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N° 553 juin 2016 N°CPPAP 0220s07170 Digitalisation Digitalisation La digitalisation est en marche et va changer l’industrie. La digitalisation est en marche et va changer l’industrie. Ses dangers , ses promesses, ses enjeux : un groupe de travail FO Métaux Ses dangers , ses promesses, ses enjeux : un groupe de travail FO Métaux s’est penché sur ce dossier crucial pour l’avenir des métallos et de l’industrie. s’est penché sur ce dossier crucial pour l’avenir des métallos et de l’industrie. www.fo-metaux.org Mobilisation ‐ p.14 Les métallos contre la loi travail AGCO ‐ p. 16 La force qui grandit Elections professionnelles ‐ p. 18 Les résultats de FO L’humain au coeur L’humain au coeur de la 4 de la 4 ème ème révolution révolution industrielle industrielle

L’humain au coeur ème révolution - Fédération FO de ...€¦ · table ronde sur le numérique et la digitalisa-tion afin de ... à savoir une nouvelle révolution indus-trielle,

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N° 553 juin 2016N°CPPAP 0220s07170

DigitalisationDigitalisation

La digitalisation est en marche et va changer l’industrie.La digitalisation est en marche et va changer l’industrie.Ses dangers , ses promesses, ses enjeux : un groupe de travail FO MétauxSes dangers , ses promesses, ses enjeux : un groupe de travail FO Métaux

s’est penché sur ce dossier crucial pour l’avenir des métallos et de l’industrie.s’est penché sur ce dossier crucial pour l’avenir des métallos et de l’industrie.

www.fo-metaux.org

Mobilisation ‐ p.14Les métallos contre la loi travail

AGCO ‐ p. 16La force qui grandit

Elections professionnelles ‐ p. 18Les résultats de FO

L’humain au coeurL’humain au coeurde la 4de la 4èmeème révolutionrévolution

industrielleindustrielle

Sommairejuin 2016 • N° 553

Ce mensuel est le vôtre...Organe de la Fédération Force Ouvrière de la

Métallurgie,

“FO Métaux LE JOURNAL”est le magazine de tous ses syndicats et de tousses adhérents.

Si vous voulez qu’il remplisse efficacement son rôle delien et de reflet de l’actualité, n’hésitez pas à prendrecontact avec la rédaction dès qu’un événement le justifie.Informez-nous des conflits qui surviennent dans votreentreprise et des accords qui y sont signés. Cela donnedes éléments de comparaison et rend service à d’autressyndicats, engagés eux aussi dans des discussions.Faites-nous part de vos expériences syndicales.Pour tout ce qui concerne le journal, appelez la

Fédération :

Tél. : 01 53 94 54 27 • Fax : 01 45 83 78 87

Et toujours l’information en ligne sur...

www.fo-metaux.com

Chiffes à connaître :

SMIC horaire brut : 9,67 euros

SMIC brut mensuel : 1466,62 euros

Plafond de la sécurité sociale : 3 218 euros par mois(pour l’année 2016 : 38 616 euros)

Coût de la vie :+0,7 % en mars (+0,7 % hors tabac) ;-0,1 % en glissement sur les 12 derniersmois (-0,3 % hors tabac).

Chômeurs : 3 531 000(catégorie A, publiés le 26 avril 2016)

Indice de référence des loyers :125,26 (1er trimestre 2016).

Taux d’intérêt (4 mai) :-0,33 % au jour le jour.

18 Infos

Digitalisation :l’humain au coeur de la 4ème révolution industrielle 4-11

Mobilisation contre la loi El Khomri 14-15

AGCO :une force qui grandit 16

Coordination Fiat : objectif développement 16

Aubert et Duval : ascension continue 17

Métaux de Marseille : un nouvel essor 17

Les résultats de FO lors des élections professionnelles 18-19

Louis Teisseire nous a quittés 20

Quand les employeurs veulent reprendre tous les pouvoirs 20

La journée de solidarité 21

Des Métaux et des mots 22

3 Editorial

4 Le dossier

14 Actualité sociale

16 Actualité syndicale

21 Vos droits

22 Jeux

juin 2016 • n° 553

EditorialCe journal paraît pendant notreXXIIème Congrès Fédéral qui setient du 25 au 27 mai à l’EspaceEncan à La Rochelle. Il contient,comme évoqué dans l’édito pré-cédent, un sujet spécifique, celuidu numérique et de la digitalisa-tion. Nous espérons qu’il vous apportera lespremières informations essentielles pour ap-préhender cette « quatrième révolution in-dustrielle ».

Pendant le Congrès, nous organisons unetable ronde sur le numérique et la digitalisa-tion afin de sensibiliser encore plus forte-ment nos structures et les salariés sur lesenjeux à venir. Nous avons sollicité nos ca-marades d’IG Metall pour nous faire part deleur point de vue sur l’industrie 4.0, avec lesavantages et les inconvénients que cette in-dustrie du futur produit chez eux. Car, à en-tendre certains de nos patrons et politiques,faisant toujours référence à l’Allemagne, ceserait pour eux la nouvelle panacée. Noussommes donc persuadés qu’avec l’expres-sion de nos camarades syndicalistes alle-mands, il en sera tout autrement.

À l’occasion de notre Congrès, nous feronsaussi le bilan de ces quatre années écoulées.C’est pour nous une étape légitime, incon-tournable et démocratique pour la vie denotre Fédération. Cela fait partie de notreconception du syndicalisme tel que nous lecomprenons et le pratiquons. Nous évoque-rons également l’actualité, notamment leprojet de loi Travail qui rencontre toujours au-tant de mécontentement. La mobilisation deFO reste déterminée car ce projet remet pro-fondément en cause les droits des salariés.

Lors des dernières manifestations, le gouver-nement a mis en cause les services d’ordredes organisateurs en laissant penser queparfois ils organiseraient eux-mêmes la vio-lence pour se faire entendre. De notre côté,nous pensons que le gouvernement orga-nise des contre-feux pour casser les manifes-tations pacifiques qui ont comme objectif leretrait d’un texte injuste envers les salariés.Dans tous les cas, à FO Métaux, nous

condamnons toute forme de violence, d’oùqu’elle vienne. Tout comme nous n’appré-cions pas les affiches de certain syndicat ju-geant trop facilement les forces de police, quisont là pour faire régner l’ordre public et as-surer la sécurité des biens et des personnes.Pour notre part, nous pensons que dans lesmanifestations il faut tout mettre en œuvrepour éviter les risques de débordements etne pas empêcher les manifestants de s’expri-mer librement ; et surtout, que la force ne soitpas utilisée à mauvais escient.

Pour le moment, le gouverne-ment reste sourd et les débatsparlementaires à l’Assemblée na-tionale ont commencé le 3 maiavec plus de 5 000 amendements. Le Premierministre, qui n’hésite pas à don-ner des leçons de démocratie, adécidé de recourir à la dictaturede l’article 49-3 de la constitution.Ce projet de loi, s’il va jusqu’à sonterme, et sous réserve des modi-fications des parlementaires, demeure tou-jours pour nous imbuvable. Car, il convientde bien le préciser, il remet dangereusementen cause la hiérarchie des normes en vou-lant l’inverser, c’est-à-dire en privilégiant, audétriment des accords de branche, les ac-cords d’entreprise, ce qui inévitablementconduirait à un dumping social et enlèveraitle filet protecteur de la branche en instituantde fait une concurrence déloyale.

Si cette disposition législative aboutit, la ten-tation de certains employeurs sera de réduireles droits des salariés et de négocier dans lesentreprises en prétextant un manque decompétitivité et le fait que dans d’autres en-treprises d’un même secteur les garanties dessalariés sont moindres. Alors, ensemble etpour éviter ce phénomène, continuons notrecombat syndical contre ce projet de loi.

