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Moutain Wilderness 93 - page 12 sur le label Rivières Sauvages
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mountainwildernessfrance
93
hiver 2012/2013
Espaces et espèces aquatiques de montagne
revue 93:revue 68 30/11/12 15:10 Page1
p. 4 - actions
« Changez d’approche… transportez-nous ! »
Montagne de vie, montagne en vie, participons à faire vivre nos montagnes !
p. 5 - dossier
Espaces et espèces aquatiques de montagne
p. 13 - paroles
Collapse, les 5 facteurs décisifs
p. 14 - actions
Parcs nationaux : L'Etat doit assumer ses responsabilités !
La Vanoise : révélateur de la crise des parcs nationaux
Les parcs nationaux sont en train de jouer leur survie !
p. 18 - a lire
p. 19 - agenda
2 mountainwi lderness - n° 93
En couverture
Lac du Lauzanier, Vallée de l’Ubaye (04)Parc national du Mercantour. © Claude Gouron
Imprimé sur papier 100 % recycléoffert par l’Imprimerie des Eaux-Claires, imprimerie labélisée Imprim'vert. Éd
it
© Parc national du Mercantour
© Claude Gouron
© Claude Gouron
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3mountainwi lderness - n° 93
Frédi Meignan, Président de Mountain Wilderness et gardien du refuge du Promontoire
mountainwilderness - n°93 - hiver 2012/2013MNEI - 5, place Bir Hakeim - 38000 Grenoble / tél. 04 76 01 89 08
www.mountainwilderness.fr - [email protected]
Directeur de publication : F. Meignan, Président / Coordination : F. Brondex, C. Delaittre. Crédits photo : Les photos sont issues des photothèques des différentes sections de MW, sauf mention contraire. Maquette, mise en page : N. Carli / Souris Verte / Impression sur papier recyclé : Imprimerie des Eaux Claires. N° ISSN : 1621 - 5974
Vont-ils tuer la Vanoise ?
Les déchets sur l’océan deviennent sixième continent, lepôle Nord bat des records de fonte, de tous les côtés lesconditions de la vie sur notre planète n’en finissent pas dese dégrader.Heureusement, les prises de conscience, les recherches,l’imagination, la créativité et le courage d’hommes et defemmes permettent de commencer à tracer d’autres cheminsplus respectueux de notre avenir. Et heureusement, nousavons su préserver un peu des trésors de la nature : avecnotamment des territoires d’exception, source de bien-être,qui sont aussi source d’inspiration pour retrouver un déve-loppement et une relation de l’Homme à la nature pluséquilibrés, viables, vitaux.
Les montagnes du Parc National de la Vanoise sont de ceux-là.Ces montagnes sont magnifiques, et la vie humaine a besoin de beauté. Cesmontagnes sont riches d’une nature exceptionnelle, et les humains ont besoin d’harmonie, d’émotions, d’enchantement, de ressourcement. Ces montagnes sont lelieu d'expériences de vie particulières, de savoir-faire au cœur de la nature, depassions partagées : or nous sommes nombreux à rechercher des relationshumaines, sans artifices, fortes et belles. Elles sont donc joyaux de découvertes etd’épanouissement pour les hommes d’aujourd’hui et les générations de demain.
Malheureusement, parfois, pour certains dans nos vallées, l’appât du gain devient le« sens unique » de la vie : la nature et les hommes ne doivent en aucun cas perturbercette quête du toujours plus, pour quelques-uns. Ces montagnes devraient, pourcertains élus locaux, rester prisonnières d’un modèle économique unique, en « copié-collé » de ce qui existe déjà ailleurs. Cette vision traduit un manque crueld’imagination, des réflexions tronquées et donc un véritable danger pour lamontagne.
Les élus locaux de Tarentaise et de Maurienne, pour qui la montagne se réduit à ce « business blanc », menacent de rabougrir le Parc National de la Vanoise à laportion congrue (juste de quoi en garder le label ?).Il est impensable de laisser sacrifier ces massifs, du fait des œillères de quelques-uns.Pour nous qui vivons en montagne, comme pour ceux qui y viennent, de touteprovenance, ces montagnes appartiennent au patrimoine commun et universel del’humanité. Une terre d’avenir, d’expérimentations qui doit continuer à bénéficier del’indispensable protection du Parc National. Une terre d’avenir qui, comme tous lesautres massifs, mérite de bénéficier d’un vrai projet collectif. C’est le sens dumouvement qui prend de l’ampleur autour de « l’Appel pour nos montagnes ».
Édito
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4 mountainwi lderness - n° 93
« Changez d’approche… transportez-nous ! »
C’est l’invitation que lancent conjointement le Parc
national des Écrins et Mountain Wilderness avec
l’appui du Comité Départemental du Tourisme à tous
les « parcoureurs » du massif des Écrins.
C’est une invitation à vivre le massif et à
le raconter, à dire les joies et les galères
de vos parcours simples ou complexes,
engagés ou très tranquilles mais sans
usage de la voiture.
C’est une invitation à témoigner par
le texte, la photographie, le montage
sonore, l’illustration, la peinture ou
la lettre… Cette action s'inscrit dans
le cadre de la campagne « Changer d'approche »
portée par MW depuis plus de huit ans.
Dès à présent et jusqu’à la fin août 2013, automne,
hiver, printemps, été, envoyez-nous vos récits,
aventures, petits exploits et grandes galères, faites
CLAUDE DAUTREY
Responsable de la mission « culture/éducation »
au Parc national des Écrins
partager les témoignages de vos périples en mobilité
douce dans le massif des Écrins.
Émerveillements, prouesses, rêveries, escapades
familiales, sorties collectives, bivouacs solitaires,
plongées dans le petit peuple des herbes et des bêtes :
tout nous intéresse, tout sera montré, diffusé,
partagé… récompensé !
Une seule adresse :
http://ecrins.changerdapproche.org
A l’automne 2013, une restitution des meilleurs
témoignages rassemblera les participants au cours
d’une journée anniversaire des 40 ans du Parc national
des Écrins que nous voulons pleine de convivialité,
d’échanges, de montagne et de nature sans voiture.
D’avance merci pour vos créations et vos envois !
Ensemble changeons d’approche.
Montagne de vie, montagne en vieParticipons à faire vivre nos montagnes !
Oyez, oyez, heureux amoureux des cimes vertigineuses
ou des verts piémonts bucoliques ! La montagne est
le temple de vie de toute une population qui y réside,
avec elle et grâce à elle. La montagne nourrit, loge et
abreuve cette population, à la condition que celle-ci la
respecte et en prenne soin : c’est la clé de l’harmonie
entre les deux. Il est donc essentiel que cet échange
respectueux perdure et, pour cela, soit encouragé.
C’est pourquoi Mountain Wilderness souhaite concen-
trer ses efforts sur la valorisation de l’écotourisme
dans le cadre de sa campagne Changer d’approche.
« Changer d'approche » c’est certes changer
notre moyen de transport pour nous approcher de
la montagne, mais c’est aussi, changer notre rapport
à la montagne dans son ensemble. C’est penser à notre
impact : s'il est négatif, chercher à le modifier ; s’il est
positif, en prendre conscience et le partager avec les
autres. Consommer local participe au maintien ou
au développement d’une économie de territoire,
respectueuse de l'environnement, et contribue
à faire vivre nos montagnes. Aussi, le portail
« changerdapproche.org » valorise-t-il les initiatives
écotouristiques en montagne, et permet de partager
les « bons plans locaux » à ne pas manquer.
