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le gai savoir edition expresso 2012 paquet Mettre le quand ? Jusqu’à

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le gai savoiredition expresso 2012

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le

quand ?Jusqu’à

C’est comme ça que ça se termine. Mon dernier, el ultimo. Ces derniĂšres lignes seront mon testament. Fuir de rien, prĂȘt Ă  tout. Je me lance et je rĂ©dige.

Je voudrais laisser ma trace, pas juste une de freinage, plutĂŽt celle d’un arrĂȘt abrupt, aprĂšs la formidable accĂ©leration de cette aventure. C’est miĂšvre, c’est con, et alors ? Je ne perds pas un journal, je perds des amis, un groupe qui a tirĂ© de chacun le meilleur. Des Ă©tudes solidaires Ă  l’école de l’amitiĂ©. IndĂ©pendemment de la distance des mĂ©tros et des trains.

Et c’est fini. La fin des soirĂ©es, des trips, des confidences. La fin des apĂ©ros ensoleillĂ©s sur les terrasses fraĂźches. La fin des soirĂ©es oĂč la fatigue rĂ©vĂšle les derniers guerriers, Ă©paves pleines d’alcool et d’amour qui vont rĂȘver des articles sur la comĂšte, des papiers oniriques et du Jean-Jacques Goldman.

J’en ai marre d’écrire lĂ -dessus. Je me sens ridicule et triste. Et puis voilĂ , votre article de merde m’a donnĂ© envie de pleurer.

El ultimoédito

Depuis l’éviction du chien capitaliste Sarkozy le 6 mai 2012, la social communisme de notre Lea-der SuprĂȘme Kim Jong Un acquiert enfin un alliĂ© occidental en la personne de François Hol-landde. Cela n’était pas arrivĂ© en RĂ©pu-blique de France depuis dix-sept ans. Le glorieux pays d’Edith Piaf et de Patri-cia Kaas se dote donc d’un nouveau chef, drapeau rouge levĂ©. Rouge, oui. N’écoutons pas ces libĂ©raux qui scandent que le nouveau PrĂ©sident serait moins rouge que sa rose. Les premiers jours de son mandat laissent augurer une lutte de fond contre la crise qui secoue l’Occident capitaliste et leur culture insupportable de la propriĂ©tĂ© privĂ©e.

Notre Leader a suivi de loin les premiers pas de Françoise Hollande dans le bain corrompu de la politique internationale. C’est donc en compagnie du traĂźtre Obama et des autres chefs du monde libĂ©ral, qu’il s’est essayĂ© aux courbettes de rigueur. PremiĂšre provoca-tion du rĂ©volutionnaire tranquille qui rompt avec le protocole traditionaliste en portant sa cravate la veille du dĂ©but du G8, simulacre hypocrite.

Lors de ses Olympiades du mensonge, François Hollende a rĂ©ussi Ă  introduire l’idĂ©e de croissance face Ă  l’austĂ©ritĂ© ambiante chez ses voisins europĂ©ens et l’alliĂ© amĂ©ricain.

Notre croissance Ă©tant de 17points par an depuis  1964, nous ne pouvons qu’encourager cette prise de position. Cette prĂ©sidence tranche enfin avec le consumĂ©riste Sarkozy. Le prĂ©sident sortant Ă©tait enfermĂ© dans cette logique absurde de consommation effrĂ©nĂ©e qui conduit aujourd’hui Ă  une crise sociale, Ă©conomique et politique que nous n’avons et ne connaĂźtrons jamais ; notre Guide Bien AimĂ© Ă©tant trop bon gestionnaire pour tomber dans les affres de la dĂ©rĂ©gulation financiĂšre.

La tournĂ©e europĂ©enne Ă©tant terminĂ©e, et aprĂšs avoir rencontrĂ© le camarade Poutine, François Ollande se rapprochera de nos glorieux no-man’s land, puisqu’il a affirmĂ© vouloir ren-contrer et entretenir de courtois rapports avec le camarade et ami Hu Jintao. On note donc une politique internationale ouverte et peut-ĂȘtre moins tranchĂ©e que son prĂ©dĂ©cesseur, nous ne pouvons que nous en fĂ©liciter.

