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DOSSIER PEDAGOGIQUE REALISE PAR CHRISTIANE SINNIG-HAAS, CONSERVATEUR MELANIE LOUISET, CHARGEE DE MISSION MUSEE JEAN DE LA FONTAINE 12 Rue Jean de La Fontaine 02400 CHATEAU-THIERRY Tél 0033- 03 23 69 05 60 Fax 0033- 03 23 83 35 61 Courriel :[email protected] www.musee-jean-de-la-fontaine.fr ynet.fr © Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite

MUSEE JEAN DE LA FONTAINE · dossier pedagogique realise par christiane sinnig-haas, conservateur melanie louiset, chargee de mission musee jean de la fontaine 12 rue jean de la fontaine

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DOSSIER PEDAGOGIQUE

REALISE PAR CHRISTIANE SINNIG-HAAS, CONSERVATEUR MELANIE LOUISET, CHARGEE DE MISSION

MUSEE JEAN DE LA FONTAINE

12 R u e J e a n d e L a F o n t a i n e

0240 0 CHAT E AU- T HI E RRY T é l 0 0 3 3 - 0 3 2 3 6 9 0 5 6 0 F a x 0 0 3 3 - 0 3 2 3 8 3 3 5 6 1 C o u r r i e l : l a f o n t a i n e @ e a s y n e t . f r w w w . m u s e e -j e an - d e -l a- f o n ta i n e . fr

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Fiche éducative n°4 : Quand La Fontaine écrit/ Musée Jean de La Fontaine

Musée Jean de La Fontaine 2

QUAND LA FONTAINE ECRIT

___________________________________

SOMMAIRE

FICHE EXPLICATIVE : P. 3

INTRODUCTION : P. 5 LA FONTAINE DE CHATEAU-THIERRY, ECRIVAIN

UN ECRIVAIN EST NE : P. 6

FONCTION DES REGISTRES PAROISSIAUX AU XVIIEME SIECLE

LA FONTAINE A 9 ANS : L’ECOLIER : P. 7 LA SIGNATURE DE LA FONTAINE

L’EDUCATION DES GARÇONS

LA FONTAINE A 32 ANS : L’EPOUX : P. 10 L’EDUCATION DES FILLES

LA FONTAINE A 34 ANS : LE MAITRE DES EAUX ET FORETS : P. 12

LA CHARGE DE MAITRE DES EAUX ET FORETS

LA FONTAINE A 37 ANS : L’AMI : P. 13 ENVOYER UNE LETTRE AU TEMPS DE LA FONTAINE

LA FONTAINE ECRIVAIN VOYAGE ENTRE PARIS ET CHATEAU-THIERRY

LA FONTAINE A 72 ANS : LE LECTEUR DE GAZETTES : P. 16

LA FONTAINE A 73 ANS : LE FABULISTE : P. 17

LA FONTAINE ET FURETIERE : P. 19 DEFINITION DE LA FABLE AU TEMPS DE LA FONTAINE

LES MOTS DES FABLES, LE VOCABULAIRE DU XVIIEME SIECLE : P. 20

FABLES ET CULTURE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 21

L’HISTOIRE DU LIVRE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 24

L’ART D’ECRIRE AU TEMPS DE LA FONTAINE : P. 27

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QUAND LA FONTAINE ECRIT ______________________________________________

FICHE EXPLICATIVE

ACTIVITES Visite du musée Jean de la Fontaine orientée sur la thématique de l'écriture au temps de La Fontaine. Les ouvrages, les estampes d’époque, les collections du musée sont présentés dans cet objectif de visite. Présentation de lettres et de documents autographes du poète, d’éditions originales des fables, du registre paroissial avec mention de l’acte de baptême du poète. Le cabinet du fabuliste au premier étage de la maison restitue l'ambiance de travail d'un homme de lettres au temps de Louis XIV. PUBLIC Tous niveaux OBJECTIFS Découverte du métier d’écrivain sous Louis XIV ou comment un Maître des eaux et forêts de Château-Thierry devient célèbre dans les salons parisiens et entre à l’Académie Française. La pratique de l’écriture sous Louis XIV : de l’école de Château-Thierry à l’Académie Française Comment se faisait l’apprentissage de l’écriture/ la réalisation d’un livre sous le Roi Soleil. La poste et le courrier au temps de Jean de La Fontaine : de Paris à Château-Thierry. L'éducation des filles et des garçons au 17ème siècle. La littérature enfantine de l’époque : la place des fables dans l'enseignement. Découverte de l’écrivain Jean de La Fontaine en son temps et sur le lieu d'inspiration où il écrivit ses fables : sa maison, devenue son musée. DEROULEMENT Présentation informative de la thématique Travail en groupe, possibilité de visite en autonomie ou avec un guide-accompagnateur. Répartition du jeune public en groupes à partir des collections. Questionnaire d’accompagnement de la visite axé sur les thèmes suivants : l’apprentissage de l’écriture et la lecture / l’éducation des enfants au temps de La Fontaine/Ecrire une lettre au temps de Louis XIV, les formats, le papier, la poste, les plumes, l’encre, l’affranchissement, les formules de politesse en usage, le cachet/ Imprimer et éditer un livre avec ou sans l’autorisation du roi… DUREE 1h RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS Musée Jean de La Fontaine Accueil - Réservation 12, rue Jean de La Fontaine 02400 CHATEAU-THIERRY Site internet : www.musee-jean-de-la-fontaine.fr Tél. : 03.23.69.05.60 Fax : 03.23.83.35.61 Accueil - Réservation : Maryse, Josiane, Brigida Secrétariat du Musée : Christelle Courriel réservations scolaires : musee.jdf@ville–chateau-thierry.fr

