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  Brèves •EVASIONS !• Deux belles évasions, à l’ancienne, depuis deux prisons pour étrangers en Île-de-France. Le 6 septembre quatre retenus du CRA de Palaiseau o  nt scié les barreaux d’une fenêtre. Trois d’entre eux sont parvenus à s’enfuir. Malheureusement le quatrième est mal tombé, s’est blessé et a été capturé. Le 1er octobre c’est depuis le Mesnil- Amelot qu’un gars se fait le belle, en escaladant les grilles à l  ’aide d’un drap. Bravo ! •SABOTONS LA MACHINE À EXPULSER !• Dans la nuit du dimanche 22 septembre, deux  véhicule s de la Croix-Ro uge (un Peug eot 208 et un Peugeot Partner) sont partis en fumée, rue des Montiboeufs dans le XXe. La Croix-Rouge, tout le monde le sait, collabore à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers. Un communiqué nous explique qu’il s’agissait d’envoyer un petit signe de complicité aux évadés des CRA de P  alaiseau et de Vincennes, ainsi qu’aux mutins du CRA du Mesnil-Amelot et à tous ceux et celles qui luttent en taule. •...ET À ENFERMER !•  Jeudi 3 octobre , au petit mati n, le feu a été mis à une voiture de Vinci et à une camionnette d’Eiage, rue du 8 mai 1945, à Pantin (93). Ces deux entreprises construisent des taules, alors bien fait ! •MIRACLE !• La bonne nouvelle eurit sur les murs de l’église de Belleville ! Cette fois-ci c’ est « Dieu est mort, vive l’insurrection » et « La seule église qui illumine est celle qui brûle ». Nom de Dieu !  Au lieu de dire merci, les culs-benis, ébouriés, ont porté plainte. •V’LÀ LA MUNICIPALE...• Et voilà le parpaing qui a traversé la vitre et envoyé une iquette trop curieuse à l’hosto avec un traumatisme crânien. Ça c’est passé n septembre à Villeneuve-le-Roi (94), quand les ics ont voulu fouiner à côté d’un chantier... •VOLER AUX RICHES...• Les ouvriers de PSA continuent leurs manifestations platoniques, jusqu’à la grève de la faim, pour continuer à être exploités. Mais il  y a d’ autres personnes, pl us pragmatiques, qui choisissent des occupations plus ecaces. Le 3 octobre, quelqu’un a cambriolé la maison de Philippe Varin, patron de PSA, à Vésinet (78). Le soir, dans cette demeure qui ne connait pas la crise, manquaient bijoux et devises étrangères pour la somme de 500.000 euros… • GUETAPENS À MANTESLAJOLIE • Une soirée en bonne compagnie. Une vingtaine de jeunes gens ont pensé à in   viter aussi les ke ufs. Vers minuit du vendredi 31 août, ils ont caillassé deux bus, allumé une barricade sur une route du Val-Fourré (à Mantes-la-Jolie, 78) et ensuite ils ont attendu les keuf. A l’arrivé des bleus, voilà la fête : une pluie de pierres et un cocktail Molotov ! Dommage pour les quatre jeunes interpellés... •LA HORDE SAUVAGE• A 15, il s’ en sont pris à une horlogerie de luxe, sur la super-nantie Place Vendôme. Ils sont entrés, o  nt fracassé les présentoirs à coups de masse et de hache et ils ont volé une vingtaine de montres pour riches, ce qui fait une valeur d’un million d’euros ! Pour nir, ils ont jeté des fumigènes et se sont sauvés (tous sauf deux, malheureusement rattrapés par les condés). Pour les riches de la Place Vendôme, voilà un petit avant-goût de ce qui attend leurs boutiques, leur monde, un jour. Mais ce jour-là on ne volera pas les montres. On détruira toutes les montres et, avec elles, le temps comptabilisé, le temps de l’ exploitation... Lucioles bulletin anarchiste de paris et sa région 1    n    u    m      é    r    o  Les luci oles on les voit parc e q u’el les vole nt   la nuit . Les insou mis font de la lumi ère aux  yeux de la norm alit é parce que la socié té est  grise   comme la pacif icati on. Le probl ème, ce  ne s ont pas les luci oles, mais bien la n uit. lu ciole s@ri se u p .ne t lu ciole sd a n sla n u it.bl o g sp o t.fr Octobre 2013 Je n’ appelle p as O J . L : , , . C : , , , , . M J, -- P (, , , .) /. S : « » . l e  1  7   ! Le jeu en vaut bien la chandelle ! Beaucoup de procès ne pourraient avoir lieu sans témoins. Récemment, le gouvernement a même formalisé la gure du « collaborateur de justice », ou repenti. Il s’agit de quelqu’un qui balance les autres pour manger moins (ou pas du tout) de taule et recevoir de surcroît la protection et l’ar gent de l’État. Plus généralement, la