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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16330 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 30 JUILLET 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ........... 2 France ........................ 6 Société ....................... 7 Carnet ........................ 8 Horizons.................... 9 Annonces classées .. 11 Régions ...................... 15 Entreprises ............... 16 Finances/marchés... 17 Aujourd’hui .............. 19 Jeux.............................. 21 Météorologie........... 22 Culture....................... 23 Guide culturel.......... 25 Radio-Télévision..... 26 Abonnements .......... 28 Compagnons et camarades à la portion congrue OÙ EST LE TEMPS où Malraux pouvait dire, avec son assurance coutumière : « Aujourd’hui en France, il y a les communistes, nous [les gaullistes] et rien » ? Chaque jour, on mesure un peu mieux le déclin des deux grandes familles politiques dont la rivalité a paraly- sé la IV e République et assuré pen- dant un quart de siècle, sous la V e , la domination de la droite. Le pa- radoxe veut certes que, pour la première fois depuis 1946, « compagnons » et « camarades » se trouvent en même temps asso- ciés au pouvoir. D’une part, Jacques Chirac est toujours à l’Ely- sée, d’où il s’est permis le 14 juillet non seulement de critiquer le gou- vernement, mais d’assurer qu’il gardait le dernier mot. D’autre part, la gauche n’aurait pu l’em- porter sans le concours du PCF, dont trois membres sont au- jourd’hui ministres. Reste que, de ce pouvoir, communistes et gaul- listes ne détiennent pour le mo- ment que la portion congrue. Le Parti communiste a beau conserver quelques solides forte- resses, il n’a pas atteint son mo- deste objectif de 10 % des suf- frages, alors que le pays est touché de plein fouet par le chômage, et que s’est lourdement creusée la « fracture sociale » : aux élections de novembre 1946, il y a donc cin- quante ans, il en avait obtenu 28,6 %, ce qui, la proportionnelle aidant, lui avait valu 180 députés ! Le débonnaire Robert Hue est tout fier d’en avoir aujourd’hui 36. Et il lui a fallu batailler dur pour faire approuver la participation au cabinet Jospin par la majorité des militants, désormais divisés en courants comme de vulgaires so- ciaux-démocrates. Sans doute nombre d’entre eux se sou- viennent-ils de la manière dont François Mitterrand les avait ber- nés, en juin 1981, en leur confiant quatre portefeuilles ministériels. Ronald Reagan, apprenant la nouvelle, avait avalé de travers et envoyé à Paris son vice-président et futur successeur George Bush. Le nouvel hôte de l’Elysée s’était fait un plaisir de lui expliquer ses raisons : « Avec la présence de quatre communistes au gouverne- ment, à des ministères sans impor- tance, ils seront de force associés à ma politique économique et seront donc dans l’impossibilité de susciter des remous sur le plan social... » André Fontaine Lire la suite page 10 L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire drôle », une de ces plaisanteries glauques tout juste calibrées pour déclencher les rires gras de ceux qui ne sont « pas racistes, mais.... ». Le plaisantin est administrateur à la Caisse pri- maire d’assurance-maladie (CPAM) de l’Aude. Ce 21 février 1995, on inaugure le nouveau hall d’accueil à Carcassonne, et les anecdotes vont bon train à l’heure de l’apéritif. Notre humoriste rapporte un cas déjà ancien de fa- milles maghrébines que l’aide sociale ne suffi- sait pas à tirer de l’ornière. « Que faire ? », lui avait alors demandé un collègue. « Une seule solution : mettre ces gens sur un bateau et tirer une torpille ! », raconte-t-il avoir rétorqué. Puis, son interlocuteur se montrant choqué, il ajoute : « Vous avez raison : ce n’est pas une torpille mais deux que l’on utilisera ! » A cet instant, Djamila Bouraï, fille de harki, tressaille. « Je n’ai rien répondu : j’étais tétani- sée », se souvient la jeune femme. Pour elle, c’était un jour de fête : en même temps que ses vingt-six ans, elle goûtait le plaisir d’être intégrée dans un travail pour lequel elle avait bataillé : assistante de direction à la « Sécu », son premier contrat à durée indéterminée ! Selon elle, l’administrateur aurait ajouté en la regardant : « Et pourtant, je ne suis pas ra- ciste. » Puis, après un temps d’arrêt: « Quoique... » L’intéressé n’a pas reconnu avoir tenu ces ultimes propos. Mais, fait raris- sime dans les dossiers judiciaires ouverts pour racisme, il a revendiqué l’histoire des torpilles, précisant même qu’il l’avait déjà ra- contée souvent et qu’elle n’avait jamais cho- qué personne. La « vanne » de la CPAM de l’Aude a donné lieu à une plainte pour provocation à la haine raciale et diffamation. Depuis lors, Djamila Bouraï a perdu son travail, et il n’est pas im- possible que son manque d’humour en soit la cause. Plus sa hiérarchie tentait de minimiser l’incident et de l’enterrer, plus sa rage grossis- sait. « On m’a demandé de me taire, de ne pas en parler aux syndicats. Je n’ai pas supporté l’humiliation. » Se déclenche alors l’engre- nage de la hargne et de la colère. Un mois après le cocktail amer, la direction signifie à l’employée que sa période d’essai est prolon- gée. La dépression et le congé-maladie suc- cèdent à la révolte. On la traite de « parano ». En mai, Djamila Bouraï reçoit sa lettre de li- cenciement. On lui reproche de « profondes lacunes » dans le travail et un « caratère om- brageux envers certains collaborateurs ». La commission de discipline a beau unanime- ment rejeter la cause « réelle et sérieuse » du licenciement, la décision est maintenue. Chômeuse, elle porte plainte. Deux ans plus tard, l’information judiciaire est terminée, mais l’affaire n’a toujours pas été renvoyée devant le tribunal. Dans l’esprit de la jeune femme, la blague vaseuse a dégénéré en drame identitaire. Ses parents ont pleuré en apprenant ce qui la tourmente : « C’est notre faute, nous avons choisi la France et nos enfants sont rejetés. » Djamila plonge alors dans l’His- toire. Elle découvre l’itinéraire de son père, chassé d’Algérie pour cause de fidélité à la France. Elle se jette sur tous les livres ra- contant le drame des harkis qu’elle surligne rageusement au feutre fluorescent. Elle en est convaincue : «Lhistoire de mes parents éclaire la mienne : ils n’ont pas su se défendre, alors, on s’attaque à moi. Voilà pourquoi je ne lâche- rai pas. » Philippe Bernard Nourritures marines PAUL MINCHELLI LA NOUVELLE ÉCOLE des chefs cuisiniers sait qu’il ne convient pas de prendre de force les hôtes des mers. Maintenant installé boulevard Latour-Mau- bourg, à Paris, Paul Minchelli offre aux « suceurs d’arêtes », selon l’ex- pression de notre chroniqueur gastronomique Jean-Pierre Qué- lin, le plaisir de déguster la pano- plie des poissons de la marée. Lire page 21 Trafics d’art au Niger a C’EST EN LABOURANT son champ, à 150 kilomètres de Niamey, sur la rive droite du fleuve Niger, qu’un jeune agri- culteur a déterré d’étonnantes statuettes et des jarres de diverses formes. Une course au trésor s’est alors engagée dans toute la ré- gion, attirant des archéologues mais aussi des antiquaires. Les prix ont monté. Mais les vraies transactions se font à Lomé, la ca- pitale du Togo voisin, comme l’ont constaté Roland-Pierre Pa- ringaux et Emmanuel de Roux dans leur enquête sur le trafic des objets d’art à travers le monde. Les marchands se fournissent aus- si au Nigeria, où le travail de pros- pection est l’œuvre de mineurs professionnels. Lire page 9 a Le FMI au secours de la Thaïlande L’appel de la Thaïlande à un prêt du Fonds monétaire international devrait mettre fin aux spéculations contre les monnaies asiatiques. p. 4 a Le temps en photo L’Observatoire photographique du ter- ritoire étudie l’évolution des paysages français ruraux et urbains. p. 15 a « Comptes juifs » : la liste n’est pas close La publication par les banques suisses de 1 872 noms de titulaires de comptes dormant depuis la guerre n’a pas mis fin à la polémique. p. 2 a Annonces classées 4 pages d’offres d’emplois. p. 11 à 14 a La mort d’André Giraud L’ancien ministre de l’industrie et de la défense est décédé dimanche 27 juil- let, à soixante-douze ans. p. 8 et 28 a Musiques à New York Le serious fun qui régit la programma- tion du Lincoln Center Festival peut dé- cevoir – Palestrina, de Pfitzner – ou ra- vir – Candide, de Bernstein. p. 23 a Blueberry La nouvelle de l’attaque du convoi par- vient à Tombstone. 14 e épisode de notre BD p. 27 L’Eglise de scientologie jugée moins sévèrement en appel LA COUR D’APPEL de Lyon a réduit, dans un arrêt rendu lundi 28 juillet, les peines infligées en première instance aux respon- sables de la branche lyonnaise de l’Eglise de scientologie après le suicide d’un adepte en 1988. Jean- Jacques Mazier, fondateur de l’or- ganisation à Lyon, a été condamné à trois ans de prison avec sursis et 500 000 francs d’amende. Plusieurs autres responsables ont vu leurs peines allégées. La cour a reconnu des « manœuvres frauduleuses » mais, suivant la jurisprudence, elle a estimé, « la liberté de croyance étant absolue », que « l’Eglise de scientologie peut revendiquer le titre de religion » et « développer en toute liberté, dans le cadre des lois, ses activités, y compris mission- naires, voire de prosélytisme ». Lire page 7 et notre éditorial page 10 La hausse du dollar offre au gouvernement une conjoncture économique favorable Une forte demande étrangère soutient les ventes d’automobiles françaises LA CONSOMMATION des mé- nages reste faible ; selon les sta- tistiques publiées mardi 29 juillet par l’Insee, les achats de produits manufacturés ont baissé de 2,9 % en juin. Malgré la faiblesse de la demande intérieure, le gouverne- ment de Lionel Jospin profite d’un environnement économique exceptionnellement favorable. Avec une appréciation du dol- lar de plus de 20 % vis-à-vis du franc depuis la mi-novembre 1996, la demande étrangère adressée à la France s’accélère, gonflant encore davantage les ex- cédents commerciaux, qui ont at- teint le niveau record de 16,4 mil- liards de francs en mai. Selon l’Insee, une hausse de 10 % de la monnaie américaine contribue à stimuler la croissance, en France, à hauteur de 0,4 point de la ri- chesse nationale. Ainsi, dans l’industrie automo- bile, le pessimisme n’est plus de rigueur. Renault et PSA constatent, l’un et l’autre, une augmentation de la demande sur leurs principaux marchés étran- gers. Les marques françaises sont portées par les produits récem- ment lancés, comme la Scénic, et à venir, comme la 206. Enfin, l’évolution des devises, surtout de la livre, est très favorable aux constructeurs français : elle leur permettrait d’engranger chacun jusqu’à 2 milliards de francs de bénéfices supplémentaires. Dans ce contexte positif, les analystes financiers accordent dé- sormais plus de crédit à Renault qu’à PSA, de nombreuses incerti- tudes entourant les intentions du successeur de Jacques Calvet. Lire pages 6 et 16 Le tribunal de commerce de Nanterre aux prises avec la justice L’INFORMATION OUVERTE à Nanterre sur les conditions de la reprise par l’industriel Michel Coencas d’une de ses propres so- ciétés met en lumière les pratiques contestables autour des tribunaux de commerce. Outre Michel Coencas, PDG du groupe Valois (équipement auto- mobile), un administrateur judi- ciaire, l’ancienne secrétaire géné- rale du tribunal de commerce de Nanterre et son mari, ainsi que l’homme d’affaires Didier Calmels, ont été mis en examen dans ce dossier. Le bras droit de Michel Coencas a confirmé l’existence d’un contrat liant le groupe Valois à l’écrivain Paul-Loup Sulitzer, aux termes duquel ce dernier aurait perçu quelque 5 millions de francs, en contrepartie de certaines « in- terventions ». Lire page 28

o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

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Page 1: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16330 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 30 JUILLET 1997

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

L’Eglisede scientologiejugéemoins sévèrementen appel

LA COUR D’APPEL de Lyon a

La hausse du dollar offre au gouvernementune conjoncture économique favorable

Une forte demande étrangère soutient les ventes d’automobiles françaisesLA CONSOMMATION des mé-

gers. Les marques françaises sont constructeurs français : elle leur sormais plus de crédit à Renault

Le tribunalde commercede Nanterreaux prisesavec la justice

L’INFORMATION OUVERTE à

nages reste faible ; selon les sta-tistiques publiées mardi 29 juilletpar l’Insee, les achats de produitsmanufacturés ont baissé de 2,9 %en juin. Malgré la faiblesse de lademande intérieure, le gouverne-ment de Lionel Jospin profited’un environnement économiqueexceptionnellement favorable.

Avec une appréciation du dol-lar de plus de 20 % vis-à-vis dufranc depuis la mi-novembre1996, la demande étrangèreadressée à la France s’accélère,gonflant encore davantage les ex-cédents commerciaux, qui ont at-teint le niveau record de 16,4 mil-liards de francs en mai. Selonl’Insee, une hausse de 10 % de lamonnaie américaine contribue àstimuler la croissance, en France,à hauteur de 0,4 point de la ri-chesse nationale.

Ainsi, dans l’industrie automo-bile, le pessimisme n’est plus derigueur. Renault et PSAconstatent, l’un et l’autre, uneaugmentation de la demande surleurs principaux marchés étran-

L’iAU DÉBUT, cela n’était qu’une

portées par les produits récem-ment lancés, comme la Scénic, età venir, comme la 206. Enfin,l’évolution des devises, surtoutde la livre, est très favorable aux

rrépressible colère de « histoire Selon elle, l’administrate

permettrait d’engranger chacunjusqu’à 2 milliards de francs debénéfices supplémentaires.

Dans ce contexte positif, lesanalystes financiers accordent dé-

Compagnons à la portion

OÙ EST LE TEMPS où Malraux

Djamila, fille de harkur aurait ajouté en la cenciement

qu’à PSA, de nombreuses incerti-tudes entourant les intentions dusuccesseur de Jacques Calvet.

Lire pages 6 et 16

et camarades congrue

« fracture sociale » : aux élections

i. On lui reproche de « profondes

Nanterre sur les conditions de lareprise par l’industriel MichelCoencas d’une de ses propres so-ciétés met en lumière les pratiquescontestables autour des tribunauxde commerce.

Outre Michel Coencas, PDG dugroupe Valois (équipement auto-mobile), un administrateur judi-ciaire, l’ancienne secrétaire géné-rale du tribunal de commerce deNanterre et son mari, ainsi quel’homme d’affaires Didier Calmels,ont été mis en examen dans cedossier. Le bras droit de MichelCoencas a confirmé l’existenced’un contrat liant le groupe Valoisà l’écrivain Paul-Loup Sulitzer, auxtermes duquel ce dernier auraitperçu quelque 5 millions de francs,en contrepartie de certaines « in-terventions ».

Lire page 28

réduit, dans un arrêt rendu lundi28 juillet, les peines infligées enpremière instance aux respon-sables de la branche lyonnaise del’Eglise de scientologie après lesuicide d’un adepte en 1988. Jean-Jacques Mazier, fondateur de l’or-ganisation à Lyon, a été condamnéà trois ans de prison avec sursis et500 000 francs d’amende. Plusieursautres responsables ont vu leurspeines allégées. La cour a reconnudes « manœuvres frauduleuses »mais, suivant la jurisprudence, ellea estimé, « la liberté de croyanceétant absolue », que « l’Eglise descientologie peut revendiquer le titrede religion » et « développer entoute liberté, dans le cadre des lois,ses activités, y compris mission-naires, voire de prosélytisme ».

Lire page 7et notre éditorial page 10

Trafics d’artau Nigera C’EST EN LABOURANT

son champ, à 150 kilomètresde Niamey, sur la rive droite dufleuve Niger, qu’un jeune agri-culteur a déterré d’étonnantesstatuettes et des jarres de diversesformes. Une course au trésor s’estalors engagée dans toute la ré-gion, attirant des archéologuesmais aussi des antiquaires. Lesprix ont monté. Mais les vraiestransactions se font à Lomé, la ca-pitale du Togo voisin, commel’ont constaté Roland-Pierre Pa-ringaux et Emmanuel de Rouxdans leur enquête sur le trafic desobjets d’art à travers le monde.Les marchands se fournissent aus-si au Nigeria, où le travail de pros-pection est l’œuvre de mineursprofessionnels.

Lire page 9

drôle », une de ces plaisanteries glauques toutjuste calibrées pour déclencher les rires grasde ceux qui ne sont « pas racistes, mais.... ». Leplaisantin est administrateur à la Caisse pri-maire d’assurance-maladie (CPAM) de l’Aude.Ce 21 février 1995, on inaugure le nouveauhall d’accueil à Carcassonne, et les anecdotesvont bon train à l’heure de l’apéritif. Notrehumoriste rapporte un cas déjà ancien de fa-milles maghrébines que l’aide sociale ne suffi-sait pas à tirer de l’ornière. « Que faire ? », luiavait alors demandé un collègue. « Une seulesolution : mettre ces gens sur un bateau et tirerune torpille ! », raconte-t-il avoir rétorqué.Puis, son interlocuteur se montrant choqué, ilajoute : « Vous avez raison : ce n’est pas unetorpille mais deux que l’on utilisera ! »

A cet instant, Djamila Bouraï, fille de harki,tressaille. « Je n’ai rien répondu : j’étais tétani-sée », se souvient la jeune femme. Pour elle,c’était un jour de fête : en même temps queses vingt-six ans, elle goûtait le plaisir d’êtreintégrée dans un travail pour lequel elle avaitbataillé : assistante de direction à la « Sécu »,son premier contrat à durée indéterminée !

regardant : « Et pourtant, je ne suis pas ra-ciste. » Puis, après un temps d’arrêt :« Quoique... » L’intéressé n’a pas reconnuavoir tenu ces ultimes propos. Mais, fait raris-sime dans les dossiers judiciaires ouvertspour racisme, il a revendiqué l’histoire destorpilles, précisant même qu’il l’avait déjà ra-contée souvent et qu’elle n’avait jamais cho-qué personne.

La « vanne » de la CPAM de l’Aude a donnélieu à une plainte pour provocation à la haineraciale et diffamation. Depuis lors, DjamilaBouraï a perdu son travail, et il n’est pas im-possible que son manque d’humour en soit lacause. Plus sa hiérarchie tentait de minimiserl’incident et de l’enterrer, plus sa rage grossis-sait. « On m’a demandé de me taire, de ne pasen parler aux syndicats. Je n’ai pas supportél’humiliation. » Se déclenche alors l’engre-nage de la hargne et de la colère. Un moisaprès le cocktail amer, la direction signifie àl’employée que sa période d’essai est prolon-gée. La dépression et le congé-maladie suc-cèdent à la révolte. On la traite de « parano ».En mai, Djamila Bouraï reçoit sa lettre de li-

lacunes » dans le travail et un « caratère om-brageux envers certains collaborateurs ». Lacommission de discipline a beau unanime-ment rejeter la cause « réelle et sérieuse » dulicenciement, la décision est maintenue.

Chômeuse, elle porte plainte. Deux ans plustard, l’information judiciaire est terminée,mais l’affaire n’a toujours pas été renvoyéedevant le tribunal. Dans l’esprit de la jeunefemme, la blague vaseuse a dégénéré endrame identitaire. Ses parents ont pleuré enapprenant ce qui la tourmente : « C’est notrefaute, nous avons choisi la France et nos enfantssont rejetés. » Djamila plonge alors dans l’His-toire. Elle découvre l’itinéraire de son père,chassé d’Algérie pour cause de fidélité à laFrance. Elle se jette sur tous les livres ra-contant le drame des harkis qu’elle surlignerageusement au feutre fluorescent. Elle en estconvaincue : « L’histoire de mes parents éclairela mienne : ils n’ont pas su se défendre, alors,on s’attaque à moi. Voilà pourquoi je ne lâche-rai pas. »

Philippe Bernard

International ........... 2France ........................ 6Société ....................... 7Carnet ........................ 8Horizons.................... 9Annonces classées .. 11Régions ...................... 15Entreprises ............... 16

Finances/marchés... 17Aujourd’hui .............. 19Jeux.............................. 21Météorologie........... 22Culture....................... 23Guide culturel.......... 25Radio-Télévision..... 26Abonnements .......... 28

Nourrituresmarines

PAUL MINCHELLI

LA NOUVELLE ÉCOLE des

pouvait dire, avec son assurancecoutumière : « Aujourd’hui enFrance, il y a les communistes, nous[les gaullistes] et rien » ? Chaquejour, on mesure un peu mieux ledéclin des deux grandes famillespolitiques dont la rivalité a paraly-sé la IVe République et assuré pen-dant un quart de siècle, sous la Ve,la domination de la droite. Le pa-radoxe veut certes que, pour lapremière fois depuis 1946,« compagnons » et « camarades »se trouvent en même temps asso-ciés au pouvoir. D’une part,Jacques Chirac est toujours à l’Ely-sée, d’où il s’est permis le 14 juilletnon seulement de critiquer le gou-vernement, mais d’assurer qu’ilgardait le dernier mot. D’autrepart, la gauche n’aurait pu l’em-porter sans le concours du PCF,dont trois membres sont au-jourd’hui ministres. Reste que, dece pouvoir, communistes et gaul-listes ne détiennent pour le mo-ment que la portion congrue.

Le Parti communiste a beauconserver quelques solides forte-resses, il n’a pas atteint son mo-deste objectif de 10 % des suf-frages, alors que le pays est touchéde plein fouet par le chômage, etque s’est lourdement creusée la

de novembre 1946, il y a donc cin-quante ans, il en avait obtenu28,6 %, ce qui, la proportionnelleaidant, lui avait valu 180 députés !Le débonnaire Robert Hue esttout fier d’en avoir aujourd’hui 36.Et il lui a fallu batailler dur pourfaire approuver la participation aucabinet Jospin par la majorité desmilitants, désormais divisés encourants comme de vulgaires so-ciaux-démocrates. Sans doutenombre d’entre eux se sou-viennent-ils de la manière dontFrançois Mitterrand les avait ber-nés, en juin 1981, en leur confiantquatre portefeuilles ministériels.

Ronald Reagan, apprenant lanouvelle, avait avalé de travers etenvoyé à Paris son vice-présidentet futur successeur George Bush.Le nouvel hôte de l’Elysée s’étaitfait un plaisir de lui expliquer sesraisons : « Avec la présence dequatre communistes au gouverne-ment, à des ministères sans impor-tance, ils seront de force associés àma politique économique et serontdonc dans l’impossibilité de susciterdes remous sur le plan social... »

André Fontaine

Lire la suite page 10

chefs cuisiniers sait qu’il neconvient pas de prendre de forceles hôtes des mers. Maintenantinstallé boulevard Latour-Mau-bourg, à Paris, Paul Minchelli offreaux « suceurs d’arêtes », selon l’ex-pression de notre chroniqueurgastronomique Jean-Pierre Qué-lin, le plaisir de déguster la pano-plie des poissons de la marée.

Lire page 21

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a Le FMI au secoursde la ThaïlandeL’appel de la Thaïlande à un prêt duFonds monétaire international devraitmettre fin aux spéculations contre lesmonnaies asiatiques. p. 4

a Le temps en photoL’Observatoire photographique du ter-ritoire étudie l’évolution des paysagesfrançais ruraux et urbains. p. 15

a « Comptes juifs » :la liste n’est pas closeLa publication par les banques suissesde 1 872 noms de titulaires de comptesdormant depuis la guerre n’a pas misfin à la polémique. p. 2

a Annonces classées4 pages d’offres d’emplois. p. 11 à 14

a La mortd’André GiraudL’ancien ministre de l’industrie et de ladéfense est décédé dimanche 27 juil-let, à soixante-douze ans. p. 8 et 28

a Musiquesà New YorkLe serious fun qui régit la programma-tion du Lincoln Center Festival peut dé-cevoir – Palestrina, de Pfitzner – ou ra-vir – Candide, de Bernstein. p. 23

a BlueberryLa nouvelle de l’attaque du convoi par-vient à Tombstone.

14e épisode de notre BD p. 27

Page 2: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

Un assistant d’Eichmann parmi les 1 872 nomsSur la fameuse liste, le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung a re-

trouvé à Zurich la veuve du comte Paul Esterhazy, l’un des plusgrands propriétaires fonciers de Hongrie, qui avait immigré enSuisse en 1956. A Vienne, le « chasseur de nazis » Simon Wiesenthala lui-même découvert le nom de Vojtech Tuka, le premier ministrede l’Etat slovaque allié des nazis et responsable de la déportation demilliers de juifs. Parmi d’autres nazis identifiés figurent les noms duphotographe personnel de Hitler, d’un assistant d’Eichmann, d’unancien vice-président du Parlement allemand, d’un des dirigeant dugroupe IG-Farben, fabriquant le zyklon B utilisé dans les chambresà gaz, ou encore d’un responsable de la mort de juifs lituaniens. Im-médiatement alertée, l’Association suisse des banquiers a fait savoirque les avoirs en compte d’éventuels dignitaires nazis ne seront, enaucune façon, remboursés.

En Israël : « Nous avons été tués en tant que riches et on tente de nous dédommager en tant que misérables »JÉRUSALEM

de notre correspondant« Aujourd’hui, nous avons reçu

une réponse à la question que nousavons posée il y a deux ans. Ils di-saient alors que c’était « absurde »,et aujourd’hui, il est prouvé que desmilliers de secrets de ce genre nepeuvent pas rester cachés éternelle-ment », a déclaré, mercredi 23 juil-let, Avraham Burg, directeur del’Agence juive, en commentant lapublication de la première liste descomptes dormants des banquessuisses. M. Burg est l’un des repré-sentants juifs au sein de laCommission internationale d’en-quête sur les comptes juifs enSuisse. En même temps, M. Burg asouligné qu’en tant que directeurde l’Agence le geste des banqueshelvétiques est loin de le satisfaire.« Nous avons été accusés de contrô-ler l’économie mondiale, a-t-il dé-claré, nous avons été tués en tantque riches, et on tente de nous dé-dommager en tant que misérables. »

Très en retrait par rapport à cesdéclarations combatives, l’accueilpublic réservé en Israël à la publi-cation de la liste a été une remar-

quable indifférence. Les quotidiensen ont rendu compte deux joursaprès les principaux journaux oc-cidentaux, un retard qui s’expliquepar la volonté d’inclure cette listedans les éditions du week-end, les-quels connaissent une diffusion su-périeure. Les 1 872 noms de ci-toyens non suisses ont été publiésen lettres latines, le texte d’ac-compagnement signé de l’Associa-tion suisse des banquiers (ASB) enhébreu.

UN CENTRE DE RENSEIGNEMENTSHormis un éditorial particulière-

ment vénéneux, les journaux sesont généralement contentés d’unemodeste couverture factuelle, net-tement inférieure à celle que lui aconsacrée la presse européenne etaméricaine, en mentionnant le faitque la liste contient également desnoms de dirigeants nazis et de col-laborateurs des nazis dans des paysconquis par le Troisième Reich.« Beaucoup de gens pensent que ce-la peut banaliser la Shoah », a com-menté Tom Segev, auteur du livreLe Septième Million, qui met en lu-mière l’utilisation par l’Etat d’Israël

naissant de la Shoah, de façon pastoujours très claire, pour forgerl’identité israélienne.

L’éditorial acerbe a été publiépar le quotidien populaire Maariv,qui a raillé, dimanche 27 juillet, lefait que certains milieux zurichoisaient réagi à la publication de laliste en mettant en garde contrel’atteinte « au sacro-saint secret[bancaire], bien inaliénable dumonde bancaire suisse ». « Les« gnomes de Zurich », comme onappelle les dirigeants des banques enSuisse, a assuré Maariv, ont gagnédes milliards grâce aux comptes se-crets de dictateurs à la Mobutu, aublanchiment de la fortune de la ma-fia et des narcotrafiquants, de ceuxqui pratiquent l’évasion fiscale dansle monde entier et à des affairesdouteuses d’escrocs en tous genres.Tous ces gens-là risquent de fairepasser leurs comptes en lieu sûr, s’ilapparaît que le secret n’est plus as-suré. »

A l’affirmation des banquessuisses que la somme des comptessecrets de l’époque nazie n’atteintpas les 50 millions de dollars, Maa-riv répond qu’« en réalité, il y a

quantité d’autres comptes quicontiennent des milliards de dol-lars » et que « les Suisses paieront,au propre et au figuré, avec intérêtset intérêts composés ».

Contrairement aux médias et augrand public, il ne peut évidem-ment être question d’indifférencepour les descendants directs de vic-times de la Shoah vivant en Israëlqui savent ou se doutent que lescomptes des établissements suissesrenferment de l’argent ayant ap-partenu à des êtres chers disparus.Parallèlement à ceux de Bâle, NewYork, Sydney et Budapest, uncentre de renseignements a été misen place à Tel-Aviv, auprès du cabi-net d’experts-comptables Kost, Le-vari et Forer, qui représente en Is-raël la société fiduciaireinternationale Ernst & Young.

Ce centre compte douze postesde travail qui fonctionnent on-ze heures par jour. Dès le premierjour de fonctionnement, di-manche, il a reçu sept cent cin-quante demandes téléphoniquesde renseignements, tandis que cinqpersonnes s’y sont présentées per-sonnellement. Le lendemain soir,

quelque sept cents demandes sup-plémentaires avaient été enregis-trées.

Une partie des demandes pro-viennent de gens dont les noms, oules noms de leurs parents ou deproches, figurent sur la liste, ex-plique Yaël Burla, la directrice ducentre ; mais la majorité pro-viennent de ceux qui ont été déçusde ne pas découvrir leur nom sur laliste. Inversement, il y a aussi descas où des gens ont été surpris d’ydécouvrir, par exemple, le nomd’une tante, et qui n’ont jamais en-trepris aucune démarche auprèsdes banques suisses. « Il y a des mo-ments d’émotion. Pour certains, c’estun espoir renouvelé », explique YaëlBurla.

EFFET INATTENDUPressentant que certains de leurs

interlocuteurs allaient laisser librecours aux frustrations accumuléesau fil de décennies de vaines dé-marches, le cabinet a préparé unesérie de règles à l’intention des étu-diants engagés pour l’occasion :« Toujours répondre avec tact et res-pect ; éviter de s’exprimer de ma-

nière juridique ou bureaucratique ;ne jamais répondre de manièregrossière ou polémique, toujoursfaire preuve d’écoute et d’atten-tion ».

La publication de la liste suisse aeu en Israël un effet inattendu : ce-lui d’attirer l’attention sur l’exis-tence, dans le pays même, decomptes dormants et de biensabandonnés depuis la deuxièmeguerre mondiale, dont certains dé-tenteurs ont pu périr dans laShoah. De ce fait, le « tuteur géné-ral », qui gère ce patrimoine aunom de l’Etat, va publier une listedes noms de propriétaires de biensabandonnés, a indiqué son porte-parole. Ce « tuteur ténéral », héri-tier du « custodian general » del’époque du mandat britannique,avait repris des mains de ce der-nier, à la fondation d’Israël, lesbiens et terrains dont on ignorait ledestin des propriétaires. Il gère no-tamment des biens immobiliers etdes comptes, et la liste des proprié-taires absents comprend onzemille noms, dont, peut-être, ceuxd’Arabes ayant quitté la Palestineen 1948. – (Intérim.)

COMPTES DORMANTS Lapublication, mercredi 23 juillet, parles banquiers suisses, d’une liste de1 872 titulaires de comptes, en majo-rité juifs, dormant depuis 1945, a re-

çu un accueil mitigé. Plus de 7 000personnes se sont déjà renseignéesauprès des cinq bureaux d’informa-tion, mais une polémique s’est en-gagée sur l’aspect confus de la liste.

b EN ISRAËL, où l’opinion publiquea réagi avec une certaine indiffé-rence, l’Agence juive a annoncéqu’elle publierait une autre liste de15 000 à 20 000 noms de juifs ayant

ouvert des comptes en Suisse parl’intermédiaire de citoyens helvé-tiques. b LE DOSSIER a relancé le dé-bat, en Suisse même, sur le secretbancaire, qui, selon plusieurs asso-

ciations juives, a entravé la re-cherche des ayants droit de victimesde la Shoah. Deux partis de la coali-tion gouvernementale plaident enfaveur d’une plus grande ouverture.

L’affaire des avoirs juifs en Suisse suscite de nouvelles polémiquesUne lecture attentive de la liste de titulaires de comptes en déshérence illustre le caractère confus du travail des banquiers helvétiques.

Si un certain nombre de victimes de la Shoah y figurent, on y trouve également les noms d’anciens nazisBERNE

de notre envoyé spécialMoins d’une semaine après la

publication d’une première listede 1 872 titulaires de comptes dor-mant dans leurs coffres depuis1945, les banquiers suissespeuvent se targuer d’avoir été en-tendus, à en juger par le nombreimpressionnnant d’appels qu’ilsont reçus.

Lundi soir 28 juillet, plus de7 500 personnes s’étaient déjàadressées par téléphone ou par té-lécopie à l’un ou l’autre des cinqbureaux d’information mis enplace à travers le monde pour ré-pondre aux demandes de rensei-gnements d’éventuels ayantsdroit. 100 000 usagers, au moins,ont consulté le site ouvert sur In-ternet, qui a enregistré près de2 millions de connexions. « Un in-térêt qui dépasse tout attente et quicontinue », a indiqué Silvia Matile,porte-parole de l’Associationsuisse des banquiers (ASB) à Bâle.

En cinq jours à peine, l’ASBcomptabilisait plus de 8 000 de-mandes de questionnaires auprèsdes centres de contact ouverts àNew York, Bâle, Tel-Aviv, Buda-pest et Sydney. Sur 3 900 requêtesarrivées à Bâle, la plupart viennentde France et d’Allemagne, puis desPays-Bas, d’Italie et de Suisse. ANew York, environ 3 500 dossiersd’information ont été sollicités,dont un tiers par des personnesdomiciliées au Canada. Par ail-leurs, quelque 200 demandes ontété présentées à Sydney et 170 àBudapest. L’ASB s’est égalementdéclarée prête à répondre à ceuxqui auront vainement cherché desnoms de parents sur la liste pu-

bliée le 23 juillet. Ces velléités de transparence,

qui ont permis de mettre au jour60,2 millions de francs suisses(247 millions de francs français),ne sauraient cependant faire illu-sion. Quelques jours seulementaprès la diffusion des noms de1 872 étrangers qui avaient ouvertdes comptes en Suisse et dont onétait sans nouvelles depuis 1945, leprésident de l’ASB, Georg Krayer,vient de déclarer qu’il ne faut pass’attendre à des résultats specta-culaires. Selon ses estimations, onne retrouvera à court terme qu’en-viron 10 % des ayants droit. Lesdossiers les plus simples devraientêtre rapidement réglés, alors queles autres pourront, le cas échéant,

être soumis à une commissiond’arbitrage qui tranchera en der-nier ressort dans un délai maxi-mum d’une année s’il y a contesta-tion. Comme doit l’admettre laporte-parole de l’ASB, les réac-tions sont pour le moins mitigées,voire contradictoires, entre lesuns, qui saluent un premier effort,et les autres, qui estiment qu’onest encore loin du compte.

PRÉCIPITATION OU DÉSINVOLTUREAprès les « excuses » présentées

en 1995 par le président de laConfédération de l’époque, Kas-par Villiger, pour le tampon « J »que la Suisse avait demandé auReich hitlérien d’apposer sur lespasseports des juifs allemands afin

de pouvoir les refouler pluscommodément, le patron des ban-quiers suisses, Georg Krayer, a, àson tour, battu sa coulpe : « J’aihonte, a-t-il lâché lors de la confé-rence de presse du 23 juillet à Zu-rich. En lisant la liste des1 872 noms que nous publions dansle monde entier, je me suis aperçuqu’il n’était pas très difficile de re-trouver les héritiers », et d’ajouterdans un bref élan de contrition :« Nous ne trouverons jamais defeuille de vigne assez grande pourcacher les négligences de mes col-lègues d’après-guerre. »

A peine le président de l’ASB ve-nait-il de prononcer ces fortes pa-roles qu’une lecture attentive de laliste a jeté une ombre sur la volon-té réelle d’apaisement des ban-quiers suisses. Sans doute pré-sente-t-elle un certain nombre denoms de victimes de la Shoah dis-parues à jamais, mais elle afficheaussi des noms d’anciens nazis oudu gotha européen. Comme l’a re-connu Georg Krayer, « une partied’entre eux auraient pu être retrou-vés par les banques elles-mêmes àpeu de frais avant la publication decette liste ».

Pour certains, il aurait suffi deconsulter un annuaire télépho-nique. A Florence, un diplomatejoint par La Repubblica necomprend pas pourquoi personnen’avait auparavant cherché àprendre contact avec lui, alorsqu’il ignorait l’existence de cecompte qu’il suppose avoir été ou-vert par sa mère en 1936. A Ma-drid, la presse a pu localiser l’an-cien ministre des affairesétrangères et beau-frère du géné-ral Franco, Ramon Serrano Suner.

Agé aujourd’hui de quatre-vingt-seize ans, il a reconnu l’existenceen Suisse de « vieux comptes inac-tifs » : de l’argent de poche pourses enfants qui étudiaient àl’époque sur les bords du Léman.

Outre la présence de noms « pa-raissant suspects », le Centre Si-mon-Wiesenthal a constaté queseuls 20 % des patronymes publiésseraient d’origine juive. Par natio-nalité, les Français (30 %) sont lesplus nombreux, suivis par les Alle-

mands (16 %), les Autrichiens(7 %), les Italiens (5 %) et les Amé-ricains (3,5 %), tandis qu’un déten-teur sur six est de nationalité in-connue. Parmi d’autres sujetsd’étonnement, en Suède, desproches de Ragna Nilsson, qui fi-gure au nombre des titulaires, ontindiqué qu’elle disposait bien defonds en Suisse mais que soncompte n’avait rien à voir avec descapitaux dormants.

Longtemps les banques helvé-

tiques avaient traîné les piedspour ouvrir le dossier des fondsnon réclamés des victimes de laShoah. Aujourd’hui, même dansleurs rangs, elles se voient repro-cher leur précipitation, sinon unecertaine désinvolture dans l’éta-blissement de cette liste decomptes en déshérence. Ainsi ytrouve-t-on pêle-mêle des nomsde responsables nazis et de leursvictimes, de personnes ayant vécuaux Etats-Unis pendant la guerre,

d’entreprises qui existent encoreou de familles qui auraient préféréne pas être citées publiquement.Même des Suisses ont été men-tionnés alors qu’il s’agissait, enprincipe, d’une première listed’étrangers avant la publication,en octobre, d’une seconde liste decomptes ouverts avant 1945 pardes citoyens helvétiques qui ne sesont pas manifestés depuis.

DÉPÔT D’UNE PLAINTE COLLECTIVELa polémique s’est encore am-

plifiée depuis que l’Agence juive aannoncé qu’elle présenterait enseptembre une liste de 15 000 à20 000 juifs ayant placé de l’argenten Suisse par l’intermédiaire deressortissants du pays pour échap-per aux persécutions nazies. Unchiffre analogue vient d’être avan-cé par l’ASB, qui précise cepen-dant que nombre de ces comptessont des livrets d’épargne avec desmontants peu élevés. En tout cas,même révisés à la hausse, lesfonds retrouvés par les banquessuisses restent largement en deçàdes milliards évoqués par cer-taines organisations juives. Depart et d’autre, on attend avec in-térêt la décision d’un juge de NewYork appelé à examiner, mercredi30 juillet, une plainte collectivedéposée par un avocat au nom dessurvivants de l’Holocauste et ré-clamant aux banques suisses unesomme de 20 milliards de dollarsde dédommagement.

Jean-Claude Buhrer

Une entorse sans précédent au secret bancaireBERNE

de notre envoyé spécialL’affaire de l’or nazi et des fonds en dés-

hérence ne secoue pas seulement la Suisse.Elle représente aussi un test pour sa placefinancière et surtout son fameux secret ban-caire. Sans doute n’a-t-il jamais été tout àfait absolu et a-t-il déjà subi des aménage-ments ces dernières années. Mais jamais iln’a été aussi ouvertement remis en causeque depuis que la Confédération se voitsoudainement rattrapée par les ambiguïtésde son passé.

La controverse a rebondi de plus belle aulendemain de la publication, mercredi23 juillet, de la première liste de comptes endéshérence, quand le président du Congrèsjuif mondial, Edgar Bronfman, a osé prédireni plus ni moins que la fin imminente et ir-réversible de ce principe sacro-saint du sys-tème bancaire helvétique.

Peut-être est-il allé un peu vite en be-sogne mais il n’en a pas fallu davantagepour pousser aussitôt les banques à s’éver-

tuer à rassurer leurs clients. « Je ne vois pascomment M. Bronfman a pu tenir de tels pro-pos, nous a déclaré la porte-parole de l’As-sociation suisse de banquiers, Silvia Matile.Il est absurde de penser que le secret bancaireva disparaître alors qu’il peut déjà être levéen cas d’enquête pénale. En l’occurrence, ils’agit d’une mesure exceptionnelle prise enraison de circonstances historiques extraordi-naires, en conformité avec le secret bancaire.D’ailleurs, s’il n’y a plus personne, il ne sau-rait y avoir violation du secret bancairepuisque, dès qu’un ayant droit se présente, ilest immédiatement entièrement préservé. »

Il n’empêche que la publication des pre-miers noms de titulaires de comptes en dés-hérence représente une entorse sans pré-cédent au secret bancaire. Bon gré, mal gré,les banquiers ont dû accepter de se plier à lavolonté du pouvoir politique, lui-mêmesoumis à une pression internationale crois-sante.

En vertu d’un arrêté d’urgence de dé-cembre 1996, la commission d’experts char-

gée de faire la lumière sur le comportementde la Suisse pendant la guerre, et lacommission Volcker créée pour rechercherles comptes dormants ont toutes deux ob-tenu le libre accès aux archives des banquespour mener à bien leurs investigations.

Certains sont allés jusqu’àparler d’un « complot »de Wall Street et de la Cityde Londres contre la placefinancière helvétique

Sans pouvoir avancer des preuves, d’au-cuns sont allés jusqu’à parler d’un« complot » de Wall Street et de la City deLondres contre la place financière helvé-tique. Il est vrai que certains concurrents

étrangers n’auraient guère à se plaindred’un affaiblissement du secret bancairesuisse et, partant, du rôle crucial joué parleurs rivaux dans la gestion de fortunes.

Selon une récente étude de l’université deBâle, la Suisse détient 35 % des avoirs privésmondiaux, soit une fortune évaluée à prèsde 2,5 milliards de francs suisses (10,25 mil-liards de francs français) gérés par desbanques helvétiques. Ces actifs ont progres-sé en moyenne de 9,7 % par an et la gestionde fortune représente 3,5 % du PIB.

Depuis son institution dans la loi en 1934,toute violation du secret bancaire est pas-sible de sanctions pénales. Officiellement,cerenforcement de la législation était desti-né à protéger les personnes et les biens me-nacés par le régime nazi pour des motifs po-litiques ou raciaux. Mais aujourd’hui, cetteversion est contestée par certains historiensqui invoquent la protection de capitaux enfuite.

J.-C. B.

Page 3: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

LeMonde Job: WMQ3007--0003-0 WAS LMQ3007-3 Op.: XX Rev.: 29-07-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:29,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0399 Lcp: 196 CMYK

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 3

Les dirigeants russes sont des hommes au revenu modesteMOSCOU

de notre correspondantLancée par le président Boris Elt-

sine au mois de mai, la croisade an-ticorruption tourne à la farce.L’opération « Mains propres » à lamode russe se retourne mêmecontre ses auteurs, les hauts diri-geants russes, qui voulaient mon-trer que le gouvernement n’est pasrongé par la corruption. Même Bo-ris Eltsine, dont l’honnêteté, en cedomaine, n’a jamais été mise encause, est la cible des critiques. Il adéclaré un revenu, crédible, de42 000 dollars pour 1996 (environ252 000 francs), une datcha sur unterrain de 4 hectares dans la régionde Moscou, ainsi qu’une voitureBMW de 1995 estimée à 12 000 dol-lars (72 000 francs). Las ! Le quoti-dien Komsomolskaïa Pravda a éva-lué la BMW de M. Eltsine à quelque39 000 dollars (234 000 francs)...

La déclaration au fisc du premierministre, Viktor Tchernomyrdine, afranchement fait rire. L’ex-patronde Gazprom, l’une des plus richesentreprises de Russie, a déclaré desrevenus d’à peine plus de 8 000 dol-lars par an (48 000 francs) et desbiens pour un montant de47 000 dollars (282 000 francs).« Pauvre Viktor ! », a ironisé un édi-torialiste moscovite. Dans un articlepublié en 1995 par l’hebdomadaireObschaïa Gazetta, la journaliste Ele-na Dikoun écrivait : « Iouri Skokov,l’ancien secrétaire du Conseil de sé-curité russe, a qualifié le premier mi-nistre, Viktor Tchernomyrdine, de“mafioso numéro un” lors d’une ren-contre informelle avec des hautespersonnalités des médias à Moscou.(...). M. Skokov a rappelé que les ex-perts occidentaux estiment que Gaz-prom, la plus grande entreprise degaz russe, un temps dirigée parM. Tchernomyrdine, vaudrait entre

250 et 1 000 milliards de dollars. Lepremier ministre posséderait 5 % decette somme fantastique. »

NOMBREUX RÉCALCITRANTSL’actuel vice-secrétaire du

Conseil de sécurité, Boris Berezov-ski, a, lui aussi, amusé la galerie.Premier Russe sur la liste des per-sonnalités les plus riches du mondeétablie par l’hebdomadaire améri-cain Forbes, qui a évalué sa fortuneà quelque 3 milliards de dollars,l’homme d’affaires devenu respon-sable politique a déclaré des bienspour une valeur de 223 millions deroubles (230 000 francs). « Berezov-ski, le plus pauvre millionnaire dumonde ! », a titré le quotidien d’af-faires Kommersant Daily. « Jeconcède que ce qui a été déclaré au

nom de Boris Berezovski est trèsfaible. Cela sera sujet à des vérifica-tions », a répondu Evgueni Savos-tianov, un conseiller du Kremlin. Lepremier vice-premier ministre,Anatoli Tchoubaïs, a, lui, affirméavoir gagné 300 000 dollars en 1996,grâce à des interventions publiques.Cependant, le quotidien Izvestia arécemment révélé que M. Tchou-baïs avait bénéficié, en janvier 1996,d’un prêt sans intérêt de 3 millionsde dollars de la banque privée Sto-lichny, qu’il a investis en bons duTrésor russe, dont les taux d’intérêtà l’époque ont atteint les 250 % paran.

Près d’un tiers des gouverneurset la plupart des députés ont préfé-ré ignorer le décret présidentiel leurenjoignant de déclarer leur patri-

moine avant le 20 juillet. Furieux, leprésident a menacé de publier laliste des récalcitrants. Il ne peut pasfaire plus, son oukaze ne prévoyantaucune sanction ni vérification. LesRusses (salaire moyen : 850 francspar mois) semblent avoir retenudeux belles perles : une fameusephrase de Boris Eltsine qui a affir-mé que lui et son jeune premiervice-premier ministre, Boris Nemt-sov, étaient « les deux seuls à ne pasaccepter de pots-de-vin » ; et, toutrécemment, la remarque deM. Nemtsov, qui a déclaré que larécente vente de la société de télé-phone Sviazinvest était « la pre-mière privatisation honnête de Rus-sie ».

Jean-Baptiste Naudet

Accord entre la Maison Blanche et le Congrès sur l’équilibre budgétaireTROIS MOIS après avoir tracé les grandes

lignes d’un programme de retour à l’équilibrebudgétaire d’ici à 2 002, la MaisonBlanche etle Congrès américain, dominé par les républi-cains, se sont entendus, lundi 28 juillet, surplusieurs des modalités essentielles d’applica-tion du projet. « Nous ne pouvons pas être plussatisfaits de cette issue », a déclaré ErskineBowles, le secrétaire général de la MaisonBlanche. Après l’annonce de l’accord par leprésident Clinton, mardi 29 juillet, sénateurset représentants devraient procéder au débatbudgétaire formel d’ici à la fin de la semaine,bouclant le texte définitif d’ici au 1er août, dé-but des congés parlementaires estivaux.

Les finances publiques devraient ainsi, théo-riquement, redevenir excédentaires au toutdébut du siècle prochain, pour la premère foisdepuis la présidence de Lyndon B. Johnson(1963-1969), non pas au prix d’augmentations

d’impôts, mais au contraire d’un allègementconsidérable de la pression fiscale, le plus im-portant jamais engagé depuis 1981, début dela présidence de Ronald Reagan. Les allège-ments fiscaux nets porteront sur 85 milliardsde dollars (510 milliards de francs), au profitdes investisseurs, des familles, et des étu-diants.

RÉDUCTIONS D’IMPÔTParmi les mesures les plus spectaculaires de

l’accord, figurent une possibilité de créditd’impôt de 500 dollars (3 000 francs) par en-fant à charge, une ligne de crédit de 24 mil-liards de dollars destinée à apporter une cou-verture sociale aux 10 millions d’enfantsaméricains non assurés, un relèvement desimpôts fédéraux sur les ventes de cigarettes.Le taux d’imposition des plus-values du capi-tal sera ramené, lui, de 28 % à 20 %. L’impôt

sur les successions, notamment pour les agri-culteurs, devrait également être réduit. Les ré-ductions d’impôt atteignent, au total, 140 mil-l iards de dollars ; les relèvements, unecinquantaine de milliards.

Interrogé sur les perspectives de vote dutexte par la Chambre des représentants, sonprésident, le républicain Newt Gingrich, a dé-claré : « Cela va se vendre tout seul. C’est un ac-cord fabuleux. » « La classe moyenne s’en sortbien avec cet accord, et elle le mérite », décla-rait pour sa part, lundi, le président de lacommission du budget au Sénat, Pete Dome-nici.

Les républicains, majoritaires au Congrès,avaient au départ lancé la « révolution fiscale »de 1994, jusqu’à ce que, dynamisme de l’activi-té économique aidant, le président Clinton serallie lui aussi au dogme de l’équilibre bud-gétaire. – (AFP, AP.)

Le nouveau premier ministre haïtien, Eric Pierre,est un partisan de la libéralisation économique

Le choix du président René Préval doit être ratifié par le ParlementLe président René Préval a officiellement dé-signé, lundi 28 juillet, un haut fonctionnaire dela Banque interaméricaine de développement

(BID), Eric Pierre, comme nouveau premier mi-nistre d’Haïti. Le chef du gouvernement sor-tant, Rosny Smarth, avait démissionné le 9 juin,

en raison d’un conflit ouvert avec le conseilélectoral provisoire (CEP). Le Parlement doit ra-tifier ce choix.

SAINT-DOMINGUEde notre correspondant régionalPrincipale formation représentée

au Parlement haïtien, l’organisa-tion politique Lavalas (OPL) n’estpas disposée à ratifier sans condi-tions le choix d’Eric Pierre, unfonctionnaire international, nom-mé premier ministre par le pré-sident René Préval. « Son éventuelleacceptation devrait faire l’objet denégociations qui n’ont pas commen-cé, tant sur le conflit électoral, ensuspens, que sur la composition dugouvernement », a déclaré auMonde Gérard Pierre-Charles, lecoordonnateur de l’OPL.

Affirmant contrôler la majoritéau Sénat et trente-trois des quatre-vingt-un députés, Gérard Pierre-Charles s’attend à « un processus deratification long » et n’exclut pasque l’OPL « présente une alterna-tive » pour le remplacement dupremier ministre démissionnaireRony Smarth, qui appartient à sadirection.

Le nom d’Eric Pierre, un hautfonctionnaire de la Banque inter-américaine de développement(BID), âgé de cinquante-trois ans,sans appartenance politique, avaitdéjà circulé au printemps 1996, lorsde la formation du premier gouver-nement de René Préval. Selon laConstitution haïtienne de 1987, lechoix du premier ministre, une pré-

rogative présidentielle, doit être ra-tifié par un vote de confiance desChambres.

Victime d’une opération de dés-tabilisation menée par des « orga-nisations populaires » proches del’ex-président Jean-Bertrand Aris-tide, Rosny Smarth avait démis-sionné le 9 juin dernier en dénon-çant la fraude dont avaient étéselon lui victimes les candidats del’OPL lors du premier tour des élec-tions législatives partielles du moisd’avril. Le processus électoral estinterrompu depuis lors.

Paradoxalement, des parlemen-taires « indépendants » proches del’ex-président Aristide, qui ac-cusaient Rony Smarth de vouloirappliquer « un plan néo-libéral dic-té par les puissances étrangères et lesorganismes financiers internatio-naux », seraient prêts à voter en fa-veur d’Eric Pierre, un représentantde ces organismes, qui passe pourun ferme partisan de la politiquede privatisations. Le déblocage deplusieurs centaines de millions dedollars d’aide internationale est liéà l’application d’un plan de moder-nisation économique qui prévoit laprivatisation de neuf entreprisespubliques.

Préoccupé par la durée de cettenouvelle crise, Washington a ré-cemment dépêché des émissairesde haut niveau à Port-au-Prince.

L’ambassadeur des Etats-Unis auxNations unies, Bill Richardson, etl’ancien membre du Conseil natio-nal de sécurité, Anthony Lake, ontplaidé en faveur de la nominationrapide d’un nouveau premier mi-nistre et de la prolongation dumandat des « casques bleus », quiexpire le 31 juillet. Tous deux ontrendu visite à Jean-Bertrand Aris-tide en sa résidence privée de Ta-barre, reconnaissant l’influenceque l’ex-président continue d’exer-cer sur les affaires de la Républiquecaraïbe.

« OCCUPATION ÉTRANGÈRE »Mardi dernier, le secrétaire géné-

ral des Nations unies, Kofi Annan,a recommandé au Conseil de sé-curité de prolonger pour unepériode de quatre mois le mandatd’une « mission de transition » auxeffectifs réduits. Critiquée pour sonusage parfois excessif de la force, lajeune police haïtienne n’est tou-jours pas en mesure de garantir lasécurité. Nouvelle victime de lamontée de la délinquance, un an-cien ministre de la justice, Me Jean-Joseph Exumé, a été grièvementblessé par balles vendredi par unebande de malfaiteurs qui tentaientde lui voler sa voiture.

Alors que les organisations po-pulaires proches d’Aristide multi-plient les manifestations hostiles à

l’« occupation étrangère » etexigent le retrait des quelque1 300 soldats canadiens et pakista-nais du contingent onusien, Bill Ri-chardson a publiquement affirméque l’ancien président s’était pro-noncé en faveur du maintien des« casques bleus ». Ce que l’ex-prêtre salésien n’a ni confirmé nidémenti.

Un mot d’ordre de grève géné-rale, lancé lundi par plusieurs orga-nisations populaires regroupées ausein d’une Association patriotiquedu 31 octobre, pour exiger le retraitdes troupes étrangères n’a été quepartiellement suivi à Port-au-Prince et à Cap-Haïtien, ladeuxième ville du pays. Craignantdes incidents, la plupart descommerçants n’ont pas ouvertleurs établissements.

Très peu nombreux dans la mati-née, les tap-tap, ces camionnettesassurant les transports encommun, circulaient en plus grandnombre dans l’après-midi. La forced’intervention rapide de la policeest intervenue pour disperser desmanifestants qui bloquaient la cir-culation à l’aide de barrages depneus enflammés et arrêter RenéCivil, un dirigeant de l’organisationJan l Pase l Pase (advienne quepourra).