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Conservateur Territorial du Patrimoine : Christiane SINNIG-HAAS Courriel musée : [email protected] INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES : Il est conseillé de réserver la visite trois semaines à l'avance. La réservation s'effectue auprès du service accueil - réservation du Musée Jean de La Fontaine. Stationnement des cars : parking gratuit à 50 mètres du Musée. Possibilité de pique-nique sur l'esplanade du Vieux Château au dessus du Musée ou sur les bords de Marne. Un dossier d’information pourra être envoyé aux enseignants lors de la réservation afin de préparer la visite et de l’adapter en fonction du niveau scolaire des élèves. ACCES Autoroute A4 : sortie Château-Thierry, direction "Les Blanchards", centre-ville. Route Nationale 3 : direction centre ville Gare SNCF de Château-Thierry

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INTRODUCTION

__________________ LA FONTAINE DE CHATEAU-THIERRY, ECRIVAIN

Selon la tradition, le cabinet de travail de La Fontaine, poète mais aussi Maître des eaux et forêts, se trouvait au premier étage, dans l’aile droite de l’hôtel particulier, devenu le musée Jean de La Fontaine. Il pouvait alors y accéder directement de la cour par une tour. Cette tour fut définitivement détruite au 19ème siècle. Quel était le statut social de l'écrivain au temps de La Fontaine ? Au début du 17ème siècle, l'écrivain n'avait pas une fonction sociale reconnue. Sur la centaine d'écrivains répertoriés, certains avaient une fortune personnelle. Beaucoup exerçaient des professions, recevaient des pensions du roi ou vivaient chez leurs puissants protecteurs. Né dans une famille de notables, La Fontaine vivra dans l'aisance au début de sa vie, au moment où jeune marié et rentier, il vivait à Château-Thierry. Lorsque ses revenus diminuèrent, il bénéficia d'une pension de Nicolas Fouquet, il sera son protégé, puis celui de Madame de la Sablière, et du financier d'Hervart et de son épouse. Au temps de La Fontaine, il y avait environ vingt-quatre libraires - éditeurs à Paris. Les droits d'auteur n'existaient pas. Il faudra attendre Beaumarchais et la révolution en 1791, pour que soit adoptée la première loi sur les droits d'auteur et la propriété littéraire. Jusque-là chaque écrivain recevait une somme du libraire en échange de ses manuscrits. Les revenus d’écrivain de La Fontaine sont variés, et proviennent par exemple de ses dédicaces des fables, au Dauphin, à Madame de Montespan, au Duc de Bourgogne. On sait qu'il reçut l'équivalent de 10 000 euros pour son ouvrage Les Amours de Psyché, et cinquante louis d’or en espèces du jeune duc de Bourgogne pour avoir renoncé aux contes. Les livres et gazettes étaient sous la surveillance royale et la censure était sévère : aucun livre ou journal ne pouvait paraître sans l'accord royal, appelé privilège. Ainsi, le libraire-éditeur Barbin obtint pour les fables un privilège qui sera prolongé jusqu'en 1761, avec droit exclusif d'impression et d'édition. Les Fables et des Contes rencontreront un énorme succès, assurant la prospérité à l'éditeur et des revenus à La Fontaine. Sur les 19 millions d'habitants que comptait la France, pays d'Europe le plus peuplé à l'époque, seule une toute petite élite d’aristocrates et de riches bourgeois était capable d'apprécier les livres édités et de les acheter. Le tirage moyen d'un livre était d'environ 1000 volumes. C'est cette haute société parisienne qui honorait et recevait les écrivains comme La Fontaine. Siècle d'incertitude mais aussi d'enthousiasme, le 17ème siècle était aussi celui où les intellectuels remettaient en cause le dogme selon lequel la réponse à toutes les questions se trouvait dans le Livre sacré, dans la Bible. Réflexion et contestation se développaient dans les salons et les académies, celles-là même où on lisait les fables du poète de Château-Thierry.

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UN ECRIVAIN EST NE ______________________

8 juillet 1621

La Signature de Charles de La Fontaine, son père et de sa famille

Registre paroissial de l’église Saint-Crépin de Château-Thierry, mentionnant le baptême de

La Fontaine, le 8 juillet 1621.

Transcription de l’acte de baptême

« Le VIIIe jour de ce pr(ésent) mois de juillet, es l’an mil VI vingt et un, a été baptisé par moi soussigné curé, un fils nommé Jehan, le père Me Charles de La Fontaine , conseiller du roi et M(aître) des Eaux et Forêts (de) la duchée de CHAURY (Château-Thierry), la mère damoiselle Françoise Pidou, la parrain honorable homme Jehan de La Fontaine, la marraine Claude Josse, femme de Me Frcois Guvin, aussi Me des Eaux et Forêts (de) le dit lieu. Anth(oine) – la Vallé(e) – pp de La Fontaine. » 1

FONCTION DES REGISTRES PAROISSIAUX

AU XVIIème SIECLE _____________________________________________________________________

Les nouveaux-nés étaient baptisés le jour même ou le lendemain de la naissance, du fait de l’importante

mortalité infantile et surtout pour des raisons religieuses car en cas de décès, l’âme de l’enfant baptisé était sauvée.

Les registres paroissiaux étaient tenus par les prêtres avant de devenir des registres d’état civil laïques.

Les parrains et marraines se substituaient aux parents si l’enfant devenait orphelin.

1 Transcription par Mr R. Josse

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LA FONTAINE A 9 ANS

______________________

9 janvier 1630

L’ECOLIER

Signature de La Fontaine,

il devient parrain. Daté du 9 janvier

1630

IL SIGNE JEHAN DE LA FONTAINE

LA SIGNATURE DE LA FONTAINE __________________________________

Le jeune Jean ou « Jehan » de La Fontaine devient parrain,

Il signe son nom avec les trois « fermesses » (SSS).

Il s’agit d’une approbation de signature, venant du mot latin « Suscripsi », abrégé avec les trois « S » : SuScripSi.

Il continuera toute sa vie à signer avec les fermesses.

La Fontaine a appris à écrire sans doute au collège de Château-Thierry, qu’il fréquenta jusqu’en troisième. Il y apprit surtout le latin.

Il fréquenta l’Oratoire à Paris, mais les études religieuses ne l’intéressaient pas, il n’avait pas la vocation.

Son frère Claude deviendra prêtre.

