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LES EFFETS DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
DE 50/60 Hz SUR. LA SANTÉ:
bilan et perspectives de santé publique pour le Québec
Service Santé et Environnement Département de santé communautaire
Centre Hospitalier de l'Université Laval
DSC3 Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de l'Université Laval
3 5567 00ÔÔÔ 38!
Institut national d© santé publique du Québec 4835, avenue Christophe-Colomb, bureau 200
Montréal (Québec) H2J3G8 Tél.: (514) 597-0606
LES EFFETS DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
DE 50/60 Hz SUR LA SANTÉ:
bilan et perspectives de santé publique pour le Québec
Patrick Levallois, m.d., MSc, FRCP(C)
Pierre Lajoie, m.d. MIH, FRCP(C)
Denis Gauvin, MSc
Service Santé et Environnement Département de santé communautaire
Centre Hospitalier de l'Université Laval
Janvier 1991
ISBN: 2-921304-14-7 1er trimestre, 1991
AVANT-PROPOS
Suite aux débats publics qui ont entouré l'examen des impacts de la construction et
de l'opération de la ligne de transport d'électricité de Radisson à Nicolet, le gouvernement
du Québec autorisa Hydro-Québec à poursuivre son projet mais selon certaines conditions1.
Une de ces conditions vise à permettre au gouvernement de suivre le dossier des impacts
potentiels sur la santé humaine des lignes de haute tension. La condition 1 du décret définit
ainsi qu'un "comité de suivi des études sur les effets des lignes à haute tension sur la santé"
doit être mis sur pied et être coordonné par le ministère de la Santé et des Services sociaux
(MSSS). Ce comité est un comité interministériel où siègent outre le MSSS, le ministère
de l'Environnement du Québec (MENVIQ), le ministère de l'Énergie et des Ressources
(MER) et le ministère de l'Agriculture des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ). Afin
de disposer d'une expertise indépendante dans le domaine des effets sur la santé humaine
générés par le transport de l'électricité, le MSSS s'est adjoint les services de l'équipe santé
et environnement du Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de
l'Université Laval.
Le mandat de l'équipe du CHUL est de faire un bilan de l'information disponible
sur le sujet et de faire des recommandations au MSSS. Ce rapport est le premier bilan
présenté par notre équipe. Il s'intéresse aux effets des champs alternatifs, l'aspect des
champs continus étant très particulier sera présenté dans un rapport ultérieur. Bien
qu'ayant eu le mandat de regarder les effets spécifiques du transport de hauts voltages, nous
avons cru nécessaire de présenter dans le présent rapport un portrait global de la
problématique des champs électrique et magnétique alternatifs afin de faire ressortir toute
l'envergure de ce problème. La méthode utilisée pour réaliser ce premier rapport a consisté
à réviser la littérature disponible sur le sujet jusqu'en mai 1990. De plus, nous avons assisté
à 3 congrès ou conférences d'envergure internationale.
1 Décret de gouvernement du Québec N° 924-87, 10 juin 1987
ii
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier les personnes suivantes qui ont bien voulu réviser une version préliminaire de différents chapitres de ce rapport et nous faire part de leurs commentaires:
Chapitre 1: - Jan Erik Deadman, MSc. en sciences de la Santé au Travail, École de santé au travail, Université McGill
Chapitre 2: - Paul Héroux, Ph.D., physicien, École de santé au travail, Université McGill
- Andreas Zachmann, Ph.D.,biologiste, chercheur invité, Dép. de biologie, Université de Montréal.
- Michel Plante, MD.,Direction de la santé et sécurité du travail, Hydro-Québec.
Chapitre 3: - Gilles Thériault, MD., Dr.PH., épidémiologiste. Directeur de l'École de santé au travail, Université McGill.
Chapitres 4 et 5: - Claude Cardinal, PhD., physicien. Chargé de programmes. Vice-présidence Environnement, Hydro-Québec
Chapitre 6: - Éric Dewailly, MD, Ph.D., toxicologue. Coordonnateur de l'équipe santé et environnement, DSC-CHUL
Nous tenons également à remercier Monsieur René Verreault, médecin et épidé-
miologiste, qui a révisé le rapport au complet et nous a fait part de ses commentaires.
Nous désirons finalement remercier Madame Antonyne Bourassa pour son travail de
traitement de texte, Mesdames Lise Côté et Christiane Brunelle pour leur travail de
relecture.
iv
TABLE DES MATIÈRES
Pages
AVANT-PROPOS ii
REMERCIEMENTS iv
LISTE DES ABRÉVIATIONS xi
RÉSUMÉ Xiv
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS
ÉLECTROMAGNÉTIQUES
1.0 Introduction . . . 7
1.1 Caractéristiques physiques des
champs électromagnétiques 8
1.1.1 Le courant alternatif 8
1.1.2 Le champ électrique 12
1.1.3 Le champ magnétique 13
1.2 Évaluation de l'exposition 15
1.2.1 Mesures directes 15
1.2.2 Mesures indirectes en
en milieu résidentiel 19
1.2.3 Mesures indirectes en
milieu de travail 23
1.3 Sources et niveaux d'exposition 25
1.3.1 En milieu résidentiel 25
1.3.2 En milieu de travail 31
1.4 Conclusion 34
Bibliographie . 3 6
vi
CHAPITRE II LES EFFETS BIOLOGIQUES:
RÉSULTATS DES ÉTUDES EXPÉRIMENTALES
2.0 Introduction 45
2.1 Interaction avec les tissus 46
2.1.1 Champs et courants induits 46
2.1.2Effets sur la cellule 48
2.2 Effets sur les systèmes biologiques 53
2.2.1 Système neuroendocrinien 53
2.2.2Système nerveux 57
2.2.3Système cardiovasculaire 61
2.2.4 Système immunitaire 63
2.2.5 Système reproducteur 64
2.6.6CEM et cancer 66
2.3 synthèse des résultats sur les effets biologiques 68
2.3.1 Cellule 68
2.3.2Système neuroendocrinien 68
2.3.3Système nerveux 69
2.3.4Système cardiovasculaire 69
2.3.5Système immunitaire 70
2.3.6Système reproducteur 70
2.3.7Cancer 70
2.4 Discussion et interprétation des résultats 71
2.4.1 Qualité scientifique des études 71
2.4.2Extrapolation de l'animal à l'homme 72
2.4.3 Signification clinique chez l'homme 74
2.5 Conclusion 79
Bibliographie 81
vii
CHAPITRE III LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN:
RÉSULTATS DES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
3.0 Introduction
3.1 Le risque de cancer 93
3.1.1 Exposition résidentielle 94
3.1.2 Exposition en milieu de travail 101
3.1.3 Problèmes méthodologiques H8
3.1.4 Résumé et interprétation des études
portant sur le cancer 121
3.2 Les troubles de la reproduction 129
3.2.1 Exposition résidentielle 129
3.2.2 Exposition en milieu de travail 132
3.2.3 Résumé et interprétation des études portant
sur les troubles de la reproduction 137
3.3 Autres problèmes de santé 139
3.3.1 Exposition résidentielle 139
3.3.2 Exposition en milieu de travail 143
3.3.3 Résumé et interprétation des études portant
sur les autres problèmes de santé 149 3.4 Conclusion ^52
Bibliographie 155
CHAPITRE IV LA PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE:
NORMES ET RAPPORTS D'EXPERTS
4.0 Introduction
4.1 Normes ^ 7
4.1.1 Dans le monde 157
4.1.2 Au Québec et au Canada 173 4.2 Point de vue des comités d'experts 174
viii
4.2.1 American Institute of Biological Sciences (AIBS) . . . . 175
4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 176
4.2.3 New York State Power Lines Projet (NYSPLP) 177
4.2.4 Environmental Protection Agency (EPA) 178
4.2.5 Ontario Ministry of Health 178
4.2.6 Task Force Report (Rosen et al) 179
4.2.7 Office of Technology Assessment 180
4.2.8 Ministère Fédérale de la Santé et du Bien-Être social. 183
4.3 Conclusion 185 Bibliographie 187
CHAPITRE V LA SITUATION QUÉBÉCOISE:
ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE
5.0 Introduction 195
5.1 Évaluation de l'exposition des populations 196
5.1.1 Études complétées 196
5.1.2 Projets en cours 198
5.2 Évaluation des effets sur la santé 199
5.2.1 Effets des CEM sur la cellule et l'animal 200
5.2.2 Effets des CEM sur l'humain 203
5.3 Gestion du risque 207
5.3.1 Mise au point de normes 207
5.3.2 Information du public 208
5.4 Conclusion 210
Bibliographie 211
CHAPITRE VI SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS
6.0 Introduction 217
6.1 Synthèse 218
xxiii
6.1.1 Évaluation du risque 218
6.1.2 Gestion du risque 224
6.2 Recommandations au ministère de la Santé et des
Services sociaux 227
Bibliographie 231
x
LISTE DES ABRÉVIATIONS
A Ampère ACE Association Canadienne de l'Électricité ADN Acide désoxyribonucléique AIBS American Institute of Biological Sciences ALARA As Low As Reasonably Achievable AMEX Average Magnetic Field Exposure ARN Acide ribonucléique BPA Bonneville Power Administration BPC Biphényles Polychlorés CCHMT Comité Consultatif Fédéral et Provincial sur l'Hygiène du Milieu et du
Travail CEM Champs électromagnétiques CHUL Centre Hospitalier de l'Université Laval CIRC Centre International de Recherche sur le Cancer DOE Department of Energy DSC Département de santé communautaire ECG Électrocardiogramme EEG Électroencéphalogramme EFEM Electric Field Exposure Monitor EMDEX Electric and Magnetic Field Digital Exposure EPA Environmental Protection Agency EPRI Electric Power Research Institute G Gauss GHz Gigahertz (1GHz = 1 milliard de Hz) HCC High-Current Configuration 5-HIAA Acide 5-Hydroxyndolacétique HVA Acide Homovanilique Hz Hertz ICM Indice Comparatif de Mortalité INIRC International Non-Ionizing Radiation Committee IREQ Institut de Recherche en Électricité du Québec IRPA International Radiation Protection Association IRSST Institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail kV/m Kilovolt par mètre LAM Leucémie Aiguë Myéloïde LCC Low-Current Configuration LCM Leucémie Chronique Myéloïde LLC Leucémie Lymphoïde Chronique MA Modulation d'Amplitude MAPAQ Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation MENVIQ Ministère de l'Environnement du Québec MER Ministère de l'Énergie et des Ressources MF Modulation de fréquence MHQ Mental Health Questionnaire
xi
M H z Mégahertz (1 MHz = 1 million de Hz) MMPI Minnesota Multiphasic Personnality Inventory M S S S Ministère de la Santé et des Services sociaux NAT N-Acétyl-Transferase N E S C National Electrical Safety Code NRPB National Radiological Protection Board NYSPLP New York State Power Lines Project ODC Ornithine Décarboxylase OHCC Ordinary High Current Configuration OHEA Office of Health and Environmental Assessment 6-OHMS 6-Hydroxy mélatonine sulfate 0 L C C Ordinary Low Current Configuration 0 M S Organisation Mondiale de la Santé 0 T A Office of Technology Assessment P I M Protéines Intramembranaires P I R Proportional Incidence Ratio P M R Proportional Mortality Ratio RMS Root Mean Square R C Rapport de cote, équivalent du Odds'Ratio anglais RR Risque relatif SIR Standardized Incidence Ratio SNC Système Nerveux Central T Tesla V/m Volt par mètre VHCC Very High Current Configuration VLCC Very Low Current Configuration WHO World Health Organisation
xxiii xi
RÉSUMÉ
INTRODUCTION
Bien que l'on utilise l'électricité depuis longtemps, ce n'est que très récemment que
l'on s'est intéressé à ses effets secondaires. En effet, l'impact sur la santé de l'exposition aux
champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse, principalement de
50/60 hertz (Hz), a été étudié principalement depuis les années 70. L'importance pour la
santé publique de certains effets potentiels a généré beaucoup de recherches et obligé de
plus en plus les gouvernements à s'y intéresser.
1. L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
Les réseaux de transport d'électricité au Québec sont principalement exploités en
courant alternatif à une fréquence de 60 hertz, c'est-à-dire, 60 cycles par seconde. Ils sont
associés à la présence de champs électrique et magnétique dans l'environnement. Toutefois,
les lignes à haute tension ne constituent pas les seules sources d'exposition à ces champs.
En effet, les lignes de distribution, l'utilisation d'appareils ménagers électriques, le câblage
à l'intérieur de la résidence et l'utilisation d'appareils électriques en milieu de travail sont
également des sources de champs électromagnétiques. En présence de ces champs, il y a
induction de très faibles courants électriques à l'intérieur d'objets conducteurs, tels que le
corps humain.
Caractéristiques des champs
Le champ électrique est dû à la présence d'une distribution inégale des charges
électriques de polarités différentes. Il s'exprime en volt par mètre (V/m). Le champ
magnétique apparaît lorsqu'il y a passage du courant électrique dans un conducteur. Le
champ magnétique s'exprime principalement en densité de flux magnétique dont l'unité de
mesure est le Tesla (T) ou le Gauss (G). Un Tesla équivaut à 10 000 Gauss. Le champ
électrique est perturbé par la présence d'objet conducteur tandis que le champ magnétique
passe librement à travers la plupart des structures.
xiv
Sources et niveaux d'exposition
Les niveaux d'exposition des populations aux champs magnétique et électrique sont
très variables. La proximité des infrastructures électriques représente, un facteur important
car les niveaux d'exposition diminuent grandement avec la distance. Au Québec, les
niveaux de champs maximums sous les lignes à haute tension sont de 10 kV/m pour le
champ électrique et de 600 mG pour le champ magnétique (ligne à 735 kV). En bordure
d'emprise pour ce type de ligne, soit à 40 mètres, ces niveaux sont d'environ 2 kV/m et de
140 mG. En milieux urbains et ruraux près des lignes de distribution, on a observé que les
niveaux de champs maximums (1 % des valeurs supérieures) sont de 248 V/m pour le champ
électrique et de 10.82 mG pour le champ magnétique. Les valeurs médianes sont de 31.6
V/m et de 1.64 mG respectivement. L'utilisation d'appareils électriques domestiques peut
également entraîner à des niveaux importants de champs. Les niveaux et les durées
d'exposition seront fonction du type d'appareil et de son utilisation. En milieu de travail,
le niveau d'exposition peut être supérieur à ce qui est observé en milieu résidentiel,
principalement pour les travailleurs de l'électricité.
Évaluation de l'exposition
La nécessité de bien connaître les diverses sources d'exposition a conduit au
développement de méthodes d'évaluation de l'exposition des populations, soit par des
mesures directes où à l'aide d'estimations théoriques. L'avènement des moniteurs portatifs
a permis une meilleure caractérisation de l'exposition des diverses populations. Comme le
mécanisme d'action des champs électrique et magnétique sur les systèmes biologiques n'est
pas connu, il est nécessaire que ces appareils de mesure permettent la saisie des divers
indices et paramètres d'exposition. Toutefois, le problème de l'évaluation de l'exposition
antérieure demeure. Le raffinement des techniques indirectes d'évaluation, telles que la
codification des câblages électriques, peut aider à mieux caractériser les niveaux de champs.
vii
2. LES EFFETS BIOLOGIQUES: Résultats des études expérimentales.
Au cours des dernières années, plusieurs centaines d'études ont été réalisées en
laboratoire sur la cellule, chez l'animal et chez l'homme pour évaluer si les champs
électromagnétiques avaient des effets biologiques décelables. Des effets ont été observés
au niveau des tissus de même qu'au niveau des différents systèmes biologiques.
Interaction avec les tissus
- Champs et courants induits
Le corps humain est un conducteur. En présence de champs électrique et
magnétique, des champs et des courants électrique et magnétique sont induits à l'intérieur
de celui-ci. Ces champs et ces courants sont cependant plus faibles que ceux que l'on
rencontre habituellement au niveau tissulaire. Ainsi un champ électrique externe de 1
kV/m induira un champ électrique de 0.1 à 100 mV/m et un courant de 0.016 mA, ce qui
est nettement inférieur aux niveaux physiologiques. Il en va de même pour les champs
magnétiques. De prime abord, sur la seule base électrophysiologique, des effets biologiques
apparaissent donc peu plausibles. De faibles chocs électriques sont aussi observables à des
niveaux de champs extérieurs de quelques kV/m lorsqu'un individu vient en contact avec
un objet métallique. Les normes d'exposition sont d'ailleurs principalement basées sur le
niveau de courant induit dans de telles circonstances, lequel ne doit pas dépasser 5 mA pour
permettre de "lâcher prise".
- Effets sur la cellule
Le courant électrique induit est confiné à l'espace extracellulaire. Cependant, des
études récentes ont démontré la présence de modifications biochimiques au niveau cellulaire
en présence de champs électromagnétiques. Ces modifications touchent les concentrations
d'ions calcium à la surface de la membrane et d'enzymes intracellulaires comme la protéine
kinase. Ces modifications surviennent à des fenêtres de fréquence et d'intensité spécifiques.
xvi
De plus, d'autres travaux ont démontré que des champs électromagnétiques de basse
fréquence (72 Hz) augmentaient la transcription de l'acide ribonucléique (ARN) et la
biosynthèse des protéines à l'intérieur de la cellule.
Effets sur les systèmes biologiques
De nombreuses études ont été menées pour évaluer l'impact des CEM sur les
principaux systèmes biologiques.
Système neuroendocrinien
Deux impacts principaux ont été identifiés, la modification du rythme circadien et
l'inhibition de la sécrétion de la mélatonine. Deux études chez le rongeur ont montré que
le rythme circadien était modifié lors d'une exposition à un champ de 35 kV/m. Une étude
récente menée chez le singe dans le cadre du New York State Power Lines Project
(NYSPLP) a confirmé la présence d'une modification à partir de 2.6 kV/m. Une étude
moins récente réalisée chez l'homme par Wever avait montré une modification du cycle à
des niveaux très bas. Cependant, ces premiers résultats n'ont pas été confirmés.
Les études récentes ont aussi démontré que chez le rat, l'exposition à des champs
électriques de 60 Hz, de 2 à 40 kV/m, provoquait une diminution de la sécrétion de la
mélatonine par la glande pinéale. Les CEM, comme la lumière, supprime le pic nocturne
de sécrétion de mélatonine. Chez l'homme, les résultats préliminaires d'une étude menée
par Wilson chez des utilisateurs de couvertures chauffantes tendent à confirmer ce
phénomène. Cependant, il est trop tôt pour tirer des conclusions claires de ces travaux
récents.
xvii
Système nerveux
Le champ électrique est perçu à partir d'un seuil se situant entre 4 et 15 kV/m chez
l'animal et chez l'homme. Le champ magnétique, quant à lui, n'est pas perçu. De multiples
études sur le système nerveux ont été réalisées chez l'animal mais les résultats demeurent
en général difficilement interprétables. Toutefois, signalons le phénomène bien documenté
des magnétophosphènes chez l'homme. Ces derniers sont des scintillements lumineux
apparaissant dans le champ visuel à une fréquence de 20 Hz et à partir de 10 G. Une étude
rigoureuse a été réalisée récemment chez le singe dans le cadre du New York State Power
Lines Project (NYSPLP). Cette étude a mis en évidence une diminution de certains
métabolites de la dopamine et de la sérotonine dans le liquide céphalorachidien de même
qu'une modification des potentiels évoqués auditifs et visuels à l'électroentiphalogramme
l'électroencéphalogramme (EEG). Ces effets ont été observés à des niveaux d'exposition
comparables à ceux rencontrés occasionnellement chez l'homme. Dans le cadre du
NYSPLP, une étude réalisée en laboratoire chez des volontaires s'est avérée négative sauf
pour les potentiels évoqués mentionnés précédemment.
Système cardiovasculaire
Au niveau du système cardiovasculaire, le principal effet documenté chez l'homme,
par Graham et al, est un ralentissement faible du pouls lors d'une exposition à des CEM
de 60 Hz, à 9 kV/m et 0.2 G. Des études ont aussi montré un risque d'interférence des
CEM de plus de 5 kV/m et 1.5 G sur le fonctionnement de certains types de stimulateurs
cardiaques à demande. Cependant, il s'agit là d'un phénomène rare.
Système immunitaire
Dans des études "invitro",des chercheurs ont mis en évidence une diminution de la
cytotoxicité des lymphocytes T lors d'une exposition à des champs de 60 Hz, de 0.1 à
10 mV/cm. Chez l'animal et chez l'homme, les études sont négatives.
Système reproducteur
Pour ce qui est du champ magnétique, suite à une première étude de Delgado, une
dizaine d'autres études ont montré un excès significatif de malformations chez l'embryon de
poulet ou d'oiseau. Il s'agissait cependant de champ magnétique puisé. Sept autres études
se sont avérées négatives. Les études chez l'animal sont négatives.
En ce qui concerne le champ électrique, les études in vitro et les premières études
in vivo se sont avérées négatives. Toutefois, des études plus récentes effectuées par
Rommereim chez le rat et par Sikov chez le porc, ont donné des résultats contradictoires.
CEM et cancer
En rapport avec le cancer, les études expérimentales réalisées jusqu'à maintenant
sont principalement des études in vitro. Elles démontrent que les CEM ne sont pas
initiateurs de cancer. Ils ne sont pas mutagènes, ne provoquent pas la formation
d'aberrations chromosomiques ou d'échange de chromatides soeurs. Par ailleurs, une seule
étude récente a mis en évidence la formation de micronoyaux cellulaires, un'indicateur
indirect de mutagénicité. Cependant ces résultats n'ont pas été confirmés.
Quelques études indiquent que les CEM pourraient être des promoteurs de cancer
En effet, les études de Cain et al et de Byus et al ont mis en évidence une augmentation
significative de l'omithine décarboxylase lors d'une exposition des cellules à des champs de
0.1 à 10 mv/cm. l a concentration de cette enzyme est augmentée en présence de
substances reconnues comme promoteurs de cancer. Les chercheurs ont identifié des
fenêtres d'intensité se situant entre 0.1 et 10 mV/cm et à 16 Hz. Une augmentation
significative de la synthèse de l'aide désoxynbonucléique (ADN) a aussi été démontrée au
niveau de la ce,Iule exposée à des CEM. Pour ce qui est des CEM de basse fréquence
aucune étude de cancérogénicité n'a été réalisée chez l'animal jusqu'à maintenant
vii
Plausibilité biologique
Les effets biologiques démontrés au niveau cellulaire, par exemple, sur le calcium,
l'omithine décarboxylase, la synthèse de l'ADN la synthèse des protéines, donnent une
certaine plausibilité biologique à des effets cliniques, tels que le cancer, en dépit du faible
niveau des courants induits dans les tissus. Les CEM d'extrême basse fréquence, s'ils étaient
cancérigènes, agiraient plutôt comme promoteurs. Cette plausibilité est renforcée par les
découvertes récentes de l'action sur la sécrétion de la mélatonine. De plus, des théories
fondamentales crédibles ont été avancées par des chercheurs pour expliquer de tels effets
que ce soit celle du " cyclotron résonance" ou celle de la coopération biologique.
L'ensemble des résultats des études expérimentales présente une cohérence certaine.
Toutefois, l'interprétation de ces résultats à la lumière des théories nouvelles soulève
certaines questions importantes. Soulignons l'existence de "fenêtres" d'action au niveau de
la cellule. Si de telles fenêtres existent au niveau des fréquences et des intensités et si les
champs électromagnétiques sont réellement cancérigènes, cela peut vouloir dire que le
risque n'augmente pas nécessairement avec la dose d'exposition. D'autres recherches sont
nécessaires pour approfondir nos connaissances.
3. LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN: Résultats des études épidé-
miologiques.
Les études épidémiologiques ont investigué d'une part, l'effet de l'exposition dans les
résidences, d'autres part, l'effet de l'exposition en milieu de travail. Trois grands groupes
de problèmes de santé ont été étudiés: le cancer, les troubles de la reproduction et les
problèmes généraux.
xx
Le risque de cancer:
Le risque de cancer chez l'enfant.
Trois études ont évalué le risque global de cancer chez les enfants selon les niveaux
de champs électrique et magnétique observés ou estimés dans les résidences. Une étude
s'est concentrée sur le risque de leucémie. Le risque global de cancer est augmenté dans
les trois études (RC* « 1.4-1.9). Les cancers les plus souvent en cause sont: les tumeurs du
système nerveux, les lymphomes et les leucémies. L'excès de cas de leucémie n'est observé
que dans 2 études sur 4, cependant il est observé dans les études les plus solides (RC « 2).
Ce risque est associé à l'intensité du champ magnétique et non du champ électrique (risque
augmenté lorsque le champ magnétique > 2 mG).
Une autre étude a aussi observé un excès non significatif de cas de leucémie chez les
enfants ayant utilisé une couverture chauffante quelques années avant le diagnostic.
Bien qu'il existe des contradictions et des insuffisances dans toutes ces études, elles
suggèrent globalement qu'un excès de certains cancers chez l'enfant pourrait être attribuable
à l'exposition aux champs magnétiques de fréquence extrêmement basse (50/60 Hz
principalement).
Le risque de cancer chez l'adulte.
De nombreuses études ont investigué le risque de cancer chez les adultes exposés aux
champs électrique et magnétique pendant leur travail. Deux types de cancer ont
particulièrement été étudiés: les leucémies et les cancers du cerveau.
* Rc = Rapport de cote, équivalent du Odds' Ratio anglais.
xxi
a) leucémie.
Huit études ont étudié de façon spécifique le risque d'excès de cas de leucémie chez
les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques. Cinq études ont observé une
augmentation significative du risque mais les professions incriminées varient (mineurs,
électriciens, soudeurs, monteurs de ligne) et le type de leucémie concernée n'est pas
toujours le même (leucémie myéloïde aiguë ou chronique, leucémie lymphoïde). Le risque
relatif varie généralement de 2 à 4.
Dans six études sur sept évaluant le risque de tout type de cancer, on a aussi observé
un excès de cas de leucémie chez les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques;
il s'agit principalement des travailleurs de l'électricité, de l'électronique et des télécommuni-
cations, mais les risques relatifs sont plus faibles (RR « 1-2).
Toutes ces études souffrent de lacunes importantes. Les expositions en milieu de
travail sont mal caractérisées et il est possible que les excès observés soient dûs à des
expositions à des produits chimiques ou d'autres agresseurs présents dans le milieu de
travail.
b) Cancer du cerveau.
Quatre études ont investigué spécifiquement le risque de cancer du cerveau chez les
travailleurs exposés aux champs électromagnétiques de basse fréquence. Trois études
observent des excès importants (RC « 2-4) de tumeurs du cerveau chez les travailleurs de
l'électricité. Le type de tumeurs étudié n'est cependant pas toujours le même: gliomes seuls,
gliomes plus astrocytomes, toutes les tumeurs du cerveau. Plusieurs études investigant tous
les cancers ont aussi observé de tels excès mais avec des risques relatifs plus faibles.
Ces études sont très inégales. Le premier groupe est constitué d'études solides,
cependant il existe toujours un manque d'évaluation précise des expositions des différents
milieux de travail.
c) Autres cancers. Le risque d'excès de mélanomes a été observé dans une étude investigant un "cluster"
chez des travailleurs des télécommunications (RR » 3) et aussi dans 4 études sur 6 ayant
investigué les risques de différents cancers chez les travailleurs .exposés aux champs
électromagnétiques de basse fréquence (RR « 1.4 -3). D'autres cancers ont aussi été
associés à une exposition professionnelle mais de façon beaucoup moins constante.
Les risques de cancer chez les adultes exposés dans leur résidence ont été moins
fréquemment investigués. Sur les 4 études répertoriées, rien de clair ne se dégage. Deux
études observent un excès non significatif de leucémie mais l'étude la plus solide n'observe
aucun excès de leucémie.
Trois études ont aussi investigué les risques de cancer associés à l'utilisation de
couvertures chauffantes ou lits chauffants. Deux études investiguent les excès de cas de
leucémie non lymphoïde, une observe un excès chez les personnes de bas niveau socio-
économique. Une étude a aussi observé un excès de cas de cancer du testicule (de type non
séminal) chez ces utilisateurs.
Plusieurs critères ont été appliqués pour juger de la nature causale des associations
observées. Il est difficile d'expliquer la majorité des résultats observés par des problèmes
reliés à la méthodologie des études. Le manque d'évaluations précises des expositions aux
champs électromagnétiques a tendance à réduire les risques relatifs observés mais non à les
augmenter. Aucun facteur de risque de cancer connu ne peut expliquer non plus les
résultats observés chez l'enfant. Pour ce qui est des adultes, il est certain que plusieurs
cancérigènes présents en milieu de travail pourraient être responsables au moins en partie
des résultats observés. Globalement, la nature causale des associations observées est très
possible mais non prouvée. Les éléments s'étant consolidés ces dernières années sont:
xxiii
1- la constance de l'association: les dernières études, les plus sophistiquées vont dans
le sens des premières études;
2- la plausibilité biologique: les résultats d'études effectuées en laboratoire rendent de
plus en plus plausible l'origine causale de ces associations.
Les troubles de la reproduction
Peu d'études ont évalué l'effet de l'exposition résidentielle aux champs électromagné-
tiques de 50/60 Hz. Une étude a observé que les mères exposées au moment de la
conception à une couverture chauffante ou à un plafond radiant avaient légèrement plus
d'avortements spontanés que les mères non exposées. Une étude a trouvé que l'utilisation
de couvertures chauffantes chez les femmes enceintes était associée à une augmentation des
leucémies et des cancers du cerveau chez leurs enfants. Il est cependant trop tôt pour tirer
des conclusions de ces études.
Les études réalisées en milieu de travail sont plus nombreuses. Quelques études ont
investigué le risque d'infertilité chez les travailleurs exposés aux champs électromagnétiques.
Les résultats sont contradictoires. Les autres études ont évalué les troubles de la
reproduction (malformations, cancers) pouvant être attribuables à l'exposition paternelle.
Une étude observe un excès de malformations congénitales chez les travailleurs de poste.
Deux études ont observé un excès global de tumeurs du système nerveux et un excès de
neuroblastomes chez les enfants dont les pères travaillaient dans l'électricité ou l'électroni-
que.
Toutes ces études sont exploratoires et ne permettent pas de conclure. Cependant
les études réalisées en laboratoire ne peuvent écarter de tels effets.
xxiv
Autres problèmes de sauté
Parmi les autres problèmes de santé, les recherches se sont surtout attardées aux
effets des champs électromagnétiques d'extrême basse fréquence sur le système nerveux
central. Une équipe a observé des excès de suicide et de dépression chez les personnes
occupant des résidences ayant des niveaux de champ magnétique plus élevés. Ces effets
n'ont pas été observés chez les travailleurs dans des études transversales. Globalement, la
faible qualité de toutes ces études empêche de porter tout jugement sur ce risque.
Cependant les résultats des études réalisées en laboratoire ne sont pas incompatibles avec
de tels effets.
Très peu d'études ont investigué d'autres causes de décès que le cancer chez les
travailleurs exposés aux champs électromagnétiques. Pas d'autres excès n'ont été observés.
4. LA PROTECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE: normes et rapport d'experts.
Au Canada et aux États-Unis il n'existe aucune norme fédérale limitant l'exposition
aux champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse provenant des lignes
de transport d'électricité. Au Québec, Hydro-Québec applique comme critères de
conception et d'exploitation les recommandations préconisées par le "National Electrical
Safety Code". Certains États américains ont toutefois établi des normes limitant les niveaux
des champs électrique et magnétique. Le fondement des normes limitant le champ
électrique près d'une ligne de transport est généralement basé sur des considérations
sécuritaires afin d'éviter toute sensation de choc pour une personne touchant un objet
métallique relié à la terre. Les normes proposées ou adaptées limitant le champ magnétique
en bordure d'emprise des nouvelles lignes à haute tension ne sont toutefois pas fondées sur
des évidences de risque pour la santé mais se veulent plutôt une approche prudente visant
à limiter l'exposition des populations.
Plusieurs comités d'experts se sont prononcés quant aux risques pour la santé des
populations exposées aux champs électrique et magnétique. Il y a consensus à l'effet que
xxv
les champs électrique et magnétique peuvent causer divers effets biologiques. Toutefois,
l'interprétation de ces études étant difficile, il est actuellement impossible de tirer des
conclusions définitives sur les risques possibles pour la santé. Quelques propositions de
recherche sont suggérées par ces groupes d'experts, notamment sur le mécanisme
d'interaction de ces champs, les études sur la cellule et l'animal visant à clarifier les
mécanismes de cancérogénèse, le développement embryonnaire et foetal et les effets sur le
comportement et le système nerveux.
Quelques options de gestion du risque associé à l'exposition aux CEM sont proposées
par ces divers groupes d'experts. Certains groupes préconisent par mesure de prudence,
même en absence d'évidence scientifique, de limiter l'exposition des populations aux CEM.
D'autres soutiennent que la prise de mesure de mitigation sans base scientifique pourraient
n'avoir aucun effet et qu'il n'y a aucune évidence qu'il soit nécessaire de réduire les niveaux
de champs.
5. LA SITUATION QUÉBÉCOISE
Pour pallier aux incertitudes qui existent quant aux effets sur la santé des CEM, de
nombreuses recherches, tant épidémiologiques qu'expérimentales, sont en cours présente-
ment à travers le monde. La prise en compte de la participation québécoise dans ce dossier
nous permet de cerner des priorités d'action et nous aidera à formuler des recommandations
spécifiques pour le Québec afin d'accroître les connaissances et de gérer ce risque.
La participation d'Hydro-Québec dans ce domaine de recherche, en association avec
d'autres partenaires, est importante. Hydro-Québec a déjà réalisé des études concernant
l'évaluation des niveaux de champs près des lignes à haute tension et des lignes de
distribution. Une évaluation des niveaux d'exposition des travailleurs de l'électricité dans
leur milieu de travail ainsi qu'à l'extérieur de leur milieu de travail a également été
amorcée. L'évaluation de l'exposition résidentielle au Québec demeure toutefois encore
limitée, principalement l'évaluation de l'exposition aux CEM chez les enfants.
x x i i i x x v
La recherche expérimentale sur la cellule et l'animal concernent principalement les
études de cancérogénicité. Deux autres sujets d'études, en cours présentement, toucheront
particulièrement la santé des bovins et plus spécifiquement la reproduction, le cycle
hormonal et la production laitière. Enfin, l'étude des effets des champs électromagnétiques
alternatifs sur l'humain a fait l'objet d'une étude de l'état de santé de certains électriciens
à Hydro-Québec en 1975. Bien que l'étude souffrait de faiblesses méthodologiques, aucun
problème de santé majeur n'a été révélé. Devant l'anxiété de la population, le gouverne-
ment du Québec a exigé en 1984 qu'Hydro-Québec réalise une étude épidémiologique pour
investiguer les effets des lignes à haute tension sur l'humain. Cette étude est conjointement
réalisée par Électricité de France, Hydro-Québec et Ontario Hydro. Elle permettra
d'évaluer les risques de cancer chez les travailleurs de l'électricité.
En terme d'information de la population, Hydro-Québec demeure le principal
intervenant au Québec par la publication de rapports, de brochures d'information et par la
réalisation d'un centre d'interprétation sur le sujet.
6. SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS
Après une synthèse de l'évaluation de risque, des recommandations sont proposées.
Évaluation du risque
Cinq étapes doivent être distinguées:
1) Identification du risque
D'après les connaissances disponibles, on doit considérer qu'il est possible que
l'exposition aux champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse, particulière-
ment de 50/60 Hz, puissent favoriser l'émergence de certains problèmes de santé.
xxvii
C'est l'hypothèse concernant le risque de cancer qui est la plus solide. En effet, il
s'agit du risque le mieux étudié et le plus clairement identifié par les études épidémiolo-
giques. Chez l'enfant, une augmentation de la fréquence des leucémies, tumeurs du système
nerveux et lymphomes a été associée à l'exposition résidentielle aux- champs magnétiques
de 50/60 Hz. Chez l'adulte des excès de cas de leucémie, cancer du cerveau et mélanome
ont aussi été observés. Même si on ne peut éliminer totalement d'autres causes pour ces
excès, le fait que les études les plus solides confirment ces associations et que certains
mécanismes biologiques pourraient expliquer de tels effets, nous obligent à considérer le
risque de cancer comme possible.
Cependant les études en cours seront déterminantes pour confirmer un tel effet et
expliquer les mécanismes en cause.
Les autres effets des champs électromagnétiques ont été peu étudiés. Les études
investigant les troubles de la reproduction et les effets sur le système nerveux central sont
de type exploratoire. La plausibilité biologique de tels effets veut que l'on s'y attarde.
2) Relation dose-effet
Cette relation n'est pas actuellement connue. Le manque de connaissance des
mécanismes d'action des champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse
empêche de définir ce que pourrait être une dose. Plusieurs paramètres caractérisant les
champs peuvent être en cause: intensité, courant induit, relation avec le champ terrestre,
caractère puisé... Peu d'études ont essayé de caractériser de façon précise l'exposition des
populations étudiées et donc de définir différents niveaux d'exposition. Il est possible que
les effets n'apparaissent qu'à certaines fréquences et à certaines intensités de champs. Les
lacunes dans nos connaissances devraient être comblées par les études en cours.
3) Évaluation rie l'exposition
L'exposition des populations québécoises aux champs électromagnétiques de
fréquence extrêmement basse est encore très peu connue. Plusieurs appareils électriques
nous exposent de façon intermittente mais certaines sources peuvent nous exposer de façon
chronique à l'intérieur des résidences (couvertures chauffantes, lits d'eau, réveils électriques,
chauffage électrique, mise à terre à la plomberie, câblage électrique...). Aucune étude n'a
évalué ces sources au Québec. L'exposition générée par les lignes de transport d'électricité
a été investiguée par Hydro-Québec mais de façon préliminaire.
L'exposition dans les milieux de travail a été étudiée chez les travailleurs d'Hydro-
Québec. Cependant l'exposition dans d'autres milieux de travail est en général mal connue.
4) Quantification des risques.
À cause des limites des connaissances actuelles, il est impossible de réaliser une
véritable quantification du risque. Toutefois, un excès de risques faibles en terme de risque
individuel peut avoir un impact important pour une population quand beaucoup de
personnes sont exposées.
5) Gestion du risque
Même si le risque pour la santé n'est pas certain, il est possible. Plusieurs options
sont discutées pour faire face à ce risque: ne rien faire, faire de l'information au public,
réglementer, ou encore adopter une stratégie prudente pour éviter les expositions inutiles.
xxiii
Recommandations au ministère de la Santé et des Services sociaux: les recomman-
dations qui s'adressent au ministère de la Santé sont les suivantes:
1. Mieux connaître l'exposition des populations québécoises aux champs
électromagnétiques.
2. Développer un programme d'information et d'éducation sur les champs
électromagnétiques.
3. Être présent sur les comités responsables de proposer une réglementation des
champs électromagnétiques.
4. Développer une expertise indépendante sur les effets des champs électroma-
gnétiques sur la santé humaine.
5. Favoriser la recherche et le développement visant à réduire l'exposition des
populations aux champs électromagnétiques.
6. Favoriser le développement de recherches visant à mieux connaître les effets
des champs électromagnétiques sur la santé humaine.
xxx
INTRODUCTION
L'industrialisation de nos sociétés a été en partie possible grâce à l'utilisation de
l'électricité. Dans notre vie de tous les jours, l'électricité nous accompagne tout au long de
nos activités sans que nous nous en rendions compte. Cette forme d'énergie facilement
accessible est devenue indispensable et pourtant son innocuité n'est nullement établie.
Certes, le risque dElectrocution relié au contact direct avec une ligne électrique est connu
depuis longtemps. Par contre, ce n'est que récemment que l'on s'est préoccupé des effets
potentiels de l'exposition chronique aux champs électromagnétiques (CEM) de fréquence
extrêmement basse. En 1966, deux scientifiques russes rapportèrent que des travailleurs
exposés aux CEM de haut voltage manifestaient différents symptômes neurologiques tels
que des maux de tête, de l'excitabilité, de la fatigue et une diminution de la libido1. Cette
étude fut critiquée par la suite à cause de faiblesses méthodologiques importantes.
Cependant, elle devait être suivie par une multitude d'études visant à mieux connaître les
effets des champs électromagnétiques de basse fréquence en milieu de travail.
En 1979, Wertheimer et Leeper2 publièrent les résultats d'une étude
épidémiologique sur les risques de cancer chez l'enfant associés à l'exposition résidentielle
aux champs électromagnétiques. Sans apporter de réponse définitive, cette étude soulevait
l'hypothèse que les CEM générés par les lignes de distribution pouvaient favoriser la
survenue de cancers chez l'enfant. Par la suite, plusieurs études visant à évaluer l'effet de
l'exposition chronique aux CEM en milieu résidentiel ont été réalisées. De 1980 à 1990
nous avons assisté à une intensification des recherches visant à approfondir les effets
potentiels chez l'humain associés au transport et à l'utilisation de l'électricité. L'enjeu est
important. Vu l'omniprésence des CEM dans notre vie quotidienne, un effet même minime
de ces champs pourrait avoir un impact important en terme de santé publique. Cette prise
de conscience incite les gouvernements et les organismes internationaux à s'intéresser à ce
dossier afin de répondre aux inquiétudes des populations.
Le présent rapport sans être exhaustif, vise à faire le point sur le sujet afin de
dégager les enjeux qui en découlent pour la santé publique au Québec. Dans un premier
temps nous présenterons ce que sont les CEM de fréquence extrêmement basse, leurs
caractéristiques, les sources d'exposition ainsi que les moyens de les mesurer (ch 1). Par
la suite, nous présenterons une synthèse des principales conclusions des recherches de type
expérimental visant à évaluer les effets biologiques de ces champs (ch 2). Puis, nous
réviserons les principales études évaluant les effets observés chez l'humain suite à une
exposition chronique au CEM de fréquence extrêmement basse (ch 3). Ensuite nous
présenterons la position des différents comités d'experts ayant examiné cette question et
nous résumerons les démarches actuelles visant à limiter l'exposition humaine à ces champs
(ch 4). Finalement, nous ferons le point sur la situation au Québec. Que connaissons-nous
du problème? Que faisons-nous? (ch 5). Notre analyse nous amènera naturellement à faire
un certain nombre de recommandations afin d'améliorer la situation actuelle (ch 6).
1. World Health Organisation (WHO). Environmental Health Criteria 35. Extremely Low Frequency flELF) Fields. 131 p., Geneva, 1984.
2 . Wertheimer, N and Leeper, E. Electrical Wiring Configurations and Childhood Cancer. Am. J. of Epidemiol.. Vol. 109(3), p. 273-284, 1979.
2
CHAPITRE I
L'EXPOSITION HUMAINE AUX CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
r !
TABLE DES MATIÈRES
Pages
1.0 INTRODUCTION 7
1.1 CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES 8
1.1.1 Le courant alternatif 8
1.1.2 Le champ électrique 12
1.1.3 Le champ magnétique 13
1.2 ÉVALUATION DE L'EXPOSITION 15
1.2.1 Mesures directes 15
1.2.2 Mesures indirectes en milieu résidentiel 19
1.2.2.1 La codification Wertheimer-Leeper 19
1.2.2.2 Autres méthodes d'évaluation de l'exposition 23
1.2.3 Mesures indirectes en milieu de travail 23
1.3 SOURCES ET NIVEAUX D'EXPOSITION 25
1.3.1 Exposition en milieu résidentiel 25
1.3.1.1 Les champs d'origine naturelle 25
1.3.1.2 Les appareils électriques domestiques 27
1.3.1.3 Les lignes à haute tension et de distribution 28
1.3.2 Exposition en milieu de travail 31
1.4 CONCLUSION 3 4
BIBLIOGRAPHIE 3 6
14
1.0 INTRODUCTION
Les champs électrique et magnétique sont présents partout dans l'environnement.
