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MARCIAC 2019 SOUVENIRS

MARCIAC 2019

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M A R C I A C 2 0 1 9S O U V E N I R S

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Textes // Chazz BelmontePhotographies // Laurent Sabathé (sauf mention contraire)Conception graphique // Sandrine Lucas, ArkadeImpression // Art & Caractère

M A R C I A C 2 0 1 9S O U V E N I R S

Quand il est là, la java ne s'en va plus. Ni d’ailleurs la salsa, ni l’afro beat, pas plus que le blues urbain ou celui métissé de la Caraïbe, la soul, le funk et la bossa nova… Tout se passe comme si ces musiques qui aiment tant cousiner avec le plus grand courant artistique du XXe siècle -ou qui procèdent de lui- désiraient le temps d’un festival vivre leur vie butineuse sous l’ombrelle accueillante de sa Majesté le Jazz.Il suffit de feuilleter l’éphéméride 2019 de Jazz in Marciac pour s'en persuader : à l'heure du grand milk shake des cultures, il nous dit qu'il fait encore bon tremper ses lèvres dans ce breuvage authentique qui anoblit tant de cocktails musicaux et distille ses subtils arômes dans le creuset parfois astringent des musiques émergentes où priment les joies de l'improvisation.À Marciac, le public a su adopter l’attitude jazz qui consiste non à muséifier de vieilles histoires qu'on raconte encore aujourd'hui, mais à apprécier en quoi ce formidable inventaire estival paye rubis sur l'oreille sa dette à une matrice, aussi improbable que féconde, d'où tout est parti.Joue moi qui tu es et je te dirai qui tu jazzes !

Chazz Belmonte

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M A R C I A C G R A N D S É V É N E M E N T S M U S I C A U X

S T I N GMalgré le tourbillon planétaire créé par The Police, Sting semble toujours avoir une oreille tendue vers le jazz, comme l'ont attesté la présence de Branford Marsalis et celle de Kenny Kirkland dans le groupe qu'il mena pendant plus d'une décennie, et sa participation historique à l'orchestre de Gil Evans lors du concert du festival de Pérouse en 1987. Sa présence à Marciac était aussi légitime qu'espérée : on attendait de lui qu'il s'égalât sur l'interprétation de ses chansons favorites, ce qu'il fit comme un sexagénaire regardant ses vertes années avec bienveillance et une voix de jeune homme mûr...

G R E G O R Y P O R T E RIl est l’un des rares chanteurs à admettre la tutelle de Nat King Cole, qui est pour lui l'un des pères lointains ayant façonné sa voix. Gregory Porter fait désormais partie du cercle très fermé des stars du jazz, mais une forme de modestie militante lui enjoint de payer ses dettes artistiques avant que l'appel du tiroir-caisse ne l'éloigne des réalités. C'est cet état d'esprit que le public de Marciac a applaudi lors de ce concert aussi généreux que chaleureux...26

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W Y N T O N M A R S A L I SP L A Y S D I Z Z Y G I L L E S P I E & C H A R L I E P A R K E R ‘ S M U S I COn était tellement habitués aux visites du trompettiste dans la partie la plus ancienne de la généalogie swing que l'annonce de ce programme tenait presque de l'acte révolutionnaire. En célébrant les deux plus grands souffleurs du bebop, Wynton Marsalis se donnait l’occasion de remettre l’église au centre du village : pas celle de l’orthodoxie consensuelle, mais bien celle de la connaissance intime, techniquement hors d’atteinte, de l’évangile bebop, seule véritable révolution que le jazz ait connue. Et ce fut l’occasion de découvrir la voix de Veronica Swift, fraîche, exacte, pétrie d’un swing mutin...

A M A U R Y F A Y EBien qu’il soit passé par le célèbre Berklee College of Music, ce jeune natif de Toulouse semble avoir abandonné tous les réflexes conditionnés pour des improvisations laissant une large place à l'intuition, mettant en valeur des accords recherchés. Avec ses deux partenaires, il définit à sa manière ce que doit être le trio moderne : dialogues, émotions partagées, lieu d'une écriture tripartite...

