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MONDIALISATION ET PME : L’INTERNATIONALISATION DES ACTIVITÉS COMME SOLUTION Document de réflexion et compte rendu de discussions avec des dirigeants de PME manufacturières Par : Josée StPierre, Ph.D. Directrice du Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises Institut de recherche sur les PME Université du Québec à TroisRivières http : //www.uqtr.ca/larepe En collaboration avec : JeanLouis Perrault, Université de Rennes 1 Juillet 2009 Note : La réalisation de ce rapport de recherche a été rendue possible grâce au support financier de Développement économique Canada ainsi que du Fonds québécois de recherche, société et culture; de l’assistance technique de Claudia StPierre de l’UQTR et de Catherine Gervais de Carrefour Québec International; et des discussions avec PierreAndré Julien et Claire V. de la Durantaye, de l’Institut de recherche sur les PME. Le contenu du rapport n’engage que son auteur.

MONDIALISATION ET PME L’INTERNATIONALISATION DES … · termes, c’est repousser les frontières de l’entreprise les rendant de plus en plus floues et distantes de ce que nous

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MMOONNDDIIAALLIISSAATTIIOONN  EETT  PPMMEE  ::  

LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALLIISSAATTIIOONN  DDEESS  AACCTTIIVVIITTÉÉSS  CCOOMMMMEE  SSOOLLUUTTIIOONN   

 

 

Document de réflexion et  compte rendu de discussions avec des dirigeants de PME manufacturières 

 

 

 

Par : 

 

Josée St‐Pierre, Ph.D. 

Directrice du Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises 

Institut de recherche sur les PME Université du Québec à Trois‐Rivières 

http : //www.uqtr.ca/larepe  

 

En collaboration avec : 

Jean‐Louis Perrault, Université de Rennes 1 

 

Juillet 2009 

 

Note :  La  réalisation  de  ce  rapport  de  recherche  a  été  rendue  possible  grâce  au  support  financier  de  Développement économique Canada ainsi que du Fonds québécois de  recherche,  société et  culture; de  l’assistance  technique de Claudia St‐Pierre de l’UQTR et de Catherine Gervais de Carrefour Québec International; et des discussions avec Pierre‐André Julien et Claire V. de la Durantaye, de l’Institut de recherche sur les PME. Le contenu du rapport n’engage que son auteur.  

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Mondialisation et PME : l’internationalisation des activités comme solution 

  

SOMMAIRE EXÉCUTIF Plus besoin de discuter des conséquences de  la mondialisation sur  l’environnement d’affaires et sur  les PME, les dirigeants les vivent tous les jours ! Mais quelles stratégies doivent‐ils déployer pour s’intégrer parfaitement  à  cette  économie  turbulente  qui  présente  des  défis  d’une  ampleur  jamais  rencontrée auparavant ? Exportation,  importation, délocalisation,  investissement direct à  l’étranger sont autant de solutions qui  retiennent  l’attention des pouvoirs publics. Aussi, partenariats, alliances,  intégration aux normes  industrielles mondiales,  internationalisation  du modèle  d’affaires  sont  des  stratégies  ou  des actions liées à la mondialisation qui sont souvent tenues sous silence ou qui ne sont pas mises de l’avant, alors  que  celles‐ci  doivent  être  analysées  de  façon  concomitantes  à  celles  qui  touchent  les  flux  de marchandise identifiées plus haut.   

La mondialisation, c’est changer  le modèle d’affaires, c’est trouver  les ressources  les plus compétitives sur  la planète, c’est  travailler  sur  tous  les  fuseaux horaires, avec différentes cultures, dans différentes langues et avec des gens qui n’ont pas nécessairement les mêmes comportements d’affaires. En d’autres termes, c’est repousser les frontières de l’entreprise les rendant de plus en plus floues et distantes de ce que nous avons connu dans les cinquante dernières années.  

Mais qu’en pensent les dirigeants de PME qui doivent s’ajuster à cet environnement d’affaires renouvelé et  quelles  stratégies  adoptent‐ils  pour  pérenniser  leurs  activités  ?  Pour  nous  éclairer  sur  leurs comportements,  nous  leur  avons  posé  directement  ces  questions  lors  d’entrevues  individuelles.  Les entrevues  réalisées  lors  du  Forum  tenu  à  Bécancour  le  24  mars  dernier  ainsi  qu’auprès  d’autres dirigeants de PME à l’été 2008 permettent de faire ressortir les éléments suivants :  

Posséder un produit  innovateur est évidemment une condition minimale, mais non  suffisante pour  se distinguer  sur  les marchés  internationaux. Ce produit doit être accompagné d’une plus value que  l’on retrouve dans la qualité, le service et la capacité de répondre rapidement à des besoins nouveaux. Bref, les  dirigeants  vendent  «une  solution»  pour  répondre  aux  besoins  des  clients  à  l’étranger,  et  non uniquement  un  produit.  Un  chef  d’entreprise  a  d’ailleurs  précisé  qu’à  l’étranger,  étant  donné  les distances et l’impossibilité de se côtoyer régulièrement, il cherche une «relation» plutôt qu’un «client». C’est  donc  au‐delà  de  la  transaction  commerciale  que  se  situe  le  succès  de  l’internationalisation. Mentionnons également que cette relation ne peut s’établir par des  intermédiaires ou des subalternes, elle doit s’établir entre la haute direction des entreprises (de président à président), afin d’accélérer les activités et aussi de réduire le flou dans l’information. 

L’importance de la préparation de l’entreprise avant de se déplacer à l’étranger : La «préparation» à une activité internationale est soulignée par tous; on ne va pas en Islande ou même en France sans faire un minimum de  recherche pour mieux  connaître  le marché,  la  clientèle,  le  système  financier,  la  stabilité politique, la culture, etc. Internet est une importante source d’information, qu’il est toutefois nécessaire de compléter par  les maisons consulaires,  les ambassades,  les maisons de commerce pour obtenir une information «informelle» et plus fine afin d’éviter certains risques. 

Les différences culturelles et  leur  impact sur  la réalisation d’une transaction ont été soulignés par tous les répondants. Alors que les dirigeants peuvent rencontrer leur éventuel partenaire à l’étranger, ce n’est pas toujours  le cas des employés et des membres du personnel qui seront ensuite mis en relation avec ces  mêmes  partenaires.  Au‐delà  des  compétences  techniques  que  doit  posséder  un  employé,  les dirigeants de PME  internationale  recherchent  la  flexibilité,  l’ouverture d’esprit et  la  tolérance chez un 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 2

  

éventuel  employé  pour  travailler  dans  un  contexte  différent  du  sien.  Ainsi,  il  a  été mentionné  que l’apprentissage d’une autre  langue n’est pas suffisant, puisque c’est souvent  la  façon de communiquer qui importe.  

Le Canada, comme le Québec, ont une excellente image à l’étranger et celle‐ci permet souvent d’ouvrir des  portes  qui  se  seraient  peut‐être  refermées  sur  les  États‐Unis.  Et  cette  image  ne  semble  pas suffisamment promue à différents niveaux.  

Le  temps  de  préparation  évoqué  plus  haut  rend  parfois  impossible  la  participation  à  des  missions commerciales organisées par les gouvernements, qui ne sont pas annoncées suffisamment longtemps à l’avance  et  peuvent  aussi  être  de  trop  longue  durée.  Plus  la  taille  de  l’entreprise  est  petite,  plus  le dirigeant est au cœur de son développement et de son activité et plus son absence de l’entreprise peut devenir complexe.   Aussi,  il est préférable de faire des missions avec un horaire souple pour permettre de  conclure de vraies  transactions, plutôt que de  simplement «initier» des discussions.  Le  temps  leur manque et  l’efficacité est  leur plus grand souci dans ces activités. Finalement, ces missions  sont aussi l’occasion de nouer des liens avec des firmes canadiennes ou québécoises.  

Le  réseautage  est  aussi  une  clé  importante  dans  la  rapidité  avec  laquelle  une  transaction  peut  se conclure ou pour éviter certaines difficultés. On notera que ce réseautage est plus souvent informel et ne peut être prédéfini.  

Finalement,  la  compatibilité  entre  les  valeurs des dirigeants québécois  et  ceux des  autres pays  a  été abondamment soulignée. 

 

Ces  témoignages  relevés  chez  de  nombreux  dirigeants  de  PME  suggèrent  que  l’intervention gouvernementale,  dans  le  but  de  hausser  le  niveau  d’internationalisation  de  ces  entreprises,  devra prendre en compte la diversité des comportements qui elle‐même exprime la diversité des stratégies et des objectifs. Ces témoignages appellent aussi une révision des connaissances sur  l’internationalisation des PME étant donné l’ajout du contexte de la mondialisation comme important facteur de contingence. Certains préjugés doivent être mis à  jour, notamment sur  l’influence de  l’importation sur  l’exportation, sur l’importance de la taille, sur la priorisation des marchés de proximité. L’internationalisation des PME ne  se  fait pas aujourd’hui dans  le même  contexte et  selon  les mêmes paramètres qu’il y a vingt ans. Ainsi, sans cette mise à jour des connaissances, il sera difficile de définir des actions de soutien aux PME qui aient l’effet dynamisant souhaité.  

 

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Mondialisation et PME L’internationalisation des activités comme solution

© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 3

  

TABLE DES MATIÈRES 

 

Sommaire exécutif  1 

Table des matières  3 

Le contexte d’affaires mondialisé et les défis des PME  4 

Une internationalisation à plusieurs dimensions  9 

  L’internationalisation mercantile  9 

  L’internationalisation technologique  10 

  L’internationalisation organisationnelle  11 

Les facteurs clés de l’internationalisation des PME  14 

  Le profil et les aptitudes du propriétaire dirigeant  14 

  Les déterminants endogènes à l’entreprise  15 

    Mode d’organisation et capacités stratégiques  16     Une taille «critique» pour les PME?  18 

  Internationalisation et performance? Une relation mal connue  20 

Internationalisation des PME : Témoignages de chefs d’entreprise  23 

  Quelles sont les formes d’internationalisation mises en place?  25 

  Quelles sont les motivations à l’internationalisation des activités?  27 

  Les facteurs «inducteurs» de succès  28 

  Difficultés sous‐estimées dans la démarche d’internationalisation  31 

  Qu’en est‐il de la taille de l’entreprise et des ressources disponibles?  32 

Conclusion    34 

Quelques éléments de réflexion  35 

À l’attention des pouvoirs publics  36 

Bibliographie  39 

Annexes    43 

 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 4

  

LE CONTEXTE D’AFFAIRES MONDIALISÉ ET LES DÉFIS DES PME 

 

Nul n’est besoin de rappeler à quel point le contexte d’affaires actuel se distingue de celui qui a dominé 

dans les cinquante dernières années, étant donné : 

l’accroissement  du  nombre  de  compétiteurs  sur  les  marchés  des  biens  et  des  services  et provenant des différents continents. Cette augmentation permet aux clients et consommateurs d’accéder à une offre étendue de produits / services, leur donnant ainsi la possibilité d’accroître leurs exigences en matière de qualité, de prix, de délais et de rapidité de remplacement; 

la disponibilité de technologies sophistiquées à faibles coûts, qui permettent le renouvellement plus fréquent des produits et réduit d’autant leur durée de vie. Ces technologies accentuent les besoins d’une main d’œuvre plus spécialisée ou disposée à se mettre à jour continuellement;   

l’abolition des frontières ainsi que de nombreuses contraintes douanières et  l’interdépendance des  économies  contraignant  les  entreprises  à  exercer des  activités de  veille  systématiques  et plus étendues afin d’anticiper rapidement les réactions des concurrents.  

 

Ce  contexte  accentue  la  pression  sur  les  entreprises  et  leur  présente  des  défis  qui  ne  peuvent  être 

relevés  sans modification  du modèle  d’affaires  qui  a  assuré  la  compétitivité  dans  un  environnement 

moins  oppressant.  L’émergence  des  pays  asiatiques  et  leur  intégration  à  l’Organisation mondiale  du 

commerce ont provoqué une offre abondante de produits bons marchés dans  certains  secteurs, mais 

sans  beaucoup  de  distinction  au  niveau  des  qualités  intrinsèques.  Bon  nombre  de  PME  de  pays 

industrialisés ont donc du revoir leur propre système et mode de production afin de réduire les coûts en 

fonction  desquels  elles  étaient  jadis  compétitives.  Cet  accroissement  du  nombre  de  compétiteurs 

déplace  ainsi  le  pouvoir  des  producteurs  vers  les  consommateurs  qui  peuvent  hausser  sensiblement 

leurs  exigences.  Comme  l’affirment  Ruzzier  et  al.  (2006),  les  enjeux  économiques  actuels  au  niveau 

mondial touchent toutes les organisations, poussant les PME à devenir des joueurs actifs sur les marchés 

internationaux.  

 

Ainsi,  les  entreprises  doivent  développer  leurs  capacités  de  répondre  rapidement  à  des  besoins 

changeants de  la clientèle, par un produit mieux adapté, par des coûts plus faibles, par des délais plus 

courts, par une qualité accrue et par un services après‐vente performant, malgré  la distance physique. 

