Upload
dokiet
View
216
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
SOMMAIRE
L’édito du comité de rédaction…...……….………...p. 1
Le progrès scientifique….………….……………….p. 2
L’interview………………………………………….p. 3
Les infos du lycée…………………………………...p. 4
La blogosphère……………………………………...p. 5
Les événements du lycée……………………………p. 6
Créations littéraires………………………………….p. 7
Histoire……………………………………………...p. 8
L.I. LE JOURNAL
« Ta vie viendra toujours à ton secours, à condition que tu fasses un effort pour la comprendre. » Joë Bousquet
Dossier Réflexions sur l’eugénisme à partir du film
Bienvenue à Gattaca
Dans un monde futuriste, presque trop parfait,
le destin des individus est livré à la science et à ses
prévisions plutôt qu’à l’action de la nature. C’est
dans ce contexte que Vincent Freeman (Ethan
Hawke), né de manière naturelle, est victime de
cette société eugéniste. Il tente alors de la
contourner en usurpant l’identité de Jérôme Eugène
Morrow (Jude Law), issu d’une manipulation
génétique. Aidé par Irène Cassini (Uma Thurman) et
après des efforts considérables, Vincent réalise
son vœu de voyageur spatial, mettant en échec les
partisans des théories eugénistes.
N°2– Juillet 2014
TRIMESTRIEL
Yannis M.
Nous autres, civilisations…
Sous la direction de leur professeur de philosophie, Mme Charlotte
Cabane, les élèves de terminale S du lycée ont planché sur
l’eugénisme. Ce terme qui signifie en grec « bien naître » est
davantage entendu comme théorie et méthodes fondées sur les
manipulations génétiques visant à améliorer l’espèce humaine.
Répartis en plusieurs ateliers, les lycéens ont cerné la définition de
cette notion, dressé un rapide historique de son application et
discuté les éléments positifs et négatifs qui l’entourent. C’est le
dossier central de ce numéro.
En effet, si les Grecs ont pratiqué l’eugénisme sous Périclès, force
est de constater que dans la période contemporaine, l’Allemagne nazie
en fit l’un des concepts phares de sa politique raciste. Il inspira le
programme de la reproduction du type aryen conçu comme idéal
humain. Il constitua également la pièce essentielle de la machine à
détruire ceux qui étaient perçus comme « mal nés » ou qui
appartenaient à une race supposée inférieure. La monstrueuse
industrie de haine qui s’ensuivit déboucha sur la mise en place des
chambres à gaz et la massification du meurtre qui frappa les Juifs en
particulier mais également les Tziganes et certaines catégories de
malades. Devant un tel délire et ses abominables résultats, il
s’imposait de reprendre la formule de Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. »
Les progrès scientifiques et ceux conduisant à la sélection des
espèces furent soumis à des politiques pitoyables. Aujourd’hui, les
progrès qui s’articulent autour des biotechnologies suscitent des
interrogations et des débats. Ils ne prennent pas nécessairement
pour point d’appui « La généalogie de la morale » selon Nietzsche,
mais ils ont contribué au renforcement de l’appareil éthique destiné à
encadrer les recherches voire les applications scientifiques touchant
au domaine du vivant. La charte du Comité Consultatif National
d’Ethique (CCNE) indique qu’il a pour mission « d’éclairer l’opinion et
les décideurs sur les progrès de la science, soulever les enjeux de
société nouveaux et poser un regard éthique sur ses évolutions. »
Nombre de sujets d’actualité, touchant à la fois au meilleur confort
des humains, à la longévité radieuse, à l’extension de la lutte contre
les maladies génétiques ou opportunistes, à la gestation pour autrui,
concernent le progrès scientifique et ses applications. Ils nous sont
utiles ; ils peuvent aussi flirter avec le désir de réaliser
techniquement le « meilleur homme » et tendre vers une société où la
l’égalité des chances deviendrait un leurre et la ségrégation
biologique une réalité masquée ainsi que le montre le film Bienvenue à Gattaca, réalisé par le Néo-zélandais Andrew Niccol. Il nous invite à
conserver à l’esprit le propos du bon docteur Rabelais, l’auteur de
Gargantua, qui rappelait qu’une « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Le comité de lecture de LI Le journal
Le progrès scientifique Page 2
Définition de l’eugénisme
Théorie et méthodes fondées sur la génétique et visant à
améliorer l’espèce humaine. Le patrimoine génétique des
groupes humains est ainsi modifié et l’action des généticiens
peut conduire à limiter la reproduction des individus porteurs
de caractères ou de gènes jugés défavorables. Promotion des
groupes possédant des caractères estimés positifs ou perçus
comme favorables.