Il fera son droit à l’université de Paris. Il décrocha en 1649, le diplôme d’avocat au Parlement de Paris.

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L’EDUCATION DES GARCONS _____________________________

C’est à partir du XVème siècle que l’école, portée par le développement de l’imprimerie, commence à se généraliser. L’instruction obligatoire pour tous, nécessitera une véritable révolution des mentalités. C’est d’abord la bourgeoisie qui eut recours à l’école. Dans les campagnes, elle est encore souvent considérée comme inutile. Les familles les plus pauvres, ainsi que la noblesse, n’y mettront leurs enfants que progressivement. Dans ce phénomène apparaît un besoin de rigueur morale et de protection de l’enfant. Celui-ci est un enfant avant d’être un petit prince ou un petit paysan. Les parents acceptent de moins en moins de se séparer de leurs enfants, comme cela se faisait autrefois, en les confiant à d’autres familles. Les éducateurs, qui appartiennent à l’Eglise ont d’abord à cœur de protéger la jeunesse de la corruption sociale et du pêché.

« Dans une haute salle, qui est peut être le logement même du maître puisqu’il s’y trouve son lit, à droite, une vingtaine de garçons et de filles sont réunis. A gauche, le maître assis dans un fauteuil derrière son pupitre, un faisceau de verges à la main gauche, fait réciter sa leçon à un élève. D’autres enfants écrivent, debout, appuyés à une longue table formée d’une planche posée sur deux tréteaux. A droite, des petites filles partagent des fruits pour le goûter. Une dernière fillette, au fond, joue avec un chat perché sur le toit du lit. » 2

Abraham BOSSE, Le Maître d’école, vers 1638

La naissance n'est rien, où la vertu n'est pas" MOLIERE

De toutes les qualités que l'on voit dans les enfants,

il n'y en a qu'une sur laquelle on puisse compter, c'est le bon raisonnement : il croît toujours avec eux, pourvu qu'il soit bien cultivé "

FENELON

Il est nécessaire pour un garçon d'être honnête homme pour faire carrière. C'est sans doute Hardouin de Péréfixe, qui fut l'un des précepteurs du futur Louis XIV, qui définit le mieux les nouveaux principes : " Premièrement se bien conduire soi-même, se remplir l'âme des meilleures maximes de la morale et de la politique. Eclairer l'esprit sans surcharger la mémoire."

2 Abraham Bosse, savant graveur, catalogue d’exposition, BNF/Musée des Beaux-arts de Tours, 2004

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La réputation de l'université de Paris est encore fameuse. Certes sa renommée n'attire plus comme par le passé de nombreux étudiants étrangers. Ayant fait l'erreur de prendre parti contre le roi pendant la Fronde, elle jouit encore d'un certain prestige. L'université regroupe les Arts, c'est-à-dire : - La grammaire - La philosophie et les sciences - Le droit - La médecine - La théologie L’université reçoit ses élèves dès l'âge de neuf ans lorsqu'ils sortent des mains de leurs précepteurs ou des Petites Ecoles - et complète leur savoir dans les collèges. Les collèges se voient très concurrencés par les privilèges accordés aux jésuites ou aux oratoriens. Les jésuites, concurrents sévères, suivent un programme d'études complexe et réputé abordant toutes les sciences : le ratio studiorum. Dans les collèges, comme Louis-Le-Grand, auquel le roi lui-même accorde sa protection, ils seront particulièrement attentifs à la formation des futures élites. Bien se conduire soi-même implique une bonne maîtrise de son corps, une défiance face aux tentations de corruption charnelle, aux plaisirs grossiers. Cette maîtrise conduit aux règles du maintien, qui ouvrent les portes de la société, par l'apprentissage de la danse, des arts et des règles du savoir-vivre. Certains collèges jésuites enseignent l'éloquence utile pour entrer dans le monde, en faisant travailler des pièces de théâtre sacrées ou profanes à leurs élèves. Seul le collège des Quatre Nations possède une académie d'escrime entre ses murs. L'éveil de l'esprit est tourné vers la connaissance du latin et du grec, qui ouvre les portes du savoir. Dans le quartier latin, où sont regroupés nombre de collèges, on parle plus latin que français, d'ailleurs tous les cours sont donnés en latin. Les thèses des enfants, des personnalités, font courir le Tout-Paris. L'éducation du XVIIème siècle n'est pas ouverte au temps présent, mais plutôt orientée vers le passé. L'éducation devient la marque de la reconnaissance au sein d'un monde en pleine mutation.

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LA FONTAINE A 32 ANS __________________________

27 août 1653

L’EPOUX DE MARIE HERICART

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Extrait de l’acte de vente de la ferme

de Jean de La Fontaine et de son épouse Marie Héricart, à Oulchy le

Château.

Daté du 27 août 1653.

MARIE HERICART

La jeune épouse de la fontaine avait reçu une éducation soignée. Jeune fille de bonne famille, orpheline, elle fut éduquée à Paris par sa tante Jeannart, femme instruite et bruyante. Elle l’introduisit dans une

société raffinée, qui aiguisa l’esprit et affina le goût de la jeune fille. A quatorze ans, Marie Héricart était instruite et connaissait les usages du monde.

