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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE CONSTANTINE 2 FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DES SCIENCES COMMERCIALES ET DE GESTION THESE PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAGISTER EN SCIENCES ECONOMIQUES OPTION: ECONOMIE DE DEVELOPPEMENT THEME Présentée et soutenue par : Sous la direction de Monsieur : BOULKEDDID TAHAR SEBTI FOUZI Devant le jury : Président : M. BADAOUI Ibrahim Prof. Univ. Constantine 2. Rapporteur : M. SEBTI Fouzi Maitre de conf « A ». Univ. Constantine 2. Examinateur: M.LARABA Mouloud Prof. Univ. Constantine 2 Examinateur: M .BENTORKI Azzedine Prof. Univ. Constantine 2 Année universitaire 2013-2014 L’UTILISATION DES RESSOURCES PRODUCTIVES DANS L’AGRICULTURE ALGERIENNE : Evolution et Perspectives

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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE CONSTANTINE 2

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES

ET DES SCIENCES COMMERCIALES ET DE GESTION

THESE

PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT EN VUE DE

L’OBTENTION DU DIPLOME DE

MAGISTER EN SCIENCES ECONOMIQUES

OPTION: ECONOMIE DE DEVELOPPEMENT

THEME

Présentée et soutenue par : Sous la direction de Monsieur :

BOULKEDDID TAHAR SEBTI FOUZI

Devant le jury :

Président : M. BADAOUI Ibrahim Prof. Univ. Constantine 2.

Rapporteur : M. SEBTI Fouzi Maitre de conf « A ». Univ. Constantine 2.

Examinateur: M.LARABA Mouloud Prof. Univ. Constantine 2

Examinateur: M .BENTORKI Azzedine Prof. Univ. Constantine 2

Année universitaire 2013-2014

L’UTILISATION DES RESSOURCES PRODUCTIVES DANS L’AGRICULTURE ALGERIENNE :

Evolution et Perspectives

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REMERCIEMENTS

Je souhaite tout d’abord exprimer à Fouzi Sebti, maître de conférences à l’université de Constantine 2, toute

ma reconnaissance et ma gratitude pour la confiance qu’il

m’a accordée en acceptant d’encadrer cette thèse, et pour

l’aide qu’il m’a prodigué tout au long de ce travail.

Je remercie M. Ibrahim BADAOUI professeur à

l’université Constantine 2 d’avoir accepté de présider ce

jury.

Je remercie également MM.les professeurs Mouloud

LARABA et Azzedine BENTORKI pour avoir accepté

d’examiner et d’évaluer ce travail.

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1

Première partie : L’utilisation des ressources productives.

Tables des Matières Pages

Introduction générale ………..…………………………………………………..7

INTRODUCTION………………….……………………………………………..25

Chapitre I : Les potentialités de l’Algérie en ressources naturelles.

Introduction ………………………………………………………..………………….....29

1. Analyse du complexe : sol - climat……………………………..…..........… 30

1.1. La terre : facteur rare………………………………………..…...........… 30

1.2. La configuration du relief ………………………………......................... 33

1.3. La steppe …………………………………………………….................... 36

1.4. Le climat aléatoire : Pluies insuffisantes et irrégulières…….............….. 38

2. ressources hydriques…………………………………….…………………..43

2.1. L’écart entre superficies irrigables et superficies irriguées………..…....…47

2.2. La grande hydraulique ………………………………………………….…48

2.3. La petite et moyenne hydraulique ………………………………........…...50

3. Aménagement du territoire et mise en valeur des terres agricoles….................51

3.1. Aménagement du territoire et terres agricoles……………………….....…52

3.1.1. Extensionurbaine……………………………………….…..………. 53

3.1.2. Les unités industriels et infrastructures économiques……….…55

3.2. Aménagement du territoire et ressources en eau………….……….………56

3.2.1. Prélèvement au profit des villes………………………....…..57

3.2.2. Prélèvement au profit de l’industrie………..……………….58

3.3. La mise en valeur des terres …………………………….….….……..… 58

3.3.1. Les principales causes de la dégradation des sols…………58

3.3.2. L’ampleur de la mise en valeur et le rythme

des réalisation .…............................................................... 61

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2

4. Evolution des systèmes de cultures et des systèmes d’élevages……….……62

4.1. Evolution des systèmes de culture…………………………………….…...62

4.2. Evolution des systèmes d’élevage……………………….….…..…….……67

Conclusion ……………………………………………………………….……….72

Chapitre II : Modernisation de l’agriculture et acquisition des

ressources productives.

Introduction ……………………………………….……………………….……..74

1. Les ressources humaines……………….…………………………………..….76

1.1. Le volume global et structure de la main d’œuvre……………….………77

1.2. Le niveau de la productivité du travail……………………………………93

2. Les ressources techniques…………………………………….……..……… 94

2.1. La motorisation en agriculture………………………………….…………95

2.1.1 Evolution du parc national…………………….………...………..…..… 97

2.1.2 Le matériel aratoire et le matériel de récoltes……….…..……….…..…105

2.1.3 Relation entre motorisation - mécanisation - et emploi

de la main d’œuvre .…………………………………………..….…… 109

2.2. L’emploi des consommations intermédiaires……………....………….110

2.2.1. Dans la production végétale ………………………..………………..…………111

2.2.2. Dans la production animale ……………………………………………………120

Conclusion …………………………………………………..……………….…122

Chapitre III : Les politiques agricoles.

Introduction ……………………………………………………………….…….125

1. Hétérogénéité du secteur agricole ……………………………………...……127

1.1. Les principales caractéristiques de ces secteurs ………..………..……127

1.1.1. secteur privé …………………………………….……………….….…….. 127

1.1.2. Extension du secteur d’Etat………………………..……………..…………..131

1.2. Politique de structures………………………….………………….……153

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2. Vers l’homogénéisation du système d’exploitation

du secteur agricole .………...………………………………………..…155

2.1. L’orientation de la production……………………………..…….…....158

2.2. La politique des investissements……………………………..……….159

2.3. La politique des crédits………………………………………….……163

2.4. Le soutien des prix. …………………………………………………..167

2.4.1. Prix des facteurs de production livrés à l’agriculture :

les prix payés par les agriculteurs………………………………….………..168

2.4.2. Prix à la production : prix payés aux agriculteurs ……………………………...…170

2.4.3. Politique de développement agricole……………………………………..…………..171

3. Les revenus dans le secteur agricole……………….………….………...….174

3.1. Les salaires dans le secteur d’Etat……………………….………...…175

3.2. Les revenus dans le secteur agricole………………………..………..176

4. La politique de formation de recherche et de développement .................179

Conclusion :………………………………..…………………………….….....184

Chapitre IV : Les effets de la politique agricole sur la modernisation

de l’agriculture et de la production : Les résultats.

Introduction……………………………………………………………………...186

1. Evolution de la production …………………….…………………………….186

2. Les résultats de la production agricole en quantités physique ………...… 188

2.1. La production végétale …………………………………………………188

2.2. Les productions animales …………………………………….…………202

2.3. La production halieutique…………………………………...…………..206

3. Rapport entre l'évolution du capital et de la production……………….….. 208

Conclusion :……………………………………………………...………………213

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Conclusion de la première partie………………………………………..………215

Introduction………………………………………………………………...……219

Chapitre V : Les marges de progrès possibles de la production

agricole algérienne .

Introduction……………………………………………………………….….….224

1. Analyse comparative. ……………………………………………………......224

1.1. Analyse comparative avec les pays du Maghreb …………....….. 225

1.2. Analyse comparative avec les pays développés……………..…....228

2. L’intéressement des travailleurs………………………………...……………238

2.1. L’incitation des travailleurs du secteur public……………………...…238

2.2. La motivation des paysans de secteur privé……………………...…...239

3. Faciliter l’accès aux facteurs de production………………………………….240

3.1. Accès au foncier ………………………………………………….… 241

3.2. La disponibilité des ressources techniques en quantité et qualité ..… 242

3.3. Une administration au service de la production ………………………243

Conclusion :…………………………………………………...…………………245

Chapitre VI : La relation agriculture industrie.

Introduction………………………………………………………………….…..248

1. Les retombées de l’industrialisation…………………………………......... 248

1.1. Le rythme d’absorption du surplus de la main

d’œuvre agricole…………………………………………....……….249

Deuxième partie : Perspectives d’une meilleure utilisation

des ressources productives dans l'agriculture algérienne.

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1.2. L’amélioration du revenu moyen dans les compagnes……….…...… 250

2. Les livraisons des facteurs de production à l’agriculture ……………………….…………. 251

3. Les livraisons des produits agricoles au secteur industriel

(Céréales - lait - fruits et légumes) …....................................................................... 257

Conclusion ………………………………………………………………....……264

Chapitre VII : Le coût du progrès et de la modernisation.

Introduction………………………………………………………………....…. 266

1. Préservation de ce qui existe et élargissement des capacités de la

production agricole………………………………………………..…………266

1.1. La mise en valeur des terres agricoles .…………….……………….… 267

1.2. La mise en valeur de l’hydraulique…………………………….… 269

1.3. L’aménagement de la steppe et de zones montagneuses……….…270

2. Elargissement de l’infrastructure économique ………………………….… 272

2.1. Réseau routier et transport…………………………………….….....… 272

2.2. Capacités de stockage…………………………………………..…...… 275

3. Formation- Recherche - Vulgarisation…………………………………...... 277

Conclusion ………………………………………………………………….… 279

Chapitre VIII : Les choix politiques : importation des ressources productives

et /ou importation des produits alimentaires.

Introduction …………………………………………………………….….. 281

1. Les importations des ressources techniques sont-elles couvertes

par les exportations des produits agricoles? ...................................... 282

2. Substitution progressive des importations des facteurs de productio.. 284

3. Le rythme d’évolution de la production agricole……………………..…286

4. La politique démographique……………………………..…………....…289

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6

5. Le modèle de consommation alimentaire et taux

d’auto-approvisionnement ……………………………………….……..291

Conclusion …………………………………………….……..…………...293

Conclusion générale………………………………………………….…...294

Liste des tableaux………………………………………….…………..…..301

Bibliographie ……………………………………………….………….....306

webographie ……………………………………………………….…......310

Liste des abréviations ……………………………..…………………......312

Abstract

Résumé

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Introduction générale

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L’agriculture en tant qu’activité économique chargée de plusieurs missions

dont la plus importante demeure celle de pourvoir aux besoins humains en denrées

alimentaires et produits agricoles lui confère un rôle essentiel et stratégique. En

effet, pour satisfaire ces besoins, l’agriculture doit non seulement produire des

biens mais aussi s’efforcer de réaliser un ajustement entre la production (offre) et

la consommation (demande) actuelle et à venir exprimée par la population. Une

discordance entre la croissance démographique et les potentialités agricoles

laisserait apparaître en général un déficit en produits agricoles et alimentaires à

combler par les importations financées par les exportations de biens et de services

produits par d’autres branches de l’économie et / ou par un endettement auprès

d’autres pays et organismes internationaux. La structure et le volume des

importations pourraient constituer, un fardeau pour le trésor public du pays, une

menace de dépendance politique envers les créanciers et les fournisseurs ainsi

qu’un frein au développement économique et social que seule une production

agricole suffisante et régulière peut atténuer.

La production agricole .de l’Algérie mobilise environ 40 millions d’hectares

(Ha) soit 17 % de la surface totale qui couvre 238.174 milles Ha. L’essentiel de

la Surface Agricole Utile (SAU) se trouve au nord du pays, occupe 7,5 à 8,3

millions d’Ha approximativement ce qui représente à peine 3 % de la surface

totale. Les pacages et parcours s’étendent sur 32 millions d’ Ha. Le reste étant

constitué par des terres improductives et stériles du désert du Sahara où toute

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culture en sec est impossible. IL faut quand .même signaler que de très faibles

superficies localisées près des points d’eau permanents sont exploitées par

l’agriculture et ont donné naissance à des oasis très dynamiques sur le plan

économique.( BISKRA ; ADRAR;BECHAR ).

L’agriculture occupe moins de un million de personnes permanentes. Les

différents recensements de la population ont dénombré 873.000 personnes en 1966,

et 692.160 en 1977, ainsi que 724.699 en 1987. Les estimations de l'Office

National des Statistiques (O.N.S) étaient de 881.000 personnes en 1996 soit 17,35

% de la population totale occupée. Ces différents effectifs réalisent en moyenne et

selon les campagnes agricoles environ 150 millions de journées de travail.

Sa contribution dans la P.I.B, c’est à dire dans la création de richesses, a connu

un recul important de 13,6 % en 1967 à 7,4 % en 1977 et 10 % en1997.

Et, elle n’assure qu’un faible taux de couverture de la consommation alimentaire

« puisque les 2/3 des calories disponibles sont importées et plus de la moitié des

protéines le sont également »1 moyennant des sommes colossales de l’ordre de 2 à

2,5 milliards de dollars des Etats-Unis annuellement depuis le milieu des années

1980 pour dépasser les 7,9 milliards de dollars deux décennies plus tard.

Or pour produire, l’agriculture doit disposer d’un certain volume de

ressources productives ou facteurs de production dont la combinaison productive

1 Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie Volume II P 195

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permet d’obtenir en un temps déterminé (cycle de production) une certaine quantité

de produits. Notons que la variable temps joue un rôle déterminant puisque la

production est un processus qui se déroule dans le temps et que l’objet de travail

est formé d’êtres vivants dont la croissance obéit à des lois biologiques. Une fois le

processus de production enclenché, il ne peut être différé assez longtemps sans

compromettre le résultat de la production - contrainte qui existe rarement dans le

secteur industriel.

Pour appréhender et identifier les ressources productives mises en œuvre, et

mettre en évidence les relations qui existent entre elles, une analyse de la

production dans sa genèse et dans ses résultats est indispensable. L’analyse nous

montre que la production agricole est à la fois un processus - acte de produire – et

un résultat de ce processus exprimé en quantité physique ou en valeur. Ces deux

aspects sont étroitement liés.

L’un d’ordre technique indique comment à partir d’un cadre de ressources

limitées, comme l’enseigne la théorie économique, s’opère un choix des actes de

production. Ceux ci relèvent du domaine du possible conditionné par l’état des

connaissances techniques applicables à l’entreprise ou l’exploitation agricole.

L’autre aspect concerne la décision économique qui « consiste à choisir parmi les

actes possibles ceux dont les conséquences présentent la plus grande valeur d’après

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le critère retenu »2 il constitue l’objectif fixé suivant certains critères de valeur liés

au comportement de l’entrepreneur.

Les ressources productives utilisées dans le processus de production agricole

sont très nombreuses mais pour simplifier l’analyse nous pouvons les regrouper en

trois grandes catégories comme les économistes de l’école classique qui

distinguent trois facteurs de production: la terre, le travail et le capital :

correspondant en gros aux ressources naturelles, aux ressources humaines et aux

ressources techniques. Les auteurs néoclassiques ajoutent aussi le progrès

technique comme facteur de production, considéré comme un "résidu" et identifier

comme facteur exogène dans le modèle de croissance de R.Solow. Ce résidu

représente l'ensemble des variables assimilées à la technologie permettant

d'améliorer l'efficacité des facteurs de production.

Cependant, à travers les combinaisons des ressources productives qui

relèvent de l’aspect technique de la production, c’est surtout à une combinaison de

prix et de coûts que procèdent les agriculteurs sous l’effet de pressions et

d’incitations extérieures exercées par les autres secteurs économiques. Ainsi,

parfois sollicitée, souvent contrainte, l’agriculture doit toujours s’adapter aux

nouvelles situations économiques grâce à la plasticité dont sont douées ses

ressources productives. Une utilisation plus rationnelle des ressources est toujours

recherchée par les agriculteurs quel que soit le niveau de développement de

2Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie Volume II P 195.

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l’agriculture. Et, une différence de degré de rationalité entre agriculteurs tient

plutôt au fait de degré de contraintes rencontrées par les agriculteurs (notamment le

niveau de formation) et des objectifs poursuivis.

En effet les prix des ressources productives peuvent évoluer, et dans ce cas les

agriculteurs auront tendance à utiliser abondamment la ressource la moins

onéreuse et à limiter ou abandonner celle dont le prix est excessif. Ils peuvent dans

ce cas opter pour un système de culture extensif lorsque la terre est abondante

renoncer à l’utilisation des engrais si leur prix augmente, choisir entre la culture

motorisée et la culture attelée en fonction des charges. C’est une question de bon

sens.

A la suite d’une augmentation de la demande domestique consécutive à une

amélioration des revenus ou à une croissance de la population, les agriculteurs

peuvent modifier la structure de leur production pour répondre aux nouvelles

caractéristiques de la demande. Par exemple une élévation du pouvoir d'achat des

revenus de certaines catégories sociales peut inciter à une consommation plus

importante de viande. Cette demande entraîne une augmentation de la production

de fourrage destiné au bétail. La réorientation de la production agricole, ou la

nouvelle structure de l’offre, est toujours possible à moyen et long termes même si

elle est parfois onéreuse comme dans le cas des plantations.

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En voulant s’assurer la parité de leur niveau de revenu avec celui des autres

catégories socioprofessionnelles, les agriculteurs disposant d'une autonomie de

gestion peuvent abandonner les cultures les moins rentables si l'opportunité se

présente même si elles sont nécessaires sur le plan économique et technique :

rotation – assolement des cultures .Comme ils peuvent être tentés de pratiquer une

agriculture à temps partiel pour avoir un revenu complémentaire grâce à l’exercice

d’une autre activité plutôt que d’intensifier leurs cultures en leur consacrant plus de

travail. Ils ne sont pas insensibles (du moins l’élite) à ce qui se passe hors de leur

entreprise, ils peuvent subir l’influence du progrès technique mis au point par les

industries, les laboratoires et les centres de recherches qui les incitent à modifier la

combinaison productive de leurs ressources (fonction de production) et à bénéficier

du moins temporairement des rentes d’innovation en procédant à des substitutions

du capital au travail et aux ressources naturelles et du travail qualifié au travail non

qualifié.

Par ailleurs, les ressources productives évoluent en quantité et qualité.

Elles ne sont pas figées, immuables. Elles peuvent connaître des modifications

(dégradation progressive parfois irréversible du patrimoine naturel à la suite de

l’érosion des sols ; ou une amélioration du niveau de fertilité des terres par une

mise en valeur) et même des déplacements (des personnes et des aires de cultures).

Un changement opéré au niveau d’une zone agricole par le passage des cultures en

sec aux cultures en irriguées à la suite de la construction d’un barrage, ou l’inverse

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en cas de tarissement des sources aquifères, peut modifier le comportement des

agriculteurs et l’utilisation des autres ressources productives. Le matériel devenu

obsolescent est remplacé par du matériel plus performant.

Des pressions externes exercées sur le secteur agricole peuvent donner lieu à

un transfert net de ressources productives (terres ,eau, main d’œuvre) vers d’autres

secteurs de l’économie provoquant ainsi une régression du potentiel productif,

comme elles peuvent aussi, à travers le comportement des agriculteurs, induire une

dynamique interne du système productif agricole qui se manifeste par des

modifications au niveau de ses principales composantes que sont : le système de

culture, le système de production et le système d’exploitation3. Chacun de ces

systèmes constitue un aspect ou une composante du système productif. Et, toute

action sur un de ces aspects ou systèmes entraîne une dynamique interne au niveau

du système productif. Même si c’est rare que des pressions externes s’exercent à la

fois et en même temps sur les trois aspects du système productif4. Une évolution

lente est perceptible. Aussi plusieurs variantes peuvent en résulter de la

combinaison de ces trois systèmes avec leurs différents degrés, ce qui donne une

diversité de systèmes productifs agricoles et un caractère hétérogène à l’agriculture

ainsi qu’une impression de modernisation différenciée.

3 R. Badouin – L’analyse économique du système productif en agriculture - cahiers des sciences humaines 23 (3-4)

1987 p357-375 4 Sauf dans le cas d’une révolution qui provoque une rupture avec la situation antérieure et un changement radical

dans le système productif.

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Le changement progressif des ressources productives induit donc une

dynamique interne assez lente du système productif qui, tout en alimentant ses

capacités productives, s’oriente le plus souvent vers un système plus perfectionné

que l’ancien, c’est à dire plus intensif avec de meilleurs résultats du moins en

quantité physique car en valeur et d’après la loi de G. King5 ils peuvent ne pas être

assez probants.

Ce changement doit être perçu et ressenti comme une nécessité d’adaptation et /

ou de modernisation, car dans une économie de marché, où la concurrence est vive,

une exploitation qui ne s’adapte pas est condamnée à disparaître .La pérennité de

l’exploitation agricole reste subordonnée à ses résultats. Par contre le secteur

agricole existera toujours même après maintes reconfigurations du paysage

agricole. Et c'est aux résultats du secteur agricole (y compris la pêche qui est une

ressource naturelle) induits par les facteurs de production que nous nous

intéressons.

Les résultats réels représentent des résultats acquis et enregistrés qui

forment la base des données statistiques et comptables – Ils permettent de retracer

l’évolution de la production – C’est à ce type de résultats que nous aurons recours

dans notre travail de recherche actuel.

La combinaison productive des ressources disponibles, en quantité et qualité,

permet d'obtenir un certain volume de production. Ce résultat réel renseigne sur le

5 Gregory King : auteur anglais du 17ème siècle (1648-1712) connu à cause de la loi établissant une relation inverse

entre le prix du blé et l’abondance de la récolte.

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degré d’intensification d’une agriculture et révèle les marges de progrès possible

c'est-à-dire "la différence entre les effets obtenus dans le passé et les effets qu'il est

possible d'obtenir présentement ,lorsque l'on a pu définir la quantité de facteurs

nécessaires à la production de l'effet passé et la quantité de ces mêmes facteurs

nécessaires à l'obtention de l'effet possible"6à combler ainsi que les réserves de

productivité existantes et ceci quelque soit le niveau de développement

économique et social du pays.

En Algérie, il existe une inadéquation entre les résultats souhaités et ceux

effectivement obtenus en dépit des efforts financiers consentis par l’Etat pour une

intensification du processus de la production qui viserait à obtenir une

augmentation du rendement par unité de superficie et par unité d'élevage

moyennant une utilisation plus importante des facteurs de production (intrants

,travail ) jusqu’à un seuil où le rendement stagnera ou fléchira selon la loi des

rendements décroissants constatée par Turgot au XVIII siècle et approfondie par

D.RICARDO au début du XIX siècle.

Théoriquement c’est la ressource la plus abondante et aussi la moins onéreuse

qui aura la priorité d’emploi selon les économistes classiques. Et, dans le cas de

l’Algérie, c’est la force de travail disponible, sous employée ou en chômage, qui

servirait dans un premier temps de base à l’intensification de la production

agricole. Cependant, l’emploi de la main d’œuvre par unité de superficie ne peut

6R.Launay et alii. « L’entreprise agricole ,col U.ed.A.Colin 1967.p 208 »

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être illimité, il se heurtera à la loi des rendements décroissants et par conséquent à

une baisse de la productivité par travailleur. Sans recourir à la notion de

productivité marginale du travail, qui d’ailleurs n’a aucun sens dans un pays où la

main d’œuvre est sous employée, le passage à un autre type d’intensification

s’avère nécessaire.

En général, après l’utilisation de la main-d’œuvre familiale ou salariée, le

choix se porte sur l'emploi des produits biologiques (semences et plants

selectionnés, race des animaux…), des engrais et des produits de traitement. Car,

ce sont des produits divisibles donc accessibles aux petits agriculteurs, peu onéreux

par rapport aux biens d’équipement et leurs résultats apparaissent rapidement.

L’intensification à l’aide des ressources techniques et biologiques devient

indispensable particulièrement par une utilisation plus importante des intrants ou

consommations intermédiaires (engrais, eau, produits phytosanitaires, semences

sélectionnées…) qui se poursuivra tant qu’un seuil de saturation de consommation

d’engrais n’est pas atteint et que le rendement continuerait à croître. Ces ressources

forment un « cortège » de facteurs en interaction et la défaillance de l’un peut nuire

à l’efficacité des autres c'est-à-dire à leur productivité.

La production agricole demeure aussi trop tributaire des conditions

naturelles notamment les aléas climatiques qui traduisent la faiblesse de son

volume et son irrégularité. Ce qui ne relève pas d’une fatalité mais s’explique en

partie par le faible niveau des forces productives.

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Les terres agricoles utilisées étant limitées et inextensibles. En dépit de cette

situation le système de culture dominant reste très extensif comme le prouve les

superficies consacrées à la jachère 30 à 40 % de la surface agricole utile et les

faibles rendements moyens obtenus particulièrement en céréales.

Les opérations d’intensification ne sont pas strictement limitées à l’emploi de la

force de travail ou aux consommations intermédiaires et aux biens d’équipements

.C’est selon la disponibilité des ressources et leur prix, ainsi que la rentabilité

escomptée, que les agriculteurs opèreront leur choix. Ces opérations

d’intensification sont également influencées par les politiques économiques et les

politiques agricoles. Les unes générales touchant tous les secteurs économiques

(inflation, fiscalité, transport …) et à titre résiduel l’agriculture ; les autres

spécifiques à l’agriculture concernent aussi bien les prix, les subventions, l’aide et

le soutien à la production ainsi que le régime juridique des terres, des coopératives

et les structures des exploitations etc. Donc seule une politique cohérente et à long

terme peut éclairer les perspectives et garantir la réussite de l’intensification

agricole, c’est à dire une meilleure efficience de l’utilisation des ressources

productives et son corollaire une croissance soutenue de la production agricole.

Le volume de la production agricole dépend principalement de la quantité de

ressources productives mais aussi des caractéristiques des unités de production

notamment leur dimension (l’économie d’échelle serait peu importante en

agriculture du fait de la fixité du facteur : terre) et leur réceptivité au progrès

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technique. Une superficie optimale doit exister pour un meilleur résultat en

fonction des spéculations pratiquées. L’environnement socio- économique et

institutionnel des unités de production peut également influencer le résultat.

Une utilisation plus importante des ressources productives au cours des dernières

décades en Algérie a-t-elle été accompagnée d’une augmentation proportionnelle

ou plus que proportionnelle de la production ? Ou a-t-elle servi uniquement à

contribuer à une hausse des coûts de productions ? Quelles sont les exploitations

agricoles qui ont bénéficié de ces ressources ? Leurs caractéristiques et leur statut

juridique et même leur position géographique ont ils eu une influence sur le

volume des ressources (Humaines et techniques) utilisées. Le problème qui se pose

à l'agriculture algérienne c'est la croissance de sa production, et c'est là notre

problématique, qui n'arrive pas à décoller en dépit des moyens mis à sa

disposition par l'Etat .

Ces résultats de la production agricole ont-ils suivi la même tendance

croissante que celle des ressources utilisées ?

Théoriquement et suivant l’expression consacrée « cétéris paribus » (toutes

choses égales par ailleurs) si on double le volume des ressources productives

utilisées dans le procès de production on double le volume de production. Mais

comme la terre est un facteur fixe inextensible et les conditions climatiques

incontrôlables on ne peut agir que sur les autres facteurs de production que sont

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les intrants ou consommations intermédiaires et les biens d’équipements et la force

de travail.

Trois hypothèses permettent de répondre au moins partiellement à cette question.

- Les ressources productives utilisées dans l’agriculture n’ont pas eu l’effet

souhaité ou recherché suite à une inefficacité des facteurs dans la combinaison

productive.

- Dans l’état actuel des connaissances scientifiques et techniques, l’emploi des

ressources productives et notamment techniques n’a aucune incidence sur le

volume de la production agricole en Algérie du fait de l’instabilité des structures

agraires.

- Les résultats obtenus ne sont que le reflet de l’insuffisance quantitative et

qualitative des ressources donc du faible niveau des investissements (accumulation

du capital technique et qualité du capital humain) et par conséquent une utilisation

plus importante de ces ressources entraînera une augmentation de la production.

Pour appréhender l’utilisation des ressources productives et son évolution une

approche historique rétrospective sur une longue période, afin d’éliminer les effets

conjoncturels essentiellement liés aux aléas des conditions climatiques, s’avère

indispensable.

Notre travail de recherche s’articulera autour de l’analyse des trois catégories de

ressources productives mentionnées précédemment. L’intérêt porté aux relations

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qui existent entre ces ressources(substituabilité et complémentarité) et à l’évolution

de leur utilisation quantitative nous permettrait de mesurer et d’apprécier les

niveaux de la production à travers les résultats acquis, c’est à dire réellement

enregistrés.

Aussi nous nous proposons d’étudier cette évolution sur prés de quatre

décennies en prenant comme année de référence 1966, année qui connu

d’importants évènements économiques et sociaux : premier recensement de la

population de l’Algérie indépendante, confirmation de l’option du pays pour une

voie de développement non capitaliste et adoption de la planification comme

instrument de développement (préparation du premier plan triennal 1967 –1969),

nationalisations des banques, du commerce extérieur, etc. Ainsi l’évolution des

ressources productives s’inscrit dans le cadre d’une économie dirigée qui permet

aux exploitations agricoles du secteur public de poursuivre leur activité en dépit de

leurs résultats économiques peu reluisants. Leur maintien sous perfusion leur

permit de s’acquitter de leur rôle social notamment en matière d’emploi de la main

d’œuvre et donc de la distribution de revenus. L’allocation des ressources

matérielles et monétaire se fait par voie technico – administrative (planification) et

non économique en absence d’un véritable marché. Par contre dans une économie

capitaliste les exploitations qui n’arrivent pas à dégager un surplus sont amenées à

disparaître. L’allocation des ressources se fait par l’intermédiaire des prix fixés par

le marché où règne une concurrence très vive et permet aux exploitations les plus

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efficientes de se maintenir et de s’agrandir. L’agriculture algérienne a vécu et

connu les deux régimes.

Nos investigations sont basées sur des données statistiques émanant de sources

différentes en priorité des organismes institutionnels : ministère de l’agriculture,

ONS, CNES, et des publications de travaux scientifiques d’universitaires algériens

et étrangers. Ce qui caractérise les statistiques algériennes c’est qu’elles sont

fragmentaires, de séries incomplètes d’âges différents et le plus souvent

contradictoires. Ceci rend le tracé des courbes pour apprécier l’évolution d’une

variable impossible sur le long terme.

Ces investigations sont complétées par des informations basées sur des contacts

personnels avec des agriculteurs, des responsables du secteur agricole et la presse

locale et internationale via l’Internet.

Ainsi le champ d’analyse déterminé et la période d’étude limitée, cette étude

comprendra deux parties.

La première partie sera consacrée à un examen historique des ressources

productives disponibles employées dans le processus de production et sa

modernisation. Aussi par une approche quantitative non exhaustive nous

procéderons à une analyse dynamique des ressources utilisées et des résultats

obtenus dans le cadre des politiques économiques et agricoles.

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La seconde partie se veut prospective. Elle portera sur les marges de progrès

certaines ou possibles du secteur agricole. Des performances technico –

économiques attendues pourront être obtenues avec l’aide du secteur industriel et

une meilleure formation des agriculteurs. Tout cela présente un coût que

l’agriculture avec ses moyens actuels ne peut prendre en charge.

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Première partie :

L’utilisation des ressources

productives.

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INTRODUCTION :

La production agricole à la différence de la production industrielle met en

œuvre de la matière vivante dont les conditions d’existence sont déterminées par

les caractéristiques du sol (structure, texture) de l’eau (quantité et qualité) et du

climat (température, humidité, vent, ensoleillement…etc.). Le sol et le climat,

considérés comme ressources naturelles constituent en fait les conditions plus ou

moins favorables au développement des plantes et des animaux utiles à l’homme.

Livrées à elles même ces conditions naturelles, très peu modifiables dans le temps

du moins à l’échelle d’une vie humaine, seront grâce au travail humain parfois

transformées et souvent corrigées et améliorées pour aboutir à une

« artificialisation du milieu » favorable aux cultures.

L’existence de ressources naturelles et humaines étant un préalable à toute

production agricole.

D’autres ressources matérielles également indispensables sont utilisées soit

pour rendre le travail plus efficace (matériel de labour et de récolte) ou fournir aux

plantes des éléments nutritifs nécessaires à leur croissance (engrais, eau) et les

protéger contre leurs ennemis (produits phytosanitaires et pharmaceutiques) ou

encore préserver les récoltes des intempéries et créer des conditions propices à

l’élevage des animaux (bâtiments d’exploitation et de stockage). L’ensemble de

ces ressources concourt à la réalisation d’un certain volume de production agricole.

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Ce volume ne peut être que proportionnel et dépendant de la quantité et de la

qualité de ces ressources mises en œuvre dans le processus de production.

Or la mise en œuvre, ou combinaison productive, de ces ressources supposées

disponibles obéit à une politique qui fixe les priorités économiques et sociales en

fonction des choix de la société, car avec ces mêmes ressources "à usage

alternatif" on peut obtenir une large gamme de produits.

Donc les résultats de la production du moins en quantité physique ne peuvent être

en partie que le reflet de l’efficacité (productivité) des ressources utilisées dans les

processus de production et de la justesse des choix économiques et politiques.

Dans cette première partie nous mettrons en évidence les ressources

disponibles, d’une manière globale mais non exhaustive, utilisées dans

l’agriculture. L’analyse de leur évolution quantitative et qualitative nous permettra

de mieux saisir et d’expliciter les résultats de la production obtenus au cours des

quatre dernières décennies.

Pour cela, cette partie sera scindée en quatre chapitres dont le premier

s’intéressera aux ressources naturelles disponibles et aux pressions exercées sur

elles par les autres secteurs socio-économiques pour leur appropriation ainsi

qu’aux multiples formes de leur dégradation dues en particulier à l’érosion des

sols.

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Le second chapitre sera consacré à l’étude de la modernisation du secteur agricole

à travers l’évolution de l’emploi de la main d’œuvre et l’acquisition des ressources

techniques (biens d’équipements et consommation intermédiaires).

Le troisième chapitre s’intéressera aux politiques agricoles qui ont favorisé ou

freiné l’évolution de cette modernisation, par une meilleure utilisation des

ressources productives, indispensable à une augmentation de la production.

Enfin le quatrième chapitre exposera les résultats obtenus grâce à ces politiques

agricoles en matière de productions végétales et animales et partiellement les

résultats financiers du secteur agricole.

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Chapitre I :

les potentialités de l’Algérie en ressources

naturelles.

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INTRODUCTION :

L’Algérie dispose d’un vaste territoire présentant une grande diversité de sol et

de climat. Cette diversité donne un caractère assez différencié à l’agriculture dont

le système de production varie du type très extensif au type intensif.

Cependant, et en dépit de son vaste territoire l’Algérie n’est pas un pays agricole.

La nature ne l’a pas avantagé, elle ne l’a pas doté de terres fertiles et de climats

favorables au développement des plantes et des animaux.

En effet, la superficie totale de l’Algérie couvre près de deux millions quatre

cents milles Km2 (2.4 millions de Km

2) et ne doit pas faire illusion quant à ses

possibilités agricoles. Sur cette superficie prés de deux millions de Km2 sont

occupés par du véritable désert saharien et 150.000 Km2 sont classés par les

climatologistes comme semi-aride recevant moins de 400mm de pluie par an, seuil

minimum pour la culture des céréales.

La seule région convenablement arrosée est la bande côtière située dans la

moitié Est du pays. Elle s’étend sur environ 600Km de long (Cherchel ; El-Kala) et

sur une profondeur Nord-Sud qui ne dépasse pas les 100Km, et son relief laisse

peu de place aux terres arables.

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Parmi les ressources naturelles indispensables à la production agricole, la terre

et l’eau occupent une place prépondérante. Ces deux facteurs sont aussi très

sollicités par d’autres secteurs économiques. Il s’agit donc pour l’agriculture, et

dans la mesure du possible, de préserver ses potentialités naturelles afin d’assurer

la pérennité de la production car avant tout, c’est de la quantité et de la qualité des

ressources naturelles que dépend le volume de la production. Donc une

appréciation de la production agricole et de sa croissance passe par une analyse des

ressources naturelles disponibles et mises en œuvre dans le processus de

production.

1. L’analyse du complexe sol- climat :

La fertilité des terres arables ou agricoles dépend de l’association du sol et du

climat. Une approche quantitative permet de cerner l’importance de ces facteurs.

Pour cela une description aussi détaillée que possible est nécessaire pour apprécier

les potentialités agricoles du pays.

1.1. La terre agricole : facteur rare :

La première contrainte que rencontre l’agriculture Algérienne et qui limite son

volume de production est liée à la faible proportion des terres arables. La

répartition générale des terres du territoire national représentée dans le tableau

ci-dessous (tableau N°1) montre que les terres improductives occupent 80% de la

superficie totale. Les surfaces forestières et les zones alfatières réunies représentent

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environ 3% de la surface du territoire. Ce taux montre le stade catastrophique du

déboisement que connaît l’Algérie.

Tableau N° 1 : Répartition générale des terres

U : 103 Ha

Source : O.N.S. Algérie en quelques chiffres N° 29, N°30.ed : 2000-2001

1995/1996 1996/1997 1997/1998 1998 /1999

Superficie Agricole

Utile (S.A.U) 8 081 8 201 8 215 8 227

1.1-Terres labourables

Culture herbacées

Terres au repos

7 521

4 554

2 967

7 650

4 234

3 415

7 660

4 458

3 202

7 673

4 031

3 640

1.2-Cultures permanentes

Pairies Naturelles

Vignobles

Plantations fruitière

559

40

62

456

551

42

57

451

555

42

56

456

554

35

57

461

2. Pacages et parcours 31 525 31 531 31 652 31 503

3. Terres improductives des

exploitations agricoles 935 929 864 865

Total terres utilisées par

l’agriculture.(1+2+3) 40 541 40 663 40 732 40 596

Autres terres

Terres alfatières 2 865 2 830 2 920 2 916

Terres forestières 3 855 3 835 3 900 4 196

Terres improductives* 190 913 190 190 621 190 465

Total superficie territoriale 238 174 238 174 238 174 238 174

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Quant aux terres utilisées par l’agriculture elles ne représentent que 17 % de la

surface totale et comprennent :

- Les terres labourables soumises à un assolement y compris la jachère.

- Les cultures pérennes ou permanentes qui comportent les plantations

d’arbres fruitiers et de vignobles, ainsi que les prairies naturelles et les

pacages et parcours.

Ce tableau montre également le caractère instable des superficies des différentes

catégories de terres. IL n’y a pas de frontière étanche entre elles ce qui explique les

importantes variations d’une année à l’autre. Cette fluctuation indique cependant la

tendance à long terme des superficies des différentes catégories. La stabilisation

autour de 40 millions d’Ha des terres utilisées par l’agriculture semble se

maintenir.

La rareté relative des terres agricoles peut être évaluée et appréciée également

par rapport à la surface totale du territoire et aussi par rapports aux besoins

croissants de la population en produits agricoles et en matière d’emploi de la main

d’œuvre.

A titre d’exemple, en 1999 pour une population de l’ordre de 30 millions

d’habitants et une Surface Agricole Utile (SAU) de 8,2 millions d’Ha, la

superficie par habitants est réduite à 0,27 Ha, et la superficie par actif agricole

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s’élève à 7 Ha en tenant compte de la jachère. Sans la jachère ce chiffre chute à 4

Ha environ, alors que durant la même période le chômage global était de 30% au

sein de la population active.

Le chômage étant plus accentué dans les zones rurales où l’agriculture procure

l’essentiel de l’emploi de la population.

La diminution des superficies utilisées par l’agriculture trouve aussi son

explication dans la configuration générale du relief et les caprices du climat ainsi

que dans le résultat des activités humaines qui ont conduit à une dégradation et

même parfois à une stérilisation irréversible de certaines terres provoquées par une

érosion accélérée. L’extension des terres cultivables ne peut porter que sur les

terres marginales situées en zones montagneuses exposées à l’érosion et/ou en

zone steppique exposées à l’aridité.

1.2. La configuration du relief :

La configuration générale de relief laisse paraître deux grands ensembles

géographiques : les chaînes de l’Atlas au nord et le désert du Sahara au sud.

L’Algérie du nord, plus accidentée que l’Algérie du sud, est formée par un

immense bourrelet montagneux parallèle au littoral « large de 300 à 400 Km

appartenant au domaine des chaînes circumméditerranéen récentes d’âge

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secondaire et tertiaire plaquée contre le vieux bâti africain »7 et comprenant l’Atlas

tellien qui longe la méditerranée et l’Atlas saharien limite nord du Sahara.

Ces deux massifs montagneux « encadrent au nord et au sud un vaste ensemble de

hautes plaines » dont l’altitude moyenne s’élève à 900m.

L’Algérie du nord qui dispose de la presque totalité des ressources en terre

exploitées par l’agriculture se décompose en trois zones aux limites naturelles bien

distinctes :

Le Tell (Atlas Tellien) constitué de chaînes de montagnes (Monts de

Tlemcen, Dahara, Ouarsenis, Kabylie, nord constantinois) séparées par des plaines

discontinues très fertiles que sont : l’arrière pays de l’Oran, la Mitidja au centre et

la plaine d’Annaba à l’Est. Il contient également de nombreuses vallées étroites

irriguées par des Oueds côtiers : vallée de Chelif irriguée par l’Oued de même

nom, vallée de la Soummam et vallée de l’Oued El-Kebir dans la wilaya de Jijel.

En plus des plaines et vallées qui regroupent l’essentiel des terres arables,

l’agriculture exploite encore des terres situées en zones montagneuses.

La zone tellienne constitue la région la plus riche d’Algérie en matière

agricole. Et malgré qu’elle ne dispose que de 34 % de la Surface Agricole Utile

(SAU) du pays (qui rappelons le ne représente à peine 3 % de la surface totale),

soit environ 2,5 millions d’Ha aux quels s’ajoutent prés de 4 millions d’Ha en

7 - J.C.Brulé - J. Fontaine : L’Algérie : Volontarisme étatique et aménagement du territoire. Ed O.P.U – Alger 1990

– P 28.

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surfaces alfatières (exclusivement dans le sud oranais) et surtout forestières et en

terres improductives. Les 2,5 millions d’Ha de la zone tellienne représentent

cependant l’essentiel du potentiel agricole de valeur du pays.8

Les hautes plaines, situées au sud de l’Atlas tellien, constituent l’immense zone

steppique à vocation pastorale qui à l’Ouest s’étendent sur prés de 500 Km sur une

largeur de 100 à 200 Km, à l’Est elles s’étirent sur environ 200 Km et en raison

du relief plus élevé (800 à 1000 m) on parle de hauts plateaux, la largeur se

rétrécie et finie par se confondre avec les monts des Nememcha.

L’Atlas Saharien constitué de montagnes fragmentées d’Ouest en Est par

l’érosion, ces chaînes de montagnes (Monts des Ksour, Djebel Amour, Monts des

Ouled-Nail, Mzab, Aurès) abritent des oasis sur leur contrefort qui relève du

domaine désertique du Sahara. Les altitudes ne dépassent pas les 2000 m sauf

dans les régions frontalières du Maroc Djebel Aïssa 2236 m et dans la région des

Aurès où le Djebel Chelia 2328 m surplombe la région Ouest : le Hodna 400 m et

la région sud des Chotts Melghir 32 m. L’Atlas Saharien forme un véritable écran

naturel contre le sirocco vent chaud provenant du sud.

Les hautes plaines et l’Atlas Saharien réunis détiennent l’essentiel de la SAU

nationale 66 % soit prés de 5 millions d’Ha, aux quels s’ajoutent 3,6 millions

d’Ha de surfaces alfatières, des terres improductives, des surfaces forestières

8- M.E.A.T : Demain l’Algérie. Tome 1. P 17.

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réduites et un peu plus de la moitié (54 %) des terres de parcours du pays partagées

essentiellement avec la zone saharienne.9

Le grand sud de l’Algérie formé par le désert du Sahara, occupe 80 % de la

surface totale du territoire. L’altitude moyenne généralement inférieure à 500m,

culmine au mont Tahat à 2.918 m dans le massif du Hoggar. Les terres agricoles

sont limitées à quelques 45.000 Ha localisées dans les oasis. Le facteur de

production le plus important qui joue un rôle limitant dans un climat désertique

n’est plus la terre mais l’eau. Aussi, lors des années favorables, pluvieuses, les

zones de parcours exploitées par l’élevage ovin se déplacent plus au sud par

rapport à l’atlas saharien et forment un prolongement naturel de la steppe. Par

contre durant les années de sécheresse c’est le désert du Sahara qui a tendance à

progresser vers le nord, et réduit les surfaces utilisées par l’élevage dans la

steppe.10

1.3. La steppe :

La steppe en Algérie représente un vaste territoire de l’ordre de 20 millions

d’hectares où du fait de l’aridité du climat aucune culture en sec n’est possible

mais où cependant une végétation permanente permet l’élevage ovin. C’est « le

pays du mouton », comme il est précisé par la charte de la révolution agraire, « qui

s’étend au sud du tracé de l’isohyète des 400 mm de pluies moyennes par année,

9 M.E.A.T : Demain l’Algérie T 1. P 17. Alger 19 10

R. Gallissot : «L’économie du Maghreb » collection «Que sais-je » Ed P.U.F – Paris 19. P 22.

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jusqu’à l’isohyète 100 mm, au sud du quel commence le désert saharien. »11

. Ainsi

définie la steppe englobe trois zones :

- Les hautes plaines ou hauts plateaux.

- L’atlas saharien.

- Le piémont sud de l’atlas saharien.

« La partie nord de cet ensemble entre les isohyètes 400 et 300 mm environ, est

souvent utilisée pour une céréaliculture peu productive qui s’étend au détriment

des parcours. »12

.

Sur les 20 millions d’Ha environ que compte la steppe, 15 millions seraient

effectivement utilisés par les troupeaux qui procurent l’essentiel de la production

de viande et de laine de l’Algérie. Ce troupeau constituait en 1975 la ressource

principale sinon unique à quelque 170.000 familles.13

L’élevage ovin extensif étant l’activité dominante dans les zones steppiques,

l’agriculture en irriguée se trouve limitée faute de ressources en eau suffisantes et

l’agriculture en sec (la céréaliculture) pratiquée dans la partie nord contribue

beaucoup plus à aggraver l’érosion des sols provoquée par des conditions

climatiques difficiles qu’à obtenir des rendements suffisants et surtout réguliers.

11- Ministère de l’information et de la culture : Charte de la révolution.

- Algérie : Annexe relative à la steppe – Janvier 1975. p 5.

12 Ibidem. 13

Avant projet – R.A. dans la steppe.

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1.4. Le climat aléatoire : pluies insuffisantes et irrégulières :

Le climat avec ses caractéristiques constitue la ressource naturelle la plus

déterminante pour l’agriculture. Rappelons brièvement que le climat se caractérise

essentiellement par l’humidité, la température et la luminosité et que l’action

simultanée de ces trois facteurs détermine d’abord la limite des aires de culture de

plusieurs espèces végétales et influe ensuite sur leur croissance et leur productivité.

De même le climat exerce une influence sur la formation des sols grâce à

l’action de l’eau de pluie et de la température sur la roche mère et aussi sur les

débris des végétaux qui en se décomposant se transforment en humus matière

organique indispensable à la fertilité du sol.

A son tour le relief, à l’aide de ses facteurs topographiques (altitude,

orientation, pente), influence le climat et permet l’existence de microclimats

locaux.

Le climat se compose de toute une série de facteurs, tous non modifiables du

moins à grande échelle et dont les plus importantes restent cependant la pluie et la

température.

La pluviométrie : insuffisante et irrégulière..

Dans l’ensemble l’Algérie est un pays à climat semi-aride, aride, et dont

l’aridité est aggravée par l’évaporation due à l’amplitude thermique.

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Les pluies sont globalement insuffisantes irrégulières et inégalement reparties dans

le temps et dans l’espace. Pratiquement nulles en été, elles ont leur maxima en

hiver dans le tell et au printemps sur les hautes plaines. L’irrégularité interannuelle

est d’autant plus grande à mesure que l’on se dirige vers le sud. Le nombre de jour

pluvieux est généralement faible 60 à 80 jours et n’a pas de conséquences

notables sur le déroulement du travail agricole.

Le territoire national peut être divisé en plusieurs zones agro-écologique se

succédant du nord au sud en fonction du tracé des isoètes de la pluviométrie et des

superficies.

- La bande côtière (littoral + sahel) bénéficie d’un climat méditerranéen

caractérisé par l’existence de deux saisons : des étés chauds et secs et des hivers

doux et humides (400 mm à 1200 mm de pluie). Le printemps et l’automne sont

parfois très brefs. Ici la notion de saison n’a pas la même signification (transition)

que dans les pays à climat tempéré où la saison dure à peu prés le quart de l’année.

La saison estivale sans pluie dure en moyenne trois mois dans l’Est du pays, quatre

mois à l’Ouest et même six mois à l’intérieur dans les hautes plaines.14

- La zone sublittorale avec un climat continental

- Les hautes plaines, et jusqu’aux confins de l’atlas saharien, ont un climat

Continental marqué par une insuffisance des précipitations (400 mm à 200

mm) 14 J.C. Brulé – J. Fontaine : L’Algérie : volontarisme étatique et aménagement du territoire

Ed. O.P.U – Alger 1990 - p

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40

qui diminuent du nord au sud et à une augmentation des amplitudes

thermiques.

- Dans le Sahara la pluviométrie est inférieure à 130 mm par an et

l’amplitude thermique y est importante (de 49°C le jour à moins de 10°C la

nuit).

Les températures :

L’amplitude thermique, à l’inverse de la pluviométrie, augmente du nord au

sud. Les premières gelées font leur apparition à quelques kilomètres du littoral et

s’accentuent de plus en plus vers le sud. L’aridité du climat est rendue plus aigue

par les vents de sables parfois très violents et notamment le sirocco vent

extrêmement chaud et sec, qui souffle en provenance du Sahara. Les accidents

climatiques dus aux gelées tardives et au sirocco précoce sont fréquents et influent

sur les rendements des cultures.