police recourt systématiquement à des informations recueillies parmi les « citoyens » p our prévenir les délits ou en trouver les auteurs. Un bon exemple de cette deuxième démarche sont les « enquêtes de voisinage » : les chtars se pointent chez toi et te demandent de baver sur ton  voisin ou sur quelque chose qui s’est passé. Il y a des moments magiques pendant lesquels la normalité se ssure et on entrevoit la possibilité d’une vie di érente. C’était le cas des émeutes de Londres en août 2011, quand des quartiers entiers ont été renversés de fond en comble et bien des structures qui nous pourrissent la vie se sont fait attaquer. Quand l’État a voulu se venger, après coup, les ics avaient des milliers d’images des pillages (caméras de surveillance publiques ou privées, vidéos et photos prises par des « bons citoyens », etc.). Il était pourtant impossible pour eux de retrouver les émeutiers uniquement grâce à leurs visages. Les schmits ont donc fait largement appel à la délation, avec des photos en grand format exposées dans les rues, publiées dans des journaux et sur des sites internet (cela à côté de méthodes plus « musclées », comme des descentes massives et perquisitions dans des cités). Pour ce qui est de la « prévention », chacun en connaît aussi des masses d’exemples. Les ics et leurs imitations (vigiles, GPIS, correspondants de nuit, contrôleurs…) se baladent partout, posent des questions, fouinent, nous contrôlent et éventuellement nous embarquent. Mais la chose la plus grave est bien que parmi les « gens » il y a souvent une propension à la collaboration active avec les ics. Ça va du « bon citoyen » qui t’engueule si tu jettes un mouchoir sur le trottoir au type qui bave au vigile du supermarché s’il te  voit ch ourer, du voisin qui app elle les ics quand il y a du bruit, à la balance tout court… Depuis le commerçant (légal ou « illégal », peu importe) qui est un peu trop aimable avec les ics parce qu’il a sa sale aaire à défendre, on va  jusqu’aux associations de balances volontaires, telles que les « voisins vigilants ». Il s’agit bel et bien d’une forme de contrôl e social informel, une solide béquille indispensable au contrôle institutionnalisé de la police et des organes  juridiques. Pourtant, parfois il surait simplement de se taire ou de dire : « Je ne sais rien, je n’ai rien vu ». Il surait de savoir clairement identier ses véritables ennemis : non pas les autres pauvres, mais ceux qui créent et gèrent la pauvreté, qui ont un pouvoir sur nos vies. Que des riches (ou ceux qui se croient comme tels, pour se diérencier de la misère généralisée) se placent du côté des keufs, rien de bizarre. D’ailleurs les chtars sont là justement pour garder les pauvres à leur place et leur rappeler le respect de l’autorité et de la propriété, au cas où ils ne l’auraient pas bien appris à l’école, en famille, au taf, etc. Mais pourquoi la femme de ménage s’identi erait-t-elle avec son riche employeur jusqu’à pointer du doigt celui qui vole dans le magasin ? Il faudrait questionner pourquoi certaines valeurs (et comportements) des exploiteurs sont devenus également ceux des exploités. En eet, cette servitude volontaire qui n’ est pas p erçue comme ser vitude, mais comme « apporter sa pierre au bien commun » ou plus banalement comme « on est tous dans le même bateau » est un des fondements les plus formidables de l’autorité. Il y a des ics partout, parfois même dans nos têtes (on est tous plus ou moins les enfants de cette société) et on nous demande encore de devenir les balances de quelqu’un d’autre ? C’est assez ! Un changement radical des rapports interindividuels, la liberté, ne pourra se produire que par un bouleversement complet de ce monde : la révolution. Mais pourquoi ne pas essayer de régler entre nous nos conits déjà maintenant, sans avoir recours à la machine de la Justice et sans forcément se bouer les uns les autres ? Il s’agirait de gérer les di érends de la façon la plus horizontale et directe possible, entre les intéressés. Le Pouvoir cherche à nous infantiliser (les enfants sont supposés ne pas raisonner, mais est-ce  vrai?), on nous fai t croi re que no us ne som mes pa s capa ble s de régler nos problèmes de manière autonome. Pour essayer de nous