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1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Armée, Camionneurs Corruption, Basescu Impôts, Loterie fiscale Actualité Moldavie, Voisins Social, Politique Economie Photos d’actualité Société Evénements Vie quotidienne Minorités, Enseignement Santé, Religion Sports Insolite Page photos Connaissance et découverte Miron Bergmann Littérature, livres Rock Chisinau Dossier gréco-catholiques Histoire, Tourisme Echanges, Médias Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 89 - mai - juin 2015 Lettre d’information bimestrielle Les de L a Roumanie n'a certes plus à chasser un occupant ou un envahisseur. Son ennemi est intérieur. Il a profité du désarroi provoqué par l'accès soudain à une liberté mal comprise pour prospérer au point de gangréner de façon mortelle une société qui avait du mal à trouver ses repères. Pendant vingt-cinq ans, les Roumains, autant désarmés que fatalistes, sont restés sans réaction devant ce fléau qui les rongeait : la corruption. Mais voilà qu'une Jeanne d'Arc à peine sortie d'un âge où d'autres font encore leurs classes, brandit l'étendard de la révolte, secoue ses concitoyens résignés et les entraîne derrière elle dans une traque sans répit aux mafieux, combinards et voyous de tous genres. A tout juste la quarantaine, Laura Kovesi, jeune procureure en chef de la Direction Nationale Anti-corruption provoque un sauve-qui-peut général dans la cohorte des voleurs de tous poils qui ont pillé le pays. Au point que rares sont ceux qui peuvent assurer qu'ils ne dormiront pas en prison le lendemain. Ils n'ont pas tort: depuis 2013, date de sa prise de fonction, c'est maintenant par centaines que l'on voit les ministres, parlementaires, présidents de judets, maires, juges, hauts fonctionnaires, hommes d'affaires, journalistes, etc., sortir de leurs bureaux menottés pour être présentés à des magistrats. Et il ne s'agit pas de frime… 90 % des enquêtes menées par la DNA aboutissent à une condamnation, alors que la moyenne européenne est de 75 %, avec un tiers des peines à exécuter immédiatement. Laura Kovesi a beau affirmer qu'elle se contente de transmettre ses dossiers à la Justice, elle est devenue la femme la plus redoutée de Roumanie. Mais aussi, la plus célèbre. On vient l'interviewer d'Amérique. Modeste, pleine de vie, à la fois grave et rieuse, aimant sortir avec ses copines, la jeune femme, divorcée, se passerait bien de voir tous les projecteurs braqués sur elle. D'autant plus que, faisant l'objet d'incessan- tes et sérieuses menaces, elle ne peut plus se déplacer qu'accompagnée en permanen- ce de gardes du corps. Impressionnante par son calme, animée par une détermination sans faille, la jeune magistrate est résolue à mener sa tâche à bien: débarrasser la Roumanie de ses corrompus. Reprenant confiance dans leurs institutions, les Roumains lui emboitent le pas, la plébiscitant. Le nombre d'affaires délictueuses signalées à la DNA a bondi des trois quarts en un an. Autre signe qui ne trompe pas : les partis populistes qui pro- spèrent en Europe occidentale sont inexistants ici. Mais on ne peut s’empêcher de redouter le sort qui risque d’attendre la “Jeanne d’Arc” roumaine. Les puissants du pays ne se concertent-ils pas déjà en douce pour la livrer au bûcher ? Henri Gillet Et si Jeanne d'Arc était roumaine ? 2 et 3 4 à 7 8 et 9 10 à 16 17 à 19 20 à 22 23 24 à 26 27 à 29 30 et 31 32 et 33 34 et 35 36 37 38 à 40 41 à 43 44 et 45 46 à 53 54 et 55 56 et 57 58 59 60

Les OUVELLEs · Mais voilà qu'une Jeanne d'Arc à peine sortie d'un âge où d'autres font encore ... entraîne derrière elle dans une traque sans répit aux mafieux, combinards

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Miron Bergmann Littérature, livres Rock Chisinau Dossier gréco-catholiques Histoire, Tourisme Echanges, Médias HumourAbonnementCoup de coeur

Numéro 89 - mai - juin 2015

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La Roumanie n'a certes plus à chasser un occupant ou un envahisseur. Sonennemi est intérieur. Il a profité du désarroi provoqué par l'accès soudainà une liberté mal comprise pour prospérer au point de gangréner de façon

mortelle une société qui avait du mal à trouver ses repères. Pendant vingt-cinq ans,les Roumains, autant désarmés que fatalistes, sont restés sans réaction devant ce fléauqui les rongeait : la corruption.

Mais voilà qu'une Jeanne d'Arc à peine sortie d'un âge où d'autres font encoreleurs classes, brandit l'étendard de la révolte, secoue ses concitoyens résignés et lesentraîne derrière elle dans une traque sans répit aux mafieux, combinards et voyousde tous genres. A tout juste la quarantaine, Laura Kovesi, jeune procureure en chef dela Direction Nationale Anti-corruption provoque un sauve-qui-peut général dans lacohorte des voleurs de tous poils qui ont pillé le pays. Au point que rares sont ceuxqui peuvent assurer qu'ils ne dormiront pas en prison le lendemain.

Ils n'ont pas tort: depuis 2013, date de sa prise de fonction, c'est maintenant parcentaines que l'on voit les ministres, parlementaires, présidents de judets, maires,juges, hauts fonctionnaires, hommes d'affaires, journalistes, etc., sortir de leursbureaux menottés pour être présentés à des magistrats. Et il ne s'agit pas de frime…90 % des enquêtes menées par la DNA aboutissent à une condamnation, alors que lamoyenne européenne est de 75 %, avec un tiers des peines à exécuter immédiatement.

Laura Kovesi a beau affirmer qu'elle se contente de transmettre ses dossiers à laJustice, elle est devenue la femme la plus redoutée de Roumanie. Mais aussi, la pluscélèbre. On vient l'interviewer d'Amérique. Modeste, pleine de vie, à la fois grave etrieuse, aimant sortir avec ses copines, la jeune femme, divorcée, se passerait bien devoir tous les projecteurs braqués sur elle. D'autant plus que, faisant l'objet d'incessan-tes et sérieuses menaces, elle ne peut plus se déplacer qu'accompagnée en permanen-ce de gardes du corps.

Impressionnante par son calme, animée par une détermination sans faille, lajeune magistrate est résolue à mener sa tâche à bien: débarrasser la Roumanie de sescorrompus. Reprenant confiance dans leurs institutions, les Roumains lui emboitentle pas, la plébiscitant. Le nombre d'affaires délictueuses signalées à la DNA a bondides trois quarts en un an. Autre signe qui ne trompe pas : les partis populistes qui pro-spèrent en Europe occidentale sont inexistants ici.

Mais on ne peut s’empêcher de redouter le sort qui risque d’attendre la “Jeanned’Arc” roumaine. Les puissants du pays ne se concertent-ils pas déjà en douce pourla livrer au bûcher ?

Henri Gillet

Et si Jeanne d'Arc était roumaine ?2 et 3

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

nous ne sommes désormais plus sûrs de rien"

Samedi 14 mars après-midi, surl'aire de repos de Galande-la-Sablière, en Seine-et-Marne,

on est bien loin de préparer la grève. Ystationnent pour le week-end - qui est enpartie interdit à la circulation des poidslourds - une quinzaine de gros camions,dont la quasi-totalité est immatriculée àl'étranger, notamment en Pologne et enRoumanie.

A l'heure de la sieste, les rideaux descabines sont baissés. C'est le calme abso-lu, à part la petite animation au café duparking, qui dispose de la Wi-Fi et dedouches, payées 2 e. Deux jeunesPolonais en savates échangent sur Skypeavec leur famille au pays. Un hommeassis seul face à la baie vitrée téléphonesur son portable.

Environ 1300 euros par mois

A l'arrière d'un gros camion rougeroumain, transportant des plantes, deuxhommes discutent: Alexandru, 45 ans,originaire d'Arad, et Laurentiu, 50 ans, dePetrosani, dans la même région. Ils tra-vaillent pour une petite société roumained'une dizaine de véhicules.

La grève de routiers? "Je sais qu'elleporte sur les salaires, avance Laurentiu.Le problème, c'est que les routiers fran-çais ne veulent pas aller travailler à plusde 200 kilomètres de chez eux ni rouler lanuit… Le chauffeur roumain, lui, ne refu-

se rien, il fait 1100 kilomètres et il est peupayé".

Un discours qui pique vivementPascal Goument, coordinateur CFTC à lafédération des transports. "Ce sont leurspatrons qui leur tiennent ce genre de dis-cours sur les Français, c'est lamentable.Si demain, les employeurs proposaientaux routiers français de faire de l'inter-national, ils jubileraient. Mais on lescantonne à des parcours courts, où ilsperçoivent moins de frais de déplacementet font moins d'heures de travail. Et ondonne l'international aux étrangers quicoûtent beaucoup moins cher".

Alexandru et Laurenciu disentgagner environ 1300 e, primes et fraisinclus. Ils travaillent 90 heures maximumsur deux semaines, et reviennent se repo-ser en Roumanie une semaine tous lesmois. "1300 e, c'est bien pour un contratroumain, le salaire moyen dans mon paysétant de 200 e", indique Laurenciu. Lesroutiers français qui travaillent à l'inter-national perçoivent, eux, "3500 e parmois pour 220 heures par mois, primes,frais et heures supplémentaires (une qua-rantaine) incluses", précise PasacalGoument.

"Je n'aime pas cette vie"

Les deux amis roumains savent qu'ilsincarnent, sans le vouloir, le travailleurlow-cost. "Mais quelle est la solution? La

révolution?". S'approche alors du camionun homme tout vêtu de noir accompagnéd'un jeune portant une serviette. Est-ce lapolice? "On est témoins de Jehova,répond le plus âgé. On vient leur appor-ter des documents dans leur langue". Ilsécument tous les parkings de France,pour voir ces routiers qui ont "une vie dif-ficile". Alexandru prend poliment ledocument. Pas Laurenciu. "C'est unesecte et moi je suis athée", lance-il enrigolant, une fois les hommes partis.

Sur la route, les deux routiers dépen-sent peu. Ils dorment dans leur cabine,sur une étroite couchette située derrièreles sièges. Ils font leurs courses dans lessupermarchés, se préparent les repas dansla remorque, sur un réchaud, mangentensemble sur des sièges pliants. "S'il faitbeau, on déjeune dehors", racontent-ils.

"Mais je n'aime pas cette vie, ditLaurenciu, qui fait du transport interna-tional depuis 2001. En été, rouler sur laCôte d'Azur, cela me plaît. Mais laRoumanie est belle. J'aime tout là-bas,sauf les politiques, qui sont corrompus.Je veux travailler en Roumanie." Il adécidé d'y retourner définitivement dansquelques mois. Alexandru aimerait aussile faire. "Mais mon fils fait des étudessupérieures, j'ai besoin d'argent".Laurentiu compte travailler commechauffeur de bus en Roumanie. "J'irai àla pêche". La vraie vie, pour lui.

Francine Aizicovici (Le Monde)

Ce futl'une despremiè-

res décisions du pré-sident Klaus lohan-nis depuis sonentrée en fonctionen décembre der-nier: début janvier,

les partis parlementaires ont été réunis à son initiative pourdiscuter du budget de l'armée. Un consensus a été trouvéautour de son augmentation à 2% du Produit intérieur brut(PIB) d'ici 2017, et du maintien de ce pourcentage pendant aumoins dix ans. "Nous ne devons pas attendre que d'autresassurent notre sécurité", a alors déclaré le président.

A l'heure actuelle, la Roumanie consacre environ 1,5% deson PIB à sa défense. "80% de ce budget sert à payer les salai-res, et 20% sont utilisés pour l'entraînement des militaires etles acquisitions de matériel, détaille lulian Chifu, professeur àl'Ecole nationale d'études politiques et d'administration etancien conseiller présidentiel. L'augmentation du budget à 2%du PIB permettrait de ne consacrer plus que 40% pour lessalaires, et d'offrir 30% pour l'entraînement et 30% pour l'ac-quisition de matériel". L'intérêt d'améliorer les capacités mili-taires ne date toutefois pas d'hier. Certes, la crise ukrainiennea joué un rôle d'accélérateur, mais la volonté de Bucarest dedonner les moyens nécessaires à son armée existe depuis plusde dix ans. "L'objectif des 2% du PIB avait été demandé parl'Otan dans les négociations qui ont précédé l'entrée de notrepays au sein de l'Alliance en 2004, confirme Iulian Chifu. Etnous aurions pu l'atteindre si la crise économique n 'était paspassée par là".

"La Roumanie allié fidèle et solide de l'Otan"

L'armée roumaine compte environ 90 000 hommes; letiers a été impliqué au moins une fois dans des opérations exté-rieures aux côtés de l'Otan et/ou de l'Union européenne. Cetteconfiguration lui permet d'avoir une partie de ses militairestrès bien préparés et habitués aux conflits actuels, une qualitélargement reconnue par ses alliés - même si le reste de sonarmée, sous-équipé, reste dans les casernes.

La participation de la Roumanie à la nouvelle mission del'Otan en Afghanistan, qui a débuté le 1er janvier, compteraplusieurs milliers d'hommes sur un total de 12 000 militaires.L'armée roumaine aura notamment la responsabilité de lasécurité de l'aéroport de Kandahar, un point stratégique pourl'Otan.

"La Roumanie est un allié fidèle et solide", a déclaré à lami-janvier le nouveau secrétaire général de l'Otan, le SuédoisJens Stoltenberg. Avant d'ajouter: "J'ai été impressionné par leprofessionnalisme et le dévouement des soldats roumains quej'ai rencontrés à Kandahar". L'armée roumaine n'est toutefoispas exempte de faiblesses: les équipements dont elle disposesont anciens, hérités pour la plupart de la période communisteet en partie modernisés dans les années 1990. Certains pro-grammes d'acquisitions ont été approuvés, comme l'achat dedouze avions de combat F16 d'occasion pour 628 millionsd'euros. Mais les besoins restent importants.

"Nous avons peur d'une agression russe"

Et la crise ukrainienne pousse à redoubler d'efforts..."Nous avons peur d'une agression russe et nous voulonsconsolider notre armée pour protéger nos frontières", affirme

Alors que le maire de Bucarestrecevait la légion d'honneurà l’ambassade fran-

çaise des mains de Jean-MarcTodeschini, secrétaire d'État char-gé des Anciens Combattants et dela Mémoire, début mars, environ150 protestataires, soutenus parles messages de centaines d'inter-nautes, manifestaient leur indi-gnation devant l'ambassade. Desfrancophiles qui ne comprenaientpas que leur pays de coeur accor-de une distinction prestigieuse àun personnage aussi controversé.

Maire de Bucarest depuis 2008,Sorin Oprescu s'est illustré par sa poli-tique dans le domaine immobilier, faisantdétruire des dizaines d'immeubles histo-

riques, dont la vieille halle Matache, pourfaire place à des promoteurs, expulsant

un millier de personnes, ouvrant deschantiers illégaux, réduisant les espacesverts en rognant les parcs où lesBucarestois viennent se promener. Lesatteintes au cadre de vie de ses conci-

toyens qui lui sont reprochées se dou-blent d'une enquête ouverte à son sujet

par la DNA (Direction nationaleAnti-Corruption). Ce n'est pas lapremière fois que la France scanda-lise ses amis roumains en remettantla légion d'honneur à des notablesmis en cause dans leur pays.L'ancien Premier ministre AdrianNastase, qui vient de purger deuxans de prison, en avait été récipien-daire en son temps ainsi que sonministre-secrétaire général du gou-vernement Serban Mihailescu dont

le surnom de "Micky le bakchich" illustreles talents. Par commodité, la France nedevrait-elle pas ouvrir une "cellule diplo-matique" à la prison de Jilava pour remet-tre ses distinctions ?…

Légion… "d'honneur"?

"Avec l'annexion de la CriméeInquiétude

L'armée sans détour lulian Fota, ancien conseiller présidentiel pour laDéfense. "La guerre de Géorgie, en 2008, a signifié pour nousla fin des vacances. D'un point de vue géostratégique, nousétions tranquilles depuis la chute de l'Union Soviétique. Avecl'annexion de la Crimée, nous ne sommes désormais plus sûrsde rien". Ceci étant, l'implication de l'Otan peut rassurer laRoumanie face à d'éventuelles agressions.

Les éléments essentiels du bouclier antimissile américain,les intercepteurs, sont en train d'être construits dans le sud dupays (puis en Pologne), et devraient être opérationnels cette

année sur le site de Deveselu. Par ailleurs, le plan d'action "réactivité" de l'OTAN, qui a

été décidé au Pays de Galles en septembre dernier, est claire-ment destiné à répondre aux défis posés par la Russie. "Il s'a-git du plus important renforcement de notre défense collectivedepuis la fin de la guerre froide" a récemment déclaré JensStoltenberg. Il se traduira pour la Roumanie par la création dedeux nouveaux centres de commandement de l'Otan sur sonterritoire.

Jonas Mercier (Regard)

roumaine sur la défensive

La main d'œuvre venue de l'Est incarne le travailleur low-cost

Après le plombier polonais… le camionneur roumain

Manifestation de Francophiles devant l'ambassade de France:"Dans le meilleur des cas, il s'agit d'une immense gaffe".

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Les actions de blocages ou les opérations escargot organisées dernièrement un peu partout en France par les chauf-feurs-routiers provoquent l'incompréhension de leurs collègues des pays de l'Est. Ceux-ci sont pourtant bien en cause, carc'est en invoquant la concurrence étrangère low cost, que le patronat français oppose une fin de non-recevoir aux deman-des de revalorisation de la profession de leurs syndicats.

Un tiers des 90 000 soldats roumains ont déjà été envoyés sur un front

d'opérations extérieures.

Concurrence

Médailles

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Laura Kövesi estune femme quim'impressionne.

Nommée en 2013 procureuren chef de la Direction nationale de l'anticorruption (DNA),récemment saluée par le New York Times pour ses résultats enmatière de lutte contre la corruption, cette jeune magistrateincarne une Roumanie nouvelle, voire une autre démocratiepossible, qui saurait conjuguer pouvoir et éthique publique,efficacité et intégrité, développement et responsabilité.

Comme d'autres pays, la Roumanie est menacée par lacorruption qui gangrène la sphère politique. Trafic d'influence,marchés publics truqués, escroquerie aux fonds européens,conflit d'intérêts, fausses déclarations de patrimoine… La listeest ouverte. L'affairisme effrayant qui s'y développe depuisvingt-cinq ans fait vivre les Roumains dans une suffocanteodeur de pourriture. Il fallait qu'un Hercule vienne enfin net-toyer les écuries d'Augias. Laura Kövesi, ou Hercule àBucarest.

Monica Macovei a ouvert la voie

Si le vent a commencé à tourner, c'est d'abord grâce à uneautre femme, Monica Macovei, laquelle a ouvert la voie de lamétamorphose. Ministre de la justice de 2004 à 2007, actuel-lement députée européen-ne, cette magistrate intèg-re et résolue a doté sonpays des institutionsnécessaires au bienpublic; ayant donné à laDNA indépendance etpouvoirs, elle a aussi créél'Agence nationale pourl'intégrité (ANI), chargéede contrôler les déclara-tions de patrimoine desfonctionnaires et des élus.

Mais le vent tourned'autant plus aujourd'hui qu'Hercule est au travail avec compé-tence, probité, détermination et impartialité. On comprend queLaura Kövesi soit devenue la femme la plus redoutée deRoumanie et qu'elle vive en permanence sous protection rap-prochée: elle a déjà épinglé nombre de ministres, de parlemen-taires, de présidents de départements, de dirigeants d'entrepri-ses publiques, avec des figures de proue comme DanVoiculescu, l'ancien collaborateur de la Securitate devenumilliardaire (dix ans de prison), Adrian Nastase, ancien pre-

mier ministre (quatre ans), Elena Udrea, ancienne ministre dutourisme, mise en examen et incarcérée. La justice est aux pri-ses avec un système mafieux qu'elle doit démanteler, mais elleentend aussi que les milliards dérobés soient rendus à l'État, cequi n'est pas une bagatelle quand la Roumanie cherche dés-espérément à augmenter ses ressources budgétaires.

Dans le fil de l'élection récente de Klaus Iohannis à la pré-sidence de la République, le travail de Laura Kövesi et de sonéquipe est indispensable, car il peut contribuer à donner unpeu d'espérance au pays, et notamment à la jeunesse. La démo-cratie en général, et la roumaine en particulier, a besoin desymboles forts. La question de l'argent public et celle de laresponsabilité politique sont des enjeux majeurs. Il est tempsde saisir que l'éthique est nécessaire au développement d'unpays, non seulement parce que la corruption l'appauvrit, maissurtout parce qu'elle décourage ses talents, trop souvent inci-tés à quitter le pays pour aller construire leur vie ailleurs.

Fragilisée par ses doutes, l'Europe a aussi besoin de figures exemplaires

L'Europe et les États-Unis ont raison de se montrer sour-cilleux. Il faut que les hommes politiques soient conscientsque le destin de leur pays se joue maintenant. Certains déjàvoudraient restreindre les pouvoirs de la DNA, ou cherchent à

discréditer Laura Kövesi,l'accusant d'inaugurer letemps de la "républiquedes procureurs". La porteest étroite, et le risquedemeure de la voir rapi-dement se refermer.Hercule aurait alors à sedébarrasser aussi del'Hydre de Lerne, avantque certains ne tentent defaire disparaître Herculelui-même…Autant que laRoumanie, l'Europe, fra-

gilisée par ses doutes, a besoin de figures exemplaires. La lutte contre la criminalité financière, dont la menace

est réelle à l'Est comme à l'Ouest, passe par la lutte contre lacorruption des dirigeants. Quand la Roumanie et la Bulgariesouhaitent entrer dans l'espace Schengen, quand l'Ukraine et laMoldavie font de l'Europe leur seul recours face à la Russie, ilfaut que cette Europe se différencie radicalement du totalita-risme mafieux qui rêve d'étendre ses tentacules au nom d'unprétendu "euro-asiatisme".

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Nous avons besoin d'autres Laura Kövesi. Cette magistra-te est exemplaire, parce qu'elle participe de l'idée séduisanted'une Europe capable de nettoyer ses écuries et de donnerconfiance aux peuples qui la composent, comme à ceux quiveulent les rejoindre. Le sens éthique de la communauté poli-tique est l'énergie de l'avenir.

Jean Lauxerois (La Croix)

*Jean Lauxerois est un philosophe et traducteur français. Anciendirecteur de programme au Collège international de philosophie, il atraduit des ouvrages de Heidegger, Theodor W. Adorno, Walter F.Otto, Sophocle, Platon et Aristote. Son travail porte notamment sur lemonde grec, sur la question de l'œuvre d'art et sur les problèmes dela culture. Il a publié nombre d'articles en ouvrage collectif et enrevue et préfacé les catalogues de plusieurs artistes contemporains.

Le vibrant hommage rendu par Tribune

un philosophe français à Laura Kövesi

d'Hercule à BucarestLes travaux Souvent déconsidérée, la Roumanie est en passe de donner à l'Europe une leçon de

courage et de probité. C'est en philosophe et citoyen, français et européen, que JeanLauxerois* rend hommage dans une tribune publiée par le journal La Croix, à une femmequ'il juge remarquable, permettant enfin à la Roumanie - autant qu'aux Français - d'espé-rer un peu en l'avenir.

Au tableau de chasse: Elena Udrea (“la blonde du président Basescu)”, MarianVanghelie, Radu Mazare (maire de Constantsa), le ministre Darius Vâlcov.

Une mise en accusation, unegarde à vue, une arresta-tion: il est parfois difficile

de déchiffrer cette actualité très tech-nique. Les images de dignitaires auxportes de l'institution, parfois menottés,se ressemblent toutes. C'est la classepolitique toute entière qui tremble. ''Ens'attaquant à de très gros dossiers, leparquet anticorruption a bénéficié d'uneffet de domino, chaque homme politiqueinquiété dénonçant un autre pour sauversa peau, explique le politologue AndreiTaranu. C'est un phénomène nouveaupour la classe politique et on assiste à unsauve qui peut général''.

Le Parquet anticorruption a affichéun bilan record en 2014. À la fin du moisdernier, son procureur chef, LauraKovesi, annonçait 9100 dossiers traitésl'année dernière et la traduction en justicede plus d'un millier de personnes. C'estdeux fois plus qu'en 2013. Considéréecomme l'un des pays de l'UE les plusexposés à la corruption, la Roumanie fait

aujourd'hui figure d'élève modèle.

Un contexte favorable aux procureurs

L'élection, en novembre, de KlausIohannis à la présidence du pays n'est cer-tainement pas étrangère à ce qui se passe.Issu de la minorité germanophone desSaxons de Roumanie, l'ancien maire deSibiu a mené toute sa campagne sur lalutte contre la corruption. Et depuis saprise de pouvoir, il semble pour l’instanttenir ses promesses.

''Plus que cette simple élection, c'esttout un contexte qui est favorable à la

lutte anticorruption, complète AndreiTaranu. Il ne faut pas oublier que lapression de nos partenaires externesest immense''. À cela s'ajoute l'entrée envigueur en 2013 d'un nouveau code deprocédures pénales plus favorable auparquet. Aujourd'hui, les procureursdisposent de moyens bien plus perfor-mants pour diriger leurs enquêtes.

'L'arrestation préventive est désor-mais la règle dans les enquêtes de cor-ruption alors qu'elle était jusqu'en 2013l'exception, confirme la juriste GeorgianaIorgulescu. Mais il faut faire attentioncar cette permissivité aurait dû être com-pensée par l'augmentation du droit desinculpés, ce qui n'est pas forcément le casdans le nouveau code''. Cet aspect ne faitcependant pas encore débat enRoumanie. Selon un sondage récent, leDNA est l'institution dans laquelle lesRoumains ont le plus confiance aprèsl'Armée et la Gendarmerie.

Jonas Mercierwww.lepetitjournal.com/Bucarest

L'effet domino des arrestations fait tomber les têtes

"Sauve qui peut" général dans la classe politiqueLa valse des arrestations continue. Le ministre des Finances, Darius Vâlcov, le directeur de l'Agence nationale de l'in-

tégrité (ANI), Horia Georgescu, le maire de Constantsa, Radu Mazare, se sont retrouvés derrière les barreaux, en mars,alors qu'une bataille homérique se livre au parlement autour du cas de Dan Sova, l'ancien ministre des Transports, afin delever son immunité de député. La chute de ce proche de Victor Ponta pourrait donner le coup de grâce au Premier minis-tre, de plus en plus cerné par les affaires.

Interviewée par "Romania Libera", Laura Kovesi, la procureure-chef de la DNA, a précisé le cadre de son action, souli-gnant qu'elle ne procédait pas aux arrestations, mais transmettait uniquement ses dossiers à la Justice, qui décidait du sortà leur donner. Début janvier, la magistrate enquêtait sur 5300 affaires. En trois mois, ce chiffre a bondi de 1500, pour

atteindre 7000 dossiers. Explication: le dépôt des plaintes ou informations a augmenté de 75 % en un an, les citoyens, mais aussiles institutions publiques, ayant repris confiance dans le sort qui allait être fait à leur démarche. D'après Laura Kovesi, cette dyna-mique ne devrait pas s'arrêter, d'autant plus que 90 % des dossiers instruits aboutissent à une condamnation - la moyenne euro-péenne est de 75 % - avec, dans un tiers des cas, des peines à exécuter immédiatement. Le nombre d'inculpés condamnés est passéde 155 en 2010 à 1138, l'an passé. Pour traiter toute cette masse de dossiers, la DNA dispose de 86 procureurs et 190 policiers.

7000 dossiers de corruption en cours

Corruption

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Non pas qu'il ait eu lesmains propres, maisTraian Basescu déran-

geait beaucoup de monde dans lesmilieux se partageant affaires et pou-voir dans la Roumanie d'alors… Toutsimplement parce qu'il n'appartenaitpas au clan en place. Un chat était là etles souris ne pouvaient pas danserautant en rond qu'elles le souhaitaient.

Basescu, l'alcoolisme et le syndrome Wernicke-Korsakoff

A l'été 2010, se remettant tout juste de la gifle de l'élec-tion présidentielle de novembre précédent, le plus puissant oli-garque de l'époque, Dinu Patriciu, patron du trust AdevarulHolding, avait convoqué Adrian Halpert dans son bureau pourlui exposer son plan. Il fallait faire sauter séance tenanteBasescu.

Le milliardaire tenait entre ses mains un scénario tout prêt:

le faire passer pour un présidentincapable de remplir ses fonctions,en mettant en avant des raisons médi-cales et obtenir dans la foulée sa des-titution. Le dossier du "patient" étaitmême déjà bouclé, documentationfournie à l'intérieur. Sur la couvertu-re, un mot magique: SyndromeWernicke-Korsakoff… qui allaitcomme un gant au cas à traiter.

La maladie est spécifique desalcooliques chroniques, se traduisantpar une carence en vitamine B, affec-

tant de manière constante le fonctionnement du cerveau, setraduisant par des pertes de mémoire, des affabulations et dessituations hallucinantes. Cela cadrait bien avec l'image que lapresse contrôlée par ces oligarques s'acharnait à coller au pré-sident depuis le début de son premier mandat, afin de l'enfon-cer chaque jour davantage, montant en épingle chacun de sesfaits et gestes. Ancien marin, Basescu était connu pour ne pasrechigner à lever le coude.

Il ne restait plus qu'a colporter l'affaire pour présenter lechef de l'Etat comme un danger pour le pays. Un enfantillagepour ces comploteurs à la tête des principaux journaux du pays(Adevarul, Jurnalul National, etc.). Patriciu chargea doncAdrian Halpert de démarrer une campagne de presse afin d'a-lerter l'opinion publique, en insistant sur la dépendance deBasescu à l'alcool et la grave maladie qui en découlait.Prudent, Halpert lui demanda s'il était en possession d'un cer-tificat médical avérant son état. Son patron lui répondit que denombreux médecins en étaient conscients… mais, qu'à causedu serment d'Hippocrate, ils ne pouvaient pas témoigner parécrit. Halpert se regimba, déclarant qu'il ne pouvait mettre encause la crédibilité d'Adevarul sans appuyer son enquête parl'avis d'un médecin reconnu, avec son nom, sa photo et sasignature. Patriciu insista, revint à la charge… en vain.

Quelques mois plus tard, Halpert apprit que le "syndromeBasescu" faisait partie d'une opération prévue depuis long-temps. Dan Voiculescu, le patron du trust de médias Intactdevait prendre le relais pour enfoncer le clou et acheverBasescu. Ce milliardaire, considéré comme l'oligarque le plustoxique du pays, ancien informateur de la Securitate sousCeausescu, au nom de code de Felix, ne pouvait pas apparaît-re comme étant à l'origine des révélations. Sa haine viscéralede Basescu, lequel l'avait envoyé quelques jours derrière les

barreaux, était trop proverbiale pour qu'on lui fasse crédit.

Iohannis "l'autiste" visé aujourd'hui par le "syndrome d'Asperger"

Les deux compères s'étaient donné deux-trois mois pourmener l'affaire à bien. Elle a fait finalement "pschitt", mais elleressort opportunément aujourd'hui car une campagne souter-raine du même genre contre le Président Iohannis est en trainde prendre forme. Il s'agit de présenter le nouveau chef del'Etat comme un homme incapable de communiquer, souffrantd'une forme d'autisme. On trouve la description des signes deses symptômes sur des sites internet. C'est très "tendance".D'après la CIA, Poutine en serait aussi affecté. Çà s'appelle le"syndrome d'Asperger". Finalement, les "malades" Basescu etIohannis se portent mieux que les "médecins" qui avaient pristant soin d'eux. Dinu Patriciu est mort l'été dernier, des suitesd'une transplantation du foie, sans qu'on sache si le syndromeWernicke-Korsakoff avait quelque chose à voir. Lui, qui futl'homme le plus riche de Roumanie était à moitié ruiné à lasuite de déboires familiaux. Quant à Dan Voiculescu, dans sacellule de la prison de Rahova où il est enfermé pour dix ansdepuis le mois d'août dernier, condamné pour différentes mal-versations, il y médite sur le syndrome d'Asperger.

devant aucun procédé contre leurs adversairesOligarques et nomenklatura ne reculentCombinards

Des putschs médicaux pour abattre les présidentsDéconfits par la réélection sur le fil de Traian Basescu au poste de président de la Roumanie, fin 2009, certains oli-

garques et proches de la nomenklatura PSD (parti d'Iliescu-Nastase) avaient mis au point un scénario "médical" pour écar-ter du pouvoir leur bête noire. Ils avaient misé en vain sur la victoire de leur poulain, Mircea Geoana, afin de continuer entoute quiétude leurs combines. Sur le site reportervirtual.ro, repris par Evenimentul Zilei, Adrian Halpert, l'ancien direc-teur éditorial du trust de presse Adevarul Holding, qui était dans la confidence, révèle les manigances qu'ils avaient misesau point pour tenter d'évincer le chef de l'Etat.

La réouverture de l'enquêteconcernant le dossier de la"minériade" des 13-15 juin

1990, le moment fort des interventionsviolentes des mineurs de la vallée de Jiuprovoquées et encadrées par les hautesautorités de l'État roumain pour intimideret mettre au pas l'opposition, a été confir-mée par la Cour de cassation et de justi-ce, annonçait l'agence Agerpres lundi 9mars 2015.

Outre le directeur du SRI (Serviciulroman de informatii) et les ministres de laDéfense et de la Police de l'époque, l'an-cien Président Ion Iliescu est impliquédans le dossier de cette “affaire”qui s'estsoldée officiellement par 6 morts (maissans-doute par une centaine selon lestémoins) et 746 blessés. Sa responsabilitédans la répression du prétendu "complotlégionnaire organisé par des élémentsfascistes et anarchistes", pour reprendreses propres termes, a souvent été évo-

quée. Jusqu'à présent, les diverses tentati-ves de faire la lumière sur ces événe-ments dans un cadre légal ont cependantété empêchées, en évitant ainsi la pour-suite pénale de l'ancien Président (1989-1996 puis 2000-2004).

Cette fois-ci, le procureur général dela Roumanie Tiberiu Nitu a demandé laréouverture de l'enquête à la suite d'une

décision de la Cour européenne des droitsde l'homme qui attirait l'attention le 17septembre 2014 sur l'obligation de l'Étatroumain de rendre justice aux victimesdes crimes contre l'humanité. En appre-nant cette décision, Ion Iliescu a notam-ment déclaré: "J'étais contemporain deces événements et j'ai eu quelquesresponsabilités, mais cela (la réouverturede l'enquête) c'est autre chose". Il s'agis-sait, poursuivait-il, de "phénomènes etmanifestations" qui ont constitué des"facteurs perturbateurs de la vie socia-le". Rappelons que l'enquête ouverteaujourd'hui sur la "minériade" de juin1990 pourrait apporter quelques éclaircis-sements sur les événements qui ont eulieu six mois auparavant.

Beaucoup de questions restent sansréponse à propos des responsables des 1104 morts et 3 352 blessés, selon les chif-fres officiels, lors de la chute du régimede Ceausescu, en décembre 1989.

Klaus lohannis vient de fêterses trois premiers mois à latête de l'Etat roumain. C'est

évidemment trop tôt pour dresser neserait-ce qu'une esquisse de bilan. Maison constate, sans surprise aucune, unchangement complet de style par rapportà son prédécesseur.

Pendant ses dix ans de mandat,Traian Basescu nous avait habitués à uneactivité frénétique, avec d'incessants pas-sages dans les médias, avec un avis surtout-et parfois sur rien -, distillés en per-manence et amplifiés par une presse àl'affût de la moindre déclaration, du pluspetit clin d'œil, de la plus infime desrumeurs. Trop souvent, l'agitation tenait

lieu d'information. Petit, le crânedégarni, l'œil très vif et le rire facile,le président Basescu incarnait un per-sonnage proche du peuple et de leurspréoccupations, avec le langage et lesmanières qui vont avec.

A la minute de son arrivée àCotroceni, Klaus lohannis a changé laperception de la fonction présidentiel-

le. Grand, solennel, la raie impeccable, lesourire mécanique, la parole rare et ledébit lent, Klaus lohannis incarne la rai-deur germanique aux yeux desRoumains. Contrairement à ce que l'onpourrait penser, il s'agit d'un compliment.Les quelque six millions d'électeurs quil'ont porté au pouvoir en novembre der-nier ont voté aussi pour une autre gouver-nance. Pour plus de distance par rapportau quotidien, pour une "re-sacralisation"de la fonction, pour une revalorisation del'image du pays aux yeux de l'étranger.

C'est ce qui explique l'empressementdu nouveau président de se rendre déjà àBerlin, à Bruxelles, à Chisinau et à Paris.D'un autre côté, le partenariat stratégique

avec les Etats-Unis demeure plus quejamais la constante - sinon la pierre detaille - de la politique étrangère deBucarest. Voilà pour la partie visible del'activité présidentielle. En matière depolitique intérieure, l'extrême discrétionest de mise. Seule décision marquante dunouveau président, la nomination d'unnouveau chef au SRI (l'équivalent rou-main de la DCRI française, héritière desmythiques RG et DST).