La superposition de la carte climatique sur la carte topographique permet de

relever l’étendue des superficies totales utilisées ou non utilisées par l’agriculture

comme le montre le tableau qui suit :

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41

Tableau N°2 : répartition des terres selon la pente et la pluviométrie.

Unité : Milliers d’Ha.

Pluviométrie Catégorie de pente.

0 – 3 % 3 % à 12,5% 12,5% à 25% + de 25% Totaux

Zone sub-humide

+ de 600 mm

500 à 600 mm

400 à 500 mm

368

235

1.944

1.239

675

1.388

2.139

984

1.507

1.335

63

98

5.081

1.957

4.537

Zone semi-aride

300 à 400 mm 5.049 1.387 538 224 7.558

Zone aride

200 à 300 mm

100 à 200 mm

4.334

2.742

810

229

326

90

95

52

5.565

3.113

Totaux 14.632 5.728 5.584 1.867 27.811

Source : Projet de rapport sur la rénovation rurale – Alger – 19 Septembre 1960. Délégation générale en

Algérie. Direction de l’agriculture et des forêts – 37 pages. Gérard BLANC. « Agriculture et croissance

économique en Algérie » - thèse complémentaire. Université de Montpellier. Faculté de droit et des

sciences économiques. Nov 1968 – p 183.

A ces contraintes écologiques liées au climat et au relief aux quelles s’ajoutent des

contraintes sociales dues principalement à la surpopulation des compagnes qui

limitent les potentialités des terres agricoles utilisées par l’agriculture et accentuent

leur rareté relative.

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Ces contraintes n’ont évidemment de signification et d’importance que mises en

rapport avec les superficies qu’elles concernent.

Ainsi :

- 1/3 de la SAU a une pente supérieure à 12,5 %.

Les terres concernées sont globalement impropres aux cultures car elles

contribuent à provoquer l’érosion des sols. Et doivent donc être réservées aux

forêts et pacages modérés.

- Ces terres marginales de montagne sont dans l’ensemble surexploitées et se

trouvent déjà à un stade avancé de dégradation.

Quant au climat, ses contraintes relevées surtout à travers la pluviométrie

montre que, l’agriculture utilise une SAU de l’ordre de :15

- 1.800.000 Ha soit 24% de la SAU reçoivent plus de 600 mm d’eau de

pluie par an peuvent faire l’objet d’une exploitation intensive même en sec.

- 3.200.000 Ha soit 42% de la SAU, bénéficient 400 à 600 mm, se trouvent

entre les isohyète « autorisant les cultures assolées en sec et l’arboriculture

fruitière » - sans doute extensive -..

- 2.500.000 Ha soit 34% de la SAU recevant moins de 400 mm d’eau de

pluie consacrés à une « agriculture aléatoire. ». présentant des risques élevés

15 E. MESLI : « les vicissitudes de l’agricole algérienne : de l’autogestion à la restitution des terres de 1990. »

Ed. Dahlab. 1996 p 165.

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43

L’insuffisance des pluies peut être atténuée par une irrigation rationnelle des terres

sous réserve d’une politique dynamique de l’eau et des techniques d’irrigation

modernes.

2. Les ressources hydriques :

Le cycle général de l’eau fait bénéficier l’Algérie d’un apport sous forme de

précipitations de l’ordre de 130 milliards de m3 par an soit une moyenne de 68

mm de pluie par an sur l’ensemble du territoire avec des extrêmes de zéro

millimètre au sud et 1500 mm /an maximum enregistré dans les presqu’île de

Collo dans le nord-est du pays.

L’Algérie du nord, c'est-à-dire l’Algérie tellienne, recevrait quelques 65

milliards de m3 par an qui se repartissent comme suit :

- 47 milliards de mètres

cubes s’évaporent dans l’atmosphère.

- 3 milliards de m3

s’infiltrent.

- 15 milliards de m3 s’écoulent on ruisselant vers la mère.

L’apport à la mer des rivières de l’Ouest du pays (3/5 du territoire

considéré) : 3 Milliards de m3.

L’apport à la mer des rivières de l’Est du pays (2/5 du territoire

considéré) : 12 Milliards de m3.

Sur le volume dynamique de 18 milliards de m3 transitant annuellement (15 de

ruissellement et 3 d’infiltration) la mobilisation ne concernait que 1,705 milliards

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de m3 en 1960 soit moins de 10 % - ce qui laisserait supposer à l’époque

d’énormes possibilités pour l’amélioration des capacités de mobilisation.

En gros, les barrages au nombre de 24 à la veille de l’indépendance

permettaient le stockage de 554 millions de m3 /an.

Le reste étant fournit par exhaure des eaux souterraines profondes à l’aide des

forages, les sources et les puits avec un volume de l’ordre de 0,865 Md de m3 /an.

L’utilisation de l’eau :

L’eau de barrages était affectée à :

- L’énergie électrique : 0,3 Md de m3 /an.

- L’irrigation des grands périmètres : 0,304 Md de m3 /an.

- Eau potable et industrielle : 0,115 Md de m3 /an.

L’eau des forages servait à :

- l’alimentation en eau potable et industrielle.

- L’irrigation en moyenne hydraulique.

L’eau des sources et puits servait à :

- l’alimentation humaine et animale.

- L’irrigation en petite hydraulique.

La part de l’agriculture s’élevait à 0,826 Md de m3 /an soit plus de 50 % du

volume mobilisé. D’ailleurs comme l’indiquait l’emplacement des barrages, cette

eau était destinée en priorité à l’irrigation et accessoirement à la population et à

l’industrie.

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L’Algérie indépendante a enregistré un retard considérable en matière

d’investissement en hydraulique .Durant deux décennies de 1962 à 1980 seul deux

barrages ont été construit : Djorf-Torba à Béchar et Bounamoussa à Annaba. La

politique de l’eau était reléguée au second plan. La population a vécu des coupures

d’eau et l’agriculture la réduction des surfaces irriguées. Le retard par rapport au

Maroc était assez important pour un pays situé en zone aride à semi aride et

disposant d’importantes ressources financières.

A partir de 1980 d’importants efforts ont été entrepris en matière de construction

de barrages et de réalisation de forages afin de mobiliser le maximum de ressource

en eau.

- En 1994 le nombre de barrage était de 98 passant de 24 en 1962 à 98 en

1994 (selon le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du

Territoire ) ce qui est peu vraisemblable, avec un volume régularisé de 2

milliards de m3 /an.

16

- Le nombre de barrage en cours de réalisation ou en voie de lancement était

en 1994 de l’ordre de 19 avec une capacité de 1,600 milliards de m3 /an.

- 37 barrages et ouvrages de dérivation étaient en cours d’études avec un

volume régularisé de 2,100 milliard de m3 /an.

A terme ces ouvrages installés sur « tous les sites envisageables à des

conditions économiques acceptables » porteront théoriquement le volume

16

Source : M E A T-Demain l’Algérie. P 66.

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mobilisable des eaux de surface à 5,7 milliards de m3.17

Cette capacité théorique

risque cependant de diminuer si des mesures de lutte contre l’érosion des sols ne

sont pas entreprises pour éviter l’envasement des barrages.

Ces ressources en eau de surface mobilisables par les barrages sont comme le

climat mal réparties dans l’espace : la zone tellienne recevrait 94,1 % et les hauts

plateaux 4,5 % tandis que le sud ne bénéficierait que de 1,4 %. L’Est du pays est

mieux arrosé que l’ouest où se trouve les zones de plaines qui s’y prêtent le mieux

à l’irrigation.

En attendant ces réalisations et leur réception définitive par le secteur hydraulique,

en 1990 la production d’eau potable et d’eau industrielle était évaluée à 1,3

milliard de mètres cubes.

L’eau destinée à l’irrigation était évaluée à 2 milliards de m3.Ce chiffre est loin

de répondre aux besoins et en plus il est revu à la baisse ce qui explique l’écart

entre les superficies potentiellement irrigables et les superficies irriguées.

Ce volume de 5,7milliards m3 confirme celui avancé par les rédacteurs du Plan de

Constantine à la fin des années 1950, ce qui confirme selon R. ARRUS le fait

que : « la rareté de l’eau a été consciemment organisée par le système colonial …

sur les 6 milliards de m / an mobilisables seules étaient mobilisées 554 millions de

m3

/an ».

17

Ibid.

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2.1. L’écart entre superficies irrigables et superficies irriguées.

Avec près de 5% de la SAU soit 350.000 Ha, les superficies irriguées assurent

40 % en valeur de la production totale. C’est dire l’importance de l’irrigation en

Algérie où même les cultures d’hiver exigent parfois un complément d’irrigation

et où les cultures d’été en sec sont pratiquement rares.

Le potentiel des terres irrigables est évalué à 1,24 million d’ha, mais en tenant

compte des ressources en eau mobilisables et des techniques d’irrigation utilisées,

ce potentiel chute à 730.000 ha. Les disponibilités en eau en année de

pluviométrie normale ne permettent d’irriguer qu’une superficie plus réduite

encore.

La superficie totale irriguée en 1992 avec contrôle de l’eau s’élève à 555.500

ha se répartissant comme suit :

- La superficie qui bénéficie de l’épandage de crues est estimée à 111.000 ha.

- La superficie en maîtrise totale ou partielle s’élève à 445.500 ha. Cette

dernière se décompose en :

- 45.000 ha dans les oasis du sud.

- 400.500 ha dans le nord du pays.

Le système d’irrigation (système de foggara) pratiqué dans certaines régions du

sud du pays a fait ses preuves et a démontré son efficacité au cours des siècles18

. Il

est constitué par un réseau de galeries souterraines. Sa confection et son entretien

18

René Arrus – op. cit. p

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exigent beaucoup de travail, mais sa performance en matière d’économie de l’eau

par limitation de l’évaporation est supérieure à celle d’un réseau moderne à ciel

ouvert. La gestion du réseau et de l’eau se fait d’une manière traditionnelle qui a

permis d’assurer outre la pérennité des oasis une production agricole non

négligeable notamment celle des dattes.

La gestion de l’eau des barrages relève du ministère de l’hydraulique qui par le

biais de ses offices assure la distribution de l’eau aux périmètres irrigués. La

superficie irriguée du nord du pays par commodité de l’analyse est généralement

décomposée en grande hydraulique, et petite et moyenne hydraulique.

2.2. La grande hydraulique :

Elle rassemble 17 périmètres variant de 1500 ha à 22.500 ha qui peuvent être

décomposés en fonction de leur autorité de tutelle : OPIR et OPIW. On distingue

ainsi :

- 10 périmètres allant de 2.200 à 22.500 ha regroupés en 4 Offices de

Périmètre Irrigués Régionaux (OPIR), d’El -Taref à l’Est, de Mitidja, de

Chlef au centre et de Habra-Sig à l’Ouest, totalisant 146.200 ha équipés

dont 80.100 ha soit 55 % sont considérés comme régulièrement irrigables.

- La différence entre les 2 chiffres s’explique par la détérioration des

infrastructures dont 63 % des superficies ont été équipées de 1937 à 1943

et l’abandon des terres rendues stériles par salinisation

(faute d’un réseau de drainage performant pour assurer un lessivage du sol).

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Par ailleurs en 1991, à cause de la faiblesse des ressources en eau, seuls

32.000 ha ont été effectivement irrigués soit 22% de la surface équipée.

- 7 périmètres de 3000 à 5500 ha regroupés dans 7 Offices de Périmètres

Irrigués de Wilaya (O.P.I.W) totalisant 29.300 ha équipés dont 16.200 ha

sont considérés comme régulièrement irrigués pour les mêmes raisons que

précédemment (vétusté des équipements des réseaux). En 1991 seuls 10.000

ha ont été effectivement irrigués. Ces périmètres sont pour la plupart

récents.

De la surface totale équipée, des O.P.I.R et O.P.I.W et considérée comme

irrigable soit : 80100 + 16200 = 96300 ha ; 62.560 ha (ou 65 %) sont irrigués par

irrigation de surface ou submersion et 33.740 ha (ou 35 %) par aspersion.

L’arboriculture occupe 17 % des superficies équipées pour l’irrigation dans les

grands périmètres. Mais les surfaces équipées ne sont pas toutes irriguées faute de

disponibilité en eau. En 1991, seulement 74 % des superficies ont été réellement

irriguées dans ces grands périmètres. Le faible niveau des ressources en eau oblige

à favoriser l’arboriculture qui constitue un capital fixe au détriment des cultures

saisonnières – le plus souvent pratiquées en petite et moyenne hydraulique.

Sur les 17 grands périmètres d’irrigation en exploitation dont la superficie équipée

est de 173 000 ha soit 2,2 % de la surface agricole utile, moins de 100.000 ha (58

%) sont irrigables et moins de 40.000 ha (23 %) ont été en moyenne irriguées ces

vingt dernières années.

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Les volumes affectés à l’irrigation sont très inferieurs aux besoins. En plus de la

réduction des ressources en eau affectées, les taux annuels de déperdition sont de

l’ordre de 40 %.

Ainsi, en 2002 les déperditions dans les grands périmètres irrigues gérés par les

quatre offices des périmètres d’irrigation régionaux ont représenté plus de 40

millions de m3.

De plus l’irrigation par gravité est consommatrice d’eau et de superficie, pour cela

il faut opter pour des systèmes d’irrigations plus économe en eau : système goutte

à goutte, et système d’aspersion.

2.3. La petite et moyenne hydraulique :

L’irrigation en Algérie en 2002 est essentiellement développée dans le cadre

de la “ petite et moyenne hydraulique ” qui, avec une moyenne annuelle de

300.000 ha/an représente 88 % de la superficie irriguée totale du pays. Cette

surface est faible puisqu’elle ne représente que 0,01 ha/habitant toutes surfaces

irriguées confondues.

Le reste, 12 %, est représenté par les surfaces mises en valeur dans les grands

périmètres irrigues, qui sont passées de 124 000 ha en 1962 `a plus de 173 000 ha

en 2002, soit une augmentation de 40 %.

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La petite et moyenne hydraulique couvraient 225.000 ha en 1992, irrigués à

partir des puits, forages, sources, petites rivières par dérivation traditionnelle ou

pompes individuelles ou encore à partir des retenues collinaires derrières de petits

barrages en terres.

Les données statistiques relatives aux superficies irriguées, qu’elles relèvent de

la grande hydraulique ou de la petite et moyenne hydraulique, restent

approximatives et connaissent d’importantes variations d’une année à l’autre. Ce

qui rend difficile la comptabilisation de leur flux et l’étude de leur évolution.

A ces facteurs internes propres au secteur s’ajoutent d’autres liés à

l’aménagement du territoire qui contribuent indirectement à la réduction de la

superficie agricole en général et irriguée en particulier.

3. Aménagement du territoire et mise en valeur des terres agricoles

L’aménagement du territoire est entendu ici au sens de répartition des hommes

et des activités économiques sur le territoire national. A l’indépendance, l’Algérie

a hérité d’un certain aménagement du territoire caractérisé par des déséquilibres

régionaux.

La population et les activités économiques étaient concentrées au nord du pays où

le climat est favorable. Les réseaux routier et ferroviaire plus denses sur la bande

du littoral étaient orientés vers les ports pour servir les échanges commerciaux

avec l’extérieur.

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L’Algérie indépendante n’a pas rompu avec ce schéma. Elle l’a au contraire

accentué à l’aide d’un accroissement démographique sans précédent et un

développement économique et industriel accéléré.

L’urbanisation s’est faite au dépend des terres agricoles et des ressources en eau

auparavant utilisées par l’agriculture. Ces deux facteurs l’eau et la terre très

convoités par les autres secteurs socio-économiques qui bénéficient de l’arbitrage

favorable des pouvoirs publics dans l’allocation des ressources pour répondre à des

besoins pressants de la population en matière d’emploi et d’habitat.

Les pertes en terres et en eau du secteur agricole au profit de l’urbanisme et de

l’infrastructure économique sont ils compensées par la mise en valeur de nouvelles

terres? C’est ce que nous tenterons d’élucider.

3.1. Aménagement du territoire et terres agricoles :

La répartition sur l’espace national de la population et des activités

économiques a entraîné des pertes importantes de terres agricoles au profit de

l’urbanisation au sens large du terme (battisses à usages d’habitation et celles

destinées à abriter différents services), de l’implantation des unités industrielles et

de la mise en place du réseau routier.

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3.1.1. Extension urbaine :

Les pertes en terres agricoles dues aux constructions induites par une forte

croissance démographique ne sont pas connues avec précision et leur évaluation

demeure aléatoire. Cependant le recoupement avec l’évolution du volume de la

population et l’évolution du nombre de villes et agglomérations laisse penser que

le prélèvement des surfaces agricoles est important. Slimane Bedrani, citant une

source du ministère de l’agriculture, signale qu’ « en 1978 dans le bilan du

deuxième plan quadriennal le ministère estime à 250.000 ha (dont 10.000 ha en

irrigués) les transferts fonciers au profit des secteurs non agricoles »19

. Mais

quelques années plus tard en 1996 le journal El Watan relève en citant des sources

ministérielles que « l’avancé effrénée du béton a entraîné la perte de 250.000 ha

de terres agricoles dont 10.000 ha en irrigués » et d’ajouter que « pour la période

située entre 1988 et 1996 se sont près de 78.000 ha de terres fertiles qui ont été

détournés de leur vocation au profit de la construction privé »20

.

Le même journal citant une autre source proche du ministère de l’agriculture

indique que « De l’indépendance à1995; 150.000 ha ont perdu leur vocation

légalement ou illicitement »21

. Ce phénomène se poursuit encore en dépit des

19 Bedrani (S) :Les effets sur la production des transformations dans l’agriculture algérienne . Université d’Alger

1980 p 20 El Watan du 21

El Watan du 13 /10 /1999

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mesures prises par les différents gouvernements, des instructions présidentielles et

ministérielles visant à préserver les ressources en terres agricoles.22

Ce phénomène se poursuit car d’autres sources signalent une perte de l’ordre de

200.000 à 400.000 ha. Mais pour relativiser les choses que seul un relevé cadastral

et un recensement des terres agricoles peuvent établir, nous disons que l’extension

des villes, la création de nouvelles villes, de même que la construction des villages

socialistes.( 200 villages socialistes achevés sur 1000 programmés) ainsi que les

constructions illicites sur les terres des fermes par « les indus occupants » c'est-à-

dire d’anciens travailleurs agricoles ou leur descendants vivants sur le territoire de

l’exploitation mais n’ayant aucun rapport avec elle, car ils exercent d’autres

professions extra agricoles – n’ont pas toujours été faites sur les terres à forts

potentialité agronomique -. Donc il reste à déterminer l’ampleur du phénomène et

de classer les pertes en fonction du niveau de fertilité de ces terres, chose que seul

un recensement exhaustif de l’agriculture peut révéler. A titre, d’exemple depuis la

promulgation de l’instruction présidentielle du14/8/1995 portant préservation des

terres à vocation agricole, 427 cas de transfert de terres agricoles ont été recensé

dans 23 wilayas et ceci jusqu’au 31/2/1998 portant sur une superficie de 727 ha à

22 - loi № 84 – 12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts

- L’ordonnance 85 – 01 du 15 / 8 /1985 fixant à titre transitoire les règles d’occupation du sol et ses textes

d’application

- Loi 90 – 29 du o1 - 12 -1990 relative à l’aménagement de l’urbanisme.

- L’instruction présidentielle № 005 du 14 -8 -1995 portant préservation des ressources en terres agricoles

- La circulaire du ministère de l’agriculture adressée aux D.S.A le 5 / 9/ 1995et la note du 13 /9 /1995

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55

vocation agricole.23

Ceci pour dire que le transfert légal ou illicite se poursuivra

tant que les lois ne seront pas appliquées impartialement.

En plus des constructions à usage de services administratifs et d’habitation les

secteurs : industriel, artisanal et commercial ont également bénéficié des terres

agricoles.

3.1.2. Les unités industrielles et infrastructures économiques :

Certains observateurs estiment à 10.000 ha la superficie parmi les terres les

plus fertiles et d’accès facile prélevée au profit du secteur industriel depuis

l’indépendance au début des années quatre vingt.24

Mais si l’on tient compte du nombre de zones industrielles situées dans les

banlieues des grands centres urbains estimés à 72 –Z.I- et celui des zones

d’activités destinées à la petite et moyenne entreprises évalué à 400 Z.A et localisé

dans les périphéries des agglomérations ont bénéficié respectivement de 15.000 ha

et 10.000 ha .La superficie perdue par l’agriculture au profits des secteurs non

agricoles serait plus importante.

Aux ZI et ZA s’ajoutent également les zones d’extension touristiques ZET qui ont

bénéficié d’importante superficies sans les avoir utilisées25

.

Ces transferts de terres et d’eau, certes nécessaires, sont parfois irrationnels. Cette

irrationalité dans l’utilisation de ces ressources par les autres secteurs est

23 El Watan du 13/10/1999. 24 Quotidien – Liberté du 12-13/2/1999. 25

CNES-La configuration du foncier en Algérie :une contrainte au développement économique Alger –Mai-2004

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d’autant plus criante lorsqu’elles sont octroyées gratuitement pour les entreprises

relevant du secteur public afin de réduire leurs coûts d’installation. Mais parfois

une forte proportion de ces terres se retrouve gelée pendant de longues années et

même abandonnée sans profiter ni à ses nouveaux acquéreurs ni à son secteur

d’origine : exemple la zone de Bellara dans la wilaya de Jijel où des centaines d’ha

sont clôturés et laissés en friche.

La mise en place du tissu industriel a été accompagnée d’un réseau routier et

ferroviaire plus étoffé pour faciliter le déplacement des hommes et des

marchandises. Ce réseau s’est aussi accaparé de bonnes terres agricoles. Un

kilomètre d’autoroute nécessite des dizaines d’hectares pour sa construction et en

comptant les espaces limitrophes de quelques mètres qui seront inévitablement

perdus à l’agriculture tout au long de l’autoroute .Aucune statistique disponible ne

rend compte des pertes subies par le secteur agricole au profit des routes, chemins

vicinaux etc…mais elles sont importantes et provoquent des désagréments aux

exploitations agricoles surtout lorsqu’elles se retrouvent coupées en deux.

3.2. Aménagement du territoire et ressource en eau :

L’eau plus que la terre constitue un facteur limitant pour la production agricole

surtout sous un climat aride à semi-aride comme celui de l’Algérie où les cultures

d’été ne peuvent être réalisées sans irrigation et que même les cultures d’hiver

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demandent parfois un complément d’irrigation. Cette eau de plus en plus rare fait

l’objet d’une grande convoitise des différents secteurs économiques et sociaux.

3.2.1. Prélèvement au profit des villes :

L’alimentation en eau potable des agglomérations provient à 80 % des forages

.L’eau est puisée des nappes phréatiques qui constituent de véritables réservoirs où

les pertes par effets d’évaporation sont limitées (par opposition aux eaux de

surfaces : cours d’eau et barrage) et de meilleures qualité en absence de toute

pollution due à des agents externes.

Les besoins de plus en plus importants en eau potable nécessaire à l’entretien de

la population et la mobilisation de cette eau qui n’arrive pas à suivre le rythme de

croissance de la population est à l’origine d’une gène qui touche toutes les

agglomérations algériennes et qui se manifeste à travers les coupures d’eau

fréquentes et son absence de plusieurs jours des robinets est une chose toute à fait

courante.

La distribution de l’eau, son rationnement et sa gestion sont tributaires non

seulement des capacités insuffisantes de mobilisation et surtout des pertes qui

s’élèvent à 40 % dues à la vétusté du réseau de canalisation, aux picages sauvages

(prélèvement sans autorisation préalable par les citoyens, défaillance des

compteurs d’eau, gaspillage encouragé par une facturation forfaitaire égale pour

tous les foyers etc.) et aux fuites nombreuses et dont le délais de réparation peut

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58

durer longtemps par manque de moyens et de compétences des organismes chargés

de la distribution de l’eau.

3.2.2. Prélèvement au profit de l’industrie.

Les besoins en eau de l’industrie ont énormément augmenté depuis

l’indépendance du pays. Certaines industries inexistantes à l’indépendance ont vu

le jour et se sont développées. Certaines sont très consommatrices d’eau : telle que

l’industrie du papier (cellulosiques), la sidérurgie, les tanneries, la pétrochimie et

les industries agroalimentaires.

3.3. La mise en valeur des terres.

La mise en valeur des terres consiste tout d’abord en une extension des terres

agricoles (surtout par l’irrigation) qui jusque là étaient inexploitées ou

insuffisamment exploitées. Elle consiste aussi à rétablir une valeur ou une fertilité

perdue à la suite des surexploitations du sol. Enfin elle porte sur l’identification des

causes de la perte ou de la diminution de la valeur (ou fertilité) pour pouvoir

stopper cette dégradation

3.3.1. Les principales causes de la dégradation des sols.

La dégradation des sols agricoles résulte d’un ensemble de phénomènes liés à

l’activité humaine .Ainsi la surexploitation des sols par la mise en culture ou le

surpâturage provoque une dégradation des terres. Celle-ci est d’autant plus

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importante que des apports en éléments fertilisants pour compenser les pertes dues

aux prélèvements des plantes ne sont pas restitués au sol.

Cette technique qui consiste à prélever sans restituer a été qualifiée

« d’exploitation minière des sols » entreprise par les colons à la recherche de

profits immédiats sans se soucier du long terme. La puissance des engins utilisés

dans la préparation des sols tel que le dry-farming, technique importée des Etats-

Unis et utilisée dans la préparation de la Jachère travaillée a contribué à

l’accélération de la dégradation des sols par une érosion hydrique et éolienne.

L’équilibre se trouve ainsi rompu entre jachère nue travaillée et jachère

ancestrale généralement pâturée.

Les sols algériens, étaient soumis à un assolement biennal, céréale jachère. La

jachère pâturée, technique qui consiste à laisser le sol se reposer pendant une ou

quelques années pour reconstituer sa fertilité et ne pas l’épuiser. La jachère

pâturée le plus souvent, avait un couvert végétal composé d’herbe et de plantes

annuelles.

Une technique en provenance des Etats a été introduite entre les deux guerres

mondiales. Cette technique ou le « dry-farming » consiste en un labour profond à

l’aide d’engin (charrues à disques) puissant rendu possible grâce à la motorisation

qui était à ses débuts en Algérie. La puissance de travail de la machine a décuplé le

travail des attelages.

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Le sol nu, sans aucune végétation se trouve exposer aux différentes formes

d’érosion.

La Jachère nue travaillée selon ses défenseurs permet, à l’aide de labours profonds

et répétés, d’emmagasiner l’eau en brisant la partie superficielle du sol pour limiter

l’évaporation par capillarité et de lutter contre les mauvaises herbes.

En plus du travail du sol, qui permet ou non de préserver l’humus, véritable

éponge retenant l’eau, riche en matière organique et éléments fertilisants puisqu’il

résulte de la décomposition des débris végétaux qui serviront par la suite à la

nutrition des plantes.

Trois autres fléaux bien connus sont aussi le plus souvent signalés et résumés

dans la formule « la dent, la scie et le feu » auquel sont exposés les différents

couverts végétaux qui préservent de la dégradation des sols par érosion. La dent

des animaux surtout les chèvres et les moutons. La scie pour la coupe de bois de

chauffe et le feu provoqué par des incendies volontaires ou accidentels.

Les sols algériens sont dans une forte proportion dégradés .fragiles et peu

profonds , ils ont été exposés à des surexploitations effrénées par suite d’ignorance

ou de cupidité durant longtemps par des colons et des paysans pauvres.

La dégradation se poursuit en l’absence d’un contrôle strict de la part des

pouvoirs publics qui doivent informer d’abord les agricultures et les éleveurs sur

les risques qui peuvent découler de cette surexploitation de ce patrimoine et

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sanctionner par la suite si les orientations et prescriptions pour la sauvegarde du

patrimoine ne sont pas respectées.

3.3.2. L’ampleur de la mise en valeur et le rythme des réalisations.

Cette dégradation de la terre, ressource naturelle la plus importante, a atteint

par endroits, à cause de l’érosion, des stades très avancés où toute régénération de

sol s’avère irrémédiable vu l’ampleur des dégâts occasionnés.

En effet sur l’ensemble du territoire, « 23 millions d’hectares de terres érodées

sont à restaurer dont 4 millions en première urgence » c’est un peu plus de la

moitié des terres utilisées par l’agriculture qui se trouve ainsi exposée à une

érosion accélérée.26

Les résultats d’une étude plus récente réalisée en 1982 par le BNEDER, et

consacrée à « l’Inventaire des terres et des forêts » confirme l’ampleur des

dégradations signalée auparavant par de nombreux travaux 27

et précise que 4

millions d’ha sont potentiellement touchés par la dégradation liée à l’érosion dont

2.110.000 ha de terres labourables et 830.000 ha de parcours.28

Pour freiner la diminution de la SAU, permettre son extension et facilité

l’accès à la profession agricole, l’Etat a promulgué en 1983 une loi29

permettant

26 Martens J. C : Le modèle algérien de développement : bilan d’une décennie 1962 – 1972. Ed SNED. Alger 1973,

289 p 188. 27 - Majauze. A.

- Sari. J. 28 Demain l’Algérie op cit T1 p 18. 29

Loi 83 – 18 du 13/8/1983 portant sur l’accession à la propriété foncière agricole (A.P.F.A).

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l’Accession à la Propriété Foncière Agricole par le biais de la mise en valeur des

terres dans les zones marginales : de montagne, de steppe et dans le sud. Ces

attributions sous forme de concession ont atteint 501.013 ha dont 119.477 ha mis

en culture 30

après avoir au préalable étaient préparés par une mise en valeur c'est-

à-dire un aménagement du sol et une élévation du degré de la fertilité dûment

constatée par les services compétents du ministère de l’agriculture. La loi stipule

que les bénéficiaires de concession ne deviendront propriétaires qu’après 5 ans de

mise en valeur.

Cette dégradation des sols due essentiellement à l'érosion et les transferts de

terres et de l'eau au profit d'autres secteurs ont eu des effets économiques négatifs

sur les systèmes de culture et les systèmes d'élevage et sur le volume de

production.

4. Evolution des systèmes de culture et des systèmes d’élevage.

4.1. Evolution des systèmes de culture.

L’objectif recherché à travers un système de culture est d’obtenir des rendements

élevés et réguliers tout en préservant la fertilité du sol et même en l’améliorant.

Les systèmes de culture se rapportent donc à un agencement des cultures sur

l’espace agricole.

30

El Watan du 2/4/1997.

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Ces agencements (Assolement – Rotation) sont d’autant plus nombreux que

l’autorise la diversité du climat. Même si la tendance à une simplification

(spécialisation) demeure la règle pour une meilleure utilisation du sol et du

matériel, l’influence du climat reste prépondérante dans la délimitation des aires

de culture. Ainsi on ne peut procéder aux mêmes cultures et à grande échelle dans

les plaines littorales du sahel et sur les plaines sublittorales de la Mitidja qui ont un

climat favorable et sur celles des hauts plateaux qui ont un climat plus rigoureux

ou dans les oasis sahariennes.

Cependant, la détermination des aires de culture en plus des contraintes du climat

obéit en règle générale à trois critères.

- En premier lieu les systèmes de culture évoluent à la suite d’une

modification de la demande qu’elle soit domestique ou internationale. Pour

répondre à cette nouvelle demande les agriculteurs apportent des

changements à leur système de culture quand les prix sont assez

rémunérateurs et que les ressources naturelles l’autorisent.

- En suite c’est par les déplacements ou délocalisations des cultures des zones

généralement fertiles situées à la périphérie des villes vers des zones plus

éloignées. L’extension urbaine chasse les cultures et entraine une

modification du système de culture.

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- Enfin le système de culture d’une zone subit une transformation lors du

passage d’un mode de culture en sec à un mode de culture en irrigué. A la

suite d’un aménagement hydraulique : exemple des périmètres irrigués.

Dans tous les cas le système de culture reste le résultat du choix de l’agriculteur

effectué en fonction des conditions naturelles, de la structure de l’exploitation, de

son niveau technique et économique et des possibilités du marché.

Dans le système de culture de « la grande ferme Algérie » On ne peut que relever

l’évolution par grand type ou groupe de culture, y compris la jachère qui constitue

une immobilisation du sol.

Ainsi on constate que certaines cultures ont vu leur superficie augmentée, d’autres

leur superficie demeure fluctuante ou à stagné dans l’ensemble et en fin un

troisième groupe de cultures a enregistré une baisse de sa superficie.

- Les superficies stagnantes

- La jachère comme sole occupe environ 2,8 à 3,8 millions d’Ha de la S.A.U.

- Ensuite, ce sont les cultures considérées comme stratégiques par l’Etat mais

jugées non suffisamment rentables par les agriculteurs : céréales, légumes secs, et

les cultures industrielles.

- Les céréales :cultivées essentiellement sur les terres des hautes plaines soumises

à un assolement biennal (céréale/jachère) la superficie consacrée annuellement aux

céréales avoisine les 3 millions d’Ha avec cependant de fortes amplitude, et une

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tendance à la baisse, dont les extrêmes ont été enregistrées avec 3.518.000 Ha en

1971/1972 et 3.418.000 Ha en 1987/1988 et 1902.000 en 1965/1966. D’une année

à l’autre la superficie emblavée peut varier facilement de un million d’Ha. Donc la

variation du volume de production peut être attribuée, en plus des aléas

climatiques, aux variations des rendements et de la superficie cultivée.

- Les légumes secs ont vu leur superficie augmenté passant de 63.000 Ha en 1967

et après une augmentation continue ont culminé à 168.000 Ha en 1987 pour

rechuter à 92.000 Ha en 1990.

- Les cultures industrielles : Tomates, tabac, betterave à sucre, coton, géranium

rosat, néroli... jugées également stratégiques, elles n’ont pas connu un

développement notable. Certaines ont complètement disparues, d’autres sont

maintenues à titre expérimentale. Seule la tomate industrielle a vu sa superficie

s’élargir surtout dans la plaine de Annaba.

- Les superficies en hausse :

Les cultures fourragées, les cultures maraichères et l’arboriculture ou cultures

fruitières ont enregistré des augmentations en superficie pour répondre à une

demande solvable croissante.

- Les fourrages : cultivés surtout dans les zones sublittorales la superficie

consacrée aux fourrages (artificiels et naturels) a été en moyenne annuelle de

230.000 Ha entre 1967 et 1969. Elle passe à 880.000 Ha entre 1984 et 1989 pour

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retomber à 399.000 Ha entre 1996 et 1999, conséquence directe de la

réorganisation du secteur agricole.

- Les cultures maraichères pratiquées particulièrement dans les zones du

littorales bénéficiant des conditions favorables et soumises à un assolement

quadriennal à quinquennal très intensif ont connu une expansion importante

passant de 98.000 Ha en moyenne annuelle entre 1967 et 1969 à 303.000 Ha entre

1984 et 1989 pour chuter à 266.000 Ha entre 1996 et 1999.

- les superficies de régression :

La viticulture a connu une régression. Sa superficie est passée de 301.000 Ha en

1967 à 23.000 Ha en 1999. Cette réduction concerne la vigne de cuve et s’explique

d’une part par le vieillissement des ceps et le non renouvellement des plantations et

d’autre part par l’absence d’un marché local (les habitants sont musulmans et la

boisson alcoolisée étant prohibée) et la perte du marché français qui absorbait la

quasi-totalité de la production vinicole au lendemain de l’indépendance. Cette

situation a amené les responsables politiques de l’Algérie à ordonner l’arrachage

de la vigne et la reconversion à d’autres cultures, faute d’une percée sur le marché

international pour préserver la commercialisation du vin et sauvegarder la part du

marché détenue auparavant par la France. La reprise des plantations des vignes à

raisin de table est encouragée par l’octroi de crédits à partir de l’an 2000 dans le

cadre du programme PNDRA ;

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L’arboriculture après avoir connu une baisse de ses superficies dues au

vieillissement des vergers et le non renouvellement des plantations ce qui a

entrainé une chute de la production et de la qualité des fruits .Une reprise des

plantations très importante a débuté à la fin des années 1980 d’abord timidement

puis elle s’est accélérée à partir de l’an 2000 avec le lancement du programme (

PNDRA ) financé essentiellement par le ( FNDRA).

4.2. Evolution des systèmes d’élevage :

L’élevage des animaux est une branche de l’agriculture qui vise à satisfaire les

besoins de la population en protéines animales. L’élevage est une spéculation

exigeante en travail, aussi les colons ont négligé cette activité. Disposant de vastes

étendues ils se sont adonnés à la culture extensive des céréales tout en recherchant

un profit élevé et en perpétuant le modèle ancestral : céréales / jachère propre aux

pays méditerranéens. Ce modèle fut, après l’indépendance, suivi par les

travailleurs du secteur autogéré sur des terres fertiles où les innovations étaient

possibles ainsi que l’introduction d’un élevage intensif constitué d’animaux à haut

rendement.

L’élevage ovin est de loin la ressource animale la plus importante suivie de

l’élevage bovin ensuite des caprins et des camelins pour la consommation

humaine.

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L’élevage équin, asinien et camelin comme animaux de trait et de transport.

L’élevage sans sol s’est développé rapidement au cours des dernières décennies :

avicole, apicole. La production halieutique reste en deçà des potentialités offertes

par 1.200 km de cote dont dispose l’Algérie.

- L’élevage ovin : pratiqué essentiellement par le secteur privé de manière

extensive utilisant quelques 20 millions d’Ha de la steppe. La sévérité des

conditions naturelles a, par le passé, obligé les pasteurs et leurs troupeaux à des

déplacements sur de longues distances à la recherche des pâturages. La pratique de

la « achaba » en été et le « azel » en hiver a été plus ou moins abandonnée31

.

La vocation nomade des éleveurs s’est atténuée d’abord avec la colonisation qui a

limité les déplacements et a fixé les itinéraires, ensuite avec l’avènement de la

révolution agraire qui soumettra les déplacements à des autorisations

administratives délivrées par les communes et créera des contraintes32

. Le

déplacement s’effectue de nos jours par des moyens de transports modernes

mécaniques : camions, qui permettent aux bêtes de ne pas perdre du poids dû à la

marche et aux éleveurs de gagner du temps. Rares sont les éleveurs qui pratiquent

le nomadisme même si les rendements des pâturages de la steppe ne font plus vivre

les troupeaux à cause des dégradations subies par un surpâturage.

31 M’hamed Boukhobza : l’agropastoralisme traditionnel en Algérie : Ed OPU – Alger 1982. 32 Haoues EL-KENZ : Etude – CEPRA : rapport introductif : pastoralisme limites de l’exploitation extensive et

évolution des rapports de productivité. Aout 1982.

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Le recours à un complément d’alimentation acheté auprès des organismes créés

pour pallier à la pénurie des fourrages a remplacé les déplacements ancestraux des

troupeaux à la recherche des pâturages. Seule une infime minorité d’éleveurs

pratique encore le nomadisme avec des déplacements limités, un cheptel aussi

limité et transporté.

Les terres du domaine de l’Etat, devenues à gestion privative appartenant aux EAC

et EAI, sont louées à des prix considérés par les éleveurs comme assez élevés et

d’autre part, le glanage a disparu et même les nomades ne le pratiquent plus pour

améliorer leur revenu.

- L’élevage bovin : se caractérise par l’existence de deux systèmes : L’un extensif

pratiqué exclusivement par le secteur privé, et l’autre intensif pratiqué par les

fermes des secteurs public et privé.

- Le système extensif : comprend 700.000 vaches représentant 47% de la

production laitière. Cet effectif recouvre les peuplements issus des multiples

croisements entre la race locale « Brune de l’Atlas » et ses variantes d’une part et

diverses races importées d’Europe : Pie rouge, tarentaise, Brune des Alpes,

Frisonne, Pie noire – Ce croisement entre la race importée plus productive et aussi

plus exigeante a donné des « bovins laitiers améliorés »

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- Le bovin local de piémont :

Se trouve en zones de collines et des montagnes peu arrosées du nord du pays

ainsi que sur les pentes de toutes les chaines montagneuses à la lisière des plaines

sublittoral.

Ce cheptel se rencontre aussi en grand nombre dans les petites vallées, à l’intérieur

des massifs montagneux.

L’adaptation des animaux aux conditions naturelles et l’acquisition de l’immunité

contre les maladies font d’eux des bêtes résistantes, rustiques peu exigeantes mais

peu productives.

Les ressources fourragères sont constituées par les fourrages naturels en hiver et au

printemps ainsi que les chaumes de céréales et les foins achetés dans les zones

céréalières.

- Le bovin local est caractéristique des zones montagneuses et boisées du nord

de l’Algérie. La production laitière suit celle de l’offre fourragère. Elle est plus

élevée au printemps. Ce sont des élevages « sur parcours » et des insuffisances

alimentaires sont particulièrement notées dans les zones peu arrosées ou dans les

forêts. L’éloignement des centres de consommation oriente ces élevages vers la

production de viande principalement. La production de lait était essentiellement

destinée à l’autoconsommation.

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- Le système intensif :

- Le secteur « privé héritier du secteur public » qui détient les meilleures terres

situées dans les zones littorales et telliennes-nord bénéficie d’une pluviométrie

importante, dispose d’un effectif d’environ 32.000 vaches laitières (en 1999) de

race améliorée. La production moyenne par vache s’élève à 2.500 l /an. Cet

élevage fournit environ 15% du lait local.

- Le secteur privé s’est développé dans les zones irrigables autour des

agglomérations de moyenne importance ; l’effectif de son élevage tourne autour

de 6.000 vaches laitières. IL est constitué de races fortes productrices importées.

La production moyenne par vache est de 3.300 l/an et ce système fournit 38% de la

production laitière locale.

- Le secteur privé spéculatif pratique un élevage bovin sans sol localisé dans les

périphéries des villes, dispose de vaches laitière à haut potentiel productif nourrie

aux fourrages achetés et aux aliments industriels concentrés livrés par l’office

national des aliments du bétail. Sa production de lait est commercialisée en faible

quantité. Elle est livrée aux laitiers ou vendue au détail par l’éleveur lui-même qui

se trouve être commerçant et généralement laitier.

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CONCLUSION :

L'agriculture algérienne rencontre de nombreuses contraintes écologiques

inhérentes à la qualité de ses ressources naturelles qui freinent son développement.

Et l'absence de réserves en terres fertiles, et les caprices du climat expliquent en

partie ses faibles performances en matière de production et de productivité.

Les ressources en terres sont non seulement limitées et de plus elles subissent

des pressions exercées par d'autres secteurs en vue de s'approprier les terres les

mieux situées et les moins accidentées prêtes à accueillir divers projets de

construction aux moindre frais d'aménagement.

L'une des possibilités qui s'offre à l'agriculture, en tant que secteur productif

afin de maintenir son niveau de production et de l'améliorer, réside dans

l’utilisation d'autres ressources productives provenant d'autres secteurs et

susceptibles d’améliorer l'efficacité productive des ressources naturelles et atténuer

la forte pression dont elles sont l'objet. En effet les ressources humaines (le facteur

de production: travail) et les ressources techniques (le facteur de production:

capital) peuvent concourir à une amélioration de l'efficacité des ressources

naturelles tout en contribuant à la modernisation de l'agriculture.

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Chapitre II :

Modernisation de l’agriculture et acquisition

des ressources productives.

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74

INTRODUCTION

La modernisation de l’agriculture signifie avant tout la rupture avec les

pratiques surannées et l’adoption de nouvelles méthodes technico-économiques

plus efficaces. Elle est perçue et ressentie comme une nécessité par des agriculteurs

sensibles aux progrès scientifiques et techniques qui, disposent de ressources

productives suffisantes, et veulent améliorer leur revenu, leurs conditions de vie et

de travail. Son rythme d’évolution peut être apprécié à travers la division du

travail, la simplification des systèmes de culture et d’élevage, c'est-à-dire une

spécialisation rendue possible et même souhaitable grâce à la disparition du

sentiment d’insécurité (alimentaire, revenu…) à l’origine de la diversification des

spéculations pour s’assurer d’une part l’autoconsommation et d’autre part amortir

les risques économiques éventuels (mauvaise récolte ou baisse de prix…).

La modernisation s’accompagne aussi par une perméabilité plus grande aux

progrès scientifiques, innovations techniques, économiques et culturelles de même

que par une intensification des échanges avec les autres secteurs. Cette

intensification des échanges avec les autres secteurs traduit le degré d’intégration

de l’économie nationale. Dépendance et complémentarité sont les signes apparents

de cette intégration.

Les échanges portent évidemment sur les biens et services c'est-à-dire sur les

facteurs de production, les différentes prestations de services et les produits

agricoles. L’agriculture renonce à produire ce qu’elle peut se procurer à moindre

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frais auprès des autres secteurs c’est ainsi que tous les métiers lié à l’artisanat au

niveau des fermes ont disparu (forgerons, bourreliers, tonneliers, charretiers…) et

c’est là un principe de bon sens déjà relevé par les auteurs classiques notamment

Adam Smith qui a constaté que la division du travail (la spécialisation) et le

commerce (principe de l’avantage absolu) contribuent à la croissance de la

production qui ne peut être limitée que par l’inextension du marché.

L’acquisition d’autres ressources productives par le secteur agricole lui permet

de se moderniser et d’atténuer les contraintes inhérentes aux ressources naturelles.

Ces nouvelles ressources améliorent l’efficience des ressources naturelles et

contribuent ainsi à la croissance du volume de la production.

Nous assistons à une transformation de la fonction de production qui devient plus

complexe (plus capitalistique) et sa mise en œuvre exige des compétences avérées

car la modernisation de l’agriculture peut certes entraîner une augmentation de la

production, comme elle peut également contribuer à un accroissement du coût de

la production si la productivité des facteurs acquis s’avère insuffisante ou si la

combinaison productive des facteurs révèle peu d’efficience.

Dans ce chapitre nous nous intéresserons qu’à certaines caractéristiques des

ressources humaines et des ressources techniques et à leur évolution.

Les facteurs institutionnels, juridiques et organisationnels qui forment le cadre

environnemental dans lequel évoluent les facteurs physiques de la production,

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en dépit de leur influence sur les résultats de la production, ne retiendrons

qu’accessoirement notre attention.

L’augmentation relative du volume des biens produits par rapport à

l’augmentation du volume des facteurs de production acquis et mis en œuvre ne

peuvent être imputés (productivité marginale des facteurs) à des changements

purement techniques. Ils relèvent aussi de l’organisation du travail au sein des

unités de production et de l’agencement de celles-ci au sein de l’économie d’où

l’importance primordiale des ressources humaines.

1. Les ressources humaines :

- L’emploi de la force de travail

Le surpeuplement relatif des campagnes par rapport aux ressources naturelles

inextensibles (terres) et très peu modifiables dans le temps ( micro-climat) fait que

le secteur agricole a de tout temps été considéré comme un secteur de départ de la

main d’œuvre plutôt que secteur d’accueil. L’accélération des départs qui n’est

autre qu’un exode agricole et rural apparaît surtout en période d’expansion

économique et se ralentie en période de récession. Durant les crises économiques

aigues il se transforme rarement en secteur refuge pour les individus qui perdent

leur emploi en ville et dont le contact n’a pas été totalement rompu avec la

campagne. Ceci traduit le caractère irréversible de l’exode.

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77

La force de travail disponible dans le milieu rural, est suffisamment abondante

pour mettre en valeur les terres agricoles et réaliser les programmes de production.

Mais si sur le plan quantitatif le problème ne semble pas se poser puisqu’il règne

un important sous-emploi de la main d’œuvre, par contre sur le plan qualitatif cette

main d’œuvre présente des insuffisances auxquelles l’agriculture tend à remédier

pour se moderniser. L’agriculture moderne ne peut être donc intéressée que par les

aspects qualitatifs de cette main d’œuvre qu’elle obtient soit par mutation interne

soit par acquisition de l’extérieur pour d’une part mettre fin à l’inertie que connaît

le monde agricole et d’autre part permettre un meilleur usage de ressources

techniques offertes par le progrès scientifique. Cette main d’œuvre qualifiée ne

peut être attirée et surtout stabilisée par l’agriculture que par une revalorisation du

travail agricole sur le plan social et donc une rémunération des salariés compatible

avec les efforts fournis et une garantie de revenus aux agriculteurs indépendants à

travers les mécanismes de prix.

1.1. Le volume global et structure de la main d’œuvre :

L’effectif moyen annuel des travailleurs agricoles est difficile à cerner en

dehors des recensements de la population ou des recensements généraux de

l’agriculture. Cet effectif est tributaire des différentes définitions retenues par le

recensement et aussi de la nature spécifique du travail agricole. Au moins deux

définitions, l’une politique et social et l’autre technique et économique peuvent

être relevées. Ainsi les données statistiques disponibles de l’Office National des

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78

Statistiques (O.N.S) expriment le nombre de travailleurs exerçant une profession

agricole en « équivalent permanents » et évitent leur classification en catégories.

Rappelons d’une part au moins pour l’Algérie que, selon les textes relatifs à

l’autogestion agricole et plus précisément l’article 1er

du décret 69 – 15 du 12 / 2 /

1969 portant entre autre sur les droits et les devoirs des membres du collectif, il

suffit pour être membre permanant : « d’avoir accompli, lors de l’année agricole un

nombre de jours de travail au moins égal à 200 dans l’exploitation considérée,

même si ce nombre a été reparti en plusieurs périodes au cours de l’année. Dans les

domaines de monoculture, ce minimum est ramené à 160 jours – Est réputé

domaine monoculture celui dont le revenu brut est constitué à concurrence de 80

% par les recettes d’une seule production. » Et d’autre part la conversion de

« l’équivalent permanent » en unité de travail homme à l’aide de coefficients

techniques, qui tiennent compte de l’état du travailleur (sexe, âge, validité…)

explique l’écart qui existe entre les effectifs réels et les effectifs théoriques calculés

en « équivalents permanents ». Donc les effectifs réels employés par l’agriculture

sont largement supérieurs aux effectifs calculés en « équivalent permanents »

établis sur la base des programmes de production et des normes de cultures et

d’élevage pour dresser les bilans des besoins en travail.

