par puisement de
dizaines de personnes, pour un simple caprice, ou
une lgre rancur.
Il suffisait dun regard un peu hargneux, ou
dun propos qui dplaisait Bastien, pour quun
malheureux soit transfr tout en bas. En outre le
contrematre avait la fcheuse manie de voler
largent destin la nourriture et au matriel des
esclaves, afin de sen mettre plein les poches. Il
tait bien pay, son salaire tait gal celui de
cinq ouvriers qualifis, mais dun autre ct
Bastien tait terriblement cupide, et il convoitait
la possibilit dacheter un titre de noblesse. En
effet Absolia, il tait possible de devenir un
aristocrate, en dboursant une trs grosse somme
dargent.
Arthur avait daprs certains une trs bonne
toile, quelques-uns murmuraient quun dmon le
prit sous son aile, ce qui expliquait sa longue
dure de vie. Mme si une priode de malchance
intense allait bientt sabattre sur lui.
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Bastien ne pensait pas seulement son
ascension sociale, il uvrait aussi satisfaire ses
pulsions sexuelles, ainsi il convoqua Lodo le
prostitu. Le contrematre voulait devenir trs
intime avec lui. Il invita son interlocuteur dans un
bureau prs de la surface, un endroit souterrain
amnag avec un certain got. Il sassit sur un
grand lit et invita Lodo faire plus ample
connaissance. Il tait assez press dter les
habits du prostitu, de sadonner un jeu
complexe de galipettes sexuelles.
Lodo : Que me voulez-vous matre ?
Bastien : Ton protecteur va bientt partir cause
de son grand ge. Comme ctait un ami et que je
le savais jaloux je nai pas cherch te sduire.
Mais il ne reviendra plus dans la mine dici une
semaine. Alors jai le champ libre.
Lodo : Je suppose que vous voulez mon
expertise sexuelle.
Bastien : Tu as devin, je te veux, ne ten fais
pas, je serai gnreux, je te protgerai des autres
mineurs, et tu mangeras ta faim.
Lodo : Puisque vous tes dispos maider, je
dois vous prvenir quArthur membte, et quil a
dans ses affaires un couteau.
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Bastien : Daprs Arthur cest toi qui as fabriqu
le couteau.
Lodo : Il ment, si vous me croyez je me
montrerai trs reconnaissant.
Lodo se mit caresser de manire
nergique et dtermine le sexe de Bastien.
Bastien : Mme si cela me navre, je suis forc
dadmettre quArthur raconte de gros bobards.
Lodo : Merci beaucoup dtre juste et quitable.
Lodo le vicieux savait sy prendre en
matire de relations sexuelles, il donna
pleinement satisfaction Bastien qui tait
pourtant un individu commenant tre
srieusement blas en terme de plaisir sensuel. Il
passait une part importante de son temps libre
obliger des esclaves lui fournir des prestations
charnelles. Il payait une misre les services de ses
malheureuses victimes. Par exemple quand il
tait de bonne humeur il leur octroyait comme
avantages un verre de vin et une pomme. Il tait
un vritable rapiat, un sacr avare de penser que
le prix de la dignit de quelquun tait achetable
avec un fruit et de lalcool.
20
Pourtant il estimait se montrer gnreux
quand il donnait un pourboire insignifiant une
de ses proies. Le contrematre ne traitait avec des
gards quun seul esclave, il sagissait de Lodo.
En effet le vicieux grce un mlange habile de
compliments et une franchise mesure parvint
mouvoir le cur de pierre de Bastien. Il trouva
les bons leviers pour pousser son protecteur lui
tmoigner une affection relle. Au dpart le
contrematre voyait Lodo juste comme un objet
de satisfaction personnelle, une agrable
distraction, mais progressivement il se mit
laimer vritablement. Bastien au dpart ne
voulait que des gteries sexuelles et un peu de
compagnie. Cependant petit petit il ressentit un
intrt croissant pour le vicieux. Il dcouvrit que
son interlocuteur ntait pas quun simple
prostitu capable de fournir du plaisir sensuel. Il
pouvait aussi faire preuve dune grande
loquence et dune culture gnrale dveloppe.
Bastien rit cause des plaisanteries parfois
impertinentes de Lodo, il smerveilla des
connaissances pousses en histoire et dans
dautres domaines du prostitu. Il participa des
discussions intellectuelles utiles pour son statut,
et sa rputation. Ainsi le vicieux passa dobjet
sexuel, ami, puis confident et enfin vritable
21
amour. Rsultat Lodo considrait que lheure de
la revanche allait bientt sonner contre Arthur et
beaucoup dautres, quil dmontrerait quil ne
fallait pas le chercher, le tourner en bourrique, se
moquer de lui, sinon les consquences se
rvleraient tragiques. Le vicieux faisait un
complice idal avec Bastien, car il avait une me
presque aussi immonde que lui. Il respectait ses
amis, mais autrement il voyait les autres gens
comme des outils jetables dans le meilleur des
cas, et de la vermine exterminer quand un
individu reprsentait une menace pour lui.
Ainsi Bastien accompagn par son groupe
de gardes se dirigea avec des intentions peu
louables, vers la section de la mine o travaillait
Arthur.
Bastien : Arthur je te condamne subir vingt
coups de fouet.
Arthur : Je nai rien fait de mal, et jexcute avec
zle et clrit les ordres.
Bastien : Tu as fabriqu un couteau, alors que le
rglement interdit formellement la dtention
darme par les esclaves.
Arthur : Cest Lodo le vritable propritaire du
couteau.
22
Bastien : Jai jet un sort de vrit sur Lodo, il
ma permis de dcouvrir quil est innocent de tes
accusations.
Arthur : Vous avez commis une erreur.
Bastien : Insolent, pour la peine je rajoute dix
coups de fouet.
Arthur le fort rprima lenvie de casser la
figure de Bastien, le contrematre en chef. En
effet le contrematre aurait fait payer trs cher
toute atteinte physique sur sa personne, en
punissant non seulement le fort mais aussi ses
amis. Il aimait distribuer des chtiments ses
ennemis mais aussi leurs proches. La torture
inflige une personne chre savrait une
meurtrissure importante, y compris quand vous
possdiez une volont trs importante. Arthur
escort par deux gardes se dplaa vers la zone
des punitions, une section de la mine ddie au
chtiment contre les esclaves. Il sagissait dun
lieu o les fautifs, ou les dsigns coupables
taient attachs un poteau de bois avec de la
corde. Pour les peines les plus lourdes comme la
mise mort, il y avait une cage avec des barreaux
de fer pouvant peine contenir une personne
debout, munie de diverses chanes de mtal afin
dimmobiliser le condamn. Bastien prenait un
23
trs grand plaisir chaque fois quil soctroyait le
droit de sanctionner un mineur coup de fer
rouge chauff blanc, jusqu ce que mort
sensuive.
Pour linstant le fort navait le droit qu
une punition mineure, mais il ressentit quand
mme une grande souffrance cause des coups
de fouet quil reut, malgr sa vigueur physique
et le fait dtre habitu la douleur. Ce qui tait
normal, Lodo le vicieux avait enduit le fouet qui
avait maltrait le fort avec une substance qui
accroissait la sensibilit la douleur. Arthur crut
quil allait mourir tellement son tourment fut
important. Ds le premier coup de fouet le fort
eut de terribles sensations, comme si un feu
magique aux proprits atroces lui brlait tout le
corps. Il avait limpression de subir des attaques
dvastatrices de la part dun millier de fourmis
enrages, quun malfice fut jet sur lui, quun
sort de souffrance fut invoqu sur lui afin de lui
arracher des hurlements de douleur. Bien quil
soit une personne plutt endurante, et fire de sa
capacit encaisser, il ne put rsister au fait de
pousser de petits cris. Il tenta de supporter du
mieux quil put les effets des tourments,
cependant il fut deux doigts de craquer, de
demander pardon en pleurant. Mme si sa haine
24
et le ressentiment le soutinrent suffisamment
pour quil ne cde pas limpulsion dimplorer.