Nous accueillerons pourquoi pas ce nouveau venu sur la scĂšne mondiale entre nos murs d’ar-gent, si tentĂ© que celui-ci renonce Ă  quelques aberrations politiques comme la systĂ©mati-sation du rĂ©fĂ©rendum populaire et la libertĂ© d’expression.

Peut-ĂȘtre ne testerons nous pas nos missiles inter-continentaux sur la France finalement.Dii factorae nox nos

Notre Dirigeant suprĂȘme et l’élection du nouveau prĂ©sident de la RĂ©publique de France

« La diffĂ©rence entre l’amour et la mort, c’est que l’amour, vous pouvez le faire seul et personne ne se moquera de vous. Â»

HonnĂȘtement, les Syriens, on s’en fout ! C’est Ă  des milliers de kilomĂštres d’ici. Trop abstrait. Passons sur le couplet larmoyant habituel sur l’hĂ©roĂŻsme de populations oppressĂ©es par un dicta-teur mĂ©chant et tout ça. Trop de rĂ©volution tue la rĂ©volution. Laissons cela Ă  Bernard-Henri LĂ©vi.

Parlons des vrais problĂšmes. A quelques kilomĂštres d’ici, en plein Paris, des hommes (des vrais, des blancs) souffrent. On a tendance Ă  l’oublier, et ça, c’est vraiment rĂ©voltant. DerriĂšre les murs centenaires du Palais du Louvre, les conservateurs des ArchĂ©ologies Orientales sont les dommages collatĂ©raux de l’incurie des dirigeants Syriens. En 2010 a Ă©tĂ© lancĂ© en grande pompe, un partenariat entre le plus beau musĂ©e du monde et les institutions syriennes, oĂč les conservateurs parisiens offraient leur expertise aux musĂ©es de Damas, Alep... Relents colonialistes certes. Mais lĂ  n’est pas la question. La femme de Bachar Al-Assad avait mĂȘme eu les honneur d’une visite privĂ©e du Louvre avec son directeur. Puis arrivent les troubles d’un peuple ingrat, les Syriens dont la politesse n’est pas le fort, dĂ©cident de couper le programme.

DĂ©solation au Palais. Un conservateur erre dans le couloir et nous conte son dĂ©sarroi : « c’est vraiment dur. On avait mis tout notre budget dans la visite de Madame Assad. On fait quoi maintenant ? Â» Et ce gachis n’est mĂȘme pas relayĂ© par des mĂ©dias soit-disant humanistes, il n’y en a que pour le noble peuple sy-rien. De toute façon, la Syrie, depuis que les arabes sont arrivĂ©s, c’est n’importe quoi.

Argent, argent, si vous plaßt, Madame Assad, si vous plaßßßßßt

On fait quoi maintenant ?

Cela fait de longues annĂ©es que la France vit sous le joug de la droite galactique. Le duo Merkozy rĂšgne d’une main de fer sur le continent. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, deux puissants tournĂ©s dans la mĂȘme direction. Suite Ă  une longue ba-taille, au cours de laquelle nul ne fut Ă©pargnĂ©, François Hollande, dernier hĂ©riter des Socialistes, renverse enfin l’Empire. C’est un Barack Obama, en plus mou et en plus blanc.

En rĂ©alitĂ©, depuis de nombreuses annĂ©es, les Grecs, Ă  l’abri dans leur climat mĂ©diterranĂ©en de Naboo, n’avaient jamais Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©s par qui que ce soit. Ils avaient leur petite vie loin des rĂ©alitĂ©s fiscales de la vile FĂ©dĂ©ration du Commerce. C’était sans compter sur les Merkozy. Blo-cus autour de Naboo. Il fallait rendre des comptes. Les arriĂ©rĂ©s d’impĂŽts accumulĂ©s reprĂ©sentaient une belle somme. Et le FĂ©dĂ©ration de se laisser tenter par le cĂŽtĂ© obscur : l’austĂ©ritĂ©.

