Marc Berdet Fantasmagories Du Capital

7/23/2019 Marc Berdet Fantasmagories Du Capital

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ntasmagories du capitalrc Berdet

ution :07/02/2013ges : 256B : 2!355!22035!2

Marc BerdetFantasmagories du capital"#in$ention de la $ille!marc%andise

&ones

SommaireI'()*+,'I)1- F.'.SM.)(IS P(M)*(S()BSPI(( .+ ,)+' *S ,.P+,ISB(') .+ ,4'.+ *#)'(.'2- F.'.SM.)(IS M)*(SF)+(I( .+ P.".IS!()."M.( .+ ,(S'." P.".,B".+I *.S P.(IS .+SSM.IS3- F.'.SM.)(IS P)S'M)*(ISS'I 8 *IS".*()PI+S .+ M."" )F .M(I,.9S 8 ".S .S,),"+SI)

REMERCIEMENTS Un grand merci à Grégoire Chamayoupour son impulsion décisive et sa coniance! et à Rachel

pour ses relectures pugnaces à toutes les étapes de celivre" Merci aussi à Rapha#l $oster pour ses remar%uessur &isneyland et à Sé'astien (roca pour sa relectureinale" )e remercie mes amis * matérialistesanthropologi%ues + de (erlin! ,aris! Cam'ridge!,rovidence et Santiago pour l-émulation criti%ue de cestrois derni.res années! le Ciera pour la précieusee/périence %u-il donne au/ 0eunes chercheurs ranco1allemands et les mem'res du Cetcopra de l-université,aris1I pour m-avoir encouragé à prendre une directiontou0ours plus anthropologi%ue" Ce livre n-aurait pas pu2tre écrit sans le programme européen Marie Curie EI3dont 0-ai 'énéicié pendant deu/ ans! ni l-accueilchaleureu/ de 4ans1,eter $r5ger à la aculté dephilosophie de l-université de ,otsdam"

INTR6&UCTI6N

"e mot de Sc%iller d#apr;s le<uel =les contraires se %eurtent

au c>ur de l#espace? est @ nou$eau @ l#%onneurA et un puissantcoup de eu matCrialiste pCn;tre les discours trop longtemps

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enermCs dans le $irtuel et les simulacresnote- D

9arl Sc%lEgel

u du cielA le shopping mall a l#air d#un allast posC sur unocCan d#asp%alte- +n parGing s#Ctend de l#autre cHtC desautoroutes @ si $oies <ui ceinturent le Jtiment- Il est si $aste<ueA de sa place de stationnementA il aut parois prendre un us

pour atteindre l#entrCe- .u!del@A la anlieue itumeuse ou$rel#%oriKon Lus<u#au grands lacs du Minnesota- S# rCp;tent @l#ininiA sur un sol <uadrillC comme du papier d#CcolierA unesCrie de maisons indi$iduelles toutes @ peu pr;s semlales : uncarrC de pelouse de$antA un Lardin particulier derri;re-

*#un peu plus pr;sA le Mall o .merica C$o<ue un c%Jteau ortAles parGings attenants aisant oice de dou$es- ,omme au

premier Moen 4geA c%a<ue angle de cette dalle de er et de Cton se trou$e lan<uC d#une tour rectangulaire- ,elles!ciaritent les grandes enseignes du centre commercial :

ordstromA SearsA Mac#s et Bloomingdale#s- ,es anchor stores doi$ent attirer comme des aimants le consommateur <uientre par le milieu d#un des segments- *es allCes cou$ertes

remplacent ici les courtines <ui reliaient les tours du donLon-,%acune C$o<ue un monde en miniature-

Seule la galerie nord Nort% ardenO est sinueuse- Sous un toittransparentA le adaud passe de alcons leuris en treillages en

oisA de ponts suspendus en terrasses- "a galerie sud NSout%.$enueO rappelle un luueu oule$ard tpi<ue d#une grande$ille d#auLourd#%ui- "#a$enue est Nast BroadaO ait miroiterles nCons de la mCtropole du utur- ninA sous le toit de gareerro$iaire de Qest MarGet ourmillent des $oitures @ rasA desmarc%Cs di$ers et des $endeurs @ la criCe- "e long des aRades(enaissance se succ;dent places mCditerranCennesA caCs$iennois et Gios<ues @ Lournau- .u centreA le icGelodeon+ni$erse rassemle tous ces motis dans un gigantes<ue parcd#attractions inspirC de personnages d#Cmissions pour enants-

"a topograp%ie du Mall o .merica Nou$ert dans le Minnesotaen 12O reprend clairementA @ <uel<ues dCtails pr;sA les

polarisations mt%i<ues <ui structurent le plan de *isneland :

au nordA le monde idlli<ue et non $iolent de la nature T au sudAles $itrines de la $ille moderne T @ l#estA les tec%nologies du



utur T @ l#ouestA les citCs du passC- ,es diCrentes art;rescon$ergent $ers le parc d#attractionsA apparemment liCrC detoute nCcessitC commerciale- "e tout orme un corps

mer$eilleu-,e shopping mall note eprime dans son espace les oppositionsarc%Ctpi<ues des antasmagories postmodernes- )n retrou$e @

peu de c%ose pr;s le mUme agencement au Sout% ,%ina MallAou$ert en 2005A @ *ongguanA dans le uangdongA actuellementle plus $aste du monde : @ l#estA Sout% ,aliornia met en sc;neune nature idlli<ue T au nordA le t%;me de San FranciscoidCalise l#uranitC moderne T au sudA le parc d#.maKing Qorldren$oie au plus grandes a$ancCes tec%nologi<ues T @ l#ouestA la

$ariation autour d#.msterdam prCsente l#uranitC classi<ue desgrandes $illes europCennes- .u centreA un oule$ard @ laranRaise m;ne @ ces diCrents pHles mt%i<uesnote-

,es pHles peu$ent permuterA mais ils epriment la mUmestructure : tous les shopping malls semlent s#organiser selonles points cardinau d#une nature magniiCeA d#une citCidCalisCeA d#une tec%nologie uturiste et d#un rCel <uotidien plusou moins est%CtisCA <ui demeureA @ l#Ctat rutA le repoussoir

principal @ partir du<uel s#organise tout l#espace-

,ette mise en tension de la natureA de la culture et de latec%nologieA <ui redouleA contre le temps d#un prCsent aliCnantAl#enc%e$Utrement de l#CternitCA du passC et du uturA se Loue auni$eau de la structureA et pas de la surace oV pullulent lesimages- lle dCtermine le plan de l#espace et le rCcit <ui s#dCrouleA non ses dCtails iguratis- 'ous les motis matCrialisCsdans le plan de masse du shopping mall se retrou$entdissCminCs pUle!mUle @ l#intCrieur- Margaret ,raord dCcrita$ec rio cette anarc%ie apparente au Qest dmonton MallNou$ert au ,anada en 1W1O :

À l'intérieur, le mall présente un spectacle étourdissantd'attractions et de divertissements : une réplique du bateau deChristophe Colomb, Santa Maria, flotte dans un lagonartificiel au fond duquel de véritables sous-marins naviguentdans un impossible paysage aquatique fait de corail importé etd'algues en plastique, au milieu desquels cohabitent des

pingouins vivants et des requins en caoutchouc non loin d'unclinquant pont en fer victorien, des colonnes en fibre de verre



s'écroulent dans un simulacre de ruine en face du !eather"orld et de #inney's Shoes, des dauphins font leur numérodans les airs de fausses vagues, d'authentiques tigres de

Sibérie, des vases de la dynastie Ching et des orchestresmécaniques de $a%% sont $u&taposés selon une séquence sans finde cours éclairées par des toits transparents (es colonnesdisposées en miroir et des murs fragmentent la sc)ne encoredavantage, morcelant le mall en un *aléidoscope d'images aubout du compte illisiblesnote

ue ce soit au tats!+nisA en ,%ineA au ,anada ou en uropeAla conusion imaginale r;gne @ tous les Ctages : le passC et leutur s#enc%e$Utrent dans un prCsent insigniiantA le $rai et le

au s#emmUlent dans un aut%enti<ue D monde snt%Cti<ueA le proc%e et le lointain s#amalgament dans une gCograp%iecomprimCeA nature et culture se li<uCient dans les Leu d#eauAle mUme et l#autre s#emrouillent dans un ego omniprCsent- "emall est une mac%ine opti<ue <ui ait dCiler indiCremmentAmClangCes au rCelA des images de l#%istoireA de la nature et de latec%ni<ue-

"e mall est sans doute l#eemple contemporain le plus rappant

de ce <ue nous entendons dans ce li$re par fantasmagoriesAlieu clos saturCs d#imaginairesA rU$oirs collectis D communsau $isiteurs des positions uni$erselles du Ie si;cleA au

Loueurs capti$Cs par les nCons de "as egas au e si;cle etau adauds ascinCs par les galeries commerciales du Ie si;cle- *epuis pr;s de trois si;clesA le capital aRonne desen$ironnements oniri<ues <uiA sur ond de r;gne de lamarc%andiseA reoulent leur origine Cconomi<ue en $ue decanaliser les plaisirs indi$iduels et collectis- "#%istoire de

l#espace urain est en ce sens aussi celle d#une moilisationtouLours plus structurCe de nos dCsirs intimes par l#arc%itectureAet cela Lus<u#@ l#arc%itecture dite postmoderne D-

.u Ie si;cleA le terme antasmagorie D apparaXt @ denomreuses reprises sous les plumes de PoeA BaudelaireABalKac ou MallarmC- Il signiiait alors c%im;reA rU$erieC$eillCeA reprCsentation nCuleuse <ui passe pour la rCalitC-Mais c#est @ Qalter BenLamin <ue nous empruntons cettenotionA ClaorCe dans une discussion a$ec .dorno pour aire du

monde imaginaire du capitalisme un oLet pri$ilCgiC de la



t%Corie criti<ue-

BenLamin a t%CmatisC la antasmagorie durant les derni;resannCes de la composition d#un ou$rage lui!mUme restCinac%e$CA +aris, capitale du e si)cle- Il n#en a donc<u#es<uissC le concept et ne lui a pas donnC une orme

pleinement aoutie- ,omme toute notion enLaminienned#ailleursA plutHt <ue d#Utre close sur elle!mUmeA laantasmagorie demeure ou$erte @ toutes les modulations%istori<ues- ous nous en emparons ici pour en aire un outilopCratoire d#analse criti<ue du capitalisme moderne et

postmoderneA en particulier des espaces dans les<uels il nous aimposC de $i$re-

,e li$re se compose comme une sorte de $isite guidCeA @ la ois promenade uraine et $oage dans le temps- Il proposed#arpenter plusieurs lieu emlCmati<ues de cette longue%istoireA de dCamuler sur des sites lCguCs par diCrents Jgesde l#imaginaire marc%and- ous eplorerons tour @ tour les

passages parisiensA les premiers grands magasinsA lespositions uni$ersellesA le Paris d#aussmann et les parcs de*isnelandA a$ant de re$enir au shopping mall et de inir notre

ecursion sous les nCons du Strip de "as egas-

,es diCrents espaces orment autant de stratesantasmagori<ues caractCristi<ues de leur Cpo<ue- ,e sont desrCus <ui amalgament des ClCments de la rCalitC etCrieureAl#intCrUt d#une classe dominante et l#inconscient de toutes lesclassesA igurant ainsi une utopie sociale dont la rCalisationdemeure cependant perpCtuellement aLournCe par leur onctionmarc%ande-

n essaant de dCc%irer ces espaces comme on interpr;te unrU$eA en superposant leur gen;se rCelle et leurs oppositionsmt%i<uesA ce li$re tente de dCgager l#Cclat de l#utopie de lagangue <ui l#enerme- ,ar la antasmagorie contientA en sonseinA les ClCments de sa propre nCgation : le grand rCcit de lamarc%andisation de la $ille a aussi ses anti%CrosA <ui senomment Maimilien de (oespierreA ,%arles FourierA 9arlMarA .uguste Blan<uiA .ndrC BretonA SergueY isensteinAQalter ropius et 9en 9ese-

"es antasmagories du capital transorment l#en$ironnement



Jti en images de rU$e destinCes @ la oule- ,eu <uiconstruisent ces espaces esp;rent CnCicier des %allucinationscollecti$es ainsi engendrCesA mais cette magie peut aussi leur

Cc%apperZ7" 38NT8SM8G6RIES ,R9M6&ERNES

R6(ES,IERRE 8U C6U:ENT &ES C8,UCINES

"e don d#attiser dans le passC l#Ctincelle de l#espCrancen#appartient <u#@ l#%istoriograp%e intimement persuadC <ueA sil#ennemi triomp%eA mUme les morts ne seront pas en s[retC- tcet ennemi n#a pas ini de triomp%er note- D

Qalter BenLamin

"a tradition de toutes les gCnCrations disparues p;se commeun cauc%emar sur le cer$eau des $i$antsnote- D

9arl Mar

"es premi;res antasmagories sont celles d#tienne!aspard(oertson <uiA @ la in du IIIe si;cleA construit un enginopti<ue pour montrer des antHmes dans des Jtimentsreligieu aandonnCs- lles naissent sur les cendres de la $ieillelanterne magi<ue a$ec les moens les plus modernes del#opti<ue et du c%emin de er Nle antascope D Ctant montC surrailsO- rJce @ ce nou$eau Louet opti<ueA le antasmagore D

proLette des taleau miniatures peints sur une pla<ue de $erreA parois des sc%Cmas scientii<uesA le plus sou$ent des $isions

terriiantesA sur un Ccran de toile ou de umCe- )n dCplaced#a$ant en arri;re la oXte opti<ue contenant la pla<ue de $erreain de lancer la igure lumineuse sur les spectateurs- 8 partird#une peinture ou d#une gra$ure miniatureA un amuseur pulicait donc naXtreA par un sutil Leu de miroirsA de lumi;re et de$a!et!$ientA une apparition susceptile de rapper l#assistanceAde susciter des Cmotions intensesA oV la terreur millCnaire Ncelledes espritsO $oisine a$ec une Louissance toute moderne Ncelledes Leu de la tec%ni<ueO- "e 25 Lan$ier 17WA (oertson e%ie

une antasmagorie au cou$ent des ,apucinesA @ Paris :



(ans un appartement tr)s éclairé, au pavillon de l'.chiquier,n/ 01, $e me trouvai, avec une soi&antaine de personnes, le 2

germinal À sept heures précises, un homme p3le, sec, entra

dans l'appartement o4 nous étions apr)s avoir éteint lesbougies, il dit : Citoyens et messieurs, $e ne suis point de cesaventuriers, de ces charlatans effrontés qui promettent plusqu'ils ne tiennent : $'ai assuré, dans le 5ournal de +aris, que $eressusciterai les morts, $e les ressusciterai Ceu& de lacompagnie qui désirent l'apparition de personnes qui leur ontété ch)res, et dont la vie a été terminée par la maladie ouautrement, n'ont qu'6 parler $'obéirai 6 leur commandement

l se fit un instant de silence ensuite un homme en désordre,les cheveu& hérissés, l'7il triste et hagard, la physionomiearlésienne, dit : +uisque $e n'ai pu, dans un $ournal officiel,rétablir le culte de Marat, $e voudrais au moins voir sonombre 8obertson verse, sur un réchaud enflammé, deu& verresde sang, une bouteille de vitriol, dou%e gouttes d'eau-forte, etdeu& e&emplaires du 5ournal des hommes libres aussit9t

s'él)ve, peu 6 peu, un petit fant9me livide, hideu&, armé d'un poignard, et couvert d'un bonnet rouge : l'homme au& cheveu&hérissés le reconnat pour Marat il veut l'embrasser, le

fant9me fait une grimace effroyable et disparat note

Un lu/ mythi%ue

"a p%antasmagorie D est donc @ l#origine l#art de aireapparaXtre des antHmes par des tec%ni<ues d#illusion opti<uedans une salle oscure etA par etensionA le spectacle rCsultantde cet art- ,e terme a CtC construit en 177 @ partir de deumots grecsA phantasma N antHmeA apparition DO et agoreuein N parler en pulicA

Figure 1- +ne sCance de antasmagorie organisCe par tienne!aspard (oertson Ngra$ure de MoreauA coll- BFO-

place puli<ue DO- Mais ce spectacle de re$enants tr;s prisC desParisiens et des "ondoniens Nl#%omologue anglais de (oertsonse nommait P%ilidorO ne ait pas parler n#importe <uel mortA nin#importe comment- .insiA l#apparition des martrs de la



(C$olution est plutHt r;$e :

8obespierre sort de son tombeau, veut se relever; !a foudretombe et met en poudre le monstre et son tombeau (es ombreschéries viennent adoucir le tableau : <oltaire, !avoisier, 5-5

8ousseau paraissent tour 6 tour (iog)ne, sa lanterne 6 lamain, cherche un homme, et, pour le trouver, traverse pourainsi dire les rangs, et cause impoliment au& dames une

frayeur dont chacune se divertit note

rands %ommes rassurants et spectres di$ertissants attCnuentl#eet produit par les rCsurrections d#un Marat ou d#un(oespierreA <ui ont sans doute le tort de ra$i$er les plaies

d#une %istoire encore trop raXc%e- "es rois derni;rement dCc%usne peu$ent pas Utre con$o<uCs- 8 un c%ouan amnistiC <ui luidemande le retour de "ouis IA (oertson rCpond :

5'avais une recette pour cela, avant le 01 fructidor =2 septembre 0>?>, date du coup d'.tat du (irectoire contre lesmodérés et les royalistes@, $e l'ai perdue depuis cette époque :il est probable que $e ne la retrouverai $amais, et il seradésormais impossible de faire revenir les rois de Arancenote

"a antasmagorie ne montre pas les rCcents conlits sociau et politi<ues- lle lui prC;re un passC mt%i<ue :

!es ombres des grands hommes se pressaient autour d'unebarque et repassaient le Sty&, puis, fuyant une seconde fois lalumi)re céleste, s'éloignaient insensiblement pour se perdredans l'immensité de l'espace (es sc)nes tristes, sév)res,bouffonnes, gracieuses, fantastiques s'entremBlaient note

"es spectres de (oertson noient les disparus rCcents dans le allet grotes<ue et tragi<ue des grands %ommes de tous lestemps et de tous les lieuA rCels et auleu- "e rCpertoireantasmagori<ue D comprend aussi ien Cnus <ue la Pt%ieA*a$id et oliat%A Sa\l et SamuelA "aure et PCtrar<ueA .lceste et.dm;teA ercule et ,er;reA les trois rJcesA des *ruidesAProserpine et PlutonA une Lolie emmeA la tUte de la MCduseACloYseA la danse des MortsA Ma%ometA )rp%Ce reperdanturdice D ou la nonne sanglantenote- .pparition de

SpectresA FantHmes et (e$enantsA tels <u#ils ont d[ et puapparaXtre dans tous les tempsA dans tous les lieu et c%eK tous



les peuples DA annonce une rCclame de l#Cpo<uenote- "aantasmagorie se dCploie dans l#espace contractC d#un tempsdilatC oV l#%ier se mUle indiCremment au Ladis D mt%i<ue-

lle se caractCrise par un Cclectisme Neet d#accumulationO etun continuum Neet de dissolutionO <ui attCnuent la $iolence del#%istoire rCcentenote-

"a antasmagorie s#Cl;$e ainsi sur le dCni du conlit- "#%istoiresanglante de la (C$olution est transigurCe en une apparitionantasmati<ue oV (oespierre se trou$e pul$CrisC entreuillaume 'ellA )rp%CeA CloYse et une emme au seindCcou$ert- FantHmes contre antHmes : a$ec la antasmagoriede (oertsonA les morts d#un passC ancien $iennent attCnuer la

prCsence de ceu d#un passC plus rCcent- "es spectres de la(C$olution sont conLurCs dans le passC-

,e trait a son importance pour les antasmagories du capital <ui ] nous le $errons ] maXtrisent aussi l#art de prCsenter unenou$eautC Ntec%ni<ue ou marc%andeO selon une elle orme Dcon$o<uant des morts anciens ou une ci$ilisation dCc%ue- 8 cestade prCmodernenote DA la antasmagorie prCsente <uatrecaractCristi<ues liCes @ un certain rapport au morts : elle est

N1O un spectacle d#opti<ue distraant et eraantA <ui N2O aitapparaXtre des morts anciens pour empUc%er les rCcents de parler dans N3O un $aste continuum intemporel mar<uC NÔ parl#Cclectisme de ses re$enants-

Figure 2- "a mort con$o<uCe au cou$ent des ,apucinesNgra$ure in IIIe si;cleA auteur inconnuO-

* )e n-y crois pas! mais %uand m2me; +

)n demande un Lour @ la mar<uise du *eand N167!17W0OA$oltairienne amoureuse d#un auteur de romans terriiantsNorace QalpoleOA si elle croit au antHmes- Sa rCponse esttpi<ue des spectateurs de antasmagorie : onA mais L#en ai

peur- D (oertson lui!mUme connaXt ce cli$age- *ans ses prospectusA il se prCsente comme p%sicien p%ilosop%e Daattant les autels de la superstition ain d#enle$er @ l#%omme le

poignard du anatisme- Sa moti$ation proonde est cependant



tout autre- S#il s#est mis @ aire des diales ] a$oue!t!il dansses mCmoires ]A c#est parce <u#il a d#aord cru @ leur eistence-,#est parce <u#il ne peut con$o<uer "ucier <u#il se dCcide lui!

mUmeA par une sorte de compensation @ l#unisson de sonCpo<ueA @ aire dCiler les spectres-

"e propre de la antasmagorie est de Louer sur ce conlit entrecroance rationnelle et epCrience sensile <ui maintient lespectateur dans une certaine ami$alence : _e n# crois pasAmais <uand mUmeZ D Il ne s#agit pas de dire : _e crois auantHmes alors <u#ils n#eistent pas DA mais plutHt : _e ne crois

pas au antHmes etA pourtantA Le rCagis comme si L# croais- D+n dispositi collecti d#ad%Csion dans l#action et de dCnCgation

dans la croance est possileA et a des eets dans le rCelnote-*ans la antasmagorie comme dans la sorcellerieA il eiste unedisLonction entre sa$oir et rCalitC : l#enLeu n#est pas la croanceAmais l#actionA <ui a tout de mUme lieu et <ui a des eets sur lerCel-

Inter<one

"a antasmagorie Loue a$ec l#eroi ata$i<ue pro$o<uC par la

rCsurrection des morts- 'empUte opti<ue D ] comme on dit @l#Cpo<ue ]A elle orme une epCrience sensorielle totale- "e pulic se trou$e sous le c%arme d#artiices lumineuAacousti<ues N%armonicaA imitation du tonnerreOA olactisNumCe aromati<ueOA soudain terriiC par l#apparition despectresA comCdiens dCguisCs ou proLections sur un Ccran deumCe- Il arri$e mUme <ueA pour produire un Ctatd#Ctourdissement etrUmeA le spectateur soit ClectrocutC oudroguCnote- Pour mieu surprendreA on dissimule lesinstruments opti<ues de proLectionA dont le mode d#emploiepli<ue comment mas<uer la man>u$renote-

"a salle coupCe en deu par un Ccran a$ecA d#un cHtCA uneassistance prise de $ertige etA de l#autreA le dispositi tec%ni<uese ait l#Cc%o d#un spectateur lui!mUme coupC en deu entreAd#un cHtCA sa croance au antHmes etA de l#autreA la dCnCgationde cette croanceA coupure entre une conscience oniri<ue

pro$o<uCe par les artiices et une conscience lucide maintenue par la prCsence du collecti Nun collecti d#ailleurs urain et

CclairCA @ <ui on ne la ait pas DO- "a antasmagorie est cli$Ceentre "umi;res d#un cHtCA illuminisme de l#autre- (oertson l#



Cducateur D ram;ne eplicitementA par ses a$ertissementsA prCamules et discoursA ses eets antasmagori<ues au progr;s de l#opti<ue etA doncA de la science $ictorieuse des

superstitions anciennes- Il n#en reste pas moins <u#il doit sonsucc;s au go[t du pulic pour la part oscure <u#a dClaissCe lerationalisme du IIIe si;cle- "e propre de la antasmagorie estde Louer sur cette Kone intermCdiaire entre croance etincrCdulitC- lle raat l#CtrangetC apparente sur des eplicationsrationnelles sans Lamais s#attac%er @ cette Ctrange LouissanceCprou$Ce @ l#apparition NcontrHlCeO de antHmesA moteur dusucc;s-

)n ait aussi tout pour couper le spectateur de son

en$ironnement urainA ce <ui aaisse sans doute sesrCsistances- oici par eemple comment (oertson amCnage lecou$ent des ,apucines :

pr)s plusieurs détours propres 6 changer l'impression quel'on conserve du bruit profane d'une grande cité, apr)s avoir

parcouru les clotres carrés de l'ancien couvent, décorés de peintures fantastiques, et traversé mon cabinet de physique, onarrivait devant une porte d'une forme antique, couverte de

hiéroglyphes, et qui semblait annoncer l'entrée des myst)resd'sis Dn se trouvait alors dans un lieu sombre, tendu de noir, faiblement éclairé par une lampe sépulcrale, et dont quelquesimages lugubres annonEaient seules la destination un calme

profond, un silence absolu, un isolement subit au sortir d'unerue bruyante, étaient comme les préludes d'un mondeidéal note

Figure 3- +ne epCrience multisensorielle : antasmagorie ducou$ent des ,apucines Ngra$ure de "eLeuneA rontispice de

Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques du physicien-aéronaute F-G 8obertsonA $ol- 1A ParisA 1W31!1W33Acoll- BFO-

Comme l'abandon nocturne ouvre les voies royales del'inconscient, les séances commencent par une forclusion del'agitation bruyante de l'e&térieur !a fantasmagorie est la

pro$ection, dans un lieu public, d'un spectacle coupé d'un autre



lieu public : celui, familier, de la grande ville Dn y estintroduit par un parcours singulier qui suspend le tempsnormal Hout comme le passage des +anoramas Iconstruit 6

+aris en 01JJK introduit 6 des représentations picturalesd'événements et de paysages lointains, les L limbes ducouvent forment une %one intermédiaire entre monde profane et monde sacré Ce n'est qu'une fois le seuil franchi que peutcommencer le défilé inégal des morts de tous les temps et detous les lieu& dans un seul et mBme continuum

3antasmagorie et idéologie

ous a$ons $u <ue la antasmagorie ren$oait @ un dispositi

<ue le spectateur ne doit pas de$iner- n celaA elle se rapproc%edu onctionnement de l#idCologie- Mar comprend cettederni;re comme une c%amre noireA aisant rCCrence @ lacamera obscura des peintres de la (enaissancenote-"#idCologie dCsigne pour lui l#ensemle des reprCsentationsmentales <u#un groupe se orge pour ser$ir ses intCrUts declasseA le plus sou$ent en les aisant passer pour des intCrUtsuni$ersels- +ne reprCsentation in$ersCe de la rCalitC : lesidCologues parlent de liertC l@ oV il n# a <u#escla$age de la

orce de tra$ailA de dCmocratie l@ oV l#tat ne sert <ue l#intCrUtd#une classeA et de $aleur astraite d#un oLet l@ oV il n# a <uesueur de l#ou$rier- Par l#in$ersion idCologi<ueA le particulierde$ient uni$erselA le dCterminC de$ient lire et le concretastrait- "e processus opti<ue de ren$ersement de l#imageNin$ersion rCtinienne ou p%otograp%i<ueO sert de mod;le pourdCsigner la $ision aussCe d#idCologies <ui mettent le monde @l#en$ers-

Mais le antascope ne onctionne pas comme la c%amre noire-.lors <ue la c%amre noire in$erse le monde rCel et l#enermedans une oXteA le antascopeA luiA agrandit une >u$re decrCation et la proLette dans l#espace- "a lanterne magi<ue a$aitinstaurC au IIe si;cle un nou$eau rCgime opti<ue- "aantasmagorie en reprend ] le mou$ement en plus et a$ant lecinCma ] le procCdC tec%ni<ueA les motis mt%ologi<ues et lasurace de proLection antasmati<ue- "a c%amre noire

permettait de peindre une >u$re d#art @ partir d#une imagein$ersCe de la rCalitC- lle igurait le mou$ement intellectuel de

l#idCologie- "e antascope autorise la proLection d#une imageain de crCer une rCalitC igurCe dans un espace collecti coupC



du monde- Il epose le proc;s sensible de la antasmagorie-

*#une certaine mani;reA le concept de antasmagorie reprend etdCpasse @ la ois celui d#idCologie- .lors <ue l#idCologie dCsignel#ensemle des idCes <u#un groupe ou une sociCtC se ait sur son

propre compteA sur le mode d#un discours ou d#unereprCsentationA la antasmagorie ren$oie @ un p%Cnom;neest%Cti<ueA sensileA immCdiatement $Ccu- "a antasmagorie estd#une certaine mani;re plus rCelle D <ue l#idCologie : @ ladiCrence de cette derni;reA elle se matCrialise directementdans l#espace- lle

Figure ^- +ne nou$elle mac%ine opti<ue : le antascope Netraitd#.dolp%e anotA Hraité de physique e&périmentale etappliquée et de météorologieA ParisA .- anotA 1W76A coll-BFO-

correspond au c%eminement apparent du antasme dans l#espace pulic Nl#agoraOA le traLet lumineu des antHmes Lus<u#@ laoule-

La Mort de Lord Littleton! ou la mort non apprivoisée

"es antasmagories rCacti$ent une ad%Csion proondeAinconscienteA @ la croance au re$enants- MaisA en s#inscri$antdans un Ctat d#eception de la conscience collecti$eA elles

permettent aussi sa dCnCgation apr;s coup- ,#est <ueA en rCalitCAelles conondent deu tpes de culpailitC : celleA conscienteAde s#Utre pris au Leu comme un enant et celleA plus

inconscienteA d#a$oir ouliC les disparus- *oule eet de ce$ertige ludi<ue <ui renorce les propriCtCs de la antasmagorie :en Htant au spectateur la culpailitC de son amusementinantileA la antasmagorie lui enl;$e aussiA supericiellementAsa responsailitC $is!@!$is de ses morts rCcents- ,#est une

pat%ologie tpi<uement moderne <ue d#oulier ses mortsA etc#est par cette pat%ologie <ue la antasmagorie prend tout sonsens- ntre spiritismeA prouesse tec%ni<ue et spectacle de oireAelle apparaXt en eet @ une Cpo<ue oV la mort commence @ Utreincon$enante- "e mod;le dominant de la mort ourgeoisenoteDA nC au Ie si;cleA s#emploie @ nier les processus morides



par leur transiguration dans l#emp%ase romanti<uenote- )nCtouera ensuite la mort dans le silence %giCni<ue del#%Hpitalnote- raCe par la mortA la sociCtC moderne empUc%e

la rCapparition des disparus dans les rituels communautaires-*ans sa pi;ce intitulCe !a Mort de !ord !ittletonA (oertsonreprend le t%;me anti<ue du re$enant annonciateur de la mortAmais il ne s#agit plus de l#ancienne mort appri$oisCe DAacceptCe et naturellement intCgrCe dans le monde des $i$antsAcomme lors<ue les re$enants se maniestaient pour in$iter lesmourants @ les reLoindre dans un paisile Lardin leurinote- +nantHme apparaXt @ "ord "ittleton pendant <u#il soupe a$ec sesamis pour lui dire <u#il mourra @ minuit- Il est terrorisC- Sesamis se mo<uent de son imaginationA et s#amusent @ a$ancer la

pendule pour lui aire croire <ue minuit est passC sans <ue la prop%Ctie se rCalise- ncore in<uietA il rentre c%eK luiA secouc%e- Minuit sonneA il meurt- "ors<ue (oertson reLoue lemoti millCnaire du prCsage spectralA il aLoute ainsi uneangoisse nou$elleA <ue ne par$iennent pas @ dissiper lesmo<ueries des non!dupes-

=e revenant consolateur

Par le passCA la communautC comprenait le message desre$enantsA <ui apportaient des $CritCs ignorCes ou eigeaientrCparation Ndes unCrailles dans les r;glesA une ultimereconnaissanceA une $engeance amilialeA etc-O- .u Ie si;cleAla mort de$ient incomprC%ensileA et l#Cc%ange a$ec les mortsne ait plus sens- "e spiritismeA <ui naXt alorsA c%erc%e @maintenir le contactA mais de mani;re pri$Ce et dramati<ue- "esantasmagories reLouent cette nou$elle relation au morts- llesconstituent la reprise de l#apparition au seul ni$eau est%Cti<ue

Net sans contrepartieO sur ond de dCni tragi<ue de la mort-(oertson ait rCapparaXtre le mari d#une $eu$e :

!'ombre s'était approchée $usque sous ses yeu& elle voulut selever, mais l'ombre disparut, et alors elle resta interdite, puisversa des larmes abondantes Sa douleur était plus tendre elleme remercia d'une mani)re e&pressive, dit qu'elle avait lacertitude que son mari l'entendait, la voyait encore, que ce

serait, toute sa vie, une consolationnote

,%eK les anciensA l#apparition d#un re$enant signalait l#inortunedu disparu <ue le sur$i$ant de$ait rCparer en satisaisant ses



eigences T c%eK les modernesA elle prend la orme d#unecommunication spirite initiCe par les appels dCsespCrCs dusur$i$antA <ui a esoin de consolation- "#esprit n#apparaXt <ue

pour eprimer le dCsir CgoYste des $i$ants : celui de $i$re encore un petit peu D et de compenser la perte intolCrale pro$o<uCe par la mort-

Mort et pouvoir

"a con$ocation des morts est d#autant plus redoutale <u#elle peut Utre liCe @ des mCcanismes de pou$oir- *ans l#et%niesaGala$a du nord!ouest de MadagascarA les rois mortsrCapparaissaient lors de rituels de possession pour participer

au dCcisions importantes de la communautCnote- "esdignitaires <ui les aisaient parler lors de la cCrCmonielCgitimaient ainsi la permanence du pou$oir monarc%i<ue ]c#est!@!dire leur propre pou$oir- "#arri;re!monde des mortsgarantissaitA par la raeur <u#ils inspiraient au $i$antsA lareproduction sociale- "e pri @ paer pour <ue les re$enantslaissent les $i$ants en pai rCsidait donc dans la permanencedes structures sociales Nl#indi$idu gagnait au passage l#espoirde l#immortalitCO- ,%eK les SaGala$aA la mise en sc;ne des

re$enants permettait de aire perdurer la %iCrarc%ie sociale demani;re consciente et smolisCe collecti$ement- ,ettemani;re <u#a le pou$oir politi<ue de s#eercer @ tra$ersl#instrumentalisation des morts engendre aussitHt une <uestion :la antasmagorie n#aurait!elle pas une onction similaire deconser$ation de l#ordre social `

Si (oertson ait parler les mortsA c#est en superposantdiCrentes strates ant%ropologi<ues et %istori<ues del#apparition des re$enants : %antise du courrou des mortscrCditeurs des $i$ants Nmoti ant%ropologi<ueO T annonciationde la mort proc%aine de celui <ui le $oit Nmort anti<ue DO Tappel @ la solidaritC entre morts et $i$ants a$ant l#%eure du

Lugement dernier NIIe!IIIe si;clesO T Cc%o du dCsespoir dessur$i$ants NIIIe!Ie si;clesO T epression du dCni de lamort elle!mUme et de l#incapacitC @ la smoliser NIe!e si;clesOnote- Mais il eiste aussi une couc%e politi<ue : laarandole des morts lointains autour de (oespierre renorce ledCni au sein du retour du reoulC lui!mUmeA en Cgalisant toutes

les morts <u#on ait parler dans un uni$ers mt%ologi<ue- PlutHt<ue de smoliser la mort spCcii<ue du Lacoin en tant <ue liCe



@ un conlit de classeA (oertson la transigureA entre uillaume'ell et )rp%CeA dans l#est%Cti<ue sCrielle des antasmagories-

(RET6N 8U C4>TE8U &-6TR8NTE

(ien de plus ecitant <ue cette littCrature ultra!romanes<ueAarc%i!sop%isti<uCe- 'ous ces c%Jteau d#)tranteA d#+dolp%eA desPrCnCesA de "o$elA d#.t%lin et de *unaneA parcourus par lesgrandes lCKardes et rongCs par les souterrains dans le coin le

plus entCnCrC de mon espritA persistaient @ $i$re de leur $ieacticeA @ prCsenter leur curieuse p%osp%orescencenote- D

.ndrC Breton

.ndrC Breton lJne dans le <uartier Saint!*enisA rue de ParadisAmais Paris est pris dans un Cpais rouillardA les deu porteslottent comme deu $aisseau sur un ocCan rumeu- "ecloc%er got%i<ue de la tour Saint!_ac<uesA au loinA orme lecentre in$isile d#une seconde citC surgie des catacomes- "eParis ordinaire s#eaceA au grC des errements du po;teA derri;reson doule antomati<ue et dCL@ surrCaliste- Breton dCamuledans cet espace spectral nC de son imagination lors<u#il aperRoit

un oLet dans la $itrine d#une outi<ue de as : cou$ert de poussi;reA un ou<uet de ranc%ages secs peuplC de cocons de$ers @ soie- "#association du $er @ soie et d#une Lame de emmelui rappelle soudain les pJles %CroYnes des romans terriiantsAdont le corps Croti<ue est roC dans les mac%ineries desc%Jteau %antCs-

n littCratureA le terme antasmagorie D dCsigne au sensgCnCral une >u$re teintCe de surnaturel ou de antasti<ue :sc;nes nocturnesA C$ocations des morts ou apparitions

spectrales NrCelles ou rU$CesOnote- Mais il se rattac%e plus prCcisCment au genre du premier roman noir : %istoires dec%Jteau et de cou$ents <ui entraXnent le lecteur dans desespaces souterrains ponctuCs de mCcanismes secretsA dec%ausse!trapes et de roues sanglantes D-

,e n#est pas par %asard <u#.ndrC Breton utilise le terme @ propos de cette littCrature aite de dispositis opti<uesA <uasicinCmatograp%i<ues oV se succ;dent ou$erturesA ermeturesA

courses!poursuites et guet!apensnote- 8 moiA si L#a$ais $Ccuen 1W20A @ moi la =nonne sanglante?note DA s#Ccrie le p;re du



surrCalisme ] non pas tant en rCCrence au antasmagories de(oertson <u#au Moine de Matt%e "eis <uiA en 176A a$aitremis ce moti au go[t du Lour- ,ontrepoint des premi;resA les

antasmagories des romans noirs donnent un a$ant!go[t des pro$ocations surrCalistesnote- lles mettent en ranle d#autresmac%ines <uiA sur le mode ictionnelA agissent comme desantascopes soudain pris d#une accClCration dCrCglCe-

=-écroulement de la puissance éodale

.u IIe!IIIe si;clesA la rande!Bretagne est sans cesse enguerreA participant @ plus de $ingt conlits diCrents dont pr;sd#une diKaine de guerres europCennes- "e roman noir proteste @

la ois contre l#ordre monarc%i<ueA contre ses c%arniers etcontre le dCpCrissement de l#imagination pro$o<uC par les"umi;res- .pr;s 17WA eet de la $ague anticlCricaleA le dCcorde c%Jteau est remplacC par le cou$entnote- ,es romans dec%Jteau ou de cou$ent mettent en sc;ne des c%es de amillesadi<uesA des propriCtaires corrompus ou des religieu per$ersAreprenant la criti<ue rC$olutionnaire de la amilleA de la

propriCtC ou de la religion- ,omme l#epli<ue BretonA pour <ue"eis puisse Ccrire !e MoineA il a allu le $ent ou <ui soula

sur l#urope de 17W @ 17^note :

!es ruines n'apparaissent brusquement si chargées de signification que dans la mesure o4 elles e&primentvisuellement l'écroulement de la puissance féodale le fant9meinévitable qui les hante marque, avec une intensité particuli)re,l'appréhension du retour des puissances du passé les

souterrains figurent le cheminement lent, périlleu& et obscur del'individu humain vers le $our la nuit orageuse ne transposeque le bruit, 6 peine intermittent, du canonnote

=-o'scur o'0et du désir

"es romans noirs montrent un dispositi d#enermement <uirCalise les antasmes sadi<ues des puissants- Pendant ce tempsAles opprimCs sont en <uUte de leur propre dCsir- .lors <uel#%CroYne tente de uir ses persCcuteurs en s#enonRant dans lessouterrains d#un c%Jteau dCtra<uCA toutes les $oies d#acc;s<u#elle ranc%itA pontA porteA trappeA tunnelA ca$eauA tomeauA se

reerment derri;re elle-



Paradoe du pou$oir : en se pliant @ l#a$ilissement <ue lui aitsuir son ourreauA en allant Lus<u#au out du mCcanismemoride dans le<uel elle est entraXnCeA au ord de mourir de sa

LouissanceA l#%CroYne retire inalement son plaisir au sadi<ue <uile poursuit T c%osiiCe @ l#etrUmeA elle regagne sa liertC-Paradoe du dCsir : prise dans une course rCnCti<ueA elle LouitmalgrC elle de rater @ c%a<ue instantA par un mCcanismed#escamotageA l#oLet de son dCsir- lle ressemle @ un automate<uiA par un eet de $itesse ac<uiseA ne peut plus s#arrUterACternellement en <uUte de son propre dCsirA comme si lec%eminement n#Ctait <ue celui <u#elle s#Ctait c%oisi ain demieu se connaXtre- Son errance orme un cclone dont l#>ilreste %ors d#atteinteA mais dont on peut Utre s[r de l#oscure

prCsence-

*a$antage <u#un simple relet D des contradictions%istori<uesA la mac%inerie terriiante des romans noirs Ndont laroue sanglante du Moine est eemplaireO dessine uneant%ropologie du mal reoulC par les m>urs de l#Cpo<ue- "a

passion des %CroYnes demeure retenue par le conormismemoral de leur entourage <ui sait ce <ui est on D pour elles

Lus<u#@ ce <ue la mac%inerie du c%Jteau li;re cette passion

comprimCe : les corps de$iennent c%oses et les oLets $i$entleur $ie propre- "@ seulementA les %CroYnes peu$ents#aandonner sans culpailitC au dClices de l#ecitation et au$ertige du $ide autour de ce dCsir <u#elles s#amusentsecr;tement de $oir aLournC- "oin d#Utre une rU$erieinsigniianteA la antasmagorie du roman noir eprime une$CritC proondCment enterrCeA celle d#un dCsir reoulC-

=e démoni%ue

*ans !e MoineA Mat%ildeA sous des troulants de%orsd#austCritC et par de sa$antes pro$ocationsA easp;re le dCsirc%arnel du lecteur- lle rappelle l#)ttilie des ffinités électivesA

personnage dont les c%armes entraXnent les prCtendants dansdes dCdales oscurs- ,omme elleA c#est une igure démoniqueAau sens de oet%eA c#est!@!dire un moen d#agir sur les%ommesA un moen mer$eilleu DA <ui s#incarne dans certains

personnages de iction- ProcCdant par contradictionsA ledCmoni<ue est un Utre amiguA ienaisant sans angClismeA

malaisant sans diaolismeA implacale sans nCcessitC- Ilincarne une trouCe inconsciente dans la raison et un principe



acti pCnCtrantA sCparant et unissant tous les UtresA <u#ils soientanimCs ou inanimCs- Sorte d#Utre par!del@ les UtresA il s#enoncesans limite dans ce <ui nous paraXt limitCA agit aritrairement

a$ec ce <ui nous est nCcessaire et se complaXt dans l#impossile-"e dCmoni<ue dCsigne une orce de l#inconscient <ue

personniient ces %CroYnes : l#ac%arnement de leurs persCcuteursne peut entamer leur innocenceA et les mac%ines de torture deces derniers transorment leur sourance en Louissance- "eurcorps est le lieu d#un comat originaire entre pure spiritualitC et

pure seualitC- enues d#un monde prC%istori<ueA ellesincarnent la crCature sur un mode amigu- lles portent dumUme coup la plainte de la crCature aupr;s des %umains- "e

dCmoni<ue prend une tournure accusatrice : ses lamentationsepriment la plainte Cternellement renou$elCe de la naturearc%aY<ue <ui pointe d#un doigt sanglant la culpailitC del#%umanitC- "e dCmon NMat%ildeO se ait ange eterminateur-Force in<uiCtante <ui rappelle l#%omme au on%eur par les$oies du mer$eilleuA il incarne la criti<ue de ce <ue l#%ommeait suir @ la nature- Il dCsigne le mal <ui naXt de notre reus deconsidCrer sa plainte muetteA de notre dCni de cette orce <uinous assemle et nous sCpare- "e dCmoni<ue in$o<ue un

man<ue!@!Utre <ui nous implore silencieusement et <ue nousuons eraCsA tel ce prUtre per$ers pris d#angoisse de$ant leseu de sa $ictime parce <u#elle semle Louir malgrC lui de sessC$ices-

"es %CroYnes des romans terriiants incarnent cette pure iguredu dCsir et de l#esprit <uiA Louant a$ec le destin par!del@ le ienet le malA Cc%appe @ la ois @ la raison et au sentimentA ettra$erse le r;gne de la culpailitC %umaine en maintenant une

certaine idCe de la liertC-=-e/c.s de réel et le miroir du merveilleu/

Pour luardA orace Qalpole a eprimCA dans !e Ch3teaud'DtranteA la sustance mUme du surrCalisme :

(ans la cour du ch3teau cet enfant écrasé et presque enseveli sous un gigantesque heaume, cent fois plus grand qu'aucuncasque $amais fait pour un Btre humain et couvert d'une

quantité proportionnée de plumes noires, c'est dé$6 larencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine 6



coudre et d'un parapluienote

"e po;te ne cite pas par %asard la ormule de "autrCamont :dans les romans noirsA pour la premi;re oisA l#oLet lui!mUmede$ient le %CrosA et les compositions les plus insolites ontapparaXtre l#image concr;teA totale D- Breton compareA luiA ceteet @ celui du il de rasoir <ui tranc%ait l#>il dans le premierilm surrCalistenoteA montC en alternance a$ec un il de nuagetranc%ant la lune- ,our de c%Jteau ] Leune enant ] %eaumegCantA tale de dissection ] mac%ine @ coudre ] parapluieArasoir ] >il ] lune : la superposition d#oLets communs crCeun insolite ec;s de rCel d#oV surgit la p%osp%orescencesurrCaliste- ,#est dans les Lutapositions d#oLets sans mesuresA

dans la orUt $i$ante du monde des c%oses <ue s#ou$reA commedans une galerie de miroirsA un c%emin $ertigineu dans le rCellui!mUme- "#agencement insolite d#oLets <uotidiens ou$reA parsimple montageA @ l#CtrangetC d#un dCsir inconscient-

,es %asards oLectis D pro$o<uent un trop de rCalitC d#oV Laillit l#apparition miraculeuse de la rCalitC en tropA celle dudCsir- Mais cette rCalitC de trop signale en ait une rCalitC enmoins : l#oLet incongru crCe une impression de iKarrerie dans

le pasage des oLets- ous $oudrions ien comprendrecomment il est possile <u#un %eaume gigantes<ue puissesoudainement apparaXtre pour Ccraser un enant- ous$oudrions nous en scandaliser- "es lecteurs n# par$iennent pas

plus <ue les personnages- ,e rCel de trop ait le $ide partout oVune matrice smoli<ue NsentimentalismeA rationalismeO$oudrait le prendre dans ses ilets- "#C<uation paradoale estdonc : rCel de trop Ndans l#imageO rCel en moins Ndans laconnaissanceO-

,e $ide est intolCraleA et doit Utre ren$oC au cac%otA un peucomme ce pasan <ui ait remar<uer <ue le %eaume assassinressemle @ celui eposC dans le palaisA mais en plus gros- "eroi <ui le ait enermer dans un acc;s de ureur se dCsintCressesuitement de la mort de son %Critier etA c%assant sa emmeA$eut possCder dans un souterrain celle <ui Ctait promise @ sonils- iolA incesteA inanticideA mais aussi parricideA nCcrop%ilieAcannialisme ou encore masoc%ismeA sadismeA Crotisation de lasourance : par une $iolence gratuiteA mCcani<ueA automati<ueA

le roman noir met en sc;ne la transgression de tous les taousmorau et seuels- Insoutenale loc de rCelA le %eaume de trop



gCn;re c%eK les personnages une crise de dClire : l@ oV lelangage ne peut s#en saisirA la rCalitC de trop ait surgir leantasme pur-

"a antasmagorie peut prendre deu directions : ou ienAcomme dans les derniers romans de (adclieA son rouillard sedissipe derri;re les eplications rationnelles eigCes parl#Cpo<uenote T ou ienA comme dans !e Moine ou !e Ch3teaud'DtranteA elle garde son Cpaisseur d#oscuritCA et c#est alors <ues#ou$rent les portes d#un mer$eilleu dCcapantnote- Prodromede la com;te surrCalisteA la antasmagorie des romans noirsincarneA lors<u#elle reste inepli<uCeA l#i$resse du mer$eilleuAet non la gueule de ois du antasti<ue-

,ar c#est d#aord le mer$eilleu <uiA pour un surrCalisteAcaractCrise un imaginaire comme corrosi- "e mer$eilleu n#arien @ $oir en ce cas a$ec une ale inoensi$e pour les naYs- Ils#agit ien plutHt d#une dCc%irure dans la rCalitCA d#une irruptiondans l#ordre normal des C$CnementsA d#un scandale pour laraison- "e mer$eilleu est une issure dans la trame %omog;nede la conscience <ui en ait surgir le contenu reoulCnote- Il est @ la ois dans l#Utre et en de%ors de luiA comme un plan

supCrieur appartenant @ une rCalitC Clargie <ui n#aurait a$ec les plans ordinaires de l#eistence <ue des Kones Ctroitesd#aleurementA points eceptionnels d#intersection ou detangence correspondant @ des Ctats d#Jme particuliers ou @ descirconstances singuli;resnote D- .lors <ue le antasti<ue resteune iction sans consC<uence <ui raat toute CtrangetC sur lerCelA le mer$eilleuA luiA li;re une rouge coulCe du dCsir note D-

(oertson prCtendait smoliser ce <ui ne pou$ait l#UtreA le rCel- Norror vacui : la succession de ses re$enants et le temps%omog;ne des proLections $isaient @ comler les $idesA @saturer les sens du spectateur Lus<u#@ l#Ctourdissement- ,#Ctaitune antasmagorie du trop!plein- "es antasmagoriessurrCalistes du roman noirA ellesA engendrent du $ide en <uantitC$ertigineuse- ,e aisantA elles Louent a$ec la mortA mais sur unmode ien plus terriiantA celui de la rencontre de la mort et dudCsir dans un espace $acant- ,#est par l@ <u#elles sontsu$ersi$es : par ce surplus oLecti <ui ait en retour apparaXtre

la rCalitC comme une rCalitC man<uanteA dClaCeA ou$erte @



tous les possiles-

Figure 5- scalier et armurerie de Straerr ill Ngra$ure de etonA d#apr;s une a<uarelle d#dards dardsO-

=e ch?teau des opérations

.u milieu du IIIe si;cleA Qalpole ac%eta une propriCtC @Straerr ill <u#il $oulait transormer en c%Jteau got%i<ue :l#%i$erA il compulsait des romans de c%e$alerieA des li$resd#%istoire mCdiC$ale et des traitCs d#arc%itecture got%i<ue T l#CtCAil parcourait les ruines got%i<ues de toute l#urope- Il Cdiia unetourA construisit un cloXtreA Cc%aauda une salle d#armes etagrandissait sans cesse son c%JteauA touLours trop petit pour sonimaginaire insatiale- .lors <u#il suscitait nomre d#imitateursAil restait touLours insatisait- Son ut s#Cloignait au ur et @mesure <u#il c%erc%ait @ s#en approc%er : l#arc%itecture deStraerr ill Ctait dCsespCrCment rCelle mais ausse D-_us<u#@ cette ameuse nuit oV il rU$a <ue la main gigantes<ued#un c%e$alier s#aattait sur la rampe du grand escalier- *ans

l#Ctat second <ui sui$it le rC$eilA Qalpole Ccri$itA sans s#arrUter pendant trois mois : ce ut "e Ch3teau d'Dtrante- Saantasmagorie arc%itecturale n#Ctait <ue l#armature Cp%Cm;re ausein de la<uelle le mer$eilleu pou$ait inalement prendre sonen$ol sur les ailes de la iction-

Breton reconnut les prCmisses du surrCalisme dans cet aandonau rU$e et cet usage de l#Ccriture automati<ue- Parcourant lec%emin de Qalpole @ l#en$ersA il c%erc%a @ crCerA dans son

salonA un dCcor pour le mer$eilleu-"#Ctrange ou<uet aperRu rue de Paradis lui a rappelC les

p%osp%orescences D du roman de c%Jteau- Il les reconstituedans son intCrieur- Il Cdiie dans son salon un temple @ la peur DA ait de li$res noirs et de ou<uets de cocons de $ers @ soie-,omme le Paris got%i<ue dans le<uel il c%emine et se met ensc;neA l#arc%itecture intCrieure orme une antasmagorie- lleindi<ue le dCpart du mer$eilleu dans le parum de orUtsomre et de %autes $o[tes D de ses li$res au cou$erturesanCes- *ans ses tetesA il se met en sc;ne dans un $estiule de



c%JteauA une lanterne @ la mainA une Ctincelante armure D @ses piedsnote- Sa emme le peint en Saint!_ust de$ant la tourSaint!_ac<uesA snt%;se picturale de la (C$olution et du

got%i<ue- "ui!mUme dessine une case de ande dessinCe <ui lareprCsente aandonnant un c%Jteau a$ec ce p%lact;re : onc#est $rai tu t#en $as ` D

.ant saisi la propriCtC mer$eilleuse du roman noirA lessurrCalistes construisent leurs propres antasmagoriesA nonseulement sur un mode littCraire et picturalA mais aussi dans lemonde rCel- bil comme coupC en deu par un ordre cosmi<ueA

Lames pCtriiCes de manne<uins de modeA soie rappelant ledroit des asticots sur la c%air %umaine : ils secouent une liido

poussiCreuse @ la lueur de la conusion Croti<ue entre un oLet$i$ant et un Utre c%osiiC- "a antasmagorie surrCaliste pousse @son parosme la lumi;re dCmoni<ue et rC$;le la $CritCant%ropologi<ue <ui Ctait enouie : une orce de dCsir et demort reoulCe par le monde moderneA <ui ne demande <u#@ seliCrer- "es antasmagories surrCalistes rC$;lent le noau de$ide autour du<uel s#articulent les antasmes-

"e genre noir est pour Breton pat%ognomoni<ue D d#un

troule social- ,e smptHme d#une Cpo<ue pat%og;neA c#est prCcisCment ce <ue le surrCalisme c%erc%e @ Utre en d#autressomres temps- Critier du roman terriiantA il $ise @ Claorerun mt%e collecti propre @ son Cpo<ue- n amenant en plein

LourA par des procCdCs est%Cti<uesA l#in<uiCtante rCalitC dec%acun et de c%a<ue c%oseA il $eut le$er les digues <ui sCparentles orces inconscientes du monde conscient- n aisantcommuni<uer criti<ue politi<ue et criti<ue artisteA il $iseA contrela sociCtC ourgeoise et son est%Cti<ue conormisteA l#alliance

du mou$ement rC$olutionnaire et de l#anticonormisme moral-Entre conormisme et su'version

*#tienne!aspard (oertson @ Matt%e - "eis ou @ oraceQalpoleA la antasmagorie dCsigne des mac%ines opti<ues D<ui entraXnent le spectateur ou le lecteur dans leur sillage- *ansun espace contractC et un temps dilatC oV le mCcanisme de

proLection lui est dissimulCA elles ont dCiler des spectres en Louant a$ec ses pulsions les plus oscuresA et a$ec le dCni de la

mort- lles doi$ent simuler une clHture NclHture de la salleAclHture du c%JteauO <u#institue une Kone intermCdiaire Ncouloir



somre ou $oie d#acc;s escamotCeO- lles ont re$i$re ce <uiCtait mortA animent l#inanimC et actualisent la contradictionentre la croance et la prati<ue-

,%eK (oertsonA la antasmagorie est l#art de aire parler lesmorts d#un passC ancien pour aire taire les morts d#un passCrCcent- "e spectacle a eau se prendre au sCrieu a$ec sesmt%ologiesA la rCception est ironi<ue- FinalementA ladistraction l#emporte sur la terreurA et l#CtrangeA reoulC par lelangage communA se terre au ond d#un espace imaginaire

partagC-

,%eK "eis ou QalpoleA la antasmagorie C$o<ue les morts

pour aire parler la crCature mortiiCeA pour aire entendre Lus<u#@ la nature de l#%omme comprimCe par les con$entions-n mUme temps <ue la $iolence des prUtres et de l#ordre CodalNl#%istoire rCcenteOA elle ait apparaXtre @ la suraceA par lesurgissement d#un oLet en tropA le traumatisme social et

personnel le plus originaire Nle cli$age du suLet lui!mUmeO- lledCsigne le lieu du dCsir etA partantA de la liertC du suLet- Sesmac%ineries terriiantes smolisent la mCcani<ue du plaisir etla communication a$ec la mort <ue reoule la modernitC

naissante-

"#accent est mis sur ce rCel D <ui rCsiste et dClaie toutetentati$e d#inclusion dans le langage ou l#imagination-FinalementA la terreur l#emporte sur la distractionA et l#Ctrangene peut Lamais Utre tout @ ait intCgrC @ la raison ou ausentiment communs- lle ou$re la $oie de la liertC :l#animation de l#inanimC s#accompagne d#une c%osiication de la$ie %umaine <uiA poussCe @ son parosmeA se transorme enune grimace eroale @ l#adresse du pou$oirA caricaturemenaRante de la rCalitC <ui incarne la plainte dCmoni<ue contrel#ordre social-

"a rencontre au grand air d#.ndrC Breton et du roman noir dansun dCcor got%i<ue a ait Cclater le rCceptacle coninC de(oertson- )n sait dCsormais <ue le potentiel de laantasmagorie peut se dCploer dans la grande $ille-

@" 38NT8SM8G6RIES M6&ERNES



36URIER 8U ,8=8IS1R6A8=

Pas un Lour <u#a$ec coniance tu ne l#attendisses ton mCc;ne pendant une %eure dans les Lardins du Palais!(oalnote- D

.ndrC Breton

,%arles Fourier dCcou$re Paris en 17WA en pleine pCrioded#Cullition rC$olutionnaire- "e W Lan$ier 170A alors <u#il a<uittC la capitale pour dCar<uer @ (ouenA il Ccrit @ sa m;re :

<ous me demande% si $'ai trouvé +aris 6 mon goOt P Sans doute c'est magnifique, et moi, qui ne m'étonne pas aisément, $'ai

été émerveillé de voir le +alais-8oyal !a premi)re fois qu'onle voit, on croit entrer dans un palais de fée C'est l6 qu'ontrouve tout ce qu'on peut désirer, spectacles, b3timentsmagnifiques, promenades, modes, enfin tout ce qu'on peutdésirer Quand vous aure% vu cela, vous ne pensere% gu)re au

+alais des .tats =6 (i$on@ Ft les boulevards o4 l'on voit des grottes de rochers, de petites maisons toutes plus $olies les unesque les autres a$oute% 6 tout cela les b3timents superbes, lesHuileries, le !ouvre, les quais, les .glises Dn peut dire que

c'est le plus agréable pays qu'il y ait mais il faut y avoir savoiture, autrement on s'y crotte bien et on s'y fatigue bien : pour moi, qui suis bon marcheur, $e n'en ai pas besoin Quandon compare cette belle ville 6 cet affreu& pays de 8ouen, oncroit Btre tombé d'un palais dans une prisonnote

Fourier n#a pas di!%uit ans lors<u#il Ccrit cette lettre- PourtantAon peut en tirer nomre d#enseignements @ propos de sonutopie-

Un espace protégé

BJti en 162W par "emercier pour le cardinal de (ic%elieuA lePalais!(oal lutte contre le dCsordre urain en$ironnant- "asegas a$ant la lettreA il languit au milieu du plus aride desdCsertsA au milieu d#un Sa%ara composC de rues inectes et demaisons noires comme des locs de ouillenote D- n 17W1Aictor "ouis dessine un nou$eau plan dans l#esprit desarc%itectes classi<ues PerretA du ,erceau et 'urgotA et reprend

la gComCtrie des places *aup%ineA (oaleA endHmeA desictoiresA de la ,oncorde et de l#)dConA au!del@ des<uelles



grouille le c%aos du $ieu Paris et de la nou$elle circulation-

"#arc%itecte rCno$e le Jtiment @ la demande de "ouis!P%ilipped#)rlCans <uiA crilC de dettes de LeuA sou%aite louer l#espacedes Lardins de la rCsidence roalenote- "es galeries deBeauLolais au nordA de alois @ l#est et de Montpensier @ l#ouestdessinent une promenade en + tournCe $ers l#intCrieur- .ucentre se trou$ent la cour d#%onneurA les Lardins plantCs descomores et de marronniers et un cir<ue enterrC au soiante!douKe colonnes ioni<ues alignCes sous une coupole de$errenote- +ne galerie de $erre prolonge cent <uatre!$ingtsarcades au pilastres corint%iens et au aRades en pierre detaille- "es soiante pa$illons comprennent un entresol en

retraitA un Ctage cossuA un deui;me plus modesteA un troisi;mecac%C par un alcon leuri et un atti<ue- n 17WÂ la amilleroale loue l#espace au pulic- "a distriution des logements esttpi<ue de la solidaritC D $erticale d#a$ant aussmann- "esmarc%ands occupent l#entresolA pr;s des cuisines et des arri;re!

