LVA n°22

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    3/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    La vie associative en France est foisonnante,dynamisme, au l des annes, ne se dmenLenvie de se runir autour dun projet collecapacit construire ensemble, la volont dener de son temps, de ses comptences pouporter de laide, dfendre une cause, crer dsocial restent toujours aussi vivaces et irriguterritoires dune nergie souvent insoupo

    Tous ceux qui participent de cette nergie le savent, sengagun projet associatif est une chance, et apporte chacun souveplus quil ne sy attend.

    Cest une opportunit qui doit tre ouverte tous, et si lengaassociatif ne se dcrte pas et ne relve que du choix et de lechacun, en toute libert, il est nanmoins important de lui aun cadre propice pour prosprer. Cela passe par la sensibilisce quest la vie associative ds le plus jeune ge, par la mise de dispositifs adapts dans le cadre de parcours professionnelsdveloppement des dispositifs de volontariat

    Mais lenjeu est aussi de permettre aux associations elles-mmcueillir tous ceux qui veulent sy engager dans les meilleurestions ; ce titre, la simplication administrative est une questiportante, car de nombreux bnvoles se trouvent dcourags ils doivent consacrer lessentiel de leur temps associatif la rde questions administratives ; souhaitons que les propositionen ce sens en 2014 trouvent rapidement leur concrtisationlenjeu aujourdhui est surtout dans la construction dun parterenouvel avec les pouvoirs publics, lheure o la crise des publiques oblige inventer de nouveaux modles; cest ainsi qgagement associatif pourra contribuer pleinement inventer l

    Nadia Bellaoui, prsidente du Mouvement associatif

    Les associations pourinventer demainPar N B , prsidente du Mouvement associatif Directrice de la publicationNadia Bellaoui

    Responsable de la rdactionFrdrique Pfrunder

    RdactionMarie Lamy, Stphanie RIzet, FrdriquePfrunder (Le Mouvement associatif)

    Mise en page Tommy Moisan (Le Mouvementassociatif)

    Ont particip ce numroDelphine Lalu, Alain Caill, Bernard Stiegler,Nicolas Matyjasik

    MaquetteJonathan Debauve

    Publication ralise avec le soutien dela DJEPVA (Direction de la jeunesse del'duaction populaire et de la vie associa-tive).

    Nos partenaires, le Crdit Coopratif, leGroupe Chque Djeuner, Chorum, la Macifet la Maif, nous soutiennent au titre dumcnat dentreprise pour le dveloppe-ment dun mouvement associatif organis,autonome et dintrt gnral.

    Vous pouvez commander ce numro parmail [email protected] sur notre site lemouvementassociatif.org

    Publication dite

    par Le Mouvement associatif

    28 place Saint-Georges 75 009 Paris01 40 36 80 [email protected] : 1761- 9149Dpt lgal parutiondite en 3 500 exemplaires

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    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF SOUS TOUTES SES FORMES 5

    ARTICLE Vers une socit de l'engagement

    ENTRETIEN Delphine Lalu, "Relever les ds du servicecivique : le Comit du service civique associatif"

    ARTICLE Etre salari associatif : une autre faon de s'engager

    CAMPAGNE On a tous une bonne raison d'aimer une association

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF POUR INVENTER DEMAIN 20

    ENTRETIEN Alain Caill, Lengagement associatif traduit le choixdu type de socit que lon veut construire

    FOCUS Quelle est la valeur l'engagement associatif ?

    ENTRETIEN Nicolas Matyjasik, "L'engagementassociatif pour renouveler l'action publique"

    ENTRETIEN Bernard Stiegler : Engagement et numrique : " lepotentiel d'mancipation collective du web est menac "

    DITORIALNadia Bellaoui : Les associations pour inventer demain

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    5/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Lengagement associatif est divers, protiforme. Lesbnvoles en constituent le fondement, sans lequel les1 300 000 associations en activit nexisteraient pas. Leurnombre augmente danne en anne et atteint aujourdhui16 millions. Leurs prols connaissent en revanche unecertaine stabilit : davantage dhommes, plus de diplms,et un hritage bnvole qui compte (on devient plussouvent bnvole lorsque ses parents lont t). Mais leurscts, dautres viennent aussi alimenter cette dynamiqueassociative, dans des cadres spciques, au l dun parcoursprofessionnel... Autant dopportunits de faire vivre la socit de lengagement que nous appelons de nos vux.Le volontariat qui, par ses modalits (dure encadre etsignicative, indemnit, accompagnement), permet delever certains freins lengagement et peut tre en ce sensun rvlateur pour ceux qui en font lexprience, doit treencore plus largement dvelopp. Et les associations ontpar ailleurs un enjeu faire vivre lengagement de leurssalaris, 1800000 aujourdhui, consacrant leur temps detravail et souvent au-del, au projet associatif.

    Bnvole, volontaire,salari : l'engagementassociatif sous toutesses formes

    n 21 dcembre 2013 La VIe assoc IaTIve

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    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF SOUS TOUTES SES FORMES

    Vers une socit de

    l'engagementMultiplier les opportunits de sengager,pour tous, tous les ges de la vie

    Les aspirations une socit de lengagement sontaujourdhui massives et trs largement partages. Sonavnement suppose des parcours citoyens faits demultiples expriences associatives qui sentrecroisentet se succdent. A cet gard, le rle de la puissance pu-blique consiste soutenir le dveloppement doppor-tunits varies an que chacun, quel que soit son geou son prol, puisse sengager.

    Pour cela, des passerelles solides sont construireentre les associations, le Ministre en charge de la vie associative, lEducation nationale, le monde delEnseignement suprieur ou encore avec le milieuprofessionnel. Ces passerelles doivent favoriser unepalette dexpriences dengagement qui seront rendues

    accessibles par :- Un travail de sensibilisation des momentsbiographiques charnires et dans des espaces clefs(formations, rorientations professionnelles, passage la retraite, ect.)- Une articulation et une scurisation des parcoursqui facilite la succession et/ou la juxtaposition de cesexpriences dengagement- Une reconnaissance et une valorisation de cesexpriences

    Faciliter lengagement bnvole : les pistesdu rapport sur lengagement des actifs

    Une socit qui montise et instrumentalise lensembledes relations humaines et sociales va limpasse. Laquestion du don, par essence libre et gratuit, est incon-tournable. La puissance publique doit encourager etfavoriser le bnvolat mais elle ne peut le rglementer.Le rapport sur lengagement associatif des actifs, remis

    Patrick Kanner, Ministre de la Ville de la Jeunesset des Sports, en novembre dernier, propose cetgard des pistes de travail intressantes en lien avesphre professionnelle.