Personne n’était assez puissant en Europe pour arrĂȘter la marche de la FĂ©dĂ©ration. MĂȘme le PrĂ©sident du SĂ©nat Von Rumpoy se retrouvait Ă  signer les accords vers l’austĂ©ritĂ©.Mais, dernier de son espĂšce, l’Al-liance Rebelle ne voyait pas ça de cet oeil lĂ . A sa tĂȘte, le Chevalier Hollande. Ils voulaient balayer, d’un coup de sabre laser, ce pessimisme, et mettre en place une nouvelle idĂ©e : la croissance. Sarkozy evictĂ©, le champs Ă©tait libre, et Merkel se retrouvait esseulĂ©e.Toute l’Alliance Rebelle se mobi-lisait donc et les Astro-Hangars Ă©taient plein de promesses, d’Euro-Bonds et d’espoirs de rĂ©tablissement et d’équilibre dans la Force et dans les comptes des pays europĂ©ens.

L’épisode suivant nous rĂ©vĂšlera si les Jedi s’en sortent ou si l’espoir se crashe contre le champs de force de l’Etoile Noire.

Europe War : un nouvel espoirIl fallait s’y attendre, Ă  force de les Ă©craser ils ont fini par se rebiffer. Les pays du tiers-monde ont fini par, Ă  leur tour, nous baiser la gueule. Et depuis, on s’en bouffe les couilles.

Entendez la dĂ©finition que l’on donne aujourd’hui Ă  l’économie mondiale : produire au plus bas coĂ»t Ă  tout prix. RĂ©sultat : on ne fabrique plus un soutif dans notre douce France. Pourtant, nous sommes d’accord, toutes les femmes en porte hormis les hippies et les fĂ©ministes. Mais lĂ  n’est pas la seule incohĂ©-rence de ce systĂšme.

En Camargue, Ă  Salin-de-Giraud, les Salins du Midi ont cessĂ© leur activitĂ© et ce n’est pas Ă  cause de l’eau de mer qui aurait perdu sa salinitĂ©. La raison est Ă  chercher du cĂŽtĂ© des retrai-tĂ©s amĂ©ricains. Et oui, ces cons n’ont pas de retraite. Alors pour s’assurer un re-

venu, ils investissent dans ce que l’on appelle des fonds de pension. Cette masse d’argent, pour la faire fructifier, est investie. Le but Ă©tant que les inves-tissements soient les plus rentables possible. RĂ©sul-tat: le fond de pension rachĂšte les Salins du Midi, dĂ©localise l’activitĂ© en Tur-quie pour Ă©conomiser des coĂ»ts de main d’oeuvre.

Mais ceci n’est qu’un exemple. La facture est en-core plus salĂ©e pour les pays qui rĂ©cupĂšrent le bĂ©bĂ©. Eux, noirs, arabes, chinois, slovaques ou autres n’ont pas les moyens de refuser. Pour eux notre pauvretĂ© est une fortune. Ce cercle vertueux n’a pas de limite. Pour servir l’argent, il faut toujours trouver des humains proches de l’escla-vage. Il y a toujours plus pauvre que soi. Bref.

Sous le gouvernement Sarkozy, le leitmotiv Ă©tait

de rĂ©duire le coĂ»t du tra-vail pour gagner en compĂ©-titivitĂ©. Quelle bonne idĂ©e! Si on Ă©tait moins cher que les chinois on gagnerait dans la compĂ©tition inter-nationale! Oui, j’ai envie de commencer Ă  travail-ler Ă  12 ans, 20h par jour, pour 2€ par mois. Mon bonheur se retrouverait dans le rang de mon pays. Puis ĂȘtre Ă©dentĂ© Ă  22 ans, Ă  ce rythme lĂ , la question de la retraite ne se pose mĂȘme plus. Bref, au jeu du nĂ©olibĂ©ralisme, le travail, le terroir ne veulent plus rien dire et l’argent sert de seule valeur.