outi<ues- "es ric%es particuliers s#installent au deui;meA a$ecc%amre sur LardinA antic%amre et cainet sur rue- .rtistes etcCliataires emmCnagent dans les c%amres mansardCes dutroisi;me- ninA domesti<ues et prostituCes couc%ent dans les

comlesA au <uatri;menote-

"e duc ait ainsi construire trois cHtCs en sui$ant le tracCclassi<ue de l#arc%itecte- Il ne peut cependant inancer le<uatri;me <uiA au sudA doit relier les galeries et le palais- +n

ara<uement pro$isoire ait alors l#aaire- Soutenues par unesommaire construction de planc%esA les diCrentes rangCes de

outi<uesA petites et mal CclairCesA s#enilent sur deu passagessurCle$CsA %auts d#en$iron 3A5 m;tresA ordCs d#un mur de

torc%is C$entrC par des tuau de poUle- ,es %uttes en planc%esressemlent plus au guinguettes des arri;res <u#@ des outi<ues de lue- lles sont reliCes ici par un treillage delierreA ruanA plumes et papiers de couleurA l@ par une peintureen trompe!l#>il <ui prolonge la galerie de pierre- "a nuitA desdiKaines de lampes @ %uile palpitent d#une lueur tremlotante-"e LourA une lumi;re $oilCe tome par des lucarnes latCrales <uel#on man>u$re par de lourdes poulies- ,et Cclairage KCnit%alait des galeries de ois le premier des passages proprementdits-

Son arc%itecture anarc%i<ueA larint%e de ruansA de gaKesA



de pomponsA de leursA de roesA de mas<uesA de oXtes derougeA de pa<uets d#Cpingles longues de plus d#un demi!

piednote DA dCtonne au milieu des arcades classi<ues du palais-

"es marc%ands et la oule s#Ctalissent Loeusement sous ces %ideuses et poudreuses constructionsA oV pendant <uarante ansla licenceA le commerceA les plaisirsA les lettres se sontentassCsnote D- "#aspect pro$isoire et l#amiance de Ute orainede cette galerieA surnommCe aussitHt camp des 'artares D pour son dCsordreA en ont une curiositC imman<uale- ,et attrait$ient s#aLouter @ celui du palais en tant <ue telA espace protCgCau milieu de Paris-

Figure 6- aleries de ois du Palais!(oalA 17W6!17WWNdCmolies en 1W2WO NdCtailA coll- (oget iolletO-

8 l#Ccart des $C%iculesA de la oue et des intempCriesA lesgaleries de oisA de pierre et de $erre du Palais!(oal aritentle marc%eur parisien : "#immense palais orme autour de ce

Lardin une esp;ce d#enceinte ortiiCeA une sorte de atailloncarrC DA lit!on dans le Hableau de +arisnote- Pour FourierA le

palais s#oppose au noires maisons de ois et de terreA d#unelaideur dont on n#a pas idCe DA de l# aominale D (ouennote-Il se distingue aussi du Paris moenJgeuA salissant etdangereu- *ans les $ieilles rues de la capitaleA des ruisseauangeu coulent au milieu des rues Lus<u#@ la Seine et setransorment en leu$es inranc%issales au %eures de pluie-SitHt sorti du <uadrilat;re du palaisA le piCton plonge dans unlacis de ruelles oueusesA de$enues ris<uCes @ cause de larCcente C$olution des transports- "#art sutil d#C$iter les

nou$eau carrossesA cariolets et autres %isGiesnote D sedC$eloppe :

Rtes-vous $amais allé, Monsieur, pr)s du +alais-8oyal, rue<ivienne 6 l'heure de la bourse P <ous pourre% vous y faire uneidée des capacités de ma tBte sur ce plan Celles de mes $ambesles surpassent encore C'est incroyable avec quelle rapidité

$'échappe au& roues Comme l'éclair, $e saute par-dessus lesrigoles, me faufile derri)re une borne, pousse un idiot 6 ma

place vers les éclaboussures, me presse, me colle littéralementau mur, malgré vingt dames qui m'envient cette position sOre



+arfois, il me faut échapper comme l'éclair 6 un his*iarrivant 6 toute vitesse et $e n'y arrive que par un saut 6 merompre le cou Ft combien $e ris de la $olie poupée assise 6

l'intérieur qui s'étonne de mon intrépidité et de mon artd'échapper 6 mille dangersnote T

Sst;me de lire communication indCpendant du rCseau decirculationA le Palais!(oalA oV Fourier se prom;ne c%a<ue LourAorme un reuge ien plus s[r- "e crCateur du p%alanst;re seressource sans cesse dans la grande allCe des marronniersAadmire l#organisation des Lardins et mesure les arcades pourleur arc%itecture de rU$enote- Il s#etasie de$ant les autresespaces protCgCs rCser$Cs au piCtons : les 'uileriesA les <uais

et les oule$ards a$ec leurs grottes DA caCs Ctincelants <uiannoncent les passages-

Un lieu de plaisir

,omme Fourier l#Ccrit @ sa m;reA le Palais!(oalA mod;le desnomreu passages construits @ proimitC entre 1W20 et 1W^0Aest tr;s populaire- !e (iable 6 +aris N1W^6O commente son Jged#or N17W^!1W2WO :

Ce fut l'époque brillante du +alais-8oyal, qui devint plus que $amais une sorte de +aris dans +aris, un centre de vie, de plaisirs, de lu&e, d'enivrements de tout genre toute l'Furope s'y précipita, et les étrangers dépens)rent le butin de leursconquBtes dans ses cafés, ses lupanars, ses maisons de $eu, sesboutiques nul plaisir n'était bon, nul ob$et de lu&e n'avait de

pri&, nulle marchandise n'était 6 la mode, qui ne sortaient du +alais-8oyal note

)n trou$e des lirairesA des ling;resA des iLoutiersA des%orlogersA des opticiensA des tailleursA des drapiersA descouturiersA des marc%ands de nou$eautCsA de gauresA de LouetsAde soieriesA de porteeuillesA de arom;tresA de saots ou desouliers et encore des parumeusesA des leuristesA des crieurs

pulicsA des artistes dCcrotteursA des caCsA des restaurants etdes t%CJtres- 'ous les JgesA toutes les classes se mUlent auPalais!(oal- )n entend parler @ la ois tous les idiomes de laterre et de la Francenote DA dit !e Hableau de +aris-

,ertaines attractions sont ameusesA et se mUlent @ des clus



politi<ues et des sociCtCs plus ou moins secr;tes : au 7!WA lesalon de cires du citoen ,urtiusA a$ec des ustes de la amilleroale et des Lacoins T au 53!5Â des marionnettes italiennes T

au 5A le t%CJtre Montansier T au 56!60A le caC de FoA d#oV estsorti *esmoulins pour lancer la (C$olution T au W2A le ,lu politi<ue T au 3!5A "e Bi%anA peintre en Jtiment T au !102Ale caC des .$euglesA et ses musiciens non!$oants T au 11Â ,%eK Borel DA le $entrilo<ue T au 15Â le ,lu polonais T au176A un ripier dCnommC .u grand )rient de France T au 17WA le,osmoramaA <ui epose des $ues pittores<ues de la SrieA de lar;ce et de la (ome anti<uenote-

*es prostituCes prennent leurs <uartiers $ers 20 %euresA en se

partageant l#espace : les demi!castors D dans les allCesoscures du Lardin et les in<uiCtantes galeries de ois T les castors D dans les plus s[res galeries de pierreA du nom de leursenUtres en demi!lune T et les castors inis D @ la luueuseterrasse du caC du ,a$eaunote- ,es ureteuses ram;nent leurs

proies dans leurs c%amres au Ctages ouA au prCtete demontrer une marc%andiseA dans les salons particuliers desarri;re!outi<uesnote- *ans les magasins de nou$eautC se$endent mUme des catalogues de illes de LoieA comme la !iste

compl)te des plus belles femmes publiques et des plus sainesdu +alais de +aris !eurs goOts et caprices, les pri& de leurscharmes, et les r9les que remplissoient quelques-unes dans

plusieurs thé3tres ,#est aussi au Palais!(oal <ue les %Cros deBalKac perdent leur ortune- *ans les nomreu caCs et clusAon s#adonne au illardA au trictracA au Cc%ecsA au damesA au%istZ "es salles de Leu se comptent par diKaines- Maison de

Leu la plus connue de ParisA le 113A ou$erte de 1^ %eures @l#auroreA comprend %uit sallesA si tales de rouletteA une de

passe!diZ et des rangCes de illes <uiA alignCes sur des an<uettesA attendent l#%eureu gagnant- oici ce <ue dit unGuide illustré de +aris puliC en 1W2WA un an a$ant ladestruction de ce Loeu aKar :

!a galerie est garnie de boutiques brillantes, o4 l'on trouverassemblé tout ce qui peut Btre inventé pour satisfaire le lu&e,la sensualité et les plaisirs À (ieu ne plaise que nousindiquions ici 6 l'étranger aucun de ces arsenau& decorruption et d'immoralité, qui abondent au +alais-8oyal, etvers lesquels on se sent entrané par les séductions les plus



dangereusesnote

,e taleau sulureu semle se aire l#Cc%o du Uouveau Mondeamoureu& <u#Ccrit Fourier en 1W16A en pleine gloire du palais-einric% eineA <ui loge non loin de l@ dans l#un des premiers

passagesA l#aperRoit d#ailleurs sou$ent au milieu de cetteagitation iC$reuse : ue de ois Le l#ai $uA dans sa redingotegrise et rJpCeA marc%er rapidement le long des piliers du Palais!(oalA les deu poc%es de son %ait pesamment c%argCesA deaRon <ue de l#une s#a$anRait le goulot d#une outeille et del#autre un long painnote- D Il n#est pas impossile <ue l#utopisteA<ui rencontre l@ ses amis et ait ses coursesA rec%erc%e

parois la compagnie de ces dames sap%iennes DA au<uelles

il $oue une place centrale dans son armonie- "#arc%itecture deson oiGCma D N%aitat inspirC de "edouO ne $ise!t!elle pas @Cle$er l#%umanitC @ une nou$elle Ct%i<ue seuelle dans le plus

eau des pasages `

Un orum révolutionnaire

ProtCgCes comme dans une ulleA les galeries du Palais!(oalorment le t%CJtre de nomreu plaisirs- Mais elles constituent

aussiA @ l#Cpo<ue oV Fourier les dCcou$reA un orum de larC$olutionnote D- +ne gra$ure de Bert%ault montre ,amille*esmoulins %aranguant la oule sous les arcades l#a$ant!$eillede la prise de la Bastille- "e 16 Luillet 17WA *esmoulins dCcrit@ son p;re le discours <u#il a tenu le 12A portC par la oule surune tale du caC de Fo :

Citoyens V dis-$e alors V vous save% que la nation avaitdemandé que Uec*er lui fOt conservé, qu'on lui élev3t unmonument : on l'a chassé T +eut-on vous braver plusinsolemment P pr)s ce coup, ils vont tout oser, et, pour cettenuit, ils méditent, ils disposent peut-Btre une Saint-Warthélemy

pour les patriotes =;@ u& armes, ai-$e dit, au& armes T +renons tous des cocardes vertes, couleur de l'espérancenote T

*esmoulins arore @ son c%apeau un ruan $ertA prCcurseur dela cocarde tricolore- *#autres sont distriuCsA mais il n# en a

pas asseK- )n arrac%e alors les euilles des arres du LardinA <uiser$ent de signe de ralliement- )n se rue dans les galeries pour

saisirA dans le musCe de cire de ,urtiusA le uste de ecGer etcelui d#)rlCansA <u#on $a montrer dans la rue en signe de



protestation- Pour ,%amortA auteur des Ma&imes et penséesAmemre de la SociCtC de 17W puis du ,lu des _acoinsA lesgaleries de$iennent le orum du peuple parisien D- Il raconte :

lors, un souffle d'effroi, de col)re, d'indépendance, d'espoir et de révolte passe sous les galeries, le long des pilastrescorinthiens une griserie de liberté monte dans la puanteurd'une orgie fraternelle et démocratique 6 chaque minute,

scandées par les appels des trompettes et les signau& des cors,les motions du +alais-8oyal, vomies par le club de la Wouche-de-Aer, installé au Cirque, partent au galop pour la Gr)ve oules Nalles, semer l'erreur ou la vériténote

"es salonsA cerclesA sociCtCs secr;tesA clus littCrairesA politi<ues et cainets de lecture prennent leurs <uartiers dansles caCs du Palais!(oal et des alentours- *esmoulinsrC<uente le caC de FoA oV le peintre "ouis *a$id ait sesarmes en politi<ueA mais aussi Bonaparte le ,a$eau T PaulBarrasA (oespierre et *anton se retrou$ent au salon de laMontansierA @ cHtC du t%CJtre- Plus tardA le palais sera l#asile dela SociCtC des droits de l#%ommeA ondCe par "edru!(ollin- "esnou$ellistes rHdent en rec%erc%e de personnages et d#incidents

sa$oureu- *es Ccrits sCditieu $oisinent a$ec des pamp%lets politi<ues :

C'est dans le péristyle Montpensier que se trouve la librairiedes fr)res Garnier, les éditeurs intrépides des brochures

pamphlétiques =sic@, du temps qu'il y en avait ussi voyait-on souvent, sous la derni)re 8épublique, la foule se réunir devantleur étalage pour se procurer quelque nouvel ouvrage de

+roudhon, quelque pamphlet d'un Chenu ou autre, et donnerainsi 6 cette e&trémité de la galerie vitrée une apparenceémeuti)renote

)n trou$era l#Cditeur de BalKac comme celui des ouriCristes-"a pulication politi<ue accompagne les crCations Luridi<uesA etle processus rC$olutionnaire s#incarne dans la ,onstitutionrC$olutionnaire- .pr;s la le$Ce de la censureA la presse politi<uecircule lirementA ainsi <ue le 5ournal des débats et des décrets<ui discute les dCcisions parlementairesA et les pamp%lets deSie;s- *ans des lieu comme le Palais!(oalA smoles de

l#epropriation des iens du clergC et des palais de la nolesseAl#opinion ourgeoise prend conscience de son rHle



politi<uenote-

MUme apr;s la rC$olutionA le Palais!(oal reste un lieu deconrontation des opinions et de lectures collecti$es- "es pa$Cset les arricades de la (C$olution de LuilletA en 1W30A s#

prCparent- "a Cograp%ie de Paris D le dCcrit ainsi :

!e $ardin vit dans ces glorieuses $ournées de nouveau& (esmoulins montés sur des chaises, lisant les ordonnances,appelant les citoyens au& armes le palais tomba au& mains du

peuple 6 la suite d'un violent combat les cours et les galeries furent pendant des mois entiers encombrées par la foule, quitant9t appelait le nouveau roi avec des applaudissements,

tant9t grondait, furieuse, en demandant la tBte des ministres deCharles note

"e 31 Luillet 1W30A <uatre Lours apr;s le dCut de l#insurrectionAune diligence <ui a ser$i de arricade tourne @ ond de traindans le Palais!(oalA tractCe par plus de trois cents personnesealtCesnote- *e 17W^ au annCes 1W30A dans les galeriesA lesopinionsA les LournauA les tracts et les pCtitions circulent- 8l#Ctalage des lirairesA des gens sans le sou lisent a$ec a$iditC

Lus<u#@ la ermetureA et discutent littCrature- +n cainet delecture permetA pour une somme modi<ueA de lire des li$res etdes Lournau du monde entier- Fourier $a pour se tenir aucourant des C$Cnements du Lour et des suLets de discussionsoule$Cs par la pressenote D- Il s# rend aussi dans l#espoir decon$aincre <uel<ue mCc;ne de inancer le premier

p%alanst;renote- ,e n#est pas pour rien <u#un de ses disciplesmet en sc;neA sous le titre !e Aou du +alais-8oyal noteA unouriCriste <ui ait du prosCltisme sous les arcades de lagalerie de Bois-

Un mod.le insuisant pour le phalanst.re

"e Palais!(oal smolise l#Cmancipation de l#opinion puli<ueet le mClange des classes permis par la (C$olution- )n ait dela politi<ueA on glane les inormations du Lour et on dCnic%e lesli$res raXc%ement parus- "e tiers CtatA l#ancienne nolesse et lesnou$eau ourgeois se mUlentA on ouille parmi les ripes des

arri;resA on s#etasie de$ant la derni;re nou$eautC

d#.ngleterreA on ac%;te du nougat de MontClimarA du t%C desIndes etA comme FourierA son pain <uotidien et du $in de tale-



Premier espace pulicA le Palais!(oal porte en germe lesuturs logements collecti$istes- Son arc%itecture pro$isoireannonce les premi;res constructions transitoires en er et en

$erre : %allesA serresA Lardins d#%i$er et gares- ,#est elle <uiA a$ecl#industrialismeA engendre la mode des passagesA le r;gne de lalJnerieA mais aussi l#imaginaire p%alanstCrienA comme entCmoigne ce dialogue imaginaire dans les Lardins :

Mais non, dit-il, non vous n'ave% pas lu Aourier, vous nel'ave% pas lu sérieusement car $e vous $ure que vous l'aurie%compris Songe% donc, c'est si simple V l'Xnité, l'Xnitéuniverselle T Hout Aourier est dans ces deu& mots Mais cela nedit rien 6 votre esprit; parlons d'autre chose <ous convene%

que ce +alais-8oyal est beau P

V Dui

V Qu'il y a l6 une belle idée P

V Dui

V !a comprene%-vous P

V Mais;

V Comprene%-vous que, si le +alais-8oyal est si beau, c'estque, soit hasard, soit intention, l'architecte a fait un édificeunitaire P l y a dans ce palais un grand sentiment d'Xnité VConceve%-vous qu'au moyen de ces galeries, de ces

promenades, l'habitant du +alais-8oyal trouve l6 tout sous samain, et sans pour ainsi dire sortir de che% lui : les bains, lesthé3tres, les cafés, les cabinets de lecture, les restaurants, tout

ce qui est utile et agréable 6 la vie P =;@ Si ce palais est plusbeau que tous les autres, c'est que par sa disposition il tient

presque tout autant de l'Narmonie que de la Civilisation <oil6 pourquoi il est beau T Maintenant, compléte% cet ensembleimparfait : établisse% des promenades couvertes et chauffées

pour l'hiver imagine% que tous ces établissements morcelés soient fondus les uns dans les autres, et soient disposés non plus selon le caprice ou l'occasion, mais d'apr)s un calcul etdans un esprit de division réguli)re crée% des

communications au& étages supérieurs, etc, etc, et vousdoublere%, vous quadruplere% l'économie, en décuplant les



$ouissancesnote T

st%Cti<ue classi<ueA espace protCgCA lieu de plaisirs licites etillicites et ourse au opinions politi<uesA le Palais!(oal sertde mod;le @ l#arc%itecture %armonienne D- ,#est en 1W0W <ueFourier parle pour la premi;re ois des galeries cou$ertesAc%auCes et $entilCesA oV l#on ne ris<ue pas d# Utre sans cessemouillCA crottC et gratiiC de r%umes et luionsnote D- ,esgaleries s#opposent au rues ou$ertes de l#ordre actuel commele Palais!(oal contraste a$ec (ouen et le Paris moenJgeu-Mais le Palais!(oal est un mod;le encore insuisant :

Dn voit 6 +aris un Wa%ar ouvert, dit +alais-8oyal, dont les

galeries couvertes ne sont ni chauffées en hiver ni ventilées enété C'est le superlatif de la pauvreté, comparativement 6 l'état

sociétaire, o4 le plus pauvre des hommes aura descommunications chauffées et ventiléesnote

"a cominaisonA en un seul lieuA de plusieurs t%CJtresA ainsAcaCsA cainets de lectureA magasins et de plus de %uit centsamilles @ diCrents degrCs de ortune permet de se reprCsenterl#Cdiice sociCtaireA mais le Palais!(oal reste ien inCrieur en

saluritC et en agrCment au plus modeste p%alanst;re- "e planest certes unitaireA mais trop peu $ariC T les galeries lient les Jtiments entre euA mais restent Ctroites et mal garanties T les Lardins magnii<ues sont encore trop pau$res T et le sst;med#Cclairage trop aile Nd#apr;s ,onsidCrantA disciple deFourierOnote- "e Palais!(oal n#ore <u#une aile idCenote Dde la rue!galerieA dont on ne peut DA au ondA se ormeraucune idCe en ,i$ilisation D- Il aut transormer ce superlati de la pau$retC D en superlati de la ric%esse et Cle$er la communication cou$erte en corridor ou rue!galerie D au ni$eaud#un puissant ac%eminement au rCgime sociCtaireA unissanttouLours l#utile et l#agrCale D Nd#apr;s FourierOnote- Prenant

pour mod;le l#arc%itecture de l#a$enir et les $illes idCales de,laude!icolas "edou N1736!1W06OA <ui participe @l#arc%itecture de rU$e de la (C$olutionA Fourier $eut rCconcilierl#ordre inco%Crent a$ec l#ordre cominCA passer des uts pri$Csdu Palais!(oal au usages pulics du p%alanst;re : la rue!galerie est une salle de lien uni$ersel DA un nou$eau genre deconstructionA arc%itecture composCeA ou unitaireA ou de sii;me

pCriodenoteA <ui rC$olutionne l#atmosp%;re :



Dn n'a $amais songé, en civilisation, 6 perfectionner cette portion du vBtement qu'on nomme atmosph)re, avec laquellenous sommes en contact perpétuel l ne suffit pas de la

modifier dans le salon de quelques oisifs, qui eu&-mBmes au sortir de leur h9tel gagneront des rhumes au milieu dubrouillard l faut modifier l'atmosph)re en syst)me général,adapté 6 toutes les fonctions du genre humainnote

"e Palais!(oal orme un mod;le @ mi!c%emin entre armonieet ,i$ilisationA petit geste $ers une utopie <ui oule$ersel#atmosp%;reA mais aussi la stratosp%;re et l#aurore orCale-,#est ce geste <u#il s#agit de dCploer-

=es rues1galeries! courroies de transmission des passions

rJce au rues!galeriesA on court le plus $ite possileA commeau Palais!(oalA de plaisir en plaisir- "a description d#une

LournCe d#un armonienA dont l#acti$itC passionnante c%angec%a<ue %eureA prCc;de immCdiatement celle de la rue!galeriec%eK Fourier : c%asse @ 5 % 30 Non dort peu en armonieA sanscesse ecitC par des tra$au ealtantsOA pUc%e @ 7 %euresAdCLeuner et gaKettes @ W %euresA cultures @ %euresZ tra$ail @

la iliot%;<ue @ 11 % 30A dCLeuner @ 13 %euresA serres raXc%es@ 1^ % 30A plantes eoti<ues @ 16 %euresA $i$iers @ 17 %euresAgo[ter @ la campagne @ 1W %euresA moutons @ 1W % 30A ourse @20 %eures Npour c%oisir les acti$itCs du lendemainA non pouragioterOA cin<ui;me repas @ 21 %eures puis dCtente @ la cour desartsA concertA alA spectacleA rCception pour les unsA ou sCancede rC<uentation amusante D pour les autres-

_amais ennuCsA Lamais atiguCsA puis<u#ils peu$ent assou$irtoutes leurs passions sans contrainteA les armoniens

parcourentA grJce au galeriesA les diCrentes p%alangesA elles!mUmes composCes de sCries : ils $ont de sCrie d#agriculture ensCrie d#industrieA de sCrie d#industrie en sCrie d#artA de sCrie d#arten sCrie de littCratureA etc- "eur eort n#est Lamais dictC par<uel<u#un d#etCrieurA mais suit l#impulsion de leur plaisir-

"es rues!galeries du p%alanst;re constituent des courroies detransmission des passionsA <ui se propagent de proc%e en

proc%e : mod;le est%Cti<ue de l#utopieA elles tCmoignent aussi

de son principe mac%ini<ue D- "e pas de ,ocagne ressemleen eet @ une gigantes<ue mac%ine @ $apeurA umanteA au



pistons moilesA au ressorts di$ers et au mCcani<ues touLoursen mou$ement- ,ar si le on%eur en armonie est d#a$oir

eaucoup de passions et eaucoup de moens de les satisaireA

la passion est moins un sentiment isolC <u#un piston <ui se meten marc%e @ l#unisson de tous les autres- Il ne s#agit pas desui$re l#eusion lri<ue de sentiments intimesA mais des maniesarticulCes en sui$ant l#inertie de l#attraction uni$erselle- etona montrC <ue le cosmos eiste grJce @ l#attraction des corps

p%si<ues les uns sur les autresA Fourier Ctend cette loid#attraction au dCsirsA au sentimentsA au passionsA re aumonde moral et social- Il crCe une mac%inerie des passions etaccorde entre eu les cin< ressorts sensuelsA les <uatre ressortsaectueu NamitiCA amitionA amourA amilialisme DO et lestrois passions ormelles Nla papillonneA manie du c%angement

proc%e de l#%peracti$itC et du rus<ue saut d#%umeur T lacompositeA tendance @ s#ealter pour tout et n#importe <uoi T lacaalisteA manie intrigante proc%e de la paranoYaOnote- "es trois

passions ondent la mCcani<ue ludi<ue de ces neu ressortssensuels et aectueu-

,es passions n#ont rien @ $oir a$ec la $ertuA et tout a$ec la eautC- Fourier dCteste la moraleA [t!elle rC$olutionnaire- Il se

scandalise <ue (oespierre asse arrac%er les leurs des'uileries pour des plantations morales D de c%ou et de ra$esN(oespierre $oulait d#ailleurs l# assainissement moral D duPalais!(oalO- Il ulmine <ue FCnelon asse dCmolir les ellesaRades de Salente pour un stle plus commun D- ,#est ne riencomprendre au eauA $oie du progr;s social plus encore <ue le

on- n armonieA la morale traditionnelle est ren$ersCe : laculture des leurs est plus nCcessaire <ue celle des lCgumes Nelle

poss;de une dimension Cducati$e eaucoup plus orteOA et le

cruel Cron est plus utile <ue le on FCnelonA @ la c%aritCCtouantenote-

*ans le p%alanst;reA la Louissance CgoYste est touLoursA enmUme tempsA l#action la plus utile- "es passions ne creusent pasl#intCrioritC de l#indi$idu ni ne aRonnent sa suLecti$itC selonun idCalA mais ont de lui une mac%ine passionnelle liCe pardi$ers ressortsA passions ou pistonsA au %ommesA au animauet au $CgCtau <ui l#entourent- "#Cducation consiste enl#apprentissage d#un $aste complee de onctions contrastCes etgraduCes <ui rend l#%omme compatile a$ec la nature- "a



tec%ni<ue ne ren$oie pas @ une tentati$e de domination de lanatureA mais @ une liCration des possiilitCs en son sein- "atec%ni<ueA c#est mettre le eu au poudres de la nature- t

l#uranismeA c#est la propagation du p%alanst;re par eplosionD carA le premier p%alanst;re crCCA le on%eur se rCpand commeune ome @ la gaietC contagieuse-

,ette contamination pCtaradante ren$erse la ci$ilisation et aitentrer l#%omme dans le r;gne aromalA celui des luidesimpondCrales et du progr;s cosmogoni<ue- "e monde se contre!moule DA la terre se renou$elle $ingt!%uit ois Lus<u#@ ce<ue son Jme transmigre sur un autre astreA dans un auleuspectacle de copulation sidCrale <ui donneA au passageA de

mer$eilleuses esp;ces de cerisesA de poires et de raisins- *esimages %umoristi<ues redoulent poCti<uement celles de lamac%ine c%eK Fourier- rJce @ la riction uni$erselle des

passions %umaines et astralesA des aurores orCales rCc%auentla plan;teA un ain aromal sp%Cri<ue purge les mers de leur

itume et l#eau s#adoucit- uatre lunes Cclairent la nuitA lesglaces des pHles ondent et les au$es se mettent au ser$ice des%ommes : des aleines tirent les $aisseau en %aute merA des%ippopotames les ateau en ri$i;reA des re<uins et des

crocodiles aident @ la pUc%eA et des lions ont le ser$ice des postesnote- "es images de pas de ,ocagne c%eK Fourier n#ontde consistance <ue grJce @ l#application des principes de

eton au relations des %ommes entre euA a$ec la nature eta$ec les astres-

=-hellénisation de l-imaginaire utopi%ue

Mais Fourier prC;re inalement les classi<ues galeries du"ou$re @ celles du Palais!(oalA trop anarc%isantes- Ses

propres rues!galeries D sont en pCristle soutenu DA etl#utopiste raat ses images d#un utur antasti<ue sur celles de lar;ce anti<ue :

!'état sociétaire sera, d)s son début, d'autant plus brillant qu'il a été plus longtemps différé !a Gr)ce, 6 l'époque des Solon etdes +éricl)s, pouvait dé$6 l'entreprendre ses moyens étaient

parvenus au degré suffisant pour cette fondationnote

st!ceA comme le note Qalter BenLaminA le smptHme d#une%ellCnisation de l#imaginaire utopi<ueA <ui succome au courant



rCactionnaire de l#empire ` Il est $rai <ue Fourier aectionnaitune certaine image impCriale de Paris : le "ou$reA les 'uileriesAles oule$ardsA les ,%amps!lsCes- Si l#on aLoute la place de la

,oncordeA la place de l#toile et l#arc de 'riomp%eA on a l#imagecompl;te d#un Paris monumental tel <ue le $oulait apolCon Ier A<ui cac%e le c%aos de la grande $ille naissante derri;re lesaRades ien alignCes d#une .nti<uitC sulime- "#empereurou$re des perspecti$es trans$ersales $ers l#Cglise de laMadeleineA Crige la colonne endHmeA agrandit le "ou$reA crCeles rues de (i$oliA de ,astiglioneA des ,olonnes et dCmolit letissu mCdiC$al de Paris- 'oute nou$elle construction N%allesAserresA musCesA Lardins d#%i$erA gares ou maisons d#%aitationOse pare de mas<ues anti<ues- ,#est une $ague %ellCni<ue <uis#aat sur Paris Lus<ue dans les salons :

C'était le temps o4 l'antique régnait, comme au$ourd'hui lerococo la mode, cette fée despotique, qui métamorphose 6 son

gré les choses et les gens, avait, d'un coup de sa baguette,changé les salons en atrium, les fauteuils en chaises curules,les robes en tuniques, les gobelets en coupes, les souliers encothurnes et les guitares en lyresnote

)r Fourier semle reconnaXtre les germes du p%alanst;re dansces constructions anti<uisantesnoteA et en tout cas dans le ParisimpCrial- ,e aisantA contredirait!il la mac%inerie %umaine <uiAarticulCe @ ses images utopi<ues et %umoristi<uesA constitue ladimension rC$olutionnaire de l#utopie ` Fourier ne $oulait pasAcomme apolConA aire de l#.nti<uitC un reuge loin des

prol;mes de l#industrie naissante- Il continue @ propos dePCricl;s en disant <ue la ondation du p%alanst;re :

e&ige le secours de la grande industrie, inconnue sur chaque globe au& générations primitives que (ieu =;@ doit laisserdans l'ignorance de la destinée heureuse 6 laquelle un mondene pouvait pas s'élever dans ses premiers 3ges u$ourd'hui,nos moyens de lu&e et de raffinement sont au moins doubles dece qu'ils étaient che% les théniens : nous débuterons avecd'autant plus d'éclat dans l'ordre sociétairenote

,ontrairement @ ce <ue sugg;re BenLaminA le nou$el ordresociCtaire de Fourier ne plonge pas dans la r;ce ancienneA

mais poursuitA secouru par l#industrie moderneA l#Cmancipationsociale et politi<ue <ue les (omains n#a$aient pu rCaliser



Lus<u#au out- "e c>ur de son utopie rCside dans la mac%ineriesociale <uiA dCcoulant de l#attraction uni$erselleA culmine dansdes images %umoristi<ues d#un monde contre!moulC DA et non

pas dans l#austCritC des ormes impCrialesA susceptilesd#Cclipser ce potentiel utopi<ue-

=a in des galeries de 'ois et la mode des passages

*e mUme <ue Fourier ris<ue de iger sa mac%inerie suante etsilante dans une image de papier glacCA les nou$ellesconstructions en er et en $erre se parent de mas<uesanti<uisants ou orientalisants- n 1W2WA la destruction desgaleries de oisA et leur remplacement en 1W2 par une

solennelle galerie d#)rlCansA dans la<uelle Fourier passe sontemps @ la in de sa $ieA tCmoignent de l#immoilisation desimages utopi<ues dans des Jtiments %istoricisants- "es

passages cou$erts de Paris leur rendent %ommageA maisemprisonnent leur en$ol orCal dans un espace rCduit-

"e succ;s du Palais!(oal ait des CmulesA et de ric%es propriCtaires onciers de la nolesse construisent des passagestout autourA dans le triangle des oule$ardsA de la rue Saint!

onorC et de la rue Saint!Martin- Sans prCtentionarc%itecturaleA les premiers du genre datent de apolCon : $ers171A le passage FedeauA @ l#Cclairage latCralA comme dans lesgaleries de ois T en 17A le passage du ,aire T en 1W00A le

passage des PanoramasA premier @ CnCicier d#une lumi;re$erticale T en 1W0WA le passage *elormeA <ui inaugure la$erri;re continue T etA en 1W11A le passage Montes<uieuA oV l#onessaie l#Cclairage au gaK- n 1W1W et 1W1A la capitale anglaiseUte aussi ses deu premiers passages : la (oal )pera .rcadeet la Burlington .rcade <uiA comme au Palais!(oalA longe le

Lardin d#un palais au milieu d#un <uartier commerRant- ,es premiers passagesA pau$rement CclairCs et larges de 2 ou 3m;tres seulementA poss;dent un toit en Jti;re de ois dansle<uel sont dCcoupCs des panneau de $erreA et de simples mursen plJtre- *u ricolageA comme au camp des 'artares D- .udCut du Ie si;cleA ces passages cou$erts remplacent les

passages ou$ertsA du tpe de ceu du Palais!(oal- Mais il nesuisait pas de sortir le passant des pCrils et des peurs de laco%ue de la rueA note un guide de l#Cpo<ue T il allait encore

aire en sorte <u#une ois <u#il a$ait mis le pied dans le peride passageA il se sente pris comme dans un cercle magi<ue dans



le<uel il oulie tout le reste- Il s#agissait de construire un passageA aussi clair <u#un espace ou$ertA c%aud en %i$erA raisen CtCA touLours sec et Lamais poussiCreu ou salenote D- +n peu

comme dans un p%alanst;re-)n in$ente le passage entre 170 et 1W20- ,e long couloir $itrCre$Utu de marre et ordC d#ClCgantes outi<ues s#ou$resoudainA au milieu de la circulationA entre deu immeules- +ns<uelette de er soutient des $erri;res d#oV tome une lumi;retroule- "a nuitA les ecs de gaK prennent le relaisA a$ec leurlueur insolite et leur silement persistant- "es outi<ues sont

peu proondes- 'outA marc%andises et $endeursA est $isile del#etCrieurA mais le ruit est CtouC par les $itrines- *es

escaliers montent comme des plantes grimpantes au alconsintCrieurs- 8 l#ouest de ParisA les passages rCunissentcommerces de lue et attractions de toutes sortesA t%CJtresA

panoramas et autres illusions opti<uesnote- +n guide de Parisnote <ue le passageA cette ca$erne d#.li BaaA orme une$illeA un monde en miniaturenote D-

8 partir de 1W11A les guerres napolConiennes asorent lesinances nationalesA en France comme en .ngleterre- "a mode

des passages ne reprend de plus elle <u#en 1W23A et dure Lus<ue dans les annCes 1W^0- ,e sont des ourgeois enric%isA an<uiersA a$ocatsA entrepreneurs et commerRants spCculateurssurtout <uiA cette oisA inancent les constructions : le passagede l#)pCra N1W23OA au<uel .ragon rend %ommage dans !e

+aysan de +aris T la galerie i$ienne N1W25OA <ui prolongeA aunordA les galeries du Palais!(oal T le sore passage ,%oiseulN1W25O T les galeries ,olertA a$ec la premi;re rotondeA et Cro!*odatA nCoclassi<ue en noir et lanc N1W26O T et le passage du

Saumon N1W27OA a$ec ses pilastres corint%iens et ses aRades en ois sculptCs- )n construit aussi les passages du Pont!euA durand!,erA du PonceauA Saint!*enisA du

Figure 7- (otonde de la galerie ,olert Nlit%ograp%ie deBillaudA 1W2WA coll- musCe ,arna$aletA ParisO-

Sauc;deA du PradoA endHmeA Bourg!l#.CA BradA Saint!.nne



et Puteau-

le$Ce sur les ruines de la galerie de Bois du Palais!(oalA lagalerie d#)rlCans constitue l#arc%Ctpe de cette deui;me$agueA @ ceci pr;s <ueA pour la premi;re oisA les capacitCs duer sont eploitCes- n 1W2WA l#arc%itecte Pierre Fontaineaccomplit la $olontC de "ouis!P%ilippe et dCmolit lesconstructions pro$isoires de l#Cpo<ue rC$olutionnaire- n 1W2AgrJce @ la construction d#une nou$elle galerie <ui dCouc%eAd#un cHtCA sur le pCristle de alois etA de l#autreA sur celui deMontpensierA le palais et les Lardins de$iennent un ensemleenti;rement ermC- .$ec sa $erri;re $o[tCeA la galerie d#)rlCansde$ient le plus large et le plus %aut de tous les passages

construits Lus<ue!l@noteA et orme le mod;le de tous lessui$ants- Pour la premi;re oisA le er n#imite

Figure W- alerie d#)rlCans Ncarte postaleA coll- eistA etrait deFriedric% eistA !e +assage Xn type architectural du e

si)cleA ParisA MardagaA 15O-

pas le ois ou la pierreA mais se dCploie selon sa dnami<ue propre-

MalgrC ce progr;sA le passage est surc%argC de smolesanti<ues- Il C$o<ue le ,olisCeA le t%CJtre de MarcellusA la

asili<ue _ulia et d#autres monuments de la (ome anti<ue- +nsol de marre ren$oie la lumi;re <ui tome du toit en $erre-*es aRadesA en marre elles aussiA sont rt%mCes par descolonnes grec<ues engagCes dans les murs le long de cornic%es

dorCesA et l#Cclairage au gaK dissCmineA via des appli<uesdisposCes de$ant des pilastres en $erre clairA une lumi;reCtincelante- "#ossature de er ait pCnCtrer l#etCrieur @l#intCrieur- Il s#agit l@ d#un palais des mille et une nuits surgi dumonde anti<ue- Pour Qalter BenLaminA on entre comme dansun monde intra!utCrin D- *ans la mode des annCes 1W20!1W^0A on construit des passages semlales @ "i;geA MilanA"ondresA lasgoA P%iladelp%ieA Moscou puis @ antesAMelourne et plus tard encore @ "a aeA UnesA aplesA(otterdamA BerlinA BudapestA ,le$eland et .tlanta NentreautresO- 8 BruellesA l#arc%itecte _ean!Pierre ,lusenaarA



ouriCriste con$aincuA Crige un passage sur le mod;le du Palais!(oal : les galeries Saint!uert N1W^6!1W^7Onote- *otCs d#unearmature de er et de $erri;res de ormes $ariCesA les passages

cac%ent ces nou$eau matCriau derri;re des colonnadesgrec<ues et des rotondes classi<ues- "e stle demeureclassi<ueA empireA a$ec une touc%e de aKar oriental-

3antasmagories de la construction en er

"es constructions de $erre et de er s#eposent @ l#Ctat rutA dansles %angarsA %allsA marc%Cs cou$ertsA epositionsA usinesA gareset autres Cdiices @ $isCe utilitaire- Mais les passagesA euA entrent dans l#uni$ers d#une antasmagorienote D-

Ils naissent de l#industrie du tissuA et notamment du tissuorientalA le calicotA <ue les manuactures produisent dCsormais@ la c%aXne- PrCcurseurs des grands magasinsA ils peu$ententasserA dans leurs arri;re!outi<ues et @ l#CtageA une <uantitC<ue les outi<ues ne pou$aient pas emmagasiner Lus<ue!l@- Ilstrou$ent aussi leur origine dans l#industrie du erA <ui $agrandissant a$ec l#in$ention des c%emins de erA eu!mUmes nCsde la nCcessitC de sortir le c%aron des mines anglaises-

ot%i<ue moderneA le er comine le sacrC d#une ascensionetati<ue et le proane d#un Clargissement onctionnel- )n peutconstruire plus largeA plus %autA plus lCger et lumineuA et seliCrer de la $o[te got%i<ue et des tra$Ces grec<ues- Mais lesarc%itectes restent attac%Cs @ la structure mCdiC$ale et auormes anti<uesA et appli<uent @ l#acier les tec%ni<ues du ois etde la pierre- *es moulures de plJtre dissimulent la constructionen onte- "es passages restent CcrasCs sur eu!mUmesAsurc%argCs d#ornements <ui ne sont pas les leursA rustrCs deleurs possiilitCs- Il audra attendre la IIIe (Cpuli<ue etl#association de "- .- BoileauA arc%itecteA et de usta$e ielAingCnieurA pour dCploer toutes ces possiilitCs- ,ela se eradans le premier grand magasinA "e Bon Marc%CA entre 1W6W et1WW7-

n attendantA il aut cac%er le transitoire et le onctionnel del#Cpo<ue derri;re l#ornemental et l#Cternel de l#.nti<uitC-Fantasmagorie de l#CconomieA les passages rCpondent @ uneantasmagorie politi<ue pour Qalter BenLamin : apolCon ne

sa$ait pas agir a$ec le nou$el tat ourgeoisA <u#il $oulait plier@ des onctions anciennesA impCrialistes- ,et tat s#est retournC



contre lui- *e mUmeA la production industrielle demeure prisonni;re d#un rU$e anti<ue- 'out comme la pressionartCrielleA les attements du c>ur et les tressaillements

musculaires ont naXtreA c%eK le dormeurA un $oage oniri<ue enterres inconnuesA les pressions Cconomi<uesA sociales et politi<ues transportent les passages dans un rU$e coupC de samatCrialitC- *es images dClirantes c%irent en un rCus!Ccranla situation rCellement $CcueA oV se mUlent des traumatismessociau et les dCsirs inconscients du collecti-

Pour le dire autrementA le nou$eau mode de productionAl#industrieA est encore dominC par la orme de l#ancien- "esnou$eau principes de construction et de stocGage des

marc%andises se parent d#une orme <ui ne date pas d#%ierA maisd#a$ant!%ier- Ils plongent dans des smoles mt%ologi<ues- "alocomoti$e rappelle un c%e$al umantA elle l;$e une LameA

puis l#autreA en soulant du eu- .u lieu de se dCploer commele pont transordeurA la galerie des mac%ines de l#positionuni$erselle de 1W67 ou la tour iel N<u#on a alourdied#ornementsOA les passages C$o<uent le orum romainA lemarc%C CodalA des aKars KantinsA des souGs Cgptiens etA

plus loin encore dans un passC mt%i<ueA la ca$erne d#.li BaaA

le pas de ,ocagneA la corne d#aondance ou le palais des milleet une nuits- Ils plongent dans une $ie naturelle <ui se suit @elle!mUmeA une $ie adami<ueA un pas d#armonieA oVA commec%eK FourierA les poulets rHtis toment du ciel-

.$ec de telles imagesA les %ommes du Ie si;cle c%erc%ent @dCpasser les inCgalitCs sociales et les anomalies de l#ordre de

productionA une Cconomie irrationnelle et une politi<ue laile-n plongeant dans une %istoire tr;s lointaineA ils ressuscitent

l#%istoire de tous les tempsA l#image d#un temps premierA d#une%istoire originaireA le monde des correspondances deBaudelaireA orUt de smoles ou sociCtC sans classes- .lorsA le

passage reLoint FourierA mais sans le principe mac%ini<uenou$eauA sans cette mac%inerie amorale de passions %umaines<ui suit l#%armonie imprC$isile et eplosi$e des orcesd#attraction et de rCpulsionA d#oV surgissent les imagesutopi<ues de au$es inoensis- Il reste pCtriiC par un mas<ueanti<ue-

Pour dCpasser la ,i$ilisation D et reLoindre l# armonie DAl#utopie de Fourier articulait le monde nou$eau a$ec celuiA



originaireA des correspondances- "a antasmagorie des passagesA elleA plonge dans un passC mt%i<ue et comine cessmoles intemporels a$ec des mas<ues %istoricisants pour

ermer des eu terriiCs par le prCsent-PourtantA la puretC anti<ue n#attire pas touLours les oules-MalgrC l#aspect enc%anteur de la nou$elle galerie d#)rlCansA lesParisiens regrettent l#intimitC outra<ue des $ieilles galeries de

oisA enterrCes sous le marre d#un ordre impCrial- n 1W30A legou$ernement epulse les prostituCes du Palais!(oal et,%arles promulgue des ordonnances <ui restreignent laliertC de la presse : le Lournaliste n#est plus roi sous lesgaleries- n 1W36A un autre gou$ernement monarc%isteA celui de

"ouis!P%ilippe cette oisA erme les salles de Leu : l#i$resse de laroulette est interdite- Il n# a plus de logementsA et les outi<ues<ui restent pJlissent de$ant l#animation grandissante des

oule$ards et des nou$eau passages- 8 partir de 1W^7A on ne peut ou$rir un passage sans l#accord du prCet de police deParis- +n an a$ant la rC$olution de 1W^WA les passages sont

prati<uement interdits au pulic et le Palais!(oal se $oitdCsertCnote-

"a reprCsentation sous des traits %ellCni<uesA dans tous lesaspects de la $ie <uotidienneA des smoles de sou%ait ducollectiA potentiellement rC$olutionnaireA reste in%iCe par ledCni de l#%istoire rCcenteA celleA politi<ueA du Palais!(oal et de,amille *esmoulins et celleA Cconomi<ueA de la naissance de lagrande industrieA du er et du coton- lle plonge dans desarc%Ctpes de rCconciliationA mais ne peut les articuler a$ec le

prCsent <u#elle olit;re- "e retourA <ui pourrait se aire dCtouren $ue de l#actionA de$ient uiteA reoulementA dCni- *ans cette

antasmagorie de la construction en erA les morts con$o<uCsAgrecs pour la plupartA ou lointainsA les )rientau colonisCsAser$ent d#alii au mou$ement industrielA a$eugle sur son proprede$enir-

3antasmagories du l?neur

MalgrC toutA des lJneurs rC<uentent les passages Lus<u#@ la indu si;cle- +n soir de dCcemre 1W67 imaginC par &olaA lecomte Muat se rCugie dans le passage des Panoramas <u#une

a$erse suite $ient de remplir de monde :



C'était, sous les vitres blanchies de reflets, un violentéclairage, une coulée de clartés, des globes blancs, deslanternes rouges, des transparents bleus, des rampes de ga%,

des montres et des éventails géants en traits de flamme, brOlant en l'air et le bariolage des étalages, l'or des bi$outiers, lescristau& des confiseurs, les soies claires des modistes,

flambaient, derri)re la pureté des glaces, dans le coup delumi)re crue des réflecteursnote

"e passageA <ui permet de tra$erser tout un pJtC de maisonssans ris<uer collisionA tamponnement ni contusionA demeure unlieu propice au rU$eries les plus sCditieusesA oV le piCtonA loindu tumulte de la rueA se rCugie dans une atmosp%;re magi<ue-

+n piCton particulierA le lJneurA perRoit dans cette magie<uel<ue c%ose @ sau$er- Sa p%siologie singuli;re est nCe auPalais!(oal- "e lJneur Npremi;re $ersionO r;gne l@ oV le

adaud ne ait <ue se rCugier des $oitures :

Figure - Passage des Panoramas Na<uarelle anonmeA $ers1W10A coll- musCe ,arna$aletA ParisO-

C'est dans les passages surtout qu'on peut $uger l'abme qui les sépare !e badaud est l6, qui regarde stupidement toute chose,qui s'arrBte sans choi& devant le premier morceau de pl3tre,décoré du nom de statuette ou de charge, qui dévore du regardles billets de banque et les piles de pi)ces de cinq francs duchangeur avec une avidité indigne de l'3me généreuse du

fl3neur Que celui-ci est différent T S'il $ette un coup d'7il che%Susse, du premier coup il s'arrBtera sur la plus élégante

statuette de Warre, ou sur la charge la plus charmante et la plus spirituelle de (antan l ne reste pas des heures enti)res 6écouter l'accordéon qui souffle éternellement L 5e vais revoirma Uormandie , la folle, ou quelque autre nouveauté dumBme genre mais il verra tout d'abord la derni)re caricaturede (aumier, le plus nouveau débardeur de la bandecarnavalesque de Gavarninote

"e lJneur <ui naXt au Palais!(oal est un collectionneur- Sonregard eercC @ dCnic%er les c%es!d#>u$re dans l#oscuritCs#oppose @ celui du adaudA ascinC par ce <ui rille- Il dCnic%e





de ses nomreuses oser$ations au Bon Marc%C :

('abord, au plafond, étaient tendus des tapis de Smyrne, dontles dessins compliqués se détachaient sur des fonds rouges =;@ et encore des tapis pouvant servir de tentures, les longs tapisd'spahan, de Héhéran et de #armancha, les tapis plus largesde Schouma*a et de Madras, floraison étrange de pivoines etde palmes, fantaisie l3chée dans le $ardin du rBve À terre, lestapis recommenEaient, une $onchée de toisons grasses =;@Cette tente de pacha somptueu& était meublée de fauteuils et dedivans, faits avec des sacs de chameau, les uns coupés delosanges bariolés, les autres plantés de roses naYves !aHurquie, l'rabie, la +erse, les ndes étaient l6 Dn avait vidé

les palais, dévalisé les mosquées et les ba%arsnote

*ans l#eemple de l#Ccri$ainA le gCrant a ac%etC une collectionde tapis %aituellement $endus par les marc%ands de curiositCsAet les c;de @ perte- +n dCcor mer$eilleu dCconnecte le $isiteurde sa $ie de tous les LoursA sans aucune oligation d#ac%at-"#important n#est pas de aire du CnCiceA mais d#en tirer unsplendide dCcor de %aremA d#eni$rer les clientes de $isionsd#)rient pour leur aire oulier leur <uotidien ] pour $aincre

la emme D- ,es $isions orientales se prolongent en rU$erieseoti<ues : le raon des soieries rappelle le $ert du ilA le leudu *anueA le ciel indienA la transparence du cristalA les reletsdansants du ciel et du pasage dans un miroir d#eau- ,es%allucinations rCsonnent a$ec le corps orientalisC de la clienteelle!mUmeA altCritC reoulCe pleine d#une liido mCconnue- "ecorps et l#espace se conondent : 'outes les pJleurs laiteusesd#un corps adorC se retrou$aient l@A depuis le $elours des reinsA

Lus<u#@ la soie ine des cuisses et au satin luisant de la gorge- D

"es poults!de!soieA les oulards et les sura%s lCgers C$o<uent le lanc transparentA c%auC de soleilA d#une rousse d#Italie oud#spagnenote D-

"e 15 mars 1W75A Boucicaut crCe un autre espace neutre D : ilou$reA au deui;me CtageA une galerie de taleau et desculptures- ,elle!ci prolonge la salle de lectureA oV l#on peut liregratuitement les nou$elles du LourA et oire <uel<uesraraXc%issements ] lieu de repos des accompagnateursatiguCs ou des clientes etCnuCes- "e tout orme un salon de 22

m;tres de long et W m;tres de %autA sur le mod;le de la galeriedu "ou$re <u#admirait Fourier- "e commerRant organise aussi



des concerts pour attirer la oule- n <uel<ues %euresA l#espaceoV s#agglutinaient des marc%andises se transorme en un palaisenc%anteur @ la lumi;re ClouissanteA rempli de leurs colorCes

et d#une $CgCtation luuriante- "@ encoreA des tapis et porti;resd#)rient s#amassent en aondance et orment des reugesA tandis<ue les immenses raons s#emplissent de musi<uenote- *#apr;sun article de l#Cpo<ueA le magasin ore le spectacle d#un $astemusCe oriental <ui transporte l#imaginaire dans le pasensoleillC des mille et une nuitsnote D- Pour un autreA il C$o<ueles descriptions %omCri<ues de $ac%es rHties- 8 un troisi;meA ilrappelle des Utes gCantesA gargantues<uesA les tours de Bael etdes palais auleunote-

Il s#agit de crCer un espace paradisia<ueA coupC des <uestionsd#argent- +ne rCclame transorme une cargaison de Louets encara$ane arae sur le dCsert du Maroc- +ne autre racontel#%istoire d#un sage sultan <ui demande @ ses ilsA tous troisamoureu de la mUme emmeA la derni;re et la plus utile desmer$eilles du monde D : le premier rapporte un tapis $olant T ledeui;me une pomme magi<ue <ui guCrit tous les mau etsau$e la $ie de la Leune emme T le troisi;me un tClescope parle<uel on aperRoit "e Bon Marc%C- )uiZ c#est RaA la

mer$eille DA s#eclame la elleA <ui part a$ec l#%eureu Clu surun ClCp%ant $isiter la grande mise en $ente de lancnote- "eBon Marc%C est l#%eureuse conclusion d#un conte oriental-

"es tenants des grands magasins dCnient cette di$ersitCmagi<ue et CrotisCe de leurs produits- .u Bon Marc%CA ontrou$e @ on pri tout ce <ue l#epCrience a permis de

produire d#utileA de commode et de conortale DA clamel#%onnUte Boucicautnote- *e aitA les grands magasins sont

aussi de grands aKarsA <ui m;nent une $ie rude au outi<uierstraditionnelsA modistesA gantiersA leuristesA imelotiersA parumeusesA drapiersA marc%ands de $aisselleA de meulesA deleurs ou de parapluiesA <ui disparaissent ace @ ces oliat% ducommerce- "es grands magasins prCtendent Utre rationnelsAonctionnels et transparentsA $endre des $Utements utiles etconortalesA des oLets commodes et nCcessairesA sansemrouilleA c%ic%i ni marc%andageA au plus as pri possile-n ce sensA ils sont les prCcurseurs des centres commerciau de

Cton et de erA entrepHts oV l#on trou$e de tout sans arguignerAantit%;se des antasmagories de la construction arc%itecturale-



n 1W76A Boucicaut agrandit "e Bon Marc%C a$ec l#ingCnieuriel et l#arc%itecte Boileau- "a mUme annCe ou$reA enPennsl$anieA "e rand *CpHt- _us<ue!l@A ce dernier n#aritait

<ue des matCriau pour le ret- Cs au tats!+nisA ces grandsmagasins sontA comme leur nom l#indi<ueA des lieu detransordement oV l#on emmagasine en grande <uantitC des

produits pour les $endre au dCtailA @ on marc%C- "es nou$ellestec%ni<ues industrielles permettent de construireA au tats!+nis surtoutA des immeules de sept ou %uit Ctages superposCsAau planc%er continu et @ la lumi;re artiicielle- )n retrou$e ceonctionnalisme dans les %autes toitures $itrCes des cours duBon Marc%C ] c#est!@!dire dans les coulisses- *e plusA lacominaison du er et du $erre permet de creuser l#intCrieur dumagasin en un gigantes<ue palais aCrien <ui laisse pCnCtrer lalumi;re naturelle de tous cHtCs- *es passerelles mCtalli<ues$ire$oltent dans les airs et de longues suraces $itrCes laissententrer le soleil-

Mais l#arc%itecture $isile demeure surc%argCe de $itrauAd#ornements et de cariatidesA comme dans les passages- "esstatues de dieu sur la aRade donnent l#impression d#entrerdans un t%CJtreA un musCe ou un temple- "e salon de lecture

arore des peintures au plaondA des candClares au murs etdes dCcorations cal<uCes sur les galeries roales du "ou$re-Boucicaut dispose les marc%andises de mani;re @ ormer desmotis eoti<uesA les disperse pour crCer des parcours detentations d#un point @ un autre du magasin et les rassemle @certains lieu stratCgi<ues pour crCer l#illusion de la ouleA <u#ilattire d#ailleurs par des concerts- "e Bon Marc%C crCe un

pasage de couleursA de rU$es et de sensations eni$rantes- "aUte du lanc cou$re le magasin d#une neige immaculCeA

C$o<uant des contrCes lointaines au glaciers allumCs sous lesoleil-

*e mUme <ue les passages cou$erts %Csitaient entre les souGs etles garesA les grands magasins alancent entre le aKar orientalet le centre commercial- Si les prati<ues et le discours sontrationnels et participent au dCsenc%antement du mondeAl#imaginaireA luiA transigure les marc%andises en oLets Ctic%es<ui ont $irer les cordes d#un dCsir irrationnel- ,#est celui duconsommateur ourgeoisA <ui naXt a$ec les tec%ni<uesmodernes de $ente au Bon Marc%C- "#imaginaire orientalisant



se trou$e en Ctroite ainitC a$ec le premier D esprit ducapitalismenoteA <ui comine des ClCments traditionalistes etdes dispositions Cconomi<ues no$atrices- "e Bon Marc%CA a$ec

son organisation @ la ois paternaliste et pionni;reA est tpi<uede l#alliance entre l#ancienne Ct%i<ue amiliale et la nou$ellerationalitC Cconomi<ue : d#un cHtCA souci de la lignCeA du

patrimoineA de la c%astetC des illes pour C$iter lesmCsalliancesA le dCs%onneur et la dilapidation du capital Nles$endeuses du Bon Marc%C Ctaient logCes au Ctages supCrieursAsoignCes mais aussi sur$eillCesOA et ormes de suordinationsencore personnelles dans des entreprises <ui restent de petitetaille T de l#autre cHtCA croance dans la rationalisation

ureaucrati<ueA l#audace inanci;reA le progr;s tec%ni<ue et les ienaits de l#industrie- +ne ourgeoisie tCmCraireA maissoucieuse d#une certaine respectailitCA de l#apparencemondaineA d#une maison ien tenue et de la onne $ie deamille dont les catalogues du Bon Marc%C li$rent une $isionidCalisCe : dClicatesse des roderiesA des rideau et des nappes

pour des repas ritualisCs T soliditC et ClCgance des meulesAaondance du linge de maison pour les rCceptions T $ariCtC descostumes de tra$ailA de $oageA de dCtenteA des roes du soirA de$illeA du dimanc%e ou de deuil pour la prCsence dans le monde-

8 cette adC<uation %istori<ue entre une Cconomie et unemoraleA il aut aLouter un imaginaire <ui ne tient ni @ l#une ni @

Figure 10- "e Bon Marc%C @ Paris Np%oto .lert ,%e$oLonA $ers100A onds Moisant!Sa$eA arc%i$es dCpartementales d#Indre!et!"oireO-

l#autreA mais les noue par le antasme- +n imaginaire d#autant plus important <u#il a$orise l#%omogCnCisation sociale : toutela ourgeoisie s#identiie @ la amille idCale du Bon Marc%CA<ue l#on retrou$e au e si;cle dans les pulicitCs pour lalessi$e ou le petit dCLeuner- Pour accCder au statut de ourgeoisAil suit de consommer ourgeois etA grJce au nou$eaugrands magasinsA cela ne co[te pas si c%er- MaisA pour <ue celamarc%eA il aut <ue ce mod;le asse rU$erA a$ec la c%arge

d#Crotisme <ue cela suppose- ,e mod;le conscient se trou$eainsi en ainitC a$ec une magie orientale moins rationnelleA <ui



ait $irer les dCsirs inconnus d#un nou$eau pulic corsetC dansson Cpo<ue : les emmes-

Magie du passCA magie du lointain : $ers 1W20!1W^0A les passages reoulent le passC rCcent par la antasmagorie d#un passC anti<ue T dans les annCes 1W60!1W70A les grands magasinsreoulent le prCsent du <uotidien par la antasmagorie d#unlointain eoti<ue-

=a magie noire des passages

*atC de 1WW0A l#%ommage de &ola au passage des Panoramasa$ait <uel<ue c%ose d#in<uiCtant- Sa description du ariolage

des Ctalages se clHt sur l#image moride d#un memresanguinolent :

+armi la débandade peinturlurée des enseignes, un énorme gant de pourpre, au loin, semblait une main saignante, coupéeet attachée par une manchette $aunenote

)n $oait des c%oses similaires au Palais!(oal Ncf igure 6O-,ette $ision d#%orreur rappelle en eet l# inJme poCsie D <ueBalKac repCrait sous la lumi;re troule de la galerie de Bois :

!6 donc se trouvait un espace de deu& ou trois pieds o4végétaient les produits les plus bi%arres d'une botaniqueinconnue 6 la science, mBlés 6 ceu& de diverses industries nonmoins florissantes Xne maculature coiffait un rosier, en sorteque les fleurs de rhétorique étaient embaumées par les fleursavortées de ce $ardin mal soigné, mais fétidement arrosé =;@

(u c9té de la cour, comme du c9té du $ardin, l'aspect de ce palais fantasque offrait tout ce que la saleté parisienne a

produit de plus bi%arre : des badigeonnages lavés, des pl3trasrefaits, de vieilles peintures, des écriteau& fantastiquesnote

,es monstrueu assemlages D a$aient Le ne sais <uoi de pi<uant D et donnaient au passage un air mCp%iti<ue D- ,#Ctait %orrile et gai DA conclut l#Ccri$ain p%siologistenote-Par cette descriptionA BalKac reLoint l#.ragon du passage del#)pCra ou le Breton du <uartier Saint!*enis : au Palais!(oalAil dCc;le une magie noireA surrCalisteA digne des c%Jteau des

romans noirsnote- "a main saignante de &ola et les monstrueuassemlages de BalKac annoncent le retour des orces



rCprimCes de l#attraction uni$erselle et liidinale- "es passionslires du p%alanst;re se retrou$ent contrariCes dans les

passagesA instrumentalisCes dans les grands magasins- Fourier

note @ leur propos en pensant @ Sade : ngorgCesA elless#in$ersent et de$iennent aussi malaisantes <u#en lire et pleinessor elles auraient CtC ienaisantesnote- D ,#est peut!Utre cela<ue &ola $eut dire lors<ueA dans Hhér)se 8aquinA il transormele passage en t%CJtre d#un crime terriiant-

M8RB 8U CRAST8= ,8=8CE

,ette eposition uni$erselle de 1W51 a CtC annoncCe a$ec lesang!roid le plus impressionnant par la ourgeoisie anglaise

d;s 1WÂ @ un moment oV le continent entier rU$e encore derC$olutionnote- D

9arl Mar et Friedric% ngels

"e 1er mai 1W51A Lour de l#inaugurationA @ de ParGA de la premi;re rande position des produits de l#industrie detoutes les nations DA Mar rCside @ "ondres- .!t!il mis les piedsdans le ,rstal Palace NPalais de cristalO pendant les si mois

<u#a durC l#C$Cnement ` n 1W50A il Ccri$ait a$ec ngels <ue la ourgeoisie anglaise con$o<uait tous ses suLets @ un grandeamen D : l#eposition allait encenser sa $ictoire sur lesanciennes orces %istori!

