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travail de fin d'étude.
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1
Université Pierre Mendès France Grenoble
MASTER ECONOMIE INTERNATIONALE ET GLOBALISATION
Spécialité Stratégies Economiques du Sport et du Tourisme
MEMOIRE D’ETUDE
Présenté par :
Marie-Odile Coudert Antonelli
Sous la direction de Année universitaire 2011–2012
Pierre Chaix
TOURISME SPORTIF ET DESTINATIONS :
QUELS ENJEUX POUR QUELS MARCHÉS ?
2
À Esther & Gary, pour leur « esprit d’équipe » et leur soutien
indéfectible,
À Jorge de Herédia, pour sa compréhension,
À Morgane, pour son temps précieux,
À d’autres encore, mes amis, pour leurs fidèles encouragements.
3
Compétiteurs du 100m (>75 ans), lors des derniers World Masters Games (Sydney 2009)
“Sport tourism is a social, economic and cultural phenomenon… arising from the unique interaction of activity, people and place.” (Weed & Bull 2004)
Les World Masters sont des Jeux Olympiques réservés aux vétérans (Femmes + 35/Homme +40).
L’édition de Sydney a attiré un nombre record de 28,676 compétiteurs.
Procha
4
AVANT-PROPOS
Lorsque que je cherchais l’objet de mon étude, il m’a semblé intéressant de pouvoir travailler sur
un sujet qui m’apporterait tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, autrement dit,
en accord avec mon goût pour l’étranger, le sport et les rencontres.
Mon choix s’est porté sur la problématique suivante : Tourisme sportif et destinations : quels
enjeux pour quels marchés ?
Plusieurs raisons ont motivé ce choix : le fait de vivre à l’étranger, de partager la vie et les activités
d’un professionnel de golf (PGA) en poste sur un « golf resort », ce qui nous confronte chaque jour
aux fluctuations et tendances de l’univers des touristes golfeurs ; le fait, anecdotique sans doute,
d’avoir découvert le Portugal et la ville de Lisbonne à l’occasion de deux séjours « sportifs », une
rencontre « coup de cœur » qui, au final, s’est soldée par un déménagement et une installation
définitive. 1
Enfin, depuis plusieurs semaines, je baignais dans l’atmosphère de mon stage de fin d’étude : une
agence portugaise spécialisée dans l’organisation de séjours sportifs (pour équipes amateurs et
professionnelles) implantée à Cascais, sur la côte lisboète. Avec le directeur, nous avions eu
maintes fois l’occasion de discuter des marchés « potentiels » de l’agence, d’élaborer des
stratégies de communication et de marketing pour gagner en visibilité sur ces marché, pour
réussir à « attirer » de nouveaux clients et se démarquer d’une concurrence déjà reconnue dans
un contexte économique extrêmement difficile.
… « Attraction »… «destination touristique »… « sport »… « voyage »… ont été les maîtres-mots
qui ont guidé les étapes de cette première réflexion, aboutissant logiquement a la notion de
« tourisme sportif ».
La seconde étape fut de circonscrire le champ d’étude : Or, au cours d’une première phase de
documentation sur internet, il me sembla que celui-ci au lieu de se resserrer, allait en
s’élargissant. Il ne s’agissait pas « d’un » secteur d’industrie que j’avais choisi d’aborder, mais de
deux systèmes aux caractéristiques, à l’histoire et aux logiques économiques différentes bien que
de synergies complémentaires.
De multiples angles d’approches étaient possibles : du point de vue de l’offre, de la demande, du
management des destinations, de l’évènementiel… dans un contexte général de globalisation et
de mobilité !
1 pour un stage de taekwondo et pour courir le semi-marathon de la ville accompagnée d’un groupe
d’amis
5
Compte-tenu de l’ampleur de la tâche, il a fallu réorienter plus modestement notre ambition. Il
s’agira donc de brosser, dans ses grandes lignes, un « panorama » de l’évolution du tourisme
sportif, de la physionomie de ses principaux marchés et des perspectives pour les destinations
sans que pour autant, n’en soit borné le champ géographique.
Bien évidemment, ce panorama ne peut prétendre à rentrer dans le détail des multiples
problématiques soulevées en cours de chemin, ni prétendre à l’exhaustivité en termes de données
quantitatives par exemple. Cependant, au terme de l’étude, notre ambition sera d’avoir réussi à
apporter un éclairage pertinent sur les questions suivantes :
De quoi parle t’on lorsqu’on parle de tourisme sportif ?
Comment se définit-il et quelles en sont les principales caractéristiques ?
Qui sont les consommateurs de tourisme sportif ?
Quel est le potentiel du sport pour générer des flux touristiques vers les
destinations ?
Quel marché de niches offre les meilleures opportunités en fonction des
destinations ?
Quels sont les limites et les enjeux du tourisme sportif ?
6
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………………………………………….…3
CHAPITRE I: L’EMERGENCE DU TOURISME SPORTIF, NOTIONS DE
CADRAGE
1. Le tourisme et le sport : deux concepts distincts ……………………………..…….…..8
1.1. Le tourisme …………………………………………………………………...8
1.2. Le sport ………………………………………………………………….….10
2. Sport & tourisme : une évolution parallèle ………………………………….…….…..13
2.1. Des origines communes …………………………………………….……….13
2.2. L’amplification du phénomène ………………………………………..…….15
2.3. Le culte de l’activité permanente …………………………………………....17
3. Le concept de « tourisme sportif » ……………………………………………..…….18
3.1. Premières apparitions ……………………………………………….……….18
3.2. Complexité du concept ……………………………………………….……...20
3.3. Caractérisation du tourisme sportif ………………………………….……...23
3.4. L’état des définitions actuelles ………………………………………………25
3.5. Les typologies émergentes du tourisme sportif ...………………………….....31
4 . Destinations du tourisme sportif ……………………………………………………...34
4.1. Qu’est ce qu’une destination ? ……………………………………………....34
4.2. Approche géographique des destinations ……………………………...……35
4.3. Existe t’il une hiérarchie des destinations ? …………………………………37
CHAPITRE II : LES MARCHES DU TOURISME SPORTIF
1. Le tourisme sportif d’action …………………………………………………………..39
1.1. Caractéristiques ……………………………………………………………...39
1.2. Le tourisme golfique et le tourisme de sports d’hiver ...…………..................45
1.3. Le tourisme de nature et d’aventure ………………………………………....56
1.4. L’offre en tourisme sportif actif ……………………………………………..61
2. Le tourisme sportif de spectacle ……………………………………………………….63
2.1. Catégorisation des différentes formes d’événements …………………...…...64
2.2. Les flux du tourisme de spectacle sportif ……………………………...…….65
2.3. Impact du phénomène ………………………………………………...……..68
3. Autres formes de tourisme sportif ………………………………………………...…....70
3.1. Le tourisme de culture ………………………………………………………..70
3.2. Des micros niches de tourisme sportif ………………………………………..72
7
CHAPITRE III : OPPORTUNITES, ENJEUX ET DEFIS DU TOURISME SPORTIF
POUR LES DESTINATIONS
1. Intérêt du tourisme sportif pour les destinations ……………………………………….75
1.1. Tourisme sportif et développement des territoires ….………………………..75
1.2. Le méga événement sportif : la poule aux œufs d’or du tourisme sportif ?. …80
1.3. L’intérêt des événements de moindre échelle ………………………………...85
2. Stratégies de développements des territoires ………………………………………......89
2.1. Une offre adaptée dans le respect des ressources locales ……………..….…..89
2.2. Des produits pensés dans une perspective de développement durable ...……..91
2.3. Rendre les territoires plus attractifs ……………………………………..........93
3. Les destinations, le tourisme sportif et le « branding »………………………….……..94
3.1. La naissance d’une marque de destination …………………………..……….94
3.2. Branding et labellisation ……………………………………………..…….....97
3.3. De nouvelles formes de branding en marche : des clubs sportifs « partenaires »
des destinations ///…………………………………………………………………98
4. Défis pour le futur ……………………………………………………………………..100
4. 1. Enjeux environnementaux et limites du tourisme sportif ………..……..…100
4.2. Tourisme sportif, destinations et développement durable ………..……….....104
CONCLUSION …………………………………………………………………..…..…109
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………..…….111
TABLE DES ANNEXES …………………………………………………………...…..115
8
INTRODUCTION
Paris, Boston, New York, Sydney… Ces noms évoquent de grandes capitales
mondiales, mais pour l’amateur de course à pied, il s’agit avant tout des destinations des
plus célèbres marathons de la planète !
Aujourd’hui, un nombre toujours plus impressionnant de personnes (entre 200 000
et 1 000 000 de participants) se déplace pour prendre part à ces grands rassemblements
joyeux et colorés, que cela soit pour le « fun », les rencontres sportives ou l’exploit
personnel.
Dans le monde entier les événements sportifs se multiplient : compétitions
internationales, raids d’aventure, courses cyclotouristes, courses pédestres… entrainant
dans leur sillage des flux locaux, nationaux et internationaux de simples amateurs comme
de spectateurs-fans passionnés. De même, le loisir sportif est devenu dorénavant une
affaire mondiale : partir en stage de boxe thaïlandaise dans un camp spécialisé de Phuket,
perfectionner son swing en Espagne ou accompagner ses enfants en stage de surf au
Portugal : le « hobby » n’est plus seulement une activité qui se pratique autour du seul lieu
de résidence.
Qu’ont en commun tous ces voyages ?
Ils sont tous motivés par un déplacement pour regarder ou participer à une activité
sportive. Ils font tous partie de ce qu’on désigne aujourd’hui sous le terme générique de
« tourisme sportif ».
Cette niche du tourisme, au même titre que le tourisme urbain, l’éco- tourisme ou le
tourisme culturel, correspond à l’émergence de nouvelle (et complexes) tendances du
marché : le besoin de « donner du sens » à son voyage, la recherche de tout un panel
d’activités qui va enrichir le séjour et permettre de vivre une « expérience ». Elle
correspond, aussi, au développement ces cinquante dernières années, d’une société des
loisirs de plus en plus « sportivisée », soucieuse de sa santé, de sa détente et de son plaisir.
Ces développements ont créé une articulation dynamique nouvelle entre sport et
tourisme : une articulation qui s’inscrit elle-même dans une société de consommation et
qui repose sur l’expansion phénoménale des ces deux secteurs économiques:
9
En tourisme, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le nombre des arrivées
internationales à l’échelle mondiale a été multipliés par 10 et est passées de 69,3 millions
en 1960 à près de 700 millions en 2000 pour atteindre 982 millions en 2011.2
Avec un taux de croissance annuel autour des 7% les 50 dernières années (bien que
subissant un coup de frein depuis 2008,) le secteur bat tous les autres secteurs de
l’économie. Selon le World Travel and Tourism Concil (WTTC) il représente 10% du PIB
mondial, 11,9% des exportations et 8,4% de l’emploi mondial. Au sein de l’union
européenne il contribue à 4% du PIB (entre 2 et 12% selon les états membres) mais sa
contribution indirecte est estimée à plus de 10%.
Pour de nombreux pays, il représente des revenus appréciables. Il contribue pour
une part importante à la richesse nationale de nombreux états, notamment dans les pays
alpins, méditerranéens et dans les pays en voie de développement où la faiblesse de
certains secteurs accroît son impact économique.
Les flux du tourisme mondial :
2 « Baromètre du tourisme mondial », OMT, mai 2012.
Grands flux mondiaux, OMT 2003
(2003).
10
L’Europe est actuellement le premier marché générateur de touristes, émettant 55%
des touristes internationaux, suivi de l’Asie-Pacifique (20%) et des Amériques (16%).
L’Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et l’Afrique enregistrent les meilleurs taux de
croissance annuelle moyens. Le nombre de voyages entre les différentes régions a tendance
à croître plus rapidement que les voyages intra-régionaux. Les marchés d’origines du
tourisme international demeurent très concentrés dans les pays industrialisés. Toutefois, en
raison de l’augmentation du revenu disponible, beaucoup d’économies émergentes
connaissent une croissance accélérée depuis quelques années.
Depuis 2000, les trois premiers rangs sont occupés par l’Allemagne, les États-Unis
et le Royaume-Uni, alors que la France, l’Italie et le Japon les suivent de près. La Chine,
avec une croissance fulgurante, se range parmi les premiers alors que la population
commence seulement à voyager.
Les Chinois voyagent encore
beaucoup à l’intérieur de leur
propre pays, mais la proportion
domestique-international est
passée de 71 pour un en 2000 à
38 pour un en 2009.
Le Japon est le seul pays
du classement ci-contre à avoir
connu une baisse de ses dépenses
touristiques internationales.
Durement touché par les aléas
économiques, catastrophes
naturelles et prix du pétrole. La
population est moins confiante et voyage moins qu’auparavant.
La Russie, l’Arabie Saoudite, la Belgique, l’Australie, Singapour, la Norvège et le
Brésil ont plus que doublé leurs dépenses durant cette période. 3
3 Données collectées par Réseau Veille tourisme Canada.
11
L’importance du sport dans le monde
Quant au sport, son importance sociale, politique et économique au plan national,
européen et mondial n'est elle, plus aussi à démontrer. Le secteur, représente d’une manière
globale environ 2% du PIB des pays les plus riches de la planète. La consommation
mondiale d’articles de sport a atteint 182 milliards d’euros pour la seule année 2006 (NPD
Market Research group). En Amérique du nord, selon une étude du Convention Bureau’s
North American, le sport compte pour 25% et 34% respectivement des recettes du
tourisme et de l’événementiel. En France, les dépenses liées au secteur ont atteint les 31,7
milliard d’euros en 2006. 4
La pratique du sport à titre professionnel est devenue un phénomène mondial. Des
sportifs et sportives de toutes disciplines deviennent des héros dans le monde entier et
servent de modèles à une jeunesse enthousiaste et fascinée.
Un certain nombre de rapports et d’études indique qu’une part toujours croissante
des populations des pays industrialisés pratique activement le sport et les activités de
loisirs.
.Les semaines se succèdent au rythme d’événements sportifs et leur compte-rendu
dans la presse écrite, les médias sociaux, à la radio ou à la télévision, sur des chaînes qui
leurs sont désormais entièrement consacrées, suscite un énorme intérêt au sein des
populations.
Qu’attendre de cette rencontre entre deux géants : le plus grand « phénomène social
du siècle » et la plus grande « industrie mondiale » ?
Le tourisme et le sport apparaissent comme des éléments indissociables et
constitueraient même « les éléments essentiels d’une nouvelle civilisation mondiale. » 5
Le poids des deux marchés est aujourd’hui significatif d’un rôle social et
économique fondamental. Par conséquent, il semble possible et logique d’avancer que le
croisement des deux secteurs est amené à occuper une place primordiale dans le
développement socio-économique.
Bien que l’influence du tourisme sportif soit souvent mal comprise ou sous-estimée
4Bouchet P. et Bouhaouala M. (2009). Tourisme sportif : un essai de définition socio-économique, Teoros,
28, 2, 3-9.
5 Rapport de base Conférence Mondiale sur le Sport et Tourisme, Barcelone, 2001.
12
(par manque de statistiques fiables et de données précises) le secteur est ressenti par de
plus en plus de destinations, de territoires et d’états comme un vecteur fondamental des
politiques de développement.
Ce mémoire tente ainsi de répondre à la problématique suivante : Quelles sont les
tendances du marché mondial du tourisme sportif ? Quel est son incidence sur les
destinations touristiques ? Quelles sont les stratégies de développements à privilégier en
fonction des contextes de territoires ?
Après avoir cerné les notions de tourisme sportif et de destination (Chapitre I) nous
aborderons les caractéristiques principales du marché du tourisme sportif à travers ses
grandes segmentations (Chapitre II) pour interroger, au final, les perspectives qu’offre le
tourisme sportif aux destinations, les conditions de son développement et les limites
auxquelles il peut, à terme, être confronté (Chapitre III).
13
CHAPITRE I
L’EMERGENCE DU TOURISME SPORTIF
NOTIONS DE CADRAGE
Promenade en kayac sur la Brisbane River , Queensland, Australie.
14
1. Le tourisme et le sport : deux concepts distincts
Avant de définir la notion de tourisme sportif, il est important de circonscrire les
deux notions qui la composent : le sport et le tourisme. Ce sont deux concepts bien
distincts aux caractéristiques et aux valeurs de dépendances et d’interdépendances
essentielles que l’on retrouve dans nombre de sociétés du monde.
1.1. Le tourisme
Le tourisme est un secteur très hétérogène. Il recouvre des activités diverses et de
fait, réunit des entreprises de natures différentes, de tailles différentes. Ces entreprises sont,
de plus, logiquement éparpillées dans d’autres secteurs.
En tant que phénomène humain, le tourisme est riche, complexe et polyvalent et
considéré comme secteur de première importance dans l'économie mondiale.
Etymologiquement, ce mot est emprunté à l’anglais tourist, dérivé de tour (qui lui
est issu du français) : un voyage circuit que s’imposaient les jeunes aristocrates anglais
pour enrichir leur culture et découvrir l’empire. La première référence au tourisme dans le
dictionnaire universel du XIXème
siècle publié en 1976 évoque ce touriste « qui se déplace
par curiosité et désœuvrement. » (Weimer et Hall 1992) 6
Définition par les statistiques internationales : Selon l’Organisation Mondiale du
Tourisme le terme désigne :
« l’ensemble des activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et
de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une
période consécutive qui ne dépasse pas une année à des fins de loisirs, pour affaires et
autres motifs non liés à une activité rémunérée dans le lieu visité. » 7
(OMT, 1995)
Au sein de cette définition l’on distingue plusieurs types de tourisme : le tourisme
intérieur, qui regroupe le tourisme interne (les résidents visitant leurs pays), le tourisme
6 Cité par Claude Sobry, 2004, in LeTourisme sportif (collectif), le tourisme sportif de quoi parle t-on ? , p.17.
7 Précisions : séjours entrepris par plaisir et distraction, pour le sport ou pour affaires, dans le but de rendre
visite à des amis ou à des parents, pour participer à une mission ou à une conférence, pour des raisons de
santé, ou encore pour des motifs liés aux études ou à la religion.
15
récepteur (les non-résidents visitant un autre pays que le leur), le tourisme national qui
regroupe le tourisme interne et le tourisme émetteur (les résidents d’un pays visitant
d’autres pays) et le tourisme international qui comprend le tourisme récepteur et le
tourisme émetteur.8
Toujours selon L’OMT, est considérée comme touriste toute personne qui « sort de
son environnement habituel pour une durée d’au moins une nuitée, et d’un an au plus, pour
des motifs non liés à une activité rémunérée dans le lieu visité.»
Sera comptée comme « arrivée de touriste international » dans un pays donné, toute
visite d’une personne « ne résidant pas dans ce pays et venant y passer au moins une
nuitée.»
Pour certains, le tourisme sous-entend une motivation, des démarches préparatoires
et des attentes. Pour d’autres, le tourisme est interprété comme « la science, l’art et le
commerce de l’accueil et du transport de visiteurs, en veillant à les loger et à satisfaire,
avec bonne grâce, à leurs attentes et à leurs désirs.» (Feifer, 1985)9.
Le tourisme se caractérise par :
Son ampleur : avec des flux physiques et monétaires planétaires dont peu de
pays, selon les estimations de l’OMT, demeurent à l’écart du phénomène,
comme émetteurs ou récepteurs.
Sa progression rapide : avec une expansion constante, bien que victime de
ralentissement ou de coups de frein surtout en période de crise.
Sa capacité d'innovation et de création : en favorisant l’apparition de
nouvelles formules de transports (ex : les vols charters), en créant des villes
nouvelles ex nihilo, sur des littoraux ou en haute montagne...
Son évolution qualitative : il s’enrichit sans cesse d’aspects et de
motivations nouvelles et voit se succéder de nouvelles générations au
premier rang des modes touristiques. : thermalisme, climatisme d'hiver,
8Anonyme, Etude1, Caractériser le tourisme responsable facteur de développement durable, p.8.
9Cité par Joseph Kurtzman in Sport, Nature, Culture! Revue Olympique Sport & Tourisme, Vol XXVII, n
o
38, Avril/Mai 2001, p. 20-27.
16
montagne d'été, bains de mer et brunissage, sport d'hiver, nautisme,
exotisme, tourisme « vert »…
Economistes, sociologues, anthropologues, géographes, professionnels, nombreux
sont les chercheurs et les spécialistes qui se sont essayés à donner une définition du
tourisme. On retiendra, parmi les nombreux buts que l’on peut attribuer au tourisme, qu’il
constitue le moyen par lequel les individus peuvent apprendre à se connaître et à « se
comprendre les uns les autres. » (Theobold, 1984) 10
Ces qualités correspondent exactement à celles que le Baron de Coubertin attribuait
au sport, les rencontres devant contribuer à une meilleure organisation entre les nations du
monde, en promouvant la communication, le fair-play et l'entente entre les peuples.
1.2. Le sport
Etymologiquement, le sport tire sa définition d’origine d’un terme d’ancien français
« desport » lequel signifie « l’amusement, la distraction ». Il franchira la Manche sous
cette forme pour s’intégrer dans la langue anglaise en devenant « disport » puis « sport ».
Le grand dictionnaire Larousse du XIXème siècle définit d’ailleurs encore le sport
comme :
« Un ensemble d’amusements, d’exercices et de simples plaisirs qui absorbent une
portion assez notable du temps des hommes riches et oisifs. » 11
À la fin du XIXème
siècle, le sport commence pourtant à désigner des pratiques plus
codifiées, plus institutionnalisées (les clubs locaux, les fédérations nationales et
internationales) et qui donnent généralement lieu à des compétitions. Bien que les contours
en demeurent encore flous, c’est à ce moment que les premiers historiens du sport, Pierre
de Coubertin ou Jean-Jacques Jusserand, postulent en faveur d’une filiation historique
entre pratiques anciennes et modernes et appliquent le terme de sport aux jeux de
l’Antiquité ou du Moyen Âge.
10
Ibid.
11Thierry Terret, 2010, Histoire du sport, P.U.F. « Que sais-je ? », (2
e éd.), p. 3-10.
17
Cette acception du terme trouve des défenseurs encore récemment (Durand, 1999 ;
Merdrignac, 2002). Elle repose sur des pratiques dont les formes gestuelles et la
réglementation pourraient suggérer une continuité avec les pratiques contemporaines (Jeu,
1972).12
Dans la période de l’entre-deux-guerres, qu’il soit encensé ou vertement critiqué, la
définition du sport s’organise autour de la « recherche de la performance ».
L’histoire retiendra la définition de Pierre de Coubertin (1922) parmi la littérature
de toute une vie, volumineuse et évolutive :
« Le culte volontaire et habituel de l’effort musculaire intensif, appuyé sur le désir
de progrès et pouvant aller jusqu’au risque.» 13
… quand Georges Hébert (1925) y regroupe « tout genre d’exercice ou d’activité
physique ayant pour but la réalisation d’une performance et dont l’exécution repose
essentiellement sur l’idée de lutte contre un élément défini : une distance, une durée, un
obstacle, une difficulté matérielle, un danger animal, un adversaire, et par extension, soi-
même ». 14
Avec le développement de réflexions psychologiques (Bouet, 1968), sociologiques
(Magnane, 1966) et philosophiques (Jeu, 1977) au cours des années soixante, une sorte
d’unanimité semble se dessiner autour de deux critères essentiels : la compétition et la
règle.
Dans le célèbre ouvrage Sociologie du sport (1964), G. Magnagne définit le sport
comme « Une activité de loisir dont la dominante est l’effort physique, participant à la fois
du jeu et du travail, pratiquée de façon compétitive, comportant des règlements et des
institutions spécifiques, et susceptible de se transformer en activité professionnelle ».15
Pour P. Parlebas : « Le sport est avant tout une situation motrice (…) ; cette tâche
motrice est assujettie à des règles définissant une compétition (…) ; enfin, et c’est là que
12
Cité par T. Terret (2010). Ibid. En effet, Grecs et Romains ont développé des activités corporelles telles que
la lutte, la boxe, le pancrace, la course à pied ou le lancer de disque… et les stades romains de l’antiquité ont
influencé l’architecture des équipements du XXème
siècle.
13P. de Coubertin, Pédagogie sportive, 1922.
14Georges Hébert, Le sport contre l’éducation physique, 1925.
15T. Terret (2010). Op. Cit. p. 10.
18
gît une grande part de son identité sociologique, le sport est un fait institutionnel (…). Le
sport représente donc la motricité ludique et compétitive approuvée par l’institution ».16
Il apparait que dans les différentes acceptions sociologiques du sport, la pratique de
loisirs n’a pas sa place et le degré d’organisation que commande la comparaison
compétitive est telle que le sport ne peut être regardé que comme un véritable système
« institutionnalisé ».
Avec le développement de nouvelles pratiques sportives dans les années 70 et du
concept du ludique 17
, le modèle classique du sport « pur » s’est déplacé vers celui d’un
sport dit de « loisir », brouillant les pistes d’une définition globale, à tel point d’ailleurs
que finalement, l’on peut prêter à chaque individu sa propre définition !
Ainsi pour certain, le sport peut être une simple promenade en forêt du dimanche
après-midi (associé à une pratique de loisir) ou un jogging matinal quotidien dans un
objectif de remise en forme… En réalité « le sport, c’est ce que font les gens quand ils
pensent qu’ils font du sport ».18
Le sport est donc un concept polysémique recouvert par une multiplicité de
définitions selon l’angle d’approche, les pratiques et les raisons que les individus lui
accordent. Le sport est un univers loin d’être délimité et il est important de garder à l’esprit
que cet univers est en constante expansion.
Pour ces raisons, nous retiendrons le cadre de ce panorama et avant d’aborder la
suite de ce travail, la définition du sport donnée par la Charte Européenne du Sport
(1992) qui a l’avantage de prendre en compte l’ensemble des pratiques sportives, formelles
ou informelles, de compétitions ou de loisirs:
16
P. Parlebas, 1986, Eléments de sociologie du sport, Paris, PUF, p. 26.
17Le jogging par exemple, qui donnera naissance aux courses hors stades puis toutes les pratiques
californiennes qualifiées ensuite de sports de glisse. (Claude Sobry, Op. cit., p. 1)
18 P. Irlinger, C. Louveau et M. Métoudi, 1987, Les pratiques sportives des français, Paris, INSEP, 2 tomes, p.
15.
19
« Toutes formes d’activité physique qui, à travers une participation organisée ou
non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique,
le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats en compétitions de tous
niveaux. »
2. Sport & tourisme : Une évolution parallèle
2.1. Des origines communes
Les premiers phénomènes associant sport et tourisme se retrouvent dès l’antiquité
avec la célébration des Jeux Olympiques qui, apparu en l’an 776 avant JC, se répéteront
tous les 4 ans pendant plus d’un millénaire. Les historiens savent que les athlètes
représentants les cités étaient accompagnés de supporters qui venaient les encourager
pendant la durée des jeux. La taille des édifices sportifs, qui, à Olympie, pouvaient
accueillir plus de 40 000 personnes, supposent que l’origine du public qui en fréquentait
les gradins s’étendait bien au-delà des limites géographique de la ville-hôte.
Le récit de l'écrivain grec Pausanias (an II apr. JC) considéré comme le premier
« guide » touristique, introduit dans son « guide d’Olympie », des détails sur les espaces de
pratiques sportives et les lieux d’hospitalités fréquentés par les spectateurs des Jeux. Des
faits semblables sont rapportés par des historiens du sport anglo-saxon (Backer 1982,
Finley and Plecket, 1976) ; Van Daleb and Barnett, 1971).
Au cours du Moyen Age, J. J. Jusserand rapporte quelques faits attestant des formes
d’associations entre des déplacements et des jeux traditionnels mais il faudra attendre le
XIXème
siècle et le début du XXème
pour voir s’établir de tels phénomènes.
Avec l’apparition du « Grand Tour of Europe » au XVIIIème
, d’autres formes de
pratiques sportives, celles de l’aristocratie et des jeunes et riches bourgeois britanniques,
vont s’apparenter au phénomène. Elles seront à l’origine de la découverte de la montagne
et des pratiques de sports d’hiver : C’est au cours de l’un de ces « Grand Tours », passage
20
initiatique obligé des aspirants gentlemen, que deux jeunes gens, Windham et Pococke,
s’ennuyant ferme à Genève, décident d’aller explorer les « glaces qui descendent toute
l’année à Chamonix ». Au retour de leur expédition sur le glacier, leur récit circonstancié
rédigé en Français suscitera bientôt la curiosité (et les vocations) d’autres explorateurs.
(Sobry, 2004).
En 1787, à l'époque où les scientifiques commencent à gravir les montagnes pour
des raisons purement d'étude, un autre gentleman anglais, Sir Beaufroy, va conquérir le
mont Blanc à la suite de Benedict de Saussure, pour la simple et bonne raison « qu’il était
là ».
