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La métropole lilloise peut compter sur un réseau d’associations très dense. Développées à l'époque où le Nord-Pas-de-Calais était fortement industrialisé, l'entraide et l'assistance publique y ont longtemps joué un rôle essentiel. Depuis, les associations ont pris le relais. Regard sur les principaux acteurs associatifs du handicap. DONNEURS DE VOIX DEPUIS 42 ANS C'est en 1972 qu'un ophtalmologue fonde l'association Les Donneurs de voix. L'idée de créer une bibliothèque sonore naît peu de temps après. La première ouvre ses portes à Lille. Le réseau compte aujourd'hui 120 struc- tures. Chacune de ces bibliothèques offre à toutes les personnes malvoyantes, mais aussi à celles qu’un han- dicap empêche de lire, de retrouver le plaisir de la lecture grâce aux livres audio. Dans les locaux situés à Mons-en- Barœul, tout le monde se souvient de l'époque des cas- settes audio qui « s'usaient et se cassaient », comme le rappelle René Leconte, vice-président de l'association. Le passage aux enregistrements sur CD s'effectue à la fin des années 2000. Derrière ces heures d’enregistrement se trouvent près de 140 donneurs de voix : des hommes et des femmes qui ont offert leur temps pour lire des œuvres. Ils ont pour mission « d’enregistrer les livres qu'ils aiment », précise René Leconte. Une fois par mois, « ils se retrouvent pour travailler sur la lecture et pour échanger avec les autres donneurs ». Le catalogue lillois compte plus de 22 000 titres, livres ou revues. « Geo est le mensuel le plus apprécié des 500 adhérents », L'entraide au cœur de la cité poursuit le vice-président. Les bénéficiaires, des lecteurs audio, n'ont pas besoin de se déplacer : les documents sont envoyés gratuitement par voie postale. Ils sont aussi disponibles sur un serveur national sur lequel toutes les bibliothèques sonores mettent leurs réalisations, ce qui représente quelque 300 000 titres. Notamment parce qu'elle fournit des documents à une école pour déficients visuels, l'association multiplie les enregistrements de livres destinés au jeune public. Au grand plaisir de la benjamine des adhérents, âgée de 6 ans. www.advbs.fr SOCIÉTÉ LES ASSOCIATIONS 42 être . Handicap Information n°132

L'entraide au coeur de la cité - Etre Handicap Information # 132 - Juillet-août 2014

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Reportage Lille

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La métropole lilloise peut compter sur un réseau d’associations très dense. Développées à l'époque où le Nord-Pas-de-Calais était fortement industrialisé, l'entraide et l'assistance publique y ont longtemps joué un rôle essentiel. Depuis, les associations ont pris le relais. Regard sur les principaux acteurs associatifs du handicap.

DONNEURS DE VOIX DEPUIS 42 ANS

C'est en 1972 qu'un ophtalmologue fonde l'association Les Donneurs de voix. L'idée de créer une bibliothèque sonore naît peu de temps après. La première ouvre ses portes à Lille. Le réseau compte aujourd'hui 120 struc-tures. Chacune de ces bibliothèques offre à toutes les personnes malvoyantes, mais aussi à celles qu’un han-dicap empêche de lire, de retrouver le plaisir de la lecture grâce aux livres audio. Dans les locaux situés à Mons-en-Barœul, tout le monde se souvient de l'époque des cas-settes audio qui « s'usaient et se cassaient », comme le rappelle René Leconte, vice-président de l'association. Le passage aux enregistrements sur CD s'effectue à la fin des années 2000. Derrière ces heures d’enregistrement se trouvent près de 140 donneurs de voix : des hommes et des femmes qui ont offert leur temps pour lire des œuvres. Ils ont pour mission « d’enregistrer les livres qu'ils aiment », précise René Leconte. Une fois par mois, « ils se retrouvent pour travailler sur la lecture et pour échanger avec les autres donneurs ». Le catalogue lillois compte plus de 22 000 titres, livres ou revues. « Geo est le mensuel le plus apprécié des 500 adhérents »,

L'entraide au cœur de la cité

poursuit le vice-président. Les bénéficiaires, des lecteurs audio, n'ont pas besoin de se déplacer : les documents sont envoyés gratuitement par voie postale. Ils sont aussi disponibles sur un serveur national sur lequel toutes les bibliothèques sonores mettent leurs réalisations, ce qui représente quelque 300 000 titres. Notamment parce qu'elle fournit des documents à une école pour déficients visuels, l'association multiplie les enregistrements de livres destinés au jeune public. Au grand plaisir de la benjamine des adhérents, âgée de 6 ans.