Lien entre l’eugénisme et Bienvenue à Gattaca
Dans le film Bienvenue à Gattaca la société est basée sur une
forme d’eugénisme qui incite les parents à concevoir les en-
fants en faisant appel à un généticien. L’histoire principale du
scénario tourne donc autour de cette théorie qui crée des iné-
galités entre les hommes. Vincent tente donc d’outrepasser
ces inégalités en se surpassant.
Problématique autour de l’eugénisme
L’eugénisme a fait l’objet de réflexions et de méditations de-
puis longtemps. Sa théorie a aussi conduit à de monstrueuses
et fâcheuses applications. Certaines périodes de l’histoire
étant ici convoquées :
- Platon
- Scandinaves : de 1935 – 1976
- Nazis
Après tous ces exemples et les évènements qui en découlent,
se pose la question éthique. L’eugénisme a-t-il sa place dans
nos sociétés malgré les progrès incontestables dus à la scien-
ce ?
Les partisans de l’eugénisme avancent plusieurs rai-
sons :
Modification de l'embryon
- Augmenter la résistance et la capacité physique
- Éviter les maladies
- Identification de la population
En revanche, on est contre l’eugénisme car...
- Valorisation de certains traits physiques et, partant, limitation
de la diversité de la population voire élimination d’une partie.
- Création de discriminations entre les individus.
- Exemple : nazis (expériences eugénistes conduites par Men-
gele, élimination de masse des handicapés afin de « garantir
» la race aryenne), théorie darwinienne, autre penseur (Arthur
de Gobineau)
Développement de la législation et les préoccupations
morales
L’eugénisme est une notion qui a traversé le temps et a tou-
ché de nombreuses sociétés. Encore à ce jour, de nombreu-
ses questions morales et éthiques subsistent à ce sujet. Afin
de ne pas reproduire les erreurs du passé apparues au cours
de la seconde guerre mondiale avec les pratiques eugénistes
perpétrées par le régime nazi ou encore dans les années 70
dans certains pays scandinaves, certaines sociétés modernes
développent difficilement leurs législations. Ce sujet précis
étant encore à ce jour producteur de polémiques et reposant
sur les questions éthiques et morales, questions propres à
chaque société voire à chaque individu.
Cependant, il reste important d’encadrer et de contrôler les
pratiques et pour cela, la France dispose d’un organisme
chargé d’étudier et de se prononcer sur les sujets éthiques:
c’est l’agence de la biomédecine. A titre de comparaison, nos
homologues européens ont une vision différente de la nôtre et
une législation plus souple. D’autres pays n’ont pas de dispo-
sitifs contraignants et tolèrent une sélection plus ou moins
contrôlée d’embryons, ou pratiquent la castration punitive…
L’eugénisme dans « Bienvenue à Gattaca »
Après avoir visionné le film Bienvenue à Gattaca, réalisé par Andrew Niccol, les élèves de terminale S ont été répartis dans 7 grands groupes
pour traiter le sujet sur l’eugénisme.