Le vicieux ntait pas seulement un as
pour tuer les gens, il avait aussi de trs fortes
dispositions pour engendrer des souffrances trs
importantes avec des onguents et des potions.
Avant dtre envoy dans une mine Lodo
bnficiait dune importante clientle auprs des
sadiques, des bourreaux et des masochistes
adeptes de sensations fortes. Il contribua rendre
trs spectaculaires les excutions de condamns
mort. Sa rputation auprs des bourreaux tait
clbre dans plusieurs pays. Le vicieux fournit
des produits qui gnrrent des grimaces
saisissantes et, des souffrances incroyables sur
des supplicis. Le produit phare du vicieux tait
le dolormone. Une goutte de cette substance sur
une plaie provoquait chez la victime des cris, des
gmissements et des supplications, y compris si
celui tortur savrait un dur entran rsister
aux supplices.
Problme le succs du dorlomone tait tel,
quil causa lapparition dune vritable coalition
de victimes contre Lodo. Par consquent
lalliance des offenss se vengea en lenvoyant
trimer comme esclave mineur.
25
Arthur tait dans un tat amoindri suite aux
coups de fouet mais il devait quand mme obir
aux quotas de production. Heureusement Bohort
travailla darrache-pied pour suppler la
faiblesse de son ami. Cette marque de
dvouement mut profondment le fort.
Arthur : Tu mas rendu un grand service en
mettant les bouches doubles afin de compenser
ma baisse de productivit.
Bohort : Tu ntais pas responsable de ta
situation, et tu mritais de laide.
Arthur : Justement la prochaine fois vite de me
soutenir, jai limpression que se montrer proche
de moi signifie de graves ennuis.
Bohort : Tant pis, nous sommes lis par un
serment damiti. Je prfre la mort plutt que de
pratiquer labandon dun ami.
Arthur tait profondment attendri par la
solidarit dont il fit lobjet, cependant cela
renfora son angoisse et sa dprime. Il ne pensait
pas mriter une grande dvotion. Et surtout il
craignait que le sort ou plutt le complot contre
sa personne ne dbouche sur des consquences
trs graves sur ses proches. Le fort avait raison de
tmoigner de la mfiance propos du futur, car
26
Lodo fourbissait de sombres manigances. Il
profitait de mettre de bonne humeur son amant
Bastien pour concrtiser de noirs dsirs. Il
excitait son amoureux sur un lit au moyen de son
expertise sexuelle pour provoquer des pisodes
de rpression contre ses ennemis, et dautres
gens.
Lodo : Jai beaucoup aim quArthur soit puni,
mais jaimerai quil continue en baver.
Pourriez-vous sil vous plat accrotre la pression
sur lui ?
Bastien : Quest-ce que ta fait Arthur, pour que
tu ais envie de rendre infernale son existence ?
Lodo : cause dArthur, mon meilleur ami est
mort. lias ne faisait de mal personne, un jour il
est tomb gravement malade, et Arthur ma vol
des rations de nourriture et des herbes
mdicinales destines mon ami. Sans le larcin
que jai subi, jaurais pu sauver lias.
Bastien : Je comprends ta rancune, mais Arthur
est un mineur trs performant. Cela me fera
perdre de largent sil mourrait. Une partie de
mes revenus vient dun bnfice sur certaines
sections de la mine.
Lodo : Arthur nest quun esclave, il peut
facilement tre remplac.
27
Bastien : Tu es aussi un esclave, tu es choy par
moi, mais tu as le mme statut social quArthur.
Lodo : Il ny a vraiment rien que vous puissiez
faire pour nuire Arthur ?
Bastien : En fait comme je nai rien lui
reprocher, cela va tre difficile de le punir.
Lodo : Vous pouvez toujours trouver un prtexte
fallacieux, inventer un mensonge pour malmener
Arthur.
Bastien : Ce nest pas une mauvaise ide, mais il
faudra que tu te montres mritant, pour avoir le
droit la faveur que tu demandes.
Lodo : Ne vous en faites pas, je suis capable de
me montrer trs reconnaissant avec ceux qui me
rendent service.
Bastien : Quel type de punition dsirerai-tu
contre Arthur, des coups de fouet ?
Lodo : Non plutt une peine denfermement
disciplinaire. Ne rien pouvoir faire pendant des
semaines, part dormir et manger, est une torture
trs dure supporter, surtout pour Arthur qui a
tendance trouver facilement le temps long.
Arthur ressentit de langoisse quand il
apprit que Bastien le convoqua une nouvelle fois.
Le fort avait peur que cette fois il y eut de
nouvelles victimes notamment son meilleur ami
28
Bohort. Il connaissait suffisamment bien Bastien
pour avoir peur de son sadisme qui avait
tendance frapper large.
Bastien : Arthur je te souponne davoir allg la
souffrance desclaves punis en leur fournissant de
leau. Quas-tu dire pour ta dfense ?
Arthur : Je suis un esclave soumis, je ne me
rebelle pas contre mes matres.
Bastien : Tu mens espce dinsolent. Mais
comme jai besoin desclaves robustes comme toi
tu nauras pas de chtiment corporel, tu seras
envoy en cellule disciplinaire.
Arthur : Je prfre les coups de fouet.
Bastien : Ma dcision est prise, et elle est
irrvocable. Dailleurs pour avoir contest mon
autorit, ton ami Bohort sera fouett.
Arthur le fort vcut un vrai cauchemar dans
sa cellule, en effet il dtestait vraiment sennuyer.
Il avait un temprament qui le poussait
considrer linaction sur une longue priode,
comme un lourd fardeau. Lennui tait un moyen
de torture comme un autre, il ne sagissait pas
dun supplice spectaculaire et il demandait du
temps pour agir, mais quand la lassitude savrait
extrme lesprit devenait malade. De plus si
29
Arthur ne travaillait pas il nempchait quil
dprissait petit petit. Le fort navait mme pas
le droit de marcher dans sa cellule pour
soccuper, sil brisait la rgle de linactivit totale
sa peine augmenterait. Arthur ne faisait que
manger et dormir, il tait dans une cellule avec
seulement trois murs. La quatrime cloison se
constituait uniquement de barreaux, et un garde
surveillait en permanence ses faits et gestes.
En outre il avait du mal dormir, si le fait
de se reposer mme le sol ne le drangeait pas,
il y avait le problme de la cohabitation avec les
rats. En effet la prsence de ce type danimal
mettait mal laise le fort. Durant son enfance
Arthur avait assist un spectacle qui le marqua
trs profondment. Le propritaire de la mine
ordonna quun esclave qui tenta de svader soit
ligot un poteau de bois, il avait t badigeonn
de viande ; ensuite des rats affams furent lchs
sur le condamn mort. Arthur et lensemble de
ses camarades esclaves, avaient t contraints
dassister la mise mort du supplici. Bien que
le fort ait dtourn le regard, le bruit de la
mastication des rats imprgna son esprit, Arthur
avait t traumatis. Rsultat chaque fois quil
croisait un rat une apprhension lenvahissait.