    Ce rapport, rdig partir de nombreuses auditionsdfriche un terrain, celui de larticulation des tempsociaux, encore peu balis. Il rappelle limportancede faire connaitre les congs existants et susceptiblde favoriser lengagement des actifs. La sensibilisa lengagement tout au long de la vie, essentielle

    dmocratisation du bn- volat, fait galement lobjdune proposition.

    Plusieurs propositions

    visent plus directementles entreprises quil sagitde sensibiliser la cause

    associative travers lengagement bnvole de leurlaris. Le dveloppement du mcnat de comptenou encore la place du bnvolat dans le dialogue soen tant que cette pratique contribue la qualit de vau travail, constituent des pistes innovantes et qui d vent tre rapidement approfondies. Ces pistes doiv

    Des passerelles solides sont construire entre les associations,le Ministre en charge de la vie

    associative, lEducation nationale,le monde de lEnseignement

    suprieur ou encore avec le milieu professionnel.

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    prendre appui sur la libert individuelle qui constitue lemoteur de lengagement associatif, en fait la richesse etloriginalit.

    Dployer toutes les potentialits duvolontariat

    Le volontariat occupe, pour sa part, une place spci-que au cur de ce projet de socit de lengagement.Ses modalits permettent en effet de lever des freins

    lengagement an que cette exprience soit vcue plei-nement et ouverte tous. En ce sens, il peut en tre unrvlateur, un catalyseur, un acclrateur.

    Le sujet nest pas trait la hauteur des potentiali-ts quil renferme. Plusieurs dispositifs existent dj(volontariat de solidarit internationale, volontariat despompiers, service civique, ect.) dont les cadres juri-diques peuvent tre diffrents mais qui prsentent aussides caractristiques communes (dure signicative,indemnit, accompagnement), sans parler des valeursqui les sous-tendent. Un travail de rexion globalereste mener an de gagner en lisibilit et de scuriserlengagement volontaire. Il permettra aussi didentierles champs o ce type de dmarches, dense, longue etcirconscrite dans le temps, pourrait encore trouver spanouir.

    Nombre de pratiques associatives qui existent djpourront ainsi trouver tre reconnues et dveloppes.

    Car multiplier les formes et les lieux de volontariarevient aussi multiplier les occasions de reviviedsirs dengagement de chacun, tout au long de saLe volontariat des jeunes comme lmentstructurant dune politique publique desoutien lengagement tout au long de lavie

    La jeunesse constitue un moment biographiqueparticulirement propice lexprience de volontapar dnition, la jeunesse concerne tout le mondetravail de construction identitaire y est singuliremagissant et structurant, et laisse des traces durable

    Lengagement de service civique constitue la formplus connue et la plus populaire de volontariat poules jeunes. Il remporte aujourdhui une adhsion let croissante, des jeunes eux-mmes, des structuredaccueil, de lopinion publique. Pour que cette fodengagement devienne un phnomne gnrationlEtat doit consacrer les moyens ncessaires unete en charge signicative du service civique tel qexiste aujourdhui. Sans sy substituer, dautres forde volontariat devraient galement tre reconnues valorises.

    Il sagirait de mettre en place une vritable politiqsoutien au volontariat en France, et de crer un lafort vers cette socit de lengagement laquelle naspirons tous.

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    Favoriser lengagement des salarisassociatifs

    De nombreux salaris associatifs sengagent au-delde leur contrat de travail et sen disent satisfaits. Lesenqutes menes sur la qualit de vie au travail en at-testent. Ceux-ci produisent une utilit suprieure sanspour autant percevoir de rmunration supplmentaire.Il existe aujourdhui un enjeu pour les associations faire reconnatre cette valeur supplmentaire apportepar lengagement de leurs salaris.

    Le salariat peut ainsi constituer une modalit particulire dengagement associatif au sein dun parcocitoyen, pour une priode plus ou moins longue.Lengagement des salaris associatifs suppose namoins un cadre, des conditions objectives pour posexprimer pleinement. Or celles-ci sont aujourdhfragilises par lvolution des modalits de nancpublic qui ont un lien trs direct avec la qualit deplois associatifs (types de contrat, rmunration, e

    Les effets nfastes des marchs publics, et plus glment des logiques gestionnaires, sont par exempleidentis. Les politiques publiques de lemploi dogalement tre penses en lien avec cette dimensidengagement plutt que dans une stricte logique itrumentale de diminution des chiffres du chmag

    Elargir la palette des modalits et des statuts quipermettent lengagement associatif, favoriser lpasement de ce dernier sans jamais linstrumentaliseni le dvoyer, tels sont les enjeux dont le Mouvemassociatif souhaite aujourdhui semparer, dans unture de dialogue constructif vis--vis de la puissanpublique.

    Il sagirait de mettre en placeune vritable politique de soutien

    au volontariat en France, et decrer un lan fort vers cette socit

    de lengagement laquelle nous

    aspirons tous.

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    9/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Depuis sa cration en 2010, le service civique a permis plus de 65 000 jeunes deffectuer des missions dintrt gnral, principalement ausein du monde associatif o il commence trouver sa place. Le Comitdu service civique associatif (Comit) fait le pari dun service civiqueambitieux : un levier dmancipation et dapprentissage pour les jeuneset un moteur de transformation sociale. Latteinte de cet objectif dpendlargement de lengagement des associations ne pas utiliser le servicecivique comme une simple alternative lemploi. Ainsi le Comit veille dployer une culture commune du service civique de qualit au sein dusecteur associatif.

    Relever les ds du service civique :le Comit du service civique associatif ENTRETIEN AVEC DELPHINE LALU

    Delphine LaluPrsidente du Comit du servicecivique associatif depuis juin 2014

    Directrice de la ResponsabilitSocitale de l'Entreprise (RSE),Fondation AG2R La Mondiale

    Pour les jeunes, qu'est-ce

    qu'un engagement de servicecivique de qualit ?