Les statistiques du ministère de l’agriculture prennent en considération les

effectifs réels des travailleurs classés en deux catégories : travailleurs permanents

et travailleurs saisonniers. Les données établies à partir des fichiers des domaines

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79

agricoles relevant du secteur public sont précises car elles sont prélevées

directement des fichiers de paie. Elles rendent compte des effectifs réels mais ne

prennent pas en considération l’état des travailleurs c'est-à-dire les calculs en

U.T.H (unité travail homme) nécessaires au plan de production ce qui explique en

partie les sureffectifs du secteur public. La force de travail ne concerne que le

nombre global de journées rémunérées.

Le secteur privé qui emploie plus de travailleurs agricoles 65,41 % en 1984

reste peu connu. Seules des enquêtes de main d’œuvre spécifiques à ce secteur

arrivent à rendre partiellement compte de ses effectifs. Signalons que le secteur de

la pêche maritime occupe moins de 1 % de la main d’œuvre ; 2.070 pour le secteur

public et 5.000 pour le secteur privé en 1984 (0,17 et 0,42 %).

L’évolution des effectifs de main d’œuvre utilisés dans l’agriculture

algérienne.

Tableau N°3 : Evolution des effectifs de la main d’œuvre

Unité : 106

1966 1977 1987 1997

Emploi total 1,725 2,33 4,14 5,70

Emploi agricole 0,873 0,686 0,725 0,884

Part de l’agriculture en % 50,6 29,4 17,5 15,5

Source : ONS : Equivalent permanent.

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80

Le volume de l’emploi en agriculture est arrivé à se maintenir en dépit des

transformations des structures de production dues notamment à l’arrachage

d’importantes superficies de vignes culture nécessitant beaucoup de main d’œuvre

et leur reconversion en céréales et fourrages cultures peu exigeantes en travail.

Tableau N°4: Structure de l’emploi masculin RGPH 66 -77-1987 par secteur

d’activité.

Unité : %

Sources : 1966,1977 – ONS – Statistique N° 15. Avril – Juin 1987 p 12.

1987 – ONS – Annuaire statistique de l’Algérie N° 14 – Ed 1990 p 46.

1997 – ONS – Algérie en quelques chiffres N° 29. Ed 2000.

L’emploi agricole n’a pas connu de variations importantes d’un recensement à

l’autre de la population. Ceci révèle si besoin est le faible niveau de

l’intensification agricole à base de travail et le recul de l’emploi agricole dans

l’emploi total qui passe de 58,23 % à 15,5 % en l’espace de trois décennies. Mais

ce qui importe le plus pour la production, ce n’est pas tellement l’effectif de la

main d’œuvre, c’est surtout sa structure par âge et par qualification principaux

indicateurs de productivité du facteur travail.

Agriculture BTP Industrie Services ND Total

1966 58,23 5,24 8,24 23,85 3,81 100

1977 31,10 15,60 17,20 32,60 3,50 100

1987 17,5 16,7 15 46,6 / 100

1997 15,5 10,3 10,2 64 / 100

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81

Or cette force de travail se constitue d’une main d’œuvre ordinaire peu qualifiée

composée d’une forte proportion de jeunes à la recherche de leur premier emploi

(en attendant d’effectuer leur service rational) et de personnes âgées ayant

dépassées l’âge de la retraite comme le montre la structure d’âge de la population

occupée par branche d’activité résumé dans le tableau ci-dessous(tableauN°5)

Tableau N° 5: Structure de la population occupée par la branche d’activité.

(R.G.P.H 1977)

Unité : %

Agriculture Industrie BTP Services ND Total

18 ans 58,60 14,20 7,20 16,50 3,50 100

18 – 59 ans 28,80 17,90 16,44 33,26 3,60 100

60 ans et + 53,39 8,24 7,41 28,10 2,86 100

Total 31,10 17,20 15,60 32,60 3,50 100

Source : ONS Statistique N° 15. Avril – Juin 1987 p 12.

La structure par grand groupe d’âge indique que les moins de 18 ans et les

plus de 60 ans sont concentrés dans l’agriculture (58,60 % et 53,39 %)

contrairement aux 18 – 59 ans en minorité dans l’agriculture (28,8 %) et repartis

ensuite d’une manière égale entre le secteur secondaire (Industrie + BTP) : 34,3 %

et le secteur tertiaire 33,26 %.

Dans l’absolu les effectifs ne peuvent être appréciés que par rapport à :

- La structure d’âge.

- Niveau de formation.

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82

« L’activité agricole est réservée à ceux des ruraux dont la force de travail n’est pas

encore prête ou trop usée pour les autres activités »33

.

« La population agricole est donc une population résiduelle, mais phénomène

remarquable, les campagnes ont joué leur rôle de réservoir de main d’œuvre pour

les autres secteurs sans pour autant rejeter vers les villes les travailleurs ainsi

transférés »34

.

Le secteur agricole se trouve encore pénalisé par le niveau de formation et de

qualification de cette main d’œuvre.

Le secteur agricole se trouve ainsi doublement désavantagé. D’une part il

occupe une forte proportion de jeunes instables et de personnes âgées à faible

productivité comme signalée précédemment. D’autre part la concentration de

personnes non qualifiées est analphabètes se retrouve dans le secteur agricole et

influe sur son rythme de développement d’une manière négative et freine sa

modernisation.

33 C. Chaulet : La terre les frères et l’argent Tr p 171. 34

Idem – p 172.

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83

Tableau N°6: Taux d’analphabétisme de la main d’œuvre occupée / B.A.E

Unité : %

Secteur d’activité Taux d’analphabétisme

Agriculture 68,7

Industrie 31,7

BTP 54,5

Transport 38,9

Commerce 38,7

Services 28,7

Services non marchants 19,2

Total 45,3

Source : ONS – Statistique N° 18 – Mars 1988.

La modernisation de l’agriculture ne peut se réaliser avec des agriculteurs en

majorité analphabètes donc incapables de noter les quantités utilisées, d’enregistrer

les travaux réaliser et d’archiver ces notes et enregistrements pour d’éventuelles

analyses et comparaisons dans l’avenir.

Exprimé en valeur absolue, le nombre de personnes non qualifiées employées

par l’agriculture représente prés de la moitié des effectifs employés par l’économie

nationale.

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84

Tableau N°7 : Répartition de la population occupée par BAE et niveau de qualification.

Unité : Individu

Niveau de qualification Cadres et

techn. sup techn

Agt tech et

pers HQ

Personnel

qualifié

Personnel

d’aide

Sans

qualification ND Total

Agriculture 2148 3786 4457 95.581 2647 808.544 / 917.163

Industrie 7682 12914 25624 220.103 27047 138.497 70 431.939

BTP 7291 7698 14163 221.731 7998 313.105 / 571.986

Hydrocarbures et transport 2284 2409 5296 22.957 3050 13.040 / 49.036

Transport Entr – comm 2714 6000 11980 113.563 8149 64.614 70 207.089

Commerce 4600 3479 11200 121.694 13376 138.053 / 292.402

Services 4978 5728 16698 112.325 12858 68.497 / 221.085

Administration 60496 65966 172602 259.230 26504 176.000 697 761.496

Non déclarés / / / 1.140 / 1.179 / 2.319

Non concernés 307 / / 70 / 376 18636 19.388

Total 92500 107981 262021 1.168.936 101630 1.721.904 19476 3.473.904

Source : ONS – Statistique N° 18 – Mars 1988

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Une enquête sur la main d’œuvre réalisée en 1983 par l’ONS bien avant la

réorganisation du secteur agricole public consécutive à la loi 87 – 19 estimait à

1.722.000 individus le personnel sans aucune qualification pour une population

occupée totale de 3.474.000 soit prés de 49,6 %. Prés de la moitié de cette main

d’œuvre non qualifiée se retrouve dans le secteur agricole soit 46,9 % - 47 % comme

le montre le tableau N° 7.

La main d’œuvre qualifiée se trouvait concentrée au niveau du secteur public et

plutôt dans les administrations que dans les unités de production.

- Le secteur privé, plus important en superficie et en effectif, est dépourvu de la

main d’œuvre ayant en une formation suffisante lui permettant de bien gérer

une exploitation agricole.

- D’origine urbaine, cette main d’œuvre n’arrive pas à s’adapter dans le milieu

rural.

- La structure d’âge et le niveau d’instruction (alphabétisation) sont assez

différenciés suivant les catégories socioprofessionnelles.

1ere

catégorie : Les agriculteurs indépendants.

89,97 % sont des chefs de ménages. Ils passent de 255.252 en 1977 à 347.572 en

1983. Il s’agit de la catégorie la plus âgée ; l’âge modal se situe entre 50 et 54 ans et

15,5 % sont âgés de 65 ans ou plus.

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D’ailleurs, là, réside un des problèmes de l’agriculture algérienne. La non intégration

à un système de protection sociale oblige bon nombre à continuer leur activité au-delà

de l’âge légal à la retraite même si la baisse de la productivité est notable. D’un autre

coté 90 % n’ont aucune instruction.

C’est une catégorie assez stable, seul moins du cinquième ont eu à changer de

caractéristiques professionnelles.

Le problème posé par cette catégorie est qu’elle ne fait pas la distinction entre les

superficies exploitables ou le nombre de têtes possédées ou le type d’exploitation et

le type de spéculation (seul un recensement permettrait d’appréhender ces

situations.).

2ème

catégorie : Les ouvriers agricoles.

69,51 % sont des chefs de ménages. Ce sont des salariés permanents de l’agriculture.

Au nombre de 205.000 dont 16 % dans le secteur privé soit 32.800 individus.

On le retrouve surtout dans les secteurs autogérés dans des coopératives ou les fermes

d’Etat. La presque totalité n’ont aucune instruction. Ils ne représentent qu’un

cinquième de l’emploi agricole.

Leur structure d’âge est assez particulière. Elle est équidistribuée entre 15 et 55 ans

soit 1/5 du total par tranche décennale.

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87

3ème

catégorie : Les saisonniers.

46,22 % sont des chefs de ménages. Il s’agit de toutes les personnes dont la situation

dans la profession est « salarié non permanent ». Les ouvriers agricoles non

permanents : 114.521 en 1977. En 1983 ils sont 123.000 se répartissant : 31 % dans

les métiers de l’agriculture, 17,5 % dans les métiers de la construction et 37,5 %

manœuvre sans corps de métiers spécifique.

- Il s’agit d’une profession provisoire l’âge modal compris entre 20 et 24 ans le

prouve bien.

- Le passage de l’agricole au non agricole se fait au gré de la conjoncture économique

sans qu’il s’agisse d’une spécialisation rigide, c’est ainsi que 34,6 % ont vu leurs

caractéristiques professionnelles changer.

- Le cheminement des jeunes ruraux (68,3 % des saisonniers le sont) qui reste à

vérifier serait du type : aide familial dans l’agriculture, service national, salarié

saisonnier dans le BTP, salarié permanent dans des collectivités locales.

Malgré leur jeune âge 75 % sont sans instruction ce qui rend encore plus précaire leur

situation, d’autre part 75 % travaillent dans le secteur privé ce qui diminue leur

chance de permanisation.

- En moyenne, le salarié saisonnier travaille 7 mois dans l’année - le mode est de 6

mois dans l’agriculture et de 8 mois dans le BTP -

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88

4ème

catégorie : Les coopérateurs.

90,39 % sont des chefs de ménages. De 75.000 en 1977 ils diminuent de plus de

moitié en 1983 (33.000). Il s’agit d’une catégorie nouvelle, 77,8 % y ont accédé après

les reformes qu’à connu le monde rural (création de coopérative) après avoir été des

agriculteurs indépendants ou des ouvriers agricoles.

L’âge modal est compris en 40 et 44 ans comme chez les ouvriers agricoles. 91 %

n’ont aucune instruction.

5ème

catégorie : Les apprentis et aides familiaux.

2,95 % sont des chefs de ménages. L’âge modal se situe entre 15 et 19 ans et 76 %

travaillent dans l’agriculture. Ils passent de 77.277 en 1977 à 319.800 en 1983. Cette

hausse très sensible est due à l’insuffisance de l’appareil de formation. 55,4 % sont

sans instruction et seulement 10,7 % ont un niveau moyen ou secondaire et à la

sélection qui s’effectue sur le marché du travail par élimination des jeunes avant

l’accomplissement de leur service national.

Volume de travail.

Une compagne agricole représentant en moyenne 150 millions de journées de

travail, on constate que le taux d’occupation d’un travailleur agricole n’est que de

150 jours par an. Encore faut il distinguer le travailleur du secteur socialiste qui

réalise en moyenne 250 jours par an du travailleur du secteur privé qui ne travaille

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89

que 180 jours par an et du travailleur saisonnier qui n’est occupé et ceci quelque soit

le secteur, que 74 jours par an.

- A titre illustratif nous reproduisons les évaluations de la main d’œuvre agricole

présentées par le ministère de l’agriculture dans un rapport ronéotype daté de

décembre 1985 représentant les résultats de la compagne 1984 et nous

renvoyons en annexe35

( tableaux 8-9 ci-dessous) une série de données

statistiques concernant l’évolution de l’emploi dans le secteur public.

- Pour le secteur public

Le nombre des journées travaillées en 1984 s’élève à 51 millions.

La moyenne en nombre de journées travaillées par an et par travailleur

permanent et saisonnier confondus est de 150 jours / an. Une telle

moyenne confrontée au plan de production fait ressortir que les 2/5 du

temps ne sont pas utilisés par le travail productif. Ceci amène sans grand

risque à émettre trois alternatives :

La 1ère

consiste à considérer que le personnel est sous-utilisé.

La 2ème

, qu’il y’a pléthore c'est-à-dire un sureffectif qui diminue

considérablement la part de chaque travailleurs.

La 3ème

peut être un amalgame des deux précédentes.

35

Tableau N°8 et 9 Evolution de l’emploi dans le secteur autogéré compagnes 1967 / 1968 à 1983 / 1984.

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90

- Pour le secteur privé.

Le nombre de journées travaillées par travailleur permanent et travailleur

saisonnier confondu est de 126 jours par an.

Cette moyenne se justifiait par la part de la monoculture au niveau de ce

secteur.

Une application des normes jour/ha régissant le secteur privé dégagerait

un besoin de 127 millions journées de travail pour une disponibilité de 95

millions de journées travaillées soit un déficit de 32 millions journées de

travail qui représentaient 24 % environ du volume global et se

traduiraient en 120.000 permanents et 142.000 saisonniers, en respectant

les proportions des effectifs permanents et saisonniers existants.

Ce déficit du secteur privé est basé sur des estimations qui nécessitent cependant une

certaine prudence quand aux significations et maniement des résultats qu’elles

donnent.

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Tableau N° 8 : Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré.

1967/68 1968/69 1969/70 1972/73 1973/74 1974/75 1975/76 1976/77

1/ Effectif moyen

annuel

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

En %

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

2/ Journée de travail

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

En %

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

3/Nomb moyen de J

de travail annuel

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

En %

Permanent

Temporaire

Indéterminé

Total

1) Champ de

l’enquête

114.620

119.730

18.210

252.560

45,0

48,0

7,0

100,0

31.575.600

26.277.600

4.826.400

62.679.600

50,0

42,0

8,0

100,0

275

219

265

248

23,0

18,3

22,2

20,7

132.950

123.510

13.390

269.850

49,3

45,8

4,9

100,0

36.080.300

25.931.800

3.546.000

65.558.100

55,0

39,6

5,4

100,0

271

210

265

243

22,6

17,5

22,2

20,0

173.770

102.209

/

275.979

63,0

37,0

/

100,0

44.148.756

19.113.366

/

63.262.122

69,8

30,2

/

100,0

254

187

/

229

21,1

15,5

/

19,9

121.301

117.991

/

239.292

50,7

49,3

/

100,0

33.548.173

23.543.852

/

57.092.025

58,8

41,2

/

100,0

277

199

/

238

23,0

16,6

/

19,9

113.566

120.876

/

233.442

48,4

51,6

/

100,0

32.708.953

26.168.381

/

58.876.734

55,6

44,4

/

100,0

288

216

/

215

24,0

18,0

/

20,9

106.630

124.571

/

231.201

46,1

53,9

/

100,0

34.829.764

24.919.410

/

59.749.174

58,3

41,7

/

100,0

327

200

/

258

27,2

16,7

/

21,5

111.471

96.948

/

208.419

53,5

46,5

/

100,0

33.644.018

19.759.576

/

53.403.594

63,0

37,0

/

100,0

302

204

/

256

25,2

17,0

/

21,3

100.504

99.610

/

200.114

50,2

49,8

/

100,0

31.201.000

22.448.000

/

53.649.000

58,2

41,8

/

100,0

310

225

/

268

25,9

18,8

/

22,3

Nombre total de

domaines enquêtés / / 1.995 1.998 1.999 2.071 2.080 /

Source : M.A.R.A. (Enquête de l’emploi)

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92

Tableau N°9 : Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré par

compagne.

Sources d’information : 1- 1975/76 à 1977/78 Enquête domaines. 2- 1978/79 BNA.

Source : 1982/83 Bilan de l’emploi annuel 1983 MAP.

1977/78 1978/79 1979/80 1980/81 1981/82 1982/83 1983/84

1/ effectif moyen

annuel

Permanent

Temporaire

Total

En %

Permanent

Temporaire

Total

2/ Nombre de journée

de travail (mille jours)

Permanent

Temporaire

Total

En %

Permanent

Temporaire

Total

3/ Nombre de jours de

travail par an

Permanent

Temporaire

Total

100.136

100.196

200.332

50,0

50,0

100,0

30.893

23.203

54.096

57,1

42,9

100,0

308

232

270

106.796

93.706

200.502

53,3

46,7

100,0

31.972

20.397

52.369

61,1

38,9

100,0

299

218

216

112.646

85.507

198.153

56,8

43,2

100,0

33.843

18.844

52.687

64,2

35,8

100,0

300

220

266

108.524

87.372

195.896

55,4

44,6

100,0

32.326

19.328

51.654

62,6

37,4

100,0

298

221

264

134.869

111.932

246.801

54,6

45,4

100,0

40.778

24.572

65.350

62,4

37,6

100,0

302

219

265

148.858

109.372

257.230

57,87

42,13

100,0

32.749

13.286

46.035

71,1

28,9

100,0

220,0

122,6

179,0

155.368

184.861

338.492

45,4

54,6

100,0

33.833

22.644

56.477

59,9

40,1

100,0

220,0

122,6

166,8

Nombre total de

domaines enquêtés / / / / / 3.324 3.367

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93

1.2. Le niveau de la productivité du travail :

La modernisation de l’agriculture ne peut se poursuivre sans un gain de

productivité appréciable plus ou moins régulier sur une longue période qui permet

d’une part le financement d’une accumulation soutenue et d’autre part une

amélioration du revenu et du niveau de vie des travailleurs.

La productivité du travail est un instrument efficace pour mesurer le gain de

productivité. Mais comme il est difficile de faire une séparation nette entre la

productivité du travail (surtout sur le long terme) et la productivité du capital et celle

du progrès technique qui se trouvent intimement liées, et pour contourner cet obstacle

les économistes ont eu recours à la productivité apparente du travail qui n’est autre

que la productivité globale des facteurs de production.

La productivité apparente représentée par le rapport entre la valeur ajoutée brute et

le nombre de travailleurs ou journées de travail ayant contribué à l’obtention de cette

production est plus facile à calculer.

Calculée en Dinars courants sa valeur nominale a connu une progression

importante de 2.255 DA en 1967 elle passe à 31.961 en 1987 dernier exercice du

secteur public agricole. De 1988 à 1997 la valeur de la productivité apparente va

connaître une augmentation vertigineuse, propulsée par une inflation annuelle à deux

chiffres, puisqu’ elle passe de 38.668 DA à 221.071 DA36

. Ainsi la valeur

36

CNES – Rapport sur : La problématique de développement agricole : Eléments pour un débat national.

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94

ajoutée par travailleur a été multipliée par 98 en l’espace de trois décennies et par 5,7

en l’espace d’une décennie (1988 – 1997).Calculée en Dinars constants de 1967 cette

progression serait beaucoup moins importante. Or seul ce calcul en volume ou valeur

réelle permet l’appréciation de son évolution.

Ce niveau de productivité et surtout son évolution sont à prendre avec réserve

pour au moins deux raisons :

- La première est relative à la fiabilité des données statistiques disponibles.

- La seconde raison est due au fait que la valeur de la production est estimée et

non exactement calculée. Elle ne tient pas compte des livraisons réelles

(livraisons de la production agricole au marché et des prix) ni de

l’autoconsommation qui reste non négligeable dans les pays en développement

et notamment l’Algérie. L’amélioration de la productivité reste tributaire non

seulement du niveau de la qualification et de motivation des travailleurs (capital

humain) mais aussi et surtout des ressources techniques (capital dans ses

différentes formes) mises en œuvre dans le processus de production et dont

l’acquisition contribue à la modernisation de l’agriculture.

2. Les ressources techniques :

L’acquisition des ressources techniques, constituées par l’ensemble des biens

matériels produits par le secteur industriel local ou fournis par les importations,

http : // www cnes. dz. p 42 Ed 2003.

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95

permet à l’agriculture de se moderniser sous certaines réserves et d’améliorer son

volume de production.

Ces ressources techniques forment ce qui est communément appelé « capital » et sont

classées en deux catégories : Les biens d’équipement (biens durables soumis à

l’amortissement) et les consommations intermédiaires (biens non durables, utilisés

une seule fois dans le procès de production) qui s’apparentent suivant la classification

comptable les uns aux charges fixes et les autres aux charges variables.

Pour notre progression dans l’analyse, par commodité et surtout en fonction des

disponibilités de données statistiques, nous ne retiendrons des biens d’équipements

que ceux liés à la motorisation - mécanisation portant sur le matériel de préparation

du sol et le matériel de récolte considérés généralement comme les plus représentatifs

de la mécanisation. Par contre nous ne tiendrons pas compte des bâtiments

d’exploitation qui relève des biens d’équipement faute d’informations suffisantes.

Des consommations intermédiaires ou « intrants » nous ne retiendrons que les

produits les plus représentatifs : engrais, produits phytosanitaires, semences, aliments

du bétail, etc.

2.1. La motorisation en agriculture :

La motorisation est représentée par les engins utilisés en remplacement de

l’énergie animale et humaine qui devient de plus en plus onéreuse et insuffisante,

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96

car il faut bien nourrir et entretenir le cheptel de trait. Les superficies consacrées aux

fourrages réservés à ce cheptel se trouvent ainsi libérées et affectées à d’autres

cultures jugées plus utiles.

Cette substitution de la machine à l’animal a certes ses avantages dans la mesure

ou elle permet de réaliser un travail avec rapidité et efficacité nécessitant peu de main

d’œuvre donc de coût, réduit la pénibilité du travail tout en permettant une extension

des terres travaillées même les plus difficiles auparavant laissées en friche.

Cependant cette substitution présente également des inconvénients. En se substituant

à l’animal la machine peut accentuer le chômage et le sous emploi, supprimer la

fumure organique procurée par les animaux, détruit l’équilibre écologique des zones

fragiles, etc.

Ce ne sont là ,selon certains économistes, que des idées reçues propagées par des

économistes et sociologues des pays développés et reliées par les élites des pays en

développement où elles sont appliquées avec des résultats parfois catastrophiques

(ex :transfert de technologie).En effet la mécanisation supprime des emplois mais elle

en crée à moyen et long terme des postes nécessitants beaucoup plus de

qualifications. Par contre en ce qui concerne la fumure organique la substitution de la

machine à l’animal est plus compliquée et les expériences réussies de certains pays

comme les Etats-Unis peuvent servir d’exemple. En effet, du fait de l’augmentation

fulgurante de la productivité et des quantités mises sur le marché les Etats Unis

affrontèrent dans les années 1920 et 1930 une crise des excédents agricoles

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97

et recherchèrent de nouveaux marchés d’exportation. Pour conquérir ces marchés ils

misèrent très largement sur la culture du soja, qui permet non seulement la croissance

du bétail, mais qui possède en outre l’avantage de fixer l’azote de l’air et de le

restituer au sol, remplaçant ainsi la fumure disparue en même temps que les animaux

de trait. En 1918, près de 30% des surfaces cultivées servaient à nourrir les animaux

de trait principalement avec l’avoine, Quarante années plus tard cette surface est

tombée à zéro.

L’Algérie, en dépit du chômage chronique qui règne dans les campagnes, a tenté

de concilier mécanisation et emploi en équipant modérément son agriculture afin de

lui assurer une modernisation progressive qui n’est pas encore achevée comme le

montre l’étude de l’évolution du parc de tracteurs.

2.1.1. Evolution du parc national :

Pour mieux appréhender l’évolution du parc et apprécier son rythme de

progression il nous faudrait tout d’abord connaître sa situation initiale c'est-à-dire sa

situation de départ à travers ses effectifs, sa structure d’âge, le secteur juridique et

l’état du parc en général.

Le parc algérien de tracteurs s’élevait en (1966) à 40.761 unités ainsi réparties par

secteur juridique.

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98

Tableau N°10 : Parc algérien en 1966.

Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total

- Secteur socialiste 12.263 6.499 18.762

- S.A.P (C.C.R.A) 956 648 1.604

- Secteur privé 18.345 2.050 20.395

- Total 31.564 9.197 40.761

Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968.

Les tracteurs à chenilles occupent une place importante dans le parc algérien :

22% du parc en 1966. D’un point de vue technique le tracteur à chenille est

indispensable pour les labours de défrichement dans les terres lourdes, pour la culture

sur les terrains dont la pente est supérieure à 12,5 % ainsi que pour l’arboriculture et

dans les vignes à faible écartement. Comparativement à d’autres pays et à la même

époque, la proportion de tracteurs à chenilles semble élevée, mais se justifiait par la

nature des sols et du relief. Mais compte tenu du prix plus élevé et dont

l’amortissement est très lourd et des frais d’entretien, le tracteur à chenilles peut être

remplacé par des tracteurs à roue de forte puissance (plus de 55CV jusqu’à 80CV et

davantage) chaque fois que la substitution et possible.

De ce fait la proportion des tracteurs à chenilles ne représentera en 1992 que 10 % de

l’effectif total du parc. Plus de la moitié, 68,5 % des tracteurs à chenilles, étaient

âgées de plus de 10 ans et 1/3 des tracteurs à roues avait plus de 10 ans également.

Donc le parc se caractérisait en 1966 par un vieillissement qui est à l’origine d’un

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99

taux de panne assez élevé et des fréquentes immobilisations comme le montre les

tableaux ci-dessous.

Tableau N° 11 : Structure du parc par âge.

Unité :%

Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1- I.E.J.E Décembre 1968.

L’âge des tracteurs reflète l’état général du parc dont le taux de panne immobilise en

moyenne 33% du parc du secteur autogéré.

Tableau N° 12 : Etat du parc en %

Unité :%

Tracteurs à roues en

panne

Tracteurs à chenilles

en panne

- Moins de 5 ans

- 5 à 10 ans

- plus de 10 ans

- dont plus de 13 ans

08,5

28,0

48,0

51,0

10,5

40,0

53,5

56,0

- Total 29,0 43,5

Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968

Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles

- Moins de 5 ans

- 5 à 10 ans

- plus de 10 ans

- dont plus de 13 ans

27,5

39,0

33,5

23,0

18,0

13,5

68,5

54,0

- Total 100,0 100,0

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100

Le taux de pannes plus élevé pour les tracteurs à chenilles correspond à la vétusté

plus accentuée du parc. Et, en gros, le secteur privé et le secteur autogéré présentent

des parcs composés de tracteurs assez vieux comparés aux CCRA qui disposent d’un

matériel plus récent mais en nombre limité. Aussi l’état du parc se fait sentir avec

prés de 43,5 % de tracteurs à chenilles en panne et 29 % de tracteurs à roues. Donc le

nombre de tracteur en état de marche qui représente l’effectif réel du parc se trouve

considérablement réduit comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau N° 13 : Tracteur en état de marche par secteur.

Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968

La lecture de ce tableau permet de faire un certain nombre de remarques :

- En tenant compte uniquement des tracteurs en état de marche on constate que

l’agriculture algérienne ne disposait en fait (en 1966) que d’un parc de 26.361

tracteurs soit rapporté à la SAU totale de l’Algérie du nord : 1tracteur pour 250

ha ou rapporté à la SAU « mécanisée » 1 tracteur pour 185 ha.

Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total

- Parc autogéré

- Parc CCRA

- Parc privé

8.689

796

11.406

3.647

623

1.200

12.336

1.419

12.606

20.891 5.470 26.361

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101

- Le secteur privé cultive une superficie plus grande que celle du secteur

socialiste et ne dispose que d’un nombre à peu prés égal en tracteurs.

- En période de pointe c'est-à-dire de grands travaux, la traction mécanique est

certainement insuffisante surtout si l’on tient compte de la fréquence des

pannes, des pénuries en pièces de rechanges et en main d’œuvre qualifiée que

ce soit en conducteurs ou en mécaniciens.

- La traction animale restait encore très répandue. Alors que dans le secteur

socialiste le taux de traction animale ne dépassait pas 15 à 20 % dans le secteur

privé il voisinait les 50 %. Il faut aussi souligner qu’une part importante du

matériel du secteur privé, tracteurs et surtout moissonneuses batteuses étaient

détenues par des entrepreneurs dont la profession n’est pas l’agriculture.

- Les exploitations dépourvues de tracteurs ont recours aux services des CCRA et

des entrepreneurs privés qu’elles soient du secteur socialiste ou du secteur

privé.

- En effet, les biens d’équipement (tracteurs) sont non divisibles, onéreux, et dont

la possession à titre individuel pose souvent le problème de leur sous utilisation

(problème d'économie d'échelle) sur les petites propriétés. Aussi les travaux de

labours et de récolte sont confiés de plus en plus aux prestataires de services du

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102

secteur privé. L’absence de coopérative37

où l’agriculteur se considère comme

adhérent à part entière et à laquelle il peut s’adresser pour les travaux à des prix

étudiés a favorisé l’émergence des entrepreneurs privés encouragés par une

forte demande induite par des phénomènes nouveaux en relation avec la

modernisation de l’agriculture ou du moins l’ayant suscitée et dont nous

relevons :

- L’agriculture comme activité à temps partiel pratiquée par les paysans

disposant de peu de terre et dont les travaux se limitent au strict minimum

nécessaire : labours et récolte.

- L’avènement de la reforme agraire (révolution agraire) dont l’application à

partir de 1972 a entraîné une restriction aux crédits d’équipement pour le

secteur privé.

- Enfin l’intensification des travaux pour les cultures spéculatives, aux itinéraires

techniques plus complexes, induites par la croissance démographique, le

pouvoir d’achat et donc une demande.

Sous les effets conjugués de ces phénomènes, aux quels il faut ajouter le maintien

du système de production colonial basé sur un usage plus important de machines et

perpétué par le secteur public (autogéré + CAPAM) et un secteur privé globalement

sous équipé, la traction mécanique s’est développée suivant des rythmes variables

37 La CAPCS qui a remplacé le CCRA au niveau de la commune n’arrive pas à satisfaire la demande en période de

pointe.

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103

comme le montre le tableau placé en annexe résumant l’évolution du parc matériel

agricole.

Tableau N°14 : Evolution du parc matériel.

Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total

- Secteur socialiste

- S.A.P (C.C.R.A)

- Secteur privé

12.263

956

18.345

6.499

648

2.050

18.762

1.604

20.395

Total 31.564 9.197 40.761

Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968.

Ce tableau montre en effet que :

- De 1966 à 1978, le nombre de tracteurs est passé de 40.761 à 42.496 unités.

Les acquisitions de tracteurs ont essentiellement servi au renouvellement du

parc dont le vieillissement était assez prononcé. Comme le prévoie le rapport

du 1er

plan quadriennal ou il était question d’envoyer à la reforme les tracteurs

ayant plus de 8 années d’âge.

- « Entre 1978 et 1999 comme le relève le rapport du CNES, le parc de traction

(tracteurs à roues et à chenilles) s’est accru en moyenne annuelle de 4 %

entraînant une consolidation de la mécanisation dans le secteur reflété à travers

le nombre d’hectares / tracteur qui est passé d’un tracteur pour 176 hectares à

un tracteur pour 86 hectares. »38

.

38

CNES – Rapport sur : la problématique de développement agricole élément pour un débat national p31.

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104

Tableau N°15 : Evolution du nombre d’hectares par tracteur

et par moissonneuse batteuse.

Année Hectare par tracteur Hectares par

moissonneuse batteuse

1978 176 1.875

1988 93 1.001

1998 86 869

1999 86 869

Source : CNES. Rapport op.cit. p 31

- Toujours selon le CNES « l’analyse du parc de traction de 1992 composé de

95.000 tracteurs dont 90 % à roues et 10 % à chenilles, fait ressortir que 50 %

de ce potentiel productif a un âge compris entre 9 et plus de 12 ans. Le reste se

reparti entre 35 % qui ont un âge situé entre 5 et 8 ans et 15 % ont un âge

inférieur à 5 ans.

Les rédacteurs de ce rapport du CNES notent que « dans l’hypothèse d’un

renouvellement à hauteur de 10 % des tracteurs de plus de 12 ans, le secteur devrait

acquérir annuellement 3.420 tracteurs. Or, entre 1978 et 1999, les acquisitions du

secteur ont été en moyenne de l’ordre de 1.140 soit 1/3 des 10% à renouveler. » Et de

remarquer que « la faible reconstitution du parc de traction pourrait s’expliquer par

un niveau de saturation de la productivité et probablement par une faible évolution

des techniques culturales. »39

.Alors que cette non reconstitution était surtout liée aux

prix élevés des tracteurs.

39

CNES op cit p 31.

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105

2.1.2. Le matériel aratoire et le matériel de récolte :

Etant donnée la large gamme de ce matériel nous ne tiendrons compte que de

l’aspect quantitatif et non de ses caractéristiques techniques et économiques :

- Le matériel de récolte comprend les moissonneuses batteuses pour les céréales

et les faucheuses, ramasseuses presse, râteaux faneurs pour les fourrages et

paille.

- Le parc de moissonneuses batteuses (MB), selon une enquête réalisée par les

services du ministère de l’agriculture en 1966, était composé de 5.627 unités

ainsi reparties par secteur juridique :

Secteur autogéré (Socialiste) 2.419

Les CCRA 438

Secteur privé 2.770

Mais comme pour les tracteurs il s’agissait en fait d’un parc très âgé comme

l’indique la structure par âge du parc de M.B du secteur autogéré.

Unité :%

Classe d’âge %

- Moins de 5 ans 26,8

- De 5 à 10 ans 17,1

- Plus de 10 ans 65,1

La structure du parc de M.B du secteur privé est supposée semblable à celle du

secteur autogéré. Seules les M.B en état de marche sont à prendre en considération

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106

pour l’évaluation du parc réel, et même si l’importance de l’effectif en panne est

compensé par l’importance du matériel utilisé bien au-delà de sa durée de vie utile.

On arrive à l’effectif des M.B utilisées en 1966 de l’ordre de 4.073 unités reparties

entre les 3 secteurs :

Secteur socialiste 1.699

Les CCRA 424

Secteur privé 1.950

- Ce nombre de M.B n’arrive pas à assurer la récolte de toute la superficie de

céréale ce qui provoque une sur-utilisation des machines et donc des pannes et

des immobilisations inévitables et entraîne un allongement de la période de

récolte ainsi que des pertes d’une partie de la production facilement estimée à

5%. Le parc de M.B va connaître un renforcement par des achats destinés à

renouveler les vieilles machines et accroître son effectif.

Entre 1966 et 1999 le nombre de M.B passera de 4.000 à 9.200.

Le chiffre 9.200 concerne certainement le nombre effectif de machine dont une

forte proportion se trouve en panne.

- Les appareils pour la récolte du fourrage.

L’importance de ces machines est liée à la surface consacrée aux fourrages, elle-

même dépendante de l’orientation de la production animale.

Le parc des appareils en état de marche comprenait en 1966 approximativement :

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107

Faucheuses : 3.557

Râteaux faneurs : 2.551

Ramasseuses presses (botteleuses) : 240

La progression du nombre de ces appareils a suivi celle de surface fourragère,

puisqu’en 1992 l’étude du CNES dénombrait 26.000 ramasseuses presses et estimait

en 1987 le nombre de râteaux faneurs à 54.349 unités et les faucheuses à 11.466 en

1978.

Les matériels de semi fertilisants :

Les semoirs : Ils présentent l’avantage d’économiser la semence, d’enfouir les

grains à la même profondeur ce qui permet une levée homogène des plants.

En 1966 l’agriculture algérienne disposait de 1.487 semoirs à la volée qui ne sont en

fait que des épandeurs d’engrais utilisés comme semoirs, et de 2.598 semoirs en ligne

en majorité utilisés sur les assolement en sec et une faible partie formée de semoirs de

précision utilisées sur les terres irrigué. En 1987 le nombre de semoirs s’élevait à

19.356 tous types confondus.

Les épandeurs : Le nombre d’épandeurs d’engrais à la même époque était de

1.860 appareils dont 320 à traction animale.

Ces chiffres montrent le faible équipement en semoirs et en épandeurs. Un grand

nombre d’exploitants n’utilise pas ce genre d’appareil. Le nombre d’épandeurs a

atteint 8.900 appareils de capacités et d’âges variables.

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108

Le matériel de traitement :

Les appareils de traitement contre les ennemis des cultures comprennent les

pulvérisateurs, les poudreuses et les atomiseurs de différentes capacités. Ils peuvent

être tractés ou portés à dos d’homme. En 1966 les appareils en état de marche étaient

de l’ordre de 24.366 unités et sont passé en 1988 à 43.803.

Le matériel aratoire.

Composé des appareils à soc, des charrues à disques, à dents rigides, des

rouleaux, etc. Utilisés pour la préparation du sol en surface et en profondeur, la

substitution entre appareil est possible. Le nombre d’appareil est jugé suffisant.

L’outillage.

L’agriculture utilise également le petit outillage indispensable à la bonne conduite

de l’activité et au processus de production. De l’outillage de quincaillerie aux

différents accessoires en passant par la pièce de rechange des engins et différentes

machines.

Les moyens de transport.

Camions, véhicules utilitaires, remorques, citernes, également indispensables à la

production agricole sont disponibles en quantité insuffisante.

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109

2.1.3. Relation entre motorisation – mécanisation et emploi de la main d’œuvre :

L’augmentation de l’effectif du parc matériel n’a pas eu d’incidence notable sur

les effectifs de la main d’œuvre. Cette substitution du capital au travail n’était pas

importante pour provoquer une libération des travailleurs du secteur agricole. Un

grand nombre d’exploitations du secteur privé et d’exploitations agricoles nées de la

dernière « réorganisation » du secteur public constituées en EAC et EAI restent

dépourvues de tout matériel et recourent à la location pour effectuer leurs travaux.

Cette situation peut s’expliquer par trois causes qui peuvent être à l’origine de ce

maintien des effectifs agricoles :

- Tout d’abord, une intensification des cultures à base de travail. En l’absence du

matériel mécanique adapté, certaines opérations culturales sont réalisées à la

main : buttage, binage, semis, épandage à la volée, fauchage, traite, etc. Ceci

permet le maintien des effectifs de la main d’œuvre dans le secteur agricole.

- La seconde raison qui peut expliquer cette situation est représentée par le sous

emploi qui touche la population agricole et rurale. Le maintien de ces effectifs

aux prix d’une baisse du niveau de la productivité et d’une augmentation des

charges due à l’acquisition du matériel et à l’entretien d’un parc qui se

caractérise par sa vétusté et par les immobilisations prolongées faute de pièces

de rechange.

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- Enfin l’acquisition du matériel n’a permis que le juste renouvellement du parc

et non pas son extension.

Le maintien des tracteurs et moissonneuses batteuses âgées et leur

comptabilisation donnent l’impression d’un suréquipement du secteur agricole.

Mais en réalité, ce matériel n’est pas opérationnel.

La faible variation de l’effectif de main d’œuvre d’une campagne agricole à

l’autre peut s’expliquer beaucoup plus par les variations des plans de production que

par les acquisitions du matériel.

L’utilisation de ce matériel de mécanisation reste une condition nécessaire à

l’augmentation de la production agricole, mais non suffisante. Le recours à l’emploi

d’autres facteurs de production concernant la nutrition des plantes et des animaux,

leur protection comme leur amélioration génétique est indispensable. Une agriculture

moderne a de plus en plus recours aux consommations intermédiaires ou intrants

acquis sur le marché.

2.2.L’emploi des consommations intermédiaires :

La modernisation de l’agriculture peut aussi être appréhendée à travers

l’acquisition des consommations intermédiaires d’origine industrielle, représentées

par un ensemble de facteurs de production qui englobe aussi bien l’énergie électrique

que les eaux d’irrigation nécessaires au procès de production mais

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surtout les facteurs ou intrants indispensables à la nutrition des plantes et des animaux

à leur protection contre les parasites et à leur amélioration génétique.

Ces intrants intéressent la production végétale et la production animale. Les plus

couramment employés présentent l’avantage d’être divisibles pouvant ainsi êtres

utilisés à différentes doses fractionnées en plusieurs apports en fonction des besoins

de la plante ou de l’animal indifféremment par les grandes comme par les petites

exploitations selon le degré d’intensification envisagée des cultures et des élevages.

2.2.1. Dans la production végétale

Ces consommations intermédiaires ou intrants sont représentés essentiellement par

les engrais, les produits phytosanitaires et les produits pharmaceutiques, les semences

et les plants ainsi que les aliments pour bétail.

L’utilisation des engrais :

L’objectif de leur utilisation vise, avant tout l’accroissement des rendements de la

production puis, le maintien et l’amélioration de la fertilité du sol par une restitution

de ce qu’a été prélevé par les plantes cultivées, en éléments chimiques nécessaires à

leur nutrition et par conséquent à la production. Trois types d’engraissement du sol

sont couramment pratiqués :

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L’engrais vert : il consiste à semer des graines particulièrement celles des

Légumineuses (féveroles, luzernes…). Une fois que les plantes auront atteint un stade

de développement déterminé, généralement la floraison, elles sont enfouies et

incorporées au sol. Leur décomposition donnera humus qui présente les

caractéristiques d’un engrais organique, riche en azote, capable d’améliorer la

structure du sol et d’augmenter la rétention de l’eau.

Ce type d’engraissement des terres est très onéreux. Pratiqué essentiellement dans la

mise en valeur des terres tel que les périmètres irrigués (périmètre irrigué d’Abadla

Wilaya de Béchar) à grande échelle. Il constitue un investissement dont la rentabilité

peut se relever concluante à moyen terme temps nécessaire à la décomposition des

végétaux.

L’engrais organique : composé essentiellement de fumier riche en azote,

provenant des déjections animales mélangées à la paille servant de litière.

Utilisé généralement par les exploitations pour les cultures à forte valeur

ajoutée, tel que le maraîchage.

L’engrais minéral : composé d’éléments chimiques ou éléments fertilisants

Incorporés à la matière apportée sous forme de granulés (ou parfois liquide) livrés par

l’industrie.

Les éléments (macro éléments), nécessaires à la croissance, la nutrition des plantes et

l’augmentation de la production.

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Les plus sollicités sont l’azote, les phosphates et le potassium (N-P-k). Tandis que les

microéléments (molybdène, cuivre, zinc, soufre…) même s’ils ne sont pas très

demandés par les plantes, leur présence en quantité suffisante dans le sol dispense les

agriculteurs de leur apport.

Cependant si leur absence ou leur faible présence se manifeste à travers des carences

présentées par les végétaux et qui influe sur les rendements en quantité et qualité, leur

apport devient indispensable.

L’agriculture algérienne qui consommait tous engrais minéraux confondus moins

de 100.000 Tonnes par an en moyenne entre 1967 et 1970 a augmenté sa

consommation à 500.000 Tonnes en 1979. Cette hausse s’est poursuivie, comme

indiquée au tableau N°16 jusqu’en 1986 avec un pic de 605.000 Tonnes.

Tableau N° 16 : Evolution des ventes des engrais

Unité :Tonne

Années 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

Tonnes 605.540 540.000 447.000 338.000 270.000 274.000 210.000 302.000

Années 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Tonnes 268.000 178.000 108 - - 232 188

Source : cnes

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La tendance à la baisse commencée en 1987 et s’est poursuivie. Le niveau de la

consommation de 1996 était approximativement égal à celui d’avant 1970. Ce recul

s’explique essentiellement par la conjonction de plusieurs facteurs économiques et

politiques qu’a connu le pays entre autres :

- La hausse des prix des engrais surtout après le désengagement de l’Etat de la

gestion directe des exploitations du secteur public et la suppression progressive des

subventions aux intrants et aux investissements entamée partir de 1988.

Tableau N°17 : Evolution des prix des engrais

Unité : (Da/quintal)

Années 1991 1992 1993 1994 1995 1996

N P K 163 450 450 1082 1555 2889

Source :cnes

- La réorganisation du secteur agricole public avec le droit d’usufruit et l’autonomie

de gestion accordés aux attributaires dont la majorité ignore les principes de gestion

et se trouve dépourvue de moyens financiers.

- Les difficultés financières qu’a connu l’Algérie à la suite de la baisse du prix du

pétrole en 1986, puis son passage sous l’influence du Fonds Monétaire International

et la Banque Mondiale dont les prescriptions sont connues en matière de soutien des

prix aux intrants et à la production .La signature du PAS (Programme d’Ajustement

Structurel) avec le FMI en 1994 en contre partie du rééchelonnement de la dette

extérieure et la situation sécuritaire notamment la contrainte du transport sous escorte

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de l’usine jusqu’au point de vente la qu’a vécu le pays ont aggravé l’état déjà non

reluisant de l’agriculture.

L’utilisation des produits phytosanitaires :

L’utilisation des produits chimiques pour lutter contre les parasites a également

régressé dans de fortes proportions. Les données statistiques disponibles montrent

que tous les produits sont concernés (ceux réservés au traitement du sol, des plantes

ou des produits) par cette réduction des quantités.

Pour éliminer l’effet de conjoncture qui peut être lié à la non prolifération de

parasites d’une campagne à l’autre ou à leur multiplication en cas d’année favorable,

nous avons pris une période de plus de 10 ans pour mettre en évidence la tendance à

la baisse des quantités utilisées.

Le non traitement ou l’absence de lutte contre les parasites y compris les

adventices permet leur prolifération qui affaiblit les végétaux, réduit la production,

déprécie la qualité marchande des produits et provoque ainsi un manque à gagner aux

agriculteurs.

Notons également que plus de la moitié des quantités d’engrais et de produits

phytosanitaires livrés à l’agriculture étaient utilisés par les exploitations du secteur

public. Dans le secteur privé seules les exploitations modernes, réalisant des

productions marchandes spéculatives employaient les engrais et les produits de

traitement pour rentabiliser leur activité.

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Les exploitations parcellaires exiguës isolées n’ont pas recours aux engrais ni aux

produits chimiques de lutte contre les parasites. Elles pratiquent une agriculture

biologique qui généralement donne des rendements plus faible mais des produits de

bonne qualité. Et même si les exploitations parcellaires voulaient utilisées les engrais,

elles rencontrent une sorte de discrimination auprès des offices chargés de monopole

de commercialisation qui refusent de livrer des petits tonnages sur une longue

distance. L’absence de coopératives proches des exploitations ou des achats collectifs

rend difficile leur approvisionnement.

Les conditions d’utilisations des engrais et de PPS sont également à prendre en

considération pour préserver leur efficacité et tirer un grand avantage pour la

production.

L’agriculture conventionnelle appelée aussi « productiviste » a de plus en plus

recours à ces intrants car elle utilise des semences et des plants sélectionnés à haut

rendement obtenu grâce à des longs travaux de recherche en manipulation génétique

et sélection.

Ces végétaux, pour donner de bons résultats, sont plus exigeants en matière de

nutrition et peu résistants aux parasites comparativement aux végétaux utilisés par

l’agriculture biologique qui ont développé avec le temps une certaine résistance.

Les semences et les plants : l’agriculture algérienne dispose d’un patrimoine assez

riche en semences et en plants, très rustiques, résistants à la sécheresse et aux

maladies résultats de plusieurs siècles de sélection effectuées par les agriculteurs.

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Peu productives certes, mais peu coûteuses également. Adaptées au climat elles

donnent de bons résultats en année pluvieuse et des apports minimum en cas de

sécheresse .L’introduction de nouvelles variétés notamment de semences VHR

(Variété à Haut Rendement : blé mexicain, pomme de terre, plantes fourragères et

maraîchères plants fruitiers…) crées généralement dans des pays étrangers sont trop

exigeantes en nutrition et sensibles aux maladies. Pour s’acclimater aux conditions

locales il faudrait transposer toutes les conditions d’origine qui se manifestent par

« un cortège d’intrants » afin d’obtenir éventuellement les même résultats sous

réserve que ces intrants (eaux, engrais, PPS…) soient manipulés par une main

d’œuvre qualifiée et un environnement socio- économique favorable.

Malgré les efforts entrepris en matière de multiplication de semences avec l’aide

des instituts de recherches spécialisés (IDGC, IDCM, IDCI…) la production

nationale arrive à peine « a satisfaire 60 % de la demande entre 1989 et 1995,

l’Algérie importe annuellement, en moyenne, un million de quintaux de semences. »

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Tableau N°18 : Evolution des ventes de semences de céréales.

Unité : Quintal

Espèces /

Années 1989 1992 1993 1995 1997 1999

Blé dur 1.220.161 971.124 1.098.516 780.538 694.370 815.343

Blé tendre 648.933 562.838 479.500 397.944 466.531 583.962

Orge 1.354.142 1.311.725 898.934 146.819 143.605 136.313

Avoine 451.172 373.450 204.750 98.026 81.345 52.576

Autres semences / / / 1.130 303 140

Total 3.674.408 3.219.137 2.681.700 1.423.327 1.386.154 1.588.334

Source : Ministère de l’Agriculture (Rapport CNES p33)

L’analyse des données figurant dans le tableau et leur confrontation aux

superficies emblavées durant les mêmes campagnes et aux doses de semis utilisées

révèle qu’une partie des agriculteurs n’ont pas recours à l’achat (du moins auprès des

organismes officiels) de semences, mais utilise des semences prélevées sur leur

propre récolte.

