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LE DISCERNEMENT A L’INTERIEUR DES COMMUNAUTES Introduction L’Eglise s’est toujours penchée avec sollicitude sur la vie religieuse en accordant toute importance aux inspirations de l’Esprit-Saint à travers des hommes et des femmes qui ont tout quitté pour suivre le Christ. A la suite des Pères de l’Eglise 1 , les saints fondateurs ont approfondi le sens et les modalités de la virginité consacrée. Au fil des siècles, de nouvelles formes de consécration ont vu le jour en Occident, développant les formes primitives, pérennes en Orient, par de nouvelles structures, mêmes séculières ou laïques, également approuvées par l’Eglise. A cet égard, le Concile Vatican II avec la Constitution Lumen Gentium et le Décret Perfectae Caritatis a remis à sa juste place la vie consacrée en l’insérant théologiquement dans le cadre de l’appel universel à la sainteté contracté librement par le Baptême. Paradoxalement depuis ce même Concile et l’aggiornamento salutaire qu’il a recommandé, la vie religieuse a connu des turbulences et des tâtonnements qui ont affectées les contingents des grandes familles et qui ont altéré les petites jusqu’à l’extinction ou presque. En parallèle à ce phénomène d’autocritique et de remise en cause quasi dialectique ont émergé de nouvelles communautés dans la mouvance de la spiritualité christique, mariale ou charismatique du XXème siècle. Beaucoup d’entre elles s’inspirent ou même sont rattachées spirituellement ou canoniquement aux grandes familles religieuses anciennes : chartreux, franciscains, carmes, dominicains, jésuites ou autres. Ces communautés ont été perçues comme un « nouveau printemps » pour l’Eglise à cause de leur fraîcheur, des nombreuses vocations qu’elles ont suscitées et de leur charisme approprié à notre temps. Cependant des phénomènes regrettables sont apparus à l’intérieur de certaines de ces communautés. On pourrait les attribuer à des erreurs au niveau de la praxis religieuse (on pourrait parler d’une hétéropraxie en consonance avec l’hétérodoxie qui regarde, elle, les erreurs dogmatiques). Ces errances ont été d’abord considérées par les autorités concernées comme des « crises de croissance » inévitables. 1 Nous avons des traités inimitables concernant la virginité consacrée avec Tertullien, Saint Irénée, Saint Ephrem, Aphraate, Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Basile et d’autres. 1

Les Communautés Entre Communion Et Dérives

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cet article passe en revue certains points constitutifs des communautés religieuses et souligne les glissements possibles vers des derives sectaires. Il pourvoit le lecture avec des outils de discernement

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LE DISCERNEMENT A LINTERIEUR DES COMMUNAUTESIntroductionLEglise sest toujours penche avec sollicitude sur la vie religieuse en accordant toute importance aux inspirations de lEsprit-Saint travers des hommes et des femmes qui ont tout quitt pour suivre le Christ. A la suite des Pres de lEglise, les saints fondateurs ont approfondi le sens et les modalits de la virginit consacre. Au fil des sicles, de nouvelles formes de conscration ont vu le jour en Occident, dveloppant les formes primitives, prennes en Orient, par de nouvelles structures, mmes sculires ou laques, galement approuves par lEglise. A cet gard, le Concile Vatican II avec la Constitution Lumen Gentium et le Dcret Perfectae Caritatis a remis sa juste place la vie consacre en linsrant thologiquement dans le cadre de lappel universel la saintet contract librement par le Baptme. Paradoxalement depuis ce mme Concile et laggiornamento salutaire quil a recommand, la vie religieuse a connu des turbulences et des ttonnements qui ont affectes les contingents des grandes familles et qui ont altr les petites jusqu lextinction ou presque. En parallle ce phnomne dautocritique et de remise en cause quasi dialectique ont merg de nouvelles communauts dans la mouvance de la spiritualit christique, mariale ou charismatique du XXme sicle. Beaucoup dentre elles sinspirent ou mme sont rattaches spirituellement ou canoniquement aux grandes familles religieuses anciennes: chartreux, franciscains, carmes, dominicains, jsuites ou autres.Ces communauts ont t perues comme un nouveau printemps pour lEglise cause de leur fracheur, des nombreuses vocations quelles ont suscites et de leur charisme appropri notre temps. Cependant des phnomnes regrettables sont apparus lintrieur de certaines de ces communauts. On pourrait les attribuer des erreurs au niveau de la praxis religieuse (on pourrait parler dune htropraxie en consonance avec lhtrodoxie qui regarde, elle, les erreurs dogmatiques). Ces errances ont t dabord considres par les autorits concernes comme des crises de croissance invitables. Progressivement ces autorits mmes et la masse des fidles ont t forces de constater que, dans beaucoup de cas, il ne sest pas agit dune crise de croissance mais dune dcadence. Les drives qui continuent staler devant nos yeux ont pris court le systme ecclsial comptent, quil soit local ou curial quand elles nont pas mis en lumire des lacunes et des manques de discernement obvies dans son fonctionnement habituel. Mon intervention

Dans mon intervention je ne vise pas rcapituler lenseignement de lEglise sur la vie religieuse mais souligner dabord les errances videntes dun accompagnement ou dune formation anormales, ensuite les signes dune vraie vocation et les critres pour laccompagner vers son plein panouissement. Relever les anomalies de laccompagnement spirituel pour le discernement et la formation des candidats la vie consacre est dune brlante actualit. Une judicieuse lucidation dans ce domaine est une ncessit rclame par la conscience de ceux ou celles qui en ont fait lamre exprience ou de ceux qui, ayant t tmoins des dommages occasionns par de telles drives sont appels les dnoncer. Quil me soit permis ici de remercier les fondateurs et membres de lAVREF pour leur combat parfois solitaire mais si courageux. Dans cette stigmatisation il ne sagit pas de se substituer lautorit comptente, ni de faire un procs dintention qui que ce soit, mais de tmoigner, dclairer et de venir en aide daprs les normes de la charit du Christ et de la responsabilit du Peuple de Dieu.