    Un service civique de qualit peutprendre de nombreuses formes, cestnotamment ce qui en fait sa richesseet cest comme cela quil doit rester.Lorsque le Comit demande aux jeunes engags ce quest un servicecivique de qualit, ils rpondent :

    - des missions ayant une utilit so-ciale forte et visible (sur le court oule long terme) pour lesquelles leurapport personnel est dterminantet o leur sont cons des respon-sabilits ;

    - un tutorat et un accompagne-ment qui sadapte leurs besoins :ils attendent en priorit de trouver

    une coute ainsi que des rpo

    concrtes pour mettre en uvrprojet qui leur est con ;

    - un cadre dans lequel leur cobution est reconnue et valoristant sur le point personnel que fessionnel.

    A quelles conditions lesassociations peuvent-elles

    russir le d du servicecivique ?

    Lexistence du Comit dcdune volont associative de rle d du service civique en tant en uvre un service civde qualit : un projet porteusens pour lensemble des actaccessible tous, socialement u

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF SOUS TOUTES SES FORMES

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    Cependant, et sans se ddouaner dune quelconqueresponsabilit, si les associations ont un rle essentiel jouer, il ne faut pas ngliger le ncessaire soutien et tra- vail dimpulsion de lacteur public qui sest donn pourmission de promouvoir, daccompagner et de rguler ledispositif.

    Du ct associatif, le service civique de qualit telque dni par le Comit est dclin dans sa Chartedontologique. La Charte prcise les conditions dac-cueil et daccompagnement permettant de russir leservice civique. Lvaluation mene par les bnvoles duComit permet danalyser concrtement si ces condi-tions sont mises en uvres, et selon quelles modalits.Les membres du Comit sont galement accompagnscollectivement et individuellement dans une dmarchede progrs. Le label atteste du srieux de leur dmarche.

    Si nous devons retenir une clef dterminante de la rus-site du service civique dans le secteur associatif, il sagitdune clef politique. Un service civique de qualit cestbien plus quun tuteur et un volontaire au service ra-lisant une action porteuse de sens. Un service civiquede qualit repose sur un projet associatif qui considrelengagement volontaire comme un vecteur dmancipa-tion des personnes et donc comme un levier pour fairesocit - une socit dans laquelle les relations entre les

    personnes sont fondes sur des notions de rciprocit,de reconnaissance et de respect mutuels, o le vivreensemble nest pas quun effet dannonce mais bien lersultat dune construction culturelle collective.

    Quels enjeux pour le service civique de demainet pour le Comit ?

    Le service civique produira des effets srieux etminants :

    sil est conu comme un outil transversal, au ser- vice de la jeunesse, dni en lien avec les grandespriorits dune politique publique autant euro-penne que nationale et territoriale ;

    sil est peru par les citoyens comme une tape n-cessaire dans le parcours de formation des jeunesadultes ;

    sil participe au renouvellement et la dynamisa-tion du secteur associatif ;

    sil est un tremplin pour lindpendance, lautono-mie et le dveloppement de tous les jeunes quelsquils soient et quelle que soit leur exprience de vie.

    Si ces conditions sont remplies, et le rapport de FrChrque de juillet 2014 pose bien les jalons de ceproche, alors le service civique pourra devenir un en mme temps quune dmarche, qui contribulobjectif de transformation sociale cher au Mouvassociatif.

    Le Comit collecte et analyse les pratiques, autales rexions et les projets mis en uvre par les ations qui partagent cet objectif. Le Comit organchange entre ses membres pour construire cette cucommune du service civique. Il souhaite dsormafuser ces principes au-del du cercle restreint de selis, auprs de la communaut associative et aupr jeunes qui doivent devenir les premiers bnciaises travaux. Toutes les associations daccueil deen service civique se retrouvant dans la Charte dlogique peuvent demander rejoindre le Comitdmarche qualit.

    Un service civique de qualit reposesur un projet associatif qui considrelengagement volontaire commeun vecteur dmancipation des personnes et donc comme un levier pour faire socit

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    11/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    La Charte dontologique du Comitdu service civique associatif

    Charte dontologique

    Nous, associations et fondations de toutes tailles et de tous secteurs accueillant des engags de servicecivique1, partageons la conviction que le service civique est utile et ncessaire, tant pour les jeunes qui syengagent que pour nos associations et pour la socit franaise dans son ensemble.

    Le service civique constitue pour les jeunes une tape de vie enrichissante et formatrice de citoyennetactive et de mixit sociale. Il sagit aussi dune formidable occasion donne notre socit, et nos

    associations et fondations en particulier, de faire appel lenthousiasme, lnergie et la crativit de sa jeunesse au service de lintrt gnral. Dans un monde de plus en plus complexe, o la tentation du replisur soi et d e la peur de lautre saccroit, le service civique doit nous aider poser les jalons dune socitplus solidaire et fraternelle.

    Soucieuses de mettre en uvre sur le terrain un service civique exigeant et ambitieux, nous associationset fondations membres du Comit du service civique associatif nous engageons vis--vis :

    - des engags de service civique qui nous accordent de leur temps et de leur nergie,

    - du lgislateur et de lEtat Franais qui les et nous soutiennent,

    - de lensemble des parties prenant es.

    Nous nous engageons :

    1) Proposer des missions de service civique ayant une utilit sociale forte, complmentaires cellesdes bnvoles et salaris et qui sadapt ent aux projets et capacits de chaque engag.

    2) Accueillir des jeunes de tous horizons, tous niveaux de qualification ou dexprience et ne lesslectionner quau regard de leur motivation et disponibilit .

    3) Favoriser la rencontre des engags de service civique avec des milieux sociaux diffrents, que cesoit entre les engags eux-mmes ou avec les diffrents publics rencontrs.

    4) Intgrer pleinement les engags de service civique dans l'association, en leur donnant les moyensde comprendre le contexte dans lequel ils agissent.

    5) Assurer louverture des engags la vie en socit par des temps de formation, de dbat etdchange .

    6) Accompagner individuellement chaque engag de service civique dans sa mission, en tenantcompte des spcificits du service civique.

    7) Prparer avec les engags la suite de leurs parcours personnel, professionnel et citoyen.

    8) Mettre en place les outils dvaluation interne permettant de progresser dans laccueil etlaccompagnement des engags de service civique.

    Et, nous nous engageons nous soumettre rgulirement une valuation indpendante de la part duComit du service civique associatif.

    1 Les engags de service civique sont communment appels volontaires. Dans un effort de prcisionlexicale, nous les appelons par le terme choisi par le lgislateur.