Les exploitations céréalières qui utilisent des intrants en vue d'une intensification

de cultures restent très minoritaires comme le montre les chiffres du tableau n° 19.

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TABLEAU N°19 : Eléments d'intensification des techniques culturale dans les

exploitations céréalières.

Exploitations utilisant Nombre % *

Semences sélectionnées 87 442 14,9

Semoir 62 193 10,6

Fumier 136 416 23,2

Engrais N et P2O5 142 462 24,2

Herbicides 87 486 14,9

Pratiquant la jachère 286 915 48,7

Source : MADR-rapport, RGA- 2001

* Pour cent par rapport au nombre des exploitations céréalières.

Il en est de même pour la pomme de terre, où on assiste à une utilisation intensive

des engrais (NPK 15-15-15) et dont les rendements oscillent entre 15 et 40 tonnes par

hectare en fonction des zones et des degrés d'intensification et de conduite. La

superficie allouée à la pomme de terre est certes réduite par rapport aux céréales (100

000 ha par rapport à 3,5 millions d'ha) mais elle est très consommatrice d'engrais.

Dans toutes les conditions, l'engrais azoté reste le plus utilisé, probablement de par

son effet instantané et remarquable sur les cultures de céréales et dont l'impact sur la

culture est mesurable (visible), à l'inverse des autres engrais dont l'effet sur les

cultures n'est pas apparent. Un effort de vulgarisation est à faire dans ce sens pour

mettre en exergue la synergie et la complémentarité des engrais. Dans les

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zones arides et semi-arides, le phosphore et le potassium sont essentiels pour

l'amélioration de la tolérance à la sécheresse et l'assimilation de l'azote.

Pour remédier à l’irrégularité de la production de plein champ où plusieurs

facteurs ne peuvent être maîtrisés car soumis aux aléas du climat, la plasticulture a

connu un essor formidable au cours des dernières décennies et dont les superficies

sont passées de 100 ha en 1971 à 4700 ha en 1989 et à 6.100 ha en 2000.

L’utilisation des films en polyéthylène permet de mieux contrôler l’itinéraire

technique nécessaire à la croissance des végétaux. Les contrôles de nutrition, de

température, d’humidité et de protection contre les parasites, mieux maîtrisés c’est à

dire corrigés au moment voulu, favorisent l’accroissement des rendements. Il s’agit

surtout des activités spéculatives dont les produits sont obtenus hors saison et donc

généralement assez rémunérateurs.

Le secteur agricole utilise également des produits fournis par lui même pour ses

propres besoins productifs, par exemple le lait de vache consommé par les veaux ou

le fourrage consommé par les animaux est comptabilisé comme intra consommation

ou consommation intermédiaire et non pas comme produit final. En effet seul peut

être considéré comme produit final du moins pour l’exploitation agricole un produit

destiné à la consommation finale des ménages ou à la consommation intermédiaire ou

productive d’autres unités de productions agricoles ou industrielles.

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Outre les fourrages, les élevages modernes se procurent des aliments du bétail

auprès des offices spécialisés dans leur production et commercialisation type : ONAB

(Office Nationale des Aliments du Bétail). Ces aliments concentrés riches en

éléments nutritifs constituent un complément indispensable à une ration équilibrée et

donc à une production régulière de lait et un croît important (masse musculaire) des

animaux.

La concentration des élevages modernes fait qu’ils ont de plus en plus recours aux

produits pharmaceutiques (prophylactiques et de traitement), à l’utilisation de

l’électricité pour l’éclairage et le fonctionnement des machines à traire, à l’eau

potable pour l’abreuvement des bêtes et l’hygiène des locaux.

De même l’élevage avicole nécessite une température ambiante favorable à la

croissance du cheptel et donc la mise en place du chauffage au gaz.

Ces opérations se déroulent dans des locaux assujettis à des normes de construction

respectant l’aération, l’éclairage, la densité des animaux, les passages facilitant les

mouvements des hommes et du matériel etc...

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Conclusion :

Les ressources humaines, chargées de mettre en œuvre les ressources techniques,

malgré l’amélioration de leur niveau général d’éducation n’ont pas encore perdu le

réflexe d’assistanat vis à vis de l’Etat acquis certes pendant des années qui

s’explique par la structure d’âge dominée par les personnes trop âgées.

La suppression progressive à partir de 1984-1985 des subventions aux ressources

techniques a révélé la fragilité du système de production agricole par rapport à ses

capacités d’intensification et aux performances de la production.

L’agriculture reste sous équipée en matériel de traction. Sa consommation d’engrais

est tombée au niveau enregistré dans années 1960 soit 12kg / ha. Sa superficie

irriguée a stagné ou diminué. L’Etat devait réagir par des politiques plus adaptées aux

situations nouvelles notamment celles apparues à la suite de l’application du PSA

proposé par le FMI. La politique ultralibérale prônée par le FMI a eu pour

conséquences l’aggravation du chômage, la fermeture des usines et une forte

paupérisation de la population. Mais grâce à la hausse progressive du cours du pétrole

à la fin des années 1990 l’Etat a lancé un vaste programme d’investissement le PSRE

(Plan de Soutien à la Relance Economique pour 2000-2004 suivi d’un PCSC

(Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance pour 2005-2009) dans

lequel l’agriculture a bénéficié d’un important programme le PNDA.

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La modernisation de l'agriculture à l’aide de l’utilisation des ressources techniques

reste, en dépit des évolutions favorables enregistrées ne serait ce que sur le plan

quantitatif, subordonnée aux politiques économiques (prix, pénurie, inflation…) et

agricoles (structures des exploitations et de production, investissement…).

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Chapitre III :

Les politiques agricoles :

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INTRODUCTION

Les objectifs de la politique agricole ont été et demeurent encore l'accroissement

de la production agricole et alimentaire afin de limiter les importations qui ont atteint

un seuil intolérable en volume et en valeur.

La priorité fut donnée aux productions des filières dites stratégiques : les céréales

(blé dur et blé tendre) et au lait même si d’autres productions sont également

encouragées à des degrés divers. Le revenu des agriculteurs et leur stabilité n'ont

constitué qu'une préoccupation secondaire.

Les moyens utilisés par les pouvoirs publics seront les différentes restructurations des

terres agricoles, les investissements dans les ressources productives, les subventions,

les soutiens les aides et les indemnités et les incitations de la main d’œuvre au

travail.

L’Algérie au cours des quatre dernières décennies a connu plusieurs politiques

agricoles. En gros chaque décennie a eu droit à une politique spécifique parfois en

rupture totale avec ce qui a été proclamé et réalisé auparavant.

Aussi les malheurs de l’agriculture algérienne semblent justement provenir de

l’absence de continuité et de l’inexistence d’une loi cadre qui trace les grandes lignes

d’une politique qui serait suivie et nécessairement amendée par les gouvernements

qui se succèdent par voies législative et règlementaire .Le développement de

l’agriculture est une affaire trop importante qui relève des prérogatives de l’Etat et

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non de gouvernement qui par essence est non durable, comme le fait observer à juste

titre un observateur de la vie politique.« L’investiture de chaque gouvernement en

Algérie s’est accompagnée de nouveaux textes, d’une nouvelle réglementation et

d’un nouveau mode de gestion de l’agriculture, signe d’une instabilité

caractérisée. »40

Les agriculteurs ont eu souvent juste le temps de s’adapter aux

structures et institutions nouvelles que d’autres structures imposées, apparaissent

dues à un changement de gouvernement et aux quelles il faudrait se plier même si

l’exploitation est bénéficiaire.41

.

Dans ce chapitre nous nous intéresserons à l’évolution des politiques de structures

agricoles, à l’environnement institutionnel, au système juridique des terres (ou le

régime foncier) et au système d’exploitation des ressources productives. Ensuite à

l’orientation de la production par le biais des investissements et du financement des

ressources techniques et enfin à l’intéressement des travailleurs ou ressources

humaines exerçant des activités agricoles et la formation- recherche- vulgarisation.

40 Revue hebdomadaire – Révolution africaine n°- 1448 du 28 novembre au 4 décembre 1991-p 35

41 journal – quotidien « liberté » du 12 – 13 / 2 / 1999 –

l’assemblée générale des agronomes « non au bradage des terres » les spécialistes refusent que le foncier soit géré par

les holding .

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1. Hétérogénéité du secteur agricole :

L’agriculture algérienne, à l’image de la diversité de ses terres et de son climat, est

très hétérogène sur les plans : juridique, économique et socioculturel. Plusieurs

formes d’organisation ou systèmes d’exploitation coexistent. Elles diffèrent par leur

dotation en ressources productives, les objectifs poursuivis et les résultats obtenus.

Pour notre analyse nous privilégierons l’approche juridique car elle réduit cette

complexité et se limite à scinder le secteur agricole avec ses composantes, les unités

de production, en deux secteurs juridiques par référence à l’appropriation des moyens

de production : secteur public et secteur privé.

1.1. Les principales caractéristiques de ces secteurs :

1.1.1. Le secteur privé :

évolution du nombre et des dimensions des exploitations

Le secteur agricole privé occupe environ les 2/3 de la SAU et utilise la totalité des

parcours de « la steppe qui couvre près de 20 millions d’hectares dont 15 seraient

effectivement utilisables par les troupeaux »42

. Il détient également le monopole de la

production animale y compris celle de la pêche maritime.

IL exploite la totalité des terres marginales peu fertiles, pauvres, enclavées situées

en zones de piémont, de steppe, de montagnes et au Sahara.

42 Carte de la Révolution Agraire :Annexe relative à la steppe-Janvier 1975. Ed- .Ministère de l’Information et de la

culture-p : 5-

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128

L’exploitation des terres marginales s’est étendue, sous la pression de la croissance

démographique, aux terres en pentes qui ont été mises en culture au détriment des

maquis et forêts. Ce défrichement des sols a accéléré l’érosion sous ses différentes

formes (hydraulique, éolienne) provoquant ainsi leur épuisement qui se traduit par

une chute des rendements des cultures. La baisse des rendements pousse les

agriculteurs à des défrichements plus importants et à une utilisation plus extensive

des terres pour se procurer les moyens de subsistance.

Le recensement général de l’agriculture dont les données statistiques sont

disponibles remonte à 197343

. Il dénombre 710.000 exploitations environ installées

sur 5,5 millions d’hectares auxquelles s’ajoutent approximativement 170.000

familles, dont la ressource principale ou unique provient de l’élevage, disséminées

dans les régions steppiques.

Tableau N° 20 : Répartition des exploitations privées par classe de superficie.

Taille des exploitations 1965 1973

Nombre

(Unité) % 1000 Ha %

Nombre

(Unité) % 1000 Ha %

0 à 10 Ha 423.270 72,1 1.319,6 22,6 563.391 79,3 1.633,3 29,9

10 à 50 Ha 147.045 25,1 2.967,5 50,8 134.528 18,9 2.565,7 46,9

50 à 100 Ha 11.875 2,0 765,6 13,1 9.765 1,4 642,8 11,8

Plus de 100 Ha 4.655 0,8 787 13,5 3.409 0,5 622,5 11,4

Total

Algérie du Nord 586.845 100 5.839,6 100 710.093 100 5.464,4 100

Source : I. MOLINA : La politique agraire intégration inter-sectorielle et évolution structurelles – CREA Alger 1980 p:374.

43 Notons que le dernier Recensement Général de l’Agriculture effectué en 2001par le Ministère de l’Agriculture n’a

pas encore livré ses résultats. Il est toujours en phase de dépouillement. Ce qui fait que seules les données de 1973 sont

disponibles.

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129

La ventilation des exploitations agricoles en fonction de leur superficie, indiquée

au tableau précédent (tableau N° 19) montre que la catégorie la plus nombreuse est

celle disposant de moins de 10 Ha, et suivie de celle dont la taille est comprise entre

10 et 50 Ha. Les exploitations de plus de 50 Ha, considérées comme relativement

grandes, représentent 2,8 % de l’effectif total et occupent 26,6 % des terres en 1965.

L’évolution des exploitations va renforcer la classe la plus faible. En moins d’une

décennie, la catégorie de moins de 10 Ha est passée de 423.270 à 563.391

exploitations représentant 79,3 % de l’ensemble de l’effectif et détiennent 29,9 % de

la S.A.U du secteur privé. Il s’agit surtout de micro exploitations qui n’ont aucune

possibilité de se moderniser.

Cet émiettement des terres s’est réalisé au détriment des classes de superficies

supérieures à 10 Ha qui ont vu leur effectif diminué à la suite d’au moins deux

causes :

- Le partage des terres dû aux droits successoraux de l’héritage.

- L’application de la révolution agraire, dans une moindre mesure qui a touché

particulièrement les grandes propriétés.

La classe de 10 à 50 Ha a chuté de 25,1 % à 18,9 %. La classe de 50 à 100 Ha est

passée de 2 % à 1,4 % et la classe de plus de 100 Ha a régressé passant de 0,8 % à

0,5 %. Cet émiettement de terres entraîne inévitablement un gaspillage, car d’une part

le lopin de terre revenant à un cohéritier devient trop exigu et ne lui permet pas de

tirer un revenu conséquent et fait donc de lui un candidat potentiel à l’exode.

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130

Ce sont ces agriculteurs qui forment le lot des absentéistes. D’autre part, la location

de ce lopin à des voisins ou son abandon en friche sera la finalité de cette agriculture

parcellaire. Le fermier ou le métayer qui prend en location ces terres ne va pas

investir sur des terres qui ne lui appartiennent pas pour améliorer leur fertilité ou du

moins la préserver.

Les agriculteurs contraints de rester sur leur terre ne peuvent acquérir des biens

d’équipement (tracteur, moissonneuse batteuse) car ils seront sous utilises à moins de

se transformer en prestataires de services.

La superficie dont ils disposent, et l’assolement pratiqué, peut être compatible

avec l’agriculture attelée mais non avec une agriculture motorisée. Or l’agriculture

attelée a pratiquement disparue des zones d’accès facile proche des agglomérations

où les agriculteurs, notamment ceux disposant de faible superficie, ont recours à la

location de matériel pour leurs travaux. Elle existe toujours dans les zones isolées.

Sur le plan économique, le maintien de l’indivision constitue un frein au

développement de la production agricole. Cette terre est inaliénable, car il faudrait le

titre de propriété individuelle à un cohéritier qui veut vendre sa part, ou à la rigueur

l’accord de tous les cohéritiers. Dans une propriété en indivision les héritiers ont le

droit de jouissance et non le droit de propriété qui reste collectif.

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131

Le retard acquis dans la modernisation du marché foncier, c’est à dire l’existence

d’un marché formel et opérationnel, fait que les cohéritiers sont nombreux et

regroupent parfois plusieurs générations qu’il est difficile de réunir et encore plus à

les faire aboutir à un consensus. L’absence d’une politique fiscale agricole et

l’exemption du secteur agricole des impôts jusqu’en 1984 qui sanctionne l’abandon

des terres en friche a aggravé la situation.44

Le secteur privé n’a connu aucune politique de remembrement de ses terres qui

inexorablement se divisent et s’éparpillent lors des successions par héritage. Les

exploitations parcellisées et les mutations professionnelles peuvent augmenter les

superficies laissées en friche et réduire ainsi la SAU ; alors que l’Etat encourage

l’accession à la propriété foncière par le biais de la mise en valeur des terres

marginales pour une extension de la SAU.

Le secteur agricole privé a été marginalisé par la politique agricole qui depuis la

fin des années soixante et durant presque deux décennies, se consacra quasi

exclusivement au secteur public et à ses différentes restructurations.

1.1.2. Extension du secteur d’Etat :

Naissance du secteur d’Etat :

Le secteur agricole d’Etat est apparu au lendemain de l’indépendance avec la mise

en place de l’autogestion, forme nouvelle d’organisation de la production et de la

44 La superficie en friche reste inconnue. Cependant les services concernés ne tiennent apparemment pas compte,

puisque la S.A.U est reportée presque à l’identique par les statistiques.

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132

gestion des terres agricoles sur les terres abandonnées par les colons. En effet, à la

suite du départ massif et précipité des colons les travailleurs ont spontanément

occupé les fermes dans lesquelles ils travaillaient, devenues vacantes, pour faire

rentrer les récoltes, sauver leur emploi et préserver leur salaire.

Ce n’est qu’au mois de mars 1963 que l’autogestion sera institutionnalisée et

confirmera le fait accompli des travailleurs45

.

Le secteur colonial s’étendait sur 2.726.700 hectares parmi les meilleures terres

situées en zones de plaines et de piémont, bien arrosées et désenclavées. Il était

composé de 22.037 fermes.

Le nouveau secteur agricole, appelé secteur d’Etat ou secteur autogéré comprenait

également en plus des terres du secteur colonial (terres déclarées vacantes en 1962)

des terres appartenant à des algériens et acquises auprès des colons durant la guerre

de libération. Ces propriétaires ont été nationalisés et leur terre versée au même titre

que celle des colons à l’ONRA (Office National de la Reforme Agraire).

Le pouvoir politique de l’époque a procédé au regroupement de ces fermes qui a

donné naissance à 1994 domaines autogérés et dont la gestion (économique et

financière notamment un compte unique pour toute l’autogestion agricole) fut confiée

à l’ONRA placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture.

45

Décret de Mars 1963.

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133

Tableau N°21: Répartition des exploitations du secteur autogéré.

Exploitation Structure 1000 Ha % travailleurs

permanent et

temporaires dans le

total des effectifs

Classe de

superficie Nombre

% du

total

Superfici

e

% du

total

Moins de

100 106 5,3 5 0,2 2,5

100 – 500 479 24,0 159 6,9 20,5

500 – 1000 634 31,8 520 22,6 37,0

1000 – 2000 554 27,8 856 37,2 28,7

+ 2000 221 11,1 752 33,3 7,3

Total 1994 100 2302 100 100

Source: L'agriculture algérienne à travers les chiffres –Mars 1970 p87.

Ce regroupement, qui s’apparente à une opération technique, réalisé dans

l’euphorie de l’indépendance n’a pas toujours était propice pour le développement

futur des exploitations. Comme le signale T. Nadir « cette concentration s’est faite à

la hâte, sans connaissance suffisante des terres existantes, ni critère ou norme valable

pouvant conduire à la constitution d’unités viables et faciles à gérer, si bien que l’on

trouve toutes sortes de tailles qui vont de moins de 100 hectares parfois, comme il en

existe en Mitidja, à plus de 5.000 hectares dans les régions céréalières »46

.

« Le regroupement s’étant fait sans remembrement des terres, le parcellaire lui

même est resté tel qu’il était avant le regroupement des 20.000 fermes si bien que le

morcellement des terres est très grand et la dispersion se fait parfois sur

46

T. Nadir : L’agriculture dans la planification en Algérie de 1967 à 1977. Ed OPU Alger 1980. p 414 – 415.

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plusieurs kilomètres. C’est ainsi que certains domaines, faisant un nombre limité de

culture, comptent facilement plus de 100 parcelles. Dans la Mitidja le nombre de

parcelles de plusieurs domaines est supérieur à 200 ».

Le nouveau domaine autogéré composé de plusieurs fermes et surtout de plusieurs

parcelles très dispersées. Les parcelles les plus éloignés se trouve à 10 Km voir à

20Km du centre de l’exploitation. Cette dispersion influe sur les résultats par une

augmentation des charges générées par les problèmes de déplacement du matériel,

des hommes et du gardiennage. Ceci amène souvent les responsables du domaine à

laisser les parcelles trop éloignées en friche qui seront utilisées comme pâturage par

le cheptel des agriculteurs privés. L’attribution des terres à titre individuel était, au

temps de l’autogestion proscrite.

La conséquence de ce regroupement des terres fût l’apparition d’une première

forme de gaspillage d’une ressource naturelle rare. Les bâtiments d’exploitation ne

pouvant être groupés ont connu un délabrement suite à un manque d’entretien.

Même l’enthousiasme des travailleurs des premières années de l’indépendance s’est

atténué avec le temps et n’a pu être préservé par un travail de mobilisation

idéologique du parti au pouvoir : le FLN.

Le poids économique et social du secteur agricole d’Etat :

Le secteur autogéré occupait alors 135 000 travailleurs permanents et 50.000

saisonniers soit 15 pour cent de la main d’œuvre agricole occupée et participe pour

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60 pour cent dans le revenu brut agricole (dont 90 % pour les agrumes, 85 % pour la

vigne, 55 % pour le maraîchage, 33 % pour les céréales et seulement 20 % pour la

production animale).Tout en utilisant un tiers de la SAU exploitée du pays. Sa

production est destinée au marché local et à l’exportation.

Mais en dépit de ses résultats physiques et financiers47

peu encourageant le secteur

public va connaître une extension de sa superficie grâce à l’application d’une

nouvelle réforme agraire.

Extension du secteur d’Etat :

Dix années après l’indépendance le secteur agricole public connaîtra donc un

élargissement de ses capacités productives, au dépend du secteur privé qui sera

touché pour la première fois ; avec l’avènement de la reforme agraire ; qui se voulait

plus qu’une reforme, une révolution agraire et qui avait pour objectifs :

- D’augmenter la production par la lutte contre l’absentéisme et la grande propriété

foncière qui pratique un système de production jugé trop extensif donc source de

gaspillage d’une ressource productive rare : la terre

- De procurer de l’emploi aux masses paysannes en particulier les paysans sans

terre, et ceux non suffisamment pourvu qui se trouve en situation de sous emploi.

- D’opérer une transformation radicale du mode de vie dans les campagnes par la

construction des villages socialistes et des infrastructures nécessaires.

47 Les résultats financiers des domaines autogérés n’ont pratiquement aucune signification

économique dans une économie administrée où les prix, les salaires, les bénéfices ou les pertes sont

fixés par l’administration.

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L’application de cette reforme va se dérouler en plusieurs phases.

Les trois phases de la révolution agraire :

La première phase lancée le 1/1/1972 concernait les terres domaniales,

communales et habous déjà exploitées par des privés grâce à des baux. Ces terres

seront versées au fonds national du la révolution agraire (FNRA) crée à cette fin.

Les terres récupérées au cours de cette opération s’élevaient à 1.446.390 Ha dont

617.867 Ha soit 42,7 % ont été attribué des la première année de cette reforme, ce

qui a permis la création de 3.434 exploitations de statuts divers (répartition ci-

dessous) et l’installation de 43.784 bénéficiaires. L’impact de cette opération sur la

création d’emploi a été très limité car les terres étaient déjà occupées par les mêmes

bénéficiaires qui ont seulement changé de statuts. D’agriculteur exploitant

indépendant ils sont passés au rang d’attributaire coopérateur.

Répartition des exploitations de la RA de la première phase :

Type d’exploitation Nombre Attributaires

G M V 258 6.650

G A E C 707 11.580

C A P R A 1.349 24.434

Attribution individuelle 1.120 1.120

Total 3.434 43.784

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Ces nouvelles formes d'organisation sont dominées par le type CAPRA.

L'attribution de terres à titre individuelle est exceptionnelle et ne concerne que les

lots de terrains isolés ne pouvant convenir à la création d'une coopérative.

La deuxième phase, lancée le 17/6/1973 avait pour objectif la nationalisation des

propriétés des absentéistes et la limitation des grandes propriétés foncières. Ces

actions devaient toucher 50.051 propriétaires recensés dont 34.056 au titre

d’absentéistes et 15.995 concernés par la limitation. Cette phase rencontrera une

grande résistance de la part de la bourgeoisie foncière qui utilisera de nombreux

subterfuges pour échapper à la nationalisation, et usera de son influence dans les

rouages des appareils de l’Etat ou elle est suffisamment introduite pour bloquer cette

réforme. Cette résistance limita la portée de cette phase, seulement 26.454

propriétaires ont pu être nationalisés pour une superficie de 479.904 hectares 48

.

Cet échec peut être également attribué à d’autres facteurs et particulièrement à

l’application parfois précipitée et surtout mécanique des fourchettes d’attribution et

de limitation élaborées par l’administration basées sur des enquêtes socio-

économiques sommaires49

. Le revenu brut a été calculé pour chaque zone.

48 En plus des exceptions prévues par la loi les grands propriétaires fonciers utiliserons les prétextes de l’indivision, de

nombreux héritiers, et ayant droits, et surtout de la désinformation contre l’information des pouvoirs publics à tous les

niveaux ,en plus des subterfuges pour faire croire à une dévalorisation de leur patrimoine foncier afin de bénéficier du

maximum prévu par les fourchettes de délimitation. Ainsi le recours à l’abattage des arbres fruitiers et l’obstruction des

puits ont été parfois réalisés pour tromper les commissions de délimitation et faire passer leurs terrains pour des terres

non irriguées afin de garder le maximum autorisé. 49 M.A.R.A: Dossier sur les fourchettes de limitation. CNRA – Secrétariat Générale – Ed. Direction de la reforme

agraire sous direction de Contrôle et de l’Animation – 1974 p 15 à 26.

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Les rendements moyens retenus pour ces calculs étaient supérieurs aux rendements

moyens obtenus par les fellahs de la zone afin de pousser à l’intensification.

Cependant, les rendements élevés obtenus par les exploitations performantes n’ont

pas été également retenus, comme d’ailleurs les techniques des pointes utilisées par

ces exploitations et qui ne correspondent pas aux compétences des agriculteurs et

nécessitaient des moyens de production indispensables dans la majorité des

exploitations agricoles50

.

Les décideurs des opérations de limitation et d’attribution ont privilégié le revenu

procuré par la superficie retenue pour chaque zone, à la capacité de travail des

attributaires et des propriétaires.

Le revenu de base retenu pour les propriétaires était l’équivalent en 1972 à 3 fois le

revenu d’un travailleur de l’autogestion réalisant 250 journées par an soit 9000

DA / an.

Les lots d’attribution en terre agricole ou à vocation agricole, et en palmiers

dattiers, fixés par les fourchettes étaient sensés procurer à leur bénéficiaire un revenu

équivalent à celui d’un travailleur de l’autogestion réalisant 250 journées de travail

par an, soit en 1972, un revenu de 3000 DA / an. Le salaire minimum agricole garanti

(SMAG) en vigueur à l’époque était de 12 DA / jour. IL correspondait à l’avance sur

revenu perçue par un travailleur sans qualification d’un domaine autogéré.

50

M. E. Mesli – op. Cit. p

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La troisième phase de la révolution agraire qui devait concerner les zones

steppiques, organiser la gestion des parcours et du cheptel, n’a pu être lancée

réellement et a connu dès ses débuts comme la seconde phase, une très forte

résistance de la part des gros éleveurs. Mise en œuvre après la publication du code

pastoral en juin 1975, elle avait pour but de transformer les rapports de production et

d’améliorer les conditions de vie et de travail des bergers tout en :

- Organisant les parcours par la mise en défens.

- Limitant le nombre de têtes de bétail par éleveur.

- D’interdire la possibilité de posséder des troupeaux aux propriétaires qui

n’exploitaient pas directement leur cheptel.

- D’abolir également les pratiques ancestrales de la « Azala » (association entre

propriétaires et bergers payés par la moitié du croit du cheptel)

- L’Achaba était tolérée mais limitée dans l’espace. Les déplacements et les

itinéraires des troupeaux étaient soumis à des autorisations administratives.

- La nationalisation de l’ensemble des terres de parcours évaluées à plus de 20

millions d’Ha, et la limitation du cheptel, par une autorisation de vente du surplus

accordée aux éleveurs qui ne seront pas nationalisés comme les propriétaires fonciers

du nord du pays.

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- Le revenu individuel des éleveurs limité ne devait pas excéder les 10.000 DA (en

juin 1975) par contre, les attributaires de la révolution agraire devaient bénéficier

gratuitement d’un cheptel leur assurant un revenu annuel de 3.500 DA cependant,

avec obligation de maintenir les effectifs de reproductrices à leur niveau initial et

d’adhérer à une coopérative d’élevage51

.

Le principe directeur de la RA a été la production d’un revenu aux attributaires, et

non pas l’utilisation de leur force de travail. Ce principe est dicté par la fourchette

d’attribution de la terre, en mesure de donner un revenu minimum et de laisser sous

employée la force de travail. Comme les bénéficiaires n’ont pas une autonomie totale

leur permettant de se procurer des crédits en hypothéquant leur terre, ils seront

condamnés à vivoter et à se considérer comme des temporaires sur ces terres. Dès que

l’occasion se présente, ils quittent la terre. Les désistements sont nombreux, estimés à

1,1 % des effectifs .Ces attributaires, généralement d'anciens prolétaires agricoles,

n'ont pas le comportement des agriculteurs propriétaires exploitants. Ils n’ont aucun

lien affectif ni intérêt économique avec la terre. Certains y sont nées mais étaient de

simples salariés ou khammès d’autres sont venus de loin et ne font que transité. D’ou

la dégradation du patrimoine foncier.

La révolution agraire a donné naissance à un secteur coopératif aux structures plus

complexes, constitué de coopératives juridiquement différenciées aux superficies

limitées et aux effectifs plus restreints par rapport aux domaines autogérés.

51

M. E. Mesli : op cit p 131 – 132.

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Installées sur des terres marginales, prélevées au secteur privé, elles procurent des

revenus limités (inférieurs aux revenus théoriques fixés par les fourchettes

d’attribution). Des attributaires qui n’ont aucune attache avec elle le plus souvent

démissionnent, renoncent au travail de cette terre tant convoitée. En plus du faible

revenu procuré par la terre, de l’incompatibilité des membres du groupe, la nécessité

de mettre en place de nouvelles structures devient urgente .Le système

d’exploitation collective des terres imposé aux agriculteurs sans consultation

préalable a activé et hâté la réforme du secteur public et la recherche de nouvelles

structures et de nouveaux modes d’exploitation.

a- Les prémices aux reformes économiques et aux reformes agricoles :

Le bilan économique et social de la décennie 1967-1978, qui a vu l’application des

plans de développement52

, réalisé par le MPAT53

a révélé les limites de la politique

de l’économie dirigée. Les résultats enregistrés, en dépit de leur relative importance,

restaient insuffisants comparés aux moyens financiers mis en œuvre et aux sacrifices

consentis par la population en matière de restriction de consommation à cause de la

politique ( d’austérité et d'épargne forcée) menée par l’Etat qui a privilégié

l’accumulation intensive au détriment de la consommation pour les ménages.

52 - Plan triennal – 1967 – 1969 – et les 2 plans quadriennaux 1970 – 1973 et 1974 – 1977. 53 - Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire. Synthèse du bilan économique et social de la

décennie 1967 – 1978. (Alger – Mai 1980).

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Le 4ème

congrès du parti FLN, a donné une nouvelle orientation à l’économie qui

marque une rupture avec la période antérieure en mettant un terme à l’application de

la révolution agraire en réhabilitant le secteur économique privé et en restructurant le

secteur industriel public, proclamant implicitement la rupture avec l’économie

centralisée (planifiée) et la transition vers l’économie de marché.

Aussi, afin de limiter la dépendance alimentaire d’importantes mesures concernant le

secteur agricole ont été prises par le pouvoir et dont l’application un peu précipité a

eu pour conséquences de freiner le développement agricole et de ne pas générer une

forte croissance de la production.

Les décisions concernant le remodelage du secteur public agricole étaient bien

antérieures à l’emprise du FMI sur l’économie algérienne puisque la commission des

affaires économiques du FLN en 1980 chargeait de la préparation du 4ème congrès

prévoyait une industrialisation de l’agriculture en notant que « Pour éviter d’être soit

soumis soit affamés, il n’y a d’autre alternative que celle de consentir tous les

sacrifices qu’il faut pour rendre notre agriculture en mesure de nourrir les siens… A

l’évidence, des bonds quantitatifs aussi importants dans les différentes productions ne

peuvent être atteint que par une agriculture à forte intensité capitalistique. »54

.

54 - FLN – commission des affaires économiques – Rapport sur les problèmes de l’agriculture (Alger – 1980)

introduction p12. – cité in : « La crise du système productif algérien » Simon. Pierre Thiery - p45. Ed IREP –

Grenoble.

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Une rupture progressive avec la politique des années 1970 va être suivie. Elle tentera

de donner plus de moyens (matériels et financiers) au secteur privé et orientera le

secteur public vers une économie de marché en lui accordant plus d’autonomie de

gestion.

b- La mise en œuvre des reformes :

Deux réformes vont être appliquées au secteur agricole public. Toutes les deux se

voulaient globales et dépassaient le cadre limité des exploitations. Elles ont été

élargies à l’environnement économique des exploitations y compris le secteur

bancaire.

Cette option retenue par les décisions du comité central du FLN (Juin 1980) a ouvert

également la porte à une certaine libéralisation des circuits de commercialisation des

produits agricoles55

et à l’accession à la propriété foncière par le biais de la mise en

valeur des terres marginales.

La première réforme de structures, de faible envergure, réalisée en 1982, visait

la restructuration des domaines autogérés et des coopératives de la révolution agraire

dans le sens de leur éclatement. Ainsi 2000 domaines autogérés et 6.000

coopératives de la révolution agraire ont donné naissance à environ 3400 Domaines

Agricoles Socialistes.

55 La liberté de commercialiser les fruits et légumes(suspendue depuis l’été 1974) a été restaurée dès juillet 1980 et

l’ensemble des contraintes liées à la fonction commerciale a été levée pour le secteur public agricole (autoriser à écouler

sur le marché librement ses produits mis à part les céréales et les légumes secs. Des textes complémentaires ont été

adoptés en 1984 et 1990.

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L’objectif recherché à travers cette restructuration étant la mise en place

d’exploitations économiquement viables en mesure de réaliser un équilibre financier

tout en liant le revenu des travailleurs aux résultats comptables. Les moyens utilisés

pour atteindre cet objectif étant la réduction de la superficie et de l’effectif des

travailleurs par exploitation afin de mieux maîtriser la gestion. Les résultats obtenus

par les DAS étaient satisfaisants puisque un grand nombre d’entre eux a commencé à

dégager des bénéfices grâce notamment à la liberté obtenue pour gérer leur unité de

production et commercialiser leurs produits

La reforme a également touché l’environnement agricole et l’environnement

financier des exploitations.

- L’environnement agricole.

La libéralisation des circuits de commercialisation des produits agricoles, à partir de

1980, a mis fin aux livraisons obligatoires de la production des exploitations du

secteur public à des coopératives de commercialisation de l’Etat. Aussi la CAPCS au

niveau de la commune et la COFEL au niveau de wilaya n’avaient plus de raison

d’être. Elles furent dissoutes. Ces coopératives dont les activités se situent à l’aval

des exploitations ne pouvaient, une fois leur monopole aboli, concurrencer « les

nouveaux mandataires », les collecteurs et les commerçants privés.

La CAPCS a même perdu ses activités situées en amont (approvisionnement des

exploitations en engrais, semences…) et les prestations de services qu’elle assurait

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145

(labour, moisson…). Une autre forme de coopérative assurant les approvisionnements

l’ONAPSA a vu le jour et a remplacé la CAPCS.

L’ensemble des offices qui avaient un monopole en relation direct avec l’activité

agricole ont été restructurés ou plutôt « déstructurés ».

L’office chargé de la distribution et réparation du matériel agricole ONAMA a été

remplacé par PMA-EDIMA.

L’ONAB a perdu la partie de ses activités liée à la production et à la

commercialisation des produits de l’aviculture (viande blanche, œufs) et le monopole

d’importation de viande pour ne garder que la production et la commercialisation des

aliments de bétail.

La production avicole a été restructurée en trois offices régionaux : l’ORAC,

l’ORAVIE et l’ORAVIO.

L’activité viande a été aussi repartie entre trois offices régionaux : ORVE, OREVIC

et ORVO.

L ’ONA Lait, l’office chargé de la collecte et de la commercialisation du lait et

de ses dérivés a été restructuré en trois offices régionaux qui sont : l’ORELAC,

l’OROLAIT et l’ORELAIT.

La démultiplication des structures n’a pas produit la dynamique attendue.

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146

- L’environnement financier.

Le financement de l’agriculture était assuré par la Banque Nationale d’Algérie

(BNA) crée en 1966.Le secteur agricole public était totalement pris en charge sur

concours budgétaire définitif de l’Etat et c’est la BNA qui gérait les comptes des

domaines autogérés et des coopératives de la révolution agraire. L’Etat garantit les

emprunts des domaines composés essentiellement des investissements et des salaires

La nouvelle situation économique exige de nouvelles institutions. Aussi une banque

spéciale a été créée pour s’occuper du financement des crédits agricoles : La BADR

(Banque de l’Agriculture et du Développement Rural) est chargée du financement

des secteurs agricoles privé et public.

La libéralisation de la commercialisation des produits agricoles octroyée au

secteur public a ouvert la porte à l’économie de marché.

Une autre loi permettant l’accès à la propriété foncière a été promulguée en

1983.56

L’accès à la propriété foncière par la mise en valeur des terres d’abord dans le sud et

les hautes plaines steppiques puis élargie aux zones de montagnes avait pour objectif

essentiel d’une part de créer des emplois et de pallier à l’insuffisance des terres par

une extension de la SAU et d’autres part assurer l’accès à la profession agricole.

56

Loi 83-18 du 13 / 8 /1983

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147

Cette loi qui renforce l’orientation de l’économie vers l’économie libérale vise

également a préparé l’opinion à un abandon de la propriété collective de la terre. En

autorisant l’accession à la propriété privée elle a remis en cause la Révolution

Agraire, qui se voulait une opération permanente, et ses principes de transformation

des rapports sociaux de production comme elle justifie (plus tard) en quelque sorte la

restitution des terres nationalisées au cours de l’application de la révolution agraire.

Ainsi la propriété constitue la voie royale pour un changement progressif du système

économique et le passage du système d’économie planifiée dirigée à un système

d’économie de marché libéral.

- La deuxième reforme de structures va pulvériser les exploitations du

secteur public agricole.

L’opération de réorganisation des Domaines Agricoles Socialistes a été

déclenchée par une simple circulaire interministérielle datée d’Août 1987.

Les initiateurs de ce projet prévoyaient de porter le nombre de domaines de 3.159 à

environ 20.000 exploitations car ils estimaient qu’un trop grand morcellement des

terres, c’est à dire un grand nombre d’exploitations 40.000 ou 45.000, poserait le

problème d’utilisation du matériel et de l’accès au crédit57

.

L’opération sera lancée début Octobre 1987 avec quelques 200 DAS pris sur une

liste préalablement établis avant d’être généralisée à l’ensemble des domaines.

57

El Moudjahid du 10 / 09 / 1987.

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Mais la précipitation dans l’application de cette circulaire, dont les termes du contenu

seront repris et codifié dans la loi 87 – 19 du 08 / 12 / 1987, a fait qu’au bout d’une

année l’ensemble des DAS a subit la réorganisation.

La situation établie au 31 Décembre 1988 faisait ressortir les résultats suivants :

- Les 3159 DAS touchés par l’opération de réorganisation ont donné naissance

à 25.375 exploitations reparties entre 21.253 EAC et 4.122 EAI regroupant

164.109 bénéficiaires parmi lesquels on compte 7.604 jeunes et 5.783

moudjahid et ayant droit58

.

- Les terres reparties par type d’exploitation sont de l’ordre de 85 Ha par EAC

avec un collectif moyen de 8 producteurs et de 9 Ha par EAI pour les Wilayas

du nord, 267 Ha par collectif moyen de 7 producteurs et 18 Ha par EAI pour

les Wilayas steppiques.

- Ces fourchettes d’attribution ont permis de dégager un excèdent en terres dont

une partie à été repartie et une autre reste non encore attribuée à la fin de

l’année 1988. On enregistre ainsi la création de 3.658 exploitations situées sur

des terres excédentaires totalisant une superficie de 113.567 Ha, tandis que les

terres non encore attribuées représentent 63.893 Ha. Ce problème d’excédent

en terre, devenu récurent à chaque restructuration, provoque le gel des terres

pendant un certain temps plus ou moins long avant qu’elles ne soient

58 El Moudjahid du 07 / 02 / 1989.

Remarque :chaque restructuration a donné lieu à un excédent de terres dont la répartition se fera par la suite à titre

individuel,

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redistribuées à titre individuel. Ceci révèle si besoin est le gaspillage même

temporaire, des terres agricole et la réduction des activités connexes.

- Sur les 25.375 exploitations près de 24.329 exploitations d’une superficie

globale de 2.285.074 Ha ont fait l’objet d’une délimitation par les services des

domaines.

Les bénéficiaires de ces terres sont considérées comme de simples dépositaires des

terres de l’Etat et non des propriétaires. Ils ont reçu le droit de jouissance

(temporaire) sur ces terres avec possibilité de transmission de ce droit à leur

descendance, mais l’Etat reste toujours propriétaire. L’Etat leur a cependant livré

tous les éléments du patrimoine des DAS autres que la terre.

L’opération sur les éléments du patrimoine cédé aux producteurs à titre onéreux

étant terminée. Le montant dégagé à cet effet qui est de 16.342..089.418 DA est mis à

la charge des attributaires et donne lieu à un échéancier de paiement négociable avec

les institutions financières.

Les montants d’évaluation ont été fortement contestés au niveau de certaines

exploitations. Pour régler ce litige, des commissions de recours ont été mises sur pied

afin d’examiner les demandes émanant des attributaires.

Les désistements déclarés au cours de la 1ère

année d’application de la

réorganisation des DAS en EAC et EAI s’élève à 2.862 ,tandis que le nombre

d’attributaires déchus de leur titre d’attribution à titre individuel avoisine les 10 % du

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totales. Ces derniers ont profité de la complexité et de l’ampleur de l’opération, de la

confusion et de la hâte dans la mise en œuvre de cette circulaire, pour se porter

candidats à l’attribution des terres. Les principaux motifs de déchéance ont porté sur

la non régularité de dossiers constitués ou sur le cumul de revenu.

La précipitation avec laquelle a été mise en œuvre la réorganisation a généré de

nombreux problèmes et particulièrement celui du transfert des autres facteurs de

production du patrimoine.

Ainsi sur les 28.033 exploitations créées, 9.263 étaient dépourvues de tout

équipement agricole et certaines entreprises débutaient avec un endettement hérité

des DAS dont elles sont issues dû aux déficits antérieurs cumulés.Les exploitation

dépouvues d’équipement doivent faire appel à des prestataires de services pour toutes

les opérations culturales.

Les résultats de la réforme :

La réorganisation du secteur public agricole a aboutit aux résultats suivants :

- Concernant le foncier :

Plus de 2,5 millions d’Ha ont été attribués à environ 210.000 producteurs

organisés en 96.629 exploitations agricoles : 30.519 EAC sur 1.841.000 Ha et

66.110 EAI sur 674.000 Ha .La division des EAC en EAI se poursuit encore en

dépit de son interdiction par la loi.

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La superficie restante, soit en 200.000 Ha a servi à la création de 180 fermes

pilotes dont la gestion a été confiée à des Holding chargés de produire de

« l’excellence » en matière de semences et d’autres produits agricoles, et aussi de

servir modèle aux agriculteurs issus du secteur public ou ceux relevant du secteur

privé.

L’échec de ces fermes pilotes a amené les pouvoirs publics à reverser leurs terres à

leur secteur d’origine à savoir l’Agriculture.

- Concernant l’environnement des entreprises agricoles :

Les différentes coopératives de services agricoles mises en place lors de la

précédente réforme qui a assuré la transformation, du moins sur le plan juridique, des

domaines autogérés en DAS ont été dissoutes :

- L’ONAPSA : l’Office National des Approvisionnements et des Services

Agricoles crée en vertu du décret N° 82 – 33 du 23 Janvier 1982 après la

dissolution des ex : SAP (Société Agricole de Prévoyance) a été dissout par le

Ministère de l’agriculture par l’arrêté N° 0032 du 18 Décembre 1996.

- COPSEM : Coopérative Agricole de Semences et de Plants.

- COOPSEL : Coopérative d’Elevage.

- L’URCAV : Union Régionale des Coopératives Avicoles.

- Coopératives Apicoles...etc.

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Certaines coopératives ont été rachetées par les travailleurs et payées cash ou en

plusieurs tranches selon le décret 88 / 170 qui a servi à la privatisation des

coopératives et qui stipule entre autres dispositions que l’ingérence dans la gestion

des coopératives est punie par la loi. Cependant quelques années plus tard, le décret

96 / 459 est venu remettre en cause certaines dispositions du décret précédent ce qui a

provoqué la colère des travailleurs d’autant plus que certains ont réalisé d’importants

investissements. Les coopératives devenues des entreprises par action relevant du

régime de droit privé. Mais l’administration continue à superviser toute leur activité

en fixant le prix de l’action et même le taux de dividende ce qui fait craindre aux

travailleurs les ingérences de l’administration.

Certains opérateurs privés ont reçu l’agrément pour entreprendre les activités qui

étaient du ressort exclusif des coopératives agricoles. La concurrence par les prix et la

qualité de services entre les privés et les anciennes coopératives ne peut que profiter

aux agriculteurs. Mais ces derniers n’ont pas perdu les réflexes de l’assistanat aux

quels les autorités les ont habitués et ne font pas apparemment jouer à fond cette

concurrence.

Les opérateurs privés n’ont pas les moyens suffisants pour assurer

l’approvisionnement total en facteurs de production nécessaires à la bonne marche du

secteur agricole.

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Les nouvelles coopératives n’ont pas également les moyens pour couvrir tous les

besoins. Pour cela il est fréquent de voir des tensions sur le marché qui généralement

engendrent la spéculation et la hausse des prix et favorisent l’émergence d’un marché

parallèle dominé par des spéculateurs qui n’ont rien à voir avec l’agriculture.

En conclusion, on peut dire que l’imbroglio du système foncier avec ses différents

types de propriétés (terres : Melk, Arch, Habous, EAC, EAI…) constitue un véritable

obstacle au développement agricole. Chaque type de propriété a ses contraintes

spécifiques. Les terres privées Melk rencontrent le problème de l’indivision. Les

terres en EAC et EAI ont comme écueil le titre de propriété, les agriculteurs

disposent du droit de jouissance temporaire, tandis que le droit de propriété revient à

l’Etat. Or le droit de jouissance n’est pas reconnu par les banques pour l’octroi de

crédits car il n’offre pas suffisamment de garantie.

Le débat n’est pas clos. La recherche d’une forme juridique de propriété (concession

ou vente des terres) aux EAC et EAI acceptable par les banques et autres

créanciers constitue la condition nécessaire et non suffisante au développement de

l’agriculture.

1.2. Politique de structures :

Augmentation du nombre d’exploitations et diminution des dimensions :

La dernière réforme a mis fin à l’existence des grandes exploitations du secteur

public. L’agriculture algérienne est dominée aujourd’hui par les exploitations

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de faibles dimensions. Comme le montre le tableau n° 21 .Le nombre d’exploitations

s’élève à 967900. Les exploitations de moins de 20 ha représentent 88,8 pour cent

du total des exploitations et 47,9 pour cent de la SAU. Les micros exploitations de

moins de 2 ha constituent 30,59 pour cent des exploitations et occupent 2,7 pour

cent de la SAU. La taille moyenne pour la classe de SAU inférieure à 10 ha est de

6,6 ha, superficie difficile à procurer un revenu satisfaisant en culture céréalière

compte tenu du système de culture et de la nature du climat.

Tableau N° 22: Nombre et taille des exploitations selon la tranche de SAU

Classe de

SAU (ha)

Nombre

d’exploitations

(milliers)

Superficie

(milliers

d’ha)

Taille

moyenne (ha)

0,1 < 0,5 88,9 20,1 0,2

0,5 < 1 78,3 50,4 0,6

1 < 2 128,9 162,3 1,3

2 < 5 239,8 722,3 3,0

5 < 10 181,3 1 200,7 6,6

10 < 20 143,0 1 896,5 13,3

20 < 50 88,1 2 485,0 28,2

50 < 100 14,3 930,8 66,1

100 < 200 4,1 632,1 131,0

200 et + 1,2 458,6 369,3

Total 967,9

Hors sol1 55,9

Total 1 023,8 8 458,8 8,3

Source : MADR 2004

Les exploitations de plus de 100 ha ne représentent que 0,55% de l'ensemble des

exploitations.

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2. Vers l’homogénéisation du système d'exploitation du secteur agricole :

- Nature juridique des exploitations :

Il ressort du tableau 2 les éléments suivants:

L'exploitation individuelle prédomine avec 83,1 pour cent du nombre total des

exploitations et occupe 79,7 pour cent de la SAU totale. Elle est représentée

par:

2,8 pour cent d'exploitations sur les terres de propriété privée (65,7 pour cent

de la SAU totale).

10,2 pour cent d'exploitations individuelles à gestion privative (EAI) sur les

terres du domaine privé de l'Etat (14 pour cent de la SAU totale).

L'exploitation collective, en société ou en coopérative, représente 5 pour cent

de toutes les exploitations et couvre 14 pour cent de la SAU totale. Les

exploitations agricoles collectives à gestion privative (EAC) constituent 68,8

pour cent des exploitations et 78,1 pour cent de la SAU de cette catégorie. Il

est à noter que les EAC représentent 3,4 pour cent du total des exploitations et

couvrent près de 11 pour cent de la SAU totale.

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Tableau N° 23 : Nombre et superficie des exploitations selon la nature

juridique

Type de statut Milliers

d’exploitations SAU 10

3 ha

Exploitations individuelles

privées 745,7 5557

APFA 41,1 298,3

Concession 5,2 33

Avec location de terre 14,6 151,3

Avec association de terre 4,2 38,5

Hors sol 55,9 -

EAI 105,2 1 187,70

Société civile 5,4 26, 0

Société familiale 9 72,1

SARL 0,3 5, 8

EURL 0,2 7, 5

EAC 35,3 929,5

Coopérative 0,6 17,7

Groupement 0,1 2, 8

Ferme pilote 0,2 117,2

Ferme ou station EPE 0,1 3,4

Ferme ou station EPA 0,1 5,6

Ferme ou station EPIC 0,04 2,6

Total partiel 1 023,20 8 456,00

Indéterminé 0,5 2,7

Total 1 023,70 8 458, 7

Source: MADR, 2004.