Je ne pourrai pas non plus tre exhaustive et faire le tour de la question. Mais jaimerai joindre ma voix la vtre pour transmettre ce que jai pu constater lintrieur de certaines communauts qui ont fait appel moi et ce que jai pu conclure en coutant des tmoins. Les erreurs ou les drives constates pourraient nous aider dgager par contraste des critres de discernement et, par consquent, une ligne de conduite apte viter aux candidats une dynamique alinante dans le processus de leur donation au Christ. Cette donation devrait leur apporter une surabondance de vie et il est bien triste que parfois cest le contraire qui est le lot des candidats la vie religieuse. Le temps dont je dispose ne me permettra que de citer des lments qui me semblent dimportance majeure et de les tayer par quelques commentaires.Les critres de discernement que jaimerai fournir ne se veulent pas lis une spiritualit donne. Je ne cherche cependant pas cacher limmense impact de la doctrine de Saint Jean de la Croix et des Saints du Carmel dans ma vie et mon exprience. Question terminologie: par communaut ou famille religieuse jenglobe tous les genres de vie consacres reconnus par lEgliseaussi bien les contemplatifs que les apostoliques ou les sculiers. Les critres de discernement pourraient aussi tre appliqus au recrutement de candidats aux mouvements lacs non rgis par la CIVCSVA mais plutt par le Conseil Pontifical des lacs. Il sagit en fait de toute communaut chrtienne qui intgre ses membres travers un processus de recrutement, de probation et dengagement. Jentends par candidat la personne que cette communaut approche ou accueille pour laider sintgrer son genre de vie travers une dynamique daccompagnement et de formation travers des priodes de probation. Parfois candidat sera la personne qui est suppos avoir intgr une communaut donne mais dont litinraire ne lui a pas laiss mrir son engagement. Mme aprs de nombreuses annes de prsence dans cette communaut son choix et son engagement ne sont pas arrivs maturit. Cette personne demeure un candidat, c'est--dire une sorte de bourgeon qui na pas pu sclore. Ces candidats frigorifis sont les malheureuses paves issues du naufrage du discernement dans le processus dintgration. Le candidat et la communautCest au nom de lEglise quune communaut religieuse donne accueille une personne dsireuse de se donner au Christ. Elle le fait dans le cadre dune forme de vie particulire rgie par ses propres lois et coutumes, approuve par lautorit ecclsiastique comptente. En approuvant le projet du fondateur ainsi que les lois quil propose, lEglise reconnat quils sont conformes lesprit de lEvangile et propres tre transmis aux gnrations futures comme une saine doctrine et des pratiques sanctifiantes. Dans les tapes de la pr-admission, la vocation du candidat doit tre reconnue comme probable par la communaut qui va le recevoir mais il est important aussi que le candidat reconnaisse que cest Dieu qui lappelle rejoindre telle communaut, institue pour vivre les valeurs vangliques auxquelles il aspire. Le choix dune communaut de la part dun candidat obit, bien sr, limpulsion intrieure qui provient de lappel divin mais la foi ntant point contraire la raison, il est important que le candidat puisse rflchir sur ses sentiments pour sassurer que la communaut quil compte rejoindre a tous les lments de fiabilit ecclsiale.Juger et larbre et ses fruits

Jaimerai marrter sur les cas et ils sont plus nombreux quon ne le pense- o le fondateur dune communaut a manifest navoir pas lesprit du Christ dans ses enseignements ou dans son comportement. Que faire de son charisme, reconnu par lEglise, qui imprgne de sa personne et de son esprit la vie de la communaut quil a fonde? Que faire de ce quil a laiss aprs lui? Des coutumes quil a tablies, des lois quil a dictes, des uvres quil a ralises ? Il est primordial que lEglise rvle au grand jour les erreurs et les subterfuges spirituels du fondateur et quelle se dmarque du label dauthenticit quelle a donn son esprit et son uvre. Car si de telles drives ne sont pas dnonces et convaincues de pch, le prestige du fondateur demeure actif contribuant secrtement lobnubilation des consciences de ses disciples. Ce qui gisait dans le secret de la vie du fondateur et qui tait contraire lesprit du Christ se diffuse aussi secrtement dans son charisme, ses crits, son enseignement, ses uvres.A ce sujet arrtons-nous sur un critre communment adopt: le fondateur tait mauvais mais il a donn de bons fruits. En regardant les fruits mans de luvre du fondateur en termes de recrues, de fondations, duvres et de finances, on a pu en dduire que ce fondateur, mme indigne, a t un instrument providentiel utilis par Dieu pour produire de bons fruits. Sil est mis de ct, ses bons fruits demeurent. Jaimerai mettre un bmol une telle assertion. Il est vrai que les uvres font juger de lauthenticit de lEnvoy: Croyez-moi, je suis dans le Pre, et le Pre est en moi; croyez du moins cause de ces uvres.Reste savoir de quelles uvres il sagit qui font juger du fruit et de larbre.Le Seigneur nous invite discerner dans les deux sens: larbre ses fruits et les fruits larbre qui les porte: Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.Si les fruits font juger de larbre il faut aussi considrer larbre pour sassurer de la bont des fruits qui pourrait ntre quapparente. Si larbre est mauvais il va de soi que les fruits seront mauvais malgr lapparence. En effet le Seigneur affirme:Ce qui est n de la chair est chair, et ce qui est n de l'Esprit est Esprit. . Telle est la diffrence entre Ismael et Isaac, entre Agar et Sara, entre la Jrusalem terrestre et la Jrusalem den Haut, la mre de ceux qui sont ns de lEsprit . Lefficacit, mme apostolique, nest pas le signe dun bon esprit. En effet, au jugement, il y aura cet pisode troublant: Plusieurs me diront en ce jour-l: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophtis par ton nom? N'avons-nous pas chass des dmons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquit.

Il est obvie que les manations nfastes dun esprit corrompu continueront menacer spirituellement les gnrations qui sy abreuvent. La solution nest autre que dans une refondation o lEglise pourvoit, en mre misricordieuse et puissante, au remplacement de lesprit du fondateur par son Esprit elle. Avant de clore cette incise, jaimerai voquer le cas de fondations bases sur des rvlations prives non encore approuves par lEglise. En approuvant une communaut on approuve sa spiritualit, or si cette spiritualit est base sur des rvlations prives comment lapprouver avant dexaminer les rvlations prives dont elle mane? Est-ce une manire de donner un aval indirect ces rvlations ou sagit-il dun quiproquo canonique?

Il y donc un discernement pralable quant au choix de la communaut o on dsire se consacrer. Le candidat devrait tre aid discerner qui il se confie. Malheureusement il se laisse souvent sduire par des apparences de fausse spiritualit qui sont un des outils les plus redoutables mis en uvre pour lintroduire dans le systme qui lasservira. Cest ce que nous essaierons de mettre en lumire. Les mthodes de recrutement

Ici il faudrait stigmatiser les mthodes de recrutement qui prnent lefficacit tout prix au dtriment dune coute sincre de la volont de Dieu et des dispositions du jeune abord. Ces mthodes sont bases sur la conviction fausse que tout jeune ne peut qutre appel notre famille religieuse car en dehors delle il ny a point de salut. Jai eu loccasion de vrifier cette position discriminatoire dans les nouvelles familles religieuses qui se croient vraiment la crme de lEglise, mieux, quelles sont les seules possder les lments de vrit, de renouveau et de vigueur qui font dfaut tant lEglise hirarchique quaux autres familles religieuses.