Klaus lohannis n'a jamais caché sondésir de disposer d'une majorité favora-ble au Parlement, le plus tôt possible.Mais pas question d'apparaître en pre-mière ligne. Les fantassins de son nou-veau Parti national libéral, issus de mul-tiples ruptures et réconciliations entrepartenaires d'un jour aux convictions par-ticulièrement fluctuantes, labourent leterrain en coulisses. Avec une seule idéeen tête: faire tomber le plus rapidementpossible le Premier ministre VictorPonta. Sans attendre donc les électionslégislatives de l'année prochaine.

Nicolas Don (Regard)

Changement de style à Cotroceni

Le personnel de Cotroceni a déjà constatéle changement opéré à la tête de l'Etat.

Ion Iliescu aura des comptes à rendre.

Iliescu rattrapé par la "minériade" de 1990

Les oligarques Dinu Patriciu et Dan Voiculescu à lamanœuvre contre Traian Basescu, leur ennemi juré.

Justice

Succession

A la Une

Le gouvernement de Victor Ponta a promis de rédui-re de 4 points la TVA dans les trois ans à venir quipasserait de 24% à 20%, et de revoir à la baisse le

niveau global de taxation. Ces mesures ne disent pas, toute-fois, comment éluder un problème de l'économie roumaineautrement plus important. Celui du taux d'encaissement desimpôts.

La cote unique d'imposition a été introduite en Roumanieen 2005. Un an auparavant, sur la base d'un système progres-sif, le niveau des encaissements versés au budget de l'Étatreprésentait 30% du PIB. Ce pourcentage est arrivé à 32,5% en2007 avant de retomber à 29% en 2008,l'année où la croissance roumaine aatteint le niveau record de 7%.

En 2014, alors que le gouvernementa introduit deux nouvelles taxes - l'unesur la propriété, aussi connue comme la''taxe sur les poteaux'', et l'autre de septcentimes d'euro sur le litre de carburant -, le taux d'encaissement a été de 37,1%du PIB, contre 32% en 2013.

La moyenne européenne est de 45%du PIB. Cette différence de sept pointsreprésente pour la Roumanie un manqueà gagner de 87 milliards de lei, soit19 milliards d'euros. Avec cet argent, elle pourrait résoudre enquelques années les problèmes les plus graves des infrastruc-tures du pays ou de son système d'éducation.

L'évasion fiscale est-elle pour autant la seule responsablede cette situation ? Certes, elle a une grande part de responsa-bilité. Mais si on regarde également du côté des taxes sur lapropriété ou sur le profit, on constate qu'elles sont parmi lesplus basses de l'UE.

C'est là qu'apparait le paradoxe des économies fragiles.

Elles ne peuvent être compétitives que si elles maintiennent untaux d'imposition faible. Mais cela ne remplit pas les caissesde l'État, qui peine à payer les salaires des fonctionnaires et lesretraites. Dans ce contexte, la construction d'autoroutes n'estmême pas envisageable.

5% de marge en 2013 pourles grosses entreprises françaises

Les investisseurs étrangers, eux, sont attirés par le bascoût de la main-d'œuvre et le faible niveau d'imposition.

Durant les dix dernières années, les par-ticipations au capital des investisseursétrangers ont été de 35 milliards d'euros.Et les dividendes qu'ils ont rapatriéschez eux de 18 milliards d'euros.

La marge de profit des 50 sociétésfrançaises les plus importantes enRoumanie a été, par exemple, de 5% en2013, alors que pour l'ensemble desentreprises roumaines, cette moyenne aété de 1,5%.

Par conséquent, les affaires peuventêtre profitables en Roumanie. Mais lepays n'a toujours pas d'autoroutes, parce

que les investisseurs rapatrient leur profit. Et c'est bien normalcar ce n'est pas à eux de construire des autoroutes, des écolesou des hôpitaux. C'est à l'État. Mais avec quel argent si l'onbaisse les impôts ? Voici le drame de la Roumanie, qui est, enfait, le drame de toutes les économies fragiles. Elles doiventréduire leurs taxes pour rester compétitives, tout en acceptantde rester continuellement sous développées.

Iulian Anghel (Ziarul Financiar

www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Moins d'impôts et de taxes pour rester compétitif… et donc moins de moyens

Le serpent qui se mord la queue

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une

Pas de facture ? Le client peut désormais partir sans payer

Le fait qu'une entreprise puisse voir son activitésuspendue en cas de non-émission de bon fiscal, etce peu importe le montant, a eu l'effet d'une révolu-

tion. Avant aussi, le fisc pouvait décider de fermer une sociétéen cas de litige, mais les contestations retardaient l'effet de cegenre de procédures. Dans la plupart des cas, les patronspayaient leur amende et réussissaient à "s'arranger" avec lesinspecteurs. Et la vie reprenait son cours. Depuis le 15 mars,ces mêmes inspecteurs ont débuté une série de contrôles enappliquant les nouvelles règles fiscales. Des centaines d'entre-prises ont été obligées de suspendre leurs activités pour unedurée d'au moins trente jours et de payer des amendes de dizai-nes de milliers de lei.

Rien que dans la dernière quinzaine de mars, 177 établis-sements ont été fermés à la suite d'un contrôle. Des restaurantson dû fermer leurs portes, s'ac-quitter de leurs amendes salées,de 5-10.000 e, pour des mon-tants d'une trentaine d'euros depourboires non encore enregis-trés, à la suite de descente del'ANAF (administration finan-cière), un samedi soir, en pleinservice, leurs patrons, débor-dés, plaidant la bonne foi.

Ces mesures ont soulevérévolte et stupeur dans lemilieu des affaires, poussant legouvernement à revoir sacopie. Ce dernier a reconnuavoir exagéré et a promis derectifier le tir, notamment enintégrant une tolérance de 300 lei (environ 67 e) dans leserreurs de comptabilité lors des contrôles à venir.

Envolée de la vente des caisses enregistreuses ''fiscalisées''

Le durcissement de la loi et des contrôles du fisc ont eudes effets immédiats. Le nombre de caisses enregistreuses ''fis-calisées'' a augmenté de 25% durant les trois premiers mois del'année en comparaison avec le premier trimestre 2014, a affir-mé le fisc. Les ventes de rouleaux de papier pour ces caissesont bondi de 100% au mois de mars par rapport à février, selonles principaux producteurs de ce genre d'articles.

Les derniers chiffres du Conseil fiscal (institution indé-

pendante qui analyse les politiques fiscales, ndlr) indiquentque l'évasion fiscale représentait en 2013 16% du PIB rou-main, soit plus de 100 milliards de lei ou environ22,5 milliards d'euros.

Les trois quarts de cette somme correspondent au non-paiement de la TVA. Pour se faire une idée, les salaires desfonctionnaires coûtent onze milliards d'euros par an à l'État. Lecoût des retraites représente à peu près la même somme.

Pour les Roumains, le fisc rackette les pauvres

On aurait pu s'attendre donc à ce que l'action du fiscobtienne le soutien de la population ou au moins d'une partied'entre elle. Et pourtant, cette campagne a été un fiasco pourl'image de l'administration fiscale. Il y aurait plusieurs expli-

cations à cela, mais une princi-pale prévaut: la réputation dufisc est tellement mauvaisedans les rangs de la populationque plus personne ne croit enses bonnes intentions.

L'État continue de ''rac-ketter les pauvres'' dans l'espritdes Roumains. Il s'en prendencore et toujours aux plusprécaires, aux petits commer-çants, alors que les ''gros pois-sons'' ne sont pas inquiétés. Àcela s'ajoute l'absence de com-munication du gouvernement.Personne ne sait ce qui est faitavec l'argent récupéré.

L'État demande toujours plus, mais ne dit pas où les fondsrécoltés sont dirigés. Ces dernières années, les taxes n'ontcessé d'augmenter alors que les services médicaux se détério-rent, les routes sont toujours aussi mauvaises et l'infrastructu-re scolaire reste médiocre. Il est donc normal que les genssoient suspicieux envers les actions du gouvernement. La luttecontre la fraude fiscale ou celle contre la corruption n'aurontque peu d'effet si elles n'ont pas le soutien de la population. Orcelle-ci ne collaborera que si la transparence et non pas l'opa-cité guide les actions de l'État.

Le gouvernement va donc devoir apprendre à se justifieravant de demander le soutien bénévole de la population.

Iulian Anghel (Ziarul Financiar et

www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Contrôles Finances

Répondant à la requête du Président Iohannis et du gouvernement roumain,la France a décidé d'envoyer Louis Schweitzer, 72 ans, président deRenault de 1992 à 2005, en mission à Bucarest. Dans le cadre de l'agence

gouvernementale française, Expertise France, il aura pour tâche de conduire un pro-gramme de modernisation de l'administration roumaine pour lui permettre unemeilleure absorption des fonds européens qui sont mis à sa disposition sur la période2014-2020 et d'attirer davantage d'investissements par une gestion plus rigoureuse.Cette coopération bi-latérale a reçu l'aval de la Commission européenne et sera finan-cée en partie par les crédits figurant au chapitre d'aide technique fournie par l'UE. Ellea été arrêtée lors de la visite du président Iohannis à Paris, début février.

Considéré comme le père de la Logan, la plus grande réussite économique rou-maine de ces dernières décennies, Louis Schweitzer bénéficie d'un grand prestige dansle pays. Son audit et ses conseils sont attendus avec impatience. Les Roumains espè-

rent que sa réputation de sérieux changera des gadgets coûteux et sans résultats auquel le gouvernement Ponta les avait habituésces dernières années en embauchant à grand renfort de publicité Tony Blair et l'ex commandant des forces de l'OTAN enYougoslavie, le général américain Westley Clark, lesquels vendent leurs conseils à travers le monde.

Le père de la Logan au chevet de la Roumanie

-J'ai pensé donner un rein aussi.

Une révolution fiscale… qui pousse à la révolte les commerçants

Depuis la fin du mois de janvier, les consommateurs qui ne reçoivent pas de bons fiscaux lors d'un achat ont le droit departir sans payer. Le gouvernement, l'instaurateur de cette nouvelle règle de lutte contre la fraude, a par ailleurs lancédébut mars une loterie fiscale, dont les billets ne sont rien d'autre que des bons fiscaux -le premier tirage au sort a eu lieumi-avril. Autre modification : une entreprise qui n'émet pas de bon fiscal ou qui ne comptabilise pas correctement ses ven-tes verra son activité suspendue en cas de contrôle, indifféremment du montant de la somme litigieuse.

Les descentes de l'ANAF (administration du fisc) sont très redoutées par les commerçants.

La France a "prêté" Louis Schweitzer à la Roumanie.

Actualité

Le Français Stéphane Christophe Bride a été nomméministre de l'Economie dans le nouveau gouverne-ment moldave. Provenant du domaine de la finance

et de l'audit, il ne cesse de faire parler de lui dans la pressemoldave. Depuis sa nomination au ministère de l'Economie, leFrançais Stéphane Christophe Bride est perçu par la pressemoldave comme la per-sonnalité la plus "exotiqueet mystérieuse" du gou-vernement de ChirilGaburici. "Exotique", carmême s'il est marié à uneMoldave et a obtenu lacitoyenneté moldave endécembre 2013, c'est lapremière fois que laMoldavie se dote d'unministre d'origine étrangè-re, et qui plus est Français."Mystérieux", car beau-coup s'interrogent sur lesliens qu'il entretient avecle monde de la finance.

Son parcours de 23ans dans le domaine del'audit et des expertises est imposant. En 1999, après huit ansd'expérience au sein de Ernst and Young, une compagnie derenommée internationale - il effectue sa première mission deconsultant en Moldavie pour France Telecom.

Deux ans plus tard, il s'installe à Chisinau pour y créer lebureau régional de Ernst and Young. Il le dirige jusqu'en 2010,date à laquelle il se tourne vers une autre grande entreprised'audit, Grant Thornton. Là encore, il met en place une filialede cette compagnie en Moldavie ainsi qu'en Roumanie.

Selon les informations transmises par le site d'investiga-tion Rise Modova, c'est sous l'égide de la maison mère queBride administre avec sa femme deux compagnies: la premiè-re, Grant Thornton Audit, offre des prestations auprès de com-pagnies, de banques et d'assurance, tandis que la seconde apour but d'évaluer des biens immobiliers.

Audit favorable pourdes banques privées en faillite

Au début de l'année, un mois avant la nomination du nou-veau gouvernement, le blogueur et économiste Vasile Tofans'interrogeait justement sur le rôle de la compagnie d'audit deBride dans un scandale financier de grande ampleur. Depuis2013, plusieurs banques privées se sont enlisées dans une crisefinancière sans précédent. La solution envisagée par l'Etatmoldave pour les sauver fut de faire passer trois d'entre elles -la Banque d'économie, la Banque sociale et Unibank - sousl'administration de la Banque nationale moldave. Pourtant,note le blogueur moldave, "leur déficit représentait

9 à 15 milliards de lei (450 à 750 millions d'euros), soit 13%du PIB moldave et 58% du budget annuel du gouvernementpour 2014". "La situation est bien trop grave pour que je m'a-venture sur la nature d'une telle fraude, écrit Tofan sur sonblog (…) mais je m'arrêterai sur un aspect intéressant: quelleest la compagnie d'audit qui a signé positivement les derniers

rapports financiers de cestrois banques? C'est GrantThornton", démontre l'éco-nomiste, qui pointe aussi lefait que la cote desbanques auditées par l'en-treprise de Bride est passéede 0% en 2009 à 43% in2013.

Ce blogueur n'est pasle seul à s'interroger surcette affaire. Lors du votede confiance du Parlementpour l'investiture du nou-veau gouvernement, ledéputé socialiste IonCeban a lui aussi émis desréserves quant à l'intégritéde Bride. "En 2013, l'audit

de la Banque d'économie a été positif alors que cette dernièreétait en pleine crise. Est-ce donc possible que quelqu'un quin'a pas pu prévoir les problèmes de cette banque puisse avoirle droit moral et juridique d'occuper la fonction de ministre del'Economie ?".

Rassurer les partenaires européens

Paradoxalement, l'évolution de Bride dans le domaine dela finance et sa connaissance de l'économie moldave ont jouéen sa faveur. Car en parallèle de sa carrière dans les expertisesfiscales, cet homme de 44 ans a également occupé le poste deconseiller pour le commerce extérieur de la France enMoldavie ainsi que celui de trésorier à la Chambre de commer-ce et d'industrie France-Moldavie. Des compétences qui, selonle site noi.md, "pourraient rassurer les partenaires européensirrités par la direction incertaine que prend la Moldavie quantà son intégration européenne". En effet, la Commission euro-péenne avait préconisé la nomination d'un procureur "étran-ger", une option finalement rejetée par le gouvernement mino-ritaire qui est soutenu par les communistes.

Dans une certaine mesure, l'invitation de ce ministreétranger pourrait montrer que Chisinau est "disposé à s'inves-tir dans le milieu des affaires et à dynamiser les relations entrece dernier et les autorités moldaves, et cela sous la directiond'une personne qui d'une part connaît très bien la législationeuropéenne et qui surtout sait très bien faire des affaires enMoldavie"...

Julia Beurq (Le Courrier des Balkans)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Comment un milliard de dollarsont-ils pu disparaître des banquesmoldaves? Les autorités de

Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pourle petit pays de 4 millions d'habitants, enclavéentre l'Ukraine et la Roumanie, une tellesomme représente pas moins de 12,5 % deproduit intérieur brut (7,4 milliards d'euros en2013). C'est la Banque centrale de Moldavie(BNM) qui a découvert la fuite en réalisantque trois établissements bancaires avaientaccordé des crédits pour un montant total d'unmilliard de dollars (927 millions d'euros).

La transaction a été bouclée en l'espace dequelques jours, juste avant les élections légis-latives du 30 novembre 2014, remportées depeu par les partis pro-européens face à l'oppo-sition prorusse. Les destinataires de ces cré-dits n'ont pas été identifiés. A croire que l'ar-gent s'est purement et simplement évaporé.

"Je ne peux pas expliquer comment onpeut voler une somme aussi importante dansun pays aussi petit!" Le représentant de l'UEen Moldavie, Pirkka Tapiola, est tombé des

nues après la découverte de ce scandale. Descrédits auraient été accordés "tout en sachantqu'ils ne seront jamais remboursés", selonl'opposition socialiste, et l'argent serait ensui-te parti dans des compagnies offshore via qua-tre banques russes. Cette somme d'un milliardde dollars représenterait, à l'échelle de laFrance, 325 milliards d'euros de "perdus", soitl'ensemble des dotations aux collectivités ter-ritoriales (53 milliards d'euros en 2015) et lesbudgets annuels de tous les ministères(211 milliards), auxquels on pourrait ajouterles 44 milliards alloués à la charge de la detteet les prélèvements de l'UE (21 milliards).

Pour éviter leur faillite et un vent de pan-ique dans l'ensemble du système bancaire, laBNM a placé sous sa gestion directe laBanque d'économies, l'Unibank et la Banquesociale, qui représentent environ un tiers desactifs bancaires du pays. Le parquet général aouvert une enquête. Jusqu'ici deux personnes,dont l'identité est gardée secrète, ont été pla-cées en détention provisoire et les biens deplusieurs autres, mis sous séquestre.

Le Français Stéphane Christophe Bride prend en charge l'économie moldave

Comment peut-on voler, “ni vu, ni connu”,

12,5 % du PIB dans un pays aussi petit ?Un ministre au goût étrange venu d'ailleurs

L'embargo de Moscou surles produits agroalimentairesmoldaves après la signaturel'an passé d'un partenariatavec l'UE, ainsi que les entra-ves mises sur les transferts defonds des travailleurs molda-ves en Russie qui correspon-dent au quart du PIB du payspourrait faire plonger l'écono-mie moldave en 2015.

La Banque mondiale prévoitune récession de 1 à 2 %après une croissance de4,6 % en 2014, et réduire à1,5 % la progression prévueen 2016. Le ministère del'Economie prévoit une infla-tion à 7,6 % pour cette année,une chute des importations de15 % et des exportations de15 %, des perspectives qui ontété également assombries parle déclin de l'économie russe.

Croissance enberne et récession

Moldavie

Un milliard de dollars disparus des banques moldaves

Environ un millier d'établissements scolaires mol-daves (700 maternelles et 300 écoles primaires)se sont retrouvés sans directeurs après le

23 mars, date marquant l'abrogation de leurs contrats, car ilsn'avaient pas été recrutés sur concours et ne disposaient pasde l'expérience minimale requise de cinq ans, comme l'exi-ge la nouvelle règlementation.

Ils étaient censés être remplacés par des directeurs inté-rimaires, répondant aux critères demandés, nommés par lesautorités, dans l'attente de l'organisation d'un concours,prévu dans les six mois, auxquels ils pourront s'inscrire.

La Moldavie compte 1323 établissements dont 794 éco-les primaires, 424 collèges et 105 lycées ainsi que1440 maternelles, 61 instituts et 45 collèges professionnels.De nombreux professeurs, parlant anglais, ont émigré.

Coup de balai dans l'enseignement

Alors qu'en Roumanie, 90 % des parents des établisse-ments scolaires publics ont inscrit leurs enfants auxheures d'enseignement religieux pour la rentrée pro-

chaine, il en va tout autrement en Moldavie où celui-ci est en chutelibre. Introduit comme une matière optionnelle en 2010, il ne peutêtre cependant enseigné que dans les écoles où douze enfants s'ins-crivent en milieu rural et quinze en milieu urbain.

Leur nombre est passé de 76 000 voici cinq ans à 41 000actuellement et il n'est plus dispensé que dans 502 écoles (476 éta-blissements primaires et 26 secondaires). Il n'existe d'ailleursaucune structure chargée de la formation spécifique des ensei-gnants, seuls des cours étant assurés depuis deux ans dans la cadred'un master de pédagogie auquel sont inscrits seulement 18 étu-diants. L'absence de débouchés dans ce domaine dans cette ex-république soviétique semble par trop dissuasive.

Enseignement religieux en chute libre

Moldavie

Stéphane Christophe Bride (à gauche) est perçu comme la personnalité la plus"exotique et mystérieuse" du gouvernement de Chiril Gaburici (à droite).

Le Parlement français a ratifié l'accord d'association entre la Moldavie et l'UE, signéle 27 juin dernier et entériné par Chisinau le 2 juillet. La France est le 18ème paysmembre de l'UE a paraphé le document à la suite, dans l'ordre, de la Roumanie, la

Lettonie, l'Estonie, Malte, la Lituanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie, la Suède, laPologne, la Croatie, le Danemark, l'Irlande, l'Allemagne, les Pays Bas, la République Tchèqueet la Grande Bretagne.

Accord avec l'UE : la signature de la France

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

La Gagaouzie, région autonome, turcophone et orthodoxe, située dans le sud dupays, a renoué au début de l'année avec ses aspirations séparatistes. Elle vient deplacer à sa tête une femme qui a fait ouvertement campagne pour le rapproche-

ment avec la Russie. Irina Vlah n'a pas attendu que les résultats officiels des élections deGagaouzie soient publiés: le nouveau bashkan (gouverneur) de cette région a fêté sa victoi-re (53 % des voix) dès le jour du scrutin, dimanche 22 mars. Comme le raconte le quotidienmoldave Ziarul National, "feux d'artifice et courses d'automobiles" ont accueilli tout d'a-bord l'élection d'une femme à la plus haute fonction de la région de Gagaouzie, et ensuite lavictoire des forces prorusses dans cette campagne émaillée de quelques accrochages entre

autorités moldaves et russes.L'ancienne députée communiste au

Parlement moldave a gagné cette électionsous l'étiquette socialiste, avec un slogan pourle moins dérangeant pour Chisinau:"Ensemble pour la Russie". Le journal russeNezavissimaïa Gazeta estime que le "facteurrusse" a joué à plein lors de ces élections :Irina Vlah avait été reçue à Moscou par laprésidente du Conseil de la Fédération(Sénat), et des députés russes s'étaient rendusen Gagaouzie durant la campagne. Ce que lesautorités de Chisinau avaient dénoncé commeune ingérence dans les affaires moldaves etles avait poussés à interdire de territoire les

journalistes russes souhaitant couvrir l'événement. Selon le quotidien moscovite, le présidentmoldave Nicolae Timofti a jugé utile de convoquer le Haut conseil de sécurité nationale dansla foulée immédiate des élections. Le titre de bashkan, équivalent à celui de gouverneur, per-met à l'élue d'intégrer automatiquement le gouvernement moldave.

En février 2014, les habitants de Gagaouzie se sont prononcés, lors d'un référendum, à95 % en faveur de l'intégration de leur région à l'Union économique eurasiatique de VladimirPoutine, et pour le droit à la sécession "au cas où la Moldavie perdrait son indépendance"(en se réunifiant à la Roumanie). A l'est du Dniestr, la région de Transnistrie, majoritairementpeuplée de russophones, a quant à elle fait sécession de la Moldavie en 1991.

Lors d'un contrôle au point depassage de la frontière entre laRoumanie et la Hongrie, àNadlac (Arad), le samedi soir dePâques, la police des frontièresroumaine a découvert la présen-ce de 74 immigrés clandestinsentassés dans la partie inférieu-re d'un semi-remorque immatri-culé en Hongrie. Conduit par unchauffeur turc de 50 ans pour lecompte d'une firme de mobilierde son pays, le poids lourd étaitcensé livrer sa cargaison enFrance. Ses passagers, âgés de12 à 41 ans, 53 hommes et21 femmes, démunis de papiersd'identité, étaient tous Syrienssauf l'un, Iranien. Ils ont étéarrêtés et conduit dans un cent-re d'internement.

Frappés par l'embargo russe les pomiculteurs luttent pour survivre

Une pro-russe communiste à latête de la région de Gagaouzie

75 clandestins arrêtés dans un camion vers la France

Irina Vlah a été élue nouveau bashkan (gouverneur) de Gagaouzie.

Moldavie

Ju s q u ' e n2014, 99%de ma pro-

duction était destinée au marché russe", raconte cet homme de35 ans, qui a investi environ 2 millions de dollars dans un ver-ger s'étalant sur 42 hectares. Mais en juillet dernier, Moscou aimposé un embargo sur les importations de fruits et de conser-ves moldaves, en réaction à la signature par Chisinau d'unaccord d'association avec l'UE. Conséquences: "les revenusont à peine couvert les dépenses, alors que l'agriculture nerapporte déjà pas énormément", se plaint-il.

L'ardoise pour ce pays essentiellement agraire, s'est élevéeà 145 millions de dollars au total, aux frais essentiellement despomiculteurs. Des dizaines de milliers de tonnes de pommesont pourri dans les champs, les petits fermiers n'ayant pas lesmoyens de les conserver. Une dévaluation en dents de scie,variant entre 10 et 30% environ de la monnaie locale, le leumoldave, depuis novembre, a en outre majoré le coût des cré-dits bancaires et des importations de produits phytosanitaires.Pour compenser ces pertes, de nombreux fermiers ont essayéde se réorienter vers d'autres marchés.

Seulement 1% de la production vers l'UE

L'accord de libre échange avec l'UE, en vigueur depuisseptembre, a ouvert une porte, "mais l'entrée sur le marchéeuropéen se fait difficilement, lentement", regrette le présidentde l'association UniAgroProtect, Alexandru Slusari. Sur uneproduction annuelle de 400 000 tonnes de pommes, laMoldavie "en a à peine exporté 4000 vers l'UE, plus précisé-ment vers la Roumanie. C'est une quantité minuscule", dit-il àl'AFP. Dans un geste inattendu, Moscou a levé "à titre expéri-mental" fin février l'embargo pour 10 exportateurs moldavesde pommes. Selon le vice-ministre de l'Agriculture VladLoghin, une dizaine de poids-lourds chargés au total de200 tonnes ont pris le chemin de la Russie.

Avant l'embargo, le marché russe avalait jusqu'à

200 000 tonnes par an, la différence allant vers le marchélocal,les fabriques de conserves, et vers des pays de la CEI,dont le Kazakhstan. Le consommateur russe n'a pas été com-plètement privé de fruits moldaves.

"Nous savons très bien que l'essentiel de ce que nousenvoyons au Belarus et au Kazakhstan termine en fait enRussie", explique M. Slusari. Cela implique cependant descoûts supplémentaires liés au transport et des prix inférieurs de30% par rapport à ceux pratiqués auparavant, dans les expor-tations sans intermédiaires vers Moscou.

"Le marché russe est instable,

on ne peut pas compter dessus"

"Sans soutien de l'Etat, une bonne partie des vergers vamourir", prédit Alexandru Slusari. Fin mars, des milliers d'a-griculteurs ont manifesté à travers la Moldavie pour demanderque les fonds destinés à subventionner ce secteur soient dou-blés en 2015, pour s'élever à 60 millions d'euros.

Constantin Furculita estime aussi que l'Etat devrait faireplus pour l'agriculture, "la seule branche de l'économie quipourrait dégager des bénéfices", selon lui. Mais le désastreprovoqué par l'embargo russe a montré aussi l'urgence à diver-sifier les marchés, une prise de conscience qui commence àfaire son chemin, dit-il. "Le marché russe est instable, on nepeut pas compter dessus. Certes, dans l'UE la concurrence esttrès grande mais cela t'oblige à devenir plus professionnel,plus compétitif. C'est là qu'il faut être présent", estime-t-il.

A Bucovat, près de Chisinau, Ion Chilianu a mis sur piedune ferme dotée de lignes d'emballage et de dépôts frigori-fiques des plus modernes. Triées selon la couleur et le diamè-tre, les pommes sont exportées vers la Libye, l'Egypte et leKazakhstan. Le producteur assure avoir également cherché desdébouchés vers des pays de l'UE mais "la bureaucratie euro-péenne a bloqué" ces démarches. "Nous, les Moldaves, avonstoujours été à un carrefour entre différents intérêts et en avonstoujours souffert. C'est notre sort", dit-il, d'un air résigné.

Moldavie

"On s'est retrouvé du jour au lendemain soumis à l'embargo et avec la récolte

dans les champs": Constantin Furculita, pomiculteur de Racovat (nord de laMoldavie), résume le drame des fermiers moldaves frappés par les sanctions deMoscou contre cette ancienne république soviétique.

Après les Transnistriens et lesGagaouzes, les Bulgares dusud de la Moldavie sont en

passe d'obtenir la reconnaissance juri-dique de leur particularisme. LeParlement de Chisinau a en effet voté,vendredi 3 avril 2015, une proposition deloi faisant de Taraclia, département où ilssont majoritaires, un territoire "nationalculturel". Un nouveau statut qui doitencore être adopté en seconde lecture.

Quelque 28 000 Bulgares vivent dansle département méridional de Taraclia, cequi représente deux tiers de la populationlocale, selon les résultats préliminaires durecensement organisé l'an dernier.

C'est ce poids démographique et lavigueur de leur identité culturelle qui ont

poussé les représentants de la commu-nauté à demander à plusieurs reprises unstatut spécifique.

Le Parti des communistes (PCRM),plus grand parti politique en Moldavie, arelayé ces revendications en soumettantau parlement de Chisinau une propositionde loi leur accordant un statut inédit:celui de "département national culturel".

Le texte a été voté vendredi en pre-mière lecture par les communistes, lessocialistes pro-Moscou et les démocratesdu transfuge communiste Marian Lupu.

"Il ne faut pas oublier ce que récla-mait au gouvernement la population deTransnistrie au début des années 1990", aréagi le président du PCRM VladimirVoronine. Et d'ajouter: "Au départ, c'était

juste une autonomie culturelle. On lui arefusé et voyez le résultat ! Soyonssérieux, responsables et arrêtons de jouerle refrain de la roumanisation".

De leur côté, les libéraux et lesdémocrates-libéraux craignent que ce sta-tut n'ouvre une nouvelle boîte de Pandoredans ce pays déjà en proie au séparatismetransnistrien et à la soif insatiable d'auto-nomie des autorités gagaouzes.

"Il faut être idiot pour lancer unetelle initiative alors qu'on a déjà des pro-blèmes en la matière", s'est agacé ledéputé libéral Ion Apostol qui voit lamain de la Russie derrière ces manœuv-res, afin de faire exploser le pays et lepunir de ce rapprochement avecl'Occident.

Vers un statut inédit pour les Bulgares de Taraclia

McDonald's a vendu sa chaî-ne de restaurants enRoumanie à un groupe

russe, mais percevra des droits de fran-chises ainsi qu'un un pourcentage sur lechiffre d'affaires. La firme américaineavait ouvert son premier établissementdans le pays en 1995 et y réalisait un chif-fre d'affaires d'une centaine de millions.

A contrario de ses rivaux comme KFC,Pizza Hut et Subway qui, dès l'origine,fonctionnaient dans les pays de l'Est sousforme de franchise, McDonald's avaitchoisi de gérer directement son enseigne,dans un premier temps, puis de la franchi-ser lorsqu'elle avait pris son envol, quandle marché était inférieur à 150 restau-rants. Plusieurs tentatives en ce sens

auprès de différents investisseurs avaientéchoué ces dernières années en Rouma-nie. McDonald's a confié ainsi ses restau-rants à un seul franchisé en Bulgarie,Géorgie, Azerbaïdjan et Moldavie où sachaîne est contrôlée par l'ancien tennis-man Ilie Nastase. En Amérique du Sud,un seul franchisé opère sur tout le conti-nent, à la tête de 1800 établissements.

McDonald's Roumanie repris par un Russe

Actualité

Sergeï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a eul'occasion de s'en expliquer en marge d'une rencontre avec sonhomologue gabonais: "L'attitude de l'Ukraine aboutit à lacréation d'un embargo sur la Transnistrie, dans le seul but del'affaiblir pour la soumettre aux desiderata de la politiquemoldave".

La perspective d'une annexion par la Russie ne cesse de s'éloigner

Dans la situation actuelle,il paraît clair que la perspectived'annexion de la Transnistriepar la Russie ne cesse de s'éloi-gner. Déjà, à la requête déposéepar Tiraspol un an plus tôt,Moscou avait répondu par un"niet" catégorique.

Sergeï Lavrov a par ailleursrécemment rappelé que lesaccords de résolution du conflitgelé "prévoient un statut spé-cial pour la Transnistrie, dansle respect de l'intégrité territo-riale de la Moldavie, qui est unÉtat souverain". Toutefois, il aajouté que la Moldavie devait rester un pays politiquement etmilitairement neutre. Une allusion évidente au projet de rap-

prochement de la Moldavie aussi bien de l'OTAN que de l'UE,et une manière de dire que la Russie est disposée à faire usagede son moyen de pression dans la région. La situation écono-mique dramatique de la Transnistrie pourrait bien redistribuerles cartes géopolitiques. Le Président transnistrien EvgueniChevtchuk a déclaré à l'agence de presse russe Tass que 30%des exportations du pays allaient vers l'UE, qui exigeait unréalignement politique sous peine de sanctions. La Transnistrien'a pas signé l'accord de libre-échange conclu entre l'UE et la

Moldavie. Mais, dans un gestede bonne volonté, Bruxelles aunilatéralement levé les droitsde douanes sur les produitstransnistriens jusqu'à janvier2016. C'est un membre duSoviet suprême, Dmitri Soïne,qui a le mieux traduit les pen-sées d'Evgueni Chevtchuk: "Si,d'ici la fin de l'année, laTransnistrie ne fait pas un pasvers l'Europe pour maintenir lalevée des droits de douanes,nous nous exposerons àquelques difficultés". L'UEdeviendrait-elle experte dansl'art du bâton et de la carotte?

Danilo Elia (Osservatorio Balcani e Caucaso)

Traduction Béranger Dominici (Le Courrier des Balkans)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

L'annexion de la Crimée, qui a indigné l'Europe occidentale, a rempli laTransnistrie d'un enthousiasme qui s'est exprimé par des mesures trèsconcrètes venant rappeler son désir de devenir un sujet de la Fédération de

Russie. On se souvient de cette réforme constitutionnelle par laquelle l'Assemblée deTiraspol a fait sien l'ordre juridique russe, et de Dmitri Rogozine, représentant spécialdu Kremlin pour la Transnistrie, bloqué à Chisinau dans son avion contenant les30 000 signatures demandant le rattachement de facto de ce territoire à la Russie. Etpourtant, ces deux coups d'éclat n'ont pas été suivis d'effets - loin s'en faut.

On le sait: la survie de la petite république d'au-delà du Dniestr dépend de laRussie. D'après Le Guardian, 70% du budget de Tiraspol est alimenté par des fondsrusses. Un flux d'argent indispensable, qui commence néanmoins à se tarir. Le quoti-dien russe Nezavisimaja Gazeta affirme, en citant des sources internes au Soviet suprê-me de Transnistrie, que, pour la première fois, Moscou ne versera pas son aide de100 millions de dollars permettant le paiement des salaires et le financement du systè-me de retraites.

Les conséquences sont déjà palpables. Dès début 2015, les autorités transnistrien-nes ont supprimé le "bonus russe" de 200 roubles sur les retraites et réduit les dépen-ses publiques de 20 %. En outre, et c'est une première, le chauffage au gaz sera désor-mais payant et les retraités ne bénéficieront plus de la gratuité dans les transports encommun. Dans sa détresse, le gouvernement en est à mettre en place une plus que dou-teuse "procédure spéciale pour le financement des salaires et des retraites" prévoyantle paiement immédiat de 70% de la somme due - les 30% restants étant comptabiliséscomme un avoir dont les bénéficiaires recevront le montant de façon progressive…

Ecroulement du rouble, effondrement du cours du pétrole, sanctions économiques occidentales

D'où vient ce revirement de Moscou à l'égard de Tiraspol, au risque de mettre cettedernière face à sa faiblesse économique? La crise frappant la Russie, conjonction del'écroulement du rouble, de l'effondrement du prix du baril de pétrole et des sanctionsconjointes des États-Unis et de l'UE après l'annexion de la Crimée, a joué un rôle cer-tain dans le désengagement russe en Transnistrie. Mais Moscou est aussi contraint parle jeu diplomatique qui s'est constitué autour de la crise ukrainienne.

Les sanctions commerciales étant l'une des armes de la guerre diplomatique, laRussie ne s'est pas privée d'en faire usage à l'encontre de la Moldavie - au risque d'af-fecter directement la Transnistrie. En effet, toute production qui, partie de Transnistrie,souhaite entrer en Russie, doit transiter par l'Ukraine, laquelle exige la présentation dedocuments émis par les autorités moldaves… En conséquence, en 2014, les exporta-tions transnistriennes vers la Russie ont chuté de près d'un quart, comparé à 2013.

Pour Tiraspol, la Moldavie est seule responsable de la crise actuelle, à cause de sonrapprochement avec l'UE concrétisé par la signature de l'accord d'association compre-nant un accord de libre-échange. Pour le Kremlin, c'est l'Ukraine qui tire les ficelles.Sergeï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a eu l'occasion de s'en expliqueren marge d'une rencontre avec son homologue gabonais: "L'attitude de l'Ukraineaboutit à la création d'un embargo sur la Transnistrie, dans le seul but de l'affaiblirpour la soumettre aux desiderata de la politique moldave".

