Lutte contre les adventices dans les champs de manioc Lutte contre

Alex Melifonwu, Braima James, Kouessi Aïhou,Stephan Weise, Emmanuel Awah, Brice Gbaguidi

Lutte contreles adventices dans

les champs de manioc

Lutte contreles adventices dans

les champs de manioc

International Institute of Tropical Agriculture

Notre brochure en quelques motsCette brochure fait partie d’une série de guides de terrain élaborés par l’Institutinternational d’agriculture tropicale (IITA) en vue de renforcer les connaiss-ances techniques des agents vulgarisateurs et de promouvoir l’intégration despratiques de protection et de production végétales dans les efforts fournis parles agriculteurs pour produire du manioc sain. Cette brochure reposelargement sur les expériences en matière de formation des paysans et desvulgarisateurs dans le cadre du Projet régional “Protection EcologiquementDurable du Manioc ” (ESCaPP), de 1993 à 1997. Le projet ESCaPP a été exécutépar la Division de Phytiatrie de l’IITA (PHMD), en collaboration avec lessystèmes nationaux de recherche et de vulgarisation agricoles du Bénin, duCameroun, du Ghana et du Nigéria, et sur financement du Département desProgrammes mondiaux et inter-régionaux du Programme des Nations Uniespour le développement (PNUD).L’IITA est l’un des 16 centres internationaux de recherche et de formationagricoles, à but non lucratif, financés par le Groupe consultatif pour la rechercheagricole internationale (Gcrai). Ces centres ont pour mission de réduire lafamine et la pauvreté dans les pays en développement dans les zones tropicales,grâce à la génération de technologies appropriées de production et de protec-tion végétales, qui profitent aux pauvres et augmentent la productivité agricoletout en préservant la base des ressources naturelles. A l’IITA, le PHMD oeuvrepour la protection durable des denrées de base en Afrique. A cet égard, laphilosophie de cette division consiste à identifier et à corriger les déséquilibresécologiques qui, dans les systèmes agricoles, sont à l’origine des problèmesparasitaires, et à proposer des options écologiques et économiques appro-priées en matière de lutte intégrée contre les ravageurs (IPM).

Pour plus d’ informations, s’adresser à :Monsieur le Directeur

Division de phytiatrie de l’IITACentre de lutte biologique en Afrique

08 B.P. 0932Cotonou, République du Bénin

Télécopie : (229) 35 05 56Tél : (229) 35 01 88

Courrier électronique : [email protected] visiter le site internet de l’IITA : http://www.cgiar.org/iita

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Lutte contre les adventices dansles champs de manioc Guide de lutte intégrée

Alex MelifonwuCollège fédéral de l’Agriculture, Umudike, Etat d’Abia, Nigeria

Braima James Institut international d’agriculture tropicale, Division de Phytiatrie, Cotonou, Bénin

Kouessi AïhouInstitut National des Recherches Agricoles du Bénin, Niaouli, Bénin

Stephan WeiseInstitut international d’agriculture tropicale, Division de la gestion des ressourceset des cultures, Mbalmayo, Cameroun

Emmanuel AwahInstitut de Recherche Agronomique et du Développement, Ekona, Cameroun

Brice GbaguidiInstitut international d’agriculture tropicale, Division de Phytiatrie, Cotonou, Bénin

Lutte contre les adventicesdans les champs de manioc

Guide de la pratique de lutte intégrée à l’usagedes vulgarisateurs

© IITA 2000ISBN 978-131-182-7

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Sommaire

Quels sont les objectifs de ce guide ? ................................................................................. 4

Introduction ............................................................................................................................... 4

Quelles sont les adventices couramment rencontréesdans les champs de manioc ? .................................................................................................. 6

Comment les adventices se propagent-ellesdans les champs de manioc ? ................................................................................................ 10

Comment les adventices deviennent-elles une contraintedans les champs de manioc ? ................................................................................................ 16

Comment pourrai-je mieux lutter contre les adventicesdans les champs de manioc ? ................................................................................................ 20

Résumé ...................................................................................................................................... 26