Les ateliers retenus sont les suivants :
1—Définition de l’eugénisme 3—Problématique autour de l’eugénisme 5— La législation et les préoccupations morales
2—Lien entre l’eugénisme et le film 4—Partisans et adversaires de l’eugénisme 6— conception d’un diaporama sur l’eugénisme
7—Préparation de l’interview de Mme Cabane (avec le soutien du professeur documentaliste)
Résumé du diaporama et de la scénographie de
Bienvenue à Gattaca vue par les élèves
►Dans le film Bienvenue à Gattaca, le personnage prin-
cipal (Vincent Freeman) grandit dans une société dans
laquelle les naissances sont programmées à l’avance.
Les bébés ayant été génétiquement créés par des labora-
toires sont considérés comme étant l’élite de la société
car parfaits.
►Vincent, lui, est « un enfant de Dieu », né par voie na-
turelle il sait qu’il ne lui sera jamais possible d’intégrer
la Gattaca Corporation (une base aérospatiale) dans la-
quelle il rêvait de travailler afin de devenir astronaute
►A la fin du film, Vincent arrive bel et bien à aller dans
l’espace. On peut donc se dire que tout les efforts qu’il a
fournis ne sont pas vains. Cela a uniquement été possible
grâce à sa détermination (volonté). S’il n’avait pas eu
cette faculté, il n’aurait pas réalisé son rêve.
►On peut en conclure que la volonté permet à bien des
égards d’accéder à la liberté. Dans le cas de Vincent, son
rêve est accompli. Enfin arrivé dans l’espace il peut se
permettre de redevenir lui-même car son objectif est
atteint. Il n’est plus aliéné, il est Vincent et libre. Sa ré-
alisation professionnelle et personnelle l’ont conduit à
cet état de plénitude et d’affirmation de soi. Il est LI-
BRE, même si ce sentiment relève aussi de la subjectivi-
té, des états de conscience et de l’état du droit.
INTERVIEW Page 3
Une sémillante et attachante Prof de philo
Qu'est-ce qui vous a poussé à l'enseignement et à la philoso-
phie ?
C'est mon prof de terminale qui m'a fait découvrir cette ma-
tière formidable qu'est la philosophie. J’ai débuté dans le mé-
tier en tant que remplaçante puis, j’ai pris goût au jeu et à la
transmission des concepts et réflexions que propose l’amour
de la sagesse : la philosophie.
Quels sont vos philosophes préférés ?
Hegel, Nietzsche... Au fur et à mesure, j'ai appris à apprécier
tous les philosophes, car chacun apporte à la pensée quelque
chose qui nous interpelle.
En dehors du domaine philosophique, avez-vous d'autres cen-
tres d’intérêts ?
Oui, : le sport, les animaux…
Pourrions nous connaître vos goûts musicaux et cinématographi-
ques ?
Beaucoup de reggae et toutes les variations afro. J'aime bien
la musique moderne. Au fond, tout dépend de ce qu'on fait
du son qu'on écoute. Pour mes goûts cinématographiques,
j’adore les films français drôles et me laisse aussi séduire par
les productions puisées dans la cinémathèque mondiale.
On a regardé le film « Bienvenue à Gattaca » sous votre direction,
pourquoi celui-là ?
Je l’ai choisi parce qu’il aborde intelligemment la question du
vivant en général et celle de l'eugénisme en particulier. C'est
là-dessus que je voulais que vous travailliez. C'est pour cela
que je vous ai invités à voir ce film afin d’exposer par un au-
tre biais les effets sociaux et politiques de la manipulation du
vivant.
Quel est votre opinion personnelle sur l'eugénisme ?
Je pense que l’eugénisme est une affaire préoccupante et dan-
gereuse sous bien des aspects. On l’a vu sous le nazisme et le
fascisme. En même temps, si l'on en croit Nietzsche et la
conception du surhomme, si on améliore toutes les espèces,
pourquoi ne pas le faire pour l'Homme ? L'eugénisme peut
apporter de bonnes réponses aux handicaps prénataux qui fra-
giliseraient une existence. Mais de mauvaises expérimenta-
tions peuvent aussi survenir. C’est un outil à manipuler avec
précaution et dans une perspective éthique.
