1
économie B ranle-bas de combat. Moins de 24 heures après la présen- tation en conseil des minis- tres, mercredi 13 juin, du projet de décret sur l’encadrement des rémunérations des dirigeants d’entreprise publique, l’ordre est à la mobilisation générale parmi les patrons visés. Selon nos informa- tions, plusieurs d’entre eux, com- me Henri Proglio, PDG d’EDF, ou Luc Oursel, président du directoi- re d’Areva, auraient décidé de mon- ter au créneau et d’interpeller dis- crètement le gouvernement. Objectif : faire comprendre à Matignon et à Bercy que la mesure va rendre leurs entreprises quasi- ingouvernables. « Comment vou- lez-vous qu’un patron se fasse res- pecter s’il est payé trois, quatre, voi- re cinq fois moins que ses subordon- nés », s’inquiète un lobbyiste man- daté pour l’occasion. Concrètement, le décret en pré- paration à Bercy, dont l’adoption n’est pas attendue avant fin juillet, doit fixer un plafond de rémunéra- tion équivalent à « vingt fois la moyenne des plus bas salaires des entreprises publiques », a indiqué Pierre Moscovici, ministre de l’éco- nomie. Soit environ 450 000 euros par an, part variable incluse. « Ce n’est pas sain » Dans un premier temps, seules les entreprises détenues majoritai- rement par l’Etat ou l’un de ses bras armés, comme la Caisse des dépôts et consignations (CDC), seront concernées, le gouverne- ment n’ayant pas les moyens juri- diques d’imposer ses vues dans les sociétés où il est minoritaire. « Cela représente 560 entreprises, filiales ou entités parapubliques », assure-t-on à Bercy. Les plus importantes sont connues : EDF, France Télévisions, SNCF, Areva, La Française des jeux, etc. Mais d’autres seraient égale- ment concernées, comme l’opéra- teur de transport public Veolia Transdev, dont la moitié du capi- tal est détenu par la CDC, ou La Banque postale, filiale de La Poste. Plus que l’iniquité de la mesure, sur laquelle ils savent que François Hollande peut difficilement reve- nir, les PDG frondeurs contestent ses modalités d’application. « S’il est adopté en l’état, ce décret va ins- taurer un système de rémunéra- tion à plusieurs vitesses basé non plus sur le mérite, mais sur le statut juridique du poste occupé, ce n’est pas sain », s’inquiète l’un d’eux. De fait, seuls les mandataires sociaux sont concernés par le pro- jet, alors que certains cadres de haut niveau jouissent de rémuné- rations également élevées. Chez EDF, par exemple, on estime à une centaine le nombre de salariés gagnant plus de vingt fois le salai- re minimum de l’entreprise, alors que l’électricien ne compte qu’une vingtaine de mandataires en Fran- ce et à l’étranger, chez RTE, ERDF, EDF Energies nouvelles ou EDF Energy au Royaume-Uni. Thomas Piquemal, le directeur financier d’EDF, émargerait ainsi à 1,2 million d’euros par an, pas très loin du 1,6 million de M. Proglio. De même, Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, qui gagne 1,5 million d’euros par an, a recon- nu qu’il n’était pas le salaire le plus élevé de son entreprise. « On va aboutir à ce que les pos- tes à responsabilité ne soient pas occupés par les meilleurs, c’est stu- pide », s’offusque-t-on dans l’en- tourage d’un patron. « Gagner 450 000 euros par an ne me paraît pas dissuasif si on veut avoir à la tête de nos entreprises des hommes et des femmes de qualité », a répon- du par avance M. Moscovici, en pré- sentant son décret. Remonté comme un coucou, M. Proglio envisagerait, selon plu- sieurs témoins, d’appliquer le pla- fonnement voulu par le gouverne- ment à tous les salariés d’EDF, quel que soit leur statut, pour « respec- ter un principe d’équité »et démontrer par l’absurde que le sys- tème n’est pas tenable. « S’il fait ça, les meilleurs vont faire leur valise très vite », prédit-on en interne. Contactés par les impétrants, plusieurs membres du gouverne- ment se seraient montrés sensi- bles à ces arguments. « Les plus avertis se rendent bien compte que Hollande s’est piégé tout seul avec cette mesure », assure un habitué des lambris de Matignon. Résultat : ça cogite à Bercy. Selon un avocat, une solution pourrait être de n’appliquer le pla- fond qu’aux filiales dont le chiffre d’affaires dépasse 500 millions d’euros, pour limiter le nombre de personnes concernées. « Mais tout va dépendre des résultats des légis- latives, s’inquiète notre lobbyiste. Si le PS décroche la majorité abso- lue, on pourra négocier. Si le Front de gauche et les écolos tiennent Hol- lande, ça sera plus compliqué. » Nos PDG savent pour qui voter dimanche… p Cédric Pietralunga, (avec Jean-Michel Bezat) P eut mieux faire. Nommé médiateur des relations inte- rentreprises au printemps 2010, Jean-Claude Volot dresse, deux ans après son intronisation, un bilan mitigé de la situation des sous-traitants français. « Trop de grandes entreprises s’essuient enco- re les pieds sur leurs fournisseurs comme on le fait sur un paillasson en rentrant chez soi », explique ce Zorro des PME, redouté du CAC 40 pour son franc-parler. En