Notre objectif ? Recenser un maximum d'initiatives
intéressantes et c'est là que vous entrez en jeu. Vous
pouvez tous participer à cette action ludique et positive
pour vos montagnes ! Il vous suffit de nous faire parve-
nir vos bonnes idées : pour effectuer ce recensement
efficacement, nous avons besoin de vos contributions !
Faites-nous partager vos bonnes expériences d'écotou-
risme au retour de vos escapades en nous renvoyant
une carte postale papier ou électronique (contenant
la description d'un acteur touristique), afin d'alimenter
la base de données du portail changerdapproche.org.
Pour faire avancer efficacement le projet, nous
prévoyons également de faire appel en 2013
à un stagiaire qui nous aidera dans ce travail.
Rendez-vous sur
www.ecotourisme.mountainwilderness.fr
Action
sPAULINE LÉVÈQUE
Chargée de mission MW
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5mountainwi lderness - n° 93
Espaces et espèces aquatiquesde montagneDossier coordonné par Hélène Luczyszyn, Administratrice référente « Eaux vives » et Cécile Delaittre, Chargée de communication de Mountain Wilderness
Depuis plusieurs années, Mountain Wildernessmilite pour les « espaces naturels d’eau vive » et dénonce régulièrement l’impact d’aménage-ments qui ne cessent de se développer en montagne : ouvrages hydroélectriques,captages d’eau pour des usages irraisonnés(comme pour la neige de culture ou des établis-sements touristiques de luxe), artificialisationen lien avec la croissance de l’urbanisation, des stations, des pistes de ski et forestières,pollutions diffuses…
Dans ce dossier, nous vous proposons d’approcher de plus près ces milieux aquatiquesde montagne, de les voir à travers les yeux de trois scientifiques. En effet, au-delà de leurattrait esthétique, les milieux aquatiques de montagne sont aussi de beaux sujets derecherche. Ils offrent une grande diversité de formes (lacs, torrents, eaux souterraines,zones humides…), des dynamiques et conditionsenvironnementales extrêmes. Ils abritent desespèces animales et végétales particulières
encore peu décrites. Ils font, de fait, partie intégrante de la richesse de nos massifs !Richesse paysagère ou poétique pour les uns,richesse écologique ou récréative pour lesautres, richesse reconnue ou à découvrir, un seul dossier ne peut suffire à explorer tous les enjeux liés à ces milieux, qui, malconnus du grand public, continuent à subirpresque « en silence » les pressions cumuléesdes activités humaines.
Lacs et urodèles, eaux souterraines hyporhéiques et espèces stygobies, hydromor-phologie torrentielle … ces mots sonnerontbientôt plus clairs à vos oreilles ! À travers ce dossier, nous vous invitons à découvrir une petite partie de cet univers, espaces et espèces aquatiques, qui, nous l’espérons, vous surprendront, vous feront les observer autrement et oser soulever quelques pierresdu fond de l’eau lors de vos prochaines randonnées en montagne.
© Jean-Marc Culotta - Parc national du Mercantour
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Espaces et espèces aquatiques de montagne
Une richesse exceptionnelle en lacs d’altitudeÀ cheval sur les départements des Alpes-Maritimes etdes Alpes-de-Haute-Provence, le Parc National duMercantour doit une grande part de son originalité àla multitude de ses plans d’eau et lacs que l’on peut
trouver jusqu’à 2865 m d’altitude. Cesespaces aquatiques sont tout à la fois acteurset témoins des changements globaux etlocaux qui ont marqué l’histoire de laTerre et des hommes.
Sur les 214 500 hectares du Parc (cœur etzone d’adhésion) et si l‘on retient qu’ilsdoivent au moins avoir 0,5 hectare desuperficie et 3 mètres de profondeur pourmériter l’appellation de « lac », on endénombre environ 200. Si certains ont étémodifiés par l’Homme pour ses besoins en
eau et en énergie, la majorité est d’origine naturelleque l’on doit aux glaciers quaternaires. Les troisquarts d’entre eux ont une faible superficie, inférieureà 1 ha, mais onze font plus de 5 ha et huit plus de 10 ha.Considéré comme le plus grand lac naturel de hautemontagne dans les Alpes, le lac d’Allos couvre 52 haet atteint une profondeur de 50 m. Mais ce n’est pasle plus profond, car le lac long de Gordolasqueatteindrait 70 m de profondeur !
Biodiversité et stratégies d’adaptation dans ces milieux extrêmesLa profondeur est l’une des caractéristiques les plusimportantes d’un lac, car elle régit la part de sonvolume soumise au rayonnement solaire, et donc sastratification et sa stabilité thermique. L’énergie
solaire, par le jeu de la photosynthèse, est à la basede la productivité des eaux dormantes. Roches lisses,berges dépourvues de végétation, surface recouvertepar la glace plus de 6 mois par an, tout suggère ununivers minéral des plus rudes, donc sans vie ! Mais iln’en est rien : quand la température devient favorableen été, une explosion de phytoplancton (ou planctonvégétal) a lieu, qui constitue le premier maillon de lachaîne alimentaire (voir exemple fig. 1). Le zooplanc-ton, constitué de minuscules crustacés, se développeà son tour, fournissant nourriture aux petits prédateurs(insectes, etc.) qui tous se sont adaptés à ces condi-tions de vie extrêmes (notamment par des cyclesbiologiques courts).
Concernant les vertébrés, quelques espèces d’Amphi-biens utilisent les lacs de montagne. C’est le cas desGrenouilles rousses et plus rarement celui du Crapaudaccoucheur, les têtards vivant et se développant dansles eaux froides et se métamorphosant plusieursannées après pour terminer leur cycle sur la terreferme. Parmi les Urodèles[1], le Triton alpestre a déve-loppé une adaptation remarquable permettant àcertains individus de se métamorphoser complète-ment et gagner un habitat terrestre, tandis que d’autres,vivant dans la même pièce d’eau, persistent et sereproduisent à l’état larvaire. Malheureusement, cettenéoténie[2] facultative les rend très vulnérables à laprésence de prédateurs ou compétiteurs comme lespoissons !
Or, si la très grande majorité des lacs d’altitude sontrestés vides de poissons pendant très longtemps, l’ar-rivée de l’Homme et la mise en place de pratiques
Lacs de montagne : ils sont beaux … mais sont-ils encore naturels ?
1. On distingue deux groupes chez les
amphibiens européens, ceux possédant
une queue à l’âge adulte, appelés
urodèles, de ceux qui n’en ont pas,
les anoures.
2. (du grec neos : jeune et teino :
je prolonge) = capacité qu’ont
certaines espèces animales, à se
reproduire (à l’état larvaire) en
conservant des caractéristiques juvéniles
(par exemple les branchies) comme
plusieurs urodèles qui se reproduisent
sans se métamorphoser. Elle est
facultative chez les genres Triturus.
3. Au commencement par les bergers
pour complément protéique puis par
les pêcheurs du fait du développement
de la pisciculture et de l’utilisation
de l’hélicoptère.
4. Associations et fédérations agréées
de pêche et de protection du milieu
aquatique des Alpes-de-Haute-
Provence et des Alpes Maritimes.