libérer du contrôle de l’État et de la société, d’avoir nous-mêmes une prise sur nos vies, il est indispensable de garder la Justice (étatique, communautaire, morale) hors de nos rapports. Qu’ils soient des rapports directs, sans un pouvoir tiers et sans autorité entre les individus. Encore, refuser ics ou juges ne signi e pas forcément avoir recours à d’autres formes d’autorité, plus ou moins institutionnalisées, telles des formes communautaires ou maeuses. Un juge est un juge, qu’il soit en toge ou en soutane. Et tous les sbires ne sont pas au service de l’État. Le contrôle et la répression étatiques (juges, ics, médiateurs…) ou sociaux et communautaires (grands frères, leaders religieux, patrons, maîtres à penser…) sont des moyens de gérer les conits qui surgissent entre individus ou groupes, conits qui parcourent la société et peuvent avoir des eets terribles pour les intéressés. L a  vio lenc e « ave ugle » et la plu part des con its ne sont pas seul emen t produits par la société ac tuelle, mais il sont néce ssaires à l’ existence de l’État. Un État qui impose une situation d’exploitation et de misère (économique, intellectuelle, aective… de manière plus générale une misère existentielle). Cette situation est à la base de la plupart des conits que l’État lui-même, après coup, prétend gérer. Avec la disparition de l’ autorité et de l’ exploitation, une l arge majorité des conits disparaîtrait elle aussi. Pensons à tous les conits liés, directement ou indirectement, à la propriété et à son manque, à la violence interne à la famille (violence de genre et sur les enfants) et plus généralement à toute la violence que ce monde nous fait avaler chaque jour, jusqu’à ce que ça déborde, souvent de manière casuelle, ne s’en prenant pas aux véritables responsables (comme devrait le faire une violence libératrice). On n’est pas cons et on ne se cache pas derrière un doigt. Il y aura peut-être toujours de la violence, des conits entre les personnes, même une fois abolies l’exploitation et l’autorité. Et dans ce monde-ci il n’est pas facile de résoudre certains problèmes sans avoir recours, par exemple, aux ics. L’exemple que chacun sort est celui de la  vic tim e ou du spect ateur d’ une agr es sio n. Quel que s sugg est io ns pourraient être d’éviter de reproduire des comportements autoritaires, les condamner et intervenir directement quand quelqu’un est en di culté, pour l’aider à se défendre ou éventuel- lement se venger (mais pas question de se substituer aux intéressés pour « faire justice » à leur place). Il faudrait aussi abandonner les catégories de « criminel » et de « victime », tout en sachant qu’il n’y a que des individus tous di érents et uniques et leurs rapports réciproques. On n’a bien sûr pas de solutions miraculeuses. Mais que ce soit clair que ce monde, avec son exploitatio n, sa misère, ses ics, n’est pas la solution à nos problèmes, il en est bien la cause. Enn, est-ce que nous, hommes et femmes de ce monde, pourrions  viv re dans un monde li br e san s nous b ouer les un s les a utr es ? La société qui nous entoure nous administre continuellement des « valeurs » telles que l’obéissance à l’autorité, le respect de la propriété, etc. Je pense qu’on peut devenir capables de vivre en individus libres et autonomes face à l’aut orité, tout en luttant contre celle-ci. Lutter pour sa propre liberté individuelle, qui ne peut se passer de la liberté des autres, est la seule méthode pour l’arracher. Personne ne nous la donnera, surtout pas ceux qui détiennent le pouvoir, même si on les couvre de pétitions et de bulletins de vote. Et la violence, si elle vise les causes de la soumission, peut bien être libératrice : on n’aura pas la liberté sans elle. En même temps, et indissociablement, lutter pour être libres est le meilleur moyen pour apprendre à l’être déjà, au moins un peu, ici et maintenant. Ça ne va pas de soi et ce combat est fait aussi d’une remise en question de soi-même, d’ allers-retours continus dans lesquels rien n’ est jamais acquis une fois pour toutes. Ça demande de la détermi- nation et en face on trouvera la répression, plus ou moins directe, de la société et de l’État. Mais, même dans le pire des cas, on aura gagné en dignité. Et dans le meilleur…