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27 07 G E O R G E B E N S O N

Avant, Benson c’était une guitare ; aujourd'hui c'est surtout une voix. Il n'est pas sûr que dans son for intérieur, ce faiseur de tubes ne préfèrerait pas une bonne vieille jam session dans un club bondé avec quelques bretteurs post-bop mais la poussée d'adrénaline que lui confère un chapiteau bien plein reprenant à l'unisson Give Me the Night vaut tous les élixirs de jeunesse.

K I M B E R O S ELa Nouvelle Star mène a tout à condition d'en sortir, pourrait-on dire à propos de Kim Kitson-Smith, qui mène aujourd'hui sa carrière de chanteuse "pop-soul" à l'abri des jugements pas toujours éclairés de l'audimat. Entourée d'un groupe qui ne laissait place à aucune approximation, elle a séduit son public par sa voix, sa puissance de conviction et une belle présence scénique. A Strong Woman, chantait-elle... on ne la contredira pas.

28 07

B E T H H A R TC'est ce qui s'appelle jeter son bonnet par-dessus les moulins : pour cette artiste qui a débuté par la musique classique en approfondissant le piano, le violoncelle et le chant lyrique, tenir son public devant une rythmique aux riffs écorchés venus tout droit du rock tient de la gageure. C'est pourtant ce qu'elle a su accomplir à Marciac, sa voix pleine, expressive et sa présence puissamment ondoyante sur scène emportant l’adhésion d’un public la découvrant pour la première fois.

29 07E L C O M I T ÉC O L L E C T I F A F R O - C U B A N G R O O V E H A R O L D L Ó P E Z - N U S S A & R O L A N D O L U N ADeux claviers ne sont pas de trop pour arriver à bout des richesses harmoniques de ce "cubanisme" assaisonné de jazz moderne auquel les musiciens du Collectif Afro-Cuban Groove apportent une sophistication que leur propension au jeu rend facile à écouter. En laissant respirer l'orchestre (percussions, claviers et souffleurs alternativement) au cours d'un concert de très haut niveau, on a pu apprécier les traits inspirés du saxophoniste Irving Acao et du trompettiste Carlos Sarduy, lyriques ou batailleurs selon les allures…

29 07

C H U C H O V A L D É SIl est aujourd’hui la statue du commandeur pour tout ce qui relève de la musique cubaine faite jazz et, comme tous les produits de l'immense boîte à cigare musicale qu’est La Havane, Chucho Valdés est bien plus qu'un musicien du son et de la clave : c'est un artiste qui n'ignore rien de la musique classique européenne ni des grandes figures du jazz. Avec ce groupe très attendu, il modernise encore le cubanisme, s'adjoignant notamment l'alto intense et zigzagant de Kenny Garrett et les sortilèges d'une artiste en pleine maturité créative : la violoniste et vocaliste Yilian Cañizares.

C H I C K C O R E ADe temps à autre, ce pianiste qui frappa un grand coup avec son disque en trio "Now He Sings, Now He Sobs" sorti à la fin des années 60, réattise le feu et arque un peu plus la cambrure des musiques flamencas. C'est chez lui une seconde nature, un réflexe endogame symbolisé par l'imputrescible composition My Spanish Heart. Pour ce concert plein de tempérament, de couleurs et de virtuosité, il a choisi des maîtres : Steve Davis, Niño Josele et Jorge Pardo auprès de qui il se sent comme un andalou chevauchant son cartujano.

30 07

W Y N T O N M A R S A L I S & Y O U N G S T A R S O F J A Z ZDepuis l'université Art Blakey qui rajeunissait régulièrement ses "Messengers", faisant ainsi évoluer le répertoire du hard bop et la façon de l'orchestrer, c'est bien Wynton Marsalis qui est devenu l’ingénieur-en-chef du renouvellement des cadres. Comme l’an dernier, il a emmené dans ses bagages quelques talents prometteurs de la jeune scène new-yorkaise. Ce concert, qui dépassait de loin la restitution d'une master class obédiente en présentant quelques étudiants bien peignés, fut surtout l'occasion de découvrir de vraies personnalités, notamment la saxophoniste et chanteuse Camille Thurman, magnifique son de ténor et voix pleine, juste, droite, irruption inattendue de la soul au milieu de cette célébration d'un swing rénové.