ALAIN MORAND
Parc National du Mercantour
Les Parcs du Mercantour et AlpiMarittime, en engageant ensemble en 2007 le premier ATBI (All TaxaBiological Inventory) en Europe (voirl’article en page 12 de ce dossier), ont souhaité repousser les frontièresinexplorées de la taxonomie sur leurterritoire et les Alpes en général.Concernant les lacs d’altitude, ce sont plus d’une vingtaine de lacs sur les 6 vallées qui ont été étudiés.Plusieurs centaines d’espèces,animales et végétales, ont été décou-vertes, nouvelles pour le territoire,
voire pour les Alpes. Parmi elles, lesmicro-algues et les macro-invertébrésbenthiques (qui vivent au fond) restentlargement méconnus ; ils jouent pour-tant un rôle majeur dans le fonctionne-ment de l’écosystème aquatique.Dans un registre plus directementopérationnel, citons également leréseau d’acteurs professionnels « Lacs sentinelles » qui se mobilisepour étudier les lacs d’altitude pour faire progresser la connaissance du climat de la Terre mais également pour mieux les gérer.
Des lacs sous la loupe
Lac des Garrets © Claude Gouron
Fig. 1 / Algue Euastrum verrucosum © A. Coute et C. Perrette
Vallon
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d’alevinage[3] ont probablement contribué àla disparition des Amphibiens, notammentles tritons alpestres de certains lacs du Mer-cantour. Elles ont plus largement entraînédes conséquences sur l’ensemble des réseauxtrophiques d’origine de ces lacs. Concernantles espèces introduites, chez les Salmonidés,seules quelques espè-ces comme l’omblechevalier et le cristivo-mer semblent vraimentaptes à survivre et sereproduire dans quel-ques lacs du Mercan-tour alors que la truitefario se reproduit diffi-cilement et se maintient seulement grâce àl’alevinage. Chez les Cyprinidés, le vairon sereproduit très bien et pose quant à luiproblème par son caractère invasif.
Des lacs et des hommesL’organisation sociale de l’eau et des milieuxaquatiques – à l’instar des autres régions – se
caractérise dans le Mercantour par une diversité d’ac-teurs aux intérêts souvent divergents. Sans évoquerles enjeux d’hydroélectricité et d’eau potable, les lacs
de montagne exercent une forte attraction pour lerandonneur et le pêcheur pour leur qualité esthétiqueet piscicole. À titre d’exemple, au cœur d’un paysagesuperbe mais facilement accessible, cerné des cinqtours de grès d’Annot, le lac d’Allos est l’un des hautslieux touristiques du Mercantour tout le long de lasaison estivale.
Au-delà de la volonté du Parcnational du Mercantour de fairedécouvrir ces lacs de montagneet sensibiliser un large public àla richesse et la fragilité de cesécosystèmes, il est important detrouver un juste équilibre entreun objectif de protection exi-
geant et un développement économique durable.Ainsi, concernant la problématique particulière del’alevinage, le Parc a ouvert une réflexion concertéeaux côtés du monde de la pêche et de la protectiondu milieu aquatique[4] pour restaurer le fonctionnementnaturel de plusieurs lacs de montagne. La démarchepourrait déboucher sur l’évolution des modalités degestion de certains lacs, avec notamment un possiblearrêt de l’alevinage qui laisserait espérer, à plus oumoins long terme, le retour d’espèces de flore et defaune invertébrée voire de vertébrés.
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Le Parc a ouvert une réflexion concertée aux côtés du monde de la pêche et de la protection du milieuaquatique pour restaurer le fonction-nement naturel de plusieurs lacs de montagne
Vallon du Lauzanier © Anthony Turpaud
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8 mountainwi lderness - n° 93
D O S S I E R
Espaces et espèces aquatiques de montagne
1. Zone hyporhéique : littéralement
« sous le courant » (hypo- sous, -rheos le
courant), il s'agit des premiers décimètres
d’alluvions situés sous le fond du lit
du cours d’eau, au sein desquelles
circule un mélange d’eau souterraine et
de surface, colonisé par des organismes
(invertébrés, algues) eux-mêmes d’origine
tant souterrains que superficiels.
2. Forage de petit diamètre permettant
de mesurer le niveau de la nappe et/ou
de prélever des échantillons d’eau
souterraine.
Le Parc National du Mercantour et le Parco NaturaleAlpi Marittime ont conduit depuis 2007 un vasteprogramme d’inventaire généralisé de la biodiversitéde type ATBI (‘All Taxa Biodiversity Inventory’). Cetterégion s’est en effet révélée d’un grand intérêt biogéo-graphique, notamment en raison de son rôle derefuge au cours du dernier maximum glaciaire. Situéeau carrefour des influences alpines, méditerranéennes,et continentales, elle est reconnue à l’échelle euro-péenne comme un « hot-spot » de biodiversité, c’est-à-dire une zone particulièrementriche en espèces. Un inventairede type ATBI est un programmed’échantillonnage intensif etd’identification exhaustive del’ensemble des espèces, animaleset végétales, vivant sur un terri-toire donné. L’ATBI-Mercantoura souhaité mettre plus particulièrement l’accent surles groupes les moins connus et les écosystèmes les
moins étudiés, comme lemilieu aquatique souterrain,qui abrite une faune particu-lière et ignorée appeléestygobie (voir page suivante)donc très rarement signaléesur ce massif.
Deux campagnes d’échan-tillonnage ont été réaliséesen période estivale au coursdes années 2009 et 2010.Un total de 53 sites a été
ainsi exploré dans les six principales vallées duMercantour, l’Ubaye, le Verdon, la Tinée, la Vésubie,le Var, et le système Roya-Bévéra. Un ensemble de 44 espèces a été récolté, ce qui correspond à unebiodiversité élevée pour les eaux souterraines, surtoutpar référence au faible nombre de sites.A titre comparatif, des campagnes simi-laires réalisées dans le Jura méridionalont fourni, pour un effort d’échantillonnagebeaucoup plus important (192 sites), un
plus grand nombre d’habitats explorés (sources,grottes actives, zone hyporhéique[1], puits) et une alti-tude généralement plus basse, un total de 56 espèces.
Ces premières données soulignent donc la richesseremarquable du Massif du Mercantour, mais aussi sonintérêt scientifique puisque sur les 44 espèces réper-toriées, 42 sont nouvelles pour le Parc et 9 sont desespèces inconnues, « nouvelles pour la science ».Devant les vers (un exemple en photo 2), les Mollusques
et les Hydracariens, la plupartdes espèces récoltées appar-tiennent au groupe des Crus-tacés, ce qui répond à unecaractéristique générale descommunautés stygobies. Ausein du seul genre Proasellus(photo 3), pourtant bien étudié
sur le territoire français, le nombre d’espèces connuesest passé de 20 à 26. La découverte de ces sixnouvelles espèces illustre bien le fort taux d’endé-misme du massif.