Putains d’amĂ©ricains*, in-ventez la retraite, le monde s’en portera mieux.

*terme gĂ©nĂ©rique pour qualifier les pays oĂč l’Etat n’assure pas une vie dĂ©-cente Ă  son peuple quelque soit son statut social.

La revanche du tiers mondeIl y a bien longtemps, dans une démocratie lointaine, trÚs lointaine...

« Et c’est ainsi que meurt la RĂ©publique sous un tonnerre d’applaudissements Â» - PadmĂ© Amidala

Polisse, The Artist, Intou-chables... Sur ces trois films, je n’en ai vu qu’un seul. Intouchable, on me l’a rĂ©sumĂ© : « au dĂ©but ils s’aiment pas, en-suite ils s’aiment, et Ă  la fin, il meurt. Â» Bon, en fait c’était pas ça, mais je ne l’ai toujours pas vu. Polisse ? Ca puait la faute d’orthographe et le film de bad. Mais il paraĂźt qu’il Ă©tait bien. Et The Artist  ? Je zou-zais* pendant la sĂ©ance. Mais il est quand mĂȘme possible de rĂ©pondre Ă  la question. Pour-quoi attendre ces trois der-niers films pour y rĂ©pondre  ? Le cinĂ©ma français a une aura depuis bien avant cela. Et Jean Dujardin, malgrĂšs son Oscar pour The Artist, restera tou-jours OSS117, l’espion du Caire. Intouchable, le cinĂ©ma français  ? Oui, je pense, mais dans le mauvais sens du terme. Depuis quelques annĂ©es, le cinĂ©ma français se rĂ©pĂšte. Castings semblables, scĂ©na-rios rĂ©pĂ©titifs etc. Triste Ă  dire quand, face Ă  la machine

d’Hollywood, on est censĂ© ĂȘtre l’exception culturelle. Mais quand on voit la bande annonce du dernier Jacques Audiard, mĂȘme face au monstre Ă©conomique des Avengers, on relativise notre opinion. Le cinĂ©ma français s’ancre, s’enraçine dans des redondances. Il devient peut-ĂȘtre intouchable, mais c’est l’intouchabilitĂ© de la tradi-tion. N’allons pas non plus jusqu’à nous faire les critiques justiciers de rĂ©alisateurs non- crĂ©atifs. Les Etats-Unis aussi ont leur lot de recycleurs, Tim Burton oblige. Et Jean Dujar-din mĂ©ritait de toute Ă©vidence son Oscar, mĂȘme si la fille Ă  cĂŽtĂ© de moi dans le cinĂ©ma accaparait plus mon attention que sa performance. Cepen-dant, malgrĂšs mon nationa-lisme rampant, je me prend Ă  lui souhaiter de tourner Ă  l’étranger.

*courtisait.le muet, Le noir, et l’handicapĂ©

Le sujet est important et la vérité méconnue par nos jeunes mémoires.

Un rĂ©cit incroyable de la France des annĂ©es 60 plongĂ©e en pleine guerre d’AlgĂ©rie. Le dĂ©-tonateur d’un des moments les plus sombres de l’Histoire : un couvre-feu imposĂ© aux Mu-sulmans algĂ©riens Ă  Paris. Une dĂ©cision illĂ©-gale du gouvernement De Gaulle, car visant une religion et une nationalitĂ©. Discrimina-toire, et donc anticonstitutionnelle. Dans les textes, les hommes sont Ă©gaux en droits, sans distinction de race ni d’origine. Oui, mais voi-lĂ , le gouvernement et le Front de LibĂ©ration Nationale (FLN) qui revendiquent l’indĂ©-pendance de l’AlgĂ©rie ne sont pas copains. En France, les attentes se multiplient contre la Police. Sous la pression des syndicats de po-lice, le couvre-feu estannoncĂ© et communiquĂ© sans exister dans la loi.

