51
LIVRE BLANC L’ingénierie et l’innovation Mai 2008

L'ingénierie et l'innovation

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'ingénierie et l'innovation

LIVRE BLANC

L’ingénierie etl’innovation

Mai 2008

Page 2: L'ingénierie et l'innovation

54

Ce Livre Blanc comporte :

➜ un état des lieux, qui décrit les différents métiers de l’ingénierie etles différents types d’innovation qui y sont mis en œuvre ;

➜ une partie consacrée aux leviers de l’innovation, c’est-à-dire lesdifférents éléments qui sont favorables à l’innovation au sein dessociétés d’ingénierie ;

➜ une partie consacrée aux obstacles qui freinent souvent sa miseen œuvre ;

➜ à partir de ces constats, une liste de propositions faites par laprofession pour améliorer la pratique de l’innovation dans lesmétiers de l’ingénierie.

Chacune de ces parties décline les mêmes thématiques sous un angledifférent (aspects culturels, financiers, administratifs, organisationnels,juridiques, etc).

Une synthèse du Livre Blanc reprend les axes majeurs abordés et lespropositions clés.

INTRODUCTION

SYNTHESE ET RESUME DES PROPOSITIONS

L’INGENIERIE & L’INNOVATION1. Qu’est-ce que l’ingénierie ? 2. Qu’est-ce qu’un projet ? 3. L’innovation en quelques mots4. Les enjeux actuels

I. ETAT DES LIEUX : L’innovation dans les métiers de l’ingénierie

L’INGÉNIERIE DE DÉFINITION DES BESOINS ET DE CONSEIL

L’INGÉNIERIE DE CONCEPTIONa) L’innovation interne : l’optimisation de productionb) Les innovations développées pour le compte de donneurs d’ordrec) L’innovation dans l’ingénierie au quotidiend) L’innovation dans l’ingénierie en conseil et technologie

L’INGÉNIERIE DE MANAGEMENT DE PROJETa) Qu’est-ce que le management de projet ?b) L’innovation, nécessaire au management de projetc) Les outils du management de projet

- Les outils de gestion de projet- Les outils de maîtrise des risques- Les outils de travail collaboratif

d) Les apports de l’ingénierie en conseil et technologie

II. LES LEVIERS DE L’INNOVATION

LES MOTIVATIONS INTERNES AUX SOCIÉTÉS D’INGÉNIERIE

LES STRUCTURES DE FINANCEMENT DE LA RECHERCHEa) Au niveau national

- Les programmes de l’Agence Nationale de la Recherche- Les Pôles de Compétitivité et le Fonds de Compétitivité des

Entreprises- OSEO- Les programmes du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du

Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire- Les programmes des agences- Les programmes sectoriels divers- Les aides de l’Association Nationale de la Recherche Technique- Les financements régionaux

Sommaire

Som

mai

re

Page 3: L'ingénierie et l'innovation

76

IV. LES PROPOSITIONS DE L’INGENIERIE

LES ACTIONS INTERNES AUX SOCIÉTÉS D’INGÉNIERIEa) Intégrer, gérer et valoriser l’innovation b) Profiter des leviers financiersc) Capitaliser les connaissances et les retours d’expérienced) Innover sur les méthodologies internes

L’ETAT EN TANT QUE TUTELLE ET RÉGULATEURa) Améliorer la structure des comptes pour favoriser l’innovationb) Mieux appliquer le Crédit Impôt Recherchec) Développer les synergies entre le RST et le secteur privéd) Réorganiser le corpus techniquee) Développer une fertilisation croisée plus réactive et plus collégiale entre

les acteurs publics et privésf) Faire évoluer les moyens pour prendre en compte les choix stratégiques

globaux au niveau national

LES RELATIONS DE L’INGÉNIERIE AVEC LES DÉCIDEURS, DONNEURSD’ORDRE ET MAÎTRES D’OUVRAGESa) Mieux utiliser le savoir-faire et la qualité des services de l’ingénierie

- Dans l’assistance aux décideurs, donneurs d’ordre et maîtrise d’ouvrage - Dans l’ingénierie de conception- Dans l’ingénierie de management de projet

b) Améliorer l’efficacité de la chaîne Maîtrise d’ouvrage/Maîtrise d’œuvre/Entreprises

c) Mieux protéger les innovations issues de l’ingénierie- Par les clauses de propriété intellectuelle et/ou industrielle- Par une meilleure utilisation des innovations

d) Inciter la maîtrise d’ouvrage publique à appliquer toutes les possibilités decontractualisation- Par l’application du Code des Marchés Publics- Par les nouveaux modes de contractualisation

e) Prévoir des clauses de responsabilités et assurances adaptées àl’innovation

LES RELATIONS DE L’INGÉNIERIE AVEC LA RECHERCHE ETL’ENSEIGNEMENTa) Partager des savoirs sur l’innovation et la rechercheb) Intensifier les relations avec le Réseau Scientifique et Technique de l’Etat

LES ACTIONS COLLECTIVES POSSIBLESa) Mieux flécher le chemin vers les offres d’aides extérieuresb) Identifier les pôles de compétitivité stratégiques pour l’ingénierie et

faciliter leur accèsc) Créer un vivier technique avec les partenaires de la recherche

V. GLOSSAIRE DES MOTS CLES ET DES ABREVIATIONS

b) Au niveau européen- Le Programme-Cadre de Recherche et les Plates-formes Technologiques

Européennes- Le Programme EUREKA- La Banque Européenne d’Investissement- Les autres programmes de l’Union Européenne

c) Le Crédit Impôt Recherche

LES MARCHÉS PUBLICSa) Le code des marchés publicsb) La propriété intellectuelle et/ou industriellec) Le dialogue compétitif

LE RÔLE DES FÉDÉRATIONS PROFESSIONNELLESa) La Fédération française de l’ingénierie (Syntec-Ingénierie)b) La Fédération européenne de l’ingénierie (EFCA)c) La Fédération internationale de l’ingénierie (FIDIC)

III. LES OBSTACLES A L’INNOVATION

LES OBSTACLES CULTURELS DANS LES SOCIÉTÉS D’INGÉNIERIEa) La prépondérance des contraintes de productionb) Le poids de la normalisation

LES OBSTACLES FINANCIERS DANS LES SOCIÉTÉS D’INGÉNIERIEa) L’organisation interneb) La structure des comptes d’exploitation

LES RELATIONS AVEC LES PARTENAIRES SCIENTIFIQUESa) La recherche universitaireb) Le Réseau Scientifique et Technique

LES OBSTACLES FINANCIERS EXTERNES

LES OBSTACLES ADMINISTRATIFSa) Les assurancesb) Le Code des Marchés Publics

- Les procédures de passation des marchés publics- Le rôle de la chaîne Maître d’ouvrage/Maître d’œuvre/Entreprises

c) Les contrats de partenariat- Le paradoxe des contrats de partenariat- L’innovation dans les contrats de partenariat

L’INSUFFISANCE DE LA PROTECTION DE L’INNOVATION FAITE PARL’INGÉNIERIEa) Propriété intellectuelle et/ou industrielle et innovationb) Le risque de « pillage intellectuel » au sein du dialogue compétitifc) Droit privé

Page 4: L'ingénierie et l'innovation

98

Pourquoi un livre blanc surl’innovation et l’ingénierie ?

L’ingénierie a toujours conçu etorchestré des innovations : c’estle cœur de son métier. Desdirigeants de sociétés d’ingénierieconstatent pourtant qu’aujourd’hui,l’innovation n’est pas suffisantedans la profession pour faire faceaux grands enjeux économiques etenvironnementaux. La Stratégie deLisbonne a en effet soulignél’importance stratégique del’innovation dans une « société de laconnaissance » face à uneconcurrence mondialisée.

La profession ressent ainsi fortementqu’elle doit et peut contribuer àrelever les défis actuels enapportant son expertise dansplusieurs domaines : anticipation denouveaux besoins et ingénierie denouvelles solutions ; intégrationtoujours plus transversale desconnaissances ; développementdurable ; changements climatiqueset énergétiques ; maîtrise desrisques en réponse à la complexitécroissante des projets, etc.

En France, dans les années d’aprèsguerre et pendant 30 à 40 ans,l’ingénierie innovait, pour le plusgrand bien de ses clients et de lanation. Mais sont venus des tempséconomiquement moins propices ;la gestion serrée des coûts s’estalors faite au détriment desinvestissements à plus long terme etle personnel s’est recentré sur destâches immédiatement productives.

Aujourd’hui, le marché est plutôtflorissant et l’ingénierie est en fortecroissance. Dans ce nouveaucontexte qui la conduit à produireplus et à élargir son offre deservices, l’ingénierie a les moyensd’innover encore plus.

Depuis 2005, une CommissionInnovation créée au sein de Syntec-Ingénierie réfléchit à ces problèmesen vue de proposer des solutions.Ses membres représentent lesdifférents secteurs d’activité de laprofession : ingénierie de laconstruction et ingénierieindustrielle. Dans leurs entreprises,ils exercent des responsabilités demanagement ou opérationnelles. Laplupart d’entre eux participentégalement à la gouvernanced’organismes ou de programmes derecherche nationaux et européens.

Même si certaines ingénieries étaientdéjà présentes dans les programmesde l’Agence Nationale de laRecherche (ANR), la première actionde la Commission Innovation a étéde lancer des projets coopératifsassociant des sociétésd’ingénierie pour répondre àl’appel d’offres 2006 de l’ANR. Cetype d’action a été renouvelé pourl’appel d’offres 2007. Dans les deuxcas, un projet proposé parl’ingénierie a été retenu. Ce succèsdoit inciter fortement les sociétésd’ingénierie à travailler ensemble eten partenariat avec les acteurs de larecherche pour développer desprojets de nature précompétitive. Laparticipation à de tels projets fait en

Introduction

Intr

oduc

tion

Page 5: L'ingénierie et l'innovation

1110

L’innovation est au cœur del’actualité. Mais elle fait lequotidien des ingénieurs et destechniciens au sein des sociétésd’ingénierie depuis toujours.

Le cœur de métier de l’ingénierieconsiste en effet à trouver dessolutions pour rendre possibles desprojets, dans le domaine de laconstruction comme dansl’industrie. Les sociétés d’ingénierieconçoivent, étudient et font réaliserdes ouvrages, des équipements oudes produits industriels en Franceou à l’international – et pour cela,elles innovent en permanence.

Car pour concrétiser un projet,pour le faire passer d’une idée à unplan d’exécution puis à uneréalisation achevée, il ne s’agit pasd’appliquer des recettes toutesfaites – bien au contraire, chaqueprojet exige des solutionstechniques, financières,juridiques et organisationnellesspécifiques et nouvelles. Il fautdonc, à partir de concepts existants,inventer une nouvelle configurationinnovante qui sera la mieux adaptéeà tel ou tel type de projet.

Voilà pourquoi l’ingénierie estparticulièrement bien placée pourapporter sa contribution à une « société de la connaissance » oùl’innovation doit jouer un rôle clé. Il estclair aujourd’hui que les économiesdes pays industrialisés doiventrenforcer leurs capacitésd’innovation pour demeurercompétitives face à des puissancesémergentes comme la Chine ou l’Inde.

Innovation, although the kernelof topicality, has always beenfor engineers and technicianswithin engineering companiesan everyday occupation.

The heart of the engineering jobindeed consists in findingsolutions to make projectspossible, in the field ofconstruction as in industry. Theengineering companies design,study and supervise therealisation of works, equipmentor industrial products in Franceand abroad, and for this reason,they innovate permanently.

Thus, to transform a project intoreality, from an idea to an executiondrawing, then to a completedrealisation, applying only existingformulas is not effective, on thecontrary each project requiresspecific and new technical,financial, legal andorganisational solutions. It is thusnecessary, starting from existingconcepts, to invent a newinnovating configuration which willbe the most suited to such or suchproject.

For this reason, the profession ofengineering can play an importantrole in contributing to the “Societyof knowledge”, where innovationmust play a key part. It is cleartoday that the economies ofdeveloped countries mustreinforce their capacities ofinnovation to remain competitivevis-a-vis emergent countries likeChina or India.

Synthèse - Executive summary

effet progresser l’ensemble de laprofession et montre à ses clientsque l’ingénierie peut leur apporterdes solutions innovantes etoriginales.

Syntec-Ingénierie lui a fixé commedeuxième objectif de formuler dansun Livre Blanc des propositions pouraider les sociétés d’ingénierie àinvestir davantage dansl’innovation et la recherche. Pourcela, il fallait d’abord faire le bilan dela situation actuelle, débusquer lesfreins à l’innovation, mettre en valeurles leviers internes et externes. Il estvite apparu que beaucoup deproblèmes trouvaient leurs solutionsau sein même des sociétésd’ingénierie, mais que d’autresenjeux se situaient dans les relationsavec l’Etat ou d’autres partenairespublics ou privés.

Ce travail a ainsi fait l’objet denombreuses réunions trèsconstructives ; il a en outre étéponctué par un séminaired’échanges ouvert aux partiesprenantes, le 13 juin 2007, avec lesoutien de l’Etat.

Le Livre Blanc, qui présente lasynthèse de ces travaux, s’adresseaux dirigeants des sociétésd’ingénierie, à leurs principauxpartenaires économiques et auxservices concernés de l’Etat. Il nes’agit pas d’un simple bilan du passé,mais au contraire de l’ouvertured’une nouvelle page à laquellechacun pourra contribuer.

Synt

hèse

- E

xecu

tive

sum

mar

y

Page 6: L'ingénierie et l'innovation

1312

A cet enjeu économique majeur vients’ajouter un enjeu environnementalqui a pris une importanceconsidérable ces dernières années :pour limiter les effets du changementclimatique, trouver une alternative aupétrole en matière d’énergie,concevoir des villes où il fera encorebon vivre, il est nécessaire d’innover –de trouver des solutions qui reposentsur des paradigmes différents.

Or face à ce besoin d’innovation,un constat a été fait au sein de laprofession de l’ingénierie : un certain nombre de réticenceset de blocages font qu’elle n’estpas à la hauteur de ces enjeux.Les capacités d’innovationexistent, mais elles ne sont passuffisamment exploitées.

Le but de ce Livre Blanc est doncclair : libérer le fort potentield’innovation qui se trouve aucœur de l’ingénierie. Pour cela, ilfait le bilan des leviers et desobstacles de l’innovation, àl’intérieur des sociétés d’ingénieriemais aussi à l’extérieur, dans lesrelations avec l’Etat ou lespartenaires publics et privés, avantde proposer des actions concrètes.

Parmi les leviers ainsi relevés, le plusimportant est la motivation interneaux sociétés d’ingénierie – il ne peutpas y avoir d’innovation si celle-ci n’estpas voulue et planifiée par lesdirigeants d’entreprises. Les soutiensfinanciers, en particulier les aidespubliques à la recherche, constituentégalement des leviers importants quele Livre Blanc répertorie en détail. Il estenfin à noter que certains articles dunouveau Code des Marchés Publics,encore trop méconnus et peu utilisés,favorisent pourtant l’innovation.

In addition to this major economicstake must be added anenvironmental stake which isbecoming more and moreimportant: to limit the effects ofthe climatic change, to find analternative to oil as regardsenergy, to design cities where it isgood to live in, it is necessary toinnovate, to find new types ofsolutions.

However, faced with this need toinnovate, the profession ofengineering cannot but remark whenconfronted with certain reservationsand impediments that they are notsufficiently prepared to cope withthese stakes. The capacities ofinnovation exist, but they are notsufficiently exploited.

The objective of this White Book isthus clear: to release the strongpotential of innovation which isin the heart of engineering. Forthat, it emphasises the levers andthe obstacles to innovation, withinthe engineering companies, butalso in the relations with the Stateor with the public and privatepartners, before proposing concreteactions.

Among the levers, the mostimportant one is the internalmotivation, as there cannot beinnovation if it is not wanted andplanned by the top management.The financial supports forinnovation, in particular thegovernment grants for research ofvery diverse origins, are equallyimportant levers. Lastly, articles inthe new Code des Marches Publics,unfortunately too ignored andconsequently not used, howeversupport innovation.

Il apparaît, en ce qui concerne lesobstacles à l’innovation, que defaçon générale ceux-ci résultent decloisonnements qui empêchent deprofiter des synergies potentiellesentre les différents acteurs. A celas’ajoutent des obstacles d’ordreadministratif et financier :assurance, difficultés d’applicationdu Code des Marchés Publics, priseen compte dans les comptes del’entreprise… A l’interne, les contraintes deproduction font que l’innovation, laplupart du temps, ne peut pas êtretraitée comme une priorité. Ilfaudrait en outre améliorerl’efficacité de la chaîne maîtrised’ouvrage / maîtrise d’œuvre /entreprises : le mode defonctionnement actuel repose surdes concepts déjà anciens(démarche séquentielle) qu’il esttemps de repenser pour s’adapteraux enjeux actuels. Enfin, lesrelations, d’une part entre clientset fournisseurs, d’autre part entreles différents acteurs (ingénieries,architectes, entreprises,exploitants) doivent être refondéessur des partenariats approfondis etune meilleure intégration des rôlesde chacun (démarcheconcourante).

Ces obstacles peuvent cependantêtre surmontés. Le Livre Blanc deSyntec-Ingénierie propose pourfinir des recommandations dontles grands principes sont lessuivants :

● Convaincre les dirigeants del’importance de l’innovation et de sapromotion en interne.

● Renforcer les relations entre l’Etat etles ingénieries pour permettre dedéboucher sur des actions communes.

In a general way, obstacles toinnovation result from partitionswhich do not make it possible tobenefit from potential synergiesbetween the various actors.Obstacles of administrative orfinancial natures are added:insurance, difficulties in theapplication of the Code desMarches Publics, way the innovationis valued in the accounts of thecompany. In-house, the result of theconstraints of production is that theinnovation is not regarded enoughas an essential element ofdevelopment and is not treatedenough as a priority. Moreover, itwould be necessary to improve theeffectiveness of the chainowner/engineering/constructioncompanies to encourage innovation.Indeed, the current operating modeis supported by rather old concepts(sequential process), and it is timeto rebuilt this mode to adapt it tothe present stakes. Relationsbetween customers and supplierson the one hand, and between thevarious actors (engineers, architects,construction companies, operators)on the other hand, must be thoughtagain with a better partnership anda better integration of the roles ofthe actors (convergent process).

All these obstacles can beovercome. The commission“innovation” of Syntec-Ingénieriehas made recommendations to thataim. The main principles of theserecommendations are as follows:

● To motivate the top managementto the importance of innovationand its in-house promotion.

● To reinforce the relations between theState and engineering companies toallow to undertake common actions.

Page 7: L'ingénierie et l'innovation

1514

4 recommandations

aux dirigeants des

sociétés d’ingénierie

6 recommandations

à l’Etat

en tant que tutelle

et régulateur

Intégrer, gérer et valoriserl’innovation

Profiter des leviers financiers

Capitaliser les connaissances etles retours d’expérience

Innover sur les méthodologiesinternes

Renforcer les PME sur le planfinancier

Mieux appliquer le CréditImpôt Recherche

Développer les synergies entrele RST et le secteur privé

Réorganiser le corpustechnique

Développer une fertilisationcroisée plus réactive et pluscollégiale entre acteurs publicset privés

Faire évoluer les moyens pourprendre en compte les choixstratégiques globaux au niveaunational

➜ Dédier une personne au management de l’innovationdans chaque entreprise

➜ Promouvoir et reconnaître l’innovation interne➜ Valoriser l’innovation dans l’évaluation des personnes

➜ Mieux profiter du caractère incitatif du Crédit ImpôtRecherche

➜ Mieux profiter des leviers financiers de l’innovation➜ Avoir le réflexe de montage de projets innovants

co-financés ➜ Mieux profiter de l’appui des pôles de compétitivité➜ Promouvoir l’agrément des ingénieries au Crédit Impôt

Recherche

➜ Organiser une veille technique transversale➜ Systématiser les retours d’expérience et les tutorats

➜ Intégrer la démarche du développement durable dans lesméthodes de management

➜ Prendre en compte le management des risques sur lesprojets complexes

➜ Exonérer les bénéfices maintenus en réserve.➜ Permettre l’amortissement des frais de recherche sur

une longue durée.

➜ Faire évoluer les critères d’obtention d’agrément ➜ Mieux définir les prestations d’ingénierie éligibles pour

qu’elles soient mieux comprises par les ingénieries et lesauditeurs de dossiers CIR

➜ Assouplir le dispositif d’agrément

➜ Développer les complémentarités entre RST etingénieries

➜ Repenser le mode d’élaboration des Cahiers des ClausesTechniques Générales

➜ Utiliser le rôle levier de l’Etat

➜ Concentrer les capitalisations des connaissances pardomaines

➜ Développer les synergies entre les différentes ingénieries :publique, interne aux entreprises et privée

➜ Associer l’ingénierie à l’amont des grands projets

Les acteurs clés Les recommandations Les propositions

Tableaux des propositions résumées

● Repenser les relations entre lesacteurs de projets.

● Développer la formationtechnique, resserrer des liensavec les organismes de rechercheet valoriser dans l’entreprise laformation par la recherche.

● Simplifier et améliorer lesprocédures administratives.

● To reconsider the relationsbetween the actors of projects.

● To develop technical training andtightening of the links with theresearch organisations, and alsoValorisation, in each company, ofeducation by research.

● To simplify and improve theadministrative procedures.

Page 8: L'ingénierie et l'innovation

17

6 recommandations

aux décideurs,

donneurs d’ordre

et maîtres d’ouvrage

Mieux faire reconnaître le savoir-faire de l’ingénierie

Mieux utiliser le savoir-faire etla qualité des services del’ingénierie

Améliorer l’efficacité de lachaîne : Maîtrise d’ouvrage /Maîtrise d’œuvre / Entreprisespour favoriser l’innovation

Mieux protéger les innovationsissues de l’ingénierie

Inciter la maîtrise d’ouvragepublique à appliquer toutes lespossibilités decontractualisation

Prévoir des clauses deresponsabilités et assurancesadaptées à l’innovation

➜ Vendre les prestations d’ingénierie comme des services

Dans l’assistance aux décideurs, donneurs d’ordre etmaîtrise d’ouvrage en phase amont ➜ Mieux communiquer sur le savoir-faire de l’ingénierie et

sa capacité d’innovation dès l’amont d’un projet➜ Inciter les maîtres d’ouvrage à s’entourer d’assistant dès

l’origine d’un projet➜ Inciter les maîtres d’ouvrage à consacrer des budgets

d’études significatifs dès les phases préliminaires pouratteindre la performance globale

Dans l’ingénierie de conception➜ Revisiter les meilleures solutions existantes pour le coût global➜ Améliorer la synergie entre l’architecte et l’ingénieur dans

le domaine du bâtiment

Dans l’ingénierie de management de projet➜ Développer une meilleure transversalité entre tous les

acteurs pour une vision globale

➜ Nouer une coopération étroite dans une relation deconfiance réciproque pour analyser l’opportunité d’uneméthode innovante et gérer sa mise en œuvre effective

➜ Au niveau du maître d’ouvrage, définir clairement lesobjectifs et performances du projet et être plus audacieuxvis-à-vis de solutions innovantes maîtrisées

➜ Au niveau du maître d’œuvre, manager les équipes enfavorisant les propositions innovantes adaptées et instaurerdes relations de confiance avec le maître d’ouvrage

Par les clauses de propriété intellectuelle et/ouindustrielle➜ Faire évoluer la législation et protéger l’innovation dans

les contrats

Par une meilleure utilisation des innovations➜ Partager efficacement les rôles et la propriété qui en découle➜ Inciter les maîtres d’ouvrage à mutualiser et réexploiter

les innovations existantes

Par l’application du Code des Marchés Publics➜ Sensibiliser les maîtres d’ouvrage aux réelles opportunités

offertes par le code des marchés publics en matière d’innovation

➜ Faciliter le développement de programmes publicsnationaux par l’Etat et les collectivités locales

➜ Suivre au niveau européen les diverses réponses juridiques

Par les nouveaux modes de contractualisation➜ Favoriser les propositions de solutions innovantes➜ Faire prendre en compte tous les aspects des processus

de conception par les partenaires➜ Protéger toutes les propositions innovantes par une

clause de confidentialité dans le dialogue compétitif➜ Rémunérer équitablement les études pour donner les

moyens de réaliser un projet novateur

➜ Mieux partager les risques entre tous les acteurs dans lecadre d’un contrat unique

➜ Mieux responsabiliser chaque acteur dans le cadre d’uncontrat de partenariat et inciter les assureurs à créer offre globale ad hoc

Les acteurs clés Les recommandations Les propositions

2 recommandations

aux partenaires

de la recherche

et l’enseignement

1 action collectiveforte

Partager des savoirs surl’innovation et la recherche

Intensifier les relations avec leRéseau Scientifique etTechnique

Mutualiser les actions d’intérêtcommun

➜ Profiter du dialogue ingénierie/recherche, grâce auxdoctorants

➜ Développer les relations avec les organismes publics derecherche

➜ Participer à des projets communs de R&D➜ Développer une concertation avec l’AUGC➜ Mutualiser les thèmes transversaux entre recherche et

ingénierie➜ S’appuyer sur les organismes relais

➜ Faire appliquer la circulaire de 2007 sur l’orientation duRST

➜ Mieux associer l’ingénierie à l’expression des besoinsprioritaires du secteur

➜ Convenir d’un plan d’action commun entre RST etingénierie pour maintenir durablement la qualité d’expertise

➜ Développer des parcours professionnels alternés ➜ Inventer des systèmes de co ou sous-traitance

permettant à l’ingénierie de s’appuyer sur des sujets derecherche menés par le RST

➜ Valoriser, pour ce qui concerne l’ingénierie, la démarcheAGORA 2020 du ministère en charge de l’équipement

➜ Développer un dialogue bilatéral de l’ingénierie avec leLCPC, le CSTB et l’INRETS

➜ Mieux flécher le chemin vers les offres d’aidesextérieures

➜ Identifier les pôles de compétitivité stratégiques pourl’ingénierie et y renforcer sa place

➜ Créer un vivier technique avec les partenaires de larecherche

Les acteurs clés Les recommandations Les propositions

16

Page 9: L'ingénierie et l'innovation

1918

L’ingénierie et l’innovation

L’in

géni

erie

et

l’inn

ovat

ion Ce Livre Blanc a été élaboré par des

acteurs du secteur de l’ingénierie,qui ont partagé leur expérience dumétier et leur connaissance de sonunivers au sein de la commissioninnovation mise en place par Syntec-Ingénierie, la fédérationprofessionnelle d’ingénierie.