Lucioles n°12 - octobre 2013.pdf

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  • BrvesEVASIONS!

    Deux belles vasions, lancienne, depuis deux prisons pour trangers en le-de-France. Le 6 septembre quatre retenus du CRA de Palaiseau ont sci les barreaux dune fentre. Trois dentre eux sont parvenus senfuir. Malheureusement le quatrime est mal tomb, sest bless et a t captur. Le 1er octobre cest depuis le Mesnil-Amelot quun gars se fait le belle, en escaladant les grilles laide dun drap. Bravo!

    SABOTONS LA MACHINE EXPULSER!Dans la nuit du dimanche 22 septembre, deux vhicules de la Croix-Rouge (un Peugeot 208 et un Peugeot Partner) sont partis en fume, rue des Montiboeufs dans le XXe. La Croix-Rouge, tout le monde le sait, collabore lenfermement et lexpulsion des sans-papiers.

    Un communiqu nous explique quil sagissait denvoyer un petit signe de complicit aux vads des CRA de Palaiseau et de Vincennes, ainsi quaux mutins du CRA du Mesnil-Amelot et tous ceux et celles qui luttent en taule.

    ...ET ENFERMER!Jeudi 3 octobre, au petit matin, le feu a t mis une voiture de Vinci et une camionnette dEiffage, rue du 8 mai 1945, Pantin (93). Ces deux entreprises construisent des taules, alors bien fait!

    MIRACLE!La bonne nouvelle fleurit sur les murs de lglise de Belleville ! Cette fois-ci cest Dieu est mort, vive linsurrection et La seule glise qui illumine est celle qui brle. Nom de Dieu! Au lieu de dire merci, les culs-benis, bouriffs, ont port plainte.

    VL LA MUNICIPALE...Et voil le parpaing qui a travers la vitre et envoy une fliquette trop curieuse lhosto avec un traumatisme crnien. a cest pass fin septembre Villeneuve-le-Roi (94), quand les flics ont voulu fouiner ct dun chantier...

    VOLER AUX RICHES...Les ouvriers de PSA continuent leurs manifestations platoniques, jusqu la grve de la faim, pour continuer tre exploits. Mais il y a d autres personnes, plus pragmatiques, qui choisissent des occupations plus efficaces. Le 3 octobre, quelquun a cambriol la maison de Philippe Varin, patron de PSA, Vsinet (78). Le soir, dans cette demeure qui ne connait pas la crise, manquaient bijoux et devises trangres pour la somme de 500.000 euros GUET-APENS MANTES-LA-JOLIE Une soire en bonne compagnie. Une vingtaine de jeunes gens ont pens inviter aussi les keufs.

    Vers minuit du vendredi 31 aot, ils ont caillass deux bus, allum une barricade sur une route du Val-Fourr ( Mantes-la-Jolie, 78) et ensuite ils ont attendu les keuf. A larriv des bleus, voil la fte: une pluie de pierres et un cocktail Molotov! Dommage pour les quatre jeunes interpells...

    LA HORDE SAUVAGEA 15, il sen sont pris une horlogerie de luxe, sur la super-nantie Place Vendme. Ils sont entrs, ont fracass les prsentoirs coups de masse et de hache et ils ont vol une vingtaine de montres pour riches, ce qui fait une valeur dun million deuros! Pour finir, ils ont jet des fumignes et se sont sauvs (tous sauf deux, malheureusement rattraps par les conds). Pour les riches de la Place Vendme, voil un petit avant-got de ce qui attend leurs boutiques, leur monde, un jour. Mais ce jour-l on ne volera pas les montres. On dtruira toutes les montres et, avec elles, le temps comptabilis, le temps de lexploitation...

    Lucioles bulletin anarchiste de paris et sa rgion 12numro

    Les lucioles on les voit parce quelles volent la nuit. Les insoumis font de la lumire aux yeux de la normalit parce que la socit est grise comme la pacification. Le problme, ce ne sont pas les lucioles, mais bien la [email protected] luciolesdanslanuit.blogspot.fr

    Octobre 2013

    Je nappelle pas On pourrait mtaphoriquement imaginer la Justice comme une toile daraigne qui aurait en son centre la taule. Les fils les plus pais et les plus prs du centre sont les plus visibles et connus : juges, flics, matons. Ceux plus priphriques sont eux aussi facilement perceptibles si on sy met un peu: vigiles, psys, assistants sociaux, mdiateurs en tous genres, etc. Mais luvre de toutes ces personnes ne saurait suffire elle seule pour atteindre le but de la Justice, cest--dire dfendre le Pouvoir (politique, conomique, moral, etc.) et mettre la tche en bon ordre la populace de travailleurs/consommateurs. Sortons de la mtaphore: la collaboration des gens est indispensable au bon fonctionnement de la machine policire et judiciaire.

    le 17 !

    Le jeu en vaut bien la chandelle !

    Beaucoup de procs ne pourraient avoir lieu sans tmoins. Rcemment, le gouvernement a mme formalis la figure du collaborateur de justice, ou repenti. Il sagit de quelquun qui balance les autres pour manger moins (ou pas du tout) de taule et recevoir de surcrot la protection et largent de ltat. Plus gnralement, la police recourt systmatiquement des informations recueillies parmi les citoyens pour prvenir les dlits ou en trouver les auteurs. Un bon exemple de cette deuxime dmarche sont les enqutes de voisinage : les chtars se pointent chez toi et te demandent de baver sur ton voisin ou sur quelque chose qui sest pass. Il y a des moments magiques pendant lesquels la normalit se fissure et on entrevoit la possibilit dune vie diffrente. Ctait le cas des meutes de Londres en aot 2011, quand des quartiers entiers ont t renverss de fond en comble et bien des structures qui nous pourrissent la vie se sont fait attaquer. Quand ltat a voulu se venger, aprs coup, les flics avaient des milliers dimages des pillages (camras de surveillance publiques ou prives, vidos et photos prises par des bons citoyens, etc.). Il tait pourtant impossible pour eux de retrouver les meutiers uniquement grce leurs visages. Les schmits ont donc fait largement appel la dlation, avec des photos en grand format exposes dans les rues, publies dans des journaux et sur des sites internet (cela ct de mthodes plusmuscles, comme des descentes massives et perquisitions dans des cits).