Cette terrible soirĂ©e du 17 octobre 1961, une manifestation est organisĂ©e par le FLN dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu. Ce soir-lĂ , la police va tirer et tuer. Ce soir-lĂ , des hommes ne rentreront pas chez eux. Des AlgĂ©riens finiront dans la Seine mais l’Histoire ne dit pas combien. Ce

que l’Histoire a pu comptĂ©, ce sont le nombre de manifestants interpellĂ©s : plus de dix mille. Ensuite, ils seront parquĂ©s dans des stades ou des salles de concerts. Les camps de concen-trations ne sont pas si loins.

Le discours de la méthode

Le documentaire ‘’Ici, on noie les AlgĂ©riens’’ d’Amina Adi s’appuie notamment sur des images d’archives de journalistes internatio-naux, plus libres de filmer et montrer la rĂ©a-litĂ© que l’ORTF, tĂ©lĂ©vision et radio d’Etat. A l’époque, certains tirages de la Presse d’opinion se font saisir et dĂ©truire quand les propos sont insupportables aux yeux du Mi-nistĂšre de l’Information. MalgrĂ© tout, l’infor-mation circule. Difficile de contrĂŽler une ville comme Paris.

Aujourd’hui, les temps ont changĂ©, exit le contrĂŽle Ă©tatique, et les journalistes sont prĂ©sumĂ©s libres. Cependant, l’historien Emmanuel Blanchard, auteur de ‘’La police parisienne de 1940 Ă  1962’’, Ă©tablit des paral-lĂšles et met en garde face aux ‘’sorties sĂ©cu-ritaires scĂ©narisĂ©es’’. Elles mettent en scĂšne un manque de distance face aux communi-quĂ©s des autoritĂ©s que les journalistes, sous

Journalistes et Historiens : on a pas le mĂȘme mĂ©tier, mais on a la mĂȘme passion.

la contrainte de la production quotidienne, ont trop facilement tendance Ă  lĂ©gitimer. La tech-nique pour Ă©viter ces Ă©cueils : l’enquĂȘte, l’inves-tigation et le temps pour rĂ©vĂ©ler peu Ă  peu les secrets de l’Histoire.

Concernant cette nuit du 17 octobre, l’Histoire, les archives, les articles et les livres ont rĂ©vĂ©lĂ©s la vĂ©ritĂ©. Pourtant un journaliste jeune s’inter-roge : ‘’pourquoi cette rĂ©alitĂ© est encore mĂ©con-nue  ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu des Ɠuvres grand public pour vulgariser et rĂ©tablir cette vĂ©ritĂ© longtemps cachĂ©e ?’’ L’historien infirme : ‘’des dossiers sont parus, des films sont sortis sur Canal +.’’ Imaginez la vulgarisation totale pour un historien.

Le poids de l’Histoire

Oui, mais voilĂ , il y a ce sentiment que cette histoire n’est pas enterrer et le deuil pour l’ins-tant impossible, la guerre est toujours lĂ . On ne parle plus d’ â€˜â€™Ă©vĂ©nement’’, mais comme le veut l’usage, l’Histoire semble se rĂ©pĂ©ter. Depuis 61, la France n’a connu qu’un seul autre couvre-feu  : celui des Ă©meutes de 2005. Cette fois-ci, il ne concernait pas les ‘’Musulmans algĂ©riens’’ mais les ‘’mineurs’’ administrĂ©s des ‘’banlieues’’. Les mots changent mais les maux demeurent. Une rĂ©flexion irrĂ©sistible me vient Ă  l’idĂ©e  : ‘’comment les rancƓurs des familles algĂ©riennes et le racisme d’Etat de cette pĂ©riode se sont per-pĂ©tuĂ©es et se manifestent dans la France d’au-jourd’hui ?’’ L’historien botte en touche :’’c’est vous les journalistes’’. Les disciplines clivent et il s’interdit d’évoquer le prĂ©sent. Une position dogmatique. Je relance un ‘’petit conseil’’ pour

les journalistes contemporains pour approcher ce problĂšme qui prend ces racines loin dans l’Histoire. ‘’Je ne sais pas quoi vous dire, au-jourd’hui vous pouvez aller dans les quartiers, interroger les gens sans demander l’autorisation au FLN qui ‘’contrĂŽlait’’ l’accĂšs des mĂ©dias Ă  l’époque des bidonvilles de Nanterre.’’ Pour approcher cette rĂ©alitĂ©, il nous conseille ‘’de passer du temps au contact’’ sans se cantonner Ă  mitrailler les terrains au grĂšs des faits divers.