Figure 11- "e ,rstal Palace $u de l#etCrieur Netrait de "ePalais de ,ristal : alum de l#positionA 5ournal illustré de

l'F&position de 01Z0 et des progr)s de l'industrie universelleAnf 1A 7 mai 1W51A p- 156O-

<uesA et le Jtiment de er et de $erre de l#ingCnieur _osep%PatonA pant%Con de la (ome moderneA ariter les dieu <u#elles#Ctait elle!mUme crCCs- n 1W52A dans une lettre @ soncamaradeA il <ualiiera rCtrospecti$ement cette Ute de mCgalomanie ourgeoisenote D-

)utre ces deu tetes de Mar sur l#position uni$erselleA <ui

rappellent de nomreu passages du Manifeste du +articommuniste de 1W^7A il est ort proale <ue la mise en sc;ne



des produits de l#industrie dans le palais de Paton inspire laameuse analse du Ctic%isme de la marc%andisenote- "#auteurdu Capital N1W67O amorce une telle analse dans les rues de

"ondresA dont il $oit les $itrines animCes d#Ctranges oLets :leurs origines lointaines se $oient eacCes par des %iCroglp%es iKarresA maniestation des di$initCs D de la ourgeoisie-

"es $itrines londoniennes prCparent en eet les positionsuni$erselles etA @ tra$ers ellesA les grands magasinsA les parcsd#attractions et les centres commerciau- Mais peut!Utre pas dela mani;re dont Mar se l#imagine-

=e triomphe de la rationalité 'ourgeoise

*ans la Ueue 8heinische [eitung N Uouvelle Ga%ette rhénaneOAen 1W50A Mar et ngels Ccri$ent <u#au ,rstal PalaceA la

ourgeoisie anglaise con$o<ue @ un grand eamen tous ses$assau rCunis <uiA de la France @ la ,%ineA doi$ent dCmontrercomment ils ont utilisC leur tempsA et mUme le tout!puissanttsar de (ussie se sent oligC d#ordonner @ ses suLets de paraXtrenomreu @ ce grand eamen D- Ils aLoutent <ue l#eposition est une preu$e saisissante du pou$oir concentrC a$ec le<uel la

grande industrie moderne dCtruit partout les arri;resnationales et estompe de plus en plus les particularitCs localesde la productionA les relations sociales et le caract;re de c%a<ue

peuplenote D-

"e Manifeste du +arti communiste soutenait la mUme c%ose : la ourgeoisie dCtruitA partout oV elle est au pou$oir Net a$ant touten .ngleterreOA la ase nationale de l#industrieA les rapports

patriarcau et les liens Codau- lle engloutit les institutionsCodales dans les eau glacCes du calcul CgoYste-

Pour Mar et ngelsA l#eposition de 1W51 $a donc consacrer letriomp%e mondial de la rationalitC ourgeoiseA <ui dCtruit lessuperstitions du passC au proit de la logi<ue implacale del#accumulation du capital et de la production de marc%andisessous des $isCes internationalistes pacii<ues- ,e ne sera pas lecas-

PourtantA les liCrau <ui participent au prCparatis sont du

mUme a$is- Pour (ic%ard ,odenA l#eposition $a airetomer les arri;res <ui ont sCparC les peuples des diCrentes



nations DA tCmoigner de la rCpuli<ue uni$erselle DA du triomp%e de l#industrieA au lieu du triomp%e des armes D etincarner le traitC d#amitiC entre toutes les nations sur la

surace de la terrenote D- "e discours de ce c%e de ile del#Ccole de Manc%ester et de l# nti-Corn !eague Nil s#Ctait attu pour aolirA en 1W^6A une tae sur la cCrCale <uiA selon luiAinanRait les guerres d#une $ieille aristocratie incapaled#administrer correctement le pasO personniie le lien entre le,rstal Palace et la nou$elle p%ilosop%ie Cconomi<ue- Pour luiet ses amisA la capitale anglaise constitue le point d#arri$Ce du

processus de rationalisation Cconomi<ue du mondeA dontl#eposition ait le ilan- "e prince .lert lui!mUme se Clicited# une pCriode de transition des plus mer$eilleuseA <ui tendrapidement @ accomplir cette grande inalitC $ers la<uelleAd#ailleursA toute l#%istoire pointe ] la rCalisation de l#unitC del#%umanitC D- ,e memre inluent du comitC d#organisation etami de ,oden eprimeA malgrC son titreA l#esprit du lire!Cc%ange dont l#.ngleterre est l#incarnation paraite :

!'F&position de 01Z0 va nous livrer un véritable test et uneimage vivante du point de développement auquel l'ensemble del'humanité a abouti =;@ ainsi qu'un nouveau point de départ 6

partir duquel toutes les nations pourront diriger leurs futurseffortsnote

*ans cet espritA .lert eige <ue le regroupement des oLetseposCs se asse sans rCCrence au pas d#origine- Il propose @la place une di$ision <ui reprCsente le processus industriel : "es mati;res premi;res de l#industrie T les produitsmanuacturCs <u#on en ait T et l#art utilisC pour lesornementer note- D "onguement discutCe par les scientii<uesA

cette tainomie est inalement adoptCe par un memre de lacommission spCcialement mandatCA le c%imiste liCral "onPlaair- Il la dCcline en classes sui$ant les eigences desaricantsA et aLoute une <uatri;me catCgorie : la mac%inerielourde-

"es <uatre grandes sections prC$ues pour l#epositionnote rel;tent donc l#enc%aXnement rationalisC des diCrentes Ctapesdu processus moderne de production : 1O mati;res premi;resNcoton par eempleO T 2O mac%inerie Nlocomoti$eA mac%ine @

tisserZO T 3O produits manuacturCs et Ô eau!arts Niens



ornementCs et emellis par des artisans et des artistesOnote-

,e sst;me de classiication industrielleA le premier au mondeAdonne raison @ Mar et ngels- Il tCmoigne du pou$oir ducommerce et d#une rationalitC <ui dCtruit les arri;resnationales au proit d#un processus anonme dont le suLet estl#%umanitC Nou la ourgeoisieO unie- Il ordonne le Catalogueofficiel descriptif et illustré de l#epositionA <uatre $olumesmassis <ui recensent les produits eposCs et $isent @ Cdu<uerscientii<uesA marc%andsA aricants et simples curieu- +nrapport de la commission datC du 1^ mars 1W50 acte laclassiication de Plaair et insiste sur le ait <ue le pasd#origine demeure secondairenote- Il ne $a pas le rester

longtemps-

=-e/position du onctionnel

n 1W50A communistes et liCrau pensent donc <uel#eposition $a gloriier la rationalitC industrielleAl#internationalisme du lire!Cc%ange et la production d#oLetsutiles et onctionnels- Hhe Fconomist se rCLouit <ue l#on montre

ientHt les oLets du commerce ordinaire comme des pi;ces de

musCe et tient pour ac<uises des r;gles <ui ne seront pasoser$Ces :

Uous tenons pour acquise la r)gle d'apr)s laquelle seuls lesob$ets supposés utiles, agréables et commodes seront e&posés

!e tout sera fait pour vendre !es ob$ets qui n'ont pas d'usagedevront 6 peine trouver leur place dans une telle e&position,quels que soient le temps et la peine qu'ils ont coOtés 6 leurscréateurs Ce ne sera pas un cabinet des curiosités ni un muséedes merveilles, mais une e&position de ce dont chaque peupledu monde est capable pour promouvoir le bien-Btre, lacommodité et le bonheur, pour lui-mBme et pour les autresnote

Il Ctait courant de considCrer l#eposition comme un tete- Pour l# llustrated F&hibitor A l#eposition igure un grand li$reou$ert D oV le lecteur dCcou$re l#industrie de nos r;res aunordA au sudA @ l#est et @ l#ouestnote- +n inluent scientii<ue de,amridgeA Qilliam Q%eellA $oit un instantanC desconnaissances et un t%CJtre des productions mondialesnote-

)n eposera l#utilitCA la commoditCA les processus d#etractionA



de transormation et de arication- "#oLet eposC ne de$ra pasCmer$eillerA mais rCsonner dans un sens pCdagogi<ueA C$o<uerles orces tec%ni<uesA la dnami<ue sociale et le processus

industriel au sein du<uel le $isiteur pourra se situer- Plaair pousse les uturs eposants @ illustrer les processus industriels par des grap%i<uesA des cartesA des notices tec%ni<ues et desmod;les miniatures : le pulic sera d#autant plus intCressC <u#il

pourra sui$re le processus de arication des oLets eposCs-

,omme le Lournal de la reine en tCmoigneA les Ctalages serC$Cleront en eet utiles et instructis :

Uous sommes revenus =;@ tr)s contents et tr)s intéressés Hant

de savoirs m'ont été communiqués, tant de choses e&pliquées;qu'6 la fin, nous avions énormément d'informations Celadevrait faire des merveilles dans l'instruction des $eunes

personnes, qu'elles soient d'en haut ou d'en basnote

"e ,rstal Palace seraitA d#apr;s ce tCmoignage et les prC$isionsdes organisateursA une Ccole studieuse destinCe @ desoser$ateurs attentis- ,omme on peut encore le lire dans unarticle du Himes puliC une diKaine de Lours apr;s

l#inaugurationA il ormerait une Ccole d#art et de science telle<ue Bacon l#imaginait dans son tlantide DA une tournCe @tra$ers toutes les nations et climatsA <ui dira plus au $isiteurattenti <ue ce <ue de nomreu $oageurs rapportent apr;s un

pCriple @ tra$ers la moitiC de l#urope DA et un musCe des productions les plus utiles et les plus remar<uales de l#art et dela natureA telles <u#on en a Lamais rassemlC sous le mUmetoitnote D-

"e Jtiment aussi dC$eloppe le potentiel de la construction ener et en $erre sans dissimuler l#usage de ces matCriauA commec#Ctait le cas dans les passages parisiens- ,onstruit par uningCnieur et non par un arc%itecteA il semle tCmoigner de la$ictoire du principe constructeur sur l#ornementA des orcestec%ni<ues nou$elles sur les smoles %CritCs du passCA ducaract;re transitoire et onctionnel de la modernitC sur celuiAstale et CternelA de l#arc%itecture du passC- .$ec sesdimensions rendues possiles par l#usage du erA il rappelle lagalerie d#)rlCans au Palais!(oalA <ui tentait ] sans par$enir

] de se liCrer des in%iitions des passages $is!@!$is des



nou$eau matCriau-

"e ,rstal Palace inaugure l#emploi epCrimental du er pourles constructions- "es petites unitCs prCari<uCesA poutresmCtalli<ues en treillisA piliers de onteA c%Jssis de ois et $itresd#@ peine 1 m;tre de large sortent @ la c%aXne des ateliers deBirming%amA et par$iennent tr;s $ite sur le c%antier londonienoV elles sont aussitHt assemlCes a$ec prCcision et oulonnCes

pi;ce par pi;ceA Ctage apr;s Ctagenote- +ne serre de 72 000m;tres carrCs s#Cl;$e au!dessus des ormes centenaires de deParGA d#une ontaine de $erre et d#une autre d#acier- ,#est unnou$eau Pant%Con <uatre ois supCrieur @ Saint!Pierre de (ome

] comme le soulignent ses contemporainsA <ui insistent au

moins autant sur l#aspect smoli<ue <ue sur l#aspectonctionnel du Jtiment :

!e Crystal +alace, comme produit de l'ngleterre victorienne,était l'un des b3timents les plus influents $amais érigés

Uovateur dans sa structure, tout 6 fait nouveau dans sa fonction, inhabituel dans sa forme et significatif dans lesassociations qu'il incarnait, il prend sa place aupr)s denombre d'éminents b3timents comme le +anthéon, Nagia

Sophia et bbot Sugar's St (enis Hout comme cesconstructions plus précoces, l'e&traordinaire e&igence fonctionnelle qui fit le Crystal +alace stimula un design quiraffina et étendit les pratiques structurelles de l'époque, cedont résulta une architecture nouvelle dans sa forme et sonesthétiquenote

"#alliance no$atrice du oisA du er et du $erre en ait unmonument au nou$elles possiilitCs tec%ni<ues dont on peuts#instruire @ l#eposition : c%emin de erA mac%ine @ $apeurAClectricitCA p%otograp%ie- SmolisCes par l#Cdiice no$ateurd#un ingCnieur au origines modestes <ue l#on dit self-mademanA les $isCes pCdagogi<ues du ,rstal Palace disent lescriti<ues de la ourgeoisie $is!@!$is de l#aristocratie- )ncriti<ue les lJneurs oisis <ui $iennent pour $oir et semontrer DA l#air lasC ou ennuC de$ant les prodiges del#industrie- ,e sont des noles- "e ,rstal Palace ne s#adresse

pas @ euA mais au ou$riersA <ui peu$ent sui$re le processus de production au<uel ils participent- "es tra$ailleurs sont les

$Critales noles- ,elui <ui peutA mais ne $a pas tra$aillerA estun %omme inCrieurA peu importe comment il est nC DA lit!on





représenter une tragédie sans son héros, ou que de peindre un portrait sans ne%note

Mar et ngels peu$ent Ccrire :

vec cette e&position, la bourgeoisie du monde érige son +anthéon dans la 8ome moderne o4 elle e&pose, avec une fi)reautosatisfaction, les dieu& qu'elle s'est elle-mBme créésnote

Mar est prCcisCment en train d#Claorer une analse de cettedi$initC moderne <ue ari<ue la ourgeoisie dans ses usines :

la $aleur d#Cc%ange- "a ourgeoisie a transormC toutes les$aleurs sentimentales en purs rapports d#argent et dissous ladignitC personnelle dans la $aleur d#Cc%ange DA lit!on dans le

Manifestenote- uel<ues annCes apr;s l#epositionA Marremar<ue <ue cette dissolution se rCpand dans les $itrines de la$ille :

(ans les rues les plus animées de !ondres, les magasins se serrent les uns contre les autres, et derri)re leurs yeu& de verre sans regard s'étalent toutes les richesses de l'univers, ch3lesindiens, revolvers américains, porcelaines chinoises, corsets de

+aris, fourrures de 8ussie et épices des Hropiques mais tousces articles qui ont vu tant de pays portent au front de fatalesétiquettes blanch3tres o4 sont gravés des chiffres arabes suivisde laconiques caract)res V !, s, d =livre sterling, shilling,

pence@ Helle est l'image qu'offre la marchandise enapparaissant dans la circulationnote

"-A s-A d- : l#i$resse du adaud tient au c%ires <ui ornent le

rontispice des iens produits en ce <u#ils ont oulier leur pro$enance- n 1W50A Mar et ngels misent sur uneconsCcration de ces Cti<uettes lanc%Jtres au Pant%Con decristalA totems de la ourgeoisie <ui ont disparaXtre l#originedes marc%andises-

3étichismes de Mar/! antasmagories de (en0amin

InspirC par les rues de "ondresA Mar pose cette prCsence du

pri comme le mst;re de la modernitCA celui <ui ait <u#unetale se comporte aussi Ctrangement <ue si elle se mettait @



danser- n aisant une iation sur l#Cti<uette du priA lecapitaliste ait astraction de la $aleur d#usageA autrement ditdes usages $Critales de la marc%andiseA mais aussi des

processus rCels <ui l#ont produiteA orces producti$esNmatCriauA tec%ni<uesA ou$riersO et rapports de productionNorganisation de l#usine et de sa %iCrarc%ieO- *ans le mondemoderne rCgi par la $aleur d#Cc%angeA l#article eposC ne $aut<ue par sa diCrence a$ec les autresA et cette relation l#animed#une $ie propre : sur les marc%Cs oursiersA le coton monte DAl#opium s#eondre DA la %ouille s#anime D et le pCtrole manieste une tendance a$orale D- "e Ctic%isme de lamarc%andise ren$oie @ une reprCsentation animiste du mondedes c%oses <ui transigure les relations des %ommes entre eu :l@ oV l#%omme s#Ccroule CpuisC par un tra$ail %arassantA le coton monte D- Mar multiplie les termes antasmagori<ue DA antasti<ue DA mstagogi<ue DA religieu DA etc-A pournommer cette CtrangetC produite par le Ctic%isme de la $aleurd#Cc%ange- Par eemple :

C'est seulement un rapport social déterminé des hommes entreeu& qui revBt ici pour eu& la forme fantasmagorique d'unrapport de choses entre ellesnote

Mot utilisC @ l#occasionA la antasmagorie n#est pas un conceptc%eK luiA mais ren$oie @ un c%amp leical de la spectralitC <uiou$re la $oie @ l#analse des antasmagories du capital <ui sedistinguent du Ctic%isme de la marc%andise- +ne $oie<u#emprunte Qalter BenLamin :

!a propriété qui fait parvenir 6 la marchandise son proprecaract)re fétiche adh)re 6 la société productrice demarchandise elle-mBme non pas certes telle qu'elle est en soi,mais bien telle qu'elle se représente elle-mBme et croit secomprendre toutes les fois qu'elle fait abstraction du fait que,

précisément, elle produit des marchandises !'image qu'elle produit ainsi 6 partir d'elle-mBme, et qu'elle a coutume dedésigner comme sa culture, correspond au concept de

fantasmagorienote

n 1W50A on s#attend @ ce <ue la sociCtC productrice demarc%andise se montre telle <u#elle estA onuilCe par la

arication d#oLets onctionnels et compCtitis dans l#ouli deleur origine nationale et la $alorisation de leur $aleur d#Cc%ange



NMarO- MaisA en 1W51A c#est tout le contraire <ui arri$e : non pas des marc%andises Ctic%isCes par leur priA mais une image-écran <ue la ourgeoisie industrielle donne d#elle!mUme au

moment prCcis oV elle nie <ue son eistence dCpend de la production de marc%andises NBenLaminO-

=e reoulement de l-usage

"es anticipations de MarA ngels et des liCrau del#eposition a$aient eau Utre ondCesA elles ne se rCalisent pasde la mani;re prC$ue- +n article du Himes de 1W51 remar<ueune c%ose Ctrange : un stand semle relCguC dans un coin <uine poss;de aucun caract;re t%CJtralA mais rempli de matCriau

signiicatis pour l#industrienote D- Il s#agit du stand deManc%esterA smole de la p%ilosop%ie Cconomi<ue liCrale del#eposition-

FinalementA l#organisation spatiale ne rel;te pas la $olontC de prCsenter les industries anglaises comme le point culminant del#%istoire- "#ae nord!sudA censC cristalliser les Ctapes du

processus de productionA est illisile : les mati;res premi;ressont epulsCes au out de l#aile sudA et les mac%ineries lourdes

relCguCes dans un coin de l#aile nord- )n admire surtoutAcoupCs de leur origine Cconomi<ue et de leur ut socialA des>u$res d#art et des produits manuacturCs <ui prennent toutl#espace central : *es oLets de toutes les ormes et couleursimaginalesA aussi loin <ue pou$ait $oir l#>ilA s#entremUlaientde mani;re Clouissantenote- D

"#eet Cducati $oulu par les organisateurs liCrau est ratC : plutHt <ue de sui$re la continuitC du processus industrield#etractionA de dCplacementA de arication et d#ornementationdes oLetsA on s#etasie de$ant la procession aro<ue des>u$res d#art et des produits manuacturCsA loin des mac%inesrustes et des matCriau ruts-

Mais ce n#est pas tout- .u lieu d#Utre insCrCs dans la suitelogi<ue du processus industriel en aisant astraction du pasd#origineA les oLets sont classCs par nations- "e prince .lertn#a pas eu gain de cause etA sous la pression des industrielslocau et Ctrangers Nnotamment de FranceOA la commission est

re$enue sur sa dCcision de soumettre l#origine nationale @ laonction dans l#ordre d#eposition des oLets- "a topograp%ie



gCograp%i<ue par tats!nations se superpose @ la topograp%ielinCaire selon le processus de productionA rouillant la sCrierationnelle des Ctapes de arication <ui auraient d[ Utre

$isiles-"e Jtiment lui!mUmeA <ui de$ait relCter le nou$el Jge de latec%ni<ueA se retient dans son utilisation des nou$eaumatCriau- "e prol;me de la $o[te n#a pas CtC rCsoluA car on nesait pas encore eploiter toutes les possiilitCs de la onte et del#acierA ni construire des dalles de $erre <ui assent plus d#unm;tre- "a c%arpente du erceau de la ne demeure en oisA et sa

portCe de 22 m;tres reste largement inCrieure au Cdiicesgot%i<ues du Moen 4genote- MalgrC une a$ancCe

spectaculaireA le principe de construction se trou$e in%iC pardes principes est%Cti<ues $enus de l#usage du ois et de la

pierre- ,e dCaut se retrou$e dans nomre d#epositions duIe si;cle : de celle de ParisA en 1W55A oV l#on contreute la

poussCe %oriKontale en sui$ant la tectoni<ue CodaleA Lus<u#@celle de ,%icagoA en 1W3A oV des moulures de plJtre dans lestle anti<uisant des passages %aillent l#ossature mCtalli<ue-,elle de e orGA en 1W53A reproduit le ,rstal PalaceA maisa$ec des ri<ues et du ois- MUme dans la galerie des Mac%ines

de 1W67A c%e!d#>u$re de construction mCtalli<ue de usta$eiel et de _- B- 9rantK <ui rappelle les passerelles ClancCes duBon Marc%CA on mas<ue les ClCgantes poutrelles suspenduesdans les airs derri;re des dCcorations et des drapeau de toutessortes-

"e ,rstal Palace inaugure cette %istoire des mas<ues- PourattCnuer la $iolence aite au pulic par un matCriau au<uel iln#est pas %aituCA on transorme le Jtiment de Paton en une

serre d#in$itation au $oage :

Figure 12- ue de l#intCrieur du transept Netrait de Hhe llustrated F&hibitor Hribute to the "orld's ndustrial 5ubileeA "ondresA 1W51A p- IIO-

Dn rassembla dans cet espace toutes les plantes magnifiquesqu'on était capable de faire pousser sous les riches serresd'ngleterre !es palmiers du sud au léger feuillage penné se





d#ornements- *ans un tete de criti<ue d#artA "#positioncomme leRon de go[t DA on peut lire ce reproc%e selon le<uel les aricantsA au lieu d#appli<uer leur design @ des uts utilesA

usent de l#ornementation comme d#une in en soiA soumettent laorme et la onction etA ainsiA dCtruisent l#intCgritC de l#oLetnoteD- "a criti<ue pointe cette ausse notion <ui consiste @déguiser plutHt <u#@ magnifier les iens d#utilitCnote D sortis desusines de mCtallurgie- "es produits de l#industrie se trou$entmis au an derri;re une surc%arge de dCguisements pseudo!artisti<ues- ,ertains meules sont simplement inutilisales-

'out ce <ui C$o<ue l#industrie doit disparaXtre- "#ou$rier lui!mUmeA @ l#origine de tous les produits eposCsA n#a droit @

aucune placeA aucune reprCsentation- "e comitC d#ou$riersen$isagC en 1W50 se trou$e tr;s $ite paralsCA puis dissous parla commission roale- n 1W51A il n#eiste plus <ue dans lesmCmoires de ses reprCsentants dCsausCs- +ne caricature Croced#un Lournal satiri<ueA +unchA reprCsente des tra$ailleurs <uis#Cpuisent au tra$ail sous des cloc%es de $erre : $oici ce <uel#on a ouliC d#eposer au ,rstal Palacenote- .lors <uel# llustrated Ues montreA en 1W50A le processus d#etractionAl#usage des mac%inesA le dCplacement et l#assemlage du er

pour le montage du ,rstal Palace en donnant une place dec%oi @ l#ou$rierA dans l# rt 5ournal llustrated CatalogueA

puliC en 1W51A seules les marc%andises trHnentA coupCes detout contete- "#ou$rier ne igure pas plus dans lesreprCsentations didacti<ues du processus de production : pourreprCsenter le monde du tra$ailA on prC;re le $ieu pasanA lenole artisan ou l#ingCnieur in$enti-

Parmi les orces producti$esA ni le er ni les tra$ailleurs n#ont

inalement droit de citCA et le spectacle des produits isolCs sesustitue @ la leRon de processus articulCs- "es marc%andisessemlent suspendues dans le $ide du ,rstal PalaceA surgies denulle partA ordonnCes selon une classiication aritraire aucontours lous- "a $aleur d#usage disparueA on peut s#attendreAa$ec MarA @ ce <ue ce soit l#Cc%angeailitC du produit <uis#impose- )r ce n#est pas le cas-

=a dissimulation de l-échange

"es pri ont disparu- 8 l#ou$erture du ,rstal PalaceA un lecteur du Himes s#aole de l#asence des annotations silencieuses



mais signiicati$es "-A s-A d- li$re sterlingA s%illingA pencenote D- Pas de c%ires araesA pas de laconi<ues caract;resA pasd#image de la marc%andise telle <u#elle apparaXt pour circuler-

"#position de 1W51 est inalementA pour reprendre les termesde BaageA une tragCdie sans %Cros DA un portrait sans neKD : l#instrument de l#internationalisme paciicateurA le pri de lamarc%andise permettant de comparer les produits de l#industriemondialeA s#est C$anoui dans la nature du Palais- Sans lesCti<uettesA impossile de comparer les pri : la logi<uecommerciale n#est plus transparente- "a commission Lustiieson c%oi par une tautologie <ui tra%it ien le malaise del#opCration : "#oLet de l#position est l#eposition desarticles destinCs @ Utre eposCsA et non pas des transactionscommercialesnote- D

)n peut touteois dCc%irer la logi<ue commerciale dans le plan de solA <ui oppose deu de ses $ariantes : la logi<ueCconomi<ue d#accumulation du capital Nla rCpartition dePlaairO et la logi<ue politi<ue de territorialisation desinrastructures Nla rCpartition par tats!nationsOnote- "atainomie d#.lert et de Plaair ren$oait au processusconcrets d#accumulation du capital NetractionA productionA

manuactureA etc-O et se $oulait internationaliste- .u contraireAle classement par tats!nations suit l#idCologie impCrialisteA <uimet les pas europCens et les tats!+nis d#un cHtCA l#.sieA les.mCri<ues et l#.ri<ue de l#autre- ,e classementeuropCocentri<ue est liC au processus politi<ues deterritorialisationA indCpendant des processus purementCconomi<ues : pour compenser la suraccumulation naissante @l#intCrieurA la ourgeoisie anglaise doit construire desinrastructures @ l#etCrieur de son territoire pour Ccouler son

capital- lle installe donc des c%emins de er et des usines enInde Nentre autresO- "es structures matCrielles implantCes danscette colonie ormeront de nou$elles $oies de circulation descapitau- "ors<ue l#organisation par tats!nations s#oppose @l#ordre des <uatre sections de Plaair dans la topograp%ie du,rstal PalaceA c#est le signe d#une contradiction entre lalogi<ue d#etension et la logi<ue d#accumulation du capital-

Mais cette contradiction disparaXt derri;re la mise en sc;ne du,rstal PalaceA <ui reoule aussi ien la $aleur d#usage <ue leslogi<ues d#Cc%ange- "es Cc%anges Cconomi<uesA <u#on aurait pu



<uestionner ou du moins discerner @ partir de l#aic%age des priA ne sont pas plus $isiles <ue l#epansion coloniale a$ecla<uelle ils tentent de s#accorderA selon un C<uilire encore

prCcaire <u#il $aut mieu ne pas trop eposer- ,omme le noteun oser$ateurA l#asence du diamant aurait peut!Utre attCnuC lasplendeur de l#epositionA mais elle aurait pu laisser $oir sasigniication prati<ue D et moralenote D- Mais ni le nou$eautpe de traic a$ec l#Inde N prati<ue DO ni l#eploitation sans$ergogne des colonisCs NimmoraleO ne sont $isiles-

"a ourgeoisie n#a donc pasA comme le croaient Mar etngelsA sustituC une eploitation ou$erteA cni<ueA directe ettoute cruenote D @ l#eploitation $oilCe par les illusions

religieuses et politi<ues- .u contraireA elle reoule l#utilitCsociale et la rCalitC de l#Cc%ange par un spectacle dCconnectCdes processus modernesA <ui cou$e ien des contradictions- nl#asence de priA la marc%andise s#adresse au $isiteur danstoute sa sensualitCA dans son aura intouc%ale de nou$eautCsurgie l@ par magie- "#asence des $aleurs d#usage et d#Cc%angecorrespond @ celle de toute mCdiationA et l#oLet s#ore au

adaud dans toute son immCdiatetC-

Un spectacle indien

t $oici ce <ui arri$eA contre toute attente : la star del#position uni$erselle de 1W51A ce n#est pas l#.ngleterre et sarationalitCA mais l#)rient et ses antasmagories- Pour ,%arlotteBrontA tout se passe comme si les organisateurs anglais a$aientappelC des gCnies orientau D @ leur ser$ice :

Dn dirait que seule la magie pouvait rassembler cette masse derichesse des quatre coins de la terre V comme si non pasquelqu'un, mais des mains surnaturelles avaient pu arrangercela ainsi, avec un tel éclat, un tel contraste de couleurs, un

pouvoir au& effets si merveilleu&note

"oin d#eposer des oLets commodes et utilesA le ,rstal Palacemontre toutes les iKarreriesA un orc%estre d#animau empaillCs

par eempleA ou encore le cani de (odgers DA <uiA eposCdCploCA ressemle @ un paon- "es outils de production sonttransigurCs dans un uni$ers de consommation <ui ait l@ ses

premiers pas- Mais comme il est interdit de touc%er au oLetseposCsA on se limite @ une Louissance $isuelle- Il ne s#agit pas



d#une consommation immCdiate et eecti$eA en argentcomptantA mais d#une consommation pro$isionnelleA repoussCe@ plus tard- *#une crCation de dCsir d#ac%ats uturs-

Pour un autre oser$ateurA le palais de er et de $erre del#ingCnieur _osep% PatonA supposC reprCsenter la nou$elle ;reindustrielleA appartient plus @ un monde enc%antC <u#@ notregrossier monde matCriel D- Il est similaire @ la structure d#unenuit arae D oV les %ommes sont tous les ils des dieunote :

(e la musique résonnait dans la structure du transept (es fleurs odorantes et de gracieu& arbustes s'épanouissaient, etembaumaient divinement (es fontaines étincelaient et

miroitaient sous la lumi)re voilée du soleil =;@, des ob$ets detoutes les formes et couleurs imaginables, aussi loin que l'7il

pouvait voir, s'entremBlaient de mani)re éblouissante : soi&antemille fils et filles d'dam étaient présents ici qui passaient etrepassaient sans cesse, étourdis avec délicesnote

"a soriCtC protestante <ui soutient la rationalitC capitalistesemle attue en r;c%e dans l#espace de l#eposition- .lors <uenomre d#entrepreneurs de conession protestante participent

acti$ementA a$ec des C$U<ues et des pasteursA @ l#organisationde la maniestationA une croi gCante <ui C$o<ue un cruciis#Cl;$e au c>ur du ,rstal PalaceA cou$erte d#ornements desc;nes de la Bile : c#est la cour mCdiC$ale D de PuginA austle got%i<ue- Pour nomre d#acteurs importantsA la croi et lacour mCdiC$ale sont un scandale- "e Himes reRoit un lot delettres de protestants mCcontents- Mais l#idCe d#une nation

protestante reste encore contro$ersCe- MenCe par le prince.lertA l#aristocratie $eut igurer dans le nou$el ordreindustrielA a$ec sa $ieille est%Cti<ue c%rCtienne-

,es antasmagories contredisent la $ocation pCdagogi<ue etmoderniste du ,rstal Palace- "e discours sur le processus de

production se transorme en Cnigme de la crCationA la $CritCcommerciale de$ient poCsie mCdiC$ale et la rande!Bretagnednami<ue et progressiste s#eace derri;re un )rient $asteAimmoile et magnii<ue- "a antasmagorie transorme l#oLeten %iCroglp%e- ,ette dimension poCti<ue se distingue de toutesles signiications prCcCdentes : $aleur aecti$e ren$oant @

l#%istoire personnelle du possesseur Nun iLou de amille pareempleOA sens rituel inscrit dans la tradition Nune alliance ou



un mas<ueOA onction relati$e @ celle d#autres oLets Nun outilO-"#oLet ne ait signe <u#@ d#autres oLets placCs sur la mUmec%aXne %iCroglp%i<ue- Sa orme apparaXtA par une mise en sCrie

a$ec d#autres oLetsA dans un espace <ui n#est ni utilitaireA niCc%angisteA ni rituelA ni onctionnelA ni aectiA mais purementimaginaire-

PlutHt <ue d#apparaXtre sous la orme de son interc%angeailitC par son C<ui$alence arit%mCti<ue a$ec d#autres oLetsA l#oLeteposC se montre dans sa singularitC poCti<ueA dans sa <ualitCde signe ren$oant @ un sst;me smoli<ue transcendant ladoule rCalitC de l#usage et de l#Cc%ange- (ien ne doit rappelerla mani;re dont il eiste sur le marc%C lui!mUmeA au milieu des

autres produits aulCs de l#Cti<uette atale permettant de lescomparer- .ant rCprimC dans la conscienceA sui$ant le proc;sCtic%isteA la rCalitC des orces producti$esA le t%CJtre del#eposition rCprime aussi celle de la $aleur d#Cc%ange- Il est

purement magi<ueA surnaturel et sacrCA C$o<uant les tetessaints non Ccrits de ci$ilisations englouties-

)ustiications discursives

"#est%Cti<ue intCrieure du ,rstal Palace n#incarne pas letriomp%e de la rationalitC protestante et capitaliste anglaise demani;re aussi transparente <ue son Jtiment- lle est plutHtcomme un rideau opa<ue de$ant les contradictions del#Cpo<ue : contradictions entre logi<ue accumulatrice et logi<ueterritoriale du capitalA entre le nou$eau monde protestant etl#ancien monde cat%oli<ue ou %indouA entre capital et tra$ail-"es antasmagories mUlent des ClCments de c%acun de cesmondes @ un ni$eau est%Cti<ue rCconciliateur-

Pour de nomreu .nglaisA ce c%aos est in$raisemlale et $acontre l#oLecti Cducati premier- Ils dC$alorisent les oLets desmanuactures anglaisesA <ui semlent pJles @ cHtC des oLets %indous D- "es organisateurs $ont dC$elopper des trCsors de

Lustiications @ destination de leurs dCtracteurs- Q%eellepli<ue <ue cette Lutaposition illustre non pas la pau$retC del#.ngleterreA mais sa supCrioritC sur le despotisme oriental-.lors <ueA en IndeA des millions de mains pau$res s#Cpuisent

pour les oLets splendides d#un seul tranA en .ngleterreA les

millions de doigts D en mCtal des mac%ines ournissent desoLets utiles @ la maLoritC- "#industrie occidentale apporte le



nCcessaire @ tous et Cpargne une peine inutile autra$ailleursnote- Pour ce Hory tr;s croantA les doigtsmCtalli<ues epriment la main de *ieu <ui a dCcidC des

prCdestinationsA dont les protestants c%erc%ent les signes autra$ailnote-

.insiA l#eposition dCli$re une morale <ue certains $oudraient peut!Utre t%Cologi<ueA c%erc%ant @ sortir de la contiguYtCtainomi<ue de Plaair par l#inter$ention di$ineA mais <ui peutaussi ien Utre sCcularisCe dans un sens C$olutionniste- *ans untete pCdagogi<ue pour enants intitulC "es $acances du petitenr @ la rande position DA le p;re rCr;ne ainsil#ent%ousiasme de son ils de$ant les parures orientales :

!'Drient est le pays du despotisme, l6 o4 le pouvoir appartientau riche souverain Dn a ainsi constaté que pour les robes

splendides, bi$ou& et armures, et tout ce qui appartient auriche, les nations orientales surpassent les Furopéens mais

pour le confort commun V dans les biens dont toutes lesclasses ont besoin V elles ne valent pas les nations plusciviliséesnote

*e mUmeA pour un autre oser$ateurA la 'unisie epose certesde magnii<ues roes incrustCes d#argentA des selles de $eloursrecou$ertes de lacets d#orA des parums eni$rants et desessences enc%anteressesA mais tout cela n#est destinC <u#aumemres de la amille roale- "es outils de la pau$re

pasannerie DA euA ram;nent le spectateur @ l#Cpo<ue de la plus somre ararienote D- "a 'ur<uie et la ,%ine tCmoignentdu mUme contraste entre des oLets magnii<ues destinCs au

puissants et des oLets rustesA incommodes et ineicaces pourla maLoritC ] les produits c%inois CtantA en susA soporii<uesDA allusion @ l#Ctat dit stationnaire DA igC dans le tempsA du

pas- ninA dans les pas cat%oli<ues du sudA le lue des oLetssurpasse certes ceu de l#.ngleterreA mais ceu!ci sont destinCs@ une minoritC d#aristocratesnote- "a France peut produireseulement de eau oLets T elle peut tra$ailler seulement pourles ric%esnote DA remar<ue un magaKine populaire- contrarioAsur le sol anglaisA on produit la meilleure <ualitC pour le plusgrand nomre : "#.ngleterreA pas de l#aristocratieA produit de

onnes c%oses pour le peuple seulA pendant <ue la FranceA pas

des dCmocratesA tra$aille seulement pour l#aristocratienote- D





l#tat!nation se rCsol$e D dans l#espace d#une eposition- 8l#position uni$erselle de Paris de 1W67A le Jtiment principalest o$aleA et non cruciorme- FrCdCric "e PlaA un

poltec%nicien conser$ateurA ingCnieurA Cconomiste et auteurd#une monograp%ie sur les ou$riers europCensA en est l#auteur-MandatC par apolCon IIIA il est le premier commissaire d#uneeposition @ aire ce <ui de$iendra ensuite la r;gle : $iser lescouc%es populairesA et non les classes moennes et supCrieures-Il en $a de l# ClC$ation morale D des tra$ailleurs- Sept galeriesconcentri<ues @ la %auteur croissante %Cergent autant de tpesde produits similaires de tous les pasA selon la classiication dePlaair de$enue le standard de toutes les epositionsA a$ec<uel<ues nuances- *e la pCrip%Crie $ers le centreA on a$ancedans le processus de production : aliments T outils et mac%inesNde l#etraction @ la arication et au transportsA en passant parla c%asse et la pUc%eO T mati;res premi;res Netraites par lesoutils prCcCdentsO T $Utements T moilier T art appli<uC T eau!artsnote- Mais des raons di$isent les cercles en autant de partsde romage <ui orment l#espace allouC pour c%a<ue pas- *ansl#ordre : rande!BretagneA FranceA .llemagneA spagneA r;ceAItalieA 'ur<uieA gpteA ,%ineA BrCsil Nentre autresO- "#Inden#apparaXt plusA digCrCe D par un empire comme les autres

colonies-

Selon ce sst;me prC$u pour l#position de "ondres en 1W62mais non rCalisC alorsA le $isiteur peut parcourir un raon etsui$re ainsi le processus de production dans un ou deu pasAou sui$re un cercle et comparer plusieurs pas au mUme stadede production d#un oLet- *ans un sensA il suit le triomp%e du

processus industrielA dans l#autreA l#Cc%elle impCrialiste du progr;s- ,ristallisCe dans l#espaceA la r%Ctori<ue du progr;s sert

de c%aXnon entre le discours sur les Ctapes de production etcelui sur l#inCgalitC des racesA <ui lCgitime les prati<uesimpCrialistes- n 1W76A l#position de P%iladelp%ie inaugureune partition raciale sou$ent reprise par la suite : "atinsA'eutoni<uesA .nglo!SaonsA .mCricains et )rientau- ,elle!cidCnie tout espace au populations noires ou aorig;nes desterritoires con<uisA reprCsentCes par leurs colonisateursA

pendant <ue les populations orientales occupent une positionintermCdiaire de grandes ci$ilisations stationnaires <u#il aut

pousser au dC$eloppement-



"#occupation des sols du ,rstal Palace resteA elleA encorec%aoti<ueA mUlant logi<ue uni$ersaliste du capitalA logi<uenationale des empiresA isolant un stand national ici ou l@A et

interrompant la $isiilitC du processus de production dans sonespace CclatC- "#IndeA pourtant en as D de l#Cc%elle du progr;sA se trou$e au cHtCs de l#.ngleterreA comme sa dCpendance D- ,ette colonie pri$ilCgiCeA ancienne maislorissanteA ournit une image idCale du passC : distincte dessociCtCs Cgptienne et assrienne <ui se prCsentent sous ormede ruinesA l#Inde resteA dans l#Cc%elle du progr;s des .nglaisA

ien au!dessus des colonies aorig;nes D de l#.ri<ue del#)uest ou de ,elanA <ui ne peu$ent ournir <ue des mati;res

premi;res ou des accoutrements olGlori<ues- "#image <uel#Inde donne d#elle!mUme nous ram;ne au Lour oV elle Ctaitlire et puissantenote D- ,omme l#.ngleterre $eut se $oir alors-

.lors <ueA dans les passages des annCes 1W20A le capital aisaitappel au images irCni<ues de l#.nti<uitC grec<ue ou romaine

pour oulier le passC rCcentA au ,rstal PalaceA il ressuscite lesci$ilisations CgptienneA mCsopotamienne mais surtoutindienne pour se montrer lire D et puissant D- Par leurgrandeurA il montre la sienne propreA <u#il prCtend atteindre

a$ec des moens industriels- "es antasmagories du capitalA enin$estissant le $ide de sens laissC par l#oLet lors<u#il acc;de austatut de marc%andiseA crCent un espace lumineu de proLectionoV l#empire peut se reconnaXtre et d#oV disparaXt touttraumatisme social : complCtant la domination Cconomi<ueA lalutte pour l#%CgCmonie politi<ue est aussi une tentati$e desurdCtermination de l#espace $ide par la luuriance d#unimaginaire tissC de ragments de ci$ilisations en train demourir-

)ustiications visuelles

"#asence des pri laisse lire cours @ l#imagination de$ant lesmer$eilles de l#artisanat indien <ui orme un cadre magnii<ue

pour les produits grossiers des manuactures anglaises-"#industrie moderne et le passC oriental se mUlent dans la $isionde rU$e d#un utur mer$eilleu- Splendeur du secteur indienA lediamant indien 9o%inoor est placC au centre du transeptA dansune ClCgante cage en onte <ui ressemle @ une couronne- "es

rCactions des $isiteurs anglais sont Cdiiantes :



nde, le pays glorieu& et rayonnant, splendide et magnifique nde, le pri& d'or disputé par le&andre de $adis, et connuau$ourd'hui comme le bi$ou le plus brillant dans la couronne

de <ictoria nde, la romantique, l'ardente, pays onirique du soleil levant nde, la lointaine, l'étrange, la merveilleuse,l'originale, la vraie, la brave, la conquise nde, avec quellenoblesse elle se montre dans le +alais dévoué au& produitsindustriels du monde entier note T

"e iLouA eml;me de la domination et de la prospCritC du sous!continent pendant cin< mille ans de pillages et de rapinesA a CtCrepris de orce @ un ma%araLa% lors de l#anneion en 1W^- Ilappartient dCsormais @ la reine- "#Inde irradie parce <u#elle est

le Loau sur la couronne D anglaise- lle n#est elle <ue dansson asser$issement au logi<ues territoriales de l#mpireanglaisA <ui rappelle plus le pou$oir opa<ue et $iolent d#unrCgime monarc%i<ue <ue l#Cc%ange commercial ou la $aleurd#usage tels <ue les %onore oiciellement le ,rstal Palace-

"e 9o%inoor participe ainsi de la construction culturelle du pou$oir impCrialA et relie $isuellement la logi<ueinternationaliste de la rationalitC du mode de production et

d#Cc%ange et les $isCes impCrialistes ondCes sur une conceptionet%nocentri<ue du progr;s- "e $isiteur anglais est en passe deconsommer le spectacle de ce Loau dCsormais au mains deson pasA produit sorti de la premi;re ari<ue dClocalisCe-"#Inde $asteA immoile et magnii<ueA corps d#une altCritCirrCductileA $oire menaRanteA se trou$e ainsi appri$oisCe sans

perdre tout @ ait sa gloire : cette derni;re est transCrCe @ sonnou$eau maXtre insulaireA moile et %istori<ue-

3ausses synth.ses

"es Lustiications discursi$es et topograp%i<ues orientent le$isile dans le sens d#une rCsolution des tensions Cconomi<ueset sociales- "es contradictions latentes se rCsol$ent dans unesnt%;se igurati$e- .rt%ur "amA un pro$incial <uiapprC%endait les dangers du monde etCrieurA Ccrit @ sa emmeapr;s sa $isite du ,rstal Palace : _#ai $u le monde- "erCsultat est celui!l@ : L#aime le mondeA et tout est l@note- D "amrapporte un sou$enir @ sa elle <ui rCsume sa rCconciliation

a$ec le monde : une reproduction miniature du 9o%inoor-



n C$idant les marc%andises de leur $aleur d#usageA puis de leur priA les organisateurs de l#position de 1W51 redonnent leursdroits @ l#CtrangetC de l#oLet : c%argC d#un esprit mstCrieuA

celui!ci peut dCsormais $C%iculer toutes les signiicationsA tousles sentiments- *CnudCA il reprCsente une altCritC <ui lui est propre- ,et espace $ide pourrait engendrer une reconnaissancede son altCritCA dans le sens d#un animisme aut%enti<ue :comme le sa$ent les ant%ropologues depuis dCL@ un certaintempsA lesdits primitis D n#attriuent pas une Jme %umaineau oLets naturelsA mais reconnaissent dans la nature <uel<uec%ose d#irrCductileA <u#ils nomment mana D Nun truc DindCinissaleA comme on dit d#une personne <u#elle a un trucDO- *e mani;re similaireA les organisateurs de l#epositionlaissent poindre une CtrangetC dans l#oLet <u#ils ont C$idC detoute signiication sociale ou Cconomi<ue- ,ette altCritCmenaRante doit Utre aussitHt ressaisieA recou$erte dans unnou$eau rCcit : celui <ui $ise @ ramener la non!identitC @l#identitCA @ intCgrer la diCrence dans la construction impCriale-

,#est donc celaA la antasmagorie <ue Mar a pressentie sur la piste du Ctic%isme : dClestC de sa signiication Cconomi<ueNCc%angeO et sociale NusageOA l#oLet eposC attire @ lui une

altCritC irrCductile de la nature NmanaOA celle!l@ mUme <uionde le sentiment religieu- "es antasmagories du marc%Credoulent la scission ondamentale du Ctic%isme : d#une partAace @ la rCalitCA le suLet doit renoncer @ son antasme N _e n#crois pas DO T d#autre partA son dCsir inconscient le conduit @ nier l#C$idence par un smptHme per$ers ain d#assumer l#angoisse<u#elle produit en lui N _#agis comme si L# croais DOnote- "e$isiteur du ,rstal Palace se prend au mUme Leu <ue Madamedu *eand ou les spectateurs des antasmagories de (oertsonA

le Leu Ctic%iste du _e sais ien <ue cet oLet $aut par sonusage ou son Cc%angeA mais <uand mUmeA il est c%argC d#unecertaine magie D- .u lieu d#Utre reconnue en tant <ue telle etrespectCe dans son mst;reA cette altCritC orme la pierre detouc%e d#une construction smoli<ue sur l#origine et le sens dugroupe socialA comme un rCcit mt%i<ue- "#altCritC se trou$erecou$erte par toutes sortes de rCcits collectis <ui $isent @calmer l#angoisse de$ant l#CtrangetCA et @ mettre sa magie au

CnCice des nou$eau empires europCens-

PourtantA l#in<uiCtant continue de planer- Il se retrou$e c%eK les



Ccri$ains- *ans Nousehold "ordsA un collaorateur de *icGens prCnommC orne pulie une nou$elle sur le 9o%inoor- +nCcri$ain du mUme LournalA QilGie ,ollinsA reprend ce t%;me

dans un roman intitulC !a +ierre de lune- "e iLou arri$ed#.ngleterre @ la suite d#une $iolente anneion impCriale <uiait des milliers de morts :

Ft voil6 notre tranquille maison anglaise soudainementenvahie par un diamant indien démoniaque V apportant aveclui les conspirations de voyous bien vivants, et l3chant surnous la vengeance d'un homme mort note;

n eetA des milliers de morts crient $engeanceA de e *el%i

@ Manc%esterA et c#est leur spectre <ue les antasmagories ducapital c%erc%ent @ conLurer-

=e corps des opprimés

"e processus moderne de rCduction de l#altCritC irrCductile del#)rient ne suit pasA et l#CtrangetC de l#autre est touLours prUte @sauter @ la igure du spectateur- .u ,rstal PalaceA les centcin<uante mod;les et%nograp%i<ues D <ui reprCsentent autant

de mCtiers indiens sont par eemple insupportales au eaumonde de "ondres- ,ertains s#eraient de$ant ce <ui ressemle@ un rCgiment ignole de mendiants amCli<uesA aamCsA @moitiC nusA ou a$ec de maigres andes de coton grossierentortillCes autour de leurs memres dCc%arnCs D- *#autresde$iennent malades au spectacle de ces corps dCigurCsnote D-

*e$ant ces rCactions %orriiCesA on ne peut s#empUc%er de penser @ la condition des ou$riers anglaisA <ui ne $i$ent pas

$raiment dans le on%eur matCriel <ue les idCologues del#eposition opposent au mis;res des conditions orientales-ngels $oit dans les rues de "ondres des spectres li$idesAlongs et maigresA @ la poitrine Ctroite et au eu ca$es DAlan<uCs de $isages las<uesA c%CtisA incapales de lamoindre Cnergienote D- P%tisi<uesA tp%i<uesA scarlatineuA

LaunesA iC$reuA scrouleuA malades du poumonA mal nourris :les ou$riers meurent de ce <u#on les aame dans des ca%utesinsaluresA oV l#air est irrespiraleA et les immondices

pourrissent dans la rue- "ors<u#ils rCc%appent au accidents etau maladiesA les tra$ailleurs $i$ent ossus et rac%iti<uesA les



Lames dCormCes et les memres atrop%iCs- "es corps dCigurCs D des Indiens ne rappellent!ils donc pas le corpsmutilC de l#ou$rier anglais ` Il s#agit d#%ommes <ui suissent la

mUme oppressionA une oppression <ui s#uni$ersalise- "ec%artistenote rnest _ones ait le lien lors<ueA en 1W57A ildCend sans condition les mutineries des ,ipaesA premi;regrande rC$olte indienne contre l#occupation ritanni<ueA <u#ilreconnaXt ] contre tout sentiment nationaliste ] au mUme titre<ue les rC$olutions polonaise et %ongroise-

n 1W51A ne $oulait!on pas laisser ce corps angeu de l#ou$rier @ la porte du ,rstal Palace ` "ors<ue _osep% Paton puliedans le Himes un appel @ laisser l#entrCe lire pour tous les

ou$riers d#.ngleterreA les organisateurs sont Cpou$antCs- "ordran$illeA de la commission roaleA note <u# il allaits#attendre @ une telle stupiditC de la part d#un self-made man DAet montre le mCpris rCel de la pl;e derri;re les oraisonsoicielles- Mais la commission roale a$ait anticipC lasituationA et nCgociC un Cditorial <ui prou$ait l#impraticailitCde la c%oseA puis des lettres d# ou$riers D scandalisCs par l#idCede Paton-

Pas d#entrCe gratuite pour les ou$riers donc- "e 1er

maiA Lour del#ou$ertureA le ,rstal Palace est mUme ermC au pulic- Seuls<uel<ues pri$ilCgiCs proc%es de la courA industriels en $ue et

ourgeois <ui peu$ent s#orir un orait @ la semaine entrent-"es premiers Lours ne sont accessiles <u#@ ceu <ui paent untel orait- Pendant trois semainesA le illet simple demeure %orsde pri pour un simple ou$rier- Il C<ui$aut @ son loer-iennentA tout de mUmeA les shilling daysA LournCesspCcialement prC$ues pour les re$enus les plus modestes- "es

ourgeois sont %orriiCs : sans $ergogneA des emmes crasseuses D dCcou$rent leur sein pour leurs petits au pied desgracieuses statues de la ne principale- )% ,omme

L#aimerais a$oir le pou$oir de pCtriier le $i$antA et d#animer lemarrenote DA se dCsole un nanti- Ses pairs auront tHt aitd#C$iter cette co%ue de gens LugCs $ulgairesA ignorantsAcampagnards D- "e Palais censC rassemler l#%umanitC rCp;teA

par le pri du illetA la sCgrCgation sociale <ue l#on retrou$edans la di$ision des compartiments de train entre premi;reAdeui;me et troisi;me classes-

Mais le spectacle de ces ou$riers crasseu ne saurait durer- ,ar



la commission a puliC des roc%ures <ui leur sont adressCes-lles epli<uent comment il con$ient de se comporter pour

pCnCtrer ce lieu sacrC- lles insistent sur la nCcessitC de se

dCarrasser de l#%ait de tra$ailA en partie au prCtete de ne passalir les oLets eposCsA mais aussi pour ne pas Utre distrait des plaisirs du spectacle :

<oici un visiteur d'un nouveau genre la mécanique a décidéde lui accorder quelques heures de vacances et de loisirs lquitte la L boutique crasseuse , l'établi salissant puis, revBtude son habit du samedi soir, il se présente devant nous, ob$etdigne et honorablenote

"ors<u#ils arri$ent par le train Nen troisi;me classeOA les ou$riersde pro$ince ou de l#Ctranger sont reRus par des guidesspCcialement mandatCs- ,eu!ci les retiennent de se aireentraXner dans ces centaines d#amusements <ui pourraient tenter l#Ctranger @ "ondresA calculCs pour eciter plus <ue pouramCliorerA pour a$ilir au lieu d#Cle$er note D- "e on ou$rier estl#ou$rier propreA respectale et soucieu d#instruction : unou$rier <ui dissimule sa condition d#ou$rier T en sommeA un

ourgeois- on seulement l#ou$rier $isiteur ne doit pas gJc%er

le spectacleA mais il aut <u#il participe- "e ,rstal Palacecomprend des alcons Cle$Cs d#oV l#on peut oser$er les%ommes <ui dCilent au milieu des marc%andises- oir unou$rier sale tCmoignerait de la mis;re des conditions de tra$ail<ue prCcisCment l#agencement des produits reoule- Mieu $autdonc un suLet %onoraleA <ui anolit le monde du tra$ail D icimagniiC-

Il aut donc tenter de discipliner l#ou$rierA mais cela ne $a passans <uel<ue Cgard pour sa condition misCraleA @ la<uelle lescommunistes ne doi$ent pas Utre les seuls @ s#intCresser- "e

prince .lert note <ue le dCmon dCmocrati<ue et social Dris<ue de prendre un peuple <ui a de <uoi Utre mCcontent de larCpartition inCgalitaire de la propriCtC- Pour arrer la route auradicauA il c%erc%e @ encourager les liCrau modCrCs sur la$oie de la p%ilant%ropie- Il aut trou$er les moens non pas

pour diminuer les riches Ncomme le $eulent les communistesOAmais pour crCer des inrastructures destinCes au pau$resnote D-"e prince propose ainsi des maisons ou$ri;res @ l#epositionA

<ui engendreA d#apr;s la roc%ureA moralitC D et dCcencenoteD c%eK les classes populaires- MalgrC cette tentati$e d#ClC$ation



moraleA ces maisons ou$ri;res ne sont pas eposCes @ l#intCrieur du JtimentA mais reoulCes de%orsA tout comme la commissiondes tra$ailleurs a$ait CtC eclue par la commission roale-

"a peur de la ourgeoisie $is!@!$is des tra$ailleurs se retrou$edans les centaines de lettres adressCes au comitC d#organisationou au minist;re de l#IntCrieur- "e ,rstal Palace ris<ue dede$enir une Bael moderne DA comme lors<ue le to%u!o%uc%artiste D du 10 a$ril 1W^W poussa les citoens @ out eteraa "ondres D- 8 cette dateA un appel des c%artistes a$aitait $enir des milliers de personnes @ de ParGA menaRant dese soule$er- Il aut doncA comme en 1W^WA con$enir d#un sonde cloc%e en guise de signal pour C$acuer les omnius des ruesA

pour <u#on ne les utilise pas comme des arricades D- Il autaussi sur$eiller les Ctrangers <ui pourraient proiter du terrainneutre D du ,rstal Palace pour comploter note- )u encoreAdans une lettre dont la ponctuation C$o<ue les pamp%lets

protectionnistes de l#Cpo<ue :

Malheur 6 l'ngleterre l parat que les socialistes franEaisarrivent 6 l'F&position TTTT Hout ira bien si !ondres n'est pasdétruit par le feunote TTTT

n 1W^WA "ondres %Cerge de nomreuses maniestationsou$ri;res pour soutenir les rC$olutions portugaiseA polonaiseA%ongroise et ranRaiseA le 8isorgimento italien et s#Cle$er contrela guerre de ,rimCe- lle accueille nomre de rCugiCs

politi<ues de toute l#urope- n 1W50A ien <ue moins oensiAle c%artisme paraXt touLours menaRant- _ulian arne Ccrit dans

!'mi du peuple <ue le ,rstal Palace rassemle un utinetor<uC au peuples de tous les pas par les %ommes du sangAdu pri$il;ge et du capital $enus eulter sur la prostration dutra$ailnote D- "a mUme annCeA les ou$riers d#une rasserietentent de lnc%er le massacreur des camarades italiens et%ongroisA le gCnCral autric%ien anau- Si celui <u#onsurnomme la ;ne de Brescia D n# perd <ue sa moustac%eAl#anecdote circule dans les milieu ou$riers europCensA <uitrin<uent @ la mCmoire de leurs coll;gues londoniens- n 1W51Ales autoritCs craignent <ue "ouis BlancA MaKKini et le Prussien rouge sanguin D Fre$eiler soient @ "ondresnote- Pour Mar etngelsA l#eposition est annoncCe a$ec le sang!roid le plus

impressionnantA @ une Cpo<ue oV le continent entier rU$e encorede la rC$olutionnote D- 1W^W est en eet la date <ui se dessine



derri;re 1W51- Mar et ngels $oient ien le spectre ducommunisme <ue c%erc%ent @ contenir les antasmagories ducapital :

Fn mettant en sc)ne la masse globale des forces productives del'industrie moderne dans un petit espace concentré

précisément 6 une époque o4 les relations modernesbourgeoises sont ébranlées de tous c9tés, elle met aussi au $our le matériau qui a été engendré dans ces conditionstumultueuses pour la construction d'une nouvelle société, etqui continue de l'Btre $our apr)s $our note

"ittCralementA le matCriau DA c#est le er T mCtap%ori<uementA

c#est le prolCtariat- "#un et l#autre participent des orces producti$es dont la ourgeoisie organise les rapports de productionA mais l#eposition les rend in$isilesA les est%Ctiseou les reoule- "e er est transigurC par les ormes millCnairesAles tissus indiensA l#arc en oisA et orme une sc;ne pour le9o%inoor et d#autres oLets antasti<ues ou iKarresA sans intCrUtutilitaire ou Cc%angiste- *ans la reprCsentation du processus de

productionA les ou$riers sont transigurCs en artisanstraditionnels ou en tec%niciens in$entis Nce <ui les rapproc%e

plutHt des ingCnieursOA reoulCs lors<u#ils ressemlent @ cescorps indiens mutilCs par leur tra$ail- "eurs re$endicationsrelaCes par une commission n#ont pas droit de citCA et ce <uirappelle leur condition misCrale Nles logements ou$riersO doitrester de%ors- n tant <ue pulicA ils doi$entA les <uel<ues LoursoV le pri du illet leur est accessileA laisser leur %ait detra$ail @ l#entrCeA re$Utir le costume endimanc%C du ourgeois%onorale et ne pas touc%er au oLets eposCs-

=a tradition des vaincus

n 1W50A Mar et ngels s#attendent @ ce <ue le ,rstal Palaceconsacre le triomp%e de la rationalitC ourgeoiseA la productiond#oLets manuacturCsA utiles et onctionnelsA et le pri desmarc%andises <ui aciliteA par!del@ les spCciicitCs locales et les

arri;res nationalesA les Cc%anges mondiau- PourtantA ce <uiarri$e est plus mstCrieu et manieste une spectralitC ducapital <ui intriguera Mar Lus<u#@ sa mort- Mais un autrespectre lui ait aceA celui du communisme :

!a bourgeoisie cél)bre sa plus grande fBte au moment o4



l'effondrement de sa vaste domination est imminent, uneffondrement qui montrera avec plus de vigueur que $amaiscomment les forces qu'elle a engendrées sont sorties de sa

tutelle (ans une e&position future, les bourgeois ne figureront peut-Btre pas comme les propriétaires de ces forces productives, mais seulement comme leurs cicéronesnote

Mar et ngels c;dent l@ @ un certain penc%ant prop%Cti<ue-,es Lournalistes engagCs sont pris dans la lutteA leur pronosticest c%argC d#une $aleur autorCalisatrice- *e plusA ils ne peu$ent

pas de$iner le potentiel d#epansion du capitalA <ui $it certesdes crises de suraccumulationA mais par$iendra @ les rCsoudre

par un in$estissement dans le temps Ndans les inrastructuresA

l#CpargneA etc-OA mais surtout dans l#espace Npar les coloniesA$oire d#autres moens militairesO ] une logi<ue $isileA ien<ue crptCeA au ,rstal Palace- Ils participent @ une traditiondes $aincus dont le Uorthern Star de arneA l#ami de Mar etd#ngels <uiA en 1W50A pulie la traduction anglaise du