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Statuts juridiques des terres

Le tableau 22 présente la répartition des terres selon leur statut juridique. Quatre

statuts caractérisent les terres des exploitations: Melk, domaine privé de l'Etat,

domaine public et Wakf.

75,9 pour cent des exploitations sont érigées sur des terres Melk et couvrent

69,3 pour cent de la SAU totale. Parmi ces exploitations:

39,6 pour cent sont dans l'indivision: elles représentent 46,3 pour cent de la

SAU totale.

50,1 pour cent sont sans titre: elles représentent 41,1 pour cent de la SAU

totale.

17,7 pour cent des exploitations sont érigées sur les terres du domaine privé de

l'Etat et couvrent 30 pour cent de la SAU totale.

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Tableau N°24 : Nombre et superficie des exploitations selon le statut

juridique de la terre

Origine des terres Milliers

d’exploitations Superficie 10

3 ha

Melk personnel titré 120,1 1 090,20

Melk personnel non-titré 252,3 847,9

Melk en indivision titré 143,9 1 294,70

Melk en indivision non-

titré 261 2 624,50

Domaine privé de l'Etat 181,2 2 541,90

Domaine public 5,4 24,3

Wakfs privé 2,2 24,1

Wakfs public 0,6 4,8

Non déclaré 1,1 6,4

Total 967,9 8 458,70

Hors sol 55,9 -

Total 1 023,80 8 458,68

Source: MADR, 2004.

2.1. L’orientation de la production :

Dans une économie de marché, libérale, se sont la demande, les profits escomptés

et les prix anticipés qui orientent la production. Par contre dans une économie dirigée,

c’est l’administration qui fixe les objectifs, attribue les moyens et détermine la

structure de la production.

L’agriculture algérienne, ou du moins une partie, a vécu les deux situations.

C’est par des investissements directs, du moins dans le secteur public, et indirects que

l’Etat avait put faciliter ou décourager une production.

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C’est également par des mesures favorables à la production comme : la politique de

crédits, l’aide et le soutien des prix, la fixation des prix à la production et la fiscalité

que l’Etat influence l’orientation de la structure de la production.

2.2. La politique des investissements :

Tout d’abord il nous faut distinguer la place de l’agriculture dans les

investissements globaux à travers les différents plans de développement. Le

financement de ces investissements par l’Etat et autofinancement du secteur privé.

Place de l’agriculture :

L'investissement global de l'Algérie passera de 10 milliards de DA en (1967-69 )

à 34 milliards de DA pour le plan quadriennal (1970-73) ,puis à 110 milliards au

cours du troisième plan (1974-77) et à 550 milliards pour le second plan quinquennal

1985-89. L'Algérie consacrera près de la moitié de sa PIB à l'accumulation .Ce

rythme élevé modifiera les situations de l'emploi, des revenus et de la consommation

alimentaire de la population de 1970 à 1986. Cependant la part relative de

l'agriculture n'a cessée de baisser d'un plan à l'autre. De 1967 à 1977 elle passe de 26

% à 11 % soit en moyenne 5%des investissements planifiés entre 1967 et 1979, c'est-

à-dire à la veille du lancement du premier plan quinquennal.

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Tableau N°25 :évolution du volume des investissements agricoles programmés

Unité :milliards de DA

Période 1967-69 1970-73 1974-77 1980-84 1985-89

1- Economie nationale 9,3 27,7 110,2 400 550

2- Prévision agriculture 2,4 4 12 18 14

3- (2/1) % Inv. Total 25 14 11 5 3,5

Source : Naceur Bourenane – Opt.Med.serie A N°21-1991 (p 145-157)

L’agriculture a bénéficié de crédits au cours des différents plans de

développement qui à priori ne reflètent pas l’importance du secteur du moins sur le

plan économique et social. Tous les spécialistes de l’économie algérienne s’accordent

à dire que l’agriculture était marginalisée et n’a pas bénéficié d’un financement des

investissements suffisants permettant une croissance de la production. De ce fait, le

sous -développement de l’agriculture s’explique par l’insuffisance des

investissements. Certains économistes ont même relevé l’existence d’un

désinvestissement dans le secteur aux cours des années 1970. Le vieillissement des

plantations, et leur non renouvellement, le manque d’entretiens des bâtiments

d’exploitation, du réseau de drainage etc. diminuent la capacité de production et

provoquent une chute des rendements.

Mais, en dépit de la faiblesse relative des montants allouées ; ces crédits ne sont

pas entièrement consommés pour au moins deux raisons :

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Tableau n° 26 : évolution de la consommation des crédits agricoles

et réalisation

Période 1967-69 1970-73 1974-77 1980-84

Consommation % 100 46 28 61

Matériel 24 64 63 84

Irrigation 30 67 69 50

Source : Naceur Bourenane – Opt.Med.serie A N°21-1991 (p 145-157)

- Les capacités de réalisation de l’économie sont insuffisantes alors que la demande

est grande. Peu d’entreprises nationales sont en mesure de répondre à des besoins

importants Les équipements en matière d’irrigation, de bâtiments d’exploitation,

d’étables etc ,sont la parfaite illustration de ces défaillances..

Les données figurant au tableau N° 25 montrent les proportions de crédits

consommés par l'agriculture dans son ensemble et particulièrement par deux postes

importants pour la croissance de la production.

- Les lenteurs administratives dans le déblocage des fonds par les différentes

instances étatiques. La constitution de différents dossiers, dont l’étude est confiée à

plusieurs autorités. Les entreprises agricoles du secteur public, ne font qu’émettre des

souhaits d’être dotés de tel ou tel matériel et la décision finale revient à

l’administration de tutelle et à la banque. IL est fréquent que les entreprises se voient

imposer un matériel ou des intrants qu’elles n’ont pas demandé.

- Aux lenteurs de la bureaucratie s’ajoutent les fréquentes pénuries de biens et de

services, le retard des livraisons et produits non conformes aux demandes exprimées,

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souvent imposées aux exploitations par des offices qui détiennent le monopole de

commercialisation. Le peu de matériel livrés aux exploitations du secteur public est

mis entre les mains d’ouvriers agricoles peu qualifiés et surtout peu motivés et peu

intéressés par les résultats.

- Le financement des investissements dont a bénéficié l’agriculture était en partie

pris en charge par l’Etat c’est-à-dire par le trésor public. La partie revenant aux

entreprises agricoles était financée par des crédits bancaires, à court, moyen et long

terme, remboursables.

L’autofinancement :

Très difficile à évaluer en l'absence d'une comptabilité mais il peut être estimé

grâce aux livraisons des biens et les prestations services fournis au secteur

agricole. Cependant la nécessité d'acquérir les biens de production oblige

parfois les agriculteurs, jouissant d'une relative aisance financière, à recourir

au marché parallèle et à payer beaucoup plus que les prix fixés par l'Etat.

Donc, globalement la restriction des investissements par autofinancement était

due beaucoup plus aux pénuries de biens et services qu'à l'absence d'une

épargne agricole et rurale qui va s'investir dans d'autres secteurs : commerce

et immobilier.

Les efforts de production ont été concentrés sur les cultures spéculatives plus

rémunératrices que les cultures stratégiques.

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Tableau N°27 : évolution indiciaire de la production agricole 1968-86

(1965-68 =100)

céréales Blé

dur orge Maraîch.

Po.de

terre Melon/past. aviculture

Viandes

rouges oeufs

90 60 130 300 700 300 875 224 1

100

Source : Naceur Bourenane – Opt.Med. serie A N°21-1991 (p 145-157)

Les filières de production animale et de cultures maraîchères ont enregistré une

croissance notable alors que les céréales ont connu une quasi stagnation et même une

légère régression comme indiquée au tableau précédent N°27.

2.3. La politique de crédits :

Le financement des crédits à l’agriculture (domaines autogérés et secteur privé)

était assuré par la Banque Nationale d’Algérie (BNA) et ils étaient garantis par l’Etat.

Mais le risque d’insolvabilité des domaines a incité les autorités à créer une banque

spécialisée pour le financement de l’agriculture.

La BADR, banque spécialisée (Banque d’Agriculture et de Développement Rural)

créée en 1982 a pris la relève à la BNA. Devenue autonome à partir de1990, avec

obligations d’équilibres, elle s’est transformée en banque classique appliquant à

l’agriculture « les règles strictes du crédit bancaire ». L’Etat ne garantit plus les

emprunts bancaires fait par le secteur agricole. De ce fait l’essentiel des exploitants

agricoles individuels n’ont plus accès au système bancaire.La BADR a limité ses

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164

opérations de crédits de campagnes et de crédits d’investissements de moyen et long

terme.

L'examen des données statistiques pour le financement de la production à court terme

révèle, sur quatre campagnes agricoles de la réforme (1987-88 à1990-91), une chute

de 25% en moyenne annuellement du nombre d'exploitants financés par la banque

agricole. Le montant des crédits réalisés passe de 5,3 milliards de DA en 1987-88 à

1,8 milliards de DA en 1990-91.

Le montant des remboursements chute également de façon brutale entre les deux

périodes.

Tableau N°28 : Financement de la production –Crédits à court terme

Unité : millions de DA

Crédits de campagne 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91(juin)

1. Dossiers de

bénéficiaires 56.082 61.076 46.199 31.950

2. Prévisions 7.025 9.400 5.683 3.005

3. Réalisations 5.330 7.500 4.012 1.842

4. Remboursements 4.128 5.600 2.746 345

Source : Conseil National de la Planification

La chute des montants inscrits en prévisions s'explique en partie par le retrait des

"charges de main d'œuvre et de rémunération" que finançait la BADR aux ex DAS

.IL faut noter que le nombre d'exploitations et de bénéficiaires qui peuvent accéder

au crédit, compte tenu des nouveaux critères établis par la banque ( solvabilité,

garantie, remboursements ...) tend à diminuer très fortement La dégradation de la

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165

situation est plus accentuée pour le financement des investissements à moyen et

long termes. Durant la période considérée (1987-88 à 1990-91), le nombre de

candidats au crédit à moyen et long termes (MLT) est passé de 19.484 à 2.216 et le

montant de crédits a chuté de 1,4 milliards de DA en 1988 à 191 millions de DA en

1991.

Tableau N°29: financement à moyen et long termes (MLT) (millions de DA)

Crédits à MLT 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91

1. Dossiers 19.484 15.784 4.976 2.216

2 .Prévisions 1.400 1.128 404 191

3. Réalisations 1.100 850 203 182

Source :Banque Agricole et de Développement Rural ; Conseil National de la Planification

L'endettement des EAC et EAI est aujourd'hui très lourd sous le double effet de la

prise en charge du patrimoine transféré (17 milliards de DA) des ex DAS et des

crédits non remboursés depuis leurs installations.

Cet endettement s'est aggravé sous l'effet des nouveaux taux d'intérêt appliqués ces

dernières années (les taux d'intérêt sur le court terme ont été porté de 4-6% en 1986 à

15% - 22% en 1990-91) et qui, réescomptés trimestriellement, s'accumulent en créant

un effet multiplicateur qui augmente de façon sensible le service de la dette.

Le désengagement de l’Etat et la fin de la garantie des crédits au secteur agricole

sera remplacé par de nouveaux mécanismes et instruments qui mettront un terme à la

politique antérieure de crédit qui « a été appliquée de façon uniforme à l’ensemble

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166

des agriculteurs ne faisant pas la différence entre ceux pouvant supporter les taux du

marché (investissant souvent dans le commerce et dans les immeubles urbains) et

ceux dont la situation est difficile »59

.

Les crédits à l’agriculture seront pris en charge par différents fonds alimentés

essentiellement par l’Etat avec une dotation d’environ 14 milliards de DA (en 1997)

et dont la gestion fût confiée à la Caisse Nationale de Mutualité Agricole et ses

antennes : les CRMA (Caisse Régionale de Mutualité et d’Assurance Agricole) avec

l’autorisation de réaliser des opérations bancaires, d’assurance et de crédit en Algérie

et à l’étranger

La gestion de ces fonds au nombre de trois ;

- Le FNDA : Fonds National de Développement Agricole crée en 1988 ; il

accorde des crédits sur budget de l’Etat mais exige une participation financière

du bénéficiaire, Il ne touche que quelques filières et secteurs d’activités

notamment les productions céréalières et laitières.

- Le FGA : Fonds de Garantie Agricole ne protège que les adhérents

- Le FCA : Fonds de Calamité Agricole n’indemnise que les agriculteurs affiliés

à la CNMA.

59 Bedrani.S , Boukhari N ,al- Eléments d’analyse des politiques de prix, de subvention et de fiscalité sur

l’agriculture en Algérie Options Méditerranéennes, Sér. B / n°11, 1997 - Prix et subventions : effets sur les

agricultures familiales méditerranéennes

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Le désengagement de l'Etat, de la gestion directe de la production a permis une

extension du secteur privé avec une quasi intégration des EAC et EAI soumises aux

même système d'exploitation, a favorisé l'apparition d'un type de financement de la

production. IL s'agit de la résurgence du contrat d'association, pour une campagne ou

une saison pour les cultures et, plusieurs pour un élevage, entre un agriculteur et un

créancier .Le partage de la récolte se fait selon l'accord convenu. Le créancier y

trouve son compte en faisant un placement très rémunérateur à court terme et

l'agriculteur trouve un financement pour sa production. Ces pratiques disparues avec

l'application de la révolution agraire sont réapparues à cause des difficultés

rencontrées par les agriculteurs pour l'octroi de crédits bancaires. Il existe cependant

des agriculteurs qui par conviction religieuse ne sollicitent pas de crédits bancaire car

ils assimilent les intérêts à de l’usure60

.

2.4. Le soutien des prix

Les subventions et soutien des prix, concernent ceux appliqués aux facteurs de

production et aux produits. Elles seront élargies aux opérations culturales et

installations des unités de transformation et des unités de stockage éligibles dans le

cadre du PNDA .

60 L’Etat mettra en place un crédit sans intérêts le RFIG pour cette catégorie d’agriculteur en Aout 2008.

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168

2.4.1. Prix des facteurs de production livrés à l’agriculture : les prix payés

par les agriculteurs.

La politique de l’Etat en matière de soutien de prix était très importante,

Cependant, la brutale rupture de cette politique au cours de la décennie1990 et

la mise en application de la politique de la réalité des prix c'est-à-dire la

réduction progressive puis la suspension totale des subventions aux intrants a

réduit considérablement leur utilisation.

L’agriculture a bénéficié d’important avantage avant ce réajustement :

prix des produits issus de l’industrie et livrés à l’agriculture, sont uniformes à

travers tout le territoire éliminant ainsi certaines rentes de situation.

stabilité des prix sur le court et moyen terme.

mission du secteur public : assurer la disponibilité des produits en même temps

que l’aménagement du territoire, sur tout le territoire.

bonification des taux d’intérêts.

La hausse des prix des matériels agricoles a entraîné le réajustement des prix des

services. Le prix des labours, du fauchage, des semailles et du battage ont doublé

entre 1990 et 1991. Les frais de motoculture du transport de la récolte pratiquée par

les sections de motoculture des CASSAP – là où elles existent– n'ont cessé

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169

d'augmenter depuis la dissolution des coopératives agricoles polyvalentes

communales de services–CAPCS (1984).

Entre 1984–85 et 1990–91, il y a multiplication par cinq des prix des services

offerts aux agriculteurs car, là également, la rupture avec le principe du monopole des

prestations de services exercé par les ex-CAPCS a été suivi d'un phénomène

spéculatif (contenu et contrôlé auparavant par les CAPCS) et, ceci, indépendamment

des réajustements de prix opérés par l'Etat sur les matériels agricoles.

IL importe donc de relever une tendance manifeste à l'écartement des niveaux des

prix payés par les agriculteurs et les prix reçus. IL y a des agriculteurs dotés en terre,

en ressources financières et en équipements. Cette dotation en matériel agricole

décide de la reproduction de l'exploitation, mais aussi de la diversification des

sources de revenu (location), compte tenu de l'évolution du système des prix de

services.

L'accroissement marqué des prix des facteurs de production et des services

participe aujourd'hui, sans aucun doute, à une restructuration des exploitations

agricoles et à un changement dans les conditions sociales de la majorité des

agriculteurs.

Aucun système agricole ne peut rester insensible à des variations de prix aussi fortes

et nous risquons, dans l'hypothèse où cette tendance à la hausse accélérée se poursuit,

d'assister non seulement à un blocage de la production (parce que les ressources

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disponibles, les loyers de l'argent s'opposent à un refinancement de la production)

mais aussi à une détérioration de la base matérielle de l'agriculture.

La « liberalisation des prix », qui visait à lutter contre le gaspillage de ressources

rares et à réaliser une meilleure allocation des ressources, donc à diminuer les coûts

d'opportunité, risque en l'absence d'une intervention de l'Etat sur le marché (des

produits, des matériels et des services) de bloquer l'accroissement de la production et

de la productivité agricoles. Elle s'oppose ainsi aux objectifs d'intensification définis

pour certaines cultures stratégiques (céréales par exemple) car les coûts de production

des facteurs d'intensification, assurés par les seuls exploitants, sont trop élevés.

Dans des situations marquées par la pénurie en facteurs de production, en absence de

toute régulation par l’Etat du marché des services, des intrants et des matériels, elle

ne peut objectivement déboucher que sur la formation des prix de monopole

défavorables aux producteurs agricoles.

2.4.2. Prix à la production : prix payés aux agriculteurs :

- Les prix à la production, du moins ceux appliqués à certains produits : céréales et

légumes secs, lait et cultures industrielles étaient fixés par décret. Fixés en début de

campagne par décret, ils peuvent influencer les plans de cultures quand les

responsables du domaine disposent d’une autonomie dans leur établissement...

Les domaines optent pour les cultures les mieux rémunérées.

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- A l'exception des céréales, et du lait cru de vache tous les prix à la production

obéissent aujourd'hui au régime de la liberté des prix. Et afin d'encourager le

développement de certaines cultures jugées stratégiques au regard des objectifs de

couverture alimentaire du pays, et/ou d'exportation, l'Etat, via les organismes de

collecte et/ou de commercialisation, garantit les prix de certains produits (pomme de

terre, oignons, agrumes, dattes).

- Les prix à la production arrêtés au début de la campagne agricole 1990–91 ont

toutefois enregistré une importante hausse par rapport aux variations des coûts et des

charges d'exploitation. Mais la suspension des subventions aux intrants et matériels

agricoles et leurs reports au soutien de produits agricoles, hausse des prix et primes

incitatives, n’a pas incité les agriculteurs à augmenter les superficies et les

rendements des cultures concernées.

2.4.3. Politique de développement agricole

La situation économique et sociale de l’Algérie s’est fortement dégradée au cours de

la décennie 90 à la suite de la conjonction de plusieurs facteurs :chute du prix du

pétrole, grave situation sécuritaire, programmes d’ajustements structurels imposés par

le FMI ,dévaluations successives du dinar, récession économique…IL a fallu attendre

le début des années 2000 pour voir la mise en œuvre d’un vaste programme consacré

à l’agriculture :le PNDA qui s’inscrit dans le cadre du Plan de Soutien à la Relance

Economique (PSRE) 2000-2004 suivi par un autre plan le Plan Complémentaire de

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172

Soutien à la Croissance (PCSC) 2005-2009 à la faveur de la reprise des cours du

pétrole

Le PNDA fût lancé en septembre 2000.IL avait pour objectifs de mettre en œuvre les

démarches suivantes :

Meilleure utilisation et valorisation des potentialités naturelles (sol et eau) et moyens

de toute nature (financiers-humains …) ;

Extension de la surface agricole utile par des actions de mise en valeur des terres

agricoles ;

Stabilisation des populations rurales ;

Préservation des ressources naturelles pour un développement durable ;

Intensification de la production agricole dans les zones favorables ;

Adaptation des systèmes de production aux conditions de milieu ;

Promotion des exportations de produits agricoles notamment les produits jouissants,

d’avantages comparatifs avérés et les produits de l’agriculture dite biologique ;

Création de l’emploi ;

Amélioration des revenus des populations agricoles.

Suite à l’élargissement en Juin 2002 des missions du Ministère de l’Agriculture au

Développement Rurale, le PNDA a étendu ses objectifs à la revitalisation des

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173

espaces ruraux, à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et à la

promotion de l’artisanat et de métiers ruraux.

Le PNDA devenu PNDAR (Plan National de Développement Agricole et Rural ) est

composé de programmes spécifiques et complémentaires prenant en compte les

contraintes agro-climatiques, notamment l’aridité du climat et l’amélioration des

conditions socioéconomiques des populations rurales.

Ces programmes sont les suivants :

1. Programme national de reboisement, outre les objectifs visant la restauration du

patrimoine forestier et la protection des sols contre l’érosion, il vise également à

chaque fois que cela soit possible les boisements utiles et économiques ;

2. Programme de développement des zones de parcours et de protection de la

steppe qui met notamment l’accent sur la protection de l’écosystème pastoral, la lutte

contre la désertification et l’amélioration de l’offre fourragère ;

3. Programme de développement rural à travers la mise en œuvre de projet de

proximité de développement rural ( PPDR ).

La mise en œuvre du PNDA s'appuie sur un dispositif de financement rénové

reposant sur le FNRDA pour le soutien à l'investissement, le FMVC pour l'exécution

du programme de mise en valeur par la concession et sur le FPZPP pour les aspects

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174

de protection des patrimoines végétal et animal ainsi que sur les mécanismes

budgétaires de financement du PNR.

Pour financer ces programmes plusieurs fonds ont été crées :

Le FNDRA :Fonds National de Régulation et de Développement Agricole,

remplace le FNDA ,IL contribue au soutien financier des agriculteurs dans

leurs investissements.

Le FDRMVTC :Fonds pour la Mise en Valeur par les Concessions apporte

un soutien financier aux bénéficiaires des concessions des terres à mettre en

valeur.

Le FLDDPS : le fonds de lutte contre la désertification et le développement du

pastoralisme

La gestion de ces fonds fût confiée à la CNMA et ses antennes régionales les CRMA

3. Les revenus dans le secteur agricole

Le revenu constitue l’une des mesures incitatives pour mobiliser la force de travail et

améliorer sa productivité.

Le revenu agricole provient de trois sources différentes : les profits, les salaires et

l’autoconsommation. Chacune de ces catégories présente des spécificités et a connu

une évolution particulière.

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175

L’autoconsommation dans les domaines autogérés était tolérée pour les produits de

la ferme disponibles et cédés à prix coutant aux travailleurs en quantité limitée pour

les besoins de la famille. Les travailleurs avaient même droit à un élevage familial et

le fourrage était payant s’il provenait de la ferme.

Par la suite elle fût interdite, même si elle constitue un complément de revenu pour

les travailleurs, car il ya eu des intrus constitués de notables locaux qui ont envahi les

domaines pour se servir et le plus souvent sans payer. Devant cette situation

l’initiative était laissée aux responsables des domaines de l’interdire ou la tolérée, ce

qui profite toujours à certains petits responsables locaux au dépens des travailleurs.

L’autoconsommation s’est estompée durant ces deux dernières décennies avec la

situation sécuritaire l’exode agricole et la dernière restructuration du domaine foncier

de l’Etat qui a donné naissance aux EAI et EAC. En effet l’unité de l’exploitation

agricole formée de trois fonctions principales ; économique, sociale et de lieu de

résidence a éclaté. La majorité des bénéficiaires des EAI et EAC n’habitent pas sur

leur lieu de travail. Ils sont devenus de simples ouvriers paysans qui habitent des

agglomérations loin de la terre qu’ils exploitent. Rares sont les enquêtes qui ont pu

mesurer l’autoconsommation globale dans le secteur agricole.

3.1. Les salaires dans le secteur d’Etat

Les salaires dans le secteur autogéré ils étaient soumis aux règlements en vigueur .Ils

sont fixés par des barèmes et non négociables. Ils étaient assimilés par les textes

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officiels à des avances sur revenu qui sera complété par le partage des bénéfices

éventuels entre les membres du collectif constitué uniquement de travailleurs

permanents. Les saisonniers n’ouvrent pas droit. Le taux journalier de rémunération

pour les permanents et les saisonniers était le même pour le même poste de travail.

L’avantage des permanents c’est qu’ils réalisent plus de journées de travail et qu’ils

occupent les postes les mieux rémunérés (chauffeurs) et les moins fatigants

(gardiennage).

Dans le secteur privé les salaires étaient négociables et présentent une certaine

flexibilité qui permet l’embauche selon les besoins. Ils étaient plus élevés, que ceux

offerts par le secteur public, dans les zones des plaines situées à proximité des pôles

industriels. Le taux a toujours obéit à la loi de l’offre et de la demande et échappe aux

règlements en vigueur.IL n’est pas rare cependant de rencontrer des situations ou

coexistent chômage et pénurie de main d’œuvre.

3.2. Les revenus dans le secteur agricole :

Les profits sont dégagés par les résultats de l’activité productive de l’exploitation

agricole et forment le revenu des propriétaires exploitants, des fermiers, des éleveurs

et des propriétaires fonciers.

La masse salariale a régressé au cours des dernières décennies suite au nouveau

système d’exploitation dominant des fermes de faibles dimensions ayant surtout

recours à la main d’œuvre familiale. Elle ne représente en moyenne que 5% de la

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masse globale des salaires de l’économie nationale. Si la masse salariale a augmenté

en valeur absolue cela s’explique par la hausse des salaires comme le montre le

tableau N°30 ou le SNMG est passé entre 1997 et 2005 de 4800DA à 12000DA par

mois et non pas par une augmentation du nombre de travailleurs.

Tableau N° 30 : Evolution du SNMG

Année Janvier

1990

Janvier

1991

Juillet

1991

Avril

1992

Janvier

1994

Mai

1997

Janvier

1998

Septembre

1998

Janvier

2001

Janvier

2004

Janvier

2007

SNMG 1 000 1 800 2 000 2500 4 000 4800 5 400 6 000 8 000 10 000 12 000

Source : ONS

La masse monétaire du revenu des indépendants a augmenté. Ces revenus s’ils ne

sont pas consommés dans leur intégralité génèrent une épargne qui réinvestie

engendrera des profits plus importants et contribuera à l’accumulation du capital de

l’exploitation favorisant à son tour la croissance de la production .Mais l’analyse

montrera que le profit.

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Tableau N°31 : Evolution de la masse salariale et les revenus des

indépendants en Milliards de DA

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

MASSE SALARIALE

Secteur

économique 352,9 378,0 393,2 416,5 450,3 482,2 510,6 576,2 613,9

Agriculture 33,3 37,4 39,3 39,2 42,4 56,8 63,1 72,1 76,0

Administration 334,5 365,8 388,2 410,4 464,3 489,3 542,8 596,3 632,4

Total 720,7 781,1 820,7 866,1 956,9 1 028,30 1 116,50 1 244,60 1322,3

REVENU DES INDEPENDANTS

Secteur

économique 399,9 434,0 475,2 515,7 563,4 857,4 924,1 1 040,90 1106,6

Agriculture 221,6 272,0 296,9 284,8 344,9 356,2 443,8 502,3 497,7

Affaires

immobilières 14,4 17,3 20,7 24,9 29,9 33,6 35,2 37,6 33,8

Total 635,9 723,3 792,7 825,4 938,2 1 247,20 1 403,10 1 580,80 1638,1

SOURCE : O.N.S

moyen à l’ha est faible si on tient compte de l’assolement biennal pratiqué par la

majorité des exploitations céréalières où la jachère occupe presque 50% de la SAU de

chaque exploitation, le niveau d’intensification assez bas et les aléas climatiques. Ce

qui fait dire à A. Benachenhou alors ministre des finances que « Les revenus des

paysans, généralement faibles, n'ont été maintenus, pour la majorité des exploitations

que grâce à la garantie de prix pour les produits céréaliers61

. »

61

A.Benachenhou –Algérie :la modernisation maîtrisée – Alger 2004 .p19

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179

Le revenu précaire d’une activité agricole incite les agriculteurs à exercer une autre

activité à la recherche d’un revenu complémentaire.

Cette situation encourage l’apparition de l’agriculture en tant qu’activité à temps

partiel. En plus de la recherche d’un revenu l’agriculture à temps partiel peut résulter

du sous emploi qui règne dans l’exploitation. Le revenu d’une activité constitue le

stimulant le plus important pour le choix d’une profession surtout pour les jeunes en

âge de formation L’agriculture pour attirer les futurs travailleurs se doit d’améliorer

les conditions de travail et le statut social de l’agriculteur et de revaloriser son travail

ce qui n’est possible et réalisable que par une éducation et une formation adéquates et

non par décrets.

4. La politique de formation de recherche et de développement

L’Algérie dispose d’une infrastructure assez développée pour assurer la formation

agricole et répondre aux besoins de l’agriculture. Les différents centres et instituts

existants dans le secteur agricole en Algérie sont constitués :

de Centres de Formation et de Vulgarisation Agricoles (C.F.V.A.) qui forment

des agents techniques agricoles en 2 années et des agents qualifiés par des

formations de courte durée.(niveau moyen)

d’Instituts de Formation de Technologie Moyens Agricoles (I.T.M.A.) qui

forment pendant 3 années des agents de maîtrise ayant des profils plus ou

moins spécifiques.(niveau secondaire)

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d’Instituts de Formation de Techniciens Supérieurs (I.F.T.S.A.), sous tutelle de

Ministère de l'agriculture,(promotion interne-recyclage)

d’instituts Nationaux de Formation Supérieure Agricole qui sont des

établissements de formation supérieure cycle long sous tutelle du Ministère de

l'Agriculture et du Ministère de l'Enseignement Supérieur représentant :

- 10 instituts de formation d'ingénieurs agronomes. (El-Harrach, Blida,

Tizi-Ouzou, Mascara, Tiaret, Chlef, Tlemcen, Sétif, Ouargla,

Mostaganem)

- 05 instituts de formation de docteurs vétérinaires. (El-Harrach, Blida,

Tiaret, Batna, Constantine)

- 03 instituts de formation d'ingénieurs forestiers. (Batna, Tlemcen,

Tizi-Ouzou);

- 01 institut de formation d'ingénieurs en technologie alimentaire.

(Constantine)

- 01 institut de formation d'ingénieurs en hydraulique. (Blida).

La formation agricole, avant l'indépendance était assurée par des établissements

d'enseignement de différents niveaux :

Au niveau du supérieur : l'Institut Agronomique d'El-Harrach. crée en 1905

Au niveau du secondaire : les écoles régionales d'agriculture de Sidi-Bel-Abbès

et de Skikda.

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181

Au niveau du moyen : les écoles pratiques d'agriculture de Guelma,

Constantine, Tizi-Ouzou, Ain Temouchent, Hamma Alger.

L’accès à ces écoles était réservé en priorité aux enfants des colons même si

selon une certaine littérature de l’époque ce sont les enfants des « musulmans

indigènes »qui refusaient la formation agronomique et lui préfèrent celles de

droit de médecine ou de pharmacie. Ceci explique en partie le manque de

culture agronomique des paysans algériens en particulier et de la population en

général et le fatalisme qui règne encore dans les campagnes. Car il faudrait des

générations pour fonder une classe paysanne capable de maitriser son

environnement.

La formation s’est démocratisée et massifiée progressivement après l’indépendance

avec tous les avantages et les limites d’une formation de masse.

La politique de formation pour l’agriculture a privilégié la quantité aux dépens de la

qualité, la formation des ingénieurs aux dépens de la formation des producteurs

directs et des techniciens moyens et celle des agriculteurs du secteur d’Etat aux

dépens des agriculteurs du secteur privé.

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182

Les structures de formation disposent de près de 12.000 places pédagogiques.

Certains niveaux étaient pléthoriques qu’il a fallu procéder à « un sérieux

dégraissage avec la fermeture de 24 CFVA entre 1984 et 1991. »62

La formation diplomante a plus cours en Algérie que la formation professionnelle qui

débouche sur l’action. D’ou l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Tout le

personnel formé se retrouve dans des bureaux souvent totalement coupé de la réalité.

Les données technico-économiques et sociales peuvent influencer les résultats des

chercheurs si les marges d’erreurs sont importantes.

La recherche scientifique fondamentale relève du secteur public c’est à dire des

universités et centres de recherche du MADR : C’est l’Etat qui finance la recherche et

la formation des chercheurs. Le secteur privé est totalement absent. La recherche

fondamentale est une recherche désintéressée, non lucrative son but est de

comprendre et d’expliquer les phénomènes naturels et les phénomènes économiques

et sociaux.

La recherche appliquée ou recherche-développement s’occupe d’abord de la

concrétisation des résultats obtenus par la recherche fondamentale à échelle réduite

.Elle a un but lucratif et recherche des profits. En l’absence de mécènes pour financer

ce type de recherche c’est l’Etat qui prend en charge ces dépenses, cela a été même

recommandé par un ministre de l’agriculture : « IL ne faut pas que les expériences

62

Source :CNES-La Formation en Agriculture – NAPLES (Italie ) novembre 2000

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183

soient pratiquées par le fellah c’est du gaspillage de finance et de temps. C’est aux

services de l’Etat de s’engager d’abord »63

. En effet certain agriculteurs entreprennent

des expériences mais leurs résultats ne sont ni diffusés ni archivés et restent toujours

du domaine privé et ne sont pas vulgarisés pour servir à d’autres agriculteurs.

La vulgarisation agricole a été quasi inexistante du fait de la faiblesse des résultats de

la recherche et de la modicité des crédits qui lui ont été consacrés. L’absence d’un

corps de vulgarisateurs chevronnés, motivés et socialement acceptés par les

agriculteurs, l’absence d’associations professionnelles capables d’orienter les

programmes de vulgarisation en fonction des besoins réels de leurs adhérents,

l’absence de priorité accordée à la vulgarisation de la part de l’administration

agricole, tout ceci a fait que le progrès technique et agronomique s’est très faiblement

diffusé dans le secteur agricole privé et mal diffusé dans le secteur agricole public.

Récemment, les chercheurs et les vulgarisateurs ont été dotés chacun de statuts

propres. L’amélioration de la situation matérielle de ces personnels ainsi obtenue et

l’octroi d’un prêt important de la Banque Mondiale pour le développement des

activités de recherche et de vulgarisation constituent sans doute les bases d’une plus

grande efficacité de ces dernières a la vulgarisation agricole

63

Le ministre de l’agriculture Elyes Mesli : hebdomadaire « La vie économique » n°4- 1991.

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184

CONCLUSION

Notons que le secteur privé historique qui détient les 2/3 de la SAU et fait vivre la

majorité de la population agricole, n’a pas été touché par la restructuration des terres.

IL connaît toujours une trop grande parcellisation et aucune politique de

remembrement n’a été envisagée pour la freiner. Cette parcellisation résulte

essentiellement du partage successoral des héritiers et constitue un sérieux obstacle

au développement agricole. Parcellisation et indivision forment un véritable

handicape aux investissements privés et même publics (cas d’enquête de

dépossession des terres pour utilité publique d’intérêt général) et un frein au

développement économique de la paysannerie.

Le « nouveau secteur privé » secteur à gestion privative dont les terres restent

propriété de l’Etat risque de connaître le même sort que le secteur privé dans

quelques années La transmission du patrimoine aux descendants va provoquer un

émiettement des parcelles. Déjà la division des EAC en EAI et la location des

parcelles nues ainsi que la vente prématurée des récoltes de vergers et de cultures de

saison par certaines EAI devenues courantes contribuent à la dégradation du

patrimoine foncier. Ce laxisme de l’administration, qui laisse faire risque de couter

cher à l’agriculture dans un proche avenir.

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Chapitre IV :

Les effets de la politique agricole sur la

modernisation de l'agriculture et de la

production: les résultats

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186

INTRODUCTION

Les politiques économiques et agricoles ont certes eu une influence sur les

résultats de la production dans la mesure ou elles ont fixé les objectifs et attribué les

moyens. L'importance des résultats apparaît à travers leur évolution et en

comparaison aux volumes des ressources (moyens) utilisées et aux disponibilités en

produits agricoles et alimentaires offerts à la population. Ces résultats peuvent être

mesurés et calculés à l'aide de plusieurs outils plus ou moins efficaces.

L'indice de production exprime l'évolution de la production (en volume ou en

valeur) par rapport à une année de base mais ne renseigne pas sur le volume des

ressources utilisées. L'évolution à travers les indices ne traduit que la tendance.

Pour le calcul des résultats en quantités physique et par culture, on doit tenir

compte de l'évolution de la superficie car le volume de la production peut être dû à

l'augmentation de la superficie, et / o u, à l'accroissement des rendements.

Les résultats peuvent également être calculés en valeur en Dinar courant ou

constant (en tenant compte de l'inflation monétaire) pour apprécier l'évolution.

1. Evolution de la production :

Les statistiques disponibles montrent qu'il y avait une quasi-stagnation de la

production agricole sur le long terme .Les volumes de production sont fluctuants. Les

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187

amplitudes annuelles sont plus importantes pour la production végétale comme

indiquée au tableau ci-dessous (tableau 32)

Tableau N° 32 : Evolution annuelle des indices de 1986 à 1996

POIDS

ANNEES

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996

Production

végétale 46,1 97,6 97,1 74,5 97,6 77,8 127,5 130,0 101,9 83,7 112,3 166,7

Elevage 34,2 66,2 92,3 91,6 99,1 99,3 92,8 121,4 117,5 107,2 112,7 113,0

Produits de

l'élevage 16,6 78,1 100,2 99,5 100,1 107,3 108,8 106,8 94,8 100,6 103,6 95,5

Production

animale 50,8 70,1 94,9 94,2 99,4 101,9 98,1 116,6 110,1 105,0 109,7 107,3

Production

de la pêche 3,1 87,0 101,0 92,3 79,8 94,4 90,6 93,9 116,7 134,2 110,0 132,0

Production

agricole 100 83,3 96,1 85,0 98,0 90,6 111,4 122,1 106,5 96,1 110,9 135,4

Sources: O.N.S

Le poids de la production végétale dans la production agricole globale représente

moins de la moitié (46,1 %), tandis que celui de la production halieutique est de

(3,1%). La production animale représente 50,8 % de la production globale.

Les variations de la production agricole sont dues essentiellement aux importantes

fluctuations de la production végétale qui reste trop dépendante des conditions

climatiques. C'est ainsi que la variation de la production végétale a chuté de moins (-

21,6 %) en 1993 par rapport à 1992, tandis qu'elle a crût de (+ 48,4 %) de 1995 à

1996.

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2. Les résultats de la production agricole en quantités physique :

La production agricole comprend : la production végétale, la production animale

et la production halieutique .Nous tenterons de cerner l'évolution des résultats de ces

activités en nous basant sur les statistiques disponibles qui rappelons le sont peu

fiables, approximatives, et reflètent beaucoup plus la tendance des résultats que leur

précision.

2.1. La production végétale :

Elle comprend principalement: les céréales, les légumes secs, l'arboriculture

fruitière, la viticulture, le maraîchage, les cultures industrielles et cultures

fourragères. Les produits de ces cultures sont destinés à la consommation humaine, à

la consommation animale et aux industries agro-alimentaires.

L’importance de chaque produit sera située par rapport à la superficie qui lui est

réservée, au volume de la production, au rendement et à la disponibilité par habitant.

Ces paramètres, montrent l'importance de chaque spéculation ou filière et permettent

de saisir dans l'ensemble les orientations du système de culture (répartition des

cultures et occupation des sols) et ses résultats.

- Les céréales : La céréaliculture occupe en moyenne 3 à 3,5 millions d’hectares

annuellement sur une superficie totale de 7,5 millions d’hectares soit 45%. La prise

en compte de la jachère fait passer ce taux à plus 80%.

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La production de céréales s’articule autour du blé dur (41,5%), du blé tendre (19%),

de l’orge (36,7%), de l’avoine (2,4%) et des autres céréales (0,4%); dans cette

structure le blé dur et l’orge occupent plus des deux tiers de la production. En termes

d’évolution, la production de céréales se caractérise par une quasi-stagnation avec des

rendements moyens variant entre 6,5 et 9,4 quintaux/hectare sur la période 1967 –

1999.

Tableau N°33 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles en céréales.

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficie 10 6 Ha 2,86 3,21 3,04 3,26 2,71 2,64 2,55

Produc.Moyenne106Qx 18,6 19,3 18,9 19,6 19,8 22,2 24,0*

Imp. Moyenne 10 6 Qx 6,2 7,8 17,3 26 42,7 42,2 40,01

Rendement Qx/Ha 6,5 6 6,2 6 7,3 8,4 9,4

Population 10 3 habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Disp. Kg/an/Habitant 191 194 225 236 276 242 220

Source : O.N.S

* Moyenne corrigée, (1) estimation

tendance est le résultat de conditions climatiques défavorables accompagnées par une

grande sécheresse et des rendements insuffisants, 4 à 5,2 quintaux/ hectare sur les

terres détenues par le secteur privé qui réalise prés de 55% de la production de

céréales.

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Les efforts entrepris durant les quarante dernières années ont porté

particulièrement sur l’introduction de nouvelles variétés, une mécanisation et une

fertilisation adéquates. Néanmoins, les résultats escomptés sont en deçà des attentes

compte tenu de la non maîtrise par le secteur privé des itinéraires techniques

appropriés et notamment le non respect des doses d’intrants. Le volume de

production des céréales s’explique par l’introduction de nouvelles techniques sur une

partie des terres agricoles, et aussi par la variation des superficies emblavées. Ces

actions, dominées par un contexte de crise, n’ont pas eu d’incidences sur la rentabilité

et la productivité.

De même, la hausse des prix des céréales à la production n'a eu qu'un effet

négligeable sur le comportement des agriculteurs pour l'accroissement des

superficies et de la production. L'orge seule constitue l'exception (forte croissance des

superficies ensemencées) mais la raison est que la production de l'orge se vend sur le

marché libre de l'aliment de bétail à des prix beaucoup plus élevés que ceux proposés

par l'organisme d'Etat l’OAIC.

La production demeure fluctuante et ne couvre selon les années qu’un faible taux des

besoins de la population. Ainsi, le recours aux importations s’avère incontournable.

Les céréales à elles seules ont représenté, en 1999, prés de 40% des importations

alimentaires globales.

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191

- Les légumes secs

- Après avoir connu une augmentation suite à l’accroissement des superficies, la

production de légumes secs a baissé, durant la période 1979-83, de prés de 25% par

rapport à 1974-77. Les rendements en moyenne 5 quintaux/hectare, durant les

périodes considérées, n’ont pas connu de progression conséquente. La couverture par

la production nationale de la consommation passe ainsi de 60% au cours de la période

1974-77 à 30% en moyenne entre 1990-95.

Tableau N°34 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles en légumes secs

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficie 103 Ha 82 86 96 110 142 103 80

Production 103 Qx 404 421 666 500 533 482 450

Rendement Qx/Ha 5 5 7 4,5 3,7 4,7 5,6

Importations 103 Qx 42 90 473 800 900(1) 1051,5 -

Population 103

habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Dispo. Kg/an/habitant 3,4 3,6 7,0 6,7 6,3 5,8 -

Source : ONS (1)Estimation

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192

Compte tenu du recul de la production et du poids des légumes secs dans la ration

alimentaire, le déficit sera comblé par les importations qui se sont accrues en

moyenne annuelle de 12% depuis 1967.

Par ailleurs, le désintérêt des agriculteurs pour ces spéculations peu rémunératrices

et le manque de main-d’œuvre expliquent, en partie, cette régression de la production

qui ne peut être relancée qu’à travers l’introduction de la mécanisation et la

reconsidération des prix. Ces mesures pourraient assurer une consolidation de la

production.

- Les maraîchages

Les cultures maraîchères ont enregistré une augmentation importante en superficie

et en volume de production grâce à l'existence d'une demande. Elles occupent la

seconde place dans la production végétale, juste après les céréales, et pèsent pour

11,3 %dans la production agricole.

Les principales cultures sont : la pomme de terre (50,6 %), la tomate (7,7 %) l'oignon

(7 %), pastèque et melon (9,4 %)

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193

Tableau N°35: Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles en produits maraîchers

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficies 103 Ha

produits maraîchers 75 88 122 160 302 303 266

Production moyenne103 Qx

produits maraîchers 6.541 7.418 10.458 12.500 22.294 28.180 31.894

Pomme de terre 2.331 2.758 4.837 5.700 8.252 10.041 10.485

Rendement Qx/Ha

produits maraîchers 87 84 86 78 73 93 120

Pomme de terre 61 59 70 65 92 103 144

Importations 103 Qx

produits maraîchers 617 709 1.052 2.000 - - -

Population 10 3

habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Dispo. Kg/an/Habitant

produits maraîchers 55 58 71 75 98(1) 106 109

Source : ONS

(1) A partir de 1984 les disponibilités n’intègrent pas les importations

Comme le montre le tableau № la production annuelle moyenne de légumes frais

est passée de 6,54 millions de quintaux à 31,89 millions de quintaux de 1967 à 1999.

Dans le même temps la superficie a été multipliée par quatre et les rendements ont

quasiment stagné, mis à part la période 1990-1999 où ils ont enregistré un

accroissement de l'ordre de 12 % à 64 % .Seul le rendement de la pomme de terre a

réalisé un taux de croissance annuel modéré de l'ordre de 3 % entre 1967 et 1999 en

passant de 61 quintaux /ha à 144 quintaux / ha. L'augmentation de la production est

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beaucoup plus due à la variation de la superficie qu'à une amélioration des

rendements.

Les disponibilités moyennes annuelles par habitant en légumes frais ont doublé

en passant de 55 Kilogrammes à 109 kilogrammes dont une faible quantité provient

des importations.

Ces résultats se sont traduits par une consommation de pomme de terre de 56

kg/an/habitant ce qui lui confère une place importante dans la ration alimentaire des

ménages. Pour cette culture de grande priorité, dans les politiques agricoles, la

tendance à la hausse de la production a comblé, en partie le déficit des autres cultures

notamment les céréales. Cette évolution positive est liée à la rémunération

conséquente suite à la hausse des prix enregistrée ces dernières années par le produit.

Ainsi, l’introduction de la plasticulture a été d’un apport certain dans l’évolution

des productions. Ces efforts ont été consolidés par la mise en place d’infrastructures

de stockage qui restent encore insuffisantes. La poursuite de ces actions, élargie aux

autres cultures, contribuerait à atténuer la dépendance alimentaire.

Par ailleurs, certaines limites imputables à l’irrigation, à la qualité des semences et

à l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires, persistent encore, et

atténuent considérablement les efforts d’intensification des cultures. L’ensemble de

ces évolutions à contribué à la satisfaction des besoins de la population et agi en

retour sur les importations.

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- L’arboriculture

L’Algérie, traditionnellement exportatrice de fruits, fait face à de sérieux

problèmes pour l’approvisionnement et la régulation de son marché. La

consommation de fruits est passée de 27 kg/an/habitant en 1988 à 45 kg/an/habitant

en 1995 soit un accroissement moyen annuel de 7,5%. Ces résultats ont été obtenus,

malgré les retards enregistrés dans le renouvellement des plantations arboricoles.

Tableau N°36 : Evolution de la production des disponibilités moyennes

annuelles de l’arboriculture

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficie 103Ha

- Agrumes 47 49 49 47 38 39 43

Noyaux-pépins 12 21 48 60 81 88 92

- Dattes 43 57 71 71 73 83 98

- Olives 94 130 173 179 162 154 165

Production moyenne 103 Qx

- Agrumes 4.410 5.143 5.100 4.000 2.716 3.372 3.889

- Noyaux -pépins 580 610 950 1.200 2.418 3.243 3.958

- Dattes 1.549 1.318 1.509 1.984 2.002 2.566 3.695

- Olives 1.429 1.490 1.543 1.543 1.444 1.731 2.800

Rendements

- Agrumes 34 105 104 85 71 86 90

- Noyaux -pépins 48 29 20 20 30 37 43

- Dattes 36 23 21 28 27 31 38

- Olives 15 11 10 9 9 11 17

Population 10 3

- habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Dispo Kg/an/habitant

- Agrumes 34 36 31 20 11 12 13

- Noyaux -pépins 4 4 5 6 10 12 13

- Dattes 12 9 9 10 9 10 13

- Olives 11 11 11 8 6 7 10

Source : CNES

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196

La situation de la production arboricole se caractérise par :

Une baisse de 0,4% en moyenne annuelle pour la production d’agrumes et de

0,13% sur les rendements, pour les périodes 1967-99, conséquence de la stagnation

des superficies, du vieillissement des plantations, du manque d’entretien et de suivi

des vergers.

Concernant les noyaux et pépins, les actions entreprises au cours des différents

plans de développement ont permis une augmentation des superficies de 7% et un

accroissement de la production de 6% entre 1967-99. En revanche, les rendements

ont connu une stabilité voire même un léger recul de 0,3%.

La production phoenicicole a connu une évolution cyclique qui est passée de 1,3

million de quintaux en 1970-73 à 3,7 millions de quintaux en 1996-99 soit un

accroissement de 2,4 millions de quintaux. Néanmoins, ces performances n’ont pas

concerné les rendements qui se sont stabilisés, sur la période, à hauteur de 38

quintaux/hectare. Ainsi, l’amélioration de la production est le fait de la multiplication

des plantations de palmiers dattiers mais ce patrimoine ne semble pas suffisamment

rentable, au vu des rendements et des maladies qui l’infestent notamment le Bayoud.

La production d’olives a été perturbée par le manque de main-d’œuvre et la faible

rémunération des prix. Ces facteurs éclairent sur la progression de 2% de la

production totale et sur l’augmentation de 0,4% des rendements entre 1967-99.

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197

Les productions arboricoles et leurs rendements ont connu de faibles évolutions en

raison notamment du vieillissement des vergers, de l’absence de traitement des

parasites, du manque de vulgarisation et de suivi des exploitations fruitières. Les

actions entreprises en direction de l’arboriculture de montagne ont eu certes des

retombées positives sur les revenus de la population. Cependant, elles n’ont pu être

poursuivies et généralisées à l’ensemble des régions arboricoles.