Ce Livre Blanc fait le point sur laquestion de l’innovation, questioncentrale dans les métiers del’ingénierie mais égalementquestion d’actualité dans le débatpolitique et économiquecontemporain.

L’innovation est en effet devenue unenécessité ; c’est elle qui permettrade répondre aux grands défissociétaux actuels et à venir : lechangement climatique,l’accroissement de la civilisationurbaine ou les problèmes de l’énergieet de l’eau par exemple constituent lesenjeux majeurs d’un développementqui se doit d’être « durable ».

L’Agenda de Lisbonne de mars 2000a par ailleurs souligné l’importance del’innovation pour « devenirl'économie de la connaissance la pluscompétitive et la plus dynamique dumonde, capable d'une croissanceéconomique durable accompagnéed'une amélioration quantitative etqualitative de l'emploi et d'une plusgrande cohésion sociale », selon lestermes de l’objectif à atteindre en2010. L’un des grands axes de lastratégie définie à Lisbonne consistaitainsi à préparer la transition vers unesociété et une économie fondées surla connaissance, notamment parl'accélération des réformesstructurelles pour renforcer lacompétitivité et l'innovation.

Le « Tableau de bord européen del’innovation » publié par laCommission Européenne en février2008 a examiné l’avancée de cettestratégie : il montre que la plupartdes pays de l’UE pourraient améliorerleurs performances en transformantles entrées «savoir» en sorties«innovation». Il souligne égalementque les pays les plus efficaces sont laSuède, puis la Suisse, le Danemark, laFinlande, le Japon, l’Allemagne, Israël, leRoyaume-Uni et les Etats-Unis. LaFrance se situe en 17ème position sur37 pays étudiés à la loupe (UE et horsUE). Il y a donc encore un effort àfournir pour transformer lescapacités d’innovation en facteurde croissance économique.

Or il apparaît précisément que lesfonds investis dans la recherche etle développement au sein desentreprises françaises tendent àdiminuer. La répartition des dépensesintérieures de R&D des entreprises parbranche d’activité de 1992 à 2005 a étépubliée sur le site du ministère de laRecherche et de l’EnseignementSupérieur ; ces chiffres montrentégalement une décroissance desdépenses en R&D dans le secteurde l’ingénierie.

Dépenses de R&D de la branche « Ingénierie, études et contrôlestechniques » tous secteurs

2002 2003 2004 2005Dépenses de R&D en millions d’euros

R&D de l’ingénierie en pourcentage de la R&D totale de toutes les entreprises, tous secteurs d’activités confondus

Source : Ministère de l’Education Nationale –Ministère de l’Enseignement Supérieur et de laRecherche, France, 2007

328 275 282 242

1,5 1,3 1,3 1,1

Page 10: L'ingénierie et l'innovation

2120

Tout ouvrage, équipement, produit ouaménagement nécessite des étudeset une conception concurremment àsa réalisation.

Elles peuvent être réalisées par :● les services internes de ceux qui les

commanditent,● les services techniques des

fabricants ou constructeurs,● des sociétés spécialisées qui

constituent le secteur de l’ingénierieprofessionnelle.

Parmi ces dernières, les sociétésd’ingénierie ont pris dans leséconomies modernes uneimportance considérable qui s'étenddésormais au conseil en technologie.Elles peuvent intervenir commeensemblier de tous les servicesnécessaires à la définition / réalisationet dans ce cas, assumer laresponsabilité globale de cesopérations.

Le métier des sociétés d’ingénierie :répondre à un besoin, concrétiserun projetLes sociétés d’ingénierie conçoivent,étudient et font réaliser, en tout ou enpartie, des ouvrages, des équipementsou des produits industriels.Elles jouent le rôle de vecteur entre laconnaissance théorique développéepar les scientifiques et ses applicationspratiques : en valorisant ces nouvellesconnaissances, elles rendent plausible,puis réel, le projet d’un client.

Leurs missions consistent, parexemple, à concevoir une autoroute,un hôpital, une usine, un pont ou un

barrage (conception, calculs et plansdétaillés), puis à en superviser laconstruction par des entreprises. Il peuts’agir aussi de concevoir un produit, parexemple un système d’éclairage devéhicule pour un constructeurautomobile, un tronçon d'Airbus A380,des équipements de tramway.

Les sociétés d’ingénierie conçoiventces projets et veillent au respect desobjectifs de leurs clients lors de laconstruction et de la fabrication pardes entreprises spécialisées.

Parfois, le mot « ingénierie » estutilisé pour une partie seulement deces prestations ou de ces ouvrages.

Concevoir s’apparente au travail du « compositeur » qui crée unepartition musicale. Cette créationréclame à la fois :● une parfaite maîtrise des différents

éléments en jeu, c’est-à-dire lamaîtrise des solutions en termes detechniques, délais et coûts ;

● la capacité d’intégrer tous lesinstruments, c’est-à-dire la capacitéde gérer le projet de manièreglobale ;

● la capacité d’innover, c’est-à-dire larecherche de solutions nouvelles,propres à chaque projet, enintégrant notamment son impact surl’environnement.

Faire réaliser s’apparente au travaildu « chef d’orchestre ». Il s’agit demanager le projet afin de le mener àson terme dans le respect descontraintes de coûts, délais et qualitéet donc d’en maîtriser les risques.Ceci suppose de :● choisir et organiser l’ensemble des

nombreux musiciens, c’est-à-dire lesdifférents acteurs du projet ;

● assurer l’harmonie entre tous les « instruments », c’est-à-dire assurerla cohérence entre les différentsintervenants qui participent à laréalisation de l’ouvrage ;

● diriger « l’orchestre », c’est-à-dirediriger le bon déroulement du projet ;

● donner le « rythme » à cetensemble musical, c’est-à-diregarantir la réalisation du projet à unecadence soutenue.

L’ingénierie au service du client ➜ Ce qu’apporte l’ingénierie du point

de vue du client :● une optimisation à toutes les

étapes du projet ; ● une réponse pertinente à un

besoin défini ; ● l’intégration en amont de

multiples contraintes.

➜ Pour réaliser le projet d’un client,l’ingénierie doit faire preuved’adaptabilité ; l’innovationintervient donc nécessairementdans ce processus, commerecherche des solutions qui saurontsatisfaire les exigences particulièresdu client.

La place de l’ingénierie dansl’économie française

Quelques chiffres : ➜ 200 000 emplois dont près de la

moitié d’ingénieurs et de cadres➜ Chiffre d’affaires : 32 milliards

d’euros en 2005➜ 20 000 recrutements par an

L’ingénierie, fer de lance de lacompétitivité française àl’international

Les compétences qui devraient faire lacroissance de demain dans les paysdéveloppés et permettre ainsi depeser à l’international face auxnouvelles puissances économiquescomme la Chine ou l’Inde sontprécisément celles qui caractérisentl’ingénierie : les capacités àinnover, à trouver des idées etdes concepts nouveaux, à gérerdes projets sans cesse pluscomplexes, à valoriser un savoirscientifique et technique. Lessociétés d’ingénierie ont donc un rôlemajeur à jouer dans le maintien de lacompétitivité de la France et del’Europe à l’international.

Qu’est-ce que l’ingénierie ?

Page 11: L'ingénierie et l'innovation

23

Il paraît également utile de clarifier leterme même de « projet », ce termepouvant être entendu de manièresdiverses. Dans le Livre Blanc, le mot « projet » est entendu au sens large,correspondant à l’ensemble desphases d’intervention de l’ingénierie.

Tout projet suit un processus d’actionscomprenant trois phases principales :

■ une phase amont qui va del’émergence du besoin jusqu’àla « décision de faire ». Durantcette période, un projet couvrel’ensemble des actions àentreprendre pour justifier laréponse à un besoin qui se traduiraultérieurement soit par un objetprécis, soit par la décision de nerien faire :

● l’expression du besoin,● la justification de ce besoin,● des scénarios de solutions pour

satisfaire ce besoin,● l’étude de faisabilité de ces

solutions,● le choix d’une solution et la

décision de faire.

■ une phase de conception et deréalisation qui débute à ladécision de faire, intégrant :

● la définition de l’objet(programme),

● le choix des concepteurs,● sa conception (études

fonctionnelles, architecturales ettechniques),

● son coût,● le choix des réalisateurs,● sa mise en œuvre (réalisation)

jusqu’à sa livraison.

■ une phase d’exploitation et demaintenance allant jusqu’à la

déconstruction, comprenant lamise en place de programmes demaintenance et d’exploitationcourante et la mise en exploitation(en particulier pour les ouvragesintégrant des process à optimiser).

Une approche globale intégranttoutes ces phases permetd’appréhender les enjeux du projeten termes de coût global et dedéveloppement durable.

Il est à noter enfin que la vraie valeurajoutée des métiers de l’ingénierieréside dans les hommes qui la font :qu’ils soient ingénieurs, architectes,techniciens ou spécialistes(environnement, droit, etc), ce sonteux qui rendent possible la réalisationde projets complexes par leurcapacité à concevoir des idéesnouvelles.

D’après le Dictionnaire de l’AcadémieFrançaise, innover consiste à « introduire quelque chose denouveau dans l'usage, dans unepratique, dans un domaineparticulier ». L’innovation est àdistinguer de la découverte, qui est « l’action de découvrir ce qui étaitignoré, inconnu » et qui caractérisele travail du scientifique.

La recherche est l’activité mise enœuvre de manière volontaire etprogrammée ayant pour but detrouver des éléments nouveauxcorrespondant soit à une découverte,soit à une innovation. Pour lesuniversitaires et peut-être, également,pour les instances gouvernementalesde la recherche, ce mot signifie trèssouvent « recherche fondamentale ».Les ingénieurs considèrent qu’ils nefont pas de la recherche fondamentale,mais plutôt de l’innovation, voire de la« recherche appliquée ».L’innovation correspond toutsimplement à la définition del’activité des ingénieurs distinctede l’activité des chercheurs.

Ingénierie et innovationEn réalité, le métier d’ingénieur,dans l’activité de conception et deréalisation d’un objet ou d’un ouvrage,consiste à s’appuyer sur des conceptsconnus, en les adaptant ou en lesaméliorant, et à les intégrer dansune configuration souventoriginale pour répondre au mieuxaux besoins auxquels l’objetconçu doit répondre. Il s’agit doncd’une « recherche appliquée ».

L’innovation peut être :● soit la recherche d’une amélioration

permanente, d’un perfectionnement

dans un souci d’économie, desimplification et d’efficacité ;

● soit le développement de produitsnouveaux, par un nouvelassemblage de produits déjàexistants ou par la transposition à unnouveau domaine d’une applicationdéfinie ;

● soit un véritable bond en avant, unerupture de pensée ; cet aspect derupture qui s’appuie sur des « découvreurs », qu’ils soientmarins ou ingénieurs (par exemplela précontrainte) résulte toujours :- de la mise à disposition de

nouveaux outils qui permettent àun moment donné d’aller plus loin(par exemple la boussole) ;

- de contraintes nouvelles :adaptation aux changementsclimatiques, mondialisation,concurrence, … ;

- de la mise en cause de paradigmes(par exemple « la terre n’est pascarrée »).

Dans le métier de l’ingénierie,trois types d’innovation sont àdistinguer :● L’innovation au sein des projets

opérationnels : elle consiste à créerune méthode ou un produitnouveau ou à produire unassemblage innovant de méthodesou de produits déjà existants.

● L’innovation à la demande ou enanticipation des besoins des clients :elle consiste en une R&D appliquéepour proposer une solutiontechnique précise à un problèmedonné, en dehors d’un projetopérationnel.

● L’innovation dans le management desprojets en consortium : elle consisteà mieux concevoir l’organisation et laméthodologie d’ensemble du projet.

22

Qu’est-ce qu’un projet ? L’innovation en quelques mots

Page 12: L'ingénierie et l'innovation

25

Le problème qui se pose aujourd’huiest le suivant :

■ Une certaine réticence àinnover au sein des sociétésd’ingénierie est observée, cepour deux raisons :

● les exigences formuléeshabituellement en termes de délaisne laissent souvent que très peu oupas de temps pour innover :lorsqu’il faut « boucler » un projetpour une date butoir, la recherchede l’innovation apparaît commeune surcharge de travail ;

● les difficultés à imputer la partbudgétaire de l’innovation dans lecoût global du projet constituentun obstacle souvent rédhibitoire.

■ En revanche, il apparaît quel’innovation est aujourd’huinécessaire, pour différentes raisons :

● les exigences des maîtres d’ouvrageet celles de la société civile ont unimpact de plus en plus fort sur lesprojets : les contraintes en termesde développement durable, desanté et de sécurité sont désormaisincontournables. Il faut trouver dessolutions innovantes pour répondreà ces exigences ;

● la forme des projets eux-mêmes estégalement en train d’évoluer : ilsdeviennent plus complexes etenglobent un champ de plus enplus large de domaines(environnemental, technologique,juridique, social…), ce qui rendnécessaires la transversalité etl’innovation méthodologique ;

● la mondialisation a bienévidemment des répercussionsdirectes sur le marché : laconcurrence internationale serenforce. Or pour rester

compétitifs face à des puissancesémergentes comme l’Inde ou laChine, il est nécessaire d’innover enproposant des produits nonstandards ;

● le recours aux nouvellestechnologies (CAO, maquettesvirtuelles, GPS, GED…) modifie enprofondeur les outils et méthodes detravail. Ils permettent, d’une part, untransfert massif et extrêmementrapide des technologies et desconnaissances ; d’autre part, ilscréent un monde nouveau,combinant le réel et le virtuel, quiappelle de nouvelles méthodes detravail ;

● de manière beaucoup plus large,l’innovation est aujourd’huiincontournable pour relever lesnombreux défis propres à nossociétés modernes: le changementclimatique et ses conséquences, leproblème de l’énergie, ledéveloppement des villes, laconservation du patrimoine, lagestion des ressources en eau…Ces enjeux constituent laproblématique, désormais centrale,du développement durable ;

● il est à noter enfin que ce sont lesjeunes qui auront à trouver lesréponses adéquates à ces défis. Il

est nécessaire de leur montrer lechamp d’innovation à couvrir pourcontinuer à les attirer au sein de laprofession et former dès aujourd’huiceux qui assureront la relève dedemain.

L’innovation apparaît aujourd’huicomme incontournable ; mais enmême temps, de nombreuxobstacles rendent sa mise enœuvre effective souventproblématique. Le Livre Blanc tâchede dresser un état des lieux de lasituation que connaît aujourd’huil’ingénierie. Il répertorie les leviers etles obstacles rencontrés dans la

mise en œuvre de l’innovation, avantde formuler un certain nombre depropositions qui pourraientdébloquer cette situation etpermettre aux sociétés d’ingénieried’exploiter pleinement leurscompétences en termes d’innovation.

24

Les enjeux actuels

Page 13: L'ingénierie et l'innovation

27

Assimiler le rôle de l’ingénieriefrançaise à un simple rôle de sociétéd’études techniques constitue unevision fausse et extrêmementréductrice. Les sociétés d’ingénieriesont en réalité reconnues dans leurcapacité de maîtrise d’œuvre, c’est-à-dire leur capacité à concevoiret faire réaliser les ouvrages lesplus complexes. Syntec-Ingénierierassemble les plus importantes de cessociétés françaises. Mais réduire le rôle de l’ingénieriefrançaise à un rôle de maîtrised’œuvre constitue encore unevision trop restrictive.

En intégrant des talents variés, enassociant des généralistes et desspécialistes (programmistes, juristes,économistes, spécialistes enenvironnement, etc), de nombreusessociétés d’ingénierie ont depuislongtemps démontré également leurcapacité à travailler dans la sphèredes donneurs d’ordre, depuisl’expression d’un besoin jusqu’à ladécision de faire.

Cette assistance pré-opérationnellede définition des besoins a pourbut de définir une réponse correcteavant tout engagement et d’optimiserla réponse aux besoins en intégranttoutes les contraintes et en assurant laconcertation.

Cette assistance pré-opérationnellene peut être efficace sans mettre enœuvre une forte capacitéd’innovation qui doit s’exprimer ausein de prestations très variées.

L’ingénierie peut ainsi assurer, selon lestypes de projets : ● les études de définition et de

faisabilité,● le pré-programme, ● l’assistance à la concertation,● les montages institutionnels et

financiers,● les études socio-économiques,● les études environnementales et de

développement durable,● les études d’insertion dans le

territoire et la localisation les étudesgéotechniques,

● les études hydrologiques,● les études réglementaires,● la modélisation économique : trafic

/ recettes / coûts,● les plans de déplacements urbains,● les plans de transports et de

circulation,● etc.

Le Congrès FIDIC Budapest 2006 a faitclairement émerger la notion de « Trusted Adviser », qui qualifie cerôle bien spécifique de l’ingénierie enamont des projets. De nombreuxgrands maîtres d’ouvrage confirmentleur besoin de ce type decompétences.

26

L’ingénierie de définition des besoins et de conseil

L’in

géni

erie

de

défin

ition

des

bes

oins

et

de c

onse

il

I. ÉTAT DES LIEUX : L’INNOVATION DANS LES MÉTIERS DE L’INGÉNIERIE

ÉTAT

DES

LIE

UX

Page 14: L'ingénierie et l'innovation

29

Outre ce rôle en phase amont,l’ingénierie peut jouer un rôle deconseil à toutes les phases duprojet. Un maître d’ouvrage n’est eneffet pas censé, pour remplircorrectement les tâches qui luireviennent, posséder descompétences dans tous les domainesou encore disposer de tous lesmoyens nécessaires. C’est pourquoi illui est parfois nécessaire d’avoirrecours à des « assistants à maîtred’ouvrage » dont l’objet est del’éclairer et l’assister sur certainsprojets.

L’ingénierie assure cette assistance quipeut être :

■ A caractère « spécialisé » :● études amont (avant la décision defaire), comme décrit précédemment ;

● études et management des risques,● programmistes : élaboration du

programme,● planification générale,● expertise financière et économique,● expertise technique,● expertise administrative,

contractuelle ou juridique,● expertise développement durable,

HQE,● expertise contrats de partenariat,● etc.

■ A caractère « transversal » :les missions à caractère transversalconsistent en une assistance au maîtred’ouvrage pour tout ou partie de lagestion et/ou le management de projet : ● conduite d’opération,● gestion de projet,● mandatement ou délégation (pour

les projets publics), ● maîtrise d’ouvrage déléguée (pour

les projets privés),

● « project management » àl’international.

■ Dédiée à la phase d’exploitationet de maintenance :

l’ouvrage terminé et livré passe entreles mains de l’exploitant ou del’utilisateur. Dans ce cadre nouveau,une assistance peut être égalementnécessaire :● pour définir le programme

d’exploitation et de maintenance,● pour assurer la mise en marche,● pour assurer l’exploitation et la

maintenance.

Au niveau de la conception,l’ingénierie intervient dans lesprocessus d’innovation de trois façonstrès différentes qu’il y a lieu dedistinguer.

a) L’innovation interne :l’optimisation de production

L’ingénierie innove en continupour progresser dans sesméthodes propres et saproductivité. Dans ces situations-là, ilpeut s’agir : soit d’innovations de typebottum-up par les équipesopérationnelles, améliorant leursprocessus de production par rapportà leurs besoins quotidiens ; soitd’améliorations de productivité del’ensemble d’une société par choix dela direction générale (type top-down)pour des raisons stratégiques. Cesactions sont généralementautofinancées.Une démarche systématique etapprofondie de knowledgemanagement a ainsi permis dediminuer par un facteur 40 le tempsnécessaire pour effectuer uneestimation préliminaire du coût d’unprojet d’infrastructure de transport (àincertitude égale par rapport auxméthodes traditionnelles). Cetteamélioration bénéficie en premier lieuà la maîtrise d’ouvrage qui peut faireun choix optimal entre un plus grandnombre de variantes. Plusieurs exemples récents deconcessions ou de contrats departenariat avec des équipes deconception complètement intégréesentreprises – ingénieries montrentégalement que de grandes entreprisesont apprécié les apports del’ingénierie : optimisation générale duprojet, apport à la productivité de la

conception, connaissance del’ensemble des contraintes de l’amont.

Qu’est-ce que le « KnowledgeManagement » ?

La gestion des connaissances (enanglais Knowledge Management) -ou ingénierie des connaissances - estl'ensemble des méthodes et destechniques permettantd'identifier, d'analyser, d’organiser,de mémoriser, et de partager desconnaissances entre les membresd’une ou plusieurs organisations,en particulier les savoirs créés par l'entreprise elle-même (ex :recherche et développement,bonnes pratiques) ou acquis del'extérieur (ex : veille et intelligenceéconomique), en vue d’accroître laperformance de l’organisation.Au niveau des entreprises, l'enjeu sesitue en termes :● de gains de la valeur de l'entreprise

liés à l'augmentation du capital deconnaissance ;

● d’accroissement de la performancede l'entreprise.

A ces enjeux s'ajoute celui de lamaîtrise des risques : risque de pertede compétence, mais aussi risquesen général.Les objectifs de la gestion desconnaissances sont :● de développer la productivité et la

qualité des prestations ;● de préserver les savoir-faire ;● d’assurer le transfert aux nouvelles

générations● de développer l’efficacité

commerciale ;● de stimuler la créativité et

l’innovation.

28

L’ingénierie de conception

L’in

géni

erie

de

conc

eptio

n

ÉTAT

DES

LIE

UX

Page 15: L'ingénierie et l'innovation

31

Dans le cas d’une entreprised’ingénierie, il s’agit en particulier :● d’organiser la circulation des

données, des informations etdes documents utiles pour labonne réalisation de sesprestations et de ses contratsclients, depuis leur collecte, gestionet mise à jour (Référentiel métiers,base de veille réglementaire…) ;

● d’assurer la transmission desconnaissances entre individuspar le biais de système deformalisation de connaissances(REX – Retour d’expériences,Bonnes pratiques, Livres deconnaissances, Recueil de savoir-faire…), et de mise en relationentre individus (Tutorat, Réseaux,Communautés de pratique…) ;

● d’accompagner les transfertsd’expertise et de compétences(départs à la retraite, promotions…)pour assurer le maintien du niveaude connaissances de l’entreprise ;

● d’optimiser l’accès auxconnaissances, leur mise à jouret leur enrichissement par lebiais de systèmes d’informationperformants (portail métiers, outilde travail collaboratif,, avecdéfinition des centres d'intérêt dechacun et système de "push",moteur de recherche, plate-formed’e-learning…).

b) Les innovations développéespour le compte de donneursd’ordre

Les donneurs d’ordre peuvent être :une collectivité locale, un maîtred’ouvrage public ou privé, unindustriel, une entreprise, une autreingénierie généraliste…

■ Innovation à la demande d’undonneur d’ordre :

Dans ce cas, l’ingénierie développeune innovation en accompagnementd’un donneur d’ordre et en parfaitaccord avec lui.Par exemple, la tempête de 1999nécessitant de renforcer lesfondations de grands pylônesélectriques, RTE a retenu uneinnovation d’une ingénieriepermettant d’atteindre ce nouvelobjectif pour un coût 20% inférieuraux méthodes alternativestraditionnelles.

