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UNIVERSITE DE PARIS 1 – PANTHEON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ETUDES SUPERIEURES TOURISTIQUES
Les passages et galeries couverts de Paris :
Mise en valeur et mise en tourisme de ces lieux originaux pour une
pérennité et un dynamisme dans le XXIe siècle.
Mémoire professionnel pour l’obtention du : Diplôme de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Master professionnel “Tourisme” (2ème année) Spécialité : Valorisation Touristique des Sites Culturels
Par Melle METIVIER Dorothée
Sous la direction de Michel Tiard
JURY
Président :
Suffragant :
Juin 2010
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Sommaire
Introduction P3
1. Le passage : naissance, évolution, statut et intégration P10
a. Le passage : début, Haussmann, aujourd’hui : XIXe-2010 P10
b. Typologie, signalétique et intégration urbaine P16
c. Statut juridique et gestion P21
d. Le passage : entre spéculation, commerce, plaisir et artiste P30
2. Conservation et restauration P36
a. L’architecture des passages P36
b. Protection et financement P45
c. Diagnostic des problèmes et solutions P54
3. Une mise en valeur et en tourisme du patrimoine parisien P60
a. Réalisation, projet et scénarios dans les passages P60
b. Une mise en tourisme des passages P68
c. Vers une “inscription UNESCO” ? P74
Conclusion P80
Bibliographie P82
Annexes P86
Table des tableaux, cartes et entretiens P100
Table des matières P101
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Introduction
Nous allons dans ce mémoire aborder le thème des passages couverts à Paris, berceau d’un
nouveau type architectural au XIXe siècle, qui s’étend à l’Europe entière, mais c’est aussi un
mode de vie, des commerces et des riverains. Afin d’éviter une étude isolée sans grand intérêt,
des références ou des comparaisons européennes seront présentes dans cet écrit sur les
passages parisiens. Un élément devient alors essentiel avant d’approfondir notre sujet, il s’agit
de la définition de ce qu’est un passage, un passage couvert, une galerie ?
Patrice De Moncan1, grand spécialiste des passages en Europe et dans le monde parle des
passages ainsi :
“On distingue à Paris sous le nom de passages, des chemins abrités par
lesquels on va d’une rue à l’autre en traversant une ou plusieurs maisons, et
qui ne sont destinés qu’aux piétons. (…) Les magasins en sont brillants, bien
pourvus, mais un peu chers. Dans le mauvais temps ils servent, comme le
Palais-Royal, de promenades et de lieux de rendez-vous. Ils sont
généralement éclairés par le gaz.”
Walter Benjamin2 en donne cette définition :
"Ces passages, nouvelle invention du luxe industriel, sont des galeries
vitrées, revêtues de marbres, à travers des blocs entiers de maisons, dont les
propriétaires se sont unis pour ces spéculations. Des deux côtés de ces
galeries, éclairées par en haut se succèdent les plus élégantes boutiques, en
sorte qu'un pareil passage est une ville, voire un monde en miniature".
D’un point de vue plus littéraire, prenons l’exemple du Robert, dictionnaire de la langue
française, à l’article du mot passage :
″le passage est un lieu ou chemin par lequel il est nécessaire ou commode
de passer pour aller d’un point à un autre, c’est aussi une petite rue
1 Dans, Les passages de Paris, SEESAM, Paris, 1990, page 9
2 Dans Paris capitale du 19ème siècle, Cerf, Paris, 1989, page 35
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interdite aux voitures, généralement couvertes (traversant souvent un
immeuble) qui unit deux artères.″
Selon l’Encyclopédie Universalis le passage couvert est :
″une voie réservée aux piétons, qui relie deux rues animées, il est bordé sur
chacun de ses cotés de rangées de boutiques, il est couvert d’un toit vitré qui
lui assure un éclairage zénithal. Il peut comporter en étages d’autres
boutiques ou bien des logements. C’est un espace public, aménagé sur un
terrain privé, un espace intérieur en extérieur.″
Selon Johann Friedrich Geist3
″Ce mot d’origine française, fut utilisé des le début du XVIIIe siècle en
France pour désigner les étroites rues privées qui traversent l’intérieur des
grands ilots d’habitation. L’étymologie du mot remonte au latin passus qui
veut dire pas et renvoie au mouvement, à l’action de traverser un espace.″
En conclusion, le passage a pour fonction de raccourcir, desservir, protéger ou de faciliter la
circulation du piéton de manière privilégiée reliant deux rues, le plus souvent animées.
Le passage couvert parisien est donc un espace situé le plus souvent entre deux immeubles. Il
peut être ouvert ou couvert (nous nous intéressons à ceux couverts) par une verrière et servir
aux activités commerciales, mais c’est aussi pour Paris des logements dans les étages, une
voie privée accessible aux publics, aux statuts juridiques complexes.
Quant à la galerie, selon l’association Passages&Galeries4 :
″C’est un synonyme de passage avec une nuance, en principe ce type de
passage couvert abrite des boutiques plus riches et une décoration plus
soignée (ex : galerie Vivienne, galerie de la Madeleine). C’est aussi un lieu
3 Dans le passage un type architectural au XIXe siècle, page 11
4 www.passagesetgaleries.org
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de passage couvert entourant un jardin (ex : galerie d'Orléans dans le
Palais-Royal).″
Sur le site www.arturbain.fr, les galeries sont :
“Une construction définissant un espace plus long que large, couvert et
servant au passage ou à la promenade, elle est composée seule ou avec un
bâtiment et peut affecter différentes formes.Elle constitue un élément de
protection contre les intempéries et l’ardeur du soleil, un élément de liaison,
un lieu d’expositions ou de commerces. Elle se situe de plein-pied, sur rue
ou sur jardin, en étage ou en souterrain. La galerie est un passage couvert ;
tous les passages couverts ne sont pas des galeries. Généralement, les
galeries constituent des espaces de transition entre espace privé/espace
public et intérieur/extérieur au bâtiment.”
C’est vers la fin de la Restauration (1814-1830) que
le terme “Galerie” apparaît en introduisant une idée
de hiérarchie. Il est vrai que les dimensions
(souvent plus large) et la décoration plus riche des
galeries affichent une différence avec les passages.
Ce fait se constate dans la Galerie Vivienne ou
Colbert (mosaïque au sol, rotonde…etc.) par rapport
à d’autres passages tels que celui du Bourg l’abbé
par exemple.
A gauche : Galerie Colbert (allée et rotonde) , à droite passage Bourg l’abbé. D.Métivier
L'idée de constituer des passages et galeries couvertes bordées
d'échoppes est ancienne. Elle a pris des formes variées selon les civilisations, notamment les
souks et les bazars. En effet tous ceux qui ont étudié les passages voient dans les souks et
bazars orientaux des exemples ayant inspirés les passages. Selon Patrice de Moncan5
“Si il existe des similitudes entre bazar et passage on peut se demander si ce
n’est pas fortuit puisqu’à l’époque, vers 1800, c’est une idée vague et assez
5 Dans Les passages couverts en Europe, Mécène, 2003, Paris, p 34
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fausse que se font les européens sur l’Orient et ses bazars. L’allée du souk
ne reconstitue pas la rue et les façades ne ressemblent pas à des immeubles,
de plus les activités culturelles y sont absentes”.
Il est vrai qu’il y a des similitudes telles que l’éclairage zénithal ou les boutiques mais,
le bazar n’a pas cette fonction de raccourcis et ses ouvertures sont les plus petites possibles
afin de protéger au mieux de la lumière. Ainsi, la comparaison des passages avec les souks et
bazars, se fait peut être un peu trop hâtivement. C’est aussi sur les traboules de Lyon, sur la
rue des colonnades (rue Rivoli : de Concorde au Louvre) ou encore sur les marchés couverts
que sont comparés les passages couverts pour certains traits similaires (Arcades, espace
couvert, imbrication entre deux immeubles).
Récapitulatif des types de formes urbaines
TERME DEFINITION EXEMPLE
Passage Voie privée ouverte aux publics, situé entre deux immeubles,
espace piétonnier, le passage peut abriter du commerce et de
l’habitat.
Passage du Grand Cerf
Passage de Pommeraye
Galerie Seul la décoration abondante et le luxe de ses boutiques
différencient une galerie d’un passage.
Galerie Colbert
Galerie Véro-Dodat
Bazar/souk Marché public où on vend ou échange à bas prix, en plein air
ou sous de vastes galeries couvertes, des articles et denrées de
toutes provenances. Ce sont des allées commerçantes à l’abri
du soleil et de la chaleur.
Istanbul, Damas
traboule C’est une succession de porches ou de voûtes entrecoupées de
cours ouvertes, également situées au cœur des îlots.
Lyon et Saint Etienne
marché Lieu public, couvert ou en plein air, où se tient toutes sortes de
marchands qui exposent et vendent des denrées alimentaires,
des articles de bazar et des objets d'usage courant.
Baltard (détruit)
Halles
Marché couverts de Saint-
Martin (château d’eau)
Marché couvert de Saint-
Quentin (gare de l’Est)
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Gare Structure pour la déserte de voyageurs et/ou de marchandises,
prend avec le temps de nouvelles fonctions commerciales. La
gare est composée d’une multitude d’allées/de couloirs
bordées de magasins en tout genre.
Gare de l’Est, du Nord et
Montparnasse
Dans les années 1850, Paris possède alors jusqu'à cent cinquante passages couverts. La
capitale exporte le modèle vers plusieurs autres villes de France
(Nantes, Bordeaux…) mais aussi vers l’étranger (Italie, Grande
Bretagne, Turquie, Belgique notamment). La quasi-totalité des
passages couverts se trouvent sur la rive droite de la Seine, à
l'intérieur des limites de Paris avant son extension de 1860, (carte
ci-contre : la zone rouge représente la concentration des passages à l’intérieur
des murailles de Paris au milieu XIXe siècle, carte de 1848, www.hist-geo.com)
principalement près des Grands Boulevards, c'est-à-dire dans la zone drainant la clientèle
aisée à l'époque de leur construction. Bordés de boutiques (de poupées, de cannes, d’objets de
curiosités…), ces passages sont des lieux de mixité sociale où la mode, la restauration et où
les grands cafés s’installent. Ainsi, ces lieux sont vivants, les gens se rencontrent, s’amusent
ou flânent dans ces espaces couverts, qui protègent
des intempéries et des vicissitudes de la ville du
XIXe siècle.
Les passages en Europe sont situés en France,
Angleterre, Italie, Belgique, Russie et Ukraine,
Allemagne, Danemark, Suisse, République tchèque,
en Scandinavie, Roumanie, en Grèce et en Turquie
(Cf. carte ci-contre : fond de carte sur www.hist-geo.com).
Ils sont de toutes sortes : plus ou moins
grands, plus ou moins fréquentés, plus ou moins conservés et rénovés. En France, Paris est la
ville où sont volontairement détruits le plus de passage contrairement à des pays qui
“chérissent” les leurs tels que la Belgique ou l’Angleterre. La Grande Bretagne est d’ailleurs
la reine des passages en Europe et dans le monde avec encore quatre-vingt-douze passages
existants, qui sont véritablement du XIXe siècle dans quarante-trois villes différentes (surtout
Londres et Leeds). L’Allemagne compte encore vingt et un passage dans environ dix villes,
l’Italie quatorze dans neuf villes, la Russie deux villes uniquement, ou encore la Belgique qui
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est un pays de passages. Sur Piccadilly Circus (Londres, Grande Bretagne) le passage de
Burlington Arcade est encore le seul endroit où il est possible de voir “la toiture authentique”
du passage des Panoramas. Ce passage à l’origine ouvert en 1799-1800 n’a pas de verrière, les
hommes de l’époque ne sachant pas les faire. Il y a donc des trous dans le plafond avec des
carrés de verres, remplacés plus tard par des verrières. C’est ce plafond parsemé de trous qu’il
est possible d’observer à Londres.
La France a beaucoup de passage (trente-huit
passages), un peu partout (une vingtaine de villes représentées en
rouge sur la carte à droite), le plus beau, le plus magnifique étant
celui de Pommeraye à Nantes. Le passage est vraiment un
phénomène parisien puis français mais, il va s’arrêter en 1860
très précisément, avec l’aventure malheureuse du passage des
Princes (anciennement passage Mirès) ouvert par Mirès (1809-
1871), homme d’affaire et politicien, qui connait très peu de
succès puisque sa société fait faillite un mois après, la fin des
passages est alors proche.
Notons de suite, qu’il existe une différence majeure entre les passages français et les passages
anglais ou russes. En effet, ces derniers sont des centres commerciaux comme ceux
d’aujourd’hui, il n’y a donc pas d’habitation, ce sont des lieux uniquement de commerce. Ces
passages sont peut-être plus ou moins comparables aux
commerces qu’il est possible de trouver dans les gares
parisiennes. Cette différence majeure dans l’utilisation
même du passage révèle un trait important : les passages en
dehors de France atteignent des dimensions très différentes,
les passages européens sont nettement plus grand que les
passages parisiens, on parle parfois de monumentalisme voir de gigantisme. L’exemple de la
Russie est très explicite, avec le Goum de 1893 qui illustre bien ce gigantisme et cette activité
principalement commerciale. Ci-dessus : Goum de Moscou, www.routard.com
En France, peu à peu les passages sont laissés à l’abandon suite à l’avènement des
grands magasins (deuxième moitié du XIXe siècle). Sous un même toit, des marchandises
variées sont proposées à un prix fixe toute l’année. Le client peut flâner à sa guise, admirer
une exposition ou y prendre un rendez-vous. C’est dans cette architecture de fer, avec
ascenseurs et verrières que l’individu se tourne au détriment des passages. Il en résulte de
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multiples problèmes tels que la dégradation du bâti, la désuétude et la fermeture des petits
commerces. Ils tombent simplement dans l’oubli des mémoires parisiennes et touristiques.
Ajoutons, que les grands travaux de Haussmann (1858-1870) bouleversent Paris, en
perçant de grandes avenues, son projet ampute ou détruit nombre de passages. La
concurrence des grands magasins est, elle aussi, un facteur de cet abandon par les populations,
ce qui conduit peu à peu à la disparition (avec des situations très diverses) ou la privatisation
(exemple avec le passage Ben Aiad, 8ème arrt) de la plupart des passages. En effet, ces
magasins offrent des avantages comparables aux galeries
sur une surface beaucoup plus importante. C’est pourquoi,
l’activité commerciale dans les passages étrangers ne
décroit pas comme en France. En effet, la dimension des
boutiques beaucoup plus importante, permet d’accueillir
des grandes enseignes demandeuses d’espace. Les
passages italiens (Elisalotto ou Galleria), bruxellois ou
russes en sont les exemples. A gauche, Galleria Vittorio Emanuele II, Milan, www.booking.net
Nonobstant, à partir de la fin du XXe siècle, un mouvement se dessine en faveur de la
protection, de la restauration et de la réhabilitation de ces témoignages originaux de
l’architecture et de l’histoire de l’urbanisme du XIXe. En effet, la destruction des pavillons de
Baltard entraine une prise de conscience de l’importance de l’architecture de fonte et de verre.
Il est alors très intéressant d’étudier les diverses déclinaisons que constituent les passages et
galeries. Il convient dans cette étude sur les passages et galeries de s’interroger sur la mise en
place d’une valorisation architecturale et touristique durable de ces passages, malgré les
difficultés de ces lieux complexes et originaux, afin de retrouver sous d’autres formes, la
pérennité et l’effervescence du XIXe siècle au XXIe siècle ? Les objectifs de ce mémoire est
d’établir quelle place tient le passage dans l’histoire, dans notre temps et comment peut-il
évoluer dans l’avenir ? Il s’agit d’identifier les acteurs qui œuvrent pour une valorisation des
passages parisiens et quelles sont les actions menées ? Mes recherches s’appuient sur des
ouvrages, notamment Patrice de Moncan, ainsi que sur le colloque du 11 décembre 2009.
L’association Passages et Galeries, la mairie de Paris et mes différentes rencontres avec les
commerçants des passages me sont essentielles pour ce mémoire.
Nous allons commercer par une présentation des passages et galeries couvertes sur le
plan historique mais aussi juridique, puis nous continuerons sur les aspects de conservation et
de restauration de ce type architectural afin de finir sur la mise en valeur et en tourisme de ces
lieux originaux de la capitale.
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1. Le passage, présentation et statut juridique
a. Le passage : début, temps haussmannien, aujourd’hui :
XVIII-XXIe siècles
.
Les débuts
Les passages se révèlent être un espace reliant deux rues à travers un ou plusieurs
immeubles, tout en étant dédiés au commerce. De façon typique, les passages couverts de
Paris forment des galeries percées au travers des immeubles ou construites en même temps
qu'eux. Ces galeries sont couvertes par une verrière
offrant un éclairage zénithal qui leur donne une
lumière particulière. Les galeries de bois du Palais-
Royal, créées en 1786, sont considérées
aujourd’hui, comme le prototype de ces passages.
En effet, les plus grands se sont inspirés de cette
galerie, comme le passage de Bruxelles appelé les
galeries Royales de Saint-Hubert, mais aussi la
magnifique Galleria Vittorio Emanuele II de Milan qui lance la mode des passages dans
l’Italie tout entière. Ci-dessus : Galerie Royale Saint-Hubert, www.royale-belgique.be
L’histoire des passages commencent donc dans les années 1780, où le duc d’Orléans
avait un grand besoin d’argent. Alors propriétaire du Palais-Royal, il décide, a des fins
spéculatives, de faire bâtir sur ses quatre cotés des immeubles avec arcades et boutiques au
rez-de-chaussée. Les travaux commencent en 1781, trois ans plus tard, trois des quatre ailes
sont achevées, mais les travaux s’arrêtent faute d’argent.
Balzac dans les illusions perdues6 parle de cette galerie ainsi :
« Des baraques, assez mal couvertes, petites, mal éclairées sur la cour et
sur le jardin par des jours de souffrance appelées croisées…Une triple
rangée de boutiques y formait deux galeries, hautes d’environ douze pieds…
6 Dans Patrice de Moncan, les passages en Europe, Mécène, Paris, 2003, page 16
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Ces alvéoles avaient acquis un tel prix par la suite de l’affluence du monde,
que malgré l’étroitesse de certaines, à peine large de six pied et longues de
huit à dix, leur location coutait mille écus. Ces galeries étaient percées par
un passage, et l’on y pénétrait par les deux péristyles commencés avant la
Révolution et abandonnées faute d’argent… »
Dans ses propos, il est possible de retrouver l’étroitesse qui caractérise encore
aujourd’hui ces lieux orignaux de la capitale, mais aussi le principe de la location et le succès
grandissant de ces galeries au XIXe siècle. Cet extrait de Balzac est fort intéressant puisqu’il
nous fournit les dimensions supposées de la galerie mais aussi son prix de location. Ces
différents récits sont pour l’histoire des passages essentiels, surtout en ce qui concerne la
description des galeries de bois et des autres passages, aujourd’hui disparus. La galerie est un
lieu qui attire bourgeois et aristocrate, la Bourse s’y tient l’après-midi, laissant place aux
joueurs et aux prostituées le soir. Ainsi, cette galerie de bois regroupe des gens de condition
différente avec des activités bien diverses de l’aube jusqu’à la tombée de la nuit.
Des spéculateurs avisés suivent les traces du duc d’Orléans, ainsi se multiplient ces lieux
originaux (création de logements pour y toucher des loyers). A l’époque, louer des boutiques
et leur logement est le placement le plus rentable qui soit. La construction des passages se fait
sur des terrains réquisitionnés à la Révolution comme pour le passage Feydeau (démoli en
1824) et celui du Caire. Mais c’est en 1800 avec le passage des Panoramas sur les Boulevard
de Paris, que ces lieux sont capables de rivaliser avec les galeries de bois du Palais-Royal.
C’est ainsi qu’une petite trentaine de passages sont construits sous la Restauration (1814-
1830) et la Monarchie de Juillet (1830-1848).
Maintenant crées, les passages connaissent l’âge d’or au XIXe siècle, sur le rive droite
parisienne, lieu de foule et de spectacles. En 1850, Paris n’a alors, ni trottoirs, ni électricité et
les gens se réfugient dans ces lieux à l’abri des intempéries. Les passants s’adonnent aux
lèches- vitrines, fuyant les “embarras de la ville” avec ses risques, ses odeurs et son vacarme.
Association de bourgeois, d’aristocrates, de poètes et théâtreux, mais aussi espace de bals, de
galanteries, de rencontres et de cafés, les passages sont de véritables lieux de mixité humaine
et économique (grâce aux commerces). Puis arrivent les travaux haussmanniens et le XXe
siècle, l’essor des grands magasins, l’importance grandissante de la voiture, les Parisiens et
touristes en oublient les passages et le déclin commence.
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Les passages de Haussmann à aujourd’hui (1852-2010)
Le succès des passages est lié principalement à la vie sociale et urbaine d’une
période. Bourgeoisie et aristocratie qui ont fait leur succès, tendent à les délaisser avec
l’évolution de l’urbanisme et les déplacements de ses lieux de rencontres et de commerces à la
moitié du XIXe siècle. C’est le début des grands Boulevards et Louis-Philippe porte un coup
fatal en 1830 en interdisant la prostitution et en fermant les maisons de jeux et de Bourse. Les
activités qui font vivre le passage sont alors interdites, cette décision porte durement atteinte
à ces espaces de flânerie, de mixité sociale et de rencontres.
Avec le Second Empire (1852-1870), plusieurs passages sont sacrifiés au profit
d’une urbanisation de Paris par les grands travaux du baron Haussmann (1858-1870). Les
dégâts causés par la percée du Boulevard Sébastopol sont considérables. La plupart des
passages finissent mutilés ou détruits (passage Feydeau) surtout entre la rue Saint-Denis et la
rue Saint-Martin. Le passage Brady, quant à lui, est totalement coupé en deux par le
Boulevard, d’autres passages ont légèrement plus de chance et sont uniquement raccourcis,
l’exemple du passage Vendôme ou Ponceau est éloquent. Notons, que ces grands travaux
bouleversent la structure même des passages, à partir de 1853, l’urbanisme haussmannien, le
nouveau quadrillage et la multiplication des transports modifient l’ensemble des itinéraires
parisiens. Les passages sont en effet, en tant que voie piétonnière, des itinéraires parisiens,
empruntés par la population. Fréquemment représentés dans les guides (Vert, Routard,
Michelin) comme des itinéraires, souvent catalogués dans la catégorie “insolite”, ces passages
certes originaux, ne sont pas insolite, ils sont typiques de la capitale. Parfois, les itinéraires de
ces passages sont notifiés dans une thématique d’un “Paris méconnu”, cette classification au
titre alléchant pour les touristes et parisiens est déjà plus juste.
Au milieu du XIXe siècle, c’est aussi l’essor des grands magasins (La Bon marché
1852, le Printemps en 1865, la Samaritaine en 1869) qui proposent des produits de
consommation qui tendent peu à peu à se massifier. Les espaces commerciaux s’agrandissent
et ces nouveaux magasins (La ville de Paris, les Trois Quartiers, le Tapis Rouge ou encore le
Coin de Rue) deviennent ainsi la forme commerciale idéale de cette époque, les passages
préfigurant du commerce moderne, perdent alors leur « aura ». La massification de
l’économie allait se traduire aussi par celle de la ville : l’époque de l’attrait des petites
dimensions est définitivement dépassée au profit de la grande échelle fastueuse : avec
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l’époque des Grands boulevards, puis les perspectives urbaines ouvertes par Haussmann
(1809-1891) et le projet de ville de Napoléon III (1808-1873).
La 3ème république (1870-1940) fait entrer les passages dans une sombre période, à partir
de 1870, ces lieux sont supprimés pour l’unique raison qu’ils n’intéressent plus personne. La
foule et les commerçants les ont désertés. Cette période est fatale à une vingtaine de passages
(passages Delorme en 1896, du Saumon en 1899, de l’Opéra en 1925, galerie de Cherbourg
en 1933), la Galerie et la Rotonde Colbert se vident quasiment de leurs activités dès 1910,
d’autres tombent aussi dans cette même désuétude. A Brady en 1900, la fabrique de
vélocipèdes est toujours présente, en 1910 il y a entre autres :
“Un boucher, un café charbon, un boulanger, un crémier, toutes activités
de proximité. D’autres vivotent sans gloire, ils deviennent des rues de
villages.” 7
Il est certain que c’est cette reconversion vers des activités de proximité sans grand
charme, ni grand attrait, que ces passages survivent à ces moments difficiles, en espérant
renaitre, comme structure architecturale, urbaine et commerciale.