deux ans, 537 entreprises ou groupements d’entreprises – ce qui représente environ 1,6 million d’emplois – ont fait appel à lui pour régler un litige avec un de leurs clients. « Huit fois sur dix, nous avons trouvé une solution, explique M. Volot. Mais, pour une PME qui ose se plaindre, on estime que 700 se taisent par peur des représailles, c’est beaucoup trop. » S’il reconnaît que certains grands groupes font, depuis deux ans, des efforts pour mieux traiter leurs fournisseurs, comme Airbus ou Système U, « pour lesquels nous ne recevons plus de plaintes », M. Volot estime que trop d’entre eux traînent encore les pieds. «En ce moment, c’est Faurecia et Leclerc qui me préoccupent », révèle-t-il. Selon un classement réalisé par la médiation interentreprises, en partenariat avec le magazine Chal- lenges, et révélé jeudi 14 juin, plus d’un tiers des 120 grandes entrepri- ses interrogées n’obtiennent pas la moyenne en ce qui concerne la façon dont elles (mal) traitent leurs fournisseurs. La Poste, la SNCF et Bongrainarriventen tête de ce baro- mètre, Nexans, Vivendi et Dassault Systèmes ferment la marche. Preuve que la situation reste ten- due, les syndicats et groupements d’entreprises du numérique, soit 4 000 sociétés d’informatique, ont saisi collectivement le médiateur en avril pour dénoncer des prati- ques abusives de leurs clients. Entente sur les prix, abus de position dominante, violation de propriété intellectuelle, tout y pas- se. « Certains nous obligent même à facturer des prestations hors de France pour échapper à l’impôt », s’émeut le patron d’une petite société de services informatiques. Pour appuyer son action, la médiation interentreprises a bien édicté une charte de « dix engage- ments pour des achats responsa- bles », signée par 245 grands grou- pes, comme Lafarge, France Télé- com, Manitou, TF1 ou Pernod Ricard, « soit 500 milliards d’euros d’achats par an, ce qui n’est pas rien », se réjouit M. Volot. Mais la crise complique les cho- ses. Le non-respect des délais de paiement est ainsi devenu le pre- mier motif de plainte des PME, alors qu’il n’arrivait qu’en huitiè- me position de leurs réclamations en 2010. Méthodes peu avouables Si la loi de modernisation de l’économie (LME), votée en 2008 et appliquée en 2009, impose à tou- tes les sociétés, quelle que soit leur taille, de payer leurs fournisseurs en deux mois maximum, contre 90 jours auparavant, « un tiers des entreprises règlent encore leurs fac- tures ou sont elles-mêmes réglées au-delà de 60 jours », reconnaît l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, dans le rapport annuel 2011 de l’Ob- servatoire des délais de paiement. Fin 2010, le délai moyen de paie- ment des fournisseurs était de 69 jours pour les grandes entrepri- ses. Mais avec de fortes disparités : certaines sociétés imposent plus de 120 jours, notamment dans le BTP et les industries mécaniques. Avec des méthodes parfois peu avouables : factures prétendu- ment perdues, comptabilité injoi- gnable, délocalisation des recou- vrements à l’étranger pour contourner la LME… « C’est inaccep- table, s’insurge M. Volot. Dix jours de retard, ça représente 80 à 100 milliards d’euros immobilisés pour les PME ! » Les choses semblent néan- moins bouger. « L’exemple alle- mand, où les grands groupes chas- sent en meute avec leurs PME, com- mence à faire école », se réjouit Pierre Gattaz, patron de Radiall, un poids moyen des connecteurs électriques. « Les grandes entreprises fran- çaises ont pris conscience que faire grandir autour d’elles des fournis- seurs était indispensable pour réus- sir », confirme Emmanuel Leprin- ce, directeur général de Pacte PME, association créée en 2010 pour améliorer les relations entre don- neurs d’ordres et fournisseurs. Les intéressés ne demandent qu’à le croire. p C. Pi. Maurice Lévy, président du direc- toire de Publicis, a annoncé, jeu- di 14 juin, qu’il quittait la prési- dence de l’Association française des entreprises privées (AFEP). M. Lévy estime qu’il ne peut plus représenter les grandes entrepri- ses après la polémique que son bonus différé de 16 millions d’eu- ros a générée. Le patron de Publi- cis avait annoncé renoncer à son salaire fixe et appelé ses confrè- res à payer plus d’impôts. Pour « éviter que ma décision puisse apparaître comme la reconnais- sance d’une faute », le conseil a refusé cette démission par deux fois, note M. Lévy. Citant un cour- riel adressé le 28 mars aux admi- nistrateurs de l’AFEP, dans lequel il avouait « comprendre » que le montant de 16 millions « choque », il assure : « De faute, il n’y en a pas. » Plafonnement des revenus : les PDG se rebiffent Certains patrons du public avancent que le projet de M. Hollande rendra leur entreprise ingouvernable Maurice Lévy démissionne de la présidence de l’AFEP Les grands groupes traitent encore trop souvent les PME comme des « paillassons» Le premier motif de plainte des sous-traitants est le non-respect des délais de paiement 12 0123 Samedi 16 juin 2012