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L’EDUCATION DES FILLES __________________________

« La maîtresse ne s’occupe que des filles, dans la haute salle qui est probablement sa chambre en même temps que son école. A gauche, la vieille femme (on notera que, pour l’homme comme pour la femme, les bésicles sont l’emblème de la fonction) guide d’une baguette un enfant s’exerçant à lire. Au centre, un groupe de trois fillettes semble discuter avec acharnement un point de doctrine abécédaire. Au fond à droite, sur un banc près du lit, deux fillettes se restaurent avec le pain et les fruits qu’elles ont apportés dans leur panier en osier. A droite, une grande fille amène sa petite sœur pour sa première leçon. Au fond, à travers une porte surmontée d’un tableau (ou d’une estampe) présentant un crucifix, on aperçoit la servante en train de balayer le sol de l’office. » 3 A Paris, au début du 17ème siècle, cinquante sept couvents des ordres les plus variés, accueillaient les jeunes filles de bonnes familles. Par leur enfermement strict, ils garantissent plus la formation d'esprits fermés et obscurs que l'élévation de jeunes filles à l'éducation protégée. Ils en assurent surtout la pureté. L’éducation étriquée des couvents sera critiquée par des femmes éclairées telles que Julie d'Angennes, Madame de Lambert, Mademoiselle de Scudéry, Madame de La Fayette, et même Madame de Maintenon qui créa son école pour ses demoiselles de Saint-Cyr. A côté de l'enseignement traditionnel, quelques supérieures comprendront le bénéfice d'une éducation protégée et soignée. L'éducation institutionnelle à la finalité sociale nettement définie, recule peu à peu sous la pression des élites, qui voient dans l'assujettissement à l'obscurité de l'esprit des femmes, non plus un moyen de protection de privilèges masculins, mais une faille dans le système familial. Lentement, les filles accèdent au savoir car une femme instruite seconde plus efficacement un mari, voire une famille, dans les carrières mondaines qu'une parfaite ignorante. C'est sans doute Madame de Maintenon, et ses demoiselles de Saint-Cyr, qui ouvre la plus grande brèche dans ce domaine, réservé jusque-là aux hommes. Si elle recommande la plus grande modestie, ç'est parce qu'elle est le plus sûr rempart : « Accoutumez-vous de bonne heure à être secrètes », mais le travail acharné reste la base de la réussite : « travaillez sans cesse mais sans affectation ». Ces grandes dames savent qu'une femme ne peut prétendre rivaliser avec le savoir des hommes, elle n'en a pas encore le droit. En revanche faire apprécier sa propre culture, les feux de son esprit est tout en son pouvoir. La rivalité serait une faute grossière, une faute de goût, un travers bien ridicule. Les lumières de l'esprit doivent dialoguer entre les femmes et les hommes.4

3 Abraham Bosse, savant graveur, catalogue d’exposition, BNF/Musée des Beaux-arts de Tours, 2004 4 Jacqueline Queneau et Jean-Yves Patte, L’art de vivre au temps de Madame de Sévigné, Nil éditions, Paris, 1996

Abraham BOSSE, La Maîtresse d’école, vers 1638

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LA FONTAINE A 34 ANS _________________________

18 janvier 1655

LE MAITRE DES EAUX ET FORETS

Extrait du traité entre les officiers des Eaux et Forêts : entre Jean, son père Charles de La Fontaine, et Monsieur

Lambermon, concernant la coupe et la vente de bois de chauffage.

Daté du 18 janvier 1655.

LA CHARGE DE MAITRE DES EAUX ET FORETS _______________________________________________

La Fontaine aimait la nature.

C’est en 1652 qu’il devient Maître des Eaux et Forêts du canton de Château-Thierry. Il avait pour rôle de surveiller et de contrôler.

Le Maître particulier avait également, dans ses attributions, la visite générale, tous les six mois des forêts, bois et buissons, et des rivières.

De ces visites, il dressait des procès-verbaux. Il constatait les ventes de futaies et de taillis, l’état des fossés, des bornes et des chemins, etc...

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LA FONTAINE A 37 ANS __________________________

16 mars 1658

L’AMI

Lettre manuscrite de Jean de La Fontaine

Datée du 16 mars 1658

Cette lettre de La Fontaine est adressée à Jacques Jannart, son oncle par alliance qui résidait à Paris, quai des Grands Augustins. Il était l’homme important de la famille et sera le soutien de La Fontaine. Le couple demeurait chez lui à Paris. La lettre fut rédigée par le poète dans sa maison de Château-Thierry dit alors « Chaury », le 16 mars 1658, son père Charles est malade et s’éteindra quelques mois plus tard. La Fontaine y mentionne des affaires en cours. L’année 1658 fut une année difficile pour le poète. Les allers-retours de La Fontaine se firent de plus en plus fréquents et ses séjours dans la capitale de plus en plus longs. La gloire littéraire se trouvait à Paris.

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Abraham BOSSE, Lettre amoureuse duCcapitaine extravagant à sa maîtresse, vers 1636

ENVOYER UNE LETTRE AU TEMPS DE JEAN DE LA FONTAINE ______________________________________

Si La Fontaine ou une personne de qualité à Paris souhaitait envoyer un billet à une personne ou à un ami dans la capitale, il s’adressait à un domestique ou à un laquais. Se tenant aux portes des demeures et faisant presque partie du décor, le laquais était chargé de ce type de commission. On lui confiait un pli qu’il courait remettre à l’adresse indiquée. Si ce n’était pas urgent, il déposait la lettre entre les mains du suisse. Ce dernier la transmettait à un autre laquais, qui lui-même la remettait au destinataire.

Le laquais pouvait avoir reçu l’ordre de remettre la lettre en main propre, avec toute la courtoisie d’usage. S’il n’y avait pas de réponse demandée, le laquais s’en allait, mais si une

réponse était attendue, le laquais soulignait par sa présence insistante le souhait qu’un billet de retour ou qu’une réponse orale soit donnée. « On attend une réponse » était le formule habituelle. Ce petit service de poste par l’entremise des laquais était très parisien. S’il s’agissait d’envoyer une lettre plus loin, les laquais portaient la lettre au bureau de poste en charge de la région de destination du courrier, à la poste de Lyon, de Bretagne, de l’Est etc... Le courrier était transporté par un système de porteurs à cheval, les chevaucheurs. Ce système efficace permettait d’envoyer les lettres dans tout le royaume et à l’étranger. Les chevaucheurs profitaient des relais de la poste aux chevaux, établis toutes les sept lieues (environ 28 kilomètres) et entretenus par les maîtres de poste. Les chevaucheurs parcouraient régulièrement et rapidement les routes de poste, acheminant les missives en tout lieu et en tout temps. Ils pouvaient parcourir jusqu’à quatre vingt dix kilomètres par jour. Ils galopaient de relais en relais, accompagnés d’un postillon qui ramenait au pas le cheval emprunté au maître de poste. D’abord réservés aux seuls messages royaux, les services de cette poste aux lettres furent ouverts en 1603 aux particuliers. Cela répondait à un besoin réel et les riches particuliers avaient pris très tôt l’habitude de rémunérer les « chevaucheurs » du roi pour acheminer clandestinement leurs propres lettres. Cet usage deviendra officiel sous Henri 4. Le service des départs n’était pas régulier : le plus souvent le maître de poste attendait que le nombre de lettres soit suffisamment important pour remplir la sacoche attachée à la selle de son chevaucheur. En 1622, est instauré pour chaque ville un calendrier des jours de départ des courriers. Les lettres seront alors acheminées avec régularité. En 1627 est crée une taxe d’acheminement qui était proportionnelle au poids de l’objet transporté et de la distance à parcourir : deux sous entre Paris et Dijon, trois sous entre Paris et Lyon.

