45

Le Libre Echange mondialisé donne

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le Libre Echange mondialisé donne
Page 2: Le Libre Echange mondialisé donne

Sommaire

Préambule______________________________________ 1L’urgence de prendre soin des humains et de la Terre -Pour une VIème République sociale, écologique, solidaire etdémocratique

Là où nous en sommes _________________________ 5

Vers une Sécurité Sociale et Écologique Universelle______________________________________ 7Un projet social déjà fédérateur – Un système d’économiealternative - Face aux défis écologiques – Travail, salaireset revenus – Augmentation de revenu pour toutes et touset cotisations - Démocratie au sein de la SSEU -Répartition des rôles et des pouvoirs avec l’État - Desmoyens à la hauteur des besoins

Le pouvoir de création monétaire de la BCE_ 27Un enjeu démocratique, social et écologique déterminant

Pour une monnaie nationale Sécu____________ 32Différentes formes de monnaies complémentaires del’euro – Mise en œuvre d’un « Barter Sécu » - Associationavec une monnaie complémentaire Sécu convertible eneuro

Schémas de synthèses et perspectives______ 42

Page 3: Le Libre Echange mondialisé donne

Préambule

Cet ouvrage présente un projet de « SécuritéSociale et Écologique Universelle » (ou SSEU) quipourrait être mis en œuvre au niveau national, dés2022 si nous le décidons.

Au-delà d’une reconquête et d’un élargissement dela Sécu telle qu’elle fût concrétisée par AmbroiseCroizat en 1946, ce projet souhaite ouvrir uneperspective de mutation collective déterminanteface aux urgences écologiques et sociales quimettent aujourd’hui l’humanité en péril.

Ce projet inclus la possibilité d’organiser d’unsystème de « quasi création monétaire » nationaled’ampleur, parallèle à l’euro et compatible avec lestraités européens, visant le développement rapideet important du système de Sécurité Sociale etÉcologique Universelle envisagé. En préalable à un changement de dogmes àimposer au niveau européen, il s’agit d’un moyen ànotre portée pour nous donner la capacitéd’engager le changement de système nécessaire àl’échelle de notre pays.

Les propositions détaillées dans cet ouvrage ontfait l’objet d’échange avec plusieurs personnesexpertes des différentes questions concernées. Cespropositions constituent une base invitant lespersonnes et les organisations citoyennes,syndicales et politiques qui s’y reconnaîtront àprolonger ensemble son élaboration en vue de sapossible concrétisation prochaine.

1

Page 4: Le Libre Echange mondialisé donne

L’objectif que nous souhaitons partager est demettre en œuvre un changement profond demodèle, alliant démocratie, justice sociale etimpératifs écologiques, transformant nos manièresde répondre à nos besoins, de travailler ensemble,de produire et consommer mieux et moins, et denous organiser en vue de pouvoir relever lesgrands défis des prochaines décennies.

En 1946, face aux impératifs dereconstruction d’après guerre, le ConseilNational de la Résistance a donné naissanceà un grand projet inédit, garantissant lasanté et la protection sociale pour tous leshabitant.es du territoire national. Gérée parles travailleuses et travailleurs hors logique duprofit, malgré les attaques et les alternancesélectorales, « la Sécu » est restée une institutionau service du bien commun, inspirante à l’échelleinternationale.

Dans notre contexte de profonde dégradationsociale et écologique, ce grand projet noussemble devoir s’élargir à l’ensemble desbesoins fondamentaux conditionnant notrevie humaine, sociale et démocratique, en vued’engager la mutation nécessaire à grandeéchelle.

Ce projet nous semble en capacité de réveillerl’élan qui caractérise les temps où tout peut et doitchanger !

C’est ce à quoi nous souhaitons travailler jusqu’àsa possible concrétisation.

2

Page 5: Le Libre Echange mondialisé donne

L’urgence de prendre soin deshumains et de la TerrePour permettre que demain, les humains puissentvivre dignement sur une Terre sauvegardée, ilnous faut mettre en œuvre une mutation globalefondée sur trois impératifs déterminants :

Prendre soin des humains, en répondantensemble aux besoins fondamentaux detoutes et tous, sans exclusion, sansexploitation ni profit de quiconque à l’égarddes autres,

Prendre soin de la Terre, et restaurer,autant que nous le pourrons, lesécosystèmes dont nous faisons partie et quinous font vivre,

Construire une démocratie vivante,donnant à tous les êtres humains les moyensde décider de leur devenir commun, là où ilsvivent, jusqu’au niveau international.

Pour une VIème Républiquesociale, écologique, solidaireet démocratique

Ces trois piliers peuvent structurer le changementde système dont nous avons besoin.

Ils pourraient constituer les fondements d’une VIème

république sociale, écologique, solidaire etdémocratique, réorganisant l’ensemble de nos

3

Page 6: Le Libre Echange mondialisé donne

institutions et de nos lois pour faire face aux défisde notre temps.

Les orientations et principes de fonctionnement dela Sécurité Sociale et Écologique Universelledevrait être inscrits dans la constitution de cetteVIème république.

Cette nouvelle constitution nécessite d’êtreréécrite collectivement, à travers un processusd’élaboration démocratique. Ce processus impliquela mise en œuvre d’un travail d’information et deformation rendant accessible l’ensemble dessavoirs et des éléments de compréhensionpermettant à toutes et tous de se saisir des enjeuxcomplexes qui s’imposent à nous.

C’est selon nous, le moyen nécessaire pourrépondre avec justesse et de la meilleure manièreaux aspirations profondes à la vie et à la protectiondes générations futures.

Nous sommes convaincu.es que ces aspirationshumaines et humanistes sont partagées par le plusgrand nombre. Nous pensons cependant qu’ellesne pourront s’exprimer de manière positive,qu’avec une perspective concrète de réalisationheureuse qui permette de penser que cela estpossible.

4

Page 7: Le Libre Echange mondialisé donne

Là où nous en sommes Comme le confirme la conclusion provisoireprésentée en juin 2021 par le GIEC (Grouped'experts intergouvernemental sur l'évolution duclimat), la dégradation des conditions de vie surTerre est aujourd’hui grandement engagée ets’accélère.

Au-delà des rapports d’experts, lesbouleversements climatiques et écologiques sontmaintenant concrètement perceptibles etdésastreux pour un nombre grandissant depersonnes sur tous les continents.

Parallèlement aux tempêtes, aux incendiesgigantesques, aux sécheresses et aux inondationsqui s’enchaînent, les rendements agricolesbaissent à l’échelle planétaire. L’élévation duniveau des mers est dorénavant inéluctable.

Pour éviter le pire, dans les prochaines décenniesl’humanité va devoir réduire considérablement sesconsommations en énergie et mettre fin àl’exploitation des énergies fossiles.

A ce jour, face aux défis à relever, plus que lessolidarités, ce sont les inégalités sociales quis’accroissent de manière exponentielle. Les grandsinvestisseurs et autres actionnaires qui profitentencore du système économique et financierdominant, renforcent la protection de leur intérêtsdévastateurs.

Cette logique continue de déterminer la plupartdes choix politiques et économiques à l’échelleplanétaire.

