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LES EFFETS DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES DE 50/60 Hz SUR. LA SANTÉ: bilan et perspectives de santé publique pour le Québec Service Santé et Environnement Département de santé communautaire Centre Hospitalier de l'Université Laval DSC3 Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de l'Université Laval 3 5567 00ÔÔÔ 38!

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LES EFFETS DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

DE 50/60 Hz SUR. LA SANTÉ:

bilan et perspectives de santé publique pour le Québec

Service Santé et Environnement Département de santé communautaire

Centre Hospitalier de l'Université Laval

DSC3 Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de l'Université Laval

3 5567 00ÔÔÔ 38!

Institut national d© santé publique du Québec 4835, avenue Christophe-Colomb, bureau 200

Montréal (Québec) H2J3G8 Tél.: (514) 597-0606

LES EFFETS DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

DE 50/60 Hz SUR LA SANTÉ:

bilan et perspectives de santé publique pour le Québec

Patrick Levallois, m.d., MSc, FRCP(C)

Pierre Lajoie, m.d. MIH, FRCP(C)

Denis Gauvin, MSc

Service Santé et Environnement Département de santé communautaire

Centre Hospitalier de l'Université Laval

Janvier 1991

ISBN: 2-921304-14-7 1er trimestre, 1991

AVANT-PROPOS

Suite aux débats publics qui ont entouré l'examen des impacts de la construction et

de l'opération de la ligne de transport d'électricité de Radisson à Nicolet, le gouvernement

du Québec autorisa Hydro-Québec à poursuivre son projet mais selon certaines conditions1.

Une de ces conditions vise à permettre au gouvernement de suivre le dossier des impacts

potentiels sur la santé humaine des lignes de haute tension. La condition 1 du décret définit

ainsi qu'un "comité de suivi des études sur les effets des lignes à haute tension sur la santé"

doit être mis sur pied et être coordonné par le ministère de la Santé et des Services sociaux

(MSSS). Ce comité est un comité interministériel où siègent outre le MSSS, le ministère

de l'Environnement du Québec (MENVIQ), le ministère de l'Énergie et des Ressources

(MER) et le ministère de l'Agriculture des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ). Afin

de disposer d'une expertise indépendante dans le domaine des effets sur la santé humaine

générés par le transport de l'électricité, le MSSS s'est adjoint les services de l'équipe santé

et environnement du Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de

l'Université Laval.

Le mandat de l'équipe du CHUL est de faire un bilan de l'information disponible

sur le sujet et de faire des recommandations au MSSS. Ce rapport est le premier bilan

présenté par notre équipe. Il s'intéresse aux effets des champs alternatifs, l'aspect des

champs continus étant très particulier sera présenté dans un rapport ultérieur. Bien

qu'ayant eu le mandat de regarder les effets spécifiques du transport de hauts voltages, nous

avons cru nécessaire de présenter dans le présent rapport un portrait global de la

problématique des champs électrique et magnétique alternatifs afin de faire ressortir toute

l'envergure de ce problème. La méthode utilisée pour réaliser ce premier rapport a consisté

à réviser la littérature disponible sur le sujet jusqu'en mai 1990. De plus, nous avons assisté

à 3 congrès ou conférences d'envergure internationale.

1 Décret de gouvernement du Québec N° 924-87, 10 juin 1987

ii

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier les personnes suivantes qui ont bien voulu réviser une version préliminaire de différents chapitres de ce rapport et nous faire part de leurs commentaires:

Chapitre 1: - Jan Erik Deadman, MSc. en sciences de la Santé au Travail, École de santé au travail, Université McGill

Chapitre 2: - Paul Héroux, Ph.D., physicien, École de santé au travail, Université McGill

- Andreas Zachmann, Ph.D.,biologiste, chercheur invité, Dép. de biologie, Université de Montréal.

- Michel Plante, MD.,Direction de la santé et sécurité du travail, Hydro-Québec.

Chapitre 3: - Gilles Thériault, MD., Dr.PH., épidémiologiste. Directeur de l'École de santé au travail, Université McGill.

Chapitres 4 et 5: - Claude Cardinal, PhD., physicien. Chargé de programmes. Vice-présidence Environnement, Hydro-Québec

Chapitre 6: - Éric Dewailly, MD, Ph.D., toxicologue. Coordonnateur de l'équipe santé et environnement, DSC-CHUL

Nous tenons également à remercier Monsieur René Verreault, médecin et épidé-

miologiste, qui a révisé le rapport au complet et nous a fait part de ses commentaires.

Nous désirons finalement remercier Madame Antonyne Bourassa pour son travail de

traitement de texte, Mesdames Lise Côté et Christiane Brunelle pour leur travail de

relecture.

iv

TABLE DES MATIÈRES

Pages

AVANT-PROPOS ii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES ABRÉVIATIONS xi

RÉSUMÉ Xiv

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS

ÉLECTROMAGNÉTIQUES

1.0 Introduction . . . 7

1.1 Caractéristiques physiques des

champs électromagnétiques 8

1.1.1 Le courant alternatif 8

1.1.2 Le champ électrique 12

1.1.3 Le champ magnétique 13

1.2 Évaluation de l'exposition 15

1.2.1 Mesures directes 15

1.2.2 Mesures indirectes en

en milieu résidentiel 19

1.2.3 Mesures indirectes en

milieu de travail 23

1.3 Sources et niveaux d'exposition 25

1.3.1 En milieu résidentiel 25

1.3.2 En milieu de travail 31

1.4 Conclusion 34

Bibliographie . 3 6

vi

CHAPITRE II LES EFFETS BIOLOGIQUES:

RÉSULTATS DES ÉTUDES EXPÉRIMENTALES

2.0 Introduction 45

2.1 Interaction avec les tissus 46

2.1.1 Champs et courants induits 46

2.1.2Effets sur la cellule 48

2.2 Effets sur les systèmes biologiques 53

2.2.1 Système neuroendocrinien 53

2.2.2Système nerveux 57

2.2.3Système cardiovasculaire 61

2.2.4 Système immunitaire 63

2.2.5 Système reproducteur 64

2.6.6CEM et cancer 66

2.3 synthèse des résultats sur les effets biologiques 68

2.3.1 Cellule 68

2.3.2Système neuroendocrinien 68

2.3.3Système nerveux 69

2.3.4Système cardiovasculaire 69

2.3.5Système immunitaire 70

2.3.6Système reproducteur 70

2.3.7Cancer 70

2.4 Discussion et interprétation des résultats 71

2.4.1 Qualité scientifique des études 71

2.4.2Extrapolation de l'animal à l'homme 72

2.4.3 Signification clinique chez l'homme 74

2.5 Conclusion 79

Bibliographie 81

vii

CHAPITRE III LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN:

RÉSULTATS DES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

3.0 Introduction

3.1 Le risque de cancer 93

3.1.1 Exposition résidentielle 94

3.1.2 Exposition en milieu de travail 101

3.1.3 Problèmes méthodologiques H8

3.1.4 Résumé et interprétation des études

portant sur le cancer 121

3.2 Les troubles de la reproduction 129

3.2.1 Exposition résidentielle 129

3.2.2 Exposition en milieu de travail 132

3.2.3 Résumé et interprétation des études portant

sur les troubles de la reproduction 137

3.3 Autres problèmes de santé 139

3.3.1 Exposition résidentielle 139

3.3.2 Exposition en milieu de travail 143

3.3.3 Résumé et interprétation des études portant

sur les autres problèmes de santé 149 3.4 Conclusion ^52

Bibliographie 155

CHAPITRE IV LA PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE:

NORMES ET RAPPORTS D'EXPERTS

4.0 Introduction

4.1 Normes ^ 7

4.1.1 Dans le monde 157

4.1.2 Au Québec et au Canada 173 4.2 Point de vue des comités d'experts 174

viii

4.2.1 American Institute of Biological Sciences (AIBS) . . . . 175

4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 176

4.2.3 New York State Power Lines Projet (NYSPLP) 177

4.2.4 Environmental Protection Agency (EPA) 178

4.2.5 Ontario Ministry of Health 178

4.2.6 Task Force Report (Rosen et al) 179

4.2.7 Office of Technology Assessment 180

4.2.8 Ministère Fédérale de la Santé et du Bien-Être social. 183

4.3 Conclusion 185 Bibliographie 187

CHAPITRE V LA SITUATION QUÉBÉCOISE:

ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE

5.0 Introduction 195

5.1 Évaluation de l'exposition des populations 196

5.1.1 Études complétées 196

5.1.2 Projets en cours 198

5.2 Évaluation des effets sur la santé 199

5.2.1 Effets des CEM sur la cellule et l'animal 200

5.2.2 Effets des CEM sur l'humain 203

5.3 Gestion du risque 207

5.3.1 Mise au point de normes 207

5.3.2 Information du public 208

5.4 Conclusion 210

Bibliographie 211

CHAPITRE VI SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS

6.0 Introduction 217

6.1 Synthèse 218

xxiii

6.1.1 Évaluation du risque 218

6.1.2 Gestion du risque 224

6.2 Recommandations au ministère de la Santé et des

Services sociaux 227

Bibliographie 231

x

LISTE DES ABRÉVIATIONS

A Ampère ACE Association Canadienne de l'Électricité ADN Acide désoxyribonucléique AIBS American Institute of Biological Sciences ALARA As Low As Reasonably Achievable AMEX Average Magnetic Field Exposure ARN Acide ribonucléique BPA Bonneville Power Administration BPC Biphényles Polychlorés CCHMT Comité Consultatif Fédéral et Provincial sur l'Hygiène du Milieu et du

Travail CEM Champs électromagnétiques CHUL Centre Hospitalier de l'Université Laval CIRC Centre International de Recherche sur le Cancer DOE Department of Energy DSC Département de santé communautaire ECG Électrocardiogramme EEG Électroencéphalogramme EFEM Electric Field Exposure Monitor EMDEX Electric and Magnetic Field Digital Exposure EPA Environmental Protection Agency EPRI Electric Power Research Institute G Gauss GHz Gigahertz (1GHz = 1 milliard de Hz) HCC High-Current Configuration 5-HIAA Acide 5-Hydroxyndolacétique HVA Acide Homovanilique Hz Hertz ICM Indice Comparatif de Mortalité INIRC International Non-Ionizing Radiation Committee IREQ Institut de Recherche en Électricité du Québec IRPA International Radiation Protection Association IRSST Institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail kV/m Kilovolt par mètre LAM Leucémie Aiguë Myéloïde LCC Low-Current Configuration LCM Leucémie Chronique Myéloïde LLC Leucémie Lymphoïde Chronique MA Modulation d'Amplitude MAPAQ Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation MENVIQ Ministère de l'Environnement du Québec MER Ministère de l'Énergie et des Ressources MF Modulation de fréquence MHQ Mental Health Questionnaire

xi

M H z Mégahertz (1 MHz = 1 million de Hz) MMPI Minnesota Multiphasic Personnality Inventory M S S S Ministère de la Santé et des Services sociaux NAT N-Acétyl-Transferase N E S C National Electrical Safety Code NRPB National Radiological Protection Board NYSPLP New York State Power Lines Project ODC Ornithine Décarboxylase OHCC Ordinary High Current Configuration OHEA Office of Health and Environmental Assessment 6-OHMS 6-Hydroxy mélatonine sulfate 0 L C C Ordinary Low Current Configuration 0 M S Organisation Mondiale de la Santé 0 T A Office of Technology Assessment P I M Protéines Intramembranaires P I R Proportional Incidence Ratio P M R Proportional Mortality Ratio RMS Root Mean Square R C Rapport de cote, équivalent du Odds'Ratio anglais RR Risque relatif SIR Standardized Incidence Ratio SNC Système Nerveux Central T Tesla V/m Volt par mètre VHCC Very High Current Configuration VLCC Very Low Current Configuration WHO World Health Organisation

xxiii xi

RÉSUMÉ

INTRODUCTION

Bien que l'on utilise l'électricité depuis longtemps, ce n'est que très récemment que

l'on s'est intéressé à ses effets secondaires. En effet, l'impact sur la santé de l'exposition aux

champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse, principalement de

50/60 hertz (Hz), a été étudié principalement depuis les années 70. L'importance pour la

santé publique de certains effets potentiels a généré beaucoup de recherches et obligé de

plus en plus les gouvernements à s'y intéresser.

1. L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

Les réseaux de transport d'électricité au Québec sont principalement exploités en

courant alternatif à une fréquence de 60 hertz, c'est-à-dire, 60 cycles par seconde. Ils sont

associés à la présence de champs électrique et magnétique dans l'environnement. Toutefois,

les lignes à haute tension ne constituent pas les seules sources d'exposition à ces champs.

En effet, les lignes de distribution, l'utilisation d'appareils ménagers électriques, le câblage

à l'intérieur de la résidence et l'utilisation d'appareils électriques en milieu de travail sont

également des sources de champs électromagnétiques. En présence de ces champs, il y a

induction de très faibles courants électriques à l'intérieur d'objets conducteurs, tels que le

corps humain.

Caractéristiques des champs

Le champ électrique est dû à la présence d'une distribution inégale des charges

électriques de polarités différentes. Il s'exprime en volt par mètre (V/m). Le champ

magnétique apparaît lorsqu'il y a passage du courant électrique dans un conducteur. Le

champ magnétique s'exprime principalement en densité de flux magnétique dont l'unité de

mesure est le Tesla (T) ou le Gauss (G). Un Tesla équivaut à 10 000 Gauss. Le champ

électrique est perturbé par la présence d'objet conducteur tandis que le champ magnétique

passe librement à travers la plupart des structures.

xiv

Sources et niveaux d'exposition

Les niveaux d'exposition des populations aux champs magnétique et électrique sont

très variables. La proximité des infrastructures électriques représente, un facteur important

car les niveaux d'exposition diminuent grandement avec la distance. Au Québec, les

niveaux de champs maximums sous les lignes à haute tension sont de 10 kV/m pour le

champ électrique et de 600 mG pour le champ magnétique (ligne à 735 kV). En bordure

d'emprise pour ce type de ligne, soit à 40 mètres, ces niveaux sont d'environ 2 kV/m et de

140 mG. En milieux urbains et ruraux près des lignes de distribution, on a observé que les

niveaux de champs maximums (1 % des valeurs supérieures) sont de 248 V/m pour le champ

électrique et de 10.82 mG pour le champ magnétique. Les valeurs médianes sont de 31.6

V/m et de 1.64 mG respectivement. L'utilisation d'appareils électriques domestiques peut

également entraîner à des niveaux importants de champs. Les niveaux et les durées

d'exposition seront fonction du type d'appareil et de son utilisation. En milieu de travail,

le niveau d'exposition peut être supérieur à ce qui est observé en milieu résidentiel,

principalement pour les travailleurs de l'électricité.

Évaluation de l'exposition

La nécessité de bien connaître les diverses sources d'exposition a conduit au

développement de méthodes d'évaluation de l'exposition des populations, soit par des

mesures directes où à l'aide d'estimations théoriques. L'avènement des moniteurs portatifs

a permis une meilleure caractérisation de l'exposition des diverses populations. Comme le

mécanisme d'action des champs électrique et magnétique sur les systèmes biologiques n'est

pas connu, il est nécessaire que ces appareils de mesure permettent la saisie des divers

indices et paramètres d'exposition. Toutefois, le problème de l'évaluation de l'exposition

antérieure demeure. Le raffinement des techniques indirectes d'évaluation, telles que la

codification des câblages électriques, peut aider à mieux caractériser les niveaux de champs.

vii

2. LES EFFETS BIOLOGIQUES: Résultats des études expérimentales.

Au cours des dernières années, plusieurs centaines d'études ont été réalisées en

laboratoire sur la cellule, chez l'animal et chez l'homme pour évaluer si les champs

électromagnétiques avaient des effets biologiques décelables. Des effets ont été observés

au niveau des tissus de même qu'au niveau des différents systèmes biologiques.

Interaction avec les tissus

- Champs et courants induits

Le corps humain est un conducteur. En présence de champs électrique et

magnétique, des champs et des courants électrique et magnétique sont induits à l'intérieur

de celui-ci. Ces champs et ces courants sont cependant plus faibles que ceux que l'on

rencontre habituellement au niveau tissulaire. Ainsi un champ électrique externe de 1

kV/m induira un champ électrique de 0.1 à 100 mV/m et un courant de 0.016 mA, ce qui

est nettement inférieur aux niveaux physiologiques. Il en va de même pour les champs

magnétiques. De prime abord, sur la seule base électrophysiologique, des effets biologiques

apparaissent donc peu plausibles. De faibles chocs électriques sont aussi observables à des

niveaux de champs extérieurs de quelques kV/m lorsqu'un individu vient en contact avec

un objet métallique. Les normes d'exposition sont d'ailleurs principalement basées sur le

niveau de courant induit dans de telles circonstances, lequel ne doit pas dépasser 5 mA pour

permettre de "lâcher prise".

- Effets sur la cellule

Le courant électrique induit est confiné à l'espace extracellulaire. Cependant, des

études récentes ont démontré la présence de modifications biochimiques au niveau cellulaire

en présence de champs électromagnétiques. Ces modifications touchent les concentrations

d'ions calcium à la surface de la membrane et d'enzymes intracellulaires comme la protéine

kinase. Ces modifications surviennent à des fenêtres de fréquence et d'intensité spécifiques.

xvi

De plus, d'autres travaux ont démontré que des champs électromagnétiques de basse

fréquence (72 Hz) augmentaient la transcription de l'acide ribonucléique (ARN) et la

biosynthèse des protéines à l'intérieur de la cellule.

Effets sur les systèmes biologiques

De nombreuses études ont été menées pour évaluer l'impact des CEM sur les

principaux systèmes biologiques.

Système neuroendocrinien

Deux impacts principaux ont été identifiés, la modification du rythme circadien et

l'inhibition de la sécrétion de la mélatonine. Deux études chez le rongeur ont montré que

le rythme circadien était modifié lors d'une exposition à un champ de 35 kV/m. Une étude

récente menée chez le singe dans le cadre du New York State Power Lines Project

(NYSPLP) a confirmé la présence d'une modification à partir de 2.6 kV/m. Une étude

moins récente réalisée chez l'homme par Wever avait montré une modification du cycle à

des niveaux très bas. Cependant, ces premiers résultats n'ont pas été confirmés.

Les études récentes ont aussi démontré que chez le rat, l'exposition à des champs

électriques de 60 Hz, de 2 à 40 kV/m, provoquait une diminution de la sécrétion de la

mélatonine par la glande pinéale. Les CEM, comme la lumière, supprime le pic nocturne

de sécrétion de mélatonine. Chez l'homme, les résultats préliminaires d'une étude menée

par Wilson chez des utilisateurs de couvertures chauffantes tendent à confirmer ce

phénomène. Cependant, il est trop tôt pour tirer des conclusions claires de ces travaux

récents.

xvii

Système nerveux

Le champ électrique est perçu à partir d'un seuil se situant entre 4 et 15 kV/m chez

l'animal et chez l'homme. Le champ magnétique, quant à lui, n'est pas perçu. De multiples

études sur le système nerveux ont été réalisées chez l'animal mais les résultats demeurent

en général difficilement interprétables. Toutefois, signalons le phénomène bien documenté

des magnétophosphènes chez l'homme. Ces derniers sont des scintillements lumineux

apparaissant dans le champ visuel à une fréquence de 20 Hz et à partir de 10 G. Une étude

rigoureuse a été réalisée récemment chez le singe dans le cadre du New York State Power

Lines Project (NYSPLP). Cette étude a mis en évidence une diminution de certains

métabolites de la dopamine et de la sérotonine dans le liquide céphalorachidien de même

qu'une modification des potentiels évoqués auditifs et visuels à l'électroentiphalogramme

l'électroencéphalogramme (EEG). Ces effets ont été observés à des niveaux d'exposition

comparables à ceux rencontrés occasionnellement chez l'homme. Dans le cadre du

NYSPLP, une étude réalisée en laboratoire chez des volontaires s'est avérée négative sauf

pour les potentiels évoqués mentionnés précédemment.

Système cardiovasculaire

Au niveau du système cardiovasculaire, le principal effet documenté chez l'homme,

par Graham et al, est un ralentissement faible du pouls lors d'une exposition à des CEM

de 60 Hz, à 9 kV/m et 0.2 G. Des études ont aussi montré un risque d'interférence des

CEM de plus de 5 kV/m et 1.5 G sur le fonctionnement de certains types de stimulateurs

cardiaques à demande. Cependant, il s'agit là d'un phénomène rare.

Système immunitaire

Dans des études "invitro",des chercheurs ont mis en évidence une diminution de la

cytotoxicité des lymphocytes T lors d'une exposition à des champs de 60 Hz, de 0.1 à

10 mV/cm. Chez l'animal et chez l'homme, les études sont négatives.

Système reproducteur

Pour ce qui est du champ magnétique, suite à une première étude de Delgado, une

dizaine d'autres études ont montré un excès significatif de malformations chez l'embryon de

poulet ou d'oiseau. Il s'agissait cependant de champ magnétique puisé. Sept autres études

se sont avérées négatives. Les études chez l'animal sont négatives.

En ce qui concerne le champ électrique, les études in vitro et les premières études

in vivo se sont avérées négatives. Toutefois, des études plus récentes effectuées par

Rommereim chez le rat et par Sikov chez le porc, ont donné des résultats contradictoires.

CEM et cancer

En rapport avec le cancer, les études expérimentales réalisées jusqu'à maintenant

sont principalement des études in vitro. Elles démontrent que les CEM ne sont pas

initiateurs de cancer. Ils ne sont pas mutagènes, ne provoquent pas la formation

d'aberrations chromosomiques ou d'échange de chromatides soeurs. Par ailleurs, une seule

étude récente a mis en évidence la formation de micronoyaux cellulaires, un'indicateur

indirect de mutagénicité. Cependant ces résultats n'ont pas été confirmés.

Quelques études indiquent que les CEM pourraient être des promoteurs de cancer

En effet, les études de Cain et al et de Byus et al ont mis en évidence une augmentation

significative de l'omithine décarboxylase lors d'une exposition des cellules à des champs de

0.1 à 10 mv/cm. l a concentration de cette enzyme est augmentée en présence de

substances reconnues comme promoteurs de cancer. Les chercheurs ont identifié des

fenêtres d'intensité se situant entre 0.1 et 10 mV/cm et à 16 Hz. Une augmentation

significative de la synthèse de l'aide désoxynbonucléique (ADN) a aussi été démontrée au

niveau de la ce,Iule exposée à des CEM. Pour ce qui est des CEM de basse fréquence

aucune étude de cancérogénicité n'a été réalisée chez l'animal jusqu'à maintenant

vii

Plausibilité biologique

Les effets biologiques démontrés au niveau cellulaire, par exemple, sur le calcium,

l'omithine décarboxylase, la synthèse de l'ADN la synthèse des protéines, donnent une

certaine plausibilité biologique à des effets cliniques, tels que le cancer, en dépit du faible

niveau des courants induits dans les tissus. Les CEM d'extrême basse fréquence, s'ils étaient

cancérigènes, agiraient plutôt comme promoteurs. Cette plausibilité est renforcée par les

découvertes récentes de l'action sur la sécrétion de la mélatonine. De plus, des théories

fondamentales crédibles ont été avancées par des chercheurs pour expliquer de tels effets

que ce soit celle du " cyclotron résonance" ou celle de la coopération biologique.

L'ensemble des résultats des études expérimentales présente une cohérence certaine.

Toutefois, l'interprétation de ces résultats à la lumière des théories nouvelles soulève

certaines questions importantes. Soulignons l'existence de "fenêtres" d'action au niveau de

la cellule. Si de telles fenêtres existent au niveau des fréquences et des intensités et si les

champs électromagnétiques sont réellement cancérigènes, cela peut vouloir dire que le

risque n'augmente pas nécessairement avec la dose d'exposition. D'autres recherches sont

nécessaires pour approfondir nos connaissances.

3. LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN: Résultats des études épidé-

miologiques.

Les études épidémiologiques ont investigué d'une part, l'effet de l'exposition dans les

résidences, d'autres part, l'effet de l'exposition en milieu de travail. Trois grands groupes

de problèmes de santé ont été étudiés: le cancer, les troubles de la reproduction et les

problèmes généraux.

xx

Le risque de cancer:

Le risque de cancer chez l'enfant.

Trois études ont évalué le risque global de cancer chez les enfants selon les niveaux

de champs électrique et magnétique observés ou estimés dans les résidences. Une étude

s'est concentrée sur le risque de leucémie. Le risque global de cancer est augmenté dans

les trois études (RC* « 1.4-1.9). Les cancers les plus souvent en cause sont: les tumeurs du

système nerveux, les lymphomes et les leucémies. L'excès de cas de leucémie n'est observé

que dans 2 études sur 4, cependant il est observé dans les études les plus solides (RC « 2).

Ce risque est associé à l'intensité du champ magnétique et non du champ électrique (risque

augmenté lorsque le champ magnétique > 2 mG).

Une autre étude a aussi observé un excès non significatif de cas de leucémie chez les

enfants ayant utilisé une couverture chauffante quelques années avant le diagnostic.

Bien qu'il existe des contradictions et des insuffisances dans toutes ces études, elles

suggèrent globalement qu'un excès de certains cancers chez l'enfant pourrait être attribuable

à l'exposition aux champs magnétiques de fréquence extrêmement basse (50/60 Hz

principalement).

Le risque de cancer chez l'adulte.

De nombreuses études ont investigué le risque de cancer chez les adultes exposés aux

champs électrique et magnétique pendant leur travail. Deux types de cancer ont

particulièrement été étudiés: les leucémies et les cancers du cerveau.

* Rc = Rapport de cote, équivalent du Odds' Ratio anglais.

xxi

a) leucémie.

Huit études ont étudié de façon spécifique le risque d'excès de cas de leucémie chez

les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques. Cinq études ont observé une

augmentation significative du risque mais les professions incriminées varient (mineurs,

électriciens, soudeurs, monteurs de ligne) et le type de leucémie concernée n'est pas

toujours le même (leucémie myéloïde aiguë ou chronique, leucémie lymphoïde). Le risque

relatif varie généralement de 2 à 4.

Dans six études sur sept évaluant le risque de tout type de cancer, on a aussi observé

un excès de cas de leucémie chez les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques;

il s'agit principalement des travailleurs de l'électricité, de l'électronique et des télécommuni-

cations, mais les risques relatifs sont plus faibles (RR « 1-2).

Toutes ces études souffrent de lacunes importantes. Les expositions en milieu de

travail sont mal caractérisées et il est possible que les excès observés soient dûs à des

expositions à des produits chimiques ou d'autres agresseurs présents dans le milieu de

travail.

b) Cancer du cerveau.

Quatre études ont investigué spécifiquement le risque de cancer du cerveau chez les

travailleurs exposés aux champs électromagnétiques de basse fréquence. Trois études

observent des excès importants (RC « 2-4) de tumeurs du cerveau chez les travailleurs de

l'électricité. Le type de tumeurs étudié n'est cependant pas toujours le même: gliomes seuls,

gliomes plus astrocytomes, toutes les tumeurs du cerveau. Plusieurs études investigant tous

les cancers ont aussi observé de tels excès mais avec des risques relatifs plus faibles.

Ces études sont très inégales. Le premier groupe est constitué d'études solides,

cependant il existe toujours un manque d'évaluation précise des expositions des différents

milieux de travail.

c) Autres cancers. Le risque d'excès de mélanomes a été observé dans une étude investigant un "cluster"

chez des travailleurs des télécommunications (RR » 3) et aussi dans 4 études sur 6 ayant

investigué les risques de différents cancers chez les travailleurs .exposés aux champs

électromagnétiques de basse fréquence (RR « 1.4 -3). D'autres cancers ont aussi été

associés à une exposition professionnelle mais de façon beaucoup moins constante.

Les risques de cancer chez les adultes exposés dans leur résidence ont été moins

fréquemment investigués. Sur les 4 études répertoriées, rien de clair ne se dégage. Deux

études observent un excès non significatif de leucémie mais l'étude la plus solide n'observe

aucun excès de leucémie.

Trois études ont aussi investigué les risques de cancer associés à l'utilisation de

couvertures chauffantes ou lits chauffants. Deux études investiguent les excès de cas de

leucémie non lymphoïde, une observe un excès chez les personnes de bas niveau socio-

économique. Une étude a aussi observé un excès de cas de cancer du testicule (de type non

séminal) chez ces utilisateurs.

Plusieurs critères ont été appliqués pour juger de la nature causale des associations

observées. Il est difficile d'expliquer la majorité des résultats observés par des problèmes

reliés à la méthodologie des études. Le manque d'évaluations précises des expositions aux

champs électromagnétiques a tendance à réduire les risques relatifs observés mais non à les

augmenter. Aucun facteur de risque de cancer connu ne peut expliquer non plus les

résultats observés chez l'enfant. Pour ce qui est des adultes, il est certain que plusieurs

cancérigènes présents en milieu de travail pourraient être responsables au moins en partie

des résultats observés. Globalement, la nature causale des associations observées est très

possible mais non prouvée. Les éléments s'étant consolidés ces dernières années sont:

xxiii

1- la constance de l'association: les dernières études, les plus sophistiquées vont dans

le sens des premières études;

2- la plausibilité biologique: les résultats d'études effectuées en laboratoire rendent de

plus en plus plausible l'origine causale de ces associations.

Les troubles de la reproduction

Peu d'études ont évalué l'effet de l'exposition résidentielle aux champs électromagné-

tiques de 50/60 Hz. Une étude a observé que les mères exposées au moment de la

conception à une couverture chauffante ou à un plafond radiant avaient légèrement plus

d'avortements spontanés que les mères non exposées. Une étude a trouvé que l'utilisation

de couvertures chauffantes chez les femmes enceintes était associée à une augmentation des

leucémies et des cancers du cerveau chez leurs enfants. Il est cependant trop tôt pour tirer

des conclusions de ces études.

Les études réalisées en milieu de travail sont plus nombreuses. Quelques études ont

investigué le risque d'infertilité chez les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques.

Les résultats sont contradictoires. Les autres études ont évalué les troubles de la

reproduction (malformations, cancers) pouvant être attribuables à l'exposition paternelle.

Une étude observe un excès de malformations congénitales chez les travailleurs de poste.

Deux études ont observé un excès global de tumeurs du système nerveux et un excès de

neuroblastomes chez les enfants dont les pères travaillaient dans l'électricité ou l'électroni-

que.

Toutes ces études sont exploratoires et ne permettent pas de conclure. Cependant

les études réalisées en laboratoire ne peuvent écarter de tels effets.

xxiv

Autres problèmes de sauté

Parmi les autres problèmes de santé, les recherches se sont surtout attardées aux

effets des champs électromagnétiques d'extrême basse fréquence sur le système nerveux

central. Une équipe a observé des excès de suicide et de dépression chez les personnes

occupant des résidences ayant des niveaux de champ magnétique plus élevés. Ces effets

n'ont pas été observés chez les travailleurs dans des études transversales. Globalement, la

faible qualité de toutes ces études empêche de porter tout jugement sur ce risque.

Cependant les résultats des études réalisées en laboratoire ne sont pas incompatibles avec

de tels effets.

Très peu d'études ont investigué d'autres causes de décès que le cancer chez les

travailleurs exposés aux champs électromagnétiques. Pas d'autres excès n'ont été observés.

4. LA PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE: normes et rapport d'experts.

Au Canada et aux États-Unis il n'existe aucune norme fédérale limitant l'exposition

aux champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse provenant des lignes

de transport d'électricité. Au Québec, Hydro-Québec applique comme critères de

conception et d'exploitation les recommandations préconisées par le "National Electrical

Safety Code". Certains États américains ont toutefois établi des normes limitant les niveaux

des champs électrique et magnétique. Le fondement des normes limitant le champ

électrique près d'une ligne de transport est généralement basé sur des considérations

sécuritaires afin d'éviter toute sensation de choc pour une personne touchant un objet

métallique relié à la terre. Les normes proposées ou adaptées limitant le champ magnétique

en bordure d'emprise des nouvelles lignes à haute tension ne sont toutefois pas fondées sur

des évidences de risque pour la santé mais se veulent plutôt une approche prudente visant

à limiter l'exposition des populations.

Plusieurs comités d'experts se sont prononcés quant aux risques pour la santé des

populations exposées aux champs électrique et magnétique. Il y a consensus à l'effet que

xxv

les champs électrique et magnétique peuvent causer divers effets biologiques. Toutefois,

l'interprétation de ces études étant difficile, il est actuellement impossible de tirer des

conclusions définitives sur les risques possibles pour la santé. Quelques propositions de

recherche sont suggérées par ces groupes d'experts, notamment sur le mécanisme

d'interaction de ces champs, les études sur la cellule et l'animal visant à clarifier les

mécanismes de cancérogénèse, le développement embryonnaire et foetal et les effets sur le

comportement et le système nerveux.

Quelques options de gestion du risque associé à l'exposition aux CEM sont proposées

par ces divers groupes d'experts. Certains groupes préconisent par mesure de prudence,

même en absence d'évidence scientifique, de limiter l'exposition des populations aux CEM.

D'autres soutiennent que la prise de mesure de mitigation sans base scientifique pourraient

n'avoir aucun effet et qu'il n'y a aucune évidence qu'il soit nécessaire de réduire les niveaux

de champs.

5. LA SITUATION QUÉBÉCOISE

Pour pallier aux incertitudes qui existent quant aux effets sur la santé des CEM, de

nombreuses recherches, tant épidémiologiques qu'expérimentales, sont en cours présente-

ment à travers le monde. La prise en compte de la participation québécoise dans ce dossier

nous permet de cerner des priorités d'action et nous aidera à formuler des recommandations

spécifiques pour le Québec afin d'accroître les connaissances et de gérer ce risque.

La participation d'Hydro-Québec dans ce domaine de recherche, en association avec

d'autres partenaires, est importante. Hydro-Québec a déjà réalisé des études concernant

l'évaluation des niveaux de champs près des lignes à haute tension et des lignes de

distribution. Une évaluation des niveaux d'exposition des travailleurs de l'électricité dans

leur milieu de travail ainsi qu'à l'extérieur de leur milieu de travail a également été

amorcée. L'évaluation de l'exposition résidentielle au Québec demeure toutefois encore

limitée, principalement l'évaluation de l'exposition aux CEM chez les enfants.

x x i i i x x v

La recherche expérimentale sur la cellule et l'animal concernent principalement les

études de cancérogénicité. Deux autres sujets d'études, en cours présentement, toucheront

particulièrement la santé des bovins et plus spécifiquement la reproduction, le cycle

hormonal et la production laitière. Enfin, l'étude des effets des champs électromagnétiques

alternatifs sur l'humain a fait l'objet d'une étude de l'état de santé de certains électriciens

à Hydro-Québec en 1975. Bien que l'étude souffrait de faiblesses méthodologiques, aucun

problème de santé majeur n'a été révélé. Devant l'anxiété de la population, le gouverne-

ment du Québec a exigé en 1984 qu'Hydro-Québec réalise une étude épidémiologique pour

investiguer les effets des lignes à haute tension sur l'humain. Cette étude est conjointement

réalisée par Électricité de France, Hydro-Québec et Ontario Hydro. Elle permettra

d'évaluer les risques de cancer chez les travailleurs de l'électricité.

En terme d'information de la population, Hydro-Québec demeure le principal

intervenant au Québec par la publication de rapports, de brochures d'information et par la

réalisation d'un centre d'interprétation sur le sujet.

6. SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS

Après une synthèse de l'évaluation de risque, des recommandations sont proposées.

Évaluation du risque

Cinq étapes doivent être distinguées:

1) Identification du risque

D'après les connaissances disponibles, on doit considérer qu'il est possible que

l'exposition aux champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse, particulière-

ment de 50/60 Hz, puissent favoriser l'émergence de certains problèmes de santé.

xxvii

C'est l'hypothèse concernant le risque de cancer qui est la plus solide. En effet, il

s'agit du risque le mieux étudié et le plus clairement identifié par les études épidémiolo-

giques. Chez l'enfant, une augmentation de la fréquence des leucémies, tumeurs du système

nerveux et lymphomes a été associée à l'exposition résidentielle aux- champs magnétiques

de 50/60 Hz. Chez l'adulte des excès de cas de leucémie, cancer du cerveau et mélanome

ont aussi été observés. Même si on ne peut éliminer totalement d'autres causes pour ces

excès, le fait que les études les plus solides confirment ces associations et que certains

mécanismes biologiques pourraient expliquer de tels effets, nous obligent à considérer le

risque de cancer comme possible.

Cependant les études en cours seront déterminantes pour confirmer un tel effet et

expliquer les mécanismes en cause.

Les autres effets des champs électromagnétiques ont été peu étudiés. Les études

investigant les troubles de la reproduction et les effets sur le système nerveux central sont

de type exploratoire. La plausibilité biologique de tels effets veut que l'on s'y attarde.

2) Relation dose-effet

Cette relation n'est pas actuellement connue. Le manque de connaissance des

mécanismes d'action des champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse

empêche de définir ce que pourrait être une dose. Plusieurs paramètres caractérisant les

champs peuvent être en cause: intensité, courant induit, relation avec le champ terrestre,

caractère puisé... Peu d'études ont essayé de caractériser de façon précise l'exposition des

populations étudiées et donc de définir différents niveaux d'exposition. Il est possible que

les effets n'apparaissent qu'à certaines fréquences et à certaines intensités de champs. Les

lacunes dans nos connaissances devraient être comblées par les études en cours.

3) Évaluation rie l'exposition

L'exposition des populations québécoises aux champs électromagnétiques de

fréquence extrêmement basse est encore très peu connue. Plusieurs appareils électriques

nous exposent de façon intermittente mais certaines sources peuvent nous exposer de façon

chronique à l'intérieur des résidences (couvertures chauffantes, lits d'eau, réveils électriques,

chauffage électrique, mise à terre à la plomberie, câblage électrique...). Aucune étude n'a

évalué ces sources au Québec. L'exposition générée par les lignes de transport d'électricité

a été investiguée par Hydro-Québec mais de façon préliminaire.

L'exposition dans les milieux de travail a été étudiée chez les travailleurs d'Hydro-

Québec. Cependant l'exposition dans d'autres milieux de travail est en général mal connue.

4) Quantification des risques.

À cause des limites des connaissances actuelles, il est impossible de réaliser une

véritable quantification du risque. Toutefois, un excès de risques faibles en terme de risque

individuel peut avoir un impact important pour une population quand beaucoup de

personnes sont exposées.

5) Gestion du risque

Même si le risque pour la santé n'est pas certain, il est possible. Plusieurs options

sont discutées pour faire face à ce risque: ne rien faire, faire de l'information au public,

réglementer, ou encore adopter une stratégie prudente pour éviter les expositions inutiles.

xxiii

Recommandations au ministère de la Santé et des Services sociaux: les recomman-

dations qui s'adressent au ministère de la Santé sont les suivantes:

1. Mieux connaître l'exposition des populations québécoises aux champs

électromagnétiques.

2. Développer un programme d'information et d'éducation sur les champs

électromagnétiques.

3. Être présent sur les comités responsables de proposer une réglementation des

champs électromagnétiques.

4. Développer une expertise indépendante sur les effets des champs électroma-

gnétiques sur la santé humaine.

5. Favoriser la recherche et le développement visant à réduire l'exposition des

populations aux champs électromagnétiques.

6. Favoriser le développement de recherches visant à mieux connaître les effets

des champs électromagnétiques sur la santé humaine.

xxx

INTRODUCTION

L'industrialisation de nos sociétés a été en partie possible grâce à l'utilisation de

l'électricité. Dans notre vie de tous les jours, l'électricité nous accompagne tout au long de

nos activités sans que nous nous en rendions compte. Cette forme d'énergie facilement

accessible est devenue indispensable et pourtant son innocuité n'est nullement établie.

Certes, le risque dElectrocution relié au contact direct avec une ligne électrique est connu

depuis longtemps. Par contre, ce n'est que récemment que l'on s'est préoccupé des effets

potentiels de l'exposition chronique aux champs électromagnétiques (CEM) de fréquence

extrêmement basse. En 1966, deux scientifiques russes rapportèrent que des travailleurs

exposés aux CEM de haut voltage manifestaient différents symptômes neurologiques tels

que des maux de tête, de l'excitabilité, de la fatigue et une diminution de la libido1. Cette

étude fut critiquée par la suite à cause de faiblesses méthodologiques importantes.

Cependant, elle devait être suivie par une multitude d'études visant à mieux connaître les

effets des champs électromagnétiques de basse fréquence en milieu de travail.

En 1979, Wertheimer et Leeper2 publièrent les résultats d'une étude

épidémiologique sur les risques de cancer chez l'enfant associés à l'exposition résidentielle

aux champs électromagnétiques. Sans apporter de réponse définitive, cette étude soulevait

l'hypothèse que les CEM générés par les lignes de distribution pouvaient favoriser la

survenue de cancers chez l'enfant. Par la suite, plusieurs études visant à évaluer l'effet de

l'exposition chronique aux CEM en milieu résidentiel ont été réalisées. De 1980 à 1990

nous avons assisté à une intensification des recherches visant à approfondir les effets

potentiels chez l'humain associés au transport et à l'utilisation de l'électricité. L'enjeu est

important. Vu l'omniprésence des CEM dans notre vie quotidienne, un effet même minime

de ces champs pourrait avoir un impact important en terme de santé publique. Cette prise

de conscience incite les gouvernements et les organismes internationaux à s'intéresser à ce

dossier afin de répondre aux inquiétudes des populations.

Le présent rapport sans être exhaustif, vise à faire le point sur le sujet afin de

dégager les enjeux qui en découlent pour la santé publique au Québec. Dans un premier

temps nous présenterons ce que sont les CEM de fréquence extrêmement basse, leurs

caractéristiques, les sources d'exposition ainsi que les moyens de les mesurer (ch 1). Par

la suite, nous présenterons une synthèse des principales conclusions des recherches de type

expérimental visant à évaluer les effets biologiques de ces champs (ch 2). Puis, nous

réviserons les principales études évaluant les effets observés chez l'humain suite à une

exposition chronique au CEM de fréquence extrêmement basse (ch 3). Ensuite nous

présenterons la position des différents comités d'experts ayant examiné cette question et

nous résumerons les démarches actuelles visant à limiter l'exposition humaine à ces champs

(ch 4). Finalement, nous ferons le point sur la situation au Québec. Que connaissons-nous

du problème? Que faisons-nous? (ch 5). Notre analyse nous amènera naturellement à faire

un certain nombre de recommandations afin d'améliorer la situation actuelle (ch 6).

1. World Health Organisation (WHO). Environmental Health Criteria 35. Extremely Low Frequency flELF) Fields. 131 p., Geneva, 1984.

2 . Wertheimer, N and Leeper, E. Electrical Wiring Configurations and Childhood Cancer. Am. J. of Epidemiol.. Vol. 109(3), p. 273-284, 1979.

2

CHAPITRE I

L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

r !

TABLE DES MATIÈRES

Pages

1.0 INTRODUCTION 7

1.1 CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES 8

1.1.1 Le courant alternatif 8

1.1.2 Le champ électrique 12

1.1.3 Le champ magnétique 13

1.2 ÉVALUATION DE L'EXPOSITION 15

1.2.1 Mesures directes 15

1.2.2 Mesures indirectes en milieu résidentiel 19

1.2.2.1 La codification Wertheimer-Leeper 19

1.2.2.2 Autres méthodes d'évaluation de l'exposition 23

1.2.3 Mesures indirectes en milieu de travail 23

1.3 SOURCES ET NIVEAUX D'EXPOSITION 25

1.3.1 Exposition en milieu résidentiel 25

1.3.1.1 Les champs d'origine naturelle 25

1.3.1.2 Les appareils électriques domestiques 27

1.3.1.3 Les lignes à haute tension et de distribution 28

1.3.2 Exposition en milieu de travail 31

1.4 CONCLUSION 3 4

BIBLIOGRAPHIE 3 6

14

1.0 INTRODUCTION

Les champs électrique et magnétique sont présents partout dans l'environnement.

Ils peuvent être de source naturelle tels que les CEM produits par le soleil ou la terre ou

encore d'origine humaine tels que les télécommunications, les appareils électriques

commerciaux et médicaux, les lignes de transport d'électricité et autres appareils électriques

dont l'humain fait usage. Il en résulte que toutes les populations sont exposées à des degrés

divers à des champs électrique et magnétique.