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Contrairement à aujourd’hui, ç’est le destinataire de la lettre qui payait cette taxe : en effet les expéditeurs des lettres craignaient qu’elles n’arrivent jamais si le prix était payé d’avance ! Cette coutume ne disparaîtra qu’en 1849, avec la création du timbre poste. Mais le courrier n’arrivait pas toujours à domicile et il fallait envoyer un domestique chercher les lettres. En 1653 est mis en place un service de remise de courrier à domicile, dont l’affranchissement devait être acquitté par l’expéditeur. Louvois, ministre de Louis XIV, sera à l’origine de la mise en place de la poste moderne. Du vivant de La Fontaine, il fut nommé Surintendant des postes en 1668, avec pour mission de pouvoir transmettre rapidement des ordres et des messages. Il réformera dans une période de troubles et de conflits, ce système d’acheminement du courrier qui était vital pour le royaume. Louvois créa le système des postes à l’étranger et deviendra le maître du fameux « cabinet noir : », pour la surveillance de la correspondance diplomatique et privée, qui mènera plus d’un grand personnage en prison.

LA FONTAINE ECRIVAIN VOYAGE ENTRE PARIS ET CHATEAU-THIERRY

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Château-Thierry se trouve à 23 lieues Est-Nord-Est de paris : la lieue commune dite géographique était de 2282 toises (1 mètre 949), la lieue de poste valait 200 toises ce qui donne 102 km en lieues communes et 89 km en lieues de poste. La Fontaine pouvait se rendre à Paris à cheval, en profitant des relais de poste sur la grande route de l’Est : Paris -Strasbourg, qui passait par Château-Thierry Il pouvait aussi prendre la « voiture publique » ou la diligence, attelée de six chevaux, qui partait de Paris de l’Hôstellerie du Grand -Cerf à l’emplacement du 145 rue Saint Denis, à 6 heures du matin pour arriver à Château-Thierry le soir à 7 heures. Le prix des diligences était alors de seize sols (ou sous) par lieue de poste, environ 150 euros. On peut se rendre compte du coût des voyages au siècle de La Fontaine. La Fontaine pouvait également prendre « le coche d’eau » très lent, mais plus économique, sur le quai Saint Paul ou sur celui de la Tournelle. Le prix variait suivant la localité et le sens du courant. Les gros bagages se payaient au poids. La ville de Château-Thierry comptait alors environ 4000 habitants dits les castrothéodoriciens.

Source : Mr André lefebvre, Vice-président de la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry

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LA FONTAINE A 72 ANS ________________________

1693

LE LECTEUR DE GAZETTES

Le mot gazette vient de l’italien gazzetta qui signifie « feuille volante « et qui coûtait une gazeta, nom d’une pièce de monnaie vénitienne. Le terme s’applique aux feuilles d’information. En France, ç’est à l’initiative de Richelieu qu’est lancée le 30 mars 1631 La Gazette dont la direction est confiée à Théophraste Renaudot et qui absorbe les Nouvelles Ordinaires de Divers Endroits fondées quelques mois plus tôt. Quatre pages, une présentation très proche de celle du livre, des nouvelles, surtout de l’étranger. Ce journal était considéré comme l’organe officieux de la cour du roi de France. En quelques années ces journaux, bien qu’étroitement contrôlés par les autorités, se multiplient et ne se contentent plus de donner des nouvelles brèves et dépourvues de commentaires. Certains sont spécialisés, tels le Journal des savants, fondé par Colbert en 1665, consacré à l’information bibliographique de grande renommée. Au 17ème siècle, les périodiques ont un tirage très limité, dû à la lenteur de la diffusion. La Gazette de Renaudot tirée à moins de 3000 exemplaires, devance la plupart des autres journaux européens. On peut s’y abonner, l’acheter chez un libraire ou à la criée auprès du « crieur », ou attendre le volume annuel.

La Fontaine lisait régulièrement les gazettes et ses fables paraîtront entre autres dans le Mercure Galant.

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Lettre inédite de La Fontaine à François Maucroix, le 26 octobre 1693

LA FONTAINE A 73 ANS __________________________

Septembre 1694

LE FABULISTE

Septembre 1694

FABULISTE....... Chaque fable est la réécriture de fables précédentes, orales ou écrites. Un fabuliste comme La Fontaine ne copie pas, ne traduit pas au sens strict, il imite, comme on imite au 17ème siècle, en actualisant le sujet, lui donnant une apparence contemporaine de texte. La Fontaine est à la fois traducteur d’Esope, de Phèdre, de Pilpay et de tous les autres adaptateurs et imitateurs. La Fontaine acquiert des uns et des autres respectabilité et autorité. Il est la synthèse de tous les Esopes passés pour montrer la voie de la sagesse. Un fabuliste au 17ème siècle sait se couler dans son temps et rappeler que la fable est un plaisir. Les fables comme les énigmes étaient le quotidien des salons du temps : on savait en quelques heures écrire une fable sur un sujet d’actualité, pour la plus grande joie des participants, on cherchait alors les clés. On savait ainsi reconnaître la satire d’un homme sous les apparences animales. Ce jeu de salon, typique de l’époque, s’accompagnait rarement d’une publication et la règle était de se distraire, et non nécessairement de délivrer une morale. C’est la tradition mondaine ou galante de la fable.