Lodo le vicieux qui connaissait bien laversion
30
dArthur pour les rats, demanda Bastien le
contrematre en chef, daugmenter le nombre de
rongeurs qui se trouvaient dans les cellules. De
plus le vicieux sarrangeait pour que dans leau
que buvait Arthur, il y ait une substance spciale
qui attirait les rats. Par consquent le fort se
retrouva avec une odeur, qui plaisait beaucoup
aux rongeurs. Arthur vcut des moments
cauchemardesques durant son sjour, il fit de
nombreux songes o il tait dvor vivant par des
rats. Il ne parvint tenir distance les rongeurs,
quen se livrant de temps autre des exemples
assez spectaculaires. Il attrapait un rat et il le tuait
lentement afin de lui arracher des cris destins
crer de la peur chez ses semblables.
Arthur : Combien de temps me reste t-il faire
dans le cachot ?
Bastien : Ta peine est finie. Tu peux ten aller.
Arthur : Merci matre.
Arthur ressentit un soulagement palpable
la fin de son sjour forc rythm par une absence
dactivit. Il commenait devenir vritablement
fou, parler avec lui-mme durant de longues
minutes, entendre des voix lincitant se faire
du mal, ou blesser des amis. Il craquait
31
progressivement, mais il trouvait quand mme la
ressource de rsister en sappuyant sur sa haine,
et la croyance que sa bonne toile finirait par le
sauver. Arthur eut une discussion avec son ami
Bohort quelques minutes aprs la fin de la peine
disolement.
Arthur : Je suis dsol Bohort.
Bohort : Ce nest pas ta faute ce qui marrive.
Arthur : Tu ne men veux pas pour les coups de
fouet qui tont t infligs ?
Bohort : Non et puis me mettre en colre
namliorera pas ma situation.
Arthur fut mortifi par les paroles gentilles
de son ami, il aurait presque prfr tre
confront de la colre. Il ressentait une terrible
culpabilit lide de faire souffrir des proches
par ses actes ou ses paroles. Surtout que les coups
de fouet contre Bohort ntait pas une
circonstance isole, il eut le droit beaucoup
dautres punitions humiliantes, comme par
exemple lobligation de se prosterner devant des
contrematres pour un motif insignifiant, le fait
davoir tard une seconde dire le mot matre.
Arthur avait limpression que ses amis devinrent
des cibles pour des tourments varis. Il avait
32
presque la certitude que Lodo tait le
responsable de ses dboires, mais il ntait pas
certain cent pour cent de lui. Aussi il dcida de
se livrer une discussion afin de dissiper ses
derniers doutes.
Lodo : Alors Arthur comment tait ton sjour en
cellule ? Jespre quil a t horrible supporter.
Arthur : Javais des soupons maintenant jen
suis sr, tu es responsable de mes tourments.
Lodo : Cela ne fait que commencer, le
contrematre Bastien est de plus en plus
amoureux de moi, bientt je le mnerai par le
bout du nez. Prpares toi avoir une avalanche
dennuis. Dailleurs tu ne seras pas le seul
souffrir, tes amis vont franchement dguster.
Arthur : Tu es un misrable, je devrais te briser le
cou. Le jour o le contrematre se lassera de toi,
je me ferai un plaisir de te torturer petit feu.
Lodo : Cela nest pas prt darriver, Bastien est
quelquun de fidle. Quand il sattache une
personne par amiti ou par amour tant quon ne
lui fait pas de crasse ses sentiments ne changent
pas.
Arthur : Tu nes quun esclave comme moi, ne te
fais pas trop dillusions, sinon tu dchanteras
vite. Ds quun jeune homme plus beau que toi
33
attirera lattention du contrematre, il y a une
forte probabilit que tu perdes ton protecteur.
Lodo : Ta tentative pour me dstabiliser est
vaine. Tout ce que tu gagnes en essayant de me
mettre en colre, cest un accroissement de tes
supplices. Tes amis vont regretter le jour de leur
naissance.
Arthur le fort tait de plus en plus dprim,
cause du harclement auquel se livrait Lodo le
vicieux. Le fort supportait avec stocisme les
attaques contre lui, mais son cur saignait,
chaque fois quun de ses amis faisait lobjet
dune brimade injustifie. Malgr ladversit la
majorit des amis dArthur continua lhonorer
dune affection relle. La fidlit de ses proches
renfora la tristesse du fort. Rsultat Arthur se
disait de plus en plus souvent quil aurait mieux
fait de ne jamais natre. Surtout que Lodo tait
trs inventif en matire de torture. Il tait assist
dans ses fantasmes de bourreau par Bastien le
contrematre en chef. Le vicieux avait raison sur
les sentiments amoureux de son protecteur.
Bastien malgr son temprament avare dpensait
de grosses sommes dargent pour fournir des
poisons Lodo. Le vicieux sarrangeait pour
varier les plaisirs, chaque fois quil provoquait la
34
mort dun ami dArthur, il utilisait une substance
diffrente. Lodo avant de har Arthur vitait de
voir en face les consquences des effets de ses
toxines sur des humains. Il testait ses poisons sur
des animaux comme le cochon, le rat ou le singe.
Mais depuis quil avait jur de transformer en
enfer lexistence du fort, il stait dcouvert un
penchant pour le sadisme. La torture tait
devenue un loisir qui prenait de plus en plus du
temps du vicieux. Ainsi Lodo tait devenu un
adepte forcen des supplices.
La mort de Bohort, victime dune longue
agonie cause de toxines qui le rendirent fou et
sujet des accs de douleur extrmes, marqua
une sorte dapothose dans la dprime dArthur.
Le fort fit pourtant beaucoup pour tenter de
sauver son ami. Il courta son temps de
rcupration afin de veiller Bohort, il se
renseigna pour dnicher un antidote au mal de
son proche. Malheureusement chaque fois quil
pensait dtenir une piste pour venir en aide son
ami, de nouveaux symptmes apparaissaient, ou
le mal revenait. Lodo contrait les efforts
dArthur en usant chaque jour dun nouveau
poison sur Bohort. Et de temps autre il
distribuait un remde temporaire, qui apportait un
lger mieux voire une rmission spectaculaire,
35
mais qui au bout de quelques heures
dclenchaient de nouveaux tourments. Le fort
aurait pu mettre fin au petit jeu du vicieux en
tranglant son ami pour arrter son agonie.
Cependant Lodo fixa des rgles particulires
son jeu de la toxine, il slectionnera cinq
personnes torturer si Bohort tait victime dune
mort rapide. Pour donner de lespoir au fort, le
vicieux ajouta une porte de survie, dans le cas o
Bohort serait encore vivant au bout dun mois, il
cessera jamais de le tourmenter. Alors Arthur
saccrocha et maintint en vie son ami mais il eut
la mauvaise surprise de constater son dcs au
bout de deux semaines. Le vicieux aurait voulu
prolonger encore un peu son jeu pervers,
problme il mit une dose trop importante de
toxine dans leau de Bohort, et il surestima la
rsistance physique de sa proie. Alors il causa de
faon prmature le dcs de sa victime du
moment. Cependant le vicieux se consola assez
rapidement, il aurait bientt loccasion de
samuser avec dautres jouets humains.
Arthur se mit regretter terriblement
davoir survcu. Il songea trs srieusement se
suicider, et laisser des instructions dsolantes
ses amis restants du type, ne contestez plus la
suprmatie du vicieux. Le fort considrait
36
progressivement quadmettre le droit de Lodo
disposer de lui comme larbin corvable merci
savrait la seule option valable pour diminuer
lenfer de ses proches. Il savait que le vicieux
fantasmait par moment sur lui, alors il se sentit
petit petit prt sombrer dans la prostitution,
lui qui se caractrisait par son rejet des
travailleurs sexuels. Il voyait ce genre de
soumission comme une honte presque sans
prcdent, mais il jugeait prfrable danantir sa
fiert personnelle plutt que rendre infernale les
conditions dexistence de ses proches. Il
prouvait une colre monumentale lide de
capituler, cependant il ne voulait absolument pas
que des dcs comme ceux de Bohort se rptent.