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    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF SOUS TOUTES SES FORMES

    Etre salari associatif : une

    autre faon de s'engager ?Lengagement associatif ne se limite pas au bnvolat et au volontariat. Ilpeut aussi se manifester chez les salaris associatifs, motivs par le senset lutilit sociale des missions qui leurs sont cones. Parvenir articulerlengagement individuel de leurs salaris dans une perspective collectiveest un d pour les associations. Si elles y parviennent, elles seront encapacit de rpondre aux aspirations nouvelles des salaris qui, de plusen plus, veulent voir leur travail comme un moyen dpanouissement et

    pourront jouer un rle dans les rexions actuelles sur les volutions dutravail. Encore faut-il pour cela quelles surmontent les contraintes quipsent sur la qualit de leurs emplois.

    Salaris associatif engags ?

    En raison de leurs spcicits non lucratives et de leursmissions dintrt gnral, les associations sont suscep-tibles dattirer des individus dont la motivation au travailest diffrente du secteur marchand. Certes, il nest pasvident que celui qui rejoint comme salari une associa-tion adhre son projet et ses valeurs. Cependant, lesparcours personnels varis des salaris associatifs peu- vent expliquer leur engagement dans un secteur dacti- vit associatif plutt quun autre. Ainsi les associationspeuvent tre le lieu de ralisation de parcours militantsde leurs salaris. Deux lments tendant prouver cettepart dengagement des salaris associatifs, qualie de pro-sociale par certains auteurs. Le premier reposesur les niveaux de satisfaction au travail qui sont pluslevs chez les salaris associatifs quailleurs. Mis enavant dans de nombreuses enqutes1 , ces niveaux desatisfaction laissent penser quil se joue effectivementquelque chose qui relve de lengagement, au moins chezcertains salaris associatifs, qui se plaisent dire quils ne sont pas l par hasard . Dautant que cette satis-

    1. Satisfaction dans lemploi des salaris du secteur sans but lucratifen Europe Joseph LANFRANCHI , Makram LARGUEM, et MathieuNARCY ; Quelle qualit de l'emploi dans l'conomie sociale et solidaire? Une perspective plurielle Nadine Richez-Battesti, LEST-CNRS- D-cembre 2010

    faction se manifeste aussi l o les conditions objde travail semblent moins bonnes qu'ailleurs. Les de vue exprims par les salaris conrment notamun sentiment d'utilit sociale et la perception du ctre enrichissant des mtiers. Le deuxime lmeconrme cette part dengagement des salaris astifs repose sur la comparaison de leur investissemde leur niveau de rmunration. Dans la mesure cadres associatifs acceptent des salaires moindreceux qu'ils auraient pu percevoir au sein du secteur(en moyenne 16% plus faibles), toutes choses gaailleurs, ils sont marqus par une forme de don d vail2 . Le sentiment qu'ils ont de produire des

    2. Les salaris du secteur associatif sont-ils davantage intrinsquemmotivs que ceux du secteur priv ? Mathieu Narcy, 2009

    Les niveaux de satisfaction autravail dans les associations tendent

    prouver qu'il se joue effectivementquelque chose qui relve del'engagement

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    13/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Il existe des frontires poreuses, nonstabilises, entre engagement et travaildans les associations

    bnces sociaux compenserait la perte de salaire. Danscertains cas, cela peut mme les conduire relativisereux-mmes leurs motifs dinsatisfaction au travail et no-tamment linsuffisance de leur rmunration en dpla-ant leur raisonnement hors de la logique marchande1 .Ainsi arrive-t-il que des salaris associatifs se placent,pour valuer leur salaire, dans une optique globale de

    rpartition des richesses2

    , refusant d'envisager ce salairecomme la contrepartie du temps qu'ils passent au travailet adaptant leurs attentes ce quils connaissent de la si-tuation pcuniaire de lassociation qui les emploie. Il nenreste pas moins que cet engagement des salaris ne peutsexercer dans la dure que sil fait par ailleurs lobjet dertributions symboliques effectives, qui peuvent passerpar leur implication dans les processus de dcisions ouencore dans la qualit du cadre de travail.

    Enjeu darticulation

    De ces constats, on peut dduire lexistence de fron-tires poreuses, non stabilises, ni les mmes pour tousentre engagement et travail dans les associations. Cesfrontires du militantisme ne sarrtent pas la distinc-tion du statut des acteurs (salaris/bnvoles) pas plusquelles ne se limitent aux fonctions exerces ni au rleeffectif dans lorganisation. Do limportance de ne pasopposer les acteurs dont lengagement dans le projet nestni plus ni moins lgitime. Toute la difficult consisteplutt pour les associations articuler le projet politiquede lassociation dun ct avec les parcours individuelsdes salaris et leurs motivations diverses sengagerde lautre, ces deux logiques se nourrissant en perma-nence et tant ractives dans la vie quotidienne desprojets associatifs. Cet enjeu est dautant plus fort parmiles associations qui, nes de lengagement uniquementbnvole, ont fait progressivement appel au salariat :celles-ci peuvent avoir quelques difficults mettre enrelation des militants historiques avec des salaris.Lexercice est dailleurs rendu encore plus difficile quand

    1. Annie Dussuet et Erika Flahault, Entre professionnalisation etsalarisation, quelle reconnaissance du travail dans le monde associatif ? ,Formation emploi, 111 | 2010, 35-502. Cet effet ne sappliquerait pas uniformment sur les salaris associatifs,mais plus particulirement sur les cadres (Legros Narcy, 2004).

    les contraintes de gestion loignent les bnvoles dtion militante et que les salaris sont en prise direclaction associative.

    Nouvelles attentes lgard du travail

    Cette capacit des associations donner corps lgement individuel de leurs salaris doit leur permde jouer un rle dans les volutions contemporain

    travail. En effet, qui est mieux plac quelles ppondre aux attentes nouvelles des salaris dont ledpanouissement au travail se rvle plus fort queles gnrations prcdentes ? La plupart des enqeuropennes3 de ces dernires annes indiquent quaspirations matrielles sajoutent en particulier ch jeunes, de nouvelles attentes lgard du travailcomme un moyen dagir sur le monde, de se reliautres et de se raliser. En permettant une partla socit de s'extraire de la ncessit, l'augmenhistorique des taux de croissance dans les pays octaux depuis laprs-guerre, a particip l'mergencette nouvelle perception du travail, conu comm vecteur privilgi de l'expression et de la ralisasoi. Elle est venue sajouter aux conceptions histodu travail comme facteur de production et suppola distribution des revenus, de droits et de protecti

    3. Notamment les enqutes EVS (European Values Surveys) et WV(World Values Surveys) sur lesquelles sappuient Dominique Medacia Vendramin in Rinventer le travail, 2013, Le Lien social, PUF

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    15/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    On a tous une bonne raisond'aimer une association...