Ces défis  liés à  la production et à  la qualité de  la réponse aux clients obligent  les PME à développer un 

savoir‐faire unique en misant sur du personnel créatif, motivé et engagé qui devra être «retenu» au sein 

de  l’organisation, et aussi en revoyant régulièrement  leurs  façons de  faire et  leurs pratiques d’affaires 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 5

  

afin de conserver leur agilité et leur flexibilité. Parmi ces défis, on souligne le plus important qui consiste 

à accroître les capacités d’apprentissage et d’adaptation continue.  

 

En  conséquence,  le  contexte  d’incertitude  et  de  risque  dans  lequel  doivent  désormais  opérer  les 

entreprises  exige de  celles‐ci d’être  réticulées,  flexibles,  apprenantes,  innovantes  et d’être  fortement 

orientées vers  la satisfaction des besoins des clients. On reconnaît dès  lors  l’importance de développer 

des  compétences  stratégiques  permettant  aux  PME  de  profiter  des marchés  internationaux  pour  y 

exercer une partie de  leurs activités commerciales, mais aussi pour pouvoir y puiser  les  ressources et 

savoir‐faire indispensables à leur pérennité.  

 

C’est en réponse à ces défis que  la nécessité s’impose aux PME1 d’internationaliser leurs activités et de 

«scruter»  l’environnement mondial  pour  trouver  les  facteurs  de  production  qui  vont  leur  assurer  les 

bases d’une plus grande compétitivité. Utiliser  les technologies de pointe permettant de développer  la 

flexibilité, la qualité, la rapidité; sous‐traiter ou délocaliser certaines activités de production pour réduire 

ses coûts; se rapprocher des sources d’approvisionnement les moins coûteuses; s’intégrer à des chaînes 

de valeur mondiales pour maintenir ou accroître ses capacités de production; développer des  réseaux 

internationaux pour obtenir  rapidement une  information pertinente et  fiable  sont autant de  solutions 

que doivent apprendre à déployer les dirigeants de PME.  

 

En revanche, parler d’internationalisation des PME sans distinguer  les motivations qui doivent  la sous‐

tendre nous prive d’une  lecture adéquate de  la  réalité et du comportement de ces entreprises. Ainsi, 

l’internationalisation  des  activités,  qu’elle  soit  délibérée  pour  satisfaire  ses  objectifs  de  croissance  et 

d’expansion, ou forcée pour assurer sa compétitivité voire sa survie, est considérée comme une décision 

stratégique  devant  s’aligner  sur  les  objectifs  personnels  du  propriétaire  dirigeant2  de  la  PME.  La 

compréhension du rôle significatif que jouent les objectifs personnels du dirigeant sur sa participation à 

l’économie mondiale demande de s’affranchir de la vision selon laquelle la PME doit atteindre une taille 

                                                            1 À l’instar de Julien et St-Pierre (2009), les PME auxquelles nous faisons allusion sont celles qui recherchent la croissance, qui visent l’efficacité et l’efficience, notamment pour réduire leurs coûts, bref, celles qui voient les marchés internationaux comme une opportunité ou une nécessité. Nous ne traitons pas des entreprises dont l’activité ou les objectifs modestes du propriétaire dirigeant les mettent à l’abri de la mondialisation qui, pour la plupart, sont de très petite taille et se satisfont d’un marché local restreint. 2 On pourrait aussi parler d’équipe entrepreneuriale plutôt que d’un propriétaire dirigeant unique, car de plus en plus de nouvelles entreprises sont créées par des équipes de deux ou trois personnes (Borges, Filion et Simard, 2008). Nous pouvons supposer que la gestion collégiale qu’implique une direction multiple aura des effets sur l’organisation de l’entreprise et sur son intérêt à participer activement à la mondialisation; ce contexte ne sera pas abordé ici.

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 6

  

critique pour être performante dans un  tel contexte.  Il est aussi  faux de considérer que  lorsque cette 

«taille  critique»  est  atteinte,  les  PME  œuvrent  systématiquement  sur  les  marchés  internationaux. 

L’internationalisation des PME est ainsi plus facile à analyser et à découvrir si l’on adopte le point de vue 

des sciences de la gestion dans une perspective intégrée faisant appel à l’approche comportementaliste, 

à la théorie des ressources et compétences ainsi qu’à l’approche par les réseaux (Khayat, 2004 ; Knight et 

Kim, 2009), plutôt que du point de  vue de  l’économie  internationale où  les entreprises  sont  l’un des 

acteurs susceptibles d’être actifs selon leur taille et leur degré d’innovation, sans considération d’aucune 

autre de leurs spécificités.  

 

Ce  n’est  que  grâce  à  cet  alignement  entre  les  objectifs  personnels,  la  stratégie  et  l’organisation  que 

l’entreprise pourra dégager une performance satisfaisante dans le cadre de ses activités internationales, 

celles‐ci étant considérées comme un moyen de satisfaire ces objectifs et de poursuivre une stratégie 

particulière  et  non  une  fin  en  soi3.  Cette  conception  «renouvelée»  de  l’internationalisation  des 

entreprises permettra de comprendre pourquoi des dirigeants de PME ayant des produits innovants sur 

des marchés  lucratifs  ne  souhaitent  pas  prendre  d’expansion  sur  des marchés  étrangers,  alors  que 

d’autres  fabriquant des produits moins  singuliers, ne  voient  aucun  intérêt  à demeurer  sur  le marché 

local.  En  nous  concentrant  sur  la  performance,  on  voit  à  la  figure  1  que  l’internationalisation  y  est 

présentée de façon accessoire permettant de réaliser les objectifs et la stratégie.  

 

Par ailleurs,  les effets de  l’internationalisation sur  la performance sont encore  loin de faire  l’unanimité 

chez les chercheurs. La littérature ne discerne pas les effets imputables au rôle de la taille de l’entreprise 

et  de  son  expérience  de  ceux  qui  sont  dus  aux  activités  internationales.  Glaum  et  Oesterle  (2007) 

critiquent, à juste titre, la confusion dans les résultats des recherches après plus de 40 ans de travaux, et 

le manque de rigueur dans certaines études qui concluent faussement, par exemple, que les opérations 

sur  des marchés  étrangers  permettent  aux  entreprises  de  profiter  d’économies  d’échelle  et  ainsi  de 

réduire  leurs  coûts.  Or,  ce  ne  sont  pas  les  opérations  internationales  qui  procurent  ces  économies 

d’échelle, mais bien le fait de produire un plus grand volume, effet qui aurait pu être obtenu aussi bien 

sur  le marché  national  qui,  dans  plusieurs  cas  offre  une  dimension  suffisante  pour  permettre  un  tel 

                                                            3 L’analyse de l’internationalisation des PME par la théorie des ressources est d’une grande richesse, car elle permet de mettre de l’avant des comportements distincts en fonction des stratégies déployées par les dirigeants. En conclusion, on aboutit à des niveaux variables d’intensité des activités internationales selon les configurations stratégiques que se sont donnés les dirigeants de PME. Voir Raymond et St-Pierre, 2009.

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Mondialisation et PME L’internationalisation des activités comme solution

 

© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 7

  

développement. Ce  genre de  conclusions que  l’on  trouve malheureusement dans beaucoup d’études 

empiriques qui n’adhèrent pas à la complexité réelle de ce qu’est l’internationalisation brouille la vue du 

chercheur  qui  veut  comprendre  les  vrais  facteurs  clés  de  l’internationalisation  ainsi  que  les  plus 

importants vecteurs de performance.  

Outre ces difficultés à discerner ce qui est imputable à l’internationalisation ou au volume d’activités, on 

doit également se questionner sur ce qu’est la performance «internationale» des PME, question qui est 

loin  de  trouver  une  réponse  satisfaisante  présentement  dans  la  littérature  académique  ou 

professionnelle.  

  

Figure 1 : Relations entre les objectifs du dirigeant, la stratégie de l’entreprise, son mode d’organisation et la performance 

 

 

 

Dans  les  prochaines  sections,  nous  présenterons  une  vision  renouvelée  de  l’internationalisation  des 

entreprises qui tient compte de la mondialisation et du nouveau contexte d’affaires dans lequel œuvrent 

désormais  les PME. Nous brosserons ensuite un portrait des  facteurs clés susceptibles de contribuer à 

faciliter  l’internationalisation  des  entreprises  ou  du  moins  à  réduire  les  risques  inhérents  à  leurs 

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décisions; nous démystifierons  l’influence de  la  taille  sur  la capacité des PME à  internationaliser  leurs 

activités ; et nous aborderons  sommairement  la  relation entre  l’internationalisation et  la performance 

des  entreprises.  Nous  présenterons  ensuite  la  synthèse  des  informations  extraites  des  entrevues 

accordées par plusieurs chefs d’entreprise québécoises,  informations qui seront enrichies par d’autres 

entrevues réalisées sur les mêmes sujets auprès de dirigeants de PME au Liban, en France et au Maroc à 

l’été dernier.  

 

 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 9

  

UNE INTERNATIONALISATION À PLUSIEURS DIMENSIONS  

 

D’un  point  de  vue  stratégique,  l’internationalisation  des  PME  n’est  plus  considérée  comme  devant 

satisfaire  uniquement  des  besoins  de  croissance,  mais  vise  également  à  assurer  leur  survie.  Cette 

nouvelle perspective demande donc une  redéfinition du concept d’internationalisation pour y  intégrer 

d’autres dimensions que celles qui se concentrent principalement sur  le développement des marchés, 

soit  l’exportation. Nous  retiendrons  comme définition de  l’internationalisation, «un phénomène  actif, 

conscient, organisé dans le temps avec des degrés plus ou moins subis et plus ou moins voulus» (p. 22, 

Perrault  et  St‐Pierre,  2009) permettant  l’adaptation d’une organisation  aux  contraintes  et  réalités de 

l’environnement mondial afin de conserver ou d’améliorer sa performance.  

Nous  distinguons  trois  «dimensions»  d’internationalisation,  soit  mercantile,  technologique  et 

organisationnelle. Ces dimensions ne sont pas exclusives  les unes des autres, et chacune a ses propres 

motivations et  finalités  (St‐Pierre  et  Perrault,  2009). On note  également  les  effets  stimulants qu’elles 

peuvent  avoir  les  unes  sur  les  autres,  tout  comme  l’ont  démontrés  Holmlund  et  al.  (2007)  qui 

considèrent qu’importation et exportation vont souvent de pair.  

 

L'internationalisation mercantile 

La  première  dimension  de  l’internationalisation  des  entreprises  et  celle  à  laquelle  on  fait 

systématiquement référence  lorsqu’on parle d’activités  internationales, est celle qui touche aux flux de 

marchandises. Elle concerne la capacité à gagner des parts de marché ou des débouchés sur des marchés 

«lointains» et à y organiser ses achats et son approvisionnement. Elle épouse  les formes traditionnelles 

d’exportation et d’importation, de distribution, mais aussi d’investissement direct à l’étranger et de plus 

en plus de sous‐traitance internationale.  

L’exportation répond notamment à un besoin de croissance par la conquête de nouveaux marchés avec 

des produits existants ou adaptés; mais également de diversification du risque conjoncturel en opérant 

sur  des marchés  présentant  des  cycles  économiques  différents;  d’allongement  du  cycle  de  vie  des 

produits pour lesquels d’importants efforts d’innovation et de R‐D ont été consentis.  

Pour  sa  part,  l’importation,  la  sous‐traitance  à  l’étranger,  la  délocalisation  ou  l’investissement  direct 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 10

  

visent souvent à combler  les  insuffisances du système productif national, où  les matières premières ne 

sont pas disponibles selon les standards de prix et de qualité, où les coûts de production sont trop élevés 

notamment  au  niveau  de  la main  d’œuvre,  ou  encore  pour  profiter  d’un  savoir‐faire  particulier.  Ces 

stratégies d’internationalisation ne visent pas à  répondre prioritairement à des besoins de croissance, 

mais  plutôt  à  des  besoins  d’efficience  et  de  compétitivité  en  profitant,  notamment,  des  avantages 

qu’offrent certains pays au niveau du coût et de la qualité de leurs ressources.  

 

L'internationalisation technologique 

Les  activités de production des  entreprises manufacturières  sont de plus  en plus  influencées par des 

systèmes, équipements ou façons de faire empruntés de  l’étranger,  lesquels définissent  les normes du 

système industriel mondial. L’internationalisation technologique, qui est relativement peu documentée, 

consiste  à  adopter  les  normes  de  production  internationales,  à  investir  dans  les  équipements  et 

technologies  «performantes»  qui  permettent  une  production  flexible  et  de  qualité  adaptée  aux 

exigences  du  commerce  international, mais  également  aux  besoins  des  grands  donneurs  d’ordres  et 

aussi, pour celles qui sont en avance sur leur marché, à contribuer au développement des technologies 

utilisées mondialement.  

C’est  la  recherche  de  gains  d’efficience  qui  pousse  souvent  les  PME  à  internationaliser  leur  système 

productif et  leurs modes de production, mais aussi  le fait que de tels systèmes ne sont pas disponibles 

sur  les   marchés nationaux. À noter que cette  internationalisation s’accompagnera d’un rehaussement 

des  compétences  de  l’entreprise  dans  la mesure  où  les  technologies  venant  de  l’étranger  requièrent 

souvent une mise à niveau des qualifications du personnel pour les opérer.  