30 07

T H O M A S D U T R O N C & L E S E S P R I T S M A N O U C H E SLe beau garçon des campagnes Dior n'a pas déserté le camp de gitans. N'oubliant jamais d'où vient sa passion, (combien de fois l'a-t-on entendu faire la "pompe" derrière des solistes plus capés que lui) Thomas Dutronc est toujours heureux de payer sa dette à cette tradition qui l'a fasciné très jeune. Avec le volubile Rocky Gresset et le virevoltant Pierre Blanchard, il peut tracer sereinement les pleins et les déliés de sa guitare, chantant ses textes d'une voix joliment timbrée, où subsiste une trace infime, un soupçon désabusée, du paternel. 31

07

31 07T H E R O S E N B E R G F A M I L Y P R O J E C T

On dit "Les Rosenberg" comme on dirait "Les Bouglione" : c’est désormais une lignée en même temps qu'un gage de qualité. On va les écouter sans se poser de question. Et on a raison : autour de Stochelo, s'est propagée une vision de la guitare manouche précise, poétique, qui épargne à leurs admirateurs l'effet "poudre aux yeux" qui agit trop facilement comme une anesthésie du sens critique. À Marciac, ce patronyme a fait parler la poudre avec subtilité... Et une forte odeur de swing s’est alors répandue.

K O K O R O K OLa scène londonienne métissée investit le chapiteau et c'est une autre vision du groove qui s'offre à nous : trois femmes occupent le devant de la scène, toutes solistes superlatives qui auraient pu trouver leur place auprès des hard-boppers les plus impitoyables. Derrière, une pulsation qui mêle adroitement les rythmes d'Afrique occidentale et le funk des années 70. C’est le retour de l'afro beat conjugué au féminin…

J A M I E C U L L U MDevenu un père de famille exemplaire, Jamie Cullum ne s'est pourtant pas assoupi sur son piano. Il est toujours cet infatigable chenapan qui lutine entre jazz et pop sans la moindre concession sur le répertoire qu'il se choisit. Avec lui, ce n'est jamais le même concert et on se surprend à admirer la redoutable palette expressive de sa voix, tel un Sinatra qui aurait pactisé avec Billy Joel. Il nous donne ainsi le meilleur des deux mondes.

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02 08N I C O L A S G A R D E L

& R É M I P A N O S S I A NCe duo à l’écart des définitions simplistes est proprement inétiquetable. Le pianiste et le trompettiste, mettant en sommeil leur propre groupe, ont une vision très large du jazz, de l’improvisation, de l’écriture. Ce sont des lyriques modernes, qui ne lâchent jamais la main du spectateur / auditeur et qui -se passant volontairement d’une section rythmique- impriment leur propre tempo, leur propre allure à ces entrelacs débordant d’imagination. Chiche sur le papier... mais riche comme un symphonique.

M E L O D Y G A R D O TPicorant à un répertoire très large, Melody Gardot trace son sillon à travers des paysages qui relèvent d'une folk music ourlée de sensualité jazzy (gros mot pour beaucoup de puristes, mais elle anoblit aussi la bossa nova) et d'un soupçon de chanson française. Sa principale arme de séduction n'est pas (n'est plus ?) le drame personnel qu'elle a vécu et qu'elle dit être source de sa dévotion à la musique. C'est sa voix : elle possède un timbre, une douceur flûtée, et cette signature en forme de bref tremolo qui ajoute un côté vieille carte postale à son art. Et c'est un public fidèle qui collectionne aujourd'hui ses concerts à guichets fermés.