Organe officiel de laFédération confédérée FOde la Métallurgie

Directeur de la publication :Frédéric Homez

Imp.Spéciale FO MétauxN° de CPPAP: 0220s07170

Publicité : PMV9, rue Baudoin, 75 013 Paris

Contact :01 53 94 54 [email protected]

L’actualité de notre Congrès

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juin 2016 • n° 553

L’événement

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Digitalisation : l’humain au coeur de la 4ème révolution industrielle

Digitalisation, usine du futur, révolution 4.0, etc. :autant d’expressions dont tous les métallos ontdéjà entendu parler et qui désignent une mêmeréalité, à savoir une nouvelle révolution indus-trielle, la quatrième du nom. Plus personnen’imagine aujourd’hui se passer d’internet, deson smartphone pour effectuer ses achats quoti-diens, réserver son prochain voyage ou tout sim-plement pour effectuer un virement bancaire.Ordinateur, Internet, fibre optique, smartphone,tablette, objets connectés Wifi ou bluetooth : au-tant de dispositifs qui font partie du quotidien de-puis une dizaine d’années et ont rendu lacommunication instantanée et planétaire. Dansle même temps, l’industrie a vu l’arrivée massivedes robots, de plus en plus complexes, sur leschaînes de production. Tout cela n’était que lecommencement. Car en parallèle de ces évolu-tions technologiques apparaît un nouveau modede production découlant d’une demande de dif-férenciation des produits de plus en plus forte(processus bien connu dans le monde de l’auto-mobile peut personnaliser son véhicule grâce àune large gamme d’options). Pour l’industrie, celainduit de passer d’une production de masse à uneproduction personnalisé de masse. Les technolo-gies de la digi-

talisation permettent justement cette évolution,qui exige de revoir leur organisation afin d'êtredavantage interconnectés avec leurs fournisseurset leurs clients. Mais au-delà des changementsdans les modes de production, des enjeux quecela induit et des défis qu’il faudra relever, se poseaussi la question de la place et de la condition dessalariés dans cette industrie du futur. Si le pas-sage à l’industrie du futur ne se fera pas en unjour (Bruxelles évalue à 50 milliards d’euros lesinvestissements nécessaires pour digitaliser l’in-dustrie européenne), notre organisation n’entendpas attendre d’être mis devant les nouvelles réa-lités pour poser clairement les questions et lesproblèmes soulevés par la digitalisation.

OpportunitésCette 4ème révolution industrielle tombe d’ailleurs àpoint nommé au regard de nombreuses problé-matiques que connaissent les pays développés, etce n’est pas un hasard si, en France, le gouverne-ment s’en est emparé via son programme « indus-

trie du futur » inscrit dans le cadre pluslarge de la « nouvelle France indus-trielle ». Depuis une dizaine d’années,l’industrie hexagonale est à la peine :vieillissement de l’outil industriel, déficitd’innovation, faiblesse des investisse-ments, perte de la part du « manufac-turing » dans le PIB et surtout véritablehémorragie en termes d’emploi.L’usine du futur apparaît comme unenjeu majeur pour l’avenir industrielde notre pays. Il s’agirait de transfor-mer notre manière de produire ens’appuyant sur l’éventail des techno-logies existantes, afin non seulementde rester compétitif et d’être forced’innovation sur le marché mondial,mais aussi de ré industrialiser notrepays pour favoriser son développe-ment économique et le maintien du

niveau de vie de sa population.

La 4ème révolution in-dustrielle est en marche.

Elle va transformer enprofondeur l’entreprise,

les modes de productionet les conditions de tra-

vail. Afin d’anticiper cesbouleversements plutôtque de les subir, de faire

en sorte que le change-ment ne se fasse pas au

détriment des salariés etde l’industrie, notre Fédé-

ration a mis en place ungroupe de travail sur ladigitalisation, dont lestravaux ont permis de

publier un premier étatdes lieux ainsi que des

préconisations. Explica-tions.

Une partie du groupe Digitalisation de la Fédération.

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L’événement

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Si l’objectif est louable, sa réalisation ne doit passe faire à n’importe quel prix. La volonté patro-nale et politique d’avancer à marche forcée versl’usine du futur se fait chaque jour plus pres-sante et insistante. Parmi les nombreux projetsen cours, trop évacuent les hommes et lesfemmes pour ne laisser de place qu'aux seulsrobots. Dans l’utopie patronale d’usines sanssalariés et sans charges pour toujours plus deprofitabilité, une réalité ne doit pas être oubliée.Henry Ford expliquait au siècle dernier : « Jepaie mes salariés pour qu’ils achètent mes voi-tures ». Qui pourra consommer les produitssortant des usines si personne ne les fabrique ?Pour notre organisation, le constat est sansappel : construire une industrie sans salariés,c’est préparer un futur qui n’a pas d’avenir. Il n’ya aucun doute pour notre organisation syndi-cale : l’usine du futur peut et doit intégrer le fac-teur humain afin d’offrir des conditions de vieet de travail acceptables dans l’entreprise. Elledoit être au service de l’amélioration de lacondition de la femme et de l’homme au travail.

Les métiers de demainLa place des salariés dans cette 4ème révolutionindustrielle pose aussi la question des métiersde demain. Quels seront-ils ? Quelles compé-tences nécessiteront-ils ? Quelles formationsfaut-il prévoir ? Autant de questions incontour-nables, mais pour lesquelles il reste difficiled’apporter des réponses précises. Car les nou-veaux métiers ne vont pas apparaître du jourau lendemain ; il faut s’attendre à des évolu-tions de compétences. Pour les comprendre, ilfaudra étudier des cas concrets d’usines qui semodernisent en observant les impacts sur letravail. Certes, il semble clair que les outils in-formatiques seront utilisés au quotidien et queleur maniement sera intégré dès la formationinitiale. Mais cela ne veut pas dire que lesconnaissances de base en mécanique ne serontpas utiles. Les nombreuses enquêtes et étudesprospectives sur le sujet s’accordent cependantpour considérer que le rôle d’un opérateur, parexemple, évoluera d’exécutant à celui de super-viseur lorsque les équipements de la ligne deproduction et le produit seront connectés. Ildevra comprendre les défauts et en disséquerles causes pour rectifier le fonctionnement de

la ligne. La maintenance devra interpréter lesinformations issues des capteurs installés surles équipements pour déclencher les interven-tions, ce qui ne l’empêchera pas de continuer àdémonter ces équipements le cas échéant. C’estdonc à un élargissement des compétences qu’ilfaudrait s’attendre. De leur côté, les managers–responsables de production et d’atelier– ne se-ront plus seulement confrontés à leurs hiérar-chies, mais bien au client, qui aura directementconfiguré son produit. Plus généralement, l’in-dustrie du futur devrait favoriser le travail col-laboratif et un allègement de la hiérarchie auprofit d’une organisation basée sur la respon-sabilisation de chacun. Ces prévisions se retrou-vent dans l’enquête menée en 2015 parl’Observatoire de la métallurgie auprès des in-dustriels de la métallurgie pour anticiper les be-soins en emplois et en compétences dans lessecteurs de la mécanique, des machines et deséquipements, et qui traduisent bien une mon-tée des compétences et une plus grande trans-versalité. Rien d’étonnant donc à voir le CETIM(Centre Technique des Industries Mécaniques)proposer d’ores et déjà des stages sur la fabri-cation additive dans son catalogue de forma-tion ainsi qu’un module complet consacré à larobotique. Mais l’industrie telle que la connais-sent les métallos n’est pas près de disparaître.Les métiers de l’usinage et du traitement de sur-faces ont ainsi encore de beaux jours devanteux : de plus en plus complexes, les pièces né-cessiteront des traitements en sortie de fabrica-tion additive…

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L’événement

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Safran CommercyÀ quoi ressemblera l'usine aéronautique dufutur? Pour en avoir une idée, il suffit de visiterla nouvelle usine de Safran à Commercy, dansla Meuse, ou sa jumelle située à Rochesteraux Etats-Unis. Ces sites marquent une étapevers l'usine du futur totalement connectée.Dans l'aéronautique, la révolution numériquepermet par exemple de suivre une pièce, unmoteur ou un avion individuellement, tout aulong de son cycle de vie. Ce qui génère desmasses gigantesques de données entraînantd'immense besoins en stockage, d'où l'appa-rition du cloud et de la notion de big data.Dans un même temps, l'aéronautique a vécule passage du métallique au composite avecla mise en service de machines automatisées,capables de fabriquer des pièces en tissant ouen déposant des couches de matière. La nu-mérisation passe des bureaux d'études (ma-quette 3D) aux ateliers de fabrication.L'aéronautique intègre aussi des robots colla-boratifs (cobots) - Airbus en a installé sur lachaîne d'assemblage de l'A350 par exemple ,et commence à fabriquer ses premièrespièces avec des machines à impression 3D.D'où la nécessité de concevoir une usine mo-dulaire, permettant l’ajout ou le retrait d'es-paces collaboratifs, capable de s'adapter àl'évolution à venir des besoins de l'industrie.Un risque cependant pour les salariés : àterme, rien ne permet d’exclure que les usines,totalement connectées et autonomes, sesoient dépourvues de présence humaine, àl'exception de quelques salariés installés dansdes tours de contrôle, pilotant l'ensemble desprogrammes de ses sites robotisés. À Com-mercy, le tissage 3D de composite est ainsi in-tégralement réalisé par une machine qui aune précision absolue et garantit la solidité etl'exactitude de la pièce. Le numérique poseégalement la question de la place des sous-traitants qui devront être intégrés à l'usine, aulieu d'être installés à proximité car leur inté-gration fera gagner du temps sur le cycle defabrication et les délais de livraison. De quoi

