25
Le droit de l’enfant à un développement durable New York Février 1997

Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

Le droit de l’enfantà un développement durable

New YorkFévrier 1997

Page 2: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

Ce document spécial a été rédigé par l’UNICEF à l’occasion du Forum Rio+5 qui s’est déroulé à Rio de Janeiro du 13 au 19 mars1997. Il a été rédigé par Sara Ann Friedman, Ashok Nigam, Jingjing Qian and Gourisankar Ghosh, avec la participation de MarjorieNewman-Williams, Janet Nelson, la Section urbaine et plusieurs autres fonctionnaires de la Division des programmes. Pour de plusamples informations, s’adresser à :

Section de l’approvisionnement en eau, de l’environnement et de l’assainissement du milieu,Division des programmes, UNICEF 3 UN Plaza, New York, N.Y. 10017tél : (212) 824-6664; télécopie : (212) 824-6280; courriel : [email protected]

Page 3: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

Table des matières

Page

RÉSUMÉ ANALYTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I

I INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

II CADRE D’ACTION DE L’UNICEF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Les enfants au centre de l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Pertinence de la Convention relative aux droits de l’enfant pour un

développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

III ENSEIGNEMENTS TIRÉS DE L’EXPÉRIENCE ET ÉLÉMENTSGARANTISSANT LA DURABILITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Approche intersectorielle intégrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Rôle central de la communauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Equité : Atteindre les laissés-pour-compte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Etablir des partenariats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Le rôle des autorités nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Autorités locales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Institutions intergouvernementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11ONG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Participation des enfants et des jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Priorité aux femmes et aux fillettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Technologies appropriées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Sensibilisation, plaidoyer et mobilisation sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

IV LES DÉFIS À RELEVER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Page 4: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

i

RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Les enfants sont notre avenir. Ils subiront les conséquences des décisions que nous prenonsaujourd’hui. C’est dans cette perspective que nous nous devons d’atteindre un développementdurable. L’UNICEF est guidé par les objectifs adoptés lors du Sommet mondial pour lesenfants et par la Convention relative aux droits de l’enfant, aujourd’hui ratifiée par 190 pays,ce qui fait de cette Convention le traité relatif aux droits de l’homme le plus largement ratifiédu monde. En accordant toute l’attention voulue à ces principes globaux et en rendantexplicite le fait que les enfants ne peuvent pas être considérés en dehors du cadre familial, deleurs communautés et du milieu dans lequel ils vivent, la Convention relative aux droits del’enfant devient un outil puissant du développement durable.

Les travaux prévus lors du Sommet planète Terre n’étant pas achevés, nous devrons encorerelever certains défis et tirer parti de quelques enseignements importants. Ce rapport s’appuiesur diverses expériences réalisées par l’UNICEF afin d’en tirer les leçons qui s’imposent etd’arriver à un développement durable. Nous avons appris qu’il était essentiel d’adopter uneapproche intersectorielle intégrée pour garantir la durabilité des actions, en raison des liensinextricables qui unissent pauvreté, dégradation de l’environnement, discrimination,exploitation et troubles de la santé et du développement des enfants. Les stratégies durablesdoivent prendre appui sur la base et mettre la participation communautaire au centre de leuraction. Aider les pauvres et les laissés-pour-compte n’est pas seulement un impératif moral.Comme ils sont les gardiens de l’environnement, ils doivent récolter les fruits de l’économiemondiale et du développement social, condition sine qua non pour atteindre undéveloppement durable.

Des ressources et technologies appropriées, d’utilisation facile et respectueuses del’environnement, ainsi que l’acceptation et la participation des communautés, constituent labase d’un développement durable. La tâche ne peut être accomplie uniquement par lesgouvernements, les ONG et le secteur privé; la société civile doit également relever le défi.Nous devons donc agir afin de la mobiliser et de la sensibiliser.

Les principaux défis à relever en matière de développement durable sont, notamment, lessuivants :

‚ La Convention relative aux droits de l’enfant doit être mise en œuvre dans tous lespays qui l’ont ratifiée. Il ne s’agit pas uniquement d’un impératif juridique et moral,mais cette mesure permettra à la communauté mondiale d’accéder plus rapidement àun développement durable, comme prévu dans Action 21.

‚ Bien que la croissance économique soit essentielle, le développement humain et ducapital social sont à long terme des facteurs déterminants de durabilité. Nous devonsinvestir dans nos enfants, en particulier les filles, pour jeter les bases de la durabilité.Nous devons non seulement atteindre les objectifs fixés pour l’an 2000 en faveur desfemmes et des enfants, comme nous nous sommes engagés à le faire lors du Sommetmondial pour les enfants, mais également aider tous les laissés-pour-compte.

Page 5: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

ii

‚ Nous devons établir les partenariats qui s’imposent entre la communauté et lessecteurs public et privé. Bien qu’il faille mettre les communautés au centre del’action, elles ne sont pas isolées. La difficulté consiste à trouver juste le bon dosageen établissant des partenariats entre les secteurs public et privé dans le pays et dans uncontexte culturel spécifique.

Page 6: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

1

I INTRODUCTION

Le Sommet planète Terre tenu en 1992 fut un moment historique. Il représenta le point culminantd’un large processus de consultation et l’aboutissement à un consensus de tous les acteurs d’unmouvement mondial de plus en plus puissant en faveur d’un développement durable. Action 21,un cadre d’action global et à long terme, fut adopté lors du Sommet planète Terre par lesprincipaux groupements de la société préoccupés par l’environnement et le développement àl’aube du XXIº siècle.

Action 21 contient plusieurs éléments qui concernent l’UNICEF. Ce texte attire l’attention sur lespréoccupations particulières des enfants et tient compte des travaux accomplis par l’UNICEF enleur faveur au cours des 50 dernières années. En préconisant un développement axé sur l’êtrehumain, Action 21 indique que la pauvreté et une consommation excessive menacent égalementl’environnement, et que le respect des principes d’équité et de justice est tout aussi important quela préservation de l’environnement physique. Il encourage la participation totale et laresponsabilisation des groupes pauvres et marginalisés, tels que les femmes, les enfants et lesjeunes, les populations autochtones, ainsi que la mobilisation totale de leurs ressources créatriceset de leur savoir.

Le chapitre 25 d’Action 21 est consacré aux enfants. Plusieurs autres chapitres ont un rapportavec les travaux inlassables de l’UNICEF aux niveaux communautaire et familial, en matière desanté, avec les femmes et les communautés autochtones, sur le plan de l’éducation, en établissantdes partenariats avec les ONG et les autorités locales. Action 21 prend spécifiquement acte de lacohérence entre ses propres objectifs, ceux fixés lors du Sommet mondial pour les enfants et lesobligations qui figurent dans la Convention relative aux droits de l’enfant. Ensemble, lesengagements pris dans ces trois documents tournés vers l’avenir garantissent que les besoins et ledroit au développement des enfants d’aujourd’hui seront respectés sans compromettre ceux desgénérations futures.

L’UNICEF a pris la décision d’intégrer le développement durable dans les programmes sectorielsactuellement appliqués dans les pays en adoptant la perspective de la protection primaire del’environnement. Dans son document stratégique publié en 1993, * Les enfants, l’environnementet le développement durable : Mesures prises par l’UNICEF en vue d’appliquer Action 21 +,l’UNICEF s’est engagé à adopter une * approche visant à assurer les besoins essentiels descollectivités et à encourager leur participation en leur fournissant les moyens d’agir, tout enassurant la protection et l’utilisation optimale des ressources naturelles communautaires +. Dansl’énoncé de la mission de l’UNICEF, paru en 1996, l’organisation réaffirme son intentiond’œuvrer, * avec le concours de tous ses partenaires, à la réalisation des objectifs dedéveloppement humain durable, que s’est fixés la communauté mondiale +.

Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer desenseignements utiles pour l’avenir. Tel est l’objet de ce rapport, qui adopte la perspective desenfants, en établissant un lien entre le développement durable, le développement de l’enfant et lesdroits de l’enfant. Il s’efforce également d’identifier les éléments qui garantiront la durabilité tantdes programmes que de l’environnement.