Pour Tiraspol, la Moldavie est seule responsable de la crise actuelle, à cause de sonrapprochement avec l'UE concrétisé par la signature de l'accord d'association compre-nant un accord de libre-échange. Pour le Kremlin, c'est l'Ukraine qui tire les ficelles.

"Bonus russe" réduit, chauffage

Un site russe indique que la situa-tion de la Transnistrie (région séces-sionniste de la Moldavie) est considé-rée comme dramatique par le Kremlinqui l'encourage et la soutient depuisprès de 25 ans. "La nomination à sa

tête d'Evgueni Chevtchuk a été une

gaffe monumentale de notre adminis-

tration" confie un officiel russe. "C'est

un très mauvais administrateur qui se

laisse en plus embobiné par sa

femme" ajoute-t-il indiquant queMoscou a supprimé pratiquement tou-tes ses aides à Tiraspol et que leséchanges commerciaux entre les deuxpays sont tombés à 5 % de ce qu'ilsétaient auparavant. Il n'y a plus decommunication entre les deux gouver-nements et la Transnistrie est considé-rée comme dérivant vers l'UE.

Evgueni Chevtchuk s'est rendu der-nièrement à Moscou pour obtenir uneaide de 100 millions de dollars afin depayer les salaires et les pensions. Seshôtes lui ont claqué la porte au nez etil est revenu les mains vides.

Transnistrie: "la catastrophe

Chevtchuk"

Moldavie

De plus en plus de restaurantset cafés tchèques mettentaujourd'hui à disposition de

leurs clients une carafe d'eau. C'est unepratique courante en Europe occidentalemais, pour la République Tchèque, il s'a-git d'une petite révolution dans le mondede la restauration. En effet, il faut vaincrela résistance des restaurateurs pour qui lamarge sur l'eau en bouteille est très inté-ressante: achetée 3 couronnes (11 centi-mes d'euro), la bouteille est revendueenviron 30 couronnes (1,11 euro). La loine les obligeant pas à proposer une cara-fe d'eau, ils sont libres de décider.

Même si la grande majorité desTchèques ont l'habitude de boire de l'eaudu robinet, ils sont réticents à en faire lademande au restaurant. Pour encouragersa consommation dans les restaurants, lasociété Veolia Voda (Veolia Eau) a lancé

en 2009 une campagne intitulée "De l'eaudu robinet? Il suffit de la demander". Lasociété propose aux restaurateurs de four-nir gratuitement des carafes d'eau et, pourles clients, elle a lancé une applicationleur permettant de trouver un restaurantparticipant au projet.

Cette campagne a entraîné une véri-table "guerre de l'eau". Dès son lance-ment, l'Union des fabricants de boissonsnon-alcoolisées a contre-attaqué endénonçant les risques sanitaires qu'encou-rent, d'après elle, les consommateursd'eau du robinet. Cette information a étédémentie par l'Institut d'hygiène, quiaffirme que la qualité de l'eau du robineten République Tchèque est l'une desmeilleures en Europe. Mais les fabricantsn'ont pas baissé les bras. "Ils font même letour des restaurants, leur demandant dene pas servir d'eau du robinet", explique

la porte-parole de Veolia Voda, MarcelaDvorakova.

Depuis 2007, les fabricants de bois-sons non-alcoolisées font face à une bais-se des ventes qui traduit une évolutiondans les habitudes des Tchèques: aprèsl'âge d'or des années 1990, l'eau en bou-teille n'est plus à la mode. Et force est deconstater aujourd'hui que la campagne deVeolia a plutôt bien marché: 35% des res-taurants proposent aujourd'hui ce service,contre 25% en 2009. Ce succès est cepen-dant à nuancer puisque certains restau-rants facturent la carafe d'eau tandis qued'autres la proposent seulement surdemande. Un projet de loi devrait enoutre obliger les restaurateurs à rendrel'eau moins chère que la bière pour mett-re fin à cette autre spécificité tchèque…

Zuzana Loubet del Bayle(Regard sur l'Est)

et transports publics devenus payants

Moscou a de moins en moins les moyens de payer leurs pensions aux anciens combattants de ses ex-républiques..

La petite république sécessionniste à l'est de la Moldavie s'apprête-t-elle àmordre la main qui la nourrit ? Depuis que la crise a imposé à Moscou de revoirses priorités économiques, la Transnistrie délaissée semble prendre goût au volte-face. Une situation qui pourrait profiter à Bruxelles.

Guerre de l'eau dans les restaurants tchèques

la Transnistrie se rapproche de l'UELâchée peu à peu par Moscou

Une carafe désormais à disposition des clientsVoisins

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Impressionnée par la manièredont la Roumanie s'attaque à la cor-ruption, la chaine de télévision bul-gare BTV a envoyé une équipe dansce pays pour réaliser un reportagesur le "tsunami" qui emporte depuisplusieurs mois sur son passage,ministres, parlementaires, maires,magnats et magistrats. D'autant plusque la situation sur ce front restedésespérément figée en Bulgarie,fortement touchée, et peut-êtremême davantage, par ce phénomè-ne. Au point que la vice-premièreministre bulgare Meglena Kuneva ademandé au président de l'ANI(Agence Nationale Roumaine d'Inté-grité), Horia Georgescu, de faire unsaut à Sofia pour lui expliquer saméthode. Dès leur arrivée àBucarest, les deux journalistes, PetarNanev et Dobromir Ivanov, se sontempressés de prendre rendez-vousavec les deux figures de proue decette lutte anti-corruption, la procu-reure chef de la DNA, Laura Kovesiet bien sûr Horia Georgescu dont ilsvoulaient une interview exclusiveavant sa visite imminente enBulgarie, où il était attendu comme le"Messie". Quand ils ont sauté d'untaxi pour aller le filmer… quelle nefut pas leur stupéfaction de le voirsortir des bureaux de l'ANI, menottédans le dos (humiliation supplémen-taire), encadré par une cohorte de"mascati" (policiers cagoulés) quil'engouffrèrent dans une voiture,direction la prison. Horia Georgescuvenait d'être arrêté pour d'innombra-bles malversations ayant causé unpréjudice à l'Etat estimé à 75 millionsd'euros ! Du coup son interview esttombée à l'eau.

Alors que tous les pays de l'UE ont augmenté leursalaire minimal depuis 2008, Athènes a diminuéle sien de 12 % selon Eurostat. Les autres pays

européens ont observé un mouvement inverse. Les haussesles plus importantes sur la même période ont été enregistréesen Roumanie (+ 95 %), en Bulgarie (+ 64 %), en Slovaquie(+ 58 %) et en Lettonie (+ 57 %), des pays où le salaire men-suel minimal est inférieur à 400 euros. En France, le salaireminimal a augmenté de 14 % depuis 2008. Au sein de l'UE,la Bulgarie est le pays au salaire minimal le plus bas (184 e).A l'opposé, le Luxembourg offre un salaire minimal de

1923 e, soit un ratio de 1 à 10. Toutefois, après ajustement des disparités de pouvoir d'achat, l'écart entre les Etats membres seréduit à 1 à 4, souligne Eurostat. Dix Etats offrent un salaire minimal inférieur à 500 e (Bulgarie, Roumanie, Lituanie, Républiquetchèque, Hongrie, Lettonie, Slovaquie, Estonie, Croatie, Pologne), quand sept proposent un salaire supérieur à 1000 e (Royaume-Uni, France, Irlande, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Six Etats membres de l'UE n'appliquent pas de salaire mini-mal: l'Autriche, Chypre, le Danemark, l'Italie, la Finlande et la Suède.

La Lettonie et les attraits de l'UE Salaire minimum dans l'UE en pouvoir d'achat: de 1 à 4

Les Russes sont de plus en plus nombreux à envisager ou décider de quitter lepays, ne se reconnaissant plus dans le pays de Poutine. Les médias se font l'écho desrécits de certains qui, désillusionnés, ont fait le pas et sont partis. Qualifiés d'"occi-

dentalistes", voire soupçonnés d'être une cinquième colonne, certains disent ne pluspouvoir respirer en Russie, surtout depuis le déclenchement de la guerre enUkraine et le soutien affiché de leurs compatriotes à l'annexion de la Crimée.

Représentants de la classe moyenne russe, ces émigrés sont pour la plupart desurbains qualifiés. Si un deux pièces moscovite de 40 à 70 m² peut coûterentre 180 000 et 300 000 e, un appartement rénové dans le quartier Art nou-

veau de Riga, lui, ne revient qu'à 150 000 e en moyenne. Les agences immobilièresmoscovites disent avoir constaté une accélération du nombre de ventes de biens immo-biliers depuis les répressions de 2012, suite aux manifestations anti-Poutine.

Dans un premier temps, il s'agissait avant tout pour les vendeurs de diversifier leursplacements au cas où les choses tourneraient mal en Russie. Puis, entre janvier et août2014, les ventes urgentes de candidats à l'émigration auraient été multipliées par cinq.Parmi les vendeurs, on trouve des journalistes, des architectes, des chirurgiens, despublicitaires, des banquiers… mais aussi, parfois, des réservistes qui disent craindre d'ê-tre appelés, demain, à combattre en Ukraine. La plupart sont Moscovites mais les autresvilles russes commenceraient à être touchées par cette vague d'émigration.

Parmi les candidats au départ, certains ont choisi la Lettonie. Parce que ce pays estmembre de l'UE et que, dès lors qu'un étranger y réalise un investissement notable, ilpeut y obtenir un titre de résidence. Inquiète de ce phénomène, la Lettonie a réagi en sep-tembre 2014 en vue de limiter cet afflux: depuis, pour obtenir un permis de résidence, lecandidat doit investir au moins 250 000 e et non plus 142 000 e comme précédemment.

Les demandes de permis de résidence ont augmenté de 70% au cours des huit pre-miers mois de 2014 ! En juillet 2014, un total de 13 800 personnes bénéficiaient de cespermis au titre de l'investissement, dont 9650 Russes. Ils étaient suivis par les Chinois etles Ukrainiens (le nombre de ces derniers a doublé en 2014). Selon le ministère letton del'Intérieur, ils ont investi au total 1,1 milliard d'euros dans le pays.

Cinq ans d'attente avant la naturalisation

La Lettonie n'est pas le seul pays en Europe à délivrer des permis de résidence enéchange d'investissements. La Pologne, la Finlande, la Hongrie, la Grèce et l'Espagne,en font de même. Mais la Lettonie cumule quelques avantages: Riga est la capitale euro-péenne la plus proche de Moscou, le prix de l'immobilier y reste très raisonnable com-paré à Moscou et la forte minorité russophone qui y vit rend la pratique quotidienne durusse assez répandu. Accessoirement, le maire de Riga est lui-même russophone. Aprèscinq ans de résidence, les nouveaux venus peuvent envisager de passer l'examen de natu-ralisation, qui implique la connaissance de la langue lettone et de l'histoire du pays. Enattendant, le permis de résidence leur donne peu de droits, mais bien celui de travailler.

Une étude montre que, si la majorité des émigrants appartiennent à la classe moyen-ne, certains sont des oligarques, représentants de grandes entreprises publiques russes -dont énergétiques -, voire proches de Poutine.

Certains ne vivent pas à l'année en Lettonie mais viennent y passer leurs vacances etprofitent de leur permis de résidence pour voyager aussi ailleurs en Europe. L'inquiétudeétant palpable en Russie, certains relèvent que rien ne dit que, demain, les autorités rus-ses ne vont pas avoir l'idée d'imposer des visas de sortie à leurs ressortissants. Dès lors,mieux vaut détenir déjà un permis de résidence en Lettonie. Simultanément, le ministè-re letton de l'Économie vient de publier des données concernant les Lettons qui ont quit-té leur pays: entre 2000 et 2014, ils sont 238 000 à être partis. La population totale dupays a chuté de 16%, et les deux tiers de cette baisse sont imputables à l'émigration.

Céline Bayou (Regards sur l'Est)

Voisins

Mauvais exemple

La classe moyenne russe émigre vers RigaSocial

Avec 2,1 milliards de francs, les investis-seurs suisses se trouvent en 7e position enRoumanie. En tête, le cimentier Holcim,

suivi notamment par Roche, Nestlé ou encoreNovartis. Les paysans helvétiques s'intéressent aussiaux terres roumaines. La balance commerciale est lar-gement favorable à la Suisse. En 2012, les exporta-tions de la Suisse vers la Roumanie se sont élevées à793 millions de francs et les importations de laRoumanie vers la Suisse à 559 millions, soit un soldede 234 millions de francs pour Berne.

Les exportations helvétiques concernent en majo-rité les produits pharmaceutiques ainsi que les machi-nes et appareils. Les importations roumaines relèventsurtout du textile, des machines, des véhicules etavions, des meubles ou encore des chaussures. A noterqu'un peu moins de 500 ressortissants helvétiquesvivent en Roumanie, dont environ la moitié a la dou-ble nationalité. A l'inverse, environ 10 000 Roumainssont installés en Suisse.

Les investisseurs suisses en 7ème position en Roumanie

Les dernières données Eurostat,le bureau statistique de l'UE,indiquent que la Bulgarie est

toujours le pays "le moins cher" en ter-mes de main-d'œuvre en Europe. Suiviede près par la Roumanie. Selon Eurostat,le coût horaire d'un employé bulgare s'é-lèverait à 3,8 e. La Roumanie arrive justederrière en Europe avec 4,6 e par heurede travail effectuée. La moyenne euro-

péenne est d'environ 25 e par heure, soit5 fois plus qu'en Roumanie. En France,ces coûts dépassent les 35 e - 6ème posi-tion dans ce classement- tandis qu'enNorvège ils se hissent jusqu'à près de50 e. De 2013 à 2014, les coûts horairesde la main d'œuvre dans l'ensemble del'économie, exprimés en euros, ont aug-menté de 1,4% dans l'UE et de 1,1% dansla zone euro. Au sein de la zone euro, les

hausses les plus marquées ont été enre-gistrées en Estonie (+6,6%) et enLettonie (+6,0%). Des baisses ont étéobservées à Chypre (-2,8%), au Portugal(-0,8%) et en Irlande (-0,2%). S'agissantdes États membres situés en dehors de lazone euro, entre 2013 et 2014 les aug-mentations les plus marquées ont été obs-ervées en Roumanie (+6,0%), en Lituanieet en Pologne (+3,5% chacun).

Bulgarie et Roumanie : main d'œuvre la moins chère de l'UE

La démolition des bâtiments d'exploitation des mines dePetrila, Uricani et Paroseni, dans la vallée de Jiu, a débuté.Ces sites sont en effet en cours de fermeture. La première

mine qui va voir son activité se terminer est celle de Petrila au mois d'oc-tobre. Environ 1700 personnes travaillent actuellement sur ces 3 sitesdont le dernier va fermer ses portes en 2018. Le ministère de l'Énergiealloue cette année plus de 30 millions d'euros pour leur fermeture. Laquestion de la reconversion des employés n'a semble t-il pas été prise enconsidération. Sur les 7 unités de production, les 3 incriminées étaientconsidérées non compétitives. Petrila est aussi la plus vieille mine detoute la vallée, son activité ayant commencé il y a plus de 150 ans.

Son déclin s'est accéléré suite à deux explosions qui ont causé ennovembre 2008 la mort de 13 mineurs et sauveteurs. La mine fonction-ne depuis au ralenti. Certains bâtiments déjà fermés devraient être inclusdans un processus de régénération urbaine impliquant la communautélocale qui a milité contre leur destruction. Un projet concerne notam-ment la mise en place d'espaces d'expositions. Sous Ceausescu,50 000 mineurs travaillaient dans la vallée du Jiu. La situation a empiréà partir des années 90 avec de nombreuses révoltes à la clef. La zone estaujourd'hui sinistrée avec un taux de chômage extrêmement élevé.

Vallée de Jiu : vers la fermeture définitive de trois mines sur sept

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Actualité

5 ans et demi de prison pour Dan Diaconescu

Le procès du tortionnaire Visinescu avance à petits pas

Jeune historien del'Institut d'inves-tigation des cri-

mes du communisme,Constantin Vasilescu acontribué à l'enquête qui apermis l'ouverture du pro-cès de l’ancien tortionnai-re Alexandru Visinescu,

commandant du pénitencier de haute surveillance de RâmnicuSarat entre 1956 et 1963. Mais les Roumains semblent toutindifférents devant ce passé, comme le relève Jonas Mercier.

Le Petitjournal.com : Le procès a commencé à l'autom-

ne dernier. Où en est-il ?

Constantin Vasilescu : Il avance à grands pas et la juge aexprimé lors de la dernière audience son intention de clore leprobatoire dans les prochaines semaines. La fin est donc pro-che d'un point de vue procédurale. Dans le fond aussi, nouspouvons dire que le procès a avancé. Alexandru Visinescu n'apas encore fait de déclaration officielle, c'est vrai, mais il estintervenu plusieurs fois. Selon moi, ses interventions, qui ontété à chaque fois consignées, l'ont incriminé. Il a dit, par exem-ple, qu'il n'avait pas agi selon son bon vouloir lorsqu'il étaitcommandant du pénitencier, mais qu'il avait obéi à des ordres.Dire cela, c'est reconnaître une partie de sa faute.

Comment se déroule le procès ?

C.V. : Pas comme il le faudrait, selon moi. D'un point devue juridique, il y a des imprécisions flagrantes. D'abord, laCour me paraît mal préparée. Les magistrats en charge de ceprocès auraient dû avoir une connaissance historique plus pré-cise. La juge semble ne pas bien comprendre certaines chosesliées au contexte des faits. On voit qu'elle n'a aucune expérien-ce pour ce genre de procès. Une autre carence est celle de ladéfense de Visinescu. Elle n'a pas été solide du tout. Je ne veuxpas me faire l'avocat du diable, mais je pense qu'un avocatcompétent aurait soulevé plus de questions importantes et celaaurait aidé à une meilleure compréhension du procès.

Pourquoi la défense de Visinescu a-t-elle des carences ?

C.V. : Le premier avocat de Visinescu, Dan Petre, a renon-cé à le défendre après avoir discuté avec l'un des membres dela partie civile qui lui aurait raconté les horreurs du péniten-cier. L'émotion a été trop forte, a-t-il dit, pour continuer.

Le deuxième avocat, Marcel Vrabie, a défendu Visinescupendant deux ou trois audiences avant de renoncer lui aussi...pour les mêmes motifs. Aujourd'hui, Visinescu bénéficie desservices d'un avocat commis d'office.

Entre audiences sur les trafiquants de drogue et la conduite en état d'ivresse

Quel est l'intérêt public et médiatique du procès?

C.V. : Il est très faible, malheureusement. Les médias sesont montrés intéressés au début mais ils le sont de moins enmoins. Difficile à dire pourquoi. Il s'agit d'un procès histo-rique, mais nous ne réussissons pas à le traiter comme tel. Pourvous donner un exemple, les audiences se déroulent dans unesalle où l'on juge également des affaires de droit commun.

La journée commence avec le cas d'un trafiquant de dro-gue puis celui d'un automobiliste qui a conduit en état d'ivres-se et, enfin, arrive à Visinescu. Selon moi, c'est la preuve quel'on ne donne pas l'attention que mériterait ce procès. Je meserais attendu, par exemple, à une salle spéciale et à des magis-trats mieux préparés. C'est tout de même une première, unancien commandant de prison communiste traduit en justice!

De quoi est accusé Visinescu ?

C.V. : Il est accusé de crimes contre l'humanité. Le péni-tencier de Râmnicu Sarat n'a pas été un grand établissement.On y incarcéré les détenus qui devaient rester isolés. Ils étaientconsidérés comme de potentiels ''facteurs déstabilisateurs''. Ilsétaient des leaders de parti politique ou des personnages cha-rismatiques qui pouvaient avoir de l'influence sur les autresdétenus et déclencher des révoltes. Le nombre de morts attri-bués à Visinescu n'est pas forcément impressionnant - on parled'une dizaine de prisonniers - mais le régime qu'il appliquaitétait inhumain. Ceux qui étaient envoyés à Râmnicu Saratdevaient être réduits au silence complet.

Peut-on dire que Visinescu a été ''protégé'' depuis 1990?

C.V. : Je ne pense pas qu'il a été favorisé par le système etencore moins qu'il a eu de l'influence dans la sphère politiqueaprès 1989. Mais, comme beaucoup d'autres, il a été protégépar l'inertie généralisée des années 90.

Durant cette période, rien n'a été fait car tout le mondeavait peur que se crée un précédent.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Le fondateur de la chaîne OTV,également politicien démagogue etaffairiste sans scrupules, DanDiaconescu, 48 ans, a écopé d'unepeine ferme et définitive de cinq ans et6 mois de prison pour diverses malver-sations et a été incarcéré. La courd'Appel de Bucarest l'a condamnépour chantage exercé auprès du maired'une commune du départementd'Arad et d'un homme d'affaire local."Après avoir fermé ma télévision, mon

parti, c'est maintenant moi que l'on

enferme", a notamment déclaré l'inté-ressé les menottes aux poignets à lasortie de son domicile.

Dan Diaconescu est devenu célèbregrâce à son émission très populaire"Dan Diaconescu Direct" réalisée dansun studio minuscule et avec des boutsde ficelle. Il a ensuite été candidat à laprésidentielle de 2012 pour son parti,le "Parti du peuple", obtenant 4% desvoix et se classant sixième du scrutin.On se souvient également qu'il avaittenté de s'emparer après moult rebon-dissements de l'usine Oltchim, en vain.La sentence prononcée est définitive.L'inculpé ne pourra pas, de même,exercer d'activité en lien avec la pres-se écrite ou audiovisuelle dans les5 ans suivants sa sortie de prison.

Politique

Quatre mois après l'élection deson leader, Klaus Iohannis, àla présidence de la

République, le Parti National Libéralcaracole en tête des sondages avec 44 %des intentions de vote en cas de législati-ves (26 % seulement à l'été dernier),devançant nettement le PSD du Premier

ministre Victor Ponta (34 %). Seul unautre parti, l'UDMR (Magyars) franchi-rait d'extrême justesse la barre des 5 % luipermettant d'avoir des élus.

Klaus Iohannis pourrait donc enfincompter sur une majorité au Parlement,alors qu'il a actuellement les mains liéespar la majorité PSD, laquelle conserve la

réalité du pouvoir. Cette situation risquede durer jusqu'aux prochaines électionsparlementaires, prévues fin 2016, àmoins que Victor Ponta soit amené àdémissionner à la suite des affaires decorruption et des procédures judiciairesqui se resserrent autour de son parti et deson entourage.

Vent en poupe pour Klaus Iohannis

Poursuivi pour corruption, le ministre des finances roumain, Darius Valcov,38 ans, sénateur PDL, a démissionné dimanche 15 mars, peu après un appelen ce sens lancé par le président Klaus Iohannis. Il a perdu son immunité

parlementaire le mercredi 25 et a été assigné à résidence le lendemain. Le ministre,propriétaire d’un hôtel de luxe, est soupçonné d'avoir reçu deux millions d'euros depots-de-vin entre 2010 et 2013, à l'époque où il était maire de la ville de Slatina, dansle sud du pays. Il aurait en échange aidé une société privée à remporter plusieursappels d'offres pour des marchés publics, en modifiant notamment le cahier des char-ges, selon le parquet anticorruption. Les "transactions" se passaient près d'un cimetiè-re, où Valcov recevait ses coupures dans un sac en plastique. Ministre des financesdepuis décembre, il avait récemment rendu public un nouveau projet de code fiscal,qui devrait être soumis au Parlement avant la fin de mars.

La presse s'est gaus-sée des promesses duPremier ministre, VictorPonta qui avait annoncé,après les élections prési-dentielles perdues denovembre dernier, lamise en place du gou-vernement "le plus hon-nête qui soit". Moins detrois mois plus tard, qua-torze de ses ministresétaient déjà inculpésdans des affaires de cor-ruption. Et la liste nesemblait pas close…

Les enquêteurs ont aussi découvert lors de perquisitions dans des résidences àBucarest et Slatina une centaine de tableaux et de dessins: un Renoir, trois Picasso,des Warhol et plusieurs artistes roumains très cotés, 3 kilo d’or en lingots, des liassesde billets. Le parquet anticorruption a fait état d'"indices" montrant qu'ils auraient étéacquis avec l'argent des pots-de-vin. Toutes ces œuvres, cachées dans de fausses cloi-sons ou sous des matelas, parfois chez des amis auraient été entreposées en vue del'ouverture prochaine d'une galerie d'art à Bucarest. Mais les enquêteurs suspectentune volonté de vouloir blanchir de l'argent ou des biens d'origine frauduleuse.

L'indifférence des Roumains devant une page sombre de leur histoire

Collectionnant les tableaux de maîtres, le ministre était aussi "amateur d'art".

Le ministre des finances Politique

Un Tsigane de 30 ans, marié, pèrede 3 enfant du quartier Meteor deTârgu Jiu, a été condamné par leconseil tsigane local a payé 18 mesu-res d'or, soit environ 9000 € au concu-bin d'une jeune tsigane de 15 ans aveclaquelle il avait passé la nuit. Le pro-cès s'est passé deux jours après lesfaits, en face du domicile du coupable.

Une nuit en or

La TVA pour l'ensemble des produits agro-alimentaires ainsi que pour lesboissons non-alcooliques et les restaurants va être réduite de 15 points àpartir du 1er juin, a annoncé le Premier ministre, Victor Ponta. L'un des

principaux arguments de l'Exécutif pour justifier cette réduction a été que les dépen-ses en nourriture représentent 32% du budget des ménages roumains, soit le pourcen-tage le plus élevé de l'UE. L'impact de cette mesure sur le budget de l'État est estiméà 5 milliards de lei (1,12 milliard d'euros) par an.

Mais la lutte contre l'évasion fiscale menée par le gouvernement a fait que déjà3,3 milliards ont été encaissés en plus par rapport aux prévisions initiales durant le 1ertrimestre 2015, a précisé Victor Ponta. Il a par ailleurs expliqué que son gouvernements'était consulté avec la Banque nationale, le FMI et la Commission européenne avantde prendre cette décision. ''L'impact de cette mesure sera massif dès le 1er juin et leprix des aliments diminuera de 15%'', a estimé pour sa part le président du patronatde l'industrie alimentaire, Romalimenta, Sorin Minea.

Réduction du taux de TVA de 24% à 9% pour les aliments, au 1er juin

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pris la main dans le sac… en plastique

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Economie En 2030, la Roumanie disposerait d'un des réseaux d'autoroutes les plus développés de l'UE

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Environ 80% du réseau dechauffage urbain de la capitaleroumaine a plus de 20 ans et setrouverait dans un état de ''risque

maximum'' et ne résistera pas auprochain hiver, selon le vice-mairede la capitale, Cornel Pieptea. Larégie en charge de son entretiense trouverait par ailleurs au bordde la faillite.

''La situation est extrêmement

grave et cet hiver, quatre avaries

majeures ont affecté deux sec-

teurs de la capitale et des centai-

nes de milliers de Bucarestois'', aajouté l'édile. De plus, la situationfinancière de la régie en charge duréseau, la RADET, est désastreu-se. Selon Cornel Pieptea, l'unedes solutions possibles seraientde la transformer en société. Lafusion de la RADET avec ELCEN,le producteur d'énergie thermiquede Bucarest, est promise depuisdes mois par le gouvernement etla mairie. Mais rien n'a encore étéfait. Cette nouvelle entité pourraitmener une politique plus cohéren-te du chauffage urbain. Avec8000 immeubles connectés auchauffage urbain, Bucarest possè-de le troisième réseau d'Europeen termes de superficie aprèscelui de Moscou et de Varsovie.

En l'absence d'investissementces vingt dernières années, lesproblèmes d'alimentation en eauchaude sont récurrents et ontpoussé de nombreux habitants àse déconnecter au profit de chau-dières individuelles au gaz.

Bucarest : le chauffage collectifrisque de ne paspasser l’hiver

Le fantasme du Le gouvernement roumain entend construire d'ici 2030 plus de 2700 kilomètres

d'autoroutes, et faire du pays l'un des plus développés de l'UE en matière de voiesrapides. Un vœu pieu qui risque fort de ne jamais être réalisé, tant les ressourcesrequises sont énormes...

Le 12 janvier dernier, le Premier ministre Victor Ponta a fait une promesse dif-ficile à tenir. En présence du ministre des Transports, Ioan Rus, de celui desFinances, Darius Vâlcov, ainsi que celui des Fonds européens, Eugen

Teodorovici, il a déclaré qu'avant 2030, 2718 kilomètres d'autoroutes et de voies rapidesseront construites en Roumanie, grâce à un budget de 28,6 milliards d'euros provenant desfonds publics, des emprunts faits à l'UE, mais aussi de concessions ou de crédits bancai-res. Cependant, ces affirmations sont loin d'être réalistes si l'on prend en compte les capa-cités réduites de l'Etat roumain à financer de tels plans et celles de la Compagnie nationa-le des autoroutes et des routes nationales (CNADNR) à gérer efficacement des projets detelles envergures et de telles valeurs.

La Roumanie à la traîne

Avec 700 kilomètres d'au-toroutes, le pays est pour lemoment classé parmi les der-niers d'Europe. Si les plans deVictor Ponta se réalisent, celaferait remonter la Roumanieen tête de classement. En2030, la Roumanie totaliserait3500 kilomètres d'autoroutes,soit autant que la Grande-Bretagne et plus que la Suède,l'Autriche et le Portugal. Seuls,l'Allemagne, la France, l'Italieet l'Espagne la dépasseraienten la matière.

Concrètement, le plancomprend la construction de 725 kilomètres d'autoroutes, de 184 kilomètres de voies rapi-des qui deviendraient par la suite des autoroutes, ainsi que 1 809 kilomètres de voies rapi-des. Selon le ministre des Transports, le réseau devrait être étendu de 50 kilomètres cetteannée et de 200 kilomètres l'année prochaine. "L'année prochaine, pour sûr, nous pour-rons circuler entre Sibiu et Nadlac, et entre Cluj et Bors (Oradea)", a assuré le ministre."Cette année, nous ouvrirons le tronçon de 16,6 km entre Nadlac et Arad, celui de25,7 km entre Timisoara et Lugoj, la portion de 8,7 kilomètres entre Gilau et Nadaseluainsi que 4,9 km sur l'autoroute Bucarest - Ploiesti ", assure-t-il.

50 km ouverts en 2014… dont 22 fissurés

Cependant, la réalisation de 2700 kilomètres d'autoroutes en quinze ans présupposeune moyenne annuelle de 180 kilomètres, un rythme qui n'a jamais été atteint annuelle-ment depuis 1990. L'année dernière par exemple, seuls 50 kilomètres ont été inaugurésdont 22 entre Sibiu et Orastie, qui se sont fissurés peu de temps avoir été ouverts...

L'un des plus gros problèmes, c'est la capacité réduite de la CNADNR à gérer des pro-jets estimés à plusieurs milliards d'euros. Pour dépenser cet argent, il faudra mettre enplace des appels d'offre, élaborer certains projets techniques, se documenter sur les procé-dures d'expropriation, contrôler la qualité du travail des ouvriers, créer des demandes definancements et contrôler la qualité du produit fini...

C'est ici que le bât blesse: les capacités managériales decette compagnie sont limitées.

De plus, l'année dernière, la CNADNR a dépensé seule-ment 60% de l'argent mis à sa disposition par l'Etat. Malgrétout, ces sommes ont été modestes. Selon le quotidien écono-mique Ziarul Financiar, laCNADNR, qui est le plusgrand producteur d'infrastruc-tures de Roumanie avec unbudget de 1,5 milliard d'eurospar an, a dépensé le cinquiè-me du budget mis à sa dispo-sition pour 2014 dans les sixpremiers mois.

Les dépenses de laCNADNR se sont élevées à292 000 euros, soit une baissede 60% face à la même pério-de de l'année précédente. Quese passera-t-il lorsque cettecompagnie aura à dispositionune somme annuelle deux foisplus importante? Combiend'argent sera-t-elle en mesurede dépenser?

Les spécialistes expliquent que les promesses de VictorPonta ne sont pas crédibles. "En faisant une soustraction entreles sommes dépensées pour des nouveaux projets et cellesdépensées sous les gouvernements précédents, on se rendcompte à quel point les choses sont désastreuses", soutient ledirecteur d'une compagnie de construction, consultant dans lesinfrastructures routières. "Il manque clairement de capacitésmanagériales; par exemple, pour certains ponts très impor-tants, les travaux n'ont toujours pas commencé alors que l'ar-gent existe, ainsi que les constructeurs. Mais la CNADNR n'estpas en mesure de réaliser ces projets".

Prendre ses rêves pour des réalités

Ces prochaines années, les investissements dans cesinfrastructures routières seront assurés par un financementeuropéen de 6 milliards d'euros, incluant un cofinancement

national (prélevé par la taxesur le carburant, la vignetteautomobile, et un partenariatpublic-privé de trois milliardsd'euros), ainsi que par les cré-dits de la Banque européenned'investissement et la Banquemondiale. Cependant, les pro-messes faites par Victor Pontane détaillent pas la répartitionexacte des ressources finan-cières provenant des diversfonds. De plus, ce finance-ment doit s'encadrer dans lacible du déficit budgétaire deces prochaines années, ce quiest l'une des obligations del'Etat roumain, et ce qui n'estpas mentionné dans le Plan

directeur des transports, car les bailleurs de fond européens etmondiaux font pression sur le déficit du budget de l'Etat.

Mis à part ces nombreux problèmes, le Premier ministreveut aussi l'accord de toute la classe politique. Victor Ponta aaffirmé que le Plan directeur doit être appliqué seulement surla base d'un consensus de toute la classe politique pour unminimum de dix ans, car sinon cela ne sert à rien de commen-cer le travail et ce sera un échec sur le long terme. Ce dernierattend également l'approbation du président Klaus Iohannis,avant de décider de l'accord politique final et de le soumettreà la Commission européenne.

Doru Cireasa (Adevarul), Traduit par Julia Beurq

Le Fonds monétaire international -FMI- a salué "le redressement économique de la Roumanie grâce, notamment, à uneréduction des déficits ainsi que des politiques financière et monétaire davantage prudentes". Ce sont là les déclarationsofficielles de la direction exécutive du FMI qui a, au passage, délivré une série de recommandations dont, entre autres,

davantage de planification en matière de dépenses publiques et d'investissements -pour les infrastructures notamment. Les expertsdu FMI ont par ailleurs évoqué une nécessaire restructuration des compagnies d'état et leur privatisation ainsi que la libéralisationdu secteur énergétique. Ils ont aussi anticipé 2,7% de croissance pour le PIB roumain en 2015 et 2,9% en 2016. Ces chiffres sebasent, toujours selon le FMI, sur une consolidation de la consommation des ménages avec l'augmentation des salaires, la baissedu prix du pétrole ainsi que des taux d'emprunts qui ont atteint un niveau plus bas

Le FMI salue le redressement économique de la Roumanie

Premier ministre Victor Ponta

Avec 700 kilomètres d'autoroutes (ici, la carte en représente 520 km), le pays

est pour le moment classé parmi les derniers d'Europe.

En 2030, la Roumanie totaliserait 3500 kilomètres d'autoroutes, soitautant que la Grande-Bretagne et plus que la Suède, l'Autriche

et le Portugal réunis, avec une étape intermédiaire en 2023.

La Roumanie exporte 50% à60% de sa production annuel-le de miel vers l'UE, dont 80%

en Allemagne. Elle produit en moyenne

20 000 tonnes par an, ce qui la classe à laquatrième position au niveau européen.Sa consommation est par contre relative-ment basse puisque les Roumains ne

consomment qu'un demi-kilogramme demiel par an contre 2 kilos pour lesAllemands et 1,5 kilogramme pour lesHollandais et les Belges.

Plus de la moitié du miel roumain est exporté

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

En 2014, les investissements nets dans l'économie roumaine ont connu un reculde 3,1%. C'est la troisième année consécutive de baisse. Pourtant, le quatrièmetrimestre a apporté une bonne nouvelle. Lors des trois derniers mois de l'année

dernière, les investissements ont augmenté de 3%, contre 0,1% au troisième trimestre. Ils'agit d'une évolution significative si on la compare à lapremière moitié de 2014, quand les investissements ontconnu une baisse de 9%. Étant donné que sur l'annéedernière, les investissements de l'État ont baissé de4,7% pour un total de 17 milliards de lei (3,8 milliardsd'euros), on peut supposer que les investissements de ladeuxième partie de l'année sont venus du secteur privé.

Les investissements nets dans l'économie ont été en2014 de 65,5 milliards de lei (14,5 milliards d'euros).On est loin, très loin, des 90 milliards de lei(25 milliards d'euros, au cours lei/euro de l'époque)investis en 2008, l'année où la crise a débuté. Au total,sur les 65,5 milliards de lei investis en 2014, le secteurpublic à contribué à hauteur de 32,4 milliards de lei(dépenses de capital, fonds européens et emprunts) etle secteur privé de 33,1 milliards de lei.