    Pour ce qui est de la prvention, chacun en connat aussi des masses dexemples. Les flics et leurs imitations (vigiles, GPIS, correspondants de nuit, contrleurs) se baladent partout, posent des questions, fouinent, nous contrlent et ventuellement nous embarquent. Mais la chose la plus grave est bien que parmi les gens il y a souvent une propension la collaboration active avec les flics. a va du bon citoyen qui tengueule si tu jettes un mouchoir sur le trottoir au type qui bave au vigile du supermarch sil te voit chourer, du voisin qui appelle les flics quand il y a du bruit, la balance tout court Depuis le commerant (lgal ou illgal , peu importe) qui est un peu trop aimable avec les flics parce quil a sa sale affaire dfendre, on va jusquaux associations de balances volontaires, telles que les voisins vigilants . Il sagit bel et bien dune forme de contrle social informel, une solide bquille indispensable au contrle institutionnalis de la police et des organes juridiques. Pourtant, parfois il suffirait simplement de se taire ou de dire: Je ne sais rien, je nai rien vu. Il suffirait de savoir clairement identifier ses vritables ennemis: non pas les autres pauvres, mais ceux qui crent et grent la pauvret, qui ont un pouvoir sur nos vies.

    Que des riches (ou ceux qui se croient comme tels, pour se diffrencier de la misre gnralise) se placent du ct des keufs, rien de bizarre. Dailleurs les chtars sont l justement pour garder les pauvres leur place et leur rappeler le respect de lautorit et de la proprit, au cas o ils ne lauraient pas bien appris lcole, en famille, au taf, etc. Mais pourquoi la femme de mnage sidentifierait-t-elle avec son riche employeur jusqu pointer du doigt celui qui vole dans le magasin ? Il faudrait questionner pourquoi certaines valeurs (et comportements) des exploiteurs sont devenus galement ceux des exploits. En effet, cette servitude volontaire qui nest pas perue comme servitude, mais comme apporter sa pierre au bien commun ou plus banalement comme on est tous dans le mme bateau est un des fondements les plus formidables de lautorit.

    Il y a des flics partout, parfois mme dans nos ttes (on est tous plus ou moins les enfants de cette socit) et on nous demande encore de devenir les balances de quelquun dautre? Cest assez! Un changement radical des rapports interindividuels, la libert, ne pourra se produire que par un bouleversement complet de ce monde: la rvolution. Mais pourquoi ne pas essayer de rgler entre nous nos conflits dj maintenant, sans avoir recours la machine de la Justiceet sans forcment se bouffer les uns les autres? Il sagirait de grer les diffrends de la faon la plus horizontale et directe possible, entre les intresss. Le Pouvoir cherche nous infantiliser (les enfants sont supposs ne pas raisonner, mais est-ce vrai?), on nous fait croire que nous ne sommes pas capables de rgler nos problmes de manire autonome. Pour essayer de nous librer du contrle de ltat et de la socit, davoir nous-mmes une prise sur nos vies, il est indispensable de garder la Justice (tatique, communautaire, morale) hors de nos rapports. Quils soient des rapports directs, sans un pouvoir tiers et sans autorit entre les individus. Encore, refuser flics ou juges ne signifie pas forcment avoir recours dautres formes dautorit, plus ou moins institutionnalises, telles des formes communautaires ou mafieuses. Un juge est un juge, quil soit en toge ou en soutane. Et tous les sbires ne sont pas au service de ltat.

    Le contrle et la rpression tatiques (juges, flics, mdiateurs) ou sociaux et communautaires (grands frres, leaders religieux, patrons, matres penser) sont des moyens de grer les conflits qui surgissent entre individus ou groupes, conflits qui parcourent la socit et peuvent avoir des effets terribles pour les intresss. La violence aveugle et la plupart des conflits ne sont pas seulement produits par la socit actuelle, mais il sont ncessaires lexistence de ltat. Un tat qui impose une situation dexploitation et de misre (conomique, intellectuelle, affective de manire plus gnrale une misre existentielle). Cette situation est la base de