■ Innovation destinée à plusieursdonneurs d’ordre :

Dans cette situation, l’ingénierieanticipe la demande de plusieursdonneurs d’ordre ou collaboreavec certains d’entre eux pourdévelopper une méthodologiegénérale qui leur sera utile ; cet auto-investissement au moins partieltrouve sa contrepartie dans l’avantagecompétitif que l’ingénierie en retire. Un exemple : le projet GERICI sur laréduction de la vulnérabilité desinfrastructures de transport auchangement climatique a développéun Système d’InformationGéographique (SIG) pour lesexploitants, facilitant la prévision et lesmesures de prévention, ainsi quel’action immédiate juste avant ou

pendant des périodes de crise. Dansce cas précis, les bénéfices sociétauxde l’innovation développée parl’ingénierie sont clairs et l’auto-investissement est justifié. Il est ànoter qu’un certain nombre demaîtres d’ouvrage européens, ainsique la Banque Mondiale, considèrentégalement qu’elle est très intéressante ;le large développement de l’utilisationde cette innovation en Francepermettrait d’acquérir de nouvellesréférences utiles pour la compétitivitéà l’international.

■ Innovation préfinancée parplusieurs donneurs d’ordre :

L’ingénierie peut aussi rassemblerdès le début d’un projet ungroupe de clients qui vont êtreassociés à la définition desspécifications d’un produit etcontribuer, par leur financement, àl’investissement initial dedéveloppement de ce produit.

Ainsi, le projet CANOE a développéun système de modélisation, d’aide àla conception et à la gestion desréseaux d’assainissement urbain enassociant dès le départ trois grandesvilles, deux départements et unministère clients. D’autres collectivitésclientes ont rejoint le groupe initialtout au long du projet. Le systèmeCANOE est aujourd’huicommercialisé.

■ Innovation dans le cadre deconsortiums multi-acteurs :

De telles innovations peuventégalement être développées dans lecadre de consortiums multi-acteurs.Dans ce type de projet, l’intérêtgénéral est clairement présent ;

l’ingénierie peut être le catalyseurd’une action décloisonnante entreles acteurs de toute la chaîne. Le projet PROPICE, sur les « chantiersfurtifs », rassemble ainsi un grandmaître d’ouvrage, égalementexploitant, ainsi que deux grandesentreprises françaises leadersmondiales ; la direction de projet estassurée par une ingénierie. Ce projeta pour but de dégager desrecommandations ouvertes pour unemeilleure préparation des grandschantiers en limitant, par exemple, lacongestion liée aux travaux. L’intérêtdes élus locaux et des autres acteurseuropéens en la matière démontre lapertinence de cette innovation.

c) L’innovation dans l’ingénierieau quotidien

Il est au cœur du métier de l’ingénieried’assembler et de valoriser desinnovations existantes (déjà « surétagère ») pour répondre au mieuxaux cahiers des charges fonctionnelsdu maître d’ouvrage. Ce rôle estnormalement inclus dans lesprestations de l’ingénierie.

Le fonctionnement de ce mécanismeest d’autant plus efficace quel’ensemble du système des incitationsy est favorable.

La Logan de Renault constitue ici unbon exemple : l’idée était defabriquer un véhicule à un prix défianttoute concurrence. La solution étaitde la faire construire dans des paysoù les coûts de fabrication sont trèspeu élevés, mais où les compétencestechniques sont moindres : il fallaitdonc inventer une voiture à partir detechniques et de concepts déjà

30

ÉTAT

DES

LIE

UX

Page 16: L'ingénierie et l'innovation

33

existants, fiables et validésindustriellement tout en étant assezsimples pour permettre unedélocalisation de la fabrication. Unnouveau concept de voiture était né. L’ingénierie, par cette posture, est unlevier-clé de la diffusion desinnovations tant dans un pays qu’àl’international. Le législateur doitcréer l’environnement adéquat pourque ce rôle puisse être pleinementassuré au bénéfice de la collectivité.La terre armée a par exemple étéune façon très innovante deconcevoir et réaliser de grandsterrassements, notamment dans lesenvironnements où l’emprise esttrès limitée. Le principe de la terrearmée a été inventé par Vidal,ingénieur et architecte français, en1965 : ce procédé donne au sol despropriétés mécaniques nouvelles,grâce à l’association intime desterres et des armatures. Un ouvragede terre armée se présente commeun massif composé de coucheshorizontales de remblais, entrelesquels sont déposés des litsd’armatures. Ce procédé est utiliséen particulier pour la réalisation demurs de soutènement avecparements, constitués généralementd’écailles en béton armé reliées auxarmatures. Il s’agit donc d’uneinnovation française qui apratiquement révolutionné laconception de certains typesd'ouvrages et qui a été diffusée demanière très large au niveauinternational. Elle apporte un gaintrès substantiel en termes de coûtsaux ouvrages de remblais (ce sontdonc les maîtres d’ouvrage quibénéficient le plus de cetteinnovation) et fournit une solutiontechnique appropriée lorsque lescontraintes de site sont très fortes.

d) L’innovation dans l’ingénierieen conseil et technologie

L’ingénierie en conseil et technologie avu son essor dans les années 80 lorsdu déploiement de la ConceptionAssistée par Ordinateur (CAO) dansle développement de produitsindustriels. Auparavant, cette activitéétait surtout axée sur la sous-traitanced’études, essentiellement dans lessecteurs de la mécanique et del’électronique. Ce développement s’estréalisé grâce à l’accompagnementdes grands donneurs d’ordre qui, enayant des besoins dans tous lessecteurs, ont permis aux ingénieriesd’acquérir des compétences dedéveloppement industriel.

Cet accompagnement a ainsi permisle développement, par exemple, deplanches de bord de véhicules,d’équipements extérieurs ouintérieurs comme des rétroviseurs oudes boucliers, mais aussi detéléphones portables ou de fax (horspartie électronique), d’équipementsde train ou de métro ainsi que detronçons d’avion.

La réduction de la durée de vie desproduits de consommation aégalement créé une recrudescenced’études de nouveaux produits. Lessociétés d’ingénierie se sont alorsorganisées pour faire face à cettenouvelle demande, tout d’abord enformant massivement descollaborateurs au maniement des outilsCAO afin d’épauler les secteurs « recherche et développement » desgrands industriels. Ceci s’est poursuivipar le développement de métiers telsque la tôlerie, la plasturgie, la cotationet l’analyse de la valeur, outilsindispensables de tous les concepteurs.

32

L’ingénierie de management de projet

L’in

géni

erie

de

man

agem

ent

de p

roje

t

a) Qu’est-ce que le managementde projet ?

Manager un projet consiste à assurersa réalisation dans le cadre descontraintes de performances, decoûts, de délais et de qualité, afinde le mener au mieux à son termedans un contexte dedéveloppement durable.

Le « management de projet »s’apparente de plus en plus aumanagement de la complexité dufait :● de la multiplication des paramètres

à maîtriser : performances, coûts,délais, qualité, sécurité,environnement, contractualisation etsanté des entreprises,réglementation accrue, attentessociales, communication, politique ;

● de la multiplication des intervenantset des interfaces ;

● de l’immaturité initiale ou del’instabilité potentielles du projet :définition insuffisante (programme),modifications demandées par leclient ou le donneur d’ordre ;

● de la multiplication des facteursd’incertitude : fiabilité dessimulations, des méthodes et desestimations sur la base d’éléments « flous » (données physiques et deprogramme, coûts, délais) ;

● des aléas inhérents à l’activitéhumaine : accidents dus àl’environnement lors dudéroulement du projet ;

● de l’évolution inattendue del’environnement du projet :réglementaire, économique,concurrentiel, etc.

Pour faire face à cette complexité, lemanager, qui doit assurer la directiondu projet, peut utiliser des outils

d’aide à la décision, mais aussi :● le bon sens,● la méthode et la rationalité,● l’évaluation et l’intégration d’aléas et

de marges de sécurité,● sa connaissance de projets similaires,● une organisation efficace,● une communication fiable et réactive.

b) L’innovation, nécessaire aumanagement de projet

Ces ressources ne suffisent cependantpas par elles-mêmes. Le manager doitégalement innover en permanencepour assurer de façon optimale lagestion des projets complexes. Innover dans le management deprojet consiste à :● rechercher de nouvelles méthodesde travail et de nouveaux outils ;

● repenser l’organisation et lesrapports entre les acteurs ;

● modifier « la culture » des acteurs :maître d’ouvrage, maître d’œuvre,ingénierie, entreprises. De mêmeque le management de projet apermis de considérablementaméliorer la production industrielle, ildoit aujourd’hui permettre derepenser les rapports entre lesacteurs, qui sont très codifiés par lalégislation française. Il est parexemple interdit à une même équiped’être à la fois en amont et en avaldes projets. Les nouveaux modes decontractualisation (conception-construction, contrats de partenariat)imposent une nécessaire réflexiondans ce domaine.

c) Les outils du management deprojet

■ Les outils de gestion de projet

Le management de projet est

ÉTAT

DES

LIE

UX

Page 17: L'ingénierie et l'innovation

35

l’ensemble des décisions qui doiventêtre prises pour mener à bien unprojet ; il faut pour cela s’appuyer surun certain nombre d’indicateurs,qui sont fournis par les outils degestion de projet. Le principe deces outils est de donner enpermanence une vision des écarts (àun instant t et en projection en fin deprojet) entre un prévisionnel deréférence et la réalité de l’avancement.Ces outils sont très efficaces depuisune quarantaine d’années déjà, mêmesi l’informatique a permis de lesrendre encore plus performants.Des outils de planification permettentde contrôler les délais ; des outilspour la prévision et le suivibudgétaires permettent le contrôledes coûts ; enfin, le contrôle de laqualité s’effectue à partir de fichesde suivi de conformité de la qualité.

■ Les outils de maîtrise des risques

Dans ce domaine, beaucoup reste àinventer, principalement parce quedévelopper des outils de ce type estimpossible sans disposer d’uneméthode cohérente de gestion desrisques.Ces outils doivent permettre : ● d’optimiser la fiabilité ;● de capitaliser les expériences les

plus diverses ;● de hiérarchiser les risques

(conséquences d’une défaillance,priorités à définir) ;

● de simplifier les actions : qu’est-cequi est utile ?

● de choisir entre deux stratégiesd’actions.

A noter qu’un ambitieux projet d’unedurée de trois ans, soutenu par l’ANR,a réuni plusieurs sociétés d’ingénierie,

des entreprises de construction, desuniversités et des grandes écolesautour d’un objectif commun :réaliser un état des lieux desdifférentes pratiques du managementdes risques en France et àl’international. Le projet GERMA doitainsi permettre de dégager des outilset des méthodes innovants dans cedomaine.

Qu’est-ce le management desrisques ?

Depuis une cinquantaine d’années, lemanagement de projet évolue enincluant de plus en plus deparamètres. Les performancestechniques, les coûts et les délaisfurent les premiers éléments pris encompte ; puis vinrent la qualité, laforme des contrats, la maîtrise desmodifications en cours de projet, lasécurité… Récemment deuxapproches tout à fait nouvelles sontapparues : le développementdurable et la maîtrise des risques,désormais incontournables dansles méthodes de management deprojet.Il existe en effet de nombreuxfacteurs qui peuvent faire échouer lesprojets complexes : des raisonsfinancières, contractuelles,environnementales, des problèmes dedélais, d’organisation, l’absence deconcertation des riverains etc.

C’est pourquoi il existe, à l’intérieurdes grands groupes, des équipes de « risk managers » dont le travail estentièrement dédié à la prévention del’ensemble de ces risques. Une méthode cohérente degestion des risques a ainsi pour butde permettre une prise en compteoptimisée de l’ensemble des risquespropres à un projet à un niveauglobal, c’est-à-dire dépassant le cadrestrict des relations contractuellesétablies entre chacun desintervenants. La maîtrise desrisques fait aujourd’hui partieintégrante des méthodes demanagement pour les projetscomplexes.

Les outils de maîtrise des risques sontpar ailleurs utiles pour appuyer ladécision des assureurs. L’essentielpour un assureur est en effet laconnaissance et la maîtrise durisque.Cette connaissance et cette maîtriseimpliquent en premier lieu la maîtrised’ouvrage, créatrice du risque. Elledoit donner à l’ensemble de lamaîtrise d’œuvre et des entreprisesengagées dans le projet les tempsd’études et de réalisation nécessairesà la bonne conduite du projet.Dans ce contexte, l’ingénierie joue unrôle important. Les outils deconception, calcul et simulation, voirede prédiction, permettent uneobjectivation du risque ; laquelle seraenrichie par les apports desorganismes de contrôle et decertification. Ce sont donc des outilsefficaces d’aide à la décision. Ilsfournissent de plus une traçabilité desprojets. L’ingénierie, par ses compétenceset ses outils de « mesure » des

risques dans un projet innovant,est donc capable de baliserpositivement la prise de décisionsde l’assureur.

■ Les outils de travail collaboratifCe sont pour l’essentiel :

● les systèmes d’échange del’information entre les acteurs duprojet ;

● les systèmes d’ingénierie simultanéeet de synthèse technique ;

● les systèmes de communication :intranet et extranet de projet.

Dans ce domaine, l’ingénierie ainventé la plupart des outilsactuellement utilisés sur les projets.Des progrès considérables restentcependant à faire dans ledomaine des modèlesnumériques des objets de laconstruction (traitement CAO,Conception Assistée parOrdinateur).Une maquette virtuelle interactive3D pour les infrastructures seprépare actuellement au sein d’unconsortium ayant gagné un appel àprojets de l’ANR ; les différentsacteurs ont demandé à une sociétéd’ingénierie d’en être l’animateur. Ceprojet devrait constituer uneavancée française très significative entant qu’outil de l’ingénierieconcourante, notamment pour lesphases de conception de très grandsprojets de génie civil.

d) Les apports de l’ingénierie enconseil et technologie

L’opportunité de participer audéveloppement de nouveauxproduits a permis aux ingénieriesd’acquérir petit à petit desconnaissances et des compétences

34

ÉTAT

DES

LIE

UX

Page 18: L'ingénierie et l'innovation

37

dans les différentes phases dedéveloppement. En rassemblant cesressources, ceci leur permetaujourd’hui de proposer dessolutions de développementglobal de produits et/ou deprojets aux industriels.

Cette situation a permis de créerdes emplois de plus haut niveau oùles ingénieurs ont trouvé leur placesoit dans le management et lagestion de projet, soit dansl’expertise métier où techniciens etingénieurs occupent ce type deposte en fonction de leursexpériences.

Aussi les sociétés d’ingénieriefournissent-elles maintenant uneréelle solution de développementde produits et de process auxindustriels. Ils interviennent dèsl’expression du besoin etparticipent à l’élaboration mêmedes cahiers des charges deconsultations qu’ils seront amenés àtraiter.

Aujourd’hui les offres de servicesvont de l’expression du besoinjusqu’à l’industrialisation desproduits, ce qui implique que lesbesoins en personnel très qualifiédeviennent équivalents à ceux denos clients : concepteurs, ingénieurs

développement, ingénieursvalidation (calcul et simulation),ingénieur projet, planificateur,manageur, technicien et ingénieurméthode, expert…, cette listen’étant absolument pas exhaustive.

Le principal levier de l’innovation estbien évidemment interne. Il reposesur la motivation des dirigeants, del’encadrement et de l’ensemble dupersonnel de l’entreprise, voire trèssouvent sur l’acharnement d’une oude quelques personnes très motivées– acharnement au sens propre, car ilfaut beaucoup de patience et depersévérance pour franchir lesnombreux obstacles bloquant la miseen œuvre de l’innovation.

Plusieurs aiguillons peuvent alimentercette motivation :● la recherche de gains de

productivité, nécessaires pouraméliorer la rentabilité et/ou lacompétitivité ;

● la nécessité de développer denouvelles prestations ou denouveaux produits pour procurer àl’entreprise un avantageconcurrentiel, notamment àl’international ;

● la volonté de donner à l’entrepriseune certaine image et de luidonner une visibilité sur lemarché (stratégie decommunication) ;

● la volonté de consolider les liensentre les personnes à l’intérieurde l’entreprise ainsi que leurattachement à celle-ci, le fait departiciper à la création de quelquechose de nouveau suscitant engénéral une forme de jouissanceintellectuelle chez les personnesconcernées.

Il faut cependant souligner le fait quecette motivation ne peut débouchersur des projets que si elle est promuepar la volonté des dirigeants.

36

Les motivations internes aux sociétésd’ingénirie

Les

mot

ivat

ions

inte

rnes

aux

soc

iété

s d’

ingé

niri

e

II. LES LEVIERS DE L’INNOVATION

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 19: L'ingénierie et l'innovation

39

Ces dernières années en France, latendance a été à un accroissementdes financements destinés auxprojets de recherche amont et pré-concurrentielle associant recherchepublique et partenaires privés.

Un accent particulier est mis sur lesPME/PMI dont la définition peut varierd’un guichet à l’autre (de 250personnes pour l’UE à 2000 personnespour OSEO). Il existe de nombreuxguichets de financement de l’innovationet la lisibilité n’est pas toujours simple.Le dispositif, complexe, évolue dans lesens d’une simplification, d’unehomogénéisation et d’unefacilitation de l’accès aux PME. Desrapprochements de guichets sontencore en cours et le paysage présentéci-après pourrait encore évoluer dansles mois qui viennent.

Les sociétés d’ingénierie sont mieuxpréparées que des PMI à la mécaniqueadministrative de montage de projetset de soumission d’offres. Ellesbénéficient donc a priori d’uneouverture croissante auxprogrammes de recherche etd’innovation. Pourtant, même si ellespeuvent être bien représentées dans lagouvernance de certains programmes,les sociétés d’ingénierie ne sontglobalement pas suffisammentprésentes et ne bénéficient pas assezde ces leviers.

a) Au niveau national

■ Les programmes de l’AgenceNationale de la Recherche

L’ANR est une agence de financement

de projets de recherche sélectionnés àla suite d’appels à projets. Elle a pris lerelais de certains RRIT (Réseaux deRecherche et d’InnovationTechnologiques). L’ANR s’adresse à lafois aux organismes de recherchepublics et aux entreprises avec unedouble mission : produire denouvelles connaissances et favoriser lesinteractions entre les laboratoirespublics et les acteurs du secteurconcurrentiel en développant lespartenariats.

L’ANR dispose de près d’un milliardd’euros pour 2008. Chaqueprogramme fait l’objet d’un appel àprojets annuel. Un projet typefinancé par l’ANR dure trois ans,rassemble une dizaine departenaires et reçoit unesubvention supérieure à 400k€.Un projet sur quatre à cinq présentésest retenu en moyenne.

La programmation 2008 (www.agence-nationale-recherche.fr)a introduit des modificationsimportantes. Les programmes quiintéressent l’ingénierie sontprincipalement ceux portés par leDépartement Energie Durable etEnvironnement, en particulier :● VILLES DURABLES, nouveau

programme qui prend la suite desPGCU (génie civil et urbain), PREDIT(mobilité, transports terrestres) etPREBAT (socio-économie de l’habitaturbain) ;

● HABISOL, habitat Intelligent et Solaire ;● PRECODD, écotechnologies et

développement durable ;● RISKNAT, maîtrise, réduction et

réparation des risques naturels.

38

Les structures de financement de larecherche

Les

stru

ctur

es d

e fin

ance

men

t de

la r

eche

rche

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 20: L'ingénierie et l'innovation

41

principalement les Régions,contribuent aux financements decertains pôles.Les projets présentés doiventimpliquer au moins deuxentreprises et un laboratoire oucentre de recherche. Lefinancement moyen d’un projet est del’ordre de 1,5 million d’euros. Lalabellisation par un Pôle n’implique pasautomatiquement l’obtention d’unfinancement et il faut souventdéfendre son projet d’abord au niveaudu pôle puis auprès de financeurs.Outre l’obtention d’aides àl’innovation, les Pôles de compétitivitésont des lieux importants derencontres de partenaires intéressants.

Des sociétés d’ingénierie ontparticipé aux réflexions pour laconstitution de certains pôles, maiselles ne trouvent pas encore placedans le développement des pôles etdes thèmes de R&D qui y sont traités. Les sociétés d’ingénierie ontl’expérience de projetscomplexes et, à la lumière de cetteexpérience, sont disposées àmettre ces compétences au profitdu développement des pôles decompétitivité.Les pôles de compétitivité peuventainsi solliciter les compétences del’ingénierie pour différentes missions :- mission tiers expert : mission de

tiers expert pour une bonnemarche des pôles et une utilisationefficace des financements publics ;

- mission d’assistance à la gestiondes pôles et à la gestion deprojets de R&D : les sociétésd’ingénierie sont en mesured’apporter leurs compétencespour le management desprogrammes complexes que

constituent, de fait, les pôles decompétitivité, dans le cadre demissions telles que :

- missions de pilotage et deconduite d’opération auprès desdirections des pôles. Ce type demission favoriserait le bondéroulement du processus departenariat entre les différentspartenaires d’un pôle (laboratoirede recherche, PME innovantes,entreprises industrielles…). Ilcontribuerait, de plus, à optimiserla gouvernance des pôles (choixdes projets prioritaires,financements, transferts detechnologies…) ;

- expert technique / partenairedans les projets : participation del’ingénierie à des projets dedéveloppement appliqué oucomme interface technologiquedans les projets entre lesdifférentes spécialités techniques.

■ OSEO

Spécialisé dans l’appui aux petites etmoyennes entreprises (jusqu’à 2000personnes), OSEO Innovation (exANVAR - www.oseo.fr) soutient lesprojets d’innovation à composantetechnologique présentant desperspectives concrètes decommercialisation.

Créée en 2006, l’Agence del’Innovation Industrielle (AII,www.aii.fr), dotée d’environ 1,7 milliardd’euros, était une agence definancement de grands programmesd’innovation industrielle portés pardes entreprises. L’AII est intégrée àOSEO depuis le 1er janvier 2008.Cette intégration permet d’injecter800 millions d’euros dans les activités

Les financements sont dessubventions qui s’élèvent, pour unesociété privée, de 30% à 50 % desdépenses de recherche. Pour desraisons administratives (l’ANR a uneéquipe encore réduite), la gestion del’évaluation des projets et desenveloppes d’aide est déléguée àd’autres organismes qui ont lesstructures adéquates (ex : l’ADEMEpour le programme PRECODD).Les partenaires privés des projets sontdes industriels, des entreprises etl’ingénierie est assez présente surcertains de ces programmes,notamment ceux qui ne sont pasexclusivement technologiques.La labellisation préalable d’uneproposition de projet par un Pôlede compétitivité peut être uneaide pour décrocher un financementde l’ANR.

■ Les Pôles de Compétitivité et leFonds de Compétitivité desEntreprises

La création en 2004 des Pôles deCompétitivité résulte d’une nouvellepolitique industrielle qui a pour objetde mobiliser la capacité d’innovation.Un pôle de compétitivité est, sur unterritoire donné, l’associationd’entreprises, de centres derecherche et d’organismes deformation, engagés dans unedémarche partenariale (stratégiecommune de développement)destinée à dégager des synergiesautour de projets innovantsconduits en commun en directiond’un (ou de) marché(s) donné(s). Lespôles de compétitivité sont 71 depuisle CIACT du 5 juillet 2007 (www.competitivite.gouv.fr). Parmi euxont été distingués 7 pôles mondiaux

et 10 pôles à vocation mondiale. Le développement des pôles decompétitivité constitue uneopportunité exceptionnelle desynergie efficace entre le MEEDDATet le secteur privé en général, dontl’ingénierie. Une première étapeintéressante est en cours, sa vraiedynamisation à la hauteur des enjeuxreste encore à engager. Il est à noterpar ailleurs que les synergies entredes ministères comme le MINEFE etdes pôles comme Systematics ont uneffet positif sur le développement desinnovations.