Jean-Michel Caroit

Confronté à la corruption de son gouvernement,le premier ministre de Lettonie a démissionné

STOCKHOLMcorrespondance

Le premier ministre letton, AndrisShkele, un riche homme d’affairesaffilié à aucun parti politique, a dé-missionné lundi 28 juillet, après avoirperdu le soutien de trois des princi-paux membres de la coalition qu’ildirigeait depuis décembre 1995. Il de-vrait être remplacé par son ministrede l’économie, Guntars Krasts,trente-neuf ans, membre de Libertéet Patrie (nationaliste radical), troi-sième plus grand parti de cet Etatbalte indépendant depuis 1991.

Contesté pour son autoritarisme,M. Shkele était entré en conflit avecles partis de la coalition gouverne-mentale après avoir obtenu la démis-sion de quatre ministres ces derniers

mois. Ces derniers étaient accusésd’avoir conservé des fonctions diri-geantes au sein d’entreprises privées,violant ainsi une loi contre la corrup-tion adoptée il y a un an. M. Shkelesiégeait lui-même, avant sa nomina-tion à la tête du gouvernement, auxconseils d’administration de cinq desplus grandes entreprises du pays.Pressenti pour devenir le nouveaupremier ministre, M. Krasts a égale-ment été cité par la presse lettonneparmi la longue liste des ministressoupçonnés d’avoir violé la loi anti-corruption. Son accession à la têtedu gouvernement devrait toutefoisêtre soutenue par six des neuf partisreprésentés au Parlement (Seimas).

Cette nouvelle crise gouvernemen-tale tombe mal pour la jeune Répu-

blique balte, qui vient d’essuyer deuxrevers dans ses tentatives d’adhésionà l’OTAN et à l’Union européenne(UE). Le président letton, Guntis Ul-manis, avait d’ailleurs souhaité, la se-maine dernière, que M. Shkele resteà son poste pour éviter de présenterà l’étranger l’image d’un pays souf-frant d’une instabilité politique chro-nique. Le chef du cabinet sortants’est félicité lundi de laisser son paysdans une situation meilleure qu’àson arrivée. M. Shkele avait notam-ment poussé à la privatisation desdernières grandes entreprises let-tonnes, développé une vaste réformeagraire et rétabli l’équilibre budgé-taire.

Benoît Peltier

Une quarantaine de personnesauraient été tuées près d’AlgerALGER. Selon des témoignages cités par l’AFP à Alger, une quaran-taine de personnes ont été assassinées dans la nuit de dimanche 27 àlundi 28 juillet lorsqu’un groupe armé a lancé une attaque massivecontre un quartier de Larbâa, à une trentaine de kilomètres au sudde la capitale. Les assaillants ont placé des explosifs contre les mai-sons ou y ont mis le feu. Certains habitants ont été égorgés, assurentles mêmes sources, d’autres ont été tués par balles ou ont péri sousles décombres de leurs habitations souflées par les explosions. Cetteattaque porte à plus de cinq cents le nombre de civils tués dans desraids ou des attentats à l’explosif menés par des groupes armés de-puis le 5 juin, date des élections législatives. – (AFP)

Probable reprise de l’aide américaine à l’Azerbaïdjan WASHINGTON. Alors que le président de l’Azerbaïdjan, GueidarAliev, a entamé, lundi 28 juillet, une visite de dix jours aux Etats-Unis, le département d’Etat s’est prononcé en faveur de l’abrogationd’une loi intitulée « soutien à la liberté », votée en 1992, qui interditl’octroi de toute aide américaine à cette république ex-soviétique duCaucase. « Les chances d’une abrogation seront accrues » si des pro-grès sont constatés dans les négociations de paix au Nagorny-Kara-bakh (région indépendantiste peuplée d’Arméniens mais rattachée àl’Azerbaïdjan), a déclaré un porte-parole du département d’Etat.Plusieurs compagnies américaines participent aux projets de déve-loppement des ressources pétrolières de l’Azerbaïdjan, sur les rivesde la mer Caspienne.– (AFP.)

La Malaisie conteste la Déclaration des droits de l’hommeKUALA LUMPUR. Le débat sur les « valeurs asiatiques » a brutale-ment fait irruption lundi 28 juillet, à Kuala Lumpur (Malaisie), où setient une réunion entre les neuf membres de l’Association des na-tions d’Asie du Sud-Est (Asean) et ses principaux partenaires asia-tiques, européens et américains. La controverse a éclaté à la suite dela publication dans le quotidien malaisien New Straits Times de pro-pos de Mahathir Mohamad, premier ministre de la Malaisie, contes-tant la validité de la Déclaration universelle des droits de l’hommeadoptée en 1948 par les Nations Unies. Ce texte « a été élaboré pardes grandes puissances qui ne comprenaient pas les besoins des payspauvres », a déclaré M. Mahathir. L’Indonésie et les Philippinessemblent également soutenir ce projet de révision des termes de laDéclaration tandis que les Américains et les Européens ont expriméleur ferme hostilité. – (AFP. )

Air France suspend sa liaisonhebdomadaire vers TéhéranPARIS. Air France va suspendre sa desserte hebdomadaire de Téhé-ran et se retirer d’Iran à partir du 14 septembre, a-t-on appris, lundi28 juillet, auprès de la compagnie aérienne française.La liaison « terriblement déficitaire » est suspendue pour des raisonsessentiellement économiques, a indiqué la compagnie française, quiavait déjà supprimé un vol au printemps dernier. De plus, elle estimeêtre soumise à trop de contraintes de la part des autorités iraniennesen ce qui concerne notamment les tarifs au départ de Téhéran oul’interdiction faite aux équipages occidentaux de sortir de l’avion àTéhéran. – (AFP. )

DÉPÊCHESa CUBA : l’organisation Reporters sans frontières (RSF) dénoncedans un communiqué, publié mardi 28 juillet, l’emprisonnement àCuba du journaliste Hector Peraza Linares, directeur adjoint del’agence de presse non officielle Havana Press. L’organisation de dé-fense de la liberté de la presse, qui lance une pétition - déjà signéepar plusieurs intellectuels français - pour exiger sa libération, préciseque le journaliste cubain a été arrêté le 23 juin « pour ses écrits ». –(AFP.)a ETATS-UNIS : le chef d’état-major de l’armée de l’air améri-caine, le général Ronald Fogleman, a décidé de prendre une retraiteanticipée, a annoncé lundi 28 juillet, un responsable militaire. L’an-nonce du départ du général intervient peu avant une décision du se-crétaire à la Défense, William Cohen, visant à déterminer l’éven-tuelle part de responsibilité d’un officier de l’armée de l’air dansl’attentat de Dahran en 1996 où 19 soldats américains avaient ététués. – (AFP.)a MOSCOU : le président tchétchène Aslan Maskhadov a ordon-né, mardi 29 juillet, la suspension des négociations avec la Russiejusqu’à ce que Moscou accepte un plan de remise à niveau del’économie de la Tchétchénie, a indiqué l’agence Interfax. M. Mask-hadov a interdit aux ministres de son gouvernement tout contactavec des responsables russes. – (AFP.)a GRANDE-BRETAGNE : le gouvernement de Londres va cesserde vendre des armes aux pays « clairement susceptibles de les utiliserà des fins de répression interne ou d’agression internationale », a an-noncé, lundi 28 juillet, le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook.Mais ces restrictions ne s’appliquent pas aux contrats déjà conclus.Un rapport annuel sur les exportations d’armes sera désormais pu-blié, prenant en compte ces nouveaux critères, a ajouté M. Cook. Il aappelé à la création d’un code de conduite européen en la matière.–(AFP. )a Le mystère entoure la mort de Gordon McMaster (37 ans), dé-puté du Parti travalliste britannique dont le corps a été trouvé dansle garage de sa maison lundi 28 juillet. Ses amis ont indiqué que ledéputé de Paisley Sud, à Glasgow, souffrait du syndrome de fatiguechronique (SFC). McMaster, passionné de jardinage, s’était plaint àses amis que sa maladie pourrait avoir été causée par les phosphatesorganiques qu’il utilisait comme pesticides. – (AFP.)a ALLEMAGNE : le ministre allemand des finances, Théo Waigel,envisage un report pur et simple du projet gouvernemental degrande réforme fiscale en cas d’échec des discussions avec l’opposi-tion sociale-démocrate qui s’oppose à la baisse des charges sociales(retraite et chômage), réclamée par le pouvoir. Une nouvelle réuniondevait intervenir mardi 29 Juillet. – (AFP. )a Près de 19 000 habitants de l’est de l’Allemagne se préparaient,lundi 28 juillet, à être évacués en raison de la crue de l’Oder. De nou-velles digues menaçaient de rompre au nord de Francfort-sur-l’Oder,le long de la frontière germano-polonaise. En Pologne, une décrueest signalée sur la plupart des cours d’eau dans le sud et le sud-ouestdu pays, touchés par des inondations depuis trois semaines. – (AFP.)a IRAN : quatre hauts fonctionnaires de la mairie de Téhéranont été arrêtés et écroués pour « corruption » dans le cadre de leurfonction, a rapporté, lundi 28 juillet, le quotidien iranien Kayhan. Lejournal avait déjà annoncé l’arrestation, dimanche 27 juillet, de plu-sieurs autres responsables municipaux de la capitale.– (AFP.)

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4 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 I N T E R N A T I O N A L

Sihanouk refuse d’avaliser la nomination d’Ung HuotLa situation politique demeure confuse au Cambodge trois se-

maines après le coup de force de Hun Sen, qui a écarté du pouvoir le« premier » premier ministre Ranariddh. Le roi Sihanouk aurait re-fusé d’avaliser la nomination du chef de la diplomatie cambod-gienne Ung Huot au poste de « premier » premier ministre en rem-placement de son fils évincé, selon un groupe de royalistes qui arencontré le monarque, lundi 28 juillet, à Pékin. Le titre de « pre-mier » premier ministre revient au prince Ranariddh tant que celui-ci n’a pas été formellement condamné « par un tribunal khmer in-dépendant », a déclaré le monarque, selon le compte-rendu de larencontre publié en français.

Des images de Pol Pot, au nord du Cambodge, ont été diffusées aux Etats-UnisLA CHAÎNE de télévision améri-

caine ABC a diffusé, lundi 28 juillet,en exclusivité mondiale, les pre-mières images depuis dix-huit ansd’un vieil homme présenté commele chef historique des Khmersrouges, Pol Pot, prises vendredi25 juillet lors de son procès dans lenord du Cambodge par le journa-liste américain Nate Thayer. Lescheveux blancs, les traits tirés, vêtud’une chemisette gris clair, d’unpantalon de coton noir et desimples sandales, Pol Pot, l’écharpekhmère au cou, comparaît seulsous un vaste préau, dans le fiefkhmer rouge d’Anlong Veng, enpleine jungle.

Devant lui, plusieurs centainesde personnes, villageois et mili-taires mêlés, assistent au procèsconduit par ses anciens partisansqui haranguent la foule devant unmicro et dénoncent la « torture » etla « corruption » pratiquées par lechef khmer rouge. De temps entemps, les spectateurs, hommes

d’un côté, femmes et enfants del’autre, scandent « Ecrasez, écrasezPol Pot et sa clique ! » et applau-dissent selon une mise en scène quiévoque les procès publics de la« révolution culturelle » chinoise.Un éventail à la main, Pol Pot estassis sur une simple chaise en boiscontre un poteau. « L’angoisse se li-sait sur son visage, il était au borddes larmes », raconte Nate Thayer.

Le chef historique du mouve-

ment d’obédience maoïste a étécondamné à la prison à vie, avaitannoncé samedi la radio clandes-tine de la guérilla. Il a été reconnucoupable du meurtre de l’ancien« ministre de la défense » khmerrouge, Son Sen, d’avoir détruit « laréconciliation nationale » et d’avoirvolé de l’argent du parti. Trois deses commandants comparaissaientà ses côtés. Selon Nate Thayer, « ily a eu un débat avant le procès au

sein des dirigeants khmers rougespour savoir s’il fallait le tuer, lui sup-primer tous les soins médicaux ou luidonner des soins et lui permettre devivre ses derniers jours assigné à ré-sidence ».

Journaliste de la Far EasternEconomic Review – hebdomadairebasé à Hongkong –, Nate Thayerentretient des rapports profession-nels privilégiés avec les Khmersrouges datant de l’époque où il cou-vrait pour l’agence Associated Pressla résistance antivietnamienne à lafrontière khméro-thaïlandaise. Lasemaine dernière, il a été « invité » àassister au procès en compagnie ducameraman David McCage, qui tra-vaille pour la télévision Asiaworks,de Bangkok. Outre les scènes duprocès, le reportage des deuxjournalistes – d’une bonne qualitétechnique – montre des imagesd’un Pol Pot très affaibli, se dépla-çant courbé sur une canne et soute-nu par des hommes en uniforme.– (AFP, Reuter.)

La France devrait fermerses bases en Centrafrique

Le ministre de la défense, Alain Richard,entreprend une tournée d’explications

sur l’allègement du dispositif militaire françaisAU RYTHME d’une journée par

pays, le ministre français de la dé-fense, Alain Richard, devait serendre mardi 29 juillet au Gabon, lejour suivant au Tchad, et jeudi enCentrafrique, pour étudier sur placeles conditions dans lesquelles laFrance va procéder à un réaména-gement de son dispositif militaireen Afrique (Le Monde daté 20-21 juillet). A ce jour, aucune déci-sion définitive n’a été arrêtée dansl’attente d’une concertation entreJacques Chirac et Lionel Jospin,mais il semble bien que la Francefermera ses bases enCentrafrique.

Préparé par les états-majors, leprojet d’allègement du dispositifmilitaire français en Afriqueconsiste à réduire de 40 % environsur trois ans les effectifs présents enpermanence dans six Etats. Cettebaisse sera obtenue par la diminu-tion des soutiens et de l’environne-ment logistiques des forces, afin delaisser sur le terrain un maximumde détachements interarmées opé-rationnels chargés de sécuriser lesinstallations qui pourraient accueil-lir des renforts.

Sur place, les équipements serontstockés et protégés. Des unitésdites « tournantes » viendront deFrance. Elle seront vouées à se re-layer tous les quatre mois pours’entraîner, le cas échéant, avec lesarmées locales et pour se familiari-ser aux conditions de vie. Afin detenir compte de cette nouvelle si-tuation, Paris a prévu de réviser ul-térieurement les accords de défenseconclus dans les années 60 à 80avec huit Etats africains, ainsi queles accords de coopération ou d’as-sistance militaire technique signésavec vingt-trois autres pays.

Les options présentées par lesétats-majors à l’approbation dugouvernement ne remettent pas encause les situations établies avec laCôte-d’Ivoire, le Sénégal et la Ré-publique de Djibouti. En revanche,le Gabon, le Tchad et le Centra-frique font l’objet d’un examen par-ticulier.

DES RAPPORTS ORAGEUXIl paraît acquis que la base de Li-

breville, au Gabon, sera maintenue,avec les avantages que représentepour les besoins d’un renforcementconjoncturel l’accès à un aéroportet un port. La France n’entend pas,par ailleurs, compliquer ses rela-tions – déjà passablement difficiles,voire tendues – avec le présidentgabonais Omar Bongo, à cause des« affaires » liées à l’exploitation deson pétrole par la société Elf-Ga-bon. De même, la base de N’Dja-mena, au Tchad, sera conservée.Elle pourrait devenir la plaque tour-nante du dispositif militaire françaisen Afrique centrale – Paris consi-dère que le président tchadien,Idriss Déby, a réussi à stabiliser lasituation politique dans son pays.

En revanche, les armées fran-çaises devraient abandonner leCentrafrique, où elles déploient au-jourd’hui quelque 1 850 hommes.

Dans un premier temps, probable-ment avant la fin de l’année, la basede Bouar sera fermée. Ensuite, laFrance renoncera progressivementà ses installations de Bangui, quiont l’inconvénient d’être situéesdans le centre-ville, pour s’en tenirprovisoirement à une annexe prèsde l’aéroport international, avantun retrait total et définitif dont ladate n’est pas encore fixée.

Sous tous ses gouvernements, laFrance a entretenu avec le pré-sident centrafricain, Ange-FélixPatassé, des rapports orageux oùl’incompréhension mutuelle ledispute à la méfiance réciproque.De surcroît, le pays est soumis àd’incessantes mutineries de sapropre armée. C’est ce qui a moti-vé la mise sur pied d’une missioninter-africaine de stabilisation àBangui (Misab) à base de troupesdu Sénégal, du Tchad, du BurkinaFaso, du Gabon, du Mali et du To-go, appuyées par une logistiquemilitaire française.

Prototype d’une force interafri-caine de paix, que les Français, lesAméricains et les Britanniques en-visagent de soutenir à chaque foisqu’une interposition sera néces-saire en Afrique, la Misab consti-tue, du seul fait de son déploie-ment à Bangui, l ’élémentpolitique qui retient aujourd’huila France de se retirer sans délaidu Centrafrique.

Jacques Isnard

Pierre Mauroy : « Ne pas soutenir despolitiques exécrables »

Pierre Mauroy, président del’Internationale socialiste, a es-timé lundi 28 juillet à Librevilleque la France n’avait pas à« soutenir des politiques exé-crables qui ne respectent pas ladémocratie » en Afrique. Interro-gé sur les accords de défense,M. Mauroy, invité par le Partigabonais du progrès (PGP, oppo-sition) pour un séminaire d’éluslocaux, a estimé que « la gauchequi est arrivée au pouvoir enFrance aura à revoir un certainnombre de choses et dans un cer-tain nombre de domaines elle au-ra une politique différente de cellede la droite. Je vous donne, a-t-ilprécisé, la position idéale du diri-geant socialiste français que jesuis ». Sur la coopération,M. Mauroy a ajouté que laFrance « est liée par une histoirepartagée avec un certain nombrede pays. Lorsque l’on demande saprotection, il est normal qu’elleapporte sa contribution. Le gou-vernement de gauche est soumis àla nécessité de revoir et d’adapterla politique ancienne et tradition-nelle de la France ». – (AFP.)

Le processus de paix est toujours bloqué par IsraëlCINQ MOIS APRÈS le blocage

du processus de paix israélo-pales-tinien consécutif au lancement dela colonie juive de Har Homa, dansla partie orientale de Jérusalem, lesdeux parties ont tenté, lundi28 juillet, de relancer leurs négo-ciations. A la veille d’une visite enJordanie, mardi 29 juillet, où il de-vait s’entretenir avec le roi Hus-sein, le chef de la diplomatie israé-lienne, David Lévy, a rencontré leministre palestinien de la coopéra-tion, Nabil Chaath. M. Lévy a assu-ré que des commissions de négo-ciation allaient se réunirprochainement.

Neuf commissions mixtes ontété mises en place au début del’année pour étudier les disposi-tions en suspens prévues par lesaccords d’autonomie, et dont lestravaux sont actuellement au pointmort. Elles doivent débattre no-tamment de la mise en serviced’un aéroport palestinien dans labande de Gaza, de la constructiond’un port à Gaza, de la libérationde prisonniers palestiniens déte-nus par Israël et de la possibilité,

pour les Palestiniens, de se dépla-cer entre la Cisjordanie et Gaza.Ces projets sont bloqués par Israël.

« Nous devons restaurer le pro-cessus de paix entre nous, sur labase de la nécessaire confiance mu-tuelle », a assuré M. Lévy. Son in-terlocuteur palestinien a cepen-dant fait remarquer que « lesraisons qui sont à l’origine du blo-cage sont toujours là ».

M. Chaath s’est cependant dé-claré satisfait de la promesse dugouvernement israélien d’empê-cher « pour le moment » la mise enchantier d’une autre colonie, quela mairie de Jérusalem a autoriséeau beau milieu du quartier palesti-nien de Ras el-Amoud. Aupara-vant, M. Chaath s’était entretenuavec l’émissaire européen pour leProche-Orient, Miguel Angel Mo-ratinos, qui a préparé la réunion.Compte tenu des positions, jugéesinamicales, adoptées par lesmembres de l’Union européenne,qui ont notamment voté en faveurde la dernière résolution des Na-tions unies contestant leur poli-tique de colonisation, les Israéliens

ont tenu à ce que M. Moratinos neparticipe pas à la réunion elle-même, alors que les Palestiniens lesouhaitaient.

Les Palestiniens conditionnent lareprise du processus de paix à l’ar-rêt de la colonisation, car ils esti-ment qu’elle préjuge des résultatsdes négociations, qui devront défi-nir le statut final des territoires pa-lestiniens occupés par Israël de-puis 1967.

Le blocage du dialogue isaélo-arabe est, pour l’instant, total.L’adoption récente, à la Knesset,d’un projet de loi qui rendrait pra-tiquement impossible touteconcession territoriale sur le Go-lan, conquis par Israël, rend encoreplus illusoire la relance prochainedes discussions avec la Syrie. Paral-lèlement, l’économie israéliennepâtit de ces impasses diploma-tiques et des tensions quotidiennesdans les territoires. Le chômage aainsi amorcé depuis le début del’année une hausse, portée à 7,7 %(contre 7,1 % en janvier) par lesdernières statistiques. – (AFP, Reu-ter.)

L’austère patron des « humanitaires » en SomalieNAIROBI

de notre correspondanten Afrique de l’Est

Familier de l’Afrique depuis une vingtaine d’an-nées, Sigurd Illing, un austère Bavarois de cin-quante-six ans, est depuis 1993 l’envoyé spécial del’Union européenne pour la Somalie. Après la coû-teuse intervention des Nations unies de 1993-1995, ilété l’artisan de la coordination des organisations hu-manitaires réunies au sein de Somalia aid coordina-tion body (SACB), un organisme d’aide à la Somalie.Dès sa création, la SACB a adopté un code de bonneconduite dans le but de parler d’une seule voix face àdes chefs somaliens toujours prompts à jouer des di-vergences, voire des rivalités, entre « humani-taires ».

Pour impliquer davantage les Somaliens dans leredressement de leur pays, la SACB, qu’il préside, aaussi défini une liste des conditions à remplir par lesautorités locales somaliennes – notamment, assurerla sécurité du territoire et mettre en place une ad-ministration – pour bénéficier du soutien à la réha-bilitation (l’aide d’urgence n’étant pas concernée).

Peu enclin aux compromissions, Sigurd Illing – au-jourd’hui sur le départ – a déjà été déclaré personanon grata par des chefs de guerre furieux de ne pou-voir le faire entrer dans leur jeu. Feu le général Aïdidl’avait banni pour avoir refusé de reconnaître saqualité de président (auto-proclamé) de Somalie.Par ailleurs, il y a souvent des périodes de froid entre

le représentant européen et le gouvernement du So-maliland, irrité de n’être toujours pas reconnu parles Nations unies.

A ceux qui le disent trop rigide, il répond qu’il veutéviter que ses interlocuteurs « n’interprètent une at-titude flexible comme de la faiblesse ». Attaché à laligne de conduite qu’il s’est fixée, il est toutefois res-pecté de ceux qui « apprécient la valeur de sa pa-role ». « Nous avons prouvé que la Somalie n’était pasune cause perdue, comme beaucoup l’ont pensé à lafin de l’opération des Nations unies, affirme le repré-sentant de Bruxelles. Mais, paradoxalement, du faitmême que nous avons su éviter une autre crise ma-jeure en Somalie, nous n’intéressons plus beaucoup lesdonateurs. »

Ces critiques à l’encontre des bailleurs de fonds nel’empêchent pas d’avoir à l’égard des Somaliens uneapproche réaliste. « Il fallait montrer à nos interlo-cuteurs, habitués pendant des décennies à recevoirl’aide comme un dû, que nous n’étions pas prêts à in-tervenir à n’importe quel prix », dit encore M. Illingpour expliquer les conditions posées par la SACB.Par l’intermédiaire des projets qu’elle finance,l’Union européenne intervient aujourd’hui dans lesdeux tiers des régions de Somalie jugées suffisam-ment stables. Ce qui représente un progrès, certeslent, mais remarquable par rapport à l’anarchie desannées passées.

Jean Hélène

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Source : Bloomberg

Février Mars Avril Mai Juin Juillet

1997

Reprise de la Bourse de Bangkok

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La Bourse de Bangkok a gagné 7 % depuis l'annonce, lundi 28 juillet, d'une demande d'aide au FMI par le gouvernement thaïlandais. Le marché des actions thaïlandais s'est repris depuis fin juin. La dévaluation du baht intervenue le 2 juillet favorise les entreprises exportatrices.

Sous la pression des marchés financiersla Thaïlande a fini par appeler le FMI à l’aide

Le baht regagnait mardi 29 juillet plus de 4 % face au dollarLa crise monétaire qui, depuis un mois, frappetoute l’Asie du Sud-Est pourrait arriver à sonterme. La Thaïlande, l’épicentre des turbulences fi-

nancières, a fini par demander l’aide du Fonds mo-nétaire international (FMI), qui devrait lui garantirun prêt de 20 milliards de dollars sur un ou deux

ans pour lui permettre de se refinancer. La spécula-tion contre les devises des « nouveaux dragons »d’Asie du Sud-Est a cessé mardi 29 juillet.

AFIN de sortir d’une crise moné-taire devenue régionale depuisl’annonce, le 2 juillet, par le gou-vernement thaïlandais de la déva-luation de sa devise, le baht, Bang-kok a décidé lundi 28 juillet de faireappel à l’aide du FMI (Fonds mo-nétaire international). En contre-partie d’un plan de rigueur, le FMIpourrait garantir un prêt d’environ20 milliards de dollars pour un oudeux ans à la Thaïlande, dontmoins de 5 milliards seraient direc-tement apportés par l’institution fi-nancière internationale. HiroshiMitsuzuka, le ministre japonais desfinances, a indiqué, mardi 29 juillet,que le Japon pourrait accorder uneaide financière à la Thaïlande sicelle-ci parvenait à un accord avecle FMI.

« La ligne de crédit du FMI per-mettra de lancer des mesures pourstabiliser le baht et faire revenir descapitaux. Elle permettra aussi derenflouer les réserves de changes », aaffirmé lundi, lors d’une confé-rence de presse, Thanong Bidaya,le ministre thaïlandais des finances.Les négociations avec le FMI de-vraient aboutir d’ici une semaine,et un plan de redressement écono-mique sera présenté le 5 août.

Le gouvernement thaïlandais, is-su d’une coalition parlementairemultipartite, a tenté jusqu’au boutde se passer du FMI afin d’éviterl’application d’un plan de rigueurbudgétaire. Mais la pression desmarchés financiers est devenuetrop forte. Le gouverneur de laBanque centrale de Thailande,Rerngchai Marakanond, a d’ail-leurs annoncé sa démission lundi.« Seule une initiative du FMI ou desEtats-Unis peut avoir le poids suffi-sant pour rétablir la confiance », ex-plique Carlos d’Aurignac, du Créditagricole Indosuez à Londres.

Selon le quotidien Bangkok Postdu 29 juillet, la Banque centralethaïlandaise avait engagé de-puis juin plus de la moitié de sesréserves en devises – tombées de33 à 16 milliards de dollars – pourdéfendre sa monnaie. Cela n’avaitpas empêché le baht de perdre jus-qu’à 25 % de sa valeur face au dol-lar depuis le début du mois. Aprèsl’annonce des négociations entre legouvernement thaïlandais et lesresponsables du FMI, l’ensembledes devises des pays de la régionremontait face au dollar. Le baht arepris mardi jusqu’à 4,6 % (à 30,55)pour un billet vert.

La crise thaïlandaise s’était trans-formée depuis plusieurs semainesen une vague de défiance générali-sée des investisseurs internatio-naux à l’encontre des « nouveauxdragons » comme les Philippines,la Malaisie et l’Indonésie. Les Phi-lippines ont cédé le 11 juillet, face àla pression des marchés, et laisséflotter leur monnaie liée aupara-vant, comme le baht thaïlandais, à

un ensemble de devises dans lequelle dollar était prédominant. Sansl’annoncer officiellement, la Malai-sie et l’Indonésie avaient laissé éga-lement filer leurs monnaies. Lacontagion a même gagné Singa-pour et Hongkong, les économiesles plus fortes de la région, dont lesautorités monétaires ont dûprendre des mesures pour dé-fendre leurs devises.

Cette crise reflète des doutesgrandissants sur la pérennité dudéveloppement économique ultra-rapide de l’Asie du Sud-Est. Le ra-lentissement de la croissance de-puis plusieurs mois, lié à la fois à lahausse du dollar et à la mise enplace de politiques monétaires etbudgétaires restrictives pour éviterla surchauffe, révèle des déséqui-libres structurels dans bon nombrede pays de la région. La Thaïlandeen est l’exemple le plus frappant :victime à la fois d’un déficit crois-sant de sa balance des paiementscourants, d’une baisse sensible deses exportations et d’une grave

crise immobilière et bancaire. Enlaissant filer sa devise, Bangkokcherchait à se redonner un peud’oxygène pour favoriser ses ex-portations et abaisser des tauxd’intérêt trop élevés.

Mais la Thaïlande a pris le risquede faire fuir encore plus vite les ca-pitaux. Les établissements finan-ciers internationaux refusent, de-puis plusieurs jours, d’accorder desprêts en raison des problèmes dechanges et de solvabilité des insti-tutions financières thaïlandaises,qui, selon des estimations,cumulent 1 000 milliards de bahtsde créances douteuses. « Si le gou-vernement conclut rapidement unaccord avec le FMI, la pression dimi-nuera et la confiance reviendra », adéclaré à l’AFP un analyste dePoonpipat Finance, NonthawatChoysong.

Le plan de sauvetage devrait êtreassez différent de celui de 50 mil-liards de dollars mis en place, il y aun peu plus de deux ans, pour sau-ver le Mexique de la banqueroute.Si la Thaïlande doit environ 40 mil-liards de dollars au monde exté-rieur – un montant du même ordreque le Mexique en 1995 – cettedette vient essentiellement du sec-teur privé et surtout financier. LeFMI devrait donc donner avanttout à Bangkok les moyens de gé-rer sans trop de casse la fermeturede nombreux établissements ban-caires. « La Thaïlande connaît unecroissance plus forte que le Mexiqueet n’aura sans doute pas besoin d’unplan d’ajustement, douloureux so-cialement, comme cela a été le casau Mexique », avait indiqué le21 juillet Stanley Fischer, directeurgénéral adjoint du FMI.

Eric Leser(avec l’agence Bloomberg)

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LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 5Publicité

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M N D J F M A M J JAMFJDNOSAJJMA

1996 1997 1997

3,6

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16,48 6,20 F

Un environnement extérieur exceptionnellement favorable

COMMERCE EXTÉRIEUR DOLLAR CONTRE FRANC

1996

Lionel Jospin bénéficie d’un environnement monétaire favorable Une accélération de la croissance économique commence à être envisagée, la hausse du dollar et de la livre stimulant les exportations françaises.

Mais les investissements des entreprises et la consommation des ménages restent faibles

Un scénario strictement contraire à celui de 1981C’EST PEU DIRE que 1997 ne

ressemble guère à 1981. Si, politi-quement, les premiers pas du gou-vernement de Lionel Jospin n’ontaucune ressemblance avec ceux de

Pierre Mauroy, la différence estencore plus grande dans le do-maine économique. Au regard dela conjoncture des deux époques,on peut même dresser un constatparadoxal : le scénario écono-mique d’aujourd’hui est stricte-ment à l’opposé de celui d’hier.

La première différence a trait àla contrainte extérieure. En 1981,elle se fait lourdement sentir. Défi-citaire de 62 milliards de francs en1980, puis de 59 milliards en 1981,le commerce extérieur n’offre au-cune marge de manœuvre au gou-vernement. Il l’apprend d’ailleurstrès vite à ses dépens, puisque, re-lançant la consommation inté-rieure, il stimule aussitôt les im-portations et creuse le déficitcommercial à 93 milliards defrancs en 1982. Ce qui le contraintà négocier précipitamment le vi-rage de la rigueur.

Or, en 1997, la situation est exac-tement opposée. Avec un excédent

historique de près de 120 milliardsde francs, le commerce extérieurn’est plus une contrainte, maisconstitue, en fait, le seul vrai mo-teur de la croissance interne. Et, entout cas, le gouvernement peut af-ficher son ambition de relancerprudemment la consommation in-térieure sans craindre de renoueravec les déficits extérieurs.

La deuxième différence a trait àla situation des finances publiques.Contrairement à une idée répan-due, le début des années 80 est, eneffet, marqué par une situation quin’a rien de calamiteuse. En 1980,les déficits publics sont nuls, oupresque. Ensuite, sous le coup despremières mesures du gouverne-ment de gauche, ils se creusent,passant à près de 2 % du produitintérieur brut en 1981, puis à prèsde 3 % en 1983. Mais, avec le recul,il faut admettre que cette augmen-tation n’a rien de spectaculaire.Même si, dans les premiers mois,les socialistes conduisent une poli-tique d’inspiration franchementkeynésienne de relance par le bud-get, ils respectent avant la lettre lefameux critère des 3 % de déficit,qui sera ultérieurement édicté parle traité de Maastricht.

A l’époque, si marge de ma-nœuvre il y a, elle est donc d’abordbudgétaire. Or, en 1997, la situa-tion, là encore, n’a rien decommun. Avec des déficits publicsqui atteignaient encore 4,2 % duPIB en 1996, cette marge de ma-

nœuvre n’existe plus. La politiquebudgétaire est même, à l’inverse,totalement sous contrainte.

La troisième différence porte surla situation des entreprises. En1981, elle est totalement dégradée.Avec un partage de la valeur ajou-tée qui se fait à hauteur de 68,7 %pour les salaires et de 25,8 % pourles profits, elles se trouvent pla-cées dans un état de sous-compéti-tivité, qui contraint le gouverne-ment à un douloureuxréajustement. C’est alors qu’estmise en œuvre la fameuse « poli-tique de l’offre », assise sur la dé-sindexation des salaires sur lesprix, destinée à restaurer lacompétitivité des entreprises.

CHANCE INESPÉRÉEEn 1997, ce schéma est lui aussi

inversé. Avec un partage de la va-leur ajoutée qui avantage exagére-ment les profits (31,5 % à la fin1996) et qui pénalise donc les sa-laires (60,3 %), la consommations’essouffle et le gouvernement ade bons arguments à faire valoirpour défendre une « politique dela demande » apte à relancer l’acti-vité.

Enfin, il y a peut-être une qua-trième différence : la conjoncturepourrait aider Lionel Jospin, alorsqu’elle a joué en la défaveur dePierre Mauroy. En 1981, tous lesconjoncturistes pronostiquaientune forte croissance économiqueet les socialistes pouvaient penser

que le choc de leur politique de re-lance serait compensé par les ef-fets de la reprise mondiale. Mais,en fait, il n’en a rien été. Sous lecoup des effets différés du secondchoc pétrolier, la conjoncture s’esttotalement retournée et la crois-sance des pays de l’OCDE a reculéde 0,5 % en 1982. La relance estdonc intervenue au pire moment– à contre-temps –, creusant dumême coup les déficits extérieurs.

Or, en ce milieu d’année 1997,comment s’annonce l’activité ? Sile pronostic doit être formulé avecprudence, il indique, néanmoins,que l’environnement économiquedevrait être autrement plus favo-rable que celui qui a prévalu de-puis le début de la décennie. Alorsque la croissance semblaitcondamnée à ne pas progresser deplus de 1,2 % l’an depuis le débutdes années 90, pour la premièrefois les conjoncturistes semblentpressentir une véritable reprise.

Si tant est qu’il faille faire unecomparaison, la conjoncture qui seprofile semble donc beaucoupmoins s’apparenter à celle de 1981qu’à celle des années 1988-1989. Ceserait pour M. Jospin une chanceinespérée, mais pas pour autant lafin des controverses économiques.Il suffit de se souvenir des polé-miques suscitées par la gestion deMichel Rocard des dividendes de lacroissance.

Laurent Mauduit

ANALYSELe commerce extérieurest florissantet une reprisede l’activité se profile

L’ÉCONOMIE française est-elleen train de vivre un retournementde conjoncture, un peu identique àcelui – spectaculaire – qu’elle aconnu en 1987, à l’époque du« contre-choc » pétrolier ? Si l’ons’en tient aux derniers indicateursde croissance connus, la questionest à l’évidence prématurée. En1996, la croissance a été faible, leproduit intérieur brut (PIB) ne pro-gressant que de 1,5 %. Pour lesdeux derniers trimestres dont lesrésultats sont disponibles, la ten-dance est encore plus préoc-cupante : le PIB n’a augmenté quede 0,2 % au quatrième trimestre de1996 et, à nouveau de 0,2 % au pre-mier trimestre de 1997.

Pourtant, plusieurs indicateursrécents laissent à penser que laconjoncture est peut-être arrivée,en ce début d’été, à un point debascule. Après la croissance molle,la reprise serait-elle en passe des’enclencher ?

b L’appréciation du dollar etla baisse des taux d’intérêt. Si lesconjoncturistes français sontconfiants, c’est que l’environne-ment économique est devenu ex-ceptionnellement favorable du faitde la baisse continue des taux d’in-térêt et de l’appréciation du dollar.

Les taux d’intérêt à dix ans sont

ainsi tombés de 6,60 % début 1996à 5,48 % maintenant. Dans lemême temps, les taux à trois moisont chuté de 5,70 % à 3,30 %.Quant au dollar, il n’a cessé des’apprécier depuis la mi-novembre1996 : il est passé de près de5,1O francs à près de 6,20 francs,soit une hausse de plus de 20 % enprès de huit mois.

Dans le cas de la baisse des tauxd’intérêt, les conjoncturistespeinent, certes, à quantifier l’effetsur la consommation des ménagesou sur l’investissement des entre-prises, mêmes s’ils savent évidem-ment qu’il est fortement favorable.Pour les variations de changes, lamesure est plus simple : dans unerécente note de conjoncture (LeMonde du 26 mars), l’Insee esti-mait qu’une appréciation de 10 %du dollar entraînait pour la Franceune majoration de la croissance del’ordre de 0,4 point de PIB la pre-mière année et de 0,6 point ladeuxième année.

Les spectaculaires mouvementsde changes, conjugués à la baissedes taux, placent donc l’économiefrançaise dans une situation quin’avait jamais été aussi favorabledepuis le début de la décennie. Ilscontribuent à doper encore un peuplus la demande étrangère adres-

sée à la France, dont les produitsdeviennent plus compétitifs. Avecdes excédents sans précédent de15,6 milliards de francs en avril etde 16,4 milliards en mai, lecommerce extérieur constitue leprincipal moteur de la croissancefrançaise. Dans la foulée, la situa-tion de l’industrie, qui doit ré-pondre à une demande étrangèredynamique, se redresse. Dans sadernière enquête mensuelle (LeMonde du 29 juillet), l’Insee sou-ligne que « l’activité devrait pro-

gresser à un rythme élevé dans lesmois à venir ».

La baisse des taux et l’apprécia-tion du dollar contribuent aussi àaccroître spectaculairement la pro-fitabilité des entreprises dont la ca-pacité de financement était néga-tive de 149,2 milliards de francs en1990 et positive de 134,7 milliardsde francs en 1996 (Le Monde du20 juillet).

Il n’est donc pas excessif de direque l’environnement économiquen’a jamais été aussi favorable de-

puis dix ans. Comme en 1987, àl’époque du « contre-choc », laconjoncture fait sentir un parfumde reprise. C’est la raison pour la-quelle l’Insee estime que la crois-sance devrait dépasser 3 % en ryth-me annualisé au cours du secondsemestre de 1997.

b Les aléas de la prévision.Cette estimation doit cependantêtre maniée avec prudence parceque plusieurs aléas peuventcontrarier ce scénario. D’abord,l’accélération de la croissancefrançaise repose, pour l’heure, surla demande étrangère : selon l’In-see, les exportations devraientprogresser de 7 % en 1997, après4,8 % en 1996. En contrepartie, lademande intérieure reste trèsfaible, pour ne pas dire atone : ellene devrait progresser, selon l’Insti-tut, que de 1,4 % en 1997, après0,9 % en 1996.

Pour que la reprise se confirme,il importe donc que cette demandeintérieure – que le gouvernemententend favoriser – prenne progres-sivement le relai de la demandeétrangère. Or, dans l’immédiat,c’est loin d’être acquis. D’abord, laconsommation des ménages suitencore une évolution heurtée, no-tamment dans le cas des produitsmanufacturés. En hausse de 0,6 %

au premier trimestre, elle a dimi-nué de 0,5 % au deuxième, selonles statistiques publiées mardi29 juillet par l’Insee. Pour le seulmois de juin, la baisse a même at-teint 2,9 %.

Dans le cas de l’investissementdes entreprises, la tendance n’estguère meilleure : la hausse devraitêtre limitée à 1,6 % en 1997. Detous les indicateurs économiquesrécents, c’est le plus inquiétant.Alors que tous les conjoncturistespronostiquent depuis longtempsun redémarrage des dépensesd’équipement, celles-ci tardent àse concrétiser.

D’autres aléas sont égalementpris en comptes par les conjonctu-ristes, comme les effets dévasta-teurs d’une éventuelle correctionboursière à Wall Street, d’une sur-chauffe excessive de l’économiebritannique, ou encore de tensionssur les changes, à l’approche deséchéances décisives prévues par letraité de Maastricht (lire ci-contre).Mais à ces bémols près – qui sontévidemment loin d’être se-condaires – le petit microcosmedes économistes français est en ef-fervescence : l’optimisme est de re-tour.

L. M.

CONJONCTURE L’appréciationcontinue de la monnaie américaine etla baisse des taux d’intérêt créent unenvironnement exceptionnellementfavorable pour l’économie française.

b LE DOLLAR, qui s’est apprécié deplus de 20 % depuis la mi-novembre1996, contribue à stimuler les expor-tations françaises. L’Insee estimequ’une hausse de 10 % du billet vert

« fouette » la croissance de la France,à hauteur de 0,4 point de la richessenationale, la première année. b LACONSOMMATION des ménages enproduits manufacturés demeure ce-

pendant heurtée. Selon l’Institut, ellea baissé de 2,9 % au cours du mois dejuin. De son côté, l’investissementdes entreprises ne donne pas encorede signes de reprise. b LA DEMANDE

INTÉRIEURE reste donc la priorité dugouvernement, qui pourrait, cepen-dant, profiter d’une embellie écono-mique sans précédent depuis les an-nées fastes de 1988 et 1989.

Le nouveau gouvernement a plus de chance que celui d’Alain Juppé LE PREMIER MINISTRE n’a pas, jus-

qu’à présent, à se plaindre de l’attitudedes opérateurs des marchés financiers in-ternationaux. Ceux qui fixent, à travers lemonde, les cours des devises et le niveaudes taux d’intérêt sont pour lui de solidesalliés et favorisent la réussite de sa poli-tique économique. Depuis que LionelJospin s’est installé à l’Hôtel Matignon,non seulement les investisseurs interna-tionaux n’ont à aucun moment manifestéle moindre de signe de défiance à sonégard ni cherché à provoquer une crisemonétaire, mais ils lui offrent de surcroîtun environnement monétaire exception-nellement favorable.

Son prédécesseur n’avait pas eu cettechance. Alain Juppé était arrivé en pleinetempête monétaire internationale. Ledollar était tombé, au printemps 1995, àses plus bas niveaux historiques face auxdevises européennes (1,3450 mark et4,80 francs) et face à la monnaie japo-naise (79,75 yens). Le plongeon du billetvert, qui avait eu des effets catastro-phiques pour les économies européennes

en phase de reprise, avait aussi provoquéd’importants remous sur le marché desdevises européennes. La lire italiennes’était effondrée, tandis que le franc avaitfait l’objet d’attaques face au deutsche-mark. Pour défendre la devise française,la Banque de France avait relevé ses tauxdirecteurs et elle avait maintenu enplace, durant de longs mois, ce dispositifde crise. Les taux d’intérêt françaisétaient montés jusqu’à 8 %, soit 3 % au-dessus des rendements allemands demême échéance. Enfin M. Juppé avait euà subir les conséquences du krach obliga-taire de 1994, qui avait hissé les taux àlong terme à des niveaux très élevés(8 %).

RÉDUCTION DES TAUX DIRECTEURSM. Jospin bénéficie d’une météorologie

monétaire plus clémente. Depuis deuxans, la situation sur les taux d’intérêts’est normalisée. Grâce à l’appréciationdu franc vis-à-vis du mark, la Banque deFrance a pu réduire, dans des propor-tions considérables, ses taux directeurs.

Les appels d’offres se situent actuelle-ment à 3,10 %, leur plus bas niveau de-puis vingt-cinq ans, et ils sont revenuspratiquement à la même hauteur qu’enAllemagne (les prises en pension de laBundesbank s’effectuent à 3 %). Les tauxd’intérêt à long terme ont également for-tement reflué et s’établissent à un niveauexceptionnellement bas (5,48 % à dixans). Derrière le Japon et la Suisse, laFrance possède aujourd’hui les rende-ments obligataires les plus bas dumonde, ce qui offre aux ménages fran-çais qui veulent acquérir un logement ouaux entreprises qui souhaitent investir,des conditions de financement particuliè-rement avantageuses.

La Bourse de Paris, enfin, après plu-sieurs années de stagnation, progressefortement depuis un an, soutenue parl’euphorie boursière mondiale. L’indiceCAC 40 a gagné 50 % depuis le mois dejuillet 1996. Cette progression a pour ef-fet d’augmenter la puissance financièredes entreprises mais aussi d’augmenter larichesse des ménages qui possèdent des

actions, ce qui peut présenter, commeaux Etats-Unis, des conséquences posi-tives sur la consommation intérieure.

La situation sur le marché des changesest également très favorable. Les mon-naies des pays concurrents se sont vive-ment redressées, depuis deux ans, vis-à-vis du franc, ce qui a permis à l’économiefrançaise d’améliorer fortement sacompétitivité. Depuis le printemps 1995,la lire italienne a regagné 20 % de sa va-leur. Au cours des seuls neuf derniersmois, la livre sterling s’est appréciée de30 % et le dollar de 25 %.

SOURCE POTENTIELLE D’INSTABILITÉSelon les experts de l’OFCE (Observa-

toire français des conjonctures écono-miques), cette évolution favorable de-vrait continuer au cours des prochainsmois. « La dépréciation du franc se pour-suivrait » jusqu’à la fin de l’année 1998. Ledollar gagnerait encore 7 % l’année pro-chaine et la livre sterling s’adjugerait 2 %supplémentaires. D’autres experts pré-fèrent miser sur une stabilisation des de-

vises à des niveaux proches de leurscours actuels. Selon les spécialistes ducourtier américain Merrill Lynch, le billetvert s’établirait à 6,05 francs à la fin del’année. La situation se dégraderait en re-vanche légèrement, selon les analystes deParibas, sur le front des taux d’intérêt.Les rendements à dix ans remonteraientà 6,4 % fin 1997 tandis que les taux à troismois se tendraient à 3,6 %.

Le principal risque monétaire, pourM. Jospin, semble aujourd’hui résiderdans un brusque renversement de ten-dance du dollar. L’autre menace est liée àla construction monétaire européenne. Siles marchés financiers parient au-jourd’hui sur le lancement de l’euro à ladate prévue, ils pourraient faire montrede nervosité au fur et à mesure qu’on ap-prochera du 1er janvier 1999. Les zonesd’ombre qui continuent aujourd’hui en-core à entourer le fonctionnement de lafuture Union monétaire sont autant defacteurs d’instabilité potentielle.

Pierre-Antoine Delhommais

Page 7: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

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S O C I É T ÉLE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

DÉPÊCHESa SIDA : la fédération Aides a dénoncé, lundi 28 juillet,l’absence de « modalité pratique d’application » dans la miseen œuvre des traitements d’urgence en cas de contaminationaccidentelle par le virus du sida (rupture de préservatif, par-tage de seringue chez les toxicomanes). Dans une lettreadressée le 24 juillet aux centres d’information et de soinspour l’immunodéficience humaine, Bernard Kouchner, secré-taire d’Etat à la santé, a indiqué que l’accès de tous à ces thé-rapies « du lendemain », actuellement réservées aux seulspersonnels de santé, était « envisageable (...) dans l’attente derecommandations » annoncées pour la mi-octobre.a COUVRE-FEU : le tribunal administratif de Paris a rejeté,vendredi 25 juillet, le sursis à exécution demandé par Ber-nard Boucault, préfet de la Seine-Saint-Denis, à l’encontre del’arrêté du maire (RPR) d’Aulnay-sous-Bois réglementant lacirculation la nuit des mineurs de moins de treize ans.a ÉDUCATION : 590 364 élèves ont obtenu le brevet descollèges, soit un taux de réussite de 74,6 %, en diminution de0,1 % par rapport à 1996. La série d’enseignement général ob-tient le meilleur taux de succès (75,9 %), devant les sériestechnologiques (68,3 %) et professionnelle (65,4 %). Les résul-tats les plus élevés sont enregistrés dans les académies deRennes, Nantes et Grenoble, et les moins bons en Corse, àBordeaux et à Strasbourg.a DROGUE : la quantité de stupéfiants saisie dans le nordde la France au cours du premier semestre 1997 est en aug-mentation de 130,9 % par rapport à la même période de 1996,a annoncé, lundi 28 juillet, la direction interrégionale desdouanes Nord - Pas-de-Calais - Picardie.

« La libertéde croyanceétant absolue... »

VOICI des extraits du jugementde la cour d’appel de Lyon :

« Attendu qu’il est exact que laliberté de croyance est un des élé-ments fondamentaux des libertés

publiquesfrançaises ex-primé dansl’article 10 dela Déclarationdes droits del’homme et ducitoyen de1789 : “ nul ne

doit être inquiété pour ses opi-nions, même religieuses, pourvuque leur manifestation ne troublepas l’ordre public établi par la loi ”(...) ; que l’article 1er de la loi du9 décembre 1905 concernant la sé-paration des Eglises et de l’Etatprécise que la République assurela liberté de conscience et garantitle libre exercice des cultes sous lesseules restrictions édictées dansl’intérêt de l’ordre public (...) ; quel’article 9 de la Convention euro-péenne de sauvegarde des droitsde l’homme et des libertés fonda-mentales (...) réaffirme le principede manifester sa religion sous lesseules restrictions résultant desnécessités de la sécurité publique,de l’ordre public, de la santé ou dela morale publiques ;

» Attendu qu’il est vain, dès lors,de s’interroger sur le point de sa-voir si l’Eglise de scientologieconstitue une secte ou une reli-gion, la liberté de croyance étantabsolue ; que dans la mesure oùune religion peut se définir par lacoïncidence de deux éléments, unélément objectif, l’existence d’unecommunauté, même réduite, et unélément subjectif, une foicommune, l’Eglise de scientologiepeut revendiquer le titre de reli-gion et développer en toute liber-té, dans le cadre des lois exis-tantes, ses activités, y compris sesactivités missionnaires, voire deprosélytisme (...). »

Les précédentes décisions de justiceb 1977 : le fondateur de l’Eglisede scientiologie, Lafayette RonHubbard, et trois autresresponsables, Georges Andreu,Henry Laarhuis et JacquelineValentin, sont poursuivis pourdes faits d’escroquerie. SeulGeorges Andreu, alors présidentde l’Eglise de scientologie,comparaît devant le tribunalcorrectionnel de Paris, les troisautres prévenus sont jugés pardéfaut.b 1978 : le 14 février, GeorgesAndreu est condamné à un an deprison avec sursis et 3 000 francsd’amende. Ron Hubbard, HenryLaarhuis et Jacqueline Valentinsont condamnés par défaut.b 1980 : dans un arrêt rendu le29 février, la cour d’appel de Parisrelaxe Georges Andreu,considèrant qu’il « n’avait faitqu’exécuter les directives généralesde Ron Hubbard ». La décisionprécise que « le fait scientologiquesemble correspondre à une activité

qui s’applique à la définitionhabituellement donnée à lareligion » et constate que, « dansla scientologie (...), l’élémentsubjectif qu’est la foi est complétépar un élément objectif constituépar l’existence d’une communautéhumaine ».b 1982 : sur la base des mêmesarguments, deux des troisresponsables condamnés enpremière instance, HenryLaarhuis et Jacqueline Valentin,sont relaxés par deux jugementsdu tribunal de grande instance deParis, les 13 juillet et 21 décembre.b 1996 : le 22 novembre, dans lesattendus de son jugementnotamment relatif auxscientologues lyonnais, letribunal correctionnel de Lyonestime que « la liberté de croyanceest un des éléments fondamentauxdes libertés publiques françaises »,mais ajoute que « cette liberté atoutefois ses limites dans l’intérêtde l’ordre public ».

LYONde notre envoyé spécial

La quatrième chambre de la courd’appel de Lyon, présidée par Gré-goire Finidori, a condamné, lundi28 juillet, Jean-Jacques Mazier, fon-dateur et ancien président de labranche lyonnaise de l’Eglise descientologie, à trois ans de prisonavec sursis, 500 000 francsd’amende et cinq ans d’interdictiondes droits civiques, civils et de fa-mille. Confirmant la part de res-ponsabilité de ce responsablescientologue dans le suicide de Pa-trice Vic, un adepte psychologique-ment affaibli qui s’était défenestréen mars 1988, la cour a cependantestimé qu’une peine d’emprisonne-ment ferme, telle que l’avait pro-noncée le tribunal de Lyon le22 novembre 1996 – trois ans dontdix-huit mois avec sursis (Le Mondedaté 24-25 novembre 1996)–,« n’apparaissait pas indispensable ».

Particulièrement moins sévèresque les juges de première instance,les magistrats ont également réduit

les peines infligées à cinq autresresponsables scientologues lyon-nais condamnés pour escroquerieou complicité, les portant au maxi-mum à un an de prison avec sursiset 20 000 francs d’amende, et ontrelaxé neuf autres adeptes, dontsept avaient été condamnés en pre-mière instance (le parquet avait faitappel de deux relaxes). Ils ont éga-lement jugé irrecevables certainesdemandes de dommages-intérêtsde parties civiles, dont l’une d’ellesavait obtenu en première instanceprès de 400 000 francs, au motifque la plaignante avait déjà perçuces sommes par le biais de transac-tions.

Comme leurs homologues du tri-bunal, huit mois auparavant, lesmagistrats de la cour d’appel rap-pellent tout d’abord que « la libertéde croyance est un des éléments fon-damentaux des libertés publiquesfrançaises exprimé dans (..) la Dé-claration des droits de l’homme etdu citoyen ». Délimitant avec soinles contours de leur saisine, ils esti-

ment qu’« il est vain, dès lors, des’interroger sur le point de savoir sil’Eglise de scientologie constitue unesecte ou une religion, la liberté decroyance étant absolue ».

S’ils vont jusqu’à estimer pourleur part, dans le droit-fil d’un arrêtde la cour d’appel de Paris datantde 1980, que « l’Eglise de scientolo-gie peut revendiquer le titre de reli-gion » – notamment au regard de« la foi commune » manifestée parses adeptes –, les juges expliquenten substance que l’essentiel, en cequi les concerne, est que ces activi-tés s’exercent « dans le cadre deslois existantes ».

Evitant soigneusement de porterun « jugement de valeur » sur ladoctrine générale de la scientologieque les magistrats de première ins-

tance n’avaient pas hésité à fusti-ger en stigmatisant ses « paradisartificiels », les magistrats de lacour d’appel s’en sont donc tenus àl’analyse de « la scientologie telleque pratiquée » à Lyon. Ils relèventainsi essentiellement deux procé-dés frauduleux caractérisant à leursyeux l’escroquerie dans le dossierlyonnais : la publication de petitesannonces ambiguës aux allures defausses offres d’emplois et l’utilisa-tion d’un test de personnalité gra-tuit « conçu pour donner des résul-tats (...) de nature à inquiéter lesujet » et à enclencher « un proces-sus de versements de sommes de plusen plus importantes pouvant at-teindre des centaines de milliers defrancs ».