5

Page 8: Le Libre Echange mondialisé donne

L’ampleur de la mutation à mettre en œuvre,l’attachement à nos habitudes de vie, ainsi quenotre difficulté à élaborer une alternative globale àla hauteur des enjeux, provoquent un mélange dedéni et de sentiment d’impuissance qui nousempêche d’agir.

Nous sommes pourtant face aux choix lesplus importants de notre histoire humaine !

Un changement radical s’impose concernantnos manières d’être, de couvrir nos besoinsessentiels, de nous entraider et de réparerles dommages écologiques partout où celasera possible…

Le système qui nous a mené à cette situation nepeut pas être celui qui nous permettra d’en sortir.La « croissance verte » visant à faire grandir lesprofits des investisseurs n’est pas la solution.

La décroissance énergétique, le soin et la solidaritéentre humains, ainsi que la sauvegarde et larestauration des écosystèmes, ne peuvent pasdevenir « rentables » au sens capitaliste du terme.

Il nous faut donc instituer au plus vited’autres moteurs de développement humain.

6

Page 9: Le Libre Echange mondialisé donne

Vers une Sécurité Socialeet Écologique Universelle

Un projet social déjà fédérateur

A l‘occasion des 75 ans de la Sécu, en octobre2020, la « Convergence Nationale de Défense DesServices Publics » a organisé une table ronde surl’histoire et l’avenir de la Sécu avec un grandnombre d’organisations citoyennes, syndicales etpolitiques concernées. Ce temps fort a permis demettre en évidence plusieurs revendications etprojets qui visent une reconquête de la SécuritéSociale et un élargissement possible de sesmissions à de nouveaux domaines essentiels à nosvies.

Les idées et projets de sécurité socialeprofessionnelle, de sécurité sociale del’alimentation, de sécurité sociale du logement oude sécurité sociale du XXIème siècle, se sontcroisés. L’objectif de les faire converger estdevenue une évidence...

Ces différentes perspectives montrent que ce qui aété réalisé en 1946 peut être aujourd’huicollectivement reconnu comme une alternativeconcrète au capitalisme prédateur qui nous détruit.

7

Page 10: Le Libre Echange mondialisé donne

L’affirmation d’une nécessaire rupture avec lecapitalisme renvoie souvent à la peur dusoviétisme russe et de ses dérives.

Dans notre contexte, il semble donc essentiel depouvoir se référer à une expérience historique quinous est chère, attachée à notre patrimoine socialcollectif, synonyme de protection et de soin sansdiscrimination.

La Sécurité Sociale a montré l’ampleur desbénéfices humains qu’elle pouvait apporter àtoutes et tous, y compris en infrastructuresessentielles au bien commun.

Fondée sur la solidarité et l’universalité des droits,cette institution, gérée démocratiquement par etpour les bénéficiaires et les professionnels qui ytravaillent, pourrait concrètement répondre àl’ensemble des besoins communs fondamentaux,en dehors de toute logique de profit.

Un système d’économie alternative conventionnée

Abordant en deuxième partie la question desressources nécessaires pour permettre ledéveloppement d’un tel système, nous proposonsd’évoquer d’abord comment pourrait fonctionnercette Sécurité Sociale et Écologique Universelle.

Nous appuyant notamment sur le travail mené parle collectif pour une « sécurité sociale del’alimentation », nous proposons d’envisagercomment répondre à l’ensemble de ce qui estindispensable au bien vivre des personnes habitant

8

Page 11: Le Libre Echange mondialisé donne

sur le territoire national, dans une perspectived’extension possible et souhaitable à l’échelleinternationale.

L’objectif proposé serait d’élargir, au-delà dela santé et de la protection sociale, les droitsfondamentaux garantis par ce système de« sécurité sociale renforcée » à échellemacro-économique.

Ces droits universels garantis pour toutes et touspourrait viser l’accès à une base gratuite, prise encharge par le système SSEU, concernant :

• l’alimentation de qualité en circuit court,• le logement basse consommation,• l’énergie renouvelable et l’eau de qualité,• les transports collectifs bas carbone,• la communication...

En contre-partie de cet accès « gratuit », sousforme de droits garantis pour toutes et tous, unsystème de taxation progressivement élevée seraitmis en œuvre pour réduire fortement lessurconsommations s’opposant à la justice socialeet aux impératifs écologiques.

L’éducation populaire, la formation et laculture seraient intégrés à ce panel de droitsgarantis.

En lien avec la nécessité de répondre aux besoinsessentiels de toute la population et aux impératifsécologiques conditionnant la vie et l'habitabilitédurable sur chaque territoire, le droit au travailpour chaque personne qui le souhaite seraitassuré par la SSEU.

9

Page 12: Le Libre Echange mondialisé donne

La garantie de revenu satisfaisant pourtoutes et tous, tout au long de la vie, serait aussiun objectif assuré par la SSEU.

Comme pour les services de soin actuels,l’ensemble des activités garantissant l’accès auxdroits reposerait, pour une part, sur les servicespublics concernés, et pour l’autre, sur un réseaud’actrices et d’acteurs sociaux et économiquesconventionné.es, qu’il s’agirait de développer à lahauteur des nécessités.

Au-delà des accords tarifaires relatifs aux droitsgarantis, le conventionnement impliquerait lerespect de critères sociaux et écologiquesrépondant aux défis à relever. Ces critères seraientdéfinis et validés démocratiquement et pourraientévoluer en fonction des besoins, des territoires etdes expériences, selon un processus dedélibérations collectives organisé du local aunational.

Le réseau conventionné serait missionné pourmettre en œuvre un changement de modèleéconomique, à la fois social, écologique etdémocratique.

Il serait soutenu pour mettre en œuvre des modesd’organisation et de gestion collective, de typecoopératifs ou de « communs », en gouvernancepartagée, hors logique de profit.

Avec l’objectif de neutralité carbone en 2050, desauvegarde des écosystèmes vivants et de justicesociale garantie pour toutes et tous, en interactionavec les instances de gestion citoyenne dusystème SSEU, ces différentes activitésconventionnées devraient concrétiser la mutation

10

Page 13: Le Libre Echange mondialisé donne

nécessaire de manière coordonnée et solidaireentre elles.

L’objectif étant de produire autrement et deconsommer mieux et moins à l’échelle nationale,un accompagnement spécifique des structuresconventionnées serait mis en œuvre. Il incluraitnotamment :

• des formations à la gestion d’équipe engouvernance partagée et aux différentsmodes de décisions collectives, avec desaides à la mise en œuvre et à la régulationdes conflits,

• des formations concernant les enjeuxécologiques et de décroissance énergétiquese référant notamment au plan et « scénarionégawatt »,

• des aides à la relocalisation des échanges ausein du réseau conventionné, avecidentification des besoins et mise en lienentre membres géographiquement les plusproches.