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A la même époque, de nombreux érudits composaient ou traduisaient des fables pour qu’elles servent à l’édification des jeunes gens ou de leurs contemporains, c’est ce qu’on appelle la tradition savante des fables. Un fabuliste comme La Fontaine, est lié à la fois à la mode des jeux mondains et à la tradition savante des théoriciens et des érudits, en faisant sa propre synthèse. Cependant la fable ne se place pas seulement dans la ligne pédagogique, comme les fables de Fénelon écrites pour le petit fils de Louis XIV, visant uniquement un public d’enfants, elles s’inscrivent aussi dans la lignée des textes qui s’autorisent de la pédagogie pour s’adresser aux adultes au nom du gai savoir : Rabelais et Montaigne en sont les références à la suite d’ Erasme.

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LA FONTAINE ET FURETIERE __________________________

Paris, 1690

DEFINITION DE LA FABLE AU TEMPS DE LA FONTAINE

SELON FURETIERE _________________

En janvier 1685, l’académie exclut Furetière, coupable d’avoir obtenu par surprise et

contrairement aux règles, un privilège pour son dictionnaire, achevé avant celui de l’Académie. La Fontaine vote l’exclusion et subit les attaques virulentes de son ancien ami auquel il réplique

par des épigrammes.

FABLE _______

Fiction d’un entretien d’un ou de plusieurs animaux, ou de choses inanimées, d’où on tire quelques

moralités ou plaisanteries. Il y a de belles moralités dans les fables d’Esope, de Phèdre etc.…Le prophète Nathan se servit d’une fable pour que David se condamna lui-même sur la mort d’Urie. On n’ose parler aux

princes d’Orient de leurs défauts que sous le voile de quelques fables, comme on apprend par celles de Pilpay, l’Indien.

FABLE se dit aussi de la fiction qui sert de sujet aux poèmes épiques et dramatiques et aux romans.

La belle disposition de la fable est aussi nécessaire dans un poème que celle des figures dans un tableau.

FABLE signifie aussi absolument fausseté. Tout ce que les Païens ont dit de leurs dieux sont des fables, l’histoire du lion baptisé par saint Paul, que

quelques-uns attribuaient à saint Luc, est une fable, dit saint Hierosme de Sript.Eccles.

On dit proverbialement qu’un homme est la fable du peuple, pour dire qu’il est tourné en ridicule, méprisé dans toutes les compagnies où on parle de lui. Ce mot vient du latin fabula où il signifie aussi pacte,

convention, pourparler, entretien comme on voit dans ce proverbe Lupus in fabula , qui répond au nôtre, Qui parle du loup en voit la queue, d’où on a fait confabulari et confabulation et les italiens favella pour dire parole.

Les espagnols disent Morir sin fabla ou fabula pour dire Mourir intestat.

FURETIERE Dictionnaire universel Paris, 1690

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LES MOTS DES FABLES __________________________

LE VOCABULAIRE DU XVIIème SIECLE

Le loup et la cigogne Frairie : fête de village, d’où festin Le rat des villes, et le rat des champs Reliefs d’ortolans : restes d’ortolans (Petits oiseaux) Rôt : rôti La cigale et la fourmi Bise : vent du nord, ici : l'hiver L'oût : le mois d'août, la moisson Le coq et le renard Matois : rusé Poste : distance entre deux relais de poste Les feux : des feux de joie Tire ses grègues : s'enfuit Gagne au haut : s'éloigne La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf Nenni : non Pécore : animal Le lion et le rat Il avint : il advint, il arrive Rêts : filets à grosse mailles La colombe et la fourmi Croquant : paysan Tire de long : s'enfuit Obole : ancienne monnaie grecque de peu de valeur, aumône Le chêne et le roseau Caucase : les monts du caucase Roîtelet : petit oiseau Aquilon : vent du nord Zéphyr : vent doux Le lièvre et la tortue Ellébore ou hellébore : plante contre la folie Aux calendes : jamais Gageure : pari Au bout de la carrière : au bout de la course

Le loup et l'agneau Tout à l'heure : sur l'heure Je tette : aujourd'hui on orthographie : je tête Le rat qui s'est retiré du monde Levantins : peuple du Moyen-Orient Dervis : derviche- religieux turque Les deux mulets Gabelle : autrefois impôt sur le sel La besace Glosa : fit des commentaires Ciron : animal minuscule, nom ancien des mites de la farine Jupin : surnom de Jupiter Besacier : porteur de besaces, sacs à une ou deux poches Le coche et la mouche Etait rendu : était épuisé Le laboureur et ses enfants L'oût : le mois d'août, la moisson Le corbeau et le renard Ramage : chant, langage Phénix : oiseau fabuleux Conseil tenu par les rats Son soûl : à sa faim Sabbat : grand bruit Chapitre : assemblée de religieux Le renard et la cigogne Toute besogne : toute chose Brouet : soupe Le prie : l'invite La politesse : ici, l'ordonnance du festin Friande : tendre, délicate

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Le lion et le moucheron Me soucie : m'inquiète Dans l'abord : tout d'abord A son faîte montée : à son apogée, maximum L'entour : autour Qui n'en peut mais : qui n'y peut rien Sur les dents : las et fatigué L'âne chargé d'éponges, et l'âne chargé de sel Porter les bouteilles : marcher lentement Pèlerins : voyageurs Grison : âne parce qu'il est souvent gris Faire raison : boire à la santé d'un autre buveur Le renard, le singe, et les animaux Chartre : autrefois une prison Cache : cachette Baîlle après la finance : veut avidement de l'argent Démis : destitué, renvoyé Diadème : tiare, couronne La poule aux œufs d'or Gens chiches : cupides, avares Le corbeau voulant imiter l'aigle Polyphème: cyclope contre qui Ulysse combattit Volereaux : petits voleurs Le renard, le loup et le cheval Des plus madrés : des plus rusés Franc novice : tout à fait nouveau ou débutant Enfiler la venelle : prendre la fuite (venelle, petite rue) Les grenouilles qui demandent un roi Jupin : surnom de Jupiter Soliveau : petite solive, pièce en bois posée sur des poutres Coi : tranquille Astreindre : soumettre Débonnaire : bon Les oreilles du lièvre Aux petites maisons : à l'hôpital des malades mentaux