Afin d'évaluer les risques à la santé reliés à la présence des champs électrique et

magnétique, il est nécessaire de bien connaître les diverses composantes de ces champs.

Dans ce chapitre, nous allons donc dans un premier temps, faire un bref résumé des

caractéristiques physiques et des éléments de base des champs électrique et magnétique

provenant des lignes à haute tension, mais également de certains équipements et appareils

électriques. Notre évaluation portera uniquement sur le courant alternatif à fréquence

extrêmement basse, c'est-à-dire le courant se situant dans la bande de fréquence de 1 à

300 hertz (Hz) et plus particulièrement sur la bande des 50/60 Hz.

Par la suite, nous présenterons les diverses méthodes d'évaluation utilisées pour

mesurer l'exposition des populations aux champs électrique et magnétique en milieu

résidentiel et en milieu de travail, les principales sources et les niveaux d'exposition de ces

champs. Nous identifierons les difficultés relatives à la mesure de l'exposition telles que,

par exemple, le choix du ou des paramètres à mesurer. Nous ferons en conclusion, un bref

rappel de la problématique relativement à l'exposition aux champs électrique et magnétique

et nous identifierons certains domaines de recherche quant à l'évaluation de l'exposition des

populations.

7

1.1 CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

1.1.1 Le courant alternatif

Le réseau électrique servant à transporter l'énergie de la centrale électrique jusqu'à

notre résidence se compose principalement d'une centrale de production, de postes de

transformation servant à abaisser ou à augmenter la tension, et de réseaux de transport et

de distribution servant à conduire l'électricité au point de consommation. Les niveaux de

tension des lignes du réseau de transport se situent approximativement entre 115 et 765

kilovolt (kV) tandis que la tension des réseaux de distribution est généralement comprise

entre 120 V et 69 kV(1).

En Amérique du Nord, l'électricité en courant alternatif est distribuée et transportée

à une fréquence de 60 hertz (Hz), c'est-à-dire 60 cycles par seconde. Le courant alterne

donc du positif au négatif, c'est-à-dire qu'il change de polarité, à toutes les demi-cycles. En

Europe, et certains autres pays, la fréquence utilisée est de 50 cycles par seconde (50 Hz).

Ces fréquences de 50 à 60 Hz ont de grandes longueurs d'ondes. Beaucoup d'appareils

libèrent des CEM de différentes fréquences. À titre de comparaison, un téléviseur

fonctionne à des fréquences variant entre 55 et 890 MHz (un MHz équivaut à un million

de cycles par seconde) et les micro-ondes ont des fréquences supérieures à 1000 MHz(1)(2).

La figure 1 présente le spectre de fréquence électromagnétique selon diverses sources. Les

champs de fréquence extrêmement basse se situent dans la bande des 1 - 300 Hz,

comparativement aux radiofréquences qui sont généralement représentées sur la bande des

10 000 Hz - 300 gigahertz (GHz)(l GHz = 1 milliard de Hz). Les rayonnements ionisants

se situent environ entre 1016 et 1022 Hz.

Les rayonnements ionisants, principalement les rayons X et rayons gamma, ont des

effets sur le système biologique très différents des rayonnements non ionisants. En effet,

les rayonnements ionisants peuvent former des radicaux libres à l'intérieur des cellules en

brisant les liens moléculaires, pouvant ainsi causer des dommages irréversibles aux cellules.

Les rayonnements non ionisants ne produisent pas de tels effets(3).

8

FIGURE 1: Le spectre de fréquence électromagnétique

SPECTRE DE FRÉQUENCE ÉLECTROMAGNÉTIQUE

Lumière vltlble

Lignât haut*

tenalon Radio

AM TV Radar l Ultra-violet

Infrarouge Rayon» Gamma

10Hz 10

m 5 7 9

10 10 10

Rayons X

r r ~ n 11 13 15 17 19 21

10 10 10 10 10 10

4 0 '8 10 ' 12 1* 16 * 18 '20 22 100 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 Hz

I l t i t t Fréquence Fréquence Fréquence Mlcro-ondea extrêmement très trée ba l te bat te haute

Rayonnemente Ionisant»

Source: Adapté de Lee et al., 1989 (2)

Par contre, lors d'exposition à des rayonnements de haute fréquence, tels les micro-

ondes, l'énergie émise des champs électromagnétiques est absorbée rapidement par le tissu

biologique et peut ainsi produire de la chaleur. L'échauffement excessif des tissus peut

entraîner des effets néfastes sur la santé. Les champs de 60 Hz, tels que ceux retrouvés près

des lignes de transport d'électricité, ne permettent qu'un transfert minime d'énergie aux

objets conducteurs, comme le corps humain. Par exemple, à intensité équivalente, l'énergie

absorbée par une personne sera de plusieurs millions de fois inférieure lors d'une exposition

aux champs émis par une ligne à haute tension de 60 Hz comparativement à ceux émis par

un téléviseur^ (voir tableau 1). Lors de l'évaluation du risque, il faut donc distinguer entre

une exposition aux champs électromagnétiques à haute fréquence et ceux à basse fréquence.

Tableau 1 Le spectre électromagnétique de diverses sources de radiation: énergie, fréquence et longueur d'onde

Source de radiation Énergie Fréquence Longueur d'onde (eV) (Hz)

Rayons X 10 3 X 1015 10"5 cm Micro-ondes, téléviseur îo-4 3 X 1010 1 cm Lignes haute tension io-13 60 5 X 103 Km

adapté de Coleman'45

On peut retrouver dans différents circuits électroniques d'autres types d'ondes que

sinusoïdale. Par exemple, les terminaux écrans de visualisation, c'est-à-dire, les ordinateurs,

peuvent créer une vaste gamme de champs électrique et magnétique, tels que des champs

continus et des champs alternatifs de formes sinusoïdales et puisées répartis sur une large

plage de fréquences(5)(6). D'autres types d'appareils peuvent produire des ondulations

d'apparence pointue en dents de scie. Il existe également des ondes à modulation de

fréquence (MF) ou encore à modulation d'amplitude (MA). La figure 2 présente certaines

de ces formes d'ondulation. La caractérisation de ces différents types d'ondes est

10

FIGURE 2: Formes d'ondes électromagnétiques

(a)

(b)

(c)

Légende: (a) modulation d'amplitude (MA); (b) modulation de fréquence (MF);

(c) modulation puisée

Source: Yost, 1988(3)

11

importante, car certaines données suggèrent qu'elles pourraient interagir différemment avec

les composantes biologiques.

De plus, du fait que les champs de fréquence extrêmement basse ont des ondes très

longues, le champ électrique et le champ magnétique peuvent agir indépendamment l'un de

l'autre sur les organismes vivants07). Cette particularité fait qu'il est important déconsidérer

ces champs séparément lors de l'évaluation des risques pour la santé.

1.1.2 Le champ électrique

Le champ électrique est lié à la présence d'une distribution inégale des charges

électriques de polarités différentes. Il peut se définir comme étant l'ensemble des lignes de

force qui attirent ou repoussent les charges électriques. Dès qu'une ligne électrique ou un

appareil électrique est mis sous-tension, il se crée un champ électrique à proximité de ces

derniers. Pour les lignes de transport d'électricité, plus grande sera leur tension, plus élevée

sera l'intensité du champ électrique produit. Le champ électrique est une quantité

vectorielle définie par son intensité et son orientation, soit la composante horizontale et la

composante verticale du champ. Pour les lignes à haute tension et les lignes de distribution,

la composante horizontale est nulle au niveau du sol. Le champ électrique s'exprime alors

uniquement par la composante verticale. Pour des points situés au-dessus du sol, le champ

électrique est égal à la somme vectorielle des composantes verticale et horizontale®.

L'intensité de ce champ est principalement fonction de la tension et de la configuration de

la ligne ainsi que de l'espacement des conducteurs. L'intensité du champ électrique est

mesurée en volts par mètre (V/m). Le kV/m est l'unité utilisée lorsque l'on mesure des

forts niveaux de champs tels que ceux situés près des lignes à haute tension (1 kV =

1000 V).

Le champ électrique est perturbé par la présence d'objets conducteurs tels que la

végétation, les terrains irréguliers, les bâtiments(9)(10). Le corps humain étant également

conducteur, il se crée une distorsion du champ à la surface de celui-ci, principalement au

10 12

niveau de la tête(11). L'exposition au champ électrique sera donc fonction des mouvements

du corps ainsi que de la position de ce dernier (debout, assise). Elle dépendra également

de la présence dans l'environnement de tout autre objet conducteur. Kaune(12) a démontré

que pour une exposition à un champ électrique vertical sous une ligne à haute tension, la

concentration du champ sera plus élevée au-dessus de la tête d'une personne en position

debout qu'au-dessus du dos d'un animal quadripède (voir figure 3). En présence de sources

multiples, la situation peut être très différente.

Des expériences en laboratoire ont démontré que le champ électrique à la surface

de la tête d'un homme placé debout dans un champ de 10 kV/m atteindra environ

180 kV/m. Ce phénomène pourrait être à l'origine de la perception tactile de certaines

intensités de champ électrique^13).

1.1.3 Le champ magnétique

Le champ magnétique peut être défini comme étant l'ensemble des lignes de force

qui interagissent entre les courants électriques. Il est généré par le passage d'un courant

électrique. Il est principalement fonction de l'intensité du courant qui circule dans le fil

conducteur et de la distance du point de mesure à ce conducteur. Ainsi, une couverture

électrique branchée mais non en opération émettra uniquement un champ électrique. Lors

de sa mise en marche, il y aura production de champs électrique et magnétique.

Il existe différentes unités de mesure pour décrire le champ magnétique. L'unité

pour définir son intensité est l'ampère par mètre (A/m). Toutefois, le champ magnétique

s'exprime le plus souvent en termes de densité de flux magnétique où l'unité de mesure est

le Tesla (T) ou le Gauss (G), 1 G équivaut à 0,1 mT.

Contrairement au champ électrique, il ne se crée aucune distorsion du champ

magnétique à proximité des objects conducteurs. Le champ magnétique passe ainsi

librement, sans subir de perturbation, à travers diffrentes structures incluant les bâtiments

et le corps humain. Le champ électrique et le champ magnétique induisent des courants

électriques variables dans le corps humain. Le champ magnétique induit un courant

électrique qui se déplace dans un mouvement circulaire tandis que le champ électrique

induit des courants qui ressortent à travers la partie du corps qui sera en contact avec le sol.

FIGURE 3: Perturbation et concentration du champ électrique chez l'humain, le porc et

le rat. Estimation de la densité de courant induit.

180 kVfa

Homme, rat et porc (non à l'échelle) exposés à un champ électrique vertical de 10 kV/m

de 60 Hz. Le champ électrique est mesuré chez l'homme et le porc tandis qu'il est estimé

chez le rat.

Source: Kaune and Phillips, 1980(n)

14

1.2 ÉVALUATIONDE L'EXPOSITION

Les lignes à haute tension et les lignes de distribution, le câblage électrique et les

appareils électriques constituent quelques unes des sources de champs électrique et

magnétique. La population est donc continuellement exposée à différents niveaux de

champs électromagnétiques, que ce soit au travail, à l'école, à la maison ou durant les

loisirs. Le mécanisme d'interaction des champs électrique et magnétique avec les

organismes vivants n'étant pas identifié, il est nécessaire, lors de l'évaluation des risques

pour la santé, de considérer les diverses caractéristiques des champs électrique et

magnétique. Cette diversité des sources et des conditions d'exposition rend difficile les

études d'exposition. Comment peut-on mesurer de façon représentative l'exposition

présente et passée de la population? Quels sont les paramètres à considérer lors de la

réalisation de telles études? Deux méthodes ont été mises au point pour l'estimation de

l'exposition aux champs électrique et magnétique soit les mesures directes à l'aide

d'appareils de mesure et les mesures indirectes consistant à estimer l'exposition par d'autres

moyens. En effet, lors de situations simples, telles l'estimation des champs provenant d'une

ligne à haute tension traversant une terre cultivée, l'intensité des champs peut être estimée

de façon précise en considérant les composantes physiques et électriques de la ligne. De

tels calculs sont souvent réalisés lors de l'implantation de nouvelles lignes. Toutefois, lors

de situations plus complexes, telles la présence de plusieurs structures ou la non-uniformité

du territoire, il peut être plus facile d'évaluer les champs par la prise de mesures directes^.

Ces deux méthodes, que sont les mesures directes et indirectes, peuvent être utilisées

conjointement pour une estimation plus précise de l'exposition. La présente section identifie

les lacunes et les avantages associés à ces deux techniques d'évaluation.

1.2.1 Mesures directes

Afin de pallier au problème majeur de quantification de l'exposition aux champs

électromagnétiques lors de recherches épidémiologiques, plusieurs appareils portatifs de

mesure des champs électrique et magnétique ont été développés. Ces appareils permettent

15

de mesurer instantanément, de façon ponctuelle ou en continu, la présence et le niveau des

champs électrique et magnétique au lieu même de l'exposition. Que ce soit en milieu

résidentiel, au travail ou durant les loisirs, la prise de plusieurs mesures dans le temps

permet de suivre plus adéquatement le degré d'exposition des populations. On sait en effet

que les niveaux d'exposition peuvent varier d'un endroit à l'autre mais également d'un

moment à l'autre, d'où la nécessité d'effectuer un suivi de l'exposition dans le temps et

l'espace.

Comme on ne connaît pas quels paramètres doivent être mesurés pour évaluer le

risque pour la santé, ni quel est le mécanisme d'action des champs électromagnétiques, il

est important que ces appareils demeurent flexibles pour permettre l'analyse des différents

indices de l'exposition des populations. Ces indices peuvent être soit les types de champs,

la durée d'exposition (intermittente, continue), la fréquence d'exposition, l'intensité et les

axes des champs (x,y,z),les pics d'exposition (la durée d'exposition aux intensités maxima)

ou l'interférence électromagnétique comme les harmoniques de fréquence.* La prise en

compte de ces diverses composantes des champs électromagnétiques vise ainsi à permettre

une meilleure interprétation des résultats et une meilleure utilisation lors d'études

épidémiologiques ou d'évaluation de risque.

Toutefois, l'interprétation et l'analyse de ces données peuvent être fort complexes.

La multiplicité des paramètres à considérer, ainsi que l'existence possible d'interaction entre

certains de ces paramètres, exigent une analyse très approfondie des résultats. Cela

nécessite également l'utilisation d'une méthodologie très rigoureuse lors de l'évaluation de

l'exposition afin d'éviter autant que possible la présence de certains biais.

Une harmonique correspond à un facteur multiplicatif de la fréquence de base: la deuxième harmonique de la fréquence de 60 Hz = 120 Hz)

10 16

La localisation de l'appareil de mesure, lors de l'évaluation de l'exposition aux

champs du milieu ambiant est importante. Comme mentionné précédemment, la conduc-

tivité du corps humain a des conséquences importantes lors de la mesure du champ

électrique près du corps. Les lignes de champs étant déformées par. la présence de corps

conducteurs, cela peut compliquer la prise de mesures. Bien souvent, l'estimation du champ

électrique est réalisée en fonction d'un champ non perturbé, donc les mesures nécessaires

sont prises afin d'éviter la distorsion possible du champ électrique par l'opérateur de

l'appareil de mesure. Toutefois, depuis l'arrivée d'appareils de mesure portatifs, on mesure

l'exposition réelle des personnes en considérant la distorsion du champ électrique reliée à

la conduction de l'individu et autres objects conducteurs localisés à proximité. Ceci ne

s'applique pas au champ magnétique qui n'est pas dévié par la présence de corps

conducteurs.

En milieu résidentiel, il faut considérer plusieurs paramètres lors de l'échantillonnage

de la mesure de l'exposition du milieu ambiant. En effet, les composantes telles que le

niveau de tension des lignes de transport d'électricité situées à proximité des résidences, la

configuration du câblage, la localisation des retours à la terre, des réseaux d'aqueduc et

d'égout, du réseau de gaz, de rails de chemin de fer, de lignes de téléphone, l'utilisation

d'appareils électriques sont autant de facteurs qui peuvent faire varier les champs existants.

En milieu de travail, l'évaluation de l'exposition aux CEM peut être faite par la prise

de mesures directes au poste de travail. Ces mesures sont nécessaires pour l'évaluation

adéquate du niveau d'exposition du travailleur. Toutefois, l'utilisation par le travailleur d'un

moniteur portatif s'avère un instrument d'évaluation fort utile, lorsque l'on désire identifier

et localiser les sources d'expositions à l'extérieur du milieu de travail. Cette évaluation de

l'exposition est nécessaire afin d'éviter la présence de biais reliés aux sources externes.

Aux États-Unis, on retrouve principalement deux types de moniteurs soit le EFEM

(Electric Field Exposure Monitor) du Bonneville Power Administration qui mesure le

champ électrique et le EMDEX (Electric and Magnetic Field Digital Exposure) développé

par l'EPRI (Electric Power Research Institute) qui mesure les champs électrique et

magnétique. Ces appareils sont conçus pour mesurer les champs de 60 Hz. Ils ne

permettent pas la mesure des champs transients, c'est-à-dire les champs de plus hautes

fréquences (dans la bande des radiofréquences). La présence de tels champs peut être

reliée à l'utilisation de certains appareils électriques telles les perceuses électriques. Le

EMDEX est présentement utilisé dans le cadre d'une vaste étude d'évaluation des champs

électrique et magnétique en milieu professionnel et non professionnel, à laquelle plus de

cent compagnies participent^. Cet appareil portatif permet la mesure des champs selon

les différents axes d'orientation. L'EPRI a également développé le AMEX (Average

Magnetic Field Exposure) pour l'évaluation de l'exposition au champ magnétique.

Toutefois, cet appareil n'évalue le champ magnétique que sur un seul axe et ne fournit que

la mesure cumulative de l'exposition. D'autres pays tels que la Suède et l ' I talie^ ont

également développé leur propre moniteur portatif pour la mesure des champs électrique

et magnétique.

Au Québec, Hydro-Québec utilise présentement, dans le cadre d'une vaste étude

épidémiologique, un moniteur qui a été mis au point par l'Institut de Recherche d'Hydro-

Québec (IREQ). Cet appareil mesure les trois axes du champ magnétique (x,y,z),le champ

électrique perpendiculaire à la surface du corps ainsi que l'interférence électromagnétique

de haute fréquence (5 à 20 MHz)(19). Les données sont cumulées en continu à une

fréquence prédéterminée par l'opérateur et emmagasinées dans la mémoire du moniteur.

Cet appareil permet ainsi la mesure de l'étendue et de la variabilité des expositions aux

champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse.

Il existe également des unités mobiles de mesure plus volumineuses permettant la

caractérisation de l'environnement électromagnétique sans subir la perturbation des champs

reliée à la conduction du corps humain. Ces stations mobiles peuvent évaluer l'intensité des

champs pour différents territoires urbains, suburbains, industriels, ruraux, etc.

10

Afin de réaliser la saisie et le traitement des données recueillies par les moniteurs

portatifs, des ordinateurs ont été mis au point permettant l'interprétation et l'évaluation

continue de l'exposition des sujets. Leur utilisation est nécessaire, car ils rendent dis-

ponibles les données cumulées par les moniteurs et permettent. l'analyse statistique

approfondie de ces données en fonction des divers paramètres considérés.

1.2.2 Mesures indirectes en milieu résidentiel

Les mesures directes du champ magnétique sont fort complexes. En effet, les trois

vecteurs (x,y,z) peuvent varier indépendamment. De plus, bien que la prise de mesures

directes d'exposition à diverses fréquences ainsi qu'à divers moments de la journée ou de

la saison permette une estimation plus juste de l'exposition, elle ne représente pas

nécessairement le reflet de l'exposition historique des populations. En effet, les mesures

directes évaluent l'exposition aux champs au moment où la prise d'échantillonnage

s'effectue. La variabilité de l'intensité des champs dans le temps, rend difficile l'extra-

polation de ces mesures pour l'estimation de l'exposition antérieure. Pour pallier à ces

problèmes, divers modèles théoriques d'évaluation de l'exposition ont été mis au point et

utilisés dans plusieurs études épidémiologiques.

Les études de Wertheimer et Leepe r^ (21) démontrant une association possible entre

le champ magnétique et le risque de cancer ont accentué l'intérêt porté à l'évaluation

indirecte de l'exposition aux CEM. Toutefois, plusieurs facteurs doivent être considérés lors

de la mesure indirecte du champ magnétique en milieu résidentiel.

1.2.2.1 La codification Wertheimer - Leeper

Wertheimer et Leeper(20^ ont développé un modèle d'évaluation de l'exposition

résidentielle en se basant sur les diverses configurations du câblage. La procédure consiste

à comparer la configuration électrique, c'est-à-dire la caractérisation (niveau de tension, type

de ligne) et la localisation des câbles électriques ainsi que des transformateurs et d'en

19

vérifier leur proximité avec les résidences. Deux types de classification ont été définis lors

de la première étude soit:

"High-current configuration" (HCC) pour les. populations les plus

exposées, c'est-à-dire situées à proximité des sources importantes de

CEM

"Low-current configuration" (LCC) pour les populations les moins

exposées

Les habitations localisées en bout de réseau d'une ligne secondaire furent définies

comme étant le meilleur exemple d'une faible exposition (LCC) aux champs électromagnéti-

ques. Comme les habitations produisent un effet de bouclier au champ électrique, c'est-à-

dire que le champ électrique est arrêté par les murs des résidences, cette méthode

d'évaluation de l'exposition résidentielle n'est pas valide pour ce type de champ.

Lors d'une étude subséquente, Wertheimer et Leeper*^ ont redéfini leur codification

en cinq classes majeures permettant ainsi une distinction plus précise de la configuration du

câblage à proximité des habitations. Des mesures directes ont permis de valider leur

méthode d'estimation. Cette codification a permis de définir quatre catégories de con-

figuration des câblages, soit:

"Very high current configurations" (VHCC)

"Ordinary high current configurations" (OHCC)

"Ordinary low current configurations" (OLCC)

"The end-pole situation" ou "Very low current configuration (VLCC)

Cette classification correspond à un gradient théorique d'exposition au champ

magnétique. Elle permet de réaliser de meilleures comparaisons entre les divers groupes

exposés.

10

Wertheimer et Leeper ont préféré utiliser la configuration du câblage plutôt que des

mesures directes du champ magnétique lors de leurs études épidémiologiques pour trois

raisons principales^ :

1° La difficulté d'accès aux habitations considérées dans l'étude.

2° La variabilité dans le temps du champ, rendant imprécise la prise en compte

de seulement quelques mesures ponctuelles, spécialement lorsqu'on s'intéresse

à l'exposition antérieure.

3° Le fait, d'après les auteurs, qu'une exposition continue au champ magnétique

même à de faibles niveaux aurait plus d'effets qu'une forte mais courte

exposition.

Wertheimer et Leeper indiquent donc que la configuration du câblage donne un

meilleur indice de l'exposition continue ainsi que de l'intensité du champ magnétique

comparativement à la prise de mesures directes en milieu résidentiel. Ils indiquent

néanmoins que la prise de mesures demeure intéressante.

L'utilisation de la configuration du câblage pour l'estimation de l'exposition des

populations a été critiquée par plusieurs auteurs. Miller(22) met en doute la validité de la

méthode utilisée car elle ne considère pas la présence des sources d'exposition à l'intérieur

des résidences. Fulton(23) soulève l'hypothèse que la relation possible entre le champ

magnétique et la survenue de cancer observée par Wertheimer et Leeper pourrait être

expliquée par la situation géographique du territoire à l'étude. Keam(24) quant à lui

considère que la configuration du câblage est une méthode imprécise de l'évaluation de

l'exposition. Cet auteur donne présentement plus de crédibilité aux études utilisant des

mesures directes d'exposition. Il s'appuie sur les études de Savitz(25) et Kaune(26) qui n'ont

démontré qu'une faible relation entre la configuration du câblage et le champ magnétique

mesuré aux résidences. De plus, il indique qu'il n'a jamais été démontré que la

configuration du câblage soit une méthode d'évaluation du champ magnétique plus précise

que les mesures directes.

21

Kaune et coll.(26) ont en effet réalisé une série de mesures sur une période de 24

heures pour 43 habitations dans l'état de Washington afin de vérifier la validité de la

méthode proposée par Wertheimer et Leeper. Ils ont observé une relation significative

entre le champ magnétique mesuré à l'intérieur des habitations (moyenne sur 24 heures)

et la codification du câblage utilisée par Wertheimer et Leeper. Le nombre de résidences

échantillonnées demeure toutefois relativement peu élevé. Kaune et coll.(26) indiquent que

des recherches additionnelles sont nécessaires pour connaître de façon plus précise les

sources d'exposition à l'intérieur des habitations telles que les retours à la terre qui

semblent être une importante source d'exposition au champ magnétique.

Savitz(27) a utilisé dans le cadre d'une étude épidémiologique sur le cancer chez

l'enfant, la méthode de Wertheimer et Leeper en y ajoutant des mesures directes des

champs électrique et magnétique des habitations à l'étude. Près de 434 mesures ont été

réalisées. Cette étude a confirmé qu'il existe une relation entre la configuration du câblage

électrique et la mesure des champs près des habitations. Les mesures réalisées par Savitz

ont démontré que les résidences classées selon la codification Wertheimer dans la catégorie

VHCC ("VeryHigh Current Configuration") ont en moyenne un champ magnétique de 2,92

mG (lors des périodes de forte utilisation de l'électricité) comparativement aux populations

moins exposées (VLCC: Very low current configurations)) à 0,77 mG. Cette relation est

moins forte lors des périodes de faible utilisation de l'électricité soit une moyenne de

2.12 mG pour la catégorie VHCC et elle chute à 0.53 mG pour la catégorie VLCC. Savitz

constate qu'il n'existe aucune relation significative entre la configuration de câblage et le

champ électrique à l'intérieur des maisons. Malgré tout, il précise que la présence de biais

dans cette méthode d'évaluation de l'exposition est toujours possible. Le besoin d'une

méthode fiable de l'évaluation de l'exposition historique est apparent. En effet, toujours

selon Savitz^, il n'est pas certain que la méthode de configuration du câblage ou les

présentes mesures directes d'exposition permettent une évaluation réelle de l'exposition

historique des populations. Des techniques éprouvées telles que le raffinement de la

méthode de la configuration du câblage permettront d'assurer une meilleure qualité des

recherches et une interprétation des résultats plus précise.

10 1.2.2.2 Autres méthodes d'évaluation de l'exposition

Il existe certaines autres méthodes alternatives de mesure de l'exposition au champ

magnétique en milieu résidentiel. Nous pouvons citer la méthode proposée par Barrow et

coll. d'Ontario Hydro lors du "Annuel review of research on biological effects of 50 et 60

Hz electric and magnetic field" en Oregon à l'automne 1989^ . Ces derniers proposent

comme méthode d'évaluation de l'exposition résidentielle: la considération du câblage à

l'intérieur de l'habitation, du système de mise à la terre ainsi que l'estimation du champ

extérieur ambiant par la prise d'une mesure directe à l'extérieur ou à l'intérieur de la

maison à un coin précis du bâtiment. Cette méthode, selon les auteurs, pourrait faire le lien

entre la méthode théorique proposée par Wertheimer et les mesures détaillées d'un bout

à l'autre, de la maison. Cette méthode pourrait également servir d'alternative pratique aux

évaluations réalisées par les moniteurs personnels. La validation de leur méthodologie a

permis d'observer qu'en milieu résidentiel, le système de mise à la terre connecté au réseau

d'aqueduc et d'égout municipal peut représenter une source significative d'exposition au

champ magnétique.

D'autres méthodologies ont également été proposées pour évaluer l'exposition

résidentielle des populations telles que celles proposées par Dlugosz et coll. ^ intégrant

la prise de mesures directes et une classification simple de la configuration des câblages.

En conclusion, la prise de mdsures directes demeure essentielle à la validation de ces

méthodes théoriques proposées ainsi que pour connaître le niveau de précision de chacune

d'elles.

1.2.3 Mesures indirectes en milieu de travail

Plusieurs études ont tenté d'établir une relation entre une exposition aux champs

électromagnétiques en milieu de travail et les effets sur la santé. Jusqu'à tout récemment,

l'évaluation de l'exposition des travailleurs n'était estimée que très superficiellement. En

23

effet, l'exposition n'était réalisée qu'en fonction de la description du poste de travail du

personnel et n'était appuyée que rarement par des mesures directes.

Bien qu'il soit raisonnable d'assumer qu'en moyenne les personnes les plus exposées

seront les travailleurs de l'électricité^, l'utilisation de divers appareils électriques peut

également être des sources importantes de CEM. En effet, Bowan(32) a mesuré l'exposition

aux CEM dans 22 environnements de travail reliés au domaine de l'électricité. L'étude

démontre que les fortes expositions aux champs ne sont pas uniquement limitées aux postes

de travail étant classés comme travailleurs de l'électricité. En effet, l'exposition aux champs

peut être plus élevée à proximité de certains appareils électriques tels que les chariots

élévateurs, poste de travail qui n'est pas catégorisé comme travailleur de l'électricité. Il y

a donc besoin d'une meilleure caractérisation, et du champ électrique et du champ

magnétique, pour connaître quels sont les postes et types de travail les plus hautement

exposés à ces champs. Également, tant que le mécanisme d'action des champs

électromagnétiques sera inconnu, il sera opportun, pour une meilleure caractérisation de

l'exposition, d'élargir le spectre de mesure des fréquences des champs, d'effectuer la mesure

des pics d'exposition, d'évaluer les moyennes d'exposition, en fait analyser les divers

paramètres descriptifs des CEM.

Tout comme pour l'évaluation de l'exposition en milieu résidentiel, il est difficile de

mesurer avec exactitude l'exposition aux champs électromagnétiques pour bon nombre de

travailleurs. Les caractéristiques du poste de travail, la proximité de l'opérateur des sources

d'exposition, la durée et la fréquence d'exposition, la diversité des sources de champs

électrique et magnétique, la mobilité du travailleur sont autant de paramètres à considérer.

L'utilisation d'une matrice d'exposition qui tienne compte des différents postes de travail

utilisés par un travailleur peut servir de précieux indicateurs de l'exposition historique des

travailleurs. Le succès de cette méthode sera fonction de la précision portée à la définition

de chaque poste de travail ainsi que de la prise de mesures directes des divers paramètres

d'exposition des CEM. L'uniformisation à l'échelle internationnale de la classification des

divers postes de travail sera importante afin de permettre une meilleure comparaison des

10 diverses études réalisées dans chaque pays. Il faut se rappeler aussi l'importance de

l'estimation de l'exposition des travailleurs en dehors de leur milieu de travail afin de

considérer l'exposition totale aux CEM.

Bracken et coll.(32)ont réalisé aux États-Unis une vaste étude concernant l'évaluation

de l'exposition en milieu professionnel et non professionnel. A l'aide du moniteur EMDEX,

plus de 57 sites différents ont été évalués. Les données cumulées représentent

approximativement 47 000 heures de données d'exposition dont 71 % en milieu de travail

et 29 % en milieu non professionnel. Ces informations recueillies seront des outils utiles

pour identifier plus adéquatement les travailleurs ainsi que les endroits les plus fortement

exposés aux champs électromagnétiques.

1.3 SOURCES ET NIVEAUX D'EXPOSITION

1.3.1 Exposition en milieu résidentiel

Les populations sont continuellement exposées à des degrés divers, à des champs

électrique et magnétique, soit d'origine naturelle ou de source humaine. La figure 4

présente le portrait général de l'exposition des populations dans divers milieux et pour

diverses sources d'exposition^.

1.3.1.1 Les champs d'origine naturelle

L'intensité des champs d'origine naturelle sera fonction de la position géographique

du territoire mais également des conditions atmosphériques. Les champs électrique et

magnétique terrestres, c'est-à-dire d'origine naturelle, sont principalement statiques. Le

champ électrique près de la surface de la terre est un champ statique d'environ 130 V/m(34).

25

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26

Le champ magnétique terrestre est environ de 50 /xT (500 m G ) ^ . Dans la bande des 50

et 60 Hz, ces champs naturels sont d'intensité infime. Le champ magnétique terrestre se

situe approximativement à 10"12 m T (10'n mG) tandis que le champ électrique naturel quant

à lui se situe à 0,001 V/m. Ces niveaux sont nettement inférieurs à ceux que l'on peut

retrouver près des appareils électriques ou près des lignes à haute tension.

1.3.1.2 Les appareils électriques domestiques

Les appareils électriques domestiques sont également sources de champs électrique

et magnétique. Le tableau 2 présente la distribution de ces champs dans la bande de

fréquence de 60 Hz retrouvés à proximité de certains de ces appareils (3) (36"39). Il faut

rappeler que les niveaux de champs diminuent rapidement avec la distance. Les champs

magnétiques plus intenses sont observés près des séchoirs à cheveux (0,01 - 7,0 /xT) et des

aspirateurs électriques (2,0à 20,0/xT). À l 'exception des couvertures électriques, les champs

électriques sont plus élevés près des fers à repasser (60 V/m) et des réfrigérateurs (60

V/m). D'autres types d'appareils électriques domestiques peuvent aussi produire des CEM

d'intensité élevée.

Les couvertures électriques représentent une exposition particulière aux champs

électromagnétiques. Les niveaux des champs sont considérables et la durée d'exposition est

assez longue. De plus, les personnes exposées sont à proximité de la source d'émissions. La

moyenne du champ magnétique serait d'environ 1,5 (15mG)^. Preston-Martin etcoll.(40)

indiquent quant à eux que le champ magnétique d'une couverture électrique est d'environ

2,4 mT (24 mG). Wilson et Anderson^ ont observé que les composantes de la couverture

électrique peuvent être responsables de variations importantes du champ magnétique. En

effet, les composés de polymères qui constituent le câblage de certains types de couvertures

peuvent augmenter jusqu'à 50 % le champ magnétique comparativement aux couvertures

électriques de type conventionnel. Le champ électrique créé par une couverture électrique

varie d'environ 0,2 à 2 kV/m(39).

27

TABLEAU 2 Champs électrique et magnétique de divers appareils électriques

Appareils électriques Champ électrique Champ magnétique

à 30 cm de la source à 30 cm de la source

(V/m) HT mG

Grille-pain 40 0,06- 0,7 0,6- 7,0 Fer à repasser 60 0,10- 0,4 1,0- 4,0 Séchoir à cheveux 40 0,01- 7,0 0,1- 70,0 Réfrigérateur 60 0,01- 0,3 0,1- 3,0 Télévision couleur 30 0,03- 2,0 0,3- 20,0 Aspirateur 16 2 ,00-20 ,0 20,0 - 200,0 Couvertures électriques 200 - 2000 « 1 , 5 « 15,0

Source: Lee et al, 1989P); Stuchly, 1986(3é); Caola et al, 1983(37); Gauger, 1985e*0; Santé et Bien-Être social Canada, 1989(39)

Gauged38) a mesuré les champs magnétiques émis par plus d'une centaine d'appareils

électriques domestiques. L'étude démontre qu'en général, à une distance de 0,3 mètre, le

champ magnétique maximum mesuré varie de 0,03 à 27 /iT (0,3 mG à 270 mG) où 95 %

des mesures sont inférieures à 10 fiT (100 mG). Selon cette étude, le niveau de fond du

champ magnétique à l'intérieur des maisons se situe entre 0,05 et 0,1 /xT (0,5 et 1,0 mG)

ce qui correspond globalement à ce qui a été observé par Wertheimer et Leeper(20) ainsi

que par Bowman^. Le champ magnétique mesuré à plus de 1,5 mètres pour 95 % des

appareils électriques est inférieur à 0,1/xT (1,0 mG). La moyenne du champ électrique à

l'intérieur des résidences varie entre 2 et 40 V/m avec des niveaux variant entre 2 et 250

V/m près des appareils électriques*-19).

1.3.1.3 Les lignes à haute tension et de distribution.

L'intensité des champs à proximité des lignes de transport d'électricité est fonction

du niveau de tension de la ligne. Plus la tension est élevée, plus l'intensité des champs est

importante. Les valeurs maximales représentatives du champ électrique près des lignes à

haute tension au Québec sont:

28

Tension de la ligne Champ électrique maximal au sol

kV kV/m

120 2 à 3

161 2 à 5

230 4 à 5

315 7 à 10

735 8 à 10

Source: Maruvada et al., 1983C42)

On observe que l'exposition maximale pour le champ électrique est d'environ 10

kV/m pour une ligne de 735 kV et se situe approximativement à 20 mètres du centre de la

ligne. La population n'est pas exposée à de tels niveaux. En effet, l'exposition diminue

rapidement avec la distance pour se retrouver à des niveaux d'environ 2 kV/m en bordure

d'emprise. Le niveau maximal de champ magnétique près d'une ligne à haute tension de

735 kV est évalué à 60 mT (600 mG)(43).

L'intensité de ces champs diminue rapidement avec la distance. On observe en effet

à la figure 5, que le champ électrique pour une ligne de 500 kV (ligne de transmission aux

États-Unis) passe de 7 kV/m à 1 kV/m lorsqu'on s'éloigne de 100 pieds de la ligne. Le

champ magnétique moyen quant à lui passe de 7 à 1,2 jiiT (70 à 12 mG) à 100 pieds de la

ligne et se trouve à environ 0,1 mT (1 mG) à 300 pieds de la ligne soit environ le niveau de

fond du champ magnétique à l'intérieur des résidences.

29

FIGURE 5: Champs électrique et magnétique typiques à proximité d'une ligne de

transmission de 500 kV (ligne du Bonneville Power Administration, États-

Unis)

n ' °yen 70 25 12 3

maximum 140 50 25 7

Source: Lee et al, 1989(2)

30

Caola et al.(37) ont observé que les murs des résidences produisent un effet de

bouclier contre le champ électrique et que le câblage électrique à l'intérieur de la maison

était responsable en majeure partie de la présence du champ électrique à l'intérieur de la

maison. Toutefois, le champ magnétique passant librement à travers les habitations, les

lignes de transport de l'électricité peuvent représenter la principale source d'exposition chez

certaines personnes. À ce titre, il est important de noter que le champ magnétique près des

lignes de distribution peut être responsable d'une exposition comparable et même plus

élevée que celle observée près de certaines lignes de transmission^11).

L'Institut de Recherche d'Hydro-Québec (IREQ) a réalisé en 1986 une caractérisa-

tion des champs électrique et magnétique produits par les lignes de distribution en milieux

urbain et rural à l'aide d'une station mobile(43)(44\ La valeur médiane (L-50 %) pour le

champ électrique se situe à 31,6 V/m avec une valeur supérieure (L-l %) à 248 V/m. La

valeur médiane du champ magnétique (L-50 %) est de 0.16 nT (1.6 mG) avec un niveau

plus élevé (L-l %) se situant à 1,082/xT (10,82 mG). Les réseaux de distribution peuvent

donc être responsables d'une exposition non négligeable de la population. Il faut noter

également que le retour, à la terre des résidences, branché généralement sur le réseau

d'aqueduc, peut contribuer substantiellement à la production de champ magnétique à

l'intérieur des résidences*-45 .

1.3.2 Exposition en milieu de travail

En milieu de travail, les expositions aux champs électrique et magnétique peuvent

atteindre des intensités nettement supérieures à celles rencontrées dans les résidences^.

À titre d'exemple, le chauffage par induction produit un niveau élevé d'exposition au champ

magnétique pouvant varier de 1 à 130 mT (10 à 1300 G).

31

Bowman et coll.(31) ont réalisé l'évaluation des CEM de 114 sites en milieu de travail

pour 22 postes de travail différents. Ils ont observé que les travailleurs les plus exposés aux

champs électrique et magnétique sont principalement les travailleurs sur les lignes

électriques (3,2 - 9,1 /xT, 0,5 - 206 V/m), les opérateurs de stations électriques (0,01 -

11,8 /iT, 0 - 621 V/m) ainsi que les réparateurs de téléviseurs (0,1 - 2,6/xT, 4 - 1 1 0 V/m).

Ils observent toutefois une grande variabilité des résultats dans le temps et entre les

travailleurs, d'où la nécessité de poursuivre l'évaluation de l'exposition en milieu de travail.

Le "Bonneville Power Administration" (BPA) a réalisé en 1979^ une importante

étude visant à évaluer l'exposition au champ électrique de 241 travailleurs de l'électricité

pour une période répartie sur 18 mois. Le moniteur portatif EFEM a été utilisé pour la

mesure de l'exposition. On a observé une exposition au champ électrique plus élevée chez

les travailleurs de postes de 500 kV comparativement à celle mesurée près des postes de

230 kV. On a également observé que pour la plupart des travailleurs, l'exposition au champ

électrique supérieur à 4 kV/m n'est présente que quelques minutes par jour.

Au Japon, Hayashi(48) a observé que près des postes de transformation, le niveau de

champ magnétique est supérieur à celui rencontré généralement dans les résidences. Il a

également observé une plus grande proportion de distorsion des harmoniques de fréquences

dans ces postes de transformation comparativement à l'exposition résidentielle.

Au Québec, Deadman(19) a évalué en 1988 l'exposition de quelques travailleurs de

Hydro-Québec. Le résumé de ces mesures est présenté ci-dessous:

14

Moyenne géométrique d'une semaine d'exposition aux champs électrique et magnétique pour des travailleurs d'électricité vs un groupe témoin

Groupe exposé Groupe témoin 20 personnes 16 personnes (mg) (IC= 95%) (mg) (IC= 95%)

CE Au travail 48,3 (21,9 - 104,7) 4,9 ( 3,6- 6,6) (V/m) Loisirs 10,8 (8,5 - 13,6) 10,5 ( 7,2- 15,3)

Nuit 10,6 (6,9 - 14,5) 19,0(10,5- 34,7)

CM Au travail 1,66(1,12 - 2,47) 0,16(0,13- 0,21) (/xT) Loisirs 0,31 (0,22 - 0,45) 0,19 (0,15- 0,24)

Nuit 0,16(0,10 - 0,26) 0,14 (0,09- 0,21)

mg= moyenne géométrique IC= intervalle de confiance Sources Deadman, 1988(w)

Bien que les résultats de cette étude soient préliminaires et que l'évaluation de

l'exposition n'ait été faite que sur un faible échantillon, l'on peut observer que les

travailleurs, en période de travail, ont des expositions environ 10 fois plus élevées que le

groupe témoin. Deadman a également observé lorsqu'on compare les niveaux moyens

d'exposition pour une période d'une semaine, que le ratio entre le groupe exposé et le

groupe non exposé est ramené à un facteur de 1,7 pour le champ électrique et de 3,5 pour

le champ magnétique.

33

1.4 CONCLUSION

La population s'interroge de plus en plus sur les effets possibles sur la santé associés

à l'exposition aux champs électromagnétiques émis par les lignes à haute tension. Il est

toutefois important de noter que les lignes à haute tension ne sont pas les seules sources de

CEM. En effet, aussitôt qu'un appareil électrique est mis sous tension, il émet des CEM.

Ainsi certains appareils, tels que les couvertures électriques chauffantes, peuvent émettre

des CEM considérables et même supérieurs à ceux observés près des lignes à haute tension.

Les transformateurs et les lignes de distribution sont également des sources de champs

électrique et magnétique. La localisation de la mise à la terre au réseau d'aqueduc peut

aussi être responsable de niveaux de champ magnétique non négligeables dans les

résidences. Enfin, certains milieux de travail peuvent exposer des travailleurs à des niveaux

supérieurs à ce qu'on retrouve en milieu résidentiel. Généralement, les travailleurs de

l'électricité représentent le groupe le plus exposé aux champs électrique et magnétique.

Cette diversité des sources rend difficile la caractérisation de l'exposition des

populations. En effet, l'intensité des champs, les diverses plages de fréquence et les formes

d'ondes émises par ces divers appareils et équipements électriques diffèrent l'un de l'autre.

De plus, comme le mécanisme d'action des CEM de fréquence extrêmement basse n'est pas

connu, l'évaluation de l'exposition nécessite la considération la plus complète des divers

paramètres physiques des champs. Les CEM étant très variables dans le temps et

également variables en fonction de la localisation, la prise de mesures directes d'exposition

est souvent insuffisante pour évaluer adéquatement l'exposition antérieure. Pour pallier à

ce problème, diverses méthodes théoriques d'évaluation de l'exposition, telles que la

codification Wertheimer et Leeper ont été mises au point. Ces méthodes nécessitent

toutefois le support de mesures directes pour être validées.