L’Etat a dédié 500 millions d’eurospar an sur trois ans (2006-2008)aux Pôles de Compétitivité. Surces 500 millions d’euros annuels,environ 60 millions sont dédiés à desexonérations fiscales, 170 millionscontribuent aux dotations de l’ANR,de l’AII et d’OSEO. Près de 270millions d’euros constituent leFonds Unique Interministériel(logé au sein du Fonds deCompétitivité des Entreprises) quifinance les projets retenus lors desdeux Appels d’Offres annuels.

Les contributeurs de ce fonds sont lesministères chargés de l’industrie, de ladéfense, de l’équipement, del’agriculture, de la santé et del’aménagement du territoire. Lescollectivités territoriales,

40

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 21: L'ingénierie et l'innovation

43

le MEEDDAT (DRAST). Ce dispositifdes « Projets Nationaux » est originalet apprécié tant par le secteur quepar des observateurs extérieurs.

Le Service de la recherche et dela prospective (SRP) de la DRASTpilote et finance des programmesde recherche en appui auxpolitiques publiques. Parmi lessujets qui peuvent intéresserl’ingénierie sont à noter les risquesenvironnementaux, les changementsclimatiques, les milieux aquatiques etles sols (www.ecologie.gouv.fr).

■ Les programmes des agences

Des agences comme l’ADEME (Agencede l’Environnement et de la Maîtrisede l’Energie) lancent des appels àprojets sur des thématiquesrelatives à l’environnement etl’énergie. Les principes definancements sont les mêmes quepour l’ANR.

■ Les programmes sectoriels divers

Il existe divers guichets qui lancentdes programmes sectorielsd’importance diverse. Le CLAROM, Club pour les Actions deRecherche sur les Ouvrages en Mer (www.clarom.com), réunit parexemple plusieurs ingénieries activesdans le domaine pétrolier (plutôtoffshore) et parapétrolier.

D’autres ministères (le Ministère del’Agriculture et des Pêches parexemple), certains conseilsrégionaux ou généraux ou encoredes instituts privés lancent desprogrammes, en général sectoriels,dans lesquels l’ingénierie peut trouverune petite place aux côtés des

acteurs académiques. Les aidespeuvent être limitées à unecontribution au financement dechercheurs (bourses de thèse). LeConseil Général de l’Isère finance ainsiun programme de recherche annuelsur les risques naturels, géré par lePôle Grenoblois de Recherche etd’Etudes pour la Prévention desRisques Naturels.

■ Les aides de l’Association Nationalede la Recherche Technique

Elles concernent surtout lesconventions CIFRE qui ont apportéen 2007 un financement d’environ 17 k€/an pour accompagnerpendant 3 ans la formation par larecherche (thèse de doctorat) d’unjeune diplômé dans une entreprise,en liaison avec un laboratoire derecherche.

■ Les financements régionaux

Il existe des lignes budgétaires auniveau des Régions pouraccompagner l’innovation, ensubstitution ou en complément decertains des financements précités.Les Plans Etat-Régions ont parfois unvolet innovation et lancent desappels à projets. Avec leur réformeprévue pour la période 2007-2013, ilest cependant impossible, à ce jour,de préciser plus avant leurprogramme.

Il y a par ailleurs, dans la plupart desrégions, des associations ou desréseaux facilitant la veille et lemontage de projets innovants. Parexemple, dans le domaine de l’eau etde l’environnement : EA-IMaGE (www.ea-image.fr) en région PACA,

d’OSEO. Il est à noter que 300millions d’euros devraient êtreaffectés à des projets de R&Dd’entreprises moyennes (250 à5000 salariés), pour des projets d’unevaleur unitaire annoncée supérieure à3 millions d’euros.

Parmi les nombreux dispositifsproposés par OSEO, certains sontspécifiquement dédiés à l’innovation(220 millions d’euros affichés par an) :● des avances remboursables,

pouvant atteindre le taux maximalde 50%, pour l’aide aux projetsinnovants. Une partie de l’aide,correspondant à l’acquistechnologique, est remboursablemême en cas d’échec. Leremboursement du reste de l’aidene s’effectue qu’en cas de succèsselon un plan de commercialisationdu produit développé établi aucours du projet ;

● des aides au recrutement pourl’innovation : OSEO octroie unesubvention couvrant une partie desfrais salariaux pendant la premièreannée.

■ Les programmes du Ministèrede l’Ecologie, de l’Energie, duDéveloppement Durable et del’Aménagement du Territoire

Le MEEDDAT (Ministère de l’Ecologie,de l’Energie, du DéveloppementDurable et de l’Aménagement duTerritoire) pilote et finance oucofinance des programmes dans ledomaine de l’aménagement, destransports et de l’environnement. Au sein du MEEDDAT, la DRAST(Direction de la Recherche et del’Animation Scientifique et Technique)anime des programmes de recherche

incitatifs dans les domainestransports, génie civil, urbanisme etbâtiment. Certains de cesprogrammes sont égalementrépertoriés dans la rubrique ANR (www.recherche-innovation.equipement.gouv.fr). LaDRAST assure ainsi le secrétariatinterministériel du PREDIT(Programme de recherche, dedéveloppement et d’innovation dansles transports terrestres) et duRGC&U (Réseau de recherchetechnologique « génie civil et urbain »).Elle concourt également, avec laDGUHC (Direction générale del’urbanisme, de l’habitat et de laconstruction), à la mise en œuvre dela politique de recherche etd’expérimentation du PUCA (planurbanisme, construction etarchitecture), et du PREBAT(programme bâtiment et énergie).

Des « Projets Nationaux » associantplusieurs dizaines d’acteurs desprofessions du BTP, des maîtresd’ouvrage et de la recherche publique,développent par ailleurs desinnovations partenariales. Ils visent desdomaines où l’implication de tous lesacteurs de la chaîne garantit unevalorisation industrielle ultérieure. Cesprojets comprennent des chantiersexpérimentaux. Ils sont financésconjointement par les professions et

42

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 22: L'ingénierie et l'innovation

45

Cette plate-forme a déjà donné lieu,dans le premier appel à propositionsde décembre 2006, à une thématiquesur l’énergie dans la construction. Unedes priorités concerne par exemple laqualité de vie dans les bâtiments. Lesthématiques plus classiques, commeles tunnels, ne démarreront qu’autourde 2009. De façon générale, toutesles problématiques qui tournentautour du changementclimatique, du développementdurable et de l’énergie sont jugéesprioritaires par la Commission.Plusieurs ingénieries sont présentesdans les différentes instances de ECTP,au niveau européen comme auniveau de la plate-forme françaisemiroir. Les opportunités dedévelopper des innovations au seinde consortiums européens de hautniveau sont donc bien réelles.

La WSSTP (Water Supply andSanitation Technology Platform -www.wsstp.org), créée en 2004,rassemble les acteurs de l’eau et del’environnement urbain. Lesnombreux participants y mettent enforme une vision commune et unplan stratégique de recherche pour lesecteur industriel concerné.

■ Le programme EUREKA

EUREKA (www.eureka.be) est le fruitd’une initiative franco-allemandequi compte aujourd’hui 36 pays-membres. EUREKA n’a pas decorrespondance avec le périmètre del’Union Européenne. Il vise à renforcerla compétitivité européenne ensoutenant des projets innovants"portés" par des industriels. Les projets viennent de l’initiativedes industriels eux-mêmes et non

des gouvernements. Un projet peutdonc être proposé à tout moment.Cette approche bottom-up induit dela souplesse, de la simplicité et de larapidité dans les procédures mises enoeuvre par une structure très légèreet décentralisée. Elle nécessite enrevanche un lobbying important pourconvaincre les financeurs de l’intérêtdu projet.EUREKA a un mode defonctionnement particulier : lespartenariats doivent être multi-nationaux ; une labellisation « EUREKA » au niveau internationalest nécessaire, mais les financementsde chaque partenaire sont nationaux,ce qui peut mener à des décalagesfâcheux. En France, c’est le Ministèrechargé de l’Industrie et OSEO-ANVARqui sont les plus gros contributeurs –jusqu’ici surtout sous forme d’avancesremboursables en cas de succès.L’ANR peut contribuer pour la partieamont du projet.Les ingénieries peuvent avoir leurplace dans un projet EUREKA, maisrarement comme leader.

■ La Banque Européenned’Investissement

En 2000, la BEI a lancé I2I (Innovation2010 Initiative) pour le soutien àl’innovation. Mais il s’agit surtoutd’instruments financiers ou bancaires(prêts, investissements en capital, etc)qui concernent peu l’ingénierie.

■ Les autres programmes del’Union Européenne

Il existe divers programmes de soutienà l’innovation dans les financements del’U.E., notamment au sein desDirections Générales techniques.

VERSeau(www.verseaudeveloppement.com)en région Languedoc-Roussillon,l’APESA en Région Aquitaine (www.apesa.fr) ou NANCIE en régionLorraine (www.nancie.asso.fr).

b) Au niveau européen

■ Le Programme-Cadre deRecherche et les Plates-formesTechnologiques Européennes

Le septième Programme-Cadre deRecherche et DéveloppementTechnologique (PCRDT -http://cordis.europa.eu/fr/home.html),qui couvre la période 2007-2013, estle plus grand programmed’investissement de l’Unioneuropéenne pour la recherche et ledéveloppement technologique, avecun montant total d’aides évalué à50,5 milliards d’euros.

Le PCRDT constitue une opportunitéde développement de partenariatseuropéens et de financement de larecherche et de l’innovation pour lescentres de recherche et lesentreprises. Le programmeCoopération (32,4 millionsd’euros) a pour objectif de stimulerla coopération et de renforcer lesliens entre l’industrie et la recherchedans un cadre transnational. Ilcomporte 9 thèmes, autonomesdans leur gestion maiscomplémentaires dans leur miseen œuvre, dont 3 peuventintéresser les membres de Syntec-Ingénierie : énergie,environnement (changementsclimatiques inclus), transports.

Les financements sont dessubventions à hauteur de 30% à50% des dépenses. Le taux peut êtresensiblement inférieur car les dépenseséligibles sont jugées sur des critèresdifférents du calcul du prix de revienthoraire d’une société d’ingénierie(certaines dépenses sont exclues).

Du fait de la taille attendue desprojets, du nombre de partenaires etde l’investissement nécessaire aumontage des dossiers, il estnéanmoins difficile pour uneingénierie de piloter une propositionde projet. De plus, la concurrence estrude et les chances de succèspeuvent descendre en dessous de 10à 15% dans certains secteurs.

La Commission Européenne a parailleurs encouragé la constitutionde Plates-formes TechnologiquesEuropéennes afin que les prioritésétablies dans le cadre du 7ème PCRDTcorrespondent bien aux priorités dechaque secteur.

L’ECTP (European ConstructionTechnology Platform - www.ectp.org)a ainsi été constituée en 2005. S’yretrouvent environ 1000 adhérentsde toutes les professions, publiqueset privées, des secteurs du BTP, de laville etc.

44

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 23: L'ingénierie et l'innovation

47

c) Le Crédit Impôt Recherche

Le Crédit Impôt Recherche est unesource de financementintéressante pour les sociétésd’ingénierie ; il demande beaucoupd’organisation et de mise au pointpour justifier qu’un projet estréellement innovant et donc éligible àce titre. L’ambiguïté du mot « recherche », au sein des sociétésd’ingénierie, est à noter.

Jusqu’à présent, le mécanisme demise en place du CIR était unmécanisme pluriannuel : il comprenaitune part proportionnelle à l’assietteéligible (qui correspond au montantdes prestations reconnues commepouvant bénéficier du CIR), à hauteurde 10 %, et une part liée à lacroissance du chiffre d’affaires éligiblepar rapport aux deux annéesprécédentes, à hauteur de 40%. Ilfallait donc gérer les dossiers avecune visibilité des activités sur trois ans.

Cet ancien système vient d’êtrerefondu et assoupli. Depuis le 1er

janvier 2008, le CIR représente 30%de l’effort global de recherche.Les critères d’éligibilité n’ont paschangé.Le processus comporte des contrôlesà deux niveaux : un au niveau du fisc,diligenté par le Trésorier PayeurGénéral, assimilé à un contrôle sur laforme ; à l’issue de ce premiercontrôle, le Ministère des Financespeut demander au Ministère de laRecherche de faire un deuxièmecontrôle (analyse sur le fond).

A l’issue de l’acceptation parl’administration, l’entreprise reçoit unagrément au Crédit Impôt

Recherche. Les donneurs d’ordre etles industriels développent des sujetsde recherche. Ils font régulièrementappel aux sociétés d’ingénierie afinqu’elles les accompagnent dans cesdéveloppements. Ils peuvent alorsaffecter ces dépenses à la rechercheet donc bénéficier également del’abattement fiscal sur ces sommes – àcondition d’avoir recours à dessociétés d’ingénierie ayant obtenul’agrément au Crédit Impôt Recherche.

L’intérêt majeur du Crédit ImpôtRecherche pour les sociétésd’Ingénierie repose sur son principe debase : obtenir un crédit d’impôt enproportion des dépenses internes etexternes de recherche et d’innovationeffectuées sur des sujets propres àl’entreprise. Mais il est par ailleursvalorisant pour les salariés d’unesociété de voir leurs efforts en termesd’innovation reconnus ; le CIR permetd’identifier et de faire reconnaître parleurs pairs les gens à l’espritentreprenant, imaginatif.

46

Les marchés publics

Les

mar

chés

pub

lics a) Le code des marchés publics

Il existe des articles qui ont étérédigés pour favoriserl’innovation dans le cadre desmarchés publics ; cependant, leCMP ayant pour but d’organiser laconcurrence de manière équitable,certaines de ses modalitésd’application en limitent le libredéveloppement. Tout est alorsquestion d’interprétation correctepar les utilisateurs.

■ L’article 75 : Marchés réalisés dansle cadre de programmesexpérimentaux.

C’est certainement l’article qui,correctement utilisé, apporte la plusgrande ouverture à l’innovation parla possibilité qu’il donne à toutmaître d’ouvrage de faire réaliserdes ouvrages innovants sur appeld’offres restreint.

Les modalités fixées par le texte sontles suivantes. Le point de départ estun programme public national qui sedéfinit par :● un programme authentifié par un

acte formel d’une autorité nationaleinvestie de la compétence dédiée àl’objet du programme ; en France,c’est un ministère ;

● un appel à projet par une publicitéincontestable avec égalitéscrupuleuse des concurrents ;

● une remise de propositions par lesconcurrents apportant des solutionsaux problèmes posés ;

● un choix de lauréats par un juryconstitué identiquement aux jurysde concours (art 21 du CMP) surdes critères et des modalités desélection parfaitement définis

comme pour les concours. Ensuite, tout pouvoir adjudicateur(maître d’ouvrage) peut lancer unappel d’offre auprès des seulslauréats du programme national,pour la passation de marchés demaîtrise d’œuvre ou de travauxayant pour objet la réalisation d’unou plusieurs ouvrages qui mettenten œuvre les idées issues duconcours. Un protocole doit êtresigné entre le MOA du marché, letitulaire et le responsable duprogramme national.

Des exemples d’application del’article 75 montrent que le CMPpeut s’avérer favorable aux projetsinnovants :● le programme CQFD du PUCA

initié par le Ministère du Logement,ayant pour objet de rechercherdes solutions innovantes pour laconstruction de logements sociauxrespectant les exigences de Coût-Qualité-Fiabilité-Délai. Treizelauréats ont été retenus par un jurysur des solutions différentes. Lessociétés HLM peuvent lancer desmarchés de réalisation, avec ceuxdes lauréats dont les solutionsrépondent à ceux des critères duprojet national qu’elles se fixent ;

● l’appel à projets de la DGR(Direction Générale des Routes)sur l’innovation en travaux routiers2007 pour répondre à deuxcritères : la réduction de laconsommation d’énergie et laréduction de la nuisance deschantiers.

Les autres dispositions du CMP :

■ L’article 50 : il permet, lorsque lepouvoir adjudicateur l’autorise, la

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 24: L'ingénierie et l'innovation

49

Elles prévoient trois optionspossibles, schématiquement :● option A : tous les droits

transférables (il est à remarquerque le droit d’auteur moral,inaliénable, reste à l’ingénierie etest respecté) le sont à la puissancepublique qui se réserve le droit deles exploiter ;

● option B (option, par défaut, laplus fréquente) : régimed’exploitation concertée ;

● option C : le titulaire conserveses droits et peut les exploiteravec certaines limites.

Dans tous les cas, bien entendu,l’administration acquiert par lemarché, au minimum, le droitd’utilisation de l’innovation pour sesbesoins propres dans le cadre del’objet du marché.Dans les cas d’innovationsproposées dans le cadre d’appelsd’offre, les pratiques anti-concurrentielles sont prohibées parle code du commerce. Le Code desMarchés Publics permet auxpersonnes responsables desmarchés de fournir, aux candidatsévincés qui le demandentuniquement, des informations surles caractéristiques et les avantagesrelatifs à l'offre retenue – ceci sanspour autant divulguer l'ensemble desinformations contenues sur laméthode proposée, préservant ainsila confidentialité de l'offre. La propriété intellectuelle estgarantie à ce niveau même siaucun lien contractuel n'existe àce stade avec le maître d'ouvrage.

c) Le dialogue compétitif

L’objectif du dialogue compétitif estde remédier aux rigidités desprocédures actuelles, lesquellesimposent à l’acheteur de déterminerà l’avance ses besoins, et auxcandidats de fournir une offre qui nepourra plus évoluer lors desdiscussions préalables à la passationdu contrat. La personne publiquepeut ainsi recourir au dialogue : soitlorsqu’elle n’est pas en mesure dedéfinir les moyens techniquespouvant répondre à ses besoins ;soit lorsqu’elle n’est pas en mesured’établir le montage juridique oufinancier d’un projet (par exemple,les infrastructures intégrées detransport, les grands réseauxinformatiques et les projets dont lacomplexité du financement est telleque leur montage financier etjuridique est impossible à l'avance).

Le dialogue compétitif est avanttout une procédure qui permetd’utiliser les réponses innovantesdes entreprises. L’acheteur publicdéfinit un programme fonctionnelqui prend la forme des exigences àatteindre ou des besoins à satisfaire ;ce sont les entreprises qui dessinentle cahier des clauses techniquesparticulières (CCTP). Aucunesolution technique n'étant définiepar l'acheteur public dans le cahierdes charges, une audition descandidats est nécessaire. Elle permetaux candidats «de présenter lesmoyens qu'ils proposent» et dedonner la possibilité «d'apprécier, defaçon aussi précise que possible, lesexigences formulées» parl'administration.

formulation de variantes, dont unecomposante peut êtrel’introduction d’une innovationpermettant de satisfaire lesspécifications du marché par unmoyen différent de celui pré-requis ou attendu par le pouvoiradjudicateur.

■ L’article 53 : cet article, qui traitede l’attribution des marchés,précise que le choix doit sefonder sur différents critèresindiqués à l’avance qui sont duseul choix du pouvoir adjudicateurà condition qu’ils soient justifiéspar l’objet du marché. Un descritères mentionné est le «caractère innovant ». Il suffit doncqu’un appel d’offre stipulel’importance du caractèreinnovant pour que cela devienneun des critères de choix. Il estpossible d’imaginer d’autres critèresqui laisseraient libre champ àl’innovation, par exemple la notionde « coût global », à condition dele définir avec précision.

■ L’article 74 : les marchés demaîtrise d’œuvre préalables à laréalisation d’« ouvrages réalisés àtitre de recherche, d’essai oud’expérimentation », c'est-à-dired’ouvrages innovants, sontdispensés de concours mêmepour des opérations supérieuresaux seuils. Ils peuvent se traiter enmarché négocié sur appel d’offrerestreint. Pour cela, il suffit aumaître d’ouvrage de spécifier etd’expliciter que l’objet dumarché est innovant.

■ Les articles 76-77 : Accord-cadreet marchés à bon de commande.

Sur la base d’un besoin exprimé etexplicité par un maître d’ouvrage,celui-ci peut sélectionner un ouplusieurs opérateurs économiquessur la base de critères qu’il choisit.La satisfaction d’un besoin peutnécessiter de faire appel à unesolution innovante, ce caractèreinnovant peut être spécifié dansles critères. Le maître d’ouvragepeut ensuite passer marché aveccelui des titulaires de l’accord-cadre qui répond le mieux aubesoin ponctuel. L’accord-cadre nepeut dépasser une durée de 4 ans,sauf si les investissements initiauxnécessitent un amortissement surune durée supérieure ; il y a làune possibilité de prise en compted’investissement d’innovations.

b) La propriété intellectuelleet/ou industrielle

Dans l’exercice de son activité,l’ingénierie produit naturellement del’innovation protégeable. Lapuissance publique a jugé utile declarifier les choses au travers declauses fort précises, qui sontcontenues dans les « Cahiers desClauses Administratives Générales »,et plus particulièrement, pour cequi concerne l’ingénierie, dans leCCAG-PI.

48

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 25: L'ingénierie et l'innovation

51

a) La Fédération française del’ingénierie (Syntec-Ingénierie)

Syntec-Ingénierie, qui rassemble lesplus importantes sociétés d’ingénieriefrançaises, se devait de motiver sesadhérents au thème de l’innovationafin d’améliorer la compétitivité de laprofession par la créativité.

La Fédération a donc constitué unecommission innovation qui aentrepris une réflexion sur la situationactuelle ; son but était de proposerdes mesures pour créer unenvironnement favorable àl’innovation. Le Livre Blanc constitueune étape importante de cetteréflexion. La commission s’est enoutre attachée à favoriser despartenariats sur des thèmes d’intérêtcommun, à un stade précompétitif, cequi a notamment permis à desprojets d’être éligibles auxsubventions de l’ANR.

Par ailleurs, Syntec-Ingénierie secharge, dans les relations avec lesPouvoirs Publics et les différentspartenaires (grands donneurs d’ordre,entreprises de construction etindustriels, organismes de rechercheou de formation, etc.) depromouvoir le juste rôle del’ingénierie dans les processusd’innovation, en tant qu’acteurcréatif, intégrateur de conceptset/ou en tant qu’organisateur.

b) La Fédération européenne del’ingénierie (EFCA)

La Fédération européenne del’ingénierie (EFCA), le seul porte-parole des sociétés d’ingénierieauprès des institutions européennes, a

engagé des actions pour promouvoiret soutenir l’innovation des ingénierieslocales et régionales.

Au sein de cette entité, desreprésentants des différentesassociations professionnelleseuropéennes travaillent actuellementsur un projet de code portant surla valorisation de la qualité desservices des ingénieries. Le voletsur l’innovation en fait partieintégrante car c’est un facteur deconcurrence et de valeur ajoutée.

Par son affiliation à ECCREDI (www.eccredi.org), EFCA participe à lapromotion et divulgation de résultatsde R&D. ECCREDI, pour sa part,mène des actions régulières auprèsde la Commission Européenne pourproposer, par exemple, la mise enplace d’un dispositif de mesuresfiscales et de financements desinnovations dans le cadre de contratscommerciaux.

Afin de mobiliser au niveau régionalles sociétés aux enjeux de la R&D, laCommission Européenne pourraitlancer des actions mutualisées avecles divers organismes européens dontEFCA.

c) La Fédération internationale del’ingénierie (FIDIC)

Deux grandes thématiques ont faitl’objet de programmes d’actions de lapart de la fédération internationale del’ingénierie :● d’une part, la mise en application

concrète des préceptes dudéveloppement durable dans lemanagement de projet ;

L'audition, qui n'est en aucun casune négociation, peut se dérouleren autant de phases successivesnécessaires à l’acheteur pour définirson besoin. La circulationd’applications souligne qu'à l’issue dechaque phase, l’acheteur public peut

écarter les propositions descandidats qui se révèlent inadaptéesà son besoin. En tout état de cause,ces auditions doivent avant toutrespecter le principe d’égalité detraitement des candidats.

50

Les rôles des fédérations professionnelles

Les

rôle

s de

s fé

déra

tions

pro

fess

ionn

elle

s

LES

LEV

IERS

DE

L’IN

NO

VATI

ON

Page 26: L'ingénierie et l'innovation

53

a) La prépondérance descontraintes de production

Les contrats d’ingénierie comportentpresque toujours des obligationsconsistant à apporter à un problèmeposé une réponse précise, réalisableavec certitude et chiffrable. De plus,cette réponse doit être apportéedans un délai fixé à l’avance et dansun budget quasi intangible. Cesconditions inhérentes à la professionfont qu’il est difficile de se lancerdans des recherches de solutionsbasées sur des conceptstotalement inconnus au momentde la signature du contrat.