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Introduction

L’adventice est une plante qui pousse à unendroit où elle n’est pas désirée. Nombreuxsont les types d’adventices ( Figures 1, 2, et 3par exemple) qui s’attaquent au champ demanioc et font subir à l’agriculteur d’énormespertes de rendement dues à la compétitionlivrée au manioc pour les éléments nutritifs,l’éclairement et l’espace. Les adventicespeuvent fournir un abri aux ravageurs et mala-dies ou infliger des dégâts physiques aux piedsde manioc et aux racines tubéreuses. Ellespeuvent également abriter des ennemisnaturels d’insectes nuisibles. Certaines adven-tices peuvent donc être maintenues à condi-tion qu’elles ne soient pas en nombresuffisamment grand pour concurrencer lemanioc. Pour ces raisons, une attentionsoutenue devra être accordée à la lutte contreles adventices dans les efforts déployés par lesagriculteurs en vue de la production d’un man-ioc sain et de l’obtention de rendementsélevés.

Quels sont les objectifs de ceguide ?

Ce guide de terrain a été préparé afin de vousaider à :

• identifier les adventices couramment renc-ontrées dans les champs de manioc,

• reconnaître les structures qui favorisent lamultiplication et la propagation des adven-tices,

• préciser comment les adventices se trans-forment en contrainte dans les champs demanioc, et

• associer les pratiques culturales les plusappropriées pour combattre les adventi-ces dans votre champ de manioc.

Figure 1 : Impérata, Imperata cylindrica

Figure 3 : Chromolaena odorata

Figure 2 : laîche, Mariscus alternifolius

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Quelles sont les advendicescouramment rencontrées dansles champs de manioc ?

Les adventices qui poussent dans les champsde manioc peuvent être classées en troisgrandes catégories : les graminées, les laicheset les latifoliées. De temps en temps, le maniocest endommagé par des phanérogames. A desendroits donnés, on rencontre de nombreuxtypes d’adventices. Un simple échantillonnagedes espèces les plus répandues nous donne :

Des graminées : Elles sont généralement desplantes grêles à port érigé ou rampant, et àtiges ovales ou cylindriques. Chez les grami-nées, les feuilles sont beaucoup plus longuesque larges et ne se subdivisent jamais en pe-tites feuilles (folioles). Les graminées les pluscourantes dans les champs de manioc sontl’impérata, Imperata cylindrica (Figure 1), lechiendent, Cynodon dactylon (Figure 4), l’herbede Guinée, Panicum maximum (Figure 5) et lepennisetum, Pennisetum polystachion (Figure 6).

Figure 4 : Chiendent, Cynodon dactylon

Figure 6 : Pennisetum, Pennisetumpolystachion

Figure 5 : Herbe de Guinée, Panicummaximum

Figure 7 : Souchet rond, Cyperusrotundus

Des laiches : les laiches ressemblent à desgraminées; mais leur port est toujours érigéet leurs tiges sont d’habitude solides ettriangulaires. Les laiches qui représententcouramment une contrainte à la culture dumanioc sont : Mariscus alternifolius (Figure 2) etle souchet rond, Cyperus rotundus (Figure 7).

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Des latifoliées : les adventices latifoliéessont des herbes, des plantes rampantes ougrimpantes et des arbustes à tiges solides etirrégulières. Elles sont dotées de feuilleslarges, pleinement déroulées, simples ousubdivisées en folioles formant des feuillescomposées. Au nombre des adventices lati-foliées couramment rencontrées dans leschamps de manioc, on trouve Chromolaenaodorata (Figure 3), le poinsettia sauvage, Eu-phorbia heterophylla (Figure 8), Mimosa invisa(Figure 9), le tridax, Tridax procumbens (Figure10), Ageratum conyzoides (Figure 11), Talinumtriangulare (Figure 12), et Commelina bengha-lensis (Figure 13).

Figure 10 : Tridax, Tridax procumbens

Figure 12 : Talinum tr iangulare Figure 13 : Commelina benghalensis

Figure 9 : Mimosa invisaFigure 8 : Poinsettia sauvage, Euphorbiaheterophylla

Figure 11 : Ageratum conyzoides

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Comment les adventices sepropagent-elles dans leschamps de manioc ?

Dès qu’une terre est défrichée pour l’agri-culture, les adventices sont toujours les pre-mières plantes que l’on y voit pousser. Ellespoussent et se multiplient très rapidement.Elles peuvent donc s’établir sur un périmètreagricole en un temps record. Les adventices sereproduisent et se propagent à travers lesgraines et les structures végétatives telles queles rhizomes, les stolons, les tubercules et lessouches de tiges ou de racines. Au tableau 1figure la liste des structures grâce auxquellesles adventices communément rencontréesdans les champs de manioc se reproduisent etse propagent.

