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Université de Paris X - Département Métiers du livre Licence professionnelle Métiers de l’édition et ressources documentaires Roxane CAILLON Mémoire de stage De La Martinière Jeunesse 9, rue Casimir Delavigne 75006 Paris Tuteur de stage : Gérard Bouvier Responsable de stage : Charlotte Guitard Les outils du service presse / promotion peuvent-ils contribuer à la revalorisation de l’image du livre chez les adolescents ? Année universitaire 2006-2007

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Université de Paris X - Département Métiers du livreLicence professionnelleMétiers de l’édition et ressources documentaires

Roxane CAILLON

Mémoire de stageDe La Martinière Jeunesse

9, rue Casimir Delavigne 75006 Paris

Tuteur de stage : Gérard BouvierResponsable de stage : Charlotte Guitard

Les outils du service presse / promotion peuvent-ils contribuerà la revalorisation de l’image du livre chez les adolescents ?

Année universitaire 2006-2007

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SOMMAIRE

Présentation de l’établissement d’accueilLe secteur jeunesse de La Martinière

Historique

Organigramme du groupe La Martinière

La maison d’édition

Organigramme de La Martinière Jeunesse

Les principales collections de La Martinière Jeunesse

Les spécificités du catalogue

Quelques chiffres

Déroulement du stageLe service presse / promotion

Mes tâches

Partie ThématiqueIntroduction

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

La naissance d’une littérature pour adolescents

Le public adolescent

La littérature pour adolescents

Le rôle de l’attaché de presse

Du côté de la presse

Du côté de la promotion

L’organisation de partenariats

La recherche de nouveaux médias

La presse pour adolescents est-elle une bonne cible ?

Des supports aux thématiques similaires

Des émissions de radio dédiées aux adolescents

Internet, le nouveau média des jeunes

De petites niches télévisées

Conclusion

Bibliographie

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6

6

7

7

7

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Annexes

Extrait de la revue de presse de mars 2007

Les quatre âges de la jeunesse

Extraits des Devoirs, à quoi ça sert ?

Extraits de Que veulent dire vos rêves ?

Extrait de Presque poèmes, écriture poétique

Extrait de L’Agenda du poète

Les règles du communiqué de presse

Communiqué de presse pour la rentrée scolaire

Dossier de presse sur Ensemble

La presse professionnelle jeunesse

Documents pour la rencontre autour de l’ouvrage Ensemble

Concours de e-historia.net

Concours de mood.fr

Fiche sur les partenariats en cours

L’exemple d’une fiche sur un partenariat

Concours de ados.fr

L’exemple d’un espace personnel sur lexode.com

Les règles pour la rédaction d’un article sur lexode.com

I

II

IIIIV

V

VI

VII

VIII

X

XVII

XVIII

XX

XXIII

XXVI

XXVII

XXVIII

XXX

XXXIII

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Présentationde l’établissement d’accueil

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Adresse :9, rue Casimir Delavigne

75006 Paris01 44 32 08 90

Année de création: 1995Directrice : Béatrice DecroixMaison mère : La Martinière

Groupe

Domaines de spécialisation :la littérature jeunesse

le documentaire

Principales collections :« Oxygène »

« Hydrogène »« Confessions »

« La Vie des enfants »« Enfants d’ailleurs »

Stage effectué au servicepresse / promotion auprès de

l’attachée de presse :Charlotte Guitard

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Historique

En 1992, après avoir travaillé pendant vingt ans chez Hachette, Hervé de la

Martinière crée sa propre maison d’édition. Spécialisée dans l’édition de beaux-

livres, elle se fait rapidement un nom. Peu à peu, elle se transforme en un

groupe éditorial important en procédant au rachat de différentes maisons telles

que Minerva, Aubanel et Hermé. Elle développe également ses propres dépar-

tements : EDLM Textes (essais et documents), EP Éditions (bande dessinée),

Manise (livres pratiques).

En 1995, à l’initiative de Béatrice Decroix naissent les éditions de La

Martinière Jeunesse. Elles proposent alors, avec la collection « Oxygène », puis

« Hydrogène » en 1997, une nouvelle formule : de courts essais destinés aux

adolescents. Grâce à cette innovation, le catalogue devient rapidement une réfé-

rence en matière d’édition pour adolescents. Par la suite, il se diversifie avec le

rachat des éditions du Sorbier et la création de collections d’albums, de docu-

mentaires pour enfants et enfin, en 2003, de romans.

En janvier 2004, la maison d’édition, tout juste âgée de 12 ans, crée la sur-

prise en rachetant le Seuil (créé en 1935). Ce rapprochement donne naissance

au numéro 3 de l’édition française. Il s’en-suit de nombreux remous, liés

notamment aux démissions fracassantes de l’éditeur Jacques Binzstock ainsi

que de la directrice du Seuil Jeunesse, Brigitte Morel, et aux débuts chaotiques

de la nouvelle structure de diffusion-distribution du groupe : Volumen.

Présentation de l’établissement d’accueil

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Le secteur jeunesse de La Martinière

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Organigramme du groupe La Martinière

Organigramme de La Martinière Jeunesse

Les éditions de La Martinière Jeunesse embauchent des graphistes et des

maquettistes indépendants.

Présentation de l’établissement d’accueil

7

La maison d’édition

DirectriceBéatriceDecroix

Assistante d’éditionAmélie Po g g i

Assistante d’éditionÉlia

R o d i e r e

Assistante d’éditionMarie

Bluteau

Assitante d’éditionMarie-Amélie

Léon

Attachée de presseCharlotte Guitard

+ 1 stagiaire

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Les principales collections de La Martinière Jeunesse

Littérature

« Confessions » est une collection de romans pour adoles-

cents. Créée en 2003, elle compte déjà une vingtaine de titres.

Des auteurs reconnus dans le monde de la littérature jeunesse

y font revivre leur adolescence, abordant ainsi des thèmes qui

touchent les jeunes lecteurs : l’obésité, la petite taille, le divorce

des parents, la pauvreté, l’homosexualité...

En 2007, la collection s’est ouverte à la littérature étrangère avec un coup de

cœur de la traductrice Anna Marek puis de Béatrice Decroix pour un roman de

l’auteur suédoise Rose Lagercrantz, lauréate de nombreux prix en Suède dont

l’équivalent du Goncourt des lycéens : Des Baisers pour plus tard.

Le catalogue compte trois ouvrages de poésie à destina-

tion des adolescents. Ceux-ci se distinguent par un gra-

phisme moderne : mise en page éparpillée, utilisation de

papier calque, couverture holographique… Pour toucher sa

cible, l’auteur, Bernard Friot, choisit des thèmes qui ne lais-

sent pas les adolescents insensibles : le mal-être, l’amour...

L’un de ces ouvrages, Pour vivre, est le thème central d’une

exposition qui voyage actuellement en France1.

Des collections pour adolescents

« Oxygène » et « Hydrogène »2 sont deux collections de petits essais

de 112 pages respectivement destinées aux 11-13 ans et aux 14-17 ans

qui abordent des thèmes relatifs à la société, à l’adolescence, aux étu-

des, aux sentiments, à la famille et à la santé.

1. Développé page 53

2. Développé page 29

Présentation de l’établissement d’accueil

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Ces deux collections ont été « relookées » en 2007 : nouvelle maquette, nou-

velles couvertures et un univers graphique qui tend vers celui de la bande des-

sinée, du dessin de presse, voire du manga.

« Ados » est une collection qui se compose d’ouvrages encyclopédiques pour

les adolescents. Chacun d’eux aborde de manière ex h a u s t i ve un thème qui les

préoccupent : leur ave n i r, la drogue, les violences, les relations sex u e l l e s.

Quelques ouvrages un peu à part :

L’Agenda de l’apprenti écrivain (Susie Morgenstern) et L’Agenda de l’apprenti

illustrateur (Claude Lapointe), deux ouvrages ayant pour but de développer les

talents artistiques de leurs acquéreurs, ont connu un certain succès. Le troi-

sième volet sortira en 2007 : L’Agenda du presque poète, réalisé par Bernard Friot

et illustré par Hervé Tullet1.

Des documentaires pour petits et grands

La collection « Enfants d’ailleurs » est destinée aux

enfants à partir de neuf ans et compte onze ouvrages dont

deux sont parus en 2007. Chacun d’entre eux met en

scène trois enfants d’un même pays, mais issus de milieux

socio-culturels différents. Le principe de la collection

peut donc se résumer ainsi : trois enfants, trois regards

sur un même pays.

Les 35 ouvrages de la collection « La Vie des enfants » (à partir de neuf ans)

nous font découvrir une autre époque à travers le quotidien d’enfants. Ce prin-

cipe permet au jeune lecteur de s’identifier aux personnages et de mieux s’im-

miscer au cœur d’un documentaire historique.

« Le Dico de » : chacun des quinze ouvrages propose de faire le tour com-

plet d’un thème, d’une civilisation.

1. Développé page 37

Présentation de l’établissement d’accueil

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« Le Monde raconté aux enfants » comporte des documentaires grand for-

mat (25 x 31 cm) que l’on pourrait également qualifier de beaux-livres. En effet

chaque titre requiert la participation d’un photographe de renom : Yann

Arthus-Bertrand, Philip Plisson...

Albums

Le catalogue de La Martinière Jeunesse présente enfin des contes et légen-

des, des albums pour plus jeunes et des albums à caractère pédagogique (livres

d’activité, imagiers…)

Tous les ouvrages du catalogue de La Martinière Jeunesse sont soumis à la

loi de 1949 qui réglemente les publications destinées à la jeunesse. À ce titre,

ils « ne doivent comporter aucune illustration, aucun récit, aucune chronique,

aucune rubrique, aucune insertion présentant sous un jour favorable le bandi-

tisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous

actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l’enfance ou la jeu-

nesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques. [Ils] ne doivent com-

porter aucune publicité ou annonce pour des publications de nature à démora-

liser l’enfance ou la jeunesse. »

Les spécificités du catalogue : une politique éditoriale à part

La spécificité de la maison d’édition réside dans le fait que son catalogue est

essentiellement constitué de documentaires. On y trouve en effet peu de fic-

tions et d’albums. Par ailleurs, elle vise un public en moyenne plus âgé que celui

d’autres maisons d’édition jeunesse. À La Martinière, pas d’ouvrages pour la

petite enfance, mais pas non plus de grandes sagas romanesques à la manière

de Harry Potter.

D’autre part, les collections « O x y g è n e » et « H y d r o g è n e », qui ont fait

connaître la maison d’édition et qui font aujourd’hui son succès, présentent une

particularité en matière d’édition jeunesse. En effet ce sont des ouvrages écrits

sur les adolescents, pour les adolescents, en vue d’être achetés par les adoles-

c e n t s. En jeunesse, la plupart du temps, l’acquéreur n’est pas le lecteur : les

adultes achètent des ouvrages pour leurs enfants. Mais ces essais ne font pas par-

tie de ces livres que les enfants aimeraient que leurs parents leur offrent. Ce sont

des livres que les parents laisseront « n é g l i g e m m e n t » traîner dans la ch a mbre de

Présentation de l’établissement d’accueil

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leurs enfants ou que les adolescents iront acheter eux-mêmes.

Entre documentaires, essais et poésie à destination des adolescents, la mai-

son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour que

ses ouvrages rencontrent leur public ?

nombre de titres au catalogue : environ 350

nombre de nouveautés par an : environ 50

tirage moyen : 6 à 7 000 exemplaires

nombre de contacts journalistes : 1 840

nombre d’exemplaires disponibles en service de presse pour la sortie de

chaque ouvrage : 50

Présentation de l’établissement d’accueil

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Quelques chiffres

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Déroulementdu stage

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Le rôle de l’attaché de presse varie selon les maisons d’édition. À La

Martinière Jeunesse, Charlotte Guitard s’occupe des contacts avec les journa-

listes ainsi que du suivi de la presse, de la promotion du catalogue auprès de

différentes institutions, de la préparation des interventions des auteurs ainsi

que de l’organisation de salons et fêtes du livre.

Contacts avec les journalistes

Quelques semaines avant la parution d’un titre, l’attachée de presse reçoit

cinquante exemplaires de l’ouvrage à envoyer en service de presse. Elle établit

alors une sélection de journalistes, parmi la presse quotidienne, la presse régio-

nale, la presse spécialisée (en jeunesse ou sur le thème de l’ouvrage) et la presse

professionnelle. Le choix doit être judicieux : les exemplaires sont limités, il

faut cibler le journaliste, la rubrique, le média qui pourra être intéressé. Il y a

bien sûr des incontournables, principalement parmi les prescripteurs

(Ricochet, le site de référence en matière de littérature jeunesse ou le Centre

de promotion de la littérature jeunesse), mais il ne sera pas particulièrement

utile d’envoyer des services de presse d’un album jeunesse au Monde par exem-

ple, malgré sa renommée. L’ouvrage parviendra aux journalistes sélectionnés

avec un communiqué de presse.

Par la suite, Charlotte Guitard répond aux demandes individuelles de servi-

ces de presse. Ces dernières prennent souvent appui sur le programme qui a

été communiqué aux médias (tous les deux mois en règle générale). Il peut éga-

lement s’agir d’un journaliste qui fait des recherches pour une bibliographie

attachée à un article spécifique (la rentrée scolaire, la puberté, le racket…). Ces

demandes sont triées selon leur pertinence et leur importance, on n’y répond

pas systématiquement.

Déroulement du stage

13

Le service presse / promotion1

1. Développé dans le II page 39

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Le suivi de la presse

En parallèle, Charlotte Guitard surveille les « retombées presse ». La mai-

son d’édition est abonnée à l’Argus de la presse, une entreprise qui se ch a r g e

de retrouver dans les supports papiers les articles qui citent les éditions de La

Martinière Je u n e s s e. Cela permet de constituer une revue de presse, mais éga-

lement de contrôler l’usage qui est fait des services de presse. Certains jour-

nalistes réclament systématiquement tous les ouvrages des programmes pour

ne jamais les exploiter dans leur rubrique. D’autres « pillent » les livres : on

r e t r o u vera dans quelques magazines jusqu’aux illustrations d’intérieur de l’un

de nos titres pour égayer un article, sans que l’intitulé de l’ouvrage ne soit

même évo q u é .

La promotion

Pour certains ouvrages, l’attachée de presse met en place un système de

promotion particulier. Pour ne citer qu’un exemple, en 2007, à l’occasion de

l’année des pôles, elle a pris contact avec différentes institutions, comme

l’Espace culturel inuit de Paris ou le Fonds polaire Jean Malaurie, pour éven-

tuellement organiser une rencontre avec les auteurs.

Les interventions des auteurs

L’attachée de presse suit chaque intervention des auteurs. Elle se renseigne

sur les journalistes qui sollicitent une interview, sur les salons du livre qui lan-

cent des invitations, avant d’en faire part à l’auteur. Elle doit leur fournir un

maximum d’informations sur le lieu, la date, la durée et la nature de l’interven-

tion, ainsi que sur la thématique, l’importance du média ou du salon, la prise

en charge des frais et les rémunérations éventuelles en ce qui concerne les

interventions scolaires : La Martinière Jeunesse ne les propose à ses auteurs

que dans le cas où elles sont rémunérées sur le tarif de la Charte des auteurs et

illustrateurs.

L’organisation des salons et fêtes du livre

La maison d’édition ne participe pas à tous les salons. Les principaux sont

le salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil et le salon du livre de Paris

Déroulement du stage

14

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à la porte de Versailles. Sur ces deux salons, elle possède un stand tenu par des

librairies. Mais la plupart du temps, Charlotte Guitard se contente de proposer

aux auteurs d’être présents sur des salons et d’en suivre les retombées.

Exemple : « Les Boréales » est un salon de littérature nordique qui a lieu à

Caen chaque année en novembre. Ce sont les organisateurs qui sélectionnent

les auteurs qu’ils veulent inviter. Les éditeurs ne peuvent que faire des propo-

sitions. En 2007, la Suède sera l’invité d’honneur. Nous avons donc envoyé un

exemplaire de l’ouvrage Des Baisers pour plus tard en proposant de faire dépla-

cer la traductrice Anna Marek.

J’étais chargée durant mon stage de seconder Charlotte Guitard dans ses

fonctions. Par ailleurs elle m’a confié entièrement la responsabilité de plusieurs

autres tâches.

La constitution mensuelle de la revue de presse

Chaque article paru sur les éditions de La Martinière Jeunesse doit y être

répertorié. Les articles sont classés par collection, par ouvrage (selon son

importance ou sa date de parution), puis par importance du média. La revue de

presse comporte un sommaire qui reprend cette classification1.

La prise en charge des prix littéraires

Chaque mois il faut consulter un fichier qui répertorie tous les prix littérai-

res jeunesse, puis, selon le thème ou la nature du prix, sélectionner les ouvra-

ges que nous voulons faire concourir.

Les dédicaces de promotion

Un mois avant l’arrivée d’un titre en service de presse, nous demandons à

l’auteur s’il a des contacts, journalistes ou prescripteurs, qui pourraient servir

à la promotion de l’ouvrage (une dizaine environ). L’auteur choisit ensuite de

Déroulement du stage

15

Mes tâches

1. Voir annexe n°1 page I

Page 16: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

nous envoyer par courrier ses dédicaces ou de se déplacer directement dans les

bureaux de La Martinière Jeunesse. Cette démarche étoffe notre liste de presse

et permet souvent d’y ajouter des contacts auxquels nous n’aurions pas forcé-

ment pensé (ex : Le Journal du textile dans le cas d’un ouvrage sur la mode).

Les partenariats1

C’est pour de petites maisons d’édition le moyen d’obtenir en quelque sorte

un espace publicitaire. Nous proposons à certains médias (journaux, radios,

chaînes de télévision, sites internet) d’organiser un concours pour une durée

allant de quelques jours à plusieurs semaines. Nous mettons à leur disposition

quelques ouvrages à faire gagner à cette occasion à leurs lecteurs / auditeurs /

téléspectateurs / visiteurs. En échange nous leur demandons de citer à titre gra-

tuit l’intitulé de l’ouvrage ainsi que le nom des éditions de La Martinière

Jeunesse. C’est un moyen de promouvoir l’ouvrage : il s’agit donc de sélection-

ner le bon titre dans les bonnes quantités pour le bon média.

Déroulement du stage

16

1. Développé page 56

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Les outils du service presse / promotionpeuvent-ils contribuer à la revalorisationde l’image du livre chez les adolescents ?

PARTIE THÉMATIQUE

Page 18: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

Introduction

Depuis plusieurs années, des collections de livres conçues spécifiquement

pour les adolescents ont fait leur apparition et se sont multipliées. Ce sont pour

la plupart des collections de romans. Les héros et les sujets traités reflètent les

épreuves que les jeunes traversent durant cette période pénible : émotions

changeantes, joies, tristesses, questionnements, craintes, envies.

Pourtant, à cet âge-là, la majorité des jeunes se détournent du livre. Ils rejet-

tent tout ce que ce dernier représente : l’école, l’autorité, le sérieux, la solitude.

Durant cette période de recherche de soi et d’affirmation de sa personnalité, la

lecture est désacralisée. Les adolescents préfèrent en effet se tourner vers des

pratiques plus sociales en cherchant par exemple à intégrer un groupe et à en

adopter les goûts musicaux, cinématographiques et vestimentaires. Mais ils se

posent en parallèle de nombreuses questions sur les mutations de leur corps

qu’ils ne reconnaissent plus, sur ces sentiments étranges et inconnus qui les

envahissent, sur la société qui les entoure. Les copains n’ont pas toujours la

réponse à leurs interrogations, mais ils n’osent plus demander aux parents. Ils

vont donc chercher des réponses sur internet, à la radio…, sans penser qu’un

livre pourrait aussi les guider : jamais ils n’auront l’idée d’aller demander à un

libraire ou à un bibliothécaire de les aider à résoudre un problème…

Malgré cette baisse du prestige de la lecture, La Martinière Jeunesse a fait

des adolescents son cœur de cible. Depuis 1995, Béatrice Decroix édite notam-

ment de petits essais à destination des 11-17 ans. Ces ouvrages, presque seuls

sur le marché du documentaire pour adolescents, abordent toutes les questions

que les jeunes peuvent se poser et tentent d’y apporter des réponses.

Mais le public concerné en connaît-il seulement l’existence ? Ce ne sont pas

des ouvrages que l’on offre à ses enfants ; les parents auront plutôt tendance à

les laisser négligemment traîner sur la table du salon, à tout hasard… Comment

18

Les outils du service presse / promotion peuvent-ils contribuerà la revalorisation de l’image du livre chez les adolescents ?