Se débarrasser de ses dettes plutôt qu'en faire de nouvelles

La décision d'investir étant prise sur le long terme que ce soit pour entamer un nou-veau chantier ou pour acheter du matériel, l'amortissement n'est pas immédiat. Alorsquelque chose a-t-il changé dans l'économie roumaine ces derniers temps? La confiance

des investisseurs est-ellerevenue? Peu d'économistesse risquent à un pronostic.Pourquoi? Parce que d'unpoint de vue de l'endettement,aucun changement notable n'aété enregistré - le montant descrédits accordés à la popula-tion et aux entreprises en2014 a été de 207 milliards delei (46,5 milliards d'euros), leplus bas niveau depuis 2010.Cela veut dire que la popula-tion comme les entrepreneursessaient plutôt de se débarras-ser de leurs dettes que d'encontracter de nouvelles. Or,en temps normal, les investis-

sements se font grâce aux emprunts. On peut toutefois mentionner que, au milieu de l'an-née dernière, une loi prévoyant qu'une partie du profit réinvesti soit exonérée de taxe a étévotée. La croissance des investissements pourrait s'expliquer ainsi.

En dépit de la réticence générale, les analystes de la Banca Transilvania se sont ris-qués à un pronostic. Selon eux, les investissements nets dans l'économie roumaine pour-raient augmenter de 4,7% en 2015 et de 11,4% en 2016. Si cela s'avérait juste, ce seraitune nouvelle formidable. Car pour une économie comme celle de la Roumanie, qui abesoin d'une croissance annuelle d'au moins 5% pour récupérer son décalage avec les paysde l'Ouest, n'importe quel milliard investi devient vital.

Iulian Anghel, Ziarul Financiar (lepetitjournal.com/Bucarest)

Des fissures importantes ont étéconstatées sur la première centralehydraulique des Portes de fer sur leDanube dans l'ouest du pays. Unincendie serait, entre autres, àredouter. L'information a été divul-guée dans le cadre d'une conféren-ce de presse donnée par le prési-dent du Syndicat des Portes de fer,Cristinel Popescu. Celui-ci a déplo-ré le peu d'intérêt de la directionHydroelectrica (production de cou-rant) et Hydroserv (en charge del'entretien) à l'égard de la sécuritéet la modernisation du site.L'isolation électriquemise en service commele barrage dans lesannées 70 représente,toujours selon le syndi-cat, un danger dansune situation où denombreuses fissures etruptures sont apparues,un court-circuit et unincendie étant ainsi àenvisager.

"Des conséquences

sont à redouter tant

pour l'environnement

que pour les gens

vivant en aval de la

centrale hydraulique,

les employés sur place et les per-

sonnes faisant la navette entre la

Serbie et la Roumanie", a expliquéle leader syndical qui a préciséégalement que des "improvisations

de toute sortes" caractérisaient làaussi le fonctionnement du deuxiè-me barrage des Portes de fer.Hydroelectrica ne s'est pas encoreexprimé sur le sujet.

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SLOBOZIA

Economie Investissements toujours à latraîne malgré un léger mieux

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Portile de Fier

Images d’actualité

Fissures importantessur le barrage des Portes de fer

Le fisc a fermé ce restaurant

pour une erreur comptable de 3,8 lei.

A Baia Mare,unecommerçante

s’est pendue danssa boutique, suite

à un contrôle, etune forte amende.

Le sanctuaire “Libearty”, près de Brasov, accueille 71 ours bruns d’Europe centrale et un ours noir d’Asie qui y vivent en semi-liberté.

VTT, randonnées et pistes cyclables... le vélo devient de plus en plus ‘la petite reine’ dans le coeur des Roumains.

Radu Mazare a toujours adoré se travestir... Mais le maire deConstantsa, arrêté pour corruption, apprécie-t-il sa dernière tenue ?

Plus de 1200 bergers venus de tout le pays ont manifesté devant le siège du gouvernement pour réclamer les subventions promises.

Le barrage des Portes de fer est exploité conjointement par la Roumanie et la Serbie.

Nicolas Maure, PDG de Dacia-Renault Roumanie

depuis l’an dernier, premier investisseur dans le pays.

Par peur de voirleur usine partirau Maroc, 7000 employés deDacia ont réclaméla constructiond’une autoroutepassant parPitesti.

Le nouveau code pénal prévoit la saisie de lavoiture... si on ne paie pas sa facture d’eau.

La déforestationmassive

se poursuit à travers le pays.

Les parlementaires se sont votéune conséquente augmention de leurs retraites.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Dix personnes ont été jugées mardi 7 et mercredi 8 avril devant le tribunal cor-rectionnel de Marseille pour leur participation présumée à un trafic de bébés roms.Quatre Roumains, soupçonnés d'être les organisateurs du réseau, avaient agi, selonl'accusation, comme intermédiaires pour approcher des couples de la communautédu voyage ne pouvant pas avoir d'enfant, afin de leur vendre des nourrissons nés demères roms. Le tribunal les a condamnés à des peines allant de 18 mois à 5 ans deprison, prononçant des peines de deux ans avec sursis contre les deux couples quiavaient acheté les enfants.

L'affaire avait éclaté enjuillet 2013, lorsqu'unetransaction supposée

est mise au jour par la police aprèsune dénonciation anonyme: unnourrisson contre 8 000 euros etune voiture BMW. Le personnelsoignant avait été intrigué par lespleurs fréquents d'une jeuneRoumaine, qui venait de donnernaissance à un garçon, par la présence durant deux jours d'un couple à son chevet, etenfin, par son départ de l'établissement sans son enfant et contre l'avis médical.

Selon l'accusation, le couple en question, Mike et Carmen Gorgan, avait acheté lenourrisson. Sa mère biologique n'est autre qu'une des sœurs d'Ilie Ionita, un Roumain de35 ans soupçonné d'être au cœur du trafic. A ses côtés comparaissent également les com-pagnons de ses trois sœurs, Valeriu Rosu, 42 ans, Florian Stan, 33 ans, et Florin Coman,25 ans. Tous les quatre étaient poursuivis pour des faits aggravés de "traite d'être humain"et encouraient une peine de dix ans de prison.

Au cours de l'instruction, les protagonistes ont démenti toute transaction, mais n'ontpas réussi à expliquer clairement pourquoi les époux Gorgan avaient donné de l'argent etune voiture à la mère du bébé et à son compagnon. Le magistrat instructeur avait décritdeux des principaux écroués comme "les véritables organisateurs", recensant dans lescampements roms de Marseille les femmes enceintes en détresse sociale et financière, etprospectant dans la communauté des gens du voyage les couples désireux d'avoir unenfant. "Ils exerçaient une force morale et avaient une capacité de contraindre, il étaitdifficile de ne pas céder", avait-il précisé.

La vente ou l'achat d'enfants ne sont pas expressément interdits par la loi en France

L'enquête avait entre-temps mis au jour l'existence d'un réseau familial de vente debébés roms dans le sud-est de la France et en Corse. A ce jour, quatre nouveau-nés sontconcernés : deux filles et deux garçons, souligne l'Organisation internationale contre l'es-clavage moderne (Oicem), partie civile, qui précise que seuls les deux garçons ont faitl'objet d'une vente conclue. "La mère biologique d'une des fillettes a refusé de vendre sonenfant et la vente de l'autre fillette n'a pu être réalisée, les intermédiaires ayant été inter-pellés en août 2013, peu avant sa naissance", précise-t-elle.

Selon l'Oicem, ce procès devait aussi permettre de clarifier le droit français pour desfaits qu'il peine parfois à qualifier. "Bien que le droit français n'interdise pas expressé-ment la vente ou l'achat d'enfant, il pose clairement le principe d'indisponibilité du corpshumain", dit-elle. Ce vide juridique avait d'ailleurs été soulevé lors du procès dit des"bébés bulgares", en 2007, au cours duquel une quarantaine de personnes avaient étéjugées pour avoir acheté 23 bébés en 2004 et 2005. Deux d'entre elles avaient été condam-nées à des peines de dix mois et un an de prison ferme.

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Six Français accusésd'activités djihadistesexpulsés de Roumanie

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600 000 Roumains seraient esclaves des machines à sous

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L'affaire des "bébés bulgares" avait déjà défrayé la chronique en 2004

Evénements

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Sept ressortissants étrangers ontété déclarés persona non grata surle territoire roumain, six Français etun Tunisien. Selon les services derenseignement de Bucarest, ils seseraient livrés à des activités depropagande en faveur de l'Etat isla-mique et d'Al-Qaïda. Les Françaisétaient employés dans une entrepri-se agro-alimentaire à Satu Mare,près de la frontière hongroise,implantée également à Soissons.Tous faisaient la navette entre laRoumanie et la France.

Le 31 mars dernier, ils avaientété déclarés indésirables par laCour d'appel de Bucarest, l'un pourune durée de trois ans et les cinqautres pour une période de septans. Les services de renseigne-ments roumains (SRI), qui les sur-veillaient depuis 2013, ont établique leurs activités et leur présencesur le territoire roumain représen-taient un danger potentiel pour lasécurité du pays.

"Les membres du groupe qui

étaient en contact avec des repré-

sentants de l'Etat islamique et d'Al-

Qaïda ont été accusé de s'être

livrés à des activités de propagande

islamiste et d'avoir embrigadé de

nouvelles recrues pour leur faire

suivre une formation religieuse et

militaire afin de rejoindre les zones

de combats tenues par les organisa-

tions terroristes. Avant leur arrivée

en Roumanie et pendant leur séjour,

ils ont également entretenus des

liens avec des membres de groupes

terroristes établis à l'étranger", révè-le le communiqué du SRI.

Trafic de "bébés roms" à Marseille

Les salles de jeux et les sites de casino sur Internetont conduit à un drame dans une famille de Iasi,deux jeunes frères se suicidant, à une semaine de

distance, dépassés par leurs dettes qui s'accumulaient.Le premier, l'aîné, Florin Chirascu (33 ans), s'est pendu en

Angleterre où il travaillait car il nepouvait pas rembourser le crédit de65 000 euros qu'il avait contracté pourl'achat de sa maison… et qu'il avaitdépensé dans les machines à sous dessalles de jeux anglaises.

Marian, 27 ans, était pris dans lemême processus, fasciné par le cli-quettement des pièces qui tombent ets'accumulent. Ses dettes de jeu semontaient à 40 000 lei (9000 euros).Employé depuis 12 ans dans le mêmesalon de coiffure, donnant toute satis-faction aussi bien à son patron qu'à ses clients, il en était réduità "taper" ses proches, ses amis, après avoir vendu sa voiture,ses objets, pour faire face. En apprenant le suicide de son frère,il a à nouveau tenté sa chance sur les sites de jeu, espérant pou-voir trouver l'argent nécessaire au rapatriement de son corps.Il n'a réussi finalement qu'à s'endetter de 1000 lei supplémen-taires (225 euros).

Désespéré, Marian a décidé de suivre l'exemple de son

aîné, annonçant son intention de se pendre sur son compteFacebook. "Ce sont mes derniers mots. Je n'étais qu'un imbé-cile… Je n'ai pas réussi à résister au Démon. Les jeux m'onconduit ici. Je rejoins mon frère. ADIO". Découvrant son mes-sage, un de ses amis a tout de suite fait le 112 pour déclencher

les secours. Le garçon a été retrouvépendu, le SMURD (SAMU) ne réus-sissant pas à le réanimer.

La famille Chirascu compte enco-re deux frères et une sœur. La mère estdécédée voici 16 ans, le père est alcoo-lique. Marian et sa plus petite sœuravaient été placés en foyer, mais à20 ans, en 2008, le jeune homme étaitsorti du système d'état de protection del'enfance et se retrouvait seul.

Romslot, la société administratri-ce des machines à sous en Roumanie,

estime que 600 000 Roumains, soit 3 % de la population, ensont dépendants. Dans le cadre du programme national "Jocresponsabil", lancé au début de l'année, elle est censée luttercontre les abus.

Un projet de loi visant à interdire l'accès des salles de jeuxaux mineurs, même accompagnés de leurs parents ou tuteurs,ainsi que la vente de boissons alcoolisées et de cigarettes dansces lieux, est actuellement en discussion au Parlement.

Les destins tragiques de Florin et Marian Chirascu

Mike et Carmen Gogan avec leurs avocats à l'ouverture du procès.

Evénements

Deux jeunes frères se pendent à cause de leurs dettes de jeu

Les routes roumaines les plus meurtrières de l'UE

Le rapport annuel de l'UE sur lasécurité routière indique que les routes deRoumanie sont les plus meurtrièresd'Europe avec, en moyenne, plus de90 morts pour un million d'habitants.Seule la Lettonie égale ce triste record.Par ailleurs, 39% des personnes décédéesdans des d'accidents routiers enRoumanie sont des piétons. C'est là aussile pourcentage le plus élevé de l'UE. En2014, quelque 25 700 personnes sontmortes dans des accidents de voiture ausein de l'UE, soit environ 70 victimes parjour ou une toutes les vingt minutes. Unchiffre de 1% plus bas qu'en 2013.

Recyclage: la Roumanie toujours à la traîne

La Roumanie se trouve toujours à ladernière place en matière de recyclagedes déchets au sein de l'Union européen-ne. Pour la Hongrie et la Bulgarie, en

revanche, cela va nettement mieux.Le taux de recyclage des déchets

municipaux (qui concernent égalementles déchets ménagers) s'élève à seulement4,5% en Roumanie. En 2004, ce taux n'é-tait, rappelons-le, que de 1%. Dans lemême temps et au sein des pays limitro-phes, on observe des progressions nette-ment plus importantes comme par exem-ple en Bulgarie et en Hongrie où ce tauxparvient à se hisser à hauteur de 30%.

Les normes européennes en vigueurmisent sur un objectif de 50% pour lespays membres d'ici à 2020. L'Allemagne,leader en la matière affiche des taux derecyclage de ses déchets de 70%,l'Autriche de 60% et la Belgique de 55%.

Les radars fixes cèdent la place aux radars mobiles

La police routière roumaine n'utiliseplus désormais de radars fixes pourcontrôler les excès de vitesse mais uni-quement des radars mobiles. 639 sont enservice actuellement dans le pays, dont

36 à Bucarest et 24 sur les autoroutes, soitune moyenne de 14 par judets. Les auto-mobilistes contrevenants risquent entre195 et 1950 lei d'amendes (45 à 450 e),selon un système de points amende,chaque point représentant 10 % du salai-re brut mensuel minimum, soit 24 e àpartir du 1er juillet prochain.

Cluj: suicide de deux étudiantes françaises en médecine

La faculté de médecine de Cluj aenregistré le suicide successif de deuxétudiantes françaises au cours du mois demars. Dans chaque cas, il s'agissait dejeunes filles n'ayant aucun souci scolaireet qui n'ont laissé aucune trace écriteexpliquant leur geste.

La première étudiante s'est pendue, laseconde, âgée de 24 ans, en quatrièmeannée, s'est jetée du quatrième étage del'immeuble où elle résidait. La faculté demédecine de Cluj compte 465 étudiantsfrançais.

A savoir

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

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Deux ours maltraités et soûlés par leur propriétaire russe devaient être transfé-rés en Roumanie et soignés dans le sanctuaire "Libearty", au cœur desCarpates, selon le directeur de l'association Milioane de prieteni (AMP, des

Millions d'amis). "Nous avons été contactés pardes organisations de défense des animaux deRussie et avons été d'accord pour prendre encharge les deux ours", a déclaré Liviu Cioineag,précisant que le transfert était prévu en avril.

Les deux plantigrades, des mâles âgés de20 ans, vivaient dans une cage étroite derrièreun restaurant à Sotchi (sud-ouest de la Russie)et étaient souvent soûlés à la bière par leur pro-priétaire ou par des touristes.

"Nous attendons une décision définitive dela justice russe visant la saisie de ces deux bêtes et autorisant leur transfert. En attendant,nous cherchons la meilleure solution pour leur acheminement vers la Roumanie", a ajou-té Liviu Cioineag. L'association roumaine a mis en place à Brasov le plus vaste sanctuai-re pour ours au monde, s'étalant sur 69 hectares. Ce refuge accueille actuellement 79 ourssauvés de la captivité, dont deux en provenance d'Albanie et un des Etats-Unis.

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Un expatrié roumain travaillantpour la sécurité d'une société rou-maine exploitant le manganèse àTambao, une ville située dans lenord du Burkina Faso, à la frontiè-re avec le Niger et le Mali, a étéenlevé le 4 avril par cinq individusnon identifiés.

Un gendarme burkinabé qui atenté de s'opposer à l'enlèvementa essuyé des tirs et a été griève-ment blessé. Le Roumain n'auraitpas été blessé durant le kidnap-ping. Une embuscade avait ététendue à l'équipe de surveillancedu périmètre minier dans laquelleil se trouvait et qui était enpatrouille au moment de l'attaque.Cinq hommes ''armés et enturban-

nés'', selon des témoins, l'auraitalors enlevé.

Un Roumain enlevé au Burkina Faso

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un ours de Crimée saoûlé à la bière

GIURGIU l

Les Roumains au-dessus de la moyenne européenne du bonheur

L'Union Européenne s'intéresse au bonheur de ses ressortissants. Ainsi Eurostat a été chargé de mener l'enquête auprèsde sa population pour mesurer le degré de satisfaction qu'elle éprouve dans la vie. Son baromètre, de 0 à 10, a pris encompte tous les éléments recensables - hors ceux strictement personnels - qui permettent de l'évaluer. La moyenne s'é-

tablit à 7,1 et les Roumains avec 7,2 semblent plutôt bien lotis. Ils devancent les Français (7,0… mais peut-être faudrait-il prend-re en considération un correctif "râleur"...), les Espagnols (6,9), les Italiens (6,7) et les citoyens de Pays baltes. En queue de clas-

sement, on trouve les Grecs, les Cypriotes, les Hongrois et les Portugais (6,2),loin cependant devant les Bulgares, bon derniers (4,8).

En haut de l'échelle, les Danois (8,0), devançant légèrement les Finlandaiset les Suédois, les Hollandais et les Autrichiens les suivant de peu (7,8).Viennent ensuite les Allemands, Polonais et britanniques (7,3).

Alors si on ne peut plus dire "vivre comme Dieu en France", peut-on pourautant dire qu'il a choisi de s'installer en Roumanie? Les jeunes Roumains de16-24 ans sont les plus heureux, alors que l'indice de satisfaction tombe à6,2 pour les plus de75 ans. Une tendancegénérale au sein del'UE (7,6 pour la pre-mière catégorie mais6,8 pour la seconde),avec cependant unénorme point noir:

les vieux Bulgares sont de très loin les plus malheureux (3,8). Et aussi unconstat: çà marche bien pour les jeunes retraités de 65-74 ans.

Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les Européens estimentque l'argent ne fait pas le bonheur, même s'il y contribue. Une bonne santé(7,9) parait plus importante qu'une solide situation financière (7,5) et unréseau de relations sociales (7,2). Et la quête du bonheur n'a rien à voir avec une quelconque guerre des sexes: la moyenne deshommes s'estimant heureux est de 7,1, celle des femmes de 7,0.

Vivre comme Dieu en Roumanie ?Vie quotidienneEvénements

Indignés, des téléspectateurs roumains, soutenus par une association de défense desanimaux, avaient saisi le Conseil national de l'Audiovisuel à la suite de la diffusionde spots publicitaires de la marque de peinture lavable Oskar. Pour montrer qu'el-

le était facile d'entretien, celle-ci montrait une maîtresse de maison prenant par le dos sonchat à la magnifique fourrure blanche pour effacer des traces de vin rouge sur le mur, aprèsl'ouverture intempestive d'une bouteille. Le CNA a jugé… qu'il n'y avait pas de quoi fouet-ter un chat car, au moment du geste réparateur, le vrai animal avait été remplacé par unepeluche et que les miaulements avaient été enregistrés sur une base de données. Le spotpeut donc continuer à être diffusé… et les enfants sauront que tirer la queue du chat n'estplus le seul jeu à leur disposition !

Pas de quoi fouetter un chat !

Campagne électorale du Parti de la Vérité :"Avec nous votez pour le bonheur !"

-"Nous aussi on est des voleurs… mais au moins on ne promet pas le bonheur".

Il ne resterait plus qu'un millier etdemi de chiens errants dans les ruesde Bucarest, contre 65 000 il y a

18 mois, a annoncé la semaine dernièrel'Autorité municipale pour la surveillance etla protection des animaux (ASPA).

Le coordinateur du projet de l'ASPApour Bucarest, Razvan Bancescu, a expli-qué que ses équipes avaient capturé55 000 chiens errants, dont 30 000 ont étéeuthanasiés, un peu plus de 23 000 ont étéadoptés et environ un millier se trouventactuellement dans les trois chenils de lacapitale (Mihailesti, Bragadiru et Pallady).

Le reste des animaux a été récupéré pardes ONG. Selon Razvan Bancescu, ''lamajorité des chiens qui errent encore dansla capitale se trouvent autour des usines etseront capturés d'ici l'été”.

Après la mort d'un petit garçon de4 ans, à l'automne 2013, les autoritésavaient promis de capturer tous les animauxsans maitres de Bucarest. Une loi permet-tant leur euthanasie avait été votée quelquesjours plus tard. Celle-ci avait toutefois étéattaquée par des associations et suspenduepar la justice, mais sa constitutionnalité aété reconnue.

Stefana Lazare, une femme deménage de Galati, 48 ans, a misfin à ses jours en se pendant surson lieu de travail, le campus uni-versitaire de la ville, où elle avaitété envoyée par la firme l'em-ployant. Sa patronne ne l'avait paspayée depuis trois mois, malgréses appels au secours. Elle avaitplongé dans le désespoir car ellene pouvait plus acheter les médi-caments anti-rejet nécessaires àsa fille de 17 ans qui avait subiune transplantation rénale.Employée depuis quatre ans,Stefana Lazare travaillait très dur,faisant de nombreuses heuressupplémentaires pour pouvoirpayer le traitement de son enfant.

Patronne“Thénardier”

Refuge en Roumanie pour

Avec une consommation parpersonne de 2,3 kilos par an,la Roumanie occupe la

26e place en Europe... Les Roumainsapprécient eux aussi le café, et il y amême plusieurs magasins de café à l'arô-me savamment préparé et qui ont un trèsgrand succès à Bucarest, depuis des

années. Bien entendu, les magasins enproposent tous des assortiments plus oumoins grands, avec une bonne fourchettede prix pour qu'un nombre important d'a-mateurs puisse s'offrir un café.

Mais il faut savoir qu'il n'en a pastoujours été ainsi. Du temps deCeausescu, à un moment donné, laRoumanie n'a plus importé de café, et l'aremplacé par une mouture innommableque les gens avaient l'habitude d'appeler"nechezol", un mot inventé à partir duverbe "hennir" - soit c'était plutôt pour leschevaux. A cette époque-là, en 1987, parexemple, le kilo de café se vendait à prixd'or - il était arrivé à 1250 lei, le mêmeprix que pour un gramme d'or. Notezqu'un jeune professeur touchait 2040 leide salaire mensuel.

Pour revenir dans l'actualité, uneétude de PwC Roumanie a révélé que lemarché du café a atteint 420 millionsd'euros en 2014, un chiffre à la hausse.

Avec une consommation par personne de2,3 kilos par an, la Roumanie occupe la26e place en Europe, alors que laconsommation moyenne de café enEurope est de 4 kilos par an et par person-ne. Pourquoi une consommation si faibleen Roumanie? L'aspect prix n'est pasnégligeable, environ 8,60 e le kilo en2013, car le café est considéré un produitde luxe et il est soumis à des accisesimportantes.

Aux côtés de la Roumanie, leDanemark, l'Allemagne, la Belgique et laLettonie sont des Etats de l'UE qui ontdes taxes sur le café, tandis que les autresEtats de l'Union n'en appliquent pas.

La réduction des accises sur le caféest à l'étude, ce qui serait de nature à fairebaisser le prix. Estimation est faite quedans ce cas de figure, la consommationde café et le développement de ce seg-ment de marché connaîtrait un dévelop-pement fulminant.

Quasiment plus de hordes de chiens errants

Afin de réduire ses dépenses, le jardin zoologique de Bârlad a mis en ventedeux cents poules et coqs d'ornement au prix de 2 e pièce, ainsi que 4 vacheset 2 veaux dont le lait était utilisé pour alimenter les petits des autres animaux.

S'étendant sur 5,6 hectares, le parc abrite 34 espèces d'animaux dont des tigres, jaguars,loups, renards, lamas et bisons.

Le zoo de Bârlad brade ses poules

“Amigo”... le café soluble “introuvable” qui faisait rêver les Roumains sous Ceausescu.

Quand le café valait de l'or

-Ioane, le temps est enfin venu d'être heureux… avec nous !

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Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, Le journal "La Croix" estallée dans l'ancien bloc de l'Est à la rencontre de cette jeune génération qui n'apas connu le communisme. Marianne Meunier s'est penchée sur le cas de laRoumanie.

Parler du communisme? Teodora, Andrea et Simona sont d'accord, maiselles n'ont jamais vraiment réfléchi à cette époque qui hante encore laRoumanie. Et pour cause: ces trois élèves en première année à

l'Université nationale d'art théâtral et cinématographique à Bucarest n'en ont rienvécu. Âgées de 22 ans, elles sont nées après la révolution qui a emporté Nicolae

Ceausescu et sa dictature, endécembre 1989.

Réunies entre deux coursdans un étroit bureau au mobiliersommaire, les trois copines ontd'abord des mots hésitants. "Iln'y avait pas de liberté", oseTeodora, engoncée dans un blou-son de cuir bleu qu'elle ne quittepas. "Pour moi, le communisme,c'est la violence", renchéritAndrea, robe en laine et collantsfleuris.

"Ce sont aussi les files d'at-tente devant les magasins, ajoute

Simona en passant la main dans ses longs cheveux noirs. Enfin, c'est ce qu'on a puvoir dans des documentaires".

"Les discours nostalgiques ont facilement prise sur des jeunes"

Puis le petit bureau sans âme finit par se remplir de phrases et les réflexionsaffleurent, parfois amères, souvent empreintes de doute. De sa voix aiguë, la timideTeodora s'interroge?: "Je ne comprends pas, il y a ceux qui disent qu'ils vivaientmieux sous le communisme, et d'autres qui disent exactement le contraire". Cetteadepte de l'auteur russe Maxime Gorki, qui répète en ce moment l'une de ses piè-ces, Asile de nuit, avance le triste exemple de son père, mécanicien.

"Il est en dépression, je fais ce que je peux pour l'aider, mais il ne peut paspayer ses factures, explique-t-elle. Tous les soirs, il prend sa loupe pour les regar-

der". Et de répéter à sa fille que, à l'époque de Ceausescu, il avait"des opportunités, un toit et toujours quelque chose à manger surla table". Certains jeunes sont tentés par cette nostalgie du com-munisme qui gagne leurs aînés.

"La perception du communisme par les jeunes est indirecteparce que, à l'école, la période est très peu enseignée, expliqueOvidiu Voicu, directeur du département des politiques publiquesà la Fondation pour une société ouverte (ex-Fondation GeorgeSoros). L'une des sources principales d'information, pour eux,c'est la télévision, qui a un discours très critique sur la situationactuelle et rappelle qu'auparavant chacun avait un travail et unemaison. L'autre source, c'est la famille, notamment les grands-parents, qui sont les principaux perdants de la transition, car leurpouvoir d'achat a diminué. Ces discours nostalgiques ont facile-ment prise sur des jeunes qui approchent de la maturité et cher-chent du travail".

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Avoir 25 ans

"Nous, nous avons la liberté"

Teodora, Andrea et Simona ne s'y laissent pasprendre. Pour rien au monde, elles ne voudraient reve-nir en arrière. "Nous, nous avons la liberté", clament-elles en chœur. Elles sont d'ailleurs chanceuses, cartoutes les trois bénéficient d'une bourse qui couvrel'intégralité de leurs études et les dispense d'un petitboulot alimentaire.

Pourtant, elles n'entrevoient pas un bel avenir dansleur pays. Vingt-cinq après avoir mené une révolutionqui a réveillé l'espoir populaire et captivé l'opinioneuropéenne, la Roumanie, membre de l'UnionEuropéenne depuis 2007, laisse sans perspectives une partie desa jeunesse. L'économie et le système politique ne donnent pasconfiance aux trois apprenties comédiennes.

"Pendant la révolution, mes parents étaient dans la rue,ils aidaient les militaires (qui soutenaient les manifestants,NDLR), ma mère a même été arrêtée pendant quelques jours,raconte Andrea. Mais ils se sont battus pour rien. Je n'ai pasune vie meilleure. J'ai même l'impression que le pays recule.Les gens de valeur sont dans l'ombre, et les seuls modèles quel'on voit dans les médias sont ceux qui disent des choses stupi-des. Personne ne connaît Camil Petrescu (auteur roumainmort en 1957)."

Steve Jobs ou les oligarques nouveaux modèles

La mythologie et ses héros créés par le régime deCeausescu ont laissé une place vide. De nouveaux modèlesl'occupent désormais, mais ils n'inspirent pas toutes les âmes."Nous avons réalisé un sondage qui a fait ressortir deux modè-les prédominants pour les jeunes, indique Ovidiu Voicu, de laFondation pour une société ouverte. Pour certains, c'est celuidu ''corporatiste'', une sorte de Steve Jobs (cofondateurd'Apple) qui travaille dans une multinationale. Pour d'autres,moins cultivés, c'est celui de l'oligarque local, qui s'est enrichimais pas forcément honnêtement. Le point commun entre lesdeux, c'est qu'ils gagnent beaucoup d'argent".

Aux yeux de certains, ces perspectives restreintes dévalo-risent l'ici et nourrissent le désir d'ailleurs. "Beaucoup de jeu-nes estiment que s'ils ne connaissent pas quelqu'un qui est bienplacé, ils n'auront aucune chance de faire carrière, poursuitOvidiu Voicu. Le travail leur semble inutile. Inversement, ilsont le sentiment que dans le reste de l'Europe ou aux États-Unis le travail est plus apprécié et mieux rémunéré".

"Je ne me sens pas la bienvenue" dans l'UE

Mais l'expatriation soulève d'autres craintes. Andrea avoyagé en Europe, notamment en Italie et en Espagne…"Nous avons beau appartenir à l'UE, en tant que Roumaine, jene me sens pas bienvenue, confie-t-elle. À l'étranger, les gensentendent tant de choses sur les Roumains, on raconte qu'on

est des voleurs. Le pays est isolé, nous ne sommes pas en rela-tion avec le reste de l'Europe".

De tels constats ne découragent pas l'énergique OanaBratila, 27 ans, petite femme en robe noire qui court d'unepièce à l'autre dans un appartement surplombant le centre deBucarest. C'est le siège de "l'Institut du bonheur", fondé enoctobre 2013 pour "créer un monde nouveau" en Roumanie.

Au service de cette "modeste" ambition, une décorationcensée apaiser les esprits : des murs jaune pâle où figurent desfleurs et des citations - "Le bonheur, c'est un choix quiimplique la persévérance" -, des coussins, une grande biblio-thèque remplie des biographies du tennisman André Agassi oude Ghandi… Chaque semaine des lycéens, des étudiants, dessalariés y viennent pour visionner un documentaire suivi d'undébat - moyennant une participation de 4 euros -, participer àun cours de méditation ou à une séquence de psychologie posi-tive - pour 15 euros.

La volonté de restaurer des valeurs

"Un rapport de l'ONU sur le bonheur dans le monde placela Roumanie en queue de classement ! s'indigne Oana Bratila,"community manager" au sein de l'Institut. D'accord, nousavons un problème lié à la pauvreté mais, au moins, nous pou-vons sortir dans la rue sans avoir peur".

Pour corriger cette perception du pays par lui-même, lajeune femme entend restaurer des valeurs comme "la compas-sion, l'altruisme, la confiance dans les autres et en soi" qui, àses yeux, manquent cruellement à la Roumanie. "Le commu-nisme a une influence sur cet état de fait", estime Oana.

Bien qu'elle lui attribue les maux du présent, la jeunefemme admet pourtant ne pas savoir grand-chose du commu-nisme, ayant "lu plus de livres sur l'Holocauste que sur cetteépoque". Jamais elle n'a demandé à ses parents s'ils étaientdescendus dans la rue en 1989. "Je ne sais pas pourquoi je nel'ai pas fait", s'interroge-t-elle.

Oana, née deux ans après la chute de Ceausescu, adoles-cente quand Bucarest a rejoint l'UE, ne se définit pas par rap-port à une époque qu'elle n'a pas vécue.

Marianne Meunier (La Croix)Photos Gabriel Petrescu

Vie quotidienne

Le quotidien britannique "The

Independant" a établi un classementdes passeports les plus utiles dans lemonde, en se basant sur le nombre depays que leurs titulaires pouvaient visiterlibrement, sans demander de visas et enleur attribuant un point chaque fois quec'était le cas. Le classement a pris encompte les 199 pays que compte la pla-nète, dont 193 sont membres de l'ONUet 6 autres (Taiwan, Kosovo, Palestine,le Vatican, Hong-Kong et Macao).

Un premier groupe se classe en têteavec 174 points: Finlande, Allemagne,Suède, Grande Bretagne et USA, suivid'un second (173 pts): Canada etDanemark. En 3ème position (172 pts):France, Belgique, Luxembourg. 5ème, legroupe de la Suisse (170 pts). LaRoumanie figure dans le 19ème groupe(148 pts) avec Andorre. Il faut noter quela soutane n'est pas le meilleur desdocuments, le Vatican n'arrivant que25ème (131 pts), sans-doute victime dela concurrence entre religions. LeVietnam (47 pts) et l'Afghanistan (28 pts)arrivent derniers.

Les Roumains peuvent visiter 148 pays sans visas

A Bucarest, la jeunesse

en Europe de l'est

se cherche des modèles

"J'ai Bistro", terrasse pour la jeunesse branchée de la capitale.

Le centre d'intégration des jeunes de Bucarest leur propose des perspectives.

De jeunes Roumains dansent dans la rue, lors de la fête du 555e anniversaire de la naissance de Bucarest, en septembre dernier.

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Le musée des Beaux-Arts de Malmö a proposé à ses visiteurs de découvrir uneperformance artistique un peu particulière: deux Roms de Roumanie assis dans unesalle blanche. Une mise en scène choquante qui a suscité de nombreuses réactions.

Poser comme "œuvres d'art"! Voilà l'emploi que le musée des Beaux-Arts deMalmö, en Suède, a offert à deux mendiants. Avec ce travail plutôt original, lejeune couple a ainsi quadruplé leur revenu journalier en posant deux heures par

jour pour le musée. Originaire de Roumanie, ils sont habitués à récolter entre 30 et 60 cou-ronnes (3,25 à 6,50 e) par jour. Luca Lacatus, charpentier de 28 ans, a déclaré que "çavaut mieux que d'être dans la rue. Dehors, il fait froid et les gens ne sont pas aussi sym-pas qu'ici. Et il n'y a pas besoin de parler beaucoup". Avant d'ajouter: "Les gens ici sesentent plus désolés pour nous que ceux dans la rue". Les quelque 15 euros qu'il gagnepar heure doivent l'aider à rebâtir une maison qui aurait été incendiée il y a deux ans.

"On se sent un peu mal à l'aise"

Pour voir cette œuvre, les visiteurs doivent traverser un couloir sombre dans lequeldes écrans indiquent "Aujourd'hui, vous n'êtes pas obligé de donner". Les deux Roumainssont assis en silence dans des coins opposés d'une salle quasi vide à la lumière tamisée.Le mur est tapissé de quelques coupures de journaux relatant des problèmes sociaux. Onentend en fond sonore, une musique douce.

Pour Anders Carlsson, directeur artistique de l'Institut, le but est de provoquer unquestionnement sur l'attitude face aux mendiants, rares avant l'afflux de Roms de ces der-nières années. L'arrivée des nombreux immigrants dans le pays scandinave s'est accom-pagnée d'une percée des Démocrates de Suède (SD), un parti anti-immigration. "En tantqu'artiste, je peux offrir un espace où les gens peuvent rechercher pourquoi ils tolèrentautant ces injustices qui enfreignent en fait leur propre morale", explique-t-il. Une miseen scène qui déroute la majorité des visiteurs. Beaucoup ne restent en moyenne qu'unepoignée de secondes dans la salle. "On se sent un peu mal à l'aise. Je n'ai pas réussi à meconcentrer quand j'étais dans la salle", aavoué Pär Körsell, l'un d'entre eux.

"La pauvreté était si près. Ça m'agêné", a déclaré une autre visiteuse, Ann-Margret Oftedal.