Propagation par la graine : Un certainnombre d’adventices qui ne vivent qu’uneannée (adventices annuelles) se reproduisentet se disséminent essentiellement par la gra-ine. On peut citer par exemple, Chromolaenaodorata (Figure 3), le poinsettia sauvage, Eu-phorbia heterophylla (Figure 8), tridax, Tridaxprocumbens (Figure 10), et Ageratum conyzoides(Figure 11). C’est surtout en saison sèche queces adventices perdent leurs graines et dispar-aissent peu de temps après. Les graines survi-vent dans le sol et germent la saison suivante.Ou bien, elles demeurent enfouies pendantplusieurs années jusqu’au moment où la terreest labourée pour le semis. Pour une lutteefficace contre les adventices annuelles, ilimporte de les arracher bien avant qu’elles necommencent à fleurir. Ainsi, elles ne pourrontproduire de graines et augmenter le stock desemences dans le sol.

Propagation par le rhizome : Les rhizomessont des tiges souterraines qui se dévelop-pent horizontalement par rapport à la surfacedu sol. Ils sont enveloppés de feuilles finesparcheminées de couleur brune. Les rhizomespoussent des racines. L’Imperata c ylindrica sereproduit surtout par le rhizome (Figure 14).Découpé en petits morceaux, chaque morc-eau de rhizome peut donner un nouveau plant.Vous courez donc le risque de propager l’imp-érata par le rhizome lors de la préparation desterres et des lits de semences pour le boutu-rage du manioc.

Figure 14 : Rhizomes (flèches) de l’impérata,Imperata cylindrica

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Propagation par le tubercule : Les tuber-cules sont des tiges souterraines sans feuillesmais avec des bourgeons ou “yeux”. Les tigess’enflent en stockant des nutriments. Lesespèces Cyperus et Mariscus se propagent parles tubercules. Ceux des espèces Cyperusapparaissent comme de grosses “perles” surde fines tiges souterraines joignant des plantsindividuels (Figure 15). Si le tubercule est dé-coupé en petits morceaux, chaque morceaudoté d’un bouton “oeil” est capable de serégénérer en un nouveau plant de Cyperus.

Propagation par le stolon : Le stolon estune mince tige couchée sur le sol. Les sto-lons possèdent des feuilles et des racinesnormales. L’herbe de Bermude, Cynodon dac -tylon, se multiplie par de très longs stolons(Figure 16). Chaque morceau découpé dustolon peut donner naissance à un nouveauplant. Vous courez donc un grand risque depropager l’herbe de Bermude par cette voie,lors de la préparation des terres et des litsde semences en vue du bouturage du manioc.

Autres structures végétatives : En plus desrhizomes, des stolons et des tubercules, cert-aines adventices se propagent par d’autresparties végétatives comme les boutures et lessouches végétales. La feuille d’eau, Talinumtriangulare (Figure 11), et Commelina bengha-lensis (Figure 13) se propagent aussi bien pargraines que par boutures. Outre la productionde graines, Chromolaena odorata (Figure 3)peut donner des plants entiers à partir dessouches.

Figure 15 : Tubercules (flèches) du souchet rond,Cyperus rotundus

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Tableau 1 : Structures de propagation et cycles biologiques des adventices

Adventices Structures de propagation Cycle bilogiqueGraine Rhizome Stolon Tuber Bouture

GraminéesImpérata • • VivaceImperata cylindricaHerbe de Bermude • • VivaceCynodon dactylonHerbe de Guinée • VivacePanicum maximumPennisetum • • AnnuellePennisetum polystachion ou vivace

LaichesCyperus rotundus • • VivaceMariscus alternifolius • • Vivace

LatifoliéesSiam weed • VivaceChromolaena odorataGiant sensitive weed • VivaceMimosa invisaTropical spiderwort • • VivaceCommelina benghalensisPoinsettia sauvage • AnnuelleEuphorbia heterophyllaTridax • AnnuelleTridax procumbensGoat weed • AnnuelleAgeratum conyzoidesFeuille d’eau • • AnnuelleTalinum triangulare

PhanérogamesCuscute • • AnnuelleCuscuta australis

Vivace = dure plusieurs années et se rencontre tout le long de l’année quelque soit la saison.