Au cours des années 1950, 1960 et 1970 les passages survivants touchent le fond.
L’exemple bien explicite, démontré par le spécialiste Patrice de Moncan, où les dômes des
rotondes des galeries Colbert et Vivienne sont, lors de leurs création, vantés et copiés dans
l’Europe entière, pourtant :
« La 1ère disparut tout simplement en laissant son cocotier lumineux subir
pour la première fois depuis un siècle les outrages du ciel. Quant au 2nd
(Vivienne) elle s’effondre sous le poids d’un ouvrier venu y tenter une
réparation de fortune. »8
7 Colloque 11 décembre 2009, Daniel Hiernaux, 3ième table ronde
8 Patrice De Moncan, Le guide des passages couverts de Paris, histoire, actualité, commerces, plans,
promenades, éditions du Mécènes, 1996, Paris, 300 pages
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Il est alors possible de percevoir la lente décrépitude de ces passages et galeries aux cours des
années. L’intérêt pour ces lieux uniques décroit de plus en plus au fil des décennies. C’est
uniquement, depuis le milieu des années 1970, qu’un nouvel intérêt, se manifeste à leur égard.
La galerie Vivienne amorce ce renouveau, avec elle la galerie Véro Dodat, les passages
Jouffroy, Verdeau et des Panoramas retrouvent un certain luxe et le charme de ces lieux attire
peu à peu parisiens et touristes.
Il y a aussi une dimension économique à prendre en compte pour ce renouveau. Le
déclin des passages a provoqué une baisse progressive des loyers des boutiques et de jeunes
gens hésitent pas, fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingts à s’y
installer : M. Kenzo et Mme Véronique Lopez à la Galerie Vivienne, M. Robert Capia à la
Galerie Véro-Dodat en sont les exemples, séduits à la fois par le charme et la modestie des
loyers. Ces nouveaux arrivant se sont battus parfois contre des syndics mais aussi pour attirer
des activités semblables aux leurs ou non. Enfin, il s’agit de remettre en état des passages qui
le plus souvent tombent en ruine.
Aujourd’hui, l’intérêt est de plus en plus grandissant pour ces passages, la Ville
depuis 2004 et les associations9 tentent de promouvoir ces lieux de vies pour qu’ils s’intègrent
d’une meilleure manière dans le XXIe siècle après les tumultes du XXe siècle. Les mentalités
changent peu à peu vers la (re)découverte des lieux originaux de la capitale. C’est pourquoi,
les passages parisiens sont présents dans l’ensemble des guides touristiques comme itinéraire
parisien. Le style journalistique adopté pour attirer les touristes et les parisiens sont les thèmes
de l’insolite, du mystérieux, du méconnu voir du littéraire. Les passages sont aujourd’hui le
locus de l’imaginaire du retour à une ville plus accueillante, plus tranquille, plus riche en
expériences.
Pourtant, certains passages se maintiennent sur la base de commerces relativement
peu attrayants, comme les « fast-food » ou les vêtements bons marchés. Il ne s’agit pas ici de
dénigrer quoi que ce soit, puisque se sont ces activités qui ont sans doute évité la perte de
certains passages. D’autres passages ne sont pas encore sortis de cette époque que Daniel
Hiernaux qualifie de “glaciaire”10 . Ils continuent à vivre sur la base de la mono activité
comme le passage du Caire, qui s’insère pourtant assez bien dans le quartier du Sentier. Mais
9 Association Passages et Galeries, Association des amis du village des Panoramas, Association du Prado et aussi
au travers des sites Internet : de Vivienne, Colbert, havre, Panoramas, Prado
10 Colloque du 11 décembre 2009, Daniel Hiernaux, 3ème table ronde.
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cette mono activité est-elle sans risque ? Beaucoup d’expert en commerce ne favorise pas
cette mono activité qui représente trop de risques commerciaux pour le passage.
Le recyclage des passages par l’exotisme bon marché est ce qui a permis au passage Brady de
se rabattre vers la restauration. Une sorte de grand fast-food indo-pakistanais qui attire
aujourd’hui une certaine demande pas trop friande de qualité mais plutôt d’exotisme et de prix
compétitifs. Mais cela ne s’est pas fait sans bouleverser la conception même de ce que devrait
être un passage. Justement Que devrait être un passage aujourd’hui ? Le passage devrait à la
fois garder son aspect originel de flânerie et de rencontres en proposant des commerces qui
ne sont pas ailleurs, en gardant ce côté divertissant au travers les cafés et les restaurants.
L’image que renvoie le passage Brady n’est ni très gaie, ni très accueillante. Les passages
doivent aussi s’intégrer au XXIe siècle et dans la ville, par des activités nouvelles afin que sa
fréquentation touristique et locale s’accroisse. Dès lors, quels sont les facteurs qui ont
déclenché, chez certain, cette nouvelle centralité des passages dans la ville ? L’hypothèse
serait que les mentalités évoluent vers un retour aux anciennes traditions, la flânerie devient
vite agréable dans cet espace protégé des intempéries et du bruit extérieur. De plus, les
passages renferment des boutiques que l’on ne trouve pas ailleurs, on peut citer l’exemple de
la boutique de cannes de Gilbert Segas11 dans le passage Jouffroy. (Devanture de la boutique de
Gilbert Segas, passage Jouffroy, ci-dessous, D.Métivier)
C’est chez cet antiquaire de cannes uniques que les gens viennent
du monde entier acheter dans le passage Jouffroy. Néanmoins, il
faut noter que cela n’est pas valable pour l’ensemble des
passages et galeries parisiennes, certaines luttent, mais de quelle
manière ? La restauration du lieu et la mise en place de
commerces attractifs sont des facteurs qui peuvent faire renaitre un passage ou sauvegarder
une galerie. L’exemple de la galerie de la Madeleine est démonstratif, ce passage tente de
garder son commerce, actuellement il recouvre une librairie, deux restaurateurs, un couturier,
Pion, le local de l’association Passages et Galeries, mais de nombreux espaces restent vides,
inoccupés, la stabilité commerciale n’est pas au rendez-vous, seuls les restaurateurs profitent
de “la pause déjeuner” des professionnels du quartier. Pour d’autres, la situation est plus
critique, le passage Bourg l’abbé apparaît avec peu de commerce, faisant office de raccourci
pour le passant.
11 Colloque du 11 décembre 2009, Gilbert Segas, 3ème table ronde
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b. Intégration urbaine et signalétique
Suite à cette présentation des passages et galeries, il est essentiel d’exposer comment
s’insère les passages dans le paysage urbain mais aussi comment celui-ci est-il mis en valeur
pour les touristes et les parisiens, à travers une signalétique.
Les passages et galeries parisiennes ne sont pas éparpillés dans le « tout Paris » mais
concentrés sur la rive droite de la Seine, lieu d’une intense fréquentation au XIXe siècle. Le
passage couvert est implanté à proximité des pôles d’attraction, là où il est potentiellement le
plus lucratif. Ainsi, se multiplient les passages à proximité du Palais-Royal. Les théâtres sont
aussi des stimulants à l’implantation de passage, l’exemple du passage Feydeau (disparu) en
est l’illustration ainsi que celui de l’Opéra (disparu).
Ainsi, on retrouve majoritairement ces espaces
couverts dans le 2ème, 8ème, 9ème et 10ème arrondissement
de la capitale (cercle rouge ci-dessus).
Ce regroupement est plutôt bénéfique pour la mise en
tourisme de ces lieux. En effet, cela permet la création
de circuits divers et variés, réalisables à pieds, pour une
durée variable de 1h30 à 3 heures.
De plus, pour les parisiens ou les touristes qui
déambulent dans les rues de la capitale, la ville de Paris améliore la signalétique en instaurant
un marquage au sol à l’entrée des passages afin d’améliorer leur
visibilité, certains sont indiqués via des panneaux de signalisation
(ex : galerie de la Madeleine, Choiseul, passage du grand cerf,
Jouffroy). La signalisation du passage relève de la hiérarchie avec
l’indication de la nature sur les panneaux : entre galerie et passage.
Cependant, les exigences commerciales ont pu faire subir à ces
entrées des modifications. En effet, pour inviter le passant à emprunter le passage, des
enseignes, panneaux voire marquises (pour le passage Choiseul) permettent un repérage à
distance.
La Ville et les différentes associations (Prado, Panoramas, Passages & Galeries), œuvrent
pour promouvoir leur passage (Prado et Panoramas) ou l’ensemble des passages parisiens
(Ville et Passages & Galeries) dans le but de les intégrer dans la ville, le commerce et le
tourisme du XXIe siècle.
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Dans le cas le plus banal, le passage couvert constitue un site propre exclusivement
piétonnier qui traverse un îlot en ligne droite, comme le passage du Grand-Cerf ou celui de
Bourg-l’Abbé. L’idéal est un terrain plat, ce n’est pas toujours le cas et les galeries Vivienne
et Colbert illustrent les difficultés qui peuvent se présenter : il y a une dénivellation du terrain
compensée par un escalier de cinq marches dans la galerie Vivienne, le passage Jouffroy
comporte une chicane (cinq marches) en son milieu. Il prend aussi des formes plus complexes
avec des déboitements axiaux comme le passage Jouffroy, du Caire ou des Panoramas. Il
établit un lien entre différents niveaux tel que le passage de Pommeraye à Nantes. Le choix de
l’emplacement est capital : l’enfilade des trois passages Panoramas, Jouffroy et Verdeau
permet de relier le quartier de la Bourse à celui de Montmartre est le plus réussi. Le passage
doit aussi permettre une bonne liaison entre des voies très fréquentées. C’est souvent le cas à
Paris sur les Grands Boulevards.
Ces lieux couverts parisiens s’organisent, d’une manière générale, par une ruelle
intérieure où deux boutiques sont mises en vis-à-vis au rez-de-chaussée avec des logements
situés dans les étages des deux bâtiments qui encadrent le passage, c’est un lieu de
combinaison de fonctions c’est-à-dire qu’il y a de l’activité artisanale, du commerce et du
logement. Avec l’espace habitable, ces passages rassemblent des individus de conditions
différentes entre locataires, propriétaires et commerçants. C’est réellement un lieu de mixité
sociale sur tous les points de vue. Aujourd’hui, cette conception est toujours respectée par
certains, d’autres, prennent une allure différente, l’exemple de la galerie Colbert et Vivienne
est assez significatif. Aujourd’hui, elles sont devenues de véritables lieux d’études pour les
étudiants parisiens à travers les locaux de l’INHA12 (galerie Colbert) et l’Institut de France
(galerie Vivienne).
Exprimé traditionnellement peut être à tord, par la figure du bazar où il y a une allée
ou plusieurs allées principales et puis des sortes de radicelle entre ces allées. Ces voies
secondaires qui peu à peu créent une sorte de tissu arborescent fait d’une multitude d’allées et
qui en se connectant les unes aux autres, permettent des parcours différenciés :
“Le passage et la galerie constituent un réseau de cheminement stratégique
en proposant des traversées dans l’épaisseur du tissu urbain, ils complètent
habilement le réseau des rues. Certains constituent de véritables raccourcis
12 Institut National en Histoire de l’Art
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et s’approprient le flux piétonnier incontestablement favorable aux affaires.
On en vient donc à imaginer des enfilades de passages qui tracent des
cheminements piétonniers par segments successifs. La création des passages
Jouffroy et Verdeau en est l’illustration parfaite, financés par une même
société en 1845-1846, ils se situent dans le prolongement exact du passage
des Panoramas. D’autres exemples illustrent ce fait, mais le raccord
s’effectue de façon moins précise pour le passage du Ponceau en
prolongement de celui du Caire.”13
C’est donc une tradition aussi ancienne que l’architecture, elle est très bien exprimée
à Paris par toute une série de passages dont l’origine est probablement la fin du Moyen-âge
ou le XVIIe siècle. Il est difficile de savoir avec exactitude à quel moment s’est urbanisée la
connexion entre la rue Saint-Martin et la rue Saint-Denis mais il est certain qu’elle s’est fait
sur le mode du système des passages. De plus, une des caractéristiques encore non évoquées,
de l’origine des passages, c’est d’être une structure périphérique au départ, le passage se situe
en dehors de la ville centre. Le passage utilise des territoires en cours d’aménagement et
d’urbanisation, de grands terrains sont alors “recyclés” en conservant leur unité foncière, cela
est visible à la fin du XVIIIe siècle :
“Au XVIIIe, la destruction d’un hôtel particulier derrière le futur
emplacement de la place de la Bourse permet de connecter le secteur des
boulevards au centre de la ville c’est-à-dire au Palais-Royal. C’est le
passage des Panoramas qui vient s’installer là de façon plus ou moins
hasardeuse à la fin du XVIIIe siècle.”14
En effet, quelques dates rythment la conquête de la ville, en 1789 et en 1792, les biens du
clergé et ceux des émigrés sont mis à disposition de la nation. “Ces quatre cent hectares”15 de
bien nationaux qui sont récupérés et vendus. Entre 1811 et 1813, c’est “sept cent cinquante
13 Lambert Guy, Paris et ses passages couverts, éditions du patrimoine, Paris, 2003, page12
14 Colloque du 11 décembre 2009, François Loyer, 1ère table ronde
15 Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois, Passages couverts parisiens, Parigramme, Paris, 2009, page 14
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maisons”16, appartenant aux hospices qui sont vendus. De plus, des édifices religieux sont
parfois détruits au profit d’immeubles d’habitation.
Ce qui est paradoxal c’est que le passage qui est une figure de la périphérie devient
au XIXe siècle et surtout au XXe siècle, une figure de la centralité, lorsque la densification
du centre entraine à réduire à une échelle extrêmement modeste la surface des passages mais
avec une formidable densité de commerces de luxe :
“Un très beau passage qui donne sur la place Vendôme qui est très
caractéristique de cette évolution, il a été transformé, altéré mais il est né
dans les années 1930, de la nécessité de développer le commerce de luxe
autour de la place Vendôme. La figure du passage, c’est aussi sur les
Champs Elysées où les passages se développent de façon caractéristique
dans l’entre deux guerres.”17
Aujourd’hui encore, sur la plus grande avenue parisienne, il est possible d’entrevoir ce
qui est communément appelé les arcades des Champs Elysées où les magasins de luxe
sont toujours présents.
Une dernière caractéristique qu’il faut évoquer du point de vue strictement
urbanistique, c’est le passage lié au réseau de transport qui est vraiment une figure de la
modernité du XXe siècle.
“Notamment, c’est le Japon qui nous a rapporté l’image du passage
avec la gare centrale de Kyoto, c’est l’endroit le plus dense en
commerce, on peut y acheter tout ce que l’on veut, on y trouve de tout.
Il y a des passages qui se superposent, se connectent entre métro,
train, bus, c’est un énorme supermarché installé au nœud de
communication.”18
A gauche, intérieur de la gare centrale de Kyoto qui s’élève pour certaine de
ces boutiques sur dix huit étages, www.routard.com
16 Jean-Claude Delorme et Anne-Marie Dubois, Passages couverts parisiens, Parigramme, Paris, 2009, page 14
17 Colloque du 11 décembre 2009, François Loyer, 1ère table ronde
18 Colloque du 11 décembre 2009, François Loyer, 1ère table ronde
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C’est le modèle que Pierre Yves Digelle a voulu installer aux Halles à Paris. Il a rapporté du
Japon le système du très grand passage sous-terrain connecté au réseau de transport en
commun au moment des ruptures de charge entre transport ferré de banlieue et transport de la
ville centre.
Les passages oscillent entre phase de dynamisme (nouvelle image) et de crise (image
poussiéreuse, peu de fréquentation), se sont de véritables nœud de communication et de
commerces traditionnels. Les commerces doivent s’adapter aux boutiques, souvent de petites
tailles, dans les passages parisiens. Paris est aujourd’hui, une des villes au monde à avoir
aujourd’hui encore vingt passages anciens en activités. Parmi ces quelques villes, citons
Istanbul avec les passages sur la Grande rue de Péra (équivalent de nos passages sur les
Grands Boulevards), ou encore le passage du Tunnel. Ces passages turcs, bordés de boutiques
en tout genre ou de spécialités, connaissent, au même titre que les passages parisiens, des
tumultes avec des phases de crises d’autres de dynamismes.
Chaque passage possède une spécificité architecturale qui s’adapte au terrain sur lequel
il se trouve, mais c’est aussi des commerces qui s’adaptent aux flux de fréquentation et à la
situation géographique. Les activités liées aux échoppes situées au rez-de-chaussée permettent
de combiner dans ces passages des fonctions commerciales et artisanales diverses et variées
selon l’époque, telles que la bourse, le jeu, les boutiques de luxe ou encore la photographie.
C’est un lieu de mixité sociale, de rencontre, de spectacle, de flânerie ou encore de
prostitution au XIXe siècle.
Les passages sont au début du XXe siècle, tombés dans l’oubli et dans l’ignorance,
leur intérêt architectural et commercial n’est alors pas ou peu reconnu par les individus et les
instances gouvernementales. Les passages sont livrés à eux-mêmes. C’est seulement dans la
seconde moitié du XXe siècle, que certains passages acquièrent un nouvel intérêt, sur le plan
commercial, mais aussi sur le plan patrimonial et touristique. Peu à peu, l’Etat et la région
prennent conscience de l’intérêt patrimonial de ces passages parisiens, c’est pourquoi, deux
vagues de protection sont lancées (1960-1980) pour inscrire ces passages et galeries à
l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH). Nonobstant, les acteurs dans
ces passages sont multiples, entre espaces privés et voie publique, la gestion des ces lieux peu
ordinaire est d’une grande complexité.
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c. Le statut juridique
La mixité sociale des passages en fait un lieu unique et original, néanmoins la
multiplicité des acteurs complexifie les statuts juridiques et la gestion des passages, ce qui
accroit les blocages et les difficultés.
Les passages de Paris sont, en général, des voies à caractère privé, détenus par de
multiples propriétaires privés (une ou plusieurs copropriétés) et gérés le plus souvent par des
syndics. Ainsi, le choix du syndic devient un élément essentiel dans la bonne gestion du
passage et donc de sa mise en valeur. La ville coordonne les différentes copropriétés allant
parfois jusqu’à cinquante propriétaires différents, leurs syndics et l’ensemble des institutions
susceptibles de les subventionner.
La nouveauté aujourd’hui, c’est que le lien existe entre la ville et le propriétaire, la
municipalité de Paris indique dans son PLU19 que le passage est une voie ouverte à la
circulation publique, le PLU doit donc s’appliquer. L’intervention de la ville suppose alors la
signature des conventions qui s’effectue depuis 2004 (Exemple : passage Choiseul) portant à
la fois sur les normes de restauration et la servitude de passage. Même sans convention, sans
protection ISMH20 il faut demander une autorisation auprès de la ville pour toute
modification. Or, la municipalité ne peut intervenir, en théorie, que sur les façades qui
donnent sur la voie publique, le reste étant privé. Outre, l’inscription à l’ISMH, la Ville de
Paris a choisi de placer sous sa protection : PVP21, sept passages majeurs dont : Les Deux
Pavillons, du Caire, de Puteaux, du Prado, Ponceau, Du Désir et de l’Industrie qui ne sont
pas sur la liste de l’ISMH.
La Ville va renforcer, s’appuyer sur le fait que c’est une coproduction, avec des
acteurs plus ou moins déterminés selon les passages, il y en a qui sont structurés en ASL,
d’autre vont le faire. Le besoin d’un interlocuteur unique est essentiel : un groupement
d’architectes, de syndics et de représentants de l’ensemble des propriétaires qui permettrait de
mettre en place plus facilement une mise en valeur du passage à travers des travaux de
restauration et l’organisation d’événement attractif.
La prise en compte du droit privé est intégré dans la convention (horaire particulier),
les règlements intérieurs des passages sont, de façon générale analysés pour savoir ce que la
19 Plan local d’urbanisme
20 Inventaire supplémentaire des monuments historiques
21 Protection Ville de Paris
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- 22 -
municipalité peut subventionner ou non puisque la Ville ne subventionne que des ensembles
collectifs et non des particuliers.
En plus de ces obstacles juridiques et de gestion du passage, le(s) propriétaire(s) ne font
pas toujours les efforts escomptés pour une mise en valeur de ce patrimoine parisien. En effet,
ces acteurs privés craignent de perdre une partie de leur libre disposition de ce qui reste
malgré tout une propriété privée. Le deuxième obstacle, souvent rencontré, c’est la situation
des copropriétés complexes, la diversité des acteurs et leur manque de structuration. La ville
sert de catalyseur, aide les différents intervenants à mieux cerner les règlements intérieurs, à
mieux comprendre les intérêts réciproques. Pour une plus grande simplicité et clarté dans se
méli-mélo d’acteurs, de gestions, de statuts. La solution encore ″utopique″ aujourd’hui serait
un interlocuteur unique, une gestion simplifiée pour le passage. C’est pourquoi, les exemples
étrangers qui vont être donnés par la suite, peuvent nous aider dans ce domaine juridique et
gestionnaire pour ne pas laisser dépérir ce patrimoine parisien.
Voici quelques exemples de gestion d’un passage :
Mme Savariau (intervenante lors du colloque du 11 décembre 2009) est
gestionnaire : La galerie appartient à trois propriétaires, il s’agit d’un passage couvert privé
piétonnier, bordé de boutiques et fermé par une grille (à 20h) à chaque extrémité.
“La partie de la galerie que nous gérons est constituée de huit boutiques
(sandwicherie, prêt-à-porter enfants, Yves Delorme, librairie…). La
difficulté, c’est que la galerie n’a fait l’objet d’aucune convention commune
avec les trois propriétaires, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune convention
définissant les règles architecturales, le cahier des charges commerciale,
l’activité de commerce, l’ouverture, la côte part respective de chaque
propriétaire en fonction de la nature des travaux. Il existe une seule
convention de servitude avec les deux propriétaires (1 bd et 9 place de la
madeleine) notamment pour les travaux d’entretien à frais commun pour
chacun, concernant les murs, les couvertures, les plafonds…ect.”22
22 Colloque du 11 décembre 2009, Mme Savariau, 2ème table ronde
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Cela induit une gestion complètement indépendante pour chacun des propriétaires.
Chacun à une gestion pour ses boutiques, pour la partie de galerie qui lui appartient avec
notamment le nettoyage du sol, les travaux de ravalement, l’entretien, tout en respectant les
règles de l’art puisque la galerie de la Madeleine est inscrite au Monument Historique (ISMH)
depuis 1987.
Concernant la gestion des huit boutiques :
“On (les gestionnaires) insère des clauses spécifiques dans les baux
commerciaux, puisque les locataires des boutiques sont tenus aux respects
des règles architecturales en ce qui concernent les façades sur rues, le
passage, la verrière et les enseignes.”23
Cet exemple nous permet de comprendre, de mettre en lumière cette complexité
juridique et gestionnaire d’un passage ou d’une galerie. Ces mésententes, souvent présentes,
bloquent la conservation du bâtiment et les
travaux de restauration. En effet, on constate par
exemple pour la galerie de la Madeleine, que les
restaurations, 30 rue Boissy d’Anglas, ne sont
effectuées que sur la moitié de la galerie (vue par
un marquage au sol, au niveau du carrelage), il
semblerait que ce problème se pose aussi dans le
passage Choiseul, entre restauration et
dégradation du bâti.
(A droite, Façade intérieure, passage Choiseul, D.Métivier)
Rodolphe Chandruk (intervenant lors du colloque du 11 décembre 2009) intervient pour le
passage des Panoramas qui s’étend de la rue Montmartre jusqu’à la rue Vivienne, de la rue
Saint-Marc et qui va jusqu’au boulevard. Ce passage historiquement c’est l’hôtel de
Montmorency, coupé pour créer la rue Vivienne. Juridiquement le passage des Panoramas est
constitué de plusieurs syndicats des copropriétaires, un sur la rue Saint Marc, un sur les
23 Colloque du 11 décembre 2009, Mme Savariau, 2ième table ronde
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grands boulevards et un que Mr Chandruk représente qui fait donc toute la portion centrale.