Que pensez vous du chômage des jeunes en France ?
C'est socialement dévastateur et économiquement insupporta-
ble que l’on puisse se passer massivement de jeunes formés
et diplômés. C’est un échec collectif. La France est un pays
très vieux et qui ne donne de la responsabilité qu'aux adultes
alors que les jeunes ont de grandes capacités, je m'en rends
compte tous les jours dans mon travail.
Que pensez vous, justement, des jeunes ?
Vous êtes passionnants, vous savez beaucoup de choses mais
pouvez en connaître davantage. Plus on vous responsabilise,
plus vous donnez le meilleur dont vous êtes capables.
Quelle est la morale du film Bienvenue à Gattaca ?
Qu'on peut s'en sortir quand on croit en soi, qu’on a un but et
de la volonté, au-delà des déterminismes sociaux et généti-
ques. L'Homme s'en sort, existe, quand il a des projets et qu'il
est capable de les conduire à terme. Mais avec une éthique
forte et pas à géométrie variable.
Mme Charlotte Cabane est professeur de philosophie au lycée des Iscles.
Photo de Madame Charlotte Cabane au CDI, par EE
« Je pense que l’eugénisme est une affai-
re préoccupante et dangereuse sous bien
des aspects. On l’a vu sous le nazisme et
le fascisme. »
INFOS DU LYCÉE Page 4
Mutation de M. Frédéric Artaud, chef des travaux. Il
se rapproche, en partant à Gap, de sa bonne ville de Briançon.
Discret, efficace, d’une humeur égale, il était présent à
l’ouverture du lycée en 2005 et en connaissait les moindres
recoins. Il partage, avec l’administration du lycée sous Mme
Luiu et l’équipe enseignante, les lauriers décernés au lycée des
Iscles qui est le 3ème lycée du département dans le dernier
classement publié par le magazine l’Etudiant. Bravo,
Monsieur !
Merci à Yvette Busson et au personnel d’accueil et
d’entretien pour leur disponibilité, leur sociabilité et leur pro-
fessionnalisme. Ils ont participé à une collecte de livres pour l’é-
cole maternelle des Mées qui a été ravagée par un incendie au
mois de mai dernier. Bonne continuation !
Mutation de la proviseure, Mme Nadia Armogathe.
Elle part pour le lycée Fourcade à Gardanne (1500 élèves). Elle
a impulsé une dynamique de relations extérieures et de posi-
tionnement d’une bonne image du lycée dans les médias. À son
actif, la création des cafés des métiers et des conférences scien-
tifiques, la défense et la mobilisation autour de la parité dans
l’établissement. Tous nos vœux de réussite !
Arrivée de M. Cyrille Seguin, nouveau proviseur du
lycée. Il était jusqu’ici principal du collège Françoise Dolto à
Andiol (Bouches-du-Rhône). Bienvenue à L.I !
Notons également l’arrivée de Mme Nathalie Legros, professeu-
re documentaliste, et :
- La mutation de notre proviseur en titre, Mme Maryse Luiu, qui
rejoint les services formation du rectorat de l’académie d’Aix-
Marseille. Nous lui souhaitons un heureux retour aux affaires
éducatives.
- Le départ de la proviseur adjointe, Mme Fabienne Charlot, ap-
pelée à d’autres fonctions après un bref passage aux Iscles. Bon-
ne réussite à ses nouvelles missions !
LA BLOGOSPHÈRE Page 5
14 janvier 2014
Littérature et politique Défense de Manuel Valls : du mot à l'acte, enfin. Le mariage entre littérature et politique n'engendra pas
toujours de beaux enfants -disgracieux de forme ou boîteux
dans le fond- ; je voudrais ici en dessiner deux écueils
desquels j'extirperai les rares et grandes exceptions, car à part
quelques brillants esprits qui surent entrelacer le premier
degré de la dénonciation aux fines percussions du style, la
littérature engagée demeure, parce qu'elle se confond aux
prouesses de l'art oratoire, un morceau de bravoure dans le
meilleur des cas, ou au pire, un pâté de bons sentiments qui
serviront aux discours d'ouverture des séances aux causes
internationales, du Nobel de la paix, aux oracles vides des
délégués des droits de l'homme aux affaires européennes.