Page 7: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

2

II CADRE D’ACTION DE L’UNICEF

Les enfants au centre de l’action

L’UNICEF concentre surtout son action sur les enfants. Les enfants de moins de 15 ansreprésentent au moins 30 % de la population de la plupart des pays en développement. Commeleur corps et leur esprit sont soumis à des changements rapides et profonds, les enfants sont plussensibles et plus vulnérables à la pollution et aux autres formes de dégradation del’environnement, et ils ne savent pas toujours comment éviter ces dangers. Les enfants sont à labase d’une pyramide inhumaine de pauvreté et de distribution inéquitable des ressources, car cene sont pas eux qui décident des politiques et des priorités. Ils doivent être considérés, toutcomme leurs besoins et leurs droits, comme faisant partie intégrante de l’environnement physiqueet social qui les entoure. Cette attitude doit être adoptée dès le début de la grossesse, puiss’élargir à la famille et à la communauté, du micromilieu au macromilieu.

Les enfants sont également l’avenir et les principaux bénéficiaires du développement durable. Ilsconserveront pendant toute leur vie ce qu’ils assimilent et ce qu’ils expérimentent pendant leurenfance, sur le chemin qui mène à la vie adulte, et transféreront ces connaissances à la prochainegénération. Les enfants ne sont donc pas un problème marginal. Les garder au centre du tableaun’équivaut pas à ignorer les problèmes écologiques mais au contraire à faire de l’environnementune priorité.

Le rapport de l’UNICEF sur La situation des enfants dans le monde 1994, qui traitait de laquestion des enfants et de l’environnement, établissait que la satisfaction des besoins humainsélémentaires, grâce à la durabilité, pourrait contrecarrer les conséquences d’une croissanceéconomique débridée et devrait être l’un des principes directeurs de l’après-guerre froide. S’ilsn’agissent pas dans ce sens, les pays en développement se trouvent confrontés à une spiraledescendante de pauvreté, de croissance démographique et de pressions imposées àl’environnement (diagramme 1). Ces difficultés peuvent être surmontées par l’accès aux servicessociaux essentiels, à la santé, notamment à la santé de la reproduction, à la nutrition, àl’éducation (en particulier pour les filles), à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement dumilieu.

En adoptant une perspective de protection environnementale primaire, l’UNICEF a souligné lerôle des communautés en tant que principaux gardiens de l’environnement. Ce concept se fondesur la conviction que les populations locales ont le droit et la capacité collective de gérer lesressources dont dépendent leurs moyens de subsistance. Il convient d’accorder la priorité aux plusvulnérables, en particulier aux enfants, aux femmes et aux couches de population très pauvres,qui sont menacés par la sécheresse et la désertification, la pauvreté urbaine ainsi que ladestruction des forêts tropicales et des écosystèmes fragiles des montagnes.

L’éducation, en particulier des filles, est considérée comme une stratégie critique pour briser lecercle vicieux qui mène des disparités économiques et sociales à l’exploitation, àl’analphabétisme, à la pauvreté et à la dégradation de l’environnement. L’éducation se situe àplusieurs niveaux : apprentissage quotidien, dans le cadre de l’interaction de l’enfant avec sonmilieu physique et social; dans des contextes non officiels, grâce notamment aux ONG; et dans

Page 8: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

3

les écoles. L’éducation reflète les valeurs de la société. Pour convoyer les plus précieuses d’entreelles et être le moteur de la transformation sociale, les enfants ne doivent pas seulement savoirlire et compter. L’éducation écologique permet de mieux préparer les femmes et les enfants à lavie active, de les aider à avoir des moyens de subsistance durables.

Quel que soit le contexte dans lequel ils vivent, tous les enfants doivent pouvoir acquérir lescompétences nécessaires à la vie active et les outils qui leur permettront de devenir des membresproductifs de la société. Ils faut leur inculquer le respect de soi et des autres et leur fairecomprendre qu’aucun enfant n’est inférieur à ses camarades de par son sexe, ses origines ou lesconditions économiques dans lesquelles il vit. Nous devons leur donner des informations et desconnaissances appropriées sur l’environnement, surtout le leur, leur apprendre à respecter lemonde et leur faire comprendre qu’ils ont un rôle à jouer et des responsabilités à assumer pour leprotéger.

Pertinence de la Convention relative aux droits de l’enfant pour un développement durable

Depuis son adoption en 1989, la Convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée par 190pays, qui ont accepté de respecter les obligations et de se conformer aux normes qu’elle définit.Un développement durable et l’attachement toujours croissant de l’UNICEF aux droits de l’enfantne sont pas seulement compatibles par définition, mais ces deux objectifs se renforcentmutuellement. Les droits et besoins des enfants nécessiteux sont systématiquement violés dans lesquartiers de taudis et de squatters des villes du monde entier : les enfants n’ont pas accès à uneeau potable, à un air sain et ils vivent dans des demeures qu’ils peuvent avoir à quitter du jour aulendemain ou dans des zones écologiquement vulnérables.

L’environnement est mentionné spécifiquement dans deux articles de la Convention (24 et 29)relatifs à la santé et à l’éducation; le développement durable et un environnement sans danger sontessentiels à la réalisation de tous les droits qui figurent dans la Convention. La Convention prendpour prémisses l’indivisibilité et l’universalité des droits, ce qui signifie qu’il ne peut y avoir dediscrimination fondée sur le sexe, l’origine ethnique ou la nationalité, la situation de fortune oul’incapacité. Le développement, ainsi que la survie des enfants font partie intégrante de laConvention, ce qui leur assure le droit à l’éducation et aux loisirs, ainsi qu’une protectionspéciale contre la violence, la négligence et les autres formes d’exploitation qui peuvent entraverleur développement.

L’idée maîtresse de la Convention figure à l’article 3, qui mentionne * l’intérêt supérieur de l’enfant +; cet article établit le critère à suivre dans toutes les décisions importantes concernant lesenfants. La Convention exprime clairement que les enfants n’attendent pas la charité ou une aidesociale, mais participent activement à la construction de leur vie. Les droits à la participation sontessentiels dans la mesure où ils permettent aux enfants d’assumer leurs responsabilités et où lesmouvements de jeunes et leurs actions ont permis de conserver la vitalité d’Action 21. L’article 4de la Convention lance un appel en faveur de la coopération internationale pour mettre en œuvreles droits de l’enfant; il est important que cette coopération soit axée sur des programmes et undéveloppement durables.

Page 9: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

4

Source : La situation des enfants dans le monde 1995, UNICEF.

Page 10: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

5

ENCADRÉ 1 : Deux programmes infrarégionaux intégrés desservent les enfants enAmazonie et dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest

En 1994, l’UNICEF a adopté une mesure décisive en faveur des droits de l’enfant et d’un développementdurable en s’appuyant sur une approche intégrée pour aider les familles autochtones de l’Amazonie. La perspectivede protection environnementale primaire a permis, dans le cadre des programmes, de ne plus se limiter à considérerle contexte national, mais plutôt l’environnement, les besoins et les problèmes que partagent les populationsamazoniennes.

En réunissant sept pays de la région (Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Guyana, Suriname etVenezuela), le programme a réussi à appeler l’attention sur la situation de millions d’enfants ayant une qualité de vietrès différente de celle des autres enfants de leurs pays respectifs. La différence s’explique par l’inégalité d’accès àdes services qui sont pourtant des droits fondamentaux, par la discrimination et la négligence. Le mécanisme quiconsiste à intégrer toute une gamme de projets à la vie communautaire, grâce à la participation et à l’appui de tousles membres de communauté, s’est révélé très précieux pour assurer la durabilité. (Source : * FragileEnvironment... Vulnerable Children +, par Sara Cameron pour l’UNICEF, 1996)

Dans la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest, une initiative régionale de l’UNICEF englobant huit pays(Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) s’attaque aux disparitésdans une zone partageant les mêmes problèmes écologiques et économiques. Le but du programme et de mettre aupoint une approche globale de la protection environnementale primaire au niveau communautaire et familial, ens’assurant que les besoins fondamentaux sont satisfaits et que les communautés ont les moyens de prendre en mainleur développement grâce à un appui leur permettant d’utiliser leurs resources naturelles de manière optimale et deles gérer de manière durable. (Source : Atelier sur l’initiative du Sahel, * Primary Environmental Care for Childrenand Women in the Sahel +, UNICEF, avril 1995)

III ENSEIGNEMENTS TIRÉS DE L’EXPÉRIENCE ET ÉLÉMENTS GARANTISSANTLA DURABILITÉ

Cette section s’appuie sur l’expérience de l’UNICEF pour examiner certains des enseignementstirés et les éléments indispensables à un développement durable au niveau des familles et descommunautés.