Au final, c’est aussi sa mĂ©thode en tant qu’his-torien. Interroger dans des entretiens au long cours de la mĂ©moire des acteurs tout en se mĂ©fiant des souvenirs. La diffĂ©rence entre le journaliste et l’historien ? ‘’L’historien place les tĂ©moignages dans leur contexte d’existence his-torique.’’ Et de suite, il Ă©vite de vexer ‘’ les jour-nalistes aussi, quand il font bien leur travail.’’

A demain.

Finalement, les disciplines sont trĂšs proches et le but est le mĂȘme. Faire Ă©merger la vĂ©ritĂ©. Mais le journaliste est prisonnier de ses condi-tions d’exercice et de sa marge de manƓuvre au sein de son mĂ©dia. L’historien, lui, n’a que la rigueur de sa science Ă  respecter et s’appuiera demain sur nos Ă©crits d’aujourd’hui. Nos tĂ©-moignages diront bien plus que les mots qu’ils contiennent car ils rĂ©vĂšleront aussi la vĂ©ritĂ© de nos conditions d’expression. Le journaliste Ă©crit l’Histoire au prĂ©sent. Merci pour vos bouquins, merci pour vos conseils, mais maintenant il nous faut voyager, un stylo Ă  la main et la sensibilitĂ© sur l’épaule. Vous nous direz merci demain.

Qu’est-ce donc qu’une « rĂ©volution Ă©rable » ? Au pays des chiens chauds, ce ne sont pas des arabes qui se la jouent anarchistes en MĂ©diterranĂ©e, ce sont de jeunes Ă©tudiants ravis des frais de scolaritĂ© extrĂȘmement bas dans leur pays.

La lĂ©gendaire hospitalitĂ© du QuĂ©becois et de ses caribous qui rigolent avec toi quand tu te moques de leur accent fait venir en masse des Ă©tudiants Ă©trangers, surtout venus d’outre-Atlantique. Mais si le jeune est hospitalier, disons que le vieux est plus rĂ©ac. VoilĂ  quelques mois que le gouverneur du QuĂ©bec a dĂ©cidĂ© d’augmenter le prix des inscriptions. Et voilĂ  l’étudiant qui, comme on peut s’y attendre, se rebiffe et descend dans la rue pour dĂ©fendre l’accessibilitĂ© aux Ă©tudes.

Une révolution qui pourrait rester en travers de la gorge de certains.

Le gouvernement tient tĂȘte profitant de sa popularitĂ©. Chevilles enflant, il a voulu casser le mouvement il

y a quinze jours en durcissant les sanctions contre les manifestants. Revirement de situation : les Ă©tudiants s’énervent et se succĂšdent les manifestations quotidiennes entre jeunes et policiers. Signe de ralliement ? Un petit carrĂ© rouge (non pas l’offre SFR) en pin’s sur le cƓur. Le petit bout de tissu fait un tabac car il est facile Ă  reconnaĂźtre. VoilĂ  comment on passe d’une querelle quĂ©beco-quĂ©becoise Ă  une affaire plus mĂ©diatisĂ©e : les europĂ©ens qui ont profitĂ© du systĂšme de la Belle Province se mettent Ă  le porter en soutien.

Qu’est-ce qui sortira de la rĂ©volution tabernacle ?

Avec un air de mai 68, le mouvement Ă©tudiant gagne en popularitĂ©. La crise se rĂ©soudra-t-elle sur le dos des jeunes ? Au QuĂ©bec, la majoritĂ© dit non. L’idĂ©e folle d’augmenter l’école rentrera sĂ»rement moins dans l’histoire que cette autre idĂ©e folle, celle de l’inventer.