Les deux coqs Troie : la guerre de Troie dans l'antiquité Xanthe : fleuve de la plaine de Boétie Hélène : Beauté (Reine pour qui eut lieu la guerre de Troie) L'âne vêtu de la peau du lion Animal sans vertu : animal sans courage La fourbe : la fourberie, la tromperie Office : métier Apologue : petit fable Le paon se plaignant à Junon Nué : nuancé Panades : pavanes Lapidaire : marchand de pierres précieuses Ramage : chant, langage Le lion s'en allant en guerre Prévôts : chargés de mission Selon sa guise : selon ses talents Le loup, la chèvre, et le chevreau Mot du guet : mot de passe Papelarde : hypocrite Un point : une qualité Le pot de terre et le pot de fer Il ferait que sage : il agirait sagement De son débris : d'être mis en pièces Le vieillard et l'âne Grison : l'âne parce qu'il est souvent gris Paillardun : qui couche sur la paille Les poissons et le cormoran Le long âge : la vieillesse Pourvoyeur : fournisseur Réseaux : filets pour prendre les oiseaux L’émute : l'émeute En soin : inquiet Humaine engeance : espèce humaine Le loup et le chien Mettre en quartiers : mettre en pièces, dévorer Mâtin : gros chien de garde Entre en propos : se met à lui parler Cancres : hommes pauvres Hères : miséreux Franche lippée : bon repas qui ne coûte rien

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FABLES ET CULTURE AU TEMPS DE LA FONTAINE

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Apologue :

Courte leçon morale satirique ou politique, petite fable.

Les isopets Recueils manuscrits de fables ésopiques, chers à Marie de France, dans la deuxième moitié du 12 e siècle.

Ils jouent sur la simplicité et s’intègrent aux bestiaires Les fables de La Fontaine sont dites « choisies» car puisées chez le fabuliste

grec ESOPE, traduit en vers latin par PHEDRE, qui écrivit ses propres fables également, suivi par APHTONIUS et AVIENUS.

A l’époque de la Fontaine, les ouvrages de référence pour l’enseignement des fables étaient nombreux, Les textes des fabulistes de l’antiquité et leurs traductions étaient régulièrement éditées. Citons entre autre :

• NICOLAS NEVELET, la Mythologia Aesopica, 1610.

• LOUIS-ISAAC LE MAISTRE DE SACY, Fables de Phèdre, affranchies d’Auguste,

traduite en français avec le latin à côté, pour servir à bien entendre la langue latine et à bien traduire en français, de 1647.

• ABSTEMIUS : ses fables d’Esope tournées en vers latins seront traduites en français en 1572, sous le nom d’Hecatonmythium.

• VERDIZZOTTI, Cent fables morales (1570, grand recueil illustré de fables paru en Italie.

• Gabriele FAERNE, Cent fables choisies des anciens auteurs, Mises en vers latins, 1564, seront traduites en français par Charles PERRAULT en 1699.

• Marcus GHERAERT, un recueil de fables de 1567. La Fontaine connaissait aussi:

©Musée Jean de La Fontaine, reproduction interdite

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• GUILLAUME HAUDENT, les Trois cent soixante et six apologues d’Esope, traduits en rithme françoise, 1547.

• GILLES CORROZET, les fables du très ancien Esope, phrigien, premièrement écrites en

graec et depuis mises en rithme françoise de 1542.

• BONAVENTURE DES PERIERS, Récréations et joyeux devis, de 1510-1544.

• ISAAC DE BENSERADE, Fables d’Esope en Quatrains.

• GILBERT GAULMIN, le traducteur de fait du Livre des Lumières ou la conduite des Roys, composé par le sage Pilpay, traduit en français par David Souhid d’Ispahan, Ville capitale de Perse.

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L’HISTOIRE DU LIVRE AU TEMPS DE LA FONTAINE

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COMPOSITION D’UN LIVRE

L’EDITION DES LIVRES ___________________________

Le XVIIème siècle est un période charnière dans l’histoire du livre. Alors que s’affirment les grands genres littéraires, il acquiert sa présentation moderne et devient un objet usuel. Ainsi, la production du livre imprimé ne cesse d’augmenter. Les textes autorisés par l’église, doivent être connus de tous les fidèles. Les lecteurs se font de plus en plus nombreux, dans les villes notamment, mais il lui reste à conquérir les couches les plus larges de la société.

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En France, la diffusion des livres se fait dans un cadre très réglementé : des privilèges sont octroyés à un nombre limité d’imprimeurs ou libraires, dont certains détiennent un véritable monopole, tel Sébastien Cramoisy à Paris, principal éditeur des jésuites. D’autres bâtissent des fortunes grâce à la publication d’ouvrages prisés, tel Guillaume Desprez, éditeur des jansénistes de Port-Royal. Tous affrontent la censure du pouvoir royal, qui brode le commerce du livre, favorisant le développement de contrefaçons dans et hors des frontières.

LES BONS ET LES MAUVAIS IMPRIMEURS _________________________________________

Richelieu avait créé en 1639, au Louvre, l’Imprimerie Royale (ancêtre de l’Imprimerie Nationale). Elle était sous l’autorité de l’Etat, et publiait des livres de prestige, en collaboration avec les plus grands artistes. Louis XIII, alors ministre, développe le système des « imprimeurs du Roi », titre attribué à des hommes de confiance.