Ils peuvent être de source naturelle tels que les CEM produits par le soleil ou la terre ou
encore d'origine humaine tels que les télécommunications, les appareils électriques
commerciaux et médicaux, les lignes de transport d'électricité et autres appareils électriques
dont l'humain fait usage. Il en résulte que toutes les populations sont exposées à des degrés
divers à des champs électrique et magnétique.
Afin d'évaluer les risques à la santé reliés à la présence des champs électrique et
magnétique, il est nécessaire de bien connaître les diverses composantes de ces champs.
Dans ce chapitre, nous allons donc dans un premier temps, faire un bref résumé des
caractéristiques physiques et des éléments de base des champs électrique et magnétique
provenant des lignes à haute tension, mais également de certains équipements et appareils
électriques. Notre évaluation portera uniquement sur le courant alternatif à fréquence
extrêmement basse, c'est-à-dire le courant se situant dans la bande de fréquence de 1 à
300 hertz (Hz) et plus particulièrement sur la bande des 50/60 Hz.
Par la suite, nous présenterons les diverses méthodes d'évaluation utilisées pour
mesurer l'exposition des populations aux champs électrique et magnétique en milieu
résidentiel et en milieu de travail, les principales sources et les niveaux d'exposition de ces
champs. Nous identifierons les difficultés relatives à la mesure de l'exposition telles que,
par exemple, le choix du ou des paramètres à mesurer. Nous ferons en conclusion, un bref
rappel de la problématique relativement à l'exposition aux champs électrique et magnétique
et nous identifierons certains domaines de recherche quant à l'évaluation de l'exposition des
populations.
7
1.1 CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES
1.1.1 Le courant alternatif
Le réseau électrique servant à transporter l'énergie de la centrale électrique jusqu'à
notre résidence se compose principalement d'une centrale de production, de postes de
transformation servant à abaisser ou à augmenter la tension, et de réseaux de transport et
de distribution servant à conduire l'électricité au point de consommation. Les niveaux de
tension des lignes du réseau de transport se situent approximativement entre 115 et 765
kilovolt (kV) tandis que la tension des réseaux de distribution est généralement comprise
entre 120 V et 69 kV(1).
En Amérique du Nord, l'électricité en courant alternatif est distribuée et transportée
à une fréquence de 60 hertz (Hz), c'est-à-dire 60 cycles par seconde. Le courant alterne
donc du positif au négatif, c'est-à-dire qu'il change de polarité, à toutes les demi-cycles. En
Europe, et certains autres pays, la fréquence utilisée est de 50 cycles par seconde (50 Hz).
Ces fréquences de 50 à 60 Hz ont de grandes longueurs d'ondes. Beaucoup d'appareils
libèrent des CEM de différentes fréquences. À titre de comparaison, un téléviseur
fonctionne à des fréquences variant entre 55 et 890 MHz (un MHz équivaut à un million
de cycles par seconde) et les micro-ondes ont des fréquences supérieures à 1000 MHz(1)(2).
La figure 1 présente le spectre de fréquence électromagnétique selon diverses sources. Les
champs de fréquence extrêmement basse se situent dans la bande des 1 - 300 Hz,
comparativement aux radiofréquences qui sont généralement représentées sur la bande des
10 000 Hz - 300 gigahertz (GHz)(l GHz = 1 milliard de Hz). Les rayonnements ionisants
se situent environ entre 1016 et 1022 Hz.
Les rayonnements ionisants, principalement les rayons X et rayons gamma, ont des
effets sur le système biologique très différents des rayonnements non ionisants. En effet,
les rayonnements ionisants peuvent former des radicaux libres à l'intérieur des cellules en
brisant les liens moléculaires, pouvant ainsi causer des dommages irréversibles aux cellules.
Les rayonnements non ionisants ne produisent pas de tels effets(3).
8
FIGURE 1: Le spectre de fréquence électromagnétique
SPECTRE DE FRÉQUENCE ÉLECTROMAGNÉTIQUE
Lumière vltlble
Lignât haut*
tenalon Radio
AM TV Radar l Ultra-violet
Infrarouge Rayon» Gamma
10Hz 10
m 5 7 9
10 10 10
Rayons X
r r ~ n 11 13 15 17 19 21
10 10 10 10 10 10
4 0 '8 10 ' 12 1* 16 * 18 '20 22 100 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 Hz
I l t i t t Fréquence Fréquence Fréquence Mlcro-ondea extrêmement très trée ba l te bat te haute
Rayonnemente Ionisant»
Source: Adapté de Lee et al., 1989 (2)
Par contre, lors d'exposition à des rayonnements de haute fréquence, tels les micro-
ondes, l'énergie émise des champs électromagnétiques est absorbée rapidement par le tissu
biologique et peut ainsi produire de la chaleur. L'échauffement excessif des tissus peut
entraîner des effets néfastes sur la santé. Les champs de 60 Hz, tels que ceux retrouvés près
des lignes de transport d'électricité, ne permettent qu'un transfert minime d'énergie aux
objets conducteurs, comme le corps humain. Par exemple, à intensité équivalente, l'énergie
absorbée par une personne sera de plusieurs millions de fois inférieure lors d'une exposition
aux champs émis par une ligne à haute tension de 60 Hz comparativement à ceux émis par
un téléviseur^ (voir tableau 1). Lors de l'évaluation du risque, il faut donc distinguer entre
une exposition aux champs électromagnétiques à haute fréquence et ceux à basse fréquence.
Tableau 1 Le spectre électromagnétique de diverses sources de radiation: énergie, fréquence et longueur d'onde
Source de radiation Énergie Fréquence Longueur d'onde (eV) (Hz)
Rayons X 10 3 X 1015 10"5 cm Micro-ondes, téléviseur îo-4 3 X 1010 1 cm Lignes haute tension io-13 60 5 X 103 Km
adapté de Coleman'45
On peut retrouver dans différents circuits électroniques d'autres types d'ondes que
sinusoïdale. Par exemple, les terminaux écrans de visualisation, c'est-à-dire, les ordinateurs,
peuvent créer une vaste gamme de champs électrique et magnétique, tels que des champs
continus et des champs alternatifs de formes sinusoïdales et puisées répartis sur une large
plage de fréquences(5)(6). D'autres types d'appareils peuvent produire des ondulations
d'apparence pointue en dents de scie. Il existe également des ondes à modulation de
fréquence (MF) ou encore à modulation d'amplitude (MA). La figure 2 présente certaines
de ces formes d'ondulation. La caractérisation de ces différents types d'ondes est
10
FIGURE 2: Formes d'ondes électromagnétiques
(a)
(b)
(c)
Légende: (a) modulation d'amplitude (MA); (b) modulation de fréquence (MF);
(c) modulation puisée
Source: Yost, 1988(3)
11
importante, car certaines données suggèrent qu'elles pourraient interagir différemment avec
les composantes biologiques.
De plus, du fait que les champs de fréquence extrêmement basse ont des ondes très
longues, le champ électrique et le champ magnétique peuvent agir indépendamment l'un de
l'autre sur les organismes vivants07). Cette particularité fait qu'il est important déconsidérer
ces champs séparément lors de l'évaluation des risques pour la santé.
1.1.2 Le champ électrique
Le champ électrique est lié à la présence d'une distribution inégale des charges
électriques de polarités différentes. Il peut se définir comme étant l'ensemble des lignes de
force qui attirent ou repoussent les charges électriques. Dès qu'une ligne électrique ou un
appareil électrique est mis sous-tension, il se crée un champ électrique à proximité de ces
derniers. Pour les lignes de transport d'électricité, plus grande sera leur tension, plus élevée
sera l'intensité du champ électrique produit. Le champ électrique est une quantité
vectorielle définie par son intensité et son orientation, soit la composante horizontale et la
composante verticale du champ. Pour les lignes à haute tension et les lignes de distribution,
la composante horizontale est nulle au niveau du sol. Le champ électrique s'exprime alors
uniquement par la composante verticale. Pour des points situés au-dessus du sol, le champ
électrique est égal à la somme vectorielle des composantes verticale et horizontale®.
L'intensité de ce champ est principalement fonction de la tension et de la configuration de
la ligne ainsi que de l'espacement des conducteurs. L'intensité du champ électrique est
mesurée en volts par mètre (V/m). Le kV/m est l'unité utilisée lorsque l'on mesure des
forts niveaux de champs tels que ceux situés près des lignes à haute tension (1 kV =
1000 V).
Le champ électrique est perturbé par la présence d'objets conducteurs tels que la
végétation, les terrains irréguliers, les bâtiments(9)(10). Le corps humain étant également
conducteur, il se crée une distorsion du champ à la surface de celui-ci, principalement au
10 12
niveau de la tête(11). L'exposition au champ électrique sera donc fonction des mouvements
du corps ainsi que de la position de ce dernier (debout, assise). Elle dépendra également
de la présence dans l'environnement de tout autre objet conducteur. Kaune(12) a démontré
que pour une exposition à un champ électrique vertical sous une ligne à haute tension, la
concentration du champ sera plus élevée au-dessus de la tête d'une personne en position
debout qu'au-dessus du dos d'un animal quadripède (voir figure 3). En présence de sources
multiples, la situation peut être très différente.
Des expériences en laboratoire ont démontré que le champ électrique à la surface
de la tête d'un homme placé debout dans un champ de 10 kV/m atteindra environ
180 kV/m. Ce phénomène pourrait être à l'origine de la perception tactile de certaines
intensités de champ électrique^13).
1.1.3 Le champ magnétique
Le champ magnétique peut être défini comme étant l'ensemble des lignes de force
qui interagissent entre les courants électriques. Il est généré par le passage d'un courant
électrique. Il est principalement fonction de l'intensité du courant qui circule dans le fil
conducteur et de la distance du point de mesure à ce conducteur. Ainsi, une couverture
électrique branchée mais non en opération émettra uniquement un champ électrique. Lors
de sa mise en marche, il y aura production de champs électrique et magnétique.
Il existe différentes unités de mesure pour décrire le champ magnétique. L'unité
pour définir son intensité est l'ampère par mètre (A/m). Toutefois, le champ magnétique
s'exprime le plus souvent en termes de densité de flux magnétique où l'unité de mesure est
le Tesla (T) ou le Gauss (G), 1 G équivaut à 0,1 mT.
Contrairement au champ électrique, il ne se crée aucune distorsion du champ
magnétique à proximité des objects conducteurs. Le champ magnétique passe ainsi
librement, sans subir de perturbation, à travers diffrentes structures incluant les bâtiments
et le corps humain. Le champ électrique et le champ magnétique induisent des courants
électriques variables dans le corps humain. Le champ magnétique induit un courant
électrique qui se déplace dans un mouvement circulaire tandis que le champ électrique
induit des courants qui ressortent à travers la partie du corps qui sera en contact avec le sol.
FIGURE 3: Perturbation et concentration du champ électrique chez l'humain, le porc et
le rat. Estimation de la densité de courant induit.
180 kVfa
Homme, rat et porc (non à l'échelle) exposés à un champ électrique vertical de 10 kV/m
de 60 Hz. Le champ électrique est mesuré chez l'homme et le porc tandis qu'il est estimé
chez le rat.
Source: Kaune and Phillips, 1980(n)
14
1.2 ÉVALUATIONDE L'EXPOSITION
Les lignes à haute tension et les lignes de distribution, le câblage électrique et les
appareils électriques constituent quelques unes des sources de champs électrique et
magnétique. La population est donc continuellement exposée à différents niveaux de
champs électromagnétiques, que ce soit au travail, à l'école, à la maison ou durant les
loisirs. Le mécanisme d'interaction des champs électrique et magnétique avec les
organismes vivants n'étant pas identifié, il est nécessaire, lors de l'évaluation des risques
pour la santé, de considérer les diverses caractéristiques des champs électrique et
magnétique. Cette diversité des sources et des conditions d'exposition rend difficile les
études d'exposition. Comment peut-on mesurer de façon représentative l'exposition
présente et passée de la population? Quels sont les paramètres à considérer lors de la
réalisation de telles études? Deux méthodes ont été mises au point pour l'estimation de
l'exposition aux champs électrique et magnétique soit les mesures directes à l'aide
d'appareils de mesure et les mesures indirectes consistant à estimer l'exposition par d'autres
moyens. En effet, lors de situations simples, telles l'estimation des champs provenant d'une
ligne à haute tension traversant une terre cultivée, l'intensité des champs peut être estimée
de façon précise en considérant les composantes physiques et électriques de la ligne. De
tels calculs sont souvent réalisés lors de l'implantation de nouvelles lignes. Toutefois, lors
de situations plus complexes, telles la présence de plusieurs structures ou la non-uniformité
du territoire, il peut être plus facile d'évaluer les champs par la prise de mesures directes^.
Ces deux méthodes, que sont les mesures directes et indirectes, peuvent être utilisées
conjointement pour une estimation plus précise de l'exposition. La présente section identifie
les lacunes et les avantages associés à ces deux techniques d'évaluation.
1.2.1 Mesures directes
Afin de pallier au problème majeur de quantification de l'exposition aux champs
électromagnétiques lors de recherches épidémiologiques, plusieurs appareils portatifs de
mesure des champs électrique et magnétique ont été développés. Ces appareils permettent
15
de mesurer instantanément, de façon ponctuelle ou en continu, la présence et le niveau des
champs électrique et magnétique au lieu même de l'exposition. Que ce soit en milieu
résidentiel, au travail ou durant les loisirs, la prise de plusieurs mesures dans le temps
permet de suivre plus adéquatement le degré d'exposition des populations. On sait en effet
que les niveaux d'exposition peuvent varier d'un endroit à l'autre mais également d'un
moment à l'autre, d'où la nécessité d'effectuer un suivi de l'exposition dans le temps et
l'espace.
Comme on ne connaît pas quels paramètres doivent être mesurés pour évaluer le
risque pour la santé, ni quel est le mécanisme d'action des champs électromagnétiques, il
est important que ces appareils demeurent flexibles pour permettre l'analyse des différents
indices de l'exposition des populations. Ces indices peuvent être soit les types de champs,
la durée d'exposition (intermittente, continue), la fréquence d'exposition, l'intensité et les
axes des champs (x,y,z),les pics d'exposition (la durée d'exposition aux intensités maxima)
ou l'interférence électromagnétique comme les harmoniques de fréquence.* La prise en
compte de ces diverses composantes des champs électromagnétiques vise ainsi à permettre
une meilleure interprétation des résultats et une meilleure utilisation lors d'études
épidémiologiques ou d'évaluation de risque.
Toutefois, l'interprétation et l'analyse de ces données peuvent être fort complexes.
La multiplicité des paramètres à considérer, ainsi que l'existence possible d'interaction entre
certains de ces paramètres, exigent une analyse très approfondie des résultats. Cela
nécessite également l'utilisation d'une méthodologie très rigoureuse lors de l'évaluation de
l'exposition afin d'éviter autant que possible la présence de certains biais.
Une harmonique correspond à un facteur multiplicatif de la fréquence de base: la deuxième harmonique de la fréquence de 60 Hz = 120 Hz)
10 16
La localisation de l'appareil de mesure, lors de l'évaluation de l'exposition aux
champs du milieu ambiant est importante. Comme mentionné précédemment, la conduc-
tivité du corps humain a des conséquences importantes lors de la mesure du champ
électrique près du corps. Les lignes de champs étant déformées par. la présence de corps
conducteurs, cela peut compliquer la prise de mesures. Bien souvent, l'estimation du champ
électrique est réalisée en fonction d'un champ non perturbé, donc les mesures nécessaires
sont prises afin d'éviter la distorsion possible du champ électrique par l'opérateur de
l'appareil de mesure. Toutefois, depuis l'arrivée d'appareils de mesure portatifs, on mesure
l'exposition réelle des personnes en considérant la distorsion du champ électrique reliée à
la conduction de l'individu et autres objects conducteurs localisés à proximité. Ceci ne
s'applique pas au champ magnétique qui n'est pas dévié par la présence de corps
conducteurs.
En milieu résidentiel, il faut considérer plusieurs paramètres lors de l'échantillonnage
de la mesure de l'exposition du milieu ambiant. En effet, les composantes telles que le
niveau de tension des lignes de transport d'électricité situées à proximité des résidences, la
configuration du câblage, la localisation des retours à la terre, des réseaux d'aqueduc et
d'égout, du réseau de gaz, de rails de chemin de fer, de lignes de téléphone, l'utilisation
d'appareils électriques sont autant de facteurs qui peuvent faire varier les champs existants.
En milieu de travail, l'évaluation de l'exposition aux CEM peut être faite par la prise
de mesures directes au poste de travail. Ces mesures sont nécessaires pour l'évaluation
adéquate du niveau d'exposition du travailleur. Toutefois, l'utilisation par le travailleur d'un
moniteur portatif s'avère un instrument d'évaluation fort utile, lorsque l'on désire identifier
et localiser les sources d'expositions à l'extérieur du milieu de travail. Cette évaluation de
l'exposition est nécessaire afin d'éviter la présence de biais reliés aux sources externes.
Aux États-Unis, on retrouve principalement deux types de moniteurs soit le EFEM
(Electric Field Exposure Monitor) du Bonneville Power Administration qui mesure le
champ électrique et le EMDEX (Electric and Magnetic Field Digital Exposure) développé
par l'EPRI (Electric Power Research Institute) qui mesure les champs électrique et
magnétique. Ces appareils sont conçus pour mesurer les champs de 60 Hz. Ils ne
permettent pas la mesure des champs transients, c'est-à-dire les champs de plus hautes
fréquences (dans la bande des radiofréquences). La présence de tels champs peut être
reliée à l'utilisation de certains appareils électriques telles les perceuses électriques. Le
EMDEX est présentement utilisé dans le cadre d'une vaste étude d'évaluation des champs
électrique et magnétique en milieu professionnel et non professionnel, à laquelle plus de
cent compagnies participent^. Cet appareil portatif permet la mesure des champs selon
les différents axes d'orientation. L'EPRI a également développé le AMEX (Average
Magnetic Field Exposure) pour l'évaluation de l'exposition au champ magnétique.
Toutefois, cet appareil n'évalue le champ magnétique que sur un seul axe et ne fournit que
la mesure cumulative de l'exposition. D'autres pays tels que la Suède et l ' I talie^ ont
également développé leur propre moniteur portatif pour la mesure des champs électrique
et magnétique.
Au Québec, Hydro-Québec utilise présentement, dans le cadre d'une vaste étude
épidémiologique, un moniteur qui a été mis au point par l'Institut de Recherche d'Hydro-
Québec (IREQ). Cet appareil mesure les trois axes du champ magnétique (x,y,z),le champ
électrique perpendiculaire à la surface du corps ainsi que l'interférence électromagnétique
de haute fréquence (5 à 20 MHz)(19). Les données sont cumulées en continu à une
fréquence prédéterminée par l'opérateur et emmagasinées dans la mémoire du moniteur.
Cet appareil permet ainsi la mesure de l'étendue et de la variabilité des expositions aux
champs électrique et magnétique de fréquence extrêmement basse.
Il existe également des unités mobiles de mesure plus volumineuses permettant la
caractérisation de l'environnement électromagnétique sans subir la perturbation des champs
reliée à la conduction du corps humain. Ces stations mobiles peuvent évaluer l'intensité des
champs pour différents territoires urbains, suburbains, industriels, ruraux, etc.
10
Afin de réaliser la saisie et le traitement des données recueillies par les moniteurs
portatifs, des ordinateurs ont été mis au point permettant l'interprétation et l'évaluation
continue de l'exposition des sujets. Leur utilisation est nécessaire, car ils rendent dis-
ponibles les données cumulées par les moniteurs et permettent. l'analyse statistique
approfondie de ces données en fonction des divers paramètres considérés.
1.2.2 Mesures indirectes en milieu résidentiel
Les mesures directes du champ magnétique sont fort complexes. En effet, les trois
vecteurs (x,y,z) peuvent varier indépendamment. De plus, bien que la prise de mesures
directes d'exposition à diverses fréquences ainsi qu'à divers moments de la journée ou de
la saison permette une estimation plus juste de l'exposition, elle ne représente pas
nécessairement le reflet de l'exposition historique des populations. En effet, les mesures
directes évaluent l'exposition aux champs au moment où la prise d'échantillonnage
s'effectue. La variabilité de l'intensité des champs dans le temps, rend difficile l'extra-
polation de ces mesures pour l'estimation de l'exposition antérieure. Pour pallier à ces
problèmes, divers modèles théoriques d'évaluation de l'exposition ont été mis au point et
utilisés dans plusieurs études épidémiologiques.
Les études de Wertheimer et Leepe r^ (21) démontrant une association possible entre
le champ magnétique et le risque de cancer ont accentué l'intérêt porté à l'évaluation
indirecte de l'exposition aux CEM. Toutefois, plusieurs facteurs doivent être considérés lors
de la mesure indirecte du champ magnétique en milieu résidentiel.
1.2.2.1 La codification Wertheimer - Leeper
Wertheimer et Leeper(20^ ont développé un modèle d'évaluation de l'exposition
résidentielle en se basant sur les diverses configurations du câblage. La procédure consiste
à comparer la configuration électrique, c'est-à-dire la caractérisation (niveau de tension, type
de ligne) et la localisation des câbles électriques ainsi que des transformateurs et d'en
19
vérifier leur proximité avec les résidences. Deux types de classification ont été définis lors
de la première étude soit:
"High-current configuration" (HCC) pour les. populations les plus
exposées, c'est-à-dire situées à proximité des sources importantes de
CEM
"Low-current configuration" (LCC) pour les populations les moins
exposées
Les habitations localisées en bout de réseau d'une ligne secondaire furent définies
comme étant le meilleur exemple d'une faible exposition (LCC) aux champs électromagnéti-
ques. Comme les habitations produisent un effet de bouclier au champ électrique, c'est-à-
dire que le champ électrique est arrêté par les murs des résidences, cette méthode
d'évaluation de l'exposition résidentielle n'est pas valide pour ce type de champ.
Lors d'une étude subséquente, Wertheimer et Leeper*^ ont redéfini leur codification
en cinq classes majeures permettant ainsi une distinction plus précise de la configuration du
câblage à proximité des habitations. Des mesures directes ont permis de valider leur
méthode d'estimation. Cette codification a permis de définir quatre catégories de con-
figuration des câblages, soit:
"Very high current configurations" (VHCC)
"Ordinary high current configurations" (OHCC)
"Ordinary low current configurations" (OLCC)
"The end-pole situation" ou "Very low current configuration (VLCC)
Cette classification correspond à un gradient théorique d'exposition au champ
magnétique. Elle permet de réaliser de meilleures comparaisons entre les divers groupes
exposés.
10
Wertheimer et Leeper ont préféré utiliser la configuration du câblage plutôt que des
mesures directes du champ magnétique lors de leurs études épidémiologiques pour trois
raisons principales^ :
1° La difficulté d'accès aux habitations considérées dans l'étude.
2° La variabilité dans le temps du champ, rendant imprécise la prise en compte
de seulement quelques mesures ponctuelles, spécialement lorsqu'on s'intéresse
à l'exposition antérieure.
3° Le fait, d'après les auteurs, qu'une exposition continue au champ magnétique
même à de faibles niveaux aurait plus d'effets qu'une forte mais courte
exposition.
Wertheimer et Leeper indiquent donc que la configuration du câblage donne un
meilleur indice de l'exposition continue ainsi que de l'intensité du champ magnétique
comparativement à la prise de mesures directes en milieu résidentiel. Ils indiquent
néanmoins que la prise de mesures demeure intéressante.
L'utilisation de la configuration du câblage pour l'estimation de l'exposition des
populations a été critiquée par plusieurs auteurs. Miller(22) met en doute la validité de la
méthode utilisée car elle ne considère pas la présence des sources d'exposition à l'intérieur
des résidences. Fulton(23) soulève l'hypothèse que la relation possible entre le champ
magnétique et la survenue de cancer observée par Wertheimer et Leeper pourrait être
expliquée par la situation géographique du territoire à l'étude. Keam(24) quant à lui
considère que la configuration du câblage est une méthode imprécise de l'évaluation de
l'exposition. Cet auteur donne présentement plus de crédibilité aux études utilisant des
mesures directes d'exposition. Il s'appuie sur les études de Savitz(25) et Kaune(26) qui n'ont
démontré qu'une faible relation entre la configuration du câblage et le champ magnétique
mesuré aux résidences. De plus, il indique qu'il n'a jamais été démontré que la
configuration du câblage soit une méthode d'évaluation du champ magnétique plus précise
que les mesures directes.
21
Kaune et coll.(26) ont en effet réalisé une série de mesures sur une période de 24
heures pour 43 habitations dans l'état de Washington afin de vérifier la validité de la
méthode proposée par Wertheimer et Leeper. Ils ont observé une relation significative
entre le champ magnétique mesuré à l'intérieur des habitations (moyenne sur 24 heures)
et la codification du câblage utilisée par Wertheimer et Leeper. Le nombre de résidences
échantillonnées demeure toutefois relativement peu élevé. Kaune et coll.(26) indiquent que
des recherches additionnelles sont nécessaires pour connaître de façon plus précise les
sources d'exposition à l'intérieur des habitations telles que les retours à la terre qui
semblent être une importante source d'exposition au champ magnétique.
Savitz(27) a utilisé dans le cadre d'une étude épidémiologique sur le cancer chez
l'enfant, la méthode de Wertheimer et Leeper en y ajoutant des mesures directes des
champs électrique et magnétique des habitations à l'étude. Près de 434 mesures ont été
réalisées. Cette étude a confirmé qu'il existe une relation entre la configuration du câblage
électrique et la mesure des champs près des habitations. Les mesures réalisées par Savitz
ont démontré que les résidences classées selon la codification Wertheimer dans la catégorie
VHCC ("VeryHigh Current Configuration") ont en moyenne un champ magnétique de 2,92
mG (lors des périodes de forte utilisation de l'électricité) comparativement aux populations
moins exposées (VLCC: Very low current configurations)) à 0,77 mG. Cette relation est
moins forte lors des périodes de faible utilisation de l'électricité soit une moyenne de
2.12 mG pour la catégorie VHCC et elle chute à 0.53 mG pour la catégorie VLCC. Savitz
constate qu'il n'existe aucune relation significative entre la configuration de câblage et le
champ électrique à l'intérieur des maisons. Malgré tout, il précise que la présence de biais
dans cette méthode d'évaluation de l'exposition est toujours possible. Le besoin d'une
méthode fiable de l'évaluation de l'exposition historique est apparent. En effet, toujours
selon Savitz^, il n'est pas certain que la méthode de configuration du câblage ou les
présentes mesures directes d'exposition permettent une évaluation réelle de l'exposition
historique des populations. Des techniques éprouvées telles que le raffinement de la
méthode de la configuration du câblage permettront d'assurer une meilleure qualité des
recherches et une interprétation des résultats plus précise.
10 1.2.2.2 Autres méthodes d'évaluation de l'exposition
Il existe certaines autres méthodes alternatives de mesure de l'exposition au champ
magnétique en milieu résidentiel. Nous pouvons citer la méthode proposée par Barrow et
coll. d'Ontario Hydro lors du "Annuel review of research on biological effects of 50 et 60
Hz electric and magnetic field" en Oregon à l'automne 1989^ . Ces derniers proposent
comme méthode d'évaluation de l'exposition résidentielle: la considération du câblage à
l'intérieur de l'habitation, du système de mise à la terre ainsi que l'estimation du champ
extérieur ambiant par la prise d'une mesure directe à l'extérieur ou à l'intérieur de la
maison à un coin précis du bâtiment. Cette méthode, selon les auteurs, pourrait faire le lien
entre la méthode théorique proposée par Wertheimer et les mesures détaillées d'un bout
à l'autre, de la maison. Cette méthode pourrait également servir d'alternative pratique aux
évaluations réalisées par les moniteurs personnels. La validation de leur méthodologie a
permis d'observer qu'en milieu résidentiel, le système de mise à la terre connecté au réseau
d'aqueduc et d'égout municipal peut représenter une source significative d'exposition au
champ magnétique.
D'autres méthodologies ont également été proposées pour évaluer l'exposition
résidentielle des populations telles que celles proposées par Dlugosz et coll. ^ intégrant
la prise de mesures directes et une classification simple de la configuration des câblages.
En conclusion, la prise de mdsures directes demeure essentielle à la validation de ces
méthodes théoriques proposées ainsi que pour connaître le niveau de précision de chacune
d'elles.
1.2.3 Mesures indirectes en milieu de travail
Plusieurs études ont tenté d'établir une relation entre une exposition aux champs
électromagnétiques en milieu de travail et les effets sur la santé. Jusqu'à tout récemment,
l'évaluation de l'exposition des travailleurs n'était estimée que très superficiellement. En
23
effet, l'exposition n'était réalisée qu'en fonction de la description du poste de travail du
personnel et n'était appuyée que rarement par des mesures directes.
Bien qu'il soit raisonnable d'assumer qu'en moyenne les personnes les plus exposées
seront les travailleurs de l'électricité^, l'utilisation de divers appareils électriques peut
également être des sources importantes de CEM. En effet, Bowan(32) a mesuré l'exposition
aux CEM dans 22 environnements de travail reliés au domaine de l'électricité. L'étude
démontre que les fortes expositions aux champs ne sont pas uniquement limitées aux postes
de travail étant classés comme travailleurs de l'électricité. En effet, l'exposition aux champs
peut être plus élevée à proximité de certains appareils électriques tels que les chariots
élévateurs, poste de travail qui n'est pas catégorisé comme travailleur de l'électricité. Il y
a donc besoin d'une meilleure caractérisation, et du champ électrique et du champ
magnétique, pour connaître quels sont les postes et types de travail les plus hautement
exposés à ces champs. Également, tant que le mécanisme d'action des champs
électromagnétiques sera inconnu, il sera opportun, pour une meilleure caractérisation de
l'exposition, d'élargir le spectre de mesure des fréquences des champs, d'effectuer la mesure
des pics d'exposition, d'évaluer les moyennes d'exposition, en fait analyser les divers
paramètres descriptifs des CEM.
Tout comme pour l'évaluation de l'exposition en milieu résidentiel, il est difficile de
mesurer avec exactitude l'exposition aux champs électromagnétiques pour bon nombre de
travailleurs. Les caractéristiques du poste de travail, la proximité de l'opérateur des sources
d'exposition, la durée et la fréquence d'exposition, la diversité des sources de champs
électrique et magnétique, la mobilité du travailleur sont autant de paramètres à considérer.
L'utilisation d'une matrice d'exposition qui tienne compte des différents postes de travail
utilisés par un travailleur peut servir de précieux indicateurs de l'exposition historique des
travailleurs. Le succès de cette méthode sera fonction de la précision portée à la définition
de chaque poste de travail ainsi que de la prise de mesures directes des divers paramètres
d'exposition des CEM. L'uniformisation à l'échelle internationnale de la classification des
divers postes de travail sera importante afin de permettre une meilleure comparaison des
10 diverses études réalisées dans chaque pays. Il faut se rappeler aussi l'importance de
l'estimation de l'exposition des travailleurs en dehors de leur milieu de travail afin de
considérer l'exposition totale aux CEM.
Bracken et coll.(32)ont réalisé aux États-Unis une vaste étude concernant l'évaluation
de l'exposition en milieu professionnel et non professionnel. A l'aide du moniteur EMDEX,
plus de 57 sites différents ont été évalués. Les données cumulées représentent
approximativement 47 000 heures de données d'exposition dont 71 % en milieu de travail
et 29 % en milieu non professionnel. Ces informations recueillies seront des outils utiles
pour identifier plus adéquatement les travailleurs ainsi que les endroits les plus fortement
exposés aux champs électromagnétiques.
1.3 SOURCES ET NIVEAUX D'EXPOSITION
1.3.1 Exposition en milieu résidentiel
Les populations sont continuellement exposées à des degrés divers, à des champs
électrique et magnétique, soit d'origine naturelle ou de source humaine. La figure 4
présente le portrait général de l'exposition des populations dans divers milieux et pour
diverses sources d'exposition^.
1.3.1.1 Les champs d'origine naturelle
L'intensité des champs d'origine naturelle sera fonction de la position géographique
du territoire mais également des conditions atmosphériques. Les champs électrique et
magnétique terrestres, c'est-à-dire d'origine naturelle, sont principalement statiques. Le
champ électrique près de la surface de la terre est un champ statique d'environ 130 V/m(34).
25
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26
Le champ magnétique terrestre est environ de 50 /xT (500 m G ) ^ . Dans la bande des 50
et 60 Hz, ces champs naturels sont d'intensité infime. Le champ magnétique terrestre se
situe approximativement à 10"12 m T (10'n mG) tandis que le champ électrique naturel quant
à lui se situe à 0,001 V/m. Ces niveaux sont nettement inférieurs à ceux que l'on peut
retrouver près des appareils électriques ou près des lignes à haute tension.
1.3.1.2 Les appareils électriques domestiques
Les appareils électriques domestiques sont également sources de champs électrique
et magnétique. Le tableau 2 présente la distribution de ces champs dans la bande de
fréquence de 60 Hz retrouvés à proximité de certains de ces appareils (3) (36"39). Il faut
rappeler que les niveaux de champs diminuent rapidement avec la distance. Les champs
magnétiques plus intenses sont observés près des séchoirs à cheveux (0,01 - 7,0 /xT) et des
aspirateurs électriques (2,0à 20,0/xT). À l 'exception des couvertures électriques, les champs
électriques sont plus élevés près des fers à repasser (60 V/m) et des réfrigérateurs (60
V/m). D'autres types d'appareils électriques domestiques peuvent aussi produire des CEM
d'intensité élevée.
Les couvertures électriques représentent une exposition particulière aux champs
électromagnétiques. Les niveaux des champs sont considérables et la durée d'exposition est
assez longue. De plus, les personnes exposées sont à proximité de la source d'émissions. La
moyenne du champ magnétique serait d'environ 1,5 (15mG)^. Preston-Martin etcoll.(40)
indiquent quant à eux que le champ magnétique d'une couverture électrique est d'environ
2,4 mT (24 mG). Wilson et Anderson^ ont observé que les composantes de la couverture
électrique peuvent être responsables de variations importantes du champ magnétique. En
effet, les composés de polymères qui constituent le câblage de certains types de couvertures
peuvent augmenter jusqu'à 50 % le champ magnétique comparativement aux couvertures
électriques de type conventionnel. Le champ électrique créé par une couverture électrique
varie d'environ 0,2 à 2 kV/m(39).
27
TABLEAU 2 Champs électrique et magnétique de divers appareils électriques
Appareils électriques Champ électrique Champ magnétique
à 30 cm de la source à 30 cm de la source
(V/m) HT mG
Grille-pain 40 0,06- 0,7 0,6- 7,0 Fer à repasser 60 0,10- 0,4 1,0- 4,0 Séchoir à cheveux 40 0,01- 7,0 0,1- 70,0 Réfrigérateur 60 0,01- 0,3 0,1- 3,0 Télévision couleur 30 0,03- 2,0 0,3- 20,0 Aspirateur 16 2 ,00-20 ,0 20,0 - 200,0 Couvertures électriques 200 - 2000 « 1 , 5 « 15,0
Source: Lee et al, 1989P); Stuchly, 1986(3é); Caola et al, 1983(37); Gauger, 1985e*0; Santé et Bien-Être social Canada, 1989(39)
Gauged38) a mesuré les champs magnétiques émis par plus d'une centaine d'appareils
électriques domestiques. L'étude démontre qu'en général, à une distance de 0,3 mètre, le
champ magnétique maximum mesuré varie de 0,03 à 27 /iT (0,3 mG à 270 mG) où 95 %
des mesures sont inférieures à 10 fiT (100 mG). Selon cette étude, le niveau de fond du
champ magnétique à l'intérieur des maisons se situe entre 0,05 et 0,1 /xT (0,5 et 1,0 mG)
ce qui correspond globalement à ce qui a été observé par Wertheimer et Leeper(20) ainsi
que par Bowman^. Le champ magnétique mesuré à plus de 1,5 mètres pour 95 % des
appareils électriques est inférieur à 0,1/xT (1,0 mG). La moyenne du champ électrique à
l'intérieur des résidences varie entre 2 et 40 V/m avec des niveaux variant entre 2 et 250
V/m près des appareils électriques*-19).
1.3.1.3 Les lignes à haute tension et de distribution.
L'intensité des champs à proximité des lignes de transport d'électricité est fonction
du niveau de tension de la ligne. Plus la tension est élevée, plus l'intensité des champs est
importante. Les valeurs maximales représentatives du champ électrique près des lignes à
haute tension au Québec sont:
28
Tension de la ligne Champ électrique maximal au sol
kV kV/m
120 2 à 3
161 2 à 5
230 4 à 5
315 7 à 10
735 8 à 10
Source: Maruvada et al., 1983C42)
On observe que l'exposition maximale pour le champ électrique est d'environ 10
kV/m pour une ligne de 735 kV et se situe approximativement à 20 mètres du centre de la
ligne. La population n'est pas exposée à de tels niveaux. En effet, l'exposition diminue
rapidement avec la distance pour se retrouver à des niveaux d'environ 2 kV/m en bordure
d'emprise. Le niveau maximal de champ magnétique près d'une ligne à haute tension de
735 kV est évalué à 60 mT (600 mG)(43).
L'intensité de ces champs diminue rapidement avec la distance. On observe en effet
à la figure 5, que le champ électrique pour une ligne de 500 kV (ligne de transmission aux
États-Unis) passe de 7 kV/m à 1 kV/m lorsqu'on s'éloigne de 100 pieds de la ligne. Le
champ magnétique moyen quant à lui passe de 7 à 1,2 jiiT (70 à 12 mG) à 100 pieds de la
ligne et se trouve à environ 0,1 mT (1 mG) à 300 pieds de la ligne soit environ le niveau de
fond du champ magnétique à l'intérieur des résidences.
29
FIGURE 5: Champs électrique et magnétique typiques à proximité d'une ligne de
transmission de 500 kV (ligne du Bonneville Power Administration, États-
Unis)
n ' °yen 70 25 12 3
maximum 140 50 25 7
Source: Lee et al, 1989(2)
30
Caola et al.(37) ont observé que les murs des résidences produisent un effet de
bouclier contre le champ électrique et que le câblage électrique à l'intérieur de la maison
était responsable en majeure partie de la présence du champ électrique à l'intérieur de la
maison. Toutefois, le champ magnétique passant librement à travers les habitations, les
lignes de transport de l'électricité peuvent représenter la principale source d'exposition chez
certaines personnes. À ce titre, il est important de noter que le champ magnétique près des
lignes de distribution peut être responsable d'une exposition comparable et même plus
élevée que celle observée près de certaines lignes de transmission^11).
L'Institut de Recherche d'Hydro-Québec (IREQ) a réalisé en 1986 une caractérisa-
tion des champs électrique et magnétique produits par les lignes de distribution en milieux
urbain et rural à l'aide d'une station mobile(43)(44\ La valeur médiane (L-50 %) pour le
champ électrique se situe à 31,6 V/m avec une valeur supérieure (L-l %) à 248 V/m. La
valeur médiane du champ magnétique (L-50 %) est de 0.16 nT (1.6 mG) avec un niveau
plus élevé (L-l %) se situant à 1,082/xT (10,82 mG). Les réseaux de distribution peuvent
donc être responsables d'une exposition non négligeable de la population. Il faut noter
également que le retour, à la terre des résidences, branché généralement sur le réseau
d'aqueduc, peut contribuer substantiellement à la production de champ magnétique à
l'intérieur des résidences*-45 .
1.3.2 Exposition en milieu de travail
En milieu de travail, les expositions aux champs électrique et magnétique peuvent
atteindre des intensités nettement supérieures à celles rencontrées dans les résidences^.
À titre d'exemple, le chauffage par induction produit un niveau élevé d'exposition au champ
magnétique pouvant varier de 1 à 130 mT (10 à 1300 G).
31
Bowman et coll.(31) ont réalisé l'évaluation des CEM de 114 sites en milieu de travail
pour 22 postes de travail différents. Ils ont observé que les travailleurs les plus exposés aux
champs électrique et magnétique sont principalement les travailleurs sur les lignes
électriques (3,2 - 9,1 /xT, 0,5 - 206 V/m), les opérateurs de stations électriques (0,01 -
11,8 /iT, 0 - 621 V/m) ainsi que les réparateurs de téléviseurs (0,1 - 2,6/xT, 4 - 1 1 0 V/m).
Ils observent toutefois une grande variabilité des résultats dans le temps et entre les
travailleurs, d'où la nécessité de poursuivre l'évaluation de l'exposition en milieu de travail.
Le "Bonneville Power Administration" (BPA) a réalisé en 1979^ une importante
étude visant à évaluer l'exposition au champ électrique de 241 travailleurs de l'électricité
pour une période répartie sur 18 mois. Le moniteur portatif EFEM a été utilisé pour la
mesure de l'exposition. On a observé une exposition au champ électrique plus élevée chez
les travailleurs de postes de 500 kV comparativement à celle mesurée près des postes de
230 kV. On a également observé que pour la plupart des travailleurs, l'exposition au champ
électrique supérieur à 4 kV/m n'est présente que quelques minutes par jour.
Au Japon, Hayashi(48) a observé que près des postes de transformation, le niveau de
champ magnétique est supérieur à celui rencontré généralement dans les résidences. Il a
également observé une plus grande proportion de distorsion des harmoniques de fréquences
dans ces postes de transformation comparativement à l'exposition résidentielle.
Au Québec, Deadman(19) a évalué en 1988 l'exposition de quelques travailleurs de
Hydro-Québec. Le résumé de ces mesures est présenté ci-dessous:
14
Moyenne géométrique d'une semaine d'exposition aux champs électrique et magnétique pour des travailleurs d'électricité vs un groupe témoin
Groupe exposé Groupe témoin 20 personnes 16 personnes (mg) (IC= 95%) (mg) (IC= 95%)
CE Au travail 48,3 (21,9 - 104,7) 4,9 ( 3,6- 6,6) (V/m) Loisirs 10,8 (8,5 - 13,6) 10,5 ( 7,2- 15,3)
Nuit 10,6 (6,9 - 14,5) 19,0(10,5- 34,7)
CM Au travail 1,66(1,12 - 2,47) 0,16(0,13- 0,21) (/xT) Loisirs 0,31 (0,22 - 0,45) 0,19 (0,15- 0,24)
Nuit 0,16(0,10 - 0,26) 0,14 (0,09- 0,21)
mg= moyenne géométrique IC= intervalle de confiance Sources Deadman, 1988(w)
Bien que les résultats de cette étude soient préliminaires et que l'évaluation de
l'exposition n'ait été faite que sur un faible échantillon, l'on peut observer que les
travailleurs, en période de travail, ont des expositions environ 10 fois plus élevées que le
groupe témoin. Deadman a également observé lorsqu'on compare les niveaux moyens
d'exposition pour une période d'une semaine, que le ratio entre le groupe exposé et le
groupe non exposé est ramené à un facteur de 1,7 pour le champ électrique et de 3,5 pour
le champ magnétique.
33
1.4 CONCLUSION
La population s'interroge de plus en plus sur les effets possibles sur la santé associés
à l'exposition aux champs électromagnétiques émis par les lignes à haute tension. Il est
toutefois important de noter que les lignes à haute tension ne sont pas les seules sources de
CEM. En effet, aussitôt qu'un appareil électrique est mis sous tension, il émet des CEM.
Ainsi certains appareils, tels que les couvertures électriques chauffantes, peuvent émettre
des CEM considérables et même supérieurs à ceux observés près des lignes à haute tension.
Les transformateurs et les lignes de distribution sont également des sources de champs
électrique et magnétique. La localisation de la mise à la terre au réseau d'aqueduc peut
aussi être responsable de niveaux de champ magnétique non négligeables dans les
résidences. Enfin, certains milieux de travail peuvent exposer des travailleurs à des niveaux
supérieurs à ce qu'on retrouve en milieu résidentiel. Généralement, les travailleurs de
l'électricité représentent le groupe le plus exposé aux champs électrique et magnétique.