Approche intersectorielle intégrée

Le développement durable n’est pas le fruit d’une stratégie axée sur une intervention unique oud’une approche sectorielle étroite. La pauvreté, la dégradation de l’environnement, ladiscrimination, l’exploitation et les atteintes à la santé et au développement de l’enfant sontinextricablement liées. La perte de revenus provenant de l’agriculture en raison du déboisement etde l’érosion des sols, par exemple, ne met pas seulement en danger l’état nutritionnel des enfants,mais peut également pousser la famille à livrer l’enfant à la prostitution ou à d’autres formesd’asservissement. Le respect des droits des enfants des rues exige des interventions en matière desanté, d’assainissement et d’éducation et la suppression des causes structurelles profondes qui ontprovoqué cette situation.

Il n’est certes pas facile de passer d’une approche sectorielle à une approche générale intégréetout en déterminant les priorités et en identifiant les points d’impact du programme. Cependant, lanécessité impérative d’atteindre un développement durable peut également être un encouragementà concevoir des programmes sur une base solide et à multiplier les liens entre les secteurs, ce qui

Page 11: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

6

peut mener à un processus de développement participatif et au sentiment de propriété. Il faut pourcela s’écarter de la voie habituelle pour envisager les choses sous un autre angle (encadré 1).

Rôle central de la communauté

Les principaux agents sanitaires sont les mères, et non pas les médecins, et les principaux centresmédicaux sont les foyers, non les hôpitaux. Il apparaît donc clairement qu’un développementdurable et la responsabilisation des communautés sont interdépendants et sont soumis à desexigences complémentaires. Les communautés doivent déterminer leurs propres besoins, avoir uncontrôle sur le cours de leur vie, gérer leurs ressources et obtenir l’accès aux services auxquelleselles ont droit. Cependant, l’histoire regorge d’exemples de chercheurs extérieurs envahissant lescommunautés pour prendre leur pouls sans leur apporter d’avantages, sans même parler de leurcommuniquer leurs résultats. Les institutions et les ONG ont souvent beaucoup d’idées généreusesde programmes et de projets qui se fondent sur leur évaluation des besoins et non sur celle de lacommunauté. Elles conçoivent parfois des programmes prestigieux et spectaculaires sans accorderla moindre attention à leur espérance de vie, ou jugent les succès des programmes à leurs résultatsquantifiables et visibles à court terme, ou à la manière dont la communauté s’y adapte, sans tenircompte des facteurs autonomie et durabilité.

Pour que le développement durable soit fondé sur les droits, il faut également que les avantagestirés des programmes soient durables, donc l’appui doit être avant tout axé sur le renforcementdes capacités des familles et de la communauté. Il convient donc de permettre à chaque famille,quelle que soit sa situation sociale et économique dans la communauté, de participer au processusde développement axé sur l’être humain. En établissant des partenariats, les bailleurs de fonds, lesorganismes d’aide et autres acteurs, peuvent trouver un équilibre approprié et dynamique entredes initiatives, un financement et un suivi externes et communautaires. De nouvelles méthodesd’évaluation et de suivi doivent être mises au point avec les communautés.

Dans le cadre de l’Initiative du Sahel citée dans l’encadré 1, chaque projet est à la foisexpérimental et démonstratif, révélant que le mécanisme utilisé pour élaborer les projets mériteune évaluation critique au même titre que les résultats planifiés. Le cas du Burkina Faso est unbon exemple de respect de ce principe (encadré 2)

Page 12: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

7

Encadré 2 : La méthode est aussi importante que le résultat; étude de cas au Burkina FasoAu Burkina Faso, la première étape d’un programme, dont l’objectif était de responsabiliser les

communautés, et en particulier de permettre aux femmes de gérer leur environnement immédiat, débuta par uneévaluation avec la participation des populations rurales qui permit aux communautés de prendre conscience desréalités locales et de définir leur priorités. Les besoins prioritaires qu’elles ont identifiés étaient l’approvisionnementen eau, l’amélioration de la production agricole et la lutte contre le ver de Guinée et d’autres maladies; elles ontensuite envisagé des moyens d’action à deux niveaux de planification : activités qui pouvaient être organiséesessentiellement par les communautés, telles que la distribution de filtres à eau de porte à porte pour lutter contre ladracunculose; et activités pour lesquelles elles avaient besoin d’un appui extérieur, telles que le forage de trous desonde pour l’approvisionnement en eau.

Une fois la première étape achevée, on a constaté que les éléments essentiels de durabilité étaient en place :dispositions institutionnelles et partenariats à différents niveaux, et participation des femmes à tous les aspects duprogramme.

Paradoxalement, on a constaté que la lenteur de la mise en œuvre du programme était une caractéristiqueinhérente à une programmation durable axée sur la communauté, mais aussi l’un des principaux problèmes cités. Lacommunauté a pris à cœur les objectifs du programme et elle a adhéré au concept de protection environnementaleprimaire à chaque étape. Aucune activité n’a été entreprise avant qu’une évaluation avec la participation descommunautés rurales n’ait été réalisée, et à ce jour le projet s’est concentré sur des aspects d’organisationcommunautaire et de mobilisation des femmes, de collaboration et de renforcement des partenariats. Le descriptif duprojet a été traduit dans les langues locales et le débat s’est élargi à d’autres villages. L’évaluation avec participationrurale a renforcé les connaissances et l’expérience des membres de la communauté, les a sensibilisé au problème desressources naturelles et de la responsabilité de leur gestion et leur a aussi donné le sentiment de pouvoir agir.Ultérieurement, l’orientation du projet pourrait être modifiée en fonction des nouvelles réalités ou priorités adoptéespar la communauté. (Source : Second rapport des donateurs sur l’initiative du Sahel : * Primary Environmental Carefor Children and Women in the Sahel +, UNICEF, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale,Abidjan, juin 1995)

Equité : Atteindre les laissés-pour-compte

Ce sont surtout les populations pauvres et marginalisées qui subissent les contre-coups de ladégradation de l’environnement. En raison de l’inéquité de la distribution des ressources et ducoût élevé des infrastructures, c’est dans ces populations que les droits à la santé, àl’assainissement, à l’instruction et aux autres services sont le moins respectés. Ancrée dans leprincipe de l’équité et de la non-discrimination, la Convention relative aux droits de l’enfantexige que l’on localise et identifie les exclus sociaux et les populations les plus exposées auxrisques écologiques. Il s’agit essentiellement des femmes, des enfants, des populationsautochtones ou autres groupes exploités, appauvris ou dominés.

Il est impossible d’arriver à une situation équitable ou d’aider les laissés-pour-compte en utilisantdes critères purement financiers ou économiques lors de la sélection des projets. Outre les raisonsmorales, l’équité est en soi la condition préalable et le résultat d’un développement durable. EnAmazonie, par exemple, où les populations autochtones sont généralement peu nombreuses etlargement dispersées, les communications et les transports rudimentaires et les prestations deservices extrêmement coûteuses, les investissements dans les programmes sociaux ne rapportentpas toujours, ce qui ne fait que renforcer la nécessité d’aider les laissés-pour-compte au lieu de lesabandonner à leur sort.