Aujourdhui des stratgies de recrutement ainsi que les critres dvaluation des uvres apostoliques, obissent plus quon ne pense des normes defficacit la manire amricaine, o tout est valu en termes deffectifs, de pouvoir sur les masses et de ressources financires. Il sagit, ds le dpart, dun malentendu spirituel car ces critres sont diamtralement opposs ceux de lEvangile quinous enseigne que nombreux sont les appels mais peu sont les lus et que, la fin, le Royaume sera le lot dun petit reste: Le critre amricain est matriel, voire charnel, le critre vanglique est spirituel et cleste.

Ce nest pas lefficacit qui compte mais la fidlit au projet de Dieu dans notre vie et celle des autres. Si le Seigneur ne btit la maison, ceux qui la btissent travaillent en vain; Si le Seigneur ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain. dit le Psaume 127 et il conclue:Voici, des fils sont un hritage du Seigneur, Le fruit des entrailles est une rcompense. La aussi faisons attention que notre postrit soit selon lEsprit de Dieu et non selon une dmagogie humaine. Les religieux qui recrutent tant assurs quil ny a de salut quen se ralliant leur famille religieuse, ils font fi de tout discernement par rapport lexistence ou pas dune vocation. Il y a pire: Dans une de ces nouvelles familles religieuses, dans les premiers jours o le jeune est invit sinformer de la vie communautaire on lui propose de se consacrer la Vierge Marie de sorte quil est pris dans une sorte de pige spirituel o, sil renonce sengager dans cette famille religieuse, cela quivaudrait pour lui renier sa conscration mariale et par suite fausser compagnie la Vierge Marie qui, en personne, cherche le faire entrer dans sa famille religieuse. Dans une autre famille, sculire celle-l, le fondateur lancera un appel aux jeunes pour venir donner leurs vies au Christ et, mus par leur gnrosit foncire, des jeunes se lveront spontanment. Souvent, cet acte-l fera office de moratoire permanent qui rendra le jeune coupable de ne pas tenir sa parole, abstraction faite sil a ou non la vocation. Jai accompagn quelques religieux et religieuses qui avaient obtempr linjonction du fondateur et avaient t dirigs alatoirement vers une forme de vie religieuse pour laquelle ils ntaient pas faits, nayant pas la vocation. Leur vie est dpersonnalise et ils sont alins. Dautres mthodes de recrutement passent par le sacrement de confession, o le confesseur mlange le fort interne lappel de Dieu et profite de son ascendant pour assurer le pnitent quil ne trouvera son salut quen intgrant la famille pour laquelle il recrute.

Il va de soi que de telles manuvres sont hautement prjudiciables et quelles devraient tre dnonces par les autorits ecclsiales. Malheureusement tel nest pas le cas, et les prdateurs en soif de nouvelles recrues continuent agir impunment et grossir le cortge des futurs candidats induits senrler dans des communauts par une sorte de marketing spirituel. Les mthodes employes manent dun manque de discernement entre lesprit de Dieu et lesprit du monde. Elles sont mme souvent dues un compromis avec lesprit du monde. Aussi vouent-elles le candidat une dstabilisation progressive par lobjection que sa conscience oppose de telles manigances camoufles en sollicitude spirituelle moins quil ne cde et dmissionne de sa propre responsabilit dans le don de soi, rvoquant le principe mme de la dmarche oblative:(ma vie) personne ne me lte mais je la donne de moi-mme en laissant dautres le soin de dcider sa place ce qui est du ressort exclusif et inalinable de sa propre volont.Les tapes probatoires Ces tapes doivent tre conformes au Droit Canon universel avec les variantes particulires propres chaque famille religieuse ou laque galement approuves par lautorit ecclsiastique comptente.

Une fois admis, le candidat passe classiquement par trois tapes probatoires: le postulat qui dure de six mois un an, le noviciat qui dure de un deux ans, enfin les vux temporels qui sont soit annuels soit pour une dure dtermine, elle aussi limite. Dans les instituts sculiers et les mouvements lacs la probation a un autre rythme

Les personnes qui mnent bien laccompagnement du candidat ainsi que sa formation et qui, de ce fait mme, doivent pratiquer le discernement sont dabord le matre des novices ou le formateur aid par le directeur de conscience ou le confesseur, ensuite le suprieur local puis le suprieur gnral et son conseil, enfin la communaut dans son ensemble. L o un noviciat commun est tabli il sagira de la communaut formatrice. Dans ltape ultime, le candidat est admis la profession perptuelle ou une autre forme de promesse ultime par laquelle il est dfinitivement intgr telle famille religieuse, sinon il doit renoncer son projet et se sparer de la communaut. Quoiquil en soit, la dernire tape la dcision pour son acceptation est communautaire en dernier ressort, que ce soit celle du suprieur gnral aid de son conseil et de la communaut formatrice, ou que ce soit celle de la communaut de vie runie en chapitre.

Protagonistes et bnficiaires du discernementDurant toutes les tapes cites, le discernement est vital autant pour le candidat que pour la communaut qui laccueille. Sans lui nous sommes dans le cas de laveugle qui guide un autre aveugle, tous les deux risquent de tomber dans la fosse de lchec et de la drive.

Il faut garder lesprit que ltape de probation est une priode de formation intgrale ou le formateur et son quipe partent dune connaissance cordiale du candidat, au sens dun amour surnaturel clair, ayant en vue le bien ultime de la personne. Si, au minimum, des rudiments de psychologie sont ncessaires, pour une vision intgrale de la personne humaine, il est hautement ncessaire que les formateurs soient experts en anthropologie chrtienne et en thologie spirituelle. Connatre la personne par rapport au projet de Dieu dans sa cration, son salut et sa sanctification. Ici jajoute un bmol ce quon appelle les sciences psychologiques. Non, pour rfuter toute avance pertinente dans la recherche sur les tenants et les aboutissants du comportement humain, mais pour situer tout syndrome dans la ralit dune anthropologie biblique intgrale et non dans celle de schmas freudiens, jungiens, kleiniens ou autres qui, mon avis, rduisent le mystre de la personne son comportement. Aucun accompagnement ne sera productif sans connatre aussi bien ce quil y a dans lhomme que les voies de Dieu dans la vie de cet homme.