En milieu de travail, la description du poste de travail a été principalement utilisée

au cours des dernières années pour l'estimation de l'exposition des travailleurs. Cette

méthode demeurait toutefois imprécise. Plusieurs études récentes ou présentement en cours

10 34

permettront une meilleure caractérisation des postes de travail les plus exposés aux CEM.

À ce titre, des moniteurs portatifs sont utilisés afin de suivre le profil de l'exposition du

travailleur dans le temps et en fonction de la localisation de celui-ci.

Bien que plusieurs progrès aient été réalisés, au cours des dernières années, dans le

domaine de l'évaluation de l'exposition, il reste encore plusieurs domaines d'incertitude.

Il sera important de préciser quels types de mesures, c'est-à-dire quels sont les paramètres

nécessaires à considérer pour l'estimation du risque pour la santé des populations. Cette

connaissance sera importante dans le cadre de l'interprétation des résultats des études en

laboratoire (chez la cellule et l'animal) mais également dans le cadre des études

épidémiologiques. Il sera également nécessaire de préciser les méthodes d'évaluation de

l'exposition en milieu résidentiel et professionnel afin de connaître l'exposition réelle de ces

populations particulièrement en ce qui concerne l'exposition historique.

BIBLIOGRAPHIE

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48. Hayashi, N.,Isaka, K. and Yokoi, Y. ELF Electromagnetic Environment in Power Substations. Bioelectromagnetics. vol. (10), p. 51-64,1989.

40

CHAPITRE n

LES EFFETS BIOLOGIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES:

RÉSULTATS DES ÉTUDES EXPÉRIMENTALES

TABLE DES MATIÈRES

Pages

2.0 INTRODUCTION 45

2.1 INTERACTION AVEC LES TISSUS 46

2.1.1 Champs et courants induits 46

2.1.2 Effets sur la cellule 48

2.2 EFFETS SUR LES SYSTÈMES BIOLOGIQUES . 53

2.2.1 Système neuroendocrinien 53

2.2.1.1 Rythme circadien 53

2.2.1.2 Glande pinéale et mélatonine 55

2.2.2 Système nerveux 57

2.2.3 Système cardiovasculaire 61

2.2.4 Système immunitaire 63

2.2.5 Système reproducteur 64

2.2.6 CEM et cancer 66

2.3 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS SUR LES EFFETS BIOLOGIQUES 68

2.3.1 Cellule 68

2.3.2 Système neuroendocrinien 68

2.3.3 Système nerveux 69

2.3.4 Système cardiovasculaire 69

2.3.5 Système immunitaire 70

2.3.6 Système reproducteur 70

2.3.7 Cancer 70

2.4 DISCUSSION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 71

2.4.1 Qualité scientifique des études de laboratoire 71

2.4.2 Extrapolation de l'animal à l'homme 72

2.4.3 Signification clinique chez l'homme 74

2.4.3.1 Effets aigus ou subaigus 74

2.4.3.2 Effets chroniques 7 7

2.5 CONCLUSION 7 9

BIBLIOGRAPHIE 81

2.0 INTRODUCTION

L'exposition des populations humaines aux champs électromagnétiques (CEM)

soulève plusieurs questions en regard avec d'éventuels effets sur la santé. Plusieurs études

épidémiologiques ont déjà été réalisées ou sont actuellement en cours. Certaines hypothèses

ressortent de façon particulière. Soulignons notamment les questions du cancer, de la

reproduction et aussi de certains problèmes de santé mentale comme la dépression et le

suicide. Toutefois, pour mieux interpréter les résultats de ces études épidémiologiques,

l'évaluation de la plausibilité biologique de tels effets est importante. Est-ce que des effets

similaires ou encore des effets connexes ont été démontrés chez d'autres organismes vivants?

En laboratoire, a-t-on démontré sur la cellule ou chez l'animal des modifications

susceptibles d'expliquer les effets suspectés chez l'humain?

Dans le présent chapitre, nous ferons le point sur les connaissances scientifiques

actuelles concernant les effets biologiques des CEM à partir des études expérimentales.

Jusqu'à maintenant plusieurs centaines d'études ont été réalisées sur ce sujet. Ces études

réalisées en laboratoire appartiennent à trois grandes catégories: les études in vitro (sur la

cellule), les études in vivo (chez l'animal) et les études chez l'homme (chez les volontaires).

Bien entendu, dans le cadre de nos travaux, il n'a pas été possible de faire une révision

exhaustive de toutes les études. Nous avons cependant étudié de façon approfondie les

ouvrages synthèses les plus importants qui ont été réalisés récemment par divers groupes

d'experts (annexe 1). De plus, nous avons révisé plusieurs dizaines d'études expérimentales

plus récentes ou encore très importantes en termes d'impact scientifique. Ces articles

originaux sont cités en référence. Il est à noter que bien que nous nous intéressions

particulièrement aux effets d'une exposition à des champs de 50-60 Hz, nous allons aussi

rapporter les résultats observés à des fréquences légèrement inférieures ou supérieures,

c'est-à-dire, entre 1 et 300 Hz. Ces fréquences sont aussi rencontrées dans l'environnement

permettent de placer dans une juste perspective l'exposition à des champs de 50-60 Hz.

Nous allons d'abord décrire brièvement les mécanismes d'interaction du champs

électromagnétique avec les tissus biologiques, c'est-à-dire, les courants induits et les effets

45

cellulaires. Par la suite, nous identifierons les principaux effets des CEM documentés sur

les divers systèmes biologiques, c'est-à-dire, les systèmes neuroendocrinien, nerveux,

cardiovasculaire, immunitaire et reproducteur. Puis, nous présenterons les résultats des

études expérimentales en rapport avec le cancer. Après avoir résumé ces principaux

résultats, nous en discuterons et en interpréterons la portée. En terminant, nous tirerons

certaines conclusions concernant les pistes de recherche les plus pertinentes et les plus

prometteuses.

2.1 INTERACTION AVEC LES TISSUS

Le corps humain est un objet conducteur. Plongé dans un champ électromagnétique,

deux types de réactions sont observables au niveau biologique, les unes à un niveau

macroscopique, les courants induits, les autres à un niveau microscopique, les modifications

cellulaires.

2.1.1 Champs et courants induits

Les champs ambiants induisent au niveau du corps humain des champs et des

courants électrique et magnétique (Figure 1). Ceux-ci varient en fonction de la fréquence

et de l'intensité des champs extérieurs ainsi que de la forme et de l'orientation du corps.

Ils varient aussi en fonction des organes et des tissus puisque ceux-ci n'ont pas la même

conductivité. Ici nous nous intéressons principalement aux champs de fréquence

extrêmement basse de 50-60 hertz.

Dans le cas des champs électriques, par exemple, un champ extérieur de 1 kV/m

induit au niveau du corps humain un champ de 0.1 à 100 mV/m. Le courant induit sera

d'environ 0.016 mA. Il est à noter que ces niveaux sont inférieurs à ceux que l'on retrouve

normalement au niveau du corps humain. En effet, l'intensité du courant électrique

physiologique qui déclenche un influx nerveux est de 0.1 à 1.0mA/cm2. Au niveau cérébral,

le potentiel mesuré par l'électroencéphalogramme est de 0.1 à 2 V/m. Au repos, la

46

FIGURE 1

Champ électrique Champ magnétique

Courants induits dans le corps humain en présence d'un champ électrique

et magnétique ambiant Exemple d'un individu se tenant au dessous d'une

ligne de transmission d'électricité.

(Source: Bonneville Power Administration, 1989)

14

différence de potentiel au niveau de la membrane cellulaire est très élevée, c'est-à-dire,

105 V/cm; au niveau du synapse, elle est de 103 V/cm.

À des niveaux de champs relativement faibles de quelques kV/m, un certain nombre

de personnes exposées pourront ressentir les vibrations des poils de la partie supérieure du

corps. En présence d'un champ électrique, une personne exposée peut aussi ressentir un

choc au contact d'un objet métallique à cause d'un courant induit, le seuil de perception se

trouvant à environ 1.0 mA. Lorsque le courant induit est plus élevé et dépasse 6 à 9 mA

chez l'adulte et 5 mA chez l'enfant, une proportion significative de personnes exposées ne

pourront contrôler les contractions musculaires involontaires des membres et "lâcher prise".

Ces niveaux d'intensité serviront donc de critères de sécurité pour l'édiction des normes

d'exposition.

Alors que le champ électrique est modifié fortement dans sa direction et dans son

intensité par le corps humain, le champ magnétique traverse facilement le corps et reste

inchangé. Cependant, le champ magnétique peut aussi induire des courants électriques de

très faible intensité à l'intérieur des tissus, de beaucoup inférieurs aux niveaux des courants

"physiologiques".

2.1.2 Effets sur la cellule

Pour une bonne compréhension des effets biologiques des CEM, il est indispensable

de rappeler certaines notions fondamentales sur la structure et le fonctionnement cellulaires.

Une excellente revue de Adey a été publiée récemment sur ce sujet(1). La membrane

cellulaire qui est constituée d'une double couche de phospholipides, sert en quelque sorte

d'isolant entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule et joue un rôle fondamental dans les

interactions de celle-ci avec l'environnement extérieur. De longues protéines

intramembranaires (PIM) traversent la membrane de part en part (Figure 2). Celles-ci

constituent un réseau enchevêtré comportant de multiples terminaisons dans l'espace

extracellulaire. Ces terminaisons sont constituées de glycoprotéines servant de sites

10 récepteurs à des hormones, des neurotransmetteurs et des anticorps. L'activation des sites

récepteurs génère un signal électrochimique dirigé vers l'intérieur de la cellule. Le signal

transmembranaire comprend trois (3) phases: la liaison de molécules aux glycoprotéines,

l'amplification du signal et l'activation des enzymes intracellulaires.

FIGURE 2

phosphorylation des protéines

Représentation des Interactions au niveau de la membrane cellulaire exposée & des champs magnétiques externes. Définition des trots phases:

phase 1 - liaison du Ca" phase 2 - transmission du signal par la protéine intramembrariaire phase 3 - modification des enzymes cytop las nuques .

(Source: Adaptation de W. Ross Adey, Chapitre 10, Extremley Low Frequency Electromagnetic Gelds, Battelle Press, WO).

49

Dans le cadre de ce processus, les ions calcium sont des messagers indispensables

pour transmettre le signal à l'intérieur de la cellule. Ils sont responsables de réactions

cellulaires transitoires aussi bien que de réactions prolongées^. Ils se lient très fortement

aux glycoprotéines extérieures. La concentration d'ions calcium dans le liquide

intracellulaire est 10 000 fois inférieure à celle du liquide extracellulaire. Ce gradient est

maintenu constant par de multiples "pompes" membranaires. La cellule est donc très

sensible à des modifications, même mineures, de la concentration en calcium. Selon Adey,

le passage d'un courant électrique physiologique ou encore induit artificiellement par les

CEM provoque une modification très importante de la saturation des sites récepteurs en

ions calcium. Cette mobilisation du calcium sur les sites suit la direction du courant et se

reflète à l'intérieur par l'activation d'une enzyme, la protéine-kinase. Un mouvement

d'amplification accompagne ce phénomène. Cet effet sur la liaison du calcium varie en

fonction de la fréquence et aussi de l'intensité du CEM. Cet effet a été observé à 16 Hz

et à quelques niveaux spécifiques d'intensité(3,4). Les chercheurs ont démontré l'existence

de fenêtres de fréquence et d'intensité ("frequency and intensity windows") auxquelles des

effets sont spécifiquement observables au niveau de la cellule, que ce soit une augmentation

de 1'efflux de calcium ou de l'activité enzymatique. Selon la théorie actuelle, l'exposition

de la cellule aux CEM provoquerait les effets suivants: modification électrochimique de

surface, réaction transmembranaire, amplification du signal, modification cytoplasmique et

modification de la synthèse des protéines (Figure 3).

En recherche fondamentale, les travaux de Goodman et de Blank, de l'Université

Columbia, ont mis en évidence des effets des CEM au niveau cellulaire(5,6). Tout d'abord,

ces chercheurs ont démontré que l'exposition à des champs électromagnétiques de 72 Hz,

qu'ils soient asymétriques, puisés ou sinusoïdaux, provoquait une augmentation de la

transcription de l'acide ribonucléique (ARN) au niveau de la cellule de Sciara coprophila,

de Drosophile et de la cellule humaine(7,8). Le degré et le type de modification de la

transcription semblent spécifiques au type de signal électromagnétique(9). Les champs

électromagnétiques provoquent aussi une augmentation de la biosynthèse des protéines(10).

L'exposition aux CEM d'extrême basse fréquence provoque l'apparition de nouvelles

protéines de faible poids moléculaire et une diminution des protéines de poids moléculaire

50

FIGURE 3

C E M

I Induction de courant électrique dans

le liquide extracellulaire

I Modifications électrochimiques à la surface de la cellule

Réactions transmembranaires Amplification et transmission du signal

! Perturbations cytoplasmiques: Ca+ + , c AMP, kinases,.,.

Perturbations de la synthèse des protéines

I Perturbations de la croissance,

de la différenciation et du fonctionnement de la cellule

Principaux processus cellulaires déclenchés par une exposition aux champs électromagnétiques (CEM).

(Source: Tenforde TS., Ch.12, Extremely Low Frequency Electromagnetic Fields, Ed. Wilson B. et al., Battelle Press, 1990)

élevé(n). Il est à noter cependant que ces changements au niveau du poids moléculaire sont

non spécifiques et sont aussi observés suite au choc thermique provoqué au niveau des tissus

biologiques par des coupures ou des contusions. Il est cependant possible grâce à un modèle

électrochimique développé par ces chercheurs de prédire certains changements spécifiques

au niveau des protéines en fonction des caractéristiques du champ électromagnétique utilisé.

Situés à l'extrémité inférieure du spectre électromagnétique, les champs

électromagnétiques de 50-60 Hz, libèrent une énergie nettement inférieure à 12 électrons

volts, le seuil nécessaire à l'ionisation des molécules. Ils ne provoquent donc pas, au niveau

des tissus, d'effets comparables à ceux produits par les radiations ionisantes: formation de

radicaux libres, changements biochimiques de l'acide désoxyribonucléique (ADN) et des

protéines, inhibition de la mitose, aberrations chromosomiques et mort cellulaire(12). Si les

CEM ne peuvent provoquer d'effets biologiques par l'ionisation, peuvent-ils provoquer des

changements électrochimiques au niveau cellulaire? Comme nous l'avons vu précédemment,

à l'état de repos, les potentiels électriques que l'on enregistre au niveau de la cellule sont

très élevés. De prime abord, un effet électrochimique des CEM apparaît donc peu

probable. Pourtant plusieurs études ont démontré que des organismes vivants étaient

sensibles à des courants de très faible intensité(13). Des niveaux de champ générant un

gradient électrique tissulaire de 10'7 V/cm et de faibles champs magnétiques sont impliqués

dans différentes fonctions physiologiques chez les poissons, les oiseaux et les mammifères.

Mentionnons le sens de l'orientation des oiseaux et des requins lors de la migration.

Certains rythmes circadiens seraient aussi modifiés chez les oiseaux et chez l'homme à un

gradient tissulaire de 10"7V/cm. La croissance osseuse est aussi modifiée suite à une

exposition induisant un gradient tissulaire de 10"5 V/cm(14\ L'existence de tels effets sur les

organismes vivants et d'effets biologiques au niveau cellulaire demeure inexpliquée.

Plusieurs théories complexes ont été avancées: résonance, coopération biologique et autres.

10

2.2 EFFETS SUR LES SYSTÈMES BIOLOGIQUES

De multiples études ont été réalisées pour mesurer l'impact de l'exposition sur

diverses fonctions physiologiques. Bien que très diverses, celles-ci peuvent être regroupées

en fonction des systèmes neuroendocrinien, nerveux, cardiovasculaire, immunitaire et

reproducteur.

2.2.1 Système neuroendocrinien

Le système endocrinien constitue un ensemble complexe de glandes endocrines

sécrétant de très nombreuses hormones. Le fonctionnement de ces glandes est fortement

interrelié. L'exposition aux CEM influence-t-elle le cycle normal de sécrétion hormonale?

Est-ce que certaines glandes sont particulièrement influencées par les CEM? En général,

peu d'études ont été faites en rapport avec les effets des champs. De plus, elles sont

orientées davantage sur le système neuroendocrinien. Ces différentes études peuvent être

regroupées sous deux thèmes de recherche principaux, le rythme circadien et la glande

pinéale. Le premier concerne les variations normales du cycle hormonal, et le deuxième,

la sécrétion de la mélatonine, une hormone qui a suscité un intérêt accru au cours des

dernières années.

2.2.1.1 Rythme drcadien

Chez l'humain, au cours de chaque période de 24 heures, il y a une variation normale

de plusieurs paramètres physiologiques comme la température du corps, la consommation

d'oxygène et la production de C02, de paramètres biochimiques comme les hormones et les

glucides, et de paramètres comportementaux comme le sommeil et l'éveil. Les variations

de ceux-ci obéissent à une horloge biologique interne. L'ensemble de ces variations

constituent ce que l'on appelle le rythme circadien. Le rythme circadien est synchronisé par

plusieurs facteurs: des facteurs environnementaux, telles que la lumière et la température,

53

des facteurs sociaux, tels que l'horaire de travail et les repas, et des facteurs chimiques, tels

que les médicaments.

Plusieurs études rapportées par Groh, Readey et Ehret, en 1989, ont été menées chez

l'animal pour évaluer l'effet des CEM sur le rythme circadien(15). Chez la souris, lors d'une

exposition à un champ électrique, on observe une augmentation de l'activité et de la

respiration. Cet effet apparaît à un seuil situé près de 35 kV/m. On a aussi observé chez

la souris et le rat, suite à une exposition de 4 heures à 35 kV/m, l'apparition d'un

déplacement de phase du cycle circadien. Ce déplacement provoque soit un

raccourcissement, soit un allongement du cycle qui peut aller jusqu'à 8 heures. Celui-ci

s'accompagne de diverses modifications au niveau de la respiration, de la température, de

l'activité de base et de l'humeur. Récemment, dans le cadre du "New York State Power

Lines Project" (NYSPLP), une étude rigoureuse a été réalisée par Sulzman et al., chez le

singe(16). Les animaux ont été exposés par groupes à des champs magnétiques de 1 G

accompagnés de champs électriques de 2,6kV/m, 26 kV/m et 29 kV/m, respectivement.

Les chercheurs ont mis en évidence un allongement significatif du rythme circadien avec la

présence d'une relation dose/effet. Chez l'homme, la principale étude connue est celle de

Wever qui a mesuré les effets d'une exposition à un CEM de 10 Hz et de 2.5 V/m. Ce

chercheur a rapporté un effet de désynchronisation et un raccourcissement du cycle

provoqués par les CEM générés par le courant alternatif^. Les autres stimuli, quant à eux,

ont tendance à allonger le cycle.

Deux études rapportées par Nair et al ont porté sur la variation circadienne des

neurotransmetteurs(18\ L'étude de Free et al, réalisée chez des rats exposés à 64 kV/m,

pendant 30 et 170 jours, a montré un déplacement de la sécrétion de dopamine,

d'adrénaline et de noradrénaline(19). Vasquez et al ont retrouvé chez le rat un tel

déplacement de sécrétion d'une durée de 4 heures^. Il s'agissait de champs de 60 Hz

d'intensité variant de 1.7 à 65 kV/m. De telles variations, comme nous allons maintenant

le voir, semblent fortement liées à celles de la mélatonine.

54

2.2.1.2 Glande pinéale et mélatonine

Jusqu'à récemment, on accordait peu d'importance à la glande pinéale, cette glande

neuroendocrine située à la partie postérieure du tronc cérébral, en avant du cervelet. Cette

dernière, connue déjà trois siècles avant Jésus-Christ, était considérée comme un vestige

embryonnaire, le plus souvent calcifié, sans importance physiologique notable. Au 17e

siècle, dans son traité sur l'homme, René Descartes considérait la glande pinéale comme

le siège de l'âme. À cette époque, la calcification de la glande pinéale était associée à la

maladie mentale. Soulignons que dès ce moment, Descartes avait l'intuition que des

facteurs extérieurs comme la lumière, par exemple, pouvait affecter l'organisme par le biais

de la rétine et de cette glande. En 1917, McCord et Allen découvrent que la glande

pinéale, chez le boeuf, sécrète une hormone qui provoque une hyperpigmentation chez la

grenouille^. Ce facteur biochimique a été isolé par Leiner, en 1960; il a été nommé

mélatonine. Depuis les quinze ou vingt dernières années, la mélatonine a suscité un intérêt

nouveau parmi les scientifiques, notamment chez ceux qui s'intéressent aux effets

biologiques des champs électromagnétiques. De plus en plus, on considère la glande pinéale

comme le "chef d'orchestre" de l'organisme^22). Elle jouerait un rôle inhibiteur par rapport

aux autres glandes endocrines. Son action s'exercerait par le biais de plusieurs hormones

dont la principale est sans doute la mélatonine. La mélatonine est synthétisée à partir de

la sérotonine, elle-même dérivée du tryptophane, un acide aminé (figure 4). La glande

pinéale est très active la nuit, période pendant laquelle la sécrétion de mélatonine est

maximale. Cette hormone est libérée rapidement dans le sang et le liquide

céphalorachidien. La glande pinéale est inhibée par la lumière qui frappe la rétine et

stimule les noyaux suprachiasmatiques. Pendant le jour, la sécrétion de mélatonine est

donc très fortement diminuée. Une exposition constante à la lumière supprime d'ailleurs

le rythme circadien de la mélatonine. Inversement, le stress favoriserait une plus grande

sécrétion de cette hormone^.

Chez l'animal, plusieurs chercheurs ont démontré que l'exposition aux CEM

influençait la sécrétion de la mélatonine. Des études réalisées chez le rat ont mis en

55

56

évidence une diminution de la sécrétion de mélatonine et de l'activité d'une enzyme, la N-

acétyl-transferase (NAT), qui agit sur la synthèse de mélatonine(24,25'26,). Dans le cadre de

ces études, les rats étaient exposés à des champs de 60 Hz et de 10 à 130 kV/m. Selon

Wilson et al., l'exposition chronique (21 jours) à des champs de 2 à 40 kV/m abolit le pic

de sécrétion nocturne de mélatonine chez le rat(27). Cet effet apparaît à partir d'un seuil

situé entre 0.2 à 2 kV/m. On a observé un retour au rythme circadien normal en dedans

de trois (3) jours après la cessation de l'exposition(28). Signalons cependant, qu'il y a une

variation importante dans la sensibilité individuelle aux CEM chez le rat. Une étude très

récente, réalisée chez la souris et le rat, a aussi montré qu'une inversion expérimentale du

champ magnétique terrestre diminuait la transformation nocturne de la sérotonine qui est

le substrat de la mélatonine(29). Il s'agissait d'une exposition intermittente étalée sur une

période d'une heure.

Chez l'homme, peu d'études ont été faites pour évaluer directement l'effet des CEM

sur la glande pinéale. Récemment, Wilson et al. ont rapporté les résultats préliminaires

d'une étude effectuée chez les utilisateurs de couvertures chauffantes(30). Quarante-deux

volontaires ont été suivis pour mesurer les effets sur la mélatonine de l'utilisation de deux

types de couvertures pendant une dizaine de semaines. Le premier type de couverture était

fabriqué à partir de polymères; le second type de couverture était conventionnel. Signalons

que les CEM produits par la couverture en polymère sont d'environ 50 % plus élevés que

ceux produits par la couverture conventionnelle. Chez les vingt-huit utilisateurs de la

couverture de polymère, sept ont présenté des changements significatifs de l'excrétion

urinaire de 6-hydroxy mélatonine sulfate (6-OHMS), un métabolite de la mélatonine, suite

à l'utilisation de la couverture. Le profil d'excrétion urinaire de 6-OHMS coïncidait avec

une diminution de la sécrétion suivi d'un effet de ressac après l'arrêt de l'exposition.

2.2.2 Système nerveux

Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux effets possibles des CEM sur le système

nerveux central. C'est d'ailleurs la suspicion de tels effets qui est en grande partie

57

responsable du débat scientifique entourant les CEM et la santé. En effet, les premières

études réalisées en Russie, concernaient principalement des effets neurologiques chez des

travailleurs.

Quelques études in vitro ont été faites sur le SNC. Elles concernaient l'effet des

CEM sur l'efflux de calcium au niveau d'hémisphères cérébraux de poulet. Nous avons

rappelé les résultats de ces études à la section 2.1. Plus récemment, dans le cadre du

"NYSPLP",Gundersen et al. ont exposé des cellules de moelle épinière de poulet à des

champs de 60 Hz, 1.0 G et 30 kV/m pendant des périodes variant de 20 minutes à 72

heures^31). Ils n'ont pas observé de modification de l'efflux de calcium. Cependant, ces

chercheurs ont mis en évidence une perturbation de la libération des neurotransmetteurs

au niveau de la plaque myoneurale de cellules de rat.

En ce qui concerne les études chez l'animal, elles concernaient surtout les paramètres

suivants: le bien-être et la performance, la perception des champs, les perturbations

neurochimiques et neurophysiologiques. Une révision exhaustive de la littérature

scientifique a été réalisée, en 1985, par Wolpaw et al(32). Selon ces chercheurs, bien que les

études sur le SNC soient très nombreuses, le nombre d'études valables d'un point de vue

méthodologique demeure limité. Pour ce qui est de la perception du champ électrique, les

résultats de la majorité des études convergent et situent le seuil de perception entre 4 kV/m

et 15 kV/m autant chez l'animal que chez l'homme. Le champ magnétique, quant à lui,

n'est pas perçu, si ce n'est par les oiseaux qui disposent de magnétorécepteurs leur

permettant de détecter le champ magnétique terrestre. Ce dernier est un champ statique

de 0.6 G.

Au Québec, un groupe de chercheurs des départements de psychologie et de géologie

de l'Université Laval s'est intéressé aux effets neurocomportementaux des champs

magnétiques. Deux études ont été publiées concernant l'effet des champs magnétiques sur

le syndrome général d'adaptation décrit par SelyeC33). Dans le cadre de ce syndrome face

à un agent stresseur, tels que le froid, le traumatisme, l'infection, le jeûne ou l'exposition

10 58

aux rayons X, l'organisme réagit de façon non spécifique en trois phases successives: l'alerte,

la résistance et l'épuisement. Une première étude a été réalisée chez quatre rats exposés

pendant vingt jours à un champ magnétique statique(34). Des effets typiques de l'exposition

à un agent stresseur ont été observés sur le sommeil et sur le temps de réaction sous

renforcement positif. Dans cette étude, il n'y avait pas de groupe contrôle. Cependant, les

dix premiers jours de l'expérience sans exposition servaient de ligne de base pour chacun

des rats. Dans une deuxième expérience, huit groupes de cinq souris ont été exposées à des

champs magnétiques statiques de 0.9 mT à 257.5 mT, c'est-à-dire, 9 G à 2575 G(35). Un

groupe de souris non exposées servait de témoin. Les souris étaient exposées de façon

continue pendant cinq jours. Au cours des deux premiers jours, les chercheurs ont observé

une baisse significative du gain de poids suivie d'une augmentation le troisième jour puis

d'une stabilisation. Ces résultats ont été observés à 31 mT et 128 mT. Il y avait aussi une

corrélation négative entre le gain de poids moyen et l'intensité du champ.

Jusqu'en 1985, peu d'études avaient été réalisées pour évaluer les effets d'une

exposition aux CEM sur les neurotransmetteurs. Signalons l'étude de Krueger et al.,

réalisée en 1980 sur la souris(36). Dans cette étude, on a exposé l'animal à des CEM de

76 Hz et on a mesuré la sérotonine plasmatique. Cette étude s'est avérée négative.

Michaelson et al.,en 1981 ont mesuré les catécholamines cérébrales chez le rat suite à une

exposition à des CEM de 60 Hz et de 100 kV/m, pendant 1 à 3 heures(37). L'interprétation

des résultats de ces études demeure difficile à cause de l'existence de cofacteurs liés au

stress, facteurs qui n'ont pas été adéquatement contrôlés. Différents paramètres

neurophysiologiques ont été étudiés en rapport avec l'exposition aux CEM. Aucune

différence significative n'a été observée au niveau de l'électroencéphalogramme de base

chez les animaux et les volontaires exposés. Jaffe et al., en 1980 et 1981 se sont intéressés

aux effets du CEM sur la transmission synaptique, la conduction nerveuse et la plaque

myoneurale(38). Certains effets mineurs ont été observés après une exposition prolongée à

des champs électriques de 65 kV/m pendant 30 jours. Lovsund et al. ont décrit le

phénomène des magnétophosphènes chez l'humain^39). Les magnétophosphènes sont des

scintillements lumineux qui apparaissent dans le champ visuel lors d'une exposition à un

champ magnétique. Ceux-ci apparaissent surtout à une fréquence de 20 Hz et à partir de 10 G.

D'autres études de laboratoire ont été réalisées plus récemment dans le cadre du

"NYSPLP". De nouvelles études ont été menées chez l'animal. Une étude à trois volets

a été réalisée chez le singe. On a d'abord évalué l'effet d'une exposition aux CEM sur l'état

de santé et la performance(40). Six macaques ont été exposés au cours de trois périodes

successives de 21 jours à des niveaux croissants de champs, pendant 18 heures par jour; les

niveaux de champs étaient de 3 kV/m et 0.1 G, de 10 kV/m et 0.3 G, de 30 kV/m et 0.9

G, respectivement. Des périodes de repos de 21 jours avant et après l'exposition étaient

aussi prévues dans l'expérience. Les paramètres de base, tels que le poids, les paramètres

biochimiques et hématologiques de même que la performance des animaux n'ont pas varié

suite à l'exposition aux CEM. Dans un deuxième volet, on a mesuré certaines substances

chimiques dans le liquide céphalorachidien pour évaluer si celles-ci étaient affectées par une

exposition aux CEM(41). Les chercheurs ont noté une baisse significative de deux

métabolites importants, l'acide homovanilique (HVA), un métabolite qui provient de la

dopamine, et de l'acide 5-hydroxindolacétique (5-HIAA), un métabolite de la sérotonine.

Cette baisse était de 20 % à 30 %. Contrairement au HVA, la concentration de 5-HIAA

dans le liquide céphalorachidien ne revenait pas à la concentration normale après la

cessation de l'exposition. Ces résultats ne peuvent, d'après les auteurs, être expliqués par

le stress ou un effet sur le rythme circadien. Le troisième volet de cette étude a porté sur

les effets neurophysiologiques<42\ Les effets d'une exposition aux champs sur les potentiels

évoqués: visuel, auditif et sensitif somatique, ont été mesurés. Alors que les deux premiers

n'ont pas été perturbés, une diminution significative de l'amplitude des ondes tardives du

potentiel évoqué sensitif somatique a été observée. Cette différence était présente à 10

kV/m et 0.3 G de même qu'à 30 kV/m et 0.9 G. Pour expliquer cet effet, les chercheurs

ont soulevé l'hypothèse d'un effet antagoniste des CEM sur le système analgésique interne

relié aux endorphines.

60

Quelques études ont été menées chez l'homme en laboratoire. Une revue des

premières études a été faite par Hauf, en 1985, à la demande du Bureau régional européen

de l'OMS (43). À la fin des années 70, une étude a été faite par Hauf sur une centaine de

volontaires exposés à des champs de 50 Hz (1, 15,20kV/m) pendant des périodes variables.

Plusieurs paramètres cliniques, physiologiques et biochimiques ont été mesurés. Les seuls

effets détectés ont été une légère diminution du temps de réaction, attribuée à un effet de

stimulation non spécifique. Une augmentation des globules blancs a aussi été rapportée

chez le groupe exposé. Ce résultat demeure difficilement interprétable.

En 1985, dans le cadre du "NYSPLP", une étude a été réalisée en laboratoire par

Graham et al. chez des volontaires(44). Douze volontaires masculins ont participé à l'étude.

Chaque sujet a participé à quatre séances d'expérimentation à double insu d'une durée de

10 heures à une semaine d'intervalle. Deux de ces séances comprenaient une exposition de

6 heures à des champs de 60 Hz, 9 kV/m et 0.2 G. Aucun effet n'a été observé au niveau

des signes vitaux et des symptômes subjectifs. Différentes mesures physiologiques ont été

effectuées. Aucune différence significative n'a été notée au niveau de divers tests de

performance que ce soit, le temps de réaction, la capacité de mémoire, d'attention et de

décision. Aucun changement de l'humeur, du sommeil, de l'appétit et de la libido n'a été

observé. On a aussi étudié les potentiels évoqués au niveau cérébral. Des différences

significatives ont été observées au niveau des potentiels évoqués auditif et visuel. Le

potentiel évoqué lors de la détèction d'un signal était aussi perturbé de façon significative

lors de l'exposition. Ces effets au niveau des potentiels évoqués étaient observés chez la

majorité des sujets. Chez la plupart des volontaires, le seuil de perception, était supérieur à 9 kV/m.

2.2.3 Système cardiovasculaire

Dans la foulée des études européennes réalisées dans les années 70, lesquelles

laissaient suspecter la possibilité d'effets de l'exposition aux CEM sur le système

cardiovasculaire, une étude expérimentale chez l'animal a été réalisée au Québec par

14

l'Institut de Cardiologie de Montréal(45). L'objectif de cette étude était de déterminer si des

courants induits pouvaient affecter la fonction cardiaque. Trois groupes de 12 chiens ont

été utilisés dans l'expérience. Les chiens étaient d'abord anesthésiés. Un premier groupe

de chiens était exposé à des courants alternatifs de 60 Hz et d'intensités variables (0.1,1 et

5 mA) durant 5 et 30 minutes. Un autre groupe servait de témoin. On a démontré que

les courants de 0.1 et 1 mA n'affectaient pas le rythme sinusal, le temps de conduction et

la pression artérielle. Seul un chien exposé à un courant de 5 m A a montré une

accélération cardiaque légère mais consistante. Selon les chercheurs, cette intensité de

5 mA peut être considérée comme le seuil minimum pour obtenir des effets

cardiovasculaires chez le chien.

Chez l'homme, dans quelques études réalisées par Hauf et al., au début des années

70, l'on avait noté une diminution du rythme cardiaque chez des volontaires soumis à des

champs électromagnétiques. Cependant, l'observation de cet effet sur le système

cardiovasculaire est demeurée difficilement interprétable à cause de l'absence d'un contrôle

adéquat de certaines variables, telles que la position assise et l'accoutumance à la tâche.

L'étude de Graham et al., que nous avons rapportée, a aussi mis en évidence un

ralentissement significatif du rythme cardiaque au repos chez les volontaires suite à

l'exposition aux champs, ceci dans des conditions expérimentales très rigoureuses. Ce

ralentissement était de trois contractions par minute. Il était présent chez huit des douze

volontaires exposés. Ce ralentissement disparaissait aussitôt que les sujets s'affairaient à des

tâches prévues dans l'expérience.

Le problème des stimulateurs cardiaques a été particulièrement étudié à cause des

interférences possibles des CEM avec les mécanismes internes de ces appareils^. Il y a

deux grandes catégories de stimulateurs cardiaques: les stimulateurs à rythme fixe ou

asynchrone et les stimulateurs "àdemande". Ces derniers déclenchent artificiellement une

contraction lorsque le rythme du coeur devient trop lent. Ces stimulateurs à demande

monitorent en quelque sorte l'onde électrocardiographique normale. Ce sont

essentiellement ces stimulateurs à demande dont le fonctionnement peut être perturbé par

10 62

les champs électromagnétiques externes. Deux études récentes ont été réalisées concernant

l'influence des CEM sur les stimulateurs cardiaques.

L'étude de Butrous et al., réalisée chez 35 patients porteurs au total de 16 types de

stimulateurs différents, a montré qu'une proportion importante de stimulateurs pouvait être

affectée par les CEM(47). Un retour en mode asynchrone ("reversion") a été observé chez

17 des 35 patients, alors que des anomalies plus mineures ont été signalées chez sept

patients. Aucun effet anormal n'a été signalé cependant lorsque l'exposition était inférieure

à 5 kV/m. L'étude de Moss et al. a été réalisée chez onze patients porteurs de sept types

de stimulateurs différents(48). Les patients ont été exposés à des champs de 2.2, 4.5 et

9 kV/m. Les résultats globaux ont montré que 4 stimulateurs retournaient en mode

asynchrone suite à une telle exposition. Certains ont montré des altérations plus sérieuses.

2.2.4 Système immunitaire

Les effets des CEM sur le système immunitaire ont été peu étudiés. Parmi les études

in vitro, signalons l'étude récente de Winters dans le cadre du NYSPLP(49). Dans cette

étude, des leucocytes normaux d'origines canine et humaine ont été exposés à des CEM de

60 Hz pendant des périodes allant jusqu'à 24 heures. L'exposition de ces cellules à

différents niveaux de champs (0.01,0.1 et 1.0 G; 3,30 et 300 mA/m2) n'a pas provoqué de

changement sur les différents pàramètres immunitaires étudiés. En 1983, Lyle et al. ont mis

en évidence une diminution d'environ 20 % de la cytotoxicité de lymphocytes T de souris

et de cellules lymphoïdes humaines exposées à des CEM(50). L'effet était maximal à la

fréquence de 60 Hz. En 1988, les mêmes chercheurs ont rapporté les résultats d'une étude

de la cytotoxicité des lymphocytes T de souris exposées pendant 48 heures à des champs de

60 Hz(5l). Une diminution marquée de la capacité des lymphocytes T de neutraliser les

cellules cancéreuses a été observée. Une relation dose/effet a aussi été mise en évidence,

la diminution étant de 7 % à 0.1 mV/cm, 18 % à 1 mV/cm et 30 % à 10 mV/cm.

En ce qui concerne les études in vivo, elles se sont toutes avérées négatives.

Signalons l'étude récente de Wolpaw et al., en 1987 chez le singe, où les divers paramètres

chimiques et hématologiques sont demeurés inchangés.

2.2.5 Système reproducteur

Plusieurs études ont été menées pour évaluer si l'exposition aux CEM avait des effets

sur le système reproducteur. Parmi les premières études, l'étude de Delgado chez l'embryon

de poulet, en 1982, a eu un impact important au niveau scientifique^. Elle concernait

l'exposition au champ magnétique puisé. Les embryons de poulet étaient exposés à des

champs puisés de 10, 100 et 1000 Hz d'intensité variable, de 1.2 à 120 G (0.12 à 12 juT).

Une incidence accrue de malformations chez les foetus exposés a été mise en évidence.

Suite à l'étude de Delgado, plusieurs autres études ont été réalisées et leurs résultats ont

été revus par plusieurs experts. Selon une revue très récente, réalisée par Berman, il y a

une douzaine de bonnes études scientifiques qui ont été réalisées sur le sujet(53). La

majorité d'entre elles sont des études in vitro. L'expérimentation sur des embryons de

poulet a été répétée sur une plus grande échelle par l'Agence de Protection de

l'environnement, aux États-Unis, dans le cadre de ce que l'on a appelé le "Henhouse

Project". Des études sur l'embryon de poulet ont été menées dans six laboratoires dans

quatre pays différents. Ce projet a confirmé, du moins en partie, les premiers résultats de

Delgado. Dans deux de ces laboratoires, on a observé une fréquence de deux à quatre fois

plus élevée de malformations congénitales suite à une exposition à des champs magnétiques

puisés de IjliT. Toutefois, d'autres études similaires rapportées par Berman se sont avérées

négatives. Soulignons qu'une nouvelle analyse réalisée par Martin à partir des données de

base de l'étude négative de Sisken et al., montre elle aussi une augmentation significative

de la fréquence de malformations chez l'embryon d'oiseau(54). On a aussi exposé les

embryons de poulet aux champs électriques. Ces dernières études ont toutes été négatives.

Des études ont été réalisées chez l'animal, le rat et la souris en particulier.

Rommereim et al., des Laboratoires Pacific Northwest ont exposé des rats femelles à des

10 champs de 60 Hz, 100 kV/m, 19 heures par jour, pendant quatre semaines(55). Dans une

expérience portant sur une première série de nouveau-nés, les chercheurs ont observé une

augmentation significative de malformations foetales. Lors d'une deuxième expérience

portant sur une nouvelle génération, cet excès n'a pas été observé.. Tout récemment les

mêmes chercheurs ont rapporté les résultats d'une étude portant sur 500 rats exposés à des

CEM de 10,65 et 130 kV/m pendant 19 heures par j o u r ^ . Les chercheurs ont observé un

léger retard de croissance chez les nouveau-nés mâles exposés aux champs de forte intensité.

Cependant, aucune différence significative dans l'incidence de malformations n'a été

observée. On a noté la présence de chromodacryorrhée chez les rats exposés à 65 et 130

kV/m. Ce phénomène consiste en une coloration brunâtre des poils du museau et des

oreilles et serait dû à une altération de la sécrétion des glandes lacrymales reliée au

stress. Plus près de nous, au Canada, une étude de tératogénocité a été réalisée par Stuchly

et al. chez le rat(57). Des rats femelles ont été exposées deux semaines avant et pendant la

grossesse à des CEM à raison de sept heures par jour. Les rats étaient exposés à des

intensités de 5.7,23 ou 66 /xT. L'étude s'est avérée négative. Une étude de reproduction

a été réalisée chez le porc par Sikov et al.(S8). Plusieurs générations ont été exposées à des

champs de 60 Hz, 30 kV/m, 20 heures par jour, sept jours par semaine. Dans les deuxième

et troisième générations, l'on a observé une augmentation significative de malformations

chez les exposés par rapport aux témoins, c'est-à-dire, 75 % par rapport à 29 % et 71 % par

rapport à 33 %, respectivement.

Les résultats des différentes études sont donc variables. En ce qui concerne les

champs magnétiques puisés, l'effet démontré sur les embryons de poulet apparaît assez

robuste. Pour ce qui est des champs électriques, les études apparaissent globalement

négatives chez les rongeurs. Par contre, il semble y avoir une association avec une incidence

accrue de malformations chez le porc.

65

2.2.6 CEM et cancer

Le cancer est une maladie complexe. Son étiologie est multifactorielle, liée à des

facteurs biologiques et environnementaux. Le développement du cancer est un long

processus comprenant selon la théorie actuelle trois stages, l'initiation, la promotion et la

progression. Les facteurs initiateurs provoquent des altérations irréversibles au niveau du

matériel génétique de la cellule, c'est-à dire de l'ADN. Ceux-ci provoquent des mutations

et perturbent les mécanismes normaux de réparation cellulaire. Parmi les initiateurs connus,

citons certains hydrocarbures aromatiques polycycliques, les rayons X et les rayons

ultraviolets, par exemple. Les facteurs promoteurs, quant à eux, agissent sur une cellule

dont le cancer est initié. Ils sont indispensables pour que le cancer se manifeste

cliniquement. L'huile de croton et les esters de phorbol, par exemple, sont des promoteurs.

Il est peu probable que les CEM soient des initiateurs de cancer. En effet, selon les

tests habituels, les CEM ne sont pas mutagènes; ils ne provoquent pas la formation

d'aberrations chromosomiques ou d'échange de chromatides soeurs comme l'ont démontré

Cohen et al. de même que Livingston et al. dans le cadre des NYSPLP^9"60). Soulignons

cependant l'étude de El Nahas et al., dans laquelle les chercheurs ont montré chez la souris

exposée à des champs électriques de 100 à 290 kV/m, une incidence accrue de micronoyaux

au niveau des cellules sanguines(61). Les micronoyaux cellulaires seraient des indicateurs

indirects d'effets mutagènes. Cette augmentation significative a été notée à partir de

170 kV/m chez la souris ce qui équivaut à 14kV/m chez l'homme. Une relation dose/effet

était présente.

Si les CEM étaient cancérigènes, ils seraient davantage des agents promoteurs.