Afin d'étendre rapidement ce réseau conventionnéet répondre à l’ensemble des objectifs visés, lescaisses de SSEU pourraient financer une part dessalaires et des investissements nécessaires au seindu réseau conventionné, avec comme contrepartie :

• l’établissement d’un contrat d’engagementconcernant la production en biens etservices, réalisable par la structureconcernée au regard des besoins locaux etnationaux, ainsi que des objectifs et des

11

Page 14: Le Libre Echange mondialisé donne

impératifs écologiques et sociaux déterminéscollectivement,

• la définition concertée des besoins ennombre de personnes ou en heurestravaillées, ainsi qu’en investissementsréalisables ou non au sein du réseau, enrapport avec les objectifs fixés,

• l’établissement concerté des étapes deprogression pour parvenir au respect descritères écologiques et sociaux élevés définispar le conventionnement, afin de pouvoirrapidement intégrer des structuressouhaitant intégrer la dynamique,

• l’engagement de réversion d’une partimportante de la valeur ajoutée réaliséedurant l’année, sous forme de cotisationssociales spécifiques collectées par l’URSSAFpour la SSEU.

Ce réseau de services publics et d’activitéséconomiques conventionnées pourrait ainsiconstituer la base d’un système d’économiealternative d’intérêt collectif, organisé du local aunational, en interaction entre les professionnels etles bénéficiaires.

Ce réseau d’économie alternative aurait pourobjectif commun de répondre, de manière ajustéeet efficace, aux besoins essentiels, individuels etcollectifs, en réduisant le plus possible ses impactsnégatifs sur les équilibres vivants qui nous donnentvie.

12

Page 15: Le Libre Echange mondialisé donne

Face aux défis écologiques

La Sécurité Sociale et Écologique Universellesouhaite donc constituer un cadre alternatif,structurant et dynamisant, permettant de mobiliserle plus grand nombre, avec l’objectif de releverensemble les grands défis de notre siècle.

Concrètement, la mutation nécessaire en termesécologiques viserait :

• la réduction massive des consommationsénergétiques,

• l’isolation de l’ensemble des bâtimentsprofessionnels et d’habitation,

• la réorganisation des systèmes de transport, • le développement de l’économie circulaire

avec remise en état et réutilisation desobjets et matières premières récupérées,

• la transformation du système agricole,mettant fin à l’agriculture industrielle etdéveloppant à grande échelle une agriculturepaysanne et agroécologique, perfectionnantsa résilience face au dérèglement climatique,captatrice de CO2 et restauratrice desécosystèmes,

• la transformation et la conversion desactivités industrielles, impliquant larelocalisation sur les territoires, la limitationde la production aux besoins d’intérêtgénéral, l’augmentation de l’efficacitéénergétique, la sécurité pour les populations,et la préservation des ressources,

• la production en énergies renouvelables avecréduction des impacts écologiques, pour lesbesoins incompressibles…

13

Page 16: Le Libre Echange mondialisé donne

Portée par une dynamique collective à amplifier,plusieurs contre-parties seraient associés auxdroits garantis concernant notamment l’accès àune base en énergie renouvelable et en eau dequalité, ou à l’attribution d’un forfait logementutilisable au sein du réseau conventionné.

Concernant l’énergie et l’eau, les premierskilowatt-heures et les premiers litres d’eau utiliséspar mois et par personne seraient en accès gratuitpour toutes et tous. En contre partie, lesconsommations supplémentaires seraientassujetties à une taxe croissante en fonction desconsommations et des conditions de logement despersonnes concernées. Cette taxe serait reverséeau système SSEU via l’URSSAF.

Concernant le logement, pour avoir un effetdéterminant sur les consommations énergétiquesglobales, nous savons que les objectif de réductiondes besoins en énergie doivent s’accompagnerd’une baisse des surfaces habitées pour lespersonnes aujourd’hui les mieux logées. Le forfaitlogement serait donc lié à une surface optimalepar personne, au-delà de laquelle une taxationcroissante serait mise en place, comme pour lesconsommations en énergie et en eau.

Pour que ces systèmes puissent répondre à la foisaux objectifs de justice sociale et aux impératifsécologiques, il serait nécessaire de développerrapidement et à grande échelle un parc immobilierconventionné performant, en gestion participative,associant les habitant·es et garantissant la tenuedes objectifs de sobriété énergétique.

Ce développement du parc immobilierconventionné impliquerait la mise en œuvre d’un

14

Page 17: Le Libre Echange mondialisé donne

vaste plan de rénovation thermique, réalisé pardes professionnels formés et conventionnés,mettant en œuvre les critères sociaux etécologiques collectivement déterminés.

De même, la production en énergie renouvelablepermettant de répondre aux besoins garantisdevrait être développée dans le cadre duconventionnement. L’objectif visé serait de calibrerla progression de la production avec la progressionconjointe des droits d’accès mis en œuvre et desréductions de consommation réalisées.

Concernant l’alimentation, l’objectif serait degarantir à toutes et tous une alimentation dequalité répondant aux impératifs écologiques etsociaux définis collectivement au sein du systèmeSSEU. Un montant d’achat serait garanti au sein duréseau d’approvisionnement ou de distributionconventionné.

Pour permettre la mise en œuvre de ce système, àl’ampleur nécessaire, il est nécessaire d’envisagerun plan de transformation massive de l’agricultureindustrielle en un réseau agroécologique diversifiéd’ampleur, alliant production alimentaire,résilience au dérèglement climatique etrestauration des écosystèmes.

Ce plan impliquerait la réappropriation du foncier,sur forme de « commun » en gestion collective,prolongeant ce qui est aujourd’hui réalisé par« Terre de liens ». Ce plan devrait être soutenu etdévelopper avec l’appui de l’État, à travers desmesures fortes soutenues par une mobilisationcitoyenne déterminée.

15

Page 18: Le Libre Echange mondialisé donne

Travail, salaires et revenus

Dans une perspective de travail valorisant etsocialement utile, et de revenu ou salaire garantien suffisance pour toutes et tous, tout au cours dela vie, les liens entre travail, salaire et revenupourraient être repensés.

Plusieurs propositions tâchent de répondre à cesquestions, avec des différences parfoisimportantes, telles que le « nouveau statut dutravail salarié » proposé par la CGT, la« Mutualisation Partielle des Revenus d'Activité »prôné par Benoît Borrits, le « salaire à vie »défendu par Bernard Friot et le Réseau Salariat, le« Premier Niveau de Salaire Inconditionnel » ou le« revenu de base »...

Sans entrer dans les débats nécessaires entre cesdifférentes options, nous choisissons d’envisager lamise en œuvre par la SSEU, des aspirationscommunes dont elles sont porteuses.

Le premier objectif qui nous semble àconcrétiser est de garantir un revenu pourtoutes et tous dans le cadre d’un droituniversel géré et financé par le système deSécurité Sociale et Écologique Universelle. Cerevenu ou salaire garanti doit être un rempartcontre toute précarité et permettre de rompre avecle travail subi, bien que dénué de sens et de valeurindividuelle et collective.

L’autre objectif à assumer par la SSEU seraitde garantir l’accès à un travail valorisant àtoute personne qui souhaite participer à la

16

Page 19: Le Libre Echange mondialisé donne

dynamique de reconstruction sociale etécologique mise en œuvre.