En parallèle, les besoins de grand air et d’exercices poussent les plus riches à
fréquenter la campagne et la mer. C'est ainsi qu'à partir de la deuxième moitié du XIXème
siècle /début XXème
, les rentiers vont participer au développement du sport et du tourisme :
ils partent en excursion en montagne ou échappent aux frimas de l’hiver dans le Midi de la
France. Aux aristocrates anglais, français, se joignent bientôt les américains, puis les
russes…
Fin du XIXème
, les médecins anglais conseillent la montagne en été à leurs riches
clients : pour « le bon air, les eaux, le sport, les visites, les excursions ». Ce nouveau
tourisme impulse la création de stations en montagne (Chamonix, Saint Moritz) qui, pour
rentabiliser leurs installations vont développer les séjours de « sports » d’hiver… Les
initiateurs sont anglais et les sports pratiqués sont variés. 19
D’un point de vue historique, il convient de constater que l’inscription sociale d’un
rapprochement entre sport et tourisme est ancienne et perdure dans le temps. Ce qui
repousse l’idée d’un « effet de mode » et atteste d’un degré de relation élevé entre les deux
univers.
Il faut pourtant attendre la conjoncture favorable des années cinquante, qui en
autorisant l’amplification du phénomène, va consacrer le rapprochement entre les sphères
du sport et du tourisme.
19
Pour exemple, Arnold Lunn. Créateur du Davos British Ski Club, inventeur de la compétition de ski de
descente et rédacteur de manuels d’initiation au ski. Il sera ennobli par la Reine Victoria pour « services
exceptionnels rendu au ski Britannique ». (Sobry 2004).
21
2.2. L’amplification du phénomène
Après la Première Guerre Mondiale, les rentiers sont ruinés, l’instabilité
économique des années 30, la seconde guerre mondiale ont bouleversé les priorités et
repoussé la Culture, le Sport et le Tourisme au dernier rang des préoccupations des
salariés. En France, La loi de 1936 leur ont permis d’obtenir une semaine de congés
payés mais il s’agissait surtout d’aligner le pays sur les autres pays industrialisés.
L’émergence d’une société des loisirs va se faire autour de la fin des Trente
Glorieuses, avec une période économiquement et socialement faste. Une nouvelle classe
moyenne apparaît, mieux qualifiée et mieux payée, tandis que s’allège la durée du temps
de travail et que s’impose les congés payés. 20
Deux conditions - l'argent et le temps libre - sont réunies pour qu’émergent des
phénomènes sociaux comme le sport et le tourisme : La « sportivisation » de la société peut
commencer. Les vacances et ces loisirs deviennent accessibles au plus grand nombre qui
rejoue dans sa version standardisée, uniformisée, la partition oisive des riches aristocrates
du passé. 21
En parallèle l’aménagement des territoires, la volonté gouvernementale, le
développement des transports (trains, infrastructures routières et autoroutières) favorisent
le développement du tourisme. 22
Des figures légendaires du sport dont on découvre les exploits au travers du petit
écran fascinent les foules, marquent les esprits, entrent aussi en résonnance avec les
aspirations de la société et jouent un rôle moteur dans le développement des pratiques
sportives: la voile, le ski, le tennis…, 23
favorisant le décollage de toute une industrie tels
les équipementiers du sport par exemple. ( Sobry, 2004).
20
En France, la durée hebdomadaire de travail des salariés à temps complet baisse de 0,5% par an de 1959 à
1978, puis de 1% par an de 1979 à 1982. (C. Sobry, 2004, p. 21) ; En 1995 est votée la loi des 35 heures.
21C'est l'ère du tourisme indifférencié pour tous : le prototype en sont les vacances d'été, le tourisme balnéaire
des fameux "4S " - sand, sea, sun & sex.
22Le fameux «Plan neige », IV plan du gouvernement français, 1962.
23E. Tabarly, J. C. Killy, J. Borg, E. Nastase…
22
A partir des années 70, un glissement du rapport au travail s’opère : l’idéal de
« méritocratie » porté par les années de reconstruction d’après-guerre est sérieusement
entamé par le premier choc pétrolier (1973) et les incertitudes sociales. Singulièrement, les
motivations glissent vers une recherche du bien-être personnel et de l’hédonisme. Le
travail ne constitue plus une « fin en soi ». C’est à cette époque que fleurissent les salles de
sport et que se développe un tourisme ludo-sportif, dont le club Med ou les Villages
Vacances en France, sont l’illustration
Depuis, cette convergence de phénomènes individuels et sociétales n’a fait que
s’amplifier. « Profiter de la vie, de son temps libre, faire du sport, s’occuper de son corps,
de son bien-être» sont devenus les crédos dominants qui semblent aider à faire face aux
incertitudes de nos sociétés : chômage, crise de l’état providence, guerres, violence
urbaines. 24
La morosité ambiante et la pollution des grandes agglomérations poussent les
habitants à revenir à la nature pour y vivre des expériences fortes, voire extrêmes.
Les vacances représentent alors ce moment privilégier d’évasion, mais aussi de
régénération, permettant de se redécouvrir, de vivre de nouvelles expériences, de se
remettre en forme et de s’octroyer un retour « aux sources ».
Sport et tourisme interfèrent de ce fait, dans un contexte social qui transforme le
rapport des individus au travail et au loisir.
24
Le sport n’est pas un opium du peuple (Brohm, 1993 : 21), mais permet à travers des activités diverses de
donner un sens à sa vie quand celle-ci n’en a parfois plus (Le Breton, 2001). Cité par C. Sobry (2004).
23
2.3. Le culte de l’activité permanente
Mais ces transformations sociétales ne s’arrêtent pas là. Car aujourd’hui,
l’allongement du cycle de vie et la multiplication des « seniors actifs » boulimiques de
culture et de loisirs sportifs; le souci des questions de santé; l’augmentation des courts
séjours, des longs weekends à dominante active en réponse à la crise, sont caractéristiques
d’un phénomène de nos sociétés contemporaines. Il faut faire de son temps de congé un
temps fort et « plein ». Comme s’il s’agissait d’entretenir une « activité permanente »
symbole de dynamisme, de bonne hygiène de vie. La notion de « bien être » est toujours là
mais elle trouve cette fois une caisse de résonance dans le phénomène de santé publique.
En témoigne de ce symptôme de l’époque : on ne dit plus « faire du sport » mais «
bouger » 25. Le sport est aussi un signe de persévérance reconnue et souvent favorisé par
les recruteurs des entreprises ou piliers des nouvelles techniques de management et de
motivation (les teams buildings sportifs, les équipements de gym dans les entreprises.)
A travers ces transformations c’est aussi toute une société qui devient ludo-sportive
entrainant l’individu à maximiser la moindre parcelle de temps libre.
Figure 1 : Illustration du phénomène d'évolution parallèle du sport et du tourisme.
25
In Audencia, Ineum consulting, TNS sport, Le temps libre des Français dédié au sport.
Source : Carvalho (2008)
24
Le sport s’impose en corollaire du temps des vacances qui occupe désormais une
place importante de la vie. La nature de la demande touristique, auparavant liée à une
certaine oisiveté se transforme en une attente d’une offre de service marchande plus
conséquente.
Le tourisme se tourne, naturellement, vers les sports économiquement porteurs de
valeurs ajoutées. Les managers du tourisme semblent miser sur ce phénomène pour
développer, dynamiser revitaliser un secteur en recherche constante d’opportunité de
marché.
C’est de cette étroite imbrication historique et socio-culturelle du sport et du
tourisme que va naître le concept de tourisme sportif.
« Le tourisme sportif est né d’une part de l’extension du sport aux activités de
loisirs sportifs et d’autre part, de la nécessité du tourisme de développer des produits
complémentaires aux services de base du tourisme. » (Pigeassou, 2004).
3. Le concept de « tourisme sportif »
3.1. Premières apparitions
L’expression « tourisme sportif » apparaît au cours des années 1980, en Europe et
aux États-Unis pour caractériser un ensemble de pratiques qui relèvent à la fois du
tourisme et du sport dans une acceptation large. L’expression s’est imposée peu à peu sans
pour autant avoir été définie et critiquée jusque dans les années 1990. 26
Traduisant un phénomène récent, l’expression ne peut se prévaloir d’une tradition
comme on peut l’observer dans celui du champ des pratiques sportives. C’est en étudiant
l’apparition des travaux et d’événements centrés sur la recherche associant sport et
tourisme que l’on peut définir les étapes de sa naissance :
26
Charles Pigeassou, article Tourisme sportif : cadre d'analyse et contexte. L'exemple de la France.
Publication de l'Université de Montpellier, 2002.
25
La première véritable réflexion autour du sport et tourisme démarre en 1971 dans le
cadre des activités (séminaire, congrès) de l’International Council for Sport Science and
Physical Education (ICSSPE) d’Helsinki.
Elle sera suivie par la première manifestation scientifique menée sur le tourisme
sportif, tenue en Israël en 1986 et organisée conjointement par l’ICSSPE et l’International
Council for Health, Physical Education and Recreation (ICHPER).
La première conférence mondiale sur le tourisme sportif a été organisée
conjointement par l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et le Comité International
Olympique (CIO) à Barcelone les 22 et 23 février 2001. Elle réunissait plus de 800
participants accrédités, issus de 101 pays. Il s’agissait d’étudier les relations entre sport et
tourisme « afin de mieux faire comprendre leurs relations mutuelles et de développer les
avantages dont bénéficient les régions touristiques ; de la relation entre le sport et le
tourisme dans l’économie, et du marché qu’ils constituent. » 27
S’il existe depuis une vingtaine d’année nombre de revues anglos-saxonnes
publiées sur le sujet 28
, c’est en octobre 1993 que la première revue thématique est lancée
par le Sports Tourism International Council : The Journal of Sport and Tourism.
Au sein de la littérature spécialisée, essentiellement anglophone, c’est dans les
années 80 que les premiers articles traitant des rapports spécifiques entre sport et tourisme
apparaissent. 29
C’est en 1987 que le chercheur Belge De Knop, utilise le premier
l’expression « tourisme sportif », intitulant son article « Some thoughts on the influence of
sport tourism» 30
puis on la retrouve en 1995, dans le premier ouvrage, en allemand,
consacré au sujet. 31
27
Katia Mascagni Stivachtis, in Conférence Mondiale sur le Sport et le Tourisme, Revue Olympique, volume
XXVII no 38. Avril Mai 2001.
28Au sujet de ces revues, P. Boucher (2009) fait la critique suivante dans Tourisme sportif, un essai de
définition socio-économique: « il s’agit le plus souvent d’études commanditées par des agences spécialisées
ou des organisations (relevant de la puissance publique) qui publient des statistiques sur le tourisme en
fonction de leur spécificité ou pour nourrir leurs propres projets. » Teoros, 28, 2, 3-9.
29 Glyptis S.A, 1982, Sport and tourism in Western Europe, London : British Travel Educational Trust. Cité
par C. Pigeassou (2002).
30 in Proceedings of the international seminar and worshop on outdoor education recreation and sport
tourism, Wingate Institute for Physical Education and Sport , Netanya, Israël, 38-45.
31 A. Drayer & A. Krüger (Eds), 1995, Sporttourismus, Management and Marketing, Handbuch, München,
Oldenbourg.
26
3.2. Complexité du concept
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme qui classe les voyageurs en fonction
des caractéristiques de leur déplacement (changement de pays, durée de séjour) et des
motifs de la visite, le tourisme sportif est répertorié, ou plutôt noyé, dans la catégorie «
loisirs, détente, vacances .» (OCDE, 1991). Ce secteur d’activité, relativement vague et
aux limites extensibles, semble tenir du fourre-tout : il inclut les clients en séjour de remise
en forme, les aventuriers en quête d’expédition lointaine, les spectateurs de rencontres, de
manifestations et de compétitions ainsi que les acteurs de ces mêmes évènements sportifs...
Si le tourisme est généralement perçu comme « une réponse à un besoin de
déplacement, d’hébergement, de restauration et de services au client » (O.M.T., 1998), le
tourisme sportif est imprégné de signification culturelle. Il emprunte au sport certain de ses
aspects essentiellement liés à la motricité sportive ou ludique en y intégrant la dimension
du voyage. En ce sens il est plus proche du secteur d’activité touristique que des formes
traditionnelles de pratique sportives.
Dans cet esprit, le tourisme sportif structure peu à peu son univers et son originalité.
Nous avons vu qu’il fait depuis les dernières décennies, l’objet de travaux qui s’efforcent
de mieux en connaître les phénomènes et tentent d’en baliser les frontières à travers sa
définition.
Pourtant la formulation du concept s’avère une question complexe et toujours en
cours d’identification pour la communauté scientifique. En effet, sa définition ne peut se
satisfaire d’une juxtaposition (ou addition) de la définition du sport et de celle du tourisme,
ce qui finalement renseignerait peu sur sa véritable nature.
Selon Pigeassou, le tourisme sportif constitue :
« Un ensemble de production originales qui rendent compte de décalage avec les
pratiques habituelles du tourisme et du sport mais également un métissage des activités
sportives et touristiques. »
27
Parce-qu’il est fondé à la fois sur l’évolution du sport classique vers les loisirs
sportifs et sur la massification et la diversification du tourisme, Carvalho, chercheur
portugais, évoque aussi ce point de « métissage » qui trouverait son origine dans le
parallélisme fondamentale de l’évolution du sport et tourisme au cours de la période de
révolution industrielle.32
Figure 2 : Point de superposition du tourisme et du sport
TOURISME
SPORTIF
A la notion de métissage, les chercheurs Weed and Bull (2004) préfèrent celle
« d’interaction » ce qui sous-entend une « synergie » entre sport et tourisme, en même
temps qu’elle rejette l’idée de « dépendance » entre les deux univers comme facteur
définissant.
“Sports tourism is a social, economic and cultural phenomenon…arising from the
unique interaction of activity, people and place.” 33
32
Ces quatre facteurs essentiels de la révolution industrielle sont la concentration des populations dans les
zones urbaines, l’augmentation du temps de loisir, l’augmentation du pouvoir d’achat et le développement
des moyens de transports. Carvalho, Pedro G. and Lourenço, Rui (2008) in Turismo de Prática Desportiva:
um Segmento do Mercado de Turismo Desportivo.
33Cité par M. Weed, 2010, in Sport & Tourism, a Reader, Routledge, p.16..Collectif, éd. Par M. Weed.
SPORT
TOURISME
TOURISME
SPORTIF
Source : adaptée de Carvalho (2008)
28
De ce point de vue, il requiert une définition qui ne découle pas simplement de celle
du sport et du tourisme, mais de l’observation d’un ensemble des phénomènes qui le
caractérisent et qui expriment cette synergie particulière.
Le tourisme sportif s’impose de fait en objet d’étude d’un intérêt croissant suscité
par l’impact économique qui lui est associé et l’attractivité qu’il génère en raison des
valeurs et des représentations qu’il véhicule : environnement, écologie, liberté, souci du
bien être… (Boucher et Bouhaouala, 2009).
Kurtzman et Zauhar (2003) assurent que, si le sport, l’un des phénomènes sociaux
majeurs du monde moderne joint au tourisme, continue son expansion en tant qu’industrie
économique, le « point de contact entre sport et tourisme va augmenter drastiquement ». 34
Cependant, l’état des recherches trahit la difficulté et la complexité du phénomène
qui se heurte notamment à une conception du sport qui n’est pas la même selon le pays (le
sport anglo-saxon/le sport européen), à un secteur qui n’est pas uniformément identifié
dans tous les pays du monde et dont la dynamique crée nombre de débats au niveau du
développement du territoire et de la gestion des ressources par exemple.
En réalité, selon l’expression de C. Pigeassou, « s’intéresser au tourisme sportif,
c’est s’intéresser à un secteur économique majeur et à un tiers secteur scientifique
interdisciplinaire au savoir balkanisé et atomisé ». 35
34
Cité par Carvalho (2008), p. 4. Kurtzman & Zauhar (2003). A Wave in Time – The Sport Tourism
Phenomena. Journal of Sport Tourism 8(1): 35-47.
35En effet, depuis une vingtaine d’années, la littérature anglo-saxonne multiplie le nombre d’ouvrages et de
revues spécialisés sur les loisirs et le tourisme sportif, notamment chez des éditeurs comme Routledge ou
Elsevier. Mais en Europe, plus rares sont les ouvrages liés à la consommation ou à la commercialisation du
tourisme sportif (pour la France : Chazaud, 2004 ; Sobry, 2004 ;Bouhaouala 2008, et les travaux précurseurs
de Charles Pigeassou.).
29
Question de terminologie
Si Charles Pigeassou propose un inventaire des différentes terminologies utilisées
par les chercheurs en langues anglaise, française et allemande, dans la phase initiale de
recherche, la plupart des travaux depuis la fin des années 90 ont adopté la formulation
sport tourism et tourisme sportif » pour désigner un ensemble de faits « caractéristiques de
relations qui s’établissent entre des phénomènes se rapportant au sport et des éléments se
rapportant au tourisme. » (Pigeassou, 2002)
Plus rarement, on retrouve dans sa version anglaise le terme « sport » au pluriel
(sports tourism), d’usage perçu comme erroné par la communauté scientifique.
[Cf annexe I : « Approches terminologiques du tourisme sportif »
3.3. Caractérisation du Tourisme sportif
Les premiers travaux peuvent être rassemblés en fonction de leur focalisation sur
des catégories d’observation :
Figure 3 : Catégories d’observations du tourisme sportif
Focus Travaux
Le fait de participer à de grands
événements sportifs (jeux olympiques,
Championnat du monde) en associant des
prestations touristiques à des services
sportifs même si le consommateur est
passif
Hall, 1992 ;
Chalip, Green et Vander,1998 ;
Delpy, 1996 ; Gibson, 1998
La participation à des pratiques sportives
ou à des loisirs sportifs sur un lieu de
vacances
De Knop, 1987, 1990 ; Gibson et Yiannackis,
1992, 1994 ;
Nogawa, Yamguchi et Hagi, 1996).
Visite de lieux culturels en rapport avec le
sport : musées, monuments, installations
sportives, attractions...
Redmont, 1990, 1991 ;
Gibson, Attle et Yiannakis, 1998
Source : basée sur C. Pigeassou (2002) & C. Boucher (2009)
30
Dans ces catégories d’observations, il existe un élément commun : l’association ou
la combinaison du terme « sport », ou du moins d’éléments du sport, avec des services
touristiques.
Ces premières réflexions sur le tourisme sportif ont mené à des propositions de
définition plus ou moins catégorielles pour le définir. Ces travaux montrent que le tourisme
sportif est en phase d’émancipation, qui, selon l’expression de Pigeassou ont eu le mérite
« d’ouvrir le chantier ». Ils ont en point commun le fait de fonder leur approche sur la
répétition d’observations de pratiques et d’observer ces faits en fonction des usages, des
produits ou de l’expérience. Ils témoignent de l’évolution des travaux qui œuvrent à
rapprocher sport et tourisme depuis une vingtaine d’années.
Figure 4 : Contributions scientifiques à la définition du tourisme sportif
Définition à partir de l’observation des usages
De Knop (1987) Une personne qui, en vacances, pratique
une activité sportive
Redmond
(1990, 1991)
3 types d’usages:
spectateur d’évènements sportifs
participation active dans l’activité sportive
visiteurs d’éléments de la culture sportive
(musée, monument,
installation, célébration de la mémoire du
sport).
De Knop
(1990)
3 types de participation sportive pendant
les vacances:
- une activité sportive ou ludo-sportive
(the pure sport holiday)
- participer à des activités sportives ou
ludosportives en utilisant des
possibilités offertes (installations,
services) sur le lieu de vacances.
- participer occasionnellement à des
activités sportives ou
ludosportives non-organisées sur le lieu de
vacances.
Hall (1992b)
2 types d’usage:
- déplacement pour regarder
- déplacement pour participer dans un
cadre sportif ou dans un cadre
ludosportif
Nogawa et
al. (1996)
3 types d’usage:
- voyager pour prendre part à un
évènement sportif
- voyage pour assister à un spectacle
sportif
- voyager pour participer à des activités
sportives auto-organisées
31
3.4. L’état des définitions actuelles
De nombreux éléments de questionnement entrent en ligne de compte : les
réflexions et les débats au cœur des problématiques du tourisme et du sport sont
naturellement transposés au champ du tourisme sportif. Les discussions s’opèrent sur la
nature du voyage par exemple (professionnel ou ludique), sur les motifs (le sport but du
voyage ou non), sur le sens même de la notion d’activité sportive : les nord-américains
ayant une approche terminologique différente du « sport » ou du sens de « récréation ».
Définition à partir de l’observation des productions
caractéristiques du tourisme sportif
Kurtzman &
Zauher
(1997)
5 catégories de produits principaux:
- le tourisme sportif ciblé sur l’utilisation
des attractions sportives (musées sportifs,
congrès, conférences sportives,
exhibitions et
démonstrations sportives, parcs sportifs
(aquatiques en particulier),
zones de rafting, golfs, pistes et
aménagements pour le ski, stades,
patinoires…
- les séjours de tourisme sportif dans des
centres, des stations ou des
camps de loisir ou d’entraînement sportif.
- les croisières à objectif sportif dont
l’objet est un sport, la
rencontre de sportifs, les visites de lieux
sportifs…
- les voyages de tourisme sportif pour
l’exercice de la pratique
d’une activité sportive: golf, tennis,
randonnée, safari, trekking…
- le tourisme sportif à l’occasion d’un
évènement régional, national
ou international (rencontre internationale,
Jeux Olympiques…).
Définition à partir du type d’expérience
Standeven
(1998)
Le tourisme sportif comme expérience
culturelle à deux dimensions:
l’activité physique
le lieu de réalisation
Source : Pigeassou (2002)
32
Tourism -
Relevant to sport
Holiday
Passive Sport
Casual Observe
Connoisseur
Events
Sport Museum/
Attractions
Active Sport
Holiday sport
activities
Organised
Independent
Sport activity
Holidays
Multiple sport activity holidays
Single sport activity holiday
Non-holiday/ business
Passive sport
Active sport
Enfin il semble que les européens mettent davantage l’accent sur la participation
active dans le tourisme quand les chercheurs américains sont plus enclins à considérer le
tourisme sportif sous l’angle du « spectacle » et du spectateur » avec une culture sportive
plus pragmatique, fondée sur l’intérêt économique du sport.
Il est difficile de regrouper toutes les tentatives de définitions les plus actuelles.
Nous tenterons d’en dresser ici un inventaire non exhaustif mais aussi pertinent que
possible.
Une première définition en provenance d’Outre-Atlantique valorise
« L’association des usages du sport à un déplacement» (Standeven & De Knop,
1999)
Les chercheurs ont établit une première distinction basée sur l’objectif du séjour,
(séjour de vacances ou non), avant d’établir une seconde catégorisation entre touristes
sportifs « actifs » et touristes sportifs « passifs».
Les touristes passifs sont regroupés en fonction de leur degré d’implication dans le sport
(casual, observers, connoisseurs). Les touristes sportifs actifs peuvent s’engager des
vacances sportives où le sport est la motivation essentielle du voyage ou dans des vacances
actives ou le sport surgit comme un élément « accidentel ».
Figure 5 : Relations entre tourisme et sport
Source : Adapté de Standeven and De Knop (1999)
33
Une autre approche populaire est celle des chercheur Weed and Bull (2004). La
catégorisation en seulement deux aspects de la participation (active ou passive) leur
semblant incomplète, ils distinguent cinq catégories 36 :
1. Entraînements sportifs
2. Evénements sportifs
3. Evénement sportif de luxe (en taille et en notoriété)
4. Tourisme de participation
5. Tourisme incluant un élément relatif au sport.
Reeve (2000) cité in Hinch and Higham 2004) 37 se base quant à lui sur le degré
d’intérêt du touriste et sa relation au sport : de la pratique « accidentelle, intermittente,
occasionnelle, régulière, assidue, et totale » (traduction personnelle). Il distingue ensuite
cinq comportements qui affinent la connaissance et la catégorisation du touriste sportif : la
prise de décision, la participation, le voyage en groupe ou non, l’influence du sport sur le
style de vie et les habitudes de dépenses.
Cette théorie offre une perspective intéressante centrée sur le consommateur du
tourisme sportif, même si elle est critiquable car fondée sur des hypothèses, plus que sur
des recherches étayés - notamment sur le point concernant les habitudes de dépenses, qui
seront estimées en fonction des CSP des voyageurs.
La définition « française » est celle donnée par C. Pigeassou. Elle porte
spécifiquement sur « l’identification des opérateurs de l’objet du tourisme sportif »
(Pigeassou 2002).
Il base son approche au carrefour de deux critères :
la destination où le séjour se déroule en dehors du lieu d’habitation et de la
vie quotidienne
les activités qui sont les raisons et l’origine du déplacement.
Elles ne correspondent pas uniquement à la participation et à la production motrice
mais également à une activité culturelle en lien avec l’objet sportif (manifestations,
évènements, visites…), elles incluent également l’action qu’opèrent les bénévoles dans le
domaine sportif.
36Weed, M.E. & Bull, C.J. (2004) Sports Tourism: Participants, Policy and Providers. Oxford: Elsevier.
37T. Hinch & J. Higham, 2004, Sport tourism development, Channel view publication.
34
Pigeassou explique que le tourisme sportif n’a d’existence réelle, soit de pertinence,
uniquement si l’expérience culturelle du sport impose un lien de subordination au projet
touristique. Dans le cas contraire, elle se confondrait avec une simple activité touristique.
L’un des écueils pour parvenir à circonscrire le domaine du tourisme sportif tient
au fait que pendant des années, ont été avancées une multitude de définitions du « sport »,
entraînant une complication et une expansion de ce domaine de recherche. Comment alors
définir le champ du tourisme sportif, quand celui du sport ne semble pas être achevé ?
C. Pigeassou estime que la naissance du tourisme sportif en tant que domaine
d’investigation du tourisme sportif exige la conception d’une matrice qui permettrait d’en
saisir le phénomène dans toutes ses dimensions. Les éléments de cette matrice seraient :
Une expérience du tourisme donnée par une destination
(un déplacement, une durée)
Un lien de subordination à des pratiques socialement identifiées
Une expérience culturelle du sport.
L’intégration de l’objet sportif y serait « à la base du projet touristique et non d’un
simple élément ou adjuvant ». Le fait d’introduire un volet « sport » ou d’activités
multiples dans un produit touristique, ne pourrait plus intégrer, dans cette configuration, le
champ du tourisme sportif.
Un autre concept, formulé par Deery, Jago & Fredline (2005) se place en position
paradoxale par rapport aux théories formulées auparavant, en choisissant de relier le
tourisme sportif à l’événement sportif. Leur théorie repose de ce fait sur l’événement
sportif en tant que motif et but du voyage et pose les critères suivants :38
Le tourisme sportif est relié à un événement.
Le focus du tourisme sportif est le sport de compétition.
Les participants du tourisme sportifs sont soit des particuliers, soit des
officiels ou encore des compétiteurs.
La participation à l’événement est intentionnelle.
Les résultats de ce tourisme sportif vont avoir un impact sur la communauté
d’accueil ou sur l’état/nation.
38
Deery, M., Jago, L. (2005). The Management of Sport tourism. Sport in Society. 8(2). 378 -289.
35
Des travaux effectués par Getz (2003) 39 abondent en ce sens en fixant l’événement
sportif comme la motivation principale du voyage, pour y participer ou y assister. Le
fondement en serait principalement pragmatique :
« Les événements sont la principale composante du tourisme sportif et peut être, la
plus significative en terme de nombre de touristes et d'impact économique ».
La définition Américaine de référence du tourisme sportif nous vient de Gibson
(1998) et valorise « le rapport aux formes de déplacement et de participation ».
Le tourisme sportif s’y définie comme:
« Leisure-based travel that takes individuals temporarily outside of their home
communities to participate in physical activities, to watch physical activities, or to
venerate attractions associated with physical activities. ». 40
Il y est divisé en 3 catégories : le tourisme sportif actif, le tourisme d’événement
sportif et le tourisme de nostalgie. Il s’agit d’un modèle efficace qui borne avec précision
les motifs de déplacement et de participation : agir, regarder, commémorer.
Dans la première catégorie, on retrouve par exemple, les participants à des séjours
s’articulant autour du ski, du golf, du tennis principalement, que l’on peut encore
subdiviser en deux sous-catégories comprenant les participants actifs (loisir) et
les joueurs ayant pour motif de déplacement une compétition.
La deuxième catégorie regroupe les voyageurs ayant pour objectif d’assister à une
compétition de grande envergure considérée comme une attraction touristique, Jeux
Olympiques, Mondial de football, comme pour les événements de moindres ampleurs tels
que les Open de tennis par exemple, ou les tournois professionnels de golf.