Malheureusement, on discute peu de l’internationalisation technologique comme si les décisions liées au 

système  de  production  ne  pouvaient  être  considérées  aussi  stratégiques  ou  dynamisantes  pour 

l’économie que celles  liées à  l’espace de marché. C’est grâce à  leurs technologies, à  la performance de 

leurs  système  et  stratégie  de  production  et  à  leurs  capacités  d’apprentissage  que  les  PME  sous‐

traitantes,  notamment,  seront  en  mesure  de  réduire  leurs  coûts,  d’innover  continuellement  et 

d’atteindre les standards de qualité requis dans des marchés ultra compétitifs favorisant, dès lors, leurs 

capacités à s’intégrer à des chaînes de valeur mondiales où ces normes sont  les plus élevées. Certains 

auteurs  rappellent d’ailleurs  l’importance de  la capacité  technologique de  l’entreprise pour  la  réussite 

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d’une stratégie d’internationalisation (Prashantham, 2005; Zhang et Dodgson, 2007). À cet effet, l’étude 

de  Perrault  et  St‐Pierre  (2008)  réalisée  sur  un  échantillon  de  357  PME  manufacturières  montre 

clairement  que  les  PME  dotées  de  systèmes  de  production  sophistiqués  exportent  une  partie  non 

négligeable de leurs produits vers plusieurs marchés étrangers. Ces entreprises, ayant une forte capacité 

d’apprentissage,  sont  résolument «mondiales» ayant développé  l’ensemble des capacités  stratégiques 

leur permettant de réussir dans des environnements incertains.  

 

L'internationalisation organisationnelle  

Finalement,  les entreprises doivent «s’organiser» pour pouvoir être efficaces sur  les marchés étrangers 

ou  dans  leurs  relations  avec  des  partenaires  étrangers.  Nous  évoquons  ainsi  l’internationalisation 

organisationnelle  qui  vient  en  appui  aux  autres  formes  d’internationalisation.  Cette  dimension  de 

l'internationalisation  traduit,  à  des  degrés  divers,  un  objectif  de  contrôle  de  la  valeur, mais  aussi  de 

gestion des risques. Ceci est abordé par plusieurs auteurs qui traitent des changements organisationnels 

induits  par  l’adoption  d’une  stratégie  d’internationalisation  évoquant  l’importance  des  capacités 

organisationnelles à gérer les ressources et les activités dans des contextes plus complexes pour assurer 

leur réussite (Terjensen et al., 2008; Cuevo‐Cazurra et al., 2007). Ces contextes provoquent l’embauche 

de  personnel  spécialisé,  dont  parfois  du  personnel  immigrant,  embauche  requérant  simultanément 

l’implantation  de  pratiques  de  gestion  des  ressources  humaines  adaptées;  l’adoption  d’horaires  de 

travail différents;  la mise à niveau des systèmes d’information et des activités de veille;  l’utilisation de 

technologies de gestion plus sophistiquées pour répondre à des besoins plus complexes;  l’implantation 

d’une culture et de pratiques favorisant la mise à jour continuelle des compétences du personnel par de 

la  formation continue;  la création d’un  service  international;  la mise en place de pratiques de gestion 

participative et de circulation d’information clé (Perrault et St‐Pierre, 2008).  

 

Ces  trois  aspects de  l’internationalisation  visent des objectifs  spécifiques et on  assiste dès  lors  à une 

grande diversité de comportements correspondant à des motivations différentes, ce qui traduit bien  la 

réalité des PME que l’on peut observer dans des contextes variés. Alors que certaines PME opèrent dès 

leur naissance  sur différents marchés  internationaux, d’autres ne vendront  jamais à  l’étranger malgré 

une taille «jugée critique» par les pouvoirs publics et plusieurs avantages concurrentiels dont un produit 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 12

  

distinctif. Les trajectoires d’internationalisation sont également éclectiques et aucun comportement ne 

peut être jugé préférable à un autre. Deux rapports récents ayant examiné le cas particulier de la France 

montrent qu’il existe un  important taux de rotation chez  les PME exportatrices  indépendantes où 32% 

des  exportateurs  à une  année ne  le  sont plus  l’année  suivante  (Ceci  et Valersteinas, 2006)  alors que 

seulement  36%  des  primo‐exportateurs  persévèrent  plus  d’un  an  (Fontagné  et  Gaulier,  2009).  Les 

théories4  de  l’internationalisation  des  entreprises,  qui  ne  prennent  souvent  pas  en  compte  les 

caractéristiques  des  PME  et  principalement  les  objectifs  que  poursuit  leur  propriétaire  dirigeant,  se 

butent  ainsi  à  une  diversité  de  situations  et  de motivations.  Elles  n’arrivent  donc  pas  à  fournir  une 

compréhension  satisfaisante  de  la  diversité  des  situations  observées,  ce  qui  nuit  à  la  capacité  des 

chercheurs  et  des  pouvoirs  publics  à  recommander  des  actions  adéquates  pour  favoriser 

l’internationalisation des PME et leur inclusion «dynamique» et profitable dans l’économie mondiale.  

 

Figure 2 : Les dimensions de l’internationalisation des PME manufacturières 

 

                                                            4 Sans entrer dans la description détaillée des principales théories de l’internationalisation, nous conviendrons que celles-ci peuvent être regroupées en trois catégories. L’internationalisation «déterminée» considère que l’internationalisation se fait par étapes progressives selon la capacité d’apprentissage des entreprises; l’internationalisation «agencée» s’intéresse plutôt à l’influence de l’environnement local sur les besoins, les décisions et les façons d’adhérer à un environnement international; l’internationalisation «génésique», plus récente dans ses fondements, prend en compte le fait que de petites entreprises sont internationales très tôt après leur naissance (Perrault et St-Pierre, 2009). Les théories développées jusqu’à présent sont de plus en plus contestées et leur raffinement n’est pas simple surtout que la mondialisation présente des opportunités et des défis qui n’étaient pas pris en compte précédemment, tout en modifiant souvent le contexte dans lequel doivent opérer les entreprises. On retrouve ainsi une certaine confusion entre «mondialisation» et internationalisation. Pour notre part, le premier est le contexte économique actuel et qui a pris place graduellement depuis l’après-guerre alors que le second est lié aux actions et aux décisions que prennent les dirigeants d’entreprise pour satisfaire leurs objectifs.

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La  figure  2  résume  cette  conception  multidimensionnelle  de  l’internationalisation  des  PME 

manufacturières et le rôle de chacune des dimensions.  

 

Pénétrer un marché étranger sans prendre en compte les réalités culturelles, importer des technologies 

couteuses sans s’assurer des compétences de la main d’œuvre locale, sous‐traiter à une firme étrangère 

sans vérifier sa réputation quant au respect des délais et des normes de qualité ou environnementales 

sont autant de décisions qu’ont prises un grand nombre de dirigeants de PME et ayant eu des incidences 

désastreuses sur la santé financière de l’entreprise. Ces facteurs s’ajoutent aux risques endogènes de ces 

entreprises induits par des ressources financières limitées, un manque d’expérience et de connaissances 

de toutes  les facettes des activités  internationales dont  les aspects  légaux, réglementaires et culturels. 

Pour ces raisons, il importe de connaître les «facteurs clés» d’une internationalisation réussie ou ce qui 

permet  à une  entreprise  de  rencontrer  ses objectifs de performance par  l’internationalisation de  ses 

activités.  

 

 

La connaissance des facteurs favorisant le processus d’internationalisation permet ainsi aux dirigeants de 

mieux  préparer  leur  entreprise  réduisant  d’autant  les  risques  d’échec  ou  de  difficultés  et,  par  le  fait 

même,  les  pertes  de  ressources  qui  pourraient  être  fatales.  À  ce  sujet,  on  retrouve  dans  les  écrits 

quelques auteurs qui ont pu mettre en évidence certains déterminants clés de l’exportation ainsi que les 

facteurs liés au déplacement des activités sur les territoires étrangers (production, distribution, service, 

etc.), alors que  les dimensions de  l’internationalisation  technologique et organisationnelle demeurent 

peu  étudiées.  La  prochaine  section  sera  consacrée  à  l’exposé  des  principaux  facteurs  clés  de 

l’internationalisation  observés  dans  diverses  études,  après  quoi  nous  discuterons  des  résultats  des 

entrevues que nous avons conduites récemment.  

 

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LES FACTEURS CLÉS DE L’INTERNATIONALISATION DES PME 

 

La  figure  1 permet de  saisir  les différentes dimensions d’une  entreprise qui  contribuent  à  assurer  sa 

performance.  On  reconnaît  ainsi  cinq  groupes  de  facteurs  liés  d’abord  au  propriétaire  dirigeant,  à 

l’environnent externe  à  l’entreprise,  aux différentes  formes de  capital nécessaires  à  l’exercice de  son 

activité,  à  la  maîtrise  de  diverses  compétences  ou  pratiques  d’affaires  et  finalement,  à  son  mode 

d’organisation. En revanche, l’agencement de ces facteurs n’est pas singulier et dépendra de la stratégie 

que  poursuit  le  dirigeant  de  l’entreprise,  à  savoir  une  stratégie  d’expansion  internationale,  de 

compétitivité nationale intégrée à une chaîne de valeur, de domination de son marché national avec un 

produit de niche, etc. De façon à tenter une lecture adéquate, holistique et la plus complète possible de 

la réalité de l’internationalisation des PME, nous nous inspirerons de ce modèle que nous découperons 

en facteurs clés spécifiques.  

 

Le profil et les aptitudes du propriétaire dirigeant5 

D’entrée  de  jeu  et  comme  le  soulignent De  Clercq  et  al.  (2005),  il  est  important  de  se  rappeler  que 

l’internationalisation des PME est un acte entrepreneurial qui dépend, notamment, du profil du dirigeant 

principal, de son orientation stratégique et de sa volonté à vouloir gérer son entreprise dans un contexte 

de complexité et de forte incertitude. Plusieurs études ont ainsi permis de relever un certain nombre de 

caractéristiques liées aux propriétaires dirigeants de PME que nous rappelons ici.  

Parmi  les déterminants  clés, Hutchinson  et al.  (2006) parlent  surtout de  l’importance de  la  vision de 

l’entrepreneur, laquelle se façonne avec sa personnalité, son expérience de vie à l’étranger ou le fait d’y 

avoir  travaillé.  L’expérience  outre‐mer  permet  d’acquérir  des  connaissances  et  des  compétences 

culturelles et sensibilise le dirigeant aux différentes façons de faire que l’on peut trouver ailleurs. Au‐delà 

de  la  maîtrise  des  langues,  c’est  une  compréhension  relativement  fine  des  comportements  et  des 

différences culturelles qui agissent comme facteur clé de  l’internationalisation des entreprises (Ojala et 

Tyräinen,  2007).  Ces  expériences  sont  également  favorables  à  l’innovation  grâce  à  l’apport  d’idées 

nouvelles. Par ailleurs, le niveau de scolarité du dirigeant contribue aussi à développer sa compétence à 

                                                            5 Le lecteur trouvera en annexe une synthèse des éléments discutés sous forme de tableaux auxquels ont été ajoutés les principaux auteurs.

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insuffler une vision internationale à son entreprise, celui‐ci permettant d’éveiller la curiosité et un intérêt 

à  explorer  des marchés  inconnus. On  notera  également  que  les  dirigeants  plus  instruits  développent 

leurs habiletés à  travailler «efficacement» dans des  contextes d’incertitude,  car  ils  savent que  celle‐ci 

peut  être mieux  circonscrite  et  ainsi mitigée,  en  se  documentant  et  en  collectant  des  informations 

pertinentes.  

Ajoutons  que  l’attitude  du  dirigeant  et  sa  capacité  à  prendre  des  risques  sont  également  considérés 

comme des  facteurs  clés de  l’internationalisation. Une attitude  favorable aux activités  internationales 

permet  de  motiver  les  employés,  ce  qui  est  nécessaire  dans  les  situations  où  il  existe  une  forte 

incertitude,  tout en étant garante d’un déploiement  suffisant des  ressources ainsi que d’une  certaine 

acceptation des risques susceptibles de compromettre les résultats anticipés à la moindre difficulté.  

Finalement, un capital relationnel disponible et celui qu’il est capable de développer seront d’importants 

catalyseurs (Hitt et al., 2006), contribuant à accroître  la base de connaissances et d’expertise, bonifiant 

ainsi son capital intellectuel. Hutchinson et al. (2006), observent que le réseau à la fois formel et informel 

influence l’expansion à l’étranger, ainsi que le choix du marché en plus d’offrir un support aux opérations 

internationales de l’entreprise.  

 

Les déterminants endogènes à l’entreprise 

Réussir sur  l’échiquier mondial demande aux PME d’avoir  la maîtrise d’un certain nombre de pratiques 

d’affaires  ou  d’adopter  des modes  de  fonctionnement  ou  d’organisation  particuliers,  sans  quoi  leur 

survie peut être menacée. Au‐delà de la capacité d’innovation qui permet aux entreprises de construire 

un avantage concurrentiel, la littérature et les témoignages de nombreux chefs d’entreprise permettent 

de  reconnaître  l’importance  de  maîtriser  d’autres  capacités  stratégiques  telles  que  des  capacités 

réticulaires  pour  travailler  avec  d’autres,  des  capacités  de  réponse  à  une  clientèle  exigeante,  des 

capacités de réaction à un environnement hostile et des capacités d’adaptation aux modifications de ce 

même environnement.  Ces capacités seront traduites par la disponibilité de ressources clés ainsi que de 

compétences spécifiques qui permettront à l’entreprise de construire un avantage compétitif (Hitt et al., 

2006). 