Page 19: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

créer une rencontre directe entre les adolescents et ces livres qui leur sont des-

tinés ?

C’est à ce problème que j’ai tenté d’apporter des solutions durant mon stage

et à travers ce mémoire. En effet, pendant les quelques mois que j’ai passés à

La Martinière Jeunesse, j’ai pu apprivoiser les outils de l’attaché de presse.

Ceux-ci ont pour fonction d’offrir la meilleure visibilité possible aux ouvrages

d’une maison d’édition. J’ai pu apprendre à les manier et ai décidé de les utili-

ser également de manière à opérer un rapprochement entre les ouvrages pour

adolescents de La Martinière Jeunesse et leur public.

Ma démarche a consisté à chercher de nouveaux supports de médiation

pour relier le livre à l’adolescent. Émissions de radio, associations, sites inter-

net… J’ai tenté d’intégrer l’image du livre à ces supports qui sont plus familiers

aux jeunes que la presse écrite dont ils se sont aussi beaucoup détournés.

J’ai donc étudié les caractéristiques de ce que l’on nomme aujourd’hui « lit-

térature pour adolescents » ainsi que les particularités de ce public. J’ai ensuite

analysé la fonction des actions du service presse / promotion. Enfin, par le biais

de nombreuses recherches et de diverses prises de contact, j’ai élaboré une liste

de nouveaux médias à intégrer au fichier de journalistes de Charlotte Guitard.

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I.

LA BAISSE DU PRESTIGE DE LA LECTURE

CHEZ LES ADOLESCENTS

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J’exclus volontairement la bande dessinée et le manga de ce que je nomme « litté -

rature pour adolescents ». Les éditeurs et les libraires séparent en effet aujourd’hui de

plus en plus systématiquement la littérature jeunesse de ces deux genres (catalogues et

rayons différenciés). Ces derniers ont pris depuis quelques années une importance

conséquente et donc une existence à part entière.

1. La naissance d’une littérature pour adolescents en France

Les Aventures de Télémaque est le premier ouvrage que l’on peut assimiler à

de la littérature pour adolescents. C’est en effet un traité d’éducation écrit par

Fénelon en 1699 pour le dauphin de France. Cependant, la notion d’adoles-

cence ne devient une réalité sociale que dans la seconde moitié du XIXe siècle,

avec la fin progressive du travail des enfants et l’allongement de l’espérance de

vie. On remarquera toutefois qu’au sein des grands romans du XIXe siècle

(Balzac, Stendhal), le personnage central est souvent un adolescent. On note

donc la présence de héros adolescents dans la littérature avant l’existence d’une

littérature pour adolescents.

Au début du XXe siècle, l’adolescence est synonyme d’ingratitude, d’inadap-

tation, d’errance. Les ouvrages destinés à ce public sont donc imprégnés de

valeurs pieuses et morales. Cette vision de l’adolescence se modifie peu à peu

grâce aux apports de la psychologie. Elle devient un fait de société et témoigne

d’un malaise social.

Des collections de romans spécifiquement destinés aux adolescents font

ainsi leur apparition. La première naît chez Alsatia en 1951 et s’intitule « Signe

de piste ». Dans la foulée, Gautier-Languereau crée « Brigitte », destinée aux

adolescentes et les éditions de la Farandole « Prélude » pour les plus de 13 ans.

La réforme Haby de 1975, mise en place en septembre 1977, instaure le col-

lège unique. Elle unifie les structures pédagogiques en mettant fin à l’organisation

de la scolarité en fi l i è r e s. Les sections deviennent quasi indifférenciées jusqu’à la

fin de la classe de troisième. En une dizaine d’années, 90 % des élèves poursuive n t

leur scolarité au collège. Le temps des études s’allonge, le moment avant la vie

adulte aussi. Les adolescents deviennent alors une cible commerciale…

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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On assiste donc à la création de nouvelles collections de romans pour ado-

lescents. Elles adoptent des visages différents. Certaines optent pour une sélec-

tion de textes classiques issus de la littérature pour adultes. On peut par exem-

ple citer « Mille soleils » chez Gallimard Jeunesse, créée en 1972. À l’inverse,

d’autres éditeurs font appel à des auteurs contemporains qui vont écrire pour

les adolescents. Ceux-ci abordent dans leurs ouvrages des thèmes relatifs aux

problèmes du monde moderne et à la psychologie des adolescents. Ainsi, en

1973, les éditions de l’Amitié – G.T. Rageot créent « Les Chemins de l’amitié ».

Le but de cette collection est de clarifier la vision des grands sujets d’actualité

et des problèmes auxquels le monde contemporain est confronté.

Ces collections sont la plupart du temps accompagnées d’outils pédagogi-

ques (c’est-à-dire le plus souvent d’un dossier en fin d’ouvrage qui permet d’ap-

profondir certaines notions ou qui renseigne sur l’auteur). Cette démarche

témoigne de la volonté des éditeurs de valoriser leurs collections, en tentant

notamment de séduire les prescripteurs (ici, les enseignants).

C’est à cette époque que l’on voit émerger certains grands noms de la litté-

rature jeunesse, comme Jean-Paul Nozière ou Christian Grenier.

Ces premières collections font cependant l’objet de mauvaises critiques au

sein des revues spécialisées et disparaissent peu à peu. D’autres, plus tenaces,

vont leur succéder :

- « Point virgule » au Seuil, au départ destinée aux adultes, est une collec-

tion que les adolescents vont s’approprier.

- « Médium » créée par l’école des loisirs en 1986

- « Page blanche » créée chez Gallimard en 1987 est aujourd’hui devenue

« Scripto ».

Ces trois collections revendiquent avant tout une démarche littéraire. Les

éditeurs établissent rapidement des ponts avec la littérature générale, en travail-

lant avec des auteurs « pour adultes ».

Dans les années 2000, la période de l’adolescence semble s’étirer : on y

entre plus tôt et il s’avère de plus en plus difficile d’y distinguer une véritable

porte de sortie. Nous sommes par conséquent face à un public qui s’élargit,

mais qui devient en même temps de plus en plus difficile à cerner. On relève

alors deux tendances chez les éditeurs. Des maisons d’édition comme Le

Rouergue, Syros ou Thierry Magnier, bien soutenues par les prescripteurs,

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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adoptent une stratégie de collections étiquetées « jeunesse ». Les collections

pour adolescents s’intègrent dans le catalogue jeunesse, on mentionne souvent

une indication d’âge ou de niveau scolaire sur les ouvrages. D’autres, comme Le

Seuil ou Gallimard, tentent de saisir l’occasion pour élargir leur public aux

adultes et favoriser l’achat d’impulsion : les ouvrages paraissent en tant que

« hors-collection », souvent en grand format et l’on ne fait surtout pas mention

d’âge. On remarque également de plus en plus fréquemment la publication

d’un même ouvrage sous deux présentations différentes dans les deux secteurs.

C’est le cas de Kiffe kiffe demain de Faïza Guène, paru simultanément au « Livre

de Poche » et au « Livre de Poche jeunesse ».

La démarche se serait-elle inversée au fil des années ? Après avoir tenté

d’amener les adolescents vers la littérature adulte, il semble en effet que l’on

veuille entraîner les adultes vers la littérature pour adolescents, ceci plus parti-

culièrement depuis le succès intergénérationnel de Harry Potter.

Pour Josée Lartet-Geffard, auteur du Roman pour ados, une question d’exis-

tence aux éditions du Sorbier, il semble que seule l’École des loisirs soit restée

fidèle à sa démarche première, à savoir répondre à une exigence littéraire plus

qu’à une exigence de la supposée demande des adolescents. Elle reste à part

notamment de la floraison des collections « d’Heroic fantasy » pour adolescents.

On attribue ce terme à une subdivision du mouvement littéraire « médiéval-fan-

tastique » qui traite de mondes imaginaires et s’inspire du Moyen-Âge et de

mythes fantastiques.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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2. Le public adolescent

Qu’est-ce que l’adolescence ?

« Ils vivent une période de forts bouleversements et se sentent déstabilisés.

Ils ont envie de tester des choses, de prendre des risques, de découvrir. Ils sont

aussi beaucoup plus au courant de ce qui se passe dans le monde que les géné-

rations précédentes, par l’omniprésence des médias dans leur vie. Et ce monde

est dur ! Ils le prennent en pleine figure. Du coup, ils développent une déri-

sion qui est une forme de protection. Mais au fond, dans leur tête, ils ne gran-

dissent pas si vite ! » (extrait de l’interview de Béatrice Decroix et de Odile

Amblard, journaliste à Okapi et co-auteur de Un grand bol d’oxygène (de La

Martinière Jeunesse), rapportée dans L’Actu du 22 septembre 2004)

Le terme d’adolescent vient du latin adolescere qui désigne « celui qui est

en train de grandir ». L’adolescence est en effet souvent perçue comme un

« passage ». Elle se définit comme un laps de temps entre l’enfance et l’âge

adulte. Mais c’est une notion très incertaine, en premier lieu à cause de ses déli-

mitations. On fait souvent débuter l’adolescence à la puberté, mais le point final

reste flou, mal défini. Plus récemment nous avons pu assister à l’apparition de

la notion de préadolescent (qui concerne a priori les enfants de 10 à 12 ans), et

l’on commence même aujourd’hui à parler d’adulescent, un condensé des ter-

mes adulte et adolescent.

Les adolescents et la lecture

L’ouvrage Et pourtant ils lisent exploite une étude effectuée de 1993 à 1997

auprès de 12 000 élèves âgés de 15 à 18 ans. Il en ressort qu’aujourd’hui, les

adolescents n’ont plus le même rapport à la lecture que les générations précé-

dentes. On vient en effet d’assister à la fin du sacre du livre… Ce dernier n’ap-

paraît plus comme le premier vecteur culturel, encore moins comme le seul ; il

devient un média parmi tant d’autres…

La lecture reste néanmoins l’activité principale de 15 % des adolescents.

Même si le nombre de livres lus par les bons lecteurs baisse, il semble en réa-

lité que les adolescents lisent plus. En fait, les pratiques de lecture sont infini-

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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ment plus variées : magazines, sites Internet, bandes dessinées, mangas…

Lorsque l’on étudie les loisirs des jeunes de 8 à 19 ans (« développement

culturel » – site : www.culture.gouv.fr), on remarque que 50 à 70 % des enfants

âgés de 8 à 10 ans lisent des livres. Ce chiffre passe à 40-50 % entre 11 et 13 ans,

puis tombe en-dessous de 40 % lorsqu’ils atteignent 14-16 ans1.

Il s’avère que les adolescents lisent beaucoup au début du collège. Cette

pratique baisse lorsqu’ils atteignent 14-15 ans. Selon la revue Réseaux (éditée

par Hermès Science Publications), 24 à 27 % des 6-14 ans lisent presque tous

les jours, en dehors des lectures prescrites par l’école. Entre 14 et 17 ans, cette

part chute à 13 %. Comment ce phénomène s’explique-t-il ? La cause première

réside dans une volonté d’appartenance sociale qui émerge à cet âge-là.

On note une standardisation des goûts et des pratiques culturelles chez les

adolescents, surtout en ce qui concerne l’audiovisuel. La pratique de la lecture

est en contradiction avec un besoin qui devient de plus en plus fort chez l’ado-

lescent : celui d’être intégré, d’appartenir à un groupe. La lecture requiert en

effet un isolement. Les adolescents la perçoivent comme une pratique solitaire

à un âge où ils sont à la recherche d’une pratique collective. Toujours selon la

revue Réseaux, seuls 18 à 33 % des 6-14 ans déclarent que « voir leurs amis » est

leur activité principale, contre 54 % des 15-17 ans. Ceci laisse donc moins de

temps à la lecture. On peut également noter l’apparition à cet âge d’un refus de

la culture « scolaire » qui est symbolisée par cette pratique.

Un public difficile à cerner

Un adolescent est un être en pleine transformation, qui se cherche. Il est

donc très difficile de tenir pour certain ce qui lui plaît : c’est un public en

constante évolution !

On repère par ailleurs une hésitation chez les adolescents, en matière de lit-

térature, entre ce qu’ils croient ne plus leur être destiné et ce que ne les inté-

resse pas encore. Désorientés, ils ont besoin de guides, de repères.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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1.Voir annexe n°2 page II

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Par ailleurs, selon l’enquête Conso junior publiée dans le numéro de mars

2007 de la revue Lecture jeune, le goût affirmé pour la lecture tourne autour du

tiers de la génération des adolescents. Il reste donc très en deçà du goût des

adolescents pour la musique (77 % des 12-14 ans et 83 % des 15-18 ans décla-

rent aimer la musique), l’ordinateur (73 % et 68 %), le cinéma (69 % et 65 %) ou

la télévision (63 % et 53 %).

Et pourtant ils lisent affirment Christian Baudelot, Marie Cartier et Christine

Detrez. Mais que lisent-ils ? Les enquêtes menées auprès des adolescents par

ces trois auteurs et rapportées dans Et pourtant ils lisent pour tenter de détermi-

ner quels ouvrages sont les plus lus présentent des résultats décevants : les

réponses sont tellement diverses que plus rien ne peut nettement se distinguer.

En tête du classement, apparaissent notamment Les dix petits nègres, Sherlock

Holmes et Croc-Blanc. Mais il est difficile d’en tirer des conclusions satisfaisan-

tes.

Il est toutefois intéressant de noter que les résultats de cette enquête ne font

pas plus ressortir les classiques prescrits par les enseignants que les nombreux

ouvrages créés par les éditeurs spécifiquement pour les adolescents. Doit-on en

conclure que les jeunes ne se conforment ni aux stratégies éditoriales, ni aux

recommandations des adultes ? Il est certain que les adolescents ne restent pas

cantonnés à la littérature que les maisons d’édition leur attribuent : ils oscillent

entre la littérature jeunesse et les ouvrages pour adultes. Dans ces conditions,

quel facteur va les pousser vers un ouvrage plutôt que vers un autre ?

Les adolescents constituent bien un public à part et difficile à cerner.

Protégé juridiquement par la loi de 1949 sur les publications pour la jeunesse,

mais doté d’une sensibilité, de centres d’intérêts et de préoccupations particu-

liers, ce public donne naissance à une littérature particulière…

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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3. La littérature pour adolescents

Définition et spécificités

Comme nous l’avons vu précédemment, le premier fonds de littérature pour

adolescents était emprunté à la littérature générale. Cette dernière était d’ail-

leurs souvent synonyme pour les jeunes de lecture de contrainte. Peu à peu, les

éditeurs ont créé une visibilité commerciale à cette littérature par le biais de la

création de collections spécifiques. En parallèle, les auteurs se sont mis à

l’écoute de ce lectorat.

L’apparition des collections pour adolescents s’est faite à un moment de

rupture entre le lectorat, le collège et la culture qu’il proposait. Les héros sont

plus proches des adolescents que ceux de la littérature classique qui présen-

taient des références culturelles, sociales et politiques trop éloignées des jeunes

d’aujourd’hui. Ces collections ont cependant longtemps été considérées

comme de la sous-littérature par le grand public et les médias. Cette littérature

était accusée de ne pas faire preuve d’une réelle qualité littéraire et de se servir

de héros édulcorés, artificiels chargés d’illustrer tous les aspects d’un même

problème. Elles étaient pourtant soutenues par les professionnels (enseignants,

bibliothécaires, libraires, auteurs).

Cette littérature connaît une reconnaissance tardive. Elle entre cependant

au collège en 1996 dans le cadre d’une réforme mise en place par François

Bayrou (« Un collège unique, mais pas uniforme »). Le principe est de laisser

une grande place à la liberté, au choix, tout en conseillant la lecture d’ouvrages

écrits par des contemporains à destination des adolescents. Les enseignants

doivent tout de même faire preuve d’une grande prudence pour ne pas créer

une nouvelle littérature de contrainte, pour que l’on puisse continuer de la qua-

lifier de « lecture plaisir ».

Qu’est-ce qui fait la spécificité de cette littérature ? Les sujets abordés ? Le

style ? Ce dernier a-t-il une réelle importance, plus particulièrement dans les

essais tels que ceux édités par La Martinière Jeunesse ? Y a-t-il des contraintes

qui s’imposent, consciemment ou inconsciemment, aux auteurs et aux édi-

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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teurs ? Toutes les collections pour adolescents sont-elles concernées par la loi

de 1949, même lorsqu’elles suppriment la mention « jeunesse » de leur label ?

L’obsession du vécu ou du fait de société l’emporte-t-elle sur la vraie fonction

de la littérature ? Est-ce le marketing qui a le dernier mot ? De leur côté, les

auteurs n’ont-ils pas comme intention première de réparer leur propre adoles-

cence ? Se considèrent-ils comme des éducateurs, des guides ? Autant de ques-

tions qui demeurent en suspens, du fait de réponses hésitantes de la part des

protagonistes.

On peut néanmoins affirmer que la littérature pour adolescents se qualifie

en premier lieu par son contenu. Les sujets abordés restent proches des préoc-

cupations du public concerné, en tournant autour de ce à quoi les adolescents

s’éveillent : les changements du corps, l’amour, l’amitié, les études, la famille et

tout ce que cela engendre comme joies, angoisses et tristesses. Ce qui en fait

ensuite la spécificité, c’est le destinataire lui-même. À partir de la naissance

d’une littérature pour adolescents, les personnages seront majoritairement des

adolescents. C’est une littérature qui se définit donc par le souci de son lecto-

rat. Parce qu’il ne s’adresse non pas à un égal mais à un adulte en formation,

l’auteur ou l’éditeur ne peut laisser de côté les dimensions de transmission,

d’apprentissage, d’éducation. Dans cette optique, il n’est pas question de dissi-

muler ou d’embellir la vérité. Cependant auteurs et éditeurs s’entendent pour

dire que malgré cela, un ouvrage pour adolescents se doit au moins de s’ache-

ver sur une note d’espoir, de montrer qu’il existe des solutions, que le lecteur

n’est pas seul.

Ce qui ressort des collections de littérature pour adolescents, c’est donc une

volonté de proximité : auteurs et éditeurs veulent être au plus prêt de ce que

vivent les adolescents.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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Les ouvrages pour adolescents de La Martinière jeunesse

« Oxygène » et « Hydrogène », deux collections d’essais

La collection « O x y g è n e » a été créée par

Béatrice Decroix en 1995. La volonté de départ était

de proposer aux adolescents des livres qui les

accompagnent dans l’âge adulte, des livres qui par-

lent de ce qui les intéresse, de ce qui leur fait peur,

ou tout simplement de ce qui leur arrive, dans le

corps comme dans la tête. Ce principe est résumé

dans un petit texte présent sur chaque ouvrage de la

collection, en quatrième de couverture :

« Entre les fous rires avec les copains, le corps

qui se transforme, la vie au lycée, l’apprentissage de l’indépendance, les injus-

tices de la vie et du monde, les interrogations sur l’avenir, ce n’est pas toujours

simple d’être un adolescent. La collection « Oxygène » examine avec précision

et humour tous ces sujets de préoccupation des ados et propose conseils, astu-

ces et solutions simples à des situations parfois compliquées. »

Les ouvrages proposent de courts textes où l’auteur s’adresse directement

aux adolescents, par le biais du pronom « vous ». Ils se caractérisent par un ton

spécifique, ni moralisateur ni démagogique. L’objectif est de créer une intimité

respectueuse avec le lecteur.

À l’origine les thèmes des ouvrages étaient très liés à l’intimité de l’adoles-

cent et à son quotidien. La collection a peu à peu élargi son panel, en s’ouvrant

à des questions de société. Les thèmes de ses ouvrages concernent donc main-

tenant aussi bien des sujets graves comme la drogue, la religion, la violence, la

mort, que des sujets plus personnels comme la famille, la santé, l’amour, ou

encore des sujets plus généraux comme la lecture, le blues, l’injustice.