Quelques études ont été faites pour évaluer cet aspect. L'activité de l'omithine

décarboxylase (ODC) a été mesurée lors d'une exposition de la cellule aux CEM. L'ODC

est une enzyme indispensable à la croissance cellulaire. Bien qu'elle soit non spécifique,

une augmentation importante de l'ODC signifie un effet compatible avec le développement

de cellules cancéreuses. Par exemple, l'activité de cette enzyme est augmentée en présence

66

de promoteurs comme les esters de phorbol. Une première étude effectuée par Cain et al.

sur des fibroblastes exposés à des champs de 60 Hz et de 10 mV/cm, a fait doubler l'activité

de l'ODC(62). Les mêmes auteurs, lors d'une communication récente, ont rapporté une

augmentation de 50 % de l'ODC lors d'une exposition de cellules à des CEM de 60 Hz et

de 1 G(63). Byus et al. ont montré sur des cellules humaines de lymphome une augmentation

significative de l'ODC suite à une exposition à des champs de 0.1 mV/cm et de 10

mV/cm(64). L'effet était maximal lors d'une exposition de 1 heure et absent à d'autres

intensités de champ. Les mêmes chercheurs, en 1988, ont mis en évidence un effet

"fenêtre", situé à 16 Hz, fréquence à laquelle l'augmentation d'ODC était maximale dans des

cellules d'hépatome(65). Fletcher et al. de même que Blackman et al. ont aussi étudié les

effets des CEM sur les ponts lacunaires intercellulaires ou "cell gap junctions"(66). Il a été

démontré in vitro que ces ponts perdaient leurs fonctions de communication intercellulaire

lors du développement d'un cancer. Les quelques études réalisées jusqu'à maintenant sont

négatives.

Quelques études ont été faites pour évaluer si l'exposition aux CEM, bien qu'elle ne

provoque pas de mutations, entraîne une modification des indicateurs de multiplication

cellulaire, telle la synthèse de l'ADN et des protéines. Liboff et al. ont exposé des

fibroblastes et des cellules leucémiques de souris à des CEM(67). Une augmentation

significative de la. synthèse de l'ADN a été observée. Dans le cadre du NYSPLP, Winters

a étudié des cellules humaines de cancer du colon, exposées à des champs de 60 Hz, de 1 G,

pendant 24 heures(68). Les chercheurs ont conclu que les champs magnétiques stimulaient

de façon importante la prolifération des cellules cancéreuses. Par la suite, les résultats

préliminaires de Winters et al. ont été revus par des experts externes. Ils ont été fortement

contestés. Une étude similaire réalisée par Cohen, commanditée par le NYSPLP et utilisant

la méthodologie de Winters et al., s'est avérée négative(69).

Chez l'homme, une étude suédoise réalisée par Nordenson a montré une

augmentation des aberrations chromosomiques chez des travailleurs de l'électricité^.

Cependant, cette étude a des faiblesses importantes en ce qui concerne le contrôle de

cofacteurs présents en milieu de travail. Une autre étude réalisée par Bauchinger chez des

travailleurs était négative(71). Les résultats chez l'homme sont négatifs ou peu probants.

2.3 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS SUR LES EFFETS BIOLOGIQUES

2.3.1 Cellule

Les recherches fondamentales in vitro ont montré qu'une exposition de la cellule à

des CEM de basse fréquence et de faible intensité provoquait des changements dans la

mobilisation du calcium au niveau des récepteurs membranaires. Cet effet apparaît à des

"fenêtres" de fréquence et d'intensité très précises. De plus, l'exposition de la cellule à des

champs électromagnétiques provoque une augmentation de la transcription et de la

biosynthèse des protéines.

L'exposition aux CEM n'a pas mis en évidence d'effet cytogénétique communément

rencontré avec les radiations ionisantes: aberrations chromosomiques, formation de radicaux

libres, échanges de chromatides soeurs. Cependant, les résultats récents des études de El

Nahas sur la souris, ont mis en évidence la formation de micronoyaux cellulaires, un

indicateur indirect de mutation génétique. Une relation dose/effet a été rapportée. Les

niveaux de champs extrapolés pour l'homme sont de 8 à 24 kV/m. Ces résultats font l'objet

de certaines critiques.

2.3.2 Système neuroendocrinien

En ce qui concerne le rythme circadien, les études réalisées chez l'animal ont montré

chez le rat et la souris une perturbation du rythme circadien lorsqu'ils étaient exposés à des

CEM d'environ 35 kV/m. L'étude récente de Graham et al., réalisée chez le singe, dans

le cadre du NYSPLP, a confirmé ces résultats. L'on a observé un allongement significatif

du cycle avec la présence d'une relation dose-effet. Chez l'homme, les travaux de Wever

avaient aussi montré un effet mais ces résultats n'ont pas été confirmés.

10

Pour ce qui est de la sécrétion hormonale, l'effet le plus notable est la diminution

marquée de la mélatonine chez le rat, suite à une exposition à des CEM de 2 à 40 kV/m.

Chez l'homme, des résultats préliminaires communiqués par Wilson et al. montrent aussi

une diminution de la sécrétion de mélatonine reliée aux champs émis par certaines

couvertures chauffantes.

2.3.3 Système nerveux

Plusieurs études ont démontré que les champs électriques pouvaient être perçus par

l'animal et par l'homme à des niveaux assez bas. Le seuil de perception est toutefois

variable. Les champs magnétiques, quant à eux, ne sont pas perceptibles sauf pour le

champ magnétique statique terrestre qui est perçu par certains animaux disposant de

magnétorécepteurs. Chez l'homme, l'existence de magnétophosphènes est bien documentée.

Au niveau du SNC, des études récentes réalisées dans le cadre du NYSPLP ont démontré

une diminution de métabolites de la dopamine et de la sérotonine dans le liquide

céphalorachidien chez le singe. Les niveaux d'exposition étaient comparables à ce que l'on

peut observer chez l'humain. Le potentiel évoqué sensitif somatique était aussi légèrement

perturbé dans cette étude. Dans l'étude très rigoureuse menée par Graham et al. chez

l'humain, l'on a aussi retrouvé des différences significatives au niveau des potentiels évoqués

auditif et visuel. Les résultats de ces études récentes sont concordants. Il semble exister

un effet biologique observable • objectivement au niveau du SNC relié à l'exposition aux

CEM.

2.3.4 Système cardiovasculaire

Le principal effet documenté chez l'homme en ce qui concerne le système

cardiovasculaire est un faible ralentissement du pouls au repos lors d'une exposition à des

CEM de 60 Hz, 9 kV/m et 0.2 G. Cet effet, a été démontré par l'étude rigoureuse réalisée

par Graham, en 1985. Il existe aussi un risque d'interférence entre des champs externes

de plus de 5 kV/m et de 1.5 G et certains types de stimulateurs cardiaques "à demande".

69

2.3.5 Système immunitaire

En ce qui concerne les études in vitro, on a mis en évidence une diminution de la

cytotoxicité des lymphocytes T lors d'une exposition à des champs de 60 Hz variant de 0.1

à 10 mV/cm. Une relation dose/effet était présente. Les études in vivo ont toutes été

négatives. Chez l'humain, aucun effet n'a été démontré jusqu'à maintenant.

2.3.6 Système reproducteur

Suite à la première étude de Delgado, il y a eu dix études positives chez l'embryon

qui ont démontré un excès significatif de malformations lors d'une exposition à des champs

magnétiques puisés. Il y a eu par ailleurs, sept études négatives sur le même sujet. Le

poids de l'évidence est en faveur de l'existence d'un tel effet.

En ce qui concerne les champs électriques, les premières études effectuées chez les

rongeurs se sont avérées négatives. Des études plus récentes effectuées par Rommereim

chez le rat ont donné des résultats négatifs ou contradictoires. Il s'agissait d'une exposition

à des CEM de 100 et de 130 kV/m. Signalons cependant qu'une étude récente de Sikov

chez le porc a montré une augmentation significative de malformations, suite à une

exposition à des CEM de 30 kV/m dans les deuxième et troisième générations.

2.3.7 Cancer

Les études in vitro et in vivo n'ont pas mis en évidence d'effets cellulaires

habituellement rencontrés lors d'une exposition à des agents initiateurs comme les rayons

X ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les résultats de El Nahas sur la

formation de micronoyaux cellulaires demeurent cependant intrigants. Par ailleurs, quelques

études ont montré qu'une exposition aux CEM provoquait une augmentation significative

de l'ODC, une enzyme utilisée fréquemment dans l'étude des agents promoteurs de cancer.

Un effet "fenêtre" serait aussi présent. Certaines études ont aussi montré une augmentation

70

significative de l'ADN, un autre indicateur non spécifique de la prolifération cellulaire.

Certaines études in vitro soulèvent l'hypothèse d'un effet promoteur des CEM. Cependant,

le nombre d'études est limité. Aucune étude de carcinogénicité chez l'animal n'est

actuellement disponible .

2.4 DISCUSSION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

* Trois aspects principaux méritent d'être discutés en rapport avec les études

expérimentales sur les CEM. Ce sont la qualité scientifique des études, la possibilité

d'extrapolation à l'homme et la signification clinique de ces résultats.

2.4.1 Qualité scientifique des études de laboratoire

Les recherches expérimentales sur les effets biologiques des CEM nécessitent une

très grande rigueur méthodologique, à cause de la grande complexité du phénomène des

champs et de l'existence de plusieurs variables confondantes qui peuvent biaiser les résultats.

D'après Michaelson, les facteurs qui doivent être contrôlés dans de telles études sont

multiples'^. Ils peuvent être regroupés en quatre grandes catégories:

1) les facteurs environnementaux

les facteurs physiques: l'intensité et l'uniformité du champ, le bruit ambiant,

les vibrations, la présence de chocs électriques, l'éclairage, la chaleur,

l'humidité, les caractéristiques de la cage;

les facteurs chimiques: la qualité de l'air et de l'eau, l'utilisation de

médicaments;

2) les facteurs biologiques: l'espèce utilisée, son bagage génétique, le sexe, la

taille, le poids des animaux;

71

3) les facteurs liés à l'exposition: le type d'exposition, le moment de l'exposition,

les périodes d'acclimatation;

4) les facteurs techniques: le type d'électrode, le type de dosimètre, la

promiscuité des animaux, la compatibilité des animaux.'

Ce sont là de multiples facteurs qui, sans être spécifiques, revêtent une importance

primordiale dans les études sur les CEM. Il est évident, par exemple, que si l'on étudie le

comportement des animaux lors d'une exposition à un champ électrique intense, des effets

de stress peuvent perturber toute l'expérience si ces animaux sont soumis à des chocs

électriques.

En ce qui concerne la première génération d'études expérimentales sur les CEM, on

ne disposait pas de la technologie qui permettait de contrôler parfaitement toutes les

variables énumérées. C'est principalement le cas pour ce qui est du contrôle de l'exposition.

Au cours des dernières années, le laboratoire Battelle Pacific a développé un système

sophistiqué d'exposition aux champs électriques chez l'animal, lequel garantit le maintien

d'une uniformité de champ, une stabilité des équipements et un contrôle adéquat de la

posture des animaux exposés(73). Il en va de même pour les systèmes d'exposition aux

champs magnétiques. La seconde génération d'études entreprises dans le cadre des travaux

de TElectricPower Research Institute" et du "NewYork State Power Lines Project", répond

davantage à l'ensemble des critères de rigueur scientifique.

2.4.2 Extrapolation de l'animal à l'homme

Il est toujours difficile d'extrapoler des résultats scientifiques de l'animal à l'homme.

La difficulté tient à deux différences fondamentales inhérentes aux études expérimentales:

la différence de susceptibilité entre les espèces et la différence au niveau des divers

paramètres d'exposition aux CEM. En ce qui concerne les différences de susceptibilité des

différentes espèces, les études sur les CEM doivent répondre aux critères reconnus par les

10

centres de recherche en toxicologie. Par exemple, les critères généralement acceptés par

les scientifiques doivent être appliqués, en ce qui concerne l'étude de la carcinogénicité.

Il est à noter que parmi l'abondante littérature scientifique sur les effets biologiques des

CEM, il n'y a pas d'étude de carcinogénicité chez l'animal qui réponde à de tels critères.

Pour ce qui est de l'exposition des animaux en laboratoire, les connaissances actuelles

permettent de la rendre comparable à celle qui est retrouvée chez l'homme dans différentes

situations. Kaune et Philipps ont développé différents modèles d'ajustement de l'exposition

qui permettent de faire des comparaisons assez justes de l'exposition entre différentes

espèces(74). On sait que les champs électriques se concentrent principalement au niveau de

la partie la plus haute d'un objet conducteur. La densité de courant induit sera donc, pour

une exposition égale, plus élevée chez l'homme que chez un quadrupède. C'est pourquoi,

il est justifié d'exposer des animaux à des niveaux de champs plus élevés de façon à induire

chez ces animaux des champs et des courants comparables à ceux rencontrés chez l'homme.

Le modèle d'ajustement inter-espèce n'est pas aussi bien développé en ce qui concerne les

champs magnétiques. En général, on peut dire que le niveau d'exposition des animaux qui

est utilisé en laboratoire, notamment pour les champs électriques, est une bonne

approximation de celui qui est étudié chez l'homme. Il existe des facteurs de

correspondance reconnus.

La caractérisation de l'exposition aux CEM, quant à elle, demeure plus difficile que

l'exposition à une substance chimique. En effet, les CEM comprennent souvent en même

temps deux composantes étroitement interreliées, le champ électrique et le champ

magnétique. Il existe certaines différences importantes, d'un point de vue de l'exposition,

entre ces deux types de champs. Il n'est d'ailleurs pas toujours facile, surtout dans les

études moins récentes, de distinguer clairement ces deux composantes. Par ailleurs, les

champs peuvent comporter aussi différentes caractéristiques importantes: modulation

d'intensité, modulation de fréquence, champs puisés. Ainsi, en ce qui concerne l'incidence

accrue de malformations en rapport avec l'exposition aux CEM, c'est principalement lors

de l'utilisation de champs puisés que l'on a observé un excès. Certaines autres

73

caractéristiques de l'exposition peuvent être importantes dans de telles études en plus des

types de champs. Par exemple, la fréquence des interruptions du courant ou la présence de

courants transitoires seraient aussi des paramètres importants. Dans l'étude de l'effet de

l'utilisation de couvertures chauffantes sur la mélatonine, Wilson et Anderson ont noté

qu'avec la couverture fabriquée à partir de polymère, il y avait de 50 à 60 changements au

niveau du champ magnétique pendant une période de une heure.

2.4.3 Signification clinique chez l'homme

Nous avons vu que l'exposition d'organismes vivants à des CEM provoque

l'apparition de certains effets biologiques décelables au niveau de la cellule et des divers

systèmes. De tels effets peuvent-ils se traduire éventuellement par des symptômes ou des

signes objectivables chez l'homme dans les conditions d'exposition habituelles? Cette

question difficile, à laquelle l'on peut tenter de répondre, est le corollaire de celle que les

épidémiologistes se posent, c'est-à-dire: est-ce que les effets identifiés, que ce soit le cancer

ou les malformations, sont plausibles d'un point de vue biologique? Nous allons discuter

de façon séparée les effets aigus ou subaigus et les effets chroniques.

2.4.3.1 Effets aigus ou subaigus

Dans l'étude de Sulzmah et al., l'allongement du rythme circadien apparaissait à

26 kV/m, ce qui de prime abord peut paraître élevé. Cependant, compte tenu du fait que

l'expérience a été réalisée chez des primates dont les caractéristiques physiques sont proches

de celles de l'homme, l'exposition est similaire à ce qui est susceptible de se rencontrer chez

l'humain. Une perturbation significative du rythme circadien suite à une exposition continue

aux CEM demeure donc un effet plausible chez l'homme.

Un deuxième effet démontré par certaines recherches expérimentales et aussi de

façon préliminaire chez l'homme est la diminution de la mélatonine. La signification

clinique d'une telle baisse en ce qui concerne des effets à court et moyen terme sont

10 hypothétiques. Les problèmes possiblement associés à une inhibition de la mélatonine sont

certains problèmes de santé mentale comme la dépression, et des effets sur la reproduction.

L'effet de la mélatonine au niveau du SNC serait lié à une modulation de l'effet de la

lumière sur la glande pinéale. Ces hypothèses nécessitent cependant d'autres efforts de

recherche importants.

Il apparaît clair d'un point de vue clinique, que les champs électriques peuvent être

perçus chez l'homme à un seuil qui se situe entre 4 et 15 kV/m. Ces niveaux de champs

peuvent être rencontrés dans certains corridors de transmission et en milieu de travail. Les

phénomènes de perception peuvent comprendre des vibrations des poils mais n'ont pas

d'impact négatif sur l'organisme. Il en va de même des magnétophosphènes. Des

perturbations neurochimiques et neurophysiologiques ont été documentées récemment chez

le singe suite à une exposition à des CEM: baisse des métabolites de la dopamine et de la

sérotonine dans le liquide céphalorachidien et diminution de l'amplitude du potentiel

évoqué sensitif. Les paramètres de l'exposition étaient comparables à ceux qui peuvent être

retrouvés dans certains environnements extérieurs chez l'homme. La diminution de HVA

signifie une diminution de la dopamine au niveau des noyaux gris centraux alors que la

diminution du 5 HIAA signifie une diminution de la sérotonine au niveau du tronc cérébral

et de la moelle épinière. Il n'est pas possible actuellement d'identifier la signification

clinique ou neurocomportementale de telles modifications. Quant à la diminution du

potentiel évoqué sensitif, sa signification clinique est inconnue. Les auteurs ont avancé

l'hypothèse que les CEM agissent comme antagonistes du système analgésique interne.

Pour ce qui est de l'impact des champs au niveau du système cardiovasculaire,

Billette et al.,de l'Institut de Cardiologie de Montréal, suite à leur étude chez le chien, ont

conclu qu'il existait une marge de sécurité assez élevée dans les situations d'exposition

habituelle. Ainsi, il existerait une marge de sécurité de 25 pour un individu se situant

debout sous une ligne de 735 kV. Le coeur normal semble, d'après ces chercheurs, assez

bien protégé des effets directs reliés aux courants électriques induits. Des contractions

musculaires apparaîtraient d'ailleurs avant des effets cardiovasculaires décelables dans des

75

conditions d'exposition extrêmes. Les chercheurs reconnaissent cependant que les résultats

de leur étude n'excluent pas la possibilité d'effets plus subtils ou encore d'effets indirects

par le biais de l'atteinte d'autres systèmes.

L'effet possible sur les stimulateurs cardiaques mérite une attention particulière.

À la lumière des principales études qui ont été réalisées, les experts concluent qu'il existe

une possibilité d'interférence entre des CEM externes et certains stimulateurs à demande.

Cependant, ce risque varie en fonction de plusieurs facteurs: le type de stimulateurs, la

marque de l'appareil et le niveau d'exposition. Toutefois, il semble improbable d'observer

un effet, quel qu'il soit, en deçà de 5 kV/m et de 1.5 G. De plus, les fabricants au cours

des dernières années ont apporté des modifications à leurs appareils pour diminuer ce

risque. En termes d'impact sur la population générale, le risque d'interférence avec les

stimulateurs demeure toutefois minime et surtout lié à certaines sources en milieu de

travail(75). Griffin a estimé aux États-Unis, que sur un total de 350 000 à 500 000 patients

porteurs de stimulateurs, entre 2 000 et 10 000 d'entre eux pourraient être considérés

comme plus à risque. Les effets cliniques dépendront du degré de la dépendance du patient

par rapport aux stimulateurs. Les problèmes rapportés demeurent rares. Dans le cas

d'expositions inhabituelles, en milieu de travail, par exemple, le médecin traitant et le

médecin du travail peuvent être amenés à évaluer s'il existe un risque pour un individu

donné.

En ce qui concerne le système reproducteur, il y a une évidence assez forte d'une

association des champs magnétiques puisés avec une incidence accrue de malformations

chez les embryons exposés. Les implications connues concerneraient surtout le milieu de

travail. Cependant, le domaine des impulsions apparaît assez peu documenté dans

l'environnement en général. Celles-ci pourraient être émises de façon significative dans les

résidences à partir de sources comme certains outils électriques ou encore en relation avec

la présence d'atténuateurs d'intensité. Pour ce qui est des champs électriques, il y a une

étude réalisée chez le porc par Sikov et al. et dont les résultats sont positifs. Il n'est pas

10

possible actuellement de tirer une conclusion certaine d'une association causale chez l'animal.

2.4.3.2 Effets chroniques

L'effet principal qui a préoccupé les chercheurs en rapport avec l'exposition aux

CEM est le cancer. Il n'est actuellement pas possible, suite aux études de laboratoire,

d'affirmer que les CEM soient cancérigènes. Les études sont insuffisantes, notamment les

études in vivo. Cependant, un certain nombre d'études fondamentales tendent à écarter la

possibilité que les CEM soient des initiateurs. Par contre, certaines études sur l'ODC, par

exemple, soulèvent l'hypothèse qu'ils puissent agir comme promoteurs. Ces mêmes études

de même que des études fondamentales sur le calcium au niveau cellulaire mettent en

évidence l'existence de "fenêtres" ou l'effet biologique des CEM serait optimal. Ce

phénomène, s'il est confirmé par d'autres études, remettra en question la relation linéaire

sans seuil que l'on retrouve habituellement avec les cancérigènes. En effet l'existence de

fenêtres pourrait signifier qu'une exposition à une fréquence ou à une intensité de champs

plus élevées ne signifie pas nécessairement des effets biologiques plus sévères.

En rapport avec le cancer, d'autres études ont mis en évidence des résultats

intéressants qui donnent une certaine plausibilité biologique à un effet cancérigène des

CEM. Les premiers résultats qui vont dans ce sens sont reliés à l'effet inhibiteur des CEM

sur la mélatonine. Certains chercheurs dont Reiter, ont démontré que la mélatonine

inhibait la croissance des organes reproducteurs et faisait même régresser ceux-ci chez

l'animal adulte. On a vu précédemment aussi que l'exposition aux CEM, au même titre que

la lumière, inhibait la sécrétion de mélatonine au niveau de la glande pinéale. Selon

d'autres études, la mélatonine aurait un effet protecteur sur la fonction immunitaire, en

favorisant, par exemple, la cy to toxicité des lymphocytes(76). Des chercheurs ont donc voulu

évaluer si la mélatonine avait un effet oncostatique et influençait le développement du

cancer. Dans cette perspective, deux types de cancer ont été particulièrement étudiés en

recherche expérimentale. Ce sont le mélanome et le cancer du sein.

77

En rapport avec le mélanome, trois études in vitro ont été rapportées récemment par

Blask en rapport avec l'effet oncostatique de la mélatonine(77). Dans une culture de cellules

provenant d'un mélanome de hamster exposé à de la mélatonine, Walker et al.,ont observé

une diminution de 25 % de la croissance cellulaire(78). Une étude similaire de Bartsch et

al., à partir de cellules d'un mélanome humain, a mis en évidence une diminution de 60 %

de la croissance cellulaire(79). Une autre étude de Meysken et al., réalisée sur des cellules

humaines, a donné une réponse variable(80). L'effet de la mélatonine sur le mélanome a

aussi été étudié in vivo(81,82'83). Après une pinéalectomie chirurgicale, l'on a observé chez

le hamster une croissance du mélanome de même que des métastases. De plus, suite à une

injection de mélatonine après une pinéalectomie, l'on a observé une diminution de la

croissance des tumeurs. L'administration de mélatonine par voie orale inhibe aussi la

croissance du mélanome chez la souris(84:>. Blask a aussi passé en revue les études sur la

mélatonine et le cancer du sein. La mélatonine aurait aussi un effet inhibiteur sur la culture

de cellules humaines de cancer du sein. Chez l'animal, la glande pinéale aurait un effet

oncostatique sur le cancer du sein similaire à celui observé pour le mélanome.

10 78

2.5 CONCLUSION

Il est indéniable que l'exposition aux champs électromagnétiques en laboratoire

produit des effets biologiques décelables. Les effets principaux sont les suivants:

modification de la fonction de la membrane cellulaire, inhibition de la sécrétion de

mélatonine, modification du rythme circadien, incidence accrue de malformations et

modification de certains paramètres neurochimiques et neurophysiologiques. Bien que la

majorité de ces effets aient été observés sur la cellule ou chez l'animal, certains d'entre eux

ont aussi été documentés chez l'homme, notamment en ce qui concerne les effets

neuroendocriniens. Ces résultats chez l'homme, encore fragmentaires, donnent plus de

plausibilité aux résultats des études de laboratoire.

Toutefois, il n'est actuellement pas possible de se prononcer de façon certaine sur

la signification clinique chez l'homme des effets biologiques observés. La principale

hypothèse que soulèvent les résultats des études expérimentales est l'effet cancérigène de

type promoteur des CEM. Des hypothèses secondaires sont aussi soulevées, soit des effets

sur la santé mentale et sur la reproduction. À l'heure actuelle, on peut dire que deux types

d'effets émergent des résultats des études expérimentales. Le premier type comprend les

effets directs sur la cellule: effet promoteur, baisse de l'immunité cellulaire, anomalies de

la reproduction. Dans le seconld, l'on retrouve les effets indirects par le biais du système

neuroendocrinien, notamment par la mélatonine et certains neurotransmetteurs. Ces deux

types d'effets pourraient expliquer, en théorie du moins, un effet cancérigène. Des effets

neurocomportementaux acquièrent aussi une plausibilité biologique par le biais des effets

sur le rythme circadien et sur la mélatonine. Ce modèle explicatif donne ainsi une certaine

cohérence à des résultats de recherche qui jusqu'à maintenant apparaissaient souvent non

pertinents, voire même saugrenus.

Comme l'ont signalé les experts de l'EPRI réunis à Carmel, en 1988, des limites

importantes sont toutefois évidentes au niveau de la recherche expérimentale. Ces limites

sont liées aux problèmes méthodologiques et au petit nombre d'études réalisées. Cela est

particulièrement vrai en ce qui concerne le cancer. Une liste de sujets prioritaires de

recherche a d'ailleurs été dressée par le groupe d'experts. À la lumière de notre revue des

connaissances scientifiques, certains secteurs de recherche nous apparaissent aussi

prioritaires: études de cancérogénicité chez l'animal et sur la cellule, études de l'effet des

CEM sur la mélatonine, sur les paramètres neurochimiques et neurophysiologiques et sur

l'immunité cellulaire. Cependant, ces orientations de recherche doivent permettre de rester

à l'affût de pistes nouvelles. Pour ce qui est des interventions de santé publique, les

résultats récents de la recherche expérimentale ne justifient pas une approche alarmiste et

radicale au niveau des mesures de prévention. Toutefois, ces résultats sont de plus en plus

cohérents et plausibles.

14

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ANNEXE I LISTE DES OUVRAGES SYNTHÈSES

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Lee, JM. et al. Electrical and Biological Effects of Transmission Lines: A Review. US Département of Energy, Bonneville Power Administration, Portland, Oregon, 1989.

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Wever, RA. The Circadian System of Man. Results of Experiments Under Temporal Isolation, Springer-Verlag, 1979.

Wilson, B., Stevens, RC., Anderson, LE. Extremely Low Frequency Magnetic Fields: The Question of Cancer. Battelle Press, 1990.

CHAPITRE III

LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN: LES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

TABLE DES MATIÈRES

Pages

3.0 INTRODUCTION 93

• 3 . 1 LE RISQUE DE CANCER 93

3.1.1 Exposition en milieu résidentiel 94

3.1.1.1 Les cancers chez l'enfant 94

3.1.1.2 Les cancers chez l'adulte 98

.3.1.2 Exposition en milieu de travail 101

3.1.2.1 Les risques de leucémie 103

3.1.2.2 Les risques de cancer du cerveau 110

3.1.2.3 Autres études sur les risques de cancer 112

3.1.3 Problèmes méthodologiques 118

3.1.3.1 Évaluation de l'exposition 118

3.1.3.2 Facteurs de confusion 120

3.1.3.3 Autres problèmes 120

3.1.4 Résumé et interprétation des études portant sur le risque de cancer 121

3.1.4.1 Exposition résidentielle 122

3.1.4.2 Exposition en milieu de travail 123

3.1.4.3 Nature causale des associations observél26

3.2 LES TROUBLES DE LA REPRODUCTION 129

3.2.1 Exposition résidentielle 129

3.2.2 Exposition en milieu de travail 132

3.2.3 Résumé et interprétation des études portant sur les troubles de la reproduction 137

3.3 AUTRES PROBLÈMES DE SANTÉ 139

3.3.1 Exposition résidentielle 139

3.3.2 Exposition en milieu de travail 143

3.3.2.1 Problèmes de santé généraux 143

3.3.2.2 Mortalité 149

3.3.3 Résumé et interprétation des études portant sur les autres problèmes de santé 149

3.4 CONCLUSION 152

BIBLIOGRAPHIE 155

3.0 INTRODUCTION

L'épidémiologie est une science descriptive et analytique. Elle a pour objet l'étude

de la distribution des maladies dans les populations ainsi que de leurs déterminants (dans

un but de prévention). L'épidémiologie se concentre habituellement sur l'observation de

l'exposition "naturelle" des populations à différents facteurs afin d'investiguer les causes

possibles des maladies. Il ne s'agit donc pas d'une méthode expérimentale d'investigation

qui permette le contrôle de tous les paramètres susceptibles d'interagir avec le problème

de santé étudié. Bien qu'une seule étude épidémiologique permette rarement de tirer des

conclusions définitives, l'utilisation d'un protocole des plus rigoureux, d'une analyse

statistique optimale permet souvent d'orienter l'hypothèse soulevée. De plus, le

regroupement de plusieurs études, ainsi que leur interprétation, compte tenu des

connaissances du phénomène sur la cellule ou l'animal, permettent souvent de mieux

spécifier l'origine causale d'une association. Après avoir révisé les principales études

épidémiologiques, nous essayerons de conclure lorsque possible, quant à la plausibilité de

la nature causale des associations observées.

Nous avons regroupé en trois grands groupes les problèmes de santé qui ont été

investigués dans les études épidémiologiques: le cancer, les troubles de la reproduction et

les problèmes généraux.

3.1 LE RISQUE DE CANCER

Plusieurs études épidémiologiques ont investigué le risque de cancer relié à

l'exposition aux CEM alternatifs. Il est classique de diviser ces études selon le lieu de

l'exposition principale: milieu résidentiel ou milieu professionnel. Bien qu'imparfaite cette

dichotomie est liée à des méthodologies souvent différentes et à la présence de "bruits de

fond" différents dans les deux types d'exposition.

93

3.1.1 Exposition en milieu résidentiel

Ces études ont tout d'abord porté sur les risques de cancer chez les enfants puis

secondairement chez l'adulte. Vu la susceptibilité des enfants et les mécanismes

probablement différents de cancérogénèse dans ce groupe d'âge, nous avons cru bon de

conserver cette division.

3.1.1.1 Les cancers chez l'enfant

Quatre études ont été publiées sur ce sujet. Le tableau I résume les principales

caractéristiques de ces études. Il s'agit d'études de type cas-témoins, c'est-à-dire que ces

études comparent l'exposition aux CEM d'enfants atteints ou décédés de cancer à celle

d'enfants en bonne santé.

La première étude publiée fut celle de Wertheimer et L e e p e r C e s auteurs ont

observé que les enfants décédés de cancer dans le Colorado avaient vécu plus fréquemment

que des témoins dans des maisons où la configuration des câbles électriques proches de la

maison suggérait une exposition notable au champ magnétique. Cette étude a été critiquée

à cause de faiblesses méthodologiques(2)(3). D'une part, la sélection des cas et des témoins

avait pu entraîner certains biais (cas décédés, avec stabilité de résidence). D'autre part

l'évaluation de l'exposition était qualitative et faite de façon "non aveugle". Bien que

plusieurs facteurs potentiellement confondants aient été pris en considération, cette étude

ne peut éliminer l'effet d'autres variables pouvant "biaiser" l'association observée. Quoi que

la méthode d'analyse utilisée soit assez rudimentaire, il faut reconnaître que personne n'a

pu expliquer les résultats obtenus par les chercheurs.

Fulton et al(4) essayèrent de répéter l'étude de Wertheimer dans le Rhode Island, en

se limitant aux cas de leucémie. Ils ne retrouvèrent aucune association entre la

configuration électrique des résidences des enfants atteints de leucémie et celle de témoins.

Cette étude a vivement été critiquée à cause de biais majeurs(3)(5)(6). D'une part le mode

104 94

de sélection des maisons des témoins et la méthode d'analyse avaient tendance à favoriser

des résidences urbaines pour les témoins, ce qui a pu entraîner une diminution de l'effet

étudié (à cause d'une possible surexposition des témoins). De plus, la catégorisation des

configurations électriques était basée sur des hypothèses erronées. Wertheimer et Leeper^

réanalysèrent cette étude en utilisant leur propre classification de configuration électrique

et en se limitant aux jeunes enfants afin de diminuer le biais de sélection des témoins. Ils

retrouvèrent alors une association positive entre la survenue de leucémie et le fait d'avoir

vécu dans une maison avec configuration à risque (RC = 1.65).*

Tomenius(7) a présenté une étude cas-témoins réalisée dans le comté de Stockholm.

Il s'agit de la première étude utilisant des mesures directes de champ magnétique à

proximité des maisons évaluées. Dans les maisons des enfants atteints de cancer, le champ

magnétique était fréquemment plus élevé. Le faible nombre de cas avec une surexposition

( >3mG ) rend cependant l'estimation très imprécise. Le seul résultat statistiquement

significatif est retrouvé pour les cancers du système nerveux. Cette étude comporte des

limites méthodologiques. D'une part, la mesure de l'exposition est faite au moment de

l'étude par une estimation ponctuelle dont la signification en termes d'exposition

rétrospective est incertaine. D'autre part, la majorité des analyses présentées par les auteurs

sont faites en considérant les maisons comme unités d'analyse, ce qui complique

l'interprétation des résultats. Les facteurs potentiellement confondants ne sont que très peu

considérés dans cette étude. Il faut aussi noter certaines inconsistances dans les résultats

présentés, par exemple une augmentation du risque de cancer pour les maisons qui ne sont

pas" situées à proximité des lignes à haute tension (200 kV).

L'étude récente de Savitz et al(8)(9) est la plus élaborée. Elle faisait partie du

programme de recherche mis sur pied par l'État de New York. Cette étude a été réalisée

afin de combler les lacunes des études précédentes. Pour une raison non expliquée, Savitz

choisit de réétudier la région de Denver qui avait déjà été étudiée par Nancy Wertheimer

mais en considérant une autre période de temps (1976-1983). Une association faible est

* RC = Rapport de Cotes, équivalent du Odd's Ratio anglais

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retrouvée entre la survenue de cancer et le fait d'avoir résidé dans une maison avec des

niveaux élevés de champ magnétique (RC = 1.4). Cependant, cette association est non

significative et elle varie selon le type de mesure utilisée pour évaluer l'exposition. Aucune

association n'est observée avec l'exposition au champ électrique. Certaines forces de cette

étude sont manifestes: validation minutieuse des diagnostics pathologiques des cas,

évaluation des niveaux d'exposition dans les maisons des enfants, évaluation des

configurations électriques des maisons à l'aveugle, prise en compte de nombreux facteurs

potentiellement confondants. Cependant, certaines lacunes limitent l'utilisation des résultats

obtenus. La sélection des témoins a tendance à favoriser des témoins plus stables qui sont

possiblement moins exposés. Il y a eu beaucoup de non-répondants lorsque l'on a voulu

mesurer les CEM à l'intérieur des maisons. L'évaluation de l'exposition est limitée, elle ne

tient pas compte des autres sources d'exposition en dehors de la résidence familiale.

Finalement, à cause du faible nombre de cas étudiés, une analyse plus poussée des données

n'a pu être effectuée et une imprécision importante est présente dans les mesures

d'associations étudiées. Les résultats observés sont aussi très instables selon la mesure

d'exposition et il n'y a pas de relation dose-effet évidente.

Des résultats préliminaires de certaines études ont été présentés lors de congrès mais

n'ont pas été publiés. Nous les présentons brièvement bien qu'ils n'ont pas été révisés par

des comités de pairs. Myers et al(10) ont présenté en 1985 une étude réalisée dans le

Yorkshire(UK) incluant 339 cas de cancer chez des enfants de moins de 15 ans et 546

témoins. Ils n'observent pas d'association significative entre la proximité des maisons avec

une ligne de transport d'électricité et le risque de cancer chez les enfants. Les résultats de

cette étude sont difficiles à interpréter. L'évaluation de l'exposition aux CEM est très

imparfaite, il y a eu des problèmes lors de la sélection des cas et il n'y a aucune prise en

compte de facteurs de confusion.

Plus récemment Lin et al(u) ont présenté les résultats préliminaires d'une étude

réalisée à Taïwan portant sur 216 cas de cancer chez l'enfant et 422 témoins. Une

association faible et non significative est retrouvée entre la proximité des résidences des

97

lignes de transport électriques et la survenue de cancer: RC pour tous cancers 1.3

(95% IC: 0.9-1.8),*pour leucémie 1.3 (95% IC 0.8-2.2),lymphome 2.0 (95% IC 0.6-6.5).

Les mêmes critiques que celles mentionnées pour l'étude précédente s'appliquent à cette

étude et limitent l'utilisation de ces résultats pour faire une évaluation de risque.

Mentionnons aussi que Savitz et al ont publié une annexe de leur étude qui se

concentre sur l'utilisation de couvertures chauffantes, réveils électriques, séchoirs

électriques et des lits chauffants pour les enfants(12). Un risque faible de cancer est associé

à l'utilisation postnatale de couverture chauffante (RC = 1.5, 95% IC 0.6-3.4)et de réveils

électriques (RC = 1.3,95% 0.8-2.2),mais non avec l'utilisation de lits d'eau chauffants ou de

séchoirs électriques. L'effet est le plus constant pour les cas de leucémie lorsque la

couverture chauffante a été utilisée quelques années avant le diagnostic.

Devant les faiblesses de toutes les études présentées jusqu'à maintenant, plusieurs

équipes de recherche ont décidé d'approfondir le lien entre l'exposition aux CEM alternatifs

et le risque de cancer chez l'enfant. D'après le rapport d'un groupe de travail mis sur pied

par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)(13), 5 études seraient en

cours sur cette question à travers le monde. Mentionnons une vaste étude pan-canadienne

sur la leucémie de l'enfant qui inclurait 1 500 cas et 3 000 témoins et serait finalisée en

1993.

3.1.1.2 Les cancers chez l'adulte

Quatre études investigant l'association entre le cancer chez l'adulte et l'exposition

résidentielle générale aux CEM ont été publiées (voir Tableau II).

Wertheimer et Leeper(14) ont effectué une étude cas-témoins du même type que celle

réalisée chez les enfants. Ils observent une association significative entre le fait d'avoir

IC = Intervalle de confiance

98

habité dans une maison avec configuration électrique à risque élevé et la survenue de

cancers (principalement du système nerveux, de l'utérus, du sein et lymphomes). Le risque

détecté est faible, mais ils observent une légère relation dose-effet. Cette étude a été

critiquée par plusieurs auteurs pour ses faiblesses méthodologiques^5). Les procédés de

sélection des cas et des témoins sont discutables, l'évaluation de l'exposition indirecte n'a

pas été faite à l'aveugle et ne considère que l'environnement électrique des maisons. De

plus, très peu de facteurs de confusion ont été pris en compte.

McDowall^15) a présenté une étude de cohorte qui comparait la mortalité de résidents

proches d'une ligne de transmission ou d'un transformateur à celle de résidents de la région

étudiée (East Anglia). Il n'observe pas d'association entre l'exposition et la survenue de

cancers totaux mais une association significative avec le risque de décès par cancer du

poumon chez la femme et des associations non significatives avec le risque de décès par

leucémie et cancer des tissus lymphatiques chez la femme. Le risque est maximal lorsque

les résidences sont proches des installations électriques. Beaucoup d'éléments rendent

fragiles les résultats de cette étude. L'utilisation des certificats de décès diminue la validité

des diagnostics, il n'y a . pas de mesure précise d'exposition et très peu de facteurs

potentiellement confondants sont pris en considération. Finalement, à cause du faible

nombre de cas observés, il existe une grande imprécision dans les estimations présentées.

Severson et al(16> ont'publié en 1988 les résultats d'une étude cas-témoins

commanditée par l'État de New York. Il s'agit d'une étude beaucoup plus perfectionnée

que les précédentes et qui concerne uniquement la leucémie non lymphoïde. Les cas

étudiés ont été répertoriés par un registre de qualité, l'évaluation de l'exposition est basée

sur des mesures prises à l'intérieur des maisons et une évaluation de la configuration

électrique des résidences occupées dans les 15 ans précédant le diagnostic. La prise en

compte des facteurs de confusion semble optimale. Aucune association n'est observée entre

l'exposition et la maladie (RC«I). Les limites de cette étude ont trait à l'évaluation de

l'exposition qui reste imparfaite: l'évaluation par mesure directe n'a pu être effectuée que

chez 39 % des cas mais chez 70 % des témoins, de plus il n'a pas été possible de prendre

99

en compte l'exposition en dehors du milieu résidentiel. Ces imperfections ont pu contribuer

à biaiser la mesure d'association vers la valeur nulle. Wertheimer et Leeper ont eu accès

à la banque de données de cette étude et en ont refait une analyse post-hoc. Bien que ce

genre d'analyse soit toujours sujet à critique, il est intéressant de noter qu'une

dichotomisation des configurations électriques met en évidence un RC à 1.9

(IC 95 %: 0.9-3.8) pour les sujets résidant à la même adresse au cours des 3 années

précédant le diagnostic^.

Coleman et al^8) ont présenté récemment les résultats d'une étude réalisée il y a près

de 10 ans. Il s'agit donc d'une étude de première génération sans mesure directe des CEM

ni prise en compte de facteurs de confusion autre que l'âge et le sexe. La proximité des

résidence, des cas de leucémie, par rapport aux lignes à haute tension et aux

transformateurs, a été comparée à celle de témoins atteints d'autres types de cancer. Les

associations observées sont faibles et non significatives et aucune relation dose-effet n'a été

retrouvée. L'interprétation de cette étude est difficile: outre les lacunes mentionnées

précédemment, l'utilisation de témoins cancéreux peut entraîner une sous-estimation de

l'effet étudié, de plus les auteurs n'ont pas considéré le type histologique des cas de

leucémie.

Trois études ont examiné le risque relié à l'exposition aux couvertures électriques ou

aux lits chauffants. L'étude deSeverson(16)' a mis en évidence un excès quasi significatif de

leucémie non lymphoïde chez les utilisateurs de lits ou couvertures chauffantes avec bas

niveau socio-économique: RC = 2.4 (IC 95% : 0.99-5.84). L'analyse post-hoc de

Wertheimer et Leeper<17) se limitant aux personnes exposées aux lits/couvertures électriques,

et avec une configuration à risque, montre un risque supérieur: RC = 3.6 (IC 95% 1.3-9.4).

Preston-Martin et al(19) ont étudié l'effet de l'exposition aux couvertures électriques

sur les risques de leucémie myéloïde dans le comté de Los Angeles. Cent seize cas de

leucémie aiguë myéloïde (LAM) et 108 cas de leucémie chronique myéloïde (LCM) âgés

de 20 à 69 ans au diagnostic ont été appariés à autant de témoins pour l'âge, le sexe et la

100

race. Ni la survenue de LAM, ni celle de LCM n'était associée à l'utilisation de couverture

électrique (RC = 0 . 9 et 0.8). L'ajustement effectué pour l'exposition aux radiographies, le

travail de soudeur ou de fermier ne modifiait pas les résultats. Cette étude a certaines

faiblesses. Il y a d'abord l'exclusion des décès parmi les cas, ce qui peut avoir entraîné une

sous-estimation du risque si les personnes décédées avaient été plus exposées. Soulignons

aussi le faible niveau de l'exposition étudiée. En effet, l'utilisation de couverture électrique

en Californie est probablement limitée ce qui réduit la différence d'exposition entre le

groupe non exposé et le groupe exposé.

Verreault et al(20) ont étudié la relation entre l'exposition à des couvertures

chauffantes et le risque de cancer testiculaire. Ils n'observent pas d'association avec le

risque global de cancer testiculaire mais une légère association non significative avec le

risque de cancer testiculaire de type non séminal: RR=1.4, (IC 95%: 0.9-2.3). Ce dernier

risque augmente avec l'utilisation: RR=1.8, (IC 95%: 0.9-3.6) lorsqu'il y a une utilisation

de plus de 24 mois cumulés. Seuls l'âge, le statut marital et l'éducation ont été considérés

comme covariables. Il est possible qu'un tel effet soit dû à la chaleur locale provoquée par

la couverture plutôt qu'à l'effet direct des CEM.