inquiéter aussi au niveau des relations don-neurs d’ordre/sous-traitants…

Airbus GroupDans le groupe Airbus, les dirigeants viennentd’engager la révolution digitale par le biais dedeux grands axes : projets d’innovations tech-nologiques (305 projets) et d’un projet RH. Entermes d’engineering, il faut aller chercher surla toile les développements de demain quitteà échanger des données confidentielles oubrevets. Les personnels ou les connaissancesdoivent pouvoir bouger ou être échangés surun simple clic. Les prototypes seront dévelop-pés via les imprimantes 3D. Le but est de sa-voir développer plus vite et moins cher. Legroupe doit s’affranchir des tracas adminis-tratifs, des cahiers des charges ou des proces-sus trop lourds, il faut aller à l’essentiel auplus vite. Il faut se servir des outils high-techpour coller au mieux aux besoins des clientset s’affranchir des contrôles. L’outil RH doitaugmenter la connectivité des salariés et desoutils via les tablettes ou smartphones. Lagestion des compétences et la formation pro-fessionnelle (e-learning) doivent être mutua-lisés afin d’augmenter l’employabilité dessalariés. Les objectifs et l’évaluation de la per-formance seront collectifs pour une meilleureefficacité des individus.

GemaltoChez Gemalto, les enjeux sont : d’être une vi-trine des produits vendus, de garder les sala-riés motivés, de contrôler leur travail, desécuriser toutes les données et de réduire lescoûts. En termes d’action, deux personnes ontété nommées officiellement pour bâtir unestratégie pour le déploiement de la digitalisa-tion. Elles font un état des lieux de ce qui sefait dans les autres grandes entreprises etdans les entreprises High tech. L’objectif est defaire une présentation des recommandationset de bâtir une stratégie de transformation à

La digitalisation à l’œuvre : des exemples concrets

Si la digitalisation estdéjà bien avancée sur cer-

tains sites, la marchevers l’industrie du futur

concerne pour le momentessentiellement des

grands groupes. Les PMEsont elles aussi concer-nées, en particulier les

sous-traitants des géantsde l’industrie, mais latransition prendra du

temps, d’autant que cettenouvelle approche ren-

voie à des champs com-plexes qu’il faudra

maitriser : réseaux deproduction permettant

une communicationcontinue et instantanée

entre les différents outilsindustriels, réduction dutemps de conception des

nouveaux produits parl’intégration des cyclesde design du produit etdes process, ou encore

flexibilité de la produc-tion grâce aux systèmes

cyberphysiques (CPSpour cyber-physical sys-

tems). Voici déjàquelques exemples de

l’industrie du futur.

L’événement

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Glossaire

mettre en place lors du prochain plan à 3 ans(2017-2020).

Spie CommunicationsChez Spie communication, le déploiement de ladigitalisation a déstabilisé tous les services dela société. A l’appel de FO, les salariés se sontmobilisés contre leurs conditions de travail dé-sastreuses. Une nouvelle épidémie est apparue :celle de la souffrance au travail. FO dénonce lemanque d’accompagnement dans la conduitedu changement et le décalage entre le discoursde la direction et la vraie situation du salariédans l’entreprise.

SebChez SEB, le PDG du groupe annonce que l’im-pression 3D sera un facteur de réduction descoûts et un remède à l’obsolescence contrôlée.Conserver des pièces détachées en stock coûtecher, l’impression 3D permettra de fabriquerdes pièces détachées à la demande sans devoirconserver un stock coûteux. « Demain, plus dela moitié, si ce n’est les trois-quarts des compo-sants, pourront être faits par des imprimantes3D. Du coup, « on stockera des logiciels et pasdes pièces » annonce le PDG. Il a pris la paroleà l’occasion du 01 Business Forum qui s’esttenu le 2 février 2016 à Paris.

Big data et analytics : La présence de capteurs sur les machines etles produits permet de collecter d’importantessommes de données. Avec les bons outils detraitement et d’analyse, ces données permet-tent d’optimiser la chaine de production enidentifiant de manière très fine les problèmesqui surviennent et également d’accroître laconnaissance sur les habitudes et préférencesdes consommateurs. La masse d’informationsà traiter (20 000 milliards de Go en 2020)exige une puissance de calcul et de stockageconstituant un des défis de la digitalisation.

Cloud : Le cloud est déjà très répandu pour la gestion delogiciels et de données. Il désigne l'exploitationde la puissance de calcul ou de stockage de ser-veurs informatiques distants par l'intermédiaired'un réseau, généralement internet. La plusgrande interconnexion des sites de productionet des départements au sein de l’entreprise re-quiert un partage de grandes quantités de don-nées, rendu plus facile grâce au cloud.

Robotisation : la robotique avancée permet aujourd’hui decréer des robots travaillant de façon auto-nome, flexible, et en plus grande coopérationavec les opérateurs. On parle également de co-botique ou robotique collaborative pour dési-gner cette association homme/machine enbonne intelligence. La cobotique déchargel’opérateur des tâches les plus complexes oulaborieuses au profit de tâches à plus forte va-leur ajoutée. La production y gagne aussi carla technologie permet d’accéder à des piècestrès petites, très grandes, trop lourdes ou dontles températures sont trop hautes ou tropbasses. En interagissant avec le robot capabled’amplifier ou d’ajuster le geste humain, l’opé-rateur développe un système de productionplus agile, plus précis et plus sûr, quelles quesoient les conditions.

Fabrication additive : Également appelée « impression 3D », elle per-met de créer des objets par addition de ma-tière, contrairement aux procédés habituels

La révolution del’industrie est aussicelle de son vocabu-

laire. Petit tourd’horizon des

concepts et outilsque recouvre

la nouvelle terminologie.

juin 2016 • n° 553

L’événement

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qui consistent à en soustraire. Cantonnée jusqu’à présent aux matières plas-tiques, la fabrication additive concerne aussi les matières métalliques plusrésistantes, élargissant considérablement les champs d’application. Elle per-met la production de pièces complexes en modèle unique sur une grande va-riété de déclinaisons. Essentielle en matière de flexibilité de production, ellel’est aussi en matière d’efficacité énergétique, révolutionnant par exemple laconception des échangeurs de chaleur en optimisant les circuits sans pertede pression. Autre avantage, en limitant la matière là où elle est strictementnécessaire, elle permet un usage maîtrisé des ressources et un allègementdu poids des pièces, ce qui est notamment essentiel dans le secteur destransports pour limiter les consommations de carburant. Enfin, elle reloca-lise la production près des centres de consommation. Au-delà de la produc-tion de prototypes, la fabrication additive permet déjà la production depetites séries de pièces complexes, de pièces de rechange et même d’outilspersonnalisés. Avec la maturation des technologies, la vitesse et la précisionde l’impression devraient augmenter et permettre, dans certains cas, uneproduction à grande échelle.

Simulation : La simulation 3D de produits, matériaux ou procédés s ’étend à l’ensemblede la chaîne de production ; l’acquisition de données réelles permet d’affinerles modèles.

Systèmes d’intégration horizontaux et verticaux : Les systèmes d’information doivent faciliter l’intégration et la communica-tion intra- et inter-entreprises. Ils aident à l’automatisation de la chaîne d’ap-provisionnement, de production et de distribution, mais également à lacréation de liens plus étroits entre les différents départements d’entreprisesafin de répondre au mieux à la demande.

L’internet industriel des objets : aussi appelé « numérisation de la chaîne de valeur », cette notion globalecouvre l’ensemble des moyens de production dits 4.0 et assure une intercon-nexion entre les outils, les postes de travail et les objets en court de fabrica-tion. Avec la présence de capteurs sur les machines et les objets en cours defabrication, les machines peuvent connaître l’historique de production del’objet, la demande finale correspondante afin d’y répondre de manière au-tomatisée ou via un poste de contrôle central. Déterminante pour réduire les

coûts et aug-menter la pro-ductivité, ladigitalisation dela chaîne de pro-duction est undes critères del’industrie dufutur. Son prin-cipe : rendre laproduction laplus adaptablepossible et can-tonner l’alloca-tion des

ressources aux stricts besoins pour économiser l’énergie et la matière pre-mière, tout en restant résolument orientée satisfaction client. Selon l’étude

« Industry 4.0 » réalisée par PwC & Strategy au-près de 235 entreprises allemandes, quatresur cinq auront numérisé leur chaîne de va-leur d’ici 2020. L’Alliance pour l’Industrie duFutur a justement établi des passerelles avecle projet allemand, « Industrie 4.0 », pour créerdes synergies à travers la mise en place delignes de production franco-allemandes.