La troisième catégorie regroupe les visiteurs des musées des Halls of Fame, des
grands stades et de tous les lieux en rapport avec le culte et l’histoire sportive.
39
Getz, D. (2005). Event management and event tourism (2nd ed.). New York: Cognizant , cité in Getz 2007.
40In Gibson, H. (1998) ‘Sport tourism: A critical analysis of research, Sport ManagementReview Vol. 1: pp.
45–76. Cité par C. Sobry. Op. Cit. p. 8
36
Pour le chercheur portugais Carvalho, la superposition du tourisme et du sport
s’opère seulement à deux niveaux : le tourisme de spectacle sportif et le tourisme de
pratique sportive.
Il définit le tourisme de pratique sportive comme toutes les formes d’activités
sportives en lesquelles participe le voyageur. Le touriste de pratique sportive y est défini
comme celui qui pratique une activité sportive, quelque soit les motivations premières du
voyage. 41
Il attire l’attention sur le fait que la tentation est forte d’intégrer la motivation
« sport » du voyage comme critère déterminant alors que cette distinction ne constitue,
selon lui, qu’une part du segment du tourisme sportif
Pour Carvalho, le tourisme de spectacle définit les touristes assistant à un spectacle
sportif quel qu’il soit même s’il ne constitue pas la motivation première du voyage. En
appuyant ses observations de l’EURO 2004 au Portugal, il rejoint Pigeassou (2002) qui
définit ce moment du spectacle sportif ou « la proximité sensorielle et émotionnelle avec
une situation réelle est essentielle ». Donnons pour exemple le fait de se joindre à la foule
de supporters autour d’écrans TV géants pour assister à un match, par curiosité, pour le
plaisir et parce-que simplement « on est là ».
Enfin, Pigeassou au tourisme sportif actif et au tourisme de spectacle, ajoute le
tourisme « sportif de culture », caractérisé par une approche plus cognitive du tourisme
sportif. La relation s’opère ici autour d’un aspect historique du sport, pour « nourrir la
curiosité intellectuelle, célébrer l'esthétique, commémorer ou vénérer. »
Autre pratique de moindre importance relevées par Pigeassou : le tourisme activiste, ou
l’intervention bénévole initiant le voyage sportif (réunions, formations, accompagnement
de sportifs).
Au terme de ce parcours montrant différentes perspectives relatives à la
catégorisation du tourisme sportif, nous pouvons affirmer - compte-tenu de la difficulté
41
Pigeassou (2002) emploie de sont coté le terme de « tourisme d’action » pour définir cette catégorie. Ce
type d’approche repose sur l’observation des comportements des touristes sportifs (acteurs, spectateurs,
visiteurs).
37
posée par les différentes formes d’approches, le foisonnement de catégories et de sous-
catégories qu’il représente, que la définition autour du tourisme sportif ne peut être
que consensuelle.
3.5. Les typologies émergentes du tourisme sportif
Un courant outre atlantique propose une « typologie des pratiques selon les services
Proposés » (Kurtzman, 1996). Cette typologie Nord-Américaine, différencie les différentes
lignes de produits en se basant sur des mobiles strictement sportifs :
Le tourisme sportif ciblé sur l’utilisation des attractions sportives. Les
musées sportifs, les congrès, les conférences sportives, les exhibitions, les
démonstrations sportives, les parcs sportifs, les zones d’activités aquatiques
et de rafting, les golfs, les pistes de ski, les stades, les patinoires,...
Les séjours de tourisme sportif dans les centres, des stations ou des camps
de loisirs ou d’entraînement sportif. Les activités peuvent être aussi diverses
que la pêche, la chasse, le ski, le tennis ou les camps d’entraînement pour
des sports comme le football, le basket, le volley-ball.
Les croisières à objectif sportif dont l’objet est un sport. La rencontre de
sportifs, l’accès à un évènement sportif, les visites de lieux sportifs.
Les voyages de tourisme sportif pour l’exercice de la pratique d’une activité
sportive : golf, tennis, randonnée, trek, safari, marathon, cyclisme,
escalade, excursions, expéditions.
Le tourisme sportif à l’occasion d’un évènement régional, national ou
international : Tout ce qui concerne les déplacements orientés vers les
spectacles et les rencontres sportives entrent dans cette catégorie.
38
Une classification française selon la nature de l’offre
Cette classification s’appuie sur « le type des prestations fournies et la façon dont
ces services se présentent aux consommateurs » 42:
offres intégrées : prototype du « tout compris » proposé par les agences de
voyages (UCPA, Club Med…)
offres associées : propose à la clientèle une gamme de services sportifs plus
ou moins étoffée, dont l’usage est personnalisé.
offres de diversification de services sportifs : définit l’ensemble des
prestations sportives disponibles sur un espace déterminé. Souvent sous
forme d’actions de promotion (CRT, CDT, Office de tourisme).
Une autre typologie basée sur la localisation des activités et qui « regroupe les produits
par leur ligne générique » (A.F.I.T., 2000). Ces lignes de produits sont :
liées à la mer : plage, bain, voile de plaisance …
liées aux activités de pleine nature : activités d’eaux vives, randonnées,
escalade…
spécifiques à la montagne enneigée : ski alpin, ski de fond
résiduelle hétérogène : golf, sport aérien et parcs de loisirs.
Une typologie selon le comportement (Pigeassou 2002)
Spectateur: comportement lié à la participation à un spectacle (compétition,
exhibition, tournoi, show…). Ici l’approche visuelle en situation est
essentielle.
Acteur: comportement déterminé par une participation active (en particulier
motrice) qui fonde l’expérience mais celle-ci ne se limite pas l’activité
physique.
42
B. Massiera in Le Tourisme sportif en quête d’identité, 2003.
39
Visiteur: comportement caractérisé par une approche cognitive du tourisme
sportif. Ici l’esthétique, la commémoration, la vénération, l’enrichissement
culturel abondent pour enrichir les imaginaires, développer le sens de
l’histoire ou nourrir une curiosité intellectuelle ou une passion.
En fonction des espaces, du temps et du milieu, ces comportements donnent lieu à des
pratiques qui construisent les champs d’intervention du tourisme sportif. Ces pratiques ne
sont pas créées « ex nihili », elles sont le résultat « d’une production sociale en lien avec
les sociétés et qui varient avec le temps ». (Pigeassou, 2002), Cette production est basée
sur une interaction constante avec le tourisme, son histoire et ses opérateurs ainsi que sur
le sport, son développement, et ses acteurs.
Figure 6 : Exemples de produits ou de situations du tourisme sportif
Type de
comportement
Exemples d’activités et/ou de produits du tourisme sportif
ACTEUR
Longs Séjours
Séjour de plongée sous-marine en Egypte
Cyclotourisme itinérant en Bretagne
Circuit golfique au Portugal
Séjour de ski à Tignes
Traversée des Pyrénées en randonnée pédestre
Courts Séjours
Descente des gorges de l’Ardèche
Participation à un tournoi ou une rencontre sportive (sport d’équipe ou
individuel)
Week-end randonnée
SPECTATEUR
Courts Séjours
Séjour à Cardiff pour une rencontre du tournoi de rugby des six nations
Séjour à Paris pour assister aux phases finales du tournoi de tennis
Roland Garros,
Se déplacer et assister aux 24 heures du Mans
Longs Séjours
Se rendre au Japon pour suivre les rencontres de la coupe du monde de
Football
Se rendre à Athènes pour assister aux Jeux Olympiques
VISITEUR
Courts Séjours
Se déplacer à Paris pour visiter le Stade de France et/ou le musée du sport
Se déplacer à Lausanne pour visiter le musée olympique
Longs Séjours
Se déplacer pour un séminaire pour des dirigeants bénévoles
Croisière à thème sportif avec experts et champions
Source: Pigeassou (2002)
40
A partir de ces typologies émergentes, il devient évident de dresser trois grands types de
tourisme sportif qui constitue la base des marchés du tourisme sportif.
Le tourisme sportif d’action
Le tourisme sportif de spectacle
Le tourisme sportif de culture
Notons que Gibson (2002) aboutit à la même typologie en utilisant une
terminologie différente : Le tourisme sportif actif, le tourisme d’événements et le tourisme
de nostalgie (active sport tourism, event sport tourism, nostalgia sport tourism) 43
Avant d’aller plus loin dans l’exploration des marches du tourisme sportif (partie II)
nous tenteront de définir la notion de « destination touristique » et sa relation au tourisme
sportif.
4. Les destinations du tourisme sportif
L’objet de cette étude étant d’interroger les liens existants entre les destinations
touristiques et le tourisme sportif, il nous semble important, de comprendre ce que
recouvre la notion de « destination» et par conséquent de tenter de la circonscrire pour les
besoins de ce panorama.
4.1. Qu’est ce qu’une destination touristique ?
En voici une définition donnée par l’EDEN (European Destination of excellence)
émanation de la commission européenne. 44
« Tout territoire touristique accessible, incluant des infrastructures d’hébergement,
de transport, ainsi que des activités, animations et services, constitue une destination.
43
Cité par B.Ritchie and D. Adair, 2004, in Sport tourism, Interrelationships, Impacts and Issues, article An
introduction and Overview, Channel View Publication p.9.
44Le projet Eden a pour vocation de soutenir, promouvoir et assister des destinations européennes émergentes
autour d’un projet de développement durable.
41
Cette destination, qui peut être définie par des limites physiques, thématiques ou
administratives, adopte un ensemble d’images et de qualités distinctives qui lui donnent
une identité. »
Cette définition illustre bien la complexité du phénomène qui peut s’appréhender
sous de nombreux angles et points de vue : des ressources, des territoires mais aussi de
l’histoire ou des services proposés.
Les régions touristiques ou destinations touristiques sont considérées comme les
éléments clefs des activités nationales et internationales.
Une destination peut aussi bien s’entendre en tant que un « resort » de golf en
Turquie, une « station » balnéaire, une région, une grande capitale, une ville historique,
une nation, un continent … même si le plus souvent dans la terminologie anglo-saxonne, le
resort renvoi davantage à des complexes ou des domaines immobiliers privés.
Ses limites, définit par des frontières administratives, conditionnent la politique
locale, régionale et nationale en terme de développement, de marketing et de « branding ».
Cette situation peut déboucher sur des conflits d’intérêt pour la gestion du développement
et la coordination des actions de promotion de la destination.
Mais les destinations se définissent aussi par des critères liés au climat, à
l’homogénéité d’un espace, aux ressources naturelles, à leur culture, à leur patrimoine
ainsi qu’à leur identité.
4.2 Approche géographique des destinations
Faire un trekking au Népal ou dans l’Aveyron ? Explorer l’un des lieux
emblématiques du surf de Biarritz ou de Guincho ? Jouer au moins « une fois dans sa vie »
sur le golf de Saint-Andrew, courir les plus grands semi-marathons européens, vivre de
nouvelles aventures familiales au fin fond de la campagne ou s’activer en plein cœur d’un
centre urbain ? … Ces envies soulèvent de multiples questions : concernant les motivations
des voyageurs d’une part, mais aussi concernant l’identité et la capacité d’un territoire à
« générer de l’attractivité, » en d’autres termes, à générer des flux touristiques.
42
Pour Higham « Tourism destinations are places that attract and provide for the
needs of visitors. »45
. Ici, la destination touristique peut être décrite comme une aire
géographique qui est en mesure d'offrir un produit touristique, c'est-à-dire un ensemble de
services supports qui gravitent autour d'activités ou d’expériences inhabituelles pour le
touriste. Nous verrons que ce concept d’aire géographique est très important dans le
contexte du tourisme sportif.
Dans une perspective plus large, Hall & Page utilise une catégorisation
géographique autour des notions de « spaces, places et environnemntents » des destinations
du tourisme sportif. Ainsi « spaces » renvoie-t-il :
à des aires géographiques où le sport motivera dans certains cas le choix de
la destination (motivation primaire)
ne déclenchera pas à lui seul le voyage (motivation secondaire)
sera ignoré avant le départ mais contribuera sur place à la satisfaction du
voyageur (motivation tertiaire). 46
Les « Places » se rapportent à des lieux « infused with meaning » (Lew 2001, cité par
Hinch and Hingham 2004) ou le sport influence l‘identité de l’espace dans son aspect
culturel : pour exemple, le rugby en nouvelle Zélande, le surf en Australie, le golf en
Ecosse, le base-ball au USA, le Hockey sur glace au Canada…
Le dernier facteur, « environnements » renvoie au quotient « d’attractivité » d’un
lieu pour le touriste sportif. En effet, celui-ci est intimement lié aux ressources naturelles
de la destination (ses caractéristiques géographiques ou climatiques) ainsi qu’au niveau
d’infrastructures et de services disponibles qui devront apporter une réponse suffisante aux
besoins des touristes. De ce fait, nombre de sports sont étroitement liés physiquement à
l’environnement naturel (les sports d’hivers, les sports nautiques, le trekking…).
45
in Sport Tourism Destinations Issues, opportunities and analysis, coll. Edited by James Higham,
Introduction, p.8 46
Cité par Hinch and Hingham, Chapitre 5, article Sport and tourism research, a Geographic approach, p. 73
in Sport & tourism, a Reader, 2007.
43
Rapportée au domaine du tourisme sportif, Bale (2003), cité par Hinch and
Hingham 2004) souligne l’importance de ce lien entre géographie et sport tourisme en
introduisant le concept de « Sportscapes » (en jouant sur le terme « landscapes »).
Les « sportscapes » décrivent des environnements modifiés par la pratique sportive
(les terrains de golf, les pistes de ski en montagne par exemple). Le concept étudie l’impact
du sport sur le modelage d’un environnement naturel.
L’analyse spatiale du tourisme sportif permet ainsi apporter des éléments sur les
façons dont se « crée » une destination touristique.
4.3. Existe t’il une hiérarchie des destinations ?
L’étude des modèles spatiaux en sport et tourisme apporte aussi un éclairage sur les
modèles de déplacements des voyageurs. Les réflexions de plusieurs chercheurs ont abouti
à des concepts de « central places, distance decay and location hierachy » (Bale 1989; cité
par Hinch and Higham 2004).
Dans cette approche, une destination se bâtit aussi en fonction de sa localisation sur
la carte mondiale. Le pouvoir d’attraction d’une activité ou d’un événement sportif sera
plus important si la destination est déjà connue ou d’un accès facilité (central places) et qui
déterminera ensuite une hiérarchie dans les destinations (location hierarchy) en fonction de
leur prépondérance sur le marché mondial.
De nombreux facteurs peuvent influencer le « distance decay » 47
tels des
caractéristiques politiques, climatiques, culturelles qui peuvent faciliter ou au contraire
compliquer les déplacements voire y mettre une barrière. L’un des paradoxes de cette
théorie est que le voyageur, d’un autre coté, tend aussi à favoriser les voyages « exotiques
et lointains ».
Mais, ce rapport du tourisme sportif aux modèles spatiaux est encore plus complexe
dans la mesure où certains sports seront pratiqués plus facilement dans des espaces
47
Concept géographique qui décrit les effets de la distance sur les interactions culturelles ou spatiales. Par
exemple, la taille des immeubles ou le prix des terrains qui diminuent à mesure que l’on s’éloigne du centre
des villes (exemples tirés de l’article « distance decay » , www.wikipedia.org).
44
« centraux » quand d’autres supposent la recherche d’espaces « reculés», ce qui est
particulièrement flagrant pour le tourisme d’aventure.
Un autre point important à prendre en considération et le rapport
« coût/distance/temps ». L’équation est simple : plus loin un voyageur se déplace, plus
longtemps il sera disposé à rester sur les lieux du séjour. Enfin, le prix des activités sur
place influencera aussi les comportements du voyage et le choix de la destination.
(Pigeassou, 2002)
En conclusion, il apparaît que les caractéristiques physiques des destinations qui ont
joué un rôle historique dans la naissance du tourisme sportif, constituent autant de facteurs
d’attractivité dont se nourrit le tourisme, tandis que le sport en motive les espaces, tant du
point de vue des infrastructures (les grands stades, les équipements sportifs, les bases
sportives) que du paysage.
D’un point de vue strictement marketing, une destination touristique est un lieu à
forte concentration touristique dont l’attractivité, basée sur une importante concentration
de services et d’infrastructures, sera capable de répondre aux besoins et aux nouvelles
tendances de consommation des touristes.
Dans cette logique purement « marketing » des destinations, le tourisme sportif
tend à s’imposer comme un élément fondamental de développement et de différenciation
45
CHAPITRE II
LES MARCHÉS DU TOURISME SPORTIF
Pont du 25 Avril, Semi marathon de Lisbonne, Portugal
46
1.Le tourisme sportif d’action
1.1.Caractéristiques
Parmi toutes les formes de tourisme sportif, le tourisme sportif d’action (ou « active
sport tourism ) s’impose comme la forme émergente au sein des recherches scientifiques.
Ce terme nous l’avons vu, définit les productions touristiques générées ou associées à des
comportements « actifs » de l’expérience du tourisme sportif.
Ce marché rassemble des voyageurs qui s’engagent physiquement dans une activité
sportive compétitive ou non (Hinch et Higham 2004).
Les anglais Weed et Bull (2004) remarquent qu’au sein du tourisme sportif
d’action, existent des tendances dominantes :
Un intérêt croissant pour un style de vie sain
Une demande de plus en plus importante pour des vacances actives ou à
thème sportif
Une demande croissante pour les courts séjours et les breaks d’évasion hors
saison.
Le temps libre y est perçu, non plus comme un temps de relaxation mais comme un temps
dont il faut « profiter ».
Mintel (cité in Weed and Bull, 2004) 48
remarque que l’une des caractéristiques
principale du tourisme sportif d’action est qu’il constitue rarement l’objet des vacances
48
Weed, M.E. & Bull, C.J. (2004). Op. cit. p 27.
47
principales mais qu’il se concrétise à l’occasion d’un second séjour, plus court en dehors
des périodes de vacances conventionnelles.
Avant d’aller plus loin, définissons avec Charles Pigeassou ce qui n’est pas le
tourisme sportif d’action :
Figure 7 : Pratiques proches mais distinctes du tourisme sportif
Le principe « actif » du tourisme sportif s’avère suffisamment discriminant pour
tenir hors des frontières du tourisme sportif toutes les pratiques de santé et de bien-être
telles que la thalassothérapie et le thermo-ludisme. De même les parcs à thème récréatifs
ou les croisières fluviales ne semblent pas à priori des pratiques « actives ».
En réalité pour C. Pigeassou existent 2 facteurs déterminants :
1/ La détermination des dimensions spatiales de l’activité
2/ Le degré de spécialisation de l’activité
Pour le premier, il s’agit de caractériser l’univers spatial du tourisme sportif : son milieu, sa
topographie, son contexte environnemental et spatial.
Source : Pigeassou (2002)
Loisir
sportif
Tourisme
Sportif actif
Croisiere fluviale
Séjours parcs
récréatifs
Thermo ludisme
Thalassothérapie
48
Figure 8 : Les dimensions spatiales de l’univers du tourisme sportif
Chacune de ses dimensions va exercer une attractivité et orienter les
comportements vers des expériences sportives variées.
Le degré de spécialisation rend compte de la diversité des produits du tourisme
sportifs actifs en fonction d’indicateurs génériques (complexité de la prestation, diversité
des opérateurs) et d’autres, plus spécifiques de l’activité sportive (logistiques.) Ainsi le fait
de partir une semaine en trekking sur l’Annapurna ou une semaine dans les Pyrénées pour
un séjour ski, ne relève pas de la même complexité de montage pour le voyageur, comme
l’illustre le tableau suivant.
Figure 9 : Type de produit en fonction du mode de production et du degré de complexité
Eléments du
milieu
Air, terre, eau
Topographie:
Montagne
Campagne
Mer
ville
Position spatiale :
Fixe, sédentaire,
mobile, nomade
Tourisme
sportif
d’action
Source : Pigeassou ( 2002)
Eléments du
milieu
Air, terre, eau
Degré de complexité du produit
Fort
Degré de spécialisation
Faible
Produit
Les Cévennes à cheval
Le Tour du Mont Blanc en
randonnée
Stage sportif pour jeune
Circuit de parcours de golf au
Portugal
Randonnée dans l’Atlas
Croisière côtière à l’Ile Maurice
Descente de l’Ardèche
Séjour de ski
Tour de Corse à pied GR
Randonnée dans la Cordière des
Andes
Descente de la rivière Cartier au
Canada
AutoProduit
Produit
Source: Adapté de Pigeassou (2002)
49
Les différents produits en fonction de la nature de l’activité
Le champ du tourisme sportif actif ainsi présenté constitue un très large éventail
d’activités : du rafting en passant par le golf, les sports nautiques, les sports de
montagnes… La rupture fondamentale avec le sport, se trouve dans la confrontation du
sujet avec lui-même dans un nouvel environnement technologique et technique là où dans
le sport, la confrontation se fait d’abord « avec les autres ».49
Le tourisme sportif d’action définit donc toutes les productions touristiques générées ou
associées à des comportements actifs de l’expérience de tourisme sportif.
Figure 10 : Le Spectre des activités du tourisme sportif d’action.
Source: Pigeassou (2002)
49
Pigeassou (2002). Même si une part du tourisme sportif s’inscrit aussi dans une problématique de
compétition notamment dans les courts séjours.
50
Parmi les activités favorites du tourisme sportif actif, citons le ski et le golf, mais
aussi le cyclotourisme et les sports « de natures et d’aventures ».
La demande du marché, toujours selon Pigeassou, se modèle en fonction des critères
suivants :
De l’activité sportive de référence (le choix de la destination sera fonction
de l’activité)
Du caractère itinérant (ou non)
De l’objectif principal du voyage : en d’autres termes de la motivation. Le
motif du voyage peut être fonction d’un besoin de découverte, de plaisir,
d’envie d’espace et d’aventure, d’approfondissement technique ou
d’affrontements compétitifs.
Au sein du tourisme sportif surgissent des secteurs très porteurs, pour lesquels la demande
est très importante :
Le tourisme sportif d’hiver et le tourisme golfique
Le tourisme de nature et d’aventure
Et dans une moindre mesure : le tourisme de compétitions sportives/loisirs,
et les autres formes de tourisme (sportif urbain par ex.)
La segmentation du marché : court et long séjours
Une segmentation du marché s’opère dans les voyages actifs en fonction de la
durée des séjours :
Les courts séjours
En se basant sur une enquête sur les pratiques sportives des français en 2000
(Mignon Truchot 2001), Pigeassou met en exergue deux flux distincts de courts séjours.
Le premier provient de la pratique de compétition (en club ou hors club) et celui de
la pratique de loisir : Les courts séjours de compétition incluent par exemple les
compétions régionales, nationales et internationales et des manifestations donnant lieu a
51
des compétitions (ex : les sports nautiques, les rassemblements VTT..) où se retrouve aussi
une masse de sportifs susceptible de générer une masse de tourisme importante.
Au sein des courts séjours, les « raids d’aventures » constituant une catégorie à
part est en expansion constante. En effet, cette « sous-niche » du tourisme sportif séduit de
plus en plus de personnes « actives » en quête d’émotions et d’exploits personnels. Plus de
700 raids d’aventures sont répertoriés dans le monde (Abitbal 2002). 50
En combinant diverses activités sportives ils sont accessibles à toutes personnes
sportives avec un minimum de technique.
Notons que dans cette catégorie de courts séjours de loisir, les activités s’organisent
principalement autour des saisons plus propices printemps/été/hiver.
En France, elle représente un univers largement auto-produit, appuyée par les
mouvements associatifs et les fédérations d’activités de pleine nature (spéléologie,
escalade, canoë kayak..). Les courts séjours sont rarement consommés hors des frontières
nationales et internationales et correspondent davantage à des déplacements inter-
régionaux.
Les longs séjours
La distinction loisirs/compétition est toujours pertinente mais le déroulement du
séjour sera conditionné par le niveau et la représentativité de la compétition. Ainsi un
séjour de plus de 10 jours sera souvent le fait d’un sport collectif élite et relève du sport
professionnel en général. Les longs séjours de tourisme d’action ne sont pas facilement
identifiés à l’exception des séjours de sports d’hiver et des séjours golfiques.
Le consommateur de tourisme sportif actif
Il existe peu de travaux généraux sur les consommateurs du tourisme sportif actif.
Notons qu’à la fin des années 90, le chercheur Gibson (1998) 51 en se basant sur une étude
50
Dont plus de 200 en France (Pigeassou, 2002).
51Cité par Debey Grimes in "An Analysis of how Self-Efficacy Relates to the Driver’s of the Active Sport
Tourist" (2011).
52
de R. Schreiber (1976) en donne la description suivante : “more affluent, better educated,
and more active than the traveler in general ». Les participants sont à l’affût de nouvelles
opportunités en termes d’activités ou cherchent à améliorer leurs compétences dans un
sport. Ils semblent, en outre, portés par un idéal personnel qui servira de déclencheur à
l’action : “motivated by a sense of accomplishment” (Gibson 1998, pp. 161).
Un portrait type du touriste actif se dessine ainsi: “The active sport tourist is more
likely to be male, affluent, college educated, willing to travel long distances to participate
in their favorite sports, likely to engage in active sport tourism well into retirement, and
tend to engage in repeat sport activity”
Nous étudierons plus en détails les caractéristiques de ces touristes sportifs au cours
de ce chapitre, en fonction des différentes typologies identifiées et des modalités de
pratiques.
1.2.Le tourisme golfique et le tourisme de sports d’hiver
1.2.1. Le marché du tourisme golfique
Au sein du tourisme de nature, le golf représente un segment de marché à part,
parmi les plus importants du tourisme sportif (avec le ski) et le plus souvent commercialisé
en tant que « produit touristique ». Sport international, il a connu de nombreuses évolutions
ces dernières années : longtemps activité élitiste réservée à la bourgeoisie, considéré
comme un sport « de riches », il est aujourd’hui en voie de démocratisation sur toute la
planète. Des premières balles sur le sol écossais (la première référence date de 1457) à
Marie, Reine d’écosse, première golfeuse officielle, le jeu s’est très vite imposé dans tous
le Royaume-Unis. C’est du plus célèbre terrain de golf, le Saint Andrews (1552) que la
« Royal and Ancient golf association » formula les règles officielles du jeu en 1897.
53
Un peu d’histoire
Avec l’expansion de l’empire britannique, le sport s’est implanté dans nombre de
colonies, en Inde, en Asie ainsi qu’en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du sud et
au Canada. Présent dans une grande partie du monde en 1885, c’est un expatrié écossais
(Reid) qui fonda le premier (modeste) parcours de trois trous à New-York en 1888. Le
succès est immédiat et en 1900, c’est plus de 892 parcours, plus qu’au Royaume-Uni, qui
ont poussé sur le sol américain !
En 1920, il existe déjà 5600 golfs aux USA alors qu’une seconde vague de
développement due à l'investissement du gouvernement dans le sport et la médiatisation du
Tour professionnel (PGA) ne fait que commencer. Dans les années 1990, les terrains
ouvrent au rythme d’un par jour, portés par les investissements immobiliers et selon les
chiffres de Ibis world, ils étaient environ 15,888 en 2008. 52
Dans les autres pays du monde, certain pays ont vécu le même type de
développement à moindre échelle : le japon par exemple avec plus de 1700 golfs
répertoriés en 1992 (30 au sortir de la Seconde Guerre Mondiale).
En France, Si le nombre de parcours a crû de manière forte dans les années 80
(passage de moins de 150 golfs à près de 500 en dix ans), la création de nouvelles
infrastructures semble aujourd’hui stabilisée. En 2006, la France compte 668 équipements
golfiques avec de nouveaux projets qui se profilent autour de golf compacts « urbains » et
dont la construction est encouragée par la Fédération Française de Golf. 53
Naissance des destinations golf
Avec le développement du tourisme, un nombre croissant de passionnés de la petite
balle se sont mis à voyager avec pour principale motivation le désir de jouer au golf. Les
destinations ont très vite compris l’intérêt de ce marché naissant et la nécessité de proposer
des produits golfiques afin d’attirer les devises étrangères. En favorisant la construction
d’infrastructures et de resorts de golf de qualité, des pays tels que la Malaisie, les
52
S. Hudson, 2009 in Golf Tourism? Goodfellow Publishers Limited, Woodeaton, Oxford.
53Le poids économique du golf en France, 2007, FFG, Rapport
54
Philippines, la Thaïlande, l’Indonésie, ont réussi à faire du golf, l'un des segments les plus
porteurs de leur stratégie touristique.
Le fait de promouvoir une activité sportive qui peut se jouer en toute saison et
permettant d’étaler la saison touristique sur une période plus large fut aussi l’une des
raisons qui a favorisé l’implantation de multiples resorts dans le monde. Prenons pour
exemple le cas de l’Espagne ou, hors saison, la Costa del Sol est rebaptisée la « Costa del
Golf » avec plus de 30 resorts alignés sur une bande côtière de cinquante kilomètres de
long!