www.advbs.fr

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NOÉMI : RELEVER LE DÉFI DU POLYHANDICAP

L’association Noémi se bat pour changer le regard de la société sur le polyhandicap. « Le polyhandicap n’est pas l’association de plusieurs handicaps, physiques, mentaux ou sensoriels, c’est malheureuse-ment beaucoup plus compliqué que cela. Les handicaps dont sont atteintes ces personnes ne s’additionnent pas, ils se multiplient », explique Noémi, qui offre aux familles et aux professionnels des outils, de la formation et des informations pour mieux gérer la vie

quotidienne aux côtés d'un proche polyhandicapé. Soutenue par de nombreuses fondations (Fonda-tion de France, King Baudouin USA, Fondation Co-lam et Fondation Anber), l'association a vu le jour en 1999, à la suite du constat dressé par les pa-rents d'une fillette polyhandicapée : aucune péda-gogie ne permettait à Noémi de progresser. Depuis, l'association pense et donne vie à des structures d’accueil et de loisirs pour enfants et adultes po-lyhandicapés. Créée en 2012, la maison d'accueil spécialisée de la Chapelle d'Armentières héberge des adultes polyhandicapés. « C'est un projet ma-gnifique, un lieu qui se rapproche le plus possible de la vie à la maison », explique Nathalie Lejeune, directrice de l’association. Sa dernière idée, prête

à voir le jour : « Un jardin que je veux extraordinaire, avec un verger à hauteur de fauteuil. » Nathalie rêve d'un « lieu un petit peu magique, pour oublier le contexte douloureux du handicap ». Les membres de l'association sont également à l'initiative d'une crèche ouverte en 2010 à Roubaix, qui accueille 25 enfants dont 8 en situation de han-dicap. « Le but est d'apprendre à vivre ensemble dès le plus jeune âge. L'échange et le lien entre les parents et les enfants est au-delà de ce que j'avais espéré », se réjouit Nathalie Lejeune. www.assonoemi.fr

SAVS – SAMSAH, CRÉATEUR DE "LIEN SOCIAL"

« J'ai toujours privilégié l'intégration en milieu ordinaire, pour ne pas construire de ghetto », explique Yamina Larbi, animatrice sociale du SAVS (Service d'accompagnement à la vie sociale) - Samsah (Service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés) Lille Métropole. Dépendant de l'APF, ce SAVS-Samsah a pour rôle de créer du lien social autour de la personne han-dicapée, pour lutter contre les difficultés quotidiennes causées par le handicap. Le service offre une capacité de 30 accompagnements pour un public adulte en situation de handicap moteur, souffrant de troubles associés ou non et vivant à domicile. Depuis treize ans dans la région, Yamina travaille avec des équipes paramédicales (ergothérapeutes), des travailleurs sociaux et des soignants, infirmières et médecins. « Cette pluridisciplinarité est très importante, j'ai beau-

coup appris de l'expérience des autres, explique-t-elle. La notion de parcours personnalisé est essentielle. Il faut faire en sorte que le bénéficiaire trouve sa place. » L'accompagnement se fait principalement au domicile. Yamina partage le quotidien des bénéficiaires, avec lesquels elle travaille à la réalisation de projets personnels : des vacances ou encore la gestion de la vie quotidienne. « Il n'est pas facile de reprendre une activité sociale après des années d'isolement, observe Yamina. Je les accompagne, je suis à leurs côtés, mais il est hors de question de les infantiliser. »

LA MAISON DES AVEUGLES

Fondée à Lille en 1955 par l'abbé Fran-çois, l'association La Maison des aveugles (LMA) s'installe à Roubaix en 2007. Elle compte aujourd'hui 12 groupes dans la région Nord-Pas-de-Calais, de Saint-Omer à Armentières. Indépendants les uns des autres, ils ont tous la même vocation : offrir aux adhérents, non et mal voyants, la possibilité de se ren-contrer, de dialoguer, de voyager afin de rompre l'isolement. « La plupart des activités ont lieu sur place, dans une maison de style Art déco située dans un quartier cossu de Roubaix », explique Anne Blanchard, secré-taire au sein de la Maison des aveugles. Un grand jardin, à l'arrière du bâti-ment, permet d'accueillir les chiens d'aveugles lors des événements organisés. Les 650 adhérents de la Maison des aveugles de Roubaix se retrouvent deux fois par mois pour un atelier de chorale. Un atelier infor-matique organisé toutes les semaines par un malvoyant permet aux adhérents – souvent des retraités – de découvrir le monde d’Internet. Une imprimante en braille est à leur disposition. La Maison des aveugles organise trois fois par an des voyages organisés. Le dernier d’entre eux, un séjour à Lourdes, a rassemblé 167 participants. Chaque année, la décou-verte d'une région de France est proposée aux membres actifs, avec une excursion tous les après-midi.