Cette diversité des sources rend difficile la caractérisation de l'exposition des
populations. En effet, l'intensité des champs, les diverses plages de fréquence et les formes
d'ondes émises par ces divers appareils et équipements électriques diffèrent l'un de l'autre.
De plus, comme le mécanisme d'action des CEM de fréquence extrêmement basse n'est pas
connu, l'évaluation de l'exposition nécessite la considération la plus complète des divers
paramètres physiques des champs. Les CEM étant très variables dans le temps et
également variables en fonction de la localisation, la prise de mesures directes d'exposition
est souvent insuffisante pour évaluer adéquatement l'exposition antérieure. Pour pallier à
ce problème, diverses méthodes théoriques d'évaluation de l'exposition, telles que la
codification Wertheimer et Leeper ont été mises au point. Ces méthodes nécessitent
toutefois le support de mesures directes pour être validées.
En milieu de travail, la description du poste de travail a été principalement utilisée
au cours des dernières années pour l'estimation de l'exposition des travailleurs. Cette
méthode demeurait toutefois imprécise. Plusieurs études récentes ou présentement en cours
10 34
permettront une meilleure caractérisation des postes de travail les plus exposés aux CEM.
À ce titre, des moniteurs portatifs sont utilisés afin de suivre le profil de l'exposition du
travailleur dans le temps et en fonction de la localisation de celui-ci.
Bien que plusieurs progrès aient été réalisés, au cours des dernières années, dans le
domaine de l'évaluation de l'exposition, il reste encore plusieurs domaines d'incertitude.
Il sera important de préciser quels types de mesures, c'est-à-dire quels sont les paramètres
nécessaires à considérer pour l'estimation du risque pour la santé des populations. Cette
connaissance sera importante dans le cadre de l'interprétation des résultats des études en
laboratoire (chez la cellule et l'animal) mais également dans le cadre des études
épidémiologiques. Il sera également nécessaire de préciser les méthodes d'évaluation de
l'exposition en milieu résidentiel et professionnel afin de connaître l'exposition réelle de ces
populations particulièrement en ce qui concerne l'exposition historique.
BIBLIOGRAPHIE
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48. Hayashi, N.,Isaka, K. and Yokoi, Y. ELF Electromagnetic Environment in Power Substations. Bioelectromagnetics. vol. (10), p. 51-64,1989.
40
CHAPITRE n
LES EFFETS BIOLOGIQUES DES CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES:
RÉSULTATS DES ÉTUDES EXPÉRIMENTALES
TABLE DES MATIÈRES
Pages
2.0 INTRODUCTION 45
2.1 INTERACTION AVEC LES TISSUS 46
2.1.1 Champs et courants induits 46
2.1.2 Effets sur la cellule 48
2.2 EFFETS SUR LES SYSTÈMES BIOLOGIQUES . 53
2.2.1 Système neuroendocrinien 53
2.2.1.1 Rythme circadien 53
2.2.1.2 Glande pinéale et mélatonine 55
2.2.2 Système nerveux 57
2.2.3 Système cardiovasculaire 61
2.2.4 Système immunitaire 63
2.2.5 Système reproducteur 64
2.2.6 CEM et cancer 66
2.3 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS SUR LES EFFETS BIOLOGIQUES 68
2.3.1 Cellule 68
2.3.2 Système neuroendocrinien 68
2.3.3 Système nerveux 69
2.3.4 Système cardiovasculaire 69
2.3.5 Système immunitaire 70
2.3.6 Système reproducteur 70
2.3.7 Cancer 70
2.4 DISCUSSION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 71
2.4.1 Qualité scientifique des études de laboratoire 71
2.4.2 Extrapolation de l'animal à l'homme 72
2.4.3 Signification clinique chez l'homme 74
2.4.3.1 Effets aigus ou subaigus 74
2.4.3.2 Effets chroniques 7 7
2.5 CONCLUSION 7 9
BIBLIOGRAPHIE 81
2.0 INTRODUCTION
L'exposition des populations humaines aux champs électromagnétiques (CEM)
soulève plusieurs questions en regard avec d'éventuels effets sur la santé. Plusieurs études
épidémiologiques ont déjà été réalisées ou sont actuellement en cours. Certaines hypothèses
ressortent de façon particulière. Soulignons notamment les questions du cancer, de la
reproduction et aussi de certains problèmes de santé mentale comme la dépression et le
suicide. Toutefois, pour mieux interpréter les résultats de ces études épidémiologiques,
l'évaluation de la plausibilité biologique de tels effets est importante. Est-ce que des effets
similaires ou encore des effets connexes ont été démontrés chez d'autres organismes vivants?
En laboratoire, a-t-on démontré sur la cellule ou chez l'animal des modifications
susceptibles d'expliquer les effets suspectés chez l'humain?
Dans le présent chapitre, nous ferons le point sur les connaissances scientifiques
actuelles concernant les effets biologiques des CEM à partir des études expérimentales.
Jusqu'à maintenant plusieurs centaines d'études ont été réalisées sur ce sujet. Ces études
réalisées en laboratoire appartiennent à trois grandes catégories: les études in vitro (sur la
cellule), les études in vivo (chez l'animal) et les études chez l'homme (chez les volontaires).
Bien entendu, dans le cadre de nos travaux, il n'a pas été possible de faire une révision
exhaustive de toutes les études. Nous avons cependant étudié de façon approfondie les
ouvrages synthèses les plus importants qui ont été réalisés récemment par divers groupes
d'experts (annexe 1). De plus, nous avons révisé plusieurs dizaines d'études expérimentales
plus récentes ou encore très importantes en termes d'impact scientifique. Ces articles
originaux sont cités en référence. Il est à noter que bien que nous nous intéressions
particulièrement aux effets d'une exposition à des champs de 50-60 Hz, nous allons aussi
rapporter les résultats observés à des fréquences légèrement inférieures ou supérieures,
c'est-à-dire, entre 1 et 300 Hz. Ces fréquences sont aussi rencontrées dans l'environnement
permettent de placer dans une juste perspective l'exposition à des champs de 50-60 Hz.
Nous allons d'abord décrire brièvement les mécanismes d'interaction du champs
électromagnétique avec les tissus biologiques, c'est-à-dire, les courants induits et les effets
45
cellulaires. Par la suite, nous identifierons les principaux effets des CEM documentés sur
les divers systèmes biologiques, c'est-à-dire, les systèmes neuroendocrinien, nerveux,
cardiovasculaire, immunitaire et reproducteur. Puis, nous présenterons les résultats des
études expérimentales en rapport avec le cancer. Après avoir résumé ces principaux
résultats, nous en discuterons et en interpréterons la portée. En terminant, nous tirerons
certaines conclusions concernant les pistes de recherche les plus pertinentes et les plus
prometteuses.
2.1 INTERACTION AVEC LES TISSUS
Le corps humain est un objet conducteur. Plongé dans un champ électromagnétique,
deux types de réactions sont observables au niveau biologique, les unes à un niveau
macroscopique, les courants induits, les autres à un niveau microscopique, les modifications
cellulaires.
2.1.1 Champs et courants induits
Les champs ambiants induisent au niveau du corps humain des champs et des
courants électrique et magnétique (Figure 1). Ceux-ci varient en fonction de la fréquence
et de l'intensité des champs extérieurs ainsi que de la forme et de l'orientation du corps.
Ils varient aussi en fonction des organes et des tissus puisque ceux-ci n'ont pas la même
conductivité. Ici nous nous intéressons principalement aux champs de fréquence
extrêmement basse de 50-60 hertz.
Dans le cas des champs électriques, par exemple, un champ extérieur de 1 kV/m
induit au niveau du corps humain un champ de 0.1 à 100 mV/m. Le courant induit sera
d'environ 0.016 mA. Il est à noter que ces niveaux sont inférieurs à ceux que l'on retrouve
normalement au niveau du corps humain. En effet, l'intensité du courant électrique
physiologique qui déclenche un influx nerveux est de 0.1 à 1.0mA/cm2. Au niveau cérébral,
le potentiel mesuré par l'électroencéphalogramme est de 0.1 à 2 V/m. Au repos, la
46
FIGURE 1
Champ électrique Champ magnétique
Courants induits dans le corps humain en présence d'un champ électrique
et magnétique ambiant Exemple d'un individu se tenant au dessous d'une
ligne de transmission d'électricité.
(Source: Bonneville Power Administration, 1989)
14
différence de potentiel au niveau de la membrane cellulaire est très élevée, c'est-à-dire,
105 V/cm; au niveau du synapse, elle est de 103 V/cm.
À des niveaux de champs relativement faibles de quelques kV/m, un certain nombre
de personnes exposées pourront ressentir les vibrations des poils de la partie supérieure du
corps. En présence d'un champ électrique, une personne exposée peut aussi ressentir un
choc au contact d'un objet métallique à cause d'un courant induit, le seuil de perception se
trouvant à environ 1.0 mA. Lorsque le courant induit est plus élevé et dépasse 6 à 9 mA
chez l'adulte et 5 mA chez l'enfant, une proportion significative de personnes exposées ne
pourront contrôler les contractions musculaires involontaires des membres et "lâcher prise".
Ces niveaux d'intensité serviront donc de critères de sécurité pour l'édiction des normes
d'exposition.
Alors que le champ électrique est modifié fortement dans sa direction et dans son
intensité par le corps humain, le champ magnétique traverse facilement le corps et reste
inchangé. Cependant, le champ magnétique peut aussi induire des courants électriques de
très faible intensité à l'intérieur des tissus, de beaucoup inférieurs aux niveaux des courants
"physiologiques".
2.1.2 Effets sur la cellule
Pour une bonne compréhension des effets biologiques des CEM, il est indispensable
de rappeler certaines notions fondamentales sur la structure et le fonctionnement cellulaires.
Une excellente revue de Adey a été publiée récemment sur ce sujet(1). La membrane
cellulaire qui est constituée d'une double couche de phospholipides, sert en quelque sorte
d'isolant entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule et joue un rôle fondamental dans les
interactions de celle-ci avec l'environnement extérieur. De longues protéines
intramembranaires (PIM) traversent la membrane de part en part (Figure 2). Celles-ci
constituent un réseau enchevêtré comportant de multiples terminaisons dans l'espace
extracellulaire. Ces terminaisons sont constituées de glycoprotéines servant de sites
10 récepteurs à des hormones, des neurotransmetteurs et des anticorps. L'activation des sites
récepteurs génère un signal électrochimique dirigé vers l'intérieur de la cellule. Le signal
transmembranaire comprend trois (3) phases: la liaison de molécules aux glycoprotéines,
l'amplification du signal et l'activation des enzymes intracellulaires.
FIGURE 2
phosphorylation des protéines
Représentation des Interactions au niveau de la membrane cellulaire exposée & des champs magnétiques externes. Définition des trots phases:
phase 1 - liaison du Ca" phase 2 - transmission du signal par la protéine intramembrariaire phase 3 - modification des enzymes cytop las nuques .
(Source: Adaptation de W. Ross Adey, Chapitre 10, Extremley Low Frequency Electromagnetic Gelds, Battelle Press, WO).
49
Dans le cadre de ce processus, les ions calcium sont des messagers indispensables
pour transmettre le signal à l'intérieur de la cellule. Ils sont responsables de réactions
cellulaires transitoires aussi bien que de réactions prolongées^. Ils se lient très fortement
aux glycoprotéines extérieures. La concentration d'ions calcium dans le liquide
intracellulaire est 10 000 fois inférieure à celle du liquide extracellulaire. Ce gradient est
maintenu constant par de multiples "pompes" membranaires. La cellule est donc très
sensible à des modifications, même mineures, de la concentration en calcium. Selon Adey,
le passage d'un courant électrique physiologique ou encore induit artificiellement par les
CEM provoque une modification très importante de la saturation des sites récepteurs en
ions calcium. Cette mobilisation du calcium sur les sites suit la direction du courant et se
reflète à l'intérieur par l'activation d'une enzyme, la protéine-kinase. Un mouvement
d'amplification accompagne ce phénomène. Cet effet sur la liaison du calcium varie en
fonction de la fréquence et aussi de l'intensité du CEM. Cet effet a été observé à 16 Hz
et à quelques niveaux spécifiques d'intensité(3,4). Les chercheurs ont démontré l'existence
de fenêtres de fréquence et d'intensité ("frequency and intensity windows") auxquelles des
effets sont spécifiquement observables au niveau de la cellule, que ce soit une augmentation
de 1'efflux de calcium ou de l'activité enzymatique. Selon la théorie actuelle, l'exposition
de la cellule aux CEM provoquerait les effets suivants: modification électrochimique de
surface, réaction transmembranaire, amplification du signal, modification cytoplasmique et
modification de la synthèse des protéines (Figure 3).
En recherche fondamentale, les travaux de Goodman et de Blank, de l'Université
Columbia, ont mis en évidence des effets des CEM au niveau cellulaire(5,6). Tout d'abord,
ces chercheurs ont démontré que l'exposition à des champs électromagnétiques de 72 Hz,
qu'ils soient asymétriques, puisés ou sinusoïdaux, provoquait une augmentation de la
transcription de l'acide ribonucléique (ARN) au niveau de la cellule de Sciara coprophila,
de Drosophile et de la cellule humaine(7,8). Le degré et le type de modification de la
transcription semblent spécifiques au type de signal électromagnétique(9). Les champs
électromagnétiques provoquent aussi une augmentation de la biosynthèse des protéines(10).
L'exposition aux CEM d'extrême basse fréquence provoque l'apparition de nouvelles
protéines de faible poids moléculaire et une diminution des protéines de poids moléculaire
50
FIGURE 3
C E M
I Induction de courant électrique dans
le liquide extracellulaire
I Modifications électrochimiques à la surface de la cellule
Réactions transmembranaires Amplification et transmission du signal
! Perturbations cytoplasmiques: Ca+ + , c AMP, kinases,.,.
Perturbations de la synthèse des protéines
I Perturbations de la croissance,
de la différenciation et du fonctionnement de la cellule
Principaux processus cellulaires déclenchés par une exposition aux champs électromagnétiques (CEM).
(Source: Tenforde TS., Ch.12, Extremely Low Frequency Electromagnetic Fields, Ed. Wilson B. et al., Battelle Press, 1990)
élevé(n). Il est à noter cependant que ces changements au niveau du poids moléculaire sont
non spécifiques et sont aussi observés suite au choc thermique provoqué au niveau des tissus
biologiques par des coupures ou des contusions. Il est cependant possible grâce à un modèle
électrochimique développé par ces chercheurs de prédire certains changements spécifiques
au niveau des protéines en fonction des caractéristiques du champ électromagnétique utilisé.
Situés à l'extrémité inférieure du spectre électromagnétique, les champs
électromagnétiques de 50-60 Hz, libèrent une énergie nettement inférieure à 12 électrons
volts, le seuil nécessaire à l'ionisation des molécules. Ils ne provoquent donc pas, au niveau
des tissus, d'effets comparables à ceux produits par les radiations ionisantes: formation de
radicaux libres, changements biochimiques de l'acide désoxyribonucléique (ADN) et des
protéines, inhibition de la mitose, aberrations chromosomiques et mort cellulaire(12). Si les
CEM ne peuvent provoquer d'effets biologiques par l'ionisation, peuvent-ils provoquer des
changements électrochimiques au niveau cellulaire? Comme nous l'avons vu précédemment,
à l'état de repos, les potentiels électriques que l'on enregistre au niveau de la cellule sont
très élevés. De prime abord, un effet électrochimique des CEM apparaît donc peu
probable. Pourtant plusieurs études ont démontré que des organismes vivants étaient
sensibles à des courants de très faible intensité(13). Des niveaux de champ générant un
gradient électrique tissulaire de 10'7 V/cm et de faibles champs magnétiques sont impliqués
dans différentes fonctions physiologiques chez les poissons, les oiseaux et les mammifères.
Mentionnons le sens de l'orientation des oiseaux et des requins lors de la migration.
Certains rythmes circadiens seraient aussi modifiés chez les oiseaux et chez l'homme à un
gradient tissulaire de 10"7V/cm. La croissance osseuse est aussi modifiée suite à une
exposition induisant un gradient tissulaire de 10"5 V/cm(14\ L'existence de tels effets sur les
organismes vivants et d'effets biologiques au niveau cellulaire demeure inexpliquée.
Plusieurs théories complexes ont été avancées: résonance, coopération biologique et autres.
10
2.2 EFFETS SUR LES SYSTÈMES BIOLOGIQUES
De multiples études ont été réalisées pour mesurer l'impact de l'exposition sur
diverses fonctions physiologiques. Bien que très diverses, celles-ci peuvent être regroupées
en fonction des systèmes neuroendocrinien, nerveux, cardiovasculaire, immunitaire et
reproducteur.
2.2.1 Système neuroendocrinien
Le système endocrinien constitue un ensemble complexe de glandes endocrines
sécrétant de très nombreuses hormones. Le fonctionnement de ces glandes est fortement
interrelié. L'exposition aux CEM influence-t-elle le cycle normal de sécrétion hormonale?
Est-ce que certaines glandes sont particulièrement influencées par les CEM? En général,
peu d'études ont été faites en rapport avec les effets des champs. De plus, elles sont
orientées davantage sur le système neuroendocrinien. Ces différentes études peuvent être
regroupées sous deux thèmes de recherche principaux, le rythme circadien et la glande
pinéale. Le premier concerne les variations normales du cycle hormonal, et le deuxième,
la sécrétion de la mélatonine, une hormone qui a suscité un intérêt accru au cours des
dernières années.
2.2.1.1 Rythme drcadien
Chez l'humain, au cours de chaque période de 24 heures, il y a une variation normale
de plusieurs paramètres physiologiques comme la température du corps, la consommation
d'oxygène et la production de C02, de paramètres biochimiques comme les hormones et les
glucides, et de paramètres comportementaux comme le sommeil et l'éveil. Les variations
de ceux-ci obéissent à une horloge biologique interne. L'ensemble de ces variations
constituent ce que l'on appelle le rythme circadien. Le rythme circadien est synchronisé par
plusieurs facteurs: des facteurs environnementaux, telles que la lumière et la température,
53
des facteurs sociaux, tels que l'horaire de travail et les repas, et des facteurs chimiques, tels
que les médicaments.
Plusieurs études rapportées par Groh, Readey et Ehret, en 1989, ont été menées chez
l'animal pour évaluer l'effet des CEM sur le rythme circadien(15). Chez la souris, lors d'une
exposition à un champ électrique, on observe une augmentation de l'activité et de la
respiration. Cet effet apparaît à un seuil situé près de 35 kV/m. On a aussi observé chez
la souris et le rat, suite à une exposition de 4 heures à 35 kV/m, l'apparition d'un
déplacement de phase du cycle circadien. Ce déplacement provoque soit un
raccourcissement, soit un allongement du cycle qui peut aller jusqu'à 8 heures. Celui-ci
s'accompagne de diverses modifications au niveau de la respiration, de la température, de
l'activité de base et de l'humeur. Récemment, dans le cadre du "New York State Power
Lines Project" (NYSPLP), une étude rigoureuse a été réalisée par Sulzman et al., chez le
singe(16). Les animaux ont été exposés par groupes à des champs magnétiques de 1 G
accompagnés de champs électriques de 2,6kV/m, 26 kV/m et 29 kV/m, respectivement.
Les chercheurs ont mis en évidence un allongement significatif du rythme circadien avec la
présence d'une relation dose/effet. Chez l'homme, la principale étude connue est celle de
Wever qui a mesuré les effets d'une exposition à un CEM de 10 Hz et de 2.5 V/m. Ce
chercheur a rapporté un effet de désynchronisation et un raccourcissement du cycle
provoqués par les CEM générés par le courant alternatif^. Les autres stimuli, quant à eux,
ont tendance à allonger le cycle.
Deux études rapportées par Nair et al ont porté sur la variation circadienne des
neurotransmetteurs(18\ L'étude de Free et al, réalisée chez des rats exposés à 64 kV/m,
pendant 30 et 170 jours, a montré un déplacement de la sécrétion de dopamine,
d'adrénaline et de noradrénaline(19). Vasquez et al ont retrouvé chez le rat un tel
déplacement de sécrétion d'une durée de 4 heures^. Il s'agissait de champs de 60 Hz
d'intensité variant de 1.7 à 65 kV/m. De telles variations, comme nous allons maintenant
le voir, semblent fortement liées à celles de la mélatonine.
54
2.2.1.2 Glande pinéale et mélatonine
Jusqu'à récemment, on accordait peu d'importance à la glande pinéale, cette glande
neuroendocrine située à la partie postérieure du tronc cérébral, en avant du cervelet. Cette
dernière, connue déjà trois siècles avant Jésus-Christ, était considérée comme un vestige
embryonnaire, le plus souvent calcifié, sans importance physiologique notable. Au 17e
siècle, dans son traité sur l'homme, René Descartes considérait la glande pinéale comme
le siège de l'âme. À cette époque, la calcification de la glande pinéale était associée à la
maladie mentale. Soulignons que dès ce moment, Descartes avait l'intuition que des
facteurs extérieurs comme la lumière, par exemple, pouvait affecter l'organisme par le biais
de la rétine et de cette glande. En 1917, McCord et Allen découvrent que la glande
pinéale, chez le boeuf, sécrète une hormone qui provoque une hyperpigmentation chez la
grenouille^. Ce facteur biochimique a été isolé par Leiner, en 1960; il a été nommé
mélatonine. Depuis les quinze ou vingt dernières années, la mélatonine a suscité un intérêt
nouveau parmi les scientifiques, notamment chez ceux qui s'intéressent aux effets
biologiques des champs électromagnétiques. De plus en plus, on considère la glande pinéale
comme le "chef d'orchestre" de l'organisme^22). Elle jouerait un rôle inhibiteur par rapport
aux autres glandes endocrines. Son action s'exercerait par le biais de plusieurs hormones
dont la principale est sans doute la mélatonine. La mélatonine est synthétisée à partir de
la sérotonine, elle-même dérivée du tryptophane, un acide aminé (figure 4). La glande
pinéale est très active la nuit, période pendant laquelle la sécrétion de mélatonine est
maximale. Cette hormone est libérée rapidement dans le sang et le liquide
céphalorachidien. La glande pinéale est inhibée par la lumière qui frappe la rétine et
stimule les noyaux suprachiasmatiques. Pendant le jour, la sécrétion de mélatonine est
donc très fortement diminuée. Une exposition constante à la lumière supprime d'ailleurs
le rythme circadien de la mélatonine. Inversement, le stress favoriserait une plus grande
sécrétion de cette hormone^.
Chez l'animal, plusieurs chercheurs ont démontré que l'exposition aux CEM
influençait la sécrétion de la mélatonine. Des études réalisées chez le rat ont mis en
55
56
évidence une diminution de la sécrétion de mélatonine et de l'activité d'une enzyme, la N-
acétyl-transferase (NAT), qui agit sur la synthèse de mélatonine(24,25'26,). Dans le cadre de
ces études, les rats étaient exposés à des champs de 60 Hz et de 10 à 130 kV/m. Selon
Wilson et al., l'exposition chronique (21 jours) à des champs de 2 à 40 kV/m abolit le pic
de sécrétion nocturne de mélatonine chez le rat(27). Cet effet apparaît à partir d'un seuil
situé entre 0.2 à 2 kV/m. On a observé un retour au rythme circadien normal en dedans
de trois (3) jours après la cessation de l'exposition(28). Signalons cependant, qu'il y a une
variation importante dans la sensibilité individuelle aux CEM chez le rat. Une étude très
récente, réalisée chez la souris et le rat, a aussi montré qu'une inversion expérimentale du
champ magnétique terrestre diminuait la transformation nocturne de la sérotonine qui est
le substrat de la mélatonine(29). Il s'agissait d'une exposition intermittente étalée sur une
période d'une heure.
Chez l'homme, peu d'études ont été faites pour évaluer directement l'effet des CEM
sur la glande pinéale. Récemment, Wilson et al. ont rapporté les résultats préliminaires
d'une étude effectuée chez les utilisateurs de couvertures chauffantes(30). Quarante-deux
volontaires ont été suivis pour mesurer les effets sur la mélatonine de l'utilisation de deux
types de couvertures pendant une dizaine de semaines. Le premier type de couverture était
fabriqué à partir de polymères; le second type de couverture était conventionnel. Signalons
que les CEM produits par la couverture en polymère sont d'environ 50 % plus élevés que
ceux produits par la couverture conventionnelle. Chez les vingt-huit utilisateurs de la
couverture de polymère, sept ont présenté des changements significatifs de l'excrétion
urinaire de 6-hydroxy mélatonine sulfate (6-OHMS), un métabolite de la mélatonine, suite
à l'utilisation de la couverture. Le profil d'excrétion urinaire de 6-OHMS coïncidait avec
une diminution de la sécrétion suivi d'un effet de ressac après l'arrêt de l'exposition.
2.2.2 Système nerveux
Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux effets possibles des CEM sur le système
nerveux central. C'est d'ailleurs la suspicion de tels effets qui est en grande partie
57
responsable du débat scientifique entourant les CEM et la santé. En effet, les premières
études réalisées en Russie, concernaient principalement des effets neurologiques chez des
travailleurs.
Quelques études in vitro ont été faites sur le SNC. Elles concernaient l'effet des
CEM sur l'efflux de calcium au niveau d'hémisphères cérébraux de poulet. Nous avons
rappelé les résultats de ces études à la section 2.1. Plus récemment, dans le cadre du
"NYSPLP",Gundersen et al. ont exposé des cellules de moelle épinière de poulet à des
champs de 60 Hz, 1.0 G et 30 kV/m pendant des périodes variant de 20 minutes à 72
heures^31). Ils n'ont pas observé de modification de l'efflux de calcium. Cependant, ces
chercheurs ont mis en évidence une perturbation de la libération des neurotransmetteurs
au niveau de la plaque myoneurale de cellules de rat.
En ce qui concerne les études chez l'animal, elles concernaient surtout les paramètres
suivants: le bien-être et la performance, la perception des champs, les perturbations
neurochimiques et neurophysiologiques. Une révision exhaustive de la littérature
scientifique a été réalisée, en 1985, par Wolpaw et al(32). Selon ces chercheurs, bien que les
études sur le SNC soient très nombreuses, le nombre d'études valables d'un point de vue
méthodologique demeure limité. Pour ce qui est de la perception du champ électrique, les
résultats de la majorité des études convergent et situent le seuil de perception entre 4 kV/m
et 15 kV/m autant chez l'animal que chez l'homme. Le champ magnétique, quant à lui,
n'est pas perçu, si ce n'est par les oiseaux qui disposent de magnétorécepteurs leur
permettant de détecter le champ magnétique terrestre. Ce dernier est un champ statique
de 0.6 G.
Au Québec, un groupe de chercheurs des départements de psychologie et de géologie
de l'Université Laval s'est intéressé aux effets neurocomportementaux des champs
magnétiques. Deux études ont été publiées concernant l'effet des champs magnétiques sur
le syndrome général d'adaptation décrit par SelyeC33). Dans le cadre de ce syndrome face
à un agent stresseur, tels que le froid, le traumatisme, l'infection, le jeûne ou l'exposition
10 58
aux rayons X, l'organisme réagit de façon non spécifique en trois phases successives: l'alerte,
la résistance et l'épuisement. Une première étude a été réalisée chez quatre rats exposés
pendant vingt jours à un champ magnétique statique(34). Des effets typiques de l'exposition
à un agent stresseur ont été observés sur le sommeil et sur le temps de réaction sous
renforcement positif. Dans cette étude, il n'y avait pas de groupe contrôle. Cependant, les
dix premiers jours de l'expérience sans exposition servaient de ligne de base pour chacun
des rats. Dans une deuxième expérience, huit groupes de cinq souris ont été exposées à des
champs magnétiques statiques de 0.9 mT à 257.5 mT, c'est-à-dire, 9 G à 2575 G(35). Un
groupe de souris non exposées servait de témoin. Les souris étaient exposées de façon
continue pendant cinq jours. Au cours des deux premiers jours, les chercheurs ont observé
une baisse significative du gain de poids suivie d'une augmentation le troisième jour puis
d'une stabilisation. Ces résultats ont été observés à 31 mT et 128 mT. Il y avait aussi une
corrélation négative entre le gain de poids moyen et l'intensité du champ.
Jusqu'en 1985, peu d'études avaient été réalisées pour évaluer les effets d'une
exposition aux CEM sur les neurotransmetteurs. Signalons l'étude de Krueger et al.,
réalisée en 1980 sur la souris(36). Dans cette étude, on a exposé l'animal à des CEM de
76 Hz et on a mesuré la sérotonine plasmatique. Cette étude s'est avérée négative.
Michaelson et al.,en 1981 ont mesuré les catécholamines cérébrales chez le rat suite à une
exposition à des CEM de 60 Hz et de 100 kV/m, pendant 1 à 3 heures(37). L'interprétation
des résultats de ces études demeure difficile à cause de l'existence de cofacteurs liés au
stress, facteurs qui n'ont pas été adéquatement contrôlés. Différents paramètres
neurophysiologiques ont été étudiés en rapport avec l'exposition aux CEM. Aucune
différence significative n'a été observée au niveau de l'électroencéphalogramme de base
chez les animaux et les volontaires exposés. Jaffe et al., en 1980 et 1981 se sont intéressés
aux effets du CEM sur la transmission synaptique, la conduction nerveuse et la plaque
myoneurale(38). Certains effets mineurs ont été observés après une exposition prolongée à
des champs électriques de 65 kV/m pendant 30 jours. Lovsund et al. ont décrit le
phénomène des magnétophosphènes chez l'humain^39). Les magnétophosphènes sont des
scintillements lumineux qui apparaissent dans le champ visuel lors d'une exposition à un
champ magnétique. Ceux-ci apparaissent surtout à une fréquence de 20 Hz et à partir de 10 G.
D'autres études de laboratoire ont été réalisées plus récemment dans le cadre du
"NYSPLP". De nouvelles études ont été menées chez l'animal. Une étude à trois volets
a été réalisée chez le singe. On a d'abord évalué l'effet d'une exposition aux CEM sur l'état
de santé et la performance(40). Six macaques ont été exposés au cours de trois périodes
successives de 21 jours à des niveaux croissants de champs, pendant 18 heures par jour; les
niveaux de champs étaient de 3 kV/m et 0.1 G, de 10 kV/m et 0.3 G, de 30 kV/m et 0.9
G, respectivement. Des périodes de repos de 21 jours avant et après l'exposition étaient
aussi prévues dans l'expérience. Les paramètres de base, tels que le poids, les paramètres
biochimiques et hématologiques de même que la performance des animaux n'ont pas varié
suite à l'exposition aux CEM. Dans un deuxième volet, on a mesuré certaines substances
chimiques dans le liquide céphalorachidien pour évaluer si celles-ci étaient affectées par une
exposition aux CEM(41). Les chercheurs ont noté une baisse significative de deux
métabolites importants, l'acide homovanilique (HVA), un métabolite qui provient de la
dopamine, et de l'acide 5-hydroxindolacétique (5-HIAA), un métabolite de la sérotonine.
Cette baisse était de 20 % à 30 %. Contrairement au HVA, la concentration de 5-HIAA
dans le liquide céphalorachidien ne revenait pas à la concentration normale après la
cessation de l'exposition. Ces résultats ne peuvent, d'après les auteurs, être expliqués par
le stress ou un effet sur le rythme circadien. Le troisième volet de cette étude a porté sur
les effets neurophysiologiques<42\ Les effets d'une exposition aux champs sur les potentiels
évoqués: visuel, auditif et sensitif somatique, ont été mesurés. Alors que les deux premiers
n'ont pas été perturbés, une diminution significative de l'amplitude des ondes tardives du
potentiel évoqué sensitif somatique a été observée. Cette différence était présente à 10
kV/m et 0.3 G de même qu'à 30 kV/m et 0.9 G. Pour expliquer cet effet, les chercheurs
ont soulevé l'hypothèse d'un effet antagoniste des CEM sur le système analgésique interne
relié aux endorphines.
60
Quelques études ont été menées chez l'homme en laboratoire. Une revue des
premières études a été faite par Hauf, en 1985, à la demande du Bureau régional européen
de l'OMS (43). À la fin des années 70, une étude a été faite par Hauf sur une centaine de
volontaires exposés à des champs de 50 Hz (1, 15,20kV/m) pendant des périodes variables.
Plusieurs paramètres cliniques, physiologiques et biochimiques ont été mesurés. Les seuls
effets détectés ont été une légère diminution du temps de réaction, attribuée à un effet de
stimulation non spécifique. Une augmentation des globules blancs a aussi été rapportée
chez le groupe exposé. Ce résultat demeure difficilement interprétable.
En 1985, dans le cadre du "NYSPLP", une étude a été réalisée en laboratoire par
Graham et al. chez des volontaires(44). Douze volontaires masculins ont participé à l'étude.
Chaque sujet a participé à quatre séances d'expérimentation à double insu d'une durée de
10 heures à une semaine d'intervalle. Deux de ces séances comprenaient une exposition de
6 heures à des champs de 60 Hz, 9 kV/m et 0.2 G. Aucun effet n'a été observé au niveau
des signes vitaux et des symptômes subjectifs. Différentes mesures physiologiques ont été
effectuées. Aucune différence significative n'a été notée au niveau de divers tests de
performance que ce soit, le temps de réaction, la capacité de mémoire, d'attention et de
décision. Aucun changement de l'humeur, du sommeil, de l'appétit et de la libido n'a été
observé. On a aussi étudié les potentiels évoqués au niveau cérébral. Des différences
significatives ont été observées au niveau des potentiels évoqués auditif et visuel. Le
potentiel évoqué lors de la détèction d'un signal était aussi perturbé de façon significative
lors de l'exposition. Ces effets au niveau des potentiels évoqués étaient observés chez la
majorité des sujets. Chez la plupart des volontaires, le seuil de perception, était supérieur à 9 kV/m.
2.2.3 Système cardiovasculaire
Dans la foulée des études européennes réalisées dans les années 70, lesquelles
laissaient suspecter la possibilité d'effets de l'exposition aux CEM sur le système
cardiovasculaire, une étude expérimentale chez l'animal a été réalisée au Québec par
14
l'Institut de Cardiologie de Montréal(45). L'objectif de cette étude était de déterminer si des
courants induits pouvaient affecter la fonction cardiaque. Trois groupes de 12 chiens ont
été utilisés dans l'expérience. Les chiens étaient d'abord anesthésiés. Un premier groupe
de chiens était exposé à des courants alternatifs de 60 Hz et d'intensités variables (0.1,1 et
5 mA) durant 5 et 30 minutes. Un autre groupe servait de témoin. On a démontré que
les courants de 0.1 et 1 mA n'affectaient pas le rythme sinusal, le temps de conduction et
la pression artérielle. Seul un chien exposé à un courant de 5 m A a montré une
accélération cardiaque légère mais consistante. Selon les chercheurs, cette intensité de
5 mA peut être considérée comme le seuil minimum pour obtenir des effets
cardiovasculaires chez le chien.
Chez l'homme, dans quelques études réalisées par Hauf et al., au début des années
70, l'on avait noté une diminution du rythme cardiaque chez des volontaires soumis à des
champs électromagnétiques. Cependant, l'observation de cet effet sur le système
cardiovasculaire est demeurée difficilement interprétable à cause de l'absence d'un contrôle
adéquat de certaines variables, telles que la position assise et l'accoutumance à la tâche.
L'étude de Graham et al., que nous avons rapportée, a aussi mis en évidence un
ralentissement significatif du rythme cardiaque au repos chez les volontaires suite à
l'exposition aux champs, ceci dans des conditions expérimentales très rigoureuses. Ce
ralentissement était de trois contractions par minute. Il était présent chez huit des douze
volontaires exposés. Ce ralentissement disparaissait aussitôt que les sujets s'affairaient à des
tâches prévues dans l'expérience.
Le problème des stimulateurs cardiaques a été particulièrement étudié à cause des
interférences possibles des CEM avec les mécanismes internes de ces appareils^. Il y a
deux grandes catégories de stimulateurs cardiaques: les stimulateurs à rythme fixe ou
asynchrone et les stimulateurs "àdemande". Ces derniers déclenchent artificiellement une
contraction lorsque le rythme du coeur devient trop lent. Ces stimulateurs à demande
monitorent en quelque sorte l'onde électrocardiographique normale. Ce sont
essentiellement ces stimulateurs à demande dont le fonctionnement peut être perturbé par
10 62
les champs électromagnétiques externes. Deux études récentes ont été réalisées concernant
l'influence des CEM sur les stimulateurs cardiaques.
L'étude de Butrous et al., réalisée chez 35 patients porteurs au total de 16 types de
stimulateurs différents, a montré qu'une proportion importante de stimulateurs pouvait être
affectée par les CEM(47). Un retour en mode asynchrone ("reversion") a été observé chez
17 des 35 patients, alors que des anomalies plus mineures ont été signalées chez sept
patients. Aucun effet anormal n'a été signalé cependant lorsque l'exposition était inférieure
à 5 kV/m. L'étude de Moss et al. a été réalisée chez onze patients porteurs de sept types
de stimulateurs différents(48). Les patients ont été exposés à des champs de 2.2, 4.5 et
9 kV/m. Les résultats globaux ont montré que 4 stimulateurs retournaient en mode
asynchrone suite à une telle exposition. Certains ont montré des altérations plus sérieuses.
2.2.4 Système immunitaire
Les effets des CEM sur le système immunitaire ont été peu étudiés. Parmi les études
in vitro, signalons l'étude récente de Winters dans le cadre du NYSPLP(49). Dans cette
étude, des leucocytes normaux d'origines canine et humaine ont été exposés à des CEM de
60 Hz pendant des périodes allant jusqu'à 24 heures. L'exposition de ces cellules à
différents niveaux de champs (0.01,0.1 et 1.0 G; 3,30 et 300 mA/m2) n'a pas provoqué de
changement sur les différents pàramètres immunitaires étudiés. En 1983, Lyle et al. ont mis
en évidence une diminution d'environ 20 % de la cytotoxicité de lymphocytes T de souris
et de cellules lymphoïdes humaines exposées à des CEM(50). L'effet était maximal à la
fréquence de 60 Hz. En 1988, les mêmes chercheurs ont rapporté les résultats d'une étude
de la cytotoxicité des lymphocytes T de souris exposées pendant 48 heures à des champs de
60 Hz(5l). Une diminution marquée de la capacité des lymphocytes T de neutraliser les
cellules cancéreuses a été observée. Une relation dose/effet a aussi été mise en évidence,
la diminution étant de 7 % à 0.1 mV/cm, 18 % à 1 mV/cm et 30 % à 10 mV/cm.
En ce qui concerne les études in vivo, elles se sont toutes avérées négatives.
Signalons l'étude récente de Wolpaw et al., en 1987 chez le singe, où les divers paramètres
chimiques et hématologiques sont demeurés inchangés.
2.2.5 Système reproducteur
Plusieurs études ont été menées pour évaluer si l'exposition aux CEM avait des effets
sur le système reproducteur. Parmi les premières études, l'étude de Delgado chez l'embryon
de poulet, en 1982, a eu un impact important au niveau scientifique^. Elle concernait
l'exposition au champ magnétique puisé. Les embryons de poulet étaient exposés à des
champs puisés de 10, 100 et 1000 Hz d'intensité variable, de 1.2 à 120 G (0.12 à 12 juT).
Une incidence accrue de malformations chez les foetus exposés a été mise en évidence.
Suite à l'étude de Delgado, plusieurs autres études ont été réalisées et leurs résultats ont
été revus par plusieurs experts. Selon une revue très récente, réalisée par Berman, il y a
une douzaine de bonnes études scientifiques qui ont été réalisées sur le sujet(53). La
majorité d'entre elles sont des études in vitro. L'expérimentation sur des embryons de
poulet a été répétée sur une plus grande échelle par l'Agence de Protection de
l'environnement, aux États-Unis, dans le cadre de ce que l'on a appelé le "Henhouse
Project". Des études sur l'embryon de poulet ont été menées dans six laboratoires dans
quatre pays différents. Ce projet a confirmé, du moins en partie, les premiers résultats de
Delgado. Dans deux de ces laboratoires, on a observé une fréquence de deux à quatre fois
plus élevée de malformations congénitales suite à une exposition à des champs magnétiques
puisés de IjliT. Toutefois, d'autres études similaires rapportées par Berman se sont avérées
négatives. Soulignons qu'une nouvelle analyse réalisée par Martin à partir des données de
base de l'étude négative de Sisken et al., montre elle aussi une augmentation significative
de la fréquence de malformations chez l'embryon d'oiseau(54). On a aussi exposé les
embryons de poulet aux champs électriques. Ces dernières études ont toutes été négatives.
Des études ont été réalisées chez l'animal, le rat et la souris en particulier.
Rommereim et al., des Laboratoires Pacific Northwest ont exposé des rats femelles à des
10 champs de 60 Hz, 100 kV/m, 19 heures par jour, pendant quatre semaines(55). Dans une
expérience portant sur une première série de nouveau-nés, les chercheurs ont observé une
augmentation significative de malformations foetales. Lors d'une deuxième expérience
portant sur une nouvelle génération, cet excès n'a pas été observé.. Tout récemment les
mêmes chercheurs ont rapporté les résultats d'une étude portant sur 500 rats exposés à des
CEM de 10,65 et 130 kV/m pendant 19 heures par j o u r ^ . Les chercheurs ont observé un
léger retard de croissance chez les nouveau-nés mâles exposés aux champs de forte intensité.
Cependant, aucune différence significative dans l'incidence de malformations n'a été
observée. On a noté la présence de chromodacryorrhée chez les rats exposés à 65 et 130
kV/m. Ce phénomène consiste en une coloration brunâtre des poils du museau et des
oreilles et serait dû à une altération de la sécrétion des glandes lacrymales reliée au
stress. Plus près de nous, au Canada, une étude de tératogénocité a été réalisée par Stuchly
et al. chez le rat(57). Des rats femelles ont été exposées deux semaines avant et pendant la
grossesse à des CEM à raison de sept heures par jour. Les rats étaient exposés à des
intensités de 5.7,23 ou 66 /xT. L'étude s'est avérée négative. Une étude de reproduction
a été réalisée chez le porc par Sikov et al.(S8). Plusieurs générations ont été exposées à des
champs de 60 Hz, 30 kV/m, 20 heures par jour, sept jours par semaine. Dans les deuxième
et troisième générations, l'on a observé une augmentation significative de malformations
chez les exposés par rapport aux témoins, c'est-à-dire, 75 % par rapport à 29 % et 71 % par
rapport à 33 %, respectivement.
Les résultats des différentes études sont donc variables. En ce qui concerne les
champs magnétiques puisés, l'effet démontré sur les embryons de poulet apparaît assez
robuste. Pour ce qui est des champs électriques, les études apparaissent globalement
négatives chez les rongeurs. Par contre, il semble y avoir une association avec une incidence
accrue de malformations chez le porc.
65
2.2.6 CEM et cancer
Le cancer est une maladie complexe. Son étiologie est multifactorielle, liée à des
facteurs biologiques et environnementaux. Le développement du cancer est un long
processus comprenant selon la théorie actuelle trois stages, l'initiation, la promotion et la
progression. Les facteurs initiateurs provoquent des altérations irréversibles au niveau du
matériel génétique de la cellule, c'est-à dire de l'ADN. Ceux-ci provoquent des mutations
et perturbent les mécanismes normaux de réparation cellulaire. Parmi les initiateurs connus,
citons certains hydrocarbures aromatiques polycycliques, les rayons X et les rayons
ultraviolets, par exemple. Les facteurs promoteurs, quant à eux, agissent sur une cellule
dont le cancer est initié. Ils sont indispensables pour que le cancer se manifeste
cliniquement. L'huile de croton et les esters de phorbol, par exemple, sont des promoteurs.