    la plupart des conflits que ltat lui-mme, aprs coup, prtend grer. Avec la disparition de lautorit et de lexploitation, une large majorit des conflits disparatrait elle aussi. Pensons tous les conflits lis, directement ou indirectement, la proprit et son manque, la violence interne la famille (violence de genre et sur les enfants) et plus gnralement toute la violence que ce monde nous fait avaler chaque jour, jusqu ce que a dborde, souvent de manire casuelle, ne sen prenant pas aux vritables responsables (comme devrait le faire une violence libratrice). On nest pas cons et on ne se cache pas derrire un doigt. Il y aura peut-tre toujours de la violence, des conflits entre les personnes, mme une fois abolies lexploitation et lautorit. Et dans ce monde-ci il nest pas facile de rsoudre certains problmes sans avoir recours, par exemple, aux flics. Lexemple que chacun sort est celui de la victime ou du spectateur dune agression. Quelques suggestions pourraient tre dviter de reproduire des comportements autoritaires, les condamner et intervenir directement quand quelquun est en difficult, pour laider se dfendre ou ventuel-lement se venger (mais pas question de se substituer aux intresss pour faire justice leur place). Il faudrait aussi abandonner les catgories de criminel et de victime , tout en sachant quil ny a que des individus tous diffrents et uniques et leurs rapports rciproques. On na bien sr pas de solutions miraculeuses. Mais que ce soit clair que ce monde, avec son exploitation, sa misre, ses flics, nest pas la solution nos problmes, il en est bien la cause.

    Enfin, est-ce que nous, hommes et femmes de ce monde, pourrions vivre dans un monde libre sans nous bouffer les uns les autres? La socit qui nous entoure nous administre continuellement des valeurs telles que lobissance lautorit, le respect de la proprit, etc. Je pense quon peut devenir capables de vivre en individus libres et autonomes face lautorit, tout en luttant contre celle-ci. Lutter pour sa propre libert individuelle, qui ne peut se passer de la libert des autres, est la seule mthode pour larracher. Personne ne nous la donnera, surtout pas ceux qui dtiennent le pouvoir, mme si on les couvre de ptitions et de bulletins de vote. Et la violence, si elle vise les causes de la soumission, peut bien tre libratrice: on naura pas la libert sans elle. En mme temps, et indissociablement, lutter pour tre libres est le meilleur moyen pour apprendre ltre dj, au moins un peu, ici et maintenant. a ne va pas de soi et ce combat est fait aussi dune remise en question de soi-mme, dallers-retours continus dans lesquels rien nest jamais acquis une fois pour toutes. a demande de la dtermi-nation et en face on trouvera la rpression, plus ou moins directe, de la socit et de ltat. Mais, mme dans le pire des cas, on aura gagn en dignit. Et dans le meilleur

  • Un de nos fins limiers sest rendu un dbat public de lassociation des amis de la Place des ftes, parce quil faut savoir se divertir un peu dans la vie. Et lorsque lon est pas sensible lhumour de videogag, il faut bien pouvoir se rabattre sur quelque chose... Alors dans ces cas-l, il y a toujours une petite poigne de citoyens concerns pour faire laffaire. Ils sont tellement choux, tellement mignons, si nafs que a nous mettrait larme lil, pardon, la lame lil, euh mille excuses, la larme lil. Cest quavec leurs grands yeux de caniches et leurs illusions de Pangloss, ils feraient passer nimporte quel rvolt pour un serial-killer assoiff de sang.Les amis de la place des ftes, se prsentent comme des riverains, promeneurs, parents dlves, commerants et usagers intresss par lavenir de la Place , qui souhaitent aller au-del dune simple consultation et participer aux transformations de notre lieu de vie. Il est temps en effet de donner cette place les investissements quelle mrite et aux habitants toute leur place . Ils organisent pour cela des promenades exploratoires dans lesquelles ils nous font dcouvrir la mixit sociale dont ils sont si fiers, mais qui nest en fait que la guerre aux pauvres. En tmoignent les dplacements rpts de populations pauvres depuis les annes 60 dans le quartier et celles en prparation. En temoignent aussi que vous nentendrez jamais les pauvres la demander, cette fameuse mixit sociale des riches. Ils organisent aussi des dbats publics o ne sont prsents que des bourges bien duqus, trs polis et propres sur eux. Alors chacun

    y va de son petit rle, celui de droite qui veut dbusquer les planques de shit, celui de gauche qui veut installer des ppinires dentreprises et des start-ups

    pour redynamiser le quartier, les bobos de service en demande de plus de culture subventionne et ce bon vieux boutiquier concern par la propret de son pauvre trottoir... tous viennent se chatouiller lgo ensemble, parce que limpuissance cest toujours plus drle plusieurs.Mais ces gens-l ne font pas que rver, non monsieur ! Ces gens-l veulent peser dans les dcisions de leurs matres, les lus, qui ne daignent mme pas pourtant leur jeter la baballe pour les occuper quelques jours. Ce qui ne les empche pas bien sr de remuer la queue avec obissance, la bave aux lvres essuye avec un mouchoir en soie.Notre fin limier, qui pensait trouver l quelques lus et autres porcs se mettre sous la dent fut bien du de cet talage de niaiserie et de poltronnerie sans enjeu rel. Mais consol fut-il lorsque sur le chemin du retour il aperut une agence dintrim frappe de mille coups dtermins, des affiches aux messages clairs et sans illusions contre lEtat et le fric, il se dit alors que des gens essayaient vraiment, eux, de transformer le quartier de la seule manire qui vaille : de faon autonome, et sans jamais compter sur lautorit pour se dtruire elle-mme, du simple bon sens quoi.Et pendant ce temps-l, les citoyens peuvent bien rentrer la niche et laisser place aux artisans du chaos qui ont dj dpass, eux, la simple consultation depuis des lustres.