Ils ne sont pas structurés en association, néanmoins :
“Il y avait une association de commerçant qui est tombé de droit au bout de
trente ans, la difficulté réside là, nous sommes en cours de création de statut
de syndicat libre”24.
Le passage est inscrit sur l’ISMH depuis 1974, la convention avec la mairie de Paris est
signée, il y a maintenant plus de deux ans, des travaux sont subventionnés et ils sont encore en
cours.
“Il y a eu quelques difficultés d’autorisation de travaux compte tenu de
l’inscription, se sont des travaux qui se terminent, notamment ceux de la
verrière par exemple, sur lesquelles il y a eu un petit litige de verre25.”
Au niveau des autres difficultés, c’est comme dans tous les passages qui sont
structurés en syndicat, il y a du commerçant et des riverains, la difficulté est donc de concilier
les deux.
Récapitulatif des protections des passages couverts parisiens protégés
Lieu Type de Protection date
Façade place du Caire ISMH 28/04/1964
Galerie Véro-Dodat ISMH 09/06/1965
Passage Molière ISMH 12/04/1974
Galerie Vivienne ISMH 07/07/1974
Galerie Colbert ISMH 07/07/1974
Passage Choiseul ISMH 07/07/1974
Passage des Panoramas ISMH 07/07/1974
Passage Jouffroy ISMH 07/07/1074
Passage Verdeau ISMH 07/07/1974
24 Colloque du 11 décembre 2009, Rodolphe Chandruk, 2ième table ronde
25 Colloque du 11 décembre 2009, Rodolphe Chandruk, 2ième table ronde
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Passages du Grand-Cerf ISMH 14/11/1985
Passage des princes ISMH 07/10/1986
Galerie de la Madeleine ISMH 09/03/1987
Passage Vendôme ISMH 13/04/1987
Passage de Bourg-l’Abbé ISMH 21/01/1991
Passage Ben Aïad ISMH 21/01/1997
Passage Brady ISMH 07/03/2002
Les problèmes liés aux statuts
Le caractère privé, la multiplicité des statuts ainsi que les difficultés de gestion
entrainent des problèmes de restauration et de conservation des passages. En effet, la
mésentente entre les différents propriétaires bloque d’éventuels travaux. Le
bâti tend donc à se dégrader, ce qui atteint la sauvegarde de ce patrimoine
parisien original et exceptionnel. En même temps, c’est l’ensemble de la mise
en valeur et en tourisme qui est touché par ces querelles. Citons l’exemple de
la galerie de la Madeleine restaurée pour la moitié de la galerie (A droite,
marquage au sol avec un changement de carrelage entre
partie restaurée et non restaurée, galerie de la Madeleine,
D.Métivier) qui arpente aujourd’hui un double
visage entre la partie restauré et la partie de la galerie qui tend
sérieusement vers la décrépitude. Ce fait n’est
malheureusement pas une exception dans les passages et
galeries, puisque l’on retrouve ces mêmes problèmes dans
d’autres lieux : Panoramas et Choiseul en sont des exemples.
A gauche, galerie de la Madeleine, D.Métivier
L’intervention de Bernard Ostrolinque lors du colloque
est fort intéressante dans le sens où une solution juridique serait
une solution pour sauver ce patrimoine. Il détient par une société foncière familiale, sept biens
dans les passages (Panoramas et Choiseul). Ici règne une totale incapacité d’entente pour des
travaux, même de canalisation, dû à la grande quantité d’interlocuteurs et des intérêts
divergents entre les acteurs. Les dégradations sont telles, qu’il se résoud à faire appel à la
justice, pour obtenir du tribunal que les biens communs des passages soient régis par la loi des
copropriétés de 1965 (Loi n°65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des
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immeubles bâtis, version consolidée au 14 mai 2009). Cette initiative peut être une idée pour
faire avancer les choses, éviter que le passage reste paralysé dans ses problèmes de
restauration, de mise aux normes de sécurité et de mise en valeur. Si personne n’agit pas, c’est
l’ensemble des passages qui sont condamnés à dépérir au fil du temps.
Tableau comparatif : France-étranger
Il s’agit dans ce premier tableau ci-dessous, de faire un bref récapitulatif des statuts
juridiques et de la gestion des passages et galeries de Paris (nombre de 11), ainsi que deux en
province. Ce tableau nous permet d’éclaircir les différences de statuts et de gestion des
passages et galeries en France, on peut alors en tirer des conclusions : il n’y a pas de schéma
unique pour les passages, chaque diagnostic effectué est donc différent, chaque problème
demande une solution adaptée au lieu et à son état.
Source : Passages&Galeries26 : le modèle français
Nom et situation du passage Statut, gestion, propriété
Passage Bourg l’abbé (Paris) Voie privée, 39 copropriétaires, pas de charte. ISMH
Galerie Colbert (Paris) Voie public, Propriété de l’Etat et MCC, géré par INHA et INP,
pas de charte. ISMH
Passage Choiseul (Paris) Voie privée, copropriété, pas de charte. ISMH
Galerie Vivienne (Paris) Propriété de l’Institut de France, pas de charte. ISMH
Passage du Grand Cerf (Paris) Multipropriété (groupe d’assurance et ville de Paris), géré par un
syndic, existence d’une charte de règlement de copropriété. ISMH
Passage Jouffroy et Verdeau
(Paris)
Propriété Mr Boulland par la société du passage Jouffroy, géré par
des baux commerciaux et d’habitation, pas de charte mais
contrainte esthétique imposée par le propriétaire. ISMH
Galerie de la Madeleine (Paris) 3 copropriétés (1 et 9 bd de la Madeleine et 30 rue Boissy
d’anglas). ISMH
26 Association des passages et galeries, Passages et galeries, vers une inscription Unesco ?,
Phase 1, Dossier remis à la ville de Paris, Paris, Janvier 2007, 121 pages
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Passage des panoramas (Paris) Multipropriété correspond à 4 immeubles et baux commerciaux,
géré par un syndic et individuellement, pas de charte. ISMH
Passage Vendôme (Paris) Copropriété, charte négociée par la ville de Paris avec les
copropriétaires. ISMH
Galerie Véro-Dodat (Paris) Dix copropriétaires, gérés par un syndic, pas de charte. ISMH
Passage Molière (Paris)27 Propriété de la commune
Passage Brady (Paris) Propriété de la commune et propriété privée. ISMH
Passage de Pommeraye (Nantes) Multiples propriétaires, gestion par un gérant représentant
l’ensemble des co-propriétaires, existence d’une charte. ISMH
Passage Boyer (Carpentras) Le propriétaire de chaque boutique est propriétaire des logements
qui la surplombent. Il n’y a pas de partie commune, le sol du
passage appartient à la Commune. Pas de charte. ISMH
Passage du théâtre (Mulhouse) Propriété publique
Suite à ce tableau, on peut conclure que la grande majorité des passages en France
sont privées, sauf quelques cas exceptionnels. C’est cette multiplicité des acteurs qui
complexifie la mise en valeur et la mise en tourisme de ces lieux originaux. De plus, le
passage revers plusieurs fonctions (commerce, habitat, passage public), il faut donc arriver, de
surcroit, à valoriser chacune d’entre elle sans que l’autre en pastisse. Il faut gérer
conjointement statuts juridiques, fonctions, conservation-restauration et tourisme.
Afin de compléter notre recherche sur les complexités françaises, il est intéressant
de se tourner vers le modèle étranger et notamment européen. Cela nous permet, d’observer
d’autre modèle de gestion, qui par la suite peuvent être adapté aux passages et galeries en
France afin d’en améliorer la mise en valeur et en tourisme. Ce procédé que l’on pourrait
qualifier de “Benchmarketing” (même si l’économie de marché n’est pas présent ici,(cela se
pourrait pour le commerce) c’est le concept d’amélioration des pratiques sur le “Leadership”
que l’on retient) permet de retenir les bonnes pratiques gestionnaires afin d’améliorer les
méthodes mises en place en France.
27 Les passages en gras, sont des ajouts au tableau proposé par l’Association Passages&Galeries
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Source : Passages&Galeries28 : le modèle étranger
Nom et situation du passage Statut, gestion, propriété
County arcade (Leeds, GB) Propriété de Prudential assurance compagny UK, gestion
des parties communes et privatives en location, charte
privée
Queen’s Arcade (Leeds, GB) Propriété de Prudential assurance compagny UK, gestion
des parties communes et privatives en location, charte
privée
Thornton’s Arcade (Leeds, GB) Propriété de Grant Thormtom, gestion des parties
communes et privatives en location, pas de charte
Piccadilly Arcade (Londres, GB) Appartient et gérée par la société « Capital and Counties
Inc. », responsable de la gestion de la galerie jusqu’en
2078. cette société travaille pour le compte de la
compagnie « Crouwn Properties Inc. » réelle propriétaire.
Mode de gestion des parties communes et privatives en
location, charte de qualité
Galeries Royales Saint-Hubert (Bruxelles,
Belgique)
Propriétaire du passage est une SA qui loue les espaces
commerciaux et d’habitation. Mode de gestion des
parties communes et privatives via la société Dévimo.
Existence d’une charte
Passage du Nord (Bruxelles, Belgique) Propriété de la société civile du Passage du Nord
constitué d’un actionnariat familial descendant du
fondateur de la Société. La gestion est assurée par la
Société elle-même.
Galleria Vittorio-Emanuele (Milan, Italie) Propriétaire est la ville de Milan. Présence d’une
association des commerçants
Galleria Sciarra (Rome, Italie) Propriétaire : Banca di Roma
28 Association des passages et galeries, Passages et galeries, vers une inscription Unesco ?,
Phase 1, Dossier remis à la ville de Paris, Paris, Janvier 2007, 121 pages
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- 29 -
Galleria Principe di Napoli (Naples, Italie) Le rez de chaussée, le premier étage à l’intérieur de la
galerie ainsi que la façade vers le musée national
appartiennent à la ville de Naples, le reste c’est deux
copropriétés privées
Galerie Humbert Ier (Naples, Italie) Propriété communale pour la verrière et le sol. Propriété
privée pour les quatre bras avec quatre syndics de
copropriété, un bras appartient à la banque d’Italie.
Il s’agit ici de remarquer que le statut des passages à l’étranger n’est pas homogène
(Grande-Bretagne, Belgique, Italie…) tout comme en France. Néanmoins, la plupart des
passages sont gérés par un unique propriétaire, qu’il soit une municipalité, une société ou bien
une banque. Cela permet une meilleure gestion du patrimoine en terme de restauration, de
conservation mais aussi au niveau touristique et commercial. L’exemple des galeries Royales
de Saint-Hubert à Bruxelles où la gestion s’effectue en accord entre les acteurs est un bon
exemple d’échange, de négociation commune. Tous ont un intérêt commun dans la
sauvegarde et la valorisation du passage. Les propriétaires en France ont eux aussi cet intérêt
à protéger ce patrimoine mais il semblerait que le dialogue reste à demi-fermé. Il est possible
de conclure sur le fait que la multiplicité de propriétaires dans les passages est “typique” de la
France. Le dialogue et la bonne entente est un élément essentiel pour la conservation et la
mise en tourisme de ce patrimoine européen.
Monsieur Alexandre Grosjean, président des Galeries Royales Saint-Hubert
développe un cas qu’il connaît bien :
“Au niveau institutionnel, la France est un pays beaucoup plus centralisé
par rapport à la Belgique qui est plus décentralisé, régionalisé. Il n’y a
donc pas ce va et viens entre deux administrations, tous se fait au niveau de
la région pour les normes de sécurité que pour les normes de classement du
patrimoine. Cela facilite le dialogue et la préparation des dossiers. Cette
réforme est récente en Belgique, elle présente des inconvénients mais aussi
des avantages pour faciliter le dialogue et surtout pour la négociation de
toutes les subventions qui sont centralisées au niveau de la région.
Il n’y a pas le problème de conflit entre la multiplicité des propriétaires. En
fait, un seul propriétaire, il s’agit d’une société familiale qui a évolué au fil
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- 30 -
du temps en fonction des évolutions juridiques qu’on connu le droit des
sociétés.”29
.
Cette situation permet de traverser sans trop de difficulté les aléas du temps, c’est un
phénomène fondamental pour la sauvegarder et la valorisation de ce patrimoine.
d. Le passage : entre spéculation, commerce, plaisir et culture
Spéculation et commerce
Dans un premier temps il nous faut comprendre le pourquoi du succès originel des
passages, en ce replaçant dans l’histoire économique de l’époque.30 La Révolution française a
coïncidé avec une première phase d’expansion du capitalisme industriel qui réclame
davantage de liberté pour la production et le commerce, entre autres l’abolition des carcans
imposés par les corporations. Mais il s’agit aussi d’étendre la production à une nouvelle masse
de consommateurs. Dans le cadre des transformations urbaines du XIXe siècle, le passage est
le fruit de la spéculation de fonds privés qui au-delà des années révolutionnaires amènent ces
spéculateurs à bâtir de nombreuses terres :
“En 1789, à la Révolution française, la mise en vente des biens du clergé et
des émigrés, confisqués et déclarés biens nationaux, entraine une offre
foncière importante. Néanmoins, peu « d’affaire » se font à cette époque, et
c’est sous la Restauration que la spéculation immobilière provoque une
flambée des prix, de nombreux terrains sont alors lotis et bâtis.” 31
Cette période est donc importante en lotissement, elle correspond au dynamisme et à l’essor
des passages parisiens au milieu du XIXe siècle. C’est sous Charles X (1814-1830) que la
plupart des passages sont construits, galerie Véro-Dodat (1826), La galerie Vivienne et
Colbert (1825), le passage du Grand-Cerf (1825), passage Choiseul (1825), Bourg l’Abbé
(1828), beaucoup d’autres datent de cette époque mais, la plus audacieuse réalisation est le
remplacement de la galerie de bois en galerie du Palais-Royal par Louis-Philippe en 1830.
29 Colloque du 11 décembre 2009, Alexandre Grosjean, 2ième table ronde
30 Berstein Serge et Milza Pierre, Histoire du XIXe siècle, Hatier, Paris, 2005, 538 pages
31 Lambert Guy, Paris et ses passages couverts, éditions du patrimoine, Paris, page 8
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- 31 -
La deuxième vague de construction date du milieu du XIXe siècle, le passage Jouffroy (1845-
46) et Verdeau (1846) notamment. Ainsi né la succession Panoramas-Jouffroy-Verdeau
permettant d’aller du quartier de la Bourse à Montmartre en traversant les deux Grands
Boulevards Haussmanniens. C’est également dans les années 1843-1850 que se bâti la galerie
de la Madeleine, le passage de Pommeraye à Nantes ou Boyer à Carpentras.
Les passages ont offert au début du XIXe siècle, sous l’Empire (1804-1815), un
débouché commercial au début de la production pré-industrielle de confection, d’objet en tout
genre. L’organisation commerciale avec les deux rangées de boutiques qui encadrent le
passage annonce l’émergence d’un nouveau type d’espace commercial qui prend ses origines
dans les marchés couverts. C’est cette production qui a besoin de trouver des réseaux de
distribution fort et les passages répondent magnifiquement à cette demande de l’époque. Des
nouveautés, des produits attrayants, une mise en scène de la marchandise entraine bien vite sa
fétichisation32, mais c’est aussi un contexte de production artisanale qui donne un cachet
spécial aux passages où il est possible de se faire faire des gants, des chapeaux, des robes,
mais aussi de consommer toutes sortes de produits innovants.
A partir de 1840-50, les magasins de nouveauté, les grands magasins à Paris, vont
complètement rendre obsolète le commerce dans les passages parisiens, alors que les passages
construits en dehors de France (Belgique, Italie, Russie et Grande Bretagne) répondent tout à
fait aux problèmes de cette distribution intensive. Or, les boutiques qui continuent à s’installer
(1960) dans les passages sont loin d’être des magasins de nouveautés. Fabrication de sceaux
en caoutchouc, imprimeries, corsetteries, modistes, mais aussi commerces en tous genres.
Habituellement dans les passages, les boutiques sont des espaces d’artisan, la fabrication et la
vente se fait dans les boutiques. Un des traits centraux de cette période difficile pour les
passages est la disparition quasi-totale de la production directe dans ces lieux. Certains se
spécialisent comme c’est le cas du Caire : dès 1842, les imprimeurs et typographes y trouvent
un refuge. Néanmoins, on en revient à cette question : la mono-
activité est-elle bénéfique pour un avenir du commerce dans les
passages, ou faut-il une variété des commerces ? Les grands
espaces de flâneries d’aujourd’hui tels que les Halles, les marchés
ou encore la gare du Nord et Montparnasse ont opté pour une
multitude de boutiques en tout genre. Mais le cas du passage des
32 Walter benjamin, paris capitale du XIXe siècle, page
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Princes est intéressant, passage “réservé” au monde des enfants avec le village Jouet Club. Il
est donc difficile de trancher la question de la mono-activité ou de la pluri-activité dans les
passages.
Il y a beaucoup d’activités qui se passent dans certains passages, mais ce sont des
activités de commerce assez indépendant, et le problème aujourd’hui du commerce c’est qu’il
est porté par de très grandes enseignes. Ces enseignes ont beaucoup de mal à s’implanter dans
les passages, pour une raison toute simple, c’est que les boutiques possèdent une superficie
trop petite, or cela ne se pose pas à Milan et encore moins à Moscou avec “le Goum qui
possèdent un Zara sur quatre étages ou encore Nike qui s’installe sur une surface de
400m²,”33 chose totalement impensable dans nos passages parisiens. Le passage tient sa
réussite, pour la plupart du temps, selon le contexte urbain dans lequel il s’inscrit. Il ne peut
prospérer que s’il est situé dans un quartier commercial de la ville et s’il relie deux rues, si
possible également fréquentées. C’est pourquoi les passages situés dans le quartier des Grands
Boulevards, sont dynamiques, la fréquentation y est bonne et le commerce y est meilleur
qu’ailleurs. Néanmoins, l’individualisme commercial qui règne dans ces passages, abritant
parfois jusqu’à cinquante boutiques différentes, nuit gravement au bon fonctionnement du
passage lui-même aussi bien sûr le plan de la conservation des lieux, que sur des aspects
techniques comme les réseaux d’évacuations ou électriques.
Les passages, fruit de la spéculation immobilière, lieux de commerces incontournables, lieux
de flânerie certes mais, les passages et galeries abritent aussi une vie littéraire, artistique et
culturelle bien propre.
Luxe, ostentation mais aussi une société plus libre à la recherche de plaisirs et
d’oisiveté, voilà les moteurs de cette première époque des passages et galeries, en effet :
“Cette bourgeoisie s’affirme non seulement comme la grande bénéficiaire
de la Révolution politique et sociale, mais aussi comme l’héritière de ce
goût du luxe qu’elle désir imiter les anciens aristocrates déchus.”34
33 Colloque du 11 décembre 2009, Patrice de Moncan, 3ème table ronde
34 Colloque 11 décembre 2009, Daniel Hiernaux, 3ème table ronde
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Magasins, cafés, cabinet de lecture, spectacle théâtral, c’est autant de divertissement qu’il est
possible de trouver au XIXe siècle dans les passages et dont raffole cette nouvelle bourgeoisie
soucieuse de retrouver le luxe d’autrefois.
Plaisirs et culture
C’est la bonne combinaison de toutes ces sources de plaisir qui garantit le succès
d’un passage, qui invite à le fréquenter, à s’y donner rendez-vous, à s’y montrer. A la tombée
du jour, les passages vivent tous d’une même animation : les bals et les attractions. Il y a une
dimension ludique incontestable : “le passage est un lieu de rencontre privilégié au XIXe
siècle : on y drague, les passages favorisent la quête d’amours faciles, alimentées par le ballet
des hirondelles”35 (jeune fille élégante et de mœurs légères).
Et si à l’origine les théâtres ont attiré les passages, on assiste quelques années plus tard au
phénomène inverse : le théâtre des Variétés se positionne à proximité
du passage des Panoramas ainsi que les Bouffes-Parisiens, ancien
théâtre d’Offenbach, au passage Choiseul. Avant et après chaque
spectacle c’est une foule de gens qui festoient, s’amusent dans ces
lieux d’intense distraction. A la fin du XIXe siècle, lorsque Monsieur
Grévin décide de créer un musée de cire, c’est dans le passage
Jouffroy qu’il s’installe.
D’après le postulat de Walter Benjamin : “si les rues sont l’appartement du
collectif, le passage est de toutes pièces celle qui sert de salon ”36. Le passage constitue donc
un espace unique de représentation mondaine, il devient alors un lieu de création artistique
picturale, littéraire ou photographique. Les passages et galeries sont illustrés par les plus
célèbres photographes (Doisneau, Charles Marville) du siècle et
célébrés par des écrivains comme Breton, Aragon, Céline, Balzac
ou Walter benjamin. Les passages renferment de grands éditeurs
comme Poulet Malassis (Baudelaire) au passage des Princes, le
passage du Caire abrite des imprimeurs et le passage des
Panoramas, le graveur Stern (1834) qui existe encore de nos jours.
A gauche, détail de la devanture du graveur Stern, passage des Panoramas, D.Métivier
35 Guy Lambert, Paris et ses passages couverts, éditions du patrimoine, Paris, 2003, page 27
36 Dans Guy Lambert, Paris et ses passages couverts, éditions du patrimoine, Paris, 2003, page 27
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Ainsi, de nombreux écrivains ont été fascinés par ces passages, ils en donnent des
visions contrastées, en voici quelques extraits :
Balzac dans les Illusions perdues37 est une source importante pour nos passages puisque ces
textes constituent la meilleure description qui nous soit restée de la galerie de bois (déjà cité
en 1.a). Balzac décrit ici les passages et dresse un tableau de l’effervescence économique de
ces lieux :
“[…] Cet ensemble de choses qui tenait du camp des Bohémiens, des
baraques d’une foire, des constructions provisoires avec lesquelles on
entoure à Paris les monuments qu’on ne bâtit pas, cette physionomie
grimaçante allait admirablement aux différents commerces qui grouillaient
sous ce hangar impudique, effronté, plein de gazouillement et d’une gaieté
folle, où, depuis la Révolution de 1789 jusqu’à la Révolution de 1830, il
s’est fait d’immenses affaires.”
Il apparaît dans cet extrait le montage plus ou moins médiocre, le tâtonnement dans la
naissance de ces passages mais c’est aussi la force commerciale qui est exprimée par ces
quelques lignes.
Louis-Ferdinand Céline qui à vécu dans les passages, plus précisément dans le
passage Choiseul qu’il nomme dans son œuvre le passage des Bérésinas, nous peint se
portrait :
“Au passage des Bérésinas, tout le monde se connaissait de boutique en
boutique, comme dans une véritable petite province, depuis des années
coincée entre deux rues de Paris, c’est-à-dire qu’on s’y épiait et s’y
calomniait humainement jusqu’au délire. Pour ce qui est de la matérielle,
avant la guerre, on y discutait entre commerçants une vie picoreuse et
désespérément économe. C’était, entre autres épreuves miséreuses, le
chagrin chronique de ces boutiquiers d’être forcés dans leur pénombre de
recourir au gaz dès quatre heures du soir venues, à cause des étalages.
Mais il se ménageait ainsi, en retrait, par contre, une ambiance propice aux
propositions délicates.”38
37 Patrimoine et cadre de vie, LUR, n°179, juin 2008, page 24
38 Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Bibliothèque de la Pléiade, 1973, page 75
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Céline décrit le passage comme un lieu de vie peu glorieux, un espace étroit partagé avec de
nombreux individus et des commerçants peu enclin aux dépenses. En revanche, il conclut sur
une note plus légère faisant surement référence aux amours faciles qui se déroulent dans les
passages.