L’objectif de Béatrice Decroix est de décrire une situation, de la nourrir

d’informations pratiques et de proposer des conseils variés et des pistes de

réflexion, plus que d’apporter des solutions toutes faites. Les ouvrages ne se

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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veulent pas exhaustifs, ils proposent des clés pour mieux comprendre. « Nous

ne donnons pas de recettes, nous mettons des mots sur du ressenti, pour ouvrir

la réflexion et accompagner nos lecteurs dans leurs préoccupations, explique

Béatrice Decroix. » Les ouvrages s’adressent donc à l’intelligence des adoles-

cents. Les auteurs ne se contentent pas d’apporter des réponses, ils cherchent

à comprendre d’où vient le problème, amènent le lecteur à se poser les bonnes

questions et à trouver ses propres réponses. Ils tentent également de le rassu-

rer, de lui montrer qu’il n’est pas un être à part, qu’il n’est pas le seul à traver-

ser cette période difficile, que d’autres sont passés par là et peuvent le com-

prendre, le suivre, le conseiller, l’aider. Ils replacent le sujet dans son contexte

pour que la raison puisse reprendre le dessus. Lorsque le thème s’y prête, le

volume s’achève sur une liste d’adresses utiles.

C’est pourquoi au sein des ouvrages, on trouve de nombreux témoignages

d’enfants, d’adolescents, d’adultes, qui permettent aux intéressés de s’écouter

mutuellement, de prendre en compte les divergences de point de vue, de main-

tenir le dialogue entre les générations.

La collection « Hydrogène », créée deux ans plus

tard pour la tranche d’âge supérieure, s’adresse aux

adolescents de 13 à 17 ans. Elle fonctionne sur le

même principe que « Oxygène », mais les sujets sont

traités de façon plus approfondie. Le texte est, dans

cette optique, complété par des encadrés techni-

ques.

Chaque ouvrage de ces collections correspond à

une commande de l’éditrice. C’est elle qui choisit

un thème et qui se lance ensuite à la recherche d’un auteur puis d’un illustra-

teur appropriés. Elle a dans un premier temps fait appel à des journalistes géné-

ralistes ou d’investigation qui avaient déjà travaillé sur les sujets en question.

Ceux-ci complètent leurs connaissances en interrogeant des spécialistes (méde-

cins, sociologues, psychologues) et en réalisant parfois de petites enquêtes

sociologiques. Elle a ensuite voulu dépassé cette écriture journalistique, en

demandant à des auteurs jeunesse comme Marie-Aude Murail, Michel Piquemal

ou Susie Morgenstern de se prêter au jeu. La collection est riche de cette plu-

ralité d’écritures.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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Les ouvrages de ces deux collections sont illustrés par des dessins humoris-

tiques. Ces derniers permettent de raccrocher la lecture de ces petits essais à

une lecture plaisir. Ils ont par ailleurs pour rôle de synthétiser certaines infor-

mations, de rappeler une solution fortuite et de dédramatiser les situations cris-

pantes dans un salutaire éclat de rire.

Les collections se caractérisent également par un graphisme dynamique.

Les informations sont organisées par des variations typographiques ou des à-

plat de couleur. Cela permet une lecture zigzagante où l’on grappille des infor-

mations à son gré.

Par ailleurs la collection « Hydrogène » avait comme particularité jusqu’en

2007 de présenter une photographie en couverture au lieu d’un dessin comme

pour les ouvrages de la collection « Oxygène », pour montrer qu’elle s’adressait

à un public plus âgé.

Il est intéressant de constater que les ouvrages des collections « Oxygène »

et « Hydrogène » peuvent également séduire un public d’adultes. L’adulte qui

les feuillette y trouve en effet les explications et les suggestions qu’il aurait aimé

qu’on lui donne à son « âge ingrat » au lieu de lui répéter qu’il était « en plein

dans l’âge bête ». Ce sont des livres qui auraient adouci son adolescence. Ils

contiennent par ailleurs parfois des informations intéressantes, qui ne sont pas

uniquement inconnues des adolescents… C’est pourquoi, même si le parent

n’offre pas l’ouvrage à son enfant, il peut lui en suggérer la lecture ou du moins

lui en apprendre l’existence.

Les collections peuvent également se révéler riches en informations pour

les enseignants.

Exemple : Les Devoirs, à quoi ça sert ? Redoubler, et alors ? Les Années lycée

On remarque donc à travers cette étude que ces collections représentent

une innovation en matière de littérature pour adolescents. Jusque-là, les préoc-

cupations des jeunes étaient en effet abordées sous une forme romancée ; on

utilisait un héros auquel le lecteur pouvait s’identifier pour lui apporter des

conseils, ou simplement du réconfort. « Oxygène » et « Hydrogène » partent du

principe que les adolescents attendent également des réponses plus directes à

toutes les questions qu’ils se posent sur eux, leur corps, le monde qui les

entoure. Une innovation également dans les sujets abordés, qui demeurent plus

ou moins tabous, comme la sexualité ou la drogue bien sûr, mais aussi la jalou-

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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sie entre frères et sœurs, par exemple. C’est sur ce principe que s’est bâtie la

politique éditoriale de La Martinière jeunesse.

En septembre 2004, la collection « Oxygène » a fêté ses dix ans d’existence.

À cette occasion a été publié un titre spécial, Un grand bol d’Oxygène, 160 ques -

tions strictement réservées aux ados, qui aborde des sujets très variés, à travers sept

grands thèmes : l’amitié, l’amour, les changements de corps, l’avenir, la famille,

les nouveaux comportements, les forts questionnements.

En 2007, « Oxygène » et « Hydrogène » comptent respectivement 66 et 48

titres et se modernisent. Les collections affichent une couverture plus moderne

et plus graphique. On supprime la photo des couvertures de « Hydrogène » qui

vieillit vite. Les maquettes intérieures sont moins scolaires, les citations d’ado-

lescents sont illustrées par des dessins rappelant les clichés de Photomaton, des

encadrés en couleurs apparaissent. Les illustra-

tions tendent plus vers l’univers de la bande

dessinée, voire du manga. L’objectif affiché est

un traitement moins narratif, plus visuel. Les

couleurs éclatent, les logos changent, rappelant

la prise de note, le langage « texto ».

Les titres courants sont obliques, on repère très vite la volonté de « faire

jeune, tendance » pour contrecarrer un contenu sérieux, documentaire sur des

sujets parfois graves. Aujourd’hui ces deux collections se caractérisent donc par

un contraste singulier qui en fait l’intérêt.

Deux exemples

Les Devoirs, à quoi ça sert ? (collection « Oxygène »)1

L’ouvrage est organisé en trois grandes parties. Dans un

premier temps, l’auteur explique au lecteur pourquoi on lui

donne des devoirs. Dans la seconde partie, elle se fait l’écho

de la plainte récurrente chez les collégiens : « Trop de devoirs ! ». Enfin elle

essaie de montrer aux collégiens comment ils peuvent s’organiser dans leur tra-

vail pour en tirer un meilleur parti. Elle part de témoignages d’élèves, pour

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

32

1.Voir annexe n°3 page III

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ensuite chercher des explications et tenter d’amener le lecteur à rationaliser les

problèmes qu’il rencontre. Chaque argument tente de montrer que derrière la

masse de travail se cachent de nombreux aspects bénéfiques. Elle analyse éga-

lement la position des parents face aux devoirs à la maison pour faire compren-

dre aux collégiens leur attitude et leurs réactions parfois surprenantes : pour-

quoi les parents tiennent-ils absolument à ce que leurs enfants aient du travail

à la maison ? Pourquoi veulent-ils systématiquement vérifier que les devoirs ont

été correctement faits ?

L’auteur jongle dans l’ouvrage entre des témoignages d’élèves, des statisti-

ques, l’explication de textes de lois et des données plus scientifiques. Elle les

informe par exemple que 98 % des informations entendues sont oubliées en

quatre semaines si on ne revient pas dessus.

Elle adopte un style indirect libre qui donne l’impression à l’adolescent de

dialoguer avec elle.

Comme nous l’avons indiqué plus haut, on sent à travers le nouveau gra-

phisme adopté par La Martinière jeunesse, la volonté de séduire le jeune lec-

teur : titres courants obliques, couleurs, présence de logos modernes…

Que veulent dire vos rêves ? (collection « Hydrogène »)1

Ici aussi, Hélène Renard part d’un constat pour ensuite en

chercher la cause et fournir des solutions. L’ouvrage explique

dans une première partie les mécanismes scientifiques du

rêve, avant de démontrer comment l’on peut réussir à mieux

se connaître grâce à ses rêves. Elle passe en revue dans une

troisième partie quelques rêves récurrents et en propose une

explication.

L’ouvrage fait davantage penser à un magazine. On y trouve en effet diffé-

rents niveaux de lectures, bien distincts. Les informations sont très segmentées

et issues de sources diverses. Cette organisation permet différentes lectures : on

peut sélectionner l’information que l’on veut lire entre le texte courant, les réfé-

rences littéraires, les données scientifiques et les témoignages d’adolescents.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

33

1.Voir annexe n°4 page IV

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Des ouvrages de poésie contemporaine pour adolescents 1

Le fonds de La Martinière jeunesse compte trois ouvrages de poésie à son

actif. Même si ces trois derniers appartiennent à une rubrique du catalogue inti-

tulée « Des collections pour adolescents », Béatrice Decroix se refuse à parler

d’une collection de poésie. Elle déclare d’ailleurs ne pas avoir décidé de publier

« de LA poésie, mais LES textes de Bernard Friot. » (interview citée en mars

2005 par Le Cri du Hibou, une revue de bibliothécaires suisses).

Après avoir été professeur de lettres, Bernard Friot a dirigé de 1996 à 2000

le Bureau du Livre de jeunesse de l’Institut Français de Francfort. Il se consa-

cre aujourd’hui à l’écriture, à la traduction de textes allemands pour la jeunesse,

à la conception d’expositions et anime en parallèle des ateliers d’écritures.

Pour vivre, presque poèmes (2005)

« Ce que je n’ose pas dire

aveux empêchés

papier déchiré

seule la poubelle connaît la vérité »

Béatrice Decroix a tout d’abord été séduite par « la formidable résonance

que ces textes pouvaient avoir sur un public adolescent : ils parlent à leurs sens,

à leurs interrogations, à leurs émotions simples ou profondes. » Mais, toujours

selon elle, Pour vivre vise un plus large public. C’est pourquoi il n’a pas été édité

sous la marque « De La Martinière Jeunesse ». Le mot « poèmes » a par ailleurs

été retiré de la couverture pour ne pas enfermer les textes dans un genre litté-

raire précis. Cet ouvrage a largement été mis en avant par les professionnels et

a su conquérir un large public.

Les « presque poèmes » regroupés dans l’ouvrage se présentent sous l’as-

pect de textes courts, simples qui évoquent des moments magiques ou doulou-

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

34

1.Voir annexe n°5 page V

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reux, des petites tranches de vie, de grandes interrogations. L’adverbe « pres-

que » est utilisé, non pas parce que les textes ne sont pas aboutis, mais parce

qu’ils ne sont que sensations à peine analysées, hésitations, pensées fulguran-

tes. Ce sont des instantanés jetés sur le papier, criés ou murmurés, des bouts de

dialogues, des monologues sur la vie, des aveux d’amour. Le poids du temps, la

réalité grise du quotidien, la liberté, les petits bonheurs et la violence qui naît

de l’impossible communication sont tour à tour évoqués.

Ces poèmes s’offrent sur des illustrations, réalisées par Catherine Louis,

elles aussi en devenir. Il s’agit de collages, de superpositions de papiers, d’utili-

sation de papier calque créant des effets de transparence, d’encres délavées,

d’aquarelles évaporées, d’imprimés déchirés livrant des bribes de textes. On

remarque également un jeu de couleurs qui veut rapprocher le texte de l’illus-

tration. Catherine Louis joue, à travers l’ouvrage, sur l’oscillation entre abstrac-

tion et figuration, réalisant un objet qui pourrait presque être assimilé à un livre

d’art. La maquette reste en harmonie avec les textes, laissant de grands vides

semblables à de longs silences, des espaces où s’infiltre la réflexion, celle que

chacun choisira.

L’ouvrage est par ailleurs un bel objet. Il est livré sous une épaisse couver-

ture cartonnée accompagnée d’un ruban que l’on doit dénouer pour ouvrir le

recueil. Ce même ruban qui ferme le livre et en fait un objet un peu secret,

comme un journal intime qui recueille nos pensées...

En résumé, l’ouvrage nous offre des expressions concises et percutantes,

dévoile une quête de mots, éblouit par des illustrations abstraites… L’ensemble

est réalisé dans une subtile sobriété. Grâce à cela, ainsi qu’à la fusion du texte

et de l’illustration, l’ouvrage révèle l’élaboration d’un nouveau langage poéti-

que, et a pour objectif d’inciter le lecteur à son tour à prendre la plume. Il

pourra également être utilisé pour des exercices de diction, d’écriture ou en arts

plastiques pour la réalisation graphique, comme le suggère la revue Inter CDI.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

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Presque poèmes, écriture poétique

Pour prolonger la lecture de Pour vivre, Bernard Friot et

Catherine Louis proposent, toujours en 2005, un cahier

d’activités accompagné d’un CD. Tous deux donnent carte

blanche aux amateurs de poésie pour créer leurs propres

textes. Ils offrent en effet, par des activités de création, une

voie pour entrer dans l’écriture. Les mots, les couleurs, les

formes, les graphismes sont à choisir pour confectionner

sa propre œuvre. Le CD propose neuf activités interactives :

- lecture à voix haute

- création d’une composition graphique support pour l’écriture

- mise en scène des « presque poèmes »

- écrire dans un espace bien défini

- des mots, des formes sont impulsés pour lancer l’écriture

- des fonds sonores donnent envie d’écrire

- des traces pour lancer l’écriture

- des contrastes pour jouer sur les oppositions

- des fragments sont proposés pour démarrer un texte

Il permet également d’entendre les poèmes interprétés par l’auteur.

Cet ouvrage s’inscrit par son interactivité et par son graphisme toujours par-

ticulier dans la modernité. Il ouvre de nouvelles perspectives de création. Il per-

mettra aux enseignants de suggérer des activités de création langagières et plas-

tiques, à la fois souples et rigoureuses.

Peut-être oui (octobre 2006)

Ce dernier volume s’adresse toujours à un public

d’adolescents dont il exprime les hésitations, le mal-être,

les élans de vie et de mort. Il trouve son inspiration dans

le quotidien des adolescents. Il veut en effet toucher

l’adolescent et son ancrage dans la ville. Le fil conducteur

du recueil est le thème de l’amour, sans ignorer la mort, la vieillesse, l’angoisse.

Mais le tout est dit avec optimisme.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

36

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On sent en effet le « je » narrateur passer sans cesse d’une humeur à l’autre.

Bien que tiraillé par l’idée de la vieillesse, la peur de l’amour, l’angoisse face à

un monde dur, il rebondit toujours vers un nouveau départ, vers l’avenir.

Les illustrations sont constituées de photo-graphismes, c’est-à-dire de pho-

tographies recomposées à l’ordinateur. Elles suggèrent le paysage urbain et le

froid dans lequel se débat le narrateur. Elisabeth Ferté, l’illustratrice, a voulu

par un jeu subtil des couleurs, composer un univers à la fois lyrique et distan-

cié. Le graphisme moderne joue sur les couleurs, les ombres et la lumière. Par

ce biais, Elisabeth Ferté, veut capter l’attention et l’intérêt des jeunes. Des

tâches de couleurs sur un fond uni forment les contours d’une scène en lien

avec l’idée évoquée par la poésie (le rouge pour la notion de danger, le dessin

d’une gare pour l’intention de partir).

La couverture, tout comme le titre, reprend l’hésitation de l’auteur : faite en

hologramme, elle passe du blanc au noir, du jour à la nuit.

L’ouvrage est un donc un perpétuel jeu visuel, élaboré grâce à la place des

mots dans la page, au choix de la typographie, à l’absence de majuscules et de

ponctuation.

L’Agenda du presque poète1

En 2007, Bernard Friot s’essaie à une formule utilisée précédemment par

Susie Morgenstern et Claude Lapointe : il conçoit L’Agenda du presque poète qui

sortira en librairie le 13 septembre 2007. C’est un ouvrage particulier qui se pré-

sente sous la forme d’un agenda scolaire et qui offre 365 activités d’écriture

pour les 365 jours de l’année. Celles-ci sont autant de clés pour aborder le

monde de la poésie : qu’est-ce qu’un poème ? D’où vient l’inspiration ? À quoi

reconnaît-on un alexandrin ? Et comment, à son tour, composer un poème ?

Chaque page associe une citation d’un écrivain célèbre à une activité d’écriture.

L’auteur donne ainsi les outils pour repérer les jeux poétiques et distinguer les

différents niveaux de lecture d’un poème. Et il offre à tous les poètes en herbe

un espace d’expression intime et ludique pour composer à leur tout.

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

37

1.Voir annexe n°6 page VI

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Beaucoup de poèmes sont cités dans leur intégralité et sont commentés par

Bernard Friot pour apprendre à apprécier pleinement ces textes si particuliers.

Les planches colorées d’Hervé Tullet, illustrateur reconnu dans le milieu des

prescripteurs de littérature jeunesse, viennent également montrer que la poésie

n’est pas qu’une affaire de mots, mais que les couleurs, elles aussi, peuvent pro-

voquer en nous des émotions fortes et justes, susciter des correspondances,

éveiller une musique, un rythme …

Nous pouvons donc constater, dans la description des collections

« Oxygène » et « Hydrogène » et des livres de Bernard Friot, que Béatrice

Decroix a adopté une politique éditoriale particulière. Ces ouvrages demandent

un travail de conception conséquent : réflexion, élaboration de concepts origi-

naux, prise de risque… Leur réalisation également est minutieuse : on s’efforce

de rester à la portée des adolescents. Il faut donc prêter une attention pointue

à ce les auteurs disent, notamment lorsqu’il s’agit d’ouvrages traitant de sexua-

lité. Mais on s’évertue également à ne pas tomber dans l’excès inverse en adop-

tant un langage trop enfantin qui dévaloriserait les lecteurs adolescents.

Comment la défense de tels livres est-elle ensuite prise en charge ? Quel est

le rôle du service presse / promotion ? Quels outils a-t-il à sa disposition pour

offrir un maximum de visibilité à ces ouvrages ?

La baisse du prestige de la lecture chez les adolescents

38

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II.

LE RÔLE DE L’ATTACHÉ DE PRESSE

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Le développement qui suit est principalement issu de ce que j’ai pu faire ou

o b s e r ver au service presse de La Martinière Je u n e s s e. Je suis consciente que le pro -

pos pourrait être différent s’il était question d’une maison d’édition jeunesse d’une taille

plus conséquente ou d’une maison d’édition généraliste.

1. Du côté de la presse

En quoi consiste le métier d’attaché de presse ?

La presse constitue un facteur primordial pour la visibilité d’un ouvrage :

même si aucune étude, aucun chiffre ne peut le confirmer, il est certain qu’un

livre a beaucoup plus de chances d’être repéré et acheté s’il a bénéficié d’arti-

cles dans des journaux. Cela entraîne en effet des répercussions positives en

amont d’une part, car les libraires se fient à la presse pour se faire une première

idée de la qualité d’un ouvrage qu’ils n’ont pas pu lire. Ils savent aussi, bien évi-

demment, que si un ouvrage « fait de la presse », des clients vont demander à le

voir. La critique joue d’autre part un rôle en aval, puisque les clients eux aussi

se fient à la presse. Un article offrira automatiquement une meilleure visibilité

à un ouvrage.

Quelques semaines avant la date de parution, Charlotte Guitard, l’attachée

de presse de La Martinière Jeunesse, reçoit l’ouvrage en cinquante exemplaires.

Par comparaison, son fichier de journalistes compte près de 2 000 contacts. Elle

doit donc effectuer un travail de sélection minutieux. Il s’agit de ne pas envoyer

inutilement un communiqué et un service de presse à des critiques qui ne

relaieront pas l’information. L’activité de la maison d’édition et le contenu véhi-

culé par l’ouvrage doivent être en adéquation avec le média et plus précisément

avec le contenu de la rubrique du journaliste ainsi qu’avec les goûts de ce jour-

naliste. Un bon attaché de presse doit donc maîtriser aisément la grande majo-

rité des noms répertoriés dans son fichier.