Manifeste du +arti communistenoteA se ait le porte!$oi- +n deses rCdacteurs ] proalement eorge FlemingA <ui reprendles utopies parall;les @ Fourier d#un )en ] rU$e del#eposition uture des tra$ailleurs :

Uous pouvons imaginer un spectacle mondial similairecomposé des mBmes matériau&, mais visant un tout autreob$ectif, o4 le travail viendra fi)rement en masse, comme pourun grand carnaval, et inaugurera une nouvelle )re Si l'onn'affirmait pas que cette merveilleuse collection de talents etd'industrie visait 6 stimuler la compétition, mais que l'onétablissait les moyens actuels de l'ordonnancement du monde

pour produire des richesses de toutes sortes et promouvoir un

syst)me régulé de distribution qui assurerait 6 chaque nationune participation pleine et $uste 6 l'agrégation de richesseainsi produite, tout cela serait bien différent note

Peu apr;s 1W51A des ou$riers $eulent organiser cette epositionAl#position industrielle de "ondres ordA oV ils ne seront pasreprCsentCs par des capitalistes <ui leur $olent gloire et%onneursA mais par eu!mUmesnote- "a prop%Ctie de Mar etngels n#est donc pas anac%roni<ueA mais en p%ase a$ec lemou$ement ou$rier du continent- n 1W36 dCL@A le manieste de

la "ondon QorGing#s Men .ssociation NpuliC par les dirigeantsc%artistes pour les ou$riers elgesO a$ait eu un certain



retentissement parmi les ou$riers europCens- Il criti<uait lessst;mes d#oppression et appelait @ l#amitiC raternelle entre lesclasses ou$ri;res par!del@ les nationsnote- n 1W^2A les saint!

simoniens du Lournal ou$rier !'telier demandaient auc%artistes anglais : +nissons!nous donc Ctroitement pour <uetous ceu <ui sourent ici!as esp;rent la in de leurs mauA enin$o<uant l#Cternelle alliance des ou$riers de France etd#.ngleterrenote- D n 1W^3A la socialiste Flora 'ristanA <ui aoser$CA a$ant ngelsA les luttes des classes dans l#.ngleterreindustrielle Ndans ses +romenades dans !ondres de 1W^0OAlanRait elle aussi un appel : otre action @ $ousA Z c#estl#+nion uni$erselle des ou$riers et des ou$ri;resnote- D tA en1W^6A dans le Uorthern Star A arne appelait les tra$ailleurs detous les pas @ s#allier en $ue de l#Cmancipation de l#%umanitC-

n 1W51A un Lournal ou$rierA le 8eynold's Uespaper A protestecontre l#alliance de la commission roale et des grandsindustriels <ui ont conis<uC l#eposition au tra$ailleurs :

!es événements de cette année ont fait la démonstration aupr)sdes classes ouvri)res que ni les couches supérieures ni lescouches moyennes n'inclinent 6 l'élévation de la position

sociale de leurs inférieurs !es milliers et di%aines de milliersde travailleurs, mécaniciens et ouvriers qui accomplissentloyalement et honnBtement leur devoir vis-6-vis de la sociéténe sont considérés, en retour, que comme des machineshumaines dans les mains de tyrans héritiers pour produire lenécessaire et le lu&ueu&, et dans celles de capitalistes poura$outer 6 leur accumulation de richesses ('o4 que la société

soit aussi hors de ses gondsnote

PourtantA en 1W51A les conditions ne sont pas rCunies pourl#union des ou$riers- *epuis le printemps des peuples de 1W^WAle mou$ement ou$rier n#a ni la co%Crence ni le pou$oir des#organiser collecti$ement- n .ngleterreA une %ausse de salaireet une amClioration des conditions de tra$ail pour les ou$riersd#usine pri$ilCgiCs Nle %aut du panierOA la splendeur rassurantedu pou$oir impCrial Nau inances stailisCes grJce @l#position uni$erselleO et les liertCs ci$i<ues associCes @ un%Critage national plus ancien <ue les droits du propriCtaire oudu capitaliste calment les ardeurs rC$olutionnaires- tA au

,rstal PalaceA comme le sou%aitent les organisateursA leseorts pCdagogi<ues des eposants et le sst;me scientii<ue



de classiication ont tout de mUme un certain eet moral D sur la ouleA poussCe au respect de l#autoritC et @ la iertC nationaleAmomentanCment dCsolidarisCe de l#Internationale des

tra$ailleurs- "#eposition pousse @ la contemplationA non @l#actionA et les ou$riers atomisCs par la commission roale ne peu$ent se rCunir pour regrouper leurs re$endications-

Mais des organisations politi<ues comme celles de arne prCparent le terrain pour l#.ssociation internationale destra$ailleurs- Ironi<uementA c#est l#position uni$erselle de"ondres <uiA en 1W62A ournit les ases de ce regroupement-,#est l@ <ue la ourgeoisie met au Lour le matCriau engendrCdans des conditions tumultueusesA dont parlait Mar @ propos

du ,rstal Palace : le prolCtariat- *ans l#espoir de les gagner @la cause napolConienne et @ la grandeur de l#industrieA apolConIII met en eet deu cents ou$riers dans le train pour "ondres-Mais ce sont les militants des trade unions et les ou$riersanglais <ui les attendent sur le <uai d#arri$Ce- "es tra$ailleursanglais ont un accueil ent%ousiaste au FranRaisA ettransorment l#ode au capital en Ute des tra$ailleurs :

!e grand banquet de cl9ture de l'e&position acheva ce

qu'avaient si bien commencé les visites dans les ateliers on s'y donna l'accolade fraternelle, on but 6 la ronde dans leshanaps corporatifs enfin, des toasts furent portés 6 l'alliance

future entre les travailleurs du mondenote

enri!"ouis 'olainA ciseleur en ronKeA s#engage alors pourcrCer un comitC de liaison- "e 2W septemre 1W6Â lors duameu meeting de Saint Martin#s allA le re$oil@ sur le sollondonien @ tenir ce discours au camarades rCunis :

Hravailleurs de tous les pays qui voule% Btre libres, 6 votre tour d'avoir des congr)s C'est le peuple qui vient enfin sur la sc)ne,ayant conscience de sa force, et se dressant en face de latyrannie, dans l'ordre politique, en face du monopole du

privil)ge, dans l'ordre économique =;@ l faut nous unir,travailleurs de tous pays, pour opposer une barri)reinfranchissable 6 un syst)me funeste qui diviserait l'humanitéen deu& classes, une pl)be ignorante et famélique et desmandarins pléthoriques et ventrus Sauvons-nous par la

solidariténote T



)n dCcide de onder un conseil central @ "ondres- *ans le pulicA au cHtCs d#un tailleur allemand nommC ccariusA unspectateur silencieu au rHle mineurA <uiA Clu secrCtaire

permanent pour l#.llemagneA $a touteois s#atteler @ la tJc%e derCdiger les statuts : 9arl Mar- ,omme ce dernier l#CcriraensuiteA l#.ssociation internationale des tra$ailleurs <ui naXtalors n#est ille ni d#une secte ni d#une t%CorieA mais le produitspontanC du mou$ement prolCtaireA engendrC lui!mUme par lestendances naturelles et irrCpressiles de la sociCtC moderne D- Ilen est le spectateur silencieu ] actiA @ l#occasion-

"es orces producti$es nCes dans le tumulte des usines Ctaientdonc ien concentrCes au ,rstal Palace- )nKe ans apr;sA elles

se sont organisCes- t comptent ien rCaliser le rU$e derCconciliation <ue les positions uni$erselles n#ont pas tenu-

(=8NUI &8NS ,8RIS 48USSM8NNIS9

Xrbs renovata ] Paris assainiA emelliA agrandinote- D

Banderole pour l#inauguration du oule$ard Males%eresA 1W61

Bonaparte a$ait promis gloire et prospCritCA la prospCritC )uiA il dC$ore @ lui seul ^00 millionsA 25 millions par anA 70000 rancs par Lour- Il a ga$C d#or ses mamelouGsA les agioteursAles cocottesA les prUtresA les petits cre$Cs- Il $ous reste @ $ousA

pour $ous mettre sous la dentA les plJtras des dCmolitionsnote- D

.uguste Blan<ui

Mau$aises nou$elles de Montmartre- 'roupes ont reusCd#agir- ButteA canonsA prisonniers repris par les insurgCsnote- D

'ClCgramme de la police au gou$ernementA 1W mars 1W71

.u milieu du Ie si;cleA Paris est en proie @ de grandsc%angements- "a population s#accroXt tr;s $iteA les c%emins deer dCcuplent l#intensitC du traic intCrieurA les rues sont touLours

plus emouteillCes- .lors <u#il n#est pas encore empereurA"ouis!apolCon Bonaparte mCdite sur un plan de Paris- Il trace



des lignes de diCrentes couleurs : autant de $oies @ percer pour relier les nou$eau n>uds de circulationA dCgager desimmeules et C$entrer les $ieu taudis au elu$es

rC$olutionnaires- n 1W51A le plan est arrUtCA comme entCmoigne ,%arles MerruauA alors secrCtaire gCnCral de la prCecture de la Seine :

ucune tBte de chemin de fer 6 desservir, aucun monument 6dégager, aucun foyer de la force publique 6 faire rayonner,aucune forteresse de l'émeute 6 ouvrir, aucune grande

promenade 6 rapprocher du centre, aucun quartier 6 relier aureste de la ville ne se trouvent délaissésnote

ommC le 22 Luin 1W53 @ la tUte de la mUme prCectureAeorges!ug;ne aussmann est l#instrument d#un tel

proLetnote- Il lui ait suir nomre d#inleions- SurtoutA il metla ureaucratie impCriale et le capitalisme ancaire @ sonser$ice- Ses trois rCseaunote DA <ui C$o<uent la conneion encircuit de diCrentes $oies routi;resA d#eau et d#CgoutsAdCsignent en ait trois ensemles de montages inanciers <uiA en1W^ Nloi du ^ octoreOA 1W5W NtraitC du 1W marsO et dans lesannCes 1W60A permettent la dCmolition du $ieu Paris et sa

reconstruction @ une Cc%elle nou$elleA plus adaptCe au esoinsdu capitalisme industriel et @ la splendeur du nou$el empire-

ous c%oisissons ici un autre dCcoupage : sui$re non pas lesdiCrentes p%ases c%ronologi<ues des grands tra$au Dd#aussmannA mais trois tpes de rCseau gCograp%i<uesimri<uCs les uns dans les autres : le rCseau des $oies

prati<ues DA destinCes @ la circulation des %ommes et desmarc%andises T celui des percCes stratCgi<ues construites pourse prCmunir des soul;$ements du peuple parisien T et celui desaes smoli<ues <uiA sur une carte de l#imaginaireAtransorment Paris en antasmagorie de la ci$ilisation-

Un réseau onctionnel

"es marc%andises et les matCriau $enus des <uatre coins de laFrance s#entassentA via les $oies errCesA au portes de la $illeA

pour Utre ensuite $endus ou retra$aillCs- "es en$irons desgares du ordA de l#stA du nord!ouest Nuture Saint!"aKareOA du

sud!ouest Nuture MontparnasseOA du nord!est N.usterlitKO et dusud!est Ngare de "onO sont encomrCs de mati;res premi;res



comme de produits de premi;re consommation- n 1W51A lecapital industrielA <ui eige une rotation de plus en plus rapideAnCcessaire @ l#augmentation de ses gainsA peut dCsormais

circuler sur les 3 600 Gilom;tres de $oies errCes <ui sillonnentl#eagone- ,e GilomCtrage <uintuple en $ingt ansA comme lenomre de locomoti$es- "e parc des mac%ines @ $apeur<uadruple sur la mUme pCriodeA leur puissance doulant c%a<ueannCe- "#importation de coton est multipliCe par deuA et lecommerce etCrieur par trois-

"ouis!apolCon a compris la nCcessitC de liCrer les nou$eaun>uds de circulation :

+our point de départ de ce qu'il y avait 6 faire, il considéraitd'abord que les tBtes ou les gares de chemin de fer étaientdésormais les véritables portes de la ville, au lieu desanciennes barri)res par lesquelles débouchaient les routesnationales, qui allaient descendre au rang de voies decommunication de second ordre l fallait relier ces portesnouvelles afin que le passage de l'une 6 l'autre, c'est-6-dired'une région de Arance 6 une autre région, fOt commode etrapide 6 travers le centre commun il fallait, de ces points

principau& d'arrivée, pro$eter $usqu'au c7ur de la grande citéde larges art)resnote

n 1W51A il dCcr;te la crCation d#un c%emin de er de ceinture @l#intCrieur des ortiicationsA reliant les gares de l#ouestA du

ordA de l#stA de "on et d#)rlCans N.usterlitKO- *e$ant la garede l#stA monument du nou$el Jge de er et de $erreA ilentreprend de aire percer le oule$ard de Strasourg-aussmann prolonge la trouCe nord!sud a$ec le oule$ard ducentre D NSCastopolOA <ui de$ientA ri$e gauc%eA oule$ardSaint!Mic%el- Il ou$re aussiA d#est en ouestA la rue de (i$oliA <uirelie dCsormais la place de l#toile @ celle de la Bastille en uneligne pres<ue droiteA ne iur<uant <ue pour s#aligner sur les<uadrilat;res du Lardin des 'uileries et de l#Htel de $ille- "a grande croisCe de Paris D est nCe- lle peroreA au passageA l#Xlede la ,itC-

"#>u$re de ce <ue aussmann nomme premier rCseau DNcommencC a$ant luiA en 1WÔ permet d#accClCrer la circulation

du nord au sud et d#est en ouest- "e deui;me rCseau DNdCcidC en 1W5WOA <ui troue la $ille de toute part D N&olaOA



continue le tra$ail : il dCgageA a$ec la rue de (omeA l#arri;re dela uture gare Saint!"aKare et connecteA par le oule$ardMagentaA les gares du ordA de l#st et de "on- *eu radiales

compl;tent le traic circulaire des oule$ards : les oule$ards*aumesnil et du Prince!ug;ne NoltaireO- ninA la percCe de'urigo rattac%e les gares au alles cou$ertes de BaltardAnou$eau centre d#appro$isionnement de la $ille- "e troisi;merCseau D NlancC en 1W60O prolonge la rue de (ome par le

oule$ard BeauLon NaussmannO au sudA la rue de ,%Jteaudunau nordA de sorte <ue la gare Saint!"aKare se trou$e eninA parun tronRon nou$eauA connectCe au gares du ord et de l#st-"a rue de (ennes dCgage la perspecti$e derri;re l#emarcad;rede l#ouest NMontparnasseO et dCar<ue sur le oule$ard Saint!ermain- "a rue des .mandiers Nde la (Cpuli<ueO prolongeles grands oule$ards @ l#estA et reLoint le grand mur desFermiers gCnCrau Noule$ards intCrieursOA acilitant l#entrCe etla sortie dans Paris-

aussmann a CtC le maXtre d#>u$re du plan de apolCon III :luidiier la circulationnote- "es nou$eau oule$ards ne sont a

priori ni des endroits de socialisationA comme les placesmCdiC$alesA ni des lieu de paradeA comme les perspecti$es

classi<ues <ui mettaient Ladis en sc;ne le pou$oir roal-

+ne anecdote de 1W53 montre ien ce triomp%e du souci prati<ue de apolCon III et de son prCet sur les $ieillesdimensions sociales ou smoli<ues- "#empereur $eutconstruire des alles pr;s de l#Cglise Saint!ustac%eA l@ oV setrou$aient traditionnellement les marc%Cs mCdiC$au- Il aitraser pr;s de trois cent trente maisons pour liCrer l#espace-Mais il est Cpou$antC par le premier des %uit pa$illons <ue

BaltardA arc%itecte de ParisA Cl;$e sur la place : une maRonnerieCpaisse de lourde acture classi<ueA dotCe de rares ou$ertures peu prati<uesA et <ue les Parisiens surnomment aussitHt le ortdes alles D- .dmirateur de l#arc%itecture de er et de $erre desgares de l#st et Saint!"aKareA le sou$erain stoppe net lestra$auA et tonne : ,e sont de $astes parapluies <u#il me aut Trien de plus D Il es<uisse ses omrelles mCtalli<ues sur un

out de papier <u#il donne @ son prCet- ,e der!



Figure 13- Principau aes prati<ues percCs par aussmannNles pointillCs indi<uent le rCseau de oule$ards prCeistantO-

nier en apporte une $ersion amCliorCeA coiCe d#une ClCgantec%arpente de onteA @ Baltard : Il s#agit de prendre $otrere$anc%e- Faites!moi au plus $ite un a$ant!proLet sui$ant cesindications- *u erA du erA rien <ue du er note- D "#arc%itectemonte deu groupes de si pa$illons reliCs entre eu par des

passages cou$erts @ l#armature mCtalli<ue nuenote- "#empereurAra$i du rCsultat inalA s#Ctonne aupr;s d#aussmann <ue lemUme arc%itecte puisse aire un Jti!

Figure 1^- "es alles de Baltard : $ue intCrieure du pa$illoncentral Ncoll- musCe ,arna$aletA ParisO-

ment aussi diCrent : ,#est le mUme arc%itecteA mais ce n#est pas le mUme prCet DA rCpond un aussmann triomp%alnote-

Mais cette $ictoire du onctionnel sur l#est%Cti<ueA <ui semleli<uider les antasmagories prCcCdentes Npassages cou$ertsA

positions uni$ersellesOA n#est <ue temporaire-

=a ville valeur d-échange

"e prCet prCcCdentA BergerA demeurait timorC eu Cgard @ de telstra$auA <ui eigeaient d#Cnormes in$estissements : ,e n#est

pas moi <ui me prUterai Lamais @ ruiner la $ille DA dCclarait!il-Berger gCrait la $ille @ l#ancienneA comme un on p;re deamilleA respectant strictement la alance entre les sorties et lesrentrCes d#argentA surC$aluant au esoin les premi;res audCtriment des secondesA se reusant au dCpenses <u#il LugeaitdisproportionnCes @ l#instar des opCrations de $oirie-

*Cut 1W53A les recettes de la $ille s#Cle$aient @ ^ millionsA <ueBerger daignait aecter au prolongement de la rue de (i$oli-Mais PersignA alors ministre de l#IntCrieurA lui glissa une idCe

plus moderne : et si la cagnotte se renou$elait tous les ans `.pr;s toutA le traic grandissantA les recettes municipaless#accumulaient au arri;res d#octroi- e $audrait!il pas mieu

relCguer les ^ millions annuels d#ecCdents au remoursementd#un prUtA et se lancer dans des opCrations plus amitieuses `



Paris amCliorCA emelliA ne saurait <u#attirer touLours plus denou$eau capitau et de $oageurs- Il audrait des empruntsremoursales @ long termeA par $oie d#annuitCsA pour se

procurer un gros capital etA @ l#aide de ce capitalA transormer la$ille et la percer en tous sensnote D-

Persign s#attriue ainsi la t%Corie des dCpenses producti$es Dlargement eploitCe par aussmann- ommC @ la place deBergerA ce dernier reait tous les calculs et prou$e <ue lesre$enus de la $ille se trou$ent sstCmati<uement sous!C$aluCs-Il compte 10 millions d#ecCdents au lieu des ^ millions deBergerA une somme <u#il estime de$oir croXtre @ mesure <ue

aisseront les annuitCs des emprunts prCcCdents- "e proLet est

d#aecter ces ressources @ la cou$erture d#un grand empruntsusceptile de inancer la transormation du $ieu Paris- n1W5Â le ilan udgCtaire lui donne raison : l#ecCdent s#Cl;$e @2^ millions- "ors de l#position uni$erselle de 1W55A 5millions de $isiteurs $iennent admirer Paris et ses grandstra$auA et dCpensent de telles sommes <ue la $ille remourseaussitHt ses emprunts-

*ans les annCes 1W50A le capital ancaire est de$enu le le$ier

nCcessaire au capital industrielA [t!ce celui d#une entreprise oud#une $ille- aussmann crCe la ,aisse des tra$au de Paris etemprunte aupr;s des PereireA an<uiers saint!simoniens <uisupportentA ondant le ,rCdit moilier en 1W52A la politi<ue desgrands tra$au- "es Pereire $eulent Ccrire la $aleur d#Cc%angesur le sol parisien-

*#autres s#aolent cependant de la domination possile ducapital ancaire sur le capital industriel et commercial- "#un desennemis rCsolus d#une telle mCt%odeA _ames de (ot%sc%ildA Ccrit@ l#empereur :

!e gouvernement organiserait une domination redoutable ducommerce et de l'industrie au profit d'un Btre innommé et sansresponsabilité personnelle =;@ u gré de leurs caprices ou deleurs intérBts, les directeurs irresponsables de cette banque

seront matres de toutes les entreprises ls pourront favoriserune affaire au& dépens d'une autre, e&agérer sa valeur, e&altercelle-ci, écraser celle-l6, et imposer 6 toutes leurs conditions

=;@ l y aurait l6 plus qu'un danger, ce serait une



calamiténote

Ironie de l#%istoire : apr;s a$oir ruinC les Pereire et ait tomeraussmann a$ec l#appui des ad$ersaires du rCgimeA les(ot%sc%ild donneront eactement dans le mUme genre de calamitC D- .pr;s a$oir rCsistC au mou$ement d#epansion ducapitalA les grands inanciers l#endossent- ,e ne seront plus ni laamille ni l#glise ou la nolesse <ui gCreront dCsormais le

patrimoine immoilierA mais le marc%C de la construction et dela locationA relaC par l#tatA et soutenu par un capital ancaire sans responsailitC personnelle D-

*e mUme <ue les usages anciens s#eacent au proit de la

circulation des iensA la $ille elle!mUme acc;de au Loies de la$aleur d#Cc%ange- "es <uestions <u#on se pose dCsormais sont :sur un in$estissement de 1W0 millionsA comme lors du traitC de1W5WA comien de CnCices la $ille peut!elle aireA une ois le

prUt amorti ` t <uelle est la garantie de proit pour les prUteurs` "a citC n#apparaXt plus comme l#ensemle de ses usagestraditionnels et de ses $aleurs smoli<uesA mais comme unc%ire <ue l#on peut comparer @ celui d#une autre $illeA "ondresou Berlin-

"#C<uation prCcapitaliste de Berger Ctait $ille!argent!$ille : la$ille rapporte de l#argent <ui permet d#amCliorer la $ille-"#C<uation de aussmann est plutHt argent!$ille!argent :l#argent Nle prUtO permet d#amCliorer la $ille <ui rapporte encore

plus d#argent N@ la $ille comme au prUteursO- ,#est selon cetteormule mat%Cmati<ue du capital identiiCe par Marnote <uenomre de propriCtaires epropriCs s#enric%issent grassementau rais de la $ille- *e$ant la commission d#epropriationA ilseigent le remoursement de la plus!$alue dont la puissance

puli<ue N<ui la pro$o<ue O les pri$e- ,e mCcanismed#anticipation des gains uturs est ien celui du capitalismemoderne-

,e sst;me de inancement est soutenu par un apolCon III auidCes saint!simoniennes- SurtoutA il est adC<uat au rCgime des

prCectures de l#empireA <ui pri$e Paris des droits municipau :c#est l#empereur lui!mUme <ui nomme la commissionmunicipaleA le prCet de policeA PiCtriA et le prCet de la SeineA

aussmannA <ui dirigent la $ille d#une main de er et sans leconsentement de ses %aitants- "e Second mpire incarne



l#%pertrop%ie du centralisme onapartiste et de la dictatureCtati<ue sur les $illes contre la<uelle ParisA au premi;reslogesA se rC$oltera en 1W71-

&es voies stratégi%ues

*ans le sou$enir du secrCtaire gCnCral de la prCecture de laSeineA la prCoccupation de apolCon III n#Ctait pas seulementCconomi<ue :

l fallait encore pratiquer, au moyen d'avenues et de ruesimportantes, des br)ches, au milieu des quartiers $usqu'alors

fermés comme des citadelles d'insurrection, telles que les

environs de l'N9tel de ville, le faubourg Saint-ntoine, les deu&versants de la montagne Sainte-Genevi)ve l y avait lieu dechoisir sur le plan les points o4 seraient établies de fortescasernes, rattachées entre elles par des rues ordinaires propres6 servir, 6 un moment donné, de routes stratégiques, afin quel'ordre eOt tou$ours le dessusnote

aussmannA luiA dans ses mCmoiresA minimise cette dimensionstratCgi<uenote- Mais son orgueil le tra%it paroisA comme

lors<u#il rapporte la aRon dont l#empereur rCagit @ sa proposition de recou$rir le canal Saint!Martin Lus<u#@ la placedu ,%Jteau d#au Nde la (Cpuli<ueO :

5'ai rarement vu mon uguste Souverain enthousiasmé Cette fois, il le fut sans réserve, tant il attachait de pri&, dans unintérBt d'ordre public, au travail par lequel $e proposais de

faire disparatre l'obstacle permanent dont le plan d'eau, tropélevé, du bief du canal, menaEait, soit la circulation commode,

soit l'établissement, L 6 plein voyant , d'un bout 6 l'autre de la

ligne magistrale d'o4 l'on pourrait, au besoin, prendre 6 reverstout le faubourg Saint-ntoine Wien plus, le boulevard que $e

pro$etais au-dessus du canal couvert, et dont le nom me futindiqué par l'Fmpereur, devait substituer, au moyen de défenseque le canal offrait au& émeutiers, une nouvelle voie d'acc)sdans le centre habituel de leurs manifestationsnote

n Luin 1W^WA ,a$aignac a$ait eu eaucoup de mal @ ranc%ir lecanal et @ Ccraser l#insurrection dans les <uartiers ou$riers de

l#est- Faire disparaXtre la arricade naturelle des coriacesCmeutiers du auourg Saint!.ntoineA les prendre @ re$ers en



passant par le oule$ard du Prince!ug;ne NoltaireO Lus<u#@ la place du 'rHne NationOA dCgager une ligne magistrale D pourles oulets de canon : $oil@ en eet de <uoi ent%ousiasmer

apolCon IIIA et cela sans rCser$e D- omre de percCes prati<ues se redoulent d#a$antagesmilitaires- Fau naYA aussmann note <ueA tr;s %eureuseconsC<uence D des grands percements conRus par l#empereur

pour amCliorer et assainir la $illeA l#alignement droit ne se prUtait pas @ la tacti<ue %aituelle des insurrections locales D-"a largeur des rues et leur rectitude de$raient empUc%erl#Crection de arricades-

aussmann perce aussi l#Xle de la ,itC de toutes parts pour la$ider des classes populaires et la transormer en centreadministratiA Ludiciaire et policier- "a politi<ue%aussmannienne engendre ainsi l#opposition entre un ParisCtati<ue au centre et le Paris populaire des <uartiers etCrieurs<ui ceinturent la capitale N@ l#eception du Ie arrondissementO- .$ant aussmannA les ou$riers %aitaient au!dessus des amilles ourgeoisesA et les contemporainstCmoignent d#une certaine solidaritC entre les rCsidents d#un

mUme immeuleA nonostant les diCrences de classe- nc%assant les ou$riers au nord du canal Saint!MartinA le prCet deSeine eace cette solidaritC D Nen ait une douce sCgrCgation$erticaleO au proit d#une sCgrCgation %oriKontale ien plusradicaleA supprimant tout contact entre les diCrentes classes-

on content de donner un coup de pied dans la ourmili;re populeuse du centre de ParisA aussmann raseA dans l#est parisien non moins populaireA les anciens c%eminsA impasses etautres culs!de!sac : les oule$ards *aumesnil et du Prince!ug;ne dCc%irent le tissu populaire du auourg Saint!MartinAun peu trop remuant lors des rC$olutionsA et la rue "aaette dCsencla$e D le <uartier ou$rier de "a illette- Pendant cetempsA l#ouest suit des ou$ertures au $ertus plus rCsidentielles DA permettant l#Cdiication d#immeulesmaLestueu en pierre de tailleA paraitement alignCsA dignes desnou$eau ric%es ] une politi<ue <ue smolise le oule$ardMales%eres-

apolCon III sou%aite attCnuer le contraste grandissant entre unParis rouge et ou$rier et un Paris ourgeois ami de l#ordre- Mais



aussmann s# oppose- Il lui reproc%e d#a$oir ruinC les inancesde la $ille en donnant un parc @ l#est ou$rier- "e parc deincennesA en eetA ne se prUte pas @ la t%Corie des dCpenses

producti$es D ni au p%Cnom;ne d#inlation immoili;re <uia$ait accompagnC l#ou$erture du ois de Boulogne- "e pri dere$ient d#un logement ou$rier est de deu @ di ois inCrieur @celui d#un appartement ourgeois- *ans un rapport de 1W57A le

prCet note <u#il aut aire tomer les %autes c%eminCesA oule$erser les ourmili;res oV s#agite la mis;re en$ieuse etA aulieu de s#Cpuiser @ rCsoudre le prol;me <ui paraXt de plus en

plus insolule de la $ie parisienne @ on marc%CA accepter dansune Luste mesure la c%ertC des loers et des $i$res <ui estinC$itale dans tout grand centre de la populationA comme unauiliaire utile pour dCendre Paris contre l#in$asion croissantedes ou$riers de la pro$incenote D-

n dCpit de cette politi<ue de sCgrCgationA l#essor industriel pousse ineoralement @ la concentration des ou$riers dans la$ille- .u eu d#aussmannA ces %ommesA allottCsincessamment d#ateliers en ateliersA de garnis en garnisA aantA

pour tous oersA les lieu pulicsA pour toute parentCA le ureaude ienaisanceA au<uel ils s#adressent dans le mal%eur DA sont

de $Critales nomades au sein de la SociCtC parisienneAasolument dCpour$us du sentiment municipalA et ne retrou$entau ond de leur c>urA celui de la PatrieA <ue dCpouillC de ce <uile prCciseA le guide et l#Cpure c%eK les populations sCdentaires D-*e$ant le conseil municipalA le prCet aLoute <ue Paris estA

pour euA comme un grand marc%C de consommation T unimmense c%antier de tra$ail T une ar;ne d#amitions T ouAseulementA un rendeK!$ous de plaisir- ,e n#est pas leur PasnoteD-

"e prCetA <ui a tr;s ien conscience d#une doule oppositioncentre!pCrip%Crie/est!ouestA en Loue : au sou$erainA <ui a des$isCes socialesA il prCtend <ue cette C$olution est %ClasinCluctale et <u#il $aut mieu spCculer sur elle plutHt <ue de lacontrecarrer T au conseil municipal soucieu d#ordreA il randitle spectre de l#insurrection pour Lustiier ses tra$au- nrCunionA il distingue par eemple deu tpes de populationCtrang;re D @ Paris : d#un cHtCA ceu <u#il aut retenirAonctionnaires talentueu et autres gCnies D Ntels <ue luiO T del#autreA la masse touLours renou$elCe de personnes dCclassCesA



de gens @ out de ressourcesA in$enteurs de cominaisons plusou moins c%imCri<uesA et dCgagCs de scrupulesA <ue poussent$ers ce grand centre de population le esoin de l#ouliA un

$ague espoir de succ;s et de mCdiocres desseins D- SansracinesA cette toure de nomades D <ui %aite dans des garnis ausse la signiication des scrutins par l#oppression de $otesinintelligents D Nradical ou rCpulicainOA aisant de Paris cettecapitale oV l#opinion a$ec ses erreursA ses CgarementsA naXt etgrandit en une %eureA pour eercerA au loinA une irrCsistileinluence D- aussmann condamne la ceinture dangereuse D<ue cette toure inintelligente orme autour de Paris : di!%uit$illes parasites D <ui proitent D des CcolesA des %HpitauAdes t%CJtres et de tous les a$antages de Paris sans paer l#octroini les c%arges communalesnote- "e prCet de la Seine demandealors <u#on l#aide dans l#ou$erture de ces grandes art;resstratCgi<ues allant du centre @ la circonCrence de ParisA <uireouleront peu @ peu les ou$riers @ l#etCrieur pour les dissCminerA et <ui ser$iront aussi @ les sui$re pour lescontenir au esoinnote D- Il eige aussiA dans le mUme utAl#anneion des anlieues-

"es oule$ards %aussmanniens doi$ent aussi Ctalir des $oies

<ui assureront des communications largesA directes et multiplesentre les principau points de la capitale et les Ctalissementsmilitaires destinCs @ les protCger D- rJce au recou$rement ducanalA la caserne du ,%Jteau!d#au se trou$e directement reliCeA

par le oule$ard enri!I au sudA @ celle des ,Clestins Nsous laBastilleO etA par le nou$eau oule$ard du Prince!ug;neNoltaireOA communi<ue a$ec celle de (euillA derri;re la placede la ation- ,ette derni;re s#aligne sur la rue de (i$oliA d#oV

part la caserne apolCon <u#un dClaage des en$irons

autreois rC$olutionnaires de l#Htel de $ille a permis dedCgager- Par la croisCe (i$oli!SCastopol <ui coupe Paris endeuA la caserne apolCon elle!mUme communi<ue a$ec lacaserne de la ,itCA CrigCe @ un

Figure 15- Plan des $oies stratCgi<ues : les cin< casernesmonumentales placCes dans l#ae des grandes a$enues de l#est

ain de rCduire tout soul;$ement Nles l;c%es indi<uent les $oies



commandCes par les casernesO-

coup de usil de l@ sur les dCcomres du Paris populaire- "#estet le centre rC$olutionnairesA oV il semle dCsormais impossiled#Cle$er des arricadesA se trou$ent ainsi paraitement encerclCs

par la policeA comme le montre ien le plan des $oiesstratCgi<ues D de (a$alnote-

"e $ieu centreA oer des Cmeutes passCesA a CtC rasCAtranspercCA dClaC- aussmann triomp%e :

C'était l'éventrement du vieu& +aris, du quartier des émeutes,des barricades, par une large voie centrale, perEant, de part en

part,

Figure 16- Principau aes stratCgi<ues percCs par aussmannNla l;c%e indi<ue le recou$rement du canal Saint!MartinO-

ce dédale presque impraticable, accostée de communicationstransversales, dont la continuation devait compléter l'7uvre

ainsi commencée !'ach)vement ultérieur de la rue de Hurbigo fit disparatre la rue Hransnonain de la carte de +arisnote T

"a rue 'ransnonain rappelait une sale %istoire- n a$ril 1W3Âdes ou$riers s#insurg;rent contre des lois d#eception <ui leurinterdisaient de s#associer- MandatC pour mater l#insurrectionA legCnCral BugeaudA dont un %omme a$ait CtC tuC par un tir isolCd#une enUtre de la rueA en massacra tous les %aitantsA compris des emmes et des enants surpris dans leur sommeil- Il ne aut pas de <uartier DA a$ait dCclarC '%iersA alors ministrede l#IntCrieur ] surnommC depuis P;re 'ransnonain D-Bastion de la rC$olte et smole de l#aritraire du pou$oirA cette

petite rue pittores<ue s#est CcroulCe sous les coups de outoir%aussmanniens-

.lors <ue le rCseau $iaire Ctait l#epression des idCes no$atricesd#un rCgime moderneA adC<uat au cHtCs lumineu ducapitalisme industrielA la logi<ue des $oies stratCgi<ues tra%it

plutHt les $isCes d#un empire autoritaire <ui relaie des intCrUts

plus oscursA ceu des eploiteurs : interdiction de la gr;$e etde l#associationA oligation du li$ret <ui permet de sur$eiller les



ou$riersA censure de la presseA interdiction du droit derCunionnoteZ "es $oies %aussmanniennes rCpondent ellesaussi @ la nCcessitC de se protCger de la col;re populaire <uiA

comme en 1W30A comme en 1W3Â comme en 1W^WA peuttouLours dCouc%er sur une insurrection-

Instructions pour une prise d-armes

auan n#e[t pas prCparC a$ec plus de soin les opCrations d#unsi;genote DA commente l#Ccri$ain ictor FournelA <ui sedCsesp;re de la disparition du $ieu Paris sinueuA grandiose et

urles<ue- Mais si Paris a dCsormais son auanA elle a aussison Blan<ui- ,e dernier ne ait pas <ue dCnoncer ces

maRonneries insensCes DA lCau du Second mpire D <ui co[tela $ie @ des milliers de mal%eureuA ni criti<uer une transormation D $isant @ dCsarmer la $illenote- *ans ses

nstructions pour une prise d'armesA Ccrites $ers 1W6WA il noteaussi <ue les $oies stratCgi<ues <ui sillonnent maintenant la$ille dans tous les sens D ne le ont pas nCcessairement @l#a$antage eclusi de l#ennemi- lles redCinissent en aitl#espace du comat pour les deu parties- "es troupesA certesA circulent mieuA mais @ dCcou$ertnote :

Houtes les voies stratégiques, quelles que soient leur longueuret leur largeur, n'y font absolument rien Flles donnent

seulement de meilleurs fronts de défense, parce qu'ils sont plusdroits, mieu& dégagés, par conséquent moins abordables vecles ressources de tout genre qu'offre +aris et les bras desouvriers pour les mettre en 7uvre, le bombardement seul

pourrait venir 6 bout de l'insurrection par l'incendie, quelque position qu'il ait plu au& insurgés de transformer en forteressenote

"es arricades ne sauraient cependant plus Utre conuses etdCsordonnCes comme en 1W30 ou 1W^W- lles de$ront participer au contraire d#un plan d#opCration arrUtC d#a$ance-"#imagination ou$ri;re est @ mUmeA selon luiA d#Claorer un tel

plan :

l y a dans +aris des forteresses 6 volonté par centaines, parmilliers, autant qu'en peut rBver l'imagination !a fantaisie les

crée avec les rues, comme la langue crée des mots avec leslettres de l'alphabet l s'agit de choisir, au hasard ou selon son



caprice, dans un quartier quelconque, un périm)tre forméd'une série de rues, périm)tres de toutes figures, triangles,carrés, rectangles, pentagones, he&agones, etc Dn ferme avec

des barricades les issues des rues aboutissant au périm)tre Dnoccupe les rues sur le pourtour de ce front, et voil6 la forteressenote

Blan<ui comine talent militaire et aperRus $isionnaires- Ilepli<ue comment monter une arricade susceptile de lo<uer les nou$eau oule$ards NSCastopol par eempleO : l#ennemise %eurteraA dans une rue de 12 m;tres de largeA @ un ostaclede 3 m;tres de %autA en rCalitC un parcours d#ostacles long de1^ m;tres : un glacisA une contre!gardeA un espace @ dCcou$ert

et un rempart- "a condition de la $ictoire rCside dans unedirection Cnergi<ueA une organisation d#ensemle et un comatordonnCA insiste le ieu DA <ui a $Ccu trois rC$olutions- Il neaut pas non plus laisser le temps @ l#ad$ersaire de s#organiser- Ilaut sa$oir proiter de ses moments de pani<ue-

Un syst.me sym'oli%ue

.u deu rCseau prCcCdents s#aLouteA enc%e$UtrC a$ec euA un

sst;me smoli<ue tissC entre les monumentsA sorte de rCsumCarc%itectural de l#%istoire de l#)ccident- ,ar aussmann $eutaussi aire de Paris l#eml;me de la ci$ilisation- ,#est peut!Utrel@ son apport principalA et peut!Utre le plus mCconnu :

Si +aris est une Grande <ille, centre d'une activitécommerciale et industrielle qui lui est propre, comme aussi, de

productions spéciales, de consommations prodigieuses etd'échanges incessants, c'est surtout la Capitale d'un puissant

Fmpire le sé$our d'un glorieu& Souverain le si)ge de tous lesCorps par lesquels s'e&erce le +ouvoir public, en Arance le

foyer universel des !ettres, des Sciences et des rtsnote

Pereire $oulait inscrire son idCe dans le solA aussmann $eut leaire dans la pierre- "es perspecti$esA marottes du prCetA

permettent de relier les smoles urains de l#industriemoderneA du pou$oir pulic et des %umanitCs- "e diCrend du

prCet et de l#empereur @ propos du pont de Sull estsmptomati<ue @ cet Cgard- apolCon III $eut un pont droitA

perpendiculaire @ la SeineA parall;le au ponts $oisins-aussmannA luiA sou%aite un pont oli<ueA <ui ne tienne pas



compte de son en$ironnement immCdiatA mais de la perspecti$e$isuelle tracCe entre la colonne de _uillet et le dHme duPant%ConA <ue le prince!prCsident a transormC en asili<ue

nationalenote- "ors<ue le promeneur passe sur le pontA ilgarderaA dans le dosA une colonne reprCsentant la c%ute de lamonarc%ie Nmais aussi une rC$olution a$ortCeA celle de Luin1W^WnoteO etA en ace de luiA un monument romain dCdiC @sainte ene$i;$eA le tout ormant un smole de l#empire- ,#estune mani;re de donner un autre sens au traLet pri$ilCgiC desinsurgCs <uiA en Luin 1W^WA circulaient eaucoup entre laBastille des liCrateurs et le Pant%Con des %ommes des"umi;res- "e pont de SullA seul pont oli<ue <ue l#on $oitauLourd#%ui sur la carte de ParisA rCsume la $ictoire de la $ision

perspecti$iste d#aussmann sur l#epCrience %istori<ue du$ieu Paris- Il signale le triomp%e de l#ordre des smCtries @grande Cc%elle sur celui de la igarrure des eautCs locales- "a$ille de BalKac se composait d#une diKaine de continentsdistincts au %istoires singuli;resA au<uels on accCdait par unemultitude de nuances et de transitions T celle de &olacorrespond @ une $oie rectiligne <ui emroc%e des maisonsidenti<ues @ l#ininiA ponctuCe R@ et l@ d#Ccrasants monumentsdu pou$oir- Pour le dire a$ec Qalter BenLamin :

!es temples du pouvoir spirituel et séculier de la bourgeoisiedevaient trouver leur apothéose dans le cadre des enfilades derues Dn dissimulait les perspectives avant l'inauguration parune toile que l'on soulevait comme on dévoile un monument etla vue s'ouvrait alors sur une église, une gare, une statueéquestre ou quelque autre symbole de civilisation (ansl'haussmannisation de +aris, la fantasmagorie s'est faite

pierrenote

Bien sou$entA lors des inaugurationsA on tire comme au t%CJtreun grand rideau <ui dC$oile au out de la rue la perspecti$ed#un monument- "e 5 a$ril 1W5WA une toile lamCe d#orA tendueentre deu au minarets au ni$eau de la rue Sainte!.pollineAdCcou$re le oule$ard de SCastopol- ,omme pourl#inauguration des

Figure 17- Inauguration du oule$ard de SCastopolA 5 a$ril



1W5W Ngra$ureO-

oule$ards Males%eres et du Prince!ug;ne le 1^ ao[t 1W61 etle 7 dCcemre 1W62A une parade militaire menCe par l#empereurmonte la $oie triomp%ale sous des anni;res multicoloresA desorilammesA des tentures de soieA des draperies cramoisiesA desmJts $CnitiensA des guirlandes et des drapeau- uand elles necCl;rent pas les $ictoires de ,rimCe et d#ItalieA lesdCnominations sont dnasti<ues : a$enues de l#mpereurA

apolCon NauLourd#%ui )pCraOA de l#ImpCratrice NFoc%OA de lareine ortense Noc%eO ou du roi _CrHme NMac!Ma%onO-glisesA gares et statues C<uestres ne reprCsentent pas les

pou$oirs religieuA industriel et impCrial dans leurs diCrences

%istori<uesA mais s#Cl;$entA $isCes par la perspecti$e et rCduites@ leur $aleur aurati<ue comme des >u$res d#artA au mUmeni$eau astrait d#un prCsent immoile- "es monuments ormentAreliCs par les percCes %aussmanniennesA un sst;me smoli<ue<ui doit con$aincre <ue la ci$ilisation a atteint son pointsuprUme-

"e nou$eau Paris est un po;me Cpi<ue re$u par un proesseur de grammairenote DA note un contemporain perspicace-

aussmann Claore une sntae a$ec les monumentsreprCsentatis de l#%istoire de l#Jge moderne- 8 ce titreA la salledes Utes de l#Htel de $illeA <u#il ait rCno$er en 1W5Â esteemplaire : une res<ue d#enri "e%mann montre un %omme<ui terrasse un tigre et sau$e son oerA puis comment cesCroces animau ont CtC domesti<uCsA le eu maXtrisCA le mCtal$aincuA enin comment les artsA la p%ilosop%ieA la science et lareligion sont arri$Cs @ leur stade le plus perectionnC- "e soucimania<ue de la ligne droite engendre la mUme %istoireA mais

a$ec des Jtiments- Sur l#ae (i$oli!,%amps!lsCesA ontrou$e : un arc de 'riomp%eA une promenade impCrialeAl#oClis<ue de "ouor NrCcemment donnC par l#gpteOA des

Lardins roauA les aRades surc%argCes du "ou$reA l#Htel de$ille tout Luste rCno$CA une caserne et la colonne de _uillet-*ans cette tra$ersCeA on ait re$i$re l#anti<ue decumanus Nl#aeromain est!ouest de ParisOA <ui coupe @ angle droit le cardo Nnord!sudOA <ui $a de la gare de l#st @ la place d#nerN*enert!(oc%ereauO- Passant par le pont Saint!Mic%elA lecardo-decumanus ressuscite la $ille glorieuse des (omainsa$ec des monuments modernes-



aussmann demeure cependant insatisait de la perspecti$e ducardo <ui part de la gare de l#stA monument de l#industrieA maisne dCouc%e sur rien- Il est rustrC du coude <ue l#ae nord!sud

est oligC de aire au ni$eau de la citCA et du non!alignement dudHme de la Soronne- Il $oudrait planter @ mi!c%emin un Jtiment solennel- Pour la somme colossale de 5A5 millions derancsA il ait construireA pile dans l#aeA un triunal decommerce inspirC d#un monument de la (enaissance Nla "oggiade BresciaO lan<uC d#une aRade ric%ement dCcorCe etcouronnC d#une lourde coupole- MaisA apr;s le triunalA la

perspecti$e $ient encore uterA entre les oule$ards Saint!Mic%el et Saint!.ndrC Nrue *antonOA sur un angle aiguA ce <uic%ionne aussmann- Pour l#arrondirA il demande de raoter lemur et d# encastrer une ontaine t%CJtrale sous une arc%eanti<ueZ et la oucle est ouclCe- "e cardo parisien reliedCsormais sans %eurts de nomreu smoles de la ci$ilisationoccidentale : un monument de l#industrieA la tour Saint!_ac<uesA

otre!*ame N<ue l#on aperRoit derri;re le oule$ardOA untriunal de commerceA un palais de Lustice <ui lui ait aceA lacaserne de la ,itC directement $oisine et une ontaine dotCed#une statue de l#arc%ange Saint!Mic%el ordCe de colonnescorint%iennes et de c%im;res ailCes dans un stle

polc%romi<ue- Paris est la antasmagorie de la ci$ilisationaite stuc-

aussmann ait construire d#autres monuments encoreA etsurtout des Cglises- Il s#agit d#installerA dans les <uartiers

populaires LugCs mCcrCantsA ce pou$oir ecclCsiasti<ue <uisoutient le rCgime : Saint!.mroise N1W63!1W6O au c>ur du

populaire PopincourtA Saint!"amert de augirard N1W^W!1W53OA Saint!Mic%el des Batignolles N1W5WOA Saint!Bernard de

la ,%apelle N1W5W!1W61OA Saint!Pierre de Montrouge N1W61!1W62O ou encoreA @ Belle$illeA otre!*ame de la ,roi N1W63!1W6O-

uand il n#en crCe pas de nou$eauA aussmann n#a de cesse dedCgager les anciens monuments- n 1W6Â il rase les alentoursde otre!*ameA <ue l#on $oit dCsormais du cardo-decumanus-"a l;c%e ne plane plus sur un lacis inetricale de ruesmCdiC$alesA mais $acilleA isolCeA dans un ocCan minCral- *emUmeA la tour Saint!_ac<uesA mal protCgCe par un parc ridiculeAsemle se raidir de peur de s#eondrer sur le dCsert crCC par la



grande croisCe D- Si les monuments ne sont pas dans l#aeA ilaut les dCplacer- n 1W55A le prCet demande <ue l#onconstruise la mairie du "ou$re eactement dans l#ae de la

aRade de Saint!ermain!l#.uerrois- n 1W5WA il ait dCmonterla colonne de la ictoireA CrigCe en 1W0W @ la gloire des aitsd#armes napolConiensA pour la mettre au milieu de la place du,%JteletA dans la perspecti$e du Pont!au!,%ange et sur lacroisCe SCastopol- )sCdC par une smCtrie <ui crCe des eetsde perspecti$eA le prCet $a Lus<u#@ contredire l#impCrati decirculation- Sur le rond!point des ,%amps!lsCesA il se CliciteAastraction aite de tout sens prati<ueA <ue la nou$elle rue "aBoCtie parte de la place selon un angle strictement identi<ue @la rue de Marignan par rapport @ l#a$enue des ,%amps!lsCes-.$ec les nou$eau oule$ards <ui partent de la place del#toileA il crCe dans le mUme ut un astre parait @ douKe

ranc%esA paraitement inutile du point de $ue du traic etA placedu ,%Jteau!d#au Nde la (Cpuli<ueOA une autre @ sept

ranc%es- 'ous ces amCnagements raonnants ou semi!raonnants correspondent moins au souci onctionnel decirculation <u#@ celui du prince de sur$eiller la $ille depuis lec%Jteau ou le monument smolisant sa puissancenote D- Ilscristallisent surtout le antasme d#un coup d#>il dominateur sur

une $ille dont les perspecti$es rCsument les ac<uis de laci$ilisation occidentale-

aussmann dessine @ Paris une $ingtaine de places dont nousa$ons %CritC- *es $illes de pro$ince se trou$entA elles aussiA %aussmannisCes D : (ouenA 'oulouseA .$ignonA Marseille ou"on- Mais aussi des $illes Ctrang;res : *resdeA ienneABudapestA (omeA IstanulA "e ,aireA .leandreA BruellesZ

Lus<u#@ Santiago-

"es nou$elles rues orment le t%CJtre du Second mpireA maisle prCet est @ la tec%ni<ue- Pour la Ute de apolCon III le 15ao[t 1W5Â il Cl;$e cent $ingt!<uatre arcades sur les ,%amps!lsCes a$ec cent soiante!di outi<ues de lueA cin< portesAdeu rangCes de colonnesA deu orc%estresA un Kodia<ueA unaigle etA sur l#arc de 'riomp%eA une Ctoile de la lCgiond#onneur- ,#est une rCminiscence de ,ourdoue et del#.l%amra DA Ccrit !e Constitutionnel - "#a$enue resplendissait dans la nuitA au %eures d#illumination- "e coupd#>il Ctait alors saisissantA a$ec le tourillon des cin<uante!si



lustres de l#a$enueA le miroitement des as!cHtCsA les cin< centmille ecs de gaK dont $acillaient les lammesnote D- n 1W55A

pour l#position uni$erselleA on dCar<ue la reine ictoria et le

prince .lert @ la gare de l#st pour <u#ils Louissent de la perspecti$e nord!sudA paraite a$ec des aRades de carton!pJte<ui dissimulent les c%antiers- "e 1^ ao[t 1W5A des arcs de'riomp%e similaires au dHme de Milan s#Cl;$ent dans l#ae de(i$oliA @ la BastilleA pour Uter la campagne d#Italie etA la mUmeannCeA aussmann aplanit la promenade des ,%amps!lsCes

pour les parades- "e 7 dCcemre 1W62A apolCon III inaugure le oule$ard du Prince!ug;ne NoltaireO : un arc de 'riomp%es#Cl;$e place du 'rHne Nde la ationOA lan<uC d#une colonnadecopiCe sur Saint!Pierre et

Figure 1W- Principau aes smoli<ues percCs par aussmannNla l;c%e indi<ue la perspecti$e $isuelle <ui passe par le pontde SullO-

d#un monument au armCes $ictorieuses de l#empire ] le touten ois et en stuc- ParisA la $ille de marreA a certes $aincu

"ut;ceA la $ille de oueA mais le nou$eau dCcor reste iensou$ent de ois peint et de carton!pierreA comme le remar<ueFournelA dont la prose c%ante le $ieu centre englouti- "a

arri;re du ,omat D n#accueille plus les comats de taureauAle carna$al elle$illois du mercredi des ,endres a disparuA et le B>u gras D a CtC rCcupCrC par le rCgimeA <ui ore un o$in @sa MaLestC plutHt <u#au peuple- "#Xle de la ,itC a CtC $idCe deses tro<uetsA et l#animC oule$ard du 'empleA a$ec ses lieu de

plaisir et de UtenoteA a CtC rasC pour l#amCnagement

raonnant D de la place du ,%Jteau!d#au-

'out comme le Paris populeuA les industriesA LugCes polluantesmais surtout peu est%Cti<uesA sont reoulCes au portes de la$ille au CnCice d#une est%Cti<ue nCoclassi<ue :

l n'est nul besoin que +aris, capitale de la Arance, métropoledu monde civilisé, fOt préféré de tous les voyageurs de loisir,renferme des manufactures et des ateliers Que +aris ne puisseBtre seulement une ville du lu&e, $e l'accorde Ce doit Btre un

foyer de l'activité intellectuelle et artistique, le centre du



mouvement financier et commercial du pays en mBme tempsque le si)ge de son gouvernement : cela suffit 6 sa grandeur et

sa prospériténote

apolCon III ac<uiesce : Il a longtemps <ue L#aurais $ouluZ empUc%er la construction de toute nou$elle usine @ Paris- Dn <uel<ues annCesA les nomreu ateliers mCcani<ues et decarrosserie de ,%aillotA des 'ernes et des ,%amps!lsCesdisparaissent- 'out l#ouest de ParisA Ladis rempli d#artisans etd#ou$riersA est con<uis par les classes aisCesA <ui logent dans lesimmeules ien alignCs des nou$eau oule$ards- "e

oule$ard Males%eresA entre les ,%amps!lsCes et l#)pCraAest eemplaire de cela- aussmann aA comme il ditA rCgularisC

D-

"a structure mCtalli<ue des %alles de Baltard demeureinalement une eceptionA et l#est%Cti<ue moderniste peut allerse aire $oir ailleurs- Sous l#>il ien$eillant d#aussmann etdans le dos de l#empereurA Baltard recou$re l#armature en ontede Saint!.ugustin sous un atras Cclecti<ue similaire @ celui dela ontaine Saint!Mic%el- 8 l#Cglise Saint!ug;neA le prCetorce Boileau @ escamoter sa ne mCtalli<ue sous des plJtres

ornementau- 8 ceu <ui s#interrogent sur le stle de son opCraAlourd de rCminiscences Cclecti<uesA arnier rCpond : stle apolCon III D- .$ec son moilier en ules et lianesA sesGios<ues orientau et ses colonnes corint%iennesA le stle del#empire est ien celui de l#Cclectisme- 8 l#Cc%elle de la $illeAc#est la rCCrence @ l#mpire romain <ui domine-

omog;nes et $idesA les perspecti$es d#aussmann tracent surle sol une reprCsentation con<uCrante de l#%istoireA au dCutset @ la in lCgendaires- "a l;c%e temporelle <ui sous!tend cette%istoire des $ain<ueurs est continueA monotone et ne se laisse

pas perturer par les epCriences %istori<uesA les rC$olutionssocialesA politi<uesA industriellesA les sourances des $aincusou les gCmissements du $ieu Paris- lle ait astraction de la$ie populaire des <uartiers pour tracer une ligne droite d#uneastueuse inutilitC entre un monument @ l#industrie et un autreau pou$oir impCrialA entre une caserne de police et un triunalde commerce- "@ oV Paris au mille $isages se multipliait encitCs de l#CtudeA du commerceA du lueA de la retraiteA du

mou$ement et du plaisir populaireA il n# a plus <u#une seule$illeA celle de l#ordre et du progr;s- Il n#est pas de smptHme



plus lugure de la dCcadenceA note Blan<ui- 8 mesure <ue(ome tomait en agonieA ses monuments surgissaient plusnomreu et plus gigantes<ues- lle Jtissait son sCpulcre et se

aisait elle pour mourir note- D=e mas%ue mortuaire du vieu/ ,aris

,e <ue c%erc%e @ comler la monomanie %aussmannienneA c#estl#angoisse du suLet <ui a aperRu l#en$ers du dCcor- Mais il eistedes antasmagories <ui tra%issent cette angoisse-,ontemporaines du capitalismeA elles n#ont cependant pas CtC

produites par le capital et son impCrati de Louissance sans%istoire N@ tous les sens du termeO- Si elles transigurent

l#est%Cti<ue de la marc%andiseA elles le ont d#une mani;re eaucoup plus in<uiCtante <ue les calmes perspecti$esd#aussmann- .insiA un peu comme la nonne sanglante de"eis sstCmatise de mani;re eraante les grimacescon$enues de celle de (oertsonA le Paris mortuaire desgra$ures de Meron constitue une antasmagorie <ui lCKarde leParis irCni<ue d#aussmann :

utour du coll)ge, des $ardins, de quelques maisons

avoisinantes, l'espace est vide, et tout 6 coup Meryoncommence 6 le garnir par un paysage de montagne et de mer,remplaEant l'océan de +aris : des voiles, des m3ts de navireapparaissent, des vols d'oiseau& de mer s'él)vent, et cette

fantasmagorie entoure le plan le plus rigoureu&, des hautsb3timents du coll)ge percés réguli)rement de fenBtresnote

8 cette re$anc%e antasmagori<ue de la nature ocCani<ue sur lagrande $ille doit s#appli<uer selon BenLamin ce mot deBaudelaire @ propos de l#>u$re de *aumierA <ui amagistralement illustrC le massacre de la rue 'ransnonain : incandescent d#ardeur D- +ne incandescence un;re cependant

puis<ueA de la mUme mani;re <ue la nonne de "eis prenait lemas<ue mortuaire de celle de (oertsonA les eau!ortes deMeron prennent le mas<ue mortuaire du $ieu Paris DAd#allure $engeresse-

Figure 1- "e minist;re de la Marine Ngra$ure de ,%arles



MeronA 1W66A coll- BFO-

=-éternel retour du m2me

"e Paris du Second mpire est aussi celui <u#arpenteBaudelaire le lJneur- *ans ses dCamulationsA il oscille entre

plusieurs attitudes-

Se li$rant @ l#i$resse des oule$ardsA il semle d#aordsuccomer au antasmagories apaisantes du capital- S#il croiseun indi$idu dans la ouleA Baudelaire de$ine son origine socialeet sa destinCe proessionnelleA mais c#est pour les transigureren pro$enance lCgendaire et en destin mt%ologi<ue- Critier

de certaines illusions des p%siologies littCrairesA il croitreconnaXtreA dans les traits de l#ou$rierA un ercule des tempsmodernes <uiA sourant d#Utre inactiA se rCLouit @ la $ue desumCes d#usine- "ors<u#elles se ont rassurantesA lesantasmagories du lJneur rencontrent ainsi celles deaussmann : le pasage urain nC d#une collusion entre capitalindustrielA capital ancaire et pou$oir autoritaire se transormeen ale de la ci$ilisation occidentaleA et la gen;se de la orcede tra$ail se trou$e occultCe-

Mais les antasmagories du lJneur peu$ent aussi se aireangoissantesA issurer cette temporalitC %omog;ne et $ideAlinCaire comme un oule$ard- +n matinA un po;te dCamule en %Cros D dans la rue d#une citC <ui ne semle pas encore%aussmannisCe- +n rouillard sale et Laune inonde ce auourgA<ue l#on situerait $olontiers @ l#est du canal Saint!Martin ou del#)urc<- "a rume dCgurgite soudainA cassC en deuA un$ieillard en guenillesA le regard mCc%antA s#entra$ant @ c%a<ue

pas comme s#il Ccrasait des morts D- "e promeneur n#est pasremis de sa surprise <ueA dCL@A un mUme $ieillard surgit derri;rele premierA Lumeau centenaire D $enu du mUme ener- Puiscin< autres monstres %ideu D identi<uesA rengaines d#un sosie ineoraleA ironi<ue et atalA dCgo[tant P%CniA ils et p;rede lui!mUme D- "e po;te uit l#%orreur de ce cort;ge inernal Det se rCugie c%eK luiA Cpou$antC et iC$reunote-

"es traits mt%i<ues <ue le lJneurA dans sa rU$erie des oule$ardsA attriuait au passant se dCgradentA dans son

cauc%emar des auourgsA en rCpCtition inernale du mUme- "es premi;res $isionsA rassurantesA se transorment en images



angoissantesA telle celle de ce patriarc%e passant @ sept reprisesNc%ire dCmonia<ueO sous les eu %allucinCs du po;te- MalgrCses $ellCitCs d#ecentricitCA l#indi$idu de la grande $ille ne peut

sortir du cercle de la rCiication des rapports sociau-"e lJneur peut certes attre en retraite sur les oule$ards etcontempler les nou$eautCs <ue la mode ] arme redoutale duSecond mpire ] lui ournit sans cesse en aondance- "esmagasins de nouveautésA prCcurseurs du Bon Marc%CA

pourraient constituer son second reuge- MaisA dans ce touLoursnou$eauA il ne cesse l@ aussi de reconnaXtre le plus ancien : desSisp%e <ui poussent Cternellement leur roc%erA des morts <uisortent de leur tome et eigent sans in rCparation- "es

mt%ologies du lJneur prennent ainsi un tour terriiant Lus<uesur l#espace marc%and des oule$ards- Mais c#est parce <u#ellesepriment en ait de mani;re dCplacCe la dimension moride dumou$ement de l#%istoire- Sous le progr;s %omog;ne et $ideA il a une autre temporalitCA souterraineA <ui aleure : celle del#Cternelle rCpCtition des mUmes conditions d#oppression-