    Le 14 fvrier 2014, l'occasion de la signature de la Charte d'engagementsrciproques entre l'Etat, les collectivits et Le Mouvement associatif, le PremierMinistre dclarait l'engagement associatif Grande cause nationale pour l'anne2014.

    1,3 millions d'associations, 16 millions de bnvoles, choisissant de s'investir pourl'intrt gnral, 23 millions de Franais membres d'une ou plusieurs associations.La diversit et la force des associations, l'importance de leur contribution la vieen socit, restent pourtant mconnues.Les actions engages dans le cadre de la campagne #JaimeTonAsso (Spottl, radio, affichage, rseaux sociaux) visaient faire prendre conscience noscompatriotes du rle fondamental que jouent les associations dans la vie de notrepays, de leur foisonnement et de leur diversit.

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF SOUS TOUTES SES FORMES

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    16/3216 La VIe assoc IaTIVe dcembre 2014 n22

    Une campagne sur les rseaux sociaux

    Valoriser les associations, leurs acteurs : c'est l'ide centrale de cette campagne ddie l'engagement associatif. Dans ce cadre, Le Mouvement associatif a lanc le hashtag#JaimeTonAsso sur les rseaux sociaux (Twitter, Facebook et Instagram). L'occasion

    pour chacun de dclarer sa amme une association pour son action, ponctuelle ouquotidienne.

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    NON, FEMINISTE N'EST PAS UN GROS MOT

    L'engagement chez Elliot Lepers commence trstt. Tout dabord pour reprsenter sa classe, puis lesautres lycens ou enn les jeunes de Paris. Majeur, en2010, il sengage au sein du parti Europe Ecologie lesVerts puis en 2014, il commence sa lutte contre lesingalits lies au sexisme en crant, avec des amis,la plateforme Macholand, agir contre le sexisme .

    Lengagement cest galement une question de famille On est toujours inuenc par ce que font nos pa-rents (son pre est le journaliste John Paul Lepers),mais cest surtout une question dducation. . Cestgalement, une philosophie professionnelle pour cecratif. Etudiant lINSAD, il construit son parcourssur limportance de la responsabilit des crateurs

    travailler sur les problmes de socit.

    Nous nous sommes demands pourquoi ce touctout engag a choisi la lutte contre le sexisme.

    Je pense quon en est tous tmoins mais que sommes formats ne plus le voir .

    La lutte en faveur de lgalit homme/femme, il lplus comme une sensibilisation globale de la sot. Dans notre socit, ne pas considrer les femgales aux hommes: Cest enfermer des gens des cases, non en fonction de leurs comptenmais en fonction de leur sexe .

    Par ailleurs, il la compare son combat contre leclaire. Son engagement ne se limite donc pas aminisme mais plutt lobjectif gnral de faire n

    une socit juste o tous les humains sont gaux.Avec deux amies, Clara Gonzaet Caroline de Haas, il a fondsite Macholand : une platefordinterpellation qui traite de ltualit publique du sexisme. trois tapes, Macholand pinun propos, le resitue dans scontexte, lexplique et propose suite des formats dactions pcontrer les ides sexistes quilhicule.

    Prochaine tape : fonder une sociation ! Passer du collectif formel et dynamique une struturation de mouvement ce qlui donnera plus de consistanc Faire bouger les choses, cefondement de tout engageme

    associatif .

    Gwen, pour Jets dEncre

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    20/3220 La VIe assoc IaTIVe dcembre 2014 n22

    TU DONNES 1000 FOIS PLUSQUE TU NE REOIS

    Citation de Vincent Duval, 28 ans, handicap de naissance, jeune ad-ministrateur de lassociation des Paralyss de France et reprsentant laCommission Nationale de Politique Jeunesse.

    Lassociation des Paralyss de France (APF) est lasso-ciation de dfense et de reprsentation des personnesatteintes de dcience physique et mentale. Cre en1933, elle compte aujourdhui prs de 26000 adhrents: des personnes handicapes mais aussi leurs familles.LAPF se veut transgnrationnelle et ouverte aux per-sonnes de tous horizons. Cest pour cela qua t crela Commission Nationale de Politique Jeunesse (CNPJ)au sein de cette association vieille de 81 ans.Une soif dAgir avec les Jeunes

    La CNPJ, cest loccasion de montrer une association

    jeune, active, qui bouge et qui invente. Qui sadapteen fonction de son public et se renouvelle continuel-lement. Agir avec les Jeunes cest le mot dordre decette organisation interne de lAPF qui constitue un relporte-voix pour les jeunes en situation de handicap.En effet, cest grce aux runions de la CNPJ que les22 jeunes reprsentants de leurs rgions peuvent faireremonter les attentes et suggestions des jeunes de leurs

    rgions au Conseil dAdministration de lAPF. Cesleur donnant ces responsabilits et la possibilit de confronter au monde associatif quelle leur ouvre leportes de lautonomie. Cest aussi un incubateur de jets en rgion avec lorganisation de groupes de travcompos de jeunes pour dbattre et changer au sujde ces initiatives aux thmes varis.

    En plus dtre une association qui donne aux jeuneshandicaps les moyens matriels de gagner en automie, cest aussi un don humain inestimable lorsque socit a tendance les marginaliser. Lors des rundes jeunes, lambiance est la fois la dtente et autage dexpriences. L-bas se crent de vritables atis, une solidarisation des jeunes essentielle pour ssortir selon Vincent Duval : Les jeunes connaisseles lus en tant qutres humains et lorsque tu discuavec chacun tu te rends compte quon a tous un vc

    de son handicap diffrent de lautre. a te donne endagir pour les jeunes de ta rgion pour arrter dtrconsidr comme une plante verte . Si on a de la volont on peut sen sortir. Et lAPF et le CNPJ donet traduisent la fois cette volont et dtre reconnucomme des jeunes, plus comme des handicaps .