Nous touchons ici à une des parties les plus difficiles, mais les plus intéres-

santes du métier d’attaché de presse : il s’agit de mettre en relation le bon

ouvrage avec le bon journaliste, chargé de la bonne rubrique, dans le bon jour-

nal. Pour cela l’attaché de presse se constitue à chaque envoi une liste de

Le rôle de l’attaché de presse

40

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contacts. Certaines maison d’édition bénéficient de logiciels spécialisés ; à La

Martinière Jeunesse, on utilise Excel. Un tableau comportant des listes classe

les noms des journalistes par ordre alphabétique. De nombreuses colonnes

viennent préciser le média pour lequel il travaille (ou les médias s’il s’agit d’un

pigiste), la thématique, la tranche d’âge visée, la spécialité de sa rubrique, la

périodicité. Toute information recueillie est bonne à être répertoriée. Il est utile

de savoir tout ce que le journaliste aime et ce qu’il pense de nos collections afin

de déterminer les ouvrages qu’il ne faut surtout pas lui envoyer ou au contraire

ceux qui vont très certainement lui plaire.

Comment constitue-t-on une liste de presse ? Charlotte Guitard recueille en

permanence des informations auprès du service éditorial. Lorsqu’elle en

détient suffisamment sur les ouvrages en cours de réalisation, elle constitue un

« avant-programme ». Ce dernier présente en une ou deux pages les livres à

paraître dans les prochains mois : titre, auteur, illustrateur, collection, nombre

de pages, prix. Elle l’envoie alors à une sélection de deux cents journalistes avec

lesquels elle travaille régulièrement. Au début de chaque semestre, elle leur

envoie ensuite un programme plus complet qui reprend ces quelques pages et

regroupe également tous les communiqués de presse. À partir de ces docu-

ments, certains journalistes lui font part des titres qu’ils sont désireux de rece-

voir en service de presse ; ils seront intégrés en priorité à la liste de presse.

Viennent ensuite se greffer sur la liste quelques médias incontournables tels

que le Centre de promotion du livre de jeunesse (CPLJ) qui s’occupe de l’or-

ganisation du salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil ou

r i c o ch e t . o r g, le site de référence en matière de littérature jeunesse. Charlotte

Guitard choisit les autres journalistes en confrontant la thématique de l’ou-

vrage à celles des différents médias ex i s t a n t s. Il lui arrive également de pousser

plus loin ses rech e r ches afin d’ajouter quelques titres spécifiques sur la liste.

Pour l’ouvrage Les Bateaux racontés aux enfants, nous avons en effet ch e r ché du

côté des journaux très spécialisés sur la navigation, qu’ils s’adressent ou non

aux enfants.

Enfin le service presse mise sur l’aide souvent astucieuse des dédicaces de

promotion1. Avant chaque sortie d’ouvrage, nous demandons en effet à l’auteur

Le rôle de l’attaché de presse

41

1.Voir page 15

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de nous fournir une dizaine de noms de journalistes parmi ses connaissances.

L’ouvrage leur sera adressé avec une dédicace. Cela représente un intérêt d’une

part parce que l’auteur, qui maîtrise son sujet, peut penser à des médias que

nous ne connaissions pas. D’autre part, s’il connaît suffisamment le journaliste

d’un média que nous n’aurions pas visé (Le Monde, Madame figaro), il pourra

espérer que celui-ci écrive un article.

Il arrive toutefois qu’un titre soit un peu plus problémati-

que. Ensemble est un recueil de nouvelles réalisé à l’initiative

de Susie Morgenstern, auteur jeunesse de renom. Cette der-

nière a en effet été choisie pour être la marraine de la campa-

gne « tsédaka1 » pour le Fonds social juif unifié2 à Nice. Elle a

alors rassemblé autour d’elle neuf auteurs parmi ses amis (et

sa famille !) et a demandé à chacun d’entre eux d’écrire une nouvelle sur le

thème de la solidarité. L’ouvrage est donc empreint de culture juive. La post-

face a été rédigée par un rabbin, les auteurs cèdent leurs droits au Fonds social

juif unifié… Charlotte Guitard a misé sur la prudence des journalistes en ce qui

concerne ce domaine et a opté pour une liste de presse constituée majoritaire-

ment de médias orientés vers la religion ou la culture juives.

La liste de presse peut également être complétée par un envoi ultérieur de

mails. Quelques mois avant les élections, Charlotte Guitard a ainsi sélectionné

quelques centaines de journalistes à qui elle a rappelé l’existence à La

Martinière Jeunesse d’un des seuls ouvrages jeunesse traitant de politique. Le

mail doit être succinct ; en quelques secondes, le journaliste doit voir de quoi il

est question et être en mesure de décider si l’information l’intéresse ou non. La

preuve en est que le « mailing » effectué pour l’ouvrage L’Histoire de Jésus deux

semaines avant la fête de Pâques a été couronné de succès. Nous avons

Le rôle de l’attaché de presse

42

1.« Tsédaka » est un terme hébreu que l’on peut traduire par « charité ». Dans la religion

juive, il symbolise le devoir de justice : ceux à qui Dieu a donné le plus se doivent de rééquili-

brer les richesses en donnant à ceux qui en ont besoin.

2. Le Fonds social juif unifié et les associations sociales adhérentes interviennent en faveur

des personnes âgées, des handicapés, des enfants et adolescents en difficulté, de la lutte contre

l’exclusion et se réfèrent aux valeurs de la tradition juive. Il organise chaque année un appel

national pour la « tsédaka ». Cette opération vise à récolter des dons, mais également à sensi-

biliser toutes les générations à l’importance de la solidarité sous toutes ses formes.

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envoyé les quelques lignes suivantes à une sélection de médias catholiques.

L’objet du mail était en toute simplicité « L’Histoire de Jésus, un livre pour la jeu-

nesse » :

« Madame, Monsieur,

Début mars est sorti en librairie, L’Histoire de Jésus, un ouvrage de Viviane

Koenig, auteur et historienne. Un parallèle passionnant entre faits histori-

ques et récit biblique.

Vous trouverez ci-joint la présentation de l’ouvrage.

N’hésitez pas à nous joindre pour entrer en contact avec l’auteur ou rece-

voir l’ouvrage. »

Le lendemain dix demandes arrivaient. Nous avons à ce jour organisé deux

partenariats avec des radios catholiques et envoyé près de vingt ouvrages. Nous

attendons à présent les retombées presse.

Les différents outils de l’attaché de presse

L’attaché de presse doit se constituer tout un panel d’outils afin de démar-

cher les journalistes.

Le « prière d’insérer » est un court texte de quelques lignes qui se présente

sous la forme d’une brève journalistique et qui est censé pouvoir être repris tel

quel par le journaliste. Il peut par exemple comporter la mention « Vient de

paraître » ainsi que quelques mots sur la parution d’un ouvrage. Il doit avoir un

aspect synthétique et délivrer un maximum d’informations sur l’auteur, le

contenu, ainsi que le lieu et la manière de se le procurer…

Le communiqué de presse est un texte plus conséquent. Son but est d’infor-

mer plus exhaustivement et d’obtenir l’aval du journaliste qui traitera le titre. Il

doit être facilement lisible, à la fois sobre et attractif, et en théorie ne pas dépas-

ser un recto1.

Durant mon stage, Charlotte Guitard m’a confié la réalisation d’un commu-

niqué de presse un peu particulier. À la suite de demandes de plusieurs jour-

nalistes, elle voulait présenter une sélection d’ouvrages pour la rentrée scolaire2.

Le rôle de l’attaché de presse

43

1.Voir annexe n°7 page VII

2.Voir annexe n°8 pages VII et IX

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J’ai en premier lieu constitué une bibliographie à partir des titres à paraître,

des nouveautés de 2006 et 2007, mais également des ouvrages appartenant au

fonds. Il s’agissait principalement de titres des collections « Oxygène » et

« Hydrogène » que les médias et les libraires continuent à faire vivre des années

après leur parution.

Le catalogue propose – au sein de la présentation des collections

« Oxygène » et « Hydrogène » – une rubrique regroupant les ouvrages sur les

études, mais il m’a toutefois fallu le consulter attentivement pour être sûre de

ne laisser échapper aucun titre important ; témoin, l’ouvrage intitulé Trop stressé

que nous avons raccroché à la sélection au tout dernier moment.

Je savais qu’il me faudrait également attribuer une place privilégiée à un

Agenda 2007/2008 réalisé par La Martinière Jeunesse, qui paraîtra le 21 juin

prochain. C’est un agenda qui se présente de manière classique, mais qui offre

de nombreux petits plus : des sélections de DVD, de livres, de bandes dessi-

nées, des recettes de cuisine, des conseils santé-beauté, des jeux… Un site

internet (agendagraphic.com) sera mis en ligne en septembre : on pourra y télé-

charger des cartes de vœux, des motifs de tatouages au henné, des flyers, des

transferts pour les tee-shirts…

J’ai ensuite organisé les différents titres afin de les recouper selon quelques

grands thèmes. Le découpage en collections m’a facilité la tâche. En effet j’ai en

premier lieu séparé les ouvrages selon la tranche d’âge. Mais en définitive seuls

trois s’adressaient aux lycéens. J’ai donc divisé les « Oxygène » selon leurs thé-

matiques. Ainsi se sont constituées trois grandes rubriques auxquelles j’ai attri-

bué des noms. Ces derniers permettront aux journalistes de très vite s’y retrou-

ver :

- Les années collège regroupe des ouvrages généraux.

- Le collège à la loupe regroupe des ouvrages abordant des aspects plus

précis du collège.

- Les années lycées

Un texte plus conséquent au sujet de l’Agenda est venu naturellement

s’ajouter au terme du communiqué.

Même si j’ai très vite abandonné l’idée irréalisable de faire tenir les onze

résumés et visuels de couverture dans un seul recto, la description des ouvra-

ges devait être très brève et relever davantage de notes bibliographiques. La

présentation du livre devait informer en un minimum de mots le lecteur sur le

Le rôle de l’attaché de presse

44

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contenu et l’objectif de l’ouvrage.

Voici par exemple le résumé de Prêts pour la sixième : « Offre une multitude

d’informations sur le choix d’un établissement, la vie au collège, l’emploi du

temps, les matières, les conseils de classe et les nouveaux interlocuteurs des élè-

ves. Pour se familiariser avec la sixième et le monde du collège afin de l’abor-

der avec moins de craintes... et la réussir ! »

J’ai ensuite réfléchi à un message à adresser aux journalistes en guise d’in-

troduction. Il s’agissait de montrer de manière courte mais exhaustive pourquoi

nous faisions ce communiqué et pourquoi il était indispensable… Nous avons

donc décidé de transmettre dans un premier temps l’idée que la rentrée appro-

chait et que les adolescents allaient avoir besoin d’aide pour s’y préparer.

L’objectif était également de faire comprendre que nous avions de nombreux

ouvrages prêts à répondre à cette demande et qu’ils faisaient pour la plupart

partie de deux collections de référence qui connaissent un petit succès depuis

une dizaine d’année. Et enfin nous tenions à préciser que ces livres se présen-

taient sous une forme toute nouvelle et très attractive grâce au « relookage »

récent de nos deux collections-phare.

Enfin j’ai réfléchi à un titre pour le communiqué de presse. Il m’a été souf-

flé par une des nouveautés que nous voulions mettre en avant, Prêts pour la

sixième. J’ai donc opté pour un facile « Prêts pour la rentrée ! », clair et accro-

cheur, qui pourra être repris par les journalistes pour le titre de leurs articles.

La première exigence de mise en page était de garder une cohérence par

rapport aux documents que réalise habituellement Charlotte Guitard. Pour que

les journalistes reconnaissent les communiqués de presse de ce type – diffé-

rents de ceux qui concernent la parution d’un ouvrage – elle utilise une bande

de couleur située à gauche de la feuille. Par ailleurs elle opte pour la police

« Triplex » qui est utilisée pour le logo de La Martinière Jeunesse.

Le plus difficile a été d’organiser les informations de manière claire et cohé-

rente. Il fallait notamment créer une hiérarchie pour l’agenda et Le Collège,

guide de survie, deux « hors-collections ». Une différenciation que nous avons

rendue visible grâce à un à-plat de couleur. Enfin nous avons cherché où pla-

Le rôle de l’attaché de presse

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cer les informations techniques et comment mettre les titres et les deux nou-

veautés en valeur.

Pour parfaire le document, nous avons jugé utile de mettre clairement en

évidence l’objet du communiqué de presse, par la mention « sélection de

livres ».

La réalisation de ce communiqué de presse m’a permis de prendre

conscience de plusieurs aspects du métier d’attaché de presse. Il s’agit d’un

compromis entre bagout et concision. Pour retenir l’attention, il faut être bref,

clair et précis. Le journaliste d’une rubrique particulière doit tout de suite repé-

rer dans le document ce qui l’intéresse. Il n’y a, ici, pas de place pour une lon-

gue argumentation. D’autre part, l’attaché de presse doit de plus en plus effec-

tuer un travail de journaliste, en déterminant ce qui pourrait intéresser les

médias et le leur présenter de manière à ce qu’ils puissent, s’ils sont pressés,

éviter recherches ou rédaction.

J’ai ensuite élaboré une liste de presse à soumettre au jugement de

Charlotte Guitard. J’ai basé mes recherches, au sein du fichier de journalistes,

sur les notions d’éducation, de famille et d’adolescence. J’y ai ajouté des jour-

naux grand public, comme Ici Paris ou Télérama, qui pourraient être notamment

intéressés par le concept de l’agenda. Nous avons éliminé les prescripteurs, en

particulier ceux qui n’étaient absolument pas susceptibles de réaliser un dos-

sier « préparer sa rentrée ». Peu à peu nous sommes arrivés à 130 noms.

Charlotte Guitard avait décidé, grâce à son expérience et à sa connaissance

des médias, que le moment propice pour envoyer ces communiqués était le

mois d’avril. Cependant nous avons dissocié les hebdomadaires et mensuels de

la presse quotidienne. En ce qui concerne cette dernière, les envois se feront

juste avant l’été.

J’ai également adressé le communiqué par mail aux rédactions régionales

d’une émission, diffusée sur France 3, qui présente régulièrement une sélec-

tion d’ouvrages pour la jeunesse : « C’est mieux le matin ».

Les communiqués ont été envoyés par courrier à la fin du mois de mars.

Notre tâche va à présent consister à guetter les réactions de la presse. Nous

n’avons pour le moment reçu aucune demande…

Le rôle de l’attaché de presse

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Le dossier de presse est beaucoup plus conséquent que le communiqué de

presse. Il s’agit d’apporter davantage de précisions et de documentation sur un

sujet particulier. Charlotte Guitard en a réalisé un pour la sortie de l’ouvrage

intitulé Ensemble dont nous avons parlé plus haut. Elle voulait par ce biais offrir

une visibilité plus conséquente à un ouvrage particulier de La Martinière

Jeunesse qui a de gros potentiels, tant par l’originalité du concept que par la

renommée des auteurs.

Le document comprend sept pages1. On y trouve une présentation suc-

cincte de l’ouvrage, suivie de la biographie des dix auteurs et de l’illustrateur,

de l’explication de la naissance du projet, du rôle du Fonds social juif unifié,

ainsi que le résumé rapide de chacune des nouvelles, la préface et la définition

du mot «tsédaka ».

Les différents supports

La presse généraliste

On attend de la presse écrite grand public un premier regard, une première

réaction, avant celle du bouche-à-oreille et des spécialistes comme les biblio-

thécaires ou les enseignants. Cela permet, lors du lancement de l’ouvrage que

ce dernier ne soit pas perdu au milieu de toutes les nouveautés, qu’il ressorte

de la masse. C’est par ailleurs un tremplin qui peut entraîner d’autres articles,

ou susciter une demande de la part des enfants ou des parents.

Un bon article dans un grand journal présente d’autres atouts : c’est une

manière de stimuler l’éditeur, l’auteur, l’illustrateur ; cela peut servir aux com-

merciaux pour convaincre les libraires ; c’est l’économie d’une page de publi-

cité, ce qu’un très grand nombre d’éditeurs ne peuvent se payer.

Exemple de journaux : Le Monde, Télérama, les journaux gratuits (Métro,

20 minutes, Matin plus)

La presse régionale joue également un rôle conséquent. Les journaux de

p r ovince publient en effet des articles plus longs, plus fréquents et plus

a p p r o fondis que la presse nationale. Par ailleurs les auteurs ou illustrateurs

Le rôle de l’attaché de presse

47

1.Voir annexe n°9 pages X à XVI

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implantés dans une région sont connus dans les écoles du département, ce qui

peut encourager aussi bien les enfants que les enseignants.

Exemple de journaux : Ouest France, L’Alsace

La presse spécialisée (en jeunesse mais aussi spécifique à chaque ouvrage :

histoire, nature, etc.)

Un travail approfondi d’un journal spécialisé offre une visibilité importante

à une maison d’édition, encourage les ventes et entraîne de nombreuses réper-

cussions pour l’image d’un catalogue. C’est ici que se reflètera le travail minu-

tieux de l’attaché de presse sur la sélection de journalistes. L’article permettra

de toucher une cible de lecteurs attentifs et passionnés par l’ouvrage, le thème,

la collection, l’auteur, etc.

Exemple de journaux : Je bouquine, Mon quotidien, Historia

La presse professionnelle

Les livres destinés aux enfants et adolescents bénéficient d’un réseau solide

de militants « amoureux », constitués de journalistes, bibliothécaires et libraires

jeunesse, qui permet une vie plus longue aux ouvrages. Ces professionnels sui-

vent assidûment les sorties, défendent leurs auteurs et illustrateurs fétiches et

les mettent en avant dans les revues destinées aux bibliothécaires ou aux ensei-

gnants.

L’appui des revues professionnelles et des libraires jeunesse est donc déter-

minant. Un article dans une revue pour enseignants peut être beaucoup plus

avantageux, avoir des répercussions plus importantes sur le long terme qu’un

article dans un grand quotidien national. De la même façon, un article dans la

revue de La joie par les livres, la bibliothèque spécialisée dans les publications

pour la jeunesse la plus réputée, représente un passeport pour les bibliothè-

ques.

Cette presse joue donc un rôle majeur. Découvreurs et relais, les critiques

offrent la possibilité pour les éditeurs de garder dans leur catalogue leurs livres

d’auteur et de leur assurer une place dans le fonds de bibliothèques et de librai-

ries spécialisées. En outre lorsque les critiques apprécient un catalogue, c’est,

pour l’éditeur, une légitimation, une justification de son travail.

Exemple de journaux : Citrouille, Notes bibliographiques, La Revue des livres

Le rôle de l’attaché de presse

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pour enfants, etc1.

En ce qui concerne la radio et la télévision, le plus utile est de cibler certai-

nes émissions précises susceptibles de présenter des ouvrages destinés aux

enfants ou aux adolescents.

Les radios régionales « France Bleu » par exemple sont très demandeuses.

L’émission de France Inter « Déjà debout, ou pas encore couché » diffusée tous

les samedis matin de 5h à 6h demande régulièrement à interviewer certains

auteurs connus de La Martinière Jeunesse, comme Michel Piquemal ou Philip

Plisson.

Nous envoyons également tous nos ouvrages à l’émission « Les Maternelles »

diffusée sur France 5. Ils sont très régulièrement chroniqués même si cela peut

avoir lieu longtemps après l’envoi du livre.

Établir un plan de communication

Charlotte Guitard a l’intention de valoriser tout particulièrement l’ouvrage

L’Agenda du presque poète2 lors de sa sortie à la rentrée 2007. Un ouvrage de poé-

sie ne peut en effet « se vendre » seul ; du fait de la frilosité des journalistes, des

libraires et des lecteurs devant ce genre, ce titre nécessite en effet une promo-

tion privilégiée. D’autre part, c’est un projet qui tient très à cœur de Béatrice

Decroix : elle s’y est investi personnellement. Enfin, Hervé Tullet, l’illustrateur,

est très apprécié des prescripteurs. Ses dessins abstraits et éclatants de couleurs

font parler les enfants ; ses ouvrages sont d’ailleurs souvent utilisés par les

orthophonistes… L’Agenda du presque poète a donc un gros potentiel. Il s’agit

également de lui apporter le même succès que ses deux prédécesseurs :

L’Agenda de l’apprenti écrivain et L’Agenda de l’apprenti illustrateur.

Charlotte Guitard veut commencer à promouvoir l’ouvrage avant sa sortie et

avant même qu’il ne soit disponible en service de presse (en principe vers la fin

du mois d’août). Elle m’a chargé d’établir un plan de communication, c’est-à-

dire de définir ce que nous voulons communiquer, sous quelle forme, auprès de

qui et dans quels délais. Je tiens à préciser que je suis actuellement en train d’y

travailler et que ce qui suit n’a donc pas encore été validé…

Le rôle de l’attaché de presse

49

1.Voir page 37

1.Voir annexe n°10 page XVIII

Page 50: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

J’ai décidé de réaliser un document qui transmette l’idée que les adoles-

cents ne sont pas forcément rebutés par la poésie, qui mette l’ouvrage en avant

et qui donne une nouvelle visibilité aux trois précédents ouvrages de Bernard

Friot, ainsi qu’à l’exposition qui est organisée autour de son ouvrage Pour vivre1.