Enfin, Walter Benjamin de passage à Paris au début du XXe siècle :
“Ces passages, récente invention du luxe industriel, sont des couloirs au
plafond de verre et aux entablements de marbre, qui courent à travers des
blocs entiers d’immeubles dont les propriétaires se sont solidarisés pour ce
genre de spéculation. Des deux cotés du passage qui reçoit sa lumière d’en
haut, s’alignent les magasins les plus élégants, de sorte qu’un tel passage
est une ville, un monde en miniature où le chaland peut trouver tout ce dont
il a besoin. Lorsqu’éclatent de soudaines averses, ces passages sont le
refuge de tous les promeneurs surpris auxquels ils offrent une promenade
assurée, quoique limitée, dont les commerçants tirent aussi leur profit.”39
Le passage est donc un espace commercial, un lieu de rencontre, mais aussi une
source d’inspiration depuis plusieurs siècles pour la vie culturelle parisienne,: littérature,
photographie (Doisneau, Cartier-Bresson etc…) et peinture s’inscrivent dans le passage. C’est
encore aujourd’hui une source importante, surtout pour les écoles d’art et les photographes
qui ne cessent de se lasser des effets ombres et lumières produits par les verrières et leur
éclairage zénithal si particulier.
En conclusion générale, suite à mes recherches, il n'y a pas de documentation
spécifique sur la question juridique. Le statut dépend du propriétaire, l'Etat peut-l’être, seul
cas : la galerie Colbert. La galerie Vivienne appartient à l'Institut de France qui est un
établissement public. Dans la très grande majorité des cas, les galeries et passages sont des
propriétés privées, mais il faut distinguer le statut des immeubles d’habitation, le statut des
commerces et celui des éléments de la galerie proprement dite. Bien souvent, ces espaces
sont en copropriété, les galeries et passages appartenant à un seul propriétaire étant plutôt
39 Walter Benjamin, Paris capitale au XIXe siècle, éditions du Cerf, 1993, page 70
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rare. Un règlement fixe les conditions d’utilisation par le public. Il y a depuis les années
récentes, des conventions passées entre la ville de Paris et certaines galeries, cas intéressant
pour un juriste qui devrait dégager si ces conventions modifient le statut des galeries ou si,
elles peuvent s’analyser comme créant de simples servitudes d’utilité publique.
Ces passages symbolisent aussi un patrimoine architectural, illustrant une période
significative de l’histoire de Paris, qui symbolisent les premiers pas vers la modernité urbaine.
Les passages se sont développés aux marges de la ville tissant le lien entre la partie rurale et
la partie urbaine. Ils sont par ailleurs un formidable exemple de culture européenne puisque
les passages parisiens ont très clairement inspiré ou servi de modèle à de nombreux urbanistes
et architectes dans toute l’Europe. Les experts considèrent qu’ils forment un ensemble
homogène avec des déclinaisons diverses.
Il est toutefois nécessaire, pour cela, de continuer à travailler à la restauration, à la
mise en valeur et en tourisme de ces passages et galeries qui demeurent complexe. Il est
nécessaire d’échanger sur les différentes expériences d’autres pays comme la Belgique,
l’Angleterre ou encore l’Italie pour permettre d’ouvrir des nouvelles perspectives.
2. Conservation et restauration
a. L’architecture des lieux
Le terrain
Les passages se construisent le plus souvent sur des hôtels particuliers ou des
établissements religieux, en structurant un espace, un territoire. Bertrand Lemoine définit le
passage sur le terrain dans lequel il s’insère :
“Le passage structure l’espace de l’îlot autour d’un axe qui unifie
l’ensemble des constructions nouvelles ou déjà existantes. C’est une rue qui
pénètre l’ilot, délimitée par des façades ordonnancées et sur lequel se
greffent des commerces et des logements”40.
40 Bertrand Lemoine, Les passages couverts, Paris, 1989, page 41
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C’est ce qui créer l’ambiguïté du statut du passage : à la fois un espace intérieur (le salon) et
un espace extérieur (la rue). Cela renvoie d’ailleurs à la complexité des statuts juridiques entre
cet espace qui est privé (intérieur) mais qui reste pourtant une voie publique (extérieur).
La construction d’un passage se heurte a un parcellaire
souvent irrégulier. Notamment, les passages s’ouvrent presque
toujours perpendiculairement à la rue, leur tracé est ainsi rectiligne
si les deux rues desservies sont parallèles, coudés si elles sont
perpendiculaires. Ces différents tracés sont bien expliqués,
schématisés et analysés dans l’ouvrage de J.F Geist41, sur
l’architecture du XIXe siècle. Dans le cas où les rues desservies
sont perpendiculaires, l’articulation ainsi formée est souvent
marquée par une rotonde (Galerie Colbert) ou comme dans une
branche des Panoramas, la technique pour dissimuler le coude,
consiste à “disposer des glaces sur les deux faces aveugles de l’angle fermé. L’image
dédoublée du passage efface ainsi la clôture physique créée par le coude”42.
Ci-dessus : Tracé de la galerie Colbert, D.Métivier,. Les flèches indiquent les deux axes de la galerie, leur
rencontre forme un coude, d’où s’élève la rotonde. (Cf. annexe E)
Ce sont des cas relativement simple qui viennent d’être exposés, d’autres
intégrations urbaines sont beaucoup plus complexes. En effet, la disposition des volumes
construits va dépendre, comme il est précisé ci-dessus, de la configuration du terrain, de
l’imagination du maitre d’œuvre et des contraintes imposées par le patrimoine. Le passage du
Caire, le plus ancien de ceux qui subsiste (1798), est construit sous la forme de trois couloirs
disposés en triangle, son tracé est complexe avec de multiple ramification, ainsi nombre
d’entrée/sortie sont présentes dans ce passage.
Parfois, le niveau du sol n’est pas toujours le même, cette
différence se rattrape le plus souvent par quelques marches, en général
disposées aux changements de direction du passage, de façon à ne pas
couper la continuité du cheminement : galerie Vivienne, passage
Jouffroy. A gauche, les quelques marches changeant la direction, passage Jouffroy,
D.Métivier
41 Johann Friedrich Geist, Le passage un type architectural du XIXe siècle, Mardaga Pierre, Belgique, 1989, 623
pages
42 Bertrand Lemoine, Les passages couverts en France, Paris, 1989, page 43
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Les entrées des passages sur les rues sont souvent de grands porches monumentaux. Pourtant,
la perception de ces entrées reste assez discrète, les passages ne
rivalisent pas avec les rues, ils s’y intègrent simplement. Une
exception le passage Choiseul possède une marquise qui le
signale fortement dans la rue (A droite, marquise passage Choiseul,
D.Métivier). Les entrées sont signalisées par le nom du passage
comme une enseigne.
Les hauteurs sous verrières à Paris peuvent varier entre 5,50
mètres jusqu’à 15 mètres, cela dépend du terrain sur lequel le passage s’insère et le type de
verrière adopté. J.F Geist43 dans son
ouvrage (P14), définit une fois de plus des
types de verrières44 quelles soient
autoportantes, sur poutre, sur poutres
triangulés, sur ferme parallèle ou avec
câbles. (A gauche, verrière en voute forme ogive,
passage Verdeau puis verrière en pente sur
charpente métallique, passage des Panoramas,
D.Métivier)
Plus complexe encore, l’auteur établit des types d’espace, de bâtiments et des coupes
transversales45. En ce qui concerne la largeur, les passages vont de 2,60 mètres (passage du
Caire) à 4 mètres (galerie de la Madeleine), quant à la longueur des passages, elle varie de 47
mètres (Bourg-l’Abbé) à 360 mètres (passage du Caire).
Trois phases architecturales dans l’évolution des passages
La construction des passages à Paris se concentre sur deux périodes courtes : une
première génération entre 1823 et 1828, puis une seconde, de 1839 à 1847. Sur le plan
architectural, il est possible de reconnaitre trois générations de passages différents selon
Patrice de Moncan. Celle ″des passages brillants, des passages lumineux et enfin des
43 Johann Friedrich Geist, Le passage un type architectural du XIXe siècle, Mardaga Pierre, Belgique, 1989, page
14
44 Johann Friedrich Geist, Le passage un type architectural du XIXe siècle, Mardaga Pierre, Belgique, 1989, page
19
45 Johann Friedrich Geist, Le passage un type architectural du XIXe siècle, Mardaga Pierre, Belgique, 1989,
pages 14-16
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- 39 -
passages métalliques46″, j’ai repris cette même distinction, afin d’expliquer de façon
cohérente l’évolution architecturale des lieux.
- les passages Brillants
Cette première génération est bien évidemment un dérivé direct de la galerie de bois du
Palais-Royal. Ainsi cette période de galerie vitrée s’étend de 1786 jusqu’à la fin de l’Empire
(1815), passage Feydeau, du Caire ou encore le premier passage des Panoramas en sont les
exemples.
Outre leur nom, qui pourrait laisser croire à des lieux tout en brillance et riche en
décoration, détrompons-nous, puisqu’il faut savoir qu’à cette époque, l’éclairage zénithal est
encore faible, assuré par quelques lanternes en verre percés dans une toiture en bois. Leur
éclat émane des nouveautés aperçues dans les vitrines, ainsi que de la vie animée qui règne en
ces lieux. Ce n’est donc pas l’éclat architectural des lieux mais, celui de l’art de vivre dans
ces passages et la liberté qui y règne pour les passants, qui donne son nom à cette génération.
- Les passages lumineux
La création de la galerie Delorme marque une transition dans l’architecture de ces lieux.
En effet, sa verrière est la première à couvrir l’allée sur toute sa longueur, révolutionnant
l’éclairage des passages. Désormais ils vont tous arborer une toiture en verre : exemple avec
le Caire et les Panoramas qui s’empressent de transformer leurs verrières, afin de jouir d’une
luminosité qui rivalise avec la rue.
A cette clarté nouvelle, les passages de la seconde génération ajoutent une richesse
inconnue jusque là. La fonte, matériau malléable et peu onéreux, permet des ornementations
fantaisistes et variées. Les angelots et les faunes de la galerie Véro-Dodat, le cocotier
lumineux de Colbert sont en fonte. Les miroirs multiplient les effets du nouvel éclairage au
gaz (généralisé à cette époque) et la peinture en trompe l’œil fait croire à du marbre sur les
colonnes doriques. Les vitrines enfin, plus légères et plus transparentes, se débarrassent de
leur croisées de bois pour faire place à de grandes dalles de verre. Sur les murs, les moulures
en stuc multiplient les symboles des Arts, de l’Industrie et du Commerce.
Or, malgré les progrès techniques, les structures des passages restent en bois au risque
de bruler comme la galerie du Palais-Royal.
46 Patrice de Moncan, Le guide des passages couverts de Paris, histoire, actualité, commerces, plans,
promenades, éditions du Mécènes, 1996, Paris, 300 pages
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- 40 -
- Les passages métalliques
C’est le passage Jouffroy qui marque un nouveau tournant dans l’architecture des
passages. Son ossature entièrement métallique est la première du genre. Le bois ne tient plus
qu’un rôle décoratif. Il se contente d’habiller partiellement les façades intérieures.
Parallèlement, l’engouement pour l’ornementation en stuc, en marbre, authentique ou en
trompe l’œil et des miroirs s’attenue. À présent les façades sans relief prime. Ainsi, les
symboles de la réussite commerciale disparaissent peu à peu, alors que l’horloge, se
généralise (exemple : passage Bourg-l’Abbé). Les passages parisiens recherchent désormais
moins l’effet de richesse en tout genre (période des passages lumineux) mais c’est une
certaine sobriété élégante qui s’installe avec cette évolution métallique.
Innovations, inventions
Dans les premiers passages, la structure est composée d’une charpente traditionnelle
en bois. Des fenêtres sont aménagées, soit dans le prolongement vertical des façades soit sous
forme de lucarnes dans le toit. À cette époque le problème technique essentiel est la qualité et
les dimensions des verres disponibles. Le procédé le plus économique étant celui de la glace
coulée mais il donne du verre de mauvaise qualité. Ce qui change dans l’histoire du passage,
c’est une invention technique au XVIIIe siècle : le verre coulé à plat. Il permet de disposer de
verres en feuilles au lieu de verre soufflé à la main extrêmement couteux. Cette invention du
verre coulé à plat, est exploité de façon systématique avec de très grande surface couverte en
vitrage et à des prix très faible. C’est une immense découverte sous le règne de Louis XV, de
pouvoir éclairé des lieux par le haut et non plus par le coté. Cet éclairage est pensé pour des
climats qui n’ont pas un soleil trop puissant, dans ces pays (Italie, Turquie), il y a une
solution : le passage devient vertical de telle sorte, que le soleil ne frappe pas dans les parties
basses, pour y trouver la pénombre nécessaire, c’est le cas notamment à Naples ou à Rome.
De plus, ce nouveau procédé permet d’étaler les marchandises derrières des vitrines en verre,
présentées jusqu’alors sur des tables.
La verrière est l’un des éléments visuellement le plus important de la galerie, elle
clôt l’espace, sécurise physiquement et moralement le promeneur mais, de par sa
transparence, ouvre l’espace du passage sur l’extérieur. C’est l’élément technique le plus
élaborée. En 1808 c’est le tournant en France, avec la construction du passage Delorme au
comble métallique entièrement vitrée. Cette disposition est adoptée par la grande majorité des
passages postérieurs.
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- 41 -
“Le fer offre l’avantage de réduire les épaisseurs des montants, la
résistance est meilleure et surtout il y a cette incombustibilité présumée de
la structure métallique. […] Après les combles, se sont les planchers à
armature métallique qui commencent à se répandre vers 1840.”47
La grande réalisation en fer et en fonte est la galerie d’Orléans au Palais-Royal
édifié en 1828-1830 par Fontaine à l’emplacement de la Galerie de bois, berceau de nos
passages. Les passages de la génération 1837-1848 ont souvent intégré cette nouvelle
disposition, comble et planchers étant parfois dans la même structure comme au passage
Jouffroy. Nonobstant, ce n’est que vers 1845 avec “l’introduction des profilés en fer laminé,
aux dimensions standardisées”48, que la construction métallique prend véritablement son
essor. Cette découverte trouve l’un de son couronnement à Bruxelles. En effet, les passages
bruxellois dont les galeries Royales de Saint-Hubert, qui est d’une ampleur architecturale
extraordinaire, avec une invention supplémentaire : le remplacement du simple toit à deux
pentes par une très grande verrière portée sur arceau métallique, cela donne un effet de tunnel,
le passage a alors quelques choses de l’église ou de la serre. Sur le plan de la construction,
l’emploi conjugué du fer et du verre devient l’apport majeur des passages dans l’évolution de
l’architecture. Ce développement de l’architecture dans les passages, préfigure donc les
grands espaces vitrés si caractéristiques de la deuxième moitié du XIXe siècle. Dans le
domaine de l’éclairage les passages vont également être à la pointe du progrès avec
l’éclairage au gaz (Passage des Panoramas en 1816) puis à l’électricité. L’entrée d’un passage
couvert est :
“En général signalée sur la rue par un porche monumental, souvent traité
en arcade englobant la hauteur de l’entresol, ou plus simplement encadré
par deux pilastres et une frise qui porte le nom du passage.”49
47 Dans, Bertrand Lemoine, Les passages couverts de Paris, 18989, page 41
48 Dans, Bertrand Lemoine, Les passages couverts de Paris, 18989, page 42
49 Patrimoine et cadre de vie, LUR, n°179, juin 2008, page 17
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Ci-dessous, entrée de la galerie de la Madeleine puis du passage du Caire, D.Métivier
Dans les cas les plus luxueux, l’entrée est soulignée par des motifs qui contribuent
également à animer l’ensemble de la façade : statues
dans des niches comme à l’entrée de la galerie
Véro-Dodat. A gauche, photographie des niches situées au
dessus de la galerie Véro-Dodat, D.Métivier
Le passage ne cherche pas à rivaliser avec
la rue, il s’y greffe et la fermeture par des grilles,
outre le fait qu’elle sécurise les nuits des riverains,
elles apportent aussi une coupure matérielle entre la
rue et le passage.
Décoration
A l’intérieur du passage :
“Les maitres d’œuvre des passages ont été formés au gout classique. C’est
dire qu’ils attachent une grande importance aux proportions, aussi bien
dans les rapports entre la hauteur, la longueur et la largeur de l’espace
central que dans la succession régulière des travées des boutiques,
fréquemment séparées par des colonnes ou des pilastres et surmontées de
fenêtres en demi-cercle pour éclairer l’entresol”50.
50 Patrimoine et cadre de vie, LUR, n°179, juin 2008, page 15
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Les passages sont le plus souvent abondamment décorés dans un style néoclassique.
Dans les décors il y a une évidente recherche d’apparence de luxe avec l’emploi de matériaux
précieux comme les glaces, les cuivres, …ainsi que des imitations de marbre, de bois, et des
faux ors comme dans un décor théâtrale. La construction des façades du passage est d’ailleurs
généralement réalisée avec des matériaux simples comme les moellons, le bois, le plâtre, le
fer et le verre. Notamment les devantures sont traitées avec le plus grand soin, avec des
matériaux précieux, pensons par exemple au passage Véro-Dodat avec ses baguettes de laiton
très raffinées et le travail des plafonds peints.
Détail sur une devanture et détail du plafond peint, galerie Véro-Dodat, D.Métivier
Quelques fois, se sont des motifs simples encadrés dans un médaillon (Galerie Vivienne :
balance et une poignée de main). Dernier motif qu’il est possible de trouver fréquemment
dans les passages : l’horloge et le baromètre. Horloge et baromètre, passage Bourg-l’Abbé, D. Métivier
Sous la Restauration, la décoration intérieure des galeries est de plus en plus
recherchée, des influences de style se font sentir.
“Influence Baroque dans le Passage Prinicipe di Napoli, influence néo-
renaissance dans le Passage d’Odessa (Ukraine), néo-classique dans la
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galerie Vivienne ou dans la Royal Arcade (Londres), style victorien dans la
County Arcade de Leeds, ou encore style umbertien à Naples51”.
La décoration varie beaucoup selon l’emplacement du passage. Le raffinement est lié à la
volonté d’attirer des commerces de luxe. On passe du marché au salon du Roi, c’est un
commerce de luxe qui s’installe dans un lieu extrêmement travaillé, élaboré sur le plan
formel. De nombreux magasins soignent aussi leurs devantures pour une apparence de
richesse.
“Des sculptures en plâtre, des bas reliefs, des
cartouches dans les modillons, des toiles
marouflées viennent égayer les murs. Les effets de
couleurs sont particulièrement recherchés :
exemple avec la galerie Véro-Dodat52”
A gauches, Détail galerie Véro-Dodat, D.Métivier
La couleur est largement mise à contribution ainsi que les ornements :
“Les ornements en stuc : rosaces, pilastres, chapiteaux,
guirlandes, couronnes, oves sont largement
utilisé dans les passages. Les ornements
sont régulièrement emblématique pour
désigner d’un seul coup d’œil ces espaces
de commerces : casque ailé de Mercure,
cornes d’abondance, ancre pour le
commerce maritime sont représentés
(Galerie Vivienne). ”53
Ci-dessus, Détails, emblème du commerce et médaillon, galerie Vivienne, D.Métivier
Le sol est également un élément de décoration, généralement dallé mais aussi assez
couramment décoré en mosaïque ce qui “ unifie l’espace par la répétition d’un motif
51 Association des passages et galeries, Passages et galeries, vers une inscription Unesco ?, Phase 1, Dossier
remis à la ville de Paris, Paris, Janvier 2007, 121 pages
52 Patrimoine et cadre de vie, LUR, n°179, juin 2008, page 16
53 Patrimoine et cadre de vie, LUR, n°179, juin 2008, page 17
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ornemental et la continuité du matériau.”54 Même si la plupart d’entre eux sont
refait, quelques un sont encore d’origine comme celui de la galerie Vivienne :
mosaïque au sol.
A droite, sol en mosaïque, galerie Vivienne, D.Métivier
Pour conclure, d’une manière générale les passages couverts sont abondamment
décorés. Il est souvent difficile de dissocier l’architecture et le décor : moulures, corniches,
caissons sont des parties intégrante de l’architecture néo-classique. La recherche d’apparence
de luxe a conduit à utiliser des matériaux d’imitation : faux marbres, faux bois, fausses
tentures, faux ors. En effet :
“Les techniques picturales ont nettement progressé sous l’Empire dû
notamment au blocus qui interdisait l’importation de matériaux
exotiques.”55
Aujourd’hui, le soin du décor et le traitement pérenne de la décoration n’est pas vraiment la
priorité dans de nos passages contemporains qui fonctionnent sur des bâtis extrêmement
résistant, pour lequel le décor est considéré comme une donnée éphémère, renouvelé tous les
quatre, cinq, dix ans maximum. C’est pourtant tout ce décor qui fait le charme d’un passage,
le luxe d’une galerie.
b. Protection, financement, conservation, restauration
Les passages sont de véritable merveilles architecturales, ainsi le principe fondamental
du patrimoine doit s’appliquer : le potentiel architectural est inéchangeable, le programme de
conservation et surtout de restauration ou de rénovation doit s’ajuster au lieu.
De plus, la ville et l’association (Passages&Galeries) qui soutiennent et valorisent ce
patrimoine, insistent sur le principe architectural, mais tendent aussi à soutenir les commerces
traditionnels existants tels que la gravure et la photographie, les boutiques de poupées ou de
cannes, la vente d’estampes, les librairies…etc. Il s’agit aussi d’assurer une certaine
participation à l’entretien des passages en participant de façon quotidienne au balayage de ces
54 Jean-Claude Delorme (dir), Passages couverts parisiens, Parigramme, Paris, 2009, page 35
55 Jean-Claude Delorme (dir), Passages couverts parisiens, Parigramme, Paris, 2009, page 35-36
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lieux mais, s’impliquer dans ces passages c’est produire de nombreux effort afin d’attirer des
aides supplémentaires de la part de la région, de l’Etat et/ou des différents mécènes.
Protection
En 1965, première protection avec la galerie Véro-Dodat, souvent considérée comme la
plus belle, à la fois par son architecture et pour le raffinement et l’unité de son décor. En 1974
se sont sept passages qui sont protégés dans le cadre d’une campagne thématique “lancée par
Michel Guy sur les devantures commerciales en quartiers anciens”56. En 1975-76, c’est dans
le même mouvement que quatre passages de province sont inscrits (Pommeraye à Nantes,
Galerie Bordelaise à Bordeaux, passage Manifacier à Auxerre et le passage de la Terrasse à
Autun). Entre 1991 et 1995 c’est trois autres passages qui sont protégés lors de la thématique :
“De la protection du secteur de Saint-Denis-Montorgueil”57 : le passage Bourg-l’Abbé, le
passage du Grand-Cerf et le passage Ben Aïad
Tableau : types de protection dans les passages et galeries couverts de Paris
Lieu Type de Protection date Commentaires
Façade place du Caire ISMH58 28/04/1964 Restauration
Galerie Véro-Dodat ISMH 09/06/1965 restauration
Galerie Vivienne ISMH 07/07/1974 restauration
Galerie Colbert ISMH 07/07/1974 1985 refait en entier par Louis
Blanchet. C’est aujourd’hui un pastiche
Passage Choiseul ISMH 07/07/1974 Restauration partielle
Passage des Panoramas ISMH 07/07/1974 restauration
Passage Jouffroy ISMH 07/07/1074 Restauration partielle
Passage Verdeau ISMH 07/07/1974 Restauration partielle
Passages du Grand-
Cerf
ISMH 14/11/1985 Restauration mais il ne reste pas grand-
chose du passage original
Passage des princes ISMH 07/10/1986 Restauré profondément, assez dénaturé
de ses dispositions d’origine
Galerie de la Madeleine ISMH 09/03/1987 Restauration sur la moitié du passage
56 DRAC-CRMH, Bureau de la protection, 10 avril 2000
57 DRAC-CRMH, Bureau de la protection, 10 avril 2000
58 Inventaire supplémentaire des Monuments historiques
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(30 rue Boissy d’anglas), rien sur le 1 et
9 bd de la Madeleine
Passage Vendôme ISMH 13/04/1987 Restauration de la verrière, du sol et de
la corniche
Passage de Bourg-
l’Abbé
ISMH 21/01/1991 restauration
Passage Ben Aïad ISMH 21/01/1997 Ces sont les vestiges du passage du
Saumon qui sont protégés. (privée)
Passage Molière ISMH 12/04/1974 Propriété de la commune
Passage Brady ISMH 07/03/2002 Restauration de la verrière, du sol et de
la corniche
Incendie en Novembre 2007, propriété
de la commune et privée. Restauration
en cours.