3.1.2 Exposition en milieu de travail

L'évaluation des risques associés à l'exposition en milieu de travail est utile afin de

réduire les risques reliés à cette exposition, mais elle permet également de générer des

connaissances qui seront applicables à la population générale. En effet, beaucoup

d'agresseurs environnementaux sont présents à des niveaux plus élevés en milieu de travail

que dans la vie courante. Un risque associé à ces niveaux pourra éventuellement être

extrapolé à la situation générale si l'effet est proportionnel au niveau d'exposition ou à la

dose. Dans le cas des CEM, nous ne savons pas si les effets possibles de ces champs sont

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fonction de la dose reçue. Il est néanmoins utile de connaître les effets associés à des niveaux élevés en milieu de travail.

3.1.2.1 Les risques de leucémie

Plusieurs auteurs ont révisé la littérature dans ce domaine^1"23). Nous avons mis à jour ces revues.

Savitz et Calle ont présenté en 1987(22)' une des revues les plus détaillées à ce sujet.

Onze études étaient répertoriées par ces auteurs: 8 études de mortalité et 3 études sur des

cas incidents. Il existe une hétérogénéité dans toutes ces études. La plupart compare la

fréquence des cas de leucémie à celle d'autres cas de cancer ou d'autres décès chez les

travailleurs de l'électricité. Il en résulte l'utilisation du PMR (Proportional Mortality Ratio)

ou du PIR (Proportional Incidence Ratio). Une estimation du risque relatif de leucémie

chez les travailleurs exposés à l'électricité est proposée après pondération pour la taille des

populations étudiées. Globalement, le risque relatif de leucémie totale chez ces travailleurs

est estimé à 1.2 (IC 95%: 1.1-1.4),c'est-à-dire une augmentation de 20 % par rapport à

d'autres travailleurs. Ce risque est plus élevé lorsqu'on considère uniquement les cas de

leucémie aiguë et particulièrement les cas de leucémie aiguë myéloïde (RR « 1.5). Les

professions les plus à risques seraient les assembleurs d'équipement électrique, les

travailleurs de l'aluminium, les télégraphes et les opérateurs de radio.

Ces études sont critiquables à cause de leurs faiblesses méthodologiques importantes.

D'une part, le titre d'emploi utilisé dans ces études n'implique pas nécessairement une

exposition aux CEM de 50/60 Hz. On ne peut donc pas extrapoler de ces études le niveau

d'exposition passée. De plus, les méthodes épidémiologiques utilisées dans ces études ne

sont pas très élaborées et sujettes à des biais non prévisibles. Ajoutons que des facteurs de

risque de leucémie, telle l'exposition aux radiations ionisantes et au benzène peuvent exister

en milieu de travail et n'ont pas été considérés dans ces études.

103

D'autres études utilisant des méthodologies plus solides ont été répertoriées par la

suite par Coleman et Beral(5) ainsi que par Thériault(23). Nous y avons ajouté certaines

études plus récentes. Un résumé de ces études est présenté au Tableau III.

Wiklund et al(24) ont réalisé une étude à partir des données du recensement de la

population suédoise de 1960 et du registre de cancers des années 1961-1973. Leur analyse

se limite à comparer les taux d'incidence de cas de leucémie chez les opérateurs de radio

à ceux de la population générale. Les chercheurs n'ont trouvé aucun excès. Toutefois, ils

n'ont pas tenu compte de facteurs de confusion autres que le sexe et la date de naissance.

L'exposition aux CEM n'a pas été estimée.

Morton et Maijanovic(25) ont réalisé une étude visant à évaluer les taux de leucémie

selon la profession dans le secteur de Portland. Aucun excès de leucémie n'a été noté chez

les électriciens et les soudeurs. Plusieurs autres occupations étaient associées à une

fréquence élevée de leucémie. Aucune mesure d'exposition aux CEM n'a été utilisée et il

n'y a pas de prise en compte de facteurs de confusion autres que le sexe et l'âge.

Jârvisalo et al(26) ont présenté une étude cas-témoins portant sur l'exposition

professionnelle de personnes atteintes de leucémie aiguë myéloïde en comparaison à

d'autres types de cancer. Aucune profession, incluant les installateurs de matériel de

téléphone et de radio, n'est associée à un excès significatif de ce type de leucémie. Cette

étude ne considère pas spécifiquement l'exposition aux CEM et l'occupation retenue est

seulement celle au moment du diagnostic. Il y a donc possibilité de mauvaise classification

de l'occupation. De plus, la prise en compte des facteurs potentiels de confusion est limitée.

Gilman et al(27) ont réalisé une étude cas-témoins à l'intérieur de 4 cohortes de

mineurs de charbon. Ils observent un excès de leucémie, particulièrement de leucémie

lymphoïde chronique (LLC) et de leucémie myéloïde chez les mineurs ayant travaillé dans

la mine plus de 25 ans. Il n'y a pas eu de mesure de l'exposition directe aux CEM, mais ils

ont pris en considération outre l'âge au décès, le tabagisme et les signes de pneumoconiose.

104

Dans leur discussion des résultats, les auteurs reconnaissent que le risque accru de leucémie

myéloïde pourrait être dû à l'exposition à des agents dégraissants contenant du benzène.

Le risque de LLC est inexpliqué. L'exposition aux CEM est proposée comme "premier

suspect".

Stern et al(28) ont présenté une étude cas-témoins réalisée à l'intérieur d'une cohorte

de travailleurs de chantiers maritimes nucléaires. Contrairement à leurs hypothèses de

départ, ils n'ont pas observé de risque élevé de leucémie chez les travailleurs exposés aux

radiations ionisantes ou aux solvants. Cependant, un risque significatif était observé pour

les postes d'électriciens et de soudeurs, les électriciens étant plus sujets à la leucémie

lymphoïde et les soudeurs à la leucémie myéloïde. Les limites de cette étude sont liées à

son hypothèse de départ. On a accordé beaucoup d'importance à l'évaluation de

l'exposition aux radiations ionisantes mais beaucoup moins à l'exposition aux solvants et aux

CEM. Aucune mesure de ces champs n'a été effectuée. La prise en compte de facteurs

confondants est aussi limitée. Les électriciens aussi bien que les soudeurs peuvent être

exposés à des produits toxiques, fumées de métaux, solvants, BPC,... L'absence du contrôle

de ces facteurs a pu biaiser l'association observée. Il faut cependant reconnaître à cette

étude certaines forces: une évaluation précise de l'histoire professionnelle et un choix

rigoureux des témoins à l'intérieur de la cohorte.

Flodin et al^29) ont publié une étude cas-témoins sur l'association entre le risque de

leucémie aiguë myéloïde (LAM) et l'exposition aux rayonnement gamma provenant des

résidences. Un questionnaire fut distribué aux cas et aux témoins et a permis d'isoler les

effets d'autres sources d'exposition. Ils ont ainsi observé que, parmi diverses professions,

les électriciens ont un risque élevé d'être atteints de cette leucémie. Cette étude est

cependant sujette à critique. Outre le fait que l'exposition aux CEM soit seulement basée

sur le titre d'emploi recueilli par questionnaire, il faut noter que les cas retenus représentent

un sous-groupe de cas de LAM, c'est-à-dire des patients vivants et aptes à répondre à un

questionnaire. Ce choix a pu biaiser l'association observée, si les cas rejetés avaient des

105

caractéristiques différentes. L'évaluation des facteurs confondants bien que réalisée par questionnaire semble assez exhaustive.

Preston-Martin et Peters(30) ont publié récemment une étude cas-témoins sur les

facteurs de risque reliés à la leucémie myéloïde chronique. Suite à une enquête par

questionnaire auprès de cas et de témoins, ils ont observé un risque beaucoup plus élevé

chez les personnes ayant travaillé comme soudeurs. Cette étude, comme la précédente, se

limite aux cas vivants et le recueil d'informations est obtenu par questionnaire. De plus,

l'interviewer connaissait le statut des cas. Ce sont là des éléments qui peuvent entraîner

certains biais dans les associations observées. Les soudeurs sont aussi exposés à différents

agresseurs en plus des CEM, (solvants, fumées de métaux, rayons X), lesquels ne peuvent

être pris en considération dans le cadre de cette étude.

Linet et al(31) ont réalisé une étude de cohorte qui intègre les données du registre de

tumeurs suédois aux données de recensement. En tenant compte de la profession exercée

en 1960, ils observent une augmentation du risque de LLC dans les 20 années suivantes chez

les monteurs de lignes électriques. Ce type d'étude peut être critiqué à cause des données

limitées quant à l'histoire professionnelle et l'exposition réelle aux CEM. De plus, comme

le mentionnent les auteurs, d'autres agresseurs présents dans le milieu de travail des

monteurs de lignes n'ont pu être pris en considération: solvants, créosote, plomb,... Il faut

aussi noter que. le registre de cancers suédois est limité par une sous-déclaration des cas de

leucémie, ce qui peut-être cause de biais(31).

D'autres études ne sont pas mentionnées dans nos tableaux, car elles ont été présentées uniquement à des congrès ou publiées de façon très préliminaire. Nous les mentionnons ci-après.

106

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Juutilainen et Pukkala(32) ont présenté récemment les résultats préliminaires d'une

étude de cohorte du type de celle de Linet et réalisée en Finlande. Un excès de cas de

leucémie est observé chez les professions exposées à l'électricité (RC = 1.23) avec un

maximum pour les électriciens en bâtiments (RC=7.46), les installateurs et réparateurs de

téléphone (RC=2.14) et les travailleurs de lignes (RC = 1.28). Aucun test statistique n'aété

effectué à cause du faible nombre de cas présentés.

Matanoski et al^33_34) ont présenté au dernier congrès sur la recherche sur les champs

EM de 50-60Hz les résultats préliminaires d'une étude de cohorte effectuée chez les

travailleurs de téléphone. Plusieurs éléments laissent penser que cette étude est d'un calibre

supérieur aux études présentées jusqu'à maintenant sur le sujet. Il s'agit d'une étude de

cohorte où l'on a observé le devenir de plus de 50 000 travailleurs de la "New York

Telephone Company". Un estimé de l'exposition selon les catégories d'emploi a été évaluée

par dosimétrie. Selon les résultats préliminaires présentés, les travailleurs les plus exposés

aux champs magnétiques ("cable splicer") ont un excès de cas de cancer et plus

particulièrement de leucémie (RC=7) quand on les compare à des travailleurs peu exposés.

Il faudra cependant attendre un rapport plus complet sur cette étude pour porter un

jugement définitif sur sa valeur.

Devant les limites de toutes les études publiées jusqu'à maintenant sur le risque de

leucémie chez les travailleurs èxposés aux CEM et la plausibilité d'une telle association,

plusieurs équipes de recherche ont mis au point des études beaucoup plus sophistiquées

visant à clarifier cette hypothèse. Le groupe réuni par le CIRC(13) a ainsi répertorié 6

études actuellement en cours sur le sujet à travers le monde. Ce répertoire compte l'étude

de Thériault et al, de l'Université McGill, qui comparera l'exposition de cas de cancers à

celle de témoins à l'intérieur d'une cohorte de travailleurs de l'électricité au Québec, en

France et en Ontario(35_36).

109

3.1.2.2 Les risques de cancer du cerveau

Les tumeurs du cerveau surviennent avec prédilection dans certaines professions.

Plusieurs produits toxiques sont soupçonnés d'être responsables de cet excès: solvants,

hydrocarbures polycycliques, phénols, etc(37). Cependant, quelques études ont relevé un

excès de ces cancers chez les électriciens^. Ces études ont été critiquées à cause de limites

méthodologiques importantes(37)(38). Il s'agit le plus souvent d'études de mortalité dans

lesquelles le diagnostic pathologique est rarement présenté et qui sont basées uniquement

sur la profession notée au certificat de décès. Nous présentons au Tableau IV un résumé

des études les plus récentes qui ont essayé de combler certaines lacunes des études passées.

Lin et al(38), ont publié les résultats d'une étude cas-témoins effectuée au Maryland.

Ils ont comparé les professions de personnes décédées de tumeur du cerveau à celles de

témoins décédés d'autres causes. Ils observent un risque accru de tumeurs du cerveau et

particulièrement de gliomes et d'astrocytomes chez les travailleurs des professions les plus

exposés aux CEM. Cette étude possède certaines forces que l'on ne peut négliger:

vérification manuelle des certificats de décès afin d'exclure des cas de tumeurs

métastatiques, considération du type histopathologique des tumeurs, classification des

professions selon le risque d'exposition aux CEM par un groupe ne connaissant pas le statut

du décédé, choix adéquat des témoins. Cependant, cette étude reste rudimentaire à cause

d'un manque de validation dé' la classification proposée pour catégoriser le risque de

l'exposition des professions aux CEM et à cause de l'absence de contrôle de facteurs de

confusion pouvant être associés à la survenue de telles tumeurs (particulièrement les

produits toxiques déjà mentionnés).

L'étude de McLaughlin(39) est de type cohorte. Utilisant les données du recensement

suédois de 1961, il compare l'incidence des gliomes de certaines professions à celle de la

population générale. Un risque élevé de survenue de gliomes est observé chez les soudeurs

et beaucoup d'autres professions dont les biologistes, les professionnels de la santé et les

travailleurs de la poterie. Aucun excès de risque n'est observé chez les électriciens et les

104

travailleurs de l'électronique. Cette étude a l'avantage de se baser sur les données solides

du registre des tumeurs pour l'identification des cas incidents et du type histologique de la

tumeur. De plus, l'information sur la profession est recueillie au début de la cohorte et est

peut-être plus représentative que celle déclarée au certificat de décès. Cependant, la

profession recueillie par recensement n'est pas très détaillée et l'on a pas tenu compte de

l'exposition réelle ni aux CEM ni aux toxiques.

L'étude de Thomas(40) est de type cas-témoins. Chez les malades décédés de tumeurs

du cerveau, il a observé plus fréquemment une profession avec potentiel d'exposition aux

CEM. Le risque est maximum pour l'astrocytome et chez les travailleurs de la production

et de la réparation d'équipement électronique. De plus, il observe une relation dose-effet

en tenant compte de la durée d'exposition. Par contre, si l'on exclut les travailleurs non

exposés à des toxiques comme les solvants, les fumées de soudage et le plomb, l'association

n'est plus retrouvée. Cette étude a certaines forces indéniables: évaluation du diagnostic

au dossier médical, prise en compte du type histopathologique de la tumeur, évaluation des

emplois pendant toute la vie, prise en considération de l'exposition à d'autres produits

toxiques. Cependant, la classification proposée pour catégoriser les expositions à risque

n'est pas validée, l'évaluation de l'exposition aux autres toxiques est basée sur une

évaluation qualitative. De plus, l'analyse statistique par les auteurs n'est pas très

développée.

Speers et al(41) ont présenté les résultats d'une étude cas-témoins effectuée au Texas.

En comparant les professions notées au certificat de décès de malades décédés de gliomes

à celles de témoins décédés d'autres causes, ils observent un risque élevé particulièrement

chez les travailleurs potentiellement exposés aux CEM. Lorsqu'ils utilisent la même

classification que L i n ^ , ils retrouvent une relation dose-effet selon la probabilité de

l'exposition aux champs EM. Bien que cette étude ait l'avantage de se limiter aux cas de

gliomes, elle est sujette à des biais de classification autant pour ce qui est du diagnostic que

de l'occupation qui nous intéresse. De plus, l'évaluation de l'exposition aux CEM, comme

celle des facteurs confondants est déficiente.

111

D'autres études sont actuellement en cours sur le sujet. D'après le CIRC(13), trois

études cas-témoins (dont celle dirigée par Gilles Thériault) et une étude de cohorte sont en

train d'investiguer plus en profondeur cette association. Il faudra attendre un ou deux ans

pour connaître les premiers résultats de ces études.

3.1.2.3 Autres études sur les risques de cancer

Plusieurs études ont évalué le risque de cancer chez les travailleurs potentiellement

exposés aux CEM. Ces études, basées la plupart du temps sur des hypothèses peu précises,

sont plutôt de type exploratoire. Nous les avons répertoriées au Tableau V en faisant

ressortir les résultats qui concernent

excès d'autres types de cancer.

Sur les 10 études présentées,

Aucune d'entre elle n'évalue l'exposition réelle aux CEM. L'objectif de ces études est

surtout d'explorer la mortalité (et éventuellement la morbidité) par cancer chez un groupe

de professions ayant des contacts avec les CEM: travailleurs de l'électricité, de

l'électronique, du téléphone, de la radio, etc. L'exposition reliée à ces professions n'est pas

par des mesures réelles. De plus, les professions retenues varient d'une étude à

Néanmoins, cette lacune est fréquente dans les études de santé au travail et a

tendance à diluer les associations étudiées (hétérogénéité de l'exposition à l'intérieur

d'un groupe) ou à augmenter la variabilité des résultats (hétérogénéité de l'exposition entre

les groupes étudiés). Ce qui est le plus regrettable est l'absence de contrôle des autres

agresseurs présents dans le milieu de travail qui pourraient expliquer les associations

observées. Un autre problème commun à ces études est leur manque de puissance ce qui

limite l'interprétation statistique des résultats obtenus.

les 2 types de cancer vus précédemment ainsi que les

aucune n'est exempte de problèmes méthodologiques.

validée

l'autre,

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112

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1) il n'y a généralement pas d'excès global de cas de cancer chez ces travailleurs,

2) un excès de cas de leucémie est retrouvé dans 6 études sur 7,

3) un excès de cas de cancer du cerveau est retrouvé dans 3 études sur 6,

4) un excès de cas de mélanome est retrouvé dans 4 études sur 6,

5) d'autres cancers sont aussi observés en excès de façon moins régulière: cancer de

l'intestin, de l'estomac, du larynx.

Le risque de mélanome cutané a aussi été étudié récemment par De Guire et

Thériault chez les travailleurs des télécommunications de Montréal(53). Une liste de tous

les employés ayant travaillé pendant au moins 6 mois entre 1976 et 1983 dans cette activité

a été croisée avec la liste de tous les cas de mélanome malin répertoriés dans 30 hôpitaux

de la région de Montréal ainsi qu'au fichier des tumeurs. Le taux d'incidence de mélanome

de ces travailleurs a été comparé au taux de la population de Montréal après

standardisation pour l'âge et le sexe. Les travailleurs masculins apparaissent à risque

élevé de mélanome: SIR = 2.7, (CI 95%: 1.3-5.0),et particulièrement ceux ayant moins de

20 ans d'ancienneté : SIR = 5.0 (CI 95%: 1.6-11.7). Aucune histoire professionnelle

détaillée n'a pu être complétée pour les dix cas retrouvés et neuf cas sur dix ont été détectés

entre 1976 et 1980. Il est difficile de conclure sur la nature de ce regroupement de cas

puisque ni les différents agresseurs en milieu de travail, ni les facteurs de risque de

mélanome n'ont pu être pris en considération.

Une étude a évalué le PMR (proportion morbidity ratio) de différentes professions

en Angleterre pour le cancer de l'oeil(54). Le ratio le plus élevé était retrouvé chez les

travailleurs de l'électricité et de l'électronique: PMR = 571, p < 0.05. Par contre, une

étude cas-témoins plus robuste réalisée au Canada(55) sur le mélanome oculaire n'a pas mis

en évidence de risque élevé chez ce même groupe de travailleurs.

114

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3.1.3 Problèmes méthodologiques

La plupart des études épidémiologiques portant sur le risque de cancer associé à

l'exposition aux CEM alternatifs présentent des problèmes méthodologiques importants.

Avant de tirer les principales conclusions des études présentées, il est bon de se pencher sur

l'impact possible de ces problèmes méthodologiques sur les résultats observés. Nous

utiliserons principalement dans cette section le matériel présenté à ce sujet par Savitz et al(3)

et Poo le^ auquel nous ajouterons nos propres commentaires.

Trois types de problèmes sont constamment retrouvés dans les études présentées:

1) l'évaluation de l'exposition,

2) le contrôle des facteurs de confusion et,

3) d'autres problèmes reliés au protocole même de l'étude ou éventuellement à la

conduite de l'étude.

3.1.3.1 Évaluation de l'exposition

Quatre problèmes concernent l'évaluation de l'exposition. Comme déjà mentionné

dans ce rapport, le premier problème associé à l'évaluation de l'exposition aux CEM dans

le but d'étudier leurs effets sur l'humain est le manque d'indices permettant de choisir le

paramètre d'exposition le mieux adapté. Cette imprécision, due au manque de connaissance

d'un mécanisme d'action précis, amène inévitablement de la difficulté à définir différents

niveaux d'exposition et donc à évaluer une éventuelle relation dose-effet.

Le deuxième problème est la difficulté d'évaluer l'exposition passée aux CEM.

Même si la dosimétrie a permis de mieux connaître l'exposition actuelle aux CEM, celle-ci

est surtout utile pour classifier différents niveaux d'exposition selon le type de profession ou

d'activité. L'évaluation rétrospective ou "historique" doit estimer l'exposition passée, soit

101

20 ou 40 ans avant l'apparition de la tumeur, alors que les équipements et procédés étaient

différents d'aujourd'hui.

Le troisième problème est lié à la multiplicité des sources d'exposition aux CEM.

La majorité des études présentées se limitent le plus souvent à un type d'exposition, c'est-à-

dire l'exposition résidentielle due à la configuration des câbles électriques d'une maison ou

l'exposition due au travail. Cependant, il y a plusieurs autres sources qui ne peuvent être

négligées. Par exemple, l'exposition résidentielle à des couvertures chauffantes ou liée à

l'utilisation régulière d'appareils électriques ne peut être négligée même lorsqu'on évalue

les effets d'une exposition liée au travail.

Le quatrième problème est en quelque sorte le corollaire au troisième. Puisque les

sources d'exposition aux CEM sont multiples, il devient difficile d'obtenir un groupe pouvant

être considéré comme non exposé.

Ces quatre problèmes méthodologiques tendent à produire une erreur de

classification de l'exposition aussi bien dans les études cas-témoins que dans les études de

cohorte. Cette erreur de classification est très probablement non sélective et touche

indifféremment les malades et les non-malades. Cela peut donc avoir pour effet de diluer

les associations étudiées et donc de sous-estimer le risque relatif réel. L'erreur de mesure

tend donc à ramener le risque relatif (RR) vers 1(57)(58). Des résultats positifs ne peuvent

donc nullement être expliqués par ce type d'erreur. Par contre, cet effet peut expliquer, en

partie, les faibles RR retrouvés.

119

3.1.3.2 Facteurs de confusion

Un facteur de confusion est un facteur de risque de la maladie à l'étude et qui, en

plus, est associé à l'exposition étudiée. L'absence de contrôle d'un tel facteur va entraîner

une distorsion (biais) de l'effet mesuré. Ce biais peut provoquer une augmentation ou une

réduction artificielle du risque évalué. Ces facteurs, qui sont des facteurs de risque pour le

cancer, ne sont pas tous connus. Ainsi, il y a peu de facteurs de risque de cancer chez

l'enfant qui soient connus^605 . Cependant, chez l'adulte plusieurs facteurs sont maintenant

bien identifiés ou suspectés, notamment pour ce qui est de certains cas de leucémie(61), du

cancer du cerveau^ ou du mélanome^.

L'effet de la non-prise en compte de tels facteurs doit être évalué. Pour ce qui est

des études effectuées en milieu résidentiel, il est intéressant de noter que les deux études

comportant un contrôle étroit des facteurs de risque connus ou potentiels de leucémie n'ont

pas mis en évidence d'effets liés à des facteurs de confusion dans leurs études. Cependant,

comme l'observent Savitz et al(3) on ne peut écarter totalement l'effet de facteurs qui ne

sont pris en considération, telle l'exposition à des facteurs environnementaux associés au

transport de l'électricité. Pour ce qui est des études effectuées en milieu de travail, il est

évident que l'absence de contrôle des facteurs de risque connus ou potentiels peut biaiser

les résultats le plus souvent en surestimant les associations retrouvées.

3.1.3.3 Autres problèmes

D'autres problèmes assez fréquents sont dus à d'autres imperfections des protocoles d'étude.

Ainsi, plusieurs études n'ont pas d'hypothèse bien précise. Le fait d'étudier par

exemple tous les cancers, ou même tous les cas de leucémie, n'est pas très spécifique. En

effet, il est exceptionnel qu'un cancérigène augmente indifféremment la fréquence de tous

les cancers. Par exemple, les différents types histologiques de leucémie n'ont pas le même

104 120

profil épidémiologique^. Le fait de regrouper plusieurs entités cliniques a tendance à

obscurcir l'effet d'un facteur sur un type précis de maladie. Le fait de ne pas avoir

d'hypothèse précise, par exemple, en évaluant l'effet de l'exposition aux CEM sur différents

types de cancers ou le risque de maladies dans différents groupes de professions, entraînent

une augmentation des chances qu'un résultat soit déclaré significatif alors que cela est dû

à la chance (erreur de type I).

L'étude de l'apparition de types spécifiques de cancers est souvent limitée par le

nombre de cas disponibles. La plupart des études de cohorte, même celles de grande taille

ont des problèmes d'effectif lorsqu'il s'agit d'étudier des cancers spécifiques. Ce manque

d'effectifs peut aussi se rencontrer dans des études cas-témoins portant sur des types

histologiques particuliers ou lorsqu'on veut regarder l'influence d'autres variables. Le

manque des effectifs entraîne une diminution de la puissance de la plupart des études. Il

en résulte le plus souvent une difficulté à obtenir des résultats statistiquement significatifs

(erreur de type II).

D'autres problèmes peuvent surgir lors de la sélection des témoins, pouvant être

provoqués par les refus de répondre à un questionnaire ou d'autoriser l'évaluation de

l'exposition d'une résidence. Les non-répondants pourront alors être différents de ceux qui

accepteront de participer. Ces biais peuvent provoquer de fausses associations.

Aussi, il y a souvent des problèmes liés à l'éventail des expositions à l'étude qui

obligent les chercheurs à regrouper des personnes ayant une exposition très hétérogène ce

qui tend encore à diluer les associations estimées.

3.1.4 Résumé et interprétation des études épidémiologiques

Nous désirons dans cette section donner notre interprétation des résultats des études

épidémiologiques évaluant l'association cancer-exposition aux CEM alternatifs. Dans un

premier temps, nous ferons une synthèse des études épidémiologiques présentées. Dans un

deuxième temps, nous présenterons une évaluation de la nature causale des associations

observées.

3.1.4.1 L'exposition résidentielle

Risque de cancer chez l'enfant

Quatre études épidémiologiques ont évalué le risque de cancer chez l'enfant. Trois

considéraient toutes sortes de cancers, une se limitait aux cas de leucémie. Un risque plus

élevé de leucémie est observé dans deux études sur quatre avec une estimation de RR

autour de deux pour les études positives et de 0.3 à 1 pour les études négatives. Un risque

élevé de tumeur du système nerveux est retrouvé 2 fois sur 3 (RC « 2-3) et un risque élevé

de lymphome 2 fois sur 3 (RR « 2) aussi.

L'augmentation globale du risque d'apparition de cancer est observée dans 3 études

sur 3 (RC = 1.4-1.9). L'étude la plus solide est celle de Savitz® et, bien qu'elle comporte

certaines limites, elle tend à soutenir les découvertes de la première étude de Wertheimer^.

Tant que l'on n'aura pas d'autres explications aux associations observées, on doit reconnaître

que l'association entre l'exposition résidentielle au champ magnétique alternatif et l'excès

de cas de leucémie, de tumeurs du système nerveux, de lymphomes, et peut-être aussi

d'autres cancers, est plausible.' D'autres études devront cependant confirmer cet effet.

L'étude de Savitz qui se concentre sur l'effet des appareils électriques^ bien que de type

exploratoire suggère la possibilité d'une augmentation des risques de leucémie chez les

enfants exposés aux couvertures chauffantes.

Risque de cancer chez l'adulte

Les études effectuées sur le risque de cancer chez l'adulte et l'exposition résidentielle

sont rares. Quatre études ont évalué l'effet de la configuration électrique des résidences.

Deux études se limitent aux cas de leucémie. Seules les études, de McDowall^ et

122

Coleman(18) observent un excès (non significatif) de leucémie: RR<2. L'étude la plus solide

est celle de Severson(16) et elle ne retrouve aucun effet. Cependant, ses faiblesses nous

obligent à ne pas rejeter totalement l'hypothèse d'un tel effet. Les autres associations avec

la survenue de cancer sont peu consistantes. Wertheimer*14* a retrouvé un excès non

quantifié de cancers du système nerveux, de l'utérus, du sein, et de lymphome. McDowall(15)

a observé un excès non significatif des cancers des tissus lymphatiques chez la femme (ICM

= 171). L'hypothèse d'un effet de la configuration électrique des résidences sur la survenue

de cancer chez l'adulte n'est donc pas très solide.

Quelques études se sont concentrées sur l'effet de l'exposition provenant des

appareils électriques. L'excès de cas de leucémie non lymphoïde dans l'étude de

Severson(16) chez les personnes utilisant une couverture chauffante ou un lit chauffant ne

peut être ignoré avec RR de 2.4 chez les personnes de niveau socio-économique faible. Ce

risque n'est pas confirmé par l'étude de Preston-Martin(19) mais doit cependant être

investigué plus à fond d'autant que l'on connaît bien l'exposition majeure aux champs EM

générés par les couvertures et les lits chauffants. L'étude de Verreault(20) qui observe une

association non significative entre le cancer du testicule de type non séminal et l'utilisation

de couvertures chauffantes demande confirmation.

3.1.4.2 L'exposition en milieu de travail

Reprenons les principaux risques étudiés reliés potentiellement à l'exposition aux

CEM en milieu de travail.

le risque de leucémie

Huit études ont étudié spécifiquement le risque d'augmentation des cas de leucémie

chez les travailleurs exposés aux CEM. Cinq études ont observé une augmentation

significative du risque de cas de leucémie, mais les professions incriminées varient: mineurs

(1 étude), électriciens (2 études), soudeurs (2 études), monteurs de ligne (1 étude). Le type

101

de cas de leucémie étudié ou mis en évidence varie aussi. Dans quatre études, l'on a

observé une augmentation du risque de leucémie myéloïde, (2 fois il s'agit de la LAM et 3

fois de la LCM). Une étude considère uniquement le type myéloïde ou lymphoïde et

retrouve un excès des 2 types chez les électriciens.

Parmi les 3 études négatives, deux concernent d'autres professions: travailleurs des

télécommunications et de la radio, une concerne entre autres les électriciens et les soudeurs.

La seule étude négative spécifiant le type de leucémie(26) a des lacunes importantes qui

peuvent expliquer les résultats retrouvés. Les risques relatifs retrouvés sont très variables,

mais pour les études positives, ils sont le plus souvent supérieurs à 2.

Les autres études portant sur le risque de différents types de cancer dont la leucémie

chez les travailleurs exposés aux CEM (travailleurs de l'électricité, de l'électronique et des

télécommunications)(voir 3.1.2.3) observent fréquemment soit 6 fois sur 7, un excès de

risque dans ces professions mais avec des estimations de RR plus faibles.

Toutes ces études souffrent de lacunes majeures. S'il est évident qu'il y a

fréquemment une augmentation de certains cas de leucémie chez les travailleurs exposés

potentiellement aux CEM, il est très possible que ces excès de risque soient dus, en partie,

ou en totalité, à l'effet d'autres agresseurs présents en milieu de travail. Seules les études

ultérieures plus perfectionnées, prenant en compte les différents agents toxiques présents

en milieu de travail et résidentiel pourraient résoudre cette question. Dans l'attente de ces

futurs résultats, on doit considérer l'hypothèse actuelle comme plausible.

le risque de cancer du cerveau

Les résultats des 4 études effectuées spécifiquement pour investiguer les professions

à risque de tumeurs du cerveau méritent une attention particulière. Les 3 études cas-

témoins montrent des excès importants (RR « 2-4) de tumeurs du cerveau chez les

travailleurs de l'électricité et 2 sur 3 chez les travailleurs des télécommunications. Une

124

relation dose-effet est mise en évidence dans les 3 études soit en classifiant l'exposition soit

selon l'intensité des CEM(38)(41), soit selon la durée d'exposition(40). Une étude considère

uniquement les gliomes(41), une autre les gliomes et les astrocytomes(38), la dernière toutes

les tumeurs du cerveau(40).

La seule étude de cohorte réalisée spécifiquement sur ce sujet ne s'intéresse qu'aux

gliomes. Elle ne montre pas de risque élevé chez les travailleurs de l'électricité et de

l'électronique mais un léger risque chez les soudeurs. Cependant, on n'a pas tenté

d'identifier les professions les plus à risque à l'intérieur des groupes de travailleurs de

l'électricité et de l'électronique, ce qui a pu entraîner une sous-estimation du RR.

Les études s'intéressant à tous les types de cancer (section 3.1.2.3)ont aussi, dans 3

cas sur 6, mis en évidence un excès de ces tumeurs chez des travailleurs de l'électricité ou

de l'électronique mais les RR sont plus faibles (<2) . Cependant, ces études ne regroupent

généralement pas les professions avec le plus haut risque ce qui peut diluer les associations

observées.

Une limite importante toutes ces études provient de l'absence de contrôle d'autres

agresseurs pouvant être responsables des associations étudiées. Dans l'attente d'études

subséquentes plus raffinées, on se doit de considérer cette association comme très plausible.

le risque de mélanome

Ce risque n'a été étudié spécifiquement que dans un cas suite à l'apparition d'un

agrégat de cancers dans une compagnie de télécommunication*53). On a trouvé l'association

positive (RR » 3). Le risque de mélanome a été étudié dans 6 études évaluant la survenue

de tous types de cancer chez les travailleurs exposés aux CEM. Dans 4 cas sur 6,

l'association trouvée positive avec des RR variant de 1.4 à 3.

125

Aucune de ces études n'a pris en compte les facteurs de risque connus de mélanome

(hérédité, exposition aux UV...)ce qui limite leur validité. Cette association doit cependant

être considérée comme une hypothèse à confirmer.

le risque d'autres cancers

Il est difficile de cerner une tendance pour les autres types de cancer. Il est

cependant possible que certaines associations retrouvées plus fréquemment que d'autres

(cancer de l'intestin, de l'estomac par exemple) soient présentes. Ceci n'est qu'une

hypothèse très lointaine. Il est cependant évident que s'il s'avère que les CEM favorisent

l'apparition de certains types de cancer comme la leucémie ou le cancer du cerveau, il

faudra continuer à investiguer le potentiel cancérigène de ces agents et donc préciser leur

relation avec d'autres cancers.

3.1,4.3 Nature causale des associations observées

Afin de juger de la nature causale des associations observées, il convient de s'attarder

sur un certain nombre de critères reconnus à cette fin(63). On doit ainsi répondre à deux

grandes questions:

D'autres explications aux associations retrouvées ont-elles été écartées?

Comme nous l'avons vu, cela n'est pas le cas, autant pour ce qui est des expositions

résidentielles que des expositions professionnelles. Cependant, comme l'ont fait remarquer

Savitz et al(3), pour qu'un autre facteur explicatif soit retenu, il faut qu'il y ait au moins

autant de plausibilité que le facteur à étude. Pour ce qui est de l'évaluation de l'exposition

résidentielle, même si d'autres facteurs pouvaient éventuellement expliquer les associations

observées, aucun n'est vraiment plausible. Pour ce qui est de l'exposition professionnelle,

il est fort possible que d'autres facteurs cancérigènes déjà connus ou suspectés puissent être

104 126

responsables des associations observées. Cependant, à l'heure actuelle, aucun facteur

démontré ne peut expliquer les associations observées.

Plusieurs critères en faveur de la causalité sont-ils retrouvés?

1. Force de l'association

Si l'on compare l'effet observé à celui d'autres cancérigènes tels la cigarette, le risque

d'excès de cancer semble faible. Cependant, compte tenu de la possibilité de

classification erronée de l'exposition et de son effet de dilution sur les associations

observées, on doit considérer que des risques relatifs de l'ordre 1.5 à 2, reflètent

probablement des associations plus fortes. Il faut toutefois garder à l'esprit qu'il est

possible que la force observée soit due à des facteurs non contrôlés.

2. Relation dose-effet

Il s'agit d'une relation qui milite habituellement en faveur d'une association causale

et qui est très utile à l'évaluation de risque. Cet effet peut être absent vu le

potentiel d'effet fenêtre mentionné dans les études sur la cellule et l'animal. Il a été

rarement étudié mais retrouvé occasionnellement en milieu résidentiel et en milieu

professionnel. Il faudra cependant que cet effet soit étudié plus intensément afin

d'être utile à l'évaluation quantitative de risque.

3. Constance de l'association

Plus les études concordent dans leurs résultats, plus l'association sera dite constante.

Les études effectuées sur l'effet de l'exposition résidentielle chez l'enfant sont assez

concordantes particulièrement pour le risque de leucémie, de tumeur du système

nerveux et de lymphome. Les études effectuées sur l'exposition professionnelle sont

aussi plutôt concordantes particulièrement pour le risque de leucémie, de cancer du

cerveau et de mélanome.

4. Chronologie de l'association

L'exposition est-elle survenue au bon moment pour favoriser l'induction ou la

promotion du cancer? Il s'agit d'un facteur très important qui n'a pas été souvent

évalué à cause de l'imperfection de l'évaluation de l'exposition et de la connaissance

limitée des mécanismes de cancérogénèse. Par exemple, l'évaluation de l'exposition

résidentielle des enfants a souvent été limitée aux résidences les plus récentes et

Wertheimer et Leeper ont d'ailleurs observé des risques supérieurs lorsqu'ils

considéraient les expositions récentes(1)(r7). En milieu professionnel, Thomas*40* a

observé une augmentation du RR d'astrocytome chez les travailleurs de l'électricité

et de l'électronique qui était maximal après 20 ans d'ancienneté. Au contraire, De

Guire*53* a observé un risque relatif maximal de mélanome chez les travailleurs des

télécommunications, chez ceux ayant moins de 20 ans d'ancienneté. Il faudra

examiner de plus près les périodes critiques d'exposition afin de mieux comprendre

les mécanismes par lesquels s'opèrent ces effets.

5. Spécificité de l'association

Il n'y a pas véritablement une spécificité d'action, puisque plusieurs types et sous-

types de cancer ont été retrouvés associés à l'exposition à l'étude. Cependant, dans

le cas de cancérogènes, cela ne peut être retenu comme un argument définitif contre

l'origine causale des associations observées. Plusieurs cancérogènes peuvent favoriser

l'apparition de plusieurs cancers.

104

6. Cohérence avec l'information disponible (plausibilité biologique)

Il y a quelque années, les associations observées entre l'exposition aux CEM et le

cancer apparaissaient peu plausibles. À l'heure actuelle, les résultats des recherches

expérimentales récentes tels que les effets observés sur la membrane cellulaire et la

sécrétion de la mélatonine par la glande pinéale suggèrent la plausibilité biologique

de telles associations.

D'un point de vue scientifique, l'hypothèse d'un effet cancérigène des CEM

alternatifs apparaît plus solide. Même s'il est impossible d'affirmer de façon certaine qu'il

s'agit d'agents cancérigènes, il faut admettre que l'hypothèse est plausible autant pour ce qui

est des effets chez l'enfant que chez l'adulte. Si les CEM s'avéraient cancérigènes, l'impact

de telles associations ne serait pas négligeable en termes de santé publique. Ahlbom et

al*64* ont ainsi évalué que si l'excès de risque de cancer chez l'enfant observé par Savitz*9*

s'avérait réellement dû aux CEM, l'exposition à de tels champs serait responsable de

l'apparition de 10 à 15 % des cancers chez l'enfant aux USA.

3.2 LES TROUBLES DE LA REPRODUCTION

Les troubles de la reproduction peuvent être analysés selon le type de problèmes de

santé considérés (infertilité, àvortement, décès périnatal, malformations congénitales,

troubles de développement ou troubles organiques d'apparition tardive...). Il nous apparaît

cependant important de conserver la dichotomie exposition résidentielle/exposition

professionnelle à cause de la présence d'autres facteurs de risque importants en milieu de

travail qui peuvent biaiser les associations observées*65*.

3.2.1 Troubles de la reproduction et exposition résidentielle

Peu d'études ont été effectuées sur le sujet. Wertheimer et Leeper ont présenté en

1986 une étude intéressante*66*. Dans la région de Denver (Colorado) ils ont étudié chez

129

1 318 familles l'association entre l'utilisation de couvertures ou de lits chauffants et les

problèmes de reproduction. On s'attarda sur les 1 256 naissances ayant eu lieu en 1982,528

naissances antérieures chez les mêmes familles, ainsi que les avortements survenus un an

avant toutes les naissances déclarées par ces familles. Les mères furent interrogées sur

l'utilisation qu'elles avaient faite de ces appareils pendant leur grossesse. L'on révisa leur

dossier médical pour recueillir les informations concernant les anomalies de la reproduction.

Les auteurs notent que les femmes ayant conçu au cours des mois d'hiver, et qui durant

cette même période ont utilisé une couverture chauffante ou un lit chauffant ont tendance

à avoir une gestation plus longue que celles qui ont conçu durant l'été (56 % de grossesses

avec gestation supérieure à la médiane versus 38 %, P < 0.0005), la médiane de leur

gestation étant supérieure d'une semaine). Globalement, les femmes utilisatrices de ces

appareils avaient tendance à avoir une gestation plus longue (53 % de grossesses avec

gestation supérieure à la médiane versus 47 %, p = 0.02) et les grossesses conçues pendant

l'hiver étaient responsables de cette différence. Les petits poids de naissance n'étaient pas

plus fréquents selon l'utilisation de ces appareils, mais ils avaient plus fréquemment une

durée de gestation normale chez les utilisatrices (46 % versus 21 %, p < 0.05).

L'avortement, un an avant les grossesses étudiées, était plus fréquent chez les utilisatrices

(6.8 % versus 4.2 %, p < 0.02) et cet effet était observé pendant les mois d'hiver. Une

évaluation des malformations chez les 528 naissances antérieures retrouve un excès de

malformations diverses chez les utilisatrices (2.6 % versus 0.3 » , p < 0.05), mais la

différence est due uniquement à 3 cas de malformations.

Cette étude a certaines forces indéniables. Les renseignements sur les

caractéristiques des mères, leurs grossesses et les problèmes de reproduction ont été obtenus

au dossier de naissance; les groupes d'utilisatrices et de non-utilisatrices ont été comparés

pour plusieurs variables sociodémographiques; l'enquête sur les avortements a été limitée

à la période d'un an précédant les grossesses. Cependant, on ne saurait passer sous silence

certaines lacunes qui réduisent l'utilisation possible de ces résultats. Tout d'abord, il y a des

problèmes de validité externe. L'échantillon étudié est sélectionné à partir des publications

de naissances et non de façon aléatoire. Il y a surtout des problèmes de validité interne.

104 130

Les groupes étudiés n'ont pas été comparés pour les facteurs de risque connus associés à

des problèmes de reproduction. Ces facteurs n'ayant pas été contrôlés pourraient expliquer

les résultats obtenus. Ordinairement, les dossiers médicaux ne sont pas très exhaustifs

concernant les avortements ou les malformations congénitales. Par ailleurs, dans cette étude

il n'est pas évident que les dossiers aient été consultés sans que l'enquêteur connaisse

l'exposition. L'analyse statistique présentée par les auteurs est de plus très rudimentaire.