 

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Mode d’organisation et capacités stratégiques 

Dans  les analyses de  l'internationalisation des PME,  l’innovation fait partie  intégrante du modèle 

d’affaires que doivent adopter les entreprises. D’un point de vue formel, l’innovation se définit, au 

sens  large, par  « la mise  en œuvre  d’un  produit  (bien  ou  service),  ou  d’un  procédé  nouveau  ou 

sensiblement  amélioré  (pour  la  firme),  d’une  nouvelle méthode  de  commercialisation  ou  d’une 

nouvelle méthode  organisationnelle  dans  les  pratiques  de  l’entreprise,  l’organisation  du  lieu  de 

travail  ou  les  relations  extérieures »  (OCDE6,  2005).  On  reconnaît  dans  cette  définition  que 

l’innovation  va  au‐delà  de  la maîtrise  des  ressources  technologiques  ainsi  que  de  la  réalisation 

d’activités  de  R‐D,  mais  demande  de  faire  appel  à  un  vaste  éventail  de  ressources  et  de 

compétences dont  le déploiement assure  la  flexibilité,  l’ouverture et  la capacité d’apprentissage 

des PME.  

Ces  facteurs  clés  sont observables, notamment, dans des  ressources humaines  compétentes  et 

engagées dans  le succès de  l’organisation et qui constituent  l’essence de son capital  intellectuel; 

dans  l’étendue du capital social national et  international de  l’entreprise; dans  l'intégration à des 

réseaux de collaboration susceptibles de partager les coûts, de réduire l’incertitude et de combler 

des lacunes informationnelles stratégiques; et dans l’utilisation d’outils ou de technologies visant à 

assurer  la  flexibilité et  la qualité  tout en  réduisant  les délais au  strict minimum. L’innovation ne 

doit  toutefois  pas  être  considérée  exclusivement  comme  une  dimension  causale  de 

l’internationalisation, mais également comme une conséquence. Cela sous‐entend que l’entreprise 

ayant innové peut pénétrer un marché étranger, mais pour y survivre, elle devra avoir les capacités 

de renouveler ses innovations, c’est‐à‐dire d’innover de façon globale et continue.  

La maîtrise  des  technologies  avancées  ou  des  systèmes  de  production  fortement  automatisés 

constituent un avantage technologique qui permet aux entreprises, notamment les plus petites, de 

compenser un déficit de ressources humaines qui pourrait réduire  leur flexibilité et nuire à  leurs 

capacités  de  fournir  une  réponse  rapide  aux  besoins  des  clients.  En  revanche,  la  présence  de 

personnel  technique et disposant de compétences en  ingénierie, pourra contribuer à  la capacité 

de l’entreprise à développer des solutions technologiques adaptées à des besoins spécifiques, mais 

aussi pour accroître son efficience pour répondre à des normes de coûts, de délais et de qualité 

                                                            6 Dans sa dernière révision du Manuel d’Oslo (2005), l’OCDE étendait la définition de l’innovation pour y intégrer les actions portées par les entreprises au niveau organisationnel et fonctionnel. L’innovation se présente ainsi à tous les niveaux de l’entreprise.

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Mondialisation et PME L’internationalisation des activités comme solution

 

© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 17

  

qui sont sans cesse redéfinis (Bigler et Nyffeier, 2006; Martin et Papadopoulos, 2006; Wright et al., 

2007). 

Par ailleurs, en plus de contribuer à partager  les risques,  les collaborations permettent aux PME 

d’accélérer  leur processus d’internationalisation grâce à  l’accès aux  réseaux de distribution, à  la 

technologie,  au  marché,  au  savoir‐faire  et  à  l’information,  ainsi  qu’à  des  ressources 

complémentaires  (financières,  humaines,  technologiques)  qui  pourraient  corriger  quelques 

insuffisances. Ces collaborations impliquent le plus souvent des clients, fournisseurs, distributeurs, 

compétiteurs  et  même  des  agences  gouvernementales  soit,  en  bref,  les  acteurs  du  réseau 

d’affaires des entreprises.  

Gardons‐nous toutefois de n’associer que des vertus aux réseaux et aux collaborations, puisqu’une 

entreprise qui n’aurait pas  les connaissances pour développer  correctement  ses  relations et  ses 

collaborations n’en retirerait pas que des avantages et pourrait subir des conséquences néfastes 

comme  les  retards  dans  les  processus  de  production,  des  problèmes  de  qualité,  des  vols  de 

propriété intellectuelle, etc.   

Tel que dit plus haut, les réseaux permettent aux entreprises de profiter d’information concernant 

les  marchés  potentiels.  Or,  cette  information  transformée  peut,  entre  autre,  se  traduire  en 

innovations  technologiques  ou  organisationnelles  pour  accroître  la  compétitivité  et  faciliter  la 

pénétration des marchés étrangers. Ces informations stratégiques sont également véhiculées dans 

les  foires,  salons  et  expositions  où  les  entreprises  s’y  présentent  comme  exposants  ou  comme 

visiteurs.  Cela  implique  évidemment  que  l’entreprise  dispose  d’une  certaine  capacité 

d’apprentissage et d’absorption de l’information et qu’elle ne travaille pas de façon isolée. Chetty 

et Campbell‐Hunt  (2003) ajoutent que plus  l’entreprise visite  ses  clients,  ses  fournisseurs et  ses 

partenaires sur une base régulière, plus elle accroît ses chances de voir se manifester de nouvelles 

opportunités d’affaires; ces visites  jouant ainsi  le rôle de veille commerciale et stratégique, mais 

permet  aussi  la  rétention  des  clients  et  des  fournisseurs  assurant  ainsi  une  stabilité  dans  le 

développement des marchés internationaux.  

 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 18

  

Une taille «critique» pour les PME ? 

La  littérature  permet  de  faire  ressortir  certaines  caractéristiques  d’entreprise  qui  interviennent 

dans  le  succès  de  l’internationalisation  dont  la  taille.  La  taille  peut  agir  comme  frein  à 

l’internationalisation; mais elle peut aussi influer sur le processus d’internationalisation, comme le 

suggèrent  Karadeniz  et  Goçer  (2007)  pour  qui  les  entreprises  de  plus  petite  taille  vont  plutôt 

choisir  de  s’internationaliser  par  étape,  contrairement  aux  entreprises  plus  grandes  mieux 

pourvues  en  ressources  diverses.  Cette  approche  «étapiste»,  qui  fait  partie  des  paradigmes 

dominants  dans  la  littérature  sur  l’internationalisation,  préconise  que  chaque  étape  est 

déclenchée  selon  le  succès  obtenu  à  l’étape  antérieure,  suivant  un  processus  d’apprentissage. 

Cependant, le rôle de la taille est de plus en plus contesté avec la mise en valeur des «entreprises 

nées mondiales» et aussi, à mesure que  l’on appréhende mieux  les comportements et stratégies 

des dirigeants de PME.  

Pourtant  la  taille  est  l’une  des  variables  considérées  fondamentales  de  l’internationalisation, 

menant  les autorités publiques de nombreux pays, à affirmer qu’il  faut mener  les PME vers «la 

taille critique». Or, cette idéologie fait abstraction des motivations des chefs d’entreprise ainsi que 

d’autres dimensions endogènes pouvant être influentes. Le secteur d’activités, le type de produit, 

le degré d’innovation et de technicité, la productivité de la firme, la taille du marché national, les 

motivations personnelles du propriétaire dirigeant ainsi que celles de son personnel sont autant de 

facteurs qui viennent nuancer le rôle exclusif de la taille et obligent des explications beaucoup plus 

complexes.  

L’argument de  la  taille  est  fondé  sur  le  fait que plus  celle‐ci  est  élevée, plus  l’entreprise  a des 

ressources  et  compétences  internes  et  accessibles  pour  réduire  les  risques  des  activités 

internationales  (Pinho,  2007)  et  en  absorber  les  coûts  fixes.  La  perspective  des  réseaux  vient 

contrebalancer  les  arguments  qui  soutiennent  la  taille  comme  un  facteur  discriminant  de 

l’internationalisation  des  PME.  À  juste  titre,  Hollenstein  (2005)  rappelle  à  quel  point  les 

collaborations sont rendues essentielles dans  la nouvelle économie, étant donné  l’intensité de  la 

compétition,  l’importance grandissante de  la «connaissance» comme composante essentielle des 

produits, les coûts élevés de production de cette connaissance ainsi que la  courte durée de  leur 

pertinence. Les collaborations permettent dès lors d’avoir accès à des ressources complémentaires 

tout en partageant les risques des différentes décisions.  

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 19

  

Fontagné et Gaulier  (2009) qui ont récemment mis en  lien  la  taille et  la productivité des  firmes, 

concluent  au  rôle  dominant  de  cette  dernière  dimension,  celle‐ci  permettant  aux  entreprises 

d’assumer  les coûts  fixes  liés aux activités sur des marchés étrangers. La comparaison de  firmes 

exportatrices et non exportatrices révèle que c’est la productivité qui distingue ces deux groupes, 

celle‐ci étant supérieure chez les exportateurs. De surcroît, les entreprises actives sur des marchés 

éloignés  ou  diversifiés  affichent  une  productivité  marginale  supérieure  à  celles  qui  ne  sont 

présentes  que  sur  un  marché  unique  ou  des  marchés  de  proximité.  «En  d’autres  termes, 

l’existence d’un coût fixe à  l’exportation  implique un phénomène de sélection des firmes  les plus 

productives» (p. 11, Perrault et St‐Pierre, 2009).  

Finalement,  les  entreprises  «à  internationalisation  précoce»  ou  «born  global»  échappent  aux 

discussions  sur  la  taille  et  orientent  les  chercheurs  vers  d’autres  justifications  du  rôle  de  cette 

variable,  ou  encore  du  contexte  dans  lequel  son  rôle  peut  être  déterminant.  Cependant,  son 

influence sur l’importation ou les autres formes d’internationalisation est totalement méconnue et 

demande à être étudiée de  façon spécifique si  l’on veut mieux comprendre  la compétitivité des 

PME.  

 

Figure 3 : Les facteurs clés de l’internationalisation des PME 

 

 

Source : St‐Pierre et Perrault, 2009 

On peut schématiser les facteurs clés de l’internationalisation à la figure 3, en se rappelant toutefois que 

les  différentes  capacités  nécessaires  pour  réussir  dans  un  contexte  d’économie  mondiale  seront 

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© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 20

  

contingentes  aux  objectifs  de  l’internationalisation  d’une  part  qui  eux  refléteront  la  stratégie  que 

poursuit le dirigeant de la PME d’autre part.  

 

Internationalisation et performance ? Une relation «mal connue» 

L’internationalisation des PME est‐elle  inductrice de performance ? Question complexe pour  laquelle  il 

n’existe  présentement  pas  de  réponse  absolue,  sauf  des  faits  relatés  dans  différentes  études  qui  ne 

prennent pas en compte l’ensemble des composantes de l’internationalisation. Ceci explique d’ailleurs la 

diversité de résultats présentés dans la littérature.  

Pour pouvoir «apprécier» le lien entre l’internationalisation et la performance des PME, il faut revenir à 

la stratégie comme  l’illustrent  la figure 1 et  les deux exemples simples présentés au tableau 1. Partant 

d’une stratégie de croissance ou d’expansion, on comprendra que la performance de l’entreprise pourra 

être mesurée par la variation du chiffre d’affaires national ou international, mais pas nécessairement par 

des marges de profit  immédiates.  Les  stratégies peuvent mettre un  certain  temps  avant de produire 

l’ensemble des effets escomptés et le choix du bon indicateur de performance s’avère un exercice délicat 

qui, s’il échoue, mènera à de fausses conclusions pour  l’entreprise. Dans  le même ordre d’idées, on ne 

devrait pas mesurer  la performance à  l’international par  le taux d’exportation pour une entreprise qui 

choisit de délocaliser sa production afin d’être plus compétitive !  

 

Tableau 1. Un indicateur de performance défini selon la stratégie du dirigeant 

STRATÉGIE PRÉCONISÉE PAR LE 

DIRIGEANT QUOI FAIRE ?  COMMENT FAIRE ? 

COMMENT MESURER LA PERFORMANCE ? 

Prospecter des marchés locaux ou internationaux 

Variation du chiffre d’affaires national ou international 

Expansion, croissance 

Développer de  nouveaux marchés ; développer de nouveaux produits 

Innover dans les produits Taux d’innovation et gain de parts de marché 

Chercher les meilleures sources d’approvisionnement sur la planète 

Marges de profit brutes 

Chiffre d’affaires dans la chaîne de valeur  

Efficience, compétitivité, productivité 

Contrôler ses coûts et toujours les conserver au minimum 

Adopter des structures et systèmes de production modernes et efficients 

Productivité des équipements 

  

 

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Mondialisation et PME L’internationalisation des activités comme solution

 

© Laboratoire de recherche sur la performance des entreprises, 2009 page 21

  

 

La  littérature  académique  ainsi  que  les  différentes  études  que  l’on  peut  recenser  à  partir  des  sites 

d’organismes  de  développement  économique,  établissent  le  «taux  d’exportation»  des  entreprises 

comme principal  indicateur de performance des activités  internationales. Cette mesure est  incomplète 

pour  les PME, parce qu’elle néglige  les différentes dimensions de  l’internationalisation présentées plus 

tôt, ne prend pas en compte  la stratégie préconisée par  le chef d’entreprises et d’autres  facteurs  tout 

aussi pertinents tels que le délai d’apprentissage ou encore la dimension du marché national. En outre, 

tel que l’ont mis à jour Ceci et Valersteinas (2006), le taux d’exportation fait abstraction de la pérennité 

des  activités  internationales,  le  degré  d’organisation  de  l’entreprise  ou  la  complexité  de  certaines 

activités, notamment sur des marchés moins connus.  