Les critres qui grent les scrutins successifs o la communaut donne son avis sur le candidat en termes soit daval soit de renvoi, ne sont pas uniquement ceux qui concernent la prsence ou pas dune vocation mais aussi si cette vocation concerne la famille religieuse qui laccueille. Une vraie vocation se manifeste dabord par une conversion authentique au Christ, la capacit assimiler lEcriture Sainte ainsi que l acquisition des vertus humaines et surnaturelles requises pour vivre la conscration daprs la sequela cristi vanglique et ensuite elle a un ct particulier qui se manifeste dans lintgration relle et spontane du candidat la communaut, dans lpanouissement de sa sant physique et psycho-spirituelle ( laquelle il faudrait consacrer un chapitre part, en termes de drives), dans son inclination naturelle intgrer dans sa propre vie lesprit du fondateur, dans son penchant vivre librement et joyeusement la rgle de vie et embrasser les usages communautaires. Au Carmel, le bon sens lgendaire de Sainte Thrse a transmis les signes dune intgration relle du candidat: il mange bien, dort bien et rit beaucoup. Tel nest malheureusement pas le cas pour beaucoup de candidats qui, en entrant dans une famille religieuse, commencent une descente aux enfers et une liqufaction de leurs ressources intrieures. Mais suivons pas pas les tapes du discernement.Le discernement par le candidat Le discernement est cette lumire de notre conscience informe par lEsprit-Saint qui nous permet de distinguer le bien du mal, laction de Dieu, la ntre ou celle du Malin. Il est requis que le discernement soit inspir par la Foi, la Tradition et lEcriture Sainte, et quil se base sur lanthropologie chrtienne intgrale et les principes de la thologie spirituelle. Le discernement est indispensable dans le contexte du combat spirituel o tout baptis est engag. Les ennemis invisibles profitent des carences du systme dans les communauts religieuses pour nous tendre des piges. Le discernement permettra ainsi aux candidats de vrifier si le processus auquel ils se soumettent est conforme lesprit vanglique. Dun autre ct, Il permettra aux formateurs en particulier et la communaut en gnral daccompagner positivement les candidats vers la pleine manifestation de leur vocation personnelle et de sa ralisation.Avant de passer en revue les critres propres la communaut, il est important de citer les errances dun discernement irresponsable. Pour tre sincre, je crois que donnes que je fournis sont plutt destins aux candidats qui sont la partie qui a le plus besoin dtre aide face ces errances parce que la plus dmunie. Errances structurellesLes quelques errances structurelles viter ont trait la logistique gnrale qui sous-tend le processus dintgration offert au candidat. Ces errances contribuent fausser ds le dbut lorientation de la formation.1. Instrumentaliser Dieu: Parler en vain au nom de Dieu est une arme dangereuse qui pourrait occasionner lalination la plus profonde de la personne humaine. Parler au nom de Dieu alors quon parle au nom de soi-mme revient dtrner la Foi dans le cur du candidat et lengager dans une dmarche superstitieuse empreinte de culpabilit et de rvolte en contre raction. Je mexplique: utiliser Dieu pour culpabiliser la personne ou, pire, pour lobliger agir de telle ou telle sorte, mme dans la voie du bien, revient laliner. Le prophte Jrmie dit Hanania le faux prophte: Ecoute Hanania, le Seigneur ne ta pas envoy et tu inspires ce peuple une fausse confiance. Le Dieu dAbraham, dIsaac et de Jacob, le Dieu vivant, nopprime pas lhomme mais en fait son interlocuteur qui, par sa libert est son gal: Le Seigneur rpondit Job du milieu de la tempte et dit: Ceins tes reins comme un vaillant homme; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras.. Le candidat devrait librement faire ses choix et tre rendu responsable des choix quil a prit. Laccompagnateur cherche humblement discerner les voies de Dieu dans la personne quil accompagne, dans un esprit de Foi. Il ne peut pas se faire le porte-parole de Dieu. Ce serait une manipulation de la conscience. On ne doit pas semparer de la fonction divine pour parler la place de Dieu: Le Seigneur ma dit, le Seigneur ma inspir. Il sagit dune approche superstitieuse et obscurantiste. Certaines communauts religieuses font appel des voyants qui prtendent confirmer les candidats rester chez elles. Cest de lescroquerie spirituelle.