Cybersécurité : la diffusion du numérique et l’augmentationdes communications qui l’accompagne (pré-sence de capteurs générant des données, com-munication au sein et en dehors del’entreprise, etc.) font de la cybersécurité unenjeu majeur pour les entreprises indus-trielles. De nombreux fournisseurs de maté-riels industriel « 4.0 ready » se sont ainsirapprochés de spécialistes de la cybersécuritéafin de proposer des offres intégrant cet as-pect.

Réalité augmentée : Une utilisation directe vise à fournir immédia-tement à la maintenance des informations surles techniques de réparation d’une pièce, parexemple via le port de lunettes de réalité aug-mentée. Cette technologie peut également êtreutilisée pour faire de la formation, ou, rendredes étapes de conception moins abstraitesafin d’y associer plus de parties prenantes.

Le jumeau numérique : Une usine virtuelle au service de l’usine réelle.Avant même la conception d’une usine, des lo-giciels vont pouvoir simuler son ergonomie, saproductivité et même sa consommationd’énergie. Cette usine virtuelle s ’avère ensuitetout aussi stratégique pour piloter l’usineréelle. Plus qu’une simple maquette, elle four-nit une base de données dynamique qui, grâceà des capteurs, permet de simuler différenteshypothèses, d’anticiper les incidents, de modu-ler la production pour changer par exemple laqualité ou l’épaisseur d’une tôle ou de mieuxanticiper la maintenance. Essentiel pour opti-miser la consommation énergétique, le numé-rique se met au service, plus globalement, del’efficacité énergétique : dans un four digitalcomposé de plusieurs centaines de brûleurs,la numérisation favorise un pilotage indivi-duel de chaque brûleur pour trouver la sé-quence permettant le maximum d’économied’énergie, tout en assurant une uniformité detempérature.

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L’événement

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Les DRH ont entamé le chantier du Digital il y a plusieurs années en s ’intéressant à la miseen œuvre de portails dédiés aux salariés et managers. Poser ses congés depuis un smart-phone, déclarer ses notes de frais depuis une tablette tactile, archiver ses bulletins de paiedématérialisés dans un coffre-fort virtuel : la digitalisation RH pourrait faciliter le quotidiendes salariés et des responsables RH. Libérés de ces tâches administratives chronophages,ceux-ci devraient donc consacrer plus de temps à la partie noble de leur métier : le dévelop-pement des talents. Cependant, la question n’est pas de savoir s ’il faut un smartphone parpersonne, mais plutôt de savoir ce qui est le plus efficace en termes de gestion des res-sources humaines : le contact dématérialisé ou le contact direct . Par exemple, en matière derègles RH et Paie, peut-on s ’affranchir d’un service dédié qui pourra répondre aux questionsdes salariés afin d’éviter des interprétations erronées ? Est-il raisonnable de conduire uneGPEC uniquement sur la base de tableaux de bord et de communications électroniques ? Lesquestions sont nombreuses. Il semble qu'il y ait toujours une nécessité pour les entreprisesde moderniser en permanence et de repenser la façon dont ils embauchent, forment, gèrentet mobilisent le personnel. Avec la digitalisation, de nouveaux outils et de nouveaux modesde fonctionnement vont voir le jour. Pour notre organisation, il est impératif que ce processusn’aboutisse pas à une gestion déshumanisée des RH, dont le rôle dans la mise en place desoutils et de la nouvelle toile relationnelle sera central.

La saga des révolutions industrielles commence à la fin du 18ème siècle avec la pre-mière du nom. C’est l’économiste Adolphe Blanqui qui donne ce nom au mouvementqui voit naître l’industrie en Grande-Bretagne à l’époque, conjonction de profondesévolutions agricoles, démographiques, et surtout technologiques avec les machinesà vapeur, qui bouleverseront la métallurgie (le terme sidérurgie apparaît en 1761) parla mécanisation. Les premières usines sortent de terre, tandis que Ford et Taylor sefont un nom qui passera à la postérité. La deuxième révolution industrielle interviententre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. C’est celle de l’électrification, tant dansles ateliers et les usines que dans les villes. Dans les années 1970, avec les prémissesd’Internet, le lancement du microprocesseur et de l’ordinateur de bureau, la 3ème ré-volution industrielle est celle de l’informatique, de l’électronique et des télécommuni-cations, sur un cycle plus court qui amène au début des années 2000. Elle prépareune autre révolution industrielle, la quatrième, qui se déroule actuellement. Elle est fondée sur l'usineintelligente, caractérisée par une interconnexion des machines et des systèmes au sein des sites de pro-duction mais aussi entre eux et l’extérieur (clients, partenaires, autres sites de productions). Elle reposesur l’accroissement de la vitesse de traitement de l’information et des capacités de mémoire, ainsi quesur le développement massif des réseaux de communication. Le concept d’industrie 4.0 a été mis enévidence pour la première fois lors la foire de Hanovre (salon de la technologie industrielle) de 2011.Chaque révolution industrielle a apporté une promesse de progrès pour l’être humain et force est deconstater que ces évolutions n’ont été bénéfiques pour les salariés seulement après avoir engagé uncombat syndical. Pour notre organisation, il est donc nécessaire d’anticiper et d’être force de propositionpour que cette révolution ne se fasse pas au détriment des salariés.

La dimension RH

A chaque époquesa révolution

La digitalisation neva pas seulement

modifier les modesde production et les

rapports hiérar-chiques, elle aura

un impact considé-rable sur la gestiondu personnel et les

fonctions RH, quiauront un rôle à

jouer dans la miseen place de l ’indus-trie du futur et son

appropriation parles salariés.

juin 2016 • n° 553

L’événement

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⇨ La destruction des droits sociaux collectifs au profit de droits sociaux individuels, situation sansprécédent ;

⇨ La mise en place d’une logique d’inversion de la hiérarchie des normes au profit d’une régulationau niveau de l’entreprise ;

⇨ Le transfert de la responsabilité des employeurs vers celle des salariés qui devraient devenir destravailleurs indépendants.

Dans le cadre de l’agenda social, la Fédération a revendiqué et obtenu de l’UIMM une réflexionsur les conséquences de la digitalisation. La digitalisation va, certes, créer, mais aussi déplacer,transformer et hélas détruire des emplois.

Les éléments ci-dessous, réalisés dans le cadre d’une étude européenne (ETUI), font la synthèse desprincipaux enjeux, classés selon les catégories forces/faiblesses et opportunités/menaces.

Les préconisationsde la Fédération

Pour notre organisation,le numérique doit être

une opportunité permet-tant d’améliorer les

conditions de travail, deréduire la pénibilité, de

créer des emplois, de sé-curiser les parcours pro-

fessionnels et derenforcer les droits col-

lectifs des salariés. Legouvernement et le pa-

tronat tentent de profiterde cette révolution indus-trielle pour modifier tota-

lement les rapportssalariés/employeurs.

Bien sûr, il ne s’agit pasde s’opposer aux progrès

techniques ou technolo-giques, mais de maîtriser

leurs conséquences enles encadrant.

Opportunités Risques

Contenu du travail

Revalorisation : redécoupage inté-ressant des tâches avec des possi-bilités sur la conception et lesobjectifs.

Déqualification, découpage ri-gide des tâches avec un hautniveau de standardisation.

Organisation du travailOpportunités de coopérationétendue avec ces objectifs définiset participation.

Haut niveau de responsabilitéavec des marges de décisionsréduites.

AutomatisationAllègement des activités pénibleset aux contenus peu attractifs, leshommes utilisent les systèmes.

Objectif d’automatisation : desusines sans ouvriers ; les sys-tèmes dirigent les hommes.

Qualification/compétencesNouvelles possibilités de dévelop-pement professionnel et de quali-fication.

Exclusivement qualification « sur le tas ».

Données

Accès à l’information et au savoirpour résoudre les problèmes ; sé-paration entre données de per-sonnel et données de technologie.

Utilisation des données pour lecontrôle des comportements etdes performances.