    Marie PICOCHE, pour Jets dencre

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    21/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Dmocratie en crise, conomie en berne, modle social

    rod...autant de sujets dinquitude auxquels on ne semblepas trouver de rponses... Et si elles taient, en partie entout cas, trouver au cur du modle associatif ? Capa-cit construire collectivement, imaginer des rponsesinnovantes des besoins existants, dpasser des intrtspersonnels pour construire au service de tous, autant defondamentaux qui font lADN associatif, et qui semblentrpondre plus que jamais aux aspirations citoyennes. Reste

    construire les modles socitaux qui leur donneront touteleur place ; le d est de taille...

    L'engagementassociatif pourinventer demain...

    n 22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIve

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    22/3222 La VIe assoc IaTIVe dcembre 2014 n22

    En quoi le don sedistingue-t- il de la charitou de l'altruisme ?

    Quand on utilise le mot don au- jourdhui, on a en tte une notionde charit, de dsintressementradical voire de sacrice. Cette no-tion est aborde avec lhritage de2000 ans de tradition chrtienne.Or, si le don devait tre considrsans quil ny ait aucune motiva-tion le faire, tout lengagementassociatif sombrerait dans le nonsens. Il faut donc sortir de cetteconception sacricielle du don etle considrer comme un opra-teur politique. Dans les socitsarchaques tudies par MarcelMauss, la motivation principale dudon est une motivation politiquede pacication. Le don est un parisur la possibilit de devenir alliplutt quennemi. Il est loprateurde lad-sociation, au sens d aller vers la socit . Il est ce qui faitque lon fabrique une socit plu-

    tt que rien. Plus prcismentsocits premires reposent une triple obligation consista donner, recevoir et rendre

    sens dune obligation faite chsujet humain de dpasser son irt personnel pour rentrer danservice des intrts de tous. elles reposent aussi sur une gation dafficher sa gnrativcest dire sa capacit faire quelque chose. Au nal, le doun hybride entre quatre typemotivation que lon retrouve lengagement associatif : unedintrt personnel, une part dtrt pour autrui, une part dobtions (sociales, morales) et unmension de libert et de crati

    Quest ce qui reste de cetesprit du don dans lessocits modernes ?

    Beaucoup de choses ! Dans nocits, coexistent deux types d

    Sociologue et conomiste, Alain Caill s'oppose depuis toujours la conception utilitariste du monde, qui modle la penseconomique actuelle, et plaide pour la reconnaissance du doncomme "oprateur politique". Penseur du convivialisme, la recherchede l'art de vivre ensemble, il considre que les associations ont un

    rle central jouer pour construire la socit "post-croissance".

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF POUR INVENTER DEMAIN

    Lengagement associatif traduitle choix du type de socit quelon veut construire ENTRETIEN AVEC ALAIN CAILL

    Alain Caill

    Sociologue, professeur mrite de sociologie l'Universit Paris OuestNanterre La Dfense.

    Il est galement codirecteur duSOPHIAPOL (ex-GEODE), Laboratoire de

    sociologie, philosophie et anthropologie politiques de cette universit.

    Il dirige la Revue du MAUSS depuis safondation.

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    la croissance du PIB. Il faut construire une idologiepolitique alternative qui permette daller au del desgrands discours hrits : socialisme, libralisme, com-munisme, anarchisme. Cest tout lenjeu du manifestedu convivialisme[1] qui regroupe des auteurs dhori-zons trs divers. La modernit sest construite autourde lopposition entre libralisme et socialisme. Dunct, le libralisme est fond sur lide que la base dela vie sociale est le march. De lautre, le socialisme estfond sur lide que lEtat est la base de la dmocratie.Or ce dualisme Etat / march ne fonctionne plus ! Si on veut affronter les problmes de lpoque, il faut intgrerun troisime ple socioconomique compos de ci-toyens associs dans une perspective de bien commun.Il sagit dapprendre raisonner du point de vue de lasocit dans son ensemble, en tant quelle est mise enuvre et cr par le tissu associatif au sens trs gnraldu terme. Lenjeu est de crer une socit civique.

    Quest- ce qui pourrait favoriserl'mergence de ce convivialisme?

    Notre proposition politique centrale repose sur lideque lennemi principal, lchelle mondiale, est la d-mesure, le dsir de toute puissance dont le capitalismespculatif est lexpression principale avec son cortge

    de corruption et de criminalisation. Pour recremonde de la temprance contre lhubris, on na pchoix : il faut instaurer conjointement un revenu mum et un revenu maximum. Il sagit de dnirlimites symtriques qui rendent la misre et lexrichesse illgales. Lobjectif est de restaurer unemune humanit contre tous les racismes avec lidce qui unit les humains est plus fort que ce qui vise. Mais aussi de redonner toute sa place unemune socialit contre la dogmatique conomiqune voit que des individus spars, la premire ricdes tres humains tant la richesse de leurs rapsociaux donc de leur capacit dassociation.

    Les associations ont donc un rle jouer ?

    Pour inventer cette socit post croissance, le massociatif a un rle colossal jouer, supposeait lnergie de sen emparer. Il faut dvelopper u ventivit sociale pour montrer concrtement coon peut vivre beaucoup mieux en sortant de la cpermanente au PIB. Mais pour que toutes les initidconomie sociales, des creative communs, dmie du partage, dconomie circulaire, prennent, faut un liant idologique que lon peut trouverlesprit du don et de lassociation.

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    25/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Quelle est la valeur del'engagement associatif ?

    Le bnvolat est une ressource essentielle pour les associations.Il est la fois une spcicit identitaire forte et une ressourceproductive non ngligeable. Sa valorisation comptable constitueune prconisation de la Confrence de la Vie associative de 2009. Ilsagit de mieux reconnaitre ses apports, lchelle dune association- par exemple pour attester de la diversit des ressources dont elledispose -, mais aussi dun point de vue macroconomique pourmesurer sa contribution au PIB (Produit intrieur brut) ou dans uneperspective de comparaison internationale -.

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF POUR INVENTER DEMAIN

    Un exercice utileLa valorisation montaire du bnvolat permet decomparer ce dernier aux autres ressources dont b-ncient les associations. Elle permet par exemplede connaitre et de rendre compte de lintgralit desressources propres de lassociation, donc de lau-tonancement, qui constitue un lment utile dansles relations avec tous les bailleurs de fonds, publicscomme privs. Cet exercice permet galement dap-prhender les cots rels dun projet associatif ou en-core de comparer les dons en argent et les dons en

    temps. Cette dmarche est utile lassociation en in-terne, cette dernire dispose ainsi dune image prcisede ses ressources et de la place du bnvolat en sonsein. Cest aussi prcieux dans ses relations avec sespartenaires auprs de qui elle peut mettre en avantcette ressource.