Il est peu probable que les CEM soient des initiateurs de cancer. En effet, selon les
tests habituels, les CEM ne sont pas mutagènes; ils ne provoquent pas la formation
d'aberrations chromosomiques ou d'échange de chromatides soeurs comme l'ont démontré
Cohen et al. de même que Livingston et al. dans le cadre des NYSPLP^9"60). Soulignons
cependant l'étude de El Nahas et al., dans laquelle les chercheurs ont montré chez la souris
exposée à des champs électriques de 100 à 290 kV/m, une incidence accrue de micronoyaux
au niveau des cellules sanguines(61). Les micronoyaux cellulaires seraient des indicateurs
indirects d'effets mutagènes. Cette augmentation significative a été notée à partir de
170 kV/m chez la souris ce qui équivaut à 14kV/m chez l'homme. Une relation dose/effet
était présente.
Si les CEM étaient cancérigènes, ils seraient davantage des agents promoteurs.
Quelques études ont été faites pour évaluer cet aspect. L'activité de l'omithine
décarboxylase (ODC) a été mesurée lors d'une exposition de la cellule aux CEM. L'ODC
est une enzyme indispensable à la croissance cellulaire. Bien qu'elle soit non spécifique,
une augmentation importante de l'ODC signifie un effet compatible avec le développement
de cellules cancéreuses. Par exemple, l'activité de cette enzyme est augmentée en présence
66
de promoteurs comme les esters de phorbol. Une première étude effectuée par Cain et al.
sur des fibroblastes exposés à des champs de 60 Hz et de 10 mV/cm, a fait doubler l'activité
de l'ODC(62). Les mêmes auteurs, lors d'une communication récente, ont rapporté une
augmentation de 50 % de l'ODC lors d'une exposition de cellules à des CEM de 60 Hz et
de 1 G(63). Byus et al. ont montré sur des cellules humaines de lymphome une augmentation
significative de l'ODC suite à une exposition à des champs de 0.1 mV/cm et de 10
mV/cm(64). L'effet était maximal lors d'une exposition de 1 heure et absent à d'autres
intensités de champ. Les mêmes chercheurs, en 1988, ont mis en évidence un effet
"fenêtre", situé à 16 Hz, fréquence à laquelle l'augmentation d'ODC était maximale dans des
cellules d'hépatome(65). Fletcher et al. de même que Blackman et al. ont aussi étudié les
effets des CEM sur les ponts lacunaires intercellulaires ou "cell gap junctions"(66). Il a été
démontré in vitro que ces ponts perdaient leurs fonctions de communication intercellulaire
lors du développement d'un cancer. Les quelques études réalisées jusqu'à maintenant sont
négatives.
Quelques études ont été faites pour évaluer si l'exposition aux CEM, bien qu'elle ne
provoque pas de mutations, entraîne une modification des indicateurs de multiplication
cellulaire, telle la synthèse de l'ADN et des protéines. Liboff et al. ont exposé des
fibroblastes et des cellules leucémiques de souris à des CEM(67). Une augmentation
significative de la. synthèse de l'ADN a été observée. Dans le cadre du NYSPLP, Winters
a étudié des cellules humaines de cancer du colon, exposées à des champs de 60 Hz, de 1 G,
pendant 24 heures(68). Les chercheurs ont conclu que les champs magnétiques stimulaient
de façon importante la prolifération des cellules cancéreuses. Par la suite, les résultats
préliminaires de Winters et al. ont été revus par des experts externes. Ils ont été fortement
contestés. Une étude similaire réalisée par Cohen, commanditée par le NYSPLP et utilisant
la méthodologie de Winters et al., s'est avérée négative(69).
Chez l'homme, une étude suédoise réalisée par Nordenson a montré une
augmentation des aberrations chromosomiques chez des travailleurs de l'électricité^.
Cependant, cette étude a des faiblesses importantes en ce qui concerne le contrôle de
cofacteurs présents en milieu de travail. Une autre étude réalisée par Bauchinger chez des
travailleurs était négative(71). Les résultats chez l'homme sont négatifs ou peu probants.
2.3 SYNTHÈSE DES RÉSULTATS SUR LES EFFETS BIOLOGIQUES
2.3.1 Cellule
Les recherches fondamentales in vitro ont montré qu'une exposition de la cellule à
des CEM de basse fréquence et de faible intensité provoquait des changements dans la
mobilisation du calcium au niveau des récepteurs membranaires. Cet effet apparaît à des
"fenêtres" de fréquence et d'intensité très précises. De plus, l'exposition de la cellule à des
champs électromagnétiques provoque une augmentation de la transcription et de la
biosynthèse des protéines.
L'exposition aux CEM n'a pas mis en évidence d'effet cytogénétique communément
rencontré avec les radiations ionisantes: aberrations chromosomiques, formation de radicaux
libres, échanges de chromatides soeurs. Cependant, les résultats récents des études de El
Nahas sur la souris, ont mis en évidence la formation de micronoyaux cellulaires, un
indicateur indirect de mutation génétique. Une relation dose/effet a été rapportée. Les
niveaux de champs extrapolés pour l'homme sont de 8 à 24 kV/m. Ces résultats font l'objet
de certaines critiques.
2.3.2 Système neuroendocrinien
En ce qui concerne le rythme circadien, les études réalisées chez l'animal ont montré
chez le rat et la souris une perturbation du rythme circadien lorsqu'ils étaient exposés à des
CEM d'environ 35 kV/m. L'étude récente de Graham et al., réalisée chez le singe, dans
le cadre du NYSPLP, a confirmé ces résultats. L'on a observé un allongement significatif
du cycle avec la présence d'une relation dose-effet. Chez l'homme, les travaux de Wever
avaient aussi montré un effet mais ces résultats n'ont pas été confirmés.
10
Pour ce qui est de la sécrétion hormonale, l'effet le plus notable est la diminution
marquée de la mélatonine chez le rat, suite à une exposition à des CEM de 2 à 40 kV/m.
Chez l'homme, des résultats préliminaires communiqués par Wilson et al. montrent aussi
une diminution de la sécrétion de mélatonine reliée aux champs émis par certaines
couvertures chauffantes.
2.3.3 Système nerveux
Plusieurs études ont démontré que les champs électriques pouvaient être perçus par
l'animal et par l'homme à des niveaux assez bas. Le seuil de perception est toutefois
variable. Les champs magnétiques, quant à eux, ne sont pas perceptibles sauf pour le
champ magnétique statique terrestre qui est perçu par certains animaux disposant de
magnétorécepteurs. Chez l'homme, l'existence de magnétophosphènes est bien documentée.
Au niveau du SNC, des études récentes réalisées dans le cadre du NYSPLP ont démontré
une diminution de métabolites de la dopamine et de la sérotonine dans le liquide
céphalorachidien chez le singe. Les niveaux d'exposition étaient comparables à ce que l'on
peut observer chez l'humain. Le potentiel évoqué sensitif somatique était aussi légèrement
perturbé dans cette étude. Dans l'étude très rigoureuse menée par Graham et al. chez
l'humain, l'on a aussi retrouvé des différences significatives au niveau des potentiels évoqués
auditif et visuel. Les résultats de ces études récentes sont concordants. Il semble exister
un effet biologique observable • objectivement au niveau du SNC relié à l'exposition aux
CEM.
2.3.4 Système cardiovasculaire
Le principal effet documenté chez l'homme en ce qui concerne le système
cardiovasculaire est un faible ralentissement du pouls au repos lors d'une exposition à des
CEM de 60 Hz, 9 kV/m et 0.2 G. Cet effet, a été démontré par l'étude rigoureuse réalisée
par Graham, en 1985. Il existe aussi un risque d'interférence entre des champs externes
de plus de 5 kV/m et de 1.5 G et certains types de stimulateurs cardiaques "à demande".
69
2.3.5 Système immunitaire
En ce qui concerne les études in vitro, on a mis en évidence une diminution de la
cytotoxicité des lymphocytes T lors d'une exposition à des champs de 60 Hz variant de 0.1
à 10 mV/cm. Une relation dose/effet était présente. Les études in vivo ont toutes été
négatives. Chez l'humain, aucun effet n'a été démontré jusqu'à maintenant.
2.3.6 Système reproducteur
Suite à la première étude de Delgado, il y a eu dix études positives chez l'embryon
qui ont démontré un excès significatif de malformations lors d'une exposition à des champs
magnétiques puisés. Il y a eu par ailleurs, sept études négatives sur le même sujet. Le
poids de l'évidence est en faveur de l'existence d'un tel effet.
En ce qui concerne les champs électriques, les premières études effectuées chez les
rongeurs se sont avérées négatives. Des études plus récentes effectuées par Rommereim
chez le rat ont donné des résultats négatifs ou contradictoires. Il s'agissait d'une exposition
à des CEM de 100 et de 130 kV/m. Signalons cependant qu'une étude récente de Sikov
chez le porc a montré une augmentation significative de malformations, suite à une
exposition à des CEM de 30 kV/m dans les deuxième et troisième générations.
2.3.7 Cancer
Les études in vitro et in vivo n'ont pas mis en évidence d'effets cellulaires
habituellement rencontrés lors d'une exposition à des agents initiateurs comme les rayons
X ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Les résultats de El Nahas sur la
formation de micronoyaux cellulaires demeurent cependant intrigants. Par ailleurs, quelques
études ont montré qu'une exposition aux CEM provoquait une augmentation significative
de l'ODC, une enzyme utilisée fréquemment dans l'étude des agents promoteurs de cancer.
Un effet "fenêtre" serait aussi présent. Certaines études ont aussi montré une augmentation
70
significative de l'ADN, un autre indicateur non spécifique de la prolifération cellulaire.
Certaines études in vitro soulèvent l'hypothèse d'un effet promoteur des CEM. Cependant,
le nombre d'études est limité. Aucune étude de carcinogénicité chez l'animal n'est
actuellement disponible .
2.4 DISCUSSION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
* Trois aspects principaux méritent d'être discutés en rapport avec les études
expérimentales sur les CEM. Ce sont la qualité scientifique des études, la possibilité
d'extrapolation à l'homme et la signification clinique de ces résultats.
2.4.1 Qualité scientifique des études de laboratoire
Les recherches expérimentales sur les effets biologiques des CEM nécessitent une
très grande rigueur méthodologique, à cause de la grande complexité du phénomène des
champs et de l'existence de plusieurs variables confondantes qui peuvent biaiser les résultats.
D'après Michaelson, les facteurs qui doivent être contrôlés dans de telles études sont
multiples'^. Ils peuvent être regroupés en quatre grandes catégories:
1) les facteurs environnementaux
les facteurs physiques: l'intensité et l'uniformité du champ, le bruit ambiant,
les vibrations, la présence de chocs électriques, l'éclairage, la chaleur,
l'humidité, les caractéristiques de la cage;
les facteurs chimiques: la qualité de l'air et de l'eau, l'utilisation de
médicaments;
2) les facteurs biologiques: l'espèce utilisée, son bagage génétique, le sexe, la
taille, le poids des animaux;
71
3) les facteurs liés à l'exposition: le type d'exposition, le moment de l'exposition,
les périodes d'acclimatation;
4) les facteurs techniques: le type d'électrode, le type de dosimètre, la
promiscuité des animaux, la compatibilité des animaux.'
Ce sont là de multiples facteurs qui, sans être spécifiques, revêtent une importance
primordiale dans les études sur les CEM. Il est évident, par exemple, que si l'on étudie le
comportement des animaux lors d'une exposition à un champ électrique intense, des effets
de stress peuvent perturber toute l'expérience si ces animaux sont soumis à des chocs
électriques.
En ce qui concerne la première génération d'études expérimentales sur les CEM, on
ne disposait pas de la technologie qui permettait de contrôler parfaitement toutes les
variables énumérées. C'est principalement le cas pour ce qui est du contrôle de l'exposition.
Au cours des dernières années, le laboratoire Battelle Pacific a développé un système
sophistiqué d'exposition aux champs électriques chez l'animal, lequel garantit le maintien
d'une uniformité de champ, une stabilité des équipements et un contrôle adéquat de la
posture des animaux exposés(73). Il en va de même pour les systèmes d'exposition aux
champs magnétiques. La seconde génération d'études entreprises dans le cadre des travaux
de TElectricPower Research Institute" et du "NewYork State Power Lines Project", répond
davantage à l'ensemble des critères de rigueur scientifique.
2.4.2 Extrapolation de l'animal à l'homme
Il est toujours difficile d'extrapoler des résultats scientifiques de l'animal à l'homme.
La difficulté tient à deux différences fondamentales inhérentes aux études expérimentales:
la différence de susceptibilité entre les espèces et la différence au niveau des divers
paramètres d'exposition aux CEM. En ce qui concerne les différences de susceptibilité des
différentes espèces, les études sur les CEM doivent répondre aux critères reconnus par les
10
centres de recherche en toxicologie. Par exemple, les critères généralement acceptés par
les scientifiques doivent être appliqués, en ce qui concerne l'étude de la carcinogénicité.
Il est à noter que parmi l'abondante littérature scientifique sur les effets biologiques des
CEM, il n'y a pas d'étude de carcinogénicité chez l'animal qui réponde à de tels critères.
Pour ce qui est de l'exposition des animaux en laboratoire, les connaissances actuelles
permettent de la rendre comparable à celle qui est retrouvée chez l'homme dans différentes
situations. Kaune et Philipps ont développé différents modèles d'ajustement de l'exposition
qui permettent de faire des comparaisons assez justes de l'exposition entre différentes
espèces(74). On sait que les champs électriques se concentrent principalement au niveau de
la partie la plus haute d'un objet conducteur. La densité de courant induit sera donc, pour
une exposition égale, plus élevée chez l'homme que chez un quadrupède. C'est pourquoi,
il est justifié d'exposer des animaux à des niveaux de champs plus élevés de façon à induire
chez ces animaux des champs et des courants comparables à ceux rencontrés chez l'homme.
Le modèle d'ajustement inter-espèce n'est pas aussi bien développé en ce qui concerne les
champs magnétiques. En général, on peut dire que le niveau d'exposition des animaux qui
est utilisé en laboratoire, notamment pour les champs électriques, est une bonne
approximation de celui qui est étudié chez l'homme. Il existe des facteurs de
correspondance reconnus.
La caractérisation de l'exposition aux CEM, quant à elle, demeure plus difficile que
l'exposition à une substance chimique. En effet, les CEM comprennent souvent en même
temps deux composantes étroitement interreliées, le champ électrique et le champ
magnétique. Il existe certaines différences importantes, d'un point de vue de l'exposition,
entre ces deux types de champs. Il n'est d'ailleurs pas toujours facile, surtout dans les
études moins récentes, de distinguer clairement ces deux composantes. Par ailleurs, les
champs peuvent comporter aussi différentes caractéristiques importantes: modulation
d'intensité, modulation de fréquence, champs puisés. Ainsi, en ce qui concerne l'incidence
accrue de malformations en rapport avec l'exposition aux CEM, c'est principalement lors
de l'utilisation de champs puisés que l'on a observé un excès. Certaines autres
73
caractéristiques de l'exposition peuvent être importantes dans de telles études en plus des
types de champs. Par exemple, la fréquence des interruptions du courant ou la présence de
courants transitoires seraient aussi des paramètres importants. Dans l'étude de l'effet de
l'utilisation de couvertures chauffantes sur la mélatonine, Wilson et Anderson ont noté
qu'avec la couverture fabriquée à partir de polymère, il y avait de 50 à 60 changements au
niveau du champ magnétique pendant une période de une heure.
2.4.3 Signification clinique chez l'homme
Nous avons vu que l'exposition d'organismes vivants à des CEM provoque
l'apparition de certains effets biologiques décelables au niveau de la cellule et des divers
systèmes. De tels effets peuvent-ils se traduire éventuellement par des symptômes ou des
signes objectivables chez l'homme dans les conditions d'exposition habituelles? Cette
question difficile, à laquelle l'on peut tenter de répondre, est le corollaire de celle que les
épidémiologistes se posent, c'est-à-dire: est-ce que les effets identifiés, que ce soit le cancer
ou les malformations, sont plausibles d'un point de vue biologique? Nous allons discuter
de façon séparée les effets aigus ou subaigus et les effets chroniques.
2.4.3.1 Effets aigus ou subaigus
Dans l'étude de Sulzmah et al., l'allongement du rythme circadien apparaissait à
26 kV/m, ce qui de prime abord peut paraître élevé. Cependant, compte tenu du fait que
l'expérience a été réalisée chez des primates dont les caractéristiques physiques sont proches
de celles de l'homme, l'exposition est similaire à ce qui est susceptible de se rencontrer chez
l'humain. Une perturbation significative du rythme circadien suite à une exposition continue
aux CEM demeure donc un effet plausible chez l'homme.
Un deuxième effet démontré par certaines recherches expérimentales et aussi de
façon préliminaire chez l'homme est la diminution de la mélatonine. La signification
clinique d'une telle baisse en ce qui concerne des effets à court et moyen terme sont
10 hypothétiques. Les problèmes possiblement associés à une inhibition de la mélatonine sont
certains problèmes de santé mentale comme la dépression, et des effets sur la reproduction.
L'effet de la mélatonine au niveau du SNC serait lié à une modulation de l'effet de la
lumière sur la glande pinéale. Ces hypothèses nécessitent cependant d'autres efforts de
recherche importants.
Il apparaît clair d'un point de vue clinique, que les champs électriques peuvent être
perçus chez l'homme à un seuil qui se situe entre 4 et 15 kV/m. Ces niveaux de champs
peuvent être rencontrés dans certains corridors de transmission et en milieu de travail. Les
phénomènes de perception peuvent comprendre des vibrations des poils mais n'ont pas
d'impact négatif sur l'organisme. Il en va de même des magnétophosphènes. Des
perturbations neurochimiques et neurophysiologiques ont été documentées récemment chez
le singe suite à une exposition à des CEM: baisse des métabolites de la dopamine et de la
sérotonine dans le liquide céphalorachidien et diminution de l'amplitude du potentiel
évoqué sensitif. Les paramètres de l'exposition étaient comparables à ceux qui peuvent être
retrouvés dans certains environnements extérieurs chez l'homme. La diminution de HVA
signifie une diminution de la dopamine au niveau des noyaux gris centraux alors que la
diminution du 5 HIAA signifie une diminution de la sérotonine au niveau du tronc cérébral
et de la moelle épinière. Il n'est pas possible actuellement d'identifier la signification
clinique ou neurocomportementale de telles modifications. Quant à la diminution du
potentiel évoqué sensitif, sa signification clinique est inconnue. Les auteurs ont avancé
l'hypothèse que les CEM agissent comme antagonistes du système analgésique interne.
Pour ce qui est de l'impact des champs au niveau du système cardiovasculaire,
Billette et al.,de l'Institut de Cardiologie de Montréal, suite à leur étude chez le chien, ont
conclu qu'il existait une marge de sécurité assez élevée dans les situations d'exposition
habituelle. Ainsi, il existerait une marge de sécurité de 25 pour un individu se situant
debout sous une ligne de 735 kV. Le coeur normal semble, d'après ces chercheurs, assez
bien protégé des effets directs reliés aux courants électriques induits. Des contractions
musculaires apparaîtraient d'ailleurs avant des effets cardiovasculaires décelables dans des
75
conditions d'exposition extrêmes. Les chercheurs reconnaissent cependant que les résultats
de leur étude n'excluent pas la possibilité d'effets plus subtils ou encore d'effets indirects
par le biais de l'atteinte d'autres systèmes.
L'effet possible sur les stimulateurs cardiaques mérite une attention particulière.
À la lumière des principales études qui ont été réalisées, les experts concluent qu'il existe
une possibilité d'interférence entre des CEM externes et certains stimulateurs à demande.
Cependant, ce risque varie en fonction de plusieurs facteurs: le type de stimulateurs, la
marque de l'appareil et le niveau d'exposition. Toutefois, il semble improbable d'observer
un effet, quel qu'il soit, en deçà de 5 kV/m et de 1.5 G. De plus, les fabricants au cours
des dernières années ont apporté des modifications à leurs appareils pour diminuer ce
risque. En termes d'impact sur la population générale, le risque d'interférence avec les
stimulateurs demeure toutefois minime et surtout lié à certaines sources en milieu de
travail(75). Griffin a estimé aux États-Unis, que sur un total de 350 000 à 500 000 patients
porteurs de stimulateurs, entre 2 000 et 10 000 d'entre eux pourraient être considérés
comme plus à risque. Les effets cliniques dépendront du degré de la dépendance du patient
par rapport aux stimulateurs. Les problèmes rapportés demeurent rares. Dans le cas
d'expositions inhabituelles, en milieu de travail, par exemple, le médecin traitant et le
médecin du travail peuvent être amenés à évaluer s'il existe un risque pour un individu
donné.
En ce qui concerne le système reproducteur, il y a une évidence assez forte d'une
association des champs magnétiques puisés avec une incidence accrue de malformations
chez les embryons exposés. Les implications connues concerneraient surtout le milieu de
travail. Cependant, le domaine des impulsions apparaît assez peu documenté dans
l'environnement en général. Celles-ci pourraient être émises de façon significative dans les
résidences à partir de sources comme certains outils électriques ou encore en relation avec
la présence d'atténuateurs d'intensité. Pour ce qui est des champs électriques, il y a une
étude réalisée chez le porc par Sikov et al. et dont les résultats sont positifs. Il n'est pas
10
possible actuellement de tirer une conclusion certaine d'une association causale chez l'animal.
2.4.3.2 Effets chroniques
L'effet principal qui a préoccupé les chercheurs en rapport avec l'exposition aux
CEM est le cancer. Il n'est actuellement pas possible, suite aux études de laboratoire,
d'affirmer que les CEM soient cancérigènes. Les études sont insuffisantes, notamment les
études in vivo. Cependant, un certain nombre d'études fondamentales tendent à écarter la
possibilité que les CEM soient des initiateurs. Par contre, certaines études sur l'ODC, par
exemple, soulèvent l'hypothèse qu'ils puissent agir comme promoteurs. Ces mêmes études
de même que des études fondamentales sur le calcium au niveau cellulaire mettent en
évidence l'existence de "fenêtres" ou l'effet biologique des CEM serait optimal. Ce
phénomène, s'il est confirmé par d'autres études, remettra en question la relation linéaire
sans seuil que l'on retrouve habituellement avec les cancérigènes. En effet l'existence de
fenêtres pourrait signifier qu'une exposition à une fréquence ou à une intensité de champs
plus élevées ne signifie pas nécessairement des effets biologiques plus sévères.
En rapport avec le cancer, d'autres études ont mis en évidence des résultats
intéressants qui donnent une certaine plausibilité biologique à un effet cancérigène des
CEM. Les premiers résultats qui vont dans ce sens sont reliés à l'effet inhibiteur des CEM
sur la mélatonine. Certains chercheurs dont Reiter, ont démontré que la mélatonine
inhibait la croissance des organes reproducteurs et faisait même régresser ceux-ci chez
l'animal adulte. On a vu précédemment aussi que l'exposition aux CEM, au même titre que
la lumière, inhibait la sécrétion de mélatonine au niveau de la glande pinéale. Selon
d'autres études, la mélatonine aurait un effet protecteur sur la fonction immunitaire, en
favorisant, par exemple, la cy to toxicité des lymphocytes(76). Des chercheurs ont donc voulu
évaluer si la mélatonine avait un effet oncostatique et influençait le développement du
cancer. Dans cette perspective, deux types de cancer ont été particulièrement étudiés en
recherche expérimentale. Ce sont le mélanome et le cancer du sein.
77
En rapport avec le mélanome, trois études in vitro ont été rapportées récemment par
Blask en rapport avec l'effet oncostatique de la mélatonine(77). Dans une culture de cellules
provenant d'un mélanome de hamster exposé à de la mélatonine, Walker et al.,ont observé
une diminution de 25 % de la croissance cellulaire(78). Une étude similaire de Bartsch et
al., à partir de cellules d'un mélanome humain, a mis en évidence une diminution de 60 %
de la croissance cellulaire(79). Une autre étude de Meysken et al., réalisée sur des cellules
humaines, a donné une réponse variable(80). L'effet de la mélatonine sur le mélanome a
aussi été étudié in vivo(81,82'83). Après une pinéalectomie chirurgicale, l'on a observé chez
le hamster une croissance du mélanome de même que des métastases. De plus, suite à une
injection de mélatonine après une pinéalectomie, l'on a observé une diminution de la
croissance des tumeurs. L'administration de mélatonine par voie orale inhibe aussi la
croissance du mélanome chez la souris(84:>. Blask a aussi passé en revue les études sur la
mélatonine et le cancer du sein. La mélatonine aurait aussi un effet inhibiteur sur la culture
de cellules humaines de cancer du sein. Chez l'animal, la glande pinéale aurait un effet
oncostatique sur le cancer du sein similaire à celui observé pour le mélanome.
10 78
2.5 CONCLUSION
Il est indéniable que l'exposition aux champs électromagnétiques en laboratoire
produit des effets biologiques décelables. Les effets principaux sont les suivants:
modification de la fonction de la membrane cellulaire, inhibition de la sécrétion de
mélatonine, modification du rythme circadien, incidence accrue de malformations et
modification de certains paramètres neurochimiques et neurophysiologiques. Bien que la
majorité de ces effets aient été observés sur la cellule ou chez l'animal, certains d'entre eux
ont aussi été documentés chez l'homme, notamment en ce qui concerne les effets
neuroendocriniens. Ces résultats chez l'homme, encore fragmentaires, donnent plus de
plausibilité aux résultats des études de laboratoire.
Toutefois, il n'est actuellement pas possible de se prononcer de façon certaine sur
la signification clinique chez l'homme des effets biologiques observés. La principale
hypothèse que soulèvent les résultats des études expérimentales est l'effet cancérigène de
type promoteur des CEM. Des hypothèses secondaires sont aussi soulevées, soit des effets
sur la santé mentale et sur la reproduction. À l'heure actuelle, on peut dire que deux types
d'effets émergent des résultats des études expérimentales. Le premier type comprend les
effets directs sur la cellule: effet promoteur, baisse de l'immunité cellulaire, anomalies de
la reproduction. Dans le seconld, l'on retrouve les effets indirects par le biais du système
neuroendocrinien, notamment par la mélatonine et certains neurotransmetteurs. Ces deux
types d'effets pourraient expliquer, en théorie du moins, un effet cancérigène. Des effets
neurocomportementaux acquièrent aussi une plausibilité biologique par le biais des effets
sur le rythme circadien et sur la mélatonine. Ce modèle explicatif donne ainsi une certaine
cohérence à des résultats de recherche qui jusqu'à maintenant apparaissaient souvent non
pertinents, voire même saugrenus.
Comme l'ont signalé les experts de l'EPRI réunis à Carmel, en 1988, des limites
importantes sont toutefois évidentes au niveau de la recherche expérimentale. Ces limites
sont liées aux problèmes méthodologiques et au petit nombre d'études réalisées. Cela est
particulièrement vrai en ce qui concerne le cancer. Une liste de sujets prioritaires de
recherche a d'ailleurs été dressée par le groupe d'experts. À la lumière de notre revue des
connaissances scientifiques, certains secteurs de recherche nous apparaissent aussi
prioritaires: études de cancérogénicité chez l'animal et sur la cellule, études de l'effet des
CEM sur la mélatonine, sur les paramètres neurochimiques et neurophysiologiques et sur
l'immunité cellulaire. Cependant, ces orientations de recherche doivent permettre de rester
à l'affût de pistes nouvelles. Pour ce qui est des interventions de santé publique, les
résultats récents de la recherche expérimentale ne justifient pas une approche alarmiste et
radicale au niveau des mesures de prévention. Toutefois, ces résultats sont de plus en plus
cohérents et plausibles.
14
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ANNEXE I LISTE DES OUVRAGES SYNTHÈSES
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Wilson, B., Stevens, RC., Anderson, LE. Extremely Low Frequency Magnetic Fields: The Question of Cancer. Battelle Press, 1990.
CHAPITRE III
LES EFFETS OBSERVÉS CHEZ L'HUMAIN: LES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
TABLE DES MATIÈRES
Pages
3.0 INTRODUCTION 93
• 3 . 1 LE RISQUE DE CANCER 93
3.1.1 Exposition en milieu résidentiel 94
3.1.1.1 Les cancers chez l'enfant 94
3.1.1.2 Les cancers chez l'adulte 98
.3.1.2 Exposition en milieu de travail 101
3.1.2.1 Les risques de leucémie 103
3.1.2.2 Les risques de cancer du cerveau 110
3.1.2.3 Autres études sur les risques de cancer 112
3.1.3 Problèmes méthodologiques 118
3.1.3.1 Évaluation de l'exposition 118
3.1.3.2 Facteurs de confusion 120
3.1.3.3 Autres problèmes 120
3.1.4 Résumé et interprétation des études portant sur le risque de cancer 121
3.1.4.1 Exposition résidentielle 122
3.1.4.2 Exposition en milieu de travail 123
3.1.4.3 Nature causale des associations observél26
3.2 LES TROUBLES DE LA REPRODUCTION 129
3.2.1 Exposition résidentielle 129
3.2.2 Exposition en milieu de travail 132
3.2.3 Résumé et interprétation des études portant sur les troubles de la reproduction 137
3.3 AUTRES PROBLÈMES DE SANTÉ 139
3.3.1 Exposition résidentielle 139
3.3.2 Exposition en milieu de travail 143
3.3.2.1 Problèmes de santé généraux 143
3.3.2.2 Mortalité 149
3.3.3 Résumé et interprétation des études portant sur les autres problèmes de santé 149
3.4 CONCLUSION 152
BIBLIOGRAPHIE 155
3.0 INTRODUCTION
L'épidémiologie est une science descriptive et analytique. Elle a pour objet l'étude
de la distribution des maladies dans les populations ainsi que de leurs déterminants (dans
un but de prévention). L'épidémiologie se concentre habituellement sur l'observation de
l'exposition "naturelle" des populations à différents facteurs afin d'investiguer les causes
possibles des maladies. Il ne s'agit donc pas d'une méthode expérimentale d'investigation
qui permette le contrôle de tous les paramètres susceptibles d'interagir avec le problème
de santé étudié. Bien qu'une seule étude épidémiologique permette rarement de tirer des
conclusions définitives, l'utilisation d'un protocole des plus rigoureux, d'une analyse
statistique optimale permet souvent d'orienter l'hypothèse soulevée. De plus, le
regroupement de plusieurs études, ainsi que leur interprétation, compte tenu des
connaissances du phénomène sur la cellule ou l'animal, permettent souvent de mieux
spécifier l'origine causale d'une association. Après avoir révisé les principales études
épidémiologiques, nous essayerons de conclure lorsque possible, quant à la plausibilité de
la nature causale des associations observées.
Nous avons regroupé en trois grands groupes les problèmes de santé qui ont été
investigués dans les études épidémiologiques: le cancer, les troubles de la reproduction et
les problèmes généraux.
3.1 LE RISQUE DE CANCER
Plusieurs études épidémiologiques ont investigué le risque de cancer relié à
l'exposition aux CEM alternatifs. Il est classique de diviser ces études selon le lieu de
l'exposition principale: milieu résidentiel ou milieu professionnel. Bien qu'imparfaite cette
dichotomie est liée à des méthodologies souvent différentes et à la présence de "bruits de
fond" différents dans les deux types d'exposition.
93
3.1.1 Exposition en milieu résidentiel
Ces études ont tout d'abord porté sur les risques de cancer chez les enfants puis
secondairement chez l'adulte. Vu la susceptibilité des enfants et les mécanismes
probablement différents de cancérogénèse dans ce groupe d'âge, nous avons cru bon de
conserver cette division.
3.1.1.1 Les cancers chez l'enfant
Quatre études ont été publiées sur ce sujet. Le tableau I résume les principales
caractéristiques de ces études. Il s'agit d'études de type cas-témoins, c'est-à-dire que ces
études comparent l'exposition aux CEM d'enfants atteints ou décédés de cancer à celle
d'enfants en bonne santé.
La première étude publiée fut celle de Wertheimer et L e e p e r C e s auteurs ont
observé que les enfants décédés de cancer dans le Colorado avaient vécu plus fréquemment
que des témoins dans des maisons où la configuration des câbles électriques proches de la
maison suggérait une exposition notable au champ magnétique. Cette étude a été critiquée
à cause de faiblesses méthodologiques(2)(3). D'une part, la sélection des cas et des témoins
avait pu entraîner certains biais (cas décédés, avec stabilité de résidence). D'autre part
l'évaluation de l'exposition était qualitative et faite de façon "non aveugle". Bien que
plusieurs facteurs potentiellement confondants aient été pris en considération, cette étude
ne peut éliminer l'effet d'autres variables pouvant "biaiser" l'association observée. Quoi que
la méthode d'analyse utilisée soit assez rudimentaire, il faut reconnaître que personne n'a
pu expliquer les résultats obtenus par les chercheurs.
Fulton et al(4) essayèrent de répéter l'étude de Wertheimer dans le Rhode Island, en
se limitant aux cas de leucémie. Ils ne retrouvèrent aucune association entre la
configuration électrique des résidences des enfants atteints de leucémie et celle de témoins.
Cette étude a vivement été critiquée à cause de biais majeurs(3)(5)(6). D'une part le mode
104 94
de sélection des maisons des témoins et la méthode d'analyse avaient tendance à favoriser
des résidences urbaines pour les témoins, ce qui a pu entraîner une diminution de l'effet
étudié (à cause d'une possible surexposition des témoins). De plus, la catégorisation des
configurations électriques était basée sur des hypothèses erronées. Wertheimer et Leeper^
réanalysèrent cette étude en utilisant leur propre classification de configuration électrique
et en se limitant aux jeunes enfants afin de diminuer le biais de sélection des témoins. Ils
retrouvèrent alors une association positive entre la survenue de leucémie et le fait d'avoir
vécu dans une maison avec configuration à risque (RC = 1.65).*
Tomenius(7) a présenté une étude cas-témoins réalisée dans le comté de Stockholm.
Il s'agit de la première étude utilisant des mesures directes de champ magnétique à
proximité des maisons évaluées. Dans les maisons des enfants atteints de cancer, le champ
magnétique était fréquemment plus élevé. Le faible nombre de cas avec une surexposition
( >3mG ) rend cependant l'estimation très imprécise. Le seul résultat statistiquement
significatif est retrouvé pour les cancers du système nerveux. Cette étude comporte des
limites méthodologiques. D'une part, la mesure de l'exposition est faite au moment de
l'étude par une estimation ponctuelle dont la signification en termes d'exposition
rétrospective est incertaine. D'autre part, la majorité des analyses présentées par les auteurs
sont faites en considérant les maisons comme unités d'analyse, ce qui complique
l'interprétation des résultats. Les facteurs potentiellement confondants ne sont que très peu
considérés dans cette étude. Il faut aussi noter certaines inconsistances dans les résultats
présentés, par exemple une augmentation du risque de cancer pour les maisons qui ne sont
pas" situées à proximité des lignes à haute tension (200 kV).
L'étude récente de Savitz et al(8)(9) est la plus élaborée. Elle faisait partie du
programme de recherche mis sur pied par l'État de New York. Cette étude a été réalisée
afin de combler les lacunes des études précédentes. Pour une raison non expliquée, Savitz
choisit de réétudier la région de Denver qui avait déjà été étudiée par Nancy Wertheimer
mais en considérant une autre période de temps (1976-1983). Une association faible est
* RC = Rapport de Cotes, équivalent du Odd's Ratio anglais
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retrouvée entre la survenue de cancer et le fait d'avoir résidé dans une maison avec des
niveaux élevés de champ magnétique (RC = 1.4). Cependant, cette association est non
significative et elle varie selon le type de mesure utilisée pour évaluer l'exposition. Aucune
association n'est observée avec l'exposition au champ électrique. Certaines forces de cette
étude sont manifestes: validation minutieuse des diagnostics pathologiques des cas,
évaluation des niveaux d'exposition dans les maisons des enfants, évaluation des
configurations électriques des maisons à l'aveugle, prise en compte de nombreux facteurs
potentiellement confondants. Cependant, certaines lacunes limitent l'utilisation des résultats
obtenus. La sélection des témoins a tendance à favoriser des témoins plus stables qui sont
possiblement moins exposés. Il y a eu beaucoup de non-répondants lorsque l'on a voulu
mesurer les CEM à l'intérieur des maisons. L'évaluation de l'exposition est limitée, elle ne
tient pas compte des autres sources d'exposition en dehors de la résidence familiale.
Finalement, à cause du faible nombre de cas étudiés, une analyse plus poussée des données
n'a pu être effectuée et une imprécision importante est présente dans les mesures
d'associations étudiées. Les résultats observés sont aussi très instables selon la mesure
d'exposition et il n'y a pas de relation dose-effet évidente.
Des résultats préliminaires de certaines études ont été présentés lors de congrès mais
n'ont pas été publiés. Nous les présentons brièvement bien qu'ils n'ont pas été révisés par
des comités de pairs. Myers et al(10) ont présenté en 1985 une étude réalisée dans le
Yorkshire(UK) incluant 339 cas de cancer chez des enfants de moins de 15 ans et 546
témoins. Ils n'observent pas d'association significative entre la proximité des maisons avec
une ligne de transport d'électricité et le risque de cancer chez les enfants. Les résultats de
cette étude sont difficiles à interpréter. L'évaluation de l'exposition aux CEM est très
imparfaite, il y a eu des problèmes lors de la sélection des cas et il n'y a aucune prise en
compte de facteurs de confusion.
Plus récemment Lin et al(u) ont présenté les résultats préliminaires d'une étude
réalisée à Taïwan portant sur 216 cas de cancer chez l'enfant et 422 témoins. Une
association faible et non significative est retrouvée entre la proximité des résidences des
97
lignes de transport électriques et la survenue de cancer: RC pour tous cancers 1.3
(95% IC: 0.9-1.8),*pour leucémie 1.3 (95% IC 0.8-2.2),lymphome 2.0 (95% IC 0.6-6.5).
Les mêmes critiques que celles mentionnées pour l'étude précédente s'appliquent à cette
étude et limitent l'utilisation de ces résultats pour faire une évaluation de risque.
Mentionnons aussi que Savitz et al ont publié une annexe de leur étude qui se
concentre sur l'utilisation de couvertures chauffantes, réveils électriques, séchoirs
électriques et des lits chauffants pour les enfants(12). Un risque faible de cancer est associé
à l'utilisation postnatale de couverture chauffante (RC = 1.5, 95% IC 0.6-3.4)et de réveils
électriques (RC = 1.3,95% 0.8-2.2),mais non avec l'utilisation de lits d'eau chauffants ou de
séchoirs électriques. L'effet est le plus constant pour les cas de leucémie lorsque la
couverture chauffante a été utilisée quelques années avant le diagnostic.
Devant les faiblesses de toutes les études présentées jusqu'à maintenant, plusieurs
équipes de recherche ont décidé d'approfondir le lien entre l'exposition aux CEM alternatifs
et le risque de cancer chez l'enfant. D'après le rapport d'un groupe de travail mis sur pied
par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)(13), 5 études seraient en
cours sur cette question à travers le monde. Mentionnons une vaste étude pan-canadienne
sur la leucémie de l'enfant qui inclurait 1 500 cas et 3 000 témoins et serait finalisée en
1993.
3.1.1.2 Les cancers chez l'adulte
Quatre études investigant l'association entre le cancer chez l'adulte et l'exposition
résidentielle générale aux CEM ont été publiées (voir Tableau II).
Wertheimer et Leeper(14) ont effectué une étude cas-témoins du même type que celle
réalisée chez les enfants. Ils observent une association significative entre le fait d'avoir
IC = Intervalle de confiance
98
habité dans une maison avec configuration électrique à risque élevé et la survenue de
cancers (principalement du système nerveux, de l'utérus, du sein et lymphomes). Le risque
détecté est faible, mais ils observent une légère relation dose-effet. Cette étude a été
critiquée par plusieurs auteurs pour ses faiblesses méthodologiques^5). Les procédés de
sélection des cas et des témoins sont discutables, l'évaluation de l'exposition indirecte n'a
pas été faite à l'aveugle et ne considère que l'environnement électrique des maisons. De
plus, très peu de facteurs de confusion ont été pris en compte.
McDowall^15) a présenté une étude de cohorte qui comparait la mortalité de résidents
proches d'une ligne de transmission ou d'un transformateur à celle de résidents de la région
étudiée (East Anglia). Il n'observe pas d'association entre l'exposition et la survenue de
cancers totaux mais une association significative avec le risque de décès par cancer du
poumon chez la femme et des associations non significatives avec le risque de décès par
leucémie et cancer des tissus lymphatiques chez la femme. Le risque est maximal lorsque
les résidences sont proches des installations électriques. Beaucoup d'éléments rendent
fragiles les résultats de cette étude. L'utilisation des certificats de décès diminue la validité
des diagnostics, il n'y a . pas de mesure précise d'exposition et très peu de facteurs
potentiellement confondants sont pris en considération. Finalement, à cause du faible
nombre de cas observés, il existe une grande imprécision dans les estimations présentées.
Severson et al(16> ont'publié en 1988 les résultats d'une étude cas-témoins
commanditée par l'État de New York. Il s'agit d'une étude beaucoup plus perfectionnée
que les précédentes et qui concerne uniquement la leucémie non lymphoïde. Les cas
étudiés ont été répertoriés par un registre de qualité, l'évaluation de l'exposition est basée
sur des mesures prises à l'intérieur des maisons et une évaluation de la configuration
électrique des résidences occupées dans les 15 ans précédant le diagnostic. La prise en
compte des facteurs de confusion semble optimale. Aucune association n'est observée entre
l'exposition et la maladie (RC«I). Les limites de cette étude ont trait à l'évaluation de
l'exposition qui reste imparfaite: l'évaluation par mesure directe n'a pu être effectuée que
chez 39 % des cas mais chez 70 % des témoins, de plus il n'a pas été possible de prendre
99
en compte l'exposition en dehors du milieu résidentiel. Ces imperfections ont pu contribuer
à biaiser la mesure d'association vers la valeur nulle. Wertheimer et Leeper ont eu accès
à la banque de données de cette étude et en ont refait une analyse post-hoc. Bien que ce
genre d'analyse soit toujours sujet à critique, il est intéressant de noter qu'une
dichotomisation des configurations électriques met en évidence un RC à 1.9
(IC 95 %: 0.9-3.8) pour les sujets résidant à la même adresse au cours des 3 années
précédant le diagnostic^.
Coleman et al^8) ont présenté récemment les résultats d'une étude réalisée il y a près
de 10 ans. Il s'agit donc d'une étude de première génération sans mesure directe des CEM
ni prise en compte de facteurs de confusion autre que l'âge et le sexe. La proximité des
résidence, des cas de leucémie, par rapport aux lignes à haute tension et aux
transformateurs, a été comparée à celle de témoins atteints d'autres types de cancer. Les
associations observées sont faibles et non significatives et aucune relation dose-effet n'a été
retrouvée. L'interprétation de cette étude est difficile: outre les lacunes mentionnées
précédemment, l'utilisation de témoins cancéreux peut entraîner une sous-estimation de
l'effet étudié, de plus les auteurs n'ont pas considéré le type histologique des cas de
leucémie.
Trois études ont examiné le risque relié à l'exposition aux couvertures électriques ou
aux lits chauffants. L'étude deSeverson(16)' a mis en évidence un excès quasi significatif de
leucémie non lymphoïde chez les utilisateurs de lits ou couvertures chauffantes avec bas
niveau socio-économique: RC = 2.4 (IC 95% : 0.99-5.84). L'analyse post-hoc de
Wertheimer et Leeper<17) se limitant aux personnes exposées aux lits/couvertures électriques,
et avec une configuration à risque, montre un risque supérieur: RC = 3.6 (IC 95% 1.3-9.4).