De fait, le travail ne manque pas pour répondreaux besoins de production de biens et de servicesessentiels au bien vivre individuel et collectif, de lamanière la plus juste et la plus sobre en énergie eten ressources naturelles.

Pour atteindre ces objectifs, nous proposons que ladétermination collective des besoins en temps detravail et en nombre de personnes nécessairespour réaliser les objectifs du réseau conventionnéimplique le financement des salaires par la SSEU,jusqu’au niveau du SMIC ou du salaire médian. Encontre-partie, les structures conventionnéesreverseraient en part accrue de leur valeur ajoutéeau système SSEU.

Parallèlement, au sein du réseau conventionnécomme dans l’ensemble de l’économie nationale,la continuité des salaires ou revenus serait assuréepar la SSEU pour chaque personne, en dehors despériodes de contrat de travail, dans l’esprit dunouveau statut du travail salarié proposé par laCGT.

Augmentation du revenu pourtoutes et tous et cotisations

Considérons que l’ensemble des nouveaux droitsgarantis par la SSEU en termes d’alimentation, delogement, d’énergie, d’eau et de transports’élèveraient à l’équivalent de 500 euros mensuelsattribués à chaque personne habitant sur le

17

Page 20: Le Libre Echange mondialisé donne

territoire français. Cette valeur est un ordre degrandeur indicatif, le montant des droits garantisdevant notamment être déterminé en fonction descapacités à y répondre via le développement duréseau conventionné.

Ces 500 euros représenteraient un complément derevenu mutualisé ou « socialisé » réparti entretoutes et tous. Ce complément s’ajouterait auxsalaires et revenus perçus par chacune et chacunselon le principe d’universalité fondateur de laSécu de 1946.

Pour les personnes percevant actuellement leSMIC, ces 500 euros supplémentaires amèneraientleur revenu global au niveau du salaire médianactuel, passant de 1200 euros aujourd’hui à 1700euros, droits SSEU garantis compris.

Afin de compenser le coût global de ces droitsgarantis pour toutes et tous, et dans uneperspective de justice sociale, on pourraitenvisager un système de péréquation payé par lesemployeurs sous forme de cotisations patronalessupplémentaires pour les salaires élevés.

Il pourrait notamment être envisagé de mettre enplace une cotisation patronale de 500 eurossupplémentaires pour tous les salaires dépassantpar exemple 3000 euros mensuels. Pour lessalaires dépassant 6000 euros, cette cotisationpatronale pourrait être plus importante. Acontrario, ces cotisations patronalessupplémentaires seraient dégressives jusqu’à zéropour les salaires compris entre 3000 euros et lesalaire médian de 1700 euros.

18

Page 21: Le Libre Echange mondialisé donne

Concernant les personnes percevant des revenusau-delà de 3000 euros mensuels une péréquationpourrait être appliquée, impliquant quel’équivalent des 500 euros supplémentaires acquissous forme de droits SSEU garantis leur soit déduitau moins en partie de ce qu’ils perçoivent.

En outre, un plafonnement des salaires, parexemple à 10000 euros, pourrait être mis enœuvre au niveau national par décision législative.

Démocratie au sein du système de Sécurité Sociale et Écologique

Les instances de décision et de gestion de cesystème de SSEU, seraient organisées etdéveloppées dans une perspective defonctionnement démocratique innovant.

L’ensemble pourrait fonctionner selon le principede démocratie ascendante, impliquant que lesdécisions soient prises au plus près des personnesconcernées. Les instances régionales et nationalesauraient comme champs de compétenceuniquement les questions nécessitant unecoordination ou des moyens mutualisés pluslarges, sous mandat et interactions avec lesinstances locales.

Des méthodes d’élaboration et de décisioncollective donnant à la démocratie son véritablesens pourraient être mises en œuvre :

19

Page 22: Le Libre Echange mondialisé donne

• instances collégiales associant lesbénéficiaires et les professionnels du secteurconventionné,

• système d’élection améliorée et dedélégation tournante,

• décisions au consentement sans objection detype « sociocratique »,

• modèle par cercles dit « d’holacratie » avecliens montants et descendants entre lescercles...

Le contrôle citoyen concernant le fonctionnementet le respect des engagements pris pourrait êtreassuré par des instances constituées par tirage ausort.

L’un des objectifs déterminants de la SSEU seraitde développer l’implication du plus grand nombrede personnes, du local au national, dans lesprocessus de délibération, de contrôle oud’évaluation mis en œuvre. Un axe fort de la SSEUconsisterait donc à multiplier les moyens et lesformes d’éducation populaire et de formationconcernant les différents sujets concernés, entermes écologiques, économiques, monétairesautant que de gouvernance partagée,d’intelligence collective et émotionnelle ou degestion des conflits.

Afin de garantir la cohérence entre les décisions àprendre au niveau local et les objectifs écologiqueset sociaux à définir au niveau national, il semblenécessaire d'envisager un cadre commundéfinissant les principes et les orientations àmettre en œuvre dans la durée à tous les niveauxde l'organisation. Il pourrait s’agir d’écrire et devalider collectivement une charte constitutive

20

Page 23: Le Libre Echange mondialisé donne

commune, révisable uniquement selon unprocessus accepté par toutes et tous, définissantles fondamentaux structurants l’ensemble dusystème.

Afin d’être « sanctuarisée », ou protégée des coupsde boutoir dont elle pourrait faire l’objet, la SSEUpourrait être inscrite, avec son cadre et sesobjectifs fondamentaux, dans la constitutionnationale. Ce cadre constitutionnel serait validé etmodifiable uniquement par référendum, exigeantune majorité citoyenne élevée.

La SSEU pourrait ainsi être constitutionnellementmissionnée pour mettre en œuvre, avec laparticipation du plus grand nombre, hors logiqueconcurrentielle et de profit, les objectifs de luttecontre le réchauffement climatique, depréservation des écosystèmes et de la biodiversité,autant que la protection contre toutes lesprécarités sociales et humaines.

Au-delà de ce que nous connaissons aujourd’huiconcernant la sécurité sociale, il sembleintéressant d’envisager d’autres fonctionnementspossible pour la SSEU à l’échelle des territoires.

Il serait important de développer les capacitéscollectives d’auto-organisation citoyenne au seindu système SSEU. Pour cela, il pourrait êtrebénéfique de s’inspirer d’expériences telles que« la coopérative Intégrale catalane » .

D’autres systèmes de coopération économiqueterritoriale, tels que la « F abrique de la Transition » à Saint-Étienne, constituent des pôles citoyensdéjà à l’œuvre qui pourraient inspirer et êtreassociés aux instances locales de SSEU…

21

Page 24: Le Libre Echange mondialisé donne

Répartition des rôles et despouvoirs avec l’État

Telle que la sécu de 1946, le système de sécuritésociale et écologique universelle constituerait uneinstitution démocratique autonome et pérenne,indépendante et complémentaire de l’État et descollectivités locales.

A l'inverse des autres institutions publiques, elle sesituerait dans le temps long, n’étant pas soumiseaux échéances électorales nationales.