Taille du marché
Selon les chiffres de l’International Association of Golfing Tour Operators, le
marché du tourisme golfique représente autour des 20 billions de dollars ce qui explique
pourquoi certain pays tels que le Kazakhstan le Nicaragua, l’Afghanistan investissent
aujourd’hui dans la construction de domaines. Le touriste golfeur étant connu comme l’un
des plus dépensiers sur les lieux de sa villégiature et de catégorie professionnelle souvent
au-dessus de la moyenne.
Figure 11 : Golfeurs dans le Monde.
Source : Mintel (2006) cité par Hudson (2009)
3%
12%
24%
58%
1% 2%
Océanie
Europe
Asie
Amérique du Nord
Afrique du Sud
Amerique du Sud
55
On compte autour de 59 millions de pratiquants dans le monde, dont un
pourcentage estimé entre 5% et 10% voyage régulièrement chaque année à l'extérieur des
frontières de leur pays d’origine pour jouer au golf, ce qui représente entre 2.9 and 5.9
millions de golfeurs en tant que marché potentiel. (Hudson 2009).
Même si une stagnation est constatée dans les pays anglos-saxons, notamment le
Royaume-Unis, ou pour nombre d’observateurs, le marché semble avoir atteint sa
maturité, un nombre croissant de nouveaux pratiquants continue d’arriver sur le marché
mondial. Les plus optimistes se basent sur le chiffre global de pratiquants soit 1% de
pratiquants dans la population mondiale, ce qui laisse espérer une marge de progression
potentielle conséquente !
Les pratiquants américains sont estimés à 30 millions, 8 a 9 millions d’européens
jouent au golf et environ 17 millions dans le reste des pays du monde : Japon, Australie,
Afrique du sud. Les marchés principaux sont les USA, le Royaume-Uni, le Japon, le
Canada et l’Australie. Un nombre croissant de touristes golfeurs sont originaires de
Malaisie, de Taiwan et de Chine.
En France, selon les chiffres avancés par la FFG (Fédération Française de Golf,
2007), les pratiquants étaient estimés à 600 000 dont 3800000 licenciés. Leur nombre
augmente régulièrement de 4,5% environ par an. La France accueillant la Ryder Cup en
2018, il est certain que cet événement va avoir un effet d’entraînement significatif, et
contribuer à y développer ce marché balbutiant, mais en progression régulière.
Les destinations du tourisme golfique :
Il y aurait dans le monde plus de 32 000 terrains de golf implantés dans 140 pays et
plus de six mille en Europe. Les destinations reines du tourisme golfique sont l’Amérique
du nord, l’Espagne, et le Portugal.
Aux Usa, plus de 11 millions de pratiquants voyagent dans leur pays (42% de
golfeurs) pour pratiquer leur sport favori.
Les américains aiment voyager et ils figurant dans 62,5% des voyages de golf
réalisés dans le monde (Mintel 2010). Selon Golf Profit Builders, ils le font plus que ceux
qui pratiquent d’autres sports tels que le ski, le tennis ou la voile. En 2009, ils ont effectué
39,5 millions de voyages et dépensé 18 millions USD, soit 72% de l’argent déboursé par
l’ensemble des marchés (cf figure 12)
56
Au Canada, 14 % des adultes (4,3 millions) jouent au golf en vacances et plus de
31 % admet qu’il s’agit de leur objectif principal de voyage (Hudson 2009).
Figure 12 : Les voyages de golf, volume et valeur du marché international 2009
Source: Golf Profit Builder
Les canadiens se rendent en Floride ou sur les golfs californiens et d’Arizona pour
se livrer à leur sport favori.
En Europe, les français restent sur le territoire ou préfèrent des destinations
francophones telles le Maroc et la Tunisie. Les allemands choisissent plus volontiers
l’Espagne ou restent en Allemagne. Les suédois apprécient le soleil espagnol et portugais
et font de courts séjours au Danemark. Les britanniques voyagent en Espagne, au Portugal
et aux USA…
Qui sont ces golfeurs qui voyagent? Une récente étude de Mintel (2010) décrit six profils caractéristiques des golfeurs touristes. Peu
importe leur pays de provenance, les golfeurs jouent souvent accompagnés d’autres amateurs de golf.
Voici un bref tour d’horizon de ces groupes types. 54
Les enthousiastes
Le groupe de golfeurs enthousiastes est composé principalement d’hommes âgés de 25 à 45 ans, qui
jouent avec des handicaps moyens de 12 à 18. La majorité d’entre eux sont pères de jeunes enfants; ils
préfèrent se retrouver entre amis pour échapper à leurs responsabilités familiales et professionnelles, le
temps d’un voyage. Ils ne voyagent pas régulièrement pour pratiquer le golf, mais lorsqu’ils le font, ils
54
Mintel International Group. Golf Tourism – International, Travel & Tourism Analyst, no 15, septembre
2010
57
aiment être entourés de trois à dix personnes. Ils sont à l'affût des bonnes occasions : promotions, offres
spéciales et ont tendance à opter pour des destinations accessibles. Ils accordent peu d’importance à leur
hébergement; un hôtel de deux ou trois étoiles, à proximité d’un terrain de golf, de restaurants et de
bistros relativement calmes, comblera leurs besoins.
Les fortunés
Les fortunés ont de 30 à 50 ans et voyagent majoritairement entre hommes ou parfois en couple.
Leurs groupes se composent de près de huit personnes, de bons joueurs, assez compétitifs, ayant des
handicaps moyens allant de 9 à 18. L’argent n’est pas un problème pour ces individus, qui s’adonnent au
golf entre amis ou entre membres d’un même club. Lorsque viennent les vacances, les fortunés se
laissent souvent tenter par des destinations éloignées (avec vol long-courrier) et sont prêts à débourser
de plus importantes sommes d’argent pour s’assurer d’obtenir de la qualité. Ils privilégient les centres
de villégiature luxueux affiliés à des parcours assujettis à des défis ainsi qu’un endroit qui offre des
activités et des services additionnels sortant de l’ordinaire.
Les excursionnistes
Constituant un groupe équilibré d’hommes et de femmes âgés de 45 à 70 ans, les excursionnistes
aiment se retrouver entre amis intimes. Majoritairement retraités, ils n’en sont pas à leurs premiers
voyages et en font parfois plusieurs avec les mêmes personnes. Certains sont d’excellents joueurs,
d’autres sont encore novices dans ce sport. Or ce qui compte le plus pour les excursionnistes, c’est de
passer du bon temps, de jouer de façon amicale. Ce groupe aspire à trouver des forfaits avantageux
comprenant des excursions et des activités qui leur permettront de découvrir la destination.
Les dédiés
Le groupe des dédiés se compose principalement de quatre à dix hommes passionnés par le golf qui
cherchent avant tout à s’améliorer et à se perfectionner. Très compétitifs, ils ont un handicap sous le cap
du huit, ils prennent plaisir à tester leurs aptitudes et à se comparer les uns aux les autres. Ils se
détendent en parlant de golf et n’accordent aucune importance à toute autre chose. Ils prendront leur
temps pour bien choisir leur destination et planifier leurs vacances. Ce groupe est à l’affût des
championnats et connaît les parcours réputés; le choix des terrains de golf est crucial. Pour ne pas être
coincés dans la foule et pouvoir jouer pleinement, ils préfèrent voyager hors saison. Les dédiés seront
heureux de séjourner dans un hôtel trois étoiles, d’où ils rayonneront vers leurs «terrains de jeu».
Les fêtards
Majoritairement des hommes, les fêtards ont de 40 à 70 ans et aiment se retrouver en groupe d’une
douzaine de personnes ou plus. Leurs voyages de golf sont fréquents; ils sont principalement motivés
par l’envie de socialiser et de se lancer des défis une fois rendus sur le parcours. Plusieurs ont un
handicap moyen de près de 18 alors que d’autres ne jouent pas vraiment, mais aiment faire partie du
voyage pour s’amuser avec les autres. Lorsque ces golfeurs découvrent un endroit leur offrant un bon
rapport qualité-prix, ils ont tendance à y revenir plusieurs fois. Ils choisissent généralement des hôtels
de catégorie trois étoiles. Outre le golf, ils profitent de leur voyage pour sortir dans les bars, les
restaurants, les discothèques ou pour pratiquer d’autres activités sportives.
Les occasionnels
Les occasionnels font souvent partie d’une même famille. Ces adultes âgés de 25 à 50 ans
profiteront de leurs vacances pour pratiquer le golf selon leur envie du moment. Hommes et femmes,
joueurs débutants ou éprouvés, ils forment un groupe hétérogène, qui n’oriente pas ses temps libres en
fonction d’une seule activité. Les occasionnels sont ouverts à prendre leurs vacances un peu partout; si
un terrain de golf se trouve à proximité de leur hôtel, ils se feront un plaisir d’y aller, pourvu que tout le
groupe soit d’accord.
58
Les golfeurs sont généralement aisés, éduqués, actifs et ont la chance de s’adonner
à des activités parfois réservées à l’élite, telle que voyager. Bien comprendre leur
dynamique de groupe peut s’avérer avantageux, car les voyages de golf gagnent en
popularité.
59
1.2.2. Le Tourisme de sports d’hiver
Malgré le ralentissement économique, l’activité en 2011 représente un total de 110
millions de pratiquants réguliers et plus de 400 millions de journées-skieur sur la planète.55
Aux quatre coins du monde, des vacanciers s’engagent dans des vacances aux
sports d’hiver. L’Europe s’octroie la plus grande part de ce marché avec plus de 210
millions de journées-skieur vendues par année.
L’Amérique du nord représente le second plus grand marché avec plus de 80
millions de journées-skieur comptabilisées par année. Au niveau des nations, la France et
les Etats-Unis arrivent en tête, avec plus de soixante millions de journées-skieur,
l’Autriche se positionne en seconde avec environ 50 millions de journées-skieur en
2004/2005, suivie de loin par les pays nordiques (suède, Norvège, Finlande pour environ
17,5 millions). Les variations entres ces marchés sont larges et difficiles à rendre compte
dans les détails.56
Figure 13 : Répartition des skieurs dans le monde
Source: adaptée du rapport Vanat Consulting, (2011)
55
Cabinet L. Vanat Consulting, 2011, International report on mountain tourism .
56Agence Skistar, The Alpine world Market.
15%
46%
23%
5% 11%
Asie et Pacifique Alps America Europe de l'Est et Asie Centrale Europe de l'Ouest
60
Certains marchés se développent d’autres connaissent des freins (le cas du japon en
crise et victime d’une démographie vieillissante). Globalement, les marchés en expansion
sont ceux de l’Europe de l’est avec, par exemple, la Bulgarie et la Pologne, dont les
montagnes séduisent aussi un nombre de plus en plus important de skieurs en recherche de
nouveaux « terrains de glisse » même si ces destinations restent encore confidentielles 57.
A terme, l’Inde et le Pakistan pourraient également augmenter le poids de l’Asie sur le plan
international.
La Chine et la Russie constituent les deux principaux réservoirs de croissance à
l'échelle planétaire. Etonnant, quand on sait que la Chine “ n'a aucune culture du ski. ».58
Les premières stations sont apparues dans la région d'Harbin (nord-est du pays) dans les
années 1980 et étaient essentiellement dédiées à l'entraînement des athlètes. Aujourd'hui, le
pays compte près de 350 stations (un peu plus qu'en France), mais celles-ci sont souvent
très mal équipées. Seule une vingtaine s’approche des standards occidentaux.
Le marché Russe augmente aussi régulièrement du fait d’un intérêt croissant pour
les sports d’hiver et la pratique du ski, en parallèle d’efforts d’investissements importants
dans le Caucase du nord. La tenue future et la promotion des Jeux Olympiques d’hiver de
2014 n’est certainement pas étrangère à cette tendance.
Les destinations sont principalement fréquentées par les vacanciers locaux : aux
USA et au Canada, les touristes étrangers comptent pour moins de 5% des visites. Dans les
pays tels que le japon, l’Afrique du sud, le Chili et l’Argentine, la proportion devient
anecdotique.
Incontestablement la proportion la plus élevée de touristes étrangers est encore celle
des Alpes française qui représente plus de 30% de la fréquentation globale. Selon les
chiffres de Veille info tourisme Canada, chaque hiver un quart des 7 millions de skieurs des
domaines français sont étrangers et cette part peut atteindre plus de 70 pour cent dans les
stations les plus internationales (Val Thorens par exemple.)
57
L’hiver 2012, J’ai fait l’expérience des Tatras Slovaques pour des raisons de coût (ce qui a permis de
doubler la durée de notre séjour), de dépaysement et d'accessibilité low cost pour un budget intenable dans
les Alpes. Beaucoup de skieurs Russes et Allemands, un nombre grandissant d’anglais, mais pas (encore) de
français.
58Article in Le Monde, 7 millions de skieurs chinois en 2020, Mars 2012.
61
Evolution des marchés de l’or blanc en Europe
«Montagnes françaises, atteignez les sommets !», c’est le slogan affiché l’hiver
2012 dans les rues de Londres et d’Amsterdam et traduit en plus de 18 langues pour les
brochures touristiques du marché mondial. Il est vrai que la concurrence est rude pour
attirer les milliers de touristes internationaux et on peut rappeler que c’est au nom de cette
concurrence que la création des stations françaises dites plus tard « intégrées » a été
favorisée par l’état à partir de 1959.
Depuis les années 60, les sports d’hiver occupent une place de tout premier ordre
dans le tourisme sportif français et européen, non seulement du fait de leur poids
économique dans les régions de montagne, mais aussi par leur forte dimension symbolique
dans la « civilisation des loisirs ».
Entre les années 1975/1985 le taux des départs aux sports d’hiver triplait en France
pratiquement pour atteindre 10% au cœur du marché euphorique de la ruée sur l’or blanc.
Force est de constater que si les départs en hiver progressent toujours, partir en hiver ne
signifie pas pour autant partir à la neige. En effet, les sports d’hiver, c’est-à dire les séjours
où l’on pratique une des quatre activités de neige (ski alpin, ski de fond, snowboard ou surf
des neiges, et autres sports de neige, comme les raquettes à neige, le patinage et le
bobsleigh) ne représentent que 21 % de l’ensemble des séjours d’hiver. Ainsi, seulement
8,6 % de la population française pratique les sports d’hiver et 8 % le ski alpin.59
Partout en Europe occidentale, la pratique du ski n’est plus aujourd’hui l’indicateur
d’ascension sociale comme dans les années 1960-1970. Les « sports d’hiver » font de plus
en plus figure de niche touristique réservée à une clientèle française « francilienne »,
éduquée, de niveau cadre et supérieur, plutôt jeune (50% ont moins de 30 ans) issue de
milieux favorisés, à une clientèle internationale souvent aisée sinon fortunée ou encore, à
des skieurs de proximité.
En outre, le choix d’une croissance en valeur (montée en gamme, augmentation du
prix des forfaits…), privilégiée par les opérateurs touristiques sur une croissance en
59
Rapport « Les Sports d’hiver, pratiques et pratiquants », Ministère de la Jeunesse des sports et de la vie
associative, 2007.
62
volume de fréquentation, contribue à accentuer le caractère élitiste des sports d’hiver. Il
semble que les différents opérateurs (privés et publics) ont renoncé aux objectifs de
démocratisation de la montagne poursuivis dans les années 70 et qui se caractérisait par
différentes formes de tourisme social (classes de neige, colonies..).
Dans le monde
Le même phénomène s’observe dans le monde avec des pratiques de sports d’hiver
étroitement corrélées au revenu. La moyenne d’un ski-pass de six jours est estimée à 127
livres sterlings, ce qui détermine pour une bonne part la popularité d’une destination
compte-tenu du poste important du budget qu’il représente. Si les prix varient énormément
de resorts en destinations, les plus élevés se trouvent en Suisse et les moins chers dans les
pays d’Europe de l’Est.
Selon le rapport Mintel (2006), le marché mondial des vacances aux sports d'hiver
est dominé par les moins de 45 ans et fortement représenté par les moins de 25 ans, du fait
du snowboarding et de l’arrivée de ski plus courts et plus fun qui séduisent les jeunes en
recherche de sensations.
Pourtant si le marché continue d’augmenter au rythme ralenti de 4 a 5% par an,
l’univers du tourisme hivernal est parcouru par de nombreuses incertitudes telles que le
vieillissement de la population européenne et les menaces globales de réchauffement
climatique qui, dans les cinquante prochaines années, pourrait dangereusement impacter
les domaines situés à moins de 1000m d’altitude et qui constituent une grande part des
domaines skiables mondiaux.
Pour avoir pris, tardivement, la mesure de ces profondes transformations
climatiques, le monde du tourisme se tourne aujourd’hui vers les technologies pour contrer
les effets de la hausse des températures : cannons à neige, snowdomes (pour la pratique
hors-saison) mais aussi, repense les sports d’hivers à travers la diversification des activités
et « expériences » sportives, pour transformer des destinations « resorts ou stations »en
destination de montagne, avec une offre étendue et plus adaptée aux besoins de toute la
famille.
Les questions environnementales tendent aussi à modeler ce marché avec des
touristes de plus en plus sensibles à ces questions, et des acteurs de l’industrie conscients
63
des problématiques de développement durable. La station des stars américaine, Aspen dans
le Colorado, a ainsi été la première à offrir une remonté mécanique à énergie éolienne.
De plus en plus de stations entreprennent ainsi des démarches de certification
environnementale (ISO 14001 et Qualité Sécurité Environnement) des remontées
mécaniques et, plus récemment, réalisent des bilans d’émissions de gaz à effet de serre,
même si elles ne s’engagent pas encore dans des mesures compensatoires, comme c’est le
cas notamment à Aspen ou à Arosa (Suisse). 60
Mais aux cotés de ces géants du secteur du tourisme « actif », partie émergée de
l’iceberg, une grande partie du marché du tourisme sportif « de plein air » est constituée
par le tourisme de « nature » et d’aventure, que l’on retrouve souvent sous l’anglicisme
générique des sports et loisirs « Outdoor »
1.3. Le tourisme de nature et d’aventure
Le tourisme de nature
Il peut se retrouver sous l’appellation de tourisme « vert » ou doux. Il regroupe un
ensemble d’activités non motorisées qui peuvent être classées entre 3 catégories.
(Bourdeau 1995) 61
Les sports terrestres (randonnées —pédestre, équestre, à skis…), alpinisme,
escalade, canyoning, vélo tout terrain, spéléologie, ski, sous de multiples
formes
60
Comme le remarque P. Bourdeau (2008) dans Les défis environnementaux et culturels des stations de
montagne, ce type d’initiative n’a pourtant pas encore en France le caractère systématique et collectif des
démarches réalisées depuis 2000 aux États-Unis autour de la charte Sustainable Slopes de la National Ski
Areas Association (NSAA), qui engage près de 200 stations dans une réduction de leurs impacts
environnementaux et climatiques (approvisionnement en énergies renouvelables, architecture de haute-
qualité environnementale…)
61 P. Bourdeau, 1995, in Le tourisme sportif de nature.
64
sports aériens (deltaplane, parapente, vol à voile)
sports nautiques et aquatiques : voile, planche à voile, sports d’eau vive —
canoë-kayak, rafting, hydrospeed…—, plongée sous-marine.
Certaines activités comme la pêche sportive ou plus récemment l’accrobranche
sont aussi intégrées à cette catégorie.
Le tourisme de nature répond à un bouleversement vécu par le modèle sportif
classique dans nos sociétés contemporaines : lassitude des sports traditionnels, attrait pour
tout ce qui tient à la nature… Il représente un champ de pratiques déclinables à volonté.
Nombreux sont les indicateurs qui montrent que le développement du secteur
progresse dans nombre de pays : au niveau de l’offre, l’équipement de la nature est
exponentiel, la création d’associations se multiplie, les distributeurs de matériel sont de
plus en plus nombreux et leur chiffre d’affaire augmente constamment.
L’époque semble bien révolue où ce secteur était accaparé par « quelques
passionnés, des aventuriers, des guides et des institutionnels ». Les enjeux sont aujourd’hui
considérables aussi bien au niveau économique (pour de nombreuses entreprises), au
niveau institutionnel (pour les différentes fédérations du plein air) que territorial (pour la
plupart des régions).
Fort de ce constat, on pourrait raisonnablement penser que toutes les pratiques
sportives de nature sont entrées dans l’univers du marché touristique et qu’elles se
présentent comme des produits, comme dans bien d’autres secteurs. On « consomme » la
nature, on achète une prestation, on vend une destination, on crée de nouveaux services
pour satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante.
Cependant, il faut bien nuancer cette perspective, à partir du moment où cette mise
en marché reste bien relative avec les sports de nature qui se caractérisent par un fort
« anti-conformisme » au sein des loisirs touristique: bien qu’ils supposent dans certains cas
l’adaptation des sites naturels (en terme de ‘sécurité, de balisage d’itinéraires) il est
difficile de concevoir un jour que l’on observe la transformation des sites fréquentés en
véritables « équipements sportifs ».
Ce n’est que très récemment d’ailleurs, que les loisirs sportifs de nature se sont vu
reconnaître une « légitimité touristique » (Bourdeaux 1995)
65
Les activités (à l’exception du ski, du golf et de la voile) se caractérisent par des
cultures identitaires d’autonomie vis-à-vis des modèles dominants (avec le refus de la
compétition). L’espace de nature reste libre et non payant, et l’accès à de nombreux sites
reste gratuit. La mer, les lacs, les canyons, les chemins de randonnée, les voies vertes, les
falaises d’escalade permettent une pratique encore libertaire aboutissant à des
comportements atypiques (bivouac, isolement, ce que certains économistes identifient
comme le prototype du « passager clandestin »), soit par libre disposition des lieux de
pratiques.
Le tourisme d’aventure
Au sein du tourisme de nature existe une autre voie dite du tourisme « d’aventure »
dont les frontières sont difficilement déterminables. Globalement la distinction s’opère au
niveau de la « dangerosité ». En effet, l’aventure reste un terme subjectif qui varie d’une
personne à l’autre.
Une définition pourrait être « activités à base de sports qui s’exercent dans un
milieu naturel (plus ou moins) préservé, où le plaisir est un subtil mélange d’effort, de
sensations, d’expériences partagées, de découverte, de contact avec les éléments, voire de
différenciation sociale ( réservé aux initiés ). » 62
Les activités outdoor qui répondent à cette définition sont nombreuses et peuvent
aussi inclure l’intégralité des sports de nature mais aussi des sports extrêmes tels le
canyoning, le rafting, le parachutisme ou le saut à l’élastique.
Les consommateurs de Tourisme de nature et d’aventure :
Aborder les potentialités du marché du tourisme de nature et d’aventure suppose
de mieux connaître les participants de ce tourisme actif et les caractéristiques de ce type de
voyageurs.
62
In Analyse de marché – Le marché des sports outdoor 12/2011, Chambre des métiers et de l’artisanat de
Haute Savoie. 2011. p.4
66
Alain Sanchez dans Qu’est ce que le Tourisme d’aventure 63, nous explique les
critères qui aident à définir ce concept encore trouble, incluant : des clientèles (des profils
sociaux psychologiques, des motivations, des styles de consommation), des produits et des
tours opérateurs, des distributeurs et des marchés qu’il faut cibler… le tout en constante
évolution !
En premier lieu le tourisme de nature et d’aventure se caractérise au travers de
critères liés à l’activité :
Que recherche cette sorte de touriste ? Quelles sont ses caractéristiques ?
Selon Sanchez, le voyageur du tourisme sportif recherche en priorité la réactivation
de ses fonctions vitales par le contact avec l’eau (sports d’eau vive) avec la terre
(spéléologie, trekking), la neige (ski nordique, raquettes) l’air (parapente, ULM...) ou le
contact avec des peuplades primitives dans le cas d’aventures extrêmes.
L’homme urbain sort de son univers bétonné à la recherche d’activités insolites,
voire risquées où il pourra se confronter à lui-même, dépasser ses capacités physiques et
morales, fournir des efforts violents et se mesurer avec les éléments.
Le deuxième critère retenu par Sanchez est le besoin de réappropriation du territoire
« perdu ». La problématique du voyageur sera ici la même que celle de l’aventurier à la
recherche d’espace vierge, la découverte de nouveaux territoires inexplorés, le contact avec
une faune et une flore sauvage. La motivation en ce cas s’apparente à une fuite des milieux
hyper fréquentés et surexploités ou des paysages de « cartes postales ».
Cette quête semble pourtant difficile dans un monde ou les lieux encore inviolés et
préservés à l'état originel sont de plus en plus rares.64
Le dernier critère retenu par Sanchez est lié à l’intensité délivrée par le produit
d’aventure : chaque aventurier jugera en fonction de ses attentes et de sa
personnalité « l’intensité » finale de son voyage en considérant son degré de risque,
63
In Tourisme d'aventure , collectif, Cahier Espaces n°29, Editions Espaces tourisme & loisirs Décembre
1992.
64 On peut même se demander avec Yves Tinard si le concept même de tourisme d’aventure n’est pas menacé
dans son fondement, car, « l’aventure, galvaudée par la publicité, aux territoires balisés et aux risques
parfaitement maitrisé… existe t.elle encore » ? (in « Le Tourisme d’aventure », collectif, 1992 p.17).
67
d’originalité, d’autonomie et d’authenticité. Le croisement de ces différents critères
permettra de borner le champ du tourisme d’aventure.
Cette potentialité de consommation se concrétise en termes de marché par une
augmentation régulière de la demande ces dernières années. Un marché qui attire un
nombre croissant d’entreprises et d’agences spécialisées de petites tailles aux cotés des
grands tours opérateurs (dont les français les plus connus sont Voyageurs du Monde,
Allibert, Club Aventure…).
Il est difficile d’estimer la taille de la demande en chiffres, en ce sens que le plus
souvent les données incluent celles relatives à des séjours sportifs d’aventure, de loisirs de
natures, celles des voyages dits « culturels » ou celles encore de « l’éco tourisme » en
fonction du sens donné au terme tourisme « de nature et d’aventure » . 65
Notons qu’il est le plus souvent considéré comme un marché « de niche » au coté
du tourisme golfique et de sports d’hiver.
Une clientèle hétérogène
La clientèle est très hétérogène entre le tourisme d’affaire dans le cadre d’activités
« incentives » , très demandeurs de produits, des « jeunes » au faible pouvoir d’achat qui
consommeront davantage hors des circuits de distribution, un public plus âgé, individuel
ou de groupes à la recherche d’offres très variées qui vont de la randonnée (pédestre,
équestre, en vélo) à l’expédition (saharienne, en pirogue sur l’amazone..) en passant par
toute une gamme de séjours sportifs de parapentes, de rafting en rivière, jusqu’ au stage de
survie en milieu extrême…
Une demande très sensible aux conjonctures politiques, économiques, sociales et
sanitaires susceptibles de faire pencher le facteur « risque » au-delà de la zone de confort
du consommateur.
65
Un rapport de la firme américaine Xola consulting s’est penché sur le sujet dans Adventure Travel Industry
Growth Statistics, A Compilation of Secondary Research . Christina Heyniger, Xola Consulting. Il compile
les évolutions et les résultats d’études relevé par diverses institutions( National Geographic, Travel Industry
Association of America, Mintel.) ainsi que les conclusions de travaux scientifiques en cours.
68
1.4. L’offre en tourisme sportif actif
Elle se divise en deux segments :
Une offre réceptive qui concerne les activités groupées à des formules
d’hébergements et de restauration, les divers prestataires de service, offices, syndicats
d’initiative, comités départementaux et régionaux…
- Une offre émettrice qui provient des professionnels du voyage, agences et tours
opérateurs, ainsi que des grands centres sportifs intégrés.
En France, B. Massiera remarque que l’offre réceptive correspond à une offre
essentiellement locale, réunie généralement « sous la forme d’un ensemble de
documentations destinées à en promouvoir les services. » 66
Elle est composée par une
multitude de structures de petites tailles, allant de l’association 1901 à la société
internationale en passant par le travailleur indépendant.
Les particularités de l’offre émettrice : Elle émane principalement des grands
voyagistes, des grands centres intégrés et des agences de voyages spécialisées. Cette offre
se compose généralement des activités sportives rassemblées sur un seul site, associées à
un moyen de transport et à un prestataire d’hébergement. L’accès est facilité pour les
clients et l’offre s’enrichit de l’environnement des services touristiques dans lequel elle est
proposée.
Pigeassou (2002) distingue ici une première catégorie de grands tours operators :
En France par exemple : Club Med, Nouvelles Frontières, Décathlon Voyages qui ont
développé des lignes de produits sur le tourisme sportif.