Cette dernière ne s’est en effet pas encore révélée rentable : elle n’a pour le

moment été louée que huit fois depuis janvier 2006…

Ces informations étant relativement différentes, je pense qu’elles doivent

être un minimum séparées les unes des autres. J’ai donc décidé de réaliser un

dossier de presse pour la promotion de l’ouvrage. Il comprendra quatre pages

(recto). La première présentera rapidement l’agenda au moyen de quelques

lignes d’accroche, d’un visuel de couverture, d’informations techniques et peut-

être de biographies synthétiques de Bernard Friot et Hervé Tullet. Une seconde

page comportera un texte rédigé à la manière d’un article de journal sur les ado-

lescents et la poésie. En voici la première ébauche :

« En 2006, à la bibliothèque de Caen, des élèves de quatrième rencontrent

Bernard Friot et découvrent à cette occasion que la poésie ne se borne pas à

étudier en cours les œuvres de poètes disparus. Ils touchent du doigt le proces-

sus de la création littéraire et réalisent qu’écrire un poème n’est pas nécessai-

rement difficile et rébarbatif, mais peut être un moyen de libérer ses émotions.

En quelques heures, ils sont devenus de jeunes apprentis-poètes…

D’ailleurs qui a dit que les ados n’aimaient pas la poésie ? Il suffit d’un petit

coup d’œil sur lexode.com, la première communauté du web des 12-25 ans,

pour lire près de 10 000 poèmes rédigés par les internautes !

Pourtant, actuellement, très peu d’éditeurs se risquent sur le chemin de la

poésie pour adolescents… »

Une autre page expliquera plus en détail le projet de l’agenda en donnant

des exemples d’activités. Une dernière page rappellera l’existence des trois

autres livres de poésie de Bernard Friot et de l’exposition.

En ce qui concerne la forme du dossier de presse, je voudrais, tout au long

du document, donner une place importante aux illustrations d’Hervé Tullet.

Le dossier de presse sera accompagné d’une lettre que je personnaliserai en

fonction de chaque type de destinataire. Pour quelques médias (Okapi, Je bou -

quine, Le Monde des ados...), je voudrais également y joindre une proposition de

partenariat.

Le rôle de l’attaché de presse

50

1.Voir page 53

Page 51: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

Je souhaite adresser ce dossier de presse à quatre publics distincts : la presse

(médias spécialisés en poésie, prescripteurs, revues pour adolescent, presse

quotidienne), les librairies spécialisées en poésie et en jeunesse, les différents

organismes dont la démarche est tournée vers la poésie (maisons de la poésie,

associations et festivals divers…), les lycées possédant un club de poésie.

L’ouvrage sortira en librairie le 13 septembre 2007. Selon moi, ce dossier de

presse devrait donc être envoyé le plus rapidement possible : dès mi-juin si les

délais de réalisation pouvaient le permettre… Certains magazines sont en effet

déjà en train de terminer leur numéro de nove m b r e. En ce qui concerne la presse

q u o t i d i e n n e, les institutions et les librairies, je pense que nous pourrons leur

e n voyer un peu plus tard, aux alentours de la seconde moitié du mois de juillet.

2. Du côté de la promotion

Charlotte Guitard effectue également tout un travail de promotion des ouvrages de

La Martinière Jeunesse. Dans certaines entreprises, attaché de presse et chargé de pro -

motion peuvent cependant constituer deux métiers à part entière.

Pour favoriser la visibilité de certains ouvrages, l’attaché de presse peut orga-

niser des opérations ponctuelles. Il doit pour cela trouver un lieu d’accueil en

adéquation avec l’ouvrage ou la collection en question. Il peut s’agir d’un lieu

symbolique ou d’un lieu pris en charge par un personnel avide de défendre l’ou-

v r a g e. Il faut ensuite définir la nature de l’opération. S’agit-il d’une conférence

sur la thématique de l’ouvrage, d’une présentation de l’ouvrage, d’une lecture,

d’un atelier d’écriture ? L’événement s’adresse-t-il uniquement aux enfants, uni-

quement aux adultes (prescripteurs, professeurs…) ? Peut-on organiser quelque

chose qui s’adapte à tous les publics ? Quelles sont les capacités, les disponibi-

l i t é s, les compétences et les envies de l’auteur ? Il faut également opter pour une

date opportune en fonction des disponibilités de chacun. Un week-end est évi-

demment le meilleur moment, mais il faut faire attention à ce qu’il ne se situe

pas pendant des vacances scolaires ou un week-end prolongé.

Une fois le lieu et le sujet cernés, il s’agit de communiquer l’information

afin d’assurer un certain succès à l’événement. Qui décide-t-on d’inviter ? Fait-

on des annonces publiques afin de mettre au courant un maximum de person-

Le rôle de l’attaché de presse

51

Page 52: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

nes ? Au sein de quels journaux peut-on essayer de diffuser l’information ?

Faut-il faire des envois papier ou des mailings ? Faut-il confectionner des affi-

ches pour les bibliothèques, envoyer des communiqués aux écoles, collèges et

lycées ?

Autant de questions qu’il faut méticuleusement se poser avant de se lancer

dans l’organisation d’une opération, si l’on ne veut pas qu’elle se révèle inutile.

L’organisation d’une opération autour de la sortie de l’ouvrage Ensemble

Charlotte Guitard voulait promouvoir tout particulièrement l’ouvrage

Ensemble afin de lui offrir un maximum de visibilité. Comme nous avons déjà

eu l’occasion de le préciser, le recueil de nouvelles présente un fort potentiel du

fait de la notoriété de ses auteurs. L’idée était donc d’exploiter ce potentiel pour

assurer à l’ouvrage le succès attendu. En concertation avec trois des auteurs,

Susie Morgenstern, Elisabeth Brami et Yaël Hassan, Charlotte Guitard a tout

d’abord cherché un lieu symbolique pour l’organisation de l’opération. Elle a

opté pour le musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris qui propose régu-

lièrement des conférences, des rencontres, des ateliers et des lectures.

Sa volonté de départ était d’organiser un atelier d’écriture, en présence de

Susie Morgenstern, pour les enfants des journalistes. Cependant, l’événement

ne pouvait être organisé qu’à partir du 24 juin 2007, soit presque trois mois

après la parution de l’ouvrage. Les articles assurant la visibilité de l’ouvrage à

ses débuts en librairie ne seraient de ce fait plus d’actualité ; les journalistes ne

pouvaient donc plus être la seule cible. La portée de l’événement a donc été

élargie au grand public. En définitive, la rencontre alliera une lecture de trois

nouvelles par leurs auteurs respectifs à une discussion sur la littérature jeu-

nesse et la solidarité.

Une fois la nature de l’intervention bien définie, nous avons tenté de com-

muniquer l’information au public concerné. Charlotte Guitard a rédigé un

communiqué de presse présentant l’ouvrage et le thème de la rencontre. Elle

l’a par la suite décliné en vue des différents usages que nous voulions en faire.

Une affiche sera envoyée aux bibliothèques jeunesse de la ville de Paris. Ces

dernières pourront ainsi, si elles le désirent malgré le caractère religieux de

l’ouvrage, effectuer leur rôle de médiateur plus facilement. Les journalistes

recevront le communiqué accompagné d’un carton d’invitation. Ici nous avons

Le rôle de l’attaché de presse

52

Page 53: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

rencontré quelques difficultés : nous n’avons pas pu obtenir du musée que

l’entrée soit gratuite… Le carton a été réalisé uniquement afin que les journa-

listes s’attardent sur le courrier et ne le considèrent pas comme un banal com-

muniqué de presse à ajouter sur leur pile. Le prix de l’entrée au musée a été

indiqué sur le carton pour ne pas tromper le journaliste. Charlotte Guitard a

cependant précisé à plusieurs d’entre eux qu’elle pourrait leur obtenir un lais-

sez-passer1.

Pour vivre, presque poèmes : une exposition qui donne à voir, à entendre età créer

La Martinière Jeunesse et l’association « Tant qu’il y aura des livres » ont

organisé une exposition des textes de Presque poèmes et Pour vivre, qui circule en

France depuis janvier 2006. Elle a été conçue par Catherine Louis et Bernard

Friot, l’illustratrice et l’auteur des ouvrages et réalisée par Jean-Pierre Louis.

L’ exposition s’organise autour de cinq carrousels : le visiteur peut faire

tourner le cylindre extérieur sur lequel sont imprimés les textes pour trouve r

les correspondances avec les fonds imprimés sur le cylindre intérieur. Grâce à

ce système, le fond échappe ou rencontre le texte original à mesure que tourne

le carrousel. Les mots prennent alors du sens ou deviennent plus abstraits. Ils

se rencontrent, se lient, se superposent. Le cd-rom de l’ouvrage Presque poèmes

est mis à la disposition des visiteurs pour leur permettre de réaliser en toute

Le rôle de l’attaché de presse

53

1.Voir annexe n°11 pages XVII et XIX

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autonomie leurs propres poèmes. Un diaporama projeté sur un écran présente

et explique le fonctionnement de cet outil pédagogique et permet de voir les

fonds accompagnés de compositions sonores.

L’exposition a donc pour but d’utiliser la lumière et le multimédia pour

mettre en place une lecture différente des poèmes.

Elle s’attache à amener les adolescents à la lecture et à l’écriture de poésie

et connaît régulièrement de petits succès, comme en témoigne le récit relatant

le déroulement de l’exposition dans la ville de Caen (revue Tirelivre de 2006). La

bibliothèque municipale l’a accueillie en mars 2006 à l’occasion du printemps

des poètes. Les bibliothécaires ont pu constater à quel point les visiteurs étaient

attirés par la forme du carrousel. Plusieurs enseignants de la ville se sont prê-

tés au jeu en donnant à lire certaines des œuvres de Bernard Friot à leurs élè-

ves. Ces derniers ont ensuite étudié les illustrations en art plastique et se sont

mis à réaliser eux-mêmes quelques œuvres. Après ce travail de préparation, ils

se sont rendus à l’exposition où ils ont pu rencontrer Bernard Friot et l’écouter

leur lire quelques passages de son futur ouvrage et même leur livrer certaines

parcelles de son intimité. Cette rencontre a galvanisé les élèves : ceux qui

n’avaient pas commencé à écrire ont soudain trouvé la motivation, les autres

ont peaufiné leur travail. Tous les élèves ont réalisé au moins un poème. Le

bilan de ce travail a été très positif. Les élèves ont découvert que la poésie ne se

bornait pas à étudier en cours les œuvres de poètes disparus. Ils ont rencontré

un poète bien vivant, ils ont touché au processus de création littéraire et réalisé

qu’écrire un poème n’était pas forcément rébarbatif, mais pouvait être un

moyen de libérer ses émotions.

L’ a t t a chée de presse en poste avant Charlotte Guitard, Dorothée Leclerc, a

suivi la conception et l’élaboration de toute l’exposition. Elle en a ensuite orga-

nisé la promotion. L’objectif était de diffuser l’information d’une part auprès des

médias susceptibles de la relaye r et d’autre part auprès d’institutions suscepti-

bles de louer l’exposition. Elle a donc effectué des rech e r ches afin de trouve r

une liste des revues spécialisées de poésie, des maisons de la poésie, des librai-

ries spécialisées. Elle a également ajouté à ces contacts les prescripteurs jeu-

n e s s e, tels que Livres jeunes aujoud’hui, Inter CDI ou La revue des livres pour

e n f a n t s. Elle a en parallèle conçu un dépliant de présentation à leur adresser.

Le rôle de l’attaché de presse

54

Page 55: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

Par ailleurs à chaque location de l’exposition, elle organisait une communi-

cation particulière pour informer les médias et les inviter à l’inauguration.

Une opération de rentrée autour des collections « O x y g è n e » et« Hydrogène » organisée avec le service promotion de La Martinière.

En 2007, les deux collections-phare de La Martinière jeunesse ont été

« relookées ». Plusieurs ouvrages du fonds ont ainsi été remaquettés et paraî-

tront en septembre prochain. Le 30 août, sortira également en librairie un

Adoquiz. Il s’agit d’un ouvrage proposant des tests aux élèves de cinquième,

quatrième et troisième. Au sein de chaque niveau d’étude, il existe trois niveaux

de difficultés et neuf thèmes différents : art, histoire/géographie,

littérature/BD, français, sciences, nature, musique, sports, cinéma/télévision et

vie quotidienne.

Afin de promouvoir cet ouvrage et les nouvelles maquettes des deux collec-

tions, le service promotion organise en librairie une opération particulière en

septembre 2007, à l’occasion de la rentrée des classes. L’objectif est la mise en

place des nouveautés, la valorisation des ouvrages refondus et du fonds des

deux séries. Pour tout achat d’un « Oxygène » ou d’un « Hydrogène », le client

recevra un Miniquiz, un petit livret comprenant un extrait de l’Adoquiz : deux

tests par niveau d’étude, soit 54 questions. Un présentoir véhiculera l’informa-

tion : huit titres pourront y être installés en « facing » (de manière à ce que l’on

voit la couverture de l’ouvrage et non sa tranche). La maison d’édition envisage

pour le moment l’installation de 200 présentoirs.

Par ailleurs, un publi-rédactionnel sera présent à la fois dans les journaux

L’Actu et Mon quotidien. Il s’agit de quatre pages présentées comme le dossier

d’un journaliste, mais rédigées par la maison d’édition. La Martinière Jeunesse

achète un emplacement publicitaire aux deux journaux. Le document compor-

tera une interview de Béatrice Decroix, un historique des collections et de la

refonte. Le propos sera axé sur la période de la rentrée : « Soyez armés pour

démarrer une nouvelle année… ». On profitera également de cet espace pour

ajouter une rubrique présentant les autres nouve a u t é s : « La Martinière

Jeunesse, c’est aussi… »

Le rôle de l’attaché de presse

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3. L’organisation de partenariats

Qu’est-ce qu’un partenariat, comment le met-on en place ?

Un partenariat est un échange de marchandises entre deux entreprises, ici

entre la maison d’édition et un média (journal, radio, télévision, site internet).

Le média nous offre un espace où présenter un de nos ouvrages pendant une

période définie. La maison d’édition met à sa disposition un certain nombre

d’exemplaires qu’il peut faire gagner à son public. Un partenariat prend donc

la plupart du temps l’aspect d’un jeu-concours. Sa forme varie. Le participant

peut avoir à répondre à une ou plusieurs questions ; il peut aussi simplement

communiquer au média ses coordonnées. Dans le premier cas le ou les

gagnant(s) est (sont) déterminé(s) par leur rapidité (il s’agit par exemple des cinq

premiers à avoir répondu correctement) ou par tirage au sort. Ce dernier pro-

cédé est bien entendu toujours utilisé dans le second cas de figure.

La maison d’édition demande en échange du don de livres la présence de

certains éléments sur le support du média. L’intitulé de l’ouvrage et le nom des

éditions doivent toujours être cités. On peut ajouter un résumé, le visuel de

couverture et une illustration d’intérieur (sauf pour la radio, bien entendu), un

lien vers notre site internet (en ce qui concerne les espaces web), ou une inter-

view de l’auteur.

À La Martinière Jeunesse, j’ai pris en charge les petits partenariats, c’est-à-

dire ceux qui ne mettent pas en jeu plus de quinze exemplaires d’un ouvrage.

Les partenariats plus conséquents sont organisés par le service commercial.

Il arrive que le média soit demandeur : il veut faire gagner un de nos ouvra-

ges à son public. Dans ce cas, nous pouvons plus facilement négocier un mini-

mum d’ouvrages contre un maximum d’informations. Les radios régionales

France Bleu sont par exemple très demandeuses ; elles n’offrent cependant pas

une visibilité très conséquente. Il s’agit en effet la plupart du temps de chroni-

ques ponctuelles qui durent entre cinq et vingt minutes et au cours desquelles

l’ouvrage n’occupera donc en réalité que quelques minutes d’antenne.

Le rôle de l’attaché de presse

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Mais la plupart du temps, c’est à nous de suggérer l’idée aux médias.

Comme nous l’avons vu plus haut, il faut s’appliquer à viser le bon média, à

contacter la bonne personne, avec le bon ouvrage. Plus encore que pour l’en-

voi d’un service de presse, il faut que l’ouvrage paraisse de toute évidence fait

pour le média. Il doit donc être en parfaite adéquation avec la thématique de ce

dernier. Et même dans ce cas, ce n’est pas certain que le média soit immédiate-

ment convaincu. KTO TV est une chaîne de télévision du satellite de confes-

sion catholique. Une de ses émissions « Pourquoi, parce que » est destinée aux

enfants. Mais malgré cela, la responsable des partenariats voyait mal comment

intégrer un concours autour de L’Histoire de Jésus à ses programmes…

En réalité, il faut aborder le média avec plus qu’une simple proposition,

sans toutefois donner l’impression que tout était déjà préparé en vue d’un

accord, qu’il n’a presque plus son mot à dire. La démarche consiste à convain-

cre la personne que l’on contacte que notre ouvrage s’adapte parfaitement à

une rubrique / émission particulière. Que ce serait une grosse opportunité pour

lui de proposer un jeu autour de notre ouvrage. On doit s’efforcer de lui expli-

quer sous quelle forme précise cela pourrait se faire. L’objectif est que le média

n’ait pas à chercher lui-même où, quand, comment et pourquoi organiser le

concours. On s’attache à proposer un nombre précis d’exemplaires contre un

nombre précis de passages dans une émission définie, sous une forme explicite.

Il y a donc dans l’organisation de partenariats une grande partie de recherche

de médias, synonyme de veille permanente, de lecture de la presse, de connais-

sance des programmes de télévision et de radio, d’exploration du web. Lorsque

l’on pense qu’un média pourrait correspondre à l’un de nos ouvrages, on entre-

prend de repérer s’il organise déjà des jeux-concours et sous quelle forme. Le

cas échéant on s’efforce de trouver comment le jeu pourrait s’intégrer au sup-

port.

L’exemple de e-historia.net

E-historia.net est un site internet d’histoire destiné aux enfants. Au sein

d’un graphisme très enfantin, il propose différentes informations. On peut y

lire un ouvrage sous la forme d’un feuilleton, consulter une sélection de livres

ou de portraits de personnages historiques et tester ses connaissances en

répondant à un quiz.

Un an auparavant, La Martinière Jeunesse avait organisé un jeu en partena-

Le rôle de l’attaché de presse

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riat avec ce site, autour d’un ouvrage de la collection « La Vie des enfants »

consacré à l’Égypte. J’ai donc contacté Sabrina de Dinechin, la responsable du

site, afin de lui proposer d’organiser une opération similaire autour de La

Conquête du Far West. Cet ouvrage fait également partie de la collection « La Vie

des enfants ». L’auteur, Françoise Perriot, propose de remonter au fil des pages

aux sources de l’histoire des États-Unis et du rêve américain. L’idée semblait

plaire à Sabrina de Dinechin, sans toutefois l’enthousiasmer. J’ai donc cherché

et retrouvé tous les termes de l’ancien partenariat, ainsi que le principe du jeu.

Il s’agissait d’un quiz comprenant dix questions sur la thématique de l’ouvrage.

L’annonce du concours apparaissait dans une fenêtre « pop up » (seconde fenê-

tre) qui comprenait également le visuel de l’ouvrage. Un lien permettait d’accé-

der aux dix questions. Le jeu était également accessible depuis la rubrique « Le

quiz d’Hérodote ». Le concours s’était déroulé sur un mois. Les dix premiers

enfants à répondre correctement avaient remporté l’ouvrage. J’ai également

retrouvé un mail que Sabrina de Dinechin avait adressé à mon prédécesseur et

dans lequel elle lui annonçait le bilan du jeu qu’elle trouvait excellent : 660 par-

ticipants. J’ai ainsi pu lui envoyer un mail lui détaillant le principe et l’organi-

sation du concours tout en lui rappelant son petit succès.

Elle m’a alors immédiatement répondu en me proposant une date : le jeu

sur le Far West a donc été mis en ligne sur le site du 27 avril au 25 mai1.