La mendicité est légale en Suède

Le président de l'association quireprésente les 10 000 Roms suédois deMalmö, Erland Kaldaras, voit de meilleu-res manières d'évoquer la dure conditiondes immigrés roumains, par exemple demédiatiser l'action d'organisations "sérieuses, bien implantées, qui travaillent sur cesquestions au quotidien". "Ça nous ennuie, nous Roms qui vivons en Suède, de voir nosfrères et sœurs assis dans la rue à mendier", reconnaît-il. D'autres ont estimé que le visi-teur n'apprenait rien sur les questions que pose la difficulté pour ces citoyens de l'UE d'ac-céder à un logement décent et un travail.

"L'exposition n'est pas sur leur vie ou la façon dont ils ressentent la pauvreté et lamisère, elle est sur la manière dont nous ressentons la mendicité", a déploré AaronIsraelson, rédacteur en chef d'un magazine vendu par des sans-abri. Nombreux sont lesmembres de la minorité rom de Roumanie qui préfèrent tenter leur chance ailleurs enEurope plutôt que de rester dans le deuxième pays le plus pauvre de l'Union Européenne,où de surcroît le marché du travail leur reste largement fermé. La mendicité est légale enSuède, et à Malmö, ils seraient 150 à faire la manche, selon une association rom.

Le numerus clausus qui régulel'accès aux professions de santéen France est de plus en pluscontourné, selon l'ordre nationaldes chirurgiens-dentistes: plus d'untiers des nouveaux dentistes exer-çant en France en 2014 ont étéformés à l'étranger, essentielle-ment en Roumanie, en Espagne etau Portugal, un chiffre en haussepar rapport à 2013.

Sur les 1466 chirurgiens-dentis-tes inscrits pour la première fois autableau de l'ordre en France en2014 (les "primo-inscrits"), 510 pra-ticiens, soit 34,7 %, ont obtenu undiplôme hors de France. Cette partatteignait 27,9 % en 2013. La gran-de majorité d'entre eux (477) ontobtenu leur diplôme au sein del'UE, en particulier en Roumanie,en Espagne et au Portugal.

L'ordre recense ainsi "218 diplô-

mes roumains (soit43 % du total,

contre 205 en 2013), 132 espa-

gnols (contre 96 en 2013), et

74 portugais (contre 56 en 2013)".

L'origine du diplôme ne correspon-dant pas forcément à la nationalitéde son détenteur, 202 praticiensroumains, 102 espagnols et77 portugais se sont inscrits pourla 1ère fois à l'ordre en 2014. Deschiffres en forte augmentationdepuis 4 ans, le nombre de prati-ciens roumains arrivant en France,par exemple, ayant plus que triplédepuis 2010, où ils n'étaient que57 à s'inscrire. (suite page 32)

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Cette œuvre évoque un passé problématique quenous n'avons pas assumé, résume Radu Jude.L'histoire des Roms nous poursuit, elle fait partie

de notre karma. J'ai réalisé ce film pour provoquer la réflexionsur ce sujet". Le moment a été bien choisi: le 20 février, lacommunauté rom de Roumaniea fêté le 159e anniversaire del'abolition de l'esclavage.L'épicentre des commémora-tions est le Musée de la culturerom, un immeuble qui a pous-sé, en 2013, à la périphérie deBucarest, dans un champ pro-che du quartier Giulesti, centrede la communauté rom de lacapitale roumaine. Là, une poi-gnée de jeunes membres del'association Romano Butiq ontaménagé un espace de rencont-res et de discussions autour dela discrimination dont ils sontvictimes. "Pendant cinq centsans, nous avons été des objetsvendus dans les marchés auxesclaves, lance Ciprian Necula, 35 ans, fondateur du musée.Nous avons été officiellement libérés en 1856, mais nous som-mes encore captifs des mécanismes hérités de l'esclavage".

Seulement 20 % des contributions de l'Union Européenne utilisées

Avec deux des dix millions de Roms vivant en Europe, laRoumanie compte la communauté la plus importante du conti-nent. Selon une étude menée en 2014 par l'association roumai-ne Le Centre de l'éducation, le tableau reste sombre: plus de10 % des femmes roms deviennent mères entre l'âge de 12 et15 ans, et 48% entre 16 et 18 ans; environ 60% des habitationsdes Roms n'ont pas de salle de bains, et 80% n'ont pas l'eaucourante.

Ces conditions de vie les poussent à prendre la route de

l'Europe de l'Ouest, dans l'espoir d'une vie meilleure qui n'estsouvent qu'une illusion. Depuis 2008, la France expulse tousles ans environ 10 000 Roms vers la Roumanie, lesquelsreviennent aussitôt dans l'Hexagone pour être à nouveauexpulsés. Une partie de ping-pong qui coûte cher et qui ne

règle rien.Les stratégies en faveur de

l'intégration des Roms restentsouvent lettre morte dans lesbureaux des gouvernementsroumains.

Le pays a bénéficié d'unmontant de 3,7 milliards d'eu-ros octroyé par le Fonds socialeuropéen, avec pour principalobjectif d'intégrer les Roms.En l'absence de projets,Bucarest n'a dépensé que 20 %de cette manne.

Pour l'exercice 2014-2020,au moins 20% de la dotationattribuée à chaque Etat memb-re de l'Union au titre du Fondssocial européen devraient être

consacrés à des mesures d'inclusion sociale. Dans le cas de laRoumanie, cette provision devra garantir les ressources finan-cières nécessaires à l'intégration des Roms.

Mais cette intégration ne se fera pas sans un examen deconscience collectif. "L'esclavage des Roms n'a jamais étéassumé en Roumanie, explique Ciprian Necula. Ce thème estabsent des manuels d'histoire, on préfère ne pas en parler".L'enjeu du film Aferim?! est donc énorme dans un pays qui n'apas encore fait son mea culpa.

Au sein de la communauté rom, on espère que le prix reçuà la Berlinale accentuera son impact. "Nous ne pouvons pasconstruire notre avenir sans connaître notre passé et sanscomprendre notre présent", affirme Ada Solomon, la produc-trice du film. Ironiquement, le mot aferim signifie à la fois"salut" et "bravo".

Mirel Bran (Le Monde)

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CHISINAU

FOCSANI

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T. SEVERINl

TG. JIUl

Minorités Suède : deux vrais mendiants

Les Roumains représentent 43 %des nouveaux dentistes étrangersen France

Radu Jude : "J'ai réalisé Aferim pour provoquer la réflexion sur ce sujet"

Le passé des Roms éclaire leur présent

Luca Lacatus est payé 15 € par heure à mendier .

Près de 90% des élèves rou-mains se sont inscrits à l'heureoptionnelle d'enseignement

religieux pour l'année scolaire 2015-2016. Depuis une décision de la Courconstitutionnelle, en fin d'année dernière,la participation à cette matière optionnel-

le n'est en effet plus automatique. Il sem-ble que les parents roumains y soientpourtant très attachés. Il faut dire que l'É-glise orthodoxe roumaine a mené uneample campagne médiatique pourconvaincre des bienfaits de cet enseigne-ment. Elle a même reçu le soutien du

CNA (Conseil national de l'audiovisuel),qui a ''recommandé'' la semaine dernièreaux télévisions publiques et privées dupays de diffuser des spots de promotionproduits par l'Église orthodoxe roumaine,avec la participation de l'écrivaine AnaBlandiana et du comédien Dan Puric.

Religion a l'école : 90% des élèves inscrits pour l'année prochaine

Minorités

C'est l'histoire d'un esclave rom dans la Roumanie profonde, au XIXe siècle. Aferim!, long-métrage réalisé par RaduJude, 37 ans, aborde un thème tabou en Roumanie. La sortie en salles de ce film, primé le 14 février à la Berlinale (Oursd'argent du meilleur réalisateur), fait débat dans un pays où la minorité rom reste discriminée.

Aferim est un film appelé à faire date et qui provoque déjà des polémiques sur la manière dont les Roumains ont traité les Roms.

exposés dans un musée font polémique

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Santé

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BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

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TIMISOARA

ARAD

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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lMEDGIDIA

SUCEAVA

lSIGHISOARA

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Les médecins se tournent vers l'étranger ou le privé

Nouvelles inquiétantes du côté de la Dobrogea avec la fermeture du servicepédiatrie de l'hôpital départemental de Tulcea. Le manque de spécialistes dansles hôpitaux publics se fait cruellement ressentir dans toute la région et illust-

re la crise causée par la désertification des structures médicales dans le pays. Le Conseilgénéral de Tulcea a nommé début mars un directeur intérimaire de Bucarest après la démis-sion récente du directeur en place. Il n'y a plus aucune section de pédiatrie publique dansl'ensemble du département.

Après les urgences, les enfants seront ainsi envoyés vers Constantsa ou Galati, hors dudépartement. La plupart de médecins ont en effet migré vers des hôpitaux privés mieuxdotés ou vers l'étranger. Autre problème de taille avec la néonatologie (prise en charge desnouveaux-nés) dont le service est là aussi en voie d'être fermé rapidement à Tulcea. Celui-ci n'est déjà plus assuré non plus dans la ville de Medgidia qui se trouve à 39 km deConstantsa et qui compte plus de 40 000 habitants.

Du côté des médecins de famille et au niveau national, là aussi la situation n'est guèrereluisante avec les nouvelles nor-mes en matière de remboursementdes services médicaux les contrai-gnant à être désormais rémunérésen fonction des soins offerts auxpatients. "Cela désavantage lesjeunes médecins qui débutent carils ne pourront jamais se consti-tuer des revenus suffisants avec50 ou 60 patients", a déclaré lavice présidente de la Sociéténationale des médecins de famille,Sandra Alexiu. Pour être enregis-trés et payés par la Caisse nationa-le d'assurance santé, les médecins

devaient avoir inscrit chez eux un minimum de 800 patients. "Un cabinet ayant moins de1000 patients ne peut pas fonctionner décemment", a rajouté Sandra Alexiu.

D'après le président de l'ordredes chirurgiens-dentistes,Christian Couzinou, un "meilleur

niveau de vie" permet d'expliquerl'attrait de l'Hexagone pour cesdentistes, par ailleurs confrontés àune concurrence plus rude dansleur pays d'origine. Quant auxprimo-inscrits de nationalité fran-çaise, leur part n'a cessé de dimi-nuer, passant de 85,60 % en2010, à 69,50 % en 2014, soit1019 praticiens.

Parmi eux, "80 Français se sont

formés à l'étranger (dont 28 en

Espagne, 11 en Belgique, 11 en

Roumanie et 11 en Algérie)". Unchiffre qui a quasi doublé par rap-port à 2013, où ils n'étaient que45. Pour l'ordre, il confirme "la ten-

dance" des Français à se formerhors de l'Hexagone, en particulieren Roumanie et en Espagne. Cesétudiants quicherchent àcontournerle numerusclausus et lapremièreannée com-mune auxétudes desanté(Paces)reviendrontsûrements'installer enFrance, esti-me M. Couzinou. "On n'a pas

encore vu la vague, mais dans

deux ou trois ans il va y avoir une

flopée qui va arriver", prévient-il.

Contourner le numerusclausus pour les étudiants français

Le Père Michel Kubler: "En Roumanie,

l'œcuménisme semble vraiment banni"l

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Directeur duCentre "SaintPierre-Saint

André" dans la capitaleroumaine Bucarest depuis septembre 2010, le religieuxassomptionniste, d'origine alsacienne, a pour mission d'œuvrerà la réconciliation entre les communautés chrétiennes divisées.Une mission plutôt ardue, quinze ans après la visite historiquede Jean-Paul II en Roumanie, en mai 1999, qui avait sembléamorcer un dégel des relations entre catholiques latins etgréco-catholiques - et orthodoxes (85 % de la population).

"Pas question de prier ensemble?!"

Un espoir aujourd'hui déçu, notamment depuis que lemétropolite orthodoxe du Banat, Nicolae Corneanu, avaitdemandé, le 25 mai 2008, à recevoir la communion dans l'égli-se gréco-catholique de Timisoara. "Les milieux conservateurss'en sont servis pour dire: on arrête tout! Aujourd'hui encore,des années après cet incident, il est impossible d'avoir le moin-dre temps de prière commune entre orthodoxes et 'hétéro-doxes'. Il n'y a même pas moyen de réciter un 'Notre Père'ensemble publiquement", regrette le P. Kubler.

"Lorsque l'on va chez les orthodoxes, on ne peut qu'assis-ter à une liturgie, en général l'office des vêpres, au termeduquel quelqu'un de notre Église prononce quelques mots,mais quand l'iconostase s'est refermée. Pas question de prierensemble?!", dénonce-t-il encore.

Ce manque de volonté œcuménique existe aussi du côtédes Églises minoritaires, souligne le P. Michel Kubler."L'Église catholique ne veut pas l'œcuménisme, car elle a peurde se diluer dans la masse orthodoxe et surtout de ne plusapparaître comme ayant, elle et elle seule, toute la vérité. Il y

a certes un rapport démographique, mais il y a surtout un rap-port théologique".

"Vatican II n'est pas arrivé jusqu'ici"

Le poids de l'histoire explique en grande partie les bloca-ges du côté des gréco-catholiques - ces fidèles à Rome quicélèbrent dans le même rite que les orthodoxes. Plus nombreu-se que l'Église catholique de rite latin avant sa dissolution etson intégration forcée dans l'Église orthodoxe en 1948, ellesouffre aujourd'hui de ce que la plupart de ses fidèles sont res-tés dans l'Église orthodoxe.

"À la messe du dimanche, c'est la même liturgie, à la seuledifférence que chez les orthodoxes, on prie pour le patriarcheet chez les gréco-catholiques pour le pape. En 1990, quand lesfidèles ont eu le choix de retourner dans l'Église gréco-catho-lique au grand jour, la majorité ne voulait plus changer. Lesfidèles, à la base, ne s'embarrassent pas trop de ces subtilitésconfessionnelles", explique le P. Kubler. Mais c'est entre lesdeux versants catholiques - grecs et latins - que les relationssont sans doute les plus froides. "Entre les deux, c'est mêmepire que de la méfiance, c'est de l'ignorance. Le premier œcu-ménisme à pratiquer en Roumanie est intra-catholique?!".

Au plan institutionnel, en dehors de la semaine pour l'uni-té des chrétiens, aucun moyen n'est réellement alloué pourfaire avancer le dialogue et provoquer la rencontre entre lesfidèles des différentes Églises. "L'Église catholique deRoumanie - tant au niveau de l'archevêché de Bucarest que dela Conférence épiscopale catholique - n'a personne chargé del'œcuménisme, souligne le P. Kubler.

"On a l'impression que le Concile Vatican II n'est pasencore arrivé ici", conclut-il, en rappelant que c'est "la crédi-bilité du message chrétien qui est en jeu". APIC

lVASLUI

Désertification dans la santé

“Il n'y a même pas moyen de réciter

un 'Notre Père' ensemble publiquement”

Etudiants et internes se posent la question : est-ce que çà mérite de faire médecine en Roumanie ?

(suite de la page 30)

Le permis de construire d'une église orthodoxe,qui devait s'élever à l'intérieur d'un parc de lacapitale, a été annulé par la Cour d'appel de

Bucarest, début avril. L'autorisation avait été accordée troisans plus tôt par la mairie du secteur 3 et l'édifice est aujour-d'hui quasiment terminé.

Ce sont les syndics de copropriété des immeubles envi-ronnants, soutenus par des associations de protection dupatrimoine, qui avaient initié cette procédure judiciaire. ''Lepermis de construire a été attribué sur le périmètre d'unespace vert aménagé et des dizaines d'arbres ont été cou-pés sans autorisation pour débuter la construction de l'égli-se'', déclare l'association Salvati Bucurestiul. La démolitionde la construction devrait suivre, même si cela dépend de la

bonne volonté des autorités religieuses. En effet, des décisions de justice similaires pro-noncées par le passé n'ont jamais été suivies d’effet. Le parc Emil Gârleanu, dont il estquestion, a été rétrocédé en 2009. Il est l'un des rares espaces verts du quartier Vitan et s'é-tend sur une surface de 3000 m2.

Déclarée illégale l’église devra être détruite

Construite illégalement et achevée, l'église de ce quartier de Bucarest devrait être détruite.

Religion

Religion

En attente des Pâques ortho-doxes, une trentaine de méde-cins gynécologues de

Timisoara ont arrêté de faire des IVG afinde "ne pas chagriner Dieu".

"Nous ne pratiquons pas des inter-ruptions volontaires de grossesse (IVG)durant les fêtes importantes, notammentdurant la Semaine Sainte et à Noël carnous pensons que ce n'est pas bien de

chagriner Dieu", a déclaré MariusCraina, médecin gynécologue et égale-ment directeur de l'hôpital départementalde Timisoara.

Marius Craina a en outre déploré lenombre important d'IVG, soit 250 parjour, effectuées en Roumanie, pays majo-ritairement orthodoxe.

"Chez nous, l'avortement est vucomme un moyen de contraception, nous

avons un des taux d'IVG les plus élevésd'Europe", a-t-il ajouté.

Interdites par le régime pro-natalistede Ceausescu, les IVG ont été légaliséesen 1990, lorsque 992 000 avortements ontété enregistrés, soit trois fois plus que lenombre des naissances. Depuis, au fil dutemps, leur nombre a graduellement bais-sé, s'élevant à 88 000 en 2012, pour envi-ron 200 000 nouveaux nés.

Pas d'IVG pendant les fêtes de Pâques "pour ne pas chagriner Dieu"

"En Roumanie, l'œcuménisme semble vraiment banni?!" Interrogé par l'agence suis-se Apic, le Père Michel Kubler, ancien rédacteur en chef religieux du quotidien français"La Croix", ne mâche pas ses mots à l'occasion de la Semaine de prière pour l'Unité deschrétiens, qui s'est déroulé cette année du 18 au 25 janvier.

Société

Si, aujourd'hui, il existe une fédération en Roumanie etune autre en Moldavie, des pourparlers ont été engagés pourfonder d'autres fédérations en Bulgarie, en Serbie, voire mêmeen Suède, car l'Association culturelle nordico-roumaine s'estengagée à diffuser la pratique de ce sport dans la partie nordde l'Europe, afin de pouvoir constituer une fédération interna-tionale. Depuis que des troupes américaines stationnent enRoumanie, les sportifs roumains ont aussi eu l'occasion d'ef-fectuer des matchs amicaux avec les militaires américains.

Bien que cela ne révèle qu'un renouvellement partiel avecce jeu ancestral, la Fédération tout comme les supporters - cesderniers étant regroupés dans l'association Oina - tiennent undiscours plein de dévoue-ment et imprégné d'une rhé-torique nationaliste sur lethème d'un passé sacralisé.Sur le site Internet de laFédération roumaine d'Oina,il est affirmé qu'en "donnantnaissance à l'oina, l'un desjeux fondateurs de la viesportive roumaine, lesRoumains ont apporté un peud'originalité dans la grandefamille du sport mondial".Avec une dose de fierté maisaussi de nostalgie, il y est enoutre écrit: "des trésors dejeux pour enfants et pour jeu-nes des générations d'antan, peu ont résisté à l'épreuve dutemps […], l'oina a des racines trop profondes dans l'âme desRoumains du monde entier pour pouvoir être sortie du circuitde nos valeurs culturelles. […] L'oina n'est pas n'importe quelsport, mais c'est aussi une attitude pénétrée de la consciencemilitante pour le respect des traditions de notre peuple".

Enfin, la devise de l'association Oina, fondée en 2005dans le but de réunir les amateurs pour relancer la pratique dece sport, est "Oina - le jeu qui nous unit". Il s'agit là probable-ment d'une référence à la chanson folklorique La Rondel'Union, chantée lors de la petite union des principautés rou-maines en janvier 1859, pour devenir ainsi une sorte d'hymneofficieux de la Roumanie.

Instrumentalisé par des campagnes publicitaires

La compagnie publicitaire McCann Erickson a, elle aussi,instrumentalisé l'image de l'oina dans la mémoire nationale.Elle s'est inspirée en cela d'une campagne publicitaire pour desproduits lactés, initiée par Danone sous le slogan "Traditionsde Roumanie" et qui a envahi l'espace public roumain depuisquelques années. Toutes ces campagnes publicitaires font dupatriotisme des Roumains et de l'idée que les étrangers ne lesapprécient pas de véritables instruments de marketing de plusen plus efficaces. McCann Erickson a conçu pour les biscuits

Rom (mot roumain pour rhum) une campagne qui présente lesinventions roumaines dont les étrangers tirent aujourd'hui pro-fit. Ainsi, pour se venger de l'Occident qui aurait "volé" descréations roumaines, la marque Kandia propose auxRoumains, avec le slogan "la vengeance est douce", de "voler"les biscuits aux Anglais pour en faire un succès Rom. Parmiles autres inventions roumaines que la campagne propose demettre en valeur sont alors justement présentées le stylo, lapénicilline, la cybernétique, l'avion à réaction et l'oina !

Cette dernière y est présentée comme un sport nationalque les Américains auraient volé aux Roumains. La campagnea même été accompagnée d'une pétition demandant aux

Américains "de reconnaîtrel'origine roumaine du base-ball, de chanter, au moinslors d'un match officiel,l'hymne de la Roumanie enouverture et d'habiller lespom-pom girls en costumefolklorique roumain". NaeDraghici, champion natio-nal d'oina, fut le premier àsigner la pétition.

Le 10 octobre 2013,Kandia a envoyé à la Ligueaméricaine de Baseball uncolis qui comprenait les5000 signatures recueillies,l'enregistrement de l'hymne

national roumain avec sa transcription phonétique, une propo-sition de logo, un costume folklorique de pom-pom girl et unsandwich Rom. Les responsables de la campagne ont reconnuque ces demandes sont surtout symboliques et qu'ils attendentseulement une réaction de la part des officiels américains, mis-ant sur leur sens de l'humour.

Moins d'un millier de joueurs

Certes, ce type de campagne semble obtenir le résultatescompté: près de 5000 signatures ont donc été recueilliespour la pétition, plus de trente millions paquets de biscuitsRom sont vendus chaque année. Pourtant, la pratique propre-ment dite du sport peine, en dépit des efforts. Seuls quaranteclubs existent sur l'ensemble du territoire national et seulesquatre compétitions internationales ont été organisées en 2013(au Japon, en Serbie, en Pologne et en Moldavie). En outre,selon le Centre national roumain de statistiques, le nombre dejoueurs serait passé d'environ 2700 en 1992 à 855 en 2012pour 28 arbitres et 29 entraîneurs.

Nombreux sont ceux et celles à se demander si, après aumoins sept siècles d'existence sur le territoire national, l'oinaest aujourd'hui vouée à n'être, pour cette nation de footballeurset rugbymen, plus qu'un symbole.

Horia-Victor Lefter (Regard sur l'Est)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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La traditionnelle oina, le base-ball à la roumaine, "volée" par les AméricainsSports

aujourd'hui mépriséL'oina est considérée comme un sport ancestral en Roumanie. Pour autant, en

dépit des tentatives, passées comme présentes, de mobilisation de la population aunom du sentiment national, elle peine aujourd'hui à survivre, avec moins de millejoueurs professionnels.

L'oina est un sport traditionnel roumain proche du baseball américain ou de lalapta russe. Tant les Roumains que les Russes revendiquent l'antériorité de"leur" sport, apparu au Moyen Âge et présenté comme l'ancêtre du baseball,

variation américaine apparue récemment. D'ailleurs, en Russie, une hypothèse veut que lebaseball aurait été développé par les immigrés russes au XVIIIe siècle. L'oina, qui connaîtun désintérêt certain de la part de la population roumaine, a été instrumentalisée de diffé-rentes manières depuis le début du XXe siècle afin d'attiser le sentiment national à desfins politiques ou commerciales.

Flatter le nationalisme de Ceausescu

Les origines de l'oina sont incertaines: jeu de guerriers ou plutôt de bergers, originai-re de Moldavie, à moins que ce ne soit de Valachie où ce sport fut mentionné pour la pre-mière fois par écrit au XIVe siècle. Son vocabulaire est inspiré du domaine pastoral: lecapitaine est nommé "baci" (berger) et le nom d'oina lui-même est dérivé du mot "oi"(moutons). La première mention de l'oina en dehors de son aire de pratique est faite en1596 par le géographe italien Gian Lorenzo d'Anania dans son Système Universel duMonde, au chapitre dédié à la Valachie supérieure.

Introduit dans le programme scolaire de certaines écoles moldaves et valaques dès1804, il a fallu attendre 1899 pour que Spiru Haret, ministre roumain de l'Éducation sousFerdinand Ier, pose les bases modernes de ce sport populaire dans le royaume. Il a ainsidécidé, d'une part, d'intégrer l'oina aux cours d'éducation physique et, d'autre part, d'orga-niser les premières compétitions annuelles interscolaires.

Signe de reconnaissance officielle, le règlement complet de l'oina fut publié dans leMoniteur Officiel du 3 juin 1912. Selon les règles contemporaines, les quelques différen-ces avec le baseball se résument au nombre de joueurs (deux de plus pour l'oina soit, autotal, onze joueurs), à une batte plus longue et plus mince ainsi qu'à des parties de trenteminutes seulement.

La première Fédération roumaine d'Oina (Federatia Româna de Oina) fut fondée en1932. L'ère communiste, et plus spécifiquement du nationalisme de Ceausescu, qui cher-chait par tous les moyens à se distancer du socialisme soviétique, a offert à l'oina sa pério-de de gloire. Telle est l'image que donnent les pages Internet consacrées à ce sport. Mais,

en dépit des efforts des autorités, l'oina s'est toujours trouvéedans l'ombre du football et de la boxe, plus populaires.

Après la chute du régime communiste en 1989, l'oina étaitregardée avec ironie par les jeunes générations et semblaitvouée à disparaître. Pour répondre à cette situation, une amplecampagne de promotion a été lancée dans les années 2000.

Renouveau espéré avec l'installation des bases militaires US

Depuis 2008, plusieurs pays ont participé à la Compétitioninternationale des Sports apparentés à l'oina, qui s'est dérouléeà Séoul (Corée du Sud), Constantsa (Roumanie), Kiel(Allemagne), etc. En 2010, l'équipe roumaine a remporté lafinale contre l'équipe allemande. Cependant, des efforts tita-nesques semblent devoir encore être déployés à cause dumanque de financement et du désintérêt du public roumain.

Lors des qualifications pour lechampionnat d'Europe qui aura lieuen France durant l'été 2016, l'équi-pe nationale roumaine de football abattu difficilement les Îles Féroésur le score de 1 à 0, fin mars.

Le match s'est déroulé à Ploiestiet le but a été inscrit à la 21èmeminute par Lucian Sânmartean, lejoueur de Ill-Ittihad en ArabieSaoudite qui a par ailleurs été dési-gné homme du match.

Malgré ce succès étriqué, lesjoueurs de Anghel Iordanescu sonttoujours en tête de leur groupedevant, entre autres, l'Irlande dunord, la Hongrie et la Grèce, avec4 victoires et un nul en 5 matchs.Ils possèdent cinq longueurs d'a-vance sur le 3ème et ont pris unesérieuse option sur la qualification.

Les deux premiers de chaquegroupe sont qualifiés automatique-ment et la Roumanie devraitrenouer enfin avec une phase fina-le de comptétion internationale.

Euro 2016 :la Roumanie fait la course en tête

Un "sport national"

Le sport figurait dans le programme scolaire de certaines écoles moldaves et valaques dès 1804.

L'oina est présentée comme un sport national que les Américains auraient volé aux Roumains.

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Insolite

Le pope Cristian Brocea, de l'église Saint Michel etGabriel de la petite commune de Prisaca Dornei(Jud Suceava) a failli tomber à la renverse quand il

a ouvert le paquet-cadeau posté en Allemagne que venait delui remettre le facteur. Au fur et à mesure qu'il enlevait les car-tons, il s'est retrouvé nez à nez avec un récipient en forme devase et une plaque à sa base portant la mention "Costel HansiH.", 46 ans. Il s'agissait d'un de ses anciens paroissiens, partitravailler à l'étranger, plusieurs années auparavant… et qui lui

revenait par la Poste, sans jamais se manifester aupraravant.Ce dernier venait de décéder et sa famille n'ayant pas les

7000 euros nécessaires au rapatriement de son corps avaittrouvé le moyen plus économique de l'envoi de ses cendres,par urne funéraire, après incinération. Le procédé n'était per-mis que si le paquet était remis à une institution publique oureligieuse. Après avoir reficelé le colis, le pope est vite allé leremettre à la famille. Une cérémonie religieuse et l'enterre-ment ont eu lieu deux jours plus tard.

Drôle de paquet-cadeau

Les trois vodkas les plus bues en Roumanie portent des nomsvenus d'ailleurs, sans pour autant avoir de goût étrange…mais elles sont fabriquées en Roumanie. La marque

Stalinskaya, lancée en 1996, est fabriquée à Bucarest par la compagnieProdal'94 qui en a vendu 2,5 millions de litres l'an passé. Elle est aussicommercialisée en Italie, Allemagne, Espagne, Bulgarie, Hongrie, ex-Tchécoslovaquie, Moldavie, Chine, Chili, Arménie,Bangladesh et Vietnam. Au second rang figure la vodka Scandik, mise sur le marché par la société European Drinks&Food, déte-nue part les milliardaires Ioan et Viorel Micula, natifs du Bihor (Oradea), alors que la Sankt Petersburg, également d'origine rou-maine, se classe troisième, devançant l'Absolut Vodka, importée par Pernod Ricard Roumanie et Finlande.

La décoration du café laBicicleta à Bucarest a étéconçue en 2012 à partir du

recyclage de vélos sous toutes leurs for-mes. Selles, guidons et pédales ont ainsiété détournés pour donner un cachet ori-ginal à ce lieu atypique situé dans le cen-tre-ville, mettant à l'honneur la bicyclette.

Ici, les selles font office de tabourets,les guidons sont récupérés comme accou-doirs, les phares sont recyclés en lampes,les pédales servent de manivelles à voletet les cadres sont réutilisés en pieds detable. Tout est fait main, pour l'essentiel àpartir de vieux modèles britanniquesdatant des années 1930-1940. Les ama-teurs de vélos de la capitale s'y donnentvolontiers rendez-vous.

Bar pour passionnés de vélo

Un professeur de la faculté de géographie de l'université Babes-Bolyai deCluj a jeté un pavé dans la mare lors d'une communication scientifiquedans laquelle il affirme que le centre de la Roumanie ne se trouve pas

dans le périmètre de la commune de Dealul Frumos, près de Sibiu, comme cela a étéétabli voici environ un siècle, mais à une trentaine de kilomètres de là.

D'après ses calculs, effectués à l'aide d'un GPS, il a établi que ce point a les coor-données suivantes: 45° 50’ 03.8483’’ de latitude nord et 24° 59’ 49.1590’’ de longi-tude est. Ses repérages l'ont amené à le situer à la sortie de Fagaras, en direction deBrasov, à 53 mètres d'un bâtiment de le rue Negoiu… dans un champ de betteraves.

Cette découverte a provoqué la colère des habitants de Dealul Frumos qui sevoient déposséder du titre envié de capitale géographique du pays, souligné dans lesecteur par de nombreux panneaux indicateurs et qui redoutent de voir fuir les tou-ristes, alors qu'une pension a été construite spécialement dans les lieux. Dans larégion de Fagaras, on se frotte au contraire les mains, des projets de développementde la commune voyant déjà le jour.

Mais certains se posent déjà la question : pourquoi la Roumanie n'aurait-elle pasdeux centres… comme la Loire a une multitude de sources ce qui a conduit les com-munes revendiquant l'authentique à se réunir dans un syndicat regroupant huit d'en-tre elles, chacune tirant profit de cette promotion en commun ?

Querelle centrale

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Pour les Roumains la meilleure vodka est roumaine

Eboueur en Irlande, Costica Nedelcu (notre photo) est deve-nu la vedette de la presse de ce pays après qu'il ait trouvéune somme de 1500 euros cachée dans une chaussure qui

avait attiré son attention, alors qu'il procédait au tri des ordures dans lelocal de la firme qui l'emploie. Avec l'aide de celle-ci, le Roumain afinalement retrouvé la trace de sa propriétaire, une dame de 80 ans,souffrant d'Alzheimer et lui a remis la somme. Sa fille, ignorant sonexistence tombait des nues. C'est en faisant le ménage chez sa mèrequ'elle s'était débarrassée par inadvertance de ses économies.

N'en jetez plus !

Dans le cadre sauvage et grandiose des monts Apuseni, le monastère de Ramet (à droite, le clocher) près d’Alba Iulia, permet des retraites d’une grande intensité.

Le monastère Caraiman de Busteni, près de Sinaia, propose plus de cent places d’hébergement.

Aux portes de la Bucovine, le monastère fleuri d’Agapia (Neamt).

Un cadre enchanteur au Monastère Sfânta Maria près des bains de boue deTechirghiol (Constantsa).

Les nonnes de Bârsana, dans le Maramures, sont connues pour leur sens des affaires et

ont aggrandi leur capacité d’accueil de deux maisons.

Monastères... d’hôtes

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Littérature “Le Tombeau vide” se veut le roman du nouveau type d'activiste

Le nom de MironBergmann, lui,m'était inconnu. Et

il le restera près de 40 ans,jusqu'à ce que, dans ma retrai-te du Maramures, je choisissede lire Le Tombeau vide.C'est que j'avais compris,enfin, que l'auteur, qui avaitécrit en français, était un

authentique Roumain. Et tant pis pour la Résurrection!Aujourd'hui, son nom ne dit manifestement rien à person-

ne, à commencer par mon ami Camboulives, LE spécialistedes auteurs roumains qui ont écrit en français. Peut-être queLes Nouvelles de Roumanie... ? Eh non. Mais aussitôt HenriGillet me proposa de présenter aux lecteurs Miron Bergmann,mystérieux auteur roumain. Tâche ardue, s'il en est. Toutefois,le Tombeau vide - un ouvrage de très grande qualité, qui àmes yeux confine au chef-d'oeuvre - méritait bien de s'y atta-cher tout particulièrement.

Les Rastignac à l'école du Parti

Il y a tout d'abord une source d'information qui vaut plusque son pesant d'or. Il s'agit d'un texte, incomplet, paru dans Le

Monde du 15 octobre 1976, intitulé Les Rastignacs à l'école duparti. Le voici tel que je l'ai découvert, coupure jaunie, entredeux feuillets du Tombeau vide:

La Dialectique de la passiondans l'œuvre de Balzac, tel est letitre du mémoire universitaire publiéjadis à Bucarest par MironBergmann, né en 1930 et qui vit àParis, où il exerce le paisible métierd'antiquaire. Bergmann est l'auteur,aujourd'hui, d'une confession foi-sonnante qui se lit comme un romand'espionnage et révèle de grandesqualités littéraires.

"Je ne suis qu'un gosse... bébémisérable et taré dont la peau se cou-vre de marques et d'ecchymoses aumoindre coup reçu", nous dit-il. Qu'est devenu ce "bébé mis-érable" dans ""la dynamique de sa formation" ? Bergmann,héros et homonyme de l'auteur, fraîchement sorti de l'Institutde marxisme-léninisme, est envoyé en stage dans une usine deprovince. De là, passant par les rédactions de revues littéraires,sans négliger le lit des dames influentes, le personnage accèdeà des fonctions autrement importantes et occultes. Celles oùquelques élus seulement gravitent dans l'atmosphère raréfiée et

grisante du plaisir, du prestige, du pouvoir. C'est l'étape finaled'une évolution. C'est aussi le constat d'un échec, car l'écrivainBergmann choisit l'exil. Mais son héros, nostalgique, dépité,assoiffé de revanche, se ménage une porte de sortie. En fait,qui êtes-vous, monsieur Bergmann, l'écrivain ou son double ?

Eminences grises, espionnes et putains, poètes suicidaireset membres de sociétés secrètes se meuvent, âmes mortes,dans une lumière de cauchemar, entre chien et loup. Ces per-sonnages réfléchissent et sont reflétés à leur tour par le hérosprincipal dans la meilleure tradition du Bildungsroman. Il estdifficile de ne pas succomber au charme délétère de ceBucarest des années 50, "ville admirable, où la vérité elle-même a une vocation au mensonge, où il faut bien prendregarde de ne pas polluer le mensonge, qui rend seul la vie pos-sible, avec les émanations toxiques de la vérité". Où sont-ilsles héros ingénus de Koestler, de Plisnier, victimes consentan-tes qui tendaient sagement leur nuque pour recevoir la ballemettant terme à une vie entièrement consacrée à la "cause" ?

La tendresse excessive des jeunes loups aux dents longues

Le Tombeau vide se veut le roman du nouveau type d'ac-tiviste du parti, supérieurement instruit, parfaitement préparéau combat - terrifiant rhinocéros blindé de modernité.

Son sarcasme autodestructeur annonce et dénonce letemps des jeunes loups. Les Rastignac marxistes-léninistes ont

les dents longues, c'est pourquoileur tendresse excessive est suspec-te même si la force lyrique de leurconfession vous tient hors haleine,chaque instant.