Passage Ponceau ISMH 2004 Restauration verrière, sol et corniche.
Seules les moulures au plafond sont
d’origine.
Incendie le 27 mars 2003
Passage Puteaux PVP59 2004 verrière qui ne couvre que la moitié de
l’allée
Passage du Prado PVP 2004 Restauration
Passage du Caire PVP 2004 Restauration
Beaucoup de passages sont inscrits à l’Inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques (ISMH) dans leur totalité ou partiellement (Cf. tableau). Cette inscription reflète
l’intérêt régional que représente les passages et galeries de et pour la Ville de Paris, tant sur le
plan architectural et urbain, de la mémoire et de la tradition, que sur l’attrait touristique
original qu’ils comportent. En revanche, aucun n’est Classé Monuments Historiques (Cl.MH)
ce qui équivaut peut être à un manque d’intérêt de caractère plus National.
Chaque passage possède des caractéristiques spécifiques mais, ils ont presque tous en
commun la particularité d’être des voies privées (sauf pour galerie Colbert et Vivienne),
59 Protection Ville de Paris
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normalement administré par leurs propriétaires et où la Ville de Paris n’intervint que dans
certain cas précis.
Outre, l’inscription à l’ISMH, la Ville de Paris a choisit de placer sous sa protection : PVP60,
sept passages (couverts et ouverts) majeurs dont : le passage des Deux Pavillons, le Caire,
Puteaux, passage Ponceau, le Prado, le passage du Désir, de l’Industrie, qui ne sont pas sur la
liste de l’ISMH. L’ensemble des passages parisiens ou non, se doivent d’être vivant, c’est la
meilleure façon de sauvegarder cet héritage.
Ce patrimoine parisien est au final protégé de différentes manières entre l’ISMH et les
PVP, cela permet l’apport de divers fonds financiers. Or, que ce soit d’initiative municipale
ou associative, la recherche de financement privé ou public est primordial pour la mise en
valeur, le développement et la mise en tourisme de ce patrimoine parisien.
Financement
La mairie de Paris à l’intention d’inciter les propriétaires à rénover les passages tout en
respectant les critères architecturaux, les travaux (sur autorisation) doivent restituer le style et
le rythme des travées composant l’architecture originelle. En contrepartie des efforts
financiers sont fournis par la Ville pour la restauration, mais ces passages doivent respecter,
via une convention, une ouverture aux publics de ces espaces privés. Les passages peuvent au
titre de l’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques bénéficier de
multiples subventions dont l’Etat ou la D.R.A.C61.
La municipalité finance en 2004 jusqu’à 12% des travaux62 soit 79 905€ pour 2004 et
125 000€ pour 2005. Ainsi, c’est environ 150 000 euros investis dans les passages du
Panoramas, Vendôme, Brady et Ponceau, pour des travaux de restauration et rénovation.
Tableau : Dépense de la Ville de Paris pour des travaux entre 2004 et 201063
Passages Panoramas Ponceau Vendôme Brady Prado (2010)
Montant (euros) 63 700 45 000 34 562 3 515 100 000
60 Protection Ville de Paris
61 Direction des affaires culturelles
62 Mairie de Paris, étude sur les passages, mise en valeur des passages couverts parisiens, septembre 2004, 18
pages
63 Les données chiffrées proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
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Lors de la séance des 12 et 13 novembre 2007, les aides passent de 12 à 25%, c’est
un apport pour inciter les propriétaires à engager des travaux. De plus, la décision est prise
d’intervenir financièrement dès les estimatifs des architectes et non plus uniquement au
commencement des travaux. En effet avant, les subventions arrivent après le devis de
l’architecte, aujourd’hui c’est un nouveau modèle en deux temps pour faciliter les travaux : la
Ville se satisfait de l’estimatif de l’architecte (exemple au Prado, estimé environ à 400 000
euros), on paye au début du chantier (50%) et les 50% restant à la conformité (entre les
travaux de départ et de fin). Le droit privé est pris en compte, donc il est intégré dans la
convention. Néanmoins, il y a une vérification de la servitude d’ouverture (fait pour le
passage des Panoramas financé au ¾ par la ville) du passage qui bénéficie de cette aide
municipale. La Ville attribue le 22 mars 2010 une subvention pour un montant maximal de
108 750 euros aux propriétaires du passage du Prado64 (10ème) en contrepartie de l’instauration
de la servitude de passage public et de sa restauration. Une signature de convention est alors
réalisée. Dès l’instauration de la servitude, la Ville s’engage à réaliser un balayage par jour
dans le passage.
Le programme de restauration du Prado envisagé est évalué à 435 000 euros TTC et
comprend :
- “Rénovation de la rotonde
- Rénovation du sol
- Reprise des réseaux aériens et souterrains
- Création d’un nouvel éclairage
- Rénovation des fermes existantes
- Rénovation des passages sous porches
- Reprise de l’ensemble des grilles d’accès au passage
- L’embellissement de l’étal existant côté rue du Faubourg Saint-Denis
- Le ravalement de la façade entresol côté boulevard Saint-Denis”65
La municipalité participe à hauteur d’une subvention qui est portée à 25% maximum des
travaux. Ainsi, le passage du Prado organisé en trois copropriétés et géré par une ASL, doit
financer les 75% restants (emprunts).
64 Les données chiffrées proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
65 Mairie de Paris, Direction de l’urbanisme, 2010 DU 41, Mise en valeur des passages parisiens, attribution de
subventions passage du Prado, mars 2010, page 2
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La Ville de Paris a dépensé pour l’ensemble de la valorisation des passages parisiens un total
d’environ 250 000 euros66 entre 2004 et 2010 (Cf. tableau ci-dessus).
Etat de conservation
Les passages parisiens, qui ne datent pas de plus de deux siècles, se voient pourtant
confrontés à de gros problèmes de conservation. En effet, l’ère des passages lumineux avec
ses grandes verrières (souvent copiées d’ailleurs) engendrent aujourd’hui de nombreuses
difficultés de conservation. Il en est de même pour une grande majorité des façades
d’immeubles et de boutiques qui subissent les aléas de la ″grande ville″, mais aussi les
réseaux et les sols qui se font piétiner depuis quelques décennies. De plus, les normes de
sécurité d’aujourd’hui imposent des travaux, tout comme l’incendie du passage Brady en
novembre 2007 ou celui du Ponceau en 2003.
Ci-dessous, façade intérieure de la galerie de la Madeleine (partie non restauré), verrière du Prado et façade
intérieure du passage Choiseul.
En restauration, il y a une règle extrêmement simple, ce n’est pas le bâtiment qui
doit s’adapter au programme mais le programme qui s’adapte au bâtiment. C’est le principe
fondamental du patrimoine, le potentiel doit être considéré comme la seule chose
inéchangeable, il faut changer de programme, ajuster, transformer. En revanche, la peur d’un
trop grand succès est présente, peur de voir les passages finir comme celui du Havre. C’est-à-
dire qu’un intérêt lui ai porté, il est démoli soigneusement pour le refaire en un grand centre
commercial, il ne reste alors plus rien du passage ancien. Il en est de même pour celui du
66 Les données chiffrées proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
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Grand-Cerf qui est un passage magnifique, appartenant à une institution, qui a voulu le
remettre en état, dans le genre copie de l’original, ce n’est alors plus le Grand-Cerf. Il reste
uniquement les bouts de charpente de fonte qui n’ont pas été touché mais, le reste hélas a
disparu.
Aujourd’hui, avec la tentation de faire du faux en patrimoine, il faut au niveau de la
structure générale, respecter le bâtiment. Au niveau du décor, il est nécessaire de le respecter
parce que ces passages se sont dégradés lentement à travers le temps. Ils ont été repeint,
bricolé, il faut faire un travail de type archéologie du bâti c’est-à-dire gratter soigneusement
pour retrouver la conception d’origine et la respecter, la rétablir sans l’imiter, sans faire un
faux.
Le faux ne se justifie pas lorsque le patrimoine existe encore. Il est “monstrueux” de
détruire pour reconstruire une copie. Il ne faut pas assassiner le patrimoine sous le prétexte de
le valoriser, le patrimoine est une ressource non renouvelable, qui peut disparaître tous les
jours. La responsabilité des milieux d’affaire et des politiques c’est de faire en sorte que le
plus grand nombre possible d’œuvre patrimoniale soit conservé. Aujourd’hui nous sommes
dans une dynamique positive, mais attention, elle doit être contrôlée et respecter les règles de
la conservation et de la restauration du patrimoine.
Restauration Ville de Paris
Les travaux d’entretien et de restauration sont autorisés par la D.R.A.C et l’ABF67 (règle
stricte liée à un immeuble ISMH). Les travaux sont réalisés, en général, par les propriétaires
en tant que maitre d’ouvrage et avec le concours d’architecte en tant que maitre d’œuvre.
(Exemple : maitre d’ouvrage au Prado ASL du Prado et maitre d’œuvre : Bang architecte)
Un programme de mise en valeur via des travaux de restauration est mis en place par la mairie
de Paris en 2004. La Ville en partenariat avec La DRAC et le Fonds d’Intervention et de
Sauvegarde pour l’Artisanat et le Commerce (FISAC) procèdent alors à un diagnostic sur
douze passages parisiens. En 2004, six équipes composées d’architectes, d’historiens et
d’économistes sont chargés d’effectuer un diagnostic sur douze passages parisiens
(Ponceau68, Choiseul, Panoramas, Bourg-l’Abbé, Caire, Vendôme, Madeleine, Puteaux,
Jouffroy, Verdeau, Brady et du Prado). L’objectif du diagnostic est d’établir l’état de
67 Architecte des bâtiments de France
68 Les passages notés en gras sont ceux sélectionnés en priorité (restauration urgente) pour tester le dispositif,
après une étude au préalable conduite par les équipes.
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chacun des passages et de mettre en place un projet de mise en valeur. Sept passages font
l’objet d’une restauration suite à ce diagnostic69 :
″Passage Brady : immeuble en péril, vétusté des sols et parties communes
d’entrée, dégradation avancée des devantures. Travaux : intervention sur
les devantures commerciales, ravalement des façades, réfection des sols,
pose d’un portail d’accès. Cette restauration nécessite la restitution des
corniches, pilastres, entresol. Les travaux s’étendent de 2004 à 2006.
Passage Ponceau : travaux de grande ampleur, restitution des trois
verrières en métal et en verre (détruit en 1973), révision de la toiture,
rénovation du sol, réfection du réseau EDF et GDF, mise en place d’un
luminaire adapté. Ravalement complet des façades et plafonds ainsi que
l’encadrement de la porte coté rue Saint Denis et de son fronton (en bois).
Les devantures des commerces doivent faire l’objet d’une restauration.
Les travaux sur l’immeuble sont prévu pour 2004, pour le reste, date
ultérieure.
Passage Vendôme : Réfection de la verrière et des réseaux, rénovation des
sols et des chapiteaux et ravalement des façades. Les travaux sont prévus
pour 2004, les devantures des commerces sont aussi à refaire afin
d’améliorer le cadre général du passage (souvent sale et sombre).
Passage Choiseul : La verrière et le revêtement au sol d’origine ont
aujourd’hui disparu, les travaux prévus en 2005 s’axent sur la restauration
de la verrière et du sol, réfection des réseaux, des pilastres, corniches,
marquises et de la grille d’entrée.
Passage Verdeau : Réfection des sols, de la verrière et des réseaux,
restauration des devantures. Les travaux sont prévus pour 2006 dans le
cadre d’une convention.
Passage du Prado : restauration des verrières, réfection des réseaux,
reconstitution des devantures, ravalement des façades, conception et
installation d’éclairage. Les travaux sont prévus pour 2006.
69 www.paris.fr
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Passage du Caire : restauration des verrières, traitement du sol,
reconstitution et ravalement des façades, rénovation des éclairages et
modification des devantures. Travaux prévus en 2005 dans le cadre d’une
convention avec les propriétaires″70.
Suite à ce rapport, nous constatons que les sept passages subissent d’importants travaux,
qui sont d’ailleurs de même nature pour chacun des passages (verrières, sols, façades et
réfection des réseaux).
Aujourd’hui, de nombreux passages ont été rénovés, c’est le cas de la galerie Vivienne,
Madeleine, du passage des Princes, du Grand-Cerf, galerie des Panoramas et de Colbert par
exemple, d’autres sont en cours de restauration, exemple avec le passage Brady qui, après
avoir trouvé un terrain d’entente avec le nouveau syndic sous l’égide de Jean-Michel Beau,
peut entrevoir l’avenir dans une perspective de mise en valeur du passage et du quartier. Le
passage du Prado bénéficie tout nouvellement (mars 2010) d’une subvention pour des travaux
de restauration après des années de pourparlers. Une seule ombre à ce tableau est la
“disparition” du passage du Havre qui vient d’être détruit et refait en centre commercial
(2005-2007).
De plus, les différents acteurs (public et privé) doivent se confronter aux contraintes des
normes de restauration des Monuments Historiques et ceux non inscrits aux Monuments
Historiques. Paris essaye d’appliquer la charte de Venise et doit user de pédagogie et de
dialogue, c’est une véritable médiation qui malheureusement ne fonctionne pas toujours,
citons une fois de plus l’exemple du passage Brady, où les propriétaires ne sont pas d’accord
avec les travaux de restaurations annoncés. Il nait aussi des obstacles et des écueils au niveau
financier, mais c’est aussi la crainte pour les acteurs privés de perdre une partie de leurs
propriétés au bénéfice des protections.
Les travaux de restauration doivent se justifier, cela pose un questionnement autour de
l’authenticité des lieux (à voir pour une inscription UNESCO) et de la mise en connaissance
pour le touriste (y-a-t-il une indication sur les lieux restaurés ? à vrai dire, aucune mention
n’est faite : exemple galerie Colbert). Les restaurations se justifient lorsque le patrimoine est
70 Mairie de Paris, étude sur les passages, mise en valeur des passages couverts parisiens, septembre 2004, 18
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en péril, en revanche, le faux ne se justifie pas quant le bâti est encore présent/authentique
avec un bon niveau de conservation. En effet, il est dommageable de détruire l’original pour
refaire du faux, sous prétexte d’une valorisation patrimoniale.
Il se pose aussi un nouveau questionnement lié à la restauration, c’est celui de la
prise en compte de la population locale qui ne se reconnaît surement pas dans les recherches
historiques pour restituer l’identité originale. L’exemple du passage Brady est révélateur. En
effet, c’est aujourd’hui un quartier indo-pakistanais tant dans sa population que dans ses
boutiques, ainsi il n’est pas sûr que ses acteurs du passage se retrouvent dans les résultats des
recherches historiques qui concernent les boutiques du XIXe siècle, c’est d’ailleurs peut-être
pourquoi les travaux de restauration bloquent dans ce passage.
“Dans les faits, tout dépend dans quelle optique les restaurations sont
faites, à savoir, s’il s’agit de restituer la mémoire des lieux à travers son
architecture ou s’il s’agit de séparer le patrimoine et la mémoire, c’est alors
s’accès sur l’extraordinaire potentiel esthétique de l’architecture des
passages. Pour certain acteurs du patrimoine, la mémoire est plus
importante que l’architecture, pour d’autres c’est l’inverse71.”
Les restaurations, reconstructions et rénovations impliquent une réflexion sur l’utilisation
finale de l’ouvrage avant restauration. C’est ici, tout l’enjeu qui tourne autour des questions
liées aux notions de conservation, de restauration et de mémoire des lieux dans le contexte du
XXIe siècle (prise en compte des nouvelles populations locales, du commerce ?).
c. Diagnostic des problèmes et solutions
Les passages vivent un cycle de dégénérescence puis de renaissance. Parfois cette
renaissance tarde, parfois elle n’arrive jamais et le passage disparaît (Opéra, Feydeau). Il
convient ici d’établir un diagnostic des problèmes des passages et galeries parisiennes mais
aussi de trouver et d’appliquer les remèdes qui conviennent à chacun.
71 Colloque 11 décembre 2009, Daniel Hiernaux, 3ième table ronde
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Statut juridique
Le problème majeur dans les passages parisiens, c’est le statut juridique. En effet, la
multiplicité des propriétaires complexifient la conservation et la restauration de ce patrimoine.
La mésentente entre les propriétaires et/ ou la peur de perdre leur intérêt réciproque bloque la
sauvegarde et la mise en valeur de ce patrimoine, il est possible de faire une comparaison
rapide avec le marché des puces de Saint-Ouen qui lui aussi connaît des problèmes de mise en
valeur et de dynamisme suite à une complexité de gestion72. A cela, s’ajoute les délais très
longs de mise au point des dossiers de travaux et la nécessité de recueillir l’accord de
l’ensemble des copropriétaires concernés. De plus, la restauration du bâti à un coût non
négligeable. Le choix du syndic devient un élément important pour la bonne gestion des
passages et galeries. Il convient d’utiliser des exemples pour étayer ces propos : galerie de la
Madeleine et passage Brady sont éloquents et surprenants.
Le passage Brady
“[…] Et toujours retardée (la réhabilitation), en raison, notamment, de
dysfonctionnements dans le fonctionnement de l'association gestionnaire des
lieux. Durant des années, les dissensions entre commerçants, habitants, gros
et petits propriétaires ont mis Brady dans l'impasse.”
“[…] Bertrand Delanoë en charge du logement, avec des prescriptions de
travaux non exécutées depuis 1998, faute d'entente entre les différents
propriétaires.”73
Ces quelques lignes relatées dans le Parisien démontre bien les blocages causés par
les mésententes des locaux mais aussi par une gestion peut efficace. L’article écrit en 2009,
nous permet de faire un calcul rapide quant à la durée mise par la Ville et le syndic pour
trouver un terrain d’entente : onze ans d’échanges entre les différents interlocuteurs pour
trouver un terrain d’entente. Ces années d’attente pèsent sur le bâti puisque que des
prescriptions sont déjà préconisées des 1998 et les travaux commencent en 2009/2010.
Cependant, une solution est toutefois trouvée :
72 Les Echos n° 20547 du 06 novembre 2009, page 12 73 Archives Le Parisien, 2009, www.laparisien.fr
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“D’avoir trouvé un terrain d'entente commun, sous l'égide du nouveau
syndic, nommé au mois de mars dernier […] Les immeubles insalubres qui
gangrenaient la voie sont en cours de réhabilitation et les travaux de
réfection du bâtiment qui a brûlé commencent […] Mais cette fois, le
nouveau syndic semble être parvenu à réunir les intérêts divergents et la
situation s'améliore”74
En effet, Monsieur Jean-Michel Beau est à la tête du nouveau syndic qui gère le
passage Brady. Il œuvre pour la sauvegarde du passage et sa mise en valeur, en prenant en
compte les riverains, commerçants du passage. Pour cela, il obtient la fermeture (23h) du
passage par des grilles pour des raisons de sécurité et de propreté.
“Maintenant, on s'entend bien, reconnaît un restaurateur indien du passage.
Entre nous, les commerçants, mais aussi avec les habitants. C'est un petit
village, ici, même s'il y a encore quelques tiraillements”75
Suite à ce témoignage d’un commerçant, il est possible de conclure que des solutions
sont trouvées pour réhabiliter le passage, mais ce dialogue reste toutefois fragile.
Galerie de la Madeleine
En ce qui concerne la galerie de la Madeleine, le cas est assez surprenant. En effet,
la galerie est restaurée mais, uniquement de façon partielle.
La mésentente entre les trois copropriétés donne un visage
unique et troublant à cette galerie. Le passant peut observer
au 1 et 9 bd de la Madeleine, un espace dans un état de
conservation dégradé alors que le 30 rue Boissy d’Anglas
est “fraichement” restauré. Cet exemple est plus explicite
avec quelques photographies.
Voici à gauche ce qu’un passant peut observer
lorsqu’il traverse la galerie de la Madeleine. De suite, la
différence entre la partie restaurée et non restaurée est
74 Archives Le Parisien, 2009, www.laparisien.fr
75 Archives Le Parisien, 2009, www.laparisien.fr
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flagrante (délimitation ligne bleu), le luminaire est lui aussi différent (cercle rouge) entre
fixation sur les façades intérieures et plafonniers, entre forme ovale et forme rectangulaire.
Le sol n’est pas épargné par cette restauration partielle.
De gauche à droite, il est possible d’observer un sol non restauré (1 et 9 bd de la
Madeleine), puis le sol restauré (30 rue Boissy d’Anglas) pour terminer sur un marquage au
sol (changement de carrelage) qui délimite la partie restaurée de celle non restaurée.
Les façades intérieures :
Façades intérieures et verrières, galerie de la Madeleine, D.Métivier
Voici de gauche à droite les façades intérieures de la galerie de la Madeleine. La différence
est très nette entre la partie restaurée et celle non restaurée, il en est de même pour les
verrières (ci-dessous). Cette restauration partielle donne réellement deux visages à la galerie.
Verrière non restaurée Verrière restaurée
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Désuétude, déshérence, insalubrité
Les passages sont mixtes, ils comportent de l’habitat et du commerce ce sont des
lieux qui vivent le jour et la nuit. L’habitat pose alors un énorme problème, c’est qu’il n’est
pas aux normes de sécurité incendie. La tentation est de bricoler des escaliers d’évacuation
plus ou moins n’importe où, mettre des escaliers aux normes en démolissant les escaliers
anciens pour les refaire en béton, objet purement technique mais indispensable aujourd’hui.
En effet, les passages sont soumis au risque incendie, citons l’exemple du passage Brady en
2007 et le passage Ponceau en 2003.
Maintenant il se pose la question du destin des passages. Le destin initial, c’est le
risque de la désuétude comme toute fonction, les passages et galeries peuvent prendre un coup
de vieux, perdent l’intérêt des personnes. Nonobstant, quand l’architecture est soignée, il y a
un potentiel exploitable, c’est la toute la force du patrimoine.
“Le patrimoine né au moment où il est abandonné, c’est la désuétude qui
crée le patrimoine, c’est lorsqu’il n’y a plus de fonction affiché que
quelqu’un peut se saisir de l’objet et lui donner un nouveau sens76.”
Ainsi, cette désuétude, déshérence peuvent être solutionnées par l’intérêt qui est
porté aux passages. Il faut faire de ceux-ci un espace de vie, de fréquentation et cela passe par
les commerces qui sont abrités par ces passages. Ils doivent être attrayants par leurs
originalités.
Désertification Commerciale
Le problème du passage, c’est qu’il est fait de petites boutiques, ils ont des
découpages internes, des systèmes de cloisonnement, qui ne permettent pas de faire des
surfaces de 3000 ou 4000 m². Hors de Paris, les passages ont souvent très bien vécu puisqu’ils
ont une autre taille, ils ont pour beaucoup toujours supporté les problèmes liés au commerce,
ce qui leur permet de garder une fréquentation intense de passant et de flâneur. Cette vivacité
sauvegarde ce patrimoine unique. Les passages parisiens sont pensés pour être fragmentés,
ainsi les boutiques abritées par les passages sont uniquement de petites tailles. Dès lors, les
grandes enseignes s’y installent que très rarement. C’est peut-être pourquoi, il est possible de
trouver des commerces, qui ne sont pas ailleurs, c’est ce qui fait la force des passages
76 Colloque 11 décembre 2009, François Loyer, 1ère table ronde
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(commerce traditionnel) mais aussi sa faiblesse (difficulté de faire face aux grandes
enseignes).
Le deuxième problème diagnostiqué c’est que les passages ont offert au début du
XIXe siècle, sous l’Empire, un débouché commercial au début de la production pseudo
industrielle de confection, d’objet en tout genre. Avant, les boutiques sont des boutiques
d’artisan, on fabrique et on vend dans ces lieux. A partir du XIXe siècle, la production
nécessité de trouver des réseaux de distribution fort et les passages répondent magnifiquement
à cette demande de l’époque. A partir de 1840-50, les magasins de nouveauté, les grands
magasins à Paris, vont complètement rendre obsolète le commerce dans les passages, alors
que ceux se faisant en dehors de la France (Belgique, Italie, Grande Bretagne…) répondent
tout à fait aux problèmes de cette distribution intensive.