Employées à ces fins, il s'agit de paroles inutiles, et pires, qui
finissent même par nuire à leur objet. Le discours vaguement
universaliste emprunté pourtant à des révolutions réelles -de
France et d'Amérique- enflé de concepts vagues car "des-
épaissis" de leur violence convulsive où elles ont pris racine (-
droits de l'homme par exemple-), de phrases toutes faites où
l'on citera quelques grandioses fragments du rêve accompli
par Martin Luther King ou sobre aphorisme de Mandela, dans
des institutions "garantes de la paix entre les nations", de
l'amour universel toujours rêvé mais toujours impossible,
tournent à vide, et dans leur ressassement détaché de leurs
sources, et de leurs expériences irréductibles de souffrance, et
dans leur évidente inefficience sur l'humanité d'aujourd'hui ;
ça ne porte plus. Pire, ça sent la publicité. La phrase qui
propose du rêve, un rêve sans consistance, le poster de Che
Guevara sur le mur de la chambre de l'adolescent, ou même,
hélas, la caution identitaire de groupes qui travaillent la haine
au corps : c'est ce qu'on appelle communément la
récupération. On va à la casse et on fignole un objet de bric et
de broc mal soudé au reste du corpus idéologique d'origine
avec le petit chalumeau de son garage. On prend Mandela et
on le soude à l'antisémitisme : ça se passe en ce moment, près
de chez nous et partout sur la toile. On a tellement usé de
mots qu'on est usés par eux.
La publicité, l'image. Quand Obama reçut son prix Nobel de
la paix alors qu'il n'avait encore rien accompli dans ce sens
(un prix prémonitoire ?), je compris que l'on préjugeait, qu'on
avait vidé le sens de tous les mots et qu'on en avait fait des
vignettes : noir=sagesse de Mandela et de Luther King.
Obama = noir = futur sage. Comme c'est absurde, c'est du
racisme à l'envers. Comment peut-on à ce point se fourvoyer ?
Se fier à une apparence physique ? Refaire le même chemin
en sens inverse ? L'accès généralisé des mots au symbole fait
plus qu'affadir le propos, il le fait mentir, le met en odeur
d'imposture. La dichotomie entre le langage et le réel
Vu et lu dans le blog, cet article de Reine Bale
sur le sens des mots. Il y est aussi question de
l’art oratoire, de la capacité à toucher les
consciences afin de leur ôter un lourd manteau
d’impuissance.
Photo de Reine Bale
corrode la perception de l'histoire jusqu'à une terrible sim-
plification, simplification où le mot est résumé par une
image, l'image d'une l'image passée, repassée, un cliché,
un stéréotype. La réalité se vide des mots patiemment po-
sés sur les choses que le travail de décantation lente opère
avec bonheur.
Quand un auteur s'attaque à la misère à l'instar de Victor
Hugo dans un discours à l'assemblée réclamant l'abolition
de l'extrême pauvreté, on obtient une merveilleuse voltige
verbale : quelques belles hyperboles, envolées lyriques,
période enflée, rythme ternaire dont l'efficacité est prou-
vée par les techniciens de la parole sur le destinataire, ne
peuvent déplaire au lecteur, le persuadent en profondeur à
défaut de le convaincre. L'abolition de la misère acheva
d'inscrire Victor Hugo dans notre histoire nationale en
apôtre de la bonne parole, de la juste parole ; mais voilà,
on n'abolit pas la misère comme on abolit la peine de
mort. Dans le premier cas, il faudrait une sorte d'organisa-
tion utopique alors que dans l'autre, l'homme politique
peut décréter pour que la mesure prenne effet. Et une fois
que toute cette ronflante rhétorique est repérée, il ne reste
plus qu'un petit amas de mots qui ne pèsent pas bien
lourds face à la réalité de la misère. Car "la misère" est la
résultante dramatique de mécanismes complexes ; il y a
bien "des misères", autant d'hommes que de misères pos-
sibles, même si la souffrance n'est pas très inventive et
qu'elle a cette tendance à se répéter. Un discours ne traite
nécessairement que de cas généraux ; c'est sa force quand
le fait est massif, et sa faiblesse quand il est repris dans
n'importe quel engagement ultérieur trempé à l'eau tiède
de notre universalisme mondial.