- La viticulture

Constituée de raisin de table et de vigne à cuve, la viticulture, suite aux opérations

d’arrachage, a vu sa superficie régresser en moyenne de 5% annuellement depuis

1967.

Tableau N° 37 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles viticoles

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficies 103 Ha

Vigne à cuve 301 260 208 182 69 41 23

Vigne de table 8 12,5 21 26 27 31 30

Production totale

Vigne à cuve 103 HL 8.369 7.401 3.872 2.500 880 318 170(1)

Vigne de table 103 Qx 294 355 503 705 1009 1367 1326

Rendement

Vigne à cuve Hl/Ha 28 28 19 14 13 8 7

Vigne de table Qx/Ha 37 28 24 27 37 44 44

Exportations de vins 7.844 8.613 4.538 3.500 909 104 -

Population 10 3

Habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Dispo en kg/an/habitant

raisin 2,3 2,5 3,1 3,6 4,4 5,1 4,5

Source : ONS et MA (1) estimation

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198

Entre 1967 et 1999, la production viticole s’est caractérisée comme suit :

Les arrachages effectués et l’âge du vignoble ont donné à la production vinicole

une tendance baissière avec des rendements qui sont passés, sur la période concernée,

de 28 hectolitres/hectare à 7 hectolitres/hectare soit une régression moyenne annuelle

de 4%.

Cette baisse de la production s’est accompagnée par l’apparition d’un déséquilibre

dans l’écosystème étant donné que les cultures de substitution n’ont pas les mêmes

propriétés en termes de protection de l’environnement. A ces impacts, s’ajoutent une

réduction des revenus agricoles et des ressources pour l’économie nationale.

En revanche, le raisin de table a connu une évolution sensible au niveau des

superficies (plus 4%/an) et des productions avec des rendements qui sont passés sur

la période de 37 quintaux/hectare à 44 quintaux/hectare soit une amélioration

annuelle moyenne de 0,5%.

En 1962, les principales ressources de l’économie provenaient des exportations

agricoles et notamment des vins. Compte tenu des enjeux que la commercialisation

de ce produit impliquait, la réduction de la superficie vinicole était incontournable.

La mise en œuvre de cette option n’a pas envisagé les retombées sur l’emploi (250

jours de travail/an), les revenus et l’écosystème : cas de Mostaganem.

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199

- Les cultures industrielles

Les cultures industrielles telles que le tabac, la tomate industrielle, la betterave

sucrière constituent le lien privilégié de l’intégration entre l’agriculture et l’industrie.

Parmi ces cultures, la tomate industrielle, destinée à la production du concentré de

tomate, est passée en termes de superficies de 5.400 hectares entre 1970-73 à 30.400

hectares entre 1996-99 soit une croissance annuelle moyenne de 6%.

Tableau N°38 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles des cultures industrielles

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficie 103Ha

Tabac 9,3 5,4 2 ,6 4,2 3,3 3,8 5,7

Tomate

industrielle - 5,4 7,9 10,5 16,5 24,3 30,4

Betterave sucrière 3,1 2,8 2,9 3,6 - - -

Production moyenne 103 Qx

Tabac 60 35 25 40 43 44 62

Tomate

industrielle - 374 701 950 1.588 3.616 4.563

Betterave sucrière 73 561 573 600 - - -

Rendement Qx/Ha

Tabac 6,4 6,5 9,6 9,5 13,0 11,6 10,9

Tomate

industrielle - 69,3 88,7 90,5 96,3 148,8 150,1

Betterave sucrière 23,5 200,4 197,6 166,7 - - -

Population 10 3

habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Dispo Kg/an/habitant

Tabac 0,5 0,2 0,15 0,21 1,9 0,2 0,2

Tomate

industrielle - 2,7 4,3 4,9 7 13,6 15,6

Betterave sucrière 0,6 4,0 3,6 3,1 - - -

Source : CNES

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200

Par ailleurs, les évolutions, sur la période, sont très inégales entre les cultures. La

tomate industrielle a atteint 150,1 quintaux à l’hectare. La production de la betterave

sucrière a été abandonnée malgré ses retombées sur l’industrie du sucre et sur

l’alimentation du bétail au profit de l’importation de sucre roux qui a accentué notre

dépendance à l’égard de l’extérieur; bien que la production de betteraves sucrières ait

été multipliée par 8 passant ainsi de 73.000 quintaux en 1967 à 600.000 quintaux en

1983.

Concernant la production du tabac, elle s’est maintenue grâce à la valorisation des

prix qui lui ont insufflé une nouvelle dynamique. C’est ainsi que ses rendements sont

passés de 6,4 quintaux/hectare durant la période 1967-1973 à 9,5 quintaux/hectare

pour la 1974-1983 et à 11 quintaux/hectare durant ces dernières années.

La promotion des cultures industrielles s’inscrivait dans la stratégie de

développement économique. En effet, l’articulation agriculture industrie qui constitue

le vecteur déterminant pour la diffusion du progrès technique dans l’agriculture,

notamment dans le monde rural, n’a pas pleinement joué son rôle dans le cadre des

cultures industrielles telles que la tomate, la betterave et le tabac. Ainsi, l’abandon de

certaines productions agricoles a contraint l’appareil de production à s’approvisionner

à l’extérieur avec toutes les retombées sur les ressources nationales.

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201

- Les fourrages

La nutrition animale est un facteur stimulant de la production de lait et de viande.

L’alimentation animale à partir des céréales, de la jachère et de l’utilisation des

parcours qui constituent les principaux supports.

Tableau N°39 : Evolution de la production de fourrage

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

Superficie totale

103 Ha

229 302,8 429,7 546,4 852 624,5 399,2

Production

moyenne 103

Qx 3.332,9 5.160,9 7.655 8.075,5

11.186,

8 8.087,8 8.327,9

Rendements 14,5 17,0 17,8 14,8 13,1 12,9 20,8

Source : CNES

La production des fourrages, entre 1967-99, a évolué à un rythme annuel de 3 %

passant de 3, 3 millions de quintaux à 8,3 millions de quintaux. Dans cette tendance

les rendements sont passés, sur la période, de 14 quintaux/hectare à 21

quintaux/hectare soit une progression moyenne annuelle de 1%. Ces efforts

demeurent insuffisants vu la consommation de viandes (22 kg/an/habitant) et de lait

(90 litres équivalent lait/an/habitant, dont environ 30 litres sont fournis par les

importations).

La production végétale analysée à partir des disponibilités et des rendements

révèle une évolution en déclin des céréales, des légumes secs, du maraîchage,

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202

de l’arboriculture fruitière, de la viticulture, des cultures industrielles et de la

production fourragère en raison de la faible maîtrise des itinéraires techniques

mécanisés, du manque de main d’œuvre qualifiée, de la réduction des engrais, du

manque d’entretien des vergers, d’une vulgarisation insuffisante et de l’absence de

suivi des exploitations.

2.2. Les productions animales

Les productions animales comprennent la production de lait, des viandes rouges,

des viandes blanches et des œufs. Ces productions prennent appui sur un cheptel

évalué, entre 1996-99, à environ 18 millions d’ovins, 3 millions de caprins, 1,4

millions de bovins et 119.000 camelins.

Tableau N° 40 : Evolution moyenne et annuelle du cheptel

Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99

En 103 de têtes

- Ovins 7.444 8.358 9.524 14.507 16.174 17.687 17.775

- Caprins 2.465 2.474 2.344 2.822 2.536 2.623 3.168

- Bovins 838 891 1.014 1.443 1.404 1.577 1.362

- Camelins 175 168 151 151 125 119 119(1)

Source : ONS (1)Estimation

Malgré le poids de la sécheresse, la population ovine s’est accrue de 3 % en moyenne

annuelle, passant ainsi de plus de 7 millions à prés de 18 millions de têtes.

Concernant les bovins leur progression moyenne a atteint 1,5% par an et la

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203

population des chèvres est restée stable. En revanche, le cheptel des camelins a connu

une régression moyenne de 1,2% par an sur la période 1967-99. De cette structure du

cheptel dépendent les évolutions des productions d’élevage.

- Les produits des élevages

Les produits des élevages sont : le lait, les viandes (rouges et blanches) et les œufs

- Le lait

La production laitière est passée de 482 millions de litres en 1968 à 742 millions

de litres en 1982 et à 1,2 milliard de litres en 1999 soit une progression moyenne de

prés de 3% par an entre 1968-99, avec cependant une stagnation entre 1977-1982.

Cette production couvre environ 30% de la demande domestique dont 6% sont

destinés à l’industrie du lait.

Pour satisfaire la demande nationale en produits laitiers, les plans nationaux de

développement ont mis en place une industrie laitière (plus de 25 laiteries)

fonctionnant en partie à partir de la poudre de lait et de MGLA importées. Cet outil

de production couvre, à partir du lait recombiné, en moyenne 30% de la demande. La

consommation moyenne par habitant, en équivalent lait, est de l’ordre de 100 litres

dont 30 litres sont fournis par la production nationale soit 30%.

L’apport de vaches laitières a permis un accroissement de la production de lait qui

demeure néanmoins insuffisant par rapport à la demande. Les difficultés

d’approvisionnement en aliments et la sécheresse ont été les facteurs déterminants de

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204

l’évolution du cheptel. Par ailleurs, la concurrence entre le lait et la viande a fait que

les éleveurs accordent une préférence à la production de viande. Cette faible

couverture des besoins nationaux explique en partie l’inefficacité de la politique

laitière mise en œuvre dans le cadre du développement de la filière lait.

Tableau N° 41 : Evolution de la production des disponibilités moyennes

annuelles des produits de l’élevage

Périodes 1968 1973 1977 1982 1984-89 1990-95 1996-99

Lait 106 litres

Productions 482 550 700 742 891 1.101 1.222

Importations 213 302 677 946 950(1) 950 950

Dispo. Litres/an

/habitant 54 61 85 87 81 77 74

Viandes rouges 103

tonnes

Productions 76 100 118 140 192 285 292

Importations 0,5 - 14,5 58 21 20 19

Dispo. en Kg/an

/habitant 6 7 8 10 9 11 11

Viandes blanches

103 tonnes

Productions 24 27 70 116 200 220 140

Importations - - - - - - -

Dispo. en Kg/an

/habitant 2 1,9 4,3 6 8,8 8,3 4,8

Œufs total 103

tonnes

Productions 10,5 12 15 32 124 120 103

Importations 0,7 0,8 17,5 45 - - -

Dispo. en Kg/an

/habitant 0,81 0,9 2 4 5,5 4,5 3,5

Population 103

Habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163

Source : ONS (1)Estimation des importations à partir de 1984

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205

– Les viandes rouges

La production de viandes rouges est passée de 76.000 tonnes en 1968 à 310.000

tonnes en 1999, soit une progression de prés de 5% en moyenne par an. Pour

répondre à la demande nationale, la production est soutenue annuellement par des

importations de l’ordre de 20.000 tonnes. Ces disponibilités situent la consommation

des viandes rouges à environ 10 kg/an/habitant. Ce déficit peut être comblé grâce à

une rationalisation dans la conduite des élevages.

– Les viandes blanches

La production de viandes blanches a connu une progression appréciable passant de

24000 tonnes en 1968 à 200000 tonnes en 1999 soit une croissance moyenne annuelle

de 7%. Cette augmentation s’explique par les efforts accomplis dans le domaine

avicole, notamment en direction des facteurs de production ce qui a permis de faire

passer la consommation de viande blanche de 0,5 kg/an/habitant en 1968 à 9

kg/an/habitant en 1995.

– Les œufs

La production d’œufs s’est accrue en moyenne de 8% par an entre 1968 et 1999.

Cette croissance a été stimulée par :

La réalisation en amont des investissements (couvoir ponte et chair, abattoirs de

volaille) par le secteur public dans la filière avicole.

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206

L’organisation des approvisionnements en intrants (aliments du bétail et facteurs

de production, produits vétérinaires et équipements).

La forte demande en œufs de consommation suite au renchérissement du prix de la

viande (rouge et blanche). L’ensemble de ces facteurs a dynamisé la filière avicole.

La filière protéines animales (lait, viandes, œufs) a connu un développement

inégal entraînant un apport limité en protides de l’ordre de 25% à la ration

alimentaire des ménages. Ce déséquilibre alimentaire pourrait se répercuter

négativement sur la santé de la population.

2.3. La production halieutique

L'Algérie dispose d'une façade maritime de 1.200 km, d'une zone d'exploitation de

9,5 millions d'hectares dont seuls 2,2 millions sont exploités. Le plateau continental

offre une surface exploitable de 1,6 millions d'ha et de près de 3 millions d'ha de

zones réservées à la pêche et aux petits métiers.

Les ressources halieutiques en zone côtière; riche de 26 espèces de poissons

pélagiques et 409 de démersales; ont été évaluées à plus de 200.000 tonnes / an .Et

bien que la production halieutique nationale ait connu un essor considérable avec un

taux d'accroissement de près de 42 % par rapport à la moyenne de la décennie

dernière, les réserves encore disponibles seraient d'environ 100.000 Tonnes/an.

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207

La pêche continentale et l'aquaculture

En plus de la pêche maritime l'Algérie dispose également de quelques 100.000 ha

de plan d'eau naturels et artificiels qui peuvent être valorisés par l'aquaculture et la

pêche continentale représentant une production estimée en 2004 à 500 Tonnes/an. Le

repeuplement, par lâcher d'alevins, des barrages et des retenues collinaires permettrait

à la production aquacole selon les prévisions d'atteindre 50.000 Tonnes/an.

La production halieutique a connu une croissance soutenue au cours des trois

dernières décennies. Elle a été multipliée par trois entre 1970 et l'an 2000.

Moyenne annuelle 1970-1979 1980-1989 1990-1999 2000-2003

En tonnes 33.380 69.014 99.930 130.657

La production a suivi l'évolution des moyens mis à la disposition du secteur par

l'Etat, moyens qui restent cependant relativement insuffisants compte tenu des

potentialités naturelles et des besoins actuels et futurs de la population.

Les ressources humaines: le secteur compte 34.046 personnes c'est-à-dire

inscrits maritimes détenteurs de carte professionnelle; de 119 associations et d'une

Chambre Nationale de la Pêche et de l'Aquaculture.

Les ressources techniques: La flottille dont dispose le secteur (embarcations

de 5mètres à 16 mètres, chalutiers, petits métiers sardiniers et corailleurs) se

caractérise par sa vétusté, due à son vieillissement, une moyenne d'âge supérieur à 20

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208

ans, et un taux d'immobilisation de 50 %.Son renouvellement a fait l'objet d'aides

étatique ces dernières années qui ont permis aux intéressés d'acquérir 523

embarcations dont un thonier.

La flottille est passée de 714 embarcations en 1976 à 2.221 en 1996 pour

atteindre 3.292 unités en 2003.Son impact sur la production est indéniable comme

nous l'avons signalé précédemment .Une partie des potentialités halieutique est

exploitée par des sociétés étrangères sous forme de concession.

La consommation par habitant a évolué modérément mais elle reste globalement

insuffisante et les produits de la mer restent des produits de luxes pour la majorité de

la population :

Année 1999 2000 2001 2002 2003

Kg/habitant 3,02 4,06 4,58 4,62 5,12

Le secteur de la pêche a bénéficié récemment de plus d'autonomie et d'une

politique de développement volontariste avec la création d'un Fonds National de la

Pêche et de l'Aquaculture (FNDPA).

3. Rapport entre l'évolution du capital et de la production :

Les comptes économiques dressés par l’ONS pour chaque exercice comptable,

mesurent quelques agrégats significatifs concernant la production agricole,

permettent de déterminer l’évolution de la place de l'agriculture dans l'économie

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209

nationale et surtout de relever l'évolution de certains comptes qui peuvent à leur tour

expliquer celui de l'évolution de la production.

L'analyse des agrégats figurants au tableau N° 42 donne des renseignements

intéressants concernant les résultats de la production et son évolution.

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210

Tableau N°42 L'agriculture et le cadre macro-économique 1967-1999

Unité: millions de DA

Source : CNES-Rapport sur : la Problématique de Développement Agricole : Eléments pour un débat national-p42 Ainsi, comme le montre le tableau, en l'espace de trois décennies la valeur de la

production agricole brute est passée en Dinars courants de 2.692 millions en 1967 à 353.757 millions. Elle a été multipliée par 131.Ceci est beaucoup plus le résultat de l'inflation monétaire que

d'une augmentation en volume comme nous l'avons signalé précédemment (résultats en quantité physique).

*Estimation

AGREGATS 1967 1987 1988 1990 1994 1995 1996 1997 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Production agricole

brute PB 2.692 41.823 47.602 74.748 180.172 231.356 376.948 353.757 425583,7 505 135 ,7 510637,3 630893,7 710494,4 715461,9 793556,8 885091,2 902126,7

Consommations

productives agricoles

CI

721 10.035 8.817 11.268 34.558 43.963 - - 79412,3 93 016,2 93412,1 115612,0 129988,8 133846,1 152271,8 177018,7 174713,5

Valeur ajoutée

agricole VA 1.971 31.787 38.785 62.725 145.614 196.559 277.842 260.800 346171,4 412 119,5 417225,2 515281,7 580505,6 581615,8 641285,0 708072,5 727413,1

Produit intérieur brut

(PIB)tot 16.700 312.706 347.717 554.381 148.7404 200.2638 256.4738 276.2400 5116430,3

5234272,5

5551046,3 6289595,3 7303406,5 8873009,9 10195084,

0

11261449,

9

12874725,

4

Valeur ajoutée

agricole/PIB en% 11,8 10,16 11,15 11,31 9,78 9,81 10,83 9,44 6,76 7,87 7,51 8,19 7,94 6,55 6,29 6,28 5,64

Consommation

fondsfixes agricole

CFF

- 1.438 1.559 2.073 741 721 - - 1418,9 452,2 389,1 422,7 400,7 455,8 452,6 609,0 797,6

Rémunération des

salariés agricoles RS 719 10.435 7.978 4.002 18.699 26.075 33.300 33.300 51153,4 56341,9 56842,5 63108,3 74055,3 78084,3 90902,5 90689,2 96601,8

Excédent net

d'exploitation agricole

ENE

- 19.630 29.038 56.385 125.844 160.256 - - 293197,2 351453,3 356510,9 444103,8 502141,9 497654,6 544294,6 610940,3 623571,6

Emploi agricole en

milliers 874 1003 1003 970 1023 1048 1154 1180 - - - - - - - - -

Valeurajoutée

/travailleur en DA

courant

2.255 31.691 38.668 64.665 142.340 187.556 240.764 221.017 - - - - - - - - -

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211

Cette production a nécessité évidemment l'utilisation des ressources techniques ou

consommations intermédiaires.

La valeur de la consommation intermédiaire représentait 28,8% de la valeur

de la production brute agricole en 1967.Elle ne représente que 15% en 1990 et 19%

en 1995.Or la consommation intermédiaire renseigne sur le niveau d'intensification

d'une agriculture. Dans les pays développés où l'agriculture est très intensive ce taux

peut atteindre 55 % (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) de la valeur de la production

agricole.

La consommation de fonds fixes ne représente environ que 3% de la valeur

de la production. Ce qui révèle le sous équipement de l'agriculture algérienne. Cette

consommation de fonds fixes est surtout l'œuvre du secteur public .A titre d'exemple

pour l'année 1987, pour le secteur public elle représentait 7,8% de la valeur de sa

production brute alors qu'elle ne représentait que 1,9% pour le secteur privé et pour

l'ensemble du secteur agricole elle s'élevait à 3,4%.

L’accumulation brute de fonds fixes (FBCF) pour les postes animaux et forêts

s'élevait en 1987 à quelques 946,0 millions de Dinars. La comparaison avec la

consommation de fonds fixes totale de la même année qui était de l'ordre de 1.438

millions de dinars.

La FBCF est difficile à calculer dans la production animale car il faut distinguer la

partie destinée à l'accroissement de l'accumulation de celle destinée à l'augmentation

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des stocks. En effet une partie du croît des du cheptel est comptabilisée comme

variation de stock pour les animaux destinés à l'abattoir et une autre partie considérée

comme FBCF comprend les animaux de trait et les animaux reproducteurs.

La valeur ajoutée se situait à hauteur de 12,9% du P.I.B en 1967, elle est passée

à 9,44% en 1997. En même temps la rémunération des salariés était passée de 32,8%

à 12,76% du montant de la valeur ajoutée avec un minimum de 6,38 % en1990.

Pendant que la masse salariale diminuait celle des profits et des revenu des

indépendants augmentait.

Enfin l'excédent net d'exploitation qui est égal à :

Valeur ajoutée = production brute – consommation intermédiaire

Revenu intérieur = valeur ajoutée - consommation de fonds fixes (amortissements)

Excèdent net d'exploitation = revenu intérieur – (rémunération des salariés +

impôts liés à la production)

L'excédent net d'exploitation a presque toujours été négatif pour le secteur public

et positif pour le secteur privé. A titre d'exemple le secteur public a enregistré un

déficit de moins -617,3 millions DA en 1987, de moins -219,8 millions DA en 1995

et de moins-959,4 millions DA en 1985.La réduction du déficit de ce secteur est due

au désengagement de l'Etat de la sphère de production et la quasi-disparition du

secteur public agricole consécutive à la dernière restructuration de 1987.

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213

CONCLUSION :

La modernisation de l'agriculture n'a pas eu les effets souhaités sur la production.

Cette modernisation était partielle, n'a pas touché l'ensemble du secteur agricole faute

de moyens humains, matériels et financiers. La modernisation doit se poursuivre pour

atténuer la dépendance envers les conditions naturelles par l'introduction et la

maîtrise des progrès sous toutes ses formes: scientifique, techniques et

économiques.

Le dualisme qui a caractérisé l'agriculture depuis l’indépendance et même avant a

laissé de graves séquelles qui s'estamperont avec le temps pour laisser place à de

véritables agriculteurs, entrepreneurs, responsables et conscients de la confiance

placée en eux par l'Etat et les citoyens. L'élimination dans la légalité et la

transparence par la loi et le système associatif,64

des spéculateurs sur les facteurs de

production (et même les services) et des faux agriculteurs à l'affût des primes, des

subventions, des rentes et des plus values, qui sont à l'origine des pénuries

récurrentes que connait le secteur agricole afin de rendre toute sa noblesse à la

profession agricole.

L'agriculture algérienne est très loin des performances réalisées ailleurs.

Beaucoup de progrès sont possibles et même accessibles .La production agricole

reste cependant dépendante, outre les aléas du climat, d'autres secteurs fournisseurs

64 Le système associatif est parfois dominé par des notables qui défendent avant tout leur intérêt surtout quand il y a un

déficit de démocratie au sein des associations .Mais il reste perfectible et peu servir la profession.

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214

de biens et services, et seul des lois claires et applicables dans des délais raisonnables

peuvent protéger les agriculteurs contre les dominations diverses qu'ils subissent. Les

agriculteurs y gagneraient aussi à rétablir les normes de qualité et la standardisation

de leurs produits car il n’y aurait pas de succès sans qualité.

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215

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Les facteurs de productions (ressources productives) à la disposition de chacun

des deux secteurs ont toujours avantagé l'un par rapport à l'autre.Le secteur public

était avantagé par la détention des meilleures terres et la priorité dans

l'approvisionnement, le financement etc.

Par contre, le secteur privé dispose d'une capacité d'adaptation qui lui a permis de

traverser différentes crises et de surmonter les difficultés.

Pour ce qui est des terres, le secteur public a perdu des terres agricoles au profit de

l'industrie et de l'urbanisme. Car il était plus facile aux responsables de puiser sur le

patrimoine public en donnant des ordres que de prélever sur les terres privées ou

chaque prélèvement est soumis à une enquête et à des indemnisations.

Le secteur privé s'est heurté quant à lui à l'obstacle de l'indivision des terres qui

constitue un véritable handicap à l'investissement et désintéresse les cohéritiers du

travail de la terre.

Pour freiner la dégradation des terres, l'Etat a eu recours à plusieurs

restructurations des terres relevant du secteur public. Le secteur privé à été ignoré par

ces restructurations.

Ces restructurations successives ont provoqué une instabilité des parcellaires des

exploitations et des travailleurs. L'émiettement des terres du secteur public a entrainé

inévitablement une diminution de la SAU.

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216

Le système de culture a connu une évolution lente mais perceptible à travers:

- la disparition des cultures riches, localisées à la périphérie des agglomérations sur

des terres fertiles travaillées par des générations d'agriculteurs, chassées par le béton

et la pollution.

- la réduction des superficies consacrées à la vigne et aux cultures industrielles.

La baisse des investissements a eu un effet négatif sur les systèmes de production

avec une tendance à l'intensification des cultures spéculatives et l'abandon des

cultures jugées stratégiques par l'Etat mais non rentables pour les agriculteurs ou leur

pratique extensive ne demande qu’ un faible capital (ressources techniques).

L'avenir de l'agriculture algérienne dépend de la recherche scientifique et technique

et de la diffusion des résultats de ces recherches. Pour cela, la formation, la

vulgarisation et le recyclage des agriculteurs sont indispensables.

L'information et sa diffusion par tous les moyens favorise et prépare la prise de

décisions des agriculteurs. Pour cela la généralisation de l'éducation et l'amélioration

du niveau de formation générale et technique devrait être des impératifs pour l'accès à

la profession. De même la profession a besoin de plus de démocratie et de

transparence dans la gestion et l'organisation des associations professionnelles

indispensables à la relance et au développement du secteur agricole ainsi qu'à la

revalorisation du travail en agriculture et à la promotion sociale des agriculteurs et du

monde rural.

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Ceci garantie un développement durable à l'agriculture et favorise l'efficacité de

l'utilisation des ressources productives grâce aux progrès scientifique et technique et

aussi à la promotion économique et sociale des agriculteurs.

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DEUXIEME PARTIE : Les perspectives

d’utilisation des ressources

productives.

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INTRODUCTION:

L’évolution quantitative et qualitative des ressources productives a été limitée au

cours des quatre dernières décennies. Aussi l’impact sur la production agricole n’a

pas donné les résultats souhaités. Les rendements obtenus, restent inférieurs aux

rendements potentiels susceptibles d’être atteint moyennant une utilisation plus

rationnelle des ressources productives disponibles.

Comme demain (le futur) se prépare aujourd’hui (le présent) en se basant sur les

résultats enregistrés hier (le passé) les perspectives de l’agriculture algérienne

risquent d’être comparables à celles des années passées si une rupture drastique n’est

pas opérée d’avec les pratiques antérieures apparues et développées à l’ombre de

l’économie dirigée et qui ont démontré leur limite.

Dans cette seconde partie nous montrerons que des marges de progrès possibles de

la production agricole existent vraiment, mais demeurent tributaires du

développement global de l’économie et des moyens financiers dont disposent les

agriculteurs, notamment leur épargne, pour financer les investissements nécessaires.

Pour cela en effet, seul le secteur industriel pourrait alléger l’agriculture de son

fardeau constitué par le surpeuplement des campagnes à l’origine du sous –emploi, de

la faible productivité du travail et par conséquent de faibles revenus et donc de

l’épargne nécessaire à l’autofinancement des investissements.

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L’intensification des échanges entre l’agriculture et l’industrie, rendue possible

grâce à un système de crédit plus adéquat, adapté à la complexité engendrée par

l’évolution de l’économie, impose à l’agriculture un rythme d’évolution, d’innovation

et de modernisation d’une part pour accroître sa capacité productive en utilisant plus

de produits de l’industrie, actuels et futurs, et d’autre part répondre à la demande de

l’industrie en produits agricoles et surtout rembourser les crédits contractés.

Cette intensification des échanges marque également le passage d’une agriculture

quasi-biologique, extensive, peu consommatrice d’intrants et peu productive, à une

agriculture plus progressive (agriculture conventionnelle, moderne) plus

consommatrice d’intrants, donc plus onéreuse et sûrement plus productive et dont la

mise en œuvre nécessite des agriculteurs plus compétents et surtout réceptifs aux

progrès.

Mais ce type de progrès, généralement situé en amont et en aval des exploitations

agricoles, présente évidemment des coûts que l’agriculture ne peut supporter au stade

actuel de son développement. Seul l’Etat peut prendre en charge partiellement ou

intégralement les investissements nécessaires.

On peut relever au moins deux catégories de progrès selon leur localisation en

utilisant deux approches différentes : l’une microéconomique qui s’intéresse à la

gestion de l’exploitation et à son résultat économique et l’autre macroéconomique

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qui permet une insertion plus précise du secteur agricole dans l’économie nationale et

la planification.

- Les progrès situés au niveau de l’exploitation, dont le financement serait avant

tout du ressort des agriculteurs et de leur capacité à maîtriser l’évolution

même si certaines opérations pourraient être prises en charge par l’Etat sous

forme d’aides et de subvention à la production.

- Une autre catégorie de progrès, celle qui nous intéresse, relève de la

responsabilité de l’Etat. Elle profite indirectement aux exploitations agricoles

.C’est ce que les économistes appellent les externalités ou les économies

externes. D’ailleurs le désengagement progressif de l’Etat des activités

productives ne peut signifier son désintéressement total du secteur agricole,

mais au contraire une intensification des tâches, auparavant limitées et

ponctuelles telle que la mise en valeur des terres, le désenclavement des zones

isolées, la construction de barrages, le reboisement, la formation, recherche et

la vulgarisation etc. Toutes ces opérations ont un coût que devrait payer la

société, donc l’Etat, pour assurer une plus grande autonomie alimentaire et

préserver les ressources naturelles, financières et humaines tout en

sauvegardant les bases d’un développement durable.

Cette seconde partie sera divisée en quatre chapitres. Dans le premier nous

essaierons de montrer que des progrès sont possibles en matière de production

agricole, en procédant à des comparaisons avec d’autres pays, mais qu’ils restent

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subordonnés au développement du secteur industriel. Le second chapitre fera l’objet

de l’étude des relations entre l’agriculture et l’industrie. Quant au troisième chapitre

il s’intéressera au coût du progrès et de la modernisation (sans quantification

exhaustive) de l’agriculture, notamment le coût social et le coût écologique qui

peuvent réduire à néant l’impact de l’industrie sur l’agriculture. Enfin le quatrième

chapitre sera consacré à des choix alternatifs du développement agricole et l’impact

sur la sécurité alimentaire.

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Chapitre V:

Les marges de progrès possibles pour la

production agricole algérienne.

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INTRODUCTION

Les résultats obtenus par l’agriculture algérienne au cours des quatre dernières

décennies, comparés à ceux de certains pays méditerranéens développés ou en voie

de développement, laissent apparaître un grand écart en matière de rendement par

unité de superficie et par unité d’élevage.

La réduction de cet écart constituerait un progrès pour la production agricole qui

dispose indéniablement d’une importante réserve de productivité due à l’inefficacité

des facteurs de production mis en œuvre dans le processus de production.

L’écart de rendement peut être mis en évidence par une analyse comparative, et

son explication appréhendée à travers la motivation des travailleurs agricoles et leur

accès aux ressources productives.

1. Analyse comparative :

Une comparaison pour être objective doit évidemment tenir compte de l’ensemble

des facteurs ayant contribué directement (facteurs de production – technologie) ou

indirectement (services – environnement) à la formation des produits. Or, cette tâche

s’avère pratiquement difficile sinon impossible à cause de la multitude d’indices

facteurs dont certains sont mesurables et d’autres d’ordre qualitatif à prendre en

considération. Aussi nous nous contenterons d’une analyse sommaire des résultats

obtenus par différents pays méditerranéens pour mettre en évidence l’écart entre les

rendements observés c'est-à-dire effectifs.

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225

1.1. Analyse comparative avec les pays du Maghreb :

L’Algérie, la Tunisie et le Maroc présentent des similitudes en matière de

développement économique même si sur le plan institutionnel des différences

existent.

Ces trois pays maghrébins sont méditerranéens, disposent de ressources naturelles

spécifiques au bassin méditerranéen, même si le Maroc bénéficie de l’influence

océanique de l’Atlantique.

Et, compte tenu du niveau de développement (pays à revenus intermédiaires), le

niveau de technicité de la main d’œuvre ne peut être que très proche dans les trois

pays. En ce qui concerne le capital ou les ressources techniques utilisées l’Algérie

parait, d’après les statistiques disponibles plus avantagée que ses deux pays voisins.

Cette situation était valable avant 1988 c'est-à-dire la baisse du prix du pétrole.

L’agriculture algérienne était mieux équipée. Mais cette dotation en biens

d’équipement n’a pas eu l’effet sur un accroissement des rendements.

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Tableau N°43 : Emploi du capital : Maroc, Tunisie, Algérie (1985)

Maroc Tunisie Algérie

Tracteurs (ha/tracteur) 324.0 166.0 87.0

Moissonneuses-batteuses (ha/MB) - 905 503.0

Semences certifiées (kg/ha) 14.8 16.5 28.3

Engrais (kg/ha) 51.3 17.2 54.6

Source : Agrostat 1990, FAO.

Les rendements de l’Algérie en particulier dans le secteur céréalier sont bas. Ils sont

inférieurs à ceux obtenus ces vingt dernières années au Maroc et en Tunisie comme

le montre le tableau N°44 . Ceci ne peut s’expliquer en partie que par l’utilisation peu

efficace des ressources.

Tableau N°44. Rendements de blés : Algérie, Maroc, Tunisie (1970-90)

Unité : quintal/ha

Moyenne 1970-75 Moyenne 1988-90

Algérie 6 6

Maroc 10 15

Tunisie 9 12

Source : Agrostat 1990, FAO.

En tenant compte uniquement des superficies consacrées à certaines cultures et

des rendements obtenus à l’hectare, par les trois pays maghrébins, nous constatons

que l’Algérie occupe la dernière place. Cela signifie que les rendements bas ne se

limitent uniquement aux grandes cultures cultivées en sec mais concernent aussi les

cultures irriguées comme le montre les résultats figurants au tableau ci-dessous

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Tableau N° 45 :Rendement moyen par Kg/ hectare

Tunisie Maroc Algérie

1971/81 1986 1987 1988 1971/81 1986 1987 1988 1971/81 1986 1987 1988

Céréales totales 828 610 1150 632 812 1509 853 1483 656 837 759 671

- Blé 971 878 1401 782 894 1714 750 1250 652 808 778 769

- Maïs / / / / 602 818 652 896 1029 843 500 491

- Orge 600 600 600 600 785 1441 667 1372 669 893 753 545

Pomme de terre 12905 11333 12208 11180 14167 12443 18909 1395 6878 8397 8458 8482

Légumes secs

- Pois chiche 441 682 800 654 633 857 794 766 389 316 379 379

- Lentille 602 667 625 625 347 813 398 781 209 217 250 167

Tomate 17813 22340 26944 18500 40657 21858 36697 18779 11231 13567 13332 13611

Oignons secs 9000 12000 13462 9259 11991 16875 16564 16790 8143 7856 7907 7848

Ail 4578 3387 3333 3438 6103 6552 6667 19737 / / / /

Pastèques 14896 14706 17333 22500 17402 17561 17683 17590 6013 7934 8000 8000

Source :FAO-annuaire-ProductionVol421988

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L’analyse des chiffres du tableau N° 45 présentant certains rendements agricoles

obtenus pas les trois pays maghrébins montre que l’Algérie occupe la dernière place

pratiquement pour la quasi-totalité des cultures. L’écart entre les rendements moyens

en céréales, cultures pratiquées sur de grandes superficies et où les conditions

climatiques influent énormément, reste modéré.

Par contre, l’écart se creuse de plus en plus avec les légumes secs et les cultures

maraîchères:

Pour les pois chiches, en 1988 l’Algérie n’a enregistré qu’un rendement moyen de

379 Kg / Ha par contre le Maroc et la Tunisie ont eu respectivement 766 Kg / Ha et

654 Kg / Ha.

Concernant la pomme de terre en 1987, l’Algérie a obtenu 8.458 Kg / Ha alors

que le Maroc et la Tunisie ont eu respectivement 18.909 Kg / Ha et 12.208 Kg / Ha

soit des rendements supérieur de 44 % pour la Tunisie et plus de 123 % pour le

Maroc par rapport à l’Algérie.

Cet écart entre les rendements se creuse encore plus comparé aux résultats des pays

développés.

1.2. Analyse comparative avec les pays développés :

Nous avons limité notre choix de pays développés aux pays du bassin

méditerranéen et pris comme référence ceux qui disposent d’une agriculture

performante par ses rendements : L’Espagne, la France et Israël.

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Tableau N° 46 Les rendements moyens par culture :

Unité : Kg / Ha

Source : FAO annuaire – Production. Vol 42 – 1988

Superficie : 1000 Ha Rendement : en Kg / Ha

1979/81 1986 1987 1988 1979/81 1986 1987 1988

Céréales

Algérie 2986 2871 2727 2639 656 837 759 671

Maroc 4411 5192 5093 5406 812 1509 853 1483

Tunisie 1416 1053 1682 513 828 610 1150 632

Israel 129 116 120 114 1840 1750 2875 2259

France 9805 9481 9293 9284 4700 5315 5700 6051

Australie 15985 15740 13828 14160 1321 1524 1446 1559

Pomme de terre

Algérie - - - - - - - -

Maroc 35 44 28 42 14167 12443 18909 13095

Tunisie 10 15 15 16 12905 11333 12208 11180

Israël 5 5 5 5 36537 38296 40444 38333

France 238 201 197 183 28465 31134 34112 34596

Australie 36 36 37 39 23551 26717 27662 27179

Tomate

Algérie 23 25 36 36 11231 13567 13333 13611

Maroc 10 18 11 21 40657 21858 36697 18779

Tunisie 18 19 18 20 17813 22340 26944 18500

Israël 5 6 5 5 49861 48136 49923 43704

France 18 13 12 13 45572 56677 60104 57642

Oignons secs

Algérie 15 21 22 22 8143 7856 7907 7848

Maroc 13 16 16 16 11991 16875 16564 17790

Tunisie 2 3 3 3 9000 12000 13462 9259

Israël 3 2 2 2 17061 21046 21491 21500

France 8 6 7 6 19004 35159 32235 31769

Espagne 32 34 31 32 29282 33895 35805 35813

Pastèque

Algérie 28 40 40 40 6013 7934 8000 8000

Maroc 8 8 8 8 17402 17561 17683 17590

Tunisie 14 17 15 12 14896 14706 17333 22500

Israël 5 6 6 6 14998 16509 16749 16102

France / / / / 15462 30000 30000 30000

Australie 4 6 6 6 11976 15298 15689 15906

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Tableau N° 47 : Les rendements moyens par culture :

Unité : Kg / Ha

Tunisie Maroc Algérie

2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004

Blé 1172 2000 1414 2204 1444 475 1228 1279 1722 1041 919 1110 1073 1448 1444

Orge 207 543 833 1155 1195 757 1114 1036 1562 1300

Pois chiches 579 598 780 780 780 342 638 774 750 750

Lentilles 350 350 350 350 350 64 307 682 620 620 281 497 472 450 450

Pomme de terre 14009 15493 14039 11600 13800 18019 18774 23198 22302 22302 16614 14702 18372 21203 20000

Tomate 38152 34403 41040 36740 35185 38803 48944 51967 52585 52585 18602 20851 19170 20500 20500

Oignons sec 14097 18008 21033 23194 23194 11919 14141 15109 15000 15000

Ail 1918 2320 2280 2320 2320 6641 5619 5666 5386 5386 3987 3803 4025 4000 4000

Poivron 24265 29362 28314 26982 26982 10992 10000 10267 10312 10312

Pastèque 15102 15510 18691 18691 18691 22687 27347 29714 33931 33931 13757 14542 14531 14531 14531

Raisin 3990 3812 4324 4597 4666

Oranges 11022 10002 9950 10000 10000

Source : site / www. Faostat. Fao. Org.

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231

Tableau N° 48: Les rendements moyens par culture :

Unité : Kg / Ha

Israël Espagne France

2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004

Blé 1465 1943 2364 2835 1846 3099 2300 2824 2835 3292 7117 6617 7445 6249 7578

Orge 1132 1020 1290 3450 2000 3375 2088 2687 2816 3331 6330 5747 6687 5599 6764

Pois

chiches 703 690 821 825 723

Lentilles 899 692 804 748 748 1710 1413 1509 1214 1230

Pomme de

terre 34434 34764 32758 34808 34808 25919 25992 27303 26930 28426 39559 37462 42380 40362 43125

Tomate 84150 83597 136631 121515 125806 60469 63012 65183 59668 56034 116347 120018 126285 135269 131538

Oignons sec 32258 30000 30531 29562 28125 43835 46929 47671 45378 45370 40864 37870 43509 36047 37000

Ail 6239 8049 81176 7840 7840 7160 7613 7797 8038 7229 7924 7965 7904 6844 7000

Poivron 44917 47161 58200 58850 55000 40801 42971 42960 45190 45396 31075 32282 36635 38240 38571

Pastèque 25501 25652 21529 20000 20937 39204 37637 36897 45769 40958 33864 34311 35537 33381 35000

Raisin 5600 4584 5151 5885 5751 9016 8388 7952 7413 8666

Oranges 34490 40814 30648 29237 27884 19446 20988 21159 21921 20714 16176 16253 15400 13577 13333

Source : site / www. Faostat. Fao. Org

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232

L’Espagne et la France sont dans l’ensemble, mieux dotées en ressources naturelles

que l’Algérie. Israël, par contre, plus proche de la rive sud de la méditerranée dispose

de ressources naturelles moins favorables.

L’avantage de ces pays, au développement assez différencié, réside dans leur main

d’œuvre plus qualifiée et surtout plus motivée, ainsi que leur possession d’un capital

technique important c’est à dire d’un outillage ou moyens de production performant,

d’une technologie de pointe et aussi d’un environnement favorable au développement

de l’agriculture.

Pour les pays développés, les rendements enregistrés, sont encore plus importants

que ceux des pays maghrébins.

Comme indiqué aux tableaux N° 46, 47 ,48 les rendements en céréales sont 8 à

10 fois supérieurs à ceux de l’Algérie. Les rendements moyens en pomme de terre,

tomates, oignons sont 4,5 fois plus importants que ceux obtenus par l’agriculture

algérienne. Nous avons délibérément limité notre comparaison aux produits de base.

Mais globalement ces proportions peuvent être appliquées à l’ensemble des fruits et

légumes. Les rendements des produits d’élevage, lait, viande sont pratiquement le

double de ceux obtenus par les élevages bovins algériens avant la dernière réforme.

Si on élargie notre champ d’analyse comparative à d’autres pays disposant des

conditions naturelles semblables à celles de l’Algérie comme par exemple une partie

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233

de l’Australie et la Californie l’écart de rendement ne peut aussi s’expliquer que par

les capitaux injectés dans l’agriculture et la technicité de la main d’œuvre.

Donc ce sont le capital technique et le capital humain qui sont à l’origine de

l’écart existant entre les rendements des pays développés et ceux des pays en

développement tel que l’Algérie.

Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles :

La consommation moyenne d’engrais par hectare de terres arables dans le bassin

méditerranéen est de 113 kg/ha en 1997. Elle est en augmentation dans tous les pays

depuis 1960, excepté en Albanie et en Algérie où elle a diminué depuis ces dernières

années, pour s’approcher des niveaux de 1960 (7 kg/ha et 12 kg/ha respectivement).

La France consommait 261 kg/ha en 1997, après avoir atteint les 300 kg/ha dans

les années 80.

En Grèce, la consommation par hectare a également légèrement baissé, après avoir

atteint son maximum au début des années 1990.

Tableau N° 49 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles

(Kg/Ha)

ESPAGNE FRANCE ITALIE GRECE

1961 35 113 56 43

1970 59 244 90 86

1980 81 297 170 134

1990 98 296 163 175

1997 108 261 168 129

Source : FAO, 1999

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234

Dans tous les autres pays, les augmentations de la consommation sont très

importantes.

Elle a été multipliée par 10 au Proche-Orient, entre 1961 et 1997 (de 9 à 87 kg/ha).

Israël (274 kg/ha) et le Liban (195 kg/ha) ont des niveaux d’utilisation équivalents ou

supérieurs aux pays européens.

La Syrie (67 kg/ha) et la Turquie (63 kg/ha) sont situées sous la moyenne

méditerranéenne, mais ont vu leur consommation multipliée par 30 et 20, depuis

1960.

L’Egypte, où toutes les terres arables sont irriguées, est le plus grand consommateur

d’engrais à l’hectare des pays méditerranéens avec 306 kg/ha en 1997.

Dans le Maghreb, les quantités utilisées sont bien moindres, de l’ordre de 23 kg/ha en

moyenne pour la même année.

Tableau N°50 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles

Unité (Kg/Ha)

MAROC ALGERIE TUNISIE ISRAEL

1961 4 7 4 91

1970 12 16 8 140

1980 26 31 13 192

1990 35 18 17 235

1997 32 12 19 274

Source : FAO, 1999

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235

Le faible niveau d’utilisation des engrais par l’agriculture algérienne explique en

partie seulement le faible niveau des rendements et pour compenser cette insuffisance

les agriculteurs ont eu tendance à exploiter plus de terre .Une ressource rare

puisqu’elle est fixe et inextensible. De tous les pays méditerranéens figurants au

tableau n° 48 l’Algérie y consacre le plus de terre surtout aux cultures maraichères

qui ne peuvent être qu’intensives pour rentabiliser les facteurs de productions. Or de

ce tableau il ressort que même ces cultures sont extensives au regard des superficies

utilisées et des rendements obtenus.

Dans les pays développés le capital technique se trouve en général en harmonie avec

le niveau de formation et d’expérience de ses utilisateurs.

Donc, faut- il investir plus pour réduire cet écart ? Certes l’accumulation est, une

condition nécessaire mais non suffisante, en mesure d’entraîner une augmentation des

rendements, comme elle ne peut que provoquer une hausse des coûts de production

sans un accroissement notable du volume de production.

La mise au point d’un outillage ou d’une technologie répond à un besoin ressenti

et exprimé par les agriculteurs et auquel tendent de répondre les industriels et les

laboratoires de recherches. Ainsi, la technologie n’est pas plaquée sur une réalité en

déphasage avec le lieu qui l’a vu naître comme c’est le cas dans les pays en

développement.

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236

IL faut noter cependant que les rendements agricoles algériens ont connu un

accroissement important au cours de la période 2000 – 2004 par rapport à la période

1980 – 1988 comme indiqué le tableau N° 46 et N°47 et N°48.

Mais, et en dépit de cet accroissement l’écart avec les rendements des pays

maghrébins reste assez significatif dans la mesure où eux aussi ont enregistrés des

augmentations notables de leur rendement selon les cultures.

L’élévation des rendements algériens est elle due à une bonne conjoncture

climatique ou est elle le résultat des reformes économiques menées par l’Etat depuis

le début des années 1990 ou encore aux sommes considérables des aides et

subventions dont a bénéficié le secteur agricole dans le cadre de la relance

économique PSRE par le biais du programme consacré à l’agriculture : le PNDA. Il

semble bien que l’abandon du système socialiste avec ses contraintes a libéré les

initiatives des agriculteurs du moins dans les filières spéculatives : fruits et légumes

frais, viandes et produits laitiers, œufs. Par contre la quasi stagnation des rendements

demeure la règle dans les cultures stratégiques : céréales, cultures industrielles

légumes secs jugées peu rémunératrices.

Comme indiqué aux tableaux précédents le rendement moyen des céréales :

Le blé était de 8,08 Qx / ha en 1986 il est passé à 14,44 Qx / ha en 2004.

L’orge de 6,69 Qx / ha il est passé à 13 Qx / ha en 2004.

Par contre la pomme de terre est passé dans le même temps de 68,78 Qx / ha à 200

Qx / ha et la tomate de 112,31 Qx / ha à 205 Qx / ha.

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237

La pastèque jugée culture spéculative par excellence a vu son rendement moyen

passé de 60,13 Qx / ha à 145,31 Qx / ha.

Beaucoup de progrès cependant restent à faire pour l’agriculture algérienne. Ces

progrès relèvent du domaine du possible, car les rendements à la portée des

agriculteurs marocains ou tunisiens peuvent aisément être réalisés par les agriculteurs

algériens. Une fois les niveaux maghrébins atteints, ce sera vers le niveau européen

auquel il faudrait tendre.

Ces rendements probables pour l’agriculture algérienne permettraient

d’économiser plus de terre et plus d’eau d’irrigation qui seront affectées à d’autres

activités comme le montre les chiffres figurant au tableau N°46 concernant par

exemple la culture d'oignon. La France, en 1988, avec 6.000 ha et un rendement de

31.769 kg/ha produit 190 614 tonnes .Par contre l'Algérie utilise 22 000 ha et ne

produit que 172.656 tonnes. IL est évident que si le rendement algérien atteindrait le

rendement français il permettrait de libérer, toute chose égale par ailleurs, plus de

16.000 ha qui seront affectés à d'autres spéculations tout en gagnant 17.958 tonnes.

En d’autres termes l’écart entre les rendements réel et potentiel algériens est énorme.

Aussi pour une production fixe, chaque fois que le rendement réel tend vers le

rendement potentiel la superficie réservée à la culture diminue.

Pour cela, il faudrait que les agriculteurs concernés soient d’abord motivés et

intéressés. Qu’ils disposent de certaines facilités d’accès aux ressources et que

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238

l’administration chargé du contrôle et de l’orientation du secteur agricole doit être

plus impliquée et associé aux résultats pour pouvoir mieux aider et accompagner ces

producteurs et surtout réguler la production pour éviter les grandes variations de prix

qui nuiront aux producteurs et aux consommateurs .

2. L’intéressement des travailleurs :

L’accroissement des rendements agricoles et par conséquent la réduction de l’écart

existant entre les rendements observés et les rendements potentiels ou probables

passe d’abord par l’intéressement des travailleurs quelque soit leur statut

professionnel. Ces travailleurs chargés de mettre en œuvre les différents acquis des

travaux de recherches et d’innovation devraient être suffisamment motivés et

sensibilisés aux résultats possibles qui seraient obtenus par une utilisation efficace

des facteurs de production. Le système d’exploitation des terres a changé de nature

avec l’extinction de la propriété collective on ne peut évoquer dans ce cas que la

motivation des paysans à travailler la terre.