Figure 16 : Paysan montrant la longueurdu stolon de l’herbe de Bermude, Cynodondactylon

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Comment les adventicesdeviennent-elles une contraintedans les champs de manioc ?

Dans les champs enherbés, le manioc connaîtune mauvaise croissance et produit des tuber-cules de quantité et de taille réduites. L’enher-bement de votre champ de manioc n’entraînepas systématiquement des pertes sévèresd’aliments et de revenus. Les adventices devi-ennent une contrainte du fait d’un certainnombre de raisons.

Elles poussent abondamment: Les adven-tices nuisent au manioc surtout lorsqu’ellessont abondantes dans le champ. Elles recouv-rent la quasi-totalité de la surface du sol aug-mentant ainsi le temps consacré au sarclage.En abondance, elles épuisent également leséléments nutritifs et l’eau du sol. Alors, lemanioc ne dispose plus de ces éléments poursa propre croissance.

Elles poussent vigoureusement: Les adve-ntices poussent plus vite que le manioc qu’elles“étouffent” très rapidement. Par exemple, Mi-mosa invisa occupe très vite les espaces entreles pieds de manioc (Figure 17). De la mêmemanière, les champs de manioc sont étoufféspar Chromolaena odorata (Figure 3). Du fait deleur croissance rapide, les adventices empê-chent les rayons solaires d’atteindre les piedsde manioc.

Elles sont difficiles à arracher: Les adven-tices sont difficiles à arracher pour un certainnombre de raisons. Par exemple, si les épinesde Mimosa invisa s’accrochent aux jeunes tigesde manioc, il sera difficile d’arracher l’adven-tice sans briser les tiges. De même, le phan-érogame Cuscuta australis (Figure 18) qui

grimpe et enveloppe les pieds de maniocprovoque des cassures des extrémités despousses lors de l’arrachage manuel. Il est aussidifficile d’arracher une adventice qui blesse.Par exemple, l’arrachage à la main ou à la houede Mimosa invisa (Figures 9 et 17) peut êtredifficile à cause des égratignures et desblessures occasionnées par ses épines. De lamême façon, les gousses pubescentes de Mu-cuna pruriens var . pruriens (Figure 18), etplusieurs adventices velues causent desérieuses démangeaisons.

Les adventices qui se reproduisent par le rhi-zome (Figure 14), le stolon (Figure 15), et letubercule (Figure 16) sont difficiles à arracher.Elles se brisent facilement en petits morceauxpendant l’arrachage à la main ou à la houe. Lesmorceaux demeurent sous terre et germentpar la suite. Les adventices qui présententces structures sont dites “difficiles”. A titred’exemple, on peut citer Imperata cylindrica(Figure 1), Cynodon dactylon (Figure 4), etCyperus rotundus (Figure 7).

Figure 17 : Fourré de Mimosa invisa dans unchamp de manioc

Figure 18 : Gousses de Mucuna pruriensvar. pruriens

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Certaines adventices poussent sur lemanioc : Certaines adventices poussent ets’alimentent directement sur les tiges de man-ioc. Exemple : la cuscute, Cuscuta australis (Fig-ure 19), se colle aux tiges de manioc et y tirede l’eau et des nutriments pour sa proprecroissance.

Les adventices abritent des ravageurs :Les ravageurs et maladies du manioc peuventse multiplier sur les adventices pour s’atta-quer par la suite au manioc. Par exemple, auxstades immatures, les criquets puants, Zono-cerus variegatus, s’amassent sur le buisson deChromolaena odorata (Figure 20), puis sedéplacent vers les pieds de manioc une foisdevenus adultes.

Les adventices abîment les racines demanioc : Parfois, les nouvelles pousses del’Imperata cylindrica, percent et détruisent lesracines tubéreuses de manioc.

Figure 19 : Le parasite des tiges,Cuscuta australis, enveloppant un piedde manioc

Figure 20 : Nymphes du criquetpuant sur Chromolaena odorata

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Comment pourrai-je mieuxlutter contre les adventicesdans les champs de manioc ?