(Lire la suite dans le blog de l’écrivaine)
Evénement au lycée Page 6
Gastronomie
Semaine sur l’alimentation méditerranéenne au Lycée des Iscles
La semaine d’information sur l’alimentation méditerranéenne a eu lieu au sein de
notre établissement du 31 mars au 4 avril 2014. Elle a été organisée avec le soutien
du Conseil régional PACA, par notre infirmière, Jackie Marchand.
Les repas de la demi pension ont spécialement été adaptés à cette occasion. Durant
cette semaine, nous avons eu droit chaque jour à un repas typique d’un pays
méditerranéen (Grèce, Italie, France, Espagne, etc.)
Des actions d’information sur l’alimentation ont aussi été menées au cours de cette
période, par la diététicienne nutritionniste, Mme ROUX.
Présente dans l’établissement le mardi 1er avril de 15 heures à 17 heures au foyer
des élèves du lycée, la nutritionniste a répondu à un bref questionnaire concernant
les mode d’alimentation des lycéens. Chacun a pu ensuite avoir un entretien
particulier avec notre experte en diététique. Elle n’a pas été avare de conseils
personnalisés et en a donnés à ceux qui l’ont sollicitée.
Elle a présenté les grandes lignes de son action aux personnels enseignants et
administratifs du lycée. Elle a également donné en nocturne une conférence
destinée à l’ensemble des élèves internes du lycée, le jeudi 3 avril à 19 heures 30,
sur le thème : « L’alimentation méditerranéenne : ta santé, ton assiette, ta
planète. » Une petite dégustation a été servie après cette intervention.
La Méditerranée est une civilisation dans laquelle la gastronomie heureuse tient une
place de choix. Shani L., 2nde 1
La semaine de l’alimentation vue par les élèves des Iscles
Question 1 Bonne 36
La semaine de la cuisine méditerranéenne a été: Excellente 6
Moyenne 61
Décevante 25
Question 2 Agréable 29
Car les mets proposés ont été: Succulent 12
Moyen 60
Fade 29
Question 3 Italien 27
Quel menu vous a le plus intéressé? Français 1
Espagnol 9
Algérien 17
Grec 13
Question 4 Goûteux 49
Parce que : Copieux 59
Exquis 19
Agréable 13
Question 5 Médiocres 8
Comment avez-vous trouvé les plats principaux? Moyens 20
Bons 57
excellents 36
Question 6 Médiocres 17
Quel est votre avis sur les entrées Moyens 63
Bons 29
Excellents 6
Question 7 Médiocres 13
Que pensez vous des desserts Moyens 46
Bons 47
Excellents 12
Sondage réalisé par Eugène Ebodé, professeur documentaliste, et Mme Noirot-Roux, nutritionniste au conseil
régional PACA. 130 lycéens ont répondu à ce sondage traité par la classe de 1ere S du professeur Jean-Marc Ginesy
Le sondage ci-dessous à été traité et analysé sous
la direction du professeur de mathématiques Jean
-Marc Ginesy.
NOUVELLE
Je m’empresse de l’attraper pour la ramener sur le sol.
Mais elle se débat, en me donnant des coups, en
gémissant, sans pour autant crier.
« Laisse moi, laisse moi, je te dis ! »
Puis, je lève la tête vers son visage. Son maquillage a
complètement coulé, et je ne vois plus que le
désespoir dans ses yeux couleur océan. Elle ne doit
pas se suicider. Je ne le permettrais pas !