La polyvalence de l’attaché de presse

Un attaché de presse doit, pour organiser des partenariats, se tenir au cou-

rant de tous les types de média – de la presse écrite au web et des émissions

consacrées à la navigation aux magazines féminin – qui existent et apprendre à

jongler aisément avec leurs dissemblances. Cela permet à un ouvrage d’être

présent sur des supports aux publics différents et donc d’obtenir une meilleure

visibilité.

L’exemple de l’ouvrage La Cuisine des ados : de France Culture à un site des-

tiné aux adolescentes

Renée Elkaïm Bollinger anime tous les dimanche de 12h à 12h30 sur France

Culture une émission de cuisine intitulée « De bouche à oreille ». Elle y pré-

sente des livres de recette, mais élargit également son propos en abordant la

Le rôle de l’attaché de presse

58

1.Voir annexe n°12 pages XX à XXII

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cuisine sous un angle sociologique.

Destiné aux enfants à partir de 13 ans, La Cuisine des ados,

que La Martinière Jeunesse a réimprimé en janvier 2007,

s’engage à répondre à plusieurs questions. Que veut dire

« manger équilibré » ? Qu’est-ce que les adolescents peuvent

cuisiner quand ils invitent leurs amis ? Pourquoi ont-ils tou-

jours faim ? L’ouvrage jongle donc avec des ingrédients

variés : informations pratiques (Les ustensiles qui changent tout / Courses, mode

d’emploi), idées de recettes simples et peu communes, conseils diététiques. Il

cherche par ailleurs à comprendre comment la volonté d’indépendance des

adolescents se reflète sur leur comportement alimentaire.

Je voulais donc proposer à Renée Elkaim Bollinger de présenter cet ouvrage

dans son émission. C’était une manière de toucher un public déjà intéressé par

les spécificités de la gastronomie. Cela pouvait notamment permettre à l’ou-

vrage d’obtenir une visibilité auprès de parents ou de grands-parents d’adoles-

cents. Je lui ai adressé l’ouvrage sans toutefois mentionner trop ouvertement le

terme de partenariat au cas où cette idée la rebute. Il s’est avéré que l’ouvrage

l’intéressait et qu’elle souhaitait inviter l’auteur pour parler de son livre.

Malheureusement, nous n’avons pour le moment pas encore abouti à une opé-

ration concrète. En effet, du fait d’une pénurie de techniciens, l’émission fonc-

tionne pour le moment uniquement avec des rediffusions. Il nous faudra reve-

nir vers elle au mois de septembre…

La Cuisine des ados est également un livre qui peut séduire directement les

adolescents ; un livre qu’ils peuvent avoir envie de se procurer s’il croise leur

chemin. Nous avons donc entrepris d’organiser la rencontre…

Mood.fr est un site internet géré par Jessica Pierronnet, une journaliste de

Pédagogies Magazine – une revue qui s’adresse aux parents d’adolescents. Il

cible les adolescentes en leur proposant diverses rubriques sur des thèmes qui

leur sont chers : beauté, psychologie, sortie, sexualité… Il comporte également

un forum et une rubrique « concours » par le biais de laquelle les visiteurs peu-

vent gagner des DVD, des places de cinéma, des produits de maquillage ou des

livres. Nous avons donc proposé à Jessica Pierronnet, avec qui La Martinière

Jeunesse a déjà travaillé à plusieurs reprises, d’organiser un jeu autour de La

Cuisine des ados. L’ouvrage est resté trois semaines sur le site dans la rubrique

Le rôle de l’attaché de presse

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« concours » et a fait une apparition en page d’accueil durant trois jours.

Comme Jessica Pierronnet ne pouvait organiser ce concours pour moins de

quinze exemplaires, nous avons obtenu la présence non seulement du titre et

du visuel de couverture mais également d’un résumé d’une dizaine de lignes

(que nous lui avons fourni) ainsi que la présence de notre logo et d’un lien vers

notre site internet. Le concours comportait deux pages1 : l’une avait comme

fonction de présenter l’ouvrage, la seconde comportait trois questions – relati-

vement symboliques, au vu de leur simplicité ! Un tirage au sort a départagé les

quinze gagnants.

Ce jeu a remporté un vif succès : 4 200 internautes ont tenté leur chance !

Le suivi des partenariats

Dans l’organisation d’un partenariat, le plus laborieux reste de trouver un

média qui accepte la proposition que nous lui faisons. Il est cependant néces-

saire, une fois l’accord prononcé, de mettre en place un suivi solide. En ce qui

concerne les journaux et les sites internet, la démarche consiste à demander à

visualiser les feuilles avant leur publication, afin d’effectuer quelques correc-

tions. Il est par exemple déjà arrivé que le nom de la maison d’édition soit faux !

Dans le cas de « mood », nous avons en effet demandé à Jessica Pierronnet de

mentionner également « Éditions De La Martinière Jeunesse » sur la seconde

page du concours. Nous devons par ailleurs contrôler la présence effective de

notre ouvrage sur le support concerné. Cela se révèle néanmoins impossible en

ce qui concerne la radio et la télévision. À la suite de problèmes financiers, La

Martinière Jeunesse n’a plus d’entreprise qui contrôle sa présence sur ces deux

médias… Une fois le concours achevé, il nous faut obtenir la liste des gagnants.

Charlotte Guitard préfère en effet que ce soit la maison d’édition qui leur

envoie directement les ouvrages afin de minimiser le risque de perte et de dété-

rioration des livres. Au cours de certaines périodes, il arrive que l’on jongle avec

cinq ou six partenariats, à des stades d’avancement différents. Il devient néces-

saire de vérifier systématiquement que l’on n’oublie rien. J’ai pour cela conçu

une feuille type à remplir une fois qu’un partenariat a été accepté2. Elle rensei-

gne sur les dates du concours, la date où la feuille doit éventuellement être

visualisée, puis celle où elle a été communiquée et validée, celle où la liste des

Le rôle de l’attaché de presse

60

1.Voir annexe n°13 pages XXII à XXV

2.Voir annexe n°14 page XXVI

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gagnants doit être demandée et enfin celle où les livres ont été envoyés. Cela

évite les confusions et les incertitudes et résume tout ce qui doit être fait en

quelques lignes.

Il est également nécessaire de classer et d’archiver toutes les informations.

Il faut en effet pouvoir retrouver les renseignements relatifs aux concours orga-

nisés dans le passé. Cela peut se révéler très utile à la sortie de nouveaux ouvra-

ges dans une collection. Quels médias avaient accepté d’organiser une opéra-

tion autour des différents titres de la collection ? Combien d’exemplaires

avions-nous fournis ? Avec qui avions-nous pris contact ? Le résultat avait-il été

satisfaisant ? Dans mon cas, retrouver les renseignements relatifs au site e-his-

toria.net s’est révélé fructueux.

Les partenariats sont classés par ouvrage puis par média. Une fiche1 est réa-

lisée. Elle comporte le nom du contact, le partenariat proposé, les dates où il a

eu lieu, le nombre d’exemplaires que nous avons fourni et l’avancement des

« négociations » dans son intégralité. Nous dressons également le même type de

fiche pour les opérations qui n’ont pas abouti, afin de ne pas faire la démarche

auprès du même média une seconde fois sans résultat. On y joint les différents

mails échangés ainsi qu’un exemplaire du concours si nous pouvons y accéder.

Nous avons également créé un tableau « à savoir » qui comporte divers rensei-

gnements sur des médias à ne pas contacter pour ce genre d’opération. Par

exemple France Info ne fonctionne qu’avec de gros échanges publicitaires indé-

pendants des émissions ; Phosphore, une revue destinée aux lycéens, organise

des partenariats mettant en jeu minimum soixante ouvrages.

L’attaché de presse s’efforce donc d’offrir une visibilité conséquente à cha-

cun des ouvrages de la maison d’édition. L’objectif est de mettre en relation un

titre avec le public auquel il se destine. Mais dans quelle mesure le rôle de l’at-

taché de presse atteint-il son objectif en matière de littérature pour adoles-

cents ? Comment peut-il réconcilier les jeunes avec la lecture ? Les outils du

service presse / promotion peuvent-ils aider à revaloriser l’image du livre ?

Le rôle de l’attaché de presse

61

1.Voir annexe n°15 page XXVII

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III.

LA RECHERCHE DENOUVEAUX SUPPORTS

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1. La presse pour adolescents est-elle une bonne cible ?

Une étude du Syndicat de la presse des jeunes, publiée dans le numéro de

Livres Hebdo du 9 mars 2007, nous informe que la littérature jeunesse est peu

médiatisée. Elle est en effet presque absente des grands médias pour adultes.

Cependant, chaque année, un bon tiers des nouveautés bénéficie d’articles

dans la presse spécialisée jeunesse. Ces critiques sont d’une grande importance

pour le succès d’un titre. En effet les lecteurs de ce type de presse suivent les

conseils de lecture qui leur sont proposés. La presse jeunesse a par ailleurs la

particularité de présenter des chroniques régulières ; chaque numéro en com-

porte. Pour cela les revues ont la plupart du temps créé une rubrique entière-

ment destinée à la littérature. Les chroniques sont par ailleurs souvent complé-

tées par une interview ou une biographie de l’auteur ou de l’illustrateur.

L’étude détermine la répartition de ces titres chroniqués :

- 16 % des titres sont présentés dans des magazines d’éveil ;

- 10 % dans des magazines pour enfants (on entend par là des magazines de

premières lectures) ;

- 28 % dans des magazines pour les juniors (c’est-à-dire pour les lecteurs

confirmés) ;

- 46 % dans des magazines pour adolescents ou jeunes. La moitié des titres

est présentée dans des revues destinées aux jeunes de 11 à 15 ans, tandis que

l’autre l’est dans des revues destinées aux jeunes adultes.

Les ouvrages destinés aux adolescents sont donc bien représentés dans la

presse spécialisée.

Mais ces magazines sont-ils achetés et donc lus par le public qu’ils visent ?

L’étude du Syndicat de la presse des jeunes nous informe que si 85 % des ache-

teurs de presse spécialisée ont en effet moins de 12 ans, les adolescents ne

représentent cependant que 15 % des acheteurs. Comme nous l’avons vu

page 26 ces derniers préfèrent en effet se tourner vers d’autres loisirs…

Cela ne signifie pourtant pas que les adolescents ne lisent pas de journaux,

ni de revues. Vers quelle presse se tournent-ils alors ?

La recherche de nouveaux supports

63

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En ce qui concerne la presse quotidienne, on remarque que les adolescents

se sont tournés ces dernières années vers la presse gratuite. Ils se sont en effet

peu à peu désintéressés de la presse quotidienne payante. Selon une enquête

de l’association « Études et Unité de Recherches Opérationnelles de la Presse

Quotidienne », les adolescents ne représentent en 2004 plus que 16,7 % des lec-

teurs de presse nationale contre 23,7 % en 1994. Et selon une enquête réalisée

par Marie-Christine Lipani-Vaissade, maître de conférence à l’université Michel

Montaigne Bordeaux 3, la presse gratuite arrive en tête des quotidiens lus par

les adolescents. Des questionnaires et des entretiens (auprès d’adolescents) ont

permis de comprendre pourquoi. Cette préférence se justifie par l’offre diffé-

rente de cette presse. L’actualité est traitée d’une manière rapide et est rythmée

par des articles courts. Ces quotidiens rendent donc l’information plus accessi-

ble. La maquette est ludique et dynamique, l’information rarement commentée.

Les gratuits replacent par ailleurs le lecteur adolescent au centre de l’énoncia-

tion en abordant des problématiques qui concernent la jeunesse. Enfin, le lan-

gage est adapté à un public adolescent : il s’agit de retranscrire les faits avec des

phrases courtes et simples.

Le numéro de Lecture jeune de mars 2007 nous livre par ailleurs les résultats

de deux enquêtes nationales réalisées en 2006 sur la presse magazine et son

public adolescents :

- L’enquête Conso Junior a été réalisée sur un échantillon de 7 000 enfants

de 2 à 18 ans et s’intéresse aux magazines qui leur sont destinés.

- La seconde enquête a été réalisée pour le compte de l’association des édi-

teurs de presse magazine sur un échantillon de 20 000 Français de 15 ans et

plus. Elle porte quant à elle sur les magazines destinés aux adultes.

Ces enquêtes révèlent que les deux tiers des adolescents lisent des journaux

au moins une fois par semaine : 62 % chez les 12-14 ans, 64,5 % chez les 15-18

ans. La lecture adolescente de presse magazine n’a donc rien d’un désert cul-

turel. On rencontre au contraire une offre importante et des usages multiples.

Le nombre de lecteurs de chaque titre est même souvent dix fois plus élevé que

le nombre d’exemplaires diffusés. Cette presse se caractérise en effet par sa

forte circulation. Contrairement à la lecture de livres, elle représente un vecteur

de sociabilité majeure : on se prête les magazines entre copains ; on les lit même

ensemble.

Mais quels magazines lisent-ils ?

La recherche de nouveaux supports

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Chez les jeunes de 12 à 14 ans la première place des

titres lus est occupée par un magazine dit « people » : Fan 2.

C’est une revue qui regroupe des informations sur les stars

de la chanson. Six titres du même acabit figurent dans les

dix premiers. Ce sont essentiellement des titres centrés sur

l’univers musical. Nous retrouvons donc ici les goûts affir-

més des adolescents dont nous avons parlé page 26 Les

titres dits « éducatifs » ne décrochent que deux places

parmi les dix premières. Il s’agit de Sciences et Vie Junior et

J’aime lire.

Ce classement révèle une hésita-

tion entre une projection vers l’univers des adultes (souli-

gnée par une volonté de connaître la vie des stars) et le

prolongement de l’enfance : Picsou et Mickey arrivent en

effet respectivement en troisième et quatrième positions !

Enfin nous relevons tout de même une grande curiosité

de la part de cette tranche d’âge, à travers la lecture de

revues telles que Sciences et vie junior.

Chez les jeunes de 15 à 18 ans, les lectures se partagent entre les titres des-

tinés aux adolescents et ceux destinés aux adultes.

Les lectures des 15-18 ans (Les 20 revues les plus lues)

La recherche de nouveaux supports

65

Choc 35 % Super GTI Magazine 17 %

Entrevue 31 % L’Équipe magazine 14,5 %

Télé 2 semaines 25 % Phosphore 14,5 %

Plus 24 % Onze Mondial 13,5 %

Tv magazine 22,5 % Télé poche 13,5 %

Télé loisirs 21,5 % ADDX 13 %

Télé Z 20,5 % Jeux video magazine 12,5 %

Canal sat magazine 19,5 % Girls ! 11,5 %

Télé star 19,5 % Jeune et jolie 11,5 %

Télé 7 jours 19 % Tv grandes chaînes 11,5 %

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Les titres destinés aux adolescents

En tête des lectures de revues

pour les jeunes se trouve Phosphore.

Son tirage n’est pas plus élevé que

celui des autres titres, mais il est pré-

sent en CDI, ce qui favorise sa circu-

lation. On note ensuite la présence de

plusieurs magazines féminins destinés

aux adolescentes. G i r l s ! a r r i ve en

seconde position de ce classement.

L’intitulé américain a pour rôle d’en-

traîner la lectrice vers l’univers des

stars qu’elle admire, un univers qui la fait rêver… Jeune et

jolie reflète une société de l’apparence. L’intitulé de la

revue est racoleur : si l’on achète, on rentre dans le groupe

des « jeunes et jolies » demoiselles. C’est d’ailleurs en ces

termes que les journalistes s’adressent à leur lectrice.

Vingt ans décroche la neuvième position. Il est intéressant

de noter que les lectrices sont plus jeunes que ne l’annonce le titre. C’est une

manière de se sentir valorisée, plus mûre, plus femme.

Les titres « people » sont moins lus par cette tranche d’âge : Fan 2 n’arrive

par exemple qu’en sixième position.

Les titres destinés aux adultes

Les « vieux » adolescents se tournent plutôt vers des

titres « adultes ». Dans les premières places des magazines

lus par les adolescents se trouvent des magazines de télévi-

sion : Télé 2 Semaines, Plus (le magazine de Canal +), TV

magazine, Télé loisirs, Télé Z, Télé Star et Télé 7 jours. En réa-

lité ce sont des journaux présents chez leurs parents qu’ils

parcourent plus qu’ils ne les lisent.

En première et en seconde places du classement appa-

raissent deux titres inattendus : Choc et Entrevue ! Il ne

La recherche de nouveaux supports

66

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s’agit plus de titres « people », mais d’une presse dite

« trash ». Elle se caractérise par un mélange de photogra-

phies d’actualité qui heurtent, d’indiscrétions sur différen-

tes personnalités et de sexe. C’est une forme, principale-

ment masculine par son public, de presse à sensation, dont

le « people » classique (Voici, Public) est la forme féminine.

En effet, les garçons n’ont pas vraiment de titres qui leur

sont consacrés dans la presse jeune et lisent moins que les

filles les titres généralistes. Nous les trouvons donc beau-

coup mieux représentés dans la presse pour adultes, parti-

culièrement celle consacrée aux jeux

vidéo (Jeux Vidéo Magazine, PC Jeux),

au sport (L’Équipe magazine, Onze Mondial) et à l’automo-

bile (Super GTI Magazine, ADDX). Les féminins adultes lus

par les adolescentes sont par contre peu représentés ici

(Version Femina et Femme actuelle sont en douzième et sei-

zième positions des lectures en presse adulte), mais il est

vrai que les jeunes filles disposent de plusieurs féminins

adolescents qui leur sont explicitement dédiés.

On note enfin l’absence des magazines de cinéma, qui est pourtant l’un des

centres d’intérêt majeurs des adolescents ; un seul figure parmi les vingt pre-

miers titres lus : Ciné Live dont la présentation est plus originale (présence d’un

DVD, maquette très « clips ») que celle de ses concurrents Première et Studio. La

lecture des magazines de cinéma est sans doute plus appréciée au-delà de dix-

huit ans : les plus jeunes préfèrent chercher sur internet des informations qui

seront souvent accompagnées de « making of » et de bandes-annonces.

Au vu de ces enquêtes, pouvons-nous profiter de ces différents titres pour

revaloriser l’image du livre chez les adolescents ? Pour réaliser cette mission, il

nous faudrait intégrer nos ouvrages à ces supports qui sont familiers aux ado-

lescents. Ce sont des revues qu’ils apprécient et auxquelles ils se fient. Mais

peut-on espérer être présent dans ces supports ? Cela semble évidemment

impossible en ce qui concerne les magazines « people » qui n’ont absolument

pas comme fonction de proposer des pistes de lecture, les magazines spéciali-

sés en automobile et en jeux vidéos, et en ce qui concerne les programmes de

La recherche de nouveaux supports

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télévision que les adolescents feuillettent simplement. Restent les quelques

titres – beaucoup moins bien placés – de presse jeune. Mais Phosphore propose

déjà des lectures plus adultes ; Girls ! cite de temps en temps l’un de nos titres,

mais cela reste rare ; Jeune et jolie n’a même pas réalisé d’article sur Les Coulisses

de la mode que nous avions adressé à la rédaction…

Pour La Martinière Jeunesse, ces titres ne présentent donc pas un grand

intérêt. Ils comportent rarement de rubriques « livres ». Le mieux que l’on

pourrait espérer serait qu’un journaliste cite l’un de nos titres dans une biblio-

graphie liée à l’un de ses articles… Si nous voulons atteindre le public adoles-

cent à travers des supports qui lui sont chers, il nous faut nous tourner vers

d’autres médias. La démarche consiste à trouver des supports qui sont familiers

aux adolescents, qui sont déjà faits pour eux et auxquels nous pouvons appor-

ter un complément.

2. Des supports aux thématiques similaires

L’exemple de Fil santé jeunes

Fil santé jeunes est géré par une association créée en

1929 : l’École des parents et des éducateurs d’Île-de-France

(EPE). C’est une association qui a été reconnue d’utilité publi-

que. Elle a une mission d’accueil, d’écoute, d’information et de guide des famil-

les et de ceux qui les entourent, pour tous les moments de la vie et toutes les

questions quotidiennes. En 1994, à la suite de la mobilisation massive de

lycéens contre le contrat d’insertion professionnelle proposée par le premier

ministre Édouard Balladur, le gouvernement organise une consultation natio-

nale auprès des jeunes par le biais d’un questionnaire. Les réponses révèlent

une forte demande des jeunes pour une écoute individualisée en matière de

santé. C’est ainsi qu’est créé Écoute jeunes, un numéro vert (gratuit) réservé aux

adolescents. Le numéro change de nom et devient Fil santé jeunes en 1995.