Même dans la perspective souhaitable où lesinstitutions d’État et les collectivités localesseraient réorganisées de manière plusdémocratique par rapport à leur fonctionnementactuel, cette autonomie démocratique de la SSEUpar rapport à l’État devrait être garantie dans ladurée.

Là où la Sécurité Sociale et Écologique géreraitdans le long terme la garantie des besoinsessentiels et le travail de restauration écologiqueet sociale nécessaire, hors système marchand ethors logiques de profit, les institutions d’État etparlementaires assumeraient leurs fonctions degestion du cadre légal et administratif concernantl’ensemble de la vie sociale et économique dupays.

Sur le plan économique, l’État et les collectivitésterritoriales auraient, par les lois et la fiscalité, lamission de réglementer, limiter et réorienterl’économie concurrentielle, avec l’objectif deréduire ses impacts délétères sur la vie naturelle ethumaine.

22

Page 25: Le Libre Echange mondialisé donne

Pour autant, en phase de mise en œuvre et dedéveloppement du système SSEU, l’intervention del’État et l’appui des décisions législativespourraient être particulièrement nécessaires. Celapourrait concerner par exemple l’usage du pouvoirde préemption sur les terres agricoles et autresinfrastructures nécessaires à l’accomplissementdes missions de sécurité sociale et écologique.

La gestion des services publics répondant auxobjectifs et missions de sécurité sociale etécologique pourrait être déléguée à la SSEU. Touten gardant le statut salarial de la fonctionpublique, ces services publics intégrés au systèmeSécu seraient alors gérés dans le respect descritères de conventionnement, selon des modes defonctionnements démocratiques ascendants,impliquant de manière collégiale les bénéficiaireset les professionnels dans les instances degouvernance et les processus de décision.

L’objectif serait de construire une forme d’équilibredémocratique entre les pouvoirs plus descendantsassurés par les institutions étatiques,administratives et législatives et ceux plusascendants gérés par et pour les citoyennes et lescitoyens au sein de la SSEU.

Pour pouvoir assumer l’ensemble de sesmissions, dans toute l’amplitude et lapertinence nécessaire, la question desmoyens dont ce système de sécurité socialeet écologique universelle disposerait demanière pérenne est évidemment cruciale.

23

Page 26: Le Libre Echange mondialisé donne

Des moyens à la hauteur des besoins

Face à l’ampleur des défis climatiques,écologiques, économiques et sociaux, il sembleimpératif d’envisager de nouveaux moyensfinanciers, rapidement disponibles en quantitéimportante, indépendants des marchés aujourd’huidominants et détachés des secteurs dévastateursqu’il nous faut abolir.

Avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en2050, selon un rapport de la cour des compteseuropéenne, il faudrait engager plusieurs centainesde milliards d’euros par an pour la France, et plusde mille milliards d’euros annuels à l’échelle del’Union Européenne.

Pour être menés sous responsabilité démocratiquehors logique de profit, en alliant justice sociale etimpératifs écologiques, ce vaste plan de mutationpourrait être assumé par le système de SécuritéSociale et Écologique, moyennant des sources definancement à la hauteur des besoins.

En termes de ressources financières propres, lesystème de sécurité sociale de 1946 repose sur lescotisations sociales. Ces cotisations représentent lapart de la richesse produite par les travailleuses ettravailleurs, non versée en salaires individuels,mutualisée et gérée par celles et ceux qui l’ontgénérée pour l’intérêt de toutes et tous.

Cette notion de part de richesse produite,mutualisée et gérée collectivement pour lebénéfice du plus grand nombre, différencie lescotisations de l'impôt.

24

Page 27: Le Libre Echange mondialisé donne

Cela a une valeur réelle et symboliquement fortepour l'ensemble du monde ouvrier. Il est importantde conserver cette valeur fondatrice de la Sécu.

Pour autant, dans le contexte de mutation durapport entre travail et production, le calcul descotisations en rapport au montant des salairesversés favorise aujourd’hui les entreprises quiversent les plus bas salaires, robotisent, sous-traitent ou délocalisent.

Dans une perspective d’élargissement desfinancements, il pourrait donc être judicieux demettre en place de nouvelles formes de cotisationssociales visant le financement élargie de la SSEU.

Comme précisé précédemment, la mise en placede cotisations patronales accrues pour les hautssalaires en contre-partie des droits universelsattribués à toutes et tous, pourrait en être unexemple.

Il pourrait être aussi instituer des cotisationssociales calculés sur l’ensemble de la valeurajoutée réalisée, proportionnellement au nombrede salarié·es et prenant en compte les écarts desalaires au sein des entreprises concernées.

Une autre option pourrait être de cibler cescotisations sur la valeur ajoutée de secteursspécifiques tels que les grandes banques privées.Celles-ci continuent de distribuer plusieurs dizainesde milliards d’euros par an à leurs actionnairesalors même qu’elles profitent de mesures desauvetage considérables depuis la crise de 2008.

Si on appliquait aux banques privées les principesde gestion d’actifs utilisés dans la finance, onpourrait potentiellement récupérer des montant

25

Page 28: Le Libre Echange mondialisé donne

annuels de l’ordre de 100 milliards d’euros quipourraient être alloués à la SSEU. Voir laproposition faite par Anice Lanef "Commentsocialiser les profits bancaires ? - Nous savons déjàsocialiser les pertes".

D’autres prélèvements fiscaux pourraient êtreinstitués par l’État en vue d’être reversés à laSSEU, notamment dans sa période de mise enœuvre et pour soutenir son développement rapide.

Notons cependant que les activités économiquesles plus solvables sont généralement celles dontnous devons nous défaire.

Qu’il s’agisse de cotisations ou de fiscalité d’État, iln’est en rien logique ni souhaitable de dépendredes bons résultats des entreprises les plus néfastespour financer ou subventionner les investissementset les activités les plus nécessaires ou vertueuses.

Compte-tenu de l’ampleur des besoinsfinanciers pour mettre en œuvre la mutationrapide nécessaire, il semble doncindispensable d’envisager d’autres systèmesde financement et de subventionnement, àéchelle macro-économique.

26

Page 29: Le Libre Echange mondialisé donne

Le pouvoir de création monétaire de la BCEPour sauver l’économie mondiale particulièrementmenacée en période de pandémie, les États ontengagé des milliers de milliards d’euros et dedollars, à l’échelle internationale, pour éviter unprocessus d’effondrement économique et financiergénéralisé.

Déjà, après la crise financière de 2008, lesBanques Centrales, Européenne et américaine,avaient créé des milliers de milliards d’euros et dedollars, pour sauver le système bancaire privé.

La question qui se pose est de savoir quels vontêtre les moyens imaginés par les États pour tenterde nous faire rembourser ces sommes, alors quece remboursement n’a pas d’autre fondement queles principes idéologiques dominants.

Selon les dogmes économiques et financiersexistants, toute création monétaire est liée à unedette nécessairement remboursable et donnantdroit à des intérêts à payer aux créanciers.

Particulièrement en Europe, depuis les accord deMaastricht, ces dogmes idéologiques justifient lescampagnes d’austérité budgétaire menées cesdernières décennies. Ces dogmes ont notammentjustifié l’imposition à la Grèce d’un plan massif deprivatisation des biens publics et de réduction àgrande échelle des dépenses d’État, ayant eu pourconséquence la paupérisation de la grandemajorité de la population.