Tout au plus est-il possibled’extrapoler un concept existant unpeu au-delà des limites connues etainsi de faire progresser la techniquepas à pas, par incréments successifs.

C’est pourquoi les sociétésd’ingénierie sont structurées parentités de production (comme chezun industriel), qui doivent chacuneproduire au meilleur coût et dans lesmeilleurs délais la réponse à laquestion posée. Soit l’entité traiteglobalement le problème, c’estl’organisation par projet ; soit l’entitéproduit une partie identifiée à unetechnique, c’est l’organisation parmétier. Il est donc parfois difficile des’aventurer dans des domaines tropincertains, qui risquent d’être en conflitavec le résultat (coût, délai, qualité…).

Certaines sociétés d’ingénierie ont faitle choix, ou pris le risque, d’autoriserune de ces entités à ne pas produiredirectement une réponse à lademande formalisée d’un client, maisà produire une réponse à unequestion qui intéresse la sociétépour des raisons diverses (image,créneau supposé porteur…). Cesont les services R&D. Mais ces cassont de plus en plus rares, carl’idée communément admise resteque la mise en application est tropaléatoire pour un retour surinvestissement dans un délaisuffisamment court.

L’ingénieur est formé pourconcevoir et réaliser un objet, unouvrage. Sa production concernetoujours des objets réels fonctionnelsdirectement utilisables. Toute saformation et toute la culture qui endécoule sont orientées vers ce but.

Même si les travaux intellectuels ne lerebutent pas, il considère facilementque les réflexions théoriques, sielles ne débouchent pas sur uneréalisation, ne sont pas de sonressort. Dans les écoles d’ingénieurs,l’étude des matières fondamentalesest axée sur des applications métier.En outre, certaines écoles généralisteslaissent de côté ces préoccupationstechniques métier, pour fournir auxétudiants des méthodes demanagement : mais là encore, le butest « comment bien réaliser » de lamanière la plus efficace possible.

● d’autre part, la prise en compte desdécisions prises par la communautéinternationale, et en particulierl’OCDE, qui visent à diffuser lesbonnes pratiques d’éthique etde déontologie dans les affaires età lutter contre la corruption.

Sur chacun de ces thèmes, FIDIC aélaboré des guides méthodologiquesqui introduisent des processusinnovants de management de projetet qui devraient apporter une valeurajoutée à la qualité des servicesrendus par l’ingénierie.

FIDIC a notamment élaboré unréférentiel de « management deprojet durable » ou « ProjectSustainability Management ».L’élément essentiel de ce référentielconsiste donc en une liste d’objectifsliés au développement durable et desindicateurs qui leur sont associés. Ilfournit un guide pour les pratiquesinnovantes en indiquant lesobjectifs qui doivent être viséspour chaque projet – sachant quele développement durable supposeun progrès continu, car il est un idéaldont il faut se rapprocher le pluspossible ; les niveaux fixés sont doncdestinés à être dépassés et lesrésultats améliorés grâce auxpratiques innovantes.

52

Les obstacles culturels dans les sociétésd’ingénierie

Les

obst

acle

s cu

lture

ls d

ans

les

soci

étés

d’in

géni

erie

III. LES OBSTACLES À L’INNOVATION

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 27: L'ingénierie et l'innovation

55

a) L’organisation interne

S’occuper d’innovation au seind’une société d’ingénieriedemande du temps et de l’argent.Or dans nos métiers, les marges sontfaibles, ce qui freine les velléitésd’innovation ; de plus, les équipessont mobilisées dans un système deproduction qui ne leur laisse aucuntemps pour l’innovation.

L’innovation volontaristeprogrammée dépasse rarement1%. Une évaluation a posterioripermet d’identifier des prestationsd’innovation pour environ 5% duchiffre d’affaires (dont 2 à 3 % duchiffre d’affaires éligibles au CréditImpôt Recherche).

b) La structure des comptesd’exploitation

Les PME françaises rencontrent unobstacle spécifique qui limitedrastiquement le financement de larecherche : celui de la sous-capitalisation. Les PME n’ont passuffisamment de capitaux propresà investir dans l’innovation.

Le recours à des emprunts bancairesa pour conséquence unaccroissement des frais financiers ; enmême temps, les délais de règlementdes clients s’allongentconsidérablement – en 2 ans, le délaiest passé de 60 à 100 jours d’attenteet il tend désormais vers les 120. Toutceci contribue à accroître le besoin enfonds de roulement et les PME nepeuvent fonctionner, aujourd’hui, sansde très grosses ressources

financières. La part de financementà consacrer à la recherche desolutions innovantes est donc sacrifiéed’emblée.

b) Le poids de la normalisation

On doit ajouter que le processus deproduction de l’ingénierie est, demanière générale, très normatif carencadré par un très grand nombre detextes : or innover suppose deremettre en cause des processusnormalisés pour tenter autre chose.Autrement dit, on a bien là deuxstructures intellectuellesdifférentes, celle de la créativité etcelle de tranquillité d’esprit. Pour lesrendre compatibles, il faut faire preuved’une forte motivation.

Malgré cela, les ingénieurs innovent enpermanence au sein de leurs projets :mais cette innovation est difficile à

identifier et à afficher. Ce quimanque donc, c’est uneinnovation planifiée en interne.Or les dirigeants étant en général desmanagers, plus que des ingénieurs, ilsne sont plus les initiateurs des idéesinnovantes. Aussi ceux qui innoventne sont-ils plus directement intéressésaux fruits de l’innovation. Ajoutonsd’une part, que les ingénieurs nemettent pas assez en valeur leursinnovations vis-à-vis de l’extérieur etqu’ils en perdent ainsi une partie desbénéfices (problème decommunication) ; d’autre part, qu’ilsne sont pas assez reconnus commeles auteurs de ces productionsintellectuelles innovantes (problèmede la protection intellectuelle).

54

Les obstacles financiers dans les sociétésd’ingénierie

Les

obst

acle

s fin

anci

ers

dans

les

soci

étés

d’in

géni

erie

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 28: L'ingénierie et l'innovation

57

a) La recherche universitaire

Les relations de l’ingénierie avec larecherche universitaire, si elles ontaujourd’hui le mérite d’exister,restent insuffisantes ; dans bien descas, elles demeurent difficiles,voire tumultueuses.

L’AUGC (Association Universitaire deGénie Civil) a ainsi publié en avril2007 une enquête très approfondie,menée auprès de ses membres, surla complémentarité entre l’AUGC etles secteurs professionnels (intitulée« Enquête et propositions pour uneplus grande efficacité de larecherche en génie civil »). Ellemontre que la relativeméconnaissance réciproque entreles deux milieux a occasionné uncertain nombred’incompréhensions, qu’il esturgent de lever. Les enjeux, des deuxcôtés, sont significativement plusimportants qu’il n’y paraît. Un vraimécanisme d’ « ornière » s’est ainsicréé : l’écart se creuse entre lesdeux milieux et il deviendra de plusen plus difficile d’en sortir s’il n’y apas un sursaut collectif.

Plusieurs paramètres expliquentces divergences.D’une part, l’échelle du tempsd’un universitaire et celle d’uneingénierie ne sont pas les mêmes.Souvent, pour le premier, le résultatsera fourni quand il sera trouvé, sansdélai préétabli ; pour la deuxième,le résultat doit tomber à une dateprécise, fixée à l’avance. De plus, lamise en route d’un travail derecherche dans un cadre

universitaire est obligatoirementlongue, car il faut mobiliser leprofesseur, puis trouver le (ou les)étudiant(s) disponible(s) – car il y atoujours des impératifs personnelsd’examens –, intéressé(s) par lesujet à traiter etc. Ajoutons que lacontinuité de la recherche n’est pastoujours assurée si elle dureplusieurs années ; si c’est le cas, ellenécessite des passages de consigneset de connaissances d’un étudiant àl’autre, qui peuvent être difficiles àgarantir.

D’autre part, il est vrai qu’il existeparfois, de manière explicite ouimplicite, des réticences d’ordreidéologique : « l’université ne vaquand même pas apporter à unprivé un objet qui va lui permettrede faire beaucoup de bénéfices !! ».Le privé est souvent plus considérécomme un financeur potentiel et asouvent du mal à se faire acceptercomme partenaire d’innovation,même lorsque sa base scientifiqueest solide.

L’ingénieur et le chercheurL’ingénieur est formé pour réfléchiret trouver des solutions dans undélai limité et souvent très court. Lechercheur universitaire doit prendrele temps de la réflexion pour faireprogresser l’objet de ses recherches.La différence des échelles de tempsrend plus difficile la collaboration.

56

Les relations avec les partenairesscientifiques

Les

rela

tions

ave

c le

s pa

rten

aire

s sc

ient

ifiqu

es

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 29: L'ingénierie et l'innovation

59

public-privé, est celui apparu dansquelques cas où des acteurspublics n’ont pas respecté laconfidentialité des informationsconcernant des innovationsdéveloppées par l’ingénierie privée.

Le fait que, par le passé, le Ministèrede l’Equipement ait été à la fois latutelle de l’ingénierie mais aussi,concrètement, son plus grandconcurrent dans ce secteur, aconduit, sur le long terme, à unesituation faisant que l’ingénieriefrançaise est aujourd’hui moins bienplacée sur les marchés àl’international que ne le sont lesgrandes entreprises françaises dusecteur BTP. Cette situation a desconséquences qui vont bien au-delàdu secteur de l’ingénierie.

Ainsi, dans la compétitioninternationale, notamment avec lespays anglo-saxons et les paysd’Europe du Nord, le fait que l’Etatfrançais confie souvent des étudesinnovantes à son seul RéseauTechnique, conduit les sociétésd’ingénierie privées à être battues àl’export par manque de référencespréalables.

Il est à regretter que dans le passé,un certain nombre de tensionsliées aux domaines de compétitionaient empêché le développementpratique de complémentaritésstratégiques entre RST et ingénierie.

b) Le Réseau Scientifique etTechnique

Au sein du MEEDDAT, ou relevant deson autorité, une trentained'organismes, de services etd'écoles d'ingénieurs constituentle Réseau Scientifique etTechnique de l'Equipement.Dans de nombreux cas, une trèsbonne coopération s’estdéveloppée entre l’ingénierie et leRST. A titre d’exemple, de 1970 à1995, une société adhérente adéveloppé de nombreusesinnovations dans les grands chantiersautoroutiers pour les sociétésconcessionnaires d’autoroutes, enlien très étroit avec les organescentraux et régionaux du RST(traitement des sols en couche deforme, mise au point de drainspréfabriqués à mise en œuvreautomatisée, expérimentation derevêtements en enrobé drainant surautoroute à fort trafic, etc).

Un certain nombre dedysfonctionnements liés au modeorganisationnel du RST sontcependant à relever. Ses organismes,dans le cadre de leurs attributions,se trouvent volontairement, oumême involontairement, placés parles pouvoirs publics dans la positionde garants de la bonne doctrinecontractuelle et méthodologique,et même dans le rôle deprescripteurs d’une doctrine.Ainsi, certains élémentsméthodologiques sont repris dansdes directives, desrecommandations, des circulaires etdes guides. Dès lors que ces organismes, quireprésentent l’Etat, établissent un

document sur un sujet donné, celui-ci devient inévitablement uneréférence difficilement contournablepuisque, implicitement, il apporte ousemble apporter une garantie del’Etat. Ainsi, dans de nombreux cas,ces organismes ont développéune innovation sous la conditionqu’ils puissent s’approprier cetteinnovation et la rediffuser sousleur couvert.Par glissement, d’ailleurs, il estconstaté que des maîtres d’ouvrageprivés, auxquels ces documents nes’appliquent pas, les prennent à leurcompte au prétexte d’unehypothétique garantie.

Sans mettre en cause ni lacompétence des membres du RST, nila pertinence de leursrecommandations, il faut soulignerque ce fonctionnement conduitinsidieusement à un système de « pensée unique » qui freinetoute initiative extérieure au RST.

Le fait que le RST soit à la fois jugeet partie complique les situations,notamment lorsque des étudesvendables sont développéessimultanément dans le RST et dansl’ingénierie privée. Le point le plusdélicat, mais néanmoins récurrent ettrès dommageable à la pertinence età l’efficacité des complémentarités

58

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 30: L'ingénierie et l'innovation

61

De façon générale, les dépenseséligibles de main d’œuvre prisesen compte par les organismessubventionneurs sont souventcalculées sur des bases en-dessousdes prix de revient d’une sociétéd’ingénierie, par exemple dans ledispositif OSEO.

Les sociétés doivent assumer unfinancement propre de 70 % etdégager beaucoup de temps pourle montage du dossier et sonsuivi dans un projet financé àhauteur de 30 % par l’ANR, le Fondsde compétitivité des Entreprises oule CIR. Par comparaison, dans lecadre des contrats de recherchepassés par l’Etat, nos concurrentsanglo-saxons bénéficient d’unfinancement de 100 %.

L’obtention de financementsnécessite, en plus de la qualité duprojet proposé, un lobbyingimportant et donc très coûteux entemps, en énergie et en dépenses.Certains pôles de compétitivitérestent difficiles d’accès auxingénieries (cotisations prohibitives,pilotage par de grands groupesindustriels…).

La lisibilité des nombreux guichetsde financement est complexe.Leur cycle de renouvellement estcourt et la continuité est parfois malassurée entre un programme et sonsuccesseur dans un même secteur.De plus, certaines enveloppesbudgétaires sont affichées parplusieurs guichets.

L’organisation actuelle desfinancements n’est passuffisamment incitative pourl’ingénierie et en particulier lesPME. Un investissement significatif deveille et de compréhension desmécanismes est nécessaire pourmaîtriser cette complexité desguichets d’aide à l’innovation, ce quiécarte les « petits » projets et peutdécourager les PME.

60

Les obstacles financiers externes

Les

obst

acle

s fin

anci

ers

exte

rnes

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 31: L'ingénierie et l'innovation

63

a) Les assurances

Les assureurs distinguentgénéralement la nature destechniques associées aux travauxentre « techniques courantes » et « techniques non courantes ». Unedéfinition en est donnée ci-dessous(source Batiweb) :

■ Travaux de techniques courantes :● Relèvent du domaine traditionnelles travaux réalisés selon les règlesde l’art (pratiques éprouvées delongue date), les normes, les DTU etles règles professionnelles.

● Relèvent du domaine nontraditionnel les travaux dérogeantaux règles normatives du domainetraditionnel, mais pouvant releverd’avis techniques ATEC ou ATEX(par exemple du CSTB) oupouvant être validées par uneenquête de technique nouvelle(ETN) effectuée par un organismede contrôle.

Les contrats d’assurance admettentl’automaticité de la couverture en casde « techniques courantes », maispeuvent se réserver un droit deregard dans le cas des techniques nontraditionnelles.

■ Travaux de techniques noncourantes :

Ils sont définis par opposition auxtechniques courantes, mais il s’agit enfait d’une notion contractuelle, qui peutvarier d’un assureur à l’autre. Il convientde se référer aux définitions donnéesdans chaque contrat et, en cas dedoute, d’interroger son assureur.

Les ouvrages présentant uneinnovation entrent clairement dansla catégorie associée aux

techniques non courantes. Ce n’estpas le cas si les processus deconception utilisés sont innovants,tant que l’ouvrage lui-même necomporte pas d’innovation, parexemple par les matériaux ouprocédés de réalisation utilisés.

L’assuré peut être déchu de ses droits àgarantie s’il n’observe pas les règles del’art, encadrées par une réglementation,une documentation reconnue ou unagrément. Or une innovation n’estgénéralement pas couverte par untel document. Le niveau de risque estdéclaré à la souscription de la police.L’aggravation du risque peut être unecause de résiliation du contrat.L’assureur peut, à tout moment, vérifierle risque qu’il garantit.

Un exemple de clausecontractuelle sur ce sujet :« En cours de contrat, le souscripteurou, à défaut, l'assuré, doit déclarer desa propre initiative à l'assureur lescirconstances nouvelles qui ont pourconséquence soit d’aggraver lesrisques, soit d'en créer de nouveauxet rendent de ce fait inexactes oucaduques les réponses faites àl'assureur, notamment dans leformulaire mentionné ci-dessus (art. L.113-2 du code). Sous peine dedéchéance, le souscripteur doitdéclarer ces circonstances à l'assureurpar lettre recommandée, dans undélai de 15 jours à partir du momentoù il en a connaissance. Ladéchéance pour déclaration tardivene peut être opposée à l'assuré que sil'assureur établit que le retard dans ladéclaration lui a causé un préjudice.Elle ne peut également être opposéedans tous les cas où le retard est dûà un cas fortuit ou de force majeure ».

62

Les obstacles administratifs

Les

obst

acle

s ad

min

istr

atifs

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 32: L'ingénierie et l'innovation

65

d’investissement. En cas de non-respect de celui-ci, dans unefourchette dépendant du niveau deprécision des études ayant permisl’estimation (APS, APD …), il estpénalisé par application d’unediminution du taux de rémunération.

Dans ce cadre il est difficile pourune ingénierie d’opter seule, sansle support préalable du maîtred’ouvrage, pour des dispositionsinnovantes qui induisent à la fois :● des procédures additionnelles de

validation ;● des études complémentaires

démontrant non seulement lafaisabilité de ces dispositions et leurfiabilité, mais aussi qu’ellesconduiront à des performances del’ouvrage, à moyen et long terme,globalement aux moins équivalentesà celles attendues par applicationdes techniques habituelleséprouvées ;

● des restrictions éventuelles dans lechoix des entreprises chargées deles réaliser ;

● des aléas de coûts et de délaispotentiellement plus importantsdans la réalisation des travaux ;

● des problèmes d’assurance…

Quelle que soit la conjonctureéconomique, les ingénieries n’aurontaucun intérêt, lors de leur mise encompétition, à :● majorer les coûts de leur

propre rémunération, commecelle, prévisionnelle, destravaux, en intégrant dans le projetles coûts de développement deconcepts, processus, ou produits ;

● prendre des risques sur les délaiset le bon déroulement del’opération.

Les sociétés d’ingénierie hésitent donc

à se lancer dans des projetsinnovants, puisque ceux-ci impliquentde supporter des risques plus lourdsou de voir le projet rejeté par lemaître d’ouvrage.

Seuls les maîtres d’ouvragepeuvent endosser une démarchepermettant l’innovation. Or ilsn’en font pas usage, malgrécertaines dispositions du CMPfavorables à l’innovation.

■ Le rôle de la chaîne Maîtred’ouvrage / Maître d’œuvre /Entreprise

Tous les acteurs de la chaîne dedécision d’une opération constatentque, très souvent, chacun se sentenfermé ou s’enferme lui-mêmedans une application très stricteet très restrictive des différentstextes qui régissent ledéroulement d’une opération.Cette autolimitation collective estcertainement l’un des freins les plussignificatifs à l’innovation.

● Le maître d’ouvrage n’ose pass’affirmer dans l’établissement duprogramme de peur de trop limiterles possibilités de concurrence. Ilcontractualise alors avec un maîtred’œuvre en application de la loiMOP, en fixant des limites trèsrigoureuses à l’action de son MOE,de peur de subir des dérapagesfinanciers ou de délai.

● Le maître d’œuvre s’impose deslimites pour éviter de sortir ducadre du programme fixé, soit pourne pas endosser une responsabilitéqu’il estime être du ressort duMaître d’ouvrage, soit pour éviterdes dépenses imprévues qui

Dans cette hypothèse, l’assureur peutsoit résilier le contrat, soit proposerun nouveau montant de prime.Si l’aggravation du risque n’est pasdéclarée, de bonne foi, mais estconstatée avant tout sinistre, l’assureurpeut soit dénoncer le contrat, soitproposer un nouveau montant deprime. En cas de sinistre, l’indemnitéde sinistre peut être réduite enproportion. En cas de mauvaise foi, lecontrat peut être réputé nul.

En conclusion, si un ouvragecomporte un aspect innovant, lecontrat d’assurances RC Pro negarantit pas automatiquementl’ouvrage. A minima, l’assureur seréserve un droit de contrôle. Si lerisque augmente par rapport auxconditions standard du contrat, ceque l’assureur considèrera toujoursêtre le cas pour des techniques noncourantes, l’assureur peut résilier ouaugmenter la prime. Si l’augmentationdu risque n’a pas été mise enévidence avant sinistre, l’indemnisationpeut être diminuée.

b) Le Code des Marchés Publics

■ Les procédures de passationdes marchés publics

Les modes de dévolution desmissions d’ingénierie, dans le cadredes marchés publics traditionnels,sont habituellement de l’un des troistypes suivants :

1. Concours2. Marché de définition3. Appel d’offres ouvert ou restreint

Dans les deux premiers cas, laconsultation est lancée sur la base aminima d’un programme.

Les sociétés admises à répondre sontsouvent incitées à faire del’innovation, mais à leurs propresrisques, la propriété intellectuelledes idées n’étant pas protégée.

Le choix du projet retenu est souventlié à l’estimation prévisionnelle ducoût d’investissement, basée sur destechniques fiables et éprouvées,et qui doit rester en outre dansl’enveloppe financière disponible(notion de mieux-disant).

Si ce dernier objectif n’est pas atteint,la procédure peut être déclaréeinfructueuse, et les idéesinnovantes conservées et utiliséespour lancer une nouvelleconsultation.

Dans le troisième cas, le prixdevient, de manière quasisystématique, le critèredéterminant.Les missions d’ingénierie sontrémunérées au prorata du montantprévisionnel des travaux.Le taux de rémunération tient comptedu contenu des prestations à réaliser,par rapport à une mission complètedite de référence et de la complexitéspécifique du projet par rapport à desprojets de même catégorie.Le maître d’œuvre est tenu au respectdes engagements en matière de coût

64

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 33: L'ingénierie et l'innovation

67

initial (exploitation – maintenance –renouvellement). Or, dans les contratsde maîtrise d’œuvre type MOP, entre leprogramme concours et l’APD (Avant-Projet Détaillé), la technologie dans desdomaines comme l’hospitalier peutavoir évolué, ce qui donne lieu à desadaptations de programme. Dans unContrat de Partenariat en revanche,lorsque le contrat est signé, l’objet etson prix sont définitivement convenus ;il devient difficile et hasardeux au planfinancier de demander desmodifications de programme. Il estalors tentant de prescrire lestechnologies les plus récentes, cequi encourage l’innovation.

De plus, la conception en coût globalest entièrement intégrée à ladémarche et pousse à innoverdans l’optimisation du coût depossession (coût d’investissement /coût d’utilisation).

Enfin, l’ingénierie simultanée entreconcepteur / constructeur /mainteneur doit générer de nouvellesconceptions par l’intégration anticipéedes contraintes aval (concevoir pourmieux construire et pour mieuxmaintenir).

Il est à noter cependant que cetteoptimisation ne sera véritablementeffective que grâce à un dialoguepermanent entre les troisintervenants, ce qui ne se constatepas suffisamment aujourd’hui carles processus ne se sont pasencore adaptés ; la récurrence dece type de contrats devrait cependantfinir par instaurer ce dialogue.

➜ D’un autre côté, la logiquefinancière du coût global et le

transfert de risques sur lepartenaire privé peuvent inciterles groupements à mettre enœuvre des solutions trèséprouvées, afin de limiter lerisque d’insuffisance deperformances, source depénalités importantes.

La pression sur la réduction descoûts exercée par l’entreprise nefavorise pas l’innovation. Cetaspect, que les entreprises mettentfréquemment en avant, ne concerneen fait bien souvent que l’optimisationet la rationalisation des méthodesconstructives maîtrisées par elles-mêmes, mais très rarement lafonctionnalité et la qualité. L’entrepriseestime que dans les projets, il existeintrinsèquement beaucoup derisques incontournables. Elle se méfiedonc des conceptions innovantesqu’elle assimile à des risquessupplémentaires au lieu de lesconsidérer comme des opportunités.

De même, il est nécessaire d’avoirune bonne connaissance du cyclede vie des équipements ; or celle-ci est fondée sur l’expérience plusque sur un calcul prédictif, ce quibloque le recours à des techniquesnouvelles pour lesquelles on n’a pasde retour d’expérience.

Dans la situation actuelle, le poidslimité de l’ingénierie dans ungroupement ne lui donne pas uneinfluence suffisante pour valoriserl’innovation et la couverture desrisques de conception et dedéfinition des valeurs d’exploitation(consommations, entretien) n’est passuffisamment assurée.

conduiraient à un dérapage financierde son propre marché. Par ailleurs, lacomplexité croissante des opérationsimpose au MOE de faire intervenirdans son équipe un très grandnombre de co-traitants ou sous-traitants spécialisés, dont la gestionalourdit le fonctionnement de la MOEet les relations avec le MOU.