2. Substituer le salut en Jsus-Christ par le projet fondateur: le salut qui mane de notre Foi en Jsus-Christ ne peut tre substitu par un salut alternatif qui serait celui procur par lenrlement dans telle vie consacre. Le salut en Jsus-Christ est gratuit et au-dessus de tous nos mrites puisquil est une pure grce. Le salut alternatif est bas sur les efforts dune vie mritante. De l dcoulent les abus qui font de la vie religieuse une sorte didologie totalitaire. Cest un quiproquo qui dforme la vie de Foi et nous ramne des schmes propres lAncienne Alliance mal comprise o les uvres taient censes sauver alors que dans loptique paulinienne cest par la Foi que le juste est sauv. Le projet fondateur sert rendre plus radical notre engagement accepter le Salut gratuit de Jsus-Christ et suivre lAgneau partout o il va mais pas se substituer lui.En dfinitive il faut savoir au nom de qui on parle, on vit et on agit et quel esprit nous anime. Lassertion du Bon Pasteur est trs actuelle:En vrit, en vrit, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. La rduction du salut en Jsus-Christ rduit par le fait mme le charisme du fondateur en en faisant une entreprise humaine, voire un chemin de perdition.3. Confusion entre le for interne et le for externe: Dans toutes les tapes de son engagement le candidat est une personne qui jouit de la libert de la conscience. Il ne peut tre induit une ouverture sil ne le dsire pas et son ouverture nest pas lobjet de vrifications communautaires, comme cest le cas dans certaines communauts o louverture de conscience est revue par lquipe de formation ou le conseil gnral. Profiter de louverture de conscience pour induire le candidat une confession des pchs et ensuite profiter des faiblesses quil a confess pour faire des pressions psychologiques sur lui est du domaine du viol spirituel. Dans certaines communauts le confesseur rapportera au suprieur les pchs confesss. Il sagit dune violation du secret de la confession, passible dune excommunication latae sententiae. Certaines communauts font de louverture de conscience un devoir quotidien mais ne donnent pratiquement aucune rponse aux problmes dcrits par le candidat. Par contre le for externe est du domaine communautaire. Au fur et mesure de son engagement libre le candidat est lgitimement interpell tre fidle cet engagement. 4. Le spiritualisme: Cest linclination constante des pseudo-spiritualits. Depuis les sectes anciennes, des gnostiques aux cathares et jusqu nos jours, les groupements litistes ont toujours t polarises par un excs danglisme induisant une descente dans la chair. Or le spiritualisme induit une descente infernale dans la chair. Qui fait lange fait la bte. Cet adage a trouv dans le parcours de certaines communauts une application tristement fconde. Ecoutons ce que dit Saint Paul:Ne prends pas! ne gote pas! ne touche pas! Prceptes qui tous deviennent pernicieux par l'abus, et qui ne sont fonds que sur les ordonnances et les doctrines des hommes? Ils ont, la vrit, une apparence de sagesse, en ce qu'ils indiquent un culte volontaire, de l'humilit, et le mpris du corps, mais ils sont sans aucun mrite et contribuent la satisfaction de la chair. Le spiritualisme ou anglisme est un divorce davec le mystre de lincarnation et, par suite, davec le mystre de la Croix. Jsus le dit bien: Il est venu pour cette Heure. Le Verbe sest fait chair pour souffrir, mourir et anantir la puissance de la mort: puisque les enfants participent au sang et la chair, il y a galement particip lui-mme, afin que, par la mort, il anantt celui qui a la puissance de la mort, c'est dire le diable, et qu'il dlivrt tous ceux qui, par crainte de la mort, taient toute leur vie retenus dans la servitude. Car assurment ce n'est pas des anges qu'il vient en aide, mais c'est la postrit d'Abraham. En consquence, il a d tre rendu semblable en toutes choses ses frres, afin qu'il ft un grand-prtre misricordieux et fidle dans le service de Dieu, pour faire l'expiation des pchs du peuple; car, ayant t tent lui-mme dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tents. Et aussi: ..il appris, bien qu'il ft Fils, l'obissance par les choses qu'il a souffertes, et est devenu pour tous ceux qui lui obissent l'auteur d'un salut ternel. O le manque denracinement dans lhumble chair de lincarnation, porteuse et passible de la croix, induit des drapages provenant de lorgueil de la vie (cf 1Jn 2,16). LArchevque de Paris, Hardouin de Prefixe disait des religieuses de Port-Royal:elles sont pures comme des anges mais orgueilleuses comme des dmons. Un certain intellectualisme d5. Le compromis avec les faiblesses humaines est une manire dmagogique daccompagner les candidats en acceptant des degrs divers de faire bon mnage avec leurs travers de sorte ce quils ne songent pas retirer leur candidature. Les concessions qui sont octroyes contribuent laffaiblissement de la personne et sa dilution pure et simple. La petite Thrse tait rpute pour ne laisser chapper aucun dtail lorsquil sagissait de contrer toute complaisance avec le vieil homme. Ce compromis avec dautres errances dans laccompagnement spirituel et la formation ralise ce que le Seigneur affirme aux Pharisiens:vous courez la mer et la terre pour faire un proslyte; et, quand il l'est devenu, vous en faites un fils de la ghenne deux fois plus que vous.. 6. Lintransigeance: par laquelle on instrumentalise le candidat pour en faire une machine appliquer les lois ou saplatir devant lautorit, contrairement lobissance responsable instaure par Vatican II. Il faudrait inlassablement se rappeler la parole du Seigneur:le Sabbat est fait pour lhomme et non lhomme pour le Sabbat. Ceci nest pas pour introduire une idiorythmie effrne qui branle la stabilit de la communaut mais pour que les devoirs de la vie consacre ne soient pas ces fardeaux pesants, quon met sur les paules des hommes alors quon ne veut pas les remuer du doigt. 7. Dphasage avec les normes du Concile Vatican II: Il est trs intressant de noter que certaines communauts nouvelles qui nont pas eu passer par laggiornamento prconis par Vatican II sont tombes dans les travers dnoncs par ce mme Concile. Paradoxalement pour des communauts nouvelles, on note quelles sont retournes des schmes contraires au renouveau de la vie chrtienne et quelles ont omis dtre fidles au retour aux sources proclams par ce mme Concile. Il sensuit des mlanges htroclites dexagrations et doriginalits qui tranchent avec la continuit de la tradition et avec le sens ecclsial actuel. Citons le culte du fondateur avec la dpersonnalisation dans la formation de sorte que tous les candidats sont des copies conformes, la confusion des genres, lobscurantisme, la superstition et mme loccultisme, les fausses spiritualits, lisolement de la famille et lignorance de lactualit du monde, la pauvret de la formation, labsence de libert de conscience et la relativisation du libre arbitre, la manipulation sous couvert de fidlit Dieu jusqu la rgression mentale, la crainte des fins dernires, lexaltation, une fausse eschatologie, une dmonologie omniprsente, la violation du for interne, limposition dune thique douteuse et dun esthtisme coteux, la cration de classes lintrieur de la communaut, entre favoris et dfavoriss, lusage immodr des richesses par les suprieurs, la pnurie chez les subalternes, le manque de souci de la sant des candidats ou, linverse, limportance dmesure donne la sant physique et psychique la manire des entreprises de coaching ou de la mentalit New Age, contraventions quant suivre les normes sociales pour pourvoir lassurance et la caisse retraite des membres de la communaut.Errances quant lapproche personnellePassons maintenant lnumration des errances concernant lapproche de la personne. Ces errances obnubilent le jugement de sorte que le discernement devient inexistant et le candidat ne peut plus ni connatre la Volont de Dieu ni sinsrer librement dans son Plan de Salut. L aussi il sagit dviter les cueils des ennemis travers le systme. 1. Relativiser la personne humaine: La personne humaine ne peut pas tre utilise pour un projet fut-il religieux. Elle est un but et non un moyen. Cr limage et la ressemblance de Dieu, le candidat est une fin en soi. Il a droit au respect total de son mystre personnel et de son pouvoir dcisionnaire. Laccompagnement a pour but de lcouter pour laider discerner en lui-mme les voies de Dieu afin dy tre fidle sil le veut. Profiter de laccompagnement pour induire la personne se faire recruter ou rester dans une famille religieuse en dpassant son choix personnel est une manipulation indigne de la personne humaine. 2. Rduction de la personnalit: Image du salut auquel il collabore, laccompagnement spirituel devrait favoriser la fcondit de la personne humainecar le Christ est venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance (cf Jn 10,10); et Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai tablis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure (Jn 15,16). Le candidat devrait toujours jouir dune autonomie de jugement quil lui incombe de plier aux ncessits et aux impratifs licites de sa conscration religieuse librement consentie. Obnubiler cette autonomie du jugement revient amputer la personne humaine de ce qui fait delle un tre rationnel, capable damour, de choix et de don pour la rduire, des degrs divers, la stature dun zombie qui a les apparences de la spiritualit et de la vie religieuse mais qui est dpourvu de sa substance. Cette rduction contribue la perversion du jugement par dmission de soi.3. La dmission de soi et la perversion du jugement: Le vide cr par un accompagnement rducteur a des consquences nfastes. Il ouvre la voie lacte de dmission de soi qui comporte une perversion intrinsque car la personne, inalinable par dfinition, finit par renoncer ce qui constitue son intgrit la plus intime. Cest comme si on acceptait de se vendre ou dtre viol. Un accompagnement spirituel peut se servir dune fausse image de Dieu et de ses exigences comme dun cheval de Troie peut forcer limmunit de la personne et lui ravir le droit et le devoir dtre souveraine dans sa libert. Cette vacuation du moi-qui-dcide, mme consentante, a des consquences destructrices. Fatigue nerveuse, fbrilit, culpabilit, rvolte, instabilit, dpression, nvroses et mme psychoses sont les prodromes du vide de soi lintrieur de soi-mme. Cest l o le dmon, chass par la conversion au Christ, revient avec sept esprits plus mauvais que lui car il trouve la maison bien ordonne maisvide. Cest dans un contexte de dmission de soi, plus frquent quon ne le pense, que des recrues ont permis des actes que toute personne anime de bon sens rejetterait. La dmission de soi est la voie la plus courte la perversion du jugement. Ces jeunes, croyant servir le Christ, acceptent, la suite de leurs formateurs, de mentir et dissimuler et deviennent complices dactes encore plus rprhensibles. Seule la dmission de soi, rsultant dun accompagnement rducteur et superstitieux, pourra faire cder les dfenses innes du candidat et linduire des comportements contraires aux normes de la conscience ou du droit. Dans ce cas la formation est une dformation qui inverse le processus de renouvellement du jugement auquel nous sommes invits par Saint Paul:Ne vous conformez pas au sicle prsent, mais soyez transforms par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volont de Dieu, ce qui est bon, agrable et parfait. 4. Laccompagnement psycho-spirituel, confusion des genres: Un des apports majeurs des nouvelles communauts a t lattention porte la situation psychologique du candidat. A cause des graves dsquilibres sociaux et moraux de notre poque, les candidats arrivent dans les communauts blesss dans leur intgrit personnelle. Si lattention porte leurs problmes existentiels et leurs blessures est des plus louables, le fait de sy aventurer sans le bagage requis a t loccasion de graves drives. Les bvues des communauts thrapeutiques ont amen lEtat intervenir (je parle des pays francophones) et demander tout thrapeute psycho-spirituel de nexercer qu partir dun label autoris. Ceci a pouss certaines communauts se forger une comptence agre. Cest ainsi quont t introduites les mthodes de coaching, PNL, Ennagramme ainsi que le recours la psychologie des profondeurs. Souvent laccompagnement spirituel a t confondu avec la thrapie psycho spirituelle. Dans certaines communauts le psychologue a pris la place du directeur spirituel et les normes de discernement spirituel ont t remplaces par des tests psychologiques tandis que laccompagnement spirituel a cd le pas devant des sances de psychothrapie. Ce glissement subtil du spirituel au psychologique na pas t bnfique quant la formation des candidats car, dans beaucoup de cas, les critres de foi ont t remplacs par ceux dune thrapie indiffrente la vie en Dieu. 5. Lacharnement thrapeutiqueou laccaparation de la personne: Lorsque le candidat est instable dans sa vocation, quil est souvent triste ou inquiet, son tat est attribu par certains formateurs aux squelles du pass ou une rsistance lEsprit-Saint. Atteints de myopie ou de ccit spirituelle la communaut formatrice met tout en uvre y inclus lexorcisme-, dans ce qui ressemble un acharnement thrapeutique pour ne pas perdre la nouvelle recrue. Dans certaines communauts les candidats sont gards au-del des dlais canoniques, parfois plus de vingt ans, sans faire leurs vux perptuels et sans tre renvoys. Il faudrait voquer ici la spirale mortifre de la culpabilit o ces candidats vie sont maintenus. Sils finissent par sen sortir il sera trop tard pour reprendre une vie normale. Ces candidats retards, dune manire contraire au Droit canon, seront souvent seuls payer les frais de ces atermoiements face aux circonstances difficiles et douloureuses de leur rinsertion, trs peu prise en charge par ceux qui se dvouaient sans limite les attirer chez eux. Il sagit, l aussi, dun manque de discernement quant la vraie teneur du charisme propre, rig en absolu, et quant la responsabilit communautaire par rapport la vie dune personne, squestre pour des raisons quon pourrait taxer de dmagogiques.En dfinitive le candidat devrait tre aid discerner si laccompagnement dont il fait lobjet est lgal ou illgal. Je rve dune feuille de route universelle tre distribue aux candidats o sont mentionns les garde-fous lmentaires qui doivent tre assurs pour se prmunir des dangers dun accompagnement arbitraire ou intress. Ce dernier point pourrait prter polmique. Certains objecteront que ce faisant le candidat nest pas aid se confier et sabandonner dans la foi la communaut qui laccueille et que des considrations humaines et des prventions injustifies freineront sa donation et, par suite, son authentique formation. Quil me soit permis de rpondre que, de tous temps, les matres spirituels ont mis en garde contre les mfaits des directeurs inexpriments ou ignorants quand ils ne sont pas indignes de confiance. Saint Jean de la Croix profre de terribles vindictes contre ces mauvais accompagnateurs et Sainte Thrse les appelle ces noirs dvots destructeurs des mes du Christ. Le discernement propre la communautLa responsabilit des formateurs est grande. Il sagit pour eux de collaborer avec Dieu pour que les candidats soient de vrais vases dlection. Pour que leur entreprise soit couronne de succs, le discernement est ncessaire. Il intervient dans toutes les tapes de la formation et de laccompagnement spirituel. Conditions pralables