Wertheimer et Leeper ont présenté par la suite une version améliorée de cette étude

en y ajoutant les données d'une autre étude(67). Pour compléter l'enquête sur les

couvertures et les lits chauffants, ils ont étudié l'effet des plafonds avec câbles électriques

chauffants sur l'apparition d'avortements précoces. L'étude a été effectuée dans deux

municipalités de l'Oregon. On a procédé à l'analyse des dossiers médicaux des enfants nés

entre 1983 et 1985 et de ceux de leur mère. La même technique que dans l'étude

précédente a été utilisée pour évaluer le taux d'avortements. On a retenu les avortements

survenus dans l'année précédant la naissance et déclarés au dossier médical. Des

informations sur le chauffage des maisons lors de la conception et lors des avortements ont

été recueillies. Puisque l'on ne peut vérifier la comparabilité du groupe des utilisatrices au

groupe des non-utilisatrices pour les facteurs de risque d'avortements, l'analyse se concentre

sur l'évaluation des variations du taux d'avortements selon les saisons dans chacun des 2

groupes. Le ratio des avortements survenus dans les maisons avec plafonds chauffants sur

ceux survenus dans les maisons 'sans un tel chauffage a été ainsi étudié mois par mois. On

a noté que ce ratio augmentait pendant les mois d'hiver et principalement lors de

l'utilisation importante de chauffage. Cette relation est significative aussi bien dans le cas

de l'étude effectuée au Colorado, surtout sur les couvertures et les lits chauffants, que celle

réalisée en Oregon sur les plafonds chauffants. Les auteurs soulignent que l'étude de

l'Oregon incrimine davantage les CEM. En effet, les plafonds chauffants n'entraînent pas

de modification de la chaleur du corps comme le font les couvertures chauffantes.

Cette étude est plus solide que la première, l'étude des variations saisonnières et

l'utilisation de tests statistiques plus adaptés représentent des méthodes plus rigoureuses.

Les principales lacunes de l'étude sont les suivantes: la connaissance du type de chauffage

était limitée à moins de 40 % des familles admissibles, l'évaluation médicale était basée

uniquement sur le dossier médical et l'absence de contrôle de facteurs de confusion. Bien

que l'on ne puisse écarter l'effet des facteurs non contrôlés, cette étude confirme cependant

la précédente, en soulevant la possibilité que les CEM alternatifs favorisent la survenue

d'avortements spontanés.

Savitz a aussi présenté récemment les résultats de l'annexe de son étude sur les

cancers de l'enfant, qui se concentre sur l'utilisation d'appareils électriques domestiques*12*.

Il observe que l'exposition prénatale aux couvertures chauffantes est associée à une

augmentation des risques de leucémie chez les enfants (RC = 1.7, IC 95%: 0.8-3.6)et de

cancers du cerveau (RC=2.5, IC 95%: 1.1-5.5),après ajustement pour le niveau socio-

économique familial. Le risque était maximal chez les garçons âgés de 10 à 14 ans au

diagnostic pour les cas de leucémie et de 0 à 4 ans pour les cas de cancer du cerveau. Le

risque est aussi maximal si l'utilisation de la couverture chauffante a été effectuée dans le

premier trimestre de la grossesse.

3.2.2 Troubles de la reproduction et exposition en milieu de travail

Peu d'études ont été effectuées sur le sujet. Deux études portent sur l'infertilité du

père, une étude sur les problèmes de reproduction chez les épouses de travailleurs exposés,

et 4 autres études sur le risque de cancer chez les enfants des pères exposés.

Infertilité chez les travailleurs masculins:

Knave et al*68* ont comparé en Suède l'état de santé de 53 travailleurs de postes de

haut voltage (400 kV) à celui de 53 travailleurs affectés à d'autres tâches, mais travaillant

aussi dans la même compagnie. Les travailleurs exposés et non exposés ont été appariés

pour la région de travail, l'âge et la durée d'emploi. Chaque travailleur dut répondre à un

questionnaire et subir un examen médical. Les travailleurs exposés dans les postes à haut

132

voltage avaient moins d'enfants (79 versus 116, p = 0.008) et cette différence était

principalement due à une diminution de la proportion de garçons chez leurs enfants. Ces

différences semblent avoir existé avant l'entrée en fonction dans l'établissement, mais elles

ont augmenté par la suite. Cette étude a été critiquée*9* à cause -de plusieurs lacunes:

absence de l'évolution directe de l'exposition aux CEM, absence de contrôle de facteurs

potentiellement confondants tels le niveau socio-économique et la prise de contraception,

la faible taille des échantillons. Ces faiblesses expliquent difficilement cependant la

diminution dans la proportion des garçons retrouvée chez les travailleurs exposés. Le fait

que cette différence ait existé avant l'entrée en fonction dans la profession à risque, plaide

cependant, pour une explication autre que les CEM.

La deuxième étude concernant l'infertilité a été réalisée en Italie. Buiatti et al*69* ont

comparé 112 hommes avec azoospermie ou oligospermie à 127 témoins avec spermogramme

normal s'étant présentés à une clinique d'infertilité. Les cas et les témoins furent interrogés,

sans que l'on connaisse leur statut, pour recueillir l'information sur les facteurs d'infertilité.

Plusieurs facteurs déjà mentionnés dans la littérature (consommation d'alcool, de tabac, de

médicaments, port de pantalons serrés, travail assis, radiographie du bassin, pratique du

sport) ont été étudiés. Aucune profession en particulier n'a été associée de façon

significative à l'infertilité, mais le risque le plus important était observé chez des travailleurs

de l'électricité (radio electric workers): RC = 5.9, (IC 95%: 0.9-40.2). Cette étude n'est pas

exempte de lacunes. La définition des professions n'est pas précise et l'information a été

recueillie seulement par questionnaire; aucune tentative d'évaluation de l'exposition aux

CEM n'a été effectuée. Beaucoup de facteurs potentiellement confondants sont considérés

mais ne sont pas analysés. Le faible nombre d'électriciens explique le manque de précision

du résultat obtenu. Le mode de sélection des cas et des témoins n'est pas non plus exempt

de biais possibles.

D'autres études, qui n'étaient pas planifiées pour investiguer un tel problème, ont

observé des résultats plus difficiles à analyser:

133

une étude réalisée par Hydro-Québec investigua l'état de santé de 56

électriciens préposés à l'entretien des lignes de 735 kV*70*. Jusqu'à leur entrée à ce

poste, le ratio garçon/fille de leurs enfants était proche de 1 soit 27 sur 25.

Cependant, après en moyenne 4,5 années à l'entretien des lignes de 735 kV, ce ratio

passa à 5 soit 17 sur 3. Il faut noter aussi que la durée d'emploi n'a pas été prise en

compte dans l'analyse.

une autre étude effectuée en Italie*71* compara l'état de santé des travailleurs

de l'électricité exposés à des stations de 220kV selon leur durée d'exposition. La

répartition du nombre d'enfants selon les degrés d'exposition des travailleurs était

similaire.

Troubles de reproduction chez les épouses des travailleurs:

Une seule étude a évalué ces problèmes. Il s'agit de l'étude de Nordstrom et al*72*

réalisée auprès des travailleurs suédois de l'électricité exposés de 1953 à 1970. Quatre cent

quatre-vingt trois travailleurs ont été questionnés sur les problèmes de reproduction

rencontrés par leur épouse ou leur progéniture. Plusieurs problèmes de reproduction (décès

prénatals, malformations congénitales et avortements) ont été revérifiés au dossier médical.

L'analyse des résultats démontre que les femmes des travailleurs de poste (à 400 Kv) ont

eu plus fréquemment des problèmes de reproduction: risques de grossesse anormale dans

19 % des cas contre 8 à 13 % dans les autres groupes (travailleurs de lignes et témoins).

L'excès de problèmes de reproduction est dû à un excès de malformations congénitales chez

les enfants des travailleurs de postes: 8 % contre 1 à 3 % chez les autres groupes. Cet excès

subsiste lorsque l'on considère certains facteurs potentiellement confondants tels le

tabagisme maternel, l'utilisation d'alcool ou de médicaments pendant la grossesse,

l'exposition maternelle aux rayons X et à des produits chimiques. L'excès de malformations,

bien que significatif, est expliqué par 12 cas de malformations très hétéroclites, retrouvés

chez 154 grossesses de femmes de travailleurs de postes. Lorsque le niveau de voltage

auquel travaillent ces hommes est considéré, aucune relation n'est observée.

104

Cette étude est la première de ce type. Aucune évaluation réelle de l'exposition aux

CEM n'est disponible et bien que l'on observe un excès de malformations dans un groupe

particulièrement exposé, il ne s'agit pas d'un type particulier de malformations. Certaines

forces de cette étude ne peuvent être négligées: le caractère prospectif de l'étude, la

vérification des problèmes au dossier médical ainsi que la prise en compte de facteurs de

confusion. Il s'agit d'une étude qui soulève certaines hypothèses qu'il faudra vérifier dans

le futur.

Risques de cancer chez les enfants des pères exposés:

Quatre études ont été publiées récemment sur le sujet. Spitz et Johnson*73* ont

comparé les professions des pères de 157 enfants décédés de neuroblastome au Texas entre

1964 et 1978, à 314 témoins appariés pour la date et le lieu de naissance. Les informations

démographiques, médicales et professionnelles concernant les cas et les témoins ont été

tirées du certificat de naissance. Ceux-ci étaient comparables pour l'âge du père, l'âge de

la mère, la durée des soins prénatals et l'état civil des parents. Certains groupes de

travailleurs plus exposés aux CEM (électriciens, électroniciens, monteurs de ligne, soudeurs)

apparaissent plus à risque d'avoir des enfants décédant de neuroblastome (RC=2.14,IC 95

%: 0.95-4.82). Ce risque est maximum chez les travailleurs de l'électronique (RC = 11.75,

IC 95 %: 1.40-98.55). Cette étude est assez solide particulièrement pour ce qui est de la

sélection des cas et des témoins: Cependant, le certificat de naissance n'est pas très précis

concernant le statut professionnel. De plus, très peu de variables potentiellement

confondantes ont été prises en considération.

Une autre étude de même type, portant sur les causes de tumeurs du système

nerveux a été publiée par Nasca et al*74*. La profession des pères de 338 enfants atteints

de ce type de tumeurs a été comparée à celle de 676 témoins de la population générale

appariés pour la date de naissance, le sexe et la race. Les informations concernant les

variables sociodémographiques et la profession des parents au moment de la naissance ont

été obtenues par téléphone. Les cas et les témoins étaient comparables pour l'âge paternel,

135

l'âge maternel, le niveau d'éducation et le lieu de résidence. Les chercheurs trouvent un

risque plus élevé mais non significatif dans les professions avec potentiel d'exposition aux

CEM: électriciens, travailleurs de l'électronique, monteurs de ligne, soudeurs (RC = 1.7, IC

95 %: 0.8 - 3.6). Il s'agit d'une étude solide pour ce qui est de l'identification des cas et des

témoins. Cependant, comme précédemment la prise en compte d'autres facteurs pouvant

expliquer les résultats, est quasi absente à cause du peu de connaissances que l'on a sur

l'épidémiologie de ces tumeurs.

Johnson et Spitz ont publié aussi une étude effectuée au Texas sur 499 enfants

atteints de tumeurs intracrâniennes et du tube neural(75). Les auteurs ont comparé

l'occupation des parents décrite sur les certificats de naissance des cas à celle de témoins

appariés pour l'âge, la race, le sexe. Ils observent un excès de tumeurs du système nerveux

chez les électriciens (RC=3.5, IC 95 %: 1.0-12.1)et les travailleurs de l'électronique (RC-

3.0, IC 95 %: 0.5-18.1). Sur les 7 cas de tumeurs du système nerveux répertoriés chez les

électriciens, 4 étaient dus à des gliomes. Les mêmes critiques adressées aux études

précédentes s'appliquent à cette étude. La lacune principale provient de l'absence de

contrôle de variables potentiellement confondantes tels les agresseurs présents dans les milieux de travail.

Bunin et al*76* ont essayé de répliquer la première étude de Spitz et Johnson sur

l'association entre neuroblastome de l'enfant et exposition parentale aux CEM. La

profession des parents des cent quatre enfants atteints de neuroblastome et déclarés de 1970

à 1979 au registre des tumeurs de Philadelphie a été comparée à celle des parents de

témoins depopulation appariés pour l'âge et la race. Une entrevue téléphonique a permis

de recueillir les variables pertinentes à l'étude. Plusieurs excès non significatifs de

neuroblastome sont rapportés pour plusieurs professions parentales. L'excès retrouvé chez

les travailleurs de l'électricité et de l'électronique est faible (RC=1.6,IC 95%: 0.5-6.2). La

petite taille des effectifs étudiés ainsi que la non prise en compte de facteurs de confusion

autres que le niveau d'éducation du père limitent l'utilisation de cette étude.

136

Ces quatre études sont de type exploratoire et devront être confirmées par des études

plus perfectionnées.

3.2.3 Résumé et interprétation des études portant sur les troubles de la

reproduction

Les troubles de la reproduction constituent un groupe de problèmes de santé très

hétéroclites, aussi bien sur le plan clinique qu'étiologique.

Pour qu'il y ait des troubles de la reproduction, il doit y avoir une anomalie du

développement du foetus soit due à une cause préconception (chez la mère ou le père) ou

à une cause postconception (problème lié au foetus ou à la mère). Les CEM pourraient

intervenir avant la conception s'ils ont une action sur les gamètes des parents, ils peuvent

aussi agir pendant la période postconception par action directe sur le foetus ou sa mère.

Même s'il s'agit de problèmes qui surviennent habituellement après une courte

exposition et avec un bref temps de latence, plusieurs difficultés sont associées à l'étude des

troubles de la production. Plusieurs de ces troubles ne sont pas enregistrés de façon

méthodique par le système médical (ex: avortements spontanés, malformations mineures).

Il s'agit de problèmes dont le rappel est souvent chargé d'émotion, ce qui peut occasionner

des problèmes de biais de mémoire lorsque l'on questionne à ce sujet. Les problèmes de

santé étudiés pouvant être hétéroclites même si la cause est unique, il faudra avoir une

méthodologie très sophistiquée pour les investiguer(6S).

Les études qui nous sont présentées sur le sujet sont toutes de type exploratoire.

Elles méritent cependant l'attention devant la gravité de ces effets. Résumons les effets

étudiés jusqu'à maintenant ainsi que leurs principaux résultats.

137

Très peu d'études ont été effectuées sur l'exposition en milieu résidentiel:

- Wertheimer et Leeper(67) ont trouvé que des mères exposées pendant la conception

(ou légèrement avant ou après) à une couverture chauffante ou à un plafond radiant

avaient légèrement plus d'avortements spontanés que des mères non exposées.

- Savitz(12) a trouvé que l'utilisation de couvertures chauffantes par des femmes

durant leur grossesse, était associée à une augmentation des risques de leucémie et

surtout de cancer du cerveau chez les enfants.

Les études réalisées en milieu de travail sont beaucoup plus nombreuses:

- Quelques études ont investigué le risque d'infertilité chez les travailleurs exposés

aux CEM pendant leur travail. Les résultats sont contradictoires. Il s'agit d'études

de faible calibre et aucune conclusion ne peut être tirée de ces études.

- Les autres études ont évalué les troubles de reproduction (malformations et

cancers) générés par l'exposition paternelle aux CEM. Il s'agit donc d'une exposition

préconception, ce qui suppose une action des CEM au niveau des gamètes. Une

étude a observé une augmentation des malformations congénitales chez les enfants

des travailleurs de postés^ mais qui n'était pas associée à l'intensité du champ

électrique. Quatre études ont évalué le risque de cancer chez les enfants des

travailleurs de l'électricité et de l'électronique: 2 sur 2 observent un excès global de

tumeurs du système nerveux, 1 sur 2 un excès de neuroblastome. n s'agit d'études

exploratoires qui, d'une part ne considèrent pas une exposition très spécifique, et

d'autre part, ne prennent pas en compte d'autres facteurs susceptibles d'expliquer les associations observées.

Au total les troubles de la reproduction sont des problèmes de santé importants et

qui méritent l'attention des chercheurs. Certaines études réalisées chez l'animal font

138

penser que certains types d'exposition aux CEM pourraient avoir un impact sur la

reproduction humaine. L'exposition postconception semble la plus suspecte chez

l'animal (dont l'exposition aux champs puisés) et elle doit stimuler le développement

d'études épidémiologiques plus perfectionnées que celles présentées jusqu'à

maintenant.

L'effet d'une exposition préconception semble actuellement peu plausible compte

tenu de l'absence d'effets" des CEM sur des chromosomes mais les résultats

disponibles des études épidémiologiques de type exploratoire devraient stimuler le

développement de recherche dans ce domaine autant chez l'animal que chez

l'humain.

Compte tenu du peu de connaissances qu'on possède sur les effets des CEM sur la

reproduction, il est actuellement impossible de porter un jugement sur une possibilité

de risques. Disons simplement que ces risques ne peuvent être écartés et que des

recherches subséquentes devront clarifier ce problème.

3.3 AUTRES PROBLÈMES DE SANTÉ

Plusieurs épidémiologistes ont tenté d'investiguer les associations entre l'exposition

aux CEM et d'autres problèmes' de santé. Les études portent principalement sur les effets

des champs sur le système nerveux central mais d'autres problèmes de santé ont aussi été

étudiés. Nous présenterons d'abord les études sur l'exposition en milieu résidentiel puis les

études effectuées chez les travailleurs exposés à ces champs.

3.3.1 Autres problèmes de santé et exposition résidentielle

Quelques études ont évalué différents problèmes de santé pouvant être associés au

fait de résider à proximité de lignes de haut voltage.

139

Strumza(77) a comparé la consommation de services médicaux et de médicaments chez

des familles de travailleurs de l'électricité de France résidant à moins de 25 m des lignes

à haute tension à celle d'autres familles de la même compagnie mais résidant à plus de 125

m d'une ligne. La "consommation médicale" pendant 3 ans 1/2 a ainsi été comparée chez

65 femmes et leurs enfants considérés comme exposés, à 64 femmes et leurs enfants

considérés comme non exposés. L'auteur ne retrouve aucune différence significative de

consommation médicale entre les 2 groupes à l'exception de consultations spécialisées plus

fréquentes chez les enfants non exposés. Cette étude est de piètre qualité, les

caractéristiques des groupes étudiés ne sont pas connues, leur taille est petite, les problèmes

de santé ayant nécessité une consommation médicale ne sont pas spécifiés. Il est impossible

de tirer des conclusions de cette étude.

Reichmanis et Perry(78) ont étudié la "configuration électrique" des résidences de 598

personnes s'étant suicidées entre 1959 à 1970 dans les "midlands" d'Angleterre à celle d'un

même nombre de personnes habitant la même région et échantillonnées de façon aléatoire.

Après avoir pris en considération toutes les lignes de transmission d'électricité de plus de

33 kV de la région, un niveau moyen de champs électrique et magnétique a été estimé pour

chaque résidence à partir de leur proximité à ces lignes, du niveau de voltage et d'autres

aspects techniques. Les niveaux de champs électrique et magnétique ainsi évalués

apparaissent plus fréquemment élevés dans les maisons des suicidés que celles des témoins.

Cette étude est assez rudimentàire. L'évaluation des niveaux de CEM n'est pas validée et

l'on ne sait pas si cette évaluation a été faite sans que l'on connaisse le statut de cas ou de

témoin. Aucun facteur de risque de suicide comme l'âge, le sexe, l'état civil, le niveau socio-

économique et les antécédents psychiatriques^ n'ont été pris en considération. Signalons

que l'identification aussi des cas de suicide est difficile ce qui peut entraîner une possibilité

de biais de sélection.

Les mêmes auteurs ont présenté quelques années plus tard une version améliorée de

leur étude(80>. Des mesures de champ magnétique ont été effectuées à l'entrée de chaque

résidence. On s'est aussi assuré que les résidences des cas et des témoins soient

101

comparables en ce qui concerne le type de logement et la proximité d'écoles, d'églises, de

routes principales et de plans d'eau. Le niveau moyen de champ magnétique (moyenne

géométrique) était plus élevé dans les résidences des suicidés que dans celles des témoins

soit 492.7 /iG en comparaison à 403.4 (P < 0.001). Les suicidés avaient résidé dans des

maisons ayant plus souvent des niveaux de champ magnétique supérieurs à 1500 jliG que les

témoins soit 15.8 % versus 11.3 %, (P < 0.01). Cette étude complémentaire a permis de

valider la première évaluation des niveaux de CEM dans les résidences des cas et des

témoins. La comparaison de certaines caractéristiques des cas et des témoins permet de

penser que ces deux groupes étaient assez semblables par rapport à d'autres caractéristiques

personnelles. Cependant, ces informations ne nous permettent pas d'éliminer les problèmes

mentionnés précédemment: évaluation de l'exposition en connaissance du statut des cas et

des témoins, identification des cas possiblement biaisée et absence de contrôle des facteurs

de risque connus de suicide. Ce sont des faiblesses qui nous obligent à considérer cette

étude comme davantage exploratoire, c'est d'ailleurs la conclusion des auteurs eux-mêmes.

McDowall dans l'étude de cohorte citée précédemment^ a aussi présenté les causes

de mortalité autres que le cancer. De 1971 à 1983, dans la région d'East Anglia, il a évalué

les causes de décès de 7 681 personnes résidant à proximité de lignes de transmission

d'électricité. Les données de mortalité de cette cohorte furent comparées à celles de la

région en contrôlant pour l'âge et en stratifiant pour le sexe. Les décès par maladies

circulatoires étaient moins fréquents chez les hommes et les femmes résidant à proximité

des lignes les ICM étant de 82, (IC 95%: 71-94) et de 85, (IC 95%: 73-98) respectivement.

C'était aussi le cas pour les décès de toutes causes. Seulement 8 cas de suicide (5 certains,

3 probables) sont rapportés dans cette cohorte, pour un ICM de 75. McDowall rapporte

que dans 2 cas, les personnes résidaient à moins de 5 mètres d'une ligne. Comme l'étude

précédente, l'étude de McDowall souffre de faiblesses importantes: absence d'évaluation de

l'exposition aux CEM, identification rudimentàire du lieu de résidence, absence de contrôle

de facteurs confondants autres que l'âge et le sexe.

141

Perry et Pearl ont présenté plus récemment une étude*81) réalisée à Wolverhampton

en Angleterre. Ils ont étudié l'exposition résidentielle aux CEM de 576 personnes

hospitalisées en 1985 dans 2 hôpitaux de la ville pour problèmes psychiatriques, problèmes

cardiaques et pour "overdoses". Ces personnes résidaient dans 43 immeubles à étages. Une

mesure des différents niveaux de champ magnétique à l'intérieur de ces immeubles a permis

de valider une classification des appartements selon la proximité du câble central de

distribution d'électricité: appartement rapproché versus éloigné. Ils observent que les

personnes, hospitalisées pour infarctus du myocarde, ischémie cardiaque et hypertension

vivaient plus fréquemment dans des logements situés proches du câble électrique central

(62 %). De même, les personnes hospitalisées pour dépression résidaient fréquemment

dans des appartements exposés plus fortement au champ magnétique (71 %). Les auteurs

notent cependant, que les personnes hospitalisées pour problèmes de personnalité, anxiété,

agitation et confusion résidaient plus fréquemment dans des appartements le moins exposés

au champ magnétique. Les hospitalisations pour "overdose" étaient réparties également

dans les différents appartements. Cette étude est aussi très rudimentaire. L'évaluation de

l'exposition est sommaire quoique la classification des appartements ait été validée sur un

échantillon. Aucun des facteurs de risque des maladies sous-étudiées n'est pris en

considération. Les groupes à risque n'ont pas été identifiés et il n'y a pas eu de

comparaison avec des témoins. Il s'agit donc uniquement d'une étude descriptive.

Face aux critiques faites sur leurs travaux™83), Perry et Pearl ont effectué une étude

complémentaire en comparant les niveaux de champ magnétique existant à l'entrée des

maisons ou appartements de 359 cas de dépression et de 600 cas d'infarctus, ayant été

hospitalisés la même année à Wolverhampton, à ceux de résidences témoins de la même

région*84). Les cas de dépression ont été comparés à un échantillon aléatoire de témoins

résidant dans le même district. Les cas d'infarctus ont été comparés à un échantillon égal

de témoins résidant dans la même rue ou le même appartement. Les mesures de champ

magnétique ont été faites de façon ponctuelle et sans connaissance du statut de la personne

étudiée. Les niveaux moyens de champ magnétique retrouvés sont plus élevés dans les

domiciles des cas dépressifs que dans ceux des témoins soit 2.26 mG comparativement à

142

2.07 mG. Une analyse de régression multiple a été pratiquée en tenant compte du district

électoral et de la distance de la maison par rapport à une route. D'autres variables auraient

été prises en considération mais ne sont pas spécifiées. Ces cas dépressifs étaient retrouvés

associés au logarithme du champ magnétique (p = 0.066). Une analyse pairée effectuée sur

les cas d'infarctus ne montrait pas de différence d'exposition au champ magnétique entre

les cas et les témoins. Cette étude permet de compenser certaines lacunes de l'étude

précédente. H y a eu mesure du champ magnétique à l'entrée des résidences et les témoins

ont été choisis de façon rigoureuse. Cependant, aucun facteur de risque pour les maladies

..étudiées ne semble avoir été pris en considération. Tout au plus, l'appariement pour le

secteur de résidence permet un certain contrôle pour le niveau socio-économique.

3.3.2 Autres problèmes de santé et exposition en milieu de travail

Nous diviserons cette sous-section entre les problèmes généraux de santé et les causes

de mortalité autres que par cancer.

3.3.2.1 Problèmes de santé généraux

Nous nous contenterons dans cette section de reprendre les revues existantes sur ce

sujet*85)*86) et de les mettre à jour.

Les premières études réalisées rapportent plusieurs symptômes subjectifs et ont été

publiées par des équipes russes au milieu des années 60. Asanova et Rakov (1966) ont

rapporté que 45 travailleurs de postes exposés à des champs de haut voltage (jusqu'à 26

kV/m) se plaignaient de différents symptômes vasculaires, digestifs et nerveux tels que des

maux de tête et de la fatigue. D'autres études soviétiques ont semblé confirmer ces

premières études, en rapportant en plus des baisses de libido et des changements de tension

artérielle et du rythme cardiaque chez les travailleurs exposés aux hauts voltages. Certains

troubles sanguins périphériques telle l'augmentation des leucocytes ont aussi été rapportés.

Ces études étaient plutôt descriptives et ont été critiquées à cause de faiblesses

101

méthodologiques majeures telles la mauvaise évaluation de l'exposition, l'évaluation

médicale non spécifique et surtout l'absence de groupes témoins. Plusieurs des symptômes

mentionnés pouvaient être expliqués par l'exposition à d'autres toxiques présents en milieu

de travail comme la gazoline et le kérosène. Une étude de même type réalisée aux États-

Unis par Singlewald en 1973 ne montra pas les mêmes effets. Cependant seulement 10

sujets avaient été étudiés et aucun groupe témoin n'était utilisé. D'autres études ont été

réalisées par la suite sur de plus grands effectifs.

Roberge(70> a présenté les résultats d'une évaluation médicale faite chez 56

travailleurs d'Hydro-Québec préposés à l'entretien des postes de 735 kV. L'étude a été

orientée vers la recherche de symptômes mentionnés dans les études russes. L'évaluation

médicale, en plus d'un questionnaire et d'un examen physique comprenait un ECG, une

radiographie pulmonaire et une investigation sanguine assez poussée. Plusieurs symptômes

sont mentionnés fréquemment par ces travailleurs: céphalées chez 12 %, troubles visuels

chez 11 %, fatigue chez 31 %, insomnie chez 18 %, et état dépressif chez 9 %. Cependant,

l'absence de groupe témoin et le fait que l'investigation n'a pas été faite à double insu

empêchent toute interprétation de ces résultats. Les données des tests sanguins ont été

comparées aux valeurs de travailleurs hospitaliers. Certaines différences mineures sont

observées concernant le glucose, les phosphatases alcalines et les protéines. Ces différences

sont difficilement interprétables vu l'absence de renseignement sur la comparabilité de ces deux groupes.

Les études subséquentes sont basées sur une meilleure méthodologie d'investigation. Celles-ci sont présentées au Tableau VI.

Malboysson^ a p r é s e n t é l e s r é s u l ( a t s d e s ^ ^ ^ ^ ^ ^

en Espagne chez 160 travailleurs de l'électricité exposés aux lignes de haute tension à ceux

de 94 travailleurs de basse tension. Plusieurs problèmes de santé son, rapportés plus

fréquemment chez les travailleurs potentiel,ement les plus exposés: troubles de l'appareil

locomoteur, troubles digestifs, troub.es du système nerveux (particulièrement des céphalées).

144

Cependant, l'absentéisme est plus fréquent chez les travailleurs de basse tension. Les

auteurs attribuent les différences observées à une différence d'âge entre les 2 groupes, mais

recommandent d'investiguer plus en profondeur le problème des céphalées. Cette étude a

le mérite de comparer des travailleurs avec des niveaux d'exposition professionnelle

probablement très différents cependant aucune mesure directe des CEM ne vient quantifier

cette exposition. Les caractéristiques générales des groupes ne sont pas présentées et donc

ne sont pas prises en compte dans l'analyse, à l'exception du problème de la différence

d'âge. Les examens pratiqués ne semblent pas avoir été effectués dans un but de recherche

(il n'est pas clair s'il y a eu standardisation et collecte de données à l'aveugle). De plus,

bien que l'on parle de visites régulières, il n'est pas évident qu'il s'agisse d'une véritable

étude de cohorte.

Stopps et Janischewskyj(88) ont présenté en 1979 les résultats d'une étude réalisée

pour le compte de l'Association Canadienne d'Électricité. Trente travailleurs de

l'hydroélectricité exposés à des hauts voltages, depuis 10 ans en moyenne, ont été comparés

à 30 témoins de même âge et travaillant pour la même compagnie mais non exposés à des

hauts voltages. Des mesures d'exposition par dosimètre ont permis de valider la

catégorisation de l'exposition. Une évaluation médicale et psychologique très poussée a été

réalisée à l'aveugle chez les sujets et très peu de différences significatives sont retrouvées

entre les deux groupes. Les travailleurs les plus exposés ont une concentration de protéines

totales légèrement inférieure aiix non exposés et les chercheurs suggèrent que ce pourrait

être un sujet de recherche à approfondir. Les sujets exposés ont aussi des atteintes plus

fréquentes à certaines échelles du Minnesota Multiphasic Personnality Inventory (MMPI),

mais les auteurs considèrent ces différences comme probablement attribuable au hasard.

Cette étude a certaines forces indéniables: la prise en compte d'un groupe témoin apparié

pour l'âge, la vérification de la comparabilité des groupes pour le niveau d'éducation,

l'évaluation médicale standardisée et réalisée à l'aveugle. Cependant, les travailleurs

examinés sont des volontaires et la participation est très faible (moins de 25 % pour les plus

exposés), ce qui peut entraîner une sous-évaluation des problèmes si par exemple

145

uniquement ceux en bonne santé participent. De plus, le caractère transversal de l'étude

ainsi que la faible taille de l'échantillon fragilisent de beaucoup les résultats de cette étude.

Knave et al(68) ont comparé l'état de santé de 53 travailleurs de postes de haut

voltage à celui de 53 témoins. Aucune différence n'a été observée entre les 2 groupes pour

ce qui est du questionnaire d'évaluation des symptômes de dépression ainsi que pour l'EEG,

l'ECG, la tension artérielle, la formule sanguine et la vitesse de sédimentation. Les

travailleurs exposés ont présenté une meilleure performance aux tests psychométriques, mais

cela semblait attribuable à une scolarisation plus importante. Cette étude a l'avantage

d'utiliser un véritable groupe témoin, d'évaluer l'exposition réelle aux CEM et d'utiliser des

tests d'évaluation standardisés: questionnaires, tests psychométriques... Cependant, la taille

de l'échantillon est très faible et il s'agit d'une étude transversale qui est souvent sujet à des

biais de sélection. Il n'est pas non plus évident que l'évaluation médicale ait été faite sans

connaissance du statut des travailleurs face à l'exposition.

Brodbent et al*89) ont étudié les symptômes de dépression et d'anxiété retrouvés chez

287 travailleurs de l'électricité. Le score global du questionnaire (MHQ) révèle une

augmentation de ces symptômes chez les travailleurs les plus exposés qui n'est cependant

pas significative. Les chercheurs attribuent cette augmentation à des différences dans les

types de travaux effectués par les exposés. Cette étude présente une évaluation assez

détaillée de l'exposition des"' travailleurs, et utilise un questionnaire d'évaluation

psychologique standardisé, administré sans connaissance de l'exposition. Toutefois les

participants ne constituent que 50 % de l'échantillon étudié et peu de travailleurs sont très

exposés. La nature transversale de l'étude augmente les possibilités de biais de sélection.

De plus, les groupes sous étude ne sont pas comparés pour les différents facteurs de risque

de maladies exception faite du type de travail.

Baroncelli et al™ ont présenté les résultats d'une étude transversale comparant 4

groupes de travailleurs de postes en Italie dont 3 groupes avec différentes durées

d'exposition à des champs de 5 kV/m. Les 4 groupes sont comparables pour plusieurs

146

caractéristiques sociodémographiques. Aucune différence n'est notée entre l'évaluation

psychologique des 4 groupes. Les résultats d'une évaluation sanguine très détaillée sont

aussi similaires. La seule différence observée entre les groupes est l'altération à la

pléthysmographie et cela uniquement dans les groupes avec durée d'exposition

intermédiaire. Cette étude comporte plusieurs qualités indéniables: présence de plusieurs

groupes avec des expositions différentes, taille des échantillons importante, comparabilité

des groupes pour plusieurs caractéristiques sociodémographiques. L'évaluation médicale est

faite sans connaissance de l'objet de l'étude et les tests psychologiques sont effectués par

questionnaire standardisé. Cependant, l'exposition est estimée à partir des niveaux moyens

retrouvés dans les postes, mais non une évaluation directe et la participation de certains

groupes est très faible. De plus, il s'agit d'une étude transversale et les travailleurs sont

exposés à de faibles niveaux de champ.

Plusieurs critiques peuvent être formulées au sujet de toutes ces études. Il s'agit

d'études transversales ce qui peut entraîner des biais de sélection importants puisque seuls

sont examinés ceux qui sont encore au travail, ce qui tend à diminuer les associations

potentielles. Le degré de participation est souvent faible ce qui, ajouté au caractère

transversal des études, augmente le risque de biais dans les résultats obtenus. Il y a eu

cependant des progrès par rapport aux premières études de ce type, puisqu'on inclut de

véritables groupes témoins et que l'on utilise des outils de mesures standardisés en

particulier pour les tests psychométriques. La comparabilité des groupes n'est pas toujours

adéquate et il n'y a jamais d'analyse multivariée d'effectuée. Les niveaux d'exposition sont

très variables. Sur les cinq études présentées une seule observe des différences significatives

chez les exposés concernant certains aspects du MMPI (scores plus élevés pour échelles de

symptômes d'hypochondrie, de schyzophrénie et d'hystérie) et une baisse de protéines

plasmatiques*88*. Une autre étude montre un excès de symptômes d'anxiété et de dépression

chez les plus exposés*89* mais non significatif. L'étude la plus rigoureuse est celle de

Baroncelli*71*, elle montre uniquement une altération de la pléthysmographie dans les 2

groupes avec exposition moyenne.

147

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3.3.2.2 Mortalité autre que par cancer chez les travailleurs de l'électricité.

Plusieurs études de mortalité présentées précédemment ont rapporté les causes de

décès chez des travailleurs exposés aux CEM.

Olin et al(45) ont suivi 1 254 ingénieurs en électricité de 1930 à 1979 et ils ont

comparé la mortalité de ce groupe à celle de la population générale suédoise. Ces

ingénieurs avaient un ICM de 50 pour toutes causes de décès, 50 pour les décès par

maladies circulatoires et 0.5 par mort violente. Aucun excès de mortalité autre que le

cancer n'était rapporté dans cette cohorte.

Milham(50) a rapporté les causes de décès chez 67 829 radio-amateurs de 3 États

américains en comparaison à la population générale de ces 3 États. Les ICM pour toutes

causes, décès par maladies circulatoires et respiratoires sont tous très bas, inférieur à 75.

Guberan et al(52) ont comparé à Genève la mortalité de 1 948 électriciens à celle de

1 916 peintres. Les électriciens ont des taux de mortalité de décès inférieurs pour toutes

causes, ainsi que pour: la psychose, l'alcoolisme, les désordres de personnalité, les maladies

circulatoires et les accidents.

Très peu d'études sont donc disponibles quant aux causes de mortalité autres que le

cancer chez les travailleurs de l'électricité.

3.3.3 Résumé et interprétation des résultats obtenus

Les études de population investigant les effets généraux de l'exposition résidentielle

aux CEM sont peu nombreux. Une seule étude a évalué les différentes causes de mortalité

de population résidant à proximité de lignes électriques de transmission1^. Cette étude de

type cohorte n'est pas très puissante et elle est limitée à cause de la faiblesse de l'évaluation

de l'exposition et l'absence de contrôle de facteurs de confusion. Une étude a comparé la

149

consommation médicale de famille résidant à proximité de lignes à haute tension à celle

d'un groupe témoin*77*. Elle n'a pas retrouvé de différence, chez les femmes et enfants,

entre les 2 groupes. Cependant, plusieurs problèmes méthodologiques nous empêchent de

tirer des conclusions de cette étude.

Les 3 autres études ont été effectuées par la même équipe de recherche et

concernent les suicides*78**80*, les dépressions et l'infarctus de myocarde*81**84*. Deux études

seulement ont effectué des mesures d'exposition et utilisé une approche cas-témoins*80**84*.

Elles montrent que les cas de suicide*80* et d'hospitalisation pour dépression*84* sont survenus

dans des résidences ayant un niveau de champ magnétique plus élevé que celles des

témoins. Ces études sont sujettes à certains biais liés principalement à l'évaluation des cas

de suicide et de dépression et surtout l'absence de contrôle des facteurs de risque de ces problèmes de santé.

Les études effectuées chez les travailleurs sont aussi peu nombreuses. Une série

d'études ont investigué les effets généraux particulièrement psychologiques chez les

travailleurs exposés aux lignes de haute tension. Un des problèmes majeurs de ces études

est leur caractère transversal ce qui peut entraîner une sous-estimation des problèmes à

l'étude. De plus, ces études ont pour la plupart certains problèmes méthodologiques,

particulièrement la faible taille des échantillons, la difficulté à trouver des groupes

comparables, la sélection par le volontariat et finalement le manque d'hypothèses très

précises. Rien de consistant ne ressort de ces études qui viendrait confirmer les premières

études russes. Cependant, devant leur caractère souvent exploratoire, il est surprenant de

ne pas retrouver par la suite certaines études plus solides investiguant plusieurs problèmes

soulevés: céphalées, baisse des protéines, atteinte du MMPI, symptômes de dépression et d'anxiété.

D'après les résultats des études effectuées en laboratoire, il est évident que les

répercussions générales et particulièrement sur le système nerveux de l'exposition

résidentielle et professionnelle aux CEM sont plausibles. Il n'est pas certain que ces

150

répercussions aient des conséquences importantes pour l'humain. Cependant, il faut

constater que ce champ d'investigation n'a pas été étudié fréquemment et le plus souvent

de façon uniquement exploratoire.

Très peu d'études ont investigué ces problèmes. Une seule étude a évalué les

différentes causes de mortalité de population résidant à proximité de lignes électriques de

transmission*15*. Cette étude de type cohorte n'est pas très puissante et elle est limitée à

cause de la faiblesse de l'évaluation de l'exposition et l'absence de contrôle de facteurs de

confusion. Une étude a comparé la consommation médicale de famille résidant à proximité

de lignes à haute tension à celle d'un groupe témoin*77*. Elle n'a pas retrouvé de différence,

chez les femmes et enfants, entre les 2 groupes. Cependant, plusieurs problèmes

méthodologiques nous empêchent de tirer des conclusions de cette étude.

151

3.4 CONCLUSION

Les études épidémiologiques jouent un rôle fondamental dans l'appréciation d'un

risque pour l'humain. Elles ont l'avantage de s'attarder aux effets spécifiques d'une

exposition sur la santé. Par contre, à cause de leur nature non expérimentale elles seront

toujours imparfaites. Le dilemme dans l'évaluation des études épidémiologiques est d'être

suffisamment critique pour dépister tous les biais potentiels et leurs effets, tout en

interprétant avec prudence les résultats obtenus. Notre analyse a donc essayé de s'en tenir

aux faits publiés en essayant de critiquer chaque étude pour en ressortir ce qui nous

paraissait essentiel. Un certain nombre de conclusions peuvent donc être énoncées

concernant l'identification des risques associés à l'exposition aux CEM.

Trois risques pour la santé humaine ont été particulièrement étudiés dans les études épidémiologiques: les cancers, les troubles de la reproduction et les troubles neurocomportementaux.

Le risque de cancer est celui qui a été le plus étudié et celui sur lequel nous nous

sommes le plus attardé. Les études effectuées chez l'enfant, bien que parfois

contradictoires, suggèrent la possibilité d'une association causale entre l'exposition aux

CEM, plus particulièrement au champ magnétique et l'apparition de certains cancers:

leucémie, tumeurs du système nerveux et lymphome. Ce risque, s'il existe, est probablement

faible. Mais vu l'exposition universelle des enfants à ces champs, il s'agit d'un effet dont

l'impact pour la santé publique ne serait pas négligeable. L'imperfection des mesures

d'exposition nous empêche d'utiliser les données de ces études dans une évaluation de

risque. Il est possible qu'une meilleure connaissance des causes de ces cancers nous amène

à rejeter ultérieurement le caractère potentiellement causal de ces associations. Cependant,

devant les différents indices de plausibilité biologique retrouvés lors des études effectuées

chez l'animal, particulièrement les effets sur la glande pinéale et la mélatonine, force est

de constater qu'il s'agit actuellement d'une hypothèse plausible.

152

Les études effectuées chez l'adulte exposé en milieu résidentiel ne sont pas très

convaincantes. Il faudra attendre d'autres études mettant l'accent sur des activités

résidentielles potentiellement à risque (exposition à des couvertures ou lits chauffants, et

autres appareils électriques générant une exposition importante aux CEM) ainsi que sur les

résidences à risque, situées à proximité de sources importantes de champ magnétique

(comme les lignes de haute tension). Les études effectuées en milieu de travail sont plus

convergentes. Trois cancers sont fréquemment retrouvés en excès chez les travailleurs

exposés à des CEM pendant leurs activités professionnelles: la leucémie, le cancer du

cerveau et le mélanome. Cependant, très peu d'études sur le sujet jusqu'à maintenant n'a

pris en compte les autres expositions présentes en milieu de travail susceptibles d'entraîner

de tels effets: exposition à des solvants, aux BPC, etc. Il faudra donc attendre des études

plus perfectionnées pour conclure sur le risque professionnel.

Même si les évidences associant les excès de cas de cancer à l'exposition aux CEM

ne sont pas encore très solides, il faut reconnaître que les études les plus récentes et souvent

les plus perfectionnées n'ont pas contredit les premières études effectuées sur le sujet. Les

études récentes effectuées en laboratoire sur la cellule et l'animal ont aussi renforcé la

plausibilité de tels effets. Il n'y a donc pas certitude d'effets cancérigènes mais possibilité

de tels effets particulièrement chez l'enfant et le travailleur.

Le cas des troubles de la reproduction et des problèmes neurocomportementaux est

fort différent. Très peu d'études se sont attardées sur ces effets. Les troubles de la

reproduction en milieu résidentiel ont été peu étudiés. Les seules études effectuées sont

très imparfaites et de type exploratoire, elles soulèvent l'hypothèse d'effets générés par

l'utilisation de couvertures chauffantes par les femmes en gestation (avortements et excès

de cancers chez les enfants). Les études effectuées sur les troubles de la reproduction reliés

à l'exposition en milieu de travail concernent essentiellement l'exposition des pères avant

la conception. Toutes les études présentées sont de type exploratoire et aucune conclusion

ne peut être tirée de ces études. Les problèmes étudiés (stérilité et développement de

cancers chez les enfants) semblent avoir une faible plausibilité biologique puisqu'ils

153

nécessiteraient une action des CEM sur le développement des gamètes. Ces études invitent

cependant à entreprendre de nouvelles études chez l'animal comme chez l'humain. Les

études effectuées sur les troubles neurocomportementaux n'ont pas non plus été étudiées

en profondeur. Les études effectuées en milieu résidentiel soulèvent -l'hypothèse d'un effet

des CEM et particulièrement du champ magnétique sur la survenue d'états dépressifs et de

suicide. La faible qualité de ces études et leur faible nombre empêchent toute

interprétation définitive de leurs résultats. Les études effectuées chez les travailleurs sont

un peu plus solides, mais elles ne sont pas exemptes de problèmes méthodologiques. On ne peut conclure sur l'absence d'effets des CEM sur le comportement humain avec de telles études.