Dans cette première évaluation, la « courbe de raré-faction » des espèces (nombre d’espèces trouvées enfonction de l’effort d’échantillonnage, c’est-à-dire dunombre d’échantillons) n’atteint pas le pallier quiaurait indiqué la capture de la (quasi) totalité desespèces présentes dans le milieu. L’évaluation de labiodiversité stygobie du Parc du Mercantour demeuredonc seulement partielle. Les campagnes d’échan-tillonnage de la zone hyporhéique n’ont exploré qu’unfaible linéaire des cours d’eau et ce, seulement sur lesgrands axes hydrographiques. Ainsi, les eaux souter-raines du massif du Mercantour sont encore proba-blement beaucoup plus riches que ce que l’on enconnaît à ce jour et l’effort d’échantillonnage mérite-rait d’être poursuivi.
Biodiversité des eaux souterraines dans le ParcNational du Mercantour : première évaluation
MARIE-JOSÉ DOLE-OLIVIER ET DOMINIQUE MARTIN
CNRS – Laboratoire d’Écologie des
Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés.
Université de Lyon
MARIE-FRANCE LECCIA
Parc National du Mercantour
Cette région est reconnue à l’échelle européenne comme un 'hot-spot’ de biodiversité, c’est-à-dire une zone particulièrementriche en espèces
L’échantillonnage de la zone hyporhéiqueest réalisé par pompage à 50 cm sous la
surface des sédiments, puis filtrage de l’eauinterstitielle aspirée (10-20 litres).
© D. Martin
Photo 1 / L’amphipode Niphargus foreli, déjà signalé dans les milieux d’altitude. © M.J. Olivier
Photo 2 / Le minuscule ver Troglochaetus beranecki (<1mm). © M.J. Olivier
Photo 3 / L’une des espèces nouvelles du genre Proasellus, capturée au cours de l’échantillonnage ATBI. © M.J. Olivier
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9mountainwi lderness - n° 93
Les eaux souterraines sont portées par des rochesfracturées (massifs rocheux) ou par des formationsgéologiques meubles (alluvions) et constituent de vastes réservoirs : les aquifères.Ainsi, il existe trois grands types d’aquifères : les aquifères fissurés ou karstiques dans le cas des massifs rocheux, et les aquifères poreux dansles accumulations sédimentaires. Contrairementaux autres habitats aquatiques, l’accès aux eauxsouterraines est malaisé et limité aux points de connexion avec la surface (sources, cavitésactives, puits, zone hyporhéique). La zone hyporhéique correspond aux eaux souterrainesqui imbibent les alluvions des fonds de vallée et accompagnent les cours d’eau superficiels(hypo- sous, -rheos le courant)[1]. Les sourcescorrespondent aux exutoires naturels des aqui-fères ; elles éjectent régulièrement une partie desespèces vivant dans le massif, particulièrement enpériode de crue et de moyennes eaux. Le massifdu Mercantour ne comportant ni cavités actives(rivières souterraines), ni puits, ni piézomètres[2],l’exploration du milieu a été limitée à l’échan-tillonnage des sources et de la zone hyporhéique.
Les eaux souterraines sont colonisées par des espèces originales appelées « stygobies » (le Styx étant le fleuve des ténèbres). Ce sont des organismes aveugles vivant exclusivementdans les eaux souterraines et dotés de caractéris-tiques biologiques et de capacités physiologiquesqui répondent aux contraintes imposées par unenvironnement obscur et pauvre en ressources :métabolisme bas, cycle de reproduction long,forte longévité, faible productivité, capacités derésistance au manque d’oxygène et de nourriture.La densité des populations est souvent faible,voire extrêmement basse au regard du volume des aquifères dans lesquels elles se développent.La plupart des espèces stygobies ont une distribu-tion géographique réduite (endémisme) due aucompartimentage des aquifères (massifs karstiqueset fissurés) et/ou au faible pouvoir dispersif desindividus, ce qui peut représenter une menacepour leurs populations lors d’un déséquilibreenvironnemental (exploitation intensive des eauxsouterraines, pollution provenant de la surface).
Le milieu aquatique souterrain et les espèces animales qui l’habitent
L’échantillonnage des sources est réalisé par filtrage direct (≥12h), par récolte de la faune dérivante lors du « grattage » des sédiments, ou par pompage dans les alluvions. © D. Martin - M. Derrien
Un des sites d’échantillonnage de la
zone hyporhéique : vallée de la Vésubie
en amont de Saint Martin Vésubie
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10 mountainwi lderness - n° 93
D O S S I E R
Espaces et espèces aquatiques de montagne
D’après le géographe J. Demangeot, la montagne estavant tout, un grand accident de terrain, un relief quibouche l’horizon. On peut considérer que c’est unepartie saillante de l’écorce terrestre, d’une grandeétendue, d’un commandement important (dénivella-tion de plusieurs centaines de mètres) et présentantune pente prononcée. Aussi, pour définir la notion decours d’eau de montagne, il convient de faire référenceà la pente et à l’environnement hydro-climatique.
Définition et caractéristiques des cours d'eau de montagneLa pente permet de distinguer deux catégories decours d’eau :• Les torrents, souvent considérés comme les coursd'eau de montagne, présentent des écoulementsrapides et irréguliers, plus ou moins à sec entre desépisodes de crues violentes et brutales, une faiblelongueur et une pente supérieure à 6 %. Ils drainentles versants des vallées intramontagnardes.• Les cours d’eau torrentiels, correspondent à des coursd’eau de pente plus faible comprise entre 1 et 6 %.Les écoulements restent rapides avec des cruesencore violentes et brutales mais la régularité enalimentation est plus soutenue tout au long de l’an-née. Ils correspondent aux cours d’eau drainant lesvallées intramontagnardes et les piémonts.
Pour les conditions hydro-climatiques, c’est le domainede la complexité, la température diminue en s’élevant,les précipitations augmentent, la différence de tempé-rature entre le jour et la nuit augmente, tout celanuancé en fonction de l'altitude, de l’orientation etde la saison. Reste que pour la zone tempérée c’est ledomaine où les processus d’altération de la roche enplace sont les plus efficaces. En hydro-géomorpholo-gie[1], on parle de zone de production (fig. 1). C’est là,sur les versants, que par le jeu des processus érosifs,la charge solide primaire des cours d’eau estproduite. Les altérites[2] rejoignent les cours d’eauprincipalement par gravité ou transferts mécaniques(avalanche, déplacement glaciaire, glissement…) etconstituent en arrivant dans les lits fluviaux les allu-vions (sédiments de tailles granulométriques trèsvariées en zone de montagne). Cette charge solide,indispensable pour la diversité des habitats fluviatiles,
La dynamique des cours d'eau de montagne face aux pressions humaines
NORBERT LANDON
Université de Lyon, CNRS / Université
Lumière – Lyon 2, UMR5600 EVS-IRG
Seuil d
Fig. 1 / Principe de la bande transporteuse appliquée aux cours d’eau assurant le transit des alluvions des zones de production vers les zones de dépôts (adapté de Kondolf, 1994).
Fig. 2 / Evolution du tressage et des versants de la haute Drômeen amont de Die entre la fin du 19e s. et la fin du 20e s. (carte postale ancienne et cliché N. Landon 1996).