Preston-Martin et al(19) ont étudié l'effet de l'exposition aux couvertures électriques
sur les risques de leucémie myéloïde dans le comté de Los Angeles. Cent seize cas de
leucémie aiguë myéloïde (LAM) et 108 cas de leucémie chronique myéloïde (LCM) âgés
de 20 à 69 ans au diagnostic ont été appariés à autant de témoins pour l'âge, le sexe et la
100
race. Ni la survenue de LAM, ni celle de LCM n'était associée à l'utilisation de couverture
électrique (RC = 0 . 9 et 0.8). L'ajustement effectué pour l'exposition aux radiographies, le
travail de soudeur ou de fermier ne modifiait pas les résultats. Cette étude a certaines
faiblesses. Il y a d'abord l'exclusion des décès parmi les cas, ce qui peut avoir entraîné une
sous-estimation du risque si les personnes décédées avaient été plus exposées. Soulignons
aussi le faible niveau de l'exposition étudiée. En effet, l'utilisation de couverture électrique
en Californie est probablement limitée ce qui réduit la différence d'exposition entre le
groupe non exposé et le groupe exposé.
Verreault et al(20) ont étudié la relation entre l'exposition à des couvertures
chauffantes et le risque de cancer testiculaire. Ils n'observent pas d'association avec le
risque global de cancer testiculaire mais une légère association non significative avec le
risque de cancer testiculaire de type non séminal: RR=1.4, (IC 95%: 0.9-2.3). Ce dernier
risque augmente avec l'utilisation: RR=1.8, (IC 95%: 0.9-3.6) lorsqu'il y a une utilisation
de plus de 24 mois cumulés. Seuls l'âge, le statut marital et l'éducation ont été considérés
comme covariables. Il est possible qu'un tel effet soit dû à la chaleur locale provoquée par
la couverture plutôt qu'à l'effet direct des CEM.
3.1.2 Exposition en milieu de travail
L'évaluation des risques associés à l'exposition en milieu de travail est utile afin de
réduire les risques reliés à cette exposition, mais elle permet également de générer des
connaissances qui seront applicables à la population générale. En effet, beaucoup
d'agresseurs environnementaux sont présents à des niveaux plus élevés en milieu de travail
que dans la vie courante. Un risque associé à ces niveaux pourra éventuellement être
extrapolé à la situation générale si l'effet est proportionnel au niveau d'exposition ou à la
dose. Dans le cas des CEM, nous ne savons pas si les effets possibles de ces champs sont
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fonction de la dose reçue. Il est néanmoins utile de connaître les effets associés à des niveaux élevés en milieu de travail.
3.1.2.1 Les risques de leucémie
Plusieurs auteurs ont révisé la littérature dans ce domaine^1"23). Nous avons mis à jour ces revues.
Savitz et Calle ont présenté en 1987(22)' une des revues les plus détaillées à ce sujet.
Onze études étaient répertoriées par ces auteurs: 8 études de mortalité et 3 études sur des
cas incidents. Il existe une hétérogénéité dans toutes ces études. La plupart compare la
fréquence des cas de leucémie à celle d'autres cas de cancer ou d'autres décès chez les
travailleurs de l'électricité. Il en résulte l'utilisation du PMR (Proportional Mortality Ratio)
ou du PIR (Proportional Incidence Ratio). Une estimation du risque relatif de leucémie
chez les travailleurs exposés à l'électricité est proposée après pondération pour la taille des
populations étudiées. Globalement, le risque relatif de leucémie totale chez ces travailleurs
est estimé à 1.2 (IC 95%: 1.1-1.4),c'est-à-dire une augmentation de 20 % par rapport à
d'autres travailleurs. Ce risque est plus élevé lorsqu'on considère uniquement les cas de
leucémie aiguë et particulièrement les cas de leucémie aiguë myéloïde (RR « 1.5). Les
professions les plus à risques seraient les assembleurs d'équipement électrique, les
travailleurs de l'aluminium, les télégraphes et les opérateurs de radio.
Ces études sont critiquables à cause de leurs faiblesses méthodologiques importantes.
D'une part, le titre d'emploi utilisé dans ces études n'implique pas nécessairement une
exposition aux CEM de 50/60 Hz. On ne peut donc pas extrapoler de ces études le niveau
d'exposition passée. De plus, les méthodes épidémiologiques utilisées dans ces études ne
sont pas très élaborées et sujettes à des biais non prévisibles. Ajoutons que des facteurs de
risque de leucémie, telle l'exposition aux radiations ionisantes et au benzène peuvent exister
en milieu de travail et n'ont pas été considérés dans ces études.
103
D'autres études utilisant des méthodologies plus solides ont été répertoriées par la
suite par Coleman et Beral(5) ainsi que par Thériault(23). Nous y avons ajouté certaines
études plus récentes. Un résumé de ces études est présenté au Tableau III.
Wiklund et al(24) ont réalisé une étude à partir des données du recensement de la
population suédoise de 1960 et du registre de cancers des années 1961-1973. Leur analyse
se limite à comparer les taux d'incidence de cas de leucémie chez les opérateurs de radio
à ceux de la population générale. Les chercheurs n'ont trouvé aucun excès. Toutefois, ils
n'ont pas tenu compte de facteurs de confusion autres que le sexe et la date de naissance.
L'exposition aux CEM n'a pas été estimée.
Morton et Maijanovic(25) ont réalisé une étude visant à évaluer les taux de leucémie
selon la profession dans le secteur de Portland. Aucun excès de leucémie n'a été noté chez
les électriciens et les soudeurs. Plusieurs autres occupations étaient associées à une
fréquence élevée de leucémie. Aucune mesure d'exposition aux CEM n'a été utilisée et il
n'y a pas de prise en compte de facteurs de confusion autres que le sexe et l'âge.
Jârvisalo et al(26) ont présenté une étude cas-témoins portant sur l'exposition
professionnelle de personnes atteintes de leucémie aiguë myéloïde en comparaison à
d'autres types de cancer. Aucune profession, incluant les installateurs de matériel de
téléphone et de radio, n'est associée à un excès significatif de ce type de leucémie. Cette
étude ne considère pas spécifiquement l'exposition aux CEM et l'occupation retenue est
seulement celle au moment du diagnostic. Il y a donc possibilité de mauvaise classification
de l'occupation. De plus, la prise en compte des facteurs potentiels de confusion est limitée.
Gilman et al(27) ont réalisé une étude cas-témoins à l'intérieur de 4 cohortes de
mineurs de charbon. Ils observent un excès de leucémie, particulièrement de leucémie
lymphoïde chronique (LLC) et de leucémie myéloïde chez les mineurs ayant travaillé dans
la mine plus de 25 ans. Il n'y a pas eu de mesure de l'exposition directe aux CEM, mais ils
ont pris en considération outre l'âge au décès, le tabagisme et les signes de pneumoconiose.
104
Dans leur discussion des résultats, les auteurs reconnaissent que le risque accru de leucémie
myéloïde pourrait être dû à l'exposition à des agents dégraissants contenant du benzène.
Le risque de LLC est inexpliqué. L'exposition aux CEM est proposée comme "premier
suspect".
Stern et al(28) ont présenté une étude cas-témoins réalisée à l'intérieur d'une cohorte
de travailleurs de chantiers maritimes nucléaires. Contrairement à leurs hypothèses de
départ, ils n'ont pas observé de risque élevé de leucémie chez les travailleurs exposés aux
radiations ionisantes ou aux solvants. Cependant, un risque significatif était observé pour
les postes d'électriciens et de soudeurs, les électriciens étant plus sujets à la leucémie
lymphoïde et les soudeurs à la leucémie myéloïde. Les limites de cette étude sont liées à
son hypothèse de départ. On a accordé beaucoup d'importance à l'évaluation de
l'exposition aux radiations ionisantes mais beaucoup moins à l'exposition aux solvants et aux
CEM. Aucune mesure de ces champs n'a été effectuée. La prise en compte de facteurs
confondants est aussi limitée. Les électriciens aussi bien que les soudeurs peuvent être
exposés à des produits toxiques, fumées de métaux, solvants, BPC,... L'absence du contrôle
de ces facteurs a pu biaiser l'association observée. Il faut cependant reconnaître à cette
étude certaines forces: une évaluation précise de l'histoire professionnelle et un choix
rigoureux des témoins à l'intérieur de la cohorte.
Flodin et al^29) ont publié une étude cas-témoins sur l'association entre le risque de
leucémie aiguë myéloïde (LAM) et l'exposition aux rayonnement gamma provenant des
résidences. Un questionnaire fut distribué aux cas et aux témoins et a permis d'isoler les
effets d'autres sources d'exposition. Ils ont ainsi observé que, parmi diverses professions,
les électriciens ont un risque élevé d'être atteints de cette leucémie. Cette étude est
cependant sujette à critique. Outre le fait que l'exposition aux CEM soit seulement basée
sur le titre d'emploi recueilli par questionnaire, il faut noter que les cas retenus représentent
un sous-groupe de cas de LAM, c'est-à-dire des patients vivants et aptes à répondre à un
questionnaire. Ce choix a pu biaiser l'association observée, si les cas rejetés avaient des
105
caractéristiques différentes. L'évaluation des facteurs confondants bien que réalisée par questionnaire semble assez exhaustive.
Preston-Martin et Peters(30) ont publié récemment une étude cas-témoins sur les
facteurs de risque reliés à la leucémie myéloïde chronique. Suite à une enquête par
questionnaire auprès de cas et de témoins, ils ont observé un risque beaucoup plus élevé
chez les personnes ayant travaillé comme soudeurs. Cette étude, comme la précédente, se
limite aux cas vivants et le recueil d'informations est obtenu par questionnaire. De plus,
l'interviewer connaissait le statut des cas. Ce sont là des éléments qui peuvent entraîner
certains biais dans les associations observées. Les soudeurs sont aussi exposés à différents
agresseurs en plus des CEM, (solvants, fumées de métaux, rayons X), lesquels ne peuvent
être pris en considération dans le cadre de cette étude.
Linet et al(31) ont réalisé une étude de cohorte qui intègre les données du registre de
tumeurs suédois aux données de recensement. En tenant compte de la profession exercée
en 1960, ils observent une augmentation du risque de LLC dans les 20 années suivantes chez
les monteurs de lignes électriques. Ce type d'étude peut être critiqué à cause des données
limitées quant à l'histoire professionnelle et l'exposition réelle aux CEM. De plus, comme
le mentionnent les auteurs, d'autres agresseurs présents dans le milieu de travail des
monteurs de lignes n'ont pu être pris en considération: solvants, créosote, plomb,... Il faut
aussi noter que. le registre de cancers suédois est limité par une sous-déclaration des cas de
leucémie, ce qui peut-être cause de biais(31).
D'autres études ne sont pas mentionnées dans nos tableaux, car elles ont été présentées uniquement à des congrès ou publiées de façon très préliminaire. Nous les mentionnons ci-après.
106
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Juutilainen et Pukkala(32) ont présenté récemment les résultats préliminaires d'une
étude de cohorte du type de celle de Linet et réalisée en Finlande. Un excès de cas de
leucémie est observé chez les professions exposées à l'électricité (RC = 1.23) avec un
maximum pour les électriciens en bâtiments (RC=7.46), les installateurs et réparateurs de
téléphone (RC=2.14) et les travailleurs de lignes (RC = 1.28). Aucun test statistique n'aété
effectué à cause du faible nombre de cas présentés.
Matanoski et al^33_34) ont présenté au dernier congrès sur la recherche sur les champs
EM de 50-60Hz les résultats préliminaires d'une étude de cohorte effectuée chez les
travailleurs de téléphone. Plusieurs éléments laissent penser que cette étude est d'un calibre
supérieur aux études présentées jusqu'à maintenant sur le sujet. Il s'agit d'une étude de
cohorte où l'on a observé le devenir de plus de 50 000 travailleurs de la "New York
Telephone Company". Un estimé de l'exposition selon les catégories d'emploi a été évaluée
par dosimétrie. Selon les résultats préliminaires présentés, les travailleurs les plus exposés
aux champs magnétiques ("cable splicer") ont un excès de cas de cancer et plus
particulièrement de leucémie (RC=7) quand on les compare à des travailleurs peu exposés.
Il faudra cependant attendre un rapport plus complet sur cette étude pour porter un
jugement définitif sur sa valeur.
Devant les limites de toutes les études publiées jusqu'à maintenant sur le risque de
leucémie chez les travailleurs èxposés aux CEM et la plausibilité d'une telle association,
plusieurs équipes de recherche ont mis au point des études beaucoup plus sophistiquées
visant à clarifier cette hypothèse. Le groupe réuni par le CIRC(13) a ainsi répertorié 6
études actuellement en cours sur le sujet à travers le monde. Ce répertoire compte l'étude
de Thériault et al, de l'Université McGill, qui comparera l'exposition de cas de cancers à
celle de témoins à l'intérieur d'une cohorte de travailleurs de l'électricité au Québec, en
France et en Ontario(35_36).
109
3.1.2.2 Les risques de cancer du cerveau
Les tumeurs du cerveau surviennent avec prédilection dans certaines professions.
Plusieurs produits toxiques sont soupçonnés d'être responsables de cet excès: solvants,
hydrocarbures polycycliques, phénols, etc(37). Cependant, quelques études ont relevé un
excès de ces cancers chez les électriciens^. Ces études ont été critiquées à cause de limites
méthodologiques importantes(37)(38). Il s'agit le plus souvent d'études de mortalité dans
lesquelles le diagnostic pathologique est rarement présenté et qui sont basées uniquement
sur la profession notée au certificat de décès. Nous présentons au Tableau IV un résumé
des études les plus récentes qui ont essayé de combler certaines lacunes des études passées.
Lin et al(38), ont publié les résultats d'une étude cas-témoins effectuée au Maryland.
Ils ont comparé les professions de personnes décédées de tumeur du cerveau à celles de
témoins décédés d'autres causes. Ils observent un risque accru de tumeurs du cerveau et
particulièrement de gliomes et d'astrocytomes chez les travailleurs des professions les plus
exposés aux CEM. Cette étude possède certaines forces que l'on ne peut négliger:
vérification manuelle des certificats de décès afin d'exclure des cas de tumeurs
métastatiques, considération du type histopathologique des tumeurs, classification des
professions selon le risque d'exposition aux CEM par un groupe ne connaissant pas le statut
du décédé, choix adéquat des témoins. Cependant, cette étude reste rudimentaire à cause
d'un manque de validation dé' la classification proposée pour catégoriser le risque de
l'exposition des professions aux CEM et à cause de l'absence de contrôle de facteurs de
confusion pouvant être associés à la survenue de telles tumeurs (particulièrement les
produits toxiques déjà mentionnés).
L'étude de McLaughlin(39) est de type cohorte. Utilisant les données du recensement
suédois de 1961, il compare l'incidence des gliomes de certaines professions à celle de la
population générale. Un risque élevé de survenue de gliomes est observé chez les soudeurs
et beaucoup d'autres professions dont les biologistes, les professionnels de la santé et les
travailleurs de la poterie. Aucun excès de risque n'est observé chez les électriciens et les
104
travailleurs de l'électronique. Cette étude a l'avantage de se baser sur les données solides
du registre des tumeurs pour l'identification des cas incidents et du type histologique de la
tumeur. De plus, l'information sur la profession est recueillie au début de la cohorte et est
peut-être plus représentative que celle déclarée au certificat de décès. Cependant, la
profession recueillie par recensement n'est pas très détaillée et l'on a pas tenu compte de
l'exposition réelle ni aux CEM ni aux toxiques.
L'étude de Thomas(40) est de type cas-témoins. Chez les malades décédés de tumeurs
du cerveau, il a observé plus fréquemment une profession avec potentiel d'exposition aux
CEM. Le risque est maximum pour l'astrocytome et chez les travailleurs de la production
et de la réparation d'équipement électronique. De plus, il observe une relation dose-effet
en tenant compte de la durée d'exposition. Par contre, si l'on exclut les travailleurs non
exposés à des toxiques comme les solvants, les fumées de soudage et le plomb, l'association
n'est plus retrouvée. Cette étude a certaines forces indéniables: évaluation du diagnostic
au dossier médical, prise en compte du type histopathologique de la tumeur, évaluation des
emplois pendant toute la vie, prise en considération de l'exposition à d'autres produits
toxiques. Cependant, la classification proposée pour catégoriser les expositions à risque
n'est pas validée, l'évaluation de l'exposition aux autres toxiques est basée sur une
évaluation qualitative. De plus, l'analyse statistique par les auteurs n'est pas très
développée.
Speers et al(41) ont présenté les résultats d'une étude cas-témoins effectuée au Texas.
En comparant les professions notées au certificat de décès de malades décédés de gliomes
à celles de témoins décédés d'autres causes, ils observent un risque élevé particulièrement
chez les travailleurs potentiellement exposés aux CEM. Lorsqu'ils utilisent la même
classification que L i n ^ , ils retrouvent une relation dose-effet selon la probabilité de
l'exposition aux champs EM. Bien que cette étude ait l'avantage de se limiter aux cas de
gliomes, elle est sujette à des biais de classification autant pour ce qui est du diagnostic que
de l'occupation qui nous intéresse. De plus, l'évaluation de l'exposition aux CEM, comme
celle des facteurs confondants est déficiente.
111
D'autres études sont actuellement en cours sur le sujet. D'après le CIRC(13), trois
études cas-témoins (dont celle dirigée par Gilles Thériault) et une étude de cohorte sont en
train d'investiguer plus en profondeur cette association. Il faudra attendre un ou deux ans
pour connaître les premiers résultats de ces études.
3.1.2.3 Autres études sur les risques de cancer
Plusieurs études ont évalué le risque de cancer chez les travailleurs potentiellement
exposés aux CEM. Ces études, basées la plupart du temps sur des hypothèses peu précises,
sont plutôt de type exploratoire. Nous les avons répertoriées au Tableau V en faisant
ressortir les résultats qui concernent
excès d'autres types de cancer.
Sur les 10 études présentées,
Aucune d'entre elle n'évalue l'exposition réelle aux CEM. L'objectif de ces études est
surtout d'explorer la mortalité (et éventuellement la morbidité) par cancer chez un groupe
de professions ayant des contacts avec les CEM: travailleurs de l'électricité, de
l'électronique, du téléphone, de la radio, etc. L'exposition reliée à ces professions n'est pas
par des mesures réelles. De plus, les professions retenues varient d'une étude à
Néanmoins, cette lacune est fréquente dans les études de santé au travail et a
tendance à diluer les associations étudiées (hétérogénéité de l'exposition à l'intérieur
d'un groupe) ou à augmenter la variabilité des résultats (hétérogénéité de l'exposition entre
les groupes étudiés). Ce qui est le plus regrettable est l'absence de contrôle des autres
agresseurs présents dans le milieu de travail qui pourraient expliquer les associations
observées. Un autre problème commun à ces études est leur manque de puissance ce qui
limite l'interprétation statistique des résultats obtenus.
les 2 types de cancer vus précédemment ainsi que les
aucune n'est exempte de problèmes méthodologiques.
validée
l'autre,
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112
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1) il n'y a généralement pas d'excès global de cas de cancer chez ces travailleurs,
2) un excès de cas de leucémie est retrouvé dans 6 études sur 7,
3) un excès de cas de cancer du cerveau est retrouvé dans 3 études sur 6,
4) un excès de cas de mélanome est retrouvé dans 4 études sur 6,
5) d'autres cancers sont aussi observés en excès de façon moins régulière: cancer de
l'intestin, de l'estomac, du larynx.
Le risque de mélanome cutané a aussi été étudié récemment par De Guire et
Thériault chez les travailleurs des télécommunications de Montréal(53). Une liste de tous
les employés ayant travaillé pendant au moins 6 mois entre 1976 et 1983 dans cette activité
a été croisée avec la liste de tous les cas de mélanome malin répertoriés dans 30 hôpitaux
de la région de Montréal ainsi qu'au fichier des tumeurs. Le taux d'incidence de mélanome
de ces travailleurs a été comparé au taux de la population de Montréal après
standardisation pour l'âge et le sexe. Les travailleurs masculins apparaissent à risque
élevé de mélanome: SIR = 2.7, (CI 95%: 1.3-5.0),et particulièrement ceux ayant moins de
20 ans d'ancienneté : SIR = 5.0 (CI 95%: 1.6-11.7). Aucune histoire professionnelle
détaillée n'a pu être complétée pour les dix cas retrouvés et neuf cas sur dix ont été détectés
entre 1976 et 1980. Il est difficile de conclure sur la nature de ce regroupement de cas
puisque ni les différents agresseurs en milieu de travail, ni les facteurs de risque de
mélanome n'ont pu être pris en considération.
Une étude a évalué le PMR (proportion morbidity ratio) de différentes professions
en Angleterre pour le cancer de l'oeil(54). Le ratio le plus élevé était retrouvé chez les
travailleurs de l'électricité et de l'électronique: PMR = 571, p < 0.05. Par contre, une
étude cas-témoins plus robuste réalisée au Canada(55) sur le mélanome oculaire n'a pas mis
en évidence de risque élevé chez ce même groupe de travailleurs.
114
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3.1.3 Problèmes méthodologiques
La plupart des études épidémiologiques portant sur le risque de cancer associé à
l'exposition aux CEM alternatifs présentent des problèmes méthodologiques importants.
Avant de tirer les principales conclusions des études présentées, il est bon de se pencher sur
l'impact possible de ces problèmes méthodologiques sur les résultats observés. Nous
utiliserons principalement dans cette section le matériel présenté à ce sujet par Savitz et al(3)
et Poo le^ auquel nous ajouterons nos propres commentaires.
Trois types de problèmes sont constamment retrouvés dans les études présentées:
1) l'évaluation de l'exposition,
2) le contrôle des facteurs de confusion et,
3) d'autres problèmes reliés au protocole même de l'étude ou éventuellement à la
conduite de l'étude.
3.1.3.1 Évaluation de l'exposition
Quatre problèmes concernent l'évaluation de l'exposition. Comme déjà mentionné
dans ce rapport, le premier problème associé à l'évaluation de l'exposition aux CEM dans
le but d'étudier leurs effets sur l'humain est le manque d'indices permettant de choisir le
paramètre d'exposition le mieux adapté. Cette imprécision, due au manque de connaissance
d'un mécanisme d'action précis, amène inévitablement de la difficulté à définir différents
niveaux d'exposition et donc à évaluer une éventuelle relation dose-effet.
Le deuxième problème est la difficulté d'évaluer l'exposition passée aux CEM.
Même si la dosimétrie a permis de mieux connaître l'exposition actuelle aux CEM, celle-ci
est surtout utile pour classifier différents niveaux d'exposition selon le type de profession ou
d'activité. L'évaluation rétrospective ou "historique" doit estimer l'exposition passée, soit
101
20 ou 40 ans avant l'apparition de la tumeur, alors que les équipements et procédés étaient
différents d'aujourd'hui.
Le troisième problème est lié à la multiplicité des sources d'exposition aux CEM.
La majorité des études présentées se limitent le plus souvent à un type d'exposition, c'est-à-
dire l'exposition résidentielle due à la configuration des câbles électriques d'une maison ou
l'exposition due au travail. Cependant, il y a plusieurs autres sources qui ne peuvent être
négligées. Par exemple, l'exposition résidentielle à des couvertures chauffantes ou liée à
l'utilisation régulière d'appareils électriques ne peut être négligée même lorsqu'on évalue
les effets d'une exposition liée au travail.
Le quatrième problème est en quelque sorte le corollaire au troisième. Puisque les
sources d'exposition aux CEM sont multiples, il devient difficile d'obtenir un groupe pouvant
être considéré comme non exposé.
Ces quatre problèmes méthodologiques tendent à produire une erreur de
classification de l'exposition aussi bien dans les études cas-témoins que dans les études de
cohorte. Cette erreur de classification est très probablement non sélective et touche
indifféremment les malades et les non-malades. Cela peut donc avoir pour effet de diluer
les associations étudiées et donc de sous-estimer le risque relatif réel. L'erreur de mesure
tend donc à ramener le risque relatif (RR) vers 1(57)(58). Des résultats positifs ne peuvent
donc nullement être expliqués par ce type d'erreur. Par contre, cet effet peut expliquer, en
partie, les faibles RR retrouvés.
119
3.1.3.2 Facteurs de confusion
Un facteur de confusion est un facteur de risque de la maladie à l'étude et qui, en
plus, est associé à l'exposition étudiée. L'absence de contrôle d'un tel facteur va entraîner
une distorsion (biais) de l'effet mesuré. Ce biais peut provoquer une augmentation ou une
réduction artificielle du risque évalué. Ces facteurs, qui sont des facteurs de risque pour le
cancer, ne sont pas tous connus. Ainsi, il y a peu de facteurs de risque de cancer chez
l'enfant qui soient connus^605 . Cependant, chez l'adulte plusieurs facteurs sont maintenant
bien identifiés ou suspectés, notamment pour ce qui est de certains cas de leucémie(61), du
cancer du cerveau^ ou du mélanome^.
L'effet de la non-prise en compte de tels facteurs doit être évalué. Pour ce qui est
des études effectuées en milieu résidentiel, il est intéressant de noter que les deux études
comportant un contrôle étroit des facteurs de risque connus ou potentiels de leucémie n'ont
pas mis en évidence d'effets liés à des facteurs de confusion dans leurs études. Cependant,
comme l'observent Savitz et al(3) on ne peut écarter totalement l'effet de facteurs qui ne
sont pris en considération, telle l'exposition à des facteurs environnementaux associés au
transport de l'électricité. Pour ce qui est des études effectuées en milieu de travail, il est
évident que l'absence de contrôle des facteurs de risque connus ou potentiels peut biaiser
les résultats le plus souvent en surestimant les associations retrouvées.
3.1.3.3 Autres problèmes
D'autres problèmes assez fréquents sont dus à d'autres imperfections des protocoles d'étude.
Ainsi, plusieurs études n'ont pas d'hypothèse bien précise. Le fait d'étudier par
exemple tous les cancers, ou même tous les cas de leucémie, n'est pas très spécifique. En
effet, il est exceptionnel qu'un cancérigène augmente indifféremment la fréquence de tous
les cancers. Par exemple, les différents types histologiques de leucémie n'ont pas le même
104 120
profil épidémiologique^. Le fait de regrouper plusieurs entités cliniques a tendance à
obscurcir l'effet d'un facteur sur un type précis de maladie. Le fait de ne pas avoir
d'hypothèse précise, par exemple, en évaluant l'effet de l'exposition aux CEM sur différents
types de cancers ou le risque de maladies dans différents groupes de professions, entraînent
une augmentation des chances qu'un résultat soit déclaré significatif alors que cela est dû
à la chance (erreur de type I).
L'étude de l'apparition de types spécifiques de cancers est souvent limitée par le
nombre de cas disponibles. La plupart des études de cohorte, même celles de grande taille
ont des problèmes d'effectif lorsqu'il s'agit d'étudier des cancers spécifiques. Ce manque
d'effectifs peut aussi se rencontrer dans des études cas-témoins portant sur des types
histologiques particuliers ou lorsqu'on veut regarder l'influence d'autres variables. Le
manque des effectifs entraîne une diminution de la puissance de la plupart des études. Il
en résulte le plus souvent une difficulté à obtenir des résultats statistiquement significatifs
(erreur de type II).
D'autres problèmes peuvent surgir lors de la sélection des témoins, pouvant être
provoqués par les refus de répondre à un questionnaire ou d'autoriser l'évaluation de
l'exposition d'une résidence. Les non-répondants pourront alors être différents de ceux qui
accepteront de participer. Ces biais peuvent provoquer de fausses associations.
Aussi, il y a souvent des problèmes liés à l'éventail des expositions à l'étude qui
obligent les chercheurs à regrouper des personnes ayant une exposition très hétérogène ce
qui tend encore à diluer les associations estimées.
3.1.4 Résumé et interprétation des études épidémiologiques
Nous désirons dans cette section donner notre interprétation des résultats des études
épidémiologiques évaluant l'association cancer-exposition aux CEM alternatifs. Dans un
premier temps, nous ferons une synthèse des études épidémiologiques présentées. Dans un
deuxième temps, nous présenterons une évaluation de la nature causale des associations
observées.
3.1.4.1 L'exposition résidentielle
Risque de cancer chez l'enfant
Quatre études épidémiologiques ont évalué le risque de cancer chez l'enfant. Trois
considéraient toutes sortes de cancers, une se limitait aux cas de leucémie. Un risque plus
élevé de leucémie est observé dans deux études sur quatre avec une estimation de RR
autour de deux pour les études positives et de 0.3 à 1 pour les études négatives. Un risque
élevé de tumeur du système nerveux est retrouvé 2 fois sur 3 (RC « 2-3) et un risque élevé
de lymphome 2 fois sur 3 (RR « 2) aussi.
L'augmentation globale du risque d'apparition de cancer est observée dans 3 études
sur 3 (RC = 1.4-1.9). L'étude la plus solide est celle de Savitz® et, bien qu'elle comporte
certaines limites, elle tend à soutenir les découvertes de la première étude de Wertheimer^.
Tant que l'on n'aura pas d'autres explications aux associations observées, on doit reconnaître
que l'association entre l'exposition résidentielle au champ magnétique alternatif et l'excès
de cas de leucémie, de tumeurs du système nerveux, de lymphomes, et peut-être aussi
d'autres cancers, est plausible.' D'autres études devront cependant confirmer cet effet.
L'étude de Savitz qui se concentre sur l'effet des appareils électriques^ bien que de type
exploratoire suggère la possibilité d'une augmentation des risques de leucémie chez les
enfants exposés aux couvertures chauffantes.
Risque de cancer chez l'adulte
Les études effectuées sur le risque de cancer chez l'adulte et l'exposition résidentielle
sont rares. Quatre études ont évalué l'effet de la configuration électrique des résidences.
Deux études se limitent aux cas de leucémie. Seules les études, de McDowall^ et
122
Coleman(18) observent un excès (non significatif) de leucémie: RR<2. L'étude la plus solide
est celle de Severson(16) et elle ne retrouve aucun effet. Cependant, ses faiblesses nous
obligent à ne pas rejeter totalement l'hypothèse d'un tel effet. Les autres associations avec
la survenue de cancer sont peu consistantes. Wertheimer*14* a retrouvé un excès non
quantifié de cancers du système nerveux, de l'utérus, du sein, et de lymphome. McDowall(15)
a observé un excès non significatif des cancers des tissus lymphatiques chez la femme (ICM
= 171). L'hypothèse d'un effet de la configuration électrique des résidences sur la survenue
de cancer chez l'adulte n'est donc pas très solide.
Quelques études se sont concentrées sur l'effet de l'exposition provenant des
appareils électriques. L'excès de cas de leucémie non lymphoïde dans l'étude de
Severson(16) chez les personnes utilisant une couverture chauffante ou un lit chauffant ne
peut être ignoré avec RR de 2.4 chez les personnes de niveau socio-économique faible. Ce
risque n'est pas confirmé par l'étude de Preston-Martin(19) mais doit cependant être
investigué plus à fond d'autant que l'on connaît bien l'exposition majeure aux champs EM
générés par les couvertures et les lits chauffants. L'étude de Verreault(20) qui observe une
association non significative entre le cancer du testicule de type non séminal et l'utilisation
de couvertures chauffantes demande confirmation.
3.1.4.2 L'exposition en milieu de travail
Reprenons les principaux risques étudiés reliés potentiellement à l'exposition aux
CEM en milieu de travail.
le risque de leucémie
Huit études ont étudié spécifiquement le risque d'augmentation des cas de leucémie
chez les travailleurs exposés aux CEM. Cinq études ont observé une augmentation
significative du risque de cas de leucémie, mais les professions incriminées varient: mineurs
(1 étude), électriciens (2 études), soudeurs (2 études), monteurs de ligne (1 étude). Le type
101
de cas de leucémie étudié ou mis en évidence varie aussi. Dans quatre études, l'on a
observé une augmentation du risque de leucémie myéloïde, (2 fois il s'agit de la LAM et 3
fois de la LCM). Une étude considère uniquement le type myéloïde ou lymphoïde et
retrouve un excès des 2 types chez les électriciens.
Parmi les 3 études négatives, deux concernent d'autres professions: travailleurs des
télécommunications et de la radio, une concerne entre autres les électriciens et les soudeurs.
La seule étude négative spécifiant le type de leucémie(26) a des lacunes importantes qui
peuvent expliquer les résultats retrouvés. Les risques relatifs retrouvés sont très variables,
mais pour les études positives, ils sont le plus souvent supérieurs à 2.
Les autres études portant sur le risque de différents types de cancer dont la leucémie
chez les travailleurs exposés aux CEM (travailleurs de l'électricité, de l'électronique et des
télécommunications)(voir 3.1.2.3) observent fréquemment soit 6 fois sur 7, un excès de
risque dans ces professions mais avec des estimations de RR plus faibles.
Toutes ces études souffrent de lacunes majeures. S'il est évident qu'il y a
fréquemment une augmentation de certains cas de leucémie chez les travailleurs exposés
potentiellement aux CEM, il est très possible que ces excès de risque soient dus, en partie,
ou en totalité, à l'effet d'autres agresseurs présents en milieu de travail. Seules les études
ultérieures plus perfectionnées, prenant en compte les différents agents toxiques présents
en milieu de travail et résidentiel pourraient résoudre cette question. Dans l'attente de ces
futurs résultats, on doit considérer l'hypothèse actuelle comme plausible.
le risque de cancer du cerveau
Les résultats des 4 études effectuées spécifiquement pour investiguer les professions
à risque de tumeurs du cerveau méritent une attention particulière. Les 3 études cas-
témoins montrent des excès importants (RR « 2-4) de tumeurs du cerveau chez les
travailleurs de l'électricité et 2 sur 3 chez les travailleurs des télécommunications. Une
124
relation dose-effet est mise en évidence dans les 3 études soit en classifiant l'exposition soit
selon l'intensité des CEM(38)(41), soit selon la durée d'exposition(40). Une étude considère
uniquement les gliomes(41), une autre les gliomes et les astrocytomes(38), la dernière toutes
les tumeurs du cerveau(40).
La seule étude de cohorte réalisée spécifiquement sur ce sujet ne s'intéresse qu'aux
gliomes. Elle ne montre pas de risque élevé chez les travailleurs de l'électricité et de
l'électronique mais un léger risque chez les soudeurs. Cependant, on n'a pas tenté
d'identifier les professions les plus à risque à l'intérieur des groupes de travailleurs de
l'électricité et de l'électronique, ce qui a pu entraîner une sous-estimation du RR.
Les études s'intéressant à tous les types de cancer (section 3.1.2.3)ont aussi, dans 3
cas sur 6, mis en évidence un excès de ces tumeurs chez des travailleurs de l'électricité ou
de l'électronique mais les RR sont plus faibles (<2) . Cependant, ces études ne regroupent
généralement pas les professions avec le plus haut risque ce qui peut diluer les associations
observées.
Une limite importante toutes ces études provient de l'absence de contrôle d'autres
agresseurs pouvant être responsables des associations étudiées. Dans l'attente d'études
subséquentes plus raffinées, on se doit de considérer cette association comme très plausible.
le risque de mélanome
Ce risque n'a été étudié spécifiquement que dans un cas suite à l'apparition d'un
agrégat de cancers dans une compagnie de télécommunication*53). On a trouvé l'association
positive (RR » 3). Le risque de mélanome a été étudié dans 6 études évaluant la survenue
de tous types de cancer chez les travailleurs exposés aux CEM. Dans 4 cas sur 6,
l'association trouvée positive avec des RR variant de 1.4 à 3.
125
Aucune de ces études n'a pris en compte les facteurs de risque connus de mélanome
(hérédité, exposition aux UV...)ce qui limite leur validité. Cette association doit cependant
être considérée comme une hypothèse à confirmer.
le risque d'autres cancers
Il est difficile de cerner une tendance pour les autres types de cancer. Il est
cependant possible que certaines associations retrouvées plus fréquemment que d'autres
(cancer de l'intestin, de l'estomac par exemple) soient présentes. Ceci n'est qu'une
hypothèse très lointaine. Il est cependant évident que s'il s'avère que les CEM favorisent
l'apparition de certains types de cancer comme la leucémie ou le cancer du cerveau, il
faudra continuer à investiguer le potentiel cancérigène de ces agents et donc préciser leur
relation avec d'autres cancers.
3.1,4.3 Nature causale des associations observées
Afin de juger de la nature causale des associations observées, il convient de s'attarder
sur un certain nombre de critères reconnus à cette fin(63). On doit ainsi répondre à deux
grandes questions:
D'autres explications aux associations retrouvées ont-elles été écartées?
Comme nous l'avons vu, cela n'est pas le cas, autant pour ce qui est des expositions
résidentielles que des expositions professionnelles. Cependant, comme l'ont fait remarquer
Savitz et al(3), pour qu'un autre facteur explicatif soit retenu, il faut qu'il y ait au moins
autant de plausibilité que le facteur à étude. Pour ce qui est de l'évaluation de l'exposition
résidentielle, même si d'autres facteurs pouvaient éventuellement expliquer les associations
observées, aucun n'est vraiment plausible. Pour ce qui est de l'exposition professionnelle,
il est fort possible que d'autres facteurs cancérigènes déjà connus ou suspectés puissent être
104 126
responsables des associations observées. Cependant, à l'heure actuelle, aucun facteur
démontré ne peut expliquer les associations observées.
Plusieurs critères en faveur de la causalité sont-ils retrouvés?
1. Force de l'association
Si l'on compare l'effet observé à celui d'autres cancérigènes tels la cigarette, le risque
d'excès de cancer semble faible. Cependant, compte tenu de la possibilité de
classification erronée de l'exposition et de son effet de dilution sur les associations
observées, on doit considérer que des risques relatifs de l'ordre 1.5 à 2, reflètent
probablement des associations plus fortes. Il faut toutefois garder à l'esprit qu'il est
possible que la force observée soit due à des facteurs non contrôlés.
2. Relation dose-effet
Il s'agit d'une relation qui milite habituellement en faveur d'une association causale
et qui est très utile à l'évaluation de risque. Cet effet peut être absent vu le
potentiel d'effet fenêtre mentionné dans les études sur la cellule et l'animal. Il a été
rarement étudié mais retrouvé occasionnellement en milieu résidentiel et en milieu
professionnel. Il faudra cependant que cet effet soit étudié plus intensément afin
d'être utile à l'évaluation quantitative de risque.
3. Constance de l'association
Plus les études concordent dans leurs résultats, plus l'association sera dite constante.
Les études effectuées sur l'effet de l'exposition résidentielle chez l'enfant sont assez
concordantes particulièrement pour le risque de leucémie, de tumeur du système
nerveux et de lymphome. Les études effectuées sur l'exposition professionnelle sont
aussi plutôt concordantes particulièrement pour le risque de leucémie, de cancer du
cerveau et de mélanome.
4. Chronologie de l'association
L'exposition est-elle survenue au bon moment pour favoriser l'induction ou la
promotion du cancer? Il s'agit d'un facteur très important qui n'a pas été souvent
évalué à cause de l'imperfection de l'évaluation de l'exposition et de la connaissance
limitée des mécanismes de cancérogénèse. Par exemple, l'évaluation de l'exposition
résidentielle des enfants a souvent été limitée aux résidences les plus récentes et
Wertheimer et Leeper ont d'ailleurs observé des risques supérieurs lorsqu'ils
considéraient les expositions récentes(1)(r7). En milieu professionnel, Thomas*40* a
observé une augmentation du RR d'astrocytome chez les travailleurs de l'électricité
et de l'électronique qui était maximal après 20 ans d'ancienneté. Au contraire, De
Guire*53* a observé un risque relatif maximal de mélanome chez les travailleurs des
télécommunications, chez ceux ayant moins de 20 ans d'ancienneté. Il faudra
examiner de plus près les périodes critiques d'exposition afin de mieux comprendre
les mécanismes par lesquels s'opèrent ces effets.
5. Spécificité de l'association
Il n'y a pas véritablement une spécificité d'action, puisque plusieurs types et sous-
types de cancer ont été retrouvés associés à l'exposition à l'étude. Cependant, dans
le cas de cancérogènes, cela ne peut être retenu comme un argument définitif contre
l'origine causale des associations observées. Plusieurs cancérogènes peuvent favoriser
l'apparition de plusieurs cancers.
104
6. Cohérence avec l'information disponible (plausibilité biologique)
Il y a quelque années, les associations observées entre l'exposition aux CEM et le
cancer apparaissaient peu plausibles. À l'heure actuelle, les résultats des recherches
expérimentales récentes tels que les effets observés sur la membrane cellulaire et la
sécrétion de la mélatonine par la glande pinéale suggèrent la plausibilité biologique
de telles associations.
D'un point de vue scientifique, l'hypothèse d'un effet cancérigène des CEM
alternatifs apparaît plus solide. Même s'il est impossible d'affirmer de façon certaine qu'il
s'agit d'agents cancérigènes, il faut admettre que l'hypothèse est plausible autant pour ce qui
est des effets chez l'enfant que chez l'adulte. Si les CEM s'avéraient cancérigènes, l'impact
de telles associations ne serait pas négligeable en termes de santé publique. Ahlbom et
al*64* ont ainsi évalué que si l'excès de risque de cancer chez l'enfant observé par Savitz*9*
s'avérait réellement dû aux CEM, l'exposition à de tels champs serait responsable de
l'apparition de 10 à 15 % des cancers chez l'enfant aux USA.
3.2 LES TROUBLES DE LA REPRODUCTION
Les troubles de la reproduction peuvent être analysés selon le type de problèmes de
santé considérés (infertilité, àvortement, décès périnatal, malformations congénitales,
troubles de développement ou troubles organiques d'apparition tardive...). Il nous apparaît
cependant important de conserver la dichotomie exposition résidentielle/exposition
professionnelle à cause de la présence d'autres facteurs de risque importants en milieu de
travail qui peuvent biaiser les associations observées*65*.
3.2.1 Troubles de la reproduction et exposition résidentielle
Peu d'études ont été effectuées sur le sujet. Wertheimer et Leeper ont présenté en
1986 une étude intéressante*66*. Dans la région de Denver (Colorado) ils ont étudié chez
129
1 318 familles l'association entre l'utilisation de couvertures ou de lits chauffants et les
problèmes de reproduction. On s'attarda sur les 1 256 naissances ayant eu lieu en 1982,528
naissances antérieures chez les mêmes familles, ainsi que les avortements survenus un an
avant toutes les naissances déclarées par ces familles. Les mères furent interrogées sur
l'utilisation qu'elles avaient faite de ces appareils pendant leur grossesse. L'on révisa leur
dossier médical pour recueillir les informations concernant les anomalies de la reproduction.
Les auteurs notent que les femmes ayant conçu au cours des mois d'hiver, et qui durant
cette même période ont utilisé une couverture chauffante ou un lit chauffant ont tendance
à avoir une gestation plus longue que celles qui ont conçu durant l'été (56 % de grossesses
avec gestation supérieure à la médiane versus 38 %, P < 0.0005), la médiane de leur
gestation étant supérieure d'une semaine). Globalement, les femmes utilisatrices de ces
appareils avaient tendance à avoir une gestation plus longue (53 % de grossesses avec
gestation supérieure à la médiane versus 47 %, p = 0.02) et les grossesses conçues pendant
l'hiver étaient responsables de cette différence. Les petits poids de naissance n'étaient pas
plus fréquents selon l'utilisation de ces appareils, mais ils avaient plus fréquemment une
durée de gestation normale chez les utilisatrices (46 % versus 21 %, p < 0.05).