Temps de travail/lieu de travail

On peut faire correspondre davan-tage le travail à la situation de vie.

Travailler à tout moment de-puis (presque) n’importe où.

Trois grandes tendances dangereuses apparaissent :

juin 2016 • n° 553 11

L’événement

Forces

■Monde connecté, systèmes ouverts, économie de la connaissance ;

■Réseaux, échanges, partage et collaboration ; accès rendu possible aux fonctionnalités plutôt qu’à lapropriété ;

■ Intégration des industries et des services : usines intelligentes, systèmes énergétiques intelligents, mo-bilité et transports intelligents, villes intelligentes, gouvernance «optimisée» ;

■Automatisation, robotisation, learning machines ;

■Gains de productivité, d’efficacité, de rentabilité ;

■Économie du coût marginal zéro ;

■produits innovants, services innovants, foisonnement d’applications mobiles qui « simplifient la vie » ;

■nouvelles capacités d’autoproduction, micro-usines.

Faiblesses

■Croissance sans emploi, avenir sans emploi ;

■Émergence d’oligopoles superpuissants, nouveaux maîtres mondiaux grâce aux données ;

■Concentration du pouvoir et des richesses dans les chaînes de valeur (pertes équivalentes pour d’autresentreprises, secteurs et pays) ;

■Nombreux problèmes de (non) conformité avec les normes réglementaires, administratives, socialeset fiscales ;

■Risques intrinsèques concernant la protection des données personnelles ;

■ « Algorithmisation » des comportements individuels, des habitudes de travail et de consommation,des préférences culturelles et sociales ; normalisation et standardisation de l’individu ;

■Déclassement accru de la classe moyenne et polarisation de la société entre un nombre réduit de tra-vailleurs haut de gamme et une masse de travailleurs bas de gamme ;

■ Sous-investissement et sous-utilisation des outils digitaux pour l’émancipation sociale des milieux àbas revenus.

Opportunités

■ Nouveaux emplois (informaticiens, ingénieurs, experts en réseaux, etc.) ;

■Organisation du travail plus « agile » ; nouvelles formes d’emploi plus flexibles, plus autonomes ;

■Suppression des tâches répétitives et routinières ;

■Meilleure ergonomie, aide à l’exécution des tâches lourdes ou complexes ;

■Nouveaux modes de collaboration et de coopération entre les salariés ;

■Reshoring ou onshoring (retour des industries etdes usines désormais intelligentes – ainsi que desemplois – dans leur pays d’origine) ;

■ Possibilités de nouveaux partages des gains deproductivité (réduction du temps de travail) ;

■ Possibilités d’émancipation sociale, de change-ment de modèle économique.

Menaces

■ Destruction massive d’emplois moyennementqualifiés (computérisation) ;

■ Intensification du travail « anytime anywhere »,(n’importe quand, n’importe où) estompement de lafrontière entre vie privée et vie professionnelle entraî-nant stress et burn-out ;

■Perte de contrôle de l’expertise et du savoir-faire propredes salariés et de leur libre arbitre (rôle d’exécutants) ;

■Management numérique, flicage des travailleurs,risque de rupture de confiance réciproque entre em-ployés et directions ;

■ Précarisation des emplois et des statuts, dépendance totale aux « maître de données », « servification » ;

■Affaiblissement de l’action collective et des relationsindustrielles ;

■ Inadéquation des formations et des qualifications ;

■Renforcement des inégalités, stagnation salariale ;

■« taylorisme digital » et émergence d’une classe degalériens du numérique « crowdsourcing »; miseen concurrence mondiale des travailleurs pourtous les services ne nécessitant pas d’être pré-sent sur le site ;

■ Érosion de la barre fiscale et du financementde la sécurité sociale.

Dans ces 4 catégories, sont identifiés des pointsimportants à surveiller et des actions à engager.Ce n’est pas limitatif car les problèmes arriverontau fur et à mesure de la mise en place de la digita-lisation, et il nous faudra déterminer nos positionset actions au cours de cette évolution

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x

juin 2016 • n° 553

Actualité sociale

14

Le 28 avril, plus de500 000 salariés ont

défilé dans les rues deFrance pour manifes-

ter leur volonté de voirle gouvernement reti-

rer le projet de loi El Khomri. Dans les

cortèges, les métallosFO ont tenu toute leur

place et ont fait flotterles couleurs de notreorganisation. Malgré

les heurts qui ontémaillé le parcours des

manifestants, la jour-née a montré, une nou-

velle fois, la justessedes positions de FO

dans ce dossier, refletsdes aspirations des

Françaises et des Français.

Mobilisationcontre la loi El Khomri

A Paris.

Sous les remparts d’Avignon.

A Montpellier.

A Paris, Jean-ClaudeMailly en tête de cortège.

Une partie de l’équipe fédérale à Paris.

Actualité sociale

15juin 2016 • n° 553

Dans les rues de Marseille.

A Valenciennes.

A Lille.

A Paris.

A Paris.

A Nantes.

Malgré la crise qui a eu un impact considérablesur de nombreux secteurs, certaines entreprisesont su tirer leur épingle du jeu. C’est le cas d’AGCO,à Beauvais. Fin 2013, le groupe américain y inau-gurait sa deuxième usine, dans laquelle 15,5 mil-lions d’euros ont été investis, à quelques centainesde mètres de son site historique, sur lequel au-cune extension n’était possible. "Beauvais 2" abriteaussi un centre de formation commerciale pourl’ensemble du groupe tandis que le premier site,désormais dédié à l’assemblage des tracteurs et àla peinture, abrite aussi le bureau d’études mon-dial de sa marque phare, Massey Ferguson. Prèsde 1 200 salariés sont à l’œuvre sur les deux ins-tallations pour produire chaque année 17 000tracteurs et l’avenir s’annonce sous les meilleursauspices. Pour l’équipe syndicale rassemblée autour de Pas-cal Bertrand et Christian Béranger, qui ont rejointnotre organisation syndicale il y a quelques mois,il s’agit d’avoir sa place et de faire entendre sa voix

dans la construction de cet avenir. C’était tout l’ob-jet des discussions qu’ils ont mené avec le secré-taire fédéral Paul Ribeiro, venu à leur rencontre le14 avril. Après une visite du site, il est notammentrevenu sur l’esprit qui anime l’action de FO Métauxainsi que sur la liberté et l’indépendance qui sontses mots d’ordre. Comment est organisée la Fédé-ration, de quelle façon faire fonctionner son bu-reau syndical, la nécessité de mener unesyndicalisation active et efficace, la mise en placedu suivi des adhérents, sans oublier un rigoureuxquadrillage du terrain, etc. Autant de notions es-sentielles sur lesquelles de riches échanges ontété menés. Car l’équipe prépare d’ores et déjà lesélections professionnelles d’octobre prochain avecune ambition : devenir n°1 chez AGCO. Paul Ri-beiro les a assurés du soutien de la Fédération eta rappelé la présence toute proche de GIMA, quifournit à AGCO les boîtes de vitesse et les ponts ar-rière de ses tracteurs, entreprise au sein de la-quelle FO dispose d’une solide équipe syndicale…

juin 2016 • n° 553

Actualité syndicale

16

L’équipe syndicale FOd’AGCO, fabricant de

tracteurs situé à Beau-vais, a reçu la visite dusecrétaire fédéral Paul

Ribeiro le 14 avril. Larencontre a permis de

riches échanges, no-tamment autour de la

préparation des fu-tures élections profes-

sionnelles.

AGCO :une force qui grandit

Coordination Fiat : objectif développementRéunis autour de leur coordinateur Patrick Martin, les DSC FO d’IvecoIRISBUS, d’Heuliez Bus, de FPT (moteurs), et de CNH (machinisme agri-cole), regroupés au sein de CNH Industrial (l'entité française de Fiat quiregroupe poids lourd, moteur et machine agricole), se sont retrouvéesle 20 avril à Rorthais (Deux-Sèvres), sur le site d’Heuliez Bus pour leurcoordination, essentiellement tournée vers les NAO.La matinée a commencé par une visite du site Heuliez Bus de Rorthaispour les délégués de la coordination FO Fiat. Après un tour des installa-tions aussi intéressantes qu’instructif sur la conception et la constructiondes bus urbains, les métallos ont échangé sur les NAO dans les différentssites constituant le groupe. « Les résultats ont été mitigées, explique Pa-trick Martin, et nous constatons que la volonté de la direction du groupeétait de mettre une enveloppe identique sur tous les sites, soit 1,2 % sursignature et 1 % sans signature. Ainsi, notre organisation a refusé de si-gner l’accord chez Heuliez Bus, a signé un PV de désaccord chez FPT, n’a pas par-ticipé aux négociations chez Fiat, et est parvenu –non sans mal puisque les salariésont fait une grève de 4 jours– à obtenir un bon accord chez Iveco (IrisBus). »Le coordinateur Patrick Martin est ensuite revenu sur le développement syndicaldans le groupe, insistant sur l’importance d’amplifier le travail en cours et de s’im-planter dans tous les sites où FO n’est pas encore présent. Il a rappelé qu’il fallaitégalement se pencher sur les succursales appartenant encore au groupe, entre

autres IVECO Nantes « Notre représentativité etdonc notre capacité à revendiquer, à négocier età signer pour défendre l’intérêt des salariés et del’industrie est à ce prix ! » Les participants ontconclu en se donnant rendez-vous en octobrepour faire un nouveau point sur le développe-ment syndical.