Fig. 3 / Bassin Demo
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11mountainwi lderness - n° 93
transite ensuite naturellement vers lesexutoires des bassins au gré des cruesplus ou moins mobilisatrices de l’ensem-ble des alluvions. Le cours d’eau se com-porte comme un véritable « tapis roulant »ou bande transporteuse (fig.1) assurant lacontinuité du transit sédimentaire del’amont vers l’aval, l’usure et le tri desparticules, la redistribution des massesd’alluvions produites sur les versants demontagne en créant des styles fluviauxvariés (« tressage » (fig.2) pour la zone de
montagne puis « méandrage » dans les zones deplaine, en aval des piémonts). Cette dynamique estétroitement liée à :• la bonne connexion avec les versants (permettant lerenouvellement de la charge alluvionnaire évacuéevers l’aval par le « tapis roulant ») ;• la continuité hydrologique, moteur du transfert desalluvions (énergie des crues permettant le fonctionne-ment du « tapis roulant ») ;• la continuité hydro-sédimentaire (facteur de renou-vellement au sein du lit fluvial des alluvions évacuéesvers l’aval au gré des crues).
Des milieux fragilisés par l’activité humaineAu cours du temps, cette dynamique naturelle s’estvue altérée par l’action humaine. Les premièresformes d’altérations sont celles engendrées par lesgrands défrichements du néolithique. Mais on estimeque la pression est la plus élevée après la révolutionfrançaise (lien avec le pic de population rurale enre-gistré entre 1830 et 1850). En zone de montagne, laforêt recule au profit des labours et du surpâturageengendrant une érosion exacerbée. L’Etat françaisréagira avec ses lois dites de Restauration des Terrainsde Montagne (1860, 1864, 1882). Avec près de 300 000 hade reboisements et 1 500 torrents aménagés par desbarrages stabilisateurs (fig.3), le programme serad’une redoutable efficacité générant une incision[3]
rapide des torrents depuis le pied des ouvrages versl’aval, car les versants sont déconnectés. C’est lepremier aménagement massif en montagne ayantpour effet de perturber la continuité hydro-sédimen-taire.
Avec l’avènement de la houille blanche (AristideBergès, Exposition universelle de 1889), l’artificialisa-tion des cours d’eau va se poursuivre, altérant parti-culièrement les débits liquides et solides (chargealluviale). On distingue 2 types d’aménagements : lesmicrocentrales hydroélectriques et les barrages dehaute chute. Si les premières ont un effet assezmodeste sur le débit solide, les seconds, du fait deleurs réservoirs, se comportent comme de véritablespièges pour la charge solide, stoppant tout transit endirection de l’aval. En empêchant le renouvellementdes alluvions qui poursuivent leur cheminement versl’aval (ou qui ont été extraites trop massivement dansle cadre de travaux d’exploitation des granulats allu-vionnaires), ils participent à l’incision généralisée descours d’eau des grandes plaines alluviales des pour-tours montagneux. Par ailleurs, du point de vue descontinuités écologique[4] et hydrologique, les deuxtypes d’ouvrages génèrent des impacts aujourd’huibien identifiés. En effet, dans les deux cas, en dérivantles eaux d’un bassin versant vers un autre ou en déri-vant les eaux d’un point du bassin vers un point plusaval pour gagner de la pente, le régime hydrologique[5]
du cours d’eau est souvent modifié de manière trèssignificative.
Le dernier facteur d’altération de la dynamiquefluviale des cours d’eau de montagne tient à la trèsforte urbanisation des plaines intramontagnardes etde certains versants au cours du 20e siècle pour desraisons d’industrialisation ou de développementtouristique. Les cours d’eau ont été souvent endiguéset/ou restreints dans des lits artificialisés (enrochés,canalisés, voire totalement couverts sous une piste de ski ou en station…) empêchant toute dynamiquelatérale assurant la remobilisation des alluvionsanciennement déposées ou l’érosion des altéritescouvrant les versants, diminuant également l’espacenécessaire au transit des crues. Le tout conduit à labanalisation des habitats aquatiques et à l’appauvris-sement de la biodiversité.
Seuil de derivation
1. Science étudiant les processus de la
dynamique fluviale.
2. Couverture de débris résultant de
la fragmentation et de l’altération
des roches sous-jacentes.
3. Creusement du fond du lit par
évacuation des alluvions non
renouvelées par des apports
trop faibles venant de l’amont.
4. Maintien de la capacité migratoire des
espèces au sein d’un cours d’eau par
non perturbation des conditions
physiques naturelles.
5. Caractérise les variations des débits
mensuels moyens (calculées sur
plusieurs années).
Fig. 3 / Travaux RTM (barrages et reboisements), Bassin de l’Ubaye, torrent du Riou-Bourdoux, Demontzey, 1894.
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Il y a deux ans est né le « Fonds pour la Conservationdes Rivières Sauvages », organe moteur d’une démar-che ambitieuse visant à améliorer la reconnaissanceet la protection des dernières rivières « sauvages » deFrance. WWF France et SOS Loire Vivante ont rassem-blé les énergies d’acteurs divers – associations (dontMountain Wilderness), scientifiques, acteurs de lagestion locale de rivières et institutionnels… – autourde ce beau projet. Le Fonds s’est aussi donné missionde favoriser l’émergence d’un réseau européen derivières sauvages en lien étroit avec les acteurs de lasociété.
Après le colloque fondateur d’Annecy (mai 2011, voirl’article de la Revue MW n°87) qui a confirmé l’inté-rêt national et européen de la démarche, deux com-missions techniques ouvertes se sont mises au travail :la première sur la définition des critères de « valeursauvage » pour une rivière et l’autre sur le processusde labellisation visé.
En octobre 2011, un premier séminaire a rassembléune trentaine de passionnés de rivières venus detoute la France pour poser les bases de la labellisa-tion, en interrogeant notamment le ressenti de chacun :« pour vous, c’est quoi une rivière sauvage ? ». C’estainsi qu’ont été identifiés 4 compartiments à évaluer :1. La qualité physique de la rivière : naturalité de sonlit, de ses rives et de sa dynamique, présence d’amé-nagements (barrages, digues…) ;2. L’occupation des sols et les activités du fond devallée : présence ou non d’activités impactantes (infra-structures, zones urbanisées, agriculture intensive…) ;3. La valeur paysagère[1] et la fréquentation humaine,tant par ses aspects positifs (intérêt du grand publicpour la rivière) que par ses aspects négatifs (sur-fréquentation) ;
4. La qualité de l’eau et la biodiversité : les espècesprésentes, animales et végétales, réagissant aussi, biensûr, aux facteurs des trois compartiments précédents.
En 2012, les membres de la commission « valeursauvage » se sont de nouveau réunis à trois reprisesavec comme objectif de bâtir une grille d’évaluationprécise et scientifiquement robuste, détaillant l’en-semble des critères[2] d’évaluation et les modalitésd’attribution d’une « note de wilderness » à chaquerivière candidate. Ainsi, des seuils de passage entretrois classes pour chaque critère ont été définis, de larivière totalement naturelle (qui ne semble plus exis-ter en France) à une rivière présentant une altérationponctuelle voire plus marquée du critère.
La grille est à ce jour en cours de test sur les premièresrivières candidates (Valserine dans le Jura, Chérandans les Alpes du Nord, Vis dans le Massif Central,Léguer en Bretagne…) et doit faire l’objet de dernièresvalidations au sein du Fonds d’ici fin 2012 :Peut-on labelliser « Rivière sauvage » une rivière avecun barrage (même si l’impact de celui-ci aura étédémontré très faible), une rivière très fréquentée ?Le but est-il de pousser vers l’excellence des rivièresqui n’ont pour l’instant qu’un « potentiel de rivièresauvage »[3] ?…Autant de questions passionnantes auxquelles répon-dre de manière consensuelle est loin d’être évident.Une démarche à suivre donc, et dont on espèrequ’elle réussira à préserver efficacement les dernièresrivières naturelles.