 

Établir un  lien entre  l’internationalisation et  la performance des entreprises ne nous éclaire pas sur ce 

qui  stimule  la  performance  à  savoir  quelles  décisions  ont  été  prises,  quel  modèle  d’affaires  a  été 

privilégié,  comment  les  ressources  sont  organisées,  etc.  Pour  identifier  ces  stimuli  ou  «facteurs»  de 

performance, il faut décomposer l’entreprise en portefeuille d’actions et de décisions, et disposer d’une 

grille d’analyse adéquate.  

Les différentes dimensions de l’internationalisation «influent» sur quoi dans l’entreprise ? Peu d’études 

permettent d’identifier toutes ces informations. Une façon utile permettant d’identifier le plus d’impacts 

possibles  est  d’abord  de  s’interroger  sur  les  défis  que  tente  de  relever  l’entrepreneur  par 

l’internationalisation.  De  cette  façon,  il  sera  plus  facile  d’identifier  les  indicateurs  de  performance 

pertinents,  ceux‐ci  pouvant mesurer  la  croissance,  l’efficience,  l’intégration  à  une  chaîne  de  valeur 

mondiale, ou simplement la satisfaction du dirigeant d’avoir conquis les cinq continents !   

 

C’est  pour  affiner  notre  compréhension  de  l’internationalisation  des  PME  dans  le  contexte  actuel 

d’économie mondialisée, que nous avons rencontré des propriétaires dirigeants de PME qui nous ont fait 

part de leur expérience. Ces quatre entreprises québécoises font partie du réseau de Carrefour Québec 

International (CQI) et, à ce titre, ne pourront pas être considérées comme baromètres du comportement 

des  autres  PME,  limitant  la  portée  de  nos  observations.  En  revanche,  leurs  comportements  et  leur 

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expérience sont éclairants de la diversité des réactions des dirigeants de PME, tout en nuançant le mythe 

à l’effet que la taille constitue une variable critique de l’internationalisation de ces entreprises.  

Pour  enrichir  les  informations  tirées de  ces quatre  entreprises, nous utiliserons  les  résultats d’autres 

entrevues réalisées à partir de  la même grille d’information, à  l’été 2008, auprès de dirigeants de PME 

françaises, marocaines, libanaises et québécoises.  

 

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INTERNATIONALISATION DES PME : TÉMOIGNAGES DE CHEFS D’ENTREPRISE 

 

Tel que dit plus haut,  la  littérature offre peu d’éclairage quant au  comportement des PME et à  leurs 

façons de s’intégrer à la mondialisation, ni à l’influence de cette nouvelle réalité sur les besoins de revoir 

leur  modèle  d’affaires.  Pour  appréhender  correctement  ce  phénomène,  il  est  donc  nécessaire  de 

discuter avec des chefs d’entreprise. Cette méthode de collecte de données est préférable dans le cadre 

d’une recherche où le degré de connaissance du phénomène étudié est faible, mais oblige également à 

une véritable minutie dans  la sélection des entreprises si  l’on veut assurer une certaine généralisation. 

Or, cette généralisation sera  impossible à partir des quatre entrevues réalisées7 dans  les derniers mois, 

pas plus qu’avec  les 18 autres réalisées auparavant. La diversité des comportements des PME est telle 

que  ces  premières  entrevues  n’ont  contribué  qu’à  dissiper  les  doutes  concernant  certaines 

interrogations, dont  le rôle de  la taille et du profil du dirigeant, et à aider à mettre en  lumière d’autres 

facteurs  insoupçonnés  dont  l’importance  de  la  préparation  à  des  activités  internationales  ainsi  que 

l’influence des valeurs personnelles du dirigeant dans ses décisions d’internationalisation.  

Les entreprises ont été sélectionnées pour l’originalité de leur comportement ou de leur parcours. Elles 

font partie du réseau de Carrefour Québec  International et, à ce titre, ont  les caractéristiques de PME 

apprenantes,  réticulées,  flexibles et affichent des objectifs de performance économique et  financière. 

Elles  ne  sont  donc  pas  nécessairement  représentatives  de  l’ensemble  des  petites  entreprises 

manufacturières  québécoises  alors  qu’on  leur  reconnaît  des  caractéristiques  recensées  dans  la 

littérature et évoquées précédemment, dont de  très  fortes  capacités d’innovation et de  se distinguer 

auprès d’une clientèle non familière.  

Par ailleurs,  les PME rencontrées à  l’été 2008 sont un peu plus grandes et présentent une diversité de 

comportements et de contextes qui servira à enrichir nos observations8. Nous présentons certaines de 

leurs caractéristiques à l’annexe 2.  

 

                                                            7 L’entreprise D est une filiale d’une entreprise espagnole, et nous l’avons retenue afin d’illustrer le comportement d’une entreprise étrangère qui s’implante dans un autre pays (Investissement direct à l’étranger – IDE). Cette entreprise peut nous renseigner sur les actions à déployer pour stimuler la venue d’entreprises étrangères dans nos régions.

8  Lorsque nous voudrons nous référer à leur situation particulière, notre texte sera présenté dans un encadré précédé de la mention «Panel 18».

 

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Mondialisation et PME L’internationalisation des activités comme solution

 

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Tableau 2 : Quelques caractéristiques des entreprises ayant participé au forum de discussion  

  Compagnie A  Compagnie B  Compagnie C  Compagnie D 

Date de création  2003  1986  2001  1995 (filiale québécoise) ; 1967 (siège social en 

Espagne) 

Nombre d’employés  10  10 (dont 2 en France)  27  63 

Premières  activités internationales 

2003  1996  2003  1995 

Secteur / Produits  Bâtiments préfabriqués à ossature de bois 

Développement et installation de logiciels de 

communication «assistée» 

Développement et installation de système de gestion des magasins  

Produits dérivés du pétrole 

Taux d’exportation  100%  À compléter   30 – 35%  100% 

Clientèle  Constructeurs et développeurs immobiliers 

Municipalités, sécurité civile, sécurité publique 

Institutions scolaires, secteur médical, secteur 

aérospatial 

Entreprises multinationales de produits ménagers 

Principaux marchés  Islande, Australie, France, Allemagne, 

Espagne 

Canada, France, Italie  Canada, Hongrie, États‐Unis, Slovaquie 

États‐Unis, Mexique, Europe via le siège social en Espagne 

Taux d’importation  0%  0%  Achat d’une composante du produit fini aux États‐

Unis 

Importe une composante de 

l’Espagne 

Phase  de  développement (avant la récession) 

Croissance rapide  Croissance rapide  Croissance rapide  Croissance 

Atouts  Produit différencié, adaptabilité, prix, temps 

de réponse 

Produit de niche, fiabilité, implication du personnel 

Produits de niche, valeur ajoutée technologique, 

flexibilité, connaissance et savoir‐faire 

Produit compétitif, réactivité du personnel, 

innovation technologique, service à 

la clientèle 

Caractéristiques  Conserver une dimension humaine à 

l’entreprise 

Volonté d’être présent sur les cinq continents 

Forte orientation R&D, réseautage auprès des milieux politiques et 

consulaires  

Autonomie au niveau de l’innovation et transfert de connaissances vers le 

siège social 

 

Les entrevues ont permis de constater que chaque entreprise est en mesure d’identifier ses principaux 

atouts et ses facteurs de compétitivité sur  les marchés étrangers. Il s’agit  là d’un trait qui distingue ces 

entreprises  de  l’ensemble  des  PME  où  les  dirigeants  ne  sont  pas  toujours  en mesure  d’identifier  les 

déterminants de leur compétitivité bien que cela est nécessaire pour mettre en valeur l’entreprise dans 

des marchés compétitifs.  

Dans  un  premier  temps,  nous  avons  interrogé  les  dirigeants  sur  les  formes  d’internationalisation 

adoptées et discuté des impacts sur l’organisation. Nous avons ensuite interrogé leurs motivations, ainsi 

que  les  principaux  facteurs  de  succès  ou  facilitateurs,  avant  de  nous  arrêter  sur  les  difficultés 

rencontrées. 

 

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Quelles sont les formes d’internationalisation mises en place ? 

Notons  d’abord  que  les  entreprises  ont  des  engagements  différents  face  à  l’internationalisation.  Les 

quatre entreprises exportent, et deux  importent une  composante  à  leur produit. On  confirme que  le 

marché local fournit les ressources nécessaires à leurs activités et dans les normes requises. À cet effet, il 

a  été  constaté  une  forte  insistance  pour  «acheter  local»  tant  que  les  conditions  le  permettront  et 

qu’elles  trouvent  dans  leur  environnement  des  intrants  de  qualité.  Lorsque  les  produits  fabriqués 

demandent des ajustements pour répondre aux besoins des clients étrangers, il est plus facile et efficient 

de travailler avec des fournisseurs locaux. La capacité d’innovation, leur adaptabilité à des variations des 

produits demandés et leur flexibilité pour respecter les normes en usage dans d’autres pays9 constituent 

des critères importants dans le choix des fournisseurs et qui dominent ceux qui sont fondés sur les prix. 

On ne peut être compétitif à  l’étranger sans une assurance de qualité de  la part de ses partenaires. Ce 

constat permet de nuancer l’affirmation de Holmlund et al. (2007) et de Pierre‐André Julien faite lors du 

séminaire à l’effet que pour exporter, il faut importer afin de se procurer les ressources nécessaires.  

Par ailleurs, aucune des entreprises n’utilise des équipements fabriqués à l’étranger dans son processus 

de production ni de  technologies particulières, étant donné  les  caractéristiques du  secteur d’activités 

mais aussi celles du produit fabriqué qui en est un de niche spécialisé et destiné à de petits marchés. 

PANEL  18 :  Lorsque  nous  interrogeons  des  entreprises  ayant  un  processus  de  production  à  plus  grand  volume (plastique, métal, etc.), on constate que les technologies locales ne permettent pas de respecter les standards de qualité et de délais, de  sorte qu’elles  font appel aux équipementiers étrangers pour  implanter  leur  système de production. Les choix technologiques résultent d’activités de veille réalisées par des participations à des salons ou expositions,  par  la  consultation  de  différents  fournisseurs  à  l’étranger  ou  simplement  à  partir  des recommandations  faites par  leurs clients étrangers. Ces achats à  l’étranger doivent s’accompagner d’activités de formation  chez  le personnel puisqu’il n’a  souvent pas  les  compétences pour opérer  efficacement  les nouveaux équipements. La fiabilité des équipements,  les normes  industrielles,  la facilité à discuter avec  les équipementiers pour obtenir du service, ou même les conseils de leurs clients sont les principales motivations pour procéder à ces achats, qui visent par contre à assurer la flexibilité, à réduire les délais, à accroître la qualité des produits.  

 

Dans  la  mesure  où  l’intégration  d’activités  internationales  dans  les  PME  peut  entraîner  certains 

dysfonctionnements  internes, elles ne peuvent directement  conduire  à une meilleure performance.  Il 

faut  donc  «ajuster»  les  fonctions  et  l’organisation  des  entreprises  pour  s’adapter  au  contexte 

                                                            9 On notera le cas d’une entreprise de construction dont les fournisseurs ont l’habitude de vendre au Canada et aux États-Unis où les composantes sont mesurées selon le système anglais alors que pour l’Europe, il faut tout mesurer selon le système métrique.

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international  dans  lequel  elles  doivent  œuvrer,  ce  que  nous  avons  qualifié  d’internationalisation 

organisationnelle.   

Étant principalement de petits exportateurs, l’internationalisation organisationnelle est peu sophistiquée 

ou développée. L’adaptation du matériel promotionnel,  la validation du nom de  la marque qui pourrait 

avoir des connotations négatives dans certains pays et  le développement des communications avec  les 

marchés étrangers font  l’objet d’une attention particulière. Comme cela a été noté, «Ce n’est pas juste 

une  question  de  langue,  c’est  aussi  une  question  de  langage  et  d’image  que  l’on  veut  projeter  à 

l’étranger».  L’ajustement des  stratégies  commerciales aux particularités de  chaque pays est aussi une 

compétence à développer dans  l’entreprise qui n’est pas toujours anticipée. Cela pourra demander de 

faire appel à des consultants ou à des organismes gouvernementaux spécialisés.  