152

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101

CHAPITRE IV

LA PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE: NORMES ET RAPPORTS D'EXPERTS

TABLE DES MATIÈRES

Pages

4.0 INTRODUCTION 167

4.1 NORMES 167

4.1.1 Ailleurs dans le monde 167

4.1.2 Au Québec et au Canada 173

4.2 LE POINT DE VUE DES COMITÉS D'EXPERTS 174

4.2.1 American Institute of Biological Sciences (AIBS) 175

4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 176

4.2.3 New York State Power Lines Projet (NYSPLP) 177

4.2.4 Environmental Protection Agency (EPA) 178

4.2.5 Ontario Ministry of Health 178

4.2.6 Task Force Report (Rosen et al) 179

4.2.7 Office of Technology Assessment 180

4.2.8 Ministère Fédérale de la Santé et du Bien-Être social 183

4.3 CONCLUSION 185

BIBLIOGRAPHIE 187

4.0 INTRODUCTION

L'établissement de normes d'exposition à un agent environnemental se fait, règle

générale, en considérant de nombreux facteurs. La taille de la population à risque, les

résultats d'études scientifiques réalisées, les facteurs environnementaux et les problèmes de

santé enjeu, les conditions actuelles d'exposition, l'utilisation de normes déjà existantes dans

d'autres pays, ainsi que les pressions politiques et populaires sont autant de facteurs pouvant

être mis en cause(1). • Lors de projets de construction de nouvelles lignes de transport

d'électricité, les CEM ont soulevé beaucoup d'inquiétude et ont fait l'objet d'une opposition

considérable de la population. Ces pressions croissantes de la population ont incité

certaines autorités américaines à prendre des mesures afin de réglementer les champs

résultant des lignes de transport d'électricité^.

Le présent chapitre dégage en premier lieu, le portrait général de la réglementation

à travers le monde concernant l'exposition publique aux CEM de fréquence extrêmement

basse. On y aborde le fondement de certaines de ces réglementations. La situation

québécoise et canadienne est également présentée. En second lieu, nous présentons les

principales conclusions de plusieurs comités d'experts scientifiques qui se sont penchés sur

la problématique des risques pour la santé reliés à l'exposition aux CEM.

4.1 NORMES

4.1.1 Ailleurs dans le monde

Bien qu'il soit reconnu que les champs électrique et magnétique à 60 Hz puissent

avoir certains effets biologiques (voir chapitre 2), l'extrapolation à l'humain des études in

vitro et in vivo autres que chez l'humain est toutefois difficile. De plus, la signification de

ces effets en termes de risques à la santé fait l'objet de nombreuses controverses et demeure

présentement inconnue. L'Organisation Mondiale de la SantéC3) indiquait en 1987 que peu

de pays ont adopté des normes limitant l'exposition au champ magnétique car jusqu'à

présent, iln'ya qu'une faible probabilité que l'exposition humaine à ce champ soit suffisante

167

pour causer des effets nocifs sur la santé. Aux États-Unis, il n'existe aucune réglementation

fédérale limitant l'exposition de la population et des travailleurs aux rayonnements non

ionisants.

Divers pays et quelques États américains ont toutefois adopté une législation quant

aux expositions au champ électrique provenant de lignes de transport d'électricité.

Généralement, le fondement de ces normes est basé sur des considérations de sécurité,

c'estrà-dire qu'elles visent à limiter à 5 mA (r.m.s) le courant induit pour une personne

touchant un objet métallique situé sous une ligne de transport d'électricité pour permettre

de "lâcher prise". Le tableau 1 présente un résumé des principales réglementations de

niveaux de champ électrique pour les lignes de transport à haute tension de 50-60 Hz. Il

présente les grandes tendances de normalisation à travers le monde et ne tient pas compte

des spécificités et des mesures d'exception qui peuvent s'y rapporter.

Champ électrique

Les normes de niveaux de champ électrique à l'intérieur de l'emprise, c'est-à-dire

sous les lignes électriques, se situent généralement près de 10 kV/m. On retrouve la norme

la plus restrictive au Japon soit 3 kV/m. Aux États-Unis, sept États disposent de normes

pour réglementer l'exposition aux CEM. Les limites d'exposition à l'intérieur de l'emprise

sont sensiblement les mêmes d'un État à l'autre (de 8 à 11,8 kV/m). La norme d'exposition

en bordure d'emprise est généralement établie entre 1 et 3 kV/m. Selon l'OMS(4), la

Pologne a réglementé le champ électrique pour les fréquences de 0.1 - 300 000 MHz en

incluant une limite particulière pour les fréquences de 50 Hz. Cette réglementation est

basée sur un critère de zone de sécurité. Dans la bande des 50 Hz, elle établit une limite

de 10 kV/m à ne pas dépasser (zone 1) à l'exception des travailleurs de lignes électriques

et de postes électriques. Un champ électrique entre 1 - 10 kV/m (zone 2) en milieu

agricole et de loisirs est permis mais non en milieu résidentiel près d'hôpitaux, d'écoles et

de garderies. Certaines spécificités s'ajoutent, telles que la considération de droits acquis.

L'URSS tolère quant à elle un champ électrique allant jusqu'à 500 V/m dans les

résidences*7* et jusqu'à 20 kV/m pour les secteurs difficilement accessibles*3*.

168

Tableau 1: Réglementation des niveaux de champ électrique de lignes à haute tension de 50-60 Hz.

Pays Champs électriques (kV/m) Dans l'emprise En bordure de l'emprise

Australie Nouvelles-Galles du Sud - 2 Victoria 10 2

États-Unis Floride 500 kV 10 2

69 - 230 kV 8 2 Minnesota 8 Montana — 1 New-Jersey - 3 (Recommandation) New-York 11.8 1.6 North Dakota 9 Oregon 9

Japon 3

Tchécoslovaquie 15 1

Sources: (2)(3)(4)(5)

Seule la norme du Montana de 1 kV/m en bordure d'emprise aurait cependant été

recommandée à titre de "critère de santé publique". En effet, Asher R. Sheppard,

consultant pour "the Montana Department of National Ressources and Conservations",

indiquait, suite à une revue de littérature, la possibilité d'effets néfastes pour la santé reliées

à une exposition chronique aux champs électrique et magnétique des lignes de

transmission*6*. M. Sheppard préconise la voie de la prudence même si elle est n'est pas

basée sur des évidences de risques à la santé publique.

101

Selon Banks(6), l'établissement de normes d'exposition dans certains États américains

(Minnesota, Oregon et North Dakota) apparaît comme l'application du principe "ALARA"

(As Low As Reasonably Achievable) c'est-à-dire ce qui est raisonnable d'obtenir d'un point

de vue économique et technique. Stuchly(1) indique toutefois que le- principe ALARA est

une approche difficilement justifiable dans le domaine des CEM de fréquence extrêmement

basse, principalement en raison du manque de données biologiques indiquant les effets

néfastes sur la santé, l'ubiquité du champ et les coûts associés aux mesures de mitigation.

Champ magnétique

Exception faite des normes relatives à l'exposition du patient et de l'opérateur

d'appareils cliniques à résonnance magnétique, il n'existe que très peu de normes limitant

l'exposition au champ magnétique en courant alternatif. En URSS, pour un champ non

puisé ("continuous") la limite est de 7,5 mT (75 G) pour une période d'une heure et de 1,8

mT (18 G) pour 8 heures. Ces normes auraient été développés pour les soudeurs. En

République fédérale d'Allemagne, la norme a été fixée à 5,0 mT (50 G) pour les travailleurs

d'installations électriques(8).

Aux États-Unis "The Environmental Regulation Commission" de l'État de Floride a

adopté, en 1989, la première norme d'exposition au champ magnétique pour les lignes à

haute tension^. Cette réglementation s'applique pour la construction des nouvelles lignes

uniquement. La majorité des lignes existantes de 500 kV dans l'État de la Floride (sept sur

dix) peuvent rencontrer la norme de 200 mG. Suite à une revue de la littérature sur les

effets potentiels des CEM sur la santé, la Commission a indiqué qu'il n'existe pas d'évidence

concluante à l'effet qu'il puisse exister un danger ou un risque pour la santé publique

relativement à une exposition liée à des lignes à 60 Hz de l'État de Floride. Des recherches

supplémentaires sont toutefois nécessaires pour déterminer l'étendue des effets des CEM

ainsi que des niveaux d'exposition auxquels ces effets apparaissent. Les normes ont été

établies en fonction de ce qui était réalisable technologiquement. La synthèse de ces

normes est présentée au tableau suivant:

170

Tableau 2: Normes d'exposition aux champs électrique et magnétique pour les lignes à haute tension à 60 Hz pour l'État de Floride

Type de ligne

Type de champ 69-230 kV 500 kV

Magnétique

(en bordure d'emprise) 150 mG 200 mG

Électrique (en bordure d'emprise) 2 kV/m 2 kV/m

Le "New York Public Service Commission" de l'État de New-York a proposé en mars

1990 une limite intérimaire de 200 mG pour le champ magnétique en bordure d'emprise

pour les lignes à haute tension(10). Cette limite ne serait pas basée en fonction d'un critère

de santé publique mais plutôt sur ies valeurs médiannes (L-50) d'exposition retrouvées près

des lignes à 345 kV. Cette politique se veut, selon la Commission, une approche prudente,

même si présentement les données existantes ne permettent pas de démontrer que le champ

magnétique représente ou non un risque significatif sur la santé. Cette limite intérimaire

de 200 mG s'appliquera, si adoptée, à toutes les nouvelles lignes de transmission de 125 kV

et plus.

Le National Radiological Protection Board

Le "National Radiological Protection Board" (NRPB)(11), sous la direction du

ministère de la Santé du Royaume-Uni, a émis, en 1989, certaines recommandations face

aux critères d'exposition recommandés par le "International Non-Ionizing Radiation

Committee" (INIRC). Le NRPB est en accord avec les conclusions énoncées à l'effet que

les données sont insuffisantes pour faire une évaluation quantifiée de risque à la santé. Les

171

évidences expérimentales sont souvent faibles statistiquement et difficilement reproductibles.

Les évidences épidémiologiques suggèrent quant à elles que si le risque d'exposition des champs électromagnétiques en milieux de travail et résidentiel est réel, il doit se trouver dans la partie du risque jugé tolérable.

IRPA/INIRC

"The International Radiation Protection Association" a formé un groupe de travail,

en 1974, (IRPA/INIRC, International Non-Ionizing Radiation Committee), afin de se

pencher sur les normes, en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la Santé. Us ont

pris la responsabilité de développer des critères de santé relativement aux rayonnements

non ionisants*12*. Selon ce groupe d'experts, ces critères pourraient servir de données de

base scientifique pour l'établissement de limites d'exposition.

Par l'analyse des diverses études existantes, Us ont établi des critères d'exposition en

milieu de travail et résidentiel en prenant comme base de limiter la densité de courant

induit dans la tête et le tronc d'un individu continuellement exposé à un champ électrique

ou à un champ magnétique de 50/60 Hz. Cette limite de courant endogène a été fixée à

10 mA/m2 en fonction des effets biologiques prévisibles à court terme. En effet, à des

niveaux se situant entre 1 et 10 mA/m2, seulement des effets biologiques mineurs Int été

rapportés tandis qu'à des niveaùx se situant entre 10 et 100 mA/m2, il existe des effets plus

clairement établis notamment sur le système nerveux et visuel*3). En fonction de ces

éléments, les limites d'exposition proposées pour les champs électrique et magnétique de 50/60 Hz sont:

172

Champ électrique Champ magnétique kV/m mT (r.m.s) mG (r.m.s)

En milieu de travail Toute la période de travail 10 0,5 5 000 Court terme 30a 5,0b 50 000

Pour la population générale Jusqu'à 24 heures/jour0 5 0,1 1 000 Quelques heures/jourd 10 1,0 10 000

j a) La durée de l'exposition au champ (entre 10 et 30 kV/m) peut être calculée par la formule T <. 80/E ou T = durée en heure par jour de travail et E = le champ électrique exprimé en kV/m.

b) <, à 2 heures par jour. c) En milieu fréquenté.

] d) Cette limite peut être dépassée quelques minutes par jour. 1 1 i

Ces niveaux d'exposition sont supérieurs à ceux retrouvés en bordures d'emprise des

lignes à haute tension. A cette effet, l'IRPA/INIRC précise à ce sujet qu'il n'est pas

possible avec les connaissances actuelles d'établir précisément le risque associé à une

exposition chronique au champ magnétique à des niveaux similaires retrouvés près des lignes

à haute tension. En l'absence d'évidence d'un risque à la santé, ce groupe indique qu'il

pourrait être prudent de limiter les expositions, particulièrement pour la population en

général.

4.1.2 AU QUÉBEC ET AU CANADA

Tout comme aux États-Unis, il n'existe pas de normes nationales concernant

l'intensité des CEM des lignes de transport d'électricité. De plus, les seules

recommandations du ministère de la Santé nationale et du Bien-Être social Canada

concernant l'exposition à des champs électromagnétiques de rayonnements non ionisants

sont ceux pour les appareils cliniques à résonance magnétique*14).

101

Le Comité Consultatif Fédéral et Provincial sur l'Hygiène du Milieu et du Travail

(CCHMT) a proposé en mai dernier que soit adopté des normes intérimaires sur

l'exposition aux champs électromagnétiques à fréquence extrêmement basse. Ces normes

sont basées sur les guides intérimaires proposés par 1'"International.Radiation Protection

Association" (IRPA). Ces guides d'exposition n'ont pas été établis en fonction d'une

exposition à long terme et les niveaux proposés sont supérieurs à ceux que l'on retrouve en

bordure d'emprise. À l'heure actuelle, cette proposition n'a pas encore été entérinée par le comité.

Au Québec, Hydro-Québec applique comme critères de conception et d'exploitation

de ses lignes électriques, les recommandations préconisées par le "National Electrical Safety C o d e" ( 1 5 )- C e s critères limitent le courant induit maximal pouvant circuler dans le corps

d'une personne touchant un objet métallique à 5 mA lors de situations exceptionnelles et

à 1 mA lors de situations courantes. La largeur minimale des emprises du corridor de

transport d'électricité est déterminée de façon à limiter l'intensité maximale du champ

électrique. On évite ainsi qu'une personne se trouvant en bordure d'emprise soit dérangée

par des décharges électriques lorsqu'elle touche un objet métallique relié à la terre. Ainsi

au Québec, le champ électrique en bordure d'emprise doit toujours être inférieur ou égal

à 2 kV/m, quelle que soit la tension de la ligne(16).

Dans le cadre de ses activités, Hydro-Québec peut être appelé à discuter de

l'établissement de normes et de sa problématique. Toutefois, à l'heure actuelle, il n'existe

au Québec aucun comité, provincial ou autre, visant l'implantation d'une réglementation limitant l'exposition aux CEM.

4.2 POINT DE VUE DES COMITÉS D'EXPERTS

De nombreux comités d'experts ont fait la synthèse des documents et articles

scientifiques traitant des effets sur la santé des champs électromagnétiques. Nous

174

présentons ici la synthèse de leurs conclusions que nous avons jugées les plus pertinentes

dans le contexte de notre analyse. Cette revue de ces comités d'experts n'est pas exhaustive.

Elle vise à faire ressortir les courants de pensée actuels sur le sujet.

Bien que les présentes conclusions soient le résultat d'une traduction libre (de

l'anglais au français) nous avons conservé, autant que possible, les idées reflétées par chacun

des auteurs.

4.2.1 "AmericanInstitute of Biological Sciences" (AIBS) (1985)(17)

L'"American Institute of Biological Sciences" (AIBS) a réalisé en 1985 une revue de

littérature (révisée récemment) des champs électromagnétiques de fréquence

extrêmement basse en mettant principalement l'emphase sur les recherches réalisées

depuis 1977. Les principales conclusions de ce comité sont:

"Le champ électrique et le champ magnétique de fréquence extrêmement

basse peuvent, à certaines fréquences et intensités, causer divers effets

biologiques à plusieurs organismes, tels les plantes, les animaux ou dans le cas

de préparations in vitro.

Des recherches additionnelles mettant en relation les champs électrique et

magnétique de fréquence extrêmement basse et de leurs effets sur les

organismes vivants de même que sur le mécanisme d'interaction de ces

champs seront nécessaires. Elles permettront une meilleure compréhension

de ces effets biologiques, lorsqu'ils existent, entre la présence de ces champs

et les organismes vivants".

175

4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (1984(3);1987(2))

L'OMS a réalisé 2 documents sur cette question. Le premier publié en 1984 concerne le champ électrique, le deuxième publié en 1987 concerne le champ magnétique.

Le document de 1984 constate la faiblesse des études réalisées avant les années 80.

Puisque les études chez l'humain sont trop limitées du point de vue méthodologique,

elles ne peuvent servir à l'évaluation de risque. Le document constate que le champ

électrique peut altérer le fonctionnement cellulaire, la physiologie et le

comportement animal. Sans pouvoir extrapoler ces effets chez l'humain il est

préconisé "d'éviter une exposition inutile au champ électrique" (traduction libre).

Aucune norme d'exposition n'est préconisée mais certaines mesures sont mises de

l'avant pour éviter l'exposition des travailleurs à plus de 10 kV/m. Cette prudence

est motivée par le risque de microchocs et d'inconfort pour les travailleurs à partir

de 10 kV/m. Devant l'impossibilité d'affirmer qu'une exposition chronique aux

niveaux de 1 à 10 kV/m est sécuritaire, il est proposé de faire des efforts afin de

limiter l'exposition des populations aux niveaux les plus bas possibles et acceptables

d'un point de vue technique et économique ("as low as can be reasonably

achievable"). Devant le risque d'interaction des stimulateurs cardiaques avec de

faibles champs, il est recommandé que les fabricants de ce type d'appareil mettent

au point des procédés de protection contre les risques potentiels de leur dysfonction.

Le document de 1987 constate de nouveau la faiblesse des principales études

effectuées chez l'humain particulièrement pour ce qui est des effets à long terme.

L'évaluation de risque proposée est basée sur le risque de courant induit par le

champ magnétique. En fonction des données disponibles, les auteurs du rapport

concluent qu'un courant de densité inférieur à 10 mA/m2 n'a pas démontré d'effets

biologiques significatifs. Il est cependant précisé: " la possibilité d'effets néfastes

176

secondaires à une exposition chronique ne peut être exclue". Une revue des normes

utilisées dans le monde est présentée mais aucun niveau guide n'est proposé.

Le document recommande que des études épidémiologiques plus rigoureuses soient

effectuées, en particulier pour clarifier l'association possible avec le risque de cancer.

Des recherches appropriées au niveau cellulaire et de l'animal devraient aussi

clarifier les mécanismes possibles de cancérogénèse.

Deux types de recherches expérimentales sont aussi préconisées:

les recherches sur le développement embryonnaire et foetal,

les recherches sur les effets de faibles niveaux de courants induits

( < 1 0 mA/m2).

.3 "New York State Power Lines Project" (NYSPLP) (1987)(18>

Le rapport du groupe scientifique ayant conseillé le programme de recherche de

l'État de New York a été publié en 1987. Le programme de recherche comprenait

des recherches sur la cellule, chez l'animal et l'humain. La majorité de ces études

ont été présentées dans les sections précédentes. Le rapport considère que certains

effets biologiques ont été démontrés mais ces derniers nécessiteront d'autres

recherches pour être confirmés. Sans que l'on puisse tirer de conclusions finales,

plusieurs domaines sont mentionnés comme à risque potentiel pour la santé

publique. Le risque de cancer chez l'enfant relié à l'exposition résidentielle doit être

investigué plus intensément. Il est aussi mentionné que "les effets sur le

comportement et le système nerveux ne constituent probablement pas un risque

important puisqu'ils sont réversibles, cependant ils peuvent altérer temporairement

les fonctions humaines". Il est aussi recommandé d'autres recherches dans ce

domaine.

101

4.2.4 "Environmental Protection Agency" (EPA) (1987(19);1990(20))

L'EPA est l'organisme responsable aux États-Unis de l'établissement des normes

d'exposition pour la protection de la population. En 1987, l'EPA(19) indiquait que les

études ne permettaient pas de démontrer sans équivoque que les champs

électromagnétiques des lignes à haute tension représentaient un risque pour la santé

de la population et ce, en comparaison aux risques connus dus aux brûlures et aux

chocs électriques. Toutefois, il demeure encore des inconnus et des recherches

additionnelles sont nécessaires, particulièrement en ce qui concerne la connaissance

du mécanisme d'action des champs électromagnétiques. L'EPA a récemment publié

un rapport préliminaire sur l'évaluation du potentiel carcinogène des CEM.

Toutefois, ce rapport n'ayant toujours pas été rendu public, les conclusions connues

ne peuvent, pour le moment, être considérées comme étant la politique formelle de

l'EPA. Un résumé de la présentation de Robert McGaughy (document interne

Hydro-Québec) responsable du "Human Health Assessment Group" de "l'Officeof

Health and Environmental Assessment Washington, U.S. EPA" indiquait que le

système de classification de l'EPA pour les agents potentiellement carcinogènes n'est

pas utilisé pour les champs magnétiques. Les raisons évoquées sont les mécanismes

d'interaction des champs et le phénomène conduisant à la carcinogénèse qui

demeurent incertains. En 1990,1'"Officeof Health and Environmental Assessment"

(OHEA) de l'EPA avait recommandé de classifier les CEM dans le groupe B1

comme agent cancérigène, c'est-à-dire cancérigène probable selon la base des

données épidémiologiques. Cette classification n'a pas été retenue.

4.2.5 "Ontario Ministry of Health", 1987(21)

Le ministère de l'Ontario a réalisé en 1987 une revue de littérature des études

cliniques et épidémiologiques sur les effets à la santé réliés à une exposition aux

champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse. Leurs principales

conclusions sont les suivantes:

178

"La littérature n'apporte pas d'évidence concluante ou convaincante qu'il

puisse exister un risque significatif sur la santé publique associé aux champs

électromagnétiques de fréquence extrêmement basse. Il existe un consensus

général de la part de la communauté scientifique à l'effet que les ambiguïtés

présentes dans la littérature courante demandent à être clarifiées. Deux

hypothèses sont émises face à cette situation:

1 - la méthodologie des études n'est pas assez rigoureuse pour établir une

relation concluante,

2 - le problème n'est pas conceptualisé correctement".

Cet organisme tire comme conclusion générale:

"Selon les données présentes, on peut déduire qu'il y a peu ou pas d'évidence qu'il

existe un risque pour la santé".

4.2.6 "Task Force Report" (Rosen et al) (1988)(22)

Un groupe d'experts (L.A. Rosen; J.M. Lee et J.D. Sahl) ont réalisé une revue des

conclusions et des recommandations des rapports de comités scientifiques les plus

récents sur les conséquences possibles sur la santé humaine d'une exposition aux

champs électrique et magnétique provenant des lignes de transmission et le câblage

intérieur des résidences. Ce groupe a observé que:

"Présentement, il n'y a pas concensus du point de vue biologique pour statuer

si le champ magnétique est plus important que le champ électrique.

On ne connaît pas l'importance reliée à la force des champs, la durée

d'exposition, la présence d'une exposition continue ou intermittente.

101

Il n'y a aucune évidence qu'il soit nécessaire de réduire les champs. Si le

besoin était présent, de combien faudrait-il les réduire?

Il n'y a également pas d'évidence concernant les effets reliés aux fréquences

harmoniques des champs.

L'adoption de prise de mesures de mitigation sans base scientifique pourrait

n'avoir aucun effet.

Des recherches additionnelles sont nécessaires pour déterminer quelle

composante de l'exposition, s'ilen existe une, représente un facteur de risque

pour la santé".

4.2.7 "Officeof Technology Assessment" (1989(2)(23))

Le groupe de "Carnegie Mellon University" a publié en 1989(2) un document de

référence pour 1'"Office of Technology Assessment" du congrès Américain. Les

principales conclusions de ce rapport sont les suivantes:

il est maintenant bien établi que de bas niveaux de champ magnétique

peuvent interférer avec les systèmes biologiques et y produire des

changements.

l'interprétation des études disponibles est difficile et il est impossible

actuellement de tirer des conclusions définitives sur les risques possibles pour

la santé.

aucune évaluation de risque ne peut être actuellement pratiquée et aucune

stratégie définitive ne peut être préconisée pour réduire ou éviter les risques

potentiels.

180

les évidences les plus solides concernent les effets sur le système nerveux

central et la promotion du cancer.

Le rapport propose plusieurs options pour gérer ce risque encore mal défini:

1. attendre des preuves plus concluantes avant d'agir,

2. faire de l'information au public et rien d'autre,

3. adopter une réglementation pour limiter l'exposition provenant des lignes de

transmission sans se soucier des autres sources,

4. préconiser un "évitement prudent" (prudent avoidance) afin de réduire

l'exposition des populations aux CEM de 60 Hz provenant de toutes les

sources, compte tenu d'une évaluation coût/bénéfice considérée comme

acceptable.

L'option 1 semble de moins en moins réaliste devant l'évolution des connaissances

scientifiques et les inquiétudes du public.

L'option 2 est préconisée par les auteurs à cause des besoins du public en la matière.

Il y a un besoin pour de l'information non technique véhiculée par des sources

neutres (gouvernements, sources privées) car le public a une confiance limitée pour

les documents provenant des compagnies d'électricité.

L'option 3 est actuellement étudiée par beaucoup de pays ou États mais elle ne peut

être basée sur une évaluation de risque solide. Il est cependant possible que l'on

préconise de façon intérimaire une norme qui limiterait par exemple le champ

magnétique en bordure d'une ligne de transmission au niveau où il est dans la vie

de tous les jours (exposition moyenne).

181

L'option 4 est développée par les auteurs du rapport. Il s'agit de recommander des

mesures qui diminueraient l'exposition des populations aux CEM et qui ne

coûteraient pas trop cher. Voici les exemples présentés:

éviter les zones peuplées lors de l'implantation des nouvelles lignes de transport

élargir les emprises des lignes de transmission

modifier la conception des lignes de distribution

développer des moyens pour réduire les champs associés à la distribution

électrique dans les maisons.

modifier les appareils électriques pour minimiser ou éliminer les champs

produits par ces appareils

Dans le cadre de son plan d'évaluation de faisabilité technique face à la compétition

croissante dans le domaine de l'industrie de l'électricité, "l'Office of Technology

Assessment"^ a évalué l'impact du dossier des CEM sur la santé humaine, n indique: "il

semble possible, sur la base des recherches scientifiques, qu'une exposition aux champs

électrique et magnétique puisse causer des risques à la santé humaine. Il n'est toutefois pas

possible présentement de démontrer si ce risque existe ou non car les résultats des

recherches sont complexes et non concluantes". Face à cette situation, l'OTA considère

comme action possible:

accroître la recherche sur les risques potentiels pour la santé et sur les

méthodes afin de limiter l'exposition humaine aux CEM.

accroître la recherche pour développer des méthodes permettant d'établir des

recommandations d'exposition pour l'implantation ou la relocalisation de

lignes de transport d'électricité là où il pourrait être prudent de le faire et ce

sans coût excessif.

182

.8 Ministère Fédéral de la Santé et du Bien-Être social (1989(7);1990(24))

En 1986, un groupe de travail a été formé par la direction de l'hygiène du milieu de

Santé et Bien-Être social Canada. Ce groupe, présidé par Dr- Maria A. Stuchly, est

composé de représentants des syndicats canadiens, des services publics, des

universités, du gouvernement fédéral et des administrateurs provinciaux. Il vise à

évaluer l'existence et l'importance des effets à la santé reliés aux champs

électromagnétiques et à l'utilisation de l'électricité, identifier les zones où les

connaissances sont déficientes, favoriser le développement de la recherche dans ces

zones grises et l'information et l'éducation de la population canadienne. Le Québec

était représenté par le Dr Michel Plante d'Hydro-Québec et par le Dr Gilles

Thériault de l'Université McGill. Après analyse de la littérature, ce groupe de

travail conclut que:

Présentement, il est difficile de tirer des conclusions définitives concernant les effets possibles sur la santé humaine reliés à l'exposition aux champs électrique et magnétique.

Les évidences scientifiques disponibles concernant les effets reliés à ces

champs sont inconsistantes et non concluantes.

Certaines études chez l'animal et la cellule démontrent que ces champs

peuvent interagir avec le système biologique. Bien que cela ne soit pas

encore clairement établi, certains de ces effets pourraient être dommageables.

Certaines données expérimentales indiquent qu'un champ plus fort n'est pas

nécessairement plus dangereux. Certains effets apparaissent seulement lors

d'exposition à de faibles champs mais non pour des champs plus forts.

183

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour conclure que les

champs électromagnétiques présentent un quelconque risque pour la santé

publique.

184

4.3 CONCLUSION

Face à la difficulté de définir un niveau de risque relié aux CEM, peu de pays ont

réglementé l'exposition aux rayonnements non ionisants de fréquence extrêmement basse.

Certains pays et États américains ont toutefois adopté des normes d'exposition.

Généralement, les normes d'exposition au champ électrique sont basées sur des

considérations de sécurité afin d'éviter les chocs électriques.

L'exposition au champ magnétique provenant des lignes à haute tension a fait l'objet

d'une réglementation en Floride. L'État de New York a récemment proposé une limite

intérimaire limitant l'exposition à ce champ. Ces limites proposées ne sont toutefois pas

fondées sur un critère de santé publique mais plutôt en fonction des moyennes d'exposition

électromagnétique présentement retrouvées près des lignes à haute tension.

Au Québec et au Canada, il n'existe aucune norme régissant la présence des CEM

des lignes à haute tension. Hydro-Québec se conforme aux recommandations du NESC en

limitant notamment le champ électrique maximal en bordure d'emprise.

Plusieurs groupes d'experts se sont prononcés quant aux risques pour la santé reliés

à une exposition aux CEM de fréquence extrêmement basse. Il y a consensus à l'effet que

les CEM peuvent interagir avéc les systèmes biologiques. Toutefois, il est présentement

impossible de tirer des conclusion définitives sur la signification de ces effets. Enfin, on

s'accorde généralement pour dire que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour

comprendre et préciser les implications des effets biologiques en termes de risque pour la

santé humaine, avant de légiférer.

101

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101

CHAPITRE Y

LA SITUATION QUÉBÉCOISE: ÉVALUATION DE RISQUE ET

GESTION DU RISQUE

TABLE DES MATIÈRES

Pages

5.0 INTRODUCTION 195

5.1 ÉVALUATION DE L'EXPOSITION DES POPULATIONS 196

5.1.1 Études complétées 196

5.1.2 Projets en cours 198

5.2 ÉVALUATION DES EFFETS SUR LA SANTÉ 199

5.2.1 Effets des CEM sur la cellule et l'animal 200

5.2.1.1Études complétées 200

5.2.1.2Projets en cours 200

5.2.2 Effets des CEM sur l'humain 203

5.2.2.lÉtudes complètes 203

5.2.2.2Projet en cours 203

5.3 GESTION DU RISQUE 207

5.3.1 Mise au point de normes 207

5.3.2 Information du public 208

5.4 CONCLUSION 210

BIBLIOGRAPHIE 211

5.0 INTRODUCTION

Dans les premiers chapitres, nous avons constaté la nécessité de recherches

supplémentaires afin de permettre l'évaluation des risques associés à l'exposition humaine

aux CEM. Bien que plusieurs recherches soient en cours présentement à travers le monde,

il nous apparaît important de regarder ce qui a été fait au Québec dans ce domaine. Ceci

nous aidera à formuler dans le chapitre suivant des recommandations spécifiques pour le

Québec.

Nous présenterons donc les principaux travaux effectués au Québec tant pour évaluer

l'exposition des populations humaines aux CEM que ceux concernant les effets d'une telle

exposition. Un résumé des interventions effectuées pour gérer ce risque potentiel sera aussi

présenté. La grande majorité des actions réalisées a été prise en charge par Hydro-Québec

mais nous mentionnerons aussi l'implication d'autres intervenants importants du Québec:

les ministères provinciaux, les universités et le secteur privé. Il est à noter que la

présentation des études en cours est faite dans un but descriptif et de connaissance. Il est

à considérer que les objectifs et méthodologies de ces études peuvent faire l'objet de

modifications et que ces informations peuvent varier dans le temps.

195

5.1 ÉVALUATIONDE L'EXPOSITION DES POPULATIONS

Nous avons soulevé dans les chapitres précédents l'importance de l'évaluation de

l'exposition des populations aux champs électrique et magnétique. Cette information est

essentielle dans le cadre d'une évaluation du risque à la santé.

À notre connaissance au Québec, seul Hydro-Québec en association avec d'autres

partenaires, telles les universités et les instituts de recherche, s'est impliqué dans la

réalisation d'études structurées visant à caractériser l'environnement électrique et

magnétique près des lignes de transport et de distribution et également près d'appareils

électriques. Plusieurs projets ont déjà été réalisés et d'autres sont en cours présentement.

La section de radioprotection de la division Qualité d'hygiène industrielle du ministère de

l'Environnement a réalisé, en 1978, une caractérisation sommaire des champs en milieux

résidentiel, professionnel et près des lignes à haute tension(1). Les résultats de cette étude

sont par contre limités. L'institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail (IRSST)

participe depuis peu au développement d'outils de travail pour l'évaluation des CEM. La

description des principales études est présentée ci-après.

5.1.1 Études complétées

Analyse des mesures de champ électrostatique à trois pieds et à six pieds du sol dans

les postes et sous les lignes de transport haute tension. Maruvada, S., Institut de

Recherche d'Hydro-Québec, 1976(2).

Cette étude visait à connaître l'intensité du champ électrostatique (60 Hz) non

déformé près des postes et sous quelques lignes de transport à haute tension (120 kV,

230 Kv, 315 kV, 735 kV). Pour la mesure du champ, l'IREQ a utilisé une sonde de

fabrication domestique "Free Body Electric Field Meter" (champmètre de champ uniforme).

Le champ électrique était également estimé à l'aide de méthodes numériques afin de

196

corroborer les mesures directes. En général, l'estimation du champ électrique par la

méthode numérique concordait avec les mesures directes.

Mesure des champs électrique et magnétique de 60 Hz dans le réseau de

distribution. Héroux, P.,Institut de Recherche d'Hydro-Québec 1985(3), 1987(4).

L'objectif de l'étude était de mesurer les champs électrique et magnétique à 60 Hz

à l'aide d'une station mobile près des réseaux de distribution en milieux urbains et ruraux.

D'autres mesures prises à divers endroits près du réseau de distribution ont également

permis d'obtenir un portrait général des niveaux d'exposition. La collecte de données prises

à différents moments a permis d'évaluer la variation de l'exposition dans le temps. Selon

Héroux*3 , il ressort globalement que le réseau de distribution représente une forte

contribution à l'environnement électromagnétique à 60 Hz.

Occupational and Residential 60 Hz Electromagnetic Fields and High-Frequencv

Electric Transients: Exposure Assessment Using a New Dosimeter. Deadman, J.E.

& al.,École de Santé au Travail, Université McGill, 1988<5>.

Cette étude de prévalence avait, entre autre, pour but de tester le nouveau dosimètre

portatif fabriqué par l'IREQ ainsi que d'évaluer sommairement les niveaux d'exposition des

travailleurs de l'électricité dans leur milieu de travail ainsi qu'à l'extérieur (résidence, loisirs)

pendant une période d'une semaine. Les résultats de l'étude ont démontré, qu'en moyenne,

les travailleurs en période de travail ont des niveaux d'exposition environ 10 fois plus élevés

que le groupe témoin.

197

5.1.2 Projets en cours

Étude épidémiologique portant sur la santé humaine et l'exposition aux champs

électrique et magnétique de 60 Hz. Électricité de France, Hydro-Québec et

Ontario Hydro(6)(7)(8).

Dans le cadre de la réalisation de cette étude épidémiologique, un programme

d'évaluation de l'exposition de divers groupes de travailleurs de l'électricité a été mis sur

pied. Au Québec, les champs électrique et magnétique seront mesurés à l'aide d'im

dosimètre portatif utilisé par les employés durant les périodes de travail et en dehors dû

milieu de travail. La dosimétrie s'étendra sur une période de cinq jours (du lundi au

vendredi). En Ontario, la dosimétrie s'effectuera uniquement pendant les heures de travail.

Un protocole similaire à celui du Québec sera suivi par Électricité de France. Malgré

certains retards occasionnés par la non-disponibilité des appareils de mesure et les conflits

de travail à Hydro-Québec, la prise de mesure se poursuit et dans l'ensemble les nouvelles

données recueillies correspondent sensiblement aux données recueillies lors de l'étude de

prévalence réalisée par Deadman en 1988®.

Caractérisation de l'environnement électrique et magnétique des lignes de transport

et de différents milieux, Association Canadienne d'Électricité, Institut de Recherche

d'Hydro-Québec^.

Il s'agit d'une étude pan-canadienne réalisée par l'Association Canadienne de

l'Électricité (ACE) en collaboration avec l'IREQ. Au Québec, ce projet prévoit l'évaluation

de l'exposition aux champs électrique et magnétique au niveau de centrales thermiques, de

lignes de transport, de postes et réseaux de distribution, de maisons et appartements

(environ 25) et de l'environnement industriel et agricole. Dans le cadre de cette étude, un

appareil de mesure a été développé afin de permettre l'enregistrement sur une période de

24 heures de la composante verticale du champ électrique et des trois composantes

orthogonales du champ magnétique. En milieu résidentiel, la prise de mesures s'effectue

198

dans trois pièces différentes, soit le salon, la cuisine et la chambre. Il y a également une

évaluation des champs émis par le système de mise à la terre et une caractérisation de

l'entrée électrique.

Le choix des résidences est fonction des expériences acquises et d'une répartition de

l'échantillonnage selon les diverses composantes de la résidence et de l'environnement

extérieur. L'étude devrait être complétée vers la fin de l'année 1990 ou en 1991.

Mise au point d'un appareil de mesure à lecture direr.tp. Laliberté, L.,Institut

de Recherche en Santé et Sécurité au Travail, (IRSST).

L'institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail mettra au point

prochainement un appareil de mesure des CEM à lecture directe. Cet appareil mesurera

les champs magnétique et électrique selon les trois axes. L'évaluation pourra se faire selon

des bandes de fréquences précises, telles les 60 Hz ainsi que plusieurs harmoniques. Cet

appareil est destiné à l'utilisation interne de l'IRSST mais une commercialisation est

également prévue. La mise en opération de cet appareil est prévue pour l'année 1991.

5.2 ÉVALUATIONDES EFFETS SUR LA SANTÉ

L'évaluation de risque dès CEM se situe encore à l'étape de l'identification du risque.

Une question domine cette étape: y a-t-il un risque et si oui quelle est sa nature et

éventuellement son ampleur? Plusieurs études ont été effectuées sur ce sujet au Québec

grâce au financement d'Hydro-Québec. Ces études ont été mentionnées pour la plupart

dans les sections précédentes mais nous croyons bon de les présenter regroupées ici

accompagnées de quelques commentaires.

196 198

5.2.1 Effets des CEM sur la ceUule et l'animal

5.2.1.1 Études complétées

Pour ce qui est de la situation de la recherche québécoise, il y a eu jusqu'à

maintenant peu de recherches expérimentales effectuées sur les effets biologiques des

champs électromagnétiques. Les études publiées sur le sujet sont les suivantes:

L'étude des courants corporels induits par les lignes à haute tension sur la fonction

cardiaque. Billette, J. et al., Institut de Cardiologie de Montréal, 1981(9).

Cette étude visait à déterminer chez des chiens anesthésiés si des courants induits,

tels que ceux rencontrés au sol sous une ligne à haute tension, peuvent affecter la fonction

cardiaque. Les résultats de l'étude se sont avérés négatifs.

5.2.1.2 Projets en cours

Quelques projets de recherches expérimentales sont actuellement en cours sur les

effets biologiques des champs électromagnétiques. La plupart d'entre eux sont des projets

commandités par Hydro-Québec. Plusieurs projets sont conjoints, impliquant des

organismes extérieurs comme Santé et Bien-Être social Canada. Ce sont les projets

suivants:

Etude de carcinogénicité animale en rapport avec l'exposition à des champs

magnétiques de 60 Hz, Mandeville R. ,etal . , Institut Armand Frappier, Montréal.

Il s'agit d'un projet conjoint de Santé et Bien-Être social Canada, Hydro-Québec et

Ontario Hydro ainsi que de partenaires d'entreprises privées. L'objectif de ce programme

d'étude est de déterminer si une exposition chronique à un champ magnétique de 60 Hz

influence le développement du cancer chez le rat. Le projet comprend deux études soit:

200

Évaluation de la carcinogénicité des champs magnétiques de 60 Hz. Il s'agit de

déterminer les effets chez un groupe de rats femelles sur le développement des

tumeurs en fonction de diverses intensités de champ magnétique.

Évaluation de la promotion de tumeurs du cerveau chez le rat par un champ

magnétique à 60 Hz. Des agents chimiques carcinogènes seront utilisés comme initiateurs de cancer.

Étude de promotion du cancer chez la souris, Stuchly M,A.,et al.,Santé et Bien-Être social Canada.

Le but de l'étude est d'évaluer si un champ magnétique de 60 Hz agit comme

promoteurs. Quatre groupes de 32 souris ont été exposés à un champ magnétique de 2 mT

et 60 Hz. Deux groupes ont été initiés avec le DMBA dont un est exposé au champ et

l'autre sert de témoin. Les deux autres groupes ont été initiés avec du DMBA mais ont

reçu aussi un promoteur chimique connu, c'est-à-dire le TPA. De ces deux derniers

groupes, l'un est exposé au champ, l'autre sert de témoin. Des mesures de l'activité de

l'enzyme ornithine décarboxylase (ODC) sont réalisées dans cette étude.

Étude des effets du champ magnétique de 60 Hz sur la prolifération cellulaire.

Bélanger K.,Bourdage M. Institut du Cancer de Montréal.

Cette étude in vitro, réalisée par l'Institut du Cancer de Montréal, est commanditée

par Hydro-Québec. Des cellules normales et cancéreuses sont exposées à un champ

magnétique de 100 fiT.

201

Étude des effets d'un champ magnétique de 60 Hz sur l'expression des oncogènes.

Langelier Y.,Bourdage M. Institut du Cancer de Montréal.

Cette étude, complémentaire de la précédente, porte sur les oncogènes. Les

oncogènes sont des gènes qui se retrouvent dans les cellules parfaitement saines. Ces gènes,

qui sont constitués d'une séquence d'ADN, semblent impliqués dans le développement

cellulaire. S'ils sont victimes de mutations ou autres événements anormals, ils peuvent

transformer la cellule saine en cellule cancéreuse. L'étude réalisée à l'Institut du Cancer

à Montréal permettra de vérifier l'hypothèse qui a été soulevée à l'effet que les CEM

puissent altérer les oncogènes.

Étude sur les effets des lignes à haute tension sur la santé du bétail(8)

Hydro-Québec s'est associé au "Bonneville Power Administration" (BPA), 1'"Electric

Power Research Institute" (EPRI), le "Department of Energy" (DOE) ainsi que quatre

autres sociétés d'électricité aux États-Unis afin d'évaluer l'effet des lignes à haute tension

en courant alternatif sur la reproduction de l'agnelle. Cette étude sera intitulée "Joint

HVAC Transmission E/MF Environmental Study". Le cycle hormonal chez l'agnelle sera

également étudié afin d'évaluer l'influence des champs sur la sécrétion de la mélatonine.

Elle a débuté en janvier 1990 et devra se terminer à la fin de l'année 1991.

Effets des champs électrique et magnétique sur la production laitière. Block, E.,

Collège McDonald

Cette étude portant sur les effets des champs électrique et magnétique produits par

les lignes à haute tension sur la production laitière sera réalisée conjointement par le

Collège McDonald de l'Université McGill et l'Institut de Recherche d'Hydro-Québec

(IREQ). Le Collège McDonald a développé les protocoles de l'étude tandis que l'IREQ

sera responsable de construire les systèmes d'exposition.