1. Le candidat a-t-il la vocation?Cest la question fondamentale. On ne peut pas, par nos manuvres transmettre une vocation qui que ce soit. Jsus dit:Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai tablis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.2. Connatre le candidat au niveau de son humanitCeci est important pour permettre au candidat dtre dabord lui-mme. La personne ne peut rien acqurir de durable si elle ne lassimile pas volontairement et consciemment lintrieur de sa propre intgrit, identit et intriorit. Toute atteinte ce sanctuaire de la personne, fausse le discernement et, par suite tout le processus dintgration et de formation. Pour connatre la personne il faut lcouter et laccompagner dans sa vie. Fondamental lcoute et laccompagnement est de savoir donner une rponse, une parole de vie qui claire la personne dans son cheminement. Dans une communaut rompue louverture de conscience, le manque de rponse a t dsastreux pour le cheminement des candidats. Par exemple: une novice qui fait tat dun pressentiment divin quelle deviendra stigmatise, na pas reu de rponse ferme ce sujet. Au contraire si une formatrice ne rpondait pas, la suprieure trouvait que recevoir des stigmates tait une possibilit dans la vie spirituelle. Bref la novice a attendu en vain les stigmates pendant vingt ans sans atterrir dans la ralit de sa vie de consacre. Cette utopie a contribu beaucoup de strilit dans sa vie personnelle et un laisser-aller superstitieux. Les signes dune vocation