Une deuxième catégorie est donnée par des tours operators et des agences
spécialisées sur une ligne de produits, la randonnée dans ses différentes dimensions, le
golf, la plongée, la pêche… par exemple : Allibert, Terre d’Aventures, Explorator, Club
aventure pour le trek, le géant néerlandais Pinhigh pour le golf, Randocheval et Cheval
d’aventure pour la randonnée équestre…
66
B. Massiera. Op. Cit. 32
69
Une troisième catégorie de tour operators est constituée par des organisations qui
ont établi un portefeuille d’activités avec plusieurs lignes de produits de tourisme
relativement équilibrés. C’est l’exemple de Sport-Away voyages qui a « une production
organisée en 4 lignes: windsurf, plongée, voile et golf ». Dans la même lignée stratégique,
Fun & Fly, agence spécialiste du voyage sportif qui regroupe ses activités autour du Kite
surf, le golf, le windsurf et la plongée ou encore Pure Kite axé sur les sports extrêmes.
Une dernière et quatrième catégorie inclut les opérateurs locaux détenteurs le plus
souvent d’une licence voyage qui ont une attractivité locale pour du loisir sportif et qui ont
évolué vers le tourisme sportif.
C’est dans cette dernière catégorie que l’on trouve le plus d’opérateurs. Un tour sur
le web suffit à s’en convaincre avec des milliers de réponses dans chaque créneau
d’activités.
Au terme de ce panorama du marché du tourisme sportif actif, rappelons que l’offre
ne constitue qu’une petite partie des produits et que l’auto-production règne dans le
tourisme sportif actif : Il est possible de trouver sur la toile des centaines de sites
spécialisés pour aider à la constitution des séjours dans tous les pays du monde.
De même les opérateurs étrangers basés dans les pays de destination utilisent
internet pour se faire connaître, pour séduire et communiquer dans les langues de leurs
clients potentiels (anglais, français, allemand) comme c’est le cas de Thaïlande Phuket qui
propose des trekkings à dos d’éléphant, des séjours de plongée, de pêche pour un public
francophone 67.
67
Ex. donné par Pigeassou (2002). C’est aussi le cas de l’agence de voyages sportifs portugaise We Se7 It qui
rentre aujourd’hui dans cette catégorie :En tant que stagiaire, ma mission principale ayant été la refonte du
site web de l’entreprise et son adaptation au marché français. Nouveau site en ligne à partir de Septembre
2012 : www.wesetit.pt
70
2. Le Tourisme de spectacle
Le tourisme sportif de spectacle est étroitement lié au tourisme sportif de
compétition : car sans celui-ci « pas de spectacle » (Pigeassou 2002). En effet, le
phénomène de la « spectacularisation du sport » prend son essor dans les années soixante
avec l’apparition des médias. Depuis, le spectacle sportif s’est développé et diversifié tout
au long du XXème
siècle pour intéresser aujourd’hui une grande partie de la population
mondiale.
Tout un faisceau de raisons a initié et encouragé sa dynamique : du coté de l’offre
par la modernisation des moyens de communication et de l'audio-visuel ; du côté de la
demande (en émotions, en plaisir) ou encore, de la professionnalisation du sport…
Forme euphémisée des conflits (Brohm) ou forme civilisée des mœurs (Elias,
Dunning cité par Pigeassou 2002) la rencontre sportive et le lien de toutes les
identifications locales et nationales. Par le spectacle sportif, notre société, en quelque sorte,
se « célèbre » : Le Tournoi rugby des Six Nations, par exemple, permet à notre culture
Européenne de se « reconnaître » en même temps qu’elle permet au public de s’identifier
aux acteurs du match.
L’offre de spectacle sportif est en constante évolution dans les sports les plus
médiatisés (football, rugby en tête) soit par la création de shows et d’exhibitions (festival
de sports extrêmes, festival d’art martiaux, Rencontres de la glisse etc.).
Souvent défini comme un phénomène universel, une grand-messe de la civilisation
actuelle, le spectacle sportif est aussi profondément ancré dans le local (courses cyclistes,
matchs de rugby..) qui exprime l’appartenance et l’identité des territoires.
Du point de vue des destinations, le spectacle sportif permet le développement et le
marketing d’événements qui auront un impact sur l’économie du territoire
Du point de vue du consommateur, il s’agit d’être présent et de vibrer à l’unisson
du « grand show » qui se déroule sous ses yeux.
71
2.1. Catégorisation des différentes formes d’événements
Les événements sportifs existent en formes très variées avec un aspect commun : ils
sont tous limités dans le temps. Depuis les années 90, ils ont fait l’objet d’études assez
régulières dans les recherches sur le tourisme sportif.
La catégorisation des événements repose sur le concept de notoriété qui définit
« l’image créée et développée par un événement ». Cette distinction opérée, il faut la
coupler avec l’espace de notoriété. Cet espace se réfère à des échelles dont les marques
sont locales, nationales et internationales correspondant à la terminologie anglo-saxonne :
« Locals, Hallmarks et Mega events. »
Les événements régionaux :
La plupart des événements sportifs tombent dans cette catégorie.
Nombre de villes et de villages de nos civilisations occidentales organisent leur
événement sportif annuel en plus du maillage très serré des compétitions
sportives (championnat départementaux etc..) des territoires. Ils concernent tous
les sports, à tous les échelons.
Les événements nationaux :
Ses événements découlent des compétitions nationales et internationales
(intéressant les clubs), les championnats de France de Rugby, de Football etc.
(Pigeassou). Selon Getz (2007)68 se sont aussi des événements dont l’ampleur
suffisante en termes d’histoire, d’image et de publicité permettra de se
distinguer au plan national et international (Wimbledon, grand prix de Monaco).
Les événements de notoriété internationale (Mega events)
Les deux plus grandes caractéristiques sont :
Un impact considérable sur la destination (région, pays) où se tient l'
événement
L'attraction d’une couverture médiatique internationale/mondiale
68
Donald Getz, 2007, Event tourism: Definition, evolution, and research, Elsevier.
72
Il s’agit des grands événements sportifs qui scandent les calendriers internationaux
et les épreuves internationales. Citons en exemples : La coupe du Monde de Football, Le
Tournoi des six Nations de Rugby, les 24h du Mans, le Tour de France et bien évidemment,
Les jeux Olympiques.
L’échelle de Shani & Sandler (1996) propose, elle, une distinction entre cinq
catégories basées sur des critères d’influences géographiques (reach) et sur le niveau de
notoriété (depth).
Au niveau des événements globaux, les seuls identifiables sur cette échelle sont les
JO et la Coupe du Monde de Football. Les évènements internationaux sont eux, liés aux
deux critères déterminants (notoriété et intérêt). Citons en exemple les Jeux Panaméricains.
Figure 14. “The Sports Event Pyramid”
Source: Shani & Sandler (1996)
2.2 Les flux du tourisme de spectacle sportif
Il n’est pas évident d’évaluer les flux du tourisme sportif de spectacle. Dans une
grande partie des cas, l’estimation repose sur la catégorisation des types de spectacle
puisqu’elle entretient un rapport étroit avec le tourisme (en termes de déplacement et de
destination).
73
De multiples aléas sportifs, climatiques, politiques et sociaux peuvent perturber le
spectacle et font que les estimations sont le plus souvent données en fourchette de
grandeur.
Figure 15 : Estimation du nombre de spectateurs des événements sportif en France
Source : Pigeassou (2002)
Dans le contexte du tourisme de spectacle, Pigeassou remarque que seuls les événements
internationaux génèrent des flux suffisamment importants pour de courts séjours. Notons
que d’une façon générale, les longs séjours sont peu courants dans le tourisme de
spectacle :
En effet peu de compétitions s’étalent au delà de quatre/cinq jours, sauf peut-être en
voile, en tennis et pour les mega events tels les JO ou les Championnats du Monde. Si les
distances ne constituent plus un obstacle majeur au déplacement (internationaux), des
freins économiques pèsent sur les comportements. En outre les déplacements fréquents
sont le fait d’une minorité de voyageurs assidus.
Figure 16 : Qui sont ces spectateurs qui voyagent pour assister à un événement sportif ?
Pigeassou (2002) détermine 4 types de participants avec pour critères déterminants
la motivation et le degré de fréquentation.
le participant assidu
On lui attribue différents noms: « le supporter », le « fan ». Il se caractérise par sa fidélité (qui
Estimation du nombre de
Spectateurs en millions par
an
Type d’évènements
50-60
Evènements de notoriété
internationale
40-50
Evènements de notoriété
nationale
300-350
Evènements de notoriété locale
74
peut évoluer dans le temps). Son support inconditionnel: s’exprime, se donne à voir et à
entendre. C’est un spectateur de passion, régulier dans ses engagements (abonnement). On le
retrouve au niveau local (championnat amateur), au niveau du sport professionnel, au niveau
national (identité nationale). Sa passion dévorante n’est pas nécessairement exclusive d’un sport
bien que cela soit fréquemment le cas. Tous les sports et les pratiques sportives sont concernées:
du football aux sports de glisse.
le participant occasionnel
C’est un spectateur de raison. S'il nourrit une passion, celle-ci n’est plus active pour le
quotidien, elle se reporte sur l’exceptionnel. Il faut entendre par là ce qui est exceptionnel pour
les médias. Il se nourrit des grands évènements, sa présence n’est pas obligatoire mais elle est
obligée. Se montrer peut être tout aussi important que participer. Le participant occasionnel est
sensible donc attiré par les grands rendez-vous sportifs internationaux et nationaux. Là où il y
aura du monde, de la compagnie, de la foule. (…) Sous l’angle du participant occasionnel, la
culture française du spectacle sportif est de ce point de vue différente de la culture nord
américaine.
le spectateur de curiosité
Ce spectateur saisit l’offre qui s’offre à lui, quitte à devenir ultérieurement un passionné. Son
engagement peut être éphémère mais aussi multiple. Ce n’est pas un esthète, ni un gourmet, il
est là pour découvrir et apprendre. Il est de passage seul, en famille ou en groupe. C’est un
passage obligé qui nourrit les cohortes de spectateurs plus engagés, mais c’est également un état
qui s’entretient de lui-même.
le spectateur d’accompagnement
Ce type de spectateur assiste à l’évènement mais sa participation est subordonnée à une mission.
La fonction d’accompagnement détermine la mission: accompagner une équipe, diriger une
rencontre, accompagner ou suivre un sportif (généralement un enfant). La présence peut être
contrainte mais elle est généralement conviction. Participer au sport, c’est nécessairement croire
à ce que l’on fait.
Notons que la plupart de ces catégories correspond à des « archétypes » de profils.
De même, l’importance des flux est trop grande pour en distinguer ceux relevant des loisirs
sportifs de ceux des compétitions sportives.
75
2.3. Impact du phénomène
Différentes études s’intéressent aux spectacles sportifs dont ressortent deux
approches dominantes : ethnographiques (surtout autour du football) et l’étude des
retombées économiques. Le champ s’avère difficile à aborder compte-tenu de la diversité
des événements.
Selon les chiffres du site spécialisé Sportbusiness (2008) : 69
La Coupe du Monde de football en France a attiré plus de 900 000 spectateurs
internationaux, les jeux olympiques (2000) de Sydney ont généré plus de 110 000 arrivées
de touristes voyageant pour ce seul motif ; au Portugal, l’Euro 2004, plus de 500 000,
quand le Grand Prix de Monaco de Formule 1 rassemble chaque année 200 000 visiteurs
au cours des quatre jours de compétition.
Le site estime qu’en moyenne, plus de 12 millions de voyages internationaux sont
réalisés chaque année dans l’objectif d’assister à un événement sportif. Selon le même
site, le marché pourrait bien enregistrer une croissance de 6% par an au cours des
prochaines années.
Rappelons les facteurs qui participent au développement du spectacle sportif : la
hausse générale des pratiques sportives et de l’intérêt pour le sport, la hausse du pouvoir
d’achat (socio-économiques), une couverture médiatique de plus en plus importante
(technologiques), l’extension du calendrier des événements sportifs, un nombre croissant
de fan prêts à voyager pour assister « en direct » aux exploits de leurs héros ; un confort
amélioré des équipements où se tiennent les événements (grands stades innovants,
animations multiples et services foisonnants..) et le développement des transports aériens
du type low cost, qui permettent de voyager plus souvent et à coût maitrisé.
Le phénomène se caractérise par deux dominantes : en premier lieu, les flux les
plus importants sont donnés par quelques sports. Le football, ultra médiatisé et organisé,
occupe logiquement la première place. Son audience se chiffre à environ 60 millions de
69
www.sportbusiness.com
76
spectateurs par an. Cette domination induit l’aspect suivant : le tourisme sportif de
spectacle est à dominante essentiellement masculine…
Les profils des consommateurs :
Toujours selon la même étude, le profil typique du voyageur spectateur s’établit
autour d’un homme plutôt jeune, entre 18 et 34 ans de CSP moyenne.
En général les voyageurs « suiveurs » de rugby et de cricket seront un peu plus âgés
et de catégories socioprofessionnelles plus élevées (CSP moyenne à CSP ++), quant aux
amateurs de formule 1, ce sont des hommes dans la quarantaine disposant d’un revenu au
dessus de la moyenne.
77
3. Autres formes de tourisme sportif
3.1. Le tourisme sportif de culture
En anglais « nostalgia sport tourism » (Gibson,1999). Il s’agit d’un tourisme sportif
centré sur l’expérience culturelle du sport.
Ce type de tourisme sportif est peu développé dans les pays européens comparé au
pays nord-américains où la culture sportive est solidement ancrée et l’offre abondante.
Sa forme principale est en rapport avec une culture historique du sport. En d’autres
termes, le touriste se rend dans des lieux chargés d’histoire ou de « vibrations » pour y
visiter des musées (Musée du sport, de l’Ovalie), des stades mythiques (Stade de France,
sites mondiaux des anciens Jeux Olympiques, des « Halls of fame » américains (le
Baseball Hall of Fame de Cooperstown/New York ou le LPGA Hall of Fame).
Figure 17 : Estimation du nombre de spectateurs des événements sportif
Source: Pigeassou 2002
Il peut s’agir du voyage « de toute une vie » décidé par passion et vénération totale
pour un sport (partir visiter les stades mythique du football européen au cours d’un seul
périple par exemple). En 2001, la compagnie MasterCard faisait la promotion de la célèbre
carte de crédit au travers d’une publicité de nostalgie sportive : Deux amis en bus
Type de comportements
du
tourisme sportif de culture
Formes observées
Culture historique commémoration,
visite de musée,
visite d’exposition,
visite de monument
Culture présente Séminaire
conférence
Culture active administration du sport
formation sportive
78
Wolkswagen traversaient les États-Unis pour visiter les 30 « Parks »de la Baseball league
américaine, pour une sorte de grand pélerinage. 70
La plupart des grands stades proposent des visites guidées pour découvrir les lieux
où se sont joués et se jouent encore les grands exploits sportifs. Se recueillir dans les
vestiaires, s’imaginer dans l’effervescence d’une salle de presse ou dans l’espace VIP
…fouler la pelouse… autant d’émotions qui vont créer une « expérience » différente et
singulière du tourisme sportif. 71
En Australie, il est même possible de monter sur un « véritable » podium
olympique le temps d’une photo, au mythique stade ANZ (stadium « Australia ») de
Sydney où se sont tenus les JO d’été en 2000.
Le phénomène semble prendre de l’ampleur. Pour preuve les investissements
consentis dans certains musées en Europe, à l’exemple du Wimbledon Lawn Tennis
Museum ouvert en 1977 et totalement refait en 2006, offrant une approche ultra moderne et
interactive de ce temple du tennis aux amateurs et leurs familles.
[Cf Annexe 2 : Les musées sportifs les plus visités en Europe]
Notons que d’une façon générale, la communauté scientifique s’est peu intéressée
au sujet (Adair 2004, Lewis & Redmond, 1974, Snyder 1991).72
En langue française il est
très difficile d'en trouver des études, en dehors des travaux de Charles Pigeassou.
Précisons aussi qu’au tourisme de culture, Pigeassou est le seul chercheur à
adjoindre deux autres formes centrées autour de la culture « présente » et de la culture
active. Il s’agit pour la première, de tous les déplacements liés aux séminaires, aux
conférences sur le sport, aux sciences du sport. Cela peut être des événements ouverts au
public (dans le cadre de conférence sur le management du sport par exemple) ou des
rendez-vous professionnels tenus par des fédérations ou des associations.
70
Cité par B. Parks and al., in Contemporary sport management, Human Kinetics, 3eme edition, p. 154.
71Le site suivant répertorie les stades français ouverts aux visites.
http://france.stades.free.fr/SITE/AUTRES/visites.htm
72Ibid.
79
Enfin, les déplacements dans le cadre de la culture « active » sont considérés sous
l’angle de la formation qui donnera lieu à l acquisition d’une culture technique « sportive »
(en expertise ou en gestion sportive). Elle intéresse plus particulièrement les personnels de
l’administration du sport.
3.2. Des micros niches de tourisme sportif
Bien que la plupart elles puissent être intégrées au tourisme sportif d’action (par
l’approche motrice) ou de spectacle (par l’approche visuelle), il existe des formes
caractéristiques que nous avons choisies de développer parce qu’elles correspondent à des
pratiques de consommations, des « micro-niches » bien identifiées sur les marchés du
tourisme sportif notamment sur ceux Nord-Américains et Britannique.
Le cas des resorts à vocation sportive
Il s’agit le plus souvent de domaines et de complexe privés associant hôtellerie et
équipements sportifs, situés en dehors des centres urbains, le plus souvent en bord de
littoral. Dans la plupart des cas, ces complexes offrent des prestations de haut niveau tant
sur le plan des hébergements que sur le plan des équipements sportifs. Les plus connus
sont les « Golf Resorts » qui ont fait la réputation des côtes espagnoles, de l’Algarve au
Portugal et de la région d’Antalaya en Turquie, mais il existe aussi des resorts dédiés au
tennis ou des resorts sur base nautique réservés aux activités d’eau et de nature.
Ils offrent aux touristes « sportifs » la possibilité de s’initier, de perfectionner
l’apprentissage de leur sport favori dans des conditions idéales, assurant en plus une
gamme d’activité de loisirs et des possibilités d’excursions sur les lieux d’implantation.
Ils sont fréquentés par des vacanciers à la recherche d’une pratique intensive dans
un environnement luxueux, comme par des familles aisées, attirées par des resorts
proposant des services « tout inclus » ce qui facilite l’organisation et le déroulement du
séjour.
Hors saison, les resorts se sont spécialisés dans l’accueil d’une clientèle d’affaire
(programmes incentive), en assurant l’occasion d’allier des temps de relaxations (activités
sportives) aux temps de travail (réunions, conférences).
80
Aux Etats unis, le Tampa Bay Resort Saddlebrook en Floride constitue un exemple
extravagant (de gigantisme) dans le domaine des resorts thématiques « golf et tennis ». 73
Une extension de ce type de marché est une clientèle d’athlètes et de professionnels
du sport, qui voyage dans le cadre de stages d’entraînements, de remise en forme ou pour
des breaks de milieu de saison. Ils sont accueillis dans des équipements spécifiques
destinés aux athlètes de haut niveau et offrant des prestations adaptées : gymnases, terrains,
équipes médicales de haute volée…. le tout, associé très souvent à de l’hôtellerie.
L’Espagne, la Grèce, l’Afrique du Nord, la Turquie se sont positionnées sur ces marchés
avec succès. Pour exemple, les équipes de football (issues du monde entier) en camp
d’entraînement dans la région d’Antalaya qui étaient de 70 en 1995, passaient à 700 en
2003 et à 1200 en 2007. Les équipes sont constituées par 25 à 30 membres en moyenne et
font des séjours de 10 à 24 jours, assurant une rentrée financière estimée à plus de 6
millions d’euros par le secteur hôtelier turque. En outre, chaque joueur effectue des dépenses
personnelles impactant l’économie locale. 74
A coté du sport « élite » une autre clientèle, jeune, voyage dans le cadre de
formations associant entraînements et détente : il s’agit des adolescents en camps sportifs.
Si le phénomène existe en Europe, il est considérable aux Etats-Unis et au Canada : chaque
année, des milliers de jeunes américains & canadiens se déplacent dans des resorts, des
universités ou campent en pleine nature pour participer à des entraînements sportifs parfois
sponsorisés par des grandes marques (ex : les Nike sport camps). Y sont organisées des
sessions de pratiques intensives dans la plupart des sports : football américain, hockey sur
gazon, basket, natation, athlétisme... 75
73
http://www.saddlebrook.com/
74 Onur Içöz and al, Sport Tourism Destinations as Brand and Factors Affecting Destination Choices of
Soccer Team. Université de Yasar. Turquie.
75 Pages 39-56, in Sport Tourism Destinations Issues, opportunities, Article Lisa Delpy Neirotti, Sport
tourism markets unities and analysis, Edited by James Higham. 2005.
81
Les « Tours »
Les tours (ou en français, tournées sportives), entraînent des voyageurs, le plus
souvent en groupe, à parcourir la planète pour assister à leurs événements sportifs favoris.
Une expérience qui dans le cadre du « tour » peut être combinée à d’autres expériences
culturelles 76
(visite de stades par exemple) ou sportive « active » via la participation à des
matches amicaux avec des équipes locales.
Il peut s’agir de groupes de fans dont le forfait de voyage inclura une rencontre
avec l’équipe mythique en zone VIP ou avec des sportifs (aux US Masters par ex.).
Le tourisme d’affaire constitue une part importante de ce marché en organisant soit
des « tours » pour leurs meilleurs clients (actions de promotion), pour leurs équipes (en
guise de récompenses), leur offrant d’assister aux grandes compétitions internationales
dans une ambiance associant « classe » et d'excellence sportive.
Dans cette catégorie l’on retrouve aussi les équipes sportives dites « sociales »,
groupes d’amis, anciens de clubs, vétérans…) dont l’objectif principal est de participer à
une compétition amateur ou à un match amical dans le cadre d’un séjour souvent
« annuel », court et festif. Ce type de tournée « active » a la caractéristique d’être plus
axée sur l’aspect « récréatif » que sur la compétition.
Le tour peut aussi participer d’un tourisme de culture ayant attrait au folklore ou à
la tradition sportive d’un territoire. Dans ce cadre, le séjour peut s’étendre en fonction des
destinations (tournée rugby en Nouvelle Zélande par exemple, criquet en Inde, baseball
aux USA etc.…).
Il est difficile de connaitre les flux relatifs à ces tours, en effet, ceux-ci étant le plus
souvent commercialisés par des entreprises privées (ou en auto-production pour les plus
modestes), les statistiques sont difficiles à obtenir. Certains géants existent notamment sur
le marché Nord Américains et celui du Royaume-Unis citons en exemple Sporting traveller
(USA) ou Sports-tours (UK).
76
En quelque sorte, une version contemporaine du tour des jeunes aristocrates britanniques…
82
CHAPITRE III
OPPORTUNITÉS, ENJEUX ET DEFIS DU
TOURISME SPORTIF POUR LES DESTINATIONS
83
1. Intérêts du tourisme sportif pour les destinations
1.1 Tourisme sportif et développement des territoires
Une clef de développement : Les loisirs sportifs et de nature
L’exemple des sports de nature est à ce titre significatif et constitue pour les
territoires bien plus qu'un simple argument de vente, il s’agit d’un levier clef du
développement touristique :
Quelques chiffres concernant certains segments de la filière du tourisme sportif ou
des marchés localisés territorialement soulignent ce fait : en France par exemple, les
territoires touristiques « campagne et montagne », fortement liés aux loisirs sportifs de
nature, représentent respectivement 28,2 % et 7,5 % de la consommation touristique
nationale. L'industrie des remontées mécaniques des sports d'hiver a réalisé un chiffre
d'affaires (CA) supérieur à 812 millions € pour la saison 2003-2004 (Ministère du
Tourisme, 2004). De même le tourisme équestre avec un CA estimé à plus de 220 millions
€ en 2004. (Bouchet)
P. Bourdeau dans « la montagne d’été et les marchés porteurs »77 souligne l’intérêt
concret des loisirs sportifs dans le cadre d’une politique de développement des montagnes.
Il y constate que ces activités influent à plusieurs échelles sur les hiérarchies
touristiques traditionnelles de ces territoires:
A l’échelle régionale, le développement des sports d’eaux vives a, par exemple,
largement contribué à relancer la vie touristique estivale de certaines vallées alpines ou
pyrénéennes. A l’échelle locale, les loisirs sportifs permettent aussi à de nombreuses
stations-villages de dynamiser leur activité touristique face la concurrence des grandes
stations, ceci en valorisant simplement leur potentiel naturel. En d’autres termes, sans avoir
à investir dans des équipements couteux à réaliser, ce qui est rendu impossible avec des
produits sportifs « délocalisés » comme le golf ou le tennis. Et ce d’autant plus que le
développement des loisirs sportifs repose souvent sur les initiatives d’opérateurs
77
Article publié dans les Cahiers d'ESPACES n°25 " prospective touristique et marchés porteurs ", Ed. ETE,
Paris, 1991, pp.64-70.
84
économiques privés dont le nombre tend à se multiplier : bases de rafting, loueurs de vélos
tout terrain, professionnels de la montagne, clubs sportifs…
Il pointe le bénéfice en termes de « rééquilibrage des polarités des zones de
montagnes du fait de la revalorisation des zones de vallée par rapport aux zones
d’altitude ». Les sports d’eau vive, l’escalade, le vélo tout terrain s’y pratiquent en groupe
ou en famille dans des sites facilement accessibles aux non-pratiquants, qui correspond
bien au marché hétérogène du tourisme sportif.
Le sport pour désaisonnaliser les destinations
Le tourisme sportif permet en outre de lisser les problèmes de saisonnalité en
offrant la diversification des activités et un étalement de l’offre touristique sur une plus
grande partie de l'année.
Ainsi il favorise le développement des activités « été » dans les stations de sports
d’hiver ou en montagne (qui permettra en sus de rentabiliser les investissements).
En outre, du fait de l'amélioration technique des équipements, il devient plus facile
de pratiquer dans des conditions plus difficiles (vent, froid, pluie) de certains sports
outdoor (golf, surf, trekking)
Il attire un plus grand nombre de vacanciers hors des périodes traditionnelles de
départ (due au développement des courts séjours de loisirs sportifs).
Enfin la création d’événements de spectacles sportifs est bienvenue pour constituer
des nouvelles sources d’attractions en périodes « creuses » (déjà facilitée par l’extension
des calendriers sportifs des leagues de football, rugby etc.) qui offrent de multiples
opportunités de voyages.
Pour les destinations, leurs potentialités semblent inépuisables pour contrer les
effets de concentration tels l’hyperpopulation, la pollution, l’épuisement de la faune et la
flore due à la saisonnalité.78
78
Ce qui peut soulever un autre débat : les destinations n’ont-elles pas aussi besoin de prendre « des
vacances » ?
85
Pour les pays émergents et en voie de développement
Pour ces pays, le tourisme sportif représente un véritable enjeu en termes d’image,
de progrès social et économique voire une aubaine en terme de rentrée de devises,
contribuant à l’équilibre de la balance des paiements. Cette « manne » permet aussi de
régénérer des régions dites faibles ou des destinations « en déclin ». En effet, les sports de
nature (plongée,voile, escalade, randonnée à pied, VTT), constituent une plus value
recherchée par les consommateurs (essentiellement occidentaux) et donc une valeur sûre
pour les professionnels et les populations locales des pays en question. On peut dire sans
détour qu'ils représentent des outils de ce développement à condition que ces pays soient
dotés de climats et de sites naturels appropriés.
Les tentatives de positionnement et de structuration de l’offre touristique sportive
se multiplient : pour exemple le cas dans certains pays du pourtour méditerranéens, Maroc
et Tunisie, en tête, qui y voient l’occasion de redorer et re-dynamiser leur image malmenée
par les événements politiques des dernières années, en même temps que de bénéficier des
retombées économiques d’une niche en expansion.
En Tunisie, l’association française Carthago se démène tous azimuts pour le
développement de la niche « tourisme sportif et tourisme saharien » destinée à conquérir
ces nouveaux types de touristes. L’objectif est de favoriser les produits sportifs axés sur
les atouts naturels qu’offre la Tunisie afin de préserver la destination touristique tout en
assurant pour les destinations du pourtour méditerranéen une solution de nature à « créer
des emplois, à lutter contre la pauvreté et à assurer la paix autour de la méditerranée ».