Je ne suis plus maître de mes mouvements, mon cœur
s’accélère. Je reçois un soufflet, pleine joue. Ma tête
frappe lourdement le sol malgré la couche épaisse de
flocons qui le recouvre. Je me relève, mais c’est trop
tard. Elle a disparu, laissant une empreinte de pas
dans la neige, juste à côté des talons hauts. Je cours
vers la rambarde du pont, et cherche dans l’eau noire
de la rivière.
Je recule, horrifié. Je ne sais pas quoi faire, quelqu’un
va sûrement arriver, je dois m’enfuir.
Je cours. Je m’enfonce dans la nuit noire. Je m’en vais
laissant derrière moi le souvenir d’une femme
esseulée.
Destin, pourquoi me fais-tu vivre ça ?
***
Une horloge au loin sonne 6 heures. Je marche en
direction de chez moi, les cours étant terminés. Dans
la rue qui commence à s’assombrir, je fais voleter
quelques fines gouttes d’eau sur mon passage. Cela
fait deux mois que la femme s’est suicidée. J’essaie de
ne plus y penser, mais c’est impossible. Son visage
m’apparaît presque toutes les nuits. Dans mes rêves,
je la revois, désespérée, perdue. Je culpabilise,
persuadé que je n’ai pas réussi à la sauver… Son
corps a sûrement été retrouvé quelques jours après, à
quelques kilomètres d’ici. Son corps qui devait être
trempé, gelé, défiguré à cause du courant. Je n’ai pas
cherché à me renseigner plus sur le drame, je me sens
tellement coupable…
Je continue d’avancer dans la rue. Il y a des gens
autour de moi. Ils ne connaissent probablement pas la
douleur que j’endure. Je ne peux m’empêcher de
baisser le yeux lorsque l’un d’eux passe à côté de moi,
de peur qu’il hurle en me voyant :« C’est lui qui a tué
la jeune fille ! » Je sais bien que personne n’était
présent, que personne ne nous a vus, mais j’ai
toujours l’impression que quelqu’un sait. Me lorgne.
Me traque.
« Quelqu’un va mourir. »
Je m’arrête un instant, tremblant. Qui vient de dire
ça … ? Le son vient de ma droite. Je tourne les yeux
vers cette direction. Je fais un bond en arrière, le cœur
s’emballant à une vitesse effrénée. Je bouscule un
passant qui grommelle, mais je ne m’excuse pas. Non,
je suis trop occupé à fixer l’apparition. C’est
impossible… Mes yeux me jouent des tours ! Des
cheveux blonds… des habits comme trempés… un
visage comme gelé. Des yeux couleur saphir.
Mon cœur bat la chamade. C’est… la fille de l’autre
fois… Celle que je n’ai pas pu sauver… elle est là,
devant moi ! Mais… pourquoi ?! Elle n’est plus
pareille à ce qu’elle était. Elle a le regard vide.
Aucune émotion ne s’esquisse de son visage. Je ne
comprends plus rien… que fait-elle ici ? Elle est
morte… Je baisse le regard et m’aperçois qu’elle a les
pieds nus. Aucun doute n’est possible. C’est bien elle.
Mais pourquoi est-elle ici… ? Je commence à
transpirer, j’ai envie de m’enfuir, de courir loin, pour
ne plus la voir. Je me pince. Aïe ! Non, je ne rêve pas.
Je me souviens alors de ce qu’elle a dit : « Quelqu’un
va mourir. » Qui ? C’est peut-être mon imagination…
rien d’autre. Je repense alors à la nuit sur le pont…
Elle ne s’est pas suicidée pour rien, et ce qui l’a
poussée à le faire est certainement horrible, car se
donner la mort, c’est fuir la vie. Et quand on fuit
quelque chose, c’est que l’on a peur d’elle. Alors,
avoir peur de la vie, c’est éviter de se battre. C’est
donc être lâche !