Le pauvre Arthur malgr sa fiert se disait
que la seule faon de sauver ses amis, tait de
supplier le vicieux de les pargner, et de
sengager faire les quatre volonts de Lodo. Le
fort se disait que ctait vraiment dommage, de
permettre au vicieux de lemporter sur toute la
ligne, de lui offrir une victoire complte, en se
prosternant devant lui. Toutefois Arthur en avait
plus que marre que ses proches soient victimes de
tortures. Heureusement pour le fort une occasion
damliorer sa vie se prsenta. Bastien le
contrematre dcida de rassembler les mineurs
37
dans une sorte de grand hall souterrain, un lieu o
les annonces importantes taient diffuses.
Lendroit se caractrisait par sa meilleure qualit
architecturale que le reste de la mine, la place
des poutres de bois branlantes se trouvaient des
colonnes de pierre assez solides et bien
ouvrages. La voix rsonnait bien dans le hall,
Bastien pouvait sadresser des centaines de
personnes sans avoir besoin de hurler tue-tte.
Il sarrangea pour que tous les esclaves valides de
la mine soient prsents, debout pour couter sa
proclamation. Bastien lui sadressait la foule de
mineurs en haut dune estrade de bois dune
hauteur dun homme adulte moyen. Il vint
accompagn dune centaine de gardes recruter
des mineurs pour repousser des ennemis.
Bastien : Les elfes sont l pour vous tuer, ceux
qui sont volontaires pour se joindre aux troupes
destines les repousser, auront de meilleures
rations de nourriture, et dautres avantages.
Aprs stre adress aux esclaves, Bastien
se mit distribuer du pain blanc de bonne qualit
pour motiver les mineurs. Arthur le fort estimait
que son interlocuteur ne disait pas toute la vrit.
Et puis mme sil avait raison, il y avait toujours
38
la possibilit de fraterniser avec les elfes en se
rvoltant et en leur dclarant allgeance.
Alors Arthur sapprocha de Bastien le
contrematre, et tenta de lassommer, mais son
adversaire tait un individu ayant dvelopp un
sixime sens, il se retourna ds quil sentit la
prsence dArthur. Cela nempcha pas le fort de
rendre inconscient son ennemi, en lui balanant
une grosse pierre de taille dun poing humain sur
la tte. Le fort ressentait une envie puissante de
fracasser le crne du contrematre, de le rduire
ltat de cadavre.
Puis il se dit que son adversaire ne mritait
pas le droit une mort rapide, quil devrait
souffrir atrocement. En outre Bastien pourrait
savrer assez utile comme otage. De plus une
dmonstration de sauvagerie narrangerait pas
forcment les affaires, pourrait compliquer la
discipline parmi les gens dsireux de se rvolter.
Or sans une solide organisation si les mineurs
tentaient de se rebeller ils ne feraient pas long
feu, ils finiraient rapidement rprims. Les gardes
profitrent des rflexions dArthur pour essayer
de lui planter une pe dans le ventre.
Une petite bataille clata alors entre
certains mineurs et des sentinelles. Elle tourna
rapidement lavance des esclaves qui taient
39
nettement plus nombreux que leurs assaillants et
aussi beaucoup plus dtermins. Les gardes
gagnaient honntement leur vie, tandis que les
mineurs vivaient au jour le jour, et ils apprirent
se mfier des mots de leurs chefs. Alors quand ils
constatrent quArthur passait laction en
choisissant la voie de la rbellion, beaucoup
optrent pour tuer leurs matres. Au bout de cinq
dix secondes soit les gardes taient assomms,
ou bien morts.
Arthur donna beaucoup de sa personne, et
se montra particulirement performant en mettant
hors combat quatre ennemis, il tua le premier
assaillant avec un coup de couteau la gorge,
puis il assomma les trois autres adversaires qui
taient dbords par des attaques multiples
droite et gauche. Le premier assomm par le
fort reut un coup de poing au menton, le
deuxime qui sagenouillait cause de la douleur
eut le droit un coup de pied au visage, et le
troisime fut projet contre une poutre et
sassomma dessus. Tous les mineurs attendaient
que le fort prenne la parole, dicte la marche
suivre. Il sentait une immense pression sur les
paules, sil ne choisissait pas les bons mots, il ne
compterait vraisemblablement que sur une
poigne de gens. Mais dun autre ct sil
40
parvenait ses fins, il dclenchera un mouvement
qui signifiera sans doute la mort de nombreux
mineurs. Quelques termes pourront entraner de
terribles consquences, bouleverser lavenir de
centaines de personnes. Pendant quelques
secondes le fort prouva un vertige lide de
causer peut-tre un bouleversement du destin de
beaucoup de gens. Cela ne se voyait pas sur son
visage, mais Arthur tait dans un tat de trac
monumental.
Arthur : Nous sommes des esclaves, des moins
que rien, une occasion se prsente de retrouver la
libert, et surtout un meilleur statut, comme par
exemple le droit de manger notre faim tous les
jours. Nous avons bien plus de chances dtre
respects par les elfes que par les contrematres.
Lesclavage dun humain est interdit dans les
royaumes elfiques. Je dsire la fin dune vie
infernale, o quand on devient un vieillard on est
condamn servir de viande pour les chiens,
quand on attrape une maladie grave, on doit
supplier pour obtenir un remde, quand on nest
pas costaud, on se fait voler sa nourriture. Vive
les elfes, vive la libert !
41
Les mots dArthur produisirent leffet
escompt, en effet la foule des esclaves rpondit
par une acclamation aux mots du fort. Il restait
traiter la question des mineurs proches des
contrematres. Arthur trancha pour en laisser un
maximum en vie, mme si une partie de lui
voulait leur mort, mais il tenait se dmarquer de
ses tourmenteurs. Ainsi Lodo demeura vivant,
bien quil soit maltrait.
Lexistence de Bastien fut aussi prserve
par souci de stratgie, par dsir de disposer
dotages. Mme si un des rves les plus chers de
beaucoup desclaves de la mine consistait faire
payer au centuple Bastien les outrages, les
brimades et les vols que le contrematre infligea.
En effet il se livrait un trafic dobjets
personnels, qui appartenaient aux mineurs. Les
esclaves de la mine avaient le droit de possder
des objets religieux, notamment des livres et des
reliques. Cependant Bastien quand un mineur lui
dplaisait, sarrangeait pour confisquer les biens
sacrs de sa victime. Le contrematre revendait
les objets quil drobait. De plus quand un
esclave essayait de se plaindre, il avait la
fcheuse tendance finir victime dun accident
mortel, du genre tranglement durant la nuit ou,
absorption de champignons toxiques. Bastien ne
42
faisait pas dans la demi-mesure lgard des
gens sous sa responsabilit. Pour lui une vie
humaine dtruite ne constituait pas un problme
de conscience, il sintressait bien davantage au
profit, et voyait comme une donne ngligeable
le dcs desclaves, surtout quand en retour il
obtenait un gain pour une action de meurtre. Le
remords lenvahissait trs rarement, il regrettait
trs peu frquemment de commettre une
mauvaise action contre des mineurs ou des gens
infrieurs socialement lui.
Chapitre 2 : Lancelot
Les combats furent pres et disputs dans
la mine de fer. Pendant un temps grce leffet
de surprise et la furtivit, les mineurs rvolts
lemportrent, mais ils finirent par tre reprs.
