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Le musée arricain à la recherche de son avenir Luis Monreal Introduction Si la principale tâche du musée est de servir la société contemporaine et son développement, les musées africains sont sur la bonne voie. Le Séminaire régional de l’Unesco pour l’adaptation des musées au monde moderne (Bangui, République centrafricaine, avril I 976) a offert l’occasion de discuter les principes du développement des musées africains. Beaucoup de ces principes sont applicables à une échelle mondiale. Asrmant, par exemple, que le musée doit exister par et pour la population - être une aventure collective - les participants critiquèrent âprement la situation actuelle. I1 fut rappelé que la profession muséale avait pour tâche de fournir un moyen d‘expression à la culture populaire, et non de perpétuer un c monopole culturel D. Le musée doit s’humaniser. I1 doit se servir des objets et spécimens qu’il détient pour communiquer avec le public. S’il se contente de les conserver tels quels pour la recherche ou en tant que reliques du passé sans rapports avec le présent, il ne sera qu’un dépôt de biens culturels et naturels. Communiquer suppose percevoir et participer. Les Africains, grâce aux racines qu’ils conservent dans la tradition et grâce à leur sens aigu du présent, sont dans la situation privilégiée ils peuvent faire les deux. Essentiellement rurales, les sociétés africaines contemporaines vivent en symbiose avec leur environnement naturel, et le musée pourra accomplir son rôle d‘éducation en matière d‘environnement s’il montre le lien qui existe entre ses collections et la vie quotidienne de chacun. Le Séminaire régional de Bangui fut une expérience enrichissante. Le rejet du musée traditionnel, de conception coloniale - étranger à la réalité africaine d‘aujourd‘hui - a ouvert la voie à de nouvelles formes de musée qui répondent aux besoins du développement socio-culturel africain. Comment le musée peut-il contribuer à ce développement ? En suscitant parmi son public la prise de conscience des problèmes qui le concerne et en suggérant des solutions. Les muséologues africains considèrent que le rôle primordial du musée est triple: participation de la communauté à la sauvegarde et à l’utilisation du patrimoine national ; promotion de l’identité culturelle, base d’une compréhen- sion mutuelle entre les groupes ethniques et les cultures; amélioration du mode de vie présent et futur, grâce aux lesons resues du passé. Tel est l’effort colossal entrepris actuellement. Pour les muséologues afri- cains, il n’est pas question de (( moderniser )) le musée mais plutôt de <( repenser )) le musée, ce qu’il est, et ce pour quoi il doit être. Plusieurs articles du présent numéro exposent ces nouvelles conceptions. Le fait que leurs auteurs appartiennent tant à des pays anglophones que logues africains, en dépit de la division linguistique, artificielle, du continent. . , Z francophones montre bien qu’un sentiment commun lie et anime les muséo- Femme ses enfants, Abéché, village du Tchad. du chanvre, aidée de z

Le musée africain à la recherche de son avenir: Introduction

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Le musée arricain à la recherche de son avenir

Luis Monreal Introduction

Si la principale tâche du musée est de servir la société contemporaine et son développement, les musées africains sont sur la bonne voie.

Le Séminaire régional de l’Unesco pour l’adaptation des musées au monde moderne (Bangui, République centrafricaine, avril I 976) a offert l’occasion de discuter les principes du développement des musées africains. Beaucoup de ces principes sont applicables à une échelle mondiale. Asrmant, par exemple, que le musée doit exister par et pour la population - être une aventure collective - les participants critiquèrent âprement la situation actuelle. I1 fut rappelé que la profession muséale avait pour tâche de fournir un moyen d‘expression à la culture populaire, et non de perpétuer un c monopole culturel D.

Le musée doit s’humaniser. I1 doit se servir des objets et spécimens qu’il détient pour communiquer avec le public. S’il se contente de les conserver tels quels pour la recherche ou en tant que reliques du passé sans rapports avec le présent, il ne sera qu’un dépôt de biens culturels et naturels.

Communiquer suppose percevoir et participer. Les Africains, grâce aux racines qu’ils conservent dans la tradition et grâce à leur sens aigu du présent, sont dans la situation privilégiée où ils peuvent faire les deux. Essentiellement rurales, les sociétés africaines contemporaines vivent en symbiose avec leur environnement naturel, et le musée pourra accomplir son rôle d‘éducation en matière d‘environnement s’il montre le lien qui existe entre ses collections et la vie quotidienne de chacun.

Le Séminaire régional de Bangui fut une expérience enrichissante. Le rejet du musée traditionnel, de conception coloniale - étranger à la réalité africaine d‘aujourd‘hui - a ouvert la voie à de nouvelles formes de musée qui répondent aux besoins du développement socio-culturel africain. Comment le musée peut-il contribuer à ce développement ? En suscitant parmi son public la prise de conscience des problèmes qui le concerne et en suggérant des solutions.

Les muséologues africains considèrent que le rôle primordial du musée est triple: participation de la communauté à la sauvegarde et à l’utilisation du patrimoine national ; promotion de l’identité culturelle, base d’une compréhen- sion mutuelle entre les groupes ethniques et les cultures; amélioration du mode de vie présent et futur, grâce aux lesons resues du passé.

Tel est l’effort colossal entrepris actuellement. Pour les muséologues afri- cains, il n’est pas question de (( moderniser )) le musée mais plutôt de <( repenser )) le musée, ce qu’il est, et ce pour quoi il doit être.

Plusieurs articles du présent numéro exposent ces nouvelles conceptions. Le fait que leurs auteurs appartiennent tant à des pays anglophones que

logues africains, en dépit de la division linguistique, artificielle, du continent.

.

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Z francophones montre bien qu’un sentiment commun lie et anime les muséo- Femme ses enfants, Abéché, village du Tchad.

du chanvre, aidée de z