L’individualisme commerciale
De plus, suite à mon entretien avec Monsieur Messmer, (commerçants et président
de l’association de commerçants du passage des Panoramas) ainsi qu’avec quelques
commerçants du passage, il est possible de conclure que malgré ce regroupement au sein
d’une même association pour promouvoir l’intérêt commun, les commerçants restent dans une
optique très individualiste. Le passage des Panoramas comprend environ cinquante
commerces et si chacun est renfermé dans sa boutique sans prendre en compte l’espace qui
l’entoure et les possibilités certaines de ce passage situé sur les Grands Boulevards, il est très
difficile d’aboutir à un commerce florissant. Sans valorisation commerciale mais aussi
architecturale, c’est tout le passage qui tombe dans l’oubli. Toutefois, notons que le passage
des Panoramas est relativement bien fréquenté, dû notamment à sa position géographique
mais, le commerce semble difficile d’après “les discussions de couloirs” qu’il m’a été donné
d’avoir avec les commerçants77.
L’architecture
Les passages étant de très belle qualité architecturale, ils ont toujours attiré un peu le
regard, ils sont restés par exemple dans le guide bleu alors qu’ils auraient dû disparaître. Ils
ont une assez grande force d’évocation, pour qu’ils restent dans le guide bleu, même en
petites lignes, dans la catégorie des balades personnelles qu’il est possible de faire à Paris.
77 C’est ce qui ressort de l’entretien avec Monsieur Messmer
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Mais une certaine raison du déclin des passages, s’est celle qui a fait leur succès c’est-à-dire
une architecture métallique et de verre qui est innovante au début du XIXe siècle mais, qui est
devenu totalement dépassé pendant l’apparition des gares à Paris, où l’architecture de verre
s’élève véritablement par rapport aux passages parisiens.
Pour conclure sur cette partie, les passages et galeries revers un caractère
architectural original et innovateur à son époque. Ce patrimoine architectural subit néanmoins
les aléas du temps, les problèmes de conservation se font vite sentir. C’est pourquoi, la Ville
de Paris accorde depuis ce début du XXIe siècle un intérêt tout particulier à ces lieux
originaux de la capital. Nonobstant, le diagnostic des problèmes est lourd, la multiplicité des
propriétaires pèsent sur les passages, galeries et freinent les travaux de restauration par peur
de perdre leur intérêt ou simplement par négligence. Notons quand même que le dialogue
s’installe entre les gestionnaires et la Ville pour la sauvegarde et la valorisation de ce
patrimoine architectural mais aussi commercial et mémoriel.
3. Une mise en valeur et en tourisme du patrimoine parisien
a. Réalisation et projet dans les passages
Il s’agit dans cette sous-partie de mettre en avant les réalisations, les prévisions, les intentions
de mise en valeur. De plus, nous essayerons d’établir des scénarios pour la promotion de ces
passages parisiens. Avant de présenter tout ce qui a été fait et ce qui sera peut-être dans les
passages, il est essentiel de présenter quelques acteurs qui œuvrent pour la mise en valeur et
en tourisme de ces lieux.
Présentation des acteurs
Association passages&galeries
L’association Passages et Galeries a été créée en octobre 1999. Son siège se
situe 30 rue Boissy d’Anglas dans le 8ème arrondissement de Paris. L’association
est présidée par Mr Robert Capia et Mme Aimé Dubos.
Cette association est la seule à regrouper l’ensemble des passages parisiens et
plus largement ceux de l’étranger. Cette association est active et primordiale
pour la promotion et la sauvegarde de l’ensemble des passages et galeries.
Elle a pour but :
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§ De faire connaître et de promouvoir les passages et galeries de France et de l'étranger.
§ Elle appelle l’attention du public sur la qualité esthétique de ces lieux et la nécessité de
les mettre en valeur.
§ Elle intervient auprès des responsables, pour que ces espaces soient protégés, balisés
et bénéficient de concours financiers pour leur réhabilitation et leur restauration.
Afin de pouvoir entreprendre et réaliser ses objectifs, l’association regroupe plusieurs
partenaires indispensables : Monum (CMN), fondation EDF, Monnaie de Paris, Ville de Paris,
le ministère de la Culture et de la Communication (MCC), association française d’action
artistique (AFAA), Centre Iris, Mercure, Centre National des Centres Commerciaux (CNCC),
ministère des affaires étrangères (MAE) ainsi que Paris Musées.
Association des amis du village des panoramas
L’association « Le village des Panoramas » a été créée en 2006. C’est une association de
commerçants composée de soixante commerces installés dans le passage
des Panoramas. L’association présidée par Monsieur Messmer qui est un
interlocuteur unique pour dialoguer avec les différentes institutions. Elle a
pour objectif :
§ De représenter et de défendre les intérêts ses adhérents auprès des
administrations, collectivités locales, chambres consulaires et tout autre organisme
administratif ou économique.
§ De s'opposer par tous les moyens légaux de toutes voies de droit aux actes de
concurrence déloyale.
§ De réaliser des animations communes et de mettre œuvre tous les moyens nécessaires
à leur réalisation
§ De promouvoir l’ensemble des commerces du passage
Association du Prado
L'association les "Amis du passage et de la porte St Denis" a pour objet :
§ La valorisation et l'animation du passage du Prado et plus
généralement, du quartier de la porte st Denis.
Son siège social est situé au : 12 passage du Prado dans le 10ème
arrondissement de Paris. L’association est présidée par Mr Fausto Rotelli.
C’est une association qui reste toutefois dans une valorisation très locale.
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Mairie de Paris
La mairie de Paris, plus précisément, la direction du Patrimoine (Danièle Pourtaud), la
direction de l’Urbanisme (Yves Bozelec), mais aussi la
direction du Commerce (Mme Lyne Cohen-Solas) sont
des acteurs important dans la valorisation de ce patrimoine architectural et urbanistique
parisien. La Ville est en étroite relation avec l’association Passages&Galeries afin d’œuvrer
ensemble à la valorisation, la conservation, la protection des passages malgré les difficultés
juridiques. Ces acteurs souhaitent aussi faire connaître ces lieux à un plus large public.
Dans les réalisations
§ Journée du patrimoine : l’association Passages&Galeries organise chaque année
plusieurs circuits de visites gratuites qui rencontrent un très grand succès. Des
animations particulières sont prévues pour les enfants. Cette journée, mise en place
par l’Etat, est justement l’occasion de faire découvrir des lieux typiques, uniques ou
fermés de la capitale.
§ Fête de la musique : certains passages accueillent des groupes musicaux lors de cet
événement afin de faire connaître ces lieux originaux et les commerces qui y sont
abrités.
Passage du Prado :
§ Lancement d’une gazette visant à regrouper l’ensemble des occupants du passage
entre commerçants et riverains. Cette gazette à pour objectif de mobiliser les individus
afin de gérer le passage sur le plan de sa rénovation, de la fermeture des grilles, de la
propreté en tenant compte des intérêts de chacun.
Galerie Vivienne :
§ Floraison de la galerie 17 mars 2009, initiative reconduite en mars 2010.
(A droite, affiche au format carte postale pour promouvoir cette journée)
§ Décoration florale à l’occasion de « Paris Création » du 21 au 24
septembre
§ Défilé de mode Yuko Torii : collection Printemps/été
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Passage des Panoramas :
§ Intervention auprès de la Ville de Paris à la nécessité de
participer aux travaux de réhabilitation
§ Organisation du traditionnel vide grenier : 23 mai 2010. Ce
vide grenier dans le passage est devenu au fil du temps, un
incontournable pour parisiens et touristes français et
étrangers78.
§ Organisation autour de la coupe du monde de rugby avec le
soutien de la CCIP
§ Floraison du passage
§ “Shopping by Paris” en lien avec l’office de tourisme de Paris. C’est un événementiel
organisé autour des soldes (basé sur les soldes londoniennes) avec un programme
d’animation.
§ Illuminations de Noël avec le soutien de la municipalité qui paye 30% des
illuminations (cout de 15 000 euros)79
§ Tournage de films
§ Programme d’animation : des costumes du XIXe siècle exposés dans le passage mais
aussi portés par les commerçants.
§ Chantier sur l’éclairage du passage
§ Mise en conformité des enseignes commerciales. Cette action est difficile à mettre en
place puisque l’association n’a pas autorité sur les soixante commerçants.
§ Réparation des grilles d’entrées
La plupart de ces projets sont réitérés ou ce poursuivent durant 2010
Passages&Galeries :
§ elle a organisé plusieurs expositions photographiques avec le
concours de la Fondation EdF, Paris passages passé et Paris
passages présent. Cette exposition a été présentée à Paris et dans
plusieurs villes.
(A droite, carte postale de l’exposition)
78 Donnée suite à l’entretien avec Monsieur Messmer
79 Donnée suite à l’entretien avec Monsieur Messmer
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§ Obtient que la Ville finance douze études confiées à des architectes portant sur des
passages nécessitant une réhabilitation (dossier mis en ligne sur www.paris.fr). Ces
études présentent un grand intérêt. Par ailleurs la Ville de Paris reconnaissant le
service rendu au public par l'ouverture de ces passages privés décide désormais, au cas
par cas et moyennant la signature d'une convention précisant les rôles de chacun,
d'attribuer des subventions pour la réhabilitation des parties ouvertes au public.
§ Apporte son concours à de nombreuses publications, par la rédaction de notices et
d'articles. Elle a participé à des interviews et a fourni à des journalistes de la presse
écrite et de la presse audiovisuelle de la documentation écrite et photographique :
émission “Des Racines et des Ailes” diffusé en janvier 2009, le guide des itinéraires de
Lambert Guy, article dans le journal gratuit “A Nous Paris” mars 2010…etc.
§ Elle est intervenue auprès de l'Etat pour qu'il accroisse le nombre des protections (trois
passages supplémentaires ont été inscrits en 2005), elle est surtout intervenue auprès
de la Ville de Paris pour qu'elle améliore la signalisation des passages.
§ Colloque du 11 décembre 2010 à l'occasion de son 10e anniversaire,
l'Association des Passages & Galeries organise à la Monnaie de
Paris, un colloque autour du thème "Quel avenir pour les Passages &
Galeries en Europe au XXIe siècle?" Une journée dédiée aux
passages et galeries qui est aussi l'occasion d'inaugurer l'exposition
Robert Doisneau sur les passages. Un évènement en partenariat avec
la Monnaie de Paris, la Ville de Paris et le CNCC80. Cette journée
donne une réelle dynamique, l’impact de ce colloque est important
sur le plan touristique, commerciale ainsi que pour la valorisation de
ce patrimoine. Amène peu à peu les acteurs (associations, Ville,
propriétaires, commerçants) vers une réflexion commune pour
sauvegarder ce patrimoine et les intérêts de chacun.
§ l’exposition photographique de Robert Doisneau : une exposition d'une trentaine de
photos de Robert Doisneau est organisée à la Monnaie de Paris. Elle montre "le monde
poétique des passages parisiens" et est présentée du 12 décembre 2009 au 15 janvier
2010.
(Ci-dessus : affiche publicitaire de l’exposition et du colloque, Association Passages & Galeries,
décembre 2009)
80 Centre National des Centres Commerciaux
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Mairie de Paris81
§ Etude menée sur douze passages parisiens (Cf. www.paris.fr)
§ Restauration de sept passages prioritaires : les passages : Choiseul et du Caire (2ème
arrt), Vendôme (3ème arrt), Verdeau (9ème arrt), Brady et du Prado (10ème art) et le
passage du Ponceau (2ème arrt) endommagé par un incendie en 2003
§ En septembre 2004, c’est la mise en place d’un dispositif d’incitation à la mise en
valeur des passages couverts parisiens, prévoyant l’attribution de subventions aux
propriétaires en contrepartie de l’instauration de servitude de passage public et de leur
restauration totale ou partielle. Convention signée avec Ponceau, Vendôme et Brady
en 2004-2005. Source : Mairie de Paris 2010 DU 41
§ En 2007 convention signée avec une partie des propriétaires du passage des
Panoramas notamment pour la galerie Montmartre, des Variétés et Feydeau. Travaux
de réfection des verrières et des accès à ces galeries : Source : Mairie de Paris 2010
DU 41
§ Signalétique mise en place (panneaux indicatifs)
§ Restauration du Prado après des années de pourparlers, attribution de 100 000 euros le
22 mars 2010.
Dans les intentions et prévisions 2010
Nuit blanche82 : 3 octobre 2010, volonté de mettre en place un éclairage architectural avec des
bougies. La Ville de Paris souhaitait au départ s’investir dans ce projet Nuit Blanche dans les
passages, or, les difficultés pour obtenir les accords des propriétaires (nuisance sonore,
sécurité), le budget restreint de la Ville ainsi que l’hétérogénéité obtenue dans les démarches
en amont (certains passages ouverts jusqu'à deux heures, d’autres cinq heures, d’autres encore
refusent). Tous ceux-ci rend le projet beaucoup trop complexe, sachant que d’autres quartiers
parisiens ne se font pas prier pour une participation à l’action nuit blanche (en 2010 : la ville
participe pour le quartier de Belleville pour la dixième édition83)
Projet UNESCO : la phase 1 est réalisée, en 2010 l’association Passages&Galeries projette de
commencer la phase 2. Ce point est développé largement dans une sous partie (Cf. 3.d)
81 Les données proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
82 Les données proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
83 Les données proviennent de l’entretien avec Mesdames Marinier et Montheil, Ville de Paris
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Restauration du Prado : Projet de restauration architecturale (dossier décembre 2009), ce
projet se poursuit au cours de l’année 2010, attribution d’une subvention de la Ville de Paris
pour une mise en valeur.
Journée du patrimoine : L’association Passages & Galeries a l’intention de développer un
projet avec la troupe théâtrale pour septembre 2010.
Visites théâtrales : L’association Passages&Galeries est contactée par une troupe théâtrale
(www.showvisite.com) dans une démarche de développement de la comédie de rues. Cette
troupe a commencé par exercer ces talents à Montmartre. Cette comédie jouée à l’extérieur
apparaît pour le public comme une scène imprévu. Il s’agit pour les comédiens de relater des
histoires d’hier et d’aujourd’hui via une visite théâtrale qui est un fait guidée. Le tarif est fixé
à 15 euros par pax, une réduction est possible à dix euros, un tarif pour les enfants est prévu.
La réservation peut se faire via des réseaux de distribution classique telle que Carrefour ou
encore la Fnac. Cependant, le spectacle est limité à environ cinquante personnes, élément
indispensable pour pouvoir circuler dans les passages qui sont relativement étroits. Les
organisateurs souhaiteraient effectuer ce show tous les samedis et dimanches du 1er mai au 28
septembre 2010. Ce spectacle d’environ 1h45, il reste à établir le parcours. C’est ici que les
choses vont clairement commencer à se compliquer puisque pour faire déambuler une troupe
de comédiens dans les passages avec un public, les autorisations deviennent indispensables de
la part de la Ville (préfecture) mais aussi des passages eux-mêmes, enfin de leurs
propriétaires. Suite à une visite faite par l’association Passages&Galeries, le point de départ
serait évidemment le Palais-Royal, berceau de nos passages. La visité théâtrale se poursuivrait
dans le passage des Panoramas, Jouffroy puis Verdeau. Ce parcours nécessite pour le Palais-
Royal l’accord de l’Etat, puisque les lieux appartiennent au Ministère de la Communication et
de la Culture. Pour les passages, les propriétaires doivent donner leur accord sachant que sur
chaque espace dans les passages, les statuts sont différents. C’est donc une véritable bataille
pour obtenir toutes ces approbations, ainsi, l’association tente de se placer en médiateur en
apportant son réseau de connaissance. Cette intention de promotion des passages parisiens
reste un enjeu complexe pour la troupe théâtrale puisqu’il ne va pas être aisé d’obtenir tous les
accords, dans un espace où la circulation des passants, les flâneurs et les boutiques ne doivent
pas être dérangé par le spectacle. Il faut prendre aussi en compte les questions de sécurité,
puisque l’on se trouve tout de même dans un espace intérieur. Notons aussi que les jours
choisis par les comédiens pour effectuer les représentations sont surement à modifier, certains
passages étant fermée le samedi et/ou le dimanche Ce projet nécessite aussi un budget,
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puisque certains passages louent leur sol, l’exemple du passage Choiseul ou la galerie
Vivienne en est l’illustration, en louant leur sol pour des défilés de mode.
Projet d’exposition au pavillon de l’Arsenal : c’est surtout Christian Pattyn, membre de
l’association Passages et Galeries qui est porteur du projet. Cette exposition se réaliserait dans
le cadre d’une inscription au Patrimoine Mondiale. Cette exposition serait historico-
urbanistique et architectural. Cela permettrait de mettre en valeur l’aspect urbanistique du
XIXe au XXIe siècle des passages et galeries parisiennes.
Imagination de scénarios
§ Multiplier les colloques ou conférences afin de mobiliser le plus d’individu possible et
de faire réagir les réfractaires. Les colloques sont très importants pour tenter de
trouver des solutions aux problèmes diagnostiqués préalablement. De plus, leurs
impacts en faveur d’une mise en valeur de ce patrimoine n’est pas négligeable. Ce fait
fut constaté suite au colloque du 11 décembre 2009 dont les retombées sont multiples
et bénéfiques.
§ Organisation d’événementiel pour faire connaître les passages et se positionner
comme un pôle attractif : expositions, documentaire de télévision, article de journal,
floraisons, illumination, promotion autour de commerces traditionnels
§ Accroitre les visites pour les touristes et parisiens : mise en place d’une stratégie
marketing plus intenses et plus visibles, en jouant sur des thèmes spécifiques qui
pourront aiguiser la curiosité des individus. Ceux du Paris méconnu et insolite sont
déjà bien utilisés, peut être qu’il faudrait en plus s’axer sur les itinéraires,
l’architecture, l’histoire des lieux.
§ Rendre l’offre touristique beaucoup plus visible : office de tourisme de Paris,
multiplication des associations et des sites internet.
§ Mener une étude touristique pour connaître la fréquentation, la nationalité des
touristes, à savoir, si ce sont des visites de proximité ou des déplacements plus long,
des français, des étrangers. Cette étude doit être menée dans chacun des passages
puisque ces lieux ne connaissent pas la même effervescence selon la position
géographique qu’il tient dans la ville de Paris.
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b. Une mise en tourisme
Le tourisme dans les passages
Face au tourisme, à la popularité et à la fréquentation, les passages parisiens ne sont pas
à égalité les uns avec les autres. En effet, leurs situations géographiques influent fortement sur
l’animation et la vie du passage. Certains deviennent de véritables lieux de destination et de
visite. On peut citer l’exemple du passage Jouffroy qui est très touristique et animé du fait de
sa proximité avec l’hôtel Drouot. Il en est de même pour le passage des Panoramas et
Verdeau. En effet, ces trois passages se situent dans un même axe des Grands Boulevards (Du
Boulevard Montmartre au Faubourg Saint-Antoine) (Panoramas-Jouffroy-Verdeau).
Ces passages situés à proximité des Grands boulevards doivent retrouver leurs vocations
passées, jouer un rôle important dans la dynamique dans quartier. Ainsi, l’ouverture du
dimanche pour des balades journalières et familiales peut être un facteur important pour
garder cette fréquentation de proximité mais aussi pour les touristes français et étrangers. En
effet, les passages qui se situent dans le quartier de Saint-Denis comme le passage du Caire et
du Ponceau sont fermés le samedi et dimanche. Cette fermeture le weekend ne facilite pas les
visites touristiques. Les passages doivent donc s’intégrer dans leurs temps et dans leurs
espaces afin de trouver une vocation touristique plus importante.
C’est ici qu’intervient la troupe théâtrale dont il a déjà été fait mention plus haut, le
projet se concrétise, les autorisations sont obtenues. Le départ se fait non plus au Palais-Royal
mais, au passage des Princes puis les acteurs emmènent le public jusqu’à la Bourse pour
rejoindre les Grands Boulevards et pouvoir continuer le show dans l’enfilade Panoramas-
Jouffroy-Verdeau. Ce spectacle devrait se dérouler tout l’été à Paris le mercredi et le samedi
vers les 15h pour ne pas déranger les restaurateurs. De plus, ce spectacle devrait être exporté à
Londres et à Bruxelles. En voici les premières photographies :
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Acteurs au passage des Princes puis passage des Panoramas, D.Métivier
D’autres passages ont le privilège d’être de véritables merveilles architecturales tels que
les galeries Vivienne et Colbert. Aujourd’hui lieu d’étude pour la galerie Colbert, Institut de
France pour la galerie Vivienne, elles sont toutefois régulièrement visitées par de petits
groupes touristiques. Il y a d’ailleurs beaucoup plus de touristes que de parisiens dans
l’ensemble des passages et galeries.
Suite à mon entretien avec Mr Messmer (président de l’association des Panoramas) au
passage des Panoramas, j’ai eu l’occasion de pouvoir échanger avec divers commerçants, il en
ressort que le tourisme dans les passages se compose, d’un bon quart de touristes français et
étrangers, un autre bon quart de cadre supérieur (immobilier,…) et le petit dernier quart
restant représente les personnes habitants le quartier84. A l’heure actuelle, aucune étude
touristique n’a été mené dans les passages parisiens, il est alors difficile de chiffrer quels
passages et galeries sont les plus visités. En revanche, il est possible de vite se rendre compte
seulement en se promenant au travers de divers passages, ceux les plus animés (quartier des
Grands Boulevards) et ceux qui tombent un peu plus dans la désuétude (Bourg-l’Abbé,
Ponceau).
L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO des passages et galeries
européennes les plus intéressantes permettrait d’attirer l’attention d’un plus vaste public et des
touristes sur un témoignage très précieux de l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture du
XIXe siècle. En effet, une telle inscription augmenterait largement le nombre de visites, ce
fait ce constate sur nombres de sites inscrits sur la liste. La protection à travers des instances
connues du grand public comme l’UNESCO favorise le tourisme, ainsi que la promotion et la
valorisation qui s’est effectuée lors de l’émission des Racines et des Ailes sur France
télévision et le colloque du 11 décembre 2009 qui ont dynamisé la demande touristique envers
les passages.
Communication et circuit
Mais qui organise ces visites ? Où est-il possible de trouver des circuits, des itinéraires de ces
lieux originaux ?
L’Office de Tourisme et des Congrès de Paris est un relais pour obtenir de la
documentation qui émane de l’association Passage et galeries85. En revanche, l’office du
84 Entretien avec Monsieur Messmer et divers commerçants
85 Entretien avec Madame Prade Catherine
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tourisme n’offre pas la possibilité de visites des passages parisiens. Dans les guides étrangers
ou français (Bleu, Routard…etc.) sur la capitale, les passages parisiens sont souvent plus que
mentionnés, ils sont catalogués dans la catégorie d’un Paris insolite, titre souvent alléchant
alors que les passages et galeries ne sont pas insolites mais, bien typiques de la capitale.
Parfois, les passages sont classés sous le titre d’un Paris méconnu, cette appellation convient
alors beaucoup mieux à ce que sont les passages c’est-à-dire des lieux peu connus des
Parisiens et des touristes.
Les passages sont aussi, chose importante, des itinéraires de la capitale. Il est alors
possible de faire découvrir de différentes façons ces lieux aux promeneurs, aux flâneurs et aux
touristes. Mais qui œuvre pour cette mise en valeur ?
Différentes instances (mairie d’arrondissement, Ville de Paris, association
Passages&Galeries) se mobilisent pour mettre en tourisme ces quartiers méconnus à travers
des itinéraires. Il est possible de trouver des visites organisées via Internet pour 10€ par pax.