Grâce à son rôle actif et parfois de chef de file, l’UNICEF a attiré l’attention des gouvernements,

Page 13: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

8

ENCADRÉ 3 : Aider les plus pauvres des quartiers de taudis urbains du Guatemala est àla fois productif et durable

Le programme appliqué à El Mezquital, une communauté urbaine pauvre du Guatemala, apporte laconviction qu’en aidant d’abord ceux qui sont le plus difficiles à atteindre, on ouvre probablement la voie qui mèneaux populations plus accessibles. En se fondant sur des indicateurs économiques et sociaux de la pauvreté, uneévaluation de l’UNICEF réalisée en 1986 portant sur 130 communautés a identifié ce quartier de squatters surpeupléregroupant 10 000 familles comme étant une zone d’intervention prioritaire. Ce quartier n’avait aucun service ouéquipement : ni eau, ni assainissement, ni dispensaire, ni école. Les gens vivaient entassés dans des abris de fortunesordides construits avec du bois pourri, des sacs en matière plastique et de vieux vêtements; les enfantssuccombaient à des maladies évitables.

Les habitants de cette communauté, que l’on qualifiait * d’envahisseurs illégaux + n’étaient pas reconnus parle gouvernement et n’avait pas le droit d’acheter du terrain, d’avoir accès à des services essentiels ou à une aideextérieure. Aujourd’hui, l’efficacité de la gestion communautaire, de la mobilisation et des partenariats établis avecl’UNICEF, les ONG, les autorités locales et le Gouvernement guatémaltèque, a non seulement permis à ElMezquital de devenir une communauté durable mais également de l’élever au niveau de pratiquement tous lesquartiers urbains pauvres de Guatemala City.

Avec l’appui et un investissement initial de divers partenaires, la communauté a créé ses propresentreprises, magasins et une banque communautaire. Ses membres ont également participé à la conception et à laconstruction d’un système d’approvisionnement en eau fermé, qui a réduit de moitié le coût de l’eau par famille parrapport aux autres sources privées. Une fois l’infrastructure en place, la communauté s’est occupée de gérer lesystème, a remboursé l’investissement initial et en tire aujourd’hui encore des bénéfices. Ce système a été couronnéd’un tel succès que l’agence gouvernementale responsable de l’approvisionnement en eau a adopté cette méthode.

Les soins de santé primaires sont un exemple particulièrement intéressant de la durabilité qui résulte desinitiatives et de l’emploi de ressources locales. Un réseau de femmes, appelé Reproinosas, a fourni des prestationsde santé à domicile et une éducation aux mères dans les microzones dont elles étaient responsables. En deux ans, lepourcentage d’enfants vaccinés, qui était pratiquement nul, a augmenté à tel point que la couverture est presqueuniverselle aujourd’hui. Afin de pouvoir rémunérer les membres de Reproinosas, une pharmacie communautaire aété créée; elle est gérée par les femmes avec le blanc-seing du ministère de la Santé, ce qui leur donne autorité pourgérer les médicaments et remèdes de base. Les Reproinosas, qui en grande majorité n’avaient que peu ou pas dutout d’instruction, ont achevé leur éducation de base et atteint un niveau de connaissances sanitairesextraordinairement élevé. (Source : Dita Reichenberg, UNICEF, Section des enfants vivant dans des conditionsparticulièrement difficiles, New York)

des ONG et d’autres institutions internationales et obtenu des ressources supplémentaires pour lesenfants (encadré 3). Lors de l’évaluation destinée à décider de la poursuite des projets et malgrél’échec de certains d’entre eux, l’UNICEF a décidé que les droits des couches de populationsenfantines gravement démunies ne pouvaient être simplement ignorés parce qu’elles étaientdifficiles à atteindre ou si peu nombreuses que la qualité de vie de ces enfants n’avait qu’uneincidence limitée ou pas d’incidence du tout sur les statistiques nationales.

Etablir des partenariats

L’établissement de partenariats entre les acteurs sociaux au niveau local, national et internationalest indispensable pour assurer la durabilité des programmes et renforcer les capacitéscommunautaires. Chaque partenaire a un rôle différent, apporte des compétences, des ressources,une perspective et des données d’expérience différentes. Les vrais partenariats débouchent sur unesituation où tout le monde est gagnant et où le travail d’équipe en faveur d’un objectif communest réel. Pour cela, il convient d’adopter une approche participative et démocratique et d’accorder

Page 14: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

9

l’attention qui convient, même si cela prend du temps, à l’établissement d’un dialogue et d’unecommunication véritables entre les membres de la communauté, les autorités, les experts et tousles autres partenaires.

Le rôle des autorités nationales : La mobilisation de ressources est souvent considérée comme unesolution rapide aux problèmes économiques nationaux et les gouvernements ont parfois financédes projets qui obtiennent des résultats concrets optimum en très peu de temps, sans tenirvraiment compte de leurs conséquences sur les populations ou l’environnement. Pour que lesgouvernements puissent remplir leurs obligations juridiques aux termes de la Convention relativeaux droits de l’enfant, à savoir fournir la protection et les soins nécessaires au bien-être desenfants, ils doivent prendre en compte l’environnement lors de la conclusion d’accords decoopération internationale et créer un milieu favorable au développement durable. En adoptant lapolitique publique et la législation qui conviennent, en créant des infrastructures et en lançant descampagnes nationales, les autorités centrales doivent protéger sans discrimination leurs citoyenscontre les dangers de la pollution, du déboisement et d’autres formes de dégradation del’environnement. L’initiative 20%-20% appelle une restructuration des budgets nationaux et del’aide, afin d’accroître les ressources accordées aux services sociaux de base. Actuellement, 12 à15 % seulement des budgets nationaux sont consacrés à ces services.

Comme le révèle l’encadré 4, tout gouvernement a intérêt à long terme à favoriser undéveloppement durable grâce à l’établissement de partenariats vigoureux avec la société civile,qui partage alors les responsabilités et le fardeau que représente l’apport de ressources. Lespartenariats avec les communautés locales sont tout aussi importants dans la mesure où ils leurpermettent d’exercer un contrôle sur leur vie et de gérer leurs ressources.

Page 15: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

10

Encadré 4 : En Inde, une initiative gouvernementale permet d’approvisionnerdurablement en eau les collectivités locales

La sécheresse dévastatrice qui a sévi en 1985 dans le district de Jhabua, de l’Etat de Madhya Pradesh, enInde, a encouragé le gouvernement central à abandonner ses mesures de secours à court terme pour adopter unepolitique et des programmes à long terme de protection contre la sécheresse. Jhabua a été choisi pour l’introductiond’une nouvelle stratégie de gestion intégrée des ressources en eau dans le cadre de la Mission nationale en faveur del’eau potable. Une action intersectorielle a permis de réaliser ce programme qui a fait appel à la participation d’unelarge gamme de partenariats au niveau du district et d’administrations municipales, d’organismes scientifiquesnationaux, d’élus locaux, d’enseignants et d’agents sanitaires.

Ce programme a procuré des emplois à 150 000 personnes; les deux tiers d’entre eux avaient trait à lagestion de l’eau, au creusement de tranchées et au reboisement. Ce programme a porté sur la durabilité del’approvisionnement en eau plutôt que sur la satisfaction des besoins immédiats en eau de boisson et enassainissement. L’un des objectifs était également d’éradiquer des foyers de dracunculose (maladie provoquée par lever de Guinée) qui ravageait encore la région.

Le projet a doublé la superficie irriguée, facilité la création de coopératives d’irrigation, amélioré lesrevenus et réduit la migration saisonnière rurale. Le lien établi entre la santé, la productivité, l’eau etl’environnement a permis d’éradiquer totalement la dracunculose dans le district. Les stratégies ont notamment cibléles femmes, chargées de l’approvisionnement en eau; la mobilisation sociale, en formant des comités d’action auxniveaux des districts, des municipalités et des villages et en ayant recours aux médias populaires locaux, tels que lethéâtre des rues; et la formation pour coordonner l’action intersectorielle et gérer les campagnes d’éradication.