02 08

03 08A N G É L I Q U E K I D J O

Présence bondissante sur scène, métier jamais pris en défaut, voix qui vous prend par le collet... Angélique Kidjo coche toutes les cases de l'artiste désor-mais populaire. Pour ce concert marciacais, elle change de focale et s'attaque au répertoire et à l'héritage de Celia Cruz, l'enfant pauvre de La Havane devenue reine de la salsa. Empanachée d’un turban multicolore, elle en a donné une interprétation vibrante, émouvante et, bien sûr, irrésistiblement dansante…

M A N U D I B A N G O & S O U L M A K O S S A G A N GSon crâne rasé, son visage expressif et sa voix généreuse, servant toujours un discours très juste, sont tellement présents à notre esprit que l'on oublierait presque que Manu Dibango est l'un des liens les plus légitimes de l'amitié musicale qui s'est tissée entre la France et l'Afrique de l'Ouest. Il est aujourd'hui un sage qui nous fait goûter ses accès d'espièglerie, renouvelant encore son répertoire dansant, plein de groove, occasion pour lui de prendre quelques chorus au sax alto ou de laisser s’exprimer ses choristes. Il termina par son légendaire Soul Makossa. Un trésor qu’il ne faut cesser de redécouvrir.

03 08

S H A H I N N O V R A S L IParrainant volontiers des talents à découvrir, Ahmad Jamal a tenu à présenter en première partie de son concert ce jeune azerbaïdjanais. Entre ses doigts ont sédimenté les traditions musicales de son pays, la musique classique et l'influence de quelques grands du piano jazz. Cet exotisme complexe a conquis le public marciacais qui sait apprécier des artistes originaires d'ailleurs où le jazz a naturellement trouvé sa place. À ceci près que ce pianiste distille une émotion et une force poétique ignorant les frontières.

04 08

A H M A D J A M A LPour son unique concert de l’année, et en exclusivité mondiale, Ahmad Jamal emmène son public en balade. La promesse de ce concert -qui lui permit de substituer à ses légendaires crescendos rythmiques sa science des tempos assagis- fut tenue de bout en bout, avec des musiciens anticipant la moindre de ses injonctions. Ahmad le gentil, pâquerette entre les dents et doigts bienveillants pour le piano, a enchanté le public sur un florilège de ses compositions... avant de conclure sur Poinciana, qu’il parapha de son inimitable signature.

04 08

A N T O N I O F A R A Ó Cela fait belle lurette que ce pianiste italien qui réussit l'exploit d'être en même temps le partenaire de Didier Lockwood, de Snoop Dog et de Benny Golson (ce qui en dit long sur ses facultés d'adaptation) s'est élevé au-dessus des pianistes dits tout-terrain. Musicien physique dont l'autorité sur l'instrument impressionne toujours, il en connaît tous les codes, plaçant à la milli-seconde ses idées grâce à une complicité sans faiblesse avec ses deux partenaires rythmiques. Témoin son interprétation épatante de Seven Steps To Heaven, titre qui symbolisa un concert tutoyant le firmament.

05 08

G I L B E R T O G I LFer de lance du mouvement tropicaliste dans les années 70, Gilberto Gil n'a jamais brisé le sceau d'authenticité qui caractérise sa musique, qu'elle soit en solo, en petite ou grande formation. Sa voix possède toujours ce charme et cette conviction qui tonifie la langue portugaise et ce ne sont pas les vingt compositions qu'il a interprétées lors de ce tour de chant qui ont pu entamer la foi d'un public acquis lors de ce concert-fleuve.

A L F R E D O R O D R I G U E Z & P E D R I T O M A R T I N E ZLeur duo est un modèle d'épure permettant de goûter toutes les subtilités des rythmes latins avec un champ largement ouvert pour les percussions. Tout au long de leur dialogue s'esquissent les pas d'une danse joyeuse, parfois simple, parfois complexe, qui trame en réalité la prose musicale du grand récit de la musique cubaine. Même sa version de Thriller semble y trouver naurellement sa place !

06 08

R O B E R T O F O N S E C AOn connaissait déjà la palette d'expression de Roberto Fonseca, qui couvre tout le champ de l'afro-cubanisme. Mais ce diable d'artiste a su élégamment y adjoindre ça et là ses influences classiques ou plus strictement jazz. Cet œcuménisme, bien compris par l'orchestre des élèves du conservatoire de la Région Occitanie dirigé par Jean-Pierre Peyrebelle, a trouvé son aboutissement avec la présence conjointe d'Omara Portuondo, de Mayra Andrade et de Joe Lovano qui ont apporté humblement leur présence charismatique à cet acte d'amour, à cette célébration de toutes les musiques... à l'exclusion de la mauvaise !