Des sites tels que www.francetourisme.fr, www.passagesetgaleries.org, www.paris.fr,
www.billetreduc.com, www.cityvox.fr, proposent des visites touristiques avec des guides
conférenciers pour mettre en valeur ce patrimoine parisien. Néanmoins, certains sites
proposent aux touristes de visiter ces passages et tous n’ont pas des guides conférenciers. Il
faut donc parfois relativiser les propos des guides, qui relatent parfois des histoires illusoires
ou totalement enjolivées pour attiser l’attrait du visiteur. Il est vrai qu’avec la vie fourmillante
et culturelle que les passages ont connu : prostitution, jeu, mais aussi les aventures de Vidocq
(galerie Vivienne) et les écrivains comme Balzac ou Céline, facilitent les histoires des guides.
Les passages et galeries travaillent sur leur mise en valeur via des moyens de
communications notamment internet. En effet, beaucoup d’entre eux possèdent leurs propres
sites web (Panoramas, Prado, Havre, Colbert, Vivienne…) qui apportent toutes les
informations nécessaires (ouverture, histoire, boutiques, événements…), néanmoins, aucun
des sites offrent des visites touristiques de leur passage ou des itinéraires des passages
parisiens. Ainsi, le site de la Ville de Paris : www.paris.fr, propose de multiple itinéraires pour
quiconque souhaiterait visiter un panel de passages, notons toutefois que l’association
Passages et Galeries est attitré par la Ville pour ces visites culturelles. En effet, leurs
proximités géographiques offrent la possibilité de faire visiter un large éventail de passages
via des circuits de 4 km environ. Les guides tels que le Routard propose lui aussi des circuits
pour visiter ces quartiers (balade n°15 entre 2h30 et 3h de marche sur 3,5 km, p 169).
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Circuits proposés par l’association Passages&Galeries
L’association passages et galeries propose quatre circuits thématiques pour parisiens et
touristes : le premier intitulé la vie parisienne s’étend du Palais-Royal jusqu’à la galerie de la
Madeleine en passant par le passage Choiseul. Le deuxième circuit : Paris, ses grands
boulevards et distraction part du Palais-Royal jusqu’au passage Verdeau, c’est l’itinéraire le
plus prisé, c’est aussi le plus vivant avec beaucoup de cafés, restaurants, boutiques et théâtres,
c’est le quartier du divertissement. Le troisième circuit est celui du Paris historique qui part du
Palais-Royal allant au passage Brady en passant par le Grand-Cerf, le Caire ou encore le
Ponceau, quartier historique aux multiples facettes. Enfin, le dernier circuit proposé est celui
de la visite familiale autour des Grands Boulevards c’est-à-dire du passage des Panoramas-
Jouffroy-Verdeau et le passage des Princes. L’ensemble des circuits, à l’exception du dernier,
prennent leur point de départ au Palais-Royal, berceau des passages parisiens avec ces
galeries de bois du Duc d’Orléans.
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Parcours architecturaux proposés par la Ville
8ème et 9ème arrondissements 2ème et 9ème arrondissements
2ème et 10ième arrondissements 1er et 2ème arrondissements
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La Ville de Paris propose différent parcours pour une visite de certains quartiers
d’arrondissements (1er, 2ème, 8ème, 9ème et 10ème). Ces visites architecturales incluent les
passages et galeries, elles ressemblent grossièrement aux parcours réalisés par l’association
Passages et Galeries. En effet, c’est la situation géographique des passages qui détermine la
réalisation et la conception de ces parcours. Il en ressort, en général quatre parcours
différenciés avec quelques variantes.
Voici quelques exemples de l’offre touristique qu’il est possible de trouver sur Internet :
§ Sur www.billetreduc.com
La promenade est commentée en compagnie du conférencier Vincent Delaveau, entre le
Palais-Royal et les Grands boulevards. De la galerie Véro-Dodat au passage Verdeau, une
dizaine de galeries commerçantes du XIXe siècle offrent au flâneur d'aujourd'hui un
cheminement presque continu, loin du bruit de la ville et à l'abri des intempéries.
“Cette promenade dans le Paris de Balzac et Zola nous permet de comprendre comment se
sont construites ces galeries et d'apprécier leurs élégantes verrières, leurs décors raffinés et
leurs boutiques originales qui font encore aujourd'hui le charme très parisien de ces lieux.”
Visite en français pendant deux heures, dix euros par pax (réduction à huit euros par pax).
§ Sur www.francetourisme.fr
France Tourisme vous propose une promenade guidée dans Paris pour découvrir les secrets
des passages couverts. En compagnie de l’un des guides, vous saurez tout sur ces fameux
passages : leur histoire, leur architecture ... “Nos guides, qui connaissent la capitale sur le
bout des doigts, partagent leurs connaissances avec vous pour vous offrir une visite
divertissante, vivante et instructive”. Tous les lundis et vendredi après-midi à 14h30,
tarification de dix euros par pax.
§ Sur www.lastminute.com
“Participez à une exaltante flânerie dans ces galeries au charme désuet : Véro-Dodat,
Colbert, etc… Festival de lumières et de couleurs dans ces passages d’hier et d’aujourd’hui.
Découvrez également les paisibles jardins du Palais Royal. Le guide évoque pour vous
Richelieu, les traditions frivoles du Palais-Royal, Colette, et les surprenantes colonnes de
Buren”. La visite guidée est faite par Maud Haecker, diplômée de la Sorbonne et de l'Ecole
du Louvre. Les visites s’effectuent du 1er mai au 26 juin, huit euros par pax, samedi à 14h30,
devant les grilles du Conseil d’Etat, place du Palais-Royal (1er arrt)
§ Sur www.paris.evous.fr
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Visite insolite des Passages Couverts, Point de rendez-vous : à l’entrée du passage Véro-
Dodat, 19 rue Jean-Jacques Rousseau, paris 1er, métro Louvre-Rivoli, à 11h. Fin de la visite à
13h. Le guide-conférencière, Melle Fétu, attend les touristes directement sur place. La
réservation n’est pas obligatoire. Le tarif de la visite s’élève à dix euros par pax (cinq euros
pour les enfants).
c. Vers “une inscription UNESCO” ?
On a vu précédemment (deuxième partie) qu’une bonne majorité des passages sont
protégés au titre de l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
Il nait alors une volonté nouvelle de la part des divers acteurs et notamment de
l’association des Passages et Galeries (sous l’égide de Robert Capia)
et de la Ville de Paris, qui souhaitent faire classer ces lieux originaux
au titre du Patrimoine Mondial de l’humanité à l’UNESCO. En effet,
un dossier de faisabilité de classement Unesco (A gauche, D.Métivier) est
remis à la ville de Paris en 2008, dans le cadre d’une mise en valeur
du patrimoine parisien et avec la volonté d’une reconnaissance de ce
patrimoine architectural européen (Grande Bretagne, Belgique,
Italie). La Ville tient beaucoup à ce projet, il faut cependant trouver
un pays porteur du dossier. La France est un pays dont le patrimoine culturel et architectural
est relativement bien représenté au sein de cette instance mondiale. Il serait alors plus
judicieux que ce dossier d’inscription soit porté par un pays moins représenté. La Ville pense
que la Belgique serait un pays susceptible de mener à bien ce projet. La Ville de Paris doit à
présent soutenir le projet auprès des instances Nationales et Internationales.
Il convient dans un premier point de se poser la question : est-ce réaliste ? Tout cela
repose sur la Convention du Patrimoine Mondial adoptée par l’UNESCO en 1972, dont l’un
des débouché est la constitution d’une liste où son inscrits années après années un certain
nombre d’élément du patrimoine mondial, qui sont considérés comme des chefs d’œuvre de
l’humanité, des témoignages du génie créateur humain.
Pour ce faire les instances de l’UNESCO ont déterminé un guide : les orientations pour
la mise en œuvre de la convention du patrimoine mondial qui contient les critères à partir
desquels sont instruits les dossiers qui sont d’abord instruits par des organismes indépendants,
en ce qui concerne le patrimoine culturel c’est l’ICOMOS. Un rapport est remis par
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l’ICOMOS et c’est lors d’une session du comité du Patrimoine Mondial que la décision finale
est prise par les représentants des Etats qui sont élus à ce comité intergouvernemental.
Cette volonté nouvelle de faire inscrire les passages et galeries, amène à réfléchir sur la
pertinence de ce classement UNESCO par rapport aux critères de la valeur universelle
exceptionnelle (jamais vraiment défini par les instances UNESCO). Ce patrimoine parisien et
européen doit répondre à au moins un des six critères du patrimoine culturel (souvent deux ou
trois critères sont pris en compte).
Dans notre cas, il semble que deux critères s’imposeraient : n° iv :
« Offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble
architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes
significatives(s) de l’histoire»86.
En effet, les passages représentent un temps fort de l’histoire urbaine en Occident qui
s’affranchit de ce qui l’étouffe (muraille), c’est l’âge d’or de ce qui s’appelle le “modernisme
urbain”. Sur le plan des formes architecturales, les passages constituent un ensemble à la fois
avec une homogénéité du type mais aussi avec une grande diversité des déclinaisons, dans
l’espace et le temps, de l’intimisme des premiers passages (Paris), de la modestie de ceux de
la Restauration jusqu’au monumentalisme de la fin du XIXe siècle (Russie, Bruxelles ou
Milan). On pourrait d’ailleurs s’interroger sur l’existence ou non de type nationaux ou de
variante nationale au cours du XVIII et XIXe siècle. Les passages et galeries ont joué un rôle
de laboratoire de matériaux et de technique (fer, verrière) qui trouve une utilisation ailleurs à
plus grande échelle, les passages et galeries conjuguent innovations technologiques et
inventions esthétiques.
Après avoir présenté brièvement la pertinence de retenir le critère iv pour l’inscription
de ces éléments architecturaux et culturels, il convient de s’attacher maintenant à un autre
critère.
Le critère n°ii pourrait aussi s’imposer :
« Il témoigne des échanges d’influences sur le développement de
l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la
planification des villes ou de la création de paysages»87.
86 www.unesco.org
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Là encore, les passages illustrent parfaitement la circulation, l’échange entre les formes
architecturales à l’intérieur d’une aire culturelle (Europe du XIXe siècle). On a là un moment
et un espace, dans lequel il y a une très grande richesse d’échange. A partir d’une source bien
identifiée qui est le Paris à la veille de la Révolution, les passages se sont répandus
progressivement sur l’ensemble du continent (Milan, Rome, Naples, Londres, Berlin, Prague,
Bruxelles, Saint-Pétersbourg), il est donc possible d’en suivre la diffusion, de retracer le jeu
des influences. De plus, les passages présentent un intérêt historiographique sur le plan de
l’analyse du processus de la technique de construction et sur les formes décoratives :
“Dans le cadre d’une convention du patrimoine mondial, elle est conçue de
façon à présenter des ensembles, des valeurs, une résonance, une
signification qui soit compréhensible par l’ensemble de l’humanité. A
travers cela, c’est aussi faire ressortir les formes, les circulations qui ont
permis d’aboutir à ces résultats”88.
C’est donc deux éléments très forts qui répondent à des critères très précisément identifiés,
exigés par la convention du Patrimoine Mondial pour une inscription.
A ces deux critères principaux de présentation, une troisième pourrait s’ajouter, il s’agit du
n°vi :
« Il est directement ou matériellement associé à des évènements ou des
traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et
littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle »89.
Il s’agit ici d’évoquer les boutiques traditionnelles qui occupent l’espace de ces passages
(poupées, cannes, photographies…), ainsi que l’ambiance (l’art de la flânerie) qui y règne et
les personnalités littéraires (Céline, Balzac, Marx…) qui ont marqué les lieux. Or, ce critère
pose quelques problèmes puisque tous les passages de Paris n’ont pas gardé leurs vocations
commerçantes, la galerie Colbert et la galerie Vivienne sont aujourd’hui des lieux publics
87 www.unesco.org
88 Colloque du 11 décembre 2009, Jean Musitelli, 3ième table ronde.
89 www.unesco.org
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d’utilité le plus souvent universitaire ou étatique. Seul le restaurant le Grand Colbert à la
galerie Colbert représente cette ancienne activité commerciale.
Au-delà de ces critères, il reste deux conditions : une condition d’authenticité et de
protection juridique :
“Ce critère d’authenticité est défini par les orientations, paragraphe 76 à
86 et il dit en résumé ceci : pour apprécier l’authenticité d’un bien, sont pris
en considération des éléments tels que : sa forme, sa conception, ses
matériaux, sa situation, son cadre et son usage et sa fonction. Cette liste est
le reflet de ce qui est contenu dans la charte de Venise, à condition de la lire
dans son intégralité et non de façon sélective”90.
. Pour les conditions d’authenticité, il faut penser la restauration, en termes
d’utilisation finale, et de ce point de vue, il faut tenir compte de cet élément pour présenter à
l’inscription un certain nombre de passage. Nonobstant, il y a des passages où les modes de
restauration ont été brutaux, l’exemple du passage du Havre est très illustratif. En effet, il
reste aujourd’hui plus rien du passage ancien, c’est devenu un centre commercial du XXIe
siècle. D’autres restaurations sont mal appropriées aux lieux ou sont de véritable pastiche du
passage ancien, ici citons l’exemple de la galerie Colbert refait à neuf en 1985. Ces
restaurations de passages sont devenues un problème délicat qu’il faut gérer pour une
inscription UNESCO. Enfin, il est indispensable que le bien proposé à l’inscription bénéficie
d’une protection juridique et d’instrument de gestion adéquat qui garantie sa pérennité et
assure son accessibilité aux publics, ce sont des conditions imposées par la Convention. Là est
le plus gros problème des passages parisiens, cela est moins vrai pour les passages et galeries
du reste de l’Europe. En effet, il a déjà été précisé précédemment (1.C) la complexité
juridique de ces lieux qui, je le rappelle sont privés. La mésentente entre les propriétaires, les
syndics parfois inefficaces demande une médiation de tous les instants pour conserver et
valoriser ce patrimoine. Ce point juridique est réellement à travailler, car il est indispensable
pour une inscription.
Certains passages qui bénéficient déjà d’une inscription aux monuments historiques,
ont un avantage pour cette inscription UNESCO. Il devient alors essentiel d’établir une
90 Colloque du 11 décembre 2009, Jean Musitelli, 3ième table ronde
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sélection judicieuse de passages parisiens ou provinciaux et étrangers, puisque l’ensemble ne
peut être inscrit au titre du patrimoine mondial de l’humanité. Lors de la rédaction de la
première phase du dossier par l’association Passages&Galeries, quatre pays sont sélectionnés
avec vingt-sept passages (avec trois pays en annexe).
Tableau : les passages qui sont sélectionnés91, classification par pays
Angleterre - Lower Arcade (Bristol)
- County Arcade (Leeds)
- Queen’s Arcade (Leeds)
- Thornton’s Arcade (Leeds)
- Burlington Arcade (Londres)
- Piccadilly Arcade (Londres)
- Royal Arcade (Londres)
- Royal Opéra Arcade (Londres)
Belgique - Passage du nord (Bruxelles)
- Galeries Saint-Hubert (Bruxelles)
France - Passage Boyer (Carpentras)
- Passage Pommeraye (Nantes)
- Passage du Bourg-l’Abbé (Paris)
- Passage Choiseul (Paris)
- Passage Colbert (Paris)
- Galerie Vivienne (Paris)
- Passage du Grand-Cerf (Paris)
- Passage Jouffroy (Paris)
- Passage Verdeau (Paris)
- Galerie de la Madeleine (Paris)
- Passage des Panoramas (Paris)
- Passage Vendôme (Paris)
- Galerie Véro-Dodat (Paris)
Italie - Galleria Vittorio Emmanuelle II (Milan)
91 Association des passages et galeries, Passages et galeries, vers une inscription Unesco ?, Phase 1, Dossier
remis à la ville de Paris, Paris, Janvier 2007, 121 pages
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- galleria Sciarra (Rome)
- Galleria Principe di Napoli (Naples)
- Galleria Umbertosi (Naples)
Annexe : Hongrie
Italie
Russie
- Pariser Hof (Budapest)
- Galleria Mazzini (Gênes)
- Le Goum (Moscou)
De plus, on remarque que ce projet possède un atout pour une inscription : son caractère
transnational, intégré dans un réseau (inscription en série) formant un corpus pour le caractère
exceptionnel digne d’une inscription UNESCO. En effet, selon la terminologie de la
Convention du Patrimoine Mondial, il est prévu une inscription appelée : biens en série
transnationaux, ce qui inclut :
“Des éléments constitutifs reliés entre eux par une appartenance au même
groupe historico-culturel. Pour ce faire : la série dans son ensemble et non
de ces différentes parties sont une valeur universelle exceptionnelle.”92
C’est-à-dire que pris individuellement, il y aurait peu de chance que le passage de la
Madeleine puisse être inscrit au patrimoine mondial. En revanche, s’il est intégré dans une
série, dans un réseau et que de surcroit ce réseau ne soit pas uniquement National mais couvre
différent pays, il formerait un corpus qui tire précisément de cette nature, de ce réseau
collectif, le caractère exceptionnel qui va les rendre digne de l’inscription au Patrimoine
Mondial. L’inscription d’un bien en série, laisse en outre un avantage qui n’est pas
négligeable, il permet que si dès le premier coup l’ensemble du corpus n’est pas accepté, de
faire en sorte que vienne s’ajouter progressivement d’autres biens dans le corpus initialement
défini.
L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO des galeries et passages, permettrait
d’inscrire un ensemble architectural et un témoignage précieux de l’histoire de l’urbanisme au
XIXe siècle, jusqu’ici encore peu représenté dans les monuments inscrits.
92 Colloque du 11 décembre 2009, Jean Musitelli, 3ième table ronde.
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Néanmoins, l’inscription d’un bien de cette nature, ne peut reposer que sur un consensus
très large indispensable, à la fois entre les autorités publiques puisque c’est l’Etat qui est le
porteur du dossier (c’est aussi les collectivités territoriales qui ont une part de responsabilités
dans la gestion des biens culturelles) et le privé. Il convient d’expliquer aux propriétaires et
aux gestionnaires des passages que cette inscription UNESCO ne va pas surajouter une
contrainte supplémentaire par rapport à notre système de protection. Nonobstant, il y a une
véritable crainte qui persiste chez les propriétaires : la peur de perdre leur intérêt personnel
dans un consensus pour une inscription UNESCO.
En conclusion, le projet d’une inscription UNESCO est réalisable totalement ou
partiellement. L’envergure européenne est un atout pour l’inscription mais, peut l’être aussi
pour le tourisme européen et parisiens dans les passages au travers une promotion commune.
Cet aspect touristique n’est pas négligeable sachant l’attrait touristique93 que provoque le
“label” UNESCO.
“L'enjeu est de taille pour les pays et les villes concernés, qui attendent de
cette reconnaissance internationale de très rentables retombées
touristiques. Pour Bordeaux, par exemple, l'inscription sur la liste du
Patrimoine mondial pourrait, selon les professionnels, entraîner une hausse
de 20 % à 30 % de la fréquentation. Carcassonne, qui a eu le même
honneur voici dix ans, a constaté, depuis, une nette hausse du nombre de
visiteurs (3,5 millions par an).”94
Toutefois, il reste encore beaucoup de travail à fournir de la part de l’Etat, de la
Ville de Paris et de l’association Passages&Galeries. Pour le cas de la France, il est nécessaire
d’avoir une meilleure gestion de ses passages, élément indispensable pour une inscription au
patrimoine mondial.
93 Cf. Article dans la documentation française, www.ladocumentationfrançaise.fr, Cultures et territoires : le label
Unesco, aménagement et développement du territoire, pages 44-45
94 Article dans Le Figaro, www.lefigaro.fr, juillet 2007
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Conclusion
Pour conclure, les passages et galeries après avoir connu l’âge d’or, peinent à retrouver
leur place dans la vie des Parisiens et des touristes. Cependant, les efforts multiples des
différentes instances ou associations patrimoniales (classement Unesco, conservation,
restauration, mise en tourisme…etc.), se concrétisent peu à peu vers un développement
durable de ces lieux originaux de la capitale.
La naissance des passages couverts est rendue possible par la convergence de
plusieurs facteurs : d’une part, la disponibilité post-révolutionnaire de très grandes parcelles
de terrain, d’autre part, l’affirmation d’une bourgeoisie nouvelle, issue de la finance et du
négoce. Les passages couverts parisiens apparaissent dans un contexte de paix retrouvée : la
fin des guerres napoléoniennes ramène peu à peu la prospérité économique. Les passages et
galeries parisiennes se construisent majoritairement en deux temps : une première génération
entre 1823 et 1828, puis une seconde, de 1839 à 1847. Le succès est au rendez-vous,
l’effervescence des foules pour ces lieux est totale, entre jeux, théâtres, prostitutions, salons et
cafés. Nonobstant, vers la deuxième moitié du XIXe siècle, ces passages subissent la
désaffection du public qui préfère les grands magasins mieux achalandés et qui offrent des
avantages comparables aux galeries mais, sur une surface beaucoup plus grande. De plus, ces
lieux originaux de la capitale doivent subir les grands travaux d’urbanisme effectués par le
baron Haussmann. Ces travaux sont sources de mutilations, de disparitions, d’amputation
pour de nombreux passages de Paris.
Durant le XXe siècle, les passages et galeries restent dans la désuétude et
l’ignorance des Parisiens, des touristes et des organismes étatiques. Ce n’est que dans les
années 1970, suite à la destruction des Pavillons de Baltard (1972) que l’Etat prend
conscience de l’intérêt architectural des constructions en fonte et en verre du XIXe siècle et de
leur intérêt urbanistique. Conscient de la fragilité de ce patrimoine, ces passages et galeries
sont pour la plupart protégés au titre de l’inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques (ISMH). Cette inscription permet de freiner les restaurations ou les démolitions
abusives de ces espaces privés. La Ville de Paris agit depuis 2004 en faveur de ces passages,
un dialogue se met en place progressivement entre cette instance municipale et les
propriétaires privées. C’est via une convention signée entre les deux parties, que commencent
les restaurations et la mise en valeur de ces lieux. En effet, la convention prévoit une
ouverture systématique de ces passages (les heures et les jours d’ouvertures sont choisis par
les propriétaires), en contre partie, la Ville finance 25% des frais de restaurations et de
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réhabilitions. La conservation des bâtiments posent un réel problème, les verrières, les réseaux
et les sols sont relativement dégradés, la restauration des passages est alors nécessaire.
Pourtant, toute restauration qui n’est pas adaptée au lieu devient vite abusive et dénature le
patrimoine. Des passages sont alors totalement démolis pour en faire des centres
commerciaux (passage du havre), d’autres sont de véritable pastiche (galerie Colbert) et
d’autres encore ne conserve plus beaucoup d’élément du passage ancien (passage des Princes,
du Grand-Cerf). C’est pourquoi, la Ville intervient avec des architectes du patrimoine pour
établir un diagnostic afin d’adapter au mieux les restaurations pour chaque passage. Notons
que ces travaux nécessitent un long dialogue entre la Ville, les propriétaires et gestionnaires
pour obtenir un terrain d’entente.
L’association Passage et Galeries est également un élément important dans la mise
en valeur et en tourisme de ces passages et galeries. Les membres de l’association ne cessent
de sensibiliser les pouvoirs publics pour une valorisation de ces lieux, c’est aussi des actions
qui sont menées et organisées par cette association, exemple avec le colloque du 11 décembre
2009, les expositions, mais aussi avec les visites touristiques qui sont organisées.
L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO des passages et galeries
européennes permettrait d’attirer l’attention d’un plus large public et d’accroitre les visites
touristiques. En effet, les passages et galeries restent des lieux souvent méconnu du public
parisien et touristique et le label UNESCO joue un rôle prépondérant dans la promotion
marketing touristique. De plus, le caractère européen permettrait peut-être d’améliorer la
gestion de ces lieux privés en France puisqu’il reste le problème majeur, de la multiplicité
des statuts juridiques et des modes de gestion qui freinent la mise en valeur et en tourisme de
ce patrimoine parisien au XXIe siècle.