Le Monde 16 Juin 2012

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le Monde 16 Juin 2012

économie

B ranle-bas de combat. Moinsde24heuresaprès laprésen-tation en conseil des minis-

tres,mercredi 13 juin, du projet dedécret sur l’encadrement desrémunérations des dirigeantsd’entreprisepublique, l’ordreest àlamobilisationgénéraleparmi lespatrons visés. Selon nos informa-tions, plusieurs d’entre eux, com-me Henri Proglio, PDG d’EDF, ouLuc Oursel, président du directoi-red’Areva,auraientdécidédemon-ter au créneau et d’interpeller dis-crètement le gouvernement.

Objectif : faire comprendre àMatignonetàBercyque lamesureva rendre leurs entreprises quasi-ingouvernables. «Comment vou-lez-vous qu’un patron se fasse res-pecters’il estpayétrois,quatre,voi-recinqfoismoinsquesessubordon-nés», s’inquièteun lobbyisteman-datépour l’occasion.

Concrètement, le décret en pré-paration à Bercy, dont l’adoptionn’est pas attendue avant fin juillet,doit fixerunplafondderémunéra-

tion équivalent à «vingt fois lamoyenne des plus bas salaires desentreprises publiques», a indiquéPierreMoscovici,ministrede l’éco-nomie. Soit environ450000eurosparan,part variable incluse.

«Cen’est pas sain»Dans un premier temps, seules

lesentreprisesdétenuesmajoritai-rement par l’Etat ou l’un de sesbras armés, comme la Caisse desdépôts et consignations (CDC),seront concernées, le gouverne-ment n’ayant pas lesmoyens juri-diquesd’imposersesvuesdans lessociétés où il est minoritaire.«Cela représente 560entreprises,filiales ou entités parapubliques»,assure-t-onàBercy.

Les plus importantes sontconnues: EDF, France Télévisions,SNCF,Areva,LaFrançaisedes jeux,etc. Mais d’autres seraient égale-ment concernées, comme l’opéra-teur de transport public VeoliaTransdev, dont la moitié du capi-tal est détenu par la CDC, ou La

Banquepostale, filiale deLaPoste.Plusque l’iniquitéde lamesure,

surlaquelleilssaventqueFrançoisHollande peut difficilement reve-nir, les PDG frondeurs contestentses modalités d’application. «S’ilestadoptéen l’état,cedécretva ins-taurer un système de rémunéra-tion à plusieurs vitesses basé nonplussur lemérite,maissur le statutjuridique du poste occupé, ce n’estpas sain», s’inquiète l’und’eux.