L’idée est de créer un service permettant aux adolescents de trouver une

oreille attentive, sans avoir à déclarer une maladie, sans devoir se justifier par

un symptôme. Fil santé jeunes se voit attribuer une double mission. Il propose

La recherche de nouveaux supports

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d’une part un service anonyme et gratuit où les jeunes peuvent trouver infor-

mations et orientations dans le domaine de la santé physique, psychologique et

sociale. Il est d’autre part un observatoire national des difficultés des jeunes en

matière de santé.

Fil santé jeunes est également accessible sur internet (filsantejeunes.com).

Le site propose plusieurs services. On y trouve une rubrique1 dans laquelle les

jeunes peuvent poser leurs questions à des professionnels et un forum de dis-

cussion ; ces deux services nécessitent une inscription préalable. Une rubrique

« Histoires vécues » regroupe différentes questions posées par des adolescents.

Elles sont accompagnées de la réponse du spécialiste. Enfin une rubrique

« docs » proposent de nombreux articles sur des thèmes variés :

- « Amour et sexualité » comprend une introduction sur ce que signifie

« aimer ». On peut ensuite accéder à des articles plus précis consacrés par exem-

ple aux premiers sentiments amoureux, aux premières relations sexuelles, ou à

l’homosexualité… Enfin une rubrique « Être à deux » traite de toutes les ques-

tions relatives à la sexualité.

- « Drogues » présente les différentes formes d’addiction, les effets produits

par diverses drogues et proposent des solutions pour se désintoxiquer.

- « Mal-être » aborde des problèmes qui peuvent apparaître à l’adolescence

et que l’on a du mal à combattre seul : anorexie, boulimie, déprime, dépression,

stress, coup de blues, redoublement.

- « Moi et les autres » explique pourquoi certaines relations, avec les profes-

seurs, les amis, les parents, se compliquent à l’adolescence.

- « Mon corps » se divise en plusieurs sous-rubriques :

• « du côté des filles » et « du côté des garçons » font le tour de toutes les

questions relatives aux manifestations de la puberté, démentent les idées reçues

et proposent informations, explications et conseils.

• « Être dans mon corps » apporte explications et solutions à tous les petits

maux qui peuvent gâcher la vie des adolescents.

• « Ma peau » aborde les problèmes d’acné, de pilosité, de transpiration, de

rasage. La rubrique se penche également sur le désir qui naît à l’adolescence de

modifier son corps par des tatouages ou des piercings.

• « Mes besoins et moi » relève tout ce qu’un adolescent doit faire pour

La recherche de nouveaux supports

69

1. Les informations correspondent à l’état du site au début du mois de mai 2007

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répondre à ses besoins et énumère tout ce qui peut l’en empêcher : troubles du

sommeil, cholestérol…

- « Où consulter » donne des renseignements sur les thérapies psychiatri-

ques que l’on peut suivre et sur les différents organismes qui les délivrent.

- « Porter plainte » renseigne sur ce que l’on peut ou doit faire en cas d’ur-

gence (viol, racket, agressions sexuelles…)

- « Liens utiles » renvoie vers d’autres sites internet consacrés aux thèmes

abordés sur Fil santé jeunes.

C’est sur ce dernier point que nous voudrions collaborer avec Fil santé jeu-

nes. Nous pensons qu’il pourrait être intéressant qu’ils rajoutent à ces liens uti-

les une rubrique qui pourrait s’intituler « Des idées de lecture pour aller plus

loin ». Nous avons en effet un objectif commun avec cette association : nos col-

lections « Oxygène » et « Hydrogène » informent et conseillent sur les problè-

mes que rencontrent les adolescents. Nous abordons les mêmes thèmes

qu’eux :

La recherche de nouveaux supports

70

Thèmes traités par Fil santé jeunes Quelques « Oxygène » et « Hydrogène »

Amour et sexualitéPas si facile d’aimer, La Sexualité expliquée auxados, L’Homosexualité à l’adolescence, LaPremière fois, Premières expériences sexuelles…

DroguesCannabis mieux vaut être informé, La Droguevous êtes tous concernés, L’Alcool un drôle d’ami…

Mal-êtreVous vous sentez seul, La Confiance en soi ça se cul -t i ve, Coup de blues, Quand les peurs dev i e n n e n tp h o b i e s, L’ A n o r exie sortir du tunnel, Trop stressé…

Moi et les autresTout ce que vous pensez des profs, Avec votre mèrec’est plus pareil, L’Ado et les autres…

Du côté des fillesNous les filles, Questions intimes de filles, LesFilles votre corps change…

Du côté des garçons60 questions autour de la puberté, Zizi questions etréponses

Être dans mon corps Se soigner vite et bien

Ma peauModifier son corps, Problèmes de peau quellessolutions ?

Mes besoins et moi Quand dormir devient un problème

Où consulter Un psy pourquoi en voir un ?

Page 71: Mémoire de stage - dansloeildulecteur.free.frdansloeildulecteur.free.fr/documents/ado_presse.pdf · son d’édition ne fait-elle pas un pari risqué ? Comment procède-t-elle pour

Nos ouvrages pourraient être un complément à leurs articles, en permettant

aux adolescents d’approfondir le sujet, en les informant qu’ils peuvent obtenir

plus d’informations sur un sujet qui leur tient à cœur dans un ouvrage conçu

pour eux.

J’ai donc fait des recherches pour trouver les coordonnées de la responsa-

ble de Fil santé jeunes au sein de l’EPE, Marie-Catherine Chick. Je lui ai pré-

senté mon point de vue et l’utilité d’une présence de nos livres sur le site. Elle

connaissait très bien nos publications et m’a affirmé que l’association se servait

de nos ouvrages pour leurs articles, leurs conseils et qu’ils les recommandaient

régulièrement au téléphone. Il n’est cependant pas d’actualité de les présenter

également sur le site : elle pense que les adolescents viennent y chercher des

réponses rapides, des conseils précis et non des pistes de lecture. J’envisage

néanmoins de leur envoyer notre nouveau catalogue dès qu’il sera terminé, et

d’y joindre une liste de titres susceptibles de les intéresser. Cette démarche aura

pour but de mettre en évidence la complémentarité de leur mission et de notre

travail d’éditeur. Il est, de mon point de vue, utile que les adolescents qui visi-

tent ce type de site sachent qu’ils peuvent également trouver des réponses à

leurs problèmes dans des collections qui leur sont tout spécialement destinées,

et pas uniquement sur internet…

L’exemple de Jeunes violences écoute

Jeunes violences écoute est également un numéro vert. Il

a été mis en place par Jean-Paul Huchon (président de la

région Île-de-France) en 2000 pour répondre à la montée des

violences scolaires et du racket touchant les jeunes franci-

liens. Ce service offre à ces derniers la possibilité de briser la

loi du silence, d’être écoutés et aidés par des spécialistes, des psychologues et

des juristes. Le conseil régional a également fait appel à l’EPE d’Île-de-France

pour mettre en place son fonctionnement. Jeunes violences écoute s’adresse

avant tout aux lycéens et apprentis d’Île-de-France. L’équipe participe au trai-

tement mais aussi à la prévention des violences. Elle oriente et conseille les vic-

times ou les témoins sur les démarches à engager. Elle offre à la fois une aide à

la réflexion et un soutien pour la recherche de solutions pratiques. L’EPE orga-

nise également des interventions en milieu scolaire.

La recherche de nouveaux supports

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Jeunes violences écoute a également mis en ligne un site internet destiné

aux jeunes, aux parents et aux professionnels. Celui-ci a pour mission d’infor-

mer sur les différents types de violences, sur la loi et sur les structures d’aide

psychologique ou juridique. Ainsi il permet à chacun de trouver des témoigna-

ges et des ressources utiles pour faire face à un problème. Il veut également

encourager les échanges d’expérience, de solutions et d’idées. Il favorise donc

le dialogue entre les internautes par le biais de forums de discussion.

L’espace « jeunes » fournit des éclaircissements sur les différents types de

violence auxquels les jeunes peuvent être confrontés, y compris sur les actes

qu’ils n’auraient pas qualifiés de « violents » : discrimination, mariage forcé,

vol… Il précise quelle est la loi sur ces points particuliers et explique comment

l’on doit réagir lorsque l’on est confronté à ces violences. L’espace « parents »

aborde à peu près les mêmes thèmes, mais dans un langage adapté aux adultes.

Il les informe par exemple du comportement à adopter face à un jeune en

fugue. L’espace « professionnels » permet aux personnes confrontées aux ado-

lescents (professeurs, animateurs…) de se renseigner sur les violences qui peu-

vent se produire entre eux. Il les amène à élargir et à approfondir le sujet, en

abordant par exemple le sujet des jeux dangereux organisés dans les cours de

récréation, comme le jeu du foulard, devenu tristement célèbre.

Le catalogue de La Martinière Jeunesse compte plusieurs ouvrages consa-

crés au thème de la violence, au sens large du terme. On retrouve dans la col-

lection « Oxygène » : Non au racket, La Violence en direct, Touche pas à mon corps,

J’ose pas dire non, dans « Hydrogène » : Ces intolérances « ordinaires », Quand les

violences vous touchent et dans « Ados » : Les Violences du quotidien.

Comme je l’ai dit précédemment au sujet de Fil santé jeunes, je pense que

nos ouvrages pourraient apporter un complément au site et aux informations de

Jeunes violences écoute. Les adolescents victimes de violences doivent savoir

que de tels ouvrages existent et qu’ils peuvent y trouver une aide et des conseils.

Par ailleurs, certains de ces titres informent les adolescents sur les violences qui

s’insinuent dans leur quotidien et qu’ils peuvent juger « normales » (discrimi-

nations sexuelles ou ethniques). J’ai donc également contacté le responsable de

Jeunes violence écoute à l’EPE afin de m’assurer qu’il connaissait l’existence de

nos ouvrages. Devant l’intérêt qu’il a manifesté durant notre entretien télépho-

nique, je lui ai envoyé notre catalogue et deux ouvrages destinés à deux tran-

ches d’âge différentes : Non au racket et Quand les violences vous touchent. Il comp-

La recherche de nouveaux supports

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tait les soumettre à sa prochaine réunion aux membres de Jeunes violence

écoute.

Ces livres sont précisément destinés à ces jeunes : ceux qui se rendent sur

le site de Jeunes violence écoute. Ces adolescents doivent connaître l’existence

de ces titres, parce qu’ils n’auront pas forcément le réflexe d’aller chercher en

librairie, et encore moins de demander à un libraire s’il existe un livre pour les

aider…

Ici la revalorisation de l’image du livre passe donc par l’aide que l’ouvrage

peut apporter à des jeunes en difficulté, ou simplement à des jeunes qui se

posent des questions sans oser en parler à leurs proches ou à des profession-

nels.

Dans un registre un peu plus léger, l’exemple de psychonet

Psychonet.fr est un site internet de psychologie et de bien-être. Il propose

des articles sur la vie quotidienne et balaie des thèmes aussi vastes que la

société, la famille, le couple, la sexualité, en les abordant sous l’angle de la psy-

chologie. Il offre des informations et des solutions pour mieux gérer ses soucis

relationnels avec son conjoint, les membres de sa famille, ses enfants, ses collè-

gues de travail… C’est également une communauté où chacun peut discuter de

ses problèmes par le biais d’un forum ; le site incite donc à l’entraide. Il informe

enfin sur les thérapies possibles et, pour ceux qui veulent s’initier à la psychia-

trie en ligne, propose des consultations avec des spécialistes. Précisons que cela

revient à 30 euros pour quarante minutes !

Ce site nous a interpellées, Charlotte Guitard et moi. Il offre en effet une

rubrique « Famille » qui, elle-même, propose une sous-rubrique « Ados ». Cette

dernière présente des articles aux parents, pour leur expliquer les réactions de

leurs enfants. Pourquoi s’habillent-ils bizarrement ? Pourquoi tombent-ils

amoureux toutes les deux semaines ? Au pied de l’un des articles se trouvaient,

sous la mention « En savoir plus », deux de nos ouvrages. Malheureusement,

l’un d’eux n’est plus imprimé et le second est indiqué comme appartenant à la

collection « Ados guide » qui se trouve avoir également disparu.

Le site comporte par ailleurs une rubrique qui correspond directement à

notre cible : « 12/25 ans ». Elle aborde les mêmes thèmes que nos collections

La recherche de nouveaux supports

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« Oxygène » et « Hydrogène » : beauté, mode, toi et les autres, SOS (qui

regroupe en réalité des conseils en tout genre sur des sujets comme l’orienta-

tion, la santé, le tabac, la pratique d’un sport). J’ai donc contacté la responsa-

ble de la communication de psychonet pour lui proposer de nouveaux ouvra-

ges. Intéressée, elle m’a demandé un catalogue afin de mettre à jour son site.

Deux mois plus tard, comme les notes bibliographiques de l’article sont restées

inchangées, je lui ai envoyé une sélection de communiqués de presse en lui pré-

cisant qu’il s’agissait d’ouvrages pouvant s’inscrire dans chacun des thèmes de

sa rubrique 12-25 ans : Que veulent dire vos rêves, Les Coulisses de la mode, Se soi -

gner vite et bien, Redoubler et alors ?, Trop stressé ?, Problèmes de peau, quelles solu -

tions ?, 160 Questions autour de la puberté, La Cigarette c’est décidé j’arrête.

Si cette démarche aboutissait, cela permettrait de montrer aux adolescents

que ces informations qui leur sont chères ne se trouvent pas uniquement dans

des magazines ou sur internet ; qu’un livre peut offrir la même chose, en plus

développé…

3. Des émissions de radio dédiées aux adolescents

Au printemps 2003, le collectif Inter associatif « Enfance et Medias » a réa-

lisé par voie de questionnaires au sein de son réseau une enquête sur « les

radios-jeunes, les 10-18 ans et leurs parents » auprès d’un échantillon de 1 000

jeunes et de 500 parents. Il en ressort que 96 % des jeunes de 11 à 18 ans écou-

tent la radio. 72 % l’écoutent tous les jours, surtout le soir et le matin, mais aussi

occasionnellement en fin d’après-midi et la nuit. Les quatre radios les plus lar-

gement écoutées sont NRJ (37 %), Skyrock (30 %), Europe 2 (18 %) et Fun radio

(15 %).

Cette enquête confirme que les radios-jeunes se placent parmi les tout pre-

miers médias utilisés par les adolescents. Ces radios font partie de leur univers

intime au quotidien. Parce qu’elle est un des éléments importants de l’apparte-

nance identitaire, la musique est au cœur de la stratégie de séduction du public

adolescent. Cependant l’argument musical n’est pas suffisant pour fidéliser

cette audience qui « zappe » rapidement d’une radio à l’autre.

Ainsi des émissions de libre antenne (ou de radio libre) sont devenues

depuis une dizaine d’années le deuxième moyen principal de différenciation de

chaque radio. Ces émissions ont le plus souvent lieu le soir. Les auditeurs peu-

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vent appeler tout au long de l’émission afin de poser une question, de deman-

der de l’aide sur un problème, de lancer un débat… Les animateurs, aidés d’ap-

pels téléphoniques d’auditeurs souhaitant réagir, tentent de répondre à la ques-

tion. Ce sont donc les auditeurs qui construisent l’émission, même si les ani-

mateurs lui donnent un fil conducteur et une tonalité.

Même si nous avons essayé de toucher ces émissions, nous ne pensons pas

que les auditeurs viennent y chercher des conseils de lecture. Ils veulent avant

tout s’exprimer, dialoguer avec leurs animateurs fétiches et passer à la radio !

Cela reste cependant attrayant pour nous, puisque les auditeurs représentent

très exactement le public que nous souhaitons séduire. J’ai tout de même été

amenée à pousser mes recherches de ce côté-là…

L’exemple de Fun radio

Fun radio est une chaîne de radio musicale privée française du groupe RTL,

créée en 1985. Depuis 1992, l’animatrice Sophie y dirige une émission de libre

antenne tous les soirs. Une fois par mois, cette émission est consacrée à de la

voyance. Les auditeurs appellent pour qu’on leur décrypte leur avenir, leurs

rêves...

Je voulais donc proposer aux animateurs d’organiser un partenariat, au sein

d’une de leurs émissions de voyance, autour de notre ouvrage Que veulent dire

vos rêves. Cet ouvrage, que j’ai décrit page 33 explique les mécanismes des rêves

et aident à en décrypter la signification. Cela me semblait être un excellent

moyen d’organiser une rencontre entre l’ouvrage et des millions d’adolescents

(3,2 millions d’auditeurs chaque jour) intéressés par le sujet. J’ai donc contacté

Nicolas Brochu, le producteur de l’émission. L’idée l’a tout de suite enthou-

siasmé. Il m’a proposé d’organiser une émission consacrée entièrement au rêve

et d’inviter l’auteur pour parler du livre et répondre aux questions des audi-

t e u r s. Charlotte Guitard m’a cependant prévenue que Marie Ve n d i t e l l i -

Latombe, l’une des deux co-auteurs, n’était pas du tout au fait des fonctionne-

ments des rêves. Elle a participé à l’écriture de l’ouvrage pour la mise en forme

et la rédaction du texte. Hélène Renard, la seconde co-auteur, est, quant à elle,

spécialiste dans ce domaine, mais ne souhaite pas participer à des interviews

qu’elle ne juge pas assez importantes… J’ai donc pris beaucoup de précautions

en lui écrivant un mail pour lui annoncer la proposition de Nicolas Brochu.

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« Nicolas Brochu, producteur de l’émission de libre antenne de Fun Radio

(qui se déroule en direct du lundi au vendredi de 21h à minuit), nous a contacté

au sujet de votre ouvrage Que veulent dire vos rêves.

» Il va organiser courant avril une émission consacrée aux rêves et souhaite-

rait vous inviter pour parler de l’ouvrage et répondre en direct aux questions

éventuelles des auditeurs, à partir de 21h et durant environ une heure.

» Je suis consciente qu’il vous faudrait vous déplacer un peu tard dans la

soirée, mais je pense qu’il s’agit d’une grosse opportunité pour la promotion de

l’ouvrage. Fun radio a une audience importante : 3,2 millions d’auditeurs cha-

que jour. Par ailleurs l’émission de libre antenne cible très majoritairement un

public d’adolescents.

» L’émission se déroulerait en direct dans le 8e arrondissement et Charlotte

pourrait bien sûr vous accompagner. N’hésitez pas à me joindre pour que nous

en discutions de vive voix ou que je vous transmette les coordonnées de Nicolas

Brochu. »

Elle a néanmoins refusé en s’excusant et en précisant qu’elle avait arrêté

toutes activités à la suite de problèmes de santé. J’ai proposé à Nicolas Brochu

d’organiser tout de même le partenariat ou de reporter le projet. Il ne m’a plus

jamais répondu…

L’exemple de Skyrock

Skyrock est une station de radio française privée créée en 1986 à Paris. C’est

elle qui a inauguré le principe de « libre antenne » en 1992. En 1996, elle prend

le pari audacieux, pour conserver son cœur de cible, les 15-25 ans, de miser sur

les musiques urbaines comme le rap ou le RnB, jusque-là très peu diffusées par

les radios FM. Elle est la première radio des 15-25 ans avec 3,9 millions d’au-

diteurs par jour. Elle organise elle aussi une émission de voyance. Tous les

dimanches, de 14h à 16h, « Claude le voyant » vient lire l’avenir et interpréter

les rêves des auditeurs. J’ai donc également proposé au responsable des parte-

nariats de Skyrock de faire gagner Que veulent dire vos rêves durant l’une des

émissions de Claude, en échange de la citation du titre et du nom de la maison

d’édition. L’idée lui a paru étonnante ; il n’avait jamais organisé de partenariat

dans cette émission. Je lui ai envoyé des épreuves de l’ouvrage et l’ai relancé à

plusieurs reprises. Il m’a répondu qu’il avait transmis les épreuves et la propo-

sition à Claude, mais qu’il n’avait pas ses coordonnées. Je n’ai jamais eu de

retour…

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Ces tentatives avaient comme but d’associer le livre à un support particuliè-

rement apprécié des adolescents, afin de tenter de l’ancrer également dans

leurs habitudes. Ils viennent chercher des réponses à la radio. Ils peuvent éga-

lement, s’ils n’arrivent pas à passer à l’antenne ou pour compléter ce qui leur

aura été dit, se procurer notre ouvrage.