1. Critres spirituels

a) Rencontre personnelle avec le ChristLe premier signe de vocation est la rencontre avec le Christ. Il sagit dtre attentif au tmoignage du candidat pour percevoir lorigine de son appel. Si, dans ce rcit, il y a des lments extraordinaires (rves, locutions, visions, concidences ou signes demands par le candidat pour se dcider) il convient de les passer au crible du discernement et de fournir au candidat une ligne de conduite toujours prudente leur gard. Ce nest pas difficile puisque daprs Saint Jean de la Croix, part les interventions qui transforment la personne de lintrieur, il convient de renoncer traiter avec nimporte quelle grce divine. Noter si la rencontre avec le Christ a produit un changement dans le jugement de cette personne, dans son chelle de valeurs. Bref, la rencontre avec le Christ est toujours transformante, cest elle qui habilite la personne la vocation.b) Motivations surnaturellesLa rencontre avec le Christ instille dans la personne des motivations qui obissent des critres surnaturelsqui vont en sens contraire que lesprit du monde: Chercher le Royaume de Dieu avant toutes choses et par suite relativiser les ralisations purement terrestres comme un bon poste, une famille, la richesse, le pouvoir, tmoigner de la nouvelle vie qui nous habite; dsirer se donner par amour; tre enclin servir plutt qu tre servi. c) Les fruits de lEsprit-SaintLappel du Christ, nat toujours dune rencontre damour entre Jsus-Christ et la personne appele. Cet amour porte les traces de lEsprit qui lanime: nous navons pas reu un esprit de servitude qui nous maintient dans la crainte mais lesprit dadoption qui nous fait crier Abba! Pre!) aussi cest un esprit magnanime qui donne paix, joie, justice, amour de Dieu et amour du prochain; humilit vritable, ferveur, enthousiasme, simplicit, bont. Attirs par la position sociale du candidat ou par son niveau intellectuel les recruteurs passent outre la ralit de ce quil vit spirituellement.Il faut que les formateurs fassent attention ne pas teindre lesprit en svertuant remplacer lesprit du fondateur celui qui anime le candidat. Au contraire, cest par le bon esprit qui anime le candidat que lesprit du fondateur doit tre accueilli, assimil et appliqu la vie pratique.

d) Compatibilit avec le charisme de la famille religieuse

Ce critre est, bien sr, primordial sil est appliqu dans lcoute relle de la personne, loin de tout esprit daccaparement. A ce sujet une juste coordination entre les communauts religieuses serait la bienvenue pour que le candidat soit aiguillonn vers une autre communaut qui rponde mieux son appel ou, sil prsente des symptmes srieux daffections psychologique, pour prvenir quil noccasionne des dommages la nouvelle communaut en passe de laccueillir. 2. Critres psychosomatiques

Le corps manifeste souvent ce que lme cherche cacher. On fera attention la configuration gnrale du candidat: a-t-il bon apptit? Souffre-t-il dinsomnies? A-t-il une gestuelle contracte? Des mouvements impatients ou violents? Rit-il de bon cur ou a-t-il un sourire pinc? Dtecte-t-on un certain tremblement? Ses mains sont-elles moites? Toutes choses qui laissent deviner une crainte maladive, une peur du jugement. A-t-il une mauvaise haleine? Sue-t-il plus quil ne faut et a-t-il une odeur dsagrable? Cette personne est mal dans sa peau. Laccompagnement aura pour but de rassurer le candidat, de le ramener lui-mme par un contact assidu avec la nature, de lui permettre de se dtendre, de courir, crier, se retrouver devant la face de son Crateur. Cest dire que la formation religieuse proprement parler devrait sarrter parfois pour une incise plus ou moins longue o le candidat est rejoint au niveau de son humanit foncire pour y recevoir la Paix du Christ et lacceptation de soi. Verser la chape de la formation proprement religieuse avant davoir permis la personne de se rejoindre elle-mme est une erreur stratgique qui ne manquera pas davoir des rpercussions fcheuses dans lavenir. 3. Critres psychologiquesa) La culpabilit

Les scrupules sont un phnomne classique dans la vie des commenants. Ils nmanent pas dune culpabilit psychologique mais dune responsabilit spirituelle mal claire. Ils sont une tape connue en vue de la progression spirituelle.

Il y a une culpabilit qui est psychique, lie des expriences de lenfance ou de ladolescence qui nont pas t assimiles correctement. Le candidat se refugie-t-il dans un masque de religiosit quil se faonne lui-mme? A-t-il des exigences quant des pratiques quil sassigne lui-mme et sans lesquelles il verse dans langoisse, la fbrilit, linquitude ou lisolement? Ce sont des signes que la personne se cre un personnage pour se scuriser.

Scrupules ou culpabilit psychique requirent un accompagnement qui rendre la personne sa propre identit aime de Dieu et lui apprenne accepter dtre sauve gratuitement.

b) La fuiteLe candidat cherche-t-il, sans raison apparente, se couper anormalement du monde extrieur, mme de ses parents? A cet gard il est improductif que certaines communauts religieuses, parmi les nouvelles, cherchent couper le candidat de sa famille. On perd ainsi un critre prcieux pour pouvoir dtecter certaines anomalies. Un candidat qui a linclination de ne pas voir sa famille, sans raison pertinente, cherche fuir la ralit quotidienne de sa vie. Il est dangereux de lui offrir dans la vie religieuse le refuge ou la promotion quil recherche en compensation. Il ne sinsrera jamais rellement dans ce genre de vie puisquil ladopte comme un instrument de fuite. c) LimmaturitExiste-t-il une dpendance relationnelle entre le candidat et son formateur? Que le candidat sattache ses formateurs par le dvouement, la tendresse, le respect, ladmiration, est normal, mais cela ne devrait pas crer une dpendance qui est un attachement excessif en termes dalination. Le formateur sera attentif profiter des sentiments positifs quil inspire au candidat pour lorienter vers une maturit plus grande, c'est--dire une prise en charge progressive de soi-mme. Il saura amener le candidat progressivement vers une autonomie plus grande en considrant avec lui les causes de sa dpendance.