Préserver les dernières rivières sauvages : des critères en vue d’un label
HÉLÈNE LUCZYSZYN
Administratrice référente « Eaux vives »
12 mountainwi lderness - n° 93
D O S S I E R
Espaces et espèces aquatiques de montagne
Pl
1. Cette valeur subjective a néanmoins
du mal à trouver sa place dans la grille
de critères choisis qui se veut bâtie sur
une certaine objectivité scientifique.
2. Une trentaine a été retenue au final.
3. Et que la labellisation à un premier
niveau (« peut mieux faire/doit
restaurer… ») permettrait de motiver
pour traiter ses derniers « points noirs ».
La V
alse
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bel
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H. L
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13mountainwi lderness - n° 93
Paro
les
BERNARD MACLAY
Délégué international
PATRICK LE VAGUERÈSE
Vice-président de MW
Après l’échec du Sommet de la terre cet été à Rio, LeMonde du 27 septembre 2012 reprenait les avis deJared Diamond et, en particulier, le thème de sonouvrage le plus connu : « Collapse »[1] paru en 2005.Dans ce best-seller, il passe au crible plusieurs sociétésafin de déterminer pourquoi certaines ont réussi alorsque d'autres se sont écroulées. Il démontre comment,à plusieurs reprises, des destructions de l'environne-ment ont contribué à l'effondrement de sociétés pour-tant bien établies.Diamond a dégagé de ses études des "collapsus" (dulatin lapsus, "la chute"), cinq facteurs décisifs.Appliqués aux territoires de montagnes, ces facteurs nedémontrent-ils pas un processus déjà bien enclenché ?
1. Dégradation environnementaleLes hommes infligent des dommages irréparables à leur environnement, épuisant des ressourcesessentielles à leur survie.Le paysage que nous offrent nos montagnes est unerichesse plébiscitée par tous et l’essence du tourisme.Son oblitération par la mise en œuvre d'infrastruc-tures lourdes pour le développement des stations desport d'hiver et autres artefacts vont finir par tuer letourisme et ceux qui en vivent.
2. Changements climatiquesLes activités humaines perturbent l'équilibreécologique.Les montagnes sont particulièrement sensibles auréchauffement climatique et l'activité humaine qui estdéveloppée sur ces territoires contribue aux perturba-tions environnementales. Les négociations internatio-nales sur le climat piétinent, les États ne prennent pasdes engagements suffisamment ambitieux et les poli-tiques publiques locales repoussent à plus tard lesmesures qu’il faudrait prendre maintenant.
3. Voisins hostilesLa pression économique de voisins hostiles s'accentue du fait de l'affaiblissement du pays.Les territoires de montagne, souvent considérés com-me des « ressources exploitables », subissent de fortespressions économiques. On peut regretter que lesentreprises et les lobbies, souvent extérieurs, mais passeulement, sans être hostiles, sont indifférents à l’évo-lution à long terme de ces territoires et exploitentoutrageusement la cupidité ou la mégalomanie decertains édiles locaux.
4. Affaiblissement des liens commerciauxL’alliance commerciale avec des alliés pourvoyant des biens nécessaires se désagrège.On peut considérer qu'il existe une alliance écono-mique entre les investisseurs et les touristes, en parti-culier étrangers (par exemple les Russes de Courchevel)qui pourvoient au soutien financier nécessaire auxstations. Mais cette alliance est soumise à trop d’aléas,notamment à des effets de mode, pour qu’on puissel'espérer véritablement durable.
5. Réponses politiques inappropriées aux problèmes de gouvernance :Les gouvernements et les élites n'ont pas lesmoyens intellectuels d'expertiser l'effondrementen cours, ou bien l'aggravent par des comporte-ments de caste, continuant à protéger leurs privilèges à court terme.En matière d’aménagement du territoire en montagne,l’État se dégage de ses responsabilités. Ceci s'illustrepar exemple lorsque le préfet de Massif des Alpesaccorde des dossiers de demandes UTN (UnitésTouristiques Nouvelles) sous prétexte que l'avis de lacommission ad hoc reflète l'intérêt général alors quecette dernière se prononce globalement en faveurd’intérêts locaux et particuliers. C’est aussi patentquand l’État subventionne, par le biais d'un méca-nisme de déduction fiscale sur l'investissementimmobilier offert par le statut de ZRR (zones de revi-talisation rurale), la prolifération des immeubles dansles stations de ski.
Mountain Wilderness constate avec regret que lesmontagnes de France sont en passe de remplir lescinq critères de Jared Diamond. Nos sociétés sontconfrontées à un choix : agir ou maintenir le statuquo qui conduira à l’effondrement (collapse) dumilieu montagnard à moyen terme. Militons pour unchangement de cap !
Collapse, les 5 facteurs décisifs
1. « Effondrement - Comment les sociétés
décident de leur disparition ou de leur
survie » de Jared Diamond, Folio Essai.
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14 mountainwi lderness - n° 93
Action
sPour comprendre ce qui se joue actuellement pourles Parcs Nationaux, il faut revenir en 2006 et àl'adoption de la loi réformant la loi initiale de créa-
tion des Parcs, datant de 1960. Deuxéléments nouveaux interviennent : laprépondérance des représentants descollectivités locales au sein des conseilsd'administration des Parcs, ainsi que l'ins-tauration d'une zone d'adhésion, en placede l'ancienne "zone périphérique", àlaquelle les communes souscrivent enadoptant la Charte du Parc. Ce dernieroutil devait définir un projet commun deterritoire, décrire les mesures de protec-tion en "zone coeur" ainsi que les aména-gements autorisés en périphérie, ledéveloppement économique devant y être
compatible avec les objectifs du Parc et la préserva-tion de l'environnement.
Ces nouvelles dispositions visaient, suivant le députéJean-Pierre Giran, cheville ouvrière de la réforme, àpermettre une plus grande appropriation des missionset des projets des Parcs par les territoires et leursreprésentants. Tout en partageant cet objectif de fond,nous avions pour notre part insisté sur le fait queconcernant des outils à visée nationale et des établis-sements publics d'Etat, il était primordial que l'Etatconserve ses prérogatives et sa capacité à équilibrerobjectifs de protection et dialogue avec les collectivi-tés locales.
En particulier, la nouvelle composition des conseilsd'administration risquait, selon nous, de donner librecours à des dérives importantes ; et la libre adhésiondes communes à la Charte, censée favoriser dialogueet projets partagés pour le Parc, se transformer enchantage pur et simple quant au niveau d'ambitionen matière de protection. Avec d'autres partenairesdont l'UICN[1] et FNE[2], nous avons écrit cela auministère, l'avons expliqué aux parlementaires, discutéavec le député Giran : rien n'y a fait. Aujourd'hui,nous y sommes. Et la faiblesse de l'attitude de l'Etatdevant la tournure des évènements en Vanoise (etailleurs) ne manque pas de nous inquiéter.