"Nous savons depuis Gide qu'ilest difficile de faire de la bonne lit-térature avec de bons sentiments(bien sûr, Bergmann fait aussiœuvre de moraliste). DominiqueJamet, cependant, dans sa présenta-tion, nous adresse une sommationtrop hâtive: "Que celui qui n'a paseu vingt ans à Bucarest en 1950jette la première pierre" (...)"

Bucarest. Ou l'occasion d'un premier extrait du Tombeauvide: "Cet après-midi, comme souvent quand ma conscience ades soubresauts entachés de morale bourgeoise, je suis allé mepromener, seul, dans un quartier ouvrier de Bucarest. C'est làqu'en 1933 un massacre épouvantable a mis fin à la premièregrande tentative révolutionnaire du prolétariat roumain, cettegrève générale dont on critique aujourd'hui volontiers la colo-ration gauchiste.

L'idée m'est venue, un jour où je longeais les bâtimentsultra-modernes, alignements de béton et d'acier, qui ont rem-placé les taudis d'autrefois, dont seules certaines anomaliesdans le tracé des rues perpétuent l'existence abolie, que noussommes en quelque sorte les héritiers nonchalants et abusifsde ces grands morts de 1933. Notre foi révolutionnaire d'au-jourd'hui trouve ses sources tragiques dans le sang desouvriers des filatures, dans les cadavres des cheminots massa-crés là". (p. 175)

Un livre devenu un classique de la littérature roumaine

Au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture du livrede Bergmann, on dirait que l'auteur, un peu guindé au départ(comme il sied à un futur apparatchik?), donne libre cours àune verve bienvenue. Celle d'unhomme qui a fui l'universconcentrationnaire en 1964, etqui, à Paris, se souvient. Certainsferont la fine bouche: il dit vrai, ilenjolive, s'il ne nous mène pas enbateau ? Et alors ? Car c'est pournotre plaisir de lecteur, de biblio-phile, qu'il fait plus œuvre deromancier que d'historien. Celanous vaut des pages et des pagesqui, tôt ou tard, feront duTombeau vide un classique de lalittérature roumaine.

Ainsi, Bergmann fait vivredes personnages extraordinaires,truculents, tel ce vieux fou d'Eftimiu, qui nous vaut des passa-ges à lire et à relire. Extrait.

"Une place à part à mon plus beau morceau - Bergmanncompare ses prises à "un doner kebab royal" -, à mon plusgros ratage, à mon dernier tango à Bucarest, avec VictorEftimiu.

Drôle de coco, si j'ose dire, que celui-là.Pilier central de la chapelle littéraire roumaine sous les

dictatures royales, fascistes et autres qui n'en finissaient pas demettre la Roumanie en coupe réglée jusqu'au jour où l'Arméerouge vint lui régler définitivement son compte (à laRoumanie, hélas! pas à Eftimiu), mon client avait trouvémoyen, contre toute attente, de se faire prendre en charge parle régime socialiste. Celui-ci n'avait-il pas hérité, après tout,des casinos, des pissotières et des statues équestres de l'ancienrégime ? Eftimiu avait été considéré comme faisant partie dupatrimoine national. Il est vrai que, parfaitement inconnu à l'é-tranger, il avait été chez nous pendant l'entre-deux guerres leromancier et le poète le plus populaire. Ses vers de mirlitonavaient même atteint des tirages records. Ce vénérable cabot,presque octogénaire, était resté le seul écrivain digne de cenom pour le petit peuple indifférent au fait qu'il écrivît comme

Paul Bourget et rimât comme Anne de Noailles."Bref, le Parti, craignant le qu'en dira-t-on, l'avait non seu-

lement préservé mais bichonné. Académicien de la Républiquepopulaire, il avait depuis la Libération touché un traitement del'ordre de celui d'un ministre en fonctions, tout en se payant leluxe de bouder ostensiblement le gouvernement en place. Onn'avait pas osé heurter de front cet opposant exaspérant etsilencieux, au demeurant parfaitement inoffensif et isolé. Or,voici qu'il annonçait son intention de publier un gros volumede vers, sa production de quinze ans, Ode à la langue roumai-ne. Il prêtait enfin le flanc, on allait pouvoir le piéger. (...)

"Marie ! Marie ! Vite, cours, ces horribles

pigeons ont encore chié sur la tête du maître !"

"Devant la porte du maître. Un fou rire me prend. Il fautque je fasse quelques pas dans leparc. Je serai un peu en retard.Tant pis.

"C'est que précisément aumilieu de ce petit parc solitaire etmélancolique au fond duquel s'é-lève la villa du maître se dresse,au faîte d'un fût de granit recou-vert de mousse et maculé de traî-nées verdâtres, son buste immor-talisé en bronze par un obscurpompier des années trente, et queje connais l'histoire de ce buste.

"Quelques soi-disant disci-ples l'ayant convaincu de laissers'ouvrir une souscription nationa-

le pour l'érection d'un monument à sa gloire, Eftimiu s'étaittrouvé, après un an de laborieuse mendicité, avec juste de quoipayer un gueuleton. Outré, et craignant surtout la raillerie,Eftimiu s'adressa alors à lui-même un mandat, dédié "au maî-tre vénéré" par "ses jeunes admirateurs". Le montant permittout juste que l'on installât ce buste dans le jardin.

"Aussi les premiers temps, vingt fois le jour, on voyait unefenêtre s'ouvrir, puis on entendait la voix de contralto de mada-me Eftimiu, au comble de l'horreur: "Marie! Marie! Vite,cours, ces horribles pigeons ont encore chié sur la tête du maî-tre!" Et la petite bonniche de descendre l'escalier en courantavec une éponge humide et une serviette propre pour nettoyerle buste profané.

"Très vite les voyous du quartier avaient pris l'habitude dese rassembler devant le parc et, dès qu'ils apercevaient la peti-te bonne, ils lui criaient des lazzi plus ou moins spirituels, telsque: "Torche-lui aussi le cul pendant que tu y es!... Oh! Marie,viens m'essuyer!" et Marie remontait toute rouge, remplie dehaine contre "ces traîne-patins communistes qui ne savent quecourir les filles, se soûler la gueule et jeter des cailloux dansles fenêtres du curé".

(suite page 40)

du parti, supérieurement instruit, parfaitement préparé au combat

et mystérieux écrivain roumain

“La vérité, toxique, ne devait pas polluer les mensonges d’état”.

En 1976 l'éditeur français Jean-Claude Lattès publie Le Tombeau vide, signé MironBergmann, un ouvrage qui entre aussitôt dans la bibliothèque de Noël Tamini. Peut-être àcause du titre, évoquant la fameuse découverte de deux apôtres, juste avant la Résurrection.

Miron Bergmann, grand

Ceausescu a été très tôt à l'école des Rastignac du Parti (ici avec Dej et Chivu Stoica).

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"Pour que la Révolution mondiale vive, il nous

fallait accepter le sacrifice de notre innocence"

"A la fin, Eftimiu avait pris son fusil, l'avait chargé de grossel et avait tiré dans le tas. Cela avait fait scandale, mais lesvoyous se l'étaient tenu pour dit. De leur côté, les pigeons s'é-taient lassés ou madame Eftimiu s'était habituée. (...)

"Je sonne, persuadé que je vais me trouver devant le fan-tôme de l'ancien régime, une carcas-se de cheval blanchie dans le désert,dernier reste d'une caravane englou-tie par le néant de l'histoire, et qu'ilva falloir faire attention de ne pasrespirer trop fort pour ne pas le fairetomber en poudre, lui, ses meublesrecouverts de poussière, ses tableauxassombris par la patine des ans, et safemme, Agrippina Macri, anciennecantatrice qui promène, dit-on, dansdes déshabillés vaporeux et coquinsle cadavre décharné d'une beautéjadis éblouissante".

Et ainsi de suite, de truculenceen truculence, jusqu'au dénouement,abracadabrantesque, et çà et là onpense à du Céline.

Interloqué je fus, ô combien, quand soudain Bergmannparle de son ami Nicolas Labiche (en roumain Labis), et d'unfameux poème, bien connu des écoliers roumains. "Je restel'un de ceux, écrit-il, qui pensent que La Mortde la biche, inconnue en France, est un dessommets de la poésie occidentale de ce siècle,d'un niveau au moins égal à celui du Bateauivre. Labiche y raconte, on le sait, le meurtred'une biche par temps de grande sécheresse.Un jeune enfant accompagne son père à lachasse, il participe au cérémonial de la pour-suite, de la mise à mort, de l'assouvissementdans le sang de la victime, aussi brûlant etaussi frais que sa propre soif de pureté qui s'é-teint à jamais avec le geste qui donne la mortpour apprendre à la recevoir. Dans le meurtrede la jeune biche sacrifiée au combat pour lasurvie, nous avions tous vu le signe fulgurantdu pacte proposé par Labiche à notre généra-tion révolutionnaire engagée sans retour danssa marche en avant.

"Pour que la Révolution mondiale vive, il nous fallaitaccepter le sacrifice de notre innocence. Nous devions tousassumer le meurtre de la biche. Telle était l'intention initiale etinitiatique de Labiche qui avait écrit là un chant autrementauthentique, révolutionnaire et déchirant que les imbécillitéssur les tracteurs couverts de jonquilles qu'on avait voulu lecontraindre à écrire, jusqu'à le pousser dans la mort.

"Quelle tristesse, quelle misère atroce et sombre à l'ins-tant où il avait compris l'abîme qui le séparait de ceux dont il

se voilait la conscience ardente et limpide, l'instant où il avaitcompris le sens quotidien du meurtre de la biche. La biche, lecœur ouvert et transpercé, c'était lui-même, sa propre poésierévolutionnaire poignardée par la politique, salie par le flotboueux de l'histoire, sacrifiée aux exigences minables, auxmornes nécessités de la pratique".

"Sous la prose de Flaubert coule une petite

rivière appelée folie… sous l'écriture de Marx,

un égout nommé crétinisme allemand"

Fils d'enseignants, Labiche,élève surdoué, né en 1935 non loin deSuceava, mourut tragiquement le 21décembre 1956, des suites d'unechute sous un tramway, à Bucarest.Accident ? Suicide ? On a dit cela, ona pensé ceci, ajoutant qu'il était ivre.Peu importe. Reste La Mort de labiche, et ces paroles de Labiche querapporte Bergmann: "On ne lit plusque Nietzsche. Marx chez nous estdevenu, à juste titre, synonyme derisible et d'inutile. Si l'envie me pre-nait de me vautrer dans l'abjectionbourgeoise du XIXe siècle, je préfère

mille fois Flaubert. Sous la prose de Flaubert coule une petiterivière appelée folie, sous l'écriture de Marx un égout nommécrétinisme allemand. Je connais et j'aime mieux la folie".

Surprise: une traduction du Tombeau vide a paru en rou-main en 2004, sous le titre Tineretea unuicomisar politic, publiée par Albatros. Mais letraducteur que je suis, qui connaît un tant soitpeu la pudibonderie des lecteurs roumains,doute fort qu'il s'agisse là d'une traductionfidèle. Tant certaines pages offensent lapudeur, comme on disait autrefois.

Il est donc recommandé de lire LeTombeau vide en version originale, c'est-à-dire en un français haut de gamme. D'autantqu'en sous-titre il y a: avec la collaboration deDominique Jamet, orfèvre en la matière.Lequel n'a malheureusement pas pu éclairerma lanterne au sujet de l'auteur.

Noël TaminiP. S. Pour moi, la surprise est à son comble

quand, hors l'ouvrage de Bergmann, je découvreque Labiche, mourant, fit appeler son grand ami Aurel Covaci,l'illustre traducteur, afin de lui dicter un poème-épitaphe. Or, Aurelfut aussi mon ami, au début des années 1990 - j'étais à Bucarestquand il mourut, fin juin 1993 -, et je pourrais regretter le fait de nepas l'avoir entendu parler de Labiche. 1956... 1990... C'eussent étépropos d'outre-tombe et d'un autre temps. N'empêche... Aurel, unsacré bon vivant, me parla du temps de Ceausescu, forcément, etdonc de ce "paysan madré". Il était d'avis, par exemple, qu'il faudrait"une ou deux générations pour que la Roumanie redevienne un paysnormal". Nous en reparlerons.

Elles guettaient le facteur et sautaient de joie enouvrant leur courrier signé Emile Zola ou MarkTwain. Pendant des décennies, trois sœurs roumai-

nes d'origine juive ont constitué une inestimable collection delettres de grands noms de la littérature.

Nées dans la seconde moitié du XIXe siècle à Galati, portsur le Danube dans l'est de la Roumanie, Antonie, Rovena etEmilia Schwarz étaient "passionnées de lecture" mais aussi devraies chasseuses d'autographes et de photos, indique IlieZanfir, directeur de la bibliothèque V.A. Urechia, à laquelle lacadette Emilia confia 714 lettres en 1965. La première missi-ve date de 1891, la dernière de 1961. Mais le plus gros deséchanges a eu lieu dans leurs jeunes années, entre la fin duXIXe et le début du XXe siècle. Les sœurs, dont on connaîtpeu de la vie privée et qui n'ont jamais eu d'enfant, ont vouél'essentiel de leur existence à l'éducation des jeunes filles pourqui elles ont créé une école. Elles demandaient à leurs célèb-res correspondants des conseils de lecture,des avis sur des questions d'actualité, et unephoto d'eux si possible.

"Vous pourrez lire mon œuvre

quand votre mari le permettra"…

Leurs réponses pouvaient aller dequelques lignes à une page entière deréflexions sur la place des femmes, sur lalittérature ou sur l'astronomie, passion del'aînée Antonie, décédée en 1912 à un âgenon déterminé, sa date de naissance n'étantpas connue.

"Mon avis est donc que vous devrez liremon œuvre quand vos parents ou votre marivous le permettront", écrivait en juin 1893Emile Zola (1840-1902) dans un courrieradressé à Rovena, morte en 1955 à 87 ans.

Jules Verne (1828-1905) regrettait luide ne pas pouvoir envoyer de photo: "A monâge, on ne va plus déranger le soleil pour le prier de fixer sestraits sur la plaque d'un objectif". C'était le 3 janvier 1896.

Même refus poli de Mark Twain (1835-1910) qui, dansune brève réponse en anglais, assurait ne disposer d'"aucunephoto" mais envoyait "avec plaisir" son autographe.Alexandre Dumas fils (1824-1895) confiait à Antonie,quelques mois avant de mourir, un adage sur l'amour: "Qui aaimé deux fois n'a pas aimé".

Comment faisaient-elles pour dénicher l'adresse de cescélébrités ? "Je pense qu'elles avaient en main l'un de ces deuxbottins de référence, "Tout Paris" ou "Paris Hachette", deuxpublications très riches en données personnelles", estime leprofesseur Hervé Duchêne de l'université de Bourgogne, qui apu consulter 12 lettres de Rovena déposées à la bibliothèqueMéjanes d'Aix-en-Provence en France.

Les échanges liés à l'antisémitisme occupent une place àpart dans la correspondance assidue de ces trois sœurs d'origi-ne juive, dans le contexte tendu de l'affaire Dreyfus, ce capi-taine juif de l'armée française dont la condamnation à tort pourtrahison en 1894 divisa profondément la France.

En pleine affaire Dreyfus, l'indifférence de Zola face au sort des juifs de Galati

Rovena a aussi tenté de sensibiliser ses influents cor-respondants au sort des Juifs de Roumanie,en particulier ceux de Galati. Dans ses lett-res, elle raconte comment des dizainesd'entre eux ont été chassés de leur maisonen 1900 et contraints de se réfugier dans lasynagogue et dans le cimetière de la ville.Elle exhorte notamment Emile Zola à expo-ser ce drame dans le quotidien "L'Aurore"

- où il avait publié son pamphlet"J'accuse!" qui attaquait les pouvoirspublics et clamait l'innocence de Dreyfus -mais sans succès. La ville de Galati abritaitalors une communauté de 13 000 Juifs, surprès de 60 000 habitants. Aujourd'hui, leport compte une centaine de Juifs sur unepopulation d'environ 250 000 habitants.

Toutes ces lettres, consultables par cha-cun sur demande et sur place, sont "un tré-sor légué à Galati", qui a gardé des liensprivilégiés avec la langue française, estimeDelia Pohrib, chercheuse et muséographe

locale. Au-delà, elles enrichissent "le patrimoine culturel del'Europe dans son ensemble", juge-t-elle.

Rencontré à la bibliothèque française de Galati, DragosCiuperca, 15 ans, confie qu'il aimerait bien suivre l'exempledes sœurs Schwarz pour écrire à son acteur favori, le FrançaisJean Reno, mais sans se faire d'illusion: "Comme il est trèsoccupé, je pense que c'est sa secrétaire qui me répondrait".

Mihaela Rodina (AFP)

(suite de la page39)

“Ce vieux fou d'Eftimiu, considéré comme faisant partie du patrimoine national".

Jules Verne, Zola, Mark Twain leur écrivaient...

Trois sœurs de Galati chasseuses d'autographes Littérature

C'est en tant que "œuvre monumentale en prose, extravagante et dépassant toutes les limites", à la fois roman d'un artis-te, traitant de la métropole et du monde, que Mircea Cartarescu a reçu pour son ouvrage Orbitor le Prix du livre pourl'entente européenne, en mars, à l'occasion de l'ouverture de la Foire du livre de Leipzig. Orbitor, roman en trois par-

ties comprend 1834 pages en allemand. Mircea Cartarescu a consacré 14 ans à l'écriture de son œuvre qui traitent de tous les sujets:la naissance et la mort, la vie, les souvenirs, les obsessions, dressant un portait de la société roumaine avec la révolution à Bucaresten toile de fond.

Mircea Cartarescu distingué à Liepzig

Emilia Schwartz a donné sa collectiond’autographes à la bibliothèque de Galati.

Nicolae Labis, mort mystérieusement à 21 ans, en

1956, sous les roues d'un tramway.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Cela s'appelle la vista. La comtesse Waldeck (1898-1982) débarque à Bucarest le 14 juin 1940, le jouroù la Wehrmacht entre dans Paris. L'élite roumai-

ne francophile en est bouche bée. Comment "la premièrearmée du monde" a-t-elle pu s'ef-fondrer? Que va devenir laGrande Roumanie sans Paris, cetallié généreux qui lui a permis,grâce au traité de Trianon, dedoubler sa superficie en absor-bant des territoires hongrois, rus-ses et bulgares?

Ces questions, "les Excel-lences", club informel d'anciensministres, diplomates et géné-raux, se les posent, lorsqu'ils seretrouvent chaque jour, vers midi,à l'Athénée Palace, réplique duRitz, où ils passent leur journée àparler de tout et de rien en siro-tant du café turc. Mais les réponses importent-elles vraiment àces "fieffés coquins" amateurs de ragots, qui se laissent distrai-re par les allées et venues de jolies femmes, espionnes et demi-mondaines visonnées. "Quelle est leur spécialité?" : c'est laquestion qui les taraude, en ce lieu où "des secrets d'alcôve,des secrets royaux, des secrets de valises diplomatiques s'é-taient chuchotés à des oreilles qui s'étaient miraculeusementtransformées en micros".

Une escale indiquée du "Tout Berlin" nazi

Pendant sept mois, la comtesse Waldeck prend ses quar-tiers dans l'hôtel, "dernière enclave cosmopolite où peuventcohabiter l'Europe d'après guerre [NDLR: celle de 1914-1918] et l'Europe du Nouvel Ordre [celui de Hitler]". Elle estaméricaine, journaliste, envoyée par Newsweek et comtessepar son mari. On pourrait tout autant dire qu'elle est juive alle-mande, libre et avide de comprendre le monde.

Elle est née Rosa Goldschmidt, rejeton brillant, passé parHeidelberg, d'une famille de banquiers de Mannheim. Dans sajeunesse, elle voyage: vieille Europe, nouvelle Union sovié-

tique, Asie éternelle. La voici donc dans la Roumanie du roiCarol, un Hohenzollern autoritaire. En ce royaume coincéentre Occident et Orient sévit un étrange mouvement poli-tique, mi-fasciste, mi-mystique et amateur de pogroms: laGarde de fer, encore appelée "légion de l'Archange Michel".Son chef, "Capitanul" (le capitaine) Codreanu, vêtu de blancet juché sur un cheval blanc, va à la rencontre des paysans de

Moldavie et de Valachie. Carol,jaloux, le fait étrangler.

En cet été 1940, la clientèlea rarement été si disparate àl'Athénée Palace. Outre les habi-tués, plus nombreux qu'en tempsde paix, on compte des émissai-res du Reich chargés des ques-tions économiques, des famillesd'origine allemande de Bessa-rabie chassées par Staline, desindustriels enthousiastes à l'idéed'"aryaniser" des entreprisesarrachées à leurs propriétairesjuifs. Le Tout - Berlin y feraescale; Frau Himmler y viendra

"déguster d'énormes portions de crème fouettée".

Entre diplomatie de haut vol et théâtre de boulevard

L'Athénée Palace est le huis clos d'un monde qui s'effon-dre et la comtesse Waldeck en est la chroniqueuse scrupuleuseet pleine d'esprit. Elle en fait un livre, publié aux Etats-Unisdès 1942 et, bizarrement, tant il est enlevé et singulier, entrediplomatie de haut vol et théâtre de boulevard, jamais traduit.Rosa quitte Bucarest en 1941. Un an plus tôt, elle étaitconvaincue que Hitler "risquait non seulement de gagner laguerre, mais qu'il pourrait bien gagner la paix et organiserl'Europe". Cette fois, elle est persuadée qu'"il ne pourrait nigagner la paix, ni organiser l'Europe". Car il lui manque unecase pour comprendre et entrainer le Vieux contient derrièrelui: il est exclusivement allemand. La comtesse a toujours uncoup d'avance. Emmanuel Hecht (L'Express)

Athénée Palace, par la comtesse R.G. Waldeck. Trad. de l'an-glais (Etats-Unis) par et (belle) préface de Danièle Mazingarbe. Ed.de Fallois, 318p., 20€.

C'est l'une des expositions les plus provocatrices - impensable, sinon obscène pour les Roumains de jadis - présentéedernièrement qui a fermé ses portes, le 30 avril au Musée de la ville de Bucarest. ''Pour une histoire des symboles - letatouage en Roumanie'' a mis en scène des fragments de corps humains qui racontent une époque, celle de ses origi-

nes anciennes ou son exercice plus récent, qui visait, entre autres, à marquer, à démarquer, à rendre reconnaissables pour leurspairs, non plus des élites, comme au tout début, mais les membres de communautés marginales ou fermées - marins, tôlards, mili-taires, prostituées aux 19ème et 20ème siècles. Cette exposition ne faisait pas dans l'aseptique.

Les dessins qui racontaient un pan d'histoire roumaine urbaine, ignorée et intime, étaient présentés à même la peau de leursanciens propriétaires, qui, sans l'ombre d'un doute, ne s'étaient jamais imaginés finir sur des cimaises. Issue des archives del'Institut de médecine légale de la capitale, cette collection insolite avait été rassemblée par un des spécialistes roumains les plusréputés de cette discipline, le professeur Nicolae Minovici (1868-1941).

LivresL'Athénée Palace, enclave cosmopolite au cœur de l'Europe en guerre On lisait Bécassine à la librairie Hachette

Ouverte à la fin de la Première guerre mondiale, au26 rue Lipscani, dans le vieux Bucarest, la librai-rie Hachette offrait aux Roumains francophones

un grand choix de livres, journaux et revues. Pour les touspetits, elle faisait venir de France de grands et beaux albumscartonnés avec Les aventures de Babar, Bécassine, Bicot,Mickey ou Zig et Puce. Parmi leurs lecteurs, on trouvaitAlexandru Paleologu (éduqué par ailleurs par une gouvernan-te française), futur ambassadeur de la Roumanie a Paris, en1990 (Voir son livre Souvenirs merveilleux d`un ambassa-deur des Golans, éditions Balland).

Dans les années 40, le dessinateur George Voinescu étaitun autre lecteur assidu de l'endroit. Lui, préférait les aventuresdu Professeur Nimbus, et c'est inspiré par ces personnagesqu'il dessina et publia dans le grand quotidien nationalUniversul, les aventures du Poète Mazare (Petit Pois). En1943 Voinescu recueillera ces bandes dessinées sous la formed`un album. En 1968, il émigrera en France, s`établissant àParis où il publiera sous le nom de Georges Voinesco.

Chassée pour faire place à la librairie George Cosbuc

La vente de livres et publications françaises marchait sibien à la librairie Hachette, que celle-ci ouvrira une deuxièmeboutique dans la capitale, sur le grand boulevard CaleaVictoriei. Par ailleurs, sous le nom d'Agentia Romana

Hachette, elle com-mencera a éditeraussi des livres etsurtout des dizainesde cartes postales,offrant de magni-fiques paysages detoute la Roumanie.Parmi les livres édi-tés on remarquenotamment des tit-res pour enfants:Povestile Bunicu-tei, Papusa Mario-arei, Fetitele Titi-nei etc. Il s`agit de la version roumaine de divers livres pourenfants édités par Hachette en France. Ainsi, Fetitele Titinei(1930) est en fait la traduction de Les Filles de Ginette, parGabrielle André, illustré par Madeleine Hermet (1886-1987).

Malheureusement, le communisme vint mettre fin à labelle époque de la francophonie en Roumanie. La LibrairieHachette de Bucarest, comme toutes les autres entreprises pri-vées du pays a été nationalisée en juin 1948 cédant sa place du26 rue Lipscani à la librairie George Cosbuc, pendant les40 ans de communisme. Aujourd`hui tout l`immeuble esttombé en ruine.

Dodo Nita

Livres

Quand la comtesse Waldeck tirait les vers du nez des diplomates

La comtesse Waldeck avait pris ses quartiers dans le prestigieux palace.

Une expostion à même la peau

Nationalisée en juin 1948, la librairie Hachette est devenue

la librairie George Cosbuc.

Dans le grand hôtel du Tout-Bucarest, en 1940, une journaliste améri-caine, épouse d'aristocrate, se transforme en Saint-Simon d'un huis closdélétère. Elle n'a pas son pareil pour tirer les vers du nez des diplomates etattachés militaires qui fréquentent les lieux. L'Athénée Palace est une révé-lation qui restitue merveilleusement l'atmosphère régnant en Roumaniedans l'Entre-deux guerres, la frivolité et l'inconscience de la haute bourgeoi-sie de la capitale devant l'imminence du désastre qui s'annonce.

Bien que surnommée le “Petit Paris", Bucarest ne possédait plus une seule librairie française avant l'ouverture, voicideux ans, de la librairie Kyralina, rue George Enescu, pas loin de l`Ambassade de France. Mais 90 ans plus tôt, il existaitcependant une librairie Hachette.

Les habitants de Timisoara sesont prononcés pour une sta-tue de l'acteur Johnny

Weismuller dans leur centre-ville. Lecélèbre interprète de Tarzan dans lesannées 30 et 40 est en effet né dans levillage de Freidorf, à deux pas deTimisoara, alors dans l'empire Austro-hongrois. Un sondage vient en effet d'êt-

re organisé auprès des habitants poursavoir à qui serait attribué la septièmestatue du centre historique de la ville.Derrière lui dans ce sondage, figurentd'autres célébrités telles Eugène deSavoie (qui a libéré la ville des Ottomansen 1716), Caragiale, Cehov ou, plusétrange, Jeanette d'Honrath, premièremaîtresse de Beethoven, qui est inhumée

à Timisoara. Enterré, lui, à Acapulco,au Mexique,

Johnny Weismuller a remporté cinqmédailles d'or olympiques de natation eta joué dans de nombreux films jusqu'à lafin des années 70, montrant sa muscula-ture impressionnante. Né de parents alle-mands en 1904, il a émigré avec safamille aux États-Unis l'année suivante.

Timisoara veut sa statue de Tarzan L'athénée a pris aujourd'hui le nom d'Hilton-Athénée.

Connaissance et découverte

Seul reproche: le pathos des paroles. En dépit de la censu-re, la complexité des morceaux et la qualité des performancesétaient remarquables.

Mais le vrai renouvellement vint de Valeriu Gaina, encoreun ancien de Noroc. À Moscou, il fonda Kruiz (Croisière) en1980, l'un des premiers groupes de heavy metal d'URSS. Lepremier album, lancé la même année, contenait trois tubes. En1984, le ministère de la Culture bannit le groupe. Un an plustard, Valeriu Gaina, avec les deux autres membres originaux,Coroliuc et Chirnitchi, sortait un album dont le titre était l'a-cronyme de leurs noms, KiKoGaVVA. Malgré une nouvelleinterdiction, les autorités permirent la diffusion de deux chan-sons pacifistes.

Les années 1980 furentcelles des tournées. En 1989,Kruiz enregistra un album àMunich, Culture Shock. En1990, Valeriu Gaina mit unterme à Kruiz et forma Gain,destiné à un auditoire anglo-phone. Parti vivre à LosAngeles, il continua de don-ner des concerts en Russiependant les années 2000,tentant chaque fois de réunirles membres originaux. Avec12 millions d'albums vendus, Kruiz est entré dans la légende.

Parmi les héritiers de Noroc, on pense aussi au guitaristeRuslan Taranu, qui a créé le groupe de jazz-rock progressifTimpul (Temps) en 1981. En 1982, il remporta un prix de com-position dans un festival en Ukraine. Mais nul n'est prophèteen son pays : personne à Chisinau ne savait ce qu'était la fusionet le groupe finit par se séparer. Ruslan Taranu poursuivit tou-tefois ses expériences, non sans succès. Il partit pour Paris en1989, où il composa des bandes originales de film. De retouren Moldavie dans les années 2000, il a fondé une maison deproduction consacrée aux jeunes talents.

Et O-Zone fit son apparition

C'est aussi dans les années 1980 que le groupe Stupeni(Étapes) fit entendre ses violons. Le groupe jouait d'ailleurssans clavier, un événement pour la scène moldave de l'époque.Le groupe se relocalisa ensuite à Saint-Pétersbourg, où il chan-gea de nom Provinciya (Province) et y obtint un prix au festi-val de rock de la ville en 1986.

La décennie 1990 fut faste pour le rock moldave. Une pre-

mière salle dédiée ouvrit ses portes : Cuibul (Le Nid), une idéed'Igor Dinga qui, rapidement, lança un groupe du même nomdans le petit théâtre Luceafarul. L'aventure durera 10 ans etcomptera 6 albums et 5 clips. Le groupe fut populaire enRussie et en Ukraine et servit un peu d'école pour de jeunesmusiciens. Igor Dinga initia en outre le projet Zdob si Zdub,groupe des plus charismatiques qui met le feu à la scène - peut-être le meilleur de tous les groupes rock moldaves. Uniquedéfaut : la plupart de leurs titres sont des reprises. Mais la qua-lité et le succès sont toujours au rendez-vous, sans compter lesoin particulier apporté aux clips.

C'est aussi dans les années 1990 qu'on assista à l'émergen-ce de Gândul Mâtei (LaPensée du Chat), l'un desmeilleurs groupes roumano-phones de la décennie. Lechanteur, Nicu Tarna, quiétudiait les arts drama-tiques, a apporté quelquechose de tout nouveau enMoldavie: la figure de larock star. Jouant de sestalents d'acteur, il avait uncharisme qui ne laissait per-sonne indifférent.

Malheureusement, ladiscographie du groupe est bien mince. Reste quelques tubes -La Ciocana, In Jurul Nostru ou Fata mea. N'oublions pasnon plus le groupe de métal gothique/doom, Inferialis, qui sefit une place dans le paysage musical local malgré sa courteexistence (1996-98), et à peine deux albums. Inferialis estaussi connu pour avoir offert au monde O-Zone, le plusfameux groupe de pop de toute l'histoire de la Moldavie avecleur tube planétaire, Dragostea din tei, via deux de ses mem-bres : Dan Balan and Petru Jelihovsky.

On pourrait aussi évoquer les Flying Postmen, Axident,FurioSnails et bien d'autres encore. Le tour d'horizon pourraitcontinuer longtemps! Mais aujourd'hui, force est de constaterque le rock n'a plus vraiment le vent en poupe en Moldavie. Ausommet des charts trônent désormais les stars de la pop...

Vlad Bolocan (traduit par Stéphane Surprenant pour Le Courrier des Balkans)

*Mihai Dolgan (1942-2008) deviendra académicien. Piedde nez de l'histoire, devant l'émotion suscité dans le pays lorsde sa disparition, le président communiste Igor Voronine vien-dra se recueillir devant le cercueil de celui que le régime avaitfait déporter au goulag avec sa famille.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Le rock moldavea surgi sansvraiment crier

gare quand, en 1969, legroupe Noroc a vendu 2,5milli-ons de son EP quatretitres contenant le hit Dece plîng chitarele (Pourquoi les guitares pleurent).Tout le monde s'est alors

mis à chercher la Moldavie sur une carte. Malgré son succèsen Allemagne de l'Ouest, le groupe était banni par les autoritéssoviétiques moins d'un an plus tard.

Vu de loin, la Moldavie apparaît comme une terre riched'un bon rock à l'orchestration soignée, aux performancesdécoiffantes et parfois aux accents avant-gardistes. De plusprès, on constate qu'il n'y a jamais eu de véritable continuitésur la scène rock de Chisinau, et que les grands groupes ontplutôt été des exceptions.

Verdict du comité de censure du Parti: "Interdit!"

Après l'annexion de la Moldavie par l'URSS, les seulesmusiques autorisées étaient celles du régime et quelques chan-sons mièvres évoquant la capitale florissante. Les éléments lesplus exotiques de ces chansons rappelaient le folklore deRoumanie. Il a fallu attendre que Mihail Dolgan* revienne del'armée et qu'une génération d'adolescents dotée d'une solideculture musicale émerge pour que les choses changent.

Mihail Dolgan a créé au moins quatre chansons impéris-sables. Peu de Moldaves peuvent se vanter d'un tel exploit ! Néen 1942 et déporté avec sa famille en Sibérie en 1949, il enreviendra en 1958 et se mettra à la musique avec des groupestraditionnels locaux. Puis, musicien dans l'armée à Kiev, ildécouvre le jazz. Il fonde le groupe Noroc avec Fedco, direc-teur de l'orchestre philarmonique de Penza. Le nom, choisi parFedco, signifie "chance". La première prestation du groupe -un désastre - eut lieu devant un comité de censure du Parti, quirendit son verdict: "interdit" ! Grâce à Fedco et à deux autresemployés du philarmonique de Penza, Crimerman etTchaïkovski, le groupe aura une deuxième chance.

En mars 1966, Noroc fait ses débuts devant une salle com-ble où s'entasse l'élite intellectuelle de Chisinau - une nuitmagique et une petite révolution spirituelle. De nouveauxmembres rejoignent l'aventure, les musiciens s'équipent avecdu matériel moderne et des tournées s'organisent à traverstoute l'URSS. En deux ans, Noroc devint le groupe rock de

l'hémisphère communiste. Noroc jouait à guichets fermés et,lors des concerts en plein air, les gens cassaient des branchesen grimpant dans les arbres pour mieux les voir.

"Une influence néfaste sur la jeunesse"

En 1970, le groupe représenta le label soviétiqueMelodiya au festival de Bratislava, grâce à son EP (super45 tours) à succès. Mais Noroc n'était pas vraiment le bienve-nu: Jan Palach s'était immolé à Prague en janvier 1969 pourprotester contre les tanks de Moscou...

Les choses commencèrent à changer pour le groupe,quand il se mit à chanter, dans une langue qui n'était de touteévidence pas slave: on sentait que ses membres n'étaient pasexactement communistes. Les représentant du label anglaisTriumph furent si impressionnés par la performance de Noroclors des balances du festival de Bratislava qu'ils leur prêtèrentleur équipement. Un soir, un membre de Noroc découvrit dansune revue que leur chanson De ce Plîng Chitarele était sixiè-me des ventes en Allemagne de l'Ouest. À peine rentré enURSS, le groupe planifiait une tournée en Amérique latine.Mais le ministère de la Culture décida alors d'annuler toutesses activités à cause de plaintes: le groupe aurait une influen-ce néfaste sur la jeunesse.

Un agent musical de Tambov, en Russie, relança le grou-pe, ce qui eut le don de mettre en pétard le ministère de laCulture moldave: "Pourquoi remettez-vous en selle un groupeque vous nous avez demandé d'interdire?", écrivit-il àMoscou. Et le groupe fut de nouveau banni.

En 1974, après des négociations humiliantes, MihailDolgan obtint finalement la permission de continuer sous unnouveau nom: Contemporanul. C'est seulement en 1986 queNoroc retrouva son nom original, même si c'était trop tard: leschoses avaient changé. Il n'existe malheureusement que trèspeu d'enregistrements de qualité de Noroc en concert. Lesseuls qui restent sont ceux qui étaient approuvés par le régime.Ils sont honnêtes, mais loin de rendre tout ce que Noroc repré-sentait ! Pour les musiciens moldaves, Noroc a non seulementjoué un rôle éducatif, mais il a établi de nouvelles normes.