Les esclaves taient dous pour se battre avec
leurs poings, et quelquefois un couteau, mais ils
taient des dbutants au maniement de lpe. Par
consquent ils essuyrent des pertes svres. La
panique commena se rpandre dans les rangs
des mineurs, mais Arthur le fort reprit les choses
en main. Grce son courage, et le rappel de ce qui
attendait les esclaves qui se feraient capturer, le
fort insuffla une ferveur intense chez la majorit
43
des rvolts. Pourtant les esclaves arrtaient de
remonter, leur avance vers la surface cessa,
partir du moment o les renforts ennemis finirent
par affluer massivement.
Quelques mineurs choisirent la voie de la
trahison et essayrent de ngocier avec le
propritaire de la mine pour obtenir la vie sauve.
Mais leur rcompense pour la remise dotages fut
nulle, les rengats furent condamns au supplice
de la mouche. Des ufs de mouche seront
introduits dans la chair des supplicis. Ainsi les
rengats subiront une douleur incroyable, et le
fait dtre progressivement dvors vivants.
Malgr leur vaillance et le fait que les mineurs se
battaient pour un des plus beaux idaux qui soit,
la libert, les esclaves taient progressivement
dbords. Pourtant les exemples de courage et de
dtermination taient nombreux chez les rvolts,
certains nhsitrent pas sacrifier leur vie en
acceptant dtre ensevelis.
En effet des mineurs pour retarder ou tuer
un maximum dennemis, provoqurent des
effondrements en sacharnant coup de pioche
sur des points sensibles de la mine. Mais quand
on essayait de provoquer un boulement avec des
outils, mme en connaissant trs bien les galeries
et les tunnels souterrains, on prenait un risque
44
immense pour sa vie. Par consquent sur les
cinquante mineurs qui choisirent de provoquer un
effondrement, seuls dix sen sortirent indemnes.
Les esclaves se battaient comme des lions.
Bien quils ne soient que cinq cents, ils turent
plus de deux mille soldats, grce aux couloirs
troits qui annulaient lavantage du nombre,
leurs connaissances des souterrains, et leur
dsespoir. Arthur inspirait un comportement
hroque aux partisans de la rvolte, il dmontra
un courage magnifique qui galvanisait ses
compagnons. Il combattait en premire ligne
arm de ses deux longs couteaux. Il matrisait
aussi bien avec le bras gauche que droit le
maniement de ses lames. Il prouva de
nombreuses reprises sa vaillance et son efficacit
guerrire. Certes ses ennemis savaient user
dpe, mais lagilit et les rflexes du fort lui
apportrent plusieurs fois un net avantage. Ainsi
Arthur parvint par exemple triompher dun
humain gant de plus de deux mtres dix qui
maniait une grande pe. Bien que le soldat
ennemi soit une force de la nature capable de
couper en deux un homme avec son arme, il
commit lerreur de se battre dans un milieu
confin avec un outil de mort imposant. Il vint
sans casque se mesurer au fort. Il tait encombr
45
dans ses mouvements par une armure pesante,
certes protectrice, mais qui le ralentissait. Au
dbut il tmoigna un comportement moqueur,
mais il dchanta assez vite car Arthur virevoltait
littralement autour de lui. Il esquivait sans
problme les attaques de son adversaire. Il se
faisait traiter de lche force de provoquer son
ennemi par ses manuvres dvitement et ses
actes ddaigneux notamment ses billements bien
visibles. Mais le fort ne mordit pas lhameon,
il restait calme et se concentrait. Il amena son
ennemi dans une salle avec des poutres de bois
plus basses que dautres endroits de la mine. Le
gant obnubil par la colre ne dcela pas la ruse
dans laquelle il tomba, il leva bien haut son pe,
et la planta dans une poutre. Offrant Arthur
loccasion de lachever, la mort du champion
adverse galvanisa les mineurs.
Toutefois le nombre des ennemis finit par
faire la diffrence, il ne resta aprs plusieurs
heures de lutte quun groupe restreint de mineurs
encercl par des militaires. Le fort et ses derniers
allis encore en vie ntaient plus trop loin de la
surface, encore un tage monter, et ils verraient
le ciel lgendaire. Mais maintenant il y avait une
vritable arme qui leur barrait le passage. Le
vaste hall souterrain rempli de couloirs
46
fourmillait de militaires adverses. La nasse
ennemie se refermait lentement et en son centre
se trouvaient Arthur et ses ultimes compagnons.
Les soldats pays pour trucider de lesclave
adoptrent une stratgie sre. Ils se rapprochaient
en dployant de grands boucliers qui formaient
une sorte de mur protgeant leur corps, des pieds
la tte, et ils avanaient lentement en pointant
leur lance.
Alors quArthur sapprtait lancer avec
ses vingt camarades survivants, une dernire
charge, la panique sempara des ennemis, cause
de renforts inattendus. Pourtant les soutiens au
fort ntaient pas trs nombreux, tout au plus une
trentaine. Ils se caractrisaient par des armures
plutt recherches, comportant des gravures
reprsentant des symboles de larmes et des
flammes. Bien quils soient prservs par de
lourdes protections en fer qui leur couvraient
lintgralit du corps, des jambes la tte, ils se
dplaaient de faon particulirement vloce,
comme si le poids de leur armure ne les gnait
pas outre mesure. Cependant les nouveaux venus
navaient pas un physique de colosse, au
contraire ils paraissaient graciles, avoir des
membres fins. Le fort en dduisit deux choses
soit les soutiens avaient une force tonnante, soit
47
ils possdaient des protections bnficiant de
sorts allgeant leur poids. Arthur opta pour la
deuxime dduction, vu le got de cendre sur sa
langue, signe quune magie tait luvre dans
les parages. Il apprit dtecter le surnaturel
cause de la saveur qui emplissait sa bouche
chaque fois que le contrematre mage de la mine
jetait un sort proximit de lui.
Arthur remarqua que les renforts avaient de
trs grandes oreilles par rapport aux humains, il
sagissait sans doute delfes. Les membres de
cette race taient rputs pour tre des guerriers
fabuleux, un seul dentre eux pouvait venir bout
de dix soldats humains lourdement arms et trs
expriments. Cependant le fort pensait que ses
allis inattendus ne lui apporteront quun court
rpit. Dj les officiers humains, quand ils
saperurent du petit nombre de leurs ennemis,
rorganisrent efficacement leurs troupes. Aprs
un instant de panique, les guerriers chargs de
mener la rpression dans les mines taient
redevenus confiants et disciplins. Ils poussrent
des cris de guerre, et se jetrent avec joie sur les
elfes aux oreilles pointues qui ripostrent avec
du feu et des clairs. Arthur se demanda ce qui se
passait, tait-il mort ou rvait-il ? Ses sauveurs
bien quils ne soient que trente, infligeaient une
48
vritable droute plusieurs milliers de soldats
aguerris. Les mineurs, passs la stupfaction,
entrrent leur tour dans la danse des armes. La
panique de leurs ennemis et des sorts de
protection jets par les elfes, permirent aux
esclaves de causer un vritable carnage. Lodo le
vicieux parvint senfuir de la mine, et
chapper des reprsailles. Arthur et les derniers
esclaves survivants, furent amens devant
Lancelot le gnral elfe, celui qui avait envoy un
commando compos de ses semblables dans les
mines. La vision du ciel ensoleill fut la fois
douloureuse et exaltante pour les esclaves. Ils
taient tellement habitus la pnombre quils
considraient comme un peu douloureuse la
lumire du jour pour la majorit dentre eux,
cause dune exposition lair libre qui datait ou
qui navait jamais eu lieu avant ce jour. Pendant
un temps, le luxe de la tente de Lancelot
impressionna tellement les esclaves, que certains
se demandrent sils ne devaient pas poser un
genou terre en prsence dun tre rappelant un
roi. Lancelot ntait quun gnral mais les
mineurs taient habitus une telle frugalit, un
tel dsuvrement, que la plupart prit lofficier
suprieur pour un souverain. La tente de grande
taille pouvait accueillir facilement une
49
cinquantaine de personnes, sa dcoration
principale venait des armes prcieuses sy
trouvant. Il y avait quantit doutils de mort,
notamment des pes faites par des matres
forgerons, rien voir avec les armes grossires
des gardes. Ce qui marquait le plus lil tait le
sabre dot de deux soleils dors sur sa lame, et
orn de diamants et de rubis, un tel outil devait
valoir une fortune. Les outils de morts prsents
dans la tente taient des tmoignages des
victoires du gnral, des preuves de ses
nombreux succs passs. Autrement il se trouvait
aussi lintrieur une table dote de cartes des
environs.