27

Page 30: Le Libre Echange mondialisé donne

Aujourd’hui, sauf à vouloir imposer la misère à tousles pays européens, compte-tenu des quantités desdevises mises en circulation face aux crises et auxévènements sanitaires et climatiques quis’enchaînent, les dogmes européens qui prévalentaujourd’hui concernant la création monétairepourraient être renversés.

Un enjeu démocratique, socialet écologique déterminant

Déjà depuis 2015, pour sauver le systèmebancaire, la BCE a contourné les principes qui luiinterdisaient de financer directement les États, enrachetant par milliards d’euros aux banquesprivées l’équivalent des prêts qu’elles leuraccordent.

Le récent débat engagé par la tribune de 1 5 0 économistes en Europe, demandant d’annuler les3000 milliards d’euros de dettes publiques ainsidétenues par la BCE, contre engagementd’investissements écologiques d’ampleur, montreque la mise en question des principes budgétaireset monétaires européens est aujourd’hui possible.

A l’image de la dernière campagne présidentielleaméricaine, fortement influencée par la « ThéorieModerne de la Monnaie », nous assistons à uneforme de renversement des paradigmesmonétaires et financiers prédominant au niveauinternational.

Depuis JM Keynes, presque tous les économistesavaient compris qu'il ne fallait pas attendre d'avoir

28

Page 31: Le Libre Echange mondialisé donne

accumulé de l'épargne pour pouvoir investir.Cependant, on ne voulait connaître qu'une seuleforme d'avance monétaire : le crédit. Et toutenouvelle création monétaire liée à un nouveaucrédit, devait reposer sur une nouvelle dette,privée ou publique, imposant la même rigueur depaiement d'intérêts et de remboursement pourtous les acteurs.

La détermination européenne à mettre lesinvestissements publics sous la dépendance desmarchés financiers a cependant rendu cettelogique économiquement, socialement, etécologiquement intenable.

Aujourd’hui, les conséquences de la pandémieCovid19, ainsi que l’amplification des catastrophesclimatiques, pourraient pousser vers d’autresformes d'avance ou de création monétaire par lesBanques Centrales, notamment la création demonnaie "libre de dette".

Les économistes Alain Grandjean et NicolasDufrêne, proposent dans leur livre « La monnaieécologique » que le pouvoir de création monétairede la BCE, placé sous contrôle démocratique, soitmis au service d’un grand plan de mutation visantla neutralité carbone en 2050. Ils envisagent lacréation d’une monnaie écologique sans dettegénérée par la BCE finançant directement lesbesoins de transition dans l’économie réelle…

Le pouvoir de création monétaire sans dette niintérêt que possède les banques centrales, ouvredonc aujourd’hui des perspectives inenvisageablesjusqu’alors. >>> Voir extrait d’interview sur Thinkerview deGaël Giraud : https://youtu.be/krGE56V_-CM

29

Page 32: Le Libre Echange mondialisé donne

Dans le contexte de dégradation écologique etsociale actuel, il y a donc un enjeu majeur àimposer que ce pouvoir de créationmonétaire de la BCE :

1. soit placé sous contrôle citoyen et engestion démocratique,

2. soit utilisé pour relever les défisécologiques et sociaux à l’ampleurnécessaire,

3. ne puisse plus alimenter les profits dusystème qui nous propulse vers l’abîme.

La possible mise en gestion citoyenne de lacréation monétaire, comme bien communinaliénable au service de l’intérêt général, pourraitchanger profondément les perspectives d’action,de lutte et de revendication des mouvementscitoyens, syndicaux et politiques pour les annéesqui viennent.

Dans ce sens, un document du pôle économiquede la CGT (écrit durant la première crise duCovid19) pointe cette possibilité de créationmonétaire sans endettement ni intérêt de la partde la banque centrale. >>> Voir page 11 chapitre Hélicoptère monétaire :https://alternativesecu.files.wordpress.com/2021/07/dette-publique-cgt-noteeco_n154cgt.pdf

Si un tel renversement de paradigme monétaire etfinancier devenait possible au sein de l’UnionEuropéenne, il serait particulièrement pertinentque la Sécurité Sociale et Écologique Universellesoit missionnée pour gérer cette créationmonétaire.

30

Page 33: Le Libre Echange mondialisé donne

Cette perspective de création monétaire auservice du bien commun à l’échelleeuropéenne est pour autant difficile àconcevoir comme un objectif rapidement oufacilement atteignable.

Il semble donc utile d’envisager comment la SSEUpourrait engager la mutation nécessaire, sansattendre l’attribution très hypothétique de cettemanne monétaire européenne, que seule une luttesociale et politique d’ampleur pourrait permettre.

Envisageant la possibilité de créer une monnaienationale complémentaire de l’euro, dédiée etgérée par la SSEU pour permettre sondéveloppement, il nous semble important d’étudierles différentes formes qu’une telle monnaiepourrait prendre.

Un des objectifs que nous fixons à cetteperspective serait de pouvoir attribuer à cette« monnaie Sécu dédiée » un potentiel de créationmonétaire important, sans se mettre en position derupture avec les règles de l’Union Européenne.

31

Page 34: Le Libre Echange mondialisé donne

Pour une monnaie nationale « Sécu »

Différentes formes de monnaies complémentaires de l’euro

Que ce soit pour utiliser de manière ciblée lamonnaie qui proviendrait de la BCE sous contrôleet directive démocratique, ou pour envisager laprise en main nationale du pouvoir de créationmonétaire avec une finalité écologique et socialedéterminée, il semble intéressant d’étudier lesavantages que pourraient procurer la mise enœuvre d’une « monnaie Sécu » nationale,complémentaire, dédiée à la Sécurité Sociale etÉcologique universelle.

Plusieurs formes de monnaies complémentaires del’euro peuvent être envisagées.

Les monnaies locales

La forme de monnaie complémentaire la plusrependue est celle des monnaies locales. Leprincipe, expérimenté à petite échelle par plus dequatre-vingt monnaies locales en France, estqu’une fois les euros transformés en monnaiecomplémentaire dédiée à un territoire, cettemonnaie n’est utilisable qu’entre membres, àl’intérieur du périmètre défini pour son utilisation.

32

Page 35: Le Libre Echange mondialisé donne

Cet impératif d’utilisation en circuit court peutdonner à la monnaie concernée un rôle destimulateur de la relocalisation des échanges, touten mettant en valeur l’engagement collectif à agirensemble pour l’intérêt commun du territoire.

Si le territoire concerné est riche d’un écosystèmeéconomique en capacité d’interagir pour répondreaux besoins locaux, la monnaie locale peut ainsidevenir un support d’échange grandissant,symbolisant la volonté locale d’action commune.

Cela s’observe particulièrement dans le cas del’eusko, monnaie locale basque, qui a dépassé en2018 le million d’équivalent euros circulant dansl’économie réelle du territoire. Même lescollectivités locales sont impliquées dans sonfonctionnement et dans son utilisation, permettantde payer en eusko bon nombre de services renduspar les collectivités.