C H R I S T I A N S C O T T A T U N D E A D J U A HCe serait une erreur de considérer Christian Scott comme un surdoué de plus à la trompette. Sa grandeur, c'est d'avoir réussi à incorporer à son jeu des éléments appartenant aux musiques urbaines, au jazz expérimental, sans abandonner une once de groove et d’intensité. Caractéristiques auxquelles s’ajoutent une conscience très aiguë de la culture afro-américaine, de ses racines néo-orléanaises, dispensatrices de cette transe héritée des grands agrégateurs de sonorités dont il est devenu aujourd’hui l’un des avocats les plus convaincants.

07 08

A V I S H A I C O H E NDepuis que les contrebassistes ont trouvé légitime de mener leur propre groupe avec des musiciens jouant au pas de leur dum-dum et de leurs solos, quelques fortes personnalités se sont imposées. Avishai Cohen a creusé là où personne n’avait eu l’idée de le faire : restituant une partie de ses racines israéliennes, il a créé une forme de jazz mêlant chants, groove, virtuosité, projetant au-devant de la scène le grave mélodique que sa contrebasse relie à la terre de ses ancêtres. Et lors de ce concert, il y eut aussi les notes filées de son archet, créant une voix quasi-humaine au sein de ce trio où tout est sensibilité, partage et mouvement.

07 08

K E N N Y B A R R O NQui ne se souvient de son album live en duo avec Stan Getz ? Kenny Barron a su accéder progressivement au statut de "grand maître" du piano jazz, un peu à l'ancienneté, beaucoup par l'élégance de son style encapsulant l'histoire de son instrument, parvenu à une épure de swing omniscient. En trio, cet art raffiné qui est tout sauf de "l'art-déco" atteint au sublime !

08 08

C O N C E R T H O M M A G E À M I C H E L P E T R U C C I A N IVingt ans après son décès, il était temps de célébrer cet artiste qui a remis, de son vivant, l'émotion au centre de la musique. Jazz in Marciac l'a bien compris, qui a invité sous un chapiteau conquis à l'avance un "all-stars" international, tout entier dévolu au répertoire de Michel Petrucciani. Joe Lovano, Jacky Terrasson, Airelle Besson, Géraldine Laurent, Lenny White et quelques autres l’ont interprété avec fougue, respect, mûs par une inspiration que seul ce type d'hommage peut susciter. Compagnons de route du pianiste, jeune génération admirative de son œuvre, en solo, duo, quartette, sextette ou "onzetette", cet orchestre modulable a su coudre pour Looking Up, September Second ou Training de nouveaux habits de lumière.

08 08

S A M Y T H I É B A U L TProlongation attendue de son dernier disque, le concert du saxophoniste à la tête de son groupe multicolore était plus qu'une allégorie rythmée à la gloire des musiques de la Caraïbe pour lesquelles on s'imagine trop facilement quelques percussions autochtones qui feront l'affaire. Il y eut au cours de ce concert un je-ne-sais-quoi de sophistication, un surcroît de finesse dans les compositions, les arrangements et la répartition des rôles, qui nous ont fait croire à un nouveau courant né de noces tardives entre la fièvre des îles et un charme moins extraverti, issu des macérations conceptuelles de Samy Thiébault, leader de ce projet habilement transversal.

F I D E L F O U R N E Y R O N Ce tromboniste formé aux mu-siques improvisées, membre de l'Orchestre National de Jazz et signataire de plusieurs disques attestant son goût de l'aventure et des collages, a réuni un orchestre où les percussions de la Havane se mêlent au jazz d'aujourd'hui. Danse, transe, riffs taillés au biseau intègrent quelques in-cursions plus expérimentales et donnent tout son intérêt à ce projet qui fut acclamé du public marciacais.