Collant toujours au plus près des

réalités lyonnaises, les magistratsjugent donc que « les dirigeants ducentre de dianétique et de l’Eglise descientologie de Lyon, par une sériede manœuvres frauduleuses, ont faitde leurs Eglises, dont il n’appartientpas à la cour d’apprécier la doctrine,des entreprises de captation de fondsau préjudice des adeptes ». « Jean-Jacques Mazier, disent-ils, poursui-vait des objectifs financiers oucommerciaux » et, « même s’il n’estpas démontré qu’il s’est enrichi per-sonnellement, a entretenu uneconfusion non contestée entre sescomptes personnels et ceux de l’asso-ciation ». De plus, concernant lesuicide de Patrice Vic, « il a créé lesconditions favorisant le passage àl’acte suicidaire », par les pressionsqu’il avait exercées « sur un sujetdont il connaissait l’état de fragilité »en le poussant à s’endetter.

BÉNÉFICE DU DOUTECependant, se démarquant du

jugement de première instance, lesmagistrats de la cour restreignentl’éventail des responsabilités auxscientologues haut placés dans lahiérarchie des deux associations encause (Eglise de scientologie etcentre de dianétique de Lyon).Conformément à la jurisprudencedes années 80 à laquelle la défenses’était longuement référée, la couraccorde à sept prévenus, condam-nés en première instance, le béné-fice du doute eu égard à « leur in-contestable sincérité dans leurcroyance [qui] n’était pas de natureà leur permettre de porter un juge-ment critique sur les agissementsdont ils étaient témoins ».

Ces prévenus, dont la cour es-time qu’ils peuvent « faire égale-ment figure de victimes », « ne

constituaient, selon elle, que desimples rouages des associationsdont ils assuraient le fonctionne-ment ». Seuls deux d’entre eux ontnéanmoins été condamnés, les ma-gistrats estimant que les faits quileur étaient reprochés (la ventequasi forcée d’un « électromètre »au prix de 39 000 francs à une mère« dans un état de particulière fai-blesse »), relevaient de l’extorsionde fonds.

« Si les infractions présentent uneincontestable gravité, notamment ence qui concerne Jean-Jacques Ma-zier, en raison de l’ampleur de l’en-treprise de captation de fonds,souvent mise en œuvre au préjudicede personnes vulnérables, il y a lieude retenir que les prévenus n’ont au-cun antécédent judiciaire et qu’unecertaine sincérité a pu pousser plu-sieurs d’entre eux dans les errementsreprochés », estiment, en conclu-sion, les magistrats de la cour d’ap-pel.

« C’est une victoire pour la scien-tologie », a commenté, après le pro-noncé de l’arrêt, Danièle Gounord,porte-parole du mouvement réper-torié par la commission d’enquêteparlementaire sur les sectes enFrance. L’ancienne présidente del’Eglise de scientologie de Paris, quiétait poursuivie pour complicitéd’escroquerie et dont la relaxe a étéconfirmée en appel, constate que« la scientologie se voit en quelquesorte conférer le statut de religion »et observe, comme l’ensemble desdéfenseurs des scientologues pré-venus, que sur vingt-trois per-sonnes initialement poursuivies,seules six ont finalement étécondamnées.

Jean-Michel Dumay

Un mouvement répertorié parmi les sectesDans le rapport parlementaire sur les sectes en France, publié en jan-

vier 1996, l’Eglise de scientologie est classée parmi les « mouvements psy-chanalytiques ». « Avec des fers de lance comme la scientologie, ce courantapparaît aujourd’hui comme l’un des substituts privilégiés des doctrines re-ligieuses traditionnelles », écrit Jacques Guyard, député rapporteur. Unephrase de Lafayette Ron Hubbard y est citée : « Si l’on veut vraiment de-venir millionnaire, le meilleur moyen consiste à fonder sa propre religion. »

Le rapport du député Alain Vivien, publié en février 1983, constataitdéjà, à propos de la scientologie, alors connue sous le nom d’« Eglise dela nouvelle compréhension », que « cette secte n’avoue pas de but explicite-ment religieux [et] préfère proposer des techniques d’épanouissement per-sonnel ». « Des pressions morales sont exercées sur l’adepte », notait en-core, témoignages à l’appui, le rapport Vivien, ajoutant que « leprosélytisme de l’Eglise de scientologie n’hésite pas devant les tactiques d’in-filtration en milieu scolaire [et] dans les médias ».

ARRÊT La cour d’appel de Lyon arendu, lundi 28 juillet, un arrêt trèsen retrait par rapport au tribunalcorrectionnel à l’égard des respon-sables de l’Eglise de scientologie de

Lyon. b JEAN-JACQUES MAZIER,fondateur et ancien président decette branche lyonnaise a ainsi étécondamné à trois ans de prison avecsursis et 500 000 francs d’amende,

contre trois ans d’emprisonnementferme dont dix-huit mois avec sursisen première instance. Cinq autreresponsables ont vu leurs peines ré-duites. b SI L’INSTRUCTION a fait

apparaître des pratiques fraudu-leuses, les magistrats n’ont tenucompte que des aspects pénalementrépréhensibles du dossier ouvert en1988, après le suicide d’un des

adeptes. Ils ont en revanche suivi lajurisprudence pour estimer que« l’Eglise de scientologie peut re-vendiquer le titre de religion ».Lire aussi notre éditorial page 10.

La justice ne conteste pas à l’Eglise de scientologie le titre de « religion »La cour d’appel de Lyon a réduit les peines infligées en première instance aux responsables de la branche lyonnaise après le suicide

d’un de ses adeptes en 1988. Les magistrats ont condamné des « manœuvres frauduleuses » mais refusé de porter une appréciation sur la doctrine

L’intransigeance de l’Allemagne envers l’organisationFONDÉE en 1954 par un écri-

vain de science-fiction américain,Lafayette Ron Hubbard, l’Eglisede scientologie est une organisa-tion extrêmement structurée,comptant 200 églises, missions etgroupes à travers le monde.Forte de six millions d’adeptes,elle recense 4 000 membres actifsen France, où elle a approché en-viron 40 000 personnes. C’est auxEtats-Unis, où elle a fondé sonsiège international à Los Angeles,que la secte est la plus puissante,protégée par le strict respect dela liberté de conscience.

Cherchant à élargir son cercled’influence à l’Europe occiden-tale puis orientale, l’Eglise descientologie se heurte, depuisquelques mois, à l’attitude in-transigeante des autorités alle-mandes, qui se sont lancées dansune véritable guerre ouvertecontre l’organisation.

« INFLUENCE TOTALITAIRE »Considérée comme une secte

en Allemagne, où elle compteraitquelque 70 000 adeptes, l’Eglisede scientologie inquiète le gou-vernement fédéral qui l’accusede chercher « à exercer une in-fluence totalitaire sur les institu-tions et la société ».

En janvier 1996, alors que laFrance se contentait d’« épin-gler » la scientologie dans sonrapport parlementaire sur lessectes, Bonn prenait des mesurespolicières et fiscales autrementplus radicales contre l’organisa-tion, soupçonnée de vouloir fairede l’Allemagne sa base d’exten-sion vers l’Europe de l’Est et laRussie.

Estimant que la scientologie nepeut « aucunement être qualifiéede communauté rel igieuse nid’Eglise » et qu’elle « poursuit ex-clusivement des intérêts écono-miques », l’Allemagne a déchu lasecte de son statut d’associationet a interdit toutes mesures fis-cales en sa faveur.

Bonn a par ailleurs invité lesadministrations communales àempêcher tout démarchage pu-blicitaire pour la scientologie et a

assujetti l ’organisation auxcontrôles et aux sanctions prévuspour les entreprises commer-ciales. En août 1996, le gouverne-ment de Bavière a franchi un passupplémentaire en interdisantl’embauche de tout membre dela scientologie dans la fonctionpublique locale.

En retour, l’Allemagne s’est at-tiré les foudres de l’organisationqui s’est lancée dans une cam-pagne mondiale de diffamation,comparant l’état allemand à un« Etat néo-nazi » qui persécute-rait les scientologues comme letroisième Reich persécutait lesjuifs. Ce discours a été relayédans une « lettre ouverte à Hel-mut Kohl », parue le 17 octobre1996 dans le New York Times et si-gnée par 34 personnalités de lascène et de l’écran, parmi les-quelles Constantin Costa-Gavras,Dustin Hoffmann ou OliverStone, qui ne sont pas sciento-

logues.Fait inhabituel, l ’Etataméricain lui-même a critiqué of-ficiellement, le 27 janvier, les me-sures de « discrimination » frap-pant les adeptes de la secte enAllemagne, tout en précisantqu’il ne s’associait pas « à la tac-tique de terreur de la scientologieà l’égard du gouvernement alle-mand ».

L’Allemagne ne semble nulle-ment prête à baisser la garde.Dernière passe d’armes en date,le gouvernement fédéral a déci-dé, le 6 juin, de soumettre lascientologie à l’observation sys-tématique des renseignementsgénéraux. Cette mesure, qui s’ap-pliquait déjà dans les Länder deBavière et du Bade-Wurtemberg,est limitée à une période d’un anà l’issue de laquelle les autoritésallemandes se réservent la possi-bilité d’interdire la secte.

Cécile Prieur

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8 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 C A R N E T

DISPARITIONS

André GiraudUn homme d’action jaloux de l’indépendance nationale

ANDRÉ GIRAUD, ancien mi-nistre de l’industrie et ancien mi-nistre de la défense, est mort di-manche 27 juillet, des suites d’unelongue maladie, à l’âge desoixante-douze ans.

Pape des technocrates, expert engéopolitique, à la fois stratège ethomme d’action, André Giraud au-rait pu devenir premier ministre.N’étaient son caractère entier, sonmépris des « parlottes » et une in-curable propension à dire leursquatre vérités à tous ceux – ycompris le président de la Répu-blique François Mitterrand – qu’iln’estimait pas à la hauteur de leurstâches. Comme le général deGaulle, qu’il vénérait, commePierre Guillaumat, auquel il avaitsuccédé à la tête de l’orgueilleuxcorps des Mines, il n’avait en têtequ’un souci, un peu naïf et quasiobsessionnel : la France, son rang,et surtout son indépendance,qu’elle soit énergétique, militaire,industrielle ou scientifique. AndréGiraud était, sans concession, ungrand serviteur de l’Etat, et s’il fut,un temps, tenté par la politique, ilne se résigna jamais à ses compro-missions.

Né en 1925 à Bordeaux, l’amourde la chose publique lui est in-culqué au berceau. Fils uniqued’une famille de fonctionnaires« modeste et très en ordre », éduquéà la dure par un père surveillant gé-néral au lycée, le jeune André se ré-vèle inévitablement un excellentélève. Tenté par la littérature, férud’art et de peinture – il peindra enamateur jusqu’à la fin de sa vie –,c’est un accessit de mathématiquesau concours général qui décide deson avenir.

Il entre à Polytechnique en 1944,à dix-neuf ans, et en sort majordans une promotion où figure unautre brillant sujet : Valéry Giscardd’Estaing, dont il deviendra le mi-nistre. Elitiste, sûr de son intelli-gence, il n’est pourtant pas « po-lar ». Sportif, gourmand, fonceur, ilpratique le rugby, l’athlétisme etmême le parachutisme, court le ju-pon et anime les chahuts de l’X.« J’aime l’action. Je suis un opéra-tionnel », dira-t-il plus tard.

En 1949, jeune ingénieur fraisémoulu de l’Ecole des mines, il sé-journe un an au Texas, où il dé-couvre, fasciné, la grande industrieprivée et l’« or noir », sa premièrepassion. Pendant vingt ans, d’abordà l’Institut français du pétrole, puisà la direction des carburants du mi-nistère de l’industrie, il veillera sansrelâche à l’indépendance énergé-tique française. En mai 1968, ilpasse avec brio sa premièreépreuve du feu. Avec le préfet PaulCamous, il est l’un des seuls à vou-loir maintenir en service lesrouages de l’Etat, et il parvient à ra-vitailler Paris en essence à la veilledu week-end de Pentecôte, met-tant ainsi fin à la « chienlit ».

CHEF DES « NUCLÉOCRATES »En 1969, il fait sa première, et

unique, intrusion dans le mondefeutré des cabinets ministériels, enacceptant de suivre Olivier Gui-chard à l’éducation nationale. Il engardera un mépris tenace pour les« parlottes » et plaidera sans cessepour une réduction au strict mini-mum des cabinets, qui, pense-t-il,constituent un intermédiaire inu-tile entre le ministre et la hautefonction publique. En 1970, aprèsvingt ans de pétrole, il découvrel’atome et devient le chef de file in-contesté des « nucléocrates ».Nommé administrateur général duCommissariat à l’énergie atomique(CEA), il trouve un organisme to-talement désemparé. EDF est encampagne, l’armée tentée, l’indus-trie hostile. André Giraud réorga-nise complètement le Commissa-riat, crée des filiales, règle le conflitavec EDF, et obtient la maîtrisecomplète du cycle du combustiblenucléaire. En 1978, la politique lerappelle, mais c’est cette foiscomme ministre du gouvernementde Raymond Barre qu’il revient à

l’industrie. Crise de la sidérurgie,second choc pétrolier, contestationnucléaire, l’époque est difficile.Convaincu que « le progrès tech-nique est le principal instrument duprogrès social », il promeut, le pre-mier, l’informatique et les techno-logies de pointe, et crée une direc-tion de l’innovation. Dansl’énergie, il lance un vigoureux pro-gramme d’économies et développeles énergies dites « nouvelles »,comme les biocarburants, dont ilrestera l’un des principaux défen-seurs, contre ses amis pétroliers.Ses démêlés avec René Monory surles prix de l’essence et surtout avecAlbin Chalandon, président d’Elf,défraient la chronique. Honnêtejusqu’à l’abnégation, il suggère desupprimer le poste de ministre del’industrie pour le rattacher direc-tement à l’économie et aux fi-nances.

Pressenti comme premier mi-nistre par VGE, il vit mal la victoirede François Mitterrand en 1981.Pendant sa traversée du désert, ilcritique l’« indigence » socialiste,notamment en matière de défense,et refuse la présidence d’un grandgroupe national que lui proposeJean-Pierre Chevènement, préfé-rant enseigner la géopolitique desmatières premières à l’universitéDauphine.

En 1986, il est récompensé de safidélité : Jacques Chirac, devenu

premier ministre, le nomme mi-nistre de la défense. A ce posteprestigieux, il s’épanouit et donneenfin toute sa mesure. Son autori-té, son goût de l’ordre, son patrio-tisme un peu désuet, son intransi-geance sont ici des atouts. Fort desamitiés internationales nouéesdans le pétrole et le nucléaire, ilvoyage sans arrêt, au point de tenirle rôle d’un quasi-ministre des af-faires étrangères. Jaloux de l’indé-pendance nationale, opposé au dé-sarmement comme à lasuppression du service national, ilse heurte régulièrement au pré-sident de la République, qu’il ac-cuse en privé de montrer « sonmaillot rose ».

PRISES DE POSITIONEn 1988, il est à nouveau « pre-

mier ministrable » en cas de vic-toire de la droite à la présidentielle.Gaulliste dans l’âme, mais prochede Valéry Giscard d’Estaing et deRaymond Barre, il annonce qu’il seralliera à Jacques Chirac s’il devientle champion de la majorité, et en-tame une courte campagne électo-rale dans les Yvelines. Il a comprisqu’une consécration élective luiétait indispensable pour seconstruire un destin national. Lesavatars de la politique locale le dé-couragent vite. Le haut fonction-naire a beau faire, il n’a pas l’ai-sance d’un élu professionnel. Il sait

charmer, mais en petit comité ;l’œil bleu acier devient alors pétil-lant, la bouche gourmande, le tonpaternel. Mais en public, il restedistant, cassant, voire un peu rude,son ironie blesse ses interlocuteurs.Finalement, écœuré par la secondevictoire de François Mitterrand, ilne se présente pas aux législativesde 1988.

André Giraud a renoncé à la poli-tique active, mais ni à l’influence nià la parole. Consultant internatio-nal dans le privé et chef tout- puis-sant du corps des Mines, il multi-plie interviews et prises deposition, critiquant aussi bien l’en-gagement de la France dans laguerre du Golfe que la politique dedéfense ou l’arrêt des essais nu-cléaires. Président du Conseilscientifique de défense, il est char-gé en 1996 de diriger la commissionde réflexion sur la réforme de lacomptabilité de l’Etat.

« C’était un modèle pour noustous, les ingénieurs hauts fonction-naires. Il croyait que la France peutêtre un grand pays pourvu qu’elle leveuille. Il était un homme au servicepassionné de l’Etat et de la France »,écrivait-il, en 1991, dans les co-lonnes du Monde, rendant hom-mage à Pierre Guillaumat. AndréGiraud aurait pu, aussi bien, écrireainsi sa propre épitaphe.

Véronique Maurus

William BrennanUn grand juriste américain, défenseur des Noirs

WILLIAM BRENNAN, ancienjuge à la Cour suprême des Etats-Unis, est mort jeudi 24 juillet à Was-hington à l’âge de quatre-vingt-on-ze ans, des suites d’une pneumonie.Il avait pris sa retraite en 1990 aprèsune congestion cérébrale. Le jugeBrennan avait accédé en 1956 à laCour suprême. Nommé par le pré-sident Eisenhower, il faisait partiede l’aile progressiste de la Cour, oùil joua un rôle décisif dans les an-nées 50 et 60. Il ne fut jamais le chefde cette institution, clé de voûte dusystème judiciaire américain et quijoue un rôle considérable dansl’évolution des mœurs, mais il rédi-gea quelques-uns des plus impor-tants arrêts de cette dernière.

C’est notamment lui qui, en pleinmouvement pour la reconnaissancedes droits civiques, fut l’auteur, en1962, de la fameuse décision « Ba-ker contre Carr », qui affirmait pourla première fois aux Etats-Unis leprincipe de l’égalité politique desNoirs, popularisé par le slogan « Unhomme, une voix ». Champion deslibertés individuelles, de l’égalité detous devant la justice et de la supé-riorité du gouvernement fédéral surles Etats, William Brennan a rédigépartiellement ou entièrement lui-même, et en tout cas signé,1 350 avis qui ont souvent fait pen-cher la Cour suprême du côté duprogrès.

Il a toute sa vie mis l’accent sur

l’importance du 14e amendement àla Constitution qui affirme que toutcitoyen américain a droit à un pro-cès en bonne et due forme. La phi-losophie implicite de ce texte, inlas-sablement commenté par le jugeBrennan, est de garantir « la dignitéessentielle de tout individu », dès lorsque celui-ci a maille à partir avec lajustice.

Pendant ses treize première an-nées à la Cour suprême, WilliamBrennan eut pour chief justice (pré-sident de la Cour) Earl Warren.C’était l’époque où la Cour abordaitdes domaines qui lui étaient jusque-là inaccessibles et prenait un poidsconsidérable, en faveur du change-ment, dans la société américaine.Très souvent, le juge Brennan fitpencher la balance du côté d’uneinterprétation plus « sociale », entout cas moins « conservatrice », dela Constitution. Même si le nomd’Earl Warren reste associé dans lesmémoires à cette évolution pro-gressiste (et à la commission d’en-quête qu’il dirigea sur l’assassinatdu président Kennedy), il serait in-juste d’oublier le rôle déterminantjoué par le juge Brennan. De l’avisdes spécialistes, ce dernier a peut-être été le membre de la Cour su-prême le plus influent de toutel’histoire des Etats-Unis... sans enêtre jamais le chef.

D. D.

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Nathalie et PatrickSKRZYPCZAK

sont heureux de faire part de la naissancede

Laure,

le 21 juillet 1997.

28, avenue Victor-Hugo,95400 Villiers-le-Bel.

Annie PRADALÈSet

Gérard KÉBABDJIAN,Nicole et Bernard MERCADIER

sont très heureux d’annoncer la naissancede leur petite-fille,

Prune,

chez Christine MERCADIERet Henri KÉBABDJIAN,

33, rue des Archives,75004 Paris.

Mariages

M me Louise GASPARD,M me Gisèle PROCH,

M. et Mme Michel HIRSCH,ont le plaisir de faire part du mariage de

Michel et Deborah,

qui a eu lieu à la mairie de Mety(Moselle), le 26 juillet 1997.

Décès

– Mme Jocelyne Gaud-Allouchet Jacques,

Mme Colette Allouch,M. Denis Allouch et Nadège,

ses enfants,Jean-Philippe, Vanessa et Raphaël,

ses petits-enfants,Les familles Allouch, Gouetta, Bédissi,

ont la douleur de faire part du décès de

Roger ALLOUCH,

survenu le 25 juillet 1997, à Paris.

130, rue La Fayette,75010 Paris.

– Mme Yannick Bercholz,son épouse,

Catherine Bercholz-Aylward,Vincent Bercholz,Cerise Bercholz,Pivoine Bercholz,

ses enfants,Laura, Claire, Paul-Andrew, Maxime,

Appoline et Hugo,ses petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

Alain Oleg BERCHOLZ,avocat à la Cour,

survenu le 22 juillet 1997, à Paris.

Cet avis tient lieu de faire-part.

34, avenue Hoche,75008 Paris.

– Niort (Deux-Sèvres). Fontenay-le-Comte (Vendée).

Mme Hélène Brethé,son épouse,

M. et Mme Jean-Claude Richard,Mme Mireille Richard,

ses beau-frère, belles-sœurs, neveux etnièces,

Et toute la famille,font part du décès de

M. Emile BRETHÉ,professeur honorairede lettres classiques,

survenu à l’âge de quatre-vingt-quatorzeans.

La cérémonie religieuse aura lieu lemercredi 30 juillet, à 10 heures, enl’église Saint-Etienne de Niort, où l’on seréunira.

L’inhumation se fera au cimetièreNotre-Dame de Fontenay-le-Comte.

Le corps repose au salon funéraire despompes funèbres Terrasson, 15, rued’Inkermann, à Niort.

Cet avis tient lieu de faire-part.

68, rue Gambetta,79000 Niort.

– Troyes. Strasbourg. Jérusalem.

Mme Henri Cahen,M. et Mme André Marx,Nathalie, Olivier,Le docteur et Mme Michel Cahen,Vincent, Lionel,Les docteurs Daniè le et Serge

Goldmann,Talia, Gadiel,

ont la profonde douleur de faire part dudécès subit de

M. Henri CAHEN,chevalier de la Légion d’honneur,

croix de guerre 1939-1945,président honoraire

de la communauté israélite de Troyes.

Les obsèques ont eu lieu au cimetièreisraélite de Strasbourg.

La famille s’excuse de ne pas recevoir.

Cet avis tient lieu de faire-part.57, rue du Général-de-Gaulle,10000 Troyes.

– Périgueux.

Xavier Darcos,son époux,

Romain et Eve-Géraldine Darcos,ses enfants,

M. et Mme Jean Beaudry,ses parents,

Mme Jean-Gabriel Darcos,sa belle-mère,

M. et Mme Jean-Edmond Delbes,leur fille et leur gendre,

M. et Mme Damien Clermontet leurs filles,

M. Dominique Curanet ses enfants,

Mme Philippe Darcoset sa famille,

M. et Mme Jean-Marie Darcoset leur fille,

Mme Pierre Darcos,M. et Mme Alain Darcos

et leurs enfants,M. et Mme Bernard Darcos

et leur fille,M. et Mme Jean-Paul Fayette

et leurs enfants,M. et Mme Alex Maury

et leur famille,Ses sœurs, belles-sœurs, beaux-frères,

nièces et neveux,Les familles Faget, Bertrand, Bourla,Parents et alliés,

ont l’immense douleur de faire part dubrutal rappel à Dieu de

M me Xavier DARCOS,née Marie-Lyse BEAUDRY,

décédée subitement, dans sa cinquantièmeannée, d’un infarctus, à Périgueux, aumatin du 26 juillet 1997.

Ses obsèques religieuses ont eu lieu lelundi 28 juillet, à 15 heures, dans l’égliseSaint-Etienne de la Cité.

« Seigneur, prends pitié de nousIl est incertain où la mort nous attende,

attendons-la partout. »Montaigne.

Virgo Frères,24660 Notre-Dame-de-Sanilhac.

– Les inspectrices,Et inspecteurs généraux de l’éducation

nationale,MM mes et MM. les chargé(e)s d’une

mission d’inspection générale,Les inspectrices,Et inspecteurs de l’Académie de Paris,Le président,Et les membres de l’Amicale des IGEN

et des i nspec teu rs géné raux del’instruction publique,

font part avec peine de la brutaledisparition, dans sa cinquantième année,le 26 juillet 1997, à Périgueux, de

M me Xavier DARCOS,née Marie-Lyse BEAUDRY,

épouse de leur doyen général.

Ils s’associent de tout cœur à la douleurde sa famille et de ses amis.

Sylviane DEHAN,née CURT,

nous a quittés le 23 juillet 1997.

Elle a rejoint son époux,

Marcel DEHAN,

décédé le 29 avril 1997.

Une messe sera célébrée le samedi13 septembre, à 10 h 30, en l’église deTalant-Vieux-Village (Côte-d’Or).

Le Raysse,24370 Cazoules.

– Mme André Giraud,son épouse,

M. François Giraud,Mme Marie-Thérèse Giraud,M. Christophe Giraud,M. et Mme Pascal de Moidrey,

ses enfants,Raphaël, Justine, Pénélope, Lucas,

ses petits-enfants,ont la tristesse de faire part du décès de

M. André GIRAUD,ancien élève de l’Ecole polytechnique,

ingénieur général des Mines,ancien ministre de l’industrie,ancien ministre de la défense,

commandeur de la Légion d’honneur,commandeur des Palmes académiques,

survenu à son domicile, le 27 juillet 1997,à l’âge de soixante-douze ans.

Les obsèques auront lieu en l’égliseSaint-Louis des Invalides, le jeudi31 ju i l l e t , à 10 h 30 , su i v i es del’inhumation dans l’intimité au cimetièrede Levallois-Perret.

Cet avis tient lieu de faire-part.

48, avenue de la Porte-de-Villiers,92300 Levallois-Perret.

– L’administrateur général du Commis-sariat à l’énergie atomique,

Le haut-commissaire à l’énergieatomique,

Le personnel du Commissariat à l’éner-gie atomique,ont la tristesse de faire part du décès de

M. André GIRAUD,ancien ministre,

ancien administrateur général du CEA,ancien président de COGEMA,

commandeur de la Légion d’honneur,commandeur des Palmes académiques,

survenu le 27 juillet 1997.

– Le conseil d’administration,Le président,La direction générale,Et l’ensemble du personnel de l’Institut

français du pétrole,ont eu la tristesse d’apprendre le décès de

André GIRAUD,ancien ministre,

survenu le 27 juillet 1997.

André Giraud, ancien élève de l’Ecolepolytechnique, ingénieur général desMines, était diplômé de l’Ecole du pétroleet des moteurs. Entré à l’IFP en 1951, il atoujours œuvré pour le développement del’Institut, dont il fut directeur généraladjoint de 1959 à 1964.

Que sa famille trouve ici l’expressionde la plus profonde sympathie de tout lepersonnel de l’IFP et des sociétésassociées du groupe ISIS.

– Le personnel de la Compagnie géné-rale d’innovation et de développement(Cogidev)a la tristesse de faire part du décès de sonprésident-directeur général, fondateur dela Cogidev,

M. André GIRAUD,ancien élève de l’Ecole polytechnique,

ingénieur général des Mines,ancien ministre de l’industrie,ancien ministre de la défense,

commandeur de la Légion d’honneur,

survenu le 27 juillet 1997, à l’âge desoixante-douze ans, à son domicile.

Ses obsèques auront lieu le jeudi31 juillet, en l’église Saint-Louis desInvalides, l’inhumation aura lieu aucimetière de Levallois-Perret.

– Le président,Le conseil d’administration,Les lauréats,Et tous les membres de la Fondation

Georges-Besse,ont la profonde tristesse de faire part dudécès de leur fondateur et présidentd’honneur,

André GIRAUD.(Lire ci-dessus.)

– Les enfants,Et les amis de

Joëlle de GRAVELAINE,

ont la tristesse de faire part de son décès,le samedi 26 juillet 1997.

Nous nous rassemblerons auprès d’elle,le jeudi 31 juillet, à 9 h 30, au funérariumdes Batignolles, 10, rue Pierre-Rebière,Paris-17e.

L’inhumation aura lieu le même jour, à11 heures, au cimetière du Montparnasse.

– Le conseil d’administration,Et l ’ensemble du personnel de

l’Association Accueil et Confort pourpersonnes âgées (ACPPA),ont le regret de faire part du décès de

M. Jean PALLUY,président d’honneur de l’ACPPA.

Les funérailles ont eu lieu le mardi29 juillet 1997, en l’église de Mornant(Rhône).

– Le conseil d’administration,Et l’ensemble du personnel de la

Fédération nationale Accueil et Confortpour personnes âgées (FNACPPA),ont le regret de faire part du décès de

M. Jean PALLUY,président de la FNACPPA.

Les funérailles ont eu lieu le mardi29 juillet 1997, en l’église de Mornant(Rhône).

– Le Seigneur a accueilli dans Sa Paix

M. Maurice VLIEGHE,président fondateur

de l’Institut européen interrégionalde la consommation (IEIC),

décédé à Lille, le 25 juillet 1997, dans sasoixante-dixième année.

La messe de funérailles sera célébréemercredi 30 juillet, à 10 heures, enl’église Saint-Paul, à Hem (Nord).

De la part de :Mme Maurice Vlieghe-Vanloot,

son épouse,Ses enfants,Et petits-enfants.

Cet avis tient lieu de faire-part.

115, avenue de la Marne,59510 Hem.

Avis de recherche

– Les amis de

René RICHTERICH

qui l’auraient vu ou auraient de sesnouvelles depuis le 15 juillet 1997 sontpriés de téléphoner en France, à

D. Coste : 01-49-09-95-32ou en Suisse, àB. Suter : (0) 26-66-83-324.

Nos abonnés et nos action-naires, bénéficiant d’uneréduction sur les insertionsdu « Carnet du Monde»,sont priés de bien vouloirnous communiquer leur

numéro de référence.

CARNET DU MONDE

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ETUDIANTS

SALAIRE des JEUNES DIPLÔMÉS

2,23

F/m

n

3615 LEMONDE

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LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 9

H O R I Z O N SENQUÊTE

Les cavaliersdu Niger

3

LA savane clairsemée,piquetée d’acacias, sedéroule à perte devue. Nous sommes àquelque 150 kilo-mètres de Niamey,sur la rive droite dufleuve Niger. En cedébut de mai, la sai-

son sèche va s’achever. Il fait unechaleur accablante. Le thermomètreavoisine les 50 degrés à l’ombre. Demaigres villages se serrent sous lesfeuillages des jujubiers, dont la pré-sence trahit un point d’eau ou unoued à sec. A Bourra, un hameau de200 familles, on vit de quelquestroupeaux de chèvres, de moutonsétiques et de la culture du mil, l’ali-ment de base. Depuis deux ans, uneautre denrée vient améliorer l’ordi-naire des paysans : la vente de sta-tuettes de terre cuite.

C’est ici, en labourant son champavec une araire, que Tobbo, unjeune agriculteur, a déterré sa pre-mière pièce. En creusant un peu, à30 centimètres de la surface, il entrouvé une deuxième. Du coup, il aabandonné le mil pour retournerson terrain de fond en comble. Entrois mois, la récolte a été bonne :une centaine de pièces. Aujourd’huison demi-hectare ressemble à unchamp de mines. Le sol sablonneuxest jonché de tessons de céramique.

Seules les statuettes intéressentles apprentis chercheurs, et les jarresqui les accompagnent sont systéma-tiquement cassées. Tobbo montrequatre ou cinq excavations plus pro-fondes : elles ont été faites deuxjours auparavant par des inconnus,venus d’un autre village. « La chasseaux statues est devenue une droguepour les villageois, mais ils ne serendent pas compte qu’ils tuent lapoule et que les œufs sont comptés »,commente Boubé Gado, l’archéo-logue qui, bien malgré lui, a donnéle coup d’envoi de cette course autrésor. Tout a commencé en 1979 aumoment de la saison des pluies. Unagriculteur de Bourra ramène deuxtêtes de terre cuite ramassées dansson champ. Il les donne à ses en-fants comme jouet. Dans cette ré-gion du Niger, la vague de séche-resse, installée depuis dix ans, a finipar ronger le tapis végétal et les in-tempéries décapent le sol : les frag-ments de statue sont nombreux àémerger.

Il se trouve que Dulla, le chauf-feur de l’Institut de recherche ensciences humaines (IRSH) dontBoubé Gado est le responsable, estoriginaire de ce village. En janvier1983, il parle de ces découvertes àson patron. Ce dernier, de passage àBourra, examine une pièce : elle neressemble à rien de ce qu’il connaît.Intrigué, il décide de faire un son-dage dans le champ d’où elle vient.Et là, à moins de 1 mètre de profon-deur, il tombe sur une série degrandes poteries. « On ne pouvaitplus s’arrêter de creuser tant on étaitfasciné », se souvient-il.

A l’époque, l’IRSH a un peud’argent, la coopérationfrançaise fournit le

complément et les fouilles peuventcommencer dans les règles sur700 mètres carrés. Des séries de po-teries apparaissent : sphériques,ovales, tubulaires, de tailles di-verses ; presque toutes sont sur-montées d’une figurine humaine, fé-minine ou masculine, personnageentier ou réduit à un buste, à unetête. Parfois le torse fait corps avecla poterie, qui, dans presque tous lescas, est ornée d’une décorationcomplexe. Certaines figurines sontgrossières, d’autres d’un raffine-ment extrême. Elles hésitent entre laquasi-abstraction et le réalisme leplus méticuleux. Les jarres sontelles-même décorées de picto-grammes où Boubé Gado voit la re-production des scarifications tradi-tionnelles. Les plus élaborées sontsurmontées d’un cavalier avec samonture, son équipement et ses bi-joux, bracelets ou colliers, que l’onretrouve souvent, en bronze, àproximité de la jarre avec des ves-tiges d’ossements humains.

« Il s’agit là de nécropoles, les figu-rines ont vraisemblablement un liendirect avec la personne inhumée »,précise l’archéologue. Dans quel-ques cas, les poteries ornées sontremplacées par des pierres taillées,sortes d’idoles cycladiques trèsfrustes. « On n’en sait pas beaucoupplus : les sites où ces pierres setrouvent n’ont jamais été fouilléscomplètement », affirme le patron del’IRSH, qui, en quelques mois, metau jour 490 jarres. Qui étaient cesgens inhumés avec un tel soin ?

Mystère. On sait, d’après les data-tions, que les plus anciennes de cesnécropoles remontent au deuxièmesiècle de notre ère et que les plus ré-centes sont du douzième siècle. Unecivilisation inconnue a donc ensevelises morts pendant dix siècles. Ce quiexplique l’enchevêtrement des pote-ries et des vestiges humains, quandles sites ont été réutilisés au coursdes âges. Les villageois employéspour ces fouilles n’aiment guère cetravail : il n’est jamais bon de déran-ger les morts. En tout cas, les terrescuites n’intéressent guère ces popu-lations islamisées, qui méprisentsouverainement les « idoles ». Lestravaux archéologiques se sontpoursuivis en 1984 et 1985. Ensuite,la situation financière du pays, deplus en plus dramatique, a interdittoute nouvelle campagne. BoubéGado doit se contenter d’opérer iciou là quelques sondages, quiconfirment l’existence d’autres né-cropoles. Les résultats de ces re-cherches ne sont connus que d’unmilieu de spécialistes. En 1994, unegrande exposition, « Vallée du Ni-

ger », organisée à Paris, recensetoutes les civilisations qui se sontépanouies le long du grand fleuveafricain. La découverte de Bourra,quasi inédite, est mise en valeur : lacouverture du catalogue s’ornedonc d’un splendide cavalier nigé-rien. L’inauguration de cette mani-festation fait grand bruit au sud duSahara. Les radios et les télévisionss’en emparent, d’autant que l’expo-sition doit être présentée dans cha-cun des pays riverains du Niger. Lesmédias de Niamey évoquent lon-guement le « cavalier » désormaisfameux. Du coup, certains prennentconscience de la valeur de ce patri-moine. Quelques notables de Ban-dio, la ville-marché dont dépendBourra, récoltent une trentaine detêtes – en négligeant les supports depoterie, – qu’ils tentent de vendre àl’IRSH. L’institut est sans le sou. Ilsvont donc les céder aux antiquairesde Niamey. Ces derniers ap-prennent vite le chemin de Bourra,et la chasse au trésor se propage àtoute vitesse dans la région.

« Avant, quand les bergers trou-

vaient une tête, explique Tobbo, lejeune agriculteur, ils la cassaient. Onpensait que c’était l’œuvre du diable.Aujourd’hui, on sait que ça a de lavaleur. On les vend. » A qui ? « A desgens qui passent dans les villages. »Combien ? « Au début, on les cédaitpour 250 ou 300 francs CFA[100 CFA = 1 franc], maintenant, unetête vaut entre 2 000 CFA et4 000 CFA – 5 000 francs CFA pour lescavaliers. Mais les prix montent sanscesse, car on en trouve moins. » Ef-fectivement, dans les villages, lesprix oscillent entre 10 000 CFA et20 000 CFA. A titre de comparaison,d’après Yves Delacroix, directeur duCentre culturel franco-nigérien, « unsac de 100 kilos de mil qui peut fairevivre une famille nombreuse pendanttrois semaines coûte [en mai 1997]14 500 CFA ».

Les marchands ont égalementconseillé aux paysans d’exhumerleurs trésors avec plus de précau-tions, pour sortir la poterie entière.A 10 kilomètres de Bourra, à Dou-goulou, un pot tubulaire completavec un cavalier entier a été vendu

200 000 CFA. Un prix qui se rap-proche de ceux pratiqués dans la ca-pitale. A Niamey, une statuette sepaye 150 000 CFA, une poteriecomplète 350 000 CFA, et il faut sor-tir 850 000 CFA pour une pièce ex-ceptionnelle, comme cette splen-dide tête féminine proposée par unantiquaire qui tient boutique en facedu Petit Marché.

L A vente de ces objets n’estsoumise à aucune restriction :au Niger, en dépit des effort

de Boubé Gado, il n’existe pas en-core de lois pour protéger le patri-moine. Mais, si l’on désire se pro-curer, à coup sûr, une terre cuite deBourra de très bonne qualité, il fautse rendre à Lomé. Pourquoi la capi-tale du Togo ? Parce que c’est là quese trouvent les vrais professionnelsde l’art africain, qui commercentavec l’Europe et l’Amérique duNord. Au domicile de Moussa T., unMalien, on trouve au moins unecentaine de ces grandes poteries, in-tactes. « Elles sont transportées àbord des camions qui descendent duNiger chargés d’oignons. » Ici, les prixsont plus élevés : il faut compter800 000 francs CFA pour une poteriemoyenne. Ils vont sans doute grim-per encore, car l’autre ressource desantiquaires de Lomé, les terrescuites en provenance du Nigeria, esten train de se tarir. Les plus priséesviennent de la région de Sokoto, deKatsina, au nord du pays, et surtoutdu plateau de Bauchi, autour de Jos,où l’on trouve, sous terre, les ves-tiges de la civilisation Nok. Pourtantles lois nigérianes sont formelles :toute pièce archéologique extraitedu sol est propriété de l’Etat, les ex-portations sont formellement inter-dites. En dépit de ces dispositions,depuis cinq ans, une véritable hé-morragie vide le pays des témoi-gnages les plus anciens de son pas-sé. La civilisation Nok s’est épanouie

autour du deuxième siècle avant Jé-sus-Christ. On ne sait pas grand-chose d’elle. Les premières statuesont été extraites à la veille de la se-conde guerre mondiale, sur le chan-tier d’une mine d’étain. L’archéo-logue William Fagg a étudié lespremières pièces exhumées, dépo-sées par la société minière dans lesmusées nigérians. Ces « nok »étaient des objets mythiques, prati-quement impossibles à trouver surle marché. Elles sont désormais cou-rantes chez certains grands mar-chands de Paris, Bruxelles ou Franc-fort. Têtes de terre cuite qui senégocient autour de 60 000 francs,mais aussi statues entières, parfoismagnifiques, comme celle que l’onpouvait voir, au printemps 1997,chez un spécialiste parisien, hautede plus de 1 mètre, ornée de plu-sieurs personnages et d’un masquede ceinture, en vente pour600 000 francs.

La prospection de ces pièces n’estpas, comme au Niger, abandonnéeaux amateurs : « Ce sont des mineursprofessionnels qui font ce travail, ex-plique Sylla K., l’un des plus gros an-tiquaires de Lomé. Ils creusent jus-qu’à 8 ou 10 mètres, avec beaucoupde minutie. Les statues sont en effetsouvent éclatées en plusieurs mor-ceaux, avec des racines végétales quipousent dedans. Les moindres frag-ments de la pièce sont soigneusementrecueillis. »

I L y a un an encore, 4 000 à5 000 hommes creusaient entreJos et Sokoto. En présence de

l’armée nigériane, qui est là pour as-surer la loi et l’ordre de cette nou-velle ruée vers l’or. Elle assure égale-ment une partie du transport. Letout moyennant finances, bien en-tendu. Samuel Sidibé, directeur dumusée de Bamako, au Mali, admetque « l’administration nigériane estparticulièrement corrompue » et que« le laisser-aller du Nigeria est unmauvais exemple pour toutel’Afrique ».

Les antiquaires installés à Lomésont souvent d’origine haoussa,l’ethnie majoritaire au nord du Ni-geria comme au sud du Niger, ettrès implantée dans l’armée nigé-riane. Ils passent la frontière pourchoisir leur marchandise. « Il faut ré-munérer l’armée, les douanes, les no-tables et quelques fonctionnaires desmusées avant de pouvoir recevoir lespièces à Lomé », précise Sylla K. Cer-taines valises diplomatiques serventvolontiers de relais.

Il existe aussi un axe Lagos-Lomé-Accra, plutôt entre les mains de lacommunauté malienne. Danschaque capitale ces antiquaires ontune antenne, petite boutique desouvenirs à l’usage des touristes, àproximité des grands hôtels, le véri-table stock étant déposé à leur do-micile. Une effigie nok accroupie – àqui il manque un bras – se négociechez Sylla K. à partir de 4,5 millionsde CFA. Il la laissera à 2,5 millions, àcondition que le collectionneur seporte acquéreur d’une secondepièce. Ce dernier n’aura que l’em-barras du choix. Il devra cependantse méfier des faux – comme cettetête d’Ifé, qui ne porte guère les sixcents ans d’âge qui lui sont géné-reusement attribués – ou des piècescomposites fabriquées à partir demorceaux d’origine différente.

Chez Mama S., le choix est plus li-mité, mais une très belle tête nok deterre rouge, au profil presque égyp-tien, est proposée, après un courtmarchandage, pour 700 000 CFA.L’achat conclu, l’exportation de cespièces hors du Togo ne pose aucunproblème. Elle est parfaitement lé-gale. L’antiquaire assure le condi-tionnement et l’expédition de la sta-tue. Il délivrera un reçu et la douaneun visa de sortie régulier. L’objet dé-barquera en France, en Belgique ouen Allemagne avec des papiers enrègle.

Que faire pour arrêter cette hé-morragie ? Les protections légalessont insuffisantes, les discours mo-ralistes stigmatisant les collection-neurs inopérants, quand ils ne sontpas hypocrites. « C’est à travers lacoopération internationale qu’il fauttrouver un remède », soutient BoubéGado, qui ajoute : « Si l’archéologien’a pas de retombée économique im-médiate dans les régions menacées, sielle ne crée pas d’emplois dans la po-pulation, alors il n’y aura pas de solu-tion. De toute manière, je préfère queles morts soient pillés, plutôt que devoir crever les vivants. »

Roland-Pierre Paringauxet Emmanuel de Roux

PROCHAIN ARTICLELa mise à mort

du Musée de Kaboul

Dessin : Pierre Le Tan

RAZZIA SUR LES OBJETS D’ART

Page 10: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

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10 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

AU COURRIERDU « MONDE »

L’AZERBAÏDJAN,UN EXEMPLE PROMETTEUR

En cette période où l’on assistedans de très nombreux pays musul-mans à une radicalisation de l’islam,il me semble intéressant d’appelerl’attention sur un pays commel’Azerbaïdjan (...).

Confronté à la guerre du haut Ka-rabakh, qui l’oppose à l’Arménietoute proche, conflit à l’évidencegouverné à partir de Moscou,l’Azerbaïdjan d’aujourd’hui essaiede bâtir une société pluraliste, tolé-rante à l’égard de toutes les reli-gions. Sa marge de manœuvre entreun Iran intégriste et prosélyte et uneRussie qui n’a pas abandonné sesrêves impériaux est étroite. Mais saréussite peut constituer pour l’en-semble du Caucase, et au-delà pourles pays musulmans, une voie à

suivre. (...) Sur le plan économique,le pays possède des richesses consi-dérables en pétrole. Pour exploiterce potentiel énorme, le gouverne-ment, sous l’autorité du présidentAliev, qui a ramené la paix civile, aeu la sagesse de s’ouvrir au mondeoccidental en diversifiant les opéra-teurs pétroliers. (...) Sur le plan poli-tique, l’Etat laïc impose la toléranceentre toutes les religions – lacommunauté juive a pignon sur rueet bénéficie de tous les droits – ainsique l’égalité des sexes dans toutesles institutions de l’Etat. Ce simplefait, trop rare en Orient, commandeque l’Europe, et notamment laFrance, apporte son plein et entiersoutien à l’Azerbaïdjan, un exemplepour toutes les sociétés islamiquesqui se sont engagées dans l’impassede l’intolérance et de l’intégrisme re-ligieux.

Jacques Myard, députéet maire de Maisons-Laffitte

Brest ravagée par de violents incendiesUN « LIBERTY-SHIP » norvé-

gien, l’Ocean-Liberty, de dix milletonnes, qui avait été chargé enjuin, à Baltimore, de plus de troismille tonnes de nitrate d’ammo-nium et de marchandises diverses,destinées primitivement au portd’Anvers, avait dû, par suite de lagrève des dockers belges, venir dé-charger à Brest, où il s’était amar-ré le 23 juillet. Lundi, vers 12 h 30,un incendie dont l’origine n’a pasencore été déterminée éclata àbord.

Une seule manœuvre s’impo-sait : éloigner de la ville le cargo,dont la cargaison explosive consti-tuait un péril imminent. Deux re-morqueurs de la marine furent di-rigés en toute hâte sur les lieux, etils se mirent en devoir de déhalerle cargo, que son équipage avaitévacué, sur un banc de sable en di-rection de Saint-Marc, où ils’échoua. On prit alors la décision

de cribler les cales de l’Ocean-Li-berty à coups d’obus de 47 afin depermettre à l’eau de s’y engouffreret de les noyer.

L’inévitable se produisit vers17 h 30. L’explosion qui volatilisala majeure partie de l’Ocean-Liber-ty fut d’une violence inouïe : elles’accompagna d’un tel déplace-ment d’air que plusieurs im-meubles furent soufflés en un ins-tant et les vitres totalementémiettées non seulement à Brestet dans ses faubourgs, mais égale-ment à des lieues à la ronde.

Consécutivement à l’explosion,des incendies s’allumèrent un peupartout dans la ville, où la stupeuret l’affolement étaient indescrip-tibles. On a dénombré jusqu’icivingt morts, une centaine de bles-sés graves et plusieurs centainesde blessés légers. Quant aux dé-gâts, ils sont considérables.

(30 juillet 1947.)

C’est avec Rimbaud que je vous proposede travailler. L’homme numérique,l’individu le plus riche du monde,doit maintenant rencontrerl’adolescent analogique, le voyou dépenaillé

Cher Monsieur Bill Gates...par Max Dorra

D ES articles que vousécrivez régulière-ment pour le NewYork Times, j’ai rete-

nu trois choses. Vous êtes gaucher,dites-vous, mais ambidextre pourbeaucoup de gestes. Sur les troisheures quotidiennes que vous pas-sez à votre ordinateur, la moitié dece temps est consacrée à des pro-menades sur le Web. Enfin,lorsque l’on vous demande :« Quelle est la question qui vouspréoccupe le plus ? », vous répon-dez : « Je voudrais comprendrecomment le cerveau humain fonc-tionne. Pourquoi certaines percep-tions peuvent nous faire changerd’humeur. »

Trois raisons pour moi de vousfaire une proposition. Vousn’ignorez pas que le cerveau hu-main n’est pas symétrique. Il y aune spécialisation de chaque hé-misphère. Le match Kasparov/Deep Blue opposant le plus grandjoueur de l’histoire des échecs àl’enfant prodige d’IBM et de Feng-hsiung Hsu ne figurait pas, commel’ont dit les médias, « la lutte del’humanité contre la machine ». Cen’était qu’une confrontation dansun domaine très particulier, celuides opérations symboliques, deslogiques et des stratégies. Bref,l’hémisphère gauche.

Ce siècle a vu fleurir la physiquenucléaire, la biochimie molé-culaire, l’informatique, le multimé-dia. A chaque éclosion, nous avonsété surpris. Le XXIe siècle sera lesiècle de la mémoire. Il est tempspar conséquent de lâcher la bride àl’hémisphère droit : l’analogique,les structures, la libre associationdes idées. Ce qu’aucun langage,« HTML » ou « java », aucun hy-pertexte trouvé sur Internet nepourra jamais apporter : les infi-nies possibilités offertes par la re-mémoration.

Ici entre en scène Arthur Rim-baud, le poète français auteur desIlluminations et du Bateau ivre.C’est avec Rimbaud, Bill Gates,que je vous propose de travailler.L’homme numérique, l’individu leplus riche du monde, doit mainte-

nant rencontrer l’adolescent ana-logique, le voyou dépenaillé.

Ecoutez-moi. Y a-t-il plus exactedescription de ces errances pas-sionnées, de cette navigation unpeu folle à la recherche de l’inima-ginable, bref du surf sur le Web,que ces vers du Bateau ivre ?

« Comme je descendais desfleuves impassibles/ Je ne me sentisplus guidé par les haleurs/ Plus légerqu’un bouchon j’ai dansé sur lesflots/ J’ai vu des archipels sidéraux !et des îles/ Dont les cieux délirantssont ouverts au vogueur/ Est-ce ences nuits sans fond que tu dors ett’exiles/ Million d’oiseaux d’or, ô fu-ture Vigueur ? »

OK, direz-vous, quelle est votreproposition, en pratique ?

Vous suscitez, Bill Gates, unequantité impressionnante de fan-

tasmes. Il y a des forums de dis-cussion, des clubs même, consa-crés sur Internet à l’idéalisation ouà la diabolisation de votre per-sonne... Mon fantasme : grefferArthur Rimbaud sur Bill Gates. Ilvous suffirait pour cela de consa-crer un an environ à la lecture deRimbaud à l’exclusion de touteautre activité.

Vous prendrez soin de le lire trèslentement, en vous arrêtantpresque à chaque mot, et de lais-ser aller votre rêverie... Au boutd’un an, retour à vos occupations,à votre rythme habituel. Je fondebeaucoup d’espoirs sur cette alter-nance. Elle vous procurera desidées que vous ne pouvez mêmepas soupçonner aujourd’hui. Vousêtes un ambidextre manuel ; vousserez devenu, si j’ose dire, un am-bidextre cérébral.

A votre ordinateur, au lieu decliquer sur http : //www. microsoft.com/ – la page d’accueil de Micro-soft, où l’on peut lire Where do youwant to go today ? – vous vous ren-drez d’abord sur le site MarcelProust http : //www. alma-inter. fr/proust/index. html. Vous y trouve-rez une description et un débutd’explication de ces changementsd’humeur induits par telle ou telleperception qui vous intriguenttant... Puis le site Bienvenue surRimbaud Web vous accueillera auhttp : //www. imaginet/~rimbaud/.Le Bateau ivre est à http : //imagi-net. fr/~rimbaud/vagaIndex. html.

Tels des rêves, les textes Webont un contenu manifeste et uncontenu latent. On les parcourtd’une flèche guidée par la souris.Apparaît de temps en temps une

petite main indiquant l’existenced’un lien. Il ne reste plus qu’à cli-quer, et un texte nouveau – il étaitsous-jacent au texte manifeste –s’imprime sur l’écran. Internetn’est pourtant qu’un médiocresuccédané de la mémoire singu-lière de n’importe quel individu.Lorsque l’on promène son regardautour de soi, n’est-ce pas à l’émo-tion inexplicablement suscitée partel ou tel objet apparemment ano-din que l’on reconnaît la présenceinvisible d’un fragment de passéqui, en silence, n’en finit pas de seraconter ?

Comme Internet, le cerveau hu-main est l’enjeu d’une lutte àmort. Une guerre entre les mar-chands qui risquent de l’étrangleret les poètes, qui, à chaque instant,l’inventent. On vous dit indifférentà l’argent, curieux du futur, ca-

pable de faire face à ses plus im-prévisibles surgissements. C’estsur ce profil inattendu que je mise– follement ? – en vous écrivant.

A Washington, en 1997, vousavez défendu le droit de crypterles messages commerciaux pas-sant par le Web. Mais le réseau desréseaux n’est-il pas lui-même unmessage codé exprimant à sa fa-çon, à travers une illusion commu-nautaire, une recherche éperduede sens ? L’œil sur leur écran, ledoigt sur la souris, les accros d’In-ternet attendent. Ils attendent larencontre imprévue qui changeraleur vie, l’événement fondateur.Un jour peut-être, espèrent-ils, desmots de hasard, des images lesmèneront ailleurs. Au-delà descodes. Du possible alors s’ouvrira,faisant reculer l’angoisse. Le che-min d’une reconstruction. Un jour.

Mais le Web est un leurre, hélas,que les pires codes déjà infiltrent.Sophistication des logiciels, puis-sance des microprocesseurs, éten-due sans cesse croissante des mé-moires, cette explosionincontrôlée comporte en outre undanger, vous le savez bien. Celuide substituer au réel un montagefascinant mais trompeur mas-quant la misère du monde, faisantoublier la lutte qui partout opposeles dominés aux dominants.

Rien n’est joué, pourtant. Il dé-pend de nous qu’Internet soit unréseau de résistance, un instru-ment de création, ou au contraireun voile, un linceul. Mille milliardsde gigaoctets ne valent pas uneseule métaphore lorsque, portantau-delà des mots, elle fait éclaterun montage. Vous vous posez laquestion, Bill Gates, de savoir« comment le cerveau fonctionne ».

Lorsque l’analogique aura étérendu à une planète que vous au-rez numérisée, vous formulerezcette interrogation en des termesdifférents. Jamais alors sans doutevous n’aurez été plus près de la ré-ponse.

Max Dorra est professeur demédecine à l’université Paris-V.

Compagnonset camaradesà la portioncongrueSuite de la première page

« Je pense qu’ensuite il y aura unenouvelle rupture parce qu’ils vou-dront reprendre le combat en es-sayant de gagner des électeurs pardes moyens démagogiques... En 1971,lorsque nous étions les plus faibles,j’ai conclu une alliance avec le PC.On me disait alors : “Vous menez lesocialisme à sa perte, car lescommunistes sont les plus forts.” Etoù en sommes-nous maintenant ? Ils’agit d’une stratégie à long terme »,expliquait encore François Mitter-rand. Ignorant les mises en garderépétées des Soviétiques et de leurssatellites, le naïf Marchais ne s’étaitpas caché, en cette même année1971, de faire le calcul exactementinverse. On conçoit qu’il ait gardéde Mitterrand le souvenir d’unepersonnalité, comme il l’a dit il y aquelques semaines, « maléfique »...