Chisinau, petite capitale du rock

Deux projets musicaux doivent beaucoup à Noroc. Audébut des années 1980, le groupe Plai (Patrie) devint la réfé-rence nationale en matière de pop-rock, funk et soul. Sonchanteur, Stefan Petrache, sans doute la meilleure voix mascu-line moldave, avait déjà fait ses preuves avec Noroc.

Plai sut réunir d'excellents compositeurs et musiciens.

Rock n’roll Revenu de déportation en Sibérie, Mihail Dolgan a "allumé le feu" dans tout l'hémisphère communiste

cinquante ans de rock à ChisinauDe “Noroc” à “Zdob si Zdub”… La question n'a plus vraiment besoin d'être posée: oui, il y a bien eu une scène rock

de l'autre côté du rideau de fer. Même en Moldavie, petite république soviétique coincéeentre la Russie et la Roumanie. Là-bas, tout a commencé en 1969 quand un groupe quasi-inconnu a écoulé 2,5 millions de disques et atteint les sommets des charts (tubes au hit-parade) ouest-allemands. Retour sur une histoire ignorée hors des frontières moldaves.

Grâce au groupe Noroc, tout le monde s'est alors mis à chercher la Moldavie sur une carte.

Né en 1942, Mihai Dolgan avait étédéporté avec sa famille en Sibérie en

1949 pour n'en revenir qu'en 1958.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

C'est cette terrible réalité que rappelait et décrivait Didier Rance dansson ouvrage "Courage et Fidélité, l'Eglise Gréco-Catholique",paru en 1994, en partie toujours d'actualité, et qui aide à mieux com-

prendre aujourd'hui la complexité de la situation des différentes Eglises deRoumanie. L'auteur, spécialiste de l'Europe de l'Est avait rencontré les survivantsde la terrible épreuve qui fut réservée aux gréco-catholiques, recueilli le témoi-gnage de leurs souffrances, de leur martyre, de leurs difficultés présentes.

Ce document articulé notamment autour de l'itinéraire du cardinal Todea,grande figure du gréco-catholicisme et son chef après la "Révolution" de décem-bre 1989, évoque aussi l'année 1948, celle où le sort de cette église se joua.Retour sur une tragédie qui frappa des centaines de milliers de Roumains et querappelle Didier Rance.

Un scénario préparé d'avance à Moscou

"Blaj, 6 mars 1945 : La radio de Bucarest vient d'annoncer la formation duministère Groza, ajoutant que de gigantesques manifestations populaires sedéroulent dans la capitale roumaine et ailleurs, pour saluer l'arrivée au pouvoir duFront National, la couverture politique du Parti communiste, de ses alliés de laonzième heure, etplus encore de l'ar-mée soviétique ent-rée dans Bucarest le30 août précèdent(la ville s'était libé-rée des Allemandsquelques jours au-paravant et l'accueilne fut guère enthou-siaste).

En fait, le sortde la Roumanie estdéjà fixé depuisque, un jour d'octo-bre 1944 à Moscou, Winston Churchill avait proposé à Staline pour la malheu-reuse Roumanie 90 % d'influence russe et 10 % pour l'Occident. Le fait qu'il n'yavait pas alors mille communistes en Roumanie n'avait en l'occurrence aucuneespèce d'importance. La terreur, la lâcheté, la faiblesse et l'opportunisme eurenttôt fait d'en susciter des centaines de milliers. On trouva même rapidement unprêtre orthodoxe, Constantin Burducea, pour devenir ministre des Cultes et lea-der d'un mouvement des "Prêtre démocrates" chargé de mettre au pas son Eglise.

Une conférence fut organisée à Moscou en 1946 sur ordre de Staline. Aucours de cette conférence, la Roumanie fut représentée par l'évêque orthodoxed'Oradea, N. Popovici. C'est à cette époque et à cet endroit que fut décidée laliquidation des Eglises gréco-catholiques de l'Ukraine soviétique, de laTchécoslovaquie et de la Roumanie.

Pour la Roumanie, cette mesure devient effective en 1948,après le départ du Roi Michel. Cet ordre stalinien déclencha lecommencement d'une guerre de la presse qui se distingua pardes attaques en tous genres contre le Saint-Siège, la papauté etsurtout contre le pape Pie XII.

Faire peur

Pourquoi s'en prendre à l'Eglise ?Si les Occidentaux, en 1943, pou-vaient encore avoir des illusions sur lanature véritable du marxisme-léninis-me, les voisins de l'URSS ne savaientque trop qu'il fallait prendre au pied dela lettre la fameuse déclaration deLénine reprise dans le tome XV de sesœuvres (p. 317): "Ce qui constitue la base philosophique dumarxisme, c'est le matérialisme dialectique… le matérialismeabsolument athée, décidément hostile à toute religion".

Cette hostilité de principe a été, en Roumanie commeailleurs, la base de toute la politique religieuse des gouver-nants communistes de1943 à 1989, de Gheorghiu Dej àCeausescu. Mais, en Roumanie comme ailleurs, les modalitésd'exécution ont varié en fonction des circonstances et dessituations propres à chaque confession. Les premières mesurestouchèrent indistinctement toutes les confessions.

Dès 1946, de nombreux prêtres, tant orthodoxes quecatholiques, furent arrêtés pour avoir refusé de rejoindre lesrangs du mouvement des "Prêtres démocrates" suscité par lerégime, pour s'être opposé à lui ou pour tout autre prétexte. Lebut était de faire peur à tout le clergé, catholique ou orthodoxe.Le Père Todea, pas encore cardinal, fut ainsi arrêté pour avoirfait l'éloge de Pie XII dans un sermon à l'occasion de l'anniver-saire du Pape, mais réussit à fausser compagnie à ceux quiétaient venus l'appréhender.

Dans le même temps, le régime remplaça des professeursdes écoles chrétiennes par des éléments "politiquement sûrs",c'est-à-dire hostiles à la foi chrétienne. Des manuels de mar-xisme y furent imposés. Les écoles catholiques les ayant refu-sés, le régime coupa le traitement des professeurs. Mais MgrSuciu fît faire une collecte dans les paroisses pour payer lesenseignants, dont les résultats dépassèrent largement les som-mes nécessaires.

Une cible de première importance… parce que roumaine

Dès 1947, il était évident que, pour le régime, l'adversaireprincipal était l'Eglise catholique, et particulièrement l'Egliseunie. Le recteur de l'Académie de théologie de Blaj, le PèreDanila, et un de ses confrères furent emprisonnés sous le fal-lacieux prétexte d'avoir empêché leurs séminaristes de "mani-fester aux côtés de la masse enthousiaste du peuple" ! D'autresprêtres sont arrêtés sous toutes sortes de prétextes, afin de

démoraliser le clergé. Quand on sait que 80 % du clergé estalors marié, comme il est de tradition dans les Eglises byzan-tines tant catholiques qu'orthodoxes, on comprend la tactique,et l'angoisse qui commença à étreindre les familles des prêtres.

Pourtant, le précédent ukrainien,où plus de la moitié du clergé mariépréféra la Sibérie ou la clandestinité àl'abandon de leur Eglise, aurait dûmettre en garde les responsables de lalutte contre l'Eglise.

Pourquoi l'Eglise roumaine unieétait-elle une cible de première impor-tance aux yeux du régime communis-te? D'abord par son appartenance àl'Église catholique. Les liens avec lecentre de la catholicité étaient insup-

portables à un système prétendant à la domination universelle:"Dans le monde entier, le clergé catholique est soumis auVatican, dont l'activité réactionnaire et impérialiste est univer-sellement connue" déclarait à cette époque le premier secrétai-re du Parti, Gheorghiu Dej. Ou encore: "L'Eglise catholiqueest l'unique obstacle encore organisé sur le chemin de l'instal-lation définitive en Roumanie d'une démocratie populaire".

Pour la propagande marxiste, relayée à longueur de semai-nes par la presse et la radio à travers tout le pays, le Vatican està la fois une "agence d'espionnage, le protecteur des fascistescriminels, la cinquième colonne de l'expansion américaine enEurope et l'instrument de l'impérialisme américain".

D'autre part, l'Eglise unie était non seulement catholique,mais aussi roumaine, et même un des vecteurs essentiels de la"roumanité", depuis des générations. Or cette réalité battait enbrèche une théorie tenue par certains milieux orthodoxes selonlaquelle seule l'Eglise orthodoxe exprimait la "roumanité".Cette thèse contraire à la vérité historique avait obscurci par-tiellement les bonnes relations existant entre catholiques uniset orthodoxes en Roumanie depuis le XIXème siècle.Malheureusement, ses tenants se retrouvèrent aussi pour laplupart du côté de la fraction de l'Église orthodoxe qui accep-ta de collaborer avec le régime communiste. Dès lors, le sortde l'Église unie était scellé: non pas la simple persécution,mais la liquidation pure et simple l'attendait.

Neamt, 27 février 1948: Dans une cellule de ce monastè-re de Moldavie rendu célèbre par Païssij Velitchkovskij, grandrénovateur de la vie monastique orthodoxe, à la fin duXVIIIème siècle, le patriarche orthodoxe Nicodim vient demourir. Il dirigeait l'Eglise orthodoxe roumaine depuis 1939.Après l'arrivée des troupes de l'Armée rouge en Roumanie, ilfut d'abord plutôt favorable au nouveau régime et à une "soli-de fraternité entre l'Eglise russe et l'Eglise roumaine, le peu-ple soviétique et le peuple roumain" (novembre 1946). Mais iIcomprit assez rapidement quelles étaient les véritables inten-tions de Staline et du régime envers son Eglise: l'assujettisse-ment pour en faire un instrument du pouvoir communiste.

(suite page 48)

DossierLes communistes ont réservé leur plus

1948 : la nuit tombe

terrible répression aux prêtres et aux fidèles gréco-catholiques

sur "l'Eglise des Catacombes" Staline lui-même avait condamné à mort l'Eglise gréco-catholique. Ses évêques

sont morts martyrs ou confesseurs de la foi. Ses prêtres ont connu par centaines legoulag roumain. Pendant deux générations une poignée d'évêques clandestins,quelques centaines de "prêtres vagabonds" et des dizaines de milliers de fidèles luiont permis de survivre. Depuis 1989, cette Eglise est sortie des catacombes mais pen-dant plusieurs années a encore célébré parfois son culte sur les places publiques oudans les rues, n'ayant pas récupéré ces lieux de culte.

Conversion en masse à l’orthodoxie de fidèles gréco-catholiques, au lendemain de la guerre.

Le cardinal gréco-catholique AlexandruTodea, symbole de la résistance anti-com-muniste, est mort le 23 mai 2002 à TârguMures, en Transylvanie, quelques joursavant son 90ème anniversaire. Né enTransylvanie à Peris (Târgu-Mures), en1912, l'ancien archevêque d'Alba Julia a étécréé cardinal lors du consistoire du 28 juin1991. Il s'était retiré de sa charge le20 juillet 1994 pour raison de santé. MgrAlexandru Todea fut ordonné évêque en1950, deux ans après la suppression del'Eglise gréco-catholique.

Voici en quelques chiffres comparatifs, l'é-tat de l'Eglise gréco-catholique, en 1948,avant que la répression communiste necommence, en 1989 quand ce régime s'ef-fondre, et en 1993, à l'orée du redressementde cette religion :- Diocèses: 5 en 1948, 0 en 1989, 5 en 1993- Evêques: 6 en 1948, 3 dans la clandestini-té en 1989, 5 en 1993- Prêtres: 1733 en 1948, environ 400 dans laclandestinité en 1989, environ 600 en 1993- Lieux de culte: 2498 en 1948, 0 en 1989,environ 70 en 1993 et 150 en 2005- Séminaires: 4 en 1948, 0 en 1989, 4 en1993- Ecoles: plusieurs centaines en 1948, 0 en1989, 0 en 1993- Couvents: une centaine en 1948, 0 en1989, moins de dix en 1993

Fidèles : 1 600 000 en 1948, 0 en 1989,au moins 500 000 en 1993 (238 000 selonle recensement "officiel " de 1992… effectuéparfois par des popes ou leurs femmes).

Aujourd'hui, au moins 500 000 fidèles

Mgr Hossu bénit clandestinement des fidèles.

Connaissance et découverte

Enfin, le décret 177 du 4 août 1948 interdit toute relationavec un culte quelconque en dehors des frontières de laRoumanie, institua un serment de fidélité envers l'état commu-niste pour les ministres du culte et réorganisa arbitrairementtoutes les circonscriptions.

La persécution à l'œuvre

Blaj, 27 septembre 1948 : L'appareil législatif donnant unsemblant de légalité à cequi allait advenir, le régimeput alors s'attaquer àl'Eglise catholique unie. Ille fit de deux façons : direc-tement et sous le couvert del'Eglise orthodoxe.D'unepart, prenant prétexte de laprotestation des évêquescatholiques des deux ritescontre la dénonciation uni-latérale du Concordat et lesmesures antireligieuses quiavaient suivi, le gouverne-ment communiste déposapar décret Mgr Suciu deBlaj, Mgr Frentiu d'Oradea,Mgr Rusu de Baia Mare etMgr Balan de Lugoj, débutseptembre 1948. Mais, sur-tout, le régime prépara un programme de "réunion spontanée"des prêtres unis à l'orthodoxie et infiltra le clergé orthodoxepour le faire participer à cette campagne.

Le Cardinal Todea se souvient: "C'est alors que les persé-cutions et la terreur s'abattirent sur l'Église gréco-catholique.L'assaut de la violence commença le 27 septembre 1948,lorsque les commissaires de la Siguranta (ancêtre de laSecuritate) devinrent missionnaires de l'Eglise orthodoxe etallèrent trouver, en même temps que des membres du comité dinitiative pour la conversion à l'orthodoxie, des prêtres aussibien que des fidèles".

Aveuglé par sa vision simpliste de l'homme, réduit à sesseules dimensions économiques et matérielles, le régime étaitpersuadé que la plupart des prêtres unis signeraient le formu-laire du 27 septembre. La date de la "réunion volontaire" del'Eglise unie à l'orthodoxie avait même été fixée à quatre joursplus tard, le ler octobre. Mais, dès le premier jour, il fut évi-dent que l'immense majorité des prêtres catholiques unis nevoulaient pas abandonner leur Eglise. Le régime décida aussi-tôt d'utiliser la force.

Le Cardinal Todea : "Comme dans toutes les persécu-tions, la violence engendra là encore la peur". Il faudrait exa-miner comment l'Eglise gréco-catholique a réagi à cette peurqui est définie comme "Instands vel futuri periculi causa men-tis trepidado" (agitation de l'esprit à cause d'un danger pressantou futur). Il est ici question de "metus ab extrinsec" (craintedue à une cause externe). Cela fit naître une atmosphère d'é-pouvante et de terreur. On menaça les prêtres et les fidèles deles déporter en Sibérie; certains furent battus et soumis à des

tortures, d'autres prirent la fuite et se cachèrent; la plus grandepartie des prêtres et des fidèles résista cependant, mais certainssignèrent la conversion sous la pression de la peur.

Prêtres torturés, leurs familles inquiétées

C'est ainsi que des prêtres furent conduits dans les locauxde la police et battus jusqu'à ce qu'ils signent. A Blaj, on jetaun prêtre dans un égout où pullulaient les rats et il y resta deux

jours, jusqu'à ce qu'ilaccepte de signer. Un autreprêtre fut jeté de façonsimilaire dans un bourbier.A Oradea, le Père Tamaianfut torturé par le feu et l'é-lectricité jusqu'à ce que sasignature soit extorquée. ASibiu, le Père Onofreiuétait un miraculé de l'occu-pation hongroise: pendupour avoir défendu sonpeuple, la corde s'était cas-sée et il avait survécu.Conduit dans les locaux dela police après son refus designer le formulaire, ildéclara à ses bourreaux,après avoir été torturé:"Vous pouvez me battre et

me torturer tant que vous voudrez, vous pouvez m'arracher lesongles, m'arracher les yeux, m'arracher même la peau de mespieds, mais ma foi, je ne la renierai pas. Je ne signe rien". Ilfut pris pour un fou et relâché, au moins pour l'heure...

Mais la pression la plus efficace fut, plus que les tortureset les mauvais traitements, celle exercée sur les familles.Partout, on menaça les prêtres de les séparer de leurs familleset de jeter celles-ci à la rue s'ils ne signaient pas. Pourtant,même ainsi, seul un petit pourcentage signa, alors qu'en biendes paroisses ce furent les familles des prêtres qui répondirentaux agents du régime qu'elles préféraient être jetées à la rueplutôt que de manquer à leur foi.

Un refus de se soumettre généralisé

Le 30 septembre, la presse communiste annonça que430 prêtres avaient signé le formulaire. Soit moins d'un surquatre. Mais, en réalité, le nombre de ceux qui avaient signévolontairement ne dépassait pas quelques dizaines... Outreceux qui l'avaient fait sous la contrainte, et dont beaucoup écri-virent aussitôt à leur évêque, à la nonciature ou même à Romepour réaffirmer leur fidélité, on trouvait sur la liste des "signa-taires" le nom de prêtres qui s'étaient cachés pour ne pas avoirà signer, voire qui avaient refusé publiquement de signer,comme dans les départements de Nasaud ou d'Aiud. Là, tousles prêtres refusèrent de se soumettre et retrouvèrent pourtanttous leur nom sur la liste des "signataires"... Nombre de cesprêtres protestèrent aussitôt, réaffirmant publiquement leurattachement à leur Eglise. (suite page 50)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

(suite de la page 47)

L'Eglise orthodoxe mise au pas pour servir les desseins du régime

Dès 1947, les évêques hostiles à l'athéisme et au totalitarisme du nouveau régimesont écartés de leur siège. En particulier le métropolite de Moldavie, Ireneu Mihalescu,grande figure d'intellectuel et de pasteur, qui aurait dû accéder au patriarcat deBucarest après Nicodim. "Démissionné" en juillet 1947, il mourra peu après dans desconditions troubles. Son successeur fut un simple prêtre du mouvement des "Prêtres

démocrates" suscité par le régime, Justinian Marina, qui avait caché le leader commu-niste Gheorghiu-Dej pendant la guerre. Dans le même temps, les journaux des"Prêtres démocrates" s'attaquent violemment au Vatican, qu'ils assimilent à " l'impé-rialisme et au réactionnarisme" tout en exaltant le régime communiste.

Nicodim se retira alors dans le monastère de Neamt où il devait mourir peu après.Décès dont les circonstances restent elles aussi controversées. Comme le prévoit lacoutume de l'Eglise orthodoxe roumaine, c'est donc le métropolite de Moldavie,Justinian Marina, qui lui succéda, élu par le Parlement de Bucarest. Non seulement lerégime trouvait en lui un homme qui acceptait le régime et s'en faisait même l'apolo-giste, mais aussi un adversaire résolu de l'Eglise catholique unie.

Dès lors, les conditions pour une coopération de la hiérarchie d'une Eglise ortho-doxe soumise au régime à la liquidation de l'Eglise roumaine unie étaient remplies. LeCardinal Todea précisera: "Cette guerre fut particulièrement alimentée par de duresattaques de la part des évêques orthodoxes également". Du 3 au 15 mai 1948, à l'oc-casion des festivités qui eurent lieu pour le centième anniversaire de la réunion de l'as-semblée plénière sur le champ de la liberté à Blaj, Nicolae Balan, métropolite de Sibiuà l'époque, invita les gréco-catholiques à passer à l'orthodoxie.

L'Eglise unie défend sa foi et sa fidélité à Rome

Blaj, 29 juin 1948 : L'appel des responsables de l'Eglise orthodoxe aux catholiquesunis, suscité par le régime, se heurta, selon les termes mêmes d'un évêque orthodoxe,"à des cœurs endurcis qui devaient être amenés à composition". Prêtres, fidèles, ensei-gnants et séminaristesse mobilisèrent derrièreleurs évêques pourdénoncer cette attaquesans précédent contreleur Eglise. Ceux quiont vécu cette époque sesouviennent de la fer-veur et du regain deprière qui régnaientalors dans toutes lescommunautés et lesfamilles catholiquesunies. Mgr Suciu par-courait toute la Transyl-vanie pour exhorter sesfidèles au courage de la foi, accueilli partout dans des églises combles, où les ortho-doxes étaient souvent présents aux côtés de leurs frères catholiques.

Le 29 juin 1948, tous les évêques unis signaient une Lettre pastorale commune.Un texte qui constitue la profession de foi de cette Eglise à la veille de sa liquidation.En aucun passage, il n'entrait dans la discussion des aspects proprement politiques duconflit, et il se maintenait intégralement au niveau spirituel et pastoral. Pourtant, nonseulement le régime en interdit l'impression, mais dénonça le Concordat signé avecRome en 1927, de façon unilatérale, en guise de représailles, le 19 juillet 1948. Lemois suivant, les écoles confessionnelles étaient supprimées et un décret particulière-ment inique interdisait à leurs anciens élèves de postuler pour les séminaires.

Le palais épiscopal gréco-catholique d'Oradea.

Didier Rance, écrivain, est aussidiacre de rites latin et byzantin. Il aeffectué de nombreux séjours enEurope de l'Est et dans le tiers-monde. L'auteur de Roumanie,Courage et fidélité a aussi publiéFamilles chrétiennes en Pologne,Familles chrétiennes en URSS (encollaboration), Chrétiens du Moyen-Orient, Catholiques d'Ukraine, descatacombes à la lumière, Tchèqueset Slovaques, témoins de la foi, etdes travaux sur Saint Ephrem, leSyrien. Didier Rance a été égalementdirecteur national de l'AED (Aide àl'Eglise en Détresse) pour la France,créée en 1947 par un Hollandais, lePère Werenfried van Straaten qui,pendant plus de 45 ans, a soutenu,envers et contre tout, les chrétiens del'Est persécutés, en suscitant la prièreet la générosité de leurs frères despays libres. 600 000 bienfaiteurs à tra-vers le monde, dont 180 000 enFrance, apportent régulièrement leursoutien à l'AED qui agit sur tous lescontinents, là où l'Eglise est confron-tée à de nombreuses difficultés.

Dans le cadre de sa collection"Témoins", l'AED a publié une sériede livres de témoignages, recueillisauprès des survivants et des témoinsde la terrible épreuve vécue par lesEglises de l'Est, dont les ouvrages deDidier Rance que l'on peut toujours seprocurer à l'adresse suivante: Aide à

l'Eglise en Détresse, BP 1, 29 rue duLouvre, 78 750 Mareil-Marly. Tel: 0139 17 30 10, Fax: 01 39 17 30 19;site Internet: www.aed.France.org

Aide à l'Eglise enDétresse: 45 annéesde solidarité avec l'Est

Mgr Hossu,une desgrandesfigures del'églisegréco-catholique.

Les prêtres sont encore souvent obligés de célébrer les offices en plein air.

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Cardinal Todea : "Ce furent des journées apocalyptiques,que j'ai moi-même vécues". En effet, le Père Alexandru Todea,alors curé de Reghin, est arrêté le 14 octobre pour avoir refu-sé de signer le formulaire d'adhésion à l'Eglise orthodoxe. Onle conduisit au poste de police local. Mais au moment où on lefaisait rentrer dans la salle de garde, le téléphone sonnait. Lepolicier qui l'accompagnait alla répondre, tandis que son col-lègue allait dans le bureau du chef de poste signaler l'arresta-tion réussie du "prévenu" Todea. Aussitôt, voyant que la porteétait restée ouverte, le Père Alexandru s'éclipsa et alla secacher dans la maison d'une famille amie.

"Auto-liquidation" de l'Eglise unie

Alba Iulia, 21 octobre 1948 : Quand le régime eut com-pris qu'il ne parviendrait pas à forcer un seul des évêques unisà renier son Eglise, il décida debrusquer les choses, en choisissantla date du 21 octobre, 250ème anni-versaire de l'Union avec Rome,pour parachever la prétendue "auto-destruction" de l'Eglise unie.

Cardinal Todea : "Le 21 octo-bre 1948, on bénit la terreur et lespersécutions en toute solennité".Cette bénédiction fut donnée par lepatriarche Justinian et le métropoli-te Bâlan. On amena à la messe denombreux ouvriers appartenant àdifférentes usines, même s'ilsétaient d'une autre confession,pourvu qu'ils constituent une foule.

On put lire dans tous lesmédias de l'époque - comme parexemple dans le "Cultele religio-

sae in Romania" ("Les cultes reli-gieux en Roumanie") - une publica-tion du ministère des cultes, parueen 1948, que trente-huit doyens etprêtres avaient participé au rassem-blement de Cluj. Ils avaient repré-senté pour leur part 430 chanoines,doyens et prêtres. Il faut dire simplement à ce sujet que per-sonne n'avait mandaté ces trente-huit clercs et que personnen'avait de droit à cet égard. Quoi qu'ils fissent, c'était vain,c'est vain et cela le restera. Mais l'Eglise unie à Rome continuaà vivre. Elle était méprisée, mais elle vivait encore et continue-ra à vivre. Car l'Eglise catholique de rite byzantin a toujoursété là où étaient ses évêques; il en est ainsi à l'heure actuelle etil continuera d'en être ainsi". (propos recueillis en 1994).

Le commencement du martyre

A travers toute la Roumanie, 28 octobre 1948 : A partir du21 octobre, les églises furent prises de force aux communautéscatholiques unies, les prêtres récalcitrants arrêtés systémati-quement, les cathédrales occupées par des évêques orthodoxesavec l'aide de la force publique. Enfin, le 31 octobre, le métro-

polite orthodoxe Bâlan entrait, avec le soutien de la police,dans la cathédrale de Blaj. Trois jours auparavant, tous lesévêques catholiques unis avaient commencé leur chemin decroix.

Cardinal Todea : "Le 28 octobre 1948, tous les évêquesde l'Eglise unie furent arrêtés: Ion Suciu, évêque de Blaj, mortle 27 janvier 1953 dans la prison de Sighet; Valeriu TraianFrentiu, évêque du diocèse d'Oradea, mort le 11 juillet 1952dans la prison de Sighet; Liviu Chinezu, évêque auxiliaire deBlaj, mort le 15 janvier 1955 dans la prison de Sighet; VasileAftenie, évêque auxiliaire de Blaj, vicaire à Bucarest, mort le10 mai 1950 dans la prison de Vacaresti près de Bucarest;Alexandru Russu, évêque de Baia Mare, mort le 9 mai 1963dans la prison de Gherla; Ion Bâlan, évêque de Lugoj, mort en1969 au monastère orthodoxe de Ciorogarla; Iuliu Hossu,évêque de Cluj, premier cardinal roumain, mort le 28

mai1970, après avoir été incarcérésuccessivement dans les monastè-res orthodoxes, dans la prison deSighet puis, jusqu'à sa mort, dansle monastère orthodoxe deCaldarusani".

Une violence épouvantable

Le cardinal Todea continueson récit: "Ont été emprisonnés enmême temps qu'eux, des chanoi-nes, des professeurs de théologie,des doyens, de nombreux prêtres,moines et religieuses ainsi que desfidèles, aussi bien hommes quefemmes. Par chance pour notrepeuple, pour notre Église, pourl'ensemble de l'Eglise catholique,on n'a trouvé aucun traître, niparmi ceux qui avaient été arrêtésen premier, ni parmi leurs succes-seurs. La violence était épouvanta-ble, la terreur indescriptible, maisla peur na pas réussi à pénétrer eneux et à les inciter à mentir, ce qui

les aurait obligé à trahir leurs fermes convictions. Leur grandeur consiste dans le fait qu'ils ont contesté aux

staliniens le droit de violenter ou de terroriser leur conscien-ce. Car le persécuteur n'est pas le seul coupable. Le persécu-té, qui accepte par peur, le point de vue du persécuteur estaussi coupable que lui".

Avant son accident de santé de 1992, le cardinal Todeaavait commencé à constituer une Commission pour recueillirles témoignages des martyres et des confesseurs de la foi deson Eglise. Ce travail s'est poursuivi, et constitue la mémoirevivante des martyrs de ce temps.

L'héroïsme des prêtres mariés est illustré par de nombreuxcas. A Ogra, par exemple, un village entre Târgu Mures etLudus, le prêtre uni clandestin a été dénoncé parce qu'il célé-brait la messe chez lui. Il a préféré les camps au reniement etest mort à Aiud, laissant neuf orphelins... (suite page 52)

Les évêques martyrs que célèbre l'église uniate.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

(suite de la page 49)

Triste mascarade à Cluj

Cluj, ler octobre 1948 : Malgré l'échec patent de son program-me de signatures, le régime ne pouvait plus reculer, car l'annonce del'Assemblée de Cluj avait été publique.

Cardinal Todea : "Sous la pression de cette peur, trente-sixprêtres, ayant à leur tête un doyen, ouvrirent une discussion à Clujle 1er octobre 1948, au cours de laquelle ils décidèrent d'interrom-pre la liaison avec Rome et annulèrent l'union établie avec le SaintSiège en 1700. Le 3 octobre 1948, ces trente-six prêtres, escortéspar des policiers, furent amenés à Bucarest où le patriarche ortho-

doxe bénit cette parodie". En opposition à la collaboration d'une partie de la hiérarchie orthodoxe à la

comédie organisée par le régime communiste pour liquider l'Eglise catholique, d'au-tres voix orthodoxes roumaines s'élevèrent, dans le pays et hors du pays pour dénon-cer cette mascarade Beaucoup de prêtres et de fidèles orthodoxes manifestèrent leursympathie à l'égard de l'Eglise unie, au risque de leur propre liberté.

Le ministre des cultes, dans une allocution de juin 1949 se plaignait des senti-ments pro-catholiques de beaucoup d'intellectuels. Pour nombre d'entre eux, en effet,l'Église catholique unie, par sa résistance jusqu'au martyre devant le totalitarismeathée avait sauvé l'honneur de la Roumanie chrétienne. Leur propre courage partici-pait du même honneur. Et les plus lucides des orthodoxes ne se faisaient aucune illu-sion: après l'avoir utilisée pour liquider l'Eglise unie, le régime se retournerait contreleur propre Eglise.

Les orthodoxes de Paris se mobilisent pour leurs frères catholiques

A l'étranger, la réaction de beaucoup d'orthodoxes roumains fut encore plus forte.C'est ainsi que la paroisse orthodoxe roumaine de Paris, dès le 12 octobre 1948, écri-vait au pape Pie XII pour protester contre le sort fait à l'Eglise catholique enRoumanie. En juin 1949, le célèbre savant roumain et spécialiste des religions MirceaEliade écrivait dans une revue publiée à Paris:

"La dissolution par décret de l'Eglise gréco-catholique roumaine et la persécu-tion des prélats unis ont éveillé, et dans le pays et à l'étranger, une nouvelle vagued'indignation contre l'occupant. Il est inutile de rappeler les faits; il n'y a pas deRoumains qui ne les connaissent et qui ne frémissent dans leur conscience... Jamaisles âmes roumaines n'ont été plus proches de l'Eglise unie et comme telle de l'Egliseromano-catholique... Là où il a été possible de le faire, les représentants du clergéorthodoxe ont protesté contre ce sacrilège... Nous savons aussi qu'en de nombreuseséglises nos prêtres ont témoigné plus ou moins ouvertement, suivant les circonstan-ces, leur sympathie et leur admiration à l'égard des prélats et des fidèles gréco-catholiques. Comme conséquence de cette attitude, nous apprenons la déportation dequelques centaines de prêtres orthodoxes…".

Décision d'éliminer physiquement la hiérarchie

Reghin, 14 octobre 1948 : dès la mascarade de Cluj achevée, et alors même queplusieurs de ses participants qui y avaient été emmenés de force protestaient auprèsde leurs évêques de leur fidélité, le régime décida de liquider la hiérarchie catholiqueunie. Durant les deux semaines qui suivirent l'assemblée de Cluj, il fît pression surMgr Hossu et Mgr Aftenie, les deux évêques encore officiellement en fonction, pourqu'ils rejoignent "volontairement" l'Eglise orthodoxe. Les deux refusèrent catégori-quement. Dans le même temps, la campagne de terreur pour obliger les prêtres récal-citrants à signer le formulaire de réunion se poursuivait. Elle s'étendit aux fidèlesdans les mêmes conditions.

En Roumanie, c'est toujours la loi de1948, imposée par le régime commu-niste, qui régit les droits des cultes reli-gieux. Les problèmes actuels de l'Eglisegréco-catholique sont nombreux.D'abord, un grand problème immobilier.L'Eglise gréco-catholique est suppriméeen 1948 par le régime politique, surordre de Moscou, et toutes ses égliseset certaines de ses maisons paroissia-les sont remises à l'Eglise orthodoxepar l'Etat communiste. D'autres bâti-ments ont reçu des usages divers.Depuis 1989, l'Etat refuse de se mêleraux discussions entre l'Eglise orthodoxeet l'Eglise gréco-catholique pour larétrocession des églises.

La commission mixte de dialogueentre les deux Eglises n'avance pasdans son travail. Tout cela poussel'Eglise gréco-catholique à faire appel àla justice. D'un nombre de plus de2500 églises qui appartenaient àl'Eglise en 1948, seulement environ150 ont été récupérées.

En dehors du diocèse de Lugoj où ily a une vraie entente, la relation entrel'Eglise gréco-catholique et l'Egliseorthodoxe reste tendue. L'archevêqueorthodoxe d'Alba Iulia, en novembre2004, a conditionné le dialogue avecles gréco-catholiques, à l'arrêt immédiatde toute procédure judiciaire enclen-chée par l'Eglise gréco-catholique.

En janvier 2005, pour la Semaine deprière pour l'Unité des chrétiens, l'é-vêque orthodoxe de Cluj-Napoca,Bartolomeu Anania, avait refusé de serendre à la Cathédrale gréco-catholiquepour partager la prière.

Une situation tendueavec l'Eglise orthodoxe

... et en prison, à la fin de sa vie, photo figurant dans son dossier de la Securitate.

Mgr Ioan Balan, évêque martyr.

Connaissance et découverte

Le souvenir de cette expédition punitive est resté très fortdans la conscience orthodoxe, qui y voit la preuve que l'Egliseunie a été imposée par la force à la population roumaine deTransylvanie. Les catholiquesunis ont une lecture toute diffé-rente de l'histoire. Ils rappellentqu'avant cette expédition deBukow, leur évêque, InnocentMicu-Klein, avait été exilé àRome et qu'il ne fut jamaisautorisé à revenir dans sa patriealors que, dans le même temps,le gouverneur de Sibiu permet-tait au moine orthodoxeSophrone d'utiliser une forcearmée dans sa campagne contreles catholiques unis. En 1682,c'est au tour de l'évêque uniGrégoire Maïor d'être exilé,sous la pression des nobles calvinistes. Pour les catholiques, cen'est pas tant grâce au pouvoir politique que malgré lui queleur Eglise a pu se développer.

Aujourd'hui encore, ces lectures différentes du passéempoisonnent les relations entre les orthodoxes et les catho-liques. Toutefois, les grands historiens roumains tels queNicolae lorga ont montré que les deux communautés ontpareillement agi et souffert pour la cause roumaine auxXVIIIème et XIXème siècle.

Un siècle et demi de bonne entente et tentatives infructueuses de fusion

A la fin du XVIIIème siècle,les querelles entre catholiques etorthodoxes s'apaisent et les deuxcommunautés connaissent unsiècle et demi de bonne entente.Plusieurs essais de réunion dansune Eglise unie à Rome sont ten-tés sans succès. Les orthodoxesde Transylvanie constituent alorsla moitié des Roumains de larégion, surtout au sud, alors queles catholiques unis sont surtoutdans le nord (Maramures, régionde Cluj-Gherla).

A travers ces épreuves,l'Eglise roumaine unie développeune conscience très forte de sonidentité roumaine et latine, et une réelle autonomie pastorale.L'autonomie religieuse de l'orthodoxie roumaine par rapport àConstantinople ne date, elle, que de 1883 et de l'installationd'un patriarcat, à la suite du vote du Parlement de Bucarest,survenu en 1923.

En Transylvanie même, l'autonomie pastorale fut obtenuegrâce à l'empereur François-Joseph, le 24 décembre 1864.

Les "Ecoles de Blaj" symbolisent cette contributionunique de l'Église unie à laconstruction de la nation rou-maine. Au siècle suivant, cetteinfluence culturelle devientouvertement politique, avec lerôle majeur joué par lesévêques et hommes politiquesunis dans la lutte pour le ratta-chement de la Transylvanie auroyaume de Roumanie.

Ce rôle moteur de l'Egliseunie aurait été reconnu par lepremier patriarche orthodoxede Roumanie, Miron Cristea, en1927: "C'est grâce à ces patrio-tes roumains des diocèses unis

que l'on a vu la langue et la nation roumaines reconquérir leurplace au soleil".

A Alba Iulia, en 1918, MgrHossu proclame l'union de la Transylvanie à la Roumanie

En 1848, deux évêques, un uniate et un orthodoxe, convo-quent tous les Roumains de Transylvanie à Blaj, en vue de pro-clamer les droits de la nation roumaine de Transylvanie à l'in-dépendance nationale et politique.