3antasmagories angoissantes

,ertaines des caractCristi<ues des antasmagories de (oertsonetA plus gCnCralementA des antasmagories modernes sont icirCuniesA mais sur un mode cauc%emardes<ue- )n pCn;tred#aord un somre rouillardA mise entre parent%;ses de la $ie<uotidienne- "a $ille prend peu @ peu l#apparence d#une $ille!antHmeA anti<uisCe par la prCsence de colosses DA de P%Cniet de personnages ili<ues- "#anti<ueA le aro<ueA le got%i<ueAle ili<ue et l#Cternel se mUlent dans un mUme Cclectisme <uine tarde pas @ de$enir inernal- "#apparition spectrale <ui saisitle passant en ait le rCcepteur Cpou$antC du reoulC collecti-,omme le roman noirA les gra$ures de Meron et les po;mes deBaudelaire intensiient les antasmagories du capital au pointde les ren$erser en leur contraire ] deu antasmagoriesangoissantesA surrCalistes a$ant la lettrenote-

Se réapproprier la ville

usta$e Meron et ,%arles Baudelaire tCmoignent poCti<uement du courrou des ParisiensA dCpossCdCs de leur

$ille pendant deu dCcennies de sCgrCgationA de gentriicationD a$ant la lettre et de monumentalisation- "eur col;re eplose



lors de l#insurrection du 1W mars 1W71A alors <ue legou$ernement $eut enle$erA sur la utte MontmartreA les canons<ui pourraient dCendre la $ille contre les Prussiens- "e 26

marsA la $illeA dCsertCe par un gou$ernement soi!disantrCpulicain <ui lui a prCCrC BordeauA $ille de l#escla$ageA puisersaillesA $ille des roisA $ote l#autonomie communale- ,ommela nature $engeresse de MeronA le peuple de Paris reprend sesdroits et li<uide les antasmagories des oule$ards-"#insurrection uraine s#appuie sur l#ClCment dCclenc%eur d#uncontete immCdiat Nla guerre entre la France et la PrusseOA maiselle %Crite aussi d#une culture rC$olutionnaire d#un si;cle etd#une sociailitC de <uartier <ue le prCet de la Seine n#a pas putout @ ait dCaire- .$ec la (Cpuli<ue dCmocrati<ue etsociale DA la rCappropriation politi<ueA Cconomi<ue etsmoli<ue de l#espace urain peut commencer-

(Cappropriation politi<ue d#aord : .pr;s soiante!di ansd#empireA de monarc%ieA de rCaction clCricaleA parlementaireAautoritaire et centralisatrice DA la $ille reprend la tradition desanciennes communes et de la (C$olution ranRaisenote D etsou%aite s#associer a$ec toutes les autres communes de France-)n esp;re la disparition graduelle de l#tat au CnCice de

l#organisation Cconomi<ue des CdCrations Cgalitaires detra$ailleurs solidarisCs de ParisA puis de FranceA d#urope et detoutes les parties du monde-

.u contraire de l#ecessi$e centralisation de tradition onapartiste du Paris %aussmannisCA la ,ommune s#organise par CdCrationsA en s#appuant sur le tissu localA sur les clus et lescomitCs <uiA grJce @ elleA restent autonomes tout en Ctant unis-+ne sCrie de commissions collecti$es amorceA par $oie de

dCcretA nomre de mesures politi<ues <ue la raXc%e IIIe

(Cpuli<ue n#a$ait pas osC prendre : liCration des dCtenus politi<uesA proclamation de la liertC de la presseA plaonnement du traitement des ClusA interdiction des cumulsAinstauration de l#instruction laY<ueA gratuite et oligatoireAsCparation de l#glise et de l#tatA suppression du udget descultes et communalisation des iens du clergC- Pour lCgitimerses grands tra$au et l#asence de droits municipauAaussmann airmait de$ant le ,onseil <u#il n#eistait aucunecommunautC d#origine entre les 2 millions de Parisiens $enusde pro$ince ou de l#Ctranger- "a proclamation de la ,ommune



montre <u#il eiste cependant une communautC de destin et <uecelle!ci peut s#organiser politi<uement-

(Cappropriation Cconomi<ue et sociale ensuiteA mUme si ledClCguC _ourdeA un peu trop respectueu des marc%CsA renonce@ pioc%er dans les onds de la Ban<ue de France par crainted#une dC$aluation- Plus audacieuseA la ,ommission du tra$ailAde l#industrie et de l#Cc%ange repousse les Cc%Cances NsansintCrUtsO pour les petits commerRants et industrielsA suspend les$entes des oLets dCposCs au Mont!de!PiCtC et interdit lesamendes et les retenues sur salaire des ou$riers- lle supprimeles ureau de placement sur$eillCs par la police au proit d#une ourse du tra$ail D oV les emploCs enregistrent leurs

compCtences et oV les emploeurs pulient les a$antagessociau de leurs emplois- lle institue une ,ommissiond#en<uUte et d#organisation du tra$ail <ui recense aussitHt lesateliers dCsertCs par les patrons pour les transormer encoopCrati$es ou$ri;res- lle attriue les marc%Cs au sociCtCs<ui Cc%angent leurs produits au pri de re$ient- Soutenu par uncrCdit communal gratuitA cet Cc%ange Cgal D sansintermCdiaire parasite permet @ l#ou$rier de demeurer

propriCtaire de son tra$ailA et au CnCices de inancer d#autres

associations- "#entraide plutHt <ue la concurrence : tel est lemot d#ordre de la ,ommissionA <ui communalise nomre deari<ues locales- "a %iCrarc%ie ancienne est li<uidCe au

proit de dClCguCs Clus par les ou$riersA rC$ocales et auappointements ies-

(Cappropriation uraine et smoli<ue eninA <ui li<uide lesantasmagories de la ci$ilisation proprement dites- *;s le 1WmarsA les CdCrCs rCin$estissent l#Htel de $ille <uiA au centre de

la citCA incarne la sou$erainetC populaire- ,et acte politi<ueC<ui$aut @ relCguer en pCrip%Crie les 'uileriesA le Palais!(oalet le Palais BouronA smoles des trannies monarc%i<uesAimpCriales et parlementaires- "a rue rede$ient un espace puliccomme @ la elle Cpo<ue du Palais!(oalA a$ec ses placardsAses aic%es et ses programmes- )n discuteA dCatA c%ante desc%ants rC$olutionnairesA se <uerelle sur la derni;re motion endate- )n $end @ la criCe des Lournau comme !e Cri du

peupleA !e +rolétaireA !e <engeur ou !e +)re (uchBneA cedernier Ctant connu pour ses col;res contre les Lean!outres de

propriCtaires <ui ne outent pas les <uittances au patriotes D-





c%antent !a Marseillaise et !e Chant du départ - "a tUte de apolCon Ier se dCtac%e et roule au pieds de la oule ra$ie- ,escCrCmonies plus ou moins oicielles $iennent s#aLouter au

nomreuses Utes populairesA comme celle de la oire au Lamon organisCe par le lan<uiste (aoul (igaut sur le oule$ard (ic%ard!"enoirA ou encore celle au pain d#Cpice surla place de la BastilleA <ui remplacent celles de l#empire- "e 20maiA alors <ue les ersaillais commencent l#oensi$eA un grandconcert gratuit a lieu au 'uileries en a$eur de la $eu$e et del#orp%elin :

!'harmonie tombe dans le $ardin !es lanternes, les lampions $oyeu& constellent le ga%on, dansent au& arbres, colorent les

$ets d'eau !e peuple rit dans les massifs !es Champs-.lysées,tout noirs, semblent protester contre ces matres populairesqu'ils n'ont $amais reconnus <ersailles aussi proteste par ses

fusées d'obus éclairant d'un blafard reflet l'arc deHriomphenote

=e retour des 'arricades

"a recon<uUte de la ille par la illenote DA de la $ille

impCriale par la $ille populaireA se redoule d#une guerre ci$ileAengagCe par les ersaillais lors de l#atta<ue de ,oure$oie du 2a$ril- "es communards ripostent le 3 a$rilA mais attent enretraite le ^- "#ennemi s#est organisC-

"e dimanc%e 21 mai 1W71A les principau orts dCendus par lescommunards sont tomCsA et les atteries $ersaillaises entrentsans lutte dans Paris par les eau <uartiersA prCcisCment par lePoint!du!_ourA du cHtC du e et du Ie arrondissement <u#ilsoccupent sans mal- "es ersaillais commencent @ usillerderri;re les os<uetsA dans les ruesA de loin et @ out portant-,#est le dCut de la litanie moride de la semaine sanglante D-"undi 22A les ersaillais sont postCs au portes d#.uteuilA dePassA de S;$resA de ersaillesA sur la colline de ,%aillot et aurond!point de l#toile- *elescluKes ait placarder une aic%e<ui a un eet dCplorale- Il appelle @ la in de la militarisationet au comat au ras nus D et sans galons- ,%acun se replieaussitHt dans son <uartier pour Cle$er sa arricade- "#ostaclesemleA il est $raiA parois redoutale- Critier des leRons de

Blan<uiA un certain apolCon aillard garde une monumentale arricade en plein milieu de la rue de (i$oli- Pour la tourner



ainsi <ue <uel<ues autresA les ersaillais passent par la Koneneutre <ue les Prussiens leur permettent d#emprunter- "e

oule$ard Males%eres permet une entrCe rapide des troupes-

Mais les CdCrCs ont dCL@ dCsertC leur ort- "es ersaillais prennent acilement les ,%amps!lsCesA Saint!"aKare etl#cole militaire- Mardi 23A malgrC des appels @ laraternisationA les soldats de ersailles a$ancentA s#emparent deBatignollesA <ui rCsiste $aillammentA de MontmartreA prise @re$ers grJce au PrussiensA et usillent les rCsistants au parcMonceau- Mercredi 2Â les memres du ,onseil de la,ommune C$acuent l#Htel de $ille etA ne $oulant pas laisser ce

palais du peuple @ des usurpateursA l#incendientA ainsi <ue les'uileriesA smole du pou$oir monarc%i<ueA le palais de

LusticeA t%CJtre de parodies de proc;sA et la prCecture de policeAlieu d#arrestations ausi$es Non tire mUme sur la colonne de_uilletA pour ne pas laisser ce smole de la liertC augou$ernement de '%iersO- Ils se rCugient dans la mairie du Ie arrondissementA sur l#actuel oule$ard oltaireA percC paraussmannA centre de la ,ommune en lutteA non loin de laBastille- "es ersaillais prennent le <uartier du "ou$reA de laBan<ue de France et de la Bourse- "#Xle de la ,itCA dCsertCe parles classes populairesA ne orme plus un Xlot de rCsistance-

"#armCe de '%iers triomp%e des arricades des rues Soulot eta!"ussac grJce @ une a$ancCe rapide permise par la percCeSCastopolA et massacre des centaines de prisonniers et desuspects pr;s du Pant%Con- _eudi 25A les ersaillais repoussentles dCenseurs de la Butte!au!,ailles Lus<u#@ la Bastille etoccupent toute la ri$e gauc%e- Pas moins de trois arricades sedressent sur la percCe stratCgi<ue D de 'urigo- "a rCsistanceest plus arouc%e encore sur les arricades de la place du,%Jteau!d#au Nde la (Cpuli<ueOA pourtant desser$ie par les

grandes percCes- Mais le soirA elle ailit- *elescluKeA <ui acompris <ue c#Ctait la in et ne peut suir une dCaite de plusAremonte lentement le oule$ard oltaire et se laisse tuer sur la

arricade- *CsormaisA les ersaillais alignent les comattants etles suspects pour les aattre @ la mitrailleuse- endredi 26A ilsorcent les CdCrCs de "a illette @ se replier $ers Belle$ille-Mais c#est la ligne de rCsistance la plus orte <u#il leur aut$aincre maintenant- "a place de la BastilleA pourtant cernCe parles percCes stratCgi<ues d#aussmannA tient toute la LournCe-

lle n#est prise <ue le soir- Samedi 27A les massacreurs arri$ent place du 'rHne NationOA dans le <uartier de ,%aronneA et ont



tomer les derni;res rCsistances au P;re!"ac%aiseA oV ilsusillent 1 600 Parisiens contre le mur <ue l#on appelle mur desFCdCrCs en leur %ommage- Ils s#ac%arnent par tous les cHtCs

contre Belle$illeA dernier astion de la rCsistance- *imanc%e 2WmaiA la derni;re arricade tome rue (amponeau- ersaillesA<ui a perdu 1 000 %ommes en$ironA se $ante d#en a$oir tuC 17000 ] la moitiC du c%ire $Critale ] et la (Cpuli<ue Cdiieune Cglise sur la utte MontmartreA l@ oV tout a commencC

pres<ue sans $iolence et oV tout a ini dans un ain de sangA pour epier D les crimes de la ,ommune D : le SacrC!,>urN$otC en 1W73A construit en 1W75O-

"es percCes %aussmanniennes n#ont pas CtC si eicaces <ue

prC$u- ,ertesA les troupes ont pu entrer rapidement par certainsaesA mais elles ont aussi CtC gUnCes par les oule$ardsAcompl;tement @ dCcou$ert sous le eu des CdCrCsnote commel#a$ait prCdit Blan<ui- *e plusA en aisant C$acuer les casernesa$ant l#insurrectionA '%iers a$ait perdu l#a$antage del#encerclement- ninA les larges a$enues n#ont pas empUc%Cd#Cle$er des arricadesA sou$ent insurmontales- "a tacti<uedes ersaillais consistait d#ailleurs @ C$iter la conrontationdirecteA @ contournerA @ passer @ tra$ers les immeules et @

atta<uer @ re$ers- "eur oensi$e n#a paC <u#en l#asenced#organisation du cHtC des CdCrCs- MalgrC toutA et notammentmalgrC le recou$rement du canal Saint!MartinA la plus orteligne de rCsistance se trou$ait au ni$eau du oule$ard (ic%ard!"enoirA comme en 1W^W- n plein c>ur de l#espace populaireA la

place de la BastilleA pourtant cernCe de percCes stratCgi<uesA estrestCe imprenale pendant trois Lours- ,#est <u#elle Ctait aussi%autement smoli<ue- MalgrC les eorts d#aussmannA leParis ou$rier eistait encoreA et le auourg Saint!.ntoine

rCsistait au antasmagories comme @ l#artillerie ourgeoises-(lan%ui au ort du Taureau

)V se trou$ait Blan<ui pendant la ,ommune ` "e 17 mars1W71A $eille de la tentati$e de prise des canons et du dCut del#insurrectionA '%iers le ait arrUterA s#eclamant : nin oustenons le plus scClCrat de tousnote D "e ieu DA comme ondit @ Paris Nil a soiante!si ansOA est enregistrC comme condamnC @ la peine de mort pour ait de rC$olution et

d#insurrectionnote D- "e 20 marsA pendant <ue son nom circuledans la capitale parmi les Clus potentiels de la ,ommuneA il est



secr;tement conduit @ la prison de ,a%ors- Personne nel#interrogeA comme le $oudrait le code d#instruction criminelleAet toute communication a$ec l#etCrieur lui est interditeA

Lournau compris-Pendant ce tempsA les Clus de la ,ommune lCgi;rent etman<uent d#un strat;ge pour organiser l#oensi$e militairecontre ersaillesnote- Par trois ois en a$ril et mai 1W71A lescommunards tentent d#Cc%anger leur Clu contre cin< puissoiante!<uatorKe otages Nla totalitCOA dont l#arc%e$U<ue deParisA Monseigneur *aro- '%iers rCpondA %pocrite : _e ne

puis rien sans l#autorisation du ,onseil des gCnCrauZ _e neconnais pas M- Blan<ui T on le dit intelligent et tr;s dangereuA

il appartient au parti etrUme de la rC$olution- D Puis il s#reuse encore en dCclarant <ue rendre un tel %omme @l#insurrection re$ient @ lui en$oer une orce Cgale @ un corpsd#armCenote D- "a raison est plus claireA et sous elle perce lastratCgie : si la oule easpCrCe par la rCpression tue les otagesAalors la ,ommune aura du sang sur les mains et la rCpressionsera d#autant plus lCgitime- Pour le massacreur de la rue'ransnonainA l#%omme d#glise n#est utile <ue sous orme decada$re-

"e matin du 22 maiA premier Lour de la semaine sanglanteABlan<ui est emmenC @ la gare de ,a%ors- Il part sous %autesur$eillance pour MorlaiA oV il arri$e le 23A puisA dans la nuitA@ un c%Jteau ort en pleine merA oV on le Lette dans une cellule-

i gree ni CcrouA ni interrogatoire ni moti d#arrestationA pasde magistrature ci$ile ni militaireA personne ne sait oV il setrou$e et on peut tirer @ $ue sur lui @ la moindre incartade : pireencore <ue la monarc%ie de _uillet et le Second mpireA legou$ernement rCpulicain sC<uestre Blan<ui comme une UteCroce-

Une hypoth.se astronomi%ue

.u ort du 'aureauA la relation de Blan<ui a$ec le monde selimite @ la enUtre de son cac%otA d#oV il peut contempler lesCtoiles- "#insurrection rCprimCeA on lui permet de communi<uer a$ec l#etCrieur et de lireA mais les ou$rages politi<ues lui sont

interditsA tout comme les actualitCs- "e 21 Luin 1W71A ildemande des Ctudes de "aplace sur le sst;me stellaire- nterrC



dans sa cellule Lour et nuitA il se rCugie ] dit!il @ sa s>ur ]dans les astres oV l#on peut se promener sans contraintenote D-

(em;de contre les tortures p%si<ues et morales <ui l#aligentAl#%pot%;se astronomi<ue <u#il Claore dans sa casemate n#est

pas sans lien a$ec le mou$ement de l#%istoireA notamment celledu capital et des rC$olutions- uelle est cette %pot%;se `*#apr;s le rC$olutionnaireA la nature dispose d#une centaine decorps simplesA pas plusA pour crCer l#uni$ersnote- ,ela autorisedes milliers de cominaisonsA mais le rCsultat est logi<uementun nomre ini- )r le cosmosA luiA est inini- Il est donc orcC derCpCterA @ un moment donnCA la mUme cominaison- Il se trou$ealorsA dans l#espaceA des astres identi<ues @ d#autres astresA

strictement ou @ d#autres Ctapes de dC$eloppement- *#oVl#%pot%;se terriiante : la terre poss;de ses doulesA et c%acund#entre nous poss;de un nomre inini de sosiesA Cternel @c%a<ue seconde de son eistence-

Ce que $'écris en ce moment dans le ch3teau du fort duHaureau, $e l'ai écrit et $e l'écrirai pendant l'éternité, sur unetable, avec une plume, sous des habits, dans des circonstancestoutes semblables =;@ !'univers se rép)te sans fin et piaffe sur

place !'éternité $oue imperturbablement dans l'infini lesmBmes représentationsnote

Il n# a donc pas de progr;sA <ue des rCpCtitions du mUme- tBlan<ui d#Ccrire cela alors <ue ses camarades $iennentd#Cc%ouer @ c%anger le cours de l#%istoire Sa t%Corie aurait pumener @ la possiilitC de la grande iurcation : par une autrecominaison des cent corps simplesA Blan<ui aurait pu setrou$er lire au moment de la ,ommuneA s#en aire le c%eAl#amener @ la $ictoire- Mais Blan<uiA au contraireA se dCsole <ueles sosies de c%acun ne puissent se glisser sur cette terreA aire

partager les erreurs utures et permettre de prendre demeilleures dCcisions- "e mou$ement de l#%istoire l#am;ne @ une%allucination inernale- Blan<ui se ait le complice in$olontairede la sociCtC <ui l#a emastillC tout au long de sa $ieA etreproduit cet enermement @ l#inini- Il semle loin le temps oVil Ccri$ait : Paris m#a dCsolC uelle apat%ieA <uelaaissementA <uelle mCtamorp%ose .$ec mes idCes de(C$olution aussi ardentes <ue LadisA L#a$ais l#air d#un re$enant

de l#autre mondeA d#un antHme des temps passCs- _# ai passC<uel<ues Lours pleins de douleur et de col;re- Mais Le n#ai pas



perdu pour cela l#espCrance- Il audra gal$aniser ces cada$resAs#ils ne $eulent pas marc%er $i$antsnote- D

CanmoinsA la $ision %allucinCe de ce contempteur du progr;set des atalistes de l#%istoire issureA par une ironie <ui lui restecac%CeA les antasmagories %aussmanniennesA <ui se dCploientselon une continuitC %omog;ne et $ide- Sur un mode plustragi<ue encoreA *elescluKesA acti dans les Cmeutes de Saint!Merr en 1W32A commissaire de la (Cpuli<ue en 1W^W puisenermC sous l#mpireA est allC @ la mort en remontantlentement le oule$ard oltaireA longue ligne monotone<u#aussmann a$ait aptisC Prince!ug;neA et dont lec%angement de nom par la (Cpuli<ue de '%iers mas<ue mal la

continuitC entre les deu rCgimes- Blan<uiA luiA est tragi<uemalgrC lui- Il a supportC toutes les dCaitesA reprenant le comata$ec la mUme Cnergie tout au long du si;cleA a$ec une lenteimpatience- S#il semle se soumettre @ la sociCtC ourgeoiseA il s#agenouille de$ant elle a$ec une telle $iolence <ue son trHneen est CranlCnote D- nermCA le rC$olutionnaire proessionnel

perce le secret de la monotonie des percCes %aussmanniennes :elles rCp;tent indCiniment le mUme dCsastreA <ue smoliseBlan<uiA c%e asent de la ,ommune dCaiteA Ccri$ant

Cternellement !'.ternité par les astres- "#%istoire de laci$ilisation <ue prCtend incarner Paris %aussmannisC n#est plus<ue de la paille pour empailler le temps ininiA celui del#Cternelle $ictoire des $ain<ueurs- "a antasmagorie de laci$ilisation de$ient antasmagorie de l#%istoire-

n eet- n 1W73A une assemlCe dCmocrati<ue D $ote lerCtalissement de la colonne endHmeA <ue ,ouretA rendu seulresponsale de sa dCmolition dans une dCnCgation

smptomati<ue de la dCmocratie communaleA est condamnC @remourser sur ses iens Lus<u#@ la in de sa $ie- n 1W76A le monument du despotisme D est rCtali- apolCon est sur sonsocleA a$ec toute sa tUte-

9pilogue D ,roust sur le 'oulevard 4aussmann

n 106A Marcel Proust emmCnage au 102A oule$ardaussmannA dans un immeule <ui appartenait @ son grand!oncle- Il commence À la recherche du temps perdunote-

IncommodC cependant par le ruit du oule$ard alors <u#ilc%erc%e @ se concentrer sur ses sou$enirsA l#Ccri$ain tapisse de



li;ge les murs de cette c%amre oV triomp%aitA selon luiA le mau$ais go[t ourgeois D- )n peut $oir au musCe ,arna$aletA @ParisA le rCsultat de cette mCtamorp%ose : un simple lit @

arreau de cui$reA un ureau en poirier noirciA un miroirA unetale @ raats de ois somreA une lampe @ aat!Lour $ertA unemodeste mCridienne et un auteuil sans ornementsA cla<uemurCsdans une minuscule co<ue recou$erte d#Ccorces runes- .$ecses meules modestes et onctionnelsA cette co<uille de noiA%ostile @ l#>il mais douce @ l#oreilleA contraste ortement a$ec le$aste oule$ard @ l#etCrieurA ruant et astueuA ordC demagasins luueu comme "e PrintempsA et au aRadesnCoclassi<ues ien alignCes-

Il semle <ueA au cours du si;cleA le dispositi desantasmagories de l#intCrieur se soit in$ersC : pendant lamonarc%ie de _uillet N1W30!1W^WOA le salon rassurant ducollectionneur de$ait plonger le ourgeois dans une Cerie%istoriciste- Ses $elours et ses tentures lui aisaient oulier sa

position Cconomi<ue et sa onction sociale du de%orsA <ue luirappelaient les nou$eau matCriau Nle erA le $erreO et lesnou$eau citadins Nles ou$riersO- 8 l#orCe du e si;cleAaussmann a ait sortir ces antasmagories dans la rue : a$ec

luiA @ l#etCrieurA on oulie aussi- t Proust de se caleutrer @l#intCrieur pourA non sans malA se sou$enir ] et Cpingler au

passage une ourgeoisie dCcadente et une petite!ourgeoisiearri$iste- "a mCmoire in$olontaire D <u#il pro$o<ue par seseercices d#CcritureA et <u#il era sortir du ois au dCtour d#unesensation inattendueA s#oppose @ la mCmoire $olontaire DmoilisCe par aussmannA commCmoration opiniJtre del#empire <ui reoule l#%istoire populaire de Paris et de sesrC$olutions sous un plJtras nCoclassi<ue-

.lors <ue les antasmagories de la ci$ilisation transormentAd#un regard dominateurA les atroces rCpCtitions de l#%istoire enune ligne ordonnCeA monotone et astueuseA il eiste unemCmoire attenti$e au ruissements de l#%istoire et ausou$enirs enouisA comme ceu de la ,ommuneA ense$elis sousla pierre lanc%Jtre d#un SacrC!,>ur reliC @ otre!*ame et @ latour iel dans ce <ui est de$enu le parcours tpi<ue dutouriste du e si;cle-

" 38NT8SM8G6RIES ,6STM6&ERNES



EISENSTEIN F &ISNEA=8N&

*isne est tout simplement =par!del@ le ien et le mal?note- D

SergueY isenstein

Sergue Eisenstein et Halt &isney

SergueY isenstein N1WW!1^WO meurt a$ant l#inauguration de*isneland en 155- "e cinCaste russe n#a donc pas connu le

parc d#attractions le plus cCl;re du monde- *ans les annCes1^0A il rencontre cependant son crCateurA Qalt *isne N101!166OA comme un $ieil aminote D dont il admire le monde

imaginaire- ,omment le t%Coricien so$iCti<ue de l#armCe rouge peut!il aimer les Ceries animali;res de l#industriel conser$ateur ` MicGeA Pluto et *onald ne se trou$ent!ils pas coupales dedistraire l#%omme de la rue des prol;mes $CritalementsCrieu D : ceu du rapport entre tra$ail et capitalA dont il suitl#aront tous les Lours `

ui a peur du grand mCc%ant loup ` ,#est pas nousA c#est pasnousZ DA c%antent les 'rois Petits ,oc%ons en 13^- MaisAdans une rCalitC moins UtiianteA le grand mCc%ant capitalA @tous les coins de rueA soule sur l#ou$rier tra$aillant c%eKFord depuis des annCes et le c%asse de son douillet pa$illonA

pour le<uel il doit encore la derni;re traitenote DA admetisenstein-

"es andes de *isne taisentA un momentA cette gueule aamCe<ui engloutit c%a<ue annCe des millions de c%Hmeurs et detra$ailleurs- Souris insolentesA c%ats policiersA canardsap%asi<uesA mais aussi poissons!cagesA truies!accordConsA

s<uelettes!lop%onesA ou encore ateau!mammi;re marinAa$ions!rapaces et treuils!mains : mCtamorp%oses etKoomorp%oses disneiennes constituent un reuge prClogi<uecontre le triomp%e de la rationalitC ormelle- htres $i$ants etc%oses inertes s#animent et se pCtriientA s#Ctirent ou serapetissentA se plientA c%ionnCsA ou se dCroissentA impeccales: incarnationsA transormations et locomotions reprCsentent une rC$olte lri<ue D contre le mCcanisme d#%orlogerie de la $iestandardisCe @ l#amCricaine-

,ette rC$olte peut semler sans consC<uenceA et le prolCtariat



$ain<ueur ] noteA prudentA isenstein ] n#Cl;$era certes pasde monument @ un crCateur de souris <ui parle- Mais le Lour oVils Crigeront l#Jge d#orA les .mCricains se sou$iendront de

l#image <ue *isne en a$ait donnCe durant l#oppression-$asion ne signiie pas tromperie : il ne s#agit pas d#escamoterles conlits sociau ni d#intoi<uer les spectateurs a$ec desdiscours lCniiants sur la eautC du monde tel <u#il est Net doitdemeurerO- Qalt *isne tCmoigne :

(ans nos grands films, nous évitons le plus possible d'avoiraffaire 6 des personnages humains Qu'Nollyood s'en charge

Uous possédons un royaume 6 nous dans lequel des animau& et mBme des ob$ets inanimés parlent, pensent et agissent comme

des Btres humains, mais avec un charme supérieur C'est unmonde féerique et magique qui convient 6 cette forme nouvellede la poésie Mais le dessin animé est allé au-del6 de ce mondelimité 6 l'art note

"a plasmaticitC D du maXtre amCricain le situe en eet par!del@ le ien et le mal DA note isenstein- Il construit un monde liCrC de la nCcessitC D-

ntre ietKsc%e et Mar doncA la ari<ue @ cartoons introduitun instant sulimeA saturC de la nCgation de tout ce <ui est liCau sourances engendrCes par les conditions sociales d#ungros tat de classes capitalistenote D-

*isne dessine et un paradis retrou$C D surgit- ,ar l#denn#est perdu <ue pour ceu <ui $eulent le aire resurgir du

passC D- ,ontre ces nostalgi<ues rCactionnairesA il s#agit pourisenstein de le crCer dans le meilleur a$enir socialiste D-

"e rCalisateur russe $oit en *isne un grand consolateur D <ui proLetteA dans ses ales grap%i<uesA l#utopie socialiste d#unmonde meilleurA oV l#%omme se rCconcilie a$ec les crCatures%umaines et naturelles- "e p;re de MicGe c%ante une erceuse pour les mal%eureu et les inortunCsA les oensCs et lesdCpossCdCsnote D- Sa orce rCside en ce <u#il proLetteA @ l#aide deson craonA un contrepoint radical au monde moderne-isenstein distingue Nen 1^1O son ouli nCgati de l#oulirCgressi et stCrile d#ollood : pure nCgati$itC des conditions

prCsentesA sans regret ni morale ] mais a$ec un %umourgrandiose- Il aLoute <ue le rire des spectateurs constitue un pur



relJc%ement des ners D : indispensale moment de pause pour le comattant socialiste-

n reA le dessinateur a la grJce d#imaginer la sociCtC du uturet de ressourcer le comattant d#auLourd#%uiA mais il aut

prendre garde au retournements nostalgi<ues et au oulisaUtissants- isenstein prCpare!t!ilA a$ant l#%eureA le rC<uisitoirecontre *isneland `

Halter (en0amin et Micey Mouse

Il est Ctonnant <ueA anticipant sur ces notes du cinCaste russeAQalter BenLamin ait dC$eloppC le mUme genre d#analse- *ans

une $ariante de !'\uvre d'art 6 l'époque de sa reproductibilitétechniqueA le p%ilosop%e distingue deu onctions de l#art : 1OFamiliariser l#%umanitC a$ec des images dCterminCesA a$antmUme <ue les inalitCs poursui$ies par ces images soientde$enues conscientes T 2O permettre au tendances socialesdont la rCalisation aurait un eet destructeur sur les %ommeseu!mUmes de con<uCrir leur droit dans le monde desimagesnote- D

"a premi;re onctionA <ui ren$oie eplicitement @ Fourier et @Sc%eerartA correspond au rHle de l#utopie- lle rappelle le rU$egrandiose <ue les %ommes etCnuCs n#ont pas la orce deconstruire et <ue l#eistence de MicGe Mouse incarneeemplairement-

Cette e&istence est pleine de prodiges qui non seulementdépassent ceu& de la technique, mais tournent ceu&-ci endérision Car ce qu'ils offrent de plus remarquable, c'est qu'ilsne mettent en $eu aucune machinerie, qu'ils surgissent 6

l'improviste du corps de Mic*ey, de ses partisans et de ses persécuteurs, des meubles les plus quotidiens aussi bien quedes arbres, des nuages ou des flots !a nature et la technique,le primitivisme et le confort se confondent ici parfaitement, et

sous les yeu& de gens fatigués par les complications sans fin dela vie quotidienne, de gens pour qui le but de la vie n'apparat

plus que comme l'ultime point de fuite dans une perspectiveinfinie de moyens, surgit l'image libératrice d'une e&istencequi, en toutes circonstances, se suffit 6 elle-mBme de la faEon

la plus simple et en mBme temps la plus confortable, unee&istence dans laquelle une automobile ne p)se pas plus lourd



qu'un chapeau de paille, et o4 le fruit sur l'arbre s'arronditaussi vite que la nacelle d'un ballonnote

Pour BenLamin aussiA *isne rappelle le paradis- Mais cettecon$ocationA loin de se cantonner @ un rHle de consolationA

prCpare l#%omme @ rCaliser des images utopi<ues dont il n#Ctaitgu;re conscient-

oons l#autre cHtCA moins idlli<ue- "ittCralement mutilCA lecorps Clasti<ue de MicGe peut se aire dCpossCder de son rasou de sa Lamenote- "e rongeur est %ouspillCA cognCA torduAestropiC- Il se $enge sur les Utres @ sa portCeA coulant ici un

perro<uetA aisant tournoer l@ un c%at par la <ueueA arrac%ant

des porcelets au pis de leur m;re pour mieu les aire couinerNSteamboat "illieA 12WO- Il $a Lus<u#@ maltraiter Minnie dansle seul ut de lui arrac%er un aiser N +lane Cra%yA 12WO- "e

p%ilosop%e allemand note <ue ces pCripCties %eurtCesressemlent au parcours larint%i<ue d#une dCmarc%eadministrati$e dans une ureaucratie moderne- lles rel;tent la$ie dans un monde artiiciel et lui retournent sa $iolence- "eseul enseignement <u#on puisse en tirer : la uite-

mouteillages et accidents de $oituresA a$aries et cras%d#a$ionA accClCrations in%umainesA dCc%arges inopinCesACcrasements imprC$usA sectionnements soudains : en suissantun certain nomre de rutalitCs per$erses <ui menacentl#%omme au <uotidienA la petite estiole noire prC$ient lamaturation rampante de ces mUmes pulsions dans la oule- "erire pro$o<uC correspond alors @ l#eplosion de psc%osescollecti$es : il a;re D et assouplit D les massesnote-"#inconscient opti<ue D du dispositi cinCmatograp%i<uedCclenc%e un dnamitage de l#inconscientnote D- "#eilCA <uiCcrit cela au moment du naKismeA dCsigne cette eplosion

prCmaturCe comme salutaire-

,%eK isensteinA le rire constitue @ la ois l#interruption des%ostilitCs de la sociCtC ennemie et le repos du guerrier <ui lacomattait- ,%eK BenLaminA plus in psc%ologueA il li;reaussi les aects agressis reoulCsA <u#engendrent les c%ocsrCpCtCs de la $ie moderne- Mais cette purgation des passionssur le mod;le de la catharsis grec<ue peut a$oir un eet

contraire- (emar<uant le $oisinage du comi<ue et de l#%orreurABenLamin se demande si l#on ne de$rait pas Utre plus %orriiC



<u#amusC de$ant certains *isne des annCes 130- ,ertainssont en eet d#une $iolence <ui m;ne du rire au malaiseA puis @la sidCration- Camping Dut N13Ô s#ou$re sur une lutte cocasse

entre des pi<ue!ni<ueurs du dimanc%e et une armada demousti<ues attirCs par leur dCLeunerA et se clHt sur une guerreaCrienne comprenant l#utilisation d#armes c%imi<ues- Il se

pourrait ien <ueA en augmentant la capacitC @ encaisser lessc;nes $iolentesA on tente de aire accepter les rutalitCs<uotidiennes comme des caprices du sortA et non plus commel#eet de circonstances %istori<ues- t cela de gaietC de c>ur-

aiement masoc%istesA les spectateurs de *isne ` '%eodor.dorno et Ma orG%eimer notent <u#en eet *onald *ucGA un

personnage <ui dCar<ue au mUme moment sur l#Ccran Nen13ÔA reRoit sa ration de coups comme les mal%eureu dansla rCalitCA ain <ue les spectateurs s#%aituent @ ceu <u#ilsreRoi$ent eu!mUmesnote D- +n tel rire poss;de du mUme coupdes traits sadi<ues : les spectateurs se mo<uent del#anticonormiste <ui mCrite ien une correction DA @ tous lessens de ce terme- .dorno Ccrit @ BenLamin <ue le rire desspectateursA loin d#Utre on ou rC$olutionnaireA Ctait rempli du

pire sadisme ourgeoisnote D- ,ette rCaction %ilare tCmoigne

peut!UtreA en eetA d#un conormisme social teintC d#uneagressi$itC indi$iduelle dirigCe d#aord contre soi!mUmeNmasoc%ismeOA puis contre l#autre NsadismeO- lle se trou$eadC<uate @ un rCgime ondC sur la personnalitC autoritaire <ui

prCpare les ascismes des annCes 130note- ,#est proalement pour<uoi BenLamin CcritA laconi<ueA dans ses notes personnelles : "#utilitC de la mCt%ode de *isne pour leascismenote- D

n rCsumCA l#uni$ers de *isne contient trois tendances : unerC$olutionnaireA montrant au comattantA dans un moment detrU$eA les images utopi<ues pour les<uelles il se at T une

progressisteA liCrant les pulsions agressi$es du pulic par leurreprCsentation etCrieure T une rCactionnaireA potentiellementascisteA l#%aituant @ un conormisme masoc%iste appropriC @une sociCtC per$erseA et pou$ant tourner en un sadisme %ostile-

&e Micey Mouse à &onald &uc J et retour

Mais il con$ient de situer %istori<uement c%acune de cestendances- "e caract;re d#aord asocial du plus cCl;re rongeur



de l#%istoireA <ui retournait @ l#en$oeur ] la sociCtC ] sa propre ararieA n#a pas touLours plu- *e 12W @ 130A MicGeincarnait en eet un Utre ondamentalement CgoYsteA re$anc%ard

et pres<ue aussi luri<ue <ue le loup de 'e .$erA nC un peu plus tard- Il ne cCdait pas sur ses dCsirsA ussent!ils inantiles ouincon$enants- Il les poursui$ait co[te <ue co[teA de triulationsen admonestationsA personniiant la liCration salutaire dureoulC-

,ela amuse une grande partie du pulic- Mais Qalt *isnereRoit aussi une a$alanc%e de protestations $enues de m;res deamilleA mCcontentes de l#attitude d#un animal peu eemplaire

pour leurs enants- )n sait ce <u#il est ad$enu : *isne

s#alignant sur une moralitC de classes moennes <u#il connaXt ienA MicGe s#assagit et de$ient l#enant de onne amilleA poliet policCA <ue l#on connaXt auLourd#%ui- Il incarneA selon les$>u de ses managersA le tpe de l#adolescent moenA propreA

LoeuA ien Cle$CA en orme <uand il le autnote D- Il calme sesardeurs pour Minnie <ue la censure orce @ porter des sous!$Utements-

)n oser$e cette coure descendante entre 12W et 13Â

pCriode durant la<uelle l#anarc%ie Loeusement dCLantCe du premier MicGe s#eace derri;re un conormisme mi;$re NBugsBunn et *a *ucG reprendrontA c%eK Qarner BrosA lec%alumeau de la su$ersionO- n 12WA l#annCe de sa naissanceAl#animal sCduit sans mani;res une elle souris <ui passait par l@Al#emar<ue dans son Kinc de ortuneA lui inlige une sCrie decascades orcenCes etA proitant d#un moment d#Cpou$anteA lui$ole un aiser- Minnie le gile en retourA saute de l#engin en $olet transorme sa culotte en parac%uteA montrant un instant ses

esses @ des millions de spectateurs- "e ilm se termine sur uncras% impressionnant et le pilote init %umiliCA mCprisC etrageur- n 133 NHhe Mail +ilot OA d#%umeur plus constanteAMicGe ra$e %CroY<uement les dangers de la aune aCrienne

pourA p%oto de sa elle en poc%e et %mne national en tUteAli$rer triomp%alement le courrier de l#autre cHtC de l#.tlanti<ue-*e 12W @ 133A le sulime ratC laisse la place au %Croscon$entionnel etA Ue (eal oligeA le sacriice pour lacommunautC se sustitue au pulsions indi$iduelles- n 13^NDrphan's Wenefit OA un sourire niais se ige sur sa gueule deieC co<uin- *e$enu raisonnale et paternelA MicGe s#occupe



des orp%elinsA ram;ne les situations dCsordonnCes @ la normaleet calme les irasciles- +n canard ardentA en particulierAapparaXt et se c%argeA @ l#arri;re!planA de tous ses traits

$indicatis : *onald *ucG- MUme si l#uni$ers disneen rCser$eencore <uel<ues anamorp%oses gCniales d#une utopie dCliranteA par!del@ ien et malA MicGeA luiA s#aaditA s#emourgeoiseA semoralise- )n lui lanc%it les prunelles T on inira par lui couperla <ueue- Selon *isne :

Xne des grandes t3ches actuelles du dessin animé estd'introduire 6 nouveau dans une vie normale et productive desmillions d'hommes et de femmes dont la vie a été brutalisée par la guerre, il faut donc les former et les instruire encore une

fois <oil6 une t3che immédiatenote

*isne Cducateur ait taire l#insolence du MicGe animalA deson sadisme innocentA de sa maladresse cocasse et de sesallures d#a$enturier c%ampUtre inadaptC au monde moderne- Ill#%umanise et l#adapteA a$ant l#%eureA @ la loi de l#audimat-

*ans le ond de l#CcranA les coups continuent @ pleu$oir et ceu<ui les reRoi$entA a$euglCs par leur col;reA oent dans le $ide-

"es moulinets inoensis de *onald smolisent en eet unretour de mani$elle : l#incarnation pulsionnelle ne se dCc%arge plusA comme c%eK le Leune et lamoant MicGeA sur sesennemis impro$isCsA mais s#agite dans le $ide- "es ad$ersairesse tiennent @ une distance respectueuseA amusCs de sa sCried#uppercuts $engeurs aussi tourillonnante <u#inutile- SonClocution rendue encore plus dCectueuse par ses acc;s decol;re l#empUc%e d#articuler sa plainte et ait de lui un ouon-

Sa premi;re apparition c%eK MicGe Ndans Drphan's Wenefit noteO est en cela tpi<ue : des petits MicGe au mUmesourire igC <ue le grandA @ distance et @ l#ari des coupsA lec%a%utent par des Lets de pierreA de gants de oeA etc- Pasencore aussi conormistesA mais possCdant la mUme intelligencesociale <ue leur p;re DA les c%a%uteurs trou$ent amusant deaire un soure!douleur d#un animal prompt @ sortir de sesgonds- *onald acc;de au statut moral des personnages risilesde Moli;re : parce <u#il est socialement inadaptCA il est lCgitimede le maltraiterA de le rendre ridicule et d#en aire un contre!

eemple pour la onne sociCtC-



MoralitC : les c%ocs de la $ie moderne se poursui$entA mais ilest dCsormais inutile d# rCpondre nommCment- PlutHt <ue deournir un eutoire au gens atiguCs des complications sans in

de la $ie <uotidienneA *isne leur montre le ridicule de touterCsistance : plus *onald protesteA plus les coups pleu$entA et plus on se mo<ue de lui- "a leRon tome comme un couperetsur la tUte du Leune MicGe : plutHt <ue de sui$reA CgoYste etridiculeA ses pulsions primaires N*onaldOA mieu $aut se airealtruiste et admiraleA et les socialiser dans une >u$recollecti$e N$ieu MicGeO- *isne peut alors aire ace @ lacrise et distraire les $ictimes de guerre par <uel<ues Ceriesinoensi$es-

Sous le regard d#une souris normalisCeA le canard ougueun#est pas eempt d#un soupRon : n#%aitue!t!il pas le pulic @ semo<uer de l#imCcile seul coupale de la correctionadministrCenote ` e donne!t!il pas raisonA par contrasteA @ lamoraline petite!ourgeoise de la souris %umanisCe `

isenstein rep;re c%eK *isne une epression de l#utopiecommunisteA mUme s#il a l@ aussi un prCalale auantasmagories du capital <ui se dCploieront @ *isneland-

BenLamin discerne la dimension su$ersi$e de MicGe Mouse Lus<ue dans ses traits sadi<ues- Il en pressentA du mUme coupAla dimension conormisteA potentiellement totalitaire- (este @sa$oir comment ces diCrentes tendances s#emmUlent @*isneland- Mais <ue c%erc%ent les $isiteurs du parc ens#aulant des oreilles du ameu animal `

Halt à &isneyland

*isne est ien conscient du caract;re paradisia<ue de sesdessins animCs- Il se pose d#ailleurs la <uestion de sa rCalisation: Pou$ons!nous attriuer au dessin animC un rHle dans lareconstruction uture du monde ` Pourra!t!il soutenir des idCesnou$elles ` uelle sera cette participation @ la ormation des%aitudes et des caract;res nou$eaunote ` D *isneland doitspatialiser cet den et ainsi ormer des %aitudes et descaract;res nou$eau D- ,ela $a cependant dans le sens duconormisme du $ieu MicGeA et d#un non moins Ctouantretour nostalgi<ue @ un den disparu-

.u ni$eau de l#indi$iduA l#Jge d#or rCside dans l#enance-



isenstein note <u#on peut lui rester id;le de deu mani;res : par le comat socialiste ou par des utopies grap%i<ues- "#acte$raiment rC$olutionnaire consiste @ rCaliser une sociCtC

%armonieuseA sans classesA et la prCsentation d#imagesutopi<ues <ui di;rent radicalement de l#ordre actuel est un paset un encouragement dans cette direction- Mais on peut aussiaire un usage rCactionnaire de cet Jge d#orA en se tournant $ersl#arri;reA dans le reuge d#un paradis prCtendument perdu-

)r c#est cela <ue Qalt *isne c%erc%e @ accomplir @*isneland : retrou$er le petit paradis de l#enanceAirrCmCdialement perdu- "e c%Jteau de la Belle au oisdormant lui rappelle l#%eure Lu$Cnile de l#ensommeillement :

celle des coc%ons imprC$oants et des loups patientsA descarrosses transormCs en citrouillesA des miroirs parlants et des

pommes empoisonnCesA des Perrault et des rimm- "e leu$esau$age et ses espaces lri<ues ren$oient au comats ac%arnCsdes co!os et des IndiensA au pCrils de la Lungle<u#arontent les %Cros de andes dessinCes et au i;resCtendues des ondateurs de l#.mCri<ue- "#adulte reLoue sa

prime adolescence : l#ecitation du dCpart en campingA lacamaraderie des camps de scoutsA l#Cmer$eillement de$ant de

maLestueu pasagesA l#admiration de$ant les sites %istori<ueset les sc;nes Cpi<ues de son cruA recrCCes dans la cour d#unemaison $ictorienne oV complotent Bualo BillA 'arKan et 'omSaer- *es attractions uturistes dCpeignent les a$ancCestec%nologi<ues du monde auleu <ue l#on prCsente auCcoliers ascinCs- "#%omme m[r re$it son admiration decollCgien pour les scientii<ues et les in$enteurs gCniau- ninAl#a$enue centrale matCrialise le cadre mt%i<ue d#idlli<ues

promenades amiliales dans une $ille tpi<ue de l#.mCri<ue du

ord- "a roc%ure ranRaise d#auLourd#%ui dit encore : (écouvre% les charmes et l'hospitalité d'une petite ville des .tats-Xnis au début du e si)cle +asse% devant des boutiquesde style victorien avant de prendre une cal)che pour allermanger une glace au Gibson Girl ce-cream +arlour Commeau bon vieu& temps, lorsque "alt (isney était petit garEonnote

n oser$ant la oule de *isneland depuis la enUtre de sac%amreA le $ieu Qalt pou$aitA dans les annCes 150A se

remCmorer ce on $ieu temps D-



"#industriel du dessin animC C$o<ue ainsi sa Leune enanceA sa puertC et son adolescence d#.mCricain nC au dCut du si;cle-Il le ait sur le mode nostalgi<ue d#une idlle irrCmCdialement

perdue- n croisant nostalgie indi$iduelle et aspirationscollecti$esA ce ils d#une middle class tpi<uenote trou$a lastructure mt%ologi<ue <ui it le succ;s planCtaire de*isneland-

&isneyland D un espace mythi%ue

Qalt *isne se plaignait du salmigondis D contradictoire despositions uni$erselles et des premiers parcs d#attractions- Il$oulaitA luiA constituer un t%;me coordinateur susceptile

d#organiser gComCtri<uement des ClCments $isuellementcompatiles- ,e <u#il it @ *isneland-

,ette disposition gComCtri<ueA structuration smoli<ue d#unimaginaire de con<uUteA se diuse ensuite @ l#etCrieur :

shopping mall A "as egasA Festi$al MarGetsA $illes @ t%;meA etc-'oute antasmagorie postmoderne s#Cl;$e sur ces oppositionsmt%i<uesA encastrCes dans un discours pseudo!%istori<ue <uireLette le rCelA et notamment son acti$itC essentielle : production

et consommationA plus!$alue et gaspillageA eploitation desressources naturelles et aliCnation des %ommes- n ce sensA*isneland onde les antasmagories postmodernesA plusstructurCes <ue les antasmagories modernes <ui secaractCrisaient plutHt par leur oisonnement dCsordonnC-

*isneland!Paris reprendA en uropeA le *isnelandcaliornien- Son espace engendre non seulement un discours

politi<ue <ue toute nation postcoloniale peut aisCment partagerAmais gComCtrise aussi une structure mt%i<ue @ caract;reuni$erselnote-

Pour la saisirA il suit de prendre @ la lettre les ClCments <uel#espace de *isneland con$o<ue- n s#amusant a$ec lesdualismes dits primitis DA on peut les traduire ainsi :

] au nordA le ciel Nle c%Jteau dans les airsA FantaslandO T

] au sudA la terre Nle parGingA l#entrCeA le tri$ialO T



Figure 20- lCments mt%i<ues de *isneland-

] @ l#estA le eu Nles mac%ines appri$oisCesA 'omorroland ou*isco$erlandO T

] @ l#ouestA l#eau Nle leu$e menaRantA .d$entureland etFrontierlandO-

*es orces ClCmentaires smolisent le rU$eA l#ordinaireA laculture Nou la tec%ni<ueO et la nature- "es ClCments arc%aY<uesram;nent le spectateur @ ses angoisses les plus primaires- *e l@Ason dCsir pourra prendre les directions les plus conormes-

(Ccapitulons ces mt%;mes essentielsA <ui structurentl#imaginaire de *isneland-

.u sud se trou$e le parGing etA @ Marne!la!allCeA la station de((- 'risteA grisA c%aoti<ueA lieu oV s#Cc%ouent les $C%icules dela producti$itC et de l#utilitC sociale- "@A on aandonne lemonde du surtra$ail <ue l#emploeur eige sous la orme d#untemps de transport oligatoire et non rCmunCrC- 8 cesdCplacements morosesA co[teuA gCnCrateurs des soucis et desoligations modernesA s#oppose immCdiatementA sitHt passC lesguic%etsA un <uai <ui rappelle la lCgendaire rand ,entralStationA a$ec sa maLestueuse locomoti$e @ $apeur- "e c%eminde er en$eloppe le parcA le transormant en une pCninsule <uel#on peut admirer gratuitement depuis le agonA ou <ue l#on

peut tra$erser gaiement @ piedA accompagnC de sa petite troupe-+ne prati<ue de la marc%e <ui se distingue de la $oiture et dumCtroA loin des $iolences des grandes $illes- ratuitA collectiAsCcurisC et Loeu @ l#intCrieurA le dCplacement @ *isnelands#oppose ainsi d#emlCe @ celui solitaire N compris dans la

ouleOA potentiellement dangereu et triste de "os .ngeles ouParis-

Par le parGingA la arre des guic%ets puis la ligne de c%emin deer <ui l#encerclent telle une XleA le parc crCe un ensemle decoupures entre le dedans et le de%orsA Lus<u#@ isoler tout @ aitl#intCrieur de l#etCrieur- S#organise ainsi la mCtap%ore d#uneautre coupure : @ l#intCrieurA notre ci$ilisation T @ l#etCrieurA lanature sau$age- ,ette rupture entre la citC idCale et la $ille

<uotidienne onde l#espace de *isneland- lle se $oait @l#origine smolisCe par la transormation nCcessaire des



dollars en monnaie rappCe de la tUte de MicGe- ,ettecon$ersion simulait un c%angement de rCgime : on aandonnait@ l#entrCe l#Cconomie capitalisteA la trannie du udget

domesti<ueA la logi<ue inernale du proitA le spectre del#inlation et les di$isions de classeA inaugurant alors un rCgimemt%i<ue : celui de l#Cc%ange trialA du marc%C local et du don-"e seul pCcule utilisale de$ait Utre collationnC @ l#entrCe par unsst;me de troc- "es illets leus ne pou$aient ser$ir <u#@l#intCrieurA comme Ladis on allait @ la $ille D pour Ccouler ses<uel<ues pi;cesA sur une place de marc%CA selon une $aleuriCe @ l#a$ance- +ne amille pau$re pou$ait ainsi UtreA le tempsd#une LournCeA aussi ric%e <ue n#importe <ui- "a distriution desric%esses se reLouait au guic%etA et les attractions CtaientAcomme le trainA Cgalement oertes @ tous- "es diCrences declasse s#en trou$aient minimisCes- Si cette con$ersion aA de nos

LoursA disparuA son esprit demeureA par la gratuitC desattractionsA et par d#autres mCtamorp%oses <ue nous allonseaminer-

8 l#intCrieurA des sortes de $illages mCdiC$au mettent en sc;nedes contrCes imaginairesA les splendides citCs du passC et lesrutilantes mCtropoles de l#a$enir : Fantasland au nordA

Frontierland et .d$entureland @ l#ouestA 'omorroland @ l#estN<ui s#appelleA @ ParisA *isco$erlandO- ,es microcosmesorganisent un ensemle de transormations de la $ie encommun de mani;re @ la aire accCder @ un statut mt%i<ue-

.u nord se dresseA opposC @ l#entrCe sur l#ae principal MainStreet +S.A le c%Jteau de la Belle au ois dormantA <ui domineles alentours- ,#est le moti principal de *isneland : le rU$es#opposant @ la rCalitC- "e pas des mer$eilles s# trou$e @

portCe de main- 8 FantaslandA des gCants maladroits croisentde gentilles CesA des mCc%antes sorci;res cHtoient des princesses endormies et des animau a$ards se perdent dansdes larint%es magi<ues- n ait d#ogresA on rencontre plutHt.liceA *umoA Peter PanA Pinocc%ioA Blanc%e eigeA le (oi.rt%urA ou encore MicGeA MinnieA *onald et *ingo- *es

personnages dConnairesA smpat%i<ues ou ridiculesremplacent les monstres angoissants des contes de l#enance :nous $oil@ dans la position du %Cros triomp%antA sans lesCpreu$es ni les dCoiresA au moment du happy end -

Fantasland contraste a$ec la rCalitC laissCe @ l#entrCe : iciA les



enants ont la loiA ou du moins les dCamulations amiliales setrou$ent!elles gou$ernCes par leurs plaisirs plutHt <ue parl#autoritC parentale- Simulation d#un transport idlli<ue et d#une

Cconomie primiti$eA *isneland reprCsente aussi le simulacred#un matriarcat utopi<ue oV ce ne sont plus les adultes <uicommandentnote-

.$ec son ateau @ auesA son Xle de (oinson et son train de lamineA l#ouest de *isneland incarne celuiA sau$ageA des.mCri<ues- 'arKanA 'om Saer et Indiana _ones unissentleurs orces contre les arares- 8 l#ari sur le $aisseau des

pionniersA le $isiteur s#eraie gentiment des au$es et desIndiens Croces <ui

Figure 21- "es deu aes principau de *isneland : MainStreet +S.A <ui $a de l#entrCe au c%Jteau de la Belle au oisdormantA et la ligne de c%emin de erA <ui clHt l#ensemle surlui!mUme-

surgissent sur la ri$e- n FranceA cette menace est entraperRue

depuis la locomoti$e @ $apeurA mais sur un mode plussuliminalA par la r;$e apparition d#automates dans un tunnel-n ,aliornieA des panneau en carton <ui se ondent dans ledCcorA simples sil%ouettes de stands de tir ou pirogueaandonnCe par un uardA la reprCsentent sur un mode plusastrait- 8 Marne!la!allCeA un $illage indien D antHmeconsiste en une caane dCsaectCe et une tale de pi<ue!ni<ue-

on loinA le $illage Poca%ontasA aire de Leu pour les plus petitsA rCduit la menace des Siou @ une innocence inantile- n

terres con<uisesA plus pr;s du monde rassurant des contes deCesA tigres et Indiens sont ainsi intCgrCsA inoensisA dans un pasage distant-

"es ameu pirates des ,araYes en prennent aussi pour leurgrade- *ans l#attraction <ui leur est dCdiCeA @ Marne!la!allCeAcomme ailleursA le $isiteur ait d#aord la <ueue- Pour tromperson attenteA des ragments du spectacle au<uel il $a assister luisont oerts en dCsordre- ,#est ainsi <u#il peut de$iner la c%ute :il aperRoit le s<uelette d#un oucanier se dessCc%ant sur unlustreA surpris dans une grossi;re posture orgia<ue- Mais



l#attraction $a commencerA et nous $oil@ emar<uCs sur uncanot de ortune- "es images dCilent alors @ toute allure sur les

erges de la ri$e- "a premi;re sc;ne est Cdiiante : des gredins

croupissent en prisonA gardCs par un ra$e cer;re au coudu<uel pend une clC dorCe- )n peut donc se rassurer : le rCcitaura eau Utre $iolentA les pirates iniront punis par la Lusticedes %ommesA reprCsentCe par l#animal <ui leur reste le plusid;le ] smole d#une nature appri$oisCe- +ne c%ute soudainedans des rapides C$o<ue un $oage dans le temps- *ans le

passCA d#aord : en omres c%inoisesA des corsaires erraillenta$ec des .nglais- Puis une sc;ne en $rai D : des liustiersNdes automatesO prennent d#assaut un port ritanni<ue- Ils s;ment le euA la mort et le $iol ] trois sau$ageriesdirectement reprCsentCes ou suggCrCes @ une $itesse <ui nelaisse pas le temps d#Utre c%o<uCA ce <ui est tpi<ue de*isneland- ou$eau transportA dans le utur cette ois- ,#est

plus calme- +n pirate init de pourrirA imperturaleA sur ungigantes<ue sac d#or- *ans le mUme Ctat de dCcompositionA sescongCn;res sont igCs pour l#CternitC dans une ultime

acc%anale- Morale de l#%istoire : le crime ne paie pasA les andits meurent aussi et ne l#emportent pas au paradis- Plusencore : le capital primiti est prCdateurA dangereuA arare T il

aut le domesti<uer note-

8 e )rleans S<uareA manger de$ient une rCLouissance- "anourriture est proposCe en aondanceA prUte @ Utre consommCe@ c%a<ue moment de la LournCe- "es gammes de restaurantsrestent indistinctesA et les c%aises longues et parasols colorCs<ui pullulent autour des snac*s C$o<uent une $ision alnCairedu pas de ,ocagne- )n entend aussi de la musi<ue- .$ec sesmusiciens et ses caCsA le s<uare de "a ou$elle!)rlCans rend

%ommage @ la culture $irante d#une $ille touLours en UteA$ersion ci$ilisCe des dCauc%es corsaires- )n oser$e desdCilCs in$olontaires- Imitant les emploCs dans leursscap%andres peluc%euA des amilles enti;res arorent desoreilles de MicGe ouA comme *ingoA des c%emises%aaYennes- lles griment leurs enants @ l#image de leurs%CrosA les aulent <ui d#une couronneA <ui d#une aurCole- "es%aits de tous les Lours reprCsentaient le statut proessionnelA laonction sociale ou la conormitC @ la mode du moment- IciA ils

sont aandonnCs dans une rCLouissante communion socialeautour des mUmes totemsnote- ,orne d#aondanceA



tra$estissement collectiA di$ertissement sans arri;res socialesni souci de distinction : ce semlant de carna$al semle aolirmomentanCment les distinctions de classe-

*ans le premier *isneland caliornienA on trou$ait plus @l#ouest encore Bear ,ountr DA <ui igurait la $ie ruraleA lescampagnes incapales de se ci$iliserA les $illages du sous!

prolCtariat- .u plus loinA gCograp%i<uement parlantA desanticipations uturistes de 'omorrolandA cette encla$esmolisait l#indigence des campagnes- lle a depuis CtCremplacCe par une $ersion plus nature DA ,ritter ,ountr DA<ui rassemle dCsormais les Leu niagares<ues de Splas%MountainA le cano eploratoire de *a$id ,rocGett et les

a$entures de Qinnie l#)urson- "#ouest de *isneland dCploieainsi la morale du capital con<uCrant des pionniersci$ilisateursA impCrialistes et colonialistesA triomp%ants d#unenature au$eA de sau$ages menaRantsA d#Ccumeurs arares etd#une terre inertile- ,ette antasmagorie con$o<ue les morts<ui l#arrangent et le spectre des ClinsA des IndiensA des pirateset des pasansA dont l#%istoire se $oit dCormCe et tron<uCeAn#est con$o<uC <u#au ser$ice de cette CpopCe-

)n trou$e un tout autre dCcor @ l#est de *isnelandA monde descon<uUtes spatiales et tec%nologi<ues- +n sous!marin atomi<ueglisse sous les eau polaires NemoOA un $aisseau spatialtra$erse les galaies @ la $itesse de la lumi;re NSpaceMountainOA des olides automoiles paradent sur un circuitN.utopiaO et di$ers oLets %ig%!tec% ri$alisent d#ingCniositCdans l#intCrieur du utur prCsentC par ondaA PA Microsot ouSiemens NInno$entionsO- Susceptiles de comler tous les

esoins %umainsA la puissance des mac%ines se communi<ue

par des man;ges @ sensationA loin d#une $ie <uotidienne oV latec%ni<ue constitue sou$ent un ostacle et menace de tourneren catastrop%e- 'omorroland N*isco$erland @ ParisOtransigure ainsi l#accident nuclCaire en sous!marin du capitaine

emo-

'andis <ue l#ouest incarnait l#utopie nostalgi<ue des a$enturiersdu passCA l#est dessine l#utopie tec%nologi<ue des pionniers duutur- Par l#est%Ctisation mt%ologi<ue gCnCralisCeA laantasmagorie de *isneland gloriie les con<uUtes passCes du