Le machiavélisme de l’ancien pré-sident n’est bien entendu pas laseule cause du déclin du PCF : il se-rait plus juste de dire que, ayantperçu avant bien d’autres l’inélucta-bilité de ce déclin, il s’est employé àl’accentuer et à en tirer parti. Lagauche eût-elle gagné les législa-tives de 1978, comme beaucoup s’yattendaient, il aurait été au demeu-rant difficile de refuser au Parti,compte tenu du bon score qu’il fai-sait encore, un ou deux porte-feuilles majeurs. Mais si elle les aperdues, c’est sans doute parce qu’ilfaisait encore peur. En 1981, on n’enétait plus là. Venant après Budapestet Prague, l’Afghanistan avait ache-vé de déconsidérer l’URSS et, par lamême occasion, un Marchais quis’était aligné sur elle avec une tellemaladresse qu’après avoir beau-coup effrayé les bourgeois ilcommençait à faire rire de lui : cequi est, en politique, la pire sanc-tion. Et le Parti lui-même ne voulaitpas voir la transformation profondede la société française, s’obstinant à

s’appuyer essentiellement sur une« classe ouvrière » devenue de plusen plus minoritaire et de moins enmoins allergique à la société deconsommation.

A y regarder de près aujourd’hui,on est d’ailleurs en droit de se de-mander en quoi le Parti commu-niste français demeure commu-niste : il ne reste pas grand-chosedes fameuses vingt et une condi-tions du Komintern qui, le 29 dé-cembre 1920, entraînèrent la rup-ture entre la majorité des déléguésau congrès du Parti socialiste unifiéde Tours, partisans de l’adhésion, etla minorité demeurée fidèle au so-cialisme démocratique. L’idée quiprévalait alors était celle de la né-cessité, pour venir à bout de l’impé-rialisme, d’un parti de type léni-niste, impliquant « l’organisation laplus centralisée » et une « disciplinede fer confinant à la discipline mili-taire ». C’est au nom de cette néces-sité que Maurice Thorez se décriradevant Staline, en novembre 1947,comme un « patriote soviétique »,parlant d’organiser dépôts d’armeset liaisons radio secrètes avec Mos-cou, et que Georges Marchais s’obs-tinera longtemps à défendre le« centralisme » prétendument « dé-mocratique ».

PRISES DE DISTANCEDepuis, la « patrie du socialisme »

a disparu corps et biens. L’immensemajorité des militants communistesont cessé d’attendre le « grandsoir ». Ils restent unis par une vieillecamaraderie, par la volonté de fairefront face à la toute-puissance del’argent. Ils ne sont pas forcémentd’accord sur la ligne à suivre. En unmot, ils se différencient de moins enmoins de leurs anciens ennemis« social-traîtres ». S’il y avait une lo-gique en Histoire, la scission deTours devrait un jour être effacée.On n’en est pas là. Pour le moment,il s’agit plutôt de marquer autantque faire se peut à gauche un gou-vernement qui a mis résolument lecap sur l’euro et s’apprête à large-ment ouvrir le capital de nombred’entreprises publiques.

La déconfiture des « compa-gnons » est plus sensible encore,puisque le retour de la gauche aupouvoir résulte directement d’uneerreur stratégique du président dela République. Que ce dernier n’aitpas immédiatement démissionné

après un échec qui est d’abord lesien propre donne la mesure de ladistance qu’il a prise vis-à-vis du gé-néral. Et que dire du spectacle don-né par une famille où les querellesde personnes semblent avoir pris lepas sur toute autre considération !Cela dit, tout comme les commu-nistes, l’actuel chef de l’Etat est lar-gement la victime de son prédéces-seur.

L’homme du 18 juin, qui détestaitla droite comme elle le détestait, te-nait les socialistes, à en croire sonaide de camp Claude Guy (En écou-tant de Gaulle, Grasset), pour autant« d’idéologues, de cocus et d’uto-pistes ». Aucune de ces trois flat-teuses épithètes ne paraît s’appli-quer à celui qui a ressuscité le Partisocialiste et s’est appuyé sur luipour s’emparer du pouvoir. Noncontent de neutraliser le PCF ens’alliant à lui, Mitterrand a, en réta-blissant en 1986 la proportionnelle,jeté dans les pattes de la droite lamachine infernale du Front natio-nal. Peut-être à l’époque en avait-ilsous-estimé les effets, ne pensantqu’à parer au plus pressé en limi-tant la portée de la victoire atten-due de ses adversaires. Mais, au-jourd’hui, le résultat est là : sans lemaintien après le premier tour dedizaines de candidats d’extrêmedroite, sans le vote au second denombre d’électeurs lepénistes pour

la gauche, celle-ci aurait eu bien dumal à l’emporter.

Reste que la cohabitation plaîtaux Français, ce qui explique lanette remontée du chef de l’Etatdans les sondages, alors qu’un quartd’entre eux seulement ont trouvé« convaincants » ses propos du14 juillet, et que la cote de LionelJospin reste élevée. Douchéscomme ils l’ont été par tant de pro-messes non tenues et de coûteusesaffaires, sans doute voient-ils là unmoyen d’éviter les initiatives troprisquées. C’est un souci voisin quiinspire le système cher aux Améri-cains des checks and balances – descontrôles et des contrepoids –, quiles amène par exemple, commec’est le cas en ce moment, à se doterd’un président démocrate et d’unCongrès républicain.

Mais on ne saurait pousser le pa-rallélisme trop loin : outre-Atlan-tique, on a presque toujours lemoins de government, le moinsd’Etat possible. Alors que, s’il est unpoint sur lequel se retrouvent socia-listes, gaullistes et communistes,c’est bien sur le rôle central que doitcontinuer à jouer dans ce pays l’Etatqu’ont façonné tour à tour les capé-tiens, les jacobins, Napoléon, laIIIe République et l’homme du18 juin.

André Fontaine

La justice face aux sectesE N affirmant que la

scientologie peut re-vendiquer le titre dereligion, la cour d’ap-

pel de Lyon vient d’offrir au mou-vement créé en 1954 par l’écrivainde science-fiction Lafayette RonHubbard une caution à laquelle,probablement, il ne s’attendaitpas. S’appuyant sur la liberté« absolue » de croyance, les ma-gistrats inscrivent leur décisiondans une tradition française derespect de la liberté d’opinion etconfirment une position que lajustice avait déjà adoptée en 1980.

Une religion ? Une secte ? Iln’appartient ni à l’Etat ni à la jus-tice d’entrer dans ce débatcomplexe. La France possède de-puis près d’un siècle une bonnelégislation, la loi de séparationdes Eglises et de l’Etat (1905), pré-cisant que « la République ne re-connaît, ne salarie ni ne subven-tionne aucun culte ». Toute laquestion est de savoir si une asso-ciation cultuelle respecte la loi etla liberté de chaque individu.

Si l’existence d’une « commu-nauté » scientologique et la « foicommune » de ses adeptes sont re-connues par la cour d’appel, la« victoire » revendiquée par lesscientologues ne doit pas occulterle fait que, dans le même temps,les principaux responsables de labranche lyonnaise du mouve-ment ont été condamnés pour es-croquerie, et, pour l’un d’eux,pour homicide involontaire parimprudence. Estimant que lascientologie telle qu’elle est prati-quée à Lyon constitue une entre-prise ayant pour seul objet la cap-tation de fortune des adeptes, lesmagistrats rappellent les limitesdans lesquelles peut s’exercer

cette liberté de croyance. Ilsconstatent notamment que, danscertains cas, les techniques utili-sées par la scientologie abou-tissent « à une véritable manipula-tion mentale ».

Les militants anti-sectes quiavaient mis au jour des méthodesaccablantes d’endoctrinement, deharcèlement, voire de chantages,utilisées par la scientologie et quiavaient été entendus en premièreinstance, estimeront sans douteque les magistrats lyonnais ontfait preuve de trop grande clé-mence. Mais ceux-ci, finalement,considérant qu’ils ne leur appar-tient pas d’apprécier la doctrinegénérale de « l’Eglise », n’aurontpas voulu sortir de leur rôle.

Ce faisant, la décision lyonnaiserelancera probablement le débatsur la lutte contre les sectes. Enrendant son rapport, en janvier1996, la commission d’enquêteparlementaire, qui avait réperto-rié l’Eglise de scientologie danscette catégorie, estimait qu’iln’était « ni utile ni opportun »d’élaborer une législation anti-sectes et que le droit pénal, finan-cier, social, fiscal était suffisantpour permettre un contrôle né-cessaire. Son rapporteur, JacquesGuyard, préconisait de s’en tenir àune meilleure application de l’ar-senal juridique. Les magistrats,eux, rappellent en substance qu’ilappartient à la justice de jugerseulement des faits et non pas desfaits de société. En s’éloignant dela « dimension pédagogique » duprocès, à laquelle était ferme-ment attaché le procureur de laRépublique de Lyon en premièreinstance, ils renvoient toutela société à une indispensablevigilance.

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INTERNATIONAL POSITIONas

CHIEF OF ARCHITECTURE BRANCHIN THE COMMUNICATIONS SYSTEMS DIVISION

at the

NATO C3 AGENCYTHE HAGUE, THE NETHERLANDS

This NATO scientific and technical establishment expects the incumbent to lead a highlyskilled and motivated team of 12 scientists and engineers, defining the communicationsarchitecture for NATO’s strategic communications. The team produces standards, and“proof of concept” demonstrators for key aspects of the new communications archi-tecture which provides the communications for NATO command and control across thecomplete NATO theatre of operations, including deployed operations capability.

The work includes support for the development of the NATO core network, which is ba-sed on ISDN, and internet technology based data services, the provision of deployablemodular communications for out of area operations, the development of standards andprototype of a strategic tactical communications gateway, and the evaluation of ATM formilitary communications purposes.

Technical support deriving from this work, primarily targeted to assist NATO’s operatio-nal commanders, is provided to standards bodies within NATO and to the procurementelement of the NC3A, and to the nations.

The candidate for this post should have a university degree in a communications rela-ted scientific or engineering discipline, preferably equivalent to a Master’s, and supple-mented by relevant postgraduate qualifications and at least ten years experience. A goodknowledge of modern communications techniques, technologies and standards is requi-red, and the proven ability to lead a team. Good liaison skills with other NATO groups andnations are essential. The NATO official languages are English and French ; excellentknowledge of one is required and some knowledge of the other is desirable. Work in theseposts is conducted in English.

The NATO C3 Agency offers :I A pleasant, challenging, working atmosphere in an international community.I An opportunity to work with highly qualified staff from all NATO nations in

modern facilities, well equipped laboratories and access to the latest state-of-the-art equipment.

I Excellent contacts/collaboration with top national research/development ins-titutes and industry for modern system design, test/evaluation activities.

I Excellent tax-free salary, including (where appropriate) expatriation, house-hold and children’s allowances, and additional privileges for expatriate staff.

I Education allowance for children, where appropriate, and excellent privatehealth insurance scheme.

I Generous annual leave and home leave.I A three-year contract which may be renewed by mutual consent.

Candidates, who must be NATO nationals, are requested to forward their re-sume (quoting Reference A5-CSD-1138) in English or French, to arrive not laterthan 15 August 1997 to :

Personnel OfficerNATO C3 Agency

PO Box 174, 2501 CD The HagueThe Netherlands

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R É G I O N SLE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

AMÉNAGEMENT L’Observa-toire photographique du territoire,né en 1992, répertorie les modifica-tions de l’environnement d’un lieu :ville, littoral, zone agricole... Il s’agit

d’accumuler des informations vi-suelles pour restituer l’histoire d’unpaysage. b CHAQUE ANNÉE, unphotographe est envoyé dans unerégion donnée dont il ramène des

images documentaires. L’année sui-vante, les mêmes endroits font l’ob-jet d’une « reprise de vue ». Et ainside suite. b DE GRANDS PHOTO-GRAPHES comme Raymond Depar-

don, Thibaut Cuisset ou John Daviesont accepté de se livrer à ce travail.b QUINZE SITES sont pour l’instanten cours d’exploration, des Côtes-d’Armor à l’Hérault en passant par la

Drôme et l’Indre. b LES IMAGES tra-duisent les tendances lourdes : re-boisement des campagnes, interven-tions des services de l’équipement etuniformisation du mobilier urbain.

Aurel avalé par la végétationLe village d’Aurel (Drôme) fait face au massif

du Vercors. Il a été photographié une premièrefois, en 1900, par les services de restauration desterrains de montagne (RTM) chargés dureboisement de la région (photo du haut). A cettedate, les maisons du bourg, perchées sur uneéminence, sont serrées les unes contre les autres.On remarque néanmoins quelques bâtimentsruinés, signes d’un début d’exode rural.L’activité, essentiellement agricole, est organiséeautour de la polyculture. Chaque espace estutilisé par des labours ou des pâtures. Lacampagne est parsemée d’arbres fruitiers, enparticulier de mûriers, perceptibles au premierplan. Sur les pentes les moins raides de lamontagne, en arrière-plan, le reboisement estentamé.

En 1995, la photographie prise par DanielQuesney et analysée par Christian Maisonneuveet Olivier Comte indique les changementsconsidérables du paysage. Le reboisement aporté ses fruits : la montagne sèche est devenueverte. Les anciennes pâtures sont passées à l’étatde friches boisées, les pentes qui mènent àl’ancien village sont couvertes d’arbres et lavégétation a gagné une partie des rues et desmaisons, qui, elles, ont carrément disparu.L’habitat, étroitement concentré, s’est atomisé.Les mûriers ont été arrachés et la polyculture aété remplacée par une monoculture, celle de lavigne – on est ici dans le domaine de la clairettede Die. Des essais d’élevage avicole ont laissé destraces : quatre poulaillers abandonnés au pied duvillage en témoignent.

E. de R.

Le paysage est mis sous observation photographique L’évolution de l’environnement d’une quinzaine de sites est étudiée par l’Observatoire photographique du territoire.

Quelques grandes tendances se dessinent, comme le reboisement des campagnes et l’uniformisation du mobilier urbainLE PETIT JEU a toujours un gros

succès : on photographie un coinde France, une place de village, uncarrefour de banlieue, une entréede ville, un morceau de campagne,et, quelques années après, on prendune image du même site, sous lemême angle, à la même saison, etdans les mêmes conditions météo.Pour voir comment les choses onttourné. On peut pimenter l’expé-rience en utilisant, comme réfé-rence, une carte postale du débutdu siècle. Les spectaculaires chan-gements de décors délenchent destorrents de nostalgie.

La revue Séquences/Paysages (Mi-nistère de l’environnement/Hazanéd., 112 p., 160 F.), qui vient de pu-blier son premier numéro, dressel’état des travaux de l’Observatoirephotographique du paysage, dansun recueil qui fourmille de photo-graphies bien imprimées, en noir etblanc et en couleur, analysées, dis-séquées, comparées dans un texte

français-anglais. L’observatoire uti-lise largement la méthode « avant-après », mais sans faire de senti-ment. Il se contente d’enregistrerles transformations de l’environne-ment – villes, villages, zones péri-urbaines et agricoles, côtes, plages,etc. Il s’écarte de la « série catastro-phe » et note que les transforma-tions sont parfois des améliora-tions. Cet organisme, né en 1992 etrattaché au ministère de l’environ-nement, a pour mission d’accumu-ler des constats scientifiques, richesen informations.

L’Observatoire envoie chaqueannée un photographe dans unerégion donnée, suivant une mé-thode préétablie. L’auteur doit êtrechevronné, adepte du style docu-mentaire et de la photographie depaysage : Raymond Depardon, So-phie Ristelhueber, Thibaut Cuisset,John Davies... Des itinéraires précissont définis en fonction de l’intérêtdes acteurs et partenaires locaux :

élus, architectes, ingénieurs del’équipement. Une quarantained’images sont retenues. L’annéesuivante, le même photographe, ouun autre, fera les « reprises de vue »,en adoptant le matériel et les indi-cations de celui qui a défriché lesite.

ARCHIVES TOUFFUESUne équipe de trois personnes

tient à bout de bras un observatoirejugé fort utile mais qui a eu du malà trouver sa place au sein du minis-tère de l’environnement : la direc-trice et paysagiste Caroline Mollie-Stefulesco, Daniel Quesney, qui tra-vaille à la Cité des sciences et fait lelien avec les photographes, et Véro-nique Ristelhueber, documentalistechargée, notamment, de dénicherles archives de ministères qui servi-ront de repères historiques.

Tous trois citent en référence laMission photographique de la Da-tar, qui, dans les années 80, a dyna-

misé un genre alors moribond.Quinze sites sont en cours d’explo-ration, des Côtes-d’Armor à l’Hé-rault, en passant par la Drôme etl’Indre. « Depardon a ouvert la voie,explique Caroline Mollie-Stefules-co. Son rôle a été déterminant car ila accepté qu’un autre auteur re-vienne sur ses pas. Cette continuitén’allait pas de soi, mais, depuis, estacceptée par tous. » L’observatoireforge patiemment un outil destinéà enregistrer les modifications dupaysage et, accessoirement, identi-fie les acteurs de ce changement.C’est ainsi que, dans les Côtes-d’Ar-mor, l’œil de Thibaut Cuisset apointé le développement des sta-tions balnéaires, l’extension deszones agricoles consacrées aux pri-meurs et à l’élevage des porcs horssol, l’accès aux plages et l’incidencedu Conservatoire du littoral et dupaysage.

La grille d’analyse des images esten cours d’élaboration, mais plu-

sieurs constats s’imposent : le re-boisement spectaculaire des cam-pagnes, la mainmise des services del’Equipement sur le paysage – om-niprésence des ronds-points, éclai-rages surdimensionnés, panneauxde signalisation pléthoriques – et lemanque d’imagination des collecti-vités locales qui passent commandedu même mobilier urbain – des re-vêtements de sol aux bacs à fleursen passant par les réverbères et lesbancs.

AMÉNAGEURS DU TERRITOIRELes images traduisent aussi l’ab-

sence de dialogue entre les diffé-rents intervenants sur un mêmesite. « Chacun suit une logiquepropre sans se préoccuper de son voi-sin, note Caroline Mollie-Stefules-co. L’espace s’encombre de signeschaque année plus nombreux, éma-nant des propriétaires privés, desmunicipalités, des agents de la direc-tion de l’équipement ou des services

publics comme l’EDF ou les Télé-coms. On a l’impression qu’il n’y apas de relation entre le projet définisur la feuille blanche ou sur l’écran etsa réalisation en trois dimensionspour un lieu donné. »

L’observatoire souhaite donc queles constats puissent servir auxaménageurs du territoire. Avec lerêve de voir s’ébaucher des « projetsglobaux ». Ce ne sera pas chose fa-cile. « En France, la nostalgie dupaysage ancien, plus ou moins mythi-fié, va de pair avec une absence deregard sur la fabrication du paysagequotidien », constate Daniel Ques-ney. Ces matériaux accumulés se-ront également exposés à La Vil-lette, en 2001. Reste à savoir si, d’icilà, les services du ministère del’equipement en auront prisconnaissance. Et en tiendrontcompte.

Michel Guerrinet Emmanuel de Roux

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Chaillac gagné par la circulationDepuis trois ans, le photographe britannique

John Davies témoigne de l’évolution de la placede l’église de Chaillac (Indre), 1 260 habitants. Cesdeux images ont été prises en mai 1995 et mai1997. La transformation s’est faite en deuxtemps : fin 1995, le monument aux morts, érigé en1928, a été déplacé ; durant le premier semestre1997, la place a été rénovée : le terrain de boules,les bosquets de haies basses, la cabinetéléphonique, la pelouse, le luminaire ont étéremplacés par des parkings, un terre-plein enenrobé ocre et un autre en stabilisé pour joueraux boules. La route a été élargie et un virage enangle droit a été arrondi. Sur une autre partie –ici invisible – de la place, le parvis de l’église aété rénové, un bosquet et des terrasses de caféont été aménagés.

Selon la mairie de Chaillac, l’augmentationspectaculaire de la circulation, notamment depoids lourds – phénomène que l’on retrouve dansnombre de villages – a motivé cette rénovation.Le monument était caché par des véhicules et leshabitants n’arrivaient plus à entendre le discoursdu maire, ni la musique, lors des cérémoniesofficielles. Les enfants jouant autour dumonument étaient en danger. Ce déplacement ad’abord provoqué un grand émoi dans le bourgavant d’être bien accepté. John Davies voit, danscette évolution, la chute d’une tradition rurale, etl’influence du trafic – une pâtisserie à un anglede rues a fermé – et des zones commerciales surl’aspect des villages. Il a constaté notammentque le monument aux morts est aujourd’huiproche d’un supermarché.

M. G.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

en milliards de francs en % du marché européen au 1er semestre 1997 (chiffres prov.)

Sour

ce :

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PRÉVISIONS

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3,2

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RENAULT

PEUGEOT

3,6

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L'espoir renaît

RÉSULTAT NET VENTES D'AUTOMOBILES

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Parmi les 10 modèles les plus vendus en Europe, Renault sauve les couleurs de la France grâce à la Mégane.

FIAT PUNTO . . . . . . . . .

VOLKSWAGEN GOLF . .OPEL ASTRA . . . . . . . . .

OPEL CORSA . . . . . . . .

RENAULT MÉGANE . . .

VOLKSWAGEN POLO .FORD FIESTA . . . . . . . .

FORD ESCORT . . . . . . .

OPEL VECTRA . . . . . . . FORD MONDEO . . . . .

4,654,44

3,933,703,58

3,373,193,17

2,892,51

Les équipementiers européens relèvent la têteCOLOGNE

correspondanceLe discours des équipementiers eu-

ropéens peut paraître incongru enFrance. Selon Günter Baumann, leprésident du Clepa, l’association eu-ropéenne des équipementiers auto-mobiles, les sous-traitants, contraintsde réduire leurs marges pendant lesannées 80, sont désormais en posi-tion de redresser la tête. Dans un en-tretien au Monde, il affirme que « lesévolutions à prévoir renforceront l’in-dustrie des sous-traitants, contraire-ment à ce qui s’est passé ces dernierstemps ».

La part des équipements dans laconstruction d’un véhicule va conti-nuer de croître. « La moitié d’une autoest actuellement livrée par les sous-trai-tants ; cette proportion devrait passer à70 % ou 80 % », selon M. Baumann,qui prévoit que les relations avec lesconstructeurs vont évoluer en consé-quence : « Pour le moment, unegrande marque dispose de sept cents àneuf cents sous-traitants directs. Cenombre devrait baisser, même si lesconstructeurs essaient de maintenirune certaine concurrence entre lesfournisseurs. » Comme au Japon etaux Etats-Unis, la branche devra se

structurer davantage en pyramideavec des équipementiers principauxdont la vocation sera de livrer dessystèmes complets.

Les « années Lopez », du nom del’ancien directeur de la production etdes achats de Volkswagen, dont lesméthodes et l’exigence acharnée debaisse des prix avaient provoqué une« période de sang et de larmes » dansla profession, semblent révolues.« M. Lopez a tiré la sonnette d’alarmeet a montré que les coûts européensétaient 20 % trop élevés, indiqueM. Baumann. Son action a porté, et leséquipementiers sont ressortis plus forts

de ces temps difficiles, malgré des pro-fits en perte de vitesse. »

Désormais, la recherche decompétitivité devrait s’effectuer surd’autres terrains. « Le transfert decompétences entre les constructeurs etles sous-traitants est une occasion quinous oblige à accroître nos efforts dequalité, nos moyens logistiques et nosdépenses en recherche et développe-ment », note M. Baumann, qui dirige,dans les environs de Stuttgart, uneentreprise familiale, Eberspächer,spécialisée dans les échappements etles chauffages. Les équipementiersseront de plus en plus associés à laconception des composants et aumontage sur les chaînes de produc-tion.

DÉLOCALISATIONSM. Baumann ne se fait « plus d’illu-

sions » : « Il y aura moins de firmes eu-ropéennes, et celles qui resteront pré-sentes seront plus grosses. » Leprésident du Clepa, qui représentequelque 3 000 sociétés, « espère queces structures vont se maintenir et queles sous-traitants européens saurontdévelopper les coopérations entre euxet se spécialiser sur des produits degrande qualité ».

Autre tendance forte des an-nées 90, les délocalisations sur lesmarchés émergents. « En Europe eten Amérique du Nord, la croissance dumarché automobile sera beaucoupplus lente qu’en Asie et qu’en Amériquedu Sud, et nous ne pouvons pas éviterd’aller dans ces régions », jugeM. Baumann, qui voit deux bonnesraisons de s’implanter en dehors desmarchés domestiques : suivre les

constructeurs européens pour main-tenir des liens privilégiés et économi-ser sur les coûts.

Outre des sites en Allemagne, enFrance, en Scandinavie et en Amé-rique du Sud, la société Eberspächerdispose, par exemple, d’une usine enRépublique tchèque, où les salariésreviennent en moyenne à8 deutschemarks (29 francs) parheure contre 28 pour un Allemand !« Les équipementiers européens onttout à gagner à s’expatrier ; tous lesgrands noms allemands du secteur sesont déjà implantés en Europe del’Est », reconnaît M. Baumann.

Dans ce contexte, la branche de-vrait créer environ 250 000 emploisdans le monde dans les trois à cinqans, « principalement en Asie et enAmérique du Sud en ce qui concerne laproduction ». La baisse des effectifsdes constructeurs automobiles, liée àla cession de certaines activités auxéquipementiers, devrait, en re-vanche, concerner plus de100 000 personnes.

L’Europe devra se contenter de50 000 postes supplémentaires, maisla répartition sera inégale et toucheraavant tout les pays les plus compéti-tifs : l’est et le sud européens. Ail-leurs, elle se fera au gré des conjonc-tures locales. L’Allemagne devraitainsi profiter de la bonne santé de sesconstructeurs en augmentant ses ef-fectifs de 20 000 personnes, alors quela France doit s’attendre, d’aprèsM. Baumann, à une stabilisation,voire à une baisse du nombre de sessalariés dans la branche.

Philippe Ricard

Concentration dans l’industrie des semi-conducteursLA SOCIÉTÉ américaine National

Semiconductor a annoncé lundi28 juillet l’acquisition, pour 550 mil-lions de dollars (3,4 milliards defrancs) par échange d’actions, de sonhomologue Cyrix. Quelques heuresplus tôt, Intel, numéro un américainet mondial des semi-conducteurs,avait annoncé le rachat pour420 millions de dollars, en espèces,de Chips & Technologies, petitefirme américaine spécialisée dans lescomposants traitant les informa-tions graphiques (Le Monde du29 juillet).

Ces concentrations interviennentalors que le secteur des semi-conducteurs commence tout juste àdonner des signes de reprise. Lesventes mondiales ont reculé pen-dant près d’un an et demi (– 7 % en1996), à la suite de fortes baisses de

prix, dues à des surcapacités de pro-duction. Le chiffre d’affaires mondialpourrait progresser de 5 % en 1997.

En 1996, Cyrix a accusé une pertenette de 26 millions de dollars sur184 millions de dollars de ventes. Lasociété texane, dont les comptessont toujours déficitaires, peine àvendre ses produits : des micropro-cesseurs (les « cerveaux » des ordi-nateurs) compatibles avec ceux d’In-tel. Le cabinet d’études Dataquestestime que Cyrix devrait vendre1,5 million de microprocesseurs cetteannée, contre 70 millions pour Intel,numéro un mondial de ce marché.

Avec National Semiconductor(2 milliards de dollars de chiffre d’af-faires), Cyrix rejoint une société quia, elle aussi, connu des difficultés.Acteur phare des semi-conducteursjusqu’au début des années 80, la

firme californienne, qui a longtempstenté, sans succès, de concurrencerIntel auprès des fabricants d’ordina-teurs, s’est fortement restructuréeces dix dernières années.

La société cherche aujourd’hui àse concentrer sur la conception et lavente de « systèmes sur une puce »,c’est-à-dire des composants à fortevaleur ajoutée, mélangeant desfonctions de stockage et de traite-ment de l’information, qui, jusqu’àprésent, nécessitaient l’associationde plusieurs circuits distincts. L’ac-quisition de Cyrix s’inscrit dans cetteoptique. La société résultant de lafusion va notamment développerdes composants pour ordinateurs demoins de 500 dollars et autres appa-

reils informatiques bon marché.

Philippe Le Cœur

L’EUROPE de l’automobile est un marché derenouvellement. Les consommateurs achètent,dans l’essentiel des cas, une voiture lorsque la leurne fait plus l’affaire. Dans ce contexte, les pers-pectives de progression des ventes ne peuventqu’être faibles. Pour lutter contre cette donnée,les constructeurs cherchent à concevoir des voi-tures différentes, susceptibles d’attirer de nou-veaux clients. Aux Etats-Unis, ce sont les lighttrucks (pick-up, minivans et autres 4 × 4), et nonpas les berlines traditionnelles, qui permettent aumarché de poursuivre sa croissance : ils repré-sentent aujourd’hui plus de 40 % du marché amé-ricain.

En Europe, le monospace a été le premier véhi-cule de ce type à faire son entrée sur le marché.

L’Espace de Renault, pionnier du genre, a été unsuccès. L’ex-Régie a ensuite inventé la Twingo, lemonospace de la petite voiture, et offre, depuisoctobre 1996, la Scénic, le monospace de milieude gamme, issu de la Mégane, dont le premierprix est de 105 900 francs quand celui de l’Espaceest de 153 500 francs. Avec toujours autant desuccès. La Scénic représente en moyenne 34 %des ventes de Mégane en Europe. « 70 % des Scé-nic sont vendues auprès de nouveaux clients », pré-cise Philippe Gamba, directeur commercial Eu-rope de Renault. L’an prochain, le constructeurprévoit d’accroître ses capacités de production etde les faire passer de 4 000 à 7 000 véhicules parsemaine. Fin 1998, des modèles concurrents ar-riveront sur le marché, notamment celui d’Opel.

Mais, pendant deux ans, Renault aura été seul surce nouveau segment de marché.

PSA, pour sa part, a lancé en juillet 1996 unefourgonnette, baptisée Berlingo pour Citroën etPartner pour Peugeot, dotée d’une version voi-ture particulière. Cette dernière, conçue sur uneidée de Citroën et dont le premier prix est de84 900 francs, se révèle un succès. « Elle repré-sente actuellement la moitié des ventes de Berlin-go », dit-on chez Citroën, et monte en puissancechez Peugeot, où elle a été lancée quelques moisplus tard. Renault s’apprête également à lancer, àl’automne 1997, un véhicule utilitaire léger, avecune version voiture particulière : la Kangoo.

V. Ma.

Offrir des produits différents pour conquérir une clientèle nouvelle

DÉPÊCHESa AIR FRANCE : Christian Blanc,le PDG du groupe aérien, a expo-sé en détail à Lionel Jospin, lundi28 juillet, « la situation et les pers-pectives de développement » d’AirFrance. Deux sujets, au moins, ontété évoqués : la privatisation d’AirFrance et la construction des deuxnouvelles pistes sur l’aéroport deRoissy. M. Blanc souhaite une pri-vatisation rapide. Le nouveau mi-nistre des transports, Jean-ClaudeGayssot, a déclaré à plusieurs re-prises que la privatisation d’AirFrance n’était pas à l’ordre du jour.Mais son entourage a nuancé sespropos.a BT-MCI : la fusion des opéra-teurs téléphoniques britanniqueet américain « est dans l’intérêt dupublic et devrait être approuvée », aindiqué, lundi 28 juillet, ReedHundt, président de la Commissionfédérale américaine des communi-cations (FCC). La FCC doit encoreapprouver formellement la fusion.a CIGNA : l’assureur américain asigné un accord, lundi 28 juillet,pour vendre sa filiale assurance-vieau groupe Lincoln National pour1,6 milliard de dollars (9,9 milliardsde francs)a LUSOPONTE : le consortiumfranco-britannique chargé de laconstruction du pont Vasco de Ga-ma sur le Tage, à Lisbonne, a portéplainte, lundi 28 juillet, contre legouvernement portugais, devant leTribunal international deCommerce de Paris, à propos ducoût d’expropriation des terrains ,évalué à 380 millions d’escudos(1,26 milliard de francs), alors quele coût réel atteindrait environdeux milliards d’escudos.

« CE QU’IL Y A de surprenant dansl’industrie automobile, c’est que rienn’est jamais acquis : les vainqueursd’hier sont les perdants d’aujourd’huiet inversement », constate un spécia-liste du secteur.

Il y a encore six mois, le pessi-misme était de rigueur pour l’auto-mobile française. Aujourd’hui, l’es-poir et l’optimisme sont, à nouveau,de mise. Dans sa dernière étude surRenault et PSA Peugeot-Citroën,l’analyste londonien de SalomonBrothers estime que les deuxgroupes sont en bonne posturepour se redresser. En conséquence, ilrevoit à la hausse ses prévisions derésultat pour 1998 : 3,2 milliards defrancs de bénéfices pour Renault et2,1 milliards pour PSA. Considérantque l’amélioration attendue ferasurtout sentir ses effets l’année pro-chaine, il n’a pas révisé ses prévi-sions pour 1997 : Renault serait àl’équilibre, après une perte de5,2 milliards de francs en 1996, etPSA perdrait 300 millions de francs,après en avoir gagné 734 l’an der-nier.

Trois éléments concourent à ceregain d’optimisme. Premier facteurde progression : les marchés où sontprésents les constructeurs françaisdoivent s’améliorer. A commencerpar la France, le principal marché deRenault et PSA, sur lequel les ventesautomobiles ont régressé de 23,7 %au premier semestre 1997. L’Hexa-gone a souffert de l’arrêt de la primeà la casse du gouvernement Juppé.En vigueur du 1er octobre 1995 au 30septembre 1996, la « Juppette » a

accompagné 600 000 ventes, dontplus de 200 000 n’auraient pas eulieu autrement : il s’agit d’anticipa-tions d’achats sur les années à venir.La prime Balladur, en vigueur entrefévrier 1994 et juin 1995, avait occa-sionné 380 000 ventes supplémen-taires.

UN VÉRITABLE SUCCÈSToute la question est de savoir

pendant combien de temps, le mar-ché va pâtir des perturbations duesà ces primes. Les analystes pré-voient, dans l’ensemble, que la si-tuation s’améliorera à partir de no-vembre et que 1998 devrait êtresatisfaisante.

En Europe, hors France, Renaultcomme PSA tirent bien leur épingledu jeu. En Italie, où le marché, sou-tenu par la « prodette », a bondi de31,3 % sur les six premiers mois de1997, ils enregistrent les meilleuresprogressions : +45 % pour Renault et+48 % pour PSA. En Allemagne, Re-nault s’est taillé une part de marchéde 6,2 % au premier semestre,contre 5,5 % un an avant. EnGrande-Bretagne, les deuxconstructeurs ont la cote. En Europede l’Ouest (hors France), où lesventes ont progressé de 6 % au pre-mier semestre 1997, Renault et PSAont vu leur part de marché passerrespectivement de 6,8 % à 7,3 % etde 8,4 % à 8,6 %. Leurs ventes sur lesmarchés émergents sont aussi encroissance, mais elles représententmoins de 15 % de leurs recettes.

Deuxième facteur de progression :les marques françaises vont être

portées par les produits récemmentlancés et à venir. La Scénic de Re-nault (le monospace Mégane), envente depuis octobre 1996, est unvéritable succès. Tout comme lenouvel Espace, lancé en novembre1996. Renault lancera, à l’automne1997, Kangoo, un véhicule utilitaireléger qui aura aussi une version voi-ture particulière. Enfin, la nouvelleClio sera lancée en mars 1998.

Chez PSA, les fourgonnettes Ber-lingo Citroën et Peugeot Partner, etnotamment leur version voiture par-ticulière, commencent bien leur vie.En septembre 1997, doit sortir la Ci-troën Xsara, la remplaçante de laZX. Au printemps 1998, est attenduela Peugeot 206, la remplaçante de la205, qui avait sauvé le groupe del’avenue de la Grande-Armée dansles années 80. La 205 aura ainsi étéremplacée par trois produits : la 106,la 306 et la 206, l’objectif étant ainside conquérir de nouveaux clients.

Au total, l’âge moyen des véhi-cules français redescendra en 1998au niveau de la moyenne euro-péenne, soit 4,2 ans.

Troisième facteur de progression :l’évolution des devises, surtout cellede la livre, est très favorable auxconstructeurs français. Chez PSAcomme chez Renault, un point dehausse de la livre se traduit par unbénéfice supplémentaire de 120 mil-lions de francs. La devise britan-nique s’est déjà appréciée de 13 %depuis le début de l’année. Et lesventes des constructeurs françaisoutre-Manche sont en forte pro-gression. Toutes devises confon-

dues, les analystes prévoient quechacun des deux groupes engrangeprès de 2 milliards de francs de bé-néfices supplémentaires avant im-pôt grâce à l’évolution des paritésmonétaires.

Dans ce contexte favorable auxconstructeurs français, l’analyste deSalomon Brothers fait plusconfiance à Renault qu’à PSA.« Contrairement à ce que nous étionstentés de penser, Peugeot n’est pas lemeilleur investissement dans le secteurde la construction automobile enFrance », écrit-il. Il a donc décidé de

conseiller la valeur boursière Re-nault à l’achat et de rester neutre surPSA. Bon nombre de ses confrêresaccordent également plus de crédità Renault qu’à PSA.

PSA souffre, aux yeux de lacommunauté boursière, de plusieursincertitudes. Personne ne sait ce quefera Jean-Martin Folz, qui succéderaà Jacques Calvet, président du direc-toire de PSA, le 30 septembre 1997.Les analystes, en revanche, saluentla réorganisation du comité exécutifde Renault et la montée en puis-sance de Carlos Ghosn, transfuge de

chez Michelin, qui a pris le poste dedirecteur général adjoint le 1er dé-cembre 1996.

Par ailleurs, nombre d’analystestrouvent peu crédible le pland’économies annoncé par M. Calveten avril : baisse, d’ici à l’an 2000, desfrais de développement de 30 % à40 %, du prix de revient des voituresde 25 %, des investissements de 20 %à 30 %, des achats de pièces de 25 %,et augmentation de la productivitéen usine de 13 % par an. « Le planreste flou sur la manière dont sontcalculés ces objectifs », écrit l’ana-lyste de Salomon Brothers, qui voittoutefois un signe positif dans lesannonces de plan social faites en1997 pour les deux marques dugroupe (2 816 suppressions depostes chez Peugeot et 800 chez Ci-troën). « M. CaLvet a été très bondans les années 80. Mais depuis troisans, il a des préoccupations beaucoupplus sociales », estime un analyste.

A l’inverse, le plan de restructura-tion de Renault – 20 milliards defrancs d’économies d’ici à l’an 2000,fermeture de l’usine belge de Vil-vorde, réorganisation des sites in-dustriels, filialisation du réseaucommercial, suppression de 3 000postes par an d’ici à l’an 2 000 – quidoit lui permettre de devenir leconstructeur le plus compétitif d’Eu-rope à la fin du siècle, leur apparaîtclair et crédible. « Le gros défaut dePSA, c’est son complexe de supériori-té. A cause de cela, PSA a moins réagique Renault », estime un analyste.

Virginie Malingre

L’Italie et l’Espagne dopées par des primes à la casseEn Italie et en Espagne, les ventes se sont respectivement accrues de

31,3 % et de 10,3 % sur les six premiers mois de l’année. Les deux paysont mis leur industrie automobile sous perfusion, en instaurant desprimes à la casse. L’Espagne a, en avril, adopté un système, jusque-làtemporaire, sans le limiter dans le temps. Le plan Prever (Prévoir) oc-troie une prime de 80 000 pesetas (3 200 francs) pour l’achat d’un véhi-cule neuf en remplacement d’une voiture de plus de dix ans. Le parcautomobile espagnol est le plus vétuste de l’Union européenne, aprèsla Grèce : une voiture sur trois a plus de dix ans.

En Italie, le gouvernement Prodi a institué, en janvier, une prime à lacasse, la « Prodette ». Selon la taille du modèle acheté, l’Etat verse 1,5ou 2 millions de lires (5 150 ou 6 900 francs) à celui qui remplace sa voi-ture de plus de dix ans. « Si la demande automobile augmente de 30 % en1997 par rapport à l’an dernier, l’impact direct sera une hausse du PIB d’undemi-point, soit près de la moitié de la croissance totale en Italie », a décla-ré Paolo Cantarella, administrateur délégué de Fiat. Du coup, RomanoProdi, président du conseil, étudie la possibilité de pérenniser ces aides.

AUTOMOBILE Il y a encore sixmois, le pessimisme était de rigueurpour l’automobile française. Au-jourd’hui, l’espoir renaît. b TROISÉLÉMENTS y contribuent. D’abord,

les marchés où sont présents Re-nault et PSA doivent s’améliorer. En-suite, les marques françaises sontportées par les produits récemmentlancés, comme la Scénic, et à venir,

comme la 206. Enfin, l’évolution desdevises, surtout de la livre, est trèsfavorable aux constructeurs fran-çais : elles leur permettraient d’en-granger chacun jusqu’à 2 milliards

de francs de bénéfices supplémen-taires. b BON NOMBRE D’ANA-LYSTES accordent plus de crédit àRenault qu’à PSA. Ce derniersouffre, aux yeux de la communauté

boursière, de plusieurs incertitudes.Personne ne sait ce que fera Jean-Martin Folz, qui succédera à JacquesCalvet, président du directoire dePSA, le 30 septembre 1997.

Après deux ans de crise, les constructeurs français remontent la penteL’évolution des marchés, des produits et des devises place Renault et PSA en bonne posture pour se redresser.

Mais nombre d’analystes financiers soulignent les incertitudes qui pèsent sur l’après-Calvet

Page 17: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

LeMonde Job: WMQ3007--0017-0 WAS LMQ3007-17 Op.: XX Rev.: 29-07-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:29,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0413 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 17F I N A N C E S E T M A R C H É S

Sophia, valeur du jourLA SOCIÉTÉ de financement de

l’immobilier d’entreprise Sophia, quidoit racheter à AXA-UAP la totalité desa participation dans Finextel pour458 millions de francs, a gagné 6,87 %,à 223,90 francs, alors qu’AXA progres-sait de 0,60 %, à 399,40 francs.L’agence de notation américaineStandard and Poor’s a confirmé lesnotes long terme « A » et court terme« A-1 » attribuées au groupe financierSophia, mais a modifié la perspectivede la note long terme, qui est passéede stable à négative après l’annonce

de l’OPA sur Finextel. La hausse de12,74 % de Selectibanque, elle aussispécialisée dans le crédit-bail, se seraitfaite en sympathie avec Sophia.

Repli du dollarLE DOLLAR s’inscrivait en léger repli, mardi 29 juil-

let, lors des premières transactions entre banques surles places financières européennes. Il cotait1,8370 mark, 6,19 francs et 117,50 yens.

La veille, le billet vert était monté jusqu’à1,8485 mark et 6,23 francs, ses cours les plus élevés de-puis novembre 1989 face à ces deux devises, sans quela présence des banques centrales soit observée.

A ces niveaux, de nombreux opérateurs avaient tou-tefois préféré prendre leur bénéfice, dans l’attente dela publication de l’indice du coût de l’emploi aux Etats-Unis et de la première estimation de la croissance amé-ricaine au deuxième trimestre. Le franc était stable,mardi matin, face à la monnaie allemande. Il cotait3,3705 francs pour un deutschemark. La livre sterlingcotait en net recul, à 10,10 francs et 2,9970 marks.

a LA BOURSE DE TOKYO a terminéla séance de mardi en baisse. L’in-dice Nikkei des valeurs vedettes aperdu 172,52 points (0,84 %), pours’établir à 20 402,74 points.

a LE DOLLAR s’inscrivait en léger re-pli, mardi matin, lors des premièrestransactions entre banques euro-péennes. Il cotait 1,8370 mark,6,19 francs et 117,50 yens.

a L’OR était en hausse, mardi, àl’ouverture du marché internationalde Hongkong. L’once s’échangeait à328,00-50 dollars, contre 325,60-90 dollars lundi.

a WALL STREET est restée pratique-ment stable, lundi 28 juillet. L’indiceDow Jones a progressé de 0,09 %,soit 7,67 points, pour s’inscrire enclôture à 8 121,11 points.

a LES COURS DU ZINC ont poursuivileur ascension sur le marché deLondres (LME). Le prix de la tonne agagné 54 dollars à 1 668 dollars, sonplus haut niveau depuis juillet 1990.

Nouveau recordà Wall Street

APRÈS trois séances consé-cutives de hausse, la Bourse de To-kyo a cédé du terrain mardi29 juillet. L’indice Nikkei a perdu172,52 points à 20 402,74 pointssoit un repli de 0,84 %.

La veille, Wall Street a fini dejustesse sur un nouveau recordsurmontant une vague de prisesde bénéfice en fin de séance. L’in-dice Dow Jones gagnait, en effet,plus de 50 points dans l’après-mi-di, mais ses gains ont été érodés etil a brièvement évolué à la baisseun quart d’heure avant la clôture.Le principal indicateur a fini enhausse de 7,67 points (+0,09 %) à8 121,11 points.

En Europe, la Bourse de Londresa terminé en légère hausse redeve-nant positive en cours de séance, àla faveur d’un bon départ de WallStreet. L’indice Footsie a finale-

ment progressé de 11,1 points à4 862,6 points, soit un gain de0,22 %. La hausse initiale de WallStreet a contribué à compenser lesinquiétudes du marché britan-nique sur les taux d’intérêt et lahausse de la livre sterling. Grâce àla vigueur du dollar, la Bourse deFrancfort a gagné 1,24 % en clô-ture de la séance officielle, l’indiceDAX affichant 4 371,16 points.

Progression du MatifLE MARCHÉ obligataire français a ouvert en hausse,

mardi 29 juillet. Après quelques minutes de transactions,le contrat notionnel du Matif, qui mesure la performancedes emprunts d’Etat, gagnait 16 centièmes, à130,72 points.

Le taux de l’obligation assimilable du Trésor (OAT) àdix ans s’inscrivait à 5,47 %, soit 0,09 % au-dessous durendement du titre allemand de même échéance.

La veille, les obligations américaines avaient terminé laséance en hausse, les opérateurs ayant bien accueilli l’an-nonce d’une révision à la baisse des besoins de finance-ment du Trésor au cours du quatrième trimestre de sonexercice fiscal. Le taux de l’emprunt à 30 ans s’était inscrità 6,40 % en clôture, contre 6,45 % à la veille du week-end.

La Banque de France a laissé inchangé, mardi matin, à3,19 %, le taux de l’argent au jour le jour.

Légère repriseà la Bourse de Paris

LES VALEURS françaises repar-taient de l’avant, mardi 29 juillet, àla Bourse de Paris. En léger replide 0,18 % au début des transac-tions, l’indice CAC 40 s’appréciaitde 0,17 %, à 3 027,32 points, quel-ques minutes plus tard.

La veille, la Bourse de Paris avaitmarqué le pas après son envoléede la semaine dernière, dans unmarché encore relativement étoffépour un mois d’été. L’indiceCAC 40 avait fini sur un repli de0,12 %, à 3 022,20 points, dans unvolume de 7,5 milliards de francs.L’indice avait été brièvement tiréen début et en fin de journée parle dollar et Wall Street.

Selon une opératrice de l’EIFB,la Bourse de Paris a observé lundi« un palier de consolidation » pré-visible après les deux dernières se-maines de hausses et de recordsquasi ininterrompus. D’autant quel’absence de nouvelles exception-nelles sur le front des sociétés n’apas permis de tirer le CAC 40.

Les valeurs bancaires étaient gé-néralement bien orientées, no-

tamment celles du crédit spécialisécomme Selectibanque, plus fortehausse de la cote avec + 12,74 %.Le Comptoir des entrepreneursgagnait 11,45 % et Cetelem 4,22 %.

Les perspectives de restructura-tion du secteur continuent à sou-tenir les différentes valeurs. LeCCF, à qui l’on attribue des vuessur le CIC, a ainsi gagné 3,28 %.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

qCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

p1 mois

NEW YORK

pDOW JONES

LONDRES

pFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

pDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

nJour le jour

PARIS

pOAT 10 ans

NEW YORK

qJour le jour

NEW YORK

pBonds 10 ans

FRANCFORT

pJour le jour

FRANCFORT

pBunds 10 ans

US / F

p6,2184

US / DM

p1,8422

US / ¥

p117,8200

DM/F

p3,3708

£ / F

q10,2750

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 28/07 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,13 5,41 6,19 1,70Allemagne 3 5,55 6,25 1,80Grande-Bretagne 6,81 6,93 NC 2,80Italie 6,94 6,37 7,06 2,60Japon 0,48 2,41 NC 0,50Etats-Unis 5,53 6,18 6,45 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente28/07 28/07 25/07 25/07

Jour le jour 3,1875 .... 3,1875 ....1 mois 3,21 3,34 3,25 3,383 mois 3,28 3,38 3,30 3,406 mois 3,40 3,50 3,38 3,501 an 3,56 3,68 3,55 3,67PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3438 .... 3,3438 ....Pibor Francs 3 mois 3,4063 .... 3,4063 ....Pibor Francs 6 mois 3,5000 .... 3,5000 ....Pibor Francs 9 mois 3,5469 .... 3,5469 ....Pibor Francs 12 mois 3,6250 .... 3,6250 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,2995 .... 4,2995 ....Pibor Ecu 6 mois 4,3438 .... 4,3438 ....Pibor Ecu 12 mois 4,4115 .... 4,4115 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 28/07 % 25/07 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,0800 + 0,01 326 350Ecu 6,6605 – 0,11 .... ....Etats-Unis (1 usd) 6,2184 + 0,47 5,8900 6,4900Belgique (100 F) 16,3245 + 0,01 15,8200 16,9200Pays-Bas (100 fl) 299,1900 .... .... ....Italie (1000 lir.) 3,4620 – 0,06 3,2200 3,7200Danemark (100 krd) 88,5300 + 0,01 84,2500 94,2500Irlande (1 iep) 9,0945 + 0,70 8,6400 9,4800Gde-Bretagne (1 L) 10,2750 – 0,35 9,8900 10,7400Grece (100 drach.) 2,1575 + 0,02 1,9200 2,4200Suede (100 krs) 78,4700 + 0,34 74,1000 84,1000Suisse (100 F) 409,5700 + 0,18 394 418Norvege (100 k) 81,7000 .... 78,5000 87,5000Autriche (100 sch) 47,9110 + 0,02 46,4500 49,5500Espagne (100 pes.) 3,9965 – 0,08 3,7100 4,3100Portugal (100 esc. 3,3350 – 0,15 3 3,7000Canada 1 dollar ca 4,4895 + 0,23 4,1800 4,7800Japon (100 yens) 5,3085 – 0,27 5,1000 5,4500Finlande (mark) 113,9300 + 0,34 109 120

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 6,2140 6,2120 6,1931 6,1856Yen (100) 5,3008 5,2977 5,3285 5,3231Deutschemark 3,3700 3,3695 3,3711 3,3706Franc Suisse 4,0907 4,0873 4,0885 4,0851Lire ital. (1000) 3,4646 3,4622 3,4677 3,4629Livre sterling 10,3009 10,2961 10,2991 10,2906Peseta (100) 3,9999 3,9985 4,0023 3,9977Franc Belge (100) 16,330 16,311 16,326 16,302

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

28/07 25/07Alcoa 86,31 84,31Allied Signal 93,43 93,68American Express 78,87 79,56AT & T 36,43 35,87Boeing Co 57,87 58,62Caterpillar Inc. 57,56 56,81Chevron Corp. 78,31 78,25Coca-Cola Co 69,75 70,12Disney Corp. 79,68 78,93Du Pont Nemours&Co 66,93 66,87Eastman Kodak Co 68 67,25Exxon Corp. 63,18 62,81Gen. Motors Corp.H 58,50 56,87Gen. Electric Co 71,50 72,31Goodyear T & Rubbe 64,50 63,62Hewlett-Packard 66,43 65,50IBM 105 106,93Intl Paper 56,43 57,12J.P. Morgan Co 110,75 109,31Johnson & Johnson 60,56 61,50Mc Donalds Corp. 53,81 53,25Merck & Co.Inc. 100,43 103Minnesota Mng.&Mfg 95,50 94,62Philip Moris 44,81 44,68Procter & Gamble C 151,56 153,31Sears Roebuck & Co 62,68 61,81Travelers 69,62 69,68Union Carb. 53,50 53Utd Technol 84,56 85,25Wal-Mart Stores 38,68 38,25

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

28/07 25/07Allied Lyons 4,48 4,49Barclays Bank 12,27 12,49B.A.T. industries 5,33 5,26British Aerospace 13,15 13,23British Airways 6,43 6,31British Petroleum 8,13 8,16British Telecom 4,21 4,14B.T.R. 1,96 1,93Cadbury Schweppes 5,81 5,85Eurotunnel 0,69 0,69Forte .... ....Glaxo Wellcome 13,45 13,30Granada Group Plc 8,06 8,12Grand Metropolitan 6,11 6,13Guinness 6,02 5,95Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 5,96 6H.S.B.C. 20,43 20,10Imperial Chemical 9,47 9,18Legal & Gen. Grp 4,18 4,17Lloyds TSB 6,49 6,59Marks and Spencer 5,67 5,78National Westminst 8,43 8,45Peninsular Orienta 6,10 6,14Reuters 6,41 6,34Saatchi and Saatch 1,33 1,34Shell Transport 4,42 4,37Tate and Lyle 4,21 4,23Univeler Ltd 17,42 17,36Zeneca 20,33 20,28

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

28/07 25/07Allianz Holding N 472,30 468Basf AG 70,65 70,10Bayer AG 79 76,80Bay hyp&Wechselbk 76,15 75,55Bayer Vereinsbank 95 97BMW 1475 1495Commerzbank 61,70 63,20Daimler-Benz AG 152,90 148,80Degussa 101,10 99,70Deutsche Bank AG 120,20 121,70Deutsche Telekom 42,30 42,55Dresdner BK AG FR 82,85 81Henkel VZ 104,60 105,80Hoechst AG 86,50 85,70Karstadt AG 682 676Linde AG 1312 1293DT. Lufthansa AG 36,15 36,35Man AG 558,50 559,50Mannesmann AG 821 793Metro 98,45 96,70Muench Rue N 6670 6530Preussag AG 552 552Rwe 77,50 76,50Sap VZ 445 425Schering AG 202 199,10Siemens AG 130 122,40Thyssen 420 414Veba AG 102 102Viag 772 779Volkswagen VZ 993 980

1967,58

Indice SBF 250 sur 3 mois1967,74

1918,37

1869

1819,62

1770,25

1720,88f28 avril 12 juin 28 juil.g

1918,66

Indice second marche sur 3 mois1930,80

1900,51

1870,22

1839,94

1809,65

1779,36f28 avril 12 juin 28 juil.g

1636,16

Indice MidCac sur 1 mois1636,16

1627,31

1618,47

1609,62

1600,78

1591,93f30 juin 11 juil. 28 juil.g

8129,93

New York. Dow Jones sur 3 mois8129,93

7793,20

7456,48

7119,75

6783,02f28 avril 12 juin 28 juil.g

4866,40

Londres. FT100 sur 3 mois4949

4809,18

4669,35

4529,53

4389,70f28 avril 12 juin 28 juil.g

4371,16

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4406,09

4145,33

3884,58

3623,82

3363,06f28 avril 12 juin 28 juil.g

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 29/07 28/07 31/12DMC (Dollfus Mi) 103 + 4,67 – 18,12Chargeurs 358,90 + 4,57 + 39,64Bull# 61,50 + 3,36 + 92,48Sanofi 590 + 2,07 + 14,34GTM-Entrepose 330 + 2 + 37,50Bazar Hot. Ville 575 + 1,76 + 29,53Havas Advertising 720 + 1,69 + 25,21Cred.Fon.France 63 + 1,61 – 6,66Ingenico 153,20 + 1,52 + 76,09Casino Guichard 292 + 1,52 + 20,86

BAISSES, 10 h 15Moulinex # 148,80 – 4 + 31,76Nordon (Ny) 366 – 3,68 – 0,27Legris indust. 265,10 – 2,53 + 21,32Immeubl.France 318 – 2,45 + 3,92Selectibanque 68,30 – 2,28 – 6,43Geophysique 629 – 2,17 + 74,72CS Signaux(CSEE) 224 – 2,05 – 4,64Eridania Beghin 867 – 1,92 + 3,83Sophia 220,10 – 1,69 + 15,84Schneider SA 354,20 – 1,61 + 47,64

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 29/07 28/07 31/12Guerbet 240,10 + 4,39 – 14,25Lafuma # 260 + 3,17 ....Phyto-Lierac # 452 + 2,26 + 53,22Seribo 179 + 2,22 + 0,56Emin-Leydier (Ly)# 424 + 2,16 + 17,45

BAISSES, 10 h 15Maxi-Livres/Profr. 53,55 – 6,38 – 68,70louis Dreyfus Cit# 208 – 2,75 + 22,35Guy Degrenne 214 – 2,72 ....Finacor 72,20 – 2,43 + 3,14Arkopharma# 327 – 2,38 – 0,60

223,90Sophia sur 1 mois

225

221,40

217,80

214,20

210,60

207f23 juin 9 juil. 28 juil.g

3022,20

Indice CAC 40 sur un an3025,94

2812,97

2600

2387,04

2174,07

1961,10f29 juil. 27 janv. 28 juil.g

130,56

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,73

128,78

126,82

124,87

122,92f29 juil. 5 fev. 28 juil.g

LES MATIERES PREMIERESINDICES

29/07 28/07Dow-Jones comptant 149,08 ....Dow-Jones a terme 149,52 150,67CRB 238,48 241,18

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2360,75 2415,25Cuivre a 3 mois 2384,50 2342,50Aluminium comptant 1650,75 1690Aluminium a 3 mois 1684,50 1693,50Plomb comptant 632,75 636,50Plomb a 3 mois 655,50 639,50Etain comptant 5327,50 5327,50Etain a 3 mois 5390 5415Zinc comptant 1658,25 1757,50Zinc a 3 mois 1627,50 1672Nickel comptant 6702,50 7150,50Nickel a 3 mois 7225 7385

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 429,70 433,20Platine a terme 431,70 435,30Palladium .... ....GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 342 357,50Maıs (Chicago) 271 250,50Grain. soja (Chicago) 778,50 757,75Tourt. soja (Chicago) 277,50 255GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 63,50 59Orge (Londres) 75 76SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1556 1588Cafe (Londres) 1583 1585Sucre blanc (Paris) 328,60 329,50OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 75,45 74,97Jus d’orange (New-York) 74,45 75,35

L’ORcours 28/07 cours 25/07

Or fin (k. barre) 64300 64900Or fin (en lingot) 64450 65300Once d’Or Londres 324,10 ....Piece francaise(20f) 370 374Piece suisse (20f) 370 374Piece Union lat(20f) 371 373Piece 20 dollars us 2305 ....Piece 10 dollars us 1400 1400Piece 50 pesos mex. 2400 2405

LE PETROLEEn dollars cours 29/07 cours 28/07Brent (Londres) 18,54 18,42WTI (New York) 19,98 19,61Light Sweet Crude 19,08 19,78

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

28/07 25/07 en %Paris CAC 40 3034,74 3025,94 + 0,29New-York/DJ indus. 8129,93 8113,44 + 0,20Tokyo/Nikkeı 20575,30 20389,50 + 0,90Londres/FT100 4866,40 4851,50 + 0,31Francfort/Dax 30 4371,16 4317,64 + 1,22Frankfort/Commer. 1459,67 1446,66 + 0,89Bruxelles/Bel 20 3168,10 3168,10 ....Bruxelles/General 2621,90 2592,84 + 1,11Milan/MIB 30 1129 1129 ....Amsterdam/Ge. Cbs 664,10 664,80 – 0,11Madrid/Ibex 35 599,19 596,26 + 0,49Stockholm/Affarsal 2609,30 2609,30 ....Londres FT30 3062,10 3057,90 + 0,14Hong Kong/Hang S. 15666,60 15658,10 + 0,05Singapour/Strait t 1975,01 1980,96 – 0,30

CAC 40/5 joursMAX3025,94

2973

2921,13MIN

M M J V L

VALEURS LES PLUS ACTIVES29/07 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FEaux (Gle des) 71850 53330376Michelin 92232 36559457Elf Aquitaine 45708 31193761Sanofi 46355 27249245Total 34997 21211211Carrefour 4712 19817145LVMH Moet Hen. 11972 19034428Axa 45968 18397212,90L’Oreal 6933 17541109Societe Generale 21284 16864767

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

28/07 25/07 Var. %Ind. gen. SBF 120 2058,82 2059,90 – 0,05Ind. gen. SBF 250 1967,58 1967,74 – 0,01Ind. Second Marche 1918,66 1900,86 + 0,94Indice MidCac 1636,16 1627,11 + 0,56

Valeurs indus. 2280,52 2285,62 – 0,221 - Energie 2622,66 2625,26 – 0,102 - Produits de base 2211,91 2209,17 + 0,123 - Construction 1856,99 1843,89 + 0,714 - Biens d’equip. 1621,07 1630,46 – 0,585 - Automobile 2434,33 2439,03 – 0,196 - Biens consom. 3848,77 3839,52 + 0,247 - Indus. agro-alim. 1821,53 1849,24 – 1,50Services 2186,98 2189,88 – 0,138 - Distribution 4326,27 4340,25 – 0,329 - Autres services 1370,53 1370,41 + 0,01Societes financieres 1401,50 1391,59 + 0,7110 - Immobilier 756,89 759,95 – 0,4011 - Services financ. 1390,32 1376,16 + 1,0312 - Societes invest. 1919,34 1916,88 + 0,13

MATIF

Echeances28/07 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 52043 130,56 130,60 130,40 130,52Dec. 97 297 99,40 99,40 99,30 99,36Mars 98 2 98,76 98,76 98,76 98,76

PIBOR 3 MOISSept. 97 10326 96,50 96,51 96,47 96,49Dec. 97 6509 96,39 96,41 96,37 96,40Mars 98 3860 96,30 96,31 96,26 96,30Juin 98 3294 96,18 96,20 96,16 96,19ECU LONG TERMESept. 97 795 97,56 97,56 97,38 97,40

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances28/07 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixJuillet 97 19945 3024 3049 3018 3042Aout 97 8636 3034,50 3058 3028,50 3051Sept. 97 1092 3045,50 3065 3037 3059Dec. 97 .... .... .... .... ....