La campagne d’éradication a fait appel avec succès à l’action populaire. Les efforts de gestion de l’eau ontété menés par l’Etat, et les populations locales ont fourni la main-d’œuvre. Ce projet révèle à quel point il estimportant de faire participer la population directement à la reconstruction et à l’amélioration des ressourcesterrestres et aquatiques et fournit un bon exemple de gestion communautaire des ressources en eau. (Source : R.Gopalakrishnan, Waterfront, mars 1994, publié par le section de l’approvisionnement en eau, de l’environnement etde l’assainissement du milieu, UNICEF, New York)

Autorité locale : L’urbanisation a fait que les centres de développement social et économique sesont multipliés sans accorder d’attention à l’impact négatif du développement surl’environnement, qui a des conséquences préjudiciables sur les pauvres, et sans investir dans lesinfrastructures et les services pour leur permettre de s’adapter à la croissance.

Les maires et autres dirigeants municipaux sont les autorités les plus proches de la population. Latendance récente à la décentralisation s’ancre dans l’hypothèse selon laquelle les dirigeants locauxsont à la fois plus accessibles, plus responsables envers leurs électeurs et aussi plus conscients deleurs besoins et des problèmes qui les préoccupent. En même temps, ils ne reçoivent pas toujourstout l’appui et les ressources nécessaires des autorités nationales pour pouvoir accomplir une tâchede plus en plus stressante. Le chapitre 8 d’Action 21 donne la liste des objectifs et des actions quipeuvent accroître véritablement la participation des autorités locales à la résolution des problèmesécologiques dans leurs communautés. Depuis le Sommet planète Terre, des activités ont étéentreprises dans le cadre d’une * Action 21 locale + dans plusieurs centaines de communautés depar le monde. Accra, capitale du Ghana, en est un bon exemple (encadré 5).

Page 16: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

11

ENCADRÉ 5 : Un maire gouverne sa ville avec l’aide de ses administrésConfronté à une croissance explosive qui dépasse la capacité de la ville de fournir les infrastructures et

services indispensables, Accra, au Ghana, est en train de créer un nouveau système décentralisé d’administration ens’appuyant totalement sur la participation de ses habitants pour créer un milieu urbain durable et vivable. La ville anotamment créé des sous-administrations, élues et contrôlées par les habitants, des tribunaux publics composés derésidents de la communauté qui se prononcent sur les violations des arrêtés municipaux, un département de la santérenforcé et doté de nouveaux équipements et de véhicules, qui a pour mandat de déterminer et de dénoncer lesviolations des règlements sanitaires; les inspecteurs de la santé sont encouragés à vivre au sein de la communautéqu’ils supervisent. Dans le cadre d’une campagne d’éducation publique, l’UNICEF appuie un projet de médiasmobiles qui montre des films documentaires, des sketches humoristiques et d’autres matériels destinés à divertir lepublic et à le tenir informé de ce qui se passe en ville : des problèmes comme des succès. (Source : * Countdown toIstanbul +, Habitat II, Centre des Nations Unies pour les établissements humains, novembre 1995, no. 5 [p.14])

ENCADRÉ 6 : Une ONG du Botswana réunit les ressources locales pour créer desmoyens de subsistance durables

Sa connaissance de la communauté et sa familiarité avec son fonctionnement a permis à une ONG locale,Thusano Lefatsheng (Aide au pays) de répondre au besoin urgent de trouver des solutions autonomes pour luttercontre la sécheresse et des stratégies pour obtenir des moyens de subsistance durables dans une communauté localedu Botswana. Cette stratégie a recours aux prairies (herbes) actuellement sous-utilisées par la communauté pourproduire des denrées et des plantes médicinales adaptées au climat dur et variable de la région, qui peuvent êtrerécoltées pendant les périodes creuses.

Commençant par créer un petit institut de recherche en 1984, l’ONG a aidé le projet à se développer; sesmembres s’occupent aujourd’hui de l’achat, la transformation et la commercialisation de toute une série de produitsriches en nutriments, en particulier des bières, des confitures, du beurre riche en protéines, des fruits, de l’huile,des tubercules et autres ressources locales telles que la morula et la moralma, ainsi que la célèbre * griffe du diabledu Kalahari +, bien connue pour ses propriétés thérapeutiques.

Ce projet a fourni des emplois à plus de 2 000 personnes dans 3 districts, dont 70 % de femmes, et créé unsystème agricole durable et rentable fondé sur la méthode de la * ferme complète + qui intègre culturestraditionnelles et modernes, plantes médicinales, arbres et bétail dans le cadre d’un système écologique stable.L’UNICEF a appuyé la réorganisation et l’élargissement de la production, de la commercialisation et desrecherches. (Source : Document stratégique de l’UNICEF publié en 1993 : * Les enfants, l’environnement et ledéveloppement durable : mesures prises par l’UNICEF en vue d’appliquer Action 21 +)

Institutions intergouvernementales : Les organismes extérieurs doivent prendre le développementdurable pour objectif dans tous leurs projets. Ils doivent considérer avec davantage de sérieuxl’impact à long terme sur l’environnement de la construction d’une route, d’un barrage ou d’unautre projet de développement. Tous les partenaires doivent s’assurer que les programmesverticaux, notamment, sont établis avec la participation des communautés locales et sontcompatibles avec les besoins et les priorités qu’elles ont définis.

ONG : Les ONG locales et nationales sont à l’avant-garde du mouvement écologiste et aucun

Page 17: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

12

gouvernement ou organisme international ne peut se permettre de se passer de leurs contributionscar elles sont vitales. Le rôle des ONG, qui consiste à permettre aux collectivités locales deprendre leur avenir en main, est inégalable. Elles sont généralement écoutées et comprises descommunautés, dont elles ont la confiance et auxquelles elles appartiennent souvent, elles ne sontpas soumises aux mêmes restrictions que les gouvernements et ne sont pas entravées par desprocédures budgétaires complexes.

L’UNICEF a compris qu’il pouvait influencer les pouvoirs publics pour apporter des changementsfavorables aux enfants. Dans les secteurs où les liens entre les hommes politiques et les ONG sontténus, l’UNICEF s’efforce de les renforcer et de favoriser une coopération plus efficace entre lesmunicipalités, les ONG et les communautés. L’appui de l’UNICEF aux autorités locales peutencourager le pouvoir central à accorder davantage d’attention aux besoins des municipalités etdes villes — au lieu d’abdiquer ses responsabilités en décentralisant (encadré 6).

Participation des enfants et des jeunes

Comme les enfants et les jeunes subiront les conséquences des décisions prises aujourd’hui, ilsemble évident de les faire participer à l’édification de leur avenir. La participation des enfants estla pierre angulaire de la Convention relative aux droits de l’enfant et un objectif stimulant pourl’UNICEF.

Il est important de reconnaître que les enfants acquièrent sans cesse des connaissances et qu’ilssont capables de conceptualiser, de comprendre, d’absorber des informations, d’agir de manièreresponsable, de proposer des initiatives et de les suivre, d’avoir une pensée personnelle, de sedévelopper différemment et à un rythme inégal selon les cultures et les milieux.

Les enfants devraient participer de leur propre initiative, une attitude qui devrait être ancrée dansleur quotidien. Leurs initiatives devraient se fonder sur la recherche appliquée, ce qui impliquequ’il faut leur donner les informations et les outils nécessaires pour identifier et diagnostiquer lesproblèmes. Cette action pourrait déboucher sur la planification, la conceptualisation, laconstruction et la gestion ou le suivi des milieux, et dans certaines communautés sur unesensibilisation du public et une action politique (encadré 7).

Au lendemain du Sommet planète Terre, l’UNICEF et d’autres institutions ont accordé leur appuià l’ONG Peace Child International pour la préparation de la publication intitulée * RescueMission: Planet Earth, A Children’s Edition of Agenda 21 +. Rédigée et illustrée par des enfants,pour des enfants, la publication regroupe les efforts de milliers d’enfants dans une centaine depays. On y découvre des exemples d’actions couronnées de succès entreprises par des enfantspour changer leur environnement social ou physique dans les pays industrialisés comme dans lespays en développement : par exemple, le mouvement des enfants des rues au Brésil et auxPhilippines, le programme des enfants qui travaillent appliqué en Equateur et dans les Andespéruviennes, où les écoles font office de centres pour les pratiques de conservationcommunautaire. En Equateur, l’engagement d’un maire et l’appui de l’UNICEF ont permis decréer un gouvernement composé d’enfants.