● Le maître d’œuvre impose àl’entreprise de travaux desconditions de réponse à l’appeld’offre très limitatives, de peur devoir sa tâche de jugement de l’offreet de proposition de choixfortement compliquée et d’êtreconduit à prendre une responsabilitéqu’il ne souhaite pas supporter faceà son maître d’ouvrage. De plus, lanotion de « variante » est toujoursl’ouverture à des risques de dériveséconomiques.

● L’entreprise suit scrupuleusementles contraintes fixées par le marchéde travaux pour ne pas se mettreen porte-à-faux vis-à-vis du MOE ;elle cherche dans ce marché lesfailles procédurales ou techniquesqu’elle pourrait utiliser pouraméliorer son chiffre d’affaire ou samarge.

L’absence de diffusion et de miseen valeur des innovations par lesmaîtres d’ouvrage bloque de plusen plus l’arrivée sur le marchédes services issus de la recherche,alors même qu’ils répondent à desbesoins sociétaux prioritaires.

c) Les contrats de partenariat

■ Le paradoxe des contrats departenariat (ex-PPP)

Les nouvelles procédures de contratsde partenariat (BEH, LOPSI, LOPJI,Contrats de Partenariats) engendrentun nouveau type de relation et depositionnement de tous les acteursde l’acte de construire, en introduisantdans la pratique la notion « d’ingénierie concourante » (ou « ingénierie simultanée »), utiliséedepuis longtemps déjà dans lesecteur industriel.

La nouveauté contractuelle descontrats de partenariat fait naître deuxdynamiques agissant en sens inverse.

➜ D’un côté, le contrat departenariat est un contrat global delongue durée, nécessitant la miseen œuvre de solutionsinnovantes ou tout au moins « dernier cri », afin de limiter lerisque d’obsolescence rapide,source de surcoûts en cas derenouvellement prématuré.

La personne publique est en effetsoumise à un changement deparadigme, qui la conduit à imaginerson projet dans la durée et non plussous le seul angle de l’investissement

66

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 34: L'ingénierie et l'innovation

69

■ L’innovation dans les contratsde partenariat

Deux types d’innovation peuvent êtredistingués dans le champ des contratsde partenariat : les innovationstechnologiques et les innovations deprocessus et contractuelles. Desobstacles bien spécifiques rendentdifficile la mise en œuvre de chacuned’entre elles.

➜ Dans le cas des innovationstechnologiques :

● coût global : les contrats departenariat engendrent unchangement de paradigme qui apour point central l’optimisation ducoût global. La sécurité prévaut surl’innovation.

● rémunération des études : lespersonnes publiques attendent del’ingénierie qu’elle soit force deproposition, dans le cadre d’uneexpertise transversalepluridisciplinaire. Mais les étudesd’optimisation se déroulentessentiellement pendant la phased’offre. Or l’absence ou le faibleniveau de rémunération des étudesà ce stade ne permet pas d’ytravailler de manière approfondie.

● solutions en rupturetechnologique : une solution enrupture technologique peut générerune économie substantielle sur lecoût global ; le problème est desavoir qui en assume le risque.

➜ Dans le cas des innovations deprocessus et contractuelles :

● acceptabilité des solutionsinnovantes : les programmes descontrats de partenariat sont encoretrop souvent descriptifs et pas assezperformanciels. L’acceptabilité d’une

solution innovante n’est pas garantie.Le risque de rejet de la candidatureempêche de proposer une tellesolution.

● processus de conception : letravail collaboratif à l’intérieur dugroupement s’inscrit encore tropdans les schémas séquencésclassiques et l’effet de synergieattendu reste insuffisant.

● confidentialité du dialoguecompétitif : certaines solutionsinnovantes ne sont pas proposéesdans les premières phases dudialogue compétitif, dans la craintede les voir « mutualisées » avec lesautres candidats, de manièreconsciente ou non de la part desacteurs publics et de leurs conseils.

● utilisation de l’article 10 del’ordonnance du 17 juin 2004 :cet article prévoit qu’un groupementfasse une proposition spontanée à laPersonne Publique pour répondre àun besoin présumé de celle-ci. Celaconstitue a priori une opportunitéforte pour l’innovation. Mais laprotection de l’idée initiale nesemble pas suffisamment assurée.

● assurances : la composante « construction » du contrat de PPPest bien maîtrisée par les assureurs(en mettant à part les difficultésidentifiées pour l’ingénierie). La couverture des risques liés à lacomposante « exploitation -maintenance » et la répartition desresponsabilités respectives desdifférents partenaires sont beaucoupmoins maîtrisées. Ce manque devisibilité est de nature à bloquerl’innovation.

68

L’insuffisance de la protection de l’innovation faite par l’ingénierie

L’ins

uffis

ance

de

la p

rote

ctio

n de

l’in

nova

tion

faite

par

l’in

géni

erie

a) Propriété intellectuelle et/ouindustrielle et innovation

En matière d’innovation, la propriétéintellectuelle a deux fondements : ● moral : les créateurs doivent

recevoir la reconnaissance morale etmatérielle de leur qualité d’auteur ;

● économique : en garantissant uneexclusivité et en assurant la loyautédans les relations industrielles etcommerciales, l’Etat favorise lapromotion de l’exploitation descréations.

La protection des droits d’auteur,brevets, licences ou autres estréglementée.Les problématiques del’innovation et de la propriétéintellectuelle (PI) sontétroitement liées, dans la mesureoù le concept même d’innovation,pour un acteur économique,s’entend implicitement sous l’anglede la protection de cette innovationet de la capacité, pour l’acteur enquestion, de tirer un profit futur deson investissement, ce qui ne sauraitse concevoir sans établissementd’un droit.

Le droit de la PI, au regard despréoccupations de l’ingénierie, estassez ambigu. La fameuse formuleselon laquelle « ne sont pasconsidérés comme desinventions, notamment, ni lesplans, principes et méthodesdans l'exercice d'activitésintellectuelles » semble exclure lesproductions de l’ingénierie duchamp de la PI.

A y regarder de plus près, leschoses sont plus nuancées, etl’ingénierie pourrait sans doutes’appuyer sur les principalescatégories de droit de PI dans sesactivités :● les brevets, dès qu’elle invente un

procédé ;● les dessins et modèles, lorsqu’elle

est en situation de créer un designoriginal ;

● les marques, dénominationscommerciales, etc. ;

● le droit d’auteur, pour sesproductions écrites et logicielles.

Les risques liés aux innovations nonprotégées sont principalement :● les copies et contrefaçons par des

entreprises concurrentes ;● l’absence de contrôle des

utilisations ultérieures faites par lesconcurrents et le manque decompensation financière ;

● les investissements peu rentablesdans la recherche &développement.

Une organisation inadéquate de lapropriété industrielle et intellectuellenon seulement gêne la diffusion desinnovations, mais bloque mêmeparfois la volonté des dirigeantsd’entreprises d'ingénieried’investir dans l’innovation.

Quelques cas passés, où des maîtresd’ouvrage ont trahi la confianced’ingénieries qui avaientsignificativement investi dansl’innovation, ont des conséquencesprofondes et durables sur laprofession.

LES

OB

STA

CLE

S À

L’IN

NO

VATI

ON

Page 35: L'ingénierie et l'innovation

71

1 Les propositions développées dans ce chapitre sont classées en fonction de leur destinataire :● les dirigeants des sociétés d’ingénierie ;● l’Etat en tant que tutelle et régulateur ;● les décideurs, donneurs d’ordre et maîtres d’ouvrages ;● le secteur de la recherche et de l’enseignement ;● les actions collectives.

b) Le risque de « pillageintellectuel » au sein dudialogue compétitif

Né de la volonté communautaire detrouver une solution aux marchéscomplexes, le dialogue compétitif,présent dans l’article 29 de ladirective européenne refondue, asuscité des questionnements auParlement européen – notammentau sujet de la confidentialité deséchanges et de la possibilité de«pillage intellectuel» (« cherrypicking ») : comment garantir laconfidentialité des informationséchangées ? Est-il possible demodifier les spécifications du marchéau cours du dialogue ? Dans quellemesure les opérateurs économiquesrecevront-ils une rémunération pourleur participation ? Tout au long de la phase de dialogue,la personne responsable dumarché ne peut en effet élaborerle cahier des charges (encombinant des élémentsproposés par différentscandidats) sans le communiquerà l’ensemble des candidats – ceciafin de leur permettre de modifierles propositions successives issues dudialogue. Le cahier des charges estarrêté après la phase de dialogue.Les offres sont alors déposées etl’offre économiquement la plusavantageuse est choisie selon lesmodalités classiques de la procédured’appel d’offres. Il n’est pas donnésuite à la procédure si aucune offren’est jugée acceptable.

La mise en œuvre de cette nouvelleprocédure mérite donc sans douteun premier bilan. L’ingénierie, qui estau cœur des idées générées sur ces

projets, ne pourra libérer ses idéesinnovantes qu’avec un minimum degaranties pour protéger ses talents.

c) Droit privé

Il faut signaler un obstacle qui freineconsidérablement l’innovation dansles ingénieries privées : les contratsactuels contiennent des clauses deconfidentialité et de propriétéintellectuelle qui attribuent l’entierbénéfice de l’innovation découverteau client et seulement au client(car c’est lui qui finance lesrecherches nécessaires).

Les ingénieries travaillant à dessolutions innovantes ne peuventdonc en retirer aucun intérêt :l’innovation ne leur appartenant pas,ils ne peuvent ni la vendre nis’attribuer sa découverte, nimême communiquer sur leurcapacité à innover tellement lesclauses sont restrictives.

En synthèse, il semble qu’au-delà decertains facteurs structurels, le champde la PI offre de réellesopportunités aux ingénieries. Cesopportunités, pour être exploitées,nécessitent une maîtrise des termescontractuels. Ceci ne peut s’obtenirqu’au travers d’un dialogue très enamont avec les MOA, assis sur unelégitimité réelle.

70

Les actions internes aux sociétésd’ingénierie

Les

actio

ns in

tern

es a

ux s

ocié

tés

d’in

géni

erie

IV. LES PROPOSITIONS DE L’INGÉNIERIE 1

L’avenir de la performance del’ingénierie française en France et àl’international dépendra de sa prised’initiative et de son dynamismepour relever les défis de l’innovation.

a) Intégrer, gérer et valoriserl’innovation

L’innovation est un vraiinvestissement à moyen et longterme dont le financement doit êtrecohérent avec les enjeux et lastratégie d’entreprise.Tous les acteurs internes, y comprisles dirigeants, sont convaincus, sur leprincipe, de la nécessité d’innover.Mais ils ne savent pas comment s’yprendre concrètement. Il estessentiel de rappeler quel’innovation dans les entreprisesne peut venir que de la volontédes dirigeants. C’est unecomposante essentielle del’entreprise et il ne peut y avoird’innovation « volontaire » queplanifiée. L’innovation peut par ailleursconstituer un excellent moyen detransmission des connaissances desplus anciens vers les plus jeunes ausein de l’entreprise.

Il est enfin indispensable de dégagerdes ressources dans une « zone deliberté » hors des contraintes deproduction pour favoriserl’innovation.

Propositions

C’est pourquoi il convient, en ce quiconcerne l’organisation interneaux sociétés, de :

➜ Dédier une personne aumanagement de l’innovation,avec une personnalité « horsnormes », qui puisse y consacrerun temps suffisant, même si elleest productive par ailleurs.

Selon la taille et la nature de l’activitédes sociétés, cette fonction peutêtre prise en charge, à temps partielou à temps plein, par une personneayant un profil à la foisexpérimenté et ouvert à lamodernité.

Cette personne, et éventuellementson équipe, doit avoir une certainedistance par rapport à la pression dela production opérationnelle. Mais encontrepartie, la cohérence de la

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 36: L'ingénierie et l'innovation

73

Pour cela :● ne pas hésiter à consulter OSEO,

même pour des innovationsimmatérielles ;

● développer le rôle de l’ingénieriecomme coordonnateur d’équipesd’innovation et profiter ainsi dufinancement apporté par les autrespartenaires.

➜ Avoir le réflexe de montage deco-financements « innovation »

➜ Mieux profiter de l’appui despôles de compétitivité

➜ Promouvoir l’agrément desingénieries au Crédit ImpôtRecherche

c) Capitaliser les connaissances etles retours d’expérience

La capitalisation des connaissanceset de l’innovation se traduit partout un processus interne, quicouvre :● la veille dans tous les domaines

techniques de la profession ;● le transfert des connaissances :- par des notes techniques,- par le tutorat (rôle des « anciens »

vis-à-vis des « jeunes » de lasociété),

- par la formation.● la participation à des réseaux de

connaissances :- Syntec-Ingénierie ;- clubs de recherche ;- etc.

Propositions

➜ Organiser une veille techniquetransversale

La profession doit approfondir unedémarche innovante en capitalisationdes connaissances sur des sujetsd’avenir, avec l’appui des outils de KnowledgeManagement.

➜ Systématiser les retoursd’expérience et les tutorats

La capitalisation des connaissances(en raison du papy-boomnotamment) et des retoursd’expériences est essentielle. Lesseniors des sociétés doiventtransmettre leur savoir acquis surles différents projets ainsi queleur expérience de l’innovationappliquée. Cela nécessite un travailfondé sur une complémentaritérespectueuse des spécificités dechacun. Les modèles anciens doiventêtre repensés pour être plusefficaces et réactifs.

d) Innover sur les méthodologiesinternes

L’évolution vers la société de laconnaissance, la complexificationdes projets et les défis actuelsconduisent à valoriser lesinnovations méthodologiques,dans lesquelles l’ingénierie a un rôletout particulier. Il est important derendre le processus de valorisationet de sécurisation des innovationsles plus pertinentes par rapport auxdéfis actuels beaucoup plus rapideet efficace.

Propositions

➜ Intégrer la démarche dudéveloppement durable dansles méthodes de management

chaîne « innovation-opérationnel »doit être garantie par unearticulation efficace avec lesopérationnels.

L’objet des ressources ainsidégagées est de :

● préparer la société à de nouveauxenjeux : nouvelles méthodes,nouveaux outils améliorant laproductivité ;

● explorer de nouveaux produitspour procurer un avantageconcurrentiel ;

● participer à la rédaction d’offresinnovantes ;

● créer des centres de compétenceschargés de développer desprestations nouvelles (« planter dejeunes pousses ») ;

● assurer la veille technologique enFrance et à l’international.

➜ Promouvoir et reconnaîtrel’innovation interne

Les ingénieurs doivent mieuxcommuniquer sur leurs idéesinnovantes.Il conviendrait que chaque sociétéorganise un lieu (intranet, journal,séminaires...) où les innovationspourraient être mises en valeur etdiffusées a minima en interne.L’innovation peut aussi être valoriséeen externe par une diffusion dans lapresse spécialisée et via d’autressupports à mettre en place. Celanécessite d’allouer du temps à desacteurs dédiés à cette tâche. Par son réseau, Syntec-Ingénierie estaussi un vecteur pour unecommunication externe.

➜ Valoriser l’innovation dansl’évaluation des personnes

Un bon moyen de promouvoirl’innovation en interne est dereconnaître la capacité despersonnes à innover. Cette capacitédevrait être un des critèresd’évaluation des personnes.

b) Profiter des leviers financiers

Il s’agit de mettre en œuvre unarbitrage financier cohérent dansle cadre d’une stratégied’entreprise sur l’innovation. Il estainsi important que les heuresconsacrées à l’innovation soientexplicitement comptabiliséescomme telles au lieu d’êtreconsidérées uniquement commedes charges en frais généraux. Lesheures non vendues ou le « tempsmasqué » risquent sans cela d’avoirun effet pervers et démotivant.

Propositions

Il convient de :

➜ Mieux profiter du caractèreincitatif du Crédit ImpôtRecherche

➜ Mieux profiter des leviersfinanciers de l’innovation

72

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 37: L'ingénierie et l'innovation

75

Le rôle de tutelle et de régulateurjoué par l’Etat est fondamental pourl’évolution à moyen et long termede l’ingénierie française –notamment pour libérer sescapacités d’innovation et renforcerainsi la compétitivité du pays.

a) Améliorer la structure descomptes pour favoriserl’innovation

Il est possible de prendre desmesures simples pour permettreaux PME de se renforcer sur le planfinancier et leur permettre d’innover.

Propositions

➜ Exonérer les bénéficesmaintenus en réserve

➜ Permettre l’amortissement desfrais de recherche sur unelongue durée.

b) Mieux appliquer le CréditImpôt Recherche

Le CIR a considérablement évoluéen 2008 et offre des perspectivesaccrues de financement de larecherche.

Propositions

➜ Faire évoluer les critèresd’obtention d’agrément

Il conviendrait de mettre en œuvredes mesures destinées aux sociétésd’ingénierie qui n’ont pas de sujetspropres de recherche, mais qui ontles compétences techniques ettechnologiques de participer audéveloppement de sujets derecherche.

Il serait intéressant de mettre en placedes critères de capacité interne dedéveloppement de projet ainsi quedes critères de compétencestechniques internes type « expertisemétier » ; présentés de la mêmemanière qu’un projet, ils pourraientrecevoir l’aval des auditeurs etpermettraient d’obtenir l’agrément auCrédit Impôt Recherche.

➜ Mieux définir les prestationsd’ingénierie éligibles pourqu’elles soient mieuxcomprises par les ingénieries etles auditeurs de dossier CIR

La terminologie doit être clarifiéepour éviter les mauvaisesinterprétations.

➜ Assouplir le dispositifd’agrément

Il faudrait qu’un dossier de demanded’agrément au Crédit ImpôtRecherche puisse être présenté pardes sociétés d’ingénierie sur dessujets qu’elles ont réalisés pour desclients – qui ont donc étérémunérés ; elles pourraient alorsobtenir l’agrément sans pour celaavoir un abattement fiscal, mais enjugeant simplement de leurcapacité à traiter des sujets derecherche.

c) Développer les synergies entrele RST et le secteur privé

Aujourd’hui, il y a unanimité pourdire que de façon générale,l’efficacité des synergies entrel’ingénierie et la recherchepublique est nécessaire pourrelever les défis actuels ;développer ces complémentaritéspermettrait aussi de renforcer la

La profession doit travailler àl’intégration de la démarchedéveloppement durable dans sesméthodes de management, enfaisant converger les méthodeseuropéennes d’appréhension dudéveloppement durable et de lahaute qualité environnementale.

➜ Prendre en compte lemanagement des risques surles projets complexes

Ceci requiert de :● faire un état des lieux des

méthodes actuelles en France et àl’international ;

● développer les méthodologiesappliquées dans nos sociétés

(guides, référentiels, cartographiedes risques projet, matricesd’analyse, trames simples, outilsdédiés…) ;

● les intégrer dans les méthodes debase du management de projet ;

● faire émerger des missionscomplémentaires ;

● faire prendre conscience à tous lesacteurs de l’importance d’intégrerun management des risques dansle processus opérationnel dedéfinition, conception et réalisationdes projets ;

● produire un guide Syntec-Ingénierie (ou en collaborationavec les ministères concernés).

74

L’état en tant que tutelle et régulateur

L’ét

at e

n ta

nt q

ue t

utel

le e

t ré

gula

teur

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 38: L'ingénierie et l'innovation

77

plus collectif et jouer un rôled’animation renouvelée desméthodes (pour une meilleureproductivité / réactivité destraditionnels groupes de travail).Enfin, l’Etat pourrait promouvoirl’utilisation d’innovations mûres(Knowledge Management, NTI, sitesinteractifs…)

e) Développer une fertilisationcroisée plus réactive et pluscollégiale entre les acteurspublics et privés

En France, le rôle de l’Etat dansl’animation de la capitalisationcollective des connaissances a étéplus fort que dans des pays commel’Allemagne ou l’Angleterre. Il estdevenu nécessaire de reconcevoirce rôle : certaines pratiques actuellessont héritées d’un système qui abeaucoup vieilli.

Propositions

➜ Concentrer les capitalisationsdes connaissances pardomaines

La capitalisation des connaissancespourrait être organisée, domainepar domaine, autourd’organismes mixtes, s’appuyantsur des organismes publicsexistants, auxquels participeraientdes représentants de l’ingénierie,des représentants des maîtresd’ouvrage et des représentants dela recherche. L’objectif est d’assurerl’interface entre tous les acteurspublics et privés (par exemple,pour le domaine du Bâtimentautour du CSTB, pour lesInfrastructures de Transports autourdu Setra etc).

Ces organismes auraient en chargele maintien à jour de banques dedonnées consultables recensantles connaissances et les innovations(avec ou sans labellisation ouvalidation). Dès à présent, des sujets d’actualitépourraient faire l’objet d’unecapitalisation utile : ● les différents systèmes constitutifs

d’un bâtiment (chauffage,climatisation, etc.) en termes de « développement durable » ;

● les structures IGH, en résistance aufeu ou aux attentats ;

● la ville de demain et lesdéplacements durables (avec unecomparaison des expériences deconception urbaine au niveaumondial) en association avec lepôle Ville et Mobilité Durable et leprogramme Ville Durable de l’ANR ;

● le développement del’infrastructure ferroviaire.

➜ Développer les synergies entreles différentes ingénieries :publique, interne auxentreprises et privée

Il serait utile de créer par exempleun club de réflexion associantl’ingénierie privée, l’ingénierie internedes grandes entreprises etl’ingénierie publique sur le thème del’évolution du management deprojet. Le Club de Montréal est unbon exemple.

f) Faire évoluer les moyens pourprendre en compte les choixstratégiques globaux au niveaunational

Il convient de se donner denouveaux moyens, à la hauteur desenjeux, pour que les choix

compétitivité à l’international del’ingénierie.

Proposition

➜ Développer lescomplémentarités entre RST etingénieries

Les complémentarités entre le RSTet le secteur privé en général, ainsique l’ingénierie en particulier, sont àdévelopper. L’évolution du contextestratégique (par exemple, le nouveaupérimètre du Ministère, l’orientationdu RST etc) crée un climatactuellement tout à fait favorable àce type d’actions. Il faut mettre en œuvre à courtterme des actions concrètes, tant auniveau stratégique général qu’auniveau des départementsspécifiques. Pour préparer le moyen terme, il esturgent de réfléchir ensemble auxconfigurations possibles d’unecomplémentarité adaptée auxenjeux de demain.

d) Réorganiser le corpustechnique

Un réorganisation du corpustechnique permettrait d’optimiser lerôle de celui-ci, tant en termes deproductivité (exemple : Cahiertype des Clauses Techniquesparticulières connectable à une basede données de retoursd’expérience, pour l’aide à larédaction des projets démarchés)qu’en termes de compétitivité àl’international (exemple : « Tool-kit » de la Banque Mondiale sur lesconcessions, développé par uneingénierie française).

Propositions

➜ Repenser le moded’élaboration des Cahiers desClauses Techniques Générales

Les Cahiers des Clauses TechniquesGénérales (CCTG) constituent l’undes outils de travail quotidiens del’ingénierie : ils sont les garants de laqualité des ouvrages. L’ingénieriecollecte sur les chantiers deséléments très utiles à l’actualisationde ces réglementations.

Le développement croissant destechnologies, des approchesperformancielles, des normeseuropéennes et des règles commeles Eurocodes exige de repenser surle fond :● les objectifs prioritaires de ce

type de document ;● leur mode de

conception/actualisation ;● leur lien avec les guides

techniques correspondants,● voire les connexions avec les

modules de formation soussupport NTI.

➜ Utiliser le rôle levier de l’EtatDans ces domaines, l’évolution del’Etat régulateur peut constituer unlevier important : il joue en effet unrôle de décideur final indispensable.Il pourrait ainsi inciter à un travail

76

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 39: L'ingénierie et l'innovation

79

Les donneurs d’ordre sontextrêmement divers dans leurcomposition, dans leurs moyens etdans leurs objectifs. Par ailleurs, ilsdisposent de ressources et decompétences techniques trèshétérogènes. Ils peuvent être publics(Etat, collectivités locales) ou privés(entreprises, industries…). L’ingénieriea les capacités de s’adapter auxdifférentes situations pour optimiserles projets en matière de coûts, dedélais et de performances.

a) Mieux utiliser le savoir-faire etla qualité des services del’ingénierie

Les donneurs d’ordre sont oudevraient être demandeursd’innovations pour élargir la panopliede solutions assurant à leurs projets laréponse optimale aux défis posés parles enjeux sociétaux, politiques etfinanciers actuels. Mais ils n’ont pastoujours la compétence nécessairepour élaborer les différentes solutionspossibles ou pour juger de lapertinence des solutions proposées.C’est pourquoi il leur est souventnécessaire d’avoir recours à desassistants dont l’objet est de leséclairer et les accompagner surcertains projets, voireéventuellement de les inciter às’orienter vers tel ou tel type desolution innovante. L’ingénierie est àmême de jouer ce rôle d’assistanceauprès des donneurs d’ordre à toutesles phases des projets, notamment laphase amont.