Le plus remarquable est d'avoir retrouvé il y a un an,sous la plume de Jean-Pierre Giran, des analyses quenous tentions de lui faire partager il y a quelquesannées. Il a en effet publié en 2011 un livre intitulé « Des élus contre nature ? », dans lequel il s'interrogesur leur difficulté à s'approprier les objectifs duGrenelle ainsi que leur propension à estimer que leslois concernant l'environnement concernent le paysen général, mais pas leur circonscription en particu-lier... d'autant plus quand des objectifs de développe-ment de court terme viennent s'opposer à desobjectifs de protection à long terme.
Parcs nationaux : L'Etat doit assumer ses responsabilités !
JEAN-DAVID ABEL
Administrateur référent Espaces
protégés de Mountain Wilderness
1. Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
2. France Nature Environnement
Parc national des Pyrénées © Florian Racahé
Parc national des Ecrins © Jean-David Abel
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15mountainwi lderness - n° 93
En particulier, il constate qu’« en réalité l’élu local neprend pas acte du fait que les lois qu’il doit appliquern’ont pas été décidées par l’administration mais bienvotées par d’autres élus ». Et il ajoute que « lorsqu’ils’agit de politique de la nature, l’écart abyssal entreles déclarations des élus et leurs actions, entre leursdevoirs d’agents de l’État et leur ardeur à s’opposeraux lois, entre leur mission de défense de l’intérêtgénéral et leurs soumissions aux intérêts particuliersjustifient un tel discrédit que la société de défianceparaît s’imposer ».La préface vaut d'être largement citée : « Les éluslocaux ont souvent de l’or dans les mains. Avec aumoins deux atouts maîtres : une assez grande confiancedes électeurs au moment où de nombreuses étudesmontrent combien s’érode gravement celle portée auxélus, décideurs nationaux et institutions (...). Les éluslocaux ont souvent hérité aussi de la beauté ou de laqualité de sites et de paysages, des ressources multi-ples fournies par la biodiversité du présent ou dupassé, sur lesquelles sont adossées la qualité de vie de
leurs électeurs, et visiblement ou non,l’économie des territoires qu’ils gèrent.Mais cette nature, avec ses richesses, sesvulnérabilités, ses équilibres et fonctions,quelle place a-t-elle vraiment dans leurconscience et leur gestion quotidienned’élus ? Quelles relations encouragent-ilsentre les acteurs d’un territoire et leurenvironnement ? La prise en compte de lanature localement est-elle à la hauteurdes enjeux collectifs, voire de positionspubliques prises nationalement ? (...) Leprofil idéal ou archétypique de l’élu nousest souvent présenté en France comme
un homme quasi solitaire, qui voit loin, qui sait… Entrois mots qui a « une vision ». Mais nos élus voient-ilsprécisément, sur ces enjeux de la nature, plus loinque l’échéance de l’élection ? Nos élus ont-ils en lamatière une conscience plus vaste que les citoyens ?Jean-Pierre Giran, auteur de cet ouvrage, apporte sesréponses et relève notamment : « lorsqu’entrent enconflit une réalisation au profit des citoyens et uneprotection au profit des espèces, le Maire et ses élus nepeuvent s’empêcher de penser que les uns votent, lesautres pas. » Oui, la nature n’est pas électrice. C’estbien le drame qui transforme vite l’or en plomb : lesbesoins du vivant ne peuvent être représentés, dans leschoix des sociétés, que par des humains. Tant queceux-ci, élus ou citoyens, ne perçoivent pas que leuravenir est intimement lié au devenir du vivant, humainet non humain, ils ne l’intègrent pas à leurs décisions. »
Nous pourrions dire que Jean-Pierre Giran parle,malheureusement, en connaisseur, mais que faireaujourd'hui et maintenant, face à la situation créée parla loi de 2006 ? Il reste à l'Etat un certain nombre deprérogatives, notamment parce qu'il est l'institueur desParcs et leur principal financeur. Il a, s'il en a lavolonté, la possibilité de recadrer clairement les pers-pectives. Il n'est pas possible que les territoires enten-dent profiter de la labellisation « Parc National » ainsique des outils et financements liés, tout en voulant s'affranchir des objectifs de protection, même peuexigeants, prévus par les chartes pour les zonesd'adhésion. Associations, professionnels, habitants,doivent unir leurs exigences pour envoyer un messagefort et simple au gouvernement : les Parcs ressortent dupatrimoine national, des biens communs dont nousattendons tous qu'ils soient préservés et renforcés !
Parc national des Calanques © Jean-David Abel
Parc national du Mercantour © Claude Gouron
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16 mountainwi lderness - n° 93
C’était dans notre numéro 85 sur les parcs nationaux,je voulais croire encore au « défi impossible » de laloi de 2006. Mais les communes et leurs groupe-ments, invités en septembre à donner un avis sur lacharte, la rejettent massivement. Certes ce n’est pasencore la délibération ultime après enquête publiquemais pourront-elles se déjuger ?
Étrange schizophrénieLa plupart des délibérations reconnaissent l’intérêt duParc et de son image, admettent des actions positives ;elles ne remettent pas en cause le cœur, mais jugentque l’établissement public n’a pas apporté de « plus-value » à la zone d’adhésion, leur espace de vie. Lalogique du tiroir-caisse prévaut, la vision est courte.Mais on sent une gêne extrême dans cet exercice decontorsion obligé.
Une manipulationCe résultat est acquis au prix d’une manipulationassez méprisable : l’association des maires ouquelque groupement dominant a diffusé une délibé-ration type réunissant tous les arguments possiblescontre l’adhésion, les communes y ont puisé avecardeur, reprenant parfois naïvement l’ensemble dutexte ; cette grossière manœuvre visant à écrasertoute dissidence est pour le moins une grosse faute.
Approbation interditeNous, associations et personnalités diverses, avionslaissé notre casquette au vestiaire, contribué à lacharte en tant que projet partagé, limitant nos ambi-tions au minimum acceptable au risque de déplaire àcertains et faisant confiance à la dynamique future.La chaîne des responsabilités s’est exercée : groupede travail paritaire, bureau, conseil d’administrationqui a validé le projet pour le mettre en consultation,on pouvait penser qu’une approbation raisonnableétait en germe. Las, nous avons été trompés, lecompromis historique a été bafoué, les élus duconseil d’administration et le conseil généraldevraient avoir honte.
Double jeu à tous les niveauxPrétextant la difficulté – certaine, les élus du CAn’avaient pas joué leur rôle d’entraînement pour secantonner dans un discours douteux (tenu y comprisdevant le Comité de Massif qui s’est pourtant déclaréfavorable !) ; les maires devant leurs conseils ontlaissé prospérer les griefs dérisoires, le conseil généralest resté aux abris ; tous des couards. Les parlemen-taires, sollicités expressément et courtoisement par ungroupe d’administrateurs, n’ont rien fait.Où sont les leaders dans ce département ?
Les hommes de l’entrepriseNous administrateurs, sommes en charge d’une entre-prise de cent personnes que la nouvelle direction duParc a engagée dans une réorganisation pour mieuxsatisfaire aux orientations nouvelles ; c’est à croireque cet effort n’est pas seulement ignoré mais craint,comme capable de priver les grognons de leur meilleurargument et les délibérations de leur principale justifi-cation. Non, nous n’avons pas le droit de décevoir deshommes et des femmes engagés et compétents quicroient qu’un projet de territoire est encore possible.Et je n’ai entendu personne parmi les responsablessoulever cette question là.