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 28/07 au 25/07 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,29 3,33 3,43Eurodollar 5,65 5,75 5,75Eurolivre 6,78 6,97 7,31Eurodeutschemark 3,08 3,12 3,25

PARITES DU DOLLAR 29/07 28/07 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,8422 1,8384 + 0,21TOKYO : USD/Yens 117,8200 116,9400 + 0,75

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LeMonde Job: WMQ3007--0018-0 WAS LMQ3007-18 Op.: XX Rev.: 29-07-97 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:29,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0414 Lcp: 196 CMYK

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FINANCES ET MARCHES18 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

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FRANCAISES preced. cours + –coupon

(1)

B.N.P. (T.P) ................... 1007 1007 .... 54,22Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 940 920 – 2,12 51,99Renault (T.P.) ................ 1750 1749 – 0,05 95,39Rhone Poulenc(T.P) ...... 2250 2221 – 1,28 105,01Saint Gobain(T.P.)......... 1300 1275 – 1,92 71,43Thomson S.A (T.P) ........ 1005 .... .... 51,64Accor............................. 927 925 – 0,21 20AGF-Ass.Gen.France ..... 215,90 215,20 – 0,32 5Air Liquide .................... 968 968 .... 14Alcatel Alsthom ............. 772 773 + 0,12 10Axa................................ 399,40 400 + 0,15 7,50Axime............................ 675 665 – 1,48 ....Bail Investis................... 725 720 – 0,68 64,40Bancaire (Cie) ............... 760 761 + 0,13 10Bazar Hot. Ville ............. 565 575 + 1,76 16Bertrand Faure.............. 337,50 336,10 – 0,41 4BIC................................ 503 509 + 1,19 6BIS ................................ 505 505 .... 8B.N.P. ........................... 280,10 283 + 1,03 5,40Bollore Techno.............. 770 765 – 0,64 7,50Bongrain....................... 2390 2380 – 0,41 61Bouygues ...................... 510 509 – 0,19 17Bouygues Offs. .............. 192,80 193 + 0,10 2Bull#.............................. 59,50 61,50 + 3,36 ....Canal + ......................... 1172 1189 + 1,45 20Cap Gemini................... 396,30 396,20 – 0,02 2Carbone Lorraine.......... 1433 1450 + 1,18 18Carrefour ...................... 4212 4201 – 0,26 26Casino Guichard............ 287,60 292 + 1,52 4,50Casino Guich.ADP......... 243,90 246 + 0,86 4,75Castorama Dub.(Li)....... 727 731 + 0,55 11C.C.F. ............................ 299,50 296,80 – 0,90 5,80Cegid (Ly)...................... 618 618 .... 30Cerus Europ.Reun......... 34,50 34,40 – 0,28 10Cetelem......................... 691 691 .... 10CGIP ............................. 1810 1800 – 0,55 40Chargeurs ..................... 343,20 358,90 + 4,57 7Christian Dalloz............. 2400 2400 .... 12Christian Dior ............... 1025 1020 – 0,48 9,40Ciments Francais........... 202 200,30 – 0,84 1,25Cipe France Ly #............ 725 729 + 0,55 2,50Clarins........................... 812 815 + 0,36 7,20Club Mediterranee........ 479,90 477,50 – 0,50 4,50Coflexip......................... 410 408,90 – 0,26 1Colas ............................. 761 763 + 0,26 25Comptoir Entrep. .......... 11,45 11,45 .... 7,50Comptoirs Mod............. 3000 2981 – 0,63 24

CPR ............................... 459,60 461 + 0,30 22Cred.Fon.France ............ 62 63 + 1,61 28Credit Lyonnais CI ......... 327,60 328 + 0,12 10Cred.Nat.Natexis ........... 372 372 .... 10CS Signaux(CSEE).......... 228,70 224 – 2,05 5,50Damart .......................... 4530 .... .... 65Danone.......................... 974 978 + 0,41 17Dassault-Aviation........... 1388 1371 – 1,22 31,50Dassault Electro ............. 555 550 – 0,90 6,40Dassault Systemes.......... 419 415 – 0,95 1,70De Dietrich .................... 234 231,90 – 0,89 5,30Degremont .................... 417 419 + 0,47 9Deveaux(Ly)#................. 744 749 + 0,67 24Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 45,25 44,80 – 0,99 ....Dexia France.................. 575 575 .... 15,70DMC (Dollfus Mi) .......... 98,40 103 + 4,67 4Dynaction ...................... 147,90 147,50 – 0,27 3Eaux (Gle des) ................ 748 738 – 1,33 12Eiffage ........................... 278,80 279 + 0,07 28,80Elf Aquitaine .................. 688 683 – 0,72 14Eramet ........................... 316,70 320 + 1,04 6,60Eridania Beghin ............. 884 867 – 1,92 33Essilor Intl ...................... 1693 1697 + 0,23 14,50Essilor Intl.ADP.............. 1582 1580 – 0,12 15,30Esso ............................... 527 530 + 0,56 4Eurafrance ..................... 2500 2500 .... 72Euro Disney ................... 9,15 9,20 + 0,54 0,68Europe 1 ........................ 1408 1408 .... 19Eurotunnel..................... 7,10 7 – 1,40 ....Fimalac SA ..................... 507 507 .... 16Finextel .......................... 106 .... .... 3,91Fives-Lille....................... 400 400 .... 14Fromageries Bel............. 4290 4225 – 1,51 45Galeries Lafayette .......... 2450 2450 .... 11GAN............................... 156 155 – 0,64 4Gascogne (B) ................. 520 520 .... 14Gaumont #..................... 433,40 434 + 0,13 2,50Gaz et Eaux .................... 2550 2530 – 0,78 55Geophysique.................. 643 629 – 2,17 8G.F.C.............................. 500 500 .... 19Groupe Andre S.A. ......... 532 530 – 0,37 6Gr.Zannier (Ly) # ........... 173 174,20 + 0,69 2,20GTM-Entrepose............. a 323,50 330 + 2 8Guilbert ......................... 876 874 – 0,22 12Guyenne Gascogne........ 2100 2089 – 0,52 30Hachette Fili.Med. ......... 1298 1280 – 1,38 15Havas............................. 412 412 .... 8,50Havas Advertising .......... 708 720 + 1,69 13Imetal ............................ 856 862 + 0,70 16Immeubl.France............. 326 318 – 2,45 6Infogrames Enter. .......... 850 852 + 0,23 ....Ingenico......................... 150,90 153,20 + 1,52 5Interbail ......................... 156 156,10 + 0,06 17,15Intertechnique ............... 1442 1460 + 1,24 13,60Jean Lefebvre ................. 310 .... .... 10Klepierre ........................ 780 785 + 0,64 28Labinal........................... 1490 1482 – 0,53 21,50Lafarge .......................... 418,10 417 – 0,26 10Lagardere ...................... 171 169,90 – 0,64 3,70Lapeyre.......................... 373 370 – 0,80 5,60Lebon............................. 215 214 – 0,46 7Legrand ......................... 1230 1231 + 0,08 4,30Legrand ADP ................. 805 810 + 0,62 6,88Legris indust. ................. 272 265,10 – 2,53 5

Locindus ........................ 788 790 + 0,25 63L’Oreal........................... 2510 2525 + 0,59 14LVMH Moet Hen. .......... 1579 1589 + 0,63 14,60Marine Wendel .............. 658 658 .... 16Metaleurop.................... 99,45 99,60 + 0,15 4Metrologie Inter. ........... 14,15 14,25 + 0,70 ....Michelin ........................ 392 396 + 1,02 3,30Moulinex #..................... 155 148,80 – 4 4Nord-Est........................ 126 124,80 – 0,95 5,50Nordon (Ny) .................. 380 366 – 3,68 ....NRJ # ............................. 925 920 – 0,54 6Olipar ............................ 73,90 73,40 – 0,67 ....Paribas........................... 432,30 430 – 0,53 13Pathe ............................. 1159 1175 + 1,38 10Pechiney........................ 248,10 250,30 + 0,88 3,30Pernod-Ricard ............... 308,50 309,30 + 0,25 4,40Peugeot ......................... 703 705 + 0,28 3Pinault-Print.Red........... 2796 2832 + 1,28 32Plastic-Omn.(Ly)............ 468 468,90 + 0,19 8,50Primagaz ....................... 531 535 + 0,75 8,50Promodes ...................... 2620 2585 – 1,33 14Publicis # ....................... 597 605 + 1,34 4,80Remy Cointreau............. 128 128,90 + 0,70 4,60Renault .......................... 176,40 175 – 0,79 3,50Rexel.............................. 1680 1698 + 1,07 19,60Rhone Poulenc A............ 259,90 259,50 – 0,15 3,50Rochette (La) ................. 28,10 28,45 + 1,24 1,20Rue Imperiale(Ly) .......... 5560 .... .... 120Sade (Ny)....................... 193 195 + 1,03 12,50Sagem SA....................... 3088 .... .... 26Saint-Gobain ................. 869 869 .... 17Salomon (Ly) ................. 480,10 481 + 0,18 55Salvepar (Ny) ................. 460 463 + 0,65 18Sanofi ............................ 578 590 + 2,07 6,60Sat ................................. 1591 1583 – 0,50 29Saupiquet (Ns)............... 658 650 – 1,21 10Schneider SA.................. 360 354,20 – 1,61 5SCOR............................. 275 274 – 0,36 10S.E.B. ............................. 1060 1058 – 0,18 11,20Sefimeg CA.................... 376 376 .... 14,60SEITA............................. 184 183 – 0,54 6,60Selectibanque ................ 69,90 68,30 – 2,28 6SFIM.............................. 898 909 + 1,22 30SGE................................ 138,20 140 + 1,30 5Sidel............................... 457,80 458 + 0,04 4,50Silic CA .......................... 865 864 – 0,11 37,34Simco ............................ 452 452 .... 20,76S.I.T.A............................ 1192 1186 – 0,50 12Skis Rossignol ................ 121,90 123 + 0,90 30Societe Generale............ 790 796 + 0,75 17,50Sodexho Alliance............ 3127 3150 + 0,73 26Sommer-Allibert ............ 206 205,50 – 0,24 4Sophia ........................... 223,90 220,10 – 1,69 17,25Spir Communic. # .......... 511 508 – 0,58 15Strafor Facom................ 421,50 420 – 0,35 7Suez Lyon.des Eaux........ 690 686 – 0,57 12Synthelabo..................... 784 780 – 0,51 5,32Technip ......................... 740 748 + 1,08 10,50Thomson-CSF................ 166 166,90 + 0,54 2,80Total .............................. 607 606 – 0,16 10,50UFB Locabail ................. 601 605 + 0,66 10UIF ................................ 400 402 + 0,50 14,68UIS ................................ 203,50 206 + 1,22 14,97Unibail........................... 552 .... .... 29

Unibail........................... 555 555 .... ....Union Assur.Fdal ........... 665 669 + 0,60 19Usinor ........................... 123,50 121,70 – 1,45 3Valeo ............................. 381,90 380,70 – 0,31 2Vallourec........................ 372,10 370 – 0,56 6Via Banque .................... 171,10 170,80 – 0,17 12Worms & Cie ................. 343 340 – 0,87 9,50Zodiac ex.dt divid .......... 1483 1490 + 0,47 10Elf Gabon....................... 1340 1350 + 0,74 43,50..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Montant

ETRANGERES preced. cours + –coupon

(1)

ABN Amro Hol.#............ 150 150 .... 5,40Adecco S.A..................... 2350 2389 + 1,65 13,13Adidas AG # ................... 745 746 + 0,13 2,71American Express .......... 489 489 .... 1,11Anglo American # .......... 345,10 350 + 1,41 7,30Amgold # ....................... 329,30 331 + 0,51 9,96Arjo Wiggins App........... 16,95 .... .... 0,42A.T.T. # .......................... 225 225,20 + 0,08 1,63Banco Santander #......... 171,90 171,50 – 0,23 2,98Barrick Gold #................ 138,50 138,90 + 0,28 0,34B.A.S.F. # ....................... 240,20 241,50 + 0,54 4,18Bayer # .......................... 269,50 270 + 0,18 4,19Cordiant PLC................. 14,10 13,65 – 3,19 0,09Crown Cork ord.# .......... 308 .... .... 1,21Crown Cork PF CV# ....... 288,50 .... .... 2,28Daimler Benz #.............. 518 530 + 2,31 2,71De Beers # ..................... 221 222,60 + 0,72 1,98Deutsche Bank #............ 405 406 + 0,24 4,44Dresdner Bank #............ 275,20 280,10 + 1,78 3,82Driefontein # ................. 46,60 46,40 – 0,42 0,89Du Pont Nemours #....... 413,30 417 + 0,89 3,12Eastman Kodak # ........... 423,60 423,50 – 0,02 2,21East Rand #.................... 1,35 1,36 + 0,74 0,10Echo Bay Mines # .......... 32,40 32,20 – 0,61 0,15Electrolux #.................... 488 484,80 – 0,65 6,53Ericsson # ...................... 283,50 279 – 1,58 1,30Ford Motor # ................. 253,80 .... .... 2,06Freegold # ..................... 32,85 33,20 + 1,06 2,68GENCOR PROV.REGPT 12,60 .... .... ....General Elect. #.............. 451,70 445,50 – 1,37 1,30General Motors #........... 361,60 361,50 – 0,02 2,45Gle Belgique # ............... 620 .... .... 14,19Grd Metropolitan .......... 64,75 63,15 – 2,47 0,95Guinness Plc # ............... 61 61 .... 1,09Hanson PLC reg............. 30,05 29,80 – 0,83 ....Harmony Gold # ............ 31,20 31 – 0,64 0,47Hitachi #........................ 70 69,30 – 1 0,24

Hoechst # ...................... 293 292,80 – 0,06 3,45I.B.M # .......................... 658 652 – 0,91 1,96I.C.I #............................. 96 96 .... 1,83Ito Yokado # .................. 367,20 365 – 0,59 0,75Kingfisher plc #.............. 72 72 .... 1,44Matsushita #.................. 128,90 127,90 – 0,77 0,30Mc Donald’s # ............... 332,20 335 + 0,84 0,41Merck and Co # ............. 651 626 – 3,84 2,11Mitsubishi Corp.#.......... 69,65 69,10 – 0,78 0,18Mobil Corporat.#........... 469,20 .... .... 5,19Morgan J.P. # ................ 660 684 + 3,63 4,52Nestle SA Nom. # .......... 7890 7960 + 0,88 78,56Nipp. MeatPacker #....... 77,50 .... .... 0,71Nokia A ......................... 510 510 .... 3,94Norsk Hydro #............... 321,20 324 + 0,87 4,78Petrofina # .................... 2411 2450 + 1,61 49,02Philip Morris #............... 277,30 277,30 .... 2,06Philips N.V #.................. 511 500 – 2,15 3,59Placer Dome Inc # ......... 104,50 104,30 – 0,19 0,32Procter Gamble # .......... 956 943 – 1,35 2,55Quilvest ......................... 369 372,50 + 0,94 13,63Randfontein #................ 12,90 13 + 0,77 0,62Rhone Poul.Rorer # ....... 583 583 .... 1,58Rio Tinto PLC # ............. 100,30 100,20 – 0,09 1,23Royal Dutch #................ 342,60 343 + 0,11 14,05Sega Enterprises............ 192,90 .... .... 1Saint-Helena #............... 24,50 24,50 .... 0,63Schlumberger # ............. 460 455 – 1,08 2,30SGS Thomson Micro. .... 520 530 + 1,92 ....Shell Transport # ........... 45 44,80 – 0,44 2,13Siemens #...................... 436 444 + 1,83 3,70Sony Corp. #.................. 605 617 + 1,98 1,33Sumitomo Bank #.......... 100 .... .... 0,18T.D.K # .......................... 512 510 – 0,39 1,55Telefonica #................... 169,70 167,80 – 1,11 1,61Toshiba #....................... 39,40 39,25 – 0,38 0,22Unilever #...................... 1349 .... .... 10,60United Technol. # .......... 537 526 – 2,04 1,53Vaal Reefs # ................... 322,10 326,90 + 1,49 12,97Volkswagen A.G # .......... 4662 4610 – 1,11 22,14Volvo (act.B) # ............... 166 .... .... 2,25Western Deep #............. 143 143 .... 4,60Yamanouchi #................ 171 172,80 + 1,05 0,71Zambia Copper ............. 15,50 15,20 – 1,93 ..................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMARDI 29 JUILLETLiquidation : 22 aout – 0,02%Taux de report : 3,38 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 3021,56

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 6,658CEPME 9% 89-99 CA#..... .... 8,556 x

CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 0,962 dCFD 9,7% 90-03 CB ........ 123,25 4,704CFD 8,6% 92-05 CB ........ 120,90 4,053 oCFF 10% 88-98 CA# ........ 106,96 7,753 oCFF 9% 88-97 CA# .......... 100,81 7,447CFF 10,25%90-01CB# ..... .... 3,903 oCLF 8,9% 88-00 CA#........ .... 1,585 y

CLF 9%88-93/98 CA#....... 102,64 4,463 oCNA 9% 4/92-07.............. .... 2,195 y

CRH 8,6% 92/94-03......... 118,10 0,778CRH 8,5% 10/87-88# ....... .... 3,470EDF 8,6% 88-89 CA# ....... .... 3,935 y

EDF 8,6% 92-04 #............ .... 2,686 x

Finansder 9%91-06# ....... 125,01 6,115 y

Finansd.8,6%92-02#........ 115,85 4,382 dFloral9,75% 90-99# ......... 110,62 0,214

OAT 88-98 TME CA# ...... .... 2,544OAT 9/85-98 TRA............ .... 4,713 oOAT 9,50%88-98 CA#...... 105,10 0,963 oOAT TMB 87/99 CA#....... 99,91 1,698OAT 8,125% 89-99 #........ 107,38 1,514OAT 8,50%90/00 CA# ...... .... 2,934OAT 85/00 TRA CA#........ .... 5,770OAT 10%5/85-00 CA#...... 115,19 1,808OAT 89-01 TME CA# ...... 103,50 2,544OAT 8,5% 87-02 CA#....... 117,60 5,799OAT 8,50% 89-19 #.......... .... 6,521OAT.8,50%92-23 CA#...... .... 2,282 dSNCF 8,8% 87-94CA ....... 106,66 4,340Suez Lyon.Eaux 90.......... .... ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. d 68 68Baccarat (Ny) ................. d 617 617Bains C.Monaco............. 625 625Bque Transatlantl........... d 197,50 197,50B.N.P.Intercont.............. d 800 800Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... d 421 421Champex (Ny)................ d 24,20 24,20CIC Un.Euro.CIP ............ 375 385C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2125 2125Concorde-Ass Risq ......... d 1260 1260Continental Ass.Ly.......... d 561 561Darblay .......................... d 501 501Didot Bottin................... d 834 834Eaux Bassin Vichy........... d 3990 3990Ecia ................................ 1020 1050Ent.Mag. Paris................ d 1410 1410Fichet Bauche ................ d 74,95 74,95Fidei............................... 37,50 38Finalens ......................... d 339,50 339,50F.I.P.P. ........................... d 309 309Fonciere (Cie) ................ d 565 565Fonc. Lyonnaise #........... d 755 755Foncina # ....................... d 476 476

Francarep....................... d 291,80 291,80France S.A...................... d 1185 1185From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1399 1399G.T.I (Transport) ............ d 192,10 192,10Immobail........................ d 145,20 145,20Immobanque.................. 599 596Locamion (Ly) ................ d 440,80 440,80Lucia .............................. d 41,10 41,10Monoprix ....................... d 231 231Metal Deploye................ d 375 375Mors .............................. d 7,85 7,85Navigation (Nle) ............ d 96 96Optorg ........................... d 308,90 308,90Paluel-Marmont............. d 310 310Exa.Clairefont(Ny) ......... d 950 950Parfinance...................... d 262,10 262,10Paris Orleans.................. d 270 270Promodes (CI)................ d 2100 2100PSB Industries Ly ........... 395 395Rougier # ....................... 346 345Saga ............................... 86,50 83S.I.P.H............................ d 278,70 338,60 dSofragi ........................... d 4640 4640Taittinger....................... d 2656 2656Tour Eiffel ...................... d 266 266Vicat............................... d 510 510Caves Roquefort............. d 1900 1900

Elyo................................ d 324 324Finaxa ............................ d 339,50 339,50Gaillard (M).................... d 1532 1532Givaudan-Lavirotte ........ d 1570 1570Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 151,20 151,20Gd Moul.Strasbourg....... d 1988 1988Hotel Lutetia.................. d 300 300Hotels Deauville............. d 530 530Immeubl.Lyon(Ly)#........ d 550 550L.Bouillet (Ly)................. d 305 305Lloyd Continental........... d 8050 8050Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 158 158Matussiere Forest........... 58,50 58,50Moncey Financiere......... d 3326 3326M.R.M. (Ly).................... d 449,50 449,50Navigation Mixte ........... d 813 813Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 104 104Pechiney Intl .................. 119,50 115,70Poliet ............................. d 490 490Sabeton (Ly)................... 825 835Samse (Ly) ..................... d 853 853Sechilienne (Ly).............. d 1180 1180Sucr.Pithiviers................ 3400 3468Tanneries Fce (Ny)......... d 248 248Teleflex L. Dupont.......... d 89 89Union Gle Nord(Li) ........ d 220 220.......................................

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 334 334Commerzbank AG.......... 212 212Fiat Ord.......................... 27 27Gevaert .......................... 515 515Gold Fields South........... 144 144Kubota Corp................... 23,50 23,50Montedison act.ep. ........ 9,60 9,60Olympus Optical............. 51 51Robeco........................... 620 616Rodamco N.V. ................ 199,10 199,10Rolinco........................... 620 624Sema Group Plc ............. 149,50 149,50Solvay SA........................ 3449 3449.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 29 JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 54,55 54,55AFE #.............................. 469,20 465Aigle # ............................ d 297 297Albert S.A (Ns)................ d 210 210Altran Techno. # ............. 1996 1997Arkopharma# ................. 335 327Montaignes P.Gest......... d 3150 3150Assystem # ..................... 318 320Bque Picardie (Li)........... d 696 696Bque Tarneaud(B)#........ d 345 345Bque Vernes ................... d 102 102Beneteau # ..................... d 920 920B I M P........................... d 77,20 77,20Boiron (Ly) # .................. 350 352Boisset (Ly)#................... d 580 580But S.A. .......................... 306 303,50

Cardif SA........................ d 900 900C.E.E #............................ d 150 150CFPI # ............................ d 380 380Change Bourse (M) ........ 212 212CNIM CA#...................... 230 230Codetour........................ d 350 350Comp.Euro.Tele-CET ..... 525 520Conflandey S.A............... d 291 291C.A.Haute Normand....... d 309 309C.A. Paris IDF................. 810 806C.A.Ille & Vilaine............. 331,60 331C.A.Morbihan (Ns) ......... 325 325C.A.du Nord (Li) ............ 545 550C.A. Oise CCI.................. d 315 315Devanlay........................ d 610 610Devernois (Ly)................ d 550 550Ducros Serv.Rapide........ d 85 85Europ.Extinc.(Ly)#.......... d 399,90 399,90Expand s.a...................... d 552 552Factorem........................ d 690 690Faiveley # ....................... 220 220Finacor........................... 74 72,20Fininfo ........................... d 720 720Fructivie......................... 672 678Gautier France # ............ d 255 255Gel 2000 ......................... 51 51GFI Industries #.............. 1001 1002Girodet (Ly) #................. d 30,20 30,20

GLM S.A......................... d 285 285Grandoptic.Photo #........ 1000 1002Gpe Guillin # Ly.............. 237 237Kindy #........................... d 169,50 169,50Guerbet.......................... 230 240,10Hermes internat.1# ........ 565 569Hurel Dubois.................. d 651 651ICBT Groupe # ............... 238 241I.C.C. .............................. d 128,10 128,10ICOM Informatique ....... d 448 448Idianova ......................... d 73,50 73,50Int. Computer #.............. d 85 85IPBM ............................. d 62 62M6-Metropole TV .......... 625 616Manitou # ...................... 755 753Manutan ........................ 402 409Marie Brizard # .............. 759 745Maxi-Livres/Profr. .......... 57,20 53,55Mecelec (Ly)................... d 62 62MGI Coutier................... d 304 304Monneret Jouet Ly# ....... d 135 135Naf-Naf #....................... 68,50 68,90NSC Groupe Ny ............. d 750 750Onet # ............................ d 1000 1000Paul Predault #............... d 171,40 171,40P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 92,15 92,15Phyto-Lierac #................ 442 452

Pochet............................ d 751 751Poujoulat Ets (Ns) .......... d 239 215,80Radiall # ......................... d 666 666Robertet # ...................... 1354 1340Rouleau-Guichard.......... d 360 360Securidev #..................... d 112 112Smoby (Ly)# ................... d 620 620Sofco (Ly) ....................... d 21,35 21,35Sofibus........................... d 369 369Sogeparc (Fin)................ 370,20 370,20Sopra ............................. 580 580Steph.Kelian # ................ d 99 99Sylea .............................. 557 555Teisseire-France............. d 182 182TF1................................. 504 505Thermador Hold(Ly) ...... d 294 294Trouvay Cauvin # ........... d 105 105Unilog ............................ d 735 735Union Fin.France ........... d 656 656Viel et Cie # .................... 133 130Vilmorin et Cie #............. 474 480Virbac............................. 552 551..........................................................................................................................................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 29 JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 149,38 142,27Agipi Actions (Axa) ......... 129,50 123,33

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2445,87 2409,72

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14226 14226Natio Epargne................ 2224,99 2202,96Natio Ep. Capital C/D ..... 17173,28 17003,25Natio Ep. Croissance ...... 3511,52 3442,67Natio Epargne Retraite .. 176,01 172,56Natio Epargne Tresor..... 11294,59 11272,05Natio Ep. Patrimoine ..... 150,62 147,67Natio Euro Valeurs ......... 1162,17 1139,38Natio Euro Oblig. ........... 1025,08 1014,93Natio Euro Opport. ........ 1134,09 1111,85Natio Inter ..................... 2266,99 2222,54Natio Opportunites ........ 202,68 198,71Natio Revenus................ 1130,15 1118,96Natio Securite ................ 11461,29 11461,29Natio Valeurs ................. 1459,52 1430,90

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92555,65 92555,65Oblig. ttes cate. .............. 275,23 271,16

Livret Bourse Inv. D ....... d 878,22 852,64Nord Sud Develop. C...... d 2657,99 2652,68Nord Sud Develop. D ..... d 2511,50 2506,49

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... d 313,42 307,27Patrimoine Retraite D.... d 303,93 297,97Sicav Associations C ....... d 2424,65 2424,65

Fonsicav C...................... 19687,49 19687,49Mutual. depots Sicav C... 19351,16 19331,83

Ecur. Act. Futur D PEA ... 296,63 290,81Ecur. Capitalisation C..... 255,14 255,14Ecur. Expansion C .......... 82973,95 82973,95Ecur. Geovaleurs C ......... 3770,83 3696,89Ecur. Investis. D PEA ...... 238,19 233,52Ecur. Monepremiere ...... 11348,23 11348,23Ecur. Monetaire C .......... 13057,39 13057,39Ecur. Monetaire D.......... 12435,51 12435,51Ecur. Tresorerie C .......... 320,70 320,70Ecur. Tresorerie D.......... 308,24 308,24Ecur. Trimestriel D......... 2066,71 2066,71Eparcourt-Sicav D .......... 193,10 193,10Geoptim C...................... 12793,28 12604,22Geoptim D ..................... 12450,38 12266,38Horizon C....................... 2379,59 2332,93

Prevoyance Ecur. D ........ 106,36 106,36Sensipremiere C............. 13236,64 13203,63

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12041,26 12017,23Ecur. Securipremiere C .. 11985,85 11973,88

CNCA

Amplia............................ D 119894,31 119894,31Atout Amerique.............. 204,25 199,27Atout Asie....................... 126,80 123,71Atout Futur C ................. 856,88 835,98Atout Futur D................. 806,64 786,97Coexis ............................ 1963,87 1931,04Dieze.............................. 2231,79 2194,48Elicash............................ D 951578,44 951578,44Epargne-Unie................. 223,21 217,77Eurodyn ......................... 2854,34 2784,72Indicia............................ d 1862,59 1816,83Mone.JC......................... D 11973,15 11973,15Mone.JD ........................ D 11592,53 11592,53Oblifutur C ..................... 550,59 541,39Oblifutur D..................... 527,59 518,77Oraction......................... 1838,58 1793,74Revenu-Vert................... 1206,95 1186,77Sevea ............................. d 121,69 118,72Synthesis........................ 18257,26 17934,44Uni Association .............. D 120,97 120,97Uni Foncier .................... 1417,06 1382,50Uni France ..................... 916,53 894,18Uni Garantie C ............... 1904,04 1872,21Uni Garantie D............... 1456,28 1431,94Uni Regions ................... 1807,22 1763,14Univar C......................... D 310,21 310,21Univar D ........................ D 297,30 297,30Univers Actions .............. 272,46 265,81Univers-Obligations ....... 253,04 248,81

CIC BANQUES

Francic ........................... 784,89 762,03Francic Pierre................. 140,32 136,23Francic Regions.............. 2038,47 1979,10

CIC PARIS

Associc ........................... 1124,42 1124,42Cicamonde..................... 1719,12 1669,05Converticic..................... 421,47 415,24Ecocic............................. 1843,01 1789,33Mensuelcic ..................... 10225,97 10124,72Oblicic Mondial.............. 4156,74 4095,31Oblicic Regions .............. 1179,85 1162,41Rentacic ......................... 167,91 165,43

Eurco Solidarite.............. 1393,96 1380,16Lion 20000 C................... 17194,95 17194,95Lion 20000 D .................. 16494,55 16494,55Lion Association C.......... 11100,44 11100,44Lion Association D ......... 11100,44 11100,44Lion Court Terme C ....... 26464,22 26464,22Lion Court Terme D....... 23996,09 23996,09Lion Plus C ..................... 1580,39 1549,40Lion Plus D..................... 1507,54 1477,98Lion Tresor..................... 2447,92 2423,68Oblilion .......................... 2218,29 2196,33Sicav 5000 ...................... 788,63 773,17Slivafrance ..................... 1322,59 1296,66Slivam ............................ 626,70 614,41Slivarente....................... 247,81 242,95Slivinter.......................... 890,78 873,31Trilion ............................ 5218,41 5151,44

Avenir Alizes................... 2415,85 2368,48CM Option Dynamique.. 138,05 136,18CM Option Equilibre ...... 268,92 265,93Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 166,21 161,76Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 924,04 924,04Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 152,73 148,64Cred.Mut.Ep.J ................ 22985,20 22985,20Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1871,86 1821,76Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1888,38 1851,35Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1111,25 1089,46

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . 102,61 101,59

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 973,73 931,80Saint-Honore Capital ..... 20050,09 19466,11St-Honore March. Emer. 1005,45 962,15St-Honore Pacifique....... 866,24 828,94

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... d 1835,55 1835,55Strategie Actions............ d 1244,67 1196,80Strategie Rendement ..... d 2006,35 1943,20

Amplitude Amerique ...... 125,86 122,79Amplitude Europe C....... 173,59 169,36Amplitude Europe D....... 170,68 166,52Amplitude Monde C....... 1159,66 1131,38Amplitude Monde D....... 1106,33 1079,35Amplitude Pacifique....... 124,04 121,01Elanciel D PEA................ 195,58 190,81Emergence Poste D PEA 158,78 154,91Geobilys C...................... 662,87 653,07Geobilys D ..................... 627,16 617,89

Kaleıs Dynamisme.......... 1153,67 1131,05Kaleıs Equilibre .............. 1097,19 1075,68Kaleıs Serenite ............... 1053,40 1042,97Latitude C ...................... 148,77 148,77Latitude D...................... 135,53 135,53Oblitys D ........................ 625,51 616,27Plenitude D PEA............. 218,80 213,46Poste Gestion C.............. 14890,53 14890,53Revenus Trimestr. D ...... 5314,49 5261,87Solstice D ....................... 2367,61 2361,71

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38067,84 38067,84Actimonetaire D............. 30997,69 30997,69Cadence 1 D................... 1073,82 1063,19Cadence 2 D................... 1076,73 1066,07Cadence 3 D................... 1064,38 1053,84Capimonetaire C ............ 411,22 410,81Capimonetaire D............ 371,04 370,67Sogeoblig C/D ................ 9316,75 9224,50Interoblig C.................... 7731,21 7654,66Interselection France D.. 771,29 756,17S.G. France opport. C ..... 2109,75 2068,38S.G. France opport. D..... 2014,02 1974,53Sogenfrance C................ 1974,12 1935,41Sogenfrance D ............... 1804,44 1769,06Sogepargne D ................ 314,35 311,24Soginter C ...................... 2836,65 2781,03

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1658,52 1594,73Sogeliance D .................. d 1700,52 1683,68Sogenfrance Tempo D ... d 214,21 210,01..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 28 juillet

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 29 juillet 1997 - 10 h 27’ 35’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 770 770Credit Gen.Ind. .............. d 12,15 12,15Generale Occidentale..... d 111 111Mumm........................... d 1055 1055Ste lecteurs du Monde.... d 125 125.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 53 53Belvedere ....................... d 895 895BVRP.............................. d 195 195Coil ................................ d 202 202Electronique D2 ............. d 905 905FDM Pharma n. ............. d 210 210Genset............................ d 377 377Guyanor action B ........... d 13,50 13,50High Co.......................... d 180 180Infonie ........................... d 93 93Joliez-Regol.................... d 80 80Mille Amis ...................... d 94,80 94,80Naturex.......................... d 88,20 88,20Olitec ............................. d 1300 1300Picogiga ......................... d 200 200Proxidis.......................... d 26 26R21 Sante....................... d 405 405Stelax ............................. d 5,60 5,60

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 29 JUILLET

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 29 JUILLET

Page 19: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

LeMonde Job: WMQ3007--0019-0 WAS LMQ3007-19 Op.: XX Rev.: 29-07-97 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:29,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0415 Lcp: 196 CMYK

19

A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

ESCRIME Avec sept médailles,dont trois titres, la France a dominéles championnats du monde d’es-crime, qui ont eu lieu du 14 au19 juillet au Cap, en Afrique du Sud.

b OUTRE la performance des fleu-rettistes masculins, médaille d’orpar équipes, pour la première foisdepuis vingt-deux ans, l’exploit aété réalisé par les sabreurs. b JA-

MAIS la France n’avait conquis letitre par équipes. Autrefois loin der-rière les Russes et les Hongrois,maîtres incontestés du sabre, les Tri-colores se sont hissés au plus haut

niveau grâce à une révolution desmentalités et des méthodes d’en-traînement dans cette arme. b ÀL’ÉPÉE, Eric Srecki avait ouvert lavoie dès le premier jour en rempor-

tant son deuxième titre mondialconsécutif. b SEULE DÉCEPTION, lemaigre bilan des épéistes françaises,qui ont dû se contenter d’une mé-daille de bronze par équipes.

Sept médailles pour la FranceLe bilan des championnats du

monde du Cap (Afrique du Sud) estflatteur pour l’escrime tricolore, quia installé sa domination mondialeen gagnant sept médailles. Seulesdéceptions : l’épée dames indivi-duelle, l’épée messieurs par équipeset le fleuret dames, maillon faiblede la discipline.

b Epée messieurs (mardi 15 etjeudi 17 juillet) : Eric Srecki est entrédans la légende en conservant sontitre de champion du monde acquisen 1995. En finale, le Français a bat-tu le Russe Kolobkov au terme d’unsuspense époustouflant : les deuxtireurs étaient à égalité à la fin dutemps réglementaire, Eric Srecki nel’emportant qu’au terme d’une« mort subite ». Autre satisfactionen individuel, la troisième place deRobert Leroux. En revanche, grossedéception pour l’équipe (Srecki, Le-roux, Di Martino et Obry), qui netermine que quatrième d’unecompétition remportée par lesCubains.

b Epée dames (jeudi 17 et sa-medi 19 juillet) : c’est incontestable-ment le plus grand regret de ceschampionnats du monde. LauraFlessel et Valérie Barlois, respecti-vement médaille d’or et médailled’argent à Atlanta (1996), ont étééliminées prématurément. Paréquipes, associées à Sophie Mores-sée-Pichot et Elsa Girardot, les fineslames olympiques ont tout demême trouvé les ressources néces-saires pour arracher une médaillede bronze.

b Sabre (mercredi 16 et samedi

19 juillet) : Jean-Philippe Daurelle,Matthieu Gourdain, Damien Touyaet son frère ont réalisé une perfor-mance en apportant à la France sonpremier titre mondial par équipes.Les quatre sabreurs ont battu en fi-nale les redoutables Russes. En in-dividuel, Damien Touya, vingt-deuxans, a confirmé qu’il était un desmeilleurs sabreurs du moment endécrochant la médaille de bronze.

b Fleuret messieurs (mercre-di 16 et vendredi 18 juillet) : c’estavec la médaille d’or de Srecki etcelle du sabre par équipes, l’exploitde ces championnats du monde.Vingt-deux ans après le dernier titrede la France à cette arme, LionelPlumenail, Franck Boidin, PatriceLhotellier et Olivier Lambert sontdevenus champions du monde faceà Cuba. En individuel, Lionel Plu-menail a remporté la médaille debronze après sa défaite en demi-fi-nales sur le futur vainqueur, l’Ukrai-nien Sergei Golubitski.

b Fleuret dames (mardi 15 etvendredi 18 juillet) : c’est encore, ence moment, le point faible de l’es-crime française. Le groupe est jeuneet en devenir. Par équipes, CamilleCouzi, Françoise Darchicourt, Clo-tilde Magnan et Adeline Wuillemeont rempli leur contrat en termi-nant quatrièmes.

b Au tableau des médailles, laFrance termine première, avec septmédailles (trois d’or, quatre debronze), devant Cuba (quatre mé-dailles : deux d’or et deux d’argent)et l’Italie (six médailles : deux d’or,une d’argent et trois de bronze).

La fédération perdencore un partenaire

C’est paradoxalement au mo-ment où l’escrime française ob-tient les meilleurs résultats deson histoire qu’elle perd sessponsors. Juste avant les Jeuxolympiques d’Atlanta, en 1996, laBNP avait décidé de mettre fin àson partenariat. C’est mainte-nant au tour de la compagnied’assurance UAP, rachetée en1996 par AXA, de cesser de sou-tenir financièrement la Fédéra-tion française d’escrime (FFE).« Hormis nos partenaires fidèles,comme Adidas, le ministère dessports est désormais notre princi-pal soutien financier », a expli-qué le président de la fédéra-tion, Pierre Abric, après leschampionnats du monde duCap.

En 1990, la FFE avait déjà per-du l’appui des apéritifs Martini,en raison de la loi Evin, interdi-sant le partenariat des marquesd’alcool. Fabergé avait ensuiteannoncé son retrait en 1995.Cette succession de défectionsintervient malgré les efforts dela fédération internationalepour rendre la discipline plusmédiatique.

C’EST parce qu’il habitait à proximité duclub parisien de la garde républicaine qu’unjour Eric Srecki se décida à pousser la ported’une salle d’armes pour découvrir l’escrime.C’est sans doute l’une des seules fois où lechampion laissa faire le hasard au cours de sacarrière. Depuis, le chef de file de l’épée fran-çaise gère son parcours avec une rationalitéimpressionnante. Premier commentaire aprèsson titre de champion du monde, remportémardi 15 juillet : « Je n’ai pas été vraiment sur-pris. » Prétentieux ? Eric Srecki est tout lecontraire, mais sa lucidité peut déconcerter :« C’était mon objectif, j’ai le sentiment du travailbien fait. »

Au regard de l’ensemble de la saison – il agagné la Coupe du monde, qui récompense letireur le plus régulier de l’année –, la médailled’or du Cap est amplement méritée. « Pour-tant, je n’étais pas au mieux pendant ces cham-pionnats. Durant la saison j’ai eu de bien meil-leures sensations », avoue-t-il. Mais Eric Sreckiest désormais arrivé au sommet de son art :« Avec mon expérience, j’ai la possibilité de bienmaîtriser toutes les situations, même si je ne suispas au top. Je fais en sorte de ne pas perdrecontre plus faible que moi. »

Un peu comme les 500 bouteilles de vin qu’ilcollectionne dans sa cave, chez lui, à Béthune(Pas-de-Calais), Eric Srecki s’est bonifié annéeaprès année. Oublié le temps où, avant les Jeuxde Barcelone en 1992, son premier titre, il étaitconsidéré comme un loser. Du haut de ses

193 centimètres, il affiche désormais l’un desplus beaux palmarès de l’escrime française :champion du monde individuel (en 1995 et1997) et par équipes (1994), champion olym-pique individuel (1992) et par équipes (1988).

Mais mettre en avant cette accumulation detitres l’agace : « On ne peut pas comparer despalmarès à plusieurs générations d’intervalle ;me mettre sur un pied d’égalité avec Philippe Ri-boud ou Philippe Boisse, c’est flatteur, mais ça neveut pas dire grand-chose. C’était un autrecontexte. »

UN GOÛT D’INACHEVÉA trente-quatre ans et malgré ce palmarès,

les victoires font toujours courir Eric Srecki.D’ailleurs, le fait de n’avoir pas décroché demédailles par équipes au Cap lui laisse un goûtd’inachevé. Le titre mondial par équipes faitd’ailleurs partie des priorités de la prochainesaison. La dernière ? Après les Jeux olympiquesd’Atlanta (1996), l’épéiste avait décidé de conti-nuer encore deux ans, jusqu’aux championnatsdu monde de La Chaux-de-Fonds (Suisse), ennovembre 1998. A leur terme, l’épéiste doitprendre une décision définitive. « Je n’envisagepas de continuer le haut niveau indéfiniment. Aubout d’un moment, ça n’est pas raisonnable surle plan physique. Et puis on doit avoir d’autrespriorités, familiale et professionnelle. »

Sur le plan professionnel, Eric Srecki a prisun virage déterminant à la fin de 1996. Il a quit-té son poste à la BNP, où il bénéficiait d’un sta-

tut d’athlète de haut niveau lui permettant dedisposer d’horaires aménagés. « Je ne me voyaispas bosser à la banque pour les vingt ans à venir,explique-t-il, ma sensibilité sportive est restée laplus forte. » Aussi a-t-il décidé de tenter leconcours de professorat de sport, qu’il doitpasser en 1998.

Dans la vie comme sur la piste, avec Eric,tout est réfléchi, calculé au millimètre, àl’image de son escrime, qualifiée par ses ad-versaires de « chirurgicale ». A tel point qu’onlui attribue souvent l’image de quelqu’un defroid, de peu expansif. « Des escrimeurs commeRobert Leroux [NDLR, médaille de bronze auCap], estime le champion, ont besoin de fairemonter la mayonnaise, de gueuler, de contester,ça lui permet de se motiver. Moi, je maîtrise les si-tuations en donnant l’impression d’être imper-turbable. »

Mais Eric n’aime pas les étiquettes. C’estpourquoi, lors de la finale des championnats dumonde du Cap, il a voulu casser cette image detype qui ne bronche pas. Après la touche victo-rieuse, il s’est amusé à faire un peu de cinémaen embrassant le sol, comme s’il était arrivé enTerre sainte. Mais on ne va pas contre sa na-ture. D’ailleurs, tous ses copains l’appellent le« Suédois ». Sa taille et sa blondeur nordiquen’y sont pas pour rien. « Mais, concède-t-il,c’est aussi un surnom qui convient bien à montempérament. »

S. L.

Eric Srecki, le « Suédois », au sommet de son art

LE RUSSE Pavel Kolobkov (à droite), adversaire en finale d’ErikSrecki, n’était pas n’importe qui : un double champion du monde,farci de l’expérience qui rend les « vieux » sabreurs encore plus re-doutables. De son propre avis, le Français n’était pas « au mieux »

pour confirmer son titre mondial de 1995. Mais il sait serrer le jeu, seservir de la crainte qu’il inspire désormais à tous ses adversaires, auterme d’une saison qui l’a vu écraser le classement de la Coupe dumonde. Au point de porter la dernière touche, celle de la « mort su-bite », qui ne porte pas mieux son nom que dans ces simulacres decombats individuels.

L’épéiste tricolore a mis le monde à sa botte

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L’assaut victorieux des sabreurs françaisLes Tricolores sont devenus champions du monde de sabre par équipes pour la première fois de leur histoire,

en venant à bout des spécialistes russes. Un titre qui réhabilite une arme longtemps considérée comme le parent pauvre de la disciplineTOUS les escrimeurs tricolores

en rêvaient. Pour la première fois,la France est devenue championnedu monde de sabre par équipes,samedi 19 juillet, au Cap, enAfrique du Sud. Quelques minutesaprès la touche victorieuse portéepar Damien Touya sur le RussePozdniakov, dans le camp françaison lâche à l’entraîneur national dusabre, Christian Bauer : « Franche-ment, je pensais que ton équipeétait bancale. Je ne pensais pas quec’était possible. »

Au-delà de la boutade, la re-marque est révélatrice. Le sabre enFrance a longtemps été considérécomme le parent pauvre de l’es-crime. Il y a quinze ans, l’armeétait dominée sans partage par laHongrie et la Russie. Il était alorsimpensable que la France rivaliseun jour avec ces deux pays. Auprix d’une révolution prodigieuse,elle est aujourd’hui la meilleurenation du monde, avec un collectif

homogène et de fortes individuali-tés, comme Damien Touya, mé-daillé de bronze en individuel.

Lefèbvre, dans les années 50,puis Arabo, médaillé d’argent auxJeux olympiques de Tokyo, en1964, avaient écrit les riches heuresdu sabre français. Et puis, ensuite,le noir complet, le néant. Les Fran-çais n’avaient pas su prendre letrain conduit par les Hongrois etles Russes, au début des an-nées 70, qui avaient inventé unsabre moderne, plus mobile etdonc plus tactique. Les Françaissont vite distancés.

« L’arme est tout à coup devenueplus complexe, parce que très tech-nique, explique Christian Bauer.Désormais, il fallait une petite di-zaine d’années pour former un sa-breur là où il en faut moitié moinspour faire un bon fleurettiste ou unépéiste. »

Dans ces conditions, les clubs,découragés, ne se sont pas donné

les moyens de se consacrer à cetapprentissage fastidieux. A l’ex-ception de quelques clubs commeTarbes, où le maître Geuna per-siste, le sabre est délaissé. Difficiledans ces conditions d’espérer« sortir » des champions.

Une petite dizaine d’années pour formerun sabreur, là où il en faut moitié moinspour faire un bon fleurettiste ou un épéiste

Le sabre touchera le fond en1980 avec les Jeux olympiques deMoscou. Malgré le boycott despays occidentaux, la France dé-cide d’envoyer une délégation.Mais elle sera réduite au strict mi-nimum. En ce qui concerne l’es-crime, c’est le sabre qui en fera lesfrais. Jean-François Lamour serale seul représentant français à

cette arme. Aucun entraîneur nel’accompagnera. Comme il luifaut quand même un partenaired’échauffement, on concèdequ’Hervé Granger-Veyron soit duvoyage... mais en tant que cuisi-nier de la délégation. A l’époque,

les sabreurs sont un peu les mar-ginaux de l’escrime française,plus enclins à se faire remarquerpendant les « troisièmes mi-temps » que sur la piste.

Une reprise en main devient in-contournable. Les Hongrois sontles maîtres incontestés du sabre ?Qu’à cela ne tienne. La Fédérationfrançaise d’escrime (FFE) décide

de faire appel à un entraîneur ma-gyar, Laszlo Scepezi. Le déclic estimmédiat. Scepezi arrive àconstruire un groupe d’élite quitrouvera sa consécration avec lamédaille d’or de Jean-FrançoisLamour aux Jeux olympiques deLos Angeles, en 1984. Durant lesannées 80, Jean-François sera unelocomotive pour toute une géné-ration d’escrimeurs.

Le retournement est specta-culaire, mais le sabre n’est paspour autant tiré d’affaire. Des ti-raillements se font jour entre lafédération et le « magicien » hon-grois, auquel il est reproché unepolitique d’entraînement exclusi-vement tournée vers l’élite. Sce-pezi claque la porte. Dansl’ombre, Christian Bauer prendconscience qu’il faut reconstruiredes structures plus solides. En1992, il prend les rênes du sabrefrançais.