Finalement, un sentiment me submerge. Inattendu. Je
ressens de l’empathie pour cette fille. Mais je dois
partir, car une sensation tapie en moi m’effraie, me
fait bien trop peur, et je ne sais même pas ce que c’est.
Je me remets donc en route.
« Quelqu’un va mourir. » Elle a encore parlé dans
mon dos, redit exactement les mêmes mots que tout à
l’heure. Je me retourne. Mais elle n’est plus là,
évaporée, telle une fumée. Je broie du noir… Je traîne
le pas ; je vais être en retard à mon rendez-vous à ce
rythme. Mais je reste quand même anxieux par
rapport aux paroles de la fille. Et si quelqu’un allait
vraiment mourir… ?
La foule se met à s’agiter, les gens se bousculent, des
cris se font entendre. Qu’est ce qui se passe ? Mes
sens sont en alerte, il y a un problème apparemment !
Un groupement se forme, et je ne tarde pas à le
rejoindre.
Je reste figé devant ce que je vois. Au centre d’une
masse de gens, quelqu’un s’acharne à faire un
massage cardiaque à une femme étalée sur le sol, le
regard vitreux, blanc.
(A suivre)
Page 7 CRÉATIONS LITTÉRAIRES
Contrer le destin Par Théo R., 1er S1
Page 8 Histoire
De Septembre 1939 au 18 avril 1940 (date de la première
fermeture), du temps de la IIIème république jusqu’à la défai-
te française : c’est un camp d’internement pour les Alle-
mands et Autrichiens ayant demandé le droit d’asile en Fran-
ce pour fuir le nazisme. Le gouvernement considérait ces
personnes exilées comme des ennemis. Ré-ouvert en 1940,
sous le gouvernement de Vichy et jusqu’en 1942, ce camp
devient un camp d’internement et de transit pour les
« indésirables » souhaitant quitter la France. A partir d’Août /
Septembre 1942, il devient camp de regroupement pour les
Juifs livrés par les autorités françaises aux Allemands en
vue de leur déportation dans les camps d’extermination. Il s’
agit donc d’un camp d’internement, de transit et de déporta-
tion.
Texte réalisé par Fabien C., sous la direction de Mme Odile Vin-
centelli, professeur d’histoire-géographie.
Le camp des Milles ( Aix-en-Provence)
de 1939 à 1942
Comité de rédaction
Directeur de la publication
M. Cyrille Seguin
Secrétaires de rédaction
Anne Carrols, Joëlle Levy-Bagur
Comité de rédaction
La Maison des Lycéens, Corinne Charvet, Frédéric
Artaud, Nathalie Legros,
Nadia Armogathe, Fabienne Charlot, Eric Dagna
Conception graphique et maquette
Eugène Ebodé
Photos
Laurent Renaud
Illustrateurs
Alexandre G., Yannis M.
Comité de lecture
Lisa Fauret, Védra Busetto, Odile Vincentelli, Julia
Thiers, Véronique Barde, Alexandre G., Théo R.,
Yvette Busson, Charlotte Cabane, Laurent Gournier
Correspondant TICE: Jérôme Bothamy
Informaticien: Stéphane Zech
Dépôt légal au CLEMI
Lycée des Iscles
116 bd Régis Ryckebusch
04100 Manosque
Tél : 0492734110
Félicitations à tous les bacheliers
de 2014 ! bon vent à tous les profs
et personnels qui sont mutés, quit-
tent le lycée ou partent à la re-
traite !
Yannis M.
Plusieurs assistants
d’éducation quittent le
lycée : Coralie, Marion,
Cindy, Nans et Fabien.
Ils laissent un agréable
souvenir, de même que
Mme Rachel Nicolas, de
l’intendance, qui a ré-
ussi son concours. Nous
leur adressons nos
vœux de réussite dans
les diverses orienta-
tions qu’ils ont décidé
de prendre.