L'avortement, un an avant les grossesses étudiées, était plus fréquent chez les utilisatrices
(6.8 % versus 4.2 %, p < 0.02) et cet effet était observé pendant les mois d'hiver. Une
évaluation des malformations chez les 528 naissances antérieures retrouve un excès de
malformations diverses chez les utilisatrices (2.6 % versus 0.3 » , p < 0.05), mais la
différence est due uniquement à 3 cas de malformations.
Cette étude a certaines forces indéniables. Les renseignements sur les
caractéristiques des mères, leurs grossesses et les problèmes de reproduction ont été obtenus
au dossier de naissance; les groupes d'utilisatrices et de non-utilisatrices ont été comparés
pour plusieurs variables sociodémographiques; l'enquête sur les avortements a été limitée
à la période d'un an précédant les grossesses. Cependant, on ne saurait passer sous silence
certaines lacunes qui réduisent l'utilisation possible de ces résultats. Tout d'abord, il y a des
problèmes de validité externe. L'échantillon étudié est sélectionné à partir des publications
de naissances et non de façon aléatoire. Il y a surtout des problèmes de validité interne.
104 130
Les groupes étudiés n'ont pas été comparés pour les facteurs de risque connus associés à
des problèmes de reproduction. Ces facteurs n'ayant pas été contrôlés pourraient expliquer
les résultats obtenus. Ordinairement, les dossiers médicaux ne sont pas très exhaustifs
concernant les avortements ou les malformations congénitales. Par ailleurs, dans cette étude
il n'est pas évident que les dossiers aient été consultés sans que l'enquêteur connaisse
l'exposition. L'analyse statistique présentée par les auteurs est de plus très rudimentaire.
Wertheimer et Leeper ont présenté par la suite une version améliorée de cette étude
en y ajoutant les données d'une autre étude(67). Pour compléter l'enquête sur les
couvertures et les lits chauffants, ils ont étudié l'effet des plafonds avec câbles électriques
chauffants sur l'apparition d'avortements précoces. L'étude a été effectuée dans deux
municipalités de l'Oregon. On a procédé à l'analyse des dossiers médicaux des enfants nés
entre 1983 et 1985 et de ceux de leur mère. La même technique que dans l'étude
précédente a été utilisée pour évaluer le taux d'avortements. On a retenu les avortements
survenus dans l'année précédant la naissance et déclarés au dossier médical. Des
informations sur le chauffage des maisons lors de la conception et lors des avortements ont
été recueillies. Puisque l'on ne peut vérifier la comparabilité du groupe des utilisatrices au
groupe des non-utilisatrices pour les facteurs de risque d'avortements, l'analyse se concentre
sur l'évaluation des variations du taux d'avortements selon les saisons dans chacun des 2
groupes. Le ratio des avortements survenus dans les maisons avec plafonds chauffants sur
ceux survenus dans les maisons 'sans un tel chauffage a été ainsi étudié mois par mois. On
a noté que ce ratio augmentait pendant les mois d'hiver et principalement lors de
l'utilisation importante de chauffage. Cette relation est significative aussi bien dans le cas
de l'étude effectuée au Colorado, surtout sur les couvertures et les lits chauffants, que celle
réalisée en Oregon sur les plafonds chauffants. Les auteurs soulignent que l'étude de
l'Oregon incrimine davantage les CEM. En effet, les plafonds chauffants n'entraînent pas
de modification de la chaleur du corps comme le font les couvertures chauffantes.
Cette étude est plus solide que la première, l'étude des variations saisonnières et
l'utilisation de tests statistiques plus adaptés représentent des méthodes plus rigoureuses.
Les principales lacunes de l'étude sont les suivantes: la connaissance du type de chauffage
était limitée à moins de 40 % des familles admissibles, l'évaluation médicale était basée
uniquement sur le dossier médical et l'absence de contrôle de facteurs de confusion. Bien
que l'on ne puisse écarter l'effet des facteurs non contrôlés, cette étude confirme cependant
la précédente, en soulevant la possibilité que les CEM alternatifs favorisent la survenue
d'avortements spontanés.
Savitz a aussi présenté récemment les résultats de l'annexe de son étude sur les
cancers de l'enfant, qui se concentre sur l'utilisation d'appareils électriques domestiques*12*.
Il observe que l'exposition prénatale aux couvertures chauffantes est associée à une
augmentation des risques de leucémie chez les enfants (RC = 1.7, IC 95%: 0.8-3.6)et de
cancers du cerveau (RC=2.5, IC 95%: 1.1-5.5),après ajustement pour le niveau socio-
économique familial. Le risque était maximal chez les garçons âgés de 10 à 14 ans au
diagnostic pour les cas de leucémie et de 0 à 4 ans pour les cas de cancer du cerveau. Le
risque est aussi maximal si l'utilisation de la couverture chauffante a été effectuée dans le
premier trimestre de la grossesse.
3.2.2 Troubles de la reproduction et exposition en milieu de travail
Peu d'études ont été effectuées sur le sujet. Deux études portent sur l'infertilité du
père, une étude sur les problèmes de reproduction chez les épouses de travailleurs exposés,
et 4 autres études sur le risque de cancer chez les enfants des pères exposés.
Infertilité chez les travailleurs masculins:
Knave et al*68* ont comparé en Suède l'état de santé de 53 travailleurs de postes de
haut voltage (400 kV) à celui de 53 travailleurs affectés à d'autres tâches, mais travaillant
aussi dans la même compagnie. Les travailleurs exposés et non exposés ont été appariés
pour la région de travail, l'âge et la durée d'emploi. Chaque travailleur dut répondre à un
questionnaire et subir un examen médical. Les travailleurs exposés dans les postes à haut
132
voltage avaient moins d'enfants (79 versus 116, p = 0.008) et cette différence était
principalement due à une diminution de la proportion de garçons chez leurs enfants. Ces
différences semblent avoir existé avant l'entrée en fonction dans l'établissement, mais elles
ont augmenté par la suite. Cette étude a été critiquée*9* à cause -de plusieurs lacunes:
absence de l'évolution directe de l'exposition aux CEM, absence de contrôle de facteurs
potentiellement confondants tels le niveau socio-économique et la prise de contraception,
la faible taille des échantillons. Ces faiblesses expliquent difficilement cependant la
diminution dans la proportion des garçons retrouvée chez les travailleurs exposés. Le fait
que cette différence ait existé avant l'entrée en fonction dans la profession à risque, plaide
cependant, pour une explication autre que les CEM.
La deuxième étude concernant l'infertilité a été réalisée en Italie. Buiatti et al*69* ont
comparé 112 hommes avec azoospermie ou oligospermie à 127 témoins avec spermogramme
normal s'étant présentés à une clinique d'infertilité. Les cas et les témoins furent interrogés,
sans que l'on connaisse leur statut, pour recueillir l'information sur les facteurs d'infertilité.
Plusieurs facteurs déjà mentionnés dans la littérature (consommation d'alcool, de tabac, de
médicaments, port de pantalons serrés, travail assis, radiographie du bassin, pratique du
sport) ont été étudiés. Aucune profession en particulier n'a été associée de façon
significative à l'infertilité, mais le risque le plus important était observé chez des travailleurs
de l'électricité (radio electric workers): RC = 5.9, (IC 95%: 0.9-40.2). Cette étude n'est pas
exempte de lacunes. La définition des professions n'est pas précise et l'information a été
recueillie seulement par questionnaire; aucune tentative d'évaluation de l'exposition aux
CEM n'a été effectuée. Beaucoup de facteurs potentiellement confondants sont considérés
mais ne sont pas analysés. Le faible nombre d'électriciens explique le manque de précision
du résultat obtenu. Le mode de sélection des cas et des témoins n'est pas non plus exempt
de biais possibles.
D'autres études, qui n'étaient pas planifiées pour investiguer un tel problème, ont
observé des résultats plus difficiles à analyser:
133
une étude réalisée par Hydro-Québec investigua l'état de santé de 56
électriciens préposés à l'entretien des lignes de 735 kV*70*. Jusqu'à leur entrée à ce
poste, le ratio garçon/fille de leurs enfants était proche de 1 soit 27 sur 25.
Cependant, après en moyenne 4,5 années à l'entretien des lignes de 735 kV, ce ratio
passa à 5 soit 17 sur 3. Il faut noter aussi que la durée d'emploi n'a pas été prise en
compte dans l'analyse.
une autre étude effectuée en Italie*71* compara l'état de santé des travailleurs
de l'électricité exposés à des stations de 220kV selon leur durée d'exposition. La
répartition du nombre d'enfants selon les degrés d'exposition des travailleurs était
similaire.
Troubles de reproduction chez les épouses des travailleurs:
Une seule étude a évalué ces problèmes. Il s'agit de l'étude de Nordstrom et al*72*
réalisée auprès des travailleurs suédois de l'électricité exposés de 1953 à 1970. Quatre cent
quatre-vingt trois travailleurs ont été questionnés sur les problèmes de reproduction
rencontrés par leur épouse ou leur progéniture. Plusieurs problèmes de reproduction (décès
prénatals, malformations congénitales et avortements) ont été revérifiés au dossier médical.
L'analyse des résultats démontre que les femmes des travailleurs de poste (à 400 Kv) ont
eu plus fréquemment des problèmes de reproduction: risques de grossesse anormale dans
19 % des cas contre 8 à 13 % dans les autres groupes (travailleurs de lignes et témoins).
L'excès de problèmes de reproduction est dû à un excès de malformations congénitales chez
les enfants des travailleurs de postes: 8 % contre 1 à 3 % chez les autres groupes. Cet excès
subsiste lorsque l'on considère certains facteurs potentiellement confondants tels le
tabagisme maternel, l'utilisation d'alcool ou de médicaments pendant la grossesse,
l'exposition maternelle aux rayons X et à des produits chimiques. L'excès de malformations,
bien que significatif, est expliqué par 12 cas de malformations très hétéroclites, retrouvés
chez 154 grossesses de femmes de travailleurs de postes. Lorsque le niveau de voltage
auquel travaillent ces hommes est considéré, aucune relation n'est observée.
104
Cette étude est la première de ce type. Aucune évaluation réelle de l'exposition aux
CEM n'est disponible et bien que l'on observe un excès de malformations dans un groupe
particulièrement exposé, il ne s'agit pas d'un type particulier de malformations. Certaines
forces de cette étude ne peuvent être négligées: le caractère prospectif de l'étude, la
vérification des problèmes au dossier médical ainsi que la prise en compte de facteurs de
confusion. Il s'agit d'une étude qui soulève certaines hypothèses qu'il faudra vérifier dans
le futur.
Risques de cancer chez les enfants des pères exposés:
Quatre études ont été publiées récemment sur le sujet. Spitz et Johnson*73* ont
comparé les professions des pères de 157 enfants décédés de neuroblastome au Texas entre
1964 et 1978, à 314 témoins appariés pour la date et le lieu de naissance. Les informations
démographiques, médicales et professionnelles concernant les cas et les témoins ont été
tirées du certificat de naissance. Ceux-ci étaient comparables pour l'âge du père, l'âge de
la mère, la durée des soins prénatals et l'état civil des parents. Certains groupes de
travailleurs plus exposés aux CEM (électriciens, électroniciens, monteurs de ligne, soudeurs)
apparaissent plus à risque d'avoir des enfants décédant de neuroblastome (RC=2.14,IC 95
%: 0.95-4.82). Ce risque est maximum chez les travailleurs de l'électronique (RC = 11.75,
IC 95 %: 1.40-98.55). Cette étude est assez solide particulièrement pour ce qui est de la
sélection des cas et des témoins: Cependant, le certificat de naissance n'est pas très précis
concernant le statut professionnel. De plus, très peu de variables potentiellement
confondantes ont été prises en considération.
Une autre étude de même type, portant sur les causes de tumeurs du système
nerveux a été publiée par Nasca et al*74*. La profession des pères de 338 enfants atteints
de ce type de tumeurs a été comparée à celle de 676 témoins de la population générale
appariés pour la date de naissance, le sexe et la race. Les informations concernant les
variables sociodémographiques et la profession des parents au moment de la naissance ont
été obtenues par téléphone. Les cas et les témoins étaient comparables pour l'âge paternel,
135
l'âge maternel, le niveau d'éducation et le lieu de résidence. Les chercheurs trouvent un
risque plus élevé mais non significatif dans les professions avec potentiel d'exposition aux
CEM: électriciens, travailleurs de l'électronique, monteurs de ligne, soudeurs (RC = 1.7, IC
95 %: 0.8 - 3.6). Il s'agit d'une étude solide pour ce qui est de l'identification des cas et des
témoins. Cependant, comme précédemment la prise en compte d'autres facteurs pouvant
expliquer les résultats, est quasi absente à cause du peu de connaissances que l'on a sur
l'épidémiologie de ces tumeurs.
Johnson et Spitz ont publié aussi une étude effectuée au Texas sur 499 enfants
atteints de tumeurs intracrâniennes et du tube neural(75). Les auteurs ont comparé
l'occupation des parents décrite sur les certificats de naissance des cas à celle de témoins
appariés pour l'âge, la race, le sexe. Ils observent un excès de tumeurs du système nerveux
chez les électriciens (RC=3.5, IC 95 %: 1.0-12.1)et les travailleurs de l'électronique (RC-
3.0, IC 95 %: 0.5-18.1). Sur les 7 cas de tumeurs du système nerveux répertoriés chez les
électriciens, 4 étaient dus à des gliomes. Les mêmes critiques adressées aux études
précédentes s'appliquent à cette étude. La lacune principale provient de l'absence de
contrôle de variables potentiellement confondantes tels les agresseurs présents dans les milieux de travail.
Bunin et al*76* ont essayé de répliquer la première étude de Spitz et Johnson sur
l'association entre neuroblastome de l'enfant et exposition parentale aux CEM. La
profession des parents des cent quatre enfants atteints de neuroblastome et déclarés de 1970
à 1979 au registre des tumeurs de Philadelphie a été comparée à celle des parents de
témoins depopulation appariés pour l'âge et la race. Une entrevue téléphonique a permis
de recueillir les variables pertinentes à l'étude. Plusieurs excès non significatifs de
neuroblastome sont rapportés pour plusieurs professions parentales. L'excès retrouvé chez
les travailleurs de l'électricité et de l'électronique est faible (RC=1.6,IC 95%: 0.5-6.2). La
petite taille des effectifs étudiés ainsi que la non prise en compte de facteurs de confusion
autres que le niveau d'éducation du père limitent l'utilisation de cette étude.
136
Ces quatre études sont de type exploratoire et devront être confirmées par des études
plus perfectionnées.
3.2.3 Résumé et interprétation des études portant sur les troubles de la
reproduction
Les troubles de la reproduction constituent un groupe de problèmes de santé très
hétéroclites, aussi bien sur le plan clinique qu'étiologique.
Pour qu'il y ait des troubles de la reproduction, il doit y avoir une anomalie du
développement du foetus soit due à une cause préconception (chez la mère ou le père) ou
à une cause postconception (problème lié au foetus ou à la mère). Les CEM pourraient
intervenir avant la conception s'ils ont une action sur les gamètes des parents, ils peuvent
aussi agir pendant la période postconception par action directe sur le foetus ou sa mère.
Même s'il s'agit de problèmes qui surviennent habituellement après une courte
exposition et avec un bref temps de latence, plusieurs difficultés sont associées à l'étude des
troubles de la production. Plusieurs de ces troubles ne sont pas enregistrés de façon
méthodique par le système médical (ex: avortements spontanés, malformations mineures).
Il s'agit de problèmes dont le rappel est souvent chargé d'émotion, ce qui peut occasionner
des problèmes de biais de mémoire lorsque l'on questionne à ce sujet. Les problèmes de
santé étudiés pouvant être hétéroclites même si la cause est unique, il faudra avoir une
méthodologie très sophistiquée pour les investiguer(6S).
Les études qui nous sont présentées sur le sujet sont toutes de type exploratoire.
Elles méritent cependant l'attention devant la gravité de ces effets. Résumons les effets
étudiés jusqu'à maintenant ainsi que leurs principaux résultats.
137
Très peu d'études ont été effectuées sur l'exposition en milieu résidentiel:
- Wertheimer et Leeper(67) ont trouvé que des mères exposées pendant la conception
(ou légèrement avant ou après) à une couverture chauffante ou à un plafond radiant
avaient légèrement plus d'avortements spontanés que des mères non exposées.
- Savitz(12) a trouvé que l'utilisation de couvertures chauffantes par des femmes
durant leur grossesse, était associée à une augmentation des risques de leucémie et
surtout de cancer du cerveau chez les enfants.
Les études réalisées en milieu de travail sont beaucoup plus nombreuses:
- Quelques études ont investigué le risque d'infertilité chez les travailleurs exposés
aux CEM pendant leur travail. Les résultats sont contradictoires. Il s'agit d'études
de faible calibre et aucune conclusion ne peut être tirée de ces études.
- Les autres études ont évalué les troubles de reproduction (malformations et
cancers) générés par l'exposition paternelle aux CEM. Il s'agit donc d'une exposition
préconception, ce qui suppose une action des CEM au niveau des gamètes. Une
étude a observé une augmentation des malformations congénitales chez les enfants
des travailleurs de postés^ mais qui n'était pas associée à l'intensité du champ
électrique. Quatre études ont évalué le risque de cancer chez les enfants des
travailleurs de l'électricité et de l'électronique: 2 sur 2 observent un excès global de
tumeurs du système nerveux, 1 sur 2 un excès de neuroblastome. n s'agit d'études
exploratoires qui, d'une part ne considèrent pas une exposition très spécifique, et
d'autre part, ne prennent pas en compte d'autres facteurs susceptibles d'expliquer les associations observées.
Au total les troubles de la reproduction sont des problèmes de santé importants et
qui méritent l'attention des chercheurs. Certaines études réalisées chez l'animal font
138
penser que certains types d'exposition aux CEM pourraient avoir un impact sur la
reproduction humaine. L'exposition postconception semble la plus suspecte chez
l'animal (dont l'exposition aux champs puisés) et elle doit stimuler le développement
d'études épidémiologiques plus perfectionnées que celles présentées jusqu'à
maintenant.
L'effet d'une exposition préconception semble actuellement peu plausible compte
tenu de l'absence d'effets" des CEM sur des chromosomes mais les résultats
disponibles des études épidémiologiques de type exploratoire devraient stimuler le
développement de recherche dans ce domaine autant chez l'animal que chez
l'humain.
Compte tenu du peu de connaissances qu'on possède sur les effets des CEM sur la
reproduction, il est actuellement impossible de porter un jugement sur une possibilité
de risques. Disons simplement que ces risques ne peuvent être écartés et que des
recherches subséquentes devront clarifier ce problème.
3.3 AUTRES PROBLÈMES DE SANTÉ
Plusieurs épidémiologistes ont tenté d'investiguer les associations entre l'exposition
aux CEM et d'autres problèmes' de santé. Les études portent principalement sur les effets
des champs sur le système nerveux central mais d'autres problèmes de santé ont aussi été
étudiés. Nous présenterons d'abord les études sur l'exposition en milieu résidentiel puis les
études effectuées chez les travailleurs exposés à ces champs.
3.3.1 Autres problèmes de santé et exposition résidentielle
Quelques études ont évalué différents problèmes de santé pouvant être associés au
fait de résider à proximité de lignes de haut voltage.
139
Strumza(77) a comparé la consommation de services médicaux et de médicaments chez
des familles de travailleurs de l'électricité de France résidant à moins de 25 m des lignes
à haute tension à celle d'autres familles de la même compagnie mais résidant à plus de 125
m d'une ligne. La "consommation médicale" pendant 3 ans 1/2 a ainsi été comparée chez
65 femmes et leurs enfants considérés comme exposés, à 64 femmes et leurs enfants
considérés comme non exposés. L'auteur ne retrouve aucune différence significative de
consommation médicale entre les 2 groupes à l'exception de consultations spécialisées plus
fréquentes chez les enfants non exposés. Cette étude est de piètre qualité, les
caractéristiques des groupes étudiés ne sont pas connues, leur taille est petite, les problèmes
de santé ayant nécessité une consommation médicale ne sont pas spécifiés. Il est impossible
de tirer des conclusions de cette étude.
Reichmanis et Perry(78) ont étudié la "configuration électrique" des résidences de 598
personnes s'étant suicidées entre 1959 à 1970 dans les "midlands" d'Angleterre à celle d'un
même nombre de personnes habitant la même région et échantillonnées de façon aléatoire.
Après avoir pris en considération toutes les lignes de transmission d'électricité de plus de
33 kV de la région, un niveau moyen de champs électrique et magnétique a été estimé pour
chaque résidence à partir de leur proximité à ces lignes, du niveau de voltage et d'autres
aspects techniques. Les niveaux de champs électrique et magnétique ainsi évalués
apparaissent plus fréquemment élevés dans les maisons des suicidés que celles des témoins.
Cette étude est assez rudimentàire. L'évaluation des niveaux de CEM n'est pas validée et
l'on ne sait pas si cette évaluation a été faite sans que l'on connaisse le statut de cas ou de
témoin. Aucun facteur de risque de suicide comme l'âge, le sexe, l'état civil, le niveau socio-
économique et les antécédents psychiatriques^ n'ont été pris en considération. Signalons
que l'identification aussi des cas de suicide est difficile ce qui peut entraîner une possibilité
de biais de sélection.
Les mêmes auteurs ont présenté quelques années plus tard une version améliorée de
leur étude(80>. Des mesures de champ magnétique ont été effectuées à l'entrée de chaque
résidence. On s'est aussi assuré que les résidences des cas et des témoins soient
101
comparables en ce qui concerne le type de logement et la proximité d'écoles, d'églises, de
routes principales et de plans d'eau. Le niveau moyen de champ magnétique (moyenne
géométrique) était plus élevé dans les résidences des suicidés que dans celles des témoins
soit 492.7 /iG en comparaison à 403.4 (P < 0.001). Les suicidés avaient résidé dans des
maisons ayant plus souvent des niveaux de champ magnétique supérieurs à 1500 jliG que les
témoins soit 15.8 % versus 11.3 %, (P < 0.01). Cette étude complémentaire a permis de
valider la première évaluation des niveaux de CEM dans les résidences des cas et des
témoins. La comparaison de certaines caractéristiques des cas et des témoins permet de
penser que ces deux groupes étaient assez semblables par rapport à d'autres caractéristiques
personnelles. Cependant, ces informations ne nous permettent pas d'éliminer les problèmes
mentionnés précédemment: évaluation de l'exposition en connaissance du statut des cas et
des témoins, identification des cas possiblement biaisée et absence de contrôle des facteurs
de risque connus de suicide. Ce sont des faiblesses qui nous obligent à considérer cette
étude comme davantage exploratoire, c'est d'ailleurs la conclusion des auteurs eux-mêmes.
McDowall dans l'étude de cohorte citée précédemment^ a aussi présenté les causes
de mortalité autres que le cancer. De 1971 à 1983, dans la région d'East Anglia, il a évalué
les causes de décès de 7 681 personnes résidant à proximité de lignes de transmission
d'électricité. Les données de mortalité de cette cohorte furent comparées à celles de la
région en contrôlant pour l'âge et en stratifiant pour le sexe. Les décès par maladies
circulatoires étaient moins fréquents chez les hommes et les femmes résidant à proximité
des lignes les ICM étant de 82, (IC 95%: 71-94) et de 85, (IC 95%: 73-98) respectivement.
C'était aussi le cas pour les décès de toutes causes. Seulement 8 cas de suicide (5 certains,
3 probables) sont rapportés dans cette cohorte, pour un ICM de 75. McDowall rapporte
que dans 2 cas, les personnes résidaient à moins de 5 mètres d'une ligne. Comme l'étude
précédente, l'étude de McDowall souffre de faiblesses importantes: absence d'évaluation de
l'exposition aux CEM, identification rudimentàire du lieu de résidence, absence de contrôle
de facteurs confondants autres que l'âge et le sexe.
141
Perry et Pearl ont présenté plus récemment une étude*81) réalisée à Wolverhampton
en Angleterre. Ils ont étudié l'exposition résidentielle aux CEM de 576 personnes
hospitalisées en 1985 dans 2 hôpitaux de la ville pour problèmes psychiatriques, problèmes
cardiaques et pour "overdoses". Ces personnes résidaient dans 43 immeubles à étages. Une
mesure des différents niveaux de champ magnétique à l'intérieur de ces immeubles a permis
de valider une classification des appartements selon la proximité du câble central de
distribution d'électricité: appartement rapproché versus éloigné. Ils observent que les
personnes, hospitalisées pour infarctus du myocarde, ischémie cardiaque et hypertension
vivaient plus fréquemment dans des logements situés proches du câble électrique central
(62 %). De même, les personnes hospitalisées pour dépression résidaient fréquemment
dans des appartements exposés plus fortement au champ magnétique (71 %). Les auteurs
notent cependant, que les personnes hospitalisées pour problèmes de personnalité, anxiété,
agitation et confusion résidaient plus fréquemment dans des appartements le moins exposés
au champ magnétique. Les hospitalisations pour "overdose" étaient réparties également
dans les différents appartements. Cette étude est aussi très rudimentaire. L'évaluation de
l'exposition est sommaire quoique la classification des appartements ait été validée sur un
échantillon. Aucun des facteurs de risque des maladies sous-étudiées n'est pris en
considération. Les groupes à risque n'ont pas été identifiés et il n'y a pas eu de
comparaison avec des témoins. Il s'agit donc uniquement d'une étude descriptive.
Face aux critiques faites sur leurs travaux™83), Perry et Pearl ont effectué une étude
complémentaire en comparant les niveaux de champ magnétique existant à l'entrée des
maisons ou appartements de 359 cas de dépression et de 600 cas d'infarctus, ayant été
hospitalisés la même année à Wolverhampton, à ceux de résidences témoins de la même
région*84). Les cas de dépression ont été comparés à un échantillon aléatoire de témoins
résidant dans le même district. Les cas d'infarctus ont été comparés à un échantillon égal
de témoins résidant dans la même rue ou le même appartement. Les mesures de champ
magnétique ont été faites de façon ponctuelle et sans connaissance du statut de la personne
étudiée. Les niveaux moyens de champ magnétique retrouvés sont plus élevés dans les
domiciles des cas dépressifs que dans ceux des témoins soit 2.26 mG comparativement à
142
2.07 mG. Une analyse de régression multiple a été pratiquée en tenant compte du district
électoral et de la distance de la maison par rapport à une route. D'autres variables auraient
été prises en considération mais ne sont pas spécifiées. Ces cas dépressifs étaient retrouvés
associés au logarithme du champ magnétique (p = 0.066). Une analyse pairée effectuée sur
les cas d'infarctus ne montrait pas de différence d'exposition au champ magnétique entre
les cas et les témoins. Cette étude permet de compenser certaines lacunes de l'étude
précédente. H y a eu mesure du champ magnétique à l'entrée des résidences et les témoins
ont été choisis de façon rigoureuse. Cependant, aucun facteur de risque pour les maladies
..étudiées ne semble avoir été pris en considération. Tout au plus, l'appariement pour le
secteur de résidence permet un certain contrôle pour le niveau socio-économique.
3.3.2 Autres problèmes de santé et exposition en milieu de travail
Nous diviserons cette sous-section entre les problèmes généraux de santé et les causes
de mortalité autres que par cancer.
3.3.2.1 Problèmes de santé généraux
Nous nous contenterons dans cette section de reprendre les revues existantes sur ce
sujet*85)*86) et de les mettre à jour.
Les premières études réalisées rapportent plusieurs symptômes subjectifs et ont été
publiées par des équipes russes au milieu des années 60. Asanova et Rakov (1966) ont
rapporté que 45 travailleurs de postes exposés à des champs de haut voltage (jusqu'à 26
kV/m) se plaignaient de différents symptômes vasculaires, digestifs et nerveux tels que des
maux de tête et de la fatigue. D'autres études soviétiques ont semblé confirmer ces
premières études, en rapportant en plus des baisses de libido et des changements de tension
artérielle et du rythme cardiaque chez les travailleurs exposés aux hauts voltages. Certains
troubles sanguins périphériques telle l'augmentation des leucocytes ont aussi été rapportés.
Ces études étaient plutôt descriptives et ont été critiquées à cause de faiblesses
101
méthodologiques majeures telles la mauvaise évaluation de l'exposition, l'évaluation
médicale non spécifique et surtout l'absence de groupes témoins. Plusieurs des symptômes
mentionnés pouvaient être expliqués par l'exposition à d'autres toxiques présents en milieu
de travail comme la gazoline et le kérosène. Une étude de même type réalisée aux États-
Unis par Singlewald en 1973 ne montra pas les mêmes effets. Cependant seulement 10
sujets avaient été étudiés et aucun groupe témoin n'était utilisé. D'autres études ont été
réalisées par la suite sur de plus grands effectifs.
Roberge(70> a présenté les résultats d'une évaluation médicale faite chez 56
travailleurs d'Hydro-Québec préposés à l'entretien des postes de 735 kV. L'étude a été
orientée vers la recherche de symptômes mentionnés dans les études russes. L'évaluation
médicale, en plus d'un questionnaire et d'un examen physique comprenait un ECG, une
radiographie pulmonaire et une investigation sanguine assez poussée. Plusieurs symptômes
sont mentionnés fréquemment par ces travailleurs: céphalées chez 12 %, troubles visuels
chez 11 %, fatigue chez 31 %, insomnie chez 18 %, et état dépressif chez 9 %. Cependant,
l'absence de groupe témoin et le fait que l'investigation n'a pas été faite à double insu
empêchent toute interprétation de ces résultats. Les données des tests sanguins ont été
comparées aux valeurs de travailleurs hospitaliers. Certaines différences mineures sont
observées concernant le glucose, les phosphatases alcalines et les protéines. Ces différences
sont difficilement interprétables vu l'absence de renseignement sur la comparabilité de ces deux groupes.
Les études subséquentes sont basées sur une meilleure méthodologie d'investigation. Celles-ci sont présentées au Tableau VI.
Malboysson^ a p r é s e n t é l e s r é s u l ( a t s d e s ^ ^ ^ ^ ^ ^
en Espagne chez 160 travailleurs de l'électricité exposés aux lignes de haute tension à ceux
de 94 travailleurs de basse tension. Plusieurs problèmes de santé son, rapportés plus
fréquemment chez les travailleurs potentiel,ement les plus exposés: troubles de l'appareil
locomoteur, troubles digestifs, troub.es du système nerveux (particulièrement des céphalées).
144
Cependant, l'absentéisme est plus fréquent chez les travailleurs de basse tension. Les
auteurs attribuent les différences observées à une différence d'âge entre les 2 groupes, mais
recommandent d'investiguer plus en profondeur le problème des céphalées. Cette étude a
le mérite de comparer des travailleurs avec des niveaux d'exposition professionnelle
probablement très différents cependant aucune mesure directe des CEM ne vient quantifier
cette exposition. Les caractéristiques générales des groupes ne sont pas présentées et donc
ne sont pas prises en compte dans l'analyse, à l'exception du problème de la différence
d'âge. Les examens pratiqués ne semblent pas avoir été effectués dans un but de recherche
(il n'est pas clair s'il y a eu standardisation et collecte de données à l'aveugle). De plus,
bien que l'on parle de visites régulières, il n'est pas évident qu'il s'agisse d'une véritable
étude de cohorte.
Stopps et Janischewskyj(88) ont présenté en 1979 les résultats d'une étude réalisée
pour le compte de l'Association Canadienne d'Électricité. Trente travailleurs de
l'hydroélectricité exposés à des hauts voltages, depuis 10 ans en moyenne, ont été comparés
à 30 témoins de même âge et travaillant pour la même compagnie mais non exposés à des
hauts voltages. Des mesures d'exposition par dosimètre ont permis de valider la
catégorisation de l'exposition. Une évaluation médicale et psychologique très poussée a été
réalisée à l'aveugle chez les sujets et très peu de différences significatives sont retrouvées
entre les deux groupes. Les travailleurs les plus exposés ont une concentration de protéines
totales légèrement inférieure aiix non exposés et les chercheurs suggèrent que ce pourrait
être un sujet de recherche à approfondir. Les sujets exposés ont aussi des atteintes plus
fréquentes à certaines échelles du Minnesota Multiphasic Personnality Inventory (MMPI),
mais les auteurs considèrent ces différences comme probablement attribuable au hasard.
Cette étude a certaines forces indéniables: la prise en compte d'un groupe témoin apparié
pour l'âge, la vérification de la comparabilité des groupes pour le niveau d'éducation,
l'évaluation médicale standardisée et réalisée à l'aveugle. Cependant, les travailleurs
examinés sont des volontaires et la participation est très faible (moins de 25 % pour les plus
exposés), ce qui peut entraîner une sous-évaluation des problèmes si par exemple
145
uniquement ceux en bonne santé participent. De plus, le caractère transversal de l'étude
ainsi que la faible taille de l'échantillon fragilisent de beaucoup les résultats de cette étude.
Knave et al(68) ont comparé l'état de santé de 53 travailleurs de postes de haut
voltage à celui de 53 témoins. Aucune différence n'a été observée entre les 2 groupes pour
ce qui est du questionnaire d'évaluation des symptômes de dépression ainsi que pour l'EEG,
l'ECG, la tension artérielle, la formule sanguine et la vitesse de sédimentation. Les
travailleurs exposés ont présenté une meilleure performance aux tests psychométriques, mais
cela semblait attribuable à une scolarisation plus importante. Cette étude a l'avantage
d'utiliser un véritable groupe témoin, d'évaluer l'exposition réelle aux CEM et d'utiliser des
tests d'évaluation standardisés: questionnaires, tests psychométriques... Cependant, la taille
de l'échantillon est très faible et il s'agit d'une étude transversale qui est souvent sujet à des
biais de sélection. Il n'est pas non plus évident que l'évaluation médicale ait été faite sans
connaissance du statut des travailleurs face à l'exposition.
Brodbent et al*89) ont étudié les symptômes de dépression et d'anxiété retrouvés chez
287 travailleurs de l'électricité. Le score global du questionnaire (MHQ) révèle une
augmentation de ces symptômes chez les travailleurs les plus exposés qui n'est cependant
pas significative. Les chercheurs attribuent cette augmentation à des différences dans les
types de travaux effectués par les exposés. Cette étude présente une évaluation assez
détaillée de l'exposition des"' travailleurs, et utilise un questionnaire d'évaluation
psychologique standardisé, administré sans connaissance de l'exposition. Toutefois les
participants ne constituent que 50 % de l'échantillon étudié et peu de travailleurs sont très
exposés. La nature transversale de l'étude augmente les possibilités de biais de sélection.
De plus, les groupes sous étude ne sont pas comparés pour les différents facteurs de risque
de maladies exception faite du type de travail.
Baroncelli et al™ ont présenté les résultats d'une étude transversale comparant 4
groupes de travailleurs de postes en Italie dont 3 groupes avec différentes durées
d'exposition à des champs de 5 kV/m. Les 4 groupes sont comparables pour plusieurs
146
caractéristiques sociodémographiques. Aucune différence n'est notée entre l'évaluation
psychologique des 4 groupes. Les résultats d'une évaluation sanguine très détaillée sont
aussi similaires. La seule différence observée entre les groupes est l'altération à la
pléthysmographie et cela uniquement dans les groupes avec durée d'exposition
intermédiaire. Cette étude comporte plusieurs qualités indéniables: présence de plusieurs
groupes avec des expositions différentes, taille des échantillons importante, comparabilité
des groupes pour plusieurs caractéristiques sociodémographiques. L'évaluation médicale est
faite sans connaissance de l'objet de l'étude et les tests psychologiques sont effectués par
questionnaire standardisé. Cependant, l'exposition est estimée à partir des niveaux moyens
retrouvés dans les postes, mais non une évaluation directe et la participation de certains
groupes est très faible. De plus, il s'agit d'une étude transversale et les travailleurs sont
exposés à de faibles niveaux de champ.
Plusieurs critiques peuvent être formulées au sujet de toutes ces études. Il s'agit
d'études transversales ce qui peut entraîner des biais de sélection importants puisque seuls
sont examinés ceux qui sont encore au travail, ce qui tend à diminuer les associations
potentielles. Le degré de participation est souvent faible ce qui, ajouté au caractère
transversal des études, augmente le risque de biais dans les résultats obtenus. Il y a eu
cependant des progrès par rapport aux premières études de ce type, puisqu'on inclut de
véritables groupes témoins et que l'on utilise des outils de mesures standardisés en
particulier pour les tests psychométriques. La comparabilité des groupes n'est pas toujours
adéquate et il n'y a jamais d'analyse multivariée d'effectuée. Les niveaux d'exposition sont
très variables. Sur les cinq études présentées une seule observe des différences significatives
chez les exposés concernant certains aspects du MMPI (scores plus élevés pour échelles de
symptômes d'hypochondrie, de schyzophrénie et d'hystérie) et une baisse de protéines
plasmatiques*88*. Une autre étude montre un excès de symptômes d'anxiété et de dépression
chez les plus exposés*89* mais non significatif. L'étude la plus rigoureuse est celle de
Baroncelli*71*, elle montre uniquement une altération de la pléthysmographie dans les 2
groupes avec exposition moyenne.
147
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3.3.2.2 Mortalité autre que par cancer chez les travailleurs de l'électricité.
Plusieurs études de mortalité présentées précédemment ont rapporté les causes de
décès chez des travailleurs exposés aux CEM.
Olin et al(45) ont suivi 1 254 ingénieurs en électricité de 1930 à 1979 et ils ont
comparé la mortalité de ce groupe à celle de la population générale suédoise. Ces
ingénieurs avaient un ICM de 50 pour toutes causes de décès, 50 pour les décès par
maladies circulatoires et 0.5 par mort violente. Aucun excès de mortalité autre que le
cancer n'était rapporté dans cette cohorte.
Milham(50) a rapporté les causes de décès chez 67 829 radio-amateurs de 3 États
américains en comparaison à la population générale de ces 3 États. Les ICM pour toutes
causes, décès par maladies circulatoires et respiratoires sont tous très bas, inférieur à 75.
Guberan et al(52) ont comparé à Genève la mortalité de 1 948 électriciens à celle de
1 916 peintres. Les électriciens ont des taux de mortalité de décès inférieurs pour toutes
causes, ainsi que pour: la psychose, l'alcoolisme, les désordres de personnalité, les maladies
circulatoires et les accidents.
Très peu d'études sont donc disponibles quant aux causes de mortalité autres que le
cancer chez les travailleurs de l'électricité.
3.3.3 Résumé et interprétation des résultats obtenus
Les études de population investigant les effets généraux de l'exposition résidentielle
aux CEM sont peu nombreux. Une seule étude a évalué les différentes causes de mortalité
de population résidant à proximité de lignes électriques de transmission1^. Cette étude de
type cohorte n'est pas très puissante et elle est limitée à cause de la faiblesse de l'évaluation
de l'exposition et l'absence de contrôle de facteurs de confusion. Une étude a comparé la
149
consommation médicale de famille résidant à proximité de lignes à haute tension à celle
d'un groupe témoin*77*. Elle n'a pas retrouvé de différence, chez les femmes et enfants,
entre les 2 groupes. Cependant, plusieurs problèmes méthodologiques nous empêchent de
tirer des conclusions de cette étude.
Les 3 autres études ont été effectuées par la même équipe de recherche et
concernent les suicides*78**80*, les dépressions et l'infarctus de myocarde*81**84*. Deux études
seulement ont effectué des mesures d'exposition et utilisé une approche cas-témoins*80**84*.
Elles montrent que les cas de suicide*80* et d'hospitalisation pour dépression*84* sont survenus
dans des résidences ayant un niveau de champ magnétique plus élevé que celles des
témoins. Ces études sont sujettes à certains biais liés principalement à l'évaluation des cas
de suicide et de dépression et surtout l'absence de contrôle des facteurs de risque de ces problèmes de santé.
Les études effectuées chez les travailleurs sont aussi peu nombreuses. Une série
d'études ont investigué les effets généraux particulièrement psychologiques chez les
travailleurs exposés aux lignes de haute tension. Un des problèmes majeurs de ces études
est leur caractère transversal ce qui peut entraîner une sous-estimation des problèmes à
l'étude. De plus, ces études ont pour la plupart certains problèmes méthodologiques,
particulièrement la faible taille des échantillons, la difficulté à trouver des groupes
comparables, la sélection par le volontariat et finalement le manque d'hypothèses très
précises. Rien de consistant ne ressort de ces études qui viendrait confirmer les premières
études russes. Cependant, devant leur caractère souvent exploratoire, il est surprenant de
ne pas retrouver par la suite certaines études plus solides investiguant plusieurs problèmes
soulevés: céphalées, baisse des protéines, atteinte du MMPI, symptômes de dépression et d'anxiété.
D'après les résultats des études effectuées en laboratoire, il est évident que les
répercussions générales et particulièrement sur le système nerveux de l'exposition
résidentielle et professionnelle aux CEM sont plausibles. Il n'est pas certain que ces
150
répercussions aient des conséquences importantes pour l'humain. Cependant, il faut
constater que ce champ d'investigation n'a pas été étudié fréquemment et le plus souvent
de façon uniquement exploratoire.
Très peu d'études ont investigué ces problèmes. Une seule étude a évalué les
différentes causes de mortalité de population résidant à proximité de lignes électriques de
transmission*15*. Cette étude de type cohorte n'est pas très puissante et elle est limitée à
cause de la faiblesse de l'évaluation de l'exposition et l'absence de contrôle de facteurs de
confusion. Une étude a comparé la consommation médicale de famille résidant à proximité
de lignes à haute tension à celle d'un groupe témoin*77*. Elle n'a pas retrouvé de différence,
chez les femmes et enfants, entre les 2 groupes. Cependant, plusieurs problèmes
méthodologiques nous empêchent de tirer des conclusions de cette étude.
151
3.4 CONCLUSION
Les études épidémiologiques jouent un rôle fondamental dans l'appréciation d'un
risque pour l'humain. Elles ont l'avantage de s'attarder aux effets spécifiques d'une
exposition sur la santé. Par contre, à cause de leur nature non expérimentale elles seront
toujours imparfaites. Le dilemme dans l'évaluation des études épidémiologiques est d'être
suffisamment critique pour dépister tous les biais potentiels et leurs effets, tout en
interprétant avec prudence les résultats obtenus. Notre analyse a donc essayé de s'en tenir
aux faits publiés en essayant de critiquer chaque étude pour en ressortir ce qui nous
paraissait essentiel. Un certain nombre de conclusions peuvent donc être énoncées
concernant l'identification des risques associés à l'exposition aux CEM.
Trois risques pour la santé humaine ont été particulièrement étudiés dans les études épidémiologiques: les cancers, les troubles de la reproduction et les troubles neurocomportementaux.
Le risque de cancer est celui qui a été le plus étudié et celui sur lequel nous nous
sommes le plus attardé. Les études effectuées chez l'enfant, bien que parfois
contradictoires, suggèrent la possibilité d'une association causale entre l'exposition aux
CEM, plus particulièrement au champ magnétique et l'apparition de certains cancers:
leucémie, tumeurs du système nerveux et lymphome. Ce risque, s'il existe, est probablement
faible. Mais vu l'exposition universelle des enfants à ces champs, il s'agit d'un effet dont
l'impact pour la santé publique ne serait pas négligeable. L'imperfection des mesures
d'exposition nous empêche d'utiliser les données de ces études dans une évaluation de
risque. Il est possible qu'une meilleure connaissance des causes de ces cancers nous amène
à rejeter ultérieurement le caractère potentiellement causal de ces associations. Cependant,
devant les différents indices de plausibilité biologique retrouvés lors des études effectuées
chez l'animal, particulièrement les effets sur la glande pinéale et la mélatonine, force est
de constater qu'il s'agit actuellement d'une hypothèse plausible.