    Personne n'aime les balances

    Au travail, lcole, dans la rue, en taule, la maison, la CAF ou Pole Emploi

    Dmasquons et pourchassons

    les poukaves

    Tu prfres vendre un autre que de passer quelques jours au trou.

    Tu prfres vendre un autre que de te regarder dans le miroir.

    Tu fais l'autre ce que tu ne supporterais pas qu'il te fasse.Tu ne rsistes pas lappt car tu n'es qu'une merde.

    Tu ne vaux pas mieux que le flicqui t'a fait cracher.

    Tu ne vaux pas mieux que le juge qui profitera de ta lchet.Avec ta langue fourchue et tes yeux fuyants,

    tu btis plus de prisons que Bouygues.

    Certains sont solidaires, prennent sur eux,

    rglent leurs comptes la sortie du commissariat.

    Toi tu prfres la mdiation de l'Etat.

    Tu te fais avoir par les promessesde protection, danonymat

    et de rcompense. Alors qu'ils font tout

    pour tinciter balancer, avant de dtruire ta vie,

    car mme les flics ne t'aiment pas.

    Tu n'es qu'un tratre qui prfre ronger les miettes du systme,

    que de manger la table de ceux qui se serrent les coudes.

    Tu n'es qu'une balance, tu n'as pas de face,

    Tu ne mrites rien d'autrequ'une semelle dans ta face.

    Il y a visiblement des gens qui trouvent que le quadrillage policier de la ville ne suffit pas faire rgner lOrdre quils aiment tant, force de se faire marteler le cerveau de valeurs citoyennes par lEtat, de lcole au Ple emploi, de la tl au commissariat. On leur dit dj de voter, dobir, de la fermer selon le moment, mais a ne leur suffit pas, ces zls en viennent mme imiter les gardiens de lordre eux-mmes. Sous le prtexte de dfendre laccessi-bilit, lassociation Mobile en Ville a organis le 28 septembre une journe de mobilisation citoyenne appele Opration Pervenches, o ont t distribus des centaines de faux-PV pdagogiques sur les voitures gares aux emplacements illgaux. Mais que veulent-ils, au fond, rendre accessible : le travail ? la consommation ? la culture dispense par le pouvoir comme distraction, pour faire supporter lhumiliation quotidienne du turbin, des factures et des contrles par les divers uniformes? Sans mme se poser cette question, ces volontaires

    et bnvoles nhsitent pas, plus que docilement, avec entrain et dvouement, filer la main aux flics et autres ducateurs pour apprendre la discipline et lobissance au reste de la population. La Mairie de Paris, bien sr, en fait lloge: elle doit se frotter les mains de voir un tel zle: des flics bnvoles partout, cest bien le rve pour la dmocratie! Ainsi, cette association videmment reconnue dutilit publique milite pour perfectionner lamnagement de cette ville lambiance carcrale, o tout est pens pour assurer la bonne marche de lexploitation. Nous prfrons dmolir ses infrastructures adaptes uniquement loppression, pas la vie libre, et faire la guerre tous ceux qui veulent nous contrler et nous domestiquer : flics, urbanistes, mdiateurs, et leurs serviteurs dvous les citoyens.

    Lucioles est un bulletin mensuel, on peut y lire des textes danalyse et dagitation autour de Paris (et sa rgion) et de son quotidien dans une perspective anarchiste. Nous y parlons des diffrentes manifestations dinsoumission et dattaques dans lesquelles nous pouvons nous reconnatre et dceler des potentialits de rupture vis--vis de lEtat,

    du capitalisme et de la domination sous toutes ses formes en essayant de les relier entre elles et au quotidien de chacun. Nous navons pas la volont de reprsenter qui que ce soit, ni de dfendre un quelconque bout de territoire en particulier qui nest quun modle rduit de ce monde de merde.

    Citoyen caniche, la niche !

    Un uniforme dans la tte

    GPIS : On met un uniforme aux btards pour pouvoir les reconnatrePendant les dernires annes, on a assist un trs fort essor de ces vritables milices prives que sont les entreprises de scurit. On les appelle Agents de prvention et de scurit , plus simplement vigiles , et ils sont les gros bras des patrons, commerants et proprios, les petits frres de la police dtat. Il sagit souvent, dailleurs, dex-keufs ou militaires; des flics rats, en somme.