196 202

5.2.2 Effets des champs électromagnétiques alternatifs de 50-60 Hz sur l'humain

5.2.2.1 Études complétées

Études de l'état de santé des électriciens p r i s é s à l'entretien des poste a W

de l'Hydro-Québec, Roberge, P., Direction Santé d'Hydro-Québec, 1975(1°).

Cette étude qui visait à évaluer les effets sur la santé à court terme a déjà été

mentionnée auparavant (section 3.3.2). n s'agissait d'une étude transversale effectuée chez

56 employés préposés à l'entretien des postes de 735 kV. Une investigation médicale

poussée de ces travailleurs révéla qu'ils ne souffraient d'aucun problème de santé majeur.

Mais la faible qualité méthodologique de l'étude (voir section 3.3.2) ne permettait pas de

rejeter l'hypothèse d'un effet potentiel de l'exposition à ces champs.

Par la suite, aucune étude épidémiologique n'a été réalisée au Québec sur le sujet.

En 1984, devant l'anxiété de la population et les débats entourant la construction de la ligne

de courant continu Des Cantons-Nouvelle-Angleterre, le gouvernement du Québec décidait

de stimuler la recherche dans ce domaine. Par le décret No: 729-84 du 28 mars 1984, le

gouvernement autorisait la construction de la ligne de transport des Cantons-Nouvelle-

Angleterre mais exigeait en contre partie qu'Hydro-Québec réalise, entre autres, une étude

épidémiologique pour investiguer les effets sur l'humain des lignes à haute tension(u).

5.2.2.2 Projet en cours

Étude épidémiologique portant sur la santé humaine et l'exposition aux champs

électrique et magnétique de 60 Hz. Électricité de France, Hydro-Québec et

Ontario Hydro.

Le contrat pour cette étude fut donné à l'École de Santé au Travail de l'Université

McGill sous la direction du Docteur Gilles Thériault. Après une revue critique de résultats

épidémiologiques et après analyse de différents scénarios^, il fut décidé avec l'assentiment

des ministères de la Santé, d'Énergie et Ressources et de l'Environnement de retenir une

étude sur le cancer de type cas-témoins chez les travailleurs de l'électricité. Afin d'obtenir

une puissance statistique suffisante, cette étude est réalisée conjointement avec deux autres

compagnies d'électricité: Ontario Hydro et l'Électricité de France(13).

Cette étude épidémiologique est de grande envergure: 3 000 cas de cancer seront

comparés à 5 000 témoins. Il s'agit d'une étude de très bonne qualité. Les cas sont les

travailleurs ayant été à l'emploi pendant au moins 1 an dans les compagnies d'électricité et

ayant développé un cancer à l'exception des épithéliomas cutanés. Les témoins sont des

individus n'ayant pas de cancer au moment où le cas a été diagnostiqué. Ils ont travaillé

à la même compagnie que le cas avec lequel ils sont appariés. L'appariement est effectué

pour l'année de naissance et l'année de début de l'emploi. Les témoins doivent être vivants

au moment du diagnostic des cas. Ce type d'étude cas-témoins à l'intérieur d'une cohorte

diminue le risque de biais de sélection des cas ou des témoins.

L'évaluation de l'exposition professionnelle aux CEM sera assez élaborée. Chaque

poste de travail considéré aura eu une évaluation effectuée par dosimétrie chez un groupe

de travailleurs occupant ce poste. Une évaluation de l'exposition rétrospective sera faite en

tenant compte de la durée d'exposition à chaque poste d'emploi occupé par les cas ou les

témoins. Cette évaluation de l'exposition sera faite sans connaissance du statut de cas ou

de témoins des participants.

L'évaluation de l'exposition professionnelle à d'autres facteurs de risque de cancer

sera aussi considérée. L'exposition aux facteurs suivants sera étudiée pour les cas et les

témoins: les substances cancérigènes 1,2a et 2b de la classification du Centre Internationnal

de Recherche sur le Cancer (CIRC)(14) ainsi que l'exposition au soleil.

Beaucoup de problèmes soulevés dans les études précédentes seront pris en compte

dans cette étude: sélection des cas et témoins, évaluation de l'exposition aux CEM et prise

204

en compte de facteurs potentiels de confusion présents en milieu de travail. Cependant, il

est possible que cette étude accuse certaines faiblesses. Tout d'abord l'étude étant effectuée

dans différents pays ne sera pas complètement uniforme. Certains problèmes ont déjà été

mentionnés dans un rapport d'étape*15) et ils pourront affaiblir la qualité de cette étude:

1) la définition de la cohorte est un peu différente dans les 3 compagnies, en particulier

la constitution de la cohorte se fera à partir de 1970 pour le Québec et l'Ontario et

de 1978 pour la France, et il n'y aura pas d'information sur les retraités ou ceux

ayant quitté leur emploi pour la cohorte française.

2) la recherche des cas sera aussi différente selon les compagnies. L'Ontario utilisera

principalement son fichier des tumeurs, le Québec ne pourra utiliser ce fichier que

pour les années récentes et utilisera en plus le fichier de décès, les dossiers médicaux

de la compagnie et les dossiers hospitaliers. La France devrait utiliser

principalement les médecins d'entreprise.

3) La collecte des variables de confusion non professionnelle se fera à partir des dossiers médicaux au Québec et en Ontario et une enquête auprès des médecins en France.

Certaines faiblesses sont présentes dans cette étude. La prise en compte de variables

de confusion non professionnelle sera limitée. Seules les habitudes tabagiques seront

recherchées. D'autres variables potentiellement confondantes telle que l'alimentation et la

consommation d'alcool n'ont pu être retenues à cause du mode de collecte de données

choisi. On peut aussi se questionner sur la validité des informations concernant le tabac qui

sont colligées au dossier médical de l'entreprise. L'évaluation de l'exposition professionnelle

à des cancérigènes potentiels ne sera aussi évaluée le plus souvent que de façon qualitative

ce qui limitera son utilisation. Toutefois, pour les cancers associés aux CEM, c'est-à-dire

le cancer du cerveau, la leucémie et le cancer de la peau, peu de variables de confusion sont

connues.

205

La taille de l'échantillon bien qu'importante (3 000 cas) ne garantit pas une puissance

statistique très grande. En effet, la taille de l'échantillon est basée sur la capacité de l'étude

à détecter un risque relatif de 2 pour la leucémie avec une puissance statistique de 80%.

Il n'est pas évident que le nombre de cas étudiés sera suffisant lorsqu'il s'agira d'étudier le

risque relatif pour différents types histologiques de leucémies. Il est aussi probable que la

puissance à détecter un risque significatif soit encore moindre pour les cancers du cerveau

et le mélanome, puisqu'il s'agit de cancers moins fréquents que la leucémie^.

Cette étude devrait se terminer en décembre 1992, mais il est probable qu'il faille

attendre 1993 pour connaître ses premiers résultats.

Le coût de la recherche épidémiologique en cours est important puisque l'on a prévu

une somme de plus de 3 millions de dollars canadiens pour la mener à bien; Hydro-Québec

dépensant pour sa part près de 1,5 millions de dollars pour cette étude. Actuellement, le

suivi de cette étude par les ministères québécois de la Santé et de l'Environnement se fait

dans le cadre du comité de suivi institué par décret.

Même si l'effort effectué par le Québec pour développer une recherche

épidémiologique d'envergure est important, il faut réaliser que cet effort concerne

principalement l'exposition en milieu de travail. Tout le problème de l'effet de l'exposition

résidentielle, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes ne sont pas considérés

dans la recherche épidémiologique en cours. Le programme de recherche d'Hydro-Québec

ne prévoit pas non plus de recherche dans ce domaine. Aucune étude épidémiologique n'est

aussi prévue pour investiguer le problème des effets potentiels neurocomportementaux des

CEM.

196

5.3 GESTION DU RISQUE

Divers scénarios de gestion du risque ont été présentés au chapitre IV quant aux

effets potentiels des champs électrique et magnétique sur la santé humaine. Certains États

américains ont choisi la voie législative pour limiter l'exposition des populations aux CEM

de fréquence extrêmement basse. Cependant, comme on ne connaît pas la signification

biologique des effets observés et qu'on n'a pas identifié le mécanisme d'action de ces

champs, il est difficile d'établir des normes à partir de critères de santé publique.

Pour la localisation de nouvelles lignes électriques et de postes, Hydro-Québec

considère plusieurs critères généraux et spécifiques. La prise en compte de ces critères a

pour effet de localiser le tracé optimal dans une zone de moindre densité de population.

De ce fait, Hydro-Québec est d'avis que l'impact d'une exposition aux CEM des lignes

électriques ne représente pas un facteur discriminant et ne doit pas être considéré dans le

choix des corridors et des tracés de lignes à haute tension(17). Il n'en demeure pas moins

une implication importante d'Hydro-Québec dans le domaine des CEM. Ces actions sont

principalement axées au niveau de la recherche ou de l'intervention éducative auprès de la

population.

La présente section a pour but de tracer un survol de la situation québécoise quant

à la gestion du risque des CEM sur la santé.

5.3.1 Mise au point de normes

Au Québec, il n'existe aucune norme relativement à l'exposition aux CEM de

fréquence extrêmement basse. Comme mentionné précédemment, Hydro-Québec respecte

comme critères de conception et d'exploitation la norme du "National Electric Safety Code"

(NESC) qui fixe la valeur maximale du courant induit sous une ligne de transport à 5 mA.

Cette recommandation limite indirectement les niveaux du champ électrique près des lignes

207

à haute tension. Le champ magnétique des lignes de transport ne fait l'objet d'aucun critère

au Québec.

Malgré l'absence de réglementation, ou de projet de réglementation, relativement à

l'exposition aux CEM des lignes à haute tension, le dossier n'en demeure pas moins une

préoccupation importante pour plusieurs organismes et ministères. Le décret 924-87^ du

gouvernement du Québec mentionne qu'un comité formé de représentants des ministères

de la Santé et des Services sociaux, de l'Environnement, de l'Énergie et Ressources et de

l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est chargé d'assurer le suivi des études sur

les effets des lignes à haute tension sur la santé. Le ministère de la Santé et des Services

sociaux, qui assure la coordination du comité, s'est adjoint une équipe de chercheurs du

Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de l'Université Laval à titre

de consultants afin de réaliser la présente revue de littérature et de proposer des

recommandations sur cet aspect.

Il n'existe pour l'instant au Québec aucune action concrète ou comité de formé visant

l'établissement de normes. Les priorités sont axées vers l'évaluation du risque à la santé

associée aux CEM.

5.3.2 Information du public

Dans le contexte où les effets des CEM sur la santé publique préoccupent de plus

en plus la population, il est essentiel d'assurer la circulation d'une bonne information qui

se veut en même temps simple et précise. Ce manque d'implication des organismes

responsables de l'information du public peut conduire la population à une situation

d'inconfort et de craintes excessives. De plus, elle laisserait aussi le champ libre à des

groupes ou des individus moins aptes à livrer une information exacte et exhaustive.

Au Québec, Hydro-Québec demeure présentement le seul organisme ayant joué un

rôle significatif d'informateur concernant les effets biologiques des CEM. Plusieurs

196 208

organismes environnementaux ou organismes de santé se sont prononcés lors d'audiences

publiques sur les projets de lignes de transport d'électricité mais la portée de cette

information demeure limitée à un public restreint.

Hydro-Québec a déjà réalisé plusieurs documents et rapports concernant les effets

de champs électrique et magnétique*19^. Parmi ceux-ci, deux documents de vulgarisation,

s'adressant à un large public, ont été préparés en français et en anglais. Il s'agit de:

le point sur les effets des lignes à haute tension, 1983*20)

de l'électricité dans l'air, 1989(21)

Ces deux documents traitent, de façon simple, de la description des champs produits

par les lignes électriques et certains appareils électriques et identifient les recherches et les

connaissances dans ce domaine. Hydro-Québec prépare un autre document d'information

plus spécialisé s'adressant à un public plus restreint. Santé et Bien-Être social Canada, a

publié récemment un document d'information sur les risques à la santé reliés aux CEM(22).

Ce document traite de cette problématique de façon très sommaire et est présentement peu

distribué.

Hydro-Québec a récemment inauguré un centre d'interprétation sur les effets des

champs électrique et magnétique. Selon Hydro-Québec, ce centre permet, à l'aide d'exhibits

et d'expériences simples, la familiarisation du public par rapport aux phénomènes des

champs électrique et magnétique reliés aux divers équipements électriques. Ontario Hydro

a déjà réalisé un centre similaire et le public aurait manifesté un intérêt pour ce type de

véhicule d'information.

Enfin, Hydro-Québec, par le biais de plusieurs présentations, a contribué également

à informer la population sur le sujet.

5.4 CONCLUSION

Bien que la recherche sur les effets des champs électrique et magnétique représente

un intérêt évident pour la population et les organismes gouvernementaux, Hydro-Québec

est présentement le principal intervenant dans ce dossier.

L'évaluation de l'exposition des populations constitue un programme de recherche

important pour la société d'État. La caractérisation de l'exposition des travailleurs de

l'électricité à l'aide du dosimètre portatif en est un exemple concret. Certains postes de

travail, autres que ceux des travailleurs de l'électricité, pouvant représenter une exposition

importante aux CEM n'ont toutefois pas été évalués. À ce titre, certaines études sont

présentement en cours à Hydro-Québec ou ailleurs comme aux États-Unis et pourront

apporter des éléments de connaissance pertinents.

L'évaluation de l'exposition résidentielle au Québec demeure encore limitée. La

prise de mesures à proximité des lignes à haute tension et des lignes de distribution ainsi

que la réalisation de l'étude pan-canadienne actuelle sur l'évaluation de l'exposition en

milieu professionnel et résidentiel permettront une caractérisation générale de l'exposition

de la population. Toutefois, l'exposition de certaines populations cibles telles que les

enfants reste à préciser en milieu résidentiel ainsi que pour d'autres environnements qui

n'ont pas été investigués.

En ce qui concerne les études expérimentales sur la cellule et l'animal, la majorité

des études sont financés par des compagnies d'électricité. Les domaines de recherche

prioritaires présentement en cours concernent principalement les études de cancérogénicité.

Enfin, en termes d'information et d'éducation du public, seule Hydro-Québec agit de

façon active par l'entremise de présentations, de brochures d'information ou de son centre

d'interprétation sur les terrains de l'IREQ. La perception de la population vis-à-vis ce

centre d'interprétation soulève un intérêt certain de la part des organismes concernés.

210

BIBLIOGRAPHIE

1. Perronnet R. Présence des champs électriques et magnétiques chez le public et les travailIp.nrç Rapport de Stage réalisé aux Services de Protection de l'Environnement, Section Qualité de l'Hygiène Industrielle, Gouvernement du Québec, 1978.

2 Maruvada, P.S.,Bibeau, B.,Gingras, P., St-Germain, J., Grégoire, R. et Parent, R. Analyse des mesures de champ électrostatique à trois et à six pieds du sol dans les postes et sous Ipc lignes de transport haute tension. Rapport # 2, Électricité: Santé et environnement, IREQ, Rapport no 1454, 13 juillet 1976.

3 Héroux, P. Mesure des champs électriques et magnétiques de 60 Hz dans le réseau Hp distribution. Rapport # 13, Électricité: Santé et environnement, IREQ, Rapport no 5RT-3532G, Octobre 1985, 17 p. et annexes.

4 Héroux, P. 60-Hz Electric and Magnetic Fields Generated by a Distribution Network. Bioelectromagnetics. Vol. 8, 1987,p. 135-148.

5 Deadman, J.E., Camus, M., Armstrong, B.G.,Héroux, P.,Cyr, D.,Plante, M. and Thériault, G. Occupational and Residential 60-Hz Electromagnetic Fields and High-Frequency Electric Transients: Exposure Assessment Using a New Dosimeter. Am. Ind. Hvg. Assoc. J., Vol. 49(8), 1988, p. 409-419.

6 Hydro-Québec. Les effets des champs électrique .et magnétique. Plan d'action d'Hydro-Québec, Rapport d'étape no 3, Période Juillet 1987 à Octobre 1988. Décembre 1988, p. 19.

7 Thériault, G. Étude épidémiologique conjointe Électricité de France. Hydro-Québec, Ontario Hydro portant sur les effets à long terme de l'exposition aux champs électrique et magnétique de 50 et 60 Hz. Rapport sectoriel d'étape. Partie Hydro-Québec, mai 1989.

8 Hydro-Québec. Les effets des champs électrique et magnétique. Plan d'action d'Hydro-Ouébec. Rapport d'étage no 4. Période octobre 1988 à décembre 1989. Service de Recherches en environnement et santé publique, Vice-présidence Environnement Hydro-Québec, mars 1990.

9 Billette, J. et al. Les courants corporels induits par les lignes à haute tension et la fonction cardiaque. Rapport # 6. Électricité: Santé et Environnement. Rapport final à la Commission Canadienne de l'Électricité et l'Hydro-Québec, Rapport no: 78-74,103 p. 1981.

10 Étude de l'état de santé des électriciens préposés à l'entretien des postes à 735 kV te l'Hvdro-Ouébec. Hydro-Québec 1976.

211

11 Décret du Gouvernement du Québec No: 729-84,28 mars 1984.

12 Aubry, F., Thériault, G. Étude de faisabilité d'une recherche épidémiologique portant sur l'exposition aux champs électrique et magnétique de 60 Hz et l'indice de cancer. École de Santé au travail, juin 1986.

13 Entente entre Électricité de France, Hydro-Québec et Hydro-Ontario. Étude épidémiologique conjointe sur les effets possibles à long terme de l'exposition à des champs électriques et magnétiques de 50 et 60 Hz. 25 mars 1988.

14 International Agency for Research on Cancer (IARC). IARC Monographs on the Evaluation Of Carcinogenic Risks to Humans. Overall Evaluations of Carcinogenicity: An Updating of IARC Monographs Volumes 1-42, Supplement 7. World Health Organisation, Lyon France, 1987.

15 Thériault, G. Étude épidémiologique conjointe Électricité de France. Hvdro-Ouéhec. Hydro-Ontario portant sur les effets à long terme de l'exposition aux champs électrique et magnétique de 50 et 60 Hz. Rapport d'étape, avril 1989.

16 Beaupré, M. Rapport annuel des nouveaux cas de cancer déclarés au Fichier des tumeurs -Année 1985. Ministère de la Santé et des Services sociaux, mai 1989.

1 7 Compte rendu de la quatrième réunion du Comité d'experts en santé environnementale. Vice-Présidence Environnement, Hydro-Québec. Réunion tenue les 28 et 29 mai 1990.

18 Décret du Gouvernement du Québec No: 924-87,10 juin 1987.

19 Hydro-Québec, Électricité: Santé et Environnement. Répertoire des contributions d'Hvdro-

Ouébec au dossier des effets des champs électrique et magnétique 1988.

20 Hydro-Québec. Le point sur les ëffets des lignes à haute tension. Edition révisée, juin 1983.

21 Hydro-Québec. De l'électricité dans l'air. Hydro-Québec, Vice-présidence Information et Affaires publiques, 1989.

22 Ministère de la Santé et du Bien-être social. Votre santé et les champs électromagnétiques. Rapport du Groupe de travail sur les champs électrique et magnétique mégamétriques. Direction de l'hygiène du milieu, Direction générale de la protection de la santé, 89-DHM-150, mai, 1989.

212

CHAPITRE VI

SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS

TABLE DES MATIÈRES

Pages

6.0 INTRODUCTION 217

6.1 SYNTHÈSE 218

6.1.1 ÉVALUATION DU RISQUE 218

6.1.1.1 Identification du risque 218

6.1.1.2 Relation dose-effet 221

6.1.1.3 Évaluation de l'exposition 222

6.1.1.4 Quantification du risque 223

6.1.2 GESTION DU RISQUE 224

6.2 RECOMMANDATIONS AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 227

BIBLIOGRAPHIE 231

IpB

6.0 INTRODUCTION

L'énergie hydroélectrique est une des richesses naturelles du Québec. C'est à la suite

des audiences publiques concernant les projets d'Hydro-Québec visant à exporter de

l'électricité vers les États-Unis que la population québécoise et son gouvernement ont pris

conscience des risques potentiels des champs électromagnétiques. L'emphase était alors

mise sur le risque potentiel pour la santé des populations résidant près des lignes à haute

tension et éventuellement sur la santé des travailleurs exposés à de hauts voltages. Bien que

cette question soit toujours d'actualité, elle s'est élargie. Le débat actuellement en cours,

autant dans la littérature scientifique que pour les compagnies d'électricité et les

gouvernements, concerne l'exposition générale des populations aux champs électrique et

magnétique (CEM) de 60 Hertz (Hz). La question posée peut se résumer ainsi: y a-t-il un

risque pour la santé lié à l'exposition des populations aux CEM alternatifs? Si oui, quelle

est l'ampleur de ce risque et que peut-on faire pour le réduire?

Notre mandat étant de conseiller le ministère de la Santé et des Services sociaux afin

qu'il soit en mesure de poser des gestes éclairés dans ce dossier, nous avons cru bon de faire

des recommandations qui concernent spécifiquement ce ministère. Dans une première

partie nous résumerons de façon synthétique le problème de l'exposition des populations

ainsi que des effets potentiels sur la santé. Puis, compte tenu de la situation québécoise,

mais aussi du point de vue des organismes internationaux, nous ferons des recommandations

afin d'améliorer la gestion de ce risque potentiel par le gouvernement du Québec.

217

6.1 SYNTHÈSE

Afin de résumer les grandes lignes de notre rapport nous avons décidé de regrouper

les éléments pertinents à l'évaluation et la gestion du risque associé-aux CEM alternatifs.

6.1.1 ÉVALUATIONDU RISQUE

Il est classique de diviser l'évaluation du risque en quatre sous-sections(1): l'identification du risque, l'évaluation dose-effet, l'évaluation de l'exposition et la quantification du risque.

6.1.1.1 L'identification du risque

Les champs électrique et magnétique de 60 Hz, auxquels nous sommes régulièrement

exposés dans notre vie de tous les jours, peuvent-ils être dommageables pour la santé? Il

n'est actuellement pas possible de répondre à cette question de façon définitive. Cependant,

d'après les connaissances disponibles, nous pouvons affirmer qu'il est possible que ces

champs aient de tels effets.

Le risque le plus probable est le risque de cancer. En effet, il s'agit du risque le plus

clairement identifié dans les 'études épidémiologiques et pour lequel les études en

laboratoire apportent un certain support. Chez l'enfant, une augmentation de la fréquence

de certains cancers (leucémie, tumeurs du système nerveux, lymphome) a été associée à une

exposition résidentielle au champ magnétique. Bien que cette association ne soit pas

constante, il faut reconnaître qu'elle n'a pas été contredite par les études les plus solides.

Chez l'adulte, plusieurs des études effectuées en milieu de travail ont mis en évidence

un excès de cas de leucémie, de cancers du cerveau et de mélanome chez les travailleurs

exposés à des champs électrique et magnétique importants. Les limites de ces études

218

proviennent du fait que l'exposition a souvent été mal évaluée et que d'autres agents

cancérigènes présents en milieu de travail pourraient expliquer de tels effets.

La mise en évidence d'excès de cas de cancers par les études épidémiologiques, a

stimulé le développement de recherches en laboratoire sur la cellule et l'animal. Loin de

contredire ces effets, les études en laboratoire ont montré certains mécanismes rendant de

plus en plus plausible l'action des champs électrique et magnétique sur la promotion de

certains cancers.

Le risque relatif de cancer (risque des sujets exposés sur celui des sujets non exposés)

associé à l'exposition à ces champs semble faible (RR ~ 1-2)*, mais les biais associés

principalement à l'évaluation de l'exposition, et aussi à la prise en compte d'autres facteurs

explicatifs, ne nous permettent pas de définir une "fourchette de valeurs" qui serait plausible.

Il est possible que ce risque relatif soit nul, mais il est également possible qu'il soit

supérieur à 2 pour certains cancers. Il persiste donc une très grande incertitude dans

l'estimation du risque de cancer. Mais il faut bien reconnaître que loin d'être écarté par

les études récentes, le risque de cancer est devenu plus plausible.

Les autres effets identifiés dans les études épidémiologiques ou en laboratoire sont

beaucoup moins bien démontrés. Quelques études épidémiologiques ont mis en évidence

la possibilité de troubles de la reproduction tel un excès d'avortements chez les mères

exposées pendant la grossesse à des champs électromagnétiques générés par des appareils

électriques comme les couvertures chauffantes. D'autres problèmes de santé ont été

observés tel un excès de cancers chez les enfants de parents ayant été exposés avant la

conception (pères exposés professionnellement) ou après la conception (mères exposées à

des appareils électriques). Toutes ces études sont de type exploratoire. Elles ont le mérite

Un risque RR de 2 équivaut à un doublement du risque de maladie chez les personnes exposées par rapport aux non exposées.

219

de soulever des hypothèses qu'il faudra dans l'avenir infirmer ou confirmer. Les données

provenant des études de laboratoire sont difficiles à interpréter. Les CEM ne semblent pas

tératogènes chez l'animal. Cependant l'exposition à des champs puisés a été associée à la

survenue de malformations chez des embryons de poulet et d'oiseau.

Finalement, certains effets de type neurocomportemental ont été étudiés chez

l'humain. Malheureusement, les études de ce type sont rares et de faible qualité. Elles

suggèrent la possibilité que l'exposition résidentielle provenant du câblage électrique des

résidences pourrait favoriser le syndrome dépressif et même le suicide. Les études réalisées

en milieu de travail ne confirment pas de tels effets, mais elles ne peuvent pas non plus les

infirmer de façon catégorique, d'une part à cause des types différents d'expositions mais

aussi à cause de problèmes méthodologiques. Les études de laboratoire n'écartent pas la

possibilité de tels effets. En effet, l'action des CEM sur le rythme circadien et la sécrétion

de mélatonine pourraient, en partie, expliquer de tels effets.

Beaucoup de recherches sont actuellement en cours afin d'élucider les incertitudes

qui persistent dans les connaissances des effets de ces champs. Le programme de recherche

d'Hydro-Québec est à ce sujet très développé. Les recherches subventionnées par la Société

d'État concernent surtout le risque de cancer(2). L'étude principale concerne la survenue

de cancer chez les travailleurs de l'électricité. Il s'agit d'une vaste étude épidémiologique

qui est menée au Québec, en Ontario et en France. Cette étude a été proposée par Hydro-

Québec suite à un décret ministériel l'obligeant à réaliser de telles recherches*3). Les autres

études subventionnées par Hydro-Québec concernent les mécanismes de cancérogénèse au

niveau cellulaire et l'investigation du potentiel cancérigène des champs électromagnétiques

sur des animaux de laboratoire.

La majorité des études épidémiologiques menées au niveau mondial concernent les

risques de cancer chez l'enfant et l'adulte. Les résultats de ces études ne seront pas

accessibles avant 3 ou 4 ans. Beaucoup d'études menées en laboratoire concernent outre

218

« I B ^ I I I I I ^

les problèmes de cancer, les troubles de la reproduction et les problèmes n e u r o

comportementaux.

6.1.1.2 Relation dose-effet

Les risques pour la santé associés à l'exposition humaine aux champs électrique e t

magnétique sont possibles. Le risque de cancer est le plus probable mais il est cependant

très difficile d'évaluer ce risque. En effet, pour cela, il faut une estimation précise de | a

relation qui existe entre l'exposition aux champs électrique et magnétique et les effets s u r

la santé. Cette estimation n'est actuellement pas disponible. Une telle estimation nécess i te

la détermination d'une relation dose-effet. Or, actuellement si des effets sur la santé o n t été associés à une exposition jugée anormale aux champs électrique et magnétique, il n ' a

jamais été possible de définir ce qui pourrait être une dose de ces champs. Le manque d e

connaissance précise quant aux mécanismes qui entraîneraient de tels effets empêche d e

définir clairement les paramètres sur le(s)quel(s) on pourrait se fier pour définir une d o s e .

Le champ magnétique alternatif semble, tout au moins dans les études épidémiologiques,

le plus susceptible d'entraîner des effets cancérigènes. Cependant, le mécanisme d ' a c t i o n

en cause étant mal connu, il est difficile d'identifier le paramètre du champ qui serait le p l u s

susceptible de représenter une dose. S'agit-il du courant induit par ce champ? S'agit-il d e

l'intensité de ce champ? Faut-il prendre en considération ses harmoniques, sa relation a v e c

le champ magnétique terrestre, les champs puisés, etc.? Autant de questions qui s o n t

actuellement sans réponse. La possibilité d'effets "fenêtres", c'est-à-dire d'effets q u i

n'apparaîtraient pas de façon linéaire en fonction de la dose, a aussi été soulevée par l e s

études en laboratoire. Autant de constatations qui compliquent la mise en évidence d ' u n e

relation dose-effet.

Par conséquent, il est actuellement impossible de caractériser précisément le risque

relié à l'exposition humaine aux champs électrique et magnétique. Les études à venir a u t a n t

expérimentales que de type épidémiologique devraient éclaircir ce point. En attendant l e u r s

résultats, on ne peut que s'en remettre aux études disponibles. Les études effectuées e t l

221

milieu résidentiel ont rarement mesuré les champs électrique et magnétique, et de toute

façon n'ont jamais permis d'estimer l'exposition 10 ou 20 ans avant la survenue de la

maladie. La meilleure étude effectuée chez l'enfant^ a rapporté un excès de cas de cancers

lorsque l'intérieur des résidences était exposé à un champ magnétique de plus de 2 mG.

Les études effectuées en milieu de travail n'ont jusqu'à récemment que très rarement pris

en considération l'exposition réelle aux champs électrique et magnétique. Il faudra attendre

les études en cours pour mieux caractériser cette exposition et établir une courbe dose-effet.

6.1.1.3 Évaluation de l'exposition

Afin d'évaluer adéquatement le risque associé à l'exposition aux CEM au Québec,

il est très important de connaître l'importance de l'exposition de la population québécoise

aux champs électrique et magnétique. Très peu d'études sont actuellement disponibles et

il est impossible d'utiliser leurs résultats dans une évaluation de risque. Il est clair que

l'exposition à ces champs est omniprésente dans la vie de tous les jours. Certaines

expositions semblent importantes en intensité mais de courte durée (appareils électriques

d'usage intermittent tels que le grille-pain, le séchoir à cheveux ou la balayeuse). Par contre

certains appareils électriques peuvent occasionner une exposition importante et de longue

durée (couvertures chauffantes, lits d'eau, réveils électriques, chauffage électrique). Il faut

reconnaître qu'actuellement aucune démarche n'a été faite pour connaître l'exposition de

la population québécoise à ces appareils. L'exposition provoquée par le câblage électrique

d'une maison ou par la mise à la terre sur la plomberie peut être aussi importante. Nous

ne disposons pas actuellement de données au Québec sur cette exposition. En milieu

résidentiel, la caractérisation des CEM près des lignes de distribution et de transmission de

315 kV a été réalisée lors d'une recherche menée par Hydro-Québec^. Il ressort de cette

étude que des niveaux notables de champ magnétique peuvent être générés par les lignes

de distribution (souterraines et aériennes). Il s'agit cependant d'une étude limitée qui ne

peut être extrapolée à tout le territoire québécois. L'estimation de l'importance relative des

lignes de transmission sur les champs mesurés à l'intérieur des maisons n'a pas vraiment été

218

abordée dans cette étude ni dans d'autres travaux d'Hydro-Québec. Il existe donc dans ce domaine une insuffisance très nette.

L'exposition en milieu de travail a été beaucoup mieux documentée dans le cas des

travailleurs d'Hydro-Québec. En effet, dans le cadre de la recherche épidémiologique mise

sur pied par Hydro-Québec pour investiguer les causes de cancer chez ses travailleurs, une

étude spécifique permettra d'évaluer plus précisément cette exposition. Certains résultats

préliminaires démontrent l'importance de l'exposition aux champs électrique et magnétique

chez certains groupes de travailleurs de Hydro-Québec®. Cependant, l'exposition à ces

champs dans d'autres milieux de travail est actuellement très mal connue. Il est fort

probable que plusieurs professions où l'on utilise des appareils électriques soient associées

à des expositions importantes.

6.1.1.4 Quantification du risque

Une fois les étapes précédentes réalisées, il est habituellement possible de quantifier

le risque associé à une exposition environnementale. La quantification du risque découle

alors de l'application de la relation dose-effet à la population exposée qui fait l'objet de

l'évaluation du risque. Comme nous l'avons vu précédemment, actuellement, aucune de ces

deux composantes n'est disponible, si bien qu'il est impossible de réaliser une véritable

quantification du risque.

Nous pouvons cependant, à partir des résultats disponibles donner un ordre de

grandeur du problème auquel on fait face. Le risque relatif de cancer, associé à une

exposition élevée aux CEM est encore incertain; il est probablement faible ou nul mais il

est aussi possible qu'il soit supérieur à 2. Admettons, par hypothèse, qu'actuellement 10%

de la population soit exposée à des niveaux de CEM considérés comme trop élevés et que

le risque relatif de cancer associé à cette exposition soit de 2.

223

La proportion de cas de cancer qui serait attribuable à cette surexposition serait alors

estimée à 9%*. Maintenant si cette proposition de personnes exposées était de 20% et que

le risque relatif de cancer était de 1.8,1a proportion de cas de cancer attribuable aux CEM

serait de 14 %. On voit donc qu'un tel impact serait important en terme de santé publique.

Même si cette éventualité est loin d'être certaine, on doit actuellement considérer que, si

les CEM s'avéraient cancérigènes, leurs impacts potentiels sur la santé des populations

pourraient être significatifs.

6.1.2 LA GESTION DU RISQUE

Même si le risque pour la santé humaine associé à l'exposition aux champs électrique

et magnétique n'est actuellement qu'imparfaitement défini, il existe actuellement

suffisamment d'informations suggérant une possibilité de risque, particulièrement de cancer,

pour que l'on considère déjà la pertinence d'une gestion de ce risque potentiel. Nair et

Morgan ont produit pour l'Office of Technology Assessment (OTA) un constat très clair des différentes options possibles(8):

1. Ne rien faire

Il s'agit d'attendre de nouvelles recherches avant d'agir. Cette option n'est

actuellement considérée que par peu de personnes. Puisque les résultats des recherches en

cours ne seront disponibles que dans plusieurs années, cette alternative aboutirait à ne rien

faire pour une longue période de temps. Cette attitude pourrait entraîner un retard

considérable face à ce risque, s'il s'avérait réel. Cette option est de plus en plus délaissée

au fur et à mesure que les risques des CEM deviennent plus plausibles.

U proportion de malades attribuable à un facteur de risque est aussi appelée la fraction étiologique depopulation (FEP). Elle est estimée 1 partir du^r isqufr t t i? par la formule suivante- FEP= pn?p 1\ r, • 4 r c i a u r

la population^. ~?m~l) + 1 = ^ ^ ^

224

2. Faire de l'information pour le grand public.

Il s'agit d'informer le public sur ce problème afin d'éviter des réactions d'anxiété mais

aussi pour modifier certains comportements potentiellement à risque. Il est possible que

les informations scientifiques actuellement disponibles soient diffusées maladroitement dans

le public par des personnes peu scrupuleuses. Une information objective, et indépendante

des producteurs d'électricité, est devenue de plus en plus un élément de base de la gestion

de ce risque potentiel aux États-Unis. Des brochures de vulgarisation ont été mises en

circulation et diffusées par différents organismes indépendants mais aussi gouvernementaux.

Au Québec, seul Hydro-Québec diffuse une information au grand public sur les risques

potentiels associés à l'exposition aux champs électrique et magnétique. Le gouvernement

fédéral a aussi préparé un document d'information pour le public(9) mais qui est de contenu

limité et peu diffusé.

3. Adopter une approche réglementaire basée sur des évidences scientifiques ou des arguments rationnels.

Il s'agit d'une option adoptée par certains États américains pour édicter certaines

normes pour l'exposition aux champs magnétiques en bordure des lignes de transmission.

Les critères de construction des lignes de transmission limitent, au niveau international, le

champ électrique en bordure de ligne pour des impératifs de sécurité. Il en est tout

autrement du champ magnétique qui n'est pas réglementé en bordure de ligne, dans la

majorité des pays, dont le Canada. Certains États américains ont réglementé le champ

magnétique dans un contexte de pression populaire. Vu le manque de données scientifiques

permettant de définir un niveau sécuritaire, d'autres critères ont été utilisés: niveau

comparable à celui de lignes existantes 500 kV pour l'État de Floride et 345 kV pour l'État

de New York. Cette mesure intérimaire a le mérite de ne pas entraîner d'exposition

supérieure pour les populations résidant à proximité de ligne de très haute tension (735 kV)

par rapport à celles résidant à proximité des lignes de transmission habituelles (345 kV ou

500 kV). Cette option n'est pas actuellement retenue par Hydro-Québec et, à notre

225

connaissance, aucune instance gouvernementale québécoise ne s'est penchée sur cette question.

4. Adopter une stratégie "d'évitement prudent"

Il s'agit d'une option qui n'est pas étrangère à la santé publique. En effet, il y a peu

de domaines de la santé où les connaissances scientifiques soient immuables et on est ainsi

souvent confronté à des possibilités ou probabilités de risque plutôt qu'à des certitudes(10).

Face à ces possibilités de risque, il peut être opportun de préconiser des mesures d'hygiène

peu coûteuses, dénuées d'effets secondaires et acceptables par la population. Par exemple,

les mesures d'évitement prudent pourraient être les suivantes:

modifier le "design" des nouvelles lignes de transmission: en augmentant la

largeur de l'emprise et en évitant les endroits densément peuplés,

développer de nouveaux moyens de distribution de l'électricité qui réduiraient

l'exposition humaine qui lui est associée: modification des lignes de

distribution, modification de la mise à la terre, etc.,

favoriser la recherche et le développement pour réduire l'exposition générée

par les appareils électriques: modifications des habitudes d'utilisation,

modification de "design" des appareils, etc.,

faire de l'information au public afin de réduire l'exposition humaine aux

champs électrique et magnétique par une utilisation rationnelle des appareils

électriques: éloigner le réveil électrique de sa table de chevet, débrancher sa

couverture chauffante lorsque l'on entre dans le lit, etc.

226

Il n'existe pas, à notre connaissance, de stratégies de ce type actuellement discutées

au Québec en dehors des activités de Hydro-Québec, en vue d'améliorer ses critères de

conception des lignes de distribution et de transmission de l'électricité.

6.2 RECOMMANDATIONS AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX

Le risque associé à l'exposition chronique aux champs électrique et magnétique de

60 Hz est encore mal connu. Il y a cependant assez d'évidences pour penser qu'il existe une

possibilité que ces champs entraînent certains effets néfastes pour la santé. Compte tenu

de l'importance de ces effets potentiels pour la santé publique, nous considérons que le

ministère de la Santé et des Services sociaux devrait exercer un leadership dans ce dossier.

C'est pourquoi nous faisons des recommandations qui, selon nous, devraient être considérés

par le ministère de la Santé en collaboration avec les autres ministères impliqués, en

particulier le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Énergie et des Ressources.

Ces recommandations sont les suivantes:

Que le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec le

ministère de l'Environnement, se donne les moyens de mieux connaître l'exposition de la

population québécoise aux champs électromagnétiques.

L'exposition de la population québécoise aux champs électromagnétiques est encore

très mal connue. Or, la connaissance de cette exposition est très importante si l'on veut

estimer l'impact potentiel sur la population québécoise et décider des moyens à mettre en

oeuvre pour réduire ce risque. Nous sommes exposés dans notre vie quotidienne à ces

champs par l'intermédiaire des appareils électriques, du câblage électrique des résidences,

de la mise à la terre du système électrique, et du transport de l'électricité. L'importance

de ces sources doit être évaluée au Québec autant en milieu résidentiel, de loisir, qu'en

milieu de travail. On devra aussi s'attarder à évaluer spécifiquement l'exposition de

certaines populations à risque tels les enfants ou les femmes enceintes et ne pas se limiter

aux travailleurs exposés professionnellement.

218

2. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux et son réseau de la santé

publique prennent en charge le développement d'un programme d'information et

d'éducation sur les champs électromagnétiques destiné au grand public.

L'impact potentiel de l'exposition aux champs électromagnétiques est important. Il

est fort possible que, lorsqu'il sera mieux connu de la population, des discussions et des

prises de position de différents groupes de pression y feront suite. Le ministère de la Santé,

ainsi que son réseau, aura alors à prendre position rapidement et devra parfois rétablir les

faits. Il peut être ainsi opportun de commencer à développer, comme cela se fait aux États-

Unis, un programme d'information et d'éducation destiné au grand public. Un tel

programme pourrait contenir un certain nombre d'informations de base sur les champs

électromagnétiques et leurs effets potentiels, mais aussi certaines recommandations visant

la réduction de l'exposition humaine.

3. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux soit représenté sur les comités

responsables de l'établissement d'une réglementation pour l'exposition humaine aux champs

électromagnétiques de type alternatif.

Devant l'association observée entre l'exposition à certains niveaux de champ

magnétique et le risque de cancer, plusieurs démarches ont été proposées, afin de

réglementer l'exposition humaine au champ magnétique. Certains États américains ont déjà

commencé à réglementer le champ magnétique en bordure de ligne. Plusieurs démarches

sont en cours, au niveau canadien, américain, et international pour réglementer ces champs.

Nous pensons que le ministère de la Santé doit se préoccuper de ces démarches et si

possible y participer activement.

228

4. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux se donne les moyens de

développer au Québec une expertise indépendante sur les effets des champs

électromagnétiques sur la santé humaine.

Les connaissances sur les effets de ces champs sont en évolution permanente.

Beaucoup de recherches en cours sont publiées dans des revues très spécialisées et certains

domaines (évaluation de l'exposition, études chez l'animal, études épidémiologiques)

demandent une connaissance très approfondie du problème étudié. Nous considérons donc

que le ministère de la Santé devra s'assurer que des moyens raisonnables soient mis en

place pour qu'une expertise se développe sur ce problème dans le réseau québécois de la

santé publique. Actuellement, Hydro-Québec possède des budgets importants pour que ses

professionnels aient une connaissance approfondie des effets associés à ces champs. Nous

pensons que le réseau de la santé publique qui sera amené très rapidement à prendre

position publiquement dans ce dossier devra posséder lui aussi une bande solide d'experts

dans ce domaine. Il y a donc nécessité de favoriser le développement d'une expertise

interne au réseau de la santé et indépendante d'Hydro-Québec.

5. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec le

ministère de l'Environnement et le ministère d'Énergie et Ressources, favorise la recherche

et le développement visant à réduire l'exposition des populations aux champs

électromagnétiques.

Plusieurs sources importantes d'exposition aux champs électromagnétiques ont déjà

été identifiées (appareils électriques, câblages électriques, mise à terre, lignes de transport

de l'électricité). Nous pensons que, vu l'impact potentiel important pour la santé publique

entraîné par l'exposition à ces champs, il est de la responsabilité du ministère de la Santé

de favoriser le développement et la recherche dans ce domaine. La collaboration avec le

ministère de l'Environnement et le ministère d'Énergie et Ressources pourrait être mise à

profit afin de réaliser un programme conjoint dans ce domaine.

229

6- Que le ministère de la Santé et des Services sociaux favorise le développement rie recherches visant à mieux connaître les effets des champs électromagnétiques sur 1a santé humaine.

Hydro-Québec a déjà fait des efforts considérables pour développer un programme

de recherche important sur les effets des champs électromagnétiques. Cependant, plusieurs

aspects des effets potentiels de ces champs ne sont pas couverts par ce plan. C'est le cas,

en particulier, des effets sur la reproduction et le comportement neuro-psychique. Comme

il l'avait fait précédemment, le gouvernement du Québec devait favoriser la réalisation

d'études sur l'effet de ces champs sur la santé humaine. H ne s'agit pas de dupliquer ce qui

est fait à l'étranger mais saisir, lorsque possible, l'opportunité de développer des recherches

épidémiologiques mais aussi en laboratoire dans des domaines encore peu étudiés mais non

moins importants (troubles de la reproduction et neurocomportementaux). Un programme

conjoint FRSQ-MSSS ou FCAR-MSSS permettrait, par exemple, de stimuler la recherche dans ce domaine.

230

BIBLIOGRAPHIE

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231

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