Il est cependant important de préciser que cesmonnaies locales complémentaires, pour êtrelégalement validées, ne peuvent être émises qu’encontre-partie du placement en banque d’unmontant équivalent en euro. Cela signifie qu’un telsystème ne permet pas de créer de la monnaie oud’augmenter la masse monétaire circulant dansl’économie.

L’option d’une monnaie complémentaire nationale dite fiscalePrésentation vidéo par Thomas Coutrot

Pour tenter de recréer de manière compatible avecles principes qui régissent l’Union Européenne, uneforme de « circuit du Trésor » tel qu’il fût mis en

33

Page 36: Le Libre Echange mondialisé donne

place en France entre 1947 et 1967, plusieurséconomistes ont travaillé sur la possibilité decréation d’une monnaie nationale fiscalecomplémentaire de l’euro et non convertible, àl’échelle d’un pays. Article de Thomas Coutrot sur blog MédiapartA rticle de Benjamin Lemoine et Bruno Théret

Rappelons qu’en France, le « circuit du Trésor » apermis de financer la reconstruction d’après-guerre.

Pour autant, de même que toute créationmonétaire par la Banque de France pour financerles dépenses publiques, le « circuit du trésor » telqu’il fût mis en œuvre, est désormais strictementproscrit par les traités européens. vidéo Circuit du Trésor par Benjamin Lemoine

Yánis Varoufáki a prôné la mise en place d’unemonnaie complémentaire fiscale lors de la crisegrecque, pour tenter de donner à son pays despossibilités d’action face à la volonté d’impositiond’un plan d’austérité sans précédent par l’UnionEuropéenne, la BCE et le FMI. Les délais n’ontcependant pas permis sa mise en œuvre.

L’émission d’une telle monnaie de crédit fiscalcomplémentaire à l’euro a l’objectif de permettreau gouvernement concerné d’injecter de laliquidité de façon autonome, efficace et ciblée sansendettement. Ce système pourrait être utilisénotamment pour le règlement d’une part dessalaires des fonctionnaires, des prestationssociales et des achats publics… L’État seraitengager en contre-partie à accepter ce moyen depaiement à valeur euro pour le règlement des

34

Page 37: Le Libre Echange mondialisé donne

impôts. Cette garantie assurerait la confiance etl’acceptation sociale de la monnaiecomplémentaire en tant que moyen de paiementau niveau national.

Cet instrument de paiement serait maintenu àparité avec l’euro sans pour autant être convertibleni négociable sur un marché des changes.

Ce système a été pensé pour pouvoir mener despolitiques alternatives aux politiques d’austérité,en répondant aux besoins sociaux au niveaunational, sans se mettre en opposition avec lestraités européens.

Pour autant, concernant le projet dedéveloppement du système de Sécurité Sociale etÉcologique Universelle, une telle monnaie, adosséeaux recettes fiscales, ne pourrait être gérée quepar l’État.

Cela ne permettrait pas d’inscrire la SSEU dans unsystème de financement pérenne respectant lesfondamentaux d’autotomie du système sécu.

Le « crédit mutualisé » ou Barter

Il existe une autre forme de création ou d’avancemonétaire, gérée collectivement au sein d’unréseau d’acteurs économiques déterminé, qui peutfonctionner de manière complémentaire etautonome par rapport à la monnaie de cours légal.C’est le « crédit mutualisé », ou « Barter »signifiant « Troc » en anglais.

Ce système a été notamment mis en œuvre àgrande échelle par les PME Suisses en 1934, enréponse à la crise économique qui sévissait depuis1929. Les PME suisses ont alors décidé de mettre

35

Page 38: Le Libre Echange mondialisé donne

en œuvre un système leur permettant de travailleret d’échanger entre elles indépendamment dufranc suisse et du dollar. Ce système leur a permisde traverser sans grand dommage les crisessuccessives entre 1934 et 1945. Aujourd’hui,60000 PME suisses utilisent encore le nommé« WIR » en complément de leurs échanges en francsuisse. Cette monnaie particulière, appartenant àses utilisateurs sans cours légal, est aujourd’huiofficiellement intégré au système monétairesuisse.

Dans leur fonctionnement, ces systèmes de« crédit mutualisé ou Barter » sont des systèmesd’échange inter-entreprises. Ils peuvent intégrésdes individus comme en Sardaigne avec le créditmutualisé nommé « Sardex ».

Le principe de fonctionnement de ces quasi-monnaies repose sur la possibilité d’avoir descomptes négatifs pour les entreprises qui sefournissent en biens et services auprès des autresacteurs de la communauté. En contre-partie, lesfournisseurs de biens et de service voient leurscomptes crédités en positif. La somme cumuléedes débits et des crédits à l’échelle de l’ensembledu réseau reste égale à zéro. Il s’agit d’un systèmed’avances fondé sur la confiance mutuelle et lasolidarité entre les membres. Les membresdéfinissent entre eux les règles permettant degérer leur système de manière fiable.

Notons que les systèmes de crédit mutualisé oubarter, nombreux en Amérique du nord, sedéveloppent en Europe. Ils sont de fait compatiblesavec les traités européens.

36

Page 39: Le Libre Echange mondialisé donne

Rien n’empêche donc d’envisager la création d’untel système à l’échelle nationale, qui serait gérédémocratiquement au sein du système de SécuritéSociale Écologique Universelle et dédié audéveloppement du réseau économiqueconventionné.

Il nous semble que cette option pourraitrépondre aux besoins spécifiques dedéveloppement de la SSEU, en étant mise enœuvre de manière complémentaire au système definancement assuré par la collecte des cotisationssociales en euro.

Mise en œuvre d’un « Barter Sécu »

Nous proposons d’envisager comment ce systèmede Barter pourrait permettre la création de valeurd’échange à échelle macro-économique, avecl’objectif de développer de manière importante leréseau conventionné, sous gestion et supervisiond’instances dédiées au sein du système SSEU.

Notre proposition serait de constituer un « BarterSécu », à parité avec l’euro pour en faciliterl’usage, mais sans possibilité de change, utilisableuniquement entre membres du réseauconventionné.

Une instance de la SSEU, que nous nommons« caisse centrale » pour éviter de l’assimiler à unebanque alors qu’elle n’en aurait pas le statut,serait intégré à ce « Barter Sécu ». Cette Caissecentrale pourrait être secondée par des caisses

37

Page 40: Le Libre Echange mondialisé donne

territoriales. Ces caisses auraient des comptes« Barter Sécu » au même titre que les structureséconomiques du réseau conventionné, aveccependant un pouvoir de compte négatif étendu ounon limité.

Ces caisses aurait ainsi un rôle de « quasi banquecentrale » chargée de financer le développementdu réseau conventionné. Elles pourraient faire desavances importantes, en unités de change « BarterSécu », à tous les membres du réseauconventionné, en fonction de leurs besoins, pourtout ce qu’ils pourraient trouver comme biens etservices nécessaires au sein du réseau lui-même.