En condition de culture traditionnelle et dansles petites exploitations de manioc, on combatgénéralement les adventices par le défrichage,l’arrachage manuel ou le sarclage à la houe. Cesopérations peuvent nécessiter beaucoup demain-d’oeuvre. Le meilleur moyen de luttecontre les adventices dans un champ de maniocconsiste à associer différentes pratiques cultur-ales, surtout lors du défrichage, de la mise enplace des lits de semences, pendant le boutu-rage et après le bouturage. En cas d’utilisationd’herbicides, consultez l’étiquette afin desuivre les instructions sur le mode d’emploi etla manière d’éviter les risques pour l’utilisateuret l’environnement.

Pratiques de lutte intégréependant le bouturage

Préparez vos terres convenablement :Pour le bouturage du manioc en zone humide,coupez les herbes avant le début de la saison despluies. Les adventices émergeront sur lepérimètre défriché dès les premières pluies.Arrachez-les au moment de la mise en place desboutures. Ainsi, vous diminuerez considérable-ment la fréquence de désherbage ainsi que lamain-d’oeuvre requise pour cette opération.Pendant l’installation des lits de semences,enlevez les rhizomes, les stolons, les tuberculeset autres structures qui germeront et provo-queront la prolifération des adventices dans lechamp. Par ailleurs, contrôlez et nettoyez detemps en temps les outils agricoles afin de vousassurer qu’ils ne sont pas contaminés par lesstructures d’adventices. Sinon, les adventicespeuvent facilement se propager par ce moyen .

Plantez de bonnes variétés de manioc :Certaines variétés de manioc produisent trèstôt beaucoup de rameaux près du sol (Figure21). Ces variétés peuvent, grâce à ce comporte-ment, supprimer les adventices. Les nombreuxrameaux et feuilles qu’elles produisent for-ment une voûte dense qui ombrage les adven-tices et empêche leur croissance normale. Lesvariétés de manioc à ramification peu abon-dante, tardive et haute (Figure 22) ne parvi-ennent pas à supprimer les adventices. Enchoisissant des variétés adaptées à la luttecontre les adventices, pensez également auxautres caractéristiques désirées. Le tableau 2présente, pour certaines variétés de maniocd’Afrique de l’Ouest et du Centre, quelquespropriétés relatives à la lutte contre les adve-ntices et autres.

Paillez les lits de semences à l’aide defeuillage mort: Le paillage consiste à recou-vrir la surface du sol avec de très grandesquantités de feuillage végétal. Le guide de la pra-tique de lutte intégrée, “Comment démarrer unchamp de manioc”, présente le paillage commeune pratique d’amélioration du sol. Outre l’am-élioration des propriétés du sol, le paillageréduit les problèmes d’adventices. Du matérielde feuillage issu de cultures en couloirs, lesplantes légumineuses, la balle de riz, la parchede café ainsi que les résidus de récolte etd’adventices représentent de bonnes sourcesde paillis. La paille de maïs et l’herbe de Guinée(Figure 5) ne conviennent pas comme matérielde paillage. Elles ne se détériorent pas vite.Evitez d’utiliser comme paillis les résiduscontenant des graines d’adventices, des rhi-zomes, des stolons ou des tubercules. Ilspeuvent être à l’origine de problèmes d’adven-tices dans votre champ.

Figure 22 : Variété de manioc à ramifi-cation tardive, haute et peu abondante

Figure 21 : Variété de manioc à ramifica-tion précoce, basse et abondante

Figure 23 : Le manioc dans un paillis vivant dumelon egusi, associé au maïs

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Figure 24 : Acariens verts du manioc (vusagrandis sous microscope)

Figure 25 : Pousse de Mallotus oppositifolius

Utilisez des plantes de couverture com-me paillis vivant sur les lits de semences :Vous pouvez utiliser des cultures vivrières, parexemple le melon egusi, en couverture, ou descultures intercalaires telles que le maïs afin deminimiser l’enherbement des champs de man-ioc. Le melon egusi passe pour un bon ‘paillisvivant’ dans les champs de manioc (Figure 23).Si vous décidez d’utiliser le melon egusi, il doitêtre semé avant le manioc à des écartementstrès réduits, sur les lits de semences, en vue depermettre son étalement et une couverturetrès rapide du sol.