    A lchelle de lconomie franaise, cette valorisadonne un ordre dide apprciable de ce quappole bnvolat. Les travaux de Viviane Tchernonog diquent par exemple que ce dernier reprsente 1du PIB lorsque lunit de mesure retenue est le SMhoraire et 2% si lon retient la somme touche les salaris du mme secteur. Ce montant montaimput au bnvolat peut alors sajouter la valtotale des ressources associatives ainsi qu la vaajoute quelles ralisent. Ainsi lactivit conomne saurait tre circonscrite aux domaines du travrmunr. Cest aussi, dans le mme temps, uneexion sur le salariat que nous invite la mesure sutravail bnvole. Quelle part de don y entre en jpar exemple ?

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    26/3226 La VIe assoc IaTIVe dcembre 2014 n22

    Un exercice ambivalent

    Lexercice de valorisation montaire du bnvolat pr-sente de nombreux intrts mais il est aussi ambivalent.La forme de reconnaissance quil induit est en effet r-ductrice. Elle est conomique lorsque les associations,souvent malmenes par des logiques gestionnaires,cherchent consolider les fondements dmocratiquesde leurs projets et de leur gouvernance. Elle repose surla dimension de facteur de production du bnvolatlorsque lengagement et les valeurs en sont les ressortsessentiels. Elle est quantitative alors que les associationsrappellent inlassablement que leurs actions vont bienau-del des batteries dindicateurs chiffrs faisant officede dmarches valuatives et plaident pour des approchesqualitatives. Dautres formes de reconnaissances restentici inventer pour qualier et reconnaitre en tant quetel, plutt que de leuphmiser, ce qui fait la spcicit dumonde associatif.

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    27/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    L'engagement associatif pour renouveler l'action publique PAR NICOLAS MATYJASIK

    Nicolas MatyjasikMatre de confrences associ Sciences-Po Lille

    Conseiller scientique Bercy,Ministres de l'Economie et desFInances

    On peut observer, dans le cadre de larforme de lEtat et de la modernisa-tion de laction publique, beaucoupde propos sur la ncessit dassocierdavantage les associations lactionpublique. Les approches se veulentplus bottom up . Elles cherchent partir des initiatives locales, territo-riales, et faire remonter. Elles por-tent aussi une attention nouvelle auxusagers des politiques publiques vi-ses. Il y a vritablement aujourdhuiune fentre dopportunits pour queles associations participent au re-nouvellement de laction publique,

    fdrent les initiatives et renforcentle maillage territorial. LEtat ne peutplus faire seul, il a besoin de parte-naires avec lesquels co-construire.

    Dans le mme temps, ces discours res-tent souvent trs incantatoires et peude chose sont nonces sur les moda-lits de cette co-construction . Lesassociations doivent tre vigilantessur ce point. Au Royaume Uni, la

    Big Society de David Cameron a tmarque par le transfert de fonctionstatiques au monde associatif maissans moyens nanciers. LEtat sestdfauss sur les associations, en jus-tiant de cette faon des coupes bud-gtaires drastiques. Cette question du

    nancement est fondamentale. Maiil y a aussi celle de la mesure de la peformance : si le monde associatif s voit davantage impliqu dans les politiques publiques, les nancementne devront pas tre octroys laundes critres habituels de performancet de rentabilit. Toujours du ct duRoyaume Uni ont t mis en place l social impact bonds qui permetent de lever des fonds pour nancedes projets sociaux. Il faudrait sandoute y regarder de plus prs.

    Il y a vritablementaujourdhuiune fentredopportunits pourque les associations participent aurenouvellement de

    laction publique, fdrent les initiativeset renforcent lemaillage territorial

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF POUR INVENTER DEMAIN

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    28/3228 La VIe assoc IaTIVe dcembre 2014 n22

    Dautres expriences trangres sont riches denseigne-ment, par exemple celle de la ville dAmerfoort aux PaysBas. La municipalit de cette ville a coup de nombreuxbudgets en disant aux citoyens : dbrouillez vous, onne peut plus faire . Et ils lont fait. Le point intressantest que cette situation a amen la municipalit rchir

    sur sa propre gouvernance : comment se fait-il que lescitoyens, quand on les laisse sorganiser, arrivent faireet faire mieux que nous ? . Des dispositifs souples des-tins mieux collaborer avec la socit civile sont ns deces rexions. Cet exemple permet didentier la condi-tion premire la russite dune telle exprience : avoirdes citoyens engags. Il y avait dans cette municipalitune socit civile forte, des associations trs engages etdes leaders qui ont port la dmarche. Autrement dit, laquestion de lengagement et du militantisme sont pre-mires lorsque lon parle de co-construction de lactionpublique entre Etat et associations. La rexion reste approfondir autour de lengagement et du bnvolat,sur les dispositifs incitatifs par exemple. Cest sans doutedautant plus crucial que notre socit est traverse pardes logiques aujourdhui plus individualistes. Commentinciter une dmarche collective au sein dune asso-ciation dans un tel contexte ? Si les gens qui sengagenten voient les effets dans la construction des politiquespubliques, si leur parole est entendue, sils peuvent por-ter des projets et aller jusqu la codcision sur certains,une dynamique pourra se mettre en place. Il faut sansdoute des dispositifs incitatifs mais ceux-ci ne doivent

    pas conduire une forme dinstitutionnalisation tropgrande. On la vu du ct de la dmocratie participa-tive, lun des dangers tient lmergence de profession-nels qui saccaparent les espaces de discussion et de co-construction.

    Nous sommes aujourdhui un tournant. Commentpenser laction publique autrement ? Il y a l un modlefranais qui ncessite une solide armature idologique,thorique, et qui reste aujourdhui inventer.

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    29/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Engagement et numrique : lepotentiel d'mancipation collectivedu web est menacENTRETIEN AVEC BERNARD STIEGLER

    L'ENGAGEMENT ASSOCIATIF POUR INVENTER DEMAIN

    Le philosophe et fondateur du groupe de rexion Ars industrailis,Bernard Stiegler, est engag depuis quelques annes dans une rexionsur limpact du numrique sur nos pratiques sociales et culturelles. LeMouvement associatif la interrog sur linuence de lusage du numriquesur les transformations de lengagement des citoyens.