Et demain ?Le processus d’avis et d’enquête doit aller jusqu’à sonterme, c’est le respect de la démocratie : on approchedu moment de vérité. On a pu manifester son agacementvis-à-vis d’un texte, dénoncer contradictoirement sesexcès et ses insuffisances ; mais à l’échéance, quandil s’agira d’adhérer ou non, au vu des résultats del’enquête publique et de la délibération ultime duconseil d’administration, il me paraît impossible queles communes maintiennent le front du refus. C’estpourquoi le CA du Parc devra approuver massivementla charte (peut-être clarifiée sur quelques pointsobscurs) en sachant bien qu’il ne faut pas priver lescommunes de se plaindre que le Parc leur a étéimposé ; c’est une condition thérapeutique qu’il fautaccepter… Rien de nouveau sous le soleil de laVanoise qui se fout bien que la loi de 2006 ait étéune ambition ratée.
La Vanoise : révélateur de la crise des parcs nationaux
JEAN-PIERRE COURTIN
Représentant de Mountain Wilderness
au Conseil d'administration du
Parc national de la Vanoise
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On l'a vu précédement, les élus dela Vanoise rejettent massivementla charte, refusent le processusd'appropriation que la loi de 2006leur offrait (à leur demande !), etce faisant, font du cœur du Parcla fameuse « réserve d'indiens »dont ils se plaignent depuis lacréation du Parc. Mais la situationn'est pas forcément très rose dansles autres Parcs nationaux. Car ilfaut bien le dire, les directeursont une mission : faire signer lacharte par un maximum decommunes quel qu'en soit le prix. Les élus locaux ontbien compris qu'ils avaient le pouvoir. Cela conduit àla situation que l'on connaît en Vanoise, cela conduit le CA du Parc national des Cévennes à demander à « être reconnu comme zone d'exclusion pour le loup »comme le dit son président. Dans les Écrins, la signa-létique du Parc a été largement taguée dans leValgaudemar. Dans les Calanques, le petit dernier, lesoppositions tenaces, les "traditions d'usage" et lesrivalités politiques persistantes laissent peu de placeaux volontés de protection. La situation est grave avec un retour en arrière et desblocages partout. On est bien loin des fondamentauxdes parcs décrit par Jean-Pierre Giran, président de
Parcs nationaux de France etpère de la loi de 2006 : « Leclassement d’un Parc nationalmanifeste une volonté politiquede donner une forte visibiliténationale et internationale à cetespace, d’y mener une politiqueexemplaire et intégrée de pro-tection et de gestion, mais aussid’éducation à la nature et derécréation, et de transmettre auxgénérations futures un patrimoinepréservé ».
La ministre de l'Environnement, dans un discours du12 octobre 2012, a affirmé « que chaque citoyen adroit à la nature, que chaque citoyen doit être sensibi-lisé et se sentir responsable du sol, des forêts, descours d’eau, du littoral, des paysages. Voilà ce que laRépublique doit aussi savoir garantir à chacun. »C’est clairement la mission des Parcs NATIONAUXque la ministre décrivait ainsi. L'enjeu est bien nationalet doit faire fi des appétits locaux : mobilisons-noustous pour sauver les Parcs nationaux ! Car le risqueest grand que la Vanoise ne soit que le premier casd'espèce et que cette situation ne s'étende à l'ensembledes Parcs.
Les parcs nationaux sont en train de jouer leur survie !
VINCENT NEIRINCK
Chargé de mission
Mountain Wilderness
A C T I O N S
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Documentation Plaquette de présentation MW - nb d'ex. :
Documents de sensibilisation Eau Vive - nb d'exemplaires :Industrie du ski - nb d'exemplaires :Installations Obsolètes - nb d'exemplaires :Loisirs motorisés aériens - nb d'exemplaires :Loisirs motorisés terrestres - nb d'exemplaires :Mobilité Douce - nb d'exemplaires : Changerdapproche.org - nb d'exemplaires :10 idées de sorties montagne sans voiture au départ de Grenoble - nb d'exemplaires :
Downhill slideHal Clifford
Downhill slide décrypte l’histoire du ski américain vue par Hall Clifford, skieur,chroniqueur pour le magazine « Ski ». Ce dernier dénonce les aspects néfastes del’industrie américaine du ski. Quelques idées développées dans le livre :
Du tire-fesse à l’immobilier : Wall Street s’installe dans les montagnesA l’origine, les skieurs dévalaient les pentes pour l’amour du sport et de lamontagne. Les jours de poudreuse on pouvait retrouver, accroché à la porte d’uneboutique : “Closed, Powder Day !”. Les grandes compagnies cotées en bourse sesont emparées du marché pour en tirer évidemment le plus possible d’argent etd’abord avec l’immobilier, reléguant progressivement le ski au deuxième plan.Les “Big Three” (American Skiing Company, Intrawest Corp, Vail Resort Inc) ont
conduit au modèle du “New ski Village” basé sur le principe de la clientèle captive. D’abord vendre de l’immobi-lier avec le ski mais aussi récolter de l’argent avec les commerces des stations qui leur appartiennent pratique-ment tous (restaurants, locations de vidéos, golf…). Leur politique est basée sur un tourisme de masse en offrantun produit standard, et non un produit unique que représentait jadis chaque station. Les présidents des grandescorporations de ski se comparent à Disney World et à Mc Donald's.
L’auto-défaite du skiLes investissements en télésièges à grande capacité, la neige artificielle et le damage des pistes entraînent des prix élevés et privent les stations de la clientèle des « américains moyens ». Dans le même temps, les plusfortunés se détournent du ski, qui n'est plus “à la dernière mode”. Malgré l’apparition du snowboard, sport qui a connu une croissance forte et rapide, le nombre de pratiquantsn’a pas changé entre 1979 et 1999. Comme l’industrie du ski est stagnante, si une station gagne des parts demarché c’est au détriment d’une autre.
Retour vers le futurCependant, le monde change et une autre voie est possible. De plus en plus de gens recherchent dans lescommunautés montagnardes la qualité de vie qu’elles offrent. Ces « réfugiés urbains » ne viennent pas pour êtreà l’écart de la vie de l’américain moyen, ni pour abandonner une carrière. Avec l’aide de la technologie, ilsessayent d’allier le meilleur de la vie urbaine et de la vie rurale. Ils sont dirigeants, agents de change, écrivains,photographes, concepteurs informatique et artistes. Le futur des villes de ski n’est pas dans plus de tourisme àl’échelle industrielle, mais dans l’accueil des sociétés de haute technologie.
On voit, à l’énoncé de ces constats datant de 2002, et malgré des différences notables, des ressemblances frappantes avec la situation française de 2012. Les américains auraient-ils 10 ans d’avance sur nous ? Une étudesur la suite pourrait montrer les directions à ne pas suivre.
Éditions Sierra Club Books, octobre 2003, 282 pages, 16,40 € (en anglais, un résumé en français est disponible)
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A s s emb l é e g é n é r a l e d e Moun t a i nW i l d e r n e s s F r a n c eCette année, c’est dans les Hautes-alpes (05), que l'AG de Mountain Wilderness posera son camp de base. Rendez-vous les 23 et 24 mars 2013, à Pelvoux !
À cette occasion, seront réunis les adhérents et sympathisants de MW pour un week-end d’échanges au « sommet ». Participez à ce moment fort de notre vie associative !
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