D E L G R E S Ce trio intrépide à l'instrumentation inédite (guitare, sousaphone, batterie) constitue en réalité un véhicule "tout-terrain" pour explorer les recoins du blues de la Caraïbe. La voix du chanteur Pascal Danae et ses professions de foi en créole sont là pour nous rappeler que les notes bleues et leurs nuances ultramarines ont vécu leurs propre existence sur quelques îles proches du berceau du jazz. Comme le fit remarquer un fan : « ...c'est du blues flambé au rhum ».

09 08

E R I C B I B BEric Bibb, qui a rendu par sa voix vibrante et la clarté de son jeu une forme de pureté au blues est venu à Marciac pour étendre son emprise généreuse à d’autres cultures musicales, portées notamment par la kora, laquelle nous ramène à l’Afrique ancestrale. Ce sont d’autres bleus qui se sont alors incrustés dans le nuancier du guitariste au chapeau si lestérien...

10 08

C É C I L E M c L O R I N S A L V A N T & S U L L I V A N F O R T N E RPar la grâce de sa voix qui a toutes les qualités d’un élastique hautement musical, la lauréate du Prix Django Reinhardt 2018 peut se risquer à l’art difficile du duo sans craindre le faux pas. Il faut dire qu’elle a trouvé en Sullivan Fortner un double parfait, sachant anticiper ses moindres intentions, mais sachant aussi l’entraîner vers un risque savamment calculé, y compris sur quelques chansons de notre répertoire classé (Ferré, Brel...). Deux acrobates sans filet, sous un chapiteau qui retint son souffle...

T H E J A C K S O N S Quoi de plus légitime que cette fratrie naguère partie prenante au développement du phénomène Michael Jackson pour lui rendre hommage ? Certes, c'est plutôt de manière militante qu'il fallait considérer cet anniversaire mobilisant les souvenirs d'une époque où le "son Motown" allait marquer plusieurs générations de musiciens. Bien sûr, l'absence du dédicataire de la soirée pesait par endroits sur son contenu. Mais le public du chapiteau a eu, l'espace de quelques instants, l'intime conviction qu'il était convié à une tranche de vie, à la célébration en creux -mais étrangement dense- d'un artiste unique dans l'histoire de la musique populaire.

11 08

T H E V O L U N T E E R E D S L A V E S Toujours esclaves consentants du groove, ce groupe dynamité par le sax musclé d'Olivier Temime et le tempo inamovible de Julien Charlet accueillait en invités Emmanuel Bex, Chyco Simeon, le guitariste Kelyn Crapp, trois individualités connaissant sur le bout des doigts les racines blues et funk jusqu'à leurs ramifications urbaines ou îliennes. La meilleure façon d'ouvrir un concert en hommage à Michael Jackson. M A R C I A C

G R A N D S É V É N E M E N T S M U S I C A U X

C O N C E R T S À L ' A S T R A D AEntre incubateur de talents à découvrir et alternative au chapiteau pour ceux déjà installés, le cocon de L'Astrada continue son œuvre bienfaisante, à côté du grand frère JIM. Quelle surprise de retrouver la chanteuse canadienne Molly Johnson qui incarne une Billie Holiday du XXIè siècle avec sa voix intense et légèrement lézardée ! Quelle secousse salutaire pour les oreilles de découvrir les vocalises inédites de Leïla Martial et sa Baa Box ! Des pianistes en veux-tu, en voilà : l'histoire en mouvement et la modernité avec Paul Lay, le jazz et la diaspora avec Yonathan Avishai... pour ne citer qu'eux. Mais aussi, l'élégance faite électricité du franco-vietnamien Nguyên Lê, les élucubrations techno-dadaïstes de Théo Ceccaldi, la dimension presque théâtrale de Pulcinella, les dialogues raffinés du trio de Jean-Philippe Viret, l'avènement d'une deuxième maturité chez la batteuse et compositrice Anne Paceo, et les trouvailles rétro-modernes de Fred Palem à la tête de sa phalange orchestrale... Il y avait de quoi satisfaire toutes les curiosités, toutes les envies de jazz et de ses à-côtés.

Arnaud Dolmen

Donny McCaslin

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