Far QestA les places esti$es des coloniesA les con<uUtes del#espace et les rCLouissances de la $ie moderne- lle transorme



l#usage <uotidien de l#argentA de la nourritureA des $Utements etde la tec%ni<ue en une Ute permanente oV les oLets paciientles relations entre l#%omme et la nature- "a amille

patriarcalenote se retourne en une utopie matriarcale oV paraissent rCgner les plaisirs inantiles- *isnelandA c#est l#Jged#or-

&isneyland D une histoire mythi%ue

"e parc dCroule une %istoire mt%i<ue- "#%omme est parti derustes conditions naturelles de l#Jge de pierre- Il a d[ se attrea$ec ses maniestations les plus dCc%aXnCesA partir @ la con<uUtede terres inconnues et ra$er les Utes au$es Nles tigresOA les

antasmes dangereu de l#accumulation primiti$e Nles piratesOAla CrocitC des ant%ropop%ages Nles IndiensO et l#indigence desterres agraires Nles pasansO- Par sa science et sa tec%ni<ueA il asu se rendre maXtre et possesseur de la nature- "es orcesnaturellesA contraintesA se sont mises @ son ser$ice ] et leresteront dans un a$enir paciiC-

*isneland scCnarise ainsi un rCcit amCricain concernant rienmoins <ue l#origine de l#%umanitC et son de$enir- Sa Cerie

dCcoule d#une telle a$enture- "es dangers de la nature s# $oientrootisCsA maXtrisCs par la tec%ni<ueA @ l#image des piratesrCpCtant leurs oraits comme des automates- "e rCcit se dCploiedu sud au nord- .u sudA des andits tuentA pillentA $iolent etAinalementA meurent de leur propre olie destructrice- .u nordAles mUmes antasmes trou$entA grJce au sorci;resA loups etogres terrassCs par des igures dConnairesA une reprCsentationde conte de Ces- "es antasmes de dC$oration sont mis ensc;ne pour Utre aussitHt punisA neutralisCs ou reoulCs-

)n trou$ait dCL@ au ,rstal Palace une premi;re $ersion de cerCcit occidental et et%nocentri<ue du progr;s D- n .mCri<ueA

pour s#approprier les terresA l#%omme lanc a d[ eterminerleurs premiers %aitantsA les Indiens- Pour eploiter lesressources naturellesA il a d[ organiser la dCorestation de la

plan;teA Lus<u#@ l#Cpuisement des sols- *isneland Lustiie par laiction l#>u$re ci$ilisatrice des con<uistadors modernes- "esdisparus con$o<uCs par cette antasmagorie NIndiensA piratesA

pasansO ne ren$oient pas @ l#%istoire rCelle des tats!+nisA

mais au mt%e de leur ondation- )n ne ait re$enir les morts



<ue pour Lustiier un tel mt%e-

Figure 22- istoire mt%i<ue de *isneland-

Main Street US8 D souvenirs et gadgets

,e smolisme ant%ropologi<ue redoule un rCcit politi<ue enun autre sens encoreA plus actuel et moins eplicite-Fantasland matCrialise une snt%;se des diCrents mondes auni$eau antasmati<ue de l#enant- Main Street +S. la rCalise auni$eau du rCelA plus pr;s du parGingA de l#adulte et de son porte!monnaie- ,et ae nord!sud igure une rue tpi<ue D del#)uest amCricainA a$ec ses Cc%oppesA ses saloons et sescommerces- lle nous m;ne de la rCalitC au rU$eA et sCpare touten les reliant la nature dCc%aXnCe de la tec%ni<ue appri$oisCe-

Main Street est la rue par la<uelle on s#orienteA mais aussi unlieu de con$ersion des pHles etA du mUme coupA une suite de

petits rCcits : de la rCalitC <ui de$ient antasme Ndu sud au nordOet de la nature appri$oisCe Nde l#ouest @ l#estO dont le

dCc%aXnement se trou$e miniaturisC Ndu sud!ouest au nordO-'outes ces %istoires orment un grand rCcit etA comme l#indi<uele nom de la rueA c#est celui de l#.mCri<ue elle!mUme-

Mais Main Street +S. n#est pas seulement un ae <ui coupel#espace en deu- lle orme aussiA par sa position entre lesguic%ets et FantaslandA un point nodal- .$ec ses aRades$ictoriennes et ses $itrines %ig%!tec%A elle rCunit les con<uUtes

passCes et utures T elle rCconcilie la rCalitC et le antasmeA la

nature et la tec%ni<ueA le arare et le ci$ilisCA le proane et lesacrCA la marc%andise et le mt%e-

.u dualisme diamCtral Ngauc%e!droiteOA stati<ueA se superposeainsi un dualisme concentri<ue Ncentre!pCrip%CrieOA dnami<ue-+ne structure <ui n#est pas sans rappeler celle remar<uCe par"C$i!Strauss en d#autres lieunote- 8 *isneland comme c%eKles Indiens du BrCsilA l#acti$itC cCrCmonielle Nl#ac%at demarc%andisesO se dCroule au centre du $illage-



Figure 23- ,on$ersions mt%i<ues de *isneland

Sur Main Street +S. surgit tout @ coup un personnage <uiagglom;re la ouleA sorte de sosie de Bualo Bill- ,#est grJce @lui <ue nous sommes de$enus ce <ue nous sommes- Il nousemm;ne dans son antre- "@ oV tout a commencC D- Mais cetotem n#est inalement <ue le prCtete @ une acti$itC proane : leco!o est en ait un emploC <ui $end des sou$enirsA des

peluc%es et autres gadgets @ l#eigie de *isne- "#Cc%ange rCelAoV des multinationales $endentA parois c%erA leurs produitsdCri$Cs se redoule ainsi d#un Leu t%CJtral- "a onctionimaginaire de Main Street recou$re alors sa onction rCelle- Ils#agit de $endre des marc%andisesA mais en les aisant passer

pour ce <u#elles ne sont pas-

,omme le notait BenLaminA la antasmagorie rCalise l#image<ue la sociCtC se ait d#elle!mUme pour nier ce <ui ait sonessence : la production marc%ande- Par le dCtour du mt%e etdu sacrCA les %ommes doi$ent adorer la marc%andise sans sa$oir <u#@ tra$ers elle c#est la sociCtC elle!mUme <u#ils sont sommCsd#adorer-

Figure 2^- Structure antasmagori<ue du parc d#attractions :l#imaginaire comme orce centrip;te-

=-impérati de 0ouissance

,ela ressemle @ ce <ue Freud appelait un sou$enir!cou$erture D du traumatisme originaireA du rCel diicile @

soutenir- ,e traumatisme %istori<ue ] celui de la natureeploitCeA des Indiens dCcimCs ou des modes de $ietraditionnels anCantis ] se prCsenteA certesA mais sous ses plus

eau atoursA de mani;re @ Utre mCconnaissale au eu dusuLet- "#acti$itC consommatrice se trou$e alors en$eloppCe d#unrCcit dCculpailisant <ui lui ournit une capacitC renou$elCe desCduction- "e dCsir d#ac%at peut d;s lors s#eprimer lirementD- ,#est <ue l#adoration de la sociCtC marc%ande suppose <ue lescroants prennent du plaisir- uel<ues sc;nes $Ccues

permettront de saisir l#agencement d#une telle Louissance-

*;s le passage de la sCcuritCA les eu souriants des $igiles



semlent Ctrangement amicau- *CL@A le rU$e commence @ sesustituer @ la rCalitC- +n enant de cin< ou si ans se dCtac%etout @ coup d#un pa<uet amilial et courtA ra$iA en direction du

c%Jteau- Mais il est soudain retenu par <uel<ue c%ose- BiKarremou$ement de rein- n regardant mieuA Le m#aperRois <u#il estlittCralement tenu en laisse par ses parents "a sc;ne sereproduit plus loin : @ *isnelandA on attac%e sa progCniture @un %arnais pour C$iter <u#elle ne s#Cc%appe- "a Louissance peutUtre trop orte T il aut la contenir-

MaisA en in de LournCeA c#est un tout autre taleau- +n r;re etsa s>urA un peu plus grandsA semlentA euA CpuisCs du $oage-Ils tournent @ peine la tUte lors<ue leurs parents leur enLoignent

d#admirer ici le ateau @ auesA l@ le Lardin d#.liceA etac<uiescent $aguement pour leur aire plaisir- Sc;ne tpi<ue :alors <ue le matinA les parents doi$ent retenir leurs enantsA lesoirA ils les traXnent- Il aut en proiter encore un peu DA enaire une derni;re DA reA rentailiser la somme in$estie- 8*isnelandA on $eut en a$oir pour son argent- Il aut <u#on en

profite- "e scCnario antasmagori<ue est tendu par un impCratide LouissanceA co[te <ue co[te-

8dorno au Mont1de1vénus

,et impCrati de Louissance rappelle @ sa mani;re la sc;ned#ou$erture du Hannh]user de QagnerA celle du Mont!de!Cnus D- +n c%ant en$o[tantA ait de cordes lCg;res etaCriennesA l#introduit- eneK au ri$esA $eneK au sCLour oVA end#ardentes CtreintesA un di$in amour apaisera $os esprits DAentend!on murmurer dans le lointain- Mais c#est un pi;ge- "agrotte de Cnus emprisonne ceu <ui c;dent @ ses c%armesdans un lupanar dCmonia<ue oVA ercCs par une eistencelasci$eA ils oulient le temps <ui passe- 'ann%user s# rC$eilleen sursaut et s#Ccrie : ,#en est trop ,#en est trop .%A si Le

pou$ais enin m#C$eiller D Il a en eet entendu au loin dessons des cloc%es <ui lui ont rappelC l#eistence terrestre- "e

Louisseur capti tiendra dCsormais @ aandonner ce paradisartiiciel pour retourner au monde %umain- CnusA sentant sondCtenu lui Cc%apperA entame un c%ant pour lui- lle eige <u#ils#aandonne @ son Ctreinte et oi$e le nectar di$in D sur sesl;$res- MBme un dieu serait %eureu d#%aiter ce sCLour

enc%antC : .$ec l#amour de la dCesse enivre-toi en harmonie-



D

"a antasmagorie agnCrienne met en sc;ne un trop!plein de Louissance <ui touc%e @ l#insupportale- .lors <ue Cnus eige<u#il s#en remette @ une eistence lasci$eA @ une Louissance

pleine et immCdiateA 'ann%user $eut @ toute orce se liCrer decette continuitC stationnaireA de ce on%eur sans contrasteA pour connaXtre @ nou$eau la souranceA l#Ccoulement du tempsA lesturpitudes %umaines sans les<uels il n# aurait pas de Loie$Critale-

,#est @ propos de la musi<ue de Qagner <u#.dorno a pour la premi;re ois utilisC le concept de antasmagorienote- "es

opCras de Qagner prCsentent le cHtC etCrieur de la mau$aisemarc%andise DA Ccrit!il en citant Sc%open%auer- "esantasmagories agnCriennes constituent une rCalitC asoluede l#irrCel D <ui ait passer pour aut%enti<ue sa $aleur d#usageain d#imposer en douce sa $aleur d#Cc%ange- Musicalement

parlantA elles Cternisent l#instant entre romantisme et $Crisme-lles sortent les personnages et les mod;les sociau de leurrCalitC empiri<ue pour en aire magi<uement des smoles

prC%istori<ues ou des images de la nature- rJce @ des

instruments sans pesanteurA clarinette asseA %arpe ou petitesl[tesA et par un me%%oforte <ui igure le forte @ distanceA ellesentrelacent en mUme temps le proc%e et le lointainA le conlit

prCsent et l#image d#un passC inaccessileA sur le modeconsolateur d#une rCconciliation arc%aY<ue- Par une asence de

progression %armoni<ue <ui a$orise une continuationstationnaire DA elles transorment le temps en un espacemt%i<ue dans une illusion de l#CternitC-

.dorno saisit ce aisant certains des traits essentiels de laantasmagorieA maisA aute de les articuler dans un concept%omog;neA il passeA du mUme coupA @ cHtC de <uel<ue c%osed#essentiel : l#impCrati de Louissance enclos dans laantasmagorie elle!mUme- Insatisait de cette notionA ill#aandonnera par la suite- )ccasion ratCe : il aurait pu trou$erl@ le trait ondamental de la antasmagorie du e si;cle : <u#ilest oligatoire d#en Louir-

,arc et montage d-attractions

,omme au Mont!de!CnusA @ *isneland nous sommes tenus



de Louir en %armonie DA c#est!@!dire selon les modalitCscon$enues par les maXtres des lieu- euilleK $ous Cloignerdes mursA $euilleK monterA $euilleK descendreA attac%eK $otre

ceintureA les p%otos sont interdites iciZ D ui est allC @*isneland sait comien le plaisir est ordC par les tec%niciens<ui assurent la sCcuritC du pulic- Impossile par eemple des#imprCgner de la magie de la maison %antCeA pourtantl#attraction la plus sCduisante : il aut a$ancer asseK $ite pour ne

pas reiner le groupe de derri;reA mais pas trop ain de ne pasreLoindre le groupe de de$antA ne pas trop s#approc%er destrompe!l#>il et sui$re les directi$es-

.u parc d#attractionsA les attractions passionnCes D c%;res @

Fourier demeurent dirigCesA canalisCesA ormatCes- isenstein$oait en *isne l#un des prCcurseurs du montage d#attractionD <ui ondait sa t%Corie socialiste du ilm- Il Ccri$ait :

5'ai parfois peur 6 regarder ses 7uvres +eur de cette esp)ced'absolue perfection dans ce qu'il fait Dn dirait que cet hommeconnat non seulement la magie de tous les moyens techniques,mais qu'il sait aussi agir sur les cordes les plus secr)tes des

pensées, des images mentales et des sentiments humains =;@

l crée quelque part dans les tréfonds les plus purs et les plus primitifs =;@ Hel est le courant électrique de deu& images s'interpénétrant l'une l'autrenote

"#attraction dCsigne en eetA au ni$eau des cordes les plussecr;tes DA le Leu intime de penc%ants et de rCpulsions intimesdu spectateur <u#une succession d#images met en marc%eN*eleuKe C$o<uait eton @ ce suLetnoteO- "e cinCaste seconcentre alors sur tout moment agressiA t%CJtralA <ui eerceune pression sensorielle ou psc%ologi<ue sur le spectateurA et<u#il monte en Cpingle- "#attractionA c#est <uand on arrac%e un>il @ un acteurA <u#on l#ampute d#un ras ou d#une LameA noteisensteinnote- "e parc d#attractions ne ait pas dans cesattractions!l@- Il ne Loue pas sur le traumatismeA sur les portesdCroCes du pulic- "e point de pression le plus %autA<u#isenstein appelait prCcisCment attraction DA ne peut Utreatteint- Il se trou$e sans cesse dC$iCA interrompuA C$itC- SpaceMountain $a si $ite <u#il ne laisse pas le temps de se laissereraer par l#espace inini-

8 *isnelandA l#imaginaire se trou$e prisonnier de ce <u#.nnie



"e Brun appelle un trop de rCalitC D : non pas la rCalitC entropA dCrangeanteA des surrCalistesA mais le trop!plein de rCalitCAun remplissage orcenC du moindre espace $idenote- *isne

asp%ie un lieu collecti pour en aire un espace de Louissance alisC- "es passions des spectateurs ne sont pas CranlCesA maisapaisCesA moralisCesA CdiiCes-

Une utopie rustrée

Qalt *isne a amCnagC un espace oniri<ue pour mettre larCalitC en son centre- MaisA en introduisant le rCel sur sa

pCninsule imaginaireA il en a coupC toutes les orces utopi<ues-,ar le principe de l#utopie rCside dans le non!lieu de son

Ctmologie- ,%eK FourierA le rU$e %armonien mar<uait le lieuimaginaire de la criti<ue du rCel- "a liCration tetuelle des

passions dans le tete utopi<ue permet de dC$oiler les multiples compressions D <ue notre ci$ilisation leur ait suir- "#utopieconsiste en un dispositi topologi<ue de criti<ue sociale-

Mais l#utopie dCgCnCrCenote D de *isneland n#en$isage pascette liCration- "e plaisir reste ri$C @ un impCrati de

Louissance asser$i @ la marc%andisenoteA il ne prend pas de

ris<ues- Il s#agglutine @ une imagerie grandioseA se raidit dansdes mt%;mes arc%aY<ues et s#enerre dans le rCcit des origines-,#est l@ toute la orce de cette antasmagorie : en elle s#organiseune acti$itC utopi<ue rustrCe- lle promet une coupure dumonde rCel d#oV il serait possile de $oir ce monde et de lecriti<uer- Mais elle ne rCalise pas sa promesse- "#utopie dumatriarcatA de l#Cconomie primiti$eA du carna$alA de l#aolitiondes classesA de l#%armonie de la nature et de la tec%ni<ueA et du

plaisir liCrC s# $oit encloseA clHturCe sur elle!mUmeA coupCede ses Clans criti<ues-

=e r2ve à la place du réel K

,omme Baudrillard l#a remar<uCnoteA le spectacle d#unimaginaire surpuissantA <ui remplit et dCorde tous les pores dudCsir a$ant mUme <u#ils ne s#ou$rentA pro$o<ue l#illusion <ue larCalitC est ailleursA de%orsA mais pas ici- )r il con$ient d#opCrerun ren$ersement : aire ad$enir au contraire le rU$e au centredu rCel- ,#est ien ce <ue BenLamin disait ] et <u#isenstein

pressentait ] @ propos des potentialitCs imaginaires du LeuneMicGe : amiliariser les %ommes a$ec certaines images



utopi<ues de sorte <u#ils poursui$ent consciemment les inalitCs<u#elles $isent- Placer l#utopie au milieu de l#action-

ous a$ons montrC <ue *isneland opCrait une sCrie de ausses snt%;ses D : entre le passC lCgendaire et le uturauleuA la nature sau$age et la tec%ni<ue ci$ilisCeA la rCalitC etle antasmeA la marc%andise et la gratuitCZ ous a$ons essaCau contraire d#en prCsenter une image dialecti<uenote DAautrement dit celle des polarisationsA des couples d#opposCs <uiles tra$ersent- Saisir ces cli$ages donne une c%ance d#en$isager les possiilitCs réelles de rCconciliation entre le rU$e et l#action-.u monisme de la $ision d#un spectateur passi doit succCderun regard stCrCoscopi<ueA une dialecti<ue du regard <ui

souligne l#opposition des contraires dans l#intCrUt de son action prCsente-

8 *isnelandA l#%umanitC ait le rU$e d#une sociCtC sans classes-Mais celui!ci lCgitime le centre : une sociCtC polarisCe par unsst;me de consommation de marc%andises- "#%umanitC doit serC$eiller de ce rU$e- on pas pour le dissiperA mais pour le

placer au centre de la rCalitC socialeA et tra$ailler @ le rCaliserdans l#%istoire- n retrou$ant c%eK Qalt *isne les paradis

retrou$Cs <u#aimait isenstein-

GR6,IUS 8U M8== 63 8MERIC8

] u#est!ce diale <ue cela `

] ,ela a l#airZ d#un centre commercial- "#un de ces grandsensemles cou$erts-

] )% mon dieu Z

] Mais <ue ont!ils ici ` Pour<uoi $iennent!ils ici `

] +ne sorte d#instinctA de mCmoireZ de ce <u#ils a$aientl#%aitude de aire- ,#Ctait un lieu important dans leur $ienote- D

[ombie

'%ere is a place or un in our lienote- D



Mall o .mericaj

:ictor Gruen! ou la préhistoire du mall

ictor ruen N103!1W0O in$ente en 156A @ Sout%dale dans leMinnesotaA le premier centre commercial @ l#arc%itecture intro$ertienote D- ,e Jtiment clos sur lui!mUme et climatisCmar<ue l#origine des grands temples de la consommation- SoncrCateur n#ad%;re pourtant ni @ l#esprit consumCriste ni @ sonest%Cti<ue- ,e Lui nC @ ienne Luge <ueA dans l#.mCri<ue oV ilse trou$e en eilA l#est%Cti<ue commerciale dC$astel#en$ironnement-

ruen raconte une $ision dont il ut saisi un soirA assis enterrasse sur la PiaKKa San Marco @ enise : des $oituresamCricaines apparaissent tout @ coup dans le Loau de la(enaissance italienneA puis un emouteillageA des panneau

pulicitairesA des enseignesA le tout dans un $romissementcontinu :

(es baraques poussent autour du campanile V une station-essence, un stand 6 hamburgers et des cabines téléphoniques

(es fils électriques sont tendus d'un bout 6 l'autre comme unetoile d'araignée (es lumi)res fluorescentes s'embrasent, submergeant le clair de lune (e la grande pendule sur la tour surgit une lumi)re au néon disant : L ! +XSF QX 8A8^CNH !es quatre chevau& de bron%e du d9merougeoient soudainement pour recommander une marqued'essencenote

Pour cet %Critier du modernisme ClCgant du dCut du e si;cleA une telle transormation cauc%emardes<ue D de la

place serait le couronnement de l#a$ilissement de l#%umanitC par l#industrialisme le plus rut- Il aut in$erser ce processus ettransormer le pasage amCricain en dCcor europCen-

n 15Â ruen a$ait dCL@ construit sur ce principe un centrecommercial @ ciel ou$ert @ ort%land dans le Mic%igan- +ndesign scientii<ue D a$ait CliminC tous les signes areuD de l#C<uipement industriel moderne : c%eminCesA cJlesAconduits d#aCrationA etc- 8 leur placeA une est%Cti<ue

prCmoderne inspirCe des galeries cou$ertes du Ie

si;cle de"ondres NBurlingtonO et de Milan Nalleria ictorio manueleO



li$rait une $ersion irCni<ue de la rue- "es noms des diCrentes parties du Jtiment donnaient @ l#atmosp%;re une colorationmCdiC$ale : d#augustes sculptures se montraient dans des

cours D grandiosesA des ontaines Laillissaient sur des terrassesD ensoleillCes Na$ec eau potaleOA des restaurants ClCgants ordaient des ruelles D c%armantes- "e piCton s# promenaitlirement dans des allCes D Nen anglais : mall O ucoli<ues et$erdoantes- ruen entendait redonner au %aitants des

anlieues le go[t de la natureA mais aussi celui de la ville- ,itCminiatureA ort%land $isait @ rCpondre @ tous leurs esoinsculturels et sociau- ,et espace de 130 000 m;tres carrCscomprenait aussi un commissariatA une inirmerieA une posteAune an<ueA des espaces de Leu pour les enantsA di$ers lieu dereposA un t%CJtre et mUme une c%apellenote-

n 156A @ Sout%daleA ruen poursuit le mUme proLet :re$i$iier la $ie sociale des suburbs- "#in$enteur du mall $euten eet aire du centre commercial le centre nC$ralgi<ue des

anlieues esangues : ous pou$ons restaurer le sens perdude l#engagement et de l#appartenanceA prop%Ctise!t!il- ous

pou$ons contrer le p%Cnom;ne de l#aliCnationA de l#isolation etde la solitude et par$enir @ un sens de l#identitCnote- D

,omment ` Par le centre commercialA <ui doit remplir le $idelaissC par l#asence de points de cristallisation sociauAculturels et ci$i<ues dans nos $astes Ctendues suurainesnote D-

PosC dans la anlieue de *CtroitA le Jtiment ressemleA dude%orsA @ un unGer lanc%i par le soleil- 8 l#intCrieurA c#est unmonde de rU$eA oV rien ne rappelle la grisaille des anlieuesmodernes- ,ominant onctionnalisme moderne et ClCgance

classi<ueA le iennois dramatise les contradictions de sonmaXtreA .dol "oos- ,e dernier $oulait des aRades lissesAonctionnellesA sans ornementsA et conce$ait @ l#in$erse desintCrieurs c%auds et sutilement dCcorCs- Mais l#est%Cti<ue deruen n#en reste pas @ la t%CJtralisation d#un paradis perdu- lleconstitue aussi l#en$eloppe de nomreuses onctions sociales-"#arc%itecte $eut des amiances de Ute de $illage <uiA commedans les $illes mCditerranCennesA peu$ent tolCrer <uel<uesec;s- "es contemporains oser$ent non sans raison une atmosp%;re de genre carna$ales<uenote D- "e Jtiment %CergemUme le al annuel de la Minneapolis Smp%on-



Par un sst;me d#air conditionnCA Sout%dale ac<uiert uneautonomie climati<ue totale- ,#est ce caract;re tec%ni<ue <ui enaitA en 156A le premier shopping mall de l#%istoire- Maintenu @

tempCrature constanteA cet espace de 120 000 m;tres carrCssemle se trou$er sous des latitudes tropicales : grJce aucontrHle de la tempCratureA les sculpturesA terrassesA oXtesau lettres en marre de la poste localeA Gios<ues a$ecmosaY<uesA outi<ues @ cigares indiens D $oisinent dCsormaisa$ec des magnoliasA des orc%idCesA des aKalCesA des palmiersA un eucalptus de ^2 piedsA une cage comprenant des petitsoiseau au plumages colorCs D et un $Critale Koonote D- Ils#agit d#enric%ir le rapport des modernes @ leur en$ironnementA

ien sou$ent limitC @ un carrC de pelouse et un animaldomesti<ue- "e mall rappelle une nature dont l#%aitant des

anlieues se trou$e ien sou$ent coupC : ses plantes eoti<uesreprCsentent un Cc%antillon des ric%esses ouliCes du monde-.ucun rCcit mt%ologi<ue primiti n#est cependant dCploC- "anature est ici le nCgati d#un rapport tron<uC @ l#en$ironnementAmais aussi la promesse d#une autre relation @ celui!ci- ruenA<ui dit $ouloir Ctendre le plus possile la palette desepCriences %umaines et des epressions urainesnote DAsou%aite en rCalitC Cdu<uer les sens @ une autre Ccologie

naturelle et sociale-

Ses Jtiments ont des Cmules- n 157A on compte au tats!+nis pr;s de 1 000 centres commerciau et shopping mallsAdont eaucoup sui$ent son arc%itecture en$ironnementale DA<ui int;gre le commerce et la $ie communautaire- "e BergenMallnote Ne _erseOA CrigC cette annCe!l@A n#%Cerge passeulement des outi<ues de lue et d#ClCgants restaurants- "es%aitants $iennent aussi c%erc%er des ruits et lCgumesA du

pain et des pJtisseriesA des li$resA des LouetsA des mCdicamentsAdes sonotonesA des outils de LardinA de la <uincaillerie ou des pneus- )n peut dCposer son linge @ la la$erie et se aire raser par un arierA donner ses c%aussures ou ses $Utements @rCparerA poster son courrierA dupli<uer ses clCsA patinerA laisserles enants @ la garderie et assister @ une reprCsentationt%CJtraleA nCgocier un prUtA aire du courtageA prCparer ses$acancesA ac%eter une maisonA sui$re un cours de gmA dedanse ou de langueA Louer au oling et mUme aller @ la messe-

"e mall reprend ainsi le meilleur de la $ille et de la campagneA



de la $ie puli<ue et de la $ie pri$CeA l#%oriKon Lamais atteintdes anlieues- "#arc%itecte $iennois et ses %Critiers neconstruisent pas leurs malls en ligneA selon le mod;le

amCricainA mais en grappeA @ l#eemple des $ieilles citCsd#urope- Il s#agit moins de centres D construits sur le mod;ledu plan <uadrillC tpi<uement Ctatsunien <ue d#agglomCratsC$o<uant un lacis de ruelles italiennes- ImplantCs en anlieue ettournCs $ers la natureA ils ne s#opposent pas @ la $illeA maisl#incarnent dans sa puretC- "eur est%Cti<ue promet la $ariCtCsans la conusionA des couleurs igarrCes mais non criardesA lagaietC sans $ulgaritCnote D- "eur atmosp%;re mCtropolitaine ait

pJlir le centre amCricain- n comparaison de Sout%daleAMinneapolis paraXt coninCe et pro$inciale- Selon lescontemporainsA le mall est plus donton <ue le donton lui!mUme-

"es premiers malls constituent en eet de $rais espaces pulicsA a$ec des candidats politi<ues en campagneA desantennes municipales et mUme des associations militantes-.$ec ses allures d#intCrieur ourgeoisA le mall peutA selon sonin$enteurA ournir l#espace et l#opportunitC de la participationdans la $ie communautaire moderne <ue l#ancienne agora

grec<ueA la place du marc%C au Moen 4ge et nos proprescentres!$ille ournissaient par le passCnote D- Il aut inciter aurenou$eau de la culture ci$i<ue- 8 ort%land et @ Sout%daleAdes auditoriums permettent d#animer la $ie politi<ue locale- .uBergen MallA des salles spCcii<ues aritent des maniestationsClectorales- +n Lournaliste dCcrit en 170 le 'on ast ,enterN'easO comme un terrain de ase!all sur le<uel s#Cl;$e un salon pulic cou$ertnote D- "#interpCnCtration du ludi<ue et dusocialA de l#Cconomi<ue et du politi<ueA redoule celle du pulic

et du pri$C- "#est%Cti<ue europCenne D des premiers malls arite @ la ois l#Cconomie domesti<ueA la culture et la politi<uede la $ille classi<ue-

Une invention socialiste K

+n spectre %ante le premier mall du Minnesota : celui de ienne la (ougenote D- ruen $ient de ienne et il n#a cessCAmUme dans son eil amCricainA de l#admirer- "a $illeA dirigCe

par les socialistes de 11 @ 13Â reprCsente touLours @ ses

euA en 173A l# eemple Cclatant du progr;s social illustrC par d#immenses programmes de logements sociau et de



grandes rCalisations dans les domaines de la santC puli<ue etde l#aide socialenote D- "e plus pau$re peut engager lirementla con$ersation a$ec le plus ric%e dans l#un de ses caCs animCs

@ l#amiance Cgalitairenote-*ans les annCes 120A le Leune ruenA er$ent partisan dusocialismeA s# est produit comme artiste de caaretA composantdes c%ants satiri<ues et Louant ses pi;ces politi<ues- _#Ctais aucentre du mou$ement rC$olutionnaire ] interprCtant etCcri$ant des reportages sociau pour les petits t%CJtresA tr;santi!itlerA anti!*olussA anticlCrical DA Ccrit le dCracinC nonsans nostalgienote-

"#apprenti!arc%itecte participe aussi @ des programmesmunicipau- n 125A il dessine un proLet de logement collecti nommC "e palais du peuple D- "es %aitants partagent lescuisinesA les sanitairesA les salles @ manger et les Ccoles a$ecleurs $oisins- ,ette centaine d#unitCs rCsidentielles $eutinstituer de nou$eau liens de solidaritCnote-

"a ienne socialiste etA plus gloalementA le communisme deQeimar reprenaient dans leurs proLets urains les mots d#ordre

CnoncCs par des artistes politisCsA eu!mUmes inluencCs par larC$olution russe- ruen n#a pas ouliC l#Cdiice de *essauA celuide l#Ccole du Bau%aus <ue Qalter ropius N1WW3!16O rCalisaen 126note- ,e Jtiment smolise le sommet arc%itectural del#engouement socialiste de l#Cpo<ueA oV s#eprime toute ladimension utopi<ue du premier modernisme- )n mangeA on dortA on tra$ailleA on s# amuseA et cela sans distinction declasseA dans une sociCtC rCconciliCeA @ l#arc%itecture prati<ueA @l#uranisme unitaireA et dans un esprit communautaire- "e

Jtiment du Bau%aus matCrialise le dCpassement de la di$isioncapitaliste du tra$ail- SCparCs selon leurs onctionsA maissui$ant une logi<ue de complCmentaritCA les ureaud#administrationA le loc des salles de coursA le cue $itrC deslaoratoires et l#Cdiice en %auteur des logements Ctudiants setrou$ent reliCs par un parcours continu- "#Cdiice ormeA toutcomme ien plus tard le premier shopping mall A une $ille enminiatureA rCunissant en un seul lu lieu de rCsidenceA detra$ailA d#apprentissage et de dCtente- "a circulation urainedCile sous l#aile des ureauA <ui raccorde les laoratoires et

les salles de cours- lle passe sans dCranger l#ensemleAannonRant l#intCgration de la $ille gloale @ cette %armonie



rCgionale- 'oute onction se $oit paraitement intCgrCe selonune co%Crence ormelle planiiCe par les arc%itectes <uis#airment aussi artistes-

InspirC par le t%CJtre total D du dramaturge radical PiscatorN1W3!166OA ropius $ise la usion sociale de la tec%ni<ue etde l#arc%itecture :

+oussés par la conviction qu'il est nécessaire d'e&ploiter larévolution politique pour libérer l'art de di%aines d'années dediscipline militaire, un groupe d'artistes et d'amateurs d'art decette opinion s'est constitué =;@ !'art et le peuple doivent

former une unité !'art ne doit plus Btre le privil)ge de

quelques-uns, il doit, au contraire, toucher les masses et lesré$ouir !e moyen pour y parvenir est l'alliance de tous les arts

sous le protectorat d'une grande architecturenote

ropius enLoint les artistes @ dCtruire l#art de salon et sesimages laorieuses pour entrer dans les JtimentsA les Cnirde couleurs Ceri<uesA sculpter des pensCes sur les murs $iergeset construire en imaginationA sans se soucier des diicultCstec%ni<uesnote D- "e programme ondateur du Bau%aus

rCairme cette $olontC crCatrice de l#%omme- Par ses $isCes politi<uesA l#arc%itecte Cl;$e la grJce de l#imagination au!dessusde la tec%ni<ue- Il Cdiie la cat%Cdrale du socialismenote D-

Aormons donc une nouvelle corporation sans cette prétentionqui sépare les classes et souhaite ériger un mur arrogant entreartisans et artistes T (ésirons, imaginons, créons ensemble lanouvelle architecture de l'avenir qui sera tout dans une seule

forme, architecture et sculpture et peinture, et par laquelle desmillions de mains d'ouvriers se dresseront un $our dans le ciel,

symbole cristallin d'une foi qui vient note

"e Leune ruenA <ui se marie en 130 dans l#uniorme du PartiAsou%aitait lui aussi unir les ou$riers dans une arc%itecture <ui

prCigure la sociCtC sans classes- Mais ce rU$eA celui de sa Leunesse europCenneA le Mall o .mericaA son descendantdCgCnCrCA le met en pi;ces-

ictor ruen sou%aitait <ue son Jtiment climatisC orme le

centre d#un raonnement communautaire Ctendu @ toute la anlieue d#dina- "e proLet du iennois Ctait ien celui d#un



uraniste : le premier mall de$ait contriuer @ inancer ledC$eloppement de la KoneA a$ec des logementsA des ureauAdes parcsA un lacA un centre mCdicalA des routes et des Ccoles-

)n allait rCunir des indi$idus de toutes les races et de toutes lesclassesA sans sCgrCgation ni pau$retCA rCconcilier c%acun a$ecson $oisinA rCunir les %ommes pour une action politi<ueA lesrassemler de$ant un spectacleA leur aire $i$re le <uotidien en

onne ententeA un peu comme dans un p%alanst;reA du petitdCLeuner Lus<u#au al- "#%pot%;se est restCe @ l#Ctat de $>u

pieuA ragment d#une conception gloale de la $ille rCduite audestin d#une pure idCologie-

=a triste histoire du mall

"e nomre de malls atteint pr;s de ^ 000 en 163A 1W 000 en176 et 22 000 en 1W0- Mais la plupart d#entre eu annissentles acti$itCs non commerciales <u#on $oait encore @

ort%landA @ Sout%dale et @ Bergen- +n Lournaliste remar<ua un LourA @ propos de ce dernierA <u#il ne man<uait <ue les pompesun;res- Son cnisme l#a$ait mis sur la onne piste : on CLecte

progressi$ement toutes les acti$itCs relati$es @ la mort et au$ieillissement des oLets- ,ordonnierA teinturier et la$eries

automati<ues disparaissent- "#.rmCe du salut n#a plus droit decitC et les permanences sociales ont ermC depuis elle lurette-"ors<u#ils ne sont pas supprimCsA les tClCp%ones se trou$entlimitCs au appels sortants et coninCs dans les sous!sols ]tout comme les toilettes- "#eau des ontaines n#est plus potale-

n 17WA ruen Ccrit un article intitulC "a triste %istoire descentres commerciaunote D- Il dCplore la dCgradationsstCmati<ue <ui a accompagnC la ormidale epansion desmalls depuis les annCes 150- Seules les caractCristi<ues <uiengendraient du proit ont CtC copiCes DA note!t!il dCpitC-

ort%land et Sout%dale s#Cdiiaient sur la ase d#une certaine p%ilosop%ie sociale D- Mais trente ans d#a$iditC inanci;re ontdCgradC l#idCe et les nomreuses $illes <ui les ont Jtis D- 8Sout%daleA les outi<ues se $oulaient %omog;nes pour C$iter lasCgrCgation entre les usagers- "eur design sore et ClCgantsigniiait <u#elles Ctaient ou$ertes @ tous et oraient le meilleur@ c%acun- "eur acc;s restait cependant limitC par la sClectioneectuCe @ l#entrCe du centre- Seules des amilles au re$enus

suisants pCnCtraient dans ce Jtiment <ui prCtendait airetomer les arri;res de classe- MalgrC la p%ilosop%ie sociale



D de ruenA Sout%dale restait un mall pour les Blancs dans un<uartier de Blancs issus de la classe moenne-

.ucune de ses idCes en$ironnementales ou %umaines n#a trou$Cle dCut d#une applicationA dCplore l#arc%itecte trente ans apr;s-'out l#espace Jti se soumet dCsormais @ l#in%umaine dCri$eonctionnelle de son cauc%emar- t ruen de prendre l#eemplede la ienne contemporaineA sa $ille autreois mod;le de$enuesmole du dCsastre : @ la in des annCes 170A les mac%inescommerciales D se sont si ien dC$eloppCes au sud de lacapitale autric%ienne <ue le centre pCricliteA et a$ec lui les$ingt!trois districts en$ironnantsA oV erment des milliers de

outi<ues- "#uranitC canniale a ait son tra$ail : il n#est

dCsormais plus possile de se rendre au coin de sa rue pouraire ses emplettesA d# croiser toutes sortes de gens et d# airedes epCriences D comme dans un $Critale centre-

'out ce <ue l#%umanitC a perdu dans les $illes se trou$eA dansles galeries marc%andesA simulC au second degrC- Si la

p%ilosop%ie socialeA <ui a$ait soutenu le premier shoppingmall A disparaXt totalement c%eK ses %CritiersA les ClCments$isuelsA euA s# trou$ent recclCs et sstCmatisCs @ grande

Cc%elle- "es $isiteurs interrogCs ont ien conscience <u#il s#agitl@ d#un simulacre de la $illeA mais ce n#est <ue par lui <u#ils Louissent- ,e n#est pasA $ous sa$eKA la petite rue oV lesemmesZ allaient @ l#Ccole a$ec les gossesA lors<u#elles

partaient aire les courses ensemleA ce n#est $raiment pascomme Ra du toutnote- D Ils se rappellent a$ec nostalgie la $iede la rueA conscients de l#artiicialitC du mall - Ils dCclarent

prCCrer la $illeA plus spontanCe- Mais ils ne prati<uent enrCalitC <ue le mall - Situation tpi<ue du Ctic%isteA <ue l#uni$ers

des antasmagories reproduit : _e sais ien <ue le mall n#est pas un espace pulicA mais <uand mUmeZ NLe ne peu plus Louir <ue par luiO- D

*ans le mall des annCes 170!1W0A tout ce <ui rappelle lamatCrialitC de la marc%andise %ors du circuit de laconsommation est CliminC- Son monde mer$eilleu D nie le

pasage urain <ui se dCploie autourA mais n#ore aucunecommoditC pour le <uotidien- Il reLette ces usages sociau enmUme temps <ue l#est%Cti<ue des anlieues- "ors<u#il ait mine

de s#approc%er des institutions religieusesA c#est pour les tourner en dCrision- .u Mall o .merica N12OA la ,%apel o "o$e



n#organise pas de messeA mais des parodies de mariage dignesde "as egas- 8 'rue (eligion Brand _eansA la religion n#est l@<ue pour le$er la culpailitC <ui p;se sur l#ac%at de pantalons

proanes-,entrC sur la marc%andiseA le mall reuse aussi tout dangerAnaturel ou non- "es insectes non dCsirCs dans son gigantes<ue

iotope sont sstCmati<uement tra<uCsA accidents et dC$iancessont tus etA parmi les signalisations oligatoiresA les sortiesincendie demeurent dissimulCes derri;re les plantes eoti<ues-"e mall a epulsC tout sens prati<ue- "#est%Cti<ue de ruenA <uirendait possiles des rencontres %umaines et s#accordait a$ecun certain nomre de onctions sociales et politi<uesA n#est plus

<u#un alii pour la marc%andise-

&es * lieu/ + postmodernes

*ans les annCes 1W0!10A ace @ une concurrence accrueA les shopping malls c%erc%ent @ se distinguer les uns des autres-"eur design se singularise et se sstCmatise dans des mCga!malls DA <ui poussent auLourd#%ui sur toute la surace du gloe-"es promoteurs crCent de toutes pi;ces des $illages italiensA

$itrines $iennoisesA oule$ards parisiensA gares ne!orGaisesA%aciendas meicainesA dCserts marocainsA orUtssusa%ariennesA mais aussi des iotopes tropicau et sous!marins-

"e premier du nom est le Qest dmonton MallA CrigC dans la pro$ince canadienne de l#.lerta en 1W1A longtemps le plusgrand du monde- "e *uaY Mall atteint la mUme supericiecommerciale en 200W : 350 000 m;tres carrCs- Mais ce sont lesgiga!malls c%inois et p%ilippins <ui se maintiennent depuis<uel<ues annCes en tUte de liste : Sout% ,%ina Mall dans le*ongguan N2005A 660 000 m;tres carrCsOA olden (essourceMall @ PCGin N200Â 560 000 m;tres carrCsOA Mall o .sia @Pasa ,itA au P%ilippines N2006A 3W6 000 m;tres carrCsO-.$ec seulement D 260 000 m;tres carrCsA le Mall o .mericaAc%ampion au tats!+nisA se $oit doulC par ses r;res d#.sie :,it ort% *S. @ ueKon ,it NP%ilippinesA 1W5OAMegamall de Mandaluong ,it NP%ilippinesA 11OA BerLaa'imes S<uare @ 9uala "umpur NMalaisieA 2005OA BeiLing Mall @

PCGin N2005OA rand$ie Mall dans le uangK%ou N2005O et,it ,eu NP%ilippinesA 11O- Peu de malls atteignent de telles



tailles en uropeA un continent peu pour$u en grands espacesNils s# dC$eloppent d#ailleurs plutHt en %auteur ou en

proondeurA comme au allesA dans le centre de ParisO- ,#est

en urope orientaleA @ IstanulA <ue le ,e$a%ir N2005A 3^W 000m;tres carrCsO passe de$ant les Britanni<ues ates%ead N1W6A1^ 000 m;tres carrCsO et Meado%all N10A 1^0 000 m;trescarrCsO- "es giga!malls prosp;rentA en re$anc%eA en '%aYlandeAen ,orCe du SudA en ,olomie et au BrCsilnote-

"e Mall o .merica n#est donc pas le plus grand du monde-Mais il accueille le plus de $isiteurs- "e Ue _or* Himes s#Ctonne en 12 <ue le rand ,anonA *isneland etracelandnote rCunis ne par$iennent pas @ aire autant

d#entrCes- ,ela n#a pas c%angC depuisnote- Son nom et soneml;me ] un astre au couleurs de l#.mCri<ue ilant sur unciel CtoilC ] disent sa prCtention @ condenser l#imaginairecommercial CtasunienA <ui s#est diusC au monde entier durantla seconde moitiC du e si;cle- .$ec son parc d#attractionsA ildemeure arc%itecturalement parlant une rCCrence pour la

plupart des malls d#auLourd#%uiA <u#ils soient rCgionau N@ partirde 37 000 m;tres carrCsO ou super!rCgionau D N@ partir de 7^000 m;tres carrCsOnote-

,ontre l#inaptitude du modernisme au pasage de l#CtalageA le shopping mall rCintroduitA au cHtCs des parcs @ t%;meA etauLourd#%ui des $illes @ t%;meA une orte dimension smoli<ue<ui semlait perdue depuis les cat%Cdrales et les places dumarc%C de l#Cpo<ue Codale- "e plan de masse du Mall o.merica concrCtise ainsi des oppositions spatiales : natureAmodernitCA tec%ni<ue et tradition- Mais aussi temporelles :CternitCA prCsentA utur et passC- Il ne semle pas eagCrC de

distriuer le mall en <uatre espaces!temps distincts : ] au sudA l#espace de la modernitC et le temps du prCsent T

] au nordA l#espace de la nature et le temps de l#CternitC T

] @ l#estA l#espace de la tec%ni<ue et le temps du utur T

] @ l#ouestA l#espace de la tradition et le temps du passC-

,e <ui saute donc au eu dans ces antasmagories postmodernesA c#est leur polarisation logi<ue entre plusieurs



espaces!tempsA ici <uatreA <ui composent leur espace rCel- )n pourrait aussi parler de lieu DA espace!temps %omog;nes et%autement signiiantsA un peu comme les lieu D

ant%ropologi<ues de Marc .ugCA <ui s#opposent au non!lieu D smoli<uement pau$resA gCnCralement modernes NouA pour mieu direA modernistes : Cc%angeurs d#autoroutesA centresde rCtentionA supermarc%Cs onctionnelsA etc-Onote- "e lieu peut

prendre un sens littCral lors<ue le lieu ant%ropologi<uerecou$re eactement un espace urain limitCA comme celasemle Utre le cas au Mall o .mericaA ou ien un sens plusastraitA lors<u#il en rassemle plusieursA comme @*isnelandnote-

Figure 25- spaces!temps mt%i<ues du Mall o .merica-

Figure 26- "es deu aes principau du Mall o .merica : le icGelodeon +ni$erseA au centreA et le circuit des galeriesA <ui

clHt l#ensemle sur lui!mUme-8 *isneland comme au Mall o .mericaA c%a<ue espaceconcret liC @ ces mondes imaginaires est idCalisC Nla loi derCsolution des contradictions propre au antasmagoriesmodernes est respectCeO- "e rCelA dans sa mis;re smoli<ue

propre @ la modernitCA constitue le pHle oppositionnel implicitedes diCrents lieuA connectCs entre eu par le circuit desgaleries- Il sertA du de%orsA de repoussoir @ un rU$e <ui netourne Lamais au cauc%emarA @ un prCsent lui!mUme magniiCA

un utur idCal et un passC lCgendairenote-

South 8venue! ou le présent magniié

"e c%ronotope sudA celui de la modernitC du temps prCsentAsimule l#intrusion du rCel sous sa orme la plus sulime- Ilincarne ainsi l#opposition primaire entre le rCel et l#imaginaireAle de%ors et le dedans- ,et espace signale le rCelA il l#eprimesous orme est%CtisCe- ,#est une $ision de lue de la $ille

moderne <uiA pour la maLoritC des classes socialesA reste auantipodes de leurs prati<ues- (odeo *ri$eA une rue



commerRante de Be$erl illsA lui a du reste ser$i de mod;le-

"e rCel transparaXt touteois dans l#ensemle du Jtiment- "e Cton tCmoigne d#un uranisme onctionnaliste courant- "e toittient par un Cc%aaudage de er et de $erre <uiA similaire @ celuides passages parisiensA laisse pCnCtrer le monde etCrieur-MaisA comme dans les passages du Ier arrondissementA ce rCel se$oit sstCmati<uement mCtamorp%osC par le marre lancA le

ois oncCA l#acier rossC et les lignes CpurCes- "e moiliercourant et la c%arpente sont epulsCs %ors les murs et dans les

parGings- .u centreA comme au ,rstal PalaceA on a peint d#aKur la structure tuulaire de mCtal- lle ne laisse plus simplement$oir l#etCrieurA mais rouille les ronti;res entre dedans et

de%ors- lle se conond a$ec le ciel-

*ans le Mall o .mericaA toute rCalitC en trop D se trou$eainsi littCralement eclue- "e rCel rHde au en$irons du mall comme son pHle nCgatiA derri;re les murs et dans les parGings-Il est ce @ <uoi l#on Cc%appe grJce @ la magie du lieuA dans unespace <ui ne consacre rien <ui aurait une <uelcon<ue utilitCsocialeA mais seulement des iens di$ins : des marc%andises-

"es antasmagories postmodernes n#in$o<uent donc le rCel <ue pour l#est%Ctiser aussitHt selon ses traits les plus luueuA les plus CloignCs de l#eistence ordinaire de la plupart des gens- Ils#agit l@ de l#opposition essentielle du mall A <ui se cristallisedans un Cternel Ctat de natureA un passC glorieu ou un uturtec%nologi<ue-

North Garden! ou la nature su'limée

,omme les passages <uiA au Ie si;cleA montraient des

panoramas grandioses de pasages naturelsA le shopping mall du e si;cle dCploie gCnCralement une nature idlli<uenote- Ille ait gCnCralement par un cours d#eauA une allCe ordCe de

palmiers et des animau importCs <ui C$o<uent un Jge primiti perdu- "a galerie C$o<ueA par sa $CgCtation eoti<ueA unetemporalitC stationnaire <ui se rCp;te partout dans le mall - lles#oppose @ la temporalitC ordinaire eleurCe au sud-

"e Mall o .mericaA luiA rCduit l#Ccart entre la nature courante

et la nature rU$Ce- Il se sert de la campagne locale pourintroduire @ une Lungle eoti<ue- "e nom de ort% arden



C$o<ue tant les orUts du nord de l#.mCri<ue Nort%oodsO <ueles Lardins anglais irrCguliers du IIIe si;cle- "a galerie m;ne@ une attraction maLeureA le Sealie .<uariumA iotope

a<uati<ue de 5 000 esp;ces plus spectaculaires les unes <ue lesautres- ,es animau millCnaires C$o<uentA ien plus <ued#autresA un monde antCdilu$ien- t des dinosaures ari<uCs @

partir de "ego surploment l#espace central-

"e mall reconduit ainsi la musCiication de la naturecommencCe au Ie si;cleA mais il s#agit maintenant d#unenature primiti$e- ,ertaines outi<ues paraissent Louer sur unerelation perdue au terres de la rCgion- .u MinnesotaBoundnoteA on peut ac<uCrir des caanes @ oiseau ou des

silets reproduisant le c%ant du %uard- "es t%;mes rCgionausont sou$ent directement C$o<uCs par les noms de outi<uesNort%ood ,andA Minnesot!a% O- Mais ces outi<ues

pseudo!rCgionalistes ren$oient sans cesse @ une nature plusancienne- ,all it SpringA .merican agle et $ert%ing utQater transorment la ataille a$ec la mCtCo locale en assautmt%i<ue dans les Lungles intemporelles- "es animau connusdu ,ariou ,oee se conondent a$ec les Utes eoti<ues duPanda pressA et le (ainorest ,oee transorme la simple

promenade dans les ois en saari aricainA puis en tra$ersCed#un pas des mer$eilles D a$ec des arres <ui parlent- .u

icGelodeon +ni$erseA non loin des eau magi<uesd#+nderater QorldA un palais des miroirs ait oice dec%Jteau dormant au milieu des ois-

*e mUme <ue le rCel immCdiat se $oit anni aussitHt <u#apparuAla nature en$ironnante se trou$e Cconduite @ peine maniestCe-"e mall op;re sans cesse cette transiguration prC%istori<ue de

l#en$ironnement ordinaire-"#Ctat de natureA c#est ce <ui ait $endre- 8 la outi<ue desou$enirs "o$e rom MinnesotaA un gCograp%e a remar<uC unours ] animal du coin ] en peluc%e au oreilles du<uel

pendaient deu Cti<uettes- Sur l#uneA on lit la $ersionantasmagori<ue du capital : "es %aitants du MinnesotaA <ui$i$ent dans les proondeurs de ort%oods au milieu des%uartsA des loups et des pins parumCs et Ccoutent le douclapotis des $agues du littoralA conectionnent @ la main des

sou$enirs uni<ues de notre patrie- Ils aiment cet eemplaire!ciA<u#ils $eulent partager a$ec $ous- D tA sur l#autreA son %istoire



Cconomi<ue rCelle : )urs ari<uC par Mar Meer ,orp-A'ons%endA ermontZ Fari<uC en IndonCsienote- D"#ensemle mensonger de signiiants locau constitue un alii

pour l#origine de la marc%andiseA transormCe en son contraire- on contents de commercialiser une nature primiti$eA ses promoteurs $endent aussi un rapport primiti @ la nature- SoeK naturels DA i$eK au rt%me de la nature DA SoeKaut%enti<ues DA 'rou$eK $otre propre moi D : telles sont lesinLonctions de la sociCtC de consommation depuis les annCes1W0A <ui conondent $olontairement <uUte etCrieure de lanature et rec%erc%e narcissi<ue de l#aut%enti<ue- "a galeriedCli$re un sens mt%ologi<ueA proc%e de la ric%esse du rapport

des primitis D @ la nature et au cosmosA <ue relaie ladramaturgie de la marc%andise pour signaler @ l#ac%eteur ce <uilui man<ue : un rapport simple D @ la natureA signiiC tant parles ougies rusti<ues du anGee ,andleA les plats eoti<ues du(ainorest ou du doa Meican rill <ue par les toma%aGsde eu le Puelo Spirit ou ses statues d#Indiens postCes @l#entrCe- "@ encoreA le signe d#une altCritC proc%e Nles premiers%aitants de l#.mCri<ueO se $oit est%CtisC dans un primiti$isme

plus lointain Nla sau$agerie D en gCnCralO-

"a t%Cmati<ue dCsert D s#est cependant rarCiCe depuis laguerre du olenote : l#eotisme doit aire rU$erA et non ramener le $isiteur au conlits %istori<ues prCsents-

"a structure du mall s#accorde @ la dramaturgie de l#Ctalage pour signaler au consommateur ce retour au sources <ui pourrait le comlerA s#il ac%etait <uel<ue oLet- "#Ctat sau$agedisparu doit Utre rCin$esti dans la psc%ologie duconsommateur pour le dCtac%er de son <uotidienA des menacessociales et %istori<uesA et le aire pCnCtrer dans un monde oV unnou$eau $Utement lui apporte une nou$elle identitC : arorerdes iLou iKarres de c%eK ButterliesA se lo$er contre des

peluc%es arc%aY<ues de c%eK M Pillo Pets ou Cle$er descrustacCs de c%eK aaii ,ras- "#ac%eteur potentiel entend lessir;nes du primiti$isme en $oie de disparitionA maisA attirC parsa propre imageA il s#Cc%oue sur les rCcis de la marc%andise-

,%eK (oertsonA (oespierre n#apparaissait <ue pris dans le

allet mt%i<ue de CnusA CloYseA oliat%A ercule et )rp%Ce-*ans le Mall o .mericaA les uissons du Minnesota et les



Indiens locau ne se montrent <ue perdus au milieu d#une$CgCtation luuriante et d#esp;ces prC%istori<ues- ,omme dansles antasmagories modernesA les morts Nnature locale dCtruiteA

indig;nes eterminCsA colonies disparuesO sont est%CtisCs dansune continuitC stationnaire <ui annule leur singularitCA et un passC sans %istoire $ient aolir le passC rCcent- "e corps duconsommateur lui!mUmeA $enu de la anlieue d#@ cHtCA se $oitliCrC des stigmates de la $ie <uotidienne et de la stratiicationsocialeA pour touc%er @ cette immortalitC de pacotille-

Sout%dale signalait l#aliCnationA le Mall o .merica l#eace-"#en$ironnement immCdiat s#Cl;$e au ni$eau antasmagori<ued#une nature arc%aY<ue- .u lieu de aire $oir l#Ccart entre

l#%omme et son en$ironnementA il simule la rCconciliation- Ilepose la dimension mt%i<ue de la $ie <uotidienneA aitdisparaXtre tout contraste et ait oulier le rapport mutilC @ lanature-

.insiA les antasmagories postmodernes citent l#en$ironnementnaturel du $isiteurA mais c#est pour le perdre dans une naturemt%i<ue- .lors <ue ruen $oulaitA peut!Utre naY$ementA rCCdu<uer D ses $isiteurs @ la natureA les amenant @ se

rCconcilier a$ec elle et @ enric%ir leur en$ironnementA le giga! Jtiment Loue la stupCaction de$ant une nature irrCelle etinaccessile ] sau par le iais de la marc%andise- Il emellitla mort de la nature locale au milieu de plantes eoti<ues etsignale @ l#ac%eteur <ue l#Ctat sau$age <ui lui man<ue dans la$ie <uotidienneA il peut le retrou$er ici-

East (roadLay! ou les technologies du utur

.u il de l#%istoire du mall A l#ClCgance $iennoise introduite parictor ruen disparaXt et des motis %ig%!tec% la remplacent-*ans le mall le plus ordinaireA ils signiient <ue le monde duutur se trou$e @ la porte du prCsent et au seuil de c%a<ue

pa$illon-

"e Mall o .merica n#Cc%appe pas @ la r;gle- "e seul nomd#ast Broada C$o<ue l#a$ant!garde de l#uranitC- *ans lagalerie se dCploie une gigantes<ue mCcani<ue des luides- "oindu mou$ement laorieu des escalators <uotidiensA ceu du

mall restent suspendus dans les airs- "es ascenseurs%drauli<uesA transparentsA semlent sortis d#Cprou$ettes de



science!ictionnote-

*iCrentes outi<ues $endent des gadgets Clectroni<ues <uiAdans ce conteteA prennent une apparence magi<ue- "estransports du utur se trou$ent mis en sc;ne par le "egoImagination ,enterA les Leu $idCo et un simulateur de $ol- "emall lui!mUme onctionne comme une mac%ine @ $oager dansle tempsA transportant le $isiteur dans une nature prC%istori<ueou dans les splendeurs des ci$ilisations passCes- "estec%nologies nou$elles r;gnent aussi dans les grands %uit du

icGelodeon +ni$erseA au milieu de mac%ines magi<ues et deroots ien$eillants- lles ont le lien entre une natureoriginaireA un utur %eureu et un passC lCgendaire-

"es tec%nologies sCcuritaires du mall se cac%entA ellesA dans<uel<ue au palmier et la $oiture atiguCeA $ecteur de soucis<uotidiens et de ris<ues d#accidentA reste sur le parGing- "estec%nologies ineicacesA dangereuses ou angoissantes dude%orsA demeurent in$isiles- IciA l#aliCnation croissante liCeau oLets tec%ni<ues est reoulCe- "a tec%nologie resteser$iale- lle onctionne ien partout et participe de l#C<uilirede ce monde mer$eilleu-

Hest Maret! ou les cités du passé

"a galerie ouestA Qest MarGetA est la simulation la plus tpi<uedu mall A la plus id;le @ l#origineA <ue l#on trou$e d;s le proLetmatriciel de ruen : celle de la $ille classi<ueA anti<ueA <uiAidCalisCeA rCconcilie la place du marc%CA l#agora des citoens etle centre sacrC- Sous le toit de ort%land grouillaient dCL@ lesmer$eilles des anciennes citCs d#urope : $ieilles ri<uesrouges de ,open%agueA espaces pulics dignes de l#.t%;nes desoriginesA rainements de la galerie cou$erte de MilanA couleursdes marc%Cs r%Cnans et rou!rou des oule$ards parisiens- n<uUte de l#aura de la citC classi<ueA ictor ruen n#%Csitait pas @comparer cet endroit @ la PiaKKa $Cnitienne de son%allucination- .u cauc%emar d#une urope amCricanisCeA ilopposait le rU$e d#une .mCri<ue europCanisCe-

"e Mall o .merica imite les aRades (enaissanceA le toit des premi;res gares erro$iairesA les places mCditerranCennes a$ec

leurs caCs et leurs restaurants- *es meules $ictoriensdCordent sur le passage : l#intCrieur s# trou$e @ l#etCrieurA on



s# prom;ne pour $oir et Utre $u- ,omme sur la place dumarc%C tpi<ueA non loin de l#Cglise et de la mairieAl#Cconomi<ue co%aite a$ec la place puli<ue-

"e seul nom de Qest MarGet comineA sous le signe du Ie si;cleA la simplicitC de l#)uest amCricain a$ec l#espritcosmopolite du marc%C des $ieilles $illes d#urope- "es nomsde outi<ue redoulent l#alliancenote- ,HtC amCricainA ellesC$o<uent le temps lointain oV l#on Louissait de c%osessimplesnote- )n epose l#artisanat d#antan- )n peut aussi semettre dans la peau d#un artisan de l#Cpo<ue et ari<uer ses

propres marc%andises pour se les ac%eter ensuite- ,HtCeuropCenA les noms ren$oient au classicisme d#une maturation

culturelle millCnairenote- Fusion du terroir de la i;re .mCri<ueet des pompes de l#urope ci$ilisCeA l#;re $ictorienne est sanscesse prCsente- +ne attraction nommCe ictoriana organise des$irCes en dirigealeA smole de l#in$enti$itC ingCnue des

pionniers- .eropostaleA PS rom .eropostale et )ld a$,lot%ing rappellent eu aussi l#epansion triomp%ale du $oageet du commerce caractCristi<ue du Ie si;cle- Banana(epulic magniie les colonies elles!mUmesA triomp%e descon<uCrants ci$ilisCs sur les Indiens d#.mCri<ue-

"es tec%ni<ues du Ie si;cle enregistrent des sou$enirs comme Ladisnote D- Plus gCnCralementA le mall rCp;te lamusCiication orcenCe de l#%istoireA commencCe au Ie si;cle- "a galerie ouest met sous $itrine la culture localeAeuropCenne ou internationalenote-

Qest MarGet associe dans son espace la onne $ieilletec%ni<ueA la religion ancestraleA l#optimisme colonialA le sensdu ser$ice pulic et le ier artisanat de l#Cpo<ue $ictorienne- "edesign eprime ainsi la stailitC de l#identitC indi$iduelleAamiliale et nationale du temps des colonies @ la<uelle peuts#identiier le consommateur au psc%isme mutilC et @ la amilledCcomposCe-