152
Les études effectuées chez l'adulte exposé en milieu résidentiel ne sont pas très
convaincantes. Il faudra attendre d'autres études mettant l'accent sur des activités
résidentielles potentiellement à risque (exposition à des couvertures ou lits chauffants, et
autres appareils électriques générant une exposition importante aux CEM) ainsi que sur les
résidences à risque, situées à proximité de sources importantes de champ magnétique
(comme les lignes de haute tension). Les études effectuées en milieu de travail sont plus
convergentes. Trois cancers sont fréquemment retrouvés en excès chez les travailleurs
exposés à des CEM pendant leurs activités professionnelles: la leucémie, le cancer du
cerveau et le mélanome. Cependant, très peu d'études sur le sujet jusqu'à maintenant n'a
pris en compte les autres expositions présentes en milieu de travail susceptibles d'entraîner
de tels effets: exposition à des solvants, aux BPC, etc. Il faudra donc attendre des études
plus perfectionnées pour conclure sur le risque professionnel.
Même si les évidences associant les excès de cas de cancer à l'exposition aux CEM
ne sont pas encore très solides, il faut reconnaître que les études les plus récentes et souvent
les plus perfectionnées n'ont pas contredit les premières études effectuées sur le sujet. Les
études récentes effectuées en laboratoire sur la cellule et l'animal ont aussi renforcé la
plausibilité de tels effets. Il n'y a donc pas certitude d'effets cancérigènes mais possibilité
de tels effets particulièrement chez l'enfant et le travailleur.
Le cas des troubles de la reproduction et des problèmes neurocomportementaux est
fort différent. Très peu d'études se sont attardées sur ces effets. Les troubles de la
reproduction en milieu résidentiel ont été peu étudiés. Les seules études effectuées sont
très imparfaites et de type exploratoire, elles soulèvent l'hypothèse d'effets générés par
l'utilisation de couvertures chauffantes par les femmes en gestation (avortements et excès
de cancers chez les enfants). Les études effectuées sur les troubles de la reproduction reliés
à l'exposition en milieu de travail concernent essentiellement l'exposition des pères avant
la conception. Toutes les études présentées sont de type exploratoire et aucune conclusion
ne peut être tirée de ces études. Les problèmes étudiés (stérilité et développement de
cancers chez les enfants) semblent avoir une faible plausibilité biologique puisqu'ils
153
nécessiteraient une action des CEM sur le développement des gamètes. Ces études invitent
cependant à entreprendre de nouvelles études chez l'animal comme chez l'humain. Les
études effectuées sur les troubles neurocomportementaux n'ont pas non plus été étudiées
en profondeur. Les études effectuées en milieu résidentiel soulèvent -l'hypothèse d'un effet
des CEM et particulièrement du champ magnétique sur la survenue d'états dépressifs et de
suicide. La faible qualité de ces études et leur faible nombre empêchent toute
interprétation définitive de leurs résultats. Les études effectuées chez les travailleurs sont
un peu plus solides, mais elles ne sont pas exemptes de problèmes méthodologiques. On ne peut conclure sur l'absence d'effets des CEM sur le comportement humain avec de telles études.
152
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101
TABLE DES MATIÈRES
Pages
4.0 INTRODUCTION 167
4.1 NORMES 167
4.1.1 Ailleurs dans le monde 167
4.1.2 Au Québec et au Canada 173
4.2 LE POINT DE VUE DES COMITÉS D'EXPERTS 174
4.2.1 American Institute of Biological Sciences (AIBS) 175
4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 176
4.2.3 New York State Power Lines Projet (NYSPLP) 177
4.2.4 Environmental Protection Agency (EPA) 178
4.2.5 Ontario Ministry of Health 178
4.2.6 Task Force Report (Rosen et al) 179
4.2.7 Office of Technology Assessment 180
4.2.8 Ministère Fédérale de la Santé et du Bien-Être social 183
4.3 CONCLUSION 185
BIBLIOGRAPHIE 187
4.0 INTRODUCTION
L'établissement de normes d'exposition à un agent environnemental se fait, règle
générale, en considérant de nombreux facteurs. La taille de la population à risque, les
résultats d'études scientifiques réalisées, les facteurs environnementaux et les problèmes de
santé enjeu, les conditions actuelles d'exposition, l'utilisation de normes déjà existantes dans
d'autres pays, ainsi que les pressions politiques et populaires sont autant de facteurs pouvant
être mis en cause(1). • Lors de projets de construction de nouvelles lignes de transport
d'électricité, les CEM ont soulevé beaucoup d'inquiétude et ont fait l'objet d'une opposition
considérable de la population. Ces pressions croissantes de la population ont incité
certaines autorités américaines à prendre des mesures afin de réglementer les champs
résultant des lignes de transport d'électricité^.
Le présent chapitre dégage en premier lieu, le portrait général de la réglementation
à travers le monde concernant l'exposition publique aux CEM de fréquence extrêmement
basse. On y aborde le fondement de certaines de ces réglementations. La situation
québécoise et canadienne est également présentée. En second lieu, nous présentons les
principales conclusions de plusieurs comités d'experts scientifiques qui se sont penchés sur
la problématique des risques pour la santé reliés à l'exposition aux CEM.
4.1 NORMES
4.1.1 Ailleurs dans le monde
Bien qu'il soit reconnu que les champs électrique et magnétique à 60 Hz puissent
avoir certains effets biologiques (voir chapitre 2), l'extrapolation à l'humain des études in
vitro et in vivo autres que chez l'humain est toutefois difficile. De plus, la signification de
ces effets en termes de risques à la santé fait l'objet de nombreuses controverses et demeure
présentement inconnue. L'Organisation Mondiale de la SantéC3) indiquait en 1987 que peu
de pays ont adopté des normes limitant l'exposition au champ magnétique car jusqu'à
présent, iln'ya qu'une faible probabilité que l'exposition humaine à ce champ soit suffisante
167
pour causer des effets nocifs sur la santé. Aux États-Unis, il n'existe aucune réglementation
fédérale limitant l'exposition de la population et des travailleurs aux rayonnements non
ionisants.
Divers pays et quelques États américains ont toutefois adopté une législation quant
aux expositions au champ électrique provenant de lignes de transport d'électricité.
Généralement, le fondement de ces normes est basé sur des considérations de sécurité,
c'estrà-dire qu'elles visent à limiter à 5 mA (r.m.s) le courant induit pour une personne
touchant un objet métallique situé sous une ligne de transport d'électricité pour permettre
de "lâcher prise". Le tableau 1 présente un résumé des principales réglementations de
niveaux de champ électrique pour les lignes de transport à haute tension de 50-60 Hz. Il
présente les grandes tendances de normalisation à travers le monde et ne tient pas compte
des spécificités et des mesures d'exception qui peuvent s'y rapporter.
Champ électrique
Les normes de niveaux de champ électrique à l'intérieur de l'emprise, c'est-à-dire
sous les lignes électriques, se situent généralement près de 10 kV/m. On retrouve la norme
la plus restrictive au Japon soit 3 kV/m. Aux États-Unis, sept États disposent de normes
pour réglementer l'exposition aux CEM. Les limites d'exposition à l'intérieur de l'emprise
sont sensiblement les mêmes d'un État à l'autre (de 8 à 11,8 kV/m). La norme d'exposition
en bordure d'emprise est généralement établie entre 1 et 3 kV/m. Selon l'OMS(4), la
Pologne a réglementé le champ électrique pour les fréquences de 0.1 - 300 000 MHz en
incluant une limite particulière pour les fréquences de 50 Hz. Cette réglementation est
basée sur un critère de zone de sécurité. Dans la bande des 50 Hz, elle établit une limite
de 10 kV/m à ne pas dépasser (zone 1) à l'exception des travailleurs de lignes électriques
et de postes électriques. Un champ électrique entre 1 - 10 kV/m (zone 2) en milieu
agricole et de loisirs est permis mais non en milieu résidentiel près d'hôpitaux, d'écoles et
de garderies. Certaines spécificités s'ajoutent, telles que la considération de droits acquis.
L'URSS tolère quant à elle un champ électrique allant jusqu'à 500 V/m dans les
résidences*7* et jusqu'à 20 kV/m pour les secteurs difficilement accessibles*3*.
168
Tableau 1: Réglementation des niveaux de champ électrique de lignes à haute tension de 50-60 Hz.
Pays Champs électriques (kV/m) Dans l'emprise En bordure de l'emprise
Australie Nouvelles-Galles du Sud - 2 Victoria 10 2
États-Unis Floride 500 kV 10 2
69 - 230 kV 8 2 Minnesota 8 Montana — 1 New-Jersey - 3 (Recommandation) New-York 11.8 1.6 North Dakota 9 Oregon 9
Japon 3
Tchécoslovaquie 15 1
Sources: (2)(3)(4)(5)
Seule la norme du Montana de 1 kV/m en bordure d'emprise aurait cependant été
recommandée à titre de "critère de santé publique". En effet, Asher R. Sheppard,
consultant pour "the Montana Department of National Ressources and Conservations",
indiquait, suite à une revue de littérature, la possibilité d'effets néfastes pour la santé reliées
à une exposition chronique aux champs électrique et magnétique des lignes de
transmission*6*. M. Sheppard préconise la voie de la prudence même si elle est n'est pas
basée sur des évidences de risques à la santé publique.
101
Selon Banks(6), l'établissement de normes d'exposition dans certains États américains
(Minnesota, Oregon et North Dakota) apparaît comme l'application du principe "ALARA"
(As Low As Reasonably Achievable) c'est-à-dire ce qui est raisonnable d'obtenir d'un point
de vue économique et technique. Stuchly(1) indique toutefois que le- principe ALARA est
une approche difficilement justifiable dans le domaine des CEM de fréquence extrêmement
basse, principalement en raison du manque de données biologiques indiquant les effets
néfastes sur la santé, l'ubiquité du champ et les coûts associés aux mesures de mitigation.
Champ magnétique
Exception faite des normes relatives à l'exposition du patient et de l'opérateur
d'appareils cliniques à résonnance magnétique, il n'existe que très peu de normes limitant
l'exposition au champ magnétique en courant alternatif. En URSS, pour un champ non
puisé ("continuous") la limite est de 7,5 mT (75 G) pour une période d'une heure et de 1,8
mT (18 G) pour 8 heures. Ces normes auraient été développés pour les soudeurs. En
République fédérale d'Allemagne, la norme a été fixée à 5,0 mT (50 G) pour les travailleurs
d'installations électriques(8).
Aux États-Unis "The Environmental Regulation Commission" de l'État de Floride a
adopté, en 1989, la première norme d'exposition au champ magnétique pour les lignes à
haute tension^. Cette réglementation s'applique pour la construction des nouvelles lignes
uniquement. La majorité des lignes existantes de 500 kV dans l'État de la Floride (sept sur
dix) peuvent rencontrer la norme de 200 mG. Suite à une revue de la littérature sur les
effets potentiels des CEM sur la santé, la Commission a indiqué qu'il n'existe pas d'évidence
concluante à l'effet qu'il puisse exister un danger ou un risque pour la santé publique
relativement à une exposition liée à des lignes à 60 Hz de l'État de Floride. Des recherches
supplémentaires sont toutefois nécessaires pour déterminer l'étendue des effets des CEM
ainsi que des niveaux d'exposition auxquels ces effets apparaissent. Les normes ont été
établies en fonction de ce qui était réalisable technologiquement. La synthèse de ces
normes est présentée au tableau suivant:
170
Tableau 2: Normes d'exposition aux champs électrique et magnétique pour les lignes à haute tension à 60 Hz pour l'État de Floride
Type de ligne
Type de champ 69-230 kV 500 kV
Magnétique
(en bordure d'emprise) 150 mG 200 mG
Électrique (en bordure d'emprise) 2 kV/m 2 kV/m
Le "New York Public Service Commission" de l'État de New-York a proposé en mars
1990 une limite intérimaire de 200 mG pour le champ magnétique en bordure d'emprise
pour les lignes à haute tension(10). Cette limite ne serait pas basée en fonction d'un critère
de santé publique mais plutôt sur ies valeurs médiannes (L-50) d'exposition retrouvées près
des lignes à 345 kV. Cette politique se veut, selon la Commission, une approche prudente,
même si présentement les données existantes ne permettent pas de démontrer que le champ
magnétique représente ou non un risque significatif sur la santé. Cette limite intérimaire
de 200 mG s'appliquera, si adoptée, à toutes les nouvelles lignes de transmission de 125 kV
et plus.
Le National Radiological Protection Board
Le "National Radiological Protection Board" (NRPB)(11), sous la direction du
ministère de la Santé du Royaume-Uni, a émis, en 1989, certaines recommandations face
aux critères d'exposition recommandés par le "International Non-Ionizing Radiation
Committee" (INIRC). Le NRPB est en accord avec les conclusions énoncées à l'effet que
les données sont insuffisantes pour faire une évaluation quantifiée de risque à la santé. Les
171
évidences expérimentales sont souvent faibles statistiquement et difficilement reproductibles.
Les évidences épidémiologiques suggèrent quant à elles que si le risque d'exposition des champs électromagnétiques en milieux de travail et résidentiel est réel, il doit se trouver dans la partie du risque jugé tolérable.
IRPA/INIRC
"The International Radiation Protection Association" a formé un groupe de travail,
en 1974, (IRPA/INIRC, International Non-Ionizing Radiation Committee), afin de se
pencher sur les normes, en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la Santé. Us ont
pris la responsabilité de développer des critères de santé relativement aux rayonnements
non ionisants*12*. Selon ce groupe d'experts, ces critères pourraient servir de données de
base scientifique pour l'établissement de limites d'exposition.
Par l'analyse des diverses études existantes, Us ont établi des critères d'exposition en
milieu de travail et résidentiel en prenant comme base de limiter la densité de courant
induit dans la tête et le tronc d'un individu continuellement exposé à un champ électrique
ou à un champ magnétique de 50/60 Hz. Cette limite de courant endogène a été fixée à
10 mA/m2 en fonction des effets biologiques prévisibles à court terme. En effet, à des
niveaux se situant entre 1 et 10 mA/m2, seulement des effets biologiques mineurs Int été
rapportés tandis qu'à des niveaùx se situant entre 10 et 100 mA/m2, il existe des effets plus
clairement établis notamment sur le système nerveux et visuel*3). En fonction de ces
éléments, les limites d'exposition proposées pour les champs électrique et magnétique de 50/60 Hz sont:
172
Champ électrique Champ magnétique kV/m mT (r.m.s) mG (r.m.s)
En milieu de travail Toute la période de travail 10 0,5 5 000 Court terme 30a 5,0b 50 000
Pour la population générale Jusqu'à 24 heures/jour0 5 0,1 1 000 Quelques heures/jourd 10 1,0 10 000
j a) La durée de l'exposition au champ (entre 10 et 30 kV/m) peut être calculée par la formule T <. 80/E ou T = durée en heure par jour de travail et E = le champ électrique exprimé en kV/m.
b) <, à 2 heures par jour. c) En milieu fréquenté.
] d) Cette limite peut être dépassée quelques minutes par jour. 1 1 i
Ces niveaux d'exposition sont supérieurs à ceux retrouvés en bordures d'emprise des
lignes à haute tension. A cette effet, l'IRPA/INIRC précise à ce sujet qu'il n'est pas
possible avec les connaissances actuelles d'établir précisément le risque associé à une
exposition chronique au champ magnétique à des niveaux similaires retrouvés près des lignes
à haute tension. En l'absence d'évidence d'un risque à la santé, ce groupe indique qu'il
pourrait être prudent de limiter les expositions, particulièrement pour la population en
général.
4.1.2 AU QUÉBEC ET AU CANADA
Tout comme aux États-Unis, il n'existe pas de normes nationales concernant
l'intensité des CEM des lignes de transport d'électricité. De plus, les seules
recommandations du ministère de la Santé nationale et du Bien-Être social Canada
concernant l'exposition à des champs électromagnétiques de rayonnements non ionisants
sont ceux pour les appareils cliniques à résonance magnétique*14).
101
Le Comité Consultatif Fédéral et Provincial sur l'Hygiène du Milieu et du Travail
(CCHMT) a proposé en mai dernier que soit adopté des normes intérimaires sur
l'exposition aux champs électromagnétiques à fréquence extrêmement basse. Ces normes
sont basées sur les guides intérimaires proposés par 1'"International.Radiation Protection
Association" (IRPA). Ces guides d'exposition n'ont pas été établis en fonction d'une
exposition à long terme et les niveaux proposés sont supérieurs à ceux que l'on retrouve en
bordure d'emprise. À l'heure actuelle, cette proposition n'a pas encore été entérinée par le comité.
Au Québec, Hydro-Québec applique comme critères de conception et d'exploitation
de ses lignes électriques, les recommandations préconisées par le "National Electrical Safety C o d e" ( 1 5 )- C e s critères limitent le courant induit maximal pouvant circuler dans le corps
d'une personne touchant un objet métallique à 5 mA lors de situations exceptionnelles et
à 1 mA lors de situations courantes. La largeur minimale des emprises du corridor de
transport d'électricité est déterminée de façon à limiter l'intensité maximale du champ
électrique. On évite ainsi qu'une personne se trouvant en bordure d'emprise soit dérangée
par des décharges électriques lorsqu'elle touche un objet métallique relié à la terre. Ainsi
au Québec, le champ électrique en bordure d'emprise doit toujours être inférieur ou égal
à 2 kV/m, quelle que soit la tension de la ligne(16).
Dans le cadre de ses activités, Hydro-Québec peut être appelé à discuter de
l'établissement de normes et de sa problématique. Toutefois, à l'heure actuelle, il n'existe
au Québec aucun comité, provincial ou autre, visant l'implantation d'une réglementation limitant l'exposition aux CEM.
4.2 POINT DE VUE DES COMITÉS D'EXPERTS
De nombreux comités d'experts ont fait la synthèse des documents et articles
scientifiques traitant des effets sur la santé des champs électromagnétiques. Nous
174
présentons ici la synthèse de leurs conclusions que nous avons jugées les plus pertinentes
dans le contexte de notre analyse. Cette revue de ces comités d'experts n'est pas exhaustive.
Elle vise à faire ressortir les courants de pensée actuels sur le sujet.
Bien que les présentes conclusions soient le résultat d'une traduction libre (de
l'anglais au français) nous avons conservé, autant que possible, les idées reflétées par chacun
des auteurs.
4.2.1 "AmericanInstitute of Biological Sciences" (AIBS) (1985)(17)
L'"American Institute of Biological Sciences" (AIBS) a réalisé en 1985 une revue de
littérature (révisée récemment) des champs électromagnétiques de fréquence
extrêmement basse en mettant principalement l'emphase sur les recherches réalisées
depuis 1977. Les principales conclusions de ce comité sont:
"Le champ électrique et le champ magnétique de fréquence extrêmement
basse peuvent, à certaines fréquences et intensités, causer divers effets
biologiques à plusieurs organismes, tels les plantes, les animaux ou dans le cas
de préparations in vitro.
Des recherches additionnelles mettant en relation les champs électrique et
magnétique de fréquence extrêmement basse et de leurs effets sur les
organismes vivants de même que sur le mécanisme d'interaction de ces
champs seront nécessaires. Elles permettront une meilleure compréhension
de ces effets biologiques, lorsqu'ils existent, entre la présence de ces champs
et les organismes vivants".
175
4.2.2 L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (1984(3);1987(2))
L'OMS a réalisé 2 documents sur cette question. Le premier publié en 1984 concerne le champ électrique, le deuxième publié en 1987 concerne le champ magnétique.
Le document de 1984 constate la faiblesse des études réalisées avant les années 80.
Puisque les études chez l'humain sont trop limitées du point de vue méthodologique,
elles ne peuvent servir à l'évaluation de risque. Le document constate que le champ
électrique peut altérer le fonctionnement cellulaire, la physiologie et le
comportement animal. Sans pouvoir extrapoler ces effets chez l'humain il est
préconisé "d'éviter une exposition inutile au champ électrique" (traduction libre).
Aucune norme d'exposition n'est préconisée mais certaines mesures sont mises de
l'avant pour éviter l'exposition des travailleurs à plus de 10 kV/m. Cette prudence
est motivée par le risque de microchocs et d'inconfort pour les travailleurs à partir
de 10 kV/m. Devant l'impossibilité d'affirmer qu'une exposition chronique aux
niveaux de 1 à 10 kV/m est sécuritaire, il est proposé de faire des efforts afin de
limiter l'exposition des populations aux niveaux les plus bas possibles et acceptables
d'un point de vue technique et économique ("as low as can be reasonably
achievable"). Devant le risque d'interaction des stimulateurs cardiaques avec de
faibles champs, il est recommandé que les fabricants de ce type d'appareil mettent
au point des procédés de protection contre les risques potentiels de leur dysfonction.
Le document de 1987 constate de nouveau la faiblesse des principales études
effectuées chez l'humain particulièrement pour ce qui est des effets à long terme.
L'évaluation de risque proposée est basée sur le risque de courant induit par le
champ magnétique. En fonction des données disponibles, les auteurs du rapport
concluent qu'un courant de densité inférieur à 10 mA/m2 n'a pas démontré d'effets
biologiques significatifs. Il est cependant précisé: " la possibilité d'effets néfastes
176
secondaires à une exposition chronique ne peut être exclue". Une revue des normes
utilisées dans le monde est présentée mais aucun niveau guide n'est proposé.
Le document recommande que des études épidémiologiques plus rigoureuses soient
effectuées, en particulier pour clarifier l'association possible avec le risque de cancer.
Des recherches appropriées au niveau cellulaire et de l'animal devraient aussi
clarifier les mécanismes possibles de cancérogénèse.
Deux types de recherches expérimentales sont aussi préconisées:
les recherches sur le développement embryonnaire et foetal,
les recherches sur les effets de faibles niveaux de courants induits
( < 1 0 mA/m2).
.3 "New York State Power Lines Project" (NYSPLP) (1987)(18>
Le rapport du groupe scientifique ayant conseillé le programme de recherche de
l'État de New York a été publié en 1987. Le programme de recherche comprenait
des recherches sur la cellule, chez l'animal et l'humain. La majorité de ces études
ont été présentées dans les sections précédentes. Le rapport considère que certains
effets biologiques ont été démontrés mais ces derniers nécessiteront d'autres
recherches pour être confirmés. Sans que l'on puisse tirer de conclusions finales,
plusieurs domaines sont mentionnés comme à risque potentiel pour la santé
publique. Le risque de cancer chez l'enfant relié à l'exposition résidentielle doit être
investigué plus intensément. Il est aussi mentionné que "les effets sur le
comportement et le système nerveux ne constituent probablement pas un risque
important puisqu'ils sont réversibles, cependant ils peuvent altérer temporairement
les fonctions humaines". Il est aussi recommandé d'autres recherches dans ce
domaine.
101
4.2.4 "Environmental Protection Agency" (EPA) (1987(19);1990(20))
L'EPA est l'organisme responsable aux États-Unis de l'établissement des normes
d'exposition pour la protection de la population. En 1987, l'EPA(19) indiquait que les
études ne permettaient pas de démontrer sans équivoque que les champs
électromagnétiques des lignes à haute tension représentaient un risque pour la santé
de la population et ce, en comparaison aux risques connus dus aux brûlures et aux
chocs électriques. Toutefois, il demeure encore des inconnus et des recherches
additionnelles sont nécessaires, particulièrement en ce qui concerne la connaissance
du mécanisme d'action des champs électromagnétiques. L'EPA a récemment publié
un rapport préliminaire sur l'évaluation du potentiel carcinogène des CEM.
Toutefois, ce rapport n'ayant toujours pas été rendu public, les conclusions connues
ne peuvent, pour le moment, être considérées comme étant la politique formelle de
l'EPA. Un résumé de la présentation de Robert McGaughy (document interne
Hydro-Québec) responsable du "Human Health Assessment Group" de "l'Officeof
Health and Environmental Assessment Washington, U.S. EPA" indiquait que le
système de classification de l'EPA pour les agents potentiellement carcinogènes n'est
pas utilisé pour les champs magnétiques. Les raisons évoquées sont les mécanismes
d'interaction des champs et le phénomène conduisant à la carcinogénèse qui
demeurent incertains. En 1990,1'"Officeof Health and Environmental Assessment"
(OHEA) de l'EPA avait recommandé de classifier les CEM dans le groupe B1
comme agent cancérigène, c'est-à-dire cancérigène probable selon la base des
données épidémiologiques. Cette classification n'a pas été retenue.
4.2.5 "Ontario Ministry of Health", 1987(21)
Le ministère de l'Ontario a réalisé en 1987 une revue de littérature des études
cliniques et épidémiologiques sur les effets à la santé réliés à une exposition aux
champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse. Leurs principales
conclusions sont les suivantes:
178
"La littérature n'apporte pas d'évidence concluante ou convaincante qu'il
puisse exister un risque significatif sur la santé publique associé aux champs
électromagnétiques de fréquence extrêmement basse. Il existe un consensus
général de la part de la communauté scientifique à l'effet que les ambiguïtés
présentes dans la littérature courante demandent à être clarifiées. Deux
hypothèses sont émises face à cette situation:
1 - la méthodologie des études n'est pas assez rigoureuse pour établir une
relation concluante,
2 - le problème n'est pas conceptualisé correctement".
Cet organisme tire comme conclusion générale:
"Selon les données présentes, on peut déduire qu'il y a peu ou pas d'évidence qu'il
existe un risque pour la santé".
4.2.6 "Task Force Report" (Rosen et al) (1988)(22)
Un groupe d'experts (L.A. Rosen; J.M. Lee et J.D. Sahl) ont réalisé une revue des
conclusions et des recommandations des rapports de comités scientifiques les plus
récents sur les conséquences possibles sur la santé humaine d'une exposition aux
champs électrique et magnétique provenant des lignes de transmission et le câblage
intérieur des résidences. Ce groupe a observé que:
"Présentement, il n'y a pas concensus du point de vue biologique pour statuer
si le champ magnétique est plus important que le champ électrique.
On ne connaît pas l'importance reliée à la force des champs, la durée
d'exposition, la présence d'une exposition continue ou intermittente.
101
Il n'y a aucune évidence qu'il soit nécessaire de réduire les champs. Si le
besoin était présent, de combien faudrait-il les réduire?
Il n'y a également pas d'évidence concernant les effets reliés aux fréquences
harmoniques des champs.
L'adoption de prise de mesures de mitigation sans base scientifique pourrait
n'avoir aucun effet.
Des recherches additionnelles sont nécessaires pour déterminer quelle
composante de l'exposition, s'ilen existe une, représente un facteur de risque
pour la santé".
4.2.7 "Officeof Technology Assessment" (1989(2)(23))
Le groupe de "Carnegie Mellon University" a publié en 1989(2) un document de
référence pour 1'"Office of Technology Assessment" du congrès Américain. Les
principales conclusions de ce rapport sont les suivantes:
il est maintenant bien établi que de bas niveaux de champ magnétique
peuvent interférer avec les systèmes biologiques et y produire des
changements.
l'interprétation des études disponibles est difficile et il est impossible
actuellement de tirer des conclusions définitives sur les risques possibles pour
la santé.
aucune évaluation de risque ne peut être actuellement pratiquée et aucune
stratégie définitive ne peut être préconisée pour réduire ou éviter les risques
potentiels.
180
les évidences les plus solides concernent les effets sur le système nerveux
central et la promotion du cancer.
Le rapport propose plusieurs options pour gérer ce risque encore mal défini:
1. attendre des preuves plus concluantes avant d'agir,
2. faire de l'information au public et rien d'autre,
3. adopter une réglementation pour limiter l'exposition provenant des lignes de
transmission sans se soucier des autres sources,
4. préconiser un "évitement prudent" (prudent avoidance) afin de réduire
l'exposition des populations aux CEM de 60 Hz provenant de toutes les
sources, compte tenu d'une évaluation coût/bénéfice considérée comme
acceptable.
L'option 1 semble de moins en moins réaliste devant l'évolution des connaissances
scientifiques et les inquiétudes du public.
L'option 2 est préconisée par les auteurs à cause des besoins du public en la matière.
Il y a un besoin pour de l'information non technique véhiculée par des sources
neutres (gouvernements, sources privées) car le public a une confiance limitée pour
les documents provenant des compagnies d'électricité.
L'option 3 est actuellement étudiée par beaucoup de pays ou États mais elle ne peut
être basée sur une évaluation de risque solide. Il est cependant possible que l'on
préconise de façon intérimaire une norme qui limiterait par exemple le champ
magnétique en bordure d'une ligne de transmission au niveau où il est dans la vie
de tous les jours (exposition moyenne).
181
L'option 4 est développée par les auteurs du rapport. Il s'agit de recommander des
mesures qui diminueraient l'exposition des populations aux CEM et qui ne
coûteraient pas trop cher. Voici les exemples présentés:
éviter les zones peuplées lors de l'implantation des nouvelles lignes de transport
élargir les emprises des lignes de transmission
modifier la conception des lignes de distribution
développer des moyens pour réduire les champs associés à la distribution
électrique dans les maisons.
modifier les appareils électriques pour minimiser ou éliminer les champs
produits par ces appareils
Dans le cadre de son plan d'évaluation de faisabilité technique face à la compétition
croissante dans le domaine de l'industrie de l'électricité, "l'Office of Technology
Assessment"^ a évalué l'impact du dossier des CEM sur la santé humaine, n indique: "il
semble possible, sur la base des recherches scientifiques, qu'une exposition aux champs
électrique et magnétique puisse causer des risques à la santé humaine. Il n'est toutefois pas
possible présentement de démontrer si ce risque existe ou non car les résultats des
recherches sont complexes et non concluantes". Face à cette situation, l'OTA considère
comme action possible:
accroître la recherche sur les risques potentiels pour la santé et sur les
méthodes afin de limiter l'exposition humaine aux CEM.
accroître la recherche pour développer des méthodes permettant d'établir des
recommandations d'exposition pour l'implantation ou la relocalisation de
lignes de transport d'électricité là où il pourrait être prudent de le faire et ce
sans coût excessif.
182
.8 Ministère Fédéral de la Santé et du Bien-Être social (1989(7);1990(24))
En 1986, un groupe de travail a été formé par la direction de l'hygiène du milieu de
Santé et Bien-Être social Canada. Ce groupe, présidé par Dr- Maria A. Stuchly, est
composé de représentants des syndicats canadiens, des services publics, des
universités, du gouvernement fédéral et des administrateurs provinciaux. Il vise à
évaluer l'existence et l'importance des effets à la santé reliés aux champs
électromagnétiques et à l'utilisation de l'électricité, identifier les zones où les
connaissances sont déficientes, favoriser le développement de la recherche dans ces
zones grises et l'information et l'éducation de la population canadienne. Le Québec
était représenté par le Dr Michel Plante d'Hydro-Québec et par le Dr Gilles
Thériault de l'Université McGill. Après analyse de la littérature, ce groupe de
travail conclut que:
Présentement, il est difficile de tirer des conclusions définitives concernant les effets possibles sur la santé humaine reliés à l'exposition aux champs électrique et magnétique.
Les évidences scientifiques disponibles concernant les effets reliés à ces
champs sont inconsistantes et non concluantes.
Certaines études chez l'animal et la cellule démontrent que ces champs
peuvent interagir avec le système biologique. Bien que cela ne soit pas
encore clairement établi, certains de ces effets pourraient être dommageables.
Certaines données expérimentales indiquent qu'un champ plus fort n'est pas
nécessairement plus dangereux. Certains effets apparaissent seulement lors
d'exposition à de faibles champs mais non pour des champs plus forts.
183
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour conclure que les
champs électromagnétiques présentent un quelconque risque pour la santé
publique.
184
4.3 CONCLUSION
Face à la difficulté de définir un niveau de risque relié aux CEM, peu de pays ont
réglementé l'exposition aux rayonnements non ionisants de fréquence extrêmement basse.
Certains pays et États américains ont toutefois adopté des normes d'exposition.
Généralement, les normes d'exposition au champ électrique sont basées sur des
considérations de sécurité afin d'éviter les chocs électriques.
L'exposition au champ magnétique provenant des lignes à haute tension a fait l'objet
d'une réglementation en Floride. L'État de New York a récemment proposé une limite
intérimaire limitant l'exposition à ce champ. Ces limites proposées ne sont toutefois pas
fondées sur un critère de santé publique mais plutôt en fonction des moyennes d'exposition
électromagnétique présentement retrouvées près des lignes à haute tension.
Au Québec et au Canada, il n'existe aucune norme régissant la présence des CEM
des lignes à haute tension. Hydro-Québec se conforme aux recommandations du NESC en
limitant notamment le champ électrique maximal en bordure d'emprise.
Plusieurs groupes d'experts se sont prononcés quant aux risques pour la santé reliés
à une exposition aux CEM de fréquence extrêmement basse. Il y a consensus à l'effet que
les CEM peuvent interagir avéc les systèmes biologiques. Toutefois, il est présentement
impossible de tirer des conclusion définitives sur la signification de ces effets. Enfin, on
s'accorde généralement pour dire que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour
comprendre et préciser les implications des effets biologiques en termes de risque pour la
santé humaine, avant de légiférer.
101
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101
TABLE DES MATIÈRES
Pages
5.0 INTRODUCTION 195
5.1 ÉVALUATION DE L'EXPOSITION DES POPULATIONS 196
5.1.1 Études complétées 196
5.1.2 Projets en cours 198
5.2 ÉVALUATION DES EFFETS SUR LA SANTÉ 199
5.2.1 Effets des CEM sur la cellule et l'animal 200
5.2.1.1Études complétées 200
5.2.1.2Projets en cours 200
5.2.2 Effets des CEM sur l'humain 203
5.2.2.lÉtudes complètes 203
5.2.2.2Projet en cours 203
5.3 GESTION DU RISQUE 207
5.3.1 Mise au point de normes 207
5.3.2 Information du public 208
5.4 CONCLUSION 210
BIBLIOGRAPHIE 211
5.0 INTRODUCTION
Dans les premiers chapitres, nous avons constaté la nécessité de recherches
supplémentaires afin de permettre l'évaluation des risques associés à l'exposition humaine
aux CEM. Bien que plusieurs recherches soient en cours présentement à travers le monde,
il nous apparaît important de regarder ce qui a été fait au Québec dans ce domaine. Ceci
nous aidera à formuler dans le chapitre suivant des recommandations spécifiques pour le
Québec.
Nous présenterons donc les principaux travaux effectués au Québec tant pour évaluer
l'exposition des populations humaines aux CEM que ceux concernant les effets d'une telle
exposition. Un résumé des interventions effectuées pour gérer ce risque potentiel sera aussi
présenté. La grande majorité des actions réalisées a été prise en charge par Hydro-Québec
mais nous mentionnerons aussi l'implication d'autres intervenants importants du Québec:
les ministères provinciaux, les universités et le secteur privé. Il est à noter que la
présentation des études en cours est faite dans un but descriptif et de connaissance. Il est
à considérer que les objectifs et méthodologies de ces études peuvent faire l'objet de
modifications et que ces informations peuvent varier dans le temps.
195
5.1 ÉVALUATIONDE L'EXPOSITION DES POPULATIONS
Nous avons soulevé dans les chapitres précédents l'importance de l'évaluation de
l'exposition des populations aux champs électrique et magnétique. Cette information est
essentielle dans le cadre d'une évaluation du risque à la santé.
À notre connaissance au Québec, seul Hydro-Québec en association avec d'autres
partenaires, telles les universités et les instituts de recherche, s'est impliqué dans la
réalisation d'études structurées visant à caractériser l'environnement électrique et
magnétique près des lignes de transport et de distribution et également près d'appareils
électriques. Plusieurs projets ont déjà été réalisés et d'autres sont en cours présentement.
La section de radioprotection de la division Qualité d'hygiène industrielle du ministère de
l'Environnement a réalisé, en 1978, une caractérisation sommaire des champs en milieux
résidentiel, professionnel et près des lignes à haute tension(1). Les résultats de cette étude
sont par contre limités. L'institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail (IRSST)
participe depuis peu au développement d'outils de travail pour l'évaluation des CEM. La
description des principales études est présentée ci-après.
5.1.1 Études complétées
Analyse des mesures de champ électrostatique à trois pieds et à six pieds du sol dans
les postes et sous les lignes de transport haute tension. Maruvada, S., Institut de
Recherche d'Hydro-Québec, 1976(2).
Cette étude visait à connaître l'intensité du champ électrostatique (60 Hz) non
déformé près des postes et sous quelques lignes de transport à haute tension (120 kV,
230 Kv, 315 kV, 735 kV). Pour la mesure du champ, l'IREQ a utilisé une sonde de
fabrication domestique "Free Body Electric Field Meter" (champmètre de champ uniforme).
Le champ électrique était également estimé à l'aide de méthodes numériques afin de
196
corroborer les mesures directes. En général, l'estimation du champ électrique par la
méthode numérique concordait avec les mesures directes.
Mesure des champs électrique et magnétique de 60 Hz dans le réseau de
distribution. Héroux, P.,Institut de Recherche d'Hydro-Québec 1985(3), 1987(4).
L'objectif de l'étude était de mesurer les champs électrique et magnétique à 60 Hz
à l'aide d'une station mobile près des réseaux de distribution en milieux urbains et ruraux.
D'autres mesures prises à divers endroits près du réseau de distribution ont également
permis d'obtenir un portrait général des niveaux d'exposition. La collecte de données prises
à différents moments a permis d'évaluer la variation de l'exposition dans le temps. Selon
Héroux*3 , il ressort globalement que le réseau de distribution représente une forte
contribution à l'environnement électromagnétique à 60 Hz.
Occupational and Residential 60 Hz Electromagnetic Fields and High-Frequencv
Electric Transients: Exposure Assessment Using a New Dosimeter. Deadman, J.E.
& al.,École de Santé au Travail, Université McGill, 1988<5>.
Cette étude de prévalence avait, entre autre, pour but de tester le nouveau dosimètre
portatif fabriqué par l'IREQ ainsi que d'évaluer sommairement les niveaux d'exposition des
travailleurs de l'électricité dans leur milieu de travail ainsi qu'à l'extérieur (résidence, loisirs)
pendant une période d'une semaine. Les résultats de l'étude ont démontré, qu'en moyenne,
les travailleurs en période de travail ont des niveaux d'exposition environ 10 fois plus élevés
que le groupe témoin.
197
5.1.2 Projets en cours
Étude épidémiologique portant sur la santé humaine et l'exposition aux champs
électrique et magnétique de 60 Hz. Électricité de France, Hydro-Québec et
Ontario Hydro(6)(7)(8).
Dans le cadre de la réalisation de cette étude épidémiologique, un programme
d'évaluation de l'exposition de divers groupes de travailleurs de l'électricité a été mis sur
pied. Au Québec, les champs électrique et magnétique seront mesurés à l'aide d'im
dosimètre portatif utilisé par les employés durant les périodes de travail et en dehors dû
milieu de travail. La dosimétrie s'étendra sur une période de cinq jours (du lundi au
vendredi). En Ontario, la dosimétrie s'effectuera uniquement pendant les heures de travail.
Un protocole similaire à celui du Québec sera suivi par Électricité de France. Malgré
certains retards occasionnés par la non-disponibilité des appareils de mesure et les conflits
de travail à Hydro-Québec, la prise de mesure se poursuit et dans l'ensemble les nouvelles
données recueillies correspondent sensiblement aux données recueillies lors de l'étude de
prévalence réalisée par Deadman en 1988®.
Caractérisation de l'environnement électrique et magnétique des lignes de transport
et de différents milieux, Association Canadienne d'Électricité, Institut de Recherche
d'Hydro-Québec^.
Il s'agit d'une étude pan-canadienne réalisée par l'Association Canadienne de
l'Électricité (ACE) en collaboration avec l'IREQ. Au Québec, ce projet prévoit l'évaluation
de l'exposition aux champs électrique et magnétique au niveau de centrales thermiques, de
lignes de transport, de postes et réseaux de distribution, de maisons et appartements
(environ 25) et de l'environnement industriel et agricole. Dans le cadre de cette étude, un
appareil de mesure a été développé afin de permettre l'enregistrement sur une période de
24 heures de la composante verticale du champ électrique et des trois composantes
orthogonales du champ magnétique. En milieu résidentiel, la prise de mesures s'effectue
198
dans trois pièces différentes, soit le salon, la cuisine et la chambre. Il y a également une
évaluation des champs émis par le système de mise à la terre et une caractérisation de
l'entrée électrique.
Le choix des résidences est fonction des expériences acquises et d'une répartition de
l'échantillonnage selon les diverses composantes de la résidence et de l'environnement
extérieur. L'étude devrait être complétée vers la fin de l'année 1990 ou en 1991.
Mise au point d'un appareil de mesure à lecture direr.tp. Laliberté, L.,Institut
de Recherche en Santé et Sécurité au Travail, (IRSST).
L'institut de Recherche en Santé et Sécurité au Travail mettra au point
prochainement un appareil de mesure des CEM à lecture directe. Cet appareil mesurera
les champs magnétique et électrique selon les trois axes. L'évaluation pourra se faire selon
des bandes de fréquences précises, telles les 60 Hz ainsi que plusieurs harmoniques. Cet
appareil est destiné à l'utilisation interne de l'IRSST mais une commercialisation est
également prévue. La mise en opération de cet appareil est prévue pour l'année 1991.
5.2 ÉVALUATIONDES EFFETS SUR LA SANTÉ
L'évaluation de risque dès CEM se situe encore à l'étape de l'identification du risque.
Une question domine cette étape: y a-t-il un risque et si oui quelle est sa nature et
éventuellement son ampleur? Plusieurs études ont été effectuées sur ce sujet au Québec
grâce au financement d'Hydro-Québec. Ces études ont été mentionnées pour la plupart
dans les sections précédentes mais nous croyons bon de les présenter regroupées ici
accompagnées de quelques commentaires.
196 198
5.2.1 Effets des CEM sur la ceUule et l'animal
5.2.1.1 Études complétées
Pour ce qui est de la situation de la recherche québécoise, il y a eu jusqu'à
maintenant peu de recherches expérimentales effectuées sur les effets biologiques des
champs électromagnétiques. Les études publiées sur le sujet sont les suivantes:
L'étude des courants corporels induits par les lignes à haute tension sur la fonction
cardiaque. Billette, J. et al., Institut de Cardiologie de Montréal, 1981(9).
Cette étude visait à déterminer chez des chiens anesthésiés si des courants induits,
tels que ceux rencontrés au sol sous une ligne à haute tension, peuvent affecter la fonction
cardiaque. Les résultats de l'étude se sont avérés négatifs.
5.2.1.2 Projets en cours
Quelques projets de recherches expérimentales sont actuellement en cours sur les
effets biologiques des champs électromagnétiques. La plupart d'entre eux sont des projets
commandités par Hydro-Québec. Plusieurs projets sont conjoints, impliquant des
organismes extérieurs comme Santé et Bien-Être social Canada. Ce sont les projets
suivants:
Etude de carcinogénicité animale en rapport avec l'exposition à des champs
magnétiques de 60 Hz, Mandeville R. ,etal . , Institut Armand Frappier, Montréal.
Il s'agit d'un projet conjoint de Santé et Bien-Être social Canada, Hydro-Québec et
Ontario Hydro ainsi que de partenaires d'entreprises privées. L'objectif de ce programme
d'étude est de déterminer si une exposition chronique à un champ magnétique de 60 Hz
influence le développement du cancer chez le rat. Le projet comprend deux études soit:
200
Évaluation de la carcinogénicité des champs magnétiques de 60 Hz. Il s'agit de
déterminer les effets chez un groupe de rats femelles sur le développement des
tumeurs en fonction de diverses intensités de champ magnétique.
Évaluation de la promotion de tumeurs du cerveau chez le rat par un champ
magnétique à 60 Hz. Des agents chimiques carcinogènes seront utilisés comme initiateurs de cancer.
Étude de promotion du cancer chez la souris, Stuchly M,A.,et al.,Santé et Bien-Être social Canada.