Limmaturit se manifeste aussi dans un subit dsir dmancipation qui est ractionnel. Ceci peut se produire mme chez des candidats adultes. Le fait de sengager dans un processus de travail sur soi ouvre des brches non colmates. Cest ainsi quon pourra assister lclatement dune crise dadolescence retarde. A condition dun accompagnement judicieux, ce phnomne est un signe positif sur le chemin de la structuration de la personne.d) Signes de perturbations psychologiquesLes formateurs devraient tre attentifs pour dtecter chez le candidat des signes dune quelconque obsession, surtout celle dattirer lattention dune manire ostentatoire, de toute gestuelle rptitive ou de pratique rituelle irraisonne. Au Carmel on te au candidat tout son matriel de dvotion. Lhystrie religieuse peut se manifester trs tt et paratre sous les dehors de ferveur religieuse. Comment la dtecter? Dabord en tant la personne larsenal auquel elle a recours pour attirer lattention et se faire un personnage. On observera si le candidat prsente une manie de perscution, si de petits incidents lui donnent la conviction quil est perscut.

Il faut cependant se garder de tout attribuer des perturbations psychologiques. Le candidat peut traverser des tentations, parfois violentes, des priodes daridit ou de dlaissement spirituels. Les formateurs devraient savoir distinguer les signes de la progression spirituelle du commenant avec ceux dune perturbation psychologique. La diffrence est que les turbulences occasionnes par la tentation ou la purification sont toujours soumises au libre arbitre de la personne qui, si elle est anime dun bon esprit, se laissera guider humblement par son formateur. Les perturbations psychologiques ont cela de particulier quelles chappent au contrle parce quelles manent de zones de linconscience qui nont pas encore t affronts par la conscience. Comme on le voit le diagnostic est important pour pouvoir appliquer les solutions adquates.

e) Solutions Pour les formateurs, il ne sagit pas seulement de dtecter ces anomalies, mais de pourvoir leur redressement ou de guider le candidat vers la personne ou linstitution qui peuvent laider cela. Un candidat gravement perturb na pas les capacits ncessaires une insertion communautaire. Les tats dinstabilit, de culpabilit, dimmaturit font que la personne verse dans des comportements objectivement imparfaits: jalousie, gocentrisme, caprices, superficialit, petitesse desprit, folie des grandeurs dissimule, enttement, affectivit dplace. Face ces comportements il est important de prendre une attitude qui stigmatise limperfection mais qui est misricordieuse avec le pcheur. Tout devrait tre mis en lumire pour clairer le jugement de la personne et linciter prendre position et demander la correction en vue de se laisser transformer. Si le candidat naccepte pas la correction, il est inutile de continuer cheminer avec lui.

Les perturbations psychiques scrtent des pulsions incontrles qui proviennent dun inconscient en effervescence: instabilit, anxit, tension, dpression, exaltation religieuse ou tristesse chronique, mlancolie, dramatisme, activisme ou apathie, phobies, sexualit non matrise etc Laccompagnateur verra sil sagit de perturbations bnignes ou passagres ou daffections plus profondes qui ont besoin dun spcialiste.

Il serait impensable de permettre au candidat de continuer son processus de formation avant de se faire soigner. On procdera soit son acceptation comme aspirant ou rsident pour laider voluer, soit son renvoi en laidant trouver un lieu propice pour sa rhabilitation. Je suis ce jour effare en pensant tel candidat au sacerdoce qui a t accept et ordonn alors quil prsente un Trouble Obsessionnel Compulsif qui le rend esclave dune sexualit ftichiste grave. Le fait de continuer avec son TOC tout en tant prtre est pour lui une torture de conscience intolrable.

Il va sans dire que des pulsions actives contraires la thologie du corps telles que lhomophobie, la misogynie ou, au contraire, la misandrie, lhomosexualit, la pdophilie, le sadisme, le masochisme devraient tre suffisantes pour reconnatre que le candidat na pas le profil ncessaire pour une conscration religieuse. Rien nempche de laider en dehors de ce cadre voluer vers une rconciliation avec la nature que Dieu lui a accorde. Ceci pour dire que les tapes de probation peuvent ne pas aboutir. Sacharner garder le candidat malgr les signes vidents s de son mcontentement ou de son manque daptitude est dommageable au candidat lui-mme, la communaut qui laccueille en plus dtre une entorse, parfois grave, la dontologie de laccompagnement spirituel.

Conclusion

Je finirai en prsentant mes excuses votre assemble car jai t force par le temps forcment restreint marrter surtout aux lments ngatifs de linsertion progressive des candidats. Jai pour me justifier la parole du Seigneur:ce ne sont pas les bien portants mais les malades qui ont besoin de mdecins. Jai trouv quil tait plus utile, bien que moins savoureux, de sarrter certains travers dans lespoir de sclairer mutuellement et de partager le savoir et les expriences.

Pour conclure ayons devant les yeux ce que dit le Bon Pasteur: celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier (cest laccompagnateur) lui ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. Lorsqu'il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un tranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des trangers (en cette phrase lapidaire sont condense beaucoup dhsitations, de peurs, de malaises et de crises des candidats qui ne sentent pas la prsence du Christ dans les communauts religieuses drives). Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauv; il entrera et il sortira, et il trouvera des pturages.. La vie consacre est un don de Dieu pour lEglise, notre vu le plus cher est que chaque communaut le fasse fructifier pour le salut des mes elles confies et pour le bien de tout le Peuple de Dieu.

Agns-Mariam de la Croix

Higoumne du Monastre Saint Jacques lIntercis Qra Nous avons des traits inimitables concernant la virginit consacre avec Tertullien, Saint Irne, Saint Ephrem, Aphraate, Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Basile et dautres.

Jn 14,11

Mat 7,18

Jn 3,6

Cf Gal 4,21-25

Mt 7, 21-23

Je songe au phnomne des mega churches aux Etats-Unis, en Afrique et en Asie.

Ps 127, 1-3

cf Jn 10,18

Jer 28,15 et cf. Jer 29,31

Job 40, 6-7

cf Gal 3,11

Ap 14,4

(Jn 10:1

Col 2,22-23

Cf Jean 12, 27

Heb 2,14-16

Heb 5:6-9

cf Mt 23,15

cf Mt 23,4

Cf Mt 12,45

Rom 12:2

Vive Flamme damour, strophe III

Jn 15,16

Rom 8,15

Mt 9,12

Jn 10, 2-5 et 9

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