L’aspect du partenariat était ici important. L’animateur ne propose pas à ses

auditeurs d’aller acheter le livre mais de le gagner.

4. Internet, le nouveau média des jeunes

Au-delà de la radio, un média s’est récemment imposé comme le nouveau

média des jeunes : internet. Le numéro de Télérama du 14 mars 2007 nous

apprend qu’en un an, l'ensemble des sites français a enregistré une hausse de

16 % de fréquence. Selon le numéro de mars 2007 de Lecture jeune, la quasi tota-

lité des jeunes de 15 à 24 ans surfent sur internet. Cette présence sur le web a

pour but d’échanger des messages (68 %), de rechercher des informations pra-

tiques (65 %) et de s’informer sur l’actualité (55 %). C’est aussi pour cette raison

que les adolescents lisent à la fois moins de livres et moins de journaux.

On assiste ainsi à une floraison de sites qui leur sont consacrés. Ce qui est

intéressant pour nous, c’est qu’ils sont pour la plupart encore en train de se

construire et par conséquent relativement ouverts aux diverses propositions

que nous pouvons leur faire.

Mood.fr

Nous avons déjà cité l’exemple du site mood.fr. J’avais en effet organisé un

partenariat avec Jessica Pierronnet autour de l’ouvrage La Cuisine des ados qui

avait été couronné de succès : 4 200 internautes avaient tenté leur chance !

C’est pourquoi nous lui avions adressé en service presse deux des nouveaux

« H y d r o g è n e » (Que veulent dire vos rêves e t Les Coulisses de la mode) .

Immédiatement après avoir reçu les ouvrages, elle nous avait proposé de réité-

rer l’expérience. Nous avions accepté, mais tout en demandant que ce nouveau

partenariat ait lieu un peu plus tard. Nous voulions qu’une petite période se soit

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écoulée, pour ne pas lasser les internautes. Afin de donner un maximum de

visibilité aux titres, nous ne voulions pas non plus organiser un concours qui

permettrait de gagner les deux ouvrages en même temps. Je lui ai donc soumis

plusieurs possibilités. Nous pouvions organiser deux concours à une semaine

d’intervalle ; chacun durerait trois semaines. Il était également possible de ne

faire qu’un seul concours qui permettrait de gagner durant une semaine et

demi l’un des ouvrages et durant l’autre semaine et demi le second ouvrage.

Jessica Pierronnet a préféré organiser un concours sur le même modèle que le

précédent, ne mettant en jeu qu’un titre et en me laissant le choix du livre. J’ai

opté pour Que veulent dire vos rêves, afin de donner enfin sa chance à cet ouvrage

qui venait de m’être refusé par Skyrock et Fun radio.

Le concours a été mis en ligne du 16 avril au 2 mai. 4 000 internautes ont

cette fois aussi tenté leur chance. En m’annonçant les résultats, Jessica

Pierronnet m’a également précisé qu’elle venait de recevoir notre communiqué

de presse concernant l’Agenda 2007/2008 et que si nous voulions organiser un

concours autour de ce titre, cela serait tout à fait envisageable...

Nous avons donc acquis avec mood.fr un espace où nos ouvrages pourront

figurer et être consultés par les adolescents. De plus, grâce à la réussite des

concours, nous avons convaincu Jessica Pierronnet que les adolescents pou-

vaient s’intéresser aux livres. J’ai en effet découvert au fil de mes tentatives de

partenariat, qu’en définitive, le service de presse a au moins autant de difficul-

tés à convaincre les médiateurs que nos livres peuvent séduire les adolescents,

qu’en ont les livres a priori à intéresser les adolescents…

Ados.fr

Lorsque nous arrivons sur le site ados.fr, nous sommes tout de suite plon-

gés dans le même univers que celui des émissions de libre antenne dont nous

parlions plus haut : l’univers des conversations des cours de récréation de col-

lège et de lycée. En explorant les rubriques, nous découvrons successivement :

- une rubrique musique qui informe sur tous les artistes à la mode, princi-

palement sur toutes les stars d’un jour, fabriquées par le marketing, dont nous

ne retenons plus les noms ;

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- une rubrique cinéma qui présente principalement les grosses productions

américaines, telles que Terminator ou Spiderman ;

- une rubrique télévision qui présente les séries (américaines) préférées des

adolescents, ainsi que les émissions de télé réalité. Elle donne également accès

à des galeries de photographies des stars qui s’y produisent.

- une rubrique humour parle des comiques qui rencontrent un franc succès

auprès des adolescents (Jamel, Gad Elmaleh…) ;

- une rubrique sport où le football et le rugby sont à l’honneur. Elle offre

également les résultats des événements sportifs de la semaine, nous rappelant

ainsi l’intérêt manifesté par les adolescents pour le magazine sportif L’Équipe.

- une rubrique « love » où les thèmes à l’honneur sont, entre autres, la mas-

turbation, le choix entre serviettes et tampons et la drague par sms ;

- une rubrique santé présentant des articles un peu plus poussés, semble-t-

il. On y trouve certes des articles relatifs à l’acné, aux kilos en trop, ou à l’ha-

leine pas fraîche, mais aussi des articles relatifs à l’insomnie, à l’anorexie, à la

contraception, ou au tabac. Cela se justifie probablement par le fait que ados.fr

appartient au site doctissimo. Lancé en 2000, ce dernier est le premier portail

dédié à la santé et au bien-être.

- des rubriques beauté et psychologie ;

- une rubrique actualité qui présente notamment le portrait des candidats à

l’élection présidentielle de manière humoristique. Chacun d’entre eux est com-

paré à un membre de la famille. Olivier Besancenot est ainsi le cousin rebelle,

Nicolas Sarkozy le père autoritaire et Jean-Marie Le Pen le papy grognon…

- « Mes copines » est une page indépendante, un site dans le site, avec ses

propres rubriques. Cette page est destinée aux filles et est « strictement inter-

dite aux garçons »… Ses rubriques sont très clairement destinées à un public

d’adolescentes : on relèvera la présence d’une rubrique « mode » et d’une rubri-

que « love », dont l’article à l’honneur est : « Les vacances arrivent, largue ton

mec ! ».

- une rubrique propose l’interview des stars dont il est question sur le site.

Enfin, au milieu de tout cela, figure une rubrique « Livres-BD » ! Lorsque

l’on y accède, on croit avoir changé de site. Un énorme décalage nous saute aux

yeux : sur l’écran, sous l’intitulé « Les livres préférés des ados », s’affichent

Émile Zola, Guy de Maupassant et Jules Verne !

Dans cette rubrique, on relèvera en tout et pour tout deux ouvrages desti-

nés à la jeunesse, qui nous surprennent autant l’un que l’autre. Le premier est

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un album de création du Seuil Jeunesse. Le second est Monsieur Peureux et les

pirates et appartient à la collection « Monsieur, Madame » de Hachette Jeunesse.

Où sont donc passées toutes ces collections que les éditeurs conçoivent essen-

tiellement pour les adolescents ?

Les autres ouvrages se partagent entre classiques et littérature pour adultes.

Ils sont classés par éditeur, par genres littéraires (romans, beaux livres, essais,

dictionnaires, jeunesse, petite édition, contes, poésie, nouvelles, théâtre) et par

année de parution. On y trouve également des bandes dessinées et des mangas.

Il est vrai que le site ne présente jamais aucun livre que La Martinière

Jeunesse lui envoie en service de presse. Pour être présent sur ados.fr, il m’a

donc fallu passer par le biais du partenariat.

Au départ, je ne visais pas le site ados.fr. J’ai en effet

appelé Frédéric Abecassis, le responsable de la communica-

tion du site doctissimo, pour organiser un partenariat autour

de Se soigner vite et bien. Ce livre, écrit par un médecin, traite

de tous les maux qui apparaissent à l’adolescence et qui peu-

vent perturber les jeunes : migraine, douleurs causées par la

croissance, allergies… Il explique leur origine et propose des

conseils pratiques et des solutions appropriées. Cependant doctissimo a arrêté

d’organiser ce type de partenariat pour se centrer sur la vente d’espaces publi-

citaires. Frédéric Abecassis m’a donc mise en contact avec le créateur et respon-

sable du site ados.fr : Thomas Grange. Ce dernier a immédiatement accepté,

mais ne donnait par la suite que des réponses évasives à mes demandes de pré-

cision. Après de longues semaines d’acharnement, le jeu-concours a été mis en

ligne. Nous étions tombés d’accord sur un partenariat mettant en jeu dix exem-

plaires de l’ouvrage en échange de la présence de ce dernier durant deux semai-

nes dans la rubrique concours et quelques jours en page d’accueil. En défini-

tive le visuel de l’ouvrage est resté en page d’accueil durant toute la durée du

concours, du 11 au 26 avril1 et a ainsi pu rivaliser avec Prison Break (la série télé-

vision phare du moment) et Léonardo di Caprio. J’ai, par ailleurs, apprécié le

fait que Thomas Grange ait rédigé lui-même une présentation attractive de l’ou-

vrage.

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1.Voir annexe n°16 pages XXVIII à XXIX

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J’attends actuellement le bilan du concours, mais son organisation à elle

seule est une victoire personnelle dans ma volonté de revalorisation de l’image

du livre auprès des adolescents. Grâce à cette expérience, j’ai pu réaliser que

cette revalorisation nécessite également une autre démarche : il nous faut mon-

trer aux jeunes qu’un livre n’est pas seulement un ouvrage classique ou un

ouvrage pour adulte – qui reste malgré tout assez loin de leurs préoccupations

premières – mais qu’il existe également des ouvrages proches de leurs goûts,

qui peuvent leur apporter autant, voire plus, qu’un site internet ou une émis-

sion de radio libre…

Une communauté en ligne : lexode.com

À première vue, le site lexode.com, avec ses rubriques cinéma, musique,

séries télévisées, actualités, galerie photos, vidéos, blagues, citations, poèmes,

histoires, ressemble à ados.fr. On y trouve également de petits quiz qui permet-

tent aux membres de gagner des cadeaux. La rubrique « actualités » est elle-

même divisée en différents thèmes : France, monde, multimédia, sciences,

musique, télévision, cinéma, santé-beauté, sports, jeux vidéo, livres/BD, insolite

(qui est une sorte de rubrique « faits divers »)

Mais lorsque l’on fouille un peu, on se rend compte que les articles sont

écrits par les jeunes internautes. Le site se présente en effet comme la première

communauté des 12-24 ans. Le terme « exode » rappelle la fuite : les jeunes vien-

nent se réfugier au sein d’une nouvelle communauté, dans une petite ville sur

internet…

Quel est le principe ? Il suffit de s’inscrire ; je l’ai fait afin de pénétrer au

cœur du fonctionnement du site1, l’opération ne dure guère plus de cinq minu-

tes. On apprend alors que lexode.com comprend 120 000 membres ! Il est

ensuite possible d’écrire des articles. Je suppose que ceux-ci sont soumis à un

modérateur avant d’être publiés, c’est-à-dire qu’une personne chargée de la

surveillance du site contrôle ce qui s’y dit. En tant que membres, on peut aussi

commenter les articles écrits par les autres internautes, ajouter des photogra-

phies à la galerie, entrer en contact avec d’autres membres. Chacune de ces

actions permet d’accumuler des points qui donnent ensuite droit à des cadeaux.

La recherche de nouveaux supports

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1.Voir annexe n°17 pages XXX à XXXII

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Il existe tout un fonctionnement interne, toute une batterie de règles (le règle-

ment de la communauté occupe vingt pages d’un document Word !) qu’il est

difficile de vraiment assimiler si l’on ne « vit » pas au sein de cette communauté.

Les sujets abordés et la manière de les traiter semblent un peu plus pous-

sés, réfléchis et intelligents que sur ados.fr. La rédaction d’un article est notam-

ment soumise à plusieurs règles : l’article doit être personnel (on ne peut pas

recopier une revue), être composé d’au moins trois paragraphes, rester neutre,

être illustré et respecter les notions d’orthographe et de ponctuation1.

Dans la rubrique « actualités », on trouve une sous-rubrique « livres ». La

taille de la rubrique est-elle restreinte ? On compte en tout cas uniquement une

quinzaine de titres. Les articles sont pour la moitié rédigés par le même mem-

bre. Contrairement aux ouvrages de ados.fr, on s’éloigne un peu des classiques ;

les ouvrages reflètent moins les cours de littérature, on n’y retrouve que Racine

et Ionesco. Les autres livres sont signés Amélie Nothomb, Kurt Cobain ou

Stephen King. On remarquera que Harry Potter est à l’honneur. On relève enfin

la présence de Eragon, l’une des séries pour adolescents de Gallimard Jeunesse.

Mais à part ce dernier titre, les collections pour adolescents sont encore absen-

tes…

Comme nous l’avons rapidement évoqué plus tôt, le site propose également

une rubrique « poèmes » : ce sont de courts vers rédigés par les membres du

site. La rubrique en comporte près de 10 000. On rencontre également une

rubrique « histoire » qui comprend des récits d’environ 20 à 30 lignes. La pré-

sence de ces deux rubriques nous montre que les jeunes ne sont pas réellement

réfractaires à l’idée d’écriture…

D’après cette étude, avons-nous, au service de presse, une place sur ce site ?

Un bandeau publicitaire s’étale sur la page d’accueil, peut-être pourrions-nous

organiser un partenariat avec le site. En échange de la présence en page d’ac-

cueil d’un encadré décrivant l’un de nos ouvrages, nous pourrions mettre à leur

disposition dix ouvrages à offrir à leurs membres. J’ai donc récemment contacté

le responsable du site et lui ai soumis cette proposition.

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1.Voir annexe n°18 page XXXIII

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5. De petites niches télévisées

Il existe sur certaines chaînes du câble de petites niches comparables à ces

sites internet. Elles ciblent un public précis et sont encore ouvertes à nos pro-

positions de partenariat.

L’exemple de Filles TV

« Kawai » est une émission diffusée de 17h à 19h du lundi au vendredi sur

Filles TV. La présentatrice affirme cibler les 15-25 ans. D’après moi, les pro-

grammes sont plus aptes à intéresser les adolescentes de 13 à 17 ans. Afin de ne

pas altérer, par une présentation approximative, l’esprit de l’émission, je préfère

citer le site internet :

« KAWAI :

Le grand rendez-vous quotidien de Filles TV !

Musique, beauté, mode, psycho, love, concert live, revues de presse people,

bloc-notes, rendez-vous incontournables, bons plans… Entourée de chroni-

queuses et de leurs invités stars, les Kawaï Girls donnent rendez-vous chaque

jour à toutes les filles qui sont fières d’être une fille ! »

La responsable de l’émission, Frédérique Pourreyron,

avait annulé un partenariat avec La Martinière Jeunesse quel-

ques mois auparavant parce qu’elle trouvait les « Hydrogène »

tristes… C’est pourquoi nous lui avons cette fois-ci envoyé Les

Coulisses de la mode. Cet ouvrage s’adresse à tous les adoles-

cents séduits par le milieu de la mode et qui voudraient mieux

le connaître. Les auteurs donnent de nombreuses informa-

tions sur la mode d’hier et d’aujourd’hui »: à quoi ressemble le quotidien d’un

couturier, d’un créateur et de toutes ces personnes qui travaillent dans ce

milieu ? Où puisent-ils leur inspiration ? Pourquoi les stars sont-elles une

vitrine des marques de haute couture ? Quel lien y a-t-il entre mode et presse ?

Mais aussi quels sont les métiers de la mode et comment y accéder ?

Cette fois-ci, Frédérique Pourreyron a tout de suite été partante pour orga-

niser le jeu concours. La machine est rodée, elle a souvent recours à ce prin-

cipe : elle présente le livre en fin d’émission. Elle le montre et encourage ses

téléspectatrices à téléphoner pour en remporter un exemplaire. Elle m’a pro-

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posé de mettre en jeu quinze exemplaires sur une semaine. J’ai réussi à limiter

à dix exemplaires, sous prétexte que le jeu ne s’effectuait pas sur une semaine

complète, mais du lundi au vendredi.

Malgré les critiques que je pourrais formuler à l’égard de cette émission,

l’organisation d’un partenariat avec « Kawai » est aussi une victoire importante.

Cela nous permet de toucher des adolescentes qui ne prennent même pas la

peine d’aller surfer sur internet. Elles sont passives, se détendent devant leur

émission fétiche ; l’idée qu’un livre peut les aider à pénétrer au cœur du milieu

de la mode est alors susceptible de les effleurer…

L’exemple de Gulli

J’ai récemment été contactée par une journaliste de la chaîne de télévision

Gulli. Elle organise chaque lundi durant une heure une émission intitulée

« Ados, le débat ». Celle du 4 juin prochain sera consacrée aux lourdes épreu-

ves que les adolescents peuvent avoir à traverser. Elle voulait présenter certains

de nos ouvrages à cette occasion. Je lui ai donc sélectionné cinq titres concer-

nant le divorce, le handicap, l’anorexie, le chômage, la violence. Cette émission

pourrait très vite devenir l’un de nos partenaires…

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Conclusion

Les outils du service presse / promotion peuvent-ils contribuer à la revalo-

risation de l’image du livre chez les adolescents ? C’est en assimilant peu à peu

la fonction de l’attaché de presse au sein d’une maison d’édition et en appre-

nant à utiliser ses outils que cette question m’a effleurée.

Si l’attaché de presse a comme fonction d’organiser la rencontre entre un

ouvrage et son public, peut-être a-t-il également comme pouvoir de rapprocher

le livre de l’adolescent. Je me suis évertuée à réussir cette « mission » du moins

à l’échelle d’un ou deux ouvrages de La Martinière Jeunesse, en utilisant prin-

cipalement l’outil avec lequel je m’étais le plus familiarisée : le partenariat.

Comme je l’ai montré au fil de mon mémoire, j’ai entrepris un gros travail

de recherche de nouveaux médias. J’ai axé ses recherches sur les supports qui

sont familiers aux jeunes, auxquels ils se fient. Le plus difficile a souvent été de

convaincre les responsables de ces supports qu’un livre peut intéresser les ado-

lescents. Les éditeurs sont loin d’être à leurs yeux aussi importants que les mai-

sons de disques ou les chaînes de télévision. Il m’a fallu souvent proposer dix

partenariats pour en voir un accepté.

En définitive, j’ai conclu de cette expérience, que cette « mission » doit pas-

ser par deux étapes. Elle consiste en premier lieu à montrer aux adolescents

qu’un livre n’est pas forcément un classique ou un ouvrage prescrit par un pro-

fesseur en vu d’un examen. Cela peut être un objet conçu pour eux, selon leur

profil, pour répondre à leurs désirs. Il faut ensuite insérer l’image du livre là où

les adolescents viennent chercher des réponses à leurs questions, à leurs senti-

ments, une solution à leur malaise. Il s’agit de leur montrer que les livres aussi

peuvent apporter des réponses. Et des réponses parfois plus poussées que cel-

les des autres médias et donc plus en adéquation avec leur ressenti.

C’est en définitive une démarche beaucoup plus ardue que je ne l’imaginais.

Mais elle a commencé à porter ses fruits, notamment à travers l’expérience de

ados.fr. Je pense donc que l’attaché de presse peut également à l’instar des

enseignants, libraires et bibliothécaires jouer un rôle pour réconcilier les jeu-

nes et la lecture.

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BIBLIOGRAPHIE

Livres

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lisent. Éditions du Seuil, 1999.

DONNAT Olivier. Les Pratiques culturelles des Français. La Documentation

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FOURMENT Alain. Histoire de la presse des jeunes et des journaux d’enfants.

Éditions Éole, 1987.

LARTET-GEFFARD Josée. Le Roman pour ados. Éditions du Sorbier, 2005.

PASQUIER Dominique. Cultures lycéennes. Éditions Autrement, 2005.

Périodiques

L’Actu, 22 septembre 2004.

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« Fil santé jeunes ». Disponible sur : http://www.epe-idf.com

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Annexes

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Université de Paris X - Département Métiers du livreLicence professionnelleMétiers de l’édition et ressources documentaires

Roxane CAILLON

Mémoire de stageDe La Martinière Jeunesse

9, rue Casimir Delavigne 75006 Paris

Tuteur de stage : Gérard BouvierResponsable de stage : Charlotte Guitard

Les outils du service presse / promotion peuvent-ils contribuerà la revalorisation de l’image du livre chez les adolescents ?

Année universitaire 2006-2007