(Azdine Ben Yaâcoub). 79
Fort de ses potentialités naturelles (les réserves naturelles, le désert, les parcs
nationaux), l’association milite pour que les acteurs locaux coordonnent leur actions et
communiquent sur les différents produits de la filière « sport ». L'objectif est d'allier une
rencontre avec la nature à un sport (trekking dans le désert, rallye…) créer des événements
sportifs destinés à capter l’attention des médias et des tours opérateurs internationaux:
comme avec l’organisation de manifestation de niches telle le « 1er
trophée de pétanque »
dans le désert ("Trophée du jasmin" avril 2011) ou en passant par une promotion active du
79
In La Presse, « Le tourisme sportif est au rendez vous » 24 avril 2012.
86
Festival International des Sports (fin avril) qui offrent en point d’orgue, le semi-marathon
international de Djerba-Mellita et le triathlon de Sidi Jmour.
Azdine Ben Yaâcoub, insiste lui-même sur l’importance des événements sportifs
dans la promotion d’une destination rappelant que l’organisation d’un marathon en ville est
un signe de confiance pour les touristes «parce qu’un pays qui court est un pays
sécurisé ».
Pour le Maroc après des années d'un tourisme axé sur le farniente au soleil, il s’agit
d’arriver à booster les arrivées touristiques en favorisant, aux côtés des manifestations
culturelles, le développement des loisirs liés au sport comme principal vecteur d’animation
touristique. Le Maroc a donc commencé ces dernières années à s'investir dans le domaine
même si encore beaucoup reste à faire.
L'une des premières disciplines développées dans le tourisme sportif a été le golf 80. En plus
de celui-ci, le royaume diversifie aujourd'hui son offre en la matière, à travers toutes ses
régions. Un exemple est la ville de Dakhla, qui a abrité fin 2009 la 8ème
étape du
Championnat Mondial de Kiteboard World Pro Tour (KPWT).
Mais d’autres manifestations recueillent une audience grandissante sur la scène
internationale : le Rallye Aïcha des Gazelles qui rassemble des femmes de 18 à 65 ans et
de 33 nationalités différentes dans le désert marocain, et le Marathon des sables qui réunit
dans le Sud marocain, des sportifs et amateurs d'aventures venant des quatre coins du
globe...
Parce-qu’il favorise aussi l’aménagement des espaces de pratique (via feratta, stade
d’eaux vive, chemins balisé etc..), la création de nouveaux équipements (pôle multi
activités, la constitution de base nautiques par exemple), parce-qu’il crée de l’animation et
de l’image promotionnelle tout en rendant des activités plus accessibles à tous les publics
le tourisme sportif, au travers des activités de loisirs et de nature, offre certainement de
multiples atouts pour les territoires.81
80
Un succès mitigé en termes de fréquentation et discutable en termes de développement durable.
81 Jean-Martin Herbecq, directeur du centre Terre d’Amanar, l’un des pionniers des pratiques sportives dans
le développement durable au Maroc l’affirme en ces termes : «le tourisme sportif apparaît de plus en plus
pour les collectivités comme un moyen de diversification de leur offre de loisirs et d’aménagement du
territoire » http://www.maghress.com/fr/leconomiste/90321
87
Selon David Johnson, directeur général du Ministère du tourisme des Bahamas
« petit état insulaire en développement » et destination favorite des Américains, le tourisme
sportif qui injecte déjà plus de 12 million de dollars dans l’économie du pays pourrait
bien atteindre les 100 millions en 2014. Cette perspective ultra optimiste correspond au
développement récent du tourisme sportif d’action dans l’île qui, explique Johnson :
« … [le Tourisme sportif] ne rapportait encore rien il y a trois ans et n’était qu’une
colonne débit sur notre budget… aujourd’hui il s’agit de plus de 10 millions de recette et
d’ici à 2014 il devrait représenter plus de 5% des entrées touristiques. » 82 (traduction
personnelle).
Le gouvernement base ses objectifs sur un nombre important de petites
infrastructures sportives encore sous-employées, une communauté locale sportive et
impliquée, un large éventail d’événements sportifs en progression constante et la
construction d’un tout nouveau stade de 15 000 places, le Thomas Robinson National
Stadium.
A cet exemple, nombre de ces destinations commencent à prendre la mesure et le
potentiel d’un marché demandeur de nouvelles « expériences » pour l’intégrer (à divers
degrés de réflexions) dans leur politique de développement touristique. On peut citer entre
autres, des exemples croisés aux cours de nos recherches : Madagascar et la Roumanie se
positionnant sur le marché des sports de nature en général, l’Afrique du Sud (loisirs
sportifs et événementiel), l’Iran sur le trekking, le VTT, le ski, l’archerie, le Liban sur
l’escalade (le site de Tannourine) et bien d’autres encore…
A ce titre et parce qu’il est difficile de rentrer dans les détails dans le cadre de ce
panorama, nous recommandons la lecture d’un rapport bien documenté sur la situation du
marché du tourisme sportif à la Réunion. Cette étude conduite par le Centre universitaire
de recherche en activités physiques et sportives (CURAPS) en 2002/2003 offre un
éclairage intéressant sur l’impact du tourisme « d’action » et de nature sur l‘île : tant du
point de vue de l’aménagement des espaces naturels, de l’économie, que de celui de la
perception modifiée des acteurs locaux vis-à-vis de leur territoire.
82
In The Nassau Guardian, “Sports tourism to generate $100M by 2014”J. Todd, 9 février 2012.
88
[Cf Annexe 3 : « Le Tourisme Sportif, un marché en croissance »]
L’intérêt du tourisme de spectacle sportif : des régions aux destinations
internationales
Dans le contexte actuel de concurrence entre les destinations touristiques, l’offre en
matière d’hôtellerie, de restauration, de patrimoine, suffit de moins en moins à apporter un
avantage concurrentiel suffisant. La compétitivité touristique d’une destination repose sur
le dynamisme de son offre dans différents domaines en matière de loisirs culturels,
environnementaux et sportifs. Cette offre permet la mise en valeur du patrimoine naturel et
culturel du territoire.
Il apparait que la manifestation sportive et plus particulièrement les compétitions
sportives en générant des flux important de population sont à même de constituer un
vecteur important de promotion des destinations.
1.2.Le méga événement sportif : la poule aux œufs d’or du
Tourisme sportif ?
Un constat s’impose : Les plus gros événements sportifs de la planète, et ceux qui
attirent le plus de touristes, sont, dans l'ordre : les Jeux olympiques, avec la présence non
négligeable de plus de 15 000 journalistes, la Coupe du monde de soccer, dont la finale est
l'événement le plus regardé à la télévision dans le monde (1,2 milliard de téléspectateurs en
2006). Vient en troisième place le Tour de France, puis le Championnat de la Ligue des
champions, une compétition annuelle de soccer entre les meilleurs clubs du continent
européen. Puis, en cinquième place vient la Coupe du monde de rugby.
Tous ces événements ont en commun d'offrir une vitrine exceptionnelle aux villes
organisatrices. Les retombées se répercutent autant sur le plan économique et
environnemental que touristique. En effet, de tels rassemblements profitent directement à
la construction, à la distribution, au tourisme en général et à l'hôtellerie en particulier. Ils
créent des occasions de développement dans l'informatique, les télécommunications,
l'industrie du sport, ainsi que dans d'autres secteurs naissants. L'événement sportif en soit
89
ne dure que quelques semaines. Mais les préparatifs débutent jusqu'à une décennie à
l'avance et peuvent nécessiter des dépenses d'investissement considérables.
Figure 18 : Coûts et bénéfice des Jeux Olympiques
Les JO de Séoul ont ainsi fait de la Corée du Sud une destination touristique et ceux
de Beijing ambitionnaient «d’ouvrir la Chine au monde ». Pour le CIO et le Mouvement
olympique dont les entreprises sponsors, les Jeux constituent au niveau mondial, une
publicité sans équivalent et des opportunités de profits financiers.
À Montréal, les Jeux Olympiques de 1976 ont fait connaître la ville comme
destination touristique d’intérêt en Occident. Ils ont également laissé leurs traces
architecturales et touristiques. Aujourd’hui, le Stade olympique est considéré comme l’une
des principales attractions touristiques de la ville. Le sport y est encore à l’honneur avec la
présentation de matches de baseball et de football. Il est l’hôte de foires et de spectacles et
sa tour (la plus haute tour inclinée du monde) est accessible en funiculaire. Quant au
Vélodrome, il a été transformé pour recevoir le Biodôme, une reconstitution étonnante des
plus beaux écosystèmes des Amériques. 83
83
Réseau Veille Tourisme canada : « Quels impacts ont les grands événements sportifs sur le tourisme? »
(Compte rendu de conférence).
90
Selon une enquête réalisée en 2002 par Jones Lang LaSalle, une entreprise
mondiale de services immobiliers et de gestion d’investissements, les villes-hôtes de Jeux
Olympiques devraient profiter longtemps de ce momentum.
Selon eux, l’examen des expériences passées, hiver ou été, permet de faire des
prédictions sur l’impact qu’ont les Jeux Olympiques sur le développement immobilier et
touristique (surtout hôtelier) des villes organisatrices.
L’étude démontre qu’en règle générale le nombre de visiteurs internationaux dans
les villes-hôtes augmente en moyenne de quelque 25% dans la seconde année suivant les
Jeux. Idem pour l’industrie hôtelière, où l’on constate une forte augmentation des
demandes d’hébergement au cours de l’année olympique.84
Outre les équipements sportifs et hôteliers le développement des infrastructures
aura des bénéfices sur l'accès, à long terme, des touristes à la ville-hôte et leur séjour dans
la région : il s’agit là de la construction de nouvelles routes, moyens de transport,
aéroports, des actions de nettoyage et de protection du patrimoine culturel.
Ainsi « En 1964, les JO de Tokyo ont (...) vu la construction de vingt-deux
autoroutes, de deux lignes de métro et de trois stations d’épuration. L’extension du métro
est à porter au compte des JO de Montréal de 1976 ; et pas moins de trois nouvelles lignes
virent le jour à Séoul pour ceux de 1988. Séoul étendit également son aéroport, quand,
pour les JO de 1980, Moscou en construisit carrément un nouveau. Tel fut aussi le cas de
Barcelone, en 1992, qui se dota également d’une rocade et plus généralement consacra en
huit ans autant d’investissements aux infrastructures qu’au cours des cinquante années
précédentes. … » 85
Cette activité produit des centaines d’emplois à plein temps et à temps partiel. Par
exemple, l’organisation des jeux olympiques d’hiver de Calgary, en 1988, a créé 28 000
84
Jones Lang LaSalle. «Salt Lake City 2002: Jones Lang LaSalle évalue l’impact potentiel des jeux
Olympique sur les marchés de l´immobilier», communiqué de presse, 8 mars 2002.
85 Extraits du rapport Fair Play for Housing Rights : Mega-Events, Olympic Games and Housing Rights,
traduit par Benoit Eugene et disponible en ligne sur le site http://www.cohre.org/. Le Centre on Housing
Rights and Evictions, basé à Genève, publie tous les deux ans un rapport sur la situation du droit au logement
et les expulsions dans le monde, et mène également des actions préventives.
91
personnes-années d’emploi et a eu un impact de 1,3 milliards de dollars sur l’économie
canadienne. 86
Pour le Ministre du tourisme de l’Afrique du Sud, Marthinus van Schalkwyk, the
FIFA World Cup 2010 a, d’une , contribué à casser l’effet de saisonnalité qui handicapait le
tourisme dans ce pays (écarts très important entre arrivées de saison d’été et d’hiver) mais
par-dessus tout « la Coupe du monde nous a donné l’opportunité très rare de montrer le
meilleur de ce que notre pays à offrir en tant que destination touristique ». 87
Dans le même esprit, les Jeux Olympique de Barcelone ont contribué à démontrer
que l’Espagne pouvait offrir une alternative au tourisme de masse des « Costas » ce qui a
certainement facilité l’entrée de la ville au nombre des destinations favorites du tourisme
européens (Weed and Bull 2004).
Pourtant, si une grande partie de l’intérêt de la communauté scientifique consacré
au tourisme sportif s’intéresse aux retombées économique pour les cités et nations-hôtes,
force est de constater qu’un nombre grandissant de voix s’élèvent pour questionner le
mythe de la « poule aux oeufs d’or ».
Le Jeu en vaut-il la chandelle ?
Il existe des différences significatives entre compétitions de même nature. Ainsi, si
les JO de Sydney (2000) ont débouché sur une augmentation du tourisme de 40 %, lors des
JO d’Athènes (2004) le tourisme a lui diminué de 32 %.88
Au plus fort de la saison d’été, de nombreux touristes ont préféré troquer leurs
vacances grecques contre un séjour en Espagne, en Turquie pour échapper à la foule attirée
par les Jeux (on parle d’effet d’éviction).
Les effets négatifs sont incontestables et de grande amplitude : Quand les JO ne
sont pas carrément un désastre financier (Athènes), Les dettes générées peuvent, par
exemple, grever les finances municipales pour des décennies, comme ce fut le cas pour la
86
Cité par Norman O’Reilly et Benoit Seguin in « Modélisation de l’impact économique du sport
olympique, »ASAC 2006, Banff, Alberta.
87Traduction personnelle. Cité par Shannon de Winter in « Are mass events a golden jackpot? », 2010.
88 Chiffre donnés par L’économiste Johan Fourie, in « L’Afrique du Sud a déjà marqué des points, courrier
international, 10juin 2006 ».
92
ville de Montréal : Les investissements consentis pour les JO notamment pour le stade
olympique, ne furent remboursés qu’en 2006, soit 30 ans plus tard, sans compter les
faramineuses dépenses qu’engendrent sa rénovation et son entretien.
Les JO conduisent dans la plupart des cas à la construction de coûteux « éléphants
blancs » qui restent à la charge des municipalités (appartements vides par exemple) à
défaut d’avoir prévu la reconversion des infrastructures olympiques ; les expulsions et les
déplacements des populations locales à grande échelle sont dénoncés, d’autant plus qu’ils
se soldent bien souvent par des pratiques de spéculations immobilières sur les anciens
quartiers des Jeux (prix des loyers augmenté). 89
Selon Kasimati (2003), on peut questionner la partialité de certaines études autour
des JO : tous les travaux menés entre 1984 et 2004 ont été réalisés avant les Jeux et
commandités par ceux qui en souhaitent l’attribution (les politiciens). Comme des
subventions publiques y sont attribuées pour permettre la tenue de l’événement, les
bénéfices économiques ont tendance à être « gonflés » et ne tiennent pas compte de la
réalité du contexte. 90
On pourrait encore ajouter à cette liste, les soupçons de corruption, les externalités
négatives (embouteillage, pollution....).
L’évaluation de l'impact économique du sport olympique (et du spectacle sportif en
général) appelle à la création de modèles, aux cotés de ceux existants (modèle de
l’Université Hallam de sheffield au Royaume unis,/le MEETS au Canada et le Sportevent
scoreacard en suisse), capables de mieux « quantifier l’impact global sur l'économie du
pays au sens large ».91
Ainsi l’étude sur les retombées de la coupe de monde de rugby en France, par E.
Barget et J.J. Gouget, remet en cause la validité du critère des retombés économiques
(justifiant l’accueil d’un méga événement) au profit de celui de l’utilité sociale en termes
de coût/bénéfices pour les régions. Elle repose sur l'élaboration de deux calculs
89
Séoul, plus de 700 000 personnes, Pékin, en 2008, 1,5 million de personnes ; et à Rio, pour les Jeux
prévus en 2016, 170 000 personnes devraient être déplacées.
90 In Chris Gratton and al. “The economic impact of major sports events: a review of ten events in the UK”,
The Editorial Board of the Sociological Review, 2006.
91 N. Didry in les Enjeux de l événement sportif, l’Harmattan, 2008.
93
complémentaires pour caractériser la Coupe du Monde de Rugby en 2007 ; les effets
économiques (ou impacts économiques) et ceux de l’utilité sociale de la CMR 2007. 92
A terme, une étude de rentabilité sociale avant l’accueil d’un grand événement
sportif permettrait de rationaliser les politiques d’accueil de grands événements sportifs,
qui sont encore trop souvent « fondées sur des critères de décision publique inadéquats ».93
1.3. L’intérêt des événements de moindre échelle
A l’aune de tous ces problèmes, Hinch & Higham (1999) suggèrent que les
événements de tailles plus modestes (national, locaux) sont à même de produire des
impacts beaucoup plus bénéfiques, en terme financiers, pour les communautés d’accueil.
Les compétitions de rugby, de football, les événements liés à l’aventure et aux sports
outdoors, les marathons et triathlons par exemple, requièrent des levées de fonds moins
conséquentes, utilisent des infrastructures généralement existantes et les problèmes
d’embouteillage et de concentration des foules y sont plus facilement gérables.
L’exemple du Marathon des Alpes Maritimes Nice Cannes
Dès la première édition (en 2008) il a eu un impact significatif immédiat (sur les
nuitées, les dépenses…). Son succès a été foudroyant : plus de 10 000 participants issus de
plus de 30 nationalités sur la première édition. Cette course internationale a fait l’objet, lors
de sa création, d’un suivi par des chercheurs de l’Université Nice Sophia Antipolis qui ont
démontré que, non seulement le taux de satisfaction des participants, des partenaires et des
locaux s’élevait à 91% concernant la tenue de l'événement mais que la manifestation
générait des retombées économiques importantes pour la région. 94
92
L’accueil des grands événements sportifs : quel impact économique ou quelle utilité sociale pour les
régions, l’exemple de la coupe du monde de rugby 2007 en France, Région et Développement n° 31-2010.
93Ibid.
94 Massiéra B, Parisot D., Ben Mahmoud I., Paget E., Macioci N., «Monographie des coureurs. Marathon des
Alpes Maritimes, Nice-Cannes », Novembre 2008, Laboratoire de motricité humaine, Education et santé
(LAHMES), Université de Nice Sophia Antipolis, Nice
94
Ainsi, le marathon a-t-il permis d’enregistrer des flux économiques bien supérieurs
à ceux consignés auparavant à la même époque. Plus de 20000 trajets en train ont été
comptabilisés, 2000 voyages par avion, les coureurs non locaux (la moitié du total) ont
passé en moyenne 2 nuits à l’hôtel et 3 jours sur place pour un total de 40 000 nuitées
passées dans le département, avec une préférence pour les villes de Nice et de Cannes (1.5
millions d’euros).
En restauration plus de 24 000 repas supplémentaires ont été comptés pour un total de 1. 5
millions d’euros. Les dépenses de shopping des coureurs et participants ont avoisinées les
700 000 euros.
Pour la région le bénéfice s’est élevé à 3.4 /4 millions d’euros, des chiffres qui
montrent qu’une consommation touristique d’importance a été généré par le Marathon des
Alpes Maritimes.
Dès la seconde année, une stratégie concertée de développement et de marketing a
été mise en place par la région (incluant les villes côtières traversées) afin de capitaliser au
maximum sur les effets « d’attractivité » de la course.
La ville de Nice, (10 millions de touristes par an) qui bénéficiait déjà d’une image
de « marque » solide au niveau international en tant que « Capital de la Riviera » 95, mais
quelque peu « poussiéreuse », a trouvé dans le tourisme sportif un second souffle
« marketing », symbole d’énergie et de dynamisme. Dans le contexte de compétition
internationale entre destinations, il s’avère un atout de taille pour renforcer sa position sur
le marché mondial en même temps que pour attirer de nouveaux marchés dont l’étude sus-
citée a démontré les tendances dépensières (coureurs et accompagnateurs). 96
L 'exemple du Flora Marathon de Londres
Le Flora London Marathon représente aussi un modèle dans la gestion de son
développement et son impact sur la cité. Depuis sa création en 1981, sa popularité n’a
cessé de grandir (7747 coureurs en 81, 42000 in 2000 pour plus de 99 000 demandes) pour
95
Lié au tourisme d’hiver, puis balnéaire du début du XX siècle.
96D. Parisot, in “Innovation for sustainable tourism? the marathon of nice and its future “umbrella” strategy”
95
devenir l’un des plus grand événements du monde de la course (il fait partie du club des
World Marathon Majors).
Une étude menée par le Sport Industry Research Centre (des milliers de
questionnaires administrés auprès des coureurs, des commerces, de la population) a étudié
son impact sur la ville de Londres : ainsi le « Flora », c’est une activité économique totale
de plus de £58.3 million généré au Royaume Unis, plus de 115 267 nuitées en hôtellerie et
guesthouses (£8,4 million). Des dépenses spectateurs/média/participants en nourriture et
boissons de 4,3 millions de livres sterling pour le secteur de la restauration etc.… 97
Cette étude prouve que, non seulement un événement de classe internationale
associé à des levées de fonds caritatives peut être une vitrine exemplaire pour une nation
(ici symbole d’un esprit british déjanté, moderne, sportif), tout en étant une entreprise aux
externalités positives tant du point de vue sociale que économique.
[Cf : Annexe 4 : Revenus et dépenses des manifestations sportives/Coûts et
bénéfices sociaux par l’Alliance Canadienne du Tourisme Sportif]
En conclusion de ce chapitre
Nous pouvons affirmer que le tourisme sportif offre aux territoires l’opportunité de
créer ou de re-dynamiser leur image, d’affirmer une identité culturelle afin de se
démarquer de la compétition, locale, régionale et internationale. En ce sens, les loisirs
sportifs d’actions peuvent être les leviers d’un développement territorial, générateur de
retombées économiques et d'un impact social positif.
Si l’on exclut les bénéfices discutés de certains méga événements, et la dimension
purement économique qui motive leur organisation, le tourisme sportif de spectacle permet
surtout pour les nations de répondre à des objectifs secondaires :
de se positionner avantageusement sur le marché mondial du tourisme,
97
Étude de cas cité in Sport Tourism Destinations Issues, opportunities and analysis. Chapitre 17, “The
economics of sport tourism at major sports events”
96
de gagner en attractivité pour les villes-hôtes (en attirant de nouveaux
investisseurs et des entreprises)
de contribuer à de nouveaux projet de développement urbain (ex :
Barcelone).
« De plus en plus, les événements sportifs font partie d’une stratégie plus large dont
le but est d’améliorer le profil d’une ville ; par conséquent, le succès ne peut être mesuré
qu’à partir des pertes et profits » (Gratton et al., 2000, p.18).98
… Quant aux manifestations sportives de moindre importance, elles apportent un
plus certain en terme de notoriété ainsi que des bénéfices économiques aux cités et
territoires, à condition que ces projets fassent partie d’une stratégie globale de marketing
planifiée afin d’éviter l’effet de « parachutage ». 99
98
O’Reilly et Seguin. Op. Cit. P. 83.
99 Notion développée p. 106.
97
2.Stratégies de développement des territoires
2.1.Une offre adaptée dans le respect des ressources locales
Les activités sportives et touristiques s’inscrivent nécessairement dans un cadre de
pratiques qui en conditionnent l’exercice (montagne, mer, neige, littoral, cours d’eau,…).
Il semble évident que les réalités locales prédisposent au développement de
certaines activités plus que d’autres. Le tourisme pédestre peut s'appliquer dans beaucoup
de cas et s’adapter à la topographie de nombre de territoires.
Pour d’autres activités il en sera autrement. On serait tenté de dire que tous les
territoires de montagne peuvent accueillir de la randonnée VTT par exemple, mais cela
suppose des chemins adaptés à un public assez large ce qui n’est pas toujours possible. Là
où il y a l'eau, on peut imaginer un port de plaisance ou une plage, sur un lac, une base
nautique : mais de nombreuses niches sont à identifier et à considérer dans toutes leurs
dimensions pour éviter les non-sens.
Une seconde stratégie est de développer des sports et jeux identitaires. Il existe des
régions fortement marquées par des pratiques inscrites dans l’identité locale : On joue à la
pelote en Pays basque, au rugby au pays de Galles et à la pétanque en Provence… Il est
alors possible d’imaginer que certaines activités, qui faisaient d’abord partie du quotidien
des habitants d’une région, puissent être déviées en attrait touristique. C’est le cas
notamment de la plongée sous-marine dans les Cyclades, en Grèce.
Nous avons aussi vu que le sport « spectacle », quelque soit la taille de
l’événement, constitue une option de choix pour drainer les flux touristiques vers les
régions : les courses pédestres en tête, de vélo ou de vtt…
Le développement des sports urbains en ville
Les activités de loisirs sportifs de par leur nature peuvent se pratiquer sur tous les
éléments : eau, terre, air…mais aussi être intégrées à tous les territoires : des villes aux
montagnes, de l’urbain à la nature.
98
Il s’agit d’ailleurs là d’une tendance notable ces dernières années : le sport s’invite
de plus en plus en ville. On pense aux marathons bien sûr, mais aussi aux pratiques auto-
organisées telles que le roller et de la glisse urbaine en général. Ces pratiques se sont
développées spontanément en terrain urbain, les pratiquants s’y sont retrouvés sans
qu’aucunes structures n’organisent les rassemblements.
Aujourd’hui des milliers de participants se réunissent régulièrement dans les
grandes capitales du monde (jusqu’à 280000 personnes à Paris). C’est le signe d’un grand
« spectacle gratuit » : pour l’acteur qui découvre la ville, pour le passant qui regarde
l’acteur. Ces grands rassemblements font maintenant partie des attractions « sportives »
vanté par les Offices de tourisme des villes aux touristes de passage.
Des exemples au Portugal (Lisbonne)
Parfois une caractéristique topographique peut être exploitée et détournée pour la
création d’un événement sportif, original, comme la course de descente « Lisbon
Downtown » en VTT. En effet, la ville étant bâtie sur 7 collines, elle offre des dénivelés
impressionnants notamment dans le vieux quartier de l’Alfama, dominé par le château São
Jorge. Des amateurs vététistes ayant noté cette configuration particulière n’ont pas tardé à
s’y lancer des défis. Cette pratique a donné lieu à une course de descente spectaculaire
passant par les étroites ruelles et labyrinthique de l'Alfama : pavés irréguliers, escaliers
tortueux, arcs médiévaux, les obstacles « urbains » y ont remplacé les conditions
naturelles de montagne. 100
Aujourd’hui, les plus grands spécialistes de la discipline s’affrontent sur cette
course, offrant un spectacle de choix pour les centaines de touristes qui viennent admirer
au passage, ces riders un peu fous, hors de leur milieu « naturel ». Son succès a d’ailleurs
valu à Lisbonne, le titre de Urban Downhill Capital of the World. (Capitale Mondiale de la
Descente urbaine).
Autre exemple, un produit touristique et sportif original en milieu urbain (et
toujours à Lisbonne) : la découverte de la ville en vélo électrique.
100
Dont le vainqueur est déclaré « Roi » de l’Alfama.
99
Nuno Leitao a démarré sa petite entreprise de « tours thématiques touristiques à
vélo de Lisbonne » en avril 2011. Idée incongrue au premier abord compte-tenu des
dénivelés réputés des quartiers les plus touristiques. Pourtant, l’utilisation de vélos
électriques, permet d’avaler aisément les pentes les plus raides ce qui rend l’activité
accessible à tous et offre une perspective nouvelle sur la cité (et des sensations garanties).
Le succès a été immédiat : en à peine 2 ans, Rent a fun s’est hissé en 3eme
place (sur 79
propositions) du Classement des Voyageurs Trip advisor dans la catégorie Tours et
Excursions de la ville. 101
2.2.Des produits pensés dans une perspective de
développement durable.
Produit urbain ou de nature, il semble primordial en tourisme sportif de miser avant
tout sur les ressources et les spécificités locales, afin de se protéger au maximum des effets
de mode et de se garantir des caprices du marché. En effet, pour de nombreux
professionnels du secteur, il semble bien que l’identité soit le meilleur garant du durable.
Car, si les sports de nature peuvent être des acteurs privilégiés du développement, il
ne faut pas oublier que les touristes viennent d’abord dans « un univers » : un golfeur par
exemple, peut très bien jouer au golf près de chez lui. Pourquoi se déplacerait-il dans un
autre pays ? En outre, l’investissement dans une infrastructure aussi conséquente que celle
d’un terrain de golf, soumise à des charges et contraintes environnementales très lourdes
(gestions de l’eau, entretiens..) ne peut constituer une option viable en tant que seule
« attraction » touristique. Ces constructions ne peuvent servir qu’à « renforcer » la
destination.
Ainsi au niveau local, cela passe parfois par la création de produits surprenants, à
l’exemple de ce projet de parc d’aventures original, en pleine brousse sénégalaise :
101
http://www.rent-a-fun.com/#!press
100
Bernard Larche, un diplômé en escalade a mis au point une discipline nouvelle et
unique au monde, dérivée de l'accrobranche: Cette discipline ?... « L’accrobaobab »102
L’objectif de ce parc étant aussi de participer au développement de la communauté
rural du Sindia au Sénégal dans une optique de durabilité.