Des sales gosses qui en ont*Le sondage sondé

C’est clairement Ă©noncĂ©. Pour Ahmed, dĂ©lĂ©-guĂ© gĂ©nĂ©ral d’Animafac, le sondage est une information limitĂ©e en ce qu’il exclue le dĂ©bat. La question est fermĂ©e. Il ajoute que les sondages ont tendance Ă  mas-quer autant l’ignorance que les connaissances de chacun et leurs arguments. PrĂ©cisons. L’assistanat, terme souvent pĂ©joratif, s’applique en gĂ©nĂ©ral aux domaine Ă©conomique. On prĂȘte assistance aux per-sonnes dans le besoin, via des aides. LĂ  oĂč le bas blesse, c’est que cet assistanat n’est bien souvent qu’une mesure Ă  court terme, qui n’aide en rien au dĂ©veloppement ultĂ©rieur. Un peu comme quand on jette des caisses de nourriture Ă  la tĂȘte des Somaliens. Mais assis-tanat d’opinion, pourquoi ? L’opinion semble ĂȘtre la chose que tout le monde possĂšde, mĂȘme le plus obscur des prolĂ©taire. Seulement voilĂ , le sondage fabrique l’opinion, et l’extrait des plus hĂ©sitants avec la vĂ©hĂ©mence d’un den-tiste. Pierre Bourdieu, dans La Fabrique de l’opinion, dĂ©veloppe ce problĂšme. L’insistance des sondeurs pour avoir des rĂ©ponses, et la maniĂšre de les traiter, tout cela fausse l’opi-nion. LĂ  oĂč l’assistanat Ă©conomique apportait une simple mesure Ă  court terme, l’assistanat d’opinion falsifie des donnĂ©es. On contraint des indĂ©cis Ă  une rĂ©ponse, on regroupe les pourcentages, l’opinion est la nouvelle marion-nette des sondeurs. Laissons lĂ  au grenier.

Retour de conférence

Edwy Plenel, lors d’une rencontre, a avouĂ© qu’intervenir dans ce genre d’évĂšnement

revenait Ă  « prĂȘcher des convaincus Â». La prĂ©-sence d’Animafac Ă  Expresso laisse ce mĂȘme goĂ»t amer de vanitĂ©. Faire une confĂ©rence sur l’implication des jeunes dans la politique (au sens de citĂ©) devant les journalistes jeunes ne bouscule pas, ne surprend pas. Partenaire de Jets d’encre depuis deux ans, une anima-trice qui vacille entre sa casquette d’orga et celle d’employĂ©e d’Animafac, les liens ne se discutent pas. « J’avoue je suis partie avec un paquet d’a priori... Le projet de « Fabrique citoyenne Â» d’Animafac me laissait dubita-tive Â». Le terme « fabrique Â» notamment. Ca sonne comme un moule dans lequel on fait rentrer les jeunes (16-29 ans selon l’asso), une usine de la bienpensance. Finalement, l’initia-tive est surprenante. Un panĂ©liste a rassemblĂ© 40 jeunes de rĂ©gions, d’ñges et d’opinions poli-tiques diffĂ©rentes. Animafac les a sĂ©parĂ©s en trois groupes de rĂ©flexion : un sur l’éducation, un sur l’Europe et le dernier sur l’économie. Leur but : avoir 50 propositions Ă  prĂ©senter. Une parution dans LibĂ©, une rencontre avec des reprĂ©sentants politiques. Hormis le FN (je prĂ©cise, la dĂ©cision en dĂ©stabiliser plus d’un). Mais le plus important, d’aprĂšs Alexandre, 17 ans, et Nadia, 22 ans, semble avoir Ă©tĂ© la rencontre avec l’autre ; l’autre en tant que diffĂ©rent voire opposĂ©. Prendre le temps de dĂ©battre, d’exposer ses arguments, le plaisir de se laisser convaincre. Bref, une « expĂ©rience personelle forte, mĂȘme si on ne sait pas si ça a vraiment servi. Au moins, on a l’espoir Â» avoue Nadia. Et il me semble que c’est ce que l’on doit retenir. Autre chose m’est apparu : l’échec de l’éveil citoyen dans l’Education. Si on doit attendre Animafac pour aller vers autrui et apprendre Ă  s’écouter, l’école a ratĂ© le plus important. Triste constat pour ces kilos d’espoir.