■ Dans l’assistance aux décideurs,donneurs d’ordre et maîtrised’ouvrage en phase amont

C’est de la qualité des phases amontque découle la réussite des projets.En effet, l’étude de différentespropositions et leur confrontation lesunes par rapport aux autres, dans ledomaine technique comme dans lesdomaines financier, administratif oujuridique, permet de faire émergerune solution optimale.

Le retour d'expérience d’un seulmaître d’ouvrage n'est pas suffisantpour évaluer l’efficacité d’uneinnovation. Il est nécessaire de faireappel à un spécialiste qui connaît dessolutions innovantes qui n’ont pasencore été utilisées ou qui bénéficiedu retour d’expérience d’autresmaîtres d’ouvrage. Les ingénieries, de par leur rôletransversal couvrant plusieursdomaines d’activité, ont des relationsétroites avec le monde de larecherche et interviennent pour denombreux maîtres d’ouvrage : c’estpourquoi elles ont les moyensd’apporter une contribution positiveet dynamique à l’élaboration amontdes projets.

Propositions

➜ Mieux communiquer sur lesavoir-faire de l’ingénierie et sacapacité d’innovation dèsl’amont d’un projet

Pour mieux faire profiter ses clientsde sa capacité d’innovation,l’ingénierie doit mieux fairereconnaître ses compétences

stratégiques de notre pays soientfaits dans les meilleures conditionspossibles.

Proposition

➜ Associer l’ingénierie à l’amontdes grands projets

Il faut, dès les premières réflexionssur un projet, et tout au moins avantque les grands choix ne soient faits,placer les enjeux nationaux(croissance, aménagement duterritoire, environnement, impactssocio-économiques, etc..) au cœur

des préoccupations. L’ingénieriedoit être associée dèsl’initialisation d’un projet. Lesservices de l'Etat sont en charge decette mission d'intérêt général. LesCIADT et les projets qu'ils proposenten constituent une illustrationrécente. Mais, outre le fait que cesservices ne sont pas assezconfrontés à des remises enquestion propices à l'enrichissementdes concepts, les moyens dont lesservices de l'Etat disposent ne sontplus suffisants pour qu'ils assurentseuls ces missions.

78

Les relations de l’ingénierie avec les décideurs,donneurs d’ordre et maîtres d’ouvrage

Les

rela

tions

de

l’ingé

nier

ie a

vec

les

déci

deur

s, do

nneu

rsd’

ordr

e et

maî

tres

d’o

uvra

ge

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 40: L'ingénierie et l'innovation

81

On pourrait par ailleurs :● créer des recherches

communes entre architectes,ingénieurs, paysagistes,urbanistes, etc (par exemple dansle domaine de l’environnement) enmétissant les aspects architecturaux,fonctionnels et techniques ;

● améliorer ou créer des passerellesou même seulement deséchanges au niveau de laformation (en développant lesrelations entre les écolesd’ingénieurs et les écolesd’architecture).

■ Dans l’ingénierie demanagement de projet

On sait que la méconnaissance desproblèmes opérationnels dumanagement de projet par certainsdonneurs d’ordre (publics, mais aussiprivés) peut freiner le processusd’innovation. Ce sont des sujets surlesquels les anglo-saxons sontsouvent mieux organisés, par untravail en réseau efficace avec larecherche. A noter cependant qu’ilexiste des tentatives de progrèsinnovants dans le domaine du « management de grands projetsopérationnels » au niveau desociétés ou de collectifs de sociétés.

Proposition

➜ Développer une meilleuretransversalité entre tous lesacteurs pour une vision globale

Des domaines d’innovationémergents comme « la villedurable et ses services », auxfrontières de l’urbanisme, desprocess, des technologies et desméthodologies, exigent :

● de repenser nos visions duprocessus d’innovation et descomplémentarités des acteurs ;

● de décloisonner les domaines :bâtiment, infrastructures, réseaux,process, etc.

b) Améliorer l’efficacité de lachaîne : Maîtrise d’ouvrage/Maîtrise d’œuvre/ Entreprisespour favoriser l’innovation

Le mode de fonctionnement actuelrepose sur des concepts déjà anciens(démarche séquentielle) qu’il esttemps de repenser pour s’adapteraux enjeux présents. Les relationsentre clients et fournisseurs d’unepart et entre les différents acteurs(ingénieries, architectes, entreprises,exploitants) d’autre part doivent êtrefondées sur un meilleur partenariat etsur une meilleure intégration des rôlesde chacun (démarche concourante).

Propositions

➜ Nouer une coopération étroitedans une relation de confianceréciproque pour analyserl’opportunité d’une méthodeinnovante et gérer sa mise enœuvre effective

➜ Au niveau du maître d’ouvrage,définir clairement les objectifset performances du projet etêtre plus audacieux vis-à-vis desolutions innovantes maîtrisées

● Définir des exigences claires etfortes par un programmesolidement étudié et rédigé. Dansce domaine, les sociétés d’ingénieriepeuvent apporter une assistanceforte, en dehors des contrats deMOE, pour aider les maîtres

d’assistance, spécialisées ou générales,en particulier en ce qui concerne lesphases amont :● études stratégiques,● études d’opportunités, ● études de définition des besoins et

d’optimisation des solutions, ● études d’impacts, ● cartographie des risques, ● assistance au montage d’opérations.

➜ Inciter les maîtres d’ouvrage às’entourer d’assistants dèsl’origine d’un projet

➜ Inciter les maîtres d’ouvrage àconsacrer des budgets d’étudessignificatifs dès les phasespréliminaires pour atteindre laperformance globale

Les choix irréversibles engageant 80%des dépenses d’un projet sont pris àl’issue d’études représentant moins d' 1% du coût du projet, parfoismême 1 pour mille. Il est fondamentalde mettre en place des budgetsd'études suffisants dès les phasespréliminaires pour s'assurer que leschoix qui sont faits sont vraimentoptimaux pour l’intérêt général et quetoutes les opportunités traditionnellesou nouvelles ont été explorées.

■ Dans l’ingénierie de conception

Dans son rôle de concepteur etd’intégrateur, l’ingénierie éclaire lesmaîtres d’ouvrages en proposant etexpliquant les choix techniquesles plus appropriés. Elle a lacapacité de proposer le choix desmeilleurs matériaux et des meilleurssystèmes et de fournir la synthèse desolutions optimales pour un ouvragedonné.

Propositions

➜ « Revisiter » les meilleuressolutions existantes pour lecoût global

Il faut repenser entièrement ladémarche de conception dans le butde « faire autrement », afin d’intégrerle coût global, ce qui ne conduira pasnécessairement à « faire nouveau ». Ils’agit de « revisiter » les solutionstechniques proposées dans uneoptique de fiabilité, de durabilité et demaintenabilité, l’optimum pouvantêtre une solution éprouvée ounouvelle suivant les cas ; l’innovationest alors constituée par lerecours à la meilleure solutionpour le coût global.

➜ Améliorer la synergie entrel’architecte et l’ingénieur dansle domaine du bâtiment

Il serait dans l’intérêt général de leverles barrières existantes entre cesprofessionnels pour fédérer les deuxapproches complémentaires. Uneréflexion de fond (pouvantdéboucher sur une modification deloi) sur le statut des architectes et lestatut des ingénieurs paraît nécessaire.

80

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 41: L'ingénierie et l'innovation

83

■ Par une meilleure utilisation desinnovations

La rapidité et l’ampleur de ladiffusion des innovations vers lesprojets deviennent de plus enplus stratégiques, tant dans l’intérêtdes citoyens / contribuables, que dansl’intérêt de la compétitivitéinternationale des acteurs. Pour que les applications de larecherche amont soient diffusées surle marché rapidement etefficacement, des organismes publicsont ainsi développé des structuresspécifiques. Par exemple, CSTBDéveloppement est actionnaire depetites sociétés porteuses desapplications pratiques des recherchesdu CSTB, avec un actionnariatprogressivement croissant desingénieries privées concernées. De lamême façon, les appels d’offres duLCPC dans le domaine des matérielsd’auscultation doivent améliorer lavalorisation de très bons résultats derecherche vers les marchés français etinternationaux.

Propositions

Afin d’accélérer ce processus devalorisation de l’innovation au sein dessociétés d’ingénierie, il faut :

➜ Partager efficacement les rôleset la propriété qui en découle

L’expérience d’Armines, qui consiste àattribuer la recherche appliquée auxentreprises et la méthodologiegénérique aux laboratoires derecherche, constitue ici un bonexemple. Il conduit à suggérer que lesrésultats opérationnels d’unerecherche appliquée soient plutôtconsidérés comme la propriété

industrielle de l’entreprise directementconcernée, afin de lui laisser le champlibre pour la diffusion sur le marché.En revanche, en ce qui concerne lesméthodologies génériques utiliséesdans ce cadre, leur propriété doitrester dans le laboratoire derecherche (ou dans la sociétéd’ingénierie) qui les a développées, defaçon à ce que la transposition desrésultats de cette recherche à d’autresecteurs soit valorisée par ceux quisauront le mieux le faire. De la mêmemanière qu’un laboratoire, l’ingénierieapporte souvent à un client sectorielune expérience issue de plusieurssecteurs : c’est donc souventl’ingénierie qui est la mieux placéepour valoriser largement uneméthodologie générique. Pour cela,elle a besoin du droit d’utilisationde telles méthodologies. Il existe unguide européen à mieux valoriserdans ces domaines.

➜ Inciter les maîtres d’ouvrage àmutualiser et réexploiter lesinnovations existantes

L’ingénierie ne peut pas durablements’investir pour développer desinnovations si le collectif des maîtresd’ouvrage intéressés ne prend pas sajuste part à la dynamisation del’utilisation de ces innovations. Le domaine du « management degrands projets opérationnels » esttypique en ce sens ; c’est un outilstratégique de toute l’ingénierie, tanten France qu’à l’international. Il existedes tentatives de progrès innovants auniveau de sociétés ou de collectifs desociétés.

Il est possible de s’inspirer despratiques anglo-saxonnes ; les Etats-Unis, par exemple, ont

d’ouvrage à cerner leurs besoins età élaborer les impératifs etcontraintes d’une opération ;

● Favoriser l’innovation, enpermettant aux MOE d’exercer leurcapacité d’imagination et de réutiliserdes expériences précédentes. Celapasse également par un programmedéfinissant les performancesattendues sans imposer les moyenspour les atteindre.

➜ Au niveau du maître d’œuvre,manager les équipes enfavorisant des propositionsinnovantes maîtrisées,cohérentes avec les objectifsdu projet

● Mettre en œuvre des solutionsinnovantes dans le managementde l’équipe de maîtrise d’œuvre,surtout quand elle est importante etdiversifiée ;

● Etayer ses propositions innovantespar une analyse de risquesrépondant aux interrogations dumaître d’ouvrage et opposable auxtiers ;

● Favoriser dans l’élaboration dumarché de travaux lesprocédures permettant l’apparitionde solutions innovantes cohérentesavec les besoins de l’opération etrespectueuse de tous les termes duprogramme.

c) Mieux protéger les innovationsissues de l’ingénierie

■ Par les clauses de propriétéintellectuelle et/ou industrielle

Il y a unanimité des acteurs de laprofession pour dire que seul un vraichangement de mentalité dans larelation entre donneurs d’ordre et

fournisseurs peut faire évoluer lasituation.

Proposition

➜ Faire évoluer la législation etprotéger l’innovation dans lescontrats

En considérant les exigences desclients de l’ingénierie ainsi que lescontraintes juridiques qui pèsent sureux, il paraît nécessaire d’ajouterdans les contrats une clause dite « Innovation » contenant :

● la rémunération de la performance(qui existe dans les contrats anglo-saxons) ;

● la création d’une niche de réflexion(soit une réunion de réflexion lorsdu passage de jalon) sur larecherche de la performance et del’innovation ;

● l’obtention automatique d’unelicence d’utilisation pour lesinnovations développées lors desprojets réalisés pour les clients ;

● l’émission d’un accord deconfidentialité bilatéral dans lesphases d’appel d’offre ;

● le dédommagement du proposantnon retenu dans le cas del’utilisation de sa solution innovantepar un tiers adjudicataire.

En ce qui concerne la législation, il fautenvisager l’évolution du règlementsur le transfert de technologie.

82

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 42: L'ingénierie et l'innovation

85

susceptibles de faire l’objet deprogrammes publics nationaux ;

● mener des actions pour que lesrégions ou d’autres collectivitéslocales puissent être initiatrices deprogrammes publics nationaux surdes sujets plus locaux (par exemple,des aménagements de lutte ou deprévention contre les incendies deforêt).

➜ Suivre au niveau européen lesdiverses réponses juridiquesdonnées dans les différentspays face à la même directiveeuropéenne sur les marchéspublics

■ Par les nouveaux modes decontractualisation

Les innovations de processus etcontractuelles, et en particulier lescontrats de partenariat, requièrentune prise en compte particulière del’innovation.

Propositions

Il convient de :

➜ Favoriser les propositions desolutions innovantes

Il faut s’assurer que le règlement deconsultation autorise explicitementet permette de favoriser lessolutions innovantes qui pourraientdéroger à certaines exigences duprogramme, hors celles mentionnéescomme intangibles. Cela peutconduire à hiérarchiser les élémentsdu programme en termes d’exigence.

➜ Faire prendre en compte tousles aspects des processus deconception par les partenaires

Il convient d’établir des modes defonctionnement de type « ingénierie concourante » (ou « simultanée ») entre lesdifférents partenaires dugroupement, sous la conduite del’ingénierie, afin de valoriser la logiquepermise par le contrat de partenariatpour l’optimisation du coût global. Parexemple, le gain en délai recherché (legroupement ne touche son premierloyer qu’à la livraison de l’ouvrage) nedoit surtout pas être obtenu parsuppression pure et simple ouréduction de contenu de certainesphases d’étude, dont l’aspect itératifdoit être conservé, mais par la priseen compte simultanée de tous lesaspects de la conception,maîtrisés par chacun despartenaires (conception, méthodesde construction, maintenabilité,bancabilité).

➜°Protéger toutes lespropositions innovantes parune clause de confidentialitédans le dialogue compétitif

Il convient de minimiser le risque de « pillage intellectuel » inhérent à cetteprocédure en réaffirmant ledéroulement dit « en tuyau d’orgues »du dialogue compétitif (« étanchéité » entre les projets)et en prenant des mesures explicitesdestinées à limiter le risque dedissémination des informations(nombre restreint de participants,signature d’engagements deconfidentialité).

➜ Rémunérer équitablement lesétudes pour donner les moyensde réaliser un projet novateur

La Personne Publique et legroupement doivent rémunérer

systématiquement développé despratiques intéressantes, combinant :● le packaging des innovations pour

que le maître d’ouvrage utilisateurpasse des multiples innovationsisolées à un ensemble cohérentrépondant concrètement à unegrande famille de ses besoinsopérationnels (ex : package sur laréhabilitation des ouvrages d’art, aulieu de dizaines d’innovations detype brevet sur le remplacementd’un appareil d’appui, etc…) ;

● l’implication d’un collectif demaîtres d’ouvrage (exemple : lapuissante AASHTO) qui permetd’optimiser d’une façon efficace lesinnovations répondant le mieux auxbesoins prioritaires (notioninnovante de « lead-state », lemaître d’ouvrage communiquant àses collègues les résultats de sonchantier expérimental). Lesdocuments « Ivor » constituent unpremier pas en ce sens.

d) Inciter la maîtrise d’ouvragepublique à appliquer toutes lespossibilités de contractualisation

■ Par l’application du Code desMarchés Publics

Aujourd’hui, le type de marchésdéfinis par l’article 75 du CMP (« Marchés réalisés dans le cadre deprogrammes expérimentaux ») resteconfidentiel et relève de la seuleinitiative de l’Etat.

Propositions

Il convient de :

➜ Sensibiliser les maîtresd’ouvrage aux réelles

opportunités offertes par leCode des Marchés Publics enmatière d’innovation

Pour cela, il faut mener des actionsfortes auprès des maîtres d’ouvrage,afin qu’ils soient moins frileux dans lamise en œuvre des prescriptionsinnovantes. Des actions juridiquesintempestives pour inégalité deconcurrence, intentées contre lesmaîtres d’ouvrage, augmentent eneffet fortement les réticences deceux-ci à avoir une interprétationouverte des textes.

Ces actions doivent être organisées :● d’une part par l’Etat (tutelle et

régulateur), pour expliquer etdonner le mode d’emploi de sespropres textes. L’ingénierie doitcependant agir auprès des servicesde l’Etat pour susciter cette action ;

● d’autre part par la profession del’ingénierie, auprès de ses propresadhérents, mais aussi auprès de tousles intervenants dans l’acte deconstruire.

➜ Faciliter le développement deprogrammes publics nationauxpar l’Etat et les collectivitéslocales

Pour cela, il faut : ● faire des propositions concrètes aux

services de l’Etat sur des sujets

84

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 43: L'ingénierie et l'innovation

87

a) Partager des savoirs surl’innovation et la recherche

En France, il est nécessaire derenforcer, par des liens directs, lasynergie entre les sociétés d’ingénierieet la recherche en général, et larecherche universitaire en particulier.La diffusion des résultats de larecherche du meilleur niveau estfaible, plus encore en France que dansd’autres pays.Par ailleurs, force est de constater quele secteur professionnel considèreque la formation actuelle desdoctorants ne vaut pas trois ansd’expérience en entreprise sur leterrain ; les formateurs de cesdoctorants, de leur côté, regrettentque cette formation à la rigueurscientifique par la recherche ne soitpas valorisée, tant sur le plan dessalaires à l’embauche que desresponsabilités en entreprise. Ceci est un problème récurrent,qui deviendra progressivementune vraie ornière si de vrais moyensne sont pas mis en oeuvre pour ensortir.Enfin, l’ingénierie privée, en tant queprofession, n’est aujourd’hui pas assezproche des organismes « leviers del’innovation » (DRAST, ANR,organismes européens…).

Propositions

➜ Profiter du dialogueingénierie/recherche grâce auxdoctorants

Le cadre de résolution de cettequestion des doctorants est plus largeque l’ingénierie et concerne tout lesecteur professionnel. Toutefois, ilconcerne aussi l’ingénierie, puisquedes doctorants entrés dans des

sociétés d’ingénierie pourraient êtredes acteurs efficaces d’un dialoguepertinent ingénierie / recherche.

➜ Développer les relations avecles organismes publics derecherche

➜ Participer à des projetscommuns de R&D

➜ Développer une concertationavec l’AUGC

Le document récent de l’AUGCpourrait être l’occasion d’uneconcertation entre l’AUGC et Syntec-Ingénierie, orientée versl’identification de complémentarités,tant stratégiques qu’opérationnelles.

➜ Mutualiser les thèmestransversaux entre rechercheet ingénierie

Les thèses CIFRE constituent unsystème efficace et bien rôdé, leurdéveloppement serait relativementfacile compte tenu des créditsdisponibles.Il est à signaler que certains sujetstransversaux mériteraient peut-êtred’être traités en partenariat pardes laboratoires de recherche etun syndicat comme Syntec-Ingénierie (pour les sujets trèstransversaux et précompétitifs).

➜ S’appuyer sur les organismesrelais

L’expérience d’ARMINES montre qu’ilfaut développer « l’appétence » deschercheurs pour la recherchecontractuelle ; d’autre part, il faut desentreprises qui comprennent vraimentce que les chercheurs peuvent leurapporter. Des organismes relais se

équitablement l’ingénierie pour luidonner les moyens de mener cesétudes avec toute l’efficacité nécessaire ;d’autant plus que cette rémunérationn’est pas significative pour ledonneur d’ordre au regard desenjeux sur les gains ultérieurs.

e) Prévoir des clauses deresponsabilités et assurancesadaptées à l’innovation

Dans ce domaine, tout reste àconstruire, en partenariat notammentavec les donneurs d’ordre et lesassurances.

Propositions

➜ Mieux partager les risquesentre tous les acteurs dans lecadre d’un contrat unique

La solution innovante la plus efficaceet la plus équitable, voire la pluséconomique, serait un système basésur le partage des risques partous les acteurs dans le cadred’un contrat unique.Une telle mesure favoriserait sans doutel’émergence de solutions innovantes aubénéfice de tous les acteurs.Cette solution nécessite sans douteune proposition de loi quipourrait être présentée par laprofession.

➜ Mieux responsabiliser chaqueacteur dans le cadre d’uncontrat de partenariat etinciter les assureurs à créerune offre globale ad hoc

Dans le cas de solutionsextrêmement innovantes quinécessitent le paiement d’unesurprime, celle-ci devrait êtrereportée sur le maître d’ouvrage

s’il a délibérément accepté le partid’une solution innovante soit auniveau de son programme soit àl’occasion de la phase de conception.Il est urgent et important que lesassureurs proposent une offre globalespécifique aux contrats de partenariat,afin que chaque acteur prenne lapleine mesure des responsabilités quilui incombent et ainsi assume lerisque de l’innovation en touteconnaissance de cause.

86

Les relations de l’ingénierie avec la rechercheet l’enseignement

Les

rela

tions

de

l’ingé

nier

ie a

vec

la r

eche

rche

et l

’ens

eign

emen

t

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 44: L'ingénierie et l'innovation

89

➜ Inventer des systèmes de co-ou sous-traitance permettant àl’ingénierie de s’appuyer surdes sujets de recherche menéspar le RST

Ces sujets, tournés vers l’applicationultérieure, faciliteraient l’acquisition deréférences. Dans la compétitioninternationale, les ingénieries sont eneffet de plus en plus confrontées àdes concurrents d’autres pays, ayantsur des sujets nouveaux denombreuses références d’étudesqu’ils ont menées pour le compte dela puissance publique dans leurpropre pays. Ces systèmes doiventdevenir beaucoup plus fluides que parle passé : les pays anglo-saxons ontvingt ans d’avance sur l’ingénieriefrançaise en la matière.

➜ Valoriser, pour ce qui concernel’ingénierie, la démarcheAGORA 2020 du Ministère encharge de l’Equipement

Une réflexion autour de ce thèmepeut déboucher concrètement surdes sujets de recherche, sur lesquelsl’ingénierie peut jouer un rôle précis.Le fait que d’après AGORA 2020,environ 2/3 des « besoins » identifiéscomme prioritaires n’ont pas,aujourd’hui, d’ « offres » structuréesde recherche, peut rendre ce brainstorming RST / ingénierieparticulièrement efficace pour releverles défis sociétaux identifiés.

➜ Développer un dialoguebilatéral de l’ingénierie avec leLCPC, le CSTB et l’INRETS

Cette concertation développerait descomplémentarités spécifiques et donctrès concrètes. Le fait que cesorganismes aient développé descontrats quadriennaux avec leurstutelles peut être une très bonneoccasion. Une démarche stratégique

choisie ensemble au plus haut niveauest nécessaire pour rendre cettedémarche efficace sur le fond,suffisamment rapide dans sa mise enœuvre et durable.Les exemples qui précèdentconcernent essentiellement leMEEDDAT; des actions similairespeuvent toucher des organismestechniques dépendant d’autresministères.

sont développés (ex : Armines,certains pôles de compétitivité etc).De la même façon, le développementdes labels Carnot facilitant l’accèsaux compétences de la recherchepublique constitue un exempled’opportunités qu’il y a lieu de faireréussir (ex : consortium Vitres etpôles de compétitivité, dont Ville etMobilité durable, Movéo, etc).

b) Intensifier les relations avec leRéseau Scientifique etTechnique de l’Etat

Le RST a un rôle fondamental à joueren faveur de l’innovation et il est dansl’intérêt général, compte tenu desenjeux, d’approfondir les rapports del’ingénierie avec le Réseau.

Propositions

Dans ce but, il conviendrait de :

➜ Faire appliquer la circulaire de2007 sur l’orientation du RST

Une concertation entre ingénierieet RST doit être organisée afin demettre en œuvre concrètement laCirculaire de février 2007 surl’orientation du RST et les possiblescomplémentarités avec le secteurprivé.