2.1. L’incitation des travailleurs du secteur public :

Les instances élues, parfois marginalisées et souvent discrédités ont perdu toute

autorité sur les travailleurs. Le statut octroyé aux travailleurs a fait d’eux beaucoup

plus des assistés que des autogestionnaires producteurs responsables. Cette situation a

durée un quart de siècle depuis l’indépendance de l’Algérie jusqu’à la promulgation

de la loi 87 – 19 du 08 décembre 1987 qui a démantelé le secteur socialiste. Durant

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239

cette période il était difficile à un responsable de sanctionner ou de récompenser un

travailleur. Ceci a en partie contribué à dévaloriser le travail agricole, démobiliser les

travailleurs et créer un climat de désobéissance et une forme de résistance passive,

surtout lorsque les responsables du domaine n’ont ni formation ni expérience et

encore moins le charisme nécessaire de meneur d’hommes.

Le désengagement de l’Etat de la sphère de production a ainsi consacré le triomphe

de l’économie de marché et la domination du système d’exploitation du secteur privé

qui pourtant ne se trouve pas dans une situation meilleure en Algérie.

2.2. La motivation des paysans du secteur privé :

Disposant d’une marge de manœuvre plus importante le secteur privé, lorsque les

conditions le lui permettent, s’adonnait beaucoup plus à des cultures spéculatives et

répond ainsi à la demande solvable importante des consommateurs en produits frais :

fruits et légumes, viandes et produits animaux.

Employant une main d’œuvre familiale et salariée plus flexible, il dispose d’une

grande latitude dans la fixation des rémunérations en fonction de la disponibilité ou

de la rareté de la force de travail, chose que le secteur public ne peut faire car la

rémunération est fixée par les textes réglementaires.

Les cultures stratégiques (céréales, lait, cultures industrielles…) ont été négligées

et n’ont pas bénéficie des soins qu’elles méritaient car elles étaient peu

rémunératrices pour les agriculteurs et trop couteuses pour l’Etat qui détient le

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240

monopole de collecte et préféra s’approvisionner auprès du marché mondial à

moindre frais au lieu d’aider les agriculteurs à intensifier leurs cultures mais sans

aucune garantie de réussite.

Les nouvelles exploitations agricoles issues de la dernière restructuration

consécutive a l’application de la loi 87 – 19 ont permis un élargissement du secteur

privé, qui se trouve cependant et depuis toujours confronté à un difficile accès aux

facteurs de production fautes de moyens financiers et de disponibilités de ressources

en quantités suffisantes et aux prix abordables par les petits paysans. Faute d’accès

plus facile aux ressources productives, une bonne partie de paysans se replie sur elle

même et se réfugie dans une agriculture de subsistance tout en cherchant à pratiquer

d’autres activités afin d’améliorer leur revenu. Certains laissent leur terre en friche et

d’autres l’abandonnent et sont candidats potentiel à l’exode.

3. Faciliter l’accès aux facteurs de production :

Les marges de progrès probables concernent l’ensemble des facteurs de

production. Une gestion toujours plus rationnelle des facteurs améliore leur efficacité

et partant leur productivité. Avec des quantités moindres de facteurs, grâce aux

applications des progrès scientifiques et techniques, on peut obtenir le même volume

de production voir un volume plus important tout en utilisant les même quantités de

ressources rares en particuliers les ressources naturelles.

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241

3.1. Accès au foncier :

L’absence d’un marché foncier formel structuré a pénalisé et pénalise encore les

propriétaires qui veulent se séparer de leur terre, en cas d’héritage ou de cessation

d’activité par manque de vocation ou par ambition.

L’obstacle au développement agricole le plus important demeure celui de la

propriété en indivision qui stérilise la terre et même l’abandonne en friche. La

mésentente entre les cohéritiers provoque en général l’abandon de la terre surtout si la

propriété est parcellisée et ne trouve pas de locataires, qui préfèrent des exploitations

d’un seul tenant, ou d’associés. Faute d’entretien la terre se dégrade et le capital

foncier perd sa valeur et se déprécie. La majorité des exploitations agricoles

algériennes se trouvent en indivision du moins celles du secteur privé historique. Une

enquête récente, limité à la zone des hautes plaines a révélé que 41 % des

exploitations privées et 60,5 % des terres exploitées sont concernées par

l’indivision.65

Cependant faute de statistiques actualisées nous ne pouvons que

relever cette situation sans pouvoir la mesurer ni apprécier son importance sur les

terres en friche et encore moins son incidence sur la production. Aussi l’accès à la

terre et par conséquent à la profession agricole ne peut avoir lieu que par voie

d’héritage. Les investisseurs potentiels ne trouvent pas de terre. La seule possibilité

d’accès au foncier agricole reste la mise en valeur des terres relevant du domaine de

65 Aît Amara .H : La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation

familiale. Cahiers Option Méditerranéenne vol.36 1999.

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242

l’Etat dans des zones prédéterminées avec toutes les tracasseries administratives pour

l’octroi et l’aménagement des parcelles. .

Pour pallier à la rareté de la terre l’accès aux ressources techniques s’avère plus

que nécessaire. L’émiettement du secteur public agricole a aggravé la situation du

foncier en donnant naissance à des exploitations de faibles superficies.

3.2. La disponibilité des ressources techniques en quantité et qualité :

Pour avoir un accès aux ressources techniques il faudrait d’abord qu’elles soient

disponibles. Ces ressources permettent, par effet de substitution, d’économiser les

ressources naturelles par une amélioration de leur productivité.

L’agriculture algérienne a toujours été confrontée au manque de ressources

techniques dû aux pénuries (réelles ou provoquées) ou à leur prix élevés qui les rend

inaccessibles à la majorité des agriculteurs.

Même si les disponibilités en facteurs de production calculées ex post semblent

suffisantes cela ne veut rien dire si ces facteurs sont de moins bonne qualité ou s’ils

ont été livrés aux exploitations agricoles en retard ou encore ont été mal utilisés par

les agriculteurs. L’essentiel pour la production agricole s’est de trouver au moment

voulu le facteur nécessaire pour permettre un semis, une croissance à la plante, sa

protection, sa récolte et son transport. Ces perturbations souvent inévitables

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243

entraînent une inefficacité des facteurs de production qui influe sur le volume de

production et par conséquent sur les quantités livrées aux consommateurs.

La distribution des ressources techniques reste donc tributaire de l’efficacité des

services administratifs à tous les niveaux placés en amont et en aval des unités de

productions.

3.3. Une administration au service de la production :

Les efforts de l’Etat, en vue de contrôler, de réguler et d’orienter la production

par le biais de ses services administratifs sont restés en deçà des effets souhaités et

des moyens consentis (révolution agraire, villages socialistes, offices

d’approvisionnement et de commercialisation, banques, etc.…)

Plusieurs causes sont à l’origine des résultats mitigés obtenus. D’abord l’étendue

du secteur agricole rend difficile la tâche des intervenants qui le plus souvent

disposent de peu de moyens et surtout de peu de motivation. Ensuite, et du fait qu’ils

ne sont pas soumis aux résultats, ces intervenants ne sont comptables envers aucune

structure, étant ni contrôlables ni responsables toutes les erreurs sont assumées par les

producteurs.

Que le financement ne soit pas régulier ou que les semences arrivent en retard et

de moins bonne qualité, que la production n’est pas prélevée à temps et que les

produits périssent sur place ce sont toujours les agriculteurs qui sont perdants.

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L’éparpillement des agriculteurs, leur grand nombre et leurs intérêts divergents, la

dispersion des entreprises parfois enclavées exigent une administration efficace au

service de la production afin d’éviter les pertes des produits et le gaspillage des

ressources. L’amélioration de la gestion administrative, c'est-à-dire une meilleure

gouvernance, contribuerait à une augmentation de la production et à une réduction de

l’écart existant entre les rendements acquis et les rendements probables ou potentiels.

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245

CONCLUSION :

Les rendements réalisés par l’agriculture algérienne s’expliquent en partie par le

niveau d’utilisation des intrants et notamment la consommation d’engrais par ha

comme nous l’avons signalée précédemment. Si l’on ajoute les contraintes

inhérentes à une main d’œuvre peu qualifiée, un environnement socioéconomique

peu favorable et une sous utilisation d’autres facteurs de production on s’aperçoit que

ces niveaux de rendement se justifient et expliquent largement l’écart existant avec

les pays méditerranéens.

Donc les marges de progrès sont encore considérables mais la réduction de l’écart

entre rendements potentiels et rendements réels s’avère bien difficile à réaliser. Elle

relève avant tout de la politique de l’Etat, de l’intéressement des agriculteurs et de

leur motivation à produire des produits de qualité en quantité suffisante.

La motivation ne peut provenir que de la technicité indispensable aux agriculteurs

afin qu’ils puissent entreprendre les innovations nécessaires et appliquer le progrès

techniques dans leurs activités. Ceci passe par la formation, la revalorisation du

travail en agriculture et de la profession agricole, de la reconnaissance de

l’expérience et des compétences des agriculteurs, afin de permettre la stabilité à

l’élite agricole.

L’agriculture restera toujours un secteur stratégique important. Sa mise à niveau

avec les agricultures méditerranéennes exige beaucoup de moyens que seul l’Etat

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246

sera amené à mettre à la disposition des agriculteurs. L’agriculture algérienne a

surtout besoin de stabilité, de sécurité, de transparence et de visibilité pour préparer le

futur .Ces conditions relèvent toutes beaucoup plus de la volonté politique que de

l’économique. Comme elle a également besoin d’un secteur industriel fort pour

assurer ses approvisionnements en quantité et qualité afin d’améliorer sa productivité

et sa compétitivité pour les produits destinés à l’exportation.

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247

Chapitre VI :

La relation agriculture – industrie.

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248

INTRODUCTION

Le développement d’une agriculture intensive ne peut se concevoir et se

poursuivre de manière efficace indépendamment du secteur manufacturier. En effet,

les résultats de plus en plus performants obtenus par l’agriculture à travers le monde,

en termes de rendement et de productivité, n’ont été possibles que grâce aux produits

industriels livrés au secteur agricole et utilisés dans le processus de production

agricole.

Le secteur agricole se trouve placé au centre d'un complexe agro-industriel où se

situent en amont des industries produisant des facteurs de production (machines,

engrais…) et en aval des industries de transformation alimentaires qui transforment

les produits agricoles bruts en produits alimentaires prêts à l’emploi et font gagner du

temps à la ménagère. L'intensité des échanges entre les deux secteurs a renforcé la

dépendance de l'agriculture pour ses approvisionnements et ses livraisons et aussi en

matière d'emploi du surplus de sa main d'œuvre.

1. Les retombées de l’industrialisation :

L’industrialisation avait parmi ses objectifs, outre la fourniture des biens destinés

à l’agriculture, la création d’emploi et la réduction du chômage pour améliorer le

niveau de vie de la population. Les objectifs en matière d’emploi et de revenu ont-ils

été atteint? Quel était leur impacte sur le secteur agricole?

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249

1.1. Le rythme d’absorption du surplus de la main d’œuvre agricole :

Les industries mises en place dans le cadre de la stratégie de développement,

adoptée par l’Algérie se caractérisaient par une forte intensité de capital (industrie

lourdes, industries- industrialisantes) et une faible création d’emploi. Les emplois

crées exigeaient un niveau de formation et d’expérience assez élevé qui n’est pas à la

portée de la population active algérienne et encore moins à la population paysanne.

Pendant longtemps l’encadrement des unités industrielles était assuré par des

coopérants techniques étrangers.

Le secteur agricole, disposant d’un important réservoir de main d’œuvre non

qualifiée a néanmoins fourni à l’industrie et aux autres secteurs notamment le

bâtiment et travaux publics, les administrations et les transports la main d’œuvre

nécessaire à leurs activités. Cependant, le fort taux de croissance démographique que

connaissait la campagne a fait que pratiquement tout départ est compensé de

nouveaux arrivants de sorte que le solde se trouve toujours excédentaire entre le flux

des partants et le flux des arrivants sur le marché du travail agricole.

Selon M. Tayeb Nadir sur 550.000 demandes d’emplois de 18 à 59 ans dénombrés en

1977 prés de 2/3 provenaient du monde rural66

.

66 M. Tayeb Nadir op. cit. : p 131.

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250

Les emplois crées ont bénéficié avant tout aux citadins mais la démographie

galopante n’a pas permis un allégement notable du surplus de mains d’œuvre du

secteur agricole où les taux de chômage et de sous emplois restent élevées.

Même s’il est parfois signalé un manque de main d’œuvre agricole, dans les zones

situées à proximité des pôles industriels et des grandes agglomérations, cette pénurie

n’est que temporaire. Elle est liée à la nature du travail saisonnier inhérent à l’activité

agricole qui présente des périodes de pointe exigeant beaucoup de travail notamment

au moment des récoltes.

L’industrie n’a pas réussi à alléger l’agriculture de son fardeau de main d'œuvre

pléthorique qui règne dans les campagnes.

La croissance démographique en zone rurale compense les flux de départs dus à

l’exode agricole qui en fin de compte n’aura qu’un faible impact sur la production et

sur le revenu des agriculteurs.

1.2. L'amélioration du revenu moyen dans les campagnes :

L'amélioration des revenus des agriculteurs exploitants indépendants et des

salariés agricoles ne peut résulter que d'une amélioration des rendements et de la

productivité. Les effectifs disponibles ne laissent aucune possibilité à une

amélioration des revenus par une diminution du nombre de travailleurs qui se

partageront le revenu agricole grâce à l'augmentation de la capacité de production

par travailleur notamment la terre. Le revenu peut également être amélioré grâce à

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251

l'augmentation de la production qui au préalable doit faire des acquisitions de plus en

plus importantes de facteurs de production auprès du secteur industriel .Cette

substitution du capital au travail devient indispensable. Mais comment concilier cette

substitution et l'aggravation du chômage qui en découle. Celui-ci peut être atténué

seulement dans la mesure ou les ressources techniques proviendraient de l'industrie

nationale et non de l'étranger .Et, est-ce que l'industrie algérienne est en mesure de

satisfaire les besoins de l'agriculture en facteurs de production. C'est ce que nous

tenterons de montrer maintenant à travers les livraisons à l'agriculture.

2. Les livraisons des facteurs de production à l'agriculture :

L'Algérie a mis en place des industries mécaniques et chimiques pour répondre

aux besoins de l'agriculture, moderniser le secteur et créer des emplois .Ces capacités

de production disponibles sont suffisantes, mais restent sous utilisées. Avec un tissu

industriel peu étoffé, et des taux d'intégration variables selon les industries par

manque de PME-PMI en mesure d’assurer la sous-traitance et la maintenance à ces

industries lourdes le recours aux importations est devenu la règle. Des pannes

bloquent parfois les chaines de production pour une simple pièce de rechange.

La modernisation de l'agriculture c'est avant tout la mécanisation et principalement la

motorisation.

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252

La production de tracteurs en Algérie a commencé en 1974 avec l'usine Moteurs-

Tracteurs dans la wilaya de Constantine. Sa capacité théorique était de six milles

(6000 )tracteurs agricoles pneumatiques par an destinés essentiellement à équiper

l'agriculture et renouveler son parc .Le montage de tracteurs à chenilles se faisait déjà

à Rouïba avec quelques dizaines d'exemplaires par an et s'est poursuivi jusqu'en

1977.Les livraisons à l’agriculture de tracteurs à roues et à chenilles proviennent de

la production et des importations Les exportations de tracteurs vers des pays en

développement ont eu lieu notamment vers le Maroc, la Mauritanie et l'Irak , mais au

détriment de l'agriculture. Comme le montre les chiffres du tableau N° 51 la

production nationale arrive difficilement à couvrir les livraisons faites à l'agriculture.

Elle a atteint sa vitesse de croisière en 1983 avec la sortie de plus de 6.000 unités puis

a chuté à 1279 unités en 1996.

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253

Tableau N° 51 : Production de tracteur et livraison à l’agriculture :

1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976

Roues

P/L

P

L

%

981

3118

31.5

340

3272

10.4

220

2708

8.1

-

3356

-

-

986

-

-

883

-

388

3090

12.6

799

3456

23.1

1562

2496

62.6

1819

1138

159.8

Chenilles

P /L

P

L

%

178

669

26.6

13

714

7.5

-

374

-

-

491

-

-

141

-

-

431

-

-

1339

-

-

961

-

15

1437

1.0

60

536

11.2

1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986

Roues

P/L

P

L

%

2779

3188

87.2

3633

4337

83.8

4840

2923

165.6

4206

-

-

4379

-

-

4500

-

-

6002

-

-

5927

-

-

6250

-

-

6323

6939

91.1

Chenilles

P/L

P

L

%

90

1052

8.5

-

609

-

-

368

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

/

394

/

1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

Roues

P /L

P

L

%

3513

5256

66.8

3404

-

-

2965

-

-

3505

-

-

3203

-

-

3009

4809

159.8

4632

3893

84

3385

2092

61.8

2712

1718

63.3

1279

1142

89.2

-

617

-

Chenilles

P

L

%

-

699

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

441

-

-

821

-

-

407

-

-

71

-

-

53

-

-

10

-

Source : ONS – Annuaires statistiques

A partir de 1993 les livraisons sont inférieures à la production .Ceci ne veut pas

dire que l'agriculture a atteint un stade d'équipement avancé et qu'elle n'a pas besoin

d'une extension de son parc ni de son renouvellement .La seule explication à cette

chute des livraisons ce sont les prix. Le prix du tracteur devenu inaccessible aux

agriculteurs. Cet état de fait est aggravé par l'absence d'une politique de crédit

adaptée à la nouvelle situation du secteur agricole et bien rodée.

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254

L'opération leasing (crédit bail) lancée ces dernières années pour sauver l’industrie

mécanique n'a pas eu de succès auprès des agriculteurs.

De ce fait la Sonacomme (Unité de production ) se retrouve avec des stocks de

tracteurs et des créances qui l'obligent à réduire son activité et à mettre une partie de

son personnel au chômage technique et à licencier des travailleurs d'une manière

déguisée en ayant recours aux formules de départs volontaires indemnisés, aux

préretraites etc.

Ce qui est valable pour les tracteurs l'est aussi encore plus pour les moissonneuses

batteuses dont les livraisons ont chuté de 592 unités de 1992 à 200 unités en 1993

pour atteindre 74 unités en 1996 soit 22,5 % de la production qui s'élevait à 328

unités comme le montre les chiffres figurants au tableau N°52.

Tableau N°52 : Moissonneuses batteuses

1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989

P

L

P/L %

416

-

-

610

-

-

590

-

-

700

-

-

1162

1076

108

280

521

54

661

-

-

314

-

-

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

P

L

P/L %

567

-

-

510

-

-

530

592

89

291

200

145

176

170

103

46

28

164

328

74

443

-

-

-

Source: ONS- (P :production - L :livraison)

La production des moissonneuses-batteuses, autres machines indispensables à

l'activité agricole pour la récolte des céréales a été lancée en 1982 à Sidi- Bel-Abbes

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255

avec une production théorique annuelle de1000 unités. Le niveau de production a

atteint un maximum avec 1162 unités produites en 1986 et puis de chuter à 46

unités une décennie plus tard comme indiqué au tableau N° 52 . Comme pour les

tracteurs la production nationale n'arrive pas à satisfaire la demande et le recours aux

importations devient indispensable avec tous les inconvénients liés aux pièces de

rechanges, aux services après vente surtout s’il y a diversité des fournisseurs. Depuis

1993 la production couvre largement les livraisons et se retrouve même avec des

stocks de MB et de tracteurs.

Les industries chimiques

L'Algérie dispose de plusieurs unités de production d'engrais, souvent avec des

capacités de production sous utilisées, dont les capacités de production théoriques

sont rarement atteintes.

L'unité de production d'engrais phosphatés de Annaba entrée en production dans les

années 1970 avec une capacité de 55.000t /an

Les unités de production de production d'ammoniac et d'ammonitrates nécessaires à

la production des engrais azotés ont été implantées à Arzew et Skikda prés des zones

de raffinages des hydrocarbures avec des capacités de production respectives de

55.000 tonnes et 85.000 t/an.

Les engrais potassiques et les engrais composés sont importés dans leur totalité.

Comme le montre le tableau N° 53 les livraisons d'engrais azotés et d'engrais

phosphatés, compte tenu du niveau de consommation de l'agriculture et de son degré

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256

d'intensification, sont largement couvertes par la production et il existe un résidu

pour l'exportation.

Tableau N° 53 Production d'engrais et livraison à l'agriculture

Unité : 103 tonnes

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

N engrais azotes (103 T)

P

L

P/L : %

-

-

-

-

-

-

-

-

-

44

143

30.7

131

119

110

111.7

107

104

203

166

122

256

204

125

P engrais phosphates

(103T)

P

L

P/L: %

-

-

-

-

-

-

-

-

-

129

108

119

133

91

146

188

84

223

271

115

235

261

141

185

K engrais potasse

P

L

P/L: %

- 1.07

-

- 4.5

-

- 0.25

-

- 0.66

-

- 0.61

-

- 0.28

-

- 0.18

-

- 2.47

-

Engrais composés

P

L

P/L : %

4

114

-

172

-

-

154

-

-

177

-

52.2

155

33.7

88

138

63.7

-

128

-

-

122

-

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996

N:azote

P

L

P/L: %

267.1

194

137.7

271

176

154

248

145

171

229

101

226.7

263

76

346

-

102

-

193

75

257.3

235.7

107

220.3

220.4

102

216

61.1

49

124.7

12

14

85.7

Phosphate

P

L

P/L: %

256.7

163

157.5

278

128

217

239

108

221.3

193

65

297

173

48

360

-

34

-

154

23

669.5

204.1

41

498

179.1

34

526

80.3

28

287

45.8

16

286

K:potasse

P

L

P/L: %

-

3.46

-

-

4.90

-

-

1.59

-

-

2.36

-

-

1.87

-

-

1.89

-

-

1.34

-

-

0.22

-

-

0.36

-

-

4.77

-

-

2.66

-

Composés

P

L

P/L: %

-

246

-

-

232

-

-

193

-

-

171

-

-

145

-

-

137

-

-

122

-

-

155

-

-

132

-

-

97

-

-

76

-

Source :ONS (P :production , L :livraison)

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257

Les livraisons en volume des principaux facteurs de production restent encore

suffisamment tributaires des importations. Cette dépendance se répercute

inexorablement sur le volume de production agricole qui sera livré aux

consommateurs (les ménages) et aux unités industrielles de transformation placées

en aval du secteur agricole.

3. Les livraisons des produits agricoles au secteur industriel :

L'articulation agriculture -industrie qui constitue le vecteur déterminant pour la

diffusion du progrès technique dans l'agriculture ; n'a pas joué le rôle qui lui était

dévolu dans le cadre des cultures industrielles: oléagineux, betteraves à sucre, coton,

tabac etc. Cette situation, s'est traduite par des importations pour le fonctionnement

de l'appareil de production du moins pour les produite alimentaires de base: les

céréales, les oléagineux, le lait, sucre.

-L’industrie céréalière :

Cette industrie fonctionne essentiellement avec des blés importés ayant nécessité

une enveloppe de 345 millions de dollars U.S en 1990-1991. La part de la production

nationale de blés (dur et tendre) destinés à la trituration n’a représenté que 12 % du

potentiel de transformation sur place.

Le monopole de l’Etat sur la collecte, l’importation et la commercialisation des

céréales avec une garantie de prix à la production, n’a pas favorisé la croissance de

cette filière.

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258

Tableau N°54 : Evolution des approvisionnements des semouleries

et minoteries 1962/2002

Période

quinquennales

Approvisionnement annuels

Moyens sur la période

(milliers de T)

Population

algérienne

(milliers

Habitants) Blé local Blé Importation

1962/1967 1174 0 11923

1967/1972 1181 678 13700

1972/1977 1047 1513 15533

1977/1982 950 2675 18740

1982/1987 928 3325 21260

1987/1992 1070 4238 24960

1992/1997 1208 4528 28540

1997/2002 1634 4732 30625

Source : Rapport 2006 du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes

N.B Il est à signaler que toute la production céréalière nationale n’est pas

transformée par les I.A.A. une partie (à définir) étant prélevée pour

l’autoconsommation humaine et la production animale.

Tableau N°55 : Capacités nationales en semouleries et minoteries

Secteur Publique Secteur Privé

Nombre

Capacités

théoriques

T/J

Nombre Capacité

théorique T/J

Minoteries 6.953 220 18.646

Semouleries 7.600 131 11.043

Total 81 14.553 351 29.689

Le nombre des minoteries du secteur privé a augmenté à la faveur du FNRDA qui

participe au financement sous forme d’aide et de subvention à hauteur de 40-50% du

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259

coût du projet. De ce fait les capacités nationales de trituration des blés ont largement

dépassé les besoins.

-L’industrie du lait :

L’industrie de transformation demeure aussi fortement dépendante des

importations. En 1990 il a été importé 127.000 tonnes de poudre de lait et de matière

grasse de lait anhydre (MGLA) soit l’équivalent de 1.300.000 tonnes de lait pour une

valeur de l’ordre de 278 millions de dollars US. La production nationale de lait

estimée à 1.300.000 tonnes par an .De cette quantité ,80 à 100.000 tonnes à peine

(3%) sont collectés pour les besoins des offices du lait. Le reste est autoconsommé et

/ou commercialisé sur le marché local. IL faut noté cependant que les volumes de

lait collectés ont connu, également grâce à la politique d’aide et de subvention de

l’Etat, un essor indéniable passant de 71 à 116 millions de litres en moyenne entre

les périodes 1990-1995 et 2000-2004 mais les taux de collecte n’ont pas progressé de

manière significative se stabilisent à des niveaux insignifiant (7 %).

La transformation industrielle a progressé de façon continue au rythme très élevé

de 9,2%/an.

La collecte de lait par l’industrie progresse plus vite (18,7% par an), mais le niveau

de collecte reste encore très faible.

Le taux d’intégration du lait cru local demeure encore bas (15,6%).

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260

L’autoconsommation et le marché informel (circuit artisanal) demeurent à

d’importants niveaux.

Tableau N°56 : Evolution de l’approvisionnement du marché

Structure des approvisionnements

Approvisionnements moyens en lait En million de litres (L) par an

Période

Lait cru local Production industrielle

Collecte pour

l’industrie

Autre

Utilisation * Total

Production

industrielle

Dont Taux de

collecte en %

1987 81 669 750 810 10.0

1990 37 1063 1100 640 5.8

1995 119 938 1057 1191 10.0

2000 101 1549 1650 900 11.2

2004 200 1750 1950 1280 15.6

Source Ministère de l’Agriculture et retraitement par EDPme

*Transformation artisanal / autoconsommation / alimentation des veaux

Tableau N 57° : Evolution du potentiel de transformation

et de la consommation

Nombre

D’usine

Capacité de

transformation en

millions de litre/an

Consommation

Par tête en

L /an

Population en

million d’habitants

1967 03 30,7 35 14,1

1978 - - 61,4 17,6

1988 11 1280 71,5 21,9

2000 40 1415 82,6 30,0

2004 139 2100 98 31,9

Source ONS ( Enquête de consommation 2000/2001) ; GIPLAIT (capacité de production) ;POHL/MPPI

(capacité du secteur privé ) ; Estimation EDPme (consommation 2004).

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261

-Les industries des huiles oléicoles et les huiles végétales ou de graines :

La production d’olives de table a oscillé entre 8 000 t en 1994/95 et 63 500 t

au cours de la campagne 2002/03, avec une moyenne de 15 400 t au cours de la

période 1993/94 – 1998/99 et une moyenne de 51 600 t au cours de la période

2000/01 – 2003/04

La production moyenne d’huile d’olive est de : 34 000 t0nnes

On notera cependant qu’au cours de la campagne 2003/04, l’Algérie a produit 69 500

tonnes. Les fluctuations de production sont dues essentiellement aux conditions

climatiques

L’’industrie oléicole algérienne était composée majoritairement d’huileries

traditionnelles non performantes.

Installations Nombre

huileries traditionnelles 1 400

huileries avec presses ou super-presses 85

huileries modernes 165

Total huileries 1 650

- Les huiles de graines

Elle se limite pour l’essentiel au raffinage d’huiles brutes importées (capacité totale

de 400.000 tonnes par an en 1992). Les activités de trituration de graines ayant

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262

totalement disparu depuis 1982-1983.S’y ajoute la fabrication de savon de ménage

(183.960 t par an), savon de toilette (46.355 t par an), margarine et graisse végétale

(26.280 t).Les importations de matières nécessaires à ces activités s’élèvent à

quelques 200 millions de dollars US.

-L’industrie du sucre :

Les capacités de production installées se limitent ,là aussi ,au raffinage de sucre

roux importé dans sa totalité (297.000 t par an pour une valeur de 53 millions de

dollars US en 1990) ce qui permet à l’industrie sucrière de produire quelque 220.000

t de sucre blanc .Comme pour les graines oléagineuses ,la culture de la betterave à

sucre a rarement dépassé le stade de l’expérimentation .De ce fait, le traitement

local de la betterave (300.000 t par an soit la production annuelle de 30.000 t de sucre

blanc ) est arrêté totalement en 1983,à la suite de la cessation de la culture

betteravière dans les périmètres irrigués de Annaba (1981) et du Haut-Cheliff

(1983).

Les 220.000 t de sucre blanc livré par l’industrie locale ne représenté que 26% des

disponibilités totales estimés à 850.000 t. L’Algérie importe quelque 630.000 t de

sucre par le biais de l’ENAPAL .La facture sucrière totale s’élève à 320 millions de

dollars US en 1993.

Sucre non raffiné importé en 2003 à 946 833 tonnes pour un montant de 222 ,088

millions de dollars.

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263

La conserverie des fruits et légumes

Le Potentiel de transformation se compose de :

• Nombre de conserveries : 29

• Capacités de transformation:16 000 Tonnes/Jour

• Effectif : 4 500

Dont

- Permanents : 1 500

- saisonniers: 3 000.

Cette branche a pour particularité la trop faible utilisation des capacités installées, en

raison à la fois de la rigidité de l’offre agricole (tomate industrielle, fruits et légumes

divers) et de la concurrence exercée par le marché du frais. Les conserveries ne

recevant des tonnages importants qu’en pleine saison, lorsque le marché du frais tend

à être saturé

L’activité de cette branche est dominée par la fabrication du double concentré de

tomate à partir de l’importation du triple concentré de tomate (TCT) soit à partir de

la transformation de la tomate industrielle locale. La production de cette dernière est

concentrée dans quatre wilayas de l’Est du pays : Annaba, Tarf, Skikda et Guelma.

La conserverie de poissons (sardine, thon) a été interrompue suite à la faible capture

et la forte demande de produits frais.

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264

CONCLUSION :

L’industrie a bénéficié d’importants avantages financiers au cours des différents

plans de développement pour pouvoir satisfaire la demande de l’agriculture en

produits nécessaires à sa production créer des emplois. Mais les contraintes propres

au secteur industriel ont fait que les objectifs n’ont été que partiellement atteint. Les

réformes économiques engagées par l’Etat à la fin des années 1980 se sont traduites

par une hausse des prix qui laisse peu le choix aux agriculteurs quant à l’utilisation

des facteurs de production d’origine industrielle. Cette flambée de prix a entrainé un

accroissement des prix de produits agricoles mais n’a pas incité les agriculteurs à

produire plus. La suspension des subventions et aides aux productions industrielles et

agricoles a aggravé la situation du chômage et donner naissance à la paupérisation de

larges couches de la population, laminé la classe moyenne qui est l’un des meilleurs

atouts pour le développement économique et social et la modernité du pays.

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265

Chapitre VII :

Le coût du progrès et de la modernisation

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266

INTRODUCTION

La modernisation ne s’improvise pas et ne s’impose pas. Elle se prépare. Elle a un

coût économique et social et nécessite l’adhésion des intéressés.

Elle concerne la mise en œuvre du progrès scientifique et technique. Mais

auparavant, elle doit préserver les capacités de production existantes.

Le progrès à également un coût. Sa mise en œuvre peut être lente. Mais son adoption

sous toutes ses formes (scientifique, technique, organisationnel et culturel) par

l’agriculture indique la volonté d’un changement dans le sens d’une amélioration.

Ce changement concerne les ressources productives dans leur ensemble : c’est

d’abord les ressources naturelles et leur préservation d’un gaspillage et d’une gestion

qui peut paraître irrationnelle, c’est ensuite les ressources techniques à travers les

infrastructures et, enfin les ressources humaines à travers le capital humain.

1. Préservation de ce qui existe et élargissement des capacités de production

agricole :

Les ressources naturelles ont atteint un stade de dégradation assez avancé à cause

d’une surexploitation générée par un déséquilibre entre les ressources et les besoins.

Cette dégradation favorisée par des conditions climatiques difficiles qui ne facilitent

pas une régénération rapide de la fertilité des sols. Confrontés à une lente

régénération de la fertilité de leur sol, les agriculteurs doivent trouver des activités

adaptées à l’état de ces ressources naturelles en utilisant des itinéraires techniques

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267

avérés afin de préserver leur patrimoine d'une érosion destructrice et par la suite de

sa stérilité irréversible.

La régénération naturelle d’un sol est possible avant que la phase de désertification et

de stérilité ne soit atteinte; mais cette régénération est extrêmement lente. Par contre,

la régénération artificielle qui recourt à l’utilisation de différents types d’amendement

(engrais) est plus rapide mais trop onéreuse.

Dans les deux cas cependant le manque à gagner durant la période de mise en valeur

se révèle assez important.

En Algérie les réserves en terres vierges non exploitées étant rares, l’extension des

terres labourables peut se faire par la mise en valeur des sols déjà plus ou moins

épuisés et dont la productivité est médiocre.

L’élargissement des capacités de production agricole peut surtout se faire par la mise

en valeur de l’hydraulique et l’aménagement des l’espaces en zones steppiques, en

zones de montagnes et au Sahara.

1.1. La mise en valeur des terres agricoles

Elle concerne environ 20 million d’Ha (toutes les terres situées entre les isohyètes

350 mm et 150 mm) et en zones montagneuses.

L’Algérie a un vaste programme de boisement et reboisement. Mais chaque année

elle enregistre des pertes par incendie qui parfois dépassent de loin la superficie

plantée durant l’année. Comme dans, pratiquement, tous les pays du bassin

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268

méditerranéen, les pertes de forêts par le feu ont toujours existé, mais le taux de

reboisement en Algérie est très faible tandis que le taux de boisement l’est encore

plus (moins de 3 % du territoire national et moins de 10 % de l’Algérie du nord.)

L’Algérie a perdu plus de 1.104.000 Ha entre 1963 et 1994 pour 1.131.000 Ha

reboisées.67

La destruction de la forêt s’est aggravée au cours des années 90 :

(272.000 Ha pour la seule année 1994).

Le programme de reboisement concerne le barrage vert qui, à terme occupe trois

millions d’Ha, s’étend sur 1000 Km de long et 10 à 20 Km de largeur, et constitue un

véritable obstacle à la progression du désert vers le nord. Les effets du barrage vert

seront complétés par les reboisements des zones montagneuses et les bassins versants

des barrages, la correction des torrents et la confection des banquettes qui porteront

arbres fruitiers rustiques (oliviers, figuiers, amandiers). Les effets du barrage vert

peuvent également être complétés par la création de véritables rideaux de protection

des villes, dont certaines disposent déjà, ainsi que des espaces verts intra-muros, pour

créer des microclimats surtout dans les agglomération du sud et des hauts plateaux et

les protéger des tempêtes de vent de sable auxquelles elles sont souvent exposées.

Les plantations de haies, bosquets et clôtures permettent aussi de créer des

microclimats au niveau des parcelles en servant de brise vent dont l'effet est de

réduire l'assèchement du sol et d'économiser ainsi l'eau qui est une ressource rare et

un facteur limitant dans la production agricole. La mise en valeur des terres par

67 - ANF : Agence National des Forêts 1992.

- S. BEDRANI – 1996 – 3.

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269

l’irrigation reste cependant la plus rentable surtout dans un pays à climat aride

comme l’Algérie.

1.2. La mise en valeur de l’hydraulique.

Le captage des eaux de surface par les barrages réservoirs et le puisement des eaux

souterraines par forages forment les disponibilités en ressources hydriques.

L’augmentation des capacités de stockage de l’eau, et l’introduction de nouvelles

techniques d’irrigation économisatrices d’eau (irrigation par aspersion, irrigation par

goutte à goutte) permettent d’élargir la surface irriguée. Celle ci peut être étendue en

limitant le gaspillage de l'eau et en recyclant les eaux usées.

Le gaspillage de l'eau. En dépit de l'effort financier engagé par l’Etat, près de 40 %

des quantités d'eau, provenant des barrages se perdent durant leur acheminement à

cause des installations défectueuses. C’est la contenance de deux barrages qui est

perdue chaque année. De plus la facturation au forfait égalitaire pour tous a aggravé

le gaspillage et provoqué des injustices au sein de la population. Le plus souvent

ceux des ménages qui ne consomment pas paient pour ceux qui surconsomment parce

qu’ils ont la chance d’avoir de l’eau dans leur robinet.

La récupération et le traitement des eaux usées contribuent à l’augmentation des

volumes d’eau disponibles destinés à l’irrigation. Ce recyclage de l’eau nécessite des

installations coûteuses. L’Algérie dispose de stations d’épuration des eaux usées dont

seulement sont en fonction.

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270

Tableau N° 58 : Mise en valeur des terres par la concession. Situation des

réalisations cumulées (depuis1999) par mode de conduite au

31-3-2005

Superficie

Ha

Concession

nombre

Emploi

induit

Superficie

%

Concession

%

Emploi

induit %

HA /

Conc

En sec 193.862 10.027 53.444 56 41 40 19

En

irrigué 152.802 1.4291 80.516 44 59 60 11

total 346.664 24.381 133.960 100 100 100 14

Source : MADR.

1.3. L’aménagement de la steppe et des zones montagneuses :

La steppe étant la zone réservée essentiellement à l’élevage ovin et

accessoirement à une céréaliculture extensive en sec peu productive. Le maraîchage

en irrigué très limité est destiné à la consommation familiale et locale.

L’aménagement de la steppe comprend plusieurs opérations qui visent à fixer la

population et lui permettre de produire plus et mieux. Ces opérations comprennent en

général :

- La création des points d’eau pour l’abreuvement du cheptel.

- La construction des abris pour protéger les animaux en cas de tempête de vent

de sable. Ces abris se limitent à des enclos rudimentaires pour regrouper les

animaux, éviter leur éparpillement et leur exposition à des prédateurs.

- Le désenclavement par pistes carrossables.

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- La mise en défends des zones dégradées pour la reconstitution de la flore et de

la faune.

- La limitation du cheptel par éleveur et la contribution des éleveurs dans la

réalisation des investissements d’aménagement.

L’aménagement des zones montagneuses et le développement d’une agriculture de

montagne basé sur des activités l’agro-sylvo-pastorales ou prédomine l’arboriculture

fruitière extensive exige également la réalisation de certaines opérations telles que :

- Le désenclavement des zones par l’ouverture des pistes carrossables.

- La confection des banquettes.

- L’entretien des forêts, des tranchées pare-feu et des layons.

- L’exploitation régulière des produits des la forêt (liège – bois).

Que ce soit pour la steppe ou la montagne, le rapprochement des services publics

de la population est indispensable pour son maintien dans ces zones difficiles et éviter

leur désertification à long terme.

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272

Tableau N°59 : Mise en valeur des terres par la concession. Situation des

réalisations cumulées (depuis1999) par zone écologique

au 31-3-2005

Supe/ Ha Conc/

nombre

Emploi

induit

Superficie

%

Concession

%

Emploi

induit

%

Ha

/Conce

En sec 127811 11968 53801 37 49 40 10.7

En

irrigué 207403 7908 73031 60 33 55

26.2

Sud

2.6 11451 4442 7128 3 18 5

2.6

total 346665 24318 133960 100 100 100 14.3

Source : MADR

2. L’élargissement de l’infrastructure économique :

Les infrastructures qui contribuent à une meilleure utilisation des ressources

productives comprennent essentiellement le réseau routier et les moyens de stockage.

2.1. Réseau routier et transport :

Le désenclavement de certaines zones isolées facilite la collecte des produits

agricoles effectuée par les organismes publics ou privés et incite les agriculteurs à

produire davantage lorsqu’ils sont assurés de la commercialisation de leurs produits.

La production marchande gagne ainsi de l’espace au détriment de l’agriculture de

subsistance.

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273

L’Algérie a étoffé son réseau routier, déjà relativement dense, en accordant plus

d’importance aux chemins communaux comme le montre le tableau ci-

dessous (tableau N° 60 ).

Signalons cependant que l’absence d’autoroutes et l’inefficacité du transport par rail

de produits périssables, font que le transport routier est onéreux et place l’Algérie

parmi les pays les plus retardé en matière de transport de marchandises et de

voyageurs (transport collectif).

T ableau N°60 : réseau routier unité : km

1986 1994

Revêtus Pistes Total Revêtus Pistes Total

Routes nationales 21297 3760 25184 22297 4059 26356

Chemins de wilayas 15337 3666 19003 20415 2865 22280

Chemins communaux 11505 25956 37461 27523 21958 49483

total 48139 33283 81648 70235 28882 100119

Source : Annuaire statique de l’Algérie N° 14 et N° 18.

Le ferroutage et fret maritime et aérien pour les produits agricoles locaux destinés

au marché local restent inconnus.

La configuration du réseau routier a suivi l’implantation des populations et des

activités économiques : elle est très dense au nord du pays, sur la bande du littoral, et

clairsemée sur les haut plateaux et au sud.

Le réseau routier et son état indiquent le niveau de développement d’une région au

sein d’un pays. Sa construction et son entretien coûtent énormément cher à la société,

mais c’est un signe apparent de la modernité qui permet la diffusion du progrès sous

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toutes ses formes.IL s’est enrichi d’une autoroute de plus de 1200 km joignant l’est à

l’ouest du pays.et dont les premiers tronçons furent mis en services à partir de 2011.

Pour le secteur agricole cela constitue ce que les économistes appellent « une

économie externe » dont bénéficient les exploitations agricoles qui profitent d’un

service non payant.

Mais en retour cela leur permet d’intensifier leur production grâce aux facilités des

transports et de livrer des volumes de produits plus importants aux consommateurs.

Des volumes plus importants nécessitent des infrastructures de stockage adéquates

d’autant plus que les produits sont périssables et ne résistent pas aux conditions de

transports sur de longues distances.

Le réseau ferroviaire :

le chemin de fer comprend 4.219 km composés de 3.138 km de voie normale dont

345km en double voies et 260km électrifiés, et 1.081 km de voie métrique. Le

réseau est orienté vers les ports, configuration héritée de la période coloniale qui

servait à l'exportation des minerais et des produits agricoles.

Le transport par rail de produits agricoles est limité, faute de volumes importants à

transporter, aux céréales et autres produits non périssables qui résistent au transport.

Les produits frais et les animaux vivants n'empruntent plus le train à cause de

l'absence de wagons aménagés, des retards, des coûts, mais aussi du faible tonnage

par destination. La disparition des coopératives à vocation régionale de

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275

conditionnement et de triage de produits agricoles n’a pas favorisé la reprise du

transport ferroviaire toujours concurrencé par le transport routier.

2.2. Capacités de stockages :

Les moyens de stockage se composent essentiellement de silos, hangars, chambres

froides et parfois même des surfaces à l'air libre en cas de récoltes abondantes .Les

faibles structures disponibilités de stockage étaient souvent accentuées par les

insuffisances de coordination relatives aux décisions à prendre concernant les

opérations de stockage et de commercialisation ,confiées à des offices et des

« coopératives » totalement indépendants du secteur de la production mais

théoriquement responsables de la réussite de la politique définie par l' Etat

L'Algérie a accumulé un retard considérable en matière de conservation par le

froid. Elle disposait en 1992 d'une capacité à 500.000 mètres cubes face à des

besoins de 2,5 millions de mètres cubes permettant de stocker 600.000 tonnes de

produits agricoles.

La conservation par le froid est devenue une nécessité et l'investissement dans ce

créneau constitue en fait le prolongement du développement agricole .Elle permet la

régulation du marché et atténue la fluctuation des prix inhérente aux disponibilités

saisonnières abondantes, source de déperdition et de gaspillage, suivis de pénuries

chroniques par épuisement des stocks ce qui caractérise les pays sous-développés en

infrastructures .Les pouvoirs publics n'ont pas ainsi les moyens pour intervenir sur

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276

le marcher afin d'opérer à des retraits et constituer des stocks en cas de récoltes

abondantes, pour éviter la chute des prix et préserver le revenu des producteurs

,qu'ils réinjecteront dès l'apparition des premiers signes de rareté pour protéger les

consommateurs d'importantes hausses de prix. Ainsi la stabilité des prix sert les

intérêts des producteurs et des consommateurs.

L'Algérie perd chaque année plus de 500.000 quintaux de fruits et légumes à

cause des mauvaises conditions de stockage et de conservation.

-Le déficit en froid est estimé à 2.000.000 mètres cubes équivalents à 600.000

tonnes de produits à entreposer.

- L'installation du mètre cube revient à 3000 DA

-Le prix de revient des frais de stockage d'un quintal de pomme de terre est de 15

DA par mois.

Les capacités de stockage à l’aide de silos à céréales sont également insuffisantes.

Chaque année de bonne ou moyenne récolte le problème de stockage se pose même si

la campagne moisson-battage est minutieusement préparée. Les CCLS et l’OAIC qui

détiennent le monopole de collecte et de stockage montrent qu’ils arrivent

difficilement à satisfaire la demande des agriculteurs. Ces problèmes récurrents de

stockage peuvent être imputés à plusieurs facteurs : la répartition dans l’espace des

silos par rapport aux zones de production, la vétusté du matériel, les pannes

fréquentes des camions et autres moyens de transport etc. Les pertes enregistrées au

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277

niveau des parcelles suite au mauvais réglage des moissonneuses batteuses et au

cours du transport représentent environ 5 à 10% de la récolte.

3. Formation-Recherche-Vulgarisation

Aucun développement agricole n’est possible sans un niveau d’éducation élémentaire

des agriculteurs et des stages de perfectionnement et d’information.

L’expérience des pays développés qui ont connu des révolutions agricoles et

disposent d’archives complets couvrant l’évolution de leur agriculture sur 2 à 3

siècles.68 a montré que l’éducation est le facteur primordiale de la croissance agricole.

Des exemples de pays comme la Hollande ou le Japon qui disposent de peu de

ressources naturelles (terre arable) et dont l’un est exportateur net de produits

alimentaires et l’autre largement autosuffisant doivent ces résultats au niveau de

formation de leurs agriculteurs du personnel d’encadrement et du niveau élevé de la

recherche et des innovations

IL est évident que le niveau de la recherche scientifique n’est que le reflet de celui de

la formation reçue durant tout le cycle de scolarité. L’Algérie dispose d’importants

centres de recherches scientifiques en plus des laboratoires des universités et des

instituts spécialisés qui contribuent à la recherche&développement tel que l’INRAA,

l’IDGC, l’IDCM…

68 Les hommes politiques en exercice dans les pays développés (France ,Angleterre.. .) insistent beaucoup sur le niveau

de formation de la population pour affronter les nouvelles technologies et gagner en compétitivité.

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Les résultats de recherche scientifique ne profitent pas malheureusement à

l’agriculture car le relais entre la recherche et les exploitations agricole ne fonctionne

pas bien.IL existe un maillon faible qui bloque la diffusion des résultats et leurs

applications. Ce maillon c’est la vulgarisation. La diffusion des techniques culturales

et des méthodes de gestion n’arrive pas aux agriculteurs et si elle arrive elle n’est pas

assimilée car les agriculteurs sont analphabètes et désintéressés. Plusieurs causes

peuvent expliquer ces situations, mais les plus remarquables se sont le niveau de

compétence des agents et les faibles moyens matériels mis à leur disposition.

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279

CONCLUSION

Les opérations de mise en valeur des terres sont onéreuse eau regard de

l’ampleur des dégâts provoqué par l’érosion hydrique et éolienne sur des sols fragiles

et dégradés par une surexploitation. Cette mise en valeur concerne les zones de

montagnes et la steppe. Elle est réalisée par l’Etat pour la sauvegarde de

l’environnement, la protection des bassins versants par le reboisement le

désenclavement des localités isolées etc.

Dans le cadre de la loi relative à l’accession à la propriété foncière agricole

(APFA) les jeunes chômeurs et les agriculteurs sans terre ou peu pourvu ont bénéficié

des terres à mettre en valeur surtout par l’hydraulique (irrigation) et les plantations

des arbres fruitiers.

Les succès de la mise en valeur peuvent être éphémères comme celles réalisées dans

le sud du pays ou plus ou mois durable selon les zones géographiques, es cultures

mises en place et la nature même de la mise en valeur.

La mise en valeur est opération de longue haleine et ne peu se concrétiser que par la

participation active de la population.

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Chapitre VIII :

Les choix politiques: importation des

ressources productives et / ou importation

des produits alimentaires

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281

INTRODUCTION

Le potentiel productif agricole disponible, avec les techniques avérées et mises en

œuvre, n'arrive pas à répondre aux besoins solvables sans cesse croissants de la

population. L'Algérie est contrainte, pour combler son déficit en produits agricoles et

alimentaires, à importer chaque année d’importantes quantités. Ces importations

concernent aussi bien les produits finis destinés à la consommation des ménages que

les produits semi-finis et matières premières pour l'industrie agroalimentaire locale.

Pour importer ces produits il faudrait tout d'abord exporter des produits pour

lesquels l'Algérie dispose d'un avantage comparatif certain afin de couvrir les

importations et veiller à l'équilibre de la balance commerciale agricole.

Les exportations agricoles peuvent elles couvrir les importations des facteurs de

production en attendant que l'industrie locale améliore ses performances productives

et diversifie sa production pour substituer progressivement ses produits à ceux de

l'importation?