Ce nouveau « sport » correspond parfaitement à la demande de bon nombre de
touristes et résidents qui recherchent des activités nouvelles « à sensation » avec un cachet
typiquement africain par le lieu et le support qu’est le baobab. Le petit domaine de pratique
a fait l’objet d’un soin attentif : aménagement soigné, matériaux locaux, case d’accueil,
clôtures en haie d’euphorbes…), les équipements permettent la pratique de l'accrobranche
en toute sécurité, d’un baobab à l'autre.
Ce parc aventure est censé offrir à la communauté installée à proximité de cette
unique forêt de baobabs au monde, des perspectives économique nouvelles en emploi,
(construction, gardiennage, entretien) en formation (animateurs locaux en escalade) en
même temps qu’une exposition plus large au circuit touristique classique sénégalais.
2.3.Rendre les territoires plus attractifs
Dans une étude exploratoire réalisée sur la politique de développement touristique
de la Région Nord Pas de Calais, dans le cadre de sa reconversion économique, C.
Dorvillé et M. Bouhaouala ont cherché à savoir si le potentiel des pratiques ludo-sportives
outdoor (char à voile, tourisme équestre, cyclotourisme) entrait dans les préoccupations
majeures des opérateurs du tourisme régional. 103
Les chercheurs ne peuvent s’empêcher d’y regretter que les sports de nature, qui
pourraient devenir un élément déterminant dans le choix de la région Nord comme
destination touristique, n'avait pas encore été intégrés dans une politique globale de
développement et de valorisation de la région.
102
http://www.accro-baobab.com/
103 Christian Dorvillé et Malek Bouhaouala, « Place des sports outdoor dans le développement touristique de
la région Nord-Pas-de-Calais », Territoire en mouvement. 3 | 2006, mis en ligne le 01 octobre 2011.
101
L’analyse du contenu montre que la dimension sportive n’apparaît pas encore
comme un facteur important dans l’attractivité touristique du territoire : potentiel récréatif
sous-estimé, manque de concertation entre les acteurs publics et privés (associatifs et
marchands), communication externe peu structurée, etc.
En partant de cet exemple, il nous a semblé pertinent de mettre en balance, d’un
type type de projet axé sur le développement d’une région rurale slovaque en difficulté.
Il repose sur la coordination de multiples activités de tourisme sportif. En ce sens, il
est représentatif d’une démarche marketing construite et montre bien le potentiel du
tourisme sportif lorsqu’il est pensé á l’échelle globale.
L’exemple de la région de Zasavje 104
Elle a, en effet, hérité d’un lourd passé de territoire minier : une région typique
rurale où l’on exploitait le charbon, traversée de mines et de villages de mineurs. A ce
titre, elle a été longtemps tenue en marge du circuit touristique slovaque traditionnel. Grâce
à l’appui de fonds européens, elle cherche à transformer cet héritage culturel (encombrant)
en un atout pour se différencier sur le marché du tourisme.
En s’inspirant d’une expérience réussie dans une autre région slovaque, alliant
tourisme sportif et héritage culturel (une piste cyclable sous-terraine dans la Mine de
Mežice), les instigateurs du projet Zasacve ont développé cinq nouveaux produits de
tourisme « actif » pour booster les arrivées touristiques autour de la route touristique
minière de Gverk, déjà existante.
Chacun de ces produits a été associé aux anciennes pratiques minières (transports
du charbon, forage) ou à leur découverte.
1/Plaisir et fun sur la rivière Sava : Activité de kayak / rafting et rencontre avec des
kayakistes slovaque célèbre (P. Kauzer). La rivière fut longtemps le seul moyen de faire
transiter le charbon hors de la région.
2/Adrenaline air adventure: parapente, planeur, montgolfière au dessus de la
région. Base située dans l’enceinte d’une ancienne mine.
104
Rapport Central Europe Project : “Sport tourism as additional attraction to the mining route GVERK in the
Zasavje region” (2010).
102
3/ Archerie traditionnelle : implanté sur l’un des sites (de loisirs) miniers.
4/Jeux équestres à Zasavje : randonnées/balades sur les anciens chemins de
traverses empruntés par les chevaux de trait des mines qui tiraient les wagonnets.
5/Randonnée pédestres dans la montagne de Zasavje : Ancienne piste minière
souterraine localisée sous les villes de Hrastnik et Trbovlje
Le marché-cible de ce projet est large : la population locale, les étudiants, les
familles (à prix réduits), et tous les adeptes de sports d’aventure et d’adrénaline, les
touristes culturels, les « backpakers »…
Le plan marketing prévoit : la mise en place d’un site web, des campagnes email, la
mobilisation des acteurs locaux, le partenariat avec les institutions touristiques les
participations à des congres/rencontres internationales du tourisme (pour présenter et
vendre ce concept), la mise en place d une « marque » (branding) spécifique pour la
région.
L’existence de la plupart des équipements (centre équestre, base de loisirs, chemin
souterrain, base nautique etc..) permet de limiter les investissements. Il s’agit plutôt de
remettre en conditions lorsque c’est nécessaire ou d’améliorer les infrastructures déjà
existantes pour offrir des conditions de pratique et d’accueil de meilleure qualité.
En ce basant sur les taux de fréquentation touristiques de 2010 et 2011, les
prévisions escomptées dans la région de Zasavje sont de +22% en 2012 de +95% en 2013.
Cet exemple, dont le succès repose en grande partie sur un marketing solide au
niveau de toute une région, nous amène à aborder le point suivant, celui des techniques de
« branding » des destinations touristiques.
3.Destinations, tourisme sportif et « branding »
Depuis la fin des années 1990, le développement d’une image de marque (brand)
forte et distinctive semble être devenue le défi marketing no1 pour les destinations. En
effet, plusieurs régions du monde cherchent à affirmer plus clairement leur identité et leurs
caractéristiques afin d’assurer un meilleur rayonnement et une perception positive de leur
image, et ce, tant auprès des étrangers qu’auprès de leur population.
103
3.1. La naissance d’une marque de destination
La marque se définit par une identité et non par une image et/ou un positionnement.
L’image est ce que perçoit le public ; le positionnement est le discours tenu pour occuper
une place sur le marché. 105 Rapporté au tourisme, le terme définit un ensemble de
croyances autour de la destination et le type de séjours qu’il sera possible d’y faire.
Selon Jean-Noël Kapferer, le prisme de l’identité d’une destination se compose
de plusieurs éléments, tels son physique, sa personnalité (les clichés concernant les
habitants), son univers culturel (Dubaï, Singapour), son reflet (Ibiza la fêtarde), son climat
relationnel (mondain à StTropez, amical en Tunisie), sa mentalisation (apaisement en
Dordogne, « intensité » à la Réunion.)106
Certaines destinations ont une identité forte, mais refusent l’idée de marque parce
qu’elle peut considérablement réduire l’image du pays à une seule dimension ce qui peut
être un handicap pour attirer d’autres marchés : ainsi, une destination trop connotée
« famille » par exemple, sera fuie par les célibataires.
Les pays anglo-saxons, et d’une façon plus générale les pays « neufs », ou encore
discrets sur le plan du tourisme international (la Lettonie, la Serbie, Dubaï…) auront
beaucoup moins d’états d’âme à traiter leur destination touristique comme des marques.
Nous citerons ici en exemple le cas de destinations qui ont décidé d’opter pour un
branding axé sur le créneau du tourisme sportif, phénomène récent, pour se démarquer de
la concurrence.
L’exemple de La ville d’Abbotsford (137000 habitants) au Canada
Forte d’une culture typiquement nord américaine du sport, Abbotsford est située à
la frontière des USA en Colombie Britannique. En 2003, lorsque la ville s’est dotée d’un
nouvel organe d’administration touristique, le tourisme sportif a immédiatement constitué
l’une des pierres angulaires de son développement. Après 2 ans d’une consultation de tous
les intervenants des secteurs sport et tourisme et avec l’aval de la population, la cité a
105
F. Victor, article « stratégie de destinations touristiques, devenir une marque », non daté. Strategos.fr.
106 Cité par F. Victor. Ibid.
104
décidé de se doter d’une marque : « Sport Town Canada » promue au travers d’un site
internet spécifique et d’un plan média international.
Aujourd’hui, le succès est au rendez-vous : elle s’est spécialisée dans l’accueil et
l’organisation de compétitions et d’événements sportifs (festivals) de toutes dimensions.
Elle reçoit plus de 100 événements sportifs (amateurs et professionnels) par an dont une
quinzaine d’envergure nationale (Les jeux d’été de la Colombie Britannique, le
Championnat National de Volley Ball, Le Championnat Junior de Baseball, de Curling …).
Elle met à disposition ses infrastructures sportives dans le cadre d’un « host plan »,
coordonnent tout un réseau d’hébergements incluant bâtiment universitaires, hôtels,
chambres d’hôtes, campings… et propose une liste de 500 bénévoles prêts à retrousser
leurs manches. 107
L’exemple de Lanzarote European Sports Destination (Ile des canarie, Espagne)
En février 2011 dernier, la conseillère du tourisme de Lanzarote, Carmen González,
annonçait aux journalistes, réunis en conférence de presse, la création d’une marque
officielle destinée à la promotion internationale de
l’île : Lanzarote European Sports Destination.
Soumise à l’aval du comité Olympique espagnol,
cette dénomination (fruit de la réflexion
stratégique du Patronat de Tourisme et de la
Société de Promotion Extérieure de Lanzarote) est
destinée à servir de référence en communication
pour tous les acteurs du tourisme (TO, agences de
voyages etc.)
Elle s’appuie sur un vaste catalogue de sports de nature, d’aventures, de glisses,
d'extrêmes, en même temps que sur un calendrier de 30 épreuves de prestiges incluant 4
championnats du monde et 13 disciplines (triathlon, voile, VTT, surf, planche à voile, golf,
etc.)
107
http://www.tourismabbotsford.ca/sports
105
L’objectif est clair : se positionner sur le marché mondial du tourisme sportif
comme « la » destination sport de référence européenne, tant pour les amateurs que pour
les professionnels (séjours hivernaux, stage d’entrainement) ; de proposer des conditions
de pratiques excellentes, sécurisées, au cœur d’un environnement protégé, le tout dans le
respect du développement durable, clairement intégré au projet. 108
3.2.Branding et labellisation
Le branding peut aussi s’opérer via la mise en place d’un label de référence. Même
si parfois il peut porter à confusion du fait de leur multiplication, il s’inscrit pour les
destinations dans une démarche de « protection » mais peut aussi s’ajouter aux stratégies
de promotion touristique du territoire. En effet, les labels visant à communiquer sur la
spécificité des sites, ils peuvent dans ce cas, constituer un argument « marketing »
convainquant.
C’est pour coller aux nouvelles tendances du marché que l’organisme Tourisme de
Catalogne a créé un label « Destinations sportives catalognes » (DTE en Catalan) attribué
aux communes qui se démarquent par « leurs installations et la qualité des produits sportifs
dans lesquels elles sont spécialisées. »
Les communes qui désirent obtenir une DTE peuvent être certifiées pour 1, 2 ou
jusqu’à 13 sports.109 L’objectif est de gagner une place privilégiée dans la promotion des
marchés touristiques internationaux afin d’attirer « tous les amants du sport, professionnels
ou amateurs (…). Ces destinations proposent une spécialisation de l’offre sportive,
touristique et commerciale, l’attention au client, des services et des centres médicaux, et
une volonté d’innovation et d’amélioration constante. » 110
[Cf Annexe 5 : Conditions pour devenir une « sports tourism destination » de Catalogne]
108
http://www.turismolanzarote.com/en/sports-lanzarote/lanzarote-european-sports-destination
10910 communes l’ont obtenu à ce jour. Castelló d’Empúries, Empuriabrava, La Seu d’Urgell Banyoles, Pla
de l’Estany, Sort- Lloret de Mar , Val d’Aran , Santa Susanna, Calella , Castelldefels, Blanes…
110 http://www.enviedecatalogne.fr/bons-plans/jai-envie-de-defis
106
3.3. De nouvelles formes de branding en marche : Les clubs sportifs
« partenaires » des destinations
Mais le « branding » de destination peut aussi témoigner de stratégies innovantes,
trahissant l’émergence de synergies nouvelles à l’œuvre entre sport et tourisme.
Ainsi, l’IRT, (l’Ile de la Réunion Tourisme) a-t-il signé en 2011 un partenariat
avec l’équipe de Football du PSG (Paris Saint Germain) dans le cadre de sa promotion sur
le marché français. Il s’agit d’un événement historique dans la mesure où la Réunion est la
première destination à devenir « partenaire » d’un club sportif.
L’objectif de ce partenariat est d’utiliser la notoriété du club au travers d’un
important plan de communication (bandeau led de 192m autour du stade, film de
promotion sur les écrans géants, présence du logo IRT sur les programmes de matchs etc.».
L’objectif stratégique: toucher un maximum de personnes (des millions de
spectateurs via les matchs en direct), d’un public motivé par le sport et l'exploit sportif en
ligne avec l’objectif communication de la Réunion, en même temps que de renforcer sa
présence sur le marché français.
Ce nouveau type de partenariat n’a pas tardé à faire des émules : ainsi le bureau
français de Tourism Ireland a emboîté le pas à la Réunion en signant un partenariat avec
l’Olympique Lyonnais. Ce nouveau partenariat porte sur :
« …de la visibilité autour du terrain, sur le site internet du club et l’utilisation du
logo de l’OL pour la communication de Tourism Ireland en France. Concernant ses
relations publiques, Tourism Ireland aura l’occasion d’organiser une soirée spéciale à
l’occasion d’un match au stade de Gerland d’ici la fin de la saison »
Pour Leo Varadkar, le ministre du tourisme, des sports et du transport irlandais:
“This latest promotion is a good example of how Tourism Ireland is looking for fresh ways
to reach potential visitors to Ireland, especially new ones. I’m particularly pleased to see
Irish tourism promoted in connection with top-level sport – something that really brings
home that Ireland is an active and fun destination. Competition from rival tourism markets
107
is getting ever more intense, so we need to constantly look at how best we can promote
Ireland as a tourism destination.”
« Attirer de nouveaux segment de marché », présenter l’Irlande comme un pays
« fun » et « actif », se démarquer de « la concurrence internationale »… Ce plan
audacieux, a pour volonté de participer de manière significative à l’augmentation du
tourisme français en Irlande, avec un objectif fixé à + 40% d’entrées touristiques les
quatre prochaines années.111
La démesure dans le branding « sportif »: le projet fou des Emirat Arabes Unis
On connaissait le Qatar qui depuis près de 10 ans investit massivement dans le
« sport business » : rachat de clubs, Prix de F1, Tournois de golf, d’équitation, d’escrime,
de tennis, organisation de la Coupe du Monde 2022… allant même jusqu'à s’offrir des
stars du football (Beckham, Zidane) pour jouer les ambassadeurs de la principauté.
Il semble définitivement rejoint
dans la démesure par les Emirats arabes
Unis qui ont décidé d’assoir leur réputation
touristique mondiale autour d’un projet
touristique extraordinaire, basé sur le Club
espagnol du Real de Madrid. 112
L’objectif est double : pour les
Emirats il s’agit d’attirer plus d’un million
de touristes par an et pour le Real de se faire connaître dans la région, et au delà, en Asie.
Le projet : créer sur une ile artificielle (situé a Ras Al-Khaimah, 45mn de l’aéroport
de Dubaï) un immense complexe constitué d’un parc d’attraction, d’un hôtel 5 étoiles,
d’une station balnéaire avec 450 appartements, d’un musée du Real Madrid, d’une marina
111
http://www.tourismireland.com/Home!/About-Us/Press-Releases/2012/Tourism-Ireland-Targets-5M--
French-Football-Fans.aspx
112 http://aboutourism.wordpress.com/2012/04/10/destination-marketing-sport-tourism/
108
avec yacht club, de 48 villas avec plages privées, de 60 bungalows et d’un stade de 10.000
places, ouvert sur la mer…
Le Real Madrid Resort Island est destiné à devenir le « Disneyland » du Real et à
capter une partie des 300 millions de fans supposés du club de football espagnol dans le
monde. Le projet, à 1 milliards de dollars, devrait être inauguré en janvier 2015. Il a reçu
un accueil parfois mitigé par la presse internationale : … « sublime inutilité »,
« exploitation commerciale grossière » (Time Magazine)… Qu’importe, avec un marché
estimé à 4 milliards de visiteurs potentiels à moins de 4h de vol, les Emirats entendent
bien réussir, par la stratégie du tourisme sportif, à devenir enfin une destination réceptrice
ainsi qu’à affirmer sa position sur l’échiquier mondial du tourisme.
4. Défis pour le futur
4.1 Enjeux environnementaux et limites du tourisme sportif
S’il offre des potentialités importantes, le tourisme se trouve aussi confronté à
certains freins :
La très forte inélasticité du marché
Le marché de la demande est comme pour celle du tourisme en général, très
sensible aux événements internationaux. L’industrie touristique fait constamment face à
diverses menaces: 11 septembre 2001, SRAS, grippe aviaire, grippe A(H1N1), tsunamis,
pollutions des océans (pétrole), ouragans, tremblements de terre et plus récemment
éruptions volcaniques… tous ces exemples ont eu une incidence sur l’industrie du voyage
qui demeure vulnérable face aux catastrophes et évènements imprévisibles. C’est d’autant
plus vrai que les destinations qui intéressent le tourisme d’aventure et l'écotourisme actif
sont souvent celles des pays en voie de développement.
L’instabilité politique peut aussi avoir un impact fort sur l’image des destinations
et la sécurité des touristes. L’agitation et les troubles soulevés, par exemple, par le récent
109
Printemps arabe a considérablement fait chuter les arrivées dans les destinations du
Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie et plus largement celles du Moyen Orient. En ce cas, il
est aussi vrai qu’une offre stratégique de tourisme sportif sera aussi un argument de poids
en faveur des destinations dans le cadre des campagnes publicitaires de « reconquêtes ».113
Le réchauffement climatique
Pendant longtemps, les grands tours operateurs du marché d’aventure ont souvent
fait connaître leurs produits par le biais de slogans accrocheurs du type : « visitez les
derniers paradis avant qu’ils ne soient envahis par des hordes de touristes ». Aujourd’hui la
réalité du phénomène du réchauffement climatique a modifié la teneur des messages : il
s’agit de visiter ces derniers paradis, avant qu’ils ne disparaissent!
Les célèbres neiges éternelles du Kilimandjaro, le plus haut sommet africain
s’affinent à un rythme alarmant. Selon les scientifiques, elles disparaîtront autour de 2020.
Le plus grand récif corallien, la Grande Barrière de Corail, joyau de l’Australie
souffre de l’élévation de la température de l’eau et de son acidité due à la pollution qui
vient s’ajouter à la surfréquentation touristique.
L’archipel des Maldives, perle de l’océan indien, est menacée par la montée des
eaux, corollaire du réchauffement climatique et par la multiplication des ouragans. Déjà
plus de 16 îles ont été évacuées de leurs habitants et la « disparation » de l’archipel
attendue dans une vingtaine d’années. .
Mais la situation la plus frappante dans le cadre du tourisme sportif s’avère être
celle des montagnes et des stations de sports d’hiver du domaine alpin. En effet selon une
étude de l’OCDE (2007). « Une hausse de la température de 1°C, de 2°C, ou de 4°C à
l’avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d’un enneigement
fiable à 500, 400 ou 200 respectivement » (sur 666).
10 % des domaines souffre déjà d’un enneigement précaire avec la perspective de voir la
neige déserter les stations de moyenne-basse altitude de façon structurelle dès 2020 et celle
d’une fréquence plus forte d’hivers sans neige…
113
Cf supra : « un pays qui court est un pays sécurisé » p. 78.
110
Tourisme sportif et conflits environnementaux
Le tourisme sportif comme toute autre forme de tourisme ne peut être considéré
comme ayant un impact seulement positif sur les destinations. Nous avons vu qu’il pouvait
dans le cas des événements sportifs être à l’origine d’un nombre certain d’externalités
négatives et offrir des retombées en termes économiques plutôt mitigées. Le manque
d’études et la complexité de l’entreprise rend plus difficile encore l’évaluation des impacts
locaux et nationaux de ce type de manifestations sportives.
Il n’est pas possible de donner une liste étendue de l’impact environnemental du
tourisme sportif mais en voici en aperçu brièvement résumé, de celle relevée par G.
Higham (2005)
L’air : la très grande concentration de véhicules autour des grands matchs affecte la
qualité de l’air, de même que sur grands chantiers de construction (machines et bulldozer
à carburant diesel).
Les sols : érosion/modification géologique du sol lors de la construction des
équipements sportifs, destructions de terres agricoles, pollution aux pesticides etc. (terrain,
de golf en particulier)
L’eau : Un nombre important d’activités sportives sont consommatrices d’eau : le
golf, mais aussi le football, le rugby et tous les sports joués sur terrains en herbe.
La flore/la faune : Les mouvements des touristes contribuent à déplacer les graines
de certaines espèces exotiques vers d’autres lieux ( voitures, sacs, vêtements). Le passage
des coureurs, des vélos/vtt, des marcheurs peuvent occasionner le piétinement de la flore et
une agression constante du sol en particulier dans les déserts, les milieux de montagne, les
dunes… La faune peut être dérangée, voir fuir les lieux trop fréquentés (chemins de
randonnées, bords de rivières …)
Le bruit : des activités nautiques tels que le ski nautique, les courses de bateau a
moteur font fuir les dauphins et les grands mammifères aquatiques.
Les déchets : quelque soit la taille des événements sportifs ils sont souvent à
l’origine d’une masse de déchets astronomiques.
Difficile de faire l’impasse sur une problématique majeure : dans le cas des sports
de nature, la non préservation de l’environnement, des capacités de charges, peuvent
111
conduire à la destruction progressive du cadre même de sa pratique . Un double désastre :
sur le plan environnemental et sur celui de l’attractivité touristique qui peut perdre en
puissance et reporter les flux sur de nouvelles zones qui sembleront plus « authentiques »
ou mieux préservées.
Le cas des sports d’hiver est significatif à ce titre : en dépit de sa dépendance étroite
avec la nature, ce tourisme influe considérablement sur les territoires de montagnes :
remontées mécaniques, lignes à haute tension, canons à neige grands consommateurs d’eau
sans compter les nuisances associées à la fréquentation du tourisme de masse, des
constructions immobilières…
Aux cotés des problèmes soulevés par le réchauffement climatique, la gestion
immédiate et concertée des problèmes environnementaux (pollution, destruction des
paysages et des écosystèmes, érosion etc..) liée aux questions de durabilité des territoires
s’avère donc un enjeu capital pour les développements futurs du tourisme sportif.
Notons que des actions d’envergure au niveau de la gestion écologique des méga
événements sportif se mettent progressivement en place :
Ainsi, la Coupe du Monde de rugby 2007 en France fut la première officiellement
déclarée « éco responsable ». Une série de mesure ont été mises en place en partenariat
avec l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie pour réduire son
impact environnemental (déplacement des rugbymen en train plutôt qu’en avion,
biocarburant pour les voitures, produits équitables, sensibilisation du public au geste
écologique et responsable etc..).
Dans la même veine, Les Jeux Olympique de Londres 2012 se sont aussi engagés à
devenir les jeux les plus « verts » de l’histoire avec notamment un plan ambitieux de
développement durable. 114
[Cf Annexe 6 : Les cinq points clefs du plan de développement durable des JO de Londres]
114
Les associations ont abondamment critiqué les objectifs « ratés » de ce plan tel celui des 20% d’énergies
renouvelables, abandonné en cours de route, les problèmes de pollution atmosphérique négligés, la logique
très discutable du choix des sponsors…
112
Même s’il faut pondérer des actions qui, à ce niveau semblent plus relever d’une
pratique médiatique de greenwashing que d’un véritable souci environnemental.
4.2.Tourisme sportif, destinations et développement durable
Le tourisme durable, ou développement touristique durable, est basé sur la vision
tripolaire du développement durable qui a été exposée lors de la conférence de Rio : il
repose sur la mise en place d’une économie viable et équitable, sur le respect des identités
socioculturelles et sur la protection de l’environnement.
Conformément aux travaux présentés par le PNUE et l’ICLEI 115 en 2007, le tourisme
durable repose sur l’articulation de douze objectifs plus ou moins reliés aux dimensions
économiques, socioculturelles et environnementales :
« 1. Viabilité et compétitivité économique des destinations et entreprises touristiques 2.
Prospérité économique au niveau local 3. Qualité de l’emploi touristique 4. Équité sociale
et économique au sein des communautés locales 5. Satisfaction des visiteurs 6. Contrôle
local du tourisme 7. Bien-être et qualité de vie des communautés locales 8. Richesse
culturelle 9. Intégrité physique des destinations 10. Diversité biologique 11. Utilisation
rationnelle des ressources 12. Pureté de l’environnement. »
En outre, si le tourisme durable implique une activité économique durable sur le
long terme et qui ne décline pas, il est sans doute plus juste de considérer le tourisme dans
sa durabilité, c’est à dire dans sa capacité à devenir un véritable facteur du développement
des territoires et de progrès pour les populations et dans sa capacité à faire de l’activité
touristique une activité soutenable.
Un développement en marche
Rapporté au tourisme sportif, cela reste un projet ambitieux, car le tourisme et le
sport sont portés par des systèmes d’acteurs multiples et à différentes échelles de territoire.
Ils sont les éléments d’un système structuré, au sein duquel ils entrent en action de manière
interdépendante et dont l’objectif principal est de « donner vie » à leur destination.
115
Conseil International pour les Initiatives Écologiques Locales.
113
B. Massiera constate que de nombreux efforts sont encore à faire concernant la
qualité des prestations dans l’offre du tourisme sportif de destination :
Les principales qualités des offres locales se situent autour de l’encadrement sportif
et de la sécurité de pratique. Les défauts se situent plus autour de l’accueil, la réservation,
la gestion. Or le touriste est de plus en plus sensible à cette qualité (que l’on parle sa
langue, que les équipements soient bien entretenus...). Plus tard, il décidera de
recommander, ou non, le produit autour de lui en fonction de ces critères d’appréciation.
La clientèle touristique actuelle n’est plus aussi uniforme que celle avec laquelle les
destinations avaient l’habitude de traiter. Le touriste d’aujourd’hui, loin d’être captif
comme son lointain aïeul est informé et « zappeur». Il effectue son « marché » parmi un
large panel de destinations, où les anciennes destinations (telle la montagne hivernale) ne
font plus forcément rêver. Il devient exigeant.
Le touriste « sportif »est encore plus difficile à saisir.
Au cours de nos recherches nous avons pu constater que s’il existe un certain
nombre d’études concernant la connaissance des touristes sportifs, ce nombre est au final
limité. Le champ d’exploration est encore jeune. Or le profil de ces touristes actifs est en
constante évolution et leurs comportements méconnus. Ce besoin d’approfondir les
relations entre sport et tourisme a été relevé par nombre de chercheurs tels Gibson (2004).
Il semble en effet primordial de comprendre les motivations et les attentes de ces
différents marchés de niches afin de répondre au mieux à leurs besoins sur les lieux de
destination, avec par exemple, l’intégration des sports aux formulaires de tourisme, des
études ciblées autour des manifestations sportives, des analyse des motivations du
voyage…
Quoi qu’il en soit, ces nouvelles tendances forcent les destinations à
« l’anticipation ». En ce domaine, les maîtres mots sont innovation et adaptation pour
apporter la réponse aux attentes du client-roi, sensible à la protection de l’environnement,
et pour développer une offre touristique adaptée et gage de compétitivité.
On se rend compte en constatant le dynamisme, la profusion et la diversité des
offres en tourisme sportif, que les prestataires de services sont entrés dans une phase active
de recherche de « nouveaux produits » : paddleboard, skibike, randonnée pédestre
« aquatique » (longe côte), sport dit écologiques, pratiques sportives détournées en ville…
114
L’offre se diversifie de jour en jour. Ceci prouve l’adaptation progressive aux tendances
d’un marché grand consommateur d’activités et en demande de nouvelles expériences et de
découvertes de toutes sortes…
[Cf Annexe 7 : Article La Provence Tourisme Sportif]
Et pourtant :
«La rencontre entre tourisme et sport n’est pas aussi fructueuse que l’on pourrait
espérer » … «On n’a pas encore trouvé le moyen de faire du tourisme sportif un secteur
économique à part entière» 116
… des voix dubitatives s’élèvent ici et là pour pointer les limites d’un système aux
stratégies d’acteurs trop individualisées ou même, délaissées par les instances locales pour
qui le tourisme sportif n’est pas une niche prioritaire.
Au sein du système du tourisme sportif, les acteurs évoluent en fonction d 'intérêts
divers, voire divergents : d’un coté, des collectivités qui mettent « en tourisme » leurs
territoires afin de bénéficier des retombées sur le développement économique et social, de
l’autre, des entreprises, qu’il faut rentabiliser par une fréquentation touristique maximale.