➜ Mieux associer l’ingénierie àl’expression des besoinsprioritaires du secteur

Les multiples contacts de l’ingénieriesur le terrain et avec les maîtresd’ouvrage font que l’ingénierie peutêtre un partenaire pertinent del’identification et de la priorisation desbesoins – et donc des sujets derecherche. Certains organismes derecherche, par exemple le CSTB, ontainsi systématisé la « commande derecherche par l’aval ». Le LCPC

associe les professionnels dans sescomités sectoriels. Il faut maintenantaugmenter encore l’efficacité de tellesapproches et les généraliser.

➜ Convenir d’un plan d’actioncommun entre RST etingénierie pour maintenirdurablement la qualitéd’expertise

Ce plan suscitera de la relève etfacilitera la capitalisation au sein du RST :certains profils d’experts spécialisés deniveau national ou international, ainsique les ingénieurs qui capitalisent lamémoire spécialisée dans chaquegrande région française (ex :géotechnique, chaussées, OdA,etc…dans chaque LRPC) sont desprofils à haute valeur ajoutée pourtous les acteurs, à commencer parle collectif des maîtres d’ouvrage ; deplus, les contraintes des marchésd’ingénierie font que de tels profils ontgénéralement vocation à êtrepositionnés dans un organisme publicau service de tous les acteurs.

➜ Développer des parcoursprofessionnels alternés

Des immersions réciproquespermettraient d’allier rigueur de larecherche et expérience du terrain.Ceci paraît vital pour la légitimitédurable des organismes de rechercheet du RST, et l’est tout autant pour lacompétitivité durable de l’ingénieriegrâce à l’innovation de haut niveau.

88

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 45: L'ingénierie et l'innovation

91

Certaines actions peuvent êtremutualisées pour fournir aux sociétésune meilleure visibilité des aidesextérieures proposées, mais aussipour leur ouvrir le chemin vers denouvelles opportunités.

a) Mieux flécher le chemin versles offres d’aides extérieures

La mise en place d’une hotline oud’un guide des aides par exempleconstitue une bonne piste. Proposerun guichet unique de renseignementset de demande d’accès auxdifférentes aides contribuerait à unemeilleure visibilité.

Propositions

Il serait opportun de :

➜ Créer un portail réunissant lesprincipaux organismes « leviersde l’innovation »

➜ Mettre en place un levierorganisationnel pour fédérerles entités (sous la forme d’unlieu de lobbying et derecherche de sources definancement) et identifier lespôles où l’ingénierie aparticulièrement sa place.

Sur ce point Syntec-Ingénieriepourrait jouer un rôle fédérateur enmutualisant ces actions.

b) Identifier les pôles decompétitivité stratégiquespour l’ingénierie et y renforcersa place

Pour optimiser le rôle de l’ingénieriedans le cadre des pôles, l’implication

de Syntec Ingénierie commepartenaire dans les instances chargéesde leur développement estnécessaire.

Proposition

➜ Faire participer Syntec-Ingénierieà des pôles stratégiques

La fédération professionnelle del’ingénierie est déjà membre du pôle« Ville et Mobilité Durables ». Il seraitjudicieux que sa participation s’étendeaux pôles stratégiques et qu’elleoccupe ainsi un rôle de facilitateurentre les pôles et l’ingénierie. Ce rôlefédérateur permettrait ainsi defavoriser l’accès à ces pôles aux PMEet TPME.

c) Créer un vivier technique avecles partenaires de la recherche

Au-delà des bases de connaissancesde chacun, un travail commun, encollaboration également avec leslaboratoires de recherche devraitpermettre de répondre à desproblématiques d’actualité.

Proposition

➜ Initier un travail de recherchesur les thèmes dudéveloppement durable et desrisques

90

Les actions collectives possibles

Les

actio

ns c

olle

ctiv

es p

ossib

les

LES

PRO

POSI

TIO

NS

DE

L’IN

GÉN

IERI

E

Page 46: L'ingénierie et l'innovation

93

ADEME : Agence de l'Environnementet de la Maîtrise de l'Energie (www.ademe.fr). Etablissement publicà caractère industriel et commercial,placé sous la tutelle conjointe desministères en charge de l'Ecologie, del’Energie, du Développement Durableet de l'Aménagement du Territoire etde l'Enseignement Supérieur et de laRecherche. Domaines d'intervention :énergie ; air et bruit ; déchets et sols ;management environnemental (siteset produits).

AII : Agence de l'innovationindustrielle. Elle fait partie d'OSEOinnovation depuis le 1er janvier 2008.Cette intégration doit permettre deremédier à la faiblesse actuelle dusoutien aux entreprises moyennesinnovantes et de mettre en place, viaOSEO, un guichet unique proposantune gamme complète d’aidesadaptée à toutes les taillesd’entreprises et de projets innovants.

AMO : Assistance à Maîtrised’Ouvrage. L'AMO est un contratselon lequel un maître d'ouvragepublic fait appel aux services d'unepersonne publique ou privée pourfaire les études nécessaires à laréalisation d'un projet. Le maîtred’ouvrage s’appuie d’abord sur lamaîtrise d’oeuvre dont le rôle est detraduire son besoin conceptuellementet d’assurer la réalisationconformément à la conception. Maispour assurer ses propres missions, lemaître d’ouvrage doit mettre enoeuvre d’autres compétences :définition et maîtrise du programme,

des délais, des coûts et de la qualité,management du projet etc. S’il nepossède pas par lui-même del’ensemble de ces compétences, uneassistance externe est justifiée, d’oùl’idée d’ « assistance à maîtrised’ouvrage ». Voir le guide publié parSyntec-Ingénierie en octobre 2005 :Missions d’Assistance à la Maîtrised’Ouvrage.

ANR : Agence Nationale de laRecherche (www.agence-nationale-recherche.fr). Etablissement public àcaractère administratif, créé le 1erjanvier 2007. Son objectif estd'accroître le nombre de projets derecherche, venant de toute lacommunauté scientifique, financésaprès mise en concurrence etévaluation par les pairs.

ANRT : Association Nationale de laRecherche Technique (www.anrt.asso.fr). Carrefour de larecherche et de l'industrie, l'ANRTrassemble depuis 1953 les principauxacteurs, publics et privés, de la R&D :entreprises, organismes de rechercheet de formation, centres techniquesindustriels, sociétés de recherche souscontrat, d'ingénierie et de conseil. Ellea pour objectif d’aider à améliorerl’efficacité du système français derecherche et d’innovation,d’encourager les concertations et dedévelopper les coopérations, tant auniveau européen qu'au niveaunational.

ARMINES : créée en 1967 à l'initiativede l'Ecole des Mines de Paris,

92

V. GLOSSAIRE DES MOTS CLÉS ET DESABRÉVIATIONS

GLO

SSA

IRE

Page 47: L'ingénierie et l'innovation

95

Contrat de partenariat(Partenariat Public Privé) : le contrat de partenariat permet àune collectivité publique de confier àune entreprise la mission globale definancer, concevoir tout ou partie,construire, maintenir et gérer desouvrages ou des équipements publicset services concourant aux missionsde service public de l’administration,dans un cadre de longue durée etcontre un paiement effectué par lapersonne publique et étalé dans letemps. Il a pour but d’optimiser lesperformances respectives dessecteurs public et privé pour réaliserdans les meilleurs délais et conditionsles projets qui présentent uncaractère d’urgence ou de complexitépour la collectivité : hôpitaux, écoles,systèmes informatiques,infrastructures.

DGE : Direction Générale desEntreprises (www.industrie.gouv.fr/portail/une/dgesom.htm). La DGE résulte de la fusionen janvier 2005, de la directiongénérale de l'Industrie, desTechnologies de l'information et desPostes (DiGITIP) et de la direction del'Action régionale et de la Petite etMoyenne Industrie (DARPMI). Elleréalise la synthèse entre lespréoccupations de politiqueindustrielle et les aspects régionauxpris en charge par les Directionsrégionales de l'Industrie, de laRecherche et de l'Environnement(DRIRE).

ECTP : European ConstructionTechnology Platform (www.ectp.org).Les plates-formes technologiques ontété créées par la CommissionEuropéenne et semblent être

appelées à devenir un élément clé dela politique européenne de larecherche. Une plate-formetechnologique est fondamentalementun mécanisme destiné à mettreensemble toutes les partiesintéressées pour relever, dans unevision à long terme, un défidéterminé. Une impulsion auxcontrats de partenariat est attendueau sein de la communauté deschercheurs, des industriels, desdécideurs, des représentants de lasociété civile, en vue d’atteindre lesobjectifs fixés par la Commission.L’ECTP, créée en 2005 et dédiée ausecteur de la construction, a ainsipour objectifs : 1) de développer larecherche et l’innovation dans ledomaine des routes, voies ferrées,ports, ponts, tunnels, patrimoineculturel... ; 2) de mettre au point desapproches multidisciplinaires etnouvelles dans le domaine del’aménagement urbain ; 3) de soutenirl’industrie européenne de laconstruction pour la rendre davantage« knowledge-based » et maintenir sonleadership mondial ; 4) d’introduire lespréoccupations d’environnement dansles pratiques du secteur etnotamment dans les conditions dedévolution des marchés (source :CNISF).

EFCA : European Federation ofEngineering Consultancy (www.efcanet.org). EFCA est le seulreprésentant, au niveau européen, del’ingénierie, notamment vis-à-vis desinstitutions. Il représente 28associations professionnelles issues de27 pays, soit un tissu d’environ 10 000sociétés réparties sur le territoireeuropéen. EFCA a un rôle de veilleauprès des institutions législatives –

ARMINES est une association derecherche contractuelle, partenaire degrandes Ecoles d'Ingénieurs (www.armines.net). Elle a pour objetla recherche "orientée vers l'industrie"et apporte à ses centres de recherchecommuns aux écoles, des moyens enpersonnel, équipement etfonctionnement à hauteur de sonvolume d'activité contractuelle. Avecprès de 500 salariés en proprerépartis dans plus de 50 laboratoires,la participation des enseignantschercheurs des écoles et une activitécontractuelle de 37 Millions d'Eurosen 2006, elle est la première structurefrançaise de recherche contractuelleadossée à des établissementsd'enseignement supérieur. Ellerenforce ainsi l'activité R&D du réseaudes Ecoles des Mines sous tutelle duMinistère de l'Economie des Financeset de l'Emploi, de l'EcolePolytechnique, de l'ENSTA, de l'Ecoledes Ponts et Chaussées et de l'EcoleNavale en l'orientant vers lesproblématiques de l'industrie.

BEI : Banque Européenned’Investissement (www.bei.org). La BEIest au service de l'Union Européenne.Elle a été créée par le Traité de Rome.Ses actionnaires sont les Etatsmembres, dont les Ministres desfinances constituent son Conseil desgouverneurs. Elle a pour mission defavoriser la réalisation des objectifs del'Union européenne en accordant desfinancements à long terme en faveurd'investissements viables.

CIACT : Comité Interministérield’Aménagement et de Compétitivitédes Territoires. Comité réuni enFrance par le Premier ministre etcomprenant les ministres concernés

par l'aménagement du territoire. Ils'est réuni pour la première fois le14octobre 2005 et fait suite au Comitéinterministériel pour l'aménagementet le développement du territoire(CIADT).

CIR : Crédit d’Impôt Recherche. Définià l'article 244 quater B du Codegénéral des impôts (CGI), le CIR estun dispositif visant à encourager lesentreprises dans la réalisationd'opérations de recherche et dedéveloppement. Les dépensesdoivent être affectées à la réalisationd'opérations de recherche scientifiqueet technique qu'il s'agisse derecherche fondamentale, derecherche appliquée ou d'opérationsde développement expérimental, ycompris la réalisation de prototypesou d'installations pilotes.

CMP : Code des Marchés Publics. Afind’harmoniser les dispositions du codedes marchés publics avec celles desdirectives « marchés publics » n°2004/17 et 2004/18 qui ont étéadoptées le 31 mars 2004, le codedes marchés publics a été modifié parle décret n° 2006-975 du 1er août2006. Les nouvelles règles qu’il fixesont entrées en vigueur le 1erseptembre 2006.

94

GLO

SSA

IRE

Page 48: L'ingénierie et l'innovation

97

maître d'ouvrage pour réaliserl'ouvrage, dans les conditions dedélais, de qualité et de coût fixées parce dernier conformément à uncontrat. La maîtrise d'oeuvre est doncresponsable des choix techniquesinhérents à la réalisation de l'ouvrageconformément aux exigences de lamaîtrise d'ouvrage. Le maître d'oeuvrea ainsi la responsabilité, dans le cadrede sa mission, de désigner unepersonne physique chargée du bondéroulement du projet (ou maîtrisedu projet) : il s'agit du chef de projet.

MOU : maîtrise d’Ouvrage. Ellereprésente l'entité porteuse dubesoin, définissant l'objectif du projet,son calendrier et le budget consacréà ce projet. Le résultat attendu duprojet est la réalisation d'un produit,appelé ouvrage. La maîtrise d'ouvragemaîtrise l'idée de base du projet, etreprésente à ce titre les utilisateursfinaux à qui l'ouvrage est destiné.Ainsi, le maître d'ouvrage estresponsable de l'expressionfonctionnelle des besoins mais n'a pasforcément les compétencestechniques liées à la réalisation del'ouvrage.

OSEO : établissement Public de l'Etat,OSEO a pour mission de financer etd'accompagner les PME, enpartenariat avec les banques et lesorganismes de capital-investissement,dans les phases les plus décisives ducycle de vie des entreprises (www.oseo.fr). Pour mener à biencette mission, OSEO exerce troismétiers complémentaires : 1) lesoutien à l’innovation avec lefinancement des investissements etdu cycle d'exploitation, en partenariatavec les établissements bancaires avec

la garantie des financements bancaireset des interventions en fonds propresavec OSEO garantie.

PCRD : Programme Cadre deRecherche et Développement. LePCRD, créé en 1984 sur la base deprogrammes-cadres pluriannuels,reste aujourd'hui encore la clé devoûte de la politique européenne enmatière de recherche et dedéveloppement technologique : unfinancement qui met les PME àl'honneur. Inscrit dans l'EspaceEuropéen de la Recherche, le 7èmePCRD a débuté en 2007 et s'achèveraen 2013. Il dispose d'un budget de50,5 milliards d'euros (dont 15%réservés aux PME), en netteaugmentation, avec en vue la relancede la stratégie de Lisbonne.

PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ : dans uneéconomie mondiale de plus en plusconcurrentielle, la France a lancé en2004 une nouvelle politiqueindustrielle qui mobilise les facteursclefs de la compétitivité, au premierrang desquels figure la capacitéd’innovation (www.competitivite.gouv.fr). Un pôlede compétitivité est ainsi, sur unterritoire donné, l’associationd’entreprises, de centres derecherche et d’organismes deformation, engagés dans unedémarche partenariale (stratégiecommune de développement),destinée à dégager des synergiesautour de projets innovants conduitsen commun en direction d’un ou demarché(s) donné(s). cette politiquevise à susciter puis soutenir lesinitiatives émanant des acteurséconomiques et académiquesprésents sur un territoire.

son but étant d’assurer que lesconditions du marché demeurentfavorables au secteur de l’ingénierie,mais également un rôle de force deproposition auprès de celles-ci(conduite d’études sur le secteur,initiatives comme la EngCard etc).

FIDIC : International Federation ofConsulting Engineers ( www.fidic.org).FIDIC représente le secteur del’ingénierie au niveau international. Entant que telle, la fédération s’efforcede défendre les intérêts du secteur.Ses objectifs : développer desméthodologies de travail, promouvoirl‘éthique dans les affaires, assurer lemaintien et l’image de la profession.

EURÊKA : créé en 1985, leprogramme Eurêka est une initiativeintergouvernementale qui compteaujourd'hui 36 pays membres etl'Union Européenne. La présidence esttournante et change tous les ans.L'objectif est de soutenirfinancièrement des projets decoopération technologique entreentreprises et laboratoires européens.Le programme Eurêka permet ainsiaux entreprises européennes demutualiser les risques et les coûts del'innovation qui peuvent être trèsélevés ; il concerne tant les PME queles groupes importants.Indépendamment du soutien financier,le programme Eurêka attribue unlabel aux projets retenus.

HABISOL : programme de rechercheHabitat Intelligent et SOLairephotovoltaïque de l’ANR, prévu pour2008-2010, qui fusionne les rechercheslancées au cours de deux précédentsprogrammes, Solaire PV et PREBAT2005-2007. HABISOL cherche

essentiellement à promouvoir desrecherches en rupture sur le conceptd’habitat intelligent et l’utilisation del’énergie solaire photovoltaïquecomme source d’énergierenouvelable pour la productiond’électricité. Le programme sepropose de traiter les sujets relatifs àla domotique, la modélisation destypologies constructives, lescomposants d’isolation, lescomposants énergétiques, les travauxsur les matériaux pour ledéveloppement et l’intégration descellules solaires photovoltaïques et lesconcepts innovants de cellulesphotovoltaïques.

MEEDDAT : Ministère de l’Ecologie, del’Energie, du Développement Durableet de l’Aménagement du Territoire (www.medad.gouv.fr). Le MEEDDAT aété créé le 1er juin 2007 ; il concentrel’écologie, bien sûr, mais aussi lestransports, l’énergie, l’aménagementdu territoire, l’habitat, la mer... L’actiondu Ministère s’organise autour de cinqgrands pôles : Ressources, territoireset habitats ; Énergie et climat ;Prévention des risques ;Infrastructures et transports ;Développement durable.

MOE : Maîtrise d’Oeuvre. Le maîtred'œuvre est l'entité retenue par le

96

GLO

SSA

IRE

Page 49: L'ingénierie et l'innovation

99

et dans les domaines des espacesmarins et littoraux et desphénomènes météorologiques. Ilsrassemblent près de 15 000 agents.

SRP : Service de la Recherche et de laProspective. Au sein de la directionchargée des études économiques etde l’évaluation environnementale(D4E) du MEEDDAT, le SRP est chargéde coordonner, en lien avec lesbesoins de connaissances des autresdirections du ministère et des servicesdéconcentrés, aussi bien les actions derecherche, que les activités de veille etde prospective scientifique, dans leschamps de l’écologie, dudéveloppement et de l’aménagementdurables. Le SRP a également pourmissions la diffusion et la valorisationdes travaux de recherche et deprospective, en direction des diverspublics susceptibles d’utiliser cesrésultats : partenaires institutionnels « habituels » du ministère, collectivitésterritoriales, gestionnaires d’espacesnaturels, industriels concernés parl’écologie et le développementdurable, monde associatif…

VILLES DURABLES : programme derecherche de l’ANR, prévu pour 2008-2010. Ce programme a pour ambitiond’intégrer les thématiques derecherche à l’échelle des systèmesurbains depuis les questions degouvernance jusqu’aux aspectstechnologiques. Deux objectifsmajeurs constituent le programme :1) l’efficacité énergétique à l’échelleurbaine dans l’objectif d’atteindre lefacteur 4 à l’horizon 2050 ; 2) unemeilleure intégration sociale etenvironnementale dans un cadre de

développement durable. Ce nouveauprogramme intègre des thématiquesantérieurement traitées dans le cadredu PGCU (génie civil), du PREDIT(mobilité) et du PREBAT (socio-économie de l’habitat urbain). Ilenglobe aussi des composantesenvironnementales abordées dans lecadre de PRECODD (gestion desdéchets urbains, métrologie de laqualité de l’air etc).

WSSTP (Water Supply and SanitationTechnology Platform -www.wsstp.org) : Créée en 2004, laWSSTP rassemble les acteurs de l’eauet de l’environnement urbain. Elle estle pendant de l’ECTP qui rassembleles acteurs de la construction. Lesnombreux participants y mettent enforme une vision commune et unplan stratégique de recherche pour lesecteur industriel concerné.

PRECODD : programme derecherche Ecotechnologies etDéveloppement Durable de l’ANR,prévu pour 2008 (4ème et dernierappel à projets). Ce programme(www.precodd.fr) couvre lestechnologies de l’environnementcentrées sur la prévention, letraitement et la mesure des émissionspolluantes d’origines industrielle eturbaine au sens large, et ambitionnede renforcer la R&D française sur lesmodes de « production propre ».PRECODD couvre en particulier lesnouveaux procédés de production etde traitement, la protection desressources naturelles et les outils etservices pour l’évaluation desperformances environnementales etpour la gestion intégrée del’environnement.

PUCA : Plan Urbanisme ConstructionArchitecture (www.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca). Depuis sa création en 1998, lePUCA développe à la fois desprogrammes de recherche incitative,des actions d'expérimentations etapporte son soutien à l'innovation età la valorisation scientifique ettechnique dans les domaines del'aménagement des territoires, del'habitat, de la construction et de laconception architecturale et urbaine.

RISKNAT : programme de rechercheMaîtrise, Réduction et Réparation desrisques naturels de l’ANR, prévu pour2008-2010. Les catastrophes naturellesà occurrence rapide (catastrophessoudaines et rarissimes à fort impact)d’origine lithosphérique (séismes,volcans, instabilités gravitaires,

tsunamis), intégrant pour certainesdes composantes climatiques ethydrologiques (coulées de boue,avalanches, crues rapides…) ne sontpas par essence « régulables » àl’amont. Pour en réduire l’impactphysique, humain, social etéconomique, il est nécessaire nonseulement de maîtriser les risquesassociés (évaluation et prévention)mais d’envisager leur réduction(notion de solution à apporter), voireleur réparation (au sens technique etjuridique). Le programme met l’accentsur un travail commun entre desacteurs des sciences physiques,sociales, économiques et juridiques.

RST : Réseau Scientifique etTechnique. Le Ministère en charge del’Equipement, des Transports et duLogement bénéficie de l’existence duRST. Celui-ci est composé d’unetrentaine d’organismes d’études, decontrôles, d’expertise, de rechercheet d’enseignement, établissementspublics ou services de l’Etat. Ils ontpour vocation de produire lesconnaissances scientifiques ettechniques nécessaires à l’actionpublique, dans les champs d’actiontraditionnels du ministère (transport,urbanisme, aménagement, génie civil,habitat), mais aussi en matièred’environnement, de prévention desrisques, de connaissance de la terre,

98

GLO

SSA

IRE

Page 50: L'ingénierie et l'innovation

101

Directeur de la publication : Syntec-Ingénierie, Fédération professionnelle del’ingénierie

Direction de projet : La commission innovation de Syntec-IngénierieChefs de projet : Philippe Bisch, Michel RayCoordination de la rédaction : Martine Bastin, chargée événements etdéveloppements de Syntec-Ingénierie, Céline von der Weid, conceptrice rédactrice

Groupe de travail : les membres de la commission innovation de Syntec-IngénierieCo auteurs :Claude Bessière1 (Ingérop)Philippe Bisch2 (Groupe Iosis, Iosis Industries)Jean-Pierre Brégeon3 (Groupe Abmi)Bernard Gausset4 (Arcadis)Michel Ray5 (Groupe Egis)Alain Thirion6 (Coteba)Jean-Marc Usseglio-Polatera7 (Sogreah)

Ont également contribué :Dominique Baujard8 (Groupe Abmi)Marie Godard-Le Beux9 (SCE)Philippe Schvartz10 (Sodeg Ingénierie)Christian Tarpin11 (Setec Its)Jan Van der Putten12 (Efca, Fédération européenne de l’ingénierie)

1 Directeur Animation Innovation et Recherche2 Directeur Scientifique (Groupe Iosis), Président (Iosis Industries), Professeur à l’ENPC, Président de lacommission Innovation de Syntec-Ingénierie

3 Président Directeur Général4 Directeur développement technique et membre du comité scientifique et technique de l’AFGC5 Directeur technique et innovation, Vice-Président exécutif du pôle de compétitivité Advancity, membre dugroupe de haut niveau de la Plateforme Européenne de la Construction

6 Directeur du Développement, consultant et enseignement en management de projet7 Directeur Général Adjoint, membre du comité sectoriel environnement, climat et systèmes urbains et duComité de pilotage du Programme Ecotechnologies et Développement Durable (PRECODD) de l’A.N.R.

8 Directeur Administratif et Financier9 Directeur du Développement10 Président, Président de l’Observatoire PPP de Syntec-Ingénierie11 Directeur du Développement12 Secrétaire Général

100

Notes

Not

es

Page 51: L'ingénierie et l'innovation

102