Lancelot : Je vous dis merci braves mineurs,
votre rvolte a sauv la vie de dizaines delfes.
En remerciement je suis dispos vous escorter
hors du royaume dAbsolia, afin que vous soyez
labri de la rpression des chasseurs desclaves.
Arthur : Merci de votre intervention, mais
pourquoi avez-vous aid de simples mineurs ?
Lancelot : Parce que les elfes de mon arme ont
pour vocation de librer les esclaves quand ils le
peuvent. Et que la mine o vous travaillez, avait
un intrt stratgique pour des ennemis de ma
race, donc linvestir aide beaucoup mes
50
semblables. Cette mine servait fournir de
lquipement des troupes dlite ennemies, et
de grandes richesses des humains dsireux de
verser le maximum de sang delfes, dsormais
elle servira ma cause.
Arthur : Jaimerais faire partie de votre arme,
cela peut-il tre possible ?
Lancelot : Je ne dis pas non, mais la vie de soldat
dans mon arme est trs rude.
Arthur : Sans doute moins que celle desclave des
mines, o pour un oui ou pour un non, on tait
fouett ou priv de nourriture.
Lancelot : As-tu des comptences martiales ?
Arthur : Je sais trs bien me battre avec mes
poings, autrement japprends vite. Je parie que
quelques mois dentranement suffiront, pour que
je sois capable de tuer des orques coup dpe.
Lancelot : Tu devras obir avec zle et clrit
aux ordres que lon te donnera. Tu risques si une
bataille tourne mal de passer plusieurs jours sans
manger. Tu devras supporter en hiver un froid
rude, et en t une chaleur torride. Rflchis bien,
la vie de soldat est pleine dinconvnients.
Arthur : Elle est aussi pleine dopportunits, jai
soif de voyages et de connaissances. Or daprs
ce que jai compris je pourrai apprendre lire et
crire, si je reste dans votre arme.
51
Lancelot : Trs bien tu mas lair dcid, je ne
tinterdis pas de rejoindre mon arme, mais si tu
flanches trop, tu seras abandonn en cours de
route. Par les temps qui courent je suis oblig
dtre impitoyable.
Arthur : Ne vous en faites pas, jai compris le
message, et je ne vous dcevrai pas.
La plupart des compagnons de lutte
dArthur le fort choisit de tenter leur chance en
voyageant vers ltranger, en nintgrant pas
larme elfique. Ils avaient des envies dalcool,
de femmes, et dautres plaisirs aprs une vie
passe trimer. Or les troupes sous le
commandement de Lancelot taient soumis un
haut niveau de discipline, il ntait pas interdit de
coucher avec des femmes ou de boire du vin,
cependant il fallait respecter les prostitues, et la
consommation dalcool devait tre modre.
Mme si le cadre apport par Lancelot tait
franchement moins contraignant quau sein de la
mine, quun soldat avait une bien plus grande
libert de parole quun esclave, il nempchait les
camarades de lutte dArthur ne voulurent pas
devenir des militaires. Mme si la paye
sannonait correcte, et que les possibilits de
sinstruire taient attrayantes. Par contre le fort
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ntait pas beaucoup drang par le code moral
de larme o il dsirait travailler. Il apprciait
les femmes et lalcool, mais il se contentait aussi
de plaisirs simples comme le fait que sa peau soit
en contact avec la lumire du soleil. En outre il
avait un grand apptit de savoir, or sil suivait ses
compagnons humains soucieux de beaucoup se
soler et de baiser, il perdrait une formidable
opportunit de cultiver son esprit. Mme sil
regrettait de devoir faire des adieux probables
des amis de longue date, il prfrait nettement
vivre sous le commandement de Lancelot.
Et puis il avait envie de rembourser sa
dette sociale, grce aux elfes il passa de moins
que rien, un objet une personne avec un
minimum de reconnaissance. Mme les elfes les
plus snobs quil ctoyait, le traitaient mieux que
les anciens contrematres de la mine.
Arthur tait une personne endurcie, les
conditions de vie dans larme lui parurent une
sincure, des vacances, compar son existence
desclave. Il sentrana avec acharnement
manier lpe, et des armes comme larc.
Toutefois sil se montra rapidement adroit avec
une lame, il souffrait de problmes pour viser
juste et vite avec des flches. Mais il ne se laissa
pas dmonter par les premires moqueries. Il
53
persista et sobstina se perfectionner, ainsi au
bout de quelques mois dentranement intensif, il
rsolut une bonne partie de ses points faibles
larc. Il demeurait moyen selon les critres de
dextrit elfiques, mais il se dbrouillait trs bien
selon les normes humaines. En outre Arthur ne
faisait pas quamliorer ses aptitudes martiales, il
coutait avec assiduit les professeurs qui le
renseignaient sur lhistoire, la gographie, et
linitiaient la lecture et au langage crit. Le fort
tmoignait un enthousiasme sinstruire, et un
talent pour progresser qui faisaient trs plaisir
ses mentors. Arthur prouvait un rel bonheur
avoir rejoint les troupes elfiques. La vie ntait
pas facile tous les jours, mais il se sentait bien
plus panoui que quand il trimait vraiment
durement comme esclave. En plus de bnficier
dune instruction, il obtint le droit une gurison
magique qui accrut sa dure de vie. Ses poumons
contenaient de la poussire des mines, par
consquent son corps aurait sans doute dgnr
avant lge de quarante ans. Grce aux soins
surnaturels, Arthur gagna plusieurs dcennies
desprance de vie supplmentaire. Nanmoins il
avait quand mme des problmes affronter,
notamment lhostilit de Glil le lieutenant elfe de
son bataillon.
54
Glil : Arthur tu as mal lav la vaisselle du
bataillon, je tordonne de recommencer.
Arthur : Bien mon lieutenant.
Glil : Je sais que les critres de propret des
humains peuvent tre diffrents des elfes, mais
cela nexcuse pas compltement ton laissez aller.
Arthur : Je mappliquerai mieux.
Glil : Tu as intrt, sinon tu auras dautres
punitions.
Glil ratait rarement une occasion dattirer
un blme injustifi sur Arthur, de chercher le
mettre en colre. Mais il perdait son temps, il
affrontait quelquun qui vcut un vritable enfer,
alors les brimades du lieutenant passaient pour
une promenade de sant. Le fort quand il tait
esclave avait droit des restrictions et des
punitions bien plus carabines que le harclement
de Glil. Il supportait donc avec un grand
stocisme, un calme vritable les manifestations
de rabaissement orchestres par son suprieur
hirarchique. Arthur se disait dailleurs que tt ou
tard son lieutenant finirait par se lasser, cesser de
lattaquer personnellement pour un oui ou un
non. Mais apparemment le fort tait trop
optimiste. Glil savrait fermement dcid
55
compliquer autant que possible lexistence de sa
victime favorite. Il voulait ardemment faire
craquer Arthur. Certes le lieutenant tait surpris
de la rsistance du fort, mais il tirait une volont
accrue de nuire face au courage de son
interlocuteur. Il prenait pour de la moquerie la
volont de son subordonn de ne pas envenimer
les choses, son absence de rbellion caractrise
lgard des nombreuses vexations.