    Les plus chanceux parmi ces chiens de garde dcrochent un poste dans une bote semi-publique, comme le GPIS (Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance), o les salaires sont 30% plus levs que la moyenne. Le GPIS est un consortium cr en 2004 entre la mairie de Paris (qui met la moit des 12 millions deuros de budget) et des bailleurs sociaux (Paris Habitat, RIVP, Logement Francilien, SAGECO, Immobilire 3F, Siemp et autres). Son travail est de surveiller les quelques 76.800 logements appartenant ces bailleurs, et au passage leurs 200.000 habitants. Ce patrimoine immobilier est situ dans dix arrondissements de Paris (bien sr pas ceux du Ier au IXme et le XVIme : les GPIS ce sont bien des gardes-chiourme pour les pauvres !). Le patron du GPIS, qui le gre comme un clan mafieux, est son directeur oprationnel, Didier Desous (email: [email protected], standard : 01.58.60.20.30), un ancien militaire. Il dirige sa petite armada de mercenaires depuis le centre oprationnel du 8, Bd. Berthier (XVII).

    Il y a plus ou moins 200 agents et 40 vhicules qui, diviss en deux services, patrouillent tous les jours de 19h30 4h30 (et toujours en contact radio avec le centre, qui les suit avec le GPS embarqu). Ils surveillent les parkings, les halls, les caves et les cages descalier des immeubles ; ils dgagent les jeunes ou font chier les SDF la recherche dun abri. Ils se baladent dans des grands monospaces (souvent des Renault Scnic) bleu marine,

    srigraphis GPIS. Une premire bagnole abrite 3 ou 4 Rambos en bleu, rangers, gilet pare-balles , talkie et grosses lampes torches (celles pour frapper), avec boucliers et menottes dans le coffre. Souvent, une deuxime suit, avec deux autres vigiles, en uniforme blanc : ils ne descendent pas et sont l pour contrler que tout se passe bien lors des interventions... En juillet 2008 le GPIS a aussi achet chez Mitsubishi un systme de vidosurveillance compos de 260 camras installes sur 14 cits et relies au centre oprationnel. L, des oprateurs surveillent en temps rel les images (qui sont aussi stockes pendant au moins 15 jours) et ventuellement envoient les patrouilles.

    Tous les matins, le GPIS transmet aux flics le rapport de ses missions. Mais ils mettent aussi les mains la pte. En 2011, 39 personnes ont t interpelles directement par le GPIS et 38 autres en collaboration avec les keufs. Les agents du GPIS ne sont pas des flics, mais, comme tout citoyen, ont le droit dapprhender lauteur [dun crime ou dlit flagrant] et le conduire devant [les chtars] (Art. 73 C.P.P). Mais le boulot de flic ne se fait pas si facilement que a. En effet, depuis juillet 2013, la Prfecture de police a commenc dlivrer aux nervis du GPIS des autorisations de port darmes de 6me catgorie : tonfas et gazeuses. Si a se trouve, les pauvres petits sont rests choqus aprs que dix des leurs se sont fait dgager depuis un immeuble, avenue de Flandre, fin mai : trois agents du GPIS ont fini lhosto. Une petite rebelote de ce qui stait dj pass il y a deux ans, dans lavoisinante cit des Orgues de Flandre. Les sbires taient arrivs pour faire chier des gens qui faisaient un barbeuc. Le ton tait mont et tout le quartier stait ru sur eux, coups de chaises et de barres de fer ! Mais la spcialit des agents du GPIS cest bien sr faire de la provoc et ensuite appeler les flics. Tout comme le 26 mai 2012 Saint Blaise. Un ballon de foot cogne contre une voiture du GPIS, les nervis en descendent et commencent poursuivre des ados. Des gens

    du quartier sinterposent, mais les renforts des GPIS et des flics arrivent, plusieurs personnes se font matraquer ou gazer. Au final, 4 jeunes se font embarquer et juger pour violences volontaires lencontre des vigiles.

    Au total, depuis 2004 le GPIS et ses agents sont lorigine de 557 procdures judiciaires (403 pour atteinte aux personnes: eux ; 154 atteintes aux biens). Des centaines de personnes ont eu faire la justice et tout ce qui sensuit cause de ces salauds. Ils arrangent les tmoignages pour passer toujours pour des victimes et dcrocher quelques jours dITT et un peu dargent de dommages et intrts. De plus, le parquet de Paris a pris pour habitude de leur reconnatre le statut d agent concourant une mission de service public , cest--dire que leur parole, comme celle des flics, compte plus que celle de tout un chacun et ils gagnent systmatiquement les procdures.

    Mais cela, quand mme, ne les protge pas des barres de fer !