    Dans votre ouvrage "La tlcratie contre ladmocratie", vous laissez entendre que lemodle industriel dominant du 20me sicledtruit toute possibilit de participationcitoyenne. Pouvez-vous expliquer ?

    Ce n'est pas seulement un modle de division du tra- vail mais de refaonnage de l'espace social, de l'intimitet de la vie politique. Il repose sur la proltarisation desacteurs au sens o il prive les individus de leurs savoirs savoir faire et savoir vivre et de leur responsabilit(quelquun qui ne sait pas ne peut pas tre responsable).Ce modle d'infantilisation est structurel : il soumet lesmodes de production des standards machiniques ou des prescriptions du marketing et ne laisse plus au-cune initiative, pas mme aux cadres et aux ingnieursquil transforme en super proltaires. Il transforme la vie quotidienne en rduisant les individus au statut deconsommateurs. Depuis les annes 1920 aux Etats-Uniset 1950 en Europe, le marketing a court-circuit pro-gressivement les structures sociales, les savoir-vivre etles modles ducatifs. Or ces rgles de vie structurentl'tre ensemble des individus et les placent dans unesocit. Au contraire, le capitalisme consumriste dis-socie en dresponsabilisant et produit ce que JacquesGnreux a appel la dissocit.

    En quoi le web modie-t-il ce modle ?

    Le web est un tme d'accs rseau Interouvert toutmonde. Cetechnologie, fde sur la rtiction, met les in vidus en poside produire, non seulementconsommer. Clinfrastructudune cono

    de contribution dont les emblmes sont le logicie

    le wiki et les logiques coopratives qui reposentpartage des comptences, l'association des indivinon leur dissociation. Le numrique est porteur nouvelle organisation industrielle qui repose nonsur la proltarisation, mais sur la cration et le pde nouvelles formes de savoirs. Il porte en lui les d'un vaste processus de dproltarisation.

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    Pourtant, les principaux rseaux sociauxd'internet sont au service de puissants acteursindustriels...

    Effectivement le potentiel d'mancipation collectiveque renferme le web est plus que jamais menac par lesplateformes telle Facebook, ou les Apps dApple, qui en-ferment les internautes par des logiques de prdation etcourt-circuitent le web. Le web produit normment de valeur, des externalits positives, qui sont ncessaires etutiles la socit. Mais ds quon cherche les monti-ser, elles svaporent. Le march nest pas un bon critrepour garantir la qualit, en particulier quand il y a despossibilits de positions hgmoniques qui consistent dtruire la concurrence par le principe mme de la miseen concurrence. Cette tendance la montisation duweb a des effets directs sur le type de recommandationsqui deviennent mimtiques et sont de plus en plus t-

    lguides par des doubles numriques, appels prols,qui interagissent en permanence avec les individus etles groupes en modiant lentement mais srement leurscomportements individuels et collectifs. Aujourdhui, leweb est quasi exclusivement ddi au trac publicitairefond sur la calculabilit des comportements. Cest unetotale dformation du projet initial. Tous les servicesproposs sur le web sont dsormais obligs de se moulerdans lcosystme de Google ou dAmazon.

    Comment lutter contre ces logiques ?

    Il faut rchir de nouveaux modles de web. Poil est indispensable que les associations se mobpour protger et renforcer une architecture qui favles intrts contributifs. Elles ont un rle fondam jouer et doivent tre renforces. Mais la questpose de leur avenir qui ne doit pas se limiter ce pouvoirs publics dcident ou plutt ne dcidenLes associations doivent montrer qu'elles sont cad'inventer par elles-mmes de nouveaux modlenomiques, et cela ne se limite pas lconomie et solidaire. Lconomie contributive est un changqui concerne tous les secteurs dactivit. La qunest pas seulement lpuisement du modle conriste, honni par tout le monde, mme si personne ncomment en sortir. Car dans les prochaines annestomatisation va dtruire lemploi en masse, et le msalarial de redistribution va devenir tout fait cad

    Bernard Stieglerondateur et prsident du groupe de rexion philosophique Ars industrialis cr en 2005, il

    irige galement depuis avril 2006 l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) qu'il a cr au seinu centre Georges-Pompidou

    Il est indispensable que lesassociations se mobilisent pour protger et renforcer une architecturequi favorise les intrts contributifs.

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    31/32 n22 dcembre 2014 La VIe assoc IaTIVe

    Est-ce que cela implique de changer aussi le tra-vail ?

    Cela implique de revenir au travail, qui nest pas lemploi :lemploi a dtruit le travail en le proltarisant. Lemploi vadisparatre progressivement. Une enqute rcente nousenseigne que la France va perdre 3 millions demploisdans les dix prochaines annes. Nous allons entrer dansune priode extraordinairement agite, o le salariat vadcliner et devenir minoritaire. Nous vivons dans lAn-thropocne qui dtruit nos milieux de vie physiquesaussi bien que mentaux et affectifs. Or, il faut sortir decet Anthropocne et entrer dans le Nguanthropocne ,cest dire dans un monde qui recommence produiredu soin, plutt que des externalits ngatives et de latoxicit. Cela suppose une rvaluation du travail en tantquil est foncirement inventif et collectif, au contrairede lemploi qui est standardisant et proltarisant, cest dire destructeur des savoirs. Cela suppose de profondes

    transformations du droit du travail mais aussi du de la proprit et de lducation. Nous allons vers ucit encore bien plus industrielle quelle ne ltaicette industrie va tre dun genre trs diffrent : reposera plus sur la proltarisation mais sur la cap

    tion des individus, au sens dAmartya Sen, c'estsur l'acquisition et le partage de savoirs individucollectifs. Pour cela, il faut requalier en profondinstitutions. Quant la redistribution des gains deductivit acquis grce lautomatisation, elle doit par un revenu contributif conu sur le modle des mittents du spectacle, et appuy sur des projets dtissements contributifs soutenus par un crdit conttif. Cela impliquera de crer des milieux dapprentdacquisition de capacits, en utilisant les technocontributives du web. Un nouveau statut sera ncequi confre aux gens des crdits condition qu valorisent rgulirement, comme cest le cas pourtermittents.

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