Mme si Glil commenait tre court de
moyens de pression pour mener la vie dure
Arthur. Il peinait progressivement faire preuve
dimagination, varier les sanctions. Le fort
pataugea dans la boue et les excrments, il subit
des insultes graves, il dut nettoyer vingt fois des
couverts mais il restait relativement serein.
Aprs avoir pass six mois en tant que
soldat, Arthur fit un soir un rve quil qualifia
plus tard dtrange. Il se trouvait sur une plaine
remplie darbres au tronc rouge et de feuilles
noires. Ces vgtaux avaient bien lpaisseur
dune tour et une hauteur digne des manoirs les
plus cossus. Il se tenait un vieillard elfe endormi
au centre de lendroit. Il ne portait comme
vtement seulement un pantalon gris, par contre
il avait aussi une corde lui servant de ceinture et
ce qui ressemblait une bourse rondelette. ct
56
du vieil homme il y avait deux, trois pices dor
par terre. Arthur se rendit compte quil tait
quip pour la guerre, quil se trimballait avec
une pe de fer bien entretenue et une armure
complte. priori ce serait une simple formalit
de dpouiller le vieillard. Mais Arthur choisit de
passer son chemin, il ntait plus la mme
personne. Mme sil trouvait tentant de senrichir
grce un vol, il considrait dsormais comme
indigne de faire du mal un inconnu avec qui il
navait pas de compte rgler. Il admettait que la
guerre excusait certains comportements, mais
quil fallait maintenant une raison morale pour
employer la violence. Il ne reniait pas que la
possibilit de passer ct dune occasion facile
dacqurir un pactole lui faisait un peu mal au
cur. Cependant le fort voulait dsormais agir
avec plus dhonneur.
Le vieillard qui faisait semblant de dormir
ne put sempcher de sourire devant la tournure
que prenait les vnements, il tait pas si
commun que des gens ne cherchent pas le
dpouiller. Tous les malandrins ne cherchaient
pas le trucider, toutefois rares taient les gens
qui nessayaient pas de rafler au moins une pice
dor par terre, qui ne ttaient pas le terrain afin de
vrifier la profondeur de son prtendu sommeil.
57
Ainsi le vieillard sannonait franchement
impressionn, il aurait peut-tre bientt un nouvel
lu. Certes il tait encore trop tt pour se
prononcer, mais les choses dmarraient trs bien.
Une fois que la rsolution dArthur fut
prise, ce dernier fut dplac il tait dsormais
dans une salle du trne, o des sujets attendaient
son verdict. Le fort examina ses bras et ses
jambes et il dcouvrit quil avait de superbes
vtements de soie rouge, ainsi quune couronne
sur la tte. Il occupait manifestement la position
dun roi. Des courtisans lappelaient mener une
guerre impitoyable contre les elfes, et dautres
races afin dtendre son domaine. Ils lavertirent
quainsi Arthur pourrait garantir lhgmonie de
lhumanit, et quil se couvrira de richesses
immenses et dune gloire sans pareille. Le fort
refusa de sadonner ce quil qualifiait une
procdure odieuse. Il clama haut et fort son
amour des elfes, et il argumenta selon le principe
que la guerre devait tre un processus us en
dernier recours.
Les courtisans prirent dabord pour une
plaisanterie les mots dArthur mais ils
dchantrent face son insistance. Alors ils
menacrent de destitution voire de mort leur
monarque. Cependant le fort demeurait ferme sur
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ses positions. Il sattendait des reprsailles
tonitruantes, une raction trs hostile.
Nanmoins il restait dtermin dfendre la paix
avec les elfes. Au dbut la foule se limita
manifester de lincrdulit, murmurer sa
dception. Mais petit petit elle se laissa envahir
par la colre et la haine. Ainsi ceux qui firent des
courbettes devinrent des gens prts tailler en
pices Arthur, perptrer sur lui une mise mort
sanglante. Ses sujets prsents dans la salle se
jetrent sur lui, le mirent nu et tranchrent sa tte.
De plus les courtisans sacharnrent sur son
corps, ils le lardrent de coups avec diverses
armes blanches.
Il ny avait quune personne assez heureuse
dans les environs, il sagissait toujours de
lnigmatique vieillard. Il tait content que le fort
soit assez mature pour prendre une position ose
face des fanatiques, quil privilgie la
sauvegarde des elfes au dtriment de sa propre
existence. Il tenait un champion qui sannonait
trs prometteur, un missaire divin qui
apporterait peut-tre un jour un immense bonheur
aux elfes.
Ensuite Arthur fut de nouveau transport
dans un autre lieu, il dcela que les coups de
dague et dpe reus ne laissrent pas de
59
cicatrice. Par contre il tait toujours nu. Il tait
dehors sur une lande dsole, et confront ce
qui ressemblait une immense manifestation
surnaturelle. Le soleil clairait les alentours, mais
il y avait une sorte de brouillard noir
extrmement opaque sur une zone de vingt
mtres carrs ct dArthur. Des tnbres lui
parlrent par tlpathie, elles lui offraient
limmortalit, la richesse et le pouvoir politique
en change du fait de causer la destruction
grande chelle, de causer le dsespoir et la
famine. Le fort connut un instant dhsitation, il
avait peur sil refusait de condamner son me
des tourments ternels. Mais il ne voulait pas
dun autre ct favoriser des desseins purement
malfiques, mme sil y avait franchement gros
gagner. Alors il dclina loffre mme si les
rcompenses promises mritaient le titre
davantageuses. Les tnbres ne restrent pas
sans raction, elles jurrent dinfliger des
tourments terribles si Arthur nobtemprait pas,
ne donnait pas son accord.
Il tait vraiment terrifi par lentit prs de
lui, il savrait dans un tel tat danxit quil
savrait presque prt se faire pipi dessus. Il
devait en appeler toute sa volont pour
contrler sa vessie. Cependant le fort voulait
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devenir un protecteur dans lavenir, pas un
destructeur. Il dsirait plus prserver quapporter
le malheur. Entendu il se mettrait dos une
superbe occasion daccrotre son statut social, et
il subira probablement en senttant une sacre
punition particulirement douloureuse. Mais il
ponctua quand mme sa rponse finale par un
non tonitruant. Les tnbres napprcirent pas
du tout la discussion avec le fort. Aussi elles
enflrent considrablement jusqu atteindre une
taille digne dun petit pays. Ensuite elles
sapprochrent avec des intentions clairement
belliqueuses. Elles clamaient avec ardeur que
ceux qui ntaient pas avec elles, taient des
ennemis torturer. Quelles rservaient un sort
terrible aux gens qui ne coopraient pas avec
elles.
Arthur sestimait vraiment insignifiant face
lentit se dplaant vers lui. Il avait
limpression dtre moins quun ver de terre face
un lion gigantesque. Il vivait la pire peur de
toute sa vie, une partie de son esprit lui
murmurait quil tait un fou inconscient davoir
refus une superbe proposition, mais sa tendance
altruiste le flicita. Daccord cela pouvait paratre
stupide au premier abord de privilgier lhonneur
si cela rimait avec une mort douloureuse. Mais il
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tait ncessaire que des gens slvent de temps
autre contre la destruction gratuite et la violence
exacerbe, sinon le monde des vivants serait un
lieu vraiment triste.