L’embauche du personnel mettra l’accent sur la personnalité des individus et non exclusivement sur les 

compétences.  On  souligne  l’importance  d’avoir  du  personnel  bilingue,  ouvert  d’esprit,  patient, 

compréhensif, sensible aux autres cultures, et capable de s’adapter à différents contextes, notamment 

lorsque  l’entreprise  est  sur  plusieurs marchés  étrangers.  La  gestion  participative  devient  essentielle 

permettant  de motiver  les membres  du  personnel  afin  d’atténuer  les  difficultés  à  travailler  dans  ces 

contextes d’incertitude. Le personnel se sentant davantage  impliqué affiche une certaine fierté de voir 

les produits partir pour d’autres pays, ce qui accroît encore plus sa motivation. Les espaces de travail, la 

convivialité  entre  la  direction  et  le  personnel,  la  valorisation  des  employés  lorsqu’ils  «font  des  bons 

coups», le respect du personnel et la permission d’émettre des idées sont autant de pratiques d’affaires 

ou de comportements présents dans ces entreprises. Plusieurs dirigeants affirment que tout  le monde 

est  impliqué dans  les activités  internationales et non un nombre réduit d’employés spécialisés. Du côté 

des  plus  petites  entreprises,  on  constate  l’importance  du  «bien‐être»  du  personnel  et  le  souci  de 

permettre aux employés de «se réaliser» dans les activités qui génèrent plus de tension que des activités 

locales.   

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PANEL  18 :  Dans    notre  autre  panel,  on  note  le  développement  de  nouvelles  compétences  dont  les  langues, l’informatique, la logistique; l’intensification et la régularisation des activités de veille commerciale, technologique et concurrentielle; l’adoption de normes internationales au niveau des produits et des processus de production; un allongement des horaires de travail et les conséquences sur la gestion du personnel; et un besoin accru de visibilité de l’entreprise via l’Internet et les sites Web. Nos observations dans plusieurs pays suggèrent que la mondialisation pourrait avoir comme effet, au‐delà de  l’internationalisation des activités, d’obliger une mise à niveau des façons de faire des entreprises qui subissent les mêmes contraintes et la même tension pour maintenir leur compétitivité et ce, peu importe leur localisation.  

 

On notera par contre que les actions ou les décisions financières relèvent principalement du propriétaire 

dirigeant (même chez  les entreprises fortement  internationalisées ou de plus grande taille) qui négocie 

lui‐même avec les institutions financières. La gestion du risque de change, lorsqu’elle est formalisée, se 

fait souvent par le dirigeant directement auprès de son institution financière. Par contre, lorsqu’elles le 

peuvent, les entreprises réduisent au minimum les risques de change en fixant le prix de leurs produits 

dans leur propre devise.  

 

Quelles sont les motivations à l’internationalisation des activités ? 

La compagnie A a été créée suite à la réception d’une commande non sollicitée venant de l’étranger par 

un ancien contact d’affaires. Les deux compagnies B et C ont considéré la vente à l’étranger comme une 

stratégie  de  croissance  étant  donné  la  saturation  du marché  local  pour  des  produits  de  niche  très 

spécialisés. Quant à  la  compagnie D, elle est une  conséquence directe de  la  signature de  l’ALÉNA où, 

pour pouvoir pénétrer les marchés d’Amérique du Nord, il fallait s’implanter sur le continent. Les facilités 

disponibles dans  le parc  industriel, un partenariat  financier avec une société québécoise,  l’accès à une 

infrastructure  facilitant  toutes  les  formes de déplacement  (voix  ferroviaire, maritime  et  terrestre),  et 

certaines  affinités  culturelles  avec  le  Québec  ont  justifié  cet  investissement  direct  d’une  grande 

entreprise européenne, qui avait le choix de s’implanter aux États‐Unis, au Mexique ou dans le reste du 

Canada.  

Par  ailleurs,  les motivations  à  l’internationalisation  organisationnelle  sont méconnues  des  dirigeants 

puisqu’ils  perçoivent  leurs  décisions  comme  étant  une  simple  conséquence  de  l’internationalisation 

mercantile ou technologique, ne résultant pas d’un choix stratégique. En revanche,  les pratiques qu’ils 

mettent en place et  les ajustements qu’ils font à  leur organisation sont motivés par  le souci de réussir 

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leurs activités internationales en contrôlant les ressources et en réduisant les risques de leurs décisions.  

Malgré leur ignorance de l’importance de cette dimension des activités internationales, il est essentiel de 

la  comprendre  et  de  la mesurer  afin  de  faciliter  les  démarches  technologiques  et  commerciales  et 

d’assurer  leur  succès.  Les  dirigeants  doivent  donc  bien  saisir,  avant  d’aller  sur  les  marchés 

internationaux, à quel point cette décision pourra changer la configuration de leur entreprise afin de s’y 

préparer en conséquence.  

 

PANEL 18 : Les exportations sont motivées par la taille du marché national, la dépendance aux cycles économiques nationaux,  la volonté de vouloir  rentabiliser des  investissements ou de profiter de certaines opportunités qui se présentent de façon inopinée. Deux entreprises opérant dans le secteur agricole ont affirmé aussi vouloir réduire la dépendance face aux conditions climatiques par une diversification géographique.  

La  réduction des  coûts,  l’absence de  fournisseurs nationaux,  l’importance de  garantir une qualité  irréprochable sont  les  principales motivations  à  l’approvisionnement  outre‐mer,  celui‐ci  pouvant  être  assuré  par  de  simples relations commerciales, mais également par de la sous‐traitance et la présence de filiales à l’étranger.  

Du côté technologique, les investissements dans les systèmes de production venant d’outre frontière se justifient principalement par  l’absence sur  le marché national d’équipements adéquats,  les  recommandations du donneur d’ordres, le besoin de s’aligner sur les technologies mondiales pour intégrer des chaînes de valeur. On notera aussi le fait de vouloir réduire la dépendance face à une main‐d’œuvre de plus en plus difficile à remplacer, ce qui est le cas dans  les pays développés,  ainsi qu’un  intérêt  à  investir dans des équipements et des  technologies  faciles  à utiliser  afin  de  réduire  les  besoins  de  formation  de  la  main‐d’œuvre.  Mais  au‐delà  de  motivations  d’ordre technique, on note l’importance qu’accordent toutes les entreprises à la satisfaction des besoins de leurs clients.  

 

Les facteurs «inducteurs» de succès 

Plusieurs  comportements  communs  aux  entreprises  se  dégagent  des  discussions.  D’abord,  il  a  été 

fortement conseillé de visiter  les pays des entreprises avec qui  ils souhaitent  faire des affaires, afin de 

corroborer l’information relevées de diverses sources, mais aussi pour se familiariser avec les différents 

éléments culturels. Les informations de base ou initiales sont souvent collectées sur Internet, auprès des 

réseaux  sectoriels  ou  d’affaires,  auprès  des  principaux  partenaires.  Les  activités  de  veille  sont 

systématiques  et  diversifiées.  Mais  celles‐ci  ne  permettent  pas  toujours  d’identifier  d’éventuelles 

difficultés et d’éveiller l’attention à des éléments ou des contextes qui pourraient s’avérer difficiles.  

Par  ailleurs,  ces  visites  ne  devraient  pas  se  concentrer  dans  les  zones  touristiques  ou  à  grand 

achalandage,  car elles ne permettent pas de  comprendre  la  culture du pays ni de  saisir  l’ampleur de 

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l’importance  de  l’informel.  Pour  le  président  de  la  compagnie  B :  «Visiter  le  pays  convoité  est  plus 

«profitable» et instructif qu’une étude de marché, parce qu’elle lève le voile sur l’informel.»  

Avant de se déplacer, il faut évidemment une préparation rigoureuse afin de parfaire la connaissance du 

marché étranger. Vient s’ajouter à l’horaire la participation à titre de visiteurs à des foires et des salons 

pour voir  les clients,  les tendances, pour connaître  les pratiques d’affaires,  les façons de faire,  les us et 

coutumes.  Un  dirigeant  a  mentionné  explicitement  l’intérêt  de  travailler  avec  les  ambassades,  les 

représentants  consulaires  dans  le  pays  visé,  afin  d’obtenir  une  information  plus  précise  sur  les 

entreprises qui pourraient devenir d’éventuels partenaires. Ces informations sont cruciales dans les pays 

moins traditionnels où les systèmes politiques ne sont pas totalement transparents.  

Comme  cela  a  été  noté  par  de  nombreux  chercheurs,  les  réseaux  sont  particulièrement  fertiles  en 

conseils et facilitent grandement la prise de décisions, puisque l’information qui y circule a déjà subi un 

premier traitement. Par contre, ce ne sont pas les réseaux formels les plus efficaces, soit ceux composés 

des  consultants,  des  chambres  de  commerce  ou  des  agences  gouvernementales,  mais  les  réseaux 

informels  formés  de  gens  appartenant  au  cercle  de  connaissances  des  dirigeants  des    PME,  car  ils 

procurent une information plus fiable permettant ainsi de réduire les délais et les risques étant donné la 

confiance. On peut  aussi  apprécier  un  effet domino où un premier  contact dans  l’environnement du 

dirigeant (souvent un autre dirigeant d’entreprise ayant vécu une expérience semblable) en entraîne un 

second  auprès  de  personnes moins  connues  augmentant  ainsi  l’étendue  du  réseau  informel  du  chef 

d’entreprise.  Cela  a  été  souligné  par  plusieurs  dirigeants  du  forum, mais  aussi  du  panel  18,  qui  ont 

affirmé que de  façon non planifiée, «ils vont où  l’information  les mène,  ils  se  laissent «porter» par  le 

réseau».  Un  contact  pour  un  débouché  à  l’exportation  peut  mener  à  une  suggestion  de  nouveau 

fournisseur de matière première ou vers une entreprise avec qui il serait intéressant de collaborer.  

Il est  important aussi de partager  les mêmes valeurs que  les clients ou  les partenaires à  l’étranger. Les 

dirigeants doivent donc se demander ce qu’ils sont prêts à accepter résultant de différence culturelle. Un 

chef d’entreprise a renoncé à un pays lorsqu’il a pu mesurer l’inégalité des classes sociales et le mépris 

exprimé par  les gens des classes privilégiées envers ceux des classes défavorisées. Un autre a vendu sa 

participation dans une entreprise à l’étranger suite à l’observation d’un accident de travail où la victime 

n’a  pu  être  soignée  par  le  personnel  compétent.  La  plupart  des  dirigeants  rencontrés  ont  exprimé 

l’importance  que  revêt  l’approche  humaine  dans  les  relations  internationales,  au‐delà  des  affaires. 

Plusieurs ont insisté : «il faut avoir du plaisir, et c’est impossible si on  ne partage pas les mêmes valeurs. 

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On devient des amis!». Un chef d’entreprise a affirmé que sur  les marchés étrangers : «on ne cherche 

pas un client, on cherche une relation».  

La capacité d’adaptation du personnel pour ajuster leur réponse et leur façon de s’adresser à des clients 

étrangers  est  indispensable.  L’anglais  étant  la  langue  des  affaires  la  plus  utilisée  dans  les  contextes 

internationaux,  les employés doivent parfois communiquer avec des étrangers pour qui  l’anglais est  la 

cinquième  langue. Ayant une moins grande maîtrise des subtilités de  la  langue,  les communications se 

font  parfois  de  façon  directe,  voire  impérative. Un  personnel  peu  flexible  ou  carrément  fermé  à  ces 

situations serait un important frein au succès des activités internationales.  

Enfin,  il  y  a  unanimité  quant  à  l’importance  de  disposer  d’une  capacité  d’innovation  globale  et  non 

seulement  sur  le  produit.  Cette  capacité  d’innovation  n’est  pas  toujours  liée  à  des  activités  de  R‐D 

formelles  et  structurées.  Elle  peut  être  fort  différente  d’une  entreprise  à  l’autre,  selon  le  type 

d’innovation  sur  lequel  se  focalise  l’entreprise.  Du  côté  de  l’exportation,  plusieurs  dirigeants  ont 

mentionné que  le produit de  l’entreprise, bien qu’il puisse être unique et distinctif, n’est pas un atout 

suffisant. On reconnaît l’importance d’accompagner ce produit d’un service de qualité, d’un savoir‐faire, 

etc. La tertiarisation de  l’économie pousse ainsi  les entreprises manufacturières à miser davantage sur 

des atouts immatériels et inimitables que sont le savoir‐faire, la qualité de la relation avec la clientèle, la 

flexibilité et la grande capacité d’adaptation à différentes situations. Pour un dirigeant, «on ne vend pas 

un produit à l’étranger, on vend une solution».  

L’attitude  des  dirigeants  face  à  l’internationalisation  est  un  élément  commun  qui  peut  favoriser  le 

succès. Les dirigeants  sont  réticulés et ouverts à  la collecte et au partage d’information;  ils  favorisent 

l’implication  de  leur  personnel  et  la  gestion  participative;  mais  surtout,  ils  perçoivent  dans 

l’environnement  international  davantage  d’opportunités  que  de  menaces,  suggérant  ainsi  un 

comportement  ouvert  à  la  prise  de  risque, mais  réfléchie,  celle‐ci  étant  en  partie  contrôlée  par  de 

multiples actions. 

Le tableau 3 commente quelques uns des préjugés ou des mythes à l’égard de l’internationalisation des 

PME qui ne se sont pas avérés chez les dirigeants rencontrés ou, à tout le moins, qui ont été nettement 

plus nuancés.  

 

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Tableau 3 : Internationalisation des PME : Mythes et réalités ! 

Facteurs «mythiques» de l’internationalisation des PME 

Commentaires 

L’expérience préalable du dirigeant dans des activités internationales 

Pas toujours important notamment si le dirigeant peut compter sur une équipe managériale ou un réseau de contact qui possède cette expérience. 

Taille «critique» de l’entreprise  Dépend du processus d’internationalisation et de  la  capacité d’apprentissage de  l’entreprise.  De  plus,  cette  taille  s’accroît  substantiellement  avec  les partenaires du réseau de l’entreprise. 