"e mall parodieA sur un mode Gitsc%A la nostalgie d#une unionorgani<ue du personnel et du collectiA du proane et du sacrCAdu social et du ci$i<ue- Il reprend l#est%Cti<ue de son in$enteur$iennoisA mais sans la prati<ue <u#il $oulait lui associer- "es

gCrants interdisent mUme les maniestations puli<ues dans sonenceinte- n 1WA la cour du Minnesota condamne des



militants antiourrure pour a$oir appelC au ocott de$antMac#s et Bloomingdale#s- Selon les LugesA le Mall o .mericane constitue pas un espace pulicA mais un lieu pri$C protCgC

par les droits de la propriCtC Net cela mUme s#il a CtC partiellement inancC par des onds pulicsOnote-

,ela n#Ctait pourtant pas si clair @ l#origine- n 16WA lessndi<uCs d#.malgamated Food otiennent mUmeeplicitementA apr;s une ataille Luridi<ue contre le gCrant du"ogan alle PlaKa NPennsl$anieOA le droit d# maniester- Siun espace pri$C c%erc%e @ attirer du pulicA alors la liertCd#epressionA garantie par le Premier amendementA doit pou$oir s# eercer note- MaisA en 172A sous (oert ionA le $ent

tourne- *es Luges de l#)regon interdisent @ des militantsantiguerre de tracter dans le "lod ,enterA au prCtete du droit@ la propriCtC- ,#est cette Lurisprudence <ui ut reprise contre lesmilitants du Mall o .merica-

"e Premier amendement ne garantit donc pas l#acc;s au mall AmUme s#il est construit a$ec l#argent du contriuale- n 200Â<uatorKe tats permettent au propriCtaires d#eclure ceu<u#ils Lugent indCsiralesnote- Si seulement prot;gent la

liertC d#epressionnote- MaisA mUme en ce casA la liertC politi<ue reste limitCe- ,onsidCrant <ue la $ie Cconomi<ue setrou$e dCsormais dans les malls et non plus en centre!$illeA letriunal du e _erse autorise certes la distriution de tractsAmais il interdit les discoursA les pi<uets de gr;$eA lesmaniestations et les sollicitations de onds- *e plusA le

propriCtaire dCcide des LoursA %eures et lieu de la distriution-t il peut eiger des polices d#assurance tr;s onCreuses etsou$ent diiciles @ otenir- MUme le e _erseA pourtant

relati$ement progressiste en la mati;renoteA cou$re ainsi lesdroits du propriCtaire au dCtriment de ceu du citoen-

"#air de la $ille rend lireA pas celui climatisC du giga!mall - "esaic%es placardCes @ l#entrCe d#un mall de la $ille deQas%ington rCsument cette situation : "es aires du 'sons,orner ,enter Z ne sont pas des $oies puli<uesA mais sontdestinCes au locataires des outi<ues et au pulic <ui ait desaaires a$ec eu- "es permissions d#utiliser ces aires peu$entUtre rC$o<uCes @ tout momentnote- D

"es militants antiourrure s#Ctaient enc%aXnCs pres<ue nus au



portes des magasins du Mall o .mericaA pour dCnoncer les$Utements incriminCs- "a directrice des relations puli<ues dumall a$ait alors arguC de$ant la cour : .$ec toutes les amilles

et les enants <ui $iennent dans le mall A ce n#est pas $raimentl#en$ironnement <ue $ous pou$eK sou%aiter pour un JtimentdestinC au di$ertissement amilial tel <ue le Mall o.mericanote- D ,e discours rCsonne a$ec les mots de son%omologue du reengate MallA en Pennsl$anie : ous$oulons simplement <ue rien n#inter;re a$ec la liertC duconsommateur de ne pas Utre ennuC et de s#amuser note- D

"e patc%orG nostalgi<ueA $oire dCsespCrCA de ruen prend untour ironi<ue- 8 prCsentA l#est%Cti<ue d#une .mCri<ue

europCanisCe accompagne Loeusement l#Cconomie d#uneamCricanisation planCtaire- "es rU$es du ieu ,ontinent nesont l@ <ue pour emaller les marc%andises- "e mall A <ui aremplacC le centre et re$Ut son apparenceA interdit dCsormais la

parole puli<ue-

Nicelodeon Universe! une synth.se oniri%ue

"e centre de tout shopping mall se trou$e gCnCralement occupC

par un spectacle eplicitement non commercial- (ien ne doitaire penser @ la simple marc%andise- Il s#agit le plus sou$entd#une ontaineA d#un LardinA d#un carrouselA d#un taleauA d#unesculptureA d#une %orloge stlisCenoteA parois d#une grande roueou d#une salle de Leu- ,#est <ue le $isiteur doit d#aord sedCtendre et rU$er un peu- "a marc%andise le cueillera dans sonrU$e-

.u centre du Mall o .mericaA le icGelodeon +ni$erseAautreois ,amp SnoopA rassemle tous ces motis dans un parcd#attractions destinC au enantsA dont l#imaginaire est passC duc%ien p%ilosop%e des comics de ,%arlie Bron @ l#uni$ers tClCde Bo l#ponge- ,e monde cumule les prodiges : un carrousel

peint @ la mainA un parc a<uati<ue C$o<uant la nature duMinnesotaA une grande roueA mais aussi des montagnes russesAun cclone artiicielA un $ieu train antHmeA un palais desmiroirsA un "egoland oV un minotaure croise ,%ristop%e,olomA des c%e$aliers et des etraterrestres- S# Loue un $a!et!$ient entre nostalgie et anticipationA enance et Jge adulteA

identitCs perdues et utures-



"e Mall o .merica in$erse l#espace de *isnelandA <ui eposeles marc%andises au centre et ses mondes imaginaires en

pCrip%Crie- IciA le parc reprCsente un Fantasland <ui aurait

intCgrC les progr;s tec%ni<ues de 'omorroland en s#inspirantdes lCgendes d#.d$entureland et de Frontierland- 8*isnelandA les pHles mt%i<ues du parc d#attractions doi$entramener le $isiteur en son centre- *ans le mall A cette structurecentrip;te est ren$ersCe- "#imaginaire lamoant <uematCrialise son noau crCe une orce centriuge <ui pousse les$isiteurs @ ses etrCmitCsA oV s#eposent les marc%andises selonla dramaturgie mt%i<ue <u#il condense- ,e ren$ersement

permet une plus grande pCnCtration de la marc%andise <uiA possCdCe par le mt%e <ui la met en sc;neA se diuse partout-

.u Mall o .merica en gCnCral et au icGelodeon +ni$erse en particulierA l#atmosp%;re est carna$ales<ue- Mais il s#agit d#uncarna$al sans transgression- Pas de socialA de genre ni de dCsirssens dessus dessous comme @ *unGer<ue- Pas d#i$resse <ui nesoit

Figure 27- Structure antasmagori<ue du shopping mall :l#imaginaire comme orce centriuge-

contrHlCe- "es $igiles $eillentA les salariCs enilent descostumes de peluc%es dConnairesA et les consommateurs

Louent leurs personnages selon la dramaturgie et le degrCd#ecitation inantile autorisCs par le lieu-

"es propriCtaires s#C$ertuent @ reouler les dC$iances <uiA

n#aant plus de centre urain dans le<uel s#eercerA pCn;trent parois l#enceinte du paradisnote- *es patrouilles de sCcuritC$eillent au grain : "a police s#approc%e d#un groupe de LeunesemmesA leur oisson est $CriiCe- Ils sont satisaits <ue ce nesoit <ue du ,oca!,ola- Puis elles sont mises de%ors-IndCsiralesnote- D

.u Qest dmonton MallA les promoteurs ont placCA le long dela Bouron StreetA des manne<uins <ui interpr;tent des sc;nesde mendiants lo<ueteuA de droguCs lascis et de prostituCesosc;nesA personnages dignes des anciens dontons



aandonnCs par les %aitants des suburbs- "e potentieltransgressi se $oit igC dans des statues de cire- "es menacesAconLurCesA sont t%CJtralisCes ain de mieu pro$o<uer la

catharsis c%eK les $isiteurs-Plus gloalementA le design du mall eprime une certaine%orreur du $ide <ui c%erc%e @ contrer toute irruption d#un rCelin<uiCtant- *ans un manuel d#amCnagement <ui it autoritC dansles annCes 1W0!10A on peut lire <u#il aut asolument C$iterles eets dCpressis des espaces $ides D Nthe depressingeffects of dead areasnoteO- "es signes doi$entA partoutAoisonner- Il autA l@ encoreA un trop!plein de rCelA Lus<u#@l#intoication- .u point <ue l#on se met mUme @ diagnosti<uer

un nou$eau sndrome mClancoli<ue : certains $isiteursA de seretrou$er ensuite ace au $ide angoissant de la anlieueA

peu$ent Utre pris d#un mal de mall note D- 8 la prousiond#images dCL@ prCsente dans les antasmagories modernesA lesantasmagories postmodernes aLoutent une aondance designes- lles redoulent l#imaginaire par une ondationsmoli<ue <ui le soutient en permanence-

"es antasmagories modernes possCdaient dCL@ une dimension

mt%i<ue essentielle- *#une partA elles prCtendaient @ larCsolution de toutes les contradictions sociales Nonction dumt%e c%eK "C$i!StraussO- *#autre partA elles se caractCrisaient

par une rCpCtition inernale Nstructure du mt%e selon QalterBenLaminO- Si les antasmagories postmodernes prCser$ent cestraitsA leur emrouillamini igurati contraste cependant a$ecune certaine logique du mt%eA une rigoureuse structuresmoli<ue rCalisCe dans l#espace des interactions sociales- )n

pourrait dire <u#elles sontA en ce sensA spatialement

mt%ologi<ues-"es stles correspondants @ sa structure mt%i<ue N classi<ueDA urain DA nature DA sop%isti<uC DA etc-O gommentgrossi;rement les diCrences sociales- "e passC rCcent et lede%ors proc%e du $isiteur se $oient Cradi<uCs- CnCalogieAdistinction et place sociale se trou$ent simplementrCinterprCtCes en stles de $ie D- "e mall reuse lescon$entions de l#etCrieur au proit d#une mise en spectacle del#indi$iduA et un simulacre d#indi$idualitC prend la place de

toutes les dCterminations socialesA <ui semlent en $acancesD- "e dCpasement agit donc aussi dans la relation sociale elle!



mUme : les relations entre consommateurs se trou$entmCtamorp%osCes en antasmagories de la personnalitC D

pendant <ue le rapport marc%and entre producteur et

consommateur se $oit transigurC en une antasmagorie denatureA de culture et de tec%ni<ue-

South 8venue versus East (roadLay

"e 1^ dCcemre 15A une Leune m;re noire cCliataire montedans le us <ui l#am;ne @ son tra$ailA au Qalden alleria MallNtat de e orGOA ou plutHt @ <uel<ues centaines de m;tresde l@A au ord de l#autorouteA car les us du centre ne sont pasautorisCs @ pCnCtrer l#enceinte du mall - ,omme d#%aitudeA

,nt%ia Qiggens doit tra$erser les sept $oies <ui sCparentl#arrUt de us de son lieu de tra$ail- MaisA ce Lour!l@A elle est

percutCe par un poids lourdnote- "e carna$al du mall nesuspend pas les diCrences de classe- Il reproduit la sCgrCgationordinaireA certes discr;tementA en pri$ilCgiant par eemplel#acc;s par la $oiture indi$iduelle plutHt <ue par les transportsen commun-

*e aRon gCnCraleA les plus pau$res sont tenus @ l#Ccart-

"#aspect de orteresse du mall eprime ici son sens $Critale :un lieu protCgC rCser$C @ une classe socialeA celle desconsommateurs sol$ales de la classe moennenote- "a

population du mall reste tout aussi %omog;ne <ue les anlieues pa$illonnaires <ui l#entourent- ue des intrus par$iennent @ s#glisserA ils sont immCdiatement stigmatisCs- +ne Leune emmetCmoigne de ce genre de prati<ues dans le Qood reen MallN,anadaO : _uste a$ant olA l#agent de sCcuritC est $enu nous$oir- )n Ctait l@A on ne aisait rien de malA on ne causait aucuntroule- )n ne aisait rien @ personne et l#agent de sCcuritC nousdit : =ous pou$eK circulerA s#il $ous plaXt `?note D- "es agentsde sCcuritC sur$eillent a$ec insistance certains tpes d#indi$idusNtrop LeunesA trop noirs ou trop dCs>u$rCsO Lus<u#@ ce <u#ils sesentent eu!mUmes indCsirales- *e nomreu malls ont ainsiCtC condamnCs pour prati<ues discriminatoires-

aituellementA le design indi<ue au classes aisCes les outi<ues c%ics <ui leur sont rCser$CesA reoulant le pau$re-

.u Mall o .mericaA les enUtres Ctroites des outi<ues deSout% .$enue appellent les classes supCrieures- "es entrCes



discr;tesA l#amiance intimisteA l#eposition minimaliste et laric%esse des matCriau $isent @ dCcourager la masseA <ui n#ose

pas entrerA au proit du client aisCA %aituC au cCrCmonies

pri$Ces- n re$anc%eA les larges $itrines des magasins d#astBroada s#adressent @ une client;le populaire- "es outi<uesgrandes ou$ertes et tapageuses oV s#amoncellent lesmarc%andises s#orent @ la $ue et au porte!monnaie de tous-

"e mall de ,enterpointA @ SdneA e%ie de aRon tr;seplicite ce tpe de mCcanisme de sCgrCgation sociale par laconsommationA sou$ent plus discretnote : au reK!de!c%aussCeAon trou$e des magasins dCmocrati<ues DA destinCs au tout!$enant- 'ous @ peu pr;s semlalesA sans $itrineA mais a$ec des

aRades ou$ertes- "eurs produits peu onCreu se dC$ersent surle trottoirA aolissant la distinction entre l#accessile etl#eclusi- .u premier CtageA les outi<ues mar<uent leurronti;re un peu plus clairementA c%erc%ant @ se distinguerA @ laois les unes des autres et de l#espace commun- *esmarc%andises disposCes a$ec soin s#amoncellent derri;re des$itrines au lumi;res $i$es- "es Ctalages sont agencCs poureprimer des communautCs de go[tA attirer des proilsspCcii<uesA mais sans eclure personne- .u deui;me CtageA

les $itrines eposent au contraire tr;s peu de marc%andisesAsigniiant par l@ l#eclusi$itC de leurs produits et de leursclients- troitesA elles ne laissent pas acilement pCnCtrer leregard @ l#intCrieurA <ui demeure parois tout @ ait cac%C- PlustamisCeA la lumi;re se contente de mettre en C$idence un$Utement eceptionnelA suggCrant par l@ <ue son porteur seraAlui aussiA spCcialA distinct de la masse- Il n#est plus memre d#ungroupe singulier comme au premier CtageA ou d#un collectiindCterminC comme au reK!de!c%aussCeA mais indi$idu @ part

enti;re- IciA c#est la diCrenciation $erticale <ui matCrialise lesdiCrences de classeA un peu comme dans les anciensimmeules parisiens- "e Mall ,enterpoint spatialise ainsi lalogi<ue de distinction sociale du Mall o .merica- "e designdiCrenciC des outi<ues et des enseignes permet @ c%acunNmais surtout au plus ric%esO de se reconnaXtre dans son statutsocial- *ans le mCga!mall A <ui se $end pourtant commel#eml;me de la dCmocratisation de la consommationA une

partie importante de l#amCnagement s#adresse eclusi$ementA

comme en apartCA au dominantsA puis<u#il leur resteA euA une



claire conscience de classe-

A a1t1il un l?neur dans le mall K

,ertains c%erc%eurs anglo!saons ascinCs par le mall estiment<ue l#on peutA dans cet espace postmoderneA lJnerA commeBenLamin DA et dCri$erA comme u *eordnote D- ,#est malconnaXtre l#un et l#autre- ,#estA surtoutA $ouloir ier l#identitC dulJneurA alors mUme <ue celui!ci n#aspirait <u#@ se dCaire de sa

propre personnalitC dans ses promenades-

.u contraire de la lJnerie lireA le design du Jtiment entenddiriger la dCamulationA non laisser @ l#indi$idu le loisir de sa

suLecti$itC- "a prousion des signes la recapture sans cesse- "e adaud est @ c%a<ue instant dC$iC de sa traLectoireA asent @ lui!mUme et @ son proLet actuelA plongC dans la ascination del#espace- "es aiseurs de mall ont donnC un nom @ cetteinleion du pas dCcidC du $isiteur en dCmarc%edCamulatoire : c#est le Gruen effect ou encore le Gruentransfer - ,e terme dCsigne le moment eact oV l#usagerA <uia$ait une destination et un ut prCcisA se trou$e transormC enconsommateur impulsi au grC des c%armes du dCcor- +ne

modiication immCdiatement repCrale : son parcoursA Lus<ue!l@ rectiligneA de$ient errati<ue- "es concepteurs a$orisent ce transert D par toutes sortes d#ostacles @ un usage utilitaire du

Jtiment : des parois moiles <ui arrent la routeA des escaliersmCcani<ues <u#il aut contournerA des toilettes allusi$es DA dessorties introu$alesA des cartes d#orientation indCc%iralesA des

outi<ues sans portes oV l#on pCn;tre sans s#en rendre compteZ

,ertains malls ont reRu tant de plaintes d#usagers irritCs <u#ilsont d[ se rCsoudre @ poser des panneau NdiscretsO indi<uant lasortienote- 'out cela est designC D @ dessein pour trouler latraLectoire et aire oulier les oLectis initiau- Hout ce <ui

peut prolonger la $isite de l#ac%eteur est dans notre meilleurintCrUt DA disait un spCcialiste du mall en 10note- *e 160 @10A la durCe moenne d#une $isite passe ainsi de $ingtminutes @ trois %eures-

"a uite D dans la Louissance structurCe par le design rCpond @la ois @ l#in<uiCtude de$ant les menaces etCrieures et @ celle

pro$o<uCe par la marc%andise elle!mUme- ,ette derni;remenace est en eet permanente : elle touc%e @ la suLecti$itC de



l#indi$iduA en lui montrant ce <ui lui man<ue pour a$oir une $iecompl;teA une personnalitC comlCeA une identitC enin staleetA accessoirementA se-

"a suLecti$itC du $isiteur reste ri$CeA d#un cHtCA @ un espace!temps etraordinaire oV dCilent des identitCs mt%i<ues etA del#autreA @ la lessure narcissi<ue ra$i$Ce par les stles de $ieaussi idCau <u#inaccessiles <u#elle lui propose- ,et aller!retour entre le design rassurant du lieu et les clignementsin<uiCtants de la marc%andise dCtermine le pas peu assurC du

adaudA en ce sens ort dissemlale de celui du lJneur-

"e adaud ne prend pas $raiment de ris<ue- S#il se sent trop

menacC dans sa suLecti$itCA il ne lui reste <u#@ se laisser aspirer @ nou$eau par le dCcor du mall A ses stailitCs identitaires etrCconciliations %istori<ues- "#angoisse disparaXt- Il peuttouLours nier sa propre mort en re$enant @ la $italitC D pleineet rassurante du centre du mall - Il ne se ris<ue pas @ sortir tout @ait de son corps- Il reste circonscrit par la structuremt%ologi<ue des lieuA les identiications oligatoires et lesmessages en$oCs par la marc%andiseA <ui ne cessent de luicrierA @ la mani;re des gJteau et des potions d#.lice :

Mange!moi DA Bois!moi DA ssae!moi D

=e festival marketplace! ou la post1histoire du mall

Selon BenLaminA c%a<ue C$Cnement poss;de une prC!%istoire etune post!%istoire <ue polarise le prCsent-

!a pré- et post-histoire d'un fait historique apparaissent en lui gr3ce 6 sa présentation dialectique Wien plus : chaque faithistorique présenté dialectiquement se polarise et devient un

champ de force dans lequel se vide la confrontation entre sa pré- et sa post-histoire l se transforme ainsi parce quel'actualité agit en lui !e fait historique se polarise selon sa

pré- et sa post-histoire tou$ours 6 nouveau et $amais de lamBme mani)re Ft il le fait en dehors de lui, dans l'actualitéelle-mBme comme une ligne qui, divisée selon la sectiond'pelle, perEoit sa division au-del6 d'elle-mBmenote

ue des annCes 130A la prC!%istoire de Baudelaire rCside dans

l#allCgorieA sa post!%istoire dans le modern stylenote- .utrementditA le lJneur poss;de des antCcCdents positis dans le regard



pCtriiant du drame aro<ue du IIe si;cleA <ui rC$;le la$acuitC du pou$oir politi<ue et aoutit nCgati$ement dans lesrU$es $CgCtau de l#art nou$eau des annCes 1W0!105A <ui

ercent le collecti- "e traLet %istori<ue du lJneur se dCploie lelong de la ligne coure d#une %istoire aro<ueA naturalisCeA <uesurplome la igure de la mortA consciente Nle aro<ueO ouinconsciente Nle modern styleOA de mani;re criti<ue ouapologCti<ue- Sa antasmagorie se trou$e ainsi polarisCe entrela prC!%istoire d#une antasmagorie nocturneA in<uiCtanteA @ laQalpoleA et la post!%istoire d#une antasmagorie diurneArassuranteA @ la (oertson-

*e mUmeA on peut $oir a$ec BenLamin le passC du passage de

l#)pCra dans le p%alanst;re de FourierA et son utur dans "e BonMarc%C- t comme la destruction des passages ait $oirA grJceau surrCalistesA le potentiel utopi<ue <u# a$ait perRu Fourieret <ui n#Ctait pas $isile tant <ue le lieu restait soumis @ lalogi<ue commercialeA la ruine de certains malls laissetransparaXtre les graines socialistes <u# semait ruenA Lus<u#icidissimulCes par leur onction marc%ande- .uLourd#%uiA et alors<u#il tome en ruine @ certains endroits du mondeA le mall donne @ $oir sa prC!%istoire : l#arc%itecture socialiste @ la

ropius- Sa post!%istoire se trou$e @ la ois en $ille et en anlieueA dans le festival mar*etplaceA dans le lifestyle center -

n 1W0A _ames (ouse N11^!16O inaugure le arorplaceMarGet- MUme si ce n#est pas le premier du genreA il s#agit du

festival mar*etplace ondateur- ,et uraniste amCricain atransormC le port dCsaectC de Baltimore en antasmagorie dela $ille classi<ue- Il a mCtamorp%osC une atmosp%;red#aandonA de dCpeuplement et de crime en une amiance

dnami<ueA grouillante et esti$e- )n a rCno$C les <uaisAentrepHts et dCpHts erro$iaires selon un design %omog;ne ric%een associations %istori<ues et eoti<ues- *es c%arrettes @ ois

postCes de$ant les Ctals signalent l#acti$itC intense d#un marc%Ctraditionnel sous les lumi;res de la guitare gCante du ard(ocG ,aC- "e trop!plein d#images mt%i<ues remplacedCsormais l#angoisse de$ant les dCcomres de l#industrie- "etitre ent%ousiaste du Hime's ait alors date dans l#%istoire des$illes : grJce @ la (ouse ,ompanA cities are fun D-

P%ilant%rope poussC par ses con$ictions religieusesA _ames(ouse %Crite de ce <uiA dans la p%ilosop%ie de ruenA Ctait



propre @ anest%Csier tout sens criti<ue- Marc%er dans les ruesArencontrer des gens ] c#est cela <ue permet la petite $ille- Si$ous perdeK celaA $ous perdeK toutnote- D Il a d#ailleurs

participC a$ec l#arc%itecte $iennois au Nousing ct de 15Â <ui$isait @ installer dans les dontons des espaces similaires au shopping malls- ,omme le concepteur de Sout%daleA l#uranisteesp;re ranimer le c>ur de la citC en introduisant le design dumall - "a rengaine est la mUme : rendre les amilles @ leurdignitCA a$oriser des contacts amicau au sein de lacommunautC et leur aire dCcou$rir les eautCs de l#artisanatA del#art et de la culturenote- "e mall suurain est perRu commeattractiA sCcurisCA conortale et ialeA a$ec eaucoup de$erdureA de lumi;re et de di$ertissements- Z otre missionest de aire en $ille ce <u#on a ait dans les anlieuesnote- D

(ouse insiste sur ce ait : cela ne peut onctionner <ue parce<ue le mall a un gCrant <ui contrHle l#en$ironnement D- .u

festival mar*etplace comme au shopping mall ou au lifestylecenter A une autoritC centrale doit coordonner le design des

outi<uesA ier les %eures d#ou$ertureA coordonner la pulicitCArCguler le lu et la di$ersitC des locatairesA sur$eiller etgarantir la sCcuritC- MalgrC l#asence de grandes enseignes ou

de locations @ long terme <ui rend en ce cas l#%omogCnCitC plus prCcaireA l#est%Cti<ue de ces malls @ ciel ou$ert demeure uniiCe par un ou plusieurs t%;mes arc%itecturau-

"e mod;le du festival mar*etplace a connu eaucoup de succ;sau tats!+nis- *CL@ en 17WA le Faneuil all MarGetplace deBostonA alliC au uinc MarGet construit peu apr;sA reproduitdans le donton un $ieu centre aut%enti<ue D- "a $ille aitalors plus d#entrCes <ue *isnelandnote- "a (ouse ,ompan

rCno$e de la mUme mani;re les centres de MilauGee Nrand.$enueA 1W2OA e orG NSout% Street SeaportA 1W3!1W5OAQas%ington N'%e S%ops at ational PlaceA 1W5OA MiamiNBaside MarGetplaceA 1W7O ou onolulu N.lo%a 'oerMarGetplaceA 1Ô- ,e <u#on appelle alors la rouseiication Dait des CmulesA de "os .ngeles N'%e ro$e at Farmers MarGetA2002O Lus<u#@ Indianapolis N+nion StationA 1W6OA de "a

ou$elle!)rlCans N_acGson BreerA annCes 1W0O Lus<u#@,le$eland N'oer ,it ,enterA 10O- +n Lournaliste salue la$iration et la di$ersitC de la $ie urainenote D <uiA eninAre$ient au centre-



"e festival mar*etplace de$ient incontournale dans larCno$ation des sites anciens et notamment des ports industriels-.u prCtete CculC du renou$ellement de la place puli<ueA on

transorme ainsi radicalement l#image des $illes amCricaines eton les rend de nou$eau attracti$es pour les %aitants des anlieues- "e sc%Cma reprend le Qest MarGet du Mall o.merica- Il mime le marc%C traditionnel ou le souG de$antd#immenses $oiliers en ois non loin de ateau piratesA etrecrCe un sens du lieu D et de l#amusement au milieu desgratte!ciel- "#identitC communautaire <u#il simule ainsis#apparente @ un %Critage %istori<ue re$u par *isneland-

Face @ cette rude concurrenceA de rares malls se recclent a$ec

succ;s ou sont remplacCs par des lifestyle centersA <ui poussent@ son parosme la transiguration du capital postmoderne etdes conlits de classe en stles de $ienote D- ,es nou$eaucentres parodient la ,itC radieuse de "e ,orusier et leBau%aus de ropius- Ils cominent des rCsidencesA desrestaurantsA des parcsA des promenades et des outi<ues pourune classe %omog;ne <ui se reconnaXt dans le mUme stle de$ie D- ,es nou$eau simulacres de dontons destinCs @<uel<ues pri$ilCgiCs imitent l@ aussi les <uartiers pittores<ues

de "a ou$elle!)rlCans ou de Boston- "es tats!+nis ontconsacrC dans les di derni;res annCes ^0 k de leurs dCpensesde renou$ellement urain @ ce nou$eau tpe de mall -

"e lifestyle center et le festival mar*etplace dCsa$ouentAcomme le mall A la $aleur d#Cc%ange et la $aleur d#usage- +neest%Cti<ue anticommerciale saute d#aord au eu- IciA on a lec%oi entre des produits aits main D et des restaurants ducoin DA des marc%Cs rusti<ues et des epositions d#art- "a

grande distriution disparaXt derri;re le petit artisanat- Maisl#accent ne rCside pas tant sur le processus de production <uesur l#est%Cti<ue du tpi<ue D et de l# aut%enti<ue DA l#Ctaltraditionnel <ui reprend ses droits sur le raon rCrigCrC- "esgrandes mar<ues s# dCguisent simplement en petits

producteurs- SimulCeA la $aleur d#usage n#est pas pour autant prCsente : on ne $ient pas pour aire ses courses <uotidiennesAmais pour se distraireA assister @ <uel<ues spectacles de rue D-"a consommation se transorme en epCrience culturelle DmultisensorielleA <ui s#oppose aussi au commerce de proimitCet au rituels de l#alimentation <uotidienne : pas de ser$ices



prati<uesA mais des restaurants <ui transorment le repas enUte- +ne orme prCindustrielle tra$estit ainsi simultanCment la$aleur d#Cc%ange et la $aleur d#usage propres @ la production

moderne-+ne diKaine d#annCes a$ant sa rCno$ationA le uinc MarGetCtait pourtantA comme @ ,le$elandA *etroit ou "os .ngelesA let%CJtre de rC$oltes uraines- "es festival mar*etplaces deBoston ou Baltimore $ont!ils de pair a$ec la in de lasCgrCgation dans ces $illes ` ,ontriuent!ils @ rCno$er le centre

pour les dCs%CritCs <ui l#occupent depuis des annCes ` Paseactement- 8 l#%eure oV le arorplace rille de mille euAl#ouest de Baltimore continue de se dCtCriorer- "a $ille a reRuA

<uatre ans a$ant l#inaugurationA des millions de dollars pour ledC$eloppement de cette KoneA mais le <uartier populaire deSandton reste encore dClarC auLourd#%ui- "e esti$al ournitcertes <uel<ues emplois au .ro!.mCricains <ui %aitent l@Amais il s#agit gCnCralement de Los prCcairesA les emplois plus<ualiiCs Nceu des managersO Ctant rCser$Cs au classesmoennes des anlieues- "es %aitants pau$res se trou$entoligCs de dCmCnager @ cause de l#augmentation des loers-,#est la gentriication commerciale D- "e monde intro$erti et

autonome du shopping mall Cl;$e ainsi son proil de orteressesur la ruine des $ieu centres communautaires-

Ses dCauts n#empUc%ent pas le festival mar*etplace de migreren de%ors des tats!+nis : ,o$ent arden @ "ondres N1W0OAPoerscourt 'on%ouse ,entre @ *ulin N1W1OA Magna PlaKa@ .msterdam N13OA Mc Q%irter#s MarGetplace @ BrisaneN1OA Berc illage @ Paris N2003OA uai des mar<ues @Bordeau N200WOA Ingolstadt et Qert%eim illages en

.llemagne N2006 et 2007O- .uLourd#%uiA il n# a pas une seulegrande $ille europCenne <uiA capitalisant sur la popularitC de la prCser$ation et de la restauration %istori<ueA n#ait pas ici ou l@son <uartier tpi<ue D rCcemment rCno$C au milieu desenseignes marc%andes- *es Ctendues caliorniennes Lus<u#au

anlieues de S%ang%aYA des $illages <ui n#a$aient Lamais eistCont mUme CtC in$entCs D sur le mod;le des anciennes citCs :%acienda %ispani<ue en ,aliornie NPruneardO ou citC suCdoisedans la pro$ince du uiK%ou N"uo *ianOA $illage italien de la(enaissance NBorgataO ou $illage cHtier meicain en .riKonaNMercatoOA $illage de la ou$elle!.ngleterre dans le



Massac%usetts NPicGering Q%argO ou @ 'aius%i N'%ames'onOZ .lors <ue (ome sert sou$ent de mod;le @ cesin$entionsA une de ses anlieues $ient de construire un $illage

tpi<ue D reproduisant tous ses clic%Cs touristi<uesnote- .u portes de ParisA al d#uropeA une $ille pri$Ce dCtenue par*isne ,orporationA a rCcemment dC$eloppC autour d#un

shopping mall reproduisant l#est%Cti<ue des passages parisiensun $illage mClangeant les stles pro$enRau et italiens NlaallCe illageO- #espCreK cependant pas $ous promenerapr;s dXner : cet espaceA ermC @ 1 %euresA est eclusi$ementdCdiC au commerce-

"e shopping mall ne s#est donc pas contentC de sortir des

anlieues amCricaines pour gagnerA en s#Ctendant en %auteur ouen proondeurA le c>ur des mCtropoles du monde entierNcomme le Forum des alles @ ParisO- Il a aussi diusC sonuranisme @ toutes les pro$inces d#uropeA d#)rient etd#.mCri<ue- "es mCtropoles du monde orment des malls @ cielou$ert- MaisA loin de re$italiser la $illeA le festival mar*etplace la scinde- Il a$orise des Xlots lamoants au milieu de<uartiers misCrales oV les $isiteurs ne s#a$enturent gu;re-

"e festival mar*etplace et le lifestyle center incarnentA commele mall A un passC idCal <ui n#a Lamais eistCA un prCsent luueu<ui reste l#eception et un utur lCgendaire <ui n#eistera pas

plus- 8 BaltimoreA le pasage postindustriel d#une ellearc%itecture onctionnelle c;de la place @ une arc%itecture unDA mite de mt%es marc%ands et de marc%andises mt%i<ues-

&ead mall Laling

Si l#on ne peut identiier BenLamin au lJneurA on ne peut nier<u#il $isitait parois les passages @ pas lents- Il se laissait

aigner de leur transormation atmosp%Cri<ue au moment deleur dCcrCpitude- Ils n#a$aient pour lui ] et pour lessurrCalistes ] de magie <ue parce <u#ils agonisaient-.utrement ditA parce <ue le monde <u#ils reprCsentaient Ctait

passC et parce <u#ils mUlaient ses motis glorieuA dCL@ dCsuetsA@ des acti$itCs proanes plus in<uiCtantes : prostitutionA traicsen tout genreA acti$itCs occultesA etc- "a poCsie antasmagori<uedu Ie si;cle s#alliait alors a$ec des usages dC$iants du e

si;cleA impro$isCs dans un monde lui!mUme dCcadent- Il allaitdCcrire ces endroits a$ant <u#ils ne disparaissent totalementA car



ils dCli$raient alors une promesse non tenue- "eur Ctat de ruineCmancipait la magie Lus<ue!l@ emprisonnCe Nla prison%istoricisante D des antasmagories modernesOA transormait le

trop de rCel en rCel en moinsA le trop!plein d#images en uneimage risCe-

"e *iie S<uare Mall NIllinoisA 166O est mort- MalgrC lesrCno$ationsA campagnes pulicitaires et mUme le tournage d#unilm pour lui redonner son Cclat NHhe Wlues WrothersOA unenou$elle concurrence a dCtournC son lu $ital deconsommateurs suurains- Ses entrCes sont murCes depuis17- "#asp%alte du parGing se cra<uelle et redonne ses droits @la nature- 8 l#intCrieurA des lameau de l#imaginaire

consumCriste se maintiennent isolCs dans un pasage rut deerA de Cton et de $erre- "e design %omog;ne d#autreois estdCcolorCA risCA caronisC- "a c%aXne smoli<ue <ui uniiaitses outi<ues est partout rompue-

"es malls meurent!ils plus $ite <u#ils n#ont CtC Jtis ` n setransormant en parc d#attractions et en concentrant l#imaginairede la consommation planCtaire dans un seul espaceA le Mall o.merica a pour l#instant C$itC la dCsaection <ui touc%eA depuis

les annCes 10A la plupart de ses semlalesnote- "e *iieMall est $ide depuis trente ans maintenantA le (egenc MallNeorgieA 17WO depuis une diKaine d#annCes- *#autres malls sont auLourd#%ui dCsertsA comme le (andall ParG Mall N)%ioA176!200OA ou dCtruitsA comme le Mall o Memp%isN'ennesseA 1W1!2003O- *epuis les annCes 10A les gangs de

Leunes de *CtroitA ouston ou "os .ngeles en$a%issent les Jtiments <ui aritent tant ien <ue mal <uel<ue acti$itCAoligeant les gCrants @ renorcer encore la sCcuritC et @ imposer

des cou$re!eu : le danger des dontonsA reoulC @ sa porteArCapparaXt @ l#intCrieur du mall - .$ec l#eode rCcent des suburbs$ers des dontons rede$enus attraants et sCcurisCs etA plusrCcemmentA la crise Cconomi<ue mondiale de 200WA les malls se$ident- Selon l#International ,ouncil o S%opping ,enterA unmall sur cin< a ait aillite depuis 2000note- *e nomreuses

outi<ues erment dans ceu <ui restent- n 2007A pour la premi;re ois en cin<uante ansA aucun shopping mall n#a ou$ertsur le territoire de la premi;re puissance Cconomi<ue mondiale-"es tats!+nis les ont $us naXtreA mais c#est l@ <ue les malls

perdent leurs meilleures enseignes et dCsemplissentA comme les



centres!$ille il a $ingt ans-

,et autre mal du mall touc%e Lus<u#@ l#)rient : en MalaisieA l#undes plus grands malls du monde a lui aussi ermC- *#autres sontmort!nCsA smoles de la crise et de la spCculation immoili;re-InaugurC en 2005A le Sout% ,%ina Mall N*ongguangA dans leuandgongOA le plus grand du mondeA demeure inoccupC @ W0k-

"e mall ne montre!t!il pas son $rai D $isage lors<u#il ait $oirle tra$ail de la mort en lui ` "e $ide in<uiCtant du *iie Mall

p%otograp%iC par ,%ristop%er Q- "u%ar!'rice donnel#impression d#une accClCration temporelle <ui nous m;ne @ l#;re

postconsumCriste d#une plan;te dC$astCenote- _o%n "andisc%oisit d#ailleurs ce mall pour tourner une sC<uence de course!

poursuite des Wlues Wrothers N1W0O : irruption rutale d#un rCelmenaRantA les automoiles %aituellement tenues @ l#etCrieurs#introduisent dans l#Cdiice a$ec $iolenceA dCtruisant les

outi<ues et menaRant d#Ccraser les $isiteurs- "e ilm deKomies de eorges (omeroA (an of the (ead N17WOA aitre$enir ses morts!$i$ants dans un shopping mall - ,e lieuimportant dans leur $ie DA comme le dit un personnageA le

demeure dans la mort- ,#est le seul et $rai paradis- Pour lessur$i$antsA il reprCsente d#aord une inespCrCe corned#aondanceA puis un espace de Leu insolite etA eninA leur

propre tomeau Ndans la premi;re $ersion du scCnarioA les deurescapCs ne s#enuient pasA mais se suicident de mani;re @ ne

pas ressusciter en KomiesO- "#imaginaire cinCmatograp%i<ue semontre Ctonnamment sensile au rCel destructeur <u#on a $ouluc%asser du mall - +n autre ilm d#Cpou$anteA de moins onneactureA Hhe +hantom of the Mall N1WA (ic%ard FriedmanOA

Loue sur un cane$as <uasi mt%ologi<ue- ric passe pour mortdans l#incendie mstCrieu de sa maison amiliale- "a igure @moitiC r[lCeA il se cac%e dans la structure du mall Jti sur lemUme emplacement- (e$enu pour rCgler leur compte au$i$ants <ui ont assassinC sa amilleA il succome dans le rasier inal du centre commercialA entraXnant dans sa mort les gCrants$Creu et leurs lics inJmes- ,e %Cros sans $isageA <uidC$eloppe dans l#omre des pou$oirs eceptionnelsA incarne lare$anc%e des $aincusA dont la $ie a CtC ruinCe par des

promoteurs a$ides- Sur un ton plus anodinA la comCdie de PaulMaKursGA Scenes from a Mall N11OA epose elle aussi



l#en$ers du dCcorA la dCcrCpitude derri;re une aRade paradisia<ue- *ans ce lieu enc%antC <ui mClangeindiCremment les cultures du monde pour le plaisir des

ourgeois caliorniensA un couple incarnC par Qood .llen etBette Midler se dCc%ire rutalementA sous les accusations deKomiication du mari- "e partage des iens du di$orce @ $enirse ait au son des mariac%is <ui entourent les amoureu commedans un $oage de noces- Par un retournement du dispositiAnos troule!Utes se rCconcilient a$ec luricitC dans un cinCmadCsert pendant <u#on assassine <uel<u#un @ l#Ccran- +ne sc;nede Salaam Wombay sert ainsi de dCcor @ une soudaine poussCedu dCsir-

*iicile de trou$er un <uelcon<ue potentiel su$ersi dans lesmalls tant <ue ceu!ci ne sont pas @ l#Ctat de ruines ou dCsertsAtant <ue leur plCnitude smoli<ue ne s#est pas eondrCe en$estige allCgori<ue- ,#est la ruine <ui rCcup;re la magie dumall A <ui donne sens @ la poCsie de Baudelaire- "a magie

lanc%eA <ui s#Cteint doucementA des antasmagoriesmarc%andes li;re alors la magie noire des antasmagoriessurrCalistes- Sans mall en ruineA pas de poCsie politi<ueA pas de

politisation de la poCsie- )r c#est ien ce <ui se passe a$ec

lesdits dead malls- "es c%erc%eurs <ui les recensentnote ont misle doigt sur l#Cnergie surannCe de ces centres commerciaudCc%argCs de toute utilitC et <ui ne prCsentent plus <ue leurimaginaire anCA d#un cHtCA et leur structure ruteA de l#autre-*ans le er rouillCA le Cton issurC et le $erre risC d#un

Jtiment aandonnCA la splendeur d#une ci$ilisation <ui aurait pu se dCploer l@ se montre a$ec une intensitC intermittenteAainsi <ue la possiilitC du nou$eau- lle s#associe @ l#in<uiCtudedu lieuA rCin$esti par les crimes et les per$ersions reoulCes-

$ESEA F =8S :EG8S

8 "as egas il Louissait de ce <ue les prop%;tes des%allucinog;nes appellent une =epansion de laconscience?note- D

'om Qole

"eur proLet de dCcoration Z rassemle les smoles les



plus usagCs de la sociCtC de masse dans une antasmagorie delumi;res $olontairement inantilenote- D

Manredo 'auri

"e 31 octore 2005A @ "as egasA on Ute le <uaranti;meanni$ersaire de l# .cid 'est D- ,#est un %ommage @ 9en 9eseN135!2001OA ondateur de cette cCrCmonie %umoristi<ue <uidCli$re des diplHmes @ ceu <ui ont ou$ert les portes de la

perception-

*ans les annCes 160A cet Ccri$ain amCricain est un %Cros de la o%;me de la cHte ouest des tats!+nis- Son mode de $ie

communautaire et ses a$entures psc%CdCli<ues ont Cclater le$ieu monde de la ourgeoisie des annCes 150A et sonarc%itecture du %aut modernisme Npa$illonsA ureauO- *ans cesannCes!l@A les casinos de "as egas $oient $enir des %allucinCssc%iKop%r;nes et paranoYdes tels <u#on en rencontre danscertains romans de la beat generation- Pour eaucoupA la citCdu $ice reprCsente un trip D C<ui$alent au $isions colorCesd#un 9ese sous "S* : des enseignes lumineuses composentAen ord de routeA une poCsie dClirante <ui ait oulier les

Jtiments onctionnels plantCs <uel<ues m;tres plus loinA un peu comme si Man%attan disparaissait derri;re un eu d#artiicecolorC- Il se trou$e mUme des arc%itectes pour saluer ce stle de

ord de route- t d#autres pour situer ici la naissance del#arc%itecture postmoderne DA enin CmancipCe de la grisaillemoderniste- Mais il a <uel<ues omres @ ce taleau entec%nicolor-

&es étoiles à terre

ous $oici en $oiture @ la in des annCes 160A <uel<ues miles apr;s le panneau mt%i<ue Qelcome to Faulous "as egas

e$ada D- *es mots scintillent partout de c%a<ue cHtC de laroute :

STOP GO V left turn stardust only V CDU<FUHDU CFUHF8 (8 V `2 hours coffee-shop V SF ADD( SHF#S V MOBY DICK V fo&y's V ester car co V stardust par*ing V $erry collins V hoard *eel V *athryn grayson V ST!D"ST V

#!$MO%T V hotel and casino V LLDDI% V UD +8#UG HNS S(F V P$D &I%G V WU# DA !S <FGS V <S 8FUH C8 V



WFXH_ S!DU V $L MO!!OCCO V MDHF! V 8FSHX8UH Vvacancy V $L MO!!OCCO MOT$L V carte blanche V stea*scoc*tails V coppercard V 2 ?0 V vacancy V MOT$L !

CDUCNnote,es enseignes Clectri<ues signalent au automoilistes lesmotelsA casinos et restauroutes- +n %istorien dCcrit celle ducasino "e Stardust :

(urant l'été 0?Z1, l'année du chiffre record de >> essaisatomiques hors sol, la _oung Flectric Sign Company I_escoKconstruit une vision paradisiaque au bord de la route dudésert ('une envergure de `0 pieds de long et de `> pieds de

haut, elle affiche des plan)tes et des com)tes d'une gala&ieinconnue o4 palpitent des neutrons et irradient des rayonscosmiques Mélange de néon, d'ampoules incandescentes, de

ple&iglass et de t9le de métal peint, l'univers miroitant étaitvenu 6 terre V sur le Stripnote

*epuis la in des annCes 150A ces panneau cClestes miroitenten ord de routeA en contradiction a$ec les immeulesonctionnels <u#ils indi<uent- "a plupart des constructions du

Strip sont des non!lieu DA <u#il s#agisse de casinosA d#%HtelsAde ast!oodsA de stations!ser$iceA d#entrepHtsA de supermarc%CsAmais aussi de pompes un;resA d#Cglises ou de ains pulics :des immeules carrCs ou en orme de " @ ase de tHle et de

CtonA <ui rCsument ce <ue l#arc%itecture onctionnelle a de pluscommun et de plus triste- ,es %angars de ord de route nemontrent aucune originalitC et n#arorent aucune signiication-"a tour la plus amitieuse ne ressemle <u#@ un empilement des

prCari<uCs des alentours- ,ernCs par de $astes parGingsA leurs proils surgissent diicilement de l#%oriKon poussiCreu dudCsert- "#automoiliste ne perRoit leur prCsence <ue par lesenseignes moiles d#une diKaine de m;tres de %aut <ui lesannoncent @ une cin<uantaine de m;tres de distance- *es lettresde nCon clignotent de mille couleurs : Stardust DA c%amreslires DA 'ourneK ici D- "e smolisme reoulC par lemodernisme rCapparaXt a$ec Cclat sur le as!cHtC et @ l#intCrieurdes CdiicesA li$rant pUle!mUle des inormations utiles et desrU$es d#C$asion- *ans les casinosA le mUme uni$ers de lumi;resartiicielles plonge le Loueur dans un monde oniri<ue <ui

accompagne l#i$resse de la roulette-



Un trip sur le Strip

Picasso du nConA aug%an ,annonA concepteur d#enseignes dela escoA pul$Crise les ormes consacrCes du modernismearc%itectural-

"es signes s#Cl;$entA grandiosesA au milieu du dCsert- +ne suitede ormes cur$ilinCairesA paraoli<uesA ellipti<uesA en

oomerang ou en spirale tournentA s#inclinentA oscillentAigurent ici une l;c%e en demi!cercleA l@ un ras articulCA dansune eplosion de pastels Clectroc%imi<uesA du rose erlingot au

leu de mCt%l;ne- .$ec son %oriKon de signau Clectri<uesastraitsA "as egas s#oppose @ l#Ctendue de sale <ui l#entoureA

mais aussi @ la s*yline de Man%attan-

StardustA Palette ,ur$ilinearA Flas% ordonA Ming!.lert SpiralAMint ,asino lliptical : les noms des casinos ren$oient @ desmondes <uiA lointains ou cosmi<uesA ne rappellent rien du

passCnote- Pas de nostalgie de l#%istoireA encore moins del#%istoire locale : la $ille na$igue entre le non!lieu de lamodernitC et le lieu D de smoles astraitsA dCtac%Cs de tousrCCrents- n celaA elle incarne la citC oV tout est possileA

comme le rCp;tent sou$ent les %Cros du roman !as <egas +aranonote : lieu de l#C$Cnement purA liCrC des structuressmoli<ues du lieu DA <u#il s#agisse du $illage traditionnel oude la mCtropole moderne-

"oin de l#austCritC protestante du corporate modernism <uiCrige des tours de ureau sur la 6e .$enue de e orGA le$isiteur de "as egas ait lui aussi eploser les taous d#une $iemoderne ien rCglCeA comme le note en 165 'om QoleACcri$ain proc%e de la beat generation :

l était allé et venu 6 travers l'incroyable feu d'artifice de signau& électriques du Strip de !as <egas, 8oute ?0, XS, o4les néons et les lampes du parcours V pétillant, spiralant,roc*ettant et e&plosant en soleils de di& étages au beau milieudu désert V cél)brent des casinos d'un étage l avait $oué etbu et, parfois, mangé au& buffets que les casinos maintiennentremplis de nourriture $our et nuit, mais la plupart du temps il

s'e&citait avec de la bonne vieille amphétamine, se calmait

avec du méprobamate, puis descendait tou$ours plus d'alcool,au point que maintenant, soi&ante heures plus tard, il sombrait



dans les sympt9mes d'une schi%ophrénie to&iquenote

8 "as egasA tout le monde a le droit d#Utre coupC du rCel-oard ug%esA l#un des %ommes d#aaires les plus ric%esd#.mCri<ueA a eu ses crises de dCmence dans un %Htel du StripAet des indi$idus <ui semlent s#Utre %aillCs en %Jte pour aireune course restent %pnotisCs pendant des %eures dansl#oscuritC des casinosA de$ant des ananesA des pommes et desoranges <ui tournent- "#arrac%ement au <uotidien est a$orisC

par une musi<ue d#ascenseur <ui se prolonge dans c%a<ueespace et par le ruit continu des pi;ces <ui tomentA

promesses de mille $ies nou$elles <uiA dissociCes de l#ancienneA pourraient commencer ici-

Pour QoleA "as egas permet une epansion de laconscience D C<ui$alente au eets du "S*A dont 9en 9eseest le %Craut- *ans son li$re culte cid Hest N16WOA Qoleraconte l#CpopCe de cet ancien c%ampion de catc% de$enuCcri$ainA c%arni;re entre deu gCnCrationsA les eatniGs desannCes 150 et les %ippies des annCes 170- .pr;s une carri;resporti$eA ce lettrC s#installe @ Perr "aneA .rcadie o%;me deStanord- ite atiguC par l#intellectualisme inacti <ui r;gneA

il tra$aille dans un asile et s#en nourrit pour son premier romanA<ol au-dessus d'un nid de coucou N162Onote- Puis il saisitl#occasion de ranc%ir lui!mUme le seuil de son inconscient etteste des sustances psc%omimCti<ues D pour le compte dela ,I. : "S*A psilocineA mescalineA cocaYneA alp%a!mCt%ltrptamine et dimCt%ltrptamine- "es autoritCscroaient se ser$ir de luiA au lieu de <uoi elles lui li$rent la clCsuprUme- ,#est dans la c%amre aust;re et $ide d#un %Hpitalonctionnel sur$eillC et militarisC <ue 9ese $it ses premiers

trips : le nCon lanc au plaond suscite une succession de$isions gComCtri<ues colorCesA et le lit mCtalli<ue se transormeen tapis $olant au pas des mille et une nuits-

"#Ccri$ain dCcide alors de tra$erser les tats!+nis a$ec touteune troupe d#%allucinCs pour modiier l#Ctat de conscienceamCricain- Il trou$e un $ieu us scolaire <u#il retape et peintde toutes les couleursA une C<uipe de micros et de camCras Nen$ue d#un road movie dCcapantOA et pose des %aut!parleurs sur letoit pour en mettre plein les oreilles- Il remplit son rigidaire de

drogues de toutes sortes- .u $olantA il place un $oourCnCti<ue et $oluile : eal ,assadA %Cros de Sur la route



N157O ] *ean MoriartA c#est lui- ,elui <uiA en 1^6A a ait les<uatre cents coups a$ec les %Crauts de la beat generation N_acG9erouacA .llen inserg et Qilliam Burroug%sOA repartA en

16Â dans l#autre sens ] a$ec les Merry +ran*sters Nles Loeu luronsOA <ui $eulent aussi tailler la route et ou$rir les portes de la perception- )Lecti : l#position uni$erselle de e orG ] mais aussiA accessoirementA 'imot% "earAinstein du "S* Nsi 9ese en est le prop%;teO-

tendard de cette olie psc%CdCli<ue <ui accompagne latournCeA le $C%icule ariolC rappelleA du ond de son

poussiCreu garage en tHleA les enseignes du Strip :

5e parviens 6 distinguer un autobus scolaire; dont les milliersd'enluminures, grandes et petites, rutilent d'orange, de verts,de magentas, de lavandes, de bleus de chlore, de tous les

pastels fluorescents imaginables un mélange de Aernand !éger et de (r Strange, qui $urent et se chassent comme siquelqu'un avait donné 6 un 5ér9me Wosch cinquante seau& de

(ay-Glo et un vieil autobus scolaire nternational Narvester0?? en lui disant d'y aller u sol, pr)s de l'autobus, unebanni)re de quatre m)tres cinquante de long sur laquelle on

peut lire C( HFSH G8(XHDU note

"e us se morcelle en millions d#ampoules de nConsnote Dsous les eu %allucinCs d#un +ran*ster ourrC d#acide : il nedCpareillerait pas sur le StripA <ui accueille le mUme dClire

psc%oacti-

Cros d#un li$re de unter _- '%ompsonA Nell's ngels N166OA<ui dC$eloppe un Lournalisme gonKo D @ ase de psc%otropesdans le sillon dCLantC ou$ert par 'om QoleA 9ese se proileaussi derri;re la olie de !as <egas +arano N172OA du mUme'%ompson- ,e li$re pousse @ son parosme la ararie

positi$e D de "as egasA destruction Loeuse des pesantestraditions et de la culture pCdante du modernisme dans undClire toi<ue- "a citC du $ice <ui parodie le mariageA autorisela prostitution et encourage au Leu dans un en$ironnement sansaucune continuitC est%Cti<ueA C$o<uant ] tel le us des

+ran*sters ] ici un comicA l@ une $oie lactCeA se mo<ue detoutes les institutions eistantes- "a sc%iKop%rCnie

psc%CdCli<ue est l#C<ui$alent suLecti de l#anarc%ie aro<ue



du Strip : iciA l#epCrience recommence @ KCro-

=e retour du sym'olisme

Pour (oert enturi et *enise Scott BronA arc%itectesamCricains auteurs du li$re!manieste du postmodernismearc%itectural !'Fnseignement de !as <egasA il s#agit l@ d#uneliCrationA au sens arc%itectural du terme- "a $italitC dumessage et la eautC du smole s#Cmancipent enin de la

pau$retC du modernisme- "a $ille a$ait perdu son sens- lle leretrou$e a$ec les enseignes de la grand!routeA leur positiondans l#espaceA leurs ormes sculpturalesA leurs sil%ouettes

picturales et leur signiication grap%i<ue-

"es panneau pulicitaires uniient la teture uraine etournissent les points de rep;re essentiels au citadinmotorisCnote- "#epCrience de "as egas se rCsume alors @ une carte de messages D destinCe @ l#automoiliste- ,#est la t%Coriedu %angar dCcorC DA <ui rCduit l#arc%itecture au enseignescommerciales : mieu $aut un stand de 10 000 dollars a$ec uneenseigne @ 100 000 <ue l#in$erse-

Pour montrer la crCati$itC de l#arc%itecture de ord de routeA lesauteurs prennent l#eemple d#un snac* en orme de canardA Jtien 131A Big *ucGA @ "ong Island- .$ec son smolisme lourdAce Jtiment est en eet au antipodes des silos @ grain<u#admirait "e ,orusier en 123- "#ClCgante orme tuulairedes silos ser$ait essentiellement @ la conser$ation de la cCrCaleAsans smole suraLoutCnote- "e canard D s#oppose aussi auSeagram Building de Mies $an der (o%e <uiA @ Man%attanAmontre l#armature interne de la tour @ sa surace- u#il s#agissede la onction Cconomi<ue de stocGage ou de celleA tec%ni<ueAde la c%arpenteA le modernisme a pour de$ise : "a ormeeprime la onction- D 8 l#in$erseA a$ec le %angar dCcorC D etle canard DA un mot d#ordre est lancC pour la premi;re ois<uiA contre le mantra modernisteA rassemle toutes les tentati$esdites postmodernes : dissocier la surface de la structureA et lesmole des onctions tec%ni<ues du Jtiment-

"a orme eprime la marc%andise D ] tel pourrait Utre lemantra plus spCcii<ue de enturinote- "e Strip de "as egas

incarne cette domination du smoli<ue- .pr;s QolenoteAenturi reuse le minimalisme modernisteA son austCritCA la



primautC de la orme sur le smole et l# epressionnisme D<uiA eprimant l#intCrieur @ l#etCrieurA C$acue toutesigniication aLoutCenote- Il rC%ailite l#ornementA appli<uC D

au JtimentA rCCrentiel et smoli<ue- Si le matCriau utilisC estreprCsentCA c#est sous orme de pastic%e <ui mie des ClCmentscon$entionnelsA $ernaculaires et pop#artA et remplace le $ieil idCalisme D moderne-

enturi et Scott Bron sou%aitent ainsi sui$re la route <uim;ne de (ome @ "as egas D ou de la PiaKKa San Marco @'imes S<uareA autrement dit de l#arc%itecture lourde de sens descitCs mCditerranCennes de la (enaissance @ celle signiiante Ddes autoroutes amCricaines du e si;cle ] par eemple la

(oute 66note- "a signiication annie par "e ,orusierA Mies etconsortsA accusCs d#a$oir CrigC des $illes tristes et in%umainesAdoit retrou$er ses couleurs Cclecti<uesA relets ] selon *eniseScott Bron ] de la sociCtC pluraliste et multiculturelle desmou$ements noirsA gas et Cministesnote-

Mais les arc%itectures du %angar dCcorC et du canard participent!elles $raiment @ une sociCtC pluraliste ` Font!ellesCclater en mille couleurs psc%CdCli<ues le corset rigide de la

morale protestanteA comme le sou%aite Qole N<uiA plus tardA lasde ses Ccarts sc%iKoA de$ient conser$ateurO ` (emettent!elles @KCro le compteur de l#epCrience %istori<ue des sCgrCgationssociales et seistes ` e se contentent!elles pas d#aLouter desguirlandes Gitsc% sur des aris @ marc%andises ` )uA comme ledemande l#arc%itecte Fred 9oetter : "#etension littCrale dusndrome ce!n#est!pas!si!mal!si!$ous!le!regardeK!comme!il!con$ient transorme!t!elle $raiment une C$idente pouelle enun mod;le pour un en$ironnement signiiantnote ` D

n 16!1WA enturi construitA @ "aGe Buena ista NFlorideOAun Mc*onald#s <ui comine l#arc%itecture du %angar Nun

panneau etraordinaire pour un Jtiment ordinaireO et le canardNun Jtiment lui!mUme etraordinaireO : un soda au eueoritCs sorti tout droit d#un cartoon ait oice de panneau

pour un Jtiment ordinaire plantC au ondA un cue moderne T et(onald Mc*onaldA le clon de la irmeA se ond dans le

pasage $erdoant d#un autre Jtiment en orme de carton @ritesnote-

.$ec cette arc%itecture commerciale d#autorouteA la



marc%andise est l@A @ portCe de mainA et son nom magi<ue nousappelle en clignotant- .$ec le Ctic%ismeA l#oLet de$enaitc%ire NMarO T a$ec la antasmagorie moderneA il de$enait

c%ire de strass NBenLaminO- .$ec la antasmagorie postmoderneA c#est le nom de la marchandise <ui s#inscrit enlettres de strass- "es antasmagories modernes redoulaient leCtic%isme dans un imaginaire c%atoantA les postmodernes leredoulent dans un smolisme Clectri<ue-

=e coup de canon du Treasure Island

,#est l#annCe mUme de la pulication de !'Fnseignement de !as<egasA sous!titrC !e symbolisme oublié de la forme

architecturaleA <ue l#arc%itecture moderne est morte @ Saint"ouisA MissouriA le 15 Luillet 172A @ 15 %eures 32Napproimati$ementOA lors<u#on donna le coup de gr3ceA @ ladnamiteA au proLet tristement cCl;re Pruitt!Igoenote DA selon,%arles _encGsA t%Coricien de l#arc%itecture postmoderne-"#ensemle de arres de <uatorKe CtagesA CrigCes sur une dallemonumentale de Saint "ouisA <ui incarnait les principes de "e,orusier et des ,iam N,ongr;s internationau d#arc%itecturemoderneOA n#a$ait plus rien de on @ orir @ ses %aitants :

escaliers dClarCsA enUtres risCes et aRades dCcrCpites- Iln#Ctait plus <u#un dCcor de crimeA de drogue et de prostitutionnote-

"e mercredi 27 octore 13A la Qnn ,orporation semlereLouer cette in du modernisme en mettant en rCcit ladCmolitionA @ coups de dnamiteA d#un %Htel!casino %istori<uedu StripA ancien t%CJtre des traics maieu- "#attraction

principale du 'reasure Island N13O est un comat de pirates<ui mUle eets spCciau et comCdiens en c%air et en os- "ecapitaine anglais sort de son na$ire et donne le signal del#assaut contre ses ad$ersaires en indi<uant du sare la $ieilletour du *unes N155O- "es trente!trois Ctages en Cton armCtremlent alors sous le c%oc de multiples dCtonationsA puiss#Ccroulent comme un c%Jteau de cartes- *eu cent millespectateurs se rendent complices du crimeA au cris de : *Cmolis!le *Cmolis!le D

*ans le ilm Casino N15OA Martin Scorsese utilise les images

d#arc%i$es de ce spectacle- "e tout ormerait pres<ue une imagedialecti<ue s#il n#Ctait pas lestC par une discursi$itC c%agrine- Il



rCsume la disparition de la ameuse route au nCons derri;re un oule$ard au panneau Clectroni<ues : la tour CcroulCes#eace derri;re la tUte de lion sculpturale du MM rand