La discordance entre la croissance agricole et la croissance démographique;

accentuée, par les antagonismes de l'aménagement du territoire conséquences directes

du développement économique accéléré et par l'uniformatisation du modèle

alimentaire où les spécificités régionales se sont estompées, car essentiellement basé

de plus en plus sur des produits importés; a aggravé la dépendance alimentaire de

l'Algérie.

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1. Les importations de ressources productives sont elles couvertes par les

exportations des produits agricoles :

La balance commerciale agricole de l’Algérie est depuis longtemps déficitaire. Les

exportations des produits alimentaires et non alimentaires d’origine agricoles

représentent moins de 0,5% des exportations totales avec un montant annuel moyen

de 113 millions de dollars US entre 1994 et 2003.

Tableau N° 61 Balance commerciale agricole (en millions US $)

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Importations 2133 1938 2150 2154 3005 2699 2603 2545 2494 2687

Exportations 100 112 121 133 66 149 163 58 52 105

Solde 2033 1826 2029 2021 2939 2550 2440 2487 2442 2582

Taux de

couverture en % 4,7 5,8 5,6 6,2 2,2 5,5 6,3 2,3 2,1 3,9

Source : Direction nationale des Douanes

Les importations des biens d’équipement destinées à l'agriculture ont représenté selon

les statistiques des douanes algériennes 84,95 million de dollars US soit 0,93% des

importations globales .Par contre les biens alimentaires étaient de l’ordre de2,414

milliards de dollars US soit 26,33% des importations globales.

Une simple comparaison avec les exportations permet de constater que ces derniers

sont loin de couvrir les premiers les importations des biens d’équipements et encore

moins des produits alimentaires.

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283

La dépendance de l'agriculture envers d'autres secteurs économiques qui

financeront ses importations de ressources techniques en devises est évidente. Ce rôle

revient à celui des hydrocarbures qui procure 95% à 98% des recettes

d'exportation.

L'analyse de l'évolution des importations de produits agricoles et alimentaires

destinées à la consommation finale et ceux destinés à subir une transformation

représentent en moyenne 2,5 milliards à 3,5 milliards de dollars U.S par an depuis le

milieu des années 1980 et à même dépassé les 7,2 Mds de dollars US en 2008.

La volonté politique de mettre fin aux importations de produits de certaines

filières destinés à la consommation finale nécessite d'importants moyens financiers.

Des exemples réussis de substitution des importations de produits finis aux intrants

qui se traduisent par une création d'une valeur ajoutée et d'une production sur place

qui vient consolider la production locale.

Ainsi ce fut le cas de la production (viandes blanches + œufs).L 'Algérie, face à la

demande croissante de ces produits et leur importation a lancé un vaste programme

de développement avicole au début des années 1980 en facilitant l'accès des

producteurs aux ressources productives importées (œufs fécondées, poussins,

aliments, médicaments etc.),l'accès aux crédits bancaires avec un faible taux d'intérêt,

une exonération fiscale et un délais de grâce de plusieurs années pour les

remboursements des crédits.

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284

Le développement de la filière avicole s'est vite concrétisé et mis fin aux

importations. Mais le problème n'a été que déplacé et non éradiqué puisque la filière

avicole reste fragile car ses facteurs de production sont toujours importés.

2. Substitution progressive des importations des facteurs de production :

Une partie de l'industrie algérienne mise en place visait la satisfaction de

l'agriculture en produits industriels (industries mécaniques et chimiques). Mais les

difficultés inhérentes au secteur industriel, induites essentiellement par le système

d'économie administrée, n'ont pas permis une satisfaction des besoins de l'agriculture

qui restent encore tributaires de l'étranger.

Parmi les difficultés rencontrées par le secteur industriel, les plus importantes sont:

-La sous utilisation des capacités de production des entreprises inhérentes aux

problèmes de financement des approvisionnements en matières premières et en pièces

de rechanges.

-Faible taux d'intégration et dépendance de l'étranger. Ce faible taux d'intégration

s'explique par l'absence d'un véritable tissu industriel composé de petites et moyennes

entreprises qui s'occupent de la sous-traitance pour le compte des grandes

entreprises.

-La centralisation des moyens et des décisions pour faciliter le contrôle des grandes

entreprises n'a pas permis l'émergence des petites et moyennes entreprises dans le

secteur public qui détient l'essentiel du secteur industriel.

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285

- L'obsolescence de l'outil de production et les difficultés de réaliser des

investissements pour insuffisance d'autonomie de gestion.

-Une main d'œuvre, en sureffectif, peu qualifiée et où les normes élémentaires de

gestion notamment celles qui sont à caractère incitatif et disciplinaire ou celles

relatives aux recrutements étaient inopérantes dans une économie dirigée.

Tous ces problèmes, et la liste n'est pas exhaustive, font que le secteur industriel

n'a pas répondu aux besoins de l'agriculture en dépit des sommes colossales investies

et des priorités dont il a bénéficié dans tous les domaines (financement, formation,

avantages sociaux, etc.).

La substitution des produits locaux aux importations est assez lente mais surtout

elle n'est pas irréversible dans la mesure ou l'industrie algérienne doit maîtriser avant

tout ses coûts de productions et améliorer la qualité de ses produits pour s'approprier

le marché local dont l'ouverture aux marchés internationaux est inévitable avec la

mondialisation et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC.

Le désengagement de l'Etat de la gestion directe des entreprises industrielles et

agricoles, l'application de la réalité des prix (abolition des différentes aides à la

production : subventions, soutiens…), l'absence d'une véritable politique de crédit

transparente et équitable ont eu pour effet une diminution de la demande agricole en

produits industriels, ce qui influât sur le niveau des rendements et de la production,

entraîne une réaction en chaîne : stock de produits non vendus, compression du

personnel, chômage etc.

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286

Le secteur industriel reste indispensable au développement du secteur agricole

dont la production et la productivité demeurent plus ou moins tributaire de la

disponibilité, de la qualité et des prix des produits livrés à l'agriculture.

3. Le rythme d'évolution de la production agricole :

En se limitant uniquement à l'analyse des problèmes liés à l'approvisionnement en

ressources techniques provenant des importations ou des industries domestiques on

constate qu'une agriculture sous équipée et mal approvisionné ne peut donner que des

résultats limités et irréguliers. Si de plus on tient compte des aléas du climat et du

niveau de technicité des producteurs on comprend mieux le niveau du rythme

d'évolution de la production .Une analyse plus détaillée permet de relever une

différenciation des résultats selon les cultures.

Ainsi le rythme de la production des céréales s’explique pour partie par

l’introduction des nouvelles techniques de production, sur une partie des terres

agricoles, et aussi par la variation des superficies emblavées. Ces actions, dominées

par un contexte de sécheresse, n’ont pas eu d’incidences sur la rentabilité et la

productivité.

Par ailleurs, le conflit d'intérêt latent qui oppose le planificateur représentant de

l'Etat aux agriculteurs a accentué le désintérêt de ces derniers, durant ces périodes,

pour des spéculations peu rémunératrices et le manque de main-d’œuvre expliquent,

en partie, cette régression de la production qui ne peut être relancée qu’à travers

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287

l’introduction de la mécanisation et de prix rémunérateurs. Ces mesures pourraient

atténuer le poids des importations.

Concernant le maraîchage, l’introduction de la plasticulture a été d’un apport

certain dans l’évolution des productions. Ces efforts ont été consolidés par la mise en

place d’infrastructures de stockage qui restent encore insuffisantes. La poursuite de

ces actions, élargies aux autres cultures, contribuerait à atténuer la dépendance

alimentaire.

Les productions arboricoles n’ont pas été suffisamment prises en charge.

Certaines actions entreprises en direction de l’arboriculture de montagne, n’ont pas

été cependant généralisées à l’ensemble des régions arboricoles.

Concernant la viticulture, son poids dans les ressources extérieures a constitué

un enjeu dans la commercialisation des produits vinicoles. Aussi la réduction de la

superficie vinicole était-elle incontournable. La mise en œuvre de cette option n’a pas

envisagé les retombées sur l’emploi (250 jours de travail/an), les revenus et

l’écosystème.

Enfin, l’ensemble de ces facteurs conjugué à une sécheresse permanente et une

irrigation insuffisante ont rendu l’agriculture algérienne vulnérable et par conséquent

accru le niveau de la dépendance alimentaire. Parallèlement, la politique agricole de

soutien des facteurs de production n’a pas eu l’effet escompté sur la production étant

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288

donné que les prix des produits agricoles sur le marché n’étaient pas suffisamment

rémunérateurs.

La production de lait demeure insuffisante par rapport à la demande. Les difficultés

d’approvisionnement en aliments et la sécheresse ont été les facteurs déterminants de

l’évolution du cheptel (laitier). Par ailleurs, la concurrence entre le lait et la viande a

fait que les éleveurs accordent une préférence à la production de viande.

Les disponibilités situent la consommation des viandes rouges à environ 10

kg/an/habitant. Ce déficit en viande peut être comblé grâce à une rationalisation des

élevages bovins et ovins. En revanche, il y a eu des efforts accomplis dans le domaine

avicole, notamment en direction des facteurs de production qui ont augmenté la

consommation de viande blanche de 0,5 kg/an/habitant en 1968 à 9 kg/an/habitant en

1995.

Les productions animales participent également pour une proportion importante à

la production intérieure brute agricole totale. Cette contribution s’est caractérisée par

un accroissement principalement pour les viandes blanches qui ont connu des niveaux

de réalisation importants. Il en est autrement de la production de viandes rouges qui

n’a pas connu les mêmes efforts de soutien et d’investissement.

Enfin, il faut noter que l’agriculture a évolué à un rythme annuel de croissance de

2,8% moins vite que l’augmentation de la population.

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289

4. La Politique démographique :

La démographie peut être une richesse ou un fardeau pour l'économie .Elle est une

richesse dans la mesure ou elle constitue un facteur de croissance économique. En

effet une augmentation de la demande entraîne une réponse de l'offre qui se traduit

par une création d'emplois et donc de revenus: c'est le modèle classique de la relance

économique par la demande. Après avoir enregistré un taux de croissance naturel

soutenu de la population de l’ordre 3,2 à 3,4 % de 1966 à 1985 .A partir de 1986 a

commencé le fléchissement de ce taux. L’Algérie est entrée depuis la fin des années

80 dans une phase de transition démographique avec une baisse notable des taux de

natalité et de mortalité infantile. Or le taux de croissance de la production agricole en

volume a rarement dépassé les 2 % et s’y est maintenue sur le moyen terme.

La demande alimentaire est aussi influencée par la structure de la population, le

niveau de l’emploi des revenus et l’urbanisation.

-La population algérienne est constituée en majorité de jeunes, les moins de 20ans

représentent 48,2% en 1998.Les plus de 65 ans ne représentent que 4,5%. Les

besoins alimentaires des jeunes sont plus importants que ceux des personnes âgés.

-La population occupée en 1997 était évaluée à 5.708.000 personnes soit 19,4% de la

population totale et 73,5% de la population active.

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-Le taux d’occupation de la population avoisine les 20 % en moyenne, ce qui signifie

que chaque personne active a à sa charge dans l’absolue 5 personnes non actives. La

population de personnes à charge composée de jeunes, personnes âgées et chômeurs

représentent 80%.

-Le poste budgétaire réservé à l’alimentation représente 58,46 % du revenu moyen

d’un ménage en 1995 selon une étude de consommation réalisée par l’ONS ,au

moment ou dans les pays développés ce poste ne représente en moyenne que 18 à

20%. Depuis ce taux a baissé et ne représente plus que 15% dans les pays de l’Union

Européenne alors qu’en Algérie il gravite autour des 50%.

-L’urbanisation influence également la consommation alimentaire et le mode de

consommation. Le nombre de repas pris à ‘l’extérieure du foyer familiale augmente

par la suite des déplacements multiples des citadins. Le nombre de cantines et

restaurants augmente aussi. L’effet d’imitation joue également un rôle dans la

consommation et la surconsommation.

En juin1998 le taux d’urbanisation était de 58,3 % c'est-à-dire que 6 algériens sur 10

vivaient en ville contre 5 sur 10 en 1987.L’exode agricole et rural s’est accéléré

entrainant inévitablement une chute de l’autoconsommation.

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5. Le modèle de consommation alimentaire et taux d’auto

approvisionnement.

La consommation de denrées alimentaire augmente par suite de l'augmentation de

la population et de l'amélioration du standard de vie .Elle se diversifie; la

consommation de viande, œufs, lait et produits laitiers ainsi que des fruits se

substituent aux féculents notamment le pain et les dérivés de céréales.

En termes de couverture des besoins alimentaires des populations, l’agriculture

algérienne est encore loin des espérances puisque les taux de couverture de la

consommation par la production agricole nationale sont :(moyenne 1995-2004) :

De 37,7% pour les céréales

De 30 à 45% pour la production d’origine végétale ;

De 25 à 35% pour la production d’origine animale ;

De 22,4pour les légumes secs ;

De 96,3 % pour le maraichage

De 50% pour les fourrages ;

De 48,1 % pour les produits de l’élevage 60% pour le lait ;

De 80% pour les viandes rouges ;

Nuls pour les sucres et les huiles.

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Tout en étant encore dominé par les céréales, les légumes frais et les laits ; le modèle

de consommation se caractérise dans son évolution, à partir des variétés et des

quantités consommées, par une ration riche en protéines animales : viandes rouges,

viandes blanches, œufs de consommation et produits laitiers. Néanmoins, cette

tendance observée dans les années quatre vingt enregistre des reculs avec la mise en

œuvre des réformes. Le modèle alimentaire perd ses spécificités régionales, il

s’homogénéise car il dépend de plus en plus de produits importés et étrangers aux

traditions culinaires algériennes

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CONCLUSION :

La dépendance de l’Algérie s’accentue de plus en plus en matières de facteurs de

production importés et de produits alimentaires importés également. Le croit de la

population est alimenté par les importations. Pour assurer sa sécurité alimentaire

l‘Algérie doit rompre ce cercle vicieux .Le seul moyen d’y arriver c’est d’investir

dans la connaissance c'est-à-dire de perfectionner et améliorer le capital humain au

sens large du terme.

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Conclusion générale

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295

Au terme de notre étude nous pouvons affirmer que les ressources productives

utilisées dans l'agriculture algérienne ont atteint un seuil de saturation avec les

techniques connues et appliquées. De plus, nous pouvons dire que d'importants

résultats ont été enregistrés et ceci avec une réduction conséquente de ressources

utilisées notamment les engrais ce qui laisse penser si besoin est que des marges de

progrès existent. L’écart entre les rendements réels et les rendements potentiels est

important et peut être encore réduit.

Les bons résultats obtenus concernent les produits assez rémunérateurs répondant

à une demande croissante engendrée par la croissance démographique et

l'amélioration du niveau de vie de certaines couches sociales.IL s'agit surtout des

filières de fruits et légumes frais, de viandes et des produits animaux. La croissance

du volume de ces productions est due à la croissance de deux facteurs :

l’augmentation des superficies qui leur sont réservées et l'amélioration des

rendements.

Par contre les cultures stratégiques produisant des denrées de base : céréales et

légumes secs ont connu des fluctuations de production due aux aléas climatiques et

même à des baisses de superficie et une stagnation des rendements. Ces grandes

cultures, pratiquées sur de vastes superficies sont certes exposées aux caprices du

climat et leurs produits à des prix administrés jugés peu rémunérateurs. Mais

également les investissements insuffisants consacrés à ces cultures influent sur leur

rendement. Les profits obtenus par ces exploitations, généralement à superficie

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296

réduite et pratiquant un assolement biennal céréale / jachère, sont assez faibles pour

prétendre effectuer des investissements conséquents.

Le financement des investissements a de tout temps constitué un obstacle pour

les exploitations agricoles. Que ce soit avec la BNA ou avec la BADR les crédits

destinés à l'agriculture n'ont jamais été conformes aux besoins réels des exploitations

et n'ont jamais été une affaire des agriculteurs mais une affaire de banques et

d'administrations de tutelle. Les agriculteurs furent écartés de la gestion.

Le PNDA lancé au mois de septembre de l'an 2000 puis relié par le PNDAR en

2002 en vue de corriger cette anomalie entre dans le cadre d'un programme plus

vaste qui concerne la relance économique, et a pour objectif principal la

redynamisation des exploitations agricoles afin de les rendre fortement productives.

Le PNDA est financé par différents fonds institués à cet effet (FNRDA,

FMVTC,….) dont la gestion a été confiée à la CNMA et ses filiales régionales les

CRMA qui sont autorisées à jouer le rôle de banques. Le financement porte sur

toutes les opérations de l’activité agricole éligibles par zone géographique et par

spéculation.IL concerne aussi les structures d’accompagnement de la production

comme les unités de transformation des produits agricoles : huileries, laiteries,

chambres froides …

Les aides, les subventions et soutiens sont spécifiques à chaque opération par zone

et à des taux différenciés. L’application de ce système de financement qui, il faut le

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rappeler, a rompu avec les méthodes des systèmes de financement uniformes qui l’ont

précédé, a eu un impact positif sur la production.

Pour être éligible à ces crédits il faut adhérer à cette nouvelle institution et être en

possession de la carte d'agriculteur délivrée par la chambre d'agriculture, présenter

des garanties (hypothèques )ce que les agriculteurs bénéficiaires des terres du secteur

public ne peuvent fournir car ne disposant pas de titre de propriété ce qui laisse le

champ libre aux appréciations parfois subjectives des banquiers .

Ces derniers disposant d'un pouvoir en quelque sorte discrétionnaire accordent des

crédits parfois à de faux agriculteurs, spéculateurs et rentiers et découragent de vrais

agriculteurs. IL faut ajouter que ces dernières ne financent que les crédits de

campagne à court terme et que les crédits d'investissement à moyen et long terme

restent soumis à des conditions draconiennes notamment la contribution financière de

20 ,30 ou 50% du montant du projet pour lequel l’aide est sollicitée, pratiquer les

cultures éligibles et suivre l’itinéraire technique préalablement déterminés

Ce système financier adopté dans le cadre du PNDAR, étant sélectif, et ne

subventionne que les opérations d’intensification éligibles dans chaque zone.

Ainsi l’agriculture algérienne manque de ressources techniques. L’industrie n’arrive

pas à répondre à ses besoins en quantité, qualité et prix. La substitution des

ressources techniques aux ressources naturelles est lente. La dynamique interne du

système productif est également assez lente. IL y a eu certes une évolution des

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systèmes de cultures par extension de certaines cultures grâce aux nouvelles

plantations et l’élargissement de l’irrigation et réduction d’autres et même disparition

comme certaines cultures industrielles. Le système d’exploitation a également connu

une évolution avec le passage de l’agriculture collective à l’agriculture individuelle et

familiale sensé être plus économe en ressources. Par contre les systèmes de

production après avoir enregistré un progrès jusqu’au milieu des années1980, puis

ont régressé pour ne reprendre qu’au début des années 2000 avec le PNDA.

Les ressources naturelles continuent à être dégradées par des techniques parfois non

adaptées de labours et d’irrigation. La spéculation sur le cheptel et la vente sur pied

des récoltes prématurées se poursuit. La location des parcelles et des vergers est

courantes. L’acheteur n’est qu’un intermédiaire disposant de moyens financiers et

attiré par l’appât du gain facile, conséquent et rapide .IL se souci fort peu de l’avenir

des parcelles et des plants. Aucune loi n’interdit ces pratiques.

Le développement du capital humain est la seule garantie de l’avenir du pays et de sa

croissance économique. Seuls des agriculteurs bien éduqués et formés à tous les

niveaux (pas de formation au rabais) en bonne santé (pas de malnutrition) et bien

informés seront capables de transformer l’agriculture algérienne et la moderniser.

Pour cela il faudrait que la corruption , les passes droit, le favoritisme et les privilèges

non mérités qui gangrènent la société disparaissent de la culture sociale.

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IL faudrait également une justice impartiale et rapide dans le traitement des dossiers

qui parfois s’éternisent avant que le jugement ne soit rendu surtout en ce qui concerne

le foncier agricole.

Enfin le laxisme doit disparaitre de la société pour que l’Etat et les autorités

publiques regagnent leur crédibilité et encouragent le travail à reprendre ses droits et

les travailleurs à réduire leur résistance passive qui fait perdre beaucoup de temps aux

citoyens.

L’Etat doit intensifier son aide à l’agriculture et aux agriculteurs. IL faudrait que la

profession agricole regagne de la valeur pour attirer les nouvelles générations car

c’est de l’agriculture et des ressources productives que dépendra l’avenir du pays.

L’existence même du pays est mise en jeu dans un proche avenir si un solution n’est

pas trouvé pour remplacer la ressource naturelle non renouvelable qu’est le pétrole et

le gaz qui procure 98% des recettes d’exportation et qui fait vivre la population. Mais

un danger majeur guète l’Algérie c’est celui du développement des biocarburants à

travers le monde et la suspension ou la réduction des subventions des pays

développés, exportateurs nets de produits agricoles et alimentaires, à leur agriculture

comme le préconise l’Organisation Mondiale du Commerce. Cela entraine une hausse

des prix des produits agricoles et alimentaires sur le marché mondiale ce qui

n’arrange pas un pays importateur net comme l’Algérie. Sa sécurité alimentaire

risque d’être entamer de même que son autonomie et son indépendance politique.

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Pour se prémunir contre ces dangers la préservation des ressources naturelles la terre

et l’eau ainsi que la sauvegarde de l’environnement de la pollution est nécessaire et

doit concerner tous les citoyens. Pour cela la stabilité et la sécurité (des biens des

personnes et des revenus) des agriculteurs sont indispensables, ce qui relève

beaucoup plus du politique que de l’économique.

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Tableaux………………………………………………..... Pages

Tableau N° 1 : Répartition générale des terres…………………………..…….... 31

Tableau N°2 : répartition des terres selon la pente et la pluviométrie……......…41

Tableau N°3 : Evolution des effectifs de la main d’œuvre………………….….. 79

Tableau N°4: Structure de l’emploi masculin RGPH 66 -77-1987

par secteur d’activité………………………………………...……. 80

Tableau N° 5: Structure de la population occupée par la branche

d’activité. (R.G.P.H 1977)……………………………………...…. 81

Tableau N°6: Taux d’analphabétisme de la main d’œuvre occupée / B.A.E.........83

Tableau N°7: Répartition de la population occupée par BAE

et niveau de qualification……………………………………..…... 84

Tableau N° 8: Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré…..…....91

Tableau N°9: Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste

autogéré par compagne………………………………...………….. 92

Tableau N°10: Parc algérien en 1966…………..…………….…………............. 98

Tableau N°11: Structure du parc par âge…………...….………………...…..…. 99

Tableau N°12: Etat du parc en % …………………….……………………….…99

Tableau N°13: Tracteur en état de marche par secteur….…………………...…100

Tableau N°14: Evolution du parc matériel………..……...…………………......103

Tableau N°15: Evolution du nombre d’hectares par tracteur et par

moissonneuse batteuse…………………………………......…… 104

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Tableau N°16: Evolution des ventes des engrais………………...………..……113

Tableau N°17: Evolution des prix des engrais………………….………............117

Tableau N°18: Evolution des ventes de semences de céréales…………............118

Tableau N°19: Eléments d'intensification des techniques culturale

dans les exploitations céréalières………………………..……….119

Tableau N° 20: Répartition des exploitations privées par

classe de superficie………………………………………….……128

Tableau N°21: Répartition des exploitations du secteur autogéré………..........133

Tableau N°22: Nombre et taille des exploitations selon

la tranche de SAU………………………………………….............154

Tableau N° 23: Nombre et superficie des exploitations

selon la nature juridique……………………………………............156

Tableau N°24: Nombre et superficie des exploitations selon le statut

juridique de la terre………………………………….………158

Tableau N°25: évolution du volume des investissements

agricoles programmés………………………………………...160

Tableau N° 26: évolution de la consommation des crédits agricoles

et réalisation…………………………………………………….161

Tableau N°27: évolution indiciaire de la production agricole

1968-86 (1965-68 =100)…………………………………..…….163

Tableau N°28: Financement de la production –Crédits à court terme……….…164

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303

Tableau N°29: financement à moyen et long termes (MLT)

(millions de DA)……………………………………………..……...165

Tableau N° 30:Evolution du SNMG……………………………………..….…177

Tableau N°31:Evolution de la masse salariale et les revenus des

indépendants en Milliards de DA……………………………..…....178

Tableau N° 32:Evolution annuelle des indices de 1986 à 1996…….................187

Tableau N°33:Evolution de la production et des disponibilités

moyennes annuelles en céréales…………………………..….….189

Tableau N°34:Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles en légumes secs………………………………..………191

Tableau N°35: Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles en produits maraîchers…………………………..…….193

Tableau N°36: Evolution de la production des disponibilités moyennes

annuelles de l’arboriculture…………………………...…………..195

Tableau N° 37: Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles viticoles…………………………………..……………197

Tableau N°38: Evolution de la production et des disponibilités moyennes

annuelles des cultures industrielles………………………..……...199

Tableau N°39: Evolution de la production de fourrage……………...…………201

Tableau N° 40: Evolution moyenne et annuelle du cheptel………..…………..202

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304

Tableau N° 41: Evolution de la production des disponibilités moyennes

annuelles des produits de l’élevage……………………..……….204

Tableau N°42: L'agriculture et le cadre macro-économique 1967-1999….........210

Tableau N°43: Emploi du capital : Maroc, Tunisie, Algérie (1985)………..…..226

Tableau N°44 : Rendements de blés : Algérie, Maroc, Tunisie (1970-90)..........226

Tableau N° 45: Rendement moyen par Kg/ hectare…………...……..………...227

Tableau N° 46: Les rendements moyens par culture ..........................................229

Tableau N° 47: Les rendements moyens par culture ……………...……..…….230

Tableau N° 48: Les rendements moyens par culture ……………...........……...231

Tableau N° 49 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles…..…..…233

Tableau N°50 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles…..…..…234

Tableau N° 51 : Production de tracteur et livraison à l’agriculture ……....…253

Tableau N°52 : Moissonneuses batteuses……..……………………...……….254

Tableau N°53 : Production d'engrais et livraison à l'agriculture…...……..……258

Tableau N°54 : Evolution des approvisionnements des semouleries

et minoteries 1962/2002………………………………...………….258

Tableau N°55 : Capacités nationales en semouleries et minoteries ………..….258

Tableau N°56 : Evolution de l’approvisionnement du marché Structure

des approvisionnements……………………………………………..260

Tableau N° 57: Evolution du potentiel de transformation

et de consommation …………………………………………………260

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305

Tableau N° 58: Mise en valeur des terres par la concession.Situation des

réalisations cumulées (depuis1999) par mode de conduite

au 31-3-2005………………………………….......................................270

Tableau N°59: Mise en valeur des terres par la concession. Situation des

réalisations cumulées (depuis1999) par zone écologique

au 31-3- 2005……………………………………………………………272

Tableau N°60: réseau routier……………………………………...………...….273

Tableau N° 61: Balance commerciale agricole (en millions US $)………..…...282

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Bibliographie :

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2. Cordonnier. (P) – Carles (R) – Marsal (P) : Economie de l’entreprise agricole.

Ed Cujas Paris 1970. 541 p.

3. Badouin.( Robert) : Economie rurale. Ed A. Colin. Paris 1971. 598 p.

4. Badouin. R : Le développement agricole en Afrique tropicale. Ed Cujas Paris

1985. 320 p.

5. Badouin. R : Economie et aménagement de l’espace rural. Ed PUF Paris 1979.

234 p.

6. Bedrani Slimane: L’agriculture algérienne depuis 1966: Etatisation ou

privatisation ? Ed OPU. Alger 1981. 414 p.

7. Benachenhou Abdelatif : Planification et développement en Algérie 1962 –

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8. Benachenhou Abdelatif: L’exode rural en Algérie. Alger, ENAP, 1979 – 144 p.

9. Bessis (Sophie) : L’arme alimentaire. Ed. La découverte. Paris 1985. 287 p.

10. Bettelheim (Charles) : Planification et croissance accélérée. Ed Maspero

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12. Brulé. J. C – Fontaine. J : L’Algérie volontarisme étatique et aménagement du

territoire. Ed OPU Alger 1990. 248 p.

13. Chaulet Claudine : La terre, les frères et l’argent. Tomes 1 et 2. Ed OPU. Alger

1987. Tome 1. 376 p. Tome 2.

14. Furtado (Celso) :Théorie du développement économique. Ed PUF. Paris 1970.

264p.

15. Gallissot René : L’économie de l’Afrique du nord. Ed PUF col « que sais-je »

Paris 1969. 125 p.

16. Lecaillon (J) : Analyse macro-économique. Ed Cujas Paris 1970. 479 p.

17. Mesli Mohamed-Elyes : Les vicissitudes de l’agriculture algérienne : de

l’autogestion à la restitution des terres de 1990. Ed Dahlab Alger 1996. 222 p.

18. Martens Jean-Claude : Le modèle algérien de développement. Bilan d’une

décennie 1962 – 1972. Ed SNED. Alger 1973 – 289 p.

19. Murdoch (William) : La faim dans le monde. Surpopulation et sous

alimentation. Ed Dunod. Paris 1985. 422 p.

20. Nadir Mohamed Tayeb : L’agriculture dans la planification en Algérie de 1967

à 1977. Ed OPU. Alger 1982.

21. Penouil (Marc) : Socio-économie du sous développement. Ed Dalloz Paris

1979. 683 p.

22. Sachs (Ignacy) : Stratégie de l’éco développement. Ed ouvrières

Paris1980.140p

23. Silem (Ahmed):Introduction à l'analyse économique: Bases méthodologiques et

problèmes fondamentaux. Ed .Armand Colin1998.

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24. Simon Pierre Thiery : La crise du système productif algérien. Ed I.R.E.P.D.

Grenoble 470 p.

25. Toulait Hocine : L’agriculture algérienne : Les causes de l’échec. Ed OPU.

Alger 1988. 550 p.

26. Aît Amara .H : La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de

propriété individuelle et d'exploitation familiale. Cahiers Option

Méditerranéenne vol.36 1999.

27. Haoues EL-KENZ : Etude – CEPRA : rapport introductif : pastoralisme limites

de l’exploitation extensive et évolution des rapports de productivité. Aout 1982.

28. M.A.R.A: Dossier sur les fourchettes de limitation. CNRA – Secrétariat

Générale Ed. Direction de la reforme agraire sous direction de Contrôle et de

l’Animation – 1974 p 15 à 26.

29. Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie

Volume II P 195.

30. Charte de la Révolution Agraire :Annexe relative à la steppe-Janvier 1975. Ed-

Ministère de l’Information et de la culture-p : 5-

31. Ministère de l’information et de la culture : Charte de la révolution.

Algérie : Annexe relative à la steppe – Janvier 1975. P

32. CNES-La Formation en Agriculture – NAPLES (Italie) novembre 2000

-CNES – Rapport sur : La problématique de développement agricole : Eléments

pour un débat national.

33. CNES – Rapport sur : la problématique de développement agricole élément

pour un débat national p31.

34. CNES-La configuration du foncier en Algérie :une contrainte au

développement économique Alger –Mai-2004

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309

35. loi № 84 – 12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts

36. L’ordonnance 85 – 01 du 15 / 8 /1985 fixant à titre transitoire les règles

d’occupation du sol et ses textes d’application.

37. Loi 90 – 29 du o1 - 12 -1990 relative à l’aménagement de l’urbanisme.

38. L’instruction présidentielle № 005 du 14 -8 -1995 portant préservation des

ressources en terres agricoles.

39. La circulaire du ministère de l’agriculture adressée aux D.S.A le 5 / 9/ 1995et

la note du 13 /9 /1995.

40. Loi 83 – 18 du 13/8/1983 portant sur l’accession à la propriété foncière agricole

(A.P.F.A).

41. Revue hebdomadaire – Révolution africaine n°- 1448 du 28 novembre au 4

décembre 1991-p 35.

42. hebdomadaire « La vie économique » n°4- 1991.

43. El Watan

44. Quotidien d’Oran.

45. Liberté.

46. El Moudjahid.

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Webographie :

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-Bedrani (S)- Rapport annuel 2005-Algérie –CREAD- INA ,Alger 2006 , 37 p

-Bedrani (S) - La situation de l’agriculture, de l’alimentation et de l’économie en

Algérie -39 p

.Bédrani (S)- . Boukhari (N)–. Djennane(A) : Eléments d'analyse des politiques de

prix, de subvention et de fiscalité sur l'agriculture en Algérie. Opt Méd, série. B / n°

11, 1997 p:121-150

.Bédrani(S) :"Les politiques agricoles et alimentaires en Algérie et les grandes

questions du développement" – Cahiers Opt. Méd ,vol.1 n° 4 , 1993 - p:61-65

Bedrani (S) :L'Etat et la vulgarisation agricole- Cahier Opt .Med v:2 CIHEAM-

IAMM 1994 p 5-12.

Bessaoud (Omar )- " L'Agriculture en Algérie : de l' autogestion à l’ajustement

(1963-1992) ". Opt. Med, série B / n° 8 ,1994- p: 89-103.

Bessaoud (O)- Tounsi ( Mohamed ): "les stratégies agricoles et agro-alimentaires de

l'Algérie et les défis de l'an 2000 ". Opt. Med. Série B / n° 14 ,1995 p 101-118.

Boukella (Mourad):Les industries agroalimentaires en Algérie: politiques, structures

et performances depuis l'indépendance

http://www. ciheam.org/om pdf/ c19/96 400005 pdf.

Bourenane (Naceur) :"Agriculture et alimentation en Algérie: entre les contraintes

historiques et les perspectives futures" .Cahiers opt.med.série A/n°21 -1991.

Jouve (Anne-Marie ) :Evolution des structures de production et modernisation du

secteur agricole au Maghreb" Cahiers Opt.Med

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311

Liste des abréviations :

ANF: Agence Nationale des Forêts

ANN : Agence Nationale de Protection de la Nature

BNEDER: Bureau National des Etudes de Développement Rural.

CNES : Conseil National Economique et Social

FLCDDPS : Fonds pour la lutte contre la Désertification pour le Développement du

Pastoralisme et de la Steppe

FMVTC : Fonds de la Mise en Valeur des Terres par la Concession.

FNDA : Fonds National de Développement de l'Agriculture.

FNRDA : Fonds National de Régulation et de Développement de l'Agriculture.

INRF : Institut National des Recherches Forestières.

MADR : Ministère de l’Agriculture et du Développement Forestier.

INRAA : Institut National de la Recherche Agronomique

MADR : Ministère l’Agriculture et du Développement Rural.

MEAT : Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire

ONA : Office National des Aliments du Bétail

ONAPSA : Office National des Approvisionnements et Services Agricoles

PIB : Produit Intérieur Brut.

PME : Petite et Moyenne Entreprise.

PMI : Petite et Moyenne Industrie.

PNDA : Plan National de Développement Agricole.

PNDAR : Plan National de Développement Agricole et Rural.

PNR : Plan National de Reboisement

PPDRI : Projet de Proximité de Développement Rural Intégré

ZET : Zone d’extension touristique.

UNPA : Union National des Paysans Algériens

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312

:الملخص

تقدم .تحتوي األطروحة ذات العنوان المذكور أعاله على مقدمة عامة متبوعة بقسمين و خالصة عامة

المقدمة العامة فكرة بديهية، تتمثل في وجود عالقة بين اإلنتاج الزراعي و حجم الموارد اإلنتاجية المستخدمة في

:بعدها تم طرح االشكالية الّتالية. عملية اإلنتاج

"هل النتيجة الكمية الحقيقية المحصل عليها توافق موارد اإلنتاج اّلتي شّغلتها الزراعة"

: منذ زمن ،عرفت موارد اإلنتاج ،أو عناصر اإلنتاج، من قبل االقتصاديين الكالسيك و قّسمت إلى ثالثة فروع

وأضاف الكالسيك الجدد (.موارد تقنية) رأس المال ( العمل)، موارد بشرية ( األرض و المناخ) موارد طبيعية

هذه العناصر له دوره، مكوناته و عوائقه في العملية كل عنصر من. فيما بعد عنصرا آخر يتمّثل في الّتقدم التقني

.اإلنتاجية، و استعماله يكون موسع أو مكثف حسب وفرته و سعره

القسم األول من األطروحة خّصص للتطور الكمي للعوامل اإلنتاجية المستعملة في الزراعة، حيث يظهر مدى

04مليون هكتار يتم استغالل 832حيث من أصل .ةأقلية األراضي الزراعية و طبيعة المناخ غير المستقر

أما عن . مليون هكتار يتم حرثها بينما تشكل األراضي البور ثلث هذه المساحة 2مليون هكتار في الفالحة و

. المناخ فهو يمتاز بأمطار قليلة وغير منتظمة

غير الخصبة و غير ) ضي الضعيفة يشكل انجراف التربة الناتج عن المياه و الرياح خطرا حقيقيا على األرا

زيادة على ذلك . مما يؤدي إلى انخفاض طاقة اإلنتاج و تدهور خصوبة األرض و نقصان حجم السدود( المستقرة

تفرض القطاعات االقتصادية األخرى ضغطات على القطاع الزراعي كي تحول إليها بعض عوامل اإلنتاج

، إضافة إلى كل هذا يؤثر سلبا على الطاقة (قعة قرب المدنالماء و األراضي خاصة الخصبة منها المتمو)

.اإلنتاجية و يؤدي إلى تقلصها

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313

أيضا من أسباب ضعف القطاع الزراعي عدم استقرار هياكل الوحدات اإلنتاجية بسبب هو العالقة العكسية بين

هذا ما .مغادرة أراضيهمما يؤثر على دخل الفالحين و يضطرهم إلى .عدد الوحدات و المساحة المتوسطة للوحدة

.يفسر تمّيز عمال المجال الزراعي بالتقّدم في السن و األمية و قلة المعلومة و اإلرشاد

التي ارتفعت بين ...(األسمدة ، المبيدات ،البذور،)كما تم التطرق إلى تغيرات كميات االستهالكات المنتجة

هذه التطورات أثرت على . 0794ستوى سنوات ثم انخفضت بعدها لتصل إلى نفس م 0724إلى أواخر 0794

.مستوى اإلنتاج اّلذي أصبح ال يتعلق إال بالتغيرات المناخية

هذا الفرق يمكن . القسم الّثاني من األطروحة يظهر الفرق الشاسع بين المردود الزراعي الحقيقي و النظري

المردودات الجزائرية .لبحر األبيض المتوسطتقليصه مقارنة بالنتائج المحصل عليها في البلدان المجاورة ل

.الحقيقية منخفضة جدا مقارنة مع مردودات هذه الدول و بالتالي يمكن تحسينها بأبسط الطرق

و لهذا الغرض ال بّد أن يمّول القطاع الصناعي، بشكل كبيير، القطاع الزراعي بالموارد اإلنتاجية المصنعة كما

.و نوعا و بأسعار تنافسية

استهلك استصالح األراضي الزراعية أمواال باهظة، نتائجه لم تظهر بعد حيث أن هذا القطاع ال يستطيع

البناء ، الصناعة، السياحة، هياكل البنية ) تعويض ما أخذ منه من أراضي من طرف القطاعات األخرى

...(التحتية

و . بأن على المدى المتوسط و الطويل الجزائر ستبقى متعلقة بالتبعية الغذائية لتموين السكان و كخالصة ، نأكد

بما أن األمن الغذائي ال يمكن ضمانه إال بسواعد الرجال، فإّن االستثمار في رأس المال البشري أكثر من

المعرفة لديها ،لتمكينهم من ضروري،فال حّل للواقع الحالي المعاش غير تكوين اليد العاملة و تحسين مستوى

.حسن اختيار التقنيات المالئمة للمحيط االيكولوجي للبلد و التحكم بها

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314

كما أن السياسة المتبعة تلعب دورا هاما هي األخرى، ألن المشاكل اّلتي تعاني منها الزراعة الجزائرية هي

و ( دخل الفالحين ) األمن و حل هذا المشكل جزئيا يساعد في ضمان و.مشاكل سياسية من جانب آخر

.االستقرار

الكتفاء الذاتي و لمن جانب آخر الجزائر تعتمد على الخارج فيما يخص المنتجات الغذائية والزراعية

مع تطور الوقود الحيوي، وتزايد الطلب على الغذاء في األسواق الناشئة، يرجح و .تعيش غير معزولة عن العالم

و بالتالي ال بد من االستثمارات ضخمة . د الغذائية المدعمة حتى اآلن من قبل الخزينة العامةارتفاع أسعار الموا

.في الموارد اإلنتاجية ورأس المال البشري خاصة

نظام االنتاج -استصالح األراضي الزراعية -االنتاج -الزراعية -الموارد االنتاجية :الكلمات المفتاحية

التحديث –الزراعة المنتجة -

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315

Résumé :

Les facteurs de production jouent un rôle déterminant dans une agriculture.

Certains de ces facteurs sont disponibles et peu modifiables dans le temps du moins à

grande échelle (terre et climat), d’autres peuvent s’acquérir et nécessitent

d’importants moyens financiers (intrants, biens d’équipement) .Ces ressources

naturelles et ces ressources techniques ne peuvent donner des résultats que si elles

sont mises en œuvre par une main d’œuvre qualifiée et motivée.

L’évolution quantitative et qualitative des ressources productives détermine l’état

du système productif agricole, qui n’est autre qu’une composante du système

productif de l’économie nationale dans son ensemble, et renseigne sur le degré

d’intensification des cultures et des élevages.

Tous ces facteurs analysés dans leur environnement économique et social

permettent d’appréhender le niveau des résultats obtenus et laissent percevoir les

perspectives de développement et les marges de progrès à réaliser en matière de

production afin d’atténuer la dépendance alimentaire qui risque de bloquer la

croissance économique et compromettre l’existence même du pays à long terme sauf

un miracle dû aux découvertes scientifiques.

L’introduction générale de la présente recherche commence par une évidence. Le

volume de la production agricole dépend du volume des ressources productives

utilisées dans le processus de production.

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316

Aussi la problématique se pose en ces termes : les résultats obtenus en quantité

physique par la production ont-ils suivis les apports en ressources productives

dont a bénéficié l’agriculture ?

Les ressources productives ou facteurs de production ont été identifié depuis

longtemps par les économistes classiques, et classés en trois catégories : les

ressources naturelles (la terre et le climat), les ressources humaines (le travail) et le

capital (ressources techniques). Les auteurs néoclassiques ajouteront un quatrième

facteur : le progrès technique.

Chaque facteur a ses propres caractéristiques et ses contraintes, et peut être utilisé de

manière extensive ou intensive selon les disponibilités et partant le prix dans la

combinaison productive.

La première partie est consacrée à l’évolution des ressources productives utilisées

dans l’agriculture. Elle met en évidence l’exiguïté des terres arables et les aléas du

climat.

Sur une superficie totale de plus de 238 millions d’Hectares, seuls 40 millions sont

utilisés par l’agriculture et 8 millions d’Ha de superficie agricole utile (SAU) sont

effectivement cultivés et où la jachère occupe encore près du tiers de la SAU.

Le climat se caractérise par des pluies faibles, irrégulières et mal réparties dans

l’espace et dans le temps. L’érosion hydrique et éolienne constitue un véritable fléau,

danger pour des terres fragiles au climat rigoureux.

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317

Ceci diminue la fertilité des sols et la capacité de rétention des barrages par

envasement.

De plus, les autres secteurs économiques exercent des pressions sur le secteur

agricole pour le prélèvement de l’eau et le transfert des terres à leur profit, ce qui

réduit les capacités de production de l’agriculture surtout quand il s’agit de transfert

de terres fertiles localisées près des centres urbains et travaillées depuis des

générations.

L’instabilité des structures des exploitations a également fragilisé le secteur

agricole. En effet plus leur nombre augmente et plus la superficie moyenne par

exploitation diminue. Ceci influe sur le revenu des agriculteurs et fait d’eux des

candidats potentiels à l’exode.

Ceci explique le fait que l’agriculture ne dispose que d’une main d’œuvre en majorité

âgée, analphabète et mal informée.

Les consommations productives du secteur agricole ont fortement augmenté durant

la décennie 1970, et ceci jusqu’à la fin des années 1980, puis ont rechuté pour

atteindre le niveau du début des années 1960.

Aussi, ces variations ont marqué le secteur agricole et se sont répercutées sur le

niveau de la production qui ne s’explique plus que par les aléas du climat.

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318

Dans la seconde partie nous démontrons que l’écart entre le rendement réel et le

rendement potentiel des cultures est assez important - Il peut être réduit -. Comparés

aux résultats obtenus par les pays riverains de la méditerranée, les rendements

algériens sont les plus bas. Cet écart pourrait également être réduit.

Pour cela l’industrie doit jouer son rôle de fournisseur de ressources techniques au

secteur agricole en quantité et qualité et à des prix compétitifs.

La mise en valeur des terres agricoles qui a nécessité des sommes colossales n’a pas

encore révélé ses résultats en matière de production. Cette mise en valeur n’arrive pas

à compenser ce qui a été transféré vers d’autres secteurs (habitat, industrie, tourisme,

infrastructure).

En conclusion : nous affirmons, au vu des résultats obtenus, que dans le moyen et

le long terme l’Algérie resterait dépendante de l’étranger pour nourrir sa population.

La sécurité alimentaire ne peut être assurée que par des hommes (travail).

Aussi, l’investissement dans le capital humain est primordial. Seule l’amélioration

des connaissances pourrait trouver une solution à la situation présente par une

adaptation des techniques et des cultures à l’environnement écologique du pays. Une

meilleure politique ou gouvernance est indispensable, car il est indiscutable que les

problèmes de l’agriculture algérienne sont avant tout politiques. Pour les résoudre il

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319

faut assurer la stabilité et la sécurité (de revenu) aux agriculteurs. Comme l’Algérie

est dépendante nette de l’étranger en produits alimentaires et agricoles et ne vit pas en

autarcie, la conjoncture internationale avec le développement des biocarburants et la

demande alimentaire croissante des pays émergents risque d’entrainer une hausse des

prix des produits de base jusqu’à présent soutenue par le trésor public. Seuls des

investissements conséquents, ciblés dans les ressources productives et surtout le

capital humain pourraient à long terme atténuer cette dépendance.

Mots clés : ressources productives – agriculture – production agricole – mise en

valeur des terres – ressources productives - système productif.

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320

Abstract:

Production factors play a crucial role in agriculture. Some of these factors are

available and little change in time at least on a large scale (land and climate) others

can be acquired and require significant financial resources (fertilizer, capital goods).

These natural resources and these technical resources can yield results only if they are

implemented by a qualified workforce and motivated.

The quantitative and qualitative development of the productive resources

determines the status of the agricultural production system, which is one component

of the production system of the national economy, and the degree of intensive

farming.

All these factors analysed in their economic and social environment can

understand the level of results and indicate the prospects for development and

margins advances in the field of production in order to alleviate food dependency that

could block growth Economic and jeopardize the very existence of the country in the

long term unless a miracle due to scientific discoveries.

The thesis title above contains a general introduction followed by both parties and a

general conclusion.

The general introduction presents an obvious. The volume of agricultural

production depends on the amount of productive resources used in the production

process so the problem arises as follows:

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321

" Achievements in physical quantity production have they followed intake

productive resources enjoyed by the agriculture?"

Productive resources or factors of production have long been identified by the

classical economists, and classified into three categories: natural resources (soil and

climate), human resources (labor) and capital (technical resources). Neoclassical

authors add a fourth factor: technical progress.

Each factor has its own characteristics and constraints, and can be used extensively or

intensively depending on availability and prices starting in the productive

combination.

The first part is devoted to the development of the productive resources used in

agriculture. It highlights the narrowness of arable land and the vagaries of climate.

A total area of more than 238 million hectares, only 40 million are used in agriculture

and 8,000,000 Ha of utilized agricultural area (UAA) is actually cultivated and fallow

where still occupies nearly a third of the UAA.

The climate is characterized by low rainfall, erratic and poorly distributed in space

and time.

The water and wind erosion is a scourge, danger to fragile lands with harsh

climate.

This reduces soil fertility and the capacity retention dams’ siltation.

In addition, other economic sectors exert pressure on the agricultural sector for the

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322

removal of water and the transfer of land to their advantage, which reduces the

capacity of agriculture especially when it comes to transfer fertile land located near

urban centers and work for generations.

The instability of farm structures also weakened the agricultural sector. Indeed

most number increases, the average area per farm decreases. This affects the income

of farmers and makes them potential candidates for migration.

This explains the fact that agriculture has only a workforce mostly elderly, illiterate

and misinformed.

Productive consumption of the agricultural sector grew strongly during the 1970s,

and this until the late 1980s, and then relapsed to the level of the early 1960s.

These variations have marked the agricultural sector have affected the level of

production that can be explained more by the vagaries of climate.

The second part tries to show that the gap between actual and potential crop yield

is quite large - it can be reduced - . Compared to results obtained by the countries

bordering the Mediterranean countries, Algeria returns are lowest for this gap also

reduced.

For that industry must play its role in providing technical resources to the agricultural

sector in quantity and quality and at competitive prices.

Development of agricultural land which required huge sums has not yet revealed its

results in terms of production. This development can not compensate for what has

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been transferred to other sectors (housing, industry, tourism, and infrastructure).

In conclusion, we affirm that in the medium and long term Algeria remain

dependent on overseas to feed its population.

Food security can be ensured only by men.

Also, investment in human capital is paramount. Only the improved knowledge could

find a solution to the present situation by adapting techniques and crops to the

ecological environment of the country. Better policy or governance is essential

because it is undisputed that the problems of Algerian agriculture are primarily

political. To solve them we must ensure the stability and security (income) to

farmers. As Algeria is dependent net from abroad in food and agricultural products

and not living in autarky the international economy with the development of biofuels

and the growing food demand in emerging markets is likely to lead to higher prices

for commodities far supported by the public purse. Only substantial targeted

investments in productive resources and especially human capital.

Keywords: productive resources -- factors of production -agriculture - Production -

development of land. - system productive.