Internationalisation par étape  L’internationalisation est plus souvent réalisée par opportunisme et ensuite par optimisation dans un contexte de gestion des risques.  

Maîtrise de plusieurs langues  Principalement  l’anglais, mais  il  faut  davantage  porter  attention  à  la  culture qu’à la langue et distinguer la langue du langage.  

Taux élevé d’activités de R‐D et d’innovation  Avoir un produit distinctif est essentiel, tout autant qu’un produit de «qualité» et pouvant être «adapté» aux besoins des clients.   

Proximité physique pour faciliter le succès  Cela  dépend  des  opportunités.  Par  contre,  un  premier  marché  non conventionnel pourra exiger plus d’efforts pour l’entreprise canadienne, ce qui l’incitera  à  développer  son  deuxième  marché  dans  un  environnement semblable qu’elle aura réussi à maîtriser. 

Exportation et importation vont de pair  Pas  toujours,  surtout  lorsque  les  produits  exportés  demandent  de  travailler étroitement  avec  ses  fournisseurs.  Il  est  donc  préférable  de  trouver  des fournisseurs locaux qui pourront contribuer à l’innovation du produit.  

Technologies sophistiquées  Pas toujours, cela dépend du produit.  

Développement isolé   L’internationalisation  réussit  grâce  à  un  travail  intégré  avec  des  partenaires sélectionnés.  

Prise de risque inconsciente  Le  processus  est  plutôt  réfléchi  demandant  parfois  une  longue  période  de préparation, afin de réduire l’incertitude.  

 

Difficultés sous‐estimées dans la démarche d’internationalisation  

Les  inconvénients  associés  à  la  connaissance  limitée  des  particularités  culturelles,  politiques  et 

économiques  des  autres  pays,  ont  été  souvent  mentionnés  comme  retardant  le  processus 

d’internationalisation ou menant même à son échec. Plusieurs dirigeants ont affirmé ne pas être bien 

préparés  à  toutes  les  facettes  du  multiculturalisme,  que  ce  soit  sur  la  langue,  les  façons  de 

communiquer,  les pratiques d’affaires,  l’importance de  la  structure hiérarchique. On  suggère alors de 

travailler  avec  des  institutions  canadiennes  sur  place  ou  encore  songer  à  l’embauche  d’un  employé 

connaissant la culture du pays10 où l’on veut travailler.  

                                                            10 En revanche, l’embauche d’un employé étranger peut présenter beaucoup de difficultés pour les entreprises canadiennes, au niveau du système social et de l’intégration : obtention du permis de travail ; location d’un appartement à un locataire sans référence (pas de compte bancaire, pas de référence, pas de NAS) ; impossibilité de souscrire à une assurance pour les trois premiers mois ; difficulté à acheter une voiture. La solution est de faire affaire avec une firme d’avocat spécialisée, mais cette

solution n’est pas à la portée de toutes les PME.  

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Le  financement est  soulevé comme un problème notamment pour  les entreprises nées mondiales qui 

n’ont  pas  d’historique  de  crédit  ni  d’expérience  d’affaires  importante.  Et  sans  l’intervention  de 

Exportation, Développement Canada  (EDC),  les comptes clients et  les stocks ne peuvent être cédés en 

garantie  à  une  banque  pour  l’obtention  d’un  financement  d’exploitation.  Un  dirigeant  qui  a  pu  se 

constituer  un  coussin  de  liquidités  avant  sa  première  transaction  internationale  a  affirmé  que  «le 

financement est disponible  lorsqu’on n’en a plus besoin» ! Cette réalité peut freiner  le développement 

international ou même obliger  les entreprises canadiennes à s’orienter vers certains marchés pour qui 

les contraintes financières sont réduites. 

Il a été noté précédemment que le personnel est considéré comme un important facteur de succès, mais 

il peut  aussi devenir un  facteur d’échec ou de difficultés.  Les problèmes de  recrutement notamment 

pour les PME localisées en‐dehors des grands centres urbains, peuvent être problématiques tout autant 

que  leurs  capacités  à  retenir  ce  personnel  qualifié.  Cela  est  d’autant  plus  difficile  que  les  critères 

d’embauche  dépassent  largement  la  maîtrise  des  compétences  techniques.  Certains  dirigeants 

envisagent de revoir les méthodes de travail en permettant le «travail à distance» ou le «télé‐travail».   

De plus, on note les difficultés à fixer un prix de vente ajusté à la réalité du pays étranger. Si le produit 

canadien  est  relativement  unique  dans  un  pays,  il  est  difficile  voire  impossible  d’avoir  des  points  de 

repères précis pour fixer un prix «juste» à  l’étranger. Finalement,  les délais pour conclure une entente 

peuvent devenir un  important facteur de risque pour  les PME. Ces délais entraînent des conséquences 

monétaires  qui  ne  sont  pas  toujours  négligeables.  Conjugué  à  un  financement  qui  ne  serait  pas 

facilement accessible, la situation pourrait donc être fatale pour la petite entreprise.  

Qu’en est‐il de la taille de l’entreprise et des ressources disponibles ?  

Nous avons demandé aux dirigeants  si  la  taille de  leur entreprise pouvait être  considérée  comme un 

facteur  critique  à  leur  internationalisation  ?  Les  dirigeants  interrogés  ne  peuvent  répondre  à  cette 

question directement, étant  limités à  leur propre expérience, mais n’ont pas  semblé particulièrement 

«contraints» dans leurs décisions d’internationalisation. On retiendra toutefois des discussions que leur 

petite taille place au cœur de tout le développement et de toutes les décisions le chef d’entreprise. Les 

visites  nécessaires  à  l’étranger,  et  dont  l’information  ne  peut  être  partagée  via  des  rencontres  par 

satellite,  exigent  d’avoir  au  Canada  du  personnel  autonome  et  compétent,  ce  qui  semblait  une 

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caractéristique des plus petites entreprises. En revanche,  les décisions sont plus  longuement muries et 

les risques sont mieux gérés chez les plus petites entreprises qui n’ont pas la possibilité de se tromper. Le 

développement  de  nouveaux marchés  demande  dès  lors  une  plus  longue  préparation  chez  les  plus 

petites. Ceci influence également leur intérêt à participer à des missions commerciales organisées par les 

gouvernements, puisque celles‐ci sont souvent annoncées à court terme. Leur préparation est facilitée 

par  la  documentation  disponible  auprès  d’organismes  gouvernementaux  et  d’agences  sectorielles 

nationales et  internationales. D’ailleurs, comme  l’a affirmé un dirigeant, «La préparation à une mission 

fait foi de son succès». CQI tient des séances de formation pour se préparer à une mission à l’étranger, 

ce qui est perçu comme nettement plus profitable. Ces missions permettent également de développer 

des ententes avec des entreprises canadiennes qui font partie du voyage.  

 

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Conclusion 

 

Les résultats des quelques entrevues montrent que l’internationalisation des PME est plurielle, qu’elle se 

fait  à  des  rythmes  très  divers  et  souvent  au  gré  des  opportunités  plutôt  que  par  un  cheminement 

entièrement planifié à l’avance, bien que les dirigeants ont tous affirmé ne rien faire à l’improviste. Les 

réseaux créés permettent aux entreprises de profiter de nouvelles opportunités selon leur cheminement 

et  les marchés  qu’elles  convoitent.  Les  «bons  réseaux»  sont  plus  souvent  informels  et  les  dirigeants 

attachent plus d’importance à leurs contacts personnels car ils sont considérés plus fiables, augmentant 

la précision de l’information et réduisant significativement l’incertitude.  

Tous  les  propriétaires  dirigeants  ont mentionné  qu’ils  devaient  «avoir  du  plaisir»  dans  leurs  activités 

internationales. Ainsi, on ne pousse pas  les chefs d’entreprise  là où  ils ne veulent pas aller, car ce sont 

eux qui assument  les risques de  leurs décisions. Les chefs d’entreprise ont aussi besoin d’apprivoiser  le 

risque  dans  les  contextes  d’incertitude  et  lorsque  c’est  fait,  ils  acceptent  plus  facilement  de  prendre 

d’autres  risques, comme  celui de  faire croître  la  taille de  leur entreprise,  car  ils  savent qu’ils peuvent 

réussir à les gérer. Toutefois, la croissance induite par l’internationalisation peut obliger l’entreprise à se 

développer plus rapidement que ce qu’est capable de contrôler le dirigeant, ce qui peut devenir un frein 

pour certains chefs d’entreprise. 

Par ailleurs,  l’internationalisation a des retombées tangibles sur  l’entreprise mais a aussi des exigences. 

La capacité d’innovation est un élément clé de  l’internationalisation, mais également une conséquence 

car il faut être apte à modifier rapidement ses produits ou même ses façons de faire selon les exigences 

des clients. Il en est de même de la flexibilité du personnel et des capacités stratégiques des entreprises, 

de  la  qualité  de  leurs  processus  et  de  leurs  compétences  qui  verront  leur  niveau  rehaussé 

significativement avec le degré d’internationalisation. Par contre, il n’y a pas de modèle unique. Dans des 

marchés à grands volumes, on insiste davantage sur des éléments de délais, de qualité et de prix; alors 

que sur des marchés de niche, on sera plus attentif à la possibilité pour l’entreprise canadienne d’ajuster 

son  produit  ou  son  service  aux  besoins  des  clients,  tout  en  fournissant  un  savoir  faire  unique.  Ces 

conséquences  sur  les PME  se  reflètent évidemment  sur  leur niveau de  compétitivité qui ne peut que 

s’améliorer. Peut‐on constater ceci sur  la performance  financière ? Pas nécessairement à court  terme, 

car ces ajustements entraînent également des coûts. Mais il n’est peut‐être pas nécessaire d’observer de 

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meilleures marges de profit pour conclure aux bénéfices de l’internationalisation. La performance accrue 

pourra  être  mesurée  par  une  meilleure  qualité  des  produits,  un  taux  de  rétention  du  personnel 

supérieur, un niveau de liquidités plus stable, à condition d’avoir pu bénéficier du «bon financement au 

bon moment». Comme le disait un chef d’entreprise, «il faut être aussi bons que les grandes entreprises 

lorsqu’on  veut  accéder  aux  marchés  étrangers,  tout  en  offrant  les  qualités  humaines  de  la  petite 

entreprise».  

Le  dénominateur  commun  à  toutes  les  entreprises  interrogées  est  leur  capacité  d’adaptation  et 

d’apprentissage.  Travailler  dans  des  contextes  d’incertitude  demande  des  compétences  particulières 

qu’elles  n’avaient  peut‐être  pas  toutes  à  l’origine,  mais  qu’elles  ont  su  développer.  Les  dirigeants 

reconnaissent  que  les  activités  internationales  permettent  d’ouvrir  les  horizons  et  d’apprécier  les 

différentes façons de faire observées ailleurs et qui peuvent être importées chez eux.   

 

Quelques éléments de réflexion  

Pour être compétitifs à l’échelle mondiale, les entrepreneurs doivent demeurer ouverts à modifier leurs 

façons de faire les choses. Alors qu’il y a vingt ans on n’évoquait pratiquement jamais la possibilité pour 

une PME de sous‐traiter une partie de sa production à l’étranger, ceci devient de plus en plus un élément 

faisant  partie  des  solutions  à  envisager  pour  conserver  ou  accroître  sa  compétitivité.  Par  ailleurs,  

l’économie  mondiale  bouge  à  une  vitesse  impressionnante  et  les  gouvernements  de  tous  les  pays 

cherchent des façons originales de retenir leurs entreprises pour qu’elles créent des emplois localement. 

On  voit  donc  les  gouvernements  de  plusieurs  pays  européens  mettre  sur  pied  des  programmes  à 

l’attention des PME pour  financer  leurs coûts de R‐D et  les  inciter à  innover davantage. Que doit  faire 

l’entreprise  canadienne dans  ce  contexte où  ses  coûts de R‐D  seront  systématiquement  supérieurs  à 

ceux de ses concurrents? En plus de la délocalisation d’activités de production pour profiter de bas coûts 

de l’étranger et d’un savoir faire absent localement, va‐t‐on assister également à une délocalisation des 

activités  de  R‐D  des  PME?  On  imagine  facilement  que  la  vitesse  de  réaction  exigée  des  petites 

entreprises  doit  trouver  un  corolaire  du  côté  des  gouvernements  qui  deviennent  de  plus  en  plus  un 

acteur stratégique.  

Par ailleurs, pour donner une  image «fidèle» du degré d’internationalisation des entreprises ou encore 

de leurs capacités à s’intégrer et à concurrencer dans l’économie mondiale, il faut développer des indices 

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adéquats.  Comment  mesurer  le  degré  d’internationalisation  des  entreprises?  Le  ratio  de  ventes  à 

l’exportation aux ventes totales est loin d’être une mesure adéquate et sous‐estime de façon importante 

le degré d’internationalisation.  Il  faut prendre en compte  les  trois dimensions de  l’internationalisation 

pour développer un indicateur complet. Glaum et Oesterle (2007) suggèrent en plus de tenir compte de 

la  taille  du marché  national  pour  établir  cet  indice. Une  entreprise  américaine  qui  vend  80%  de  ses 

produits à  l’étranger est nettement plus  internationale qu’une entreprise allemande qui  fait de même 

considérant  la  taille  de  leur marché  national  respectif.  En  France,  22%  des  entreprises  de  20  à  249 

salariés  ont  des  ventes  à  l’étranger  (Ceci  et  Valesteinas,  2006)  alors  que  l’enquête  réalisée  par 

Hollenstein  (2005)  en  Suisse montre  que  les  ventes  domestiques  représentent  seulement  54%  des 

ventes totales des entreprises de moins de 50 salariés, près du quart étant des exportations et le dernier 

quart étant attribué à une présence directe sur les marchés étrangers (distribution, production, gestion, 

service,  etc.).  Ce  dernier  résultat  est  en  forte  progression  et  on  assiste  de  plus  en  plus  à  des 

déplacements physiques à l’étranger des activités des entreprises de toutes les tailles.  