Page 18: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

13

ENCADRÉ 7 : Le gouvernement des enfants et les autorités locales coopèrent* Chicollacta + est un gouvernement d’enfants. Il renforce leurs capacités de gestionnaires et leur offre la

possibilité d’exprimer directement leurs opinions. Sous l’égide du Projet de république écologique appuyé parl’UNICEF, les enfants de Tena et d’autres villes équatoriennes ont participé à un référendum sur * la ville danslaquelle nous aimerions vivre +. Les enfants rédigent un document regroupant les résultats du référendum, qui seradistribué aux autorités locales. Dans le cadre de Chicollacta, les enfants s’occupent directement de l’identification etde l’évaluation des problèmes écologiques, ainsi que de la mise en œuvre de leurs propres petits projets. Ilssurveillent et encouragent le respect des droits de l’enfant par l’intermédiaire d’activités artistiques et culturelles.

Leurs actions sont vigoureusement appuyées par la municipalité de Tena et l’UNICEF s’est allié auxautorités municipales et aux ONG pour préparer le Plan d’action de Tena en faveur des enfants, qui tient compte à lafois des objectifs nationaux et des réalités locales. Ce plan a également guidé l’appui de l’UNICEF pour toute unesérie de projets appliqués dans la région.

Le succès du Plan d’action s’explique largement par l’attachement local aux droits de l’enfant, enparticulier de la part du maire. Grâce à son association avec le mouvement des * maires, défenseurs des enfants +, lemaire de Tena est également devenu le champion de la cause des enfants et de politiques régionales durables.(Source : * Fragile Environment... Vulnerable Children +, Cameron, UNICEF, 1996)

ENCADRÉ 8 : Au Pérou, les liens entre l’école et les familles sont prometteursDans les Andes péruviennes, où plusieurs décennies d’efforts visant à améliorer la pertinence de

l’instruction n’ont remporté que des succès limités, un projet modeste, à savoir la création de potagers dans lesécoles, a obtenu des résultats inespérés. Les parents ont eu envie de participer au projet scolaire en créant eux aussides potagers lorsque les enfants ont ramené les plantes à la maison. L’objectif direct du programme étaitd’introduire de nouveaux légumes dans le régime alimentaire des familles, mais les résultats ont largement dépasséles espérances. Les parents ont commencé à participer à des projets de lutte contre l’érosion et de reboisement quipériclitaient. Le dialogue avec leurs enfants a été fructueux pour les parents comme pour les enfants, qui ont apprisles méthodes traditionnelles. Le lien établi entre les familles et l’école a permis à la communauté de s’engager etd’élargir un programme qui ne visait au départ qu’à améliorer le programme scolaire. (Source : Document stratégique de l’UNICEF : * Les enfants, l’environnement et le développement durable :mesures prises par l’UNICEF en vue d’appliquer Action 21 +)

Les enfants doivent avoir toute latitude pour comprendre qu’ils ont le droit de faire connaîtreleurs opinions pour se construire une vie saine et intéressante, conformément aux principes dudéveloppement durable et dans le respect des droits et des besoins des autres êtres humains et detout ce qui vit sur terre. Il faut pour cela que les enfants puissent participer directement auxstructures institutionnelles, comme par exemple les organisations communautaires et lesassociations d’enfants, et essentiellement, les écoles. Il convient également de parler desproblèmes écologiques dans les manuels scolaires et surtout de donner une formation auxenseignants (encadré 8).

La structure scolaire, dans laquelle les enfants s’instruisent et acquièrent d’autres compétences

Page 19: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

14

utiles pour la vie active, où ils apprennent l’hygiène et la gestion des ressources, des attitudes etdes comportements réfléchis, et enfin à devenir des agents du changement dans leurscommunautés, donne un avantage comparatif à l’UNICEF; voilà pourquoi l’organisation l’a prisepour cible de ses efforts en faveur de la participation des enfants. Dans plusieurs pays tels que leBangladesh, la Colombie et Madagascar, les projets d’assainissement ou la plantation d’arbres ontprouvé que l’école et les enfants étaient un point d’impact pour modifier les comportementsfamiliaux et l’organisation communautaire, et exiger des services nouveaux et de meilleurequalité.

Priorité aux femmes et aux fillettes

Les femmes sont les gestionnaires les plus importants et les plus expérimentés des ressources de lasociété. Dans certains pays d’Afrique, par exemple, elles accomplissent jusqu’à 80 % des travauxagricoles, elles approvisionnent en eau et en bois leurs familles, plantent, sèment, ensemencent,s’occupent des récoltes et entretiennent la terre pour nourrir leurs familles et exporter desdenrées. La dégradation de l’environnement, liée à leur condition défavorisée, a alourdi leurfardeau, particulièrement dans les zones écologiquement vulnérables. Leurs enfants sont exposésaux maladies d’origine hydrique et aux carences nutritionnelles, et le manque de connaissancesentrave la prévention.

Les problèmes écologiques sont aussi des problèmes sociaux : en effet, le temps passéquotidiennement par les femmes à lutter contre la dégradation de l’environnement aurait pu êtreconsacré à leur propre développement, à celui de leurs enfants et de la communauté en général.Comme les filles doivent aider ou remplacer leurs mères, se déplacer de plus en plus loin pouraller chercher de l’eau et du bois de feu, cuisiner et transformer la nourriture dans des conditionspeu hygiéniques, tout en s’occupant de leurs frères et sœurs plus jeunes, la fréquentation et lesrésultats scolaires en souffrent.

Le développement durable ne peut être dissocié du respect du droit des femmes à des moyens desubsistance durables, du droit des femmes et des fillettes à la propriété foncière et à l’héritage; àdes chances égales en matière d’éducation, de formation, d’accès aux technologies, au crédit etaux prises de décisions (encadré 9). Dans de nombreux programmes de pays, l’UNICEF appuie lamise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égarddes femmes, parallèlement à l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant, àsavoir des programmes ayant pour but d’aider les femmes à accéder à l’égalité des droits danstous les aspects de leur vie, en tant que mères et en tant que femmes membres de la société. Dansde nombreux pays, les programmes de microcrédit aident les femmes à améliorer leurs moyens desubsistance et leurs conditions de vie.

Page 20: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

15

ENCADRÉ 9 : Les femmes ont accès au microcrédit En Egypte, un projet destiné aux femmes rurales leur permet d’obtenir des prêts et d’acquérir une

formation en matière de gestion des prêts, d’élevage, de commercialisation et d’activités liées à la survie et audéveloppement de l’enfant.

Au Viet Nam, plus de 34 000 femmes ont eu accès à un programme de microcrédit et d’épargne appuyépar l’UNICEF. On a découvert que 97 % des filles des emprunteurs fréquentaient l’école alors qu’elles n’étaient que73 % dans les familles qui n’avaient pas fait d’emprunt.

En Inde, dans le cadre du Programme de développement des femmes et des enfants des zones rurales, legouvernement a mis en œuvre un volet microcrédit dans certaines régions. Les femmes en ont tiré des avantagesnotables, allant de l’amélioration de la santé et de l’alphabétisation à la prise de conscience de leur valeurpersonnelle. Dans l’un des villages bénéficiaires, les femmes qui avaient acquis des titres de propriété et reçu desprêts pour la construction de leurs maisons ont déclaré qu’elles ne toléreraient plus d’être battues et elles ont obligéleurs maris à arrêter de consommer de l’alcool. (Source : * Give Us Credit +, Ashok Nigam et MohammadMohiuddin, UNICEF, Division de l’évaluation, des politiques et de la planification, New York)

Technologies appropriées

L’UNICEF a axé sa stratégie en matière de programmation sur l’utilisation de technologiesappropriées et abordables telles que la brouette ou le fourneau permettant d’économiser del’énergie. Dans le domaine de la santé, par exemple, il a préconisé la vaccination et les sels deréhydratation orale (SRO); dans le secteur de la nutrition, les micronutriments et le sel iodé; etdans le secteur de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, la pompe à main, leslatrines à chasse-d’eau et à fosses doubles, ainsi que les latrines améliorées à fosse autoventilée.Lors de la mise au point de toutes ces technologies, l’UNICEF a accordé une attentionparticulière à leur durabilité. Il a appuyé les efforts des ONG, des instituts de recherche et desgouvernements, garantissant que ces techniques étaient mises au point et testées sur le terrain pourréduire au maximum les possibilités d’échec, tout en s’assurant qu’elles étaient conviviales etentretenues dans la mesure du possible par les villageois.