De fait, seuls les mandataires

sociaux sont concernéspar le pro-jet, alors que certains cadres dehaut niveau jouissent de rémuné-rations également élevées. ChezEDF, par exemple, onestimeàunecentaine le nombre de salariésgagnant plus de vingt fois le salai-reminimumde l’entreprise, alorsquel’électriciennecomptequ’unevingtainedemandatairesenFran-ce et à l’étranger, chez RTE, ERDF,EDF Energies nouvelles ou EDFEnergyauRoyaume-Uni.

Thomas Piquemal, le directeurfinancierd’EDF, émargerait ainsi à1,2million d’euros par an, pas trèsloin du 1,6million de M.Proglio.De même, Stéphane Richard, lePDGdeFranceTélécom,qui gagne1,5million d’euros par an, a recon-nuqu’iln’étaitpas lesalaire leplusélevéde son entreprise.

«On va aboutir à ce que les pos-tes à responsabilité ne soient pasoccupés par lesmeilleurs, c’est stu-pide», s’offusque-t-on dans l’en-tourage d’un patron. «Gagner450000euros par annemeparaîtpas dissuasif si on veut avoir à latêtedenosentreprisesdeshommesetdesfemmesdequalité», a répon-duparavanceM.Moscovici,enpré-sentant son décret.

Remonté comme un coucou,M.Proglio envisagerait, selon plu-sieurs témoins, d’appliquer le pla-fonnementvouluparlegouverne-mentàtous lessalariésd’EDF,quelque soit leur statut, pour «respec-ter un principe d’équité »… etdémontrerparl’absurdequelesys-

tèmen’estpas tenable.«S’il fait ça,les meilleurs vont faire leur valisetrès vite»,prédit-on en interne.

Contactés par les impétrants,plusieurs membres du gouverne-ment se seraient montrés sensi-bles à ces arguments. «Les plusavertis se rendentbien comptequeHollande s’est piégé tout seul aveccette mesure», assure un habituédes lambris deMatignon.

Résultat : ça cogite à Bercy.Selon un avocat, une solutionpourraitêtreden’appliquer lepla-fondqu’aux filiales dont le chiffred’affaires dépasse 500millionsd’euros,pour limiter lenombredepersonnes concernées. «Mais toutvadépendredes résultats des légis-latives, s’inquiète notre lobbyiste.Si le PS décroche la majorité abso-lue, on pourra négocier. Si le Frontdegaucheet lesécolostiennentHol-lande, ça sera plus compliqué. »Nos PDG savent pour qui voterdimanche…p

Cédric Pietralunga,(avec Jean-MichelBezat)

P eut mieux faire. Nommémédiateurdesrelationsinte-rentreprises au printemps

2010, Jean-Claude Volot dresse,deux ans après son intronisation,un bilanmitigé de la situation dessous-traitants français. «Trop degrandesentreprisess’essuientenco-re les pieds sur leurs fournisseurscommeon le fait sur un paillassonen rentrant chez soi», explique ceZorrodes PME, redouté duCAC40pour son franc-parler.

En deux ans, 537 entreprises ougroupements d’entreprises – cequi représente environ 1,6milliond’emplois – ont fait appel à luipour régler un litige avec un deleurs clients. «Huit fois sur dix,nous avons trouvé une solution,explique M.Volot.Mais, pour unePME qui ose se plaindre, on estimeque 700 se taisent par peur desreprésailles, c’est beaucoup trop.»

S’il reconnaît que certainsgrands groupes font, depuis deuxans, des efforts pourmieux traiterleurs fournisseurs, commeAirbusouSystèmeU,«pour lesquelsnousne recevons plus de plaintes »,M.Volot estime que trop d’entreeux traînent encore les pieds. «Encemoment,c’estFaureciaetLeclercquimepréoccupent», révèle-t-il.

Selon un classement réalisé parla médiation interentreprises, enpartenariat avec lemagazineChal-lenges, et révélé jeudi 14 juin, plusd’untiersdes 120grandesentrepri-ses interrogéesn’obtiennentpas lamoyenne en ce qui concerne lafaçondontelles (mal) traitent leursfournisseurs. La Poste, la SNCF etBongrainarrivententêtedecebaro-mètre,Nexans,VivendietDassaultSystèmes ferment lamarche.