www.lamaisondesaveugles.sitew.fr

ENQUÊTE EN RÉGION S P É C I A L L I L L E

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LES PAPILLONS BLANCS, POUR UNE PLEINE CITOYENNETÉ

Originale à plus d'un titre, l’association Les Papillons blancs a été fondée par des parents bénévoles en 1954. « Nous apportons des réponses à toutes les personnes en situation de handicap mental et à leur famille, explique la direction. Nous construisons avec nos partenaires et les pouvoirs publics de nouvelles réponses aux attentes des personnes. » L'association lilloise s’inscrit dans un mouvement plus glo-bal qui se décline à l’échelle nationale

(Unapei), régionale (Urapei) et départementale (Udapei). Grâce aux Papillons blancs, 2 500 enfants, adolescents et adultes por-teurs d’un handicap mental, quelles que soient ses manifestations, avec ou sans handicaps associés, sont pris en charge. Les Papil-lons blancs, ce sont aussi 390 familles adhérentes, 160 bénévoles et environ 1 000 employés répartis sur les 32 sites gérés par l'association. Le foyer de vie pour adultes Singulier-Pluriel situé à Roubaix-Tourcoing est l'un d'entre eux. Sa spécificité réside dans le jardin communautaire qui est à la disposition des résidents mais aussi des habitants du quartier.

www.papillonsblancs-lille.org

SOURDMEDIA

Sourdmedia est une association créée en 1998 à Wa s q u eha l . Elle est née au sein du Centre social formation et culture des sourds (CSFCS), pour répondre à

la problématique suivante : certaines personnes formées à la LSF par le CSFCS n'avaient pas la possibilité de la mettre en pratique. « Des personnes ont com-mencé à donner de leur temps et nous avons posé les bases de ce qui pourrait devenir un centre de ressources », se souvient Christophe Caron, directeur de Sourdmedia. Aujourd'hui, l'associa-tion compte 37 salariés dont 9 sourds. Même si l'accompagnement à la vie sociale est le cœur de son activité, elle développe d'autres services. « Nous facilitons l'accès aux soins des per-sonnes sourdes, qui sont plus touchées que les entendants par certaines mala-dies, tel le sida », explique Christophe. Sourmedia est depuis 2005 membre du réseau Sourd et santé. Un accom-pagnement thérapeutique est aussi proposé, notamment pour les sourds diabétiques. Opérateur de l'Agefiph depuis 2008, Sourdmedia est un acteur de l'insertion professionnelle. Elle ac-compagne quelque 1 500 bénéficiaires par an. « Nous offrons des solutions de recherche et de maintien dans l'emploi pour des personnes sourdes orientées par l'Agefiph. Variées, les interventions dans les entreprises visent notamment à ajuster les comportements envers les salariés sourds, à adapter les postes de travail des employés malentendants ou encore à développer des actions de sensibilisation aux dangers du bruit grâce à un parcours que nous pouvons déployer n'importe où, dans un collège ou dans un concert de rock ! » conclut le directeur de Sourdmedia.

[email protected]

■ Texte et photos : Eugénie Baccot

SOCIÉTÉ LES ASSOCIATIONS

L'ASSOCIATION VALENTIN-HAÜY, LE DIVERTISSEMENT AU SERVICE DES AVEUGLES ET DES MAL-VOYANTS

« Les animations propo-sées par l 'association Valentin-Haüy (AVH) – qui tient son nom d'un homme dont le travail a changé la vie de millions de mal-voyants – sont semblables à celles proposées à des personnes valides, en lien avec la vie de tous les

jours », explique Janine De Bus, la présidente. Les activités dispensées par des bénévoles dans les locaux situés en plein cœur de Lille sont variées : cours de cuisine le lundi, de gymnastique et de yoga, d'anglais, ou leçons de braille le jeudi. « Les adhérents plus âgés apprécient particulièrement les séances de yoga du jeudi matin », précise Janine De Bus. Une salle de poterie est aussi à leur dispo-sition. Les activités à l’extérieur se multiplient au retour des beaux jours : tandis que Michèle s'oc-cupe de la sortie bowling, Colette propose tous les mois une randonnée dans la région lilloise.

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