Qu’en  est‐il de  l’importation des PME ou de  l’origine de  leurs  intrants, que  ceux‐ci proviennent d’un 

fournisseur à  l’étranger ou d’une délocalisation pure et simple de  leurs activités? L’approvisionnement 

international pour certains produits rend  les PME vulnérables à des variations de  taux de change, à  la 

modernisation des pays  jadis en voie de développement, à des crises politiques régionales. Concernant 

l’internationalisation technologique,  il serait nécessaire de mesurer  la dépendance des entreprises face 

aux équipementiers  internationaux ainsi que  les  incidences sur  l’entretien des équipements,  le service 

après vente et finalement, sur les qualifications du personnel.  

 

À l’attention des pouvoirs publics …  

À l’attention des pouvoirs publics qui focalisent principalement sur l’exportation des entreprises de leur 

économie afin de créer des emplois et de  la richesse, nous suggérons d’adopter une approche globale 

dans  leurs  actions,  en  prenant  en  compte  les  différentes  dimensions  de  l’internationalisation  et 

l’ensemble des variables qu’il faut considérer. Mettre l’accent uniquement sur le degré d’innovation d’un 

produit ne permet pas à  lui seul d’assurer une performance  internationale, pas plus que de rajeunir  le 

parc d’équipement et d’investir dans  les nouvelles technologies. L’exportation sans considération de  la 

capacité  d’innovation  globale  de  l’entreprise,  de  ses  capacités  d’apprentissage  et  d’adaptation 

spontanée à des changements subits de son environnement, de ses capacités  technologiques et de sa 

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flexibilité ne peut qu’accentuer la vulnérabilité des PME et les risques de défaillance, ou encore produire 

des bénéfices à court  terme mais plutôt éphémères. Une étude réalisée sur  les capacités développées 

par des PME «mondiales», soit ces entreprises qui exportent sur plusieurs marchés une grande partie de 

leur production et qui bénéficient d’une structure de production technologique, montre que celles‐ci ont 

développé toutes les capacités stratégiques identifiées à la figure 3. Ces entreprises sont nettement plus 

engagées dans des activités de R‐D (ressources monétaires et humaines) qui touchent tous les aspects de 

l’innovation (produits, procédés, équipements);  ont des capacités réticulaires supérieures, en ayant des 

collaborations formalisées plus souvent que les autres PME; adoptent des pratiques de GRH assurant les 

capacités d’adaptation et d’apprentissage de leur personnel par des activités de formation plus intenses 

et des pratiques prônant la valorisation et la rétention du personnel; ont des activités de veille, d’analyse 

et de diffusion de l’information nouvelle plus formalisées; et montrent leur préoccupation à satisfaire les 

besoins des  clients par un  service  approprié mais  aussi par une qualité  irréprochable  (Perrault  et  St‐

Pierre, 2008).  

Par ailleurs,  la PME «moyenne» maîtrise rarement toutes  les compétences nécessaires à  l’intégration à 

l’économie mondiale de  façon autonome et  isolée. Elle a besoin de partenaires dont  le  concours des 

agences  publiques  de  développement  économique.  L’appui  à  la  commercialisation,  des  séances  de 

formation sur  les particularités des différents pays, au‐delà du monde des affaires et aussi du contexte 

des États‐Unis, un  soutien  financier patient pour permettre d’absorber  les délais nécessaires avant  la 

conclusion  d’une  transaction  sont  autant  d’actions  qui  assoupliraient  les  difficultés  auxquelles  sont 

confrontés  les chefs des petites entreprises. Faciliter  les premières étapes de  l’internationalisation est 

aussi assurer un apprentissage nécessaire aux dirigeants des PME qui admettent dès lors leurs capacités 

à  travailler  dans  des  contextes  nouveaux,  réduisant  ainsi  leur méfiance  ou  leurs  craintes  face  à  leur 

internationalisation.  

Finalement, ne pas voir l’internationalisation comme un seul vecteur de performance mais aussi comme 

un important inducteur de risque. Les dirigeants qui sont hésitants à pénétrer des marchés étrangers ou 

à entrer en relations avec des partenaires étrangers craignent principalement les facteurs de risque alors 

que ceux qui sont plus proactifs voient davantage le potentiel de performance. Les risques sont présents 

et leur connaissance ne pourra que faciliter la préparation des entreprises, pour assurer leur succès.  

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En somme, mesurer  les capacités d’une PME à s’adapter, à  innover de façon globale, à développer son 

capital  social, à absorber un  certain  rythme de  croissance  sans  réduire  la qualité des produits,  ce qui 

pourrait  détériorer  la  réputation  de  l’entreprise,  est  certainement  une  stratégie  adéquate  que 

pourraient  adopter  les pouvoirs publics qui  souhaitent un plus  grand degré d’internationalisation des 

entreprises de leur pays. Ne pas oublier aussi d’évaluer la capacité du propriétaire dirigeant à diriger une 

entreprise qui pourrait voir son chiffre d’affaires se décupler, ce qui mènerait éventuellement à la venue 

de partenaires  financiers externes et donc à un partage de  la propriété de  son entreprise. Rappelons 

finalement que la PME performante est celle dont l’organisation est alignée sur l’orientation stratégique 

et les objectifs du propriétaire dirigeant.  

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ANNEXE 1 

Synthèse des écrits 

TABLEAU A1.1.  Déterminants  «endogènes»  de  l’internationalisation  liés  aux  caractéristiques  et compétences du dirigeant  

 

Caractéristiques et compétences du dirigeant  Auteurs 

Personnalité et vision  Hutchinson  et  al.  (2006);  Ripollés‐Melià  et  al.  (2007); Freeman et Cavusgil  (2007); Schuffel et al.  (2006); Antoncic et Hisrich (2000) 

L’expérience et expertise à l’international   Ripollés‐Melià  et  al.  (2007);  Freeman  et  Cavusgil  (2007); Loane et al. (2007); Hutchinson et al. (2006); Hsu et Pereira (2008) 

Compétences d’affaires : ‐ Compétences linguistiques et interculturelles ‐ Capacité à déléguer ‐ Capacité à construire un  réseau et à négocier  (Capital 

humain et relationnel) ‐ Capacité à définir les objectifs internationaux ‐ Capacité  à  avoir  une  idée  claire  des  développements 

internationaux ‐ Capacité à coordonner et à organiser les activités sur 

les terrains internationaux ‐ Capacités à mettre en œuvre et à gérer les opérations 

internationales « au jour le jour » (au niveau financier, juridiques, commercial, logistique, etc.) 

Antoncic  et  Hisrich  (2000);  Bigler  et  Nyffeler  (2006); Hutchinson et al.  (2006); Terjensen et al.  (2008); Hitt et al. (2006); Slater et al., 2007; Freeman et Cavusgil (2007) 

Degré de scolarité  Hutchinson et al., (2006); Pinho, (2007) 

Résistance au changement   Freeman et Cavusgil (2007) 

Perception : ‐ Perception du succès ‐ Perception des opportunités ‐ Perception de l’incertitude environnementale 

Scuffel  et  al.  (2006);  Antoncic  et Hisrich  (2000); Martìn  et Papadopoulos (2006); Loane et al. (2007)  

Distance psychologique  Agndal et Chetty (2007); Freeman et Cavusgil (2007); 

Attitude favorable à la prise de risque  Hutchinson et al.  (2006); Freeman et Cavusgil  (2007); Yeoh (2003); 

Engagement managérial  Hansen (2008); Freeman et Cavusgil (2007) 

 

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TABLEAU A1.2  Déterminants  «endogènes»  de  l’internationalisation  liés  aux  caractéristiques  et compétences de l’entreprise  

 

Caractéristiques et compétences de l’entreprise  Auteurs 

Taille de l’entreprise  Martìn  et  Papadopoulos  (2006);  Winch  (2008);  Ripollés‐Melià et al. (2007); Antoncic et Hisrich (2000); Karadeniz et al. (2007) 

Âge de l’entreprise  Martìn et Papadopoulos (2006); Karadeniz et al. (2007) 

Type de propriété (familiale ou non)  Ripollés‐Melià et al. (2007); Pinho (2007) 

Stratégie de marketing international et mode d’entrée      ‐ Nombre de pays      ‐ Diversité des pays      ‐ Adaptation du produit 

Aspelund et al.  (2007); Agndal et Chetty  (2007); Martìn et Papadopoulos  (2006); Calantone  et  al.  (2004);  Cavusgil  et Zou (1994) 

Savoir‐faire  Antoncic et Hisrich (2000) 

Avantage compétitif au niveau du produit  ‐ Accréditation à la norme ISO 9000 ‐ Assurance qualité ‐ Produit différencié ‐ Développement technologique (compétence en 

ingénierie) 

Hsu  et  Pereira  (2008);  Martìn  et  Papadopoulos  (2006); Pinho (2007); Wright et al. (2007); Bigler et Nyffeler (2006); Javalgi et al. (2007) 

Accès à l’information et capacité d’absorption   Yeoh (2003); Terjensen et al. (2008); Wright et al. (2007) 

Capacité à développer des réseaux  Agndal et Chetty (2007); Freeman et Cavusgil (2007); Loane et al., (2007) 

Capacité de planification  Cavusgil  et  Nevin  (1981);  Cooper  et  Kleinschmidt  (1985); Burton  (1987);  Diamantopoulos  et  Inglis  (1988); Madsen (1989).  

Capacité financière et chiffre d’affaires  Martìn  et  Papadopoulos  (2006);  Loane  et  al.  (2007); Antoncic et Hisrich (2000) 

Capacité à prendre des risques  Hutchinson et al. (2006) 

Capacité d’adaptation ou résistance au changement  Freeman et Cavusgil (2007) 

Capacité organisationnelle à développer des réseaux  Agndal et Chetty (2007); Freeman et Cavusgil (2007); Loane et al. (2007) 

Capacité d’apprentissage (sociale, technologique et de marché)  Hsu et Pereira (2008); Hansen (2008); Yeoh (2003) 

Capacité d’innovation  Salomon et Shaver (2005); Gibiat (1994); St‐Pierre (2003) 

 

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ANNEXE 2 

Entretiens auprès de dirigeants de 18 PME de 4 pays différents 

Pour mieux comprendre les motivations, les décisions, les comportements des dirigeants de PME face à l’internationalisation, nous avons interrogé des dirigeants de PME de différentes régions. Les entrevues ont d’abord été conduites en Bretagne (France) et au Québec (Canada), pour ensuite s’étendre au Liban et  au Maroc où nous  avions des  contacts. Cette  vision nord‐sud de  l’internationalisation  visait  à  voir l’influence  que  pouvaient  jouer  le  pays  et  son  système  économique  sur  la  dynamique  des  PME.  Les données ont été collectées entre les mois de juin à septembre 2008 et elles ont été analysées après avoir été retranscrites  (sauf pour  les entrevues au Maroc où  les dirigeants ont refusé que  leur conversation soit enregistrée).  

Le  tableau  suivant  montre  que  la  plupart  des  PME  sont  âgées  et  expérimentées,  sont  de  taille relativement  élevée  et ont  toutes,  à  l’exception d’une  entreprise, dépassé  le  cap des  cinq premières années d’existence qui sont souvent les plus fragiles. En revanche, leurs expériences internationales sont diversifiées, ainsi que leur degré technologique et d’innovation. Ce dernier résultat peut surprendre dans la mesure où l’innovation est relevée dans toutes les études comme un préalable à l’internationalisation, ce  qui  ne  serait  pas  systématique  et  plutôt  contingent  à  la  forme  et  aux  objectifs  de l’internationalisation. 

 

Tableau A2.1 : Description du profil des PME interrogées 

 Canada (4)  France (4)  Liban (5)  Maroc (5) 

Âge  22 – 27 ans  36 – 70 ans  1 – 56 ans  5 – 36 ans 

Expérience internationale  5 – 25 ans  4 – 38 ans  1 – 56 ans  5 – 36 ans 

Nombre d’employés  40 – 400  50 – 200  5 – 235  65 ‐ 150 

Stade de développement  Croissance élevée  Croissance  Croissance variable  Croissance variable 

Pourcentage d’exportation  5 – 95  5 – 80  35 – 100  0 – 15 

Pourcentage d’importation  0 – 70  ‐  10 – 100  50 ‐ 80 

Taux d’innovation  0 – 90 %  ‐  70 – 100 %  5 – 50 % 

Budget de RD (% des ventes)  0 ‐ 35  ‐  ‐  ‐ 

Sous‐traitance  Oui  ‐  Non  Oui / Non 

Degré technologique  Moyen à élevé  Moyen à élevé  Moyen à élevé  Faible à moyen