« Dès le départ, j’ai voulu resser-

rer les liens avec la base, c’est-à-dire les clubs, affirme-t-il. Il étaitessentiel de garder notre patri-moine, mais en le faisant évoluer.Ce sont les pays qui, à la base, ontune culture d’escrime qui durent. »Au début des années 80, on nedénombrait pas plus de six clubsessentiellement tournés vers lesabre. Il y en a aujourd’hui prèsde quatre-vingts. Résultat : le ré-servoir de futurs champions n’ajamais été aussi riche. A tel pointque, pour les Universiades, aumois de septembre, ChristianBauer va se permettre d’alignerune équipe uniquement compo-sée d’espoirs, comme Galvez, Pil-let ou Semmartin, qui ont à peinela vingtaine.

Si Jean-François Lamour a étéun révélateur, les Français ont supar la suite creuser le sillon. Lescomplexes se sont peu à peu es-tompés. « Avant, face aux Russes,on essayait surtout de mettre destouches, confesse Jean-PhilippeDaurelle, l’un des membres del’équipe championne du monde.C’est le gros changement par rap-port à aujourd’hui. L’équipe estcomposée de jeunes [MathieuGourdain, Damien et GaëlTouya], qui n’ont pas connu cetteépoque. Depuis Lamour, ils onttoujours tiré en baignant dans unedynamique de victoire. Mainte-nant, quand un Français rentre surla piste, c’est pour la victoire. »

Le pari du renouvellement adonc été gagné. C’est ce quidonne toute sa force au titremondial remporté par MatthieuGourdain, Jean-Philippe Dau-relle, Damien et Gaël Touya. LaFrance dispose désormais d’uneécole de sabre. L’époque où lessabreurs étaient considéréscomme les « voyous » de l’es-crime française est révolue. Lesmentalités et les profils ont évo-lué.

Même si les sabreurs ne sontplus ces mauvais élèves qu’onmontrait du doigt, l’esprit rebellen’a pas totalement disparu. Chris-tian Bauer tient à le conserver.Après la victoire du Cap, par soli-darité, il a imité ses tireurs en tei-gnant ses cheveux en blond pla-tine pour fêter l’or si chèrementacquis.

Stéphane Lauer

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Le vol à voile, sport de glisse en trois dimensionsICARE, de nos jours, s’il avait

appris à faire des compromis, au-rait pu pratiquer le vol à voile. Nonpas que cette activité l’eût forcé-ment préservé de son destinépique – malgré l’évolution desmatériaux composant les planeurs,il arrive encore que le cielconvoque définitivement un pilote,en condamnant l’appareil às’échouer au sol –, mais le vol àvoile est le sport aérien le plus au-thentique, le plus proche du vol del’oiseau, car sans assistance. Leseul râlement de moteur provientdes remorqueurs, qui tirent les pla-neurs au départ comme on courtpour hisser un cerf-volant. Ensuite,il faut comprendre le vent.

« Un bon pilote a une machine àcalculer dans la tête, explique le di-recteur technique national, Jean-Paul Lauga. Il doit calculer sa trajec-toire en fonction de sa vitesse et dutemps qu’il met à descendre. » Abord de son planeur, le pilote enre-gistre les données météorologiquesà l’extérieur de l’appareil, tout enlisant les indications des outilsélectroniques de plus en plus précisdont il dispose à bord. Le vario-mètre, qui indique la vitesse verti-cale, et les calculateurs fournissentdes informations précieuses sur lesparamètres de vol. De nos jours,

elles sont même communiquéesgrâce à un simple signal : un son ai-gu alerte d’une montée, un songrave d’une descente.

Le pilote doit « vivre l’ascen-sion », selon le mot de Jean-PaulLauga. Le vent est capricieux, voireatrabilaire ; il faut le côtoyer depuislongtemps pour en deviner les hu-meurs. Epouser la bonne colonned’air, qui fera remonter le planeurde plusieurs centaines de mètres,est une réussite fragile. L’ascensioncylindrique et continue est unidéal ; le plus souvent, elle res-semble à un parcours de mon-tagnes russes, avec montées et des-centes parfois brutales.

En compétition, les planeurssont groupés en trois catégories,en fonction de leur envergure (de15 m à près de 30 m). Il faut par-courir le plus vite possible, en volplané, un circuit triangulaire d’unelongueur variable (environ500 km). A 150 km/h de moyenne,avec des pointes à 280, les pilotespassent à grande vitesse d’un cou-rant d’air à l’autre et doivent im-médiatement « décoder » le ciel.Allongés et sanglés dans un siège-baquet sous une bulle de Plexiglas,ils subissent de violents change-ments de température selon l’alti-tude, de – 20 0C à + 40 0C.

Dès 3 500 m d’altitude, les pi-lotes ont besoin du masque à oxy-gène. Il est aussi indispensable dese ravitailler et de boire régulière-ment. Une épreuve dure parfois desix à sept heures : une déshydrata-tion peut brouiller les facultésd’analyse et mettre le pilote endanger.

CONCENTRATION ÉNORMELe vol à voile n’est pas une

épreuve physiquement dure,puisque le pilote est quasi immo-bile ; en revanche, elle est épui-sante nerveusement, exigeant uneconcentration énorme, qui n’estpas sans évoquer celle des joueursd’échecs.

En vol à voile, sport de glisse entrois dimensions, les têtes brûléessont châtiées. Alors qu’en compéti-

tion les pilotes flirtent avec les5 000 m, certains illuminés croientque l’Olympe des champions se si-tue au-delà du raisonnable, etgrimpent jusqu’à près de 15 000 m.Ils entrent alors dans une zone oùleur appareil n’est plus fiable.Pourtant, les améliorations dans laconstruction des planeurs sontpermanentes : on est passé du boiset de la toile au plastique et au car-bone, tandis que les profils desailes sont étudiés en soufflerie.

En compétition, les participantss’élancent lorsque les conditionsmétéorologiques leur paraissentoptimales ; à cet instant, l’heure dudépart est enregistrée grâce au sys-tème GPS ou une photographie.Depuis deux ans, les boîtes noiresembarquées enregistrent les trajec-toires des appareils pendant la

course. Celles-ci opposent le piloteau chronomètre. Les autresconcurrents jouent néanmoins unrôle essentiel, puisqu’ils sillonnentle ciel au même moment.

Dans le concert aérien, il y a lesexplorateurs audacieux et les sui-veurs. Lorsque les meilleurs tracentleur route, les autres empruntentleur trajectoire au plus près. « Auxderniers championnats du monde,beaucoup de pilotes n’ont fait que“sucer la queue” des planeurs fran-çais, témoigne Jean-Paul Lauga.Derrière les hommes de tête, onvoyait une spirale d’engins s’enrou-lant et se défaisant comme une bo-bine de fil. »

Le vol à voile ressemble parfois àun jeu de dupes et de malins, où lesruses permettent d’aller plus viteou de ralentir les autres. On peut,par exemple, rechercher les fauxdéparts, afin que les autres concur-rents partent devant et deviennentdes lièvres de luxe, comme en ath-létisme. On peut également volerau ralenti, pour retarder les pour-suivants et permettre à un coéqui-pier, devant, de prendre ses aises.Le peloton du ciel n’a alors rien àenvier à celui du Tour de Francecycliste.

P. Sm.

Altitude 5 000 m ; vitesse : 250 km/h, température : de + 40 0C à – 20 0C...

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Maître suissecontre prodige italien

L’élite mondiale des tireurss’est rassemblée à Megève(Haute-Savoie), du 3 au 6 juillet,pour participer aux 15es cham-pionnats du monde de ball-trapen fosse universelle (différente del’épreuve olympique). Dans cettediscipline, les plateaux d’argilesont propulsés par cinq lanceurs,selon une vitesse et des angles in-connus des tireurs. Après quatrejours de compétition serrée, sousune pluie persistante, le SuisseXavier Bouvier n’a devancé Mas-simo Fabbrizi qu’à l’issue d’unbarrage. Mais, suivant le règle-ment, l’âge de l’Italien ne l’auto-rise qu’à devenir champion dumonde juniors. Du coup, deuxFrançais, Jean-Charles Devant etBruno Valeteau, occupent lesdeux autres marches du podium.

Pas d’heures supplémentaires pour le rameur solitaireBREST

de notre correspondantL’affaire ne manque pas de sel par son prolongement

terrestre : le 24 septembre 1995, Joseph Le Guen coupaitle 5e méridien au large de l’île d’Yeu, réalisant en103 jours la traversée d’est en ouest de l’océan Atlan-tique à la rame. Il était parti des Etats-Unis le 13 juin,seul dans une yole de huit mètres de long construitepour la tentative et baptisée Pour les sauveteurs en mer.

La traversée avait duré un mois de plus que celle deGérard d’Aboville, mais l’aventure était saluée commeun authentique exploit. Le marin, âgé alors de quarante-huit ans, était fêté à Molène, son île natale, et accueilliensuite par plusieurs centaines de Brestois à son arrivéedans le port du Ponant.

Mais les relations se sont gâtées entre Joseph Le Guenet son financier-employeur, la société brestoise Genev.A tel point que le marin l’a assignée devant le conseil desprud’hommes de Brest. Le litige portait notamment surson contrat de travail à durée déterminée. Pendant letemps qu’a duré la traversée, ce contrat a été suspenduselon une clause contenue dans un protocole d’accord eta été prolongé à l’arrivée pour une même période.

Par la bouche de son avocat, Joseph Le Guen a estiméque ce congé sans solde était illicite et a tiré ensuite lesconséquences pécuniaires en tablant sur une durée dutravail obligatoirement particulière quand on est maîtreà bord vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce qui aamené les prud’hommes à se pencher sur une factureproportionnelle au temps passé en mer, comprenant824 heures normales, à raison de huit heures de naviga-tion quotidienne, mais aussi 1 648 heures supplémen-taires, majorées de 25 % et 50 %, et 1171 heures de reposcompensateur représentant 440 000 francs environ.

Le conseil, qui a rendu sa décision le mardi 24 juin, nel’a pas suivi sur ce terrain, estimant que le contrat de tra-vail ne valait que dans la phase de préparation de l’évé-nement, et non une fois le marin en mer. Alors que cedernier demandait au total près de 900 000 francs,considérant notamment que le contrat de travail devaitêtre requalifié en durée indéterminée, le conseil desprud’hommes ne lui a accordé que 14 500 francs corres-pondant à un solde de salaire. Et depuis, le rameur galère.

Vincent Durupt

La France a survolé les championnats du mondeLes Français ont brillé aux championnats du monde, qu’ils orga-

nisaient sur le site de Saint-Auban/Château-Arnoux, dans lesAlpes-de-Haute-Provence, du 22 juin au 13 juillet. Vainqueurs dedeux des trois titres individuels, ils se sont également imposés auclassement par équipes. Avec cinq médailles, ils améliorent leurperformance des précédents championnats du monde, organisésen Nouvelle-Zélande en 1995 (trois médailles, dont une d’or), à lagrande satisfaction du directeur technique national, Jean-PaulLauga.

Michel Carrega, le vétéran comblé du ball-trap, ne tire plus que pour la détenteMEGÈVE (Haute-Savoie)

de notre envoyé spécialSon tour est venu. Comme tous

les participants de ces Champion-nats du monde de ball-trap, dispu-tés à Megève (Haute-Savoie) du 3au 6 juillet, Michel Carrega ignored’où va surgir le plateau d’argile.Du stand où il a pris place, onn’aperçoit pas les cinq lanceurs, ca-tapultes mécaniques à la partitionimprévisible. Le vétéran françaisfixe la pente devant lui et met enjoue. « Pull ! » Un coup suffit. Lacible volante, surgie de la gauche,explose en plein vol. Ses débrisblancs tournoient et s’échouentplus bas, avalés par les feuillages,dans le cimetière verdoyant des pi-geons d’argile.

Michel Carrega le sait : son tirn’est plus aussi précis qu’à lagrande époque. Le 25/25, scoreparfait indiquant que tous les pla-teaux d’une série ont été touchés,se fait rare. Score final : 184/200, làoù le meilleur obtient 197. L’oeil

n’est plus infaillible, les mainsmoins précises. Mais quelle impor-tance ? La gibecière pleine de titresà ras bord et l’orgueil repu depuislongtemps, le Corse, âgé desoixante-deux ans, est venu à Me-gève pour le plaisir. Histoire de dé-rouiller son fusil dans la catégorievétéran.

PALMARÈS IMPRESSIONNANTAujourd’hui, il peut tirer pour la

détente ; avant, il était trop occupéà gagner. A son palmarès, quatretitres de champion du monde, au-tant de champion d’Europe, vingtet un titres nationaux. Et les Jeuxolympiques ? Quatre participationsde 1972 à 1984, et une médailled’argent à Munich. En fait, les Jeuxmotivaient moins Michel Carregaque les Championnats du monde,« beaucoup plus relevés car tous lestireurs sont présents ».

Battre les meilleurs dans desconditions difficiles l’excitait. Cetteperspective justifiait également la

discipline impitoyable qui régentasa vie de sportif. Diététique, prépa-ration psychologique (« Je lisais deslivres de sophrologie »), pratiqued’arts martiaux : le souci du détailn’avait d’égal que sa gourmandisepour les coupes et les médailles.« Je mangeais des gâteaux aux myr-tilles et je buvais du jus de carottesparce que c’est bon pour la vue. » EtMichel Carrega ne s’autorise à re-garder la télévision que depuisquelques années... Aussi exigeantavec les autres qu’il le fut avec luimême, le quadruple champion dumonde juge avec séverité la nou-velle génération des tireurs fran-çais. « Nos jeunes ne sont pas prêts àfaire tous les sacrifices. En plus, jedéplore qu’ils fument. Quelqu’un quifume ne peut pas être mon ami. Jene lui en veut pas, mais je m’éloigneau maximum. »

Ce fils d’un Parisien croupier etd’une Corse chorégraphe sort del’ordinaire des tireurs. Alors que lamajorité des pratiquants de ball-

trap sont des chasseurs frustrés sedéfoulant sur des pigeons d’argile,lui s’est réservé pour son sport. « Jetirais déjà 30 000 cartouches par an,ce n’était pas pour avoir un fusil àl’épaule pendant mes loisirs. » D’au-tant plus que, malgré la minutiemaladive de sa préparation, MichelCarrega n’a jamais été monoma-niaque.

PÊCHE AU CORAILSes deux autres passions, la

plongée sous-marine et la mu-sique, ont également occupé uneplace importante dans son par-cours professionnel. Dans les an-nées 50, il travaille comme pianistedans des cabarets en Corse, enSuisse et en Allemagne. Il découvrele ball-trap vers 1958 grâce à unvoisin, armurier et pratiquant. Al’époque, il se consacre à la pêcheau corail au large de l’Ile de Beau-té. En 1967, plusieurs drames le dé-tournent de cette activité moins lu-crative qu’exigeante et risquée :

trois amis plongeurs meurent, enl’espace de six mois. « Je me suisalors aperçu que j’avais peur. »

Michel Carrega entre alors auministère des sports, où il occuperadifférents postes tout en menantune carrière de tireur de haut ni-veau. Dans les années 70, il est à lafois sélectionneur et membre del’équipe de France, soutenu pardeux fabriquants de cartouches etde fusils, « sans lesquels je n’auraijamais pu faire carrière ». Le ball-trap est un sport très coûteux,cibles et munitions étant des den-rées périssables. « J’ai dû dépenserplus de 150 000 francs par an enfrais divers, déplacementscompris. »

Ironie des sports confidentiels :bien qu’en possession d’un palma-rès énorme, Michel Carrega n’ob-tient la reconnaissance publiquequ’en participant, en 1973, à « LaTête et les Jambes », émission télé-visée animée par Pierre Bellemare.Il est « les jambes », chargé de rat-traper par sa performance sportiveles erreurs d’une « tête » interro-gée sur l’aéronautique.

Le manque de considérationpour son sport ne surprend pas dutout Michel Carrega, conscient deshandicaps majeurs qui plombent leball trap. « On est nuisant, bruyantet polluant », résume-t-il de façonabrupte, avant d’insister sur les ef-forts des fabriquants pour inventerdes fusils plus silencieux et desproduits bio-dégradables.

Le 25 septembre 1999, MichelCarrega partira à la retraite. Ilpourra alors profiter du chalutierqu’il va bientôt acquérir et consa-crer plus de temps à la pêche et à lamusique. De temps en temps, ilpointera son fusil vers des pigeonsd’argile, sans devoir abuser aupréalable de tarte aux myrtilles. Detoute façon, comme il dit en sou-riant, « en loisir, vous tirez bien, vousêtes content ; vous tirez mal vous êtescontent quand même. »

Piotr Smolar

DÉPÊCHES a FOOTBALL : les principauxchampionnats européens s’ap-prêtent à entamer la saison 1997-1998 (vendredi 1er août pour lechampionnat de France), quicommencera et s’achèvera plus tôtque d’habitude pour permettre auxdifférentes sélections nationales dese préparer avant le Mondial orga-nisé par la France en juin et juillet1998.a Pour ce qui concerne les trans-ferts, le feuilleton de l’été a été lepassage du Brésilien Ronaldo duFC Barcelone (Espagne) à l’Inter deMilan (Italie). Pour plus de 180 mil-lions de francs (record du monde),le club italien a recruté l’attaquantvedette de la sélection brésilienne.Mais les hésitations des dirigeantsde Barcelone et les manœuvres desagents de Ronaldo ont compliquéles négociations. Au point que la FI-FA a été sollicitée pour régler le dif-férent et a donné aux clubs jusqu’au31 juillet pour se mettre d’accordsur les indemnités de transfert, touten considérant acquise l’arrivée deRonaldo à l’Inter.a Barcelone a engagé le BrésilienSonny Anderson pour palier le dé-part de Ronaldo. Le club catalanpermet ainsi à l’AS Monaco de réa-liser le plus gros transfert du foot-ball français et de toucher près de90 millions de francs.a Le « marché » en France a étéplus animé que les années précé-dentes. Le recrutement le plus spec-taculaire est le fait du Paris Saint-Germain, qui a enrôlé l’attaquantitalien du Milan AC, Marco Simonepour 36 millions de francs. Le PSG aégalement recruté Florian Maurice,l’avant-centre de l’Olympique lyon-nais, pour plus de 40 millions defrancs. A noter également l’arrivéede Laurent Blanc (FC Barcelone) àMarseille et de Japhet N’Doram(FC Nantes) à Monaco. La palme duplus grand changement d’effectifrevient pour la deuxième annéeconsécutive à Bordeaux :13 joueurs, plus l’entraîneur RollandCourbis, s’en vont, tandis que10 nouveaux arrivent.a La légion étrangère s’agrandit.Une nouvelle vague de départs per-met à des joueurs français de goû-ter à d’autres championnats et degagner beaucoup plus d’argent. Ilssont 26 à avoir franchi les frontièrespour jouer en Italie, au Portugal, enAllemagne ou en Ecosse. Parmi lesgros transferts, ceux d’Ibrahim Bade Bordeaux au Milan AC, de Be-noît Cauet du Paris Saint-Germain àl’Inter de Milan, et d’Emmanuel Pe-tit de l’AS Monaco à Arsenal. Ber-nard Lama pourrait également s’ex-patrier et rejoindre le Real Madrid.a Au Brésil, malgré les transfertsimpliquant un grand nombre desprincipaux joueurs, notamment enEurope, seule la Coupe du mondepassionne les supporters de l’équipenationale. Qualifiés d’office pourl’épreuve, puisque détenteurs dutitre, les joueurs brésiliens ont dé-montré que le statut de favorin’était pas usurpé, comme en té-moigne leur victoire en finale de laCopa America face à la Bolivie (3-1),dimanche 29 juin, à La Paz.a Si l’équipe de France est elleaussi déjà qualifiée pour la Coupedu monde 1998 – c’est la « puis-sance recevante » –, les autres sé-lections tricolores engagées encompétition ont connu quelquesmalheurs au cours de l’été. Lesmoins de vingt ans, – les« Bleuets » –, avaient affiché leursambitions avant de se rendre enMalaisie pour disputer les cham-pionnats du monde de leur catégo-rie. Mais ils ont échoué dimanche29 juin en quart de finale (éliminésaux tirs au but après un match nul1-1) face à l’Uruguay, finaliste mal-heureux de l’épreuve remportée parl’Argentine. L’équipe de France fé-minine était engagée dans la phasefinale du championnat d’Europe,organisé par la Suède et la Norvègedu 29 juin au 12 juillet et remportépar l’Allemagne. Les Françaisesn’ont pu s’extraire du groupe A oùelles figuraient en compagnie del’Espagne, de la Russie et de laSuède.a Jean-Claude Suaudeau n’estplus l’entraîneur de Nantes. Fidèleau club depuis trente-sept ans,d’abord comme joueur puis commeentraîneur, il a décidé de laisser saplace à la direction de l’équipe pro-fessionnelle à son adjoint, ReynaldDenoueix, ancien responsable ducentre de formation.a Les modifications dans lesrègles du jeu, décidées par l’Inter-national Board au printemps der-nier, sont entrées en vigueur le1er juillet. Grande nouveauté : le gar-dien de but ne peut plus prendre leballon à la main à la suite d’unetouche. Par ailleurs, il doit être sanc-tionné systématiquement d’un coupfranc indirect lorsqu’il tarde à relan-cer la balle.

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hollandais. Ilsont d’ailleurscru bon nous enexpédier sous laforme de« sachetsgrignotage ». Quipourraitcependant

prendre pour des friandises cesradis dans leur cornet decellophane, mal lavés, sans fanes etdont on a vaguement tentéd’éradiquer les radicelles ?Pour nos compatriotes, il n’y a deradis digne de ce nom que bicolore.Le chromatisme à ce sujet estextrêmement précis : un tiers deblanc et deux tiers de rouge sontaujourd’hui les proportions les plusfréquemment rencontrées. Cescouleurs très tranchées n’ont pas

jour les portes de sonpotager au magazineElle, pour y fairel’éloge de ses radis.Elle y affichait un goûtbien personnel, celuides petits rouges etronds dits écarlates,« bien fermes et assezdoux ». Le sourire de Mlle Binochefait sans doute plus l’unanimitéauprès du public français que nepourraient le faire ses semis. Laquasi-totalité des 45 000 tonnes deradis récoltés l’an dernier sur notreterritoire étaient des variétésbicolores et allongées. Il n’y a queles Nordistes qui, à l’instar de lacomédienne, apprécient cesminuscules sphères unicolores.Cette variété fait pourtant lebonheur de nos voisins belges et

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15AB

DEFGHIJKLMNO

CDESSOUSB I V O U A C

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97160

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

HORIZONTALEMENT

I . Pour t rava i l l e r à toutevapeur. – II. Le principal moyende communication. Châtimentau pays de Boris. – III. Pâtebatave. Abandonné par les siens.– IV. Communiquer. Pommiernon greffé. – V. Gain de tempsavant l’exécution. – VI. Le titane.Station d’hiver en Suisse. – VII.Restés sous le choc. Foyer dubouddhisme au Japon. – VIII.Donne de la couleur au regard.La presse l’a fait tomber. – IX. Estpassé du pet i t séminaire augrand doute religieux. Fixais le

cours des choses. – X. Ses fleursen grappes sont jaunes, ses fruitssont rouges.

VERTICALEMENT

1. Une sonnerie pour le mili-taire, un point de chute pour lecivil. – 2. Un plus pour améliorerl’ensemble. A la pointe de l’épée.– 3. Coiffure pour un souverain.Ce n’est plus la peine d’en parler.– 4 . Met t r e en vo l u mes . LaGaronne y trouve sa source. – 5.Bout d’émail. Son châssis esttoujours plus large que haut. – 6.Brillants mais brefs. – 7. Entre

Naxos et Santorin. Démonstra-tif. – 8. Ne se discutent pas. Nese discute pas s’il est ferme. – 9.Barbarie. – 10. Le plus grand enFrance. Prît une direction. – 11.Déchiffré. Chant au départ, maispas chant du départ. – 12. L’êtreen phi lo . Assure une bonneprise.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97159

HORIZONTALEMENTI. Résipiscence. – II. Amoroso.

Néon. – III. Boue. Olifant. – IV.ATT. Aleviner. – V. Tiédie. Olt. –VI. Tonus. Fia. Cf. – VII. Enée.Burinai. – VIII. Ultime. Ill. – IX.RER. Eee. Scie. – X. Sustentaient.

VERTICALEMENT1. Rabatteurs. – 2. Emotion.

Eu. – 3. Souteneurs. – 4. Ire.Duel. – 5. Pô. Ais. Tee. – 6. Isole.Bien. – 7. Sole. Fumet. – 8. Ivoire.– 9. Enfilai. Si. – 10. Néant. Nice.– 11. Cône. Câlin. – 12. Entrefilet.

SCRABBLE W PROBLÈME No 28g SOS Jeux de mots :

3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

A la recherche du troisième mot1. Vous avez tiré E M O R S T Ua) Trouvez et placez un mot de

sept lettres.b) Avec ce même tirage, trouvez

six mots de huit lettres en le complé-tant avec six lettres différentes ap-partenant à l’un ou à l’autre des deuxmots placés sur la grille.

N. B. Dès que vous avez trouvé unesolution, effacez-la avant de continuer.

2. Préparation de la grille de lasemaine prochaine.

c) Premier tirage : D E L O R U U.Trouvez un sept-lettres.

d) Deuxième tirage : A G I M P RS. Trouvez un sept-lettres ; en utili-sant une lettre du tirage précédent,trouvez un huit-lettres.

Solutions dans Le Monde du6 août.

Solutions du problème parudans Le Monde du 23 juillet.

Chaque solution est localisée sur lagrille par une référence se rapportantà sa première lettre. Lorsque la réfé-

rence commence par une lettre, le motest horizontal ; lorsqu’elle commencepar un chiffre, le mot est vertical.

a) NATUREL, I 1, 70, faisant PU,OR, TE et IL (64 points en I 9).

b) DELURANT, A 8, 80 –REFLUANT, C 6, 76, ou l’anagrammeFLEURANT – VALURENT, E 8, 72,ou l’anagramme LEVURANT –

PLANTEUR, 4 H, 72, ou l’ana-gramme PLEURANT – ENROULAT,5 E, 82, ou les anagrammesRELOUANT, ALENTOUR etROULANTE.

c) BIVOUAC.d) DESSOUS.

Michel Charlemagne

Le radisLe radis est un moins que rien.Selon la croyance populaire, lavaleur de cette racine est proche dezéro (« ça ne vaut pas un radis »).Pourtant quoi de plus frais, de plussimple et de plus savoureux que cebeau légume à la croque-au-sel ? Lecharme inattendu de ce bijou roseet blanc n’avait pas échappé augrand écrivain japonais SôsekiNatsume, qui, à l’issue d’un longséjour en Europe, écrivait dans sonOreiller d’herbes que la nourritureoccidentale était dépourvued’esthétisme, hormis toutefois lesradis roses.Ce n’est pas Juliette Binoche qui lecontredirait. L’actrice françaiserécemment oscarisée ouvrait l’autre

toujours fait l’unanimité. Selonl’Agence pour la recherche etl’information en fruits et légumes(Aprifel), chaque région avaitautrefois des désirs stricts quant aucoloris de ses radis. « La partieblanche devait atteindre la moitié dela racine dans le midi de la France,moins d’un tiers en région parisienneet ne pas être plus longue qu’unetache de lait dans l’Ouest. »Dans la famille Guehennec,maraîchers depuis quarante ansdans les Yvelines, on se souciesurtout de ne pas livrer de radistrop piquants pour caused’insolation. L’été, les 400 bottesque l’on façonne iciquotidiennement en plein champviennent à maturité deux fois plusvite qu’au printemps. L’arrosage nedoit pas manquer si l’on veut que

le soufre contenu dans le radis,celui qui lui donne sa saveurastringente, reste dans desproportions raisonnables.Si l’Ile-de-France est une grandepourvoyeuse de radis durant l’été,les pays de Loire restentcependant le berceau de celégume. Des coopératives commeVal nantais en produisent plus dequatre millions de bottes chaqueannée. Celles-ci sont vendues avecleurs fanes, ce qui présente aumoins deux avantages. Lafraîcheur du radis s’y litfacilement (le feuillage flétrit trèsrapidement), et cette partie quandelle est bien verte se marieparfaitement avec une salade delaitue.

Guillaume Crouzet

ChampagneDelamotte, blanc de blancs non millésimé a Le champagne est une métaphore du destin de la cuisine française :l’améliorer à l’infini, mais ne pas la changer. Au sein du Groupe LaurentPerrier, la Maison Delamotte, fondée à Reims en 1760, a conservé son ca-ractère et son savoir-faire. Le pressurage fait appel aux techniques lesplus modernes, mais tout le travail de cave reste manuel. L’on sait expri-mer la délicatesse du chardonnay issu des sols crayeux des cinq hectaresque possède la Maison Delamotte au Mesnil-sur-Oger et des raisinsd’une dizaine de vignerons alentour, dont on s’assure la récolte d’annéeen année. Une délicatesse qui n’exclut ni la densité, ni surtout le carac-tère vineux, condition nécessaire à l’élaboration d’un grand champagne.C’est une bouteille à conserver sur la table, après l’apéritif, avec leshuîtres et les crustacés, les volailles même, et tous les plats à la crème. Unchampagne qui est aussi un vin de table.. La bouteille : 120 F (en vente à Paris, à la Grande Epicerie, LafayetteGourmet). Champagne Delamotte. 7, rue de la Brèche-d’Oger 51190-LeMesnil-sur-Oger. Tél. : 03-26-57-51-65. Télécopie : 03-26-57-79-29.

TOQUES EN POINTE

Bistrots LE POITOU CHEZ CATHERINE a Un décor de bistrot parisien, marqué par les années 50, un comptoir,comme il se doit, et la cohorte des habitués venus de la Bourse, amateursde bons vins et de plats roboratifs. C’est le cadre, banal pourrait-on dire,de ce bistrot que la régularité de sa cuisine et le choix de ses vins élèventpourtant au rang de référence absolue. Si l’on ajoute la qualité irrépro-chable de l’accueil, avec ce qu’il faut de connivence, on tient là une fa-meuse adresse. L’andouille de Guéméné, le gâteau provençal, la côte debœuf, l’admirable andouillette de Duval, parfaitement cuite, et sespommes sautées, de quoi apprécier un excellent coulanges lavineuse, unirancy ou bien un vin d’importance tel le maranges 1er cru, clos desLoyères du domaine V. Girardin. Ces agapes n’excéderont pas 150 F, plusles vins. Réouverture le 2 septembre. . Paris, 65, rue de Provence (75009), tél. : 01-45-26-72-88. Fermé samedimidi et dimanche.

LE BISTROT DE L’ÉTOILE LAURISTON a Un bistrot, un vrai, malgré le décor un peu chic de bois blond, nor-dique, alors que la cuisine est plutôt ensoleillée. C’est l’une des adressesparisiennes de Guy Savoy, relayé ici par William Ledeuil, jeune chef pleind’enthousiasme. L’entrée du jour, c’est le cannelloni de ratatouille, sauceantiboise et herbes maraîchères. Puis le carré de veau mijoté, fondant,avec une fricassée de pommes de terre, échalotes et cresson, donne lamesure d’une cuisine inventive, et de haut goût. Les pannequets à laconfiture de fraise-rhubarbe paraissent issus du cahier de recettes de lagrand-mère. Jolie cave où l’on aimera le domaine gramenon « ceps cen-tenaires », vin des côtes du Rhône. Formule : 135 F. Menu : 165 F. A lacarte, compter 190 F. . Paris, 19, rue Lauriston (75016), tél. : 01-40-67-11-16. Fermé le samedimidi et dimanche.

Jean-Claude Ribaut

BOUTEILLE

des additions à tomber raide, on« positive », on rigole, on dé-contracte. C’est le genre bongenre, sans le côté « rides que l’al-chimie imprime aux grands frontsstudieux » ; en titre honorifique,une brève étoile au Michelin cou-ronne l’ensemble, c’est tout. Uneambiance aéro-club et gaietés del’escadrille, avec sur la carte desblagues façon almanach Vermot.On joue simple. Entre nous.

Entre nous, par exemple, onsemble ici adorer les sardinescrues. Il y en a toute une batterie àdisposition. Alors, commandonsde ces bestioles, et donnons-leurune chance en les choisissant avecun léger concassé de tomates. Onne sait jamais. Des fourneaux, unquart d’heure plus tard, un cou-reur à pied vient livrer la mauvaisenouvelle : plus de concassé. Finjuillet, plus de tomates dans la ca-pitale : Paris isolé, Paris désappro-visionné, Paris sinistré...

On s’étonne poliment, en gueu-lant un petit coup, tout en se ra-battant sur une portion de sansconcassé. Oui, oui, fait le gars,avec un filet d’huile d’olive, vousallez voir, c’est très bien. Ah ! lavoilà, l’huile d’olive. Le Nord esten train de prendre des bainsd’huile d’olive. C’est l’accrédita-tion à tous les assaisonnements, àtoutes les fariboles. Un peu de pre-mière pression par-là, une touchede pure vierge par-ci. On finira parla boire au goulot, la pure vierge.Pour les restaurateurs d’imagina-tion courte, la sainte huile est de-

venue une médecine universelle, leremède miracle. Ainsi, pas de mi-racle : ces sardines innocentes etorphelines, présentées nuescomme promis, écorchées à sou-hait comme convenu, seront àl’huile d’olive pas comme prévu.

La salle tournait à son rythme,celui des endroits où les assiettesrepartent en cuisine râpées jusqu’àla porcelaine. Le service était effi-cace et sportif, de cette nouvelleécole qui regarde le client un peudroit dans les yeux. Conseillons lebar – pas le poisson, l’endroit –, ony voit ce qui se passe de moinsbas ; confortable au demeurant.Emus et légers comme des papil-lons, passe un couple de Japonais.Une Italienne demande du citron.On lui fait remarquer que c’est uneinsulte pour l’institution toute en-tière ; elle insiste pourtant. Le ci-tron réclamé arrive en mêmetemps que nos rougets.

LA PLACE DU TURBOTL’émotivité des rougets est ex-

trême, eux-mêmes en sont d’ac-cord. Le voyage les éreinte, laglace leur dresse le poil, les mala-droits les navrent. Ceux-ci, asser-mentés à l’ail et au genièvre, sem-blaient avoir trouvé leur maître.Cuits et flattés à l’amoureuse,comme ils aiment... Mais quelledrôle d’idée de les avoir faitconvoyer d’une gendarmerie àcheval sous forme de pommes deterre et d’une duègne d’aubergines

dépourvue de toute autorité. Il au-rait fallu qu’on nous explique.Mais le turbot réclamait la place.En plénipotentiaire, un beurremonté proposait ses bons offices.

La portion est considérable, unepièce vraiment peu ordinaire. Dequel océan sortait ce monstre ? Dequelles profondeurs avait-il puiséautant de mérite à être aussi re-marquable ? Vraiment exception-nel, presque inquiétant. Et très vitese posait la question de savoir parquelles brûlantes méthodes, sousquelles violentes contraintes, onétait arrivé à lui donner une allurede poisson cuit ? Ce qui pouvait seproduire se produisit : saisi pleingoût aux périphéries, il se retrou-vait mal à l’aise dans les approchesdu centre et franchement natureparvenu au cœur. Manque de cali-brage dans les bonnes intentions.

Mer cruelle. La nouvelle écolede chefs sait qu’il ne convient plusde la prendre en force, ni à la rigo-lade. Elle est devenue chose sa-vante et sérieuse. Rameau majeuret sensible dans le futur nourris-sant de l’homme, il est questionaujourd’hui moins d’en faire unspectacle que d’essayer d’en per-cer, ou redécouvrir, les multiplesfacettes et sortilèges. Cela de-mande de la modestie.

Jean-Pierre Quélin

. Paul Minchelli, 54, boulevardLatour-Maubourg, 75007 Paris,tél. : 01-47-05-89-86. Carte : 500-800 F.

LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 21A U J O U R D ’ H U I

Mer cruellePêchée dans les temps et servieà l’heure,il ne reste à la maréequ’à savoir être accommodée

LES POISSONS – quelle vieatroce que la vie de poisson, disaitQueneau – ont toujours donné dufil à retordre aux cuisiniers. Jamaisassez frais, et quand ils le sonttrop, on les accuse d’avoir été sai-sis dans le froid éternel de la ma-chine à congeler. Vient ensuite lacuisson, casse-tête mal résolu ; etla préparation, exercice toujourspérilleux, l’animal gardant par-de-vers soi un violent penchant àn’être autrement accommodéqu’au court-bouillon de sa soupeoriginelle. Il faut du cran pour s’at-taquer à pareilles créatures et unecertaine force de caractère pouroser s’en faire une spécialité. Lesréussites sont rares.

C’est vers l’une des vieillesgloires de la poissonnerie avant-gardiste que l’on retournait l’autresoir, chez Paul Minchelli, qui, avecson frère Jean, voilà plus de vingtans, s’était mis en tête de déniaiserles Parisiens en leur offrant unegamme très nouvelle vague decompositions marines dont on al-lait beaucoup parler. Ils propo-saient leurs prises, crues ou justeroses, flambées à la magistrale ousaisies al dente, amaigries sousl’épreuve du sauna ou rôties au so-leil du gril. Rien ne leur résistait.C’était subversif, cher et souventbon. Leur succès fut considérable.

Aujourd’hui seul, Paul Minchellia quitté Montparnasse pour s’ins-taller boulevard Latour-Mau-bourg, quartier où il est fâcheuse-ment impossible de faire lamoindre mauvaise rencontre, maisoù la marée a les moyens d’êtrerendue à bon port dans des délaischronométriques. Son restaurant –anciennement Chez les anges – ac-cueille une clientèle toujours fi-dèle, ou soudain conquise, en toutcas des suceurs d’arêtes disposés àavaler les meilleures.

Attention, nous ne sommes pasdans la manécanterie des cuisi-niers à la toque d’or. Ici, malgré

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22 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 A U J O U R D ’ H U I

Situation le 29 juillet à 0 heure TU Prévisions pour le 31 juillet à 0 heure TU

LE CARNETDU VOYAGEUR

a CHILI. Plusieurs milliers d’ha-bitants sont victimes des intem-péries qui affectent depuis troisjours les v i l les de Valdivia ,Osorno et Puerto Montt, dans lesud du Chili. Près de 4 500 per-sonnes sont isolées dans la ré-gion de Puyehue (900 km de San-tiago).Plus d’un millier de personnesont subi d’importants dégâtsmatériels, notamment à Osornooù la crue des fleuves Rahue etDamas, qui traversent la ville,ont privé de toit 200 familles. AValdivia ce sont 150 familles quisont sans logement.

a INDONÉSIE. La société devoyage Best tours propose desdestinations exotiques tel le cir-cuit « Découverte Prestige : Javaet Bali », en hôtels de luxe, à par-tir de 8 290 francs par personne(15 jours/12 nuits). Tél : 01-44-50-52-00.

10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

Liverpool

StockholmOslo

Berlin

Prague

VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

30 JUILLET 1997

18/27 S 20/24 S 21/29 S 17/30 S 15/21 S 17/21 S 13/20 S 16/30 S 15/28 S 15/31 S 16/26 N 19/28 S 18/30 S 20/31 S

16/27 S 15/27 N

21/25 S 14/28 N 18/26 S 22/31 S 14/25 P 16/29 N 15/27 S 20/30 S 16/29 N

23/30 N 25/30 C 19/23 S

23/29 S 24/30 S 16/25 C

20/25 P

23/29 N 24/31 N

12/16 S 17/26 N 16/26 S 14/27 S 15/27 N 15/27 P 17/23 C 14/21 S 10/17 S 16/28 S 16/26 S 14/20 P 21/27 S

22/31 S 20/37 S 16/27 S

14/19 S 15/22 S

16/24 S 19/31 S

15/25 S 13/25 S 22/32 S 11/23 S 20/32 S 14/23 S 21/30 S 23/37 S 16/22 P 15/21 C 13/24 C 16/21 C 15/20 N

16/24 S 25/30 N 15/20 P 12/26 C

20/28 S 17/25 N

20/25 C 17/23 N 13/24 N 14/23 S 17/27 S 13/20 S 4/8 P

14/25 N 17/27 S

18/30 S 26/29 N 18/29 N

22/32 S 19/26 S

12/22 C 9/20 S

23/33 S 19/26 S

28/36 C 27/29 P 24/30 N 32/40 S 26/32 P 27/31 P 24/30 S 28/31 P 26/30 P

27/31 P 8/14 N 24/29 C

30 JUILLET 1997

a Le plus grand quotidien polo-nais, Gazeta Wyborcza, doit ac-quérir 20 % du capital de la télé-vision cryptée TPK Canal PlusPolska. Le journal a annoncé, lundi28 juillet, qu’un accord avait été si-gné par la société ACTV, société-sœur de l’éditeur de Gazeta Wy-borcza, par Polcom Invest, action-naire principal de la société TKP,qui contrôle la branche polonaisede Canal Plus, et par le groupefrançais, qui maintiendra sa parti-cipation à 33 %. L’accord doit en-core être entériné par le Conseil dela protection des consommateurset de la concurrence. – (AFP.)

Protocole d’accord en Italie Canal Plus, la RAI, Telecom Italia, Mediaset/Fininvest et Cecchi

Gori ont signé, lundi 28 juillet à Rome, un protocole d’accord « pourle développement rapide et concret de la télévision numérique à péageen Italie ». Selon le communiqué commun des cinq sociétés, le cadregénéral du projet « à majorité italienne » sera défini d’ici au 30 sep-tembre. Il est prévu que, outre les signataires, « la plate-forme seraaccessible et utilisable pour des opérateurs tiers ».

Cet accord s’inscrit « dans un processus plus large de convergenceentre les différents secteurs des médias, des télécommunications et del’informatique qui se traduit dans la diffusion de la télévision numé-rique et des services interactifs à large bande (parmi lesquels Inter-net) ». Le communiqué précise enfin que « cette collaboration ne se li-mitera pas à l’Italie ». Une extension aux pays méditerranéens etd’Europe de l’Est est évoquée.

DÉPÊCHESa RADIO : Gilles Schneider va rejoindre Radio France Internatio-nale (RFI) en qualité de directeur de l’information, où il succédera àAnne Toulouse, qui occupait ce poste depuis août 1996. Ancien direc-teur de la rédaction d’Europe 1, Gilles Schneider avait été nommé enaoût 1996 directeur délégué de l’antenne après l’arrivée de JérômeBellay aux commandes de la radio de la rue François-Ier.a PUBLICITÉ : la société d’affichage Giraudy a cédé 40 % du capi-tal de Girosport, régie publicitaire d’affichage dans les stades, augroupe Jean-Claude Darmon, qui en contrôle désormais la totalité. Latransaction, effective le 30 juillet, a été réalisée pour un montant de32,5 millions de francs. Girosport a déclaré en 1996-1997 un chiffred’affaires de 115 millions de francs, soit 17,6 % du chiffre d’affairesconsolidé du groupe Darmon. Celui-ci est détenu à 59,31 % par Jean-Claude Darmon, à 15 % par l’investisseur britannique Henderson In-vestors, 20 % étant dans le public et 5,69 % auprès d’actionnaires mi-noritaires.a ESPAGNE : le président de la chaîne de télévision privée Ante-na 3, Antonio Asensio, a démissionné de son poste, lundi 28 juillet.C’est la conséquence de la prise de contrôle de 25 % du capital d’An-tena 3 par le groupe de télécommunications Telefonica, qui en assu-rera la gestion (Le Monde du 26 juillet). – (AFP.)a GRANDE-BRETAGNE : la chaîne de télévision publique Chan-nel 4 va cesser dans deux ans de reverser une partie de ses recettespublicitaires au réseau privé ITV. Un accord conclu au moment dulancement de Channel 4, en 1982, prévoyait que les chaînes privéesconstituant le réseau ITV devaient aider financièrement la chaîne pu-blique si celle-ci ne parvenait pas à s’octroyer 14 % du marché publici-taire. Au-delà, c’est Channel 4 qui devait reverser à ITV la moitié deses recettes supplémentaires. Or, c’est ce qui se produit depuis plu-sieurs années en raison du succès de Channel 4, qui capte 10 % del’audience nationale : elle a ainsi versé 87 millions de livres (environ870 millions de francs) à ITV au titre de 1996. – (AFP.)

L’Université d’Hourtinsous le signe du politique

LORS de sa session des 25 et26 juin à Bruxelles, le Parlement eu-ropéen a estimé entre un million etun million et demi le nombre denouveaux emplois qui pourraientêtre créés avec le développement dela société de l’information. Mêmetrès approximative et optimiste, unetelle évaluation devrait encouragerles gouvernements à explorer priori-tairement ce secteur, dont tous lesexperts disent qu’il dominera leXXIe siècle. Or, les dirigeants et la plu-part des hommes politiques euro-péens subissent plus qu’ils ne maî-trisent la mondialisation de lacommunication.

Au-delà de l’enjeu économique etsocial, c’est le fonctionnement desdémocraties qui peut être en causelorsqu’on abandonne le pouvoird’informer aux seuls impératifs d’unmarché dominé par quelques grandsgroupes. « Peut-il y avoir une réponsepolitique à la mondialisation dans cesecteur qui se trouve être l’un des plusstratégiques pour la sortie de lacrise ? », interroge Marcel Des-vergnes, le créateur et l’organisateurde l’Univesité d’été de la communi-cation.

Pour sa dix-huitième édition, quirassemblera, du 25 au 29 aoÛt àHourtin (Gironde), des personnalitéspolitiques, des journalistes et des res-ponsables des médias, la manifesta-tion organisée par le Crepac d’Aqui-taine a précisément choisi comme

thème de réflexion « Et le poli-tique ? ». Alors que le président BillClinton a clairement défini une lignepolitique américaine pour les nou-velles technologies de communica-tion en s’appuyant sur les opérateursnord-américains, l’Europe campe surla défensive. « On cherche avant toutà mettre des barrières, déplore MarcelDesvergnes. On a l’impression d’unestratégie de bastides alors que le poli-tique devrait avoir une stratégie d’al-liances d’un pays à l’autre, de manièreà contrebalancer les stratégies écono-miques. » Nulle ligne Maginot nepouvant contenir le déferlement li-béral actuel sur les médias – électro-niques ou non –, quelle autre ré-ponse le politique peut-il apporter ?Devra-t-il se contenter de régulerune évolution décidée ailleurs ?

Pour sa semaine de réflexiond’Hourtin, le Crepac d’Aquitaine adû modifier en partie la liste de sesinvités politiques, le gouvernementayant changé depuis l’élaboration duprogramme. Ce dernier, en revanche,n’a subi aucune modification ; lesquestions soulevées par l’avènementde la société de l’information sontrésistantes aux alternances.

. Renseignements : Crepac d’Aqui-taine, résidence Mozart, BP 110,2, rue Jean-Artus, 33030 BordeauxCedex. Tél. : 05-56-69-62-62. Fax : 05-56-69-62-60. E-mail : [email protected].

Nuages au nordUNE PETITE PERTURBATION

traversera, mercredi, le nord dupays. Elle abordera les côtes de laManche le matin et se dirigeravers l’est. A l’avant et à l’arrièrede cette zone nuageuse et trèsfaiblement pluvieuse, le tempssera ensoleillé.

Bretagne, pays de Loire,Basse-Normandie. – Les nuagesporteurs de petites pluies éparsesaborderont les côtes de laManche dès le matin. Puis le cielse dégagera rapidement. Il fera 18à 22 degrés près de la mer et 23 à27 ailleurs.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Près des côtes, il ferabeau avec un début de journéesous les nuages et parfois la pluie.Ailleurs, les nuages s’épaissirontaprès une matinée ensoleillée.Des ondées passagères tombe-ront çà et là. Elles seront suiviesd’une belle amélioration en fin dejournée. Il fera 22 à 28 degrés.

Champagne, Lorraine, Al-sace, Bourgogne, Franche-

Comté. – Après une journée en-soleillée, quelques nuages por-teurs de petites pluies aborderontla Champagne, puis l’ouest de laBourgogne et de la Lorraine dansla soirée. Il fera 27 à 29 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Sur le Poitou-Charentes, des nuages pouvantdonner de petites ondées pro-gresseront dans l’après-midi. Surles Pyrénées, quelques nuages sedévelopperont sur le rel ief.Ailleurs, le soleil brillera du matinau soir, avec des températures at-teignant 28 à 32 degrés l’après-midi.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – La journée sera estivale,avec au meilleur de la journée 28à 30 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur,Corse. – Le beau temps se pour-suivra sans nuance. Soleil et cha-leur seront au menu. Il fera 28 à30 degrés près des côtes, 29 à 32ailleurs, et jusqu’à 35 localementdans l’arrière-pays provençal.

La direction de « Midi Libre » et la CGT mettent fin à leur conflitUN ACCORD a été signé, lundi

28 juillet, entre la direction de MidiLibre et le Syndicat du Livre, met-tant fin à cinq semaines de conflit,qui ont transformé la nouvelle for-mule du quotidien en drame. MidiLibre s’apprêtait, mardi 24 juin, àfaire le grand saut – nouvelle for-mule, nouveau format, nouvellesrotatives, mis au point depuis unan par un nouveau PDG, ClaudeBujon, qui a succédé à son père, etun nouveau rédacteur en chef,Alain Plombat –, à l’image de soncousin de Perpignan, L’Indépen-dant, qui avait adopté un formatberlinois, quelques mois plus tôt.Mais lundi 23 juin au soir, les rota-tives se sont tues.

A la veille de la nouvelle for-mule, annoncée à grand renfort decampagne publicitaire, les ouvriersdu Livre CGT du journal se sontmis en grève : aucun accordn’avait été conclu avec les rotati-vistes.

Ulcéré, Claude Bujon a dénoncé« quelques irresponsables, sciantméthodiquement la branche sur la-quelle ils sont (confortablement) as-sis ». La CGT demandait une ving-taine de postes supplémentaires etune augmentation de 800 francs.Un long conflit allait s’ouvrir, ob-

servé le plus souvent avec inquié-tude par les autres patrons depresse, alors qu’à Paris des mouve-ments des ouvriers des message-ries perturbaient la distributiondes quotidiens et des magazines.

Le PDG du groupe Midi Libre,Claude Bujon, a déclaré, lundi28 juillet à l’AFP, que cet accord« permet d’utiliser les matériels ins-tallés dans la forme que souhaitaitla direction ». Selon lui, « on estdans l’épure proposée le 22 juin, àsavoir 78 ouvriers pour une périodetransitoire. Après, on réduira les ef-fectifs à hauteur de 68, 69 ». Il a

précisé que rien n’avait été arrêtésur la question des salaires et an-noncé que la direction avait levéles sanctions envisagées contrecinq délégués syndicaux.

UN PARI RISQUÉPour Francis Renard, secrétaire

du CE et membre de la Filpac-CGT, cet accord est un « compro-mis de démarrage, qui nous permetde reprendre dans de bonnes condi-tions », en précisant que, sur laquestion des salaires, « tout sera vudans les mois à venir » et que, surcelle des effectifs, « les deux parties

s’y retrouvent ». La nouvelle for-mule du quotidien devrait désor-mais paraître début août. Selon ladirection, le conflit a coûté unetrentaine de millions de francs.

Claude Bujon a d’une certainemanière gagné son pari – absurde–, en montrant qu’il pouvait tenirtête au Syndicat du Livre et qu’ilpouvait faire imprimer son journalà l’étranger. En adoptant une atti-tude peu conciliante, il a pris lerisque de laisser s’étendre leconflit, tout en habituant les lec-teurs de la région à vivre sans MidiLibre, alors qu’il avait su créer uneattente de la nouvelle formule.

Le Syndicat du Livre a, de soncôté, confirmé qu’il pouvait per-turber la parution des journaux,mais le conflit a montré les limitesde son action puisque la directiona pu éditer un quotidien à l’étran-ger. La fédération du Livre CGT(Filpac) a tout fait pour ne pas em-braser le conflit.

Mais la situation, à Montpelliercomme aux NMPP, indique quel’éclatement du syndicat et la pertede sa toute-puissance favorisentdes conflits parfois irrationnels etincontrôlables.

Alain Salles

Canal Plus porte plainte contre les chaînes généralistesRIVAUX sur le marché de la télé-

vision à péage, Canal Plus et Télé-vision par satellite (TPS), bouquetde programmes numériquescontrôlé par TF 1, France Télévi-sion, la CLT-UFA, France Télécom,M 6 et la Lyonnaise des eaux,mènent aussi une guerre de posi-tion auprès des tribunaux. Depuisplus d’un an, à une plainte de l’undes protagonistes répond obliga-toirement une plainte de la partieadverse.

Après la saisine du Conseil de laconcurrence par TPS contre CanalPlus (Le Monde daté 27-28 juillet),la chaîne cryptée n’a pas tardé àrépliquer. Elle a annoncé, lundi28 juillet, avoir saisi le tribunal decommerce de Paris, le 11 juillet,

« du refus qui lui a été opposé enavril dernier par l’ensemble deschaînes hertziennes et leur régie dediffuser sur leurs antennes un spotpublicitaire présentant Canal Plus ».En clair, il est reproché aux chaînesgénéralistes alliées dans TPSd’avoir refusé d’ouvrir leur écranspublicitaires pour passer un spotde promotion de Canal Plus.

Dans un communiqué, la chaînecryptée considère que « le refus parTF 1, France 2, France 3 et M 6 decette campagne publicitaire priveCanal Plus de l’accès à la quasi-to-talité des écrans publicitaires audio-visuels hertziens nationaux ». CanalPlus place son combat sur le plandes principes. Selon la chaîne pré-sidée par Pierre Lescure, l’obstruc-

tion des chaînes généralistes est« une violation de la liberté d’ex-pression et du pluralisme de l’infor-mation qui sont pourtant protégéspar la convention européenne desdroits de l’homme et la déclarationdes droits de l’homme et du ci-toyen ».

Plus précisément, « Canal Plusconsidère que TF 1, France 2,France 3, M 6 et leurs régies respec-tives abusent gravement de leur po-sition, au mépris des principes de li-berté du commerce et de laconcurrence ». Par son action prèsle tribunal de commerce de Paris,la chaîne cryptée tente d’obtenir lacondamnation « des sociétés encause à diffuser sous astreinte lesspots publicitaires de Canal Plus ».En outre, selon Marc-André Feffer,vice-président de la chaîne cryptée,les chaînes généralistes « se sontconcertées » pour refuser de diffu-ser le spot publicitaire interprétépar Antoine de Caunes, « alorsqu’elles sont en concurrence sur lemarché publicitaire ». D’après levice-président, les chaînes généra-listes ont motivé leur oppositionen arguant que « Canal Plus lesconcurrencerait sur ses trois heuresde programmes quotidiens enclair ». « Il est inadmissible d’être“black listé” du marché publicitairetélévisé », conclut Marc-André Fef-fer.

Chacun se renvoie la responsabi-

lité de l’origine du conflit. PourTPS, « c’est Canal Plus qui acommencé ». Il y a quelques mois,la chaîne cryptée a refusé de diffu-ser un spot de promotion de TPSau motif que ses écrans publici-taires étaient surchargés. En privé,certains à Canal Plus ne cachaientpas leur peu de goût à retrans-mettre la campagne publicitaired’un annonceur avec lequel ils sonten concurrence frontale. Toutefois,la chaîne cryptée ne souhaite pasen rester là. En septembre, « CanalPlus devrait faire de nouvelles pro-positions aux chaînes hertziennes »à l’occasion de sa campagne publi-citaire de la rentrée.