Quant aux habitants, ils cherchent à profiter avant tout des retombées locales positives sans
subir les désagréments causés par les touristes...
Associer des acteurs multiples
De ce fait, trop souvent des actions sont entreprises dans une logique de
communication extérieure, sans grande volonté de partenariat et d’intégration avec les
acteurs locaux. Au niveau de l’événementiel sportif par exemple, cette logique dite de
« parachutage » peut susciter de l’incompréhension, voire entraîner le rejet des
manifestations sportives par les locaux.
116
Auteurs anonymes, des operateurs du sport et tourisme présents au 3eme
forum organisé par l’Association
des agences de voyages de Casablanca (AVC), article de l’Economiste, Le sport pour désaisonnaliser les
destinations. 17 décembre 2008.
115
Bernard Massiera pointe le même problème au niveau des offres sportives locales
en France, souvent mal présentées par les comités départementaux locaux par exemple : en
éditant des brochures massives répertoriant des activités sportives sans tenir compte des
saisons et des lieux. Une dilution qui « noie le public dans une masse d’information qui
peut nuire à l’image et au positionnement de l’offre sportive ». A terme, ce manque
d’organisation communicationnel peut poser un réel problème pour le développement de
l’ensemble du tourisme sportif. 117
Cela suppose donc une prise de conscience de la part des décideurs et des
populations locales pour mettre en œuvre une politique intégrée de développement fondée
sur les réseaux intéressés (institutionnels, professionnels du tourisme, opérateurs publics et
privés des sports de nature, etc.).
Notons que certains pays tels le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Royaume
Unis ont réfléchi, développé et investi depuis plus de 10 ans dans des politiques nationales
axées sur le tourisme sportif et se sont dotés d’organes officiels qui coordonnent les
actions, à plusieurs échelles, du national au local.
Citons le South Africa Sports Tourism (SAST) ; l’Alliance Canadienne du Sport et Tourism
(ACTS) qui gère un le Sport tourism initiatives « planning » et aide les communautés
locales à évaluer leurs ressources et à se positionner sur le secteur ; le Department of
Culture, Media and Sport (ancien DNH) anglais qui articule, guide et évalue les relations
entre sport et tourisme en Grande Bretagne … 118
[Cf Annexe 8 : Extrait du Gabarit de L’ACTS]
En conclusion de ce chapitre, retenons que, quelque soient les projets initiaux en
tourisme sportif, ils ne pourront avoir un impact positif sur les destinations uniquement si
les actions sont entreprises dans le cadre d’une planification globale :
117
P. 45
118 In Towards a National Sports Tourism Strategy (Draft) Commonwealth Department of Industry, Science
and Resources, sport & tourism division, 2000. [en ligne].
116
Les spécialistes insistent sur la nécessité de mettre en réseau - dans le cadre de
partenariats et de stratégies partagées- les organisations sportives, les représentants des
entreprises, les collectivités territoriales et, plus largement, les habitants des régions,
quand, trop souvent encore les stratégies individualistes prennent le dessus.
L’enjeu du tourisme sportif pour les destinations touristiques est d’arriver à
concevoir un mode de gouvernance qui, permettant de dépasser les clivages, éviterait « les
actions dispersées des différents acteurs ». 119
Il s’agit à terme, d’arriver à combiner, de façon subtile, tous les intervenants des
deux secteurs, mais aussi les politiques sportives et touristiques au service même d’une
stratégie globale de développement durable des territoires.
119
Christian Dorvillé et Malek Bouhaouala, Place des sports outdoor dans le développement touristique de la
région Nord-Pas-de-Calais, Territoire en mouvement, 2006.
117
CONCLUSION
Du sport « divertissement » au sport « extrême » le sport est omniprésent dans nos
sociétés contemporaines et le symbole d’une tendance qui se manifeste à l’échelle
planétaire. Il a subit les 30 dernières années une métamorphose complète : il s’est affranchi
de son univers institutionnalisé, structuré, pour devenir un fait de société, un loisir libre,
de plus en plus couramment intégré dans les produits touristiques. Il est devenu un produit
de « consommation ».
Il entretient des relations étroites avec le secteur du tourisme avec lequel il partage
un but commun : les voyages et les manifestations sportives contribuent au rapprochement
des peuples. Le sport et le tourisme, en ce sens, font de notre planète un monde meilleur.
Ils s’efforcent tous deux de comprendre d’autres cultures et d’autres styles de vie. Ils
facilitent la compréhension, la tolérance et la paix mondiale.
Mais ce qu’on désigne aujourd’hui comme le tourisme sportif est aussi un
phénomène en cours d’identification. Son univers oscille entre des frontières aux limites
floues, aux imbrications fluctuantes qui le rendent difficile à saisir et, par conséquent, à
maîtriser.
Aujourd’hui il est difficile d’imaginer le tourisme sans le sport : l’activité sportive
s’est imposée tant dans nos loisirs quotidiens que dans nos séjours de vacances, les
événements sportifs nous entrainent au bout du monde pour y participer ou vivre en direct
« l’émotion » des grandes compétitions internationales et des grands rassemblements.
L’importance croissante de ces phénomènes a suscité l’intérêt des milieux du
marketing et de la communication commerciale liés au tourisme. Ainsi, au travers de notre
étude, nous avons pu constater que de plus en plus de destinations reposent sur les
manifestations et les loisirs sportifs qui peuvent constituer des facteurs décisifs pour faire
connaitre un lieu, une région, un pays. En outre, ils peuvent être une source de revenus
dotés d’un grand coefficient multiplicateur.
En ce sens, le tourisme sportif peut servir de « fer de lance » aux destinations, mais
cela doit s’effectuer de manière harmonieuse :
Avec ses perspectives de croissance optimiste dans un contexte économique morose, le
tourisme sportif tend à s’imposer comme la « panacée » universelle pour le développement
118
des territoires. Il est riche de potentiel, de diversité et porteur d’innovation. Pourtant, le
succès n’est pas automatiquement garanti et, chaque entreprise et chaque destination
affrontent la concurrence acharnée d’une multitude d’autres sur un marché planétaire.
Les systèmes d’acteurs qui le composent agissent rarement en synergie alors que les
avantages et les bénéfices du tourisme sportif ne sauront être exploités qu’au prix d’une
planification rigoureuse.
Notre parcours a montré que ses répercussions sociales, économiques,
environnementales conduisent même à s'interroger sur sa compatibilité avec un
développement durable. Sa relation avec les sports de nature notamment, n’est pas si
simple.
Elle obéit au bon vouloir de multiples acteurs dont le travail en collaboration est
plus que nécessaire pour aller dans le sens d’un développement soutenable. Ceci implique
nécessairement une gestion ciblée et conjointe du tourisme et du sport.
Pour le développement futur du tourisme sportif, les autorités publiques auront un
rôle-clef à jouer en visant des modèles de développement précis et en prenant la juste
mesure du réchauffement climatique. Une telle démarche implique de prendre en compte
les intérêts d’une multitude d’acteurs à tous niveaux.
Le tourisme sportif aura, en outre, à s’adapter aux nouvelles évolutions et aux
besoins changeants des pratiquants, des spectateurs et des touristes. Il faudra pour ces
deux secteurs complexes, porteurs de fortes valeurs ajoutées, multiplier les interactions,
approfondir les connaissances mutuelles, pour que les relations puissent déboucher sur de
nouvelles formes de partenariats dans le futur alors que les premières manifestations en
sont déjà visibles.
Dans un environnement où la concurrence est de plus en plus rude, tourisme et
sport auront donc à prouver qu’ils peuvent s’affranchir d’une vision exclusivement
sectorielle pour rechercher la collaboration, le jeu « collectif », pour s’imposer à terme
comme un secteur économique à part entière.
119
BIBLIOGRAPHIE
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le-tourisme-compte-rendu-de-conference/. Consulté le 17 juin 2012.
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URL : http://www.maghress.com/fr/leconomiste/90321. Consulté le 03 juin 2012.
123
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE No 1
[Approches terminologiques du tourisme sportif]
ANNEXE No 2
[Musées sportifs les plus visités en Europe]
ANNEXE No3
[Dossier : Ile de la Réunion. Quel Tourisme ?
« Le Tourisme Sportif, un marché en croissance »]
ANNEXE No 4
[« Revenus et dépenses économiques /
Coûts et bénéfices sociaux des manifestations sportives pour les territoires»
ANNEXE No 5
[Conditions pour obtenir le label « Sports Tourism Destination » de Catalogne]
ANNEXE No 6
[ENVIRONNEMENT – Un plan développement durable inédit pour les JO]
ANNEXE No7
[Exemple d’article vantant les plaisirs combinés du tourisme et de la pratique
d’une activité physique sous le vocable « tourisme sportif ».(La Provence).]
ANNEXE No 8
[1/ Présentation de « l’Alliance Canadienne du Tourisme sportif
2/ « Extraits du Gabarit de développement du Tourisme Sportif pour les territoires
au Canada.]
124
ANNEXE No 1
[Approches terminologiques du tourisme sportif]
Formulations dans
littérature anglaise et
française et allemande
Identifications des premiers
travaux visant à définir le
phénomène
Sport tourism Gibson, 1998 ; De Knop, 1995
;
Delpy, 1998 ; Turco &
Eisenhardt ,1998; Pigeassou,
1997; IOC, WTO, 2001
Sports tourism Redmond, 1990, 1991
Pratiques touristiques et
sportives
Dewailly et Sobry, 1997
Tourisme sportif Pigeassou, 1997; Bourdeau,
1999
Sport-tourismus
Sporttourismus
Dreyer et Krüger, 1995 ;
Trossien, Dinkel, 2001
Tourisme sport Kurtzman & Zauhar, 1995
Sport touristique Pigeassou et Filloz, 2000
Origet du Cluzeau
Vicerat, 2000
Source : Pigeassou (2002)
125
ANNEXE No 2
[Musées sportifs les plus visités en Europe]
The Olympic Museum, Lausanne, Switzerland
National Sports Museum, Paris, France
National Sports Museum, Helsinki, Finland
Sports Museumm Tartu, Estonia
Swiss Sports Museum, Bale, Switzerland
Flemish Museum of Sport, Louvain, Belgium
National Ski Museum Oslo, Norway
National Rowing Museum Limerick, Ireland
Cricket Museum London, England
Tennis Museum Wimbledon, England
Horseracing Museum Newmarket, England
Rugby Museum Edinburgh, Scotland
Musée de la Pelote Bayonne, France
Rugby Museum Edinburgh, Scotland
Gaelic Athletics Thurles, Ireland
Barcelona FC Museum, Spain
Liverpool FC Museum Liverpool, England
Musée de la Pelote Bayonne, France
Manchester United FC Museum Manchester, England
Golf Museum St Andrews, Scotland
Manchester United FC Museum Manchester, England
Museum of Physical Culture Poland
Museum Nacional do Desporto Lisbon, Portugal
Museum of Olympics Lisbon, Portugal
Museum Nacional do Desporto Lisbon, Portugal
Museum of the Olympic Games Olympia, Greece
Source: Stevens & Associates (1998).
126
ANNEXE No3
Dossier : Ile de la Réunion. Quel Tourisme ?
« Le Tourisme Sportif, un marché en croissance »
Source : L’Economie de la Réunion / 3e trimestre 2004
127
ANNEXE No 4
« Revenus et dépenses économiques /Coûts et bénéfices sociaux des manifestations
sportives pour les territoires»
Revenus et dépenses économiques
Revenus Flux monétaires entrant dans la ville
ou la région
Dépenses Flux monétaires sortant de la ville ou
de la région Dépenses des participants – Des participants voyageront vers la ville, resteront à l’hôtel ou dans un autre hébergement, mangeront, boiront, achèteront des souvenirs, etc. Selon
la démographie de la manifestation, ils peuvent dépenser de 75 $ à 500 $ par
jour. Dépenses des spectateurs et autres visiteurs – Qu’il s’agisse des rési-
dants locaux qui viennent à la manifesta-
tion pendant une journée ou d’un groupe
de supporteurs de l’équipe qui voyagent autour du monde pour voir jouer leur équipe, tous dépensent de l’argent
du simple fait d’assister à la manifesta-
tion. Revenus directs de la manifestation – Revenus provenant des droits
d’entrée, des droits de télévision, des comman-
dites corporatives, des revenus des con-
cessions et des droits de commercialisation
du logo. Dépenses indirectes des spectateurs – Pour certaines personnes, la mani-
festation est la raison principale de se dépla-
cer vers une ville, tandis que pour d’autres, la manifestation devient quelque chose
à faire ou à voir pendant qu’ils sont là. Multiplicateurs locaux – L’argent dé-
pensé
Coûts de mise en candidature – Alors
que les grands événements internationaux
sont très recherchés et exigent des droits de mise en candidature, d’autres événe-
ments sont ouverts aux mises en candidature. Coûts des immobilisations – Les installations locales qui seront utilisées
lors la manifestation devront peut-être être construites ou rénovées, de même que certaines infrastructures civiles, le ré-
seau routier par exemple, auront besoin
d’être améliorées. Même si ces travaux représentent des coûts pour une seule manifestation, ceux-ci peuvent consti-
tuer des bénéfices durables soit en vue de la tenue d’autres manifestations ou pour l’ensemble des infrastructures urbaines. Coûts directs de la tenue de la manifestation – Le personnel doit être payé, les installations doivent fonction-
ner, les officiels doivent être remboursés, les invités doivent être accueillis, les billets doivent être imprimés, etc. Coûts indirects de la tenue de la manifestation – Les grandes manifestations engendrent des coûts additionnels pour la police et la sécurité, par exemple; ces coûts incombent à la collectivité, non aux organisateurs de la manifestation (même si parfois une facturation de la part du service de po-
lice transforme ces dépenses en coûts di-
rects).
128
pour la manifestation circule dans l’économie locale. Dépenses des visi-
teurs qui reviennent – Des gens se sont
bien amusés lors de la manifestation,
alors qu’ils visitaient la ville ou la région pour
une première fois; certains d’entre eux
sont susceptibles de revenir des années
plus tard pour y vivre d’autres expé-
riences de voyage et de tourisme.
Coûts post-événement – Après la manifestation, les installations doivent
être remises dans leur état originel et l’organisation de la manifestation devra peut-être poursuivre ses activités pen-
dant plusieurs mois afin de fermer les livres, classer les dossiers, compléter les rap-
ports finals d’évaluation, etc.
129
Coûts et bénéfices sociaux
Bénéfices
Bénéfices sociaux des manifesta-tions
Coûts Coûts sociaux de la tenue de la mani-
festation Mise en valeur de l’identité régionale – Les manifestations, en particulier les
grands événements internationaux, contri-
buent à « mettre les villes sur la carte » et à
établir leur identité en termes globaux. Développement de la jeunesse – Les manifestations sportives montrent
aux jeunes ce qui peut se faire et, indirectement, les mettent au défi
d’aspirer à atteindre ce sommet de perfor-
mance. Mise en valeur des communautés culturelles, ethniques ou minoritaires – Plusieurs manifestations sont cen-
trées sur des groupes culturels ou se dérou-
lent à l’intérieur de ceux-ci; ils servent
alors de mécanisme d’expression culturelle. Développement des bénévoles – Les manifestations font très souvent ap-
pel à des bénévoles et la formation des bénévoles à une manifestation spéci-
fique peut s’avérer bénéfique à long terme
pour une collectivité. Développement culturel – Les manifestations ont souvent des composantes culturelles qui stimu-
lent et rendent possibles l’expression et le développement culturel local. Catalyseur de développement – De multiples façons, les manifestations
et les activités connexes qui les entourent changent une ville ou servent de catalyseur au changement. Ce phé-
nomène peut constituer un coût ou un béné-
fice, selon la nature du changement.
Congestion – Les manifestations atti-
rent souvent beaucoup de visiteurs, ce qui signifie aussi une congestion dans les
rues, les hôtels et les restaurants pour les résidants et les autres visiteurs. Dislocation – Les manifestations ont souvent pour effet de restreindre l’accès
de la collectivité aux installations récréa-
tives et, dans le cas des grands événements majeurs en particulier, les populations à faible revenu des centres-villes se font déplacer par ceux qui sont prêts à payer davantage pour louer leurs logements. Concurrence pour les fonds – Les groupes non sportifs constatent souvent que les grandes manifestations accapa-
rent tout le financement disponible, causant ainsi une pénurie de fonds pour les
autres causes, qui sont souvent de nature so-
ciale. Concurrence pour les bénévoles – La même théorie s’applique aux bénévoles quand il s’agit de grands événements.
Source : P.9 & 10 du Gabarit de planification du Tourisme Sportif,
130
ANNEXE No 5
[Conditions pour obtenir le label « Sport Tourism Destination » de Catalogne]
Requirements to become a Sports Tourism Destination
In order to be certified as a Sports Tourism Destination, tourism municipalities and
areas must go through an auditing process and meet the following requirements:
a) General requirements Create and improve tourism products (lodging, restaurants, facilities, etc.)
Publicise and market the destination.
Coordinate activities with the various agents involved.
Continually improve and professionalise each involved agent’s own manage-
ment
Have a natural setting and weather conditions appropriate for practicing each
sport.
b) General sports requirements Provide facilities to practice various sports (changing rooms, hot water showers,
gymnasium, etc.)
c) Specific sports requirements for the sports in which the tourism
destination wishes to
specialise:
There are a series of parameters ranging from some compulsory minimums to
recommended minimums. Depending on each sport, these parameters are the following:
- Rowing and canoeing in calm waters
- Have calm bodies of water (lakes, rivers, reservoirs) of more than 1,200 X 100
navigable
metres.
- Swimming
- Have a swimming pool of a minimum of 25 x 16 metres.
- Parachuting
- Have an aerodrome in good condition located in an area free of obstacles.
131
- Have favourable atmospheric conditions suitable for flying aircraft all year-round.
- Cycling
- Have mountainous terrain that offers attractive drops.
- Have at least 800 km of routes on an asphalt-paved road network at the
destination
and in the surrounding areas. These routes should have little motor traffic and be
suitable for road bicycles.
- ATB
- Have mountainous terrain that offers attractive drops.
- Be officially recognised as an ATB Centre by Turisme de Catalunya.
2
- Group sports:
- Have a sports centre equipped to host various sports such as indoor football,
handball,
basketball, volleyball or badminton.
- Running and triathlon
- Have a swimming pool of a minimum of 25 x 16 metres.
- Have an asphalt-paved road network for bicycles of at least 120 km with little
traffic.
- Have a network of paths, trails or asphalt-paved roads of at least 20 km with little
or no
traffic and free of steep slopes.
- Mountain trekking / Alpine running:
- Have mountainous terrain that offers at least 1,000 metres between the lowest and
highest points of elevation.
- Have paths that are situated higher than 1,500 m above sea level.
- Have at least 150 km of paths, in addition to long-distance (GR) and short-
distance
(PR) paths.
- Football
- Have a grass pitch in good condition between 90 - 120 metres long and 45 – 90
metres
wide.
- Track and Field
- Have a pine forest or path of 2-3 km long for resistance training.
- Have a well-paved asphalt road network with little traffic. It should run 2-3 km
and be
132
suitable for practicing track and field as well as marathon activities.
- Have an athletics track with at least six lanes, all the equipment necessary for
training
and in accordance with specifications set forth by the Federació Catalana
d’Atletisme
(Catalan Athletics Federation).
- Dinghy sailing
- Have a sailing club or base in the area.
- Have regulation facilities for dinghy sailing.
- Have a pneumatic boat with at least 20 CV.
- Ability to access the weather forecast on a daily basis.
- Tennis
- Have at least five clay courts, three hard courts, and a gymnasium with weight and
cardiovascular machines and two changing rooms with showers.
- Canoeing in rough waters:
- Have a body of water suitable for practicing this sport, with an average incline of
at
least 8 per mil.
- Have a route of a minimum of 250 metres with at least 18 exits.
For more information, please contact to:
Catalunya Tourism
Tel: +34 93 484 99 00
Source : Office de Tourisme de Catalogne.
133
ANNEXE No 6
[ENVIRONNEMENT – Un plan développement durable inédit pour les JO]
Article par Laurène Sénéchal
Depuis 2005, le comité d’organisation planche sur le plan développement
durable qu’il appliquera pendant les Jeux : contrôle des émissions de carbone,
politique zéro déchet, transports publics efficaces… Retrouvez les 5 points clefs du
"plan développement durable Londres 2012"
(Crédit : LOCOG)
Des émissions de carbone
contrôlées Pour la première fois, un comité
olympique a planifié et essayé de
contrôler ses émissions de carbone. La
projection qui a été réalisée ne comprend
pas uniquement les émissions qui seront
produites pendant l’évènement mais
comptabilise aussi la phase des travaux.
Parmi les mesures phares permettant le
contrôle des émissions produites pour
l’évènement : le choix des matériaux
dans la construction des installations olympiques, qui sont faibles en carbone, et l’accent
mis sur les énergies renouvelables. Même si l’abandon du projet d’une grande éolienne ne
permet pas d’atteindre l’objectif des 20%, 11% de l’énergie produite pour les JO se fera à
partir d’énergie renouvelable (chaudière de biomasse, panneaux solaires, petites éoliennes
verticales).
Zéro déchet pour les décharges Au cours de la phase de construction, cette politique s’est traduite par une réutilisation ou
le recyclage de 98 % des déchets produits par la démolition et 99 % de ceux produits
pendant la construction du parc olympique.
Pendant les évènements sportifs, il a été décidé que 70 % des déchets devraient être
recyclés, réutilisés ou compostés. Le reste sera envoyé à des installations qui s’en serviront
pour produire de l’énergie. Tous les spectateurs seront alors mis à contribution : ils devront
trier leurs déchets se laissant guider par le code couleur des poubelles. Il y aura trois
poubelles : une pour les déchets recyclables, une pour tout ce qui est nourriture et
emballages biodégradables, et une pour les déchets non-recyclables.
La plupart des emballages utilisés par la restauration seront compostables. Et le
comité a fait en sorte d’éviter la multiplication des différentes sortes d’emballages, il n’y
aura donc presque pas de verre ou de métal.
134
Des alternatives efficaces à la
voiture personnelle Il n’est pas possible aux spectateurs de se
rendre avec leur voiture personnelle sur
le site olympique. Les transports publics
ont donc été améliorés pour faire face à
un plus grand afflux de personne. Et les
transports doux tels que le vélo ou la
marche sont encouragés.
Promouvoir un mode de vie
écolo Pendant toute la durée des JO, des
messages faisant la promotion d’un mode
de vie durable seront diffusés. Les spectateurs seront sensibilisés par des annonces
publiques, des messages écrits aux points de restauration, sur les poubelles et aussi dans un
petit livret qui leur sera distribué. Le "Green Games guide" donnera des informations
pratiques sur comment avoir un comportement qui respecte l’environnement dans sa
manière de se déplacer, de recycler et de consommer l’énergie.
Et pour donner le bon exemple, les Jeux ont commencé en étant particulièrement
attentif aux produits vendus sur le site. En développant leur projet "Food Vision", Londres
2012 a demandé à tous les partenaires dans l’industrie de la restauration de respecter des
critères stricts de développement durable.
Penser à l’héritage des infrastructures olympiques C’était un point essentiel pour le comité olympique qui ne voulait pas que tous les efforts
mis en place pour les Jeux ne soient utiles que pendant un mois. Six des huit installations
olympiques ont alors déjà obtenu des contrats pour être réutilisés après les JO. Et le parc
olympique qui prendra le nom du Parc Olympique de la Reine Elizabeth II ouvrira ses
portes au public dès l’été 2013 et proposera des activités récréatives et sportives.
Source : Laurène Sénéchal (www.lepetitjournal.com/londres), 2012
135
ANNEXE No7
Exemple d’article vantant les plaisirs combinés du tourisme et de la pratique d’une
activité physique sous le vocable « tourisme sportif ».
Source : La Provence en ligne. www.laprovence.fr
ANNEXE No 8
1/ Présentation de « l’Alliance Canadienne du Tourisme sportif »
Tourisme sportif, double découverte ! Des stages de kayak sont organisés tout l'été. Une bonne occasion
d'allier vacances et activité physique.
Estivants ou Provençaux ont trouvé dans le kayak un bon moyen de réunir sport et découverte.
Dans un cadre idyllique, celui des calanques.
Photos E.F.
We like adventure !"
Pour Ann et Andy, touristes flamands, le moment le plus excitant de leur visite de Marseille
restera cette matinée où ils ont découvert les calanques d'une manière plutôt inhabituelle. "On n'est pas là
pour aller simplement bronzer à la plage, ou même faire une visite organisée sur des bateaux
touristiques. On veut bouger, participer et s'amuser !" Ils ont donc opté pour une demi-journée
découverte de kayak dans les calanques de Marseille.
136
ANNEXE No 8
1/ Présentation de « l’Alliance Canadienne du Tourisme sportif »
2/ « Extraits du Gabarit de développement du Tourisme Sportif
pour les territoires au Canada.
Source : Alliance Canadienne du Tourisme Sportif. http://canadiansporttourism.com/
137
ALLIANCE CANADIENNE DU TOURISME SPORTIF
L’industrie
• Le tourisme sportif est un segment de l’industrie touristique canadienne
dont le chiffre
d’affaires annuel est de 2,4milliards de $ et il représente le segment de cette
industrie dont
la croissance est la plus rapide.
• Le tourisme sportif est reconnu comme une force stabilisatrice à l’intérieur
de l’industrie
touristique canadienne,une industrie de 62milliards de $par année,
particulièrement durant
les périodes de volatilité à l’intérieur de l’industrie.
Les objectifs de l’ACTS
• Faire la mise enmarché du Canada comme une destination privilégiée de
tourisme sportif.
• Faciliter le réseautage, les possibilités de formation et de communications
entre les
intervenants au Canada.
• Promouvoir et rehausser l’image et la réputation de l’industrie du tourisme
sportif à l’intérieur
du Canada.
Le tourisme sportif au Canada
• L’ACTS est au premier plan de la promotion du tourisme sportif au niveau
national et
international. De 18membres au moment de sa fondation en 2000,
l’organisme est passé
à plus de 200membres aujourd’hui.
• Le Canada possède une longue et imposante histoire d’accueil de
manifestations sportives
internationales, incluant les Jeux olympiques, panaméricains, et du
Commonwealth et une
multitude de championnats unisports et multisports continentaux et
mondiaux.
• Les bénéfices de l’accueil de manifestations sportives continuent d’être en
correspondance
Avec le secteur public puisque le gouvernements fédéral et provinciaux
investissent davantage de ressources dans les initiatives, les politiques et les
programmes de tourisme sportif.
138
Les intervenants en tourisme sportif
• Les intervenants comprennent les gouvernements à tous les niveaux, les
organismes de
marketing de destination, les agences de développement économique, les
organismes de
sport, de loisir et de patrimoine.
• Les organismes et les entreprises qui détiennent les droits sur des
manifestations sportives,
y compris les organismes nationaux/provinciaux unisports et multisports et
les firmes
indépendantes de gestion d’événements.
• Les fournisseurs de l’industrie tels que les secteurs du voyage et de
l’hébergement et les
agences de marketing.
• Les publics internationaux.
L’impact économique
• Les recettes du tourisme international ont totalisé 735millions de $ en
2006, dont une partie évaluée à 10%est reliée au sport.
• L’ACTS a développé les modèles MEETS et MEETS PRO afin
respectivement de prédire et
de mesurer l’impact économique de l’accueil de manifestations sportives sur
les
communautés canadiennes.
• L’évaluation de l’impact économique de plus de 800 manifestations
sportives dans les
collectivités partout au Canada a été réalisée à l’aide du modèle MEETS.
• Des manifestations telles que la Coupe du monde U-20 de la FIFA (2007),
les Jeux d’été et
d’hiver du Canada et le Championnat du monde de hockey junior de l’IIHF
(2009) ont tous
généré des millions de dollars en impact économique au sein des
collectivités hôtesses.
Outils et ressources de l’ACTS
• L’ACTS continue de développer des instruments et des ressources à la fine
pointe de
l’industrie dans le but d’aider au développement de l’industrie du tourisme
139
sportif, dont le
Gabarit de planification du tourisme sportif, le Répertoire des
manifestations sportives, le
Gabarit de plan d’affaires en vue de l’accueil d’un événement sportif et les
modèles
MEETS/MEETS PRO.
• L’ACTS organise le Congrès des événements sportifs, le plus important
rassemblement
annuel au Canada des titulaires de droits sur des événements sportifs, des
gestionnaires
d’événements, des responsables de services des parcs et loisirs, des agences
de
développement économique et des professionnels du tourisme.
• Les Prix PRESTIGE de l’ACTS (Programme de Reconnaissance de
l’Excellence dans le
touriSme sporTif – Initiative,Gestion et Événements) reconnaissent et
honorent l’excellence
dans l’industrie du tourisme sportif.