Ainsi, il peut supprimer plusieurs types d’adv-entices, notamment les adventices annuelles.Le melon egusi n’est toutefois pas très efficacecontre les graminées difficiles comme Impe-rata cylindrica.

Plantez le manioc en association avecd’autres cultures: Vous pouvez égalementréduire les problèmes d’adventices dans leschamps de manioc grâce à la culture associée.Les cultures qui sont couramment associéesau manioc sont : le maïs (Figure 23), le riz, leslégumineuses à graines et les légumes. Il estutile de cultiver le manioc en association avecles légumineuses à graines comme le niébé etl’arachide qui produisent et libèrent des élé-ments nutritifs dans le sol.

Pratiques de lutte intégréeaprès bouturage

Il est important que vous sarcliez au momentopportun afin d’empêcher que les mauvaisesherbes n’interfèrent avec la formation et latubérisation (le remplissage des racines tubé-reuses d’aliment/amidon) des racines de man-ioc, et de minimiser les autres dégâts que lesadventices peuvent infliger au manioc. En cul-ture pure de manioc, il est conseillé de sarcler

trois fois avant la récolte: 3–4 semaines aprèsbouturage, 7–8 semaines après bouturage et12 semaines après bouturage. Par la suite,vous pouvez couper les repousses de mauv-aises herbes afin de faciliter vos déplacementsentre les plants et de décourager les attaquesde rongeurs.

La fréquence de l’arrachage manuel et la main-d’oeuvre requise pour cette opération serontconsidérablement réduites si vous :

• débarrassez les lits de semences des rhi-zomes, des stolons et des tubercules,

• plantez des variétés de manioc qui sontcapables de supprimer les adventices,

• adoptez des associations culturales appro-priées, et

• paillez au besoin.

Au cas où vous aurez besoin d’appliquer des her-bicides, consultez l’étiquette sur le mode d’em-ploi et sur les précautions à prendre contre lesrisques pour l’utilisateur et l’environnement.

Le Guide de terrain “lutte contre les ravag-eurs du manioc” explique que certaines adve-ntices abritent des ennemis naturels, d’oùleur utilité dans la lutte contre les insectesnuisibles. Les ennemis naturels sont desinsectes et acariens courants qui se nourr-issent des insectes nuisibles à la plante. Parexemple, certains ennemis naturels de l’aca-rien vert du manioc (Figure 24) vivent sur Eu-phorbia heterophylla (Figure 8) et Mallotusoppositifolius (Figure 25), deux adventices quisont donc utiles dans la lutte contre lesravageurs. Au lieu de les arracher, laissez-lespousser en bordure ou dans d’autres partiesdu champ de manioc pour attirer les ennemisnaturels. Cette pratique culturale sera surtoututile dans les sites ou le manioc poussecontinuellement sans ou avec peu de jachère.

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Pratiques de jachère améliorée

Les plantes non alimentaires peuvent êtreutilisées comme “paillis vivants”. Mais norma-lement, on les retrouve en jachère améliorée.Par exemple, vous pouvez implanter des jach-ères de Mucuna prur iens var. utilis (Figure 26)sur des parcelles qui recevront le manioc lacampagne suivante. Le Mucuna recouvriracomplètement le sol et réduira considérable-ment la population des adventices, la fré-quence de sarclage ainsi que la main-d’oeuvrerequise pour le sarclage la campagne suivante.Au moment du bouturage du manioc, plantezles boutures sur des buttes ou sur des billons,ou directement dans le paillis. Mucuna pruriensvar. utilis est efficace contre Imperata cylindr icaet bon nombre d’autres adventices difficiles. Ilproduit beaucoup de feuilles qui demeurentvertes et recouvrent les adventices jusqu’àneuf mois après la plantation. Le temps qu’ilproduise des graines et meure, il aura sup-primé la plupart des adventices dans le champ.La jachère améliorée de Mucuna pruriens var.utilis convient donc pour une maîtrise à longterme des adventices et l’amélioration du sol.Toutefois, Mucuna prur iens var. utilis est trèssensible au feu de brousse en saison sèche,lorsque ses feuilles s’assèchent.