N13OA <ui semle sortie d#un Leu $idCo T le ateau pirate du'reasure Island coule sous les assauts des soldats de l#mpire ritanni<ueA comme dans la grotte des pirates de *isneland Tl#enseigne Clectri<ue du *unesA $ieu smole du

postmodernisme naissantA somre dans le eu a$ec sa moderne 'our de diamants DA des tais s#acti$ent de$ant le c%Jteaud#caliur N10O T le complee %Htelier du Mirage N1WWOCmerge de la umCeA et son $olcan artiiciel entre dans uneCruption colorCe- "a sC<uence se termine par un plan ie sur la

pramide du "uor N13OA gardCe par un sp%in au euclignotants-

Sam (ot%steinA personnage inspirC par un dirigeant de casinos pour le compte de la maia de ,%icagoA incarnC par (oert de iroA commente le spectacle :

!a ville ne sera plus $amais la mBme pr)s le Hangiers, les grandes compagnies ont repris tout le pouvoir u$ourd'hui, Earessemble 6 (isneyland +endant que les gosses $ouent au&

pirates en carton-p3te, papa et maman perdent le loyer etl'argent des études du cadet; sur des machines 6 po*er =;@ Ft d'o4 vient l'argent pour reconstruire les pyramides P ('obligations pourries I$un* bondsK

"e Strip anarc%isant des parties endialCes de poGer crapuleuet des %allucinations psc%CdCli<ues a cCdC la place au

oule$ard des multinationales et des attractions pour toute laamille D-

=e Stardust! ou la grandeur des gangsters

'angiers Ctait le nom d#une tour du casino Sa%ara N1^7OAdCmolie en 2011 pour laisser la place @ un Cni;me complee%Htel!casino @ t%;me- "#Ctalissement tenu par le protagonistedans le ilm se conond gCograp%i<uement a$ec le *unesA <uiappartenait @ la p;gre de Saint "ouis- omme de main de lamaia de ,%icagoA le $rai FranG (osent%al gCrait le StardustN15WOA mais aussi l#acienda N156OA le Marina N175O etA dans

le centreA le Fremont N165Onote- +ne sC<uence du dCut duilm de Scorsese nous li$re un panorama de la $ille du $ice



alors <u#elle Ctait au mains des diCrentes organisationscriminelles du pas : le *unes pour Saint "ouisA le *esert InnN1^6O pour ,le$elandA le 'ropicana N157O pour e orGA le

,aesars Palace N166O pour la ou$elle!.ngleterre et le ,ircus,ircus N16WO pour ,%icagoA la p;gre dominante- "#assassinatcrapuleuA en 1^7A de l#%omme de paille du Flamingo N1^6OABugs SiegelA mar<ue le dCut de la pCriode mercenaire de "asegasA <ui dure Lus<ue dans les annCes 1W0note-

"as egas a CtC crCCe apr;s guerreA a$ec l#argent de la guerreA et par des gangstersnote- ,es criminels se trou$aient de aitCtrangers au traditions aristocrati<ues et au con$entions

ourgeoises : tout comme "ouis I s#Ctait retirC dans la

campagne pour cClCrer son r;gneA @ ersaillesA dans un palais aro<ueA les gangsters amCricains se seraient retirCs dans ledCsert de MoLa$e pour Jtir un en$ironnement <uicorrespondait @ leur stle de $ie d#%ommes d#aaires sansCducationA @ la ois glamour et $ulgaire-

,#est peut!Utre pour<uoi des images de rU$e au antipodes del#%istoire de l#art s#Clancent sur le Strip : nCons en ormed#Ctoiles ilantesA panneau moiles reprCsentant des coupes de

c%ampagne d#oV s#Cc%appent des ulles scintillantesA etc- "atoponmie des %Htels!casinosA coupCs du passC localA rappelledes rCcits de con<uUte plus anciensA aisant Cc%o @ une pCriode

plus sau$age d#accumulation du capitalA et non @ l#accumulation policCe et ci$ilisCe D des annCes 150- l (anc%oA "astFrontierA acienda con$o<uent l#esprit d#a$enture des colons du

ou$eau!Mei<ue <uiA en 1W2WA dCcou$raient les prairies Nlasvegas en espagnolO des Indiens paYutesnote- olden ugget etStardust ren$oientA euA au espoirs des c%erc%eurs d#or du

Ie

si;cle- *esert InnA Sa%araA '%e SandsA '%e *unesA.lgiersA 'angiers et .laddin C$o<uent un )rient imaginaire detrCsors magi<ues- "a toponmie con<uCrante et lescalligrap%ies Clectri<ues s#allient pour magniier dans un

prCsent sans Jge et sans culture l#Cconomie et le clin<uant de lamaiaA au capital pirate et @ l#i$resse canaille-

=e Mirage! ou la décadence des gangsters

_us<ue dans les annCes 1W0A seule la maia peut in$estir des

capitau importants dans la citC- "es an<ues de la rCgion nesont alors pas asseK dC$eloppCes pour engager des sommes



signiiantesA le gou$ernement CdCral ait sstCmati<uementostacle au monopoles pri$Cs Nles seuls <ui pourraientri$aliser a$ec la maiaO et les multinationales reusent de placer

leur argent dans une telle poudri;re-,e sont doncA comme le dit de iroA des oligations pourries<ui inancent les premi;res pramides D de "as egas- Pourconstruire le Mirage en 1WA Ste$e Qnn moilise un capital!ris<ue au tau d#intCrUt etrUmement Cle$CsA des $un* bondsA<ui augmentent considCralement le ris<ue d#Cc%ec del#entreprise- "e premier mCga!%Htel digne de ce nom estcependant un tel succ;s <ue Qnn par$ient @ remourser lesintCrUtsA @ diminuer ses dettes et @ remplacer peu @ peu ses prUts

dangereu par d#autres plus sainsnote- "e terrain a CtCA il est$raiA prCparC par un autre multimilliardaire @ la tUte r[lCeAoard (- ug%esA <ui a ac%etCA entre 166 et 170A le *esertInnA puis le FrontierA le SandsA le ,astaasA le "andmarG et leSil$er SlipperA et s#apprUte @ ac<uCrir le ,aesars PalaceA le(i$ieraA le *unesA le arra%#s et le StardustA a$ant d#Utre stoppCdans son Clan par les lois antitrust du gou$ernement ionnote-

+n peu comme QnnA ug%es comine des mani;res de

lameur et une rCputation de self-made man- +n %omme detransitionA un pied dans des prati<ues maieuses et dans lasc%iKop%rCnie rCnCti<ue des annCes 170A un autre dans lenColiCralisme et l#inantilisme touristi<ue des annCes 10Aa$ec ses c%aXnes grand pulicA ses compagnies aCriennes et sesespaces rCsidentiels destinCs @ un "as egas plus amilial D-"es autoritCs du e$adaA <ui $oaient tout l#intCrUt de cec%angement d#imageA l#ont touLours soutenu-

n 17Â un onds de pension de camionneurs prUte plus de 60millions de dollars @ un %omme d#aairesA .llen licGA pourac<uCrir la sociCtC de (osent%al- n 176A le aming ,ontrolBoardA <ui dCcou$re les liens de ce dernier a$ec la maia et ledCtournement de 7 millions de dollarsA reuse de lui dCli$rerune licence de Leu- "#administration rCit;re son reus en 17etA di ans plus tardA l#eclut de toute acti$itC dans la rCgion-,omme dans le ilm de ScorseseA FranG (osent%al init parieur

proessionnel pour des courses sporti$es dans une petiteoicine en Floride- "es personnalitCs dominantes du Strip sont

dCsormais pour la plupart de$enues de grands entrepreneurs-



=es images sans imagination des multinationales

.u ord du oule$ardA on aperRoit dCsormais une tour ielAun sp%in et un c%Jteau de conte de Ces- IciA un $olcan entre enCruption- "@A des pirates atta<uent un na$ire ritanni<ue- +nmonorail m;ne sans %eurt les $isiteurs de l#en$ironnementclimatisC d#un empire romain @ celui de pramides CgptiennesAdes casinos ClCgants du Monte!,arlo au restaurants ranc%Csdu e orG e orG- PlutHt <ue de la remplacer tout @ aitAla capitale du di$ertissement amilial se superpose @ la citC du$ice- Mac%ines @ sousA prostituCesA mises en sc;ne son etlumi;reA arc%itecture @ t%;me et simulations de sitestouristi<ues : le oule$ard transorme touLours l#en$ironnement

Jti en dCcor pour la marc%andisenote-

.$ec son $olcan artiicielA ses tigres et ses daup%insA le MirageN1WOA premier themed resort commanditC par QnnA esttpi<ue d#un "as egas transormC en s%o permanent- "esmoleA liCrC au ord de route pendant l#;re maieuseAen$a%it dCsormais tout l#espaceA sous une orme moins rU$euseet plus stCrCotpCe-

"es casinos $endent dCsormais les clic%Cs <ue cristallisent leurs Jtiments : l#Italie du enetian N1O et du Bellagio N1WOA lestropi<ues du Mandala Ba N1OA la ,Hte d#.Kur du Monte!,arlo N16OA l#gpte Cternelle du "uor ou les contes de Cesde l#caliur- Sans souci de co%CsionA le Paris N1O rCsumel#epCrience touristi<ue de la France dans l#espace rCduit d#un%Htel : tour ielA arc de 'riomp%eA ,%amps!lsCesA parcMonceauA )pCraZ a$ec en prime un petit $illage pro$enRal- "e

e orG e orG N17O ait de mUme pour la cHte est del#.mCri<ue : statue de la "iertCA rand ,entral StationA pontde BrooGlnA reenic% illageA Qall StreetA 'imes S<uareAune mini! s*yline- )n retrou$e la Big .pple D a$ec l#mpireState BuildingA le ,%rsler BuildingA et mUme le SeagramBuilding de Mies $an der (o%e-

.lors <ue la plupart des $ieu casinos sont dCtruitsA le ,aesarsPalace N166O se maintient au pri d#une restaurationeemplaire-



Figure 2W- "e Strip de "as egas : de la $ille moderne @ la $ille postmoderne-

"#enseigne au nCon a CtC mise @ la dCc%arge- .rc%es anti<uesAcolonnes dori<uesA statues grec<uesA mosaY<ues millCnaires DAres<ues mt%ologi<uesA ontaine des dieu D et sculpturesAdont une copie du (avid de Mic%elangelo en marre de ,arrare: l#%Htel orme une mac%ine @ remonter le temps D oV re$itle commerce aairC de l#ancienne (omenote D-

*es statues de Bacc%us ornent une petite place et se mettent enmarc%e toutes les %eures dans un spectacle son et lumi;re- llesc%antent : Come one, come all and elcome to the mall D

IntCgrCs @ ces compleesA les malls se sont associCs ensmiose paraite a$ec le nou$eau oule$ardA Louant sur laredondance d#un uni$ers smoli<ue dCL@ connu-

,e <ue nous $endonsA ce n#est pas de l#C$asionA mais durCconortnote- D "e terme anglais reassurance est plus eplicite<ue sa traduction ranRaise : il s#agit de se rassurer sur lessigniiants domesti<uCsA non pas d#Utre dCrangC par uneepCrience nou$elle- "e $isiteur $Criie la $aliditC de ses

stCrCotpesA s#assure <u#il reconnaXt ce <u#il connaissait dCL@-"es C$entuels ClCments naturelsA %istori<ues ou culturels sont pris d#a$ance dans un en$ironnement imaginaire ormC par desragments de smoles dCtac%Cs de leur contete- "esantasmagories postmodernes ne Louent pas $raimentA commeles modernesA a$ec l#inconnuA le lointain- lles reproduisent duconnuA du amilier- ,e ne sont pas des images Ctranges @interprCterA mais des signiiants communsA trop communsA <ui

parlent d#eu!mUmes-

n cela consiste sans doute la principale diCrence entreantasmagories modernes et postmodernes : l#asenced#imagination dans l#usage des smoles- *ans lesantasmagories de l#intCrieur ourgeois du Ie si;cleA les tapis

persans et les $ases orientau Ctaient l@ pour igurer un mondeimaginaire <ui rCconciliait tous les temps et tous les lieu- Ilsn#Ctaient pas nommCs comme telsA mais inscrits dans unecollection d#images innommalesA comme dans un rU$e ou unrCus @ dCc%irer- *ans les antasmagories du StripA les images

de ains Kantins et de oudoirs asiati<ues sont saturCes designiication : moins des imagesA au ondA <ue des smoles



amiliers dont on Loue a$ec ironieA selon l#idCeA toute postmoderneA du pastic%e-

"#imaginaire sans imagination du oule$ard s#est dCploC @ partir de la structure signiiante du Strip- .u milieu du Ie si;cleA le peintre '%omas ,ole met en sc;ne un %ommecontemplant au loin dans une lumi;re douce les plus eaumonuments de l#.nti<uitC- ,#est sa ameuse toile intitulCe !e

8Bve de l'architecte- enturi et Scott Bron en ont un songe plus @ l#ordre du Lour : ils aLoutent au taleauA sous les colonnesAun ast!ood en orme de %ot!dogA sur le toit du templeA undonut gCantA sur le <uai du leu$eA les arc%es dorCes d#un Mac*onald#sA sur la rotondeA une enseigne S%ell etA de$ant les

colonnadesA un immense nConnote- "e rU$e classiciste tourneau cauc%emar- Il reLoint la $ision prCmonitoire de ictorruen : une arc%itecture d#autoroute sur la PiaKKa San Marco-

Mais il ne aut pas s# tromper- "a transormation op;re enrCalitC dans l#autre sens : le "as egas des annCes 10 n#aLoute

pas des panneau pulicitaires @ un t%CJtre grecA mais re%ausseles enseignes des annCes 160 par un dCcorum anti<uisant- nt%CorieA les antasmagories postmodernes transorment

l#arc%itecture classi<ue en arc%itecture d#autorouteA maisA en prati<ueA elles ont autre c%ose- *Cporter les panneaucommerciau dans un imaginaire classi<ue sert surtout @ aireoulier <u#il a l@ <uel<ue c%ose @ $endre-

Stor'tellin( au =u/or

'ropicalA orientalA mCdiC$alA pirateA antillaisA %aaYenA cariocaA$CnitienA parisienA monCgas<ueA ne!orGaisA %olloodienACgptienA asiati<ueA romainA et L#en passe : la cin<uantained#en$ironnements t%Cmati<ues <ui se dCploient sur le Strip neait <ue conirmer les clic%Cs du $isiteur- "es images setrou$ent ainsi immoilisCes dans des scCnarios tout aits <ui nelaissent aucune place @ l#C$asion poCti<ue-

"oin d#Utre ri$auA les %Htels @ t%;me sont complCmentaires :les amilles logent @ l#caliur pour admirer les pramides du"uorA sa$ourer la %aute cuisine du ParisA assister @ la ataille

pirate du 'reasure Island et Louer dans les casinos ClCgants du

Bellagio- n c%erc%ant @ se distinguer les uns des autres par dest%;mes particuliers <ui man<ueraient D sur le oule$ardA les



complees %Hteliers ont complCtC la gCograp%ie mentale- "#arc%itecture t%Cmati<ue du Strip en ait l#Ccran $idCo de laconscience nationalenote DA n#%Csite pas @ dire un %istorien de la

$ille-"#organisation spatialeA %CritCe des annCes 150A est plutHtanarc%i<uelle ne se structure pas selon de grandesoppositions t%Cmati<ues claires comme au Mall o .merica- )nn#en retrou$e pas moinsA sur un mode CclatCA les <uatre grandsmotis : nature idCalisCe Ntropi<uesOA anciennes citCsmCditerranCennes NeniseA (omeA "e ,aireOA mCtropolemoderne NParisA e orGA San FranciscoO et espaces uturistesNStartreG @ l#InternationalA science!iction au Planet olloodA

attractions spatiales au Stratosp%ere 'oerZO-

"e "uor rCsume ces oppositions ainsi <ue le messageimpCrialiste <ue dCli$rent ces antasmagories postmodernes-Son attraction principaleA À la recherche de l'obélisqueA lesdCroule sous la orme d#un rCcit Cdiiantnote- +n a$enturier dunom de Mac McP%erson N sicO part @ la poursuite du terrile *r)siris- "e dCmonia<ue )riental lui a en eet ra$i l#oLet de sonamourA la elle ,arina QolinsGiA eperte en %iCroglp%esA et

dCroC l#oClis<ueA clC du mstCrieu sa$oir tec%nologi<ue desgptiens- rJce @ luiA )siris peut contrHler l#espace et letempsA et diriger un empire militarisC d#une main de er-McP%erson tra<ue )siris Lus<ue dans le utur grJce @ unemac%ine @ $oager dans le tempsA e%umCe d#une ci$ilisation

prC!Cgptienne- Il sau$e QolinsGi et l#oClis<ueA et peut $oir uninstant le monde mer$eilleu du uturA gou$ernC par sesdescendants ien$eillants depuis une pramide leue d#oVirradient des raons laser : le "uor- Plus dCcisi$e encore <ue

celle de la grotte au piratesA cette %istoire illustre le comatentre l#accumulation primiti$e et $orace du capital Npropre autrannies orientales comme @ la maiaOA et celle d#un capitalcon<uCrant <ui Ctend son empire ci$ilisateur- "e gCnietec%nicien de McP%erson lui permet de $aincreA et de protCgerses in$estissements- Il s#agit certes de distraireA mais aussid#Cdu<uer ] c#est d#ailleurs le credo du "uor-

8 grand renort de rCcits mt%ologi<uesA les antasmagories postmodernes retraduisent les conditions politi<ues et

Cconomi<ues prCsentes dans l#uni$ers pat%ologi<ue duantasme- ,ette est%Ctisation a ceci de particulier <u#elle se



rC;re @ une certaine orme d# aut%enticitC D culturelle dont on$ient s#instruire tout en s#amusant- ,ar l#attraction <ue Le $iensd#C$o<uer sert @ aire patienter les $isiteurs <ui ont la <ueue

pour $oir les ruines D Cgptiennes du "uorA dont sonoClis<ueA logCes dans l#eca$ation aut%enti<ue D creusCe 2A5Gilom;tres sous l#emplacement de l#%HtelA <ui ait aussi oicede musCe- "a $oi enregistrCe de l#Cgptologue oard ,arterN1W7^!13OA <ui a dCcou$ert la tome de 'outanG%amonA conteune arc%Cologie pionni;re- +n morceau de la grande pramidede uiKe%A eposC a$ec l#accord du gou$ernement CgptienAainsi <ue certaines pi;ces certiiCes aut%enti<ues par desscientii<ues reconnus donnent du cac%et au rCpli<ues et$alident la dimension Cducati$e du lieu- "es lampes @ %uile etaYences de l#Cpo<ue ptolCmaY<ue <ui trHnent dans le magasind#anti<uitCs lCgitiment les imitations des outi<ues de sou$eniradLacentes-

n se procurant le est!seller D de ,arter ] l#opus narrant sadCcou$erte est prCsent dans toutes les outi<ues ] les $isiteurs

peu$ent ainsi appri$oiser l#autre sous la orme de la maXtrise Dde son %istoire par l#empire colonial anglais- Ils peu$ent par lamUme occasion ac%eter une reproduction de la sCpulture de

'outanG%amon @ l#Cc%elle 1/1- rJce @ ,arterA le pillage des pas araes de$ient une entreprise de prCser$ation %istori<ue-*ans une $ersion plus antasmCeA la proLection paranoYa<ue deMcP%erson lCgitime la $iolence p%ilant%rope D <u#il autmoiliser pour protCger une ci$ilisation contre elle!mUmeA et en

piller les trCsors-

"es trCsors e%umCs par l#esprit dCsintCressC D de l#entrepriseimpCrialiste se transorment en oLets de consommation

c%argCs d#un eotisme amilierA simples miroirs de la sociCtC ci$ilisCe D- Mais ce rCcit de con<uUte de terres ertiles et decitCs perdues ne Loue a$ec des arc%aYsmes primitis et des$isions grandioses <ue pour CluderA l#espace de <uel<ues%euresA en mUme temps <ue le passC politi<ue des pascon<uisA le prCsent Cconomi<ue des $isiteurs-

Un * cristal de mort +

"es Jtiments rCp;tentA de mani;re t%CJtraleA cette mise en rCcit

d#une tec%nologie uturisteA d#une nature eoti<ueA de la culturedes colonies et du paradis des $illes modernes propre au



antasmagories postmodernes-

.rc%itecture canard D par ecellencenoteA le "uor se rCsume@ une colossale pramide noire d#C;ne gardCe par un immensesp%in aKur et or- +n trait discontinu de lumi;re lanc%e rC$;leAla nuitA les lignes du pol;dreA et de son ape surgit un raonlaser leutC <uiA lors<u#on est ace @ elleA paraXt sortir du rontde la crCature- +n c%emin pa$C de carreau pastel et ordC de

palmiers $erdoants rappelle le il- ardC par des lions pCtriiCs et de noles p%araonsA il contourne sous les Lets d#eaula statue mi!%omme mi!animalA et m;ne @ l#entrCe de l#Cdiice-*ans l#alignement du sp%in et de la pramide s#Cl;$eA au ordde la routeA le mUme oClis<ue <ue dans l#eca$ation

arc%Cologi<ue DA a$ec ses %iCroglp%es et ces lettres noiresdCtourCes par des nCons lancs : "!u!!o!r-

"#%Htel!casino comine l#arc%itecture intro$ertie du mall A lesmolisme du Strip et la t%CJtralitC du oule$ard : un JtimentsomreA menaRantA <ui rec;le des trCsors @ l#intCrieur T uneenseigne au nCon <ui annonce un paradis Cgptien T une iguremt%ologi<ue <ui ecite la curiositC du touriste planCtaire-

,%eK les gptiens du temps des p%araonsA le trianglesmolise l#une par l#autre une %iCrarc%ie sociale et un ordrecosmi<ue : d#un cHtCA il eprime l#uniication impCrialeA le culteroal centralisC T de l#autreA il est le monument central d#unmt%e astralnote- "a sociCtC des gptiensA imprCgnCe degrandeur et de cCrCmonialA trou$e son epression la plus pure etla plus rigide dans ce cue ramassC proLetC dans l#espace dudCsert : celle de l#ordre despoti<ue- "e triangle astrait rCsulteaussi de la sCparation stricte entre le cer$eau sans prati<ue del#arc%itecte et l#ou$rage pri$C d#intelligence des escla$es- .ucontraire de l#arc%itecture got%i<ueA dans la<uelle les artisansri$alisent de crCati$itC pour composer ensemleA dansl#arc%itecture CgptienneA la pensCe et la main de l#%ommerestent dCiniti$ement sCparCesA et la perection gComCtri<ue ducristal eprime la coupure sans a$ure de la di$ision du tra$ail-"es grandes pramides doi$ent aussi rappelerA par leurs

proportionsA le cosmos inini : les angles des portes etl#orientation des aes ren$oient @ la position des astresA la%auteur du triangle s#%armonise a$ec le pCrim;tre du gloeA les

parois pointentA de l#etCrieurA $ers l#Ctoile polaire .lp%a*raconis etA @ l#intCrieurA reprCsentent les traces du ciel sur la



terre-

"#oClis<ue poss;de la mUme onction :

!a longue durée qui va de l'ncien Fmpire de l'.gypte 6 labourgeoise monarchie d'Drléans V qui fit élever l'obélisque

sur la place L au& applaudissements d'un peuple immense Va été nécessaire 6 l'homme pour achever de fi&er les bornes aumouvement délét)re du tempsnote

'ous les motis $i$ants se trou$ent pCtriiCs dans la rigiditCetrUme de l#inorgani<ueA <ui ren$oie au repos Cternel del#espace sidCral- "a c%amre unCraire se tourne $ers le cosmos

et le rel;teA de mani;re @ aciliter le passage du mort $ers une$ie Cternelle- "a pramide orme ainsi un cristal de mortNegelO pour les puissants- "e politi<ue et le cosmi<ue serencontrent dans l#unitC massi$e du locA l#immoilitCordonnCeA le $i$ant ait pierre- "#art rigide de la mort magniiel#%armonie cristalline de l#uni$ers stellaire et la splendeur des

p%araons- "a pramide $ise @ appri$oiser une mort in<uiCtanteet tCmoigne <ue le pri$il;ge d#une $ie Cternelle re$ient audespote-

Il semle <ue le "uor $euille reLouer cet arrUt du temps- "etouriste se rapproc%e des mst;res cosmi<uesA de l#in<uiCtuded#Utre mortelA et de la splendeur d#une ci$ilisation Nla nHtreO-,omme dans un larint%e CgptienA il perd d#aord sesrep;resA dCsorientC par le design- "a sortie reste ellipti<ue DAles inclinateurs D NascenseursO ne se sui$ent pas- "e c%emin se$oit arrC par du moilier $CgCtalA et l#on se perd acilementdans un dCdale de couloirs et d#escaliers sans pou$oir saisir lalogi<ue de l#espace- *es rises indCc%irales et des peinturesde rituels courent sur les murs somresA et des statues d#.nuisABastet et de p%araons s#Cl;$ent menaRantes au milieu des

places- 8 l#intCrieurA les parois $itrCes sont Ctrangementopa<uesA le ois du moilier somreA les Cclairages ailes- st!on pour autant mis ace @ l#Cnigme de la mort `

onA le parcours se $eut arc%Cologi<ue D- Il s#agit d#une miseen sc;ne des mst;res Cgptiens pour %Critiers des coloniesanglaises- Sur un as!relie en plJtreA un %omme lancA armC

d#une pelle et d#une pioc%eA part @ l#assaut des pramidesA%aillC comme Indiana _onesA au cHtCs de sa compagne en



petite tenue- "a $italitC audacieuse et Croti<ue est ainsi incarnCe par deu reprCsentants de l#empire partis @ la dCcou$erte de sescolonies-

,e moment narrati li$re la clC des mst;res du Strip- ,eu!cine $isent <u#@ Utre rCsolus par les touristes comme le signe dutriomp%e de leur propre ci$ilisation- +n moment dCsorientCA le$isiteur retrou$e son C<uilire dans les smoles d#une altCritCappri$oisCe- Cros d#une mise en sc;ne CgptienneA il oira soncocGtail dans un $erre en orme de pramideA se dC%anc%eradans la discot%;<ue (J et parlera a$ec les c%ameaumCcani<ues postCs @ l#entrCe du Jtiment- "e roi 'outanG%amoncorrespond au standards de la $irilitC %olloodienne et se

trou$e dCclinC dans une sCrie d#oLets dCri$Cs : des pulls 9ing'ut DA des peluc%es 'edd 'ut DA etc- )n $end des assiettes @l#eigie de (ams;sA des parums au nom de ,lCopJtre et des%uiles au $apeurs orientales- "a iKa alleria mCtamorp%osele dCsordre du aKar oriental en un shopping mall digne du luecaliornien- *es %iCroglp%es indCc%irales ornent lesmac%ines @ sous-

,lace Tahrir à =as :egas K

Place 'a%rirA 25 Lan$ier 2012- "es maniestantNeOs Cl;$ent unoClis<ue oV sont inscrits les noms des martrNeOs de larC$olution Cgptienne- +n an plus tHtA un soul;$ement

populaire a ren$ersC la dictature de osni MouaraG- "#eacteantit%;se des antasmagories du capitalA c#est un peuple <ui sesoul;$e contre l#alliance des multinationales et des trans- *ansla lutteA il se rCapproprie des smoles $ides de sens- Sur leStripA l#oClis<ue signiie la domination de l#)ccident nColiCralsur un )rient arc%aY<ue T place 'a%rirA l#oClis<ue reprCsente lesrC$olutionnaires morts pour riser le Loug de la domination-

Pendant ce tempsA @ "as egasA l#%istoire des pas d#.ri<ue estsupprimCe au proit de l#identitC stale et Cternelle des

p%araons- 'ous les noms C$o<uant le monde arae ont disparuces $ingt derni;res annCes : inis le *esert InnA le Sa%araA.laddinA '%e *unesA 'angiersA .lgiers ou Marocco- MalgrC desin$estissements Lus<ue!l@ massis dans le t%;me des mille etune nuitsA depuis les attentats du 11 SeptemreA le .laddin

n#attirait plus les oules- *Cmoli en 2011A le Sa%ara attendA luiA



son nou$eau nomA et le t%;me adC<uat-

"es antasmagories du capital rCsultent du reoulement de lasituation Cconomi<ue et politi<ue prCsente- 8 "as egasA lesen$ironnements t%Cmati<ues ont l#impasse sur les compleitCsde l#islam et a fortiori des rC$olutions populaires des pasaraes- "e "uor prC;re se rCCrer @ un passC monumental et @une identitC iCe pour l#CternitC dans les pramides- Il rappelleun passC arc%aY<ue dCpassC- ,omme au Ie si;cle pourtantAles antasmagories du capital n#incarnent pas tant le triomp%eirrCsistile de l#epansion du capital <ue les smptHmes de lacrise gloale <u#il pro$o<ueZ

:égasisation du monde

'out cela resterait anodin si "as egas ne constituait pas notre%oriKon urain @ tous- Qole nous en a$ait a$ertis :

!es sculptures de néon et les signes de !as <egas =;@ formentle design de base du paysage américain, en dehors des vieu&quartiers des plus vieilles villes ls sont partout, dans chaque

suburb, chaque subdivision, chaque autoroute; chaque

hameaunote.lors <u#il roule dans les suburbs de Pittsurg%A enPennsl$anieA Marc ottdienerA aamCA se ait %apper par uneenseigne au ord de la route : (estaurant acienda D- .ttirC

par l#enseigne lumineuseA il pCn;tre dans un motel tpi<ueA un Jtiment temporaire ait de ois et de tHleA sans aucune <ualitCsmoli<ue- Il ne sait pas encore <u#il s#agit l@ d#unearc%itecture introvertie et <ue le smolisme reoulC sur le ordde route se retrou$e @ l#intCrieur : murs couleur terreA motis

aKt;<ues sur le menuA somreros suspendusA tales et c%aises ariolCesA cactus dans les coinsA sauce pi<uante sur lecomptoirZ 'out concourt @ l#amiance 'e!Me d#une.mCri<ue latine antasmCe- "# %acienda D suuraine proposeune cuisine meicaine rCduite @ sa smoli<ue la plus primaireAser$ie @ la c%aXne en .riKonaA au ou$eau!Mei<ueA @ l#est ducontinentA mais aussi @ Sao PauloA Barcelone ou elsinGinote-

"a logi<ue de la ranc%ise consiste @ standardiser des ser$ices @

l#Cc%elle mondialeA mais aussi @ mas<uer cette logi<ue sCriellederri;re un en$ironnement t%Cmati<ue amilier @ l#indi$idu-



"#est%Ctisation de la marc%andise selon une sCrie de clic%Cs lui permet de se sentir partout c%eK luiA sous cou$ert d#un eotismede pacotille-

)n retrou$eA de 'imes S<uare @ 'oGoA non seulementl#iconograp%ie sau$age du StripA mais aussi le s%o organisC du

oule$ard <uiA a$ec le theming A donne au antasmagories postmodernes toute leur consistance smoli<ue- *#apr;s denomreu auteursA nous assistons ainsi @ une $Cgasisation DAnon seulement de l#.mCri<ueA mais aussi du mondenote-

"es olies douces d#un acteur ,%e$al ont pu en leur tempsanticiper "as egasnote- MaisA auLourd#%uiA on est passC @

l#Cc%elle industrielle- )n ne compte plusA partout dans lemondeA les parcs @ t%;me rCunissant les stCrCotpes du tourismemondialisC dans un petit espace scCnarisC- *ans le 'arn!et!aronneA le Petit!ParisA <ui a man<uC de peu d#Utre $endu aucasino Paris du StripA incarne la capitale en miniature D- +n

petit "ou$reA un petit Moulin (ougeA mais aussi une tour ielA otre!*ame et l#arc de 'riomp%e : ce parc cristallise les arrUtsoligatoires des lignes de us pour touristes de la capitale- Fortde son succ;sA il dCmCnageraA agrandiA en ,%arente!Maritime

Nen 2013O- 8 'ou Qorld N_aponOA la tour iel se dessine @l#%oriKon de la place Saint!Pierre T @ Qindos o t%e QorldNS%enK%enOA elle s#Cl;$e au cHtCs d#une pramideA tandis <ueles tUtes sculptCes des prCsidents amCricains orment la toile deond sur la<uelle se dCgage la asili<ue du atican- ,omme @Minimundus N.utric%eOA ces parcs mettent en sc;ne lesminiatures de monuments du monde entier- Mini!uropeNBruellesO reproduit les monuments d#uropeA MinitaliaN"omardieO ceu d#ItalieA et Miniat\rG NIstanulO ressuscite les

mer$eilles de l#mpire ottoman et d#.natolie-"es Loies de la miniaturisation rCduisent l#imaginaire @ unecontreaRon organisCe- ,%a<ue anlieusard de la classemoenneA de 'C%Cran @ 'oGoA a une =an<ue d#images? enrCser$eA ien appro$isionnCeA surappro$isionnCe mUmeArCguli;rement alimentCe par les $oages et les magaKinesnote-D )n capitalise partout sur cette an<ue d#images D demonuments igCs-

(CalisC par (icardo BoillA le monumental <uartier .ntigoneA @MontpellierA matCrialise le ,aesars Palace du Strip dans le



"anguedoc!(oussillon : des ureauA des %aitations de lue etmUme <uel<ues logements sociau dans le stle de la r;ceanti<ue s#alignent sui$ant une smCtrie impCriale ponctuCe de

statues de &eusA de *iane ou de Cnus copiCes sur lesoriginales-

8 *uaY ] ce "as egas des milliardaires ] la utureFalconcit o Qonder aura sa tour ielA sa pramide de9%eopsA son 'aL Ma%alA sa tour de PiseA ses Lardins de Baloneet mUme un mur de ,%ine- t les ric%issimes %aitants auront lec%oiA pour leur $illaA entre <uatre t%;mes : andalouA ou$eauMondeA gCe ou Santa FC-

8 al d#urope NMarne!la!allCeOA propriCtaires et promoteursc%erc%ent @ oulier le modernisme des grands ensemles aualentours en se plongeant dans un rU$e <ui C$o<ue @ la ois lasplendeur d#un Paris %istori<ue et le c%arme des ermestraditionnelles : au centreA des Jtiments nCoclassi<uess#alignent comme sur les oule$ards %aussmanniens et aritentdes caCs stle Second mpire T en pCrip%CrieA des ermes

riardes se ondent dans un pasage campagnard- rJce @ un partenariat pulic!pri$C entre l#tat et *isneA les eploitations

agricoles ont CtC epulsCes pour laisser la place @ cet uranismede carton!pJtenote- "e pasage serein de la $ie rurale et descentres nCoclassi<ues contraste a$ec le c%aos de la $illemoderne et des anlieues-

*e nomreuses $illes nou$elles reproduisentA dans les anlieues c%inoisesA les stCrCotpes arc%itecturau des grandes$illes europCennes du Moen 4ge : la %ollandaise ao uiaoAl#espagnole Feng ,%engA l#italienne Pu _iang ou encore lagermani<ue .n 'ing- ,ette $olontC de crCer de toutes pi;cesune $ille Cternelle DA en LouantA contre les conlits liCs @l#uranisme prCsentA a$ec l#imaginaire collecti des ci$ilisations

passCesA se retrou$e un peu partout dans le monde etA de plus en plusA dans les $illes nou$elles <ui s#Cl;$ent en pCrip%Crie desgrandes $illes-

=a * présence du passé +

*epuis la in des 160A un certain nomre d#arc%itectesA <ue

l#on <ualiie gCnCralement de postmodernes DA lCgitiment ceretour au arc%Ctpes <ui s#accorde si ien au antasmagories



du capital mondialisC- "eur consCcration a eu lieu @ eniseA en1W0A lors d#une grande epositionA !a +résence du passé-"#introduction au catalogueA intitulCe "a in de la pro%iition

D et Ccrite par le commissaireA Paolo Portog%esiA eprimel#oLecti commun :

!'e&position de la Wiennale manifeste le désir de redonner 6l'architecture sa parole et de l'ouvrir 6 une capacité suggestivede l'imaginaire fondée sur la vertu des conventions léguées autravers des archétypes de la mémoire collectivenote

n le$ant l#interdiction moderniste de l#ornement et dusmoleA les arc%itectes postmodernes rC%ailitent les ormes

signiiantes du passCA et plus eactement des tpes D connuset reconnus- ,es arc%Ctpes ou stCrCotpes parlent de la mUmec%ose @ tous les indi$idus et leur ont prendre conscience de

participer @ un mUme et $aste collecti- Ils acti$ent unemCmoire sociale susceptile de redonner @ la communautC des%ommes un sens <u#elle a perdu a$ec la modernitC-

*ans les mots d#.ldo (ossiA l#arc%itecte t%Coricien d#unerCgCnCration uraine <ui c%erc%e son inspiration dans une

tradition prCmoderneA les monuments sont les signes d#une$olontC collecti$e D ] et non pas d#une classe sociale <ui adominC dans un certain lieu @ un certain moment- Ils sedonnent eu!mUmes comme des ClCments primairesA des pointsies dans la dnami<ue urainenote D ] et non descristallisations de processus Cconomi<ues et sociau- ,esClCments primaires D et ies D dans l#en$ironnement JtieprimentA @ la mani;re des arc%Ctpes LungiensA les tpes Dd#une conscience collecti$e uniorme- Ils incarnent l#essencemstCrieuse <ui prCc;de la orme arc%itecturale et constitue la$ille : un socle non pas %istori<ueA mais naturel DA $oire

iologi<ue- (ossi lui!mUme parle du patrimoine gCnCti<ue D<u#il aut rendre @ la $ille-

Pour un autre arc%itecteA "Con 9rierA les matCriau modernesne doi$ent pas se prCsenter tels <uelsA mais ser$ir @ rCno$er ou@ in$enter des $illes en sui$ant l#est%Cti<ue traditionnelle- ,edCtac%ement politi<ue du proLet urainA <ui c%erc%e ses racinesdans un classicisme intemporelA am;ne 9rier @ des positions

Ctonnantes : d#un cHtCA il rC%ailite l#arc%itecte naKi classi<ueD .lert Speer note T de l#autreA il lCgitime l#arc%itecture



nCoclassi<ue du ne urbanism <ue l#on retrou$e @ ,elerationAla $ille *isne <ue copie al d#urope-

(ossi et 9rier reprCsentent un certain tournant traditionalistedans l#arc%itecture postmoderne- enturi et Moore incarnent sa$ersion ironi<ue et Cclecti<ue- "a PlaKKa d#Italia de ,%arlesMoore N"a ou$elle!)rlCansO reste un cas d#Ccole- .u premieraordA on croirait une maison de poupCeA au tons pastel @dominante rose onon et leu aKur- "a place en demi!cercleest ordCe de cin< morceau de aRades Ndori<ueA ioni<ueAcorint%ienneA toscane et compositeO <ui portent des noms desaints et d#autres Ccritures latines- IsolCesA elles ressemlent @des ruines repeintes par .nd Qar%ol pour igurer un dCcor de

t%CJtre c%angeant Ncertaines colonnes imitent mUme le carton! pJteO- oil@ donc un rCsumC impertinent D de l#Italie- Pourrenorcer la stCrCotpieA une pres<u#Xle en orme de otteCmerge d#un assinA au c>ur d#une cile <ue dessinentA au solAdes cercles concentri<ues en ri<ue noireA orRant la directiondu regard- n accumulant les stCrCotpesA la place $eut ainsirappeler leur pas natal au CmigrCs italiens- ,omme le notaitle catalogue d#une autre eposition intitulCe <isions

postmodernesA l#arc%itecture n#est plus onctionA mais

fictionnote-

"e recours au arc%CtpesA <u#ils soient traditionalistes ouCclecti<uesA se trou$e Utre particuli;rement adC<uat au discoursnColiCral des annCes 1W0A <ui ren$oie les utopies modernistesau totalitarisme du socialisme rCellement eistant D- enturinote <ue son arc%itecture prHne une amiguYtC D et une contradiction D des Jtiments <ui permettent au usagers toutesles utilisations possilesA et @ ceu <ui regardent toutes les

signiications sou%aitCes- Il s#oppose @ l#arc%itectureonctionnaliste du modernisme <ui dicterait un seul usage etdont l#est%Cti<ue eprimerait uni<uement la structure del#Cdiice- +ne rampe Cclecti<ue <ui ne m;ne nulle part serait ence sens plus Cmancipatrice <u#un escalier en onte <ui m;ne @un endroit prCcis- "e proLet moderniste est ainsi caricaturCcomme un di*tat de la onctionA et coupC de tous ses %oriKonsutopi<uesA <ui en aisaient toute la ric%esse- Il est censC menerinCluctalement au Jtiments aust;res et oppressants desanciens pas communistes- 8 l#in$erseA la pente postmodernisteou$re tous les possilesA Lustement parce <u#elle se soumet au



principe de rCalitC Nautrement dit @ l#ordre Cconomi<ue et politi<ue eistantOA sans proLeter aucune transormation sociale par l#arc%itectureA mais en ou$rant l#C$entail des usages et des

signiiants- .lors <ue les utopies arc%itecturales des annCes130 m;neraient au totalitarisme urain des annCes 160A le pragmatisme arc%itectural eprimerait la liertC des c%oi de ladCmocratie liCrale- (U$erA c#est opprimer-

*ans la mUme $eineA ,%arles _encGs prCsente une %istoire del#arc%itecture sous la orme d#un arre C$olutionniste D <uim;ne atalement @ l#arc%itecture postmoderne : "#Cclectismeest l#C$olution naturelle d#une culture oV l#on a le c%oinote DAairme!t!il- ,ette arc%itecture postmoderne D eprime une

%istoire arrUtCe dans les c%oi di$ers oerts par les sociCtCsdCmocrati<uesA et s#oppose @ l# asence de c%oi D des pascommunistes et des utopies modernistes- +n peu comme unsupermarc%C ou$ert @ Berlin st en 10 donnaitA par l#Ctalagedes marc%andises les plus di$ersesA la liertC de c%oi <ui a$aitCtC supprimCe sous le Loug stalinien-

Contre le onctionnalisme en architecture

"es antasmagories postmodernes se distinguent des prCcCdentes par leur reus proclamC du modernismearc%itecturalA autrement dit du onctionnalismeA de l#asenced#ornements et de t%;me %istori<ue accolC @ l#espace urain-"es antasmagories modernes opCraient un refoulement del#arc%itecture moderne de er et de $erre : une prousiond#images anti<ues et %istoricisantes $enait commeinconsciemment $oiler ce monde nou$eau <ui apparaissaitgrJce @ la mac%ine t%ermo!industrielle et au c%emins de er-"#imagerie oisonnante des passagesA des positionsuni$erselles et des oule$ards %aussmanniens epulsait ce <uirappelait l#industrieA et prCCrait in$o<uer l#uni$ers rassurant desci$ilisations passCes ou lointainesA grec<ues ou orientales-"#Cclectisme du Ie si;cle Ctait sans sst;me- 8 l#in$erseA lesantasmagories postmodernes sstCmatisent leur reus duonctionnalismeA lui aussi de$enu conscient de lui!mUme a$ecses proLets utopi<ues des annCes 130- Il ne s#agit plus dereoulementA mais de déni : on sait ien <ue le monde industrieleisteA mais on prC;re imaginer autre c%ose-



* &éconstruction +

)n met parois sous l#Cti<uette postmoderne D une autrearc%itectureA <ui n#a pourtant rien @ $oir a$ec la prCcCdente- Ils#agit d#une arc%itecture <ui est peut!Utre postonctionnalisteDA mais <ui n#est certainement pas postmoderne DA au sensd#un reoulement de la modernitC <ui aoutit @ des antasmescoupCs de tout traumatisme social- Il s#agit de l#arc%itecture<u#on peut nommer dCconstructi$iste DA <ui utilise les ormesde l#a$ant!garde Ncomme le constructi$ismeO pour mieu lesdCmonter- .lors <ue la prCcCdente Louait a$ec les smoles

pour confirmer les signiications donnCesA celle!l@ Loue a$ec lesormes gComCtri<ues pour questionner l#espace %aitC- "#une

uit dans un imaginaire rassurantA l#autre articule unegrammaire in<uiCtante-

,e courant a eu lui aussi son eposition : (éconstructionA @ e orGA en 1WWA a$ec des arc%itectes comme FranG e%rAPeter isenmanA &a%a adidA (em 9ool%aasA *aniel "iesGindA,oop immellau et Bernard 'sc%umi- ,#est Peter isenmanAt%Coricien rillantA <ui a le mieu ormulC la $isCedCmstiicatrice de cette arc%itecture :

lors que le syst)me architectural V la structure formelle V peut sembler complet, l'environnement L maison forme pourainsi dire un vide Ft le propriétaire a été aliéné de sonenvironnement de mani)re tout 6 fait intentionnelle =;@ Fn ce

sens, le propriétaire est un intrus lorsqu'il entre dans L samaison pour la premi)re fois il doit commencer parreprendre possession, par occuper un conteneur étranger note

,es <uel<ues p%rases @ propos d#une maison d#isenman Nla Nouse O ne rCsument pas le sens gloal du mou$ementdCconstructi$isteA <ui est aussi ludi<ue Ncomme le montre le

parc de la illetteA au promenades cinCmati<ues D imaginCes par 'sc%umiO- Mais elles mettent en a$ant sa tendanceantiantasmagori<ueA <ui $ise @ <uestionner et c%anger lesusages Ncomme c#est aussi le cas de la illetteA <ui transormele parcours urain en un ilm propre @ c%a<ue promeneurO-

.lors <ue les antasmagories du capital consistent @ laisser des

tracesA @ crCer une alcH$e protectrice et @ rendre l#CtrangeramilierA l#Cdiice d#isenman rend le amilier CtrangerA et olige



le propriCtaire @ tra$ailler contre ses %aitudes s#il $eut prendre possession des lieu- "#asence de signiications traditionnellesl#olige @ un nou$eau tpe de participation dans le processus de

design- "e c%oi des lumi;resA du moilier ou des murssCparateurs ne rCpond ni @ un supposC on go[t dans ladCcoration ni @ un arrangement $oulu par le propriCtaire oul#arc%itecteA mais de$ient une en<uUte sur le sens de l#%aitat%umainA sur un en$ironnement de signiications et de onctionsnormalement non <uestionnCes-

isenman $iseA @ la mani;re du t%CJtre d#inter$ention rec%tienA@ crCer un eet de distanciation entre l#oser$ateur et son%aitat- "e $ide D intCrieur de sa maison olige le propriCtaire

@ rClCc%ir sur sa prati<ue- "a structure elle!mUme agit commearri;re!planA mais aussi comme foil A un terme <ui dCsigneA enarc%itectureA un plan porteurA mais aussi une euilled#aluminiumA ou encore une lame de mCtal posCe sous une

pierre pour en relCter la rillance : l#arc%itectoni<ue du Jtiment crCe ainsi un espace de rCleion sur l#%aitat-

isenman se reconnaXt dans le modernisme onctionnel de "oosetA a$ec d#autres dCconstructionnistes D comme Mic%ael

ra$es et (ic%ard MeierA il participeA dans les annCes 160A @des proLets de rC%ailitation teintCs d#utopie socialenote-,omme )sald Mat%ias +ngersA il reste attac%C @ l#utopie descommunautCs ouriCristesnote- Mais s#il rend %ommage @ lalutte $iennoise contre un ornement mstiicateur et collectionnea$ec i;$re les re$ues d#a$ant!garde des annCes 120A il %Criteaussi des Cc%ecs du modernisme en arc%itecture- Il retraduit son

proLet non pas en c%erc%ant l#%armonie entre la orme et laonctionA mais en articulant des ormes pour Ccrire l#asenceA le

reoulCA l#inconscient- "e processus de dCconstruction de la plCnitude du sens ne passe pas par le igurati et l#iconi<ueAcomme c%eK ,%arles Moore ou (oert enturiA mais par lagrammaire et l#indeicalnote- 'endu entre les utopies politi<uesdu constructi$isme russe et la dCconstruction derridienne dulogocentrisme moderneA le mou$ement dCconstructi$iste Dreprend ainsi une arc%itecture antiantasmagori<ue <ui %Critedes a$ant!gardes modernesA tout en dCtournant sa grammaire

pour signiier son Cc%ec politi<ue-

.llons plus loin : alors <ue l#arc%itecture postmoderne ormeune esthétique de la réconciliationA et l#arc%itecture moderne



une esthétique de la fonctionA l#arc%itecture postonctionnaliste D mais non postmoderne d#isenman %Critede l#esthétique de l'irréconciliation propre au a$ant!gardesA

<ui ruinent les %armonies CtaliesA anCantissent les ioritures etli<uident les ornementations- "e cuismeA par eempleAsupprime en peinture la perspecti$e <ui s#appelle aussi trompe!l#>il D et ram;ne les structures de composition @ lasurace- Sc%Energ met l#auditeur dans le noir note D de lamUme mani;re <ue le roman de c%Jteau %antCs plonge ses%Cros dans les dCdales oscurs du dCsir- "es dissonances de lanou$elle musi<ueA les corps diractCs de Picasso et le

Cgaiement dCconcertant de BecGett mettent en sc;ne la rCalitCangoissante de la $ie moderne- ,ontre les Loliesses du mCdiocrisme acadCmi<ue D et du Gitsc%noteA la nou$eautC

iKarre annonce la possiilitC d#une autre sociCtC- "a doctrinede l#art pour l#art D se $oit remplacCe par la doctrine de l#art

plus art D N'KaraOA l#art <ui rend la $ie plus intCressante <ue l#artA<ui rC$olutionne la $ie dans le sens de l#art- "e proLet d#unrecollage des ragments de la $ie CparpillCs dans la $illemoderne passe par la mise en sc;ne de montages %CtCroclitesoVA comme sur une aic%e!po;meA le spectateur parcourt desdCc%irures encore $isiles-

"#arc%itecture dCconstructi$iste n#eprime pas unerCconciliationA un on%eur immCdiatA maisA au contraireA une$ie non rCconciliCe- lle appelle ainsiA sur un mode criti<ue etA

paroisA directement politi<ueA @ la rCsolution des antagonismes-,#est par cette est%Cti<ue de l#irrCconciliation <ue les ormesdes a$ant!gardes incarnentA au antipodes des antasmagoriesAune criti<ue Cmancipatrice de l#;re moderne-

"e modernisme se dCinit c%eK isenman par une sorte de caract;re destructeur D des illusions ourgeoises- Il sou%aitereproduire en arc%itecture le mUme geste de destruction de lacontinuitC narrati$e et de l#%armonie igurati$e prati<uCe par lesa$ant!gardesA <ue ce soit en peinture a$ec Male$itc%A enlittCrature a$ec _oce ou en musi<ue a$ec Sc%Energnote- Il

poursuit l#idCe d#une arc%itecture comme CcritureA opposCe @l#arc%itecture comme imagenote D et donc au images sansimaginationA stCrCotpCesA des antasmagories postmodernes-

,ontre l#uni$ers antasmati<ue des signiiants rassurants desenseignes commerciales Nbillboard OA isenman utilise son



arc%itecture de cartons Ncardboard O comme des p%on;mes <uidCconstruisent l#%aitat- "a cardboard architecture NisenmanOs#oppose ainsi @ la billboard architecture NenturiO un peu

commeA c%eK "acanA le smoli<ue s#oppose @ l#imaginaireA etl#articulation du rCel au cercle mt%i<ue du antasme- "e $ide<ui en ressort se ait l#Cc%o d#un autre $ideA laissC parl#impossiilitC de rCaliser l#utopieA et <ui tCmoigne en silence dela tragCdie moderneA seule mani;re peut!Utre de parler du rCel-

=e (ates Motel! ou le gothi%ue caliornien

*ans +sychose N160OA .lred itc%cocG nous montre commentle motel le plus misCrale peut se c%arger de l#%istoire la plus

traumati<ue- +ne %aute maison $ictorienne s#Cl;$eA menaRanteAderri;re le Bates MotelA ara<uement prCcaire en ois et entHle- Mais c#est le prisme %oriKontal du motel <ui ramasse en luil#%istoire du Jtiment $erticalA en retrait dans un %oriKond#%eres olles-

"a situation de dCpart in$erse celle du Strip : au ondA un Jtiment du Ie si;cleA c%argC d#%istoires de amille et desou$enirs traumati<ues T au ordA une construction du e

si;cleA degrC KCro de l#epCrience et de l#%istoireA aant pourseule $ertu d#Utre commode- ,ontrairement @ "as egascependantA le panneau ne ren$oie pas @ un imaginaire tropicalAmais @ la lignCe amiliale <ui se dresse derri;re lui- Il ne crCe

pas l#C$asionA mais rappelle le passC-

*ans le li$re NmCdiocreO <ui lui a inspirC +sychoseA c#est lasoudainetC du meurtre sous la douc%e <ui a attirC itc%cocG :tout @ coupA l#CtrangetC du de%ors ait irruption au dedansnote-n eetA les trois ni$eau de l#inconscient <uiA cristallisCs dansla maison Nla ca$e oV l#on cac%e les cada$resA ou le Ra T le reK!de!c%aussCe oV $it le propriCtaireA ou le moi T l#Ctage oV gronde la m;re DA ou le surmoiOA orment l#%istoire du suLet setrou$ent littCralement proLetCsA conondusA sur le motel encontreasA lieu du crime-

*ans ses entretiens a$ec FranRois 'ruautA le cinCasteremar<ue <u#on parle de got%i<ue caliornien D @ propos deces maisons $ictoriennes- Son coup de gCnie est de proLeter ce

got%i<ue sur le cue du motelA plus %antC inalement <ue lamaison- "es oiseauA empaillCs comme la m;reA en$a%issent le



prCari<uCA smoles d#une culpailitC inepiale dont une$ersion plus nocturne encore est rappelCe par le nom du motelNbat A c%au$e!souris DO-

"e carrC onctionnel apparemment $ide de sens de +sychose sec%arge du larint%e de signiiants %istori<ues de la maison-"es dCdales du dCsir <ue cac%aient les antasmagories desromans noirs se dCploient en eet moins dans les arc%itectures

postmodernes <ue dans les non!lieu de la modernitCAdCpouillCs de tradition : motelsA stations!ser$iceA entrepHtsAde$enus espaces de transgressionA mais aussi de rencontresinattenduesA anormales et poCti<ues-

,#est dans un entrepHt <ue les camarades de 9en 9esel#attendent @ sa sortie de prisonA a$ant de partir pourl#position uni$erselle de e orG- ,#est dans un garage entHle <ue scintille le us psc%CdCli<ue- ,#est une station!ser$ice<uiA sur la routeA accueille leurs dClires les plus poCti<ues- Ils

prCCreront inalement ce genre de non!lieu D @ l#positionuni$erselle-

*CL@A @ ParisA les situationnistes prCCraient le Jtiment

onctionnel de l#institut mCdico!lCgal @ celuiA surc%argC desmolesA de l#cole militaire-

"a magie lanc%e du capitalA ClouissanteA en$a%it les lieuoiciels- .u contraireA une magie somre ne cesse de

persC$Crer dans les lieu insigniiants- "es Ccri$ains etcinCastes ne s# trompent pas : les motelsA les constructions

pro$isoires et les suburbs poss;dent une puissanced#imagination <ue n#ont pas les shopping mallsA les %Htelst%Cmati<ues et les parcs @ t%;meA @ l#imaginaire emprisonnCdans des structures de er-

nterrC sous le oule$ard des annCes 10A le Strip des annCes160 proLetait naY$ement et sans mani;res cet imaginaire dansdes Ctoiles de ord de route-

,oussi.res de néon

mpilCes dans l#arri;re!cour d#un musCe au nConsA de $ieilles

enseignes des annCes 150 sont dCposCes l@A suspendues ende%ors du tempsA entre leur ancien smolisme commercial et



leur uture signiication musCale- lles c%auent sous le soleildu dCsertA et des milliers d#ampoules Cclatent soudainementdans un ruit secnote-

"a lampe de l#.laddin se trou$e parmi ellesA et l#on ne serait passurpris de reconnaXtre celle du *unes ou du Stardust dans cettedCc%arge de poussi;reA de $erre et de ilaments du e si;cle-"oin de la Ce ClectricitCA la dClicate eautC cre$assCe de cess<uelettes autreois c%antCs par <uel<ues %allucinCs ressemleau sulime ragile d#une ruine got%i<ue- ,es Ctranges leurs demCtal rouillC n#agressent plus le passant a$ec leurs impCratisde LouissanceA mais attendent d#Utre cueillies par un po;te <ui%erorise sur le itume- *CliCs des nCcessitCs onctionnelles et

consumCristesA les noms et les c%ires s#eposent comme de pures >u$res d#art-

"a antasmagorie du capitalA c#est l#Ccran de umCe ] ou denCon ] <ue orme la poussi;re soule$Ce lors du comat declasse- +ne ois la poussi;re retomCe et l#ClectricitC coupCeA lenCon CteintA ruine d#apr;s la atailleA continue de miroiter d#uneantasmagorie indClCileA noireA got%i<ueA <ui suinte de

passions trop longtemps comprimCes-

C6NC=USI6N

+n dimanc%e apr;s!midi des annCes 130A Qalter BenLamin se prom;ne dans Paris- .u dCtour d#une rue de Belle$illeA il tomesur un amas de pierres ordC d#immeules de rapport Nle lieu n#a

pas tellement c%angCO- Son nom ] place du Maroc ] aitsurgir sous ses eu un dCsert araeA $ision topograp%i<ue D<ui se superpose au pasage rCel Ntopograp%ie signiiant Ccriture de l#espace DA il s#agit d#une $ision <ui rCCcrit l#espaceO-Mais un monument de l#impCrialisme colonial apparaXt aussiimmCdiatement ] colonneA st;le ou mausolCe de l#mpireranRais en .ri<ue du ord- "a signiication allCgori<ue D ] ici politi<ue ] s#entrelace a$ec la $ision topograp%i<uenote-

,#est ce matCrialisme topograp%i<ue D <ui nous a prCcisCment permis ici d#analser les antasmagories modernes et postmodernes ] @ condition d#entendre matCrialisme Dcomme une contetualisation %istori<ue des p%Cnom;nes

sociauA et topograp%i<ue D comme l#Cc%elle locale oVs#enc%e$Utrent $isions rCelles et imaginaires de l#espace



urainnote- "e nom des rues ou des JtimentsA on l#a $uA peutagir comme une sustance eni$rante <ui dCcuple la perceptionet modiie l#Ctat de conscience- "e "as egas de 160 engendre

le mUme genre de $ertu C$ocatrice D dont parle BenLamin : au ord du oule$ard au casinos se dCtac%ent les enseignescolorCes Marocco D ou Stardust D N poussi;re d#Ctoiles DO-,ette toponmie au nCon op;re une coupure a$ec l#%istoirelocale et transorme un amas de Cton ou de erraille en dCsertmagi<ue ou en galaie pastel- "#entrec%oc igurati plonge le

passant dans un Ctat second proc%e de l#%allucination-

,ette altCration surrCaliste de l#espace ] dont il ne aut pasrester prisonnierA mais <u#il con$ient cependant de sau$er ] est

comparale @ la transormation du <uartier Saint!*enis dans Uad$a N.ndrC BretonOA du passage de l#)pCra dans !e +aysande +aris N"ouis .ragonOA mais elle est aussi anticipCe c%eKBaudelaire ou BalKac- .$ec ses an<uiers NucingenA du'illetOA son grand mCdecin Norace Bianc%onOA sonentrepreneur N,Csar BirotteauOA son usurier NosecGOA soncollectionneur compulsi Nle cousin PonsOA ses cocottesA a$ocats$Creu et militaires amnCsi<ues Nle colonel ,%aertOA !aComédie humaine mCtamorp%ose Paris en espace

mt%ologi<ue- Qalter BenLamin note @ ce propos <ue latopograp%ie donne le plan de cet espace mt%i<ue de latraditionA <u#elle peut mUme en de$enir la clCnote D-

Il aut doncA pour s#arrac%er au mt%e sans perdre sa sustanceeni$ranteA construire topograp%i<uement la $ille DA commePausaniasA gCograp%e grec <uiA au IIe si;cleA arpente les sitesanti<ues- Ses descriptions nous li$rent la clC des ruinesA commeces grottes <ue l#on tenait pour l#entrCe des eners- Il s#agit de

rele$er le tracC des passages et des portes N@ la oisdCmarcati$es et triomp%alesOA des multiples seuilsA arcs etortisA murs et cimeti;resA ordels et garesA carillons et oXtesau lettresA pour dCc%irer les Cnigmes inscrites sur le sol

parisien et circulerA renseignements pris aupr;s d#un erm;sde$enu c%e de gareA par les lieu discrets oV dCouc%ent lesrU$es-

,ela signiie aussi retrou$er la topograp%ie ant%ropocentri<ueD sous la topograp%ie arc%itectoni<ue DA le social sous la

pierre- *ans ses euilletons parisiensA le $oltairien _ules _aninmontreA sous le tran<uille Ie arrondissementA les Cdiices de



la mis;re puli<ue D et de la dCtresse prolCtarienne D : lamaternitCA les nants!'rou$CsA l#%Hpital et la SantCAgigantes<ue prison a$ec son Cc%aaud- 'out cela ormeA @ la in

du I

e

si;cle Net encore maintenantOA un ensemle distinct durCseau %aussmannien Nantasmagorie <ui relie plutHt des garesAdes triunauA des Cglises et des casernesO- BenLamin n#oulie

pas <ueA derri;re le mirage dCploC place du MarocA se trou$entdes Miets*asernenA littCralement casernes locati$es D ou citCs!casernes D Non dirait auLourd#%ui citCs!dortoirs DOAimmeules de rapport pour les pau$resA smoles d#unesCgrCgation %oriKontale %CritCe du temps d#aussmann-

'rois topograp%ies doncA comme sur la place du Maroc :

arc%itectoni<ueA mt%ologi<ue et ant%ropocentri<ue T l#amas de

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Marc Berdet Fantasmagories Du Capital