Encore une fois le mystrieux vieillard
sourit, il restait une ultime formalit accomplir,
et Arthur pourrait rejoindre le rang de ses lus.
La fin de lpreuve tait trs difficile, mais le
vieillard pensait sincrement que le fort pourrait
relever le dfi.
Les tnbres outres par la pugnacit du
fort sortirent le grand jeu, elles infligrent des
tourments vraiment atroces. Arthur pensa
plusieurs reprises que son esprit allait imploser,
quil sera totalement incapable de supporter les
supplices endurs. Il avait limpression que des
lames chauffes blanc taient plonges
lintrieur de son corps, que des milliers
daiguilles le transperaient de part en part. Il crut
plus dune fois quil allait devenir fou. Il lui
suffisait de prononcer la phrase, je me soumets,
pour mettre fin son calvaire, et bnficier de
nombreuses faveurs.
Mais il rsista la menace, y compris
quand la douleur allait crescendo, samplifiait de
seconde en seconde sur son tre. Aprs ce qui
paraissait une ternit dobscurit, un sjour dans
62
des tnbres vivantes et touffantes, le fort fut
amen dans un temple immense rempli dpes et
dautres armes. La structure de pierre avait bien
la taille dune cathdrale imposante, elle
comportait des centaines de piliers de plusieurs
dizaines de mtres de haut. L un elfe masqu de
grande taille vtu dune toge rouge et, qui
mesurait deux bonnes ttes de plus que le fort
attendait. Le fort scruta les environs pour
dterminer o il se trouvait, il avait limpression
dtre dans une structure rendant hommage un
dieu de la guerre. Les nombreux vitraux dans les
parages servaient manifestement honorer des
combattants.
Une magie intense rgnait dans lair, car
Arthur navait pas besoin de se concentrer pour
comprendre le contenu des textes compliqus
gravs avec de lor sur les murs. Il apprenait ainsi
que les lus de la divinit des lieux ntaient pas
seulement forts ou courageux, ctaient aussi des
gens vertueux, qui prenaient cur les intrts
des elfes, ou du moins la lutte contre les forces de
la ruine. Et mme si ctait rare il arrivait de
temps en temps quun lu du genre humain soit
admis dans les rangs des champions divins. Fait
intressant bien que les aptitudes de guerrier
soient un lment important, il semblait que la
63
capacit mener des intrigues ntait pas un
facteur forcment nglig par les lus du dieu.
Aprs tout largent tait le nerf de la plupart des
guerres, et pour accumuler beaucoup de monnaie
savoir tre rus tait un plus indniable. Le
temple se caractrisait par une opulence
impressionnante, il y avait bien des centaines de
symboles religieux qui lornaient, l une statue,
ici une gravure. Heureusement que ldifice
savrait de grande taille, sinon il aurait t
surcharg du point de vue dcoratif. Aprs avoir
pass trente secondes observer les alentours, le
fort se tourna vers la seule autre personne
apparemment dans le temple.
Arthur crut reconnatre le vieillard
entraperu dans la plaine. Il eut une impulsion
dattraper son interlocuteur et lui briser le cou. Il
avait limpression que ces preuves taient lis au
vieillard, que les affreux tourments vcus
venaient de sa volont. Heureusement il manait
de lelfe une impression de srnit, une aura
calmante qui dsamora la volont du fort de lui
faire du mal. Et puis Arthur changea, il avait
toujours une part de lui porter sur la violence
sadique, mais il dsirait au moins couter
quelques explications avant de prendre une
dcision.
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??? : Je suis Prolium, tu as surmont les trois
preuves, celle de lor, de la gloire et des
tnbres. Que dsires-tu ?
Arthur : La force de protger les elfes.
Prolium : Et pourquoi cela ?
Arthur : Un rve trs important pour Lancelot est
de redonner sa race la possibilit de moins
craindre lavenir. Or jai une dette ternelle
envers lui qui a mis fin une existence infernale
desclave. Et puis je trouve que les elfes mritent
plus que les humains le droit une vie paisible.
Prolium : Tu es un homme pourtant.
Arthur : Oui, mais cela ne mempche pas
davoir de la honte concernant beaucoup de mes
semblables.
Prolium : Ainsi soit-il, que ma bndiction
taccompagne.
Suite ce rve le clairon de lappel du
matin retentit, et Arthur oublia progressivement
le contenu de ses songes, mme sil avait quand
mme le souvenir davoir vcu des moments
intenses. Lorsque vint le soir, Glil le lieutenant
rassembla sous un ciel crpusculaire ses troupes,
il battit le rappel parmi les tentes blanches des
soldats.
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Glil : Jai besoin de volontaires pour participer
un raid nocturne sur le camp orque. Notre
objectif est de casser lartefact en forme de crne,
qui confre des forces supplmentaires nos
ennemis.
Arthur : Je suis partant, mon lieutenant.
Glil : Soldat Arthur cela ne fait que six mois que
tu tentranes, il est encore trop tt pour que tu
participes des missions capitales.
Lancelot : Je suis pour que le soldat Arthur
prenne part la mission, il a beau faire partie des
nouvelles recrues, il dispose dun gros potentiel.
Glil : Arthur est un humain, il verra moins bien la
nuit que les soldats elfes, par consquent il sera
moins apte combattre.
Lancelot : Nous avons des magiciens dans notre
arme qui peuvent confrer Arthur la capacit
de voir aussi bien la nuit quun elfe.
Glil : Je ne veux mentourer que de guerriers
expriments, cela multiplie les chances de
russite et de survie, mon gnral.
Lancelot : Lieutenant Glil je te souponne davoir
dautres motivations, comme par exemple un
racisme lencontre des humains. Tu as la
rputation dempcher les hommes courageux de
sillustrer dans ton bataillon.
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Glil : Je naime pas beaucoup certains humains,
mais je ne suis pas raciste.
Lancelot : Dans ce cas, la question est rgle,
Arthur participera la mission.
Il tait facile de reconnatre le campement
orque, aux odeurs de viande brle qui se
sentaient sur une grande distance, et aux traces de
saccage. Ces tres dmolissaient souvent les
traces de civilisation sur leur passage, ainsi ils
rduisirent presque compltement en ruine le
village anciennement habit par des elfes quils
visitrent. Ils ne laissrent debout les maisons de
personnalits du village, uniquement parce que
leurs chefs voulaient un toit pour dormir. Et
encore mme les demeures non compltement
dmolies, se rvlaient souilles par les
excrments et le manque dhygine des orques.
Le lieutenant Glil tait loin dtre le seul
elfe raciste lgard des humains. En effet
beaucoup de ses semblables considraient avec
haine, ou animosit les hommes. Cela tait d au
fait que les humains taient souvent mprisants
avec les elfes. Mais aussi cause de la tendance
llitisme de nombreux tres elfiques. Bien que
lgalit entre citoyens soit un fondement
thorique des royaumes elfes, il nempchait
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quune part non ngligeable des pres et mres de
famille elfique enseignaient leur enfant,
considrer les elfes comme une race suprieure
toutes les autres. Lorgueil ntait pas un trait de
caractre unique aux elfes. Par exemple la
majorit des hommes, se considrait comme
destine devenir les matres de la plante
Gerboisia. Toutefois les tres elfiques pouvaient
aller trs loin au nom de la fiert. Les elfes
avaient aussi de bons cts, ils respectaient
gnralement la nature, et pour eux un serment
tait quelque chose que lon devait respecter, si
lon