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Bibliographie
Ø Ouvrages généraux
- DE MONCAN Patrice, Les passages en Europe, édition du Mécènes, Paris, 2003
- GEIST Johann-Friedrich, Le passage un type architectural du XIXe siècle, Munich
1969, Liège, 1989
Ø Ouvrages spécialisés
- CUNEO Anne, Passage des Panoramas, Lausanne, l’Ages d’hommes, Paris, 1989, 136
pages
- DE LEPINAY, En passant par les passages, revue Monuments Historiques n°108,
1980
- DELORME Jean-Claude (Dir.), Les passages couverts parisiens, Parigramme, Paris,
2002, 189 pages
- DE MONCAN Patrice, Le guide des passages couverts de Paris, histoire, actualité,
commerces, plans, promenades, éditions du Mécènes, Paris, 1996, 300 pages
- DE MONCAN Patrice, Guide littéraire des passages de Paris, Hermé, Paris, 1996, 127
pages
- DE MONCAN Patrice et MAHOUT Christian, Les passages de Paris, SEESAM,
Paris, 1990, 261 pages
- LEMOINE Bertrand, Les passages couverts en France, DAVP, Paris, 1990, 263 pages
- WALTER Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle : le livre des passages, édition du
Cerf, Paris, 1997, 972 pages
Ø Guide et revue
- GLOAGUEN Philippe (Dir.), Le Guide du routard, Paris balades, Hachette, Paris,
2008, 311 pages, pages 167-175
- Collectif, Le guide bleu : Paris, Hachette tourisme, 2002, 800 pages
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- 84 -
- Collectif, Patrimoine et cadre de vie, LUR, 2ème trimestre, n°179, Paris, juin 2008, 48
pages
- LAMBERT Guy, Itinéraires : Paris et ses passages couverts, Monum, éditions du
patrimoine, Paris, 2002, 63 pages
- LOYER François, A propos des passages, Paris, Projet n° 17, 2ème trimestre 1977, p.
108-119
- MACE de LEPINAY François, En passant par les passages, Monuments historiques
n° 108, 1980, p. 49-57
Ø Dossier d’étude
- Marie de Paris, étude sur les passages, mise en valeur des passages couverts parisiens,
septembre 2004, 18 pages
- Association des passages et galeries, Passages et galeries, vers une inscription
Unesco ?, Phase 1, Dossier remis à la ville de Paris, Paris, Janvier 2007, 121 pages
Ø Conférences
- Colloque du 11 Décembre 2009 à la Monnaie de Paris, trois tables rondes :
1ère table ronde : ″Valeur patrimoniale et culturelle des passages″ :
• François Loyer : Historien, vice président de l’association des
passages et galeries
• Luc Joudinaud : Architecte du patrimoine
• Michel Nurisdsany : journaliste, critique d’art
• Catherine Prade : association Passages&Galeries
• Danièle Pourtaud : adjointe au Patrimoine, Ville de Paris
2ème table ronde : ″Modes de gestion et aspects juridiques″ :
• Alexandre Grosjean : Président des Galeries Royales Saint-
Hubert (Bruxelles)
• Mme Savariau : Cabinet Foncia, gestionnaire de la Madeleine
• Jean Musitelli : ancien ambassadeur de France auprès de l’Unesco
• Rodolphe Chandruk : gestionnaire
• Yves Bozelec : Direction du l’urbanisme, Ville de Paris.
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3ème table ronde : ″Le rôle des passages dans l’urbanisme et la vie commerciale″ :
• Patrice de Moncan : Historien, spécialiste mondial des passages et
auteur
• Christophe Beaux : Directeur Général de la Monnaie de Paris
• Daniel Hiernaux : Universitaire
• Gilbert Segas : antiquaire, tient une boutique de cannes passage
Jouffroy
• Lyne Cohen-Solas : adjointe au Commerce, Ville de Paris
• Jean Michel Silberstein : délégué général du centre national des
centres commerciaux
Ø Archives et revues
- Patrimoine et cadre de vie, les cahiers de la ligue urbaine et rurale, Esthétique
commerciale et insertion urbaine, LUR, numéro spécial mai 2005, p8
- Patrimoine et cadre de vie, les cahiers de la ligue urbaine et rurale, dossier sur les
passages et galeries à Paris au XIXe siècle, LUR, n°179, juin 2008, p7-39
- Les Echos n° 20547 du 06 novembre 2009, page 12
- Le Figaro, archive de presse, 3 juillet 2007 sur www.lefigaro.fr
- Le Parisien, archive de presse 2009 sur www.leparisien.fr
- DRAC-CRMH-Bureau de la protection, Dossier de trois feuillets : La protection des
passages, avril 2000
- Commission régionale du patrimoine et des sites, Procès-verbal, les passages couverts
parisiens : demande de protection complémentaires, avril 2005, 12 pages
- Mairie de Paris, Direction de l’urbanisme, Mise en valeur des passages couverts et
galeries, cinq feuillets, 2003
- Mairie de Paris, Direction de l’urbanisme, 2010 DU 41, Mise en valeur des passages
parisiens, attribution de subventions passage du Prado, quatre feuillets, mars 2010
Ø Entretien (Cf. annexe)
- Marinier Lucie : Chargé de mission culture, Cabinet de Bertrand Delanoë
- Montheil Marie-Aude : Cabinet de Danièle Pourtaud, adjointe au Patrimoine
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- Prade Catherine : association Passages&Galeries
- Monsieur Messmer : association de commerçants du passage des Panoramas
Ø Site Internet et documentaire
- www.paris.fr
- www.passagesetgaleries.org
- www.culture.gouv.fr/culture/patrimoine (Base Mérimée)
- www.arturbain.fr
- www.passagedespanoramas.fr
- www.passageduprado.org
- www.galerievivienne.org
- www.ccip.fr
- www.francetourisme.fr
- www.parinconnu.fr
- www.cityvox.fr
- Emission ″Des racines et des ailes″ (France 3) Janvier 2009 : thème : le Paris méconnu
et insolite.
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Annexe A
Le tableau suivant présente la liste des passages couverts qui existent encore à Paris et qui
sont accessibles.
Arr
. Nom Constr. Emplacement actuel Commentaires
01e Galerie Véro-
Dodat 1826
19, rue Jean-Jacques Rousseau
2, rue du Bouloi
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès lun-sam 7h-22h, fermé dim. et fériés
02e Passage du Bourg-
l'Abbé 1828
120, rue Saint-Denis
3, rue de Palestro
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès : lun-sam 7h30-19h30, fermé les jours fériés
02e Passage du Caire 1798
33, rue d’Alexandrie
2, place du Caire
237-239, rue Saint-Denis
14, 34 et 44, rue du Caire
Accès lun-ven 7h-18h30, fermé le week-end
370 mètres de long, le plus long passage de paris avec 3 galeries et 6 entrées.
Décor néo-égyptien (effigies déesse Hathor) puis architecture d’influence gothique et romane
Professionnel et grossiste de prêt-à-porter
La façade est protégée ISMH
02e Passage Choiseul 1829
40, rue des Petits-Champs
23, rue Saint-Augustin
40, rue Dalayrac
Accès au passage Sainte-Anne : 59-61, rue Sainte-Anne
Accès : lun-sam 7-21h, dim 8-21h
190 mètres, l’un des plus long de Paris
Marqué par le théâtre et la littérature (Bouffes-parisiennes)
Aujourd’hui, boutiques éclectiques (livres, restauration…)
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
40 logements et un gardien
02e Galerie Colbert 1826 6, rue des Petits-Champs
4, rue Vivienne
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès permanent
lieu d’étude (INHA)
refait en 1985 : pastiche
02e Passage du Grand- 1825 145, rue Saint-Denis • Inventaire Supplémentaire des Monuments
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Cerf 10, rue Dussoubs Historiques
Accès lun-sam 8h30-20h30
il ne reste plus grand-chose du passage ancien suite à sa restauration
02e Passage des
Panoramas 1800
10, rue Saint-Marc
11, boulevard Montmartre
38, rue Vivienne
151, rue Montmartre
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès 6h-24h
Possède deux panoramas reliant 3 galeries, fait de lui le plus original
02e Passage du
Ponceau 1826
119, boulevard de Sébastopol
212, rue Saint-Denis
Accès lun-ven 8h30-19h
Prolongement du passage du Caire
Très dénaturé entre 1970 et 2003 (destruction du sol en mosaïque, de la verrière et des devantures anciennes)
Nécessite une intervention rapide et efficace
Textile en gros et restauration rapide
MCC propose ISMH
02e Passage des
Princes 1860
5, boulevard des Italiens
97-99, rue de Richelieu
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès lun-sam 8h-20h
on y trouve uniquement des jouets : Village jouet club
02e Galerie Vivienne 1823
4, rue des Petits-Champs
6, rue Vivienne
5, rue de la Banque
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès 8h30-20h30
03e Passage Vendôme 1827 16, rue Béranger
3, place de la République
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès lun-ven 7h30-20h, sam 8h-20h
Lieu de plaisir et de divertissement (théâtre) au XIXe siècle
Amputé de 4 mètres avec les travaux Haussmann (place de la république)
il ne reste plus grand-chose du passage ancien
66 logements et 13 commerces : restaurations rapides et services
08e Passage du Havre 1845 69, rue de Caumartin
109, rue Saint-Lazare
Accès : Lun-sam 10h-20h
refait en centre commercial de 40 boutiques
travaux de 2005 à 2007
08e Galerie de la 1845 9, place de la Madeleine • Inventaire Supplémentaire des Monuments
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Madeleine 30, rue Boissy-d’Anglas Historiques
Accès lun-sam 8h-19h, fermé dim-jours fériés
08e Passage Puteaux 1839 33, rue de l’Arcade
28, rue Pasquier Accès lun-ven 7h-24h
09e Passage Jouffroy 1845 10-12, boulevard Montmartre
9, rue de la Grange-Batelière
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès 7h-21h30
09e Passage Verdeau 1846
6, rue de la Grange-Batelière
31 bis, rue du Faubourg-Montmartre
• Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
Accès lun-ven 7h30-21h, sam-dim 7h30-20h30
Dans le prolongement des passages Jouffroy et des Panoramas
Boutiques s’adressant aux collectionneurs, antiquaires, proximité de la salle Drouot
le décor à peu changé depuis sa construction
10e Passage Brady 1825-28
43, rue du Faubourg-Saint-Martin
33, boulevard de Strasbourg (tronçon couvert)
22, boulevard de Strasbourg
46, rue du Faubourg-Saint-Denis
Accès permanent de 7h30 à 22h
Verrière au sol, façade intérieure, deux pavillons et l’entrée sont ISMH depuis 1982
Activité restauration Indo-pakistanaise depuis 1970-80.
65 copropriétaires,
10e Passage du Prado
Couvert
en 1925,
nom
actuel en
1930
16, boulevard Saint-Denis
16, rue du Faubourg-Saint-Denis
Accès 9h30-19h
Verrière métallique orné d’arcs-boutants Art Déco
Grande diversité des commerces de gros, coiffeurs et restaurants
64 logements, 33 commerces
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Annexe B
Questionnaire Ville de Paris
A Paris le,
22 avril 2010
Pour entretien avec Madame Marinier Lucie (chargé de mission au cabinet de Bertrand
Delanoë) et Madame Montheil Marie-Claude (Cabinet de Danièle Pourtaud, adjointe au
patrimoine)
1. Dans quel cadre la Ville s’investit dans la mise en valeur des passages ? (restauration, conservation, pour quel passage ?)
2. Dans quel passage la Ville est intervenue pour cette valorisation? 3. J’ai lu a plusieurs reprises, que la Ville avait facilité la signalétique des passages par un
marquage au sol ? (dans quel passage ?) 4. Quelles réalisations, quelles prévisions, quelles intentions à la Ville pour promouvoir
les passages ? (nuit blanche, journée à thème, journée du patrimoine, expositions photographiques, colloque…) Pour quelles raisons la Ville s’est retiré du projet nuit blanche dans les passages ? (juridique, financière ?)
5. Quel est le seuil de financement pour les restaurations (par restauration ? budget annuel ?), quelle organisation pour le financement?
6. Quel diagnostic des blocages tirez-vous des problèmes de gestion des passages ? y voyez-vous des solutions ?
7. Il a-t-il des projets de mise en tourisme des passages : liaison avec Office du Tourisme, organisation de visites ?
8. La Ville entretient-elle des relations étroites avec certaines associations de passages ? si oui lesquelles ?
9. La Ville est-elle en relation avec ces associations de commerçants ? Si oui lesquelles ? 10. Les passages parisiens peuvent-ils prendre exemple sur un modèle étranger ? (plan de la
gestion, de la restauration, valorisation, autres…)
En ce qui concerne les entretiens, j’ai contacté l’Office de Tourisme de Paris et la Chambre de
Commerce et d’Industrie qui m’ont tout deux renvoyés vers l’Association Passages et
Galeries. J’ai aussi essayé à plusieurs reprises de rencontrer l’association des Amis du Prado
et Madame Boulland, gestionnaire de la société Jouffroy (propriétaire du passage Jouffroy et
Verdeau), je suis encore sans réponse.
Les réponses à ces questionnaires ne sont pas retranscrites, il s’agissait surtout d’un dialogue,
d’un échange entre des passionnés du patrimoine et des passages. Les propos des personnes
interrogées qui sont utilisées, sont notés dans ce mémoire en note de bas de pages.
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- 91 -
Annexe C
Questionnaire pour les associations
A Paris le,
26 avril 2010
Entretien avec Madame Prade Catherine (membre de l’association Passages et Galeries ainsi
qu’avec Monsieur Messmer (président de l’association des commerçants du passage des
Panoramas)
Sur les passages
1. Quels sont selon vous, les meilleurs moyens pour mettre en valeur ce patrimoine ? 2.Pensez vous que les passages ont une réelle vocation touristique ? 3.A quels problèmes de conservation et de restauration sont confrontés les passages ? 4.Y-a-t-il corrélation entre bonne marche des commerces dans le passage et bonne entente
des propriétaires ? 5.Y-a-t-il corrélation entre une bonne activité économique des commerces et la
fréquentation des passages ? 6.Quels diagnostics des blocages tirer des passages ? 7.Quelles solutions ? 8.Les passages parisiens peuvent-ils prendre exemple sur un modèle étranger ?
Sur l’association
9.Quand est née votre association ? Quel est son but ? Son équipe de gestion ? 10. Allez-vous réitérer en 2010 les actions que vous menez dans votre passage ? 11. Où en sont aujourd’hui les projets de 2009 ? 12. Quelles réalisations, quelles prévisions, quelles intentions pour promouvoir le passage
en 2010 ? (vide grenier, fête de la musique, nuit blanche, journée à thème, expositions photographiques, floraison du passage, autres…)
13. Y-a-t-il un ou plusieurs évènements organisés lors des journées thématiques telles que la nuit blanche, la fête musique et les journées du patrimoine ?
14. Quel poids réel tient votre association dans la valorisation du passage ? Vos rapports avec la Ville ? Les autres associations ? Les commerçants ?
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- 92 -
Annexe D
Archives du journal Le Parisien, www.leparisien.fr, 2009
Pour la première fois depuis bien longtemps, le passage couvert Brady (X e ) peut s'imaginer
un avenir. La « Petite Inde », nichée entre le boulevard de Strasbourg et la rue du Faubourg-
Saint-Denis, cruellement frappée voici deux ans par un incendie au cours duquel deux
femmes et une fillette avaient trouvé la mort, est enfin sur les rails d'une réhabilitation
générale, attendue depuis des années. Et toujours retardée, en raison, notamment, de
dysfonctionnements dans le fonctionnement de l'association gestionnaire des lieux. Durant
des années, les dissensions entre commerçants, habitants, gros et petits propriétaires ont mis
Brady dans l'impasse. Aujourd'hui, chacun des 150 habitants de cette merveille architecturale
du XIX e siècle, se réjouit d'avoir trouvé un terrain d'entente commun, sous l'égide du
nouveau syndic, nommé au mois de mars dernier : « Le passage commence à panser ses
plaies, se réjouit Jean-Michel Beau, qui a repris la gérance des lieux. Les immeubles
insalubres qui gangrenaient la voie sont en cours de réhabilitation et les travaux de réfection
du bâtiment qui a brûlé commencent dans quinze jours. » Jean-Michel Beau, qui réside à
Brady depuis de nombreuses années, a même obtenu la fermeture des grilles du passage à
partir de 23 h 30, pour préserver le calme et la propreté du lieu. « On revient de très loin » «
On revient de très loin, confie-t-on au cabinet de Jean-Yves Mano, adjoint (PS) de Bertrand
Delanoë en charge du logement, avec des prescriptions de travaux non exécutées depuis 1998,
faute d'entente entre les différents propriétaires… Mais cette fois, le nouveau syndic semble
être parvenu à réunir les intérêts divergents et la situation s'améliore. Il est même parvenu à
faire entrer de l'argent dans les caisses, qui étaient en déficit permanent ! » Même l'immeuble
situé au 74, qui faisait encore récemment partie des 1 030 bâtisses parisiennes frappées d'un
arrêté de mise en péril, sera totalement réhabilité au cours du premier semestre 2010, avec
l'aide de la Société immobilière d'économie mixte de Paris (Siemp). « Maintenant, on s'entend
bien, reconnaît un restaurateur indien du passage. Entre nous, les commerçants, mais aussi
avec les habitants. C'est un petit village, ici, même s'il y a encore quelques tiraillements… »
Et Jean-Michel Beau est bien décidé à rendre tous ses atouts à Brady : fort d'une décision de
justice interdisant l'installation anarchique de tables et chaises devant les restaurants du
passage, le nouveau syndic entend mettre en place une organisation plus harmonieuse des
terrasses…
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- 93 -
Annexe E
Dans Le figaro, www.lefigaro.fr,3juillet 2007
Le ''label'' Unesco apporterait 20 % de visiteurs supplémentaires
Une clientèle étrangère multipliée par trois
L'enjeu est de taille pour les pays et les villes concernés, qui attendent de cette reconnaissance
internationale de très rentables retombées touristiques. Pour Bordeaux, par exemple, l'inscription sur la
liste du Patrimoine mondial pourrait, selon les professionnels, entraîner une hausse de 20 % à 30 % de
la fréquentation. Carcassonne, qui a eu le même honneur voici dix ans, a constaté, depuis, une nette
hausse du nombre de visiteurs (3,5 millions par an). « C'est important en termes d'image, notamment
pour les tour-opérateurs, et auprès de la clientèle étrangère », souligne Claudine Desbordes, maire
adjoint délégué au patrimoine de Carcassonne. Même verdict à Provins, inscrit en 2002. « Dès la
première saison touristique, nous avons constaté une hausse de 20 % de la fréquentation, remarque
Olivier Lavenka, directeur de cabinet de Christian Jacob, maire de la ville. Progressivement, la
clientèle étrangère a été multipliée par trois ou quatre, avec, à la clé, une augmentation importante de
la fréquentation hôtelière. L'Unesco offre un label extraordinaire. » Lyon avait lui aussi constaté un
« effet Unesco » après son inscription sur la liste, en 1998. « Avant, les gens traversaient Lyon sans
s'arrêter. Maintenant, ils s'y arrêtent en se disant qu'il y a quelque chose à voir », explique-t-on à
l'office du tourisme.
Le revers de la médaille ? Gérer l'afflux de visiteurs, son cortège de nuisances (voitures...) et de
risques (détérioration des sites...), tout en essayant d'organiser les retombées économiques pour la
population locale (hôtels, restaurants...) relève parfois du casse-tête pour les autorités. Dans certains
cas d'ailleurs, l'Unesco prévoit d'apporter un soutien technique. Autre contrainte : les pouvoirs publics
sont invités à respecter le site et à le protéger. S'ils entendent y faire des travaux, l'Unesco peut tirer la
sonnette d'alarme. Sanction suprême ? Être rayé de la liste. Pour la première fois, la mesure est entrée
en vigueur cette année au sanctuaire de l'oryx arabe (Oman), où vit une espèce rare d'antilope. Oman a
décidé de réduire la taille de la zone protégée de 90 %. Le comité a estimé que cela remettait en cause
la valeur universelle exceptionnelle de ce site inscrit en 1994. Le couperet a aussi failli tomber pour la
vallée de l'Elbe : la construction d'un pont à Dresde, aujourd'hui encore en projet, risque de dénaturer
le site. L'Unesco a donné quatre mois à l'Allemagne pour trouver une solution.
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- 94 -
Annexe F
Galerie photographique
Crédit photographiques pour l’ensemble de cette annexe : D.Métivier, mars-mai 2010
Galerie Véro-Dodat :
80 mètres de long, 4 mètres de large,
Galerie Vivienne :
176 mètres de long, 3 mètres de large
Galerie Colbert
83 mètres de long, 5 mètres de large
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- 95 -
Passage Choiseul
190 mètres de long, 3,90 mètres de large
Passage des Panoramas
133 mètres de long, 3,20 mètres de large
Passage Jouffroy
140 mètres de long, 4 mètres de large
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- 96 -
Passage Verdeau
75 mètres de long, 3,75 mètres de large
Passage des Princes
80 mètres de long, 3 mètres de large
Passage du Grand-Cerf
117 mètres de long, 3 mètres de large
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- 97 -
Passage du Bourg-l’Abbé
47 mètres de long, 3 mètres de large
Passage du Caire
360 mètres de long, 2,60 mètres de large
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- 98 -
Passage du Ponceau
92 mètres de long, 3,50 mètres de large
Passage du Prado
120 mètres de long, 4 mètres de large
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- 99 -
Passage Brady
216 mètres de long, 3,50 mètres de large
Galerie de la Madeleine
53 mètres de long, 4 mètres de large
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- 100 -
Table des tableaux et des cartes
Tableau récapitulatif des formes urbaines P6
Carte de l’Europe représentant les pays ayant des passages P7
Carte de France représentant les villes ayant des passages P8
Carte de Paris par arrondissement P16
Tableau des protections des passages et galeries couverts de Paris P24
Tableau des statuts juridiques des passages en France P26
Tableau des statuts juridiques des passages à l’étranger P27
Tableau des types de protection des passages et galeries couverts de Paris P46
Tableau des dépenses de la Ville de Paris entre 2004 et 2010 P48
Circuits touristiques de Paris proposés par l’association Passages et Galeries P70
Parcours architecturaux de Paris proposés par la Ville de Paris P71
Tableau des passages et galeries couverts en Europe sélectionnés pour une inscription
UNESCO P76
Questionnaire destiné à la Ville de Paris P89
Questionnaire destiné aux associations P90
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- 101 -
Table des entretiens
- Marinier Lucie, chargée de mission au cabinet de Bertrand Delanoë, Ville de Paris, le
22 avril 2010
- Montheil Marie-Aude, cabinet de l’adjointe au patrimoine Danièle Pourtaud, Ville de
Paris, le 22 avril 2010
- Monsieur Messmer, président de l’association de commerçants du passage des
Panoramas, le 26 avril 2010
- Prade Catherine, conservateur, membre de l’association Passages et Galeries, le 26
avril 2010
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- 102 -
Table des matières
Introduction P3
1. Le passage : naissance, évolution, statut et intégration P10
a. Le passage : début, Haussmann, aujourd’hui : XIXe-2010 P10
Les débuts P10
Les travaux haussmannien P12
b. Typologie, signalétique et intégration urbaine P16
c. Statut juridique et gestion P21
Exemples de gestion P22
Les problèmes liés aux statuts P25
d. Le passage : entre spéculation, commerce, plaisir et artiste P30
Spéculation et commerce P30
Plaisir et culture P33
2. Conservation et restauration P36
a. L’architecture des passages P36
Le terrain P36
Les phases architecturales P38
Innovations et inventions P40
La décoration P42
b. Protection, financement et restauration P45
Protection P45
Financement P47
Etat de conservation P49
Restauration P51
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- 103 -
c. Diagnostic des problèmes et solutions P54
Statuts P54
Désuétude et insalubrité P57
Désertification et individualisme commerciale P58
L’architecture P59
3. Une mise en valeur et en tourisme du patrimoine parisien P60
a. Réalisation, projet et scénarios dans les passages P60
Présentation des acteurs P60
Réalisations P62
Projets P64
Les scénarios P66
b. Une mise en tourisme des passages P68
Le tourisme dans les passages P68
La communication et les circuits P71
c. Vers “une inscription UNESCO” ? P74
Conclusion P81
Bibliographie P83
Annexes P87
Table des tableaux et des cartes P100
Table des entretiens P101
Table des matières P102
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