Rappelons que l’objectif visé est d’étendre leréseau conventionné à l’ensemble des secteurspermettant de répondre aux besoins essentiels dela population. Comme déjà énoncé, cet objectifconcernerait la garantie des droits à la santé,l’alimentation, le logement, l’énergie, l’eau, letransport, la formation, dans une perspective deréduction des impacts écologiques. Cela viseraitaussi les secteurs connexes concernant larénovation thermique des bâtiments, laconstruction de logements basse consommation,autant que le développement des infrastructuresagroécologiques, ou visant la production enénergie renouvelable et les productionsindustrielles nécessaires, moyennant le plus faibleimpact écologique possible…

Pour chaque secteur, le conventionnementétablirait un cahier des charges spécifiquesdéfinissant les critères à respecter ou vers lesquelstendre, hors logique de profit et de concurrence.

38

Page 41: Le Libre Echange mondialisé donne

Dans cette perspective d’extension forte dans demultiples secteurs, un nombre grandissant debesoins nécessaires au développement de chaquestructure du réseau conventionné pourraient êtrecouverts par d’autres membres du réseau.

Ce système permettrait de mettre en œuvre unprocessus de développement mutuel à grandeéchelle. L’objectif serait de pouvoir répondrerapidement à l’ensemble des besoins essentiels detoutes et tous, dans le respect des critèresécologiques et sociaux fixés collectivement etpouvant être de plus en plus exigeants etperformants.

« La monnaie ne se mangeant pas », la seule limiteà cette quasi création monétaire en grandequantité serait l’impératif de production de bienset de services nécessaires correspondant à lavaleur monétaire mise en circulation.

Les instances de gestion et de supervisiondémocratique de ce système auraient donc laresponsabilité d’adapter et de réguler la massemonétaire utilisée au sein du réseau conventionnéen fonction de ses capacités réelles et engarantissant que cette augmentation de laproduction réponde efficacement aux objectifs detransformation écologique et sociale pour lesquelsla SSEU serait missionnée.

Pour soutenir cette orientation déterminante, unsystème de comptabilité spécifique pourrait êtremis en place au sein du réseau conventionné, afind’intégrer les bénéfices et les déficits nonmarchands, liés aux impacts écologiques etsociaux aujourd’hui ignorés par la comptabilitéclassique des entreprises.

39

Page 42: Le Libre Echange mondialisé donne

En phase de lancement et de développement duréseau, les caisses centrales verraient leurscomptes négatifs se creuser, potentiellement parmillions, voire par milliards d’unités équivalentes àl’euro.

En retour, ces comptes négatifs seraientapprovisionnés en unités positives via la collectedes cotisations sociales versées par le réseauconventionné en unités « Barter sécu ».

Comme évoqué précédemment, parallèlement auxsubventions d’investissement déterminées enconcertation avec les structures conventionnées enfonction des besoins, les caisses centralespaieraient une part des salaires nécessaires pour laréalisation des objectifs de production fixés.

En contre partie, les cotisations sociales seraientplus élevées pour les membres du réseauconventionné en étant calculées sur la valeurajoutée réalisée. Ces cotisations sociales seraientprioritairement versées en « Barter sécu » à laSSEU via les instances de collecte ou URSSAFétendue.

Notons que des comptes en « Barter Sécu »pourraient être créés pour les personnes salariéesau sein du réseau conventionné. Une part de leursalaire pourrait alors être versé dans cette quasimonnaie, moyennant un accord sur les conditionsd’acceptation par les salarié.es de ce type derèglement.

A terme, lorsque le réseau conventionné seraitsuffisamment développé, on pourrait envisagerque certaines prestations soient attribuées par laSSEU aux individus sous forme de « Barter Sécu ».

40

Page 43: Le Libre Echange mondialisé donne

Association avec une monnaiecomplémentaire Sécu convertible en euro

Il nous semble important d’envisager l’ajout ausystème « Barter Sécu » d’un système de monnaiecomplémentaire convertible par constitution d’unfonds de garantie en euro équivalent à la quantitéd’unités de monnaie complémentaire mise encirculation.

Cette monnaie complémentaire à valeur euro,convertible moyennant des conditions àdéterminer collectivement, permettrait detransformer une part des euros collectés parl’URSSAF pour financer la SSEU, en monnaieutilisable uniquement au sein du réseauconventionné. Cela permettrait d’éviter que lessubventions versées aux structuresconventionnées soient dépensées hors réseau,alors que les structures du réseau pourraientrépondre aux besoins entre elles.

Lors du subventionnement des structuresconventionnées, il s’agirait de déterminer lesbesoins qui pourraient être couverts au sein duréseau et ceux qui ne le peuvent pas.

Notons que comme pour la monnaie locale franco-suisse « le Léman » couvrant le secteur de Genève,et fonctionnant sous forme de cryptomonnaiedécentralisée, il serait possible d’associer le créditmutualisé ou barter, non convertible en euro, avecla monnaie convertible garantie par dépôtbancaire, sur des comptes nominatifs uniques.

41

Page 44: Le Libre Echange mondialisé donne

Schémas de synthèses etperspectivesNous mettons en annexe deux schémas quipermettent de visualiser l’ensemble du systèmeproposé, dans sa partie fonctionnement et sapartie financement.

Voir ici le schéma de fonctionnement global de laSSEU : https://alternativesecu.files.wordpress.com/2021/07/schema-secu-integrale-et-creation-monetaire.pdf

Voir là le schéma représentant les circuitsenvisageables de financement et recouvrement eneuro et en monnaie complémentaire :https://alternativesecu.files.wordpress.com/2021/07/schema-financement-secu-1-1.pdf

Aussi détaillée qu’elle puisse l’être, lespropositions présentées dans ce livret nesont ni exhaustives ni définitives.

Elle constitue un outil de travail et de constructioncollective, invitant à élaborer ensemble uneperspective concrète à la hauteur des enjeuxécologiques et sociaux, qui soit capable d’engagerune mobilisation commune transpartisane.

Nous sollicitons largement l’ensemble despartenaires potentiels, en vue de travailler avectoutes les personnes et les organisations quipartagent les perspectives ainsi tracées.

42

Page 45: Le Libre Echange mondialisé donne

Face à l'imminence d'une tourmente écologique,sociale et humaine sans précédent :

Réveillons l’élan qui caractérise les temps où

tout peut et doit changer !

Nous avons besoin d’un projet de grandetransformation, inspirant et fédérateur, capablede faire rupture avec le système et les logiquesqui nous mènent au désastre...

Nous souhaitons que ce projet, à élaborer, etcompléter collectivement, constitue la base d’unprojet commun d’ampleur, pouvant fédérer lesprojets de nombre d’organisations citoyennes etsyndicales.

Au-delà, notre objectif spécifique est qu’il puissepermettre la convergence des programmespolitiques les plus proches, en vue d’aboutir à unecandidature commune potentiellement gagnantelors des élections de 2022.

Cette option nous semble la seule réaliste pourpermettre d’engager à l’échelle nationale, et dansune perspective internationale, le changement desystème indispensable pour relever les immensesdéfis sociaux et écologiques qui s’imposent àl’humanité…

Suivre sur www.alternative-secu.fr et www.changeonsdesysteme2022.fr

43