LES PRIVILEGES DU ROI ________________________

Colbert est le grand artisan de cette « mise au pas » de la profession du livre. Leur surveillance passe par la limitation, à Paris en 1667 du nombre de libraires et imprimeurs autorisés. Les ventes de matériels d’imprimerie sont réglementées, les colis de livres sont contrôlés, et les ateliers de production sont visités. Les contrevenants le payent très cher. Cette politique, qui n’épargne que les « bons » libraires, s’accompagne dans l’attribution des indispensables privilèges d’un favoritisme très net pour les Parisiens, plus faciles à surveiller, au détriment des provinciaux. Privés alors de nouveautés, ils se lancent dans des pratiques frauduleuses, de contrefaçons et d’impressions de livres interdits.

LES COLPORTEURS ___________________

Le contact avec un livre imprimé ne se limite pas à la possession d’un livre. Sans parler de l’utilisation collective, à l’église ou à la veillée, l’habitant de la campagne et celui de la ville ont diverses occasions de l’utiliser. A travers l’image d’abord, outil de la propagande politique, instrument de christianisation, ou divertissement qu’on retrouve selon les cas affichés dans les églises, ou sur les murs de la maison ou de l’atelier. La ville est dès le XVIème siècle, le lieu de circulation de documents souvent éphémères appelés « occasionnels » ou « canards ». Simples feuilles ou brochures, recourant à l’illustration, vendus dans la rue, ils décrivent les événements qui marquent l’opinion : entrée du roi dans la ville, naissance d’un dauphin, haut fait d’armes, catastrophe naturelle ou fait divers, de préférence sensationnel... Le colporteur qui diffuse ces brochures est un personnage familier à la ville comme à la campagne. Pourchassé par les autorités qui le soupçonnent souvent de transporter des écrits prohibés, il est l’objet d’une réglementation stricte. A la ville, il offre ses marchandises sur un étalage de fortune. Dans la campagne, il accomplit un parcours périodique identique desservant les régions parfois même très isolées.

LES ALMANACHS _________________

Prenant le relais des occasionnels, ces livrets de petite taille, à la couverture bleue et vierge, connurent un développement considérable. On les achète alors pour un ou deux sous. Leurs rôles : édifier, distraire, être utiles. La littérature religieuse y est très abondante. S’adressant à un public peu ou pas lettré, l’almanach est probablement le livre le plus anciennement répandu dans les campagnes, celui qu’on peut posséder sans savoir bien lire. D’abord simple calendrier et ouvrage d’astrologie, il devient ensuite l’encyclopédie du pauvre, regroupant l’essentiel de ce qu’il faut

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savoir pour vivre, cherchant à divertir et à instruire. L’écolier le déchiffrera dès qu’il aura acquis quelques rudiments de lecture.

GENRES NOUVEAUX ____________________

Le livre semble avoir quelque peu perdu sa capacité d’innovation du temps de l’humanisme. La boutique du libraire et l’atelier de l’imprimerie ne sont plus les pôles d’un échange fécond avec l’auteur , que l’on retrouve plutôt à la cour des grands de ce monde, ou dans certains passages obligés de la gloire littéraire, comme les salons, ces hauts lieux de la conversation, ou bien encore les académies, en plien essor, si nombreuses en Italie et en France. Mais cela n’empêche pas le développement de genre inédit. Si le livre religieux occupe encore plus du tiers de la production, le livre d’histoire, souvent magnifiquement illustré, privilégie les pouvoirs en place, retraçant par exemple « les entrées royales ». Certains genres littéraires émergent, comme le roman et le théatre, qui consacrent le statut social nouveau dont bénéficient les écrivains, symbolisé par la création de l’Académie française en 1635.

La littérature destinée aux enfants émerge, comme l’œuvre de certains fabulistes et notamment

Jean de la Fontaine

SOURCE : Bruno BLASSELLE A pleines pages histoire du livre, éd. Découvertes Gallimard, Paris 1997

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L’ART D’ECRIRE AU TEMPS DE LA FONTAINE

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L’écritoire de l’écrivain du 17ème siècle contient : la plume, l’encre, le papier, la cire et le sceau. Ces petits textes nous donnent quelques indications d’époque sur l’art d’écrire à la plume.

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LES TYPES D’ECRITURE ________________________

LA CAROLINE La caroline ou minuscule caroline doit son nom à Charlemagne.

Le renouveau culturel entrepris sous son règne se manifeste, entre autres, dans les scriptoria et favorise une

large diffusion de cette écriture dont le premier exemple date de 778. L’abbé Alcuin et l’école de Tours participent activement à l’évolution formelle de la caroline, qui se répand

dans toute l’Europe occidentale jusqu’à la fin du XIe siècle. Elle est interprétée au XXe siècle par E. Johnston, calligraphe anglais qui en crée une version contemporaine.

LA GOTHIQUE TEXTURA Elle doit son nom au latin textus, tissu. Son aspect est celui d’une trame serrée.

Dès la fin du XIe siècle, l’évolution de la caroline mène vers un nouveau type d’écriture la gothique.

Plus anguleuse que la caroline, elle nécessite moins de place en cette époque où la production de livres et de textes augmente avec la fondation de nouvelles universités, alors que le parchemin se fait rare.

La gothique textura succède à la gothique primitive. Il s’agit d’une écriture livresque, très usitée du XIIIe au XVe siècle.

D’autres styles de gothiques voient le jour : la rotunda, la gothique cursive et la gothique bâtarde, puis la fraktur.

LA CHANCELLERIE La cancellaresca, ou écriture de chancellerie, doit son nom au style utilisé dans les actes émanant de la

chancellerie du Vatican.

La cancellaresca est née au début du XVIe siècle en Italie, elle semble découler directement de la cursive humanistique qui rompt avec la morphologie des gothiques et s’inspire de la caroline. Ecriture officielle au Vatican, elle se développe par la suite dans les milieux administratif et intellectuels avant de se propager en

Europe. Les célèbres maîtres d’écriture Arrghi dit Vicentino, Tagliente ou Palatino ont créé chacun leur style de chancellerie, dont les modèles furent souvent gravés dans le bois et plus tard sur cuivre

avant d’être imprimés.

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LES MAJUSCULES LES MINUSCULES

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QUAND LA FONTAINE ECRIT

MUSEE JEAN DE LA FONTAINE 12 R u e J e a n d e L a F o n t a i n e

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