Actualité syndicale

17juin 2016 • n° 553

Depuis fin 2015, la situation syndicale a changé surle site Aubert et Duval des Ancizes. Lors des élec-tions professionnelles, l’équipe FO a progressé deplus de 9 % pour s’établir à 32 % des voix et a prisau passage le CE, devenant incontournable. Pourles métallos FO, qui comptent de nombreusesfemmes dans leurs rangs, si cette victoire vient cou-ronner un travail de terrain efficace et opiniâtre, elleamène également de nouvelles responsabilités etde nouveaux défis. Ces questions étaient au cœurde l’assemblée générale du 17 avril. C’est pourquoiils ont décidé de muscler leur dispositif, dont lapierre de touche est le plan d’action et de dévelop-pement qui a permis leur bon score et sur lequel ilsfont régulièrement le point afin d’identifier lespoints à améliorer. L’action entamée avec l’inspec-tion du travail sur le système de paie, qui connaîtdes dysfonctionnements récurrents depuis sa miseà jour, restera d’ailleurs une priorité.Outre les permanences syndicales et les cam-pagnes mensuelles d’affichage ou de tractagedéjà en place, des nouveautés vont voir le jour. Les

échanges ont en effet débouché sur la nécessitéde réunions régulières du conseil syndical, la né-cessité d’un quadrillage toujours plus rigoureuxet fréquent des ateliers, ainsi que sur le lancementdu scan et de l’archivage de l’ensemble des ac-cords signés depuis les années 1980 pour offrirune plus grande accessibilité de ces informationsà tous. « Cette démarche va non seulement pré-server ce qui est aussi la mémoire du syndicat,s’est réjoui Lionel Bellotti, mais souligne égale-ment la fertilité et l’importance de la pratiquecontractuelle pour notre organisation. » Au-delà,le secrétaire fédéral a souligné l’utilité de la for-mation syndicale et la nécessité de syndicaliserles jeunes salariés. En matière de développement,les métallos FO d’Aubert et Duval sont déjà à l’œu-vre depuis longtemps : ils ont déjà fait augmenterleur nombre d’adhérents et ont notammentréussi à créer une section syndicale chez UKAD,une filiale d’Eramet dans la commune voisine) auservice de laquelle ils comptent bien mettre leurexpérience.

Les métallos FO d’Aubert etDuval Les Ancizes se sont réu-nis pour l’assemblée générale

de leur syndicat le 17 avril.Rassemblés autour de leur se-

crétaire Denis Bontemps, dusecrétaire fédéral Lionel Bel-

lotti, du délégué syndical cen-tral Jean-François Courtadon,

de la secrétaire de l’UL des An-cizes Hélène Courtadon, de Flo-riane Colombet, de l’USM63, etdu secrétaire adjoint de l’UD63

Nicolas Monteil, ils sont reve-nus sur les résultats des élec-tions professionnelles et surles nouvelles responsabilités

qui en découlent pour FO.

Aubert et Duval : ascension continue

Métaux de Marseille : un nouvel essorLe 5 avril s’est déroulée l’assemblée générale du syndicat des métaux de Marseilleautour de sa secrétaire Nathalie Caille (qui succède à Cyril Sargiano), et sous la pré-sidence de Gérard Ciannarella, également secrétaire de l’USM 13. La réunion a étél’occasion de faire le bilan de l’année passée et de revenir sur le dossier du déve-loppement syndical.Au cours de l’année 2015, le syndicat des métaux de Marseille a été sur tous lesfronts, et plus particulièrement sur celui du développement syndical, comme l’amontré le rapport d’activité présenté lors de l’assemblée générale du 5 avril. Eneffet, le bureau du syndicat des métaux de Marseille avait décidé d’être systémati-quement présent à la négociation de tous les protocoles préélectoraux dans sonsecteur (Sud robinetterie ; Renault Aubagne ; Territoire ; Allo pneu et FTTS). Cet im-portant travail a notamment permis à notre organisation de s’implanter chez AlloPneu et de rester en contact avec les salariés des autres entreprises.Dans le cadre des permanences du syndicat qui se tiennent tous les mardis, denombreux salariés isolés sont venus pour obtenir informations et renseignements,et nombre d’entre eux sont repartis en ayant adhéré à FO. Au total, près de 40 sec-tions sont rattachées au syndicat des métaux de Marseille, soit une augmentationdes implantations de près de 20 % par rapport à l’année précédente. Une perfor-mance qui doit, entre autres, au travail accompli sous la houlette du secrétaireCyril Sargiano, qui passait par ailleurs lors de cette assemblée générale la main à

Nathalie Caille. Il a été chaudement félicité par lesmétallos, qui ont élu leur nouveau bureau à l’una-nimité.

Le nouveau bureauLe nouveau bureau élu est composé de NathalieCaille (secrétaire), Jérôme Dubourg et Sylvain Fer-rara (secrétaires adjoints), Henry Pansier (tréso-rier), Alex Eckern (trésorier adjoint), Bruno Camuset Marielle Roche (archivistes).