Le but de l'étude est d'évaluer si un champ magnétique de 60 Hz agit comme
promoteurs. Quatre groupes de 32 souris ont été exposés à un champ magnétique de 2 mT
et 60 Hz. Deux groupes ont été initiés avec le DMBA dont un est exposé au champ et
l'autre sert de témoin. Les deux autres groupes ont été initiés avec du DMBA mais ont
reçu aussi un promoteur chimique connu, c'est-à-dire le TPA. De ces deux derniers
groupes, l'un est exposé au champ, l'autre sert de témoin. Des mesures de l'activité de
l'enzyme ornithine décarboxylase (ODC) sont réalisées dans cette étude.
Étude des effets du champ magnétique de 60 Hz sur la prolifération cellulaire.
Bélanger K.,Bourdage M. Institut du Cancer de Montréal.
Cette étude in vitro, réalisée par l'Institut du Cancer de Montréal, est commanditée
par Hydro-Québec. Des cellules normales et cancéreuses sont exposées à un champ
magnétique de 100 fiT.
201
Étude des effets d'un champ magnétique de 60 Hz sur l'expression des oncogènes.
Langelier Y.,Bourdage M. Institut du Cancer de Montréal.
Cette étude, complémentaire de la précédente, porte sur les oncogènes. Les
oncogènes sont des gènes qui se retrouvent dans les cellules parfaitement saines. Ces gènes,
qui sont constitués d'une séquence d'ADN, semblent impliqués dans le développement
cellulaire. S'ils sont victimes de mutations ou autres événements anormals, ils peuvent
transformer la cellule saine en cellule cancéreuse. L'étude réalisée à l'Institut du Cancer
à Montréal permettra de vérifier l'hypothèse qui a été soulevée à l'effet que les CEM
puissent altérer les oncogènes.
Étude sur les effets des lignes à haute tension sur la santé du bétail(8)
Hydro-Québec s'est associé au "Bonneville Power Administration" (BPA), 1'"Electric
Power Research Institute" (EPRI), le "Department of Energy" (DOE) ainsi que quatre
autres sociétés d'électricité aux États-Unis afin d'évaluer l'effet des lignes à haute tension
en courant alternatif sur la reproduction de l'agnelle. Cette étude sera intitulée "Joint
HVAC Transmission E/MF Environmental Study". Le cycle hormonal chez l'agnelle sera
également étudié afin d'évaluer l'influence des champs sur la sécrétion de la mélatonine.
Elle a débuté en janvier 1990 et devra se terminer à la fin de l'année 1991.
Effets des champs électrique et magnétique sur la production laitière. Block, E.,
Collège McDonald
Cette étude portant sur les effets des champs électrique et magnétique produits par
les lignes à haute tension sur la production laitière sera réalisée conjointement par le
Collège McDonald de l'Université McGill et l'Institut de Recherche d'Hydro-Québec
(IREQ). Le Collège McDonald a développé les protocoles de l'étude tandis que l'IREQ
sera responsable de construire les systèmes d'exposition.
196 202
5.2.2 Effets des champs électromagnétiques alternatifs de 50-60 Hz sur l'humain
5.2.2.1 Études complétées
Études de l'état de santé des électriciens p r i s é s à l'entretien des poste a W
de l'Hydro-Québec, Roberge, P., Direction Santé d'Hydro-Québec, 1975(1°).
Cette étude qui visait à évaluer les effets sur la santé à court terme a déjà été
mentionnée auparavant (section 3.3.2). n s'agissait d'une étude transversale effectuée chez
56 employés préposés à l'entretien des postes de 735 kV. Une investigation médicale
poussée de ces travailleurs révéla qu'ils ne souffraient d'aucun problème de santé majeur.
Mais la faible qualité méthodologique de l'étude (voir section 3.3.2) ne permettait pas de
rejeter l'hypothèse d'un effet potentiel de l'exposition à ces champs.
Par la suite, aucune étude épidémiologique n'a été réalisée au Québec sur le sujet.
En 1984, devant l'anxiété de la population et les débats entourant la construction de la ligne
de courant continu Des Cantons-Nouvelle-Angleterre, le gouvernement du Québec décidait
de stimuler la recherche dans ce domaine. Par le décret No: 729-84 du 28 mars 1984, le
gouvernement autorisait la construction de la ligne de transport des Cantons-Nouvelle-
Angleterre mais exigeait en contre partie qu'Hydro-Québec réalise, entre autres, une étude
épidémiologique pour investiguer les effets sur l'humain des lignes à haute tension(u).
5.2.2.2 Projet en cours
Étude épidémiologique portant sur la santé humaine et l'exposition aux champs
électrique et magnétique de 60 Hz. Électricité de France, Hydro-Québec et
Ontario Hydro.
Le contrat pour cette étude fut donné à l'École de Santé au Travail de l'Université
McGill sous la direction du Docteur Gilles Thériault. Après une revue critique de résultats
épidémiologiques et après analyse de différents scénarios^, il fut décidé avec l'assentiment
des ministères de la Santé, d'Énergie et Ressources et de l'Environnement de retenir une
étude sur le cancer de type cas-témoins chez les travailleurs de l'électricité. Afin d'obtenir
une puissance statistique suffisante, cette étude est réalisée conjointement avec deux autres
compagnies d'électricité: Ontario Hydro et l'Électricité de France(13).
Cette étude épidémiologique est de grande envergure: 3 000 cas de cancer seront
comparés à 5 000 témoins. Il s'agit d'une étude de très bonne qualité. Les cas sont les
travailleurs ayant été à l'emploi pendant au moins 1 an dans les compagnies d'électricité et
ayant développé un cancer à l'exception des épithéliomas cutanés. Les témoins sont des
individus n'ayant pas de cancer au moment où le cas a été diagnostiqué. Ils ont travaillé
à la même compagnie que le cas avec lequel ils sont appariés. L'appariement est effectué
pour l'année de naissance et l'année de début de l'emploi. Les témoins doivent être vivants
au moment du diagnostic des cas. Ce type d'étude cas-témoins à l'intérieur d'une cohorte
diminue le risque de biais de sélection des cas ou des témoins.
L'évaluation de l'exposition professionnelle aux CEM sera assez élaborée. Chaque
poste de travail considéré aura eu une évaluation effectuée par dosimétrie chez un groupe
de travailleurs occupant ce poste. Une évaluation de l'exposition rétrospective sera faite en
tenant compte de la durée d'exposition à chaque poste d'emploi occupé par les cas ou les
témoins. Cette évaluation de l'exposition sera faite sans connaissance du statut de cas ou
de témoins des participants.
L'évaluation de l'exposition professionnelle à d'autres facteurs de risque de cancer
sera aussi considérée. L'exposition aux facteurs suivants sera étudiée pour les cas et les
témoins: les substances cancérigènes 1,2a et 2b de la classification du Centre Internationnal
de Recherche sur le Cancer (CIRC)(14) ainsi que l'exposition au soleil.
Beaucoup de problèmes soulevés dans les études précédentes seront pris en compte
dans cette étude: sélection des cas et témoins, évaluation de l'exposition aux CEM et prise
204
en compte de facteurs potentiels de confusion présents en milieu de travail. Cependant, il
est possible que cette étude accuse certaines faiblesses. Tout d'abord l'étude étant effectuée
dans différents pays ne sera pas complètement uniforme. Certains problèmes ont déjà été
mentionnés dans un rapport d'étape*15) et ils pourront affaiblir la qualité de cette étude:
1) la définition de la cohorte est un peu différente dans les 3 compagnies, en particulier
la constitution de la cohorte se fera à partir de 1970 pour le Québec et l'Ontario et
de 1978 pour la France, et il n'y aura pas d'information sur les retraités ou ceux
ayant quitté leur emploi pour la cohorte française.
2) la recherche des cas sera aussi différente selon les compagnies. L'Ontario utilisera
principalement son fichier des tumeurs, le Québec ne pourra utiliser ce fichier que
pour les années récentes et utilisera en plus le fichier de décès, les dossiers médicaux
de la compagnie et les dossiers hospitaliers. La France devrait utiliser
principalement les médecins d'entreprise.
3) La collecte des variables de confusion non professionnelle se fera à partir des dossiers médicaux au Québec et en Ontario et une enquête auprès des médecins en France.
Certaines faiblesses sont présentes dans cette étude. La prise en compte de variables
de confusion non professionnelle sera limitée. Seules les habitudes tabagiques seront
recherchées. D'autres variables potentiellement confondantes telle que l'alimentation et la
consommation d'alcool n'ont pu être retenues à cause du mode de collecte de données
choisi. On peut aussi se questionner sur la validité des informations concernant le tabac qui
sont colligées au dossier médical de l'entreprise. L'évaluation de l'exposition professionnelle
à des cancérigènes potentiels ne sera aussi évaluée le plus souvent que de façon qualitative
ce qui limitera son utilisation. Toutefois, pour les cancers associés aux CEM, c'est-à-dire
le cancer du cerveau, la leucémie et le cancer de la peau, peu de variables de confusion sont
connues.
205
La taille de l'échantillon bien qu'importante (3 000 cas) ne garantit pas une puissance
statistique très grande. En effet, la taille de l'échantillon est basée sur la capacité de l'étude
à détecter un risque relatif de 2 pour la leucémie avec une puissance statistique de 80%.
Il n'est pas évident que le nombre de cas étudiés sera suffisant lorsqu'il s'agira d'étudier le
risque relatif pour différents types histologiques de leucémies. Il est aussi probable que la
puissance à détecter un risque significatif soit encore moindre pour les cancers du cerveau
et le mélanome, puisqu'il s'agit de cancers moins fréquents que la leucémie^.
Cette étude devrait se terminer en décembre 1992, mais il est probable qu'il faille
attendre 1993 pour connaître ses premiers résultats.
Le coût de la recherche épidémiologique en cours est important puisque l'on a prévu
une somme de plus de 3 millions de dollars canadiens pour la mener à bien; Hydro-Québec
dépensant pour sa part près de 1,5 millions de dollars pour cette étude. Actuellement, le
suivi de cette étude par les ministères québécois de la Santé et de l'Environnement se fait
dans le cadre du comité de suivi institué par décret.
Même si l'effort effectué par le Québec pour développer une recherche
épidémiologique d'envergure est important, il faut réaliser que cet effort concerne
principalement l'exposition en milieu de travail. Tout le problème de l'effet de l'exposition
résidentielle, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes ne sont pas considérés
dans la recherche épidémiologique en cours. Le programme de recherche d'Hydro-Québec
ne prévoit pas non plus de recherche dans ce domaine. Aucune étude épidémiologique n'est
aussi prévue pour investiguer le problème des effets potentiels neurocomportementaux des
CEM.
196
5.3 GESTION DU RISQUE
Divers scénarios de gestion du risque ont été présentés au chapitre IV quant aux
effets potentiels des champs électrique et magnétique sur la santé humaine. Certains États
américains ont choisi la voie législative pour limiter l'exposition des populations aux CEM
de fréquence extrêmement basse. Cependant, comme on ne connaît pas la signification
biologique des effets observés et qu'on n'a pas identifié le mécanisme d'action de ces
champs, il est difficile d'établir des normes à partir de critères de santé publique.
Pour la localisation de nouvelles lignes électriques et de postes, Hydro-Québec
considère plusieurs critères généraux et spécifiques. La prise en compte de ces critères a
pour effet de localiser le tracé optimal dans une zone de moindre densité de population.
De ce fait, Hydro-Québec est d'avis que l'impact d'une exposition aux CEM des lignes
électriques ne représente pas un facteur discriminant et ne doit pas être considéré dans le
choix des corridors et des tracés de lignes à haute tension(17). Il n'en demeure pas moins
une implication importante d'Hydro-Québec dans le domaine des CEM. Ces actions sont
principalement axées au niveau de la recherche ou de l'intervention éducative auprès de la
population.
La présente section a pour but de tracer un survol de la situation québécoise quant
à la gestion du risque des CEM sur la santé.
5.3.1 Mise au point de normes
Au Québec, il n'existe aucune norme relativement à l'exposition aux CEM de
fréquence extrêmement basse. Comme mentionné précédemment, Hydro-Québec respecte
comme critères de conception et d'exploitation la norme du "National Electric Safety Code"
(NESC) qui fixe la valeur maximale du courant induit sous une ligne de transport à 5 mA.
Cette recommandation limite indirectement les niveaux du champ électrique près des lignes
207
à haute tension. Le champ magnétique des lignes de transport ne fait l'objet d'aucun critère
au Québec.
Malgré l'absence de réglementation, ou de projet de réglementation, relativement à
l'exposition aux CEM des lignes à haute tension, le dossier n'en demeure pas moins une
préoccupation importante pour plusieurs organismes et ministères. Le décret 924-87^ du
gouvernement du Québec mentionne qu'un comité formé de représentants des ministères
de la Santé et des Services sociaux, de l'Environnement, de l'Énergie et Ressources et de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est chargé d'assurer le suivi des études sur
les effets des lignes à haute tension sur la santé. Le ministère de la Santé et des Services
sociaux, qui assure la coordination du comité, s'est adjoint une équipe de chercheurs du
Département de santé communautaire du Centre Hospitalier de l'Université Laval à titre
de consultants afin de réaliser la présente revue de littérature et de proposer des
recommandations sur cet aspect.
Il n'existe pour l'instant au Québec aucune action concrète ou comité de formé visant
l'établissement de normes. Les priorités sont axées vers l'évaluation du risque à la santé
associée aux CEM.
5.3.2 Information du public
Dans le contexte où les effets des CEM sur la santé publique préoccupent de plus
en plus la population, il est essentiel d'assurer la circulation d'une bonne information qui
se veut en même temps simple et précise. Ce manque d'implication des organismes
responsables de l'information du public peut conduire la population à une situation
d'inconfort et de craintes excessives. De plus, elle laisserait aussi le champ libre à des
groupes ou des individus moins aptes à livrer une information exacte et exhaustive.
Au Québec, Hydro-Québec demeure présentement le seul organisme ayant joué un
rôle significatif d'informateur concernant les effets biologiques des CEM. Plusieurs
196 208
organismes environnementaux ou organismes de santé se sont prononcés lors d'audiences
publiques sur les projets de lignes de transport d'électricité mais la portée de cette
information demeure limitée à un public restreint.
Hydro-Québec a déjà réalisé plusieurs documents et rapports concernant les effets
de champs électrique et magnétique*19^. Parmi ceux-ci, deux documents de vulgarisation,
s'adressant à un large public, ont été préparés en français et en anglais. Il s'agit de:
le point sur les effets des lignes à haute tension, 1983*20)
de l'électricité dans l'air, 1989(21)
Ces deux documents traitent, de façon simple, de la description des champs produits
par les lignes électriques et certains appareils électriques et identifient les recherches et les
connaissances dans ce domaine. Hydro-Québec prépare un autre document d'information
plus spécialisé s'adressant à un public plus restreint. Santé et Bien-Être social Canada, a
publié récemment un document d'information sur les risques à la santé reliés aux CEM(22).
Ce document traite de cette problématique de façon très sommaire et est présentement peu
distribué.
Hydro-Québec a récemment inauguré un centre d'interprétation sur les effets des
champs électrique et magnétique. Selon Hydro-Québec, ce centre permet, à l'aide d'exhibits
et d'expériences simples, la familiarisation du public par rapport aux phénomènes des
champs électrique et magnétique reliés aux divers équipements électriques. Ontario Hydro
a déjà réalisé un centre similaire et le public aurait manifesté un intérêt pour ce type de
véhicule d'information.
Enfin, Hydro-Québec, par le biais de plusieurs présentations, a contribué également
à informer la population sur le sujet.
5.4 CONCLUSION
Bien que la recherche sur les effets des champs électrique et magnétique représente
un intérêt évident pour la population et les organismes gouvernementaux, Hydro-Québec
est présentement le principal intervenant dans ce dossier.
L'évaluation de l'exposition des populations constitue un programme de recherche
important pour la société d'État. La caractérisation de l'exposition des travailleurs de
l'électricité à l'aide du dosimètre portatif en est un exemple concret. Certains postes de
travail, autres que ceux des travailleurs de l'électricité, pouvant représenter une exposition
importante aux CEM n'ont toutefois pas été évalués. À ce titre, certaines études sont
présentement en cours à Hydro-Québec ou ailleurs comme aux États-Unis et pourront
apporter des éléments de connaissance pertinents.
L'évaluation de l'exposition résidentielle au Québec demeure encore limitée. La
prise de mesures à proximité des lignes à haute tension et des lignes de distribution ainsi
que la réalisation de l'étude pan-canadienne actuelle sur l'évaluation de l'exposition en
milieu professionnel et résidentiel permettront une caractérisation générale de l'exposition
de la population. Toutefois, l'exposition de certaines populations cibles telles que les
enfants reste à préciser en milieu résidentiel ainsi que pour d'autres environnements qui
n'ont pas été investigués.
En ce qui concerne les études expérimentales sur la cellule et l'animal, la majorité
des études sont financés par des compagnies d'électricité. Les domaines de recherche
prioritaires présentement en cours concernent principalement les études de cancérogénicité.
Enfin, en termes d'information et d'éducation du public, seule Hydro-Québec agit de
façon active par l'entremise de présentations, de brochures d'information ou de son centre
d'interprétation sur les terrains de l'IREQ. La perception de la population vis-à-vis ce
centre d'interprétation soulève un intérêt certain de la part des organismes concernés.
210
BIBLIOGRAPHIE
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10 Étude de l'état de santé des électriciens préposés à l'entretien des postes à 735 kV te l'Hvdro-Ouébec. Hydro-Québec 1976.
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15 Thériault, G. Étude épidémiologique conjointe Électricité de France. Hvdro-Ouéhec. Hydro-Ontario portant sur les effets à long terme de l'exposition aux champs électrique et magnétique de 50 et 60 Hz. Rapport d'étape, avril 1989.
16 Beaupré, M. Rapport annuel des nouveaux cas de cancer déclarés au Fichier des tumeurs -Année 1985. Ministère de la Santé et des Services sociaux, mai 1989.
1 7 Compte rendu de la quatrième réunion du Comité d'experts en santé environnementale. Vice-Présidence Environnement, Hydro-Québec. Réunion tenue les 28 et 29 mai 1990.
18 Décret du Gouvernement du Québec No: 924-87,10 juin 1987.
19 Hydro-Québec, Électricité: Santé et Environnement. Répertoire des contributions d'Hvdro-
Ouébec au dossier des effets des champs électrique et magnétique 1988.
20 Hydro-Québec. Le point sur les ëffets des lignes à haute tension. Edition révisée, juin 1983.
21 Hydro-Québec. De l'électricité dans l'air. Hydro-Québec, Vice-présidence Information et Affaires publiques, 1989.
22 Ministère de la Santé et du Bien-être social. Votre santé et les champs électromagnétiques. Rapport du Groupe de travail sur les champs électrique et magnétique mégamétriques. Direction de l'hygiène du milieu, Direction générale de la protection de la santé, 89-DHM-150, mai, 1989.
212
CHAPITRE VI
SYNTHÈSE ET RECOMMANDATIONS
TABLE DES MATIÈRES
Pages
6.0 INTRODUCTION 217
6.1 SYNTHÈSE 218
6.1.1 ÉVALUATION DU RISQUE 218
6.1.1.1 Identification du risque 218
6.1.1.2 Relation dose-effet 221
6.1.1.3 Évaluation de l'exposition 222
6.1.1.4 Quantification du risque 223
6.1.2 GESTION DU RISQUE 224
6.2 RECOMMANDATIONS AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX 227
BIBLIOGRAPHIE 231
IpB
6.0 INTRODUCTION
L'énergie hydroélectrique est une des richesses naturelles du Québec. C'est à la suite
des audiences publiques concernant les projets d'Hydro-Québec visant à exporter de
l'électricité vers les États-Unis que la population québécoise et son gouvernement ont pris
conscience des risques potentiels des champs électromagnétiques. L'emphase était alors
mise sur le risque potentiel pour la santé des populations résidant près des lignes à haute
tension et éventuellement sur la santé des travailleurs exposés à de hauts voltages. Bien que
cette question soit toujours d'actualité, elle s'est élargie. Le débat actuellement en cours,
autant dans la littérature scientifique que pour les compagnies d'électricité et les
gouvernements, concerne l'exposition générale des populations aux champs électrique et
magnétique (CEM) de 60 Hertz (Hz). La question posée peut se résumer ainsi: y a-t-il un
risque pour la santé lié à l'exposition des populations aux CEM alternatifs? Si oui, quelle
est l'ampleur de ce risque et que peut-on faire pour le réduire?
Notre mandat étant de conseiller le ministère de la Santé et des Services sociaux afin
qu'il soit en mesure de poser des gestes éclairés dans ce dossier, nous avons cru bon de faire
des recommandations qui concernent spécifiquement ce ministère. Dans une première
partie nous résumerons de façon synthétique le problème de l'exposition des populations
ainsi que des effets potentiels sur la santé. Puis, compte tenu de la situation québécoise,
mais aussi du point de vue des organismes internationaux, nous ferons des recommandations
afin d'améliorer la gestion de ce risque potentiel par le gouvernement du Québec.
217
6.1 SYNTHÈSE
Afin de résumer les grandes lignes de notre rapport nous avons décidé de regrouper
les éléments pertinents à l'évaluation et la gestion du risque associé-aux CEM alternatifs.
6.1.1 ÉVALUATIONDU RISQUE
Il est classique de diviser l'évaluation du risque en quatre sous-sections(1): l'identification du risque, l'évaluation dose-effet, l'évaluation de l'exposition et la quantification du risque.
6.1.1.1 L'identification du risque
Les champs électrique et magnétique de 60 Hz, auxquels nous sommes régulièrement
exposés dans notre vie de tous les jours, peuvent-ils être dommageables pour la santé? Il
n'est actuellement pas possible de répondre à cette question de façon définitive. Cependant,
d'après les connaissances disponibles, nous pouvons affirmer qu'il est possible que ces
champs aient de tels effets.
Le risque le plus probable est le risque de cancer. En effet, il s'agit du risque le plus
clairement identifié dans les 'études épidémiologiques et pour lequel les études en
laboratoire apportent un certain support. Chez l'enfant, une augmentation de la fréquence
de certains cancers (leucémie, tumeurs du système nerveux, lymphome) a été associée à une
exposition résidentielle au champ magnétique. Bien que cette association ne soit pas
constante, il faut reconnaître qu'elle n'a pas été contredite par les études les plus solides.
Chez l'adulte, plusieurs des études effectuées en milieu de travail ont mis en évidence
un excès de cas de leucémie, de cancers du cerveau et de mélanome chez les travailleurs
exposés à des champs électrique et magnétique importants. Les limites de ces études
218
proviennent du fait que l'exposition a souvent été mal évaluée et que d'autres agents
cancérigènes présents en milieu de travail pourraient expliquer de tels effets.
La mise en évidence d'excès de cas de cancers par les études épidémiologiques, a
stimulé le développement de recherches en laboratoire sur la cellule et l'animal. Loin de
contredire ces effets, les études en laboratoire ont montré certains mécanismes rendant de
plus en plus plausible l'action des champs électrique et magnétique sur la promotion de
certains cancers.
Le risque relatif de cancer (risque des sujets exposés sur celui des sujets non exposés)
associé à l'exposition à ces champs semble faible (RR ~ 1-2)*, mais les biais associés
principalement à l'évaluation de l'exposition, et aussi à la prise en compte d'autres facteurs
explicatifs, ne nous permettent pas de définir une "fourchette de valeurs" qui serait plausible.
Il est possible que ce risque relatif soit nul, mais il est également possible qu'il soit
supérieur à 2 pour certains cancers. Il persiste donc une très grande incertitude dans
l'estimation du risque de cancer. Mais il faut bien reconnaître que loin d'être écarté par
les études récentes, le risque de cancer est devenu plus plausible.
Les autres effets identifiés dans les études épidémiologiques ou en laboratoire sont
beaucoup moins bien démontrés. Quelques études épidémiologiques ont mis en évidence
la possibilité de troubles de la reproduction tel un excès d'avortements chez les mères
exposées pendant la grossesse à des champs électromagnétiques générés par des appareils
électriques comme les couvertures chauffantes. D'autres problèmes de santé ont été
observés tel un excès de cancers chez les enfants de parents ayant été exposés avant la
conception (pères exposés professionnellement) ou après la conception (mères exposées à
des appareils électriques). Toutes ces études sont de type exploratoire. Elles ont le mérite
Un risque RR de 2 équivaut à un doublement du risque de maladie chez les personnes exposées par rapport aux non exposées.
219
de soulever des hypothèses qu'il faudra dans l'avenir infirmer ou confirmer. Les données
provenant des études de laboratoire sont difficiles à interpréter. Les CEM ne semblent pas
tératogènes chez l'animal. Cependant l'exposition à des champs puisés a été associée à la
survenue de malformations chez des embryons de poulet et d'oiseau.
Finalement, certains effets de type neurocomportemental ont été étudiés chez
l'humain. Malheureusement, les études de ce type sont rares et de faible qualité. Elles
suggèrent la possibilité que l'exposition résidentielle provenant du câblage électrique des
résidences pourrait favoriser le syndrome dépressif et même le suicide. Les études réalisées
en milieu de travail ne confirment pas de tels effets, mais elles ne peuvent pas non plus les
infirmer de façon catégorique, d'une part à cause des types différents d'expositions mais
aussi à cause de problèmes méthodologiques. Les études de laboratoire n'écartent pas la
possibilité de tels effets. En effet, l'action des CEM sur le rythme circadien et la sécrétion
de mélatonine pourraient, en partie, expliquer de tels effets.
Beaucoup de recherches sont actuellement en cours afin d'élucider les incertitudes
qui persistent dans les connaissances des effets de ces champs. Le programme de recherche
d'Hydro-Québec est à ce sujet très développé. Les recherches subventionnées par la Société
d'État concernent surtout le risque de cancer(2). L'étude principale concerne la survenue
de cancer chez les travailleurs de l'électricité. Il s'agit d'une vaste étude épidémiologique
qui est menée au Québec, en Ontario et en France. Cette étude a été proposée par Hydro-
Québec suite à un décret ministériel l'obligeant à réaliser de telles recherches*3). Les autres
études subventionnées par Hydro-Québec concernent les mécanismes de cancérogénèse au
niveau cellulaire et l'investigation du potentiel cancérigène des champs électromagnétiques
sur des animaux de laboratoire.
La majorité des études épidémiologiques menées au niveau mondial concernent les
risques de cancer chez l'enfant et l'adulte. Les résultats de ces études ne seront pas
accessibles avant 3 ou 4 ans. Beaucoup d'études menées en laboratoire concernent outre
218
« I B ^ I I I I I ^
les problèmes de cancer, les troubles de la reproduction et les problèmes n e u r o
comportementaux.
6.1.1.2 Relation dose-effet
Les risques pour la santé associés à l'exposition humaine aux champs électrique e t
magnétique sont possibles. Le risque de cancer est le plus probable mais il est cependant
très difficile d'évaluer ce risque. En effet, pour cela, il faut une estimation précise de | a
relation qui existe entre l'exposition aux champs électrique et magnétique et les effets s u r
la santé. Cette estimation n'est actuellement pas disponible. Une telle estimation nécess i te
la détermination d'une relation dose-effet. Or, actuellement si des effets sur la santé o n t été associés à une exposition jugée anormale aux champs électrique et magnétique, il n ' a
jamais été possible de définir ce qui pourrait être une dose de ces champs. Le manque d e
connaissance précise quant aux mécanismes qui entraîneraient de tels effets empêche d e
définir clairement les paramètres sur le(s)quel(s) on pourrait se fier pour définir une d o s e .
Le champ magnétique alternatif semble, tout au moins dans les études épidémiologiques,
le plus susceptible d'entraîner des effets cancérigènes. Cependant, le mécanisme d ' a c t i o n
en cause étant mal connu, il est difficile d'identifier le paramètre du champ qui serait le p l u s
susceptible de représenter une dose. S'agit-il du courant induit par ce champ? S'agit-il d e
l'intensité de ce champ? Faut-il prendre en considération ses harmoniques, sa relation a v e c
le champ magnétique terrestre, les champs puisés, etc.? Autant de questions qui s o n t
actuellement sans réponse. La possibilité d'effets "fenêtres", c'est-à-dire d'effets q u i
n'apparaîtraient pas de façon linéaire en fonction de la dose, a aussi été soulevée par l e s
études en laboratoire. Autant de constatations qui compliquent la mise en évidence d ' u n e
relation dose-effet.
Par conséquent, il est actuellement impossible de caractériser précisément le risque
relié à l'exposition humaine aux champs électrique et magnétique. Les études à venir a u t a n t
expérimentales que de type épidémiologique devraient éclaircir ce point. En attendant l e u r s
résultats, on ne peut que s'en remettre aux études disponibles. Les études effectuées e t l
221
milieu résidentiel ont rarement mesuré les champs électrique et magnétique, et de toute
façon n'ont jamais permis d'estimer l'exposition 10 ou 20 ans avant la survenue de la
maladie. La meilleure étude effectuée chez l'enfant^ a rapporté un excès de cas de cancers
lorsque l'intérieur des résidences était exposé à un champ magnétique de plus de 2 mG.
Les études effectuées en milieu de travail n'ont jusqu'à récemment que très rarement pris
en considération l'exposition réelle aux champs électrique et magnétique. Il faudra attendre
les études en cours pour mieux caractériser cette exposition et établir une courbe dose-effet.
6.1.1.3 Évaluation de l'exposition
Afin d'évaluer adéquatement le risque associé à l'exposition aux CEM au Québec,
il est très important de connaître l'importance de l'exposition de la population québécoise
aux champs électrique et magnétique. Très peu d'études sont actuellement disponibles et
il est impossible d'utiliser leurs résultats dans une évaluation de risque. Il est clair que
l'exposition à ces champs est omniprésente dans la vie de tous les jours. Certaines
expositions semblent importantes en intensité mais de courte durée (appareils électriques
d'usage intermittent tels que le grille-pain, le séchoir à cheveux ou la balayeuse). Par contre
certains appareils électriques peuvent occasionner une exposition importante et de longue
durée (couvertures chauffantes, lits d'eau, réveils électriques, chauffage électrique). Il faut
reconnaître qu'actuellement aucune démarche n'a été faite pour connaître l'exposition de
la population québécoise à ces appareils. L'exposition provoquée par le câblage électrique
d'une maison ou par la mise à la terre sur la plomberie peut être aussi importante. Nous
ne disposons pas actuellement de données au Québec sur cette exposition. En milieu
résidentiel, la caractérisation des CEM près des lignes de distribution et de transmission de
315 kV a été réalisée lors d'une recherche menée par Hydro-Québec^. Il ressort de cette
étude que des niveaux notables de champ magnétique peuvent être générés par les lignes
de distribution (souterraines et aériennes). Il s'agit cependant d'une étude limitée qui ne
peut être extrapolée à tout le territoire québécois. L'estimation de l'importance relative des
lignes de transmission sur les champs mesurés à l'intérieur des maisons n'a pas vraiment été
218
abordée dans cette étude ni dans d'autres travaux d'Hydro-Québec. Il existe donc dans ce domaine une insuffisance très nette.
L'exposition en milieu de travail a été beaucoup mieux documentée dans le cas des
travailleurs d'Hydro-Québec. En effet, dans le cadre de la recherche épidémiologique mise
sur pied par Hydro-Québec pour investiguer les causes de cancer chez ses travailleurs, une
étude spécifique permettra d'évaluer plus précisément cette exposition. Certains résultats
préliminaires démontrent l'importance de l'exposition aux champs électrique et magnétique
chez certains groupes de travailleurs de Hydro-Québec®. Cependant, l'exposition à ces
champs dans d'autres milieux de travail est actuellement très mal connue. Il est fort
probable que plusieurs professions où l'on utilise des appareils électriques soient associées
à des expositions importantes.
6.1.1.4 Quantification du risque
Une fois les étapes précédentes réalisées, il est habituellement possible de quantifier
le risque associé à une exposition environnementale. La quantification du risque découle
alors de l'application de la relation dose-effet à la population exposée qui fait l'objet de
l'évaluation du risque. Comme nous l'avons vu précédemment, actuellement, aucune de ces
deux composantes n'est disponible, si bien qu'il est impossible de réaliser une véritable
quantification du risque.
Nous pouvons cependant, à partir des résultats disponibles donner un ordre de
grandeur du problème auquel on fait face. Le risque relatif de cancer, associé à une
exposition élevée aux CEM est encore incertain; il est probablement faible ou nul mais il
est aussi possible qu'il soit supérieur à 2. Admettons, par hypothèse, qu'actuellement 10%
de la population soit exposée à des niveaux de CEM considérés comme trop élevés et que
le risque relatif de cancer associé à cette exposition soit de 2.
223
La proportion de cas de cancer qui serait attribuable à cette surexposition serait alors
estimée à 9%*. Maintenant si cette proposition de personnes exposées était de 20% et que
le risque relatif de cancer était de 1.8,1a proportion de cas de cancer attribuable aux CEM
serait de 14 %. On voit donc qu'un tel impact serait important en terme de santé publique.
Même si cette éventualité est loin d'être certaine, on doit actuellement considérer que, si
les CEM s'avéraient cancérigènes, leurs impacts potentiels sur la santé des populations
pourraient être significatifs.
6.1.2 LA GESTION DU RISQUE
Même si le risque pour la santé humaine associé à l'exposition aux champs électrique
et magnétique n'est actuellement qu'imparfaitement défini, il existe actuellement
suffisamment d'informations suggérant une possibilité de risque, particulièrement de cancer,
pour que l'on considère déjà la pertinence d'une gestion de ce risque potentiel. Nair et
Morgan ont produit pour l'Office of Technology Assessment (OTA) un constat très clair des différentes options possibles(8):
1. Ne rien faire
Il s'agit d'attendre de nouvelles recherches avant d'agir. Cette option n'est
actuellement considérée que par peu de personnes. Puisque les résultats des recherches en
cours ne seront disponibles que dans plusieurs années, cette alternative aboutirait à ne rien
faire pour une longue période de temps. Cette attitude pourrait entraîner un retard
considérable face à ce risque, s'il s'avérait réel. Cette option est de plus en plus délaissée
au fur et à mesure que les risques des CEM deviennent plus plausibles.
U proportion de malades attribuable à un facteur de risque est aussi appelée la fraction étiologique depopulation (FEP). Elle est estimée 1 partir du^r isqufr t t i? par la formule suivante- FEP= pn?p 1\ r, • 4 r c i a u r
la population^. ~?m~l) + 1 = ^ ^ ^
224
2. Faire de l'information pour le grand public.
Il s'agit d'informer le public sur ce problème afin d'éviter des réactions d'anxiété mais
aussi pour modifier certains comportements potentiellement à risque. Il est possible que
les informations scientifiques actuellement disponibles soient diffusées maladroitement dans
le public par des personnes peu scrupuleuses. Une information objective, et indépendante
des producteurs d'électricité, est devenue de plus en plus un élément de base de la gestion
de ce risque potentiel aux États-Unis. Des brochures de vulgarisation ont été mises en
circulation et diffusées par différents organismes indépendants mais aussi gouvernementaux.
Au Québec, seul Hydro-Québec diffuse une information au grand public sur les risques
potentiels associés à l'exposition aux champs électrique et magnétique. Le gouvernement
fédéral a aussi préparé un document d'information pour le public(9) mais qui est de contenu
limité et peu diffusé.
3. Adopter une approche réglementaire basée sur des évidences scientifiques ou des arguments rationnels.
Il s'agit d'une option adoptée par certains États américains pour édicter certaines
normes pour l'exposition aux champs magnétiques en bordure des lignes de transmission.
Les critères de construction des lignes de transmission limitent, au niveau international, le
champ électrique en bordure de ligne pour des impératifs de sécurité. Il en est tout
autrement du champ magnétique qui n'est pas réglementé en bordure de ligne, dans la
majorité des pays, dont le Canada. Certains États américains ont réglementé le champ
magnétique dans un contexte de pression populaire. Vu le manque de données scientifiques
permettant de définir un niveau sécuritaire, d'autres critères ont été utilisés: niveau
comparable à celui de lignes existantes 500 kV pour l'État de Floride et 345 kV pour l'État
de New York. Cette mesure intérimaire a le mérite de ne pas entraîner d'exposition
supérieure pour les populations résidant à proximité de ligne de très haute tension (735 kV)
par rapport à celles résidant à proximité des lignes de transmission habituelles (345 kV ou
500 kV). Cette option n'est pas actuellement retenue par Hydro-Québec et, à notre
225
connaissance, aucune instance gouvernementale québécoise ne s'est penchée sur cette question.
4. Adopter une stratégie "d'évitement prudent"
Il s'agit d'une option qui n'est pas étrangère à la santé publique. En effet, il y a peu
de domaines de la santé où les connaissances scientifiques soient immuables et on est ainsi
souvent confronté à des possibilités ou probabilités de risque plutôt qu'à des certitudes(10).
Face à ces possibilités de risque, il peut être opportun de préconiser des mesures d'hygiène
peu coûteuses, dénuées d'effets secondaires et acceptables par la population. Par exemple,
les mesures d'évitement prudent pourraient être les suivantes:
modifier le "design" des nouvelles lignes de transmission: en augmentant la
largeur de l'emprise et en évitant les endroits densément peuplés,
développer de nouveaux moyens de distribution de l'électricité qui réduiraient
l'exposition humaine qui lui est associée: modification des lignes de
distribution, modification de la mise à la terre, etc.,
favoriser la recherche et le développement pour réduire l'exposition générée
par les appareils électriques: modifications des habitudes d'utilisation,
modification de "design" des appareils, etc.,
faire de l'information au public afin de réduire l'exposition humaine aux
champs électrique et magnétique par une utilisation rationnelle des appareils
électriques: éloigner le réveil électrique de sa table de chevet, débrancher sa
couverture chauffante lorsque l'on entre dans le lit, etc.
226
Il n'existe pas, à notre connaissance, de stratégies de ce type actuellement discutées
au Québec en dehors des activités de Hydro-Québec, en vue d'améliorer ses critères de
conception des lignes de distribution et de transmission de l'électricité.
6.2 RECOMMANDATIONS AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX
Le risque associé à l'exposition chronique aux champs électrique et magnétique de
60 Hz est encore mal connu. Il y a cependant assez d'évidences pour penser qu'il existe une
possibilité que ces champs entraînent certains effets néfastes pour la santé. Compte tenu
de l'importance de ces effets potentiels pour la santé publique, nous considérons que le
ministère de la Santé et des Services sociaux devrait exercer un leadership dans ce dossier.
C'est pourquoi nous faisons des recommandations qui, selon nous, devraient être considérés
par le ministère de la Santé en collaboration avec les autres ministères impliqués, en
particulier le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Énergie et des Ressources.
Ces recommandations sont les suivantes:
Que le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec le
ministère de l'Environnement, se donne les moyens de mieux connaître l'exposition de la
population québécoise aux champs électromagnétiques.
L'exposition de la population québécoise aux champs électromagnétiques est encore
très mal connue. Or, la connaissance de cette exposition est très importante si l'on veut
estimer l'impact potentiel sur la population québécoise et décider des moyens à mettre en
oeuvre pour réduire ce risque. Nous sommes exposés dans notre vie quotidienne à ces
champs par l'intermédiaire des appareils électriques, du câblage électrique des résidences,
de la mise à la terre du système électrique, et du transport de l'électricité. L'importance
de ces sources doit être évaluée au Québec autant en milieu résidentiel, de loisir, qu'en
milieu de travail. On devra aussi s'attarder à évaluer spécifiquement l'exposition de
certaines populations à risque tels les enfants ou les femmes enceintes et ne pas se limiter
aux travailleurs exposés professionnellement.
218
2. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux et son réseau de la santé
publique prennent en charge le développement d'un programme d'information et
d'éducation sur les champs électromagnétiques destiné au grand public.
L'impact potentiel de l'exposition aux champs électromagnétiques est important. Il
est fort possible que, lorsqu'il sera mieux connu de la population, des discussions et des
prises de position de différents groupes de pression y feront suite. Le ministère de la Santé,
ainsi que son réseau, aura alors à prendre position rapidement et devra parfois rétablir les
faits. Il peut être ainsi opportun de commencer à développer, comme cela se fait aux États-
Unis, un programme d'information et d'éducation destiné au grand public. Un tel
programme pourrait contenir un certain nombre d'informations de base sur les champs
électromagnétiques et leurs effets potentiels, mais aussi certaines recommandations visant
la réduction de l'exposition humaine.
3. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux soit représenté sur les comités
responsables de l'établissement d'une réglementation pour l'exposition humaine aux champs
électromagnétiques de type alternatif.
Devant l'association observée entre l'exposition à certains niveaux de champ
magnétique et le risque de cancer, plusieurs démarches ont été proposées, afin de
réglementer l'exposition humaine au champ magnétique. Certains États américains ont déjà
commencé à réglementer le champ magnétique en bordure de ligne. Plusieurs démarches
sont en cours, au niveau canadien, américain, et international pour réglementer ces champs.
Nous pensons que le ministère de la Santé doit se préoccuper de ces démarches et si
possible y participer activement.
228
4. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux se donne les moyens de
développer au Québec une expertise indépendante sur les effets des champs
électromagnétiques sur la santé humaine.
Les connaissances sur les effets de ces champs sont en évolution permanente.
Beaucoup de recherches en cours sont publiées dans des revues très spécialisées et certains
domaines (évaluation de l'exposition, études chez l'animal, études épidémiologiques)
demandent une connaissance très approfondie du problème étudié. Nous considérons donc
que le ministère de la Santé devra s'assurer que des moyens raisonnables soient mis en
place pour qu'une expertise se développe sur ce problème dans le réseau québécois de la
santé publique. Actuellement, Hydro-Québec possède des budgets importants pour que ses
professionnels aient une connaissance approfondie des effets associés à ces champs. Nous
pensons que le réseau de la santé publique qui sera amené très rapidement à prendre
position publiquement dans ce dossier devra posséder lui aussi une bande solide d'experts
dans ce domaine. Il y a donc nécessité de favoriser le développement d'une expertise
interne au réseau de la santé et indépendante d'Hydro-Québec.
5. Que le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec le
ministère de l'Environnement et le ministère d'Énergie et Ressources, favorise la recherche
et le développement visant à réduire l'exposition des populations aux champs
électromagnétiques.
Plusieurs sources importantes d'exposition aux champs électromagnétiques ont déjà
été identifiées (appareils électriques, câblages électriques, mise à terre, lignes de transport
de l'électricité). Nous pensons que, vu l'impact potentiel important pour la santé publique
entraîné par l'exposition à ces champs, il est de la responsabilité du ministère de la Santé
de favoriser le développement et la recherche dans ce domaine. La collaboration avec le
ministère de l'Environnement et le ministère d'Énergie et Ressources pourrait être mise à
profit afin de réaliser un programme conjoint dans ce domaine.
229
6- Que le ministère de la Santé et des Services sociaux favorise le développement rie recherches visant à mieux connaître les effets des champs électromagnétiques sur 1a santé humaine.
Hydro-Québec a déjà fait des efforts considérables pour développer un programme
de recherche important sur les effets des champs électromagnétiques. Cependant, plusieurs
aspects des effets potentiels de ces champs ne sont pas couverts par ce plan. C'est le cas,
en particulier, des effets sur la reproduction et le comportement neuro-psychique. Comme
il l'avait fait précédemment, le gouvernement du Québec devait favoriser la réalisation
d'études sur l'effet de ces champs sur la santé humaine. H ne s'agit pas de dupliquer ce qui
est fait à l'étranger mais saisir, lorsque possible, l'opportunité de développer des recherches
épidémiologiques mais aussi en laboratoire dans des domaines encore peu étudiés mais non
moins importants (troubles de la reproduction et neurocomportementaux). Un programme
conjoint FRSQ-MSSS ou FCAR-MSSS permettrait, par exemple, de stimuler la recherche dans ce domaine.
230
BIBLIOGRAPHIE
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