Guy Dutheil

Cinq semaines de blocageb 23 juin au soir : les ouvriers duLivre-CGT de Midi libre semettent en grève illimitée, alorsque doit être lancée la nouvelleformule du journal.b 1er juillet : la direction faitparaître une feuille d’informationslocales, distribuée gratuitement.b 3 juillet : la direction publie unjournal de 12 pages imprimé àl’étranger et vendu 2 francs.b 15 juillet : la direction proposeune reprise du dialogue. La CGTaccepte.

b 16 juillet : la parution d’un32 pages imprimé à l’étrangerentraîne une grève de solidaritédes ouvriers du Livre des autrestitres du groupe, Centre-Presse etL’Indépendant. La réunion prévueest ajournée par la direction.b 19 juillet : le syndicat acceptede reprendre le travail. Desnégociations s’ouvrent sans délai.b 24 juillet : les ouvriers rejettentle préaccord de la direction.b 28 juillet : signature d’unaccord et fin du conflit.

COMMUNICATION

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C U LT U R ELE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997

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Le théâtre sud-africain de l’après-apartheidy voisine avec la musique d’Ornette Colemanjouée par le New York Philharmonic, le ténorChristoph Homberger joue les Anna Russelentre des performances vidéographiques

Au Lincoln Center, s’amuser dans le plus grand sérieuxNew York/Musique. Dans une programmation qui se veut éclectique, le « Palestrina » de Pfitzner dégage, malheureusement, un certain ennui

POUR LA DEUXIÈME édition duLincoln Center Festival de NewYork, qui se termine le 27 juillet,John Rockwell, son directeur, auquelrevient la rude tâche d’animer l’étéun centre musical qui déborde demusique à longueur d’année, s’estplacé sous la bannière du « seriousfun ». Selon ses propres mots, sonbut est donc d’amuser dans le plusgrand sérieux. Le théâtre sud-afri-cain de l’après-apartheid y voisineavec la musique d’Ornette Colemanjouée par le New York Philharmo-nic, le ténor Christoph Hombergerjoue les Anna Russell (qui racontaitet chantait le Ring de Wagner enmoins d’un quart d’heure ; lui délirea capella à propos de La Flûte en-chantée de Mozart) entre des per-formances vidéographiques.

Rockwell invite Covent Garden àdanser et se paie le luxe de présen-ter le Palestrina de Hans Pfitzner(1869-1949) au Met, voire de jeter uncoup d’oreille sur sa musique dechambre.

Et puisque dans Palestrina, il estquestion du mythe Palestrina et dela musique de Palestrina comme re-cours « pur » contre la « déban-dade » polyphonique de l’avant-concile de Trente, Rockwell revient àl’original en lui consacrant deuxprogrammes donnés en ouvertureet en clôture du festival par l’en-semble Pommerium. L’an passé, on

était rentré comblé d’une manifesta-tion où John Eliot Gardiner opposaitsa manière beethovénienne à cellede Kurt Masur, où Morton Feldmanavait eu droit à quelques mémo-rables concerts anthologiques. Pasquestion de renoncer, cette annéeencore, aux moiteurs estivales de« la ville qui ne dort jamais ».

A vrai dire, on aura lutté contrel’assoupissement, pendant le Pales-trina de Pfitzner, « légende musi-cale » aux longueurs wagnériennesmais nettement moins enivrantes.Sur le papier, l’idée « sonnait »bien : comment un compositeur op-posé à la « décadence de la cultureallemande » saisit-il la figure légen-daire d’un Palestrina « sauvant » lamusique polyphonique des rigueurspapales comme de la tentation mo-derniste, au moment du concile deTrente, sans pour autant se mouillerdans les intrigues du pouvoir reli-gieux? Le traitement de l’icône pa-lestrinienne, chez Pfitzner, plongesans vergogne dans le kitsch, l’anti-historicité la plus débridée (le pom-pon étant décroché à la fin du pre-mier acte, quand le fantôme de Jos-quin Des Prés vient le soutenir dansson dur choix : collaborer ou ne pascollaborer, telle est la question) etdans des sentiments assez prochesde ceux exprimés par l’extrêmedroite française actuelle, récupérantJeanne d’Arc à des fins similaires.

On ne s’étonnera donc pas d’ap-prendre que Pfitzner allait trouverl’écho idéal à ses convictions« pures » et antisémites dans l’uni-vers nazi dont il partagera trop mol-lement les thèses pour être grave-ment inquiété au soir de sa vie, àl’issue de la deuxième guerre mon-diale.

C’est dire l’audace de John Rock-well que d’avoir imposé cette figure

controversée à New York, quand lacommunauté juive mélomane de laville avait vidé les salles lors des dé-buts américains d’Herbert von Kara-jan... La salle du Metropolitan Ope-ra, ce 24 juillet, est étonnammentclairsemée, comme l’était, la veille,celle de l’Alice Tully Hall, où étaitprésentée de manière substantiellela musique de chambre de Pfitzner.Sont-ce les mêmes motifs qui ex-pliquent l’absence de public, ou laréputation d’« étouffe-chrétien », si

l’on ose dire, de cette musique?On ne saurait l’affirmer. Mais,

avec toute la meilleure volonté dumonde et dans la mesure où il estpossible d’oublier le fatras idéolo-gique réactionnaire de Pfitzner, il estdifficile de reconnaître des qualitésréelles à ce qu’on a entendu. Le finaldu Quintette pour piano et cordesop. 23 (1908) ou celui de la Sonatepour violoncelle et piano op. 1 (1890)

sont d’une indigence et d’une vulga-rité indicibles. Dans le Sextuor pourviolon, alto, violoncelle, contrebasse,clarinette et piano op. 55 (1945),l’idée du gâtisme en musique s’il-lustre comme nulle part ailleurs.Quand la musique semble tenir de-bout, c’est qu’elle pille effrontémentBrahms ou Mahler (le Lied Wande-rers Nachtlied, chanté magnifique-ment par Catherine Wyn-Rogersmais joué comme un déchiffragepar les solistes de l’orchestre de

Covent Garden). Palestrina (repré-senté en 1917) amplifie ces défauts,mais intéresse par la manière dontPfitzner fait sonner le mythe pales-trinien, en intégrant assez savam-ment la musique de son héros/hé-raut. (On renverra le lecteur curieuxau très intéressant volume d’Ostina-to rigore no 4 (revue internationaled’études musicales, Jean-MichelPlace, 1994), et plus particulièrementà l’article de Guy Gosselin « Le Pa-lestrina de Hans Pfitzner : la légendedu mythe ».) On peut reconnaîtreau deuxième volet de l’opéra desqualités de constraste avec le pre-mier acte, approchant les deuxheures :l’assemblée d’ecclésiastiquesest décrite avec suffisamment d’iro-nie pour réveiller l’attention de l’au-diteur hébété. Le début du troisièmeacte ne manque pas d’un certain ly-risme, mais il retrouve vite le terri-toire familier de la pompe, pour nepas dire du pompier.

La distribution est luxueuse (Tho-mas Moser dans le rôle-titre, entou-ré de Randi Stene, Ruth Ziesak, An-thony Rolfe Johnson, Thomas Allen,Robert Tear...), l’orchestre (de laRoyal Opera House, Covent Gar-den) d’abord très médiocre puis ac-ceptable, le chef (Christian Thiele-man, opération marketing en cours,rayon « chef d’orchestre », chezDeutsche Grammophon) aussiconcerné qu’on peut l’être, semble-

t-il. Après l’autopsie, Palestrina estréenterré, sans aucun doute unebonne fois pour toutes à New York.

Après ces récupérations pfitzné-riennes lourdement délétères, on seréjouissait de réentendre le modèleoriginal, lors du second programme,« Palestrina et ses contemporains »,donné en clôture de festival (le27 juillet) par l’ensemble vocal amé-ricain Pommerium (opération mar-keting en cours, rayon « ensemblede musique ancienne », chez Deut-sche Grammophon/Archiv Produk-tion).

DIRECTION TERNEUn récent disque du groupe

(consacré à Dufay) nous avait laisséindifférent, quoique admiratif d’unetechnique rappelant celle, acadé-mique mais efficace, des Tallis Scho-lars britanniques. Mais, comparés àPommerium, les chanteurs anglaissemblent des braseros, ce qui n’estpas peu dire lorsqu’on sait les quali-tés imperturbablement marmo-réennes du groupe de Peter Phillips.En direct (au fond de l’Alice TullyHall, rang X, siège 112, où l’on nousavait placé), le son est mat, plat, laprononciation molle. Surtout, la di-rection d’Alexander Blachly estd’une tristesse, d’un terne, d’un en-nui rédhibitoires. Sa gestique estsèche, les attaques le sont aussi. Lessopranos peinent dans l’aigu,manquent d’homogénéité. La jus-tesse d’ensemble n’est pas impec-cable.

Notre confrère du New YorkTimes, Bernard Holland, écrivait as-sez drôlement, le 22 juillet : « Pom-merium chante Palestrina dimancheà l’Alice Tully Hall. Appréciez Pfitznerpendant la semaine, mais laissez-le àla maison quand vous viendrez. »Mais Palestrina est resté lui aussi auplacard. A ce compte-là, il ne restaitplus du «serious fun » cher à JohnRockwell qu’un trop-plein de sé-rieux. Le « fun » devait être ailleurs.

Renaud Machart

Un « Candide » raffiné et le bonheur de retrouver BernsteinCANDIDE, de Leonard Bernstein(musique), Hugh Wheeler (li-vret), Richard Wilbur, StephenSondheim, John Latouche (pa-roles), Eric Stern (direction), Pa-tricia Birch (chorégraphie), Ha-rold Prince (mise en scène), JimDale (Voltaire), Jason Danieley(Candide), Harolyn Blackwell(Cunégonde), Brent Barrett(Maximilien), Andrea Martin (laVieille Dame), GershwinTheatre, 222, West 51st Street,New York, le 25 juillet.

John Rockwell, directeur du Lin-coln Center Festival, a ces motspour décrire sa programmation :serious fun. Pendant toute sonexistence, Leonard Bernstein aurapratiqué, pour son plaisir et poursa gloire, le serious fun. Chacunconvient aujourd’hui qu’on re-tiendra de cette figure de la mu-sique nord-américaine contempo-raine sa pièce maîtresse, West SideStory, dont les magnifiques airs, leduo du balcon et les ensembles

aux rythmes afro-cubains, sontsur les lèvres de chacun. Bernsteinétait fier de cette musique (qu’ilréenregistra à la fin de sa vie, pourDeutsche Grammophon, avec deschanteurs lyriques, ces « stars »qu’il affectionnait tant), il était fierde Candide, une « opérettecomique », ni vraiment opéra nivraiment faite pour Broadway ;mais il souhaitait avant toutechose que l’on retînt comme fon-damentale l’une de ses œuvres« classiques » et « sérieuses ». Il ya matière à admiration dans laTroisième Symphonie, dans lesTrois Méditations pour violoncelle,extraites de Mass, dans Songfest,sans doute aucune. Mais rienn’empêchera West Side Story d’êtrepour toujours à Bernstein ce quel’Adagio pour cordes est à soncompatriote Samuel Barber. Unsuccès mérité mais encombrant.

Candide n’a jamais été un véri-table succès populaire. L’ouvragea toujours sonné trop complexe,trop raffiné, trop « décalé » pourle grand public de Broadway.

Pourtant, la salle rit beaucoup, ce25 juillet. Mais elle rit plus des pi-treries irrésistibles des acteurs-chanteurs qu’elle ne savoure lessubtilités du texte, pourtant trèsremanié (et pourvu d’acccompa-gnements musicaux de John Mau-ceri, ancien assistant de Bernstein,qui remplissent là un vide qui fe-rait trop peur au public, faut-ilimaginer...).

La musique est éblouissante. Laculture, le répertoire et l’humourparticulier de Bernstein luidonnent une couleur inimitable,faite d’allusions et de lieuxcommuns (un air « des bijoux » àvocalise, un chœur à la Gilbert &Sullivan, un « Tango juif » mar-qué, selon les termes de Bernstein,« moderato hassidicamente », ty-pique de la comédie musicalejuive new-yorkaise). Les rythmessont asymétriques, la mise enplace redoutable. Candide n’estpas Les Misérables, qui fêtent leurdixième année de présence à l’af-fiche de Times Square. Il est àcraindre que les exigences du box-

office ne rendent bientôt sa libertéà Candide et ne le mènent dansune nouvelle galère dont quel-qu’un le sortira volontiers dansquelques années, à Broadway ouailleurs.

HISTOIRE ABRACADABRANTECette production vise l’enter-

tainment. Les décors, les cos-tumes, façon carnaval et farces etattrapes, ne donnent pas dans leraffinement. Mais cette histoireabracadabrante, où tout doit allervite (à y songer, Les Noces de Figa-ro paraissent en comparaison d’untiming d’une folie toute relative),n’en demande pas moins. La dis-tribution est d’une drôlerie, d’uneefficacité remarquables. A l’excep-tion du jeune interprète de Can-dide, tous sont des stars. HarolynBlackwell a interrompu sa carrièrelyrique traditionnelle pour chan-ter pendant quelques mois le rôlede Cunégonde, qui demande lesmoyens d’une vraie colorature.Elle est ébouriffante d’aise vocaleet scénique. Elle bouge avec un

naturel confondant. Le rôle de laOld Lady demande plus d’abattageque de voix. Andrea Martin faitcrouler la salle de rire par sonaccent yiddish, ses déhanche-ments boiteux (sa compositiondans le tango I Am Easily Assimila-ted laisse pantois) et ses œilladesassassines. Elle n’a plus vingt ansmais elle lève la jambe, bouge,court avec infiniment plus deprestance que les divas du lyrique.

Jim Dale a l’assurance des vieuxroutiers. Il amuse avec un rien. Ilne cabotine pas ; il sait. Son der-nier monologue avait des relentsshakespeariens. Le chic absolu.Signe des temps : les orchestres defosse diminuent, l’amplificationaugmente. Ce son n’est en rien fi-dèle à ce qu’on pouvait entendrevoilà trente ans dans les petitessalles de Broadway. Cette électrifi-cation sommaire donne une cou-leur laide à l’ultraprécision de ladirection d’Eric Stern. C’est bien leseul hic d’un spectacle qui est unbonheur absolu.

R. Ma.

LA PHOTOGRAPHIEDE GÉRARD RONDEAU

BaroqueLes Hospices de Beaune sont unefondation charitable du XVe siècle.Durant 520 ans, de 1451 à 1971,l’Hôtel-Dieu a abrité des malades.Par la beauté de son architectureet la disposition de ses tuilesvernissées, il évoque pourtant plusle luxe d’un palais gothiqueque la simplicité d’un hospice.Pendant l’été, Beaune accueillele Festival international de musiquebaroque avec Xerxès, de Haendel, le 2 août.

L’ÉTÉ FESTIVAL Aux vacances américaines,on demande souvent de l’exotisme : l’Ouest,les canyons... A New York,pourtant, John Rockwell, pour la deuxième année,a décidé de proposer, avec le Lincoln Center Festival,une manière de « s’amuserdans le plus grand sérieux » : lethéâtre sud-africain voisine avecOrnette Coleman,la musique de chambre avecl’opéra, et, morceau de choix,on présente le très raffiné« Candide » de LeonardBernstein. Trop complexe, trop « décalé », ce spectaclene fera sans doute pas les beauxjours du box-office. Pour ceuxqui n’ont pas traversél’Altantique, le parcoursdes festivals est toujours aussiriche. Avignon encore, Bergeracet les cent ans de « Cyrano »,Beaune et la musique baroque.Au programme du week-enddu 1er août, Pergolèse et Haendel.

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24 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 C U L T U R E - F E S T I V A L S

Charade chorégraphique sous le soleil du MidiAvignon/Danse. Baptême du feu pour « Le Vif du sujet ».

Une première édition qui a joué la sécurité au lieu de l’audace annoncée

« LE VIF DU SUJET ». Sur une idée de Fran-çois Raffinot. Réalisation : Amélie Grand.Jardin du lycée Saint-Joseph, jusqu’au 31 juil-let, à 11 heures et à 18 heures. Tél. : 04-90-14-14-14.

Le solo demande de la bravoure. Etre seul enscène, oser l’être, imposer sa présence, tenir etsoutenir l’intérêt de l’auditoire, geste aprèsgeste. Qu’il se livre tout entier ou, à l’inverse,qu’il choisisse de jouer la distanciation, le dan-seur en solo est nu. Le visage fragile de PascalAllio, tandis qu’il s’avance vêtu de blanc, dit à lafois cet effroi et sa détermination à défendre sapeau. Il inaugure « Le Vif du sujet », manifesta-tion inédite dont la première mouture a eu lieule 26 juillet, à 11 heures et à 18 heures, dans lejardin du lycée Saint-Joseph. La scène, dresséepour l’occasion, est abritée par un grand arbre.Le mistral y tournoie avec insolence. On est bienà Avignon.

Seul un chorégraphe pouvait avoir l’idée du« Vif du sujet ». On la doit à François Raffinot,qui vient d’achever son mandat de commissaireà la danse auprès de la Société des auteurs etcompositeurs dramatiques. Il s’agit de rendrehommage aux danseurs. « Le Vif du sujet » in-verse les rôles : pour une fois, l’interprète choi-sit son chorégraphe, et le somme de lui écrireune danse sur mesure. Raffinot a confié la réali-sation de son idée à Amélie Grand, connue pourLes Hivernales, rendez-vous chorégraphiquequ’elle a créé à Avignon il y a vingt ans. La pa-role a été donnée aux danseurs Pascal Allio,

Christie Lehuédé, Angela Rinaldi et GaetanoBattezzato. Ils ont choisi pour les servir respec-tivement Jean Gaudin, Charles Cré-Ange, Hed-dy Maalem et Mani Marina Blandini. La règle dujeu stipule que les chorégraphes, à leur tour,élisent un compositeur chargé d’écrire une mu-sique. Compositeur qui lui-même sélectionnel’interprète qui jouera sur scène sa partition.Bref, une charade chorégraphique. Autre règle :les protagonistes ne doivent jamais avoir été in-vités à Avignon. Baptême du feu.

Idée excitante. Sur le papier. La danses’amuse. Avec un propos sérieux : prouver queles chorégraphes sont des auteurs. Provoquerdes rencontres aussi inédites que ce « vif » ori-ginal. Patatras ! les quatre danseurs ont choisi lechorégraphe avec lequel ils travaillent, pour cer-tains depuis des lustres. Où est la nouveauté ?On n’est plus dans le sujet. On ne joue plus. Oùest l’audace, l’inattendu ? Pour tempérer la dé-ception, on se dit qu’un chorégraphe, connais-sant son danseur comme sa main, peut lemettre à nu plus sûrement qu’un inconnu. Etque le risque est peut-être de cet ordre.

PAS UN CHEVEU QUI DÉPASSEOn aura vu quatre boulots. Impeccables. Pas

un cheveu qui dépasse. Quatre danseurs dont laqualité est incontestable. Le contre-ténor Ro-bert Expert a volé la vedette à Pascal Allio. Pourêtre l’ingénu qui donne son titre à la pièce deJean Gaudin, doit-il pour autant dénuder uneépaule, tomber le pantalon ? La fragilité d’Alliosuffirait à exprimer son ingénuité. Il a un côtélunaire qu’il aurait été, en revanche, intéressant

d’exploiter sous le soleil zénithal d’Avignon. Ladanse ne résiste pas à la musique de Michel Mu-seau, belle, et drôle à se tordre de rire... NathalieRinaldi accorde ses figures tracées à l’équerreaux suites pour violon de Philippe Hersant.Seule intrusion : des vêpres sonnées à toute vo-lée qui, pour quelques minutes, réduisent le vio-lon de Philippe Graffin au silence...

Gaetano Battezzato, en slip-string, est un yo-gi qui danse. D’abord sur une colonne, puis ausol. Mais est-ce encore de la danse ? Un trajetspirituel plutôt. Les trois premiers solos expri-maient une même douceur, un même désir desérénité et de maîtrise de soi. Christie Lehuédéest la seule à perturber ces danses « néo-baba ».Un fouet. Sourire et morsure. Elle ne relâche ja-mais la pression de sa danse désarticulée, répé-titive, sauf pour venir rôder – on la sent capablede tous les mauvais coups – autour d’Alain Ri-gout, qui chante Molière et Baudelaire mis enmusique par un Ghédalia Tazartès plus extra-territorial que jamais.

Et Rigout, avec sa voix déchirante, son aird’être là en étant surtout ailleurs, est un phéno-mène. Qui agace beaucoup. Que, personnelle-ment, on admire. Il « scatte » sur Baudelairecomme un troubadour : « Avez-vous remarquéqu’un cercueil de vieille est aussi petit que celuid’un enfant ? » Voix murmurante de l’ogre quiguette. Danse de cambrure, qui se tord sur ta-lons hauts : All about Zouzou est l’expressiond’une femme qui ne se prend pas pour une ga-mine. Voilà.

Dominique Frétard

A L’AFFICHE

Jazz au Fort NapoléonAprès une petite montée on arriveau-dessus de La Seyne-sur-Mer,dans l’enceinte d’un fort typeVauban. Le jazz y a trouvé unebelle place dans la cour intérieure.Le pianiste Andrew Hill, qui a jouéavec les derniers classiquescomme avec les plus grandsdéfricheurs, y sera le 30 juillet. Saprésence doit être saluée commeune exception. Steve Lacy, JefSicard, un quartette avec JoeMcPhee et André Jaume, LouisSclavis lui succéderont.Jusqu’au 2 août. Renseignements au04-94-06-84-00.

Festival d’AmbertDe nombreuses compagnies dethéâtre pour enfants se sont unenouvelle fois donné rendez-vousdans le Puy-de-Dôme pour cinqjours de spectacles continus. Onpourra voir 2 500 à l’heure, par leThéâtre de l’Unité, Arthurin, par lacompagnie Lulubelle,Toque-O-Fonie et De ville en ville,par le Teater Taptoe, Boucle d’or,par la compagnie JeanneBouillotte, Glub ! Glub !, par lacompagnie Yllana, Igloo, par lePetit Théâtre, Le Bonhomme depaille, par la CompagnieDidascalie, Maux d’ogres, par leBrakabrik Théâtre, Tahiti, par laCompagnie Wurre Wurre, Pyrameet Thisbée par le Ton und KirschenTheater et La Danse des poules parla Compagnie Abel et Gordon.En salle, 63 Ambert. 21 heures, le1er ; 14 h 30, 17 h 30, 21 heures et22 h 30, du 2 au 5. Tél. :04-73-82-68-43. 40 F et 80 F.

Impossible, désormais, d’échapperà la gloire de Philippe le Bon, grand-ducd’Occident, et de sa dernière épouse

Beaune sous de fastueux auspicesLa manifestation musicale est magnifiée par un décor exceptionnel

ETAIT-IL besoin que le dauphinde France – le futur Louis XI – rap-pelât au chancelier de Bourgogne,Nicolas Rolin, que, ayant fait tantde pauvres dans l’exercice de sacharge, il était juste qu’il leur eûtoffert un dernier asile ? L’hommequi prononça avec réticence levœu de croisade lors du fameuxbanquet du Faisan en 1454 – ma-gistralement restitué par Domi-nique Vellard et l’ensemble GillesBinchois lors de l’édition 1989 duFestival de Beaune – peut avoir laconscience tranquille. S’il désiraque l’Hôtel-Dieu – qui conserva savocation hospitalière jusqu’en1971 – rachetât avec ostentation lesinévitables iniquités de la raisond’Etat, le travail et l’intelligenteprogrammation de la directrice ar-tistique, Anne Blanchard, font desHospices de Beaune l’un des plusfastueux rendez-vous musicaux del’été.

D’abord par son audace, tou-jours difficile à imposer, luxe dedécouvertes et d’exhumations cou-rageuses (en 1997, l’Antigona deTraetta ou Los Elementos de Litte-rès, en attendant ses Acis et Galatéeet Didon et Enée pour les crus 1998et 1999), et par la compréhensiondu génie du lieu. C’est le casnotamment de la grande salle desHospices, vaste vaisseau lam-brissé ; peintures, festons et bla-sons répétés ne nous sont pas par-venus sans une nécessaire restau-ration, mais plutôt habile etrespectueuse des documents quidévoilaient le premier état de cette« salle des pôvres » où les malades,à deux par couche, pouvaientsuivre l’office de la chapelle depuis

leur lit puisqu’une simple cloison« à clère voye » sépare comme unvoile de gaze la salle du sanctuaire.

Une rigoureuse consigne de sé-curité a, depuis 1996, contraint àdéplacer la scène des concerts auxportes de la chapelle. Si la mesurea fortement réduit la capacité d’ac-cueil, elle a le mérite de retrouverl’orientation originale du regardcomme de l’écoute. Impossible,désormais, d’échapper à la gloirede Philippe le Bon, grand-ducd’Occident, et de sa dernièreépouse, dont les écussons ouvrent

le lieu saint, ni à celle du chancelierRolin, dont les emblèmes – le ra-meau de chêne, la devise « Seulle »et l’étoile – signent la chapelle.

Si le fabuleux Jugement dernierde Van der Weyden ne trône plusau-dessus de l’autel, le Festival deBeaune a su rendre la magie effi-cace du lieu. L’ensemble DoulceMémoire, emmené par Denis Rai-sin-Dadre, donnait le 25 juilletpour la première fois en public lemagnifique programme paru auprintemps autour de BaldassarCastiglione et coproduit parBeaune (Astrée-Auvidis, E 8604),avec une bande de pifferi (chale-mie, bombarde, flûte et autres per-cussions) toujours aussi impres-sionnante.

Loin de ces métamorphoses fes-

tives, L’Enlèvement au sérail, deMozart, deuxième singspiel donnépar Christoph Spering après leZaïde de Beaune cru 1996, eut lamalice d’échanger le vin de Chyprequi endort la vigilance d’Osminen... pommard. D’une version deconcert plutôt sage malgré la ver-deur incisive voulue par le chef, onretiendra la grâce toute scéniquedu trio Osmin-Pedrillo-Blonde(Alan Ewing, magistral, ChristophGenz et Uta Schwabe, dont la pé-tulance et l’abattage augurent biendu talent dramatique).

Le récital mozartien de Véro-nique Gens – habituée du rendez-vous bourguignon – a prolongé l’il-lusion d’une grâce sans gravité,même si l’engagement dramatiquefut bien sobre jusqu’aux deux der-niers airs. Aujourd’hui, le retablesecourable du Jugement dernier adéserté la chapelle, mais l’écrinn’est pas vide. S’il faudra attendrel’édition 1998 pour retrouver lespoutres peintes et sur les modil-lons les visages facétieux, grimaceshumaines et têtes animales qui ré-jouissent le visiteur, le chancelierRolin doit être quitte avec le ciel, lesanctuaire des « pôvres, privilégiésde Dieu » n’est pas prêt d’être pro-fané.

Philippe-Jean Catinchi

HORS CHAMP

a Jean-Jacques Aillagon,président de la Mission pour lacélébration de l’an 2000, alonguement séjourné à Avignon,non seulement parce qu’il est unfidèle de la manifestation maisparce qu’il préparait avec lesresponsables locaux lescollaborations entre sa mission etla ville qui sera « capitaleculturelle » européenne lors duchangement de millénaire.Plusieurs projets sont à l’étude quiseront rendus publicsprochainement. L’un d’entre euxest pour l’instant au stade de laréflexion : Avignon pourrait abriterdans trois ans la collection d’artcontemporain du galeriste parisienYvon Lambert, qui est venu visiterl’hôtel de Caumont, propriété duconseil général du Vaucluserécemment libérée par la faculté delettres, en compagnie del’architecte Sylvain Dubuisson, quipourrait se charger bientôt de sonaménagement. Il lui faudrait alorssurmonter un problème délicat : ungrand format du peintre AnselmKieffer, l’un des fleurons de lacollection Lambert, ne peut pastrouver sa place dans laconfiguration actuelle de ce trèsbeau bâtiment du XVIIe siècle. Dansun autre hôtel particulier, quijouxte le précédent, pourraits’installer la même année l’Ecoledes beaux-arts d’Avignon,l’ensemble constituant une cité desarts où seraient présentés desexpositions temporaires et lestravaux d’artistes en résidence. Ilreste pourtant à trouver lesfinancements nécessaires à cetimportant projet, la ville d’Avignonsouffrant toujours de la faiblesse deses finances.a Marlon Brando doitcommencer, fin juillet, le tournage

d’une comédie noire, Free Money,aux côtés de Charlie Sheen etDonald Sutherland. La star devraitpar ailleurs participer à un projet,tenu secret, où elle aurait pourpartenaires John Travolta et SeanPenn. Les trois acteurs se sontrencontrés à Mexico pour discuterd’un scénario écrit par Brando.a Le nouveau film de GiuseppeTornatore, dont le tournage doitdébuter fin juillet à Cinecitta,s’intitule The Legend of the Pianiston the Ocean. Tim Roth tient lerôle principal.a L’acteur Gérard Desarthe (notrephotographie) sera à l’affiche de larentrée théâtrale parisienne, avecOncle Vania de Tchekhov, donné auThéâtre Hébertot à partir du20 septembre dans une mise enscène de Patrice Kerbrat. Par

ailleurs, le comédien prépare unemise en scène de Partage de midi,de Paul Claudel, qui sera créée enjuin 1998 au Théâtre Vidy-Lausanne(Suisse), avant d’être présentée auFestival d’Avignon un mois plustard. La distribution de Partage demidi est déjà bien avancée. A une– importante – nuance près :Gérard Desarthe est à la recherchede son Ysé.

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Redécouverte d’un « Macbeth »Montpellier/Musique. L’orchestration de l’opéra

d’Ernest Bloch frise le pompiérisme

FESTIVAL DE RADIO-FRANCEET DE MONTPELLIER. MAC-BETH, d’Ernest Bloch. Versionconcert. Direction musicale :Friedmann Layer. Avec Jean-Phi-lippe Lafont (Macbeth), Markel-la Hatziano (Lady Macbeth),Jean-Philippe Marlière (Mac-duff), Jacque Trussel (Banquo),Christer Baldin (Duncan), Mar-cel Vanaud (Le Portier), SophieFournier, Hanna Schaer, ArianeStamboulidès (trois sorcières),Wojtek Smilek (Un vieillard etpremière apparition). Chœur dela Radio lettone, Orchestre phil-harmonique de Montpellier Lan-guedoc-Roussillon. Le 26 juillet.Prochains concerts : Musiquetsigane de Roumanie, le 29 juil-let à 22 heures. Connesson, Mo-zart, Sibelius, Strauss, le 30, à21 heures. Concert John Adams,le 31 à 21 heures. Tél. : 04-67-02-02-01.

« Les boulistes sont les gens lesplus pacifiques et les plus fréné-tiques du monde », affirmait Bal-zac. Sur la promenade qui mènede la place de la Comédie au Co-rum, les pétanqueurs ont pris lepouvoir. Sous les platanes, les tri-plettes s’affrontent. Henri Salva-dor fait équipe avec deux « Pari-siengs » et attire les badauds.Perché sur un kiosque, un organi-sateur du concours rameute les« isolés » et gourmande joviale-ment les lambins.

Ainsi va Montpellier en ce der-nier week-end de juillet, entresport et musique. Dans les mainsdes joueurs, les boules claquentcomme des castagnettes. Dans lagrande salle de l’Opéra Berlioz,les notes déferlent comme untorrent. On y donne la dernièreredécouverte du Festival de Ra-dio-France et de Montpellier,Macbeth, d’Ernest Bloch.

La pièce de Shakespeare a ins-piré une dizaine de compositeursplus ou moins obscurs, à l’excep-tion de Verdi, bien sûr, et d’ErnestBloch, qui mena une carrière so-lide entre sa Suisse natale, laFrance et les Etats-Unis, où ilmourut en 1959. Créé à l’Opéra-Comique de Paris en 1910, sonunique opéra n’a été depuisqu’épisodiquement rejoué, en Ita-lie, à Londres, aux Etats-Unis.L’ouvrage fut, à sa naissance, da-vantage applaudi par le publicque salué par la critique.

Pour les critiques d’aujourd’hui,c’est une aubaine de réentendrece Macbeth dont il n’existe aucun

enregistrement disponible. Danscette œuvre du tournant de siècle,ils peuvent éplucher ce qui rap-pelle les décennies précédentes(le post-romantisme) ou les mou-vements en vogue (la modalité,Debussy, Dukas) et discerner lespistes de l’avenir proche (Bartokou Stravinsky pour la pulsationrythmique). Le public semblemoins convaincu : des têtes dode-linent et quelques déserteurss’éclipsent pendant les troisheures du concert.

Comme dans ses œuvres sym-phoniques (Schelomo pour vio-loncelle ou la symphonie Israël),Bloch lâche toute la puissance del’orchestre. Avec une prédilectionpour les cuivres et les per-cussions, des alliances de timbresinattendues (flûtes et cors) et deseffets de relief sonore aussi effi-caces que la marche de la forêt deBirnam sur le château du roi fé-lon.

L’ouverture qui installe un cli-mat sombre, les vifs dialogues dessorcières, les monologues deMacbeth, le grand air parlé-chan-té de Lady Macbeth, les scènes detumulte où interviennent leschœurs montrent une vraie sensi-bilité théâtrale, appuyée sur le li-vret français d’Edmond Fleg quisuit au plus près la trame shakes-pearienne. Mais l’orchestrationmassive, qui frise le pompiérisme,les grands crescendos qui visent àimpressionner plutôt qu’à émou-voir, le dramatisme systématiqueet volontariste finissent par lasser.

TENSION INTÉRIEURESi les chœurs lettons et les pu-

pitres de l’Orchestre de Montpel-lier sonnent bien, FriedmannLayer ne parvient pas toujours àmaintenir les équilibres. Lescordes sont reléguées au secondplan, et les chanteurs ont du mé-rite à se « frayer la voix » dans lamarée des décibels. Jean-PhilippeLafont s’investit pleinement dansle rôle de Macbeth. Son interpré-tation est poignante et vocale-ment impeccable.

La tension est plus intérieurechez la jeune mezzo-sopranogrecque Markella Hatziano (LadyMacbeth), avec ses aigus clairs etses graves colorés et chauds. Bienentourés par une distribution ho-mogène, ils donneraient presqueenvie d’entendre ce Macbeth dansune version scénique où lethéâtre pourrait (peut-être ?)donner des ailes à la musique.

Pierre Moulinier

Cyrano, cent ans, chez luiBergerac/Théâtre. Pierre Debauche a installé le héros de Rostand en bordure de la Dordogne

CYRANO DE BERGERAC, d’Ed-mond Rostand. Mise en scène :Pierre Debauche. Avec DidierKersten, Sophie Carrier, Jean-Marc Desmond, Carole Bouillon,Nicolas Rivals, Jean-Marie De-gove, Romain Puyelo, Aël Pujol,Sylvie Laurent-Pourcel, Benja-min Julia, Martine Marty, etc.Quai Salvette, 24-Bergerac.21 heures, les 6, 7, 8, 9, 10. Tél. :05-53-74-66-63. Durée : 3 heures.De 30 F à 80 F. Dernières.

Cyrano de Bergerac a cent ans etpas une ride. Pourtant, en 1897, àla veille de la première, le Tout-Pa-ris théâtral s’attendait à un four, àcommencer par Edmond Rostand,qui, en larmes dans les bras de Co-quelin, son acteur-metteur enscène, s’excusait par avance del’avoir entraîné dans cette galère.On sait la suite. Une œuvre deve-nue un mythe, un personnage éle-vé au rang de héros national et un

triomphe jamais démenti qui amême gagné le grand écran avecle tandem Rappeneau-Depardieu.

A Bergerac, on ne pouvait fairemoins que de lui consacrer un fes-tival. Après une sorte de galopd’essai, en 1996, où se croisaientles deux Cyranos, celui de la pièceet celui de l’Histoire, la ville est al-lée chercher un homme de théâtrequi, à sa manière, n’a pas pris uneride, lui non plus. Un voisin, desurcroît, Pierre Debauche, tra-vaille toute l’année au Théâtre duJour, à Agen.

Ce pionnier de la décentralisa-tion a l’air d’un débutant. Il y achez lui un côté infatigable, inalté-rable. Comme un brin de folie quis’alimenterait à la passion de lascène. A sa volonté inébranlablede pratiquer autrement le théâtre,d’entretenir une autre relationavec les textes et le public. En prèsde quarante ans de carrière, deVincennes à Agen en passant parNanterre-Amandiers, Limoges et

Rennes, il a servi corps et âme leservice public, qui, ingrat, a finipar le lâcher. Déficit, rupture decontrat, procès contre l’Etat, il in-novait, mais voyait la subventionde sa compagnie réduite à la por-tion congrue. S’arrêter ? Pas ques-tion. Au contraire. Un budget an-nuel de 8 millions de francs, dontplus de 80 % sont couverts par lesrecettes, voilà sa réponse. Il y a duVilar et du Copeau réunis chezDebauche.

Dans la compagnie composéeessentiellement des anciens et ac-tuels élèves de l’école, le stakha-novisme du « patron » ne fait pluspeur à personne. « Bagnards heu-reux », comme chacun se plaît à ledire, les comédiens répètent etjouent à longueur de journée etd’année. Créations données en al-ternance (douze pièces au réper-toire), animations, spectacles pourenfants, cafés et chocolats litté-raires, dans les locaux de lacompagnie à Agen, Toulouse et en

tournée, le planning est chargémais formateur.

A Bergerac, le rythme ne se ra-lentit pas. Il faut être en formepour affronter, quasiment lespieds dans l’eau de la Dordogne,les trois heures et demie (entractecompris) de Cyrano, dont, bien en-tendu, il ne s’agissait pas de sup-primer un alexandrin. Pierre De-bauche peut être fier de sesvaillants petits soldats.

De Didier Kersten surtout, qui,outre l’avantage d’avoir enfin àpeu près l’âge voulu par la pièce,prend en charge avec aisance, sub-tilité et grâce le rôle écrasant deCyrano. En face, Sophie Carrier(Roxane), Jean-Marc Desmond(Christian de Neuvillette), NicolasRivals (de Guiche) et Benjamin Ju-lia (Ragueneau) lui donnent uneréplique plus incertaine. Dom-mage pour l’équilibre du spec-tacle.

Jean-Louis Mingalon

ET SUR INTERNET. Le journal des Festivals,nos photographies et reportages :www.lemonde.fr/festivals

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G U I D E C U L T U R E L LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 25

Nadeige Chopletet sesspermatozoïdesAu Viaduc des arts, à Paris,une artiste prolifique

LES PASSANTS écarquillent lesyeux devant la vitrine de la galerie,se renfrognent, ou éclatent de rire.Il n’est pas fréquent de croiser unspermatozoïde de 1,70 mètre delong. Alors dix-neuf de la mêmeeau, en plâtre, qui tournoient dansl’espace courbe formé par les pilesdu Viaduc des arts, c’est beaucoup.Ce n’est pas trop. Nadeige Choplet,une jeune artiste sortie depuis peude l’Ecole nationale supérieure desbeaux-arts de Paris, a remarquable-ment su tirer parti de la configura-tion particulière de la galerie pourdonner à son travail une ampleurconfondante : qui pousse la portevoit les sculptures, baptisées Espritsfrétillants, s’échapper du sous-sol,avant de se ruer vers lui. Une foisremis de son émotion, il se deman-dera lequel de ces « esprits » sortira

vainqueur de cette course à la vie,avant de se rendre compte qu’ils’agit, bien évidemment, de lui-même. D’autres œuvres tournentautour du même thème, avec desbonheurs divers, mais jamais sanstroubler le visiteur, comme cet ob-jet, moitié boîte moitié lit, conte-nant un agrandissement du livretde mariage de monsieur et ma-dame Choplet : une pièce intituléeEcrin, sensible et affectueuse, avecle papa sur le dessus, tout demême. Du sourire à la métaphy-sique, une des expositions les plusréjouissantes de Paris, cet été.

. « Faible force » : Galerie ClaudeSamuel, Viaduc des arts, 69, ave-nue Daumesnil, Paris 12e. Mo Gare-de-Lyon. Tél. : 01-53-17-01-11. Jus-qu’au 7 septembre. Entrée libre.

UNE SOIRÉE À PARIS

Une histoiredu cinéma européenLe Studio des Ursulines affichequelques chefs-d’œuvre ducinéma européen des années 20 à60. Parmi les films présentés : LeDernier des hommes (1924) etL’Aurore (1927) de FriedrichWilhelm Murnau, Octobre (1927)de Sergueï Eisenstein, Trois dansun sous-sol (1927) d’AbramRoom, Tempête sur l’Asie (1928)de Vsevolod Poudovkine,L’Homme à la caméra (1929) deDziga Vertov, Le Bonheur (1934)d’Alexandre Medvedkine, Aubord de la mer bleue (1935) deBoris Barnett, Rome ville ouverte(1945) de Roberto Rossellini, LeVoleur de bicyclette (1948) deVittorio De Sica, Riz amer (1949)de Giuseppe De Santis, Bellissima(1951) et Nuits blanches (1957) deLuchino Visconti, Les Vitelloni ((1953) et La Dolce Vita (1960) deFederico Fellini, Le Cri (1957) deMichelangelo Antonioni, J’mebalade dans Moscou (1964) deGeorgij Danelija.

Studio des Ursulines,10, rue des Ursulines, Paris 5e.Mo Luxembourg. Jusqu’au 31 août.Tél. : 01-43-26-19-09. 32 F et 40 F.Occidentale de fanfareSeize musiciens-compositeurs del’Occidentale de fanfarerecomposent la géographiefrançaise en unissant la Bretagneà la Gascogne. Ils réinterprètentla tradition de la fanfare en yjoignant avec humour les accentsdu jazz. En mélangeant lesorchestres traditionnels des deuxrégions (le bagad et laripataoulère), ils s’en font le traitd’union et composent unrépertoire unique.Dans le cadre de Paris Quartierd’été. Arènes de Montmartre,18 heures, le 29, Mo Anvers. Place des Fêtes, 21 heures, le 29,Mo Place-des-Fêtes. FNACSaint-Lazare, 12 h 30, le 30,Mo Saint-Lazare. CentreGeorges-Pompidou, 20 heures, les 30 et 31, Mo Rambuteau. Tél. : 01-44-83-64-40. Entrée libre.

THÉÂTREUne sélection des piècesà Paris et en régions

PARISAchille Tonicde Ferdinand Lecomte, avec Corinne Be-nizio, Gilles Benizio, Isabelle Caubère,Luisa De Martini, Philippe Risler et VadimSher.Chapiteau, 43, quai d’Austerlitz, Paris 13e.Mo Austerlitz, Quai-de-la-Gare. Du mardiau dimanche, à 20 h 30. Tél. : 01-49-87-50-50. Durée : 2 heures. 70 F* et 90 F. Jus-qu’au 14 août. Les Filles d’Eve(en anglais et en français)de Laurence Février, mise en scène del’auteur, avec Anne Benoît, NatashaCashman, Marie-Laudes Emond, Lau-rence Février, Emmanuel Gayet et Made-leine Mainier.Cartoucherie-Théâtre du Chaudron,route du Champ-de-Manœuvres, Paris12e. Mo Château-de-Vincennes. A partirdu 4 août. Du lundi au samedi, à 20 h 30.Tél. : 01-43-28-97-04. Durée : 1 h 40. De50 F* à 110 F. Jusqu’au 6 septembre. Folie magiquede Chantal Saint-Jean et Jan Madd, miseen scène de Chantal Saint-Jean, avec JanMadd, Christel Colas, Nadia Savelberg etCaroline Moreau.Métamorphosis, face au 55 quai de laTournelle, Paris 5e. Mo Maubert-Mutuali-té. Du mardi au samedi, à 21 h 15 ; le di-manche, à 15 heures. Tél. : 01-40-39-99-09. Durée : 1 h 30. 80 F* et 150 F. Jusqu’au30 août. George Dandinde Molière, mise en scène de FabriceMaigrot, avec Julie Lefebvre, AlexandraRoyan, Isabelle Haumesser, Ludovic Ber-trand, Franck Messin, Didier Menin, Ber-nard Vallon et Rotem Dahan.Lavoir moderne Parisien-Procréart, 35,rue Léon, Paris 18e. Mo Château-Rouge,Marcadet-Poissonniers. Du mercredi ausamedi, à 20 h 30. Tél. : 01-42-52-09-14.Durée : 1 h 30. 50 F* et 90 F. Jusqu’au13 septembre. Italienne avec orchestrede Jean-François Sivadier, mise en scènede l’auteur, avec Cyril Bothorel, CharlotteClamens, Norah Krieff et Jean-FrançoisSivadier.Châtelet, 1, place du Châtelet, Paris 1er.Mo Châtelet. Les mercredi, jeudi, vendre-di, lundi à 21 heures ; les samedi et di-manche, à 18 heures et 21 heures. Tél. :01-49-87-50-50. Durée : 1 h 20. 70 F* et90 F. Dernières.Les Jumeaux vénitiensde Carlo Goldoni, mise en scène de Gil-das Bourdet, avec Sophie Bouilloux, Kris-tov Carpi, Isabelle Carré-Goethals, BrunoChoel, Richard Guedj, Franck Jazède,Jean-Michel Molé, Alice Papierski, YvesPignot, Michel Scotto Di Carlo et PhilippeUchan.Théâtre hébertot, 78bis, boulevard desBatignolles, Paris 17e. Mo Rome. Du mardiau vendredi, à 20 h 30 ; le samedi, à16 heures et 20 h 30. Tél. : 01-43-87-23-23.Durée : 2 h 30. De 70 F à 200 F. Jusqu’au30 août. Lepervenched’Emmanuel Genvrin, mise en scène del’auteur, avec Pierre-Louis Rivière, Délixia

Perrine, Jacques Deshayes, Rachel Pothin,Leïla Neigrau, Teresa Small, Hocine Buaz-za, Jean-Luc Trules, Arnaud Dormeuil,Philippe de Bruggada, Emmanuel Gen-vrin, Nicole Leichnig, Albertine Itela, JeanAmemoutou, Xavier Filliol, Marie Gage,Rachid Buazza et Philippe Clavie.Gare, cour Sernam, 69, rue Molière,94 Ivry-sur-Seine. Du mardi au samedi, à20 h 30. Tél. : 01-49-87-50-50. Durée :3 heures. 70 F* et 90 F. Jusqu’au 4 sep-tembre. La Locandierade Carlo Goldoni, mise en scène de Jean-Simon Prévost, avec Michel Dury, Frédé-ric Gay, Bernard Charnace, Pascal Coti-nat, Céline Codogno, Alexandre Colas,Claude Dassonville et hélène Rodier.Pré-Catelan, jardin Shakespeare, routede Suresnes-Pré-Catelan, Paris 16e.Mo Porte-Maillot puis bus 244, arrêt Ba-gatelle. A partir du 1er août. Les lundi,mercredi, jeudi, vendredi, samedi, à19 h 30 ; le dimanche, à 15 heures. Tél. :01-40-19-95-33. Durée : 2 heures. 60 F* et100 F. Jusqu’au 31 août. Ne touchez pas à Molièred’après Molière, mise en scène du Foots-barn Travelling Theatre, avec AgnieskaBihel, Christophe Bihel, Paddy Hayter,Shaji Karyat, Heinzi Lorenzen, JoeCunningham, Harry Holtzman, Massaou-da Sekkal, Kes Hayter, Sasha Vine et deuxmusiciens.-Square Réjane, Paris 20e. Mo Porte-de-Vincennes. Les mercredi 30 et jeudi 31, à21 h 30. Tél. : 01-49-87-50-50. Durée :2 h 15. 70 F* et 90 F.-Quai de Seine, Paris 19e. Mo Crimée. Lessamedi 2 et dimanche 3, à 21 h 30.-Collège des Irlandais, Paris 5e. Le mardi29, à 21 h 30.Les Palmes de M. Schutzde Jean-Noël Fenwick, mise en scène deGérard Caillaud, avec Gérard Caillaud,Béata Nilska, Emmanuel Patron, Chris-tiane Muller, Patrick Zard’ et Clauded’Yd.Théâtre de la Michodière, 4, bis, rue de laMichodière, Paris 2e. Mo Opéra, Quatre-Septembre. Du mardi au vendredi, à20 h 30 ; le samedi, à 17 heures et20 h 30 ; le dimanche, à 15 heures. Tél. :01-47-42-95-22. Durée : 3 heures. De 50 Fà 220 F. Jusqu’au 30 septembre. Pour un oui ou pour un nonde Nathalie Sarraute, mise en scène deJean-Sébastien Oudin et Cyril Ripoll, avecCyril Ripoll et Jean-Sébastien Oudin.Proscénium, 2, passage du Bureau, Paris11e. Mo Alexandre-Dumas, Charonne. Dumardi au jeudi, à 20 h 30. Tél. : 01-40-09-77-19. Durée : 1 h 15. 60 F* et 100 F. Der-nières.Quelqu’unde Robert Pinget, mise en scène deJacques Seiler, avec Jacques Seiler.Théâtre Montparnasse (Petit), 31, rue dela Gaîté, Paris 14e. Mo Montparnasse-Bienvenüe. Du mardi au vendredi, à21 heures ; le samedi, à 17 heures et21 heures. Tél. : 01-43-22-77-30. Durée :1 h 20. 60 F* et 120 F. Jusqu’au 30 août. Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Edward Albee, mise en scène de PierreConstant, avec Jean-Pierre Cassel, Béa-trice Agenin, Franck Fairlo et Anne Loi-ret.Théâtre de l’Œuvre, 55, rue de Clichy, Pa-ris 9e. Mo Place-de-Clichy. Du mardi au sa-

medi, à 20 h 30. Tél. : 01-44-53-88-88. Du-rée : 3 heures. De 90 F à 240 F. Dernières.L’Ultima Récitalde Marianne James et Véronique Vola,mise en scène des auteurs, avec Ma-rianne James et Ariane Cadier ou hélèneHalevy (pianiste).Théâtre Daunou, 7, rue Daunou, Paris 2e.Mo Opéra. Du mardi au samedi, à21 heures. Tél. : 01-42-61-69-14. Durée :1 heure. De 100 F à 190 F. Jusqu’au 31 dé-cembre.

RÉGIONSAVIGNONLa Maman et la Putainde Jean Eustache, mise en scène de Thier-ry Lavat, avec Michèle Harfaut, LaurenceKelepikis, Benjamin Boyer et JuliettePoissonnier.Théâtre de l’Escalier-des-Doms, 1bis, ruedes Escaliers-Sainte-Anne, 84 Avignon.17 h 50, le 2 août. Tél. : 04-90-14-07-99.Durée : 1 h 30. 60 F* et 85 F. Dernière.Quartettde Heiner Müller, mise en scène de Be-noît Lavigne, avec Hélène de Saint-Pèreet Jean-Philippe Ecoffey.Théâtre des Halles, 4, rue Noël-Biret, 84Avignon. 16 h 30, le 2 août. Tél. : 04-90-85-52-57. Durée : 1 h 15. 65 F* et 90 F.Dernière.Eclipsede Bartabas, mise en scène de l’auteur,avec Julio Arozanera, Bartabas, NathalieBarot, Manuel Bigarnet, Catherine Bosch,Ketile Dubus, Abdelrrahman el-Bahjaoui,Laure Guillaume, Etienne Regnier, Quin-cella Swyningan, Aïcha Touré et Mes-saoud Zeggane.Châteaublanc-Parc des expositions, 84Avignon. 22 heures, le 2 août. Tél. : 04-90-14-14-14. Durée : 2 heures. 150 F* et180 F. Dernière.Dédalede Philippe Genty, mise en scène de l’au-teur, avec Laurent Bariteau, JonathanChasseigne, Nathalie Decrette, Iréné Pa-nizzi, Vendula Prager, Rodolphe Serres,Anatol Sternberg, Guillaume Viry et So-phie Weiss.Cour d’honneur du Palais des Papes, 84Avignon. 22 heures, le 2 août. Tél. : 04-90-14-14-14. Durée : 2 heures. De 110 F* à190 F.BERGERACCyrano de Bergeracd’Edmond Rostand, mise en scène dePierre Debauche, avec Didier Kersten, So-phie Carrier, Jean-Marc Desmond, CaroleBouillon, Jean-Marie Degove, RomainPuyelo, Aël Pujol, Sylvie Laurent-Pourcel,Martine Marty, Alain Ours, Olivia Le Di-velec, Sapphô Marlhiac, Olivia Jerkovic,Etienne Kimes, Anne Labonne, DelphineLainé, Jean-Luc Daltrozzo et Eric Sauto-nie.Quai Salvette, 24 Bergerac. 21 heures, du6 au 10 août. Tél. : 05-53-74-66-63. Du-rée : 3 heures. De 30 F* à 80 F. Dernières.BUSSANGLa Forêtd’Alexandre Ostrovski, mise en scène deJean-Claude Berruti, avec Joséphine De-renne, Bobette Levesque, AndréBaeyens, Frédéric Solunto, Margot Le-fevre, Jean-Claude Luçon, Gérard Al-bouze, Pierre Comte, Nicolas Luçon,Jean-Luc Couchard, Yves Graffey etVincent Roy.

Théâtre du Peuple, rue du Théâtre, 88Bussang. 15 heures, les 2, 4, 7, 8, 9, 10 et11 août. Tél. : 03-29-61-50-48. Durée :3 h 30. De 60 F* à 100 F.MONTÉLIMARUn Cidd’après Pierre Corneille, mise en scèned’Emilie Valantin, avec Jacques Bourdat,Isabelle Rouabah, Jean Sclavis, Jean-Pierre Skalka, Emilie Valantin et ChristianChiron et Yannick Herpin (musiciens).Château des Adhémar, 26 Montélimar.21 h 30, du 8 au 11 août. Tél. : 04-75-46-59-94. Durée : 1 heure. 60 F* et 80 F.PÉRIGUEUXMimosavec la Cie Mossoux-Bonté, Le Colombier,Décor sonore, La Cie Spirli-Deschamps,Slava Polunin, A und P Theater, Le Diablepar la queue, Los de Abajos, La Sociétédes Mimes cinglés, Maboul Distorsion, LaCie du Revoir, La Cie d’Ailleurs, Ariadone,Marco Carolei, Mitsuyo Uesugi et Iris.Nouveau Théâtre, 1, avenue d’Aquitaine,24 Périgueux. 17 heures, les 4, 6 et8 août ; 12 h 30, les 7 et 9 ; 12 heures, le10. Tél. : 05-53-53-18-71. 70 F* et 100 F.

SARLATFestival des Jeux du théâtreavec « Petit boulot pour vieux clown »(Visniec-Lee), « Lune de miel » (Jean-LucAnnaix), « Le Neveu de Rameau » (Dide-rot-Couleau), « La Femme rompue »(Beauvoir-Seigner), « Marie Tudor » (Hu-go-Lidon), « Les Trois Molière » (Molière-Thiry).-Jardin des Enfeus, 24 Sarlat. 21 h 45, les 5et 7. Tél. : 05-53-31-10-83. 100 F. Der-nières.-Abbaye Sainte-Claire, 24 Sarlat.21 heures, les 3 et 6. Tél. : 05-53-31-10-83.80 F. Dernières.-Place de la Liberté, 24 Sarlat. 21 h 45, les2 et 4. Tél. : 05-53-31-10-83. De 90 F* à150 F.VAOURL’Eté de Vaouravec Laura Herts, L’Attrape-Théâtre, Tonund Kirschen Wandertheater, Les Amuse-Girls, le groupe En/Vers Théâtre, Rufus,BP Zoom, les Théâtres de cuisine, « Tré-zène mélodies », Les Micos, Peter Wyss-brod, Carcara Producteur, L’ApprentieCompagnie, Bolek Polivka.Spectacles en salle, 81 Vaour. 20 h 30 et22 h 30, les 2, 4, 5, 7, 8 et 10 août ; 21 h 30et 22 h 30, les 3 et 9. Tél. : 05-63-56-36-87.De 30 F* à 90 F.VILLENEUVE-LÈS-AVIGNONIsmène, du poète Yannis Ritsosde Yannis Ritsos, mise en scène d’YvesThouvenel, avec Christine Berthier etMarco Sanna.Chapelle des Pénitents-Gris, rue de la Ré-publique, 30 Villeneuve-lès-Avignon.17 heures, le samedi. Tél. : 04-90-85-07-29. Durée : 1 heure. 55 F* et 80 F. Der-nière.Milarepa, l’homme de cotond’Eric-Emmanuel Schmitt, mise en scènede Bruno Abraham-Kremer, avec BrunoAbraham-Kremer, Mahmoud Tabrizi-Za-deh (musicien) et Sharmila Roy (chan-teur).Cloître de la Collégiale, 30 Villeneuve-lès-Avignon. 22 heures, le samedi. Tél. : 04-90-14-14-14. Durée : 1 h 20. 80 F* et 100 F.Dernière.

