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Il était une fois 2009 MON MILLESIME

Mon millésime

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Les vendanges arrivent, c'est le moment fort de l'année viticole, celui où tout se joue et qui donnera naissance aux nouvelles cuvées... Chaque millésime est une histoire, afin que ne s'envolent pas les souvenirs mettons les en image et offrez à vos meilleurs clients l'histoire de ce millésime.... Regardez ce mini livre extrait du millésime 2009 et si l'aventure vous tente, contactez-moi !

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Il était une fois

2009

MON MILLESIME

Notre époque n’est plus aux grands courants, aux rassemble-

ments parfois arbitraires mais qui, par exemple en philoso-

phie, permettaient il y a peu de parler des Existentialistes, des

Structuralistes ou des Nouveaux Philosophes. Tous les arts sont

concernés par cette déroute des communautés. Après Duchamp, l’histoire de l’art revendique des dizaines d’écoles qui, pour cer-taines, ne disposaient que d’un nom à leur actif et parfois d’une

seule journée d’existence… Dès lors, il n’existe plus que des indi-vidualités, des singularités, des

subjectivités déliées. Tant mieux.L’œnologie et la gastronomie, qui sont des arts à part entière, obéit à la même logique - même si des esprits chagrins, formatés par la pensée institutionnelle, le regard paralysé sur la Critique de la fac-ulté de juger de Kant, affirment la suprématie de l’ouïe et de la vue

sur les autres sens et ne jurent que par la classification des

beaux-arts classiques qui exclut d’intégrer les arts de la table et

du vin aux côtés de la musique et de la peinture. L’odorat et le goût restent des sens non nobles pour

ces gens ignobles.

Michel Onfray

A 2009...

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Que serait l’homme sans le vin ? Une bête silencieuse et triste. Depuis que Noé, dans son immense sagesse, descendit en cou-rant de l’Arche enfin échouée pour se hâter

de planter le premier cep de vigne, l’emprise sur la planète de la plante aux innombrables vertus n’a cessé de s’étendre. A tous les âges de l’humanité, le vin a accompagné la vie, et si Jésus avait fait preuve d’une largesse qui était après tout dans ses moyens, il aurait fait bénéficier la terre entière, et non le seul microscopique hameau de Cana, des bienfaits du breuvage divin. Imaginez les sources et les rivières, les lacs et les mers, les ruisseaux et les canaux prodi-guant à jets continus leurs splendeurs ambre ou gre-nat : un Niagara de sauvignon, un Danube de caber-net, la Loire chenin et la Garonne merlot se rejoignant dans un océan de rosé… Car si le vin est multiple, sa bonté est unique.Malheureusement, il n’est plus temps de rêver. L’heure est grave. L’art vigneron, qui avait réalisé des progrès constants depuis des millénaires, est en passe de subir l’outrage définitif de la standardisation industri-elle. Déjà, les hordes mondovinesques déferlent sur nos terroirs. Aux armes, « beuveurs illustres, vérolés très précieux », lointains descendants du bon Fran-çoys Rabelais ! Formez vos bataillons !

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Nous aurions dû être attentifs à certains signes avant-coureurs. Depuis quelques lustres, notre culture séculaire se voyait menacée par les cohortes hydrophiles, qui au sinis-

tre cri de « Pschitt ! » tentaient d’imposer à la planète l’infâme religion des boissons sans alcool. Nous res-tions muets devant le spectacle de nos enfants ar-rosant de Coca et de Sprite leurs pizzas surgelées, sachant que toute foi s’affermit dans la confrontation avec l’hérésie, et que passé l’âge des mastications grégaires ils reviendraient à l’antique marmite et aux flacons vénérables. A leur tour, pensions-nous, ils se laisseraient envahir par cette vérité en rouge et blanc qui depuis les vignobles se répand de toute éternité sur l’humanité. Hélas ! Outre que le veau gras est farci de prion, l’enfant prodigue, désertant la cantine min-able de l’oncle Sam pour revenir à de plus respect-ables nourritures, ne trouvera bientôt plus sur la table familiale qu’une bouteille clonée à l’infini, contenant un vin propre, transparent, une soupe claire dans laquelle il lui sera impossible de lire l’histoire des hommes qui l’ont fabriquée. Comment avons-nous pu en arriver là ?Le travail des artistes de la vigne n’a certes pas toujours été sans tache. On a pu voir ici ou là des étiquettes légendaires salies par de douteux tripatouillages, et il est arrivé que certains flacons de grands crus hé-bergent des liquides cousins du redoutable Château-Bercy cher à Georges Pérec. Outrage, abomination ! On a vu à Bordeaux les pauvres enfants de Bacchus abandonnés par leur père raser les murs, le rouge se déplaçant du nez vers le front, et arpenter le Port de la Lune sous les façades jadis triomphales du quai des Chartrons, soudain voilées du halo infamant de la sus-picion. Les Français, dont la modestie pinardière n’a jamais été la vertu essentielle, se trouvaient réduits à subir les ricanements fusant du vaste univers, auquel naguère ils avaient assené la majesté indépassable de leurs pétrus, de leurs margaux, de leurs romanée-con-ti. Leur orgueil blessé faisait peine à voir, tandis que sur les rayonnages des cavistes et des supermarchés on voyait s’aligner en ordre de bataille les mercenaires chiliens, les reîtres californiens, les sbires australiens, les nervis argentins.

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JEAN-MARIE LACLAVETINE

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Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et

vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà di-minuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répon-dront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Beaudelaire

A tous ceux venus préter main forte et à tous ces palais que demain ravira le fruit de notre travail...

Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin.

Jules Renard

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