juin 2016 • n° 553

InFOS

18

Les résultats de FO lors des

Comité d’entreprise

dpt Entreprise Insc Exp FO CGT CFDT CFTC CGC Unsa SUD DIV

17 MALICHAUD ATLANTIQUE / ROCHEFORT 207 144 43 101 0 0 0 0 0 0

19 DESHORS AD MOULAGE / BRIVE LA GAILLARDE 360 290 61 170 59 0 0 0 0 0

21 ESSILOR / DIJON 277 214 67 46 101 0 0 0 0 0

27 PARKER HANNIFIN MANUFACTURING / EVREUX 138 93 42 0 0 0 0 0 0 51

31 SCC CITROEN / TOULOUSE 84 71 71 0 0 0 0 0 0 0

33 TISSOT / PODENSAC 113 8 8 0 0 0 0 0 0 0

36 DELTA METAL / ISSOUDUN 51 47 21 0 26 0 0 0 0 0

41 JTEKT HPI / BLOIS 336 253 50 126 77 0 0 0 0 0

44 NGE PARKING / NANTES 163 118 42 36 40 0 0 0 0 0

45 FAURECIA FSA SIEGES/NOGENT S/VERNISSON 301 221 80 65 76 0 0 0 0 0

49 MORGAN THERMAL CERAMICS/ THOUARCE 74 29 29 0 0 0 0 0 0 0

51 TI AUTOMOTIVE /CHALONS EN CHAMPAGNE 460 394 181 125 88 0 0 0 0 0

51 TOKHEIM SERVICES FRANCE / BOURGOGNE 276 178 137 41 0 0 0 0 0 0

52 FONDERIES DE BROUSSEVAL/MONTREUIL / BROUSSEVAL 358 185 41 40 104 0 0 0 0 0

53 HOWMET CIRAL / EVRON 289 217 111 0 106 0 0 0 0 0

55 ESSILOR COMPASSERIE / LIGNY EN BARROIS 180 150 52 0 34 64 0 0 0 0

56 PARKER HANNIFIN MANUFACTURING / ST MARCEL 154 127 127 0 0 0 0 0 0 0

57 GGB FRANCE EURL / DIEUZE 100 69 69 0 0 0 0 0 0 0

59 GRISS / ARMENTIERES (EA) 264 218 52 25 141 0 0 0 0 0

67 SAREL SAS METALLURGIE / SARRE UNION 499 385 164 128 58 0 0 0 0 35

67 PENTAIR TECHNICAL SOLUTIONS/ BETSCHDORF 218 86 32 32 12 10 0 0 0 0

67 LOHR INDUSTRIE / HANGENBIETEN (EA) 712 548 203 194 151 0 0 0 0 0

68 LIEBHERR / NIEDERHERGHEIM 193 134 134 0 0 0 0 0 0 0

71 SIMIRE / MACON 140 108 54 18 18 18 0 0 0 0

73 TIVOLY / TOURS EN SAVOIE 186 89 12 57 20 0 0 0 0 0

75 SCA PEUGEOT BOTZARIS/ PARIS10 151 121 76 45 0 0 0 0 0 0

75 SCC CITROEN VO FELIX FAURE / PARIS 15 165 138 47 0 0 91 0 0 0 0

75 SCC CITROEN REPUBLIQUE / PARIS 11 42 31 31 0 0 0 0 0 0 0

75 SETE TOUR EIFFEL / PARIS 7 313 248 84 164 0 0 0 0 0 0

76 SCC CITROEN / ROUEN 135 85 85 0 0 0 0 0 0 0

77 GESTAMP NOURY / GRETZ ARMANVILLIERS 278 143 15 58 19 0 0 51 0 0

80 GRISS / HAM 140 101 20 81 0 0 0 0 0 0

85 SEPRO ROBOTIQUE / LA ROCHE SUR YON 198 133 92 41 0 0 0 0 0 0

94 SCA PEUGEOT SVICA/ CRETEIL 71 32 25 0 7 0 0 0 0 0

95 OTIS EPC / ROISSY EN FRANCE 53 19 19 0 0 0 0 0 0 0

InFOS

19juin 2016 • n° 553

élections professionnelles Retrouvez

les résultats des élections

professionnelles de la Métallurgie

dans ce numéro. FOcontinue de

progresser dans les entreprises

grâce à l ’excellent travail de terrain

réalisé par les équipes

syndicales et les militants.

N’oubliez pas de faireparvenir à

la Fédération FO de la métallurgie

vos PV d’élections dans les meilleurs

délais !

Délégués du personnel

N.C. : Non communiqué

Insc Exp FO CGT CFDT CFTC CGC Unsa SUD DIV

207 145 40 105 0 0 0 0 0 0

360 289 72 167 50 0 0 0 0 0

277 211 59 50 102 0 0 0 0 0

138 100 43 0 0 0 0 0 0 57

84 70 70 0 0 0 0 0 0 0

42 14 14 0 0 0 0 0 0 0N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C.

336 274 54 140 80 0 0 0 0 0

163 117 43 37 37 0 0 0 0 0

301 227 80 75 72 0 0 0 0 0

74 18 18 0 0 0 0 0 0 0

460 397 152 141 104 0 0 0 0 0

99 61 39 22 0 0 0 0 0 0

382 220 46 40 134 0 0 0 0 0

289 224 118 0 106 0 0 0 0 0

180 148 50 0 42 56 0 0 0 0

154 131 131 0 0 0 0 0 0 0

100 68 68 0 0 0 0 0 0 0

264 219 65 30 124 0 0 0 0 0

499 386 154 151 46 0 0 0 0 35

169 67 24 24 11 8 0 0 0 0

712 554 188 219 147 0 0 0 0 0

117 90 90 0 0 0 0 0 0 0N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C.

206 92 13 54 25 0 0 0 0 0

50 41 35 6 0 0 0 0 0 0

165 137 47 0 0 90 0 0 0 0

42 30 30 0 0 0 0 0 0 0

313 253 84 169 0 0 0 0 0 0

135 86 86 0 0 0 0 0 0 0N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C. N.C.

140 96 11 85 0 0 0 0 0 0

272 166 122 44 0 0 0 0 0 0

71 36 28 0 8 0 0 0 0 0

53 20 20 0 0 0 0 0 0 0

InFOs

juin 2016 • n° 55320

Quand les employeurs veulent reprendre tous les pouvoirsNous ne pouvons rester silencieux et devons stopper le détricotage du code du travailque notre génération –et les nombreuses qui nous ont précédés–, ont contribué àélaborer !En dehors de toutes les règles et lois remises en question par le projet « El Khomri »,il en est une dont on ne parle pas assez : le renforcement de « l’inversion de la hiérar-chie des normes », par les négociations qui nous seront imposées dans les entre-prises.Celles-ci peuvent bouleverser dangereusement les règles et lois actuelles, dégradantainsi les conditions de travail et de rémunération des salariés.Doit-on laisser l’initiative aux employeurs d’édicter à nouveau leurs propres lois dansl’entreprise au détriment du code du travail ou accords de branches, et de reprendreainsi tous les pouvoirs ?Sommes-nous sûrs que dans les entreprises, les négociations seront « sereines » ?Que se passera-t-il dans celles qui n’ont pas d’interlocuteurs aguerris lors de négo-ciations, quand on connait le peu d’enthousiasme des employeurs à accueillir l’arrivéed’une organisation syndicale ?Le législateur veut-il transférer sur les épaules des délégués syndicaux le poids desrègles et des lois qu’il ne veut plus assumer ? Sachant que dans les deux tiers des éta-blissements ils ne sont pas présents, et encore moins dans les PME de 10 à 100 sa-

lariés ! La discrimination syndicale et la peur desreprésailles sont, entre autres, des raisons de la fai-ble syndicalisation en France (sondage TNS Sofres).La culture de la négociation en entreprise n’est pasforcément l’apanage de tous les patrons. N’oublionspas leurs premières réactions quand des salariésont voulu se réunir : le couperet est tombé avec laloi « Le Chapelier » (1791), interdisant toutes réu-nions, et celles de 1810 avec le délit d’association ! Seraient-ils nostalgiques de cette époque ? Car à cejour, la France est toujours reconnue par de trèsnombreuses enquêtes et statistiques comme ayantdes mauvaises relations sociales, induisant sou-vent le gagnant/perdant dans les négociations. Alors oui, retraités actifs, luttons pour le retrait duprojet de loi « El Khomri » !

Commission des retraités du syndicat desmétaux de la Région Parisienne, Paris, avril 2016.

Pour FO, pour l’UD du Rhône et pourles métallos FO, c’est une figure histo-rique et emblématique qui disparaît.Louis Teisseire incarnait une véritable mémoirepour les militants rhodaniens, lui qui était le der-nier militant encore actif à avoir vécu la scissionde la CGT qui marqua la naissance de FO en1947. Issu des rangs de la métallurgie, Loulouavait été un pionnier dans le domaine de la pré-voyance sociale, devenant notamment l’un desfondateurs de l’IGIREL, mutuelle bien connue.Louis Teisseire était d’ailleurs proche d’AntoineFaesch, ancien secrétaire confédéral disparu enjanvier 2016 et qui joua un rôle essentiel dansl’histoire des régimes contractuels de protectionsociale collective. Loulou fut aussi un des piliersde l’UCI (Union des Cadres et Ingénieurs FO), dontil sut faire grossir considérablement les rangspar son action déterminée et des convictions enacier trempée. Enfin, il fonda le syndicat des mé-taux du Rhône, qui accueillit en son temps lespremiers syndicats quittant la CGT pour rejoindre

notre organisation, et assuma également lesfonctions de secrétaire de l’USM du Rhône. An-toine Laval, ancien secrétaire général de notre or-ganisation, lui rendit d’ailleurs à cet égard unhommage appuyé lors du congrès fédéral deMarseille en 2008.Louis Teisseire a toujours su mener les combatsnécessaires pour obtenir et garantir des droitsaux salariés. Il a également su négocier et signerquand il y avait matière à le faire, et s’opposerlorsque le compte n’y était pas. Pour Pascal La-grue, secrétaire de l’UD69, « nul doute qu’au-jourd’hui, Loulou poursuivrait encore à nos côtésla défense du code du travail et des conventionscollectives. »La Fédération FO Métaux et son secrétaire géné-ral Frédéric Homez partagent la peine de sa fa-mille ainsi que de celles et ceux qui l’ont connu etaimé et leur présentent toutes leurs condo-léances.

Louis Teisseirenous a quittés

C’est avec tristesse que la Fédération FO de

la métallurgie a appris la disparition le 20 avril2016 de Louis Teisseire,

dit « Loulou », à l’âge de 94 ans.

Qu’est ce que c’est ?Issue de la loi du 30 juin 2004 (C. trav, art. L. 3133-7 et s.), la journée de solidarité consiste à financerdes actions en faveur de l’autonomie des per-sonnes âgées ou handicapées, par l’instaurationd’une journée de travail, sans rémunération sup-plémentaire, sur une journée habituellementchômée et payée au salarié. Elle s’accompagne,côté employeur, d’une contribution « solidarité au-tonomie » de 0,3 % des rémunérations.