(*) Tarifs réduits.

CINÉMANOUVEAUX FILMS

COUP DE FOUDREET CONSÉQUENCESFilm américain d’Andy Tennant, avecMatthew Perry, Salma Hayek, Jon Ten-ney, Carlos Gomez, Tomas Milian,Siobhan Fallon (1 h 40).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; UGC Odéon, 6e ; UGCRotonde, dolby, 6e ; UGC Champs-Ely-sées, dolby, 8e.LE JOUR DE LA BÊTE (*)Film espagnol d’Alex de La Iglesia,avec Alex Angulo, Armando de Razza,Santiago Segura, Terele Pavez, Natha-lie Sesena, Marie Grazie Cucinotta(1 h 40).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (+) ; Ely-sées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; La Bastille, 11e (01-43-07-48-60) ;Sept Parnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby,15e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).MAD DOGSFilm américain de Larry Bishop, avecEllen Barkin, Gabriel Byrne, RichardDreyfuss, Jeff Goldblum, Diane Lane,Gregory Hines (1 h 32).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I,dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; UGCOdéon, dolby, 6e ; Gaumont Champs-Elysées, dolby, 8e (01-43-59-04-67) (+) ;Majestic Bastille, dolby, 11e (01-47-00-02-48) (+) ; Escurial, dolby, 13e (01-47-07-28-04) (+) ; Miramar, dolby, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; Majestic Passy, dolby,16e (01-42-24-46-24) (+) ; UGC Maillot,17e ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+).LES MILLE MERVEILLESDE L’UNIVERS (*)Film français de Jean-Michel Roux,avec Tcheky Karyo, Julie Delpy, ChickOrtega, Feodor Atkine, Maria De Me-deiros, James Hyndman (1 h 27).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Gaumont Opéra Impérial, dolby, 2e

(01-47-70-33-88) (+) ; Gaumont Alésia,dolby, 14e (01-43-27-84-50) (+) ; LesMontparnos, 14e (01-39-17-10-00) (+).SPEED 2 : CAP SUR LE DANGERFilm américain de Jan De Bont, avecJason Patric, Sandra Bullock, WillemDafoe, Temuera Morrison, BrianMcCardie, Christine Firkins (2 h 10).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; UGC Danton, dolby, 6e ; GaumontMarignan, dolby, 8e (+) ; UGC Nor-mandie, dolby, 8e ; UGC Opéra, dolby,9e ; Gaumont Grand Ecran Italie, dolby,13e (01-45-80-77-00) (+) ; Gaumont Par-nasse, dolby, 14e (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, dolby, 15e (+) ; Gaumont Ki-nopanorama, dolby, 15e (+) ; UGCMaillot, 17e.

EXCLUSIVITÉSABELd’Alex Van Warmerdam,avec Henri Garcin, Alex Van Warmer-dam, Olga Zuiderhoek, Annet Mal-herbe.Hollandais (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Es-pace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).ANGEL BABYde Michael Rymer,avec John Lynch, Jacqueline McKenzie,Colin Friels, Deborra Lee Furness, Ro-byn Nevin.Australien (1 h 45).VO : Action Christine, 6e (01-43-29-11-30) ; Lucernaire, 6e.LES ANGES DÉCHUSde Wong Kar-Wai,avec Leon Lai Ming, Takeshi Kaneshiro,Charlie Young, Michele Reis, KarenMok.Hong Kong (1 h 36).VO : Lucernaire, 6e.L’AUTRE CÔTÉ DE LA MERde Dominique Cabrera,avec Claude Brasseur, Roschdy Zem,Marthe Villalonga, Agoumi, CatherineHiegel, Marilyne Canto.Français (1 h 30).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ;Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85) (+).BEAVIS ET BUTT-HEADSE FONT L’AMÉRIQUEde Mike Judge,dessin animé américain (1 h 21).VO : Grand Pavois, dolby, 15e (01-45-54-46-85) (+).BOX OF MOONLIGHTde Tom DiCillo,avec John Turturro, Sam Rockwell, Ca-therine Keener, Lisa Blount, Annie Cor-ley, Alexander Goodwin.Américain (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Espace Saint-Michel,dolby, 5e (01-44-07-20-49).LA CICATRICEde Krzysztof Kieslowski,avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr,Mariusz Dmochowski, Jan Skotnicki,Stanislaw Igar, Michal Tarkowski.Polonais (1 h 44).VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).DAAYRAd’Amol Palekar,avec Nimal Pandey, Sonali Kulkarni,Nina Kulkarni, Hyder Ali, Faiyyaz, Nan-du Madhav.Indien (1 h 47).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).DOUBLE TEAMde Tsui Hark,avec Jean-Claude Van Damme, DennisRodman, Mickey Rourke, Natacha Lin-dinger, Paul Freeman, Valeria Cavalli.Américain (1 h 35).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,

1er ; Gaumont Marignan, dolby, 8e (+) ;UGC George-V, dolby, 8e.LA FABRIQUEDE L’HOMME OCCIDENTALde Gérald Caillat,Français (1 h 15).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).LE FANde Tony Scott,avec Robert De Niro, Wesley Snipes, El-len Barkin, John Leguizamo, BenicioDel Toro, Patti d’Arbanville-Quinn.Américain (1 h 50).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; UGC George-V, 8e ; Gaumont Par-nasse, dolby, 14e (+).LES GARÇONS WITMANde Janos Szasz,avec Alpar Fogarasi, Szabolcs Gergely,Maia Morgenstern, Peter Andorai, La-jos Kovacs.Franco-hongrois (1 h 33).VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09) ; L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).HANTISESde Michel Ferry,avec John Berry, François Négret, Mari-na Golovine, Francis Boespflug.Français (1 h 20).Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09).HÔTEL AURAde Renato De Maria,avec Sergio Castellitto, Iaia Forte, Isa-bella Ferrari, Roberto De Francesco,Matteo Urzia.Italien (1 h 40).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86).J’AI HORREUR DE L’AMOURde Laurence Ferreira Barbosa,avec Jeanne Balibar, Jean-QuentinChâtelain, Laurent Lucas, Bruno Lo-chet, Alexandra London, Eric Savin.Français (2 h 14).

Gaumont les Halles, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Le Saint-Germain-des-Prés,Salle G. de Beauregard, 6e (01-42-22-87-23) (+) ; Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Bienvenüe Montparnasse, 15e (01-39-17-10-00) (+) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).JAMES ET LA PÊCHE GÉANTEde Henry Selick,dessin animé américain (1 h 20).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er.VF : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+) ;Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ; ClubGaumont (Publicis Matignon), dolby,8e (01-42-56-52-78) ; Le République, 11e

(01-48-05-51-33) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+) ; Gaumont Alésia,14e (01-43-27-84-50) (+) ; Saint-Lam-bert, dolby, 15e (01-45-32-91-68) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JEUNESSEde Noël Alpi,avec Jérémie Covillault, Sonja Co-dhant, Blandine Lenoir, Nicolas Koretz-ky, Bernard Le Coq, Arielle Dombasle.Français (1 h 26).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).LEVEL FIVEde Chris Marker,avec Catherine Belkhodja, la participa-tion de Nagisa Oshima, Kenji Tokitsu,Ju’nishi Ushiyama.Français (1 h 46).Accatone, 5e (01-46-33-86-86).MA VIE EN ROSEd’Alain Berliner,avec Michèle Laroque, Jean-PhilippeEcoffey, Hélène Vincent, Georges duFresne, Daniel Hanssens, Laurence Bi-bot.Français (1 h 28).UGC Forum Orient Express, 1er ; 14-Juil-let Parnasse, 6e (+) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+).MENTEUR, MENTEURde Tom Shadyac,avec Jim Carrey, Maura Tierney, JustinCooper, Jennifer Tilly, Swoosie Kurtz,Amanda Donohoe.Américain (1 h 26).VO : UGC Forum Orient Express, 1er ;UGC Normandie, dolby, 8e.MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn, AlanRickman, Julia Roberts, Stephen Rea.Américain (2 h 10).VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LA MÔME SINGEde Xiao-Yen Wang,avec Fu Di, Fang Shu, Yang Guang,Yang Lin, Chang Hung-Mei, WangYang.Américain-chinois (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Den-fert, 14e (01-43-21-41-01) (+).MORDBUROde Lionel Kopp,avec Ornella Muti, Philippe Clévenot,

Patrick Catalifo, Maurice Benichou,Dominique Pinon.Français (1 h 40).Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).MUNK, LEMMY ET COMPAGNIEde Nils Skapans et Janis Cimermanis,dessin animé letton (46 min).VF : Le République, 11e (01-48-05-51-33).PASSAGE DES HOMMES LIBRESde Luis Armando Roche,avec Roy Dupuis, Christian Vadim.Franco-vénézuélien (1 h 36).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86).LES PLEINS POUVOIRSde Clint Eastwood,avec Clint Eastwood, Gene Hackman,Ed Harris, Laura Linney, Scott Glenn,Dennis Haysbert.Américain (2 h 01).VO : UGC George-V, 8e ; Gaumont Par-nasse, dolby, 14e (+) ; Saint-Lambert,dolby, 15e (01-45-32-91-68).SCREAM (**)de Wes Craven,avec Drew Barrymore, Courteney Cox,David Arquette, Neve Campbell, Mat-thew Lillard, Rose McGowan.Américain (1 h 50).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC Normandie, dolby,8e ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, dolby, 13e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+).LE SILENCE DE RAKde Christophe Loizillon,avec François Cluzet, Elina Löwensohn,Jacky Berroyer, Roland Amstutz, Mar-cel Bozonnet, Pierre Baillot.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-JuilletHautefeuille, 6e (+) ; Elysées Lincoln, 8e

(01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, 14e

(01-43-20-32-20) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).LA VIE DE JÉSUSde Bruno Dumont,avec David Douche, Marjorie Cottreel,Kader Chaatouf, Geneviève Cottrell,Sébastien Delbaere, Sébastien Bailleul.Français (1 h 36).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; Lu-cernaire, 6e ; Saint-André-des-Arts II, 6e

(01-43-26-80-25) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).LE VILLAGE DE MES RÊVESde Yoichi Higashi,avec Keigo Matsuyama, Shogo Mat-suyama, Mieko Harada, Kyozo Nagat-suka, Hoseil Komatsu, Kaneko Iwasaki.Japonais (1 h 52).VO : Lucernaire, 6e ; Le République, 11e

(01-48-05-51-33).LES VIRTUOSESde Mark Herman,avec Pete Postlethwaithe, Tara Fitzge-rald, Ewan McGregor, Stephen Tomp-kinson, Jim Carter, Philip Jackson.

Britannique (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I,dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; 14-Juil-let Beaubourg, 3e (+) ; Europa Pan-théon (ex-Reflet Panthéon), dolby, 5e

(01-43-54-15-04) ; La Pagode, dolby, 7e

(+) ; Le Balzac, dolby, 8e (01-45-61-10-60) ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; Escurial, dolby, 13e (01-47-07-28-04) (+) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e

(01-43-27-84-50) (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, dolby, 15e (+) ; BienvenüeMontparnasse, dolby, 15e (01-39-17-10-00) (+) ; Le Cinéma des cinéastes, 17e

(01-53-42-40-20) (+) ; UGC Maillot, 17e ;14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEde Manoel de Oliveira,avec Marcello Mastroianni, Jean-YvesGautier, Leonor Silveira, Diogo Doria,Isabel de Castro, Isabel Ruth.Franco-portugais (1 h 33).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86) ;Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Fore-man, Don King, James Brown, B. B.King, Norman Mailer.Américain (1 h 28).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08) (+) ; Club Gaumont (Publicis Mati-gnon), dolby, 8e (01-42-56-52-78).

REPRISESL’ADORABLE VOISINEde Richard Quine,avec James Stewart, Kim Novak, JackLemmon, Elsa Lanchester, Janice Rule,Philippe Clay.Américain, 1958 (1 h 45).VO : Action Ecoles, 5e (01-43-25-72-07).RENCONTRESAVEC DES HOMMES REMARQUABLESde Peter Brook,avec Terence Stamp, Dragan Maksimo-vic, Grégoire Aslan.Britannique, 1977 (1 h 45).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).

(*) Films interdits aux moins de 12 ans.(**) Films interdits aux moins de 16ans.(+) Réservations au 01-40-30-20-10.

SPECTACLESRÉSERVEZ

VOS PLACESSUR MINITEL 2,

23F

/mn

3615 LEMONDE

Page 26: o 16330 – 7,50 F MERCREDI 30 JUILLET 1997 FONDATEUR : … · 2018. 2. 22. · L’irrépressible colère de Djamila, fille de harki AU DÉBUT, cela n’était qu’une « histoire

LeMonde Job: WMQ3007--0026-0 WAS LMQ3007-26 Op.: XX Rev.: 29-07-97 T.: 08:52 S.: 111,06-Cmp.:29,11, Base : LMQPAG 36Fap:99 No:0422 Lcp: 196 CMYK

26 / LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 R A D I O - T É L É V I S I O N

MARDI 29 JUILLET

TF 120.45

LA GITANE aFilm de Philippe de Broca,avec Claude Brasseur,Valérie Kaprisky(1985, 95 min). 745233Quelques ratés du scénariomais, dans l’ensemble, le filmest rondement mené.22.20 Les Films

dans les salles.

22.30

LA BELLEAMÉRICAINEFilm de Robert Dhéry, avec RobertDhéry, Alfred Adam(1961, version colorisée,100 min). 9770233

0.10 Comme une intuition.0.15 Les Sauveteurs

de l’impossible. Série.1.05 et 1.45, 2.30, 3.55

TF1 nuit.1.20 Reportages. Documentaire.Quelques mots d’amour. 2.00 Cas dedivorce. Série. Renard contre Renard.2.40 Jard Van Ness et l’ensemble or-chestral de Paris. Concert. 4.05 et 4.35,5.10 Histoires naturelles. Documen-taire. 5.05 Musique (5 min).

France 220.50

COUP DE JEUNE aFilm de Xavier Gélin,avec Martin Lamotte(1991, 100 min). 842271Un savant septuagénaire boitun mélange de sa compositionet se retrouve dans le corps d’ungosse de quatre ans.

22.35

LA CAVALE DES FOUS Film de Marco Pico, avec PierreRichard, Michel Piccoli (1992, 95 min).

73954360.10 Journal,

Bourse, Météo.0.25 Les Routiers.

Série. Pari gagné.

1.20 Trois mousquetaires à Shanghaï.Documentaire. 2.05 Little Karim. Do-cumentaire. 2.55 Manu. Les trainscouchettes. 3.05 Transantarctica no 6.Documentaire. 3.20 24 heures d’info.3.30 Météo. 3.35 Jeux sans frontières(rediff., 115 min).

France 320.50

LA CARTEAUX TRÉSORSDivertissement présenté par Sylvain Augier. La Guadeloupe - les Saintes (105 min). 847726

22.35 Journal, Météo.

23.05

LES NOUVEAUXAVENTURIERSDocumentaire. Le chemin desAmérindiens (55 min). 3353829

0.00 E Passion d’une vie. IciLondres, les Français parlentaux Français : Jean Marin(55 min). 55943

0.55 Les Brûluresde l’Histoire.De Fidel à Castro,du rebelle au dictateur :1959-1962. Invité :Jean-Pierre Clerc.

2.15 La Grande Aventure de JamesOnedin. Feuilleton (55 min).

Arte20.45

E LA VIE EN FACE :HÔTEL ABYSSINIEDocumentaire de Fabienne Le Houerouet Patricia Plattner (1996, 55 min). 7471610Ce documentaire nous emmène en Abyssinie à larencontre des survivants de l’éphémère Empireitalien d’Afrique Orientale constitué par Mussolinien 1936 et défait six ans plus tard.

21.45

SOIRÉE THÉMATIQUE :BEAUTIFUL LOSERSLES ANGES DÉCHUS DU ROCK21.45 Beautiful Losers. Documentaire de Diethard

Küster (1997, 90 min). 550987523.15 Candy Mountain a a

Film de Rudy Wurlitzer et Robert Frank, avecKevin J. O’Connor (1987, v.o., 95 min). 3828962

0.50 Kevin Coyne. Le célèbre inconnu,documentaire (1997, 10 min). 1582943

1.00 Kevin Coyne : Cœur de feu.Documentaire (1979, 30 min). 5128276

1.30 Kevin Coyne : Sous le dernier mur.Concert enregistré au Tempodrom, au pied dumur de Berlin, en 1982 (40 min). 6065127

2.10 Colère. Documentaire (rediff., 25 min).

M 620.45

LES NOUVELLESAVENTURESDE ROBIN DES BOISSérie, avec Matthew Porretta, AnneGalvin, Richard Ashton(110 min). 489165Robin et la flèche d’or.Au prix de son âme.

22.35

LE MANOIRDU SECRETTéléfilm 5 de Tim Fywell,avec Douglas Hodge, Jeremy Northam (130 min). 6266441Les restes d’une femme et d’unbébé, morts il y a près de dixans, sont retrouvés à proximitéd’un manoir.

0.45 Zone interdite. (rediff.).

2.50 Culture pub. Magazine (rediff.).3.05 Jazz 6. Magazine. 3.55 Turbo.Magazine (rediff.). 4.25 Jeux etCombats. Documentaire. 4.50 Cou-lisses FFF. Documentaire. 5.15 LesPiégeurs (rediff.). 5.40 Mister Biz -Best of. Magazine (rediff., 20 min).

Canal +20.35

L’AMOUR À TOUT PRIX Film de Jon Turteltaub,avec Sandra Bullock, Bill Pullman(1995, 95 min). 962788Laborieuse comédiesentimentale. 22.10 Flash d’information.22.15 La vie comme elle est....

Court métrage.

22.30

JEFFERSONÀ PARIS aFilm de James Ivory,avec Nick Nolte, Greta Scacchi(1994, v.o., 134 min). 13004170.45 L’Œil du cyclone.

Magazine(25 min). 6155740

1.10 Remake,Rome ville ouverteFilm de Carlo Lizzani (1995, 114 min). 9323769

RadioFrance-Culture20.50 Du Jazz pour tout

bagage. [2/5].

21.10 D’un théâtre l’autre. 1964 -1971. [2/5].22.10 Les Chemins

de la connaissance. [2/5].22.40 Nocturne. [2/5].

Bernard Herrman [2/5]

0.05 Du jour au lendemain. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.30 Concert.

Festival de Sion. Donné endirect de l’église des Jésuites,par l’Academy of AncientMusic, dir. Andrew Manze :Œuvres de Haendel.

22.30 Concert.Festival de Grenade. Donné le16 juillet, au Patio de LosMarmoles, par le QuatuorCristofori.

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Samson François, piano.

22.25 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.15, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 Ecologia. 0.45 Artis-simo. 1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

TV 520.00 Les Gens de Mogador.

Téléfilm [4/6] de RobertMazoyer (100 min). 13959455

21.40 Télétourisme. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Strip Tease. Magazine.23.30 Les Grandes Enigmes

de la science.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 Les Ailes de légende.

[44/44]. Le F-4 Phantom.21.35 Femmes d’islam. [2/3].22.30 C’est passé par l’Inde.23.25 E Man No Run.

Histoire21.00 Hitler-Staline,

liaisons dangereuses.[3/3].

22.00 Wallenberg, autopsied’une disparition.

23.00 De l’actualitéà l’histoire. Magazine.

Paris Première20.00 et 0.35

20 h Paris Première.21.00 James Stewart.

A Wonderful Life.21.55 Les Documents du JTS.22.30 L’Amour par terre a a

Film de Jacques Rivette(1983, 125 min). 11987908

FranceSupervision19.25 et 20.30, 0.20

Coup de cœur. Invité :Angelo Petronio, bluesman.

19.35 Trio Esperança. Concertenregistré en septembre1995 (55 min). 85327707

20.45 CinéActu. Magazine.21.00 Les Francofolies 1997 :

Arthur H, Testa, Kacel.Concert enregistré à LaRochelle en juillet 1997(90 min). 71221788

Téva20.30 et 22.30

Téva interview.20.55 L’Echange.

Téléfilm de John Power, avecLisa Hartman Black (1994,95 min). 508850165

23.00 Clair de lune. Série.23.45 Madras.

De Daniel Lafarge (25 min).

Ciné Cinéfil20.30 Hara-kiri a a

Film de Masaki Kobayashi(1963, N., v.o., 130 min).

7917241822.40 Monsieur Personne a

Film de Christian-Jaque(1936, N., 85 min). 73247417

Ciné Cinémas20.30 Exotica a

Film d’Atom Egoyan(1994, 100 min). 4254392

22.10 La Rivière a aFilm de Mark Rydell (1984,v.o., 120 min). 23689184

Festival20.30 Le Mouton noir.

Téléfilm de Francis de Gueltzl,avec Michèle Laroque, AlainTeulié (95 min). 66377436

22.05 Deux amies d’enfance.Téléfilm [2/3] de NinaCompaneez, avec LudmillaMikael, Aurore Clément(100 min). 28932962

23.45 Eden. Court métragede Robert Réa (15 min).

Série Club20.15 Les Arpents verts.

Send a Boy to College.20.45 L’Age de cristal.

Rêves mortels.21.35 Un juge, un flic.22.30 Alfred Hitchcock

présente. Treizième étage.23.00 Mandrin. Feuilleton [5/6].

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

MERCREDI 30 JUILLET

Canal Jimmy20.30 Friends (3e saison).

The One at the Beach (v.o.).20.50 Bob Marley

& The WailersCaribbean Nights.

22.20 Portrait. Magazine.22.25 Des agents

très spéciaux.Opération volcan.

23.20 Star Trek : la nouvelle génération.Etre ou ne pas être (v.o.).

Disney Channel20.10 Le Livre

de la jungle a aFilm d’animation de Walt Disney (1967, 90 min). 9434786

21.40 Honey West.22.05 Richard Diamond.22.30 Juste pour rire.23.35 Sylvie et compagnie.

Robin côté cour.23.55 Thierry la Fronde.

Eurosport19.00 Tennis. En direct.

Tournoi de Montréal(240 min). 35865900

23.00 World Cup Legends. 0.00 Cyclisme. (90 min).

Voyage20.35 Suivez le guide. 22.30 Au-delà des frontières.

Découvrir la Grèce 2.23.00 Chez Marcel.

Invité : Michel Drucker.

Muzzik20.00 et 1.40 L’Invité.

Paul Hillier.21.00 Symphonie no 10

de Mahler. Concert(80 min). 506679788

22.20 Dvorak et Brahms,concertos pour violon.Concert (60 min). 504524691

23.20 Mojazz, Live at theHouse of Blues.Concert (60 min). 508332829

TF 116.15 La Joyeuse Tribu.

Série. Crise au sénat.17.15 Vidéo gag.17.30 Extrême limite. Série.

17.55 Les Années fac. Série.

18.25 Ali Baba. Jeu.

19.00 Mokshû Patamû. Jeu.

19.50 et 20.40 Météo.20.00 Journal,

L’Image du jour.

20.45

INTERVILLES 97Divertissement présenté parJean-Pierre Foucault, Thierry Roland,Nathalie Simon, Olivier Chiabodo.Yssingeaux rencontrePuy-en-Velay(155 min). 26975011

23.20

LES YEUXD’HÉLÈNETéléfilm [5/9] de Jean Sagols,avec Mireille Darc,Jean-Pierre Bouvier(100 min). 8838063Arnaud perd la mémoire.L’affection de Geneviève nesuffit plus à le rassurer. Avant dese suicider, il lègue ses yeux àHélène...1.00 et 1.45, 2.45, 3.50

TF1 nuit.1.15 Cas de divorce. Série. Couturecontre Couture. 1.55 et 2.55, 4.00, 4.30,5.10 Histoires naturelles. Documen-taire. Vietnam : de lumières et d’eaux.4.55 Musique (15 min).

France 215.40 La Cavalière.

Téléfilm [1 et 2/2]de Philippe Monnier,avec Ilaria Borrelli.(180 min). 6446585

18.45 Les Z’amours. Jeu.19.20 Qui est qui ? Jeu.19.50 et 20.45 Tirage du Loto.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal,

A Cheval !, Météo.

20.55

L’AMOUR À L’OMBRETéléfilm de Philippe Venault, avec Tom Novembre (100 min). 7679837Un vieux garçon se retrouve àson insu impliqué dans un traficd’héroïne. Il est arrêté et mis enprison. Sa mère contacte unejeune avocate.

22.35

VUE SUR LA MERMagazine présentépar Maïtena Biraben. Invités : Khaled, 2 Be 3, Tribal Jam(75 min). 357110823.50 Journal,

Bourse, Météo.0.10 Les Routiers. Série.1.00 Urti. Documentaire.

1.25 Chrétiens orientaux. Magazine(rediff.). 1.55 Jour du seigneur. Maga-zine (rediff.). 2.25 15 ans l’aventure.Documentaire. 3.20 Urti. Documen-taire. Droit et réalité de l’école enCôte d’Ivoire. 3.35 24 heures d’info.3.50 Météo. 3.55 Les Echos de la noce.Documentaire. 4.40 Un ticket pourl’espace. Les pionniers de l’espace. Bi-vouacs sur la lune (50 min).

France 316.55 40o . En direct de Collioure.18.20 Questions pour

un champion. Jeu.18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.20.00 Météo.20.05 Fa si la chanter. Jeu.20.35 Tout le sport. 20.45 Consomag.

20.50

FOOTBALLCoupe Intertoto. En direct.Demi-finale retour : Montpellier - FCCologne (125 min). 39572740Battus 2-1 à Cologne, lesMontpelliérains peuvent espérerune victoire afin d’accéder à lafinale de cette compétition quiles opposerait au vainqueur deLyon - Istanbulspor (1-2).

22.55

AU-DELÀDE L’ÉCRANDivertissement.La télé des jeunes. Invité : Jackie Berroyer (40 min). 737892423.35 Journal, Météo.0.00 Un siècle d’écrivains.

Documentaire. Gaston Leroux (50 min). 46561

0.50 Autour du cinéma. Les mystèresdu premier film. 1.40 Les Brûlures del’Histoire. 1945 : de Yalta à Potsdam(60 min).

Arte19.00 Le Tour du monde en 80 jours. [11/14].19.30 7 1/2. Magazine. Fenêtre sur la vie.20.00 Naissance du XXe siècle.

[9/12] L’ordre nouveau (25 min). 4321420.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

20.45

LES MERCREDISDE L’HISTOIRE :HITLER, UN INVENTAIREDocumentaire de Guido Knopp et Harald Schott[5/6] Le seigneur de la guerre (60 min). 9301818Les ambitions du despote qui voulut nonseulement annexer des territoires mais aussiasservir leurs populations.

21.45

MUSICA :CANDAULE À HAMBOURGUne création mondiale. Introduction.Un drame d’André Gide transposé en Orient parAlexandre Zemlinski.21.55 Le Roi Candaule.

Opéra en trois actes de Zemlinski enregistré auStaatsoper de Hambourg en 1996. Mise enscène de Günter Krämer(135 min). 4564030

0.10 E La Lucarne : Octobre.Court métrage d’Abderrahmane Sissako(1993, N., 35 min). 4244649

0.45 L’Expulsion du paradis a a Film de Niklaus Schilling(1976, rediff., v.o., 120 min). 3916603.

Canal +17.00 Babylon 5. Série.17.40 Le Dessin animé.E En clair jusqu’à 21.0018.35 Les Simpson.19.00 E Les Conquérants

du feu. Série. 19.45 Flash d’information.19.57 Le Zapping.20.00 10 années formidables. 20.35 Le Journal des sorties.

21.00

THE SUBSTITUTEFilm de Robert Mandel, avec Tom Berenger, (1996, 110 min). 6417189Une jeune femme, professeurd’histoire dans un lycée deMiami, est agressée par ungang d’élèves. 22.50 Flash d’information.22.55 La Vie comme elle est....

23.05

SEXE, CENSURE ET CINÉMADocumentaire de Franck Martin. [5/6] Pour adultes seulement (50 min). 264130123.55 Amour et Mensonges

Film de Lasse Hallström (1995, v.o., 103 min).

81170111.40 L’Œuvre au noir a a

Film d’André Delvaux (1988, 105 min). 9360290

France-Culture20.50 Du Jazz pour tout

bagage. [3/5].21.10 D’un théâtre l’autre.

Π1964 - 1971 [3/5].22.10 Les Chemins de la

connaissance (rediff.).22.40 Nocturne.

Bernard Herrmann, unmusicien américain [3/5].

0.05 Du jour au lendemain.Jean-Claude Pirotte (Un voyage enautomne). 0.50 Coda. Elvis Presley,20 ans après : Pèlerinage à Memphis[3/5]. 1.00 Les Nuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.00 Festival de Salzbourg.

Concert donné en direct duResidenzhof, à Salzbourg, parle Chœur du Singverein deVienne et l’Orchestre duMozarteum de Salzbourg, dir.Marc Minkowski :L’Enlèvement au Sérail, deMozart, Akram Tillawi (Selim),Paul Groves (Belmonte),Christine Schäfer (Constanze).

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).Atlas puccinien.2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Rouslan et Ludmila, opéra encinq actes, de Glinka, par leChœur et l’Orchestre du Kirov,dir. Valery Gergiev, VladimirOgnovienko (Rouslan), AnnaNetrebko (Ludmila), Diadkova(Ratlir), Pluzhnikov (Finn),Guennadi Bezzoubenkov(Farlaf), Galina Gorchakova(Gorislava), Mikhaïl Kit(Svetosar), Irina Bogachova(Naïna), Yuri Marusin (Baïan).

0.00 Les Nuits de Radio-Classique.

RadioM 618.00 Highlander. Série.18.50 Open Miles.18.55 Les Anges de la ville.19.50 Tour de France

à la voile.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Notre belle famille.

Série. La fugue d’Al.20.30 La Météo des plages.20.35 Quelle planète !

20.45

DEUX MILLIONSDE DOLLARSDANSUN FAUTEUILTéléfilm d’Yves Lamoureux,avec Marie-Sophie L. Berthier,Bruno Wolkovitch(105 min). 962011Comédie policière.

22.30

LA GUERREDES RUESTéléfilm 5 de Dick Lowry,avec Ray Sharkey, Mario Van Peebles,(100 min). 2134818Deux inspecteurs de New Yorkrecherchent un dealer de crackqui a abattu de sang-froid unpolicier. L’équipier attitré dudéfunt mène sa propre enquète,hors des circuits officiels...

0.10 Secrets de femmes.Série 6.

0.45 Sexy Zap. Magazine. 6

2.15 Fréquenstar. 2.55 Mister Biz -Best of. 3.20 Fan de - Best of. 3.45 Et leciel t’aidera. 4.35 Les Piégeurs. 5.00Turbo.

TV 519.30 Journal (TSR).20.00 Fort Boyard.

(France 2 du 26/7/97).21.45 Les Suisses du bout

du monde. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Savoir plus santé.

Invité : le professeur PierreBonfils, ORL à l’hôpitalBoucicaut, à Paris.

23.30 Bons baisersd’Amérique. Magazine.

0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 E Chacun son tour.

Le rêve forcenéd’Henri Desgrange.

22.10 Les 24 heuresde Sagone.Record de plongée.

22.30 Des hommesdans la tourmente.[12/32]. L’oncle Sam versus laProhibition.

22.55 Les Ailes de légende.[44/44]. Le F-4 Phantom.

0.00 Femmes d’islam. [2/3].

Histoire20.00 Quand la Chine

s’éveillera.[2/4].

21.00 Envoyé spécial :les années 90.

22.00 La Maison des prés.Téléfilm [3/12] de Serge Moati(60 min).

23.00 Le Magazinede l’Histoire.

Paris Première20.00 et 23.15

20 h Paris Première.21.00 Paris modes. Magazine.21.50 Les Documents du JTS.22.20 Vedettes en coulisse.

Petula Clark au Far-West.0.15 Lester Bowie

& Brazzy Voices.Concert (95 min). 67708431

FranceSupervision20.55 Off, le magazine

des festivals.22.00 Concerts Mozart.23.00 Nancy Jazz Pulsations :

Jacques Thollot.Concert (55 min). 66889301

23.55 Les Francofolies 1997 :Arthur H, Testa, Kacel.Concert (90 min). 38396566

Ciné Cinéfil20.30 Moi, moi, moi

et les autres Film de Alessandro Blasetti(1965, N., v.o., 105 min).

990904522.15 Pension d’artistes a a

Film de Gregory La Cava(1937, N., 90 min). 9924276

23.45 ReveilleWith Beverly aFilm de Charles T. Barton(1943, N., v.o., 75 min).

34034189

Ciné Cinémas20.30 Les Maris, les Femmes,

les Amants a aFilm de Pascal Thomas (1988, 115 min). 2116437

22.25 E Louis, enfant roi a aFilm de Roger Planchon(1992, 160 min). 85731924

1.05 Star profiles :Kathleen Turner (25 min).

Festival20.30 L’Amoureux

de madame Maigret.Téléfilm de James Thor, avecJean Richard, Annick Tanguy(85 min). 94372160

21.55 Tatort : Epicerie fine.Téléfilm de Hajo Gies(125 min). 71754473

Série Club20.15 Les Arpents verts.

Never Look a GiftTractor in the Mouth.

20.45 Caraïbes offshore.Les pirates des Caraïbes.

21.30 et 1.30 Un juge, un flic.Mort en stock.

22.30 Alfred Hitchcockprésente. C’est perdu.

23.00 L’Age de cristal.Rêves mortels.

23.45 Lou Grant. Agression.0.40 Panique aux Caraïbes.

Le neuvième jour (50 min).

Canal Jimmy20.25 Star Trek :

la nouvelle génération.Etre ou ne pas être.

21.15 Quatre en un. Magazine.21.45 Seinfeld.

La statue indienne.22.10 Chronique de mon

canapé. Magazine.22.15 Une fille à scandales.

Le code amoureux (v.o.).22.40 Spin City (v.o.).23.05 Game On. Col en V

ou col roulé (v.o.).23.35 Friends (3e saison).

The One at the Beach (v.o.).23.55 Sex Machine.

Disney Channel20.10 La Fille de l’équipe.20.35 Sports. 21.35 Sport Académie.22.05 La Belle Anglaise.23.00 Animaux de toutes

les Russies. Soleil d’hiver.23.30 Sylvie et compagnie. 23.55 Thierry la Fronde.

Téva20.30 et 22.30

Téva interview. 20.55 Etre né quelque part.

De Hervé Chabalier.23.00 Clair de lune. Série.23.45 Otage de l’attente.

De Jean Khalil Chamoun(45 min).

Eurosport19.00 Tennis. En direct.

Open du Maurier.Tournoi de Montréal (240 min). 69160112

23.00 Sports de force.Open européen Herkules1997.

0.00 Golf. WPGET. 8e manche.Open d’Allemagne féminin.

Voyage20.20 Chronique Meunier. 20.30 Suivez le guide. 22.30 Au-delà des frontières.

Découvrir l’Italie 1.23.00 Chez Marcel.

Invité : Amir El Azabi.0.00 Aux 4 coins du monde :

Maroc (50 min).

Muzzik20.00 Quatuor Razumovski

no 2. Concert enregistréà la Grande Bibliothèqueroyale, à Edimbourg (45 min).

50007065320.45 Les Instantanés

de la danse. Magazine.21.00 Don Quichotte.

Emission musicale. Ballet. Musique de Ludwig Minkus.

22.30 England, My England.Téléfilm de Tony Palmer, avecSimon Callow (155 min).

5942790451.05 Jazz en Provence.

Concert enregistréà Orange en 1979 (65 min). 504070509

La Cinquième18.00 Voyage au pays des Dieux. Jérusalem. 18.25Vie privée : récupération.

Les films sur le chaîneseuropéennesRTBF 120.50 La Neige et le Feu. Film de Claude Pinoteau (1991,115 min). Avec Vincent Perez, Géraldine Pailhas, MatthieuRozé. Drame.

RTL 922.20 A bout portant. Film de Don Siegel (1964, 95 min).Avec Lee Marvin. Policier.0.20 Le Nouveau Testament. Film de Sacha Guitry (1936,N., 95 min). Avec Sacha Guitry. Comédie.

TMC22.50 Hercule. Film de Carlo Rim et Alexandre Esway(1937, N., 120 min). Avec Fernandel. Comédie.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00World News. 21.30 World Report.22.00 World News Europe. 22.30Insight. 23.30 World Sport. 0.00World View. 1.30 Moneyline. 2.15American Edition.

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LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

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LE MONDE / MERCREDI 30 JUILLET 1997 / 27

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b Résumé. – Suite du récit de Blueberry : sur la diligenceemmenant le révérend Younger vers l’Ouest, Blueberry seremet de sa saoulerie, en trinquant avec le cocher sur lebanc avant de la diligence, soulevant la réprobation écœu-rée de l’homme d’Église. La nuit venue, les hommes ins-tallent le bivouac au son lancinant des tambours indiens.

Blueberry « Ombres sur Tombstone »par Giraud

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MERCREDI 30 JUILLET 1997

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Tirage du Monde daté mardi 29 juillet 1997 : 472 543 exemplaires 1 3

Lionel Jospin confirmela mise à contribution

du budget de la défenseSTRASBOURG

de notre correspondantLe premier ministre, Lionel Jos-

pin, a profité, lundi 28 juillet, de sapremière visite aux armées depuisson arrivée à Matignon pour ré-pondre aux mises en garde du pré-sident de la République sur la pro-fessionnalisation des armées et lesressources budgétaires consacréesà la défense. Lors d’une garden-party, le 13 juillet, au ministère de ladéfense, Jacques Chirac avait en ef-fet déclaré qu’il veillerait « à ce quenos forces continuent de disposer desressources nécessaires tant à leur ré-novation qu’au maintien de leurs ca-pacités et de leur entraînement ».

Ainsi, depuis la base aérienne deColmar-Meyenheim (Haut-Rhin),justifiant son déplacement « en tantque chef du gouvernement et respon-sable de la défense nationale », Lio-nel Jospin a clairement indiqué, àdestination de l’Elysée, que le pro-cessus de professionnalisation desarmées « engagé par le président dela République » ne serait pas remisen cause, veillant à rappeler qu’ilentendait conduire ce processus« à son terme, et dans les délais pré-vus ». Rassurant vis-à-vis des ar-mées, le premier ministre a par ail-leurs souligné, devant un parterred’officiers, que « le gouvernementveillera à ce que vous puissiez conti-nuer à remplir vos missions dans debonnes conditions ».

LEÇONS TARDIVESToutefois, M. Jospin a confirmé

que, « dans un contexte budgétaire1998 de maîtrise des dépenses pu-bliques », la défense serait mise àcontribution. « Nous devons le faireparce que c’est nécessaire, car lescomptes publics et leur maîtrise dé-terminent aussi notre capacité ànous présenter comme il faut dans labataille économique aujourd’hui.

Nous devons le faire également enraison des rendez-vous européensque nous confirmons », a-t-il préci-sé.

Devant la presse, le chef du gou-vernement a expliqué que la Franceavait « attendu plus que d’autrespays pour tirer les leçons » de la nou-velle donne géostratégique et avaiteu tendance « à rester sur un certainsurdimensionnement » de ses forcesarmées, précisant : « Cela concernetous les gouvernements. »

La base de Colmar qu’est allé vi-siter en Alsace le premier ministre,accompagné du ministre de la dé-fense, Alain Richard, est l’une despremières bases aériennes enga-gées dans l’expérience de la profes-sionnalisation. Ayant rassembléjusqu’à sept cents appelés ducontingent il y a quelques années,elle n’en compte plus aujourd’huique cent soixante. A l’horizon 2002,elle ne devrait plus accueillir qu’unequarantaine de volontaires du ser-vice national. En revanche, elle adéjà recruté près d’une centaine de« militaires techniciens de l’air »(MTA), dont vingt-cinq femmes, eten attend au total plus de deux centvingt.

Ces MTA, recrutés pour des car-rières courtes (quatre ou huit ans,exceptionnellement onze), ont étéles vraies vedettes de la visite deM. Jospin. A Colmar, le remplace-ment progressif des appelés par lesMTA a déjà touché des sections desécurité incendie et sauvetage oudes escadrons de protection.

Le premier ministre a profité dece déplacement pour confirmer auxélus alsaciens que l’Etat ne feraitrien pour une éventuelle implanta-tion de la compagnie de fret aérienrapide DHL, puisque les collectivi-tés locales n’en voulaient pas.

Jacques Fortier

L’incendie de Marseillea pris naissance dans une décharge

MARSEILLEde notre correspondant

Le parquet d’Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône) a ouvert, lundi28 juillet, une information judiciairecontre X... et contre la société Onyx-Méditerranée, gestionnaire de la dé-charge de Septèmes-les-Vallons,d’où est parti l’incendie qui a ravagéprès de 4 000 hectares autour deMarseille. L’instruction a été confiéeau juge Stellina Borési et vise troisdélits : blessures involontaires (surune vingtaine de secouristes), dégra-dations et destructions d’objets im-mobiliers ou mobiliers provoquéespar un manquement à une obliga-tion de sécurité et infractions à la loisur les installations classées.

Un expert judiciaire a été commispour déterminer les causes exactesdu sinistre. Seule certitude dont dis-pose la justice, l’incendie a pris nais-

sance dans le centre technique d’en-fouissement sur la commune deSeptèmes, vendredi 25 juillet à11 h 45. Les flammes ont franchi legrillage d’enceinte pour gagner unvallon, malgré les efforts de recou-vrement du foyer avec de la terre.

Quelque temps auparavant, deuxcamions-bennes des Houillères deProvence s’étaient présentés à la dé-charge pour y déverser des mor-ceaux de fer, du bois, du papier, despoussières de charbon, des pierres etdes fragments de bande transpor-teuse en caoutchouc. Classée en ca-tégorie II (déchets industriels banalset ordures ménagères), la déchargeest bien habilitée à recevoir ce typede produits. Cependant, « les résidussusceptibles d’exploser ou de s’enflam-mer spontanément » y sont formelle-ment interdits. La société Onyx in-dique que « le personnel de ladécharge a décelé, au moment du dé-chargement, une odeur suspecte debrûlé. Il a donc immédiatementcontrôlé une nouvelle fois le charge-ment en l’étalant sur la zone d’en-fouissement ». Attisé par un ventviolent, le feu a pris « spontané-ment » lors du compactage.

Aux Houillères de Provence, on sedéfend d’avoir livré « quoi que ce soitde chaud » à la décharge, où uncontrôle visuel et olfactif du charge-ment doit être pratiqué « de façonsystématique » dès l’entrée sur le site.La société Onyx soutient n’avoircommis « aucune faute », mais, en ladésignant nommément dans son ré-quisitoire introductif, le procureurd’Aix-en-Provence estime que l’ex-ploitant a « la plus lourde responsabi-lité ».

Cogestionnaire de la décharge, lamunicipalité de Septèmes, qui a vupartir en fumée 250 hectares de pi-nède reboisée sur son domaine, afait part de son intention de seconstituer partie civile, tout commela ville de Marseille et les autrescommunes du massif de l’Etoile, ra-vagé par le feu sur un front de18,5 kilomètres.

Luc Leroux

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mardi 29 juillet, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 20402,74 – 0,84 + 5,38Honk Kong index 15772,06 + 0,67 + 17,25

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %29/07 28/07 fin 96

Paris CAC 40 3021,56 – 0,02 + 30,48Londres FT 100 4858,70 – 0,08 + 17,97Zurich 1947,28 .... + 47,38Milan MIB 30 22704 – 0,23 + 44,64Francfort Dax 30 4371,16 .... + 51,32Bruxelles 14919 – 0,36 + 41,13Suisse SBS 2742,70 .... + 46,37Madrid Ibex 35 6817,69 .... + 32,26Amsterdam CBS 668 .... + 52,76

20402,74

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

20178,43

19675,75

19173,08

18670,40f29 avril 13 juin 29 juil.g

Nicolas Sarkozy a été reçuà l’ElyséeLE PORTE-PAROLE DU RPR, Nicolas Sarkozy, a été convié, mardi29 juillet, à un petit déjeuner de plus d’une heure avec Dominique deVillepin, secrétaire général de l’Elysée, à la demande de Jacques Chirac,mais il n’a pas rencontré, cette fois, le chef de l’Etat. Ce premier rendez-vous à l’Elysée de l’ancien porte-parole balladurien depuis l’électionprésidentielle pourrait signifier la normalisation de ses relations avecM. Chirac et préparer d’autres entretiens. M. Sarkozy occupe au-jourd’hui les fonctions de numéro deux du RPR, au sein de l’équipe detransition composée par le nouveau président du mouvement, PhilippeSéguin.Le chef de l’Etat poursuit, de son côté, ses consultations avec les diri-geants de l’opposition. Après François Léotard, président de l’UDF, etAlain Madelin, président de Démocratie libérale (Le Monde des 24 et25 juillet), M. Chirac a reçu à dîner, lundi 28 juillet, François Bayrou,président de Force démocrate et du groupe UDF de l’Assemblée natio-nale.

La droite et la gaucherendent hommage à André Giraud LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE a salué, lundi 28 juillet, la mé-moire d’André Giraud, « un grand Français fidèle à son pays et dévoué auservice de la République ». Dans un message adressé à la veuve de l’an-cien ministre, décédé dimanche à l’âge de soixante-douze ans (lire page8), Jacques Chirac souligne que « nombreux sont ceux qui savent combienl’industrie française, et singulièrement l’industrie nucléaire, lui doivent ».Pour Valéry Giscard d’Estaing, « il représentait l’image même des grandsingénieurs français qui savaient mettre leurs extraordinaires capacités auservice des causes d’intérêt général ». Dominique Strauss-Kahn, ministrede l’économie et des finances, et Christian Pierret, secrétaire d’Etat àl’industrie, ont salué lundi un « grand serviteur de l’Etat » qui « a consa-cré toute sa vie au développement de l’industrie française » et qui « a no-tamment œuvré avec succès à la mise en place d’une politique énergétiqueambitieuse, fondée sur une filière nucléaire indépendante ».

DÉPÊCHESa FAIT DIVERS : le chanteur Pascal Obispo et l’un de ses musiciensont été légèrement blessés d’une décharge de plomb, lundi 28 juillet, aucours d’un concert place d’Austerlitz, à Ajaccio (Corse-du-Sud). Unjeune homme a tiré sur la scène avec une carabine à plomb pour sevenger du refus qui lui avait été opposé d’entrer gratuitement. Le chan-teur ne souffre que d’une blessure superficielle au-dessus d’une arcadesourcilière. L’auteur des coups de feu a été placé en garde à vue. – (Cor-resp.)a SCOUTISME : la ministre de la jeunesse et des sports, Marie-George Buffet, s’est déclarée « admirative d’un tel rassemblement » envisitant, lundi 28 juillet, le 3e Jamboree national des Scouts de France,qui réunit plus de 21 000 jeunes à Jambville (Yvelines). a MIEL : les apiculteurs de Provence ont installé, lundi 28 juillet,vingt-cinq ruches sur la place de la mairie d’Arles (Bouches-du-Rhône)pour protester contre un projet de démoustication par épandage aériende produits chimiques, qu’ils considèrent nocifs pour les abeilles.

L’affaire Coencas dévoile des réseaux d’influenceautour du tribunal de commerce de NanterreL’industriel aurait versé 5 millions de francs à Paul-Loup Sulitzer pour des « interventions »

« NE T’INQUIÈTE PAS, tout estarrangé avec le tribunal decommerce de Nanterre. » Rapportéaux policiers de la brigade finan-cière par l’un de ses plus prochescollaborateurs, ce propos, qu’au-rait tenu l’industriel Michel Coen-cas en 1996, alors que s’organisaiten coulisses la reprise frauduleusede l’une de ses propres sociétés,Affinal, pourrait avoir valeur deconfirmation. L’information judi-ciaire ouverte, le 12 juin à Nan-terre (Hauts-de-Seine), a d’ores etdéjà conduit, en effet, à la mise enlumière de pratiques contestablesautour de la reprise de sociétés endifficulté. La déposition du brasdroit de M. Coencas, Daniel Barus,mis en examen le 23 juillet, auterme de quarante-huit heures degarde à vue, pour « complicité d’es-croquerie aggravée », semble avoirpermis de préciser et d’élargir lessoupçons des enquêteurs.

La découverte, au cours d’uneperquisition, d’un contrat liant legroupe Valois, leader mondial dela fonderie et de l’affinage, dontM. Coencas est le PDG et l’uniqueactionnaire, à l’écrivain-hommed’affaires Paul-Loup Sulitzer pour-rait en effet ouvrir de nouvellespistes. Expliquant que « M. Coen-cas privilégie l’aspect relationneldans ses affaires », M. Barus a ex-pliqué que l’objet apparent de cecontrat était la rémunération de« l’image personnelle » dont l’au-teur à succès était censé faire bé-néficier le groupe, mais qu’ilconsistait en réalité à rémunérer le« réseau » de relations de M. Sulit-zer. Selon les services financiers dugroupe Valois, cet accord auraitrapporté quelque 5 millions defrancs à l’écrivain, payés sousforme de traites. Le bras droit deMichel Coencas a ainsi relaté, surprocès-verbal, qu’un soir de sep-tembre ou d’octobre 1996, M. Su-litzer, « après être entré dans le bu-

reau, a immédiatement indiqué àM. Coencas qu’il allait téléphoner àLise Toubon, afin qu’il obtienne unrendez-vous avec M. Benmakhlouf[le procureur général de Paris],pour une intervention de celui-cidans un dossier en cours d’acquisi-tion ». « Le lendemain, a-t-il préci-sé, ce rendez-vous m’a été confirmépar M. Coencas. »

Ce témoignage, appuyé entermes voisins par l’épouse deM. Barus, interrogée séparément,n’indique pas quelles suites au-raient été données à cette inter-vention – si elle a existé – ni surquel « dossier » elle portait. Aprèsun précédent séjour de plusieursmois en détention provisoire, dansune affaire qui lui a valu un non-lieu, M. Coencas était engagé, àl’automne 1996, dans la reprise dela société auvergnate Dapta-Mal-linjoud, soumise au tribunal decommerce de Thiers (Puy-de-Dôme). Interrogé par Le Monde,Alexandre Benmakhlouf, anciendirecteur du cabinet de JacquesToubon à la chancellerie, a ferme-ment démenti avoir reçu« M. Coencas ou l’un de ses repré-sentants ». Répondant également àce témoignage – qui ne la met pasen cause –, Lise Toubon nous a af-firmé, lundi 28 juillet, n’avoir « ja-mais demandé aucun rendez-vouspour personne ». « J’ai rencontréquelques fois M. Sulitzer, a-t-elleprécisé, mais je ne me souviens pasd’avoir jamais reçu un coup de télé-phone de lui. » Sollicité depuis le24 juillet, l’écrivain, en vacancesdans un pays étranger, n’avait enrevanche, pas pu être contactémardi matin 29 juillet.

La brigade financière a, par ail-leurs, découvert d’autres contrats,liant le même groupe Valois à unesociété de conseil baptisée LEE,contrôlée par le député (PS) etmaire de Thiers, Maurice Adevah-Pœuf. Sur la base de ces accords,

ce dernier a perçu, pour 1997, envi-ron 800 000 francs. Justifiant cesrémunérations par « une activitéde lobbying », M. Adevah-Pœuf aindiqué au Monde avoir signé« plusieurs contrats, dont certainssont en cours » avec M. Coencas,qu’il qualifie d’« ami de longuedate ». Il a toutefois précisé qu’au-cun de ces contrats, qui portentsur « des analyses de situation surdes reprises de sociétés », n’est enrapport avec les entreprises ac-tuellement visées par l’enquêteouverte à Nanterre, ni avec la re-prise de Dapta-Mallinjoud, pourlaquelle il admet s’être « beaucoupdépensé ».

PLUSIEURS MISES EN EXAMENSous réserve d’éclaircissements

ultérieurs, la mise au jour de ces« contacts » soigneusement entre-tenus par M. Coencas vientconforter l’impression de mélangedes genres déjà produite par l’en-quête du juge d’instruction Ber-nard Augonnet. Outre MichelCoencas, libéré le 25 juillet aprèsdeux semaines d’incarcérationcontre une caution de 10 millionsde francs, d’autres figures de la ju-ridiction nanterrienne ont étémises en examen : Didier Calmels,ancien syndic-vedette reconvertidans les affaires ; son épouse, Ely-sabeth Vincent, qui était aussi se-crétaire général du tribunal decommerce ; Martine Farnier, admi-nistrateur judiciaire jusqu’alors ré-putée pour son intégrité – et qui a,elle aussi, passé quinze jours endétention provisoire (Le Monde du18 juin)...

L’histoire peut se résumer ainsi.Le 9 novembre 1995, le tribunal decommerce de Nanterre ordonnaitla cession d’Affinal, une fonderied’aluminium de l’Oise, à une en-treprise marseillaise, la Sociéténouvelle de récupération indus-trielle (SNRI). Désireux de conser-

ver la société – qui fut un tempsprésidée par sa mère –, M. Coen-cas avait successivement proposéun plan de continuation, puis unecession au profit d’une autre deses filiales, Fonlem. Mais les jugesavaient rejeté ces options. L’en-quête a montré, depuis, que der-rière le repreneur marseillais, secachait le même groupe Valois.C’est d’ailleurs Didier Calmels,conseil de M. Coencas et de laSNRI, qui rédigea les deux offres,identiques jusque dans la forme,pour le compte de Fonlem, puis dela SNRI – chacune facturées350 000 francs.

Dirigée par un proche deM. Coencas, la SNRI jouait le rôledu cheval de Troie, animée ensous-main par d’anciens adminis-trateurs du groupe Valois. Les sta-tuts de la société nouvellementcréée, baptisée Affinal Industrie,furent directement établis par lesservices juridiques du groupe, et laconstitution du capital facilitée parl’émission d’un chèque de 2 mil-lions de francs de M. Coencas, tirésur le compte d’une SCI Hugo... Laboucle fut bouclée lorsque, le31 octobre 1996, la SNRI céda sesparts à une filiale du groupe Va-lois, restituant à son propriétaireinitial une fonderie débarrassée deson passif (près de 400 millions defrancs) – et d’une partie de sonpersonnel, licencié dans le cadredu plan de cession. Devant les en-quêteurs, M. Coencas, qui ne sou-haite pas s’exprimer publiquementmais conteste les faits qui lui sontreprochés, a justifié cette opéra-tion par « une logique écono-mique ». Dans un rapport de syn-thèse, les policiers évoquent, eux,l’existence de « règles d’influence etd’ententes qui semblent régir lemode de fonctionnement du tribu-nal de commerce de Nanterre ».

Hervé Gattegno