Canavalia ensiformis (Figure 27) est une autreplante légumineuse de jachère dont l’efficacitéest prouvée contre l’Impérata et d’autresherbes difficiles. Pour qu’elle soit efficace,Canavalia ensiformis doit être plantée à desécartements très rapprochés. Toutefois, elleperd ses feuilles prématurément, d’habitudeau bout de 4–5 mois après bouturage. Si lesadventices sont suffisamment éclairées etarrosées après cette période, elles poussent

Figure 27 : Un paysan dans son paillis vif deCanavalia ensiformis

Figure 26 : Paillis vif de Mucuna sur terreen jachère

abondamment et “annullent” les avantagestirés de la jachère améliorée. Par conséquent,dans les zones à deux saisons pluvieuses paran, il importera de planter Canavalia ensiformisdeux fois l’an, tout au début de la première etde la deuxième saison pluvieuse. Canavaliaensiformis est donc une plante de jachèrecourte, qui est très utile dans les régions oùles agriculteurs ne peuvent se permettre desjachères de longue durée. Les graines deCanavalia ensiformis peuvent servir à nourrirl’homme ou les animaux.

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Résumé

• Enlevez les rhizomes, les stolons et les tubercules d’adventices des lits de semences demanioc afin de minimiser les problèmes d’adventices.

• Paillez les lits de semences de manioc avec du paillis mort ou vivant afin de réduire lesproblèmes d’adventices et d’améliorer le sol.

• Cultivez des variétés de manioc à ramification précoce, basse et abondante. Ellessupprimeront la croissance des adventices mieux que les variétés à ramification tardiveet haute, ou non ramifiantes.

• Cultivez le manioc en association avec les cultures appropriées afin de limiter lesproblèmes d’adventices et d’améliorer le sol.

• Utilisez une plante de jachère améliorée comme “paillis vivant” sur les parcellesdestinées à la culture du manioc.

• Sarclez à la main trois fois pendant les trois mois suivant le bouturage du manioc; cecilimitera la compétition livrée au manioc par les adventices pour les éléments nutritifs.

• Combinez les pratiques les plus appropriées pour une lutte plus efficace contre lesadventices.

Remerciements

Nous tenons à remercier tout particulièrement le Programme des Nations unies pour leDévelopement et le Gouvernement autrichien pour leur appui financier. Nos remerciementss’adressent également aux institutions et personnes suivantes pour leur soutien matériel, etpour les informations et services fournis en vue de la production d’une série de Guides de lapratique de Lutte intégrée-Manioc :

• Les Programmes de développement agricole (ADPs) des Etats de Abia, Akwa Ibom, Anambra,Benue, Cross Rivers, Rivers, Delta, Edo, Enugu, Imo, Kogi, Kwara, Ogun, Ondo, Osun, Oyo, etPlateau du Nigeria

• Le Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER), Bénin

• Le Centro International de Agricultura Tropical (CIAT), Cali, Colombie

• Le Crop Services Department (CSD), la DAES (Division des services de vulgarisation agricole),et le Plant Protection and Regulatory Services Department -PPRSD- (Département des ser-vices de protection et de contrôle des végétaux) du Ministère de l’Alimentation et del’Agriculture du Ghana

• L’Université Fédérale de Technologie, Owerri, Nigéria

• Le Collège Fourah Bay, Université de Sierra Leone, Freetown, Sierra Leone

• Le Centre régional d’Afrique orientale et australe de l’IITA (ESARC), Uganda

• L’Institut de Recherche Agronomique et de Développement (IRAD), Cameroun

• L’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), Bénin

• L’Institut de recherche sur les plantes à racines et tubercules (NRCRI), d’Umudike, Nigeria

• Le Centre de formation rurale (RTC, Eglise Presbytérienne ) à Fonta et Kumba, Cameroun

• Le Sasakawa Global 2000, Bénin

• Le Service de Protection des Végétaux et du Contrôle Phytosanitaire (SPVC), Bénin

• Le Réseau de recherche d’Afrique australe sur les plantes à racines et tubercules (SARRNET),Malawi

• L’Université d’Agriculture, Abeokuta, Nigeria

• L’Université de Buea, Buea, Cameroun

• L’Université de Cape Coast, Cape Coast, Ghana

© IITA 2000ISBN 978-131-181-9

Le comité des organisations non gouvernementales (ONG) dugroupe consultatif pour la recherche agricole internationale(GCRAI) a fourni une partie des fonds nécessaire pour la pro-duction de ce guide en Français

Documents

Lutte contre les adventices dans les champs de manioc Lutte contre