A la recherche de la citoyennetEĂ© perdue

« Le golf est une joli promenade gĂąchĂ© par une petite balle blanche. Â» - W. Churchill

*comic sans MS assassin de la police

Le prince aux deux papasIl Ă©tait une fois, dans un somptueux chĂąteau, un Roi et un Roi. Leur fils, le Prince Georges menait une vie

paisible de futur monarque. Il partageait son temps entre leçons d’escrime, d’équitation et d’histoire. Mais le jour de ses 20 ans, il dĂ©cida, contre l’avis de ses papas de partir en quĂȘte d’aventures.

Durant de longs mois, ses pĂšres, sans nouvelles, se lamentaient devant l’ñtre crĂ©pitante, implorant les dieux d’accorder Ă  leur fils la fĂ©licitĂ© et un prompt retour.

Alors que les jours se ralongeaient, l’aventure touchait Ă  sa fin. Il arrive au pied de la plus haute tour de la plus haute montagne oĂč une princesse Ă©tait retenue prisonniĂšre. Ce donjon avait pour cerbĂšre un dragon dont la cruautĂ© n’avait d’égale que la tenacitĂ©. S’ensuivit un combat de trois jours et trois nuits Ă  l’issue desquelles le

hĂ©ros triompha de la bĂȘte.La princesse libĂ©rĂ©e, il l’emmena sur son cheval blanc retrouver les murs familiers de son royaume. La fĂȘte qui

suivit leur retour fĂ»t grandiose, Ă  la mesure de la joie des deux Rois. Evidemment, le prince et la prince vĂ©curent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Pourtant, ses parents Ă©taient

PD.

Morale du conte : un couple homosexuel qui a des enfants, ça ne change rien.

Rien ne va plus. Autrefois c’était les pĂ©dophiles qui attendaient Ă  la sortie des Ă©coles, maintenant, ce sont des terroristes armĂ©s jusqu’aux dents. Au moins, les pĂ©dophiles ne rentraient pas dedans.

Mohammed Merah - ou Momo  M. comme l’appellent ses amis - dĂ©cidents un beau jour de rentrer massacrer les juvĂ©niles occupants d’une cour d’école. Acte barbare et intolĂ©rable, Ă©videmment. Devant cette sauvagerie, on s’indigne, on lĂšve les boucliers, les micros, les plumes, les camĂ©ras... A juste titre ?Interrompre une campagne prĂ©sidentielle pour quelques meurtres

alors qu’on parle de l’avenir d’une sociĂ©tĂ©, n’est-ce pas un signe notoire d’une Ă©volution vers l’évĂ©nementiel ?

Les candidats Ă©taient obligĂ©s par le battage mĂ©diatique, d’étaler de bons sentiments inutiles. Bien entendu qu’un tel massacre insurge ! Inutile de le mettre en avant. Des enfants meurent souvent, dans des pires conditions, et bien moins mĂ©diatisĂ©es. Et quid, des militaires en civil  ? Leurs meurtres n’occupent qu’une petite partie du relais mĂ©diatique. Apparemment, mĂȘme si on dit que la vie humaine n’a pas de prix, certaines valent plus que d’autres.

Devant cet acte, on parle de sĂ©curitĂ©, de mesures, de renforcements policiers. Est-ce bien utile ? Placer un cordon de CRS Ă  l’entrĂ©e d’une Ă©cole n’est que le symptĂŽme d’une sociĂ©tĂ© anxiogĂšne. Autant faire comme en Lettonie et donner des cours de nationalisme dans les Ă©coles, arme au poing, non ?

Peut-ĂȘtre Ă©vitera-t-on ainsi de nouvelles exactions et empĂȘchera-t-on le nombre de diplĂŽmĂ©s français d’encore baisser.

Merah sous le feu des projecteurs