Mais ce n'est que 70 ans plus tard que les Roumains deTransylvanie verront la réalisation de leur rêve. L'honneur de

lire l'Acte d'Union de laTransylvanie au Royaume, le lerdécembre 1918 à Alba Iulia,revint alors à l'évêque catholiqueuni Iuliu Hossu, futur confesseurde la foi et cardinal.

Les relations entre l'Egliseorthodoxe et l'Eglise unie furentdéfinies par la Constitution rou-maine de 1923 qui qualifiait lapremière d'"Eglise dominantedans l'Etat roumain" et la secon-de de "prioritaire sur tous lesautres cultes".

A partir de 1927 et de lasignature du Concordat entre leSaint-Siège et Bucarest, les ten-sions s'accrurent entre les deux

Eglises, sous l'influence du métropolite de Transylvanie,Antonie Bâjan, farouche adversaire de l'Eglise unie.

Il ne s'agissait cependant que de joutes verbales. L'arrivéede l'Armée rouge sur le sol roumain allait tout changer…pourle malheur de l’église gréco-catholique et de ses fidèles.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Le christianisme arriva en Dacie (l'actuelleRoumanie) avec les légions romaines. Il fut d'abordlatin, par la langue et le rite. Mais, à la fin du pre-

mier millénaire, les conquérants bulgares imposèrent la langueet le rite slavons. Le souvenir du lien avec Rome demeuracependant suffisamment vivant pour que le pays prenne lenom de Roumanie lors de sa création, par la réunion des prin-cipautés valacho-moldaves en 1857.

A l'ouest de l'arc des Carpates, la Transylvanie {Ardeal enroumain) a toujours été une terre de passage. Conquise par lesHongrois au Xème siècle, elle avait au Moyen Age une popu-lation importante de paysans rou-mains de rite oriental, sans droitsreconnus. Après la conquête autri-chienne, en 1687, les Roumainsvirent dans l'union avec Romeleur seule chance d'obtenir desdroits pour leur communauté, etd'échapper à l'influence calvinistequi s'exerçait de plus en plus surleur Eglise.

L'évêque d'Alba Iulia,Théophile, convoqua un synode

qui vota l'acte d'Union avec Rome, en octobre 1698. Son suc-cesseur, Athanase, confirma cette Union en 1700. La majoritéde la Transylvanie roumaine devint alors catholique de riteoriental. Mais la jeune Union rencontra des opposants farou-ches en la personne des protestants et des orthodoxes, surtoutserbes et grecs. L'évêque Innocent Micu-Klein comprit lanécessité d'un clergé bien formé et d'une élite consciente de sesracines spirituelles et culturelles.

Incompris même des catholiques, il fut exilé, tandis qu'u-ne partie de ses fidèles retournaient à l'Église orthodoxe. Lepouvoir impérial pratiqua tout au long du XVIII ème siècle

une politique louvoyante, tantôtfavorisant les catholiques unis, ycompris au moyen de la force cont-re les couvents orthodoxes, foyersde l'agitation anti-catholique, tantôtappuyant les adversaires de l'Egliseunie. C'est ainsi qu'en 1761 Marie-Thérèse d'Autriche envoya le géné-ral Adolf Bukow "pacifier" larégion de ses moines orthodoxestrop actifs. Ses compagnies détrui-sirent 150 monastères et ermitages.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Les familles demeurées fidèles éduquent toujours leurs enfants dans la religion gréco-catholique.

Le clergé gréco-catholique réuni à Lugoj.

Bucarest, ler décembre 1948: Ledernier acte de la mascarade fut accomplile ler décembre par celui qui en avaitréglé tout le scénario: le régime commu-niste.

Cardinal Todea : "Le décret gouver-nemental du ler décembre portant lenuméro 358/1948, qui informait l'opinionpublique à l'intérieur du pays et à l'étran-ger que l'Eglise gréco-catholique s'étaitliquidée elle-même et était passée àl'Eglise orthodoxe, est paru dans le jour-nal officiel du 2 décembre 1948. Il futdécidé que les biens de l'Eglise dissoutedeviendraient la propriété des ortho-doxes et de l'Etat".

Ce décret qui, à vrai dire, ne concer-nait pas du tout l'Eglise gréco-catholique,étant donné quelle ne s'était pas liquidéeelle-même, déclencha une persécutioncontre les prêtres et les fidèles qui nerespectaient pas cette loi, du fait quelle neles concernait pas. "C'est épouvantable,

mais cela correspond cependant à uneréalité triste et avilissante. Après toutcela, on pouvait lire ceci dans"Scânteia" ("L'Etincelle", organe offi-ciel du Parti communiste) du 22 février1949, citant la loi sur le culte du 4 août1948: "Un exemple prouvant combien laliberté religieuse est respectée est leretour des croyants gréco-catholiquesdans le giron de l'Eglise orthodoxe"…

Six cents prêtres en prison,soit le tiers du clergé, les autres se cachant

A travers toute la Roumanie,12 décembre 1948: plus de 600 prêtresunis étaient en prison, soit le tiers du cler-gé de cette Eglise. Des centaines d'autresétaient dans la clandestinité comme lePère Todea, se cachant dans des apparte-ments d'amis ou s'étant réfugiés dans lesmontagnes. Le reste se partageait entre

ceux qui avaient renoncé à leur état sacer-dotal et ceux qui avaient rejoint l'Egliseorthodoxe. Ces derniers étaient presquetous des prêtres mariés qui n'avaient pu serésoudre à laisser leur famille dans lamisère et les vexations.

Cardinal Todea: "Sur les 651 prêt-res de mon diocèse, 250 devinrent ortho-doxes et 401 refusèrent. Parmi ces der-niers, 300 furent arrêtés et 101 passèrentdans la clandestinité. Les proportionsfurent à peu près les mêmes dans tous lesdiocèses".

En 1990, il restait cinquante survi-vants parmi les 250 prêtres passés à l'or-thodoxie: ils sont pratiquement tous reve-nus à leur Eglise originelle.

Courage et Fidélité, l'Eglise gréco-catholique unie, par Didier Rance,Collection "Témoins" de la Bibliothèquede l'Aide à l'Eglise en Détresse (voircoordonnées par ailleurs), 332 pages, 10euros.

(suite de la page 51)

Le rideau tombe

Reconnue comme seconde religion du pays en 1923, l'Eglise

Un rôle moteur dans

gréco-catholique s'est développée surtout dans le Nord de la Transylvanie

l'unification de la RoumanieLe nom officiel de l'Eglise gréco-catholique de Roumanie est "Eglise roumaine unie". On l'appelle aussi "Eglise unie

de Roumanie", "Eglise gréco-catholique unie", "Eglise catholique de rite byzantin", "Eglise orientale unie", ou encore"Eglise uniate", terme considéré comme dévalorisant. Didier Rance en conte l'histoire.

En communiant avec les gréco-catholiques, à l'occasion de la consécration d'une de leurs églises, en 2008,

le métropolite orthodoxe Nicolae du Banat avait déclenché un beau scandale parmi les conservateurs des deux bords.

Dossier

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Un carré au cimetière Bellu, un monument au parcCismigiu et deux rues qui portent les noms dugénéral Berthelot et du docteur Clunet : voilà ce

qu'il reste à Bucarest de l'intervention française en Roumaniedurant la Grande Guerre. Que sait-on vraiment de cette mis-sion française, composée de plusieurs centaines d'officiersexpérimentés, envoyée en octobre 1916 sur le front d'Orientpour aider l'armée roumaine à repousser l'avancée de laTriplice (l'alliance conclue entre l'Empire allemand, l'Empireaustro-hongrois et le Royaume d'Italie puis par l'Empire otto-man) ? Si ce n'est en se rendant à la pâtisserie de l'hôtel Capsa,sur la Calea Victoriei de Bucarest, où on peut déguster unepâtisserie qui porte le nom de Joffre.

La guerre s'est aussi gagnée dans les hôpitaux

Soutenue par les Empires allemand,austro-hongrois et ottomans, l'armée bul-gare attaqua en 1916 la Roumanie par lesud. Malgré l'appui de l'armée impériale deRussie, l'armée roumaine ne résista pas.C'est la débandade. La mission françaisedu général Berthelot arrive en octobre1916, mais il est trop tard pour stopper l'a-vancée de la Triplice. Bucarest est pris et legouvernement s'enfuit à Iasi, l'autre capita-le roumaine. Une période de répit dans lescombats va permettre au général Berthelotde restructurer l'armée du roi Ferdinand. Ilorganise aussi la livraison de matériel mili-taire moderne venu de France.

''L'importance de la mission françaisea également consisté en son corps médical,note l'historien Adrian Niculescu. Car onle sait moins, mais la guerre s'est aussigagnée dans les hôpitaux et la missionmédicale du docteur français Jean Clunet a joué un rôle pri-mordiale sur ce front''.

Une épidémie de typhus exanthématique fait en effet unravage dans les rangs de l'armée roumaine. Or, à l'époque,seuls les Français possèdent un vaccin pour contrer cette mal-adie venue d'Asie. Le docteur Clunet improvise un hôpitalpour les contagieux dans le village de Bucium, aux environs deIasi. Véritable héros sanitaire, il meurt sur place en 1917,contaminé par la maladie et fut inhumé sur place.

Précurseur de la cancérologie et fils de l'avocat de Mata Hari

Pierre Édouard Jean Clunet (né le 28 janvier 1878 à Paris- mort le 3 avril 1917 à i) n'est pas n'importe quel médecin. Ilfut le premier, en 1908, à démontrer l'effet cancérigène desrayons X et est considéré comme un précurseur de la cancéro-logie. Médecin-major de 1re classe au cours de la PremièreGuerre mondiale, il fit partie du Corps expéditionnaire desDardanelles , avant de rejoindre la Mission militaire françaiseen Roumanie.

Chef d'un hôpital militaire à Bucarest, il se replia enMoldavie suite à l'occupation du sud de Bucarest par les trou-pes de la Triple Alliance. C'est là qu'il organisa, aux environsde Iasi, un hôpital pour soigner les malades de typhus.

Le jeune médecin est le fils d'ÉdouardClunet (1845-1922), avocat spécialisé dansle droit international, fondateur en 1874 duJournal du droit international (connu sousle nom de "le Clunet") et avocat de ladéfense de Mata Hari.

Durant la Première Guerre mondiale,Jean Clunet fut chirurgien militaire dans le332e régiment de ligne et participa à labataille de Charleroi (août 1914), au replisur l'Aisne et à la bataille de Berry-au-Bac.Ensuite, enrôlé dans le Corps expédition-naire français, il participa à la Bataille desDardanelles. Malade de la dengue, ilretourna en France après sa guérison et tra-vailla un temps à l'Institut Pasteur.

L'épidémie de typhus dans les rangs del'armée serbe réfugiée à Corfou le conduisiten Grèce. Embarqué sur le Provence II, ilpartit de Toulon pour Salonique le23 février 1916 avec 1700 hommes du 3e

régiment colonial. Au large du cap Matapan, le 26 février, lebateau fut torpillé par le sous-marin allemand U 35 et sombraen emportant 1100 hommes.

Les rescapés, dont Jean Clunet, furent recueillis le lende-main par le SS Canada, paquebot de la compagnie CyprienFabre transformé en navire-hôpital. Contaminé cette fois-cipar la dysenterie, Jean Clunet continua néanmoins à prodiguerdes soins, stupéfiant son entourage par son courage, et neretourna en France qu'après l'extinction des épidémies.

L'hommage de la reine Marie de Roumaniedans Le Figaro et le New York Times

Une nouvelle épidémie de typhus, cette fois en Roumanie,le détermina à repartir comme membre de la Mission médica-le française, rattaché à la Mission militaire en Roumanie, diri-gée par le général Henri Berthelot. Accompagné cette fois parson épouse, Jean Clunet contourna le blocus en passant par laNorvège et la Russie et arriva à Bucarest où il prit la directionde l'hôpital de maladies infectieuses. Il organisa l'activité del'hôpital et mena une campagne d'éducation sanitaire de lapopulation.

Suite aux défaites sur le front de l'Est et à l'occupation dusud de la Roumanie par les armées de la Triple Alliance, le roiet gouvernement roumain se réfugièrent à Iasi. La Missionmilitaire suivit ce mouvement et Clunet organisa un hôpitalpour les contagieux dans le village de Bucium, aux environsde Iasi, dans la villa Greierul (Le Grillon), seul bâtiment assezgrand disponible, bien qu'en piteux état, dans une ville sub-mergée par l'afflux de réfugiés.

Aidé par quatre infirmières de la Société Française deSecours aux Blessés Militaires (dont Marguerite, son épouse)

et dix sœurs de la Congrégation Saint Vincent de Paul, lemédecin prodigua ses soins aux malades de typhus.

Au printemps 1917, Jean Clunet contracta lui-même letyphus et mourut le 3 avril, à l'âge de 39 ans. Selon ses vœux,il fut inhumé dans le parc de la villa, à côté des infirmièreségalement victimes de l'épidémie.

Un monument en pierre en forme de croix, œuvre deSalvador Scutari (1880-1932), a été érigé par la suite dans lepetit cimetière situé près de la villa Greierul en leur mémoire.Sur le socle sont gravés, en français et en roumain, les mots "Àla mémoire de ceux qui sont morts au Grierul victimes de leurdévouement" et, plus bas, les noms de ceux qui y sont inhu-més. La reine Marie de Roumanie, qui a connu le docteurClunet pendant son refuge à Iasi, a écrit un article à sa mémoi-re ainsi qu'à celle des autres membres de la Mission médicalefrançaise, article publié le 4 septembre 1917 dans Le Figaro etrepris en version anglaise dans le numéro du 21 octobre dujournal The New York Times.

En mémoire du travail et du dévouement du docteurClunet, le service de Bucium de l'hôpital universitaire de pneu-mo-phtisiologie de Iasi porte aujourd'hui son nom, de mêmequ'une rue de Bucarest, dans le quartier de Cotroceni.

les malades du typhus de la Première guerre mondiale

des Roumains

Le docteur Jean Clunet a sacrifié sa vie pour sauver

Héros au service C'est pour rappeler que la Première Guerre mondiale a aussi été gagnée sur le front d'Orient

que le secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini,est venu à Bucarest début mars. À l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, laFrance à mis en place une mission du souvenir. La Roumanie, elle, marquera le centenaire de sonentrée en guerre l'année prochaine, car c'est en 1916 que le royaume décida de rejoindre la Triple-Entente. En août plus précisément. Si la mission militaire française en Roumanie, dirigée par leGénéral Berthelot, eut un rôle décisif dans le conflit, il ne faut pas oublier la part active prise par ledocteur Jean Clunet.

Après avoir reçu la visite des inspecteurs du fisc, plusieurs restau-rants de luxe des quartiers huppés de Bucarest (Dorobanti,Herastrau, Bulevardului Decebal, Valea Cascadelor, Mall Vitan)

ont été fermés pour des périodes comprises entre un et trois mois pour ne pasavoir délivré de factures en bonne et due forme à leur clientèle, omettant dedéclarer la TVA, ou fraudé sur leurs achats. Parmi eux, des établissementstrès courus: White Horse, La Belle Epoque, La Fattoria, Harem, PHII 16Lounge, La Farine, Restaurant Complex Herastrau, Restaurant Argentine,Mossano Caffe, Pepper Lounge Cafe, Gatto Lounge, Ruby Tuesday (MallVitan), Restaurant Casa Dragonului, Dristor Kebap Mall Vitan. Un total de200 000 e d'amendes leur a été en outre infligé. Fermé pour 30 jours etcondamné à 2000 e d'amendes après un contrôle survenu à 23 heures le

samedi soir 14 mars, en pleine heure de pointe, un restaurateur de Dorobanti s'est indigné: les inspecteurs avaient relevé une dif-férence de 40 e sur sa caisse, représentant selon ses dires des pourboires qui n'avaient pas été encore enregistrés.

Même le restaurant Complex du lac Herastrau a été obligé de fermer ses portes.

Tourisme

Histoire

Un monument en pierre, en forme de croix, a été érigé dans le petit

cimetière situé près de la villa Greierul.

Près de 2 millions d'étrangers (1,91 million) ont séjourné enRoumanie en 2014, chiffre en légère augmentation (+ 200 000) surl'année précédente, y dépensant 1,14 milliard d'euros. Le tourisme

d'affaires (conférences, foires, expositions) représente 61,3 % de ce secteur ennombre de visiteurs et 68 % du chiffre d'affaires. 44,5 % des séjours ont étéorganisés par des agences de tourisme, 32,8 % des visiteurs se débrouillant pareux-mêmes.

A 77,4 %, les étrangers sont venus en avion, 12,8 % ayant utilisé leurs pro-pres véhicules. Ils ont représenté 22,6 % des clients des hôtels et structuresd'hébergement. A 77 %, ils provenaient de l'Europe, dont 85,5 % de l'UE. Dansl'ordre: les Allemands, les Italiens et les Israéliens.

Restaurants de luxe fermés

Deux millions de visiteurs étrangers en 2014

Inauguré en 2011, le city bus de Bucarest est le moyen le plus approprié pour découvrir

la capitale… sans se fatiguer et pour 4-5 euros.

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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S'initier aux roua-ges et à lafabrique de l'in-

formation tout en démon-tant les préjugés sur unpays: voilà l'objectif que s'é-tait fixée la journalisteMarianne Rigaux dans lecadre du projet pédago-gique d'éducation auxmédias Globe Reporters, enpartant cinq semaines enRoumanie, au début de l'an-

née. Un pays dont elle est devenue une experte pour y avoirfait de nombreux reportages et y séjourner plusieurs mois.

Du 7 janvier au 12 février, 300 élèves français de 9 à15 ans ont ainsi découvert la Roumanie depuis leur école enFrance, grâce à une correspondance numérique quasi-quoti-dienne avec la reporter. Devenus rédacteurs en chef, ils luicommandaient leurs sujets, après s'être documentés, rédigeantles questions qu'ils souhaitaient qu'elle pose lors de ses inter-views. En retour, elle leur renvoyait au fur et à mesure la"matière brute" collectée, sous forme de sons, de textes, dephotos et de vidéos, mise à leur disposition sur un site spécia-lement créé.

Ensuite, c'était aux élèves et leurs enseignants de jouer. Ilsavaient jusqu'en juin pour mettre en forme les informationstransmises afin de réaliser un journal, un blog, une émission deradio, une exposition...

Au cours de ces cinq semaines de reportage, MarianneRigaux a rencontré sur place des interlocuteurs francophonesqualifiés pour répondre aux questions des jeunes. Elle est alléeà Bucarest, Brasov, Bistrita, Cluj et Sibiu et en a ramené100 articles multimédias, en français, publiés sur le site, lequela reçu 400 visites quotidiennes pendant toute la période. Cettematière riche qui illustre la diversité de la Roumanie est éga-lement accessible à tous les internautes sur le site (http://glo-bereporters.couleurmonde.com/spip.phprubrique242).

Les sujets commandés par les élèves étaient très variés :les fêtes traditionnelles, la musique folklorique, la cuisine, lesinvestissements chinois, la minorité allemande, l'élection deKlaus Iohannis, la pauvreté, les Roms, les taxis, le foot, l'héri-tage de Nadia Comaneci, la religion orthodoxe, les ours, lebusiness Dracula, les églises en bois, la réintroduction desbisons, les entrepreneurs français…

Douze classes et onze établissements scolaires répartis surtoute la France (Paris, Besançon, Perpignan, Baccarat,Châteaubriant, Rennes) ont participé au projet qui est porté parl'association française Le retour de Zalumée et qui a suscitédes correspondances entre enseignants des deux pays, lesquel-les devraient se poursuivre. Suite au succès de cette campagne,à condition de trouver des partenaires prêts à se lancer dans l'a-venture, l'association envisage de réaliser une campagnemiroir. C'est-à-dire de proposer à des classes en Roumanie d'a-voir une correspondance avec un(e) journaliste roumain(e) enreportage en France en 2016.

En Roumanie, de nombreux enseignants ont exprimé leurdésir de voir cette aventure pédagogique se concrétiser.

Connaissance et découverte

300 élèves français ont joué au rédacteur en chef avec Marianne Rigaux, pendant cinq semaines

Echanges

Deux tabloïds tiennent le haut du classement de la presse roumaine en termes de ven-tes, selon le BRAT, l'association roumaine d'audit des médias. Les quotidiens géné-ralistes de ''qualité'' viennent bien après, devancés par les journaux sportifs et le

quotidien de l'Église orthodoxe. C'est le tabloïd Click! qui reste le journal préféré des Roumains.Les chiffres du BRAT recueillis entre les mois d'octobre et de novembre affichent une moyennequotidienne de 110 000 exemplaires vendus, dont 23 000 par abonnement. Libertatea, l'autretabloïd vedette du pays, est largement derrière, avec une moyenne de 65 000 journaux venduspar jour, dont 15. 00 par abonnement. Suit la Gazeta Sporturilor avec 27 000 ventes quotidien-

nes puis, une surprise, Lumina, le journal édité par l'Eglise orthodoxe roumaine. Les 22 000 exemplaires quotidiens de cette publi-cation sont quasiment tous vendus par abonnement. Signe de la mauvaise santé de la presse en Roumanie, le premier quotidiengénéraliste, Evenimentul Zilei, n'affiche que 13 000 ventes par jour, suivi de Romania Libera (10 500), Adevarul (10 000) etJurnalul National (7500). Il est a noté que le Ziarul financiar, quotidien économique très apprécié, n'a pas rendu public ni sontirage, ni ses ventes du fait de la situation d'insolvabilité dans laquelle se trouve cette année le groupe média qui l'édite.

Berne s'est doté de "garde-fous" pour garantir labonne utilisation des ressources destinées à aiderla Roumanie, relève Thomas Stauffer, chef du

Bureau de contribution suisse à Bucarest. Son office encadreles projets sur place et contrôle par exemple les appels d'offreset les adjudications. Un rapport est fait tous les six mois sur l'a-vancement des projets réalisés. Des audits financiers sont enoutre effectués tous les deux ans et lors de la clôture d'un pro-jet. Si des irrégularités sont constatées, la Confédération suis-se peut immédiatement interrompre le versement de l'argent.La corruption est en effet en ligne de mire du Secrétariat d'Etatà l'économie (SECO) dans le choix, l'attribution et la mise enœuvre des projets de contribution de la Suisse.

"Je suis convaincu que tout a été fait pour éviter la cor-ruption de notre côté. A ma connaissance, il n'y a pas de cas",affirme-t-il, se montrant confiant car il estime que cela reflètela réalité sur le terrain. “Tous les projets sont examinés et vali-dés par la Suisse, la transparence est une priorité et un moni-toring strict est prévu dans l'accord-cadre sur la contribu-tion", insiste-t-il.

Bureaucratie côté roumain

Thomas Stauffer reconnaît en revanche qu'il y a parfoisdes problèmes dans la qualité technique de la mise en œuvrede certains projets, qu'il peut y avoir aussi des retards dus à la

lenteur de certaines procé-dures ou encore que l'acqui-

sition de certains équipements n'est pas toujours facile.Plusieurs responsables d'ONG partenaires font remarquer

que dans le cadre de la contribution suisse, le plus probléma-tique n'est pas tant la corruption mais "l'énorme bureaucratie"de l'Etat roumain. "Trop de structures, de niveaux, de règles, etdes législations qui changent trop souvent", résume CodrutaHedesiu, porte-parole de l'ONG Motivation Romania. Maiscette inertie dans l'administration roumaine et ses blocagesinhérents semblent moins affecter l'aide suisse que celle del'UE selon les principaux acteurs interrogés. "Avec les fondssuisses, c'est plus facile, car le suivi est plus direct, la structu-re moins lourde, c'est un vrai partenariat", explique-t-il.

"Nous avons négocié ce droit de regard, cet accompagne-ment des projets, ce coaching" avec Bruxelles, explique l'am-bassadeur suisse en Roumanie Jean-Hubert Lebet. "Et l'argentest vraiment géré de façon soigneuse, attentive et sans folie(...) pour des petits projets très concrets et ciblés", souligne-t-il. "Nous avons en Roumanie un portefeuille de projets degrande qualité".

Un savoir-faire et une expérience helvétiques dans l'aideet la coopération visiblement très appréciés en Roumanie parles ONG partenaires, les collectivités locales ou même l'Etat.

"L''Opération villages roumains'' des années 90, où desliens très forts se sont tissés entre la Suisse et la Roumaniegrâce à de nombreuses relations personnelles au niveau local,a contribué à la bonne réputation de la Suisse. Ici, on nous faitconfiance, car les mots sont suivis par des actes", observeJean-Hubert Lebet. (ats/Newsnet)

Aide en Roumanie: la Suisse multiplie les "garde-fous"

Echanges

Tordre le cou aux préjugés sur la Roumanie

La plus longue piste cyclablejamais réalisée en Roumanie aété inaugurée fin mars dans

l'ouest du pays. Cette voie entièrementdédiée aux vélos relie la ville deTimisoara à la frontière serbe en longeantla rivière Bega. Au total, elle compte37 kilomètres, huit aires de repos et desbarrières de sécurité à chaque intersectionavec une route.

Pour décourager les chauffeurs quivoudraient emprunter cette voie destinéeaux cyclistes, des amendes de 6500 lei(1460 e). Les 2,3 millions d'euros néces-saires à sa construction ont été financéspar l'UE. Celle-ci devrait d'ailleurs êtreprolongée en Serbie sur 43 kilomètresjusqu'à la ville de Zdrenianin. Les autori-tés serbes n'ont toutefois pas encore obte-nu le financement nécessaire.

Les tabloïds restent les journaux les plus lus en Roumanie

L'hebdomadaire Bucarest

Hebdo refait surface grâce augroupe Bursa. La décision a

été prise juste après l'attentat contreCharlie Hebdo. "J'ai été choqué par lemeurtre de ces journalistes (…). Le fait

qu'ils aient été tués alors qu'ils tenaientune conférence de rédaction nous aconvaincus qu'il fallait s'impliquer" sou-tient Florian Goldstein, président dugroupe. Le nouveau Bucarest Hebdo

compte militer pour la liberté d'expres-

sion, "mais ce ne sera évidemment pasune copie de Charlie Hebdo, ce n'est pasun journal satirique mais d'information"souligne-t-il. L'hebdomadaire en languefrançaises, disponible dans les kiosquesde Bucarest, est tiré à 1500 exemplaires.

Bucarest Hebdo refait surface

Apartir du 1er juin prochain, la cité-forteresse de Rasnov, près de Brasov,sera accessible aux visiteurs grâce à une cabine à crémaillère, ce quidevrait augmenter leur nombre de 20 % pour atteindre les 5000 par jour,

en pleine saison.L'investis-sement acoûté deux millionsd'euros, financé pardes fonds euro-péens. Les travaux- une longueur de165 mètres sur undénivelé de 94 mèt-res - ont été déli-cats, nécessitant l'a-cheminement dumatériel par desrondes d'hélicoptè-res. La cabine effectuera douze courses par jour dans chaque sens, transportant jus-qu'à 20 passagers. Il en coûtera deux euros pour un aller-retour (demi-tarif pour lesenfants). L'an passé, 300 000 touristes ont visité la cité fortifiée de Rasnov.

Piste cyclable vers la Serbie

La cité fortifiée de Rasnov accessible en crémaillère

Médias

Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Prêts à l'invasion

Envahie onze fois au cours de sonhistoire par les Russes, la Roumanie s'estpréparée depuis vingt ans à une nièmeoccupation. Cette fois-ci, plus questioncomme au temps d'Etienne le Grand, decacher les femmes et les enfants dans lamontagne, d'empoisonner les fontaines,de mettre le feu aux récoltes.

Le gouvernement a mis au point ensecret son plan. Les femmes ont étéenvoyées en Italie pour servir de garde-malades aux vieux, les hommes sont par-tis travailler chez Volkswagen enAllemagne et les jeunes ont profité desbourses Erasmus pour aller étudier enFrance. Pas besoin d'empoisonner leblé… les OGM de Monsanto suffisent.Quand aux routes, les trous ont été entre-tenus pour empêcher le passage des tanksde l'Armée Rouge.

Saint Valentin

-Vous avez des cartes où c'est écrit"Tu es mon seul amour" ?

-Bien sûr !-Alors, j'en voudrais cinq…

Rançon de la gloire

Après l'élection de Klaus Iohannis,les blagues vont bon train sur lesAllemands :

-Ah quoi reconnaît-on un ivrogneroumain ?

-A sa trogne.-Et un ivrogne allemand ?-A sa panse !Pourquoi les cuisinières allemandes

sont si mauvaises ?-Parce que quand elles font un bon

plat, elles jettent toujours le meilleur…-C'est-à-dire ?-L'enveloppe d'aluminiun de leur

surgelé.

Logique policière

-Mademoiselle, il est interdit de sebaigner dans cet endroit.

-Mais pourquoi vous m'avez laisséme déshabiller ?

-Parce que ce n'est pas interdit…

Logique féminine

Un policier arrête une conductricepour excès de vitesse.

-Votre permis de conduire, s'il vousplait !

-Çà ne va pas la tête ? Vous me l'avezpris hier… Comment voulez-vous que jevous le montre !

Logique masculine

Hier soir, ma femme avait laissé unmot sur le frigidaire: "Rien ne marche, jen'en peux plus, je pars chez maman !"….

Les femmes sont incroyables: j'aiouvert la porte du frigo… il fonctionnaitnormalement !

Sermon

A la messe du dimanche, le pope faitson sermon :

-Mes enfants, ne fumez pas! Parceque si vous fumez une cigarette, ensuitece sera un paquet, puis ce sera une tsuica,et après toute la bouteille. Vous irez voirune femme et après plein de femmes…

Bula lève la main :-Mon père quelle marque il faut

acheter ?

Radio Erevan

Les auditeurs téléphonent à RadioErevan :

-Qui était Christophe Colomb ?-Le premier communiste : il ne savait

pas où il allait, où il se trouvait… et toutçà avec l'argent des contribuables !

***

-Quel est l'homme qui a eu le moinsde chance sur la terre ?

-Youri Gagarine… Il a fait sept foisle tour du monde pour finalement retom-ber en URSS.

***-Comment passe-t-on du capitalisme

au communisme et l'inverse ?-C'est simple. Dans le premier cas

par la révolution, dans le second par uneagence de voyages.

***-Est-ce qu'il y a une ressemblance

entre l'histoire et un soutien-gorge ?-Evidemment… tous les deux défor-

ment la réalité.***

-Comment s'habillent les esqui-maux?

-Très vite !

***-Est-ce qu'on peut prendre une cour-

be à 90 % à 120 km/heure avec une Dacia1300 ?

-Sans problème… mais une seulefois.

***-Pourquoi les romans policiers sont

écrits le plus souvent par des hommes ?-Parce que les femmes sont incapa-

bles de garder un secret jusqu'à la fin…***

-Comment est-ce qu'on peut sortir dela crise mondiale ?

-Il faudrait que les Chinois ne man-gent qu'un jour par semaine, les Russesne boivent qu'un jour par semaine… etque les Roumains travaillent au moins unjour par semaine.

BlaguesHumourCHANGE*

(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,41 RON

(1 RON = 0,23 euro)

Franc suisse = 4,28 RON

Dollar = 4,08 RON

Forint hongrois = 0,01 RON

(1 euro = 301 forints)

*Au 20/04/2015 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIE

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel.: 02 40 49 79 94E-mail: [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-GhiranOnt participé à ce numéro:Yves Lelong, Laurent Couderc,Jonas Mercier, Benjamin Ribout,Julia Beurq, Julien Danero Iglesias,Francine Aizicovici, Mirel Bran,Jean Lauxerois, Nicolas Don,Iulian Anghel, Danilo Elia,Béranger Dominici, Céline Bayou,Doru Cireasa, Marianne Meunier, Gabriel Petrescu, Mihaela Rodina,Horia-Victor Lefter, Noël Tamini,Emmanuel Hecht, Vlad Bolocan, Stéphane Surprenant, Didier Rance,Mateo

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parutionSite :

www//lesnouvellesderoumanie.eu

Prochain numéro: Juillet 2015

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-Je m'adapte. Avec cette globalisation, onvend plus de lapins que d'agneaux à Pâques.

-Bon… Tu as ta fourche, tu as ton casse-croûte. Mais est-ce

que t'as pris ta batterie d'Ipad ?

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Et la lumière fut !

C'est un gars qui, juché sur un vélo, parcourt la Roumanie saluant aupassage les gens dans les villages, leur demandant si tout va bienchez eux et s'ils ont la lumière. Il s'appelle Iulian Angheluta (photo

ci-dessous) et va à la rencontre de ces Roumains qui vivent encore sans avoirjamais vu chez eux une seule télécommande ou la moindre ampoule électrique.

Ils sont 98 871 ménages répartis sur 2237 communes sans électricité, dansune Roumanie restée coincée quelque part dans les annexes d'une ordonnance signée dupremier ministre Victor Ponta. Dans les meilleurs des cas, ils n'ont que la lumière des lam-pes à gaz ou des générateurs. Et encore… pour les foyers les plus aisés. Iulian Anghelutaleur apporte la lumière. Pas à la façon d'un Père Noël ou par la vertu d'une inaugurationen grandes pompes. Son projet "Lumina pentru Romania" qu'il anime au sein de son asso-ciation "Free Miorita" consiste à installer le courant électrique chez ceux qui ne l'ont pasencore. Il vient avec des camions ou des quads chargés de panneaux photovoltaïques ache-tés grâce à la contribution de sponsors et installés par une main d'œuvre bénévole.

C'est ainsi que dans ces recoins de montagne encaissés et oubliés de tous, à Ursici etBosord (Hunedoara), 51 personnes ont vu arriver chez elles la lumière d'une ampoule élec-trique. Quelques mois plus tard, c'était dans la petite école d'Inelet (Munti Cernei). Depuis,les écoliers actionnent ces boutons enchantés qui commandent l'électricité et découvrent le monde à travers les ordinateurs que"Free Miorita" leur a aussi apporté. A la fin de chacune de ses campagnes, le Bucarestois met en ligne ce qu'il voit et ce qu'il vitsur les routes parcourues, seul ou avec ses compagnons, et publie le compte-rendu financier des dons qu'il a reçus.

"Chef de troupeau", Iulian Angheluta supplée à la carence de l'Etat

"J'ai 39 ans, je ne suis pas millionnaire. J'habite en location. Je n'étais plus en accord avec ce qui se passait dans l'agencede publicité où je travaillais. Je suis parti". C'est ainsi que, en quelques mots, Iulian Angheluta résume son histoire. Il n'a rien d'unfou. Il n'est qu'un "colporteur" qui a laissé tomber son métier, décidé à faire le bien et à se rendre utile, porte la bonne parole dansles villages et la met en pratique.

"Chef de troupeau" à "Free Miorita" - ainsi qu'il aime à se présenter - il n'est pas du genre solitaire. Qui veut se joindre à luipeut le faire. Il publie son parcours chaque jour sur les réseaux sociaux. Il suffit de fixer un point de rencontre au moyen d'un télé-

phone mobile et chacun peut apporter sa contribution en n'oubliant pasde se référer aux trois principes suivants: découvrir les hommes et leslieux, évaluer les besoins réels et… être à l'écoute des fabuleuses histoi-res contées par les villageois. "C'est aussi une épreuve d'endurance",rapporte Iulian. Les conditions d'hébergement sont spartiates, à la belleétoile ou sous la tente, parfois dans la cour des maisons qui ouvrent leursportes à ces visiteurs venus sur deux roues.

"Nous faisons en sorte que les gens qui ont besoin d'aide ponctuelle-ment puissent la recevoir rapidement. assure Iulian. Nous mettons enligne les cas et les besoins sur le site de "Free Miorita" pour que les gensse mobilisent et viennent nous aider, ainsi que cela a été fait à Urzici età Inelet". Mais, il y a un grand absent: l'Etat. "Pas une seule fois, lesautorités se sont impliquées. Tout juste si elles nous donnent la liste descommunes qui ne sont pas branchées, que l'on trouve par ailleurs".

"Libérer la Roumanie du fatalisme"

Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2003 ont pourtant promis d'électrifier les villages et les localités encore enattente. Mais les projets ont été repoussés les uns après les autres. Au début de 2012, le gouvernement a prolongé jusqu'à fin 2016la finalisation du programme d'électrification pour un coût de 990 millions de lei (225 millions d'euros).

Iulian ne compte donc que sur lui-même et sur Nicu Stancu, son complice de "Free Miorita". "Lorsque j'ai apporté les pan-neaux solaires à Ursici, tout le monde m'a demandé ce que je faisais là, si j'avais des parents ou des grands-parents dans le villa-ge. J'ai répondu: non, je ne connais personne ici, ni moi ni mes amis. Quand nous leur avons montré ce qu'on voulait faire et qu'ilsont vu qu'ils n'étaient plus abandonnés, la réaction de ces gens a été extraordinaire". Le retrouvera-t-on un jour candidat d'un quel-conque parti politique à une élection? "J'aimerais changer le pays. Mais pas avec un parti politique, répond-il. J'aimerais lancerun mouvement national du type "Free Miorita" pour libérer la Roumanie du fatalisme".

Yves Lelong

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