La mise au point, la production, la standardisation et l’installation largement répandue de lapompe à main India Mark II à la fin des années 70 et dans les années 80 est l’un des principauxsuccès de l’UNICEF. Mise au point localement et produite en Inde, cette pompe à main fournitquotidiennement de l’eau salubre à plus de 500 millions de personnes en Inde; elle est en outredevenue la pompe à main pour puits profonds la plus largement utilisée d’Afrique. Au Soudan,cette pompe est si populaire qu’on l’appelle * UNICEF +. La pompe à main * Tara + mise au pointau Bangladesh a été introduite dans des communautés boliviennes, et la technologie est passéed’un pays en développement à l’autre. Cette pompe à main ne porte pas atteinte àl’environnement parce qu’elle est actionnée manuellement, ne pompe pas l’eau de la coucheaquifère profonde et ne peut tirer qu’une quantité limitée d’eau.

La mise au point de toute technologie appropriée exige un effort de compréhension et le désird’utiliser de manière optimale les conditions et les ressources locales. Les pompes à énergiesolaire utilisées au Mali et au Nigéria, par exemple, sont des sources d’énergie renouvelable, carla facilité d’utilisation et le coût peu élevé de l’opération compensent la dépense initiale. Dans lesrégions montagneuses du Myanmar, il n’y a pas eu besoin d’installer de pompes car des tuyaux enpolyéthylène approvisionnent les villages avec l’eau des sources situées en amont. Les efforts

Page 21: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

16

ENCADRÉ 10 : L’animation permet de mobiliser la communautéDans les années 80, un puits, un seau et une corde ont été fournis à une communauté locale du district de

Mayamba en Sierra Leone. Lorsqu’il a fallu remplacer le seau et la corde, la communauté a recommencé à boirel’eau des ruisseaux, des étangs et des marais. Les populations, qui se composent de petits groupes de paysans menéspar des chefs traditionnels qui recevaient des instructions des autorités, ne participaient pas aux activités dedéveloppement. Les habitants étaient fatalistes, ils ne regardaient pas la situation d’un œil critique et n’avaient pasconfiance en leurs propres capacités.

En 1992, le bureau de pays de l’UNICEF à Freetown introduisit l’animation communautaire pour modifierles attitudes des habitants et les faire participer au diagnostic de leur situation et à la mise au point de stratégies pourrésoudre leurs problèmes.

L’autonomie et la durabilité reposent sur la compréhension des réalités locales. Des animateurs, identifiéset formés, ont procédé à des * enquêtes basées sur l’écoute + à domicile, suivies par des réunions et des discussionsavec les familles pour les aider à identifier leurs problèmes. Ainsi, est né un processus d’enquête, de réflexion etd’analyse destiné à encourager la communauté à explorer les réalités qui pouvaient être modifiées et à décider desinitiatives à adopter. Dans plusieurs villages, les communautés ont créé des comités chargés de gérer et d’entretenirles puits; un autre comité a creusé et entretient deux autres puits; dans un troisième cas, la communauté a identifié leproblème des pertes qui suivent les récoltes et a construit deux claies de séchage sans aide extérieure.

Les communautés ont continué à mobiliser des ressources. Deux villages ont créé des fermescommunautaires. Une partie de la récolte a été vendue pour acheter les matériaux; une autre partie a été consomméepar la communauté et le reste a été stocké pour la saison suivante.

Les attitudes des animateurs et les connaissances des communautés ont déterminé l’efficacité et la durabilitédu programme. D’une part, la familiarité suscite la confiance; d’autre part, dans certains cas, elle renforce latendance à perpétuer les solutions imposées du sommet, à se précipiter pour identifier les problèmes, ainsi qu’àadopter des solutions traditionnelles. Dans certains cas, les animateurs permettent aux communautés de dépendred’eux, les empêchant ainsi de devenir autonomes. (Source : * Social Mobilization Through Animation forParticipatory Development in Sierra Leone +; rapport préparé pour l’UNICEF Freetown, par E. Braima Josiah)

destinés à capter l’eau de pluie varient selon les pays. En Thaïlande, de grandes jarres sontremplies avec l’eau de pluie qui coule des toits pendant la saison humide; le système utilisé dansles familles brésiliennes permet d’utiliser l’eau de pluie pendant toute l’année; en Afrique, onconstruit des surfaces en béton pour capter l’eau de pluie, qui est conservée dans des citernesaprès avoir passé à travers des filtres à sable.

Sensibilisation, plaidoyer et mobilisation sociale

La durabilité s’appuie sur la compréhension, la bonne volonté et la participation de lacommunauté, non seulement pour renforcer les technologies, mais également pour faireprogresser le processus de développement. Il faut motiver les communautés et les mobiliser pourqu’elles comprennent les réalités qui peuvent être modifiées et définissent les actions quis’imposent. Telle est la première leçon de sensibilisation, de plaidoyer et de mobilisation sociale,comme le démontre l’encadré 10.

Le deuxième enseignement est que le résultat dépend de la méthode employée pour motiver etmobiliser les communautés. Il est évident, par exemple, que de bonnes pratiques d’hygiène sontessentielles pour améliorer l’assainissement et la santé. Cependant, on attache encore tropd’importance aux équipements. Trop de latrines ont été immédiatement converties par descommunautés qui s’en désintéressaient en clapiers ou en cellules de stockage; en outre, les

Page 22: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

17

ENCADRÉ 11 : La communauté, une ONG et les autorités locales contrôlent un projetd’assainissement

En 1985, le Gouvernement indien a lancé un projet d’assainissement rural qui, malgré un grand appui et lessubventions accordées à la construction de latrines, n’a jamais vraiment pris son essor. Une enquête sur lesconnaissances, attitudes et pratiques (CAP) conduite par l’UNICEF en collaboration avec le Gouvernement indien arévélé que 85 % de ces toilettes gratuites n’étaient pas utilisées. Avec l’appui des autorités de l’Etat, l’UNICEF alancé un projet fondé sur la mobilisation sociale dans le district de Midnapore, à l’est du Bengale. Le Président dudistrict a pris la tête du projet et, avec l’aide d’une ONG (le groupe responsable du développement rural de laMission Ramakrishna) il a créer des clubs de jeunes dans tous les villages afin de promouvoir l’éducation en matièred’hygiène et a fait appel aux jeunes sans emploi pour participer aux activités d’éducation des adultes et à des campsde vaccination. Avec l’appui de l’UNICEF, qui a fourni des prêts à des conditions favorables pour l’acquisition detoilettes, les plus pauvres d’entre les pauvres ont pu se construire des latrines; les clubs de jeunes ont fourni lesoutils et leur ont donné la formation nécessaire.

Sans subvention, le programme a grandi et s’est étendu à six autres districts de l’ouest du Bengale. Lesseuls volets du programme d’assainissement de Midnapore sont la décentralisation, la participation communautaire etdes ONG, la coopération entre les diverses autorités et le mouvement populaire. L’ONG et la population onttotalement pris en charge le volet communication avec un apport externe très limité. L’ensemble du programme aété préparé en tenant compte de la culture et des coutumes locales. Environ 10 millions de personnes ont bénéficiéde ce programme pendant les cinq ans qu’il a duré. (Source : * Integrated Sanitation Project Midnapore +, UNICEF,Bureau de pays (Inde), Section de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement du milieu, et GourisankarGhosh, UNICEF, New York)

programmes d’éducation en matière d’hygiène s’appuient encore trop souvent sur la convictionque l’information suffira à convaincre les gens d’abandonner des pratiques dangereuses. Cetenseignement est à la fois paradoxal et pose un problème. Le paradoxe est que les agentsextérieurs — enseignants, formateurs ou animateurs — doivent fréquemment motiver et mobiliserles communautés pour qu’elles prennent des décisions et agissent dans leur propre intérêt. Leproblème réside dans le fait que ces agents extérieurs doivent fixer et atteindre des objectifs quileur retirent leur gagne-pain, non pas parce qu’ils n’ont pas bien fait leur travail, mais parcequ’on n’a plus besoin d’eux. Les méthodes qui consistent à assener des informations ou à imposerdes méthodes d’instruction sur la base d’évaluations extérieures des besoins de la communauté nesont pas plus efficaces que la construction de routes, de barrages ou même la distribution de seauxet de cordes sans participation communautaire.