Comment cela fonctionne ?La journée de solidarité a d’abord été positionnéesur le lundi de Pentecôte, avant que la loi du 16avril 2008 permette à chaque entreprise de fixerlibrement les modalités de son application. Au-jourd’hui, la journée de solidarité peut résulter :■soit du travail un jour férié précédemmentchômé (exception faite du 1er mai) ;■soit du travail un jour de RTT ; ■soit de toute autre modalité permettant le tra-vail de 7 heures précédemment non travailléesen application de dispositions conventionnellesou des modalités d'organisation propre à l’entre-prise (C. trav., art. L. 3133-8)Il est possible de fractionner la journée de soli-darité en 7 heures sur l’année, en prévoyant desmodalités spécifiques pour les salariés placésdans une situation particulière (salariés au forfaitjours ou à temps partiel, par exemple).

Peut-elle être positionnée sur unjour de congé payé ?Non, la journée de solidarité ne peut pasconduire à supprimer un jour de congé légal. Celasignifie que l'entreprise ne peut pas imposer laprise d'un jour de congé payé à la date de la jour-née de solidarité (Cass. soc., 1er juill. 2009, n° 08-40.047). Mais attention : un salarié peut a prioridécider de poser un jour de congé payé sur lajournée de solidarité mise en place dans l’entre-prise, afin de pouvoir s’absenter ce jour là (Lettremin. 20 avr. 2005). Par ailleurs, lorsque le salariéa pris plusieurs jours de congés payés englobantla journée de solidarité, il est précisé que l'em-ployeur ne peut exiger de l'intéressé qu'il reviennetravailler ce jour-là (Circ. DRT, 20 avr. 2005 ques-tions-réponses n° 16 et 19).

Qui décide du positionnement dela journée de solidarité dans l’en-treprise ?C’est en priorité par un accord d'entreprise oud'établissement ou, à défaut, par un accord debranche, que la journée de solidarité est fixée. Ellene peut pas être définie par accord de groupe. Adéfaut d'accord collectif, les modalités d'accom-plissement de la journée de solidarité sont défi-nies par l'employeur, après consultation ducomité d'entreprise ou, à défaut, des délégués dupersonnel s'ils existent (C. trav., art. L. 3133-8).

Quelles en sont les conséquencesen matière de rémunération ?Le travail accompli durant la journée de solidariténe donne pas lieu à rémunération supplémen-taire. On parle d’absence de rémunération « sup-plémentaire » et non d’absence de rémunérationtout court, car le salarié est bel et bien rémunérélors de cette journée. Mais là où la journée étaitpar le passé rémunérée et chômée, elle est dés-ormais rémunérée et travaillée. Alors qu’il y abien une journée de travail supplémentaire, il n’ya pas de rémunération supplémentaire.L’absence de rémunération supplémentaireporte sur : ■7 heures maximum, lorsque le salarié estmensualisé, et■une journée de travail maximum, pour les sa-lariés dont la rémunération est calculée par réfé-rence à un nombre annuel de jours de travail(conventions de forfait).Les heures effectuées au-delà de cette limite de 7heures seront, en revanche, normalement rému-nérées.

Et en cas de travail à temps partiel ?La limite de 7 heures est réduite proportionnel-lement à la durée de travail prévue par leurcontrat de travail : ainsi, par exemple, pour un sa-larié à mi-temps, la limite sera fixée à 3,5 heures.

Que se passe-t-il si je ne vienspas travailler la journée de soli-darité ?

■Si votre absence ce jour-là est justifiée par laprise d’un congé payé légal ou conventionnel(sous réserve de l’accord de l’employeur) ou d’unjour de RTT, elle sera rémunérée comme telle.Idem en cas de maladie, vous percevrez l’indem-nité journalière ainsi que le complément de sa-

laire habituel.■Si votre absence est injustifiée ou si vous faitesgrève, votre rémunération sera réduite proportion-nellement à la durée de votre absence (Lettre mi-nistérielle Questions-Réponses, 20 avr. 2005, Cass.soc., 28 oct. 2008, n° 07-43.109). Attention égale-ment au risque de sanction disciplinaire pour ab-sence injustifiée. En revanche, cette absence nedevrait pas pouvoir être rattrapée car elle ne figurepas dans la liste limitative des absences rattrapa-bles de l'article L. 3122-27 du Code du travail.

La journée de solidarité est-elleprise en compte dans le contin-gent d’heures supplémentaires ?Non, dans la limite de 7 heures, ces heures nes'imputent pas sur le contingent d'heures supplé-mentaires et ne donnent pas lieu à contrepartieobligatoire en repos, contrairement aux heureseffectuées au-delà de 7 heures ce jour-là (C. trav.,art. L. 3133-11).

La journée de solidarité est-elleprise en compte dans l’apprécia-tion du respect des durées maxi-males de travail ? Oui. La loi n’ayant rien prévu de spécifique à cesujet, la journée de solidarité ne doit pas conduireà un dépassement des durées maximales de tra-vail et minimales de repos imposées par la loi.

Que se passe-t-il si je change d’em-ployeur en cours d’année et quel’on me demande de faire une 2ème

journée de solidarité ?Si votre nouvel employeur vous demande d’effec-tuer une 2ème journée de solidarité :■Soit vous acceptez d’effectuer cette journée,mais les heures effectuées ce jour-là donnerontlieu à rémunération supplémentaire et serontsoumises au régime des heures supplémentairesou complémentaires ;■Soit vous refusez d’effectuer cette journée, ce quine pourra pas être considéré comme une faute ouun motif de licenciement (C. trav., art. L. 3133-12).

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Vos droits✂ 21

La journée de solidaritéD’abord obligatoirement positionnée sur le lundi de Pentecôte, la journée desolidarité est aujourd’hui régie par des règles plus souples…mais également

plus complexes ! Faisons le point, afin de vous permettre de faire face auxproblématiques concrètes liées à sa mise en œuvre.

Notre congrès fédéral, qui se réunit en cettefin mai à La Rochelle, fournit une nouvellefois l’occasion de réaffirmer avec force l’enga-gement de FO Métaux en faveur de l’indus-trie. N’est-il pas extraordinaire qu’uneorganisation syndicale soit obligée de défen-dre l’industrie, de rappeler cette évidencequ’elle constitue le pilier de toute économiepuissante ?Ceux qui, en haut lieu, paraissent en douterferaient bien de se reporter aux origines dumot qui, en entrant dans la langue françaiseen 1356, signifiait rien moins que « activité ».Mieux, il prit presque aussitôt le sens de « moyen ingénieux ». Plus précisément, lemot latin industria est dérivé de industrius, « actif, travailleur », littéralement « qui pré-pare en lui-même », puisqu’il associe indus,« dans », et struere, « disposer, arranger »(que l’on retrouve dans « construire »).On ne saurait mieux dire que l’industrie estl’essence même de toute activité laborieuse,fruit à la fois de l’intelligence et du savoir-fairehumains. Au fil des siècles, le mot est devenu,surtout jusqu’au XIXème, synonyme d’habiletéinventive, de finesse. Même pour des réalisa-tions moins essentielles, Balzac décrivantainsi une femme qui « usait de beaucoupd’industrie pour sa toilette ». La vérité obligeà rappeler que ces talents peuvent être misau service du mal, s’agissant par exempled’un cambrioleur qui exerce sa « coupable in-dustrie ». L’expression est en général utiliséesur un mode plaisant et ne lui dénie pas, à luinon plus, une certaine habileté.Nous lui préférerons bien sûr nos « capi-taines d’industrie », espèce malheureuse-ment en voie de disparition, autrement dit lesindustriels, terme créé en 1818 par Saint-Simon, le plus connu de ceux qu’on appelleles socialistes utopiques. On ne saurait évo-quer ces industriels ambitieux sans citer lenom d’Henry Ford, auquel on laissera le motde la fin tiré de ses mémoires : « Le véritablebut de l’industrie n’est pas de faire de l’argent :l’industriel doit toujours se proposer de fabri-quer des objets utiles. La négation de l’idéeindustrielle est la spéculation. »

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Jeux

Tous les mois, FO Métaux vous

propose mots croisés et sudoku, ainsi qu’un

peu de culture, syndicale bien sûr,

autour d’un mot chargé d’histoire

et que les métallosconnaissent bien.

Le mot du mois : IndustrieSudoku

Des métaux et des mots

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Mots croisés n° 553