Preuvequelasituationresteten-due, les syndicats et groupementsd’entreprises du numérique, soit4000 sociétés d’informatique, ontsaisi collectivement le médiateuren avril pour dénoncer des prati-quesabusivesde leurs clients.

Entente sur les prix, abus deposition dominante, violation depropriétéintellectuelle,toutypas-se. «Certains nous obligent mêmeà facturer des prestations hors deFrance pour échapper à l’impôt»,s’émeut le patron d’une petitesociétéde services informatiques.

Pour appuyer son action, lamédiation interentreprises a bienédicté une charte de «dix engage-ments pour des achats responsa-

bles», signée par 245 grands grou-pes, comme Lafarge, France Télé-com, Manitou, TF1 ou PernodRicard, «soit 500milliards d’eurosd’achats par an, ce qui n’est pasrien», se réjouitM.Volot.

Mais la crise complique les cho-ses. Le non-respect des délais depaiement est ainsi devenu le pre-mier motif de plainte des PME,alors qu’il n’arrivait qu’en huitiè-mepositionde leurs réclamationsen2010.

Méthodes peu avouablesSi la loi de modernisation de

l’économie(LME),votéeen2008etappliquée en 2009, impose à tou-tes les sociétés, quelleque soit leurtaille, de payer leurs fournisseursen deux mois maximum, contre90 jours auparavant, «un tiers desentreprisesrèglentencoreleursfac-tures ou sont elles-mêmes régléesau-delà de 60 jours», reconnaîtl’économiste Jean-Hervé Lorenzi,danslerapportannuel2011del’Ob-servatoiredesdélais de paiement.

Fin2010, ledélaimoyendepaie-ment des fournisseurs était de69jours pour les grandesentrepri-ses.Mais avec de fortes disparités:certaines sociétés imposent plusde 120 jours, notamment dans leBTP et les industries mécaniques.Avec des méthodes parfois peuavouables : factures prétendu-ment perdues, comptabilité injoi-gnable, délocalisation des recou-vrements à l’étranger pourcontournerlaLME…«C’estinaccep-table, s’insurge M.Volot. Dix joursde retard, ça représente 80 à100milliards d’euros immobiliséspour les PME!»

Les choses semblent néan-moins bouger. «L’exemple alle-mand, où les grands groupes chas-sentenmeuteavec leursPME,com-mence à faire école», se réjouitPierre Gattaz, patron de Radiall,un poids moyen des connecteursélectriques.

«Les grandes entreprises fran-çaises ont pris conscience que fairegrandir autour d’elles des fournis-seursétait indispensablepourréus-sir», confirme Emmanuel Leprin-ce,directeurgénéraldePactePME,association créée en 2010 pouraméliorer les relations entre don-neursd’ordreset fournisseurs.Lesintéressés ne demandent qu’à lecroire.p

C.Pi.

Maurice Lévy, président dudirec-toire dePublicis, a annoncé, jeu-di 14 juin, qu’il quittait la prési-dence de l’Association françaisedes entreprises privées (AFEP).M. Lévy estime qu’il ne peut plusreprésenter les grandes entrepri-ses après la polémique que sonbonus différé de 16millions d’eu-ros agénérée. Le patrondePubli-cis avait annoncé renoncer à sonsalaire fixe et appelé ses confrè-

res à payer plus d’impôts. Pour«éviter que ma décision puisseapparaître comme la reconnais-sance d’une faute», le conseil arefusé cette démission par deuxfois, noteM. Lévy. Citant un cour-riel adressé le 28mars aux admi-nistrateurs de l’AFEP, danslequel il avouait«comprendre»que lemontant de 16millions«choque», il assure : «De faute,il n’y en a pas.»

Plafonnementdesrevenus:lesPDGserebiffentCertainspatronsdupublicavancentque leprojetdeM.Hollanderendraleurentreprise ingouvernable

Maurice Lévy démissionnede la présidence de l’AFEP

LesgrandsgroupestraitentencoretropsouventlesPMEcommedes«paillassons»Lepremiermotifdeplaintedessous-traitantsest lenon-respectdesdélaisdepaiement

12 0123Samedi 16 juin 2012