Diverses stratégies préconisant des changements aux niveaux individuel, institutionnel etgouvernemental ont été couronnées de succès. On peut citer, notamment, la formation,l’organisation de discussions en groupe, les visites à domicile, le recours aux médias locauxtraditionnels et non traditionnels, les affiches et les brochures, les jeux de rôles et la mobilisationde partenaires dans tous les secteurs de la société.

L’UNICEF a lancé de grandes campagnes de sensibilisation sociale pour promouvoirl’assainissement, notamment en Inde (encadré 11). Au Bangladesh et en Indonésie, les chefs del’Etat ont personnellement lancé la campagne. Le programme d’assainissement mené dans lesécoles du Bangladesh et la campagne Vendredi propre en Indonésie avaient pour but desensibiliser les populations et de les mobiliser par l’intermédiaire des organisations villageoises.

Page 23: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

18

Quelle que soit la stratégie utilisée, la participation de la communauté à la conception et à la miseen œuvre d’un processus ou d’une technologie portera ses fruits à long terme. Pour garantir ladurabilité, il convient de prendre les mesures suivantes :! former des animateurs ou des organisateurs locaux, qui formeront d’autres personnes à

leur tour;! prendre en compte la résistance aux nouveaux dispositifs et comportements;! avant d’apporter un changement, faire comprendre aux communautés les conséquences

pour la santé ou autres de leurs comportements et les avantages à les modifier; lacommunication, outre l’information, doit s’appuyer sur le dialogue, la réflexion et laresponsabilisation.

Et enfin, en s’efforçant d’établir des partenariats intéressants pour toutes les parties prenantesdans les secteurs privé et public — écoles, organisations civiques et clubs sociaux, ONG,personnalités influentes et célèbres, services bénévoles et bailleurs de fonds, centres médicaux etmilieux des affaires — les actions qui ont débuté au niveau communautaire doivent être reliées àtoutes les filières administratives aux niveaux local, régional et national, des plus accessibles auxplus éloignées. En effet, tous ceux qui tiennent les rênes du pouvoir économique et politiquedoivent comprendre que le village rural isolé, le taudis urbain, l’entreprise privée et les capitauxpublics font partie du même écosystème, et que ce qui touche l’un touche aussi les autres.

Page 24: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

19

IV LES DÉFIS À RELEVER

Les éléments essentiels pour garantir la durabilité n’ont pas été découverts uniquement au coursdes cinq ans qui ont suivi le Sommet de Rio. Des enseignements ont déjà été tirés des effortsdéployés pour atteindre les objectifs fixés lors du Sommet mondial pour les enfants de 1990 etdans le cadre de l’approche décentralisée adoptée par l’UNICEF pour satisfaire les besoins desenfants au cours des 50 dernières années. En dressant le bilan des cinq ans qui ont suivi leSommet planète Terre, il apparaît que de nombreux défis restent à relever si nous voulonspermettre à l’enfant d’aujourd’hui et à celui de demain de vivre dans un environnement durable.

Pour surmonter les principaux obstacles qui s’opposent à un développement durable dans laperspective des enfants et des droits de l’enfant, il convient de prendre les mesures suivantes :

g La Convention relative aux droits de l’enfant doit encore être mise en œuvre dans tous lespays qui l’ont ratifiée. Il ne s’agit pas uniquement d’un impératif juridique et moral, maisd’une mesure qui aidera la communauté mondiale à se rapprocher plus rapidement d’undéveloppement durable, comme préconisé par Action 21.

g Bien que la croissance économique soit essentielle, le développement humain et du capitalsocial sont les déterminants à long terme de la durabilité. Nous devons investir dans nosenfants, en particulier les filles, pour jeter les bases de la durabilité. L’impératif moralconsiste non seulement à atteindre les objectifs en faveur des femmes et des enfants fixéspour l’an 2000 lors du Sommet mondial pour les enfants, mais aussi à aider tous leslaissés-pour-compte.

g Il convient d’établir des partenariats entre les communautés, le secteur public et le secteurprivé. Bien que la communauté doive être au centre de toutes les actions, le rôle dugouvernement, des ONG et du secteur privé ne doit pas être sous-estimé. Lescommunautés ne vivent pas dans un isolement complet. La difficulté est de trouver unéquilibre lors de l’établissement de partenariats entre le secteur public et le secteur privédans le pays et dans un contexte culturel spécifique.

Un développement fondé sur la participation totale de toutes les parties prenantes prend du tempset les progrès peuvent être lents. Mais il n’existe pas de raccourci menant au développementdurable. Nous avons fait des progrès concernant les objectifs adoptés lors du Sommet mondialpour les enfants et ceux qui figurent dans Action 21, cependant il reste encore beaucoup à faire.Moins d’enfants meurent aujourd’hui qu’il y a cinq ans et plus nombreux sont ceux qui sontprotégés et qui peuvent se développer. Cependant, les conditions écologiques continuent à sedétériorer dans de nombreuses régions. Nous devons accélérer nos efforts pour garantir auxgénérations d’enfants présentes et futures un environnement plus sain et plus sûr. Ils sont notreavenir.

Page 25: Le droit de l’enfant à un développement durable droit... · Il n’est pas inutile à ce tournant de faire le bilan des expériences de l’UNICEF et d’en tirer des enseignements

20

Références

Cameron, S., Fragile Environment... Vulnerable Children... Child Rights and PrimaryEnvironmental Care in the Amazon, UNICEF, Bureau régional pour les Amériques et lesCaraïbes, 1996

Hart, Roger, Children’s Participation : The theory and practice of involving young citizens incommunity development and environmental care, UNICEF, Earthscan Publications Ltd., Londres,1997

Satterthwaite, D., Hart, R., Levy, C., Mitlin, D., Ross, D., Smit, J., Stephens, C. TheEnvironment for Children, UNICEF, Earthscan Publications Ltd., Londres, 1996

Timberlake, L., Thomas, L., When the Bough Breaks... Our Children, Our EnvironmentEarthscan Publications, Ltd., Londres, 1990

UNICEF, Les enfants, l’environnement et le développement durable : mesures prises parl’UNICEF en vue d’appliquer Action 21, UNICEF, Session ordinaire de 1993 du Conseild’administration, E/ICEF/1993/L.2

UNICEF, Donor Report on the Sahelian Initiative : Primary Environmental Care for Childrenand Women in the Sahel, UNICEF, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afriquecentrale, juin 1996

UNICEF, Les enfants d’abord (Déclaration mondiale et Plan d’action du Sommet mondial pourles enfants et Convention relative aux droits de l’enfant), UNICEF New York, H-9F

UNICEF, Give Us Credit, Division de l’évaluation, des politiques et de la planification, février1997

UNICEF, Second Donor Report on the Sahelian Initiative : Primary Environmental Care forChildren and Women in the Sahel, UNICEF, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest etl’Afrique centrale, septembre 1996

UNICEF, UNICEF Strategies in Water and Environmental Sanitation, Groupe del’approvisionnement en eau et de l’assainissement du milieu, 1996

UNICEF, Waterfront, Groupe de l’approvisionnement en eau, de l’environnement et del’assainissement du milieu, UNICEF, numéro spécial, mars 1994

UNICEF, Waterfront, Groupe de l’approvisionnement en eau, de l’environnement et del’assainissement du milieu, UNICEF, No 8, juin 1996

UNICEF, Waterfront, Groupe de l’approvisionnement en eau, de